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Association Française
des Travaux en Souterrain
2emecouv 20/12/05 14:24 Page 1
Membrane
Membrane
Preprufe
polyoléfine manufacturée
®
étanchéité en extrados
Sécurité de la technologie,
Advanced
adhérence continue à la Bond Technology
www.graceconstruction.com
structure; naturellement
“micro-compartimentée“.
Traitement simplifié de
tous types de pénétration
10 millions de m2 déjà posés
• Tramway de Lyon : tranches 1, 2 et 3
• Tramway de Grenoble ...
AFTES BRITISH
BOARD OF
AGREMENT ICITE
CERTIFICATE No. 97/3325
A.T. n° 560/01
Tos N. 156
SOMMAIRE
COMITE DE REDACTION
D. ANDRE
S.N.C.F - Département des Ouvrages d’Art
H. BARTHES
A.F.T.E.S
J. BREGEON
Espace Souterrain
A. BRISSAUD ISSN 0 3 9 9 - 0 8 3 4 ET OUVRAGES SOUTERRAINS
Responsable communication - N.F.M.Technologies
ORGANE OFFICIEL DE L’ASSOCIATION FRANÇAISE
J.P. CHIARELLI
VINCI Construction Grands Projets DES TRAVAUX EN SOUTERRAIN
M. DEBURAUX Edition : SPECIFIQUE - 115, cours Albert Thomas - 69003 Lyon
CETCO - Directeur Général Dépôt légal 2e semestre 2005
D. DE BRUYN
Revue bimestrielle n° 192 - Novembre/Décembre 2005
A.B.T.U.S.Administrateur
P. DUFFAUT
Ingénieur - Conseil
B. FALCONNAT
Scetauroute - Directeur des Tunnels et Travaux Souterrains
AFTES infos
J.P. GODARD
Cadre de direction honoraire R.A.T.P. 291 AFTES news
M. GUILLAUD
T.O.S. - Rédacteur en chef
C. HUART
SIAAP - Ingénieur Général
J.B. KAZMIERCZAK
295 345
I.N.E.R.I.S.
Y. LEBLAIS
ARCADIS ESG - Président Directeur Général
M. PANET
EEG Simecsol
J. PERA L’élargissement du tunnel de Kandovan
I.G.P.C. honoraire - Président d’honneur A.F.T.E.S. en Iran. Une expérience avec beaucoup
de résultats Le tunnel des Blagis : 38 anneaux en
J. PICARD
A.F.T.E.S. par M. R.ATRETCHIAN béton de fibres métalliques
Widening of Kandovan tunnel in Iran. par J.F. TEISSIER, P. BRIAND, Ph.AUTUORI,
J. PIRAUD
ANTEA - Président du Comité Technique de l’A.F.T.E.S. An experience with many results P. PELTIER, B. de RIVAZ
The Blagis tunnel : 38 steel-fiber-reinforced
J.P. PRONOST
Président CERTIFER - Président d’honneur A.F.T.E.S. concrete segments
Ph. RAUZY
R.A.T.P. - Département des Infrastructures et Aménagements 302
J.L. REITH
A.F.T.E.S. - Secrétaire Général 349
P. SALVAUDON
A.F.T.E.S. - Administrateur
J.L.TROTTIN
EIFFAGE TP
F.VALIN Congrès international de Chambéry.
A.F.T.E.S. Allocutions d’ouverture - Table Ronde
AFTES International Congress, Chambéry
Comité Espace Souterrain : l’urbanisme
Opening lectures – Round Table
A.F.T.E.S. souterrain en Chine en 2005 (2ème partie)
Directeur de publication : par P. DUFFAUT
Jean PHILIPPE Underground urbanization in China in 2005
Siège social : 332 (part 2)
17, rue d’Amsterdam - 75008 PARIS
Le courrier doit être adressé à : Produits et services
A.F.T.E.S.
c/o S.N.C.F - Direction de l’Infrastructure
356 Products and services
17, rue d’Amsterdam - 75008 PARIS La lutte contre les nuisances dans les
Secrétariat, Carole SOIHIER chantiers souterrains
Recommandations du Groupe de travail Agenda :
Tél. : 33 (0)1.53.42.94.69
Télécopie : 33 (0)1.53.42.08.20
n° 12 animé par A. GUILLAUME 358 Congrès, colloques, journées d’études
Fighting environment harms on underground Technical events
E-mail : contact@aftes.asso.fr works
Site Web : www.aftes.asso.fr Recommendations of the AFTES WG 12
Abonnement et publicité :
Scetauroute DTTS
SPECIFIQUE JLP Les Pleiades n° 35 - Park Nord Annecy
115, cours A. Thomas - F 69003 LYON 74371 Pringy cedex
Publicité : Catherine JOLIVET
cath.jolivet@wanadoo.fr Tel : 04 50 27 39 39
Tél. : 33 (0)4.37 91 69 50
Télécopie : 33 (0)4.37 91 69 59 Photo de couverture :
Rénovation du tunnel du Mont-Blanc
Abonnement : ac.jacquet@wanadoo.fr © C. Huret
Les articles signés n’engagent que la responsabilité de leur auteur. Tous droits de reproduction, traduction, adaptation, totales ou partielles sous quelques formes que ce soit, sont expressément réservés.
290pubs 20/12/05 15:57 Page 1
AFTES infos
…dans la pâleur de la fin d'après-midi…
Tunnel du Gothard, © Maurice Schobinger
A rc Alpin 2020
E n parallèle avec le
congrès de l'AFTES,
s'est tenu du 8 au 16 octobre
La 2ème partie
était consacrée
aux quatre futurs
futur, ainsi qu'un quizz sur le
même thème présenté sur
une borne multi-média. L'ex-
une exposition sur les traver- grands tunnels position va désormais être
sées alpines "Alpes 2020, les avec pour chacun montrée dans d'autres lieux;
nouvelles traversées. Faire d'eux des installée du 17 janvier au 25
l'Europe des hommes, pro- maquettes des mars 2006 à la galerie Eurê-
téger la montagne."Cette futurs ouvrages ka de Chambéry, elle devrait
Budapest, Gothard, Lötsch-
exposition destinée au grand ou de magnifiques photos voyager à Lyon, à Turin, en
berg, Brenner. Les quatre
public a eu un franc succès, des chantiers du Gothard ou Savoie ou encore au Parle-
grands projets qui vont
et 10 000 visiteurs, dont du Lötschberg, ainsi qu'une ment Européen à Strasbourg.
métamorphoser la traver-
3000 jeunes venus des carte sur 70 m2 spécialement
sée des Alpes en 2020 et
écoles, collèges et lycées de
Rhône-Alpes ont pu décou-
3ème partie, les enjeux des
transports durables à travers
réalisée par l'IGN représen-
tant les Alpes franco-ita- U n colloque européen
"Quels transports
durables pour franchir les
vrir l'intérêt majeur de ces liennes du Léman à la Médi-
les Alpes et l'Europe. Objec- Alpes en 2020" s'est égale-
quatre grands tunnels ferro- terranée . Enfin la 3ème par-
tif : des transports plus ment tenu dans le cadre de
viaires qui vont permettre un tie était consacrée à la pré-
propres, plus sûrs et plus l'exposition. Il a réuni
développement massif du servation de l'environne-
rapides. La 1ère partie est quelque 800 participants.
ferroutage pour les marchan- ment. De nombreux aspects
un voyage dans le temps, Ouvert par M. Dominique
dises et la grande vitesse étaient développés : le bruit,
avec les premiers tunnels Perben, Ministre des Trans-
pour les voyageurs. l'air, la qualité de vie, la ges-
ferro- ports et de l'Équipement, il a
tion des déblais, les paysages
viaires et permis de faire le point et de
naturels, l'espace souterrain
l'inven- mettre en avant les priorités
tion des pour les transports dans les
machines Alpes. Les politiques natio-
foreuses, nales de transfert modal dans
puis les les différents pays ont été
tunnels exposées. Après une table
routiers ronde, le colloque a été clô-
de crête turé par M. Jacques Barrot,
construits Commissaire Européen aux
dans les Transports. (les résumés des
Visite de l'Exposition par Louis Besson, Maire de Chambéry accompagné de
années interventions sont dispo-
Jean Philippe et Pierre Chapsal 1960 et nibles sur le site
enfin la w w w. a l p e s 2 0 2 0 . o rg ) . A
L 'exposition était divisée
en 3 grandes parties :
1ère partie, une mise en
nouvelle génération de tun-
nels de base du XXIème
en milieu montagnard. Ce
dernier aspect a été traité par
le Comité Espace Souterrain
noter également la parution
d'un numéro de la revue
siécle. Cette partie retrace "L'Alpe" (édition Glénat)
perspective historique. La de l'AFTES et proposait aux
l'histoire de la liaison entre consacré à ce thème avec un
traversée des Alpes : les visiteurs un film sur l'utilisa-
Lyon et Turin de 12 jours à article de Pierre Duffaut sur
trois générations de fran- tion de l'espace souterrain en
dos de mulet au moyen âge à "Des machines et des
chissement; 2ème partie, montagne des origines à nos
1h45 en TGV en 2020. hommes".
B a r c e l o n e - Ly o n - Tu r i n - jours et des idées pour le
L e 17 novembre dernier,
l'ABTUS a organisé sa
journée d'étude annuelle.
été faite à la prise en
compte de l'urbanisme
souterrain, comme dans
du projet MYRRHA à Mol"
apportait une vision à
prendre dans la gestion des
Elle avait pour thème : le projet d'un réseau sou- risques industriels. Certaines
"Perspectives souterraines terrain dédié aux trans- de ces présentations seront
en Belgique : réalités ou ports de marchandises reprises en détail dans un
utopies". Après une intro- (présenté par M. Afschrift prochain numéro de TOS.
duction générale sur "Why de Denys) ou dans celui
Go Underground" présentée
par Jean-Paul Godard, 10
d'une "A86 à Bruxelles"
(cf ci-dessous) présenté
A l'occasion de cette jour-
née d'étude, le Comité
de Rédaction de TOS s'est
présentations ont permis de par la Road Federation réuni à Bruxelles. Sept per-
découvrir des projets qui Belgium. L'exposé de sonnes y ont participé soit
devraient voir le jour pro- Didier De Bruyn sur "La plus que lors du dernier CR
chainement pour certains et construction en souterrain de Paris!. A la suite du CR,
à plus long terme pour de réacteurs nucléaires, un dîner typiquenment
d'autres. Une grande place a état de la question. Le cas bruxellois nous a réunis.
terrain Est-Ouest du
le tunnel, pour lequel le pro-
jet existe depuis les années
70, voyait le jour, il faudrait
structures routières fait la “Virage de la forêt” un peu plus de 3 ans pour le
à la fin de l'auto- construire. Dans sa concep-
route de Namur, où tion, il prend en compte la
une jonction pour- multimodalité, grâce à une
rait être créée vers voie dans chaque sens pour
Namur, Zaventem les transports publics, des
ou le centre-ville échangeurs multimodaux
de Bruxelles. La ouverts aux véhicules com-
connexion Est- merciaux légers pour les
Ouest est actuelle- dessertes locales et l'adjonc-
ment uniquement
possible au Nord et
implique un détour de 30
km. D'autre part, une
connexion Sud permettrait
de faciliter le trafic sur la
section Est du périphérique
vers Waterloo. Ce tunnel
2x3 voies aurait une largeur
promotion d'un projet de de 13,85 m, avec une voie car les voies seraient super- tion possible de parkings. A
construction d'un tunnel de dans chaque sens destinée posées. Le projet est estimé ce stade, la Road Federation
10 km au Sud de Bruxelles. aux transports publics. Le à 1 milliard d'euros et devrait Belgium, estime le projet à 1
La Fédération prévoit de trafic serait unidirectionnel être financé par un péage de milliard d'euros, dont une
1 à 3 euros selon le trafic. Si partie pourrait être
financée par des fonds
européens, le reste par
le péage et par les pro-
jets immobiliers liés
aux échangeurs.
L e gouvernement a attri-
bué un financement de
724 millions d'euros pour la
contribution de l'Union
Européenne n'est pas
connue. Le coût total de la
L a procédure de consul-
tation en vue de
construire le tunnel mono-
première section de la ligne est estimé à 2 milliards tube de 450 m de long sur le
branche Est de la LGV Rhin- d'euros. La branche Est contournement de Propriano
Rhône. RFF a augmenté sa nécessite la construction du devrait débuter en janvier
participation de 302 à 502 tunnel de Chavanne de 1,7 2006. Le tunnel sera
millions d'euros et les km de long, d'un montant construit à l'explosif. Le
régions d'Alsace, Bourgogne estimé à 90 millions d'euros. démarrage des travaux est
et Franche Comté ont promis L'appel d'offres pour la prévu pour novembre pro-
d'ajouter 100 millions aux construction du tunnel chain et leur montant est
520 millions déjà prévus. devrait être publié avant la estimé à 30 millions d'euros
D’autre part, la Suisse a fin de l'année financés à 70% par l'État et à
confirmé sa participation à 30% par la collectivité terri-
hauteur de 66 millions. La toriale corse.
F in octobre, le Conseiller
Fédéral aux Transports
Suisse, Moritz Leuenberger,
taque intermédiaire de Sigi-
rino. Des travaux prélimi-
naires devraient débuter fin
de RER " entre les agglomé-
rations de Bellinzona, Locar-
no, Lugano, Como et Varese.
a approuvé les plans pour la d'année ou début d'année D'autre part, un raccorde-
construction du tunnel bi- prochaine. Le démarrage de ment débouchant directe-
tube du Mont Ceneri de 15,4 la construction du tunnel de ment dans le tunnel de base
km de long. Ce tunnel bi- base devrait avoir lieu en du Ceneri, la grande ban-
tube correspond aux nou- 2006/2007 pour une mise en lieue de Locarno pourra être
veaux standards européens service en 2017. Ce n'est que raccordée directement à la
pour les longs tunnels à tra- grâce au tunnel de base du nouvelle ligne ferroviaire.
fic mixte passager-fret. Le Ceneri que la nouvelle ligne Le coût de cet ouvrage est
tunnel est situé sur l'axe du du Gothard formera une estimé à 1,3 milliards d'euros
Gothard au Sud du tunnel de ligne de plaine continue à (prix 1998) déjà comptabili-
base du St Gothard entre travers les Alpes. Grâce à ce sés dans la prévision des
Camorino et Vezia. Les pre- tunnel, le Canton du Tessin coûts finaux des NLFA (10,6
miers appels d'offres seront profitera des améliorations milliards d'euros).
pour la construction de l'at- notables en créant une "ligne
E ntreprises
Nouvelles de NFM Technologies
ponsabilité chez un fabricant d’autre part, à renforcer ce
N FM TECHNOLOGIES
vient de renforcer ses
activités de service avec l’ar-
de tunneliers.
Fort de son expérience de
marché au sein du groupe
WIRTH.
rivée de Philippe Patret, au management de grands chan- Rappelons que NFM Tech-
poste de directeur des ser- tiers à l’international notam- nologies conçoit et fabrique
vices extérieurs. ment en zone Asie-Pacifique
des grands équipements et
A 48 ans, diplômé de (Singapour, Chine, Austra-
l’ESTP, Philippe Patret a lie,...), il contribuera, d’une systèmes mécaniques tels
effectué une grande partie de part, à développer les com- que des tunneliers, des bancs
sa carrière chez Bouygues pétences de NFM Technolo- de tests, des équipements de
Travaux Publics, puis a gies dans son offre de servi- manutention et levage.
occupé d’autres postes à res- ce auprès de ses clients et,
◗ L’ELARGISSEMENT DU TUNNEL DE
KANDOVAN EN IRAN - Une expérience avec
beaucoup de résultats
Le tunnel du Kandovan a été construit en
1938 sur la route Téhéran – Chaloos qui joint
Téhéran au nord de l´Iran , sur la mer
Caspienne. C´était un tunnel en sens unique et
les voitures devaient attendre plusieurs heures.
En 1995 le Ministère des routes de l´Iran a
décidé d’élargir ce tunnel. Cet article explique
les points faibles et forts de ce projet .
Avec le progrès des études géotechniques et dible dans le domaine de la conception et tance des matériaux. Dans les cas où nous
la définition des paramètres du terrain, la construction de tunnels dans le monde. devons traiter le terrain en tant que matériau
position des failles et des eaux souterraines,
De multiples facteurs dans l’analyse de la de construction, les tensions préliminaires du
le projet final du revêtement du tunnel de
résistance du tunnel de Kandovan différen- terrain revêtent une importance toute parti-
Kandovan a été élaboré dans 5 différents
types de structure. Tout au long du tunnel de cient le projet de ce tunnel avec les autres culière. L’objectif de ces analyses est l’étude
Kandovan, il existe diverses structures géolo- projets. Les différences fondamentales des de la distribution de la tension finale due à
giques avec diverses caractéristiques. Pour paramètres du terrain du tunnel, diverses l’élargissement du tunnel et du degré de ten-
la réalisation d’un projet économique adé- conditions géologiques, la tension du terrain sion du revêtement. Or, il faut attacher une
quat, la nécessité de l’analyse et de la planni- dans les zones élargies et les retombées importance prépondérante aux points ci-des-
fication s’avère dans divers domaines. Pour négatives du percement du premier tunnel sous dans l’analyse du tunnel :
l’étude de l’influence de la variation des sur les caractéristiques géomécaniques du
terrain sont les principaux facteurs détermi- A- L’élargissement du tunnel s’effectue dans
divers paramètres dans les principales carac- un terrain qui n’a pas les caractéristiques qu’il
téristiques de la réaction du tunnel (tension nants qui ont compliqué l’analyse interactive
du terrain et de la structure du tunnel. avait avant le creusement du tunnel et ses
et variation), on a analysé la sensibilité de
tensions ont été redistribuées.
chacun des paramètres en question. Dans les calculs, sauf dans les catégories A
et B, on a utilisé deux paramètres de résis- B- En raison du creusement du premier tun-
Selon les résultats des recherches effectuées
par les logiciels " Flach " et " Ansys ", le revê- tance, les paramètres du terrain intact et les nel, le terrain a été déplacé, et certaines
tement du tunnel élargi de Kandovan a été paramètres du terrain fracturé dans chacune caractéristiques géomécaniques d’une partie
conçu conformément aux normes des sta- des catégories géologiques. du terrain sur la longueur du tunnel telles que
tuts du béton de l’Iran et le statut du béton Certes, pour l’étude du degré de l’influence les paramètres de densité, les modules,
des Etats-Unis et le manuel des caractéris- des changements des diverses paramètres l’angle de friction intérieure et la cohésion
tiques techniques générales. dans les principales caractéristiques du tunnel ont été transformées et affaiblies.
Les principes de la conception d’un revête- on a analysé la sensibilité nécessaire pour Compte tenu des points ci-dessus, on a pro-
ment de tunnel, publiés par l’association des chacun des paramètres en question. cédé à l’analyse du tunnel dans diverses caté-
ingénieurs en développement des Etats- On a analysé l’interaction du tunnel dans cha- gories géologiques tout en prenant en consi-
Unis, ont été proposés par l’association inter- cune des sections, en prenant en considéra- dération les paramètres affaiblis au voisinage
nationale des tunnels (ITA), source la plus cré- tion la couverture et les paramètres de résis- tunnel.
Groupe Genre et situation de la masse Catégorie Situation de l’eau Catégorie Hp (m) Ptop(MPa)
des roches et de la terre RMR souterraine Terzaghi Hauteur de charge Pression de
Chiffre Classe influente de la terre la terre sur
le toit
A Pierre saine et en bloc avec des 60-70 II et Déshydraté ou peu Bien en bloc 15/2 0/27
couches sédimentaires III hydraté
B Pierre concassée et aérée avec 30-50 III Peu hydraté ou hydraté Concassé 23 0/55
argile mais monolithique du point IV
de vue chimique
C Pierre concassée ou éventuelle- 20 V Peu hydraté à très Terrain affaissé sous 69 1/7
ment aérée et les blocs grands et hydraté pression latérale (8)
petits de pierre avec des maté- Coulée de boue, de
riaux en argile et en granule terre et d’eau
Tableau 1 - Classification des terrains
Compte-rendu
CONGRÈS INTERNATIONAL
Chambéry 2005
pour le commander :
Congrès
International
Congrès
Congrès
International
Congrès
international
International
Congrès
de Chambéry
International
Congrès
10 - 11 - 12 octobre 2005
International
Congrès L
e congrès triennal de l’AFTES s’est tenu du 10 au 12 octobre 2005 à Chambéry
où nous sommes donc revenus après les Journées Internationales de 1996.
Cette année nous avions associé à notre manifestation les Suisses (FGU/GTS), les Italiens
International (SIG) et les Espagnols (AETOS) ; pour ces derniers, c’était la poursuite de la collaboration
amorcée en 2002 lors des Journées de Toulouse.
Congrès Par ailleurs, profitant des installations montées spécialement pour le Congrès par
SavoiExpo, la Ville de Chambéry organisait, à l’initiative de Louis Besson, ancien Ministre
International et Président de la Commission Intergouvernementale pour la liaison Lyon-Turin, une
manifestation à destination du grand public intitulée Alpes 2020, afin de sensibiliser
Congrès l’opinion sur les nécessités de ces longs tunnels de 50 kms destinés à écouler les trafics
frêt et voyageurs en constante augmentation. Cette manifestation, co-financée par la
International ville, le Conseil général de la Savoie et la région Rhône-Alpes a comporté une exposition
sur 9 jours encadrant notre propre exposition et un colloque sur ces traversées alpines
qui s’est tenu le jeudi 13 octobre dans l'auditorium en présence de personnalités
Congrès comme le Ministre de l’Equipement et des Transports, M. Perben ou le Commissaire
européen M. Barrot.
International
Pierre Chapsal
Président du Le Congrès de l’AFTES a été fort dense comme à l’habitude, sur ces trois jours.
Comité d’organisation
Congrès du Congrès Les communications étaient toutes fort intéressantes et il a fallu trier parmi toutes les pro-
positions qui étaient parvenues au Comité de Sélection ; une quarantaine d’orateurs se
sont succédés et paraîtront prochainement les travaux des rapporteurs qui ont fort bien
International résumé pendant le court délai qui leur était imparti, les communications non retenues.
Congrès Mercredi après-midi, le congrès a été clôturé par une Table Ronde animée par le journa-
liste grenoblois Pierre Ostian avec des experts bien connus pour ces ouvrages excep-
tionnels, MM. Besson, Leblais, Matheron, Focaracci, Testoni et Teuscher. Il était unani-
International mement reconnu que l’exemple à suivre nous venait directement de nos tout proches
voisins suisses capables de lancer simultanément deux projets d’envergure internatio-
Congrès nale et surtout de les mener à bien dans les délais qu’ils s’étaient fixés.
L’exposition de l’AFTES a connu un succès sans précédent : 151 exposants (sur 15662 m ) 2
International étaient réunis, soit 30 % de plus qu’en 1996 ; jamais les étrangers n’avaient été aussi
nombreux à postuler ; très peu de retardataires n’ont pu trouver de place disponible ;
Congrès l’espace offert à tous les visiteurs (environ 800 sur les trois journées) a été apprécié.
Et maintenant, place au Congrès 2008 ; souhaitons à ses organisateurs un succès
International équivalent et surtout des chantiers, symboles de l’activité dans l’espace souterrain.
Congrès
International
302 TUNNELS ET OUVRAGES SOUTERRAINS - N° 192 - NOVEMBRE/DECEMBRE 2005
302a330 19/12/05 16:36 Page 303
Lundi 10 Octobre
Ouverture du Congrès
Suivra un thème cher à l’AFTES, dont il constitue une forte orienta- Puis, l’énorme travail des techniciens pour satisfaire tous les utilisa-
tion relativement récente, mais aussi fortement liée à l’évolution des teurs, les contractants, les clients des souterrains vous seront présen-
conditions de trafic, de sécurité, au vieillissement du patrimoine sou- tés par Pierre Michel (en ce qui concerne les normes suisses) et Jean
terrain, je veux dire les travaux de réhabilitation, que portera Piraud (en ce qui concerne les recommandations de l’AFTES). Le
Sébastien Pélizza, éminent expert qu’il n’est pas utile je crois de pré- package, je dirais, dont la reconnaissance dépasse largement les
senter plus, ancien Président de l’Association Internationale des frontières de ces deux pays et constitue souvent des pièces de ces
Travaux en Souterrain. marchés très difficiles que sont les contrats de construction en sou-
Ces thèmes ont un point commun que je dirais très sensible. Quel terrain en France bien sûr mais aussi bien au-delà de nos frontières.
que soit le caractère indispensable des travaux, de la protection de Point d'orgue de notre congrès, ce sera une table ronde très ani-
l’environnement, de la recherche, de la sécurité, leur financement mée, et rassemblant d'éminentes personnalités : Louis Besson, sou-
doit prendre en compte un fragile et très difficile équilibre, ce que tien indéfectible du Lyon-Turin, Patrick Vieu représentant Patrice
les techniciens ne doivent pas oublier. Là aussi, l’innovation est la Raulin (également soutien sans faille du ferroviaire), Alessandro
bienvenue tant il est vrai que l’innovation se devrait de ne pas seule- Focaracci pour l'Italie, Peter Testoni pour la Suisse, et Manuel Arnaiz
ment être technique. L’économie des projets constituera donc notre Ronda pour l'Espagne, qui a bien voulu rejoindre cette table ronde.
dernier thème, particulièrement d’actualité. C’est donc le thème de Pierre Ostian, notre journaliste animateur, qui s'est immergé dans
l’économie des projets qui constituera notre dernier thème, et qui nos tunnels passés, présents et à venir saura faire porter à la connais-
est mieux placé qu’un banquier pour en parler, ce que fera Henri sance de tous leur inestimable expérience dans le domaine souter-
Marty-Gauquié, de la BEI, la Banque Européenne d’investissements. rain qui nous est cher.
Mais je tiens à souligner ici non seulement la présidence de ces Au nom de l'AFTES, je souhaite très sincèrement remercier toutes
thèmes, mais aussi le travail très important réalisé par les rappor- les éminentes personnalités citées, mais évidemment aussi tous ceux
teurs, puisque nous avons voulu, cette année, que les exposés qui que je n'ai pas pu citer, notamment ceux qui présenteront leurs tra-
n’ont pas pu être présentés soient quand même portés en résumé à vaux, tous les exposants, et bien entendu le comité d'organisation -
votre connaissance. Donc le rapporteur a eu la lourde tâche d’analy- aussi bien les gens de SavoiExpo que de l'AFTES qui n'ont pas
ser, de synthétiser les textes qui n’ont pas pu être présentés. Il y en a compté leur temps. Mais , leur modestie dût-elle en souffrir, je tiens,
beaucoup, ce qui témoigne d’ailleurs du succès de notre congrès. tout en mesurant le péril de l'exercice, j’en demande pardon par
Merci donc aux cinq rapporteurs, Didier Lacroix, du Centre d’Etudes avance, je tiens à remercier tout particulièrement trois personnes qui
des Tunnels, Jacques Burdin, expert bien connu, François souhaitent, je dirais, tirer leur révérence dans les prochaines années,
Decoeudres, professeur honoraire de l’Ecole Polytechnique Fédérale mais dont on pourra compter sur l'accompagnement. Je veux citer
de Lausanne, Jacques Chèze, membre de notre association depuis Jean-Luc Reith, secrétaire général de l'AFTES, membre éminent du
de très nombreuses années, et à Peter Testoni, vice-président de CETu dont je salue la présence de Michel Deffayet, Directeur, le
l’Office Fédéral des Transports Suisses. CETu étant le soutien également, je dirais le deuxième pilier pour
Notre dernière demi-journée comportera deux parties : une pre- l'AFTES, Pierre Chapsal ex vice-président et organisateur de notre
mière partie sera consacrée à l’espace souterrain en général, et Pierre congrès depuis des années et, puisqu'il vient d'être honoré par
Duffaut se fera un plaisir de vous expliquer le rapprochement récent l'AFTES, Jacques Picard, notre trésorier. Je souhaiterais que tous les
de l’association Espace Souterrain avec l’AFTES. C'est ce qui nous trois puissent avoir une ovation de la salle ; je crois que sans eux
conduit, comme je l’évoquais précédemment, à modifier l’appella- l'AFTES ne serait pas ce qu'elle est, voire ne serait pas. (applaudis-
tion de notre association, mais pas son sigle, tant nos anciens sements). Je pense qu'ils l'ont bien mérité.
avaient été pertinents dans l’anticipation. Mais c’est surtout ce qui Je vous remercie. Je vais donc passer maintenant la parole aux
témoigne d’une évolution importante de l’utilisation de l’espace trois présidents des associations voisines co-organisatrices de notre
souterrain et de sa large prise en compte par tous ceux qui concour- congrès, et je vais commencer par l'Espagne avec Manuel Arnaiz
rent à la réalisation de ces projets quelque peu exceptionnels. Ronda.
onjour à tous. Je vais parler espagnol parce que je ne manie rains, et grâce à ce congrès, aux échanges qu'il permet, nous pour-
onorables personnalités représentantes des autorités, chers A part la formation technique continue des professionnels actifs dans
Bonjour à tous.
vant tout je voudrais remercier le Président de l'AFTES pour riel pour la programmation économique en décembre 2001,
plus grave en détruisant de façon irréversible l'économie italienne et d'ouvrage seulement pendant la phase de programmation ; mais
européenne. pendant la phase de réalisation, on veut toujours ajouter quelque
Pour traverser les Alpes, selon le gouvernement italien, 12 milliards chose, souvent pour des raisons politiques, et non pour de réelles
d'euros d’investissement sont nécessaires. Le gouvernement italien a exigences fonctionnelles ou environnementales. Ceci implique que
déjà prévu 6,3 milliards d'euros dans le premier programme de la loi souvent il est difficile de trouver les financements mais aussi les tra-
d'objectifs destinée aux nouvelles traversées ferroviaires du Fréjus, vaux sont plus longs vu qu'il est souvent nécessaire de revenir à la
du Simplon et du Brenner. phase administrative pour approuver les projets. Les autorités locales
participent beaucoup à l'approbation des projets alors que l'aspect
En plus des 100 km de nouveaux tunnels routiers confiés à l'ANAS, financier est à la charge de l'Etat central ; et pour obtenir l'accord des
l'Association Nationale pour les Routes, le premier programme d'in- autorités locales, il faut reconnaître les exigences territoriales, appor-
frastructures stratégiques prévoit la réalisation de plus de 400 km de ter des modifications au projet, et n'oublions pas qu'il y a l'environ-
tunnels ferroviaires, non seulement en montagne mais sur tout le nement, sans pour autant que les autorités locales ne tiennent
territoire national, et dont moins d’un tiers est prévu avec des excava- compte des coûts supplémentaires. Et ensuite il faut trouver aussi les
tions mécanisées. La majeure partie des réalisations est effectuée financements,
avec des creusements traditionnels et souvent dans des terrains difficiles.
Il faut ajouter les interventions de réparations dont nous allons parler L'intérêt pour la construction des tunnels augmente. Certes la sauve-
dans la session sur les ouvrages existants. garde de l'environnement est quelque chose de plus en plus impor-
tant et par conséquent les ouvrages souterrains semblent une bonne
En Italie plus de 150 chantiers sont en cours pour le réseau routier où solution. Mais l'infrastructure doit être compatible avec les ressources
il y a 957 tunnels, dont 726 à tunnel unique, pour un total de 542 km environnementales. Par conséquent, maintenant il faut oublier que
et cela a une incidence de 2,4 % sur les routes en exercice. les tunnels sont une solution extraordinaire et démontrer que c’est
Nous sommes en train de développer les tunnels urbains et métropo- toujours le choix le plus efficace lorsque par exemple il y a des condi-
litains, les tunnels de service et d'autres ouvrages souterrains pour la tions sociales et environnementales particulières.
canalisation des eaux et des centrales hydroélectriques.
Même s'il y a des signes de reprise dans notre pays, ce n'est pas
Pour apporter davantage de garanties pour maintenir les coûts et les encore un moment très brillant pour le domaine de la construction.
délais, on a enfin introduit en Italie le rôle du contractant général Peut être parce qu'il manque un appui efficace au niveau réglemen-
“general contractor” qui permettra de mieux répartir les risques inhé- taire pour qu'il se développe vraiment. Cela est démontré par le fait
rents à la construction, en particulier dans les tunnels. Dans les que, dans notre secteur, il est difficile d'avoir une vraie concurrence,
contrats les plus récents on renonce au concept des délais et des alors que dans d'autres secteurs industriels c'est le contraire. Nous
coûts pour le remplacer par une gestion du risque inhérent au projet avons peur de l'invasion et nous pensons même limiter la concur-
dans le cadre d'aléas prédéterminés sur la base d'hypothèses de pro- rence. Pourquoi ? Tout simplement parce que l'industrie de la
grammation tenant compte des éléments hydrologiques, géolo- construction n'est pas très attirante. Ce secteur industriel n'est pas
giques et géomécaniques. Dans ce concept, nous avons de plus en assez développé et ceci pour deux raisons. D'un côté parce que l'en-
plus de contrats clefs en main aussi pour la construction des tunnels trepreneur investit un minimum (il craint toujours le manque de conti-
mais on définit à l'avance les facteurs de risque. L'analyse en phase nuité administrative) et ensuite ce secteur n'est pas reconnu comme
de conception est très importante où il faut vraiment renoncer aux un secteur très digne. Il suffit de penser à combien d'entre nous sou-
limites intrinsèques à la branche traditionnelle, et il faut trouver haiterions que leurs enfants continuent à travailler sur un chantier.
d'autres méthodes. Donc il est toujours de plus en plus utile d'avoir Malgré la réglementation récente, notre secteur de la construction
des systèmes de conception, par exemple contrôlés, où l'on peut n'est pas très bien considéré par la société et le système bancaire et
adapter à l'avance les différentes solutions, les différentes hypo- d'assurance n'encouragent pas l'investissement des entreprises.
thèses qui pourraient survenir pendant le creusement. Aujourd'hui, Nous conservons une politique bureaucratique et myope.
on pense qu'il est possible d'introduire des processus de contrôle
typiques du secteur industriel. Sur base des projets sur lesquels on Nous sommes aujourd'hui à un moment historique où les grands
définit et analyse le type, l'intensité les délais et les coûts de l'inter- investissements vont contribuer au développement de l'industrie,
vention. Il faut aussi contrôler pendant les travaux, avec un contrôle que ce soit des machines, des technologies en Italie, en Europe et
adéquat, les critères de qualité définis par l'ISO 9000 pour garantir dans le reste du monde. Nous sommes d'accord avec ce qui a été
également la sécurité et l'environnement. déclaré par le ministre Lunardi et nous pensons que l'opportunité de
travailler à l’avenir sur ces grands ouvrages souterrains sera un privi-
Malheureusement, et toujours plus pendant l'approbation des pro-
lège absolu pour tous les opérateurs du secteur. Et nous voulons être
jets, on introduit souvent des modifications qui n'étaient pas prévues
présents avec vous tous.
qui augmentent de façon imprévue les coûts. Presque jamais on ne
s'en tient à la conception initiale. En fait c'est possible pour le maître Merci et bonne continuation pour votre congrès.
'est toujours un grand plaisir pour le Ministère et la Direction Accoutumés à ce que les ingénieurs trouvent des solutions, le grand
réseau ferré a été décidé : amélioration des cheminements, éclai- Dans le domaine ferroviaire j'ai déjà évoqué ce très grand projet que
rages de sécurité et balisage des issues, moyens de communications constitue la liaison Lyon-Turin. Lors de sa rencontre avec Mme Loyola
pour les services de secours, alimentation en eau etc... Ce pro- de Palacio le 22 septembre, le Ministre a rappelé son attachement à
gramme devrait s'achever dans les mois qui viennent. Parallèlement à la réalisation rapide de ce projet. Il a souligné que les 535 millions
ça, de gros efforts ont été et sont faits quotidiennement pour la fiabi- d'Euros nécessaires à l'achèvement des études et travaux prépara-
lité et les caractéristiques de réaction au feu du matériel roulant. toires sont aujourd'hui en place et que l'Italie et la France étaient
S’ajoute enfin, depuis 1998, une refonte en profondeur de la régle- décidées à tout mettre en oeuvre pour un lancement de réalisation
mentation avec l'introduction de nouvelles dispositions concernant en 2010. Cette opération est bien sûr emblématique, avec son très
les plans de secours spécialisés pour les accidents ferroviaires et les long tunnel. Mais il ne faut pas oublier qu'elle comprend aussi
plans d'intervention et de sécurité permettant de mieux gérer les d'autres tunnels, plus courts certes, mais constituant malgré tout des
situations d'accidents graves. ouvrages très importants. Citons aussi la liaison Perpignan-Figueras
Toutes ces avancées sont nécessaires. Elles se traduisent ensuite par ou encore les différentes lignes de TGV en projet. Certaines d'entre
un grand nombre de chantiers avec des natures et des volumes de elles, comme le TGV Marseille-Nice, pourraient compter plusieurs
travaux qui peuvent être très variables mais se révèlent souvent délicats dizaines de tunnels.
en raison de la nécessité de reprendre l’existant voire de travailler Tout cela démontre que l'AFTES n'a pas encore fini son travail. Merci
sans interruption de la circulation. à son Président Jean Philippe et à tous ses membres qui, au sein de la
Dans le même temps, nos réseaux vont continuer de se développer trentaine de groupes de travail qui fonctionnent en permanence, pro-
et de nouveaux projets de tunnels vont progressivement prendre duisent des documents et éditent des recommandations tous d'ex-
rang. Dans le domaine autoroutier, le tunnel de l'A86 à quelques km cellente qualité et très utiles à toute la profession. Merci au travail
de Paris est en cours de percement et sa première section sera mise qu'elle fait pour faire connaître les travaux souterrains auprès des
en service en 2007. Le chantier du deuxième tube de la traversée de jeunes ingénieurs, pour leur donner goût de s'investir et faire une
Toulon va bientôt démarrer puis le tunnel du Mont Sion sur l'A41, les brillante carrière dans ces métiers. Le Ministère vous assure de son
tunnels de la deuxième section des Guillaumaux à l’ouest de Brive sur soutien et continuera d'être très fortement présent à vos côtés, en
l'A89 et ceux de l'A45 et de l'A51. D'autres ouvrages sont également particulier grâce à la participation du CETu à vos travaux et à la vie de
envisagés sur des projets dont les études se poursuivent : A48 entre votre association.
Ambérieu et Bourgoin, sur la dernière section de l'A89 à l'Ouest de Je voudrais enfin remercier tous ceux qui ont contribué à l'organi-
Lyon, le contournement par l’Ouest de Lyon, l'A650 entre Pau et sation de ces journées. Avec votre manifestation, suivie jeudi
Oléron Sainte Marie. Sur le réseau non autoroutier, le chantier du Bois d'Alpes 2020, Chambéry est cette semaine la capitale des grands
du Peu, sur le contournement de Besançon est lancé. Ce sera ensuite projets souterrains de transport.
dans les prochaines années le tunnel de Saint Béat sur la RN 125 puis, Merci.
dans le cadre d'un accord franco-italien, le nouveau tunnel de Tende
pour n'en citer que quelques-uns. D'autres projets sont soumis à
débat public et se préciseront progressivement.
esdames et Messieurs les Présidents, Mesdames et Transports Suisses, nos amis helvétiques voisins, a privilégié. Quand
Pierre Chapsal ou Jacques Burdin qui souvent étaient porteurs de au Transport, on dirait Ministre des Transports en France, et à ce titre
messages de vos dirigeants de l'association elle-même et pas forcé- il assume la paternité de ce programme très ambitieux connu sous le
ment de dirigeants locaux. nom de LNFA, Nouvelles Liaisons Ferroviaires Alpines, et quand on
Je souhaite souligner combien à mes yeux - mais aussi sans doute à sait que nos amis suisses ont pris des résolutions quant au report
ceux du Président du Lyon-Turin Ferroviaire qui va me succéder à modal, après réalisation de ces ouvrages, et quant à leur financement
cette tribune, le Préfet François Lépine, que je salue chaleureuse- qui représentait une contribution de tous les usagers, et pas seule-
ment également et qui saura le dire mieux que moi - nous sommes ment des transporteurs routiers, même s'il y a une taxation de la
conscients de ce que les exposés d’experts, les échanges de savoir, route et majoration des taxes sur la consommation pétrolière, il me
les retours d'expérience sont dans ce vaste domaine des travaux en rappelait vendredi soir qu'il avait en particulier été très sensible au
souterrain de toute nature bien sûr indispensables pour de nouvelles fait que 63 % de ses concitoyens avait approuvé et les grands projets,
avancées dans les champs de tous les thèmes que vous abordez, que et leurs objectifs, et leur financement. C'est une leçon de citoyenneté
ce soit bien sûr celui de la sécurité pendant le chantier et pendant la me semble-t-il dont on peut tirer quelques enseignements. Alors
durée d'exploitation des ouvrages, que ce soit celui des enjeux envi- vous trouverez dans cette exposition non seulement la présentation
ronnementaux, à commencer par la gestion des matériaux excavés - de ces ouvrages très avancés maintenant au Lötschberg ou au
François Lépine pourrait vous dire qu'il peut Gothard, au Lötschberg la percée étant faite et
construire plusieurs pyramides de Khéops mais le Gothard étant creusé pour la moitié de sa lon-
c'est son propos - celui du progrès et de l'inno- gueur, vous trouverez aussi la maquette du
vation dans les matériels, celui de l'évaluation Brenner et vous trouverez sur le stand plus spé-
de la maîtrise des risques, celui de la place de cialement consacré au Lyon-Turin Ferroviaire et
l'usager dans des ouvrages que l'on n’apprend ses actionnaires RFF et RFI des éléments extrê-
pas à maîtriser spontanément. Je crois que vous mement lisibles, extrêmement parlants, du point
avez donc par trois jours de travaux de multiples de l'avancement de ce grand projet, avec l'appui
occasions non seulement de nous faire qu'il reçoit du Département qui s'est engagé
connaître les enseignements que vous retenez dans une procédure de grands chantiers, du
de vos compétences à appliquer sur le terrain Département de la Savoie, de la région Rhône-
mais également de mettre en garde celles et Alpes qui en attend une amélioration de son sys-
ceux qui sont en charge de projets de cette tème de TER en ses relations entre villes alpines
importance bien évidemment, d'en faire le et rhodaniennes. Vous y trouverez également de
meilleur profit pour le bien de l'ensemble de manière très intéressante une présentation par la
nos concitoyens à l'échelle que vous imaginez, SNCF de ce que sont les conditions d'exploita-
c'est à dire au minimum ce qui concerne essen- tion d'ouvrages selon leur qualité d'accessibilité,
tiellement l'arc alpin et l'ensemble de nos moins il y a de pente plus il y a de productivité si
concitoyens européens. je peux résumer la formule. Et puis, comme
J'ai fait mention très brièvement de l'exposition cette exposition se veut pédagogique, elle pré-
sur le thème des nouvelles traversées à l'horizon “ Imaginons que la clé d’une sente la perspective de l'autoroute ferroviaire,
2020 pour l'arc alpin. Permettez-moi de remer- Europe durable puisse être trouvée avec l’AFA qui est évidemment au rendez-vous.
Elle présente la politique définie par Bruxelles
cier pour la contribution qu'il a apporté au mon-
tage de cette exposition quelqu'un que vous
dans les tunnels ferroviaires ” des réseaux trans-européens de transport.
êtes sans doute très nombreux à connaître : Noël Lebel. On m'a dit Elle présente enfin, c'est un peu une introduction, des réalités histo-
qu'il était dans cette salle. Vous l'avez, pour certains, connu comme riques qui ne peuvent que rendre évident le besoin d’une nouvelle
Commissaire à l'Aménagement des Alpes, vous avez dû le connaître, génération d'ouvrages en terme de tunnel. Il y a un rappel historique
pour d'autres, lorsqu'il était Directeur à la DATAR, vous avez pu aussi de ce que les hommes ont d’abord franchi les Alpes par leurs cols.
le rencontrer lorsqu'il était en charge de la Mission des Alpes ou Ensuite il y a eu des progrès dans les perforatrices, l'usage de l'air
Secrétaire Général de la Délégation Française à la CIG du Lyon-Turin, comprimé et la réalisation de tunnels dont on a longtemps cru qu'ils
ou encore pour les dernières années de vie active professionnelle, seraient les plus longs : 10, 12, 15 km. Et puis maintenant on mesure
mais elle se continue sur un plan très actif, comme Secrétaire Général toute la nécessité de ces tunnels de base, qui évidemment ont l'im-
de la Convention Alpine dont le siège est, vous le savez, à Innsbruck. mense avantage de pouvoir assurer un haut débit quant au transport
Ayant à peine quitté cette dernière fonction, diplomatique pour le des marchandises et une grande vitesse quant au transport des voya-
coup, il a accepté de s'investir sans que beaucoup de titres lui aient geurs ; et il y a là bien évidemment une réponse aux besoins de l'ave-
été donnés mais quelque part il correspond un peu à ce que l'on nir, je n'insiste pas.
aurait demandé à un secrétaire général d'exposition. J'espère que
dans votre emploi du temps très dense vous pourrez néanmoins lui Au-delà de cette exposition, ceux d'entre vous qui le pourront
consacrer quelques instants, puisque vous y trouverez rassemblés les retrouveront jeudi dans cette salle des conventions une possibilité
porteurs des 4 grands projets, soit en cours de réalisation soit en de suivre un colloque de dimension tout à fait européenne sur l'inter-
cours de préparation, qu'il s'agisse du Lötschberg et du Gothard rogation : “Quel transport durable pour les Alpes à l'horizon 2020 ?”
chez nos amis suisses, du Brenner côté Autriche-Italie, ou bien évi- Le Ministre français de l' Equipement et des Transports, Monsieur
demment du Lyon-Turin qui n'est qu'un tout petit maillon, vous le Perben, l'ouvrira. M le Vice-Président de la commission européenne
verrez dans les cartographies valorisées dans cette exposition, qu'un M. Jacques Barrot, viendra le conclure en présence d'ailleurs de Mme
tout petit maillon du Barcelone-Budapest dont on sait que les autori- Loyola de Palacio, que connaissent bien beaucoup d’Européens,
tés européennes voudraient pouvoir le voir en service à l'horizon mais tout spécialement nos amis espagnols ici présents, sachant
2020. C'est l'ancien Président de la Confédération Helvétique, M. qu'elle a été nommée coordinatrice par l'Europe de ce grand projet.
Adolfo Ogi, qui est venu inaugurer cette exposition vendredi soir. Merci à tous les Ministères des pays sollicités et à beaucoup d'autres
Adolfo Ogi - nos amis suisses ne l'ont sûrement pas oublié et beau- intervenants d'avoir délégué pour animer cette journée de colloque
coup d'autres sans doute - a été durablement le Conseiller Fédéral des participants vraiment de très haut niveau.
Je voudrais conclure ce bref propos en vous livrant une interrogation. par autant d'ouvrages et de longueur d'ouvrages à réaliser dans un
Il est clair que les pionniers des tunnels réalisés dans les siècles pas- délai aussi court, sans doute deux décennies.
sés, XIXème et XXème siècles, les pionniers de ces tunnels voulaient Alors imaginons que la clef d'une Europe durable, que vous recher-
essentiellement contribuer à unir les pays plus facilement. chez dans ces ouvrages, puisse être trouvée dans les nouveaux tun-
Aujourd'hui des institutions sont venues faciliter cette réunion de nels du rail ; eh bien pourquoi ne pas envisager que des rencontres
pays, et je n'insiste pas pour nous qui sommes européens, mais il régulières aient lieu entre tous les spécialistes ? Rencontres régulières
s'agit aujourd'hui, par la réalisation de nouveaux ouvrages, d'avoir qui pourraient effectivement, si vous le souhaitez, bien sûr être
une ambition qui demeure celle du rapprochement des hommes tenues ici, où les moyens, n'est ce pas Président Rebut, vont aller en
mais qui forcément doit relever le défi de la conciliation nécessaire se développant pour être encore mieux adaptés à vos besoins, puis-
d'un développement économique qui multiplie les échanges et qu’en tout cas sur ce site, vous êtes assurés que dans un rayon de
d'une nature qu'il faut savoir préserver. Je crois que le thème de votre quelques kilomètres seulement il y aura des chantiers tout à fait
congrès qui est celui des tunnels comme clef d'une Europe durable considérables mais quasiment permanents pour vos déplacements
symbolise bien par là-même cette nouvelle ambition de la réalisation sur le terrain et le suivi de l'application pratique de ce que vous auriez
des tunnels. D'ores et déjà la Savoie, qui est un petit département proposé, projeté et fait avancer. Bien évidemment je ne suis pas sûr
chacun le sait, compte sans doute plus d'une quarantaine de km rou- que l'AFTES puisse en être l'organisatrice régulière, ce n'est peut-
tiers ou ferroviaires ; mais comme quelque part la géographie qui a être pas dans ses statuts, mais je souhaite dire devant vos respon-
donné rendez-vous à l'Histoire donne aussi rendez-vous à l'avenir, sables que je ne peux concevoir que si une telle hypothèse prenait
c'est dans ce petit département que cette traduction concrète de la corps l'AFTES ne pourrait pas y être d'une manière ou d'une autre, ou
réalisation d'un grand axe sud-européen permettant un franchisse- la locomotive ou de toute façon très activement présente.
ment alpin réunissant non plus deux provinces, deux régions mais
C'est dans cette perspective que je renouvelle à chacun de vous les
tous les pays d'Europe latine et les ouvrant sur les pays balkaniques
vœux de plein succès que je forme pour ce congrès 2005. Et à toutes
et du sud du Danube, tout cela montre ce qu'il faudra y réaliser pour
et à tous je voudrais souhaiter que l’intensité de vos échanges, la
que cette grande artère ferroviaire sud-européenne voie le jour. Dans
qualité des exposés et ce que vous pourrez découvrir puisse néan-
les 15 à 20 ans à venir, quelque 80 km de tunnels ferroviaires supplé-
moins vous laisser quelques instants pour profiter de ce petit retour
mentaires, quand je dis 80 c'est que je fais comme si je ne comptais
d'été que la météo nous assure et qu'ainsi, au-delà de l’aridité de ce
qu’un kilomètre même quand il s’agit d’ouvrages mono-direction-
que peuvent être vos obligations vous trouviez quelques agréments à
nels, sous-entendu c'est quasiment le double s'il faut effectivement
votre séjour à Chambéry et en Savoie. Je ne vous quitte pas sans
compter le deuxième tube pour le 2ème sens ; et c'est un élément clef
vous rappeler que nous aurons grand plaisir à vous accueillir dès ce
de ce projet que vous présenteront tout à l'heure M. Le Président
soir à 19h30 pour un cocktail que la Ville offrira à l'ensemble de vos
Lépine et M. Le Directeur Régional de RFF M. De Mester. Je crois
congressistes.
qu'en dehors des métros urbains, qui sont appelés à se développer
dans toutes les grandes métropoles urbaines, il n'y a sans doute pas
beaucoup d'autres espaces aussi réduits qui se trouveront concernés Merci de votre écoute.
Présentation du
Lyon-Turin-Ferroviaire
tissage des idées et des initiatives, ce projet qui est déjà en chantier, première dimension que nous avons en tête et qui engendre un fac-
suivant le propos qu'a retenu le Premier Ministre Dominique de teur temps dans les intervalles de la complexité technique.
Villepin, lui doit beaucoup. Vous me permettrez aussi de saluer parti- Il y a un temps des Etats qui n'est pas nécessairement celui des ingé-
culièrement le Président de l'AFTES, Jean Philippe, qui dans une vie nieurs. Par exemple, nous parlons d'un investissement de 6,7 mil-
antérieure, il n'y a pas si longtemps, était l'animateur principal du liards d'euros, valeur 2003, pour une capacité d' au moins 40 millions
GEIE ALPETUNNEL dont les études et les travaux ont, après l'accord de tonnes, alors que le trafic actuel est de 10 millions. La logique des
intergouvernemental de 2001, donné naissance à la société LTF dont ingénieurs, et parfois la tentation des financiers, est de dire : “Bon,
j'ai l'honneur d'être le Président. voyons comment évaluer le trafic et quand le trafic aura augmenté au
Il ne m'appartient pas naturellement de vanter ses mérites comme lieu de stagner et décroître comme actuellement, nous réaliserons les
Président de l'AFTES mais je voudrais dire que j'ai pu apprécier tout ouvrages d'accès de part et d'autre, puis le moment venu nous
au long de ces quatre années sa pugnacité, son opiniâtreté, sa déter- ferons le tunnel de base. Je crains fort qu'à cette vitesse le tunnel
mination dans toutes les fonctions qui ont été les siennes. Merci à lui reste une hypothèse et non pas une réalité. Cette position, qui est
de me permettre de vous livrer les principales réflexions sur ce grand une tentation courante paraît avoir le mérite de la logique et l'avan-
chantier. tage aux yeux de certains de décaler la dépense.
Naturellement je ne suis pas ingénieur. Mes réflexions, contrairement Le choix politique peut être et doit être, et sera sans doute, tout
au titre de cette séance ne seront que peu techniques. Je voudrais autre. Il demande du courage pour réaliser l'investissement de rup-
simplement vous dire à mi-parcours de la vie de LTF, empruntant mon ture d'abord : nous réalisons le tunnel de base en accord avec l’Union
fil conducteur au grand tableau de Paul Gauguin qui est au musée de européenne et progressivement nous ferons les ouvrages d’accès,
Boston : Qui sommes-nous ? D'où venons-nous ? Où allons-nous ? mais ceci est une autre histoire que Philippe De Mester vous racon-
Qui sommes-nous ? tera tout à l’heure, en fonction de l’évolution du trafic et c’est, je le
crois maintenant, la vision commune des deux pays et c’est l'engage-
C'est le plus facile. Beaucoup d'entre vous dans cette salle nous ment pris vis-à-vis de l'Europe, puisque les deux ministres français et
connaissent pour être ou nos conseils ou nos prestataires de service italiens, M Lunardi et M. Perben, ont en juillet dernier décidé de lan-
ou de travaux. Nous sommes donc une société franco-italienne de cer l'opération pour 2010 dans le cadre de ce que l'Europe mettait
droit français, filiale à 50/50 des deux gestionnaires d'infrastructures pour ses programmes quickstarts.
RFF et RFI. Une toute petite soixantaine de personnes, françaises et
italiennes sous la direction générale de Paolo Comastri, avec deux ll y a donc un temps des financiers qui n'est peut-être pas non plus
directeurs, l'un Gérard Cartier pour les études, l'autre Marco Retighieri celui des techniciens.
pour les travaux. Par exemple, toujours pour poursuivre mon raisonnement, le tunnel
Notre mission, telle qu'elle nous a été dictée par le traité, et per- de base et le tunnel de Bussoleno représentent, je vous l'ai dit, un
mettez-moi au détour de cette phrase de saluer à mon tour mon investissement de 6,7 milliards d'euros (valeur 2003) à se répartir
ami Noël Lebel, à qui le traité doit beaucoup et qui a façonné entre la France et l’Italie selon la définition convenue entre les deux
avec d'autres LTF et ses missions, notre mission donc, je cite le traité : pays par le mémorandum du 5 mai 2004. C'est un enjeu qui repré-
“les gouvernements français et italiens s'engagent à construire les sente pour la France et vous ferez le calcul inverse pour l'Italie
ouvrages de la partie franco-italienne nécessaires à la création d'une puisque la répartition des financements est prévue, pour cet ouvrage
nouvelle liaison ferroviaire mixte marchandises/voyageurs entre Lyon international, de 63 % pour l'Italie et de 37 % pour la France, un enjeu
et Turin dont la mise en service devrait intervenir à date de saturation qui représente donc pour la France en fonction du taux de subven-
des ouvrages existants”. “La partie commune franco-italienne est tion qui sera retenu par l'Union européenne (20, 30, 50 %) une partici-
notamment composée d'un tunnel ferroviaire à deux tubes de 52 km pation variant entre 2.5 milliards et 1.2 milliards d'Euros. Nous
forés sous les Alpes en territoire français et italien.” sommes loin, quand on cite ces 2 chiffres, du projet pharaonique -
puisqu’aussi bien c'est quelque chose que l'on aime à décrire d'un
Je reprends les termes de cette mission ; LTF mène sous la conduite
projet aussi important - nous sommes dans le montant équivalent de
de son Conseil d'Administration et sous l'autorité de la CIG, je cite
l'ordre de grandeur d'un TGV et le moment venu ce projet définitif
l'article 5 “les études, reconnaissances et travaux préliminaires de la
partie commune franco-italienne de la section internationale” et LTF, viendra en concurrence pour son financement avec des projets natio-
c'est l'article 6”, propose à la CIG la consistance définitive des naux en France qui ont été évoqués au CIAT mais qui auront besoin
ouvrages de la ligne nouvelle, leur localisation, l'enveloppe financière d'un arbitrage définitif en 2007-2008 pour définir la participation de
prévisionnelle et leur modalité de réalisation.” l'Etat. En cela le Lyon-Turin, au moins sur sa partie commune franco-
italienne, n'est ni plus ni moins avancé que les autres projets natio-
Quelques réflexions préalables si vous me le permettez sur la défini- naux dont je parle. J'ai cependant la faiblesse de penser qu'il est plus
tion de ce calendrier et de ses conséquences. avancé techniquement et que, comme toujours, ce sont les projets
Autrefois, les trains n'allaient pas vite mais les décisions étaient prêts qui s'imposeront dans les priorités. Du côté italien, le profes-
rapides. Songez, Cavour a pris sa décision de créer le tunnel histo- seur Colombo a rappelé les perspectives de la loi Obbiettivo qui
rique de Fréjus en 1857 en à peu près un mois, décisions parlemen- garantissent le financement sans doute plus solidement établi que ne
taires incluses. Certes, il n'y avait qu'un seul pays, le royaume englo- l'est le financement français. On voit en tout cas que les financiers,
bant le Piémont et la Savoie, il était à la fois le ministre des Transports, ceux des Etats, en tout cas des Etats qui sont en situation difficile de
de l'Equipement, des Finances et décidait de tout. Au-delà de la finances publiques, connaîtront des moments ardus au moment des
boutade, on voit bien qu'aujourd'hui deux nations sont concernées choix ; c'est peut-être pour cela qu'ils ont la tentation constante de
avec leurs complexités. L'Union Européenne est un partenaire repousser pour le gouvernement suivant - ou les gouvernements sui-
majeur ; les régions, les collectivités, les populations, l'opinion ont vants - ces choix définitifs et l'on peut comprendre leurs hésitations
leur mot à dire, sans parler des Ministères des Finances, de surtout pour une participation dans un ouvrage mixte marchandises-
l'Equipement, de l’Environnement, des Affaires Etrangères qui, dans voyageurs dont le retour sur investissement est infiniment moindre
chacun des deux pays, ont voix déterminante au chapitre. C'est une qu'un investissement ferroviaire tourné vers les voyageurs.
Il y a donc un temps politique qui n'est peut-être pas non plus celui avoir une ligne droite rationnelle technique et logique qui devient
de la technique. Par exemple je reprendrai - et ce sera mon dernier une suite de points de suspension du fait même de ces aléas dont je
exemple - pour un investissement qui à l'évidence ne sera pas mis en viens de parler. Après ces quelques réflexions dont vous me permet-
service avant 2020, s'il est lancé en 2010 : le politique ne doit-il pas trez la modestie, j'en viens au point :
se poser aujourd'hui, c’est-à-dire pour dans 15 ans, la question certes
Où en sommes-nous et où allons-nous ?
de l'environnement mais aussi de l’acceptabilité par les populations
de trafics de poids lourds accrus dans les vallées alpines françaises ou Du point de vue proprement technique nous faisons des études et
italiennes et dans la vallée du Rhône, de la nécessaire diversification des travaux.
et complémentarité des systèmes de transports ferroviaires, routiers, Les études. Nous y consacrons un budget conséquent de plus de 60
maritimes qui peuvent être fragiles, on l'a bien vu dans les accidents millions d'euros financés par les deux Etats et par l'Union européenne
du Mont Blanc et du Fréjus, mais surtout des décisions à prendre dès qui a permis à ce jour
aujourd'hui relevant de la réflexion sur les économies d'énergie. Si le
• de faire approuver l'Avant Projet Sommaire et le “Progetto
baril de pétrole doit être durablement, comme le laissent entendre
Preliminare” par les gouvernements français et italien en
les économistes, au-delà de 70 dollars voire à 100 ou 150 dollars, les
décembre 2003 ;
systèmes de transport qui ne consomment pas d'énergie d'origine
pétrolière seront par le fait privilégiés. C’est le cas du mode ferro- • de lancer l'avant projet de référence, ce nom est non pas une inno-
viaire. Dans ce cas, les interrogations de ceux qui veulent des certi- vation technique, mais je le traduirais par quelque chose, moi qui ne
tudes sur les perspectives du trafic à l'horizon 2020-2030 doivent suis pas technicien, par quelque chose qui pourrait dire que c'est plus
sans doute s'effacer devant un choix politique qui s'inspire du prin- que l'APS et moins que l'APD, et c'est surtout ce qui permet d'établir,
cipe de précaution. de fonder le “Progetto Definitivo” vis-à-vis de nos amis italiens.
Enfin, dernier élément de réflexion, il y a un temps des populations, Trois volets dans ces études :
de leurs attentes, de leurs perceptions, de leur adhésion, qui n'est • les études fonctionnelles, pour fixer les normes et spécifications
pas forcément celui de la technique. Par exemple nous ne connais- applicables dans le domaine de l'exploitation, de la maintenance, de
sons pas par avance la réaction de la population de la Maurienne - je la sécurité, de la sûreté. Ces normes sont proposées en continu
parle des collectivités depuis St Jean de Maurienne jusqu'à la fron- depuis l'été 2005 à l'approbation de la CIG en concertation naturelle-
tière sur la partie franco-italienne - à la Déclaration d'Utilité Publique ment avec nos actionnaires.
que nous serons prêts à la proposer aux autorités publiques au prin- • deuxièmement : les études techniques, qui permettent d'établir les
temps de l'année prochaine même si nous avons tout fait pour que la spécifications techniques du projet en vue de l'appel d'offres de réa-
concertation préalable réduise les incompréhensions ou les refus. lisation et de préciser les coûts et délais. Ces études couvrent tous les
L’enquête publique, les conclusions de la commission d'enquête, les domaines du projet : génie civil, géologie, équipements ferroviaires
conclusions du gouvernement, le décret de Déclaration d'Utilité et non-ferroviaires, environnement, sécurité en phase de travaux. En
Publique, les délais de recours sont un même temps est engagé un important
temps imaginables mais aussi certaine- programme de sondages complémen-
ment extensible. Nous l'imaginons taires et l'horizon de la fin de ces
possible une DUP en 2007 parallèle- études est le printemps de l'année
ment à la DUP italienne mais d'ici là prochaine.
peut-être beaucoup d'eau démocra- • troisièmement : des études écono-
tique aura coulé sous les ponts. miques, juridiques et financières qui
Comme l'a indiqué L. Besson, la ont pour objet de permettre le choix
confrontation avec le public sur les du mode de réalisation de l'ouvrage.
enjeux majeurs que sont les déblais et On voit bien qu'on atteint le cœur du
les nuisances sonores pèsera sur le sujet. Elles comportent les volets sui-
rythme de cette DUP qui interviendra vants : les études de trafic, fret et
de toute évidence avant les ouvrages voyageurs ; les études économiques
d'accès. Jacques Burdin vous parlera, sur les péages d’infrastructures et
je crois, du projet à partir de nos expé- bilans économiques ; les études juri-
riences actuelles de gestion des diques et financières, notamment le
choix du montage et la rédaction des
déblais. En Italie il en est de même et
vous observerez que même si la procé-
“ Le projet Lyon-Turin est déjà un chantier : lignes guides de la documentation
dure de DUP a un rythme similaire elle trois descenderies en France, une galerie en ”
Italie nécessaire à la réalisation.
emprunte des cheminements beau- A l'issue des études que nous avons
coup plus complexes. Le “Progetto Definitivo” sera proposé au CIPE déjà réalisées dans le cadre de l'APS, cinq schémas de montage juri-
début 2006 mais nul ne sait comment et quand il en ressortira. De diques et financiers différents avaient été présentés et la CIG en a
plus il n'échappe à personne que ce projet qui fait l'objet d'un traité, sélectionné deux essentiellement :
donc d'une ratification parlementaire et dont on parle en Italie depuis • un schéma public qui prévoit une réalisation en “conception/
bien avant 2001, fait l'objet de vives contestations de la part des col- construction” ;
lectivités de base de la vallée de Venaus au point que malgré un mar-
ché passé en janvier 2005 un ordre de service donné à l'entreprise le • un schéma de PPP déléguant à une société privée l'optimisation du pro-
11 avril, la commande du tunnelier faite, le chantier de la galerie de jet, sa construction et sa gestion pendant une durée qui reste à définir.
Venaus n'a pu encore à ce jour démarrer. Le temps des populations Ces études sont engagées, les discussions entre les 2 gouverne-
n'est donc pas non plus celui de la technique. On voit bien qu'il faut ments au sein de la CIG ont lieu, et le choix du montage pourrait être
être modeste dans l'affirmation des dates et des délais et qu'il peut y fait par les gouvernements à l'automne 2006.
Je disais tout à l'heure qu'on voit bien que nous sommes au cœur du uns et explicable aux autres. La difficulté de faire une prévision exacte
sujet et des choix. Nous nous sommes mis dans la capacité de suivre des prix et de s'y tenir. Il reste encore un long chemin à parcourir, en
le calendrier exigeant pour nous et aussi pour ceux qui travaillent tout cas pour certaines oreilles françaises, pour que cette conviction
pour nous - je pense à ceux qui sont dans cette salle - mais ce calen- soit partagée surtout par les financiers qui gèrent les fonds publics.
drier est aussi exigeant pour ceux qui préparent la décision de ceux Nous avons connu ces difficultés, nous les connaîtrons encore ; et
qui décident. Il est évident que les administrations peuvent aller plus quand nous aurons à proposer aux deux Etats un prix prévisionnel de
ou moins vite dans leurs réactions, leurs appréciations, leurs valida- l'ouvrage de base, qui devra certes être certifié par des experts indé-
tions et qui leur en voudrait dans un projet de cette envergure ? pendants, il peut se trouver que la réalisation de l'ouvrage entre 2010
et 2020 fasse apparaître au fur et à mesure des difficultés géolo-
Au-delà des études nous faisons des travaux, ceux que le traité nous
giques non discernées par les études qui pourront peut-être engen-
assigne, descenderies et galeries.
drer des surcoûts. Nos voisins suisses ont, je crois, connu les deux
Je ne vous ferai pas l'injure de vous rappeler que ces travaux sont aspects de ce problème, notamment au Lötschberg et au Gothard.
déjà inhérents à l'ouvrage, ce qui permet d'affirmer à nouveau que le Dans la mesure où les travaux menés par LTF consistent justement en
projet Lyon-Turin est déjà un chantier : trois descenderies en France, travaux exploratoires dans des zones alpines complexes et où les
1 galerie en Italie. aspects géologiques et géotechniques ne sont pas connus avec un
Descenderie de Modane, 4000m, engagée au printemps 2002, degré de précision suffisant, et ce malgré l'ensemble des sondages
réalisés préalablement, le type de marché traditionnellement utilisé
1086 m excavés, reprise en octobre 2005 à la suite de l'interruption
en France s'est révélé comme n'étant pas forcément le plus adéquat,
du chantier.
notamment pour la rémunération, l'indemnisation des surcoûts nés
Descenderie de Saint Martin la Porte, 2 050 m, engagée au de la différence des terrains rencontrés avec la maquette géologique
printemps 2003, à l'heure actuelle 1 295 m d’excavés. initiale. Pour tenter de limiter au mieux ces incerti-
La galerie de Venaus qui fera 7 000 m, éventuelle- tudes financières pesant tant sur le maître d'ouvrage
ment 3 000 m optionnels, marché signé en que sur l'entreprise, nous nous sommes inspirés,
janvier 2005 dont je disais que l'ordre de service pour nos marchés les plus récents, des marchés de
avait été donné en avril 2005. travaux utilisés en Suisse.
Enfin la descenderie de la Praz, 2 572 m. Le 13 octobre, Le DCE adressé expose des classes d'excavation sus-
donc dans quelques jours, le ministre français inau- ceptibles d'être rencontrées en circonstance normale
gurera le lancement de ce chantier. et invitent les entreprises soumissionnaires à
remettre pour chacune de ces classes d'excavation,
Certains d'entre vous visiteront ces chantiers. Il d’une part un engagement sur un délai d'avance-
s'agit de chantiers de valorisation des déblais, des ment, d'autre part un prix correspondant qui auront
chantiers propres des descenderies ; les visiteurs se François Lépine tous deux une valeur contractuelle. Par ailleurs, l'en-
rendront compte de l'état d'avancement treprise “valorise” dès la remise de son
et des difficultés rencontrées. Je vous
prie à l'avance d'excuser la rareté de ces
“
Le projet Lyon-Turin … maillon-clé de offre les situations particulières que sont
les travaux en condition exceptionnelle,
visites mais nous ne voulons pas compro-
mettre la réalisation des travaux et en
l’axe ferroviaire Lisbonne-Kiev ” les préjudices pour arrêt de chantier et
les coûts pour dépassement du délai
même temps pour certains ils viennent tout juste de reprendre et global. Enfin, les soumissionnaires s'engagent contractuellement sur
pour d'autres ils vont tout juste reprendre. les moyens, les méthodes, les fournitures, les installations.
Quelques réflexions, et ce sera les dernières sur ces difficultés, les J'en arrive et ce sera ma conclusion à la dernière question :
conclusions que l'on peut en tirer, en tout cas des réflexions que je “Où allons-nous ?”
fais miennes.
Je voudrais conclure provisoirement en résumant brièvement le
A l'évidence ces ouvrages ne sont pas simples à mener. Ni pour le calendrier des étapes qui sont devant nous pour tenir le lancement
maître d'ouvrage ni pour les entreprises. Je laisserai de côté les de l'opération en 2010, que les deux gouvernements et l'Union euro-
hoquets financiers que LTF a connus et qui sont maintenant derrière péenne ont pris comme date de référence.
nous avec l'engagement affirmé des deux Etats, notamment de
Que doit faire d'abord LTF ?
l'AFIT pour la France, et de l'Union européenne. Ces difficultés ont
cependant engendré des retards en empêchant Lyon-Turin • Terminer les études de projet, en 2006 je l'ai dit, et fournir à l’été
Ferroviaire de lancer les 3 descenderies et la galerie en 2002-2003. aux deux Etats des éléments du choix entre un montage qui privilé-
Je laisserai aussi de côté les embarras juridiques qui ont pénalisé for- gie un schéma public et un montage PPP.
tement le maître d’ouvrage qu’est LTF et dont j'aimerais penser qu'ils • Terminer les reconnaissances à l'été 2006.
ne seront bientôt plus que de mauvais souvenirs. Là aussi nous avons • Terminer les travaux préliminaires, avec les retards que j'ai indiqués,
enregistré des délais plus longs que prévu. galeries et descenderies, pour 2009-2010.
Je voudrais simplement avec un brin de naïveté faire partager à ceux • Faire émerger les procédures de DUP française et italienne au prin-
qui ne sont pas ingénieurs, et qui sont pourtant sur le chemin critique temps 2006 pour avoir les deux DUP en 2007.
de la décision, deux évidences qui ne le sont pas pour tout le monde. Pour tout cela, nous tenons les délais avec les bureaux d'études qui
Les travaux souterrains ont leurs spécificités, et le Professeur nous accompagnent et que je remercie pour leur engagement dyna-
Colombo a dit tout à l'heure des choses excellentes à ce sujet, et en mique mais le délai des décisions ne nous appartient pas. Car à l'ho-
aucun cas, semble-t-il pas plus en Suisse qu'en Autriche qu'en Italie, rizon 2008-2009 les Etats qui auront renouvelé leurs gouvernements
on peut croire raisonnablement que le kilomètre de tunnel peut se devraient avoir, pour tenir l'engagement de l'opération en 2010 :
raisonner forfaitairement comme un kilomètre d'autoroute. La géolo- • choisi le montage financier et juridique, je vous l'ai dit prévu pour
gie, les risques sont là et expliquent ce qui paraît inacceptable aux la fin 2006,
• signé l'avenant au traité et notamment les accords définissant les Rhône-Alpes et l’Auvergne, mais parmi vous certains ont plus que
conditions de réalisation du projet (ce qui pourrait avoir sa place au d'autres l'occasion de travailler avec nous. Pour les moins chanceux,
début 2008), c’est-à-dire ceux qui nous fréquentent le moins, je vous donne
• créé le promoteur public qui succéderait à LTF, ceci pourrait avoir quelques informations supplémentaires sur RFF. RFF c'est un jeune
lieu à l'automne 2008, établissement public de l'Etat qui a un caractère industriel et com-
mercial. Il a été créé en 1997 et a hérité de la SNCF la responsabilité
• et négocié avec l'Union européenne le montant et les modalités de
financement. d'entretenir, d'exploiter et de développer les 29 000 km et les plus
de cent mille ouvrages du réseau ferré national, dont il est par ailleurs
En 2010, date de référence, le promoteur public, pour être en confor- le propriétaire.
mité avec l'engagement des deux pays vis-à-vis de l'Union euro-
Accessoirement, il a aussi hérité de la dette historique de la SNCF
péenne, lancerait la phase opérationnelle du projet. Il aurait aupara-
liée à l'infrastructure.
vant établi le dossier de consultation des entreprises, lancé l'appel
d'offres, publié l'avis du marché à la fin 2009 pour permettre la La mission de RFF comprend cinq métiers que j'énumère très
constitution de groupements adaptés à l'importance du projet. Il res- rapidement.
terait ensuite dix années pour atteindre 2020, horizon envisagé pour Celui que vous connaissez le mieux est celui de maître d'ouvrage
la mise en service ; sans doute le temps de plusieurs congrès de pour les investissements liés à l'amélioration et au développement
l'AFTES où seraient comparés mes propos avec l'état d'avancement du réseau. Ceci représente environ 2.4 milliards d'euros d'investisse-
réel des étapes que j'ai décrites. ment par an, ce qui fait de RFF le premier maître d'ouvrage de
Jean Philippe : Bien. Merci Monsieur Le Président. Je crois que le France.
débat pour la table ronde est bien lancé dans la dernière partie de Par ailleurs, nous entretenons et exploitons le réseau. Dans ce
votre propos. Nous n'oublierons pas dans les congrès de l'AFTES de domaine, RFF délègue à la SNCF la gestion de son infrastructure.
suivre ce calendrier. La partie internationale, comme vous l'avez dit, Nous assurons le pilotage global, nous définissons les politiques de
ne fonctionne pas facilement sans les itinéraires d'accès ; ce sont de maintenance et d'exploitation. La SNCF, quant à elle, les met en
longs itinéraires et des projets en soi et Philippe de Mester, Directeur œuvre dans le cadre d'une convention de gestion qui nous lie et qui
régional de Réseau Ferré de France Rhône-Alpes Auvergne va vous est de l'ordre de 2 milliards 600 millions d'Euros par an. Donc vous
présenter l'état des lieux. Merci. voyez qu'on est sur des masses financières qui sont
Philippe de Mester : Monsieur le Ministre et Maire de extrêmement importantes.
Chambéry, Mais RFF, c'est aussi un gestionnaire de patrimoine
M. le Président de l'AFTES, Mesdames et Messieurs les dont la majeure partie, bien sûr, est utilisée pour l'acti-
congressistes, je prends donc la suite de notre cher vité ferroviaire. Une partie minoritaire de ce patrimoine
Président Lépine pour vous présenter l'avancement de n'est plus utile pour faire fonctionner le réseau et nous
nos travaux sur les itinéraires d'accès au tunnel de base. nous efforçons de la valoriser et d’améliorer ainsi acces-
Je pense que ton exposé, mon cher François, a permis soirement l'équilibre de nos comptes.
de bien comprendre l'ambition de notre projet Lyon- Notre quatrième métier est un métier de financier. Il
Turin-Budapest, comme il convient de l'appeler. Cette s'agit principalement de gérer au mieux, avec le sou-
ambition, vous pouvez d'ores et déjà la mesurer par les tien de l'Etat, notre en-cours de dette qui est aujour-
dimensions du tunnel de base, sa difficulté technique d'hui de l'ordre de 27 milliards d'Euros. Ceci fait de
que chacun dans cette assemblée appréhende. La pré- RFF le premier émetteur d'obligations sur le marché
Philippe De Mester
sentation de François Lépine vous permet d'ap- français.
précier également combien les défis politiques et
financiers sont importants. La problématique des “
La mission de RFF Enfin, et depuis 2003, Réseau Ferré de France a la
responsabilité de la répartition de la capacité du
accès au tunnel de base est tout aussi complexe et
je vais tenter de vous l'expliquer.
comprend 5 métiers… ” réseau. Il nous revient donc à présent de bâtir l'ho-
raire de service qui va permettre chaque jour à
Il faut d'abord se rappeler que ce projet est double. Il a deux fonc- 15 000 trains de circuler dans des conditions optimales sur le réseau
tionnalités. C'est d'abord une liaison à grande vitesse pour les voya- français. Nous vendons cette capacité dont l'unité de base se décom-
geurs. Il faut replacer ce projet dans son contexte historique ; mon pose en sillons et nous la vendons à la SNCF pour l'essentiel mais
ami Lépine a rappelé tout à l'heure les origines du projet et le rôle aussi depuis quelques mois à d'autres entreprises ferroviaires pour le
qu'a joué à l'époque de sa naissance votre président Jean Philippe trafic fret international, dans le cadre de l’ouverture du marché.
que je salue à mon tour de manière la plus amicale. On a d'abord Voilà, cette présentation rapide étant faite, je vous propose de reve-
imaginé construire une nouvelle ligne à grande vitesse permettant de nir à notre grand projet.
mettre Milan à 3 heures 40 de Paris. Mais bien sûr l'exigence d'amé-
liorer et de développer le transport de marchandises par le rail pour Le projet Lyon-Turin est un projet ambitieux, d'envergure euro-
enrayer le développement insupportable du trafic routier dans les péenne. Cette liaison nouvelle apporte une double réponse aux
vallées alpines s'est imposée. L’organisation d'une liaison fret perfor- besoins futurs des transports. En reliant l'Europe du nord-ouest à
l'Italie, le Lyon-Turin s'inscrit d'abord dans l'un des corridors nord-sud
mante à travers les Alpes est aujourd'hui urgente et nécessaire. Le
qui acheminent aujourd'hui les principaux flux de l'Union euro-
tunnel de base offrira la possibilité de faire transiter quarante millions
péenne. En s'ouvrant vers l'Espagne et vers l'Europe de l'Est, il
de tonnes de fret chaque année. Il faut donc aménager l'itinéraire
accompagne l'élargissement de l'espace européen. C'est toute la
d'accès qui permettra d'acheminer ce même niveau de trafic jusqu'à
spécificité de la liaison Lyon-Turin qui apparaît ainsi. Elle dispose
l'entrée du tunnel de base à St Jean de Maurienne.
d'une capacité à servir des grands courants de trafic nord-sud mais
Le fret et les voyageurs, voilà les deux missions qui sont confiées à aussi ouest-est qui structureront l'ensemble des échanges de
Réseau Ferré de France. Tout le monde connaît maintenant cet orga- demain. Son importance lui vaut d'être reconnue par les institutions
nisme dont j'ai le privilège de diriger la représentation régionale pour communautaires comme l'un des projets européens prioritaires,
maillon clé de l'axe ferroviaire Lisbonne/Kiev. Elle constitue aussi un Alors, de Lyon à Saint Jean de Maurienne, le projet se découpe en
atout important pour éviter le cloisonnement de l'Europe du sud plus plusieurs parties. Ce projet a une longue histoire et François Lépine
montagneuse et moins ouverte aux relations ouest-est que l'Europe vous en a retracé les grandes étapes tout à l'heure. Pour RFF, et pour
du nord. les accès au tunnel de base, les choses sérieuses ont commencé en
2001 avec la création d'une équipe pluridisciplinaire de RFF qui a pris
Alors quels sont les grands enjeux de cette liaison Lyon-Turin ?
en charge les études de la section française. Une organisation spéci-
Premier de ces enjeux, il s'agit bien entendu de stabiliser le dévelop- fique de la maîtrise d'ouvrage a été mise en place. Elle est répartie
pement des trafics routiers grâce au ferroviaire. Aujourd'hui, 75 % des entre Réseau Ferré de France pour la partie française, RFI pour la par-
marchandises qui transitent par les Alpes du Nord empruntent la tie italienne, et les deux établissements qui ont la même vocation ont
route. Si les prévisions de croissance de trafic établies par les écono- ensemble créé une filiale à 50/50 qui est LTF dont le président est
mistes se réalisent, à l'horizon 2025, un million de camions supplé- François Lépine. Cette partie du projet est placée sous l'égide de la
mentaires pourraient traverser les vallées alpines, ce qui serait totale- commission intergouvernementale, qui est présidée en alternance
ment insupportable pour les populations concernées. La réalisation par Reiner Mazera pour l'Italie actuellement mais aussi et par
du projet Lyon-Turin et l'optimisation aussi par ailleurs des lignes exis- exemple l'année dernière par Louis Besson qui nous accueille aujour-
tantes permettront au rail d'absorber, c'est notre ambition, l'essentiel d'hui dans sa ville et qui, d'une certaine façon, si le projet du Lyon-
de la croissance des trafics supplémentaires. Turin a une âme, en représente certainement la majeure partie.
Deuxième enjeu : améliorer la sécurité et ceci, vous le comprenez Les groupes de travail tripartites ont été mis en place. Ils élaborent les
très bien, est lié au premier. Le transport ferroviaire doit jouer un rôle différents aspects du projet : la sécurité, la fonctionnalité, les études
prépondérant pour atteindre l'objectif d'amélioration globale de la de capacité. Des référentiels communs ont été approuvés au fur et à
sécurité du transport de marchandises. Ce mode est beaucoup plus mesure que les travaux d'étude avancent validés par la CIG. Il s'agit
sûr que la route, le nombre d'accidents est considérablement plus de coordonner au mieux ce travail bilatéral.
faible à trafic égal pour le transport ferroviaire et notamment il faut le La section française du Lyon-Turin, de Lyon à Saint Jean de
souligner en ce qui concerne les marchandises dangereuses. Maurienne, répond, je vous le rappelle, à une double problématique :
Troisième enjeu : préserver l'environnement. La croissance des développer la grande vitesse voyageurs, offrir un itinéraire fret de
échanges doit se faire en préservant l'environnement dans le cadre qualité entre la France et l'Italie. Trois éléments constituent cette sec-
des engagements pris par notre pays à Kyoto en 97, puis à tion : une ligne à grande vitesse, un itinéraire fret, et uniquement
Johannesburg en 2002, pour une diminution des émissions de gaz à dédié au fret, et une partie mixte, fret et voyageurs.
effet de serre. Le transport ferroviaire présente des avantages impor- Voyons tout d’abord cette ligne à grande vitesse destinée aux voya-
tants par rapport au mode routier : une moins grande consommation geurs. Elle va donc se développer entre Lyon et Chambéry et elle
d'énergie et huit à dix fois moins de pollution à la tonne transportée, permet d'atteindre quatre objectifs : le développement d'une liaison
j'insiste sur ce point essentiel, deux à trois fois moins d’espace pour à grande vitesse entre la France et l'Italie, c'est bien sûr la base, mais
mettre en place les infrastructures à quantité de marchandise trans- aussi l'amélioration des liaisons à grande vitesse entre les Alpes du
portée égale. Nord et Paris, la possibilité de créer des liaisons régionales à grande
vitesse, je l'ai évoqué tout à l'heure, le TRGV, et la libération de capa-
Enfin, dernier enjeu pour notre liaison Lyon-Turin : c'est le dévelop-
cités sur les lignes existantes afin de pouvoir développer des autres
pement du service aux voyageurs. Le Lyon-Turin a pour vocation bien
trafics, notamment le TER. Cette liaison aura une longueur de 79 km
sûr de rapprocher la France et l'Italie mais aussi les villes de Rhône-
et elle prévoit un raccordement au niveau de la commune de Saint
Alpes entre elles. Elle permet d'étendre les services à grande vitesse,
André le Gaz pour desservir Grenoble. Elle va permettre de gagner
en gagnant 1h30 entre Lyon et Turin, 30 mn entre Lyon et Chambéry,
1h30 entre Lyon et Turin, 30 entre Lyon et Chambéry, Aix-Les-Bains,
Aix-Les-Bains, Annecy et 10 mn entre Lyon et Grenoble. Il offre aussi Annecy et 10 mn entre Lyon et Grenoble, pour ce seul aménage-
la possibilité d'ouvrir le réseau à grande vitesse aux trains régionaux ment. Cette liaison nouvelle comporte en son sein un tunnel de
et ainsi de développer le concept qu'on appelle TRGV, “Train grande longueur, un tunnel de 15 km, avec un court passage à l'air
Régional à Grande Vitesse”. libre au centre, sous les massifs de Dullin et L'Epine. Il s'agit d'un tun-
Enfin, et les Rhônalpins qui sont dans cette salle y seront sensibles, il nel mono tube qui permet la circulation de TGV à 230 km/h ; le profil
s'agit de placer notre région Rhône-Alpes au cœur des échanges, en long de la ligne exclusivement destinée à un trafic voyageur
carrefour des déplacements des marchandises et des personnes admet des pentes relativement fortes qui iront donc jusqu'à 3,5 %. Le
entre le Nord et le Sud de la France, via le corridor tunnel sera situé à grande profondeur, au maximum 720 m. Le coût
Nord/Saône/Rhône, mais aussi entre la France et l'Italie ; la région total de cette ligne nouvelle Lyon-Chambéry avec son raccordement
Rhône-Alpes a bénéficié tout au long de son histoire de cette posi- de Saint André de Gaz est de 1 milliard 900 millions d'Euros dont 570
tion privilégiée. L'économie régionale a vu son essor lié à cette posi- millions pour le seul tunnel de Dullin/L'Epine Ces chiffres étant don-
tion stratégique. Aujourd'hui la concurrence des autres couloirs de nés bien sûr aux conditions économiques de janvier 2003.
transport se fait fortement sentir, on l'a vu notamment après l'acci- L'Avant Projet Sommaire de la LGV a été approuvé en mars 2002 et
dent du Tunnel du Mont-Blanc, compte tenu aussi du recentrage de ce projet a fait l'objet de la signature d'un protocole d'intention de
l'Europe et de son ouverture à l'Est. Pour éviter de marginaliser, non financement entre l'Etat et les collectivités régionales concernées.
seulement la région Rhône-Alpes, mais aussi l'ensemble du territoire
Deuxième maillon : l'itinéraire dédié au fret entre Lyon et le sillon
français, il s'agit de renforcer la vocation de carrefour européen que
alpin via le tunnel sous le massif de Chartreuse. Pour permettre d'at-
possède la région Rhône-Alpes. Le projet de Lyon-Turin le permettra.
teindre le niveau de trafic attendu à l'entrée du tunnel de base pour
Alors maintenant, si vous le permettez, je vais faire une présentation le fret c’est-à-dire objectif de 40 millions de tonnes, il est nécessaire
des éléments constitutifs de la section française du projet Lyon-Turin, d'augmenter le débit des lignes qui conduisent vers Saint Jean de
section française dont RFF a la responsabilité. Maurienne et qui sont actuellement limitées en capacité. Donc c'est
la raison d'être de cette nouvelle liaison. Les études de cette section Savoie, débouche dans le secteur de Saint Rémy de Maurienne, à
en sont actuellement au niveau des études préliminaires et nous proximité de la rivière l'Arc et de l'autoroute A43. Son profil en long
avons différentes hypothèses qui ont fait l'objet d'une consultation. est ascendant d'ouest en est, en rampe de 0,9 % pour la plus grande
Cette consultation a eu lieu à la fin du printemps et au début de partie de son tracé. Grâce aux rayons en plan qui ont été choisis, il
l'été et doit faire prochainement l’objet d'une décision ministérielle. permet d'optimiser la circulation des trains de fret les plus lourds sans
En quelques chiffres, cette section a une longueur qui est comprise faire obstacle à des passages de TGV à 220 km/h. Il s'agit bien
suivant les différentes options entre 74 et 77 km et se termine par un entendu d'un ouvrage bi-tubes. Une descenderie intermédiaire est
tunnel, le tunnel de Chartreuse. Ce tunnel sous Chartreuse fera entre prévue dans le secteur de Détrier avec au pied une galerie de recon-
21,5 et 23,5 km de longueur selon l’option retenue. Il s'agit là non naissance de 5800 m qui assurera en phase définitive une fonction de
plus d'un mono tube mais d'un ouvrage bi-tubes qui est ouvert à la drainage. Le coût de cet ouvrage est évalué à un milliard 750 millions
circulation des convois de fret et d'autoroutes ferroviaires. Ces d'Euros aux conditions économiques de janvier 2003. Une expertise
convois pourront y circuler à une vitesse de 120 km/h. est actuellement en cours pour arrêter définitivement l'option pour
Afin de répondre aux contraintes fixées pour améliorer la vitesse des le passage en vallée de Maurienne. Une décision sera prochaine-
trains lourds, la déclivité de l'ouvrage ne dépasse pas 0,8 %. Le tun- ment prise.
nel est situé à une grande profondeur qui atteint 1200 m au point cul- A Saint Jean de Maurienne, on se connecte avec la partie interna-
minant. Il est prévu de réaliser une descenderie d'1,5 km environ tionale qui est donc gérée par LTF et qui vous a été présentée tout
pour accéder au point haut du tunnel ; elle permet de réaliser une à l'heure.
attaque intermédiaire en phase de construction et sera conservée
Voici donc quel est ce vaste projet qui permettra d'amener, dans des
ensuite en phase d'exploitation pour servir d'accès de secours. Au
conditions satisfaisantes, une haute capacité de trafic à l'entrée du
regard de la nature du massif de Chartreuse, qui est calcaire, avec
tunnel de base. L'exigence qui a été posée pour réaliser cet itinéraire
des réseaux quartziques très développés, une galerie de reconnais-
d’accès est certes très élevée puisqu'elle repose sur une qualité de
sance de 2500 m est envisagée depuis le pied de la descenderie. A la
service qui doit correspondre à une exploitation moderne et perfor-
mise en service du tunnel, celle-ci aura une fonction de drain. Le coût
mante des itinéraires fret et voyageurs.
de cet itinéraire de Lyon à la Combe de Savoie est estimé entre 3 mil-
liards 100 millions et 3 milliards 500 millions d'Euros, dont 1 milliard Vous avez compris que nous sommes dans l'attente d'une décision
800 millions pour le tunnel de Chartreuse, ces chiffres étant toujours ministérielle qui devrait être prise avant la fin de l'année et qui devrait
aux conditions économiques de janvier 2003. ainsi déterminer quelle sera exactement la nature de cette liaison fret
sur l'ensemble de l'itinéraire. Au regard du montant global du projet
Troisième élément constitutif de ces itinéraires d'accès, il s'agit de
sur la section française, puisque l'ensemble représente des montants
l'itinéraire qui est mixte, voyageurs et fret. Cet itinéraire se développe
qui sont entre 6 milliards 750 millions et 7 milliards 150 millions
entre le sillon alpin, la Combe de Savoie précisément, et la vallée de
d'Euros, il est évident que la question du phasage et de la montée en
la Maurienne au nord de Saint Jean de Maurienne. Les deux liaisons,
charge progressive de cet itinéraire est une question essentielle à
fret et voyageurs, se réunissent pour un tronçon mixte avec un tunnel
laquelle nous réfléchissons et travaillons actuellement et qui fera éga-
sous le massif de Belledonne. Ce tunnel permet de raccourcir l'itiné-
lement l’objet de décisions. Je vous remercie de votre attention.
raire actuel par la ligne historique de 30 km. La section totale d’accès
entre la Combe de Savoie et St Jean de Maurienne est de 34 km qui Jean Philippe : Merci à François Lépine et Philippe De Mester. Cette
comportent un tunnel de 24 km dont 19,5 pour le seul tunnel sous vision de l’actualité de ce grand projet clôt cette première demi-jour-
Belledonne, plus un autre tunnel sous Rocheray qui le complète. Le née de débat. Nous avons ensuite rendez-vous à 14h pour les pre-
tunnel de Belledonne qui trouve son origine dans la Combe de miers ateliers techniques. Merci à tous.
Mercredi 12 Octobre
TABLE RONDE
Pierre Ostian : Bien, Mesdames Messieurs, merci de prendre place, 1er reportage :
nous allons commencer dans les minutes qui suivent. Je vais deman- “Les images paraissent remonter à des temps très reculés, pourtant
der à Louis BESSON de nous rejoindre sur ce plateau, voilà, à l'extré- elles n'ont pas encore cinquante ans. Elles ont été tournées en effet
mité. Je me suis laissé dire qu'il y avait un match de football ce soir sur le chantier du tunnel du Mont-Blanc au milieu des années 60. Le
important paraît-il pour la qualification française, certains se sont lais- creusement de ce tunnel qui relie Chamonix au Val d'Aoste est
sés aller au charme du football, j'espère leur donner tort cet après- aujourd'hui considéré comme un événement majeur de ces dernières
midi avec le débat qui s'annonce ici et qui, je pense, sera de très décennies car il marque une étape décisive dans l'évolution du trafic
grande qualité. routier transalpin. Depuis 1870, à l'avènement de la révolution indus-
Bonjour à toutes et à tous, nous allons terminer, clore ce congrès de trielle, pratiquement toutes les percées alpines avaient été réalisées
l'AFTES ici à Chambéry, avec cette désormais traditionnelle table pour des liaisons ferroviaires. Ce furent successivement le Fréjus-
ronde qui aujourd'hui réunit cinq personnalités, plus d'autres témoins Montcenis, le Gothard, le Simplon, le Lötschberg. Autant de tunnels
que je vous présenterai au fur et à mesure. Je vais naturellement vous dits de crête creusés sous les cols. Mais au milieu du siècle dernier les
présenter les personnalités qui seront en première ligne, si j'ose dire, Alpes restaient une barrière infranchissable pour les automobilistes
de cette table ronde, de ce plateau : à droite naturellement vous avez dès l'arrivée de l'hiver. On comprend dès lors que la décision de réa-
reconnu Louis Besson, Maire de Chambéry mais qui est aussi là au liser un tunnel sous le Mont-Blanc fut accueillie avec soulagement.
titre de la CIG puisqu'il est co-président de la commission intergou- Les travaux de creusement du tunnel bénéficièrent des dernières
vernementale du tunnel Lyon-Turin ; à côté de lui M. Alessandro nouveautés technologiques du moment avec notamment le fameux
Jumbo, monstre à trois étages équipé de quinze marteaux pneuma-
Focaracci, qui est conseiller du Ministre italien des Transports (en Italie
tiques. Malgré les fortes températures rencontrées et la pénibilité du
on dit infrastructures et transports). A côté de lui M. Peter Testoni, qui
travail des hommes, la pénétration dans le granit alpin fut régulière
fut directeur de l' Office Fédéral des Transports Suisses. Près de
avec une progression moyenne de 10 m/24heures. Lors de son inau-
M. Testoni : Peter Teuscher qui lui dirige tout simplement le BLS -
guration en 1965, dans ce discours visionnaire, le Général De Gaulle
Bern/ Lötschberg/ Simplon, BLS Alpes transit, donc en d'autres
ne manqua pas de souligner les progrès formidables qu'apportait
termes le tunnel du Lötschberg dont on parlera beaucoup cet après- cet ouvrage pour le rapprochement des peuples et le bien-être de
midi. Et puis tout près de moi M. Yann Leblais qui dirige un important l'humanité :
bureau d'études au moins pour la partie française de ce bureau
d'études ; il est également président de l'UFCA qui est la fédération “Et voilà que Milan, Gênes, Londres, Rome se trouvent plus proches
des associations nationales des ingénieurs conseils. de Lyon, Genève, Dijon et Paris. Qui sait, si un jour, l'entente et la
coopération établies non plus uniquement à l'occident de l'Europe
Voilà donc pour la présentation ; tout de suite, une entrée en matière mais sur toute son étendue et marquée naturellement par des réalisa-
avec quelques images. Vous verrez trois petits reportages cet après- tions techniques qui seront à l'échelle d'un pareil avènement ne
midi, vous verrez aussi des témoignages que nous avons enregistrés feront pas de l'Europe l'élément capital du développement des
pour un certain nombre de personnes qui n'ont pas pu être présentes nations, de l'équilibre pacifique du monde, et du progrès de tous les
pour ce congrès de l'AFTES. hommes”.
Premier reportage donc. C'est une sorte d'historique des grands Mais le Général de Gaulle n'avait pas imaginé que les tunnels du
creusements des grands tunnels. On parlera bien entendu au cours Mont-Blanc, du Gothard et plus tard du Fréjus connaîtraient un suc-
de ce petit reportage des tunnels alpins, ils ont été pas moins de dix cès conduisant immanquablement à la saturation. Au cours des
à être creusés en un peu moins d'un siècle, entre la fin du XIXème siècle quinze dernières années, le trafic transalpin de marchandises a dou-
et le milieu, le courant du XXème siècle. Et puis vous verrez aussi dans blé et les perspectives sont impressionnantes pour le seul axe Lyon-
cette première partie comment on est passé des transports ferro- Turin. “Nous pensons qu'à l'horizon 20 ans, nous devrions être à
viaires avec ces grands tunnels alpins aux tunnels longs comme le niveau de l'ordre de 40 millions de tonnes, ce qui justifie qu'on trouve
tunnel sous la Manche, et c'est après ce petit reportage que je vous des solutions adaptées pour une liaison qui soit à la fois performante
présenterai un autre invité. Tout de suite, les images. sur le plan technique, économique, donc avec des coûts qui mettent
le ferroviaire en situation compétitive par rapport à la route”. tunnels et 30 % pour les terminaux. A noter que, en ce qui concerne
Confrontés aux nuisances engendrées par le trafic des poids lourds, les tunnels, pour la partie française le surcoût a été de 30 % , pour la
nos voisins suisses ont dès 1990 lancé un ambitieux programme de partie britannique de 80 %.
ferroutage, avec à la clé le percement d'une centaine de km de tun- Pierre Ostian : Qu'est ce qui aurait pu éviter ces dérapages ? Ces
nels ferroviaires. Mais délaissons un instant les Alpes pour nous inté- coûts excessifs ?
resser à un autre grand chantier qui va lui aussi répondre à l'accroisse-
ment du trafic et faciliter les échanges à travers l'Europe : le tunnel Pierre Matheron : Eh bien je parlais du coût de génie civil. En ce qui
sous la Manche. concerne les équipements fixes, il faudra souligner que le montant
d'origine des équipements fixes a été multiplié par 2,4 et en ce qui
Un chantier pharaonique aux dires de certains, symbolisé par le concerne le matériel roulant le montant d'origine a été multiplié par
fameux puits de Sangatte, et par un escadron de tunneliers dernier 2,85. Et là je dirais les surcoûts auraient pu être évités si le projet avait
cri dont le premier fut joliment baptisé Brigitte. L'ouvrage aura mobi- été gelé dès le départ. Le problème d'un projet comme celui-là, pro-
lisé près de 5000 hommes au plus fort des travaux pour un coût total jet dont on pourra dire un mot tout à l'heure sur la façon dont la
de 50 milliards de Francs. Sur ce chantier l'accent sera mis en perma- rémunération se faisait, est que les équipements fixes ont été soumis
nence sur la sécurité des hommes, une des préoccupations majeures à ce que certains ont qualifié du “délire de l'ingénieur”. A savoir que
pour le directeur des travaux de l'époque, Pierre Matheron. “On est par rapport à ce qui était prévu à l'origine, l'ingénieur s’est soit livré à
très fier, c'est quelque chose de magnifique. D'accord, on avait dit de ses fantasmes, soit a répondu aux exigences des commissions inter-
le faire en 7 ans, on l’a fait en 8 ans, c’est l'homme qui a fait ça...” gouvernementales, soit pour toute autre raison, il a cherché à optimi-
Pierre Ostian : Voilà. Mesdames, Messieurs nous avons le plaisir ser, à piquer les dernières nouveautés, par exemple en système de
d'avoir Pierre Matheron parmi nous. signalisation, et ça coûte très cher. Ça coûte effroyablement cher que
Il avait un escalier, il a préféré arriver directement. Voilà un homme de de modifier un projet en cours de route.
décision. Il faut être un homme de décision quand on dirige un chan- Pierre Ostian : Bien. On parle beaucoup aujourd'hui de la rapidité
tier où il y a comme cela 5000 hommes au plus fort du chantier. Ca de foration des tunnels. Est-ce que vous êtes vous, à l'expérience du
représente, c'est anecdotique peut-être mais ça représente combien tunnel sous la Manche, pour cette rapidité ?
d'heures de travail un ouvrage comme celui-ci ?
Pierre Matheron : Je ne suis pas convaincu du tout qu'il faille privilé-
Pierre Matheron : Environ 5.600 hommes en pointe côté français, au gier la vitesse d'avancement et tout miser sur un percement rapide
total sur les deux sites 15.000 hommes. Au total 100 millions d'heures des tunnels. Sur un projet multidisciplinaire, et là je prends l'exemple
de travail dont 42 millions côté français et 42 millions qui ont été réa- du tunnel sous la Manche, c'est un projet qui s'est fait en moins de
lisées pour la plupart par des personnes venant de Calais, Boulogne, dix ans ; personnellement je suis convaincu qu'il faut bien définir le
Dunkerque. projet au départ et je pense qu'il faut l'optimiser, et il faut surtout,
Pierre Ostian : La région Nord Pas de Calais après avoir bien réfléchi, se dire que ce qui est intéressant c'est pas la
livraison de telle ou telle partie de l'ouvrage, ce qui est intéressant
Pierre Matheron : De la région Nord Pas-de-Calais. Et je pense que c'est la livraison globale. Et le tunnel sous la Manche, en 8 ans de tra-
le tunnel sous la Manche ça marche. Ca marche tellement bien que vail, les tunneliers ont travaillé pendant trois ans ; donc ça fait com-
c'est devenu banalisé, en tout cas pour le problème du transport bien, ça fait 25 %, enfin 40 % du temps. Je pense qu'on aurait beau-
peut-être un peu moins pour le problème financier ; mais sur le plan coup mieux fait de lisser tout cela. Du point de vue des effectifs, du
du transport je crois que personne, ou très peu de personnes pen- point de vue de la conduite sociale du chantier c'est bien préférable
sent lorsqu'ils traversent la Manche à ces 100 millions d'heures tra- et je pense que beaucoup d'éléments du système auraient pu être
vaillées. posés et je vais en donner un exemple dès le départ. Nous avons dans
Pierre Ostian : Vous avez évoqué le problème financier et c'est la les tunnels ferroviaires et aussi dans le tunnel de service, nous avons
question qui fâche, on va dire d'ailleurs, pour certains. On sait que le posé des tuyaux d'exhaure qui étaient des tuyaux de très bonne qua-
chantier s'est déroulé dans des délais à peu près normaux puisque lité, des tuyaux dont la composition métallurgique si vous voulez, per-
vous le disiez vous-même dans le reportage, quelques mois de déra- mettait la corrosion. Mais ces tuyaux on les a démontés, on les a
page simplement. En revanche pour les coûts il en va tout autrement. détruits et on les a remplacés par des tuyaux définitifs quasiment iden-
Là, on a des dérapages énormes. tiques. Je pense que là il y avait une économie. On pourrait dévelop-
Pierre Matheron : Pour les délais, les tunnels ont été percés en per le sujet sur les voies ferrées, sur beaucoup d'autres aspects.
avance, puisqu'on a percé le dernier tunnel en juin 1991, en avance Pierre Ostian : On n'a pas le temps effectivement. On n'a pas le
de quelques jours, quelques jours seulement mais en avance par rap- temps non plus d'évoquer, tout de suite en tout cas, le problème des
port au programme de 1985. Le délai global a été retardé je disais contrats. Mais il faut quand même en dire un mot sur ce contrat du
tout à l'heure d'un an en gros puisque le contrat était de sept ans, on tunnel sous la Manche, même si ça fera l'objet de la deuxième partie
a fait en huit. tout à l’heure. Un mot quand même.
Alors en ce qui concerne les coûts. Vous avez parlé de 50 milliards de Pierre Matheron : C'est un contrat conception/réalisation. C'est
Francs, c'est pour la construction. Plus généralement et il y a eu des l'une des particularités du Transmanche ; à l'origine il y avait les entre-
ouvrages écrits là-dessus, on parle des 100 milliards sous la Manche, prises et les banques… Mais le contrat tel qu'il a été signé en 1986,
et ces 100 milliards, ça comprend tout. Je dirais que c'est une parti- c'est un contrat dans lequel l'entreprise Transmanche-Link, était res-
cularité du projet du tunnel sous la Manche, c'est lorsqu'on parle du ponsable de la conception, par exemple du tracé, par exemple du
coût total, on affiche les coûts de la construction mais aussi les coûts diamètre de tunnel etc... Et ce contrat était rémunéré de deux
de la maîtrise d'ouvrage, de la maîtrise d'œuvre et les frais financiers. façons. En ce qui concerne les tunnels, il était rémunéré en cost plus
A ma connaissance je dirais simplement c'est une particularité qu'on fee, avec objectif et avec des clauses de bonus/malus bien sûr, et
ne retrouve pas fréquemment. Alors en ce qui concerne la construc- c'est ce qui a le moins dérapé. Et puis tout ce qui était équipement
tion, le devis d'origine était d'un peu moins de 30 milliards. La fixe et matériel roulant c'était forfaitaire. Et c'est là où ça a dérapé
construction a dérapé, oui dérapé de 50 % en gros, 60 % pour les beaucoup plus.
classe d'excavation 1 ou 2 sur 2 ans et puis à la fin vous arrivez à 80 % la Confédération suisse, et le mandataire, le maître d'ouvrage ici
avec des classes d’excavation de 5 ou 6 et plus hautes ; vous arrivez représenté par Peter Teuscher. On a établi un contrat entre les deux
très vite à 1 ou 2 années de retard.” qui laisse aussi une marge de liberté, une marge d’action c’est-à-dire
c'est pas pour chaque boulon qu'il faut revenir chez nous et que nous
Pierre Ostian : Voilà, on va délaisser pour l'instant le Gothard avec
devons passer à la politique. Je pense c'est aussi une clé du succès.
ses nombreux avatars, vous avez vu des images assez impression-
Et encore une chose concernant le coût. Le coût est au niveau 1999
nantes, et revenir vers le Lötschberg où là, Dieu merci, tout se passe
sans les frais financiers et sans aussi le renchérissement. C'est donc le
bien. Comme nous avons la chance d'avoir le directeur général de
coût net niveau 1999.
BLS Peter Teuscher, je vais en profiter pour lui demander de faire un
petit point sur l'avancement actuel des travaux, sur les coûts aussi et Pierre Ostian : Merci. Yann Leblais, vous aviez un mot ? Non, pas
sur les délais avec l'aide je crois de quelques images. tout de suite. ? M. Focaracci, vous représentez donc le ministre ita-
lien des transports et vous voulez nous parler aussi d'un risque que
Peter Teuscher : Je vous remercie de me donner l'occasion de vous
vous rencontrez actuellement dans la perspective d'un tunnel près de
présenter l'état actuel des travaux, de donner des informations sur les
Messine, c'est cela ?
programmes et sur les coûts. Le 28 avril c'est un jour que je n'oublie
jamais. C'était le jour de notre percement mais il était 4 mois trop tardAlessandro Focaracci : L'expérience que nous faisons en Italie dans
parce qu'on avait eu une zone carbonifère qui n'était pas prévue. les travaux souterrains est très importante, mais l'Italie a un territoire
Alors 4 mois plus tard qu'on a promis en 1998. Actuellement est déjà varié du point de vue morphologique et géologique. Par consé-
remis pour l'équipement environ 35 à 40 %. Les centrales dans le tun- quent, au cours de ces années, il a été indispensable de trouver des
nel sont prêtes pour attendre les containers avec l'équipement ferro- analyses de risque technique pour établir des contrats entre l’entre-
viaire. L'équipement ferroviaire à Bern c'est environ à 80 km des tun- prise générale qui réalise les grands travaux et l'administration. Et
nels. On a une vieille usine pour faire le montage de l'équipement cette analyse de risque technique doit tenir compte de tous les fac-
dans des conteneurs, 136 exemplaires, et tous les jours maintenant 4 teurs géologiques, géotechniques que l'on ne peut pas exclure. Et
conteneurs entrent dans le tunnel pour faire le montage de l'équipe- ainsi on arrive à comprendre quelles sont les situations qui peuvent
ment. L'état d'avancement de la pose de la voie actuelle c'est 22,8 être à la charge de l’entreprise générale et celles qui ne le sont pas.
km, presque la moitié des voies sont posées. Jusqu’à juin 2006 on Toutes les situations que l'on ne peut pas exclure du point de vue
doit poser toutes les voies dans le tunnel parce que déjà mi-juin vont géologique et géotechnique et que l'on peut rencontrer pendant le
commencer au sud les trains pour faire les tests. Une phase très diffi- creusement du tunnel, toutes ces situations doivent faire partie d'une
cile, c'est maintenant les phases pour la mise en exploitation. analyse des risques. Le projet qui en résultera sera un projet moyen
Sur les coûts, je vais vous informer sur l'état avec des écarts, des différences, entre le
actuel. On a une somme de 3 214 millions
de francs suisses. C'est un prix sans impré-
“ Il y a 43 km de tunnel d’accès minimum dans la meilleure des conditions
et le maximum s’il y a les situations les plus
vus, c'est un prix net. Si on ajoute 15 % au pont de Messine et dans ces négatives. Et donc dans cette gamme de
situations, l’entrepreneur général doit,
d'imprévus et l’actualisation du projet, on a 43 km la géologie est très complexe
de nouveau à investir pour 472 millions de
” peut-être, contracter une assurance pour
francs suisses. C'est à cause des travaux de ces coûts et tout ce qui n'est pas prévisible,
sécurité, des nouveaux systèmes de signalisation dans les stations. Le qui, à ce moment-là, sera à la charge de l'administration et avec cette
montant actuel est dans les 4 milliards 239 millions de francs suisses. approche nous avons réalisé la ligne grande vitesse Bologne-
Si on regarde le coût final prévisionnel actuel pour le dernier mois de Florence avec d'excellents résultats parce que l’entreprise générale a
juin de cette année, on a une somme de 4 312, alors on a une diffé- essayé de prévoir à l'avance la situation la plus négative qui aurait été
rence de 73 millions ; alors c'est des surcoûts de 1,7 %. De mon point à sa charge ; il a essayé de l’anticiper avec des innovations technolo-
de vue, pourquoi on a de bons résultats sur les coûts et les délais ? giques, avec le délire de l'ingénieur mais il lui est arrivé en les pré-
On a suffisamment de temps, d'argent pour les reconnaissances géo- voyant de les résoudre facilement. Dans le cadre des travaux que
logiques, c'est évident. On a d'abord suffisamment de temps pour nous allons démarrer, il y a celui du tunnel de Messine. Il y a 43 km de
les études et les soumissions, même huit ans. On va avoir une organi- tunnel d'accès au pont et dans ces 43 km la géologie est très com-
sation légère, efficace avec un grand pouvoir de décision et peu d'in- plexe, très difficile, et il est très important de comprendre quelles
tervenants. Ce qui était aussi excellent c'était la même équipe du seront toutes les situations possibles que l'on va rencontrer afin que
début jusqu'à la fin. On a encore des risques pendant le travail de l'entreprise puisse anticiper et voir ce qu’il ne sera pas possible de
l'équipement ferroviaire, mise en exploitation, ça, il y a encore des résoudre. Donc ainsi, on verra quels seront les risques de l’entreprise
risques mais je suis sûr qu'avec cette équipe on peut tenir le générale et le risque de l'administration. Tout sera détaillé dans un
9 décembre, c'est le jour changement d'horaires pour la mise en ser- document.
vice de ce tunnel. Merci.
Pierre Ostian : Je pense qu'il y a deux choses. Il y a le type de contrat
Pierre Ostian : Merci à vous M. Teuscher. Rejoignez-nous qu'il faut mettre en place pour faire en sorte effectivement que cha-
M. Teuscher, nous aurons besoin de vous sans doute pour des ques- cun s'y retrouve, comme on dit, qu'il y ait un équilibre en fin de
tion-réponses tout à l'heure. Je profite pour vous inciter ou vous invi- compte des risques pris et puis il y a aussi une question que j'aimerais
ter à vous munir d'un casque car dans un instant Alessandro poser à Yann Leblais, quelles sont “les connaissances actuelles en
Focaracci va nous parler aussi d'un autre projet d'accès au pont de matière de géologie, de géothermie, en matière de ...” Bon. Est-ce
Messine. Avant cela peut-être, des réactions à ce qui a été dit dans le qu'on n’est pas là un petit peu à la limite de ce qu'on sait faire ?
reportage et à ce qu'a dit à l'instant Peter Teuscher. Qui veut prendre
la parole ? Peter Testoni, allez-y. Yann Leblais : C'est la question à 100 millions. Je crois qu'on est
aujourd'hui au point sur les méthodes d'approche. D'ailleurs on a vu
Peter Testoni : Juste quelques compléments. Je pense un point dans ce congrès dans des communications en particulier ce matin,
additionnel est une nette et claire séparation des responsabilités et qu'avec des approches différentes, disons des méthodes différentes,
des compétences entre le financier, l'autorité de tutelle, dans ce cas on réussit, je crois, à cerner les grandes questions techniques posées
par ce genre de tunnel. En revanche, je crois qu'à ce jour, sur par Alessandro Focaracci : Oui, le pont a 3.3 km de longueur. Du côté
exemple, les interfaces des différentes couches au droit du tracé lui- Sicile et du côté Calabre on arrive au pont avec le chemin de fer et
même, sur la nature géomécanique des terrains, en plus ou en moins l'autoroute mais pratiquement toujours en tunnel. Les tunnels d'un
par rapport à des paramètres moyens qu'on a pu imaginer puisqu'il y côté et de l'autre représentent 43 km. Le coût de l'intervention est
a une part de “judgement” comme l'on disait dans le tunnel sous la plus ou moins 50 % pour le pont et 50 % pour les tunnels. Les tunnels
Manche, sur l’appréciation de ces paramètres, sur les problèmes d'ar- ont peut-être moins, c'est peut-être 54/46, mais vraiment les tunnels
rivée d'eau aux interfaces des différents horizons, les failles dans le ont un poids important dans l'analyse des risques.
milieu alpin, il reste et il restera une part d'incertitude dans la réalisa- Pierre Ostian : Une question ? Je n’ai pas vu de main se lever. Ce
tion de ce type d'ouvrage. Je crois d'ailleurs que cela avait été souli- serait étonnant quand même que tout se passe aussi simplement
gné par nos amis suisses. Il convient de, comment dirais-je, d'antici- entre nous cet après-midi. Je pense qu'il y aura un peu plus de curio-
per au mieux, mais il convient aussi d'avoir une réserve pour une sité ou vous voulez qu'on passe à autre chose ? Bon, ça y est, voilà
maîtrise des aléas tant économiques que temporels. encore une question et après on passera à la seconde partie de cet
Pierre Ostian : Alors, encore une question qui va, j'allais dire être un après-midi. Monsieur, allez-y.
peu le prélude à la dernière partie de cette table ronde. On entend Michel Bourrier, projet Montgenèvre : On parle peu des problèmes
parler de Cost and fee, contrat cost and fee. Alors qu'est-ce que cela de ventilation et de gêne respiratoire d'une part pendant les travaux
signifie exactement pour éclairer notre lanterne ? et ultérieurement quand on pense aux motocy-
Yann Leblais : Cost and fee, c'est quelque chose qui clistes qui sont très nombreux, par exemple les
est d'abord un jargon anglo-saxon parce que c'est jeunes Allemands en vacances ; sur les tunnels de
énormément pratiqué à l'international. C'est aussi grande longueur ça peut amener à des problèmes
connu de ceux qui ont fait en France des concessions pendant l'utilisation et pendant les travaux.
mais qui étaient finalement dans une position mono- Pierre Ostian : Bien. On va peut-être demander la
polistique à une certaine époque ; c’est donc peu double réponse à Peter Testoni. Peut être d'abord
connu du grand public ou des praticiens qui prati- sur ce qui se passe actuellement au Lötschberg et
quent en France les marchés publics. Cost and fee puis peut être à Yann Leblais aussi en terme de
c'est quelque chose dans lequel vous avez un accord bureau d'étude ; je ne sais pas si vous avez un
entre vous-même et votre client, dans lequel vous complément à apporter à ce que dira Peter
avez mis à plat l'ensemble de vos coûts, donc les Testoni.
coûts opérationnels, les coûts de structure, les coûts
Peter Testoni : Je pense qu’il faut bien distinguer
de frais généraux. Vous vous êtes mis donc d'accord
les 2 phases. La phase de construction dont l'en-
sur un cadre de bénéfices et puis “le cost plus fee Yann Leblais
treprise est responsable pour, selon les normes en
plus target” ça veut dire que jusqu'à un certain Vice Président de l’AFTES
niveau en quantité vous avez la couverture (ARCADIS) vigueur en Suisse, créer un climat en tant que tem-
de l'ensemble de ces coûts plus vos béné- pérature et en tant qu’air ; c'est la responsa-
fices et puis qu'au-delà si vous dépassez “ Le “cost and fee” permet à l’imagination bilité de l'entreprise. Pendant l'exploitation
du tunnel la société qui va gérer ce tunnel,
dans le cadre des études qui vous sont de l’ingénieur de s’exprimer
confiées ou des travaux qui vous sont dans le cas du Lötschberg ce sera BLS.
confiés, il y a un engagement à couvrir dans un cadre parfaitement suivi… ” Cette société crée un climat, seulement
votre coût sans bénéfices. Et inversement, pour la phase d’entretien dans le tunnel,
s'il y a des meilleures performances que celles estimées dans le bud- puisque c'est un tunnel ferroviaire, donc les conditions de climat sont
get, vous avez une règle du partage du bonus entre les deux parties. surtout créées en cas d'incendie ou en cas d'accident. Et c'est évi-
Tout ça se discute de manière très pragmatique au cas par cas. Donc demment une des grandes préoccupations de ce projet, c'est d'inté-
c'est pas de la régie, du tout au temps passé, donc c'est parfaitement grer les dernières connaissances en matière de conditions de climati-
encadré mais c'est quelque chose qui apporte tout de même, je le sation en cas d'accident en particulier en cas de feu ; cela est aussi
signalais tout à l'heure, une sécurité aux parties que l'effort qui sera une des grandes composantes de renchérissement du coût du projet
fourni sera couvert en terme, à minimum, de coûts. jusqu'à ce jour.
Pierre Ostian : Merci pour ces explications, merci bien. Nous n'allons Pierre Ostian : Peut être que Peter Teuscher veut compléter aussi
pas accaparer la parole ici sur ce plateau, elle vous appartient aussi. Il cette présentation.
y a des micros qui circulent. Voilà deux hôtesses qui descendent dans
les allées pour que vous puissiez bien dialoguer avec nous, poser des Peter Teuscher : Dans un cas normal d'exploitation du tunnel
questions ou bien intervenir simplement sur la première partie de l'échange d'air se fait par les trains qui voyagent dans le tunnel.
cette table ronde. La première question est toujours la plus difficile, il Chaque tube est utilisé dans un seul sens et la vitesse du train fait une
faut se lancer, mais il est important de se lancer car il n'est pas ques- ventilation naturelle sous conditions normales d'exploitation.
tion bien sûr que l'on reparte ce soir sans avoir pu poser toutes les Pierre Ostian : Oui, on n’a pas eu le temps dans les petits films de
questions possibles. tout expliquer mais on a bien vu sur l’écorché les 2 tubes qui sont
Frédéric Labaylle, ingénieur-conseil en ponts et structures : Je vou- effectivement 2 sens de circulation pour ces longs tunnels. Une ques-
lais savoir quelle était la liaison du projet entre le tunnel de Messine tion au 1er rang s'il vous plaît.
et le pont de Messine lui-même. Est-ce qu'il y a une liaison ou pas en Manuel Serrano : Je vais m'exprimer en espagnol si vous me le per-
terme de projet européen ? mettez. Je voudrais profiter et rebondir sur la question précédente.
Pierre Ostian : Une explication technique par Alessandro Focaracci. Pour revenir à des tunnels routiers de grande longueur je pense qu'il
Alors, est-ce qu'il y a une liaison entre le pont de Messine et le tunnel y a des limites, comme nous le savons, surtout posées par la ventila-
de Messine, donc le tunnel d'accès au pont de Messine, visiblement tion. Quelles sont les limites que pourrait avoir un tunnel routier, je
je crois que c'est ça ? répète routier, de grande longueur avec le problème de ventilation
qui pour moi est vraiment le critère de base et il y a aussi un autre ger des ensembles routiers de tout type et soulager d'autant la circu-
obstacle peut être que sont les restrictions de type psychologique lation routière. D'autant que le chantier qui est réalisé grâce à une
pour les conducteurs. Est-ce que vous avez des expériences que vous machine spécialement conçue pour les travaux, se déroule sans inter-
pourriez illustrer sur ce thème ? ruption de la circulation des trains. Mais ces travaux ne sont en fait
Pierre Ostian : Qui comprend parfaitement l'espagnol et répondra à que le prélude à une réalisation beaucoup plus stratégique, le
la question ? Monsieur François Vuilleumier, qui est un des grands fameux corridor européen N∞5. Un axe ferroviaire vital pour les
experts internationaux. Vous pouvez vous lever Monsieur Vuilleumier. échanges entre l'Europe du sud et les pays de l'Est. Cette transver-
sale suppose la construction d'un tunnel de base de 53 km entre la
François Vuilleumier : Je pense qu'il y en a une. C’est une question France et l'Italie. La nouvelle liaison de Lyon à Turin est bien sûr une
qui a été posée lors d’un précédent congrès. Le plus long tunnel rou- priorité économique mais elle est également indispensable en
tier, c'est le tunnel de Herdel en Norvège qui a 24 km mais qui a peu matière de respect de l’environnement. Aujourd'hui, 4000 camions
de trafic ; je pense que c'est lié au trafic. La question de la ventilation transitent chaque jour par les vallées alpines ; avec le Lyon-Turin un
c'est une chose mais il y en a une seconde c'est l'effet psychologique. million de camions traverseront les Alpes par le rail.
On voit déjà avec des tunnels routiers longs, comme celui du
Gothard qui a 16 km, des aberrations c’est-à-dire des gens qui doi- C'est un projet qui aura un résultat extraordinaire sur l'environnement
vent s'arrêter parce que psychiquement ils ne tiennent pas le coup et et sur l'écologie. Et puis c'est un projet qui va rapprocher les peuples
ils vont pique-niquer, ils vont s'arrêter dans les niches. Donc je pense de l'Europe de l'Est et les peuples de l'Europe de l'Ouest, et ça pour
qu'avec 20 km on n’est pas loin de la limite. Je sais aussi que pour le moi c'est très très important. C'est un impact économique très impor-
2ème lien de la Manche une étude a été faite pour voir si on pouvait tant mais avant je veux souligner l'impact environnemental. Nous
faire un tunnel routier et là aussi la conclusion a été de dire que ce allons enlever 4 000 camions des routes et ceci créera d'énormes
n'est pas possible. Si on avait une sorte de téléski pour les voitures ce avantages pour l'Italie et la France.
serait possible mais des voitures pilotées par des chauffeurs sans sys- Les travaux du Lyon-Turin ont commencé sur plusieurs sites. A
tème automatique à partir de 20 km je pense que ça pose des pro- Venaus, côté italien, ainsi qu'à Modane, La Praz et St Martin côté fran-
blèmes. çais. Ces travaux sont destinés à créer des accès indispensables à des
Pierre Ostian : Merci à François Vuilleumier. Jean Philippe voulait tunnels de base. Ils doivent fournir également des informations géo-
intervenir aussi. logiques qui seront nécessaires à l'établissement du projet final. Un
projet colossal, puisque plus de 15 millions de mètres cube de maté-
Jean Philippe : C'est un complément, une remarque sur l'interven- riaux seront à extraire et à valoriser. Toutes les informations ainsi col-
tion de M. Matheron tout à l'heure. Je ne suis qu'un ingénieur. C'est lectées contribueront aussi à réduire les risques inhérents à la réalisa-
vrai que simplement quand il a évoqué les délires de l'ingénieur, je le tion de ce type d'ouvrage.
comprends très bien ; je me rappelle d'ailleurs les propos de M.
Martinand, il y a quelques années, qui souhaitait, en arrivant à RFF, On ne peut pas éliminer tous les risques ; autant quand on construit
limiter les plaisirs de l’ingénieur, et puis ceux de la commission. Je un ouvrage d’art, une fois qu'on a la connaissance du sol au niveau
pense qu'il ne faut pas tout à fait les confondre sauf à penser que l'in- des fondations et qu'on maîtrise le calcul, on peut effectivement éli-
génieur ne se sente obligé de répondre par avance à tout ce qui sera miner la plupart des risques, autant en tunnel on ne peut pas éliminer
supposé lui arriver comme question de la part de la commission ulté- tous les risques. Il est donc essentiel que le dialogue entre le maître
rieurement. Ce que je veux dire par là c'est que si on peut arriver à d'ouvrage et le maître d'œuvre permette au maître d'ouvrage de
bien identifier les missions, je reprendrai les propos de Yann Leblais bien évaluer, en fonction des choix qu’il fait sur les bases des proposi-
tout à l'heure sur le tunnel sous la Manche où il y avait une certaine tions de son maître d'œuvre, de bien évaluer les risques résiduels
sérénité du fait notamment que les missions étaient bien identifiées, qu'il aura éventuellement à affronter dans la réalisation de l'ou-
je pense que c’est une bonne formule. Alors ce n'est pas vraiment vrage.”
une question mais quand même je souhaite qu'on ne confonde pas Pierre Ostian : C'est une évidence maintenant, le risque zéro n'exis-
les délires de l'ingénieur avec les souhaits des commissions. tant pas, il faut savoir quand même prendre ces risques. Louis
Pierre Ostian : Je pensais quand même que ce “délire de l'ingé- Besson, une question toute simple : est-ce que le maître d’ouvrage
nieur” allait être relevé par l'un d'entre vous. Voilà qui est fait mainte- est prêt à prendre des risques, quels risques et jusqu'où ?
nant grâce à Jean Philippe. Est-ce qu'il y a d'autres questions ? Nous Louis Besson : S'agissant de Lyon-Turin, le maître d'ouvrage n'est
pouvons poursuivre la deuxième partie, où là on va beaucoup plus pas défini. Il y a pour le moment, vous le savez, une société binatio-
parler de la maîtrise effective des risques et des contrats bien sûr. nale, dont le président est présent dans la salle, qui porte la respon-
Bien, puisque vous êtes d'accord avec moi, on va envoyer tout de sabilité d'un programme qui, bien sûr, est à valider selon le processus
suite le troisième petit film. Il y aura là de nombreux témoignages qui a été rappelé tout à l'heure. Je crois que dans une affaire de ce
enregistrés dans cette seconde partie. type, c'est la nécessité qui justifie les décisions. Nos amis italiens
comme Sergio Pininfarina vient de le dire maintenant et je crois que
3ème reportage :
les Français partagent cette conviction : la sécurité des franchisse-
“Inauguré en 1871, le tunnel ferroviaire du Fréjus fut pendant près ments alpins n'est plus assurée par le mode routier et l'ouvrage ferro-
d'un siècle le seul passage direct entre France et Italie à travers le viaire qui lie les deux pays n'est pas en capacité d'absorber l’impor-
massif alpin. Mais face à la saturation des transports routiers et à la tance des trafics d’aujourd'hui et de demain et des problèmes
fragilité des traversées alpines, les gouvernements français et italiens d'environnement se poseront de plus en plus, ainsi que des pro-
se sont résolus à transférer une partie du trafic marchandise vers le blèmes d'énergie et de coût de l’énergie. Si l'on veut bien prendre en
rail. Malheureusement, le gabarit du tunnel de Fréjus s'est révélé compte l'ensemble de ces données, il y a une justification et une
inadapté à la pratique moderne du ferroutage. Il a donc fallu s’em- détermination pour aller jusqu'au bout, bien évidemment en s'entou-
ployer à augmenter le gabarit voûte tout en abaissant le niveau des rant du maximum de précautions pour limiter les risques, mais c'est la
voies. Ainsi les wagons de type Modalor qui ne peuvent aujourd'hui volonté qui doit les surmonter, ce n'est pas le risque qui doit avoir le
transporter que des citernes pourront dans les prochains mois char- dernier mot.
Le problème, c'est effectivement d'avoir avec 15 ou 20 ans d'avance, Pierre Ostian : Merci beaucoup. Alessandro Focaracci, vous vouliez
une vision de ce que seront les nécessités qui feraient que le intervenir sur ce sujet.
reproche s'adresserait à ceux qui aujourd'hui n'ont pas osé. Alessandro Focaracci : J'aurais voulu dire deux petites choses. Tout
Pierre Ostian : Peter Testoni, il y a un modèle suisse je crois dont d'abord, il faut que l'on soit bien conscient que les ouvrages, les tun-
vous aimeriez parler. nels sont nécessaires. En 2015, il faudra qu'il y ait au moins trois tun-
nels ferroviaires supplémentaires dont le Fréjus. Et donc il faudra
Peter Testoni : Je voudrais peut-être rajouter la question de faire ces qu'on s'occupe de ces grands ouvrages parce que le trafic ferroviaire
tunnels ou de ne pas les faire était déterminée par la question du sera déjà saturé et nous savons d'ores et déjà que même les tunnels
risque de faire continuer les transports de marchandises, comme on routiers arriveront à saturation. Tout d'abord à cause des camions,
le fait aujourd'hui, avec une densité toujours plus grande, avec des mais aussi à cause d'autres trafics. Alors si l'on veut faire ce fameux
risques d'accident dans les tunnels. Donc l'évaluation de ce genre de couloir 5, du Nord au Sud, il faudra que l'on réalise 300 km de tunnel.
risques nous a amenés à dire que l'investissement avec son propre 300 km, il s'agit de très grands investissements et de grands risques
risque vaut la peine. On ne peut pas maîtriser les transports de mar- également. Nous sommes en train de procéder d'une certaine
chandises et de personnes à travers les tunnels existants et sur les manière et nous espérons qu'à la longue elle se révélera correcte,
routes. juste, adéquate, mais je voudrais parler maintenant de couverture de
risque, il faut tout d'abord qu'il y ait une très très bonne évaluation du
Pierre Ostian : C'est la raison pour laquelle les Suisses ont pris en 92 risque et après il y aura la couverture, parce que si on sait pas quels
cette décision de lancer ce grand programme de 100 km de tunnels ? sont les risques, on ne peut savoir comment les partager. Par
Peter Testoni : Le fondement que nous avons, c'est qu'il y a eu une exemple en Italie, le maître d'ouvrage participe, avec 15,30 % du
décision populaire pas seulement une fois mais deux fois sur ce pro- coût de l'ouvrage, aux investissements ; là il s'agit déjà d'une forme
jet, ce qui nous permet maintenant d'avancer. Le peuple, les cantons, de réduction du risque. Maintenant si l'on parle de couverture et bien
la majorité du peuple supportent ce projet et c'est je pense certaine- les avants-projets des grandes infrastructures sont définis avec une
ment une donnée importante que nous avons. En ce qui concerne le limite supérieure d'investissement et après on l’augmente de 10 à
risque, d'abord, le risque zéro n'existe pas, on a conscience que ça 15 % par rapport au montant global de l'ouvrage. Donc nous avons
existe et, je l'avais déjà cité, on a prévu une certaine somme dans le un financement supérieur à la valeur de l'ouvrage pour prendre en
budget pour pouvoir absorber ce risque. Je voudrais vous donner considération les risques qui ne peuvent pas être prévus. On espère
l'exemple, puisque le point de sécurité a été mentionné. Quand nous que cela fonctionnera.
avons établi le budget en 96, le nouveau budget avec le nouveau Pierre Ostian : On va évoquer maintenant la notion de contrat.
financement, nous avons déjà su qu'un tunnel du Ceneri qui va main- Auparavant, trois autres témoignages que nous avons recueillis sur
tenant démarrer dans les prochains jours avec les travaux qui étaient cette maîtrise des risques. Ce sont trois témoignages de personnali-
conçus à ce moment-là avec un tunnel un seul tube et un trafic bi- tés que vous avez déjà entendues dans les reportages.
directionnel marchandises et personnes à haute vitesse n'était plus
exploitable. Nous avons sur notre table une lettre du directeur géné- 1er témoignage : Bernard Schaer
ral de CFF qui nous a dit “Nous pourrons jamais, avec les connais- “Si on analyse les choses, le risque majeur qu'on peut avoir sur un
sances que nous avons aujourd'hui, exploiter ce tunnel”. Ce qu'on tunnel, c'est d'avoir une discordance entre le tracé et les méthodes
n'a pas su, c'était le coût du changement de ce tube bi-directionnel qui sont proposés par l'ingénieur et la géologie que l'on rencontrera
en deux tubes mais on a dû faire ce pas douloureux, on parle aujour- réellement. Cette discordance, elle peut venir de deux choses : soit
d'hui de 401 millions d'euros additionnels pour le changement de une campagne de reconnaissance insuffisante ou inadaptée, soit une
projet, et une certaine réserve avait été créée pour ce genre d'amé- incapacité physique à aller chercher des informations, on ne peut pas
nagement. Malheureusement on n'a pas pu convaincre la politique avoir des sondages partout en tunnel. A partir de là, le rôle de l'ingé-
de créer une réserve de 30 %. On a dû se contenter de 15 %. La réa- nieur en phase de conception, devra être de proposer au maître
lité d'aujourd'hui est plus proche de 30 % , donc on va passer un pas d'ouvrage la meilleure campagne de reconnaissance possible, celle
douloureux de refinancement de la partie manquante. qui permettra de lever le mieux les risques pour un budget qui est
Pierre Ostian : Yann Leblais, ce risque, qui est-ce qui le court, qui est- nécessairement un budget limité de maître d'ouvrage. Une fois qu'il
ce qui l'apprécie, et comment l'apprécie-t-on ? a les éléments de reconnaissance, il peut préparer le dossier tech-
Yann Leblais : Je crois que la question coût est inhérente à chaque nique, en utilisant ses compétences qui sont à la fois celles d’un cal-
mode de contrat et chaque opération. Je crois que la question de culateur pour calculer les structures et aussi celles d'un maître
fond qui se pose aujourd'hui, et on l'a bien vu à travers ce qu'on a d'œuvre qui sait pratiquement comment réaliser les tunnels ; il va
entendu, et je crois que c'est le sujet pour moi essentiel, c'est l'identi- proposer des méthodes qui sont adaptées au massif ; et puis en troi-
fication, c'est le partage des risques et en principe le partage doit sième point, il a un rôle important, c'est de proposer au maître d'ou-
tenir compte de la réalité économique des partenaires, et là c'est l'in- vrage le type de contractualisation avec l'entrepreneur qui sera le
génierie qui parle, et puis c'est la couverture de ce risque, et là on mieux adapté au tunnel à réaliser.”
touche ou on ne touche pas selon le montage de l'opération au point 2ème témoignage : Philippe de Mester
de l'assurance. Alors je ne sais pas si c'est le moment d'en parler ou si
on en reparlera après mais pour moi, ce sont ces trois étapes qui à “D'une façon générale, pour Réseau Ferré de France, en tant que
maître d'ouvrage très important, nous avons une préoccupation
chaque fois doivent apporter une réponse.
constante qui est le respect des délais et des coûts. Alors quand on
La première est technique, financière et économique ; la seconde est parle d'ouvrages comme ces grands tunnels de base, forcément on
une appréciation du poids et j'allais dire de la résistance des parte- entre dans une logique encore plus complexe puisque nous avons en
naires et puis la dernière concerne l'acteur qui n'est pas présent ce face de nous une maîtrise d'œuvre qui est techniquement extrême-
soir et qui dans les opérations est toujours en filigrane de manière ment élaborée, très compliquée, ce qui ne fait que renforcer bien sûr
extrêmement forte : ce sont en fait, non pas des compagnies d'assu- la problématique du respect à la fois du délai puisque l'on peut se
rance, mais les compagnies de réassurance. trouver confronté à des difficultés techniques, quelle que soit leur
nature, qui rallongent les délais d'exécution, mais aussi bien sûr une Yann Leblais : Je ne viens au secours de personne, j'essaie de venir
explosion des coûts et ça les expériences montrent que je ne parle au secours de l'ingénierie que je représente ici, mais dans ce qu'a dit
pas de choses irréelles. Face à ça, notre préoccupation c'est d'une Bernard Schaer, je notais tout à l'heure que c’est un compromis
part de vérifier que notre interlocuteur chargé de la maîtrise d'œuvre, superbe entre l'ingénierie et un passé de maître d'ouvrage. Parce
quelle que soit sa forme, ait bien intégré cette préoccupation qu'il a dit que le budget de la reconnaissance devait être suffisant, il a
majeure, et cette question-là qui prime pour nous compte tenu des dit assez rapidement “dans le cadre du budget limité du maître d'ou-
engagements que nous allons devoir prendre vis-à-vis de nos finan- vrage.” Je crois que là on touche un point qui est difficile pour toutes
ceurs ; c’est une question de première dimension.” les parties. C'est effectivement d'estimer à l'amont ce qui est raison-
nable par rapport aux problèmes posés. Alors j'enfonce des portes
3ème témoignage : Arturo Henniger ouvertes mais je crois qu'on est vraiment au cœur de discussions très
“On essaie quand même de discuter avec le maître de l'ouvrage fortes. Alors à titre de témoignage, d'expérience, bon, dans le sys-
pour qu'il accepte les grosses difficultés que nous avons, mais c'est tème concessions, que ce soit en France ou à l'étranger, vous avez
pas facile pour lui de pouvoir effectivement faire passer l'augmenta- une assiette du risque ; il y a le groupement concessionnaire, il y a le
tion parce qu'il a aussi des autorités etc. et beaucoup de fois les auto- groupement constructeur, il y a des liens entre les deux et d'une cer-
rités et les gens qui sont responsables pour faire passer les crédits ne taine manière il y a possibilité d’asseoir un risque travaux sur un
sont pas forcément les gens qui effectivement savent juger des gros retour d'exploitation. Dans mon expérience personnelle, je prends
gros risques que nous rencontrons et pour ces gros risques-là il faut l'exemple de Socatop par exemple. Vous avez cette vision de “mon
effectivement se poser la question de savoir si les contrats que nous outil doit être livré à telle heure” ; lorsque l'on est dans un marché
faisons en Suisse, SIA, sont vraiment la juste base et si, je ne sais pas plus classique vous n'empêcherez jamais le représentant de la puis-
le juger, si effectivement un système de cost and fee ne soit pas plus sance publique, et le politique qui est derrière, de considérer que ces
judicieux et plus correct envers les deux parties.” coûts préalables finalement sont des dépenses supplémentaires sur
lesquelles, soit dans son mandat, soit dans la mission qu'il a à ce
Pierre Ostian : Voilà. Alors Arturo Henninger évoque le cost and fee, moment là, sont quelque chose qu’il doit faire passer en n’ayant pas
on en a parlé il y a un instant avec Yann Leblais. Il évoquait aussi le le retour en terme de visibilité immédiate. Je pense que cela pèse. Et
contrat SIA, je sais pas si Peter Teuscher pourrait en dire un petit mot que dans les montages disons plus intégrés, dont on nous promet
pour éclairer notre lanterne. Qu'est-ce que le contrat SIA ? monts et merveilles dans les temps à venir, peut-être qu’au moins sur
Peter Teuscher : Je pense que les derniers mots de M. Henniger ce point nous aurons quelque chose d’un peu plus positif.
pourraient amener, surtout le public français, à une interprétation Pierre Ostian : Peut-être y a-t-il quelqu'un dans la salle pour des
fausse. On pourrait tirer la conclusion que l'entrepreneur porte les questions ou des témoignages sur ce problème là ?
risques, ce n'est pas le cas. L'auteur du projet dans le cas du Louis Besson : Deux mots simplement en complément de ce qui
Lötschberg et du Gothard, le maître d'ouvrage a fait les campagnes vient d'être dit. Ne perdons pas de vue qu'il faut aussi calculer le
de sondages, en a fait une interprétation et a fait établir des docu- risque de ne pas faire. Nous sommes dans une région où il y a eu le
ments de mise en soumission avec des données connues. C'est sur drame du Mont-Blanc, 39 morts. On ne sait pas évaluer 39 morts.
cette base que l'entrepreneur avec différentes classes de rochers a Même si aujourd'hui on commente des décisions de justice en disant
fait une offre, donc des prix et une estimation des temps de réalisa- que les dommages ont été fixés à un niveau qui n'avait jamais été
tion, qui d'ailleurs en cas de changement de quantité sont adaptés, atteint, on ne sait pas. Trois ans d'inemployabilité de l'ouvrage, on ne
réduits ou augmentés si les classes supérieures sont plus grandes sait pas non plus évaluer ce que ça représente en pénalité pour un
que prévues dans l'offre. Maintenant évidemment si à un moment certain nombre de régions et toute l'économie. Donc le risque de ne
donné on est en dehors de cette prévision, c'est à ce moment-là qu'il pas faire. Mais évidemment, une fois qu'on a décidé de faire, il faut
y a des risques mais qui ne sont pas pris en charge par l'entreprise, s'entourer de toutes les précautions, et les modalités diverses qui ont
mais par le financier dans ce cas-ci par la confédération. On pourrait été évoquées à l'instant, sont toutes à comparer. Etant entendu que
aussi déduire que les politiciens décident sur le paiement d'une bien évidemment pour ces grandes opérations il est souhaitable que
revendication ; sur l’analyse d'une revendication, je l'ai dit, les maîtres l'on sache conjuguer les approches et que l'on ne les oppose pas. Je
d'ouvrage ont une grande compétence mais ont aussi une grande suis convaincu par exemple quand on peut arriver à faire un partena-
liberté de jugement. riat entre secteur public et secteur privé, c'est pas tellement ce qui
peut être apporté par l'un ou par l'autre en terme de financement
Evidemment, tant qu'il reste dans les pourcentages de réserves mais plutôt la confrontation qui nous donne quelque assurance que
créées, le problème se résout. Et c'est là que le politique va se mêler chacun s’efforce d'être plus vertueux qu'il ne l'aurait été s'il avait été
si on dépasse la réserve, donc les fameux 15 %, s’il faut chercher un seul. Ca aussi c'est une façon de limiter les risques.
refinancement, mais je pense l'importance c'est la compétence du
maître d'ouvrage et de ses représentants ; ils travaillent avec des Pierre Ostian : Merci beaucoup. Dernière série de témoignages.
sous-traitants : bureaux d'ingénieurs, des spécialistes, des experts, et Nous allons retrouver nos grands témoins qui répondent à la ques-
une certaine marge de liberté dans l'analyse. Un dernier mot quant à tion : “Le meilleur type de contrats possibles” et cette série d'inter-
la proposition d'un autre modèle : nous jugeons que le modèle pro- view commence avec Philippe De Mester qui évoque le tunnel de
posé cost and fee n'est pas un modèle qui amène l'entreprise à Venaus, contrat de type conception-construction.
apporter des économies. Nous pensons plutôt que ça va ouvrir la 1er témoignage : Philippe de Mester
porte à des coûts supplémentaires.
“Le choix qui a été fait par notre filiale commune RFF-RFI pour
Pierre Ostian : Voilà donc un point de vue. Vous n’êtes pas obligés Venaus repose certainement sur l'expérience acquise en regardant ce
de le partager. Est-ce que vous avez des questions ou des interven- qu'on fait les voisins et puis expérience vécue par LTF lui-même.
tions à faire dans la salle à propos de ces questions liées aux risques ? Donc disons que dans l'état de la réflexion actuelle, le choix qui a été
Je vous trouve étonnamment calmes. Yann Leblais va venir à notre fait pour Venaus est certainement le choix qui a été considéré comme
secours. optimum compte tenu de ce que nous pouvions faire pour ce type
d'ouvrage dans le moment donné. Ca ne veut pas dire que ce soit classique, je dirais que c’est la continuité classique entre la maîtrise
forcément la seule option possible et nous avons pour le futur, si l'on d'œuvre de conception et la maîtrise d'œuvre de réalisation. C'est
regarde les grands tunnels que nous allons devoir percer pour réali- une pratique qui est quand même très répandue. En PPP il est clair
ser l'ensemble de l'ouvrage de la liaison transalpine, Chartreuse, que ce ne sera pas le cas. Parce que si vous êtes dans la partie amont
Belledonne, cela veut pas dire que forcément cette solution-là qui de définition des ouvrages dans le système à la française, je vous vois
sera retenue. S'il apparaît à peu près certain que la puissance mal pouvoir partir dans un des groupements partants au concours.
publique ne sera probablement pas seule à assurer l'intégralité des D'ailleurs je cite un exemple très concret. Pour le viaduc de Millau,
risques sur cet ouvrage le degré d’intégration, avec des partenaires nous, en tant qu’ARCADIS avons été concepteurs du viaduc de
qui pourraient être des partenaires privés, offre une large palette de Millau et nous avons été interdits par le Ministère de répondre à l'ap-
possibilités.” pel d'offres de concession qui a été fait parce que notre projet devait
2ème témoignage : Bernard Schaer être réalisé tel quel par le groupement constructeur, les groupements
concessionnaires, et donc nous étions interdits de compétition. Donc
“Il est certain que pour le tunnel alpin on est actuellement sur des là il y a rupture de la continuité. Ce qui veut dire que pour contourner
longueurs de tunnels, sur des couvertures de tunnel, qui nécessitent cela, une voie peut être l'assistance à la maîtrise d'ouvrage ou disons
d'utiliser toutes les compétences qu'ont acquises à la fois les ingé- l'assistance au client final avec une permanence de ce lien-là. Je crois
nieurs et les entreprises, tous les progrès qui ont été faits dans l'inter- que c'est un point qu'il ne faut pas perdre de vue. Comment s'orga-
prétation des résultats géotechniques, tous les progrès qui ont été nise-t-on pour ne pas perdre la mémoire ? Parce que sur le fond je
faits dans toutes les technologies qu'utilise et que mobilise la réalisa- suis d'accord avec Bernard Schaer.
tion d'un tunnel. Ceci étant, pour des tunnels de cette taille, je crois
que personne ne dira jamais que tous les risques peuvent être parfai- Pour revenir sur le risque et les problèmes de la chaîne contractuelle,
tement annulés quelle que soit la qualité de l'étude au départ. D'où on a beaucoup parlé de risques travaux. Pour revenir aux PPP, je
l'importance que le maître d'ouvrage et le maître d'œuvre, par leur trouve qu'on fantasme un peu de manière ironique parce que je ne
dialogue, puissent bien évaluer ensemble le niveau de risque qui sais pas si on n'est pas en train de reporter une certaine utopie vers
reste et l'importance aussi probablement qu’il y ait un maximum de ces financements privés. Je ne vois pas pourquoi les financeurs privés
continuité entre la phase d'étude et la phase de réalisation de trouveraient sur le marché des financements plus attractifs que
manière à ce que toute la masse d'informations qui ont été recueillies d'autres. Et si on y va, il faut être conscient, bien plus que dans un
dans la phase de conception, tous les choix qui ont été faits dans marché classique, que ce que l'on demande à l'équipe qui va
cette phase, soient parfaitement connus au moment de la réalisation concourir c'est “qu'est-ce que ça coûte à la construction, qu'est-ce
et puissent servir à étayer les décisions qui sont nécessairement à que ça coûte à l'exploitation, qu'est-ce que ça coûte à la mainte-
prendre et souvent dans des délais très courts, dans la phase de réa- nance ?”. Ceci étant, c'est un niveau de compréhension du projet qui
lisation.” va bien au-delà de ce qui était dans les marchés classiques où au
fond le maître d’ouvrage classique prenait une part de risque,
3ème témoignage : Arturo Henniger consciemment ou inconsciemment, de ce qui se passerait ultérieure-
“Les risques géologiques, c'est un peu comparable aussi aux risques ment. Il y a beaucoup plus d'efforts amont dans la période de
de l'entreprise. L'important c'est de faire en tout cas un bon travail, réponse à l'offre. On demande aussi d'être extrêmement précis sur la
un travail qui donne la sécurité aussi aux travailleurs, à nos gens, de durée de la construction. Là aussi il y a une implication extrêmement
donner une bonne qualité au maître de l'ouvrage et puis c'est clair forte. Et accessoirement il n'y a pas de financement de cette implica-
que dans chaque projet qui est si difficile c’est à la fin de trouver une tion, quelle que soit la partie. C'est un vrai sujet aujourd'hui. Vous
solution entre les deux parties. Et c'est plus facile de trouver une solu- répondez, les groupements répondent : est-ce que le maître d'ou-
tion si vous faites un bon travail et si le maître d'ouvrage sait recon- vrage qui va lancer la consultation est prêt à payer 2, 3, 4 groupe-
naître les efforts que vous faites.” ments en compétition, à leur payer la partie amont ? Je crois que
Pierre Ostian : Voilà. Il nous reste un quart d'heure pour apporter les c'est un vrai sujet qui est débattu dans les cénacles, au ministère et à
dernières contributions, les derniers témoignages à ce débat. Qui Bercy. Eh bien à Bercy c'est non. Moi je dis qu'il y a des millions et des
voulait parler aussi de l'assurance ? millions d’Euros en jeu et que c'est un point qui ne doit pas être et là
on est bien dans la relation contractuelle.
Yann Leblais : On fait beaucoup de conception-construction depuis
très longtemps en France. Moi ce que je porte en terme de témoi- D'autre part, il y a le problème des risques inhérents soit, à des inci-
gnage auprès des demandeurs finaux, c'est qu'il faut être extrême- dents de construction, ça c'est classique, mais qui peuvent être aussi
ment vigilant sur la structuration du conception-construction. Il y a un en terme de couverture, d'après la couverture de responsabilités et
C comme conception, il y a un C comme construction. La tendance qui sont beaucoup plus complexes en termes juridiques, qui sont la
un peu lourde dans ces opérations-là, c'est qu'on reporte sur l'ingé- disponibilité des ouvrages ultérieurs en terme d'exploitation, la com-
nierie, ou les autres composants, ce peut être des architectes etc...la pétitivité des services par rapport aux objectifs qui ont été donnés
responsabilité de cette conception alors qu'ils n'ont pas eu forcé- dans le cadre du cahier des charges du PPP en question, les perfor-
ment dans le déroulement de l'opération pleine et entière liberté. Ca mances etc...
c'est un premier point. Je crois qu'il y a nécessité de regarder com- Là vous tombez sur une question, et je me réfère aux travaux de Saint
ment ça se passe lorsque l'on attribue le contrat de conception- Pulgen et compagnie, où vous tombez sur un vide total, c’est-à-dire
construction. Ce que je dis là je pense est valable pour un contrat qui couvre ça ? J'arrive aux assurances. Quand vous discutez avec les
type PPP où la phase finale de financement n’est finalement que compagnies d'assurance ou de réassurance sur ce sujet, elles répon-
quelque chose de complémentaire à la structuration initiale. dent qu'elles ne savent pas. Moi je sais qu'en France l'assurance est
D'ailleurs, si vous vous reportez au guide du Ministère de Finances obligatoire. Je sais que j'ai une épée de Damoclès sur la tête, l'en-
sur ces aspects-là, il y a des choses très claires pas possibles d'ailleurs semble des acteurs à l’acte de construire a une épée de Damoclès
à mettre en œuvre mais qui sont très claires justement sur ces points. qui s'appelle le devoir de conseil, mais je n'ai pas aujourd'hui de
Parlons aussi de quelque chose qui a été dit tout à l'heure par mécanisme de couverture. Sachant que dans le passé ce mécanisme
Bernard SCHAER sur la continuité études-réalisations. En marché était assuré par la puissance publique, que ce soit l'Etat, que ce soit la
SNCF quand elle était son auto-assureur, et qu'au fond ça finissait par façon sérieuse. L'analyse des risques nous permet de comprendre
s'arranger, comme on disait. Mais aujourd'hui ça ne s'arrange plus. clairement nos responsables, ceux qui font la conception, les maîtres
Or, il n'y a pas de réponse. Et puis, je ne voudrais pas être trop long, d'ouvrage, ceux qui proposent aussi, et là le concept exprimé par
mais puisque nous avons une casquette, nous sommes quelques-uns Yann Leblais est très juste, celui qui fait des propositions doit être
ici, François Vuilleumier et Piergiorgio Grasso, qui sommes membres récompensé. Toute contribution initiale a un coût qu'il faut recon-
de l’Association Internationale des Tunnels, et nous avons des tra- naître, car cela ensuite nous donne un résultat énorme dans la ges-
vaux assez approfondis aujourd'hui avec les réassureurs, qui ont ima- tion positive des délais et des coûts et de la qualité, car, dans ces
giné un code de bonne pratique suite aux effondrements des tunnels ouvrages souterrains, il ne faut pas oublier que des erreurs, des éva-
en Angleterre. Nous discutons avec eux pour faire un guide au niveau luations erronées dans les prévisions, le comportement géotech-
international, ou plutôt, ils discutent avec nous car il ne faut pas se nique, ceci comportera un surcoût. Donc il y aura un surcoût pour la
tromper sur les rapports de force ; je sais qu'en France ces pratiques structure, et tout ceci risque de porter à des sous-évaluations qui se
sont déjà imposées, peut-être pas officiellement mais officieusement, traduiront en surcoût dans la gestion, dans l'exploitation de l'ouvrage
en disant : “à partir de maintenant Messieurs les maîtres d'ouvrage, à l'avenir. Donc anticiper permet de réaliser des ouvrages qui corres-
les maîtres d'œuvre, les entreprises, et tous ceux qui tournent autour, pondent à nos nécessités et je crois que c'est important. Nous avons
vous allez nous faire des tunnels en appliquant le guide, ou vous tous les instruments et nous n'avons qu’à les appliquer en toute
n'aurez pas d'assurance”. Et il est écrit explicitement dans le guide transparence. Et, ce sera ma conclusion, dans les projets il ne faut pas
qui va entrer en application qu'ils mettront en place des contrôles, bloquer la réalisation des ouvrages mais anticiper, être très pré-
tant mieux pour les contrôleurs, un peu moins bien pour l'imagina- voyant, être très clairvoyant, et tout prévoir afin que cela puisse être
tion, que s’il y a dérogation aux termes du guide, la compagnie d'as- valable au moment où ils entreront en fonction et aussi qu'il y ait pos-
surance se réservera le droit instantanément de suspendre la couver- sibilité de les mettre un jour, au point, au fur et à mesure que l'on
ture d'assurance du chantier d'un des acteurs ou de la totalité. Donc, avance. Si l'on prévoit les mises à jour, l'impact sera positif. S'il y a
je dis que sur ce point, et je crois que c'est un appel un petit peu au congélation à un certain moment on se trouvera dans l’impossibilité
Président Lépine, je crois que sur ce point j'ai une cas- de maintenir les coûts et il y aura aussi des délais.
quette européenne (Fédération Européenne
Pierre Ostian : Dernière intervention ? Il n'y en a
d'Ingénierie), nous discutons avec la Commission
pas eu beaucoup mais on ne sait jamais. Je
parce que dans la directive “services” nous sommes
tombés sur le même problème de couverture d'assu- demande à mes invités simplement s'ils ont un
rance. Il y a vraiment un vide qui pourrait se résoudre mot, une conclusion à ajouter avant qu'on se
peut-être de manière relativement simple avec des sépare, en tout cas avant qu'on écoute les conclu-
réflexions projet par projet dans lequel chaque acteur sions du Président de l'AFTES qui se prépare.
a sa propre couverture de risque à la hauteur de son Peter Testoni : Nous avons parlé coût. Nous
poids économique. Moi j’y suis très sensible. Je vous avons parlé technique. Nous avons parlé sécurité.
rappelle qu'en ingénierie on touche entre 5 et 7 % du Il me semble qu'il y a trois points qu'il faudrait
montant de l'ensemble des travaux et que dans la Piergiorgio Grasso - SIG aborder ici : le premier est la communication.
recherche pour le montant total des travaux, il y
a quelque chose de totalement inique et il “ L’analyse des risques nous permet Ce genre de projet, en tout cas en Suisse, et
devrait y avoir une proportionnalité dans une de comprendre clairement nos j'en suis convaincu aussi en France, une fois
première couverture et une deuxième couver- qu'il est lancé, attire la presse, attire l'intérêt
responsables, ceux qui font de la population. Donc l'établissement d'un
ture qui se mettrait en place pour chaque projet
qui est une couverture appelée maître d'ou- la conception, les maîtres d’ouvrages ” système de communication permanente, l'in-
vrage pour prendre le terme classique et qui formation du public, ce qu'on fait ici avec l'ex-
couvrirait un niveau de couverture que veut avoir la puissance position, sont de première importance.
publique et la collectivité sociale. C'est ce que je voulais dire car je Deuxièmement : la transparence. Je ne pense pas, dans un projet qui
pense qu'on est au cœur de l'établissement de cette fameuse rela- est soumis aux phares de la nation, on puisse cacher des éléments.
tion contractuelle. Plus tard ou plus tôt, on aura le problème sur la table, donc une
Pierre Ostian : Yann Leblais a cité Louis Besson et François Lépine. grande transparence dans la communication est nécessaire.
Je sais aussi que dans la salle il y a une personne qui est à même de Je terminerai avec un dernier point : l'homme. En fin de compte,
parler, qui souhaitait je crois évoquer la couverture des risques, c'est avec toute technicité, avec toute méthodologie, finalement c'est
M. Marty-Gauquié. Je ne sais pas s’il souhaite intervenir maintenant à l'homme à la bonne place qui va déterminer le succès de ce projet à
propos de l'assurance des risques. On m'a dit qu'il voulait intervenir tous niveaux, en restant en place sur une certaine durée (pas des
là-dessus, c'est le cas ou ce n'est pas le cas ? François Lépine ? Est-ce changements tout le temps), l’homme compétent, et c'est pour moi
que Louis Besson souhaite intervenir par rapport à ce qu’a dit Yann une des clés principales et nous avons eu la chance d'avoir des gens
Leblais ? Voilà, alors, il y a Piergiorgio Grasso, Géodata, qui souhaite qui ont suivi pendant quinze ans ces projets à tous les niveaux.
intervenir maintenant ; on l'a vu furtivement dans le reportage sur les
travaux du Fréjus. Pierre Ostian : Merci, à vous Peter Testoni, est-ce qu'il y a du côté de
Louis Besson un mot à dire en guise de conclusion ?
Piergiorgio Grasso : Je voudrais parler d'un concept très efficace et
clair exprimé par M Besson. Nous allons commencer un cercle ver- Louis Besson : Je peux conclure si je ne prends pas la place d'un
tueux qui va être bénéfique pour tous les projets. Ce concept, trans- autre intervenant. Je voudrais dire à Peter Testoni combien on peut le
formé en analyse des risques, c’est-à-dire faire une liste des risques rejoindre dans le propos qu'il vient de tenir mais en sachant que je ne
qui est la base, c’est-à-dire une liste quantifiée des risques, voir com- suis pas sûr que la France soit aussi rassurée quant aux votations de
ment les gérer, les minimiser et pour toutes les parties, même les son pays. Mais cette légitimité, exprimée à deux reprises, par les
assurances ; le fait de ne pas avoir des ressources illimitées pour ces citoyens helvétiques, nos voisins, est quand même un point de
projets est une base pour bien développer ces sujets et les traiter de départ pour de grands projets qui est tout à fait extraordinaire. Alors
bien sûr nous en sommes à nous battre à partir de convictions ; nous Je n'ai pas pour mission de clôturer la table ronde, je crois que c'est
comptons beaucoup sur des lobbyings mais cette légitimité fait, mais j'ai quand même envie de réagir très rapidement sur
citoyenne que vous avez su obtenir il faut qu'on arrive à le faire naître quelques éléments.
pour que toutes celles et tous ceux qui ont a décider se sentent Sur le délire de l'ingénieur, j’en ai parlé tout à l'heure, mais on parle
encouragés, entraînés et chacun, qu'il représente ensuite le domaine beaucoup d'économique ; l'économique peut s'exprimer lorsque la
de l'ingénierie, qu'il représente le domaine des assurances, qu'il
faisabilité technique existe, lorsque déjà des études ont été faites. Ca
représente le domaine des travaux publics, sait ensuite que sur cette
me rappelle une réunion en 2000 lorsque le Président Chirac était
légitimité des partenariats peuvent se nouer. On est plus dans des
venu visiter le projet, en mai 2000 et que, après une dizaine d'inter-
relations qui ne sont pas des plus souhaitables. Je crois que sur ce
ventions très économiques, socio-économiques, risques et trafics je
point la Suisse nous apporte beaucoup
me suis permis d'intervenir en disant que nous avions passé 10 ans à
Pierre Ostian : Elle nous apporte beaucoup aussi au niveau de la essayer de montrer qu'on pouvait le faire, certes avec des difficultés,
communication car il faut savoir que ce qui se fait actuellement sur le mais que quand même on avait assuré un minimum de faisabilité
Lötschberg est remarquable en matière de communication grand technique.
public. Je voulais le signaler au passage simplement. Alessandro
Focaracci souhaitait intervenir une dernière fois. Je reprendrais un propos de Yann Leblais que je traduirais peut-être
en terme d'une façon de travailler ; il a dit pour le tunnel sous la
Alessandro Focaracci : Merci. Une dernière boutade, pour dire que Manche avoir travaillé dans une certaine sérénité. Je dirai moi une
notre continent a besoin d'infrastructures. Il n'y a pas de progrès sérénité régulatrice. Je pense que c'est une bonne solution. Les
social et culturel sans infrastructure. C'est déjà les romains qui nous le comités d'experts qui peuvent être mis en place à côté d'un maître
disaient. Nous avons besoin que dans l'arc alpin ces ouvrages soient d'ouvrage sont peut-être une solution. On l'a mis en place sur cer-
réalisés car l'Italie a une vocation, justement due à sa forme géogra- tains projets. Ce peut être une solution efficace.
phique, d'avoir justement ses communications. En fait nous sommes
un peu un port vers la Méditerranée, et des navires qui viennent du J'ai entendu aussi d'autres interventions, on en a peu parlé, on ne
monde entier. En Italie avec les infrastructures, les traversées alpines peut pas entamer le débat maintenant, mais dans les choix de ces
nous pouvons ensuite rejoindre le continent afin que justement il grands ouvrages, dans les définitions, dans le concept, il ne faut pas
garde son niveau de progrès, de concurrence vis-à-vis oublier la maintenance. C'est un vieux débat. J'entends
d'autres pays. Je pense surtout aux pays de l'Est asia- dire quelques fois d'ailleurs qu’il faudrait “quand même”
tique qui sont en expansion très rapide. Et au cours des se décider à faire des ouvrages sans maintenance, qu'il
20 dernières années il y a eu des changements. Il y a 20 faudrait éviter de devoir fermer ces ouvrages quelques
ans j'ai participé au projet du tunnel sous la Manche qui heures la nuit pour pouvoir travailler ne serait-ce
est arrivé en 2ème. C'était le tunnel routier. Aujourd'hui qu'une fois par semaine. Je pense que c'est un débat
pour les œuvres souterraines, les progrès ont été qui a une conséquence extrêmement lourde sur le
énormes et nous pouvons rassurer les assurances, les coût de l'ouvrage lui-même. C'est un débat, je ne pré-
maîtres d'ouvrage, les concepteurs, car en travaillant tends pas ouvrir la question maintenant.
ensemble nous avons compris beaucoup de choses et Puis sur le PPP, dernier point, c'est peut-être un peu
nous pouvons apporter les solutions pratiquement à tous impertinent. “C'est toujours mieux autrement”. Voilà à
les problèmes. Mais un problème important que nous quoi cela me fait penser. C'est vrai que c'est un mon-
sommes en train d'affronter c'est la sécurité dans la Jean Philippe
Président de l’AFTES tage qui n'est pas très connu. Je ne suis pas sûr qu'il
phase d'exploitation et l'accident du Mont apporte forcément un gain en coût, mais je
Blanc a ouvert beaucoup les yeux en ce qui
concerne la sécurité des tunnels. On travaille
“ Le succès de notre congrès 2005 pense que, en terme de planning, certains pen-
sent que c'est un moyen d'aller plus rapide-
beaucoup sur la qualité de l'air, la ventilation et
est en partie dû à la synergie ment ; au contraire, compte-tenu de la néces-
la sécurité par conséquent. Nous travaillons avec Alpes 2020 ” saire contractualisation initiale importante, je ne
dans beaucoup de domaines en matière de suis pas sûr que ce soit une façon de gagner du
travaux souterrains et je crois qu'il ne faut pas avoir peur de réaliser temps. Mais je suis bien d'accord, le planning n'est pas la seule pré-
ces infrastructures pour que notre continent reste toujours à un occupation. Je m'arrêterai là pour la table ronde. Non sans quand
niveau élevé. même remercier (le Président de l’AFTES n'ayant eu qu'à désigner
quelqu'un pour organiser cette table ronde) Jacques Burdin et
Pierre Ostian : Je vais vous libérer pour laisser la place à Jean Piergiorgio Grasso qui s’en sont occupés et bien sûr notre journaliste
Philippe qui souhaite adresser un dernier message à tous les Pierre Ostian.
congressistes. Merci à vous tous, je pense qu'on peut vous applaudir
chaleureusement. Alors. Je vais essayer de faire court.
(applaudissements) Simplement quelques faits marquants de ce congrès. Le climat : tout
le monde sait qu'en Savoie, le mois d'octobre c'est presque le mois
Jean Philippe : Non, ils peuvent rester ici, ils sont les bienvenus. de mai. Donc cette année on a encore gagné.
Pierre Ostian : On veut voir le Président en face, on veut l'écouter les Le taux de participation élevé aux communications dans cette salle
yeux dans les yeux, si j'ai bien compris. Je pense que ça sera plus qui me paraît avoir dépassé ce qui c'était passé dans les années pré-
convenable comme ça Président. cédentes.
Jean Philippe : Bien. Je vais essayer de faire court, cela fera rire cer- La qualité des exposés : c'est certainement une des raisons d'ailleurs.
tains. Bien. Nous avions convenu de faire appel à une traduction La rigueur des Présidents qui ont maintenu l’horaire ; c'est vrai nous
simultanée avec 5 langues et pas 6. Donc nous avions français, avions beaucoup de suisses dans nos Présidents donc pour maintenir
anglais, espagnol, italien, allemand et pas la langue de bois, je crois les timings les horloges suisses sont merveilleuses. La rigueur des
que c’est quand même pas mal réussi. Présidents, mais aussi le travail des rapporteurs que je tiens à saluer
ici. C'est la première fois que dans ce congrès, pour remercier les fonction de thèmes et de besoins du moment, ce à quoi nous allons
gens, tous ceux qui ont préparé des communications, qui n'ont pas nous employer. Pour reprendre les propos d'Adolfo Colombo, qui
eu la chance de pouvoir les présenter, que nous avons eu des rappor- nous tendait une main pour l'organisation d’une manifestation au-
teurs qui ont fait une analyse extrêmement complète ; c'est quand delà des Alpes, peut-être en 2006 en Italie.
même particulièrement intéressant. Et je les remercie vivement ainsi
Je n’oublierai pas aussi la demande de l'organisateur de la manifesta-
que du travail précis qu'ils ont fait.
tion et du colloque de demain qui souhaite, je crois qu'on l'a compris,
L'exposition : je dirais spacieuse, confortable, conviviale. Je pense peut-être renouveler cette expérience d'ici peu d'années, d'ici 2 ans.
que, et c'est bien un des buts de l’AFTES, de nombreux échanges Bien entendu vous aurez une oreille attentive de l’AFTES. Vous n'aurez
ont pu y avoir lieu et qu'ils contribuent, je dirais, à améliorer le pro- pas de mal à trouver quelques représentants tout près de chez vous.
cessus de réalisation de nos ouvrages sous toutes ses formes.
Et puis, pour dans 3 ans, c'est un peu plus loin, mais puisque nous
Autre fait marquant. Monsieur Le Maire de Chambéry, c'est bien allons nous y atteler dans les semaines qui viennent, compte tenu du
entendu la synergie avec Alpes 2020 ; notre congrès, le colloque, tour de France que nous avons fait en passant par Toulouse, Paris,
l'exposition sont nés en même temps il y a plus de deux ans. Tout le Chambéry, pourquoi pas entre Marseille et Vintimille. Certains ont
monde dans l’AFTES ne croyait pas que cela pourrait aboutir. même prononcé le nom de Monaco, je ne sais pas, je n'ai pas du tout
Certains pensaient même que cela pourrait avoir une certaine forme d'idée pour l'instant. Je pense qu’un des projets, une des raisons
de concurrence. Je ne veux y voir qu'une forte synergie et que le suc- importantes, sera bien entendu un projet important comme le Lyon-
cès de notre congrès et d’Alpes 2020 est en partie dû également à Turin ici même.
cette synergie.
Voilà quelques idées d'actions, nous allons nous y employer. Il me
Le bilan, en ce qui concerne le congrès. Je ne vous inonderai pas de reste un exercice très difficile. Remercier tous ceux qui ont permis la
chiffres mais 150 exposants, 450 congressistes environ, près de 20 réalisation dans des conditions que moi je considère, de mon humble
pays représentés. J'ajouterai aussi quelques mots sur l'intérêt de ce point de vue, comme excellentes :
congrès et de cette manifestation pour avoir entendu dans les cou-
loirs ; c'est que, il est très important, et je crois que nos amis suisses • Monsieur le Ministre, Maire de Chambéry dont on n’oublie pas,
l'on compris depuis quelques années, il est très important de sensibi- quand il tient des propos comme tout à l'heure à la table ronde, ses
liser le public. L'acceptabilité de nos projets qui se faisaient il y a une fonctions antérieures de Ministre de l'Equipement où il était aux
trentaine d'année à la hussarde doit aujourd'hui passer par une affaires, quand on parlait des décideurs et des financeurs.
acceptation forte des populations. Je crois que tous ces éléments de • Monsieur le représentant du ministre qui a fait le voyage et qui est
communication peuvent y concourir. arrivé juste au bon moment entre 2 trains
Alors, action. Que peut-on faire ? Ce congrès a, par exemple vu la • Messieurs les Présidents des associations co-organisatrices :
réunion 0 d'un groupe de travail sur des revêtements de chaussée. l'Espagne, Manuel Serrano je te demande de remercier le Président
J'espère que la réunion 1 désignera un animateur et un groupe de de l'association espagnole qui a dû partir plus tôt que prévu.
travail dans les toutes prochaines semaines. C'est aussi un peu ainsi Andréas Henke, pour l'association suisse, assisté par le Président
que naissent les groupes de travail. Peter Teuscher dont vous avez pu apprécier les compétences ;
En ce qui concerne la communication : c'est vrai que quand on voit Adolfo Colombo qui est représenté ici par Piergiorgo Grasso
ce qui se passe sur Alpes 2020, je considère que du côté de notre puisque lui-même aussi a dû partir plus tôt.
association, très technique, nous avons quelques progrès à faire. En ce qui concerne la table ronde, j'ajouterai aux remerciements tous
D'ailleurs, à ce sujet-là, je souhaite un peu m'excuser, pour le recueil les participants et puis aussi, pour ceux déjà partis, tous ceux qui ont
des textes dont la lisibilité et la qualité technique, compte tenu des présenté leurs communications, tous les exposants et bien entendu
moyens actuels, pourraient être améliorées. Je vous promets que si
je ne voudrais pas terminer sans remercier le Comité d'Organisation,
je continue à m'occuper de cette association nous y veillerons pour
bien entendu tous ceux de l’AFTES, j'ai déjà cité Pierre Chapsal, qui
les prochains congrès.
était désigné pour cette mission mais aussi toute l'équipe de
Autre élément. Un congrès tous les 3 ans c'est bien, ça permet de SavoiExpo.
l'organiser dans la sérénité. Je remercie tous les organisateurs. Peut-
Forcément j'en aurai oublié mais je souhaiterais terminer et clôturer
être pourrait-on envisager une réunion annuelle beaucoup plus
ce congrès en disant tout le plaisir que j'ai eu à y participer dans un
légère, avec un colloque, mais du temps à la discussion aussi, et une
cadre très amical.
visite de chantier. Nous en discuterons dans les prochaines semaines.
En s'appuyant sur les délégations régionales, bien entendu, la délé-
gation “Matériel et équipement” toute récente, et puis le Comité
Je vous remercie.
“Espace Souterrain”. Bien entendu, il ne s'agit pas d'organiser une
manifestation pour le plaisir de l'organiser, mais de l'organiser en et je déclare ce congrès clos.
Il y a
des chemins
plus sûrs que d'autres
E-mail : contact@presents.fr
332a343 19/12/05 17:41 Page 332
Recommandations de l’ AFTES
relatives à
Cette recommandation remplace et annule les textes suivants publiés antérieurement par l'AFTES :
* Lutte contre la pollution atmosphérique en travaux souterrains (cf. TOS, n° 55, 1983),
* Lutte contre les nuisances dans les travaux souterrains (cf. TOS n° 134, 1996).
Cette recommandation a été approuvée par le Comité technique de l’AFTES le 10 novembre 2005
L’A.F.T.E.S. recueillera avec intérêt toute suggestion relative à ce texte.
SOMMAIRE
Pages Pages
1- PRÉAMBULE
L’ objectif de la recommandation est de guider les projeteurs et les entrepreneurs pour concevoir un ensemble de dispositions
permettant de lutter contre les nuisances dans les ouvrages souterrains en construction en vue de préserver la santé des
personnes sur les lieux de travail.
Dans ce document, sont définis et développés les risques de pollution atmosphérique, les risques physiques, les différents prin-
cipes de protection, les contrôles des nuisances et la base du projet de protection collective par ventilation.
1.1 - Principales nuisances dans les et générales) permettant d’assurer la maîtrise de la santé du
souterrains personnel pendant tout le déroulement du chantier.
Dans les travaux souterrains, les nuisances auxquelles le Pour conduire le projet, avant de définir les principes de lutte
personnel est soumis sont principalement : contre les nuisances, il convient d’examiner les aspects les plus
importants et notamment :
• Les nuisances atmosphériques
- Les poussières, • Recensement des matériels utilisés dans l’ouvrage et des
ateliers particuliers,
- Les gaz nocifs, y compris le méthane et les gaz émis en cas
d'incendie, • Etablissement d’un inventaire général de toutes les nuisances
- La présence d’amiante éventuelle, potentielles dans le chantier,
- La mise en œuvre de produits d’injection, parfois en • Evaluation des nuisances émises par les différents ateliers de
milieu confiné pour traitement des terrains. travail,
• Les nuisances physiques • Analyse et estimation des risques immédiats et résiduels
- Le bruit, encourus par le personnel,
- La chaleur et le froid, • Etude du traitement des nuisances à la source aux postes de
- A un degré moindre, les brouillards. travail, dans les zones de circulation et à l’extérieur,
- La radioactivité. • Etude de la suppression ou de la limitation au maximum, de
l'émission et de la propagation des nuisances,
Ces nuisances n’ont pas le même niveau de danger et dans la
recommandation, les poussières, les gaz et le bruit sont plus • Installation de dispositions complémentaires si le matériel et
développés que les autres. l’organisation choisis ne sont pas suffisamment efficaces,
• Détermination des différents types de lutte et de protection,
1.2 - Cadre et conduite du projet de • Définition détaillée des mesures de protection collective et
lutte contre les nuisances individuelle,
Le principe de lutte est de prévoir des techniques appropriées • Organisation et adaptation du travail avec le matériel de lutte
et de mettre en œuvre les dispositions pratiques (particulières choisi pour en garantir un meilleur niveau de protection.
2 - POLLUTION ATMOSPHERIQUE
permet alors d’éviter les risques d’effets toxiques immédiats 2.3.2.1 Lésions pulmonaires
pour sa santé. Les poussières se déposent dans les voies respiratoires (nez,
Ces valeurs s'expriment en terme de concentrations dans pharynx, larynx, trachée, arbre bronchique, alvéoles) et pénèt-
l'atmosphère et la seule voie de pénétration est la voie respira- rent le plus profondément dans les poumons et l'agent causal le
toire mais des indicateurs complémentaires doivent s'ajouter plus nocif de l’empoussièrement dans les travaux souterrains
à ces concentrations lorsque la pénétration se fait par la est sans nul doute la silice et l’amiante.
voie digestive ou cutanée, notamment par des indicateurs a) Les poussières de silice
biologiques.
Les poussières de silice (Synonyme silice = dioxyde de silicium)
Les valeurs de concentration sont exprimées : ont un effet potentialisant. En effet, en plus de générer une
• pour les gaz et les vapeurs, soit en ppm (parties par million - surcharge respiratoire, ces poussières favorisent le développe-
cm3/m3) soit en milligrammes par mètre cube (mg/m3), ment de tissus fibreux et de nodules qui aggravent les diffi-
cultés respiratoires.
• pour les aérosols liquides ou pour les solides, en milli-
grammes par mètre cube (mg/m3). A l’état libre(sous forme cristalline ou amorphe)
Il est maintenant reconnu que ce sont les formes cristallines de
2.3 - Poussières silice libre qui interviennent dans le processus de développe-
ment de la silicose Ce sont les poussières les plus fines, infé-
2.3.1 - Définition rieures à 5 µ* qui pénètrent dans les alvéoles pulmonaires et qui
Les poussières sont définies comme étant toute particule solide sont les plus nocives (Développement de tissu fibreux et de
dont le diamètre aérodynamique est au plus égal à 100 micro- nodules - Voir Tableau n° 25 des maladies Professionnelles mis
mètres ou dont la vitesse limite de chute dans les conditions à jour le 9 mars 2000)
normales de température, est au plus de 0,25 m/s. * Le nombre N de particules inférieures à 5µ à ne pas dépasser
En souterrain et particulièrement en phase de construction, par cm3 d'air est : N = 15.400 / 10 + Q où Q représente le
pourcentage de silice libre contenu dans les poussières mesuré
les travaux produisent et déplacent de la poussière et l’em-
par un laboratoire agréé sur un prélèvement effectué dans le
poussièrement est un facteur de nocivité très important. II
chantier.
convient donc de prendre toutes mesures nécessaires pour que
la qualité de l'air reste compatible avec l'hygiène et la santé des Sous la forme cristalline, trois composants ont été identifiés
opérateurs. dans le mécanisme de la silicose et rencontrés particulièrement
pendant les travaux de creusement:
Sur huit heures, la moyenne des concentrations auxquelles est
effectivement exposé un travailleur doit être inférieure aux • le quartz : dans le sable, les grès, le granit, les schistes, les
dispositions réglementaires en vigueur. argiles,
• la tridymite et la cristobalite : plutôt dans les roches d’origine
2.3.2 - Evaluation des risques éruptive.
D'une façon générale, dans l’atmosphère des souterrains les A l’état combiné (silicates)
poussières présentent 4 risques : L'effet nocif cumulatif est évalué et limité par la formule :
• les lésions pulmonaires : poussières de silice ou d'amiante,
poussières de bétons,
• les lésions cutanées : dermites,
Cns représente la concentration en poussières alvéolaires non
• les intoxications : poussières de plomb, d'arsenic.., silicogènes (mg/m3),
• les explosions : fines poussières de matières combustibles en Vns est la valeur limite moyenne d’exposition en poussières
suspension dans l'air dans des proportions bien précises cons- alvéolaires,
tituant un mélange explosif.
Cq, Cc Ct représentent respectivement les concentrations en
quartz, cristobalite, tridymite (mg/m3).
b) L’amiante
Elle se rencontre à l'état naturel dans les massifs anciens
recensés en France et il convient de réaliser un repérage géolo-
gique et caractériser la présence et le type d'amiante. Sur ce
sujet, le BRGM dispose d’informations géologiques précises.
En ce qui concerne l’empoussièrement pendant la réalisation
des chantiers et dans ces terrains rencontrés, des mesures
doivent être menées car l’amiante est dangereux.
Masque anti-poussières jetable et avec soupape
Masque réutilisable avec filtres anti-poussière
POUSSIERES : NF X 43-259
Alvéolaires Séparation par cyclone 10 mm
Totales NF X 43-261
Prélèvement à poste fixe
POUSSIERE DE SILICE ALVEOLAIRE NF X 43-295
Dépôt alvéolaire de silice cristalline* Echantillon par dispositif à coupelle rotative (CIP. 10)
(cf. arrêté 10 avril 1997)
Fraction conventionnelle alvéolaire NF X 43-296
de silice cristalline Echantillon sur membrane filtrante (cyclone 10 mm)
2.3.5.2 Poussières produites ou liées au creusement avec 2.3.6 - Equipements de protection individuelle
une machine à forer pleine section (EPI)
Indépendamment de l'arrosage et de la pulvérisation des outils, Lorsqu'il n'est pas possible de faire appel aux techniques clas-
il convient de rechercher la meilleure étanchéité possible entre siques de traitement de l'air (captage des poussières, ventila-
la tête foreuse rotative et les parois de la galerie (par exemple un tion des locaux...) ou lorsque ces techniques s'avèrent insuffi-
joint étanche aux poussières et avec aspersion d’eau) et de santes (par exemple la phase du béton projeté...), pour des
mettre si possible le front de taille en dépression.
travaux exceptionnels de courte durée, le recours à un appareil
De plus, des bouches d'aspiration doivent être montées au- de protection respiratoire individuel peut s'avérer nécessaire.
dessus des différents points de chute des convoyeurs transpor- On peut également évoquer l’utilisation de cellules de "survie "
tant les déblais et l'installation complétée par un dispositif permettant au personnel de se réfugier dans un local à proxi-
dépoussiéreur à cyclone ou à voie humide. Les convoyeurs mité du front sans qu’il soit évacué à l’extérieur pendant les
doivent être capotés de manière à éviter la production de pous-
sières lors du transit des matériaux dans la galerie. phases de marinage et/ou de projection de béton par exemple.
2.3.5.3 Poussières liées au creusement avec une machine à Le choix de ce masque devra être fait parmi les matériels
attaque ponctuelle offrant un compromis acceptable entre efficacité et la facilité
de port (légèreté, faible perte de charge).
a) Dispositif d’aspiration sur la machine
A noter que l’INRS a publié un guide (ED 780) pour le choix
Il convient d’utiliser de préférence une machine à attaque et l'utilisation d'un appareil de protection respiratoire.
ponctuelle équipée d'un dispositif d'aspiration monté sur le
bras ou à proximité de la tête. Celui-ci canalise alors les pous- Ces appareils sont soumis à la réglementation sur les EPI et à ce
sières émises vers un dispositif d'épuration. titre, doivent avoir subi, pour être mis sur le marché, un
b) Arrosage des matériaux à proximité de la tête examen de conformité et comporter un marquage CE. Ils sont
d'autre part, soumis à une vérification générale périodique.
L'émission de poussières peut être limitée par l'arrosage du
terrain à partir de la tête de coupe ou avec adjonction de
produits mouillants. 2.4 - Gaz toxiques
c) Cabine pressurisée sur la machine 2.4.1 Définition
Les solutions définies ci-avant peuvent être complétées par Les gaz toxiques sont produits soit par l'usage des explosifs, soit
l’installation sur la machine d’une cabine étanche, maintenue par utilisation des moteurs à combustion interne, soit, mais
en surpression par de l’air neuf. beaucoup plus rarement, par des émanations naturelles ou
d) Ventilation aspirante provenant du voisinage (CO2, CH,, H2S, CH4, Radon , etc.).
Ces dernières peuvent résulter de fuites de réservoirs, de
Si malgré la mise en œuvre de toutes les mesures énumérées ci-
dessus l'empoussièrement du chantier reste trop important, il conduites diverses ou de déversement en surface de résidus
conviendra de renforcer la ventilation de captage afin de ramener d'activités industrielles, voire même du matériel employé sur le
la concentration des poussières dans les limites admissibles. chantier (gaz liquéfié ou comprimé).
A défaut des dispositifs précédents, une aspiration des pous- Ils peuvent provenir aussi des produits utilisés pour les travaux
sières au plus près de leur point d'émission est indispensable (par exemple d’injections susceptibles ou pas de synérèse) ou
(front de taille, points de chute des déblais) et il est nécessaire de la réaction des produits sur d’autres produits lors de la mise
de rejeter l'air ainsi pollué à l’extérieur du tunnel à l’aide d’une en œuvre (par exemple émulsion en vrac d’explosif sur du
canalisation aspirante continue.. béton projeté).
(Recommandation n° R 352 de la C.N.A.M. et
Recommandation A.F.T.E.S. du GT 27 parue en 2003 dans le 2.4.2 - Evaluation des risques
T.O.S n°176) La voie d'entrée principale des substances toxiques est la voie
2.3.5.4 Autres travaux générateurs de poussières respiratoire (irritation, poussières fines..), mais il ne faut pas
négliger les risques de pénétration digestive et percutanée.
Il existe d’autres natures de travaux générateurs de poussières
qui nécessitent des dispositifs collectifs pour limiter les risques Par exemple, on n’exclut pas l’apparition de céphalées qui
pour le personnel. C’est notamment : généralement ne subsistent plus après accoutumance mais
• les bétons projetés par voie sèche que l’on ne peut pas totale- restent dangereuses pour la santé.
ment exclure des travaux en souterrain,
• le concassage de matériaux avant chargement sur bandes 2.4.3 - Limitation des concentrations
transporteuses ou engins d’évacuation. Le tableau ci-après définit les produits les plus fréquemment
Les préconisations de sécurité relatives à ces derniers travaux rencontrés dans les travaux souterrains et les limites de concen-
sont les mêmes que celles évoquées pour le creusement en trations (valeurs de référence des VME et VLE) données, soit
méthode conventionnelle (cabines en surpression, aspiration dans des textes réglementaires soit dans des recommandations
locale..) internationales.
PRODUITS
PRODUITS VLE
VLE VME
VME
ppm mg/m3 ppm mg/m3
Oxyde de carbone CO 50 55
Dioxyde de carbone CO2 5000 9000
Oxydes Monoxyde d’azote NO 25 30
d’azote
NOx Dioxyde d’azote NO2 3 6
Hydrogène sulfuré H2S 10 14 5 7
Anhydride sulfureux SO2 5 10 2 5
Acide nitrique HNO3 4 6 2 5
Acide sulfurique H2SO4 3 1
Aldéhyde formique H - CHO 1 0,5
Nitroglycol - nitroglycérine 0,15 0,15
2.4.4 - Moyens de Protection Collective Par ailleurs, des quantités importantes de CO peuvent rester
emprisonnées dans les déblais pendant toute la phase de
Pour préserver la santé des travailleurs dans leurs conditions de
marinage.
travail on doit d’abord renouveler l’atmosphère par un apport
d'air neuf nécessaire à la respiration humaine sans danger. Juste après et pendant toute la phase postérieure au tir, le
bouchon de gaz, de poussières et de vapeur d’eau s'étend sur
Cette partie de la recommandation développe les techniques
une trentaine de mètres et ne se dissipe que très lentement. Il
pour abaisser le niveau de pollution et le maintenir au niveau
est donc nécessaire d'assurer une ventilation puissante (décolle-
admissible, et notamment par :
ment du bouchon, captage, dilution et évacuation des gaz du
• une utilisation d’un matériel et/ou d’une technique non tir et du terrain), afin de baisser le niveau de pollution et de
pollués ou peu pollués, réduire au minimum le délai d'attente au poste de tir.
• un captage de la pollution à la source, Pour plus d’information, voir la Recommandation de
• une évacuation vers l’extérieur par une conduite spécifique, l’A.F.T.E.S. du GT 27 parue en 2003 dans le T.O.S n°176.
• une dilution des gaz dans l’ouvrage…. Quelle que soit la ventilation retenue, un contrôle permanent
de la teneur en CO est obligatoire et on doit la maintenir en
dessous des minima tolérés.
2.4.4.2 Gaz dégagés par les moteurs à essence
Les émanations en CO (10 % des gaz émis) et en vapeurs
nitreuses sont très importantes compte-tenu des difficultés que
présente l'épuration des gaz d'échappement (légers / inodores).
L'utilisation des moteurs à essence et quelle que soit leur puis-
sance est interdite.
2.4.4.3 Gaz dégagés par les moteurs diesel
a) Limitation des émissions des moteurs
Les émanations en CO des moteurs diesel sont beaucoup plus
Cabine de survie dans la descenderie faibles que pour les moteurs à essence, moins producteurs
de Saint Martin la Porte (Origine RAZEL) d'hydrocarbures imbrûlés mais en revanche plus producteurs
de dioxyde de soufre (SO2).
2.4.4.1 Gaz produits par les explosifs Les autres principaux polluants dégagés par les moteurs diesel
Les gaz produits par les tirs forment en souterrain un bouchon sont les vapeurs nitreuses NO2, les acides minéraux, les suies et
polluant, (nuage visible), constitué de gaz, de poussières et de les fumées.
vapeur d'eau. Pour information, au tir, un kilo d'explosifs Les gaz d'échappement constituent donc la source principale
dégage entre 500 et 1000 l de gaz, parmi lesquels deux gaz des polluants et l'utilisation des engins à moteurs diesel doit
nocifs prédominent dans des proportions dangereuses : les être limitée à des impératifs techniques qu'il s'agisse du
vapeurs nitreuses et l'oxyde de carbone. roulage, du chargement et de l’évacuation du marin ou à plus
forte raison des équipements de travail en zone d’avancement • la nature et la qualité du carburant utilisé.
ou front de taille. Cette technique n’est pas véritablement simple et les lignes
En parallèle, la démarche préventive consiste à favoriser l'amé- suivantes informent le lecteur sur les avantages et sur les
lioration des moteurs tendant à limiter l'émission des polluants inconvénients de l’épurateur catalytique.
dans les gaz d'échappement et mettre en place des dispositifs de • L'épurateur agit essentiellement sur le CO et sur les aldé-
post-combustion (épurateurs) pour réduire leur propagations hydes mais est sans effet sur les vapeurs nitreuses et certains
dans l'air ambiant. catalyseurs qui utilisent de l'ammoniac sont à proscrire car il
b) Utilisation des engins à moteur diesel risque d'y avoir recomposition d'oxyde d'azote par oxydation
de l'ammoniac.
Il convient dans toute la mesure du possible de mettre en
œuvre les recommandations suivantes : • Les suies sont en grande partie responsables du vieillissement
et de l'encrassement des épurateurs mais des améliorations sont
• utiliser de préférence des moteurs à chambre de pré-combus- en cours pour piéger ces suies, qui par ailleurs, sont nocives
tion. (L'utilisation de moteurs suralimentés, refroidis associés pour l’homme.
à un recyclage des gaz d'échappement (EGR) permettrait une
amélioration importante de la réduction des polluants, mais • Les épurateurs deviennent très efficaces dès lors que la tempé-
rature moyenne des gaz est supérieure à 250° C et il convient
n'est encore pas systématiquement réalisée),
donc de limiter l'utilisation de régime moteur bas qui main-
• s'assurer de l'intégralité mécanique des moteurs et les main- tient une température des gaz basse.
tenir en bon état de fonctionnement, • Ces appareils ont tendance à oxyder les vapeurs d'anhydride
• opérer le réglage de l'avance de l'injection en fonction de l'al- sulfureux S02 en S03 ce qui se traduit par une augmentation
titude ; un mauvais réglage peut entraîner une production du brouillard dans les atmosphères humides.
accrue de polluants, notamment CO et les imbrûlés du fait • La fixation du soufre peut affecter les performances du cataly-
d'une augmentation de la richesse du mélange dans la seur et pour pallier ces difficultés, il est souhaitable d'utiliser
chambre de combustion, du fuel vert à très basse teneur en soufre, c'est-à-dire infé-
• éviter dans toute la mesure du possible, de laisser tourner les rieure à une teneur de 0,3 % correspondant à celle du fuel
moteurs diesel au ralenti pour limiter l'émission d'hydrocar- ordinaire.
bures lourds (goudron, suie), ■ Bacs de barbotage
• utiliser du gasoil de type " vert " à faible teneur en soufre, Les bacs de barbotage consistent à diluer dans l'eau les gaz
• choisir de préférence des Equipements de travail équipés d'échappement et ils piègent les suies, certains produits solu-
d’origine. bles et une partie des acides formés. Accessoirement, ils rédui-
sent le niveau sonore des gaz d'échappement et refroidissent
Par ailleurs, pour les équipements de travail mobiles, il faut ceux-ci mais ils sont pratiquement sans effet sur les vapeurs
privilégier l'utilisation des équipements électriques ou pneu- nitreuses et le CO.
matiques, le moteur à combustion diesel épuré ne servant
qu’au déplacement. Leur maintien en bon état de fonctionnement entraîne des
sujétions très lourdes pour le chantier : bac en acier inoxydable,
c) Épuration des gaz des moteurs diesel volume de 2 litres au moins par CV développé, changement
En plus des règles minimales relatives aux choix et à l’utilisa- d'eau au moins une fois par poste.
tion des moteurs, différents dispositifs peuvent être installés
mais leur efficacité actuelle n'est que partielle. En souterrain, 2.4.5 - Equipements de Protection Individuelle
les plus répandus sont l’épurateur catalytique et le bac de (EPI)
barbotage. Comme pour les poussières, il n'est pas toujours possible de
■ Épurateur catalytique faire appel aux techniques classiques de traitement de l'air
(épuration, captage, ventilation des locaux...) ou insuffisantes,
Un épurateur catalytique est un dispositif qui permet la trans- pour des travaux exceptionnels et de courte durée, le recours à
formation par oxydation de certains constituants gazeux émis un appareil de protection respiratoire individuel peut s'avérer
par le moteur en d'autres moins toxiques. nécessaire.
Dans les différents types d'épurateurs interviennent :
• le catalyseur lui-même : platine, palladium, rhodium..., 2.5 - Cas spéciaux
• le support : billes d'alumine, bloc en alumine…, 2.5.1 - Manque d’oxygène
• la température d'amorçage de la réaction. Certains accidents surviennent au cours de visites de chantiers
Et l'efficacité des épurations varie avec : abandonnés ou de zones non ventilées. Ils peuvent être dus soit
à la présence de gaz toxiques, soit à un manque d'oxygène dans
• le régime moteur (température des gaz),
l'air ambiant.
• la charge du moteur (débit de gaz à l’échappement), Dès que la teneur en oxygène descend en dessous de 19 %, l'at-
• le vieillissement de l'épurateur (entretien...), mosphère devient dangereuse et peut devenir mortelle. Ce
manque d'oxygène peut être provoqué soit par une oxydation • les Entreprises procèderont immédiatement à l’évacuation de
de matières organiques, soit par une dissolution de l'oxygène leur personnel suivant la procédure de leur Plan de secours
dans de l'eau qui circule, soit enfin par dégagement de CO2 en intégré au P.P.S.P.S à l’exception des personnes qualifiées
terrain calcaire. occupées aux opérations de contrôle de la situation,
Il convient donc lorsque l'on pénètre dans des souterrains qui • toutes les personnes seront évacuées si la teneur limite de 1%
n'ont pas été ventilés depuis longtemps d'avoir ce risque est atteinte,
présent à l'esprit.
• toutefois, les dispositifs de ventilation mécanique, les pompes
Si l'ouvrage est toujours doté d'un dispositif de ventilation d’exhaure et l’éclairage de la galerie, pour des raisons
mécanique artificielle, il convient de ventiler longuement l'ou- évidentes de sécurité seront maintenues en fonctionnement
vrage avant d'y pénétrer. contrôlé.
Ensuite il convient que l’équipe de 2 personnes minimum Par ailleurs, afin d’obtenir ce fonctionnement en situation d’at-
appelée à entrer soit extrêmement prudente, soit sous contrôle mosphère explosive les appareils suivants doivent être de type
d’une personne surveillante à l’extérieur, soit munie obliga- anti-déflagrants (A.D.F.), composés de matériels agréés du
toirement d'un contrôleur de teneur en oxygène et d’un groupe 1 :
détecteur/avertisseur polyvalent de CO et CO2 ainsi que de
CH4 et H2S si le massif est suspect. • les transformateurs,
Si ce dispositif de ventilation mécanique artificielle n'existe • les ventilateurs en galeries,
plus une procédure d’entrée devra fixer les mesures de préven- • la ligne de pompage des eaux ainsi que leurs coffrets d’ali-
tion adaptées : mentation et de commande,
• mise en œuvre d’une ventilation mécanique appropriée aux • les appareils d’éclairage de secours,
caractéristiques de l’ouvrage,
• les systèmes et dispositifs d’alarme et de communication,
• utilisation d’appareils de mesures ; détection des gaz et
d’alerte à disposition, • les armoires de branchements et de relais…
• mise en place d’Equipements de Protection respiratoire Le retour des personnes en galerie sera autorisé dès la fin de
Individuelle. l’alerte lorsque le % de méthane ( CH4) sera inférieur à 0,5 %
Il faut noter également que lors de l'exécution de travaux dans Les dispositions de contrôle à distance de l’évolution de la
un milieu congelé à l'azote liquide, il est souhaitable de situation et les procédures de retour aux postes de travail
contrôler en permanence la teneur en oxygène – avec alarme - doivent être établies et explicitées par l’Entreprise dans son
car une rupture accidentelle d'un tube congélateur peut Plan de Secours.
augmenter d'une façon sensible la teneur en azote de l'at-
mosphère, ce qui diminue d'autant la teneur en oxygène. 2.5.3 - Radon
Dans certains massifs, compte tenu de la nature des roches
2.5.2 - Atmosphère explosive (cristalline ou métamorphique), des failles, des circulations
Certains travaux peuvent être réalisés dans des zones (houiller) d’eau, on peut avoir à faire face à des émissions de radon.
où l'on risque de rencontrer un dégagement de méthane
(CH4), sa limite inférieure d’inflammabilité se situant à 5% en Des mesures sont à faire au plus près du front d’attaque et sur les
volume dans le mélange avec l’air. retours d’air (aspiration – dilution en galerie) pour mesurer la
quantité de radon et de ses descendants. En principe une bonne
Si l'étude géologique préalable a montré que ce danger existe, il ventilation mécanique continue suffit pour rester dans les limites
convient d'équiper le chantier de dispositifs permettant des réglementaires (400 becquerels). Le personnel pourra être appelé
mesures en continu de la teneur dans l'atmosphère en méthane avec explications, à porter des dosimètres en continu.
et de s'organiser de façon à pouvoir appliquer les règles de sécu-
rité et d’évacuation des personnes en vigueur dans les mines de Nota : La présence de radon signifie que les terrains compor-
charbon (Cf. R.G.I.E) si la teneur en méthane vient à dépasser tent des éléments radioactifs et pour leur mise en dépôts il y a
0,5 %. lieu de vérifier qu’ils ne poseront pas de problème environne-
mental.
Le seuil des appareils doit être réglé et testé à 0,5 % et dès le
déclenchement de l’alarme sonore et / ou visuelle : 2.6 - Brouillards
• le / les chantiers concernés seront mis en alerte,
L'utilisation dans la phase de perforation d'une galerie, de
• tous les Equipements de travail, engins, machines et appa- jumbo ou d'engins analogues portant des marteaux pneuma-
reils seront mis à l’arrêt, tiques fonctionnant simultanément, libère une importante
• tous les appareils producteurs d’étincelles de points chauds quantité d'air ce qui entraîne un léger abaissement de la tempé-
seront neutralisés, rature du fait de la détente de l'air comprimé et en atmosphère
• les dispositifs d’arrêt immédiat de l’ensemble des installations saturée d'humidité, il y a naissance d'un brouillard intense. Ce
et des Equipements de travail en cas de dépassement acci- brouillard, gênant et dangereux, particulièrement au front de
dentel de la teneur en gaz seront explicitées ainsi que les taille, peut être éliminé par échauffement ou assèchement de
dispositions et procédures de remise en marche et les l'air ambiant. Il convient de souligner ici que la foration
contrôles de sécurité, hydraulique supprime ce risque.
mosphère satisfaisante et de les maintenir quelles que soient les En conséquence, il paraît alors indispensable de maîtriser le
configurations de chantier. flux de ventilation de façon permanente et compatible avec les
La ventilation fait partie intégrante des études préalables des conditions normales d'aérage des postes de travail. Il convient
chantiers de travaux souterrains et doit être envisagée dans son pour cela d'aménager des masques robustes (ou des sas) et à
principe dès la phase de conception du projet. Le fermeture complète de la section, et de recourir à une ventila-
Coordonnateur Sécurité / Santé doit veiller à ce qu'elle soit tion artificielle.
étudiée lors de la conception et mise en œuvre, selon le projet
d'exécution préalablement établi pour chaque phase de travail. 2.8.3 Ventilation artificielle
Les deux ventilations, naturelle et artificielle, sont sommaire- La ventilation la plus fiable est la ventilation artificielle et on doit :
ment définies dans les lignes suivantes mais pour plus d’in- • chercher à supprimer ou à limiter au mieux, sur les différents
formation, la recommandation de l’AFTES " Ventilation des sites du chantier souterrain, l’émission de substances
Ouvrages Souterrains en cours de construction " du GT 27 polluantes, gênantes, voire dangereuses, en prévoyant des
parue en 2003 dans le T.O.S n° 176 développe amplement la techniques appropriées
démarche à conduire, les configurations possibles, les bases • favoriser le captage de tous les produits dégagés (en particu-
de calculs, les matériels, le projet de ventilation et les lier les poussières) au plus près de la source, afin qu’ils ne se
contrôles. répandent pas dans l’atmosphère du chantier,
• diluer les polluants résiduels non captés ou neutralisés à la
2.8.1 - Principes source, afin de maintenir leur concentration au-dessous des
La ventilation ou l’aérage de chantier des ouvrages en cours de seuils admissibles.
construction – chantiers, lieux et postes de travail de circula- La détermination des besoins en air neuf nécessaire résulte de
tion - peut agir de plusieurs manières : capter, diluer, évacuer l’examen des polluants générés dans l'ensemble du souterrain
ou séparer les produits polluants générés dans le tunnel.. et de la manière dont on devra les traiter. Les valeurs de base
recommandées pour le dimensionnement des volumes d'air
2.8.2 - Ventilation naturelle frais à introduire dans l'ouvrage communément retenues sont
L'aérage des postes de travail par ventilation naturelle est aléa- les suivantes :
toire. Le sens de déplacement de l'air varie dans la journée et il • apport et renouvellement d’air neuf minimal nécessaire à la
est fréquent d'observer un bouchon baladeur constitué de respiration des personnes : débit entre 25 à 90 m 3 /h/
fumée, gaz et poussières. personne en fonction de l’activité physique et du travail,
Les différences barométriques, entre saisons, la direction du • évacuation et captage des poussières, des gaz de tirs: 300l/s
vent, les zones d'ensoleillement, la présence de brouillard, les par mètre carré de section d'ouvrage (en général section
différences de températures sont autant de paramètres qui exer- excavée), au minimum,
cent une influence sur le sens et le débit de l'air traversant l'ou- • dilution des gaz émis par les moteurs thermiques : 50l/s par
vrage. Par ailleurs, la conjugaison de la vitesse de déplacement Cheval vapeur (CV) effectivement développé,
de l'air et de la température de l'air extérieure peut rendre • maintien de la vitesse de l'air qui doit être comprise entre
incompatible la présence de postes de travail (effet de cheminée 0,3 m/s et 0,7 m/s afin d'assurer un courant d'air suffisant et
dans les puits, par exemple). de ne pas gêner les opérateurs.
3 - RISQUE PHYSIQUE
3.1 - Bruits noter des actions en amont dans le choix des matériels et des
modes opératoires.
3.1.1 Définition
Les travaux souterrains se révèlent être parmi les plus bruyants 3.1.2 - Utilisation de matériel insonorisé
des chantiers de Bâtiment et des Travaux Publics pour le Les engins de chantier à combustion interne, les compresseurs,
personnel, en raison du confinement et des réflexions multi- les groupes électrogènes de puissance et de soudage, les
ples qui s'opposent à la dissipation de l'énergie acoustique. marteaux de perforation et les marteaux piqueurs ne doivent
Lorsque l'exposition sonore quotidienne subie par le travailleur pas dépasser certains niveaux acoustiques (75 dB(A) fixés par la
dépasse le niveau de 90 dB (A) ou lorsque la pression acous- réglementation. Ils doivent faire l'objet d'une homologation
tique de crête dépasse le niveau de 140 dB, l'employeur doit obligatoire avant leur mise en service.
établir un programme de mesures techniques ou d'organisation
du travail destiné à réduire l'exposition au bruit.
3.1.3 - Réduction du bruit à la source
Les mesures de protection collective à mettre en œuvre sont de
portée réduite en travaux souterrains car les bruits émis sont Les ventilateurs doivent être équipés systématiquement de
amplifiés compte tenu de l’espace confiné, néanmoins, on peut silencieux de bouche amont et aval.
L'utilisation d'outils à air comprimé comme source d'énergie, Le choix du type de protection individuelle anti-bruit,
doit être supprimée au bénéfice de perforatrices rotatives ou de tampons auriculaires (figure ci-dessous) atténuant plus particu-
marteaux hydrauliques moins bruyant (l'énergie hydraulique lièrement les hautes fréquences par exemple, doit donc être fait
présente en outre, l'avantage de ne pas générer de brouillard en en fonction des matériels bruyants utilisés. Par ailleurs, il est à
atmosphère humide). noter que certaines protections individuelles permettent l’audi-
tion de la parole à courte distance.
3.1.4 - Choix de l'emplacement des sources Les travailleurs exposés à des bruits dont le niveau sonore est
sonores supérieur à 80 dB doivent être soumis â une surveillance médi-
On doit éloigner les ventilateurs et les groupes électrogènes des cale spéciale (audiogramme).
postes de travail et les disposer de préférence à l'extérieur des
puits ou galeries.
4 - BIBLIOGRAPHIE
Jean-François TEISSIER
SIAAP DGT, Chargé d’opération
Pascal BRIAND
RAZEL, Directeur de chantier
Philippe AUTUORI
BOUYGUES TP
Patrick PELTIER
STRADAL, Directeur technique
Benoît de RIVAZ
BEKAERT, Directeur technique
1 - PRESENTATION DU
CHANTIER
Dans le cadre du schéma directeur d’assainis-
sement de la région parisienne, le SIAAP a
lancé en 2002 la construction d’un ouvrage
d’assainissement entre les communes de
Fontenay-aux-Roses et Cachan, confiée à un
groupement d’entreprises RAZEL, SPIE
Batignolles TPCI et BOUYGUES Travaux
Publics, sous maîtrise d’œuvre SIAAP DGT.
Ce tunnel foré d’une longueur totale de
3520 m et de diamètre intérieur fini 3m08, a
été réalisé en deux tronçons à partir d’un 2 - ESSAIS SUR VOUSSOIRS poursuivre l’expérience avec les plus longues
puits intermédiaire situé sur la commune de FIBRES : PROCEDURE (type 80/60) qui autorisent une plus grande
Bourg-la-Reine. Il est destiné d’une part à déformation avant rupture.
améliorer et renforcer le réseau d’assainisse- Le SIAAP et le groupement d’entreprises ont
ment de la Bièvre, mais aussi à servir de stoc- décidé, dans le cadre d’un protocole d’essai,
kage tampon des eaux d’orage (capacité de poser des voussoirs fibrés sur un linéaire
totale de 25 000 m 3), et ainsi limiter les de 50m environ. Pour ce faire, une procédure
déversements en Seine et les inondations a été mise en place, en partenariat avec le
d’une partie de Bourg-la-Reine. préfabricant STRADAL, permettant de vali-
Calé à une vingtaine de mètres de profon- der, étape par étape, par des essais prélimi-
deur dans un horizon géologique composé naires, la conception des voussoirs fibrés.
principalement de calcaire de Saint Ouen et La première étape de cette conception était
sous nappe d’eau d’une hauteur d’une dizaine le choix de la composition du béton. En effet,
de mètres, le tunnel a été réalisé à l’aide d’un les fibres ne doivent pas être considérées
tunnelier de type fermé, à attaque ponctuelle comme un ajout non perturbant (contraire-
(bras d’abattage muni d’un godet ou d’une ment aux armatures passives), mais comme
fraise) et confinement du front à l’air com- un granulat spécifique intervenant dans la La deuxième étape fut la réalisation d’essais
primé. Le revêtement est constitué de vous- rhéologie du béton. De ce fait, la formulation grandeur nature : bétonnage de 4 voussoirs
soirs préfabriqués d’épaisseur 23cm, et de du béton doit être adaptée. Une série d’es- armés de fibres Dramix RC 80/60 BN
longueur annulaire de 1m20, posés au fur et sais a été réalisée dans le laboratoire béton (BEKAERT) suivant la formulation issue de
à mesure par un érecteur central à préhen- de BOUYGUES TP, afin de déterminer la for- l’étape précédente, avec 3 variations de
sion par vis, avec mise en place de mortier mulation qui représente le meilleur compro- dosage en fibres (à comparer avec le ratio d’ar-
dans le vide annulaire en arrière de la jupe mis Rhéologie / Performance. matures des voussoirs classiques : 85kg/m3) :
par un point d’injection à travers les vous- 1 voussoir contre-clé (50kg/m3), 1 voussoir
soirs. Ces anneaux universels comprennent Ces essais ont également permis la compa- standard (40kg/m3), 1voussoir standard + 1
six voussoirs (trois voussoirs courants, une raison entre 2 longueurs de fibres. Les résul- clé (30kg/m3). Des carottages en diamètre
clef et deux contre-clefs) pour un pincement tats des essais en laboratoire étant sensible- 100 mm ont ensuite été réalisés sur l’ensemble
de 35mm. ment identiques, il a été décidé de des voussoirs, selon un plan de carottage
Nouvelles applications
L
eader mondial du
fil métallique, le dans les tunnels
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c’est 71 usines dans 24 pays partenaires (maîtres d’ouvrages, entreprises, BPE,
et 16 400 collaborateurs centres de recherche, adjuvantiers,...). BEKAERT
répartis entre la produc- s’implique activement aux récentes évolutions des
tion, la recherche et la bétons (BAN, BHP, BUHP,...) avec de nouvelles fibres
vente de ses produits hautes performances DRAMIX®, pour des applications
dans un esprit d’innova- dans les travaux souterrains (voussoirs préfabriqués,
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buse métallique). La fibre polypropylène DUOMIX®,
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conquis par les fibres métalliques (dallages, béton
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Le remplacement du treillis soudé par la fibre métallique
représente un progrès dans le monde des travaux sou-
terrains. La sécurité est accrue et la productivité
améliorée, notamment grâce à l’utilisation de doseurs
automatiques. Depuis de nombreuses années déjà, Fibres DRAMIX®
BEKAERT et sa fibre métallique DRAMIX®, participent Pour Voussoirs Préfabriqués
au renforcement du béton projeté dans les tunnels aussi Les BRFM pour la fabrication des voussoirs préfabriqués
bien en voie mouillée (creusement) qu’en voie sèche datent d’une quinzaine d’années. Pendant cette période, en
(réparation). Grâce à son procédé exclusif de plaquettes complément de l’expérience acquise sur les chantiers, de
encollées, DRAMIX®, représente la fibre la plus perfor- nombreuses expérimentations et recherches ont permis
mante du marché, certifiée par de nombreux essais de de systématiser l’approche de dimensionnement et de
poinçonnement-flexion. Plus de 20 000 tonnes ont déjà formulation.
été mises en œuvre sur le territoire national.
RAPPEL : La municipalité de Shanghai désirant confronter ses problèmes avec des expériences et solutions prove-
nant d’autres pays a invité dix experts étrangers à participer à une « Conférence internationale sur l’espace souter-
rain urbain », du 22 au 24 juin 2005. Dans une première partie (livraison précédente de TOS, n° 191, septembre-
octobre 2005) les contributions des experts chinois ont été analysées en priorité ; c’est ici le tour de celles des
invités (liste en début du premier article), pris dans l’ordre « d’entrée en scène ». La séance plénière d’ouverture a
donné la parole à deux d’entre eux, désignés comme keynote speakers, en raison de leurs liens privilégiés avec l’as-
sociation ACUUS, association des centres de recherches sur l’espace souterrain urbain : d’abord le président en
exercice, le Japonais Takeshi Kurokawa, puis le fondateur, le Canadien Jacques Besner. Sachant que tous les expo-
sés étaient en anglais (à l’écrit et à l’oral), il s’agit ci-dessous de traductions pour lesquelles l’auteur demande l’in-
dulgence des lecteurs (et celle des auteurs d’origine).
Takeshi Kurokawa est professeur à l’Institut Jacques Besner, urbaniste, est conseiller de 10 salles de théâtre ou concert, 9 hôtels
des sciences du comportement, à Tokyo, la ville de Montréal pour les affaires inter- (4265 chambres), 14 bâtiments universitaires,
membre du bureau de la FIHUAT1, et pré- nationales, en particulier pour les relations un musée, 1800 commerces et 1060 appar-
sident en exercice d’ACUUS. Il a montré avec la ville de Shanghai où il fait de fré- tements3.
beaucoup d’images de tous pays, à la quents séjours. Après un exposé détaillé sur Trois conditions justifient ce développement :
manière du célèbre Why go underground l’évolution de l’espace souterrain à Toronto le climat, un centre ville compact à forte
de l’AITES, mais sa contribution écrite, et surtout Montréal au long de 43 années, densité (Montréal s’est développé dans une
seule en anglais, est réduite à une énumé- il fait des recommandations circonstanciées île), et l’existence d’un métro, puissant géné-
ration d’ouvrages, sur un plan classique : pour la ville de Shanghai à l’horizon de rateur de flux piétonnier. La naissance de
d’abord les métros, de Londres, Budapest l’Exposition en 20102 . cette "ville intérieure" (indoor city) tient aux
et Paris (une maquette de celui-ci aurait Sous le nom de PATH, "le chemin", Toronto terrains du chemin de fer sur lesquels des
été exposée à Istanbul) ; puis les autres présente 27 km de cheminements piéton- architectes visionnaires, dont Ieoh Ming Pei,
réseaux ainsi que les parkings et centres niers, tant souterrains qu’au-dessus du niveau ont conçu l’aménagement de Place Ville-
commerciaux. Il insiste sur le coût qui croît des rues, reliant plus de 50 immeubles, 20 Marie, relié à la gare centrale par deux cou-
avec la profondeur, par conséquent tous parkings, 5 stations de métro et la gare fer- loirs sous le boulevard Dorchester. Cette
les utilisateurs visent l’étage le plus super- roviaire, deux grands magasins, 6 hôtels, et première phase, ouverte en 1962, atteignait
ficiel ; et sur la difficulté de modifier tout de nombreuses attractions touristiques ; déjà 465 000 m2 de planchers lorsque les
ouvrage construit, ce qui impose une pré- grâce à lui, 100 000 personnes ont accès à deux lignes de métro ont été projetées.
vision à long terme. Si les ouvrages sou- 12 000 boutiques et services employant 5000 Placées sous des rues secondaires où le ter-
terrains souffrent peu des séismes, ils sont personnes. Au début, plusieurs tronçons se rain était moins cher, elles offraient des
susceptibles d’être inondés et les occu- sont développés autour des stations de métro espaces souterrains plus favorables pour de
pants sont difficiles à secourir en cas d’in- Le réseau piétonnier de Montréal, "la ville nouveaux commerces que les rues princi-
cendie. Il recommande d’aménager les par- intérieure", est à peine plus long (32 km) ; pales déjà bien pourvues. Métro et ville inté-
cours piétonniers pour les personnes âgées avec 155 points d’accès, il dessert deux rieure étaient prêts pour l’Exposition de
dont le nombre va en augmentant (un plan gares ferroviaires et dix stations de métro, 1967. Un nouveau départ sera donné par
est prévu au Japon sur l’espace public des et plus de 4 millions de kilomètres carrés de les Jeux olympiques de 1976.
voiries urbaines). Au total, un état de l’art planchers dont 80% de bureaux dans le CBD La loi autorise la construction du métro sous
consciencieux mais sans surprise de l’ur- (central business district) ; le reste comprend les parcelles privées au-dessous de 10 m de
banisme souterrain. 31 parkings, pour 14 500 voitures), 19 cinémas, profondeur, et impose au propriétaire de la
1
Fédération internationale de l’habitat, l’urbanisme et l’aménagement du territoire, un organisme qui a noué des liens suivis avec l’AITES
(cf. intervention de Jean-Paul Godard au congrès de la FIHUAT, Habitat II, à Istanbul en juin 2001).
2
On trouve sur le site www.espace-souterrain.org un article plus ancien du même auteur, donnant quelques précisions sur les débuts de la
“ville intérieure”, mais moins détaillé sur les aspects juridiques et les incitations à développer le sous-sol.
3
On note, et c’est un peu dommage, que ces données ne sont pas directement comparables à celles de Toronto.
surface une servitude de pression limite accessible par train, métro et bus. Puis c’est immeubles de bureaux, les commerces ; la
(250 kPa). Si une expropriation est néces- autour du "Quartier international" de com- circulation séparée des véhicules et des pié-
saire, les travaux peuvent commencer trois bler l’espace entre la gare et le vieux Montréal, tons en surface ; et enfin le cœur de la ville,
mois après la notification au propriétaire, un modèle de partenariat public-privé réa- sauvé de la désaffection qu’on a constatée
sous réserve d’une indemnité provisoire ; les lisé sans argent public. dans beaucoup d’autres villes.
actions en justice éventuelles n’arrêtent pas Jacques Besner conclut par une dizaine de recom-
Il est important de détailler les outils de ce
les travaux pendant les procédures. mandations adressées à la ville de Shanghai,
développement :
Les travaux du métro ont fourni l’occasion dont on ne retient ici que l’essentiel :
• location à long terme du terrain (63 ans
de réhabiliter des îlots et de rectifier le tracé • l’espace souterrain urbain ayant une valeur, son
pour les terrains non nécessaires pour le
des rues situées au-dessus. Les stations sont emploi doit obéir à certaines conditions ;
construites à ciel ouvert (cut and cover) ce métro) ;
qui fournit l’espace pour des mezzanines, au • permission d’occupation du sous-sol du • tous les ouvrages souterrains doivent être
niveau des premiers ou seconds sous-sols domaine public (rues, parcs, etc.), non trans- portés sur une cartographie à trois dimen-
des immeubles ; leurs accès sont à l’intérieur férable pendant 75 ans, avec un loyer au sions ;
des immeubles, donc à l’abri des intempé- mètre carré de l’ordre de 10% du loyer en • les types de terrain et l’eau souterraine
ries. La volonté de donner au métro une surface ; le contrat fixe aussi les conditions doivent être considérés avec soin ;
image forte a conduit à différencier les archi- de déplacement des réseaux, la sécurité
• l’espace souterrain fait partie du plan d’en-
tectures et décorations des stations. Quant du public, la qualité des matériaux
semble de la ville ; son intégration est un
aux cheminements, qui reçoivent la lumière employés, et les responsabilités en cas de "must" ;
naturelle aussi souvent que possible, ils sont dommages aux existants ;
traités et décorés comme des espaces publics • la composante commerciale est un élé-
• transfert au privé de voies publiques non ment essentiel, relié aux moyens de trans-
intérieurs, devenant ainsi une des plus remar-
utilisées pourvu que soient aménagées des port et aux parkings, le métro étant le prin-
quables galeries d’art au monde.
liaisons avec la ville intérieure ; cipal vecteur ;
Le complexe Desjardins, à l’est du centre
• assouplissements des règles de zonage • les espaces publics doivent être agréables :
ville initial, permet ensuite à la Ville de prendre
local, dans le respect du plan d’ensemble non étriqués, bien aérés, éclairés, et signa-
la maîtrise totale de la ville intérieure par des
incitations non financières ; après une remise (Master plan). lisés ; avec accès ouvert aux handicapés, et
à neuf de la Place Ville-Marie, quatre gale- Les bénéficiaires de la ville souterraine sont sûrs ; il est recommandé d’éviter lq forma-
ries commerciales complètent les grands nombreux : les piétons d’abord, le métro, tion de queues dans les accès aux immeubles.
magasins voisins pour composer un ensemble qui jouit d’entrées protégées, les grands
Pierre Duffaut et Monique Labbé, respectivement ingénieur et architecte, présidents successifs de l’association puis du comité Espace
souterrain, ont structuré leur présentation en deux parties : la naissance de l’urbanisme souterrain et son état actuel à Paris, puis le pas-
sage de la théorie à la pratique, à travers quelques études de cas. Comme ces deux parties sont bien connues en France, par exemple
grâce à un article déjà ancien des mêmes auteurs4, on se borne ici à citer quelques uns des compléments et points saillants illustrés par
des images :
Sur le métro d’abord : impact des carrières souterraines de Paris sur les
lignes de métro ; croisement de trois lignes devant l’Opéra complétées
à faible distance par le RER A, puis à peine plus loin par le RER E, avec
des liaisons souterraines pour les piétons, (figure 1) ; entrecroisement
de onze tunnels de métro et RER au voisinage du Châtelet ; superpo-
sition d’ouvrages sous la place de L’Etoile, puis sous la rue de Bercy
et les quais de la gare de Lyon (grâce au préfet Maurice Doublet) ;
exploitation du sous-sol des gares pour augmenter le nombre de voies ;
couverture des voies d’Austerlitz par la nouvelle avenue de France et
son nouveau quartier. Ensuite, une allusion à la salle des coffres de la
Banque de France, aux entrepôts souterrains de Kansas City, puis un
rappel sur les tunnels routiers, dont celui de l’autoroute A 86 en ban-
lieue ouest, marquant un triomphe bien tardif du concept LASER.
La deuxième partie présente des questions et des éléments de doc-
trine : Que vaut en sous-sol l’opposition entre propriété privée et Figure 1 - desserte du quartier de l’Opéra à Paris, chronologiquement
domaine public ? Pourquoi les règlements ignorent-ils le sous-sol ? sin- par la gare Saint Lazare en haut à gauche, puis les trois lignes de
gulièrement le code de l’urbanisme et les lois qui s’y agrègent année métro 7, 8 et 11 sur la place de l’Opéra, ensuite le RER A rue Auber,
après année, et qui font obstacle au contraire, en les ignorant, à maints et enfin le RER E rue de Provence, toutes stations reliées entre elles
par des couloirs souterrains, avec des accès directs aux grands maga-
sins traditionnels et aux centres commerciaux modernes.
4
“Les réseaux comme germe d’espace souterrain” ; Tunnels et Ouvrages Souterrains ; n° 130, juillet/août 1995, p. 255 à 261, disponible
aussi mais sans les figures sur le site du comité Espace souterrain : www.espace-souterrain.org
5
“Think deep” est le titre du premier éditorial de la revue Underground Space (1977) due à Charles Fairhurst, alors professeur de mine
et de mécanique des roches à Minneapolis, fondateur de l’American Underground Space Association (où le mot Construction a mainte-
nant remplacé Space)
6
De trop rares auteurs rejettent cette prévision catastrophiste : la thèse d’une croissance exponentielle indéfinie est évidemment dérai-
sonnable (ainsi la consommation d’électricité des pays développés qui doublait tous les vingt ans a-t-elle fortement décru dès les années
80) ; le plafonnement asymptotique des courbes dites logistiques s’appliquera évidemment à l’activité du même nom !
7
Il ne signale pas le projet d’Eugène Flachat, de desserte ferroviaire des Halles de Paris à partir des gares où s’arrêtent les voyageurs et
il fait l’impasse aussi sur la famille très diversifiée des pipelines !
8
Cf. article cité dans la note 4 page précédante.
9
J’avais rencontré John Endicott à Hong Kong en 1986, et nous avions ensemble préconisé des aménagements souterrains devant une
réunion de promoteurs locaux. Ce fut donc une agréable surprise pour nous deux de nous retrouver à Shangai.
10
Les travaux ont été effectués, en partie au moins, par une entreprise française, il y a une vingtaine d’années.
11
Curieusement, l’auteur n’évoque pas les nombreux tunnels sous-marins, tant routiers que ferroviaires qui relient l’île de Hong Kong à
son extension sur le continent, Kowloon et Nouveaux territoires.
inverse des travaux du métro sur des struc- Chris Du Sautoy appartient au groupe d’in- nouvelles, ainsi que des issues supplémen-
tures préexistantes). Lorsqu’il a fallu établir génierie Halcrow, expert international en taires à partir des quais, dont un sans esca-
des collecteurs profonds en rocher, un règle- grandes opérations (aéroports, ouvrages sou- lier à monter. Le terminal 5 de Heathrow qui
ment de 1994 a prévu leur protection contre terrains et autres grands projets). ouvrira en 2008 comportera un bâtiment prin-
des travaux ultérieurs : une approbation est cipal et deux satellites desservis par une rame
nécessaire à moins de 100 m de distance. Son exposé concerne la simulation des flux
sur une voie en boucle. Développée en rem-
piétonniers dans les gares et stations de trans-
Bien que cette législation ne s’applique pas placement d’un système plus classique de
port en commun, une spécialité développée
aux constructions publiques, l’usage est qu’ils navettes sur voies parallèles, cette solution
après l’incendie d’un escalator à la station
suivent les mêmes règles. Ainsi Hong Kong économise 3 millions de livres par la diminu-
King’s Cross à Londres le 18 novembre 1987.
est doté depuis longtemps de textes sur L’évolution des queues et leur influence sur tion du nombre des rames nécessaire. Enfin,
l’usage du sous-sol, qui ont été modifiés le blocage de l’écoulement des personnes aux Pays-Bas, il s’agissait d’étudier l’évacua-
lorsque les circonstances l’ont demandé. Les est une base de la conception des couloirs, tion de trains stoppés dans un tunnel de
règles sont en place, mais les applications ascenseurs et escalators d’une station. 700 m voisin d’une station, suivant les diffé-
restent encore rares, alors que les bénéfices L’analyse de situations réelles permet d’enri- rents scénarios possibles.
attendus pour le public et les promoteurs chir les simulations mais ne dispense en aucun
sont manifestes. Hideyuki Tamura, directeur adjoint à l’infra-
cas d’y recourir. La distribution aléatoire des
structure au ministère japonais de l’Intérieur,
Des projets de cavernes se sont développés piétons et de leurs trajectoires dans un envi-
au cours des vingt dernières années : après présente les dispositions prises au Japon pour
ronnement à plusieurs voies possibles impose
une étude non publiée de l’auteur, qui défi- des simulations multiples. favoriser les ouvrages souterrains urbains : La
nissant deux sites, le gouvernement a com- nécessité de recours au sous-sol urbain s’ex-
Quatre applications sont évoquées avec plique au Japon parce que ce pays cumule
mandé en 1988 une étude sur les usages quelque détail, la nouvelle gare internatio-
potentiels du sous-sol, installations portuaires, deux raisons de cherté des terrains urbains,
nale Saint Pancras, terminus prochain de la la forte densité de population propre aux
stockages d’hydrocarbures, stations de trai- ligne du tunnel sous la Manche, le réamé-
tement des eaux et des ordures, entrepôts villes asiatiques et le haut niveau de revenus
nagement de la station de métro King’s des pays occidentaux. Le Japon est contraint
commerciaux, etc. et il a publié des guides Cross, pour desservir la gare Saint Pancras,
spécialisés (Geoguide 4 sur les projets de de développer des ouvrages de plus en plus
la desserte du terminal 5 de l’aéroport de nombreux et de plus en plus profonds. Le sta-
cavernes en 1992, Sécurité incendie en Heathrow, et la station Best des chemins de
cavernes en 1994) tout en appliquant le manuel tut de la propriété privée est un obstacle à ce
fer néerlandais. développement, surtout avec le grand nombre
déjà cité au cas particulier des cavernes. Deux
aménagements ont été réalisés, la station de Pour le premier cas, le problème inclut les de propriétaires de parcelles minuscules12.
Stanley Park pour le traitement des eaux contrôles de police et douane propres aux
usées (avant rejet en mer), et une station de voyageurs internationaux, ce qui vaut aussi Le sous-sol des rues principales est en outre
transfert d’ordures à West Island. pour les stations de Stratford, Ebbesfleet et encombré par les réseaux de services urbains :
Ashford. Halcrow a bénéficié pour cela de à Tokyo, chaque kilomètre de rue abrite en
Le métro comporte 28 stations souterraines, l’expérience acquise dans les grands aéro- moyenne 17 km de câbles et fibres de télé-
la plupart construites en tranchée couverte, ports. La station King’s Cross (figure 3) se communications, 9,3 km de câbles électriques,
dans quelques cas seulement les accès sont prépare à traiter un débit très augmenté, 2,3 km de conduites d’eau, 2 km de conduites
inclus partiellement dans les sous-sols de avec une salle de guichets agrandie et deux de gaz, et 1,9 km d’égouts.
bâtiments adjacents. Au contraire, pour la
ligne Island, les aménagements conjoints ont
été nombreux, par exemple avec le Grand
magasin Sogo et à la station Tung Lo Wan ;
de même la station Hong Kong sur la nou-
velle Airport Express Line a été reliée d’ori-
gine en 1977 au nouveau centre financier Figure 3 : passages souterrains
reliant cinq lignes du métro de
international. Un autre exemple concerne
Londres et les gares de King’s Cross
l’hôtel Sheraton dans le quartier Tsim Sha Tsui et Saint Pancras
(côté continent) et plusieurs autres projets
sont à l’étude. On voit qu’au fil des ans les
liaisons souterraines des stations de métro
avec les principaux immeubles de bureaux et
de commerces sont en amélioration constante.
12
Encore l’auteur ne rappelle-t-il pas qu’à Tokyo les expropriations en surface pour élargir les rues principales n’ont pas entraîné l’expropria-
tion du sous-sol correspondant : le volume “public” sous la rue est donc souvent plus étroit que la rue !
13
Comme la française, la loi japonaise suit la loi romaine, “usque at coelis et infernis”. Une limitation de la propriété privée à 50 m de profon-
deur, proposée quelques années auparavant, s’était heurtée à une vive opposition et n’avait donc pu être acceptée. La nouvelle loi a été
exposée dans TOS il y a quelques années, à l’occasion d’une visite à Paris d’un groupe du Japon.
14
On sait que le passage en zones urbanisées a exigé beaucoup de ralentissements de la ligne Shinkansen existante par rapport à la vitesse
maximale possible (qui a été fortement relevée depuis la mise en service).
En 2001, le gouvernement a fait adopter une aux quais actuels, avec l’étage banlieue sous Les voies sont couvertes par un square aussi
loi qui ne limite pas la propriété en profon- l’étage grandes lignes. Le projet comporte vaste que la place Saint Marc à Venise, prévu
deur13, mais permet de commencer les tra- 60 km de voies nouvelles, dont 36 en souter- avec des cafés, et des "yeux de lumière"
vaux sans attendre les longs délais des rain, sur un schéma beaucoup plus simple, pour amener aux quais la lumière du jour. La
procédures d’expropriation. Ainsi sont faci- ramenant le nombre de quais de huit à quatre, ventilation des quais sera assurée par le seul
lités les travaux en cours ou projetés à court le nombre d’aiguillages de 225 à 48 (ceux-ci mouvement des trains.
terme, comme respectivement une autoroute désormais protégés du gel hivernal) ; il diminue Un projet de cette importance transformera
souterraine dans la ville de Tokyo et la ligne fortement les nuisances sonores, supprime la vie à Stuttgart, à condition que les poli-
à suspension magnétique Tokyo-Osaka (Linear l’effet de coupure par les voies de surface, tiques s’entendent pour le mettre en œuvre.
Express) dont le tracé devra être le plus rec- et libère d’importantes surfaces remises à dis- Si la reconnaissance des besoins ferroviaires
tiligne possible pour tirer l’avantage maxi- position du développement urbain. remonte à 1985, l’origine du projet se situe
mal de la vitesse de 500 km/h (dont le bruit dix ans plus tard et les travaux pourraient
et les vibrations seront épargnés aux habi- Le bâtiment principal de la gare est conservé commencer en 2006 lorsque le partage du
tants de la surface14). (bureaux en étages supérieurs, magasins et financement entre la Deutsche Bahn, la ville
restaurants au niveau du sol, accueil, gui- et le gouvernement sera fixé (en gros en trois
Roland Huber et Li Hong sont directeurs à chets et accès aux quais en étages inférieurs). tiers).
Drees & Sommer à Stuttgart (Allemagne),
Development management & property consul-
ting Co., dont l’activité de grands projets urbains
s’est exercée notamment sur la Potsdamer
Figure 4 : modification des
Platz à Berlin et à Dubai (International City),
voies ferrées desservant la gare
et s’exerce actuellement à Shanghai sur de Stuttgart : au lieu de voies
l’immeuble German Center et un projet de en surface réunies dans une
développement urbain (Villeentwicklung). station terminus, les futures
voies (en rouge), à angle droit
Roland Huber présente le projet Stuttgart 21, avec les anciennes (en jaune),
un des plus importants projets en cours en traversent la ville en souterrain,
ce qui libère des surfaces consi-
Allemagne : il s’agit d’une modification majeure dérables pour des aménage-
du nœud ferroviaire de la gare, en vue de ments urbains nouveaux. Le
l’achèvement du réseau européen à longue dessin des rues de certains
distance entre Paris et Budapest (figure 4). quartiers souligne
Un tracé direct souterrain va remplacer le les reliefs qui enserrent la ville.
rebroussement dans une gare terminus, com-
portant le réaménagement complet des voies,
les nouveaux quais étant perpendiculaires
Remarques finales
Quelques points marquants de la deuxième partie
Les interventions en discussion ont été
Les contributions les plus originales concernent d’une part la place des piétons dans limitées par la séparation en deux salles
la ville, et plus largement la conception humaniste de la ville, rarement invoquée simultanées, la nécessaire traduction de
ailleurs de façon aussi nette, et d’autre part le transport souterrain du fret, une pre- l’anglais au chinois (et le contraire) a
mière hors de réunions spécialisées. découragé les questions, sans compter,
comme c’est très souvent le cas, la courte
A Hong Kong le code de la construction mentionne explicitement le sous-sol, à l’ins- durée disponible.
tar de l’espace classique au-dessus (serait-ce le seul cas dans le monde après Kansas Parmi les invités, c’est sans doute Jacques
City ?) ; tous les règlements sont favorables à un usage intensif du sous-sol comme Besner qui a le mieux répondu aux attentes
d’ailleurs le relief accusé et la nature du terrain (proche des granites). Pourtant le déve- de Shanghai, car il les connaissait mieux
loppement reste modeste en dehors du métro et de ses abords immédiats (s’agirait-il que les autres. Les porteurs d’un thème
d’un manque de confiance ?). bien spécifique, parkings, piétons, fret
étaient plus à l’aise que les généralistes,
Curieusement les cycles, scooters et motos ont été peu évoqués, tant en circulation car aucun de ceux-ci ne savait de quoi
qu’en places de parking ; quant aux camionnettes et camions, ils n’apparaissent qu’en les autres allaient parler. Les redites ont
négatif dans l’exposé néerlandais, alors qu’ils sont bien présents dans les villes de été rares, mais certaines présentations
Chine, plus nombreux que les voitures contrairement aux villes de l’Occident ; la place auraient gagné à être mieux ciblées.
des bus n’est pas mieux servie, ni celle des tramways. Le système bruxellois du tram-
way souterrain "pré métro", qui a permis une transition vers le métro, aurait mérité
au moins une évocation.
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