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COMMUNICATION EFFICACE

SUR LES RISQUES POUR


L’ENVIRONNEMENT ET LA SANTÉ

Rapport stratégique sur les tendances


récentes, les théories et les concepts
COMMUNICATION EFFICACE
SUR LES RISQUES POUR
L’ENVIRONNEMENT ET LA SANTÉ

Rapport stratégique sur les tendances


récentes, les théories et les concepts
Résumé
Ce rapport offre une présentation stratégique de la communication efficace sur les risques pour l’environnement et la
santé dans le monde, tout particulièrement en Europe. Il survole les dernières tendances, les théories et les concepts sur
ce sujet, et recense les principales difficultés et les bonnes pratiques. Les constats dressés par le rapport sont complétés
par trois études de cas : sur la promotion de la qualité de l’air intérieur dans les écoles en Hongrie ; sur la contamination
de l’eau dans la région de la Vénétie en Italie ; et sur l’action sanitaire contre la chaleur en Styrie (Autriche).

Mots clés
RISK COMMUNICATION
ENVIRONMENT
HEALTH

WHO/EURO:2022-4208-43967-63404

© Organisation mondiale de la Santé 2022

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concepts. Copenhagen: WHO Regional Office for Europe; 2021 ».

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Proposition de citation : Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé : rapport stratégique sur les tendances
récentes, les théories et les concepts. Copenhague : Bureau régional de l’OMS pour l’Europe ; 2022. Licence : CC BY-NC-SA 3.0 IGO.

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Conception graphique : Veranika Ardytskaya


Sommaire
SIGLES ET ABRÉVIATIONS........................................................................................................................ iv
REMERCIEMENTS.......................................................................................................................................... v
INTRODUCTION............................................................................................................................................. 1
1. THÉORIES ET CONCEPTS....................................................................................................................... 7
1.1 Théories et concepts de la communication sur les risques pour l’environnement
et la santé................................................................................................................................................ 7
1.2 Difficultés de la communication sur les risques pour
l’environnement et la santé............................................................................................................15
1.3 Bonnes pratiques favorisant une communication efficace sur les risques pour
l’environnement et la santé............................................................................................................17
2. ÉTUDE DE CAS N°1. PROMOUVOIR LA QUALITÉ DE L’AIR INTÉRIEUR
DANS LES ÉCOLES EN HONGRIE......................................................................................................22
2.1 Contexte................................................................................................................................................22
2.2 Campagne de communication sur la qualité de l’air intérieur dans les écoles
primaires...............................................................................................................................................23
2.3 Campagne de communication.....................................................................................................23
2.4 Canaux...................................................................................................................................................26
2.5 Résultats................................................................................................................................................29
2.6 Enseignements...................................................................................................................................30
3. ÉTUDE DE CAS N°2. CONTAMINATION DE L’EAU DANS LA RÉGION DE
LA VÉNÉTIE (ITALIE)...............................................................................................................................33
3.1 Contexte................................................................................................................................................33
3.2 Contamination de l’eau dans la région de la Vénétie...........................................................34
3.3 Méthode de communication........................................................................................................34
3.4 Mesures adoptées après la crise et mesures en cours..........................................................37
3.5 Résultats................................................................................................................................................38
3.6 Enseignements...................................................................................................................................38
4. ÉTUDE DE CAS N°3. ACTION CONTRE LES EFFETS DE LA CHALEUR SUR LA
SANTÉ EN STYRIE (AUTRICHE)..........................................................................................................40
4.1 Contexte................................................................................................................................................40
4.2 Protection contre les effets de la chaleur sur la santé en Autriche..................................41
4.3 Campagne de communication.....................................................................................................42
4.4 Résultats................................................................................................................................................48
4.5 Actions futures....................................................................................................................................48
4.6 Enseignements...................................................................................................................................49
5. CONCLUSIONS.........................................................................................................................................51
RÉFÉRENCES..................................................................................................................................................52
ANNEXE 1. ANALYSE DES DIFFICULTÉS ET DES BONNES PRATIQUES................................60
Sigles et abréviations

ESB Encéphalopathie spongiforme bovine


HERA Programme de recherche sur l’environnement et la santé
MCJ Maladie de Creutzfeldt–Jakob
NPHC Centre national de santé publique (Hongrie)
PFAS Substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées
(code) QR Quick response
ZAMG Zentralanstalt für Meteorologie und Geodynamik
(Institut central de météorologie et de géodynamique, Autriche)

iv
Remerciements

Le Bureau régional de l’OMS pour l’Europe adresse ses remerciements à toutes les
personnes qui ont rendue possible la publication de ce rapport. Les auteurs du présent
rapport sont deux chercheurs indépendants, le docteur Glenn O’Neil et le docteur
Sarah Grosso. Le professeur Martin Bauer, directeur du Master of Science Social and
Public Communication, du Département de science psychologique et comportementale
de la London School of Economics and Political Science, a révisé le rapport et apporté sa
contribution à la partie théorique et conceptuelle. Le docteur Sinaia Netanyahu et le
docteur Julia Nowacki du Bureau régional de l’OMS pour l’Europe, ont participé à la
structure et à l’élaboration stratégique du rapport et des études de cas, et à la révision
de ses versions successives.

Les auteurs sont reconnaissants du soutien apporté par les personnes ayant accordé un
entretien en vue des études de cas et/ou fourni d’importantes informations et ressources,
outre la révision des études de cas (cf. ci-dessous). Les auteurs remercient également James
Creswick et Cristiana Salvi du Bureau régional de l’OMS pour l’Europe, pour la révision
du rapport. Les membres du réseau du programme de recherche sur l’environnement
et la santé (HERA) en Europe ont également eu l’opportunité de réviser la publication et
d’apporter des commentaires.

La présente publication entre dans le cadre du projet HERA, financé par le


programme d’innovation et de recherche Horizon 2020 de la Commission
européenne (accord de subvention n° 825417).

Entretiens et révision des études de cas

Étude de cas n° 1. Promotion de la qualité de l’air intérieur dans les écoles en Hongrie

Dr Tamas Szigeti, chef du projet InAirQ, directeur du laboratoire Hygiène de l’air, Centre
national de la santé publique, Budapest (Hongrie).

Étude de cas révisée par le docteur Szigeti et Veronika Gál, directrice des communications,
Centre national de la santé publique, Budapest (Hongrie).

Étude de cas n° 2. Contamination de l’eau dans la région de la Vénétie en Italie

Dr Gisela Pitter, Directrice médicale, UOC Screening and Health Impact Assessment, Azienda
Zero, région de la Vénétie (Italie).

v
Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé

Étude de cas révisée par le docteur Pitter, Leda E. Nemer, consultante au Bureau européen
de l’OMS pour l’investissement en faveur de la santé et du développement, Venise (Italie),
et par le docteur Francesca Russo, directrice des services de la santé publique et de la
promotion du développement de l’hygiène, région de la Vénétie (Italie).

Étude de cas n° 3. Action sanitaire contre la chaleur en Styrie (Autriche)

Dr Eva Franziska Matthies-Wiesler, chercheuse principale, Helmholz Centre, Munich


(Allemagne)

Christian Pollhammer, fonctionnaire du gouvernement provincial de Styrie,


Département  8  – Santé, soins infirmiers et gestion de la science et des soins, Division
médicale, Graz (Autriche).

Sonja Spiegel, directrice adjointe de la section VII – Systèmes de santé, département 2 –


Prévention des radiations, environnement et santé, ministère fédéral des Affaires sociales,
de la Santé, des Soins et de la Protection du consommateur, Vienne (Autriche).

vi
Introduction

Un environnement sain est essentiel à l’amélioration de la santé et à la protection


de la vie. La riposte à la COVID-19 et à d’autres menaces sanitaires climatiques et
environnementales a produit des recherches, de l’expérience et un savoir considérables
à propos de la communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé.

En guise de contribution à ces efforts, ce rapport offre une présentation stratégique de la


communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé dans le monde,
tout particulièrement en Europe. Le présent rapport décrit les principales théories,
les concepts et les difficultés, de même que les bonnes pratiques inhérentes à une
communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé. Il expose trois
études de cas, qui permettent d’illustrer les pratiques et les difficultés actuelles d’une telle
communication.

Ce rapport a été commandé par le Bureau régional de l’OMS pour l’Europe, dans le cadre
du programme de recherche sur l’environnement et la santé (HERA) en Europe, financé
par une subvention au titre d’Horizon 2020, de la Commission européenne. Le projet
HERA a reçu un financement du programme de recherche et d’innovation Horizon 2020
de l’Union européenne (accord de subvention n° 825417).

Le but de ce projet est de fixer les priorités d’un programme de recherche sur
l’environnement, le climat et la santé dans les pays de l’Union européenne, en adoptant
une approche globale, systémique et inclusive face aux changements climatiques
mondiaux, et en couvrant les principaux aspects de politique et de recherche stratégique.

Définition

La définition par l’OMS de la communication sur les risques est la suivante :

Échange en temps réel d’informations, de conseils et d’opinions entre experts ou


responsables officiels et personnes se trouvant face à une menace (un risque) contre leur
survie, leur santé ou leur bien-être économique ou sociale. Son objectif ultime est que
chaque personne exposée au risque soit capable de prendre des décisions informées
pour atténuer les effets de la menace (le risque), telle qu’une flambée de maladie, et de
prendre des mesures de protection et de prévention (OMS, s.d.).

La communication sur les risques peut faire référence à un vaste ensemble de


questions allant au-delà de la santé publique, notamment des risques et des menaces
technologiques, environnementales, sociétales ou catastrophiques (Glik, 2007 ;

1
Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé

Leiss, 2004). La perception du risque est quant à elle, le jugement subjectif que des
personnes se forment sur les caractéristiques et la gravité d’un risque, tel qu’un
danger potentiel (Gellman & Turner, 2013 ; Sandman, 1989). Le présent rapport traite
de la communication sur les risques pour l’environnement et la santé. Les principaux
aspects de ce type de communication sont les suivants (Gamhewage, 2014 ; Glik,
2007 ; WHO, 2013) :

• La communication sur les risques concernait traditionnellement la diffusion


d’informations au public sur les risques à l’investissement (cargos n’arrivant pas
à leur port de destination, par exemple), les risques ou les menaces pour la santé
(dus à un déversement de pétrole par exemple) ou les flambées de maladie (telles
qu’une épidémie), mais elle a évolué jusqu’à prendre en compte actuellement une
large gamme de risques et de menaces.
• La communication sur les risques pour l’environnement et la santé couvre à la fois
les risques graves, tels que les accidents industriels, et les risques chroniques de
long terme, tels que la pollution atmosphérique. Bien que les mêmes théories et
tactiques de communication s’appliquent, la nature des risques influence la façon
de les aborder.
• Le cœur de la communication sur les risques ne porte plus seulement sur la
diffusion de l’information, mais également sur une meilleure compréhension du
processus de communication menant à des changements de croyances et de
comportements.
• La communication sur les risques n’a pas de frontières et s’avère appropriée et
applicable localement aussi bien que mondialement.
• La communication sur les risques comprend à la fois la communication interne –
avec les agents de santé de première ligne par exemple – et la communication
externe, avec les publics affectés.
• Les grandes tendances mondiales façonnent la communication sur les risques,
accroissant sa visibilité et créant des difficultés significatives (cf. ci-dessous).
• La communication sur les risques pour l’environnement et la santé s’appuie sur
des perspectives interdisciplinaires incluant de nombreux domaines, notamment
la gestion des risques, la gestion des catastrophes, la promotion de la santé, les
études médiatiques, la communication de crise, et sur des champs plus vastes tels
que la psychologie, l’anthropologie, la santé, le droit et la philosophie.

Bien que communication sur les risques et communication de crise soient souvent
utilisés de façon synonyme, les deux termes comportent des différences fondamentales.
La communication de crise implique souvent de communiquer sur les risques, mais
elle est en grande partie centrée sur le maintien ou la restauration de la réputation
d’organisations touchées par des crises (Coombs & Holladay, 2011 ; Heath & O’Hair, 2010).

2
Introduction

Par ailleurs, la  communication sur les risques exécutée en situation de crise comporte
un fort élément de préparation (Glik, 2007). La communication sur les risques peut être
également appliquée à des risques chroniques et aigus pour la santé. Toutefois, les liens
entre communications sur les risques et de crise sont puissants : un risque qui n’est pas
géré correctement peut mener à une situation de crise (Coombs & Holladay, 2011), et la
communication sur les risques pendant des crises telles que les situations d’urgence de
santé publique est un centre d’intérêt fondamental (OMS, 2017a).

Grandes tendances

Un certain nombre de mutations et de changements majeurs (de « grandes tendances »)


se sont produits au cours des décennies récentes et ont influencé la communication sur
les risques pour l’environnement et la santé.

Des risques de plus en plus complexes, mondiaux et incertains

Bien que d’énormes progrès aient été réalisés en matière de santé de la population
mondiale au cours du siècle dernier, les menaces et les risques environnementaux pour la
santé publique se sont multipliés, et sont devenus plus complexes, incertains et mondiaux
par nature (Martuzzi & Tickner, 2004 ; WHO, 2020b). Alors que la pandémie de COVID-19
a été la crise dominante de la période 2020-2021, des risques chroniques de plus long
terme, tels que la pollution de l’air, les agents chimiques nocifs, les déchets et les sites
contaminés continuent de menacer la santé et le bien-être des citoyens européens, en
particulier les plus vulnérables (Jakab, 2017 ; WHO, 2020b). Tandis que les risques pour
la santé publique liés à l’environnement persistent – tels que l’eau non potable et un
assainissement déficient –, de nouveaux risques émergent rapidement ; la gestion des
déchets électroniques et les dangers des microplastiques en sont de récents exemples
(WHO, 2020a). Les conséquences du changement climatique sur la santé sont de plus
en plus largement reconnues, tout comme les divers risques constatés dans les zones
côtières, rurales et urbaines de l’Europe (WHO, 2018b).

Recul de la confiance dans les experts et les autorités

Dans le monde entier, les sondages montrent un recul de la confiance du public dans les
gouvernements, les entreprises, les médias et les organisations non gouvernementales
(ONG) ; le crédit accordé à ces institutions et à leurs systèmes a diminué (Edelman, 2021 ;
Hosking, 2019). Bien que la confiance dans les professionnels de santé individuellement,
soit traditionnellement élevée (Brownlie, 2008), des responsables politiques ont pendant
la pandémie de COVID-19, publiquement mis en cause la véracité des mises en garde
des experts en santé publique (Cairney & Wellstead, 2021). Le recul de la confiance
dans les autorités et les responsables politiques est également lié aux incohérences des
comportements de ces derniers dans la riposte aux menaces et aux risques. Un exemple

3
Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé

de cela a été constaté au Royaume-Uni, où le manquement aux règles de confinement


imposées en raison de la COVID-19 aurait affaibli les messages de santé publique et la
confiance du public dans les réponses gouvernementales (Fancourt, Steptoe & Wright,
2020). Toutefois, les preuves du « recul de la confiance » ne sont pas homogènes, et le
risque existe d’une culture du « syndrome du déclin », qui le nourrirait : il est prouvé
que certaines institutions, mais pas toutes, perdent leur bastion de confiance dans la
société (certaines tendances sectorielles existent également, comme c’est le cas pour les
médecins aux États-Unis depuis les années 1970). La confiance peut être perdue pendant
une crise, puis revenir, comme cela a été le cas avec les spécialistes du climat pendant le
« climategate » de 2009 – Bauer, Pansegrau et Shukla (2019) considèrent que le pouvoir
des données scientifiques obéit au modèle du « saut à l’élastique ». Dans certains pays –
par exemple, au Royaume-Uni et aux États-Unis –, la confiance globale dans la science est
demeurée stable, voire a augmenté pendant la pandémie de COVID-19 ; elle n’a décliné que
dans certains groupes, tels que ceux des personnes politiquement à droite (Bauer, 2018 ;
Bauer, Pansegrau & Shukla, 2019). Au niveau mondial, la confiance dans les scientifiques
demeure élevée (73 % d’après un sondage mondial début 2021, en baisse cependant par
rapport aux 80 % de 2020) ; un examen des sondages mondiaux portant sur la COVID-19
et la confiance a conclu que « les scientifiques et les experts médicaux bénéficiaient d’une
montée du soutien public » (Jensen, Kennedy & Greenwood, 2021). Quant à la confiance
dans les responsables gouvernementaux, elle a été durablement faible – s’établissant à
41 %, en recul par rapport aux 43 % de 2020 (Edelman, 2021).

Passage d’une communication unilatérale à une communication bilatérale, voire


multidirectionnelle

La communication entre des organisations et des publics n’est plus envisagée


comme un processus unilatéral, dans lequel les organisations et leurs responsables
officiels s’expriment, tandis que les publics écoutent et font ce qu’on leur dit. Qu’il
s’agisse d’entreprises, d’institutions gouvernementales ou d’ONG, les organisations
reconnaissent de plus en plus la valeur et la nécessité du dialogue avec les publics, au
moyen d’interactions, d’engagements, d’écoute et de relations (Macnamara, 2016). En
outre, la communication bilatérale et multidirectionnelle s’est montrée plus efficace
que la communication unilatérale. En matière de communication sur les risques, il a
été prouvé qu’une meilleure connaissance des positions des publics et l’écoute de leurs
préoccupations rendaient ces derniers plus ouverts au dialogue et au changement
(Renn, 2010 ; van Zwanenberg  & Millstone, 2006). Les trois études de cas examinées
aux fins de cette recherche (cf. chapitres 2 à 4 plus bas) révèlent toutes l’usage d’une
communication multidirectionnelle et soulignent l’importance du dialogue avec les
publics concernés.

Perte d’influence des médias traditionnels et fragmentation des canaux médiatiques

Les médias traditionnels, tels que la radio, la télévision et les journaux d’information,
jouaient un rôle important d’« intermédiaires » et d’« élaboration de l’agenda » auprès des

4
Introduction

publics, sélectionnant et filtrant effectivement ce qu’ils considéraient comme importants


et appropriés pour leurs publics, et soutenant les questions politiques, sociales ou
économiques qu’ils voyaient comme vitales. Pourtant au cours des décennies récentes, ce
rôle influent des médias traditionnels a diminué à mesure que les canaux médiatiques se
fragmentaient et se multipliaient ; les personnes reçoivent de plus en plus de nouvelles
et d’informations de sources multiples, en provenance notablement, des réseaux sociaux.
Aux États-Unis en 2020, un peu plus de la moitié (55 %) de la population compte « parfois »
ou « souvent » sur les réseaux sociaux pour ce qui concerne les nouvelles, un chiffre qui
était même un peu supérieur chez les moins de 30 ans (Infield, 2020). Une étude datée
de 2017 établissait que 42 % des Européens consultaient les réseaux sociaux chaque jour
et que ce chiffre augmentait chaque année de 4 % ; le même usage accru était constaté
chez les jeunes aux États-Unis (Eurobaromètre, 2018 ; Infield, 2020). Les réseaux sociaux
peuvent également créer un effet de « chambre d’écho », dans laquelle les personnes
consomment des nouvelles conformes à leurs croyances politiques, sont rarement
contestées et partagent des nouvelles et des opinions avec des personnes de même
sensibilité uniquement (Malecki, Keating & Safdar, 2021). Bien que les personnes comptent
sur les réseaux sociaux pour l’apport de nouvelles, ces réseaux sont invariablement la
source la moins investie de confiance depuis 2016 ; l’utilisation des moteurs de recherche
est la première source de confiance, devant les médias traditionnels (Edelman, 2021).

La montée des fausses nouvelles, de la « malinformation » et de l’« infodémie »

Aujourd’hui, la « mésinformation » (diffusion non intentionnelle de fausses informations)


s’est transformée en « désinformation » (diffusion délibérée d’informations trompeuses),
puis en quelque chose de plus sinistre, la « malinformation » (informations vraies
réarrangées et diffusées pour nuire) (Baines & Elliott, 2020). Ce virage a été exacerbé par
la pandémie de COVID-19 et « l’infodémie » – diffusion rapide d’une quantité excessive
d’informations, vraies comme fausses – qu’elle a engendrée. De tels événements avaient
été observés précédemment pendant la crise due à la flambée d’encéphalopathie
spongiforme bovine (ou ESB) / maladie de Creutzfeldt-Jakob (ou MCJ), communément
connue sous le nom de maladie de la « vache folle », dans les années 1980 et 1990 (Dora,
2006). Au début de 2020, il a été constaté que la quantité d’informations peu crédibles
sur la COVID-19 ayant été diffusées sur la plateforme du réseau social Twitter égalait
la quantité d’informations provenant de sources plus crédibles telles que les médias
traditionnels et les centres de lutte contre les maladies (Buchanan, 2020). Les « fausses
nouvelles » et la croyance dans les mensonges ou les allégations fallacieuses à propos
de sujets tels que les vaccins et le changement climatique étaient déjà des motifs de
préoccupation avant la COVID-19. Il a été montré que ce qui est en question n’est pas
que les personnes soient mal informées ou ignorantes de faits scientifiques de base ;
mais plutôt que cela reflète leurs croyances et idéologie plus profondes (Scheufele &
Krause, 2019). Même lorsque les propos erronés sont corrigés directement chez les
personnes qui les tiennent, ces personnes ne changent pas nécessairement d’opinions ;

5
Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé

elles vont plus probablement s’auto-justifier et même renforcer leurs opinions initiales
(Krause et al., 2020 ; Uscinski et al., 2020). Toutefois, être mal informé et professer ce
type d’opinions est une chose ; les diffuser en est une autre : des études ont montré
que les fausses nouvelles se répandaient plus vite que les informations vérifiées et – de
façon inquiétante –, jusqu’à 100 fois plus largement (Vosoughi, Roy  & Aral, 2018). La
confiance dans toutes les sources d’information – médias traditionnels, réseaux sociaux
et médias contrôlés (c’est-à-dire les sites Web d’entités officielles) – a reculé au niveau
mondial entre 2020 et 2021, chute considérée comme étant le résultat de l’infodémie
de COVID-19 (Edelman, 2021).

L’importance de la communication sur les risques, soulignée par la COVID-19

La pandémie de COVID-19 a accéléré et cristallisé un grand nombre des tendances


susmentionnées : la nature mondiale et incertaine de la menace, le manque de confiance
dans les experts de la santé et dans les faits sanitaires de la part de certains publics, et
la diffusion rapide d’informations erronées. La COVID-19 a illustré encore davantage
l’importance d’une communication efficace sur les risques. Les études réalisées à ce
jour sur la manière dont les personnes perçoivent les risques de la COVID-19 montrent
l’importance des facteurs sociaux, culturels et de ceux liés à l’expérience dans la motivation
des comportements de prévention en matière de santé (Abrams & Greenhawt, 2020  ;
Dryhurst et al., 2020). Les perceptions se sont révélées encore davantage polarisées lorsque
la réticence à adopter des comportements de prévention tels que le port du masque s’est
trouvée renforcée par la foi dans les théories conspirationnistes et la confiance dans les
médias conservateurs (Romer & Jamieson, 2020). Ce n’est pas seulement un phénomène
« occidental » : une étude conduite en Afrique subsaharienne a montré que la croyance
dans des informations erronées au sujet de la COVID-19 (telles que l’allégation selon
laquelle la COVID-19 a été conçue pour réduire la population mondiale) était associée
avec la non-application de mesures sanitaires (Osuagwu et al., 2021). Comme le démontre
l’étude de cas n°3 sur l’action contre les effets de la chaleur sur la santé (cf. chapitre 4 ci-
dessous), la COVID-19 a dominé les voies de communication et potentiellement réduit
l’attention accordée par les publics aux autres risques pour l’environnement et la santé,
tels que les vagues de chaleur.

Ces grandes tendances ont des conséquences claires et concrètes sur la mise en œuvre
d’une communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé, comme
cela est discuté ci-dessous.

6
1. Théories et concepts

1.1 Théories et concepts de la communication sur les risques pour


l’environnement et la santé

Les théories de la communication sur les risques pour l’environnement et la santé


s’appuient sur un certain nombre de disciplines, comme mentionné plus haut, et sur
une combinaison de littérature et d’orientations spécialisées, associées aux pratiques
constatées dans les institutions et chez les acteurs de la santé. Il n’est donc pas
surprenant qu’il existe des théories et des approches concurrentes de la communication
sur les risques pour l’environnement et la santé (Covello, Slovic & von Winterfeldt, 1986 ;
van  Zwanenberg & Millstone, 2006). Il existe toutefois un consensus général sur la
pertinence et l’importance de certains concepts pour ce type de communication,
comme souligné dans ce chapitre.

À un haut niveau, la communication sur les risques pour l’environnement et la santé


peut être conceptualisée à l’aide des éléments du modèle de communication classique
(Covello, Slovic & von Winterfeldt, 1986 ; Berry, 2007). Bien qu’il faille reconnaître les
limites du modèle classique – qui est très simplifié et en grande partie unilatéral –, celui-
ci offre un panorama des points communs et des particularités de la communication sur
les risques, comparée à la communication en général (cf. Tableau 1).

Tableau 1. Particularités de la communication sur les risques par rapport au modèle de


communication classique1

Élément Particularités de la communication sur les risques pour


l’environnement et la santé
• Multiples sources scientifiques/sanitaires
• Désaccords entre experts
• Sources pseudo-scientifiques et/ou non crédibles
• Manque de confiance dans les sources
Expéditeur
• Intérêts différents
(source)
• Les publics pouvant être sources (par exemple, en situation de
catastrophe)
• Complexité ou nature extrêmement technique des messages
• Incertitude du contenu du message
Message • Messages concurrents sur les thèmes de l’environnement et de
la santé
1
  Modèle adapté de Covello, Slovic & von Winterfeldt (1986) et de Berry (2007), fondé sur le modèle de
1947 de Shannon–Weaver, avec addition par les auteurs actuels du « Contexte » et de la « Rétroaction »
(ces éléments figurent dans de nombreux modèles ultérieurs).

7
Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé

Tableau 1 (suite)

• Récits sélectifs ou tendancieux


• Réseaux sociaux mettant plus en valeur les fausses informations
que les informations vérifiées
Canal
• Attention particulière aux aspects sensationnels
• Bruit interne considérable inhérent aux situations de crise, qui
affectent la capacité à envoyer/recevoir des informations
• Écrasante quantité d’informations disponibles
• Bruit externe considérable (informations fausses et mensongères,
Bruit
notamment des théories conspirationnistes), inhérent à
l’infodémie, qui distrait les récepteurs des informations vérifiées
• Publics captifs et non captifs
• Mauvaise compréhension/interprétation des informations
Récepteur • Perception inexacte des risques
• Rôle clé des facteurs sociaux, politiques, culturels et liés à
l’expérience
• Nécessaire adaptation locale en dépit des phénomènes mondiaux
Contexte • Rôle des conditions, structure et systèmes en place
• Présence de risque(s) aigu(s) et/ou chronique(s)
• Compréhension des croyances/perceptions des risques par les
publics
• Écoute et suivi sociaux pour faciliter la compréhension
Rétroaction
• Mettre en place des canaux pour recevoir les réactions du public

Les quatre types d’effets (ou objectifs) visés par la communication sur les risques peuvent
être résumés en quatre catégories générales (Covello, Slovic & von Winterfeldt, 1986 ;
Gamhewage, 2014 ; Renn, 2010).

La fonction d’explication : développer une compréhension des


risques, des évaluations des risques, des menaces et des dangers,
en rassurant et dans l’idéal, en tenant compte des perceptions
dominantes du risque par les publics ;

La fonction de changement de comportements : encourager


l’adoption de comportements réduisant les risques par les
personnes, et réduire ou éliminer le risque pour leur vie, leur santé,
et celle des autres ;

La fonction de construction de la confiance : promouvoir la


crédibilité des institutions en charge des risques ;

8
Théories et concepts

La fonction de participation : impliquer les publics dans la


planification de la décision en matière de gestion des risques ;
permettre le dialogue, comprendre et améliorer les relations.

En vue d’obtenir les effets voulus, deux questions essentielles sont considérées de
l’avis général comme des points importants de la communication sur les risques pour
l’environnement et la santé : le risque et la confiance.

1.1.1 Perceptions du risque


La notion du risque existe à la fois dans l’évaluation des experts – c’est-à-dire dans les
perceptions des experts – et dans les perceptions du public. L’un des points cruciaux dans
la question du risque consiste à savoir comment les perceptions diffèrent chez les experts
et dans le public. Le public pensant (et les responsables politiques et les décideurs) sont
influencés non seulement par les faits scientifiques, mais par d’autres facteurs et contraintes
différentes, qui peuvent être groupés comme suit (Dryhurst et al., 2020 ; Gamhewage, 2014 ;
WHO, 2013) :

• facteurs et contraintes cognitifs : connaissances et compréhension de la situation à


risque et compétences à la prendre en charge ;
• facteurs et contraintes liés aux émotions et à l’expérience : expérience personnelle
directe et celle des amis et de la famille ; et
• contraintes socioculturelles : influences et valeurs sociales, religieuses et culturelles
donnant la priorité à certains dangers plutôt qu’à d’autres – le choix d’accorder une
attention particulière à certains dangers et d’en ignorer d’autres est influencé par
le sexe, l’éducation, les croyances économiques et politiques, l’idéologie et la classe
sociale.

Sandman (1989) soutient que la perception du risque est un jugement subjectif formé de
deux éléments : le danger et l’indignation. Plus le sentiment d’indignation est élevé, plus
l’intensité avec laquelle les personnes percevront le risque sera forte (pouvant même
prévaloir sur le danger réel). Même un danger insignifiant peut être perçu comme étant
à haut risque lorsque l’indignation est forte (Gilk, 2007 ; WHO, 2013). Les perceptions du
risque et des avantages sont fortement influencées par le contenu du message, qui a peu
à voir avec les faits. Dans le cas d’un danger inconnu et émergent tel que la pandémie
de COVID-19, l’indignation accompagnée d’une réaction émotionnelle commandera
davantage la perception que les faits scientifiques (Malecki, Keating & Safdar, 2021). Comme
le montre l’étude de cas n°1 sur la lutte contre la pollution de l’air intérieur dans les écoles
en Hongrie (cf. chapitre 2 plus bas), lorsque la perception du risque est faible, la pression
exercée par le public sur les responsables politiques pour qu’ils agissent contre ces risques

9
Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé

est également inférieure. Un ensemble de facteurs pouvant déclencher l’indignation a été


identifié (Gamhewage, 2014 ; Gilk, 2007 ; Sandman, 1989) ; ceux-ci comprennent :

• la méconnaissance ou la nouveauté d’un danger ;


• la nature involontaire du problème ;
• un danger affectant les générations futures ;
• la nature artificielle (industrielle) du risque ;
• un danger qui ne peut être vu ni pressenti ;
• les tentatives d’étouffement de l’affaire ou le silence ;
• des résultats potentiellement mortels et/ou catastrophiques ;
• les tentatives de persuasion des publics au sujet de l’affaire ;
• la survenue d’accidents ;
• deux vérités simultanées à propos de l’affaire ;
• le désaccord entre experts ;
• des conflits d’intérêt ;
• des types de comportement contradictoires ; et
• la répartition inéquitable du risque.

À un même instant, la perception du risque et l’indignation varient fortement d’une


personne à une autre. La lutte contre la pandémie de COVID-19 a nettement montré
l’influence des croyances, des conceptions du monde et de l’idéologie sur le risque perçu.
Cela n’est pas nouveau : une corrélation forte avait été trouvée précédemment entre les
valeurs culturelles et les risques perçus des déchets nucléaires et du changement climatique
(Balog-Way, McComas & Besley, 2020). Les personnes tendent à percevoir les risques
comme étant plus menaçants si leurs autres croyances contiennent des connotations
négatives, et comme moins menaçants si celles-ci contiennent des connotations positives
(Renn, 2010). C’est pourquoi la compréhension des perceptions du risque par les publics
dans le but de concevoir des messages plus efficaces est une préoccupation constante en
communication sur les risques ; c’est également l’une des raisons principales de l’intérêt
pour le développement du dialogue et des relations avec les publics (Glik, 2007 ; WHO,
2013).

1.1.2 Gagner et maintenir la confiance


Une communication sur les risques efficace implique bien davantage qu’une bonne
appréhension des chiffres (Fischhoff, 1995) ; le risque comprend les expériences des
personnes, les valeurs et la confiance dans les institutions (Dryhurst et al., 2020). La perte
de confiance dans les autorités et les experts, telle qu’elle est décrite plus haut, est une

10
Théories et concepts

préoccupation majeure de la communication sur les risques. La confiance dans les autorités
sanitaires par exemple, peut compenser une perception négative du risque, tandis qu’un
manque de confiance peut s’ajouter à la négativité des perceptions (Renn, 2010). Les
problèmes causés par la perte de confiance sont aggravés en situation de crise car lorsque
des personnes sont angoissées, elles deviennent souvent méfiantes et moins susceptibles
d’accepter la validité des messages de communication (Glik, 2007). L’expérience de la
COVID-19 a également démontré l’inverse, lorsque la confiance des personnes dans les
scientifiques et les agents de santé a augmenté (Jensen, Kennedy & Greenwood, 2021).
En outre, lorsque les personnes ont peu de connaissances sur un risque, et seulement
une expérience indirecte, la confiance dans les autorités et les experts est encore plus
importante, quoiqu’il existe des rôles variés pour ce que l’on nomme les « élites », tels
que les responsables politiques, les personnalités médiatiques et les célébrités (Siegrist &
Cvetkovich, 2000 ; Uscinski et al., 2020). Lorsque les personnes ont confiance dans les
autorités – si elles sont convaincues que les autorités « s’occupent » d’elles –, elles peuvent
également avoir une perception moindre du risque et moins s’intéresser à le connaître.

La confiance comprend de multiples facettes, qui peuvent être décrites à travers six
composantes (Renn, 2010 ; Renn & Levine, 1991) (cf. Figure 1).

Figure 1. Les 6 composantes de la confiance

Équité Cohérence

Objectivité Sincérité

Bonne
Compétence
perçue Confiance foi – « bonne
volonté »

Gagner la confiance n’implique pas nécessairement pour les autorités de remplir toutes
les composantes, mais des incohérences persistantes peuvent mener à la méfiance ; si
les publics ne font pas confiance aux autorités, ils ne feront pas confiance au message
(van Zwanenberg & Millstone, 2006). Paradoxalement, la méfiance peut également avoir
des effets positifs pour la communication sur les risques, dans certains situations ; par
exemple, une moindre confiance dans le gouvernement de la part de certains citoyens
pendant la pandémie de COVID-19 a été un facteur de motivation du respect des
distances sociales et du port du masque, car certains responsables politiques conseillaient

11
Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé

le contraire (Cairney & Wellstead, 2021). Des études montrent que la création et le gain de
la confiance sont des tâches complexes, que la diffusion d’informations et l’empathie avec
les publics ne pourront mener à bien seules ; l’écoute, des réactions systématiques et le
dialogue sont nécessaires (Glik, 2007 ; Macnamara, 2016 ; Renn, 2010).

Les prédispositions des publics sont liées aux concepts de risque et de confiance. Comme
l’a illustrée la pandémie de COVID-19, les prédispositions des personnes, telles que leurs
croyances et leurs opinions se sont révélées prédictives de leurs attitudes et de leurs
comportements vis-à-vis des mesures sanitaires de prévention de la COVID-19 (Dryhurst
et al., 2020 ; Green et al., 2020 ; Romer & Jamieson, 2020). Il est de plus en plus admis que
l’éducation du public par des informations scientifiquement valides n’aura qu’un succès
limité si elle ne tient pas compte de leurs prédispositions, au coté de leurs perceptions
du risque et de leur confiance (Ho et al., 2019). Les faits scientifiques dénués d’émotions
seront concurrencés par des histoires chargées en émotions, qui accompagnent
l’indignation et attirent l’attention, comme cela a été constaté pendant la pandémie
de COVID-19 (Krause et al., 2020). Lors du traitement d’informations scientifiques (ou
erronées), les personnes comptent souvent sur des approches « heuristiques » – des
raccourcis mentaux permettant de rendre plus digestes des informations complexes –,
ce qui ne mène pas toujours aux croyances, et comportements conséquents, les plus
rationnels ou les meilleurs, en raison de l’influence potentielle des prédispositions et des
arguments émotionnellement chargés (Krause et al., 2020).

1.1.3 Communiquer la complexité et l’incertitude


La communication sur les risques pour l’environnement et la santé amène souvent à
avoir affaire aux concepts de complexité et d’incertitude, en particulier dans les situations
d’urgence. L’une des préoccupations initiales de la communication sur les risques était
le sentiment de devoir expliquer des sujets scientifiques complexes à des publics pour
contrecarrer leur incompréhension, leur manque de savoir scientifique ou leur pure
ignorance (Glik, 2007 ; van Zwanenberg & Millstone, 2006). Mais le « modèle du déficit de
connaissance », dans lequel le public, considéré comme un tout, peine pour comprendre
des faits scientifiques, a été largement discrédité (Krause et al., 2020). En outre, des études
conduites au Royaume-Uni montrent qu’en réalité, la connaissance des faits scientifiques
par le public augmente (Bauer, 2018). Un sondage réalisé au niveau mondial début 2021 a
montré que le désir du public d’« accroître (sa) culture scientifique » a augmenté de 43 %
entre 2020 et 2021 (Edelman, 2021).

L’obligation d’expliquer des sujets scientifiques complexes a été remplacée par la nécessité
de mieux connaître ce que les publics savent déjà, où sont leurs lacunes de connaissances
et comment le risque communiqué trouve sa place parmi leurs prédispositions, leurs
perceptions du risque existant et leur niveau de confiance (Abrams & Greenhawt, 2020 ;
Renn, 2010). En Europe par exemple, le niveau de connaissance du changement climatique

12
Théories et concepts

est élevé, mais celui de ses conséquences sur la santé s’avère inférieur (WHO, 2018). Les
publics en Europe sous-estiment systématiquement les risques dus à la chaleur et les
personnes les plus vulnérables (telles que les personnes âgées) ont une perception du
risque encore inférieure (WHO, 2021b) (cf. également le chapitre 4, plus bas, qui présente
l’étude de cas n°3 sur l’action contre les effets de la chaleur sur la santé en Styrie, Autriche).
La communication de l’incertitude scientifique est également un motif de préoccupation
en communication sur les risques ; elle s’appuie sur deux suppositions : 1) les messages
devraient être fondés seulement sur les conclusions scientifiques finales et définitives ; et
2) les publics ne savent pas faire face aux désaccords entre experts. Ces deux suppositions
ont été remises en question. Premièrement, les publics doivent être impliqués et engagés
même lorsque les constats scientifiques émergent ; et deuxièmement, ils adoptent des
approches cohérentes pour comprendre les désaccords et les divergences entre experts.
La transparence au sujet de l’incertitude scientifique ne porte pas nécessairement atteinte
à la confiance du public ou à l’entité qui communique (Dieckmann et al., 2017 ; Dora,
2006 ; van der Bles et al., 2020).

La nécessité d’une communication participative, bilatérale ou multidirectionnelle a été


soulignée dans la littérature et la pratique, comme il a été décrit plus haut. Il a été prouvé
que la participation des publics et des acteurs à l’évaluation et à la gestion des risques
améliorait la qualité de la prise de décision et réduisait les affrontements entre les publics
et les autorités (Renn, 2010). Même le type de communication le plus directif, tel que
l’encouragement à des changements personnels de comportements (par exemple, « portez
un masque ») peut bénéficier de l’implication du public, de l’interaction et d’échanges
directs (Covello, Slovic & von Winterfeldt, 1986). Les organisations impliquées dans la
gestion du risque doivent également être capables d’intégrer le dialogue et la rétroaction
avec les publics et les acteurs dans leurs procédures, et de gérer avec soin leur calendrier,
en tenant compte de ce qui est faisable en situation de crises (Renn, 2010). Toutefois, il
a également été démontré que la communication bilatérale ou multidirectionnelle sur
les risques était principalement extractive, les publics étant des participants passifs dans
la fourniture d’informations aux chercheurs, plutôt qu’activement engagés (Dowler et
al., 2006). La communication sur les risques n’est pas la seule concernée ; tous les types
d’organisations – privées, sans but lucratif ou publiques – manquent de ressources, de
capacités et de compétences pour entamer le dialogue avec les publics et les écouter
véritablement (Macnamara, 2016). La riposte à la COVID-19 a montré l’importance de
la lutte contre l’infodémie au moyen du suivi, de l’écoute sociale et de l’intégration des
réactions des publics dans les réponses en termes de communication (OMS, 2021e).

La communication sur les risques est également pertinente pour les résultats de la
recherche en santé, leur acceptation par le public et leur éventuelle adoption par les
responsables politiques (cf. Encadré 1).

13
Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé

Encadré 1. Résultats de recherche et communication sur les risques pour l’environnement


et la santé

La communication sur les risques pour l’environnement et la santé a des


conséquences sur la diffusion et l’utilisation des résultats de la recherche en santé.
Lors de la conception de la recherche, il est nécessaire d’admettre les différences de
perception des risques et menaces par les experts et le public (van Zwanenberg &
Millstone, 2006). Les chercheurs devraient entrer en contact avec les responsables
politiques et les publics au cours de la recherche elle-même et ne pas attendre
que les résultats de leur recherche aient été obtenus. Ils ont également besoin
d’aptitude à gérer l’incertitude de leurs résultats, en étant conscient que cela ne
remet pas en cause la confiance que le public place en eux, comme on le suppose
souvent (van der Bles et al., 2020). C’est au travers de l’action et du dialogue que
les conclusions seront mieux acceptées et que les chercheurs parviendront à
comprendre le contexte dans lequel leur recherche sera utilisée et les questions
relatives à la perception du risque (Balog-Way, McComas & Besley, 2020 ; Dora,
2006 ; van Zwanenberg & Millstone, 2006). Comme le montre l’étude de cas
n°1 sur la lutte contre la pollution de l’air intérieur dans les écoles en Hongrie
(cf.  chapitre  2 ci-dessous), la réalisation de recherches dans les écoles était
également un moyen de faire participer et d’impliquer les publics principaux (tels
que les enseignants) dans la recherche. Il importe également d’avoir conscience
que les conclusions scientifiques seules ne seront pas suffisantes pour influencer
les responsables politiques et le public – et que les dimensions sociales, culturelles,
politiques et économiques doivent être aussi être prises en considération. Le
chercheur doit anticiper le passage du milieu de la recherche, où les conclusions
sont validées scientifiquement (et donc valorisées), au milieu concurrentiel de la
communication, où elles sont en concurrence avec des messages non scientifiques,
provenant de groupes d’intérêt ou d’acteurs politiques, qui ne sont pas validés
scientifiquement, mais sont également consommés et potentiellement valorisés
par le public (Scheufele & Krause, 2019). Les chercheurs auront à réfléchir au-
delà de la communication de faits scientifiques et réfléchir à leurs objectifs – par
exemple, promouvoir la véracité, susciter un changement de comportement, etc.
(Balog-Way, McComas & Besley, 2020).

La confiance n’est pas seulement une affaire concernant les autorités et le public,
comme il est décrit plus haut ; il s’agit également de confiance entre les autorités et
les scientifiques et chercheurs – un point qui s’est avéré crucial dans la riposte à la
pandémie de COVID-19, en particulier en Amérique du Nord et en Europe (Cairney &
Wellstead, 2021). Une situation contrastée a été constatée au Royaume-Uni et aux
États-Unis, du point de vue de la confiance placée par les autorités dans les experts

14
Théories et concepts

Encadré 1. (suite)

de la COVID-19 et leurs recherches. Au Royaume-Uni, les autorités ont pour la plupart


adhéré aux conseils apportés par leurs experts, même si leurs groupes d’experts ont
été critiqués pour leur fonctionnement en vase clos qui écartait les conseils d’experts
extérieurs. Aux États-Unis, les chercheurs ont observé une faible confiance dans les
conseils apportés par les experts au niveau fédéral, ce qui générait une approche
incohérente au niveau des États (Cairney & Wellstead, 2021). Dans un certain sens,
les chercheurs ont également un rôle à jouer en ce qui concerne l’important fossé
qui sépare l’étude universitaire de la communication sur les risques, de sa pratique
réelle par les autorités (Balog-Way, McComas & Besley, 2020). Si nécessaire – comme
dans le cas du changement climatique par exemple –, les chercheurs peuvent
également aider en traduisant le langage et les calendriers appropriés au domaine
de la recherche scientifique afin qu’ils deviennent pertinents pour les responsables
politiques (WHO, 2018b).

Enfin, l’utilisation des résultats de recherche dépend des dispositifs institutionnels


en place pour assurer la tenue du dialogue (Dowler et al., 2006 ; Renn, 2010). Cela
implique l’intégration du dialogue et de la rétroaction entre les organismes de
recherche et les responsables politiques, de même qu’avec les publics.

1.2 Difficultés de la communication sur les risques pour


l’environnement et la santé

La description des grandes tendances et des théories et concepts associés à la


communication sur les risques pour l’environnement et la santé a mis en lumière quelques
grandes difficultés. En guise de prolongement, un examen de 25 articles, études et
rapports a été pratiqué pour déterminer les difficultés courantes et les bonnes pratiques
de ce type de communication ; les résultats de cet examen se trouvent dans l’Annexe 1.
Le choix de ces sources n’est pas exhaustif ; il s’appuie sur leur pertinence par rapport au
sujet et se limite aux sources publiées après 2000. À cet égard, 13 des 25 études traitaient
de la COVID-19, tandis que les autres abordaient la communication sur les risques en
général, ou bien certaines menaces ou risques spécifiques – par exemple, l’éradication de
la poliomyélite en Asie du Sud-Est et la crise de la « vache folle » (ESB/MCJ) en Europe dans
les années 1980 et 1990.

Dans toutes les études, les difficultés et les bonnes pratiques ne reflétaient pas
essentiellement les opinions de leurs auteurs, mais émanaient de leur propre expérience
directe en tant que professionnels de santé et/ou spécialistes de la communication,

15
Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé

s’appuyant sur des recherches primaires telles que des sondages du public, des groupes
de discussion et des analyses de contenu médiatique, et/ou des études empiriques.

Sur la base de cette analyse, six difficultés de la communication sur les risques pour
l’environnement et la santé ont été dégagées ; elles sont présentées ici par ordre de
consensus dans les sources.

Difficultés à combler l’écart entre les perceptions du risque chez les experts
et dans le public
Cette difficulté a concerné essentiellement les experts en science et en santé, en
particulier leur capacité à accepter et à prendre en considération ce qui peut leur
sembler des perceptions « irrationnelles » du risque de la part du public et à adapter
ensuite leur communication et leurs messages. Leiss (2004) faisait ainsi le commentaire
suivant (p. 402) : « Il existe un fossé permanent et fondamental entre d’une part, la
façon dont les experts de l’évaluation des risques présentent les informations sur les
risques, et d’autre part, la façon dont la plupart des membres du public pensent les
questions liées au risque. Et ce fossé n’est pas en train de se combler. »

Gérer l’incertitude et les faits scientifiques changeants


La communication sur les risques pour l’environnement et la santé doit de longue
date gérer l’incertitude et les faits scientifiques changeants. Cela s’est accentué
avec la pandémie de COVID-19, dans laquelle l’incertitude et les faits scientifiques
changeants ont obligé à adapter les messages et en conséquence, les conseils
aux publics, comme dans le cas par exemple des masques. Cette difficulté se
rencontre particulièrement dans le cas des risques aigus et moins dans celui des
risques chroniques continus, tels que la pollution de l’air, pour lesquels la science
et les faits sont établis (cf. étude de cas n°1 sur la promotion de la qualité de l’air
intérieur, dans le chapitre 2 plus bas). L’étude de cas n°2 sur la contamination de
l’eau en Italie illustre les difficultés de la communication lorsque la science évolue,
voire émerge (cf. chapitre 3 plus bas). La difficulté pour les personnes en charge
de la communication et pour les experts de la santé n’est pas tant d’admettre
l’incertitude que de comprendre qu’elle est acceptable et comment elle peut être
gérée en communication (cf. chapitre 1.3, bonne pratique n°9).

La mutation des sources considérées comme fiables


Le respect de la science et des experts de la santé est resté fort pendant la pandémie
de COVID-19, même si certains publics ont écouté d’autres sources. La qualité de
la science n’a pas changé (elle a même sans doute progressé) ; en fait, d’autres
sources, telles que les élites qui intentionnellement ou non, font la promotion
d’informations erronées et de pratiques potentiellement nocives, ont reçu autant
ou plus d’attention. Leurs messages émotionnels et sensationnalistes attirent
l’attention et s’ils se trouvent en phase avec des valeurs et des prédispositions

16
Théories et concepts

existantes, ils peuvent prendre le dessus sur les faits rationnels, scientifiquement
valides, mais « émotionnellement secs » (Krause et al., 2020).

Gérer les canaux pour contrecarrer la diffusion des informations erronées


En communication sur les risques, la difficulté est de choisir les canaux les plus
efficaces pour un(des) public(s) donné(s) et de surmonter la domination des
informations sensationnelles et fausses, notamment sur les réseaux sociaux.
Malheureusement, comme décrit plus haut, les fausses nouvelles et les
informations sensationnelles peuvent se diffuser beaucoup plus rapidement
et largement que les faits vérifiés.

Ressources, capacités et compétences nécessaires en communication sur les


risques
Les institutions responsables de la communication sur les risques s’efforcent de
dédier les ressources et de développer les capacités et les compétences nécessaires
en communication sur les risques pour l’environnement et la santé. Bon nombre
d’entre elles possèdent à la fois l’expertise scientifique et en communication, mais
pas nécessairement les compétences en communication sur les risques, ni les
méthodes interdisciplinaires requises. C’est encore davantage le cas lorsqu’il s’agit
d’appliquer une communication bilatérale ou multidirectionnelle, qui est par
nature consommatrice de ressources, en raison du dialogue et de la construction
des relations qu’elle requiert.

Reformuler les informations pour qu’elles soient comprises par le public


En lien avec la première difficulté, celle de la reformulation des informations vise
en communication sur les risques à ce que ces informations soient comprises
et contribuent en fin de compte, aux changements de comportement désirés.
Cette difficulté a été encore compliquée par des crises telles que la pandémie
de COVID-19, pendant laquelle des informations telles que (par exemple) la
distanciation sociale ou le confinement peuvent être clairement comprises, mais
ne mènent pas au changement de comportement désiré – voire produisent
l’inverse –, en raison de la polarisation et de la politisation de tels comportements.
Cela conduit à la nécessité d’aller plus loin et de s’attaquer aux causes ou aux
sources de cette polarisation (cf. chapitre 1.3, bonne pratique n°3).

1.3 Bonnes pratiques favorisant une communication efficace sur


les risques pour l’environnement et la santé

À partir de l’analyse de 25 sources (cf. Annexe 1), 10 bonnes pratiques de communication


sur les risques pour l’environnement et la santé ont été isolées et classées ici par ordre de
consensus des sources.

17
Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé

Diffuser des messages reflétant les préoccupations du public et admettant sa


diversité
La meilleure pratique repérée est la nécessité de prendre conscience et d’intégrer
les préoccupations du public dans la communication sur les risques, et de
comprendre que ce public est composé de groupes divers, dont les préoccupations
et les besoins diffèrent. Cette pratique est illustrée dans les trois études de cas plus
bas (cf. chapitres 2 à 4) et appuyée par des recherches passées, qui ont montré
que les messages sont plus efficaces quand ils intègrent les facteurs connus pour
influencer les attitudes et les comportements par rapport au risque (expérience,
facteurs sociaux, culturels, politiques, linguistiques, etc.). Il convient d’admettre
les limites de la diffusion de messages, lorsque le public visé est à une écrasante
majorité opposé à la source (cf. bonne pratique n°3).

Sélectionner et gérer les canaux les plus adéquats pour atteindre et rassurer
le public
Le choix des canaux les plus adéquats pour atteindre le(s) public(s) est un impératif
de base dans toutes les formes de communication. La communication sur les
risques liés à la chaleur en Europe est passée au cours des 15 dernières années de
la diffusion de mises en garde passives par les médias de masse, à l’utilisation de
canaux multiples et interactifs, notamment Internet, les applications mobiles et les
réseaux sociaux (WHO, 2021b) (cf. également l’étude de cas n°3 sur l’action contre les
effets de la chaleur sur la santé en Autriche ; chapitre 4 plus bas). La diffusion rapide
de la mésinformation dans les réseaux sociaux est une difficulté pour tout type de
communication, y compris la communication sur les risques pour l’environnement et
la santé. Pourtant, lorsqu’ils sont utilisés correctement, les réseaux sociaux peuvent
être employés pour communiquer des informations vérifiées au public, grâce au
dialogue et à l’échange, en particulier lorsque le malaise relatif à la communication
de l’incertitude a été surmonté et que les experts en santé deviennent les « premiers
influenceurs », comme le suggèrent Malecki, Keating & Safdar (2021) (p. 4) : « Les
cliniciens et les experts en santé publique peuvent devancer le public en formulant
des messages ; les réseaux sociaux offrent une opportunité presqu’immédiate de
diffusion d’informations, pour devenir une source de confiance et établir une relation
avec le public. »

Comprendre qui possède de l’influence sur le public et l’optimiser


À présent, l’expert en santé doit rivaliser avec d’autres influenceurs pour gagner
l’attention mais malheureusement, les uns et les autres ne concordent pas
toujours. La pandémie de COVID-19 a montré la capacité des élites, telles que
les responsables politiques, les personnalités médiatiques et les célébrités, à
influencer et à mobiliser le public. Les responsables de la communication sur les
risques doivent si possible, œuvrer avec les autres influenceurs pour encourager

18
Théories et concepts

la diffusion de messages cohérents et justes, communiqués avec compassion et


renforcés par leur propre comportement, (dans l’idéal) exemplaire. L’étude de
cas n°1 sur la promotion de la qualité de l’air intérieur dans les écoles en Hongrie
illustre la manière d’utiliser efficacement les influenceurs (cf. chapitre 2 plus
bas). Pour certains publics focalisés sur des croyances partisanes et des théories
complotistes, l’expert en santé ne sera jamais une référence. Dans ce cas, la
stratégie en communication sur les risques devra repérer et influencer les élites
concernées, aussi difficile cela peut-il être, mais comme le soulignent Uscinski
et al. (2020) (p. 3) :

Si les signaux des élites partisanes sont capables d’attiser les croyances
conspirationnistes parmi leurs partisans de même tendance, ils peuvent également
les réduire et limiter leurs effets pernicieux. Dans ce cas, la méfiance, qui est au cœur
de la pensée conspirationniste et du déni, peut être annulée par la prise en compte
du pouvoir de la partisanerie et la transmission d’informations correctes au moyen
des élites politiques de même tendance.

De bons exemples ont été également relevés dans la communication sur les
risques de la chaleur en Europe, où des « relais » fondamentaux de la transmission
d’informations, tels que les cadres des maisons de retraite, les pharmaciens, les
cadres des hôpitaux et les établissements scolaires, ont été inclus dans les plans de
communication (WHO, 2021b).

Impliquer tôt le public et les acteurs et adopter une communication


bilatérale et multidirectionnelle
L’importance de l’implication précoce du public et des acteurs dans l’évaluation et
la gestion du risque est positivement reconnue dans la littérature et la pratique et
participe beaucoup à la réduction de l’écart de perception entre les experts et le
public (cf. chapitre 1.2, difficulté n°1). Cette participation doit être renforcée, tout
comme l’adoption d’une communication bilatérale et multidirectionnelle (comme
l’illustre l’étude de cas n°2 sur la contamination de l’eau en Italie ; cf. chapitre 3 plus
bas). Même en situation de crise, la communication ne doit pas être unilatérale ;
des rétroactions constantes et un dialogue directe doivent être intégrés. Cette
méthode construit également de la confiance avec le public, comme l’affirme
Renn (2010) (p. 91) : « Les informations seules ne suffiront jamais à construire ou
entretenir la confiance. Sans rétroaction et dialogue systématiques, l’atmosphère
dans laquelle la confiance peut grandir n’existera pas. »

Mesurer la communication sur les risques pour constater les progrès


L’accent est mis sur l’importance de la recherche et des mesures pour éclairer
la communication sur les risques, lors de toutes les étapes du processus de
communication, pour comprendre la(les) perception(s) du risque par le(les)

19
Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé

public(s) ; pré-tester les messages et les matériels ; suivre la portée et l’utilisation


des messages et des comportements souhaités ; suivre les messages concurrents
et les propos erronés ; et évaluer les sources, les canaux et les activités de la
communication. Sans recherches ni mesures, il est impossible de savoir si les efforts
pour communiquer sur les risques sont efficaces, et s’ils ne le sont pas, comment les
adapter et les ajuster. L’étude de cas n°3 sur l’action contre les effets de la chaleur
sur la santé illustre l’usage efficace de l’évaluation à des fins d’adaptation ultérieure
de la communication (cf. chapitre 4 plus bas). L’évaluation n’a pas besoin d’être
coûteuse ni compliquée ; le test des messages est en revanche crucial, comme
met en garde Fischhoff (cité dans Balog-Way, McComas & Besley, 2020 ; p. 2249) :
« Il conviendrait de ne pas davantage diffuser de communications non testées
que de médicaments non testés. » Par exemple, des tests devraient être réalisés
sur les associations que les messages peuvent déclencher : le langage utilisé
dans les messages de mise en garde contre la chaleur peut en réalité évoquer des
sentiments positifs envers la chaleur dangereuse (WHO, 2021b).

La communication sur les risques nécessite une approche multidisciplinaire


La communication sur les risques peut bénéficier d’une approche multidisciplinaire
comprenant différents modèles et méthodes, notamment la santé publique,
l’éducation à la santé, la promotion de la santé, la sociologie, les médias de masse,
la communication en situations d’urgence et de crise, les médias numériques, la
communication en faveur des changements comportementaux, la construction
de réseaux et d’un pouvoir d’influence. Pour être efficace dans les contextes
difficiles auxquels elle fait face, la communication sur les risques ne doit pas
seulement présenter des informations correctes sur le plan factuel, mais aussi
mettre à profit et s’appuyer sur un vaste ensemble d’approches. L’étude de
cas n°2 sur la contamination de l’eau en Italie (cf. chapitre 3 plus bas) illustre la
complexité et l’ensemble de compétences nécessaires pour riposter à cette crise,
qui a d’abord été aiguë en 2013 (découverte d’eau contaminée), puis a évolué
vers un risque chronique (l’impact à long terme de l’eau contaminée).

La communication sur les risques requiert de renforcer les capacités


Le manque de ressources, de capacités et de compétences était l’une des difficultés
susmentionnées (cf. chapitre 1.2, n°5). Les capacités internes des institutions
qui communiquent et gèrent les risques pour l’environnement et la santé sont
primordiales ; il a également été démontré qu’elles étaient importantes pour le
soutien à la communication précoce sur les risques, comme on l’a vu pendant
la pandémie de COVID-19. Comme souligné plus haut, les capacités à produire
seulement des informations claires et correctes sur le plan factuel ne suffisent plus ;
il est nécessaire de posséder des capacités appartenant à de multiples disciplines
et ensembles de compétences.

20
Théories et concepts

Émotions et compassion sont nécessaires dans les messages pour


contrecarrer l’indignation
Il convient de communiquer clairement et largement des faits sanitaires valides.
Pour autant, les émotions et l’indignation peuvent être au cœur des messages
concurrents et souvent dominants, comme cela a été le cas pendant la pandémie
du COVID-19. Les bonnes pratiques suggèrent que la communication sur les
risques peut « retourner » cela en utilisant davantage les émotions et la compassion
dans ses messages et ses récits et en intégrant les préoccupations du public, en
admettant que le niveau d’indignation peut déformer la perception du risque par
le public (cf. Bonne pratique n°1).

Prendre conscience que l’incertitude est gérable en communication sur les


risques
La communication sur les risques peut gérer l’incertitude, sachant que sa présence
dans les messages ne diminuera pas la confiance du public dans l’émetteur du
message ou l’institution. Même si l’incertitude est mieux acceptée si les risques
sont aigus plutôt que s’ils sont chroniques, les publics comprennent qu’on possède
rarement une certitude totale dans quelque domaine que ce soit. Par ailleurs, la
communication sur les risques doit admettre qu’il existera toujours des personnes
qui exploiteront l’incertitude à leur propre bénéfice – par exemple, pour jeter le
doute sur les conseils sanitaires donnés. Mais les publics sont capables d’évaluer
et de juger l’incertitude, même si leurs propres prédispositions limiteront d’une
certaine manière leur capacité à cet égard.

La communication sur les risques doit être intégrée dès le début dans les
études scientifiques
Souvent, la communication est insuffisamment intégrée dans les études
scientifiques – elle devrait en faire partie depuis leur conception jusqu’à la diffusion
des résultats. Les bonnes pratiques suggèrent que des éléments de communication
sur les risques devraient être intégrés dans les études et recherches scientifiques,
partant du fait que la plupart d’entre elles contribueront finalement au champ
politique. Procéder ainsi procure également l’opportunité aux chercheurs de
réfléchir et d’évaluer précocement comment leur recherche sera positionnée dans
l’environnement extérieur concurrentiel. L’étude de cas n°1 sur la promotion de
la qualité de l’air intérieur en Hongrie offre un bon exemple d’intégration de la
communication dans la recherche (cf. chapitre 2 ci-dessous).

21
2. Étude de cas n°1.
Promouvoir la qualité de l’air intérieur dans
les écoles en Hongrie

2.1 Contexte

La qualité de l’air dans les établissements scolaires joue un rôle important pour le confort
et la salubrité de l’environnement procuré aux enfants pour leur scolarité. Cette question
est importante en raison du temps (de 6 à 8 heures par jour) que les enfants passent à
l’école, et des risques potentiels pour leur santé et leur bien-être. Les enfants sont plus
vulnérables aux risques de la pollution de l’air que les adultes. Non seulement parce qu’une
combinaison de caractéristiques physiologiques, biochimiques, comportementales et
sociales les rend plus vulnérables aux effets de la pollution, mais également parce qu’ils
sont moins capables de se défendre, leurs systèmes immunitaire et hémato-céphalique
étant moins matures (WHO, 2020a). Ils respirent par exemple plus vite que les adultes, ce
qui accroît l’absorption des polluants dangereux (WHO, 2020a : module 2). Les enfants
sont donc exposés au risque d’effets variés, à court et long termes, allant des maux de
tête, de la toux et des nausées, aux allergies, à l’asthme, aux maladies respiratoires et au
cancer (WHO, 2020a : module 3). La pollution de l’air intérieur et extérieur est l’un des
objectifs régionaux prioritaires du Plan d’action de l’OMS pour l’environnement et la santé
des enfants en Europe.

La qualité de l’air intérieur dépend du niveau d’une vaste gamme de polluants, notamment
des contaminants biologiques tels que les moisissures, les acariens et les bactéries de la
poussière , le dioxyde de carbone et le monoxyde de carbone. Les sources de ces polluants
peuvent être internes (dérivés des systèmes de chauffage, des produits d’entretien, de la
peinture et des revêtements de sol) ou externes (la proximité d’une zone de stationnement
pour voitures, d’un arrêt de bus ou d’une zone extérieure pour les fumeurs) (ICE, 2018). En
Hongrie, la nécessité d’entreprendre une action dans ce domaine a été soulignée par les
résultats d’une campagne de suivi qui a montré que sur 16 écoles primaires participantes,
15 d’entre elles avaient été classées comme étant malsaines ou très malsaines sur l’Indice
sanitaire intérieur, et 11 d’entre elles avaient été classées comme étant insalubres sur le
plan du confort (NPHC, 2018). En Hongrie, les écoles primaires sont fréquentées par les
enfants âgés de 6 à 14 ans, ce qui signifie qu’une amélioration de la qualité de l’air dans ces
écoles pourrait bénéficier à environ 741 000 enfants et à 74 000 enseignants (ICE, 2018).

22
Étude de cas n°1. Promouvoir la qualité de l’air intérieur dans les écoles en Hongrie

2.2 Campagne de communication sur la qualité de l’air intérieur


dans les écoles primaires

En Hongrie, le Centre national de santé publique (NPHC pour National Public Health
Center) est responsable des enquêtes sur le risque sanitaire associé à la pollution de
l’air intérieur et extérieur, et de la communication de ce risque au public. Certains cas
se produisent à une échelle relativement petite – le Centre national de santé publique
intervient si un problème est signalé et doit entreprendre de communiquer sur les
risques avec les acteurs directement impliqués. Le Centre œuvre également à une
échelle nationale, bien supérieure.

Entre 2017 et 2019, il a lancé une campagne nationale majeure de sensibilisation et de


changement des comportements, pour améliorer la qualité de l’air intérieur pour les
élèves des écoles primaires. Cette campagne de sensibilisation a été organisée dans le
cadre du projet InAirQ, financé par Interreg Central Europe, dont le Centre national de
santé publique est chef de file. Le but général consistait à sensibiliser à la pollution de
l’air à l’intérieur comme à l’extérieur, pour protéger la santé des enfants. Ses objectifs
étaient les suivants (ICE, s.d.) :

Informer et sensibiliser à la question de la qualité de l’air intérieur, en particulier dans les


environnements fréquentés par des enfants, et changer les attitudes comportementales
de manière à attirer l’attention sur les besoins sanitaires en lien avec les environnements
intérieurs.

Une stratégie de communication générale a été conçue par un chargé de communication


en collaboration avec tous les partenaires du projet InAirQ. La campagne nationale a
cependant été conduite par le principal expert en communication du Centre national de
santé publique. Elle s’appuyait sur des recherches réalisées sur les moyens d’améliorer la
qualité de l’air dans les classes des écoles primaires. Seize écoles primaires de Hongrie ont
été impliquées dans le projet InAirQ. Une enquête sur la qualité de l’air a été conduite dans
les salles de classe de ces écoles et un test a en outre été réalisé pour tenter de relever la
qualité de l’air intérieur dans un bâtiment, choisi dans une école primaire.

2.3 Campagne de communication

2.3.1 Objectifs et principaux messages


L’objectif général de la campagne consistait à susciter des changements qui mèneraient
à une hausse de la qualité de l’air dans les salles de classe des écoles primaires, et
amélioreraient la santé des enfants. L’objectif principal était d’obtenir un changement des
comportements, qui engendrerait un air intérieur plus propre, pour prévenir le risque pour
la santé et ses conséquences négatives associées. Pour y parvenir, la campagne entendait

23
Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé

sensibiliser à ce problème, proposer des changements de comportement réalisables et


cibler les responsables politiques pour qu’ils provoquent un changement politique. Cette
action faisait partie d’une collaboration dans le cadre du projet InAirQ, dans lequel les
partenaires œuvraient ensemble à concevoir des moyens de toucher les élèves, leurs
parents, les directeurs d’école, le personnel de maintenance, les décideurs et d’autres
encore (ICE, s.d.).

Les messages de la campagne ont été choisis en fonction des travaux préparatoires
réalisés précédemment, tels qu’une campagne de suivi. Ils ont été formulés grâce à un
dialogue entre les chercheurs scientifiques et l’équipe de communication, qui a aidé à
les rédiger dans un langage que le public comprendrait aisément. L’axe de la campagne
consistait à communiquer sur les principaux risques associés à une mauvaise qualité de
l’air intérieur et à expliquer clairement comment réduire ces risques, grâce à des actions
simples et réalisables, tels qu’aérer les salles plus souvent et amener les élèves à porter des
chaussures différentes à l’intérieur et à l’extérieur pour éviter la poussière. Les possibles
résultats sur la santé, tels qu’un risque d’asthme accru, étaient également décrits. Les
messages étaient conçus pour être tangibles pour le public ; par exemple, la mauvaise
qualité de l’air intérieur était reliée à certains symptômes respiratoires dans la salle de
classe, ce qui permettait aux personnes de faire le lien avec le problème et ce qu’elles
ressentaient.

Les résultats issus de la campagne de suivi menée en 2017–2018 dans les cinq pays
participant au projet InAirQ ont été utilisés pour affiner les messages de la campagne. L’un
des principaux problèmes identifiés était le faible taux d’échange de l’air ; il a donné lieu
à un message principal ciblant les enseignants, et comprenant des actions simples, telles
qu’aérer fréquemment les salles de classe, susceptibles de créer un environnement plus
sain dans l’école. Il en a résulté une campagne de sensibilisation axée sur le changement
de comportement des enseignants dans les écoles primaires, comportant des affiches sur
le thème « Apprendre dans un air propre est plus facile », qui ont été distribuées dans
toutes les écoles primaires.

2.3.2 Publics cibles


L’un des problèmes constatés par l’équipe du projet était que pour améliorer la qualité
de l’air intérieur dans les écoles, il fallait nouer une collaboration entre un grand nombre
d’acteurs qui d’habitude ne se rencontrent pas ni ne communiquent (des chercheurs,
du personnel scolaire, des responsables politiques, des parents, des enseignants, des
directeurs d’école). L’un des buts du projet consistait à réunir ces groupes pour les
encourager à œuvrer à la réalisation de cette mission commune. En conséquence,
la campagne a ciblé des publics spécifiques à côté du grand public – les responsables
politiques du gouvernement hongrois (notamment le ministère des Capacités humaines,
qui est responsable de la santé et de l’éducation), les enseignants, les cadres scolaires,

24
Étude de cas n°1. Promouvoir la qualité de l’air intérieur dans les écoles en Hongrie

les responsables de la maintenance dans les établissements scolaires, les architectes qui
conçoivent les bâtiments, et les enfants eux-mêmes.

Décideurs
L’absence de directives ou de réglementation nationale sur la pollution de l’air intérieur
a été considérée comme l’un des principaux points à améliorer, en dépit de l’existence
de directives internationales (ICE, 2018). En conséquence, un fort accent a été mis sur les
décideurs, notamment dans les ministères importants tels que le ministère des Capacités
humaines, qui couvre la santé et l’éducation. Ce groupe est apparu comme l’un des
plus difficiles à convaincre, et le plus difficile à rallier. La campagne vise à inspirer des
changements politiques aptes à changer durablement la qualité de l’air dans les salles de
classe, dans le but de conduire à des stratégies nationales portant sur ce sujet. Après la
campagne, le soutien de l’OMS a été sollicité pour produire d’autres documents politiques
et des recommandations pouvant être utilisés pour communiquer le problème aux
responsables politiques.

Élèves
La campagne a cherché à faire participer les enfants âgés de 6 à 14 ans, en les sensibilisant
précocement aux questions relatives à l’environnement et à la santé, et en les encourageant
à prendre garde davantage aux actions qui pourraient améliorer la qualité de l’air intérieur
et extérieur.

Acteur dont les fonctions sont liées aux écoles


Ce groupe comprenait les enseignants, les cadres des écoles et le personnel de la
maintenance des établissements, notamment les églises et le centre de maintenance
de l’Institut Klebelsberg, qui est responsable de la maintenance de 78 % des écoles (ICE,
2018). Ici, le but consistait à assurer un environnement scolaire favorable à la santé en
sensibilisant à des facteurs préjudiciables à la qualité de l’air.

La campagne n’a pas débuté par une analyse spécifique du public, mais un questionnaire,
qui devait être rempli par les enfants avec l’aide de leurs parents, a été inclus dans
la campagne de suivi. Environ 300 parents dans le pays l’ont rempli. Il comportait des
questions sur la qualité de l’air et sur les perceptions par les familles de la qualité de l’air
dans les salles de classe, pour comprendre la distinction entre la qualité de l’air perçue et
la qualité de l’air réelle, mesurée par le suivi.

2.3.3 Perception du risque


En dépit des risques pour la santé des enfants, soulignés plus haut, la question de la
qualité de l’air intérieur bénéficiait d’un faible niveau de connaissance et d’intérêt avant la
campagne de communication, d’après l’équipe de recherche. Selon le Centre national de
santé publique, les connaissances générales sur la pollution de l’air intérieur étaient faibles ;

25
Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé

ce n’était pas le premier sujet qui leur venait à l’esprit lorsque les personnes pensaient à
des préoccupations de santé. Le grand public ne tend pas à associer les problèmes de
santé à la pollution de l’air, car souvent, son impact n’est pas directement et visiblement lié
aux problèmes de santé, ce qui amenait à la perception d’un risque faible : si les personnes
tombent malades, elles ne relient pas leur problème de santé à la pollution de l’air. Le
Centre national de santé publique indique que la perception du risque est faible et que
l’indignation publique manque pour inspirer des actions ou stimuler la formulation de
politiques à ce sujet en Hongrie.

Malgré l’existence de projets et de recommandations internationales sur la qualité de l’air


intérieur, les responsables politiques demeurent en grande partie peu conscients de la
question et ne la voient pas comme une priorité ; de ce fait, peu d’actions sont conduites.
Les enseignants, eux aussi, manquent de connaissances et de compréhension du sujet.
Quant à la perception des parents, elle a été décrite comme étant variée. Le chef de projet
a souligné la sensibilité des enfants à ce sujet et leur disposition à apprendre, d’après
des dialogues ayant eu lieu avec eux dans les écoles pendant un précédent projet. Les
enfants eux-mêmes ont donc été perçus comme un important public à cibler, comme un
élément essentiel de la réalisation d’un changement durable qui serait perpétué au cours
des générations. C’est pour ces raisons qu’il importait de faire connaître par la campagne
de communication, les effets négatifs pour la santé de la pollution de l’air intérieur, pour
sensibiliser le public et les décideurs à la nécessité de mener des actions concrètes.

2.4 Canaux

La campagne de communication a utilisé de nombreux canaux de communication de


masse et interpersonnels, choisis en fonction des besoins de chaque public cible. Elle ne
dépendait pas de médias rémunérés, et a donc pu être conduite à un coût minimal, par
l’intermédiaire de médias contrôlés (pages de réseaux sociaux, sites Web) et de médias
traditionnels.

2.4.1 Écoles et élèves


Des matériels de communication imprimés ont été conçus dans le cadre de la campagne
InAirQ, et traduits en hongrois. Des affiches en couleur ont été conçues et distribuées
dans les écoles primaires ; elles tiraient profit des recommandations internationales sur
les meilleures pratiques de soutien à la qualité de l’air, telles que la nécessité d’aérer
fréquemment, et des mesures visant à réduire la concentration en particules fines.

2.4.2 Concours destiné aux enfants


Un concours intitulé « Voyage vers l’air pur » a été lancé en mars 2019 pour susciter la
participation des élèves des écoles primaires, qui ont été invités à produire une œuvre

26
Étude de cas n°1. Promouvoir la qualité de l’air intérieur dans les écoles en Hongrie

artistique ou une courte vidéo montrant ce qu’ils pensaient de la pollution de l’air et de


la qualité de l’air2. Les enfants étaient également invités à donner leur avis sur les moyens
d’améliorer la qualité de l’air. Les enseignants étaient impliqués. La promotion du concours
a été réalisée par le site Web du Centre national de santé publique et la page Facebook
d’InAirQ Hongrie, au moyen d’affiches, d’une courte vidéo et d’un ensemble d’articles sur les
réseaux sociaux. Le concours a également été annoncé dans toutes les écoles primaires et
sur diverses chaînes de radio et de télévision. Il s’est conclu par une cérémonie de remise des
prix pendant la Conférence internationale sur les méthodes de résolution de problèmes pour
assurer la santé des élèves, au cours de laquelle le Directeur général de la santé de Hongrie a
parmi d’autres, remis des prix aux enfants ; les œuvres des enfants étaient exposées durant
la Conférence. Au total, 458 élèves ont pris part au concours.

2.4.3 Médias grand public et influenceurs


Les médias traditionnels ont joué un rôle dans la campagne. Ils portent en général de
l’intérêt aux travaux du Centre national de santé publique et aux sujets qu’il présente ; il
n’était donc pas difficile d’attirer leur attention et d’obtenir qu’ils couvrent la campagne
dans les journaux, à la radio et à la télévision. Des personnages publics et deux célébrités,
qui s’intéressaient au sujet et s’impliquaient dans la campagne, ont aidé à attirer l’attention
des médias en prenant part à des entretiens télévisés et en partageant la campagne sur
leurs pages personnelles des réseaux sociaux.

Des conférences de presse ont eu lieu, notamment dans une école primaire, avec la
participation des élèves et la présence de trois chaînes de télévision et de deux journaux
d’information. Cela a représenté une intéressante opportunité de participation pour
les enfants qui étaient présents. Le directeur général adjoint de la santé, le directeur du
laboratoire d’hygiène de l’air du Centre national de santé publique (qui était également
chef du projet InAirQ), un médecin et un météorologue de l’audiovisuel ont pris part à
l’événement.

Les principaux scientifiques du projet ont participé à des entretiens en direct à la télévision
et à la radio, pendant lesquelles ils ont souligné les risques majeurs posés par la pollution
de l’air intérieur et informé le public sur les moyens de réduire ces risques par des actes
simples tels que l’ouverture régulière des fenêtres.

2.4.4 Événements et conférences


La campagne a organisé des forums réunissant des cadres des écoles, des enseignants et
des membres du personnel de maintenance ; ces forums entraient dans le cadre d’une
approche ascendante visant à faire participer les principaux acteurs et à leur permettre

2
  Les œuvres en compétition peuvent être vues sur la page Facebook du projet : https://www.facebook.
com/InAirQMagyarorszag.

27
Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé

d’échanger des idées. Ces événements ont insisté sur l’importance de la qualité de l’air
intérieur et mis l’accent sur les actions concrètes pouvant être prises par les différents
acteurs. Des matériels de formation ont été créés pour les différents groupes cibles (les
enseignants, les architectes des bâtiments scolaires, etc.) et des cours de renforcement
des capacités ont été organisés en Hongrie, pour ces groupes également. Au début, la
participation à ces événements n’a peut-être pas été aussi forte qu’on l’espérait, en raison
des nombreuses autres pressions déjà subies par les enseignants, et de la perception que
la qualité de l’air n’était pas une question prioritaire. Les participants ont pu faire part
de leurs réactions lors de chaque forum. Leurs témoignages sur les problèmes qui leur
importaient le plus étaient utilisés pour mettre au point des événements ultérieurs, créant
de ce fait un dialogue avec le public et les motivant à maintenir leur participation. Lors des
premiers événements par exemple, les enseignants ont exprimé leurs préoccupations par
rapport à la nourriture donnée aux élèves, indiquant l’importance qu’ils attachaient à leur
santé. Les événements ultérieurs portaient sur un ensemble de sujets plus vastes que la
qualité de l’air, en rapport avec l’environnement et la santé en classe, afin d’attirer le public
et de refléter leurs préoccupations. Les forums ont touché 200 participants.

Une conférence internationale a été organisée à Budapest sur les méthodes intégrées
de résolution de problèmes pour améliorer la santé des élèves de primaire ; entre
autres sujets, elle traitait de la qualité de l’air intérieur. La conférence s’adressait aux
scientifiques, aux chercheurs, aux médecins, aux cadres des écoles, aux enseignants,
aux architectes et aux ingénieurs. Invités à souligner l’importance de ce sujet, les
responsables politiques et les décideurs étaient un public primordial de cet événement.
La conférence internationale impliquait l’OMS et des partenaires internationaux
collaborant au projet InAirQ avec le Centre national de santé publique. La campagne
était liée aux autres actions conduites dans le cadre du projet InAirQ ; chacun des cinq
pays participants a élaboré un plan d’action national sur les améliorations de la qualité
de l’air intérieur.

Des événements publics tels que la Semaine européenne de la mobilité – un événement


qui a lieu chaque année en septembre pour promouvoir l’usage de moyens de mobilité
propres et de transports urbains durables – ont également été mis à profit pour
sensibiliser. Le Centre national de santé publique avait un stand lors de cet événement,
qui avait attiré 200 000 visiteurs, et ses experts ont montré à tous les visiteurs
(notamment les élèves et leurs parents) comment utiliser les équipements scientifiques
pour mesurer la qualité de l’air. Le Centre a également abrité des Nuits de la recherche,
que les enfants étaient invités à visiter avec leurs parents pour découvrir les différents
types de pollution de l’air.

2.4.5 Utilisation de la recherche pour mobiliser


La campagne de suivi elle-même a été utilisée comme opportunité pour faire participer les
acteurs. Elle a contribué à sensibiliser et à changer le comportement des enseignants dont

28
Étude de cas n°1. Promouvoir la qualité de l’air intérieur dans les écoles en Hongrie

les classes étaient impliquées dans le suivi du projet, car ils prenaient mieux conscience
de l’importance d’ouvrir les fenêtres. En outre, le(la) directeur(trice) de chaque école était
invité(e) à signer un engagement à prendre des mesures spécifiques pour améliorer la
qualité de l’air intérieur à la fin du projet.

2.4.6 Site Web et réseaux sociaux


Le projet InAirQ comportait une « campagne massive et continue sur les réseaux sociaux »,
dans chaque pays partenaire (ICE, s.d.). Le site Web d’InAirQ contenait des informations
pertinentes pour les décideurs de Hongrie et des quatre autres pays d’Europe centrale
participant au projet. Le projet signale qu’un « partenaire municipal hongrois a créé
une page Web spécifique pour trois groupes cibles : les parents, les enseignants et les
décideurs sectoriels » (ICE, s.d.).

En Hongrie, le Centre national de santé publique a pu utiliser sa page Facebook et celle du


Directeur général de la santé, qui avait un grand nombre d’abonnés. Une page Facebook
d’InAirQ Hongrie a été créée en octobre 2017 ; en juin 2019, 67 articles avaient été rédigés
en hongrois et en anglais, suivis par 225 abonnés. Ces pages ont été utilisées pour partager
une diversité de contenus, notamment l’affiche qui avait été conçue pour les écoles,
de courtes vidéos, les œuvres produites par les élèves pour le concours, les dernières
nouvelles du projet et des entretiens dans la presse. Comme mentionné précédemment,
les célébrités impliquées dans le projet ont également donné de l’ampleur au message
en partageant les matériels de la campagne sur leurs propres pages des réseaux sociaux.

2.4.7 Partenaires et alliés


Comme mentionné plus haut, la campagne était étroitement liée aux partenaires
régionaux et internationaux collaborant au projet InAirQ, et à l’OMS ; une collaboration
nationale et locale existait également entre les différents acteurs de l’enseignement
primaire. Enfin, des partenaires privés y participaient ; des entreprises ont contribué en
donnant des cadeaux aux lauréats du concours, en guise de récompense, et également
aux célébrités, comme expression de gratitude pour avoir aidé la campagne.

2.5 Résultats

Bien qu’aucune évaluation spécifique n’ait été menée pour mesurer l’impact de cette
campagne, celle-ci peut être liée à un certain nombre de réalisations.

Les enfants et les parents ont été sensibilisés au problème

• L’affiche a atteint 85 000 personnes sur Facebook, par l’intermédiaire des pages du
Centre national de santé publique et du Directeur général de la santé.

29
Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé

• Environ 500 élèves ont participé au concours artistique, ce qui suggère qu’ils
(et  potentiellement leurs parents et enseignants) ont appris à mieux connaître le
problème et les actions devant être prises. La nature du concours les a également
impliqués dans la recherche de solutions et a montré qu’ils étaient capables d’apporter
leur contribution.
• Des indices informels suggèrent que les écoles ayant participé à la campagne de
suivi ont été sensibilisées et qu’en conséquence, les enseignants ont modifié leur
comportement.

Les décideurs ont été sensibilisés et des mesures concrètes ont été prises pour améliorer
la réglementation nationale

• Plus de 100 responsables politiques, professionnels de la santé publique, chercheurs


et architectes venus de toute l’Europe ont assisté à la conférence internationale en juin
2019 (NPHC, 2019).
• Après la conférence, un secrétaire d’État adjoint s’est félicité de l’élaboration d’un
protocole visant à définir comment une école peut diagnostiquer les problèmes de
qualité de l’air et décider des mesures à prendre. Ce document a été préparé et attend
l’approbation ; s’il est approuvé, l’application de ces procédures deviendra obligatoire
dans les écoles de Hongrie. Le document sera mis à la disposition du public sur le site
Web du Centre national de santé publique.
• Le site Web du projet InAirQ mentionne la production de cinq plans d’action nationaux,
un dans chacun des pays participant au projet (dont la Hongrie).

La présence dans les médias nationaux indiquerait que le grand public a été touché

• La couverture nationale par la radio, la télévision et la presse suggère que le public


aurait été sensibilisé au problème, ne serait-ce qu’en raison de la participation de
célébrités pour aider à sa promotion.

2.6 Enseignements

2.6.1 Messages
• Les outils de communication contenaient des messages de prévention sur les moyens
d’éviter les risques et ont été transmis aux acteurs en temps opportun et de façon
claire et compréhensible.
• Les messages cherchaient à réaliser des changements de comportement permettant
d’obtenir un air intérieur plus propre, et comprenaient des mesures faciles à adopter et
adaptées à chaque public cible (les élèves, les enseignants, les architectes, etc.).

30
Étude de cas n°1. Promouvoir la qualité de l’air intérieur dans
les écoles en Hongrie

• La campagne de communication sur les risques visait à aborder les risques impliqués
en les rendant visibles et tangibles pour le public, par une méthode qui surmonterait
leur absence préalable de connaissances. Elle entendait également élever le profil des
risques associés à la pollution de l’air intérieur, en les positionnant à la hauteur des
problèmes généraux concernant la santé des enfants dans les écoles, qui étaient un
motif de préoccupation pour le public.

2.6.2 Canaux
• Le recours à des influenceurs (tels que des célébrités et des personnages publics) a
aidé à amplifier la campagne et à attirer davantage l’attention des médias, aussi
bien les médias grand public, dont les représentants étaient disposés à assister aux
conférences de presse et à diffuser des entretiens, que les plateformes des réseaux
sociaux, les célébrités utilisant leur page personnelle pour diffuser les matériels de
campagne.
• Divers canaux de communication ont été utilisés pour toucher les différents publics,
notamment des réunions en personne permettant une communication personnelle.
Dans le cadre de la mobilisation en faveur de la campagne, divers acteurs ont eu
l’opportunité de se réunir pour promouvoir la collaboration au sein du large réseau
de parties prenantes (partenaires du secteur privé, médias, scientifiques, l’équipe
de communication, les écoles, les organes gouvernementaux, l’OMS, les partenaires
internationaux).
• Des stratégies créatives ont été employées pour faire participer le public et créer
un effet de rétroaction, notamment la communication directe et personnelle (par
exemple, le concours d’art pour enfants, qui a également impliqué les enseignants et
sans doute, les parents ; des forums qui unissaient les divers acteurs). Cette rétroaction
a ensuite été utilisée pour affiner le message et augmenter la participation en reliant
le sujet à des motifs de préoccupation des acteurs (par exemple, l’intérêt général pour
la santé des élèves).

2.6.3 Liens entre la recherche, l’analyse et la communication sur les risques


• La campagne de communication a bénéficié de liens étroits avec les chercheurs, qui se
sont massivement engagés dans les actions de communication. Les principaux experts
ont étroitement collaboré avec l’équipe des communication, ainsi que l’a déclaré le
directeur du laboratoire sur l’hygiène de l’air du Centre national de santé publique,
et chef du projet InAirQ : « Disposer de recherches scientifiques en soi ne suffit pas :
communiquer leurs résultats est réellement important. Si vous voulez vraiment obtenir
un changement, vous devez communiquer. »
• La définition claire des messages principaux (sur les risques majeurs, les mesures les
plus urgentes à même de prévenir ces risques, la nécessité de changements politiques)

31
Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé

et des groupes cibles a été rendue possible par l’analyse préalable des problèmes à
l’aide de la méthode élaboré dans le cadre du projet InAirQ.
• La communication sur les risques est un processus continu, qui demande de la patience
et du temps pour obtenir un changement durable à long terme.

2.6.4 Évaluation de l’impact


• La campagne a permis d’obtenir des résultats tangibles, mais de futures campagnes
de communication sur les risques bénéficieraient d’une évaluation systématique,
notamment avant la communication, pour définir les actions.

32
3. Étude de cas n°2.
Contamination de l’eau dans la région de la
Vénétie (Italie)

3.1 Contexte

Dans les pays d’Europe et d’Asie centrale, des millions de personnes boivent de l’eau
contaminée, souvent sans le savoir. L’OMS estime que chaque jour, 14 personnes meurent
dans la Région européenne de l’OMS à cause d’une diarrhée due à une insuffisance de
l’approvisionnement en eau, de l’assainissement et de l’hygiène. La contamination peut
provenir de substances apparaissant naturellement, telles que l’arsenic et les fluorures,
mais également de substances introduites par les êtres humains, telles que le plomb,
le nitrate et les produits chimiques dérivés de l’industrie (WHO, 2017c ; OMS, 2018c).

Bien que pour de nombreux Européens, l’accès à l’eau n’est pas vu comme un problème,
l’eau potable, propre et sûre est souvent indisponible pour certaines populations telles
que celles des zones rurales. Dans la Région, 21 millions de personnes n’ont toujours
pas d’accès aux services de base d’approvisionnement en eau potable, et 57 millions de
personnes n’ont pas l’eau courante à domicile. Elles consomment l’eau de puits ordinaires
sans protection, ou de sources, ou les eaux de surface directement. Le changement
climatique affecte également la qualité et la disponibilité de l’eau potable, propre et sûre
(WHO, 2017c ; OMS, 2018c).

Les produits chimiques industriels contaminant l’eau en Europe et en Asie centrale


comprennent les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées, qui sont un groupe
de substances organiques de synthèse largement utilisées. Ces produits, qui repoussent
l’huile et les graisses, sont utilisés pour protéger les surfaces des textiles et les matériaux
d’emballage, de même que dans un vaste ensemble de produits incluant les mousses
extinctrices, les semi-conducteurs, les appareils médicaux, les biocides, les additifs
alimentaires, les produits pharmaceutiques et les peintures (European Commission, 2020b ;
OMS, 2017b). Les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées sont rejetées dans
l’environnement par les usines de traitement des eaux usées, les décharges, les sites de
recyclage et d’incinération et la réutilisation des boues d’égout contaminées. Le nombre
de sites émettant potentiellement ces substances a été estimé à environ 100 000 en
Europe (European Commission, 2020b).

Les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées sont également persistantes et


mobiles, et sont nocives pour la santé humaine. Les principaux risques pour la santé humaine
qu’entraînent ces substances sont la hausse du taux de cholestérol, des conséquences sur

33
Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé

la reproduction et la fertilité, l’immunotoxicité, les maladies de la thyroïde, les atteintes


hépatiques, et le cancer du foie et du testicule (European Commission, 2020b ; OMS, 2017b).

3.2 Contamination de l’eau dans la région de la Vénétie

La région de la Vénétie, dans le Nord-Est de l’Italie, est mondialement connue pour


sa capitale historique, Venise, mais elle est également l’une des principales régions
industrielles d’Italie, qui produit des meubles, du cuir et des chaussures, des textiles,
des vêtements, mais aussi des produits chimiques, de l’électronique et des métaux.
L’agriculture est également importante, avec une production viticole représentant
environ 20 % de la production italienne totale (OMS, 2017b).

Au printemps 2013, les autorités régionales ont été alertées à l’issue d’une étude
approfondie de la présence de substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées dans les
eaux souterraines, les eaux de surface et l’eau potable dans certaines parties de la région
de la Vénétie, sur une surface s’étendant sur plus de 200 km et concernant jusqu’à 350 000
personnes3. La source de la contamination a été identifiée comme étant les eaux usées,
qui pénétraient les voies d’eau à partir d’une usine produisant des produits chimiques
pour les cultures agricoles, les herbicides et les produits pharmaceutiques. La pollution de
l’eau n’était pas un fait nouveau dans la région de la Vénétie ; des cas avaient été notifiés
depuis les années 1970 au moins, ce qui reflète l’importante production industrielle et
agricole de la région (Region of Veneto, 2017a).

En réponse, un groupe spécial pour les situations d’urgence a été mis sur pied, avec des
représentants des autorités concernées : la Direction régionale de la prévention, la Direction
régionale de l’Environnement, l’Agence régionale de protection environnementale et les
fiducies régionales pour les soins de santé (des organismes locaux responsables de la santé
publique). L’objectif de ce groupe spécial était de surveiller la situation pour protéger la
santé de la population, coordonner les activités, collecter et partager les données, et gérer
la communication sur les risques.

3.3 Méthode de communication

La Direction régionale de la prévention s’est coordonnée étroitement avec les fiducies


locales pour les soins de santé, dans le but de formuler des plans et de communiquer
des messages sur la contamination de l’eau, car les fiducies ont un contact direct avec les
populations affectées. Un vaste groupe d’acteurs a été impliqué dans les communications
et la riposte à la contamination de l’eau ; il comprenait notamment les instituts de recherche
nationaux sur la santé, les autorités nationales et régionales compétentes (agriculture,

3
  Étude d’une durée de deux ans, conduite par le Centre de recherche national de l’Institut de la recherche
sur l’eau, sur une commande du ministère de l’Environnement, de la Terre et de la Mer (IRSA–CNR, 2013).

34
Étude de cas n°2. Contamination de l’eau dans la région de la Vénétie (Italie)

santé, environnement, sécurité alimentaire, services vétérinaires), les autorités locales


(notamment les maires, les administrateurs et les fiducies pour la santé), les prestataires
de services d’eau, la société civile et les populations affectées. Le Bureau régional de l’OMS
pour l’Europe a également procuré une assistance et un soutien techniques.

3.3.1 Objectifs et principaux messages


Lorsque la crise a éclaté en 2013, l’objectif immédiat consistait à communiquer à propos de la
contamination de l’eau, des risques potentiels pour la population et des mesures prises pour
remédier à la situation. L’évaluation réalisée par l’Institut national de la santé (Istituto Superiore
di Sanità) pour le ministère de la Santé en juin 2013 montrait que bien qu’il n’y ait pas de
risque immédiat dû à la consommation de l’eau contaminée par la population exposée, des
mesures d’atténuation et de prévention urgentes devaient être adoptées (Region of Veneto,
2017a). En outre, il existait en 2013 une incertitude scientifique considérable sur les dangers
des substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées, et aucune réglementation n’existait
en Europe, ni en Italie, sur les plafonds de sécurité concernant la présence de ces substances
dans l’eau potable (deux des substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées les plus
utilisées étaient déjà réglementées au plan mondial ; l’acide perfluorooctanesulfonique et
ses dérivés avaient fait l’objet de restrictions dans l’Union européenne depuis plus de dix
ans, au titre de la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants [ECHA,
2020]). Les autorités sanitaires devaient également être conscientes des risques potentiels à
long terme de ces substances, tenant compte du fait qu’elles pouvaient se trouver dans les
voies d’eau depuis des décennies avant 2013.

Les communications ont été axées sur l’information de la population à propos de la


contamination de l’eau, tout en soulignant que bien que les risques à plus long terme
n’aient pas encore été clarifiés, les risques immédiats étaient faibles. Il importait également
de communiquer les mesures prises par les autorités régionales et locales, notamment
l’installation en urgence de filtres à charbon par les prestataires des services d’eau pour
purifier l’eau ; la détermination de la zone de contamination et de la principale source
responsable ; la hausse du suivi de l’eau potable et des voies d’eau de la région ; l’évaluation
des effets sur la population exposée ; et l’étude des effets sur la production alimentaire dans
la région (Region of Veneto, 2017a). En septembre 2013, toutes les usines de traitement de
l’eau avaient été équipées de filtres à charbon actif et pouvaient respecter les plafonds de
concentration en substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées pour l’eau potable,
établis par le ministère de la Santé en janvier 2014 (cf. ci-dessous). C’est pour cette raison
que les autorités régionales de la santé n’ont pas recommandé à la population d’arrêter
de boire l’eau du robinet.

3.3.2 Perception du risque


La difficulté à laquelle les autorités sanitaires régionales et locales étaient exposées était
l’incertitude scientifique entourant les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées

35
Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé

en 2013, et par conséquent, la communication sur leurs risques potentiels. Lorsqu’il a été
informé de la contamination de l’eau, le public a perçu le risque comme étant élevé et
l’a jugé plus dangereux que ne le considéraient les autorités sanitaires. La perception du
risque par le public était relevée par d’autres facteurs, notamment le temps nécessaire
pour réaliser les études et les évaluations requises pour mieux cerner la contamination de
l’eau et ses effets sur la population et sur l’environnement, et le fait que l’usine polluante n’a
pas assumé la responsabilité de la contamination de l’eau ; ces facteurs se sont combinés à
la couverture médiatique, ont augmenté l’anxiété du public, et ont même créé une sorte
de panique (OMS, 2017b).

3.3.3 Canaux
La Direction régionale de la prévention, avec ses partenaires nationaux et locaux, a mis à
profit un ensemble de canaux de communication et de relais pour communiquer sur les
substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées.

• Des outils et des matériels convoyant les principaux messages pour les publics affectés
ont été préparés ; ils comprenaient notamment des dépliants, une liste de questions
fréquemment posées, des bulletins électroniques mensuels sur la situation et d’autres
matériels en ligne. Tous les résultats du suivi du traitement de l’eau ont également été
publiés et diffusés. Les informations ont été mises à disposition sur le site Web de la
Région de la Vénétie et sur les supports médiatiques utilisés par le public.
• Les maires et les autorités locales ont été mis au courant de la situation dès juillet 2013
et ont reçu des informations à utiliser dans leur communication avec le public. Une
série de discussions ouvertes a été organisée avec le public pour expliquer et discuter
de la situation.
• Les fiducies pour les soins de santé, les prestataires des services d’eau et les principaux
prestataires de soins (tels que les médecins généralistes) ont également joué un rôle
essentiel de relais, ont été informés et ont reçu des conseils sur la communication
au public des risques liés à la contamination par les substances perfluoroalkylées et
polyfluoroalkylées.
• Étant donnée l’important rôle des médias dans la création du lien avec le public, un
ensemble de formations et de séances d’information à destination des journalistes
de la région de la Vénétie a été organisée par les autorités sanitaires et Viveraqua, le
consortium des prestataires de services d’eau.

La communication a été continue, et les acteurs et les publics ont été informés des
dernières nouvelles de façon régulière lorsque des mesures étaient prises pour remédier à
la contamination par les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées ; les résultats
des diverses études sur la santé, l’environnement et la sécurité alimentaire ont été publiés
à partir de la mi-2013.

36
Étude de cas n°2. Contamination de l’eau dans la région de la Vénétie (Italie)

3.4 Mesures adoptées après la crise et mesures en cours

En août 2013, grâce aux nombreuses mesures techniques mises en place, la contamination
de l’eau a diminué et la phase de crise a pris fin. Toutefois, ce moment n’était que le début
de la lutte de long terme contre les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées
dans l’environnement de la région de Vénétie.

En janvier 2014, un plafond national pour les substances perfluoroalkylées et


polyfluoroalkylées a été fixé en Italie, ce qui a constitué un point de référence pour
l’eau potable (OMS, 2017b). Les recherches se sont poursuivies en 2015-2016 dans la
région de la Vénétie et les études de biosurveillance ont révélé des concentrations en
substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées jusqu’à 40 fois plus élevées chez les
populations exposées que chez celles qui n’ont pas été exposées (Ingelido et al., 2018).
Une analyse a montré que dans les populations exposées, le risque de mortalité, diabète,
maladies cardiovasculaires, infarctus du myocarde et maladie d’Alzheimer était plus élevé
(Mastrantonio et al., 2018). En 2017, un plan de surveillance sanitaire a été mis en place
à destination des résidents des zones très touchées (Pitter et al., 2020). Le 21 mars 2018,
l’état d’urgence en relation avec la contamination par les substances perfluoroalkylées et
polyfluoroalkylées a été déclaré dans la région de la Vénétie par le Conseil des ministres
national, et des fonds supplémentaires allant jusqu’à 56 millions d’euros ont été alloués
pour l’atténuation et la résolution de la contamination (Region of Veneto, 2020).

Les recherches médicales et sociales se sont poursuivies en Italie, en Europe et au-delà,


révélant un nombre croissant de conséquences des substances perfluoroalkylées et
polyfluoroalkylées sur la santé (Goldenman et al., 2019). En 2015, plus de 200 scientifiques
ont signé la Déclaration de Madrid appelant à une limitation de la fabrication et de
l’usage de ces substances (Blum et al., 2015). Consciente du coût sanitaire, sociétal et
économique des substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées, la Stratégie de
l’Union européenne pour la durabilité dans le domaine des produits chimiques (2020) a
appelé à leur suppression progressive (Commission européenne, 2020a).

La prise de conscience croissante et les préoccupations relatives à ces substances et à


leurs effets potentiels sur la santé, ont fait naître des mouvements dans la société civile de
la région de la Vénétie. Depuis 2017, le groupe de mobilisation Mamme No PFAS [Mamans
contre les PFAS] a conduit une série de campagnes et d’actions de sensibilisation appelant
à la réduction des substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées dans l’eau potable,
éduquant la population, facilitant une meilleure compréhension des effets sanitaires de
ces substances et cherchant à traduire en justice l’usine responsable de la pollution (le
contentieux n’avait pas encore été résolu juridiquement en janvier 2021)4.

  Le site Web de ce groupe peut être consulté à l’adresse suivante : www.mammenopfas.org.


4

37
Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé

3.5 Résultats

La découverte de la contamination par des substances perfluoroalkylées et


polyfluoroalkylées en 2013 a conduit à déployer des efforts conjoints de collaboration
entre les autorités régionales et locales pour communiquer les risques directement au
public, et par l’intermédiaire de relais tels que les autorités locales, les fiducies pour la
santé, les médias, les médecins généralistes et les prestataires des services d’eau. Cela a de
fait permis une communication plus cohérente, comme dans les cas des 12 prestataires de
services d’eau, qui ont communiqué en commun via leur consortium Viveraqua.

La communication a encouragé le dialogue et l’échange, dans la mesure du possible,


entre les populations affectées et les autorités sanitaires. La communication entendait
également être transparente, prévoyant la diffusion des résultats des études scientifiques
dès qu’ils devenaient disponibles et rendant publics les résultats du suivi du traitement
de l’eau.

La sensibilisation à l’égard de la contamination par les substances perfluoroalkylées et


polyfluoroalkylées a eu un impact aux niveaux nationaux et européens ; ce qui s’est passé
dans la région de la Vénétie a contribué à la fixation de plafonds pour ces substances
dans l’eau potable en Italie, et conduit à une augmentation de la visibilité et de l’attention
portée à ces substances dans toute l’Europe, comme en témoigne la Stratégie de l’Union
européenne de 2020 sur les produits chimiques. L’information et la compréhension
des risques dus aux substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées ont mobilisé les
citoyens des zones affectées, qui ont appelé à davantage d’actions de lutte contre ces
substances, non seulement dans la région de la Vénétie, mais aussi au niveau de l’Union
européenne et du monde.

3.6 Enseignements

3.6.1 Méthode de communication


• La méthode de travail, collaborative et consultative, a facilité l’adoption d’une
approche commune de la communication sur la contamination par les substances
perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées en 2013.
• La tenue d’un dialogue plus systématique et continu entre les autorités sanitaires et
les publics affectés aurait pu être bénéfique, en particulier en 2013 lorsque la crise s’est
calmée et que les effets à long terme de ces substances sont devenus évidents.
• En raison de l’évolution de la situation à partir de 2013, marquée par un nombre toujours
croissant de résultats scientifiques sur les dangers des substances perfluoroalkylées et
polyfluoroalkylées, la communication sur les risques devait s’adapter et intégrer ces
nouveaux résultats dans ses messages.

38
Étude de cas n°2. Contamination de l’eau dans la région de la Vénétie (Italie)

3.6.2 Messages
• En 2013, les messages ont diffusé une vision équilibrée des risques de la contamination
de l’eau, accompagnée des mesures visant à remédier à la situation.
• L’incertitude existant autour des substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées
en 2013 rendait difficile la communication des risques au public ; la réalisation des
nécessaires études sur les effets de la contamination par ces substances sur les publics
affectés et la production alimentaire a également pris du temps ; cela a engendré une
certaine indignation du public.
• L’usine responsable de la pollution n’a pas assumé la responsabilité de la contamination
par les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées, et n’a pas, à ce jour, été
traduite en justice, ce qui a exacerbé l’indignation des publics.

3.6.3 Canaux
• L’utilisation d’un ensemble de canaux et de relais pour communiquer avec les acteurs
aussi bien qu’avec le public a permis de soutenir une vaste sensibilisation sur la
contamination par les substances perfluoroalkylées et polyfluoroalkylées en 2013.
• La collaboration continue avec les médias était importante pour assurer qu’ils
détenaient des informations factuelles exactes, comprenaient l’état de la science et
quels étaient les points d’incertitude.

3.6.4 Liens entre la recherche, l’analyse et la communication sur les risques


• La communication sur les risques a été confrontée à la traduction de nombreuses études
scientifiques dans un ensemble de domaines (l’agriculture, la santé, l’environnement,
la sécurité alimentaire, les services vétérinaires) pour qu’elles soient utilisées par le
public ; cela a requis le soutien de spécialistes.
• Les études scientifiques n’ont pas toujours produit des conclusions pouvant être
traduites en résultats concrets et en recommandations pour les autorités locales et les
publics affectés, tels que des conseils spécifiques sur les comportements de réduction
des risques ; le soutien de spécialistes a été nécessaire à cet égard.

3.6.5 Évaluation de l’impact


• Les actions de communication auraient pu bénéficier d’approches plus systématiques
pour comprendre les résultats de ses activités, et les attitudes et comportements des
publics affectés, dans le but de façonner les efforts futurs.

39
4. Étude de cas n°3.
Action contre les effets de la chaleur sur la santé en
Styrie (Autriche)

4.1 Contexte

Le changement climatique et les températures extrêmes qui en résultent ont été


décrits comme représentant « une menace urgente pour la santé des êtres humains »
(Shumake-Guillemot, 2020a). La prévalence des vagues de chaleur et de la hausse des
températures augmente à mesure que la planète se réchauffe, et entraîne des risques
sanitaires accrus (Matties et al., 2008). L’Europe n’y fait pas exception : elle a connu « un
taux de réchauffement sans précédent au cours des dernières décennies » (WHO, 2021d).
D’après l’OMS, « les vagues de chaleur et le temps chaud tuent, et peuvent aussi aggraver
les maladies existantes » (Matties et al., 2008). Le taux de létalité d’un coup de chaleur
non traité est compris entre 65 % et 80 %, et les températures élevées peuvent entraîner
« une déshydratation sévère, la coagulation du sang, un accident vasculaire cérébral et
des lésions des organes » (Shumake-Guillemot, 2020a)5. Les maladies existantes des reins,
du cœur et des poumons peuvent également être aggravées, de même que les troubles
mentaux (Shumake-Guillemot, 2020a). Étant donné que le climat continue à devenir plus
extrême et que les vagues de chaleur s’intensifient et s’allongent en raison du changement
climatique, il est probable que le taux de mortalité augmente (WHO, 2021c).

L’Autriche ne fait pas exception à cela. Les températures moyennes y ont augmenté de
1,3°C entre 1988 et 20176, et la vague de chaleur qui a frappé l’Europe en 2003 a avivé les
craintes relatives aux effets du stress thermique sur la santé. En Autriche, les vagues de
chaleur devraient selon les estimations, devenir plus fréquentes et avoir des conséquences
particulièrement négatives dans les zones urbaines (WHO, 2018b : p. 111). Les vagues de
chaleur prolongées ont un effet plus marqué sur le taux de mortalité, et leur impact sur la
santé peut être aggravé si elles sont associées à une pollution de l’air accrue (WHO, 2021c),
la chaleur accentuant simultanément la pollution de l’air en ville (Shumake-Guillemot,
2020a). Malgré cela et la possibilité que la chaleur exacerbe d’autres catastrophes telles
que la sécheresse et les cyclones, elle n’est pas nécessairement considérée comme une
5
  Selon Shumake-Guillemot (2020a), le coup de chaleur se définit par une exposition à des températures
supérieures à 40°C menant à des maux de tête intermittents, une absence de transpiration, une fièvre élevée
supérieure à 39,5°C, des nausées ou des vomissements et une possible perte de conscience. Il se distingue
de l’épuisement par la chaleur, qui résulte de l’exposition à des températures comprises entre 37°C et 40°C,
et entraîne un évanouissement ou des vertiges, une transpiration excessive, une peau moite, froide et pâle,
des nausées ou des vomissements, un pouls rapide et faible et des crampes musculaires.
6
  Source des chiffres : Zentralanstalt für Meteorologie und Geodynamik (ZAMG) (www.zamg.ac.at).

40
Étude de cas n°3. Action contre les effets de la chaleur sur la santé en Styrie (Autriche)

situation d’urgence en elle-même ; les systèmes de santé peuvent ne pas être équipés
pour faire face à l’effet de l’extrême chaleur sur la santé (Shumake-Guillemot, 2020a ; WHO,
2021c).

La vulnérabilité face au stress thermique varie selon l’âge, la profession, le logement et la


situation socio-économique. Les personnes les plus exposées au risque du stress thermique
sont celles qui souffrent de maladies chroniques ou d’isolement, et celles qui occupent
certaines professions – en particulier, celles qui travaillent à l’extérieur (Shumake-Guillemot,
2020a ; WHO, 2021c). Les personnes sans domicile sont également exposées à ce risque. Le
stress thermique peut être relié à une perte de productivité et de revenus, de même qu’à
une baisse de la qualité de vie pour ceux qui occupent les professions affectées (notamment
les agents de santé portant un équipement de protection personnelle dans le contexte de la
pandémie de COVID-19). Les personnes âgées en milieu urbain sont également un groupe
à risque ; comme indiqué dans WHO (2021c), « dans les villes européennes, les personnes
âgées souffrent le plus des effets des vagues de chaleur, notamment les femmes chez qui
la mortalité est plus élevée que chez les hommes ». Cela signifie que de manière générale,
l’Europe et l’Est de la Méditerranée « sont exposés à un risque... en raison des populations
vieillissantes vivant en ville » (Shumake-Guillemot, 2020a).

Bien que ces risques considérables puissent être sous-estimés, leurs conséquences
nocives peuvent en grande part être évitées. Le réseau d’information mondial sur les
effets de la chaleur sur la santé a appelé à la prise de mesures urgentes pour atténuer
les risques considérables pour la santé. Avec l’OMS, il plaide pour l’intégration d’une
communication efficace dans la planification de la lutte contre les effets de la chaleur
sur la santé et dans les stratégies de prévention des vagues de chaleur estivales, en
particulier pour atteindre les populations vulnérables et à risque (Matties et al., 2008). Le
réseau appelle également à « une meilleure compréhension des risques liés à la chaleur
et à une impulsion en faveur de la traduction des connaissances et des informations sur
les risques, en politiques et en actions » (Shumake-Guillemot, 2020a).

L’atténuation du stress thermique est d’autant plus urgente dans le contexte de la


pandémie de COVID-19, car le risque est double pour les populations vulnérables, qui
sont les mêmes dans les deux cas ; les systèmes de santé sont encore davantage sous
tension, et les interventions de santé publique sont plus difficile à mettre en œuvre
efficacement à cause de la pandémie (Shumake-Guillemot, 2020b).

4.2 Protection contre les effets de la chaleur sur la santé en


Autriche

Comme de nombreux pays européens, l’Autriche a mis au point des évaluations nationales
de la vulnérabilité, de l’impact et de l’adaptation au changement climatique, notamment
une évaluation des risques de la chaleur pour la santé, qui a été réalisée dans le cadre de

41
Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé

la stratégie nationale d’adaptation de l’Autriche dans les domaines de la santé publique et


du changement climatique (WHO, 2018b : p. 27). Établi en 2017, le Plan national autrichien
de protection contre la chaleur coordonne les efforts de protection contre les effets nocifs
des vagues de chaleur sur la santé, et de réduction de la mortalité. En vigueur entre mai et
septembre, un système d’alerte contre la chaleur tente de repérer les vagues de chaleur et
de déclencher des communications si nécessaire.

Le Plan national autrichien de protection contre la chaleur implique une coopération étroite
entre les autorités nationales et régionales, de même qu’avec les professionnels de la santé,
les hôpitaux et le personnel d’urgence (WHO, 2018b : p. 42). Deux provinces autrichiennes
et la ville de Vienne ont mis en place des mesures spéciales pour communiquer avec les
citoyens sur les effets de la chaleur sur la santé et diffuser des alertes en cas de chaleur
(Climate-ADAPT, 2017). Un plan d’action contre les effets de la chaleur sur la santé a
d’abord été mis sur pied dans la province autrichienne de Styrie, en 2011, sur la base des
recommandations de l’OMS ; la Styrie a donc été la première province à se doter d’un plan,
suivie par la Carinthie en 20137. Ces deux régions servent à présent de source d’inspiration
pour les autres régions du pays. La Styrie, qui est située dans le sud-est de l’Autriche, a
une population de 1,24 million d’habitants ; parmi eux, 270 000 personnes vivent dans
la principale ville de Styrie, Graz, qui souffrent d’une mauvaise circulation de l’air en
raison de sa topographie, et d’un niveau élevé de pollution de l’air (Pollhammer, s.d.). La
conception de plans d’action contre les effets de la chaleur sur la santé devenait d’autant
plus cruciale que la population vieillissait et que le nombre de personnes vulnérables
augmentait, notamment les plus de 65 ans, les personnes à mobilité réduite et celles que
la pauvreté mettait en danger et qui étaient moins à même d’accéder à la prévention
sanitaire (Pollhammer, s.d.).

4.3 Campagne de communication

4.3.1 Objectifs et messages principaux


La communication joue un rôle essentiel dans le Plan de protection autrichien contre la
chaleur. En principe, le groupe national de travail, supervisé par le ministère de la Santé
et des Affaires féminines, se réunit avant chaque été pour mettre en place un plan de
communication en cas de vague de chaleur. Les contraintes de ressources engendrées
par la pandémie de COVID-19 ont empêché le groupe de se réunir en 2020. Les sept
régions d’Autriche ayant des climats différents, les provinces sont responsables de la
communication sur les risques de la chaleur et de la diffusion d’alertes en cas de vague de
chaleur ; la province de Styrie possède son propre plan de protection contre les effets de
la chaleur sur la santé. Cette action fait partie des efforts visant à rendre la province plus
active en faveur de la santé, et plus résiliente.

7
  Le site Web du plan de protection de Styrie contre la chaleur peut être consulté à cette adresse :
https://www.gesundheit.steiermark.at/cms/beitrag/11685019/72561200.

42
Étude de cas n°3. Action contre les effets de la chaleur sur la santé en Styrie (Autriche)

Chaque année, la communication commence en avril, avant la probabilité de la première


vague de chaleur, pour mettre en place le système d’alerte en cas de besoin. Ce moment
est crucial, car la première vague de chaleur peut entraîner les risques les plus élevés, la
population n’étant pas encore habituée à la hausse des températures et les effets étant
ressentis plus fortement. Il importe également de permettre aux gens de s’inscrire à la
lettre d’information, conformément à la réglementation sur la protection des données.

En 2020, l’été a été très chaud, mais aucune vague de chaleur ne s’est produite en Autriche
et le déclenchement du système d’alerte mis en place en Styrie en cas de chaleur n’a pas
été nécessaire ; cette situation a été vue comme une bonne augure dans le contexte
de la COVID-19, de la domination de ce dernier dans la communication publique et de
la tension déjà existante dans le système de santé. Selon les circonstances au cours de
l’année, le système peut être activé de multiples fois ; en 2015, il a été activé de 8 à 10 fois.
Il est en général déclenché par le service de météorologie à l’annonce d’une vague de
chaleur en cours (avec des prévisions de température excédant 35°C – en température
physiologique équivalente), afin d’apporter autant d’informations que possible à ceux
qui sont responsables de l’adoption de mesures. Un système clair d’avertissement
consistant en des feux tricolores est utilisé pour indiquer le niveau de danger et la réponse
nécessaire  : aucun danger (vert), danger accru (jaune), danger important (orange) ou
danger extrême (rouge).

La communication a lieu à deux niveaux. Au niveau national, le ministère de la Santé et


des Affaires féminines « présente des informations sur les alertes relatives à la chaleur
sur son site Web, prend des mesures de précaution en faveur des citoyens et assure leur
promotion » (WHO, 2018b : pp. 42–43). Au niveau régional, les autorités provinciales
sont responsables de la communication sur les effets de la chaleur sur la santé auprès
des principaux publics, conformément aux orientations du plan national, en diffusant des
informations spécifiques aux institutions qui travaillent auprès des groupes vulnérables,
tels que les médecins généralistes, les maisons de retraite, les hôpitaux et les écoles
maternelles (WHO, 2018b : p. 43).

Une évaluation du Plan de protection de Styrie contre la chaleur, notamment son système
d’alerte en cas de chaleur, a été conduite en 2017, pour analyser l’impact du plan d’action
contre les effets de la chaleur sur la santé et de sa stratégie de communication. Des acteurs
importants ont participé à l’enquête et aux entretiens, notamment ceux qui travaillent
dans les soins des enfants et des personnes âgées et dans les hôpitaux.

La pandémie de COVID-19 a entraîné des difficultés supplémentaires pour la


communication sur les effets de la chaleur sur la santé (cf. Encadré 2).

43
Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé

Encadré 2. Effets de la chaleur sur la santé et COVID-19

La communication sur les effets de la chaleur sur la santé a été placée face à des
difficultés supplémentaires pendant la pandémie de COVID-19 et l’avalanche
d’informations qui en a découlé sur la santé et la COVID-19. L’une des personnes
rencontrées en entretien a qualifié l’énorme quantité d’informations diffusées au
public de « bruit de fond », rendant les informations difficilement audibles, en
particulier dans les médias grand public. Il était également difficile de se tenir au
courant des circonstances de terrain dans lesquelles se trouvaient les médecins
de famille et les autres lieux dans lesquels la communication sur les effets de la
chaleur sur la santé est habituellement faite. Les personnes, particulièrement
celles qui sont les plus exposées au risque, peuvent être réticentes à rendre visite
à leur médecin de famille pendant la pandémie, et manquer les occasions d’y voir
les affiches et autres communications sur les effets de la chaleur sur la santé qui
sont distribuées.

Les informations diffusées sur les effets de la chaleur sur la santé ont été adaptées
pour tenir compte de la pandémie, s’appuyant sur les recommandations de l’OMS
et l’expérience de l’année précédente. Certaines informations générales sur la
COVID-19, telles que le respect des distances sociales et l’utilisation de masques,
ont été inclues dans la lettre d’information sur les effets de la chaleur sur la santé,
de même que des remarques spécifiques concernant par exemple l’usage de la
ventilation pour les personnes travaillant en intérieur, dans des bureaux ou des
crèches, ou celui de la climatisation avant que les personnes entrent dans une pièce.

Les matériels ont également été adaptés pour signaler le possible risque de
confusion entre les symptômes du stress thermique, tels que les maux de tête, et
les symptômes de la COVID-19, qui pouvaient compliquer le diagnostic précoce.
Le danger que la peur des infections diminue la disposition des personnes à
utiliser les services de santé a également été souligné.

Le Plan de protection de Styrie contre la chaleur prenait également en compte une


évaluation antérieure du Système allemand d’information sur le changement climatique
et la santé, qui montrait que les personnes à risque exposées au système d’information
ne se protégeaient pas mieux que celles qui n’y avaient pas été exposées, et que la lettre
d’information concernée contenait peu, voire pas d’informations (Pollhammer, 2016 :
p. 71). Le public était plus enclin à utiliser des informations claires et faciles à traduire en
actes. L’évaluation montrait enfin que les personnes en charge des personnes à risque
(par exemple, les employés des crèches) n’avaient pas tendance à rechercher les mesures
qu’elles devaient prendre ; cependant, quand des informations claires et facilement

44
Étude de cas n°3. Action contre les effets de la chaleur sur la santé en Styrie (Autriche)

exploitables étaient fournies, elles agissaient. En conséquence, la Styrie a cherché à


apporter des recommandations claires et concrètes, au moyen d’affiches disponibles
sur leur site Web et par d’autres méthodes, dans le but de réaliser des changements de
comportement. Ces mesures ont contribué à l’objectif global, qui consistait à inspirer
une participation active et un changement comportemental pour atténuer les potentiels
effets de la chaleur sur la santé.

4.3.2 Publics cibles


Le Plan de protection contre la chaleur de Styrie indique que les personnes les plus exposées
au risque sont probablement celles qui avec qui il est le plus difficile de communiquer rap-
idement et efficacement par courrier électronique, car il est possible qu’elles n’aient pas de
connexion Internet ou qu’elles rencontrent des difficultés socio-économiques, physiques
ou mentales (Pollhammer, 2016 : p. 74). En outre, « les alertes en cas de chaleur ne constit-
uent pas à elles seules une garantie que des mesures seront prises. L’élément déclencheur
de l’action le plus important est non seulement l’expérience personnelle, mais aussi la dis-
cussion directe avec des médecins, des infirmières ou d’autres personnes de confiance »
(Pollhammer, 2020, traduit de l’allemand). Ce point est d’autant plus crucial que la percep-
tion du risque est faible et que l’environnement de communication est surchargé.

Par conséquent, les publics primordiaux sont les intermédiaires qui travaillent avec les
groupes vulnérables, s’occupent d’eux et peuvent donc les atteindre. Ils comprennent les
médecins de famille et le personnel impliqué dans les hôpitaux, les maisons de retraite,
les organisations de sauvetage, les soins aux enfants (crèches, écoles), les organisations de
soins mobiles, les autorités locales et les points de contact pour personnes sans domicile.

Le Plan de protection insiste aussi sur la nécessité d’une participation civique afin de
protéger les personnes très vulnérables, qui peuvent vivre seules et moins subvenir à
leurs propres besoins. Les membres de la famille de personnes âgées, leurs aidants et
leurs voisins sont également encouragés à contacter régulièrement et aider à prendre
soin de ces personnes âgées, particulièrement celles qui vivent seules. Ces personnes
de confiance peuvent également leur faire comprendre la nécessité des auto-soins pour
prévenir les risques associés à la chaleur et à la COVID-19. Ce type de dialogue avec des
personnes de confiance a été jugé plus important que la diffusion de messages dans les
médias grand public.

4.3.3 Perception du risque


En Autriche, la perception du risque dû à la chaleur est considérée comme faible, y compris
chez des acteurs essentiels tels que les médecins de famille et les groupes vulnérables
eux-mêmes. Ce niveau peu élevé du risque perçu a également été observé dans le reste
de l’Europe (WHO, 2021b). La connaissance des risques de la chaleur pour la santé est
faible chez les responsables politiques ; cela peut néanmoins changer si les vagues de

45
Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé

chaleur deviennent plus fréquentes. Les effets de la chaleur sur la santé sont pris en
compte et discutés dans le cadre du dialogue politique en Autriche et en Styrie à propos
de la stratégie relative au climat, notamment la protection et l’adaptation climatique.

Selon l’évaluation réalisée en 2017 dans le cadre du Plan de protection contre la


chaleur en Styrie, la perception du risque est plus élevée, par comparaison avec la
population générale, chez les professionnels qui travaillent directement avec les groupes
vulnérables – en particulier, les personnes âgées –, car ils peuvent avoir été témoins des
risques de manière directe (Pollhammer & Gössinger-Wieser, 2019 : p. 18). Par exemple,
86 % des personnes interrogées travaillant dans les soins aux personnes âgées estimaient
que le risque dû aux vagues de chaleur était élevé ou moyen. Dans l’enquête, les personnes
exerçant des professions de soins exprimaient aussi plus fortement le besoin de mesures
et de planification pour atténuer les risques dus à la chaleur pour la santé (Pollhammer &
Gössinger-Wieser, 2019 : p. 19).

Les plus fortes préoccupations exprimées concernaient les personnes ne vivant pas en
institution, pouvant être seules et insuffisamment au courant des risques dus à la chaleur.
Ces groupes peuvent n’être en contact avec un professionnel de la santé, tel qu’un médecin
de famille, que de façon irrégulière, ce qui souligne le rôle essentiel joué par les médecins
en tant qu’intermédiaires apportant des informations importantes aux personnes à risque.

4.3.4 Canaux
Les canaux de communication choisis ont été validés par l’évaluation de 2017. Les
personnes ayant répondu ont indiqué qu’elles étaient satisfaites des canaux utilisés (une
lettre d’information électronique) et n’ont pas demandé l’usage de canaux alternatifs tels
que les messages SMS ou une application mobile.

Lettre d’information électronique


Une première lettre d’information est envoyée par courrier électronique avant la saison
d’été, en avril, pour présenter le système d’alerte en cas de chaleur, expliquer comment
se définit une vague de chaleur et quand des communications ultérieures peuvent
être attendues. La personne en charge de la riposte contre les effets de la chaleur sur la
santé au sein des autorités locales reçoit également la lettre d’information par courrier
électronique.

Si le service de météorologie national annonce une vague de chaleur, une cascade


de communications est déclenchée au niveau provincial. Les autorités responsables
de ces envois en Styrie conservent une liste des adresses électroniques des publics
essentiels, pour faciliter la communication. En Styrie, cette liste d’envoi contient quelque
4  000  adresses électroniques, notamment des crèches, des maisons de santé, des
médecins de famille, des hôpitaux et les autorités locales. Elle est également utilisée pour
l’envoi de la lettre d’information et si nécessaire, de messages du système d’alerte en cas

46
Étude de cas n°3. Action contre les effets de la chaleur sur la santé en Styrie (Autriche)

de chaleur. Selon l’évaluation, 98 % des personnes interrogées recevaient les courriers


électroniques et la majorité d’entre elles étaient très satisfaites de leur contenu.

La lettre d’information sur les alertes en cas de chaleur comprenait une carte indiquant
le niveau de risque. Elle contenait des informations sur les symptômes et les mesures
simples de prévention, de même que des numéros d’urgence et des codes QR reliant au
site Web. L’inclusion de codes QR résultait de l’évaluation, qui avait montré que seuls 44 %
des répondants utilisaient les cyberliens de la lettre d’information (Pollhammer, s.d.).

Ressources en ligne
Au niveau national, les informations sont disponibles sur le site Web du ministère de la
Santé et des Affaires féminines. Les autorités sanitaires régionales ont également leurs
sites Web propres. Les lettres d’information par courrier électronique orientent leurs
lecteurs vers le site Web du Plan de protection contre la chaleur de Styrie, qui contient
des informations supplémentaires telles que des brochures, des numéros de téléphone
d’urgence et une carte indiquant le niveau de risque ; le site Web et les matériels ont été
adaptés au contexte de la COVID-19, comme mentionné précédemment (cf. Encadré 2).
L’évaluation a montré que la majorité des personnes interrogées (soit 70 %) avait trouvé
utile le contenu du portail Internet (Pollhammer, s.d.). Les utilisateurs d’Internet ont donné
au site Web du Plan de protection contre la chaleur de Styrie la note de 4,3 sur 5 (sur la
base de 66 réponses, en août 2021).

Affiches et dépliants
Le site Web de Styrie contient des affiches en format PDF, qui peuvent être imprimées et
placées à des endroits pertinents, tels que des salles d’examen et d’attente des médecins.
Les affiches comportent des codes QR qui peuvent être utilisés avec des smartphones pour
accéder à des informations supplémentaires en ligne. Des matériels généraux sont mis à
disposition, tels qu’un dépliant offrant des conseils de comportement, des mesures et des
informations sur les effets de la chaleur extrême sur les médicaments, et une brochure sur
les symptômes et les mesures. Quelques matériels plus spécifiques se trouvent également
sur le site Web, notamment une brochure sur les soins aux personnes âgées, un dépliant
pour les membres de la famille de personnes vulnérables, comportant des conseils de
comportements, et une brochure sur les lieux de travail, couvrant la réglementation et
offrant des conseils de comportements.

Numéro d’urgence national sur la chaleur


Un numéro téléphonique est fourni au plan national et activé pendant les vagues de
chaleur ; les citoyens peuvent se tourner vers ce service pour recevoir des conseils.

47
Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé

Médias nationaux
L’Autriche compte environ 4 à 5 journaux d’information, qui reçoivent les nouvelles
de l’Association de la presse autrichienne. Le Centre autrichien pour la lutte contre les
maladies, qui gère le Plan de protection national contre la chaleur en Autriche, peut
fournir des messages sanitaires à l’Association de la presse, qui sont ensuite diffusés dans
la presse nationale. Le service de météorologie national (ZAMG) donne des informations
sur les niveaux de risque et les vagues de chaleur en cours, qui de façon identique, sont
relayées par les médias grand public nationaux.

Événements
Un congrès a été organisé pour les cadres des hôpitaux ; il comportait une séance sur le
changement climatique et la chaleur, et les moyens de prévenir les problèmes chez les
patients.

4.4 Résultats

L’évaluation du Plan de protection contre la chaleur en Styrie, conduite en 2017, montre


que le plan et les communications en lien avec ce plan sont appréciés et ont un impact
positif ; 96 % des personnes interrogées se disaient plutôt satisfaites ou très satisfaites du
plan, et 73 % de celles qui travaillaient dans des établissements pour personnes âgées
estimaient que le service d’alerte en cas de chaleur avait aidé à réduire le fardeau de la
chaleur dans leur institution et ses conséquences sanitaires nocives pour leurs clients
(Pollhammer, s.d. ; Pollhammer & Gössinger-Wieser, 2019 : p. 17). La réalisation d’une autre
évaluation est envisagée pour les années à venir.

4.5 Actions futures

Les autorités sanitaires provinciales réfléchissent actuellement à de nouvelles mesures


susceptibles d’améliorer leur communication sur les effets de la chaleur sur la santé.

Rôle des médecins de famille en tant qu’intermédiaires et relais d’information capitaux

Il est nécessaire de mettre davantage l’accent sur les médecins de famille, en tant
qu’intermédiaires disposant d’un contact vital avec les personnes à risque, qui pourraient
sinon être isolées. Les mesures potentielles futures pourraient comprendre une formation
spécifique pour les médecins de famille, sur le sujet des effets de la chaleur sur la santé.
L’importance de la communication entre médecins et maisons de retraite était également
l’une des conclusions de l’évaluation. Les recherches ont souligné les avantages procurés
par la réalisation d’évaluations du risque et de bilans de santé par des médecins auprès
des résidents de maisons de retraite, lorsque les ressources le permettaient.

48
Étude de cas n°3. Action contre les effets de la chaleur sur la santé en Styrie (Autriche)

Recherche d’intermédiaires supplémentaires pour toucher les groupes isolés et


vulnérables

Les personnes offrant des services tels que la livraison de repas aux populations vulnérables
devraient être intégrées dans le plan d’action sanitaire contre la chaleur et pourraient
servir d’intermédiaires utiles avec les groupes à risque.

Registre des personnes vulnérables à la chaleur

Inspiré des travaux réalisés en France et en Italie, un registre des personnes vulnérables
devant être visitées régulièrement par les autorités en cas de vague de chaleur devrait
être créé, de façon qu’elles puissent recevoir des soins et des bilans de santé.

Communication différenciée

Les autorités provinciales ont planifié la création de versions différenciées de la lettre


d’information électronique, adaptées aux besoins des différents publics (maisons de
retraite, médecins, groupes vulnérables, etc.). D’autres mesures sont également à l’étude,
pour atteindre les groupes non ciblés actuellement, tels que les personnes travaillant en
extérieur. Les syndicats, qui font déjà partie du groupe de travail sur les effets de la chaleur
sur la santé, ou la chambre de commerce peuvent constituer des intermédiaires potentiels
permettent d’atteindre ce public.

Pressions et politique

Les responsables politiques devraient être davantage conscients de la nécessité de


protéger le climat pour éviter que les risques dus à la chaleur sur la santé ne s’aggravent,
et des avantages sociaux et économiques de la mise en œuvre de plans de protection
contre la chaleur.

4.6 Enseignements

• L’existence de plans d’action nationaux et provinciaux sur les effets de la chaleur sur la
santé peut jouer un rôle capital en cas de vague de chaleur ; ces plans doivent comporter
une forte composante de communication, décrivant les principaux publics, les canaux
de communication et les procédures d’alerte en cas de situation d’urgence sanitaire.
La nécessité de communiquer de façon anticipée est soulignée par l’évaluation du
plan de Styrie en 2017, qui révélait que 88 % des personnes interrogées ne cherchaient
rarement, voire jamais en ligne les alertes en cas de chaleur, ni les informations sur la
protection contre la chaleur (Pollhammer, s.d.).
• Les personnes sont prêtes à agir et le feront si elles disposent d’un accès facile à
l’information. La communication sur les effets de la chaleur sur la santé s’appuyait sur
les conclusions de l’évaluation de 2017 ; en incluant les codes QR sur les affiches, le

49
Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé

but était d’encourager le public à suivre et à explorer davantage les informations sur
ce sujet.
• Les informations doivent être claires et se limiter aux contenus les plus pertinents pour
les différents publics.
• La détermination de la date de la communication est cruciale pour l’anticipation de
la première vague potentielle de chaleur, qui est la plus risquée, et pour donner aux
autorités suffisamment de temps pour effectuer le suivi des informations fournies
(WHO, 2018b : p. 113).
• Les évaluations peuvent permettre une meilleure compréhension de l’impact des
communications sur les effets de la chaleur sur la santé, et procurer des informations
plus nuancées sur leurs effets potentiels, complétant des indicateurs quantitatifs tels
que le nombre de clics sur les sites Web concernés.

50
5. Conclusions

Ce rapport visait à offrir une présentation stratégique de la communication efficace sur


les risques pour l’environnement et la santé au niveau mondial, et plus particulièrement
en Europe. Il a présenté les dernières tendances, les théories et les concepts de la
communication sur les risques pour l’environnement et la santé, et mis en évidence les
principales difficultés et les bonnes pratiques. Trois études de cas ont complété l’exposé.

Sur la base des bonnes pratiques sélectionnées, le rapport donne des conseils sur
l’adoption d’une communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé
face aux difficultés considérables auxquelles nous sommes exposés. Ces difficultés ont
été aggravées et mises en lumière par la pandémie de COVID-19. Cependant, comme le
montrent les études de cas et les autres exemples cités, la communication sur les risques
pour l’environnement et la santé joue un rôle essentiel dans la promotion d’une prise
de décisions informée et le changement positif des comportements. Les professionnels
de la santé et les responsables de la communication construisent de plus en plus leur
« savoir-faire » au moyen de la recherche et de l’expérience pratique fondées sur des bases
théoriques solides.

Les chercheurs en santé ont besoin de connaître les implications de la communication


sur les risques pour la diffusion et l’utilisation des résultats de la recherche en santé.
Aujourd’hui, les chercheurs sont confrontés à un scénario périlleux dans lequel leurs
conclusions scientifiques seules ne suffisent pas à influencer les responsables politiques
et le public. Ils doivent donc tenir compte de l’environnement concurrentiel dans lequel
leurs conclusions seront utilisées, anticiper le dialogue et impliquer très tôt les acteurs
dans leurs recherches.

La communication sur les risques étant de plus en plus intégrée à la riposte aux menaces
aiguës et chroniques pour la santé, il est également probable que les données, les
informations et les recherches sur les pratiques de communication vont se multiplier. Il
faut espérer que ces riches ressources apportent de multiples éclairages permettant de
renforcer encore l’efficacité de la communication sur les risques, d’améliorer la santé et de
sauver des vies.

51
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59
Annexe 1.
Analyse des difficultés et des bonnes pratiques

Tableau A1.1. Difficultés de la communication sur les risques pour


l’environnement et la santé, d’après l’analyse de 25 articles, études et
rapports
Les six difficultés majeures (pour une analyse détaillée, cf. chapitre 1.2 plus haut)

1. Difficultés à combler l’écart entre les perceptions du risque chez les experts et dans le
public
2. Gérer l’incertitude et les faits scientifiques changeants
3. Mutation des sources considérées comme fiables
4. Gérer les canaux pour contrecarrer la diffusion des informations erronées
5. Ressources, capacités et compétences nécessaires en communication sur les risques
6. Reformuler les informations pour qu’elles soient comprises par le public

Numéro de la difficulté
Article, étude ou rapport Score
(cf. liste ci-dessus)
1 2 3 4 5 6
(✓ = présent dans l’article)
Malecki KMC, Keating JA, Safdar N ✓ ✓ ✓ ✓ ✓ ✓ 6
(2021). Crisis communication and public
perception of COVID-19 risk in the era of
social media. Clin Infect Dis. 72(4):697–702.
doi:10.1093/cid/ciaa758
Scheufele DA, Krause NM (2019). Science ✓ ✓ ✓ ✓ ✓ 5
audiences, misinformation, and fake news.
Proc Natl Acad Sci USA. 116(16):7662–9.
doi:10.1073/pnas.1805871115
WHO (2013). Health and environment: ✓ ✓ ✓ ✓ ✓ 5
communicating the risks. Copenhagen: WHO
Regional Office for Europe (https://www.
euro.who.int/en/publications/abstracts/
health-and-environment-communicating-
the-risks-2013)

60
Annexe 1. Analyse des difficultés et des bonnes pratiques

Numéro de la difficulté
Article, étude ou rapport Score
(cf. liste ci-dessus)
1 2 3 4 5 6
(✓ = présent dans l’article)
Dora C, editor (2006). Health, hazards and ✓ ✓ ✓ ✓ ✓ 5
public debate: lessons for risk communica-
tion from the BSE/CJD saga. Copenhagen:
WHO Regional Office for Europe (https://
apps.who.int/iris/handle/10665/328036)
Orso D, Federici N, Copetti R, Vetrugno L, ✓ ✓ ✓ ✓ 4
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determinants of health: the role of effective
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Krause NM, Freiling I, Beets B, Brossard ✓ ✓ ✓ 3
D (2020). Fact-checking as risk
communication: the multi-layered risk of
misinformation in times of COVID-19. J Risk
Res. 23:1052–9. doi:10.1080/13669877.202
0.1756385

61
Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé

Numéro de la difficulté
Article, étude ou rapport Score
(cf. liste ci-dessus)
1 2 3 4 5 6
(✓ = présent dans l’article)
Mheidly N, Fares J (2020). Leveraging media ✓ ✓ ✓ 3
and health communication strategies to
overcome the COVID-19 infodemic. J Public
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and requirements for designing successful
communication programs on health and
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62
Annexe 1. Analyse des difficultés et des bonnes pratiques

Numéro de la difficulté
Article, étude ou rapport Score
(cf. liste ci-dessus)
1 2 3 4 5 6
(✓ = présent dans l’article)
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15 12 11 11 10 7

63
Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé

Tableau A1.2. Bonnes pratiques en communication sur les risques pour


l’environnement et la santé, d’après l’analyse de 25 articles, études et
rapports
Les dix bonnes pratiques (pour une analyse détaillée, cf. chapitre 1.3 plus haut)

1. Diffuser des messages reflétant les préoccupations du public et admettant sa diversité


2. Sélectionner et gérer les canaux les plus adéquats pour atteindre et rassurer le public
3. Comprendre qui possède de l’influence sur le public et l’optimiser
4. Impliquer tôt le public et les acteurs et adopter une communication bilatérale et
multidirectionnelle
5. Mesurer la communication sur les risques pour constater les progrès
6. La communication sur les risques nécessite une approche multidisciplinaire
7. La communication sur les risques requiert de renforcer les capacités
8. Émotions et compassion sont nécessaires dans les messages pour contrecarrer
l’indignation
9. Prendre conscience que l’incertitude est gérable en communication sur les risques
10. La communication sur les risques doit être intégrée dès le début dans les études
scientifiques

Numéro de la bonne pratique


Article, étude ou rapport Score
(cf. liste ci-dessus)
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
(✓ = présent dans l’article)
WHO (2013). Health and environment: ✓ ✓ ✓ ✓ ✓ ✓ ✓ ✓ 8
communicating the risks. Copenhagen:
WHO Regional Office for Europe (https://
apps.who.int/iris/handle/10665/108629)
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64
Annexe 1. Analyse des difficultés et des bonnes pratiques

Numéro de la bonne pratique


Article, étude ou rapport Score
(cf. liste ci-dessus)
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
(✓ = présent dans l’article)
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404. doi:10.1016/j.toxlet.2003.12.050
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nurev.publhealth.28.021406
Covello VT (2003). Best practices in public ✓ ✓ ✓ ✓ ✓ 5
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J Health Commun. 8 Suppl 1:5–8; discussion
148–51. doi:10.1080/713851971
Gamhewage G (2014). An introduction ✓ ✓ ✓ ✓ 4
to risk communication. Geneva: World
Health Organization (https://www.
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Krause NM, Freiling I, Beets B, Brossard D ✓ ✓ ✓ ✓ 4
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tion: the multi-layered risk of misinformation
in times of COVID-19. J Risk Res. 23:1052–9.
doi:10.1080/13669877.2020.1756385

65
Communication efficace sur les risques pour l’environnement et la santé

Numéro de la bonne pratique


Article, étude ou rapport Score
(cf. liste ci-dessus)
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
(✓ = présent dans l’article)
Abraham T (2009). Risk and outbreak ✓ ✓ ✓ ✓ 4
communication: lessons from alternative
paradigms. Bull World Health Organ.
87(8):6047. doi:10.2471/blt.08.058149
Zhang L, Li H, Chen K (2020). Effective risk ✓ ✓ ✓ ✓ 4
communication for public health emergen-
cy: reflection on the COVID-19 (2019-nCoV)
outbreak in Wuhan, China. Healthcare (Ba-
sel). 8(1):64. doi:10.3390/healthcare8010064
Mheidly N, Fares J (2020). Leveraging ✓ ✓ ✓ ✓ 4
media and health communication strate-
gies to overcome the COVID-19 infodem-
ic. J Public Health Policy. 41(4):410–20.
doi:10.1057/s41271-020-00247-w
Orso D, Federici N, Copetti R, Vetrugno L, ✓ ✓ ✓ 3
Bove T (2020). Infodemic and the spread
of fake news in the COVID-19-era. Eur J
Emerg Med. 27(5):327–8. doi:10.1097/
MEJ.0000000000000713
Uscinski JE, Enders AM, Klofstad C, Seelig ✓ ✓ ✓ 3
M, Funchion J, Everett C et al. (2020). Why
do people believe COVID-19 conspira-
cy theories? Harv Kennedy Sch Misin-
for Rev. 1(3) (https://misinforeview.hks.
harvard.edu/article/why-do-people-be-
lieve-covid-19-conspiracy-theories)
Abrams EM, Greenhawt M (2020). Risk ✓ ✓ ✓ 3
communication during COVID-19. J
Allergy Clin Immunol Pract. 8(6):1791–4.
doi:10.1016/j.jaip.2020.04.012
Green J, Edgerton J, Naftel D, Shoub ✓ ✓ 2
K, Cranmer SJ (2020). Elusive consen-
sus: polarization in elite communica-
tion on the COVID-19 pandemic. Sci
Adv. 6(28):eabc2717. doi:10.1126/sciadv.
abc2717

66
Annexe 1. Analyse des difficultés et des bonnes pratiques

Numéro de la bonne pratique


Article, étude ou rapport Score
(cf. liste ci-dessus)
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
(✓ = présent dans l’article)
Cairney P, Wellstead A (2021). COVID-19: ✓ ✓ 2
effective policymaking depends on trust
in experts, politicians, and the public. Pol
Des Pract. 4(1):1–14. doi:10.1080/257412
92.2020.1837466
Scheufele DA, Krause NM (2019). Science ✓ ✓ 2
audiences, misinformation, and fake news.
Proc Natl Acad Sci USA. 116(16):7662–9.
doi:10.1073/pnas.1805871115
Vosoughi S, Roy D, Aral S (2018). The ✓ 1
spread of true and false news online.
Science. 359(6380):1146–51. doi:10.1126/
science.aap9559
Buchanan M (2020). Managing the ✓ 1
infodemic. Nat Phys. 16:894. doi:10.1038/
s41567-020-01039-5
Ataguba OA, Ataguba JE (2020). Social ✓ 1
determinants of health: the role of ef-
fective communication in the COVID-19
pandemic in developing countries. Glob
Health Action. 13(1):1788263. doi:10.108
0/16549716.2020.1788263
Dryhurst S, Schneider CR, Kerr J, Free- ✓ 1
man ALJ, Recchia G, van der Bles AM et
al. (2020). Risk perceptions of COVID-19
around the world. J Risk Res. 23:994–1006.
doi:10.1080/13669877.2020.1758193
WHO (2005). Outbreak communication: ✓ 1
best practices for communicating with
the public during an outbreak. Report
of the WHO Expert Consultation on Out-
break Communications held in Singa-
pore, 21–23 September 2004. Geneva:
World Health Organization (https://apps.
who.int/iris/handle/10665/69138)
21 12 12 11 8 8 7 7 7 5

67
Le Bureau régional de l’OMS pour l’Europe
L’Organisation mondiale de la santé (OMS), créée en
1948, est une institution spécialisée des Nations Unies à
qui incombe, sur le plan international, la responsabilité
principale en matière de questions sanitaires et de santé
publique. Le Bureau régional de l’Europe est l’un des six
bureaux régionaux de l’OMS répartis dans le monde.
Chacun d’entre eux a son programme propre, dont
l’orientation dépend des problèmes de santé particuliers
des pays qu’il dessert.

États membres :
Albanie Lettonie
Allemagne Lituanie
Andorre Luxembourg
Arménie Macédoine du Nord
Autriche Malte
Azerbaïdjan Monaco
Bélarus Monténégro
Belgique Norvège
Bosnie-Herzégovine Ouzbékistan
Bulgarie Pays-Bas
Chypre Pologne
Croatie Portugal
Danemark République de Moldova
Espagne Roumanie
Estonie Royaume-Uni
Fédération de Russie Saint-Marin
Finlande Serbie
France Slovaquie
Géorgie Slovénie
Grèce Suède
Hongrie Suisse
Irlande Tadjikistan
Islande Tchéquie
Israël Turkménistan WHO/EURO:2022-4208-43967-63404
Italie Turquie
Kazakhstan Ukraine Centre européen de l’environnement
Kirghizistan et de la santé de l’OMS
Platz der Vereinten Nationen 1
D-53113 Bonn, Allemagne
Tél. : +49 228 815 0400
Courriel : euroeceh@who.int
Site web : www.euro.who.int

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