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particularités cinétiques des retraits du béton.

1.- QUELQUES DEPIBITIOBS

L•analyse des mécanismes qui permettent de comprendre les


différents retraits nécessite la définition précise des quelques
phénomènes physiques mis en jeu
- prise : changement d'état du matériau, qui passe en quelques
instants de l'état de suspension à celui de solide; ce changement
se produit dans les heures qui suivent la fabrication, 11 peut
être caractérisé par le moment où le matériau devient conducteur
aux ondes acoustiques de cisaillement;
- durcissement : évolution du matériau après la prise : toutes les
caractéristiques physiques et mécaniques évoluent très rapidement
dans les heures qui suivent la prise, et cette évolution continue
souvent de se faire sentir, notamment pour les caractéristiques
mécaniques, pendant plusieurs mois;

- hydratation : ensemble des réactions chimiques qui se produisent


entre le ciment (formé au départ de grains anhydres> et l'eau; ces
réactions commencent av�nt la prise et se poursuivent longtemps
après <mais de plus en plus lentement>, ce qui constitue. le
durcissement;
- chaleur d'hydratation : dégagement de chaleur qui est produit au
sein du matériau par l'hydratation du ciment; sa vitesse est
maximale au moment de la prise, ·mais le dégagement s'étale sur
plusieurs heures, parfois quelques jours; comme l'hydratation est
accélérée par la température <therzao-activatian>, soit par apport
exogène, soit par auto-accélération <dans les pièces massives ou
calorifugées), ce dégagement n'est en général pas uniforme;

contraction Le Chatelier : déformation de la pâte de ciment


observée au cours de l'hydratation, et attribuée au fait que le
volume des hydrates formés est inférieur <de 8 à 10 %> à la somme
des volumes des constituants, ciment anhydre et eau, consommés
dans la réaction; après la prise, le retrait observé est nettement
inférieur ·à cette valeur, car le squelette minéral déjà constitué
s'oppose,. par sa ri-gidité mécanique· croissante, à ce retrait;

- dessiccation : départ d'eau vers l'extérieur, qui se produit dès


que la surface du béton est en contact avec une atmosphère non
saturée; cette dessiccation se produit aussi bien avant la prise
<par les faces non coffrées> qu'après. et même longtemps après, du
fait de la quantité d'eau évaporable <l'hydratation du ciment
consomme généralement moins de la moitié de l'eau initiale> et de
la lenteur du processus; on parle aussi de séchage, mais ce

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''.

jamais 30 cm);

b.- dans ces essais, on ne mesure que la déformation apparente. et


l'on n'a donc aucune information ni sur l'état de contrainte
interne, ni sur.la profondeur de la fissuration dans l'éprouvet­
te, qui est pourtant, on le verra. systématique [7]

c.- on ne dispose pas encore de modèle physique de diffusion de


l'eau dans le béton. ce qui interdit l'extrapolation à long terme
des mesures de perte en eau ;

d.- on sait que la peau du béton est toujours plus ou moins


fissurée du fait des très forts gradients observés au début du
processus de séchage C8J, mais on n•a pas de loi de comportement
mécanique validée pour l'analyse et l'interprétation des essais.

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6.- LB SBCBAGB ABALYSB BT XODBLISATIOI

Le séchage naturel du béton est un phénomène extrêmement lent


Cl1JC12J, qui s'accompagne, pendant une phase souvent assez
longue, d'importants gradients de teneur en eau au voisinage des
surfaces. Non seulement le phénomène est très lent, mais 11 est de
plus en plus lent au fur et à mesure que sèche le matériau. Cet
effet, connu depuis longtemps, vient d'obtenir une explication
physique très claire. Nous pensons qu'il est opportun de faire
connattre cette explication aux ingénieurs concernés par le
matériau béton.

6.1 Le modèle de DAIAJI' - QUBJIABD


Faisons d'abord un parallèle avec un autre domaine
scientifique, longtemps agité par une question fondamentale
comment la sève monte-t-elle aux arbres '?
Cette question <qui conditionne toute l'approche scientifique
et freine les approches expérimentales de nos collègues> vient de
recevoir une réponse à la suite, semble-t-il, d'une expérience
cruciale C13l. Le mécanisme élémentaire met en jeu les tensions
superficielles qui agissent à la surface des feuilles
l'évaporation, permanente, crée, au niveau des ménisques, un
déséquilibre qui met la sève en mouvement. Ainsi la dimension des
pores des feuilles ou des aiguilles des plus hauts arbres <environ
120 m> permet de tracter l'eau sur une telle hauteur...
La réalité est évidemment beaucoup plus complexe que la
description que j'en donne ici. Mais accepter de donner à ce
mécanisme élémentaire le premier rôle permet d'éclaircir, de
" mettre de 1 • ordre" dans toute une masse de connaissances
empiriques.

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expérimentales de retrait semblent se stabiliser <même en traçant
les courbes en échelle semi-logarithmique!> à un âge auquel le
coeur des ép rouvettes est encore três humide [16] le retrait A
l'infini est donc largement supérieur aux valeurs finales données
par les lois de retrait des règlements, mêmes pour les faibles
épaisseurs ;
b.- différentes observations 2 [2 ] permettent de penser que les
fissures se referment peu ou très difficilement, et de ce fait le
retrait potentiel est supérieur d'autant au retrait final qui
serait obtenu expérimentalement; ceci a été récemment confirmé par
la mise au point d'un essai de traction A fissuration répartie
C23l <figure 5); or on peut penser que cet effet est d'autant plus
marqué que la taille des fissures est importante : dans ce cas,
les valeurs finales du retrait apparent <et, partant, du fluage de
dessiccatio n> dépendent de la taille des pièces ...

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7.- QUBLQUBS DBFIIITIOIS

Contraction te Chatelier, retrait plastique, chimique,


hydraulique, thermique, retrait d r hydratation, de dessiccation,
premier retrait, second retrait, la terminologie relative aux
retrait&,._;et aux fissurations n'est pas, i� faut bien le dire, très
pertinen1e. Répétons donc d'abord que toutes les fissurations sont
produites par des contraintes mécaniques et que, mis à part le cas
des environnements agressifs et des granulats réactifs, ces
contraintes n'ont que quatre origines possibles, qui sont:
l. les sollicitations mécaniques appliquées à la structure, sous
la forme d'effort <poids propre, charges d'exploitation ...) ou de
déplacement imposé <clavage, tassements d'appui ...);
2. les variations de la température, soit parce que la déformation
thermique est empêchée ou gênée par les conditions aux limites de
la structure, soit parce que ces variations s'accompagnent de
gradients importants et donc d'autocontraintes;
3. les échanges d'eau avec le milieu ambiant, qui ont, sur le plan
mécanique, le même genre d'effets que les variations de
température;
4. l'hydratation du matériau, parce que, en l'absence de tout
échange de chaleur et d'humidité avec le milieu ambiant et en
conditions de déformations libres, la prise et le durcis�ement se
font avec un retrait uniforme; sur le plan mécanique, cet effet
est donc analogue à celui d'une diminution uniforme de
température.
Si l'on observe que ce dernier retrait peut être expliqué par
le fait que l'hydratation du ciment <qui se poursuit bien au-delà
de la prise) se traduit par une autodessiccation du matériau <le
volume des hydrates formés ne compense pas le .volume d'eau
consommée), alors le point 4 est inclus dans le précédent. Et de
même que l'hydratation du ciment s'accompagne d'un dégagement de
chaleur, elle s'accompagne aussi d'une diminution de teneur en eau
qui a, les mêmes effets méçaniques qu'un séchage. Les principales
différences entre les effets mécaniques d'origine thermique et
ceux d'origine hydrique résultent des cinétiques très différentes,
on l'a vu, entre les deux p�è�essus de diffusion .
.;
Pour donner une définition précise des retrait�, il faut être
conscient que les retraits ne sont accessibles à la mesure que si
l'on empêche tout é.change de température et d'humidité avec le
milieu ambiant ou si;l'on arrive à maintenir tout le volume dans
le domaine élastique pendant toute la phase transitoire. Le
retrait d'autodessiccation, par exemple, est ainsi directement
mesurable, car les êc�rts de tê mpérature restent acceptables dans
une éprouvette de sectt6n suffisante. Des essais récents, en cours

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ont clairement mo�tré que le CDT· du béton évolue


<du double au simple> dans les 2 ou·3 heures qui suivent la prise,
puis reste constant. Ce résultat est fort intéressant car sur
cette même période, le module est très faible, et les conséquences
de cette non linéarité dans les modèles sont négligeables. Par
contre, le retrait de dessiccation ne peut être obtenu que par une
approche indirecte.
En conclusion, nous proposons les définitions et la
terminologie suivantes
1. 11 y a trois types de .sollicitations· pouvant conduire à la
fissuration du béton : mécanique, thermique et hydrique;
2. dans· les sollicitations th�rmiques et hydriques, il convient de·
distinguer une composante endogène, i.e. liée au comportement du
matériau lui-même <resp. exothermie et autodessiccation>, et une
composante exogène, liée aux conditions aux limites <resp.
température et humidité ambiantes et conditions d'échange>;
3. les sollicitations thermiques exogènes sont communément
appelées <par abus de langage, notons-le) dilatations thermiques;
elles sont traitées au moyen de la notion de,CDT <éventuellement
fonction de la température>; cette notion a un sens pour le béton
dès son jeune âge;
4. par convention, on appellera retrait thermique apparent la
déformation que l'on observe après la prise dans les pièces
massives libres de se déformer; ce retrait n'est ni uniforme ni
isotrope; il dépend de la taille de la pièce; selon les conditions
aux limites <mécaniques> on n'observe qu'une part de ses effets
mécaniques;
5. on peut définir un retrait thermique spl§c1�1que <ou potentiel?>
par la déformation que l'on obtient, après durcissement• en
conditions parfaitement adiabatiques, au cours du re�our 4 la
température initiale <en veillant 4 ce que les ,contraintes
thermiques restent toujours et partout inférieures 4 la résistance
en traction); · ,,.
6. on appellera retrait d•autodessiccation la déformation que l'on
obtient, au cours de la prise et du durcissement, lorsque l'on
empêche tout échange d'humidité avec le milieu ambiant <une
méthode simple e_.t opérationnelle existe : la feuille d'aluminium
autocollante) et que la dimension de l'éprouvette est telle que
les effets thermiques sont· sin�n négligeables, du moins
corrigibles <réversibles>; si les granulats dépassent 25 ou 30 mm,
cela pose un problème;
6. par convention, on appellera retrait hydrique apparen� la
déformation que l'on observe après la prise dans les pièces de
faible épaisseur, libres de se déformer; ce retrait n'est ni
uniforme ni isotrope; il dépend <drastique:ment! > de la taille de
la pièce; selon les conditions aux limites-. <mécaniques> on
n'observe que l'un ou l'autre de ses effets mécaniques;

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7. on ne peut pas, aujourd'hui, détermi.ner de manière précise le


retrait hydrique sp4c1f1que <ou potentiel?>, qui serait défini par
la déformation que l'on obtiendrait, après un durcissement réalisé
sans échange d'humidité avec le milieu ambiant, au cours de la
mise en équilibre avec ce milieu <en veillant à ce que les
contraintes d'origine hydrique restent toujours inférieures à la
résistance en traction>: on sait simplement qu'il est très
largement supérieur aux valeurs couramment admises du retrait
hydrique apparent.

8.- COICLUSIOIS

Les principales conclusions que l'on peut tirer de cette


étude, qui associe une expérimentation <exceptionnelle par la
taille des corps d'épreuve, la panoplie des mesures et la durée
des essais) et une analyse numérique. fine, s'appuyant sur une
description physique très précise, à court et à long terme, des
mouvements d'eau dans le matériau, sont les suivantes :
1. le séchage du béton est un processus très lent qui peut durer,
pour des pièces d'épaisseur 100 cm, plus d'un siêcle, la
profondeur affectée par le séchage est inférieure, au bout de
douze ans, à 20 cm;
2. les �éformations du bloc ne peuvent être expliquées par le
comportement élastique, ni même visco-éla§i.tigue du béton : _11 faut
prendre en compte, quantitativement, la fissuration superficielle
pour l'interprétation complète des résultats expérimentaux;

3. le retrait potentiel du béton <t.e. la déformation théorique


totale d'un élément de volume qui passerait, de manière uniforme,
de son état hydrique initial, après prise, à l'état d'équilibre
hygrométrique) a pu être évaluée, dans le cas présent, à 1750.10-•
: cette valeur est largement supérieure aux v�leurs habituelles de
retrait, qui tiennet}j: compte, implicitement, de la fissuration
superficiel le.,;
4. les modèles numériques utilisés pour l'interprétation des
résultats expérimentaux prése�tés ici <ce qui en constitue, d'une
certaine manière, la validation) peuvent être utilisés pour la
simulation de l'ènsemble des effets mécaniques dus au séchage; ils
constituent aussi un moyen puissant pour déterminer les lois
d'échelle qui caractérisent le retrait <et le fluage)
macroscopique des règlements.

Pour l'ingénieur qui construit avec du béton, en effet, 11


s•·agit avant tout de comprendre le fonctionnement de l'ouvrage,
fonctionnement pour lequel le comportement du matériau con�titue
une part déterminante. Un phênomêne dont on a bien compris le
mécanisme, donc le rôle· des principaux paramètres influents, peut
toujours être traité par l'ingénieur, ne serait-ce que par
comparaison avec des données de référence.

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P. Acker ,.Retraits et flssurations du béton" AFPC.91

Fig.1 : Simulation numérique des contraintes d'origine thermique


dans une enceinte de confinement de réacteur nucléaire en cours de
construction; les zones hachurées sont celles où le critère de
fissuration est atteint au cours de construction; ce calcul ttent
compte du durcissement du matériau et de son comportement
visco-élastique C2l .

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P. Acker "Retraits et fissurations du béton" AFPC.91

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Fig.5 : Courbe eÏfort-déformation obtenue dans un essai uniaxial,


à déformation imposée, dans lequel l'effort est appliqué par
l'intermédiaire de barrettes en aluminium collées sur les faces
latérales de l'éprouvette de mortier C25l. Les cycles de
déchargement font apparattre des déformations irréversibles qui
deviennent considérables lorsque la déformation maximale atteinte
a dépassé 200. 10-'.

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