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ed
pacie
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2= 2017 C 1992
Mémoires publiés par les
‫לפ‬
‫אר‬ ‫הס‬
Institut français d'archéologie
‫וי‬
‫מיהת‬

NL1 4048497-20 ALI

bagi

‫ספר זה נמסר לספרייה הלאומית בהשאלת קבע‬


‫ מאיר מוזיאון לאמנות האסלאם‬.‫א‬.‫מספריית יד ל‬
1974 , ‫מייסודה של ורה ברייס סלומונס‬
‫באדיבות קרן הרמן דה שטרן‬
2016 ‫נובמבר‬

This title is on permanent loan to the


National Library of Israel
from the Library ofthe
L.A. Mayer Museum for Islamic Art

founded by Vera Bryce Salomons, 1974


Courtesy of Herman de Stern- Stiftung
November 2016
1

6
MINISTÈRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE ET DES BEAUX-ARTS

MÉMOIRES

N
G
I .
PUBLIÉS

PAR LES MEMBRES

DE LA

MISSION ARCHÉOLOGIQUE FRANÇAISE

DU CAIRE

SOUS LA DIRECTION DE M. U. BOURIANT

TOME SIXIÈME

PARIS

ERNEST LEROUX , ÉDITEUR

LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE


DE L'ÉCOLE DES LANGUES ORIENTALES VIVANTES , DE L'ÉCOLE DU LOUVRE , ETC.

28 , RUE BONAPARTE, 28

1897

• 72
MAYERL
MEMORIA
VOLVIN

BALIND
MEDIASO
i BUDI Nac C1 CO DC
31 1
TABLE DES MATIÈRES

DU VI VOLUME

Pages.
MASPERO, Fragments de la version thébaine de l'Ancien Testament . I-296

SCHEIL, Tablettes d'El-Amarna. · 297-312

CASANOVA, Une sphère arabe (avec une planche) · · 313-330

CASANOVA, Notice sur les stèles arabes appartenant à la Mission du Caire (avec
quatre planches) • 331-336

CASANOVA , Catalogue des pièces de verre des époques byzantine et arabe , de la col
lection Fouquet (avec dix planches) . 337-414

CASANOVA, Les derniers Fâţîmides : Karâkoûch , l'historien Ibn ' Abd adh- Dhâhir . 415-507

CASANOVA, Histoire et description de la Citadelle du Caire (avec dix-neuf planches


et plans) . • 509-781
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HISTOIRE ET DESCRIPTION

DE LA CITADELLE DU CAIRE

INTRODUCTION

HISTOIRE GÉNÉRALE DE LA CITADELLE

Pour faciliter au lecteur une étude qui oblige à entrer dans un grand nombre

de détails historiques, je crois devoir tracer d'abord à grands traits les princi

pales phases par lesquelles est passée la Citadelle . Ainsi on trouvera exposé

comme en un premier croquis le plan général dans le développement duquel il

sera plus aisé de se diriger.


En prenant possession de l'Égypte et en y fondant une dynastie, Salâḥ ad

Dîn inaugura une période toute nouvelle dans l'histoire de l'Égypte . « Cette

dynastie ayyoûbite ' trahit des signes de transition , on pourrait dire de révo

lution , dans tous les domaines de la civilisation . Dans les institutions religieuses ,

par le triomphe de l'orthodoxie sur l'hérésie fâțimide, et dans l'architecture

religieuse, par l'introduction de la medrese... dans les institutions militaires par

le régime de la féodalité et de la noblesse des armes, et dans l'architecture

1. Les descendants directs de Salâh ad-Din régnèrent peu. Ses vrais successeurs furent surtout ses frères et
leurs descendants. La dynastie a donc pris le nom d'Ayyoûb , père de Salah ad- Din et l'ancêtre commun de ses
successeurs dans les diverses parties de l'empire qu'il créa .
65
S10 VA..
P. CASANOVA

militaire par la transformation des châteaux forts et des enceintes sous l'in

fluence des Croisés ; dans la décoration .... dans l'épigraphie enfin ..., etc. ' . » Au

point de vue général, cette révolution est caractérisée par la prédominance

absolue de l'élément militaire, qui , sous les Fâțimides , avait été longtemps tenu
en échec par l'élément civil, reprend le dessus avec les premiers Ayyoûbites et

devient le maître unique avec les Mamloûks et les Ottomans . Aussi n'est- il pas

surprenant que la résidence des souverains, la capitale même de l'Égypte, ait

été , depuis cette époque, non une ville, mais une citadelle. L'histoire de la

Citadelle , c'est l'histoire même de l'Égypte pendant plus de quatre siècles .

En construisant cette vaste forteresse, Salâḥ ad-Dîn s'inspirait évidemment

des Croisés qui, campés en pays ennemis, avaient construit de bonne heure de

véritables villes bastionnées et crénelées pouvant abriter non seulement les

soldats , mais leurs familles , leurs serviteurs, les habitants du voisinage , etc.

Dans les premières années, Şalâḥ ad- Dîn put se croire menacé par les derniers

partisans des Fâțimides , c'est à leur crainte qu'on attribue la fondation de la

Citadelle, en 572 ( 1166) .

Toutefois, depuis 572 , au moins , les Fâțimides paraissent avoir définitive

ment abandonné la partie, et il est vraisemblable que Şalâḥ ad - Din , fort occupé

d'ailleurs en Syrie, oublia la Citadelle , car elle ne fut achevée et occupée à

demeure que par son neveu Al -Kâmil , en 604 ( 1207) . C'est ce dernier qui ,

comme nous le verrons avec plus de détails, y construisit les premiers palais

et les bourdjs (tours) principaux .

Bien qu'Al-Kâmil ait, le premier, transporté le siège du sultanat et l'adminis

tration de la justice dans la Citadelle, cependant ce n'est pas encore sous son

règne que l'élément militaire devient prépondérant. Ce fut sous son second

successeur, Aş - Şâliḥ, que toute faveur étant donnée à ses soldats (appelés

mamloûks parce qu'ils étaient recrutés par l'esclavage) , ceux - ci furent assez

forts pour se rendre maîtres du trône même . Il est curieux de remarquer

qu'Aş- Şâlih construisit , pour y habiter exclusivement avec ses mamloûks , une

nouvelle forteresse . Celle de ses prédécesseurs ne lui paraissant peut-être pas

assez isolée, assez écartée de tout contact avec la population , il s'installa dans

1. VAN BERCHEM, Archéologie arabe, p. 118 du tirage à part ,

1
9.43 (94 )
8 ‫יד לא מאיר‬
L·A·MAY
MEMORIAL
5:56
42013
CAS,P
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . SII

l'île de Rauḍat. On appela ses mamloûks les Baḥrîs, c'est-à - dire les Niliens

(Nil se disant Baḥr en arabe) . Cette dénomination résumait parfaitement la

situation ; la séparation profonde des éléments militaire et civil était consommée.

D'ailleurs quand les mamloûks baḥrîs furent maîtres du sultanat , ils ne s'ac

commodèrent plus d'un isolement si complet ; ils retournèrent à la Citadelle .

Par de nombreuses constructions qui couvrirent les anciens cimetières , la


ville du Caire entra en contact direct avec la Citadelle . L'isolement cessa ,

mais de même que la ville militaire dominait la cité bourgeoise, de même


la toute-puissance d'une milice turbulente domina définitivement les affaires

de l'Égypte .

La dynastie Ayyoûbite avait duré soixante- dix-neuf ans ( 569-648 ) [ 1173

1250] ' . En voici le tableau .

1º As-Soulțân al-Malik an-Nâşir Şalâh ad-Din Yousoûf ibn Ayyoûb 569-589


20 ― al- 'Azîz ' Imâd ad- Dîn ' Othmân , son fils. · · · 589-595
30 al-Manşoûr Nâşir ad-Din Mouḥammad, son fils. · · 595-566
4º al- 'Âdil Seïf ad-Dîn Mouḥammad ibn Ayyoûb (frère de Saladin) . · 596-615
50 al-Kâmil Nâșir ad-Din Mouhammad, son fils . · 615-635
n

(En réalité, Al-Kâmil a été le véritable sultan de l'Égypte depuis 596 , son

père lui ayant donné pleins pouvoirs et séjournant surtout en Syrie) .

6º As-Soulțân al-Malik al-' Âdil Seïf ad-Dîn II , son fils. • 635-637


7° - aş-Şâlih Nadjm ad-Dîn Ayyoûb, son fils · 637-648
80 - 648
al-Mou adhdham Ghiyâth ad-Dîn Toûrân Châh, son fils .

De ces princes le premier et le cinquième seuls nous intéressent au point de

vue spécial qui nous occupe .

La dynastie des Mamloûks ne présente que rarement la succession de plu

sieurs membres d'une même famille . Beaucoup de sultans meurent assassinés

par leurs généraux , qui se proclament sultans à leur tour. Une seule famille,

celle de Kalâoûn, put, à travers bien des péripéties d'ailleurs, conserver quelque

temps le pouvoir .

Nous avons vu qu'après la chute des Ayyoûbites la Citadelle était redeve

1. Nous négligeons les deux années où Şalâḥ ad - Din administra l'Égypte sous le nom de Noûr ad -Din ( 567
69), et le règne purement nominal d'un dernier Ayyoûbite entre 648 et 652.
512 P. CASANOVA .

nue, cette fois définitivement, la résidence du sultanat. Elle ne tarda pas , dés

lors , à subir d'importants remaniements . Elle ne put échapper à la sollicitude

d'un des sultans les plus amoureux de constructions : Beïbars . Mais ce que fit

ce dernier et quelques-uns de ses successeurs disparut dans les remaniements

considérables que fit exécuter Mouḥammad ibn Kalâoûn , non moins célèbre
que
Beïbars par un amour extrême de constructions et de reconstructions . Son

règne est, à ce point de vue , une période de rénovation pour le Caire tout en

tier ; ―― et, comme il me sera facile de le démontrer , la Citadelle , sauf l'enceinte

et les puits , ne donne aucun vestige antérieur. Sous ce rapport, l'auteur du

mémoire inséré dans la Description de l'Égypte (XVIII, 2º partie) est tombé dans

une erreur absolue. Tout ce qu'il a vu d'ancien ne remonte pas au delà de

Mouḥammad ibn Kalaoûn .

Après lui, nous n'avons guère à signaler que quelques constructions moins
importantes de Barkoûk et de ses descendants - ainsi que de Kaït-bey. Les Turcs

ottomans, qui arrivaient à l'époque où le canon révolutionnait l'art militaire,

apportérent à leur tour des modifications considérables dans une partie de

l'enceinte et dans la disposition des constructions intérieures . Sous le règne


-
de Méhémet-Ali , enfin , la Citadelle a vu de nouvelles constructions s'élever

qui cèdent aujourd'hui peu à peu la place à des magasins et à des casernes .

L'époque des sultans Mamloûks est de beaucoup la plus intéressante à étu–

dier, d'abord, parce que c'est une des plus brillantes et plus curieuses phases de
-
l'histoire d'Égypte au point de vue militaire , et au point de vue architectural ,
et aussi parce que nous possédons pour l'étude de l'histoire militaire et archi

tecturale de l'époque un guide précieux dans l'écrivain arabe Makrîzî. L'époque

ottomane, plus rapprochée de nous , et, d'ailleurs peu féconde en œuvres d'art,

ne nous laissera qu'un bien petit nombre de documents à faire valoir .

Je me contenterai donc , avant d'entrer dans le détail de cette étude, d'expo

ser rapidement l'histoire de la Citadelle sous les sultans Mamloûks .

La Citadelle se composait de deux parties bien distinctes :

1º Le château proprement dit, formant un saillant très avancé sur l'ensemble

des fortification du Caire , et qui ne s'ouvrait que par deux portes au sud : la

porte de Sârîat appelée aussi la porte des Degrés (Bâb al-Moudarridj) et la porte de

Karâfat qui s'ouvrait sur le désert en face des montagnes .


HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 513

2º Le palais du sultan et ses annexes, à savoir l'iwân, grande salle à colonnes ,

où , imitant l'exemple des Fâțimides , le sultan tenait ses audiences , et les

écuries , objet d'une sollicitude toute naturelle pour des princes toujours dis

posés aux expéditions lointaines . L'iwân faisait face au nord ; une grande place

le séparait du château , et sur cette place se tenaient les officiers et les soldats ,

attendant l'ouverture de l'audience . Les écuries étaient au bas du palais , au sud


Ouest.

Beïbars construisit, dans la Citadelle même, la Maison neuve et un donjon

(koullat). Il abandonna l'iwân , et construisit au-dessous de la citadelle entre

la porte de la Chaîne et la porte de Sârîat un palais de justice où il tint ses au

diences : Après lui Kalâoûn construisit un palais spécial pour le naib (vice- roi)

et abandonna le palais de justice de Beïbars pour revenir à l'iwân . Son fils

Mouḥammad ibn Kalâoûn utilisa les bâtiments du palais de justice pour

y installer le corps des Timbaliers ; à l'est des écuries il éleva un hoch

(cour) dans lequel il fit venir l'eau à grands frais. Au - dessus il édifia

un magnifique palais , sur le modèle du palais construit par Beïbars à

Damas. Comme celui de Damas , ce palais s'appela al- Ablak ( le bigarré) :

il était , en effet , construit de pierres alternativement jaunes et noires ,

dont il reste encore des vestiges . Ce palais s'élevait à une grande hauteur

et dominait toute la plaine ; il ne formait d'ailleurs qu'une sorte de pavillon

splendide dans l'ensemble des palais que Mouḥammad édifia et qu'il com

pléta par une magnifique mosquée , qui subsiste encore aujourd'hui , sous

le nom impropre de mosquée de Kalâoûn . De l'Hippodrome qui longe le sud

de la Citadelle jusqu'au château fort où étaient logés les soldats ' , tout était

couvert de constructions splendides pour l'ornement desquels on avait dé

pouillé les temples de la Haute-Égypte . Il en reste encore le souvenir des sept


salles, es-saba' hadrat (Plan de la Commission d'Égypte) . Les puits ne suffisant pas à

alimenter la nombreuse population de soldats et officiers de tout rang qui

vivait dans cette enceinte, Mouḥammad fit exécuter des travaux gigantesques

pour amener l'eau du Nil .

1. Ils occupaient les bourdjs d'où leur nom de bourdjites . Comme leurs prédécesseurs les baḥrites ils se révoltèrent
et fondèrent une nouvelle dynastie .
514 P. CASANOVA .

Parmi ses successeurs ce fut Kaït-bâï qui apporta le plus de soin à l'entretien

de toutes ces constructions . Le Hoch, qui avait déjà une mosquée due à Faradj

fils de Barkoûk, fut surtout l'objet de ses soins . Il ne tarda pas , d'ailleurs, à de

venir le séjour préféré des souverains . Ghoûry y fit un grand jardin . Au xiie siècle

les pachas y firent de nombreuses constructions et s'y installèrent . Les palais

furent abandonnés . On réserva le palais al - Ablak pour la fabrication du voile

qu'on envoie chaque année à la Mecque , d'où le nom de palais du voile (kaşr

al-kisoûat) . Plus tard , la légende du patriarche Joseph qui s'attache à toute cette

région gagna la Citadelle . Le fameux puits, construit sous Salâḥ ad- Dîn par

Karâkoûch , l'iwân (devenu par une altération fort naturelle le diwân ) , le palais

portèrent le nom de Joseph.

Sous la domination ottomane le château fut réservé aux janissaires ; les pachas

transférérent après le xIe siècle leur résidence du Hoch, au voisinage des palais ,

qu'ils laissèrent tomber en ruines , suivant la mode turque . Méhémet-Ali détruisit

la plus grande partie des anciens palais, pour y construire sa mosquée ; il releva

les parties ruinées de l'enceinte .

Aujourd'hui il ne reste que la mosquée de Mouḥammad ibn Kalâoûn , et

quelques vestiges de son palais bigarré. Le château proprement dit est occupé

par les troupes anglaises . L'emplacement des palais est couvert par la mosquée

de Méhémet-Ali , le reste n'est que magasins . L'enceinte , autrefois fort mal

traitée , est actuellement en assez bon état . Mais il est probable qu'un jour ou

l'autre la Citadelle, qui n'a plus aucune importance militaire, et ne peut en

avoir, sera abandonnée. Il sera moins coûteux de construire d'autres casernes ,

et la véritable forteresse sera sur le mont Moukaṭṭam , en face , où se trouve déjà

un fort. Dans ce cas , il est à prévoir qu'il ne restera qu'un monceau de ruines

de plus dans le Caire .

Tels sont les principaux traits de l'histoire et description que je vais entre

prendre, en m'efforçant d'y faire entrer tous les éclaircissements historiques

que j'ai pu puiser chez les écrivains orientaux et occidentaux .

1. En 1889 , j'eus la stupéfaction de voir des Arabes tranquillement occupés à détacher d'énormes blocs pour les

débiter en menus cailloux , et élever à quelques pas de là de misérables cahutes. Depuis, on a empêché ces singu
liers abus ; les parties délabrées ont été recouvertes d'un solide ciment qui enlève un peu du pittoresque, mais
conserve ces débris de la vieille forteresse de Şalàh ad-Dîn.
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 515

TABLEAU DES SULTANS MAMLOÛKS

(DEPUIS LA CHUTE DES AYYOÛBITES JUSQU'A LA CONQUÊTE OTTOMANE)

1° As-Soulțân al-Malik al-Mou ' izz ' Izz ad-Dîn Aïbek . 648-655
2° al-Manşoûr Noûr ad-Dîn ‘Alî, son fils 655-657
3° al-Mouḍhaffar Seif ad-Dîn Koutouz . 657-658
4° adh-Dhâhir Rokn ad-Din Beïbars • 658-676
5° as-Sa'id Nâşir ad- Din Barakah-Khân , son fils · • • 676-678
69

al-'Adil Badr ad-Din Salâmach, son frère. • 678


7° -YO al- Manşoûr Seïf ad-Din Kalâoûn . • 678-689
8° al-Achraf Şalậḥ ad-Dîn Khalil, son fils . • • 689-693
9° an-Nâşir Nâșir ad - Dîn Mouḥammad, son frère · • 693-694
100 al- 'Adil Zeïn ad- Din Kitbogha. · 694-696
110 Com al-Manşoûr Housâm ad-Dîn Lâdjîn · 696-698
I

an-Nâşir Nâşir ad-Dîn Mouḥanımad , pour la seconde fois. , 1 698-708


120 - al-Mouḍhaffar Rokn ad-Dîn Beïbars II , • 708-709
11

an-Nâşir Nâşir ad-Din Mouḥammad , pour la troisième fois · · 709-741


13 ° al-Manşoûr Seif ad-Dîn Aboû Bakr, son fils, · • 741-742
14° al-Achraf ' Alâ ad-Dîn Kaljak, son frère 742
1

15° an-Nâşir Chihâb ad-Dîn Ahmad, son frère 742-743


160 aş-Şâliḥ 'Imâd ad-Dîn Isma'îl, son frère • 743-745
17° al-Kâmil Seif ad-Dîn Cha ' abân , son frère . • · 745-747
180 al-Mouḍhaffar Zeïn ad-Dîn Ḥâdjî, son frère . • 747-748
590 an-Nâşir Badr ad-Din Hasan , son frère. • • • 748-752
20° aş-Şâlih Şalâh ad-Dîn Sâliḥ, son frère • 752-755
an-Nâșir Badr ad-Dîn Ḥasan , pour la seconde fois . · • 755-762
210 al-Manşoûr Şalâḥ ad-Dîn Mouhammad, fils de Ḥâdjî, le 18° sultan . 762-764
1

220 al-Achraf Zeïn ad-Dîn Cha'abân, petit-fils de Mouhammad, le 9° sultan . · • 764-778


23° al-Manşoûr ' Alâ ad-Dîn 'Alî, son fils • · • • • 778-783
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·
1

24° aş-Şâliḥ Zeïn ad-Dîn Ḥâdjî II , son frère 783-784


250 adh-Dhâhir Seïf ad-Dîn Barkoûk ' • • • 784-801
|

26° 801-808
1

an-Nâșir Zeïn ad-Dîn Faradj , son fils • •


27° al-Manşoûr ' Izz ad-Dîn ' Abd al- 'Azîz . • • 808-809
1

an-Nâșir Zeïn ad-Din Faradj , pour la seconde fois , • • 809-815


1

1. Avec lui commence la dynastie des Mamloûks bourdjites ou circassiens. --- De 791 à 792 le sultan Hâdjî 1er

remonta sur le trône, Barkoûk l'en chassa de nouveau .


516 P. CASANOVA .

28° As-Soulțân al -Malik al-Moûayyad Seïf ad-Dîn Cheïkh ¹ • · 815-824


29° al-Mouḍhaffar Chihâb ad-Din Ahmad , son fils . • 824
30° adh-Dhâhir Seif ad-Din Tatar .. 824

31 ° aş-Şâliḥ Nâşir ad-Din Mouḥammad 824-825


320 al-Achraf Seïf ad-Dîn Barsbâï · 825-841
33° al- 'Azîz Djamâl ad-Din Yoûsouf, son fils . 841-842

34° adh-Dhâhir Seif ad-Din Djakmak. · 842-857


350 al-Manşoûr Fakhr ad-Dîn ' Othmân , son fils . 857
360 al-Achraf Seif ad-Dîn Aïnâl ... • • 857-865
37° al-Moûayyad Chihâb ad-Dîn Ahmad, son fils . · • 865
380 adh-Dhâhir Seif ad-Dîn Khochkadam • • 865-872
39° adh-Dhâhir Seif ad-Din Ilbâï. · · 872
40° adh-Dhâhir Timourboghà 2 . • · 872
410 al-Achraf Seïf ad-Din Ķaït-bâï • · 872-901
42° an-Nâşir Nâşir ad-Din Mouhammad, son fils · 901-904
43° adh-Dhâhir Kânṣoû . • 904
44° al-Achraf Djânbalâț. · · 904-906
45° al-'Âdil Seïf ad-Dîn Ţoûmân-baï • 906
!

460 al-Achraf Kânṣoû al -Ghoûry . · 906-922


47° al-Achraf Toûmân-bâï . 922

1. Avant lui, le khalife abbasside Al- Mousta ïn billah , sorte de pape musulman , réussit un moment à joindre,
au pouvoir spirituel que ses prédécesseurs avaient exercé depuis Beïbars , le pouvoir temporel.
2. Tous les sultans ont un titre en Din, comme Seif ad-Din (glaive de la religion) , etc. Pour un petit nombre
seulement, je n'ai pu retrouver ni chez Aboû 'l-Mahâsin, ni chez Ibn Iyâs, le titre qu'ils devaient porter certai
nement.
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 517

CHAPITRE PREMIER

ŞALÂḤ AD - DÎN EN ÉGYPTE

A l'époque des premières Croisades , l'Orient était disputé par deux dynasties

rivales , les Seldjoûkides sounnites et les Fâțimides chi'îtes . Grâce à ces divi

sions, les chrétiens purent faire des progrès importants , menacer la Mésopota

mie par la prise d'Édesse et l'Égypte par celle d'Ascalon . Les Seldjoûķides , livrés

à des dissensions intérieures , disparurent du théâtre principal de la lutte ; les

Fâțimides affaiblis par des révolutions de palais ne quittèrent plus l'Égypte, où

les Croisés vinrent souvent les attaquer. Le champ paraissait libre pour la con

quête chrétienne, quand s'éleva la dynastie des Atabeks de Mossoul, héritière

en Mésopotamie de la dynastie Seldjoûķide , et les choses changèrent de face ' .

Zenguî et Noûr ad-Dîn son fils refoulèrent peu à peu les Franks sur le littoral,

et, à la mort du second, Édesse , Alep , Damas et l'Égypte tout entière réunies

en une seule main enfermaient les Croisés dans un cercle ennemi qui ne de

vait plus se briser.

Noûr ad-Din apportait en Syrie les traditions des Seldjoûkides . Salâḥ ad -Dîn ,

qui substitua sa propre dynastie à celle des Atabeks, continua ces traditions :

nous les trouverons en Égypte florissantes jusqu'à l'invasion ottomane .

« Le règne de Malek-schah fut signalé par deux institutions . Par la pre

mière, le système des bénéfices militaires prit racine dans l'Asie méridionale,

d'où il passa plus tard en Égypte avec Saladin . Malek-schah, qui aimait beau

coup à visiter ses vastes États, marchait toujours accompagné de quarante-sept

1. Voir sur le rôle considérable joué par les Atabeks l'intéressante monographie que leur a consacrée Ibn Al
Athîr (Acad. des inscriptions et belles -lettres : Historiens orientaux des Croisades , II, 2º partie) .
2. Troisième sultan Seldjoûķide (465-485 ) dont le règne présente, toutes proportions gardées, une grande
analogie avee celui de Charlemagne . Même reconstitution d'un grand empire, même souci du relèvement des an
ciennes études, même esprit militaire, mê nes divisions après la mort du souverain, et morcellement définitif de
l'empire, etc. , etc.
66
518 P. CASANOVA .

mille cavaliers , dont les revenus étaient prélevés sur des terres destinées à cet

objet dans les différentes provinces de l'empire . Par une conséquence du même

principe, les généraux et les personnages considérables, notamment les Turks ,

reçurent des villes et des provinces en fief, qu'ils tenaient à titre de vasselage .

On vit alors paraître des princes de Mossoul , des princes d'Alep , des princes
de Damas , etc...

« L'autre institution est relative à un vaste système d'instruction publique ,

qui avait été entrepris sous l'influence suprême du vizir Nizâm al-Moulk, et qui

reçut alors son dernier développement ... Il s'établit des espèces de cours supé

rieurs dans des collèges fondés par l'État . Pendant plusieurs siècles le collège

Nizamié de Bagdad, ainsi appelé du nom de son fondateur, jouit d'un grand
renom dans tout l'Orient ' . »

Ainsi fondation des bénéfices militaires d'une part, des collèges (madrasat)

d'autre part, voilà la caractéristique de la dynastie Seldjoûkide , et telle est , nous


l'avons vu plus haut, aussi celle de la dynastie Ayyoûbite. Je n'ai pas á

m'occuper ici des madrasats ; mais les institutions militaires d'Égyte rentrent

dans mon sujet, et ce sont tout spécialement les créations de Șalâḥ ad- Dîn ,

ayant un caractère militaire , qui doivent faire l'objet de ce chapitre et des sui

vants .

Parmi les auxiliaires de Zenguî et de Noûr ad- Dîn deux hommes, deux frères ,

se distinguèrent surtout . L'un était homme de conseil et de sang-froid , l'autre


homme d'action et d'audace. L'un conquit Damas à Noûr ad-Din par d'habiles

intrigues, l'autre lui conquit le Caire par un hardi coup de main . Le premier était
2
Nadjm ad-Dîn Ayyoûb, l'autre Asad ad-Dîn Chirkoûh . Ils étaient originaires.

de Dovîn, ville située à l'extrémité de la province d'Aderbeïdjân , dans la direc

tion d'Arran et de la Géorgie, et appartenaient à la race des Kurdes Raouadiyė ,

sous-tribu de la grande tribu hurdé des Hadaniyė ³ .

1. REINAUD et DERENBOURG, préface de la 2e édition des Séances de Hariri , 11. vol . , p . 6 .


2. Sur ces surnoms : lumière, étoile, lion, auxiliaire, etc. de la religion portés par les Atabeks, les Ayyoûbites, et
en général tous les sultans et émirs, voir un récent mémoire de M. VAN BERCHEM intitulé : Eine arabische Inschrift
aus dem Ostjordanlande, etc. (Zeitschrift d. deutschen Palästin -Vereins , Bd. XVI) .
.
3. Ibn Khalikân, Biogr. de Şalàḥ ad-Din (Hist, or, des Croisades, III, 399)
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 21

Chirkoûh devait mourir sans postérité. Ayyoûb eut, au contraire, plusieurs

enfants . Ce furent :

Châhanchâh, mort en $ 43 .

Toûrân Châh Chams ad- Daulat ' , mort en 576.

Yoûsouf Şalâh ad- Din , né en 532 à Takrit ' , mort en 589.

Mouḥammad Aboû Bakr Seïf ad - Dîn , né en 538 ou 540 à Damas , mort

en 615 .

Toktakin Dhahîr ad- Din ( Seïf al - Islâm ) , mort en 593 .

Şalâḥ ad-Din nous apparaît comme un homme de mœurs douces , plutôt

timide et nullement doué de l'esprit d'initiative, mais en revanche doué d'un

jugement très sain et de cette qualité si précieuse chez un souverain : l'art de

choisir ses conseillers et de les écouter ' . Dans les principaux actes de sa vie, il a
1
la main forcée par les événements : il se dérobe d'abord , mais engagé par la

fortune, il sait s'en montrer digne. C'est ainsi qu'il ne va en Égypte qu'à contre

cœur, qu'il ne proclame la déchéance des Fâțimides qu'après de longues hési

tations, qu'il n'engage sa campagne si heureuse contre Jérusalem que poussé

par une violation des traités , etc. Ce caractère nous explique pourquoi son règne

n'est que la continuation de traditions antérieures , une imitation et la trans

plantation en Égypte d'institutions déjà tout établies ailleurs, bien plutôt qu'une
révolution originale .

Désintéressé , généreux , accessible aux sentiments de l'affection et de la pitié ‘ ,

il fut profondément aimé . Ses ennemis s'accordent à lui reconnaître un carac

tère noble et chevaleresque . Ses biographes ne parlent de lui qu'avec émotion

et respect . C'est, en un mot, une des figures les plus sympathiques de l'histoire .

1. Le soleil de la dynastie. Sur ces titres, voir également le mémoire de M. VAN BErchem .
2. Forteresse située sur le Tigre ; en latitude 34° 33 ' . Le père de Salâh cd-Dîn en était gouverneur.
3. Les biographes de Salâh ad-Din sont nombreux. Ce sont le kâdî Bahâ ad-Dîn, le kâḍi Al-Fâḍil , Imâd
ad-Din, Aboû Châmat, Ibn Khallikân . (Sur ces divers auteurs consulter la préface du 1er vol . des Hist, cr. des
Croisades.)

4. Les historiens musulmans lui reprochent avec raison , à leur point de vue, de s'être montré parfois trop
magnanime envers les vaincus . Ainsi après la prise de Jérusalem et des places fortes de Palestine, il accordait à tous
les habitants des villes et soldats de forteresses de se réfugier à Tyr ; si bien qu'au bout de quelque temps cette
ville fut remplie de soldats et permit aux chrétiens de reprendre espoir et de reformer leurs forces (Ibu Al- Athîr,
Hist, or. des Croisades, I , p . 710) .
520 P. CASANOVA .

Voyons- le à l'œuvre sur le sol d'Égypte. En 564 ( 1169 ) , à la mort de

son oncle Chirkoûh ' qui , sous le titre de vizir du khalife fâțimide Al-´Âḍid ,

gouvernait l'Égypte , Ṣalâḥ ad - Din fut choisi pour le remplacer . Il dut

cette haute fortune , d'abord au peu de crainte qu'il inspirait , parce qu'il

était jeune et de caractère doux , ensuite à l'habile intervention de deux

hommes, le jurisconsulte ' Isâ et l'eunuque Karâkouch . Le rôle du premier est

bien indiqué par Ibn al-Athîr (op . cit. , I , 565 ) ; le rôle du second n'est que men
tionné par Ibn Khallikân (trad . anglaise, II , p . 231 ) . Quoi qu'il en soit , Salâḥ

ad-Dîn triompha de la jalousie des autres émirs et devint maître incontesté .

Suivant l'usage établi depuis quelque temps, il reçut en sa qualité de vizir le

titre d'al-Malik (prince) ³ . Il fut ainsi connu sous le nom d'Yoûsouf Şalâḥ ad

Din al-Malik an-Nâşir. La cérémonie de l'investiture fut faite en grande pompe ' .
13
Il s'installa dans le palais du vizirat qui devait être désormais sa résidence, et

celle de ses premiers successeurs .

A l'exemple de son oncle , Ṣalâḥ ad - Dîn s'entoura d'une garde spéciale qui

1. Sur l'expédition de Chirkoûh en Égypte consulter Ibn Al-Athîr ( Hist, or , des Croisades, I , pp . 533-562).
2. Il semble qu'une réelle affection guida aussi Al- ' Âḍid dans son choix , affection qui fut partagée par Ṣalâḥ
ad-Din qui usa, jusqu'au dernier moment, des plus grands égards envers la personne même du khalife . Ṣalâḥ ad
Dîn sut toujours et partout se faire aimer. Cf. Hist . or. des Croisades, I , p . 581 : « Il parlait souvent du khalife
et vantait sa générosité, la douceur de son commerce , son extrême bonté et sa déférence envers lui. » — Cf. le

passage d'Aboû Châmat que j'ai cité dans un précédent mémoire (même volume, p . 439).

.3 ‫واول من لقب بالملك منهم منافا الى بقية الالقاب رضوان ابن ولخشي عند ما وزر للحافظ لدين الله فقيل له السيد‬

‫الاجل الملك الافضل وذلك في سنة ثلاثين وخمسمائة وفعل ذلك من بعده فتلقب طلائع بن رزيك بالملك المنصور وتلقب ابنه‬

‫رزيك بن طلائع بالملك العادل وتلقب شاور بالملك المنصور وتلقب آخرهم صلاح الدين يوسف بن ايوب بالملك الناصر‬
(Makrizi, Khitat, él . de Boûlâk , I , p . 440 , 1. 16) . Le premier d'entre eux (les vizirs) qui reçut le surnom d'Al
Malik joint aux autres surnoms fut Rouḍwân ibn Walakhchi quand il fut vizir d'Al-Ḥâfiḍh lidîn Allah ( 11 ° khalife
fâțimide de 524 à 544) . On l'appela le seigneur très glorieux Al- Malik al-Afḍal (le prince éminent) ; cela en l'an
536. On agit de même après lui : Ţalâî ' ibn Rouzzîk fut surnommé Al-Malik al-Manşoûr (le prince victorieux) ; son
fils Rouzzîk ibn Ţalâî ' : Al- Malik al- ´Âdil (le prince juste) ; Chawer : Al-Malik al-Manşoûr ; et le dernier , Ṣalâḥ
ad-Din Yoûsouf ibn Ayyoûb : Al-Malik an-Nâşir (le prince vainqueur) » . -Ajoutons que Chirkoûh avait reçu
le surnom d'Al-Malik al-Manṣoûr (Ibn Khallikân, trad. angl. , IV , 491 ) . — Ibn Al- Athîr nous apprend que Noûr
ad-Dîn affecta de ne jamais donner à Salâḥ ad- Din que le titre de Isfahsalår (général en chef) (Hist. or. des
Croisades, I, 565).
4. Voir dans Aboû Châmat (éd. de Boûlâk, I , 173 ) la description de cette cérémonie .
5. Sur l'emplacement du palais du vizirat, voir P. RAVAISSE, Essai sur la topographie du Caire, pl . III et V (Mẻ
moires de la Mission archéologique française du Caire, I , 3º fasc. et III , 4º fac . ) . Voir également le texte.

54X
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 521

s'appela les Şalâhîtes . Celle des Asadîtes, formée par Chirkoûh ( Asad ad -Dîn) ,

qui se montait, d'après Aboû Châmat (op . cit. , I , 173 , 1. 1 ) à cinq cents mam

loûks , n'en subsista pas moins . Elle contenait des hommes profondément dé

voués , entre autres ce Karâkoûch , dont nous avons déjà parlé et qui est appelé
à jouer le rôle principal dans les constructions militaires . Ce fut le noyau de

la fameuse halkat ( l ) . Par un sentiment bien naturel Şalâḥ ad- Dîn combla ces

soldats de bienfaits, mais moins sage que Chirkoûh qui n'avait dépouillé per

sonne (Aboû Châmat d'après Ibn Abi Țâî , op. cit . , p . 172 , l . 33 ) , il commit l'im

prudence de les enrichir aux dépens des officiers fâțimides ' . De là des mècon

tentements qui se manifestèrent par des complots et des révoltes ouvertes .

Il n'entre pas dans mon sujet de conter par le menu ces divers incidents . Je

me contenterai de les résumer d'après les historiens déjà mentionnés, Makrîzî

spécialement * .

L'armée fâțimide comprenait entre autres corps celui des nègres , s'élevant,

d'après 'Imâd ad-Dîn, à plus de cinquante mille hommes . Un des leurs, Mou

tamin al- Khalifat (l'homme de confiance du khalife) , ayant entretenu une cor

respondance secrète avec les Franks , Ṣalâḥ ad-Dîn surprit une lettre , fit exécu

ter le traître , chassa du palais des khalifes les nègres qui en avaient la garde, et

y installa son fidèle Karâkoûch . Les nègres assiégèrent Şalâḥ ad-Dîn dans le

palais du vizirat ; après une terrible guerre de rues , où le frère aîné de Salâḥ ad

Dîn , Tourân Châh, se distingua particulièrement , les nègres furent vaincus .

Leur quartier principal appelé il fut incendié et rasé : on en fit un

jardin .

Le khalife ayant joué un rôle assez suspect dans cette affaire, Şalâḥ ad- Dîn le

séquestra rigoureusement dans son palais. Tous ceux qui pouvaient tenir par

quelques liens à la dynastie fâțimide furent impitoyablement frappés . Les kâdîs

furent destitués et remplacés par des kâdis orthodoxes ; les palais et les fiefs

de tous les émirs leur furent enlevés et attribués aux parents et soldats du vizir

.1 ‫ قال العماد وشرع صلاح الدين في نقض اقطاع المصريين فقطع مهم الدوائر من اجل من معه من العساكر‬. A - Imad
('Imâd ad-Din) dit : Şalah ad-Din commença à abolir les fiefs des Égyptiens et à les assigner en ddirals pour les
soldats qu'il avait avec lui . » (Aboû Châmat, op. cit. , I, p . 178 , l. 1.)
2. Khițat, II, pp . 2 , 3 et 19.
522 P. CASANOVA .

tout-puissant . Enfin , le nom du khalife abbâside de Bagdad fut prononcé à la


1
place de celui du khalife fâțimide à la prière du vendredi et quand, peu de

temps après , Al- 'Âḍdid mourut, il ne restait plus aucun vestige de cette puissance

des Fâţimides, qui avait paru un moment près de soumettre le monde musul

man tout entier ( 358-567) .

Şalâḥ ad- Dîn était seul maître . Mais l'ère des difficultés était loin d'être

close . Il fallait faire face à de nombreux ennemis . Les Franks menaçaient cons

tamment l'Égypte et nouaient des intelligences avec les partisans . opprimés des

Fâțimides . Noûr ad - Dîn prenait ombrage de la puissance de son lieutenant .

Son activité et son intelligence lui permirent de triompher de l'union redou


25
table des Franks et des Fâțimides . La sagesse de son père et son heureuse.

étoile le sauvèrent du second péril . Noûr ad -Dîn mourut, en effet , le 11 chawwâl

569 ( 15 mai 1174) .

Les événements qui survinrent en Égypte de 567 à 572 ont, au dire des his

toriens arabes , déterminé Şalâh ad-Dîn à entreprendre les fortifications du Caire.

J'ai montré, dans un précédent mémoire ' , avec quelques détails, comment les

tentatives de restauration des Fâțimides se produisirent à intervalles très rap

prochés jusqu'en 572 et même , avec moins d'intensité , bien au delà . La révolte

fermentait perpétuellement, et les préoccupations de Ṣalâḥ ad- Din devaient être

concentrées sur cette grave question . Aussi songea- t-il, d'une part, à fortifier

le Caire , que ses ennemis du nord ou du sud pouvaient un jour menacer,

d'autre part à se créer pour lui-même un asile sûr, et à élever une citadelle

qui le mît à l'abri d'un coup de main .

L'expédition qu'il fit en Syrie, pendant que les révoltes continuaient à écla

ter en Égypte , paraît avoir exercé une influence décisive sur ses résolutions . Il

1. C'était, comme on le sait, la orme usitée pour reconnaître la suzeraineté d'un prince. Dans la khotbat
(prône) , comme sur les monnaies, les noms de l'imanı (khalife et suzerain spirituel) , du prince suzerain s'il y a
lieu, et du prince du pays, se suivaient hiérarchiquement . - Il est permis de supposer que c'est à cette époque

que Salah ad -Din ajouta a ses titres celui de ‫ << محبى دولة امير المومنين‬vivificateur de la dynastie du chef des
croyants , qu'on trouve sur les monnaies, dans une lettre officielle du kâḍî Al-Fâḍil (citée par Atoû Châmat,
I, 236) , et sur l'inscription de la Citadelle (voir plus loin) .
2. Voir le curieux récit d'Ibn Al- Athir (Hist. or, des Croisades , I , pp . 582) .
3. Même volume, pp . 415-445 .
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 523

est vrai qu'il avait fait commencer en 566 les murs du Caire ' , mais, à cette

époque, il devait obéir à des préoccupations d'un autre ordre . Il me semble qu'il

eût commencé par construire la Citadelle, si dès 566 , il avait songé à sa sécurité
1
personnelle , et il n'était pas alors maître assez incontesté du pays , et assez

sûr du lendemain . En Syrie il vit le pays hérissé des forteresses élevées par

les Croisés et par les Assassins . Il sut, par expérience personnelle, apprécier,

surtout chez les derniers , l'utilité des forteresses . Les modèles ne lui man

quaient pas il dut revenir de Syrie avec la ferme intention d'élever quelque

chose de semblable . Le rapprochement des dates, l'opinion émise par Makrîzî ' ,

la ressemblance incontestable du plan et de l'architecture de la citadelle égyp

tienne avec ceux des forteresses syriennes , tout nous autorise à interpréter

ainsi la pensée de Şalâḥ ad -Dîn . Il est temps de passer à l'examen direct de son

œuvre, dont je crois avoir fait comprendre l'origine et le caractère général .

Peut-être y trouverons- nous des preuves plus précises de la vérité de ces vues .

1. Voir plus loin, chap . III.


2. N'est-il pas permis d'admettre que Sinân , devenu d'ennemi acharné un fidèle allié de Şalâḥ ad - Dîn, dut
lui conseiller d'imiter son propre système ? Şalâḥ ad- Dîn savait écouter et imiter - nous l'avons déjà dit. —
L'influence de Sinân dut être grande sur son esprit ( cf. S. GUYARD , Un grand maître des Assassins au temps de Sa
ladin).
3..II , p. 203 .
524 P. CASANOVA .

CHAPITRE II

ÉTAT DES FORTIFICATIONS DU CAIRE

AU TEMPS DE SALAH AD - DÎN '

Il me paraît indispensable de donner d'abord un exposé sommaire des fortifi


cations que les prédécesseurs de Salâḥ ad-Dîn avait élevées . Sinon , l'étude de

l'œuvre de ce dernier serait peu claire en plusieurs parties .

Très peu avant la bifurcation du Nil en plusieurs branches , la capitale arabe

de l'Égypte est placée comme « le bouton de l'éventail » formé par les mille

canaux du Delta ' . De tout temps, ce point a dû être naturellement la place

d'une grande ville . Mais les deux rives différent sensiblement. A gauche, la

plaine s'étend fort loin jusqu'au pied des plateaux où sont les Pyramides : par

suite des inondations périodiques du fleuve , c'est un emplacement fertile . C'est

là qu'était Memphis, capitale de l'Égypte avant la conquête d'Alexandre . En

face, sur la rive droite, la campagne irrigable est fort restreinte les contreforts

des monts Arabiques, quoique peu élevés, suffisent pour soustraire le sol à l'in

fluence du fleuve, que le désert longe de très près . Cette rive était tout indi
quée pour y asseoir des forteresses , des postes d'observation , plutôt que des

villes. Les Perses y avaient élevé, dit-on , la forteresse de Babylone ' . Les Grecs

1. Dans un remarquable mémoire, intitulé modestement Notes d'archéologie arabe, mon ami M. Van Berchem
a consacré à ce sujet quelques pages excellentes , que j'ai largement mises à contribution . Je le cite sous l'abré
vation : V. B. J'en dirai autant de la très intéressante étude que mon ami et collègue M. P. RAVAISSE a publiée
dans les Mémoires de la Mission archéologique française du Caire. Je le cite sous l'abréviation P. R. Ils me pardon
neront toutefois de proposer quelques rectifications , sachant qu'il est toujours plus facile d'améliorer une voie déjà
tracée que de la frayer soi-même.
2. Él . RECLUS, Géographie universelle , X, p. 572 .
3. L'emplacement de Babylone est-il à peu près le même que celui de la Citadelle actuelle, comme le pense
mon collègue M. V. LORET (voir la Grande Encyclopédie au mot Babylone d'Égypte) , c'est ce que je ne puis étudier
ici, par crainte de longueurs ; d'ailleurs la question mérite d'être traitée à part, et je compte le faire quelque jour.
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE. 525

avaient fortifié les bords du Nil, en face de l'île de Raudat . C'est de là que

'Amrou, le conquérant musulman , les délogea. C'est sur ce point qu'il jeta les
fondations de sa capitale .

Depuis lors, il est remarquable que les noms des villes qui se sont succédé

dans cette région ont tous un caractère militaire significatif. La première est

Fosțâț (les tentes) . C'était à l'origine un campement . Autour se forma une

grande ville commerçante . Les gouverneurs d'Égypte formèrent plus tard une

nouvelle ville militaire appelée : Al-' Askar ( l'armée) . Les émirs indépendants ,

véritables souverains, à l'époque de la décadence du khalifat, s'installèrent dans

une autre ville non moins militaire : Al-Ķațâî (les fiefs militaires) . Les con

quérants fâțimides fondèrent Al - Ķâhirat (la dompteuse) à l'usage d'abord exclu

sif de leurs divers corps de troupes ' . Enfin la dernière cité porta le nom plus

significatif encore de Al-Kala'at (la forteresse) . « La position du Caire sur la

rive droite du fleuve suffit pour démontrer que l'Égypte est un pays conquis ’ . »

Les trois premières villes ne paraissent pas avoir eu d'enceintes . Le Caire en

eut trois successives dont la dernière est due à Salâḥ ad-Dîn .

De l'enceinte primitive même il y a peu de choses à dire, car, déjà du temps

de Nassiri Khosrau , qui visita l'Égypte en 439 , c'est-à- dire quatre-vingts ans
après la fondation du Caire, il n'en reste plus traces . J'en donnerai seulement

1. Les premiers quartiers du Caire , comme nous le montre Makrîzî (II , pp. 2 sq. ) , portaient le nom des
troupes auxquelles ils étaient affectés . Le reste était occupé par les palais des Fâțimides et leurs nombreuses dé

pendances. Cf. P. R. , 1re partie.


2. La Citadelle, avec ses vastes dépendances , formait une véritable ville. Soyoûty rapporte cette phrase carac
téristique d'un auteur arabe : « La capitale de l'Égypte comprend trois villes considérables : Fostât, bâtie par
'Amroû ibn al-' Âşî appelée communément Misr al- ' Atikât ; le Caire bâti par le kâîd Djauhar pour son maître le
khalife Al-Mou'izz et la Citadelle (la forteresse de la montagne) bâtie par Ķarâkoûch pour Al- Malik An-Nâșir

.Salah
ad - Din Abou l-Moudhaffar Yousouf ibn Ayyoub « ‫قال وحاضرة مصر تشتمل على ثلاث مدن عظام الفسطاط‬

‫هي بناء عمرو بن العاصى وهي المسماة عند العامة بمصر العتيقة والقاهرة بناها جوهر القائد لمولاه الخليفة المعز وقلعة‬
] ed . de Boulak , II , .235 ‫الجبل بناها قراقوش للملك الناصر صلاح الدين ابى المظفر يوسف بن ايوب [ حسن المحاضرة‬
Cf. ce vers de Alonso de Ercilla (Araucana, XXVIII) , cité par M. MEHREN (Bull . de l'Acad. des sc. de Saint- Péters

bourg, 1872, p. 529) :


Mira al Cayro que incluye tres ciudades.

Il s'agit du Caire, de Fostat et de la Citadelle, non d'Al-Kaţâî comme le veut M. MEHREN. A l'époque du poème
(milieu du xvIe siècle) le nom et le souvenir d'Al-Kațâi étaient depuis longtemps perdus.
3. Élisée RECLUS, pass, cité.
4. Sefer-Nameh, tr. SCHEFER, p . 131 ; ct. V. B. , p . 39. -- Je parlerai plus loin des contradictions évidentes

que contient le texte de Makrizi.


67
526 P. CASANOVA .

le tracé, d'après les divers passages de Makrîzî et les quelques noms qui ont

survécu jusqu'à notre époque .

Elle formait une sorte de carré orienté assez exactement aux quatre points

cardinaux . Le côté sud était tourné vers Fostât, le côté est vers la montagne du

Moukattam (extrémité des monts Arabiques) , le côté ouest longeait en partie

le Khalidj (canal) , qui lui - même suivait de très près le Nil ' .

De Fosțâț on pouvait entrer au Caire, soit par la double porte de Zoueïlat ,


soit par la porte d'Al-Faradj . La première était percée juste au milieu de l'en

ceinte sud ; la seconde devait former l'angle de l'enceinte sud et de l'enceinte

ouest. Pour l'emplacement de la première, Makrîzî nous donne des détails telle

ment précis , qu'il est fort aisé de le déterminer * . Sur l'emplacement de la seconde

il est plus malaisé d'être affirmatif. Nous nous fonderons sur les passages sui

vants de Makrîzî :

« ... Le rab ' du sultan hors de la porte de Zoueïlat, entre la porte de Zoueïlat

et celle d'Al-Faradj . Cette région (2 ) est connue aujourd'hui sous ce nom :

on l'appelle ' . » Taḥt ar-rab' existe encore (Plan de 1798, VIII, 350).

« Au milieu de djoumâda II de l'année 818 on commença de détruire le mur

en pierre entre la grande porte de Zoueïlat et celle d'Al - Faradj . »

<< Et il y avait dans le côté ouest du Caire , c'est- à-dire le côté qui regarde le
5
Grand Canal deux portes : l'une , porte de Sa'âdat , l'autre, porte d'Al- Faradj ® . »

D'autres passages placent encore cette porte dans la partie ouest (I, 364 ,

1. 11 ; Į , 380 , 1. 23 ; II , 24 , 1. 3 ) .
D'autre part, Makrîzî nous dit que cette même porte de Sa'âdat prenait son

nom d'un général du khalife fâțimide qui y était entré, venant de Ghizeh . Ce

général avait dû passer par Fosțâț, et la porte de Sa'âdat, à plus forte raison celle

1. Depuis, le Nil s'est de beaucoup déplacé vers l'ouest. Ct . pour les détails que je suis obligé de passer :
P. R. , 1r partie , 412-428.
2. Elle était proche de la mosquée de Sem, qui subsiste encore ; cf. P. R. et V. B.

.3 ‫فيقال خط تحت الربع ربع السلطان خارج باب زويلة فيما بين باب زويلة وباب الفرج ويعرف ذلك الخط اليوم به‬

(II , 379 , 1. 32 )

4 ‫وفى نصف جمادى الآخرة سنة عمان عشرة وثمانمائة ابتدئ بهدم السور الحجر فيما بين باب زويلة الكبير وباب الفرج‬
(1,379. 1. 32. )

. ).1,362,1.8( ‫وكان في الجهة الغربية من القاهرة وهى المظلة على الخليج الكبير بابان احدهما باب سعادة والاخر باب الفرج‬
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE.
527

d'Al- Faradj , devait être en communication avec Fosțâț, par conséquent, au

moins à l'angle des murs ouest et sud.

Ajoutons que le Plan de 1798 mentionne du côté de Taḥl ar-rab et non loin

du Khalîdj une rue du Cheikh- Faradj (Sikket el- Cheykh Farag , VIII , 392) , ce qui

pourrait, fort bien, être un écho du nom de cette porte . Cette rue vient se joindre

à une rue qui porte encore le nom de Sa'âdat , ce qui confirme cette hypothèse .

La porte de Sa'âdat, comme nous l'avons vu , devait être fort rapprochée de

la porte d'Al- Faradj . C'étaient primitivement les deux seules portes à l'ouest,

car des deux autres que mentionne Makrîzî, l'une la porte d'Al - Khoûkhat ( la

poterne) est, à son avis, postérieure à Djauhar ' , l'autre a été construite plus tard

par Djauhar dans des circonstances particulières .

De même l'enceinte Nord n'avait que deux portes Bâb an -Nașr et Bâb al

Foutoûḥ, et l'enceinte Est également : Bâb ab- Barkîat et Bâb al-Maḥroûk . De

sorte que le plan primitif ne donnait à chaque côté que deux portes , très voi

sines l'une de l'autre au nord et à l'ouest , presque confondues en une seule au

sud , un peu plus distantes , semble-t-il , à l'est .

Voici comment nous essayerons de reconstituer le tracé de l'enceinte de

Djauhar. Prenant pour point de départ l'emplacement bien déterminé de l'an

cienne porte de Zoueïlat, nous tracerons une ligne de l'est à l'ouest légèrement

oblique au Khalîdj en suivant la rue du Cheikh-Faradj que nous donne le Plan

de 1798. Nous aboutissons ainsi à la jonction de la rue actuelle de Sa âdat,

là où commence actuellement la grande place de Bib al-Khark (corruption

de Bâb al-Khalk) . Puis nous suivrons la rue de Sa'âdat qui nous mènera

directement au quartier appelé Beïn as-Soûrcïn (entre les deux murs) ; de ce

côté seulement, là où était le quartier de Zoueïlat ' , l'enceinte primitive lon

geait exactement le Khalidj . Elle s'étendait jusqu'au pont que jeta Djauhar sur

le Khalidj pour communiquer avec le port d'Al-Maks .

- Cette porte était peu éloignée du pont


.1 I , 362 , .1 .9 ‫ وباب ثالث يعرف بباب الخوخة اظنه حدث بعد جوهر‬.
actuel de Mousky (II , 147 , 1. 23 ) ; on y arrivait par le petit marché du Şâḥib ( II, 45 , 1. 9) . Ce petit marché cor
respond à la rue actuelle du Soulțân Sâḥib qui est la rue de Leboudieh du Plan de 1798 (V, 113 et 126) . La porte
devait se trouver à l'intersection de la rue de Sa'âdat qui représente bien le tracé primitif de l'enceinte.
2. I, 380, 1. 38.
3. Il faut absolument, malgré les apparences, reporter le quartier de Zoueïlat, du voisinage de la porte du
même nom (où le place M. RAVAISSE) , jusque sur le Khalidj . Le Plan de 1798 l'atteste (V, 256) ; Makrîzî dit égale
$28 P. CASANOVA .

Dans l'espace compris entre le Khalîdj et la première partie de l'enceinte se

trouvaient divers bâtiments ou lieux de plaisance , comme la Maison d'or

‫ دار الذهب‬, la Perle ‫ اللؤلوة‬, .etc .

Sur l'emplacement du pont de Djauhar Mâķrîzî est assez précis . Je suis porté

à croire qu'il était placé à l'angle des enceintes ouest et nord . Voici les divers

passages de Makrîzî à ce sujet :

<< On trouve l'ancienne porte d'Al-Foutoûḥ et auprès un chemin par lequel

on va au quartier de Bahâ ad-Dîn et à la porte du Pont³ . » Ce quartier étant


compris, d'après Makrîzî ( II , p . 2 ) , entre l'ancienne et la nouvelle porte d'Al

Foutoûḥ , il faut que ce chemin reste en dehors de l'ancienne enceinte nord

de Djauhar, et que la porte du Pont soit à l'extrémité de cette enceinte.

« Le quartier d'Albîîzirat était hors de la porte du Pont sur le bord est du

canal entre la ruelle d'al- Kaḥl et la porte du Pont ' . » Makrîzî nous dit en d'autres

endroits ( I, 364 , l . 18 ; I , 487 , l . 4 ; II , 36 , l . 14) que la ruelle d'al-Kaḥl était

située en dehors de la porte d'Al-Foutoûḥ . Ce quartier longeait donc l'enceinte


nord.

<< Le khaṭṭ de la porte du Pont était connu dans les anciens cadastres (
y) sous le nom de [quartier] d'Al- Mouratâḥiyat » ‘ ; ―― << était connu sous

le nom de quartier d'Al-Mouratâḥiat et de quartier d'Al- Faraḥiat " . » Ce dernier

quartier d'après Makrîzî (II , 36 , l . 1 ) est le même que le petit marché de Amîr al

Djouyoûch . « Ce petit marché d'Amîr al- Djouyoûch mène à la porte du Pont ' . »

ment : <« dans le voisinage du jardin de Kâfoûr est le quartier de Zoueîlat qui touche au Grand Canal par sa

partie ouest « : ‫) وبجوار البستان الكافوري حارة زويلة وهي تتصل بالخليج الكبير من غربيها‬1,363,120( .

Ce quartier était linnité au nord et au sud par le Khoronfich ‫ الخر نفش‬et la rue des Esclavons ‫ درب الصقالبة‬, qui
existent encore : voir Plan de 1798 (V, 161 et V, 143 ) ; cf. Maķrîzî , passim, et P. R.
I. I, 470, 1. 10 et II, 63 , 1. 36.

.2 ‫ وبجواره شارع يتوصل منه الى حارة بها الدين وباب القنطرة‬... ‫ ) ويجد باب الفتوح القديم‬1,376, .1.7
1.
.3 ‫) حارة البيازرة خارج باب القنطرة على شاطى الخليج من شرقيه فيما بين زقاق الكحل وباب القنطرة‬II , 20 , 128
et 136, 1. 18) .

40 ‫ ) خط باب القنطرة يعرف في كتب الاملاك القديمة بالمرتاحية‬II , 14 , .1 21 ( .

.5 ‫) يعرف قديما بحارة المرتاحية وحارة الفرحية‬II , 4 , .1 1 ( .

6, ‫ يسلك فيه الى باب القنطرة‬... ‫ ) سوق يعرف اليوم بسويقة أمير الجيوش‬1,385 , .1 31 ( .
1
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 529

1
Aboû ' l-Maḥâsin nous apprend que le nom d'Amir al-Djouyoûch s'est altéré
2
en Murgoûch . Il faut donc conclure avec Aly Pâcha Moubârak que ce petit

marché est la rue actuelle de Margoûch (cf. Flan de 1798, V, 78 et 85 ) . Le pont

de Djauhar est donc le pont actuel de Qint arat el-Gedyd (Plan de 1798 , V, 260) .

Il reste encore aujourd'hui le nom de Bâb al-Ķoûs (Plan de 1798, V, 284) ,

qui est donné par Makrîzî au quartier d'Ar- Rammâḥin (des fabricants de lances),

lequel était à l'entrée de la porte du Pont ' . Le Plan de 1798 mentionne Darb al
Ferrâkhah et A'tfet al-Ferrâkhah (V, 204 et 206) , -— ce qui me porte à voir

dans ce nom l'altération du nom del donné par Makrîzî à cette région ,

comme nous l'avons vu plus haut. L'enceinte primitive au nord suivait donc

· Atfet al-Ferrâkhab et Darb al-Ferrâkhah ( du Plan de 1798) pour aboutir à l'an

cienne porte d'Al - Foutoûḥ dont l'emplacement est déterminé par le voisinage

de la mosquée subsistant encore d'Al- Ḥâkim .

L'ancienne porte d'An -Nasr était, au dire de Maķrîzî, à l'angle occidental d :

la madrasat Al-Kâşidîat , qui porte le nom de Cheikh Kased dans le Plan de 1798
4
(V, 58) ; l'enceinte longeait le quartier Al- Oûṭoûfiyat dont le nom

subsiste dans le Plan de 1798 (Hârt el A'touf, VII , 133 ) .

A quel point précis commençait l'enceinte est ; c'est ce qu'il nous est bien

difficile de déterminer ; nous n'avons guère de points de repère, et Makrîzî est

très vague sur toute cette région . Il me paraît vraisemblable que dès l'angle de

l'enceinte commençait le quartier Al-Barkîat , qui s'étendait jusqu'à la mosquée

Al-Azhar, et qui comprenait la porte de Barkîat . En effet nous lisons chez notre

auteur : « le khaṭṭ Al-Manâkh est entre Al-Barkîat et Al- ' Ouțoûfiat » , ce qui

1. Éd. JUYNBOLL , II , p . 420 ; cf. P. R. , 2º partie, 39 , note.


2. bhl. Le Caire, II , pp . 22-23 .

.3 ‫خط باب القنطرة هذا الخط كان يعرف قديما بحارة المرتاحية وحارة الفرحية والرماحين وكان ما بين الرمحاحين الذي‬

‫) يعرف اليوم بباب القوس داخل باب القنطرة وبين الخليج فضاء‬II , 4 , .1 1( .
40 ‫ وعلى يسارته بابي الجامع الحاكمي‬... ‫باب النصر القديم وادركت فيه قطعة كانت تجاه ركن المدرسة القاصدية الغربي‬

‫) وتجاه احدهما الشارع المسلوك فيه الى حارة العبدانية وحارة العطوفية‬1,377 , .1 6 ( , » ... l'ancienne porte an -Nasr ;
j'en ai encore vu un fragment qui se trouvait en face du coin occidental de la madrasat Al- Ķâșidîat ….. et à gauche
les deux portes de la mosquée d'Al-Hâkim et er face d'une d'elles le chemin qui conduit au quartier Al- ' Abdânîyat
et au quartier Al - 'Outoufiyat. >>

50 ‫) خط المناخ فيما بين البرقية والعطوفية‬II , 35 , .1 39( .

1
530 P. CASANOVA .

rapproche le quartier en question de l'enceinte nord ; ailleurs, la porte de Barkîat

est indiquée comme peu éloignée du Magasin des Étendards , laquelle

était à l'angle nord-est du grand Palais ' . Enfin d'un itinéraire très précis , il
résulte que ce quartier est proche de la mosquée Al- Azhar.

Comme points de repère , nous devons noter deux passages relatifs aux kôms

(collines de décombres) dits de Barkîat . Il existe encore aujourd'hui une série

de buttes formées par les décombres accumulés tout le long de l'enceinte est :

ils datent du temps du khalife Al-Hâkim ( 387-411 ) . « Pour la banlieue est dụ

Caire, elle est entre le mur et la montagne . C'était un espace vide ; puis Al

Hâkim biamr Allah ordonna de jeter derrière le mur les terres du Caire, pour

empêcher les eaux (venues de la montagne) de pénétrer dans le Caire ; de là

se formèrent les kôms appelés kôms de Barkiat . »

Cette pratique s'est continuée longtemps , à en juger par l'âge des couches

successives de débris que j'ai constatées moi- même . J'ai trouvé , dans une coupe

assez profonde qui a été pratiquée dans les décombres , des fragments de pote

rie remontant au xve siècle ( vers l'époque du 25e sultan Mamloûk : Barkoûk) .

C'est précisément à cette époque que Djahârkas , grand écuyer de Barkoûk, fit

jeter les ossements trouvés par les ouvriers occupés à contruire le Khân al

Khalili . L'existence de ces kôms a dû empêcher la ville de s'agrandir de ce côté .

L'espace resta longtemps vide, et quand on commença d'y élever les nombreux

.. ‫ فلما انشا الامير الوزير علا الدين مغلطاي‬... ‫ كان موضعه مساكن اهل الفساد‬... ‫جامع التوبة بجوار باب البرقية‬

‫) الجمالي خانقاهه المعروفة بالجمالية قريبا من خزانة البنود كره مجاور هذه الاما كان لداره وخانقاهه‬II , 314 , .1 37( :
« La mosquée d'At -Toûbat dans le voisinage de la porte de Barkîat... sur cet emplacement habitaient des débau
chés... quand l'émîr le vizir ´Alâ ad-Dîn Maghlațâî Al- Djamâlî éleva son couvent appelé al - Djamâlîat proche du

Magasin des Étendards (cf. P. R.) , il lui répugna d'avoir un tel voisinage pour sa maison et son couvent. >>
Le nom d'Al-Djamâlîat est fréquent dans cette région ; mais si éloigné des murs que je pense qu'il faut lire
non pas «< la porte de Barkîat » , mais «< la porte » c'est-à- dire « l'entrée [du quartier] de Barkîat » . On trouve
fréquemment dans Makrîzî une pareille façon de s'exprimer, par exemple : II , 409, 1. 18 « la porte
[du quartier] d'Al-Yânisîat » .

.2 ‫واما جهة القاهرة الشرقية وهي ما بين السور والجبل فانه كان فضاء ثم امر الحاكم بامر الله ان تلقى اتربة القاهرة‬

‫) من ورا السور لتمنع السيول ان تدخل الى القاهرة فصار منها كيمان التي تعرف كيمان البرقية‬1,364 , .1 22 ( .
3. I , 407, 1. 25. Cf. P. R. , 2º partie, p. 92. ― Je dois à l'obligeance de M. HENON Communication d'une

monnaie de cuivre trouvée dans ces décombres et portant le nom d'Al-Malik al-Manşoûr Ṣalâḥ ad- Dîn ibn al- Malik
al-Mouḍhaftar Ḥâdjî ibn al-Malik an-Nâşir et la date de 764 (c'est le 21 ° sultan Mamloûk) .
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 531

tombeaux, qui ont fini par former une véritable ville, ce fut bien au delà du

Caire même, en dehors des décombres . Il est donc certain que la ligne actuelle

des décombres marque à peu de chose près la limite Est de la ville .

Makrîzî nous dit que les portes furent déplacées ' ; mais il prétend aussi avoir

vu un reste du mur de Djauhar, et il ajoute : « c'était à peu de distance du

mur en pierre actuel, à environ 50 coudées . » Makrîzî ne spécifiant pas les

coudées , je suppose qu'il s'agit de la coudée ordinaire de om , 656 . La distance

était donc d'environ 33 mètres. Mais il est impossible d'admettre que Makrîzî
ait pu voir la moindre parcelle du mur de Djauhar. Nassiri Khosrau affirme

que «
< la ville n'est point enfermée dans une enceinte fortifiée » ' . Maķrîzî dit

(II, 2 , 1. 4 ) que le mur de Djauhar fut fait en terre crue ‫ الطوب‬et plus loin ,

dans le passage qui nous occupe, en briques cuites . La première opinion me

paraît seule conciliable avec le témoignage du voyageur persan : c'est celle-là

que j'adopterai . Le mur de Radr al- Djamâlî étant fait en briques cuites (comme

nous le verrons) , il est hors de doute , à mes yeux , que c'est un fragment de ce

mur qu'a vu Makrîzî . Toutefois , comme il est admissible que sur ce point le

mur de Badr al-Djamâlî ait été élevé suivant le tracé de Djauhar, nous adop

rerons , à défaut d'indications plus précises , pour l'enceinte de Djauhar, une

ligne distante d'environ 33 mètres de la ligne actuelle des remparts en pierre .

Nous nous trouverons ainsi d'accord avec Makrizi, sous la seule réserve indi

quée plus haut .


-
Les deux portes de Barkîat et Al-Mahroûk correspondent respectivement ( en

conservant l'éloignement de 33 mètres) à la porte moderne Al- Ghoraïb ' (Plan

de 1798, VII , 8 ) et à la porte de Derb el-Mahrouq (Plan de 1798, VIII , 46) ³ ..

L'angle sud- est devait être formé par le quartier Al- Bâțilîyat, dont le nom sub

siste encore aujourd'hui (Plan de 1798 , VIII , 114 , 116 , 117 ) . Ce quartier s'étendait

1. 1, 362 , 1. 7.

.2 ‫ ) وكان بعيدا عن السور الحجر الموجود الآن وبينهما محو الحسين ذراعا‬1,377 , 1.34 ( .
3. Loc. cit. , p . 131 .
~
40 ‫باب البرقية المعروف الان بالغريب‬. Djabari , III , .93
5. Le nom d'Al-Maḥroûk est récent. Autrefois cette porte s'appelait Bâb al- Karrâţîn , la porte des Marchands de
trifle. Makrîzî ne dit pas si ce dernier nom datait de l'époque des Fâțimides (II , 383) .
6. M. RAVAISSE me paraît avoir placé inexactement ce quartier, hors des murs , et à l'est de la mosquée Al
Azhar. En effet, outre l'existence actuelle d'un quartier du même nom, très loin de l'emplacement que lui assigne
532 P. CASANOVA .

jusqu'aux environs de l'ancienne porte de Zoueïlat. Makrîzî dit, en effet : « Dès

qu'on commence de marcher après être entré par la porte de Zoueïlat ( la nou .

velle) , on trouve à gauche la ruelle étroite... d'où l'on va au quartier Al- Bâțilîyat

et à la poterne du quartier extérieur de Roûm. » Cette poterne est celle qui

s'ouvrait sur le mur de Badr al- Djamâlî (voir plus loin ) et le quartier d'Al

Bâțiliyat devait commencer en face.


Nous voici revenus à la porte de Zoueïlat . J'espère avoir été assez clair pour

permettre au lecteur de se reconnaître aisément dans le plan ci-contre.

Les détails un peu longs que j'ai dû donner me dispenseront, du moins, de

m'étendre beaucoup sur la description de la seconde enceinte qui ne diffère de

la première que sur un petit nombre de points , désormais faciles à déterminer .

En 480 , Badr al- Djamâlî , vizir du khalife al-Moustanşir billah ' , construisit

une nouvelle porte de Zoueïlat (appelée la nouvelle ou la grande ),

qui subsiste aujourd'hui . Makrîzî ajoute : « il fit les murs de brique cuite et les

portes de pierre » , et par une contradiction singulière il parle d'un mur de pierre

détruit en 818 entre la porte de Zoueïlat et celle d'Al-Faradj ( nous avons vu

ce passage plus haut, p . 526 , n . 4) . On peut se demander toutefois si Maķrîzî a

entendu parler de toute l'enceinte ou si la phrase ne s'applique qu'aux murs


voisins de Bâb an-Nasr et Bâb al - Foutoûḥ . Retenons en tout cas ce fait que de

la porte de Zoueïlat à celle de Faradj il y avait un mur en pierre que Makrîzî a

vu . Il en reste des traces dans la mosquée d'Al -Moûayyad .

L'enceinte ouest, à mon avis, dut être respectée . C'est à tort que MM . Ra
VAISSE ET VAN BERCHEM ont cru devoir attribuer à Badr un nouveau mur . Makrîzî

n'en parle pas . La région « entre les deux murs » était appelée

ainsi parce qu'il y avait deux rangées de propriétés, encloses probablement de mu

railles , de chaque côté de la route ¿ qui prit ce nom .

ainsi que le quar


M. Ravatsse , nous lisons dans Makrîzî que ce quartier était à l'ouest de la mosquée Al- Azhar,
tier de Roûm et de Daïlam (le premier ayant encore son nom et le second étant représenté par la rue des Turcs
-
autre nom donné à ce même quartier du temps même de Makrîzî) . Ces trois quartiers devaient se grouper
autour de la mosquée ·— et il en est ainsi aujourd'hui . Cf. Kh . , I , p. 363 , 1. 7 :pull öyla jojɣl poll

‫وحارة الروم البرانية وحارة الاتراك وحارة الباطلية‬


1. Cf. QUATREMÈRE, Mémoires sur l'Égypte, II ( Vie de Mostanser) ; P. R. , 1re partie ; V. B. , etc.
Pa
.2 ‫ وبه الآن صفان من الاملاك احدهما مشرف على الخليج والآخر مشرف على الشارع المسلوك فيه‬... ‫خط بين السورين‬
‫ » من باب القنطرة الى باب سعادة ويقال لهذا الشارع بين السورين‬Le khatt entre les deux murs ... là sont aujourd'hui
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 533

L'enceinte nord ne subit qu'une modification : le recul des deux portes pour

faire rentrer la mosquée d'Al- Hâkim dans l'enceinte . Le tracé de Djauhar fut

conservé depuis la porte du Pont, puisque, comme nous le verrons plus loin ,

c'est Şalâḥ ad - Dîn qui prolongea le mur depuis cette porte jusqu'à celle d'Ach

Cha'rîyat qui faisait partie de l'enceinte qu'il éleva.


L'enceinte est dut être également respectée. Makrîzî dit bien que les portes

actuelles furent déplacées et que l'intervalle fut appelé région entre les deux murs

en spécifiant bien , cette fois, que cette dénomination venait de l'existence de

deux enceintes ' . Mais il n'attribue à Badr al-Djamâlî que le déplacement des

portes Zoueïlat, Al-Foutoûḥ et An -Nașr. D'où je crois pouvoir conclure que le

déplacement de l'enceinte à l'est est dû à Ṣalâḥ ad- Dîn (voir chap . 1 ) . Au sud

le mur de Badr al-Djamâlî était distinct de celui de Djauhar, puisque Makrîzî

nous parle d'une poterne donnant sur la rue Rouge . Cette rue existe

toujours, et l'emplacement de cette poterne me paraît devoir être non loin du

deux rangées de propriétés l'une donnant sur le Khalidj , l'autre sur la route qui mène de la porte du Pont à
celle de Sa'âdat, et on appelle cette route : entre les deux murs » (II , 24 , 1. 23 ) . Nous savons déjà qu'entre ces
deux portes et le Khalidj , il y avait un intervalle, où se trouvaient la Maison d'or, la Perle , ctc. C'est cet intervalle
qui est devenu la région «< entre les deux murs » . La suite du passage de Makrîzî le démontre surabondamment.
M
.1 ‫( وموضعهما دون مكانهما الآن ويقال لهذه الزيادة من هذه الجهة بين السورين‬I,
).1,362,1 7( . «» Leur cmplacement
(il s'agit de Bâb al- Barkiyat et de Bâb al - Maḥroûk) était en deçà de leur situation actuelle , et on a appelé cette
extension de ce côté entre les deux murs , »

.2 ‫خوخة ايدغمش هذه الخوخة في حكم ابواب القاهرة يخرج منها الى ظاهر القاهرة عند غلق الابواب في الليل‬

‫واوقات الفتن اذا غلقت الأبواب فينتهى الخارج منها الى الدرب الاجر واليانسية ويسلك من هناك الى باب زويلة ويصار‬

‫اليها من داخل القاهرة اما من سوق الرقيق او من حارة الروم من درب ارقطاى وهذه الخوخة بجوار جام ابدغمش‬
(II, 45 , 1. 12) . « La poterne d'Aidagmach ―――― cette poterne était du ressort ( ?) des portes du Caire ; on en sortait
[pour aller] dans la banlieue quand les portes étaient fermées la nuit ou les jours d'émeutes où l'on fermait les
portes. Celui qui en sortait aboutissait à la rue Rouge et au [ quartier d' ]Al-Yânisîyat ; on allait de là à Bâb Zoûeï

lat, et on y pénétrait de l'intérieur du Caire , soit par Souk ar-Rakîk, soit par le quartier de Roûm, par la rue
Arkațâi. Cette poterne était près du bain d'Aîdagmach . » D'où probablement son nom. Le quartier d'Al
Yânisiyat existe encore (Plan de 1798, I , 53 : al- Ounsiyeh) . On allait à la rue Arkatâî par la ruelle étroite
qui après la porte neuve de Zou.ilat menait au quartier d'Al-Bațilîyat et à la poterne (voir plus haut,
P. 532) . (Cf. Maķrizî , II, 12 , 1. 7.) — Du même passage de Makrîzî il résulte que le Soûk ar-Rakik était le
même que
celui des Fabricants de robes (d'honneur) imali gw. (Cf. II , 104, 1. 17. ) D'après ce dernier passage,
VI9
il faudrait lire non mais la petite ruelle, le premier nom devant être réservé à un autre situé dans
‫الرقيق‬
le quartier Al-Djoùdarîyat (Makrîzî, II, 5, l. 12) .
68
5:34 P. CASANOVA .

point d'intersection de cette rue et du quartier de Roûm (cf. Plan de 1798, VIII ,

213 et 247). Ce quartier de Roûm actuel est évidemment le quartier extérieur

de Roûm qui avait, comme nous l'avons vu, une poterne (voir plus haut,

p . 532 ) ; d'ailleurs il résulte d'un autre passage de Makrîzî ( II , 104 , l . 21 ) que

cette poterne est la même que celle d'Aîdagmach .

Telles étaient les fortifications du Caire à l'époque de Ṣalâḥ ad-Dîn . Je me

suis efforcé de tirer de Makrîzî tous les éclaircissements possibles . Malheureu

sement en présence de nombreuses lacunes , et, ce qui est plus grave , de con

tradictions flagrantes, j'ai dû me contenter d'hypothèses plus ou moins vrai

semblables, et me résigner à n'être pas toujours aussi affirmatif que je l'aurais


désiré.
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE .
535

CHAPITRE III

LES FORTIFICATIONS DE SALÂḤ AD - DÎN

<< Ibn Abi Taî dit : En cette année ( 566) le sultan , c'est-à-dire Şalâḥ ad-Dîn ,

commença la reconstruction du mur du Caire ; car la plus grande partie en


avait été détruite et il était devenu une voie ouverte n'arrêtant ni entrées ni sor

ties. Il y préposa Karâkoûch l'eunuque ' . » Ainsi en 566 , dans la pensée de Șa

lâḥ ad-Dîn , il ne s'agissait que de relever le mur qui était en fort mauvais état .

Le terme arabe , < restauration >>


a , en effet, bien plus souvent le sens de «

et de « reconstruction » . Il est vrai, comme l'a fait déjà remarquer M. CLER

MONT- GANNEAU, que les Arabes font rarement la distinction , et nous aurons

l'occasion d'en donner des preuves . Mais les termes du texte cité paraîtront plus

clairs, si nous les opposons à un nouveau texte d'un grand intérêt . Cette fois ,

en effet, c'est le secrétaire de Şalâḥ ad-Dîn , le célèbre 'Imâd ad-Dîn , qui, docu

ments officiels sous les yeux , va nous révéler le plan de son maître.

<< Lorsque le sultan se fut rendu maître de l'Égypte, il vit que Misr (Fostât)

et le Caire avaient chacune un mur qui ne les protégeait pas et il dit : Je ferai
d'elles deux un tout unique par un mur, et elles n'auront besoin que d'une

armée unique pour les défendre ; et je crois bon de les entourer d'un seul mur
du rivage [ du Nil] à l'autre rivage. Il ordonna que l'on construisît une Citadelle

au centre , là où était la mosquée de Sa'd ad-Daulat sur le mont Moukaṭṭam . Il

commença hors du Caire par un bourdj dans Al-Maksim et le continua jusqu'au

dessus de Misr avec des bourdjs , la reliant par le bourdj le plus considérable. »

.1 ‫وقال ابن ابى طى في هذه السنة شرع السلطان یعنی صلاح الدين في عمارة سور القاهرة لانه كان قد تهدم اكثره‬

‫) وسار طريق لا برد داخلا ولا خارجا وولاه لقراقوش الخادم‬Abo Chamat , I , 192 , .1 15( .

Henk |
536 P. CASANOVA .

Remarquons en passant que le terme de ‫ برج‬bourdj s'applique à des travaux iso

lés en tant que fortifications et désigne aussi bien un fort, une citadelle et une

tour comprise dans une enceinte séparée . Je reviendrai là- dessus .

« J'ai trouvé à l'époque du sultan une maison élevée par les chargés d'affaires

, et dans laquelle s'ordonnaient les comptes ' , et son étendue, c'est-à- dire

le tour des deux villes, y compris les rives du Nil et la citadelle de la Mon

tagne, s'élève à 29,302 coudées ; savoir : entre la citadelle ( ) d'Al- Maksim

sur le rivage du Nil et le bourdj sur le Kôm rouge sur la rive de Mișr, 10,500 co u

dées ; de la citadelle d'Al-Maksim jusqu'à l'enceinte de la Citadelle de la mon

tagne au point de la mosquée de Sa'd ad-Daulat, 8,392 coudées ; du côté de

l'enceinte de la Citadelle à l'endroit de la mosquée de Sa'd ad- Daulat jusqu'au

bourdj du kôm rouge, 7,200 coudées ; le tour de la Citadelle [ pris ] en face de la

mosquée de Sa'd ad-Daulat, 3,210 coudées ; telle est la longueur de sa circon

férence (litt.: son arc ) avec ses bastions et ses bourdjs du Nil au Nil , rigou

reusement et mathématiquement, en coudées hâchimites * . » Le mot pluriel

‫ ابدان‬équivalent du mot ‫ بدنة‬pluriel ‫ بدات‬que nous retrouverons plus tard , est

fort bien expliqué par M. VAN BERCHEM ' ; ce sont des ouvrages faisant saillie ,

.1 Je suppose que l'écrivain veut parler du trésor public ; litt . : la maison du trésor ‫بيب المال‬
2. Ce texte est reproduit par Aboû Châmat, Kitáb ar- rauḍateïn, 1 , 268, 1. 17 et Makrîzî qui n'en indique pas
l'origine, I , 380, 1. 4. Je donne les variantes intéressantes de ce dernier entre crochets .

‫قال وكان السلطان لما يملك مصر رأى ان مصر والقاهرة لكل واحدة منهما سور لا يمنعهما فقال إن افردت كل واحدة‬

‫بسور احتاجت الى جيد مفرد يحميها والى ارى ان أدير عليهما سورا واحدا من الشاطئ الى الشاطئ وامر‬

‫ببناء قلعة في الوسط عند مسجد سعد الدولة على جبل المقطم فابتدا من ظاهر القاهرة ببرج في المقسم وانتهى به الى اعلى‬

‫ ووجدت في عهد السلطان بينا رفعه النواب وتكمل فيه الحساب ومبلغه وهو دائر البلدين‬، ‫مصر ببروج وصلها بالبرج الاعظم‬

‫مصر والقاهرة بما فيه من ساحل البحر والقلعة بالجبل تسعة وعشرون الفا وثلثمائة وذراعان بذراع العمل وهو الذراع‬
‫الباشمي من ذلك ما بین قلعة المقسم المقس على شاطئ النيل والبرج بالكوم الاحر بساحل مصر عشرة آلاف وخمسمائة‬

‫قلعة المقس الى حائط القلعة بالجبل بمسجد سعد الدولة ثمانية آلاف وثلثمائة واثنان وتسعون‬ ‫ذراع ومن القلعة بالمقسم‬

‫ذراعاً ومن ججانب حائط القلعة من جهة مسجد سعد الدولة الى البرج بالكوم الأحمر سبعة آلاف ومائتا ذراع ودائر القلعة‬

‫ مسجد سعد الدولة ثلاث آلاف ومائتان وعشر اذرع وذلك طول قوسه‬leçon preferable ‫بجبل بحبال‬ ‫من ورا القلعة‬

‫ على التحقيق والتعديل وذلك‬la s'arrête Makrizi ( ‫ ] وابراجه من النيل الى النيل‬ce mot manque dans Makrizi[ ‫في ابدانه‬
Sur la variante ‫ المقس‬pour ‫ المقسم‬voir plus loin . - Il faut lire : ‫بالذراع القاسمي الهاشمي‬
Comparez le même texte attribué à Ibn ' Abd adh -Dhâhir par Aboû 'l-Mahâşin, éd . JUYNBOLL, II , 415 .
3. V. B. , page 25 , note 2 .
ML
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 537

mais non complètement isolés comme les bourdjs qui sont , je le répéte , des

tours complètes .

Bourdj
AL MAKS .
L
CANA

LE

DITADELLES
CAIRE
D
AN
GR

Mosquée de
LE SA 'D AD DAULAT

no
Wien

MONT DU
NIL
LE

MOUKA
e

MIŞR
r
b
m
o

s
c

[FOSTAT ]
é

o
D

K
1100

N
111

di
ur
Bo
1000m
LE KÔM ROUGE
Echelle

AA 6.888m000-10.500 coudées hâchimites


BB - 5505152 = 8392 "" ""
с = 4723m200-7200 . " ""
D2103m 760- 3.210 "" 39

Total 19.220m 112-29 302 21 19

La coudée hâchimite ou coudée vulgaire les vaut, nous l'avons vu ,

om, 656 . Nous obtenons donc le résultat suivant que le lecteur appréciera mieux

sur le présent croquis .


538 P. CASANOVA .

S'il fallait s'en rapporter à Makrîzî, ce plan fut conçu en 566 , puisqu'il in

sère le même texte à quelques variantes près , après avoir dit que Salâḥ ad-Dîn

commença le mur en cette année ( I , 379 , 1. 35 ) . Mais Aboû Châmat qui a

donné la citation de Ibn Abî Ţaî dans le chapitre de l'année 566 , donne celle

d'Imâd ad - Din dans le chapitre de l'année 572 ( p . 261 à 271 ) . Il n'est

pas douteux que Makrîzî n'ait fait la confusion qu'Aboû Châmat , ayant pris

soin de citer ses auteurs , nous permet d'éviter ; et je crois pouvoir conclure

que Salâḥ ad- Dîn n'avait d'abord que la pensée de restaurer les murs

existants, et que son plan s'est modifié en 572 après son expédition en Syrie .

La restauration des murs était une entreprise relativement aisée, dont la con

ception s'accorde bien avec la position de simple vizir qu'avait Ṣalâḥ ad - Dîn

en 566. Mais la colossale entreprise dont nous avons fait l'esquisse ne pouvait

être conçue que par un homme définitivement tout- puissant , comme l'était , en
572 , le nouveau sultan de Damas , l'allié du redoutable chef des Assassins .

C'était une œuvre de longue haleine ; et cela est si vrai que son auteur n'en vit

jamais la fin , et qu'elle devait rester toujours inachevée. La logique des choses

et les textes des écrivains contemporains étant d'accord , nous passerons donc

condamnation sur ce texte de Makrîzî , où nous avons déjà eu l'occasion de

relever des contradictions flagrantes , et des négligences qui infirment singuliè


rement son autorité.

Ceci posé , je vais tâcher de reconstituer, dans la mesure du possible , le tracé


du mur d'enceinte .

Nous prendrons , comme point de départ, le bourdj ou citadelle d'Al-Maks.

Al-Maks était l'ancien port du Caire ' . Makrîzî nous donne quelques détails

que je résume très rapidement. C'était primitivement un village appelé

Oumm-Douneïn . D'après Al- Ķouḍâî ce mot était une corruption d'al-Maks |

droit de douane ' . D'après Ibn Abd . adh-Dhâhir on prononçait de son temps
·
Al-Maksim (ou Al -Maksam ?) . Imâd ad -Dîn emploie ce dernier mot

comme nous l'avons vu . Serait- ce la vraie prononciation ? et faudrait-il

y voir le souvenir de quelque gouverneur romain du nom de Maxime ?

1. Makrizi , II , p . 121 et passim. Cf. P. R. , 1re partie, 416, note.


2. On retrouve actuellement ce mot, dans ce sens , appliqué à la douane d'Alexandrie.
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 539

Quoi qu'il en soit, ce lieu était situé à l'ouest du Khalîdj . Quand le Nil se re

tira , le nom s'appliqua à la région comprise entre le Nil et le Khalidj en face

de la porte du Pont . Al-Hâkim y construisit une Mosquée . M. Ravaisse dit

qu'il n'en reste plus de traces. Mais sur le témoignage d'Ibn Iyâs et de Djabartî,

il faut l'identifier avec la Mosquée ' existant actuellement en face de la porte

dite Al - Hâdîd et connue sous le nom de Mosquée de Bâb al -Baḥr (porte du Nil) ,

puis de Mosquée des enfants de ‘Anân³ . En effet, cette Mosquée , comme nous le

verrons , se trouvait dans le voisinage de la porte du Nil, il reste en face de la

Mosquée des enfants de ' Anân , au coin du boulevard actuel Clot-bey et de la

place de Bâb al-Hadîd des fragments de l'ancienne enceinte, telle que nous la

retrouvons dans le Plan de 1798. Ces fragments représentent , à n'en pas douter ,
l'extrémité des fortifications.

La Mosquée d'Al- Maks fut détruite par Karâkoûch pour y construire le


3
bourdj, qui porta même son nom : citadelle de Ķarâkoûch ³ . Mais ,

plus tard , elle fut reconstruite. Ce qu'il en reste nous suffit donc à déter

miner l'emplacement du bourdj en question .


Il formait donc l'angle ouest de l'enceinte nord . Nous n'avons malheureu

sement aucun moyen d'en déterminer le caractère à moins qu'il ne faille

considérer le Bourdj Zefer actuel (voir plus loin ) comme son symétrique . Mais

l'existence du Bourdj Zefer soulève bien des problèmes, et, tout en signalant la

vraisemblance de l'hypothèse , je ne puis y insister .


La porte du Nil (Báb al- Baḥr) commençait là où le Plan de 1798 mentionne

la porte de Fer ( Bâb al - Ḥadîd , V , 354) ‘ . Le nom de Bâb al-Baḥr s'est conservé

1. J'adopte le système de M. VAN BERCHEM qui distingue la mosquée de la Mosquée par une simple
différence d'initiales .

.2 I. Iyas : ‫) ابن الشيخ محمد بن عنان مقيما به‬sic( ‫) وكان في جامع المقسى‬-B ib
. nat . , ms . 595 b , f° 307 vo) ;l
et Dja
Pu
bari, III , 29 : ‫ المعروف الان باولاد عنان على الخليج الناصري بباب البحر‬... ‫ مسجد المقس‬. -C . Plan de 1798 , Gama el
Anduyeh ‫) جامع العنانية‬VI , 329( .
3. Makrizi, II, 123 , 1. 28. -
4. Elle devait être dans le voisinage immédiat de la citadelle d'Al-Maks , puisque Makrîzî dit que le mur fut
prolongé jusqu'à cette porte, et aussi que le mur (ouest) devait partir de cette porte pour rejoindre le Kôm rouge

‫) من باب البحر الى الكوم الأحمر‬.1,347 .1 33 ( , ‫) من خارج باب البحر الى الكوم الأجر‬II, 283 , 1. 29. La citadelle
était dans le voisinage de la Mosquéel jl (II, 383 , 1. 33 ) , la porte du Nil également .
540 P. CASANOVA .

dans les rues avoisinantes . De là le mur se continuait en ligne droite jusqu'au

Khalidj . J'en ai retrouvé dans une maison particulière des traces évidentes ;

d'ailleurs le Plan de 1798 en conserve le tracé fort net.

En deçà du Khalîdj s'ouvrait la porte Ach-Cha'rîyat, du nom d'une troupe

berbère appelée les Banî ach- Cha'riyat. Il semble que le quartier appelé actuel

lement Ach-Charaouï (Plan de 1798, V, 264 sq . ) en ait conservé le souvenir .

Sur le Khalîdj était jeté le pont dit de Bâb ach- Cha'riyat, appelé depuis , dit

Makrîzî, pont d'Al- Kharroûbî¹ . Ce nom est resté (cf. Plan de 1798, VI, 145 ) .

Nous avons vu, plus haut ( p . 533 ) , que la porte du Pont n'avait pas dû

être déplacée par Badr al - Djamâlî . Or Makrîzî nous parle d'un mur qui fu

l'œuvre de Salâḥ ad- Dîn et qui rejoignait Bâb ach- Cha'rîyat. « Il augmenta le

mur du Caire de la partie qui va de la porte du Pont à celle d'Ach- Cha`rîyat

et de celle d'Ach -Cha'rîyat à celle du Nil ' . » Si la porte du Pont avait été dé

placée , et si de là jusqu'à Bab al-Foutouḥ l'enceinte de Badr al- Djamâlî eût été

la même que celle de Ṣalâḥ ad-Dîn, j'imagine que Makrîzî ne se fût point

exprimé ainsi , et se fût contenté de dire : « Depuis la porte du Pont jusqu'à

celle du Nil . » Dans un autre passage il dit qu'on allait au pont d'Ach - Cha'rîyat

de Bâb al- Foutoûḥ . Si la porte du Pont avait été déplacée , elle eût été dans la

direction , et Makrîzî eût plutôt dit qu'on allait à ce pont par cette porte. Cette

porte devait donc être restée en deçà de l'enceinte de Şalâḥ ad-Dîn ' . Il est vrai

qu'on ne s'explique pas ce raccord , dars le plan général dont nous avons
donné le croquis.

Il convient alors de se demander si ce raccord ne faisait pas partie de l'œuvre

de restauration entreprise en 566. Je serais porté à croire que Salâḥ ad-Dîn avait,

1. ‫) قنطرة باب الشعرية على الخليج الكبير وتعرف اليوم بقنطرة الخروبي‬II , 147,1 .36

.2 ‫ ) فزاد في سور القاهرة القطعة التي من باب القنطرة الى باب الشعرية ومن باب الشعرية الى باب البحر‬1,379,137( .
3. Deux passages d'Ibn Iyâs me paraissent confirmer cette manière de voir :

....... ‫ودخل من باب الشعرية وخرج من باب القنطرة وطلع من على سوق مرجوش وشق من القاهرة‬
<«< il entra par la porte de Cha'riat sortit far la porte du Pont , alla à Soûķ Mardjoûch, traversa le Caire . » Bibl. nat. ,
595 B, fº 230 vº.

‫ » دخل من باب البحر واستمر الى باب القنطرة فشق من سوق مرجوس ثم شق من القاهرة‬il entra par la porte du
Nil, passa par la porte du Pont, traversa Soûk Mardjoûch, puis le Caire. » Bibl . nat. , 595 B, fo 314 v
Si la porte du Pont n'était pas intérieure à l'enceinte, ces deux itinéraires ne pourraient se comprendre . Ils sont,
au contraire, très faciles à suivre sur le plan tel que je le rétablis.
1

HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 541

à cette époque, recommencé l'œuvre de Djauhar et de Badr al-Djamâlî. Ceci

nous permettrait même d'atténuer ou plutôt de déplacer la contradiction que

nous avons relevée dans Makrîzî au sujet d'un mur en pierre qu'il semble at

tribuer à Badr al-Djamâlî, immédiatement après avoir affirmé que les portes

seules étaient en pierres et les murs en briques (voir plus haut, p . 532) . Ce mur

devrait être attribué à Şalâḥ ad- Dîn , et, comme il est clair que , dans le plan de

572, le mur dans le


• voisinage de la porte de Zoueïlat était parfaitement inutile ,
s'il faut l'attribuer à Salâḥ ad-Dîn , il faut que ce soit en 566.

Je ne puis me flatter que ces raisons soient bien convaincantes . En l'absence

d'indications précises des historiens, nous sommes peu autorisés à nous servir

de leurs contradictions pour faire prévaloir nos vues personnelles . Je me conten

terai de remarquer que mon hypothèse concorderait parfaitement avec ce fait ,

que je crois avoir mis en parfaite évidence , à savoir qu'il y eut deux plans

distincts, un en 566 , qui ne visait qu'une restauration , l'autre, en 572 , qui

était une œuvre militaire tout à fait distincte, et, rappelant , comme nous

aurons souvent l'occasion de le constater, le type des œuvres militaires de

la Syrie.

Reprenons le tracé . Après le pont de Bâb ach - Cha'rîyat le mur venait rejoindre

l'ancien mur jusqu'à Bâb an- Nașr . A partir de là jusqu'à la Citadelle, Makrîzî
nous dit que l'enceinte fut agrandie ( voir plus haut, p . 533 ) et que l'intervalle

s'appela entre les deux murs & ill ju


Ici se pose un fort curieux problème.

L'enceinte orientale du Caire présente actuellement deux murs : l'un qui se

détache à environ 400 mètres de Bâb an-Nașr , et dont on suit le tracé sur le

Plan de 1798 jusqu'à la porte actuelle de Darb al - Maḥroûk , d'où il reparaît , en

assez bon état de conservation avec ses murs, ses tours , etc. , jusqu'à une très

petite distance de Bâb al- Wazir ; l'autre qui prolonge encore de 400 mètres

environ l'enceinte nord, puis court à angle droit parallèlement au premier mur.

En partie disparu dans la ligne nord , il a encore parfaitement conservé l'angle

constitué par une tour dite Bourdj Zefer ' ; toute la ligne Est est restée à peu

1. Je partage l'opinion de M. CORBETT sur l'orthographe de ce mot : il est plus rationnel d'écrire les
le bourdj de la Victoire. Un des pavillons du palais des khalifes portait ce nom . Rapprochez les noms de
69
TEL
542 P. CASANOVA .

près intacte, mais , à son extrémité, disparaît sous les monticules de décombres.

hauts, sur ce point, de 15 à 20 mètres.

A l'inspection il n'y a pas de doutes sur l'identité de construction des deux

murs ' . J'ai relevé à quelque distance de Bâb an-Nașr une pierre portant des

hieroglyphes , dans les tours du second mur oriental j'en ai trouvé trois autres .

On sait que Karâkoûch détruisit les petites pyramides de Memphis pour en

utiliser les matériaux à ses constructions . Ces pierres en proviennent fort

vraisemblablement.

Le second mur se prolongeait-il ? Tant que les décombres seront là , il est

impossible de se prononcer. S'il se prolongeait, allait-il jusqu'à la Citadelle ?

Mais alors comment s'expliquer deux enceintes absolument semblables , et le

silence de nos auteurs sur une semblable anomalie ? Le mur en question reve

nait-il se souder au premier de façon à former une enceinte avancée , une sorte

de citadelle angulaire, comme celle d'Al -Maks et du Kôm rouge ? Alors , comment

s'expliquer le silence de nos auteurs sur ce troisième bourdj ? Enfin , est-ce

entre cette double enceinte , aujourd'hui déserte et parsemée de débris de toute

sorte , qu'était la région appelée entre les deux murs ? Mais le passage que nous

avons cité plus haut place cette région dans le voisinage du Magasin des Éten

dards et de la porte Al-Barkîyat . De plus, il faudrait que les deux murs eussent

été également construits par Ķarâkoûch . Or il résulte du texte de Maķrîzî que

des deux murs un seulement était en pierre, c'est-à-dire de Karâkoûch , l'autre

en briques , dont il a vu un fragment.

Sur l'enceinte orientale, Makrîzî nous dit quelques mots qui paraissent bien

s'appliquer au premier mur. « Il [ Karâkoûch ] augmenta le mur du Caire de la

partie qui touche à Bâb an-Nașr s'étendant jusqu'à la porte Al-Barkîyat, jusqu'à

´la rue de Bațoût et jusqu'au dehors de Bâb al-Wazir (la porte du Vizir), de façon à

ce qu'il se joignît au mur de la Citadelle. Il fut interrompu à un endroit actuel

Báb an-Nasr (porte du secours [divin] , c'est-à-dire de la Victoire) et de la Koubbat an -Nașr (coupole de la
Victoire) qui était dans le voisinage de ce bourdj. La Koubbat an-Nasr est devenue plus tard Koubbet al- 'Azab
wall die dig all mal à (Djabartî , III , 33 ; cf. Plan de 1798 , VII , 147) ; c'est aujourd'hui Ķoubbeh .
1. Voir les études architecturales de M. HERZ à la fin de ce mémoire .
2. Silvestre DE SACY, ' Abd al-Laṭif, Makrîzî, etc.
t
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE .
543

Candy à cause de sa
lement proche de la montée qui est sous la Citadelle
mort ― et jusqu'à maintenant les traces des murailles sont apparentes, pour qui

les examine attentivement, entre l'extrémité du mur [ et la Citadelle ] dans la

direction de la Citadelle ' . »

J'ai déjà remarqué que cette façon de parler depuis ... jusqu'à ... et jusqu'à ...

.......... Semble indiquer des changements de direction ; il résulterait

de cette interprétation que le mur allait de Bâb an-Nasr à Bâb al- Barkîyat ; là il

changeait de direction pour aller à la rue de Baṭoût ; de là , enfin , il changeait

encore au delà de Bâb al- Wazîr.

Supposons un moment que le Bourdj Zefer actuel fasse partie de l'enceinte

décrite par Makrîzî . Depuis Bâb an-Nașr jusqu'à Bâb al-Barkiyat le mur formera

les trois côtés d'un carré (le troisième complètement disparu aujourd'hui) ; de

Bab al-Barkiyat le mur suivra une ligne à peu près droite du nord au sud jusqu'à

Bab al-Wazir (il en est encore ainsi aujourd'hui ) ; à partir de Bab al- Wazir

changement de direction de l'ouest à l'est jusqu'à la Citadelle .

S'il n'existait pas , avant d'arriver au Bourdj Zefer, à l'enceinte Nord , un point

d'attache évident avec débris de tour , et amorce d'un mur, si le Plan de 1798

ne donnait pas un tracé très précis avec indication de tours entre ce point

et Bab al- Barkîyat ( appelée Bab al- Ghoraïb) , je n'hésiterais pas à appliquer

l'expression de Makrîzî « la partie qui touche Bab an- Nașr jusqu'à Báb

al- Barkiyat » au Bourdj Zefer actuel . Mais , je le répète , qu'est-ce alors que
ce mur ?

Il me semble que la réponse est dans ce que j'ai déjà dit. Il y a eu deux

plans, l'un de simple restauration , l'autre d'agrandissement . Au premier


appartient le fragment de la porte du Pont à celle d'Ach-Cha'riyat , le frag

ment que Makrîzî a vu détruire entre Bâb Zoueïlat et Bâb al-Faradj, et

qu'il semble attribuer à Badr al-Djamâlî , enfin le fragment d'angle nord- est

subsistant aujourd'hui . Dans le plan de 572 , l'angle nord-est reporté plus loin

I.
‫وزاد في سور القاهرة قطعة مما يلى باب النصر متمدة الى باب البرقية والى درب بطوط والى خارج باب الوزير ليتصل‬

‫بسور قلعة الجبل فانقطع من مكان يقرب الآن من الصوة تحت القلعة لموته والى الان آثار الجدر ظاهرة لمن تأملها فيما بين‬
datäll äge Jjgull (I. 380, 1. 1) . Sur la montéel , voir plus loin, chapitre XIII .
}

$44 P. CASANOVA .

formait comme un bastion qui, faisant face à la Citadelle , était d'une excellente
défense .

Telle est l'hypothèse à laquelle je crois pouvoir m'arrêter.

Nous avons vu que l'enceinte primitive avait à l'est deux portes : Bâb al

Barkîyat et Bâb al-Maḥroûk . Makrîzî mentionne encore Bâb al-Djadîd, qu'il

faut peut-être lire al - Hadîd . Quoiqu'il ne nous donne aucun renseignement

là-dessus, j'admets comme vraisemblable que cette po te date de Salâh ad- Dîn .

Enfin j'ai déjà mentionné Bâb al- Wazîr, ce qui porte à quatre le nombre des
portes à l'est.

Voici comment je crois devoir établir l'emplacement de ces portes .


La porte actuelle de Ghoraïb est certainement celle de Barkîyat . Son voisi

nage de la mosquée Al-Azhar, les passages où Makrîzî nous parle de tombeaux

situés hors de cette porte , enfin l'assertion de Djabartî , que je

signale p. 531 (note 4) ne laissent guère de doutes .


La porte Al-Maḥroûk (la brûlée ) s'appelait autrefois la porte des Marchands

de trèfle. Elle changea de nom en 652 lors d'une révolte des mamloûks qui

la brûlérent ' . Le nom de Derb al-Mahrouq que donne le Plan de 1798, et qui

subsite aujourd'hui ne laisse pas de doutes non plus .

La porte Nouvelle, ou porte de Fer (?) nous paraît devoir être identifiée avec

une porte existant encore aujourd'hui, mais complètement obstruée par les
maisons .

La porte du Vizir, Bâb al-Wazir, existe ; mais la construction est certainement

toute moderne , et postérieure au moins à l'époque de sultans Mamloûks, car

elle a été percée dans un mur qui portait une longue inscription fort mutilée

aujourd'hui , et incontestablement de l'époque mamloûke . Cette inscription

appartenait à un abreuvoir qui existe encore à droite ( quand on sort du Caire

par la porte). L'eau sort par la gueule d'une tête de lion taillée dans la pierre,

de style assez bizarre .

Nous voici arrivés à la Citadelle . La laissant de côté pour y revenir plus par

1. Makrizi , II , 383 ; cf. QUATREMÈRE, Histoire des Sultans Mamloúks , I , 1re partie , 249.
2. J'ai pu y déchiffrer juste à l'angle de la porte et reconnaître les traces d'une de ces longues
listes de nisbats caractéristiques de cette époque.
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 545

ticulièrement , essayons de reconstituer le tracé depuis la Citadelle jusqu'au Nil

vers Fostât.

Makrîzî nous dit que la mort empêcha Karâkoûch de joindre à la Citadelle

et le mur du Caire et celui de Fosțâț ' . Mais, ailleurs , par une nouvelle contra

diction , il affirme que Karâkoûch « étendit le mur depuis la Citadelle jusqu'à

Bâb al-Kantarat ( porte du Pont) hors de Mișr . » Nous verrons plus loin

que cette porte était sur le Nil au sud de Fostât . ― Le mur aurait donc été

complet.

Le même auteur mentionne une fois le mur qui sépare Al-Karâfat de la


ville du Caire ' . Des débris de ce mur existent encore, et de leur voisinage un

quartier porte encore le nom de sous les murs ( Plan de 1798 , II , 45 ).

Ce mur devait, selon toute vraisemblance, se détacher de la Citadelle et séparer

le cimetière d'Al- Karâfat de la ville. Une porte, réparée au temps des Turcs ,

mais qui a encore deux écussons au nom de Kaït-bâî, le 41º sultan Mamloûk, est

appelée encore aujourd'hui Bab al-Karâfat (Plan de 1798 , II , 15 ) . Makrîzî

mentionne souvent cette porte , qu'il est très important de ne pas confondre
avec la porte du même nom appartenant à la Citadelle ( voir plus loin) .

Le mur se continue du nord au sud et se rattache à un aqueduc, en grande

partie encore intact, élevé par Mouḥammad ibn Kalâoûn vers 730 et refait

par Kansoû al-Ghoury , le 46e sultan Mamloûk, vers 911. Dans ce mur sont

percées des arches , ce qui semble bien établir que cette partie a été utilisée

par Ghoury pour continuer son aqueduc qui devait amener l'eau , comme

nous le verrons , dans les jardins de la Citadelle. Une de ces arches, immé

diatement avant ce qui nous paraît être le point de raccord du mur et de

l'aqueduc proprement dit, porte sur ses deux faces une inscription de Kaït-bâî .

Celle de la face est étant assez bien conservée , je la transcris ici : bien que

postérieure de beaucoup au temps de Ṣalâḥ ad- Dîn , elle nous apporte un


document utile :

1.
II , 380, .1 .3 ‫وكذلك لم يتهياء له ان يصل سور قلعة الجبل سور مصر‬

.2 1,347, .1 360 ‫ومد السور من قلعة الجبل الى باب القنطرة خارج مصر‬
3. I , 343 , 1. 7. Voir la note 2 de la page suivante ,
546 P. CASANOVA .

A droite et à gauche , écussons ainsi disposés :

‫ابو النصر قایتبای‬ Abou 'n-Nasr Käit-bdî

‫عن مولانا السلطان الملك الاشرف‬ Gloire à notre maître le sultan Al-Malik al- Achraf.

‫نصره‬ [Que Dieu ] glorifie sa victoire .


oga is

Sur une bande , tracée en lettres très hautes :

‫) السلطان الملك الاشرف ابو النصر‬2( ‫ ) مولانا ومالك رقابنا‬2( ‫امر بانشا هذا الباب المبارك‬

‫ وثمانين وثمانمائة‬...... ‫) سنة‬2( ‫قايتباى عن نصره بتاريخ شهر ربيع الآخر‬

A ordonné la construction de cette porte bénie ( ?) notre maître et seigneur de nos

cous (?) , le sultan Al-Malik al- Achraf Alcû ' n Nașr Ķâït- bâî [ que Dieu] glorifie sa

victoire, en date du mois de rabî ' second (?) de l'année 88x.

Ceci est donc une porte . Elle nous paraît correspondre à celle que Makrîzî

appelle Bâb aş-Şafâ , dont il dit : « C'était proprement la porte de la ville de Mişr

quand elle était dans sa prospérité ; de là sortaient les armées , là passaient les

caravanes. Son emplacement est aujourd'hui voisin du Kôm al- Djâriḥ . Elle fut

détruite au temps d'Al - Malik aḍh -Dhâhir Beïbars ( 4º sultan Mamloûk) ' . »

Effectivement non loin de là se trouve un kôm formant une masse très dis

tincte du reste des décombres entassés aujourd'hui entre les habitations et

l'aqueduc. Ce kôm répond fort bien à ce que dit Makrîzî dans un autre passage :

« Aujourd'hui la limite orientale ( de Mișr) va de la Citadelle, alors que tu

prends par Bâb al- Karâfat, et que tu passes en dedans du mur qui sépare Al

Karâfat de Misr jusqu'au Kôm d'al- Djâriḥ , en laissant à ta droite tous les kôms

du Caire pour aboutir à l'Observatoire . » Ce dernier point est la partie du Moukat

tam appelée aujourd'hui Gebal al- Goioûchi (Plan de 1798).

D'ailleurs Bâb aş- Şafâ terminait Darb aş- Şafâ , laquelle prolongeait la grande

routes qui partait de Bâb Zoueïlat, comme il résulte de divers

passages trop longs à rapporter. Signalons seulement cet itinéraire qu'il est en

.. ‫باب الصفا هذا الباب كان هو في الحقيقة باب مدينة مصر وهي في كلها ومنه تخرج العساكر وتمبرا القوافل‬
)1,347, 1.25( . ‫وموضعه الآن بالقرب من كوم الجارح وهدم في أيام الملك الظاهر بيبرس‬
.2 ‫فحدها الشرق اليوم من قلعة الجبل وانت آخذ الى باب القرافة فتمر من داخل السور الفاصل بين القرافة ومصر‬

) 1,343 , 1.7 ( . ‫الى كوم الجارح ونمر من كوم الجارح وتجعل كيمان مصر كلها عن يمينك حتى تنتهى الى الرصد‬
Sur , l'Observatoire, cf. Notices et Extraits des manuscrits, IX , et Van BERCHEM, Institut égyptien, antée 1888 .
ļ
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 547

core facile de suivre sur un plan du Caire , « Le khalife traversait le Caire jusqu'à

la mosquée de Touloûn et jusqu'aux mechheds (Sitty Nefiseh actuellement) et jusqu'à

Darb aş- Şafâ ; c'est ce qu'on appelait la route principale . » Tout le quartier

s'appelait > Khaṭṭ aş- Şafâ , et Makrîzî dit qu'on passait autrefois entre deux

rangs de moulins dont le bruit était tel que l'on ne pouvait entendre la voix de

son compagnon de route . De tout temps, en effet, les collines de décombres

ont été utilisées pour l'installation de moulins . On en remarque aujourd'hui

une grande quantité élévée par les soldats de Bonaparte. Quoi qu'il en soit, il

me paraît évident que cette porte, détruite par Beibars , fut rétablie par Ķâït -bâî ,

vraisemblablement au même point .

Nous avons ainsi l'emplacement de deux portes, celle d'Al-Karâfat et celle

d'Aş- Şafâ .

Makrîzî mentionne une troisième, sur laquelle il donne des détails bien

difficiles à concilier. Je cite le passage en entier :

<< Porte de Mişr. - Cette porte est celle que bâtit Karâkoûch . C'est par lå que

se rend aujourd'hui celui qui entre à la ville de Mişr par le chemin appelé Al

Marâghat qui est proche du kôm appelé Kôm al- Machûnîk et aujourd'hui connu

sous le nom d'Al-Koubârat. L'emplacement de cette porte était autrefois couvert

par les eaux du Nil . Quand les eaux se retirèrent du rivage de Misr , l'endroit

appelé Al-Marâghat (le pâtis) et l'endroit appelé Ghaiț al-Djarf ( le jardin de

la chaussée ) jusqu'à Maouradat al-Houlafâ ( le débarcadère des fourrages )

formèrent un espace vide que n'atteignait pas l'eau du Nil et non construit .

Le sultan Şalâḥ ad- Dîn Yousoûf ibn Ayyoûb voulut tracer un mur qui comprît

le Caire, Misr et la Citadelle , et il augmenta les murs du Caire par les mains de

Karâkoûch depuis Bâb al-Kantarat jusqu'à Bâb ach- Char'îyat et jusqu'à Bâb al

Bahr, voulant étendre le mur depuis Bâb al-Baḥr jusqu'au Kôm rouge qui est

aujourd'hui le bord de Khalidj de Misr, en face la région de Bein az-Zakkikein

(entre les deux ruelles) ―― pour rejoindre également le Kôm rouge à cette Bâb

Mișr . Mais cela ne lui fut pas accordé . Le mur fut arrêté depuis la mosquée

.1 Abod 'l - Mahasin , ‫قيشق الخليفة القاهرة الى جامع احمد بن طولون الى المشاهد الى درب الصفا ويقال له الشارع الاعظم‬
éd. JUYNBOLL, II , 472 .
2. Voir I, 20 ; I, 25 ; I , 346 , 1. 39 et 347 ; II , 200 , 1. 34.
548 P. CASANOVA .

d'Al -Maks . Il augmenta aussi les murs du Caire depuis Bâb an -Naṣr

la Citadelle, mais sans l'achever complètement, et il étendit le mur de

Citadelle jusqu'à la porte du Pont hors de Misr, et cette porte fut san
munication avec le mur ' . »

Il faudrait, pour bien expliquer tout ce que nous dit Makrîzî sur l'en

ment de la porte , faire une longue étude de tous les passages relatifs aux

points décrits . Ce serait trop nous éloigner de notre sujet. Pour ne p

perdre dans une si longue digression , je prie le lecteur de me croire sur

j'ai fait ce travail et j'en donne en quelques mots, sans discussion , le rés

Le Nil passait autrefois au pied de la mosquée d'Amrou et suivait de

ligne à peu près parallèle à son cours actuel, serrant de très près le K

Toute la partie actuelle du Khalidj comprise entre les Ponts des Lions &
(Plan de 1798, III , 160 ) et Foum al-Khalidj, la bouche du Canal, date d'Al- Ma

Şâliḥ, 7e sultan Ayyoûbite ' .

Al-Marâghat s'étendait du voisinage de la mosquée d'Amrou au no

rivage du Nil . Ce nom se retrouve dans la Description de l'Égypte ( t . X

2e partie , p . 503 ).

Ghait al-Djarf ou Boustân al-Djarf se trouvait vers le nord-ouest, au vois

de Maouradat al-Houlafà , lequel était à l'embouchure du Khâlîdj .

Le Kôm al- Machânîk ou al- Koubârat, qui était au débouché du chemin

Marághat et qui s'était formé après le retrait des eaux du Nil , devait se tro

derrière le Kaşr ach- Cham ' actuel (Description de l'Égypte, ibid.) .

.. ‫هذا الباب هو الذي بناه قراقوش ومنه يسلك الآن من دخل الى مدينة مصر من الطريقة التي تعرف بالمراغة‬
‫وار للكوم الذي يقال له كوم المشانيق ويعرف اليوم بالكبارة وكان موضع هذا الباب غامرا بماء النيل فلما انحسر‬
‫ساحل‬
‫مصر صار الموضع المعروف بالمراغة والموضع المعروف بغيط الجرف الى موردة الحلفاء فناء لا يصل اليه ماء‬
‫بتة فاحب السلطان صلاح الدين يوسف بن ايوب ان يدبر سورا تجمع فيه القاهرة ومصر وقلعة الجبل فزاد في‬
‫اهرة على يد قراقوش من باب القنطرة الى باب الشعرية والى باب البحر يريد ان يمد السور من باب البحر الى الكوم‬
. ‫الذي هو اليوم حافة خليج‬
‫تجاه خط بين الزقاقين ليصل ايضا من الكوم الأجر الى باب مصر هذا فلم يتهياء له‬
‫نقطع السور من عند جامع المقس وزاد في سور القاهرة ايضا من باب النصر الى قلعة الجبل فلم يكمل له ومد السور‬
1,367 , .1 .36-28 ‫ة الجبل الى باب القنطرة خارج مصر فصار هذا الباب غير متصل بالسور‬
2. On peut trouver quelques détails sur ce sujet dans les notes de Silv. DE SACY, Chrestomathie arabe (
de Maķrîzî) . Dans l'édition de Bcûlâk, les principaux passages se trouvent de la page 275 (Description de
Mișr) à la page 347 (Description des portes de la ville de Mișr) ( 1er volume) .
3. Makrîzî, II, 113 , 1. 37.
2
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 549

La porte de Misr devait donc être voisine du Kaşr ach-Cham '.

Ce Kaşr ach-Cham` actuel est-il bien le même que celui dont parle Makrîzî ?

Pococke y croit voir des traces de construction romaine ' . Il est certain que l'on

y remarque deux tours construites en moellons alternés de briques ; mais entre

ces deux tours j'ai constaté un appareil tout à fait distinct en grosses pierres

qui rappelle l'appareil des murs de Karâkoûch . De plus , au -dessus d'un fronton

au style byzantin , j'ai remarqué, au centre de ce mur, la place d'une inscription .

Il serait téméraire de se prononcer sur la nature de cette inscription , aujourd'hui

disparue . Pourtant la nature de l'encadrement, l'allure générale rappellent les

inscriptions arabes, en particulier celle que je mentionnerai à la porte de la

Citadelle .

Dans ces conditions je me demande si , utilisant ces deux tours, Karâkoûch

n'y a pas établi une porte , et si cette inscription n'était pas celle de la porte de

Mişr. Je signale cette conjecture sans insister. En tous cas , la porte en question

devait être dans ce voisinage .

Le Kôm al-Ahmar (Kôm rouge) devait être relié , dit Makrîzî , à cette porte. Il

était , dit-il, sur le bord du Khalîdj . Ailleurs il dit que l'emplacement de ce kôm
9
est Minchât al-Mahrânî ¿ ‫ منشاة‬, lequel était à l'ouest du Khalîdj , à son
‫المهراني‬löl

commencement ' . D'où il suit que ce Kôm al- Ahmar correspondait à peu près à

la colline où était en 1798 le fort de l'Institut ( Plan de 1798 , III, 283 ) .

Mais est- ce bien celui sur lequel était le bourdj de Şalâḥ ad-Dîn ? Malgré
Makrîzî, je le nie formellement . En effet : 1º le plan de 572 , tel que nous l'a

donné 'Imâd ad-Dîn , place ce bourdj à l'extrémité du mur ouest ; 2º la place

d'un pareil bourdj se comprend mal sur le Nil entre les deux villes et s'explique

fort bien à un angle de l'enceinte ; 3 ° le Kôm al- Ahmar, là où le place Makrîzî ,

est à moins de 4,000 mètres de la mosquée d'Al-Maks, et , d'après le plan de

572, il en doit être à environ 5,668 mètres ; 4° Ibn ' Abd adh-Dhâhir, cité par

Aboû 'l- Maḥâsin , parle d'une forteresse près de la porte du Pont , qui semble

bien mieux correspondre au bourdj en question .

1. Description of the East, I.


.2 II , 283 , .1 .29 ‫الكوم الاحر حيث منشاة المهراني اليوم‬

.3 II , 114',, .1 . ‫وباول هذا الحج آلان من غريبه منشاء النهرانی‬


70

"1
550 P. CASANOVA .

Pour bien comprendre ce dernier argument, déterminons avec précision

l'emplacement de cette porte du Pont.

Voici les divers passages de Makrîzî :


«
<< Le pont des Banî -Wâîl , là où sont aujourd'hui des papeteries , près de la
porte du Pont, au sortir de la ville de Misr ' . »

« L'église de Saint-Michel , près du canal des Banî-Wâîl ; cet endroit est au

jourd'hui (occupé) par des papeteries, où on fabrique le papier, dans le voisinage

de la porte du Pont, au sortir de la ville de Misr * . »

« Le rivage de Djîzeh , en face de la porte du Pont, au sortir de la ville de

Mişr ' . »

«
<
< L'eau du Nil arrivait à l'étang d'Al- Habach par le canal des Banî-Wâîl, lequel

touchait à la porte de Mișr, côté sud , qu'on appelle encore de nos jours porte
»
du Pont, parce que là était ce pont . >>
<< Sur le canal des Banî-Wâîl était un pont qui donna son nom à la porte du

Pont de Misr ". »

« L'étang de Chata : l'emplacement aujourd'hui n'est que décombres (kôms)

à gauche de celui qui sort par la porte du Pont de la ville de Misr , pour gagner

la digue d'Al-Afram et le ribâț ( hôtellerie) d'Al-Athâr ; l'eau y passait par le canal

des Banî-Waîl , dont la situation est à droite de qui sort par la dite porte du

Pont, — -sur lequel est le pont que bâtit Al- 'Azîz billâh ibn al-Mo‘izz ( 2º khalife
6
Fatimide ) et qui a donné son nom à cette porte ° . »
Le plan, fort défectueux d'ailleurs , de POCOCKE mentionne dans cette

région les traces d'un canal près de Saroneby ( lire Athâr oun- neby) qui correspond

.1 I , 5 , .1 . ‫قنطرة بي وائل حيث الوراقات الان قريبا من باب القنطرة خارج مدينة مصر‬
.2 ‫الكنيسة المعروفة بمكائيل التي عند خليج بي وائل وهذا الموضع اليوم وراقات يعمل فيها الورق بالقرب من باب القنطرة‬
1,297 , .1 .23 ‫خارج مصر‬

.3 I , 345 , .1 .7 ‫بر الجيزة تجاه باب القنطرة خارج مدينة مصر‬


40 ‫وكان ماء النيل يدخل الى بركة الحبش من خليج بني وائل وكان خليج بني وائل مما يلى باب مصر من الجهة‬
II, 155 , .1 .21 ‫القبلية الذي يعرف الى يومنا هذا باب القنطرة من اجل ان هذه القنطرة كانت هناك‬

.5 II , 159 , .1 .1 ‫خليج بني وائل عليه قنطرة بها عرف باب القنطرة بمصر‬
660. ‫بركة شطا هذه البركة موضعها الآن كمان على يسرة من يخرج من باب القنطرة بمدينة مصر طالبا جسر الافرم‬

‫ورباط الآثار كان الما يعبر اليها من خليج بني وائل وموضعه على يمنة من يخرج من باب القنطرة المذكور وكان عليه قنطرة‬
II , 161 , .1 .6 ‫بنها العزير بالله بن المعز ربها سمى باب القنطرة هذا‬

=
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 551

à y de Makrîzîi (appelé ailleurs ) . Ce nom est resté aujourd'hui

(voir la Description de l'Égypte, t . XVIII, 2º partie , p . 504 et la planche) .

« La porte du Pont au sud de Mișr ainsi appelée du pont des Banî - Wâîl qui

se trouvait là, fut également construite par Karâkoûch ' . »

De ces divers détails nous pouvons conclure que cette porte formait l'angle

des murs ouest et sud du plan de 572 ; dès lors , que le bourdj du Kôm rouge

devait être dans le voisinage.

Ibn 'Abd adh- Dhâhir dit que Karâkoûch construisit la porte de la Mosquée

[ d'Al-Maks ?] , la Citadelle qui est sur la montagne et le bourdj qui est à Mișr

près de la porte du Pont , appelé Citadelle de Bâzkoûḥ * . Ce bourdj devait être

placé sur la ligne de rochers dont on exploite encore aujourd'hui les carrières ;

à l'extrémité de laquelle est un kôm très élevé qui domine toute la plaine .

Ce kôm devait être le Kôm rouge, car il est à la distance voulue de la mosquée

d'Al-Maks. Makrîzî aura confondu deux kôms portant un même nom.


En tous cas, il y avai un bour
t dj près de la porte du Pont, et l'emplacement

de ce bourdj correspond si bien à celui du bourdj du Kôm rouge , que je

crois pouvoir affirmer leur identitė .

.1 I , 347 , .1 370 ‫باب القنطرة في قبلى مدينة مصر عرف بقنطرة بني وائل التي كانت هناك وهو ايضا من بناء قراقوش‬
.2 ‫قال (ابن عبد الظاهر ) وبنى ( قراقوش) باب الجامع والقلعة التي بالجبل والبرج الذي بمصر قريب من باب القنطرة‬
(Ahoû'l- Maḥâsin, éd . JUYNBOLL, II , 414) . Z95jḥ dală combl
552 P. CASANOVA .

CHAPITRE IV

RÉSUMÉ DES DEUX CHAPITRES PRÉCÉDENTS

En présence des lacunes et des contradictions , j'ai dû me livrer à une discus

sion qui a pu paraître un peu confuse, et je crois devoir résumer pour plus de

clarté les résultats auxquels je suis arrivė .

La première enceinte, due à Djauhar ( 359 ) , était en terre. Elle avait disparu à

l'époque de Nassiri Khosrau . Makrîzî, qui dit qu'elle était en terre crue, dit qu'il

en a vu un important fragment en briques cuites : première contradiction . Elle

comptait au sud les deux portes de Zoueilat, à l'ouest les deux portes d'Al

Faradj et de Sa'dat, auxquelles s'ajoutèrent plus tard celles d'Al-Kanțarat, puis

celle d'Al- Khoûkhat , au nord les deux portes d'Al-Foutoûḥ et d'An- Nașr , à l'est

les deux portes d'Al-Barkîyat et d'Al-Karrâțin cette dernière s'appela plus tard

Al-Mahrouk.

La seconde, de Badr al-Djamâlî (480) était en briques , et seulement les portes

en pierre. Makrîzî qui le dit prétend avoir vu un fragment du mur en pierre :

seconde contradiction . Les portes furent les mêmes, mais celles de Zoueïlat,
d'Al-Foutoûḥ et d'An-Nasr furent déplacées .

La troisième , de Ṣalâḥ ad -Dîn ( 566) , était en pierres , et n'était que la

réfection de la seconde .

La quatrième , également de Şalâḥ ad-Dîn ( 572 ) , était sur un plan tout diffé

rent comprenant quatre parties distinctes : 1º mur de l'ouest le long du Nil, al

lant du bourdj d'Al- Maks au Kôm rouge, qui ne fut jamais entrepris ; la longueur

en devait être de 7 kilomètres environ ; 2° mur du nord et de l'est comprenant une


partie de l'ancienne enceinte , avec des tours et saillants et les portes suivantes :

Al-Bahr, Ach-Charîyât, Al- Foutoûḥ et An-Nasr conservées, Al-Barkîyat déplacée,

Al-Karrâţîn ( Al-Maḥroûk) déplacée , Al-Djadîd ou Al-Ḥadîḍ et Al- Wazîr ; il fut


HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAaire . 553

complètement élevé, sauf un fragment à l'extrémité voisine de la Citadelle.

Son développement atteignait 5 kilomètres et demi . Il en reste encore des ves

tiges très importants , dont la description détaillée sera donnée par M. Herz à

la fin de ce mémoire ; 3º le mur du sud joignant la Citadelle au Kôm rouge,

et terminant ainsi le cercle de défense qui enfermait le Caire et Fosțâț. Il

comprenait les portes d'Al-Karâfat, d'Aş-Şafâ , de Mișr, d'Al-Kanțarat ( de Mișr) .

Nous ne pouvons savoir s'il fut terminé ; du moins les deux dernières portes

furent elles construites , et des vestiges de mur qui subsistent semblent devoir

en faire partie. Makrîzî affirme que ce mur fut fait, et, en d'autres passages ,

que la mort de Karâkoûch l'empêcha de joindre la Citadelle à Fostat : troisième

contradiction . Sa longueur devait être de 2 kilomètres ; 4º la Citadelle, dont

l'étude forme notre sujet principal .

Makrîzî a confondu les deux plans de 566 et de 572. ― Ce qui l'amène à


donner pour la construction de la Citadelle tantôt l'une , tantôt l'autre date :

quatrième contradiction .

L'ensemble du tracé ressort avec assez de netteté, sauf sur un point. Makrîzî

dit que le Kôm rouge était à 5,668 mètres du bourdj d'Al- Maks et ailleurs il place
formellement le même kôm à moins de 4,000 mètres : cinquième contra

diction. Il me paraît évident que ce kôm devait être au sud de Mișr, près de la
porte du Pont .

Telles sont les bases de la reconstitution du grand plan de 572 que je mets
sous les yeux du lecteur.
554 P. CASANOVA .

CHAPITRE V

: EMPLACEMENT DE LA CITADELLE

La longue chaîne de montagnes qui longe le Nil à l'est sur plus de 500 lieues

(chaîne Arabique) se termine vers 30º de latitude , et laisse ainsi le fleuve s'é

tendre à volonté dans les vastes plaines du Delta. Au pied septentrional se trou

vait une des plus antiques citès de l'Égypte , An du nord , la ville du Soleil ,

devenue Héliopolis chez les Grecs, 'Aïn-Chems chez les Arabes . Non loin de là

la forteresse de Babylone; en face , sur l'autre rive , Memphis.

Cette partie de la montagne s'appelle d'une manière générale le Moukaṭṭam

« Quelques -uns dérivent ce nom de Moukaṭṭam, fils de Misraïm ; d'autres de

celui d'un ancien philosophe , nommé Moukeïtim , qui exerçait la chimie


sur cette montagne dans l'antiquité la plus reculée ; d'autres enfin le dérivent

du mot arabe qui signifie couper, séparer, et qui est synonyme de¿ . Les

Arabes habitants de l'Égypte attribuent une sainteté particulière au mont


Moukaṭṭam . Suivant une de leurs traditions, Dieu , la nuit même qu'il parla à

Moïse, ayant déclaré à toutes les montagnes qu'il se placerait sur l'une d'elles

pour parler à un prophète, elles firent les plus grands efforts afin de se relever

et de se hausser, sauf celle sur laquelle est située Jérusalem , qui s'abaissa et se

fit petite . Dieu , pour la récompenser, ordonna aux autres de lui donner une

part des végétaux qu'elles portaient le Moukaṭṭam se dépouilla de toutes ses

plantes et de tous ses arbres , et demeura nu comme il est aujourd'hui . C'est là ,

dit-on, l'origine de son nom . On prétend que 'Amrou acheta bien cher de

Makoukas le pied du mont Moukaṭṭam, à cause de la réputation de sainteté dont

ce terrain jouissait ; ' Omar lui défendit de vendre aucune portion de ce terrain

et lui ordonna de le consacrer en entier à la sépulture des musulmans. Le pri


HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 555

vilège de sainteté attribué au Moukaṭṭam s'étend depuis Koşeïr jusqu'à la partie

de la chaîne orientale nommée Djabal el-Aḥmar ' . >>

Cette montagne recevait divers noms des Arabes . Le contrefort le plus sep

tentrional s'appelait la Montagne rouge, Al-Djabal al -Ahmar : elle a en effet cette

coloration . La hauteur qui s'avance un peu vers l'ouest,, portait plus spécia

lement le nom de la Montagne J. C'est là que fut la Citadelle d'où son nom

fréquent de Citadelle de la Montagne . La hauteur,, qui domine cette

dernière, s'appelait l'Observatoire , depuis que le vizir Al- Afḍal y fit construire

un observatoire . Dans le voisinage son père avait fait construire une mosquée

appelée de son titre Gami Amir al-Djouyoûchi et par abréviation Gami ' al

Djouyoûchî ou al-Gouyouchî . C'est aujourd'hui le nom de cette montagne .

D'autres contreforts plus éloignés étaient Djabal Yachkar où furent

élevés la Mosquée de Toûloûn et le château du Bélier . Le Nil

autrefois passait fort près, et toute une masse rocheuse qui longe le fleuve jus

qu'au voisinage d'Hélouan , courant parallèlement à la grande chaîne dont elle

fait géologiquement partie , est séparée d'elle par une vaste plaine, qui fut vrai
semblablement le lit du fleuve aux temps préhistoriques .

Au témoignage de Makrîzî, Fosțâț s'étendait jusqu'à l'Observatoire, les quar

tiers successifs d'Al - ' Askar et d'Al-Kața'î jusqu'au pied de la Montagne. La

quatrième ville , le Caire, se développa beaucoup plus vers le nord et ne toucha

pas la Montagne. Toute la partie comprise dans le vide laissé et la Montagne elle

même se couvrirent de tombeaux , dont quelques - uns furent conservés dans l'en
ceinte de la Citadelle . L'un de ceux- là subsiste encore, comme nous le verrons .

Laissons la parole à Makrîzî qui nous donne des détails circonstanciés sur

l'histoire de la Montagne avant la construction de la Citadelle .


<< Sache que le premier renseignement que nous ayons sur l'emplacement

de la Citadelle de la Montagne est que là fut la koubbat (coupole) de l'air [pa

villon du Bel-Air] . Aboû ‘ Amrou Al- Kindî dit dans le livre des Émirs d'Égypte
: Hâtim ibn Harthmat construisit cette koubbat ; c'est lui

1. P. R., Ire partie , p . 418 .


2. Cf. C. DE PERCEVAL, Notes et Extrails des manuscrits, III .
3. Voir sur l'origine de ce rom Murtadhi , Merveilles de l'Égypte .

[RP]
M
!
556 P. CASANOVA .

le premier qui en fit la construction ; il gouverna l'Égypte jusqu'à son change

ment en djoumadâ II de l'an 195 ' , puis mourut Isâ ibn Manşoûr, émir d'Égypte ,

dans le pavillon du Bel-Air après avoir été destitué , le 11 de la fin du mois

de râbî II de l'an 233. Quand le chef des croyants Al -Mâmoûn vint en

Égypte en 217 il s'arrêta dans le pavillon . En sa présence était Sa'îd ibn ' Afîr.

Al-Mâmoûn dit : « Dieu a maudit Pharaon quand il a dit : N'est-ce pas à moi

qu'appartient l'Égypte * . Ah ! s'il avait vu l'Irâk et sa fertilité ! Sa'îd lui dit : O chef

des croyants, ne parle pas ainsi ; car Dieu (qu'il soit honoré et glorifié ! ) a dit :

Et nous avons détruit ce qu'avaientfait Pharaon et son peuple, et ce qu'ils avaient édifié³ .

Que penses-tu, ô chef des croyants , d'une chose que Dieu a détruite , et dont

il reste encore ceci . Puis Sa'îd ajouta : Nous savons que nul pays ne surpasse

l'Égypte : tous les peuples de la terre ont besoin d'elle, etc.....

« C'est là qu'Al- Mâmoûn fit emprisonner Al-Hârith ibn Mouskîn . Al-Kindî a

dit dans le livre des Maulas (affranchis( ‫ كتاب الموالي‬: Al - Mamoun vint en

Egypte : ..... et il le fit emprisonner sur le sommet de la Montagne ‫في راس الجيل‬

dans le pavillon d'Ibn Harthmat..... Quand Aḥmad ibn Toûloûn construisit le

palais et le manège sous le pavillon en question , il y demeurait souvent ; car

il dominait son palais . Son fils l'émir Aboû'l-Djeïch Khomârouweïh en prit

grand soin : il y plaça des tentures magnifiques et d'immenses tapis, suivant

les convenances de chaque saison . Quand la dynastie des Ţoûloûnides tomba,

que le palais et le manège furent détruits, le pavillon du Bel-Air fut également

détruit, comme il est dit au chapitre d'Al- Ķațâî ' dans ce livre * ; puis on éleva

sur cet emplacement des tombeaux , et on y construisit nombre de mosquées³ . »

1. Il gouvernait depuis le mois de chawwal 194. Cf. Aboû 'l-Maḥâsin , éd. JUYNBOLL, I, 550.
2. Corat, XLVII, SO.
3. Coran , VII , 133 .
4. Khiṭaḥ, I , 313. Cf. Quatremère, Mém. sur l'Égypte, II .

.5 ‫اعلم ان اول ما عرف في خبر موضع قلعة الجبل انه كان فيه قبة تعرف بقبة الهوا قال ابو عمرو الكندي في كتاب‬

‫امرا مصر وابنى حاتم بن هرمة التي القبة تعرف بقبة الهوا وهو الاول من ابتناها وولى مصر الى ان صرف عنها في جهادي‬
‫لاخرة سنة خمس وتسعين ومائة ثم مات عيسى بن منصور امير مصر في قبة الهوا بعد عنه لاحدى عشرة خلت من شهر‬

‫ربيع الآخر سنة ثلاث وثلاثين ومائتين ولما قدم امير المؤمنين المامون الى مصر في سنة سبع عشرة ومائتين جلس في قبة الهوا‬

‫هذه وكان بحضرته سعيد بن عفير فقال المامون لعن الله فرعون حيث يقول اليس لي ملك مصر فلو راى العراق وخصها‬

‫فقال سعيد بن عفير يا امير المومنين لا تقل هذا فان الله عز وجل قال ودمرنا ما كان يصنع فرعون وقومه وما كانوا يعرشون‬

‫فاظ لك يا امير المومنين بشيء دمره الله هذا بقيته ثم قال سعيد لقد بلغنا ان ارضا لم تكن اعظم من مصر وجميع اهل الأرض‬
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 557

Cette dernière phrase nous indique qu'il ne faut pas confondre ce pavillon ,

avec un autre du même nom que Makrîzî énumère parmi les divers bâtiments

de plaisance des khalifes Fâțimides ( I, 481 , 1. 5 et 25 et passim) .

Dans un autre passage notre auteur dit que ce pavillon était sur la terrasse de

la hauteur ¿ ¿ ¿ où est la Citadelle ' . Elle devait correspondre assez exac

tement à la terrasse où sont aujourd'hui installées les batteries , et d'où se dé

ploie un panorama splendide décrit par tous les voyageurs .

Après ces renseignements, trop sommaires , à notre grẻ, sur le pavillon de

Bel- Air, Makrîzî nous énumère les mosquées et tombeaux qui en couvrirent

l'emplacement. Malheureusement cette énumération est des plus confuses ;

reprenons -la en essayant d'y apporter quelque clarté .

D'après le chérif Mouḥammad ibn Asa'd al-Djoûânî , les mosquées et les

tombeaux situés sur la montagne qui touche à la Montagne rouge³ , laquelle

‫ وفى قبة الهوا حبس المامون الحارث بن مسكين قال الكندي في كتاب الموالى قدم المامون مصر‬......... ‫يحتاجون اليها‬
‫ولما بنى احمد بن طولون القصر والميدان تحت قبة الهو‬ ‫ وحبسه في راس الجبل في قبة هرثمة‬......

‫هذا كان كثيرا ما يقيم فيها فانها كانت تشرف على قصره واعتنى بها الامير ابو الجيش خارويه بن احمد بن طولون وجعل لها‬

‫الستور الجليلة والفرش العظيمة في كل فصل ما يناسبه فلما زالت دولة بني طولون وخرب القصر والميدان كانت قبة الهوا‬
3
Khitat, II , 2020 ‫مما خرب كما تقدم ذكره عند ذكر القطائع من هذا الكتاب ثم عمل موضع قبة الهوا مقبرة وبنى فيها عدة مساجد‬
1. Khitat , I, 313,. 1. 20.
2. Tous ceux qui, de ce point , contemplent la plaine, ne peuvent s'empêcher de se livrer aux plus diverses ré
flexions. Nous avons vu ce qu'en pensait Al- Mamoûn . Il est curieux de rapprocher l'impression tout autre qu'en
ressentit MARIETTE, et qui fut comme le germe de sa grande découverte du Sérapéum : « Du haut de la Citadelle
la vue du Caire est un des plus beaux panoramas que l'on puisse voir. Je n'y trouvai le lendemain de ma visite
au patriarche, vers le soir. Le calme était extraordinaire. Devant moi s'étendait la ville ; un brouillard épais et
lourd semblait être tombé sur elle, noyant toutes les maisons jusque par dessus les toits . De cette mer profonde
émergeaient trois cents minarets , comme les mâts de quelque flotte immense submergée . Bien loin , vers le sud
on apercevait les bois de dattiers qui plongent leurs racines dans les murs écroulés de Memphis. A l'ouest, per
dues dans la poussière d'or et de feu du soleil couchant, se dressaient les Pyramides . Le spectacle était grandiose .
Il me saisissait, il m'absorbait avec une violence presque douloureuse . On excusera ces détails peut- être trop
personnels : si j'y insiste, c'est que le moment fut décisif. J'avais sous les yeux Gizeh, Abousyr, Saqqarahı , Da
schour, Myt-Rahyneh . Ce rêve de toute ma vie prenait un corps . Il y avait là , presque à la portée de ma main ,
tout un monde de tombeaux, de stèles , d'inscriptions , de statues . Que dire de plus ? Le lendemain , j'avais loué
deux ou trois mules pour les bagages , un ou deux ânes four moi- même ; j'avais acheté une tente, quelques cais
ses de provisions, tous les impedimenta d'un voyage au désert, et le 20 octobre , dans l'après-midi, j'étais campé au
pied de la Grande Pyramide. » (Le Sérapéum de Memphis, p . 4.) Est-il un commentaire plus éloquent de la grave
réponse de Sa'îd au khalife sceptique ?

. ‫ المحاميم‬autre nom de J. L'édition de Boûlak porte fautivement le féminin dans cette phrase
‫ المتصلة بالمحاميم‬il faut lire ‫ المتصل‬.avec
le ms .682
71
VA
558 P. CASANO .

domine le Caire, formaient une enceinte continue qui enveloppait toute la Ci

tadelle läll . Du moins c'est ainsi que je comprends cette

expression assez ambiguë . On attendrait plutôt l'inverse , et il semble que l'au

teur veut dire que la Citadelle enfermait dans son enceinte ces mosquées et ces

tombeaux . Mais en acceptant ce sens, nous allons nous heurter à des contra

dictions ; d'autre part, la Citadelle occupant entièrement la montagne , nous

ne voyons pas comment ces mosquées et tombeaux pouvaient l'envelopper. Il

faut nous contenter, croyons- nous , de dégager cette affirmation qu'il nous est

nécessaire de bien poser pour les nécessités de la discussion : toutes ces mosquées

et tombeaux étaient sur l'emplacement même de la Citadelle .

C'était d'abord la mosquée de Sa'd ad-Daulat . Si l'on se rappelle le plan de

Şalâh ad-Dîn en 572 , on comprendra l'intérêt qu'il y aurait à savoir l'emplace

ment précis de cette mosquée , qui marquait le point de jonction de la Cita

delle aux murs ; malheureusement nous en serons réduits à de pures conjec


tures , faute de textes.

C'était encore la mosquée de Mo'izz ad-Daulat, wâlî du Caire , après laquelle

A se trouvait celle d''Addat ad - Daulat. Cette expression « après » est un peu

vague. Il semble résulter cependant de tout le texte qu'il y avait une ligne

droite sur laquelle se trouvaient la plupart des mosquées . Quelques -unes se

trouvaient en dehors, en particulier la mosquée du Deïlemite . L'au

teur dans l'énumération dit ceci : « la mosquée de Sa'd ad-Daulat, celle de

Mou'izz ad-Daulat , celle du Deïlemite , celle d''Addat ad-Daulat qui est après

celle de Mou'izz ad -Daulat » , puis il nomme la mosquée d'Abd al- Djabbâr, et

dit (mais quinze lignes plus loin ) qu'elle était au milieu de la Citadelle

lavant la mosquée d'Amîn al -Moulk Şârim ad- Daulat, après laquelle ve

naient le tombeau de Lâoûn , frère d'Yânis, et la mosquée du kâdî Annabîh . Il

mentionne également le tombeau de Walakhchî qui formait l'extrémité de la

ligne : ‫اخر الصف‬.

.1 Comparez Imad ad - Din dans Abou Chamat : ‫وهناك مساجد يعرف احدها بمسجد سعد الدولة فاشتملت القلعة‬
1,268 ‫عليها ودخلت في الجملة‬
2. Makrîzî parle d'un Sa'd ad-Daulat, wâlî du Caire sous Al-Amir, 10e khalife Fâțimide ( 495-524) , II , 114 ,

1. 35. Il est possible que ce soit le mème personnage .


HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 559

Il me semble qu'on peut conclure à la disposition suivante , en ligne

droite :

1º Mosquée de S'ad ad-Daulat .

20 - de Mou'izz ad-Daulat .

3° d'Addat ad -Daulat .

4° d'`Abd al-Djabbâr (milieu de la Citadelle) .

5° d'Amîn al-Moulk.

6º Tombeau de Lâoûn .

7° Mosquée du kadi Annabih .

80 Tombeau de Walakhchi .

En dehors se trouvaient la mosquée du Deïlemite que nous avons déjà

mentionnée et vraisemblablement aussi celles que nous allons nommer, à savoir

la mosquée de Koustat , celle de Chakîk al -Moulk et celle d'Arradîny que Makrîzî

ajoute personnellement à la liste .

Il faut admettre évidemment que, la mosquée de Sa'ad ad - Daulat étant au

point de jonction de la Citadelle et des murs , c'est- à- dire vers le Nord - Ouest

de la Citadelle, la ligne des mosquées et tombeaux , qui passait par le milieu de la

Citadelle, la coupait en diagonale du Nord - Ouest au Sud- Est , le tombeau

de Walakhchî étant à l'extrémité Sud - Est (voir le plan).

Il faut nous contenter de cette indication , la question, d'ailleurs , ne présen

tant pas grand intérêt, puisque nous ne pouvons déterminer exactement l'em

placement le plus intéressant à connaître, celui de la mosquée de Sa`d ad- Daulat .

L'emplacement des autres mosquées peut, en revanche, être déterminé ou

du moins discuté . En premier lieu, nous possédons une certitude absolue en

ce qui concerne la mosquée de Koustat , Il existe, en effet , aujourd'hui encore

une mosquée dite de Sâriat, dans laquelle j'ai vu une plaque de marbre au

dessus de la porte d'un caveau où sont divers tombeaux . Sur cette plaque est

l'inscription suivante :
199
I
‫بسم الله الرحمن الرحيم في بيوت أذن الله أن ترفع ويذكر‬
"/
‫ވވ‬ w /9 ‫ور‬
2
‫نها اسمه يسبح له فيها بالغدو والاصال رجال لا تلهيهم تجارة ولا‬

. 1191 ‫ނ‬ · 2 / ‫وو‬

‫بيع عن ذكر الله وإقام الصلوة وإيتاء الزكوة يخافون يوما تتقلب فيه القلوب‬ 3
.

‫۔‬
$60 P. CASANOVA

2 997 ..
‫والأبصار ليجزيهم الله أحسن ما عملوا ويزيدهم من فضله و‬ 4

‫ور‬

‫الله يرزق من يشاء بغير حساب انشا هذا المسجد المبارك الامير‬ S

‫المنصور مجد الخلافة عمدة الامـامـة فخر الدين عز‬ ‫المرتضى‬ 6

‫خالصة امير المومنين ابي المنصور قسطة‬ ‫المجاهدين ذي الفضيلتين‬ 7

‫الآخرة جنات ورضوانا ايتتـاد‬ ‫كان الله له وليا وحافظا واثابه في‬ 8

‫مرضاة الله سبحانه وذلك في رجب من شهور سنة خمس وثلثين وخمس مائة‬ 9

1. Au nom de Dieu et miséricordieux ; dans les maisons que Dieu a permis d'élever

pour que soit célébré

2. son nom là le matin et là le soir par des hommes que ne détournent ni commerces ni

3. affaires du souvenir de Dieu, de l'observance de la prière et de l'accomplissement des

aumônes, redoutant le jour où seront bouleversés les cœurs


4. et les
yeux, où Dieu récompensera les hommes suivant ce qu'ils auront fait de mieux,
et les comblera de sa faveur ; car

5. Dieu dispense à qui il veut sans compter (Coran , xxiv, 36-38 ) . [ Celui qui] a élevé

cette mosquée bénie [est ] l'émir

6. qui est agréé [de Dieu ] , le victorieux, gloire du khalifat , pilier de l'imâmat , honneur

de la religion, soutien

7. des combattants [pour la foi] , doué de la double supériorité, l'intime du chef des

croyants, Aboû Manşoûr Kousțat


8.
que Dieu soit pour lui un allié et un gardien ; que sa récompense dans l'autre vie

soit le paradis ; qu'il soit agréé au jour convenu

9. où Dieu (qu'il soit loué) témoigne son agrément . Cela en redjeb, des mois de
l'an 535 ' .

1. Je dois à la complaisance de M. VAN BERCHEM, qui a pu revoir, a loisir, cette inscription et cn prendre un
estampage , la lecture des septième et huitième lignes que je n'avais pu déchiffrer que très imparfaitement . L'écri
ture en est des plus difficiles, le style de ces titres emphatiques est assez insolite ; ce qui, tout en excusant mon
impuissance, prouve la sagacité de mon savant ami , dont je suis heureux de reconnaître, dans cette circonstance
et bien d'autres , la grande courtoisie scientifique .
THE

‫کے‬
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 561

Il n'est pas douteux que ce ne soit l'inscription primitive de la mosquée de

Koustat . Par fortune, l'auteur cité par Makrîzî nous donne quelques détails sur

< c'était un écuyer


ce personnage : « arménien de la suite d'Al- Mouḍhaffar fils

d'Amîr al- Djouyoûch . Il mourut empoisonné d'un plat de harisat. Le hâfidh

Aboû Thahir As -Salfî a dit : J'ai entendu raconter par Aboû Manşoûr Koustat l'Ar

ménien ' , wâlî d'Alexandrie ( suit une anecdote sans intérêt pour notre sujet) ...

Ce Koustat était un des plus intelligents des émirs enclins à l'équité , assidus à
l'étude des livres ; son goût le portait surtout vers l'histoire et le cours des temps

passés . » Ces renseignements nous donnent la koûniat ( prénom) sais y. , la


même que dans l'inscription, et l'époque approximative du personnage . En effet ,

Al- Mouḍhaffar, dont il fut écuyer, était fils de Badr al-Djamâlî , le fameux vizir

du khalife Al-Moustanşir, le même qui éleva la seconde enceinte du Caire .

Makrîzî ( II , 48) nous donne quelques détails sur lui . Nous en retiendrons

seulement la date de sa mort : 7 djoumâdâ II de l'an 514 .

Enfin, pour rendre plus certaine , s'il était nécessaire , l'identification de la

mosquée actuelle de Sârîat avec celle de Kousțat, nous remarquerons que la mos

quée voisine, celle de Chakîk al-Moulk, « était comprise dans le mur nord de

la Citadelle, un peu vers l'ouest. » Or il suffit de voir sur le Plan de 1798


l'emplacement de Gama al- Châryeh ( lire as- Sârîat — Citadelle , C 31) pour re

connaître qu'il répond fort bien au voisinage du mur nord -ouest, que lui assigne

Makrîzî. Nous avons du même coup exactement l'emplacement de la mosquée

de Koustat et avec une très grande approximation celui de la mosquée de


Chakîk al-Moulk.

La mosquée du Deïlemite présente un problème . Nous avons déjà remarqué

qu'elle était en dehors de la ligne des autres mosquées . L'auteur cité par

.1 .Ms .682 ‫الاموى‬

20 ‫وكان غلاماً ارمنيا من غلمان المظفر بن امير الجيوش مات مسموما من اكلة هريسة وقال الحافظ ابو الطاهر السلفي‬

‫ وكان قسطة هذا من عقلا الامرا المائلين الى العدل المثابرين‬...... ‫سمعت ابا منصور قسطة الارمني والى الاسكندرية‬

)II , 203 , 1.139( . ‫على مطالعة الكتب واكثر ميله الى التواريخ وسير المتقدمين‬

.3 ‫ ومسجد شقيق الملك أضيف إلى سور القلعة البحرى الى المغرب قليلا‬... ‫وكان مسجده ( قسطة ) بعد مسجد شقيق الملك‬
(II , 203 , 1. 8) .
562 P. CASANOVA .

Makrîzî va plus loin ; il dit formellement : « il est sur la pointe (litt .: la

de la montagne qui fait face à la Citadelle, dans sa partie orientale,

nord ' . » A l'est de la Citadelle , on trouve l'extrémité nord du Moukaṭṭa

la longe à l'est et se termine par un éperon qui paraît être don

parlė . Mais comment concilier cette particularité avec l'affirmation préc

nous avons relevée, que toutes ces mosquées étaient sur l'emplacement

de la Citadelle ? La mosquée de Deïlemite , d'après cela, se trouvait


dehors de la Citadelle ?

Le texte est-il absolument sûr ? Le manuscrit de la Bibliothèque na

682 , donne : 45 ( le ♬ n'ayant pas de points , on peut lire aussi ) –

ne donne aucun sens . La lecture paraît peu admissible, mais aurait

tage de supprimer la contradiction . On pourrait également suppos

inadvertance du copiste (ou même de l'auteur qui en copiait un autre).

par exemple : « sur la pointe de la montagne en face de la montagne


‫ المقابل‬Jalok
face , etc. » ..... Ilëll ‫ل تجاه الجيل‬kläjö
‫نة الحي‬ c . Les meilleurs copistes sont s

de pareilles distractions ; et j'avoue être très porté à considérer cette hy

comme une réalité . Dans ce cas , la mosquée en question se trouver

pointe nord de la citadelle, dans le saillant très marqué que forment le

Ar-Ramleh et le bourdi Al- Haddâd (voir le Plan de 1798) , et dont la

correspond très exactement à l'expression pittoresque de l'auteur : .

Nous en venons à celle dont parle Makrîzî lui- même :

<< L'auteur (Dieu l'ait en sa miséricorde) ajoute : Dans la Citadell

aujourd'hui la mosquée d'Ar- Radînî : c'est Aboû 'l- Hasan ' Ali ibn Marz

‘ Abd Allah ar - Radînî le jurisconsulte , traditionniste et commentateur [du

contemporain d'Aboû ' Omar et d'Othmân ibn Marzouk al-Hanafî ; il d

ses compagnons , mais sa parole avait crédit auprès des rois ; [son

demeura dans la mosquée de Sa'd ad - Daulat , puis il fut transféré dans un

quée qui fut appelée Ar-Radînî ; qui est aujourd'hui à l'entrée de la Cit

Dans cette mosquée est un tombeau que l'on prétend être le sien . Dans

des Lieux saints [litt . : lieux de visite] de Karâfat [ il est dit ] qu'il mour

.1 II , 203 , 1: 9( . ‫ومسجد الديلمي كان على قرنة الجبل المقابل للقلة من شرقيها الى البحرى‬
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 563

enterré là en 540, dans le quartier de Sârîat à l'est du tombeau d'Al-Kaïroûânî .

Son tombeau est célèbre pour l'efficacité des prières qu'on y fait ' . »

Cette mention du quartier de Sârîat semble avoir fait penser à Aly-Pacha

Moubarek qu'il pouvait y avoir quelque rapport entre cette mosquée et celle

de Sârîat actuelle . Mais cette dernière n'est nullement à l'entrée de la Citadelle , et

ce que nous avons dit plus haut sur la mosquée de Koustat, nous paraît trancher

la question . Il n'en est pas moins intéressant de constater que le nom de

Sârîat était attaché à une partie de la Citadelle. Comme nous le verrons , une

porte avait ce nom , et le quartier de Sârîat étant à l'entrée, devait être, suivant

toute vraisemblance, contigu à cette porte . A ce titre , nous croyons devoir

rapporter ce que nous dit Aly-Pacha Moubarek sur la légende de Sârîat (op.

cit. , V , 14 : ‫ ( جامع سيدى سارية‬:


<< Ibn Djobeïr, dans la relation de son voyage, énumère parmi les sanctuaires

Jl des Compagnons [ du Prophète] en Égypte celui de Sârîat de la montagne

‫ سارية الجيل‬mais nous ne voyons nulle part dans les livres d'histoire véridiques

que notre seigneur Sârîat soit venu en Égypte, à plus forte raison qu'il y soit

mort. Nous avons trouvé dans le livre : Le lion de la forêt dans la connaissance

des Compagnons ‫صحابة‬all ‫مهر فة‬


‫ ال‬asas bill al qu'Omar ibn al- Khaṭṭâb, prêchant en

chaire : s'écria : « O Sârîat de la montagne , celui qui prend le loup pour ber

ger est fou . » Aly ibn Aboû Ţâlib lui demanda la raison d'un tel discours . Il

répondit : « Est-il bien de moi ? - Oui. - Il me vint à l'esprit que les infi

déles ayant défait nos frères , ceux-ci tournaient le dos , et passaient près d'une

montagne s'ils s'y arrêtaient juste ils combattaient tous ceux qu'ils rencon

traient et étaient vainqueurs , s'ils la dépassaient ils périssaient . J'avais complė–

tement oublié ce que tu prétends avoir entendu . » L'auteur ajoute : « La nouvelle

de la victoire arriva après un mois , et l'on raconta que Sârîat entendit ce jour-là ,

à la même heure, alors qu'ils dépassaient la montagne, une voix qui semblait

.1 ‫قال مؤلفه رحمه الله وبالقلعة الآن مسجد الرديني وهو ابو الحسن علي بن مرزوق بن عبد الله الردي الفقيه المحدث‬

‫المفسر كان معاصرا لابي عمر وعثمان بن مرزوق الحوفى وكان ينكر على اصحابه وكانت كلمته مقبولة عندالموك وكان ياوى‬

‫ وفي هذا المسجد قبر‬... ‫بمسجد سعد الدولة ثم تحول منه الى مسجد عرف بالرديني وهو الموجود الان بداخل قلعة الجبل‬

‫يزعمون انه قبره وفي كتب المزارات بالقرافة انه توفي ودفن بها في سنة اربعين وخمسمائة بخط سارية شرقي تربة الكبرياني‬
)II , 203 , .1 17( . ‫واشتهر قبره بإجابة الدعاء عنده‬
564 P. CASANOVA .

celle d''Omar criant : « O Sârîat de la montagne , la montagne ! » — Il s'a

Sârîat ibn Zouneïm , etc. remontant à Kinânat. On mentionne aussi un

ibn Aoûfî qui ..., etc... »

Il est permis d'admettre que la légende de Sârîat s'est attachée à la Cita

par cette communauté de noms . On disait la montagne , on dit plus ta

Citadelle de la montagne , et la légende de Sârîat s'étant localis

Égypte par un phénomène des plus fréquents , le Sârîat de la montagne fut

naturellement placé sur ce qu'on appelait : la montagne. Où était ce sanct

ou prétendu sanctuaire ? nous ne savons . Il est, en tous cas, remarquable

Makrîzî qui nous parle du khaṭṭ de Sârîat et de la porte de Sârîat semble ign

complètement la légende .

Tels sont les renseignements qu'il m'a été permis de réunir sur la rẻ

que devait occuper la Citadelle .

Pourquoi Şalâḥ ad-Dîn choisit-il ce point ? Nous avons vu ce qu'en


'Imâd ad- Dîn : il voulait une citadelle au milieu , formant comme une so

articulation , comme une puissante clef de voûte. On a reproché à Salâḥ ad

(MAILLET, JOMARD, etc. ) d'avoir choisi un point déjà dominé par un autre. M
il ne faut pas oublier qu'une citadelle placée sur le sommet du Moukatı

n'eût pas été d'un réel secours à l'époque . Elle aurait été trop séparée du groupe

habitations et il cût été fort difficile de l'approvisionner. Il eût fallu quand mê

occuper et fortifier la hauteur qui est en avant du Moukaṭṭam , sinon l'enne

eût pu , en s'en rendant maître , isoler la Citadelle d'une façon complète. Sépa

par un profond fossé la hauteur en question du reste du Moukaṭṭam, c'étai

cette époque, résoudre habilement le problème. En effet , que pouvaient

ennemis logés sur le Moukaṭṭam si nu , si désert ? L'ardeur du soleil, l'impo

sibilité d'avoir de l'eau les eût vite réduits à néant, et, d'ailleurs , ils eussent

trop loin pour utiliser contre des murs énormes les faibles engins du temp

Descendaient-ils au pied du mur ? l'espace compris entre les deux hauteu

devenait pour eux , en cas d'insuccès , un redoutable défilé . La poudre à cand

a rendu illusoires tous ces moyens de défense ; mais il ne faut pas en rend

Şalâh ad-Din responsable .

La fondation des villes donne souvent naissance à des légendes plus

moins complètes . La Citadelle a aussi la sienne que je dois signaler.


HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 565

<< On dit qu'il fixa son choix sur l'emplacement où est la Citadelle de la

Montagne, parce qu'il observa que de la viande, exposée en plein air au Caire,

s'était corrompue dans l'espace de vingt-quatre heures, tandis que celle qu'on

avait suspendue au lieu où est située la Citadelle , n'avait éprouvé de corruption

qu'au bout de quarante- huit heures ' . »

Ce motif est assez puéril, et Makrîzî aurait pu remarquer qu'à ce compte , il

y avait une situation encore préférable . Il dit, en effet, lui- même : « On dit que

la viande se gâte au Caire en vingt-quatre heures, dans la Citadelle au bout de

deux jours , et qu'elle ne se gâte pas en trois jours sur l'Observatoire . >>

Mentionnons enfin , à titre de légende, cette anecdote empruntée par Makrîzî

å Ibn 'Abd adh - Dhâhir, et qu'on retrouve dans MAillet :

« On m'a conté l'histoire suivante sur Salâḥ ad- Dîn : étant monté à la Cita

delle avec son frère Al- Malik al - 'Âdil , il promena ses regards et se tournant

vers son frère, lui dit : O Saïf ad- Dîn , c'est pour tes enfants que j'ai construit

cette citadelle ; il lui répondit : Seigneur Dieu répande ici-bas sa grâce sur
-
toi, tes enfants et les enfants de tes enfants ! Tu ne m'as pas compris : moi,

je suis un excellent , je n'aurai pas de fils excellents ; toi qui ne l'es pas, tes

enfants le seront , - et il se tut. » Makrîzî ajoute des réflexions qu'il s'attri

bue audacieusement , alors qu'elles reproduisent presque textuellement celles

d'Ibn al-Athîr , sur les vicissitudes des dynasties musulmanes, dont les fonda

teurs ne purent léguer leur puissance à leurs héritiers directs . - Nous , nous

retiendrons seulement de cette anecdote le caractère mélancolique de l'impres

sion ressentie par Şalâh ad-Dîn sur cette même hauteur où Al-Mâmoûn eut une

boutade sceptique, et MARIETTE le tressaillement de l'enthousiasme . Scepticisme ,


enthousiasme , mélancolie , toutes ces impressions si diverses attestent combien

est profonde et saisissante sur tous les hommes l'influence de ce paysage

1. Trad. de S. DE SACY ( Abdallatif, p. 210) . Notons, en passant, que l'illustre orientaliste cite par inadvertance
le ms. 682 aux folios 390 et 392, il faut lire 405 et 407.

‫فقيل ان السبب الذي دعاه الى اختيار مكان قلعة الجبل انه علق اللحم بالقاهرة فتغير بعد يوم وليلة فعلق لحم حيوان‬

)II , 203 , 1.29 ( . ‫اخر في موضع القلعة فلم يتغير الا بعد يومين وليلتين‬
2. Trad. de CAUSSIN DE PERCEVAL (Not . et Ext. des Mss . , VII , 46) .

‫ويقال ان اللحم علقه بالقاهرة فتغير بعد يوم وليلة وعلق بقلعة الجبل فتغير بعد يومين وليلتين وعلق في موضع الرصد‬

).I 128 , .1 15 ( . ‫فلم تغير ثلاثة ايام ولياليها لطيب هوائها‬


72
366 P. CASANOVA .

unique . Nul n'y échappe. Salâh ad-Din dut éprouver ce sentiment de prof

mélancolie des hommes qui ont créé et qui se demandent en face de leur a

si elle leur survivra, et s'il leur sera donné de la transmettre à leurs enfants

voyant à ses pieds la terre d'Égypte , la ville immense , il y songea sans do

il se dit que ses enfants n'étaient pas dignes de lui succéder, et se tournant

son frère, dont il connaissait la haute valeur, soit par amertume involont

soit par témoignage spontané , il lui prédit la fortune qui l'attendait .

Est-ce un récit fait après coup ? Il nous plaît cependant de croire

Şalâḥ ad-Dîn fut ému du grandiose spectacle, et que sa pensée fut

preinte de la mélancolie des âmes sensibles . C'est bien dans la note de

nature si sympathique en sa douceur et sa quasi-timidité que nous lui

naissions déjà par tant de témoignages .

35
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE .
567

CHAPITRE VI

LA CITADELLE

DEPUIS ṢALÂḤ AD- DÎN JUSQU'A AL- MALIK AL- KÂMIL (572-604)

Makrîzî a consacré quelques pages à la description de la Citadelle ' . J'en

traduis d'abord les passages principaux que je m'efforcerai d'éclaircir ensuite par

d'autres textes et par les résultats d'un examen attentif sur les lieux décrits.

<
<
« Ibn Saidat dit dans le livre Al-Mouḥkim : Al-kala`at avec motion du ♬,
21/105
du Jet du &par un fatha [ ] est le fort inaccessible sur une montagne. Le pluriel

en est kild¿ et kila¿ . Le verbe kala' à la IVe forme se dit d'une ville bâtie

de29101
façon à former une citadelle . On dit aussi pour un fort élevé, kal' avec soukoûn du
‫ވ‬
J: pluriel kouloûˆ¿ * . La kala'at en question est bâtie sur une grande émi
nence de la montagne : elle tient au mont Moukaṭṭam et domine sur le Caire,

Misr, le Nil et Karâfat ; elle a le Caire au nord, Mișr , Ķarâfat et Birkat al- Habach

au sud-ouest, le grand cours du Nil à l'ouest, et le mont Moukaṭṭam derrière

elle à l'est . Le lieu où elle est bâtie portait auparavant le nom de koubbat al-hawâ

(pavillon du Bel- Air) , ensuite on fit au- dessous de cet endroit l'hippodrome jo

d'Aḥmad ibn Toûloûn . Dans la suite, ce lieu fut converti en un cimetière , où

l'on construisit plusieurs mosquées ; et il demeura en cet état jusqu'au temps où

Al- Malik an- Nâșir Şalâḥ ad- Dîn Yoûsouf ibn Ayyoûb , le premier des rois qui

1. II p. 201 à 207. S. DE SACY en a traduit une bonne partie dans sa traduction d'Abdallatif, p. 209 sq . -
J'en ai tout naturellement profité.

2. Plusieurs villes ont porté le nom d'Al-Kala'at . Il suffit de rappeler le nom espagnol bien connu
d'Alcala.

3. S. DE SACY : « au - dessus » , faute d'impression évidente.


30

V A
568 P. CASANO .

régnèrent en Égypte, y fit construire cette citadelle par le ministè

l'eunuque Bahâ ad-Dîn Ķarâkoûch en l'année 572 ' . Depuis ce temp

qu'aujourd'hui , ce château a toujours été la demeure des souverains qu

régné en Égypte. C'est le huitième endroit qui ait servi en Égypte de rési

aux souverains . Avant le déluge, le rois résidaient dans la ville d'Am

Après le déluge Memphis fut la ville royale , jusqu'à sa destructio

Nabuchodonosor . Alexandre, fils de Philippe, étant monté sur le t

et étant venu en Égypte, où il bâtit la ville d'Alexandrie, cette nouvelle

succéda à Memphis dans le titre de ville royale , et conserva cette prérog

jusqu'au temps où Dieu ayant établi l'islamisme, ' Amrou ibn al- 'Âşi entra

les armées musulmanes en Égypte , s'empara de la Citadelle , et fonda F

qui, dès ce moment, devint la résidence des émirs gouverneurs de ce

Les choses demeurèrent sur ce pied jusqu'à l'extinction des khalifes

maison d'Oummayyat ( 132) . Les armées des Abbâsides étant entrées en Ég

et ayant bâti hors de Fosțâț le quartier nommé Al- 'Askar, les gouvern

habitèrent tantôt Fosțâț, tantôt Al - ' Askar. Aḥmad ibn Toûloûn fit faire

la suite le château , l'hippodrome et le quartier appelé Al-Kațâî ' auprès

'Askar ; et Al-Kațâî ' devint la résidence des émirs de la famille de Toûl

mais après l'extinction de cette dynastie ( 292 ) , les émirs habitèrent de nou

Al- 'Askar, jusqu à ce que le général des armées d'Al-Mou 'izz, Djauhar,

venu du Magrib , jeta les fondements du Caire (359 ) . Depuis ce moment jus

la destruction de la puissance des Fâțimides par le sultan Salâḥ ad

Yoûsouf ibn Ayyoûb , le Caire fut la résidence des khalifes et imams en Ég

C'est ce dernier qui fit bâtir la Citadelle ; il mourut , et , après lui, celu

l'habita * fut Al-Malik al - Kâmil fils d'Al- Malik al- 'Âdil Aboû Bakr ibn Ayy

teson exemple fut suivi par les princes ses descendants . Les Mamloûks

rites qui s'emparèrent de la souveraineté et succédèrent à la famille des Ay

bites, ont continué jusqu'aujourd'hui à résider dans cette Citadelle . >


»

I. S. DE SACY : « 562 » , autre faute d'impression. Sur Karakoûch , je ne puis que renvoyer au me
qui précède (même volume, pages 447-451).
2. La traduction de S. DE SACY faite probablement sur un texte défectueux est ici tout à fait inexacte. L'e
de Boûlak et le ms . 682 (fº 406 rº) donnent : Klody likes log
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 569

Makrîzî nous donne ensuite les renseignements que j'ai recueillis dans le

précédent chapitre sur l'emplacement de la Citadelle . J'ai jugé plus logique et

plus commode pour la discussion de les présenter avant l'étude directe de

la Citadelle . Nous n'aurons plus à y revenir .

Ce premier texte ne nous apprend rien de nouveau, mais résume avec

assez de précision tout ce que j'ai eu déjà l'occasion de dire . Il me faut toutefois

attirer l'attention du lecteur tout spécialement sur l'avant-dernière phrase.

D'après la traduction de Silvestre DE SACY, on a cru que Ṣalâḥ ad- Dîn avait

habité la Citadelle . Je vais essayer de démontrer , par divers documents , qu'il


. n'en fut pas ainsi .

Voici, d'abord , l'inscription que j'ai relevée dans la Citadelle , au- dessus

d'une porte qui est aujourd'hui masquée par des murs modernes, mais qui

fut, à n'en pas douter, la porte principale : la porte de Sârîat . Je le démontrerai

plus loin ' .

"/ 2 1191 17/1


I
‫بسم االلللهه الرحمن الرحيم أنا فتحنا لک فتحا مبينا ليغفر لك الله ما‬
5
... ‫و‬ .. P/ 2
2
‫مستقي‬ ‫تقدم "من ذنبك وما تأخر ويتم نعمته عليك ويهديك صراط‬
‫ متو‬----
‫وينصرك الله نصرا عزيزا امر بانشا هذه القلعة الباهرة المجوارة المحروسة‬ 3

‫) التي جمعت نفعا وتحسنا وسعة على من النجي الى ظل‬2 ( ‫القاهرة بالعرمة‬ 4

‫ ) مولانا الملك الناصر صلاح الدنيا والدين ابو‬2( ‫ملكه وتحصنـا‬ 5

‫المظفر يوسف بن ايوب محى دولة امير المومنين في نظر اخيه وولى‬ 6

‫عهده الملك العادل سيف الدين ابو بكر محمد خليل امير المومنين‬ 7

‫على يد امير ملكته ومعين دولته قراقوش بن عبد الله الملكى‬ -8

‫بين وخمس مائة‬ .‫الـنـاصـرى في سنة تسع و‬ 9

1. M. MEHREN est le premier qui ait relevé cette inscription . Mais il faut bien avouer que ce savant, malgré
son grand mérite et son incontestable habileté dans le difficile déchiffrement de l'épigraphie arabe, a totalement
échoué dans la lecture de la seconde partie . Je rétablis l'inscription d'une façon absolument certaine dans sa
partie historique, qui est la plus intéressante ; et discuterai plus loin les quelques points douteux .
$70 P. CASANOVA .

1. Au nom du Dieu clément et miséricordieux. Nous l'avons donné une victoir

manifeste. C'est que Dieu te pardonne

2. tes péchés passés et récents et parachève ses bienfaits envers toi et te dirige dans un
voie droite,

3. et que Dieu l'assiste d'un puissant secours ' . [ Celui qui] a ordonné la constructio

de cette Ciladelle, la brillante, la protégée (? ) la gardée [de Dieu].

4. la dompteuse, sur la digue ' qui réunit utilité, beauté, aisance pour qui se réfugie dar
l'ombre


5. de son règne, et force¹ · [c'est] notre maître Al-Malik an-Nâşir Şalâḥ ad-Dount
ou ad-Din ' Aboû

6. 'l-Mouḍhaffar Yoûsouf ibn Ayyoûb, vivificateur de la dynastie du chef des croyant.

sous l'inspection de son frère, et héritier

7. présomptif, Al-Malik al-´ Âdil Saîf ad-Din Aboû Bakr Mouḥammad , ami du chef d

croyants ,

8. par exécution du chef de son empire et l'auxiliaire de sa dynastie, Karâkoûch ib


Abd Allah al-Maliki.

9. an-Nâșiri (c'est-à -dire : serviteur d'Al - Malik an -Nâșir ' ) en l'année 579.

La date de notre inscription prouve que la Citadelle, ou , du moins , le gro

œuvre de la Citadelle ne fut terminé qu'en 579. Or Şalâḥ ad- Dîn avait quit

1. Ce texte religieux , fort bien approprié aux circonstances, est emprunté au Coran (XLVIII, 1-3) . II fut révé
au Prophète après la conquête de la Mecque . Il est resté comme la devise des conquérants musulmans .
2. Le mot al, que je crois devoir lire, signifie proprement une digue qui arrête le torrent.
.3 Ce style légèrement ampoule , ces alliterations si riches ‫ الباهرة‬et ‫ تحسنا والقاهرة‬et ‫ حصنا‬, rappellent
étrangement les procédés d' ' Imâd ad-Din, le secrétaire et l'historiographe de Şalâh ad-Din , que je suis porté
l'en croire l'auteur. Ce devait être sa mission tout indiquée de rédiger les inscriptions, comme les ordres et
correspondance officielle . On peut encore penser au kâḍi Al-Fâḍil , aussi versé que le précédent dans les procéd
de la chancellerie.

4. Cette variante des surnoms terminés en ad-Din , « religion » , paraît s'appliquer aux souverains régnants . Şal
ad-Dounîd ou ad-Din signifie littéralement <« intégrité des pouvoirs temporel et spirituel. » Al-Malik al- “Âdil,
est nommé après, porte le titre simple de Saif ad-Din . Sur ses monnaies il est appelé Saif ad-Dounîâ ou ad-Di
Dans le même ordre d'idées, on peut remarquer que le troisième personnage nommé Karâkoûch ne porte p
son titre de Bahd ad-Din. Il y a là , semble-t-il, une sorte d'étiquette. Ce qui confirmerait ma conjecture q
l'inscription a été rédigée par quelqu'un fort au courant des usages de cour.
5. Ce genre de titre, appelé nisbat … , se retrouve chez tous les officiers des dynasties Ayyoûbite et Mamloûk
Voir le mémoire déjà cité de M. VAN BERCHEM : Eine arabische Inschrift , etc.
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE .
571

l'Égypte en 578 , et ne devait plus y retourner ' . Il est donc peu probable que

la Citadelle fut habitable avant cette date .

Ibn ' Abd adh - Dhâhir, cité par Makrîzî, rapporte cette parole de son père :

« Nous montions vers les mosquées qui sont sur l'emplacement de la Cita
2
delle, avant qu'elle fût habitée, et nous y passions les nuits du vendredi.... >>>

Ce texte semble indiquer qu'il y eut une période où la Citadelle ne fut pas

habitée , et cette période est évidemment postérieure à 579.

Cette double considération nous permettra de faire une choix dans d'autres

textes de Makrîzî qui , suivant sa déplorable habitude, se contredisent quelque


peu . Je les donne d'abord .

1° « Le Caire fut le séjour du khalifat ... , puis Ṣalâḥ ad - Dîn l'habita, ainsi

que son fils Al-Malik al- 'Azîz Othmân , et son fils Al-Malik al - Manşoûr Mouḥam

mad puis Al-Malik al- 'Âdil et son fils Al-Malik al- Kâmil Mouḥammad et il se

transféra [Al-Kâmil] du Caire à la Citadelle et y habita avec sa famille et ses

officiers , et après lui les rois l'habitèrent jusqu'à nos jours³ . »

2º « Le sultan ( Ṣalâḥ ad-Dîn ) habita dans le grand palais du Vizirat jusqu'à

ce que la Citadelle fut construite, et le sultan Şalâḥ ad- Dîn y faisait de fréquen-

tes et longues visites , de même son fils Al-Malik al -' Azîz ' Othmân et son frère

Al-Malik Al - 'Adil Aboû Bikr ; quant à Al-Malik al- Kâmil il se transporta de la

maison du Vizirat à la Citadelle et l'habita ....


…….. ‘.

3 ° « Et Al-Malik al- Kâmil fixa définitivement sa résidence à la Citadelle ' . »


4° « .... ils demeuraient dans le palais du Vizirat .... c'est là que s'établit le

I Cf. les divers historiens à l'année 578.

20 ‫قال ابن عبد الظاهر اخبرني والدي قال كنا نطلع اليها يعني الى المساجد التي كانت موضع قلعة الجبل قبل ان‬

).K
. , II , p 203( . ‫تسكن في ليالي الجمع نبيت متفرحين‬

.3 ‫ فسكنها صلاح الدين وابنه الملك العزيز عثمان وابنه الملك المنصور محمد ثم الملك‬...... ‫وصارت القاهرة دار الخلافة‬

‫العادل ابو بكر بن ايوب وابنه الملك الكامل محمد وانتقل من القاهرة الى قلعة الجبل فسكنها بحرمه وخواصه وسكنها‬

) 1,348 , 1.5( . ‫الملوك من بعده الى يومنا‬

40 ‫ونزل السلطان في دار الوزارة الكبرى حتى بنيت فلمه الجبل فكان السلطان صلاح الدين يتردد اليها ويقيم بها وكذلك‬

‫ابنه الملك العزيز عثمان واخوه الملك العادل ابو بكر فلما كان الملك الكامل تحول من دار الوزارة الى القلعة وسكنها‬
(I. 364 , 1. 35).

. )1,438 , .1 .19 ‫فاسقر سكن الملك الكامل بقلعة الجبل‬


TIBL
572 P. CASANOVA .

sultan Şalâḥ ad - Dîn et son fils Al- Malik al- 'Azîz après lui , puis son f

Malik al- Manşoûr, puis Al - 'Âdil , puis Al- Malik son fils Al-Malik al-Kâ

ce palais s'appela «
< sultanien » et le premier des rois qui l'abandonna P

Citadelle fut Al-Malik al-Kâmîl ' . >>

5º « Al- Malik al- Kâmil se transporta du palais du Vizirat dans le Cai


Citadelle * . >>>

6º « Voici ce qui donna lieu à la construction de cette citadelle. Le

Şalâḥ ad-Din, ayant mis fin à la puissance des Fâțimides , et s'étant rend

souverain en Égypte, ne quitta pas pour cela le grand palais du vizi

occupait précédemment au Caire. Cependant il n'était pas sans inqui


tant de la part des partisans que les khalifes Fâțimides avaient encore en É

que du côté d'Al-Malik al- 'Adil Noûr ad-Din Mahmoûd ibn Zenguî, su

Syrie . Il se prémunit, d'abord , contre les attaques de Noûr ad-Dîn , en en

en l'année 569 , son frère Al-Malik al- Mou'adhḍham Chams ad - Daulat

Châh dans l'Yémen , afin d'y conquérir un nouveau royaume qui pût lu

un asile en cas de quelque attaque de la part de Noûr ad- Dîn . Chams ad

conquit effectivement tout l'Yémen ; et d'un autre côté , Dieu délivra

ad-Dîn d'inquiétudes de la part de Noûr ad-Dîn , qui mourut cette

là même. Libre de toute crainte de ce côté , Şalâḥ ad-Dîn voulut s'ass

Égypte d'une place forte où il put établir sa demeure ; car il avait

entre ses émirs les deux châteaux qu'occupaient les Fâțimides et les
établis ... · · L'intention du sultan était que le mur re

dans une même enceinte le Caire, Fosțâț et la Citadelle, mais il

avant que le mur et la Citadelle ne fussent achevés . Ces ouvrages

nėgligės jusqu'au règne d'Al- Malik al -' Âdil qui établit son fils
al-Kâmil dans la Citadelle , le nomma son lieutenant en Égypte, et le

pour son successeur. Celui-ci fit achever la Citadelle, et fit bâtir dans l'i

le palais du sultan en 604. Il en fit sa demeure ordinaire jusqu'à sa mort,

.1 ‫ فاستقر بها السلطان صلاح الدين وابنه من بعده الملك العزيز عثمان ثم ابنه الملك المنصور ثم‬... ‫الوزارة‬

‫ابنه الملك الكامل وصاروا يسمونها الدار السلطانية واول من انتقل عنها من الملوك وسكن بالقلعة الملك الكامل‬
(I, 438, 1. 24).

.2 ) 1,497 , .1 .8 ‫انتقل الملك الكامل من دار الوزارة بالقاهرة الى قلعة الجبل‬
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 573

lui, elle a été toujours la résidence des souverains jusqu'à ce jour. Şalâh ad-Dîn

Yoûsouf ibn Ayyoûb y résidait de temps à autre. Son fils Al-Malik al- 'Azîz y

demeura quelque temps du vivant de son père ; mais ensuite il transporta sa

résidence au palais du Vizirat ' . »

Donnons enfin ce texte d'un historien estimable :

<< Sous son règne [ Al- Malik al- 'Âdil] le sultanat fut transféré du palais du

vizirat, (situé) à Darb al-Așfar, dans la Citadelle en l'année 604 et le premier

qui l'habita fut Al-Kâmil comme naïb de son père * . »

De tous ces textes , je crois pouvoir conclure que la Citadelle ne fut pas

habitée, et ne fut même pas habitable avant Al-Malik al- Kâmil ; que Salâḥ ad

Dîn et ses successeurs habitèrent exclusivement le palais du Vizirat ' ; que

Şalâḥ ad- Dîn avait l'intention de s'y établir, et en visitait souvent les travaux ‘ ,
mais que la Citadelle était inachevée quand il mourut, à plus forte raison quand

il quitta l'Égypte ; qu'Al-Malik al- Kâmil éleva le premier des habitations et

-compléta le plan de son oncle . En un mot, l'oeuvre de Salah ad - Din se borne

à l'enceinte principale (je dirai ce que j'entends par ce mot) et au fameux puits,

dit de Joseph , dont la première mention est faite par le contemporain ' Abd al

Latif et dont je parlerai plus loin .

:
.. ‫وكان سبب بنائها ان السلطان صلاح الدين لما ازال الدولة الفاطمية من مصر واستبد بالامر لم يتحول من دار الوزارة‬

‫بالقاهرة ولم يزل يخاف على نفسه من شيعة الخلفاء الفاطميين بمصر ومن الملك العادل نور الدین محمود بن زنگی سلطان‬

‫الشام فامتنع اولا من نور الدين بان سير اخاه الملك المعظم شمس الدولة توران شاه بن ايوب في سنة تسع وستين وخمسمائة‬

. ‫الى بلاد اليمن لتصير له مملكة تعصمه من نور الدين فاستولى شمس الدولة على ماليك اليمن وكفى الله تعالى صلاح الدين‬

‫امن نور الدين ومات في تلك السنة فحلا له الجو وامن جانبه واحب يجعل لنفسه معقلا بمصر فانه كان قد قسم القصرين‬

‫ وقصد ان يجعل السور يحيط بالقاهرة والقلعة ومصر قات السلطان قبل أن يتم الغرض‬......... ‫بين امرائه وانزلهم فيها‬

‫من السور والقلعة فاهمل العمل الى ان كانت سلطنة الملك العادل سيف الدين ابو بكر محمد بن ابوب اسكن ابنه الملك‬

‫الكامل في قلعة الجبل واستنابة في مملكة مصر وجعله ولى عهد فأتم بناء القلعة وانشا بها الأدر السلطانية وذلك في سنة‬

‫اربع وستمائة وما برح يسكنها حتى مات فاستمرت من بعده دار مملكة مصر الى يومنا هذا وكان السلطان صلاح الدين يوسف‬
)II , 2003 , .1 240( ‫بها اياما وسكنها الملك العزيز عثمان في ايام ابيه ثم انتقل منها الى دار الوزارة‬ ‫بن ايوب‬

Les mots entre crochets manquant dans l'édition de Boûlâk se trouvent dans le ms . 682 , fº 407 rº (Bibl. nat . ) .
.2 ‫وفي ايامه انتقلت السلطانة من دار الوزاره بالدرب الاصفر الى قلعة الجبل في سنة أربع وستمائة واول من سكها‬

Vo. ‫الكامل نائبا من ابيه‬


Ms . d'Al - Bakri as -Siddik, f° 14 700
3. Sur ce palais, voir P. R. , plans et texte, passim .
.4 Telle est mon interpretation de l'expression de Makrizi ‫ يقيم بها‬qu'il semble opposer à ‫سكنها‬
73
574 P. CASANOVA.

Avant d'entrer dans l'examen direct de ce qui reste de l'œuvre de


$
ad-Dîn , il nous faut, pour n'y plus revenir, anticiper un peu sur les fai

dissiper définitivement l'équivoque qui règne sur la légende de Joseph re

à divers points de la Citadelle. La question est celle-ci : Plusieurs points

Citadelle portent le nom de Joseph . S'agit-il du patriarche Joseph ? Est

souvenir du nom de Şalâḥ ad-Dîn : Yoûsouf? La première interprétation,

ralement admise autrefois , a été rejetée par Silvestre DE SACY, et la se

fait foi aujourdhui . J'estime que la première est bonne : non pas (il est i
-
de le dire) que je croie à l'authenticité de cette légende, mais j'affirme

légende se rattache au nom du patriarche , et n'a jamais eu le moindre lie

le nom de Şalâḥ ad-Dîn.

En premier lieu , cette forme serait assez insolite . On comprendrait,

données les habitudes de la langue arabe, un adjectif comme Şalâhî ou

venant des titres de Ṣalâḥ ad-Dîn et d'Al - Malik an -Nâşir . Je ne crois pas

trouverait un autre exemple de monument portant le simple prénom d

dateur ' . En second lieu , il est assez curieux de constater avec Ibn Kh

que Şalâḥ ad-Dîn « a fait de nombreuses fondations dont aucune n'est conn

son nom * . » En troisième lieu , la légende du patriarche Joseph , très viv

Égypte, s'attache à beaucoup de lieux voisins de la Citadelle ³ .

Enfin , nous avons le moyen de déterminer presque à coup sûr l'èpo

le nom de Joseph s'attache à des constructions de la Citadelle. Au ter

l'expédition française, on connaissait le puits de Joseph, le divan de Jos

la maison de Joseph . Or ni Makrîzî, ni Al- Bakrî, que je viens de citer, n

naissent ces noms. Pour Makrîzî , c'est le puits de la Citadelle

1. On pourrait objecter qu'au Caire même la mosquée de Hasan porte le prénom du sultan Al-Mal
Hasan . Mais il convient de dire que ce sultan est toujours appelé le sultan Hasan par les historiens . J
pas , en revanche, qu'on trouve chez les historiens l'expression de <« sultan Yoûsouf » pour Ṣalâḥ ad - D
2. Hist. or, des Croisades, III , p. 429. ―――― Cf. traduction De Slane, IV, p . 548 .

.3 Cf. dans Makrizi , II , 465 : ‫ ; بركة يوسف‬II , 468 : ‫ ; نبوت يوسف‬1,489 et II , 169 : ‫جب يوسف‬

‫ سوق يوسف‬.etdans Kazwini (ed . WUSTENEELD , p 160( : ‫ارين مسجد ذكر عن يوسف الصديق عليه السلام‬
‫هناك‬ « près de la porte d'Achcha ârîn est une mosquée en souvenir de Joseph le véridique (sur 1
<
qui fut vendu à cet endroit » . Cf. VAN Berchem, ouvrage cité, p . 79 (tirage à part) .
4. II , 204, 1. 25.
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 575

pour Al- Bakrî, c'est le puits du Colimaçon . Le premier qui en

parle est MAILLET, vers 1692 , et l'ouvrage d'Al- Bakrî s'arrêtant à 1062 , c'est-à

dire 1652 de notre ère, c'est vers ce temps que la légende , probablement plus

ancienne dans le peuple, a pris forme¹ . Quant à la maison de Joseph , elle est ,

comme je le démontrerai surabondamment plus tard , le Palais Bigarré jy mell.

Le divan de Joseph, que MAILLET et JOMARD attribuent inexactement à Ṣalâḥ

ad- Dîn , n'est autre que le divan ou plutôt l'iwân 3 dont Al- Bakrî nous

parle également, sans paraître connaître ce nom de Joseph . Nous reviendrons

en temps et lieu sur ces questions .

Il me paraît donc évident que c'est la légende seule du patriarche Joseph qui

est en cause ; et il faut s'en tenir à cette judicieuse réflexion de MAILLET qu'il

aurait dû appliquer à tous les monuments : « L'extrême vénération qu'ont les

Égyptiens pour la mémoire de cet illustre patriarche est encore si vive aujour

d'hui parmi eux , que tout ce que l'art a pu inventer de considérable à l'avan

tage du pays, et dont l'établissement est inconnu au peuple est attribué d'une
commune voix à ce saint homme ' . » C'est donc absolument à tort que la

Description de l'Égypte attribue des monuments à Salâḥ ad-Dîn , et , quand nous

aurons occasion d'étudier ces prétendues œuvres du fondateur, il nous sera

facile de détruire les conclusions prématurées de l'auteur sur l'architecture


arabe d'Égypte . Il n'y a , je le répète, de l'époque de Şalâḥ ad - Dîn que l'enceinte

principale et le puits .

Que faut-il entendre par l'enceinte principale ?`

Ce qui frappe, tout d'abord, dans le plan général de la Citadelle (toutes les

descriptions en font la remarque) , c'est qu'elle est divisée en deux enceintes

absolument distinctes . Celle du nord forme une sorte de rectangle à fortes

tours , séparé de celle du sud par un mur très épais avec chemins de ronde et

tours énormes . Celle du sud se détache de la première à angle droit, a des

contours assez irréguliers et paraît n'avoir pas eu de murs fortifiés dans le plan

1. Fc 14 ro. - C'est encore un de ses noms, comme nous le verrons .


2. Bien avant MAILLet , Frescobaldi , en 1384 , dit : « Nella cità del Cairo e di Babilonia abita il soldano. Il
suo castello è appunto dove fu quello del rè Faraone rè d'Egitto , e dove fu allatato Moyses . » Du nom de Pha

raon à celui de Joseph , il n'y a qu'un pas , que la légende a dû facilement franchir .
3. MAILLET, p. 211 .
VA
576 P. CASANO .

primitif, au moins sur une grande partie de son tracé . Voici , pour pl

clarté, le croquis de cette disposition .

ENCEINTE 100m 200m


4
. ire

Echelle .
du r
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NORD

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м Po Co ENCEINTE SUD
ns
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ti xe
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s s.

M
NA

u
PLACE

C'est ce que Makrîzî remarque en des termes un peu vagues, mais su

ment clairs pour qui a pu juger de ses propres yeux :

« Voici la configuration de la Citadelle : elle est bâtie sur une él

isolée, entourée de murs en pierre avec tours et saillants , qui finissent a

Bigarré ell , puis de là se relient aux palais des sultans , par une
sition inusitée dans les tours des citadelles ' .·»)

Cela signifie évidemment que, au lieu d'une enceinte continue de

‫الجبل انها بناء على نشر عال بدور بها سور من حجر بابراج وبدنات حتى تنهى الى القصر الابلق ثم من‬
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE .
577

saillants, la Citadelle présente cette disposition anormale d'une enceinte inter

rompue par des palais, qui en détruisent complètement l'unité. Il est même

remarquable que ceci vient absolument à l'encontre d'une observation faite

fréquemment : que la Citadelle était plutôt fortifiée contre le Caire. Cela fut vrai

plus tard, et, aujourd'hui encore, les batteries sont dirigées vers la ville , mais

ces batteries occupent précisément l'emplacement des palais ; et l'on peut

affirmer qu'autrefois la Citadelle n'était forte qu'à l'extérieur, et que, du côté

de la ville , par les constructions diverses que nous aurons à énumérer, l'accès

en était des plus faciles . Pour tout dire , il nous semble que la vraie citadelle

était formée par l'enceinte nord . Celle-là est l'ouvrage militaire conçu comme

partie intégrante du grand plan de fortifications de 572. Mû par une autre

préoccupation, Salâḥ ad-Dîn songea à s'installer sous la protection de la

Citadelle , et, à construire son palais dans le voisinage . En cas d'alerte, on

avait un refuge sûr . C'est Al-Kâmil qui réalisa ce projet, tout différent du

premier.

Ce qui confirme cette manière de voir, c'est que le développement total de

la Citadelle actuelle dépasse notablement le chiffre donné par 'Imâd ad - Dîn

soit 2,103 mètres ( voir plus haut, p . 537) . La Description de l'Égypte lui donne ,

en effet, une circonférence de 3,000 mètres . Or, si l'on se rappelle que les

chiffres donnés par 'Imâd ad- Dîn comprennent le développement des tours

(qui dans l'enceinte nord sont nombreuses et souvent très vastes) , on sera

amené à considérer l'enceinte nord qui mesure environ 1,800 mètres comme

représentant seule l'enceinte primitive.

Ainsi cette disposition anormale s'explique parfaitement par la comparaison

des différents textes . Il y a une citadelle, d'une part , et , d'autre part , des palais,

toute une petite ville royale (un Versailles, ou un Potsdam) élevée à l'abri de la

forteresse. L'anomalie disparaît , si l'on rétablit le plan primitif.

S'il était nécessaire d'apporter une preuve de plus, nous la trouverions

encore dans ce fait que Makrîzî , qui mentionne cinq à six portes dans la
Bâh
Citadelle, dit positivement : « On entre à la Citadelle par deux portes , Bab

)II , 204 , 1.33 ( . ‫هناك تتصل بالدور السلطانية على غير اوضاع ابراج القلاع‬. Au lieu du dernier mot , donné par le
ms . 682, on lit, dans l'édition de Boûlâk le mot qui n'a absolument aucun sens. Voir aussi , plus loin , le
texte de Chihab ad- Dîn (chap. xI).
578 P. CASANOVA .

al-Moudarradj et Bab al-Ķarâfat ' . » Or ces deux portes, comme je

démontrer, font partie de l'enceinte nord . Cette nouvelle contradicti

Makrîzî a son explication toute naturelle : la confusion des deux encein

a dû emprunter ce texte à quelque auteur qui ne songeait qu'à la constr

militaire, et qui , par suite, n'avait pas à parler d'autres portes qui fa

partie de la ville royale, non de la Citadelle .

J'ai même pensé à voir un reflet de cette division bien nette d

double expression qui désigne la Citadelle, appelée tantôt Kala'at al

bet tantôt al-Kala'at . La première serait le nom de la fort

ainsi avons -nous vu Kala at al-Maks ‫ قلعة المقس‬Kala at Bazkouh ‫عة بإزكوح‬

La seconde serait le nom de la ville ; j'ai déjà remarqué que c'est le nom

ville espagnole : Alcala. Je donne cette conjecture pour ce qu'elle vaut.

relevé et comparé les divers passages de Mâkrîzî où sont ces deux no


n'ai pu y trouver la trace de cette démarcation . Mais la confusion , nous l
— et ma conjecture reste
vu, est déjà complète, au temps de Makrîzî,

semblable, sinon démontrée directement. Quoi qu'il en soit, tout en m

dant d'en affirmer absolument le bien fondé , j'adopterai cette division

éviter toute confusion , et désormais je dirai la Citadelle de la Montagne,

je parlerai de l'enceinte primitive, al-Kala'at quand je parlerai de la ville

et la Citadelle, suivant l'expression moderne , pour désigner l'ensemble.

Puisque je parle des dénominations de la Citadelle, je dois signaler, e

sant, ce que dit le chérif Mouḥammad ibn As'ad déjà cité plus haut : la Ci

« est celle qu'il surnomma : Al-Kâhirat . » C'est l'


bâtie par Şalâḥ ad-Dîn <

mention , à ma connaissance , de ce fait. Il faut rapprocher ce texte de l'i

tion déjà signalée , et qui donne, en effet, cette épithète en dernier à la Cit

avec d'autres qui semblent là pour la rime et l'ampleur de la phrase ' . E

I. II , 204 , 1.
.2 Makrizi , II , 202 , .1 .35 ‫ وهي التي نعتها بالقاهرة‬.

3. La pierre porte : olällängd ölgḍlöl , Faut-il lire ainsi , en traduisant : cet


trillante, voisine du Caire la bien gardée, en supposant une faute du lapicide pour : löjlg.
interversion de l'écrivain qui aurait dû dire gölä ? Outre que le texte me paraît être bien plat
surtout à l'allure pompeuse et emphatique de toute l'inscription , cette double hypothèse a l'inconvéni
pas respecter la forme même de l'inscription , et d'être bien contraire au génie de la langue. L'écriva
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE .
579

sence d'autres textes de cette nature, on ne peut insister , la question , d'ailleurs,

étant d'intérêt tout à fait secondaire.

Nous pouvons maintenant passer à l'examen direct de la Citadelle de la

Montagne :

« On entre à la Citadelle par deux portes, l'une qui est sa porte principale

‫ بابها الاعظم‬tournée vers le Caire, et appelée Báb al-Moudarradj : en dedans


siégeait le wâlî de la Citadelle, en dehors on jouait la khaliliat avant le coucher

du soleil ; la seconde était Bâb al-Karâfat. Entre ces deux portes est une vaste

place, sur les côtés de laquelle sont des maisons et des boutiques ; sur le côté

sud, un marché pour les vivres ' . »

Quelques lignes plus loin , Makrîzî complète ainsi ses renseignements sur la

première porte :

« Bâb ad- Darfil. — Cette porte est à côté du fossé de la Citadelle ; elle est

appelée aussi Bab al-Moudarradj , et elle était appelée autrefois Bâb Sârîat ; on y

nul besoin d'accoler au mot l'épithète , et si elle le gênait pour la rime, n'avait qu'à la supprimer ,
M. M. VAN BERCHEM y voit la tournure grammaticale appelée iddfat al-şefa lil-mc.nsûf. C'est une explication des
plus ingénieuses, et qui a l'avantage de respecter la forme même de l'inscription . Je m'y rallierais volontiers , si
je n'avais une sorte de répugnance à accepter cette épithète bien banale , <« la Citadelle voisine du Caire » , et si,
d'autre part, l'auteur que je viens de citer ne disait que la Citadelle s'appelait . Je crois que les épithètes
qui se suivent se rapportent à la Citadelle, et qu'il faut lire : plöll ång ös'gḍ , en supposant un | oublié
par le lapicide, lequel , d'ailleurs, a oublié le dell , qu'il est impossible de ne pas rétablir. Il reste alors à

donner à un sens plausible. Le verbe à la III forme a le sens de « prendre sous son patronage et sa
protection » , au passif aura donc la valeur du mot al ; comme pour ce dernier mot, «< Dieu » est
sous-entendu. Je corrige ainsi l'inscription, mais je reste, ce me semble, dans l'esprit du rhéteur qui l'a composée.
Le lapicide a eu des negligences incontestables : ‫ القاهر‬pour ‫ القاهرة‬, plus loin ‫ تحصنا‬pour ‫ تحصينا‬que demande
la rime. La négligence que je suppose s'expliquerait d'autant mieux que le lapicide , habitué à voir le mot öll
dans le sens ordinaire de «< voisin de » toujours suivi du J, a cru bien faire de supprimer l'l . Je manque malheu
reusement d'exemples du mot dans le sens particulier que je lui donne . D'ailleurs, il ne convient pas
d'attacher grande importance à ces détails . Les phrases de la rhétorique arabe ne méritent peut-être pas qu'on se
donne tant de peine à les expliquer .

.1 ‫ويدخل الى القلعة من بابين احدهما بابها الاعظم المواجه للقاهرة ويقال له الباب المدرج وبداخله يجلس والى القلعة‬

‫ومن خارجه تدق الخليلية قبل المغرب والباب الثاني باب القرافة وبين البابين ساحة فسيحة في جانبها بيوت وبجانبها القبلي‬
- L'expression
‫ للاكل‬ÿgu (II, 204 , 1. 34) . — est assez embarrassante. J'aurai plus loin l'occasion de la
discuter.
$80 P. CASANOVA.

arrive de dessous Dâr aḍ-diâfat (le palais de réception) et on aboutit de là

râfat entre le mur de la Citadelle et la Montagne ' . »

Pour le moment, nous retiendrons simplement ceci : la porte pri

s'appelait Bâb Sârîat. Nous avons vu plus haut la raison de cette dénomin

On l'appela encore Bâb ad-Darfil. Nous en donnerons la raison plus tard.

du temps de Makrîzî on l'appelait Báb al-Moudarradj. D'où lui venait ce

Makrîzî ne le dit pas, mais nous pouvons suppléer à son silence . Le mo

signifie : « taillé en degrés » . Les historiens d'Égypte parlent à divers

prises de l'escalier d'Al - Moudarradj , ¿ , par lequel sortaient dive

tèges . Enfin, tout près de la porte où j'ai relevé l'inscription de Şalâḥ a

j'ai constaté l'existence d'un escalier (marqué d'ailleurs sur le Plan de

lequel escalier aboutit à la porte . Cette porte, sur laquelle est l'inscript

Şalâḥ ad-Din , et à laquelle aboutit un escalier, est évidemment celle de

ou d'Al-Moudarradj. D'ailleurs l'ombre même d'un doute disparaît, qu

lit sur le mur, tout près de la porte, une inscription avec ces mots :

... ‫امر بتجديد هذا سلم المدرج بباب القلعة الشريفة‬

A ordonné la réfection de cet escalier d'Al-Moudarradj [qui est] à la porte de

delle, l'élevée.... L'emplacement de cette porte étant parfaitement déter

je vais essayer d'éclaircir le texte, toujours ambigu , de Makrizî .

Je ferai remarquer, tout d'abord , que si l'on s'en rapportait au texte d

tion de Boûlâk, on se trouverait en présence d'une absurdité évidente (

intentionnellement supprimée dans ma traduction ) . Ce texte dit, en

parlant de la porte en question : « elle est entre le mur de la Citadell

Montagne « : ‫وهو فيها سور القلعة والحيل‬. Or , il est manifestement impossi


la porte principale d'une Citadelle soit entre le mur de cette Citadelle
et

quelconque. C'est pourquoi je préfère la leçon du manuscrit nº 682 de la

.1 ‫هذا الباب بجانب خندقق القلعة ويعرف ايضا بباب المدرج وكان يعرف قديما بباب سارية ويتوصل اليه‬

).II 205 , .1 15 ( ‫ر الضيافة وينتهى منه الى القرافة وهو فيما بين سور القلعة والجبل‬
Les mots entre crochets manquent dans le ms. 682.
5/9
2. Comparez dans Yakoût l'article [ éd . Wüstenfeld , IV, p. 449] .
3. Je donnerai, en son temps, le texte complet de cette inscription .
4. Pour plus de détails sur cette porte , voir les Études architecturales de M. Hertz .
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 581

thèque nationale de Paris , qui , supprimant les mots , permet de reporter

au dernier membre de la phrase , et non à la porte elle-même , les mots entre

le mur de la Citadelle et la Montagne ' .

Malgré cette correction , le passage de Makrîzî me paraît encore obscur . Je

demande au lecteur la permission d'entrer ici dans une discussion un peu

longue, mais absolument nécessaire .

Trois points sont à retenir , d'après les textes cités :

1º La porte de Sârîat (ou d'Al-Moudarradj ) était voisine de la porte de Karâfat

(puisqu'elle n'en était séparée que par une place) ;

2º De cette porte on aboutissait à Karâfat ; !

3º Le point où l'on aboutissait était situé entre le mur de la Citadelle | ‫سور‬

et la Montagne ‫الحيل‬

Examinons ces divers points :

Si l'on veut se rendre aujourd'hui à la Citadelle , il faut pénétrer, en partant

du Caire, par une porte située au point de jonction des deux enceintes. A

l'ouest de l'enceinte sud sont, comme on peut le voir dans le croquis donné

plus haut, des constructions annexes qui forment une troisième enceinte où

l'on pénètre actuellement, soit au sud -ouest par une porte appelée porte des

Azabs, soit au nord-ouest par une porte que construisit Méhémet- Ali ( Bâb al

Guedid du plan GRAND-BEY) . Au temps de l'expédition française , cette porte

était sur un autre point .

En réalité, il n'y a aujourd'hui qu'une porte, celle qui est à la jonction des

deux enceintes . Elle est à peu de distance de la porte ancienne de Sârîat, ou

plus exactement des premiers degrés de l'escalier qui menait à cette porte. C'est

bien là l'entrée de la Citadelle qui est tournée vers le Caire .

Mais si l'on veut sortir de la Citadelle par le désert, c'est-à-dire pour em

prunter l'expression de Makrîzî , par la région comprise entre le mur de la Cita

delle et la Montagne (le Moukaṭṭam) , on prend une porte située au second

point de jonction des deux enceintes, qui a été déplacée depuis l'expédition

française, mais qui forme évidemment le pendant, le symétrique de l'entrée

principale. La région où elle débouche fait partie de la vaste nécropole du Caire ,

1. Toutefois, je reviendrai sur cette question, et peut-être réussirai-je à expliquer ce paradoxe.


74
582 P. CASANOVA .

appelée Al-Karâfat dans son ensemble , divisée par la Citadelle en petit Karâf

au nord ' , grand Karâfat * au sud . Cette porte s'appelle aujourd'hui Báb al-Djab

Porte de la Montagne, et, d'après ce que nous avons vu , elle correspond cert

nement à Bab al-Karâfat de la Citadelle de la Montagne .

Si cela est, au lieu de : « on aboutit à Ķarâfat » , il nous faut lire dans le P

sage cité : «
< on aboutit à la porte de Karâfat » . Cette correction fort sim

supprime toutes les obscurités et se concilie avec les autres passages de Mak

relatifs à la porte de Karâfat .

Tout d'abord , nous devons rappeler qu'il existait une autre porte de Ķarâ

(qui a gardé ce nom ) dans le mur du Caire . Nous en avons parlé au chapitre

(page 545 ) . Comme elle est assez proche de la Citadelle , on doit se prému

contre une confusion possible . Cette confusion paraît même si difficile à évi

qu'à défaut de termes précis , j'ai renoncé à me prononcer dans les divers I

sages où elle est mentionnée , et que nous nous en tiendrons à ce que n

savons, entre la porte de Sârîat et celle de Karâfat existait une grande place. Il est

possible, dès lors, de voir dans la porte de Karâfat actuelle, beaucoup trop

gnée , celle de la Citadelle de la Montagne .

D'autre part , une porte de sortie sur la campagne a dû exister de tout ter

et, après ce que j'ai dit, il nous sera facile d'identifier la porte de Karâfat,

celle dont parle Al-Kalkachandî en ces termes : « Elle est du côté de Karâfat

Moukaṭṭam ; elle est très peu fréquentée, et la route en est des plus difficiles

Cette description ne peut s'appliquer à la porte de Karâfat actuelle, qui ,

nant aux tombeaux , est d'un accès fort facile, et fut toujours très fréque

Elle répond, au contraire, de la façon la plus précise, à la porte de la Monta

Bab-al-Djabal actuelle , et la variété du nom n'a rien de surprenant . Fa

face à Ķarâfat et à la Montagne (le Moukaṭṭam) , elle pouvait être désigne

1. C'est aujourd'hui la région appelée : Tombeaux des khalifes .


2. Aujourd'hui : Imâm Chafêî ; voir pour plus de détails MEHREN, Kairo og Karafa.
3. J'irais même jusqu'à supposer une étourderie plus complète du copiste et à lire all !!] ¿l a
‫ والى القرافة فيما بين سور القلعة والجبل‬les mots entre crochets auraient été omis par suite de la répétitio
4. Éd. Wüstenfeld, p. 87. Il est à noter qu'Al-Kalkachandî mentionne trois portes, tandis que Mak
nomme que deux . Celle que Makrîzî passe sous silence, dans la description même de la Citadelle, est
nommée par lui ailleurs . C'est Báb es-Sirr qui faisait partie, comme nous l'établirons plus tard , des b
construits postérieurement. Il y a là un indice de plus pour la confirmation de nos vues .
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE .
583

différemment par l'un ou l'autre de ces noms . Je n'ai pas trouvé d'autres textes

précis relatifs à cette porte . La Citadelle , en effet, ne fut jamais assiégée du

dehors, et, ne communiquant qu'avec le désert, la porte, comme nous le dit Al


Kalkachandî , ne dut être que fort peu fréquentée. Dès lors, elle ne joua aucun

rôle dans l'histoire. Il n'en est pas de même des autres , dont le nom se retrouve

très souvent dans les récits des historiens .

Quoi qu'il en soit, je crois avoir identifié les deux portes nommées par

Makrîzî, et leur disposition sur le plan paraît des plus rationnelles. L'une était

en communication avec la ville, l'autre avec la campagne . On n'a pas de peine

à se représenter l'espace compris entre les deux portes , comme une place . Au

jourd'hui encore, la majeure partie de cet espace est occupée par deux grandes

cours . Comme au temps de Makrîzî, ces cours sont entourées de maisons,

magasins, etc. Autrefois c'était un véritable camp militaire, sur lequel nous

aurons l'occasion de donner quelques détails.

Les deux portes se trouvaient donc à peu près aux deux extrémités du mur

sud de la Citadelle de la Montagne . A la porte de Sârîat commençait le fossé ,

dont je vais dire quelques mots.

Les paroles de Makrîzî que j'ai citées : « à côté du fossé de

la Citadelle » , s'appliquent à la porte de Sârîat. La remarque paraît puérile :

une porte d'entrée est forcément à côté du fossé . Mais elle a sa valeur, si

l'on se rend bien compte de la disposition que j'ai signalée. L'enceinte de la

Citadelle cessant d'être continue vers le sud, le fossé s'interrompait également,

et cela dans le voisinage de la porte de Sârîat. C'est dire que le fossé ne com

mençait qu'aux environs de la porte de Sârîat et n'enveloppait qu'une partie

de la Citadelle , la partie nord .

On trouve aujourd'hui des traces de ce fossé , le long de l'enceinte nord . Là ,

le roc est coupé de main d'homme jusqu'à une grande profondeur , de façon à
doubler la hauteur des murs . Du côté nord- ouest, ce n'est pas, á proprement

parler, un fossé : on pouvait arriver de plain-pied à la base même du rocher

sur lequel s'élève le mur, et , de fait , à cette base sont aujourd'hui de nom

breuses constructions, tout un quartier, qui semble s'être formé dans l'inter

valle compris entre le mur de la Citadelle et le tracé du mur du Caire (inachevé

de ce côté, comme nous l'avons vu).


584 P. CASANOVA .

Sur un point cependant, dans cette région, il y avait un véritable foss

croyons-nous, parce que, en face du mur se trouve une hauteur, désignée pa

le mot de ' , dont les auteurs arabes parlent souvent, et qui devait en êt

séparée par le fossé en question . C'est par cette hauteur, ménagée aujourd'h

en rampe accessible aux voitures depuis Méhémet- Ali que l'on entre à la Cit

delle ; elle commence près de la porte de Bâb al-Wazîr, et est coupée par u

route rocailleuse , portant le nom caractéristique de el-maḥadjar « la pi


reuse » , par laquelle on entrait autrefois à la Citadelle . Entre cette hauteur

la porte de Sârîat devait être pratiquée une coupure , et ainsi s'explique


remarque de Makrîzî .

De même , il dut être pratiqué une profonde coupure au nord , pour sépa

la Citadelle de la Montagne du reste du Moukaṭṭam . POCOCKE estime a

raison, à mon avis , que l'intervalle compris entre la Citadelle et la Montag

est l'œuvre des hommes . C'est aussi ce que semble dire 'Imâd ad-Dîn , d

son style affecté : « Il tailla le fossé et sa profondeur et creusa sa vallée et l'étr

glement de sa route ' . » S'il était permis de voir autre chose que des form

poétiques dans ses expressions , on n'hésiterait pas à reconnaître dans

vallée » , l'intervalle compris entre les deux montagnes . C'est, en effe

proprement parler, une vallée creusée de main d'homme, et je n'hésite

à croire que la Montagne où est la Citadelle faisait partie intégrante du M

kaṭṭam et que Şalâḥ ad-Din l'en détacha par une tranchée profonde. Nous a

remarqué que déjà l'étendue de cette tranchée rendait inutile , sinon danger

pour un ennemi extérieur, l'apparente supériorité du Moukaṭṭam .

Le mur semble avoir conservé son ancien tracé . J'en emprunte à M.

BERCHEM la description sommaire, laissant le soin des détails à M. E

<< Les courtines sont naturellement beaucoup plus hautes qu'à l'enceinte n
(du Caire) ; les tours d'angle sont énormes et à fort commandement . L'

reil général est le même qu'à l'enceinte, mais les blocs sont plus gros

~,
1. Cette hauteur correspond fort bien à la définition du mot « élévation de terrain au pied d'ur
tagne » (KAZIMIRSKI , Dictionnaire arabe-français) .
2. <« The castle of Cairo, situated on a rocky hill, which seems to be separated by art from the hill o
tain Jebel Duise, which is the name of the east end of Jebel Mocattham » (Desc. ofthe East, p . 32) .

. )1,268 ( . ‫وقطع الخندق وتعميقه وحفر وايه وتضييق طريقه‬


HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE .
585

bossages plus saillants . La base des murs (tours et courtines) présente des

talus fortement inclinés. Cette disposition , destinée à fortifier l'assiette, et à

empêcher les travaux de sape, se trouve dans un grand nombre de châteaux


1
syriens des Croisades, entre autres à Soubeïbe de Bâniâs. On voit encore , du

côté du Moqattam , un large fossé taillé en plein roc ' . >>>

Si nous nous en tenons à ce qui doit être attribué à Salâh ad-Din, nous de

vous reconnaître que c'est une œuvre déjà considérable et que sept années
(572-579) n'étaient pas de trop . Le chérif Mouhammad ibn As'ad al- Djoûânî,

cité par Makrîzî, n'a donc pas tort de dire que « cette Citadelle fut construite en

peu de temps * . »

Les matériaux de construction furent empruntés aux petites pyramides de

Memphis, comme l'attestent ' Abd al- Laţîf ' et, après lui , les divers auteurs arabes .

Cette particularité explique déjà la rapidité du travail . Ibn ' Abd adh-Dhâhir,
cité par Aboû 'l-Maḥâsin , nous dit aussi qu'on employa
« des milliers de pri

sonniers francs pour le mur du Caire et le puits de la Citadelle ‘ . » Ceci nous

amène à parler de la dernière œuvre de Ṣalâḥ ad- Dîn : le fameux puits dit de

Joseph .

Des multiples descriptions qu'en ont données les voyageurs, nous retiendrons

seulement la première , celle d'Ibn ' Abd adh -Dhâhîr ( cité par Makrîzî) et celle

de la Description de l'Égypte, dont nous reproduirons les gravures .

« Ce puits est d'une construction merveilleuse . Des boeufs placés en haut

font monter l'eau en tournant, et l'élèvent d'un réservoir qui est à moitié de la

profondeur du puits ; à la hauteur de ce réservoir sont d'autres bœufs qui , en

tournant, élévent l'eau du fonds du puits jusqu'au réservoir ; il y a un chemin

pratiqué par où les boeufs descendent jusqu'à la source très aisément : tout cela

est creusé dans le roc ; il n'y a pas la moindre bâtisse. On dit que le lieu où est

ce puits se trouve dans la même direction que Birket al - fîl ( étang de l'éléphant) :

l'eau de cette source est douce . J'ai entendu raconter à quelques vieillards du

1. P. 64 , tirage à part.
- Autre preuve implicite qu'en 604 la vraie Citadelle était
.2 II , 202,1.35 ( . ‫وبنت هذه القلعة في مدة يسيرة‬.
construite, et qu'Al-Malik al - Kâmil l'a non pas achevée , mais étendue par d'autres constructions indépendantes.
3. P. 171.

.4 Ed. JUNBOLL , II, 414 ( . ‫واعانه على عمله وحفر البئر التي بقلعة الجبل اسارى الفرنج وكانوا الوفا‬
586 P. CASANOVA .

pays, que, quand on creusa ce puits , on trouva de l'eau très douce . Ķarâkoû

et ses employés, ayant désiré avoir l'eau plus abondante, firent augmenter l'o

verture dans le roc , et il en sortit une eau salée qui altéra la douceur de la P

mière source . Le kâdî Nâșir ad-Dîn Schafi ibn Ali , dans son traité des Édif

merveilleux, dit que l'on descend dans ce puits par un escalier d'environ tr

cents marches ' . »

Voici le texte de la Description de l'Égypte :

<< Le puits, dit de Joseph , a été célébré par tous les voyageurs , mais souv

décrit et figuré avec peu d'exactitude . J'ai cru devoir profiter du séjour que

fait à la Citadelle, pendant près de deux mois, afin d'en lever le plan géor

trique, pour examiner le puits en détail et en prendre les plans et les mesu

J'y suis descendu trois fois et en ai mesuré tous les contours . Deux boeufs pla

en haut du puits , en faisant tourner une roue à pots ordinaire , soulèvent

chaîne de pots qui se remplissent d'eau , dans un premier réservoir, placė

la moitié de la hauteur totale ; ici une autre roue à pots est mise en mo

ment par un cheval , et apporte l'eau du fonds du puits . Les deux parties

puits ne sont pas dans la mêrne ligne verticale ; la première a 5 mètres en ca

et la seconde a 2 mètres 3 décimètres . La distance des pots est enviro

18 décimètres ; leur nombre dans le premier puits est de 138 : le diamètre

roue est de 1 mètre 98 centimètres ; le temps total pour faire arriver un po

premier réservoir au niveau de la Citadelle est de 4′ 20 ″ . Il en résulte : 1º q

volume de chaque pot est de o mètre cube 0004 ; 2º que les 138 pots fou

sent en 4′ 20″ o mètre cube 0552 ; 3º que le produit par minute ( sauf les p

d'eau) est de o mètre cube 0127. Selon les gardiens du puits de Joseph, la

mière partie du puits ou la supérieure est profonde de 75 pyks stambouly

font à peu près 50 mètres 3 décimètres , et la seconde de 60 pyks , fa

.1 ‫بد الظاهر وهذه البئر من عجائب الابنية تدور البقر من اعلاها فتنقل الماء من نقلة في وسطها وتدور ابقار‬

‫جر‬
‫ر منحوت ليس فيه‬ ‫ا نقل الماء من اسفلها ولها طريق الى الماء ينزل البقر الى معينها في مجاز وجع ذلك حج‬

‫ان ارضها مساءته ارض بركة الفيل وماؤها عذب سمعت من يحكي من المشايخ انها لما نقرب جاء ماؤها حلوا‬

‫قوش او نوابه الزيادة في مائها فوع نقر الجبل فخرجت منه عين مالحة غيرت حلاوتها وذكر القاضي ناصر‬

) Makrizi , II , 203 , .1 25 ( . ‫ع بن على في كتاب عجائت البنيان انه ينزل الى هذه البئر بدرج نحو ثلثمائة درجة‬
J'ai emprunté la traduction de ce passage à S. DE SACY (Abd el-Latif, p. 212) .
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE.
587

40 mètres 3 décimètres . La première chaîne employée a, selon les gardiens ,

150 grandes brasses de corde , et la seconde 100 brasses . Si on laisse tomber

une pierre du haut du puits , le temps compté depuis l'instant de la chute jus

qu'à ce que le son frappe l'oreille , est d'environ 5 secondes . La rampe le long de

laquelle on descend au fond du premier puits est taillée dans le roc, en hélice

spirale rectiligne à pente douce ; la hauteur de ce chemin est de 2 mètres 2 dé

cimètres , et la largeur de 2 mètres . Elle est faiblement éclairée par des jours

percés sur les quatre faces ; ce qu'elle a de remarquable , c'est l'épaisseur extrê–

mement mince de la cloison qui la sépare de la paroi du puits : il a fallu une

attention extraordinaire pour réserver une si petite masse de pierres . [ Environ

16 centimètres . Aux fenêtres, cette épaisseur est encore moindre : 4 pouces, et

l'on craint pour ainsi dire d'en approcher. ]

« La température du fond du puits est de 17 à 18º ( Réaumur) , le thermo

mètre placé dans l'eau . C'est précisément la chaleur moyenne du Kaire...

« L'erreur de MAILLET et de PockOCKE, qui attribuent le puits de Joseph à un

vizir de ce nom , sous Mohammed , fils de Qalaoun , a déjà été relevée ; l'hon

neur de la construction appartient à Salâh eddîn Yousouf, et date de ce prince,

comme celle du Château . Abd Allatyf, qui met au nombre des merveilles de

l'Égypte les deux puits de la Citadelle , le témoigne expressément, quoiqu'il


commette lui- même une autre erreur, et Maqryzy avec lui, en disant que l'on

descend dans ces deux puits par un escalier de près de trois cents degrés , à moins que

les marches n'aient été transformées , avec le temps , en rampe douce ; mais cela

est douteux , parce que les animaux destinés à tourner la roue du second réser

voir, n'auraient pu y descendre ni en remonter commodément... La qualité de

l'eau du puits de Joseph est un peu saumâtre , et cependant son niveau est au

dessous de celui des hautes eaux du Nil, et même des basses eaux selon M. Gra

TIEN le Père : ce qui prouve que telle est la source d'où l'eau arrive au puits ,
mais que dans le trajet elle traverse des bancs chargés de sel ' . >>

observations . La pre
A cette minutieuse description je n'ajouterai que deux

mière, c'est que j'ai constaté l'existence de marches taillées dans le roc . Les

bœufs ne sont plus employés aujourd'hui , la Citadelle étant approvisionnée

1. Description de l'Égypte, XVIII , 2° partie , p. 356-359.

Moved!
588 P. CASANOVA .


d'eau par une usine placée au nord- est . C'est pourquoi on a dû négliger d'en

tretenir la rampe en terre faite par dessus les marches. ' Abd al- Lațîf, le kâg

Chafi ', et 'Imad ad-Dîn ' , contemporains de la construction , ne se sont pa

trompés.

La seconde observation ne repose pas sur des faits constatés , mais sur de

considérations d'un caractère plus hypothétique , que je demande la permissio


de présenter au lecteur.

Notons d'abord que le puits est en dehors de l'enceinte primitive, en dehor

de ce que j'appelle la Citadelle de la Montagne . A cela on peut répondre qu

ce puits a pu être construit après l'enceinte , et quand on se proposait d

mettre à exécution la seconde partie du plan de Salâḥ ad- Dîn , c'est- à- dire
construction d'une résidence royale, ce qui se concilierait avec le passage cit

plus haut que des milliers de prisonniers francs furent employés à construir

le mur du Caire et le puits de la Citadelle . Ces milliers de prisonniers frand

ne pouvaient provenir que de la grande expédition de 583 , où Ṣalâḥ ad-Dî

s'empara de tant de places sur les Croisés . Il n'est pas dit que ces prisonnier

furent employés à la Citadelle ; celle-ci étant finie en 579 , on s'explique le fai

Il semble donc vraisemblable que le puits fut fait quand la Citadelle de

Montagne était déjà terminée .

Il n'en est pas moins certain que la prudence conseillait plutôt d'établir o

puits dans l'enceinte fortifiée . De là naît un premier soupçon que ce puit

existait déjà . Comment, en effet, pouvaient s'alimenter d'eau , autrefois , 1

Pavillon du Bel -Air et les Mosquées ? Probablement par quelque puits du vo

sinage . Ce soupçon prend déjà quelque force si l'on rapproche deux circons

tances . Le puits était trop étroit, et Karâkoûch le fit élargir , nous dit- on . N

1. Cité par Aboû Châma, I , 268 .


2. Malgré JOMARD , l'auteur de la Description citée plus haut, il est inadmissible qu'il y ait eu plusieurs puits , d
les premiers temps . Les auteurs arabes ne parlent que d'un puits , de manière à bien faire entendre qu'il n'y
avait qu'un : ‫< البئر التي بالقلعة‬
« le puits qui est à la Citadelle. » Il est vrai qu'Abd al-Lațîf parle de deux puit
mais je crois, avec S. DE SACY contre JOMARD , que ces deux puits représentent les deux parties du même. N
dit- il pas, en effet, qu'on descend dans ces deux puits par un escalier de trois cents degrés. S'il y en avait eu de
bien distincts avec deux escaliers de trois cents degrés , d'où vient qu'Ibn 'Abd aḍ Dhâhir et ' Imâd ad-Dîn surto
(un contemporain) n'en mentionnent qu'un. Co D'ailleurs, le puits que JOMARD considère comme le second fu
comme nous le verrons, l'œuvre des Turcs .
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 589

faut-il pas entendre par là qu'il existait déjà un puits, que Karâkouch fit élargir,

le jour où les nouvelles constructions élevées là demandèrent une plus grande

quantité d'eau . Enfin ces marches taillées dans le roc, que JOMARD n'a point

vues, et qu'Ibn 'Abd adh-Dhâhir mentionne par ouï - dire, n'ont- elles pas été

transformées en rampe douce par Karâkoûch , et n'existaient- elles pas avant

lui ? On sait le peu de scrupule que les constructeurs , en Orient , apportent

en ces sortes de choses . Ils s'attribuent audacieusement les œuvres de leurs

devanciers, en sorte que bien souvent il faut entendre « reconstruire » ou

«< restaurer >> là où nous lisons « construire » . Je ne me prononcerai pas , me


<

contentant d'énoncer les termes du problème. La question , d'ailleurs , ne nous

touche qu'indirectement .

Disons , pour terminer, que le peuple appelle encore ce puits du nom pitto

resque de « Colimaçon » . Nous avons vu qu'Al-Bakrî lui donne ce nom .

Sur le Plan de 1798 , on voit dans le voisinage le Bourg el-Halazountbl ‫برج‬

(Citadelle, nº 48) . Enfin , à titre de curiosité , j'ajouterai qu'au temps des Turcs,

le puits passait pour communiquer avec le Nil par un couloir souterrain . Lors

d'une insurrection , les conjurés , s'étant introduits mystérieusement dans la

Citadelle, racontaient qu'ils étaient passés par ce couloir et avaient pénétré ainsi

jusqu'au puits ' .

Avant d'aller plus loin , résumons les résultats qui nous paraissent acquis .

Dans le grand plan des fortifications de 572 , la Citadelle de la Montagne fait

corps avec le mur de la place, disposition fréquente dans les châteaux des

Croisés . Elle en est comme la clef de voûte . C'est une vaste enceinte de plus

de 1,700 mètres (y compris le développement des tours et saillants) à forme

.1 ‫ذكر لي بركات البيطار من فه إنهم دخلوا السرداب صغارى شمس قبل الغروب بنحو عشرين سنة درجة ذا طلعنا‬

‫منه الى وقت الضحا واصل هذا السرداب انا هو مجراة للما التي تاتي من بحر النيل الى بئر الحلمزون الذي في القلعة فلما‬

‫انطرد ما النيل من ذلك الجانب بطل عمل ذلك السرداب وبقى على حاله لكنه مبنى بنا متقنا تقوم على القيامة قال فلما‬

‫و سلنا الى البئر قعدنا واخذنا لانفسنا راحة واكلنا ما يستر اكله ثم سرعنا في الطلوع دفرنا في داخل القلعة فلما راونا‬

‫الينكجرية ظنوا ان العسكركسر باب القلعة وطلع لهم فاخذهم الرعب الخ‬. Ms . 413 de la Bibliothèque royale de Munich ,
fol. 88 verso. Aujourd'hui , le puits est définitivement abandonné . J'ai constaté avec étonnement qu'il servait de
cimetière . On y trouve , en effet, au point de jonction des deux parties du puits , le tombeau d'un santon moderne ,
sur lequel je n'ai pu avoir de renseignements, mais dont la légende doit être fort intéressante.
2. Voir par exemple, le plan de Karak, dans le livre de M. REY : Architecture militaire des Croisés.
75

*
590 P. CASANOVA .

1
rectangulaire ou plutôt trapézoïdale. Le côté nord forme un saillant très mar

qué, et est séparé du Moukaṭṭam par une tranchée profonde . Le côté ouest es

tourné vers le Caire . En face de l'angle sud- ouest est la hauteur appelée Eș

Şoûwat . Dans le côté sud qui est sur le milieu de la Montagne , s'ouvre la

porte de Sârîat, ou des degrés . On y monte par un escalier taillé dans le roc . A
l'angle sud-est s'ouvre sur la campagne la porte de Karâfat .

Şalâḥ ad-Din , par crainte des révoltes fâțimides , conçut le projet d'installe

sa résidence à l'abri de cette Citadelle de la Montagne , mais ne l'accomplit pas

Un puits fut creusé , ou peut- être simplement déblayé et agrandi , pou :

approvisionner la Citadelle de la Montagne .

Le gros œuvre de l'enceinte fut terminé en 579 , comme l'atteste une ins

ription, sous les auspices d'Al-Malik al- 'Âdil , délégué du sultan son frère, et la
direction de Karâkoûch .

Le puits est probablement postérieur à l'année 583 , époque où Şalâḥ ad - Dîr

envoya de nombreux prisonniers francs qui furent employés à sa construction

Le nom de Joseph donné à ce puits par la tradition populaire, cinq siècles

après Salâh ad- Dîn , vient de la vieille légende du patriarche Joseph , toujours

jeune en Égypte, et non du prénom de Salâh ad - Dîn .

De ces constructions il reste : 1 ° le profil général des murs , tours , etc. , et

quelques parties des anciens matériaux ; 2º le fossé du nord ; 3º la porte de

Sâriat, presque intacte, avec son escalier et de nombreuses inscriptions, que

nous étudierons chronologiquement ; 4° le puits de la Citadelle, comme l'ap

pellent les premiers auteurs arabes : puits de Joseph ou du Colimaçon , comme

il est appelé de nos jours.


HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 591

CHAPITRE VII

L'ŒUVRE D'AL - MALIK AL - KAMIL (604-635 )

Après la mort de Şalâḥ ad - Dîn , la Citadelle resta inachevée , disent les histo

riens arabes, et ce fut Al-Kâmil seulement qui reprit et termina l'œuvre ' .

Rappelons cependant le texte qui dit que la Citadelle fut terminée en peu de

temps , et l'inscription de 579 qui semble donner la date de l'achèvement . Tout

se concilie aisément, si l'on interprète ainsi le premier qui s'installa à la Cita

delle ou plus exactement, qui fit construire des palais dans le voisinage de la

Citadelle, fut Al-Kâmil. Il est vrai que, d'après Ibn ' Abd adh - Dhâhir, c'est ce

prince qui construisit les bourdjs, entre autres le bourdj Rouge . Faut -il
admettre que du temps de Salâḥ ad-Din les tours n'avaient pas été construites

ou bien que les tours dont il est parlé faisaient partie de la nouvelle cons

truction , que nous appelons Al- Kala at pour la distinguer de la Citadelle primi

tive ou Citadelle de la Montagne ? Ce qui semble implicitement confirmer cette

supposition , c'est que le même auteur dit, immédiatement après, qu'en 682

Kalâoûn fit construire un grand bourdj près de la porte secrète Bâb as-Sirr. Or

1. Après la mort de Ṣalâḥ ad- Dîn (589) l'Égypte échut en partage à son fils Al- Malik al- ' Azîz , qui mourut
en 595 , laissant un fils en bas âge, dont la tutelle fut confiée à Ķarâkoûch . Mais Al-Malik al-Aſḍal , frère d'Al
Azîz, s'empara de cette tutelle . Il en fut dépouillé presque aussitôt par Al- Malik al- Âdil, qui constitua l'Égypte en
apanage de son fils Al-Malik al- Kâmil . Celui-ci régna, en réalité , sous le nom de son père de 596 à 615 , et sous
son propre nom de 615 à 635 .
2. Voir plus haut , p . 578 .

.3 ‫قال ابن عبد الظاهر والملك الكامل هو الذي اهتم بعمارتها ( القلعة ) وعمارة ابراجها البرج الاحمر وغيره فكلمت في سنة‬
öjligll glo jo yll Jez diling day ( Makrîzî , II, 274, 1. 20) . C'est dans cette tour que fut enfermée Cha
djarat ad-Dourr après le meurtre de son mari Al-Malik al- Mou‘izz (655 ) (QUATREMÈRE, Hist , des Mamlouks, I,
Ire partie, p. 72).
592 P. CASANOVA .

nous verrons que cette porte secrète faisait partie des palais . Aussi , malgr

l'absence d'indications précises , suis- je porté à croire que ces bourdjs faisaien

partie de la résidence nouvelle des sultans .

Cette résidence me paraît s'être composée tout d'abord d'un palais, situ

sur la grande terrasse à droite de la porte de Sâriât (quand on va du Caire à

Citadelle) . Sur ce palais , les auteurs arabes sont muets ; mais un auteur cop

nous donne quelques indices précieux à relever. QUATREMÈRE dans ses M

moires sur l'Égypte (II, p . 50) relève deux fois le mot copte niban, et ajoute

« Je ne doute pas que le mot han auquel se trouve joint l'article copt

ne réponde au mot arabe Iwan qui signifie proprement un palais, un portiqu

mais qui, chez Macrizy et les autres historiens de l'Égypte, désigne particulièr

ment une salle où les khalifes et les sultans venaient à certains jours rendre

justice à leurs sujets . Il a existé au Caire plusieurs édifices nommés al-Iwa

Le premier que l'on appelait al-Iwan al-Kebir, le grand portique, et qui est sa

doute le même dont notre auteur fait mention , avait été bâti par le khal

Aziz, l'an de l'hégire 369. Le second , dont il ne peut être question ici , fut cor

truit dans la suite, par les ordres du sultan Al-Malik al-Manşoùr Kalâoûn

Je pense, au contraire, qu'il s'agit du second , qui fut reconstruit par Kalâoû

En effet, d'après le récit de l'auteur copte ' , il est évident que le trône

пban est situé dans la Citadelle . Or celui du khalife ‘ Azîz ( 2e khalife f

mide, 365-387) faisait partie des palais des khalifes. De plus Maķrîzî dit bie

l'article lwân que Ķalâoûn le construisit , mais quelques lignes plus hau

dit (ce qui a échappé à QUATREMÈRE ) qu'il refit l'Iwân : Ulull is


2
¯¯ .• Il n'y a donc pas de doute possible. Il existait du temps d'.

Kâmil un Iwan, et cet Iwân était vraisemblablement situé à la même place

celui de Kalâoûn , qui fut reconstruit et agrandi , comme nous le verrons ,

1. Il a été publié et traduit par notre collègue M. AMÉLINEAU (Journal asiatique, VIII série , 9 , p. 113
Les événements dont il est parlé se passent sous le sultanat d'Aboû Bakr , Al-Kâmil étant son représe
en Égypte. Il est curieux de rapprocher du récit copte qui nous représente un chrétien devenu musulman
redevenu chrétien , conduit à la Citadelle et mis à mort, un événement tout à fait semblable en ses périp
quelques siècles plus tard, rapporté par MAI.LET, p. 93 * et sq.
2. Le même écrivain , dans le Kitáb as-Souloûk, dit que Beïbars , en 658 , s'assit dans l'Iwân ( QUATRE
Hist. des Mamlouks, I , 1re partie, p. 117) , ms . 673 , p. 270 recto.
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE .
593

son fils Mouḥammad, plus tard fut appelé le Diwân ou Divân , et resta connu

sous le nom de Divân de Joseph . Il a disparu aujourd'hui , mais , grâce au plan

de la Commission d'Égypte, nous en connaissons exactement l'emplacement.

Pour les autres constructions d'Al- Kâmil , nous en sommes réduits aux con

jectures. En premier lieu , il convient , croyons -nous , de lui attribuer la cons


w
truction de la porte secrète que Maķrîzî appelle dans ses Khițațäll ! la porte

secrète de la Citadelle ou la grande porte secrète ' . D'après le premier

passage, cette porte donnait sur le Marché aux chevaux de J. Makrîzî

ne nous dit rien de plus sur sa situation , mais l'importance de cette porte

secrète nous est signalée par Kalkachandî , qui compte trois portes principales,

comme nous l'avons vu plus haut, à savoir :

En premier lieu, la porte s'ouvrant du côté de Karâfat et de Moukaṭṭam , et

qui est nommée par Makrîzî Bâb al- Ķarâfat.


w
En second lieu , la porte secrète , qu'on retrouve sous ce nom dans

Makrîzî.

En troisième lieu , celle où l'on pénètre par des escaliers , et qui est évidem

ment le Bâb al-Moudarradj de Makrîzî .

Voici ce que dit Kalkachandî de la seconde : « La seconde est Bâb es-Sirr, par

laquelle passent , par privilège, les émirs de haut rang et les fonctionnaires su
W
périeurs, comme le vizir et le secrétaire d'État . On y arrive du pied

de la colline sur laquelle est bâtie la Citadelle, en face du Caire, quand , longeant

le mur du nord , on va jusqu'à l'entrée en face du grand Iwân . Cette porte est

toujours fermée . S'il se présente quelqu'un autorisé à y passer, on l'ouvre , mais

on la referme immédiatement . » De cette description et d'un autre passage ,

dont nous devons renvoyer le commentaire à un autre chapitre,, il résulte que


la
porte s'ouvrait presque en face de l'Iwân , et correspondait, selon toute pro

1. Khitat, II, 212 , 1. 29 et 204 , 1. 23. La première mention que nous en connaissons se trouve dans Aboû
' l-Maḥâsin (ms . de la Bibliothèque nationale , nº 670 , ancien fonds, fol . 136 recto) . Après la mort d'Al-Malik al
Mou‘izz Aibek (655 ) , Chadjarat ad-Dourr appelle Ibn Mazroûk « et il monta à la Citadelle par la porte secrète »
‫القلعة م باب السر‬
mall Ļḥ ‫ن‬ jo deläll elby . Quelques années plus tard , elle est mentionnée par Maķrizi (QUATREMÈRE, op . cit. , I,
2º partie, p. 65 ).
2. Ms. de Gotha, 619 , fº 42 verso , trad . WÜSTENFELD , p. 87 .
594 P. CASANOVA .

babilité, à la porte actuelle : Bab el - Oustany (Plan GRAND -BEY) ou Bab Chirk

(Plan de 1798) . Je discuterai complètement cette question plus tard, quand

j'aurai pu donner la description des monuments construits postérieurement


dans le voisinage de cette porte.

En résumé, nous pouvons affirmer que la porte secrète , spécialement affectée

au service de la cour, était une troisième porte construite en dehors de la pre

mière enceinte, et faisait nécessairement partie des constructions d'Al -Kâmil .

Ainsi s'explique que Makrîzî donne à la Citadelle deux portes , et Al- Kalka

chandî trois. Le premier avait probablement sous les yeux un texte ne parlant

que de la Citadelle de la Montagne, l'autre songeait à la Citadelle entière, la

double ville militaire et royale. Je demande pardon au lecteur de revenir si

souvent sur cette distinction . Elle est capitale pour nous préserver de la con

fusion dans laquelle nous feraient si aisément tomber les renseignements

contradictoires de nos guides .

La porte secrète n'était pas accessible à tous , et la porte de Sârîat ne permet

tait de pénétrer que dans l'enceinte militaire . Mais une autre porte , appelée Bab

al-Koullat mettait en communication les deux cités . Cette porte existait au moins

du temps de Beïbars , troisième sultan Mamloûk , comme nous le verrons plus

loin . Je pense qu'elle était une conséquence du plan d'Al- Kâmil , mais

n'ai aucun texte à faire valoir à l'appui de cette conjecture toute personnelle .
En second lieu , il convient d'attribuer à Al-Kâmil la construction des écuries

royales ¿lkhull Jubany , annexe des palais . Les historiens qui nous en parlent ne

savent rien de l'époque de la construction ; mais nous les trouvons mentionnées ,

déjà , à l'époque de Beïbars ' . Je crois pouvoir établir qu'elles remontaient au

temps d'Al-Kamil .

Tout d'abord, pour les princes Ayyoûbites, chevauchant sans cesse dans de

nombreuses expéditions contre les Croisés, il devait être d'un intérêt primor

dial d'avoir sous la main leurs écuries . En 604 , la Citadelle était assez isolée

du Caire , et, dans la préoccupation où semble avoir été Al- Kâmil de concentrer

dans la Citadelle toute sa cour militaire et civile, il ne pouvait lui être indiffé

rent d'avoir ses écuries à sa portée . Comme indice à l'appui , je citerai l'assertion

1. QUATREMÈRE, op. cit. , I , 2e partie, p . 64-65 .

1
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 595

suivante de Makrizî : « Al- Malik al- Kâmil quitta le palais du Vizirat pour la

Citadelle et l'habita, et il transporta le marché des chevaux , chameaux et ânes

à Ar-Roumeilat sous la Citadelle ' . » Makrîzî nous dit cela dans l'énumération

qu'il fait des diverses résidences royales d'Égypte . Ce détail n'est donc pas

indifférent il nous montre quelle importance avait, aux yeux des sultans , la

question de leur cavalerie : ce qu'on appellerait aujourd'hui la remonte ; et si Al

Kâmil tenait à installer sa remonte à sa portée, à plus forte raison ses écuries .

Je donnerai , plus loin , les indications recueillies sur l'emplacement même

des écuries royales . Il me suffira pour le moment de dire qu'elles étaient

situées au pied de la grande terrasse du château entre Ar-Roumeïlat qui a

conservé son nom , et qui , au temps de l'expédition française , était toujours le

marché aux chevaux , et le manège El-Meïdân | qui s'appelle encore aujour

d'hui Karâmteïdân (en turc : manège noir) . Au temps de Kalkachandî ,

les écuries communiquaient avec la Citadelle, par une porte réservée . Déjà du

temps de Beïbars cette communication semble avoir existé . Il est également

vraisemblable d'admettre qu'elle existait du temps d'Al- Kâmil .

Le manège royal fut aussi une création d'Al-Kâmil, selon toute

probabilité . Le manège, les écuries, le marché aux chevaux formaient un en

semble et remplissaient toute la plaine située au pied de la Citadelle .

J'attribue aussi à Al-Kâmil la construction de l'édifice appelé salle du

Şâḥib ~> all &c . Le titre de Şâhib fut donné aux vizirs , depuis Şafî ad- Dîn ibn

Choukr, qui fut précisément vizir d'Al - Kâmil ‘ .

Au temps de Beïbars, il y avait une mosquée : le khalife Al- Ḥâkim y fit la

khotbat . Elle datait vraisembablement du temps d'Al- Kâmil , et devait être sur

l'emplacement même de la mosquée reconstruite par Mouḥammad ibn Kalâoûn .

C'est à Al-Kâmil que doit être attribuée, suivant toute certitude, l'institution

des pigeonniers , logés dans les tours de la Citadelle. Maķrizî nous donne là

.. ‫ تحول من دار الوزارة الى القلعة وسكنها ونقل سوق الخيل والجمال والحمير الى الرميلة‬..... ‫فلما كان الملك الكامل‬

1,364 , .1 37 ‫تحت القلعة‬


2. Ms. de Gotha , 44 verso, trad . WÜSTENFELD, p. 90.
3. QUATREMÈRE, op. cit. , I , 1re partie , p. 64 .
1
4. Khițat, II, 223 , art. hell dcl.

5. QUATREMÈRE, op. cit. , I, 1re partie, p. 148.


596 P. CASANOVA .

dessus des détails fort intéressants. QUATREMÈRE, dans une note volumineuse,

y ajoute d'autres détails empruntés à divers écrivains ' . Je résume ici cette

note, tout en reproduisant intégralement le texte de Maķrîzî, dans les parties

qui nous intéressent directement.

Les auteurs arabes font remonter jusqu'à Salomon l'usage d'employer des

oiseaux pour porter les dépêches . Depuis, les rois ont toujours attaché une

grande importance à cette institution . Les pigeons ont toujours été employės

de préférence, et le mot J fair outeir, littéralement : oiseau , doit être traduit

par << pigeon » , quand il s'agit de dépêches . Le lieu d'où l'on faisait partir les

pigeons se nommait mouțâr , au pluriel mouțârât, et l'on désignait


w
par le mot mouțaîir, celui qui avait la charge de les lâcher. Noûr ad-Dîn ,

le célèbre atabek de Mossoul, le maître de Salâḥ ad- Dîn , se servait de pigeons

hawadi ‫الحمام الهوادي‬.

Le kâdî Mouḥiî ad- Din ibn 'Abd adh -Dhâhir ' composa , sur cette matière, un
‫ما‬
ouvrage intitulé « les amulettes des pigeons » . D'après cet auteur , le

sultan en marche , soit pour un voyage, soit pour une partie de chasse, avait

toujours à sa portée quelques-uns de ces pigeons. Le chef des bureaux était

chargé de ce soin .
Makrîzî dit : « Dans la Citadelle du Caire , étaient des colombiers , pour les

pigeons destinés à porter les dépêches . Si l'on en croit Ibn ' Abd adh-Dhâhir,

jusqu'à la fin du mois de djoumadâ second de l'an 687 , le nombre de ces

oiseaux s'élevaient à dix- neuf cents . Ils étaient sous la surveillance de plusieurs

commandants, dont chacun avait sous sa juridiction une portion fixe . Tous

ces oiseaux restaient constamment dans les colombiers de la Citadelle, à l'ex

ception d'un certain nombre qui étaient renfermés dans le colombier de Bar

kîat placé en dehors du Caire , et que l'on nommait le colombier du Fayoûm .

Il avait été établi par l'émir Fakhr ad-Dîn Othmân ibn Ķizil , ostadâr d'Al

Malik al-Kâmil Mouhammad fils d'Al-Malik al - ' Adil Aboû Bakr, fils d'Ayyoûb .

1. Hist. des sultans Mamloûks, 2º vol . , 2º part . , p . 115 .


2. Dans le Plan de 1798 une des tours porte le nom de Bourg el-Malar. Peut-être est-ce une altéra
tion de ‫برج المطار‬

3. Voir, sur cet auteur, ce que j'en ai dit , dans ce même volume, p . 493 sq .
4. Sur le quartier de Barkîat, voir plus haut , p . 529 sq .
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 597

Le nom de colombier du Fayoum devait son origine à ce que toute la province


·
de ce nom faisait partie de l'ikṭa [apanage ] d'Ibn Kizil .

« Les dépêches lui arrivaient du Fayoûm à ce colombier, et c'est de là qu'elles

étaient expédiées vers le Fayoûm . Cette dénomination continua de lui être

appliquée . Chaque relai , dans les différents cantons de l'Egypte et de la Syrie,

depuis Ousouân jusqu'à l'Euphrate, renfermait des pigeons ; et il est impos

sible de calculer le nombre qui s'en trouvait dans les villes frontières , sur les

routes de l'Égypte et de la Syrie . Tous ces oiseaux étaient expédiés graduelle

ment et transportaient les dépêches de la Citadelle dans toutes les directions .

Il y avait, dans chacun de ces établissements , des mules de charge, qui étaient
fournies par les écuries du sultan . Les gardiens des colombiers recevaient des

traitements et des gratifications , prises des greniers du sultan . La dépense ,

pour ces objets, s'élevait à des sommes incalculables . La nourriture assignée

pour cent pigeons était , chaque jour , d'un quart de waïbat de fèves ... L'auteur

[Makrîzî ] dit : Aujourd'hui la poste aux pigeons est tombée en désuétude dans

tout l'empire, sauf pour le transport des dépêches de Ķațiâ à Bilbeïs et de


Bilbeïs à la Citadelle ' . >>

Bien que Makrîzî ne déclare pas expressément qu'Al- Kâmil installa les colom

biers , le fait qu'il en existait, du temps de son ostadâr Ibn Kizil , l'importance

qu'il attachait certainement à ce service, comme tous les rois , tout me con

firme dans ma conviction que ce service fut établi dans les tours de la Cita

10 ‫كان بالقلعة ابراج برسم الحمام التي تحمل البطائق وبلغت عدتها على ما ذكره ابن عبد الظاهر في كتاب نمايم الحمايم الى‬

‫آخر جادى الآخرة سنة سبع وثمانين وستمائة الف طائر وتسعمائة طائر وكان بها عدة من المقدمين لكل مقدم منهم جزء‬

‫معلوم وكانت الطيور المذكورة لا تبرح في الابراج بالقلعة ما عدا طائفة منهم فانها في برج بالبرقية خارج القاهرة يعرف ببرج‬

‫الفيوم رتبه الامير فخر الدين عثمان بن قزل استادار الملك الكامل محمد بن الملك العادل أبي بكر بن ايوب وقيل له برج‬
‫الفيوم فان جميع الفيوم كانت في القطاع ابن قزل وكانت البطائق ترد البه من الفيوم ويبعثها من القاهرة الى الفيوم من‬

‫هذا البرج فاستمر هذا البرج يعرف بذلك وكان بكل مركز حمام في سائر نواحي المملكة مصرا وشاما ما بين اسوان الى‬

‫الفرات فلا تحصى عدة ما كان منها في الثغور والطرقات الشامية والمصربة وجميعها تدرج وتنقل من القلعة الى سائر‬
W
‫الجهات وكان لها بغل الحمل من الاصطبلات السلطانية وجاءكيات البراجين والعلوقات تصرف من الاهرا السلطانية فتبلغ‬

‫ قال‬.....
. ‫النفقة عليها من الاموال ما يحصى كثرة وكانت ضريبة العلف لكل مائة طائر ربع ويبة فول في كل بوم‬

, II , p 232-231( . ‫مؤلفه قد بطل الحمام من سائر المملكة الا ما ينقل من قطيا الى بلبيس ومن بلبيس الى قلعة الجبل‬
).Khitat
76
A
598 P. CASANOV .

delle par Al-Malik al- Kâmil . Qui sait même, si ce n'est pas cela qu'a voulu

entendre Ibn ' Abd adh-Dhâhir, dans le passage cité plus haut (p . 592 , note)

que les bourdjs furent l'oeuvre d'Al- Kâmil ? Dans le texte précédent j'ai traduit,

conformément à QUATREMÈRE , le terme par « colombier » . Peut - être fau

drait-il ainsi traduire dans le passage que je rappelle .

Pour terminer le chapitre des constructions attribuables à Al -Kâmil , men

tionnons l'existence d'une bibliothèque qui fut détruite par un in

cendie en 691. Cette bibliothèque dut être constituée en grande partie des

dépouilles du kâdî Al-Fâdil, d'après le passage suivant du Kitâb as-Souloûk de

Makrîzî. << [En l'année 626] , le 5 djoumadâ premier, qui était un dimanche , on

mit le sequestre sur le palais du kâdî Al- Achraf Aḥmad fils du kâdî Al- Fâḍil et

toute la bibliothèque en fut transportée à la Citadelle, le 26. Il y avait

soixante-huit mille volumes . Le 3 djoumadâ second , on transporta les armoires

(litt.: les bois) des bibliothèques réparties en quarante-neuf charges .

<< Le samedi 22 radjab de cette année, on transporta les livres de la Citadelle à

son palais (celui d'Al- Fâḍil ) et aux bibliothèques (?) . Le nombre en était, dit- on ,
de onze mille huit cent huit. Parmi les livres saisis étaient le Livre des atabeks

et des époques par Aboû ' Alâ al -Ma'arî en soixante volumes ' . »

Il y a bien quelque obscurité dans ce texte . Est-il admissible qu'Al-Kâmil

ait renoncé entièrement à cettre riche proie, et l'ait restituée intégralement ? Il

nous paraît plus probable qu'il y fît un choix . Al- Kâmil, au dire des historiens,

était fort amoureux de sciences . C'était vraiment une trop bonne aubaine .

La bibliothèque du kadî Al -Fâḍil était, en effet, constituée par les dépouilles

I.
‫في خامس جمادى الاول وهو يوم الاحد وقعت الحوطة على دار القاضي الاشرف احمد بن القاضي الفاضل وحلت خزانة‬
‫الكتب جميعا الى قلعة الجبل في سادس عشرينه وحلت الكتب ثمانية وستون الف مجلدة وجهل من داره في ثالث جهادی‬

‫الآخرة خشب خزائن الكتب مفصلة تسعة اربعون حلا والجمل التي حلت الكتب تسعة جالا ثلاث ربعات وفي يوم السبت‬

‫انى عشرين رجب منها حلت الكتب من القلعة الى داره الفاضل والخزاين وقيل ان عدتها احد عشر الف كتاب وثمان‬
‫مائة وثمانية كتب ومن جملة الكتب الماخودة كتاب الاتابك والعصور لابي العلا المعرى في ستون مجلدا‬
(Bibl. nat. , ms . 672 , fº 76 verso) . Ḥâdjî Khalfa ne mentionne pas cet ouvrage d'Aboû ' Alâ al- Ma'arî sur lequel
je n'ai, d'ailleurs , aucun autre renseignement.
2. Ibn al -Wasil ne tarit pas là dessus (Bibli . nat. , ms . 725 , fos 311 à 313 ) . Cf. Aboù ' l-Fidâ (Hist . or. des Croisa
des, I , p . 114) .
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 599

de la bibliothèque des Fatimides, vendue aux enchères à des prix ridicules ,

sur l'ordre de Şalâḥ ad-Dîn ' : elle était justement célèbre .

Un hasard a protégé non pas un ouvrage, mais un objet non moins intéres

sant, ayant appartenu à cette bibliothèque . Je veux parler d'une sphère céleste

en cuivre, dont j'ai eu l'occasion de faire mention ailleurs , et sur laquelle on

me permettra de donner quelques détails nouveaux . Cette sphère, qui se trouvait

au Musée Borgia de Velletri , porte les inscriptions suivantes :

10 ‫برسم خزانة مولانا السلطان الملك الكامل العالم العادل ناصر الدنيا والدين محمد بن ابي بكر بن‬

‫ايوب عن نصره‬

<< Fait pour le cabinet de notre maître le sultan , le roi parfait (El- Malik al

Kâmil ) , le savant, le juste , Nâşir ad-Douniâ oua ed-Dîn Mouḥammad ibn Aboû

Bakr ibn Ayyoûb . Que Dieu exalte sa victoire ! » Le mot que j'ai traduit

par << cabinet » désigne vraisembablement la bibliothèque . Si , comme je crois

l'avoir établi , il existait à la Citadelle une bibliothèque fondée par Al - Kâmil,

la place de cette sphère y était toute marquée .

20 ‫ هجرية الخ‬٦٢٢ ‫ الحنفى‬، ‫برسم قيصر بن ابي القاسم بن مسافر الاشرفي‬

<< Fait par Kaïşar ibn Aboû'l-Ķâsim ibn Mousâfir, al- Achrafi , le hanafite, en

622 de l'hégire , etc. »

Ce Kaïşar est nommé par divers historiens , par Aboû 'l- Fidâ qui dit qu'Al

Malik al-Mouḍhaffar Taky ad-Dîn , prince de Ḥamâh, avait pris à son service « le

cheikh Alam ad - Din Kaisar surnommé Taasif ‫الشيخ علم الدين قيصر المعروف بتعاسيق‬

qui construisit pour lui un globe en bois verni, sur lequel il marqua toutes les

étoiles dont on avait déterminé les positions . C'était un géomètre , habile dans

les sciences mathematiques ‫ وكان مهندسا فاضلا في العلوم الرياضية‬. Or Makrizi , dans le

1. Makrîzî, Khiṭaḥ, I , 409 ; QuatremÈRE, Mėm , sur l'Égypte, II , 388. Il est remarquable à ce sujet que, cinq
siècles après, MaïLLET retrouva en Égypte le souvenir de cette vente (Description de l'Égypte, p. 190*) . Il blâme
avec raison Şalâḥ ad-Dîn . Le nevcu du général kurde était plus affiné, nous l'avons dit.
2. Même volume , p. 320 .

3. ASSEMANI, Globus coelestis cufico-arabicus, etc. Patavii .


4. Je crois, après nouvel examen, cette lecture préférable à celle d'ASSEMANI . Ce titre indiquerait
que notre personnage aurait été d'abord attaché à la personne d'Al-Malik al-Achraf. Dans ce cas, il s'agirait vrai
semblablement du prince de ce nom, frère d'Al-Malik al - Kâmil, mort, comme lui , en 635 .
5. Hist. or. des Croisades , I, p . 123 .
600 P. CASANOVA .

Kitâb as -Souloûk, mentionne, à l'année 649 , la mort de l¿¿¿!me illple

‫بن عبد الغني بن مسافر المعروف بتعاسيف الفقيه الحنفي وهو احد الايمة في العلوم الرياضية‬ » Alam

ad-Dîn Kaïşar ibn Aboû 'l -Ķâsim ibn ' Abd al - Gânî ibn Mousâfir, surnommé

Ta âsîf, le jurisconsulte, le hanafite, et c'était un des maîtres dans les sciences

mathématiques ' . » Même renseignement se trouve dans Ibn Habib, qui ne

mentionne cependant pas le surnom de Ta'âsîf, mais l'appelle l'Égyptien allo

Il le fait mourir à Damas, à l'âge de soixante-quinze ans . Il naquit donc vers

574 * . En effet, Ibn Khallikân , qui paraît avoir vécu dans son intimité , dit qu'il

naquit en 574 dans le village d'Asfoûn dans la Haute-Égypte et mourut à

Damas, le dimanche 13 radjab 649 ' . On peut admettre qu'il resta au service

d'Al-Kâmil jusqu'en 635 , époque de la mort de ce prince. Le titre de géomètre

ou architecte que lui donne Aboû 'l-Fidâ peut aussi faire penser qu'il dut

jouer un rôle dans les constructions de la Citadelle . Comment cette sphère

est-elle passée en Italie ? Si l'on pense aux relations d'amitié qui unirent Al

Kâmil et l'empereur Frédéric II , à qui il çèda Jérusalem , au goût bien connu

de ce dernier pour les sciences arabes, il est séduisant de supposer que le

sultan égyptien en fit cadeau à son allié . La sphère aurait été ainsi transportée

en Sicile , à la cour de l'empereur.

On me pardonnera cette petite digression sur un objet qui, après tout, se

rattache à ce travail . N'est- il pas l'épave la plus intéressante qui nous soit
parvenue des richesses accumulées dans la Citadelle ?

Résumons les résultats obtenus . Makrîzî ne nous donne sur Al - Kâmil et son

œuvre que deux ou trois phrases fort sèches ; mais de quelques renseignements

fortuits puisés çà et là, nous avons pu conclure , d'une façon certaine, à la créa
tion :

1º D'un Iwân , Yl, miban;

2º D'une porte spéciale pour les palais royaux ;


3º D'une porte de communication entre la Citadelle de la Montagne, ville
W
militaire , et Al-Ķala‘at, ville royale . C'est Bâb al-Ķoullat | !;

1.
" Op. cit., fo 119 verso.
2. Bibl. nat. , ms. 688, fo 4 recto.
3. Trad. de SLANE, III , p . 473 .
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 601

4 ° Décuries royales ‫الاصطبلات السلطانية‬

5 ° De tours ‫ابراج‬

6 ° De colombiers ‫ابراج الحمام‬

7° D'une bibliothèque ‫خزانة الكتب‬

et enfin , d'une manière plus hypothétique,


8 ° D'une résidence affectée au vizir ‫قاعة الصاحب‬

9 ° D'une Mosquée ‫الجامع‬.

2<¢

Citadelle de la Montagne .

Enceinte de
Porte

d'al Moudarridj Salâḥ ad Din .

Porte.

Porte secrète Porte de Karâfat .

Mosquee
Puits .

Iwan

PEXERS
Marché Re
Ecur
ie .
.
aux chevaux Man
ège
.

De tout cela il ne restait que bien peu de chose du temps de Makrîzî ; il ne

reste aujourd'hui que l'emplacement des portes , qui n'a dû jamais varier. Quand

je traiterai à fond la description de la Citadelle au temps de Makrîzî , je revien–

drai avec plus de détails sur les divers monuments subsistants , dont je n'ai

voulu fixer d'abord que l'époque d'origine , pour ne pas retomber plus tard dans

des répétitions fastidieuses .


602 P. CASANOVA

CHAPITRE VIII

LA CITADELLE DEPUIS AL - MALIK AL - KAMIL JUSQU'A

MOUHAMMAD IBN KALÂOÛN (635-693 ) .

Sous les successeurs immédiats d'Al -Malik al-Kâmil nous ne savons rien

ou presque rien du sort de la Citadelle . J'ai dit, dans l'introduction , qu'elle

fut délaissée par Al -Malik aş- Şâliḥ, pour la Citadelle de Rauḍat . Je n'insiste

rai pas davantage là- dessus, et me contenterai des détails de plus en plus

circonstanciés que nous fournissent les historiens des sultans Mamloûks ' .

Mentionnons cependant la salle Şâliḥiyat el


construite par Al- Malik
-
aş-Şâliḥ, qui fut habitée par les sultans jusqu'en 684 , époque où elle fut brû
lée² .

Après la chute des Ayyoûbites , Al- Malik al- Mou‘izz ( Nadjm ad- Dîn Aïbek)

s'installa à la Citadelle, qui , depuis , resta toujours le siège du sultan . Sous son

règne , il n'est pas fait mention de constructions nouvelles . Il paraît avoir

délaissé l'Iwân d'Al- Kâmil , puisqu'il tenait ses audiences de justice à la

Madrasat as- Sâlihiyat , accompagné des délégués de la maison de justice, s

JAJI ', laquelle, comme nous le verrons , n'était autre que l'Iwân .
B
Peut-être faut-il lui attribuer, la « salle des Piliers » all acto , ou ddl , ou

1. A partir de cette époque , jusqu'en 708 , l'ouvrage de QUATREMÈRE (Histoire des sultans Mamlouks, traduite de
Makrizi) nous fournira un guide précieux . Je le désigne par S. M.
2. S. M. , II , 2º part. , p . 81 .
3. Sur la madrasat Şaliḥiyat, voir Makrîzî, II , p . 374.
4. Sauf sous le règne de Beïbars , qui la transporta ailleurs, comme nous allons le voir.
5. Makrizi , Kität as-Souloûk ; Aboû 'l-Maḥâsin , An-Noudjoům az-záhirat, passim.
6. Histoire de Beibars (Bibl. nat . , ms. 803 , fo 19 recto) .
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 603

Y ' . Du moins l'affectation spéciale de cette salle paraît-elle due à Chadjarat

ad-Dourr, sa femme, qui fut la véritable souveraine pendant quelque temps .

Voici, à ce sujet, ce que dit Ibn Iyâs : « C'est de Chadjarat ad- Dourr que vient

le règlement de la princesse , qui est observé dans la salle des Piliers * . » ´

Cette salle des Piliers, comme nous aurons l'occasion de le voir plus tard ,

communiquait avec le harem. Le règlement dont parle Ibn Iyâs devait être

relatif à la garde du harem ; nous verrons , en effet, qu'une des dames du palais

siégeait dans cette salle . Enfin elle ne devait pas être très éloignée de l'entrée de

la Citadelle , et était comme l'antichambre des appartements privés du sultan ,


si l'on s'en rapporte à ce passage de Makrîzî : « Al- Mou 'izz fit dire à Aktaï de

venir le trouver à la Citadelle de la Montagne . Lorsqu'il eut franchi la porte de

la Citadelle , et comme il se dirigeait vers la salle des Piliers, on ferma la porte

[de la Citadelle] et on empêcha ses mamloûks d'entrer avec lui . A peine était-il

arrivé dans le vestibule qu'il fut assailli³ . » Je reviendrai sur la question

de l'emplacement exact de cette salle.

« De Chadjarat ad- Dourr vient également la naubat de la princesse å gi

qui après le soir fait le tour de la Citadelle au son du tambour et de la khali

liat . >> Cette naubat est inentionnée par d'autres écrivains . QUATREMÈRE , d'après

eux, dit : « La naubat ou le choeur de musique de la princesse était une céré

monie qui avait lieu chaque nuit, au Château de la Montagne, et où se rassem

blait un grand nombre de musiciens . Elle était présidée par un des mamloûks

du gouverneur du Château . Il était revêtu d'un costume complet et avait à la


main un bâton doré . Devant lui était un petit flambeau que tenait un des por

tiers qui le faisait mouvoir avec légèreté et agilité, de manière à suivre la me

sure des instruments " . >>

Le passage d'Ibn Iyâs que j'ai cité est particulièrement intéressant, car il me

permettra, je crois , d'élucider un petit problème soulevé par M. Max VAN BER

1. Ibn Iyâs (Bibl. nat . , ms. 795 A et B), passim.


.2 Bible nat . , ms. 595 A , 93 20( : ‫ والى شجرة الدر تنسب مرتبة خانون التي في قاعة الاعمدة‬.
3. S. M. , I , 1ºº partie , p . 47 .
.4 Ibn Iyas , ms . 595 A , fe 93 recto : ‫ وكذلك تنسب اليها نوبة خاتون التي تدور في القلعة بعد العشا بالطبل والخليلية‬.
5. S. M. , I, 1re partie , p . 139 , note . Le mot de naubat appliqué à la musique militaire, à la « retraite » du soir,

existe encore aujourd'hui en Algérie.


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бин
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604 P. CASANOVA .

CHEM ' . Makrîzî dit que sous Mouḥammad Ibn Kalâoûn , on fit piacer sur la porte

de Zoueïlat une khalîlîat qu'on frappait tous les soirs après la prière de l'après

midi . M. VAN BERCHEM, d'après le contexte, traduit ce mot par cloche . Avant lui ,

· ROUZEE dans la Description de l'Égypte avait traduit par <


« une espèce de grande caisse
2
de tambour >> * . Personnellement j'avais en vain demandé, au Caire, la significa

tion de ce mot, et en désespoir de cause, je crus à une faute de copiste : je lisais

alb « des joueurs de tambour » ; mais après examen des divers manuscrits, je

dus abandonner cette conjecture . J'ai relevé , en outre , divers passages où ce mot

se retrouve. En effet , Makrîzî dit dans le passage que j'ai cité page 579 , qu'on

frappait une khaliliat, près de la porte de la Citadelle après le coucher du soleil.

Djauharî dit que, en 802 , on accrocha les têtes de deux émirs révoltés à la porte

de la citadelle près de la khaliliat' . Enfin Ibn Iyâs nous apprend , de façon cer

taine , que cette khalîliat était un instrument de même espèce que les tambours

qu'on jouait chaque soir à la Citadelle , lors de la naubat . Le passage de Djau

harî semble indiquer que la khalîlîat était le nom d'un bâtiment où était la

khalîlîat . Par analogie, rappelons que le mot ṭablkhânat signifie à la fois la

batterie des timbales et la maison où étaient les timbaliers . J'en parlerai plus tard .

Il paraît donc évident que ce nom désigne une espèce particulière de tam

bour. D'où vient- il ? M. CLERMONT-GANNEAU, qui a bien voulu m'écrire à ce sujet,

fait un rapprochement ingénieux. Moudjîr ad- Dîn, dans son Histoire de Jéru

salem et d'Hebron , dit qu'Abraham , surnommé al-khalil, créa les banquets blow,
que l'on annonce, le soir, au son du tambour . Le savant orientaliste se de

mande s'il ne faut pas chercher là l'étymologie du mot embarrassant, mais re

connaît lui- même que , dans ce cas, le mot devrait être connu des auteurs qui

ont parlé des instruments de musique . M. VAN BERCHEM m'écrit que M. GOLD

ZIHER a eu la même pensée que M. CLERMONT- GANNEAU . Mais , d'après le pas

sage d'Ibn Iyâs, je me demande si l'on ne doit pas rapprocher de cette expres

sion le titre officiel donné à Chadjarat ad- Dourr de mère de Khalil ödly".

Peut-être est- ce en l'honneur de son fils que cette naubat fut instituée .

1. Archéologie arabe, tirage à part, p . 45 et 46 ; — et deuxième article (tirage à part) , p . 31 .


2. Description de l'Égypte, 2º édition , XVIII , 2º partie, p. 528 .

.3 Djauhari , I , f0 395 : ‫رسم بان يعلقا ( الراسان) على باب القلعة عند الخليلية‬.
4. Cf. STANLEY LANE POOLE, Catalogue of Oriental coins , IV, Introduction , p . xvii et p. 136 du texte.

T
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 605

La question d'étymologie reste donc obscure encore . Mais je crois qu'il ne

peut plus y avoir de difficulté sur le sens . La khaliliat est une sorte de tambour.

Le terme paraît être égyptien et devoir son origine aux coutumes militaires
des sultans Mamloûks .
ΠΟΙ
C'est cette même Chadjarat ad-Dourr, qui, furieuse d'être délaissée par son
Puis
mari qui lui devait tout, le fit assassiner au bain dans la Citadelle. Elle fut, à son

910 tour , livrée à un terrible supplice , et son corps jeté à demi nu dans le fossé de

2018 la Citadelle y resta exposé quelques jours à la voracité des chiens ' .
SIT Nous passons sur le règne insignifiant du deuxième sultan Mamloûk Al

Malik al-Manşoûr et celui du troisième Al-Malik al-Mouḍhaffar , fort court et

tout occupé de la lutte contre les Tartares en Syrie. Nous arrivons au règne du

quatrième sultan Al-Malik aḍh -Dhâhir ( Rokn ad - Dîn Beïbars) , le plus célèbre

de tous , celui dont la mémoire est restée impérissable chez le peuple d'Égypte

et alimente encore la verve des conteurs populaires * . C'était un grand construc

teur, et c'est à lui que sont dus les premiers remaniements de la Citadelle.

Aboû 'l-Maḥâsin nous donne le résumé de ce qu'il y fit, en ces termes :

<< Il construisit dans la Citadelle de la Montagne la Maison d'or avec ses deux

tours , le tout couronné par une coupole supportée par douze piliers de marbre

de couleur . Il y fit peindre les portraits de toute sa suite et de ses émirs . Il fit

construire aussi dans la Citadelle deux tabakats qui donnaient sur la place de la

Mosquée . Il éleva la tour de la zâouiat qui est voisine de la porte de la Citadelle

et y perça des lucarnes et construisit au - dessus une coupole dont il fit enlumi

ner les plafonds . Auprès il fit encore construire des tabakats pour les mamloûks .

Il éleva en face de ses deux tours , à la porte de la Citadelle , une grande maison

pour son fils Al-Malik as- Sa'îd . Il y avait en cet emplacement un creux ; il y

fit faire seize fondations ' . >>

I. S. M., I, 1r partie , p . 70-72 . Lire sur cette princesse une intéressante monographie de M. DE MÉRIONEC

(Bulletin de l'Institut égyptien, année 1888, p. 91 sqq .) .


2. Cf. LANE, The modern Egyptians , 5º éd . , 1860, p . 400 sq .
3. Casernes pour les mamloûks . Voir S. M. , II , 2e partie, p . 14 , note.
40 ‫عمر بقلعة الجبل دار الذهب وبرجيه الخارج فيه قبة محمولة على اثني عشر عمود من الرخام الملون وصور فيها سائر‬

‫حاشيتة وامرائه على هيتهم وعمر بالقلعة ايضا طبقتين مظانين على رحبة الجامع وانشا برج الزاوية المجاورة لباب القلعة واخرج‬
77
P
5

THEY
606 P. CASANOVA .

Étudions d'abord ces diverses constructions . La Maison d'or nous

paraît devoir être identifiée avec la salle Ṛhâhirîat et la Maison neuve

‫ الدار الجديدة‬.

De la première, voici ce que nous dit Chafeî ibn ' Alî qui résume l'histoire
écrite par Ibn ' Abd adh -Dhâhir ( lequel fut secrétaire de Beïbars ) : « En cette

année (664) on acheva de construire la salle Dhâhirîat, voisine de la porte


secrète de la Citadelle de la Montagne ――― la bien gardée . - Le préposé à la

construction était ' Izz ad - Dîn Aïbek al- Fakhrî . C'était une salle immense ; on

y déploya toutes les ressources de la construction et de l'enluminure, et on

en atteignit les limites extrêmes . Quand elle fut achevée , le sultan y siégea et

y fit dresser une table . Il en nomma mouchidd (préposé) ' 'Izz ad-Dîn al - Fakhrî.

Le șâḥib Mouḥî ad-Dîn (ibn ' Abd aḍh - Dhâhir) , auteur de cette histoire, com

posa des vers à ce sujet .

De la seconde, Makrîzî dit : « La Maison neuve . Cette maison [ est ] près de la

porte secrète de la Citadelle de la Montagne , donnant sur le Marché aux che

vaux . Elle fut construite par le sultan Al- Malik adh-Dhâhir Beïbars al- Bon

doukdârî en l'année 664 et dans le mois de djoumâda Ier de cette année , lors

de son achèvement, il offrit un banquet aux émirs ' . >>


J'en conclus que la salle Dhâhiriat et la Maison neuve sont un seul et même

monument . D'autre part, les détails du luxe déployé dans la salle Dhâhirîat

et dans la Maison d'or ne laissent pas de doutes sur l'identité des deux der

nières ; ce sont donc trois noms différents d'un même palais .

‫منه رواشن وبنى عليه قبة وزخرف سقفها وانشا جوار طباقا لمماليكه ايضا وانشا تجاه برجيه باب القلعة دار كبيرة لولده‬

)Bibl . nat . , ms . 670 , fo 18i recto ‫الملك السعيد وكان في موصفها حفير فعقد عليه ست عشرا عقدا‬
1. Sur ce mot, voir S. M. , I , 1re partie , p . 110, note .

.2 ‫وفيه نجزت عمارة القاعة الظاهرية المجاورة لباب سر قلعة الجبل المحروسة المتولى عمارتها الامير عز الدين ايبك الفخرى‬

‫وهي قاعة عظيمة قد تفتن في عمارتها وزخرفتها وتنوهى فيها الى الغاية والنهاية ولما نجزت جلس بها السلطان ومد سماطا‬

)Bible nat. , ms . 803 , fo 81 verso( . ‫ وانشاده الصاحب محى الدين جامع سيرته‬... ‫وخلع على عز الدين الفخرى مشدها‬
Je fais grâce au lecteur des vers assez amphigouriques de cet auteur, d'autant que j'avoue n'avoir pas réussi à
en rétablir le texte, très altéré dans le manuscrit, si je ne me trompe .

.3 ‫الدار الجديدة هذه الدار عند باب سر قلعة الجبل المظل على سوق الخيل عمرها الملك الظاهر بيبرس البندقداري في‬

).Khitat
, 1, 20 partie , p 26( . ‫سنة اربع وستين وستمائة وعمل بها في جمادى الاولى منها دعوة للامراء عند فراغها‬
Cf. S. M. , II , p. 212 , l. 29.
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 607

Reprenons le texte d'Aboû 'l- Maḥâsin . L'expression est quelque peu

:
obscure . Le pronom suffixe ne peut se rapporter à l qui est du féminin ,

d'autre part le même mot est répété plus loin . « Ses deux tours » signi
fient apparemment « les deux tours de Beïbars » . La seconde fois , l'auteur

semble dire que ses deux tours étaient en face de la porte de la Citadelle . L'ex

pression signifie toujours la porte principale, c'est-à-dire la porte de

Sârîat. Aboû ' l- Maḥâsin signale sur ce point une profonde dépression de ter

rain . Où pouvait être cette dépression ? Remarquons tout d'abord que

la porte de Sârîat est très élevée au - dessus du sol , puisque l'on n'y aboutit que

par un long escalier ( cf. le Plan de 1798) . Supposons que cette dépression que

domine la porte fût divisée en deux par le mur de la Citadelle, une moitié de

cette dépression se trouverait comprise dans l'enceinte même de la Citadelle, et

une maison construite là serait bien à côté de la porte . Ses deux tours sont

en face, dit notre auteur. Mais, suivant les autres , l'ensemble des bâtiments

dont font partie ses deux tours est proche de la porte secrète . Je placerai donc

ses deux tours dans le voisinage de l'Iwân d'Al - Malik al - Kâmil , entre cet Iwân

et la porte secrète . Sur le plan que j'établis, on voit que cette disposition ré
pond à peu près à ce terme, assez élastique, de . « en face . » La maison de

Beïbars et celle de son fils se font bien vis-à- vis . On pourrait encore admettre
que la seconde n'était pas dans l'enceinte même de la Citadelle, ce qui se con

cilierait encore mieux avec le double détail d'une dépression profonde , et d'une

situation vis-à-vis de la Maison d'Or . Mais il semble plutôt ressortir du con

texte que tout était compris dans l'enceinte de la Citadelle .

Chafeî ibn 'Ali parle d'une tour Al - ' Âfiat . D'autre part, on trouve

quelquefois mentionnée la Tour des lions . Les lions étant les armoiries

de Beïbars , il est probable que cette dernière était l'une des trois tours cons

truites par ce sultan . Nous ne savons laquelle .

Je verrais volontiers dans la tour que Beïbars construisit à la zâouiat « qui

est voisine de la porte de la Citadelle » la koullat qui fut construite par ce sul

tan, d'après Makrîzî ' , et qui donna son nom à la porte qui mettait les deux

1.
Uwyou ‫ » باب القلة عرف بذلك من اجل انه كان هناك فلة بناها الملك الظاهر‬La porte de la Koullat ainsi appelée
parce qu'il y avait là une koullat construite par Al- Malik adh-Dhâhir Beibars » (Khițaț, II , 212 , 1. 36).
608 P. CASANOVA .

enceintes en communication (v. plus haut, p . 594) . Dans ce cas, la zâouiat en

question occuperait à peu près l'angle de l'enceinte, entre la porte de Sârîat et


la porte de la Koullat ' .

La place de la Mosquée, si l'on admet que la Mosquée était au même en


droit que celle de Mouḥammad ibn Kalâoûn (voir plus loin , ch . ix) répond au

vide laissé entre la porte de Koullat et la Mosquée en question . Je renvoie au

plan , où je marque les tabakats dues à Beïbars .

Makrîzî dans les Khițat attribue formellement à Beïbars la construction

d'une annexe importante : la Maison de justice J : mais Aboû 'l -Maḥâsin ,

ni l'auteur de la Vie de Beïbars n'en disent mot. D'autre part, Makrîzî lui

même, dans le Kitâb as- Souloûk, dit qu'il la reconstruisit . « En cette année

(661 ) on reconstruisit la Maison de justice Jall située au pied de la Citadelle

de la Montagne . Le sultan y tenait une séance, les lundis et jeudis de chaque


semaine 2. >>

L'existence de cette maison de justice, distincte de l'Iwân , semble confirmée

par l'expression de la Maison basse de justice Jul Jul que nous trouvons

une fois mentionnée par Chafeî ibn 'Alî , qui ajoute : « C'est le tombeau des

Banî al-Mahtâr, émirs égyptiens ' . » Quelques pages plus loin l'auteur nous

parle du <
« grand Iwân voisin de la Mosquée de la Citadelle ‘ . » De ces détails

résulte , ce me semble , l'existence simultanée de l'Iwân et de la Maison de jus

tice : l'Iwân étant déjà une maison de justice , l'autre était désignée par l'épithète

de basse. Les deux avaient- elles existé du temps d'Al- Kâmil ? Nous l'avons prouvé
pour l'Iwân . Pour l'autre , nous n'avons pas d'autres renseignements que la

reconstruction et vraisemblablement l'agrandissement entrepris par Beïbars .

Voici ce que nous en dit Makrîzî : « L'ancienne Maison de justice. L'emplace

ment actuel de cette maison est sous la Citadelle : c'est appelé la Timbalerie.

Celui qui construisit la maison de justice est Al-Malik adh-Dhâhir Rokn ad -Dîn

1. a signifie tour isolée . C'est encore le terme dont on désigne à Constantinople les tours d'observation de
Galata et Péra. Dans le Plan de 1798, on remarque une grande tour isolée appelée Bourg Khaznek Qoulleh
‫( برج خزنه قله‬Citadelle, nº 62) . Est-ce un souvenir de la koullat de Beibars ?
2. S. M. , I , 1гe partie, p . 223 , nº

. )Bibl . nat . , ms . 803 , fo 40 recto ( . ‫دار العدل السفلى وهي تربة بنى المهتار من امرا المصرين‬

4. (Bibl . nat. , ms. 803 , fº 60 recto) . dll gold jglḍi Jll ülg 1
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 609

Beïbars al-Boundouķdârî en l'an 661 et il prit l'habitude d'y sièger tous les

lundis et jeudis pour y recevoir l'armée . Les audiences commencèrent au début

de l'année 662..... [ Suit une série d'anecdotes relatives à diverses décisions remar
quables prises en ces audiences ; comme elles n'intéressent pas directement mon

sujet, je les supprimerai . Disons seulement qu'il s'y agitait toutes sortes de

questions : revendications contre les domaines de l'État , charité publique lors de

disette, réforme de monnaies , etc. C'est la confusion absolue des pouvoirs admi

nistratif et judiciaire, le système de gouvernement patriarcal , toujours en vigueur

dans l'Orient] ... « Cette maison de justice continua (à fonctionner) jusqu'à ce

qu'Al- Malik al-Manşoûr Kalâoûn reconstruisit l'Iwân . Cette maison de justice

fut alors délaissée jusqu'à l'année 722 , époque où le sultan Al-Malik an - Nâşir

Mouḥammad ibn Kalâoûn la détruisit et sur son emplacement édifia la Timba

lerie ' . » Quand j'aurai à parler de la Timbalerie , j'en discuterai l'emplacement

tout au long.

Sous le règne de Beïbars , la Citadelle fut le théâtre d'un événement historique

considérable. En renvoyant pour les détails à l'ouvrage de Maķrîzî traduit par

QUATREMÈRE , je le résumerai ici en quelques lignes .

L'émir Aboû ' l-Kâsim Ahmad , fils du khalife abbasside Adh-Dhâhir ( 622-623 ) ,

s'était enfui de Bagdad, après la prise de cette ville par les Tatares (658) et le

massacre de sa famille . Caché pendant quelques années chez les Arabes de

l''Irâk , il prit en 659 la résolution de se réfugier en Égypte . Beïbars le reçut en


grande pompe . Le 13 radjab de cette année, il fut solennellement reconnu

comme khalife, sous le nom d'Al-Moustanşir billah , et le vendredi , 17 du même

mois, il prononça la khoṭbat dans la Mosquée de la Citadelle . Puis , à son tour, il

conféra solennellement à Beïbars le sultanat .

Beïbars lui donna une armée pour reconquérir Bagdad . Mais l'expédition fut

.. ‫دار العدل القديمة هذه الدار موصفها الآن تحت القلعة يعرف بالطبلخاناة والذي بنى دار العدل الملك الظاهر ركن الدين‬

‫بيبرس البندقداري في سنة احدى وستين وستمائة وصار يجلس بها لعرض العساكر في كل اثنين وخميس وابتدا بالحضور‬
. ‫في اول سنة اثنين وستين وستمائة‬

‫وما برحت دار العدل هذه باقية الى ان استجد السلطان الملك المنصور فلاون الابون فهجرت دار العدل هذه الى ان كانت‬

‫ ) سنة اثنين وعشرين وسبعمائة فهدمها السلطان الملك الناصر محمد بن فلاون وعمل موضعه الطبلخاناة‬Makrizi , II , 205 , .1 19 ,
et 206, 1. 25).

2. S. M., Ier vol . , 1re partie, 146 sq . Cf. WEI . , Geschichte der Chalifen in Ægypten .
610 P. CASANOVA .

désastreuse , et coûta la vie au nouveau khalife . Un de ses parents lui succéda

avec le titre d'Al- Hâkim biamr Illah . Il arriva au Caire , le 27 rabî ' Ier 660. « Le

sultan sortit en pompe à sa rencontre, lui assigna pour demeure la grande tour

située dans l'intérieur du Château de la Montagne , et lui fit fournir tout ce qui

pouvait lui être nécessaire ' . >>>

Depuis ce temps , les khalifes ne cessèrent de séjourner en Égypte . Sauf

quelques rares intervalles, ils se contentèrent du pouvoir spirituel et des hon

neurs qui leur étaient accordés , et vécurent en bonne intelligence avec les sultans.

D'abord logės à la Citadelle , ils furent, plus tard, installés dans le château de

Kabch. C'est là que le dernier khalife conféra au sultan ottoman Salîm et à sa

famille tous ses droits spirituels , en 921 .

La grande tour, où fut logé Al-Hâkim , me paraît être la tour voisine de la

porte de Karâfat , mentionnée par Makrîzî , comme affectée aux rebelles en

l'année 724. C'est, en effet , une tour énorme .

Je ne quitterai pas le règne de Beïbars sans dire quelques mots d'une ques

tion qui s'y rattache indirectement. Je veux parler du changement de nom de

la porte de Sârîat ou d'Al-Moudarradj qui s'appela, nous dit Makrizî, porte

d'Ad-Darfîl , du nom d'un officier de Beïbars . S'il fallait s'en rapporter au texte

des Khițat, la question serait fort simple, mais quelques lignes du même auteur

dans son ouvrage historique (Kitâb as-Souloûk) viennent la compliquer de con


tradictions flagrantes .

Voici d'abord le texte des Khițat : « Cette porte est appelée aussi porte d'Al

Moudarradj , et on l'appelait autrefois porte de Sârîat . Ad-Darfil est l'émir

Housâm ad-Din Lâdjîn al-Aïdmerî, connu sous le nom d'Ad -Darfîl ( le dau

phin) . Il était dawâdâr d'Al - Malik adh-Dhâhir Beïbars . Il mourut en 672 ' . »

Makrîzî ajoute que cette porte est entre le mur de la Citadelle et la montagne :

‫ القلعة والحيل‬I. J'ai essayé, plus haut, ( p. 579 sqq .) d'expliquer ce

texte . Il convient d'y revenir, et de l'interpréter avec plus de précision .

I. S. M. , Ior vol. , Ire partie, p . 172 .

.2 Ms. , fe 39o recto ( ‫البرح المرسوم للمصادرين بباب القرافة من القلعة‬

.3 ‫ والدرفيل هو الامير حسام الدين لاجين‬..... ‫ يعرف ايضا بباب المدرج وكان يعرف قديما بباب سارية‬... ‫باب الدرفيل‬

)Khitat , II , 205 , .1 .15( ‫الايدمرى المعروف بالدرفيل دوادار الملك الظاهر بيبرس مات في سنة اثنين وسبعين وستمائة‬
Sur Ad-Darfil, voyez S. M. , Ier vol . , 2e partie , p. 119.
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 611

En adoptant le texte des Khitat, on arrive à cette conclusion


. que la porte

d'Ad-Darfîl était en dehors de la Citadelle . Cette conclusion se dégage encore

mieux d'une ligne du Kitab as-Souloûk où Makrîzî nous apprend << qu'on cons

truisit une muraille entre la porte d'Ad-Darfîl et le mur de la Citadelle » et il

ajoute << on éleva également une muraille du voisinage de la porte d'Al- Darfîl à

la montagne . » J'ai relevé l'absurdité d'une telle disposition dans le cas où la porte

d'Ad- Darfîl serait la porte principale de la Citadelle , et ce que nous savons de la

porte de Sârîat nous amène à dire : Malgré l'affirmation des Khițat, la porte

d'Al-Darfîl est absolument distincte de la porte de Sârîat.

Et, en effet, le même folio du Kitab as-Souloûk nous dit : « On boucha la porte

d'Ad- Darfîl, près de la Citadelle , et la porte attenante à la Citadelle , connue autre

fois sous le nom de porte de Sârîat, et aujourd'hui sous celui de porte d'Al

Moudarradj³ . » Il est difficile d'être plus net.

Mais comment Makrîzî a-t- il pu être amené à une si flagrante contradiction ?

Je vais en donner l'explication qui me paraît la plus vraisemblable.

Sur le Plan de 1798, on remarque un très long escalier qui monte jusqu'au

point où est la porte principale de la Citadelle , celle où Ṣalâḥ ad - Dîn fit graver

son nom . (La partie la plus basse de l'escalier a disparu aujourd'hui , Mehemet

Aly ayant complètement transformé cette région . ) Or, supposons à l'entrée de cet

escalier une porte, cette porte sera hors de la Citadelle, et toutefois voisine de

la Citadelle . Aujourd'hui encore cette disposition se reproduit . La porte par

laquelle on entre est bien reliée aux deux enceintes ( celles de Salâḥ ad-Dîn et

d'Al-Kâmil) par une muraille, mais , en somme, elle ne fait pas corps avec la

Citadelle . Cette porte elle-même en remplace une autre qui est condamnée au

jourd'hui , et qui me paraît correspondre à peu près à celle d'Ad - Darfîl . Cette

porte ouvrant sur un escalier ( appelé , nous le savons, escalier d'Al-Moudarradj

l ) pouvait s'appeler aussi porte d'Al - Moudarradj . La porte de Sârîat,

ouvrant également sur le même escalier, pouvait également porter ce nom .


De là, la confusion .

.1 Ms. 672 , f° 181 recto ( ‫بنى حايط بين باب الدرفيل وسور القلعة وابتنا ايضا حايط من جوار باب الدرفيل الى الجبل‬

.2 Ibid. , ibid. ( . ‫وسد باب الدرفيل بجوار القلعة والباب المجاور للقلعة المعروف قديما بباب سارية يعرف اليوم بباب المدرج‬
Djauharî nous dit aussi qu'on condamna <« la porte attenante à la Citadelle, autrefois appelée porte de Sârîat
IL
L
612 P. CASANOVA .

Pour résumer mon opinion , on confondait sous le même nom d'Al- Mou

darradj les deux portes situées aux extrémités de l'escalier dit d'Al-Moudarradj ,

et qui doivent s'appeler respectivement, la plus haute : Bâb Sârîat , la

plus basse Bâb ad- Darfil . Ce dernier nom prit naissance sous Beïbars ;

Ad- Darfîl dut certainement être pour quelque chose dans la construction ou la

reconstruction de cette porte. Mais je n'ai aucun indice à ce sujet.

Sous le règne fort court des fils de Beïbars . nous n'avons à mentionner que

l'existence d'une tour dite du Rafraf ‫ برج الرفرف‬dominant sur l'Écurie ' . Nous

allons avoir bientôt l'occasion de revenir sur le mot Rafraf.

Le règne de Kalâoûn nous arrêtera davantage. Nous avons vu que Makrîzî lui

attribue la reconstruction de l'Iwân . Je n'étonnerais plus le lecteur en signalant


des contradictions et des obscurités chez cet auteur. Je vais tâcher, encore une

fois , d'éclaircir son texte . Voici ce qu'il dit, dans les Khițaț. Après qu'il nous a

parlé de la Maison de justice Jlls fondée par Beïbars, hors de la Citadelle ,

nous avons vu qu'il ajoute : « quand Kalâoûn rétablit l'Iwân , la Maison

de justice fut abandonnée, etc. » Il semble en résulter que l'Iwân fut abandonné
sous Beïbars pour la Maison de justice, et celle-ci , à son tour, pour l'Iwân re

construit par Kalâoûn . C'est ce qui semble encore confirmé par les lignes sui

vantes « L'Iwân connu sous le nom de Maison de justice . Cet Iwân fut

construit par Ķaiâoûn , puis renouvelé par son fils Al- Achraf Khalil * . » Or, il ré

sulte de la lecture du Kitab as-Souloûk du même auteur, que sous Beïbars , comme

sous ses successeurs , ni l'Iwân , ni la Maison de justice ne furent abandonnés.

En 667 , cinq ans après la construction de la Maison de justice, nous voyons

siéger Al-Malik as- Sa'îd Barakat, fils de Beïbars , dans l'Iwân : il y reçoit les

placets ; on lui remet les lettres patentes qui le proclament héritier du sultanat ³ .

Ce même Barakat , fils de Beïbars , devenu sultan , reçoit les émirs dans l'Iwân ' et

et connue aujourd'hui sous le nom de porte d'Al-Moudarradi « ‫الباب المجاور للقلعة المعروف قديماً بباب سارية ويعرف‬

)I, f 113 ( ‫الان بباب المدرج‬


1. S. M. , Ier vol. , 2º partie , p . 170 .

.2 Khitat , II , 2012 , .1 30 ( ‫الايوان المعروف بدار العدل هذا الايوان انشاء السلطان قلاون ثم جدده ابنه الملك الاشرف خليل‬
3. Ibid. , ibid. , p. 61 .
4. Ibid., ibid., p. 156.
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DỤ CAIRE . 613

c'est là que la foule des mamloûks présente ses réclamations . Dès les commen

cements de son règne ( 678 ), Kalâoûn y célèbre une cérémonie funèbre en

l'honneur du sultan précité . Même cérémonie, en l'honneur de son propre fils ,


·
quelques années plus tard ' . D'autre part, Kalâoûn , dès les premiers jours de

son règne, s'impose la loi de venir siéger dans la Maison de justice les lundis et

jeudis : il s'agit évidemment de la Maison de justice de Beïbars . Quelque

« la maison de justice située au pied


temps après ( 682) , un impôt est payé dans <

de la Citadelle . » Ajoutons que, dans le Kitâb as-Souloûk, il n'est rien dit d'une
construction del'Iwân .

Je crois pouvoir en conclure que les expressions employées dans les Khițaț

sont exagérées ; que Kalâoûn , comme son fils Khalîl après lui, ne fit que de lé

gères réparations au monument même , mais que Ķalâoûn dut y installer les au

diences de justice , tenues depuis Beïbars, hors de la Citadelle .

En 685 , Kalâoûn édifia une koubbat ( coupole) . Ibn ' Abd aḍh-Dhâhir nous

donne des renseignements circonstanciés sur cette koubbat : « Pendant le temps

de cette absence [année 685 de radjab à chawwâl] il avait prescrit de construire

une koubbat sur la place Rouge dans la Citadelle , sous la direction de l'émir

Alam ad-Din al-Manşoûrî . Ce devint une des merveilles de l'architecture,

comme aucun roi dans aucun royaume n'en fit élever de semblable . Que

celui qui contredirait cette assertion me cite tel souverain , tel endroit , et
nous nous inclinerons .

« Cette coupole se distingue par ses piliers grands et petits , peints et dorés ,

au nombre de quatre-vingt- quatorze, en dehors des péristyles . Il s'y ajoute, en

fait d'or, deux mille trois cents coussins d'or égyptien . Les marbres , on n'en

saurait calculer la valeur et le nombre . Sur les deux murs des péristyles sont

représentées les forteresses de notre maître le sultan , citadelle par citadelle, châ

teau par château, avec leurs mers , leurs fleuves , leurs plaines et leurs montagnes.

Sur une plaque de marbre il est écrit que le commencement en fut à la pre

I. S. M. , Ier vol . , 2º partie , p . 162 .


2. S. M. , IIe vol . , 1re partie , p . 9 .
C
3. Ibid. , ibid., p. 99.
4. S. M. , Ier vol . , 1º partie , p . 5 .
5. Ibid. , ibid. , p . 59 .
78
614 P. CASANOVA .

mière lune de cha'abân de cette année, et la fin en chawwâl de la même année.

<< Poésie du mamloûk (l'auteur) à ce sujet :

Tu as élevé pour l'empire tout un palais qui surpasse en hauteur les Barabras 2.
Oui, le château de Belkeïs est en ruine , le château d'Amân en débris ;
Le palais de Ghoumdân en cendres ; la tribu de Bawân en confusion !
Combien plus belle cette coupole qui s'élève jusqu'à atteindre les nuages !

« Notre maître le sultan , a son arrivée, siegea en cette koubbat : il en recon

nut la beauté et en admira la perfection , et il en agréa la convenance . Étaient

présents le prince de Ḥamah ' et son oncle, tous les émirs , etc. ‘ . »

Makrizi nous fournit, de plus, un détail important. Cette koubbat fut, d'après

lui, construite sur les ruines de la koubbat de Beïbars , dont nous avons parlé :

<< elle fut détruite ( la koubbat) par Kalâoûn le dimanche 10 radjab 685 et il édifia à

la place une koubbat dont la construction fut achevée en chawwâl de cette an

née .» L'identification étant indéniable, nous pouvons en conclure que la place


.>>

1. Sur cette expression , voir ce que j'en ai dit précédemment , même volume, p . 561 .
2. Sur ce nom donné par les Arabes aux temples de l'ancienne Égypte voir Abd al-Latif (S. DE Sacy) , p . 182
et 230.
3. Il s'agit d'Al-Malik al-Mouḍhaffar III , sultan Ayyoûbite, qui venait de succéder en 683 à sɔn père, et d'Al
Malik al-Afḍal ' Ali, son oncle . Ce dernier est le père du célèbre historien Aboû ' l - Fidâ.

40 ‫كان في غيبته هذه المدة رسم ببناء قبة في الرحبة الحمرا بالقلعة المحروسة بمباشرة الامير علم الدين المنصوري فجاءت من‬

‫عجائب الابنية التي ما عمر مثلها ملك في مملكة من الممالك ومن عارض في هذا القول فليقل فلان في المكان الفلاني فتسلم له‬

‫ذلك والذي بهذه القبة خاصه من العمد الكبار والصغار الملونة والمذهبة اربعة وتسعون عموداً خارجا من الرواقات‬

‫والذي الصف بها من الذهب الفان وثلث مائة دست ذهبا مصريا واما من الرخام فا لا تحصى فيته ولا تحصى وفى‬

‫جدران رواقاتها صفة قلاع مولانا السلطان قلعة قلعة وحصنا حصنا ببحارها وانهارها وسهولها واجبالها وكتب على لوح‬
]‫بسيط‬ ‫رخام منها ان الشروع فيها كان في مستهل شعبان من هذه السنة ومما نظمه المملوك فيها‬

‫بربی اعتلاء على البرابي‬ ‫شـيـدت للملك كل قصر‬

‫وصرح هامان في انقضاب‬ ‫فصرح بلقيس في انقضاض‬

‫وشعب بوان في انقلاب‬ ‫وقصر غمدان في انقلاء‬


‫حتی نـاهت الى السحاب‬ ‫يا حسنها قبة تعالت‬

‫ولما وصل مولانا السلطان جلس بهذه القبة فاستحل جمالها واستحسن كمانها واستقبل اقبالها وحضر صاحب جاه وعمه والامرا‬

)Bibl , nat . , Supplement 810 , f0 2840( ‫جميعهم بها الخ‬

.5 ‫وهدمها ( القلة ) الملك المنصور فلاون في يوم الاحد عاشر شهر رجب سنة خمس وثمانين وستمائة وبنى مكانها قبة‬
, II, p 212 , .1 37 ( . ‫فرغت عمارتها في شوال منها‬
).Khitat
Th
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 615

‫الحمر‬ ›.‫الر‬
Rouge ‫\\ا‬ \ n'était autre que la place située entre les deux portes de Sârîat
et de Karâfat (voir p. 579 et 583 ) .

C'est encore à Kalâoûn qu'est attribuée la construction de la maison du naïb

4 sur laquelle nous aurons à revenir : « La maison du naïb . Il y avait

å la Citadelle une maison du naïb construite par Kalâoûn en 687. Elle fut ha

bitée par l'émir Housâm ad- Dîn Touranțâî et, après lui, par les naïbs du sultanat.

Les naïbs y siégeaient dans la tribune grillée, le chibák ' . »

Kalâoûn prit aussi diverses mesures relatives au logement de ses mamloûks

dans la Citadelle ' .

Pour en finir avec le règne de Kalâoûn je rappellerai qu'il construisit un

bourdj près de la porte secrète ( voir p . 591 ) et qu'en 684, éclata un incendie

qui détruisit la salle Ṣâliḥiat ( voir p. 602) .

Sous le règne de son fils Khalil ( 689-694) un autre incendie fit de plus

grands ravages . Je crois devoir transcrire ici quelques lignes d'Ibn ' Abd aḍh

Dhâhir, l'écrivain officiel de Beïbars, de Kalâoûn et de Khalil :

<< Dans la nuit de vendredi 17 şafar ( 691 ) le feu éclata dans l'auguste demeure

du sultan près des magasins bien remplis et des trésors, de la bibliothèque, etc.

Son action se renforça , sa flamme prit le vol , et sa chaleur s'éleva : il grandit

presque à perte de vue, et dans ses lueurs la nuit était jour. Aussitôt paraît

notre maître le sultan en toute hâte ; les portes sont ouvertes. Les mamloûks

du sultan, c'est-à-dire tous les émirs et autres arrivent, et se lancent à l'assaut

de ces flammes . L'eau est amenée des réservoirs des bassins et les portes [des

bassins ?] sont ouvertes . Alors la divine félicité de notre maître et ses bénédic

tions ' dirent : Feu , sois fraîcheur et salut , et à l'instant, il en fut ainsi . Dieu dissipa

la grande terreur qui régnait en ces lieux .... >>

.1 ‫دار النيابة كان بقلعة الجبل دار النيابة بناها الملك المنصور قلاون في سنة سبع وثمانين وستم ده سكنها الامير حسام‬

‫) الدين طرنطاى ومن بعده من نواب السلطنة وكانت النوب تجلس بشباكها‬Khitat , II, p . 214, 1. 33. Sur le naib voir
S. M., I , ire partie, p . 93 , note.
2. Y compris une prison horrible, appelée le fossé dont j'aurai l'occasion de dire quelques mots plus tard .
3. Le mot << bénédiction » est accompagné de l'épithète khaliliat absolument intraduisible. Il y a un jeu de mots
sur le terme arabe de Khalil, qui est le nom du sultan et celui du prophète Abraham. Les paroles qui suivent
sont précisément empruntées à un épisode de la légende de ce prophète, resté indemne au milieu des flammes
où on l'avait jeté (Coran , sour. XXI , 69) .

4 ‫ السلطانية قريب الخزائن المعمورة والدخائر وخزانة الكتب‬: ‫في ليلة الجمعة سابع عشر صفر وقعت نار بالادر الشريف‬
616 P. CASANOVA .

Makrîzî lui attribue la construction d'un palais , qui porta le nom d'Al-Achrá

fiat (de son nom d'Al - Malik al- Achraf) en l'année 692 (Khițat , II , p . 211 , l . 29) .

Ce fut l'occasion de grandes fêtes . On célébra la circoncision de Mouhammad ,

frère du sultan , son futur successeur .

Makrîzî lui attribue aussi la construction du pavillon Ar- Rafraf . « Ce

pavillon dominait le paysage jusqu'au delà de Djîzat ( Ghizeh) . Il y fit peindre

ses émirs et ses courtisans . Il y adjoignit une coupole à colonnes , tout enlu

minée, et construisit dans le voisinage une tour près de l'écurie . Là était une

salle d'audience où se tenait le sultan ; et cela fut ainsi jusqu'en 712 , époque

où Mouḥammad ibn Kalâoûn le détruisit , et construisit dans le voisinage une

tour près de l'écurie ' . »

Mais notre auteur mentionne déjà le Rafraf à une époque antérieure . En

678, le sultan Barakat se montre sur la tour du Rafraf . près de l'écu


rie . Or, du passage cité précédemment il semble résulter l'identité de cette

tour avec celle que Makrîzî attribue à Mouḥammad ibn Kalâoûn .

Notons ce nouvel exemple de la perpétuelle confusion dans les mots « bâtir,

rebâtir, restaurer . » Ajoutons que , pour cette époque, Makrîzî est quelque peu

excusable . C'est une véritable fureur, depuis Beïbars , de construire et de recons

truire, et cette rage atteindra le paroxysme avec Mouḥammad ibn Kalâoûn . Il

est remarquable, d'ailleurs, que , sauf de rares exceptions , on ne construit guère

de nouveaux édifices , on détruit les anciens pour les refaire plus grands et plus

beaux . Nous appelons l'attention du lecteur sur ce point . Plus tard , c'est-à - dire

à l'époque turque , on ne répare plus, on ne détruit plus . On construit à côté ,

on laisse même l'œuvre inachevée . L'exemple le plus frappant dans la Cita

‫وغير ذلك فقوى فعلها واستطار لبها وارتفع وقدها وعلت حتى كادت تذهب بالابصار فتكون اليل في الانارة كالنهار فلوقت‬

‫عاجلا وفتحت الابواب وحضرت المماليك السلطانية من الامرا كلهم وغيرهم واقتحموا تلك‬. ‫حضر مولانا السلطان لذلك‬

‫نيران بنفوسهم ونقلت المياه من دخابر الصهاريج وفتحت الابواب فقالت سعادة مولانا الالاهية وبركاته الخليلية يا از كونى‬467
‫ال‬

)Ms. de Munich , n° 405 , f° 6o recto ( ‫بردا وسلاماً فلوقنها صارتكذلك ودفع الله من المخاوف العظيم ما هنالك‬

.. ‫الرفرف عمره الملك الاشرف خليل بن قلاون وجعله عاليا يشرف على الجيزه كلها ربيعها وصور فيه امرا الدولة وخواصها‬

‫وعقد عليه قبة على عمد وزخرفها وكان مجلسا يجلس فيه السلطان واستمر جلوس الملوك به حتى هدمه الملك الناصر‬

, II , 212 , at
).Khit 1. pen ( ‫محمد بن قلاون في سنة اثنى عشرة وسبعمائة‬
2 S. M.
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRĘ . 617

delle est le voisinage des mosquées de Mehemet-Ali et de Mouḥammad ibn

Kalâoûn, et, à quelques pas de la Citadelle , la magnifique mosquée Rifayat

commencée et délaissée , tandis que les millions inutilement dépensés pour un

commencement de construction eussent été si précieusement employés à la

restauration de la mosquée de Hasan qui lui fait face de l'autre côté du boule

vard . Et pourtant, aux yeux de l'archéologue, le second système est plus pré

cieux , et nous regrettons vivement, pour notre part , que Mehemet-Ali ne l'adop

tant qu'en partie ait détruit tant de l'œuvre de Mouḥammad ibn Kalâoûn ,

comme celui - ci avait détruit toute l'œuvre de ses prédécesseurs . Heureusement

pour nos études , l'expédition française nous en a laissé des dessins et des des

criptions , que nous allons désormais utiliser.

Pendant l'impression de cette première partie de mon mémoire , M. Max VAN BERCHEM a publié son
Corpus inscriptionum arabicarum . Ayant commencé par l'Égypte, il a eu occasion de traiter plusieurs
points que j'ai touchés , et d'autres encore que je dois examiner à mon tour . Je n'ai pu , jusqu'ici , uti
liser cet excellent ouvrage . Je l'utiliserai dans l'avenir.
Sur la khaliliat, M. GOLDZIHER vient de publier un curieux article dans la Zeitschrift des Palæstina
vereins.

Je renvoie le lecteur à la fin de ce mémoire pour un nouvel examen de cette question .

Juillet 1894.

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Chr.Oehrli Deser
PL. III.

Essai de reconstitution
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en 572.

Teres fortifications de Salâh adDîn (plan de569)


A L
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A 2èmes fortifications (plan de 572)
D B L (Lespartiesplus fines sontrestées inachevées)
Echelle :
500 1000 1500
Mètres.

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ILE DE RAUDAT

Rivage de Djizeh
PL. IV.

Imp. Berthaud , Paris.

LA PORTE D'AL MOUDARRADJ (Porte de Sàriat). — L'ESCALIER D'AL MOUDARRADJ


PL. V.

Imp. Berthaud, Paris.

INSCRIPTION DE SALAH AD -DÎN (Porte de Sâriat ou d'Al Moudarradj ) .


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PL. VIII.

Imp. Berthaud, Paris.

LA PORTE DE LA KOULLAT ET LA MOSQUEE D'IBN KALAOÛN


PL. X.

Imp. Berthaud , Paris.

L'AIGLE DE LA CITADELLE
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BÂB JABAL
PL. XIII.

Imp. Berthaud , Paris.

VUE INTÉRIEURE DE LA PORTE DE LA MONTAGNE ( Bȧb al Djabal).

EN 1892
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1
PL. XVI.

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ACE DE ROUMEÏLAT, EN 1798 .


HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 619

CHAPITRE IX

L'ŒUVRE DE MOUHAMMAD IBN KALÃOÛN

Dans l'histoire des sultans Mamloûks le long règne de Mouḥammad ibn

Kalâoûn est l'époque glorieuse par excellence. Deux fois détrôné (en 694 et en

708 ), il revint définitivement en 709, et règna paisiblement jusqu'en 746. Il

laissa des fils nombreux qui régnèrent presque tous . C'est à lui que revient la

gloire d'avoir terminé l'œuvre de Salâḥ ad-Dîn, de Beïbars et de Ķalâoûn,

c'est-à-dire de chasser définitivement les Francs de Syrie (prise d'Aradus en

702) . Il sut maintenir aussi ses vastes domaines contre les Tatares . On peut

dire qu'il était le souverain le plus puissant de l'islamisme et un des plus riches

de l'époque . Il se distingua par un goût très vif pour le luxe et donna surtout

une impulsion prodigieuse aux constructions . On trouvera dans Aboû ' l -Ma

hâsin la liste interminable des ponts , canaux , palais , mosquées , etc. , qu'il édifia

et que ses émirs édifièrent à son exemple ' . En dehors de l'enceinte du Caire

fâțimide , il se créa quatre ou cinq quartiers nouveaux sous son impulsion ,

et c'est seulement de ce temps que date la figure du Caire moderne, celui

des Mamloûks et des Turcs , celui qui , comme nous l'avons dit , était

connu dans le monde entier pour être composé de trois villes :

Mira el Cairo que incluye tres ciudades.

C'est pour l'art arabe une période des plus brillantes , et presque tous les spé

cimens de l'industrie orientale que possèdent nos musées (bassins, aiguières,

chandeliers, etc.) portent le nom de ce sultan . Si ce n'est pas à lui-même qu'ils

1. Plus de huit pages du ms. 662 de la Bibliothèque nationale . - L'auteur de la Vie d'Ibn Kalâoûn énu
mère jusqu'à vingt-six mosquées édifiées sous son règne (ms . 400 de Munich, fo 230 verso et sqq . ) .
2. Voir S. L. POOLE, The Saracenic art ( Art of the Saracens in Egypt) , p. 189-192 .
79

T
WYER
REAL
620 P. CASANOVA .

appartenaient , c'était du moins à ses émirs , et même il est possible qu'ils soient

restés , avec leurs inscriptions finement ciselées et savamment entrelacées, un

modèle constant pour les artistes d'Égypte et de Venise.

L'architecture mamloûke, qui fait l'admiration des artistes , date surtout de

cette époque . Kalâoûn avait édifié le Maristân (hôpital ) qui subsiste toujours

et reste une des beautés du Caire ; Mouḥammad , son fils , eut sa part, plus con
sidérable encore.

Les monuments qu'il éleva personnellement faisaient presque tous partie de

la Citadelle ou s'y rattachaient plus ou moins directement. Les autres, comme

les mosquées d'Al-Mâs, d'Al -Marâdânî , de Koûsoûn , etc. , etc. , sont surtout

l'œuvre de ses émirs . On peut dire qu'il remania si bien l'architecture de la

Citadelle que , sauf la disposition générale de l'enceinte , il ne resta absolument

rien de l'œuvre de ses prédécesseurs , et quand les Français arrivèrent , ils ne

trouvèrent guère à admirer que les ruines de ses édifices . Et ces édifices étaient
si beaux que l'imagination populaire les avait attribués à Joseph , non pas á

Yousouf Şalâḥ ad- Din , mais bien au patriarche Joseph, à l'auteur légendaire

de tous les édifices admirables de l'Égypte .

Je diviserai , pour la commodité de mon étude, les monuments de Mou

ḥammad ibn Kalâoûn en trois groupes :

1º Ceux qui subsistent encore ;

2º Ceux qui subsistaient lors de l'expédition française et ont été décrits à


1
cette époque ;

3º Ceux que nous ne connaissons que par les écrits des historiens musul
1
mans (Chihâb ad- Din , Kalkachandî, Makrîzî) .

Sa. La Mosquée.

La Mosquée de Mouḥammad ibn Kalâoûn est restée jusqu'à nos jours rela

tivement intacte . Il ne manque guère que la grande coupole, tombée en 928 .

Les minarets sont toujours debout, les colonnes aux multiples chapiteaux

‫ מאיר‬- ‫ א‬- ‫יד ל‬


LA-MAYER
MEMORIAL
G.431 ( 941
)

CAS, P
Jus.568202
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 621

toutes à leurs places . Les dorures même du plafond sont conservées en quel

ques endroits . Je renvoie pour la description technique aux Études de M. HERZ .

Sur le Plan de la Commission d'Égypte elle porte le n° 54 ( Citadelle) et , à tort ,

le nom de Kalâoûn ; sur le Plan de Grand-Bey le n° 153 (avec la même erreur


d'attribution ).

J'y ai relevé les inscriptions suivantes :

Sur la porte nord qui fait face à la porte de la Koullat (Plan de la Commission

d'Égypte, Bab el-Moudafa' 56 — Citadelle) : plaque de marbre rectangulaire ; le


bas est cassé :

‫بسم الله الرحمن الرحيم امر بانشا هذا الجامع المبارك‬ 1

..... ‫السلطان الملك ال‬ ‫السعيد سيدنا ومولانا‬ 2

I Au nom de Dieu , etc. , a ordonné la construction de cette mosquée bénie

2 et bienheureuse, notre seigneur et maitre le sultan Al-Malik...

A la porte ouest, aujourd'hui condamnée , plaque de marbre rectangulaire


restée intacte :

I
‫الجامع‬ ‫هذا‬ ‫بانشا‬ ‫امر‬ ‫الرحيم‬ ‫الرحمن‬ ‫الله‬ ༩— འང

‫سيدنا ومولانا السلطـان‬ ‫الله تعالى‬ ‫المبارك السعيد لوجه‬ 2

‫ناصر الدنيا والدين محمد بن مولانا السلطـان‬ ‫الملك الناصر‬ 3

‫الشهيد قلاون الصالحي في شهور سنة ثمانية عشرة وسبع مائة من الهجرة النبوية‬ 4

I Au nom de Dieu , etc. , a ordonné la construction de cette mosquée

2 bénie, la bienheureuse au regard de Dieu, notre seigneur et maître le sultan

3 Al-Malik an-Nâşir , Nâșir ad-Doûniâ oûad-Din Mouḥammad, fils de notre maître


le sultan

4 martyr Kalâoûn aş- Şâliḥî , dans les mois de l'année 718 de l'hégire du Prophète.

Enfin, dans l'intérieur sur la frise carrée où était posée autrefois la coupole,

en magnifiques lettres de bois doré , pour la plupart fort bien conservées , j'ai
lu :

Côté sud :

‫بسم الله الرحمن الرحيم يا ابها امنوا اركعوا واسجدوا واعبدوا ربكم وافعلوا الخير لعلكم تفلحون‬

Au nom de Dieu, etc. (Coran, XXII , 76) .


622 P. CASANOVA .

Côté est :

‫بسم الله الرحمن الرحيم اما يعمر مساجد الله من امن بالله واليوم الآخر واقام الصلوة واتى الزكوة‬

) Coran , IX, 18 ( . ‫ولم يخش الا الله‬

Côté nord :

‫فعسى اواليك يكونوا من المهتدين مما امر بانشا سيدنا ومولانا الملك الناصر بن مو‬

(Coran, 1x, 18 suite) - de ce qu'a ordonné de construire notre seigneur et maître Al

Malik an-Nâşir, fils de


Côté ouest :

... ‫لانا السلطان المرحوم المالك المنصور سيف الدنيا والدين قلاوون تغمد الله برحمته وذلك في سنة‬

notre maître défunt Al-Malik al - Manşôur Seif ad-doûniâ oûad-din Ķalâwoûn , que

Dieu lui pardonne, en l'an ... [ les lettres de la date manquent] .

Sur les minarets dont le sommet est plaqué de faïences vertes , on distingue
en lettres blanches :
1
)Coran, II , 256( . ‫بسم الله الخ هو الحي القيوم الخ‬

Voici maintenant l'article que lui a consacré Makrîzî :

<< Mosquée de la Citadelle .

« Cette Mosquée a été construite par le sultan Mouḥammad ibn Kalâoûn en

l'an 7182. Il y avait là autrefois une autre mosquée qu'il détruisit . Il détruisit

également les cuisines , les magasins d'étoffes et tapis , pour faire une mosquée ,

puis il la détruisit en 735 , et l'édifia telle qu'elle est . Quand elle fut terminée,

il y tint audience et convoqua tous les mouezzins du Caire et de Misr ( Fosțâț) ,

tous les lecteurs ( du Coran ) et les prêcheurs . Ils comparurent devant lui : il

écouta leurs appels ( à la prière), leurs lectures, leurs sermons . Il choisit vingt

mouezzins, qu'il attacha à cette Mosquée. Il fonda une école de droit cano

nique avec des lecteurs pour la lecture du Coran . Il constitua à cette Mosquée

des wakfs (biens de mainmorte) , pour suffire (à son entretien) et au delà .

<< Depuis , les sultans vont le vendredi à cette Mosquée, accompagnés des fa

1. Pour plus de détails sur toutes ces inscriptions, voir VAN BERCHEM , Corpus inscr.arab. , 2º fascicule, nos 112 ,
113 et 114.
2. Makrizî dit, dans le Kitdb as-Souloûk , qu'elle fut commencée en şafar (ms . 672 , fo 368 recto) .
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 623

miliers, en sortant (directement) du palais, tandis que le public y entre par la

porte de la Mosquée. Le sultan prie à droite du miḥrâb dans une makṣoûrat qui

lui est réservée¹. Près de lui siègent les grands de la cour (litt. familiers) .

Avec lui prient les émirs familiers et les émirs ordinaires, hors de la makṣoûrat,

à droite et à gauche , par rang (de préséance) . La prière finie, il rentre daris

son palais et son harem. La foule se disperse ; chacun va à son poste .

<< Cette Mosquée est de vastes proportions , de construction élevée .Le sol est

pavé de marbres, les plafonds bos selès d'or . Au centre est une coupole élevée ,
attenante à une makṣoûrat fermée (litt. : voilée) ainsi que les fenêtres par des

grillages de fer , soigneusement ouvragés. Sur la cour, tout autour, donnent


des fenêtres². »

Kalkachandî où l'on retrouve presque textuellement les dernières lignes ,

ajoute : « On arrive de dehors cette Mosquée à la porte du Voile et au harem * . »


5
Enfin Ibn Iyâs nous apprend que la kiblat et les minarets étaient « verts » >

c'est- à- dire plaqués de faïence verte , comme on peut le constater aujourd'hui

pour les minarets, et comme l'était en face la coupole de l'Iwân, d'après le

même auteur (voir plus loin) .

Le texte de Makrîzî a besoin , à l'ordinaire, de quelques éclairciss ements . Notre

1. Sur la makşoûrat, salle ménagée dans les mosquées à l'usage des souverains, voir S. M. , I, 1 partie , 164.
― ‫الجامع بالقامة‬
20 ‫هذا الجامع انشاه السلطان الملك الناصر محمد بن فلاون في سنة ثمان عشرة وسبعمائة وكان قبل‬

‫ذلك جامع دون هذا فهدمه السلطان وهدم المبطخ والحوايجخاناه والفراشخاناه وعمله جامعا ثم اخربه في سنة خمس وثلاثين‬

‫وسبعمائة وبناه هذا البناء فلما تم بناؤه جلس فيه واستدعى جميع مؤذني القاهرة ومصر وجيع القراء والخطبا وعرضوا بين‬

‫بديه وسمع تاذينهم وخطباتهم وقرأتهم فاختار منهم عثمرين مؤذا رتبهم فيه وقرر فيه درس فقه وقارنا بقرا في المصحف‬

... ‫جعل عليه اوقاف تكفيه وتفيض وصار من بعده من الملوك يخرجون ايام الجمع الى هذا الجامع ويحضر خاصة الامرا‬

‫من القصر ويحي بافيهم من باب الجامع فيصلي السلطان عن يمين المحراب في مقصورة خاصة به ويجلس عنده اكابر خاصته‬

‫ويصلى معه الامرا خاصتهم وعامتهم خارج المقصورة عن بمنتها ويسرتها على مرابتهم فاذا انقضت الصلاة دخل الى قصوره‬

‫ودور حرمه وتفرق كل احد الى مكانه وهذا الجامع متسع الارجاء مرتفع البناء مفروش الارض بالرخام مبطن السقوف‬

‫بالذهب وبصدره قبة عالية يليها مقصورة مستورة هي والروافات بشبابيك الحديد المحكمة الصنعة ونحف صحنه رواقات من‬

) Khitat , II , .213 ( ‫جهاتها‬

3. L'un et l'autre ont emprunté les expressions de Chihâb ad-Din (Masálik al-abṣár) , dont je donne le
texte à la fin de ce chapitrc .

.4 Ms . de Gotha 365 , fo 43 recto( . ‫وبتوصل من ظاهر هذا الجامع الى باب الستارة ودور الحريم السلطانية‬
.5 Bibl . nat . , ms . 595 A , f 142 verso ( ‫ به القبلة الخضرا والماذنة الخضرا‬: ‫و‬. Ibn Iyas donne la date de .717

9
624 P. CASANOVA.

r
auteur dit, en effet, que la Mosquée fut détruite, puis reconstruite en 735. Or

nous avons vu qu'une des inscriptions donne la date de 718. Cette partie, au
moins de la Mosquée (côté sud) , aurait été conservée . Le malheur veut que le's

dates des deux autres inscriptions aient disparu , et il nous est impossible de

¿ contrôler complètement les assertions de notre auteur.

Dans son ouvrage historique (Kitab as-Souloûk) Makrîzî mentionne cette


double construction . A la date de 718 , il répète, presque mot pour mot,

les premières lignes du texte des Khițâț [ premier paragraphe de ma traduc

tion ] ' . A la date de 735 , il dit : « En şafar, le sultan détruisit la Mosquée de la


Citadelle ainsi que les cuisines et en refit la construction . Il y assistait en per

sonne tous les jours. Il y avait préposé Akbogâ ' Abd al-Wâhid . Il y transporta

les magnifiques colonnes d'Achmoûnîn (ville de Haute-Égypte) , et en agrandit

la superficie. On y fit entrer une partie du quartier de Moukhtaşş (?) ješ öjl

1 et le magasin des Ţicht ( ustensiles de table) . Ce fut achevé à fin cha'bân . ll` y

rėgnait la plus belle symétrie et l'arrangement le plus original . Le marbre était

partout. Il lui adjugea en wakfs les boutiques de la Citadelle... il refit les cui

sines en pierre, et les agrandit . »

Il paraît difficile de mettre en doute des renseignements aussi précis . Aussi

je pense que la partie refaite en 735 est celle qui fait face au nord et comprend

la splendide salle supportée par de magnifiques colonnes de provenance di

verse, au milieu de laquelle se lit la grande inscription en bois doré dont

j'ai parlé. La date qui manque doit donc être reportée , d'après Maķrîzî, à

l'année 735. D'ailleurs , il faut bien dire que cette partie- là constitue la vèri

table Mosquée. La porte où j'ai lu la date de 718 faisait partie de bâtiments

annexes, et devait être reliée plus ou moins directement aux palais. Elle était,

à n'en pas douter, en communication avec la porte du Voile (Bâb as- Sitârat) ,

dont parle Kalkachandî . D'autre part, rappelons-nous les mots de Makrîzî :

1. Ms. 672 , fº 368 recto.


.2 ‫وفي صفر هدم السلطان الجامع بقلعة الجبل وهدم المطبخ ايضا وجدد عمارته وصار يقف بنفسه كل يوم وندب لذالك‬

‫الامير اقبغا عبد الواحد وحال اليه العمد العظيمة من الاشمونين ووسع موضعه فدخل فيه قطعة من حارة مختص والطست‬
‫خاناة‬
...... ‫حتى كل في اخر شعبان على احسن هندام وابدع ترتيب ورخه جمعه ووقف عليه حوانيث القلعة وغيرها‬

)Ms . 672 , ffo


° 439 recto( . ‫وجدد عمارة المطبخ بالحجر وزاد في سعته‬
3. Voir p. 623 , note 4 .
1

HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA. CITADELLE DU CAIRE . 625

<< le gros du public entrait par la porte de la Mosquée . » Cette « porte de la

Mosquée » est évidemment celle de l'est, celle qui fait face à la porte de la

Koullat. L'autre porte n'était pas celle de la Mosquée, mais celle qui mettait la

Mosquée en communication avec le harem , donc probablement la porte du Voile,

ou plus exactement la porte de l'Horloge . Par cette porte on allait, en

effet, des appartements privés à la Mosquée , comme l'atteste l'historien d'Al

Achraf Khalil ibn Kalâoûn : Abd Allah ibn ' Abn ' Abd adh-Dhâhir ' . Cette

même porte était en communication avec le harem par la porte du Voile ,

comme il résulte d'un passage d'Aboû ' l - Maḥâsin . A la mort d'Al-Achraf

Cha‍bân , les Mamlouks « se ren dent à la porte du Voile, Chihâb ad-Dîn Mitl.

kal , l'intendant, ferme la porte de l'Horloge et se tient à l'entrée de la porte.....


les Mamlouks brisent la fenêtre de l'intendant , laquelle donne sur la porte de

l'Horloge, entrent par là, pillent dans la maison de l'intendant les étoffes ,

puis descendent dans la place du Voile , s'emparent de Mithkal ..., ouvrent la


2
porte, etc.... >>

-
Sb. Le Bourdj.

Il existe encore à la Citadelle une inscription de Mouḥammad ibn Kalâoûn ,

placée à une grande hauteur sur le mur de la grande terrasse (à très peu près

au point où est inscrit le n° 84 du Plan de 1798) . Malgré le secours de la lor


gnette, je n'ai pu déchiffrer la date dont les lettres sont d'ailleurs extrêmement

tassées . M. VAN BERCHEM n'a pas été plus heureux . Le reste est facile à lire ,

avec quelque habitude des forinules usitées dans ces inscriptions .

.1 Ms. de Munich , 405 , f 7( . ‫خرج ( السلطان الملك الاشرف خليل بن فلاون) من باب الساعات راكبا الى باب الجامع‬

.2 ‫ كسروا شباك الزمام‬.·· • • ‫وقصدوا باب الستارة فغلق سابق الدين مثقال الزمام باب الساعات ووقف داخل الباب‬

‫المظل على باب الساعات ودخلوا منه ونهبوا بيت الزمام وقاشه ثم نزلوا الى رحبة باب الستارة ومسكوا مثقال وفتحوا الباب‬
(Ms. 665 , fo 150 verso, 151 recto. )

wwerk
626 P. CASANOVA .

Plaque de marbre rectangulaire encastrée dans le mur :

‫البرج المبارك السعيد مولانا وسيدنا‬ ‫هـذا‬ ‫الله الرحمن الرحيم امر بانشـا‬ ‫ " بسم‬1

‫بيت الله وقبر رسول‬ ‫سبيل الله الحاج الى‬ ‫الملك الناصر الغـازي في‬ ‫السلطان السالك‬ 2

‫جمادى الاولى‬ ‫الله ناصر الدنيا والدين محمد بن مولانا السلطان الشهيد الملك المنصور بدوه في‬ 3

... ‫ ثلاث‬... ‫والفرغ‬

1. Au nom de Dieu , etc..., a ordonné la construction de ce bourdj béni et bienheureux

notre seigneur et maître

2. le sultan régnant Al-Malik an- Nâşir , qui combat dans le chemin de Dieu, pèlerin
à la maison de Dieu et au tombeau du Prophète

3. de Dieu Nâşir ad - Doûniâ oûad-Din Mouḥammad fils du sultan martyr Al-Ma

lik al-Manşoûr , commencé en djoumadâ premier, fini ...... 3 .....

A la troisième ligne, le deuxième mot est lu par M. VAN BERCHEM au

lieu de¹ . J'avoue que cette lecture paraît plus vraisemblable à l'œil, mais, à

cette distance, étant donnée la presque identité des deux dernières lettres , je

crois devoir préférer la lecture qui se trouve dans tous les textes et ins

criptions relatifs à notre sultan . Le détail est , d'ailleurs, ici au moins , sans

importance.

La date peut être rétablie avec quelque certitude . Notre sultan ayant fait le

pèlerinage en 712 , et, étant mort en 741 , nous avons le choix entre 713 , 723

et 733. La première date me paraît devoir être adoptée , car ce bourdj est fort

probablement celui dont parle Makrîzî quand il dit que Mouḥammad ibn

Kalâoûn détruisit le Rafraf de son frère Khalîl en 712 , pour le reconstruire :

< il fit , dans le voisinage, un bourdj près de l'Écurie, où furent transportés les
«

Mamloûks . » Le mois de djoumadâ Ir étant des premiers de l'an 713 , la date

de l'inscription concorderait fort bien avec ce texte de Makrîzî .

D'ailleurs c'est de 712 à 715 que Mouhammad ibn Kalâoûn a le plus cons

truit de ce côté de la Citadelle : en haut le Rafraf, puis l'Iwân ; en bas le Manège ,

1. Corpus inscript. arab. , 1er fasc. , p.88 (nº 52) .

2. (Khițat, II, p. 212) . Call Jubby f, (voir plus haut, p . 614) . Comme j'aurai
l'occasion de le démontrer, les écuries s'étendaient précisément dans le voisinage du mur où est notre inscription .
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE. 627

les conduites d'eau , etc., etc. Dans le Kitâb as-Souloûk Makrîzî dit à cette

date : « Les constructions se multipliaient . Il nomma l'émir akhoûr (grand

écuyer), Aksonkor , intendant des bâtiments . Il fit venir les manoeuvres de tous

les points de Syrie. Il établit un Diwân pour les constructions ' dont les frais

s'élevaient de 12,000 à 8,000 dirhems, par jour. C'est la première fois qu'on

dépensait une telle somme en un seul jour² . »

J'adopte donc la lecture :

‫ سنة ثلاث عشرة وسبعمائة‬....... ‫فرغ في‬

fini au mois de..... de l'an 713 ³.

Sc. - Inscriptions de la porte de Sârîal.

Un troisième témoignage de ce règne se retrouve encore dans la porte de

Sârîat. Les voûtes intérieures en ont été couvertes par trois couches succes

sives de plâtre où , en magnifiques lettres rouges, se détachaient des inscrip

tions au nom de Mouḥammad ibn Kalâoûn . Avec le concours de M. HERZ , et

grâce à la complaisance du colonel THOMAS , Commandant de la Citadelle, j'ai

pu les faire nettoyer, et , en faisant tomber les deux dernières fort endomma

gées, mettre à nu dans presque toute son intégrité et dans son éclat primitif la

plus ancienne .

J'épargnerai au lecteur le relevé fastidieux de toutes les épithètes, vingt fois

répétées , accolées au nom du sultan * . J'attirerai seulement son attention sur la

particularité suivante :

1. C'est ce que nous appellerions en style moderne «< un ministère des Bâtiments » . Le lecteur aura fait déjà ,
le rapprochement de notre sultan avec le roi Louis XIV. Le chiffre qui suit (près de 20,000 francs par jour) ne
constitue pas une infériorité pour le monarque oriental.

20 ‫وأكثر من العمائر وولى السنفر امير اخور شاد العمائر واحضر العتالين من سائر البلاد الشامية وافرد للعمائر ديوانا بلغ‬

)Ms . 672 , fo 348 verso( . ‫مصروفه في كل يوم اثني عشر الف درهم الى ثمانية آلاف وهى اول ما كان يصرف في اليوم الواحد‬
3. M. VAN BERCHEM, op. cit., a cru pouvoir lire le nom du mois : Jl .
4. M. VAN BERCHEM en donne un échantillon , op. cit. Ayant visité cette partie de la Citadelle après la restau
ration que j'y avais fait faire , il n'a pu constater, comme moi , l'existence des deux séries d'inscriptions juxta
posées postérieurement, qu'il a fallu détruire pour dégager la première.
80

S
628 P. CASANOVA .

Quand j'ai visité, pour la première fois , l'intérieur de la porte, les parois

en étaient noires de fumée ; çà et là, on comptait avant d'arriver au mur primi

tif jusqu'à seize couches de crépissage . Pourtant quelques lettres apparais

saient encore dans la partie sud de la voûte , celle qui surmonte la porte d'en

trée, sur la face postérieure par conséquent du mur où j'ai relevé l'inscription

de Şalâḥ ad-Dîn (voir p . 569 et 580) . Après le nettoyage exécuté sous la

direction de M. HERZ , j'y ai lu , très distinctement le nom de Mouḥammad ibn

Kalâoûn ( Al-Malik an - Nâşir, etc) . Mais au-dessus de ce nom qui est écrit en

beaux et grands caractères, on lit , d'un seul trait rouge fort médiocre , et

comme ajoutés après coup , les mots suivants :

‫) بيت الله وقبر رسول الله‬sic( ‫الغازي في سبيل الله الحاج الا‬

le combattant dans le chemin de Dieu, le pèlerin de la maison de Dieu et du tombeau du

prophète de Dieu.

Il me parait fort vraisemblable que ce titre a été ajouté après le pèlerinage

de 712 nous l'avons déjà vu sur le bourdj de 713. Mouḥammad ne le porte


――――――――
point dans les autres inscriptions connues ' , ce qui semble indiquer qu'il n'y

attacha de prix que dans les premiers temps qui suivirent cet acte religieux

quand la grande ferveur n'était pas encore éteinte. L'autre partie de l'ins

cription serait donc antérieure à 712 .

En même temps se pose cette question : Pourquoi Mouḥammad ibn

Kalâoûn a-t-il fait poser trois couches successives de plâtre avec tous ses titres ?

Pour moi , qui ai vu ces trois couches l'une après l'autre, et constaté le soin et

la beauté de chacune des séries d'inscriptions , je ne puis expliquer cette triple

répétition que par les considérations suivantes :

Mouḥammad ibn Kalâoûn a régné trois fois , de 693 à 694 , de 698 à 708,

de 709 à 741. Si la première couche a été posée au jour de son avènement , il

est tout simple que l'usurpateur ait fait effacer l'inscription en 694. On dut se

contenter de la badigeonner de plâtre sans la détruire . Notre sultan revient en

698 et sur ce badigeon fait inscrire à nouveau ses titres . Nouvelle usurpation

en 708 , nouveau badigeon . Enfin en 709 , troisième avènement et troisième

1. Voir les incriptions relevées par M. MEHREN et par M. VAN Berchem .


HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 629

étalage de titres , auxquels s'ajoutera , quelque temps après, celui de hâdjdj


(pèlerin) .

Telle est ma conjecture : elle ne me paraît nullement dénuée de vraisem

blance ; en tous cas, elle explique fort bien les particularités remarquées .

II

Sa.- L'Iwân.

L'œuvre capitale de Mouḥammad ibn Kalâoûn est l'Iwân , sur l'emplace

ment duquel est élevée la Mosquée actuelle de Méhémet Aly. On s'est jusqu'ici

trompé sur l'origine de ce monument, qui fut appelé plus tard le Diwân de

Joseph et, à tort, attribué à Salâḥ ad- Dîn . Je vais donner d'abord la description
faite par les historiens musulmans de l'lwin d'Ibn Kalâoûn , puis celle des

voyageurs européens qui ont parlé du Diwân de Joseph, et nous verrons , à n'en

pas douter , que les deux monuments ne font qu'un.

Voici ce que dit Makrîzî dans les Khițaț :

« L'Iwân, appelé la Maison de Justice, fut construit par Kalâoûn , restauré

par son fils Khalil ... Quand Mouḥammad ibn Kalâoûn fit son cadastre, il en

ordonna la destruction . Quand il fut détruit, il le refit là où il est aujourd'hui,

avec plus d'étendue. Il y éleva une coupole splendide , et y plaça des colonnes

superbes qu'il tira du Șa îd , le revêtit de marbre , et plaça au centre le trône

royal, fait d'ivoire et d'ébène. Il donna à cet Iwân une grande hauteur et fit

devant une place fort étendue en longueur et largeur . Il y mit une porte secrète

en communication avec le palais . La porte de l'Iwân eut un grillage de fer ar

tistement travaillé , qui empêchait d'entrer. Pour le sultan lui-même il y avait

une porte fermée (d'ordinaire) ; quand il voulait tenir audience, on l'ouvrait


pour qu'il pût, par lå et par les guichets de fer, examiner le gros de l'armée qui

se tenait sur la place. Il y tint en personne des audiences régulières les lundis
et jeudis.

« Il était d'abord différent de ce qu'il est aujourd'hui. Mouḥammad l'agran

*
‫‪630‬‬ ‫‪P. CASANOVA .‬‬

‫‪dit de sa coupole, en augmenta l'élévation et fit devant un grand vestibule.‬‬

‫» ‪Ainsi ce devint un des plus beaux édifices royaux .‬‬

‫] ‪[Suivent quelques détails sur les audiences .‬‬

‫‪« Après sa mort, ses enfants siégèrent de même et tinrent toujours leurs‬‬

‫‪audiences dans l'iwân , jusqu'à l'avènement de Barkoûk ... Celui- ci transporta‬‬

‫‪ses séances aux Écuries . Sous son règne et ceux de ses fils Faradj et d'Al - Malik‬‬

‫‪al-Mouayyad Cheïkh , l'Iwân fut simplement un des bâtiments royaux, et rien de‬‬

‫>> ‪plus¹ .‬‬

‫‪Dans le Kitâb as-Souloûk, Makrîzî répète les premières lignes des Khițat , à la‬‬
‫‪date de 715 .‬‬

‫)‪Un historien anonyme nous informe qu'à la date de 733 ( 7 djoumâdâ II‬‬

‫‪<< on commença à détruire la koubbat de l'Iwân et on bâtit la coupole et‬‬

‫‪l'Iwân là où ils sont aujourd'hui . Ce fut fini en rabî` II 734. Le sultan siégea‬‬

‫» ‪sur le trône au 26 rabi ' II 2.‬‬

‫‪On voit que Mouḥammad ibn Kalâoûn avait la fureur de détruire et de re‬‬

‫‪construire. Il refit donc de 732 à 734 l'Iwân en même temps que la Mosquée .‬‬

‫‪Il est probable, d'après cela , que les colonnes de la Mosquée et de l'Iwân étaient‬‬

‫‪de même provenance et furent apportées en même temps .‬‬

‫الايوان المعروف بدار العدل هذا الايوان انشاه السلطان الملك المنصور قلاون الافي الصالحي النجمي ثم جدده ابنه ‪.1‬‬

‫السلطان الملك الاشرف خليل واستمر جلوس نائب دار العدل فلما عمل الملك الناصر محمد بن قلاون الروك امر بهدم هذا‬

‫الايوان فهدم واعاد بناه على ما هو عليه الآن وزاد فيه قبة جليلة واقام به عمدا عظيمة نقلها من بلاد الصعيد ورخه ونصب‬

‫في صدره سرير الملك وعمله من العاج والابنوس ورفع سمك هذا الايوان وعمل امامه رحبة فسيحة مستطيلة وجعل بالايوان‬

‫باب سر من داخل القصر وعمل باب الايوان مسبوكا من حديد بصناعة بديعة تمنع الداخل اليه وله منه باب يغلق فاذا‬

‫اراد بجلس فتح حتى ينظر منه ومن تخاريم الحديد بقية العسكر الواقفين بساحة الايوان وقرر للجلوس فيه بنفسه يوم‬

‫الاثنين ويوم الخميس فاستمر الامر على ذلك ‪.......‬‬


‫‪…………………… ....‬‬

‫فلما مات الملك الناصر افتدى في ذلك اولاده من بعده واستمروا على الجلوس بالابوان الى ان استبد بمملكة مصر الظاهر‬

‫برقوق ‪ ......‬وجعل لنفسه يومين جلس فيهما بالاصطبل السلطاني ‪ ...‬وصار الايوان في ايام الظاهر برقوق وايام انه‬

‫الملك الناصر فرج وايام الملك الموئد شيخ انما هو شي من بنايا الرسوم الملوكية لا غير ‪, II , p 207-206 (.‬‬
‫‪).Khitat‬‬

‫شرعوا في هدم القبة بالايوانبالقلعة وعمرو القبة والايوان على ما هو عليه اليوم وفرغوا منه في ربيع الآخر سنة اربعة ‪.1‬‬

‫وثلثين وجلس السلطان على الكرسى به في اثنين وعشرين ربيع الآخر المذكور ‪)Ms . de Munich 400, f° 292 ( .‬‬
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE. 631

Kalkachandî ne donne guère d'autres détails , mais nous aurons occasion


.

de l'utiliser, pour bien fixer l'emplacement de cet Iwân, d'après l'emplacement


d'autres lieux dont il le dit voisin .

Ibn Iyâs nous donne incidemment un détail intéressant à relever : « Le sa

medi 17 (moharram 928) tomba la magnifique coupole qui était sur l'Iwân .

Elle tomba au point du jour. Cette coupole était une construction d'An-Nâșir

Mouhammad ibn Kalâoûn .... elle était en bois recouvert de lames de plomb ,

et plaquée de faïence verte . Il n'y eut jamais de plus grande construction en

Égypte. C'était une merveille du temps ' . » Nous avons déjà signalė sur les

minarets de la mosquée ce même placage de faïence verte.

Laissons maintenant la parole aux écrivains occidentaux .

MONCONYS, en février 1647 (hégire 1056) , un siècle après la chute de la

coupole, dit : « Je fus au Château qui est au bout de la ville sur une montagne,

commandé pourtant d'une autre montagne : il n'y a rien de beau que sa gran

deur, et un porche , qu'on dit être du temps des Pharaons , c'est un quarré de

deux rangs de grosses et hautes colomnes si vieilles véritablement, que la


2
pierre en est mangée du temps .... »

MAILLET ( 1696) est plus précis : « On voit dans ce même château un autre

divân ou sale des anciens rois d'Égypte , dont le dôme est soutenu par trente

quatre colonnes de marbre d'une hauteur et d'une grosseur prodigieuse . Elles ont

au moins quarante-cinq pieds entre la base et le chapiteau . Comme il s'en trouve

une, dont on n'aperçoit pas la base, et qui est même beaucoup plus haute et plus

grosse que toutes les autres, ou jugeque ces colonnes ont servi ailleurs, et qu'on

les a tirées du lieu où elles étoient pour les employer à cet édifice. En effet, ce

divân est un ouvrage construit du temps que les Arabes commandoient en

Égypte, et dont par conséquent l'antiquité ne passe pas six à sept cents ans.On

remarque au bout de cette salle, et autour du dôme , qui est ouvert, selon l'usage

du pays [ Ibn Iyâs nous a prévenus que ce dôme était ouvert par accident ] ,

.. ‫في يوم السبت سادس عشرة سقطت القبة العظيمة التي كانت على الايوان سقط باكر النار وهذه القبة من انشا الناصر‬

‫محمد بن قلاون فلما سقطت تقال الناس بزوال مالك الامرا عن قريب وهذه القبة لها نحو مائتين سنة من حين عمرت‬

‫ولم يعمر في مصر اكبر منها وكانت من نوادر الزمان‬ ‫وكانت من خشب وفوقها رصاص وكانت معلقة بقيشاني اخضر‬
(Bibl . nat. 595 B, fº 289 verso).
2 Journal des Voyages de M. Monconys, Lyon , 1675 , 1гº partie, p . 168.
632 P. CASANOVA .

diverses inscriptions arabes, dont les lettres sont formées de pièces de bois,
souvent de la grosseur du bras, et de la hauteur d'un homme. Il seroit assez

difficile que de tels caractères ne se conservassent pas longtemps . Aussi sont

ils encore aujourd'hui fort entiers ; mais on en a presque perdu l'intelligence ,

parce que ces lettres sont entrelacées d'une manière si bizarre , qu'il est très

difficile à les déchiffrer . Cette sale , qui, comme toutes celles que l'on voit au

Caire, est ouverte, du côté du nord, afin de mieux recevoir la fraîcheur , sert
1
prèscntement de passage ………
..¹ »
Laissons POCOCKE ( 1740) et NIEBUHR ( 1774 ) pour donner, tout au long ,

l'étude minutieuse de la Commission d'Égypte .

« Je viens au fameux édifice , appelé improprement palais de Joseph, et

aussi divan de Joseph . Ce qui lui a valu sa réputation chez tous les voyageurs ,

ce sont surtout les trente- deux belles colonnes de granit, avec les grandes

murailles, et une partie du plafond , qui subsistent encore : les colonnes sont

monolithes , toutes debout, et hautes ( sans les chapiteaux) d'environ 8 mètres

(25 pieds) , les bases sont en grès et mal travaillées . Ces colonnes n'ont pas

été faites pour le monument, car le diamètre n'est pas exactement le même

dans toutes ; le plus ordinaire est d'un mètre : les chapiteaux diffèrent aussi

entre eux . Le galbe général des chapiteaux approche plus du type corinthien

que d'aucun autre ; mais les sculptures sont presque superficielles : ce ne sont,

en quelque sorte, que de légers dessins qu'on y a tracés, représentant des

palmes lisses , des filets , des nœuds et aussi des volutes dans les angles, avec

peu de saillie. Le granit est rouge et très beau ; on admire la masse des colonnes ,

le poli de la matière , le temps et le travail qu'il a fallu pour les transporter à

une telle élévation . Elles portent des arcades en pierres, des frises couvertes

d'inscriptions arabes à lettres gigantesques ; aux angles des plafonds, et à peu

près, comme dans nos pendentifs , sont des ornements en bois, à plusieurs

étages, disposés en forme d'encorbellement. Le plan est plus savant que celui

des plus belles mosquées du Caire , Touloûn et Sultan Hasan (quoiqu'il leur

cède en étendue) ; enfin , le goût qui règne dans la disposition , diffère de ce

qu'on observe dans les édifices arabes aujourd'hui subsistans . Ce monument

prouve qu'au vre siècle de l'hégire ( ou xire de l'ère vulgaire) l'architecture


9

1. MAILLET, Description de l'Égypte, Paris, 1735 , p. 191 .


HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 633

arabe avoit un style grandiose , qui a disparu sous les Ayoubites successeurs de

Saladin , et sous les sultans Mamlouks , bien que ces princes aient élevé des

édifices très hardis et sacrifié à la magnificence . Si l'on pouvait comparer le

divan de Joseph à quelque autre monument du Kaire ce seroit ( mais pour le

goût seulement et la sévérité du style) à la porte Bab el - Nasr, dont j'ai fait

remarquer plus haut le caractère original, peut- être aussi à la mosquée el- Hakim ,

voisine de cette porte . Or la mosquée, ouvrage d'el- Hakim biamr Allah , le


3e des Fatimides , doit être du commencement du xre siècle , tandis que Saladin

n'a commencé à régner qu'en 1171. Le rapport qui existe entre la mosquée

d'el - Hakim et le divan de Joseph consiste principalement dans les arcades en

plein-cintre qui se voient dans l'un et l'autre édifice, quoique supportées, dans

la première, par des piliers , et dans la deuxième, par des colonnes . Il est pro
bable que
la grande mosquée el- Azhâr, encore antérieure ( de 969) , porte dans

ses parties les plus anciennes le même style d'architecture, mais je ne puis que

le conjecturer, n'ayant point pénétré dans l'intérieur de ce monument .

<< Il ne seroit pas facile de découvrir l'origine des colonnes du divan de

Joseph ; je me bornerai à dire que leur forme permet de croire qu'elles ne viennent

pas de Memphis, comme on l'a supposé . Il me paraît plus vraisemblable qu'elles

ont été apportées d'Alexandrie, où des centaines de colonnes de la même pro

portion sont accumulées dans les fondations du port . Du reste, on a trouvé ,


1
auprès de l'aqueduc, et gisant sur le sol , une vingtaine de colonnes en granit ,

à peu près de la même proportion , qui paroissoient avoir appartenu à une mos

quée voisine , et qui proviennent sans doute de la même source (ou Babylone

d'Égypte ou Alexandrie ) que celle de la mosquée bâtie dans le château par

Saladin . J'ai dit mosquée et non palais , malgré les créneaux que l'on voit au

sommet de l'édifice, et je me fonde sur l'emplacement de la niche de l'adora

tion ordinaire aux mosquées , ainsi que sur la forme générale du plan . On le

conclut aussi des inscriptions que portent les frises, inscriptions religieuses

autant qu'on peut le voir par ce qui en reste . Un rapprochement encore plus

concluant se présente ici , et quiconque a visité les églises chrétiennes de la

haute Égypte , en conviendra sans peine : le plan du Divan de Joseph retrace

celui de ces églises d'une manière assez frappante : on peut en dire autant des

arcades et du reste de l'élévation . Est-ce une église convertie en mosquée par


634 P. CASANOVA .

Saladin ou ses successeurs ? Est- ce un architecte chrétien qui aura été chargé

de sa construction, et qui aura emprunté le style des édifices de sa religion ?

Cette dernière supposition n'est pas impossible et nous savons que plusieurs

architectes grecs ont été employés par les sultans . Quoi qu'il en soit , aucun

édifice musulman ne ressemble plus aux églises d'Égypte que le divan de


Joseph ; mais ce qui feroit pencher pour la première opinion , c'est que la niche

n'est pas tournée vers l'Orient¹ . >>

Il est impossible de ne pas être frappé par l'analogie, la presque identité que

présente cette description avec tout ce que nous savons de la mosquée d'Ibn

Kalâoûn . Il suffit d'avoir vu celle- là pour être immédiatement convaincu que

les deux monuments sont de la même époque. Aussi est-on profondément

surpris que la sagacité du savant auteur, qui avait pu les comparer tous deux,

ait été si complètement mise en défaut. On ne peut s'expliquer une telle erreur

que par ce nom malencontreux de Joseph , qui n'avait qu'une origine légen

daire , nulle par conséquent, et auquel la grande autorité de Silvestre DE SACY

avait malheureusement donné une signification historique. Je me suis expliqué

sur ce sujet, plus haut (voir p . 574) , je n'y reviendrai pas .

Pour convaincre le lecteur , je mets sous ses yeux , d'une part, la planche

de la Description de l'Égypte , représentant l'intérieur du Divan de Joseph, et d'autre

part une photographie de l'intérieur de la Mosquée d'Ibn Kalâoûn . L'analogie

saute aux yeux. Il y a plus l'artiste français a reproduit assez fidèlement les

lettres de l'inscription en bois du Divan et pour qui a quelque habitude des ins
criptions de ce genre , il est facile de restituer les mots suivants :

.... I

© ‫المنصور المرحوم‬ ‫مولانا السلطان الملك‬ ‫ بن‬2

© ... ‫تغمده الله برحمته‬ )2( ‫قلاوون‬ ‫ سيف الدنيا والدين‬3

I .

2 fils de notre maître le sultan Al-Malik al - Manşoûr, le défunt O

3 Saïf ad-Doûnid ouad-Din [ Kalâwoûn ( ?) ] que Dieu l'ait en sa miséri


corde....

1. Descr. de l'Égypte, XVIII , 2º partie, p. 352 à 355 .


HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 635

Je crois fermement qu'il ne peut plus subsister de doute, et que le divan de

Joseph n'est autre que l'Iwân de Mouḥammad ibn Kalâoûn . On m'excusera

d'avoir donné de si longs extraits des différents auteurs . A défaut d'observations

personnelles , je devais, pour l'édification du lecteur , consigner les plus consi

dérables témoignages qui attestent la splendeur et l'importance de ce monu

ment. La mosquée de Méhémet-Ali , qui l'a remplacé , hélas ! ne nous attardera

pas si longtemps .

b. ― Le Palais bigarré.

‫القصر الابلق‬

Je l'identifie avec le monument appelé Palais ou Maison de Joseph (Plan

de 1798, nº 83 ) . Comme pour l'Iwân , cette identification ressort des divers docu

ments que je vais citer :

Makrîzî dit , dans les Khițaț :

« Le Palais bigarré. - Ce château domine les Écuries ; il fut élevé par Mou

ḥammad ibn Kalâoûn en cha bân 713. La construction en fut terminée en 714 .

Auprès , il fit un jardin .

« Quand il fut achevé , il donna un banquet , où assistèrent les émirs et les

fonctionnaires . Il leur distribua des pelisses d'honneur, et gratifia chaque émir

de 200 et de 1000, de 10,000 dinârs , à chaque commandant de la halkat

500 dirhems, à chaque émir de timbalerie , 10,000 dirhems en argent 500 di

nârs . Les frais de cette munificence s'élevèrent à cinq cent millions cinq cent

mille dirhems (!) .

« Le Sultan siégeait d'habitude en ce palais tous les jours pour le service

(de sa cour) , sauf les lundis et jeudis consacrés, comme nous l'avons dit, au

service de la Maison de Justice (l'Iwân) . Il se rendait à ce palais en sortant des

palais intérieurs (voir § ш a) . Il siégeait tantôt sur le trône de la royauté dressé

au centre de l'Iwân ( salle à colonnes) de ce palais, lequel donnait vue sur les

Écuries , tantôt, délaissant le trône, il s'asseyait sur le sol . Autour de lui les
81

44
636 P. CASANOVA.

émirs se tenaient debout par rangs de préséance , sauf toutefois les émirs de

haut rang et les parents du sultan qui n'avaient pas coutume de paraître à ces

séances . Les grands émirs n'y paraissaient qu'appelés par une affaire . Le sultan

siégeait donc jusqu'à la troisième heure du jour, puis se levait et rentrait dans

les palais intérieurs et son harem ....

« En face de la porte de ce palais est une place à laquelle conduit la place qui

est en face de l'Iwân . Les familiers s'asseyaient dans cette place en face de la

porte du palais avant d'entrer pour le service du palais . On pénétrait de la porte

du palais dans un vestibule tapissé de marbre , tapissé lui- même de toute espèce

de tentures, de là à un palais de magnifique architecture , s'élevant haut dans

les airs sur deux iwâns . Des deux, le plus considérable, est l'iwân septentrional

qui donne sur les Écuries du sultan et d'où la vue s'étend sur le Marché aux

chevaux , le Caire et ses environs, jusqu'au Nil et au delà jusqu'à la région de

Djîzat et ses villages . Dans le second iwân , méridional, est une porte réservée

pour la sortie du sultan et de ses familiers vers le grand Iwân (l'Iwân ou Maison

de Justice) les jours d'apparat (litt. de cortèges) .

<< Ce palais communique avec trois palais intérieurs » (voir S III a leur des

cription) ......

<<< Tous ces palais ont leurs façades bâties de pierres noires et jaunes …
...

« Dans ce palais se donnaient de grandes réjouissances .... »

Arrêtons - nous un instant sur le dernier détail architectural . Cette disposi

tion curieuse est évidemment la raison de l'appellation du palais . Le mot ¿ Y

signifie en arabe << blanc et noir » et généralement «< mélangé de deux couleurs » .

.1 ‫هذا القصر يشرف على الاصطبل انشاه الملك الناصر محمد بن قلاون في شعبان سنة ثلاث عشرة‬ ‫القصر الاباق‬

‫وسبعمائة وانتهت عمارته في سنة اربع عشرة وانشا بجواره جنينة ولما كمل عمل فيه سماطا حضره الامرا واهل الدولة ثم افضت‬
‫عليهم الخاع وحل الى كل امير من امرا المئتين ومقدمي الالوف الف دينار ولكل من مقدمي الحلقة خمسمائة درهم ولكل‬

‫من امرا اطبلخانه عشرة آلاف درهم فضة عنها خمسمائة دينار فبلغت النفقة على هذا المهم خمسمائة الف الف درهم‬
‫وخمسمائة الف درهم وكانت العادة ان يجلس السلطان بهذا القصر كل يوم للخدمة ما عد ايومي الاثنين والخيس فانه يجلس‬

‫للخدمة بدار العدل كما تقدم ذكره وكان يخرج الى هذا القصر من القصور الجوانية فيجلس تارة على تخت الملك المنصوب‬

‫صدر ايوان هذا القصر المطل على الاصطبل وتارة يقعد دونه على الارض والامرا وقوف على ما تقدم خلا امرا المشورة‬

‫والقربا من السلطان فانه ليس لهم عادة بحضور هذا المجلس ولا يحضر هذا المجلس من لامرا الكبار الا من دعت الحاجة‬

.... ‫لى حضوره ولا يزال السلطان جالسا الى الثالثة من النهار فيقوم ويدخل الى قصوره الجوانية ثم الى دار حريمه ونسائه‬
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE. 637

Dans les ruines épargnées par la mosquée de Mehemet-Alî on retrouve aujour

d'hui une grande quantité de pierres noires et de pierres jaunes . Une partie de

ces pierres a même été utilisée pour refaire le haut du mur, juste au- dessus de

l'inscription relevée par nous au bourdj d'Ibn Kalâoûn ( § 1 b) . C'est donc

bien dans cette région que s'élevaient tous ces palais .


1
Ibn Iyâs nous donne quelques détails , qui me paraissent devoir être rele
vés :

« On commença en cette année la construction du Palais bigarré , lequel est

un ensemble de trois palais s'emboîtant l'un dans l'autre . Il s'y trouve cinq

salles et trois chambres . Quelques historiens disent qu'Al-Malik an

Nâşir acheva la construction de ces trois palais en dix mois . C'était une mer
veille . On a dit :

« Palais , sur lequel soient salut et paix . Le temps lui a légué sa jeunesse .

« L'œil des rois s'y complaît . La bienvenue lui est donnée par le chant des rossignols et des
colombes . >>

<< On ajoute que, l'œuvre de ce grand palais terminée , le sultan donna une

fête , où il réunit les quatre kadis, tous les émirs , et lut l'acte d'achèvement (?) . 47

On dressa un banquet splendide, et le bassin du palais fut rempli de sucre et

de limon . Les chefs de noubat se tenaient près du bassin , distribuant à tous le

sucre dans des vases . Le sultan donna en ce jour des vêtements d'honneur aux

architectes , maçons , tailleurs de marbre , menuisiers et ornemanistes ; le

nombre s'en élevait à deux mille cinq cents robes ; aux inspecteurs des cor

beilles de fruits et de raisins ; aux contre- maîtres des robes de soie ; on

‫وهذا القصر تجاه بايه رحبة يسلك منها الى الرحبة التي تجاه الايوان فيجلس بالرحبة التي على باب القصر خواص‬

‫الامرا قبل دخولهم الى خدمة القصر ويمشى من باب القصر في دهاليز مفروشة بالرخام قد فرش فوقه انواع البسط الى‬

‫عظيم البناء شاهق في الهوا بايوانين قصر اعظمهما الشمالي يطل منه على الاسطبلات السلطانية ويمتد النظر الى سوق الخيل‬

‫والقاهرة وظواهرها الى نحو النيل وما يليه من بلاد الجيزة وقراها وفي الايوان الثاني القبلى باب خاص لخروج السلطان‬

.. ‫وخواصه منه الى الايوان الكبير ايام المواكب ويدخل من وخواصه منه الى ثلاثة قصور حوانية‬
.....‫وهذه القصور جميعها من ظاهرها مبنية بالحجر الاسود والحجر الاصفر‬

............. ‫وكان بهذا القصر الابلق رسوم وعوايد‬


(Khitat, II, 209-210).
638 P. CASANOVA.

distribua à chaque manoeuvre dix dinârs . La dépense pour les pauvres fut de

cinquante mille dinârs en ce seul jour. Vers la fin de la soirée, les chanteurs et

musiciens furent convoqués , et on alluma cette nuit un magnifique feu d'artifice

dans le château . Un brûlot de naphte fut incendié dans le Roumeïlat . Jamais

on n'ouït parler d'une nuit semblable ' . »

Il est intéressant de remarquer qu'il existait déjà , à Damas, un palais bigarré,

qui vraisemblablement servit de modèle à celui de la Citadelle . C'est pourquoi

je crois devoir en donner la description , d'après Chihâb ad-Dîn . « Le Palais

bigarré fut construit par Al-Malik adh - Dhâhir Beïbars al-Bondoukdâri ( en

665 ) . Le mur extérieur est , depuis le haut jusqu'en bas, fait de pierres

noires et jaunes , disposées de manière qu'une assise d'une couleur est suivie
d'une assise de couleur différente . Le travail a été exécuté avec un art et

une symétrie admirables . Pour arriver dans ce palais on entre d'abord dans une

derekeh placée sur un pont au - dessus de la rivière. On pénètre dans un iwân

extérieur , qui donne sur le manège méridional . De là on entre dans le palais par

un vestibule qui comprend plusieurs chambres d'une magnificence royale . Le

plancher, les murailles, en haut comme en bas , sont formés de marbres de di

verses couleurs, recouverts d'or, d'azur, de mosaïques dorées . Des plates -bandes

de marbre règnent jusqu'au toit. Dans le grand palais se trouvent deux iwâns

placés vis-à-vis l'un de l'autre. Les balcons de l'iwân oriental ont vue sur le

manège vert, et ceux de l'iwân occidental dominent la rivière , qui déploie ses

.1 ‫قاعات‬ . ‫وفي هذه السنة‬


‫شرع السلطان في عمارة القصر الابلق وهو عبارة عن ثلاثة قصور متداخلة في بعضها وفيهم خس‬

‫وثلاث مراقد قال بعض المؤرخين ان الملك الناصر كمل عمارة هذه الثلاث قصور في مدة عشرة اشهر وهذا من العجائب وقيل‬
‫فيه‬

‫خلفت عليه شبابها الايام‬ ‫قصر عليه تحية وسلام‬

‫بالبشر فيه بلابل وحام‬ ‫قرت به عين المليك وغردت‬

‫) ومد‬sic( ‫قيل لما نهى العمل من هذا القصر الكبير اولم السلطان في ذلك اليوم وجع القضاة الاربع وسائر الامرا وقرا ختمة‬
· .‫سماطا حافلا وملا الفسقية التي بالقصر سكر باء الليمون ووقف روس النوبة على الفسقية يفرقوا السكر على الناس‬

‫بالطاسات وخلع السلطان في ذلك اليوم على المهندسين والبنايين والمرخين والنجارين والدهانين فمجموع ذلك الفين وخمسمائة‬

‫خلعات والمشدين مثمرات وكوابل والنقبا خلع حرير وفرق على الفعلا كل واحد عشرة دنانير وفرق على الفقرا في ذلك‬

‫ليوم خمسين الف دينار ثم احضر نحو آخر الليل المغاني وارباب الآلات وقدت وقدة عظيمة بالقمر تلك ليلة واحرق حراقة‬

)Bibl , nat . , ms . 595 A , fo 141 verso( . ‫قط بالرميلة وكانت ليلة لم يسمع بمثلها‬
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE. 639

eaux comme une nappe d'argent. Là s'élèvent des pavillons d'une grande hau

teur, du toit desquels, aux quatre points cardinaux , on découvre la ville entiêre ,

la vallée de Goutah et la rivière. Ce palais renferme des appartements royaux ,

des écuries dignes d'un sultan , des bains et tout ce qui peut servir à l'usage des

princes ' . >>

L'analogie des deux descriptions est frappante. D'ailleurs, il y aurait peut

être bien d'autres analogies à relever entre les deux citadelles . Peut- être Şalâḥ

ad- Din a-t-il conçu le plan de la sienne , d'après celle de Damas , bâtie par son

maître Noûr ad- Dîn . Il me sera peut- être donné un jour d'étudier de près cette

dernière et d'avoir des éléments de comparaison ; pour le moment je me

contenterai de mentionner quelques analogies de nom. Une porte de l'horloge


2
‫ باب الساعات‬bralée en 794 , & Damas , rappelle celle que j'ai signalée plus haut

(p . 625 ) . Le manège qui était au nord de la Citadelle du Caire portait , comme

celui de Damas , entre autres epithètes , celle de « vert « ‫ الميدان الاخضر‬3 , .etc , etc.

Sous la domination turque, le Palais bigarré abritait les ouvriers chargés de

la confection du tapis sacré ( la kisoûat portée à la Mecque par la caravane

annuelle du pèlerinage) . C'est ce qu'atteste Al- Bakrî qui mentionne : « le palais


de la kisoûat, connu sous le nom du Palais bigarré . » Or les écrivains occiden

.1 ‫القصر الأبلق بناه الملك الظاهر بيبرس البندقداري الصالحی و ظاهر من وجه الارض الى نهاية اعلاه بالحجر الاسود‬
‫والاصفر مدماكا‬
‫ له على جسر راكبا بعقد على‬: ‫من هذا ومدماكا من هذا بتاليف غريب واحكام عجيب ويدخل في دركا‬

‫مجرى الوادي الى ايوان برانى يطل على الميدان القبلي استجده اقوش زمان نيابته بها ثم يدخل الى القصر من ذهليز‬

‫فسيح مشمل على قاعات ملوكية تستوقف الابصار وتستوهب الشموس من اشعتها الانوار بالرخام الملون قائما ونائما في مفارش ها‬

‫وصدورها وأعاليها وأسافلها مموهة بالذهب واللازورد والفص المذهب وازر من الرخام الى سحف السقوف وبالدار الكبرى‬

‫بها ايوانين متقابلان يطل شبابيك شرقيهما على الميدان الاخضر المهند وغربيهما على شاطى الوادي المحضر والنهار به كانه‬

‫ذائب الفينة وله الرفارف العالية المناعية للسحب يشرف من جهاتها الاربع على جميع المدينة والغوطة والوادي كامل‬

) Ms. de la Bibl. nat . , 583 , f 211 recto ‫المسافع بالبيوت !! لوكية والاصطبلات السلطانية والحمام والمنافع الملكية‬
QUATREMERE (S. M., rer vol. , 2e partie, p . 44, note donne , de ce passage, une traduction que j'ai reproduite ici.
Il n'éclaircit pas toutes les difficultés du texte . J'avoue humblement n'avoir pas été plus heureux que lui et, par
prudence, je m'en suis tenu à ce qu'il a cru devcir traduire . j'ajouterai que le texte , par l'absence de points
d'acritiques, est fort malaisé à établir .
2. QUATREMÈRE (S. M. , 1er vol . , 2º partie, p. 179) .
3. Khiṭat, II , 111 , 1. 9 ; 205 , l . 15 .
.4 Al-Bakri , fo 72 recto( . ‫قصر الكسوة المعروف بالقصر الابلق‬
640 P. CASANOVA .

taux qui parlent du palais deJoseph (MAILLET, POCOCKE, NIEBUHR, etc. ) disent que

c'était dans ce palais de Joseph qu'on fabriquait le tapis en question . Voici , par

exemple, ce que dit MAILLET : « On voit aussi dans la même enceinte un très

bel appartement et des divans admirables, qui font face à la grande place appe

lée le Meydan . Ce bâtiment, qui n'a pas moins de six cents ans d'antiquité [on
voit que MAILLET n'a pas connaissance de la légende de Joseph , relativement à

ce palais ] et dont la beauté est surprenante, aboutit sur une terrasse d'une

hauteur prodigieuse, qu'on a élevée avec un mur terrible contre l'escar

pement de la roche, qui est fort droite et fort haute en cet endroit . Vers le

milieu du mur est un avancement porté par des arcades à perte de vue , que

soutiennent des piliers carrés de trente à quarante pieds de diamètre . Sur

cet avancement s'élève un salon percé de tous côtés surtout du côté du

nord, et dont le plafond est appuyé sur des colonnes. De là on découvre

tout le Caire, ce qui forme sans contredit une des plus belles vues du monde .

C'était dans cet appartement que logeoient autrefois les Bachas , mais depuis

qu'un d'entr'eux eut le malheur d'y être étranglé , ils l'ont abandonné .

Aujourd'hui il n'est occupé que par les ouvriers qu'on emploie à broder

le magnifique Pavillon , que le Grand Seigneur envoie tous les ans à la

Mecque ' . »

Les débris des arcades dont parle MAILLET se voient encore aujourd'hui.

C'est au-dessus de ces arcades que se trouvent, jetées au hasard , les pierres

jaunes et noires dont j'ai parlé . D'ailleurs, le lecteur aura déjà remarqué com

bien les expressions de MAILLET rappellent celles de Makrîzî . On croirait par

moments que le premier n'a fait que traduire le second .

Donnons , pour terminer, les détails suivants de la Commission d'Égypte :

« Le véritable palais de Yousef est un bâtiment ruiné qui commande la ville du

Caire. En effet, outre le nom de Beït Yousef qu'on lui donne encore aujour

d'hui, il porte l'empreinte d'une grande magnificence, les murs sont massifs ,

parfaitement construits , couverts de sculptures , de mosaïques et même de dorures

et de peintures encore subsistantes avec des restes de voûtes cependant trop ruinés

pour pouvoir être décrits .Il renfermait une salle ornée de douze grandes colonnes

1. MAILLET, Description de l'Égypte, p. 193 .


HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE. 641

de granit, surmontées d'une coupole, avec des inscriptions en lettres d'or². »

Je placerai donc le Palais bigarré dans toute la région qui sur le Plan de 1798

va du nº 83 (maison de Joseph) à Bab el-Saba Hadarat , côté ouest de la mosquée

actuelle de Mehemet Alî . La maison de Joseph n'est autre, à mes yeux , que

l'iwân septentrional dont parle Makrîzî . Les ruines subsistantes représentent

les autres parties du Palais bigarré , les palais intérieurs et autres constructions

dont nous allons parler maintenant.

§ III

a. -Les palais intérieurs.

‫القصور الجوانية‬

Reprenons la description générale donnée par Makrîzî, dont j'ai déjà cité

les premières lignes (p . 576 à 580) .

<< Configuration de la Citadelle . - Voici la configuration de la Citadelle :

elle est bâtie sur une élévation isolée, entourée de murs en pierre avec tours et

saillants, qui finissent au Palais bigarré, puis de là se relient aux palais des sul

tans , par une disposition inusitée dans les tours des citadelles . On entre à la
Citadelle par deux portes [ Bâb al- Moudarradj et Bâb al-Karâfat] . Entre ces deux

portes est une vaste place , sur les côtés de laquelle sont des maisons et des

boutiques, sur le côté sud un marché pour les vivres . De cette place on va à

une derekeh magnifique où s'assoient les émirs en attendant l'audience . Au mi

lieu de cette derekeh est la porte de la Koullat. De là on entre par un vaste vesti

bule vers des hôtels et des maisons , ainsi que vers la Mosquée où se tient

1. Ouvrage cité, p. 351-352 . -- MAILLET parle aussi (p . 190) d'un palais « où se voit ce magnifique salon envi
ronné de douze colonnes de marbre granite d'une hauteur et d'une grosseur prodigieuse soutenant un dôme
ouvert » et d'une inscription « qui règne autour de ce dôme et dont les caractères en relief sont de bois doré. »>
Cela correspond fort bien à la description d'un iwân du pala's d'Ibn Kalâoûn .
.

642 P. CASANOVA.

l'assemblée [ des fidèles ] . De ce vestibule de la porte de la Koullat on arrive, par

l'intérieur de portes , jusqu'à une place fort vaste , au cœur de laquelle est le

grand Iwân affecté aux audiences du sultan , les jours d'apparat , et aux séances

de la Maison de Justice. Sur les côtés de la place sont des demeures magnifiques.

On passe de là à la porte du Palais bigarré et devant ce palais est une autre place

où s'assoient les émirs familiers avant de se rendre au service permanent du

palais . Sur le côté de cette place, vis-à-vis de la porte du palais est le trésor du

palais . De la porte du palais on pénètre dans cinq vestibules [ pour arriver] à un

château splendide , d'où l'on aboutit au grand Iwân par une porte réservée . Et

de là on entre aussi dans trois palais , puis dans le harem du sultan , le jardin ,

le bain, le hôch (enclos pour les animaux) , etc.... '. »

Et, plus loin, après les détails que j'ai relevés sur le Palais bigarré :

<< Du Palais bigarré on entre dans trois palais intérieurs , dont l'un est de

plain-pied avec ce palais, et quant aux deux autres on y monte par des esca

liers . Dans tous sont des choubbâks (fenêtres grillées ) de fer, d'où l'on domine le

même panorama que [du haut] du grand palais . Dans tous sont des conduites

d'eau élevée du Nil par des doulâbs ( roues hydrauliques ) mises en mouvement

par des boeufs , depuis l'origine , de stations en stations jusqu'à ce que l'eau arrive

à la Citadelle , entre dans le palais du sultan et les demeures des émirs familiers

qui sont voisins du Sultan . L'eau coule donc dans leurs demeures et alimente

leurs bains . C'est un des plus admirables travaux par la hauteur de terre à ciel,

I. ‫ذكر صفة القلعة‬

‫ انها بناء على نشر عال بدور بها سور من حجر بابراج وبدانات حتى تنتهى الى القصر الابلق ثم‬،
' ‫وصفة قلعة الج‬

.. .. ‫من هناك تتصل بالدور السلطانية على غير اوضاع ابراج القلاع ويدخل الى القلعة من بابين باب المدرج وباب القرافة‬

‫وبين البابين ساحة فسيحة في جانبها بيوت وبجانبها القبلي سوق للمأكل ويتوصل من هذه الساحة الى دركاة جليلة كان يجلس بها‬

‫الامرآ حتى يؤذن لهم بالدخول وفى وسط الدركاة باب القلة ويدخل منه في دهليز فسبح الى ديار وبيوت والى الجامع الذي تقام به‬

‫الجمعة ويمشى من دهليز باب القلة في مداخل ابواب الى رحبة فسيحة في صدرها الايوان الكبير المعد لجاوس السلطان في‬

‫يوم المواكب واقامة دار العدل وبجانب هذه الرحبة ديار جليلة ويمر منها الى باب القصر الابلق وبين يدى باب القصر رحبة‬

‫دون الاولى يجلس بها خواص الامرا قبل دخولهم الى الخدمة الدائمة بالقصر وكان بجانب هذه الرحبة محذيا لباب القصر‬

‫خزانة القصر وبدخل من باب القصر في دهاليز خمسة الى قصر عظيم ويتوصل منه الى الايوان الكبير بباب خاص‬

, p 205-204 ( .
).Khitat ‫وبدخل منه انا الى قصور ثلاثة ثم الى دور الحرم السلطانية والى البستان والحمام والحوش‬
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE. 643

environ cinq cents coudées ( 120 mètres ?) . On entre de ces palais dans le

harem . Tous ont leurs murs extérieurs bâtis en pierres noires et pierres jaunes

avec frises de marbre à l'entrée , mosaïques dorées à dessins de nacre et ser

pentine (?) et de toutes sortes de [ pierres] colorées. Tous les toits sont

dorés décorés d'azur. La lumière étincelle sur les murs par les fenêtres en verre

de Chypre coloré, semblable à des pierreries . Tous les planchers sont pavės

d'un marbre transporté en ces lieux des divers points de la terre : il ne s'en

trouve plus de semblable.... »

Je résume tous les détails par le croquis suivant :

Casernes de

Mamlotiks
Porte

d'al Moudarridj

e PortedelaXo
Porte secrète. c Porte
a Porte de Karâfat
l Puits .
P .
Parte
Warson
Mosquee m
e
ole r
a
H
Justice
INNEY rs
ais rieu
Pal inte
[Beibars] Porte

Pala
is
Bis
arr
Marché e
Les Sept
Ecur Salles
aux chevaux ie .

On voit que la Mosquée, l'Iwân , le Palais bigarré faisaient face au nord ,

par conséquent à l'enceinte sud de la Citadelle de la Montagne (enceinte de

.. ‫ويدخل من هذا القصر الى ثلاثة تصور جوانية منها واحد مساءت لارض هذا القصر واثنان يصعد البهما بدرج في‬

‫جيعها شبابيك حديد تشرف على مثل منظرة القصر الكبير وفي هذه القصور كلها مجاري الماء مرفوعا من النيل بدواليب تديرها‬
82

wt Fahrt
644 P. CASANOVA .

Şalâh ad-Dîn) . Les tours s'arrêtaient bien au Palais bigarré, et, comme je l'ai

déjà dit plusieurs fois , à partir de là, ce n'était plus une citadelle , mais une rési

dence royale, un Versailles oriental . Les trois premiers monuments formaient

une première ligne d'édifices publics : au sud et à l'ouest se développaient les

appartements privés du sultan et de ses grands officiers . Je donnerai , dans le

plan général de reconstitution de la Citadelle au temps de Makrîzî, les détails

plus précis de cette disposition.

b. Les Sept Salles.

‫السبع قاعات‬

<< Elles dominaient le Manège et la porte de Karâfat. Elles furent bâties par

Mouḥammad ibn Kalâoûn qui y logea son sérail : il laissa en mourant douze

cents esclaves maouladat ( nées de pères arabes et de femmes étrangères ) sans

compter les autres¹ . >>

Makrîzî n'ajoute pas d'autres détails, mais j'ai déjà mentionné dans l'Intro

duction que le nom en est resté, à peu près équivalent. On voit , en effet, sur le

Plan de 1798, Saba Hadardt ‫السبع حدرات‬ ) Citadelle ,, no 72 ) à l'angle sud de la

Citadelle qui domine la place du Karameïdan . Le mot a le même sens

que . Il n'est pas douteux que ce nom ne soit un souvenir, peu altéré, des

constructions d'Ibn Kalâoûn , car l'emplacement est bien celui que leur assigne

Makrîzî. Ajoutons que la porte de Karâfat, ici désignée , est celle de l'enceinte

‫الابقار من مقرة الى موضع ثم الى اخر حتى ينتهى الماء الى القلعة ويدخل الى القصور السلطانية والى دور الامرا الخواص‬

‫المجاورين للسلطان فيجرى الماء في دورهم وتدور به جاماتهم وهو من عجائب الاعمال لرفعته من الارض الى السما قريبا من‬

‫جسمائة ذراع من مكان الى مكان ويدخل من هذه القصور الى دور الحريم وهذه القصور جميعها من ظاهرها مبنية بالحجر‬

‫الاسود والحجر الاسفر موزرة من داخلها بالرخام والفصوص المذهبة المشجر بالصدف والمعجون وانواع الملونات وسقوفها‬

‫كلها مذهبة قد موهت بالازرود والنور يخرق في جدرانها بطاقات من الزجاج القبرسي الملون كقطع الجوهر المؤلفة في‬

, II pp. 210( .
).Khitat ‫العقود وجميع الاراضي قد فرشت بالرخام المنقول اليها من اقطار الارض مما لا يوجد مثله‬

.1 ‫السبع قاعات – هذه القاعات تشرف على الميدان وباب القرافة عمرها الملك الناصر محمد بن فلاون واسكنها سراريه ومات‬

) .II
, p 212 , .1 16( . ‫عن الف ومايتي وصيغة مولدة سوى من عداهن من بقية الاجناس‬
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE. 645

du Caire, et non celle de la Citadelle ' ; elle est à l'extrémité du Manège (voir le

Plan de 1798).

Je relève chez les historiens la mention d'une salle d'Argent ² et d'ure

salle de Cuivre l³ . Peut-être le chiffre sept a- t -il été adopté par supers

tition astrologique ; dans cette hypothèse , les sept salles portaient le nom des

sept métaux consacrés aux sept astres mobiles , l'or , l'argent, le fer, le mercure ,
l'étain, le cuivre, le plomb*. Je donne cette hypothèse pour ce qu'elle vaut .

La salle de Cuivre était voisine de l'Iwân , comme le disent les textes que je

cite à la note 2. C'est vraisemblablement à cette salle qu'appartenait la porte de

Cuivre.

c.- La porte de Cuivre.

‫باب النحاس‬

« A l'entrée du Voile . C'est la plus belle porte de la résidence du sultan . Elle

fut bâtie par Mouḥammad ibn Kalâoûn qui en agrandit (ensuite) le vestibule . >>

Par le « voile » Makrîzî entend sans nul doute, la porte du Voile, Báb as-Sitarat

(cf. plus haut, p . 624) . J'ai dit que cette porte répondait à la porte sud de la

Mosquée qui est tournée vers le nord-est. La porte de Cuivre devait être celle

par laquelle le sultan se rendait de sa résidence à la Mosquée et réciproque

ment. Elle communiquait avec l'escalier de l'Iwân , ce qui confirme mon hypo

thèse sur la porte de Cuivre .

I. J'ai déjà mis en garde contre cette confusion, p . 582 .


2. Aboû'l -Maḥâsin mentionne, à plusieurs reprises, cette salle comme affectée à la résidence de divers émirs

(Ms. 666, 43 verso et passim) .


3. Ihn Iyâs, qui la mentionne souvent, rappelle presque chaque fois qu'elle donnait sur l'Iwân :

üljɣl de äbil (Ms. 795 A, fº 188 recto, 235 verso, 257 verso, etc.) .
4. Comparez ce que dit un écrivain persan des neuf pavillons, consacrés aux sept planètes, aux étoiles fixes et
au firmament par une princesse indienne (REINAUD , Monuments arabes du cabinet Blacas, II, p . 388 , note) .

50 ‫ هذا الباب من داخل الستارة وهو اجل ابواب الدور السلطانية عمره الناصر محمد بن فلاون وزاد‬- ‫باب النحاس‬
, II, p 212 , 1.35 ( . ‫في سعة دهليزه‬
).Khitat
, II . p 20 ( , 1 , 23 ( . ‫يعبر من باب النحاس الى درج هذا الايون‬
.6 .Khitat
646 P. CASANOVA .

d. - La porte de la Koullat.

‫باب القلة‬

Construite, com ne nous l'avons vu , par Beïbars , la Koullat fut détruite par

Kalâoûn , le II radjab 685 , et remplacée par une koubbat . Mouḥammad détruisit

à son tour cette dernière, et refit la porte de la Koullat, telle qu'elle

existait au temps de Makrîzî ' . J'ai déjà dit que le Plan de 1798 mentionne une

grande tour , dite Khazneh Koulleh, aujourd'hui disparue, dont le nom me paraît

devoir être rapproché de celui de la porte. Le nom de cette porte se retrouve

encore à l'époque turque *.

Cette porte est, à n'en pas douter, celle qu'on voit encore en face de la Mos

quée. J'ai déjà mcntré qu'elle était entre les deux portes de Sârîat et de al

Kârâfat. Le passage suivant d'Aboû ' l- Maḥâsin est des plus explicites . « L'émir

Djânbek fut tué à la Citadelle de la Montagne, à l'entrée de la porte de la Koullat

en face de la porte est de la mosquée d'an - Nâșir³ . » Nous avons déjà vu

(p. 641 ) qu'il y avait un grand vestibule .. Aboû 'l-Maḥâsin mentionne

aussi deux escaliers , des deux côtés de la porte. Quand on sortait de cette

porte, on franchissait celui de droite pour aller vers les palais , ou celui de

gauche pour aller vers la Mosquée *.

Il s'y trouvait également des mastabatsbl où les émirs se tenaient en

I.
ً‫ثم هدمها (القلة ) الملك الناصر محمد بن قلاون وجدد باب القلة على ما هو عليه الآن وعمل له باباً ثانيا‬
(Ķhiṭaṭ, II, p . 212, 1. 37) . Le ms. 400 de la Bibliothèque de Munich semble parler de cette construction sous

l'année 720 : ‫) وفي شهر رجب انشا الباب المستجد خارج باب القلة وتوسيع الدركاه وفرغ ذلك جميعه في رجب‬ 175
verso).
2. Ms. de Munich , 415 , fº 57 .

.3 Bibl . nat . , Suppl . 8o9 , fo 126 verso( . ‫قتل الامير جانبك بقعلة الجبل داخل باب القلة تجاه باب الجامع الناصري الشرقي‬

40 ‫وصل الى باب القلة ثم مشى الى ان جاوز العتبة الثانية من باب القلة والتفت عن يمينه الى الجهة الموصلة الى القصر‬

‫ ثم مشى الى ان التفت الى نحو العتبة التي تكون على شماله نجه باب الجامع الناصری فراى على درجات الباب‬... ‫السلطاني‬
(Ibid. , f 137 recto) . ‫المذكور جماعة من‬
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE. 647

attendant leur tour de service ' . D'après le passage de Makrîzî que je cite en

note, il semble que ces mastabats étaient à l'intérieur même de la Citadelle de la

Montagne, car des émirs attendaient là qu'on ouvrît « la porte de la Cita


delle » , c'est- à- dire la porte de Sârîat . Cette porte faisait partie du mur d'en

ceinte , comme l'atteste ce passage un peu obscur d'Aboû ' l-Maḥâsin : << Sur cette

porte est le point d'appui du mur de la Citadelle² . » Enfin attenait à cette porte

la maison du Naïb, avec son grillage , S , d'après certains indices que je

vais relever .

e. — La maison du Naïb.

‫دار النيابة‬

J'ai dit plus haut ( p . 615 ) que cette résidence avait été édifiée par Kalâoûn

en 687. Quand Mouḥammad ibi Kalâoûn supprima le poste de naïb (vice- sul

tan) d'Égypte , il détruisit cette maison en 737. Mais elle fut réédifiée plus tard .

Bien qu'on ne puisse pas comprendre précisément cette maison parmi les
V
constructions mêmes de Mouḥammad , on me permettra de lui consacrer ici

quelques détails .
< En l'an 742 , l'émir Koûşoûn construisit la salle des audiences pour les
«
<

émirs , à l'entrée de la porte de la Koullat, et y ouvrit un choubbak, qui donnait

sur le vestibule ... Autrefois il siégeait à la porte de la Ķoullat à la place [de la

maison du Naïb] en un lieu élevé³. » Plus tard en 752 , la maison du Naïb est

dans la place qui est à l'entrée de cette même porte, comme l'atteste le même
.

auteur*. Elle devait être en communication avec la salle du Sâḥib , dont j'ai parlé

.1 ‫اجتمع الامرا بمساطب باب القلة من قلعة الجبل ينظرون فتح باب القلعة ليركبوا في خدمة الامير كتبغا كما جرت في العادة‬
(Bibl. nat . , ms. 672, fº 243 verso) .

2. (Bibl . nat . , ms . 662 , fº 51 verso) . äntäll (sic) uso de järell (sic) lyde sill og åhäll !

.3 ‫ وكان قبل‬.... ‫وفيها انشا الامير قوصون قاعة الجلوس مع الامرا من داخل باب القلة وفتح لها شباك يطل على الدركا‬

Je rétablis , par conjecture, le mot ‫ دار‬qui me parait avoir . ‫ذلك يجلس بباب القلة موضع ( دار ) النيابة في موضع صعد‬
été oublié par le copiste. - (Ms. 672, fo 511 verso.)

.4 Ibid. , fo 615 verso( . ‫) داخلة باب القلة قاموا من دار النيابة‬sic( ‫فانا الابوب مغلقة والصيحة‬
648 P. CASANOVA.

page 595 ' . En tous cas , elle était, par rapport à l'Iwân , de l'autre côté de la

porte de la Koullat , en deçà donc de l'enceinte de Şalâḥ ad - Dîn , comme il rẻ

sulte d'un passage formel du Kitâb as-Souloûk : « Şalâḥ partit de la maison du

Naïb, ... et passa de la porte de Koullat à l'Iwân³ . » Ceci nous permet de placer
la salle du Sahib également à proximité de la porte de la Koullat .

L'emplacement de la maison du Naïb étant ainsi à fort peu près déterminé ,

crois devoir transcrire les détails donnés par Makrîzî, et déjà traduits par

QUATREMÈRE , pour n'avoir plus à revenir sur l'histoire de cet édifice : «


< La mai

son du Naïb fut bâtie par ordre d'Al-Malik'al-Manşoûr Kalâoûn, l'an 687. C'était

lá que résida l'émir Housâm ad- Dîn Toronțâï , ainsi que les naïb as-salṭanat qui

lui succédèrent. Ils donnaient audience dans la tribune grillée qui faisait par

tie de cette maison . Cette habitation fut démolie l'an 737, par ordre d'Al - Malik

an- Nâşir Mouḥammad ibn Kalâoûn , qui supprima tout à la fois la charge de

naïb et celle de vizir. Le terrain qu'avait occupé cette maison n'offrit plus

qu'une place vide. Après la mort d'Al- Malik an - Nâşir, l'émir Koûşoûn ayant

été nommé naïb as-saltanat fit rebâtir la maison appelée dâr an- nîâbat . La cons

truction n'était point encore achevée, lorsque l'émir fut mis en prison , et rem

placé dans les fonctions de naïb par l'émir Ţachtimour Hɔmş Akhḍar. Celui

ci fut arrêté à son tour , et remplacé par l'émir Chems ad-Dîn Ak Sonkor, sous

le règne d'Al-Malik aş- Şâliḥ Ismâ'îl fils d'Al - Malik an-Nâşir Mouḥammad

(seizième sultan mamloûk). Le nouveau naïb vint s'installer dans la maison qui

lui était destinée, et y donna audience, le samedi premier jour du mois de

şafar, de l'an 743 , dans la tribune grillée, appelée choubbak an - niábat . Ce fut le

premier qui l'habita, depuis sa reconstruction . Le même édifice fut occupé par
les autres naïbs successivement ......

<< Al-Malik an-Nâşir Faradj ibn Barkoûk désigna pour naïb as -salțunat , l'émir

Timouraz ; mais cet officier n'occupa point la maison appelée dâr an -nîâbat, qui
était dans la Citadelle³ . »

1. Voici un passage du Kitab as-Souloûk, qui semble indiquer ce voisinage, qui n'a rien que de naturel :

)Ibid . , fo 308 recto . ‫وخرج من دار النيابة بالقلعة الى قاعة الصاحب‬

.2 Ibid . , fo 316 recto( . ‫ وعبر من باب القلة الى الايوان‬... ‫ومشی سلار من دار النيابة‬
― ‫دار النيابة‬
.3 ‫كان بقلعة الجبل دار نيابة بناها الملك المنصور فلاون في سنة سبع وثمانين وستمائة سكنها الامير حسام‬
‫‪HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE.‬‬ ‫‪649‬‬

‫‪-‬‬
‫‪f.‬‬ ‫‪Les casernes .‬‬

‫الطباق‬

‫‪Mouḥammad ibn Kalâoûn construisit de nouvelles casernes sur la place de‬‬

‫» ‪l'Iwân. << Il y logea ses mamloûks , et en fit un quartier qui leur fut réservé² .‬‬

‫‪Il en fit élever également en 729,‬‬ ‫‪sur l'emplacement du puits construit‬‬

‫‪par son père en 681³ . Là où sont aujourd'hui des casernes habitées par les‬‬

‫‪troupes anglaises, à peu de distance de la porte de Sârîat , vers le nord-ouest ,‬‬

‫‪j'ai vu un puits s'ouvrant dans des salles abandonnées . Peut- être est- ce le puits‬‬

‫‪de Kalâoûn .‬‬

‫‪Mentionnons, en passant, l'incendie qui éclata à la Citadelle, le vendredi‬‬

‫الدين طرنطاى ومن بعده من نواب السلطنة وكانت النواب تجلس بشباكها حتى هدمها الملك الناصر محمد بن قلاون في سنة‬

‫سبع وثلاثين وسبعمائة وابطل النيابة وابطل الوزارة ايضا فصار موضع دار النيابة ساحة فلما مات الملك الناصر اعاد‬

‫الامير قوصون دار النيابة عند استقراره في نيابة السلطنة فلم تكمل حتى قبض عليه فولى نيابة السلطنة الامير طشتمر‬

‫عليه فتولى بعده نيابة السلطنة الامير شمس الدين ان سنقر في ايام الملك الصالح اسماعيل بن الملك‬ ‫حص اخضر وقبض‬

‫الناصر محمد بن قلاون مجلس بها في يوم السبت اول صفر سنة ثلاث واربعين وسبعمائة في شباك دار النيابة وهو اول من‬

‫‪ .........‬ان الناصر فرج‬ ‫جلس بها من النواب بعد تجديدها وتوارتها النواب بعده ‪...‬‬

‫ابن برقوق اقام الامير تمراز في نيابة السلطنة فلم يسكن دار النيابة في القلعة ‪)Khitat , II , 214 , 1. 33 a 215 , .1 20( .‬‬
‫‪Dans le Kitáb as-Souloûk, Maķrizî donne, comme date précise de la destruction de cette maison par Mouḥammad,‬‬

‫هدمت دار النيابة بالقلعة التي عمرت في الايام المنصورية قلاون سنة سبع وثمانين وستمائة ‪le dimanche 8 rabi II 737 :‬‬

‫وازيل الشباك الذي كان يجلس فيه طرنطاء النايب وذلك في يوم الاحد ربيع الآخر ‪) Ms. 672 , 1 45I recto .‬‬
‫‪Sur les naïbs, voir la note de QUATREMÈRE , S. M. , I , 2º partie, p . 95 , où il donne la traduction que j'ai par‬‬
‫‪tiellement reproduite.‬‬

‫‪1. Voir sur ce mot : à‬‬ ‫‪, au plurielÿ‬‬ ‫‪, une note de QUATREMÈRE , S. M. , I , 2º partic , p . 14 .‬‬
‫‪2.‬‬ ‫انطباق بساحة الايوان ―‬
‫عمرها الملك الناصر محمد بن قلاون واسكنها المماليك السلطانية وعمر حارة تختص بهم‬
‫‪(Khitat, II, p. 212 , 1. 23) .‬‬

‫‪.3 .V‬‬
‫‪ce que dit oi‬‬ ‫‪ci‬‬
‫‪Makrizi de ce puits‬‬ ‫الجب – كان بالقلعة جب بحبس فيه الامرا وكان ‪(Kbitat , II , p 213 , 1.3 ( :‬‬

‫مهولا مظلما كثير الرطل ويط كريه الرائحة يقاسي المسجون فيه ما هو كالموت واشد منه عمره الملك المنصور قلاون في سنة‬

‫احدى وثمانين وستمائة فلم يزل الى ان قام الامير بكتمر الساقي في امره مع الملك الناصر محمد بن قلاون حتى اخرج من كان‬

‫فيه من المحابيس ونقلهم الى الابرج وردمه وعمر فوق الردم طباقا في سنة تسع وعشرين وسبعمائة‬
‫‪Dans le Kitáb as - Souloûk, le même auteur donne la date précise du 17 djoumadâ Ier (ms . 672 , fº 412 verso) .‬‬
650 P. CASANOVA .

7 ramaḍân en 715 , et détruisit une partie des casernes ' . Il avait pris au bourdj

Manşoûrî, peut-être celui qu'avait élevé Al- Malik al - Mansoûr Kalâoûn (voir

p. 591 ) , près de la Porte secrète . La Porte secrète donnait sur la place de

l'Iwân, et ce sont probablement les casernes édifiées par Mouḥammad qui furent
atteintes .

.1 ‫وفي ليلة الجمع سابع رمضان احترق البرج المنصوري بالقلعة وطباق المماليك المجاورة له وعمات النار الى طلوع الشمس ثم‬
(Ms. de Munich 400, fº 168 verso) . Lolgebl
Makrîzî donne la date du 17 cha'bân, et dit que les casernes étaient celles des djâmdárs (corps spécial de Mamloûks)

‫وقعت نار في البرج المنصوري في قلعة الجبل وطباق الجدارية واحرقت شيا كثيرا وذلك في سابع عشر شعبان‬
-
(Ms. 672 , fo 358 verso) . L'auteur du ms. de Munich, paraissant être contemporain de Mouḥammad ibn
Kalâoûn, doit être cru de préférence .
CHAPITRE X

ŒUVRE DE MOUHAMMAD IBN KALÂOÛN .

(suite)

Outre les constructions que j'ai énumérées dans l'enceinte de la Citadelle , il

en est d'autres fort importantes, qui constituaient des annexes de la Citadelle, et

dont quelques- unes formèrent même une sorte de troisième enceinte (surtout

à l'époque turque ) . Bien que les prédécesseurs de Mouḥammad ibn Kalâoûn s'en

fussent un peu occupés , je n'en ai jusqu'ici dit que quelques mots , me réservant

d'y revenir plus à loisir , pour en faire aisément une étude d'ensemble . D'ail

leurs , les remaniements qu'y apporta le sultan constructeur leur donnèrent une

physionomie toute nouvelle .

Ce sont : 1º la Timbalerie ; 2º le Ḥoch ; 3 ° les Écuries ; 4° le Manège ; 5 ° les

Aqueducs.

1° La Timbalerie

‫الطبلخاناه‬

C'est, comme nous l'avons vu plus haut ( p . 608 ) , la Maison de Justice de

Beïbars. Je vais en reprendre et commenter la description .

<< Cette timbalerie est actuellement sous la Citadelle entre la porte d'al- Mou

darradj et la porte de la Chaine . C'était l'ancienne Maison de Justice bâtie par Al

Malik adh-Dhâhir Beïbars , dont nous avons déjà parlé . En 722 , Mouḥammad ibn

Kalâoûn la détruisit et y édifia cette timbalerie . Il descendait pour [en voir] la


83
652 P. CASANOVA .

construction à tout instant. Il donna la surveillance des travaux à Ak Sonkor,

intendant des bâtiments ' . »

Dans le Kitâb as-Souloûk, Makrîzî donne le mois de ramaḍân comme date

précise, qu'Aboû❜l- Maḥâsin confirme² . Les deux auteurs ajoutent qu'en creusant

les fondations , on trouva des ca lavres portant les traces de coups d'épées . Les

cadavres étaient de forte taille et de large carrure . Deux d'entre eux étaient

revêtus d'armures. Il est vraisemblable que c'étaient des soldats franks tués dans

les combats livrés près de la porte de Barkîat en 564³ .

L'emplacement de ce bâtiment est fort bien précisé par Makrîzî : il est situé

au-dessous de la Citadelle entre les portes d'al-Moudarradj et d'as -Silsilat (la

chaîne). La première nous est déjà connue . Je n'ai pas encore parlé de la seconde .

Mais différents passages la représentent comme faisant face à la madrasat du

sultan Hasan . Ce dernier monument subsistant encore , il est hors de doute

que la porte en question correspond , à peu près , à celle qui est appelée, depuis

les Turcs , porte des Azabs . Je dis « à peu près » , car je tâcherai de prouver, plus

tard, que le véritable emplacement de la porte doit être reporté un peu plus

loin . Il est à remarquer qu'aucun des auteurs qui parlent de la Citadelle ne don

nent une description de cette porte, dont le nom cependant se trouve cons

tamment mentionné dans les récits historiques . J'ai déjà cité Makrîzî et Kalka

chandî qui n'attribuent à la Citadelle, l'un que deux portes : celles d'al -Moudarradj

et de Karâfat ; l'autre que trois les deux précédentes et celle du Secret, Bab

as-Sirr. Cette porte était, en quelque sorte , extérieure à la Citadelle , comme

.. ‫هذه الطبلخاناه الموجودة الآن تحت القلعة فيما بين باب السلسلة وباب المدرج كانت دار العدل القديمة التي عمرها الملك‬
‫الظاهر بيبرس وتقدم خبرها فلما كانت سنة اثنتين وعشرين وسبعمائة هدمها الناصر محمد بن فلاون وبناها هذه الطبلخاناه‬

‫الموجودة الآن تحت القلعة فيما بين باب السلسلة وباب المدرج وصار ينزل الى عمارتها كل قليل وتولى شد العمارة بها اق سنقر‬
, II , p 213 ( . ‫شاد العمائر‬
).Khitat
2. Ms. 672, fo 387 verso . - Ms. 662 , fo 149 recto.

.3 Cf. Makrizi , Khitat , I , 339 , 1.7 : ‫رحل مرى من بركة الحبش ونزل بظاهر القاهرة مما يلى باب البرقية وقائل‬

‫اهلها قتالا كثيرا‬


<< Maury (roi des Francs) , quittant l'étang de Habach , descendit dans les environs du Caire, au voisinage de
la porte de Barkiat , et livra aux habitants de nombreux combats . » C'est donc bien dans le voisinage de la
Citadelle que ces combats se livrèrent. (Voir le plan . )
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 653

aujourd'hui celle des Azabs . En se reportant aux plans, on voit , en effet , que

pour pénétrer dans l'enceinte même de la Citadelle , il faut toujours entrer par
les portes correspondantes à celles d'al -Moudarradj et de Karâfat, et que la

porte des Azabs , comme celle d'as-Silsilat, ne permet d'entrer que dans les cons
tructions annexes .

Quoi qu'il en soit , en admettant, provisoirement, comme points de repère la


porte, actuellement subsistante , du soullam al-Moudarradj, et la porte des Azabs,

la Timbalerie paraît correspondre à la situation actuelle de l'hôtel des Archives,

le Defter Khaneh (Plan de Grand- Bey, Defter-hané ) . On pourrait, à la rigueur,

pour se conformer avec plus de précision aux indications de Makrîzî , la rappro

cher davantage de la porte des Azabs , mais , comme nous le verrons, il y a

d'autres constructions à placer dans cet intervalle, et l'emplacement qui répond

le mieux aux diverses descriptions me paraît être celui-là .

Que devint la Timbalerie ? C'est ce que nous ignorons . Fut-elle conservée

plus tard ? céda -t- elle la place aux constructions postérieures ? Je n'ai point

trouvé de renseignements à ce sujet . Sur le plan de restitution que je soumets

au lecteur, je la place, approximativement, dans l'angle formé par les deux en

ceintes, entre la porte d'al-Moudarradj et celle du Secret. Il paraît difficile d'ob

tenir plus d'exactitude .

2º Le Hôch

‫الحوش‬

<< On en commença la construction sous le règne d'Al-Malik an - Nâşir Mou

ḥammad ibn Kalâoûn en l'année 738. La contenance en était de quatre feddâns .

L'emplacement en était [ autrefois] un immense étang, car on avait pris les pierres

pour construire les salles de la Citadelle , si bien qu'il s'était formé une cavité

considérable . Quand on commença la construction du hôch, chaque émir de

cent dut fournir cent ouvriers et cent bêtes de somme pour le charroi des sables

nécessaires au comblement , et chaque émir de timbalerie proportionnellement

(c'est-à- dire autant d'hommes qu'il en commandait) . L'émir Akbogha


654 P. CASANOVA .

'Abd al-Wâhid fut appelé à la direction des travaux . De la part de chaque émir

son ostadâr et avec lui ses soldats et ses bêtes de somme prenaient part au tra

vail. Y prenaient part aussi les prisonniers . Le wâlî du Caire et celui de Misr y

enrôlaient [par la corvée] les hommes. Des gens de la banlieue y furent aussi

employes .

<< Chaque ostadâr d'émir siégeait dans sa tente , des cordes (?) détermi

naient la part de travail afférente à chacun . L'émir Akbogha était debout,

exhortant les gens à la célérité . Al - Malik an - Nâşir y vint en personne chaque

jour ..

<< Cette œuvre surmena les hommes qu'Akbogha brutalisait maladroitement.

Il en périt un grand nombre à la tâche par l'excès de fatigue et la violence

de la fièvre , car c'était pendant l'été .

« L'œuvre fut achevée après une année et trente jours . On fit venir des pays

du Şa'îd ( Haute-Égypte) et du littoral deux mille têtes de bétail , outre un grand

nombre de boeufs bigarrés , pour les installer dans ce hôch. Il y eut des abris

pour les animaux , des écuries pour les bœufs . On fit venir de la Citadelle de l'eau

pour ce hôch. Les animaux se tenaient tout autour. Chaque année se succédaient

les convois d'Aîdhâb et de Koûs à la recherche de ce que ces pays contenaient

de bestiaux , de façon qu'on y prenait ce qu'il y avait de troupeaux de choix . On


4 en tirait aussi de la Nubie et du Yémen . Après la mort d'Ibn Kalâoûn , le nombre

s'en élevait à trente mille têtes, sans compter les petits . Les légumes verts em

ployės à la nourriture des oies s'élevaient chaque jour à la valeur de cinquante

dirhems, plus deux mithkâls d'or ' . »

Nous verrons que ces habitations, vraisemblablement débarrassées de leurs

premiers hôtes, servirent plus tard de résidences aux successeurs du sultan .

Pour le moment , je me contenterai d'utiliser dans ce passage de Makrîzî

C
.1 ‫ابتدى العمل فيها على ايام الملك الناصر محمد بن قلاون في سنة ثمان وثلاثين وسبعمائة وكان قياسه اربعة‬ ‫لحوش‬

‫ودادين وكان موضعه بركة عظيمة قد قطع ما فيها من الحجر لعمارة قاعات القلعة حتى صارت غورا كبيرا ولما شرع في العمل‬

‫رتب على كل امير من امراء المئين مائة رجل ومائة بسيمة لنقل التراب برسم الردم وعلى كل امير من امرا الطبلخااه بحسبه‬

‫وندب الامير اقبغا عبد الواحد شاد العمل فحضر من عند كل من الامرا استداره ومعه جنده ودوابه للعمل واحضر الاساري‬

‫وسخر والى القاهرة ووالى مصر الناس واحضرت رجال النواحي وجلس استادار كل امير في خيمة ووزع العمل عليهم‬

‫بالاقصاب ووقف الامير اقبغا يستحث الناس في سرعة العمل وصار الملك الناصر يحضر في كل يوم بنفسه فثال للناس من‬
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE. 655

mir
cette observation que l'emplacement en était jadis comme une carrière exploitée
tra
pour la construction des diverses « salles » . On remarque encore aujourd'hui
Tr
dans la région sud de la Citadelle , au pied de la grande terrasse dont j'ai souvent
SSI
parlé, des tranchées pratiquées dans le vif du roc , et on peut constater que

beaucoup des blocs de pierre employés aux constructions avoisinantes ont la


J
même origine que le roc . Ce sont les mêmes agglomérats de coquilles antédilu

viennes qui caractérisent la pierre du Moukaṭṭam . C'est bien dans le roc lui- même

qu'ont été puisés les matériaux mêmes de cette partie de la Citadelle . Cette

observation a son importance , si l'on se rappelle que la première enceinte , celle

de Şalâḥ ad-Dîn , a été faite des débris de petites pyramides (voir p . 542) .

Elle vient à l'appui de ce que j'ai déjà dit, que la seconde enceinte, celle du pa

lais, de la ville militaire, est absolument distincte de la première . Pour celle-là ,


on ne s'est pas donné la peine de chercher les pierres toutes taillées par les an

ciens Pharaons ; on a pris à même dans la carrière naturelle , qu'on avait sous

la main . Plus tard , on s'aperçut du vide formé par ces emprunts perpétuels , et

on s'avisa de le combler . C'est de cette époque que date le troisième groupe

des constructions de la Citadelle , de celles qui furent, après Mouhammad ibn Ka

lâoûn , la résidence favorite des sultans , et plus tard , sous la domination turque,

celle des pachas . La construction du Hôch est le point de départ d'une trans

formation de la résidence royale . Peu à peu, les hauteurs seront délaissées ,

l'Iwân et la Mosquée seront abandonnées à la destruction du temps .

‫العمل ضرر زائد واخرق اقبغا بجماعة من امائل لناس ومات كثير من الرجال في العمل لشدة العسف وقوة الحر وكان‬

‫الوقت صيفا فانتهى عمله في سنة وثلاثين يوما واحضر اليه من بلاد الصعيد ومن الوجه البحرى الفي راس غنم وكثيرا من‬

‫الابقار البلق لتوقف في هذا الحوش فصار مراح غنم ومربط بقر واجرى الما الى هذا الحوش من القلعة واقام الاغنام المختارة‬

‫وجلبها من بلاد النوبة ومن اليمن فبلغت عدتها بعد موته ثلاثين الفراس سوى اتباعها وبلغ البقل الاخضر الذي يشترى‬
.Makri
, Klifat, zi
II , p 229( . ‫لفراج الاوز في كل يوم خمسين درهما عنها زيادة على مثقالين من الذهب‬

M
656 P. CASANOVA .

3º Les Écuries

‫الاصطلات‬

J'ai déjà mentionné des Écuries au temps d'Al - Malik al- Kâmil et ses succes

seurs. L'activité de Mouḥammad ibn Kalâoûn se porta aussi de ce côté , et là

encore, il remania si complètement l'œuvre de ces prédécesseurs que nous ne

pouvons connaître que la sienne, en rappelant seulement qu'elle fut une res

tauration , un agrandissement , si l'on veut , mais non une œuvre originale.

Voici le peu qu'en dit Makrîzî, qui ne nous renseigne pas sur l'emplacement
précis « L'intendance des Écuries. - Cette charge est [ restée ] considérable

jusqu'à nos jours... Le premier qui l'institua fut Al- Malik an - Nâşir Mouḥammad

ibn Kalâoûn . C'est lui le premier qui accrut l'importance de l'émir akhoûr

(grand écuyer) '. » Suivent d'assez longs détails sur l'organisation de la cava

lerie que je ne transcrirai pas, devant me borner à la description archéologique

de la Citadelle . On peut en infèrer seulement que Mouḥammad ibn Kalâoûn

fit, dans les anciennes écuries, des remaniements importants ; mais nous ne

savons rien de plus . Toute trace en a disparu .


Les Écuries communiquaient, comme nous l'avons vu , avec les palais . On

y pénétrait, d'autre part, par la porte de la Chaîne, laquelle était en face de la Mos

quée de Hasan , comme je l'ai déjà dit . J'en conclus que cette porte corres

pond à la porte intérieure, mentionnée sur le Plan de 1798 sous le nom . de

porte des Quarante « Bâb al- Arba'ïn » , à quelque distance de la porte actuelle dite

des Azabs . Cette porte rappelle, par le style des soubassements et sa disposi

tion , celle de Sârîat . J'estime qu'elle a dû être construite par Al - Kâmil , mais elle

a été tellement restaurée , qu'il est difficile d'affirmer . Je montrerai , plus tard ,

que la porte actuelle des Azabs date du temps des Ottomans. La porte des

10 ‫ واول من استجدها الملك الناصر محمد بن قلاون‬....... ‫ هذه الوظيفة جليلة القدر الى اليوم‬- ‫نظر الاصطبلات‬

, II, p 22 , .1 374 ( ‫وهو اول من زاد في رسة امبر اخور‬


).Khital
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 657

Quarante qui est une porte intérieure ne relie actuellement que des magasins :

elle est aujourd'hui, pour ainsi dire, en l'air , et par conséquent ne peut être

considérée que comme un vestige de l'ancienne enceinte.

Tout près de cette porte, qui est celle de la Chaîne, à mon avis, se trouve une

Mosquée , appartenant par son style à l'époque des Mamloûks , refaite plus tard,

il est vrai , par les Ottomans. C'est, je crois , la Mosquée des Écuries , men

tionnée deux fois par Makrîzî '. Adossé à cette mosquée est un sabîl où j'ai relevé

des parties d'inscription , dont l'écriture appartient à l'époque de Mouḥammad

ibn Kalâoûn . Ce sont des fragments de versets du Coran , tels qu'on en trouve
souvent sur ces sortes de monuments . On lit distinctement :

... ‫ الانهار وتجعل لك قصورا‬... ) Coran , xxV , II ( .

4° Le Manège

‫الميدان‬

De ces Écuries , et, par conséquent, de la Citadelle même dépendaient natu

rellement les manèges, où s'exerçaient les Mamloûks . Il y en avait un certain

nombre³ ; je me mentionnerai que celui qui dépendait directement de la Cita

delle , et dont le nom est resté encore aujourd'hui , sous sa forme turque , le Kara

meidan (manège noir) . Il est ainsi nommé sur le Plan de 1798. C'est aujour

d'hui une vaste place , plantée d'arbres .


Makrîzî lui consacre les détails suivants :
▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬
« Le Manège de la Citadelle. Ce manège est un reste du manège d'Aḥmad

1. (Khitat, II , 245 , 1. 33 et 327) . Dans ce dernier passage, tous les manuscrits laissent en blanc le nom
de celui qui construisit cette mosquée .

2. Voir, à ce sujet , le chapitre de Maķrîzi sur les manèges (Khițat, II, p . 197 sq.) .
658 P. CASANOVA.

ibn Toûloûn , dont nous avons parlė plus haut... Il fut construit en 611 par

Al- Malik al-Kâmil Mouḥammad ibn al- ´Adil Aboû Bekr (voir plus haut , p . 597)

qui éleva sur le côté trois bassins d'arrosement, et y fit venir l'eau , puis ce
manège fut abandonné un temps . Quand son fils Al - Adil Aboû Bekr

Mouḥammad monta sur le trône , il en prit soin , Al-Malik aş - Şâliḥ Nadjm

ad- Dîn Ayyoûb en prit plus de soin encore . Il y ajouta un bassin, y planta

des arbres tout autour, si bien qu'il devint une merveille . Puis , après lui ,

il fut délaissé, et, en 651 , Al-Malik al- Mou'izz Aïbek le détruisit ; toute trace en

disparut.
« En 712 Al- Malik an -Nâşir en commença la reconstruction . Il le limita de la

porte de l'Écurie jusqu'au voisinage de la porte de Karâfat [ celle du Caire, et

non celle de la Citadelle] . On y transporta de la terre, de façon à l'en couvrir

entièrement. Il le fit cultiver et y fit forer des puits , des sakiyats y furent ins

tallés (le terme de indique une succession de bassins en étages , disposi

tion dont je parlerai plus tard) . Il y fit planter des palmiers magnifiques et

des arbres fruitiers, et le fit entourer du mur de pierre qu'on voit aujourd'hui .

En dehors une grande fontaine y fut construite .

<< Quand tout cela fut achevé , il y descendit et se livra au jeu du mail avec ses

émirs , qu'il gratifia ( à cette occasion ) . Il continua d'y jouer chaque mercredi et
samedi .
1
« Le Palais bigarré dominait ce manège. C'était un manège d'une grande

étendue, sur laquelle on se promenait avec aisance. Quand le sultan y allait

monter à cheval, il descendait par un escalier contigu à son palais intérieur . Il

descendait d'abord vers l'écurie réservée, puis à ce manège , à cheval , suivi de

ses familiers. On lui présentait les chevaux aux heures de liberté . Il y avait aussi

toutes sortes d'animaux sauvages , curieux à voir. Là aussi se dressaient en

liberté les chevaux privés . Dans ce même manège , le sultan faisait la prière des
deux fêtes . Il y descendait au jour de la fête, puis remontait par la porte réser

vée du vestibule du palais , sans jamais descendre par là . Quand il montait à

cheval de la porte de son palais pour aller au manège par l'écurie, il descendait

dans un pavillon royal , qu'on tendait pour lui des plus belles étoffes . Il priait ,

entendait le prône , puis , remontant à cheval , rentrait au grand Iwân , où il

faisait servir un banquet ..... En l'an 800, Al-Malik adh - Dhâhir Barkoûk fit la
‫‪HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE .‬‬ ‫‪659‬‬

‫‪prière d'en -Naḥr dans la mosquée de la Citadelle , par prudence, après la rẻ‬‬

‫» ‪volte d'Ali - Bey ..... depuis , c'est la qu'elle se fit ' .‬‬

‫‪5º Les Aquedues.‬‬

‫‪L'œuvre la plus considérable d'Ibn Kalâoûn , hors de la Citadelle , et dont il‬‬

‫‪reste encore des traces appréciables, est la construction d'immenses aqueducs ,‬‬

‫‪sur lesquels Makrîzî nous donne d'intéressants détails :‬‬

‫‪« Les eaux de la Citadelle . - Toutes les eaux de la Citadelle qui viennent du‬‬

‫‪Nil sont transportées d'endroit en endroit, jusqu'à ce qu'elles passent par tous‬‬

‫‪les points de la Citadelle qui en ont besoin . Les rois ont de tout temps donné‬‬

‫‪leurs soins à la confection de bassins pour transporter l'eau du Nil à la Cita‬‬

‫‪delle. En l'année 711 , Al - Malik an -Nâşir Mouḥammed ibn Kalâoûn construisit‬‬

‫هذا الميدان من بقايا ميدان احمد بن طولون الذي تقدم ذكره ‪ ...‬ثم بناه الملك الكامل محمد بن ‪10‬‬ ‫الميدان بالقلعة‬

‫العادل أبي بكر بن ايوب في سنة احدى عشرة وستمائة وعمر الى جانبه بركا ثلاثا لسفيه واجرى الما اليها ثم تعطل هذا‬

‫الميدان مدة فلما قام بعده ابنه الملك العادل ابو بكر محمد بن الكامل محمد اهتم به ثم اهتم به الملك الصالح نجم الدين ايوب بن‬

‫الكامل اهتماما زائدا وجدد له ساقية اخرى وانشا حوله الاشجار فيا من احسن شي يكون الى ان مات فتلاشی امر الميدان‬

‫بعده وهدمه الملك المعز ايبك سنة احدى وحسين وستمائة وعفت اثاره فلما كانت سنة اثنتى عشرة وسبعمائة ابتدا الملك الناصر‬

‫محمد بن فلاون عمارته فاقتطع من باب الاصطبل الى قريب باب القرافة ‪ ...‬فنقلت اليه الطين حتى كساه كله وزرعه وحفر به‬

‫الآبار وركب عليها السواق وغرس فيه النخل الفاخر والاشجار المثمرة وادار عليه هذا السور الحجر الموجود الان وبنى حوضا‬

‫للسبيل من خارجه فلما كمل ذلك نزل اليه ولعب فيه الكرة مع امرائه وخلع عليهم واستمر يلعب فيه يومي الثلاثاء والسبت‬

‫وصار القصر الابلق يشرف على هذا الميدان فجاء ميدانا فسيح المدى يسافر النظر في ارجائه واذا ركب السلطان اليه نزل‬

‫من درج تلى قصره الجواني فينزل السلطان الى الاصطبل الخاص ثم الى هذا الميدان وهو راكب وخواص الامرا في خدمته‬

‫فيعرض الخيول في اوقات الاطلاقات ويلعب فيه الكرة وكان فيه عدة من انواع الوحوش المستحسنة المنظر وكانت تربط به‬

‫ايضا الخيول الخاصة للتفسح وفي هذا الميدان يصلى السلطان ايضا صلاة العيدين ويكون نزوله اليه في يوم العيد وصعوده‬

‫من باب خاص من دهليز القصر غير المعتاد النزول منه فاذا ركب من باب قصره ونزل الى منفذه من الاصطبل الى هذا‬

‫الميدان ينزل في دهليز سلطاني قد ضرب له على اكل ما يكون من الابهة فيصلى ويسمع الخطبة ثم يركب وبعود الى الايوان‬

‫الكبير ويمد به السماط ‪ .......‬الى ان كانت سنة ثمانمائة فصلي الملك الظاهر برقوق صلاة عيد النحر بجامع القلعة لتخوفه‬

‫‪)Khitat , II , p . 228 et 229( .‬‬ ‫بعد واقعة الامير على باى فهجر الميدان ‪.......‬‬
‫‪84‬‬

‫‪•Lolly‬‬
660 P. CASANOVA .
mega maarinājiVsand

quatre bassins sur le Nil, d'où l'eau était transportée jusqu'au mur, puis du

mur jusqu'à la Citadelle . La prise d'eau était dans l'atelier construit

par Al- Malik adh-Dhahîr Beïbars près du couvent de Takî ad - Dîn Radjab qui

est au Roumeïlat, au bas de la Citadelle, jusqu'au puits des Écuries .

En 728 , le sultan entreprit de creuser un canal depuis le voisinage de Ha

louân jusqu'à la Montagne Rouge qui domine le Caire pour en amener l'eau

dans le manège qu'il avait construit à la Citadelle . Le canal fut creusé dans

la montagne . Il se rendit [ sur les lieux] pour examiner la chose avec les géo

mètres. La mensuration du canal donna une longueur de 42,000 kasabats .

L'eau y coulait depuis Halouân jusqu'en face de la Citadelle. Une fois -là , on

construirait un château d'eau , d'où l'eau serait transportée à la Citadelle , de

sorte qu'elle y coulerait en abondance et constamment, été comme hiver ,

sans interruption ni diminution . De ce même point, en face de la Citadelle,

l'eau coulerait jusqu'à la Montagne Rouge, d'où elle serait déversée sur le

pays, qui pourrait ainsi être cultivé . Dans le temps qu'il méditait cette œuvre,

il manda l'émir Saïf ad - Din Kotloûbek ibn Karâsonkor al - Djâchenguîr , émir

de timbalerie à Damas , qui venait de terminer la construction des canaux et

la conduite des sources à Jérusalem . Il vint, et avec lui les ouvriers qui avaient

exécuté les canaux de Jérusalem , sur les chevaux de la poste , jusqu'à la Cita

delle de la Montagne, où ils logèrent. On leur soumit les devis et les plans .

Ils allèrent à Hélouân et y déterminèrent le débit de l'eau ; puis revinrent

vers le sultan , approuvèrent ses vues et conclurent à l'entreprise . « Que de


<< mandez -vous ? dit-il . C 80,000 dinârs . ――――― Ce n'est pas beaucoup ; et com

<< bien faut-il de temps pour le complet achèvement ? — Dix ans . » Il se récria

sur la longueur de ce temps . On dit que c'était Al - Fakhr, inspecteur de l'armée,

qui les avait poussés à demander ce temps, car il désapprouvait l'entreprise .

Il ne cessait de représenter au sultan l'excès de la dépense, et la nécessité de

détruire Al - Kârafat (les tombeaux ) , ce qui le porta à se détourner de son des

sein. Kotloûbek et ses ouvriers retournèrent à Damas. Peu de temps après

Kotloûbek mourut en rabi Iº 729. En 741 , le sultan pensa à amener l'eau à

la Citadelle et à l'augmenter pour l'arrosage des arbres , l'emplissage des

faskîyâts (bassins de plaisance) , pour les pacages de petit et gros bétail . Il

manda les géomètres et les architectes, se rendit avec eux tout le long des
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 661

aqueducs qui transportent l'eau du Nil à la Citadelle , arriva ainsi jusqu'au ri

vage, ct ordonna d'y construire un autre puits auquel s'adapteraient des aque

ducs qui rejoindraient les anciens . L'eau des deux puits serait ainsi réunie et

se déverserait en un seul courant jusqu'à la Citadelle , arroserait le Manège et

le voisinage . Ce qui fut fait. Puis il voulut encore augmenter l'eau . Il se di

rigea avec les ingénieurs jusqu'à l'étang des Abyssins [ ¸ , birkat al-Ḥa

bach, voir p . 550 ] ; il ordonna qu'on construisît un petit canal , partant du Nil,

qui passerait sous l'enceinte de l'Observatoire , et qu'on fît sous l'Observatoire

dix puits dans le roc, où aboutirait le canal . Sur ce puits seraient installées des

machines rotatives ( ) pour ramener l'eau aux anciens aqueducs qui ali

mentaient la Citadelle , et y apporter ainsi un surcroît. Or , entre le point d'ori

gine du canal et l'autre extrémité , sous l'Observatoire , s'étendaient de vastes

domaines et grand nombre de jardins . L'émir Akbogâ ' Abd al- Waḥd , chargé du

creusement du canal , les acheta à leurs propriétaires . Il creusa donc le canal et


le fit passer au milieu du jardin du Şâhib Bahâ ad- Dîn ibn Ḥanâ , dont il inter

rompit la plantation et détruisit les fermes . On réunit grand nombre d'ouvriers

pour tailler le roc , on fora les puits. Le sultan visitait sans cesse les travaux .

La profondeur du canal, à l'embouchure du Nil , était de quatre kasabats ; celle

de chaque puits dans le roc de quarante coudées . Dieu voulut que le sultan

mourût avant la fin de cette œuvre , tout fut arrêté , le canal se combla depuis .

Il reste aujourd'hui un fragment près du Couvent des traces [ ty , voir

p. 550 ] . La maçonnerie en resta comme témoin authentique de la force de

l'ouvrage et de l'excellence de la construction , près de la terrasse du Djarf,

appelé aujourd'hui l'Observatoire , se dressant hors de terre tout le long du

Djarf, jusqu'à son sommet ; mais l'émir Ilbogâ as - Sâlamî la détruisit en 812 ,

y prit ce qu'il y avait de pierres , dont il répara les aqueducs qui amènent en

core aujourd'hui l'eau jusqu'à la Citadelle . On appelait ces ruines : les bassins

du Sultan . Depuis leur destruction, la plupart des gens ignorent ce que c'est ,

et le souvenir en est perdu ' . »

I. ‫ذكر المياه التي بقلعة الجبل‬


‫وجميع مياه القلعة‬
‫من ماء النيل تنقل من موضع الى موضع حتى تمر في جميع ما يحتاج اليه بالقلعة وقد اعتنى الملوك‬

‫بعمل السواق التي تنقل الما من بحر النيل الى القلعة عناية عظيمة فانشا الملك الناصر محمد بن قلاون في سنة اثنتى عشرة‬

‫لو‬
‫صا لاس‬
‫‪662‬‬ ‫‪P. CASANOVA .‬‬

‫‪L'aqueduc primitif subŝiste encore . De ce que nous dit Makrîzî, il semble‬‬

‫‪résulter que, de tous temps, les sultans s'en étaient occupés . La prise d'eau‬‬

‫‪actuelle est donc antérieure à Ibn Kalâoûn . Une grande partie des constructions‬‬

‫‪ont encore un appareil semblable à celui de la Citadelle. Je laisse à M. HERZ‬‬

‫و سبعمائة اربعة سواق على بحر النيل تنقل الماء الى السور ثم من السور الى القلعة وعمل نقالة من المصنع الذي عمله‬

‫الظاهر بيبرس بجوار زاوية تقى الدين رجب التي بالرميلة تحت القلعة الى بئر الاصطبل فلما كانت سنة ثمان وعشرين‬

‫وسبعمائة عزم الملك الناصر على حفر خليج من ناحية حلوان الى الجبل الاجر المطل على القاهرة ليسوق الماء الى الميدان‬

‫الذي عمله بالقلعة ويكون حفر الخليج في الجبل فنزل لكشف ذلك ومعه المهندسون فجاء قياس الخليج طولا اثنين واربعين‬

‫الف قصبة فير الماء فيه من حلوان حتى يحاذي القلعة فاذا حاذاها بني هناك خبايا تحمل الماء الى القلعة ليصير الما بها غزيرا‬
‫اعلاه‬
‫كثيرا دائما صيفا وشتاء لا ينقطع ولا يتكلف لحمله و نقله ثم يمر من محاذاة القلعة حتى ينهى الى الجبل الاجر فيصب من‬

‫الى تلك الارض حتى تزرع وعندما اراد الشروع في ذلك طلب الامير سيف الدين قطلوبك بن قراسنقر الجاشنكير احد امرا‬

‫الطبلخانه بدمشق بعدما فرغ من بنا القناة وساق العين الى القدس فحضر ومعه الصناع الذين عملوا قناة عين بيت المقدس‬

‫على خيل البريد الى قلعة الجبل فانزلوا ثم اقيمت لهم الجرايات والرواتب وتوجهوا الى حلوان ووزنوا مجرى الماء وعادوا الى‬

‫السلطان وصوبوا رأيه فيما قصد والتزموا بعمله فقال كم تريدون قالوا ثمانين الف دينار فقال ليس هذا بكثير فقال كم تكون‬

‫مدة العمل فيه حتى يفرغ قالوا عشر سنين فاستكثر طول المدة ويقال ان الفخر ناظر الجيش هو الذي حسن لهم ان يقولوا‬

‫هذه المدة فانه لم يكن من رأيه عمل هذا الخليج وما زال يخيل للسلطان من كثرة المصروف عليه ومن خراب القرافة‬

‫ما جله على صرف رأيه عن العمل و اعاد قطلوبك والصناع الى دمسق لفات قطلوبك عقيب ذلك في سنة تسع وعشرين‬
‫·‬
‫وسبعمائة في ربيع الاول فلما كانت سنة احدى واربعين وسبعمائة اهتم الملك الناصر بسوق الماء الى القلعة وتكثيره بها لاجل‬

‫سقى الاشجار ومل الفساقي ولاجل مراحات الغنم والابقار فطلب المهندسين والبنائين ونزل معهم وسار في طول القناطر التي‬

‫تحمل الماء من النيل الى القلعة حتى انتهى الى الساحل فامر بحفر بئر اخرى ليركب عليها القناطر حتى تتصل بالقناطر العتيقة‬

‫فيجتمع الما من بئرين ويصير ماء واحدا يجرى الى القلعة نيسقى الميدان وغيره فعمل ذلك ثم احب الزيادة في الماء ايضا فركب‬

‫ومعه المهنا سون الى بركة الحبش وامر بحفر خليج صغير يخرج من البحر وبمر الى حائط الرصد وينفر في الحجر تحت‬

‫الرصد عشر آبار يصب فيها الخليج المذكور ويركب على الابار السواقي لتنقل الماء الى القناطر العتيقة التي تحمل الماء الى القلعة‬

‫زيادة لمائها وكان فيما بين اول هذا المكان الذي عين لحفر الخليج وبين آخره تحت الرصد املاك كثيرة وعدة بساتين فندب‬

‫الامير اقبغا عبد الوحد لحفر هذا الخليج وشرا الاملاك من اربابها فحفر الخليج واجراه في وسط بستان الصاحب بها الدين‬
‫۔‬
‫عامة الحجارين لقطع الحجر ونقر الآبار وصار السلطان يتعاهد النزول للعمل كل الميل‬ ‫ابن حنا وقطع انشائه وهدم الدور‬
‫وجع‬

‫فعمل عمق الخليج من فم البحر اربعة قصبات وعمق كل بئر في الحجر اربعين ذراعا فقدر الله تعالى موت الملك الناصر قبل تمام‬
‫هذا العمل فبطل ذلك وانطم الخليج بعد ذلك وبقيت منه الى اليوم قطعة بجوار رباط الآثار وما زالت الحائط قائمة من حجر في‬

‫غاية الانقان من احكام الصنعة وجودة البناء عند سطح الجرف الذي يعرف اليوم بالرصد قائما من الارض في طول الجرف‬

‫الى اعلاه حتى هدمه الامير يلبغا السالمي في سنة اثنتى عشرة وثمانمائة واخذ ما كان به من الحجر فرم به القناطر التي‬

‫تحمل الى اليوم الما حتى يصل الى القلعة وكانت تعرف بسواقي السلطان فلما هدمت جهل اكثر الناس امرها ونسوا ذكرها‬
‫‪(Kitat , II, p . 229 et 230) .‬‬
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE. 663

le soin de la décrire . Si l'on peut en faire remonter le premier travail à El

Kâmil, il est incontestable qu'il y a eu des remaniements perpétuels . Nous

avons vu qu'une des arches fut transformée en porte par le sultan Kaît - Bey.

On y trouve aussi le nom du sultan Ghoûry ' . Il me paraît impossible de déter

miner exactement la part de chacun , sans entrer dans une minutieuse discus

sion qui m'éloignerait trop de mon sujet².

D'après ce que nous dit Makrîzî , il n'est rien resté de la vaste entreprise de

Mouḥammad ibn Kalâoûn . Je crois cependant qu'on peut rapprocher la des

cription faite par l'historien arabe de ces quelques lignes de MAILLET :

« ..... [ Le puits de Joseph ] n'est pas seul de son espèce . J'en ai découvert cinq
á peu près semblables dans les ruines du Vieux Caire , au pied des montagnes

vers lesquelles la ville s'élevait depuis les bords du Nil par un espace d'envi

ron trois quarts de lieue . ( Ces montagnes représentent l'Observatoire de

Makrîzî .) Ils sont de même creusés dans le roc et sont d'une profondeur éton

nante . Ce qu'ils ont de particulier, c'est qu'ils ne sont point partagés en deux ,

comme celui de Joseph , et que le fond répond précisément à l'ouverture

comme dans tous les autres puits du monde . Du reste, ils sont presque sur la

même ligne en tirant vers le midi , et à côté du Château , dans le lieu qu'on

appelle le quartier des domestiques d'Ebn Touloun (¿ | de Maķrîzî ) . Il

y en a quatre qui ne travaillent plus ; et ce sont les plus profonds ; aussi sont

ils les plus voisins de la montagne. (Ce sont bien vraisemblablement les quatre

puits signalés par Makrîzî au pied de « l'Observatoire » . ) Les pierres et la terre,

qu'on y a jetées les ont à demi-comblés . Cependant leur profondeur est encore

si grande qu'elle éblouit . Leur ouverture n'est point un carré parfait ; elle peut

avoir dix pieds de longueur sur huit de large. A l'égard du cinquième , il est

1. Voir, à la fin du chapitre xv.


2. Mon ami, M. VAN BERCHEM, avec qui j'ai souvent parlé de cette question , m'écrit ces quelques lignes qui
confirment mes vues : « Il y a deux appareils principaux, l'un à bossages , semblable à celui des murs de Șaldḥ ad-Din ,
avec des dimensions de pierre analogues . Dans une partie des arcs, les vides ont été comblés par un appareil
également à bossage, mais qui paraît d'une autre époque... Vous remarquerez que Mouḥammad ibn Kalâoûn a
aussi construit en bossages à la Citadelle » ( lettre du 1er mai 1892 ) . — Je laisse l'étude technique de cette archi
tecture à M. Herz , qui dira s'il faut décidément l'attribuer à Mouḥammad . - Pour l'autre appareil , qui est turc,
j'en dirai quelques mots au chapitre XVI .
664 P. CASANOVA .

encore en état de servir, et fournit de l'eau à une ancienne mosquée (probable

ment la mosquée dite el- Goyoûchî) ' , autour de laquelle habitent encore plu

sieurs familles dans une espèce de forteresse qui semble être collée contre la

montagne [ce cinquième puits me paraît tout à fait distinct de l'œuvre de

Kalâoûn ; il est vraisemblablement contemporain de la mosquée , laquelle fut

construite par le vizir Badr al - Djamâlî , en 478 de l'hégire] . Cette eau est dou

ceâtre et fade comme celle de tous les puits d'Égypte , excepté l'eau du puits de

Joseph, qui, au contraire , est un peu salée . Il est probable que ces puits four

nissaient autrefois de l'eau à une partie du Vieux Caire, sur lequel leur situa

tion dominait. On voit encore proche de ces puits des tuyaux de terre cuite qui
servaient à la conduire....... »

Tout ce qu'a vu MAILLET a disparu . La région actuellement est couverte de

tombes. Pourtant, j'ai remarqué moi-même des excavations plus ou moins

maçonnées , qui pourraient correspondre aux puits d'Ibn Kalâoûn ; mais les dé
"
combres y étaient trop entassés pour que je pusse vérifier la chose . Quoi qu'il

en soit, je n'hésite pas à voir, dans les quatre puits de MAILLET, ceux dont nous

a parlé Makrîzî . MAILLET a vu juste : ces puits et ces tuyaux servaient à l'ali
· mentation, sinon du Vieux Caire, du moins de la Citadelle, voisine du Vieux

Caire par ses constructions annexes .

Je terminerai ces deux chapitres par le résumé que donne Makrîzî dans le

Kitâb as-Souloûk de l'œuvre de Mouḥammad ibn Kalâoún .

<< Il construisit le manège sous la Citadelle , y amena les eaux [ du Nil ] , y planta

des palmiers et [divers] arbres . Il y jouait à la kourrat tous les mardis avec les

émirs khâşikîs . Au -dessus il construisit le Palais bigarré , détruisit le bourdj


qu'avait construit son frère Al-Achraf Khalil au - dessus de l'Écurie et fit par

dessus un rafraf, dont les fondations furent descendues au plus bas (?) . Tout

près il construisit un bourdj où il transféra les Mamloûks . Il transforma la

Porte de Cuivre à la Citadelle, en agrandit le vestibule . Sur la place en face de

l'Iwân , il éleva des casernes pour les émirs khâşikîs . Il refit l'Iwân deux fois , et

la seconde fois il l'établit là où il est actuellement , et il y transporta les grandes

1. Voir sur cette mosquée une notice de M. VAN BERCHEM, Institut égyptien, 1888 et Corpus inscriptionum arabi
carum, p . 54.
2. MAILLET, p . 213 et 214.
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 665

colonnes de la Haute-Égypte, de sorte que ce devint une des plus belles cons

tructions royales . Il construisit à la Citadelle des hôtels pour ceux des émirs

qu'il maria à ses filles et y fit amener les eaux [ du Nil] . Il y fit encore des bains .

Il agrandit Bâb al-Koullat d'une seconde porte et fit un quartier spécial [ pour les

Mamloûks ?] . Il construisit la mosquée de la Citadelle, les sept salles qui do

minent le manège et la porte de Karâfat, à l'usage du personnel.de ses harems .

Il construisit les cuisines, qu'il fit toutes de pierre par crainte de l'incendie . Il

voulut aussi transformer la porte de la Citadelle appelée al- Moudarraj et y faire

un vestibule, et mourut avant de le faire. Il fit à la Citadelle un hôch pour le


petit bétail, un hôch pour le gros, un pour les chèvres , un enclos pour la vo

laille (?) , etc. . »

‫ثا‬
.. ‫وانشا الميدان تحت القلعة واجرى له المياه وعرس فيه النخل والاشجار ولعب فيه بالكرة في كل يوم ثلا مع الامرا‬

‫الخاصكية وعمر فوقه القصر الابلق واخرب البرج الذي عمره اخوه الاشرف خليل على الاصطبل وجعل فوقه رفرفا‬

‫ونزل اصله من اسفله وعمر بجانبه برجا نقله اليه المماليك وغير باب النحاس بالقلعة ووسع دهليزه وعمر بالساحة قدام‬

‫) اقره على ما هو عليه الآن وحل اليه العمد الكبار‬sic( ‫الايوان طباقا للامرا الخاصكية وغير الابوان مرتين وفي المرة الثالثة‬

‫) الذين زوجهم ببنائه واجرى اليها المياه وعمل‬sic ( ‫من بلاد الصعيد فجا من اعظم من المبانى الملوكية وعمر بالقلعة دور الامير‬
‫) وعمر الجامع بالقلعة والقاعات السبع التي تشرف على الميدان‬sic( ‫بنها الحمامات وزاد في باب القلة بابا ثانيا وعمر حارة مختص‬

‫وباب القرافة لاجل سكنى سراريه وعمر المطبخ وجعل عمائره كلها بالحجارة خوفا من الحريق وعزم ان يغير باب القلعة‬

‫ ) الاوز‬2( ‫المعروف بالمرج ويعمل له درگاه فات قبل ذلك وعمل بالقلعة حوش الغنم وحوش البقر وحوش المعزى وحائر‬

)Bibl . nat . , ms . arabe 672 , fos 497 verso - 498 recto ( . ‫وغير ذلك‬

Tras
CHAPITRE XI

RÉSUMÉ DES CHAPITRES PRÉCÉDENTS

LA CITADELLE DU CAIRE AU TEMPS DE CHIHAB AD - DÎN

Auteur du Masálik al - Abşâr.

L'œuvre de Mouḥammad ibn Kalâoûn marque , comme on l'a vu , le point cul.

minant dans l'histoire des transformations de la Citadelle. Depuis , elle a peu

changé jusqu'au siècle présent, si ce n'est dans les constructions annexes . Je


crois donc utile de revenir sur toute cette histoire , d'autant qu'un auteur, con

temporain d'Ibn Kalâoûn , nous a laissé la plus ancienne description de la Cita

delle J'en donne , in extenso, le texte inédit, qui résume assez heureusement

tout ce que j'ai déjà dit, et qui , de plus , a l'avantage de nous offrir le prototype

des passages les plus clairs de Makrîzî, notre guide ordinaire.

Chihâb ad-Din , l'auteur du grand ouvrage historique et géographique , intitulé

Masâlik al- Abşâr fi- Mamâlik al - Amșâr, dont la Bibliothèque nationale possède

un fragment ' , vécut de 697 à 749. Il remplit, sous Ibn Kalâoûn , des fonc

tions importantes, et fut bien placé pour voir les choses. Après Ibn 'Abd aḍh

Dhâhir il est celui que Makrîzî met le plus à contribution pour l'époque des

sultans Mamloûks . Il est vrai qu'il ne le cite jamais ; mais le lecteur s'assurera

par l'échantillon que je vais en donner qu'il ne se fait pas faute de le copier

mot pour mot²2.

1. Bibl. nat. , ms . 583. Voir, sur cet ouvrage et son auteur, le mémoire de QUATREMÈRE (Not. et extr. des mss. ,
XIII) . M. VOLLERS , le savant conservateur de la Bibliothèque khédiviale du Caire , signale dans cet établissement
l'existence d'autres fragments très importants (Revue d'Égypte, juillet 1894 , p. 90).
2. Cf. QUATREMÈRE , Sultans mamlouks , passim, et Not. et extr. des mss . , XIII , p . 201. L'écriture du manuscrit
est très belle, mais manque très souvent de points diacritiques, comme je l'ai déjà remarqué , p. 639 , note 1 ;
qu'on me pardonne mes incertitudes et mes crreurs de lecture.
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 667

MS . DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE , Nº 583 , Fº 190 RECTO

‫وأكابر المدن المشهورة بهذه المملكة قاعدة‬ Les principales grandes villes de ce

royaume (Égypte) sont : 1º la capi


‫الملك الكبرى القاهرة وقد تقدم القول على انها‬
tale, le Caire. Nous avons déjà dit
‫هي والقلعة والفسطاط ثلاث مدن صارت مدينة‬
qu'avec la Citadelle et Fostat cela fai
....... ‫واحدة‬
sait trois villes en une seule ...

La Citadelle de la Montagne est


‫نشر عال تسمى‬ ‫فاما قلعة الجبل فهي على‬

sur une éminence élevée appelée la


‫الجبل الاحمر من تقاطيع جبل المقطم بناها‬
Montagne rouge, qui est un contre

‫ابى المظفر‬ ‫قراقوش للملك الناصر صلاح الدين‬ fort du Moukattam . Elle fut cons .

truite par Karâkoûch pour Al-Malik


‫ولم يسكنها حتى ملك أخوه الملك العادل ابو بكر‬
an- Nasir Salah ad - Din Abou 'l-Mou
‫فسكنها‬
dhaffar et il ne l'habita pas, [ ni ses

successeurs ] jusqu'au règne de son


frère Al- Malik al- 'Adil Aboû Bakr,

qui l'habita *.

Elle est donc construite sur cette


‫وهي مبنية على ذلك النشر ترتفع في موضع‬
éminence , tantôt en hauteur, tantôt
‫منه وتخفص في آخر يدور بها سور حجر بابراج‬
en contre-bas . Un mur de pierre avec

‫( و ) بدنات الى ان ينتهى الى القصر الابلق الناصري‬ bourdjs et badanats (cf. p . 536) l'en

toure et se termine au Palais bigarré


‫المستجد بناوه ثم من هناك تتصل بدور الملك‬
d'An- Nâşir (ibn Kalâoûn) , récem

‫ليست على اوضاع ابراج القلاع‬ ment construit ; puis de là se confond

avec les palais du sultan . Cette dispo

1. En effet, plus haut (fo 163 verso) , l'auteur a dit : « La capitale de l'Égypte comprend trois villes impor
: Fostat ... , le Caire ... , la Citadelle « ..... ‫ والقاهرة‬..... ‫وحاضرة مصر تشمل على ثلث مدن عظام الفسطاط‬
.tantes

‫وقلعة الجبل‬
C'est ce que j'ai dit plus haut, p. 525 , note 2. L'auteur du Dîwân al-Inchả (Bibl . nat . , ms . 1573 , fº 83 recto)
dit également : ‫ الضرب الثاني‬..... ‫واعلم ان للديار المصرية قواعد وهي على ثلث ضروب الضرب الاول الفسطاط‬

‫ الضرب الثالث قلعة الجبل‬..... ‫القاهرة‬


2. On voit que Chihâb ad-Dîn confirme encore pleinement l'opinion que j'ai exprimée, p . 569 sq . Le

lecteur sait déjà que ce n'est pas Al-Malik al - ' Adil, personnellement, mais son fils , sultan réel d'Égypte, Al- Malik
al -Kâmil, qui , le premier, habita la Citadelle.
84
668 P. CASANOVA .

sition n'est pas celle des bourdjs des


citadelles .

On entre à la Citadelle par deux


‫القلعة من بابين احدها بابها‬ ‫يدخل الى‬
portes : l'une, qui est la principale est
‫الاعظم مواجه القاهرة والثاني ينفذ الى القرافة‬ tournée vers le Caire, la seconde con

‫بينهما ساحة فسيحة في جانبها قبلة تشرق وشملا‬ duit vers Karâfat ' . Entre les deux est

une vaste place , dont le côté est orienté


‫تغرب بيوت وبالقبلى سوق للماكل‬
suivant l'est . A gauche sont des mai
sons orientées vers le couchant. Au

sud se trouve le Marché aux vivres .

‫دركاه جليلة‬ ‫وينتهى من صدر الساحة الى‬ Du cœur de cette place on parvient

à un magnifique vestibule où siègent


‫تجلس بها الامرا حتى يواذن لهم بالدخول وفي‬
les émirs jusqu'au moment de l'au
) ‫الله‬ dans le texte ‫القلة‬ ‫باب‬ ‫وسطها‬ dience. Au milieu est la porte de la

‫ديار وبيوت‬ ‫منه في دهليز فسيحة الى‬ ‫تدخل‬ Koullat, par où l'on pénètre dans un

vaste pavillon, et de là à diverses ha


‫ومساكن والى المسجد الجامع وقد كان لا مسجد‬
bitations et à la Mosquée. Ce n'était

‫لضيق بناء فبناه هذا السلطان بنا متسع الارحا‬ pas lá un Mesdjid , tant le bâtiment en
était étroit. Le sultan y fit une spa
‫مرتفع البنا مفروش الارض بالرخام مبطن السقوف‬
cieuse construction , de haute archi

‫بالذهب في وسطه قبة علية يليها المقصورة مستورة‬ tecture . Les pavés en sont de marbre,

les plafonds ornés de dorure . Au


‫المحكمة‬ ‫الحديد‬ ‫بالشبابيك‬ ‫والرواقات‬ ‫هي‬
centre est une coupole attenante à la
‫المصنعة وتحف صحبة رواقات من جبهاته‬
Makşoûrat dissimulée ainsi que les fe

nêtres par des grillages en fer, de

solide construction , et sur les côtés

règne une rangée de fenêtres .

‫ويمشى من دهليز باب القلة المقدم الذكر في‬ Du pavillon de la porte de la Koul

lat dont nous avons parlé, on va par


‫صدرهـا‬ ‫رحبة فسيحة في‬ ‫مداخل ابواب الى‬
diverses portes jusqu'à une grande
‫الايوان الكبير المعد لجلوس ايام المواكب واقامة‬
place au cœur de laquelle est le grand

1. Les termes de Chihâb ad-Dîn sont, on le voit, fort précis, et confirment encore tout ce que j'ai dit plus haut,
- p . 578-583 .
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE. 669

)2 ( ‫دار العدل وبجانب الرحبة ديار جليلة وفي مخبيته‬ Iwân réservé aux audiences , les jours

de pompe et à la tenue de la cour de


‫ محبسه ) ممر الى باب القصر الابلق‬dans le texte (
justice. Sur le côté de cette place sont

‫تليه رحبة صغيرة يجلس هناك خواص الامرا قبل‬ de magnifiques demeures, et dans
un coin dissimulé un passage vers
‫دخولهم الى الخدمة الدائمة‬
la porte du Palais bigarré, puis une

petite place . C'est là que siègent les


émirs familiers , avant d'entrer pour le

service perpétuel [du prince] .

‫قصر‬ ‫من باب القصر في دهاليز الى‬ ‫ويمشى‬ De la porte du Palais [ bigarré ] on

pénètre par les pavillons jusqu'à un


‫عظيم البنا شاهق في الهوا بايوانين اعظمهما‬
palais qui dressè dans les airs deux

‫يطل منه على الاصطبلات السلطانية‬ ‫الشمالي‬ iwâns. Le plus grand est celui du

nord, qui communique avec les


‫ويمتد النظر الى سوق الخيل والقاهرة وحواضرها‬
écuries du sultan . La vue s'étend de

‫الى بحر النيل وما يليها من بلاد الجيزة وقراها‬ lå sur le Marché aux chevaux , le

Caire et ses environs , jusqu'au Nil,


‫لخروج‬ ‫وفي الايوان الثاني القبلى باب خواص‬
Djîzat et les villages . Dans le second
‫ايام‬ ‫الايوان الكبير‬ ‫السلطان وخواصه منه الى‬
Iwân sud est une porte réservée à la

‫المواكب ويدخل من هذا القصر الى ثلثة قصور‬ sortie du sultan et de ses familiers

vers le grand Iwân, les jours de


‫جوانية منها واحد مسائب الارض هذا القصر‬
pompe. De ce palais , on passe à trois
‫بدرج في‬ ‫الكبير واثنان مرفوعان يصعد اليهما‬
palais intérieurs, dont un est de plain

pied avec le grand Palais, et les deux


‫جميعها شبابيك حديد يخرق الى مثل منظر القصر‬
autres plus élevés , auxquels on monte
‫الكبير‬
par un escalier avec fenêtres grillées

de fer, d'où la vue est la même que

celle du grand Palais .

Dans ces palais sont des conduites


‫وفي هذه القصور مجاري الماء مرفوعاً من‬
d'eau élevée du Nil par les doûlábs que
‫النيل بدواليب يديرها الابقار من مقرة الى اخرى‬
des bœufs font tourner de bassin en

‫القصور‬ ‫القلعة ثم يدخل الى‬ ‫حتى ينهى الى‬ bassin jusqu'à la Citadelle . L'eau pénė

‫السلطانية ودور اكابر الامرا الخواص المجاورين‬ tre dans les palais du sultan et les de
670 P. CASANOVA.

‫ حماماتهم وهو‬، ‫للسلطان يجرى في دورهم ويدور‬ meures des grands émirs familiers lo

gés près du sultan . Elle pénètre donc


‫من عجائب الاعمال لرفعته مما تقارب خمس مائه‬
dans leurs demeures et y alimente
‫ذراع من مكان الى مكان‬ leurs bains . C'est une ceuvre merveil

leuse, par l'élévation qui atteint cinq

cents coudées (?) d'un point à un

autre.

‫حرم‬ ‫القصور الجوانية الى‬ ‫من‬ ‫ويدخل‬ Par les palais intérieurs on pénètre

dans le harem et les appartements


‫الحريم وابواب الستور السلطانية وهذه القصور‬
privés (litt. : les portes des voiles ) du

‫جميعها من ظاهرها بالحجر الاسود والاصفر‬ sultan . Tous ces palais sont à l'exté

rieur de pierre jaune et noire, parés à


‫المذهب‬ ‫موزرة من داخلها بالرخام والفص‬
l'intérieur de marbre et mosaïques do

‫والمسحر بالصدف والمعجون والمطرفات وانواع‬


rées, de lambris enluminés par mille

‫الملونات والسقوف المبطنة بالذهب واللازورد‬ couleurs , de plafonds rehaussés d'or et

d'azur. La lumière s'y reflète sur les


‫يخرق الضو في جدارتها بطاقات من الزجاج‬
murs à travers les fenêtres de verre de

‫القبرصي الملون كقطع الجوهر المولفة في العقود‬ Chypre coloré comme des pierres pré

cieuses enchâssées dans les voûtes .


‫وجمع الارض مفروشة بالرخام المنقول اليها من‬
Tout le sol est pavé de marbre trans
‫اقطار الارض مما لا يوجد مثله‬
porté de divers points du globe, tel

qu'on n'en trouve point de semblable.

‫فاما الادر السلطانية فعلى ما صح عندي خبره‬ Quant aux appartements du sultan,

on m'a affirmé qu'ils comprenaient


‫ذوات بساتين واشجار وساحات للحيوانات البديعة‬
des jardins et des arbres , des ména
‫والابقار والاغنام والطيور والدواخر وباقى داخلها‬ geries d'animaux rares , des bœufs et

moutons , des oiseaux curieux . Le


‫يعني القلة للمماليك السلطانية وخواص الامرا‬
reste de l'intérieur ( de la Citadelle ?),
‫نسائهم وحرمهم ومماليكهم ودواوبهم وطستخانانهم‬
je veux dire la Koullat ' , est affecté aux

‫و فراش خاناتهم وشراب خـا اتهم ومطابخهم‬ mamloûks du sultan , à ses émirs fa

miliers, leurs femmes, leurs harems,


‫وطائفهم‬

1. Le mot del est écrit sans points : il me paraît impossible de lire autre chose que ll . Dans ce cas, le
terme d'al- Koullat, que nous savons déjà appliqué à la porte de l'enceinte de Şalâḥ ad- Din , s'appliquerait à
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 671

leurs mamloûks , leurs chevaux, leurs

garde- meubles . garde -tapis , celliers ,


cuisines et leurs domestiques .

‫والقلعة فيها مساكن لاكابر الامرا ومن كبر‬ Dans la Citadelle sont les demeures

des principaux émirs et des plus con


‫من امرا الطبلخانات والعشرات او من خرج عن‬
sidérables émirs de timbalerie ou de

‫حكم الخاصكية الى طريق البرانيين ودار الوزارة‬ dix, ou de ceux des familiers qui sont

chargés de missions au dehors . Il s'y


‫ودار كاتب السر وديوان الانشا وديوان الحيوش‬
trouve le palais du vizirat, le palais
‫وديوان الاموال والنقبـا والزرد خاناه الحيوش‬
de l'écrivain du secret , les divans de

‫والاسرى وما يجرى هذا المجرى مقسمة المساكين‬ la chancellerie, de la guerre , du trésor

et des gouvernements , l'arsenal mili


‫وفيها المساجد والحوانيت والاسواق في جبهاتها‬
taire , les soldats , les prisonniers . Tous
‫هذه حملة العمارة‬ ont des demeures affectées à leur situa

tion . Il s'y trouve des mosquées , des

boutiques et des marchés , et tout cela

forme une masse de constructions .

Parlons des dépendances du châ


)sic( ‫ثم ذكرنا بقية ما يتعلق بالقصر السلطانية‬
teau du sultan . On dit qu'on descend
‫فيقول انه ينزل منه من جـانت ايوان القصر الى‬ du côté de l'Iwân du château aux Écu

‫الاصطبلات السلطانية ثم الى ميدان ممرج بالخيل‬ ries, puis à un Manège disposé en pré

à herbages , qui sépare les Écuries


‫الاخضر فاصل بين الاصطبلات وبين سوق التخيل‬
et le Marché aux chevaux à l'ouest.

‫في غربيه فسيح المدى يسافر النظر في ارحائها‬ Il est d'une vaste étendue , sur laquelle

se promène le regard . Le sultan y va


‫يركب السلطان من درج يلى قصره الجوانى‬
à cheval, par un escalier qui touche
‫وينزل الى الاصطبل الخاص ثم اليه راكبا وخواص‬
à son château intérieur, descend aux

‫خدمته لغرض الخيول في اوقات‬ ‫الامرا في‬ écuries réservées puis au manège ,

tout ce qui est compris dans l'enceinte . Cette dénomination spéciale donnée à toute la partie vraiment mili
taire confirmerait ce que j'ai dit p . 578 ; mais je n'ose insister sur les conséquences de mon interprétation ,
car, je le répète, l'absence de points diacritiques rend toujours aléatoire l'établissement d'un texte. Notons cepen
dant que la Khazneh Koulleh mentionnée par le Plan de 1798 (voyez ce que j'en dis p . 608 , note 1 , et 646) est
assez loin de la porte et dans l'enceinte même , ce qui semble indiquer que le nom de Koullat était donné à une
région assez étendue , dans l'enceinte de Şalâḥ ad- Dîn .
672 P. CASANOVA .

‫الاطلاق او قبول القادم والمشترى وفى اواقات‬ toujours à cheval, avec les émirs fa

‫طعم الطير وربما وقف به راكبا وربما نزل فيه‬ miliers en service , pour visiter les
chevaux aux heures de liberté , ou
‫ولم ينصب عليه خيام وربما نصب عليه الخيام اذا‬
assister aux achats, ainsi qu'aux heu
W
‫اطال مكثه وكان زمان حراو برد و ربما مد به السماط‬ res du repas des oiseaux . Tantôt il

reste à cheval , tantôt il met pied à


‫ثم يطلع راكبا الى قصره وبهذا الميدان انواع من‬
terre, et on ne dresse pas de tentes ; tan
‫الوحش المستحسن للنظر ومربط به خواص الخيول‬ tôt on dresse la tente, si son séjour

‫للنفسح وفي هذا الميدان يصلى السلطان وخواصه‬ se prolonge, et cela qu'il fasse chaud
ou froid . Tantôt il fait servir un
‫ومن لا يقدر بفارقة من ذوى الخدم صلاة العيدين‬
banquet . Puis il remonte à cheval

‫و نزوله اليه وطلوعه منه من باب خاص من دهليز‬ vers son palais. Dans ce manège sont

toutes sortes d'animaux superbes à


‫القصر غير هذا المعتاد للنزول منه لما قدمنا ذكره‬
voir . Lå sont dressés en liberté les

‫و للسلطان عدة ابواب سر الى القرافة الى غيرها‬ chevaux d'élite . C'est là que le sultan

fait , avec ses familiers et ceux que


‫لا حاجة بنا الى ذكرها‬
leur service empêche de s'éloigner , la

prière des deux fêtes . La montée et la

descente se font par une porte réser

vée du vestibule du château , et non

par celle qui sert ordinairement, dont

nous avons parlé . De plus le sultan a

diverses portes pour aller à Karâfat et

au delà . Point n'est besoin d'en parler.

‫قلت هذا القصور والايوان الكبير والميدان‬ J'ajoute que ces palais , le grand

Iwân , le grand Manège vert, la Mos


‫لاخضر والجامع وغالب العمائر الضخمة بالقلة‬
quée et la plupart des magnifiques
‫والقلعة عمارة هذا السلطان‬ constructions de la Koullat ' et de la Ci

tadelle sont l'œuvre de ce sultan [suit

l'éloge emphatique de Mouḥammad

ibn Kalâoûn ] .

1. Même remarque que plus haut : ici Chihâb ad-Din précise davantage encore la division de la Citadelle en
deux parties ‫ القلة‬et ‫القلعة‬. Le texte porte exactement : ‫ القلة‬.
CHAPITRE XII

LA CITADELLE DEPUIS IBN KALÂOÛN JUSQU'A L'ÉPOQUE

DE L'HISTORIEN MAKRÎZÎ (vers 840 H. )

L'œuvre de Mouḥammad ibn Kalâoûn marque donc, je le répète, le point cul

minant de l'histoire de la Citadelle . J'ai déjà dit que la plupart de ses construc

tions duraient encore, bien qu'en ruines , à l'époque de l'expédition française .


J'ai dit aussi que ses successeurs avaient peu å peu abandonné la Citadelle

proprement dite et s'étaient logės surtout dans les dépendances du bas : le

Hôch et les Écuries . C'est là surtout que j'aurai à signaler quelques modifica

tions, d'ailleurs sans grande importance.

Sous les successeurs immédiats de Mouḥammad ibn Kalâoûn , qui sont ses

fils ou petit-fils , son œuvre fut en partie continuée. Les historiens mentionnent,

en effet , deux nouvelles salles . C'est d'abord la Douheïchat. Voici ce que

rapporte Makrîzî :

<< Elle fut construite en 745 par 'Imâd ad-Dîn Ismail fils de Mouḥammad .

Il avait appris qu'Al-Malik al- Mouyyad 'Imâd ad-Din , sultan de Ḥamâh

[c'est l'historien Aboû 'l-Fidâ ] , avait édifié dans cette ville une douheïchat , cons

truction incomparable. Il voulut le surpasser et envoya l'émir Akdjabâ avec

Abdjidj l'architecte pour étudier la douheïchat de Ḥamâh . Il écrivit aux naïbs

d'Alep et de Damas de transporter deux mille pierres blanches et deux mille

pierres jaunes de ces deux villes . Ces pierres furent portées à dos de chameaux

jusqu'à la Citadelle. D'Alep le transport coûta douze dirhems et de Damas huit

dirhems par pierre . Il demanda le marbre à ses émirs et ses secrétaires , et

réunit les ouvriers pour cette œuvre qui , commencée en cette année, fut achevée

au mois de ramadhan . La dépense s'éleva à cinq cent mille dirhems , sans

compter le transport de Damas et d'Alep et d'autres endroits . On fabriqua


674 P. CASANOVA .

pour cet édifice des tapis, tentures et meubles, tels qu'on ne saurait les décrire .

Toutes les richesses y furent réunies . Ce fut une œuvre splendide¹ . »

Ibn Iyâs attribue le commencement de cette construction à Mouḥammad

ibn Kalâoûn à la date de 730. « Le sultan construisit la doubeïchat qui donne

sur le Hôch . On dit qu'elle ne fut achevée que par son fils Al- Malik aş- Şâliḥ

Isma'il . » Il ajoute , à la date de 745 : « Al - Malik aş - Şâliḥ construisit la dou

heïchat qui donne sur le Hôch du sultan . Son père l'avait commencée, mais non
achevée . »

D'autres historiens , comme Djauharî, disent aussi que la doubeïchat dominait

le Hoch*. Ce détail m'a servi à déterminer l'emplacement du Hôch sur le plan

du chapitre suivant . Je n'hésite pas à voir, en effet , dans la Gama el- Dahâyché du

Plan de 1798 (Citadelle, 40 ) un souvenir de la douheichat . Le mot ‫الدهيشة‬


5
se présente quelquefois avec les vocalisations ‫ الدهيشة‬et ‫الدهيشة‬ , la pronon

ciation donnée par le Plan de 1798 confirme en partie cette lecture . On la

retrouve encore dans le même Plan de 1798 ( VIII , 343 ) sous la forme Deheycheh

―――▬▬ ▬ ▬ ▬ ▬ ▬ ▬
.1 ‫عمرها السلطان الملك الصالح عماد الدين اسماعيل بن محمد بن فلاون في سنة خمس و اربعين وسبعمائة‬ ‫الدهيشة‬

‫وذلك انه بلغه عن الملك المويد عماد الدين صاحب جاه انه عمر بحماه دهيشة لم يبن مثلها فقصد مضاهاته وبعث الامير‬

‫والفى حجر حمر من‬ ‫نجبا والحيج المهندس لكشف دهيشة جاه وكتب لنائب حلب ونائب دمشق بحمل الفي حجر بيع‬

‫حلب ودمشق وحشرت الجمال لحلها حتى وصلت الى قلعة الجبل وصرف في حمولة كل حجر من حلب اثنا عشر درهما‬

‫ومن دمشق ثمانية دراهم واستدعى الرخام من سائر الامرا وجع الكتاب ورسم باحضار الصناع للعمل ووقع الشروع فيها‬

‫حتى تمت في شهر رمضان منها وقد بلغ مصروفها خمسمائة الف درهم سوى ما قدم من دمشق وحلب وغيرهما وعمل لها من‬
).Khitat
, II , p 212 ( . ‫الفرش والبسط والالات ما يجل وصفه وحضر بها سائر الاغاني وكان مهما عظيما‬

.2 .Bibl. nat . , mis 595 , ‫وبنا الدهيشة المطلة على الحوش السلطاني وقيل انما اكل عمارتها ابنه المك الصالح اسمعيل‬
fo 146 recto).

.3 ‫ ) اكل السلطان الصالح عمارة الدهيشة التي بالقلعة المطلة على الحوش السلطاني وكان والده‬٧٤٥ ( ‫وفي هذه السنة‬

)Ibid . , to 159 verso ( . ‫الناصر محمد بن قلاون ابتدا في عمارتها ولم ينها فاكلها ابنه هذا‬
40 ‫ ) — المقعد المظل للحوش للذي هو من‬.Djauhari
, III , p 183 ( . ‫ وهو تحت الدهيشة‬... ‫مكان ضيق بالحوش‬

. , p 262 ( . ‫ الحوش الذي بالقلعة تحت الدهيشة‬-


).Ibid ).Ibid, p 197( . ‫الدهيشة‬
619
5. Ms. 595 A , fº 381 recto , deux fois : al Ms. 667 , 134 recto : ‫ الدهيشة‬. La lecture ‫ الدهيشة‬-est confir
1
mée par Khalil adh-Dhâhiri (édit RAVAISSE, p.26 . — Publications de l'École des Langues orientales, 1894) . Dans le
... ‫د‬
ms . (Bibl . nat. 695) le mot est ainsi écrit : ll (fº 47 recto) .Voir à la fin de ce chapitre. Certains manuscrits
de Makrizi ,entre autres le 68 2 qui est ,a mon avis , le meilleur, ont : ‫ الدهشة‬.Cf ‫ الدهشة الاموية‬à Damas (Dictionnaire
de Dozy, sub verbo).
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 675

avec l'orthographe arabe . Or Ibn Iyâs nous dit que Faradj avait

construit en face de la porte de Zoueïlat une madrasat appelée la douheïchat ' .

L'emplacement en concorde avec le Sebil el-deheycheh du Plan de 1798. Un détail

me paraît confirmer mes vues sur l'emplacement de la Doubeïchat à la Citadelle :

c'est le nom de Bâb el-Elouahyeh donné à une porte intérieure (Plan

de 1798 , Citadelle, nº 38) rappelant celui d'un personnage qui fut bawwâb

(portier) de la douheïchat : Djamâl ad - Dîn Al- Alouâḥî². Cette porte est en effet

très voisine de la Mosquée de la Douheïchat, et je la considère comme le dernier

vestige de la Douheïchat elle-même .

Qu'est-ce qu'une douheïchat ? Le Dictionnaire de Dozy qui signale le mot n'en

peut rendre compte. Constatons seulement que c'est tantôt le nom d'une salle

ic à la Citadelle, d'une madrasat , et d'un rab' , comme me l'apprend

M. Max VAN BERCHEM, d'après une inscription de Barsbâï³. Enfin , il semble que

ce fut aussi un bain , d'après un mot de Makrîzî ' :. Cette

diversité ne peut que rendre plus difficile la solution de ce problème lexico

graphique .

Un autre fils de Mouḥammad , le sultan Hasan , célèbre par la magnifique

mosquée , encore debout, qu'il édifia en face de la Citadelle , construisit une salle

appelée la Beisariat .
er
<< Elle fut commencée , dit Makrîzî , le 1 " cha'bân de 761 et terminée le

18 dhoû 'l- ḥidjdjat de la même année . Ce fut une construction incomparable. On

fabriqua pour cette salle des tapis et tentures , d'un prix incalculable. Il y avait,
entre autres , quatre cents lustres à bougies , dans lesquels entrait pour deux

cent vingt mille dirhems d'argent pur battu , le tout recouvert d'or . Cette salle

s'élevait dans le ciel d'une hauteur de quarante- huit coudées (environ trente

deux mètres ) . Le sultan y fit édifier une tour où il logeait , toute d'ivoire et

.1 Bible nat . , 595 A, 10 295 verse( . ‫المدرسة التي تجاه باب زويلة المعروفة بالدهيشة‬
2. (Ibn Iyâs , ms 565 B, fº 106 recto) . J. - Le texte de la Description de l'Égypte,
vol. XVIII , 2º partie , p . 284 , donne l'orthographe Eloubayeh . Sur le plan est écrit Elouahyeh, qui est plus rationnel.

Le son a de sa transcription française rend nécessaire l'orthographe arabe pleine , qui est conforme
à celle de la nisbat de Djamâl ad-Dîn .
3. Cf. Makrizi, ms. 673 , f 111 verso : dell '.
4. Bibl. nat , ms. 672 , fº 532 recto .
85
676 P. CASANOVA .

d'ébène , une salle à manger où il se tenait, des privés , et une porte par où

l'on allait au sol (?) . Il y avait à cette tour un toit (?) d'une seule pièce .
Peu s'en fallait qu'on ne fût aveuglé à le voir avec les fenêtres d'or pur, les

satins tissés d'or, les saillies travaillées en or , la coupole ciselée

d'or. On y dépensa trente-huit mille mithkâls d'or. Les dépenses et frais

de salaire atteignirent un million de dirhems d'argent, soit cinquante mille

dinars d'or . Au centre de l'iwân de cette salle était un grillage qui était voisin

de la porte de Zoueïlet (? ) et qui donnait sur un jardin de merveilleux aspect¹ . »

Un passage d'Aboû 'l - Maḥâsin nous informe que cette salle faisait partie du
harem² .

En 774 la foudre tomba sur la Citadelle et y alluma un grand incendie qui

dura plusieurs jours³ .

.1 ‫ ومن جملة دور القلعة قاعة البيسرية انشاها السلطان الملك الناصر حسن بن محمد بن فلاون وكان ابتدا‬- ‫البيسرية‬

‫ابنائها في أول يوم من شعبان سنة احدى وستين وسبعمائة ونهاية عمارتها في ثامن عشرى ذى الحجة من السنة المذكورة‬

‫فجات‬
‫من الحسن في غاية لم ير مثلها وعمل لهذه القاعة من الفرش والبسط ما لا تدخل قيمته تحت حصر من ذلك تسعة‬

‫واربعون ثريا برسم وتود القناديل جله ما دخل فيها من الفضة البيضا الخالصة المضروبة مائنا الف وعده ون الف درهم‬
)le ms . 682 de la Bibl nat . donne ‫وكلها مطلية بالذهب وجا ارتفاع • اء هذه القاعة طولا في السما ثمانية وثمانين‬

‫ اربعون‬qui est plus rationnel( ‫ذراعا وعمل السلطان بها برجا ببيت فيه من اعاج والابنوس مطعم نجلس بين يديه‬

‫واکناف وباب يدخل منه الى ارض كذلك وفيه مقرنص قطعة واحدة يكاد يذهل الناظر اليه بشبابيك ذهب خالص وطرازات‬

‫ذهب مصوغ وشرافات ذهب مصوغ وقبة مصوغة من ذهب صرف فيه ثمانية وثلاثون الف مثقال من الذهب وصرف في‬

‫مؤنه واجره تتمت الف الف درهم فينة عنها خمسون الف دينار ذهبا وبصدر ايوان هذه القاعة شباك حديد بقارب باب‬

).Khitat
, II , p 212-211 ( . ‫زويلة ( ؟ ) يطل على حنينة بديعة الشكل‬
Le texte de ce passage est un peu altéré. Comment admettre ce grillage en fer, voisin de la porte de
Zoueïlet? Et pourtant tous les manuscrits que j'ai consultés ont cette leçon . Makrîzî aurait-il copié sans y faire
attention, un texte altéré ? Il convient de dire, une fois pour toutes , que le plus souvent Makrîzî paraît avoir copié
mot pour mot Kalķachandî, à moins que les deux auteurs n'aient eu un autre ouvrage sous les yeux, qu'ils ont
pillé avec la même absence de scrupules . Tout le chapitre de Maķrîzî où il énumère les diverses constructions
de la Citadelle est la répétition du texte de Kalkachandî, qui , lui-même, est très souvent, la répétition de Chihåb
ad-Di . Il est à noter cependant que Kalkachandî cite quelquefois ce dernier (l'auteur de Masálik al -abṣár) et
introduit quelques variantes personnelles. Makrîzî n'est probablement que le plagiaire de Kalkachandî .

.2 ‫) قاعة اليسرية من الحريم السلطاني‬Bibl . nat . , ms . Suppl . 809 , 132 verso ) . Voir , plus loin , le texte de Khalil
adh-Dhahiri .

.3 .As-Souyout , II , p 215 , .1 7 ( ‫ وقعت صاعقة على القلعة فاحرقت منها شياء كثيرة واستمر الحريق اياما‬Cf. Ibn Iyas
(ms. 595 A, fº 195 verso) qui donne la date de djoumadâ II et dit que le harem surtout souffrit.
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 677

ura
Dans le voisinage de la Citadelle, il convient de mentionner la madrasat d'al
jit
Achraf Cha'bân, 22e sultan Mamloûk, qui fut depuis détruite , parce qu'elle
les
dominait la Citadelle, et que , du toit , des révoltés purent menacer sérieusement
385

les palais du sultan (années 778 à 824) ' . Ibn Iyâs attribue au même sultan la
i
salle al- Achrafiat, laquelle, si cet auteur ne se trompe pas, doit être distincte de

celle qui est attribuée par Makrizî à Al- Achraf Khalîl un siècle auparavant (voir

p. 616) , et de plus la khardjâh du Palais bigarré . Le terme de paraît venir


du persan , vestibule . Cette construction n'est pas mentionnée dans les

Khițat de Makrîzî , comme le remarque M. RAVAISSE dans son édition de Khalil

adh-Dhahiri (voir ce que j'en dis plus loin) , mais je la retrouve nommée dans

Aboû ' --Maḥâsin , Ibn Iyâs, etc. Dans Khalîl adh- Dhâhirî et dans Ibn Iyâs le
3
mot est orthographié et garde la forme persane ; dans Aboû 'l-Maḥâsin ³il

est orthographié et se rattache peut-être au même mot, signalé par Dozy


dans son Dictionnaire avec le sens de saillie, entablement. Peut-être est- ce dans ce

sens qu'il faut le prendre. La construction en question serait une terrasse , une

vérandah, plutôt qu'un vestibule ; le terme consacré pour ce dernier cas parais

sant être d'après les nombreux exemples déjà donnés et l

Al-Malik adh-Dhâhir Barkouk , le premier des mamloûks circassiens , qui ren

versa la dynastie issue de Kalâoûn , s'occupa surtout des annexes et dépendances

de la Citadelle. Son œuvre est résumée ainsi par Aboû 'l - Maḥâsin :

<<< Il restaura les conduites qui amènent l'eau du Nil à la Citadelle , le Manège

situé sous la Citadelle , qui était tombé en ruines , le fit arroser, semer de four

rages et planter de palmiers. Il fit construire un réservoir souterrain ‫ صهريج‬et

une école pour enseigner aux orphelins musulmans le Coran sacré , dans l'en

ceinte de la Citadelle . Il lui assigna un wakf. Il fit aussi construire dans la Cita

delle un moulin , et en face de la porte de la maison de l'Hospitalité (voir plus

loin) qui est en face de la Citadelle , une fontaine . » Djauharî dit qu'il orna

1. Makrîzî, Aboû 'l- Maḥâsin , Djauharî, Ibn Iyâs , passim . Cf. RAVAISSE, Mém, de la Mission, III , 4° fasc . , p. 61 .
2. ‫لرميلة‬
‫ومن انشايه قاعة الاشرفية التي بالقلعة داخل دور الحريم ومن انشايه الخرجاه التي بالقصر المطلة على ا‬
(ms. 595 A, fo 205 recto).
.3 )Suppl . 809 , f° 77 recto ( . ‫الخرجة المطلة على الرميلة من القصر الابلق‬
40 ‫ جدد عمارة القناة التي‬- • ) .Djauhari
, I , p 54( . ‫بسط الايوان الذي يسمى دار العدل بقلعة الجبل بسط جدد‬
‫تحمل ما النيل الى قلعة الجبل وجدد عمارة الميدان من تحت القلعة بعد ما كان خرب وسقاه وزرع فيه القرط وغرش فيه‬
678 P. CASANOVA .

la Maison de Justice de nouveaux tapis en 787 ; plus loin il donne quelques

détails sur des abreuvoirs construits près de la porte du Manège, et près de

celle de l'Écurie¹ . Tout cela, on le voit , est d'un médiocre intérêt.

Cependant, à la date de 790 et des années suivantes , les historiens mention

nent des travaux de fortification avec quelques détails , dont j'ai déjà parlė .
J'y reviens , pour essayer de les éclaircir.

Makrîzî dit, dans le Kitâb as-Souloûk : « Le 9 djoumâdâ Ier, une troupe de ma

nœuvres (litt.: de démolisseurs ) de l'armée du sultan , arriva et descendit sous

la Citadelle. On commença à creuser le fossé de la Citadelle , à démolir les murs

à condamner le chemin de la porte de la Citadelle , appelée porte de Karâfat , à

condamner la porte du Hoch et celle de Darfil... On s'occupa fort activement de

fortifier la Citadelle et d'y transporter des pierres pour en charger les mangon

neaux ... » Il ordonna qu'on construisît une clôture entre la porte de Darfil et

le mur de la Citadelle , et aussi une clôture du voisinage de la porte de Darfil

jusqu'à la Montagne ..... Il fit fermer la porte de Darfil , dans le voi

sinage de la Citadelle, et la porte attenante à la Citadelle, appelée autrefois

porte de Sârîat et connue aujourd'hui sous le nom de porte d'al-Moudarradj , sous

la maison de l'Hospitalité . »

Djauharî, qui a peut-être copié Makrîzî , emploie les mêmes expressions

(op . cit. , I, p . 112 ) . Il parle cependant d'une porte de la Cloche ; au

lieu de porte du Ḥoch . Il y a une faute de copiste évidente . Est - elle

dans le manuscrit de Makrîzî ou celui de Djauharî ? C'est ce que je ne puis

dire. Aboû ' l - Maḥâsin ( ms . 666 , fº 11 verso et 12 recto) emploie aussi les

mêmes termes avec des variantes insignifiantes .

‫النخل وعمر صهريجا ومكتبا بقرائة ايتام المسلمين القرآن الكريم بقلعة الجبل وجعل عليه وقفا وعمر ايضا بالقلعة طاحونا‬

).Ibid
. , p 356( . ‫وعمر ايضا سبيلا تجاه باب دار الضيافة تجاه القلعة‬

.. ‫في تاسعة قدمت طوائف من هواره مجندة للسلطان ونزلوا تحت القلعة ووقع الشروع في حفر خندق القلعة ومرمة‬

‫ كثر الاهتمام بتحصين‬....... ‫اسوارها وتوعبر طريق باب القلعة المعروف بباب القرافة وتوعير باب الحوش وباب الدرفيل‬

)Ms . 673 , f
° 170 verso ( . ‫قلعة الجبل ونقل الاحجار الها ليرمى بها في المنجنيق‬

.2 ....... ‫ورسم ان بني حائط بين باب الدرفيل وصور القلعة وان بنى ايضا حائط من جوار باب الدرفيل الى الجبل‬
‫تحت دار‬
‫وسد باب الدفيل بجوار القلعة والباب المجاور للقلعة المعروف قديما بباب سارية يعرف اليوم بباب المدرج‬

(Ibid., fo 181 recto).

pt.
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 679

Je l'ai dit plus haut (p . 610 à 612 ) , il résulte de ce passage que la porte de

Sârîat et celle de Darfil sont distinctes, mais que toutes deux s'appelaient

porte des Degrés, chacune étant au bout d'un escalier, le Soullam al- Moudar

radj. Aujourd'hui, il existe un mur, refait par Méhémet Alî , qui rejoint la

porte de Sârîat à l'ensemble des constructions du bas de la Citadelle. Dans

.ce mur est percée une porte (Plan Grand-bey Porte - Neuve, Bab Guedid) .

Cette porte elle-même en remplace une autre qui a été condamnée, la rampe
pour les voitures qui a nécessité la création de la porte Neuve passant au-des

sus . C'est cette porte aujourd'hui condamnée , qui me paraît représenter la

porte de Darfil . Dans cette hypothèse , l'œuvre de Barkoûk a consisté à faire ce

mur, dont on ne voit plus de trace importante sur le Plan de 1798 , mais que

Méhémet Ali a relevé . Le terme de bi par opposition à indique que ce

n'est pas , à proprement parler, une muraille de forteresse en effet la cons

truction enveloppait simplement les annexes de la Citadelle , en particulier le

Hôch. Je ne crois pas qu'on puisse se tirer autrement d'un texte , à première

vue, si étrange ; une porte qui est dans le voisinage de la Citadelle , une

porte attenante à la Citadelle . On relie cette porte à la Montagne !

Par la Montagne ne faut-il pas entendre la région élevée où est l'enceinte

de Şalâḥ ad-Dîn (cf. l'expression ‫قلعة الجبل‬


et ce que j'ai dit au chapitre vi) ?.

Dès lors , je renvoie au plan de restitution que je dresse plus loin ; on verra

que la porte d'ad-Darfîl est au bas de la Citadelle de la Montagne proprement

dite, que le mur actuel de clôture , dont le tracé me paraît le même que celui de

Barkoûk, relie cette Aporte ( qui me paraît avoir été primitivement une porte de

luxe, une sorte d'arc de triomphe) ¹ à la Montagne, c'est- à -dire à l'enceinte plus
haute .

Il existe encore une inscription , qui paraît se rapporter à ces travaux de for

tifications. Elle est actuellement placée sur le mur refait par le khedive Isma¨ïl , à

côté de celle que le khédive a fait graver, à cette occasion .

‫ ابو سعيد‬,‫) المبارك مولانا السلطان المالك الظاهر‬sic( ‫ بسم الله الرحمن الرحيم امر بانشا هذا الصور‬I
1

1. Comparer, par exemple, à Paris, la porte Saint-Denis et la porte Saint-Martin .


680 P. CASANOVA .

‫ برقوق على يدى المقر الاشرف السيفى جركس الخليلي امير اخور الملكي الظاهري وذلك بتاريخ شهر‬2

‫ربيع الآخر سنة احدى وتسعين وسبعمائة‬

1. Au nom du Dieu clément et miséricordieux . La construction de ce mur béni a été

ordonnée par notre maître le sultan Al- Malik aḍh-Ṛhâhir Aboû Sa'îd

2. Barkoûk ; par exécution de l'illustre, éminent Seif ad- Din , Djarkas al-Khalili,

grand écuyer d'Al- Malik aḍh- Dhâhir, et cela à la date de rabi ' II 791 .

Ce Djarkas al-Khalîlî a joué un rôle important sous Barkoûk . C'est lui qui

fut chargé de surveiller la construction du célèbre hôpital de Barkoûk ' ; c'est à

lui qu'on doit le khân al -Khalîlî ' et le pont al- Khalîlî³. Il fut tué dans une

expédition à Damas le 11 rabi ' II 791 , très peu de temps , comme on voit,

après la construction du mur ".

La place , occupée aujourd'hui par l'inscription , n'est pas la primitive . La

plaque de marbre a probablement été retrouvée dans les ruines qui encom

braient le pied de la Citadelle, avant la restauration d'Isma'ïl . J'ai remarqué sur

un des murs élevés du voisinage un vide rectangulaire , qui devait être jadis

occupé par une inscription . Peut-être est- ce celle- ci . Mais il est impossible de se

prononcer , les historiens ne parlant pas avec assez de précision des travaux de

Barkoûk sur ce point, et ne mentionnant pas à ce sujet le nom de Djarkas

al-Khalîlî .

1. Khitat, I, 461 , 1. 19. - Cf. P. RAVAISSE, op. cit.


2. Khitat, II, 94. Cf. P. RavaISSE, op. cit .
3. Khitat, II, 169 , 1. 27.
4. Khitat, I, 407 , 1. 24. Cf. WEII. , Geschichte der Chalifen, IV, passim..
5. Dans l'édition des Khițat de Boûlak, son nom est orthographiée . C'est une faute. Dans le
Kitáb as-Souloûk, et chez les autres historiens, comme Aboû 'l-Maḥâsin et As- Souyoûtî, la bonne orthographe,
qui est celle de notre inscription , est respectée. Cf. VAN BERCHEM, Corpus, 1er fasc . , p . so. Puisque je parle d'or
thographe, remarquons la forme pour . On la trouve quelquefois dans les manuscrits. On la retrouve,
au Caire, pour le nom des rues (cf. Description de l'Égypte, XVIII) . On peut voir, aujourd'hui encore, écrit
sur les plaques indicatrices ell , etc. On remarquera, dans le texte de l'inscription donnée par
M. VAN BERCHEM (1. cil.) de légères divergences avec le mien . M. VAN BERCHEM, ayant fait une étude très
précise et très minutieuse des inscriptions, doit être cru de préférence . L'essentiel, au point de vue où je me
place, est d'avoir relevé avec exactitude les dates et les noms propres . Aussi ne discuterai -je pas les points de
détail où nos deux copies se trouvent en désaccord .
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE. 681

Après Barkoûk , son fils Faradj construisit la mosquée du Hôch .

<< Cette mosquée est à l'entrée de la Citadelle , dans le Hôch du sultan

Elle fut construite par le sultan Al-Malik an-Nâşir Faradj ibn Barkoûk en

l'année 812 ; c'est là que priaient les domestiques et la famille des rois

issus d'Al - Malik an-Nâşir Mouḥammad ibn Kalâoûn , jusqu'à la mort de

Faradj¹ . >>

Cette mosquée peut être identifiée avec celle que le Plan de 1798 appelle

Mosquée de la Douheïchat, la Douheïchat étant , comme on l'a déjà vu , tout

près du Hôch ; toutefois , cet emplacement ne répondrait pas tout à fait à l'ex

pression de Makrîzî « dans le Hôch » .

Au moment des troubles qui se produisirent à la fin du règne de Faradj , et

pendant les premiers temps de celui d'Al-Mouyyad Cheïkh ( 815 à 817 ) la Cita
delle paraît avoir été fortifiée à nouveau . Les historiens ne donnent pas de

détails précis sur les constructions . Ils disent seulement qu'en 815 , apprenant

la défaite de Faradj en Syrie, l'émir Asanboghâ az-Zardakâch , qui commandait

en son absence , prit des mesures pour fortifier la Citadelle et l'approvisionner

en vue d'un siège ".

Dans le voisinage immédiat de la Citadelle , Al-Malik al- Mouyyad Cheïkh

construisit une mosquée- hôpital . Makrîzî l'appelle « Mosquée de la Rampe » ,


‫جامع الصوة‬. « Cette Mosquée est entre la Timbalerie du sultan et la porte

de la Citadelle , appelée porte d'al -Moudarradj , au sommet de la < rampe » .


«

Elle fut construite par le grand émir Cheïkh al- Maḥmoûdî, quand il revint de

Damas, après le meurtre de Faradj et l'installation du khalife abbâsside Al - Mous

ta‘în billah ibn Aḥmad en l'an 815. Il habitait l'Écurie des sultans . Il construisit

une maison pour y demeurer ; quand il devint sultan d'Égypte sous le nom

d'Al -Malik al- Mouyyad , il n'eut plus besoin de cette maison , qui , d'ailleurs ,

— ‫جامع الحوش‬
10 ‫هذا الجامع في داخل قلعة الجبل بالحوش السلطانی انشاه السلطان الملك الناصر فرج بن برقوق في‬

‫سنة اثنتى عشرة وثمانمئة فصار يصلى فيه الخدام واولاد الملوك من اولاد الملك الناصر محمد بن فلاون الى ان قتل الناصر فرج‬
(Khițat, II , p . 327).

.2 ‫حصل اضطراب كثير في القاهرة مخصوصا في اهل قلعة الجبل وكان الامير اسنبغا الزردكاش في القلعة من جهة‬

‫الناصر فلما سمع بذلك شرع في تحصين القلعة وخزن القمح والشعير والبقسماط والما الحلو من البحر في المجراه وعلى ظهور‬

Cf. ms . 673 , fº 271 verso ; ms . 674 , f° 100 verso (Djauharî, II , p . 22) . — ¿l Jizl
682 P. CASANOVA .

n'était pas achevée. Il en fit une Mosquée et un couvent. On y faisait la prière

du vendredit . . »

Ibn Iyâs nous informe que ce sultan habita peu à la Citadelle , mais de

préférence à Boûlâk . Il signale cependant quelques restaurations à la coupole

de la salle al- Baḥratas (voir sur ce mot le Dictionnaire de Dozy) et

des constructions de fontaines et réservoirs . La coupole dont parle Ibn Iyâs

est vraisemblablement celle que Djauharî place dans le Hôch , du côté de

Karâfat, et qu'il attribue à ce sultan³ . Il convient d'ajouter qu'Al-Malik Al

Mouyyad dépouilla la Citadelle , au profit de sa Mosquée, des livres de sciences

qui y étaient conservés , probablement ceux qui avaient survécu au grand

incendie de 691 (voir p . 615 ) et qui , provenant de la bibliothèque du kâdî

Al-Fâḍil , étaient peut- être les derniers débris de la fameuse bibliothèque des

Fatimides (voir p . 598 ) .

En 828 (dhoû 'l- ka‍âdat ) le sultan Barsbâî détruisit les huttes des Tartares

‫ الططر‬ou ‫خرايب التتر‬, -qui


étaient situées dans la Citadelle de la Montagne , c'est

à-dire probablement dans l'enceinte qui contenait les casernes des Mamloúks³ .

Il est permis de penser que ces Tartares étaient des troupes mercenaires à la

solde des sultans Mamloûks, et qu'on les laissait vivre à la mode nationale dans
la Citadelle où ils avaient leurs huttes. Telles les smalas des troupes indigènes en

Algérie , à notre époque.

Chose curieuse , il se trouvait dans ce quartier des Tartares une église

10 ‫ ) هذا الجامع فيما بين الطبلخاناه السلطانية وباب القلعة المعروف بباب المدرج على‬edit. Boulak ‫جامع الصوة (العنوة‬

‫راس الصوة انشاه الامير الكبير شيخ المحمودي لما قدم من دمشق بعد قتل الملك الناصر فرج واقامة الخليفة امير المومنين‬

‫المستعين بالله العباسي بن احمد في سنة خمس عشرة وثمانمائة وسكن بالاصطبل السلطاني فشرع في بناء دار يسكنها فلما استبد‬

‫بسلطنة مصر وتلقب بالملك المويد استعنى عن هذه الدار وكانت لم تكمل فعملها جامعا وخانقاه وصارت الجمعة تقام به‬
(Khitat, II, p . 327).
.2 .Bible
nat . , ms 595 4, ‫لا يقيم بالقلعة الا قليلا وغالب ايامه في بيت ابن البارزي الذي في بولاق ويعمل الموكب هناك‬

fo 314 recto - Ibid . , fo 314 verso ( . ‫جدد عمارة القبة التي بقاعة البحرة وانشا سبيلا وصهريجا بالقلعة‬

.3 .Khitat
, II , p 171 ( . ‫القية الهائلة التي بناها في الحوش السلطاني المطلة على القرافة‬

.4 Khitat , II , 329 , .1 10( . ‫وقد حل اليها كتبا كثيرة في انواع العلوم كانت بقلعة الجبل‬

50 ‫وبها مساكن تعرف بخرايب التتر كانت قد حارة خربها الملك الاشرف برسباي في ذي القعادة سنة ثمان‬

‫) وعشرين وثمانمائة‬Khitat , II , 205 , 1. 11 ) . Cf, le Kitab as- Soulouk (ms . 673 , f° 368 verso ( .
‫هک ام‬
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 683

clandestine qui fut détruite en 718 par des fanatiques, lors de la grande réaction
contre les chrétiens '.

Le nom resta sans doute attaché à la région , car nous le retrouvons men

tionné très postérieurement à Barsbâî par Ibn Iyâs . Celui- ci parle d'un vol dont

fut victime un personnage habitant le quartier des huttes des Tartares : il était

commandant de la caserne Al-Achrafîiat , en l'année 912 º .

Je terminerai ce chapitre en donnant in extenso le passage relatif à la Cita

delle de l'ouvrage de Khalil aḍh-Dhâhirî : on y lira, en effet, quelques détails

intéressants qui n'ont pu trouver place jusqu'ici . L'ouvrage de Khalil , écrit sous

le sultan Djakmak ( 842-857) , est contemporain, par conséquent, des Khițat de

Makrîzî . Il vient d'être publié par mon collègue et ami Paul Ravaisse , d'après

un excellent manuscrit de la Bibliothèque nationale, fort bien écrit et muni,

chose rare et inappréciable , de nombreuses voyelles .

« Quant à la demeure royale, où se trouve le trône du royaume, appelée

aujourd'hui la Citadelle de la Montagne, elle n'a pas sa semblable pour

l'étendue et l'éclat, la magnificence et l'élévation . Elle comprend un mur,

un fossé, des tours et de nombreuses portes en fer . Elle est fort bien fortifiée,

et il s'y trouve en fait de palais, iwâns, salons , galeries , casernes , hôchs ,

manèges , écuries , mosquées, madrasats , marchés et bains de quoi faire une

longue description , mais je me bornerai à en dégager le meilleur et le plus

brillant, et la quintessence . Le Palais bigarré : il s'y trouve trois palais royaux ,

et une khardjah pour les cortèges de sultan . Tout est tapissé de marbre

de couleur. Les toits sont enluminés d'or , d'azur, de peintures diverses . Il

fut construit par Sa Majesté royale feu Al-Malik an- Nâşir Mouḥammad ibn
Kalâwoûn , que Dieu l'ait en sa miséricorde. - Le grand Iwân . Il n'a pas son

semblable . C'est un endroit isolé , en dehors du palais, surmonté d'une coupole

verte de grande hauteur et de bel aspect . Là est le coussin ( martabat) royal³ et

.1 ‫وقع الصوت بجامع قلعة الجبل وذلك انه لما انقضت صلاة الجمعة صرخ رجل موله في وسط الجامع هدموا الكنيسة التي‬

‫ فتعجب السلطان والامرا منه وندب نقيب الجيش والحاجب ليفتش ساير بيوت القلعة فوجدوا كنيسة‬.. ‫بالقلعة وخرج‬
-
Cf. Khitat, II, p. 513 , l . 12-16. (Ms. 672, fo 380 recto) . Isgodginil
‫ قد اخفيت فهدموها‬jill
‫في خرايب التتر‬
.2 Ms . 565 B , fo 105 verso( . ‫ عنبر مقدم طبقة الاشرفية وكان ساكنا بالقلعة في خرايب التتر‬.....
3. Cf. QUATREMÈRE , S. M., I, 2e partie, p . 61 .
86

-
684 P. CASANO .
V A

de nombreuses colonnes : c'est une magnifique construction , œuvre de ce même

sultan . - La grande mosquée de la Citadelle . Elle n'a pas sa semblable . On dit

que peuvent y prier cinq mille personnes. Il s'y trouve des colonnes d'une

merveilleuse épaisseur et deux minarets : c'est encore une œuvre du même sul

tan. -- La Douheïchâh . C'est une merveille par sa construction et la beauté des


▬ ▬ ▬ ▬ ▬ ▬ ▬ ▬ ▬ Les parties
pièces réservées aux sultans : elle est encore l'œuvre de ce sultan .

spécialement affectées aux appartements royaux sont nombreuses : entre autres ,

la beïsarîat, où se tient le service des appartements , la grande salle (kaat)

connue sous le nom de kâ'at al- 'awâmîd (salle des Piliers ) à l'usage de la khawend

(sultane) première ; la salle de Ramaḍhân où se tient la seconde khawend ; la

salle Mouḍhaffariat où se tient la troisième khawend ; la salle Mou’allakat où se

tient la quatrième khawend ; la salle Berberîat , où est le sérail ( les concubines) ,

etc. , et bien d'autres emplacements , des privés et de vastes pièces, dont la des

cription serait trop longue. Là est Sayyidi ar- Roudeïnî (corrigez ainsi ar- Radînî ,

p. 559 et 562) , lieu béni de pèlerinage . - Les casernes des mamloûks du sultan :

elles sont douze . Chaque caserne a les dimensions d'un quartier de ville (ḥârat) ,

comprenant de nombreux logements, si bien que chaque caserne peut loger


mille mamloûks . ― Le hôch royal. Il est très étendu ; il contient un jardin

considérable et une immense baḥrat . Je parlerai en leur lieu des séances tenues

dans le hôch et le jardin . - Les écuries royales . Elles sont très étendues ; elles
C
sont à l'usage des chevaux royaux : j'en parlerai en leur lieu . Le manège royal

connu sous le nom de noir : il est très étendu ; il est fait pour les promenades ' . >>

Plus loin , le même auteur donne encore quelques détails intéressants sur les

appartements royaux : « L'ancien usage était que les khawends fussent au

nombre de quatre , le nom de khawend étant réservé parmi les femmes aux

.1 ‫واما دار الملك الشريف التي بها تخت المملكة المعروفة الان بقلعة الجبل ليس لها نظير في الاتساع والزخرفة والابهة‬

‫والعلو تشتمل على سور وخندق وابراج وعدة ابواب من حديد وهي حصينة جدا وبها من القصور والاواوين والمجالس‬

‫والغرف والطباق والاحواش والميادن والاسطبلات والجوامع والمدارس والاسواق والحمامات ما يطول شرح ذكره ولكن نانى‬
‫بملخصه مما فيه العظمة والابهة والناموس الشريف اما القصر الابلق به ثلاث قصور شريفة وخرجاه برسم المواكب السلطانية‬

‫فروش بالرخام الملون والسقوف المدهونة بالذهب واللازورد والنقوش العجمية انشا المقام الشريف المرحوم الملك‬. ‫الجميع‬
;

- ‫الناصر محمد بن فلاوون تغمده الله برحته‬


‫واما الايون المعظم فليس له نظير وهو مكان بمفرده بظاهر القصر يعلوه‬ =
- ‫قبة خضرا عالية جدا حسنة المنظر وبه مرتبة الملك وعمد كثيرة مكان عجيب انشا المقام الشريف المشار اليه‬
‫واما الجامع‬ £
‫‪HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE .‬‬ ‫‪685‬‬

‫‪seules‬‬ ‫‪épouses‬‬ ‫‪(légitimes) du‬‬ ‫‪sultan... L'on raconte‬‬ ‫‪que‬‬ ‫‪quelqu'une des‬‬

‫‪khawends éleva la grande salle connue sous le nom ka'at al-' awâmid où se trou‬‬

‫‪vaient réunis des ustensiles d'or et d'argent, des dais brochés et pailletės , des‬‬

‫‪trônes argentés et un trône pailleté et doré , et bien d'autres meubles admirables ,‬‬

‫‪et elle était surmontée d'une lanterne d'or , sur laquelle étaient des pierres pré‬‬

‫‪cieuses qui brillaient la nuit¹ . » J'ai dit, page 603 , que cette salle des Piliers a‬‬

‫‪dû être probablement construite par Chadjrat ad- Doûrr . Le texte de Khalîl aḍh‬‬

‫‪Dhâhîri semble confirmer cette opinion , en disant que cette salle est l'œuvre‬‬

‫‪de quelqu'une‬‬ ‫‪des khawends . Je dirai quelques mots de cette salle dans le‬‬

‫‪prochain chapitre. Je voudrai seulement, à cette occasion , revenir sur le mot mar‬‬

‫‪q‬‬
‫‪j'ai traduit , page‬‬
‫‪ -‬مرتبة ‪tabat‬‬ ‫‪u‬‬
‫‪603 , par « règlement‬‬ ‫‪, etiquette . e‬‬
‫‪» Je crois mainte‬‬

‫‪nant qu'il a son sens ordinaire de « coussin » , comme nous l'avons vu dans le texte‬‬

‫‪précédemment cité de Khalîl aḍh-Dhâhirî, et comme il résulte d'un passage‬‬


‫‪précis de Ibn Iyas : « la khawend s'assit sur son coussin dans la‬‬ ‫‪salle des‬‬

‫‪ que nous trouvons employé sou‬تكا ‪:‬ة ‪Piliers² . » C'est l'analogue du mot toukkât‬‬

‫‪vent par Ibn Iyâs .‬‬

‫الكبير الذي بالقلعة ليس له نظير قبل انه يصلى فيه خمسة الاف نفر وبه عمد عجيبة في الغلظ وبه منارتان وهو ايضا إنشا‬
‫ء‬ ‫‪....‬‬
‫المقام الشريف المشار اليه ――‬
‫واما الدهيشاه فهي من العجايب وعمارتها حسنة من خواص مجالس السلاطين وهي ايضا‬
‫‪...‬‬
‫إءنشا المقام الشريف المشار اليه واما البقاع المخصوصة بالادر الشريفة فعديدة ▬ ▬ ▬ ▬ ▬ ▬ ▬ ▬ ▬ ▬ ▬ ▬ منها البيسرية وهي مكان خدمة الادر بها‬
‫‪~ 5/3‬‬ ‫‪...‬‬
‫—‬
‫ومنها القاعة الكبرى وتعرف بالعواميد برسم خوند الكبرى ومنها قاعة رمضان بها خوند الثانية – ومنها قاعة المظفرية‬
‫‪1 141‬‬ ‫‪w/s‬‬
‫بها خوند الثالثة ―――― ومنها قاعة المعلقة وبها خوند الرابعة ――――――――――――‬
‫ومنها قاعة البربرية برسم السراري وغير ذلك من البقاع‬
‫‪...‬‬
‫والمعازل والاماكن المتسعة مما يطول شرحها وهناك سيدي الرديني مكان مبارك بزار ‪ -‬واما طباق المماليك الشريفة السلطانية‬
‫‪..‬‬
‫――――――‬
‫اثنى عشرة طبقة كل طبقة منها قدر حارة تشتمل على عدة مساكن حتى انه يمكن السكنى في كل طبقة لالف مملوك‬
‫‪.‬‬
‫‪-‬‬
‫والجلوس في الحوش والبستان ياتى ذكره في‬ ‫واما الحوش الشريف فانه متسع جدا وبه بستان عظيم وبه بحرة معظمة‬
‫محله ‪-‬‬
‫واما الاسطبلات الشريفة فانها متسعة جدا برسم الخيول السلطانية ياتى ذكرها في محلها واما الميدان الشريف‬
‫المعروف بالاسود فتسع جدا برسم المسايرة ‪)Bible nat . , ms . fo 45 verso sqq . , édit . RAVAISSE , p . 26 sqq . ( .‬‬
‫‪M‬‬
‫والعادة القديمة ان الخوندات تكون اربعة لا يطاق في حق احد من النسوة لفظ خوند الا اذا كانت زوجة السلطان‪.1 .....‬‬

‫الخوندات نصبت القاعة الكبرى المعروفة بالعواميد فكان من جلها مواعين من ذهب وفضة وبشاخين‬ ‫وحكى ان بعض‬

‫مزركشة مرصعة ونخوت مفضضة‪ ،‬وتخت مرصع مذهب وغير ذلك من الآلات العجيبة ومنارة من ذهب عليها جوهرة‬
‫‪ib‬‬
‫‪. nat . , ms . fo 247‬‬
‫‪).B‬‬ ‫‪l‬‬
‫‪verso sqq ;. edit . RAVAISSE‬‬ ‫تضى بالليل ‪, p 121 ( .‬‬

‫‪.2 Ms. 595 B , fo 82 recto .‬‬ ‫الخوند ‪ .....‬جلست على مرتبتها بقاعة العواميد‬

‫‪CASTE‬‬
‫‪686‬‬ ‫‪P. CASANOVA .‬‬

‫‪Enfin je crois devoir donner les passages principaux du texte d'Al-Kalka‬‬

‫‪chandî, dont WÜSTENFELD n'a donné que la traduction et que j'ai pu copier sur‬‬

‫‪le manuscrit de la Bibliothèque de Gotha, mis gracieusement à ma disposition‬‬

‫‪par le savant conservateur de cet établissement, M. PERTSCH .‬‬

‫القاعدة الثالثة القلعة‬

‫القاف ويعبر عنها بقلعة الجيل وهي مقرة السلطان الآن ودار مملكته بناها الطواشي بها الدين‬
‫بفتح‬

‫قراقوش المتقدم ذكره للملك الناصر صلاح الدين يوسف بن ايوب رحمه الله وموقعتها بين ظاهر‬

‫القاهرة والجبل المقطم والفسطاط وما يليه من القرافة متصلة بعمارة القاهرة والقرافة وطولها وعرضها‬

‫على ما تقدم في الفسطاط ايضا‬

‫على نشر مرتفع من تقاطيع الجبل المقطم يرتفع في موضع ويخفض في اخر وكان موضعها‬ ‫وهى‬

‫قبل ان يبنى مساجد من بنا الفاطميين منها مسجد رديني الذي هو بين ادر الحريم السلطانية الان قال‬

‫القاضى محى الدين بن عبد الظاهر رحمه الله قال لي والدي عرض على الملك الكامل امامته فامتنعت‬

‫لكونه بين ادر الحريم ولم يسكنها السلطان صلاح الدين رحمه الله ويقال ان ابنه الملك العزيز سكنها‬

‫مدة في حياة ابيه ثم انتقل منها الى دار الوزارة قال القضاعي (‪ )sic‬محى الدين بن عبد الظاهر قال لى‬

‫والدي رحمه اللهكنا نطلع اليها قبل ان تسكن في ليالى الجمع نبيت متفرجين كما نببت في جواسق‬

‫الحبل والقرافة واول من سكنها الملك العادل (‪ )sic‬محمد بن العادل ابي بكر بن ايوب انتقل اليها من‬

‫قصر الفاطميين سنة اربع وستمائة واستقرت بعده سكنا للسلاطين الى الان ‪......‬‬

‫‪ ).c‬ان اول من سكنها العادل ابو بكر ولم اسكنها الكامل‬


‫‪. plus haut‬‬
‫‪f‬‬ ‫وذكر في مسالك الابصار ( ‪, p 667‬‬

‫المذكور احتفل بامرها واهتم بعمارتها وعمر بها ابراجا منها البرج الاحمر وغيره وفى اوخر سنة اثنين‬

‫وثمانين وستمائة عمر بها السلطان الملك المنصور قلاوون برجا عظمها على جانب باب السر الكبير وبنى عليه‬

‫متشرفات حسنة البنيان بهجة الرخام رائقة الزخرفة وسكنها في صفر سنة ثلاث وثمانين وستمائة ثم عمر‬

‫بها السلطان الملك الناصر محمد بن قلاوون ثلثة اماكن كلت بها مغانيها واستحق بها القلعة على بانها احدها‬

‫القصر الابلق الذي يجلس بها السلطان في تمامة ايامه ويدخل عليه فيه امر آؤه وخواصه وقد استجد به‬

‫السلطان الملك الاشرف شعبان بن حسين رحمه الله في جانبه مقعدا بارزا بالاصطبلات السلطانية جاً في‬
‫‪10220‬‬
‫‪HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE .‬‬ ‫‪687‬‬

‫‪ , .voir‬خرجاه ‪ )c'est la‬والثاني الايوان الكبير الذي يجلس فيه السلطان‬


‫نهاية من الحسن والبهجة (‪p .677‬‬

‫في ايام المراكب للخدمة الحامة واقامة العدل في الرعية والثالث جامع الخطبة الذي يصلى فيه السلطان‬

‫الجمعة وسياتي صفة هذه الاماكين كلها‬

‫وهذه القلعة ذات سور وابراج فسيحة الابنية كثيرة العمائر وليها ثلاث ابواب يدخل منها اليها‬

‫احدها من جهة القرافة والحبل المقطم وهو اقل ابوابها سالكا واعزها استطراقا والثاني باب السر‬

‫ويختص الدخول والخروج منه بأكابر الامرا وخواص الدولة كالوزير وكاتب السر ونحوها يتوصل اليه من‬

‫الصوة وهي بقية النشر الذي بنى عليه القلعة من جهة القلعة بتخريج يمشى فيه مع جانب جدارها البحرى‬

‫حتى ينتهى اليه بحيث تكون مدخله منه مقابل الايوان الكبير الذي يجلس فيه السلطان ايام المواكب وهذا‬

‫الباب لا يزال مغلقا حتى ينتهى اليه من يستحق الدخول والخروج منه فيفتح له ثم يغلق والثالث وهو‬

‫بابها الاعظم الذي يدخل منه باقى الامرا وسائر الناس يتوصل اليه من اعلا الصوة المتقدم ذكرها يرقى‬

‫اليه في درج متناسبة حتى تكون مدخله في اول الجانب الشرقي من القلعة ويتوصل منه الى ساحة‬

‫مستطيلة ينتهى منها الى دركات جليلة يجلس بها الامرا حتى يوذن لهم بالدخول وفى قبلى هذه الدركات‬
‫ވވ‬
‫دار النيابة وهي التي يجلس بها النائب الكافل للحكم اذا كان ثم نايب و قاعة الصاحب وهي التي يجلس‬

‫بها الوزير وكتاب الدولة وديوان الانشا وهو الذي يجلس فيه كاتب السر وكتاب ديوانيه وكذلك ديوان‬

‫الجيش وسائر الدواوين السلطانية وبصدر هذه الدركاه باب يقال له باب القلة يدخل منه الى دهاليز‬

‫فسيحة على يسرة الداخل منها باب يتوصل منه الى جامع الخطبة المتقدم ذكره وهو من اعظم الجوامع‬

‫واحسنها وابهجها نظرا واكثرها زخرفة متسعة الارجا مرتفع البنا مفروشة الارض بالرخام الفايق مبطن‬

‫السقوف بالذهب في وسطه قبة يليها مقصورة يصلى فيها السلطان الجمعة مستورة هي والرواقات المتثملة‬

‫عليها بشبابيك من حديد محكمة الصنعة يحف بصحنه رواقات من جميع جهاته ويتوصل من ظاهر هذا‬

‫الجامع الى باب الستارة ودور الحريم السلطانية وبصدر الدهاليز المتقدمة الذكر مصطبة يجلس عليها مقدم‬

‫المماليك وعندها مدخل باب السر المتقدم ذكره وفي مجنبة ذلك ممر يدخل منه الى ساحة يواجه الداخل‬

‫اليها باب الايوان الكبير المتقدم ذكره وهو ايوان عظيم عديم النظر مرتفع الابنية واسع الافنية عظيم‬

‫العمد عليه شبابيك من حديد عظيمة الشان محكمة الصنعة وبصدره سرير الملك وهو منبر من رخام‬

‫هذا‬
‫مرتفع يجلس عليه السلطان في ايام المواكب العظام كقدوم رسل الملوك ونحو ذلك ويتنا من عن‬

‫الايون الى ساحة لطيفة بها باب القصر الابلق المتقدم ذكره وبنواحيها مصاطبة يجلس عليهـا خواص‬

‫الخدمة ويدخل من باب القصر الى دهاليز عظيمة الشان نبهة القدر يتوصل‬ ‫الامرا قبل دخولها إلى‬

‫منها الى القصر المذكور وهو قصر عظيم البنـا شاهق في الهوا به ايوانان في جهتى الشمال والجنوب‬
‫‪688‬‬ ‫‪P. CASANOVA .‬‬

‫اعظمهما الشمالي يطل منها على الاصطبلات السلطانية ويمتد النظر منها الى سوق الخيل والقاهرة والفسطاط‬

‫وحواضرها الى مجرى النيل وما يلى ذلك من بلاد الحيزة والحيل وما والى ذلك وبالقصر كرسى مطعم‬

‫من عاج وابنوس ارتفاعه نحو ذراع يجلس عليه السلطان احيانا في وقت الخدمة على ما يأتى ذكره والايوان‬

‫الثاني وهو القبلى خاص بخروج السلطان وخواص منه من باب سر ( ‪ )sic‬الى الايوان الكبير خارج القصر‬

‫للجلوس فيه ايام المواكب العامة ويدخل من القصر المتقدم ذكره الى ثلاثة قصور جوانيه واحد منهـا‬

‫سامت لارض القصر الكبير واثنان مرفوعان يصعد اليهما بدرج في جميعها شبابيك من حديد نشر على‬

‫دور الحريم وابواب الستور السلطانية‬ ‫ما يشرق عليه القصر الكبير ويدخل من القصور الجوانية الى‬

‫وهذه القصور جميعها ظاهرها بالحجر الاسود والاصفر وداخلها موزر بالرخام والفص المذهب المستجر‬

‫بالصدف وانواع الملونات و السقوف المبطنة بالذهب واللازورد يحرق الضو في جدرانها بطاقات من‬

‫الزجاج القبرسي الملون كقطع الجوهر المولفة في العقود وجميع ارضها مفروشة بالرخام المنقول من اقطار‬

‫‪ ).cf‬فاما الادر السلطانية فعلى‬


‫الارض مما لا يوجد مثله قال في مسالك الابصار ( ‪. plus haut , p 670‬‬

‫ما صح عندي خبره انها ذوات بساتين واشجار و مناخات للحيوانات البديعة والابقار والأغنام والطيور‬

‫الدواجن وخارج هذه القصور طباق واسعة للمماليك السلطانية ودور عظام لخواص الامرا من مقدمي‬

‫الالوف ومن عظم قدره من امرا الطبلخـانات والعشرات ومن خرج عن حكم الخاصكية الى حكم‬

‫لبرانيين وبها بيوت ومساكن لكثير من الناس وسوق للماكل ويباع فيها النفيس من السلاح والقماش‬

‫امع الدلالين يطوفون به وبهذه القلعة مع ارتفاع ارضها وكونها مبنية على جبل بير ما عين •‬

‫فمن الما العذب المنقول اليها من النيل بالروايا على ظهور الجمال و البغال مع ما ينساق الى قصور السلطان‬

‫ودور اكابر الامرا المجوارين للسلطان من ما النيل في المجارى بالسواقي والنقلات والدواليب التي تديرها‬

‫الابقار وتنقل الما من مقر الى اخر حتى ينتهى الى القلعة ويدخل الى القصور والادر في ارتفاع نحو‬

‫خمسمائة ذراع وقد استجد السلطان الملك الظاهر برقوق بهذه القلعة صهريجا عظيما يملا في كل سنة زمن‬

‫النيل من الما المنقول الى القلعة من السواقي النقلات رتب عليه سبيلا بالدركاه التي بها دار النيابة يسقى‬

‫فيه الما حصل به للناس وفق عظيم وتحت مشرف هذه القلعة مما يلى القصور السلطانية ميدان عظيم يحول‬

‫بين الاصطبلات السلطانية وسوق الخيل ممرج بالنجيل الاخصر نسيح المدا يسافر النظر في ارحايه‬

‫به انواع من الوحوش المستحسنة المنظر وتربط به الخواص من الخيول السلطانية للتفسح وفيه يصلى‬

‫السلطان العيدين على ما سياتى ذكره وفيه يعرض الخيول السلطانية واذا اراد السلطان النزول اليه خرج‬

‫من جانب ايوان القصر كذلك قال القاضي محى الدين بن عبد الظاهر في خططه وكان هذا الميدان وما‬

‫حوله قديماً يعرف بالميدان وبه قصر احمد بن طولون وداره التي يسكنها والاماكن المعروفة بالقطايع حوله‬
‫‪HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE.‬‬ ‫‪689‬‬

‫على ما تقدم ذكره في خطط الفسطاط ولم يزل كذلك حتى بنى الملك الكامل بن العادل بن ايوب هذا‬

‫الميدان تحت القلعة حين سكنهـا واجرى السواقي النقلات من النيل اليه وعمر الى جانبه ثلاث برك تملا‬

‫لسقية ثم تعطل في ايامه مدة ثم اهتم به العادل ولده ثم اهتم يد الصالح نجم الدين ايوب اهتماما عظيما‬

‫وجدد له ساقية اخرى وغرس في جوانبه اشجارا فصار نهائة الحسن فلما توفى السلطان الصالح تلاشى‬

‫حاله الى ان هدم في سنة خمسين وستمائة او سنة احدى وخمسين في الايام المعزية ايبك التركماني وهدمت‬

‫السواقي والقناطر وعفت آثارها و بقى كذلك حتى عمره السلطان الملك الناصر محمد بن قلاون ره‬
‫‪-- Tra‬‬
‫‪[Ms. de la Bibliothèque de Gotha, nº 1619 , fos 41 verso à 44 verso .‬‬
‫‪duction WÜSTENFELD , p . 85 à 90].‬‬
CHAPITRE XIII

DESCRIPTION DE LA CITADELLE A L'ÉPOQUE

DE KALKACHANDÎ ET DE MAĶRÎZÎ

Nous avons maintenant tous les éléments nécessaires pour expliquer la

longue description du texte des Ķhițaț de Makrîzî et celle , plus brève et cepen

dant plus complète sur certains points, de Kalkachandî, deux auteurs contem

porains , qui ont copié, chacun de son côté, quelque ouvrage qui ne nous est

pas parvenu .

Après la description chronologique et par suite analytique, il me reste à

faire l'étude synthétique . Supposons donc un voyageur contemporain de

Makrîzî visitant minutieusement la Citadelle. Voici quelle sera sa relation .

En sortant du Caire par la porte de Zoueïlat, on se trouve en présence de

deux routes , l'une allant à Fosțat, dans la direction du sud : c'est la Şalibat ;

l'autre obliquant vers l'est et menant à la Citadelle : c'est la rue Rouge , ad-darb

al-Ahmar. Par le quartier de Tabbaneh , on débouche sur la place de Roumeïlat

laissant à sa droite la Mosquée du sultan Hasan . On a tout d'abord en face de

soi la Porte de la Chaîne, Báb as-Silsilat par laquelle on pénètre, non pas encore

dans la Citadelle proprement dite , mais dans les annexes ' , les pavillons ou

salles construites depuis plus d'un siècle par les divers sultans , et actuellement

leur séjour favori.

1. Un passage d'Aboû 'l-Maḥâsin établit bien cette disposition. Il dit, en effet, à propos d'une révolte des émirs
mamloûks , que, bien que maîtres de la porte de la Chaîne, ils n'arrivaient pas à s'emparer de la Citadelle elle
même, et il ajoute cette réflexion : « Ce que je veux expliquer par là est que la porte de la Chaîne n'est vraiment
reliée à la Citadelle qu'en temps de paix et de tranquillité . >>

).Bibl
. nat . , ms . 667 , fo rji recto ‫والمقصود من هذا الكلام ان ليس للقلعة علاقة يباب السلسلة الا في الامن والرخا لا غير‬
. ES
EFFEL
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 691

Cette Porte de la Chaîne nous permet d'entrer dans les Écuries du sultan .

On y remarque'un pavillon de réception qui touche à la place de Roumei

lat, et une mosquée construite en 812 par Al- Faradj ibn Barkoûk . A droite se

trouvent les somptueuses écuries du sultan , attenantes à la Porte de la Chaîne par

une construction , qui sert de demeure et parfois de prison aux principaux émirs.

C'est la Harrâkat à laquelle conduit un escalier ' . Pour les Écuries du sultan

nous avons la description des auteurs arabes qui nous dispensent de commen

taires . Si nous les traversons, nous passons entre le grand Manège à droite , et

les palais à gauche . Le grand Manège est entouré d'une muraille jusqu'à la porte

de Karâfat qui fait partie de l'enceinte de la ville.

Revenons sur nos pas, après ce coup d'oeil rapide sur les constructions

annexes . Pour passer derrière la mosquée de l'Écurie , nous suivons un chemin

taillé dans le roc qui longe l'enceinte fortifiée de la Citadelle . En levant les

yeux à droite, nous apercevons des terrasses splendides, des constructions éle

vées et d'aspect luxueux . Nous remarquons, comme curiosité , que les murs en

sont de pierres alternativement jaunes et noires . De là le nom de bigarré donné

au principal pavillon . Près de ce pavillon qui fait saillie entre le Hôch et les

Écuries, au point où commence l'enceinte fortifiée, nous remarquons une pre

mière tour. Une inscription nous apprend qu'elle fut élevée en 713 par Mou

ḥammad ibn Kalâoûn .

1. Ce mot Harrâkat ou Harakat dl est inconnu aux dictionnaires dans le sens que je lui donne. De nombreux
passages relevés chez les historiens , il résulte que c'était quelque pavillon . Par son étymologie ( , brûler)
ce mot semble indiquer qu'à l'origine du moins on y réunissait des matières combustibles, pour les lancer contre
les assaillants , suivant toute vraisemblance. Si cette conjecture est fondée , il faut y voir une chambre au-dessus
et en avant de la porte, faisant saillie et permettant par des mâchicoulis de verser sur les assaillants les matières
enflammées. Cette disposition paraît avoir été celle des portes de la Citadelle. Cette chambre à feu sera devenue
naturellement un poste d'observation affecté au logement de quelque émir. Aujourd'hui la chambre qui fait saillie
au-dessus de la porte de la Citadelle (Plan de Grand- Bey , Bab Guedid) est occupée par le colonel anglais , com
mandant la Citadelle.

Voici les passages les plus caractéristiques que j'ai pu relever, pour définir la nature de la ḥarrákat et son em
placement. l Ubul! Jubad (Bibl. nat. , ms . 666. fo 72 recto ; ms . 674 , fo 15 verso) -
--
‫) سكنه بالحراقة من باب السلسلة‬ms . 667 , f° 73 recto ‫حضر جع الامرا بالاسطبل السلطاني بباب السلسلة بالحراقة‬
‫ވ‬.‫ވ‬
1 . 667, fº 72 verso) — äöll ♪ (Djauharî , III, 130) -
(ms . Suppl . 809 , fº 120 verso) ‫( سلم الحراقة‬ms ‫درج الحراقة‬
all (ms. 667 , fo 72 verso).
Enfin Aboû 'l- Maḥâsin dit en propres termes que la harråkat était une salle de réception :

)Ms . Supp . 809 , f° 149 verso( . ‫المقعد من الاصطبل السلطاني المعروف بالحراقة‬
87

-
692 P. CASANOVA.

A partir de là nous montons par une pente assez raide ; à notre gauche,
et en contre- bas sont diverses demeures . L'une d'elles a été transformée en

mosquée, tout récemment par le sultan Al - Malik al - Mouyyad . Nous arri

vons au sommet : à droite s'ouvre la porte secrète, qui ne laisse entrer que le

sultan, ou ceux qui ont le mot de passe . Les sultans veillaient à ce que ce fût

strictement observé, et l'on raconte que Beïbars étant venu , un jour , déguisé,

alors qu'on le croyait encore en Syrie , on ne lui ouvrit que sur le mot de passe

qu'il donna ' . Cette porte donnait immédiatement sur la grande terrasse où
est élevé l'Iwân, grande salle des réceptions royales . Nous n'y entrerons pas pour

le moment , et continuerons de monter, en jetant un coup d'œil sur les bâtiments

de la Timbalerie, affectés autrefois ( du temps de Beïbars) aux séances de justice .

La Timbalerie dépassée, nous atteignons un escalier aux nombreuses marches ,

l'escalier dit d'al- Moudarradj p , qui part d'une porte construite, sous
Beïbars , par Ad -Darfîl , dont le nom lui est resté. Toutefois , comme elle donne

accès à l'escalier d'al-Moudarradj , on la désigne aussi sous l'appellation d'al- Mou

darradj . Un mur construit par Barkoûk relie cette porte aux bâtiments annexes

que nous avons signalés sur notre gauche , si bien que nous nous trouvons à ce

moment enfermés entre les hautes murailles de la Citadelle et ce mur.

L'escalier d'al - Moudarradj fait un détour à angle droit . Il en est de même

de l'enceinte de la Citadelle . Cet angle est profondément dessiné , et choque

l'œil le moins habitué aux constructions militaires . On ne peut s'expliquer

cette étrange disposition , si l'on ignore que la Citadelle a été construite en deux

fois , et comprend deux enceintes : l'une proprement militaire, affectée aux


casernes, avec des tours et des murailles à fortes courtines ; l'autre affectée aux

demeures luxueuses des sultans et de leur innombrable domesticité, civile ou

militaire . En somme, il y aura trois enceintes, celle que nous venons de par

courir qui est en contre- bas , et qui contient diverses annexes, comme les Écu

ries et la Timbalerie, et deux autres situées sur la hauteur . Nous allons pénétrer

successivement dans ces deux dernières, qui forment la vraie Citadelle.

La plus ancienne est celle qui est en face de nous , si on se rappelle que

nous sommes partis des Écuries pour longer les hautes murailles de la Cita

· 1. S. M. , I , 2e partie , p . 165 .
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 693

delle . En montant l'escalier d'al-Moudarradj , qui suit le mur sur un espace d'en

viron cinquante mètres , nous pénétrons dans une vaste tour carrée, qui donne

accès dans l'intérieur. Il faut donc suivre d'abord le mur, puis , une fois dans cette

tour, tourner à droite. Cette disposition est celle des citadelles de l'époque de

Şalâḥ ad- Din . Elle est fort bien comprise pour arrêter l'assaillant . D'ailleurs , la

Citadelle n'ayant jamais subi de siège, cette porte est devenue incommode, et

il est à prévoir qu'elle sera un jour délaissée .

Une inscription nous apprend qu'elle date de la construction même de la

Citadelle en 579 de l'hégire . Comme elle est le point d'arrivée de l'escalier d'al

Moudarradj , elle en a le nom, tout comme la porte d'ad-Darfil , ce qui produit

quelque confusion . En réalité, c'est la porte de Sârîat, et, cette partie de l'en

ceinte porte aussi le nom de Sârîat.

Nous voici dans l'enceinte militaire. Une grande place s'étend devant nous , bor

dée de magasins . La foule des mamloûks et des divers habitants s'y presse . Les yeux
sont attirés par un donjon isolé : c'est la Koullat construite par Beïbars. Des tom

beaux fort anciens et de petites mosquées ont été respectés par les construc

teurs de la Citadelle, et mêlent leurs blanches coupoles aux murs grisâtres tirés de

la pierre coquilliére du Moukaṭṭam . La plupart des pierres, fort bien taillées , des

murailles de la Citadelle proviennent des innombrables pyramides de Memphis ;

mais elles avaient été primitivement extraites par les Pharaons des grandes
carrières du Moukaṭṭam .

Si nous suivons l'enceinte sur notre gauche, nous nous rapprochons du

Caire, dont le curieux panorama commence à se déployer . Cependant nous n'en

voyons que les parties les moins pittoresques : les grands murs qui devaient le
relier à la Citadelle , mais qui sont restés ininterrompus de ce côté , et les

décombres de Barkiyat , qui datent de l'époque d'Al-Hâkim , le 3e sultan fatimide

(381-411 ) . Ces décombres s'accumulent de jour en jour. On a tellement perdu

l'habitude de penser à quelque invasion que les murs sont abandonnés , et

commencent, sur certains points, à disparaître sous des décombres , véritable

décharge publique . D'ailleurs , le caprice des sultans contribue à former une

véritable ville hors du Caire de ce côté . De somptueux tombeaux parsèment la

plaine. Des couvents , des pavillons s'y dressent aussi . Pourtant ce n'est qu'un

désert triste et sablonneux , une vallée de poussière entre les hauteurs de la Cita
694 P. CASANOVA .

delle et celles de la Montagne Rouge. On est tenté de croire que cette vallée a

été faite de main d'homme pour former un large et profond fossé à la Citadelle.

Il est certain que la hauteur où a été construite la Citadelle faisait partie des

montagnes qu'on aperçoit à très peu de distance et qui la dominent. Le roc,

en tous cas, a été profondément taillé là où est construit le mur qui se trouve

ainsi doublé de hauteur. Il est clair qu'un ennemi ne pourrait donner assaut au

pied de la Citadelle, à moins d'être entièrement maître de de la montagne, qui


se dresse en face aride et désolée .

L'enceinte de la Citadelle forme vers le nord une pointe assez aiguë et fait

face aux fortifications de l'angle nord- est du Caire. Cet angle du Caire était

formé d'ouvrages nombreux et solides, faisant comme un avant- poste de la

Citadelle , pour un ennemi venant de la Syrie. Toutes ces dispositions fort


savantes sont devenues inutiles. On se sert des tours comme de prisons pour

les mamlouks ou de relais pour les pigeons de la poste.

Après ce coup d'œil rapide sur les fortifications du Caire qui n'étaient , dans

le plan du grand constructeur Karâkoûch , qu'une dépendance de la Citadelle,

reprenons notre chemin sur les courtines de la grande muraille. Nous marchons

parallèlement au Moukaṭṭam qui se trouve sur notre gauche : la vue est naturel

lement arrêtée par cette masse rocheuse et ne donne que sur la vallée de pous

sière dont nous avons parlé . Mouḥammad ibn Kalâoûn avait eu un moment, le

projet grandiose d'y jeter les eaux du Nil , et d'en faire un immense jardin . Il

recula devant la dépense , et surtout devant la longueur du travail .

Une énorme tour termine au sud -est la formidable enceinte de Salâḥ

ad-Din , et domine la porte qui s'ouvre sur le désert . On l'appelle porte de

Karâfat, du nom de ce désert qui s'étend entre la Montagne et les villes du

Caire et de Fosțâț . Cette porte ne paraît pas d'une grande utilité . Elle est très

peu fréquentée. Elle devait servir uniquement, je pense, à tenter des sorties

contre l'assaillant . Elle ne présente aucune des dispositions défensives de la

porte de Sârîat.

Pour achever le tour de l'enceinte , et revenir à la porte de Sârîat, nous sui

vons de fortes courtines , interrompues au milieu par une nouvelle porte , la


porte de la Koullat, qui doit son nom , je pense, à la Koullat de Beïbars . Cette

porte met en communication la ville militaire avec les palais du sultan . Elle est
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 695

entourée de constructions importantes affectées à la résidence de hauts digni

taires comme le vice- roi (nâïb) , le vizir (şâḥib) , etc. , etc.

L'intérieur de l'enceinte militaire ne présente point d'intérêt . Ce sont des

casernes où logent les mamloûks et leurs familles. Le règlement , rarement ob

servé et fréquemment rappelé en vain par le sultan , leur défend de les quitter

pour descendre dans la ville, où ils ne songent , d'ordinaire , qu'à molester les

habitants. La place qui donne accès à la porte de la Koullat a été le théâtre de

bien des séditions et de bien des meurtres : elle le sera probablement tant que

durera cette monarchie fondée sur des milices aussi turbulentes et indisciplinées .
J'ai dit que la porte de la Koullat donnait accès dans l'enceinte où résident

les sultans . C'est par là que passent les mamloûks pour venir se ranger sous la
S
conduite des émirs , dans les jours de grands cortèges , pour les fêtes ou les ex
péditions de guerre . C'est par lå que se rend la foule pour assister aux séances

de justice dans le grand Iwân . Il est vrai que ces séances se tiennent, depuis

Barkoûk, beaucoup plus fréquemment dans les pavillóns du Hôch et des Écu

ries . La résidence royale se ferme de plus en plus au public, conséquence inė

vitable des troubles qui ont signalé la fin de la dynastie, dite bourdjite, et son

remplacement par les sultans circassiens, il y a environ cinquante ans (790 hé

gire).
L'enceinte , dans laquelle nous pénétrons , renferme de nombreuses et

curieuses constructions , dont la plus grande part est due à la munificence de

Mouḥammad ibn Kalâoûn . Nous allons les énumérer avec le plus de clarté

possible .

D'abord, en face même de la porte de la Koullat , se dresse la mosquée,

construite par ce sultan , avec sa coupole et ses deux minarets recouverts de

faïence verte avec inscriptions blanches, qui brillent au soleil , ses magnifiques

colonnes , débris de temples antiques , ses plafonds dorés, ses splendides tentures ,

ses vitres étincelantes . Elle forme un vaste carré orienté à peu près aux quatre

points cardinaux ' . Si nous longeons la face est nous arrivons près du puits

1. Je suis l'orientation donnée par le Plan de 1798. Les auteurs arabes en ont adopté une légèrement différente :
leur nord est placé un peu vers l'est. Ainsi pour Kalkâchandî , à la porte de Sârîat commence le côté est de la
Citadelle (voir plus haut, p. 687 , 1. 14) ; pour nous, c'est le côté nord ; pour lui comme pour Makrîzî le Palais
bigarré est en communication avec le grand Iwân par son iwân septentrional (voir p. 688, 1. 4 , et p . 637,


696 P. CASANOVA .

fameux creusé , ou peut-être seulement recreusé par Karâkoûch , dont les histo
riens ont célébré à l'envi le curieux travail. La face sud est en communication

avec la demeure du sultan . La face nord est opposée à la porte de la Koullat .

Enfin la face ouest est ouverte sur la grande place de l'Iwân . Nous apercevons

alors cette immense salle , recouverte, comme la mosquée , d'une coupole à pla

cages de faïence verte, soutenue par de magnifiques colonnes.

Cet Iwân, qui paraît avoir été d'abord construit par Al-Malik al- Kâmil, neveu

de Şalâḥ ad- Dîn et son quatrième successeur au trône d'Égypte, sur le modèle

de l'Iwân des califes fatimides, fut refait sur nouveaux plans par Kalâoûn, et par

Mouḥammad ibn Kalâoûn . Il forme un grand carré assez semblable par sa dis

position et ses principaux caractères architecturaux à la mosquée , que nous

venons de signaler.

Entre la Mosquée , l'Iwân , la porte de la Koullat et l'angle formé par les

deux enceintes fortifiées , s'étend une vaste esplanade, où se répand la foule des

courtisans , des soldats, des domestiques, des curieux . C'est dans ce même

espace , à l'angle sud - ouest, que débouche la porte secrète, dont j'ai déjà parlė ,

et par où pénètrent les familiers et les hommes de service . Par cette porte , ils

peuvent soit se rendre sur l'esplanade , et se mêler à la foule , soit pénétrer, par

la droite, dans les palais qui forment sur tout le rebord ouest une magnifique

enfilade de hardies constructions . Déjà , de l'esplanade même, en s'approchant

de l'enceinte, on peut voir le magique panorama formé par la ville aux innom

brables minarets , le Nil et ses campagnes verdoyantes , le désert de Libye aux

teintes grisâtres, dont l'horizon se hérisse curieusement des pointes de nom

breuses pyramides . Du haut des palais, la vue est plus libre et plus belle encore ' .

Les sultans les ont élevés et surélevés , comme pour étendre davantage encore

leurs regards sur le merveilleux pays dont ils sont les maîtres. C'est là qu'était,

note, 1. 3 ) ; pour nous, cet iwân est orienté vers l'est. De même Aboû 'l-Maḥâsin, dans le passage cité, p . 646,
note 3, dit que la porte de la Koullat est vis-à-vis de la face est de la mosquée ; pour nous , c'est la face nord, etc.

Cf. VAN BERCHEM, Corpus inscr. arab. , p . 7 , note .


1. Ibn Iyâs rapporte, à ce propos , une anecdote assez amusante : « En rabi ' 1er (789) , il arriva que le sultan
étant entré dans le grand Palais, en un jour qui n'était pas de cérémonie, s'assit auprès de la fenêtre royale et
vit dans le lointain une tente dressée dans l'île de Rauḍat, au bord du Nil . It envoya aux informations , et le
messager, de retour, lui apprit que c'était la tente du Şâhib Karîm ad- Dîn ibn Moukânis, qui, avec toute un
bande, se livrait à la boisson. Le sultan leur expédia des mamiloûks , qui les amenèrent tous ensemble devant
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE .
697

du temps des premiers musulmans , le Pavillon du Bel - air,. célèbre pour la pureté

de son atmosphère .

Toute cette partie de la Citadelle est en terrasses , dominant l'enceinte basse

par laquelle nous avons pénétré, et au niveau des minarets de la mosquée de


Hasan . Il a fallu interdire l'accès de ces minarets , parce qu'à diverses reprises les

milices turbulentes, dans les récentes révoltes , s'y sont installées pour cribler de

projectiles les palais de la Citadelle . Heureusement, on n'a pas eu la barbarie


de détruire ce merveilleux monument, comme on l'a fait pour la mosquée d'al

Achraf, qui était située, il est vrai , plus haut, et dominait complètement
l'enceinte de la Citadelle , au nord- ouest .

Mais revenons aux palais du sultan . On pénètre d'abord dans le Palais.

bigarré, ainsi appelé de sa façade aux pierres alternativement jaunes et noires . Il

forme, tout à côté du bourdj dont nous avons déjà parlé, un saillant très mar

qué appelé la Khardjáh¹ . Une longue suite de salles d'apparat magnifique

ment ornées, comme la Mosquée , nous conduit à d'autres palais qui s'étagent

encore au-dessous , toujours dans le même style . Les hautes murailles de ces

palais appuyées sur le roc , au - dessus même des Écuries, continuent l'enceinte

de la Citadelle . Des escaliers et des portes réservées permettent au sultan de

descendre , sans être vu , dans les Écuries . Les communications sont même

établies de façon à y pénétrer à cheval .

Tout l'angle sud- ouest de la Citadelle est occupé par ces palais de réception .

En suivant le contour de la Citadelle de l'ouest à l'est, on passe des palais

dans le harem du sultan . Ce harem, avec ses nombreuses dépendances, occupe

tout l'angle sud- est. Il communique, d'une part avec les palais, par la magni

lui ; il ordonna de fouetter le șâhib et lui infligea une amende de cinquante mil'e dinars. Il fit grâce aux autres .
Ce fut là une curieuse aventure. >>

‫وفى ربع الاول جرت واقعة غريبة وهي ان السلطان دخل الى القصر الكبير في غير يوم الموكب فلما جلس بالشبك الكريم‬

‫راى خيمة على بعد مضروبة في الروضة على شاطى النيل فبعث من كشف عن خبرها فلما عاد القاصد اخبر السلطان ان تلك‬

‫خيمة كريم الدين الصاحب بن مكانس ومعه جماعة وهم يشربون الخمر فارسل اليهم جماعة من المماليك فاحضروهم بتمامهم‬

‫وكمالهم بين يدى السلطان قام بضرب الصاحب كريم الدين بالمقارع وقرر عليه خمسين الف دينار ثم عنى عن الباقين وهذه‬
(Bibl. nat. , ms . 595 A , ſo 223 verso) . willjäll in
1. C'est ce qui résulte de ce que j'ai dit de la Khardjáh (p. 677) et du passage de Ķalkachandî (p. 687 du pré
sent mémoire, ligne 3) .

.
698 P. CASANOVA .

fique porte dite de Cuivre, Bâb an-Naḥâs , d'autre part avec la Mosquée, par la

porte dite du Voile , Báb es-Sitárat . Du côté du palais , se trouvent de magni

fiques salles. Mouḥammad ibn Ķâlaoûn en a édifié jusqu'à sept. Le nom en

est resté . On les désigne par le nom des sept kâats ou des sept haḍarats . Une d'elles

porte le nom de salle d'argent. Un des fils de Mouḥammad, le sultan Ḥasan

(celui qui fit élever la magnifique mosquée qui porte son nom en face de la

Citadelle) , a ajouté à ces salles celle qu'on nomme al -beïsarîât . Des jardins

magnifiques alimentés par l'eau du Nil , amenée à grands frais sur ces hauteurs,

font de ce harem un séjour enchanteur.

Le sultan veut-il de ses appartements se rendre à la Mosquée , sans traverser

la grande place , il passe par la salle des Piliers , et par la porte

du Voile dont j'ai déjà parlé ' , pour entrer dans la makṣoûrat , aël , salle rẻ

servée dans la Mosquée à son usage personnel . La salle des Piliers est l'anti

chambre des appartements du sultan . La surveillance en est confiée à une prin

cesse² qui y établit l'étiquette encore observée aujourd'hui . C'est là , disent les

historiens, que se tenait la fameuse reine des mamloûks Chadjarat ad- Dourr. Elle

fait face à l'Iwân, et à la salle ad- Douheïchat construite par un fils de Mouḥammad

ibn Kalâoûn ( Isma îl ) sur le modèle de celle que construisit Aboû'l - Fidâ à

Ḥamâh . Cette salle, qui est actuellement le lieu de réception favori des sultans ,

beaucoup plus que le Palais bigarré, s'étend entre celui - ci et le grand Iwân . Elle

domine le Hôch . Une particularité curieuse , c'est qu'au milieu même des appar

tements royaux se trouve , religieusement respectée , une petite mosquée , dite

1. «< Le sultan monte à la Citadelle par la porte secrète , à cheval , pénètre par la porte du Voile, toujours à
cheval, jusqu'à la salle des Piliers, qui fait partie des appartements du sultan . Il descend de cheval sur le seuil
de l'Iwân. »

‫طلع السلطان الى قلعة الجبل من باب السر راكبا حتى دخل من باب الستارة وهو على فرسه الى قاعة العواميد من الدور‬
)Bibl . nat . , ms . 666 , fo 154 verso( . ‫السلطانية فنزل من فرسه بحافة الايوان‬

2. En l'an 805 , c'était une sœur d'Aboû 'l- Maḥâsin , qui en avait la surveillance. L'historien raconte, d'après elle,
une scène atroce qui s'y passa . Le sultan , jaloux d'une de ses femmes divorcées , la fait appeler, se jette sur elle ,
la poursuit au milieu des femmes, et l'égorge dans les privés, où elle s'était réfugiée.
......... ‫ عند كريمتى بقاعة العواميد فانها كانت يوم ذلك صاحبة القاعة‬.... ‫قتل مطلقته بنت صرق‬

‫وصارت بنت صرق تجرى وهو خلفها وقد اجتمع الخواندات عندى بالقاعة للسلام على بنت صرق المذكورة ولا زال‬
‫ وخرج بها الى قاعة‬.... ‫يضربها بالمجاة وهي تجرى الى ان دخلت المستراح فتمم قتلها في صحن المستراح ثم قطع راسها‬
(Id. , ibid. , fo 124 verso) .
1

HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 699

dite d'ar- Roudeïni , lieu de pèlerinage très fréquenté, qui remonte vraisembla Re
blement à une époque bien antérieure à la construction de la Citadelle ,

comme tous les petits sanctuaires que nous avons vus dans l'enceinte militaire ' .
. Des appartements royaux le sultan peut, par un escalier réservé, descendre

dans les Écuries et le Manège et en sortir par la porte de la Chaîne (Bâb as-Sil

silat).

Nous voici revenus au point de départ . Je n'ai plus qu'un mot à dire d'une

construction voisine de la Citadelle , le palais de l'Hospitalité ɔ, où on

logeait les ambassadeurs et les souverains étrangers . Elle était en face de la

grande porte d'entrée de la Citadelle sur la hauteur, voisine , par conséquent ,


de la Timbalerie².

A défaut d'une précision impossible à obtenir dans le détail des emplace

1. Le Plan de 1798 mentionne au nord du nº 75 (Citadelle) Zâouyet el-Bourdeyny , petite mosquée ruinée
dont l'emplacement et le nom (légèrement altéré) me paraissent répondre fort bien à ce que nous savons de ce
sanctuaire qui, d'après Ķalķâchandî , était «< au milieu même des maisons du harem du sultan » (voir p. 686) ,
d'après Makrizi «< dans l'intérieur de la Citadelle (voir p . 562) . Je propose donc, comme une conjecture très
plausible, de lire, dans le Plan de 1798, Zaouyet el-Roudeïni : l'altération en est venue inconsciemment soit
chez le peuple, soit plutôt chez celui qui a transcrit les noms, parce que le nom d'El-Bourdeïni est très connu
au Caire, surtout par la petite mosquée très élégante qui porte son nom (Plan de 1798, VIII, 322. - Cf. ibid. ,
VII , 66, 170, Sibyl Bourdeyny) .
2. Les auteurs ne nous renseignent pas sur l'époque où fut élevé ce palais ; peut-être datet-il du temps d'Al
Kâmil. Il ne doit pas être confondu avec celui des Fatimides, transformé par Şalâḥ ad-Din en « couvent du
Bienheureux » deal dels (P. R. , III , 4º fasc. p . 41 , et 47 sqq.) .
Voici les quelques passages que j'ai relevés dans les historiens arabes :
Elle était dans le voisinage de la Citadelle: Jelly Bellys is... (ms. 666, fº 60 verso) ;

en face des murs : ‫) تجاه سور القلعة‬667, f° 39 recto , prés de la Timbalerie , ‫نحت دار الضيافة وتحت الطبلخانه‬
(673 , fº 58 verso) . Elle était située du côté des murs du Caire, vers le nord, car la madrasat de Niḍhâm ad-Din
qu'on voit encore au nord de la Citadelle en était voisine, et au-dessous : ‫ خارج‬Julbo
‫ن على طارف الجبل‬ilpli djelo
‫ة نظام الدي‬ ‫مدرس‬
-
‫مدرسة نظام الدين فوق الشرف بجوار دار الضيافة‬ )ms . 673 , fe II recto ‫باب المحروق تحت دار الضيافة‬
(ibid., fº 133 recto) . Enfin elle dominait la porte d'al -Moudarradj (celle qui ne faisait pas partie de la Citadelle

elle- meme( : ‫) الباب المجاور للقلعة بعرف اليوم بباب المدرج تحت دار الضيافة‬ibid . , fo 181 recto ( .
Je pense qu'elle était, comme l'ancienne Dâr aḍ-ḍiâfat des Fațimides, affectée aux grands personnages étrangers,
car je relève dans le Ķhițat la mention d'un mihmenddr de cette maison , mort en 798 :

‫ مات في يوم عيد الفطر سنة ثمان وتسعين وسبعمائة‬...... ‫ ولی مهمندار السلطان بدار الضيافة‬....... ‫بهادر الاعسر اليحياوي‬
(Khitat, II, 74, lignes 34 à 38) .
Sur la fonction de mihmendâr, voir P. R. , ibid.
3888
700 P. CASANOVA .

ments , à plus forte raison , dans la description architecturale , je crois avoir donné
4.
l'idée très exacte de la disposition générale des constructions , et le moyen de

suivre les historiens des Mamloûks , quand ils parlent des événements passés à

la Citadelle .

Il ne me reste plus qu'à signaler rapidement les principaux changements , et

surtout la décadence de la Citadelle , qui ne va pas tarder, très peu après l'époque

de Makrîzî , à tomber en ruines.


CHAPITRE XIV

DU MILIEU DU IX SIÈCLE DE L'HÉGIRE A 921

ÉPOQUE DE LA CONQUÊTE OTTOMANE

Jusqu'à Kaït- bâî, 42º sultan , les historiens ne disent rien de constructions

faites à la Citadelle ; mais il subsiste encore une inscription à la porte de Sârîat

qui remonte au règne de Djakmak.

En voici la description : Plaque rectangulaire de calcaire, encastrée dans le


mur à droite de l'entrée de Bâb as -Sârîat .

‫سيدنا محمد واله وصحبه وسلم‬ ‫ بسم الله الرحمـن الـرحـيم وصلى الله على‬1

‫ امر بتجديد هذا سلم المدرج بباب القلعة الشريفة سيدنـا ومـالك رقـنـا‬2

‫الكفرة والمشركين محى‬ ‫قاتل‬ 3


‫و الملك الاعظم سلطان الاسلام والمسلمين‬

‫سلطان العرب‬ ‫ العدل في العالمين ملك البرين والبحرين خادم الحرمين الشريفين‬4

‫والعلم افضل من حكم في عصره بالحكم صاحب‬ ‫والقلم والبند‬ ‫ والعجم صاحب السيف‬5

‫والسواحـلـيـة الـسـلـطـان المـلـك‬ ‫الشـامـيـة‬ ‫ الديار المصرية والقلاع‬6


1
' ] ‫وخمسين وثمان مائة‬ ‫جمادى الآخر سنة احدى‬ ‫بتاريخ شهر‬ ‫ الظاهر ابو سعيد جمقمق عن نصره‬7

1. La dernière partie de l'inscription est extrêmement fruste je crois cependant avoir retrouvé les traces des
lettres nécessaires pour reconstituer la lecture que je donne . Djakmak, ayant régné de 842 à 857, la date de 851

me parait certaine , car je crois pouvoir lire sans contestation ‫احدی‬. M. VAN BERCHEM , Corpus , p . 91 , lit ‫سلم هذا‬
‫ المدرج‬au lieu de ‫ هذا سلم المدرج‬, tout en admettant que ma lecture , dont je lui avais déjà parlé, est également
acceptable . Mais je crois qu'elle est la seule vraie, car cet escalier portait le nom d'al-Moudarradj, comme la
porte où il aboutissait . Entre autres mentions du ‫ سلم المدرج‬par les auteurs , je citerai celle -ci d'Ibn Iyas : « le
sultan sortit par la porte de l'Écurie qui est pres de l'escalier d'al - Moudarradj « ‫خرج السلطان من باب الاسطبل‬
‫ ) الذي عند سلم المدرج‬ms . 595 B , fo Too verso ) . Ceci prouve en méme temps que les écuries s'étendaient jusqu'au
voisinage de cet escalier.
*702 P. CASANOVA .

1. Au nom du Dieu clément et miséricordieux. Que Dieu soit propice à notre

seigneur Mouḥammad , à sa famille, à ses compagnons. Qu'il lui accorde le salut.

2. A ordonné la réfection de cet escalier d'al-Moudarradj, près de la porte de la

Citadelle éminente, notre seigneur et roi de notre sujétion ,

3. le roi supérieur, sultan de l'islâm et des musulmans, destructeur de l'infidélité et des

polytheistes, le vivificateur

4. de la justice dans les mondes, roi des deux continents et des deux mers , serviteur des

deux harams éminents [ la Mecque et Médine ] , sultan des Arabes

5. et des Persans, maître de l'épée et de la plume, du drapeau et de l'étendard, le plus

parfait pour les commandements de tous ceux qui commandent en son siècle, maître

6. des pays d'Égypte, des forteresses de Syrie et du Sâḥil [ Phénicie] le sultan Al-Malik

7. aḍh-Ṛhâhir Aboû Saïd Djakmak , Dieu exalte sa victoire! à la date du mois de

djoumada I" de l'an 851.

De Kaït-bâî , Ibn Iyâs ne dit que quelques mots : « Il restaura le grand

Iwân, et construisit le grand salon et les deux chambres qui sont dans

le Hôch¹ . » Mais nous avons aussi une inscription de ce sultan, immédiate

ment à droite de la précédente . Elle est également gravée sur dalles de calcaire :

‫اله وصحبته وسلم‬ ‫الله على‬ ‫سم الله الـرحمـن الرحيم وصلى‬ I

‫عطائه و نعمته‬
‫ امر تجديد هذه القلعة الشريفة السلطان من فضل الله تعالى وحسن‬2

‫ سيدنا ومولانا مالك رقنا سلطان الاسلام والمسلمين قاتل الكفرة والمشركين محى العدل‬3

‫ في العالمين ابو الفقرا والمساكين ملك البرين والبحرين خادم الحرمين الشريفين مولانا‬4

• ‫السلطان الملك الاشرف ابو نصر قایتبای اطال الله ملكه‬


5

• 6

.1 ‫) في الحوش السلطاني‬sic( ‫وجـدد عمارة الايوان الكبير الذي بالقلعة وانشا المقعد الكبير والمبيتين الذي‬
(Bibl. nat. , ms . 595 B, fo 46 verso).
Al-Bakri est un peu plus explicite :

‫) بجوار قاعة‬sic( ‫) حوله والحواصل الذي‬sic( ‫) الذي‬sic( ‫واما ما انشا بالقلعة فالمقعد الذي انشاه داخل الحوش والبيتين‬

)fo 19 verso( . ‫) الناصري الذي بالقلعة‬sic( ‫البحرة وجدد عمارة الديوان‬


Ce passage est surtout intéressant, parce qu'on voit à l'époque de Bakri, qui est de cent ans postérieur à Ibn
Iyâs, l'iwan devenir le diwán (voir chapitre Ix [ II , § a]) .
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE. 703

1. Au nom de Dieu, etc...

2. A ordonné la réfection de cette Citadelle élevée le sultan par la faveur de Dieu et sa

généreuse bonté et sa grâce


3. notre seigneur et maitre, roi de notre esclavage, le sultan de l'islam et des musul

mans, qui combat l'infidélité et les polythéistes , qui vivifie la justice

4. dans les mondes, le père des pauvres et des misérables, le roi des continents et des

deux mers, le serviteur des deux harams élevés, notre maître

5. le sultan Al- Malik al- Achraf Aboû'n -Nasr Kaït-bâi , que Dieu prolonge son règne...

Quelle fut l'importance de cette réfection ? Il est probable qu'elle fut mé

diocre, puisque les écrivains n'en parlent pas.

Ibn Iyâs , en revanche , donne des détails assez circonstanciés sur des tra

vaux nouveaux de fortifications entrepris par Djânbalâț ( 905-906) au moment

même où il allait être renversé par Toûmân- bâï, lequel a laissé , lui aussi , une

inscription . Cette inscription me paraît, s'il faut en croire le récit d'Ibn Iyâs ,
une véritable usurpation .

J'en donne d'abord le texte :

Plaque rectangulaire de marbre. Inscription de très beau style, admirablement


conservée :

‫ ' بسم الله الرحمن الرحيم وصلى الله على سيدنا محمد وعلى اله وصحبته وسلم امر بتجديد هذه القلعة‬1

‫ المبـاركة سيدنا ومولانا مالك رقنـا السلطان المالك الملك العادل صاحب الديار‬2

‫ المصرية والبلاد الشامية والقلاع السواحلية والاقـطـاز الحجـارية سلطان الارض‬3

‫ الحاكم طولها والعرض القائم بالسنة والغرض المجاهد المويد المنصور صاحب السيف والقلم‬4

‫ والبند والعلم الملك العادل ابو نصر طومان باى عن نصره بتاريخ شهر رمضان سنة ست وتسعمائة‬5

1. Au nom de Dieu, etc ... A ordonné la réfection de cette Citadelle

2. bénie notre seigneur et maître, roi de notre esclavage, le sultan régnant, Al-Malik

al- ˆÂdil, possesseur des domaines

3. d'Égypte, des pays de Syrie, des citadelles du Sâḥil , des régions du Ḥidjâz, sultan de
la terre
704 P. CASANOVA .

4. qu'il commande dans sa longueur et dans sa largeur, qui domine par la sounnat et

l'équité, le champion (religieux) , le puissant, le vainqueur, possesseur du glaive et de la

plume,

5. de l'étendard et du drapeau, Al-Malik al-´Âdil Aboû Nașr Țoûmân-bâï , que sa vic

toire soit glorifice. A la date du mois de ramaḍân de l'an 906 .

Toûmân- bâï ne régna que quelques mois (exactement trois mois et treize

jours , du 6 radjab au 19 dzoû ' l - ķa dat) . Dans l'intervalle du 6 radjab au mois

de ramaḍân , il est peu probable que son œuvre ait été bien importante . Peut

être trouva-t- il une inscription de Djânbalât qu'il remplaça par une à son nom .

Peut-être acheva-t- il effectivement l'œuvre de son prédécesseur. Quoi qu'il en

soit, je pense que cette inscription représente surtout les travaux de Djânbalâț ,
dont voici le détail, d'après Ibn Iyâs :

« [ Djoumadâ Ier 906] . Puis le sultan s'occupa des moyens de fortifier la Ci

tadelle d'armes de jet, d'y transporter des canons , de l'approvisionner des mu

nitions nécessaires , comme biscuit, farines , beurres , miels , bois, fourrages, de

remplir les bassins d'eau [apportée ] par des chameaux , de faire des réserves im

portantes de bétail petit et grand , et de toutes les munitions de bouche . Ensuite

il bâtit en pierre de taille un bourdj qui enveloppait la porte de la Chaîne , et une

porte également en pierre de taille contre la porte d'al-Moudarradj . Il fortifia les


bourdjs de l'enceinte de la Citadelle. Enfin il descendit dans la Roumeïlat ,

consulta les architectes des bourdjs et décida de détruire la madrasat du sultan

Hasan, coupole et minarets . Mais ils ne purent effectuer cette démolition .

L'émir Tagrîbardî l'ostadâr conseilla au sultan d'abandonner ce projet, et le

sultan renonça à cette démolition, dont la nouvelle avait profondément affligé

la population ; car rien , depuis l'islâm , n'avait été édifié de si beau¹ . »

.1 ‫ثم ان السلطان اخذ في اسباب تحصين القلعة بالمدافع وتركيب المكاحل وادخر فيها ما يحتاج اليه من بقسماط ودقيق‬

‫وجبن وعسل وحطب وعليق وملا الصهاريج بالما على الجمال وادخر في القلعة اشيا كثيرة من اغنام وابقار واشيا كثيرة من‬

)sic( ‫احتياج المطبخ ثم بنى برجا محيطا على باب السلسلة بالفص الحجر وبنى بابا بالحجر النص على باب المدرج وحصن الابراج الذي‬
‫) ويكشف على البنائين الذين يبنون الابراج ثم انه رسم بهدم مدرسه‬sic ( ‫حول القلعة ثم ان السلطان صار ينزل الى الرملة‬

‫السلطان حسن القبة والمدفن فلم يقدروا على بعض الهدم فتكلم الامير تغرى بردى الاستدار مع السلطان في ترك ذلك‬

‫) الاسلام‬sic( ‫فرجع السلطان عن هدمه وكانت الناس قد تاسف على هدمها لانه لم يين في الدنيا مثلها من منيذ‬
(Bibl. nat. 595 B, fo 76 verso).
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 705

Tous ces travaux furent entrepris, suivant toute probabilité , dans la crainte

d'une invasion , de plus en plus menaçante, des Turcs ottomans . Mais ils furent

complètement inutiles . Le sultan égyptien Kânṣoû al- Ghoûrî fut tué à Merdj

Dâbik en Syrie, et son successeur battu et fait prisonnier sous les murs du

Caire. La Citadelle ne se défendit pas. Comme toujours , le peuple égyptien

changea de maître sans grande résistance. La turbulente, mais vaillante race des

sultans Mamloûks disparut, sans plus laisser de traces que les innombrables

dynasties qui se sont succédé sur ce sol , aussi facile à perdre qu'à conquérir ;

et, comme pour tous les pays soumis à l'influence ottomane, la vie s'éteignit,

le mouvement artistique et littéraire, la civilisation en un mot, tout se recouvrit

de cette morne apathie qui semble désormais aux voyageurs , ignorants de

l'histoire , l'apanage héréditaire des Orientaux . Le sable recouvre silencieuse

menr les monuments de l'ancienne Égypte . Les Turcs ottomans , fils du désert,

semblent étendre, eux aussi , en passant, comme un linceul intellectuel sur les

peuples . Un jour viendra-t-il où l'on pourra susciter les peuples hors de cette

couche de mort, comme on a fait surgir et parler à nouveau les ruines ?

Avant d'entrer dans la période de mort politique , il convient de dire quel

ques mots des constructions de l'avant-dernier sultan Mamloûk Ķânṣoû Al

Ghoûrî. Voici ce que nous en dit Ibn Iyâs :

<< Il construisit le manège qui est sous la Citadelle , y transporta des arbres

et y fit venir l'eau du Nil par des réservoirs ; il y construisit les belvédères et la

baḥirat, le salon et la chambre affectés aux audiences de jugement... il restaura

la plus grande partie de la Citadelle, entre autres la douheïchat, la salle beïsa

rîat , la salle des piliers, la salle de la baḥirat ; il construisit le salon copte (?) qui

est dans le Ḥôch ; il restaura les cuisines de la Citadelle, de même que le grand

palais , et les autres appartements qui s'y trouvent¹ . »

.. ‫ النيل من سواقى نقاله وانشا‬. ‫وانشا الميدان الذي كان تحت القلعة ونقل اليه اشجارا من البلاد الشامية واجرى اليه ما‬

‫ وجدد غالب عمارة القلعة منها الدهيشة وقاعة البيسرية وقاعة العواميد‬...... ‫به المناظر والبحرة والمقعد والمبيت برسم المحاكمة‬

‫وقاعة البحرة وانشا المقعد القبطي الذي بالحوش وجدد عمارة المطبخ الذي في القلعة وجدد عمارة القصر الكبير الذي‬

(Ms. 595 B, fº 125 recto et verso.) gull glong datelḥ


Le même auteur nous informe incidemment que Al- Ghoûrî n'avait pas hésité à dépouiller ses sujets pour
faire ces embellissements . (Voir au chapitre suivant.)
706 P. CASANOVA .

J'ai dit plus haut que le nom de Ghoûrî se trouvait effectivement à l'entrée

des aqueducs qui conduisaient autrefois l'eau du Nil à la Citadelle . Le souvenir

des plantations de Ghoûrî est resté jusqu'à présent , et le nom de jardin de

Ghouri ‫ بستان الغوري‬ou ‫ غيط الغوري‬se retrouve souvent chez Djabarti . Un curieux

document nous a été conservé , qui représente le sultan Ghoûrî siégeant dans le

salon affecté aux audiences . Aux arbres nombreux qui entourent ce salon en

plein air , on reconnaît le jardin . C'est à la perspicace érudition de M. SCHEFER

qu'est due la vraie interprétation de ce document . Je veux parler d'un tableau

conservé au Louvre, qu'on avait attribué à Gentile BELLINI , comme représentant

une ambassade à Constantinople , mais qui en réalité représente la réception de

l'ambassadeur vénitien par le sultan Ghoûrî . Je renvoie là-dessus au très savant


article que l'éminent directeur de l'École des Langues orientales vivantes vient

de faire paraître dans la Gazette des Beaux- Arts (août 1895 ) .

Le sultan Al- Ghoûrî est représenté siégeant sur le mastabat qu'il avait fait

installer dans le Ḥôch. Nous voyons , par ce tableau , que le Hôch était en plein

air, ce qui répond bien au sens propre du mot : « enclos , cour » . Du temps de

Ķaït bâî, le sultan siégeait sur une toukkat , Toumân bâî , le successeur d'Al

Ghoûrî, détruisit le mastabat d'Al- Ghoûrî et rétablit la toukkat, qu'il fit recou

vrir de drap jaune , et où il siégea pour les audiences ' :

Sous la domination turque, on trouve souvent mentionnés les divâns de Ķâït

bâî et d'Al- Ghoûrî ; entre les deux se trouvait un escalier, du même côté était le

I. ‫السلطان طومان باى) لما ان سلطن امر بهدم المسطبة التي كان انشاها السلطان الغوري‬
.1 ( ‫ومن الوقائع اللطيفة ان‬

‫بالحوش عوضا عن التكة التي كان يجلس عليها الاشرف قايتباى فهدم السلطان المسطبة واعادها تكة كما كانت في اول الامر‬

‫وجلس عليها وكانت قد تكسرت فاصلحوها وجعل بها عشيا من الجوخ الاصفر وصار يجلس عليها للمحاكمات كما كان يجلس‬
‫الاشرف قايتباى وقد قلت كما قيل في المعنى‬

‫وانهدمت مصطبة الظلم‬ ‫قد عادت التكة للحكم‬


‫يمشى الـشـاه مع الضغم‬ ‫وصار طومان باى بين الورى‬

‫قد شاع بين العرب والعجم‬ ‫فـبـاله من ملك عـدله‬

(Ms. 595 B, f 131 recto .)


HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE. 707

Hôch ' . On voit fort bien cette disposition sur le Plan de 1798, dans la région

appelée Saba Hadarât ( Citadelle nº 72) . La porte qui s'y trouve est appelée Bâb

el-Ouestdny ‫) باب الوسطاني‬ibid. , n° 71 ) qu'il faut écrire ‫ الباب الوسطانی‬la porte

située au milieu (des deux divâns) et ne doit nullement être traduite par porte de

secours, comme le veut JOMARD (voir plus loin). La seule mention que j'en ai

trouvée est dans le manuscrit 399 de Munich, d'où je tire les détails précédents².

Dans ce même manuscrit, il est fait mention des « escaliers de Ķaït - bâî » 3.

C'est probablement la même chose que l'escalier situé entre les deux divans .

.. ‫ حوش الديوان‬......... ‫ والسلم الذي بين الديوانين‬......... ‫ وديوان قايتباى‬......... ‫ديوان الغوری‬
(Ms. de Munich, 399, fo 13 recto.)
2. (Ms. de Munich, 399 , fº 56 verso . ) ¿ bwallwhil
.3 .Ibid
. , 19 recto ‫سلالم السلطان قایتبای‬

89
CHAPITRE XI

DE LA CONQUÊTE OTTOMANE A L'EXPÉDITION FRANÇAISE

( 1517-1798 DE NOTRE ÈRE ) .

Après un court séjour au Caire , le sultan ottoman se retira , non sans avoir

dépouillé le pays et en particulier la Citadelle , laissant dans cette dernière rési

dence un pacha, qui devait représenter son pouvoir, mais tout en opposant ,

par une tactique utile à lui- même mais désastreuse au pays, les rivalitės soigneu

ment entretenues des petites aristocraties locales . Sans m'attarder à l'histoire

politique de l'Égypte, qui n'est d'ailleurs, sous cette domination , que le plus

lamentable chaos de désordres , de rebellions, d'exécutions arbitraires en haut

comme en bas , je vais indiquer rapidement les principales modifications ap


portées à la Citadelle .

Elles peuvent, tout d'abord , être résumées en quelques mots . Les anciennes
constructions des sultans furent abandonnées et laissées aux injures du temps.

La Citadelle militaire, l'ancienne enceinte, de Şalâḥ ad - Dîn fut occupée par les

janissaires . Les pachas s'installèrent dans les palais construits au bas de la

Citadelle, et aux environs des Écuries et du Hôch.

MAILLET nous donne une explication assez piquante et fort plausible de l'aban

don où furent laissées les magnifiques constructions de la dynastie de Kalâoûn :

mosquées, iwân, palais bigarré, harems , etc.

« On assure que le Divan même du Grand Seigneur à Constantinople n'a

rien qui approche de celui du Bacha , du Caire . Ce fut, ajoute-t-on , par cette

raison même que le Sultan Selim ayant tenu le sien dans la superbe sale du

Château de cette ville , où les anciens rois avoient accoutumé d'assembler

leur conseil, et s'appercevant de cette différence , défendit expressément au

Gouverneur qu'il laissa en ce pays, et à ceux qui lui succéderoient de tenir

leur Divan dans cet appartement magnifique. Il appréhenda qu'à la vue de tant
#

HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 709

de splendeurs soumises à leur commandement, il ne prît envie à ces Bachas de

s'en rendre les maîtres absolus, et que placés sur le trône même des Rois

d'Égypte , accompagnés de tous les officiers de ces anciens Princes , dont les

emplois subsistent encore aujourd'hui, et qui par là sont devenus les leurs

propres, ils ne s'imaginassent en avoir toute l'autorité.

<< Ce qu'il y a de certain , c'est que la salle, où les Bachas assemblent leur Con

seil, et tiennent leur Cour, n'est point celle des Rois d'Égypte¹ . »

Ce dernier point est confirmé par le texte suivant d'Ibn Iyâs : « Lorsque

le sultan Salîm Châh monta à la Citadelle, il se déroba à la foule et ne parut à

personne. Il ne siégea pas sur la toukkat du Hôch des sultans pour les audien

ces publiques et les jugements entre plaideurs 2. » Cependant , il convient de

remarquer que l'iwân de Mouḥammad ibn Kalâoûn était depuis longtemps


abandonné, et que les audiences publiques se tenaient dans les salons voisins

des Écuries et dans le Hôch . C'est dans ces mêmes salles que se tinrent désor

mais les pachas .

Salîm ne se contenta pas seulement de négliger la Citadelle : il y commit de

nombreuses déprédations, dont nous parle Ibn Iyâs en ces termes : « Quand

le sultan ottoman s'établit dans la Citadelle , il fit attacher les chevaux dans le

Hôch , jusqu'à la porte de la Citadelle, près du grand Iwân et la porte de la Mos

quée de la Citadelle. Les immondices des chevaux y formèrent sur le sol de

véritables buttes . Il détruisit la plupart des appartements de la Citadelle et en

enleva les marbres , qu'il fit transporter dans des barques pour les expédier à
3
Constantinople » et ailleurs . « A la fin de ce mois ( rabî' II 923 ) il arriva que le

sultan ottoman commença à enlever les marbres qui étaient à la Citadelle dans
la salle beïsariat, la douheïchat , la salle baḥirat et le grand palais et les apparte

ments , et il enleva les colonnes ... qui étaient dans le grand Iwân , parce que ,

1. Description de l'Égypte, 158-159 * .

2 . ‫ولما طلع ( ابن عثمان) الى القلعة احتجب عن الناس ولم يظهر لاحد ولا جلس على التكة بالحوش السلطاني جلوسا عاما‬

).M s
. 595 B , fo 157 verso ( ‫وحكم بين الظالم والمظلوم‬

.3 ‫ولما اقام ابن عثمان بالقلعة ربط الخيول في الحوش الى باب القلعة عند الايوان الكبير وباب الجامع الذي بالقلعة وقد‬

‫صار زبل الخيل هناك كالكيان على الارض واخرب غائب الامكان الذي بالقلعة وفك رخاءها ونزل به في المراكب توجهوا‬

).Ibid( ‫به الى اصطنبول‬


710 P. CASANOVA .

dit-on , il voulait construire à Constantinople une madrasat semblable à celle

du sultan Al - Ghoûrî, ce que Dieu ne lui permit pas¹ . » Plus loin encore : « Quand

le sultan ottoman descendit, il fit mettre en ordre les marbres enlevés de la

Citadelle ; on les plaça dans des caisses de bois et on les descendit dans des

barques pour les transporter à Constantinople . Voici un fait curieux : le sultan

Al-Ghoûrî avait lésé les fils du nâḍhir al-khâşş (inspecteur du service particulier)

Yousouf, car il avait fait enlever les marbres de leur salle , celle qu'on appelait

«
< la moitié du monde » et fait placer ces marbres dans la salle beïsarîat , et

Dieu voulut qu'après sa mort les marbres fussent enlevés de la salle beïsa

riat . » Ce transport se fit le dimanche, le 22 djoumadâ I de cette même

année ; Ibn Iyâs nous informe que Salîm fit transporter aussi les canons de

‫ی‬ bronze ‫ المكاحل النحاس الكبار‬qui se trouvaient à la Citadelle , transport qui se fit

å grand renfort de coups sur le dos des malheureux habitants contraints à


cette corvée ³ .

Le départ de Salîm eut lieu le jeudi 23 cha bân 923 ( 11 septembre 1517)

Le 27 du même mois s'installa à la Citadelle le roi des émirs Kheir bek

‫ ملك الامرا خير بك‬. C'est le premier des vice - rois d'Égypte établis à la Citadelle par

les sultants ottomans . Son premier acte d'autorité en djoumadâ Ier fut d'ins

taller à demeure dans le haut de la Citadelle la mêlée turbulente des janissaires ,

à la suite d'une rixe sanglante entre eux et le corps rival des sipahis : « Le roi

des émirs fit venir la milice des janissaires à la Citadelle et leur ordonna d'appor

ter les fusils et les balles de plomb qu'ils avaient en leur possession . Quand
et que les
tout fut apporté, il ordonna de le déposer dans l'arsenal

1. 6
‫وفي اخر هذا الشهر وقع ان ابن عثمان شرع في ملك الرخام الذي بالقلعة في قاعة البيسرية والدهيشة وقاعة البحرة‬

‫) كانوا في الايوان الكبير قبل انه يقصد‬sic( ‫و القصر الكبير وغير ذلك من الاماكن بالقلعة وذلك العواميد السيقية الذي‬

).Ibi d ( ‫ان ينشى له مدرسة في اصطنبول مثل مدرسة السلطان الغوري‬


. , fo 163 verso

20 ‫فلما نزل ابن عثمان اب الرخام الذي فكه من القاعة فوضعه في صناديق خشب ونزل ·به في المراكب ليتوجهوا به الى‬

‫اصطنبول ومن العجايب ان السلطان الغورى ظلم اولاد ناظر الخاص يوسف واخذ رخام قاعتهم التي تسمى نصف الدنيا‬

) .Ms 595 , ‫وجعل ذلك الرخام في قاعة البيسرية فيسلط الله تعالى عليه بعد موته من اخذ الرخام من قاعة البيسرية‬
fo 165 verso) . Cf. pour ce dernier détail, ibil. , fo 124 recto .
3. Ibid. , 169 recto.
4. Ibid . , 175 verso.
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 711

janissaires demeurassent dans les casernes y de la Citadelle, avec défense

de descendre jamais dans le Manège ' . » Quelque temps après , le


‫ء‬ 27 dhoû 'l

ḥidjdjat 926 ( 20 décembre 1520) , il donna définitivement tous les services de

la Citadelle aux Turcs ottomans et substitua partout les usages ottomans à

ceux des sultans Mamloûks2.

L'ouvrage si précieux d'Ibn Iyâs se termine sur ce détail important . Après.

lui, notre guide presque unique sera Djabartî qui , malheureusement , ne

commence à donner quelques détails que vers la fin du xvir° siècle, c'est- à -dire

au temps même où écrivait MAILLET. Je n'aurai donc que bien peu de chose à
dire dans cet intervalle .

Au point de vue politique , nous savons que les janissaires remplacèrent les

mamloûks dans les casernes de l'ancienne enceinte . Plus tard le corps des

*azabs (milice des célibataires ) fut installé dans le bas de la Citadelle. Les diffé

rentes parties de la Citadelle furent donc ainsi occupées sous la domination

turque jusqu'à l'arrivée de BONAPARTE. L'ancienne enceinte de Salah ad - Din

occupée autrefois par les Mamloûks fut réservée aux janissaires . De là le nom

d'enceinte des Janissaires que donne la Description de l'Égypte . Les palais et harems

des terrasses furent abandonnées . Seul le Palais bigarré fut utilisé pour

la confection du voile sacré de la Mecque . Des bâtiments annexes cons

truits au bas de la Citadelle , les uns au voisinage de la porte de la Chaîne (Bâb as

Silsilat) furent affectés au casernement des ' azabs ; les autres , tout le long du

Manège (Meïdan) furent la résidence des pachas. Au temps de MAILLET, cette rési

dence n'offrait rien de remarquable comme construction . Voici ce qu'il en dit :

La salle où les Bachas assemblent leur conseil « est , à la vérité, fort longue et

.. ‫ملك الامرا احضر طائفة الانكشارية الى القلعة ورسم لهم ان يحضروا مكاحلهم والبندق الرصاص الذي عندهم فلما‬
‫ملك الامرا بادخال تلك المكاحل والبندق الرصاص في الزردخاباه ورسم الانكشارية ان يقيمون في الاطباق‬
‫احضرهم رسم‬
)Ms . 595 B , f° 218 verso ( . ‫الذي بالقلعة ولا ينزلون الى الميدان ابدا‬
2.
20 ‫) في القلعة من البوابين وسلمها الجمعة من‬sic( ‫وفي ذلك اليوم اشيع ان النايب قد اخذ مفاتيح الحواصل كلمها جميعها الذي‬

‫الاتراك من حاشيته وطردوا البوابين والغلمان والركابة والبابية حتى ابطل الطباخين من المطبخ واقام جماعة من الاروام‬

‫عوضهم وابطل المقربين الذين كانوا يقرون بالقلعة قاطبا حتى ابطل من كان بالقلعة من الموذنين وجعل جامع الحوش موذنا‬

)Ibid. , fo 316 recto( . ‫واحدا وابطل نظام جمع نظام القلعة التي كانت عليه قديما ومشى على القانون العثماني وهو اشبم قانون‬
.3 Cf. p . 639.- (Al- Bakri , f° 72 recto( . ‫قصر الكسرة المعروف بالقصر الابلق‬
712 P. CASANOVA .

fort large ; mais elle est, d'ailleurs, sans aucun ornement . Tout ce qu'on y voit

de remarquable, ce sont sept planches épaisses chacune d'un demi - pouce , dont

la première est de sapin , et que le sultan Selim perça d'une flèche , qui les tient

attachées les unes aux autres . On les a suspendues proche de l'endroit même où

se place le Bacha, comme un monument célèbre de la force prodigieuse de ce

Prince . On rapporte que le plus robuste de ceux qui eurent l'honneur de tirer

au blanc avec lui ce jour- là , n'en put percer que trois, quoiqu'il passât pour

avoir un bras d'une force extraordinaire . La merveille n'est peut-être pas si

grande que pensent les Turcs , et celui qui laissa à son souverain la gloire d'un

si beau coup pouvoit bien avoir préféré sagement la faveur de son maître au
dangereux honneur de paroître plus fort que lui ' . »

Toutefois à l'époque de MAILLET, les pachas avaient encore un certain pres

tige : « Quoique l'Égypte ait perdu ses rois , on peut dire cependant qu'elle con

serve encore dans ces Bachas une légère idée de cette ancienne grandeur , qui

accompagnoit ces monarques . Lorsque le Bacha tient grand Divan, ce qui

arrive deux fois la semaine , le Dimanche et le Mardi , la cour qui précède la

sale du Conseil, et qui est pour le moins égale à la moitié du jardin des Thui

leries se trouve remplie de chevaux des Beys et des autres officiers de consi

dération qui , cependant, ne mènent alors avec eux que trois ou quatre de leurs

esclaves . Je puis assurer, pour l'avoir vû plus d'une fois , que l'assemblage de

tous ces chevaux couverts de riches harnois et de housses magnifiques pro

duit un spectacle qui étonne, et qui éblouit par l'éclat de tant d'or et d'argent,

souvent même de pierreries exposées aux raions du soleil, qui s'offrent alors à

la vue de toutes parts >>

Mais peu de temps après le séjour de MAILLET, la décadence de l'empire

ottoman , les divisions des milices livrèrent l'Égypte à l'anarchie. Les pachas

ne furent plus que de vains jouets entre les mains de leurs soldats .

Je passerai rapidement sur les quelques constructions attribuables au temps

des pachas . Je signalerai tout d'abord , dès les premiers temps de leur installa

tion un commencement de restauration militaire de la Citadelle , qu'Ibn Iyâs

1. MAILLET, Description de l'Égypte, p . 158* .


2. Ibid.
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 713

rapproche de la grande restauration entreprise par Djânbalâț (voir p. 703 ) .

C'était, en effet, à la suite de circonstances analogues : le vice-roi de Syrie s'était

révolté et menaçait d'envahir l'Égypte. Mais le danger fut conjuré et les


mesures prises , sur lesquelles , d'ailleurs , Ibn Iyâs ne nous donne que de vagues

détails, restérent inutiles ¹ .

La première en date est la construction de la mosquée de Sârîat, dont j'ai

parlé à plusieurs reprises et qui semble avoir été refaite sur l'emplacement de la

mosquée de Koustat . Elle fut vraisemblablement édifiée à l'intention des janis

saires que les pachas vice-rois d'Égypte s'efforcèrent de plus en plus de mainte

nir en leurs casernements et surtout de séparer des 'azabs logés en contre- bas .

La mosquée d'Ibn Kalâoûn étant délaissée , ainsi que l'Iwân et les palais des

anciens sultans , comme nous l'avons vu plus haut, il dut être nécessaire d'en
édifier une, dans l'intérieur même de l'enceinte des Janissaires . Je ne m'attar

derai pas à la description de cette mosquée qui n'a rien de bien intéressant en

dehors de la pierre où est gravée l'inscription de Kousțat dont j'ai déjà parlé ct

l'inscription du sultan ottoman Souleïmân . Cette inscription est située à l'en

trée de la cour intérieure, laquelle donne d'une part dans la salle du miḥrâb ,

d'autre part dans une chapelle renfermant divers cercueils et l'inscription de

Koustat . Elle est ainsi conque 2 :

)sic( ‫قد بنى وعمر الجناب العالى مملوك سلطان السلاطين سلطان سليمان بن سليم خان من ال العثمان‬

‫ادام الله دولته الى يوم الدين وهو امير الامرا المصريين‬

‫سليمان باشا اللهم اجعله من الفائزين مسجدا لوجه الله المالك المعين طلبا لمرضاة رب العالمين ليعبدوا‬ 2

‫فيه عباد الله وكان تاريخه فاركعواالله مع الراكعين‬

.1 ‫لا الصهاريج الكبار الذي بباب السلسلة وملا عدة صهاريج ·بقلعة الجبل واخذ في تحصين القلعة‬. ‫اشيع ان ملك الامرا‬

‫ وهذه الواقعة تقرب من واقعات‬......‫بكل ما يمكن وطلع الى القلعة باجال بقسماط وارز وقمح وشهير ودقيق وغير ذلك‬

‫السلطان جان بلاط لما تسلطمن العادل طومان باى بالشام ودخل دو وقدمروه نايب الشام الى القاهرة وقد تقدم ذلك وكات‬

‫بلاط حصن القلعة اعظم من هذا التحصين ولم يفده شبا وانكسرت واخذت منه قلعة الجبل‬ ‫الاشرف جان‬
( Ms. 595 B, fo 254 verso).
2. Voir p. 559. Cf. Van Berchem, Corpus, p . 72. Je dois à l'amibilité de M. VAN BERCHEM communication
d'une photographic sur laquelle j'ai pu revoir et compléter ma copie, en même temps que de ses notes person
nelles, qui m'ont été de la plus grande utilité .
P
714 P. CASANOVA.

1. Son Excellence éminente, serviteur du sultan des sultans Souleïmân, fils de Salim,
— ἁ
de la race d''Othmân, que Dieu fasse durer sa dynastie jusqu'au jour du Jugement

savoir l'émir des émîrs d'Égypte

2. Souleïmân-Pâcha , ô mon Dieu, fais de lui un triomphateur (?), a construit et édifié

une mosquée en vue de Dieu, le roi tutélaire, recherchant la grâce du Maître des mondes,

afin que les serviteurs de Dieu y prient, et la date est celle-ci (représentée par la
valeur totale en chiffres des lettres des mots suivants) : Donc agenouillez- vous

devant Dieu avec ceux qui s'agenouillent .

En additionnant la valeur en chiffres des dernières lettres on a exactement

935. Souleïmân- Pâcha fut effectivement gouverneur d'Égypte de 933 å 945 .

Les auteurs sont d'accord avec l'inscription pour lui attribuer cette construction ' .

Une autre mosquée fut construite à la Citadelle, à l'époque turque . J'ai déjà

dit qu'à mon avis , elle occupait l'emplacement d'une mosquée plus ancienne.

Abandonnée aujourd'hui , elle présente encore moins d'intérêt que celle de Sârîat .

En voici l'inscription , la première que nous trouvons en langue turque :

‫ مقبول ايدينوب ذو المن تعويض ايده روز جزا‬،،، ‫ اول ساعي خبر حسن یا پدیر بونی حسبة‬1

‫ ويرسون رسوله صد سلام اولوب امامی مقتدا‬،،، ‫ طولسون جماعت صبح و شام اولسون تحيات وقيام‬2

‫قيومجى احمد كتخدا‬ ‫قیلدی بنا‬ ‫ بوجامعی‬،،، ‫ چيقسون عبادت كوكلره تاريخ اولسون دللره‬3

11.9 in

Cette Mosquée est appelée, dans le Plan de 1798, Mosquée des Azabs ( Cita

delle, nº 87).

Au témoignage de Djabartî , confirmé par MAILLET, Ismaïl-Pâcha qui gouverna

l'Égypte de III à 1116 de l'hégire fit d'importants remaniements dans l'angle


3
sud-ouest de la Citadelle où était le logement des pachas , c'est - à- dire là où

étaient le Hoch et le jardin de Ghoûrî².

1. Cf. MARCEL, Histoire d'Égypte, p . 197 .

.2 ‫ وانشا فيما بينها وبين البستان‬...... ‫ومن ماثره تعمير الاربعين الذي بجوار باب قراميدان وانشا فيه جامعا بخطبة‬
‫ورم قاعة الغوري التي‬
‫لمعروف بالغورى حاما فسيحة مفروسة بالرخام الملون وجدد بستان الغورى وغرس فيه الاشجار‬

$ 290
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 715

Djabartî attribue à Roudoûân Kitkhoda Al-Djalfî , qui mourut en 1168 , la répa

ration de la porte connue sous le nom de porte des ' Azabs , la construction

des deux tours ‫ بدنة‬qui la flanquent et des glacis ‫اقة‬V.


‫الزل‬ Cette porte existait

déjà en 1099 , car je la trouve citée à cette date². Au premier abord , on pour
rait penser qu'elle est la même que la porte de la Chaîne (Bâb as -Silsilat) qui

était, au dire des auteurs, en face de la Mosquée de Hasan . Mais j'ai dit plus

haut pourquoi cette identification ne me paraissait pas exacte ; et la preuve

en ressort du texte même d'un manuscrit qui rapporte l'histoire de l'Égypte de


1099 à 1168 , où se trouvent tour à tour les nom de Bâb as -Silsilat et de Bab

al- ' Azab³ , sans que rien indique l'identité des deux . J'en conclus que cette der

nière a été construite pendant la domination turque .

Je citerai, pour mémoire, la prison de l'Arkânat, la Suintante, qui était à

l'entrée du Hôch * et qui tirait vraisemblablement son nom de l'humidité . Ce

devait être un véritable puits . Elle est citée souvent dans Ibn Iyâs et Djabartî et

paraît dater de l'époque turque.

Une mention spéciale doit être accordée à un remaniement fort important

exécuté sous Yeyen-Bacha. Je n'ai point trouvé de renseignement dans les auteurs

à ce sujet. Mais une inscription est restée . Elle est à quelque distance de Bâb al

Djabal , dans un retrait de la muraille , qui a été complètement refaite à cette

époque . Le pacha édifia tout un palais dans cette partie de la Citadelle , qui paraît

avoir été complètement abandonnée jusqu'alors, dans la région où Méhémet Ali

devait construire ses cuisines et qui est retournée aujourd'hui au dernier point

du délabrement . L'expédition française, qui survint très peu de temps après,

connaissait cette partie de la Citadelle sous le nom de Serâî . C'est le nom que

lui donne, en effet, l'inscription turque que voici :

‫ وانشا الحمام البديع بقراميدان ونقل اليه من القلعة حوض رخام صحن قطعة واحدة انزلوه من السبع‬...... ‫بالبستان‬

).Djabarti
, I , p 30( . ‫ وانشا صهريجا بداخل القلعة بجوار نوبة الجاويشية‬...... ‫حدرات‬
Cf. MAILLET, p. 193 et p. 170* . - L'Arba'in dont parle Djabartî répond au n° 90 du Plan de 1798.

.1 ‫عمر باب القلعة الذي بالرميلة المعروف بباب العزب وعمل حولها هاتين البدنتين العظيمتين والزلاقة على هذه الصورة‬

)
.Djabarti
, I, p 192( . ‫الموجودة الآن‬
2. Ms. de Munich, nº 399 , f° 4 et passim.
3. (Ibid. , 15 verso) i̟¡ðl i̟! — (ibid . , fº 13 verso) ¿llell ! . Cf. ibid . ,, fº 49 sqq.
4. (Ms. 595 B, f° 229 recto et passim) . bullet ils ait oll
90
716 P. CASANOVA .

‫ صدور اكرم عصرك جليل القدر وذيشاني‬،،، ‫داور دوران مشیر آصف ثانی‬ ‫وزیر‬ I

2
‫ ولات افخم مصرك معظم نظم دیوانی‬،،، ‫السيد يكن باشا‬ ‫فخر عالم يعنى‬ ‫سمی‬

‫ مقر داورنده بنية اركان عمران‬،،، ‫زمان دولتنده بولدى استحكامات شهر‬ 3

‫ سرایه پرسزا در بانی اولدی باب سيرانى‬،،، ‫كاهنه تاریخ آثاری‬ ‫ياز لسون حافظا در‬ 4

۱۲٠٠ ‫سنة‬
١٢

D'après Djabartî, Yeyen- Pacha gouverna l'Égypte depuis le commencement

de l'année 1200 ' jusqu'au commencement de 1201 *.

Pour terminer cette revue sommaire , je crois ne pouvoir mieux faire que de

donner les principaux passages de la Description de l'Égypte relatifs à l'état de

la Citadelle en 1798. J'y ajoute une reproduction du plan , tel qu'il se trouvé

dans le volume XVIII , deuxième partie , pages 282 à 288 et dans l'Atlas

(planche 26) . Le lecteur qui a suivi mes efforts pour reconstituer la Citadelle

des Mamloûks appréciera , de visu , les changements introduits par la conquête


ottomane .

« La Citadelle , el- Qala'h , est bâtie sur une hauteur qui commande la ville , et

qui est elle- même commandée par le mont Moqattam, montagne calcaire

coquillière dont elle est séparée par un vallon d'une médiocre largeur . De la

profondeur du puits de Joseph, on déduit que le point le plus élevé est à

environ 93 mètres au-dessus des basses eaux du Nil . Du sommet de la mon

tagne à la tour des Janissaires qui est à peu près au centre, il y a 709 mètres,

et à la tour la plus avancée , bourg el Haddâd, 408 mètres seulement . La

forme est très irrégulière, la circonférence est de 3,000 mètres . Elle fut cons

truite par ordre du fameux Salâh el - dyn Yousef Ebn Ayoub ( Saladin ) en

562 ( 1166) ³....

« Saladin et son fils ne résidèrent à la Citadelle que momentanément ; mais ,

.1 .Djabarti
, II , p . 1o1 ‫ واسمه محمد باشا يكن بكاف اعجمية‬... ‫كان اول المحرم يوم الجمعة في ذلك اليوم وصل الباشا الجديد‬
On voit que , d'après Djabartî , le doit se prononcer à la persane (avec le son y au milieu des mots) : il faut
donc lire Yayan ou mieux Yeyen et non Yekan , comme le lit M. VAN BERCHEM , Corp. inscr . ar. , p . 94 .
2. Ibid . , p. 131 .
3. L'auteur a pris ce renseignement dans la Relation d'Abd al-Latif de S. DE SACY et a reproduit la faute
d'impression, 562 au lieu de 572 , que j'ai déjà signalée p . 568 , note .
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE. 717

depuis el- Kamil, les princes et les gouverneurs y ont presque toujours demeuré.

Cependant, cet emplacement pour un château fort étoit mal choisi ; du mont

Moqattam , qui est au levant, on plonge dans l'intérieur du château , et l'on

peut aisément le battre en ruines ; mais, du côté du Kaire , ce lieu est bien défendu

par l'escarpement du rocher : ses flancs au midi , à l'ouest et au nord peuvent

être mis à l'abri de toute attaque . Qu'on me permette de revenir sur le magnifi

que spectacle que le voyageur a ici sous les yeux : quand du haut de la Citadelle,
,
il promène ses regards vers le Kaire, il a devant lui une des plus imposantes

perspectives qui se puissent imaginer ; plusieurs artistes ont cherché à en retra

cer l'image ; mais aucun , selon moi , n'a réussi, et peut-être est-il impossible de

le faire complètement. Le champ du tableau est immense, principalement du

côté de l'ouest. La vue s'étend bien loin dans le vaste désert de Libye, à trois ou

quatre lieues, au delà des grandes pyramides de Gyzeh et de Saqqârah , et de la

plaine des Momies, jusqu'aux derniers rameaux de la chaîne Libyque. La grande

plaine cultivée et les forêts de palmiers qui sont au pied de ces gigantesques

monumens ; le Nil qui serpente comme un ruban argenté ; la charmante île

de Roudah ; la rive droite du fleuve, partie verdoyante et parties ablonneuse ; à

drcite Boulâq, à gauche le vieux Kaire ; la vallée de l'Égarement, et, plus près ,

la ville des Tombeaux et l'aqueduc ; plus près encore l'immense ville du Kaire

et ses trois à quatre cents minarets ; enfin , sous les pieds , une vaste place ani

mée par une population pressée, avec la masse majestueuse de la mosquée de

Soultân Hasan, le plus bel édifice peut-être de toute la ville et ses deux magni

fiques minarets qui s'élèvent au -dessus de la Citadelle même ; ces contrastes de

l'antique et moderne Égypte et des tombeaux de l'ancienne capitale avec ceux

de la nouvelle ; les ruines d'Héliopolis à la droite, à gauche celles de Memphis ;

tout ce grand ensemble émeut le spectateur le plus froid, plonge le philosophe

dans la méditation , l'artiste dans l'enthousiasme, et l'homme le plus indifférent

dans la rêverie et la contemplation . On a peine à se détacher de ce magique

spectacle, unique sur le globe .

« Le château du Kaire est divisé en deux parties , la partie haute , l'enceinte ou

la ville des Janissaires , Sour el-Enkcharyeh, élevé d'environ 100 mètres au -dessus du

du Nil (à l'étiage) , et la partie basse ou celle des A'zabs, Sour el-A'zab, divisée elle

même en deux enceintes . La première est tout à fait isolée, et même elle ren
718 P. CASANOVA .

ferme à l'intérieur une petite enceinte avec une grande tour dite Khuzneh Qoulleh,

et la tour des Janissaires , la plus forte de la Citadelle . Le puits de Joseph est lui

même enfermé dans une clôture particulière ; enfin une autre enceinte porte

le nom de Sour el-Aghâ .

« On s'élève à l'enceinte des Janissaires par deux chemins escarpés ; taillés

dans le rocher l'un , à l'ouest , commence à la porte Bâb el-Azab, sur la place du

château, el-Roumeyleh : cette porte est flanquée de deux grosses tours très

imposantes, peintes de bandes blanches et rouges ; l'autre chemin est au nord

ouest, formnnt nne rue extérieure , Sekket el- Chorafeh ; des gradins y sont pratiqués

dans le rocher pour adoucir la montée ; tous deux aboutissent à la porte Bab

el-Moudafâ, flanquée de deux tours , au milieu d'une courtine que terminent

deux autres grandes tours, savoir Bourg el - Tabbâlyn du côté du nord , et bourg

Softah, du côté de la montagne, ainsi que la porte du Moqattam , Báb el- Gebel.

« Un troisième chemin , aussi taillé dans le roc , conduit à la porte Sud du

château, où étoit situé l'ancien palais du pâchâ. Il débouche dans la grande


place ou hippodrome de Qarameydân (où s'exerçoient les Mamlouks) par la

porte dite Bâb Saba' Hadarât ; de là on arrive la à quatrième porte de la cita

delle , la porte de secours, Bâb el-Ouestâny ( voir ce que je dis de cette porte ,

plus haut, page 707 ) , par une rampe taillée dans la montagne ; puis on entre

dans un chemin souterrain en zygzag, aussi creusé dans le roc , large de 3 mètres

sur une longueur de 40 , où il a fallu tailler le rocher dans une hauteur de

20 mètres. Les fossés du côté du Moqattam sont creusés dans le roc. Toutes les

tours , rondes ou carrées, au nombre de trente-deux , sont formées d'assises

régulières et très solidement construites : il en est de même du rempart.

<
«
< Outre les quatre portes extérieures désignées ci- dessus , et la grande

porte des Janissaires, el - Moudâfa', on compte cinq portes intérieures désignées

dans l'Explication du plan du Kaire . »

[ Suit la description du Palais de Joseph que j'ai déjà reproduite page 640, puis

du Divan de Joseph, également reproduite page 632 ; puis celle de la mosquée

de Soultan Qalaoun , c'est celle qu'éleva Mouḥammad ibn Ķalâoûn et dont j'ai

parlé déjà longuement . ]

< .... La citadelle renferme quatorze citernes ; la plus considérable et la plus


«

magnifique est Sibyl Kykhieh, placée derrière l'enceinte des Janissaires ; elle
1
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 719

suffiroit à elle seule pour conserver les provisions d'eau de dix mille per

sonnes , pendant plus d'une année . Le plan est un rectangle de 31 mètres

sur 30 ; les voûtes sont élevées , soutenues par quatre grands piliers d'environ

1m6 (5 pieds de large) . Le sol et les parois des murs et des piliers sont cou

verts d'un enduit imperméable à l'eau et très durable, enduit dans la fabrica

tion duquel excellent les Égyptiens ; il prend par le séjour de l'eau un poli

particulier. Le coup d'œil de ce monument est imposant, et son utilité surtout

le fait admirer.

<< On compte six puits dans l'intérieur du château , dont deux surtout sont

des ouvrages considérables ; savoir : Byr Saba' Saouaqy et avant tout Byr

Yousef, le puits dit de Joseph . » [ J'ai reproduit la description de ce dernier,

p . 586 et 587.]

«
< Il existe un seul bain public à la citadelle , une grande place des tom

beaux à la pointe orientale de la ville des Janissaires , plusieurs autres places et

marchés publics , six moulins à blé , etc. Les magasins à poudre sont dans des

souterrains voûtés et à piliers d'une construction remarquable ; il en est de

même des écuries souterraines du pâchâ, soutenues par des colonnes. Vers le

nord du divan de Joseph , se trouve encore des salles souterraines voûtées et


trés élevées .

<< La citadelle renferme un autre genre de monuments qui mérite d'être

mentionné; on les appelle dyouân ou divans : ce sont des lieux d'assemblée .

Celui qui touche à la tour des Janissaires , Dyouân al-Moustahfazân , est le plus

imposant ; c'étoit aussi le divan des Janissaires . Un dôme couronne cette salle ;

il est supporté par quatre colonnes de marbre blanc. Les murs sont couverts

de riches mosaïques d'un effet agréable, formées de carreaux en émail blanc,

colorées d'ornements en bleu , en vert et d'autres couleurs : tout autour est une

estrade pour asseoir les assistans . Le plafond est richement peint et tout cou

vert de dessins en arabesque , ainsi que la coupole. La plupart des sujets repré

sentés sur des émaux sont emblématiques et ont trait à des passages du Qorân ;

les inscriptions ont une grande netteté . Ces pièces remarquables ont 12 pouces

sur 9 : on les exécute en Caramanie, à Kiutayah . Le divan des Azab est situé

près de la porte de ce nom ; les mosaïques sont aussi formées d'émaux blancs

artistement ajustés , ornées de fleurs et de dessins en bleu et en vert . On y


720 P. CASANOVA .

voit des minarets à longues flèches, selon l'ancien usage ; l'effet en est char

mant, et, à quelque distance , on croit voir des fresques . Les carreaux sont

appliqués très solidement sur un enduit de gypse de 2 pouces d'époisseur .

« C'est au château qu'on frappe les monnoies d'Égypte. Rien n'est plus

simple que le bâtiment consacré à cette destination .... je me borne à dire que

l'hôtel des Monnoies, Dâr el- Darb¹ , est situé à l'angle est de la cour du pacha..... »

[L'auteur termine par quelques considérations d'architecture qui trouveront

leur place dans les Études de M. HERZ .]

NUMÉROS
gravés LISTE DES NOMS DE LIEUX, rues, etc. CARREAUX
surchaque plan
‫برج المبلط‬ T-I
I Bourg el-Mouballat .

3.
2 Bourg el-Matar. ‫برج المطر‬ T- 2

3 Bourg el-Moqoussar. ‫برج المقوصر‬ T- I

4 A'tfet el- Moqasqas . ‫عطفة المقصقص‬ T -2

5 Blocs détachés du Gebel Mokatam* . T- I

6 Hârt Zorounbeh . ‫حارة ظرنبه‬ S- I

7 A'tfet el- Sâqyeh . ‫عطفة الساقيه‬ S- I

8 Sibyl Châryeh . ‫سبیل شاريه‬ S- I

9 Bourg el-Ymâm. ‫برج الايمام‬ S- I

10 El -Aoudâlâr, place des Tombeaux² . ‫الاوضالار‬ S- I

II Sour el-Enkcharyeh³, enceinte des

‫صور الانكشريه‬ S- I
Janissaires.

12 Bourg el-Ramleh . ‫برج الرمله‬ S- I

I.
L'hôtel de la Monnaie paraît avoir été, dès les premiers temps, transporté dans la Citadelle, car Makrizi

nous dit que l'hôtel de la Monnaie était rattaché au service du diván particulier, il ülya.
-
)Khitat , I , 110 , .1 .26 ( ‫ودار الضرب اليوم جارية في ديوان الخاص‬
2. Une citerne est auprès de la place des Tombeaux et une autre au nord de la Maison de la Monnaie . - Cette
note et les suivantes accompagnent le texte de la Description , que j'ai scrupuleusement reproduit.
3. Ces mots se rapportent à toute l'enceinte des Janissaires comprise entre Báb Derys , Bourg el- Tabbályn, Báb
el-Gebel, Bourg el- Mouballat et Bourg el-Hadddd .
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE. 721

NUMÉROS
gravės LISTE DES NOMS DE LIEUX , RUES , ETC. CARREAUX
surchaque plan

Bourg el-Haddâd . ‫الحداد‬ R- I


13 ‫برج‬

14 El-Ouercheh* , vaste esplanade pour

les exercices. ‫الورشه‬ U- 2

Bourg Kerkyalân . ‫برج كركيلان‬ T- 2


IS

16 Bourg el -E'loueh ' . ‫برج العلوه‬ T-2


‫رج الطرفه‬
Bourg el-Tourfeh . ‫ب‬ T- 2
17

18 A'tfet el- Ghazâl . ‫عطفة الغزال‬ T-2

19 A'tfet el-Qoustangy. ‫عطفة القصطاجي‬ T-2

20 El-Toub Khâneh . ‫الطوب خانه‬ T- 2

21 ‫سكة السوق الصغير‬ T- 2


Sekket el-Souq el -Soghair.

22 Gâma' Tâg el- Dyn . ‫جامع تاج الدين‬ T-2

Sibyl Solimân bâchâ . ‫سبيل سليمان باشا‬ T- 2


23

24 Sibyl Isma'yl effendy ou el - Khour

batly. ‫سبيل اسمعیل افندی‬ S- 2

Sekket el- Khourbatly . ‫سكة الخور بطلي‬ S- 2


25

262 Ville des Janissaires, el-Enkcharyeh. ‫الانكشريه‬ S-2

‫سوق الصغير‬ S- 2
27 Souq el- Soghayr.

28 ‫سوق الحطب‬ S-2


Souq el- Hatab .

29 A'tfet el- Maddânyn . ‫عطفة المدانين‬ S- 2

Sekket el - Châryeh. ‫سكة الشاريه‬ S-2


30

‫جامع الشاريه‬ S- 2
3I Gâma' el - Châryeh .

A'tfet el- Châryeh . ‫عطفة الشاريه‬ S-2


32

1. Le numéro a été gravé trop loin de la tour.


2. Ce nº 26 se rapporte à toute la partie de la Citadelle appelée ville des Janissaires, comprise dans l'enceinte

de ce nom et le no II .
‫مل‬

722 P. CASANOVA .

NUMÉROS
gravés LISTE DES NOMS DE LIEUX , RUES, ETC. CARREAUX
surchaque plan

33 A'tfet el- Qazzazyn . ‫عطفة القزازين‬ S-2

34 Bourg el-Sahrâ . ‫برج الصحرا‬ S-2

35 Establ el-bâchâ . ‫اصطبل الباشا‬

‫تک‬‫ت‬
36

‫ک‬
‫ک‬
Sibyl Chechmeh ou Soultân el
‫سبيل ششمة‬
Ghoury .

37 Ouasa't el- Establ . ‫وسعة الاصطبل‬ V-3

38 Bâb el-Elouhayeh, porte intérieure. ‫باب الالوحيه‬ U-3

39 Ouasa't el- bâchâ, cour du Pâchâ. ‫وسعة الباشا‬ U -3

Gâma' el- Dahâyché. ‫جامع الدهايشا‬


40 U-3-4

41 Sorâyet el-bâchâ . ‫) مرايت الباشا‬sic( U- 3

‫سبيل الشاوشيه‬
42 Sibyl el- Châouchyeh. U- 3

43 Dâr el- Darb, maison de la Monnoie. ‫دار الضرب‬ U-3

SIIS
44 Ouasa't el-Matbakh . ‫وسعة المطبخ‬ U- 3

45 Bâb el-bâchâ, porte intérieure. ‫باب الباشا‬ U-3

46¹ Byr el- Saba' Saouâqy. ‫بير السبع ساوقى‬ U- 3

‫سبيل الساوقى‬
47 Sibyl el- Saouâqy . U- 3
‫الحمزون‬

SEE
‫برج‬
48 Bourg el-Halazoun . U-3

‫صفطه‬
49 Bourg Softah2. ‫برج‬ T-3

50 Bâb el- Gebel . ‫باب الجيل‬ T-3

‫بير يوسف‬ E
SI Byr Yousef, PUITS DE JOSEPH . T-3

52 Souq el-Matrabâzyeh. ‫سوق المطر باظه‬ T-3

Souq el -bâchâ . ‫سوق الباشا‬


53 T- U- 3

1. Ce numéro aurait dû être gravé dans le massif qui est placé un peu au midi .
2. On a gravé sur le plan Bourg Soffah par erreur ; ces mots et le n° 49 devaient aussi étre placés près de la
grosse tour qui touche à la porte Bâb el-Gebel .
3. Le n° 51 aurait dû être gravé au - dessous du mot Joseph.
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE .
723

NUMÉROS
gravés LISTE DES NOMS DE LIEUX , RUES , ETC. CARREAUX
surchaqueplan.

54 Gama' soultân Qalaoun . ‫السلطان قلون‬


‫جامع‬ T-3

55 Sibyl Cheryfah Chelmeh . ‫سبيل شريفه شلمه‬


T-4

56 Bâb el-Moudâfa' , porte de l'enceinte

desJanissaires. ‫باب المدافع‬ T-3

57 El- Chechmeh. ‫الششمه‬


T-3
‫سوق البراني‬
58 Souq el- Barrâny . T- 3

59 Bab el - Chirk, porte intérieure. ‫باب الشرك‬ T- 3-4

6) Sekket el- Chechmeh . ‫سكة الششمة‬


T- 3

61 Sibyl aghâ el- Bâb . 0


‫سبيل اغا الباب‬ T- 3

62 Bourg Khazneh Qoulleh , ou tour des

Janissaires. ‫برج خزانه قله‬ T- 3

63 Sekket el- Enkcharyeh . ‫سكة الانكشريه‬ S -T-3

64 Dyouân Moustahfazân . ‫دیوان مستحفظان‬


S-3

65 Hammâm el- Qala'h . ‫حمام القلعه‬


S-3

66 Bâb el- Enkcharyeh . ‫باب الانكشريه‬


S-4

67 El- Kassârah . ‫الكساره‬ S-3


‫صور الاغا‬
68 Sour el - agha . S-3

69 Tours en partie ruinées . S-3

70 El- Gebâkhâneh , magasin à poudre. ‫الحياخانه‬ U-4

71 Bâb el- Ouestâny . ‫باب الوصطان‬


U-4
£
3
:

..
Saba' Hadarât . ‫سبع حضرات‬
72 U-4

73 Porte.
U-4

74 Mosquée ruinée. U- 4

75 Beyt el - Terzy, el mosquée ruinée. ‫بيت الترزي‬


U-4

I . Au nord du n° 75 , Zaouyet el - Bourdeyay, ‫ البردي‬.peti


mosquée ruinée
te

91

‫ب‬
724 P. CASANOVA .

NUMÉROS
gravés LISTE DES NOMS DE LIEUX , RUES , ETC. CARREAUX
sur chaque plan.

76 Enceinte avancée . U-4

77 El - Qodarâr . ‫القضرار‬ U-4

78 Enceinte avancée. T-U-4

ŏ

79 Zâouyet el-Qodar âr el- A'zab . ‫زاوية القضرار العزب‬ T-4

80 Hârt el- Saqyeh . ‫حارة الساقيه‬ T-4

Sibyl soultân Mourâd. ‫سبيل سلطان مراد‬ T-4

82 Qasr Yousef, PALAIS OU DIVAN DE

JOSEPH. )sic( ‫قصر يوصف‬ T-4

83 Magasin à poudre. T-4

84 Beyt Youssef Salâh el- Dyn . ‫بيت يوسف صلاح الدين‬ T-4

85 Magasins souterrains. T-4

86 ‫برج الشخص‬ T-4


Bourg el -Chakhs .

87 Gama' el- A'zab . ‫جامع العزب‬ T-4

88 Sibyl Bâb el-A'zab el- Beyreqdâr. sluğ


sull jallwḥ Im T- 5

89 Sekket el-A'zab .
‫سكة العزب‬ T-4-5

90 Bâb el-Arba'yn , porte intérieure . ‫باب الاربعين‬ S-4

A'tfet el-Fourn . ‫عطفة الفرن‬ S-4

92 Dyouân el - A'zab . ‫ديوان العزب‬ T-S

93 Gâma ' el - Moyed . ‫جامع المويد‬ S-4


*
2

L
2

94 Tourab el-Charateh. ‫ترب الشرفه‬ S-4

95 Sekket el- Charafeh . ‫سكة الشرفه‬ S-4

96 Zâouyet Mohammed aghâ. ‫زاوية محمد اغا‬


S-4

97 Gama ' el- Moustafâouyeh. ‫جامع المصطفاويه‬ T- 5

98 Sibyl el- Moustafâouyeh. ‫سبيل المصطفاويه‬


T-5

99 Bâb el- A'zab. ‫باب العزب‬ T-5 *


HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 725

NUMÉROS
gravés LISTE DES NOMS DE LIEUX, RUES, ETC. CARREAUX
surchaque plan.

100 Sour el- A'zab, enceinte des A'zabs '. ‫صور العزب‬ T-S

IOI Sour el- Sorâyeh' . ‫صور الصرايه‬


U- 3

102 Sibyl Kykhyeh, grande et belle citerne. ‫سبيل كيخيه‬ S- 3

1033 Porte intérieure. U-4


4 ‫برج الطبالين‬
104 Bourg el-Tabbâlyn . T- 3

Gebel el- Gyouchy* . ‫جبل الحيوشي‬ Q- U-V- I


105

Il me reste à dire quelques mots d'un problème assez curieux. Je veux parler de

l'aigle en relief, qu'on remarque sur un des murs de la Citadelle, et dont je

donne une photographie. Il est remarquable qu'aucun des auteurs arabes que j'ai

consultés n'en fait mention . Des auteurs occidentaux , le premier qui le signale

est Pococke , qui voyageait en 17405. NIEBUHR, à son tour le signale en 1778 ° ,

et affirme qu'il était à tête double. JoMARD n'en a pas parlé, et il est probable qu'il

était perdu dans les ruines . Suivant toute vraisemblance, il aura été retrouvé et

replacé dans l'état actuel par Méhémet Ali . Les larges couches de ciment qui relient

les pierres l'attestent suffisamment. La têtede l'aigle manque actuellement ;

mais NIEBUHR était un fidèle observateur, et on peut affirmer après lui que cet aigle

était semblable à ceux que la numismatique arabe reproduit si souvent et qui,

au jugement de LONGPÉRIER, ont inspiré le type de l'aigle impérial d'Allemagne 7 ,

La question qui se pose est donc celle-ci : L'aigle de la Citadelle est- il de la

même époque que celui qui fut gravé sur tant de pièces des Ortokides de Mé

sopotamie ? On se rappelle que le nom de Karâkouch signifie <


« aigle » . Faut

1. Ces mots et le nº 10 doivent s'appliquer à toute l'enceinte des A'zabs comprise entre l'enceinte des Janis
saires et la place dite el-Roumeyleh .
2. On a gravé sur le plan le mot Serdyeh , par erreur.
3. Ce nombre aurait dû être placé plus au nord .
4. Grande tour placée à l'est de Bâb el- Chirk, nº 59. Ce numéro et le suivant ont été omis sur le plan .
5. «
< The way is by a high wall , on which at, a great height, is a relief of a very large spread eagle » (Descr.
of the East, p. 32) .

6. «< Hier sieht man in der Mauer eines Gebaudes einen doppelten Adler, zwar ziemlich durch die Zeit verdor
ben, aber doch noch sehr kenntlich » (Reise in Arabien , p . 116) .
7. Euvres complètes, éd. SCHLUMBERGER, I , p. 100.
8. Ibn Khallikân, Biogr. Dictionary, éd . DE SLANE, II , p . 521 .
726 P. CASANOVA .

il y voir les armes parlantes du constructeur de la Citadelle ? Cette hypothèse,


fort séduisante, au premier abord , doit être résolument écartée pour les raisons

suivantes . En premier lieu , comment admettre que Karâkoûch , qui n'est

nommé qu'en troisième ligne dans l'inscription de 579 ( voir p. 569) ait pu

ainsi << signer >> seul d'une façon apparente une œuvre qui n'était pas , en défi

nitive, la sienne propre . En second lieu , je crois avoir démontré avec certitude

que la partie des murs où est cet aigle est postérieure au temps de Ķarâkoûch ,

qu'elle est due à Al- Kâmil et à ses successeurs (voir les chapitres vi et vii) . Enfin

le silence des auteurs qui ont si copieusement décrit la Citadelle , comme Ibn

'Abd adh-Dhâhir, Chihâb ad - Dîn , Kalkachandî, Makrîzî, serait bien inexplicable .

Cette dernière objection s'applique également à une autre hypothèse, non

moins plausible, qui, se fondant sur la comparaison avec certaines des mon

naies d'Al - Malik al-Kâmil , verrait dans l'aigle à double tête les armoiries de ce

prince ' . A vrai dire , on pourrait penser que, dans des circonstances que nous

ignorons, l'aigle aura momentanément disparu après Al-Malik al- Kâmil , comme

cela arriva au temps de l'expédition française, puisque JOMARD en ignore l'exis

tence . J'ai dit, au chapitre vi , combien peu nous avions de renseignements


sur l'œuvre même d'Al-Malik al-Kâmil . Dans ce cas , il faudrait supposer que,

dès le temps de Beïbars , par exemple, des parties de ce mur étaient laissées en

ruines . Mais cet aigle est dans le voisinage même de la fameuse porte secrète ,

où on ne pénétrait que par une permission spéciale . Tout ce mur ne pouvait

rester dégradé longtemps . Il porte, d'ailleurs , comme l'établira M. HERZ , et

comme nous l'ont indiqué déjà les auteurs, les marques indéniables de refec

tion au temps de Mouḥammad ibn Kalâoûn .

Reste à supposer que cet aigle fut édifié dans le temps qui s'écoule entre le

séjour de MAILLET ( 1692-1708 ) et le voyage de POCOCKE . Le seul auteur qui

nous donne quelques renseignements sur l'histoire de l'Égypte à cette époque ,

Djabartî, ne nous dit presque rien des constructions de l'époque , tout entier

qu'il est au récit des révoltes, des séditions, ou au nécrologe des cheïkhs et

poètes du temps. Son silence ne prouverait donc rien .

Pour ma part , j'hésite fort à me prononcer. Il me paraît plus vraisemblable, à

1. Si c'est à Frédéric II qu'est due l'introduction de ce type dans les armes de l'Empire germanique, on
peut croire qu'il l'aura empruntée à son allié Al - Malik al- Kâmil , qui lui céda Jérusalem en 626 (= 1229) .
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 727

la seule inspection du monument , d'en faire un contemporain des monnaies

qui portent cette représentation , et de l'attribuer à Al-Malik al-Kâmil . Mais il

reste à expliquer le silence persistant des auteurs jusqu'à Pococke .

¡
CHAPITRE XVIII

DE 1798 A NOS JOURS

L'armée française ne resta pas assez longtemps sur le sol de l'Égypte

pour pouvoir relever les ruines de la Citadelle, qui , d'ailleurs n'avait aucune

espèce de valeur militaire à cette époque . Elle souffrit beaucoup de cette occu

pation , si l'on en croit Djabartî : « Ce jour-là (jeudi , 16 rabî' II 1213

27 septembre 1798 ) les Français ordonnèrent aux habitants de la Citadelle

de quitter leurs maisons et de descendre dans la ville pour y habiter, ce

qu'ils firent. Alors ils montèrent à la Citadelle des canons qu'ils installèrent

en plusieurs endroits et y détruisirent un grand nombre de construc

tions . Ils commencèrent à élever des clôtures, des murs et des remparts ; ils

détruisirent des constructions élevées et haussèrent des parties peu hautes ;


ils bâtirent par dessus les tours de la porte des A‘zabs dans le Roumeïlat, en

changèrent la physionomie et en abolirent la beauté . Ils firent disparaître les

marques des sultans et les traces des souverains et des grands, tout ce qu'il y

avait sur les portes principales en fait d'armes, de cuirasses ' , de carreaux , de

curiosités , de panoplies indiennes et de masses d'armes (?) fidawis (d'assas

sins) . Ils détruisirent le palais de Yousouf Şalâḥ ad-Dîn , et les magnifiques

demeures des rois et des sultans aux piliers élancés , aux colonnes élevées . » Et

1. Sur l'usage de fixer des armes aux portes de la Citadelle , cf. Makrîzî, Khița!, II , p. 118, 1. 32 :

‫باب كبير عليه طوارف وحربية مدهونة على ما كانت في ابواب القاهرة وابواب القلعة وابواب بيوت الامرا‬
(Cf. Al . Kalkachandi ms . de Gotha, 365 , f' 44 verso) .

.2 ‫وفيه امروا سكان القلعة بالخروج من منازلهم والنزول الى المدنية ليسكنوا بها فنزلوا واصعدوا الى القلعة مدافع ركزوها‬

‫بعدة مواضع وهدموا بها ابنية كثيرة وشرعوا في بنا حيطان وكرانك واسوار وهدموا ابنية عالية واعلوا مواضع منخفضة وبنوا‬

‫على بدنات باب العزب بالرميلة وغيروا معالمها وابدلوا محاسنها ومحوا ما كان بها من معالم السلاطين واثار الحكما العظما‬

‫وما كان في الابواب العظام من الاسلحة والدرق والبلط والحوادث والحرب الهندية واكر الفداوية وهدموا قصر يوسف‬

, III , p 20 ( . ‫صلاح الدين ومحاسن الملوك والسلاطين ذوات الاركان الشاهقة والاعمدة الباسقة‬
).Djabarti
: EET
TR
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE. 729

plus tard après le départ des Français , il ajoute que les logements étaient deve

nus rares à la Citadelle par suite des innombrables remaniements de l'occupation

française : aussi beaucoup de fonctionnaires étaient-ils contraints de se loger

dans la mosquée de Sârîat . Incidemment il nous informe que, sous l'occupa

tion française , toutes les portes du Manège étaient condamnées , celui-ci se

trouvant compris dans l'enceinte de la Citadelle avec laquelle il communiquait

directement par les Saba ' Ḥadarat ' (voir le plan) .

Avec Méhémet Alî, la Citadelle , redevenue résidence du souverain , eut un

regain de splendeur. Elle fut complètement transformée. Malheureusement,

comme je l'ai déjà dit, cette transformation entraîna la disparition définitive des

anciens palais .

Méhémet Alî remania les divers bâtiments de l'ancienne enceinte de Şalâḥ

ad-Dîn, comme l'attestent trois inscriptions de lui . Une à l'ancienne porte de

la Koullat, en face de la mosquée d'Ibn Kalâoûn est ainsi conçue :

‫ قيا نسون دیده بد خواه اعدا‬... ‫کشاد اولد فيه باب زغره‬ I

‫و طه‬ ‫يس‬ ‫سورة‬ ‫ بحق‬.. ‫مبارك‬ ‫مولا‬ ‫قيله بانيسنه‬ 2

١٢٤٢ ‫سنة‬

La seconde, qu'on aperçoit à sa droite en entrant par la porte en question ,

au fond d'une cour, est datée de 1242 ; la troisième à gauche, au fond d'une

cour, est datée de 1242 également . J'y ai relevé le titre de khédive donné à
-
Méhémet Alî, ce qui est assez surprenant, car ce titre ne fut conféré officielle

ment qu'à Ismaïl , par iradé impérial de 1867. Le hatti chérif de 1256 qui con

fère à Méhémet Alî l'hérédité du gouvernement d'Égypte ne lui donne pas ce

titre . Nous le retrouvons dans une autre inscription placée sur une porte con

damnée, que j'ai identifiée avec l'ancienne porte d'al-Darfîl.

.1 ‫نقلوا حسن اغا المحتسب الى جامع سارية صحبة المشايخ وكذلك فوريه الوكيل جعل سكنه الجامع المذكور وليس الا لمنيق‬
‫مساكن القلعة وازدحام الفرنسيس وكثرة ما نقلوه انها من الامتعة والذخاير والغلال والاحطاب مع ما هدموه من اماكنها‬

‫حتى انهم سدوا ابواب الميدان وجعله من جملة حقوقها فكانوا ينزلون اليه ويصعدون منه من باب السبع حدرات‬
(Ibid., p. 153).
2. Égypte moderne (collection de l'Univers pittoresque) , p . 34 .
‫‪730‬‬ ‫‪HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE.‬‬

‫‪A droite et à gauche , on lit la toghra du sultan régnant, ainsi disposée :‬‬

‫خان‬

‫مصطفا‬

‫عبد الحميد‬

‫محمود‬

‫ما شا الله‬

‫‪I‬‬
‫خديو خطئه معمور ام دنيا كيم ‪ ،،،‬فروغ اختری اقطاره مهر عالمتـاب‬

‫نه غم كلورصف اسلامه چونکه ایتمده در ‪ ،،،‬لسان خنجری اعد ای دینه رد جواب‬ ‫‪2‬‬

‫بود کلو قنغی بر انارینی بيان ايده لم ‪ ،،،‬جهانده بقعه خبری برون زحد حساب‬ ‫‪3‬‬

‫قورلدی بر در زیبنده طـاق والاكيم ‪ ،،،‬سوا در سمینی وقتنده کور مدی دارآب‬ ‫‪4‬‬

‫شهر تباب‬ ‫دوام دولت واقباله سوز اولماز هیچ ‪،،،‬که اسمی نام محمد على له‬ ‫‪S‬‬

‫صفدر محمود ‪ ،،،‬که هر اموره معینی مسبب الاسبـاب‬ ‫پیشه‬ ‫وزیر هم‬ ‫زهی‬ ‫‪6‬‬

‫اشـارتله ‪ ،،،‬حصار قلعة يوسف که اولمشیدی خراب‬ ‫بیوردی ایلدی تجدید بر‬ ‫‪7‬‬

‫‪8‬‬
‫سر اشارت ایله سويله كاشفـا تاريخ ‪ ،،،‬بو باب قلعة عالى يا پيلدى خيرى ماب‬

‫‪١٢٤٠‬‬ ‫سنة‬

‫‪En face de la porte se trouve, en dehors de la Citadelle , sur l'emplacement de‬‬

‫‪l'ancienne Timbalerie de Beïbars, le palais des Archives , Defter Khané, construit‬‬

‫‪par Méhémet Alî, comme l'atteste l'inscription suivante :‬‬

‫داور م‬ ‫‪I‬‬
‫فلك كاشانه‬ ‫شاننه نه طـاق‬ ‫انك‬ ‫پاشای بنـام ‪ ،،،‬که‬ ‫صر محمد علی‬

‫انك تكیه که اهل هنر ‪ ،،،‬شمع اقبالنه خورشید وقمر پروانه‬ ‫‪2‬‬
‫خاك دركاهي‬

‫دكر ويرانه‬ ‫ام دنیایی کف همتی اعمار اتيـدي ‪ ،،،‬قالمدى غير خرابات‬ ‫‪3‬‬

‫عمر وافبالنی حق ایلیه افزون که او در ‪ ،،،‬سعی ایدن دولت ودین اوغورين مردانه‬ ‫‪4‬‬

‫دفترخانه‬ ‫متين نادره‬ ‫بويله‬ ‫باق‬ ‫مصر دفتر لرينك حفظی ايجون يابد بردی ‪ ،،،‬اشته‬ ‫‪S‬‬

‫كاشفا‬ ‫‪6‬‬
‫سن هله فكر ايتمده اول تاريخن ‪ ،،،‬نور صوین دوکدی قلم سویلدی دفترخانه‬

‫سنة ‪ ٢٤٤‬ܙ '‬

‫‪1. Je renonce à donner la traduction de ces inscriptions à la phraséologie pompeuse et insignifiante . Je relève‬‬
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 731

Cette porte est en contre-bas de la porte actuelle , laquelle fut édifiée lors

de la construction de la grande rampe accessible aux voitures vers l'an 1825

de notre ère. Cette porte, d'assez belle apparence, est un vaste passage voûté

qui conduit à une esplanade vide et à la porte réelle de la Citadelle . J'y ai vu

les inscriptions suivantes :

A l'entrée de la voûte, sur le linteau supérieur :

‫يا مفتح الابواب‬

O toi qui ouvres les portes

A la sortie :

‫انتح لنا خير الباب‬

Ouvre-nous la meilleure des portes ( celle du Paradis) .

Méhémet Alî a relevé les murs ruinés dans toute la région qui rattache l'an

cienne enceinte de Ṣalâḥ ad-Dîn à celle d'Al- Kâmil et de ses successeurs . Pour

apprécier les profondes modifications qu'il y fit, je donne à côté des dessins de

quelques parties de la Citadelle les photographies que M. GUILLOT a bien voulu

faire pour moi de ces mêmes parties dans l'état actuel. La région voisine de la

porte des 'Azabs paraît cependant avoir été surtout remaniée par Ismaïl, comme
nous le verrons tout à l'heure .

L'œuvre principale de Méhémet Alî est la grande mosquée dont les deux

minarets , en pointe d'aiguille, sont visibles de si loin . Je laisse à M. HERZ le

soin d'en donner la description architecturale . D'ailleurs , l'intérêt de ces cons

tructions est médiocre , et, plus nous approchons des temps actuels , moins il
y a de détails nouveaux et intéressants à recueillir.

Je me bornerai à signaler, pour finir, l'inscription du khédive Ismaïl , qui

chose curieuse, est en arabe . La langue turque que nous avons trouvée pen

dant un temps sur les inscriptions de la Citadelle est définitivement abandon

seulement les particularités suivantes : dans l'inscription de 1240 ( = 1824-1825) le titre de khédive et l'expres
sion de «< Citadelle de Yoûsouf à » , dans celle de 1244 ( = 1828-1829) le titre de khédive remplacé
par celui de prince daver ‫داور‬.

Le texte de ces inscriptions a été relevé par Aḥmed effendi Zéki , mon savant ami , secrétaire au Conseil des
Ministres, et Hassan effendi Sirry, calligraphe. Je leur dois tous mes remerciements , car, n'ayant qu'une connais
sance très superficielle de la langue turque , il m'eût été impossible d'établir une copie passable .
92
732 P. CASANOVA.

née. Le jour n'est peut-être pas loin où la langue arabe sera, à son tour, délaissée .

Déjà les affreux caractères européens se dessinent sur les portes des bâtiments

occupés par les soldats anglais. C'est donc , probablement , la dernière inscription

arabe qui aura paru sur les murs de la Citadelle . En voici la teneur ' :

2
‫الرحيـم‬ ‫الرحمـن‬ ‫الله‬ ‫من سليمان وانه بسم‬
รี ‫ انه‬I

‫د أمر بإنشا وتجديد هذا السور المبارك خديوى مصر حالا اسمعيل ابن الحاج‬

‫ ابراهيم ابن الحاج محمد على في تاريخ شهر رجب سنة خمسة وثمانين ومايتبن والف‬3

[Coran, XXVII, 30].

2 A ordonné la construction et la réfection de ce mur béni le khédive régnant Ismaïl

fils d'Al-Hadjdj,

3 Ibrahim fils d'Al-Hâdjdj Mouḥammad Ali à la date du mois de radjab année 1285 .

On me reprocherait de ne pas rappeler, dans une histoire de la Citadelle ,

le fameux massacre des Mamloûks par Méhémet Aly . J'ai , en vain , essayé de

retrouver l'endroit précis où la légende place le saut du Mamloûk . Pour cet

épisode qui n'a pas d'intérêt au point de vue où je me suis placé, je me conten
terai de renvoyer à l'ouvrage de FÉLIX MENGIN (Histoire de l'Égypte sous le gou

vernement de Méhémet Ali , Paris , 1823 ) ³ .

1. Elle est reproduite par M. VAN BERCHEM (Corpus inscr. ar. , p . 94) , qui fait les remarques suivantes :
«<< est une forme vulgaire employée couramment au Caire. Le mot Y , dans les inscriptions de l'époque
turque, désigne une fonction actuelle ; il est opposé à le ou K, qui désignent tous les deux une fonction

passée. »
2. Voir la Revue d'Égypte, juillet 1894 , p. 97 à 101 .
CHAPITRE XVII

ÉTAT ACTUEL DE LA CITADELLE

Arrivé au terme de cette longue description , par forme de conclusion , pour

résumer les résultats obtenus et en donner en quelque sorte la synthèse , je

prie le lecteur de me suivre dans une visite minutieuse de la Citadelle actuelle .

Chemin faisant, je ferai le commentaire des détails intéressants que nous

pourrions rencontrer, et nous évoquerons une dernière fois les souvenirs des

sultans ayyoûbides et mamloûks qui en avaient fait une des trois villes cẻ

lébres chantées par l'auteur de l'Araucana . Le plan qui accompagne ce dernier

chapitre, emprunté , dans sa disposition générale à celui de GRAND- BEY ( 1874 )

et dans les détails à celui de 1798 , a été complété par moi , de visu . Le lecteur,

en l'ayant sous les yeux , fera , je crois, la visite de la Citadelle avec assez de faci
lité pour ne pas trop se perdre dans les détails que je vais reprendre, et pour

ne pas en être trop ennuyé.

Les deux chemins les plus fréquents pour aller à la Citadelle actuellement

sont, d'une part, le boulevard Méhémet-Alî , qui est de création toute récente ,

comme son nom l'indique, et, d'autre part, la voie qui se détache de Bâb az

Zoueilat, et qui sous différents noms débouche au même point que le boulevard

sur la place dite de Roumeïleh ou Roumeilat . Un troisième chemin

dont je parlerai plus tard se détache de l'est du Caire , du côté de la Porte du

Vizir (Bâb al-Wazîr) .

Nous voici sur la place de Roumeïleh , ayant derrière nous la superbe Mosquée

du sultan Hasan et devant nous juste en face la porte dite des Azabs , à laquelle

on monte par un double escalier pour les piétons ou une double rampe acces
sible aux voitures .

La porte est de style turc. Elle a été remaniée en notre siècle , car elle différe
734 P. CASANOVA.

sensiblement , au moins pour la disposition de l'escalier, du dessin de la Des

cription de l'Égypte en 1798. La construction en remonte au temps de la domi

nation ottomane. Les deux tours qui l'encadrent et qui sont peintes de larges

bandes rouges sont dues à Roudouân Kitkhoda , vers 1168 de l'hégire ( 1754) ' .

Après avoir traversé la galerie voûtée , nous nous trouvons en présence

d'un chemin montant , taillé dans le roc, et qui ne tarde pas à se bifurquer. Si

nous jetons un regard en arrière, nous remarquons de chaque côté de la porte

un lion grossièrement sculpté² .


n
J'ai dit que le chemin se bifurque . Au joint de la bifurcatio est la Mosquée
on
dite des Azabs . Tout ce quartier portait , sous la dominati des Turcs otto

mans , le nom des 'Azabs , milice spéciale , logée en cette partie de la Citadelle .
i
Près de la Mosquée , en face de nous , est un sabil (abreuvoir ) aujourd'hu

abandonné . On voit encore des restes de tuyaux dans le sol et des traces
ns
d'inscriptio dont le style accuse le xve siècle . Si nous prenons à notre droite
i
nous longeons la place de Roumeïlat . Le rempart où sont aujourd'hu quel

ques canons a été relevé par le khédive Ismaïl en 1285 de l'hégire³ .

Le chemin tourne de nouveau à angle droit sur notre gauche . Nous avan

çons entre deux rangées parallèles de magasins modernes ; non toutefois sans re

marquer un puits, à gauche, au point même où le chemin change de direction .

Peut-être communiquait- il avec l'abreuvoir dont j'ai déjà parlé . L'endroit où

nous sommes était occupé, à l'époque des Ayyoûbites et des Mamloûks , par les

Écuries royales , qui s'étendaient le long de la place de Roumeïlat, à notre

gauche, par conséquent . Si nous pénétrons dans les magasins, nous arrivons

jusqu'à une région couverte de ruines informes, où l'on ne peut s'aventurer


aujourd'hui . Laissons de côté cette région , qui , occupée d'abord par les Écuries

royales puis par les résidences des pachas ottomans , a dû tomber en ruines

lors de l'expédition française, et reprenons le chemin montant. Nous nous

trouvons bientôt au pied de hautes murailles au-dessus des quelles on voit se

dessiner la grande terrasse dont nous parlerons tout à l'heure.

1. Voir page 715 .


2. ROGERS-BEY semble les attribuer à Beïbars. Ni le style, ni les données historiques n'autorisent cette conjec
ture (Institut égyptien, année 1880) .
3. Voir p. 732.
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 735

Ces murailles refaites et crénelées sous Méhémet Ali conservent des portions

importantes des constructions du célèbre sultan Mamloûk, Al-Malik an-Nâşir,

Mouḥammad, fils de Kalâoûn . Une tour carrée se détache , juste en face de nous .

C'est celle qui était connue sous le nom de maison de Joseph , au siècle dernier.

On y tissait le voile sacré envoyé chaque année à la Mecque . En réalité c'était

un pavillon élevé par Mouḥammad , fils de Ķalâoûn , et connue des historiens

sous le nom de Palais bigarré, parce que les pierres en étaient alternativement

jaunes et noires . Une partie de ces pierres jaunes et noires gît dans les ruines

que j'ai signalées sur notre droite , au voisinage de cette tour carrée . D'ailleurs ,

beaucoup ont été reprises pour refaire le haut du mur, ainsi que de grandes

plaques, qui semblent de faïence , recouvertes de grandes lettres bleues, ves

tiges des inscriptions du Palais de Mouḥammad . Sur la droite , le mur se con

tinue par une série de voûtes, dont les piliers présentent des saillies en gradins

superposés . Ces voûtes sont aujourd'hui bouchées et on y a adossé des maga

sins .

Au pied du Palais bigarré, le chemin tourne encore à angle droit et nous

revenons sur nos pas . On distingue sur le mur, à une assez grande hauteur, une

inscription mentionnant la construction d'un bourdj par Mouhammad ibn

Kalâoûn . Le mur a été tant de fois refait que l'on ne voit là aucun indice de

bourdj. Mais l'inscription n'a certes pas été déplacée. Le bourdj était vraisembla

blement en hauteur au -dessus de ce mur et a été rasé . Longeons le mur, auquel

sont adossés de nouveaux magasins , et nous arrivons, après deux détours , au

chemin montant que nous avions quitté . Redescendons -le , de façon à décrire

un carré complet, depuis que nous l'avons abandonné à quelques pas de la porte

des 'Azabs . En décrivant ce carré complet, nous longeons encore des maga

sins, à droite et à gauche. Mais bientôt, nous avons une surprise . Devant nous

est un mur d'enceinte, avec une porte . Le tout a été refait à l'époque otto

mane. Toutefois la disposition de la porte, tout ce qui permet de reconstituer

le style de la construction primitive rappelle les édifices militaires de l'époque


ayyoûbite . Je n'hésite pas à voir dans cette porte, celle que les historiens arabes

appellent la porte de la Chaîne, Bâb as-Silsilat, laquelle était en face de la Mos

quée du sultan Hasan . La véritable enceinte de la Citadelle était donc, avant la

conquête ottomane , intérieure à l'enceinte moderne , et la porte des 'Azabs ,


736 P. CASANOVA .

comme le mur relevé actuellement , datent de l'époque où la milice des ‘Azabs

fut installée là . D'ailleurs, du temps des Mamloûks, cette porte de la Chaîne et

l'enceinte où elle était percée ne faisait pas partie de la Citadelle¹ . L'enceinte en

question se terminait dans les Écuries royales . Diverses constructions annexes

s'étaient élevées le long de l'enceinte extérieurement : entre autres, la Mosquée,

qui me paraît être la Mosquée de l'Écurie, signalée par Makrîzî . Par là aussi

devaient se trouver le salon où se tenaient les sultans, depuis Barkoûk ,

et la ḥarrákat ☎ → qui , à mon sens , était un pavillon en retrait au - dessus de la

porte elle-même . Tout a disparu, cela va sans dire.

Dans un des murs épais de la voûte qui forme la porte on a ménagé une

chambre où reposent les corps de quelques santons . De là vient probablement

le nom de porte des Quarante, Bâb al- Arba'ïn , donné à ce monument , l'usage

égyptien étant d'attribuer à un quelconque des quarante cheikhs de la tradition


les tombeaux anonymes 2 .

Continuons à descendre . Nous nous retrouvons devant la Mosquée , signalée

précédemment, j'ai dit que je la croyais l'œuvre de Faradj . Elle a été refaite ,

à l'époque turque, comme l'atteste l'inscription que j'ai citée page 714. L'ins

cription est datée de 1109 de l'hégire ( 1697-1698) .

Nous voilà revenus en face de la porte des Azabs . Retournons sur nos pas

et, laissant à notre gauche des bureaux où sont installés divers employés, suivons

directement le chemin montant , taillé dans le roc. A notre gauche, encore des

magasins . Il y avait là autrefois diverses résidences d'émirs, à l'époque mam

loûke ; une , entre autres, appartenait à Chaïkh al-Maḥmoûdî , qui, devenu sultan

sous le nom d'Al- Malik al- Mouayyad , en fit une mosquée . On en retrouve la

trace dans le Plan de 1798 ; mais elle a disparu aujourd'hui . J'ai pénétré dans

toute cette région et n'ai plus trouvé de vestige apparent des anciennes cons

tructions. A notre droite , au contraire, les constructions anciennes sont con

servées. Le haut en a été restauré par Méhémet Ali . L'aigle de la Citadelle , à

double tête ( si l'on en croit NIEBUHR) , décapité aujourd'hui , se dresse colossal

dans son cadre rectangulaire . Il est fort gâté malheureusement par d'énormes

1. Voir le passage d'Aboû 'l-Maḥâsin, cité p . 690 , note.


2. Sur la légende des Arba'in je dois à mon savant ami Aḥmed effendi Zéky quelques détails qui prendront
place ailleurs .
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 737

bandes de ciment qui relient les pierres dont est composé cet énigmatique

monument, signalé, pour la première fois , par POCOCKE , et dont l'origine paraît
fort incertaine .

Enfin , nous arrivons au pied d'une énorme tour qui porte, dans le Plan de

1798, le nom de Bourdj el- Tabbâlin ( la Tour des Timbaliers ) . Arrêtons - nous

un instant. Nous sommes sur une vaste esplanade , d'où l'on découvre déjà une

grande partie de panorama du Caire. En contre-bas , nous remarquons un mur

d'enceinte qui relie les diverses constructions que j'ai signalées , comme étant

des magasins . Nous nous apercevons alors que ces magasins sont contigus à

des maisons particulières , lesquelles cessent brusquement pour laisser place au

mur d'enceinte. Descendons et longeons ce mur , nous arrivons , en allant vers

le nord à une grande et vaste porte moderne Bâb el- Djedid, la Porte neuve ; non

sans avoir constaté , sur notre gauche , l'existence d'une porte condamnée

depuis le milieu de ce siècle .

Nous pénétrons sous la porte, à hautes et vastes voûtes . A la sortie, nous

nous trouvons en présence d'une rampe fort bien aménagée , où les voitures

circulent aisément. Par curiosité nous descendons au bas de la rampe, car sur

le mur d'enceinte que nous longeons maintenant par le côté extérieur, nous

voyons une inscription : elle nous apprend que Méhémet Alî a restauré la

Citadelle de Joseph ‫يوسف‬ en 1240 de l'hégire ( 1824-1825 ) . Depuis nous


X
savons que la porte a été déplacée plus haut pour donner à la rampe une

pente plus douce. Ainsi, en ce moment , nous sommes dans un pli de terrain ,

au bas du mur d'enceinte, au pied de la porte condamnée , que nous regardons .

6 A notre gauche , alors, est la Porte neuve, à notre droite les constructions

diverses qui masquent la fin du mur d'enceinte , derrière nous des bâtiments

qui renferment les archives c'est le Defterkhaneh, construit également par

Méhémet Ali, comme il est écrit sur la porte, en 1244 de l'hégire ( 1828-1829 ) .

Cette porte fait face à la porte condamnée de la Citadelle .

Les historiens arabes nous enseignent que cet emplacement était occupé , à

l'époque des Mamloûks au moins, par une Maison de Justice JJ , que cons

truisit ou plus vraisemblablement que restaura Beïbars . Cette Maison de Jus

tice , abandonnée sous Kalâoûn , fut reprise par Mouḥammad , son fils , mais

affectée au corps des Timbaliers , d'où son nom de Tablkhanth . C'est, fort vrai
738 P. CASANOVA .

semblablement, de ce voisinage que la grosse tour d'angle, signalée tout à

l'heure, a pris son nom de tour des Timbaliers .

A l'arrivée de l'expédition française de 1798 , il y avait là un grand escalier ,

dont nous ne trouvons plus de vestiges . C'était , suivant toute vraisemblance,

l'escalier d'al- Moudarradj , signalé par les écrivains arabes, par lequel on

sortait de la Citadelle , et on arrivait à la hauteur appelé Şoûwat, laquelle hauteur

a été nivelée sous Méhémet Alî pour faire place à la rampe . Les accidents de
terrain sont encore très nettement visibles .

La rampe paraît avoir été construite sur l'emplacement de la maison de l'Hos

pitalité, Dâr aḍ-Diâfat all . Cette maison était sous la porte de Sârîat

(porte principale de la Citadelle , suivant les auteurs) . Cette porte s'appelait aussi

Báb ad-Darfil, porte du Dauphin , du nom d'un émir de Beïbars, qui portait ce

sobriquet. On l'appelait encore Bâb al-Moudarradj, ce qui lui venait évidem

ment du voisinage de l'escalier d'al - Moudarradj . Mais , au milieu des contradic

tions des auteurs arabes, j'ai cru pouvoir déterminer l'existence de deux portes .

L'une faisant partie intégrante de la Citadelle, l'autre en dehors, suivant l'ex

pression même de ces auteurs . Un regard sur cette partie de la Citadelle

confirme cette conjecture . En effet , il y a deux portes : 1º une en dehors de la

Citadelle , c'est celle que Méhémet Ali a construite ou restaurée en 1240 de l'hé

gire , qu'il a déplacée pour en faire la Porte neuve, laquelle est en dehors , encore

aujourd'hui , du mur épais, qui avec ses bastions , tours et courtines énormes ,

forme l'enceinte réelle de la Citadelle ; 2º une autre ouverte dans ce même

mur, et qui mérite seule vraiment ce nom. L'escalier qui existait en 1798

n'a pas complètement disparu : nous allons en voir un vestige ; et en même

temps nous y trouverons une quatrième porte taillée dans le mur même. Cette

porte est ancienne , c'est évidemment la porte de Sârîat ; actuellement elle est
remplacée par la porte des Janissaires (Bâb el- Enkcharieyh du Plan de 1798 ; Báb

el-Moudafa du Plan de GRAND - BEY).

Voilà la vraie entrée , l'une ancienne , l'autre moderne , de la Citadelle . Les

deux autres portes sont dans un mur très peu élevé et très peu large , qui est

une clôture, et non une enceinte de forteresse . Celle que Méhémet Alî a con

damnée me paraît avoir été primitivement une des deux portes d'autrefois , celle

qui était en dehors de la Citadelle .


HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 739

Nous nous trouvons en présence d'une singulière anomalie. Je ne revien

drai pas sur la discussion que j'ai présentée déjà à trois reprises . Je donne,

avec quelque chance de vraisemblance, ma conclusion . La porte condamnée

aujourd'hui et remplacée par la Porte neuve ouvrait dans un mur de clôture

qui reliait l'enceinte que nous apercevons en ce moment sur notre gauche,

quand nous faisons face à la porte en question . De là partait un escalier, salloum

al-Moudarradj, à larges degrés . On l'appelait tantôt Bab al-Moudarradj, tantôt

Bâb a-Darfil, du nom d'un émir de Beïbars qui, sans doute , l'éleva . Cet esca

lier aboutissait à une seconde porte , appelée Bab Sîrîat et aussi Bâb al-Moudar

radj, — parce qu'elle était également à l'extrémité de l'escalier d'al-Moudarradj . D'où


la confusion .

Et maintenant rentrons dans la Citadelle , et nous allons trouver la porte de

Sârîat, en fort bon état de conservation . Nous ne nous étonnerons plus de

toutes ces portes ; mais en remarquant ce fait singulier que nous aurons à exa

miner de nouveau , à savoir que l'esplanade où nous revenons de nouveau est

une sorte de triangle rectangle dont les côtés sont formés par l'enceinte fortifiée

de la Citadelle et l'hypotenuse par le mur de clôture , nous sommes amenés à

penser que ces deux portions de l'enceinte auront été reliées , après coup , par

un mur . Pourquoi ? Parce que c'était vraiment un défaut étrange de construc

tion que cet angle rentrant, que des ennemis pouvaient s'y loger et rendre la

défense fort difficile, qu'un soldat comme Beïbars dut remarquer ce défaut et

le corriger en partie en faisant une clôture .

Pour qui examinera cette disposition sur les lieux, après toutes les discussions

que j'ai déjà établies, il ne peut, ce me semble, y avoir le moindre doute. L'exis

tence, toujours respectée , de cette étrange esplanade n'est plus une énigme .

Encore une fois , je renvoie , pour l'exposé de tous mes arguments , aux cha

pitres vii , xII et XIII . Si j'y suis revenu une dernière fois , c'est que l'aspect

actuel de cette porte de la Citadelle avait besoin d'être bien précisé et d'être bien

expliqué .

Donc quittons cette esplanade , et entrons dans l'enceinte par la porte actuelle

Bab Chirk. Disons seulement que c'est probablement dans cette esplanade trian

gulaire que Beïbars construisit un palais pour son fils vers 664 de l'hégire ' .

1. Voir p 607.
93
740 P. CASANOVA .

La porte est moderne. Si nous cherchons la porte ancienne, dont j'ai déjà

annoncé l'existence , il nous faut ouvrir une petite porte en bois à gauche. Cette

petite porte , à vrai dire , est condamnée, et pour pénétrer j'ai dû faire un grand

détour. Mais supposons qu'elle soit ouverte ; le lecteur, le plan en main , verra

qu'immédiatement apparaît un escalier à larges degrés et au haut de l'escalier

une porte voûtée . Sur la partie supérieure de la voûte une inscription attestant

que la Citadelle a éte construite en 579 de l'hégire par le sultan Salâh ad-Dîn ,

sous la direction de son frère et héritier présomptif Aboû Bakr ( Al-Malik al

'Âdil) et par l'émir Karâkoûch .

Ici il n'y a plus de doute . Près de la porte, à droite en montant, autres ins

criptions, au nombre de cinq . Trois seulement ont échappé aux ravages du

temps, une de Djakmak en 851 , de Kaït- bâî entre 873 et 901 , de Toumân-bâî

en 906. Celle de Djakmak nous informe de la restauration de cet escalier d'al

Moudarradj , ‫ هذا سلم المدرج‬qui est à la porte de la Citadelle ‫بباب القلعة‬. Donc , c'est

bien là l'escalier d'al-Moudarradj, la porte d'al-Moudarradj , la porte principale de la

Citadelle, autrement dit la porte de Sârîat, décrite par Makrîzî , comme tournée vers

le Caire, J. En effet, si nous nous supposons sortant de cette

porte, nous tournons le dos , en réalité, au Caire, mais si nous descendons

l'escalier en le rétablissant par la pensée tel que nous le représente le Plan de

1798, nous revenons sur nos pas , nous traversons l'esplanade en longeant

l'enceinte , nous franchissons le mur de clôture par une porte qui s'appelait

Bâb ad-Darfil ( et aussi , comme la précédente, Bab al- Moudarradj, parce qu'elle

était à l'entrée de l'escalier de ce nom ) , et alors nous nous trouvons juste en

face du Caire .

Donc , je le répète , nous voici à la porte primitive , la principale de la Cita

delle, celle qui permettait de pénétrer dans la forteresse en venant du Caire, et

enfin nous sommes dans la véritable Citadelle , celle de Şalâḥ ad - Dîn , alors que

jusqu'ici nous n'avons vu que des murs de clôture , la plupart modernes, des

constructions qui n'avaient rien de bien militaire, dans leur type primitif, en
un mot , des annexes de la Citadelle .

Tout cela est bien bizarre , dira-t- on , et peu conforme à l'idée qu'on se fait

d'une grande construction militaire. Mais cela est . J'ai tâché d'expliquer, autant

qu'il était possible au milieu des obscurités et des contradictions des auteurs ,
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 741

ces anomalies. Là encore, je ne puis revenir sur mes arguments , et je donne.

simplement mes conclusions .

Nous sommes à la porte de Sârîat et nous entrons . Comme le fait remarquer

M. VAN BERCHEM, la disposition particulière de l'entrée répond à ce que les

Arabes appellent bachourat. Déjà en montant l'escalier il a fallu revenir sur ses

pas pour arriver à la porte . Une fois sous la voûte, il faut encore tourner à angle

droit pour pénétrer dans l'enceinte. Cette fois l'enceinte est d'un mur très

épais avec bastions et tours énormes . Après un coup d'œil rapide sur la voûte où
l'on remarque
de nombreuses inscriptions relatant les titres de Mouḥammad ibn

Kalâoûn, montons sur les remparts . En les suivant dans la direction du nord

ouest nous longeons tout un quartier nouveau , appelé autrefois quartier de Sârîat .

Des tours en grande partie ruinées, des courtines effondrées continuent le

mur que je ne décrirai pas, laissant à M. HERZ , homme du métier, l'étude

technique des parties les plus intéressantes . Vers l'extrémité nord-ouest le mur

se dégage des maisons et des décombres qui en obstruent la base. Il semble

qu'on voie sur un point l'amorce du mur d'enceinte du Caire , dont il restait

des vestiges au temps de Makrîzî . Puis le fossé apparaît profondément taillé

dans le roc . On tourne à droite vers l'est. Le mur refait et recrépi de ciment

depuis peu est, dans cette partie , d'une belle et solide allure. En face apparaît le

Moukaṭṭam dénudé ; plus loin , sur la gauche , les tombeaux des émirs mam

loûks , ( ville des morts appelée improprement : tombeaux des khalifes) , et aussi

les décombres de Barkîat et l'angle d'enceinte formé par le Bourdj Zefer, dont
M. HERZ nous donnera une étude minutieusement détaillée . Le mur tourne

bientôt à angle droit vers le sud-est . L'angle est commandé par un ouvrage

fortifié, et fait vis - à-vis au Bourdj Zefer , ce qui prouve bien que l'enceinte est
faite pour être défendue contre un ennemi venu du nord-est , et non, comme

on l'a dit, contre la ville même .

Parallèlement au Moukaṭṭam le mur se continue avec diverses tours carrées

badanats ou rondes bourdjs . Il s'arrête, très remanié et en quelque sorte dé

formé, près d'une porte également refaite dans les temps modernes : la porte

de la Montagne ; Bâb al- Djabal. Autrefois la porte était plus au nord. La présence

d'un escalier qui se rend à une tour énorme me fait croire que dans le plan pri

mitif la même disposition qu'à la porte de Sârîat défendait cette porte appelée

The
742 P. CASANOVA .

alors Bâb al- Karâfat . Cette seconde porte communiquait avec la campagne et

était symétrique à la porte de Sârîat. Toutes deux étaient rejointes par un mur

énorme à fortes tours , qui paraît aujourd'hui une anomalie , car il est à l'inté

rieur, au centre de ce qui est appelé la Citadelle . Il n'y a pas lieu de s'étonner,

si l'on se souvient que je considère l'enceinte que nous venons de parcourir

rapidement comme la seule enceinte primitive . Cette enceinte forme donc une

sorte de trapèze, le plus petit côté sensiblement réduit. A la base du trapèze,

aux deux angles aigus, deux portes , une communiquant avec la ville, l'autre

avec la campagne . Postérieurement , une troisième porte fut percée dans la base

pour faire communiquer la Citadelle avec les palais construits au sud sur la

même hauteur. On l'appelait Bâb al-Koullat . Le nom de Koulleh se retrouve

dans le voisinage sur le Plan de 1798 ( Citadelle , nº 62) . Telle fut l'enceinte de

la Citadelle construite par Karâkoûch , en 579 .

L'intérieur de cette enceinte ne présente actuellement aucun intérêt . On ne voit

que des casernes affectées aux troupes anglaises, des magasins, des bureaux . Le

commandant de la place loge près de la porte de Sârîat , au- dessus de la Porte neuve

(Bab al- Djadid) . Toutefois , il convient de noter la mosquée dite de Sârîat, refaite

par le sultan ottoman Soliman en 935 , comme l'attestent les inscriptions , et

qui paraît avoir été édifiée sur une mosquée dite de Kousṭat. Dans un caveau

de cette mosquée se trouve, en effet, une inscription de ce Kousṭat , que j'ai

reproduite plus haut. Un tombeau , peut-être ancien , si l'on en juge par son

enfoncement dans le sol, se trouve dans le voisinage . Makrîzî nous apprend

qu'il y avait autrefois un grand nombre de tombeaux sur la hauteur que Salâḥ

ad - Dîn avait choisie pour y asseoir sa Citadelle .

Sous les Ayyoûbites et les Mamloûks , cette partie de l'enceinte était affectée

aux divers services militaires , aux tabakats des soldats , aux résidences des

walîs de la Citadelle , et aussi à des officiers civils , comme le saḥib , dont la salle

paraît avoir été près de la porte de Sarîat . Sous les sultans ottomans , les

janissaires l'occupaient tout entière . J'ai dit qu'aujourd'hui les troupes anglaises
y sont casernées .

La porte de la Koullat porte une inscription de 1242 ; dans l'intérieur , à


très peu de distance de cette porte , sont également deux inscriptions de Méhé

met Alî, de 1242 , à gouche et à droite.


HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 743

Maintenant que nous avons parcouru l'enceinte de Şalâḥ ed-Dîn , nous pou

vons pénétrer dans la ville royale construite par son neveu Al-Malik al-Kâmil

en 604 , et bien des fois remaniée depuis , en sorte qu'il ne reste probablement

aucune trace des premiers travaux d'Al - Malik al-Kâmil .

En face de la porte de la Koullat, nous remarquons la Mosquée de Mouḥam

mad ibn Kalâoûn avec ses deux minarets à placage de faïence verte . Une porte

surmontée d'une inscription incomplète nous permet d'entrer dans la cour ; à

gauche est la Mosquée proprement dite , à magnifiques colonnes tirées des

temples de la Haute-Égypte et surtout, à en juger par le style des chapiteaux ,

des couvents coptes . La coupole qui la surmontait a disparu . Je n'insisterai pas ,

ayant donné déjà de copieux détails au chapitre XIII .

Une autre porte, également surmontée d'une inscription heureusement intacte

qui donne la date de 718 , mettait la mosquée en communication avec les

palais des sultans ; elle est aujourd'hui condamnée . Celle par laquelle nous

sommes entrés était affectée au public. Cette mosquée existait probablement

dès les premiers temps : elle a été complètement refaite par Mouḥammad ibn

Kalâoûn, comme je l'ai dit ailleurs .

Tout proche s'élève aujourd'hui la mosquée de Méhémet Alî , à laquelle

M. HERZ consacrera quelques détails . L'emplacement en était autrefois occupé

par l'Iwân . L'Iwân élevé par Al- Malik al-Kâmil fut refait peut- être par Beïbars ,

en tous cas par Ķalâoûn puis par son fils Mouḥammad . Appelé sous les Turcs

divân an-Nâșirî (du nom d'Al-Malik an - Nâşir Mouḥammad) , puis divan de

Joseph, il a été faussement attribué par suite de ce dernier nom à Şalâḥ ad -Dîn

(dont le prénom était Yoûsouf) . Je crois avoir fait justice de cette erreur. Cet

Iwân , d'après la description des auteurs orientaux et occidentaux , ressemblait

fort à la Mosquée . Comme elle , il avait une coupole plaquée de faïence verte .

Il n'en reste plus rien actuellement .

La place qui s'étend devant la Mosquée de Méhémet Alî était autrefois affec

tée aux émirs et soldats , appelés par leur service chez le sultan , ainsi qu'à la
foule qui se rendait aux audiences de justice . La foule entrait par l'enceinte de

Şalâḥ ad- Dîn , par conséquent successivement par la porte de Darfil, l'escalier

d'al-Moudarradj , la porte de Sârîat, la porte de la Koullat . Les privilégiés évi

taient ce long détour en pénétrant par la porte du Secret , Bâb as -Sirr , qui a com
744 P. CASANOVA .

plètement disparu aujourd'hui , mais qui devait être voisine du point où est en

castré le grand aigle sculpté dont j'ai parlé plus haut . Par cette porte on accédait

à la place de l'Iwân , et à sa gauche on avait immédiatement les palais du sultan ,

dont il reste aujourd'hui quelques informes débris , en particulier quelques -unes

des pierres jaunes et noires du « Palais bigarré » dont j'ai parlé au début de notre

promenade . Aujourd'hui tout cela est remplacé par une magnifique terrasse due

à Méhémet Alî. En passant entre deux rangées de casernes on débouche sur

cette terrasse bordée de canons et on a l'éblouissant panorama de la vallée du

Nil . C'est de là que MARIETTE eut la vision du Sérapéum : là, dit- on , que Salâḥ

ad- Dîn prédit à son frère Al- Malik al- ´Âdil ce qu'il adviendrait de sa dynastie ;

là, dit - on aussi, qu'Al-Mamoûn contempla avec quelque dédain les champs de

l'Égypte qu'il trouvait moins florissants que ceux de l'Irak . A l'époque de ce

dernier cette terrasse était occupée par le fameux pavillon du Bel-Air, la Ķoub

bat al-Hawâ, où l'atmosphère était , dit-on , si pure, que cela décida Şalâḥ ad

Dîn à s'y installer . Tant de souvenirs naissent à l'esprit devant les ruines loin

taines de Memphis, le fleuve merveilleux , la pittoresque ville arabe, qu'on ne

trouve plus d'expression pour traduire ses sentiments . Après surtout le magni

fique morceau d'éloquence de MARIETTE que j'ai cité, que pourrait- on dire ?

Au centre de la place est dressée une colonne qui a dû appartenir aux palais

détruits . Par un escalier boîteux on peut pénétrer jusqu'au plus fameux de ces

palais le Palais bigarré où , à l'époque ottomane , se tissait le voile sacré de la

Mecque . Il est aujourd'hui fort délabré à l'intérieur . La terrasse en est occupée

par des canons . Du pied on aperçoit sur sa droite les ruines entassées que j'ai signa

lées , anciennes résidences des pachas et des sultans mamloûks , anciennes

écuries royales, etc. Tout à fait à l'extrémité devaient se trouver le Ḥôch ,

grande cour royale, et les sept salles, dont le nom subsiste sur le Plan de 1798.
Il y a là tant de bouleversements qu'il est actuellement impossible d'y pénétrer

et vraisemblablement d'y trouver quelque vestige intéressant , à moins d'y pra

tiquer des fouilles . Encore le résultat serait- il probablement médiocre, car les

Turcs ont passé par là, et de restaurations en restaurations ont dû tout détruire .

Pourtant on retrouverait peut- être quelque inscription comme celle qui a dû

être retrouvée lors de la réfection du mur par le khedive Ismaïl . Cette ins

cription porte le nom du grand écuyer de Barkoûk Djarkas al- Khalîlî, datée de 791
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE. 745

et se trouve encastrée dans le nouveau mur près de celle de khédive , à très peu

de distance de la porte des 'Azabs (à droite pour qui entre par cette porte dans

la Citadelle) .

Après un dernier coup d'œil jeté sur la vue splendide , retournons vers la

Mosquée de Méhémet Ali que nous contournons par derrière . Une cour est
bordée de maisons sans intérêt .

Ces maisons sont sur l'ancien emplacement de l'Hôtel des Monnaies sous les

Turcs ottomans . Méhémet Alî y avait installé son harem, reprenant, sans le

savoir peut- être, la tradition des sultans ayyoûbites et mamloûks qui avaient là

leurs appartements privés s'étendant du voisinage de la Mosquée de Mouḥam

mad ibn Kalâoûn, par derrière l'Iwân , jusqu'au voisinage du Hôch . Un des pa

villons de ce harem s'appelait la douheïchat . Le nom en a été conservé sur le Plan

de 1798 .

En achevant de longer les derrières de la Mosquée de Méhémet Alî, nous

arrivons aux murs postérieurs de la Mosquée de Mouḥammad ibn Kalâoûn

en fort mauvais état sur ce point . Un puits abandonné apparaît dans les décom

bres, puis une tour qui porte, sur le Plan de 1798, le nom de colimaçon ( Bourdj

al- Halazoûn, Citadelle , nº 48 ) . Cette tour est reliée à la grande enceinte de

Şalâḥ ad-Din, dont nous nous rapprochons de plus en plus, par un mur d'épo

que moderne où est percée une porte sans caractère et dont la présence paraît

assez inexplicable . Revenant sur nos pas , nous entrons par cette porte et nous

apercevons le fameux puits de Joseph , aujourd'hui abandonné . J'en ai assez

parlé au chapitre vi, pour n'y plus revenir.

A ce moment, nous avons décrit un cercle assez irrégulier et nous sommes

de nouveau à la Mosquée de Mouḥammad ibn Kalâoûn entre elle et la base du

trapèze formé par l'enceinte de Şalâḥ al-Dîn , à peu de distance de la porte de la

Koullat . Nous avons parcouru toute la région , vraiment intéressante par ces

souvenirs . Il ne nous reste plus que peu de chemin à faire pour avoir tout vu .

Par la porte voisine du puits de Joseph nous pouvons , en faisant un détour à

droite, pénétrer presque sur des remparts fort ruinés , en traversant les débris

informes laissés par les cuisines de Méhémet Alî . On les reconnaît à leurs nom

breux fourneaux . Ce pêle-mêle de décombres sans intérêt ne nous arrêtant pas

et le tour des remparts ne pouvant plus se faire sur les courtines disloquées ,

th
746 : P. CASANOV .
A

nous descendrons pour sortir de la Citadelle et jeter un dernier coup d'œil du

dehors sur cette partie des remparts .

Par une pente douce, on descend en longeant l'enceinte de Şalâḥ ad- Dîn

qu'on a, à gauche jusqu'à la porte de la Montagne, remaniée en ce siècle. On


.
débouche par là dans le désert, en face du Moukaṭṭam . Le mur présente des

particularités curieuses , entre autres trois tours semi-circulaires très voisines.

Un peu avant ces trois tours , dans une encoignure, une inscription nous ap

prend que le pacha ottoman Yeyen-bâchâ a élevé en 1200 un palais seraï ;

sur le Plan de 1798 , cette portion de mur porte ce nom . Je renvoie aux études

de M. HERZ pour la description de ces murailles , qui ont été restaurées par

Méhémet Alî .

A partir de ce point l'intérêt disparaît. Les constructions modernes l'empor

tent, comme on peut le voir en comparant nos photographies aux dessins de

l'Expédition d'Égypte de 1798. La base des murs est de plus en plus obstruée

par des maisons : tout un village se développe bientôt autour de la Citadelle .

Après deux grands détours à angle droit de l'est au sud et du sud au nord , nous

arrivons sur la place de Roumeïlat, en longeant la région où s'élevait le Ḥôch

de Mouḥammad ibn Kalâoûn . Nous passons devant deux inscriptions une

datée de 791 , l'autre de 1285. Notre visite est terminée .

En jetant un dernier regard en arrière , nous revoyons l'ensemble : la porte

des Azabs , les pierres jaunes et noires du Palais bigarré , la belle terrasse où se

profile la gueule des canons , la Mosquée de Méhémet Alî avec ses deux aiguilles

dont l'effet est de plus en plus bizarre quand on s'en approche , les minarets de

Mouḥammad ibn Kalâoûn , plus loin la masse confuse de l'enceinte de Ṣalâḥ

ad-Dîn et le minaret de Sârîat. L'effet en est certes imposant et majestueux sans

lourdeur. On se représente surtout avec une admiration rétrospective l'effet

prodigieux que devaient produire les palais aux pierres de nuances différentes ,
aux placages de faïence , étagés les uns sur les autres et aussi beaux , disent les

historiens de l'époque, que les demeures des Chosroès. Tout cela a disparu :

mais la terre d'Égypte est couverte de bien d'autres ruines plus imposantes

et plus belles , et peut- être, dans les siècles futurs ne gardera-t-on de la Cita

delle et de son site que ce souvenir : c'est que de là MARIETTE a vu surgir le

Sérapéum des sables du désert, c'est que là est née la grande pensée créatrice,
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 747

par laquelle l'ancienne Égypte évoquée apparaît peu à peu aux appels de la
science française .

Il me reste un agréable devoir à remplir, celui de remercier les officiers de

l'armée d'occupation qui ont bien voulu me faciliter l'accès de toutes les parties

de la Citadelle , et m'accueillir avec la plus aimable courtoisie, surtout GREN

FELL-PACHA, l'aimable et éclairé gentleman , qui était, à cette époque , sirdar de

l'armée égyptienne et qui a de tout temps eu les plus délicates attentions pour

les membres de la Mission archéologique française .

Je dois mentionner aussi l'aide que m'ont prêtée dans mes visites scientifi

ques mon savant ami Aḥmed effendi Zéky et Hasan effendi Sirry, qui a bien

voulu copier pour moi les inscriptions turques .

M. GUILLOT, archiviste de la Légation de France, a mis à ma disposition

avec la plus entière bonne grâce sa grande habileté de photographe. C'est à lui

que sont dues presque toutes les photographies reproduites dans ce mémoire.

Enfin je renouvelle à M. VAN BERCHEM mes remercîments pour les services

scientifiques qu'il a bien voulu me rendre.

94
APPENDICE

LES GOUVERNEURS DE LA CITADELLE

SOUS LES SULTANS MAMLOÛKS

m'étais primitivement proposé de traiter dans ce chapitre des services

militaires installés à la Citadelle du Caire. Mais je me suis bientôt aperçu que

c'eût été faire, en grande partie, l'histoire de l'Égypte sous les sultans mam

loûks , et l'étendue du sujet ne m'a plus paru compatible avec les limites d'une

étude en principe purement archéologique et descriptive. J'ai l'intention de re

prendre ce travail un jour. Pour le moment, je me bornerai à ce qui regarde

strictement le service de la Citadelle proprement dite .

Deux officiers spéciaux étaient attachés à ce service de la Citadelle : l'un était

le naïb de la Citadelle , appelé encore wâlî, l'autre le wâlî de la porte de la Ķoul

lat. Voici ce qu'en dit l'auteur du Dîwân al- Inchâ , qui a consacré un travail im

portant à l'administration d'Égypte vers 840 de l'hégire , et dont le précieux

manuscrit sera la base de mon étude projetée sur les services militaires et

civils de la Citadelle , à l'époque des sultans mamloûks .

Dans l'énumération des principaux fonctionnaires , l'auteur distingue plu

sieurs sections , dans lesquels il reconnaît une première section com

portant six classes ou plutôt six grades qu'on peut assimiler aux grades

de nos armées modernes, à peu près ainsi : 1º les généraux , ayant

sous leurs ordres mille soldats et cent cavaliers ; 2 ° les colonels et lieutenants

colonels , commandant quatre-vingts et soixante- dix hommes, et

‫ ; السبعينات‬goles commandants , ayant droit aux honneurs des timbales , ‫امرا الطبلخاناه‬

et chefs de quarante ; 4° les capitaines, chefs de dix , ; 5º les lieute

nants , officiers de cinq , ; 6° les troupes , comprenant la garde


‫ الحلقة‬et les soldats du sultan ‫ المماليك السلطانية‬.

+
1. Bibl. nat. , ms . 1573 , fo 122 recto .
750 P. CASANOVA .

Dans la troisième section , celle des émirs de timbalerie ,, il men

tionne, au neuvième rang sur douze, le naïb de la Citadelle , dont il dit : « Il est

chargé des fortifications et des tours , il a la garde des prisonniers, la direction

des armements, il est préposé à l'ouverture et à la fermeture de la porte de la

Citadelle . Il est juge des affaires survenues dans la Citadelle , entre les soldats

qui y sont. C'est lui qui l'administre, quand le sultan en sort ; il en surveille les

murs et les approches . Enfin il décide des constructions nécessaires ' . >>

Dans la quatrième section , celle des émirs de dix ,, l'auteur men

tionne, au cinquième rang sur huit, le wâlî de la porte de la Koullat : « Cette

porte est la seconde après celle d'al- Moudarradj . Il en surveille l'ouverture et la

fermeture : il en a la garde , et sous ses ordres sont un grand nombre d'émirs

qui se tiennent à sa disposition pour être distribués aux portes qu'il désigne² . »

Pour le lecteur, qui a bien voulu nous suivre , il résulte que le premier avait
la garde de la porte principale de la Citadelle : Bâb el-Moudarradj, celle par la

quelle le commun peuple pénétrait, - la porte secrète étant réservée à quelques

privilégiés . La seconde porte était celle de la Koullat, par où , nous l'avons vu

souvent, les soldats sortaient de leur quartier (l'ancienne Citadelle de la Mon

tagne ) , pour entrer dans la ville du sultan : dans l'Iwân , ou les Palais .

C'était, en 840 , cette porte de la Koullat , qui était la seconde en importance, car

la porte de Kârafat était, pour ainsi dire, abandonnée dès l'époque de Kalkachandî .

J'ai retrouvé, dans les quatre principaux historiens de l'Égypte, Makrîzî, Djau

harî, Aboû ' l-Maḥâsin et Ibn Iyâs , mention de quelques-uns de ces gouver

neurs . La distinction très nette, marquée par l'auteur du Dîwân al-Inchâ , ne me

paraît pas avoir été toujours bien observée par les historiens , d'autant que le

naib est appelé souvent wâlî de la porte de la Citadelle , ! ! ‫والي‬, et

.1 ‫التاسع نايب قلعة الجبل‬ • ‫المقص الثال ارباب الوطاي من الامرا الطبلخاناه وهم اثنا عشر امير‬
‫ف‬ ‫ث‬ ‫د‬

‫) وهو المتحدث على الحرسيه والابراج وعليه حفظ المعتقلين بها وله الامر على التحرب وعلى فتح باب القلعة‬sic( ‫المحروس‬

‫) حين ظهور السلطان منها ويقعد اسوارها ومنافذها وهو‬sic( ‫وغلقه واليه يرفع المحاكمات في القلعة من عامته وعليه دركها‬
(Bibl. nat. , ms . 1573 , fo 127 recto et verso). ll L st

.2 ‫ الخامس والى باب القلة‬.. ‫المقصد الرابع ارباب الوطايف من الامرا العشرات وهم ثمان امرا‬

‫وهو الباب الثاني من المدرج وهو المتحدث على غلقه وفتحه وعليه دركه وله جماعة من تحت امره واقفون به بصرفهم فيما‬
6
(Bibl. nat. , ms . 1573 , fo 128 recto) •glis
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE . 751

ce titre diffère ainsi à peine de celui du second fonctionnaire, l , que

le copiste a pu souvent écrire comme le premier par distraction ou ignorance. 1

Je donne la liste des noms relevés . Elle est encore incomplète ; telle qu'elle est,

elle me paraît un complément nécessaire à l'étude de la Citadelle . Quant aux

pachas , qui ont séjourné dans la Citadelle, sous la domination ottomane,

c'étaient non des officiers de la Citadelle , à proprement parler , mais les chefs.

mêmes de l'Égypte : ils relèvent de l'histoire générale , et ce serait un hors


d'œuvre que d'en faire la fastidieuse énumération .

Je donne les noms et les titres, tels que je les trouve dans les auteurs, par

ordre chronologique, sans distinguer entre les deux fonctions, faute de précision
suffisante .

Le premier que je trouve mentionné dans les auteurs sous ce titre est ‘ Alâ

ad-Dîn at-Talbars al-Manşoûrî surnommé al-Madjnoûn , mort en 708. Il était

wâlî de la porte de la Citadelle ' .

De 720 à 740 l'auteur anonyme de la Vie de Mouḥammad ibn Kalâoûn (ms.

de Munich 400 ) m'a fourni une liste assez complète de ces officiers .

Le 1er şafar 720 mort de ' Alam ad-Dîn Sindjâr al-Aḥmadî , moûtawalli de

la Citadelle de la Montagne ; il est remplacé le 8 par Beibars al -Awḥadî², le

quel est révoqué le 2 dhoû ' l-ka'dat 736 , et remplacé par Koundoughî al -' Ou
marî³. Toutefois un autre auteur mentionne d'autres wâlîs : ' Abd al -Malik an

Nâșirî, en 723 , Taronțai en 725 , Bahâ ad- Dîn , en 726 * .

Koundoughî est déplacé le 15 rabi˚ Iº 738 , et le 20 est nommé 'Izz ad- Din

I.
‫مات الامير علا الدين الطلبرس المنصوري والى باب القلعة الملقب بالمجنون المنسوب اليه العمارة فوق قنطرة المجنون‬
fo 1
) Ms . 572 , fe 318 recto( . ‫على الخليج الكبير خارج القاهرة وكان عفيفا ربنا له احكام قراقوشية مع تسلطان على الفساد‬
Cf. ce que j'ai dit dans un autre mémoire , même volume, p. 464 , note 2 .
2. (Ms. de Munich 400, fo 174 verso) . the oder bdgg ..... ‫مات علم الدين سنجر الاحدى متولى قلعة الجبل‬

[Je pense qu'il faut lire , voir plus loin ] . Cependant si l'on admet deux Beïbars, l'un surnommé Al-Aḥmadi
l'autre Al-Awḥadi, on a l'explication des divers walis nommés par Makrizi entre 721 et 726 ; voir la note 4
plus bas.

.3 Ibid. , fo 192 recto . ‫عزل بيبرس الاوحدى عن ولاية القلعة ووليها كند غدى العمر‬

.4 Ibid. , 396 recto ‫) طرنطای اسمعيل والى باب القلعة‬ms. 672 , f° 385 recto ‫عبد الملك الناصري والى القلعة‬

)Ibid . , 400 recto ‫الامير بها الدين والى القلعة‬

M
752 P. CASANOVA .

Aïdemour az-Zarrâk, émir djândâr¹ . A sa place est nommé , le Ier rabi' 740, Saïf

ad-Dîn Aïdoûk. En même temps apparaît bien nettement la différence des deux
fonctions que j'ai signalée plus haut, car l'auteur, après avoir dit qu'Aidoûķ

est nommé wâlî de la Citadelle, dit qu'Argoûn Châh est préposé à la porte de

la Koullat². Peut-être est-ce seulement de cette époque que date cette sorte de
dédoublement de la fonction .

En 753 , chacune de ces fonctions eut deux titulaires : à la porte de la Koullat

furent établis l'émir ‘Alî al- Marâdînî et l'émir Kachlî le silâḥdâr, et à la porte

(principale) de la Citadelle l'émir Arnân et l'émir Koutlouboghâ adh- Dhahabî³.

Sous le règne de Cha bân II ( 764-778) , peut- être au delà , Djauharî signale

en passant Saif ad- Dîn Ţaniâl al- Marâdînî, lequel mourut en 789 *.

En 785 , nomination de Siradj al- Gumuchboghawî comme wâlî de la Cita

delle, avec le grade d'émir de timbalerie en plus, en remplacement de Ţachti

mour al -Mouḍhaffarî . Ce dernier détail , rapproché de ce que dit le Dîwân al

Incha, semble indiquer que c'est à partir de cette époque seulement que les

naïbs ou wâlîs de la Citadelle eurent le grade d'émir de timbalerie . Sîradj

mourut en 7905.

La même année , meurt l'émir Sabî ' , wâlî de la porte de la Citadelle, qu'on

appelait, dit Djauharî , wâlî de la Ķoullat . C'est à lui que paraît avoir succédé

9
I.
. ‫ عز الدين ايدمر‬.......‫ ورسم له بنيابة البيرة‬... ‫اخلع على الامير علا الدين كندة دى العمرى والى قامة الجبل بو‬

)Ms . de Munich 400 , f0 200 verso ( . ‫الزراق امير جاندار وولى قامة الجبل عوض كندغدى العمري‬
9
.2 Ibid . , f° 21o recto ( ‫ وولى باب القلة ارغون المشرف ادبر عشرة‬....... ‫سيف الدين ايدق والى التلعة‬

30 ‫رنب امير على المارديني ان يقيم بالقامة الامير كشلي السلاح دار ليقيما داخل باب القلة ويكون على باب القلعة الامير ارنان‬
-
Le même texte à fort peu près se retrouve dans le Kitáb as-Souloûk — (ms . 665 , fo 78 verso) gly
(ms. 672, fº 624 recto) . Aboû 'l-Maḥâsin que j'ai cité a dû emprunter ces détails à Makrîzî ou au même auteur
que Makrizi. Le ms. 665 ayant été écrit sous la dictée d'Aboû 'l -Maḥâsin (le Catalogue de la Bibliothèque natio
nale dit, à tort, qu'il est autographe) , j'ai donné ce texte de préférence.

. ms . 1 , p 850 ‫طنيال المارديني ………………… وانعم عليه بامرة طلخاناه ثم استقر والى قلعة الجبل‬
.4 .Djauh

.5 ‫خلع على الامير سيرج الكثفاوي واستقر والى قلعة الجبل عوضا عن طشتر المظفري واضيف اليه اميرة الطبلخاناه‬
(Djauharf , ms . 1 , 27) . — Cf. ms. 673 (Kiláb as-Souloûk) , fo
fº 142 recto, où cet émir est appelé ,
leçon qui me paraît meilleure . - Dans le même manuscrit au fº 163 recto , il est appelé là ! Jl, et au

1º 165 verso . Sa mort est mentionnée dans les deux passages.


6. Le 19 mouharram, Häll Jl Gong lit and low roll ; le 14 djoumadà fer, nomination de

‫) باس النوروزي نايب القلعة‬Djauhari , I , 91 ) et plus loin , a la page 93 , mort de ‫ سيرج نايب القلعة‬.
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU GAIRE 753

t
Baḥhâs an-Noûroûzî qui est appelé naïb de la Citadelle, car Djauharî qui

nous donne ces détails parle de la mort de Sîradj postérieurement à celle de


Sabî et à la nomination de Baḥḥâs ' . C'est cet officier , qui , le 27 șafar 791 ,

fut chargé de s'assurer de la personne du khalife Al - Moutawakkil².

En 791 , Bahhas est remplace par Koutloubek ou Koutloubogha3. Dans la

même année, on voit Djâbân remplacé par Şârim ad- Din Ibrahîm, lequel est

emprisonné en 792 , puis rétabli dans son poste *. Barkoûk , remonté sur le trône

en 792 , nomme l'émir Soudoûn an-Niḍhâmî " .

En 802 , l'émir Koumari était wali de la porte de la Citadelle : ainsi que

TimourboghâⓇ ou , peut- être, l'un n'était que le wâlî de la porte de la Koullat,

les textes là - dessus paraissent altérés .

En 813 , est mentionné Gumuchboghâ al-Djamâlî ' . Il est remplacé en 814 par

Châhîn ar-Roûmîs . En 817 , Al -Malik al-Mouayyad Cheïkh nomme à la Citadelle

l'émir Bardbak . Mais vers la même époque, le vrai naïb de la Citadelle paraît

avoir été Asanboghâ az- Zaradkâch qui fut chargé de la fortifier, puis céda ses

1. D'après la note précédente, le ms. 673 doit contenir une confusion , puisqu'il mentionne en deux passages
différents la mort de La première fois, il faut probablement lire, avec Djauhari, et la seconde fois
‫سيرج‬ ‫سبيع‬
‫ سيرح‬.
.2 Djauhari , I, p . 103 , cf. ms . 673 , 167 verso . L'un et l'autre texte donnent le titre de ‫والى باب القلعة‬.

.3 ms . 666, f° 23 recto ‫) قطلوبغا الفخرى نايب القلعة‬ms . 673 , f 189 verso( ‫قطلوبك السيفي والى قلعة الجبل‬

, I, p 136( ‫قطلوبك السيفى والى القلة‬


).Djauhari

, I, p 152 ( ‫صارم الدين ابراهيم بن بلرغى واستقر في ولاية القلعة عوضا عن جابان اخي مامق‬
40 ‫) افرج عن‬.Djauhari

‫الصارم بن بلرغى‬ . , p 190( ‫الصارم ابراهيم بن بلرغى والى القلعة واخلع عليه واعيد الى عادته في ولاية القلعة‬
).Ibid

)ms . 673 , fo 210 recto ‫والى القلعة‬

.5 , p 195 ( ‫) الامير سودون النظامي نايب القلعة‬ms . 673 , fo 210 recto


.Djauhari ‫الامير سودون النظامي والى القلعة‬

.6 ‫الامير قارى‬ - ms . 674 , for recto ‫استقر ثمربغا والى باب القلة – الامير قارى الاستبغاوى والى باب القلعة‬

‫) – خلع على الامير اسغنبا‬ms . 666 , 10 71 verso ‫) القلعة‬sic( ‫الاستبغاوى والى باب القلعة واستقر تمريغا المحمدي والى نايب‬

).Djauhari
, I , p 384( ‫التاجر الدوادار وعلى الامير قاري الذي كان والى باب القلعة‬

.7 ms . 674 , f° 82 verso ‫ الامير كشيغا نايب القلعة‬- .Djauhari


, I , p 564 ( ‫الامير كشيغا الجمالي نايب القلعة‬

.8 ‫ ولى نيابة القلعة شاهين‬- ) ms . 674 , f° 96 verso( ‫ولى نايب القلعة شاهين الرومي عوضا عن الامير كمشبغا الجمالي‬

, II , p 12 ( ‫الرومي عوضا عن الامير كشبغا الجمالي‬


) .Djauhari

. ) 2( ‫) قصفا‬sic( ‫) ――― وجعل بقلعة الجبل الامير بردباث‬.Djauhar


, II , pi 49( ) 2( ‫وجعل في القلعة الامير برديك قصفا‬
(ms . 566, 144 verso) .
754 P. CASANOVA .

pouvoirs à Ilboghâ an-Nâșirî ' . Il y a quelque confusion , qui tient vraisembla

blement encore à ce que les auteurs ne distinguent pas bien les deux sortes de

wâlîs ou naïbs, comme je l'ai déjà remarqué .

En 820, est établi dans la Citadelle Izdemour Hiâ (?) , puis est nommé naïb

l'émir Touggan ; peu de temps après le naib est Ahmad al-Malati2. En 821 ,

mention est faite de Djakmak al - 'Alâî³.

En 827 , nomination de Tagrî Barmach * ;. en 838 de Bâî-bak, vraisemblable

ment le même que Thânî-bak révoqué en chawwâl 842 et mort en 845 ; en 842,

il est remplacé par Djakmak an -Noûrî³. La même année , fort peu de temps après ,

est nommé Tanbak al-Bourdoubakî . En 849 , est nommé Tagri Barmach , peut

être le même que celui qui avait déjà été nommé en 827 ; il est envoyé à Jéru

salem le jeudi 11 şafar 849 et remplacé par l'émir Yoûnis . Celui-ci meurt en

864 de la peste. Aboû'l-Maḥâsin lui consacre une notice nécrologique très

importante '. Il avait été remplacé en 857 par Ķân-bâî al-A'mach : à la mort de

.1 ms . 673 f° 271 verso ; 674 , f° 100 verso( ‫وقد اسعد الامير استبغا الزردکاش بحصن قلعة الجبل وشحنها بالغلال والزاد‬
-
)ms . 673 , 10 274 verso ‫الامير اسنبغا يسلم قلعة الجبل الى الامير يلبغا الناصري فنزل الامير يلبغا بمفاتيح القلعة‬
674, fo 103 recto).
―――
, p 94 ( ‫خلع على الامير طوغان نايب القلعة‬
.2 .Ibid ).Djauhari
, II , p 84( )2( ‫قرر في القلعة الامير ازدمر حيا‬

).Ibid
. , II , p 96( ‫نايب القلعة وهو الامير احد الملطلى‬

.3 .ms 566, ‫الامير جقمق العلاى نایب قلعة الجبل واحد مقدمي الالوف المعروف باخی قصروه جاركس الخليلي المصارع‬
fo 188 verso).

.4 Makrizi consacre à cet officier une courte notice (ms . 674 , f° 454 verso ‫نفری برمش نايب القلعة‬

.5 ‫ ) قرر جقمق النوري في نيابة القلعة عوضا عن ثاني بك‬.Djauhari, III , p 137( ‫خلع على الامير باى بك نايب القلعة‬
‫ ) ― توفى ثانى بك نايب القلعة‬ms . 674, f° 454 verso ‫— ثاني بك الحقيقى نايب القلعة‬ (ms. 595 A, fo 355 recto

(ms. 595 A, fo 361 verso).

.6 ‫خلع على الامير تنبك البرد يكي احد امرا الالوف باستقارة في نيابة قلعة الجبل ثاني مرة عوضا عن تنبك النوروز الجقمق‬
(ms. 667, fo 77 recto) . -La nomination de ce est mentionnée en rabi Ier 842 , par Makrîzî (ms. 674,
fo 455 recto).

.7 ‫وتوفى الامير سيف الدين يونس بن عبد الله العلاي الناصري الامير اخور الكبير بالطاعون في باكر يوم الاثنين ثالث‬

‫ نقله الملك الظاهر (جقمق) الى نياسة قلعة‬....... ‫ وكان اصله من مماليك الظاهر برقوق‬......... ‫عشرين جهادی الاول‬

)ms. Suppl . 809, fo 110 recto ‫الجبل بعد نقى تغرى برمش الفقيه واخراجه الى القدس في سنة تسع واربعين الخ‬
Cf. ms. 667 , fo 108 recto et 114 verso.
HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE 755

ce dernier, en 860 , est nommé Soûdoûn an - Noûroûzî le silâḥdâr ' . Celui-ci


A
meurt, à son tour, en 892 , et est remplacé par Kisbâî². En 865 , mention est

faite de Kheïr-bak al-Ķaşroûî et nous apprenons qu'il ne siégea pas à la porte d'al
|
Moudarradj³, ce qui confirme l'opinion que j'ai émise plus haut, à savoir que le

naïb principal était gardien de la porte d'al-Moudarradj . Cette coutume ne s'est

pas entièrement perdue, puisque, aujourd'hui encore , le commandant des troupes

anglaises à la Citadelle loge dans le voisinage immédiat de la porte de Sârîat


ou d'al- Moudarradj .

En 872 , Soudoûn al- Bourdoubakî, titulaire de ce poste est révoqué et rem

placé par Tagrî Bardî Tatar adh-Dhâhirî *. En 903 , mention de Beïbars , puis de

Kan-bak Aboû Châmat, en 905 , de Djân balât, lequel est remplacé à la fin de cette

même année par Arazmak al-Abaḥḥ , à l'avènement du sultan Djânbalâț ( dhoû

'l -ka'dat 905 ) .

Le 19 cha bân 911 , le sultan Toûmân baî investit Toûkh al-Mouḥammadî® .

.. ‫استقر اعلای‬ . )ms . Suppl . 8o9 , f° 73 verso ( . ‫واستقر قانباي الاعمش الناصرى نايب قلعة الجبل عوضا عن يونس‬

)Ibid . , fo 81 verso ( . ‫الامير سودون النوروزي السلاح دار احد امرا الطبلخانه في نيابة قلعة الجبل بعد موت قانباي الاعمش‬
Aboû 'l-Maḥâsin consacre à cet officier une notice nécrologique :

‫توفى الامير قانباي بن عبد الله الناصري الاعمش نايب قلعة الجبل بها في ليلة الخيس سابع عشر ذي القعدة وعمره زيادة على‬

‫ ولاه الملك الاشرف هذا (اينال ) بنيابة القلعة بعد توب يونس العلاى‬....... ‫السنين وكان اصله من ماليك الناصر فرج‬

)Ibid. , fo 102 recto( . ‫الناصري الى نيابة الاسكندرية في شهر ربيع الاول سنة سبع وخمسين فدام في نيابة القلعة الى ان مات الخ‬

.2 ‫في بوم الاحد سادس عشرين ربيع الآخر مات الامير سودون السلاحدار نايب قلعة الجبل واستقر كسباي الموبدى‬

)Ibid. , fo 86 recto . ‫نايب قلعة الجبل‬


Aboû 'l-Maḥâsin lui consacre plus loin une notice nécrologique :

‫وله نحو سبعين سنة وكان‬ ‫توفى الامير سيف الدين سودون النوروزي المعروف بالسلاح دار نایب قلعة الجبل‬

‫ جعله الملك الاشرف اينال نايب قلعة الجبل بعد موت قانباي الناصري الاعمش‬....... ‫من مماليك نوروز الحافظ نايب الشام‬

)Ibid. , f° 104 verso ( . ‫فدام في نيابة القلعة الى ان مات الخ‬


.3 Ibid. , fo 118 recto( ‫ وبقى باب القلعة بغير ضابط‬..... ‫خيريك القصروي نايب قلعة الجبل ترك باب المدرج‬

.4 Ibid . , fo 1st verso ( ‫نغری بردی ططر الظاهری نایب قلعة الجبل بعد عزل سودون البرديكي الفقيه المويدي‬

.5 Ibid . , fo 59 recto ‫ الامير قنبك ابو شامة نايب القلعة‬- ) ms . 595 B , f° 57 v °( ‫قرر بيبرس في نيابة القلعة‬

‫ اخلع على الامير ارزمك واستقر به نايب القلعة عوضا‬- Ibid . , fo 71 recto ( ‫نايب القلعة الامير جان بلاط الابح‬
)Ibid. , f° 73 recto ( . ‫عن الامير جان بلاط الابح‬

.6 Ibid . , 82 verso . ‫اخلع على الامير طوخ المحمدي والى القلعة‬


95

106
756 P. CASANOVA .

Au commencement de 912 le titulaire était Toktabâî ' ; il paraît être resté dans

ces fonctions jusqu'au 20 ramaḍân 922 , époque où il fut nommé grand cham

bellan et remplacé par un certain Tanî-bak². Le dernier de ces naïbs est Kheir

ad-Dîn, qui est souvent mentionné avec ce titre dans Ibn Iyâs³. Nous avons vu

plus haut que le 27 dhoû'l-ḥidjdjat 926 , tout ce qui restait de l'ancienne

organisation des sultans mamloûks fut détruit et remplacé par un système

tout ottoman . Il est très probable qu'à ce moment le poste fut

supprimé .

1. C'est suivant toute probabilité le même qui est nommé - Ibid. , 84 verso ‫الامير طقطباى العلاى نايب القلعة‬

plus loin (ibid. , 121 verso) (sic) suhe.

.2 ‫ واخلع على شخص يقال له ثانى بك‬- ibid. , 131 verso( . ‫اخلع على طقطباي العلاى نايب القلعة وقرر حاجب الحجاب‬

)ibid. , 132 recto ‫الاشرفي وقرره في نيابة القلعة عوضا عن طقطبای‬

3. (Ibid. , fos 188 recto, 206 recto etc. ) . dalell & j


Il est encore mentionné au fº 315 recto, le 24 dhoû 'l-hidjdjat 926.
INDEX DES NOMS DE PERSONNES

Al-Achraf (Al- Malik) Zeïn ad-Dîn 'Alam ad-Din Kaiṣar surnommé


A Cha bán , 22® sultan mamlouk , Ta'âsîf, 590, 600.
515 ; v . madrasat, Mosquée. 'Alam ad-Dîn al- Manṣoûrî, 613 .
Abdjidj , 673 . 'Addat ad-Daulat, v. Mosquée. Alexandre, fils de Philippe, 568.
'Abd al-Djabbår, v. Mosquée. Al-' Âḍid, khalife fáțimide, 520, 522. 'Ali, 563 ; v . Aboû Hasan, Al
'Abd al-Malik an-Nâșirî, 751 . Al- 'Âdil (Al- Malik) Badr ad-Dîn Manşoûr.
'Abd al-Wâhid, v. Akbogha. Salâmach , 6° sultan mamloûk, 5IS. 'Ali-bey, 659.
Aboû Alâ al- Ma'arri, 598. Al-'Adil (Al-Malik ) Noûr ad-Din 'Ali al- Marâdînî , 752 .
Aboû Bakr , v. Al- 'Adil , Al- Man Mahmoudibn Zengui (connu sous Almås, v. Mosquée.
şoûr. le nom de Noureddin ) , 511 , 517 , ambassadeur vénitien, 706.
Aboû Djeïch Khomarouweih, 556. 522, 572, 639. Amîn al-Moulk Sa'ad ad-Daulat, v.
Aboû Hasan Ali ibn Marzoûk ibn Al-'Adil (Al- Malik) Seifad - Din Aboû Mosquée.
'Abd Allah ar - Roudeînî , 562 , Bakr, er sultan ayyoûbite , 51I , Amir al-Djouyoûch , v. Margoûch,
684. 699 ; voir Add. et Corr. 512, 519, 565 , 570, 571 , 572 , marché, Mosquée.
Aboù 'l-Fida, v. Al-Mouayyad. 573 , 590, 591 , 667, 740 , 744. 'Amroû ibn al- 'Âṣî, 525 , 554, 568 ;
Aboù 'l-Kasim Ahmad, fils du khalife Al- Adil (Al-Malik) Seif ad- Din v. Mosquée.
Adh-Dháhir, 609 . Aboù Bakr II , 512 , 658 . anglaises (troupes), 742.
Aboû Châmat, v. Kanbak . •
Al- Adil (Al-Malik) Seifad-Din Tou Arazmak al-Abahh, w. de la Cit. , 755.
Aboû Thâhir as-Salfi, 561 . mân-baî, 45 ° sultan mamloûk, 519 . Argoûn Châh, 752 .
Abraham, 604, 615. Al- 'Adil (Al-Malik) Zeïn ad- Din Arnân, 752 .
Al-Achraf (Al-Malik) ' Alâ ad-Din Kitboghâ, 10 sultan mamloûk, Asad ad-Din Chirkoûh , 518 .
Kadjak, 14º sultan mamlouk, 51S . sis . asadiles , 521.
Al-Achraf (Al- Malik) Djânbalât , Al-Afḍal (Al-Malik) . 555 , 591 , 614. Asanbogha Az-Zardakâch , 681 .
44° sultan mamloúk, 516,703 , 704 , Ahmad v . Aboû 'l- Kâsim , Al-Kâḍî assassins, v. forteresses.
755. al- Achraf, Al-Moûayyad . atabeks de Mossoul, 517 .
Al- Achraf (Al- Malik) Ķanṣoû al Aḥmad al-Malați, w . de la Cit. , 754. Al-'Azîz-billah , khalifefâțimide, 550,
Ghoûrî, 46° sultan mamloûk , 514, Ahmadibn Touloûn, 556; v. manège. 592.
516, 545 , 663 , 705 , 706 . Aïbek, v. ' Izz ad- Dîn , Al-Mou'izz . Al-' Azîz (Al-Malik) , 573 , 591 .
Al-Achraf (Al-Malik) Ṣalâḥ ad-Dîn Aïdagmach , v. bain, poterne. Al-'Aziz (Al -Malik) ' Othmân, 20 sul
Khalîl, 8° sultan mamloûk , 51S , Aïdouk, v. Seif ad- Din . tan ayyoubite, SII , 571 .
599, 612 , 613 , 615 , 616, 629, Aïmour, v . 'Izz ad-Dîn. Al-'Aziz (Al-Malik) Yoûsouf, 33 °
664, 677. Aïnal, v. Al-Achraf. sultan mamloûk, 516 .
Al-Achraf (Al-Malik) Seif ad-Dîn Akbogha ' Abd al-Wâḥid, 624 , 653 , Ayyoûb, 509.
Aïnal , 36e sultan mamloûk, 516. 654, 661 . ayyoûbites, 509, 511 , 518 , 568 .
Al-Achraf (Al-Malik) Seïf ad -Din Aksonkor, 627 , 652. Azabs, 711 , 713 , 734 .
Barsbaï, 32 ° sultan mamloûk, 516 . Aktâi , 603 .
Al-Achraf (Al -Malik) Seif ad-Din ‘Alâ ad-Dîn , v . Al-Achraf, Al-Man
B
Kâit-bai, 41 sultan mamloúk, 512, şoûr.
S14, 516, 545 , 546, 547 , 663 , Alâ ad Dîn at-Talb (al. Madjnoûn) ,
701 , 702 , 703. 751. bachas, 640, 711 , 712. Cf. pachas
Al- Achraf (Al-Malik) Toumân-bâî, 'Ala ad-Din al-Maghlaṭaï , 530 note, d'Égypte.
47° sultan mamiloûk, 516. 'Alam ad-Din Sindjâr, 751 . Badr ad -Din, v. Al- 'Âdil.
758 P. CASANOVA .

Badr ad-Dîn ibn Hanâ (le şâhib) , v. chrétien devenu musulman , 562.
jardin. Circassiens, v. mamloúks. E
Badr al -Djamâlî, 532 , 533 , 540, colonels , ‫ امرا الثمانين‬.749
541. 543 , 561 , 664. Clot-Bey, v. boulevard . écuyer (grand), v. émir akhoûr.
Baḥhâs an-Noûroûzi, wali de la Ci commandants , ‫ امرا الطبلخانه‬.749 amir akhotar, ‫ امير اور‬, .627,656
tadelle , 753 . Croisés, 510, 523. émir de cent, 653.
emir de dix, ‫ امير العشرات‬, .750
Bahâ ad - Din, wali de la Citadelle,
emirs de timbalerie, ‫امرا الطبخانه‬
751. D
653 , 750, 752 ; cf. commandants .
Bahâ ad-Din Karâkoûch , 514 , 520,
521, 535 , 539. 542, 545 , 547, dame du palais, 607 ; cf. khawends.
551 , 568, 570, 586 , 588, 590 , Ad-Darfil, 610, 692 ; cf. Bâb ad F
591 , 667, 694, 695 , 725 , 726, Darfil, porte de Darfîl .
dawddar , 610. Al-Fâdil, v. Al- Kadi al-Fâdil .
740, 742.
Deïlemite (Le) , v. Mosquée . Fakhr ad- Din ' Othmân ibn Kizil,
Bâï-bak, 754.
ostadår d'Al-Malik al- Kâmil, 596 .
Banî ach-Cha'rîat, 540. Adh-Dhâhir (khalife), 609 .
Banî al-Mahtâr, v. tombeaux , Adh-Dhâhir (Al-Malik) Roukn Al-Fakhr, 660.
Banî Wâïl, v. canal. ad-Din Beïbars al-Boundouk Faradj , v. Cheikh, An-Nâșir.
Barakat, v. As-Sa'id. darî, 4° sultan mamloûk, 512, Fáțimides, 509, 510, 513 , 517 ; cf.
513 , 515 , 546, 547 , 592 , 594, bibliothèque, iwân.
Bard-bak, wáli de la Citadelle, 753.
Barsbâî, v. Al-Achraf. 595, 602 , 605, 606, 608, 609, Français, 620, 728.
Barkoûk, v. Adh-Dhâhir. 610, 612 , 613 , 616, 638 , 651, Franks, 517, 522, 652.
Bâzkouḥ , v. citadelle. 660, 691 , 730, 737 , 739, 743 , Frédéric II , empereur d'Allemagne,
600, 726.
Bawân (tribu de), 614 . 755.
Beibars, v. Adh-Dhahir, Al-Mou Adh-Dhâhir (Al- Malik) Seïf ad-Din
G
dhaffar, maison d'or . Barkoûk, 25° sultan mamloûk, 512,
Beibars al-Aḥmadî, wali de la Cita 515, 530, 635, 658, 677, 679,
garde (halkat) , dål , 521 , 749 .
delle, 751. 660, 695, 753.
Beibars al-Ahwadî, wdli de la Ci Adh-Dhâhir (Al-Malik) Seif ad généraux, ‫ والامرا المقدمين‬.749
tadelle (distinct du précédent ?), Dîn Djakmak, 34º sultan mam Al- Ghoûrî (Kânṣoû) , v. Al-Achraf,
751. loûk, 516 , 701 , 702. jardin, madrasat.
Bellini (Gentile) , 706 . Adh-Dhâhir (Al-Malik) Seif ad-Din Gumuchbogha al-Djamâlî, 759.
El-Bourdeïni, v . Ar-Roudeïni, za Ilbâï, 39° sultan mamloûk , 516.
oûyat. Adh- Dhâhir (Al-Malik) Ķânṣoû , 43º H
bourdjites, v. Mamloûks. sultan mamloúk, 516.
Adh-Dhâhir (Al-Malik) Seïf ad-Din Hâdjî , v. Al-Mouḍhaffar, Aş- Şâlih.
Khochkadam, 38° sultan mamloûk, Al-Hafidh, v. Aboû Ţâhir.
C
516. Al-Hâkim bi-amr-Allah , khalife fați
cadavres franks, 652. Adh-Dhâhir (Al-Malik) Seif ad-Din mide, 530, 539 , 693.
califes Tatar, 30° sultan mamloûk, 516. Al-Hâkim bi-amr-Allah , khalife 'ab
khalifes.
Adh-Dhâhir (Al -Malik) Timourbo båside, 595 , 610.
capitaines, ‫ امرا العشرات‬, .749
Cha'bân, v. Al-Achraf, Al- Kâmil . gha, 40. suitan mamloúk, 516. halkat, dal , v. garde.
Djåbån, 753. Al-Harith ibn Mouskin , 556.
Chadjarat ad-Dourr, 593 , 603 , 605 ,
Hasan, v. An-Nâşir, madrasat.
685 , 698. Djaharkas, 530.
Châhin ar-Roumî, 753 . Hatim ibn Harthmat, 555 .
Djakmak, v. Adh - Dháhir.
Chakîk al-Moulk, v. Mosquée. Housâm ad-Din , v. Al-' Âdil .
Djakmak al-' Alâî, 754.
Chams ad-Din Aksonkor, 648 . Djakmak an-Noûrî, 754. Housâm ad-Din Ladjîn al-Aïdamarî ,
610.
chefs de noubat, 637. Djamål ad-Din al-Alouahi, 675
Cheikh Faradj, v. rue. (portier de la douheïchat) ; v. dou Housâm ad-Din Touranțâi, 615.
Cheikh Kased, 529 ; v . Al-Madrasat heichat.
al-Kâsidiat. Djânbalât , v. Al-Achraf. I
Cheikh al-Maḥmoûdî, v . Al-Moûay- | Djânbalât, wâlî de la Citadelle , 755.
yad . Djânbak (émir), 646. Ibn Choukr, v. Şafî ad-Din.
Chihâb ad-Din, 666 ; v . Al - Moû Djarkas al-Khalili, 680, 744 ; v. ins Ibn Afir, v. Sa'ïd .
ayyad, Al - Mouḍhaffar, An-Nâșir. criptions . Ibn Djoubeir, 563 .
Chihâb ad-Dîn Mithķal , 625 . Djauhar, 541 , 568 ; v. enceinte, Ibn Hanâ, v. jardin .
Chirkoúh, v. Asad ad-Din. fortifications , mur. Ibn Ķizil , 597.
INDEX 759

Ibn Mazroûk, 593.. khalifes, v. tombeaux . Al-Mansour (Al-Malik) Fakhr ad


Ibn Sa'idat, 567. Khalil, v. Abraham . Din ' Othman, 35º sultan mamloûk,
Ibrâhîm, v. Şârim ad- Din. Khalil, v. Al-Achraf. 516 .
Ilbaï, v . Adh-Dhâhir. khasikis , 664. Al-Manşoûr (Al-Malik) ' Izz ad-Din
Ilboghâ an-Nâșirî, 754 . khawends, 684. 'Abd al-' Azîz, 27e sultan mamloúk,
'Imâd ad-Din (al-Katib Aboû'l-Fa Kheir-bak, roi des émirs, 710. 516.
radj al- Isfahânî) , 535 , 570. Kheir-bak al-Ka rouî , wáli de la Ci Al-Mansour Houşâm ad-Din Ladjin,
Imâd ad-Dîn Ismaïl, 673 . tadelle , 755. II° sultan mamloúk, 515 .
intendant des bâtiments, 627. Kheir ad-Din, wáli de la Citadelle, Al-Manşoûr (Al-Malik) Nâșir ad-Din
*Isâ le jurisconsulle , 520. 756. Mouḥammad, 3º sultan ayyoûbite,
'Isâ ibn Manşoûr, 556. Khochkadam , v. Aḍh-Dhâhir. SII , 571.
Isma'il-pacha, khédive d'Égypte, 679, Khomarouweyh, v. Aboû Djeïch . Al-Mansour (Al-Malik) Noûr ad-Din
698, 714, 729, 731 , 744 . Al-Khourbatly, 721 . 'Alî, 2e sultan mamloûk , 515 , 605.
Izdemour Hiâ, 754. Al-Kindi (Aboû ' Amroû) , 555 , 556. Al-Manşoûr (Al- Malik) Şalâḥ ad-Din
'Izz ad-Dîn , v. Al-Manṣoûr, Al Kisbâî, walî de la Citadelle, 755. Mouḥammad, 21 ° sultan mamloûk,
Mou'izz. Kitboghâ, v. Al-' Âdil. SIS.
'Izz ad-Din Aïbek al-Fakhrî, 606. Koumarî, wdli de la Citadelle, 753. Al-Manşoûr (Al-Malik) Seïf ad-Din
'Izz ad-Din Aïmour az-Zarrâk , wali Koundoughi al - ' Oumari, wáli de la Aboû Bakr, 130 sultan mamloûk ,
de la Citadelle , 752 . Citadelle, 751 . sis.
Kousoun, 648. Al-Manşoûr (Al- Malik) Seïf ad-Din
J Koustat, 561 . Kalâoûn , 7° sultan mamloûk, 515 ,
Koutloubak, v . Seïf ad- Din, 591 , 592 , 609 , 612 , 613 , 615 ,
Janissaires, 514, 708, 710, 711 ,
Koutloubak, wáli de la Citadelle, 753. 620, 629, 646, 647 , 648 , 695,
713 , 742. 737, 734 (sa famille) , 511.
Joseph, patriarche, --- son nom et sa Koutloubogha , 753 .
Koutloubogha adh-Dhahabi, wdli de Al-Marâdinî , v. 'Ali.
légende, 514, 574, 575 , 590, 591 , Margoûch, 529 Amiral- djouyouch .
la Citadelle , 752.
620. Cf. maison , palais , puits.
Koutouz, v. Al-Mouḍhaffar. Mariette, 557 , 565 , 744, 746.
Maury, roi des Franks , 652.
K
L Méhémet-Ali , khédive d'Égypte, 512,
Kachli le silaḥddr, 752. 514, 584, 611 , 715 , 729 , 731 ,
Ladjin , v. Ḥouşâm ad-Dîn , Al -Man 735 , 736, 737, 738, 744, 745 ; v.
Al -Kâdî al-Achraf Aḥmad , 598 .
şoûr. boulevard , inscriptions , mosquée.
Al-Kâdî al-Fâḍil , 570 , 598 ; v. bi Laoûn, v. tombeau .
bliothèque. mere de Khalil ‫) والدة خليل‬-Chadja
lieutenants, ‫امرا الخمسات‬ .749 rat ad-Dourr, v. ce mot) , 604 .
Kadjak, v. Al-Achraf.
Kâfoûr, v. jardin. lieutenants-colonels, ll, miḥmenddr, 699.
Al-Kaïrouânî, v. tombeau . 749. Mithkâl , v . Chihâb ad- Dîn .
Kaïşar, v. ' Alam ad -Dîn . M Moïse, 554, $ 75.
Kaïtbâî v. Al-Achraf, Al-Mou'adhdham Toûrân Châh , 511,
Kalâoûn v. Al-Mansour. Al-Maghlațâi , v . "Alâ ad-Din . 512 , 519 , 521 .
Al-Kâmil (Al - Malik) Seïf ad- Din Mahmoud , v. Al- 'Adil . Al-Moûayyad (Al-Malik) Chihâb
Cha'ban Ier, 17° sultan mamloûk, Makaukas , 554 . ad-Dîn Ahmad , 37° sultan mam
SIS. Al-Malik al-Achraf, v. Al-Achraf loûk, 516.
Al- Kâmil (Al- Malik) Nâșir ad-Dîn (Al-Malik) . Al-Moñayyad (Al-Malik) Seifad-Din
Mouhammad, se sultan ayyoúbite, Al-Malik Adh-Dhâhir, v. Adh-Dhâhir Cheikh al-Maḥmoûdî, 28° sultan
510, 511 , 568 , 571 , 572 , 573 , (Al-Malik) et ainsi de suite pour mamloúk, 516, 630 , 681 , 682 ,
577 , 585 , 591 , 593 , 594 , 595 , les titres en Al-Malik. 691 , 739 , 753 ; v. hôpital, mos
596, 598, 599, 600, 658, 663 , Malik-Châh, suitan seldjoûkide, 517. quée.
66%, 595 , 716, 726, 727, 742 , Mamloûks (sultans) , 511 , 515 , — ba Al-Mouayyad (Al-Malik) Aboù 'l
743. - bour Fidâ, sultan de Ḥamâh, 614 , 673 ,
brites, 511 , 568, 695
Kân-bâî al- A'mach , 754. djites, 513 , 515 , 695 . 698.
Kân-bak (Aboû Châmat), 755 . mumloúks (soldats) , 510 , 615 , 664. mouchidd, 606 .
Kânṣoû, v. Adh-Dhâhir. Mamloúks (massacre des) , 732 . Al-Mouḍhaffar fils d'Amir al-Djou
Kanşoû al-Ghoûrî , v. Al-Achraf. Al-Mamoûn, khalife abbdside, 556, youch , 561 .
Karâkoûch , v. Bahâ ad-Dîn . Al-Mouḍhaffar (Al-Malik) Chihâb
565, 744.
Kârim ad-Din le ṣaḥib, 696. Al-Mansour (Al-Malik) ' Alâ ad-Dîn ad-Din Ahmad, 29° sultan mam
Kasej , v. Cheikh. 'Ali, 23º sultan mamloûk, 515 . loúk, 516.

です。
1

760 P. CASANOVA .

Al-Moudhaffar (Al-Malik) Rouknad 667 , 699 , 716, 740 , 744 ; v . en Ar-Roudeïni (Sayy'idi) , v. Aboù Ḥa
Din Beibars, 12 ° sultan mamloúk, ceinte, fortifications, inscriptions, san.
515. mur. Roudouân Kitkhodâ, 715 , 734.
Al-Mouḍhaffar (Al-Malik) Seif ad An-Naşir (Al-Malik) Nâşir ad-Din Roukn ad - Din, v. Adh-Dhâhir, Al
Din Koutouz, 3 ° sultan mamloúk, Hasan, 19 sultan mamloûk, 515, Moudhaffar.
SIS , 605 , 614. 675 ; v. madrasat, mosquée.
Al-Mouḍhaffar (Al-Malik) Zein ed An-Nâşir (Al-Malik) Nâșir ad-Dîn S
Din Hâdjî, 180 sultan mamloûk , Mouḥammadibn Kalâoûn, 9° sul -
515. tan mamloúk , 512, 513 , SIS , Sa'dat ,généralfâțimide, 526 ; v . porte.
Al-Mou'izz (Al-Malik) 'Izz ad-Dîn 545, 587, 593, 595 , 602 , 604 , Sabi' , 753 .
Aibek, 1 sultan mamloûk , 51S, 609, 616, 619 , 637 , 648 , 651 , Sabi , wáli dela Citadelle, 752.
591 , 593 , 602 , 603 . 656, 658, 659 , 673 , 674, 683 , Sa'd ad-Daulat, 558, 559 ; v. Amîn
Mou'izz ad-Daulat, v. mosquée. 691 , 694, 695 , 698, 726, 735, al-Moulk.
Moudjîr ad-Din , 604 . 737, 741 , 743 . Safi ad-Dîn ibn Choukr, 595 .
Mouhammad, v. Al-Kâmil, Al- Man An-Nâşir (Al-Malik) Nâşir ad-Din As-Sa'id (Al-Malik) Nâşir ad-Dîn
şoûr, An-Nasir, As-Sâlih . Mouhammad ibn Ķaït-bâï , 48° sul Barakah Khân ibn Beïbars, 4º sul
Mouhammad ibn Asad al-Djoûânî , tan mamloúk, 516. tan mamloûk, 515 , 605 , 612 .
557. An-Nâșir (Al-Malik) Zeïn ad-Dîn Sa'id ibn Afir, 556.
Mouhammad ibn Kaït-bâï, v. An Faradj , 26° sultan mamloûk, 514, Saïf ad-Din = Seïf ad-Din.
Nâşir. 515, 630, 648, 681 , 691 , 736. Saint-Michel, v. église .
Mouḥammad ibn Kalâoûn , v. An Nâşir ad-Din, v. An-Nâșir, As- Sa'ïd, Saladin Şalâḥ ad-Dîn.
Nâşir. Aş-Şâliḥ . Şalâh ad -Din, v. Al- Achraf, An - Na
Moukaṭṭam fils de Mişraïm, 554. Nâşir ad-Dîn Chafi' , 586. şir, Aş-Şâlih.
Moukeitim, 554. nègres , 521 . salaḥites (corps des soldats) , 521 .
Al-Mousta în billah , khalife ` abbâside, Niḍhâm al-Moulk (vizir de Malik Salâmach , v. Al-'Adil .
516. Chah) , 5I8 . Saldjoûkides , 517.
Al-Moustanşir billah , khalife abbd Noûr ad-Din, ou Noureddîn , v. Al Şaliḥ, v. As - Salih.
side, 609. Adil , Al- Manşoûr . Aş-Şâliḥ (Al-Malik) 'Imâd ad-Dîn
Moutamin al- Khalifat, 521 . Ismail, 16° sultan mamloûk , 515,
Al- Moutawakkil ‘ alâ Allah , khalife O 648, 674:
' abbaside , 753 . Aş-Şâlih (Al-Malik) Nadjm ad-Din ,
moutawalli et wáli de la Citadelle, ' Omar ibn al-Khaṭṭâb, 554, 543 ,
544 . Ayyoûb, 7º sultan ayyoûbite, 510 ,
751. Cf. naïb de la Citadelle . 511 , 602, 658 ; v. Citadelle de
Ortokides, 725.
Ostadár, 596 . Raudat, salle Şâlihîat.
N Aş-Şâlih (Al-Malik) Nâşir ad-Din
'Othman, v . Al-' Aziz, Fakhr ad- Din ,
An- Nabîh (le Kâdî), v. mosquée. Al-Mansour. Mcuḥammad, 31º sultan mamloûk,
Nabuchodonosor, 568. 516.
'Ottomans, 510, 514, 705 , 708,
Nadjm ad-Dîn Ayyoûb (père de 756. As-Şâlih (Al-Malik) Salâḥ ad-Din
Şalâḥ ad-Dîn, ancêtre des Ayyoû - Şâliḥ, 20º sultan mamloûk , 515 .
P Aş-Şâlih Zeïn ad -Dîn Hâdjî II ,
bites), 518 ; v. aussi Aş-Şâliḥ.
naïbs - · (de la Citadelle) , 749, 750 24º sultan mamloûk , 515 .
pachas, 514.
Salim , sultan ottomân , 610, 708 , 712.
- (du sultanat), 513 , 615 , 647, Pharaon, 575 , note.
Salomon, 596.
648, 695 ; v. maison du náīb, prisonniers francs , 588, 590.
vice-roi. santon, 589.
Sârîat ibn Aoufi, 564.
An-Nâşir (Al-Malik) Chihâb ad-Din
Ahmad, 15° sultan mamloúk, 515 . Sârîat (ibn Zouneïm) , 563 , 564, 693 .
Qalâoûn Kalâoûn , v. Adh-Dhâ Sariat de la Montagne , ‫سارية الجبل‬
An-Nâşir (al- Malik) Şalâh ad- Din
Yoûsouf ibn Ayyoûb , 509 , 510 , hir (Al- Malik). = Sâriat (ibn Zouneïm) .
517, 519, 525 , 533 , 538, 540, Sâriat [la légende de] , v . Sâriat (ibn
R Zouneïm) ; cf. mosquée , porte,
544, 547, 548, 564 , 566, 567,
568, 569, 570, 572, 573 , 574, quartier.
Ar-Râdinî, corriger en Ar-Rou
575 , 577, 584, 585, 587, 590, Şârim ad-Din Ibrahim, wali de la
deini * .
Citadelle , 753.
591 , 599, 611 , 620 , 729, 639, | Radjab, v. Takî ad- Dîn .

1. Voir Additions et Corrections.


INDEX 761

secrétaire d'Etat , ‫ كاتب السير‬.593 Tachtimour Homṣ Akhḍar, 648. troupes,, 749.
Tachtimour al-Mouḍhaffari, wali de Turcs, v. Ottomans.
Seif ad- Din, v. Al-Achraf, Al-'Adil,
la Citadelle, 752.
Adh-Dhâhir, Al-Kâmil , Al-Man
şoûr, Al-Mouayyad , Al-Moudhaf Tagribardi , 704. V
far. Tagri Bardi Tatar adh-Dhâhiri, wali
de la Citadelle, 755. vizir, 593 , 695 ; cf. ṣáḥib.
Seif ad- Dîn Aïdouk, wâlî de la Cita
dell , 752. Tagri Barmach, wáli de la Citadelle,
Seif ad-Din Koutloubak, 660 . 754. W
Seif ad-Dîn Ţaniâl al - Marâdînî , Taki ad-Din Radjab, v. couvent.
wali de la Citadelle , 752. Tanbak al-Bourdoubakî, wáli de la Walakchi, v. tombeau.
Citadelle, 754 . wáli du Caire, 654.
Sinâu, grandmaître des Assassins , 523 .
tanial, v. Seif ad - Din. wális de la Citadelle, 742 , 749-756.
Seldjoûkides Saldjoûkides.
Tanibak , 754 , 756. wali de Misr, 654.
sipaḥis, 710.
Ţarontaï, wali de la Citadelle, 751. wali de la porte de la Citadelle, J,
Siradj al-Gumuchboghawî, wáli de
Tartares Tatars. ‫ باب القلعة‬, .599,750
la Citadelle, 752, 753 .
Tatar, v. Adh-Dhâhir.
soldats du sultan, ‫والمماليك السلطانية‬ wáli de laporte de la Koullat, J's
749 ; v. mamloúks . Tatars, 605 , 619 ; v. huttes.
‫ القلة‬, .599,749
Solimân, 742 . timbaliers, 737 ; v. timbalerie.
sultans, v. ayyoûbites , mamloûks , ot Timourâz, 648 . Y
tománs . Timourboghâ, v. Adh -Dhâhir.
Soudoun al- Bourdoubakî, wali de Timourboghâ, walt de la Citadelle, Yeyen-bacha , 715-716 ; v. inscrip
la Citadelle, 755 . 753. tion , serâï.
Toktabaï ou Touķtabai, wáli de la Ci Yoûnis, 754.
Sitti Nafisâ, v. Mechheds .
tadelle, 754. Yoûsouf, nddhir al - Khâṣṣ, 710.
Soudoun an- Niḍhâmî, wdli de la
Citadelle , 753.. Torontaï = Tourontaï . Yoûsouf, v. An-Nâşir.
Touman-baï, v. Al-Achraf, Al- Âdil.
Soudoun an-Nouroûzi, wáli de la
Citadelle , 754 . Touggân, wali de la Citadelle, 754. Z
Souleïmân- Pacha , 714. Toukh al-Mouhammadi, wdli de la
Citadelle , 755 . Zeïn ad-Din, v . Al-Achraf, Al
souverains d'Égypte, 568.
Toûmân-bai, v. Al - Achraf, Al 'Adil, Adh-Dhâhir, Al-Mouḍhaf
⚫Âdil. far, An-Nâşir, Aş-Şâlih .
T
Tourân Châh, v. Al -Mou 'adhḍham . Zengui , 517.
Ta'asif, v. 'Alam ad-Dîn Ķaïşar. Tourontaï, v. Housâm ad-Din,
INDEX DES NOMS DE LIEUX, MONUMENTS , ETC.

bab al-hadid , ‫باب الحديد‬, porte de


A B fer, $44.
bab , ‫ = باب‬porte. bâb al-kanțârat , porte du pont , 545,
abreuvoir, 678 ; v. sabil.
547.
Achmouneïn , v. colonnes. bab al-Arbain , ‫ باب الاربعين‬, porte des
bâb al-Karâfat, dill , porte
al-achrafiat , 616. Quarante, 656, 724, 736.
de Karâfat, 545 , 546, 578, 579,
Aïdab, 654. bab al- Azab , ‫ باب العرب‬porte des
593 , 641 , 742 .
Aïn-Chems , 554. 'Azabs, 715 , 718 , 724. bâb al-karratîn, 531 .
Alcala, 578 . bab el-Bacha , ‫ باب الباشا‬, .722 bâb al-khalk, 527.
Alexandrie, 568 , 633 . bab al-bahr, ‫ باب امر‬porte du bâb al-khark = bâb al-khalk.
Amsous, 568. fleuve, 539, 547 . bâb al-koullat, all , porte de
An (du Nord), 354 . bâb al-Barkiat, gulb , 527, 533, la koullat (tour isolée) , 594, 600,
annexes (bâtiments) de la Citadelle, 543 , 544. 665 , 742 ; v. koullat .
651 , 690 , 711 , 740. bab ach-chariyat , ‫ باب الشعرية‬, 541 , bâb al-koûs, 529.
el-aoudalar,, 720. 547. bab al-mahrouk ‫ الباب المحروق‬, 1la
aqueducs, 545 , 651 , 659 . bâb el-chirk, ou bâb chirk , ☺ļ porte brûlée, 527, 533 , 544.
Aradus (Prise d') , 619 . bâb Misr , 547
‫ الشرك‬, 594,723 , 725 , .739
Arkataï, v. rue. bab el-moudafa', 4, 621 ,
bâb darb al-maḥroûk , 541 - bâb al
arsenal , ‫زردخانه‬, .671,710 718, 723 , 738 .
mahrouk.
Asfoûn, 600 . båb al-moudarradj ,, porte
bab ad -Darfil , ‫ باب الدرفيل‬porte de
Al-'Askar, $ 25 , 555 . des degrés , 512 , 578 , 579 , 580 ,
Assouan Ousouân . Darfil, 579, 580, 612, 738, 739,
740. 593 , 641 , 738, 739 , 740, 750.
atelier , ‫ مصنع‬.660 bab Derys , ‫ باب در بس‬, .720 Cf. bâb Sârîat ( porte de Sârîat) ,
atfet el- Châryeh, jlŵll dåbs, 721 . bâb ad-Darfil (porte de Da:fil) .
atfet el-Ferrakhah , 529. bab al-djabal , ‫ باب الجبل‬porte de
bâb an-naḥâs bâb an-nouḥâs
de la montagne, 582 , 715 , 718 ,
atfet el-Fourn, ‫ عطفة الفرن‬, .724 (v. Add. et Corr.) .
720, 722, 741 .
atfet el-Ghazal, Jill débe, 721 . bab an-nasr , ‫ باب النصر‬porte de la
al-bâb al-djadid, $ 44.
atfet el-Maddanyn , ‫وعطفة المدانين‬ victoire, 527, 532 , 541 , 542, 543 ,
bâb el-djedîd (ne pas confondre avec
721 . 633.
la précédente), 737, 742.
atfet el-Moqasqas ‫وعطفة المقصقص‬ bab el-elouahyeh , ‫ باب الالواحيه‬, baban -nouhas , ‫ باب النحاس‬, porte de
720. cuivre, 698.
675, 722.
atfet el- Qazzazin , ‫وعطفة الفزازين‬ al-bâb al- ousțâni ,
bab el-Enkchariyeh , ‫ باب الانكشريه‬, la porte du milieu (ou incorrec
722 . 723 , 738.
tement bab al- ouestany ,
atfet el - Goustangy , ‫وعطفة القصطنجی‬
bab al-faradj , ‫ باب الفرج‬, 526,532 , Ul, porte du secours) , 594,
721 .
$43, 552.
atfet es-Saqyeh, dğll dåbs , 720 . 707, 718, 723 .
bab al-foutouh, ‫ باب الفتوح‬, porte
athar an-Nabi ‫ آثار النبي‬ou ‫الآثار‬ des conquêtes, 527, 532 , 540. bab as -saba hadarat , ‫باب السبع‬
bab guedid, 581 , 679, 691 ; cf, bab ‫ حدرات‬, .641,718
‫ النبوية‬.11
al-azhar, v. Mosquée. el-djedid. bab as -Safa , ‫ باب الصفا‬, .546
INDEX 763

bab Sariat, ‫ باب سارية‬-porte de Sa bourdj d'Ibn Kalâoûn , 637. 605 , 608, 649 , 664 , 682 , 684,
rîat, 579, 580, 612 , 701 , 739. bourdj de Kalaoûn, 650 . 695 , 711, 742.
bab as - silsilat , ‫ باب السلسلة‬, porte de bourdj du kôm rouge , 551 . casernes al-Achrafiat , ‫وطبقة الاشرفية‬
bourdj d'al-Maks ou d'al-Maksim , 683.
la chaîne, 690, 699, 711 , 715 ,
535 , 538, 552, 554. Cf. citadelle chaîne Arabique (montagnes) , 554.
735.
d'al- Maks. chambre,, 637, 702 .
bab as -sirr , ‫ باب السر‬, -porte du se
cret, porte secrète (v. ce mot) , bourdj Mansoûrî, 649. chambres,, 637.
591 , 593 , 652 , 743. bourdj ar-Ramlaeh , 562. chambre en saillie, 691 .
bab as -sitarat , ‫ باب الستارة‬, porte du bourdj rouge (le( , ‫ البرج الاحمر‬, 650 ach-charaoui (quartier) , 540.
voile , 624, 645 , 698. bourdj as- sa bâ , v. tour des lions. charf, (hauteur), 555.
bourdj de la victoire , 541 n .
bab al -Wazir , ‫باب الوزير‬ 41,542 , ach - châri al- a'tham , ε
543 , 544, 584, 733 . bourdi Zefer, ‫ برج الظفر‬, 539,541 ,
542 , 741 . he , la voie principale, 546.
bab Zouweilat , ‫ باب زويلة‬porte de Chatâ , v . étang .
Zouweilat, 533, 543 , 546, 733 . bourg = bourdj .
château, 9, 631 ; v. palais .
Babylone, v . forteresse. bourg el-Chakhs, jal ‫ برج‬.724 château d'Aman , 614 .
bachoûrat, 741 . bourg el-Eloueh , Cglail Ty, 721. chateau du belier , ‫قصر ان‬
badanat, di (tour carrée) , par op bourg el-Haddad, ‫د‬l‫الحدا‬ château du kabch , 555 , 610.
position à bourj , 536 , 667, 741 . ‫ برج‬, 716, château de Belkeïs , 614.
720, 721 .
Bagdad, 609. bourg el- Halazoûn , gül Es château du Caire, 717. château
bahrat ou baḥirat,, 689, 705.
722 , 745 . de la Montagne, Citadelle de la
bain , 642 , 665 , 719 ; v. ḥammâm.
bourg el-Ymâm, ply! E Montagne, Citadelle du Caire,
bain d'Aïdagmach , 533 . ‫رج‬,720.
Citadelle .
Bânias, 585. bourg Kerbialan , ‫ برج کرکیالان‬, .721
château des Croisés , 585 , 589.
barabras, 614. bourg Khazneh Qoulleh ,
‫برج‬ château du kabch , v. - du bélier.
bassins du Sultan , 661 . ‫خزانة قلة‬, .608,723 château de la Montagne, 610 ; v. Ci
bein as sourein , ‫ بين السورين‬entre bourg el -Matar , ‫ برج المطر‬, .596,720 tadelle (la).
les deux murs , 527 , 532 , 533,541 , château de Soubeibeh , 585 .
bourg el- Moqossar, gill Es
‫برج‬
542. el- chechmeh, domull, 723.
720.
beinaz -zakkakein , ‫ بين الزقاقين‬9 entre chemin taillé dans le roc, 718, 733 ,
les deux ruelles, 547. bourg el- Mouballat , l ‫ برج‬720.
bourg el-Ramleh , de ‫ برج الرمله‬720. 734, 736.
al - beïsariat (salle), l , 675. choubbak, J , v. grillage.
684, 698, 705 ; v. Kâ'at. bourg el-Sahra , ‫برج الصحرا‬, .729 choubbâk an- niâbat , 648.
beït = beyt.
bourg Softah , ‫ برج صفطه‬, .718,722 Citadelle (La), 544 , 545 , 546 , 548 ,
beyt etterzy , ‫ بيت الترزی‬, .723 bourg el -Tabbalyn , ‫برج الطبالين‬, 577 , 578, 585 , 594 , 597 , 602 ,
Beyt Yousef; beyt Yousef Salâh ed 718 , 720, 725 , 737 . 605 , 615 ; v . Citadelle du Caire ,
din , ‫بیت یوسف وبيت يوسف صلاح‬ bourg el -Toufeh ‫ برج الطوفه‬, .721 Citadelle de la Montagne, etc.
‫ الدين‬, .640,724 bureaux , 736 . citadelle de Bazkouh ‫قلعه بازكوح‬
bibliothèque , ‫خزنة الكتاب‬, 598, boustân, i == jardin . SSI , 578.
601 , 615. boustân al-djarf, v . ghaït al -djarf. citadelle de Damas, 639 .
bibliothèque d'Al-Kâḍî Al-Fâḍil, 682. byr el Saba Saouaqy , ‫وبير السبع ساوق‬ citadelle de Karakouch ,‫قلعة قراقوش‬
bibliothèque des Fâțimides, 599, 719 , 722. 539.
682. byr Yousef, ‫ بير يوسف‬, .719,722 citadelle du kim rouge , ‫قلعة الكوم‬
Bilbeïs , 597.
‫ الادر‬.542
birkat al - fil, ‫ وبركة الفيل‬.585
C citadelle d'al-Maks , dal ,
birkat al - Habach , ‫ بركة الحبش‬550, $ 38, 539, 542, 578; cf. Bourdj
567, 652, 661. d'al-Maks .
Boulak, ‫ بولاق‬682. cabinet, l , 599.
Caire (Le), 545 , 553 , 555 , 567 , 667, cita delle d'al-Maksim, ëll åælö ,
boulevard Clot- Bey, 639 .
669 ; v . enceinte, fortifications, 536.
boulevard Méhémet- Ali , 703 .
koms, murs . citadelle de la Montagne, dalš
al- Bourdeïni,,, ‫ البردي‬, 699 ; .v.zaodyat
‫ني‬ Caire (le Vieux) , 663 . J , kala'at al -Djabal, 5 ; 6, 555 ,
bourdj ou bourg (tour ronde), T. , canal, 660.. 564, 578, 588, 589, 590, 591 ,
‫برج‬
513 , 536, 591 , 592 , 597 , 615 , canal des Banî Wâïl , 550 . 594, 600, 603 , 643 , 682 , 750.
625 , 626, 664, 667, 697, 704, canaux et aqueducs de Jérusalem , citadelle de Rauḍat, 602 .
735 , 741 ; v . tour. 660. citadelle (la) de Ṣalâḥ ad-Dîn , 747 ;
bourdj al-Haddad, l cf. Citadelle (la) .
‫ برج‬562. casernes, ab, pl . gub , tabakat,
96
P. CASANOVA .
764

Kâmil , de Şalâḥ ad-Din , Citadelle


citadelle de Yousouf, ‫وقلعة يوسف‬ digue d'al-Afram , 550 .
divan dîwân = dyouan, ‫دیوان‬ de la Montagne .
731 , 737. enceinte de Djauhar, 556 , 552 ; v.
514, 593 , 627 , 708 , 712 , 719 ; cf.
citerne, 718, 720, 725 . enceinte du Caire, etc.
iwân.
clôture, il , par opposition à mur, enceinte des Janissaires , 711 , 717?
divan des Azabs, 719.
‫ رسور‬678. divan de la chancellerie , 671 . 718, 720, 723 , 725 .
colimaçon (le), g , 589 ; v. divan d'al-Ghoûrî , 706. enceinte d'Al-Kâmil , 611 , 731 .
puits. dîvan de la guerre , 671 . enceinte de Şalâḥ ad-Dîn , 533 , 611 ,
collège Nizâmieh , 518. divân de Joseph, 593 , 629 , 632 et 643-644, 648, 671 , 711 , 729,
colombier, 596. sqq. , 718, 724, 743 . 731, 743 , 745 .
colombier de Barkîat, 596 . dîvân de Kaït-bâï , 706 . el-Enkcharyeh, 721 ; v. Janissaires.
colombier du Fayoûm , 596 , 597. entre les deux murs, v. beïn as
divan an-Nasiri , ‫الديوان الناصري‬
colonnes , 629, 632 , 633 , 640 , 709 , ' 743 . Sourein .
743 , 744 ; v. iwân , salle à co esplanade, 695 , 721 , 739 .
divan particulier, ‫ ديوان الخاص‬, .720
lonnes, salle des piliers . dîvân du trésor , 671 . escalier , ‫ درج سلم‬, ‫ وعتبة‬587,590 ,
colonnes d'Achmouneïn , 624 . aldjabal al-ahmar,, 607 , 611 , 646, 671 , 699 , 733 ,
colonnes de la Haute- Égypte, 665 . la montagne rouge, 555 . 738, 740 .
conduites d'eau, 669 , 677 . escalier entre les divans , 706 .
djabal Yachkar , ‫ وجبل يشكر‬.555
Constantinople , 608. escalier de l'Iwân, 945 .
djart, ‫ الجرف‬, 557 , 584 , 661 , .738 escalier de Kâït- bâï , 706-707 .
constructions, 616, 655 .
Djami' , ‫جامع‬ Gama (Mosquée) ,
coupole, a , 605 , 613 , 614 , 620, escalier du Manège, 658 .
630,631 , 641 , 646,668 , 682 , 743 . par opposition à ‫د‬e‫ مسج‬, mosquée, escalier d'al-moudarradj , ‫وسلم المدرج‬
601 ; v. Mosquée . soullam al-moudarradj , 580 , 611,
cour des pachas , 722 .
Al-Djîzat, : | = Djizeh , Ghizeh ,
cour entre les deux portes, 583 . 612 , 679, 692 , 693 , 701 , 702 ,
550, 669.
courtines, 584, 694. 739, 743 .
couvent du Bienheureux, a donjon, v. koullat .
establ el -bâchâ, Lal Jub !, 722.
douheïchâh , l , 684 ; voir le
‫ " السعدا‬.699 mot suivant. étang,,, v. birkat .
couvent al-Djamâlîat, 530 . étang de Chațâ, 550 .
douleïchat , all , 673 , 674 , 698 ,
couvent de Takî ad-Dîn Radjab,
705 , 709, 745 .
660.
douheïchat de Ḥamâh , 673 . F
couvent des traces , ‫ رباط الآثار‬.661
dyolan el-Azab , ‫ ديوان العرب‬.724
créneaux , 633 .
dyouân Moustahfazán , ‫دیوان‬ Fayoum , 597.
creux , 605 ; v . dépression . fondation du Caire , 568 .
cuisines , 622 , 703 , 745. ‫ مستحفظان‬, .719,723 fondation de la Citadelle, 510.
fontaine, 677.
D fort de l'Institut, 549 .
E forteresses, 613 .
dar ad -darb , ‫ دار الضرب‬hotel de la forteresses des Assassins , 523.
monnaie, 720-722, 745 . école , v, madrasat . forteresse de Babylone, 524, 554 .
dar ad -diafat , ‫ دار الضيافة‬maison école de droit canonique , 622 . forteresses des Croisés , 523 .
de l'hospitalité, 580 , 738. écurie , ‫ >الاسطبل‬ou ‫ الاصطبل‬, 13 , fortifications , 522 , 535 sqq . , 543 ,
dâr an-niâbat, as, maison 595 , 600, 601 , 630 , 635 , 651 , 558, 577 , 589 , 681 , 704 , 712
du nâïb, 513 , 648 . 656 , 664 , 671 , 673 , 681 , 690 , 713 ; v . enceinte , mur.
ad- darb al-ahmar,, la la fosse, 1, 615 (v . Additions
691 , 695 , 699, 70) , 719 , 734,
rue rouge, 690 . 736. et Corrections).
darb al-farrakhat, 529 . édifices merveilleux , 586. fossé, 583 , 605 , 678 , 694 , 718, 741 .
darb al-mahroûk, 544. Fostit , bibi , 525 , 526 , 545 , 553 ,
église , 633 , 634 , 682 , 683 .
darb as-safa , ‫ درب الصفا‬, 546,5470 église de Saint-Michel , 550 . 555, 568.
décombres de Barkîat, 693 , 741. enceinte des ' Azabs , 717 . Foum al-Khalidj , ¿ ¿ , 548.
defter-hané , ou defter - khaneh ,
enceinte de Badr al-Djamâlî, 552.
ollajos, hôtel des archives, 653, enceinte du Caire , 525 , 551 ; v. en G
730, 737 ; v. inscriptions . ceinte de Badr al-Djamâlî , de Djau
dépression de terrain ,, 607. har, fortifications , mur. Galata , 608.
enceinte de la Citadelle, 573 , 575, gama = Djami - Mosquée .
dehliz, ju , vestibule, tente, 603 .
gama el-Ananyeh , 539 – Mosquée
derekeh, . , vestibule , 638 , 641 , 578, 651 , 692 , 724 ; v. enceinte
des ' Azabs, des Janissaires , d'al des enfants de ' Anân .
646.
INDEX 765

654, 655 , 665 , 673 , 674, 679 , Kala at Bâzkoûh , jų dali = çi


gama el-Azab , ‫جامع العرب‬, 724 =
Mosquée d'Al -Moûyyad . 680, 681 , 682 , 691 , 695 , 698, tadelle de Bâzkouḥ .
gama el-Châryeh , all , 561 , 702 , 705 , 706, 709 , 714 , 715 , Kala'at al-Maks citadelle de
721 ; cf. Mosquée de Săriat. 744, 746. Maks.
hôpital , 620 = maristân . kauâtir as-sabâ' = ponts des Lions.
gama el-dahayché ,
hôpital de Barkoûk, 680 . al-Karâfat, lll, 545, 546, 562;
674, 722.
gama el-goyouchi = Mosquée d'A hôtel des Archives , v. defter 567, 582, 672.
khaneh . Karak, 589 .
mir-al -Djouyoûch.
hôtel des Monnaies , v. dår ad-ḍarb . karameidan , ‫قراميدان‬, 595,657 ;
gama el - Moustafaouyeh , ‫جامع‬
huttes des Tartares , ‫خرايب النتر‬ v . manège .
‫ المصطفاوية‬, .724 682. al- Kassârat, Jl , 773 .
Gama el-Moyed , ‫جامع المويد‬, .724
kasr ach - Cham' , ‫ قصر الشمع‬, 548 ,
Gama soultan Qalaoin , ‫جامع‬ I 549.
‫ السلطان قلون‬, 723 ; = Mosquée kasr al- kisolat, ‫ عمر الكسوة‬, -pa
de Mouḥammad ibn Kalâoûn . ivan = iwân divân (diwân , lais du voile, 514.
gama Tag el-dyn , ‫وجامع تاج الدين‬ dyouan) = niɓan (pibán) ; jꞌꞌ, al-Kata'i, bl, 525, 555 , 568,
721 . iwân (salle à colonnes) , 513 , 663.
cl-gebakhaneh, bill , 723. 514, 600, 602, 609, 612, 613 , Katiâ, 597 .
gebel = Djabal . 627, 629, 635 , 636 , 638, 641 , khalidj ,, canal, 525 , 533 , 539,
gebel al- Goïouchi ou al-Gyouschi , 645 , 648, 655 , 691 , 695 , 698,
540, 547 , 548, 549 .
‫جبل الجيوشى‬, 546, .725 743, 750
khazânat = ail , cabinet , maga
gebel Mokatem Moukaṭṭam, 720. Iwan (le grand( .7 ‫ الايوان الكبير‬692 ,
sin, trésor . 1
ghait al- djarf, ‫ غيط الجرف‬, 547, 593 , 608, 642 , 658 , 669 , 672 ,
khazânat al- bounoud , l =
548. 683 , 7 : 9 ; v . Iwân de Mouham
magasin des Étendards.
glacis ‫ " الزلاقة‬.715 mad ibn Kalâoûn et Add. et Corr.
iwân des Fâțimides, 695 . khan al-Khalili , ‫خان الخليلي‬, 530 ,
gradins, 718. 680.
grillage, J , choubbak , 615 , 629 , Iwân de Mouhammad ibn Kalâoûn,
643 , 709 ; voir planche VII . Kharâïb at-Tatar, v. huttes des
642, 647 , 668 , 676 . Tatars .
Gourtah (vallée de) , 639 .
khardjah , ‫ خرجاه‬ou ‫خرجة‬, .677,697
J
H khatt quartier ; cf. . harât.

jardin, boustân ;, ghaït, khatt al -Manakh , cơ bản 529 .


hadarats (les sept) , 698 ; v. salles 642, 698. khatt aş-Şafa, all be $47.
(les sept) , ka´at . jardin d'al-Ghoûrî, sèl bé , 514, khatt Sariat, ‫ خط سارية‬.564
Haloûan, 555 , 660 . 706, 714. khazneh Qoulleh, di d' , 646,
Ḥamâh, v . Aboû 'l-Fidâ , douheïchat. jardin de Kâfoûr , 528 . 671 , 718 ; v. koullat .
hammam el- Qala'h, dedell pl , 72. jardin du şâhib Badr ad-Dîn ibn el- khourounfich, wie 1, 528.
Hana , 661 .
hârat,, 525 ; v. hart, quartier. Kiutayeh , v. émaux ,
harem , 603 , 623 , 625 , 642 , 697 . Jérusalem , 554, 726. kôm décombres .
hârat el-Manşoûrat, 521 . kôm al-ahmar kôm rouge .
harâkat ou ḥarrâķat, l , 691 , K kôms de Barkîat, 530.
736. kôms du Caire, 546.
hart el-Atouf, 529.
ka'at, ac , salle, 637 . kôm al- Djâriḥ, ‫÷جارح‬ ‫كوم‬, 547,
‫ ال‬pgs
hart el-Saqyeh , dllöjb, 724. 546.
ka'at al - ' awâmîd, folgell del =
hart Zorounbeh , ‫ حارة ظرنبه‬, .720 salle des piliers. kôm al- Koubârat, : 11pg5,547,
hauteur, v. djarf. al-Kâhirat = le Caire. · 548 .
Héliopolis, 554 ; v. Or. du Nord. Kaire le Caire. kom al-Machanik , ‫كوم المشانق‬
Hélouan Haloûân . al-Kala'at, delal , 525 , 567 , 578 , 579, 547, 548.
hippodrome , 513 ; voir manège, 591 , 600 ; v. Citadelle . kom rouge , ▾‫ الكوم الاح‬, 536,539 ,
meidan . Kala'at al-Djabal = Citadelle de la 547 , 552 , 553.
hich , ga , 5i3 , 642 , 651 , 653 , Montagne. Koşeir, 9, 555.

1. Dans le cours de l'ouvrage, il est souvent appelé l'Iwân, d'après les historiens arabes . Le texte
indique qu'il ne doit pas être confondu avec les autres iwans ou salles à colonnes .
766 P. CASANOVA .

youbbat,, coupole ; v . ce mot. manège,, meïdân, 595 , 639 , mosquée d'al-Achraf, ‫جامع الاشرف‬,
koubbat al - ' Azab , ‫ قبة العرب‬, 542 ; 640, 644, 651 , 657 , 664 , 671 , 697 ; v. madrasat .
v. Koubbat an-Nasr et Koubbeh . 677 , 691 , 699, 705 , 711 ; cf. ka mosquée de ' Addat ad-Daulat, Ju
koubbat de Beibars, 614 . râmeïdân et qarameydan, ma ‫ وعدة الدولة‬.558,559
koubbat al-hawa , Igell as, pavillon nège noir. mosquée de ' Amroû , 548 .
du bel-air, 555 , 567 , 744 , et Add. manège de Aḥmad ibn Toûloûn, Mosquée des ' Azab, 734.
et Corr. 567, 658. Mosquée al-Azhar, 529 , 530 , 531 ,
koubbat an-nasr , ‫ قبه النصر‬, .542 manege noir , ‫ الميدان الاسود‬, 595 , 633.
Koubbeh, 542. 657. Mosquée d'Almås, 620.
koullat,, tour isolée ou donjon , manege vert , ‫ الميدان الاخضر‬, 638, mosquée d'Amîn al-Moulk Sa'ad
513 , 607 , 608, 646, 670-672 , 672, 689. ad-Daulat, 558, 559.
nnaouradat al - houlafa ‫رموردة الحلفا‬ Mosquée d'Amîr al -djouyoûch , 555.
693 , 742 ; v. bâb, porte , et Add. et
Corr. le débarcadère des fourrages, 547, gama el-goyouchi .
Koûs , 654. 548. Mosquée de bâb al-baḥr, 539 .
maraghat (al- ( , ‫ المراغة‬, .547,548 mosquée de Chakik al-Moulk, 559,
marché, … , 719. $ 61.
M
marché (petit) d'Amir al- Djou Mosquée (la) de la Citadelle mos
quée de Mouḥammad ibn Ka
madrasat , à , école, 507. — a youch , ‫ سويقة امير الجيوش‬, .528
lãoủn .
souvent la valeur de Mosquée. marché des chevaux, ‫وسوق الخيل‬
madrasat d'al-Achraf, 677 . mosquées de la Citadelle , 588.
606, 669, 671 .
madrasat al-Ghoûrî, 710 . mosquée du Deilémite, 558, 55 ,
marché des chevaux, chameaux et
madrasat de Hasan , v. mosquée de ânes, 595. 561 , 562 .
Hasan. Mosquée de la douheïchat, 675,
marché (petit) du Ṣâḥib, d 681 .
madrasat (al-) al-Ķâsidiat, 529 =
Cheikh Kased. ‫ الصاحب‬, .527 Mosquée de l'écurie, 657, 714,
marché aux vivres , ‫ سوق الماكل‬, .668 736.
madrasat (al-) aş-Şâliḥyat, 602.
Mosquée des Enfants de ' Anân , 539
magasin , ‫خزانة‬, ‫ خانه‬, .615,736 Mardj-Dâbik, ‫بق‬le
‫دا‬ 705.
= gama el-Ananyeh .
magasin des étendards, la , maristân , v. hôpital. Mosquée d'al-faradj , 691 .
530, 542. martabat , 4 , banc , 683 , 685 , Mosquée d'al-Hâkim, 529 , 533 , 633.
magasins d'étoffes et tapis, 622. 692, et Add. et Corr.
Mosquée de Hasan , 574 , 617 , 632,
magasin à poudre , 719 , 724 . mastabat, ah oua , banc , 652, 656, 690 , 697 , 704 , 715 ,
magasins souterrains, 724. 646, 706. 735 ; v. madrasat.
magasin des ticht, ab, 624. mechheds de Sitti - Nafisâ , 547.
Mosquée du hôch, 514, 581 .
medresa madrasat. mosquée du Kâdî an - Nabîh .
mahdjar (al-( , ‫المحجر‬ .584
Memphis , 554 , 568. Mosquée de Kalâoûn — Mosquée de
maison,, ; cf. hôtel, palais. meïdân ou meydân = Manège. Mouhammad ibn Kalâoûn .
maison de l'hospitalité, ‫دار الضيافة‬ minaret de Sârîat, 746. Mosquée de Kousoûn, 620.
dâr ad-Diâfat, 677, 678, 738.
minchat al-Mahrani, ‫ومنشاة المهراني‬ mosquée de Koustat, 559, 713 ,
naison de Joseph , ‫ ست یوسف‬575 ,
549. 742.
635 , 641 , 735 ; voir planche VII . Mișr, 535 , 545 , 546 , 547 , 550,
maison de justice , ‫ دار العدل‬602 , Mosquée d'al-Maks, 538, 539, 547,
567; v. enceinte , fortifications, 549, SSI .
608, 612 , 613,629,635,636, 737.
Fostât , mur. Mosquée d'al-Maradanî, 620.
maison de la monnaie , ‫دار الضرب‬
Moitié du monde , ‫ نصف الدنيا‬.10 Mosquée de Méhémet Ali , 514,
720, 722.
montagne (la), J , 555 , 558, 617 , 629, 635, 641 , 731 , 743 ,
nnaison du naib , ‫ دار النيابة‬-dar an
580, 581 , 610, 611 , 679 . 745, 746.
nîâbat, 615 , 647, 648 .
montagne rouge ( la) , l, Mosquée d'al- Moûayyad, 682.
maison neuve (la( , ‫الدار الجديدة‬
555 , 557, 660, 667 , 693 . Mosquée de Mouhammad ibn Ka
513 , 606.
maison d'or (la), wills (des Moqattam Moukaṭṭam . laoûn, 514, 608, 609 , 617, 620,
Fâţimides) , 528, 533. mosquée (Mosquée , Djâmi' ou 622 sqq., 634, 643 , 646, 659,
la maison d'or (de Beïbars) , 605 , Gâmi et Gâma ; mosquée = 665 , 684, 695 , 713 , 718 , 729,
606. dzius, Masdjid ou Masguid) , 743 , 745 , 746 ; voir planche VIII .

Maks (al-) , mill, ustible 538. 539, 595 , 608, 633 , 645 , 655 , | Mosquée de Mou'izz ad-Daulat, 558 ,
668, 672, 698. 559.
Maksim (al-), ll , 535, 536. mosquée d'ar-Radinî mosquée
mosquée de ' Abd al-Djabbâr , 558,
makṣoûrat, öj‚i. , 623 , 668 , 698 . 559. d'ar-Roudeïnî (v. Add, et Çorr.).
INDEX 767

Mosquée de la rampe, ‫جامع الصوة‬ pierres à hiéroglyphes, 542 .


681 . N pierres jaunes et noires, 636, 643,
Mosquée Rifâyat, 617 . 670, 673 , 735 , 744, 746 .
Nil, 513 , 536 , 539 , 545 , 547 , 548,
Mosquée d'ar-Roudeïnî, 559 , 562, pierres du Moukaṭṭam , 613 .
567, 663 , 669 , 705 , 706 ; v . aque
699. pigeonniers , ‫ ابراج الحمام‬, 595,601 ,
ducs, canaux, conduites, eau . 694.
mosquée ruinée, 723 .
Nubie, 654.
Mosquée de Sa'd ad-Daulat, 553 , piliers , 605 , 613 .
536, 558, 562. place , ‫ وساطة رحبة‬, 642,668,719 ,
O
Mosquée de Sârîat , 559, 561 , 713 , 743 .
729, 742. observatoire, ;, 546, 555 , 565 . place de bâb al-hadid, 539 .
Mosquée de Sem, 526. 661 , 663 . place de l'Iwân, 639 , 649 , 650 , 695,
Mosquée de Soultan Qalaoun , 718 ; ouasat, dg, place. 744 .
v. mosquée de Mouḥammad ibn place de karameïdân , 644 ; v . 1IOU
ouasat el-Bachâ , lawl dawg, 722 .
Kalâoûn. meïlat.
ouasat el-Establ , ‫ وسعة الاصطبل‬, .722
Mosquée at-toubat, 530. place de la Mosquée , 605 .
Mosquée de Touloun Mosquée ouasat el-Matbakh, l drog, 722 . place rouge , ‫ الرحبة الحمرا‬, 613,614 ,
d'Aḥmad ibn Touloûn , 547 , 632 , el- Ouercheh , 4 , 721. 615.
Al-Moudarradj , v. bâb , escalier, Oumm douneïn, 538. place de la porte du voile , 625 (v.
porte, soullam (sur l'orthographe el-Ounsiyeh (quartier d') , 533 . Add. et Corr.).
du mot, v. 4dd. et Corr.) . Ousouân, $97 . place de roumeilat , 690, 691 , 725 ,
Moukaṭṭam , 514, 526, 535 , 554, 733 , 734 , 746 ; v . ar-roumeïlat .
564, 567, 581 , 584, 590, 667, P place des tombeaux , 719 , 720 .
694, 716, 717 , 741 , 746 . pont des Bani Wâïl , 550 .
moulins , 547, 677, 719. palais, ou jl♪ , 591 , 592, 600, pont de bâb ach- Cha'rîyat, 540.
mur,, 585 , 611 , 693 . 637, 669, 683 , 697 , 709, 739, pont de Djauhar, 527 , 528.
744, 750. pont al-Khalili , 680 .
mur (de clôture) , Li ; v. mur de
Barkoûk . palais des Archives Defterkha pont al-Kharroubî, 540 .
mur (d'enceinte), 1900. neh. ponts des lions , ‫ قناطر السباع‬.548
mur de Badr al- Djamâlî , 532 , 533 ; palais bigarré, ‫ القصر الابلق‬, al kasr pont du Mousky, 527.
v. enceinte , fortification . al-ablak (dans la Citadelle du port d'al-Maks, 527 .
mur de Barkoûk , 738 . Caire), 513 , 514 , 575 , 576, 635 , porte, . bâb, 593 , 642 , 723 , 731 ,
mur en briques , 531 , 532 , 541 , 542 ; 637, 643 , 644, 658, 664, 667, 735 , 737 , 738 , 745 .
v. enceinte, mur du Caire. 669 , 683 , 691 , 697 , 711 , 735 , porte des Azabs , ‫ باب العرب‬81 ,
744, 746 ; — (à Damas) , 638 . 652, 653, 656 , 715 , 733 , 736,
mur du Caire , 523 , 540, 548 , 572,
583,741 ; v . enceinte, fortification, palais de l'écrivain du secret, la 745 , 746 ,
porte d'al-Bahr = porte du Nil.
mur de Badr al- Djamalî , - de ‫ وكاتب السر‬.671
Djauhar, - de Karâkoûch , - de palais de Ghoumdân , 614 . porte al - Barkîat, 29 , 529 ,
531 , 542 , 552 , 652 .
Şalâḥ ad-Din. palais de l'hospitalité , ‫دار الضيافة‬
mur de la Citadelle, 542, 580, dâr aḍ-diâfat, 699 . porte de la chaine , ‫ باب السلسلة‬513 ,
651 , 652, 653 , 656, 690, 691 ,
581 , 583 , 610, 611 , 678 ; v. en palais intérieurs , ‫والقصور الجوانية‬
ceinte. 699 , 704, 711 , 715 , 735 , 736 ; v.
635 , 636, 641 , 669.
bâb as-silsilat.
mur de Djauhar, 531 , 533 ; v. en palais de Joseph, 632, 635, 640,
ceinte, mur du Caire. 718 , 724 , 628 . porte ach - Chaiiyat , ‫الشعرية‬ ‫ باب‬,
mur d'al- Karâfat, 545 . palais de justice , ‫دار العدل‬ .13 533,
mur de Karâkoûch, v. enceinte , 540, 552.
palais des Khalifes fâțimides, 592.
fortifications , 549. palais du Nâïb, v. dâr an- nîâbat , porte de la Citadelle, 577 , 605 ,
mur du manège , 658. 607 , 611 , 616 , 652 , 668 , 740,
palais du vizirat, 520, 571 , 572 , 573 ,
mur en pierre , 541 , 542 ; v . en 595 , 671 . 750, 752.
ceinte, mur du Caire. papeteries , 550. porte de la clache , ‫ باب الجرس‬, .678 撞
murde Salâhad- Din , 547 ;v.enceinte , pavé de marbre , 553 . porte de cuivre , ‫ باب النحاس‬, 645 ,
fortifications, mur du Caire , pavillon, 640, 668. 664, 698.
de Karakoûch . pavillon du bel- air, ella , koub porte d'ad - Darfil ‫ باب الدرفيل‬, 610 ,
mur en terre, 531 ; v. enceinte, bat al-hawâ, 555 , 556, 557 , 558, 611 , 678 , 679 , 693 , 729, 738,
mur de Djauhar. 6,7 , 744 , et Add . et Corr. 743 .
Perle (la), g , 528, 533. porte du Dauphin porte d'ad
niban Iwân . Darfil,
768 P. CASANOVA .

porte de Derb el-Mahrouq , 531 = v. porte secrète, porte du Secret, quartier de Deïlem , 532 .
porte al- maḥroûķ . bâb as-sirr. quartier al- Djoûdarîat, 533.
porte des Degrés , 511 , 590 , 679 ; porte de Sa'dat , 526 , 533 , 552. quartier des Domestiques, 663 ; cf.
v. Bab al- Moudarradj . porte aş-şafâ, le !! 547, 553 . al-Kaţâ'î.
porte al-djadîd , 55 2 ; v . porte neuve. porte de Sârîat, ‫ باب سارية‬511 , 513, quartier d'al- Farahîat, ell, 528 ,
porte de l'écurie, 658. 564, 581 , 582 , 583. 584 , 590, $29.
porte de Faradj , 526, 532 , 552 . 592, 594, 607 , 610, 611 , 615 , quartier des huttes des Tartares.
porte de fer , ‫ باب الحديد‬, -bab al 627, 646, 678, 679, 693 , 701 , 683. Cf. kharâïb at- Tatar,
hadid, 539 , 552. 738, 739 , 740 , 41 , 7742 , 743 , ‫ النتر‬.
poste d'al foutoûḥ , v. bâb al - fou 566; v. porte de la Citadelle . quartier de Moukhtass , ‫حارة مخص‬
toûḥ, 528, 529 , 533 , 552. porte de secours , 707 , 718. 624, 665.
porte de ghoraïb , 531 , 544 . porte secrète ou du secret,, quartier al- Mouratahiyat, 528 .
porte al-hadid = porte de fer. 591 , 592, 593 , 594 , 600, 606, quartier al- Outoufiat, $ 29.
porte du hoch , ‫ باب الحوش‬, .678 615, 650, 652, 653 , 691 , 696, quartier ar- Rammahîn , 529 .
porte de l'horloge , Cla…ll k, 625 , 743 . quartier de Roum , 532 , 533 , 534 .
639. porte du soulam al- moudarradj , quartier de Sârîat , 563 , 741 .
portes intérieures, 657 , 718 , 725 653. quartier de Tabbaneh , 690 .
porte de l'Iwân, 629 . porte du Vizir, 542, 552 , 544, 733 ; quartier de Zoueïlat , 527 .
porte des Janissaires, 738 ; v . Bâb v. Bâb al-Wazîr.
el-Enkcharyeh . porte du voile, 623 , 624 , 625 , 645 ,
R
porte d'al-kanțârat = porte du 698.
pont. porte voûtée , 740. rab' , 675.
‫ربع‬
porte de Karâfat (du Caire) , 582 , porte de Zoueïlat, 526, 532, 533 , rab' du sultan, 526.
665, - (de la Citadelle), 512, 541 , 552, 604, 676, 690 ; v. Bâb rafraf (le) ,, 612 , 616, 626,
547 , 553 , 581 , 582 , 590 , 610 , Zoueïlat . 664 ; v. tour.
615 , 644, 646, 652 , 653 , 658, porte du Vizir, 542 , 544 ; v . Bâb al rampe, 584, 681 , 733 ; cf. șouwat .
678, 694, 760. Wazir , Raudat (ile), 512, 525 .
porte d'al- Karratîn, 552 . poterne, 533 . réservoir souterrain , 677 .
porte d'al-khoukhat, 527, 552. poterne d'Aïdagmach , 533 , 534. roc, 653 , 655 , 691 ; v. salles ( dans
porte de la koullat, a , 607, prison , 694 ; cf. fosse. le ); chemin (dans le ).
608 , 621 , 625 , 641 , 646, 648, prison de l'arkanat, 715 ; v. arka ar-roumeïlat, l , 595 , 638, 660,
668 , 694, 695 , 729 , 743, 745 . nat. 704.
porte al-mahroûk (porte brûlée), puits,, 590, 661 , 695 , 718, 734. rue, ja, darb, ou a , sikket.
531 , 544, 552 . puits de la Citadelle , 574 , 588 , rue de Batout , 542, 543 .
porte du manège, 729. 590. rue du Cheikh - Faradj , 527 .
porte de Misr, 547, 559 , 553 . puits du colimaçon , 575 , 590 . rue des Esclavons , ‫ درب الصقالبة‬,
Porte de la montagne , 582, 746. puits des écuries, 660 . 528.
porte de Moqattam , 718 . puits de Joseph , ‫ بير يوسف‬, 573,585 , rue de Leboudieh , 527 .
porte de la Mosquée (de la Citadelle) , 587, 590, 716, 722, 745 . rue de Soultan Sahib , 527.
551 , 625 , 645 , 743 . puits de Kalâoûn , 649. rue de Sa'adat, 327 .
porte d'al-moudarradj , 581 , 610, pyramides, 542, 585 , 655 , 693 . rue des Turcs, 532 .
611, 612 , 651 , 652, 653 , 665,
rue rouge, ‫الدرب الاحمر‬ ad -darb
678, 681 , 693 , 704, 740, 755 , Q al-ahmar, 533 , 690.
760 ; v. porte des degrés , bâb al
moudarradj . El- Qalah , 716 Al-Kala'at. ruelle d'al-kaḥl, öböj, 528.
porte d'an-nașr, 529 , 533 , 552. qantarat el-gedid , 529.
porte neuve, 737 , 738 , 742 ; v . bab qarameydan, 718 karâmeïdân . S
guedid, bâb al-djadîd . el-qodarar, ël , 724 .
porte du Nil, 539, 540, 552 . saba hadarat , ‫ = سبع حضرات‬salles
quartier,, barat.
porte nouvelle , 544 , 679 . quartier al- Abdinîat , 529 . (les sept).
porte du Pont (du Caire), 533 , 543, quartier d'al-' Askar, 568 . sabil, J , abreuvoir, 657 , 734 ; cf.
549, 550, 551 , 552 , 553. - (de quartier de Bahâ ad-Dîn, 528 . sibyl.
Misr ou Fostat) , 548, 550, 553 ; quartier al-Barkîat, 529. saillants , 589, v. badanat .
v. båb al-kanțârat. quartier al-Bâțiliat, 531 , 532. şalibat, 690.
porte des Quarante, 656 , 736. quartier al-Biazîrat, 528. salle , ‫ وحضرة وقاعة‬.637,644
porte réservée, 595 ; 895 , 600, 642 , quartier ach-Charani , 540. salles (les sept), lo quell, ou
1

INDEX 767

sibyl el-Saouâqy , ¿glaul J.now toukkât, :Ki, 685 , 709 .


‫ سبع حضرات‬513,644 , 665 , 698 ,
707, 723 , 729 , 744 . 722 . tour,
‫ برج‬bourdj , bourg, ou d
salle al-Achrafiat, 677 . sibyl Soliman-Pacha , ‫سبيل سليمان‬
badanat, ou s koullat, 584 ,
salle d'argent, il deb , 645 , 698. ‫باشا‬. .721 589, 601 , 605 , 607 , 691 , 608,
salle de la baḥrat ou bahirat, sl sibyl Soultan Mourad, ‫سبيل سلطان‬ 610, 644, 693 , 694. 718, 723,
‫ البحرة‬, .682,705,709 ‫ مراد‬, .724 725 , 735 , 737 , 741 , 746 .
salle beïsariat, 709 , 710. tour al -' Afiat, äilell
sorayet el -bacha , ‫ ) الباشا‬sic( ‫مرایت‬ ‫ برج‬, .667
salle berberiat, 684 . tour des Janissaires, 716 , 718 , 719 ,
722.
salle de cuivre , ‫ قاعة النحاس‬6450 723 .
souk, ‫ سوق‬marché.
salle dhahiriat, 660. tour des lions , ‫ برج السباع‬607.
salle mou'allakat, 684. souk ar-rakik , ‫ سوق الرقيق‬, 533 : tours de la porte des Azabs , 728,
salle mouḍhaffarîat, 684 . soûk al- Khala'iyyîn, 533 .
734.
soûk Margouch , 540 ; v . Margoûch.
salle des piliers , ‫ قاعة العواميد‬ou tour du rafraf, ‫ برج الرفرف‬612,
‫ قاعة العمل‬ou ‫قاعة الاعمد‬ 602 , soullam al-moudarradj escalier 616.
des degrés .
603 , 684, 685 , 698 , 705 . tour des Timbaliers , 737 , 738 .
soultan el-Ghoury, 722.
salle ramaḍhân , 684. tourabel-Charafeh , dƒƒ.724.
souq soûk .
salle du Sahib, 601 , 647 , 648 , 742 . tranchée , 584.
souq el-bachâ, 722 . trésor, dil , 615 , 642 .
salle salihîat , 602 , 615 .
salles souterraines, 719 . souq el-barrâni, 723.
tribune grillée , h , choubbak ,
salon, .. souq el-hatab , ‫ سوق الحطب‬, .721
615, 648 .
souq el-matrabazyeh, d.bḥbl'ÿ , trône , 598.
salon copte , ‫ المقعد القبطى‬.
Saroneby , 550 = Athâr an-Nabî . 722. trône de Khalil , 615 .
sekket el-Azab , ‫ سكة العرب‬.724 souq el-soghaïr, enell ģgo,721. trône de niban, 582 ; v. niban,
sekket el- Chechmeh ,, sour el -Agha , ‫ صور اغلا‬, .718,723 Iwân.
723. sour el -Azab, ‫ صور العرب‬, 717,725 ;
sekket el-Châryeh, dl , 721 . v. enceinte des Azabs . V
sekket el-Charafeh , 4,718 , sour el- Enkcharyeh , ‫صور الانكشيريه‬
724 . 717 , 720 ; v . enceinte des Janis vestibule, ‫ دهليز‬dehliz , ou ‫ درگاه‬,
saires.
sekket el -Eukcharyeh , ‫سكة الانكشيريه‬ derekeh , 603 , 636, 642 , 645,
723 . sour el-sorayeh , ‫ صور الصرايه‬.725 668,677,
sekket el-Khourbatly, ‫سكة الخور‬ souwat , ell , 543 , 584, 590, 738 ; ville des janissaires , 721 .
721 . v. mosquée de la șouwat, rampe . ville militaire, 694.
sekket el-Souq el- Soghaïr , w Syrie , 627. ville royale, 577, 743 .
‫ السوق الصغير‬, .721 ville du sultan, 750.
seraî, 715 , 746. voûtes, 735.
T
serapeum , 744, 746.
seraych , 725. Y
sibyl agha el-bab ‫سبيل اغا الباب‬ tabakat, v . caserne.
723. tablkhânat , v. timbalerie .
sibyl bab el-Azab el- Bey reqdâr, al-Yânisiat (quartier) , 533 .
taht ar- rab , ‫ تحت الربع‬.26 Yemen , 654 .
‫ سبيل باب العزب البيرقدار‬.724
taht as - sour ‫ محت السور‬5440
sibyl el - Chaouchyeh , ‫سبيل الشاوشيه‬ temples de Haute - Égypte, 513 .
722 . Ꮓ .
terrasses, 592, 195 , 640, 691 , 734 ,
sibyl Charieh , ‫ سبیل شاريه‬720 .
744.
sibyl Chechmeh, arüû Ju , 722. Timbalerie, ‫ طبخانه‬ou ‫ طبخانه‬, Tabl zâouîat = zaouyet , lj , 607 , 608 .
sibyl Cherifat Chelmelh , ‫سبيل شريفة‬ khânat , 6o4 , 6o8 , 609 , 651 , 653 , zaouyet Mohammed Agha , ‫زاوية محمد‬
‫ شلمه‬7230 681 , 691 , 695 , 730, 737 . l, 724.
sibyl el- deheycheh , 675 . tombeau, 693 , 742 ; cf. tourab.
zaouyet al-Qodarar el -Azab , glj
sibyl Ismail -effendi , ‫سبيل اسمعيل‬ tombeaux des Bânî al- Mahtâr , 608.
tombeau d'al-Kaïroûânî , 563 . ‫ القضرار العرب‬.724
‫ افندی‬.721 zaouyet el- Bourdeyny , 699 , 723 .
tombeaux des Khalifes, 741 .
sibyl Kykhieh, 4Ju718,725.
tombeau de Laoûn , 558, 556 .
sibyl el- Moustafaouyeh, J tombeau de Walakchî, 558 , 559.
‫ المصطفاويه‬, .724 el-Toub Khaneh , ‫ الطوب خانه‬, .721

TAM
DIVERS

693 , 726, 740 (planche XVII,


A F no 6) .
inscription de Souleïmân , 559 , 560,
faïence , 735.
aigle, 725 , 728, 736 , 743 ; voir la 561 , 713 , 714 (planche XVII,
faïence verte , 623 , 631 , 695.
planche X. n° 10).
fiefs, 518, 577.
arcades, 633 , 640 . inscription de Toûmân- bâï, 740,
foudre, 676.
audiences de justice , 609 , 613 , 709 ; (planche XVII , nº 9) .
v . Iwân, palais de justice . G inscription de Yeyen pacha, 715,
716, 746 (planche XVII, n° 17).
B globe, v. sphère. isfahsalar (titre de) , 520 .
grades, b, 749.
banquet, bl , 604, 606, 635 . K
batteries de canon, 577.
I
bétail du Șa'ïd , 654. khaliliat,, 579 , 603 , 604 , 605,
brůlot de naphte, 638 . iktâ , ¿ hal ; v. fief. et Add. et Corr.
boeufs bigarrés, l. 654. impôt, 613. khédive (titre de) , 729.
incendie , 598, 615 , 649 , 676 , 682 . khotbat, 595 , 609.
с inscription , 590 , 621 , 622, 624, kisoûat, g , v. Kasr, voile sacré.
627 , 632, 641 , 701 , 714 , 731 , kourrat (jeu de la) , 664.
cadastre, 629 : 734, 735 , 736, 737 , 742 , 746 . al-kâhirat (titre d') , v. Add . et
canon de bronze, 710. inscription de Barkoûk , v. - de Corr.
carreaux , 728. Djarkas.
cérémonie funèbre , 613 . inscription de Djakmak , 740 (plan L
chaleur du Caire, 587 . che XVI, nº 7). lettres en bois, 621 , 634 .
circoncision, 616. inscription de Djarkas, 680 , 744 , lanternes d'or , 685.
combat, 652 . (planche XVII , nº 19). lions sculptés , 734 .
coquilles du Moukaṭṭam , 655 . inscription d'Isma'il, 731 (planche
corvée, 654. livres, 682.
XVII, nº 18).
coudée, 531 , 537. livre des affranchis , ‫كتاب الموالي‬
inscription de Ķaït- bâï , 740 (plar 556.
cuirasses, 728. che XVII , nº 8) .
curiosités, 723 . livres des atabeks et des époques ,
inscription de Koustat, 713 , 742
(planche XVII , nº 11 ) . ‫ كتب الانابك والعصور‬.598
D inscriptions de Méhémet Ali , 729, livres des lieux saints , ‫كتب‬
730 (planche XVII , nos 3 , 4 , 5 , ‫ المزارات بالقرافة‬, 561 , .62
ad-daulat, l (titres en) ,
13 , 14). .li du lion devre
la foret , etc , ‫كتاب‬
ad-dîn, (titres en) , 516 , 570 . inscription de la mosquée de Sârîat ,
ad-dounîâ ou ad- din, l ‫اسد الغابة في معرفة الصحابة‬ .563
V. de Souleïmân .
(titre en). 570. inscriptions de Mouhammad ibn M
Kalâcûn, 691 , 571 (planche XVII ,
E
nos I et 6) . malik (titre de) , 520.
eau du Nil , 550 , 612 , 694 , 698 ; v. inscription de la porte de Sârîat , marbres , 605 , 709.
Nil. V. - de Salâḥ âd-Dîn. martabat,, 603 , 692 .
émaux de Kiutayeh , 719. inscription de Salâḥ ad-Din , 569, masses d'armes (?) , 728.
INDEX 771

meubles, 685 . pèlerin (titre de),, 626, 628 . serpentine, 643.


monnaie, 530, 720. pigeons, 596. sphère , 599.
planches, 712.
N plomb, 631 . T
portraits, 605.
noûbat, 4 , 603 , et Add. et Corr. tableau , 706.
postes, v. oiseaux , pigeons .
nisbat, 570 . tambour, 604.
tapis sacré, v . kisoûat, voile.
R timbales , 604
toghra, 730.
oiseaux de la poste, 596 . remonte, 595 . toukkat, K , 685, 706.
or, 613. troubles, 695 .
orientation, 695 . S tuyaux , 664.
P şâhib (titre de) , 595
V
saut du Mamloûk , 732 .
panorama du Caire, 696 , 717. 744 . séances de justice , 642 , 695 ; v. voile sacré, 514, 639 .
panoplies, 728. Iwân .
passe (mot de) , l, 691 . sept (le chiffre) , 645 .

97

S
LISTE DES PRINCIPAUX AUTEURS CITÉS

MANUSCRITS

Anonyme, Vie de Mouḥammad ibn Ķaldoùn¹ . Chihâb ad-Din [Aḥmad ibn Iahya ibn Fadl Allah
Bibliothèque de Munich, arabe nº 406 . > al-'Oumari , Masálik al- Abşár ".
Diwán al- Inchd . Bibliothèque nationale , arabe 583 (de
Bibliothèque nationale, arabe 1573 (Ca Slane, no 2325).
talogue de Slane, Paris , 1895 , nº 4439) . Djauharî, Nouzhat an-noufois ou al-abdán ”.
Aboû ' l- Maḥâsin [Djamål ad-Dîn Aboû 'l-Maḥâsin Mission archéologique française du Caire,
Yoûsoufibn Tagrî Bardi] , An-Noûdjoum az manuscrit copié sur un exemplaire de la
záhirat ³. bibliothèque de feu Ali-Pachâ Moularek au
Bibliothèque nationale, arabe 662 (de Caire, 3 vol.
Slane, nº 1784) , 663 (de Slane , nº 1783 ) , 665 Ibn ' Abd adh- Dhâhir [le kâdî Mouhiî ad-Dîn Aboû'l
(de Slane , nº 1786) , 666 (de Slane, nº 1787) , Fadl Abd Allah ibn ' Abd ad-Dhâhir] , l'ie
667 (de Slane, nº 1788) , 670 (de Slane, nº d'Al-Malik al-Achraf Khalil ibn Ķaldoûn *.
1781) , Supplément 809 (de Slane , nº 1789) . Bibliothèque de Munich, arabe 405.
Al-Bakri [Mouhammad al-Bakıî aş -Şiddîkî], Histoire Vie d' Al-Malik al-Manşoûr Kaldoûn .
des gouverneurs de l'Égypte . Bibliothèque nationale, arabe Supplément
Mission archéologique française du Caire. 310 (Saint-Germain, 118 bis ; de Slane ,
Châfi' ibn ' Ali ibn ' Abbâs , Histoire de Beïbars³. n° .1704) .
Bibliothèque nationale , arabe 803 (de Ibn yâs [Mouhammad ibn Ahmad], Histoire d'É
Slane, nº 1707). gypte "o

1. Le titre manque . - Corriger dans mes citations, v . Add . et Corr. , le numéro 400 en 406.
.2 ‫کتاب دوان الانشا‬
J'ai déjà dit ailleurs (Mémoires de la Mission archéologique, même volume, p. 497) que j'avais des raisons de
croire que l'auteur de ce manuscrit serait Aboû ' l-Maḥåsin ibn Tagrî Bardi, l'auteur d'An-Noudjoûm az-zâhirat
mentionné ci- après.
30 ‫ النجوم الزاهرة في الموك مصر والقاهرة النزهة الزاهرة في ذكر ولاة مصر والقاهرة المعزية‬.
4. Cf. de Sacy, Notices et Extraits, I, et Bibliothèque nationale (de Slane, n° 1852) .
Le présent manuscrit s'arrète à 1062 et a été copié en 1072 ; celui de la Bibliothèque nationale qui porte un
autre titre : ‫الساير في اجار مصر والقاهرة‬
‫ة‬ ‫ الكواكب‬, va jusqu'en 1063 .
50 ‫المناقب السرية المنتزعه من السيرة الظاهرية‬
.6 ‫ لك الامصار‬، ‫ مسالك الابصار في‬.
70 ‫ نزهة النفوس والابدان في تاريخ الزمان‬.
Cf. Hadji Khalfa, sub verbo.
.8 ‫ الالطاف الخفية من السيرة الشريفة السلطانية الملكية الاشرفية‬.
Voir ce que j'en ai dit, même volume , p . 503 sqq.
.9 ‫ تشريف الايام والعصور بسيرة السلطان الملك المنصور‬.
Voir ce que j'en ai dit , même volume , p . 562 sqq .
.10 ‫ بدائع الزهوار في وقائع الدهور‬.
L'ouvrage vient d'être imprimé au Caire , en 1895 (Imprimerie nationale de Boûlâk , 1312 de l'hégire , 3 vol . ) .
L'index vient de paraître (Boûlak, 1314) ; le texte y est moins complet que sur notre manuscrit.
INDEX 773

Bibliothèque nationale, arabe 595 A et B Bibliothèque nationale, arabe 695 (de


(de Slane, nos 1822 et 1823 ). Slane, 1724).
Ibn Zanbal [Aḥmad ar- Rammâl] , Histoire de la con Al-Makrizi [ Takî ad -Dîn Aḥmad ibn 'Alî] , Khițat (To
quête de l'Égypte¹. pographie de l'Égypte) *.
Bibliothèque de Munich , arabe 413 . Bibliothèque nationale, arabe 682 (de
Al- Kalkachandî [ Aboù 'l-' Abbâs Aḥmad ibn ' Ali ] . Slane, 1736).
Tableau résumé de l administration de l'Égypte³. - Kitáb as -souloûk (Histoire de l'Égypte) *.
Bibliothèque de Gotha, arabe 1619. Bibliothèque nationale, arabe 672-673 et
Khalil adh-Dhâhiri [1bn Châhîn ], Tableau de l'Égypte 674 (de Slane, 1726, 1772 et 1728) .
sous les Mamloúks³.

OUVRAGES IMPRIMÉS

'Abd al-Latif, v . Silvestre de Sacy. Van Berchem, Une mosquée du temps des Fațimides (Mė
Aboù Châmat, Kitáb ar- rauḍatein, is moires de l'Institut égyptien, II, Le Caire, 1888).
il shal, 2 v. , Le Caire, 1287. -
Corpus inscriptionum arabicarum, 1ºº partie,
Aboù 'l-Mahâsin , v. Juynboll. Égypte (Mémoires de la Mission archéologique
Académie des Inscriptions et Belles-Lettres . Recueil des française du Caire, XIX, 1895 sqq.)
Historiens des Croisades. Historiens orientaux Caussin de Perceval, Le livre de la grande table hakė
(Aboû ' l - Fidâ, Ibn al-Athîr , etc.). mite (Notices et Extraits des manuscrits, etc. ,
Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg, v. Mehren . VII).
Ali -Pacha Moubarak , Khitat , ‫كتاب الخطط التوفيقية لمصر‬ J. Derenbourg, v. Reinaud .
‫ القاهرة ومدنها ولادها القدمة الشهيرة‬20 . Description de l'Égypte , 2º édition , Paris, 1821 , t . XVIII
Boûlâk, 1306. et atlas.
Amélineau (E.) , Un document copte du XIIIe siècle Jour La partie relative à la description de la
nal asiatique, VIII° série, t. IX , janvier-juin Citadelle (p . 347-363 et 518-522) est due à
1887) . Jomard.
Van Berchem, Notes d'archéologie arabe Journal asia Djabarti ( ' Abd ar-Rahmân al-) , Histoire d'Égypte,
tique, VIIIe série, t. XVII et XVIII , Paris , ‫ والاثار في التراجم والاخبار‬4 vol . , Boulak , .1297
1891). - Merveilles biographiques et historiques ou chro
Tirage à part, cité sous l'abréviation V. B. niques, trad. de l'arabe par Chefik Mansoûr
Notes d'archéologie arabe, deuxième article bey, Abdulaziz , etc. , Le Caire. En cours de
(ibid. , t. XIX, 1892). publication depuis 1888.
Eine arabische Inschrift aus dem Ostjordanlande École des langues orientales vivantes (Publications de l') ,
(Zeitschrift des deutschen Palaestina Vereins, v. Ravaisse, Schefer.
1895).

1.
‫كتاب فتوح مصر وذكر ما وقع بين السلطان الغوري والسلطان السليم الخ‬
Le Catalogue de Munich y voit une version turque du mss . 411 (p . 166 du Catalogue) . C'est le même plus
développé . L'auteur s'y nomme à plusieurs reprises . Cf. Bibliothèque nationale (de Slane, n° 1832-1838) .
.2 ‫ كتاب مختصر صبح الاعشا في الانشا في اخبار الديار المصرية‬.tr adu
par Wistenfeld ; voir it
plus loin
.3 ‫ زبدة كشف الممالك‬.
Publié par M. Paul Ravaisse ; voir plus loin.

40 ‫كتاب المواعظ و لاعتبار في ذكر الخطط والآثار‬.


Je ne cite que le ms. 682 de la Bibliothèque nationale , mais j'ai examiné tous les autres ( 1729 à 1764 du
Catalogue de Slane) . Le ms. 682 est de beaucoup meilleur et m'a toujours fourni les leçons les plus sûres.
L'ouvrage a été imprimé au Caire , voir plus loin .
.5 ‫ كتاب السلوك لمعرفة دول الملوك‬.
774 P. CASANOVA.

Frescobaldi, Viaggio di Lionardo di Nicolo Frescobaldi in titut égyptien, 2º série , nº 9 , année 1888 .
Egitto... Rome, 1818 . Le Caire , 1889) .
Gabarti = Djabarti.
Mission archéologique française du Caire, v. Vän Ber
Gazette des Beaux- Arts, v. Schefer. chem , Ravaisse.
Gesellschaft der Wissenschaften von Göttingen (Abhan Monconys, Journal des voyages de M. Monconys. Lyon,
dlungen der) , v. Wüstenfeld . 1675.
Goldziher (I.), Das Patriarchengrab in Hebron nach Al Nassiri-Khosrau, v. Schefer.
Abdari (Zeitschrift des deutschen Palaestina Notices et Extraits des manuscrits, v. Caussin de Perce
Vereins, XVII , Leipzig, 1894) . val, Quatremère.
Grand-bey, Plan général de la ville du Caire, par Niebuhr, Carsten Niebuhr's Reise... Copenhague,
P. Grand-bey, 1874. 1794-1837.
Guyard (S.) , Un grand maître des Assassins au temps de Plan de 1798, v. Atlas de la Description de l'Égypte.
Saladin (Journal asiatique, VII série, 9 , jan Plan de Grand-bey, v. Grand- bey.
vier-juin 1877). Pococke (R. ) , 4 description ofthe East, 3 vol. , Londres,
Historiens orientaux des Croisades, v. Académie des Ins 1743-1745.
criptions. P. R. , v. Ravaisse.
Institut égyptien (Bulletin de l') , v. de Mérionec, Quatremère (E.) , Mémoires sur l'Égypte, 2 v. , Pa
Rogers-bey. ris, 1811 .
(Mémoires de l') , v. Van Berchem . Notice de l'ouvrage qui a pour titre Mesalek
Jomard, v. Description de l'Égypte. al-absar fi memalek alamsar (Notices et Extraits
Journal asiatique (v. Amélineau , Van Berchem, Guyard). des manuscrits, XIII).
Juynboll, Abul Mahasin Ibn Tagri Bardii Annales quibus - Histoire des sultans Mamlouks de l'Égypte,
titulus est : ‫النجوم الزاهرة في ملوك مصر‬
par Taki eddin Ahmed Makrîzi , trad . 2 vol .
‫قاهرة‬al
‫وال‬, 2 v. Leyde , 1850-1861 . en 4 parties , Paris , 1837-1845 .
Kalķachandî, v. Wüstenfeld . Citée sous l'abréviation S M.
Kazwînî, v. Wüstenfeld . Ravaisse (P.) . Essai sur l'histoire et la topographie du
Khalil adh- Dhâhirî, v . Ravaisse. Caire d'après Makrizi (Mémoires de la Mission
Lane, The Modern Egyptians, se éd . , Londres , 1860 . archéologique française du Caire, I, 30 fasc.,
Loret (V.) , Babylone d'Égypte (Grande Encyclopédie, et III, 4º fasc .) , cité sous l'abréviation
1889). P. R.
Maillet, Description de l'Égypte... composée sur les Khalil eḍ- Dahirî. Zoubdat Kachf el-Mamálik,
mémoires de M. de Maillet par M. l'abbé texte arabe(Publication de l'École des langues.
Le Mascrier. Paris , 1735 , 1 vol. en deux or. viv. , III , 16) , Paris , 1894.
parties . La pagination de la seconde partie Reinaud, Description des monumens arabes, persans et
est distinguée par un astérisque. turcs, etc. du cabinet du duc de Blacas, 2 vol. ,
Makrizi , Khitat , ‫كتاب المواعظ والاعتبار في ذكر الخطط‬ Paris , 1828.
,, 2 vol. , Boûlāk, 1270. Cf. Manuscrits . Reinaud et J. Derenbourg, Séances de Hariri, par S. de
Marcel (J.-J.) , Egypte, Paris , 1848 (Collection Didot, Sacy, 20 édition, Paris. 2 vol . , 1847-1853
L'Univers. Histoire et Description de tous les (Préface importante) .
peuples). Revue d'Égypte, publiée par Gaillardot-bey. Le Caire ,
Mariette, Le Serapeum de Memphis publié par G. Mas 1894 sqq.
pero, 1 vol. , Vienne et Paris , 1882 . Rey (G.) , Étude sur les monuments de l'architecture mili
Mehren (A. F.) , Cdhirah og Kerdfat . Copenhague, 1870. taire des Croisés , Paris, 1871 .
- Tableau général des monuments religieux du Rogers-bey (E.) , Le blason chez les princes musulmans
Caire (Bulletin de l'Académie des Sciences de de l'Égypte et de la Syrie (Bulletin de l'Institut
Saint- Pétersbourg, t . XV, Saint-Pétersbourg, égyptien, 2º série , nº 1 , année 1880. Le Caire ,
1871). 1882).
Revue des monuments funéraires de Kerdfat Schefer (C.) . Sefer Nameh. Relation du voyage de Nas
ou de la ville des morts hors du Caire (ibid., siri Khosrau. Paris . 1881 (Publications de
t. XVI, Saint - Pétersbourg, 1871.) l'École des langues orientales vivantes , II ° sé
De Mérionec (A. ) , Chagarat ouddourr (Bulletin de l'Ins rie, I).

1. Le texte s'arrête à la fondation du Caire par les Fați mides.


INDEX 775

Schefer (C.) , Note sur un tableau du Louvre (Gazette des 2 vol . , suite de Geschichte der Chalifen, 3 vol. , en
Beaux-Arts, XIV, 3e période, 1896) . tout 5 vol. Manheim et Stuggard , 1846-1862 .
Silvestre de Sacy, Abdallatif. Relation de l'Égypte, trad . Wüstenfeld, Calcaschandi. Die Geographie und Verwal
par S. de Sacy, Paris, 1810 . tung von Aegypten (Abhandlungen der kgl. Ges.
- Chrestomathie arabe, 3 v. Paris, 1806. der Wissenschaften , XXV) , Göttingen, 1879.
S. M., v. Quatremère. El-Cazwini's Kosmographie, 2 v. Gottingue,
Souyouti (As-), Histoire d'Égypte, no litho 1848-49.
‫حصن‬
graphié, s . 1. n . d. (Le Caire). lacut's geographisches Wörterbuch, 6 vol . , Leip
Stanley- Lane-Poole, Saracenic art. - The art of the zig, 1866-1873 .
Saracens in Egypt. Londres, 1886 . Yakoût, v. Wüstenfeld .
V. B., Van Berchem . Zeitschrift des deutschen Palaestina Vereins, v. Van Ber
Weil (G.) . Geschichte des Abassiden Chalifats in Aegypten, chem , Goldziher.
t

ADDITIONS ET CORRECTIONS

Page 511 , ligne 16, au lieu de : Mouḥammad, lire : Aboû Bakr Mouḥammad .
P. 512 , ligne pén. Le mot n'étant jamais vocalisé, j'avais adopté d'abord la transcription al moudar ridj
qu'on retrouve sur les croquis. Dans la suite, il m'a paru préférable d'admettre la transcription al-moudarradj
qu'adopte M. Van Berchem (Corpus inscr . arab. , p . 80 , note 191 ) confirmée par Yakoût. Cf. page 580.
P. 518, ligne ult. , au lieu de : hurde, lire : kurde.
P. 519, rectifier la pagination.
- lignes i et sqq. Chirkoûh fit souche d'une dynastie qu'on appelle également ayyoubîte et qui régna
à Hims (Émèse) .
Aux fils d'Ayyoûb mentionnés , il faut joindre Tâdj el-Mouloûk Bourî, mort devant Alep en 579 (Ibn al-Athir,
XI, 328).
L'ordre de primogéniture adopté par M. Stanley-Lane-Poole dans ses Mohammedan dynasties (Londres, 1894) ,
est le suivant : 1º Şalâḥ ad- Dîn ; 2º Al- Âdil ; 3º Châhânchâh 4º Toûrân Châh ; 5º Toktakîn . Çet auteur ne
mentionne pas Bourî dans le tableau généalogique de la page 76.
P. 525, note 2. L'auteur cité par Souyoûtî est Chihâb ad-Dîn , dont je donne le texte au chapitre XI.
P. 529. D'après Ibn Iyâs, al- kanṭarat al-djadidat près de la ruelle d'al - Kaḥl aurait été construit par l'émir Kou
deïdârâ ? sous Mouḥammad ibn Kalâoûn ( édit . Boûlâk , I , 165 ) . Il s'agit évidemment d'une reconstruction du pont
de Djauhar, comme le nom l'indique . Ibn Iyâs stipule en effet, que ce pont est près de la ruelle d'al- Kaḥl ,
‫ عند زقاق الكحل‬.
P. 546, note 2 , au lieu de : IX, lire : III.
au lieu de : Institut égyptien, lire : Mémoires de l'Institut égyptien.
P. 547 , ligne 25 , au lieu de : ach - Char'iyat, lire : ach-Cha'riyat.
P. 551. Je trouve de tout ce que je dis sur le second bourdj une remarquable confirmation dans ce passage
d'Al-Kalkachandi (ms . de Gotha 1619 , f° 34 ro( . ‫ والثاني باب القنطرة‬..... ‫وابتنى برجين عظيمين احدهما بالمقس‬
‫جنوبي الفسطاط‬.
P. 555, ligne 10, au lieu de : Gami , lire : Djâmï .
P. 555 , ligne antépén. Il est assez curieux qu'il existât une autre en 747 sous la Citadelle : sell âși
dalal (sic) (Ibn Iyâs, ms . 595 A, 161 rº . L'édition de Boûlak, I, 185 , lignes 5 , 8 et 13 , donne l'orthographe de
ella ) . Je ne trouve nulle autre part mention de cette koubbat qui est peut- être la même que ķoubbat an-nașr,
pourtant bien éloignée de la Citadelle .
P. 559, ligne 13 , au lieu de : Ar-Radînî, lire : Ar-Roudeïnî . Cf. page 684 .
P. 562, ligne 23 , même correction,
P. 565 , ligne 11. Dans ce curieux passage Maillet appelle Sirocoé le frère de Saladin. La légende qu'il rapporte
confondait probablement avec le nom de Chirkoûh, l'oncle de Saladin (Maillet, Descr. de l'Égyfle, 1c6*).
P. 565 , note, au lieu de : VII , lire : III .
P. 568, ligne antépén . , au lieu de : teson , lire : et son .
P. 569, note. Câhirat og Kerdfat , page 8 .
P. 570, note 1. Châh Rokh, nous dit Reinaud , à la veille d'une bataille , la fit lire douze mille fois. Voir Rei
naud, Description des monumens... du cabinet du duc de Blacas, I , 245 ; II, 215 , 299 .
P. 571 , ligne 20, au lieu de : Aboû Bikr, lire : Aboû Bakr. ]
P. 575 , ligne 20, une forme transitoire de la légende à l'époque turque nous est attestée à propcs de la

AS
ADDITIONS ET CORRECTIONS 777

mosquée d'Ibn Kalâoûn qui est encore attribuée à Şalâḥ ad -Din par de bons auteurs ( Bædeker, Lower Egypt,
2e édit . anglaise, Leipzig, 1886 , page 264) ' . C'est dans le ms . 399 de Munich, 56 vo , la mention de la
mosquée de Joseph Kalaoin , ‫جامع يوسف قلاون‬
P. 578, note 1 , lire : 1. 34 .
P. 579, note I , voir page 603 .
P. 579 , note 2 de la page précédente. La lecture de M. Van Berchem est évidemment la bonne . J'ai vu en
effet un exemple de cette expression , au premier abord si étrange, dans Djabartî 2. Cf. la dernière
page du ms. arabe 1499 de la Bibliothèque nationale (Cat. de Slane) où le copiste dit qu'il a écrit
‫ مدينة السلام‬.
P. 580, ligne 9 , voir page 701 et note. Cf. le texte de Kalkachandî, donné à la page 687 , 1. 11 : âșali . TJ♪.
ligne 3 de la fin , au lieu de : ‫ في سور‬, lire : ‫فيا بين سور‬.
note 4. Sous ce titre M. Herz, architecte en chef des wakfs au Caire, doit publier de nombreuses
planches et notices sur les parties architecturales les plus caractéristiques des fortifications du Caire et de la Cita
delle. Primitivement ces planches et notices devaient être annexées au présent mémoire. Mais les occupations
multiples de M. Herz le forcent à renvoyer à beaucoup plus tard cette publication.
P. 580, note 2. Dans les Colonies franques de Syrie du même auteur, p. 19 , on distingue fort bien la ville et la
citadelle de Karak dont la forme présente une frappante analogie avec celle de la Citadelle de Caire.
P. 585 , ligne 20. Elles seront reproduites dans l'ouvrage de M. Herz.
P. 589 , ligne 14. Je relève également dans Khalîl aḍh-Dhâhirî l'expression ¡ a öglis (Bibl . nat. , Cat . de
Slane, ms. 1724, fº 56 vº) .
P. 589, note 1. M. William Groff, dans la séance de l'Institut égyptien du 1er mars 1895 , revient sur cette
question et dit que le santon porte à présent le nom de . Je crois, en effet, avoir pu lire le nom
del sur le tombeau en question , à la lueur d'une bougie vacillante. Je n'ai pu déchiffrer le reste et n'y ai
d'ailleurs pas attaché grande importance. M. Groff ajoute que « le conte fantastique édifié sur le rôle que ce per
sonnage aurait joué dans la construction du puits ne lui semble pas mérité d'être rapporté » (Supplément au
Journal officiel d'Égypte, nº 8 , du lundi 20 janvier 1896 , page 2 , note 8) . Ce titre de vient évi
demment du nom du puits.
P. 592 , 4º ligne de la fin. Il est vrai que
m a toujours le sens «< d'innover » et non de « renouveler >>
comme . Mais si Maķrîzî l'a entendu ainsi , il s'est trompé . Le texte de l'auteur copte ne laisse pas douter qu'il
y eût un Iwân à la Citadelle sous Al-Kâmil .
P. 595 , ligne 3. C'est exactement ce. que pratiquaient les Fâțimides dans l'espace compris entre les deux palais
all ; v. Khițat, II, p . 28.
P. 595 , ligne 18. Le manège fut construit par Al - Kâmil en 611 ; voir le passage de Makrîzî que je cite à
la page 658 , ainsi que le texte de Kalkachandî donné à la page 689 , 1. 1 .
P . 598 , note 2. Ci. Khitat , II, 377 , 1.32 : ‫ وكان يبيت عنده بقلعة الجبل عدة من‬..... ‫وكان (الكامل ) يحب العلم واهله‬
‫اهل العلم على اسرة بجانب سريره ليسامروه وكان للعلم والادب عندة نفاق‬.
P. 599, ligne ult. Froehn avait déjà fait cette identification , Antiquitatis muhammedanæ monumenta varia . Saint
Pétersbourg, 1822, II , p . 42 , note (Bulletin de l'Académie des sciences, vol . VIII) .
P. 601. Sur le croquis , au lieu de : Al -Moudarridj , lire : Al-Moudarradj . Cf. Add . et Corr. de la page 512.
P. 602, ligne 10, au de lieu : sultan , iire : sultanat .
P. 603 , ligne 4. Sur le vrai sens de a ,voir plus loin, page 685 .
P. 603 , note 1 , au lieu de : 795 , lire : 595 .
P. 603 et 604. La question de la khalîlîat a été traitée tout récemment par MM. Goldziher et Clermont-Gan
neau ³ . Dans un article sur le tombeau d'Abraham à Hébron , d'après l'auteur arabe Al-Abdari, M. Goldziher si
gnale particulièrement le passage où il est parlé de la noûbat de Khalil , c'est-à -dire d'Abraham Ja , qui
se jouait au moment de l'așr au sons des tambours , trompettes et autres instruments . Il en conclut, avec de fortes
apparences de raison , que le terme de khaliliat dans les textes de Makrîzî s'explique de cette façon . M. Clermont
Ganneau, dans ses cours du Collège de France et dans le compte rendu qu'il fait de cet article à la Revue archéo

1. L'édition allemande actuelle de 1897 a fait disparaître cette erreur,


2. Je ne retrouve pas dans mes notes l'indication précise du passage de Djabarti où est cette expression.
3. Goldziher, Zeitschrift des deutschen Palæstina Vereins, 1894, p. 119 et note ; Clermont- Garneau , Revue ar
chéologique , 1894 , p. 133 , note .
1.

778 P. CASANOVA .

logique de 1894, se rallie à cette interprétation . Après avoir réfléchi de nouveau , je ne puis accepter pour khaliliat
d'autre sens que «< tambour » . Les deux textes de Makrîzî et celui d'Ibn Iyâs indiquent qu'il s'agit d'un instru
ment et d'un instrument du type des tambours. Le texte de Djauharî identifie la khaliliat avec l'édifice appelé
ṭablkhẩndh. Le mot ṭablkhánáh est également synonyme de <« tambour » ; voyez, par exemple, le texte de Moudjir
ad-Din , cité par M. Goldziher : dois ÿl I die plus. C'est l'équivalent de l'expres
sion de Makrizi , ‫تدق الخليلية‬
J'en conclus que pour le peuple d'Égypte le mot a était synonyme de b. C'est un instrument et
non une noûbat, car la noûbat à la Citadelle s'appelait noûbat Khatoûn et non noûbat al-Khalil et était jouée avec
la khaliliat. L'étymologie reste-t-elle attribuable au nom d'Abraham ou à la kouniat de Chadjarat ad-Dourr ? Je
n'ose me prononcer : toutefois , à cause du caractère si égyptien de cette khaliliat , j'inclinerais vers la seconde
opinion '.
Le passage si caractéristique d'Ibn Iyâs manque dans l'édition imprimée. M. Van Berchem a déjà remarqué
que cette édition est plus abrégée que le manuscrit de la Bibliothèque nationale (Corpus inscr . arab. , 245 , note 3 ,
fin).
P. 606, note 2 , 3º ligne , au lieu de : oslåilg, lire : odŵil løg.
P. 607, ligne 4 de la fin . Notons encore la tour du Serpent, à , mentionnée par Ibn Iyâs ( éd . de Boû¦âk ,
I, 124 et 350) sous le règne d'Al- Achraf Ķhalîl ibn Kalâoûn .
P. 608, note 1. Yakoût donne au mot koullat le sens de « poste sur une montagne »> ; c'est un peu l'analogue
9 /
de nos bordjs d'Algérie : j' this is go delaj (Geogr . Wörterb. , IV, 535) . Le koullat d'une
citadelle est le donjon de refuge, dernier espoir de la garnison , citadelle dans la citadelle , ce qui est bien d'ail
leurs la caractéristique de l'enceinte de Ṣaldḥ ad- Dîn dans l'ensemble de la Citadelle du Caire. Sur ce sens particu
wy
lier d'une boullat d'une citadelle, voici un texte significatif d'Ibn al-Athira ‫( الى‬l'éinir assiégé) ,
‫ القلعة‬.
. ).ed
. Tornberg , X , p 49( ‫وهى اعلى موضع فيها وفيه بنا مرتفع فاحتمى فيها‬
Cf. le mot de koullat dans le texte de Chihâb ad-Dîn, que je reproduis , pages 670, ncte, et 672 , note.
P. 615 , ligne 7, au lieu de chibbak, lire : chou bbâk.
- note 2 , au lieu de : le fossé, lire : la fosse . Sur le sens de LAS, v. Quatremère, S. M. , II, 2º partie,
p. 95 et Dozy, Supplément aux Dictionnaires.
P. 616, ligne 13 , au lieu de : , lire : ¦¦.
P. 617 , note. Voir Add. Corr. , de la page 603-604.
P. 623 , note 3 , au lieu de : à la fin de ce chapitre , lire : au chapitre XI .
— note 4, au lieu de : 365 , lire : 1619. Le n° 365 est celui du catalogue ancien de Moeller.
Le no 1619 est celui du catalogue de M. Pertsch (Gotha , 1878) .
P. 625 , ligne 4, par le mot voile, sitárat , il faut entendre évidemment le harem . Voyez, par exemple ce
texte de Khalîl aḍ-Dhâhirî : ö↓↓ ölill pla bolg (Bibl . nat . , Cat. de Slane , ms. 1724 , fº 249 vº) . , celui du
Diván al- Inchá (ibid . , ms . 4439 , fº 160 vº) qui nous apprend que le terme de l était un terme d'honneur
donné aux femmes du sultan : ‫(اللقب) الثاني الستارة ويقال فيها الستارة الشريفة ويكنى بذلك من المرأة الجليلة التي هي‬
‫ صدر ان تنصب الستارة على بابها حجابا لها‬, et l'inscription d'une lampe appartenant à M. Schefer qui donne à une
parente du sultan Beïbars Ier le titre de åll fill 13 (Van Berchem, Corpus inscr. arab . , note de la page 187 ,
fin, et note 2 de la page 194) .
P. 629, ligne 18. Cf. Makrizi, Khiṭaț, 184 , ligne 25 , où il spécifie que les colonnes venaient des temples égyp
tiens berbas : ‫ ثم اخذ منها السلطان الملك الناصر محمد بن قلاون‬..... ‫عمد الرخام التي كانت قبل عمارة القلعة في البرابي‬
‫ما احتاج اليه من عمد الصوان في بنا الايوان المعروف بدار العدل من قلعة الجبل‬.
P. 630, ligne 18. Ibn Iyâs nous donne un renseignement que je ne puis arriver à concilier avec ceux de Ma
krîzî . Il parle d'un iwân achrafi détruit en 729 et remplacé par un iwin dont la description correspond à celle de
l'Iwân de Mouḥammad. Cet iwan achrafi serait sans doute celui d'Al-Achraf Khalil :
‫ ) رسم السلطان بهدم الايوان الاشرفي الذي كان بالقلعة وبنا مكانه هذا الايوان الموحود الان‬729( ‫وفى هذه السنة‬
‫) وعقد فوقه هذه القبة العظيمة وكان يعمل فيه المواكب ويجتمع فيه الامرا ويكثر فيه الرخام الخ‬Bibl nat . , ms . 595 A , fo
146 v ) .

1. Ahmed Zeki effendi, qui a, sur mon désir, consulté des cheikhs du Caire, m'écrit qu'ils sont de mon avis.
ADDITIONS ET CORRECTIONS 779

Ce passage manque dans l'édition imprimée . Makrîzî parle aussi de l'iwán al -Achrafi, mais en 711 :
)ms . 672 , f° 339 v °( ‫رسم بنقص الايوان الاشرفى بقلعة الحبل تنقص وجدد‬
Note 2, lire 2 , au lieu de I ; et à la deuxième ligne : 406, au lieu de : 400 .
P. 637 , note 2, supprimer : 1. Cf. le même texte dans Kalkachandî, voir page 637 .
P. 638, note, ligne 4 , au lieu de Cab , lire : Cal . Ces mêmes vers se retrouvent dans les Mille et une nuits,
-
éd . de Boûlâķ, 1251 , I , p . 461. Le second vers diffère . — L'édition imprimée d'Ibn Iyas ne donne pas ce disti
que (I , p . 159 ) .
P. 639, note 1 , ligne ult. , au lieu de : d'acritiques, lire : diacritiques .
- note 4, au lieu de 72 , lire : 71 , recto, ligne 15 .
P. 643 , sur le croquis , au lieu de al-Moudarridj , lire : al-Moudarradj (cf. Add. et Corr . , de la page 512) .
P. 647, ligne 1. Cf. le texte de Kalkachandî, p . 687.
P. 647 , ligne ult. Voir ce qu'en dit Makrîzî, Khițaț, II , p . 50 .
P. 647 , note 2 , lire : 51гº, et supprimer dabelle que j'avais porté sur ma copie par confusion avec un texte
voisin . Même texte dans le ms . 663 , - également incorrect et énigmatique.
P. 648, cf. le texte de Kalkachandî, p . 687.
P. 649, note 1. Mentionnons parmi les tabakats celle des Achrafis ou de l'Achrafiat deb qui est nom
mée page 683 , -- Khalil adh-Dhâhirî nous apprend qu'elle était la caserne la plus haute de la Citadelle (ms. 1724,
fº 59 vº) , - et la Sandaliat al db (Bibl . nat. , ms . 666, fº 98 rº).
P. 663 , ligne 3 , au lieu de : Kaît- Bey, lire : Kaît-Bâï.
P. 665, à la suite du chapitre il convient de mentionner en 702 le transport à la Citadelle de marbres appartenant
au palais d'Al-Mâs (Khițat, II , 74, l . 13) .
P. 666, note 1. M. Schefer, dans un savant mémoire sur les relations des Chinois et des Musulmans (Publica
tion du Centenaire de l'École des langues orientales vivantes, 1894) , nous apprend qu'un exemplaire à peu près
complet du Masálik al- Abṣár de Chihâb ad -Din se trouve dans une des bibliothèques de Constantinople (p . 16) .
P. 669, lignes 1-2 du texte arabe, lire : a , comme dans le texte de Kalkachandî que je donne, page 687 ,
ligne 21.
P. 670, ligne 16 du texte arabe, au lieu de : lire : l , comme dans le texte de Kalkachandî que
je donne page 688 , ligne 14.
P. 670, ligne 18 du texte arabe , au lieu de limb , lire : ‫طشخاناتهم‬
P. 671 , ligne 11 du texte arabe, au lieu de lire , conformément au texte de Kalkachandî que je
donne page 688 , ligne 24 .
P. 672 , ligne 26 du texte français, supprimer le mot : grand, qui n'est pas dans le texte arabe .
P. 675 , ligne 7. Ibn Iyâs signale encore d'autres « portiers de la douheïchat » , ce qui semble indiquer l'im
portance de ce titre. C'est en 906, l l l all tellus ( éd . de Boûlâk, II , 375) , et en 926 : & l plu
‫) بواب الدهيشة‬ibid. , III , 218 ( .
P. 675 , ligne 16. M. Schefer me suggère l'étymologie persane las, dih-i-chah, ce qui expliquerait les varia
tions de l'orthographe, le représentant l'izáfet persan et l'l disparaissant par l'ignorance étymologique des copistes
ou des auteurs . Ce serait donc à l'origine une résidence royale. Cf. en Russie Tsarskoïe Ciélo , qui a exactement le
sens de dih-i-cháh. Par extension , ce mot se sera attaché à un genre de construction plus ou moins conventionnel
(voyez par exemple , les variations de mots semblables : cité , ville , villa, château , kiosque , etc.) .
P. 675 , note 2, au lieu de : 565 , lire : 595 ; au lieu de : Ja, lire: J
P.685 , ligne 15. Le mot devient souvent le synonyme de ‫ سریر‬trône ; par exemple : ‫ مرتبة‬de
‫س على‬ ‫جل‬
jul
jubl…'l (Ibn Iyâs, éd . de Boûlâk , I , 97 et 98), et dil de sila do Igual (ms . 595 A, 161 vº) .
P. 695 , ligne 18, au lieu de : bourdjite , lire : baḥrite .
P. 697 , note 1. C'est ce que confirme encore l'auteur da Kitab al-Inchi (Bibl. nat . , ms . ar. 1573 , p . 83 rº) :
. ‫وعمر بها الاشرف بن حسين في جنب القصر مقعد بارزا‬
P. 698, ligne 1 , au lieu de : naḥas, lire nouḥds.
ligne 15 , le texte précédent de Ķhalîl adh-Dhâhirî nous a renseigné sur le rôle de la princesse chargée
de cette surveillance, celle que les historiens appellent lgeil åclö åṣaho (v . les exemples cités et aussi ms. 666,
fº 62 rº) ; c'est en réalité la première khawend, comme l'était Chadjarat ad-Dourr.
Une chambre particulière était annexée à la salle des Piliers : on y enfermait des prisonniers de marque.
Voir ms. 573 , fº 466 verso : all stƐválo
‫من‬
P. 699, note I , ligne 4. Ibn Iyâs dit également qu'elle est « à l'intérieur du harem » : le plão
. (éd . Boûlîķ, I , 272 , ms. 595 A, 233 rº)petlJalo gos isill
98
780 P. CASANOVA.

P. 705 , ligne 13. Je n'ai pu , malgré mon désir, donner ici la reproduction de ce tableau . M. Herz la donnera ,
sans doute , dans ses Études.
P. 708 , ligne 1 , au lieu de : XI, lire : XV.
P. 722 , n ° 52 : le mot ‫ مطربابة‬ne devrait -il pas s'écrire : ‫ مطار بازية‬et ne dériverait-il pas de : ‫مطار الباز‬
<«< le point d'où s'envolent les taucous » . Cf. l'expression dont j'ai parlé à la page 596.
P. 727. J'ai passé sous silence dans le chapitre l'opinion émise par quelques savants , que l'aigle double était
l'armoirie de Salâḥ ad- Dîn . Je crois cependant nécessaire de prémunir le lecteur contre cette erreur qui tend à
se propager. L'excellent petit livre de savante vulgarisation de M. Stanley-Lane-Poole, The art of the Saracens in
Egypt, page 149, s'en est fait l'écho, avec quelques réserves. M. Nützel y voit la plus ancienne représentation de
l'aigle double ' . Je répète que ni Karakoûch , ni Şalâḥ ad- Dîn n'ont vu construire cette partie de la Citadelle.
P. 728 , ligne 1 , au lieu de : XVIII , lire : XVI .
note, au lieu de : 365 , lire : 1619.
P. 765 , ligne 2, au lieu de : Al-Moûyyad, lire : l'Écurie.
Planche X. On remarquera le nom assez fréquent d'Arab el-Ysar, transcription de J. L'auteur de
l'Incha nous informe que deux cents Arabes de cette tribu environ étaient employés aux écuries royales. ......
.‫آل بسار‬
de mill ?dut
, jeišlo iso ga s (Bibl . nat. , Cat. de Slane , ms . 4439 , fº 157 rº) . Peut-être est-ce
d'eux que tenait son nom le hoch das Arabes, all , dont parle Makrizî dans le Kitáb as Souloûk,
II, 329.

1. Zeitschrift der numismatischen Gesellschaft. Berlin , 1893 , p . 137.


TABLE DES MATIÈRES

DE L'HISTOIRE ET DESCRIPTION DE LA CITADELLE DU CAIRE

Pages
INTRODUCTION 509
CHAPITRE I. ŞALAH AD-DIN EN ÉGYPTE 517
II. - ÉTAT DES FORTIFICATIONS DU CAIRE AU TEMPS DE ṢALÂḤ AD - DİN . 542
III. - LES FORTIFICATIONS DE SALAḤ AD -DIN . 535
IV . - RÉSUMÉ DES DEUX CHAPITRES PRÉCÉDENTS . · 552
V. - EMPLACEMENTS DE LA CITADELLE . · • 554
VI . - LA CITADELLE DEPUIS SALAH AD-DÎN JUSQU'A AL-MALIK AL -KAMIL . 567
VII. - L'ŒUVRE D'AL-MALIK AL-KÂMIL . . · 591
VIII. - LA CITADELLE DEPUIS AL -MALIK AL KÂMIL JUSQU'A MOUḤAMMAD
1

IBN KALAOÛN . • 602


-
1

IX. — L'ŒUVRE DE MOUḤAMMAD IBN KALAOUN . • · 619


X. - L'ŒUVRE DE MOUḤAMMAD IBN KALAOÛN (suite) • 651
T

- XI. - RÉSUMÉ DES CHAPITRES PRÉCÉDENTS

La Citadelle du Caire au temps de Chihâb ad- Dîn , auteur du Masálik al- absår 666
XII . - LA CITADELLE DEPUIS IBN KALAOUN JUSQU'A L'ÉPOQUE DE L'HIS .
TORIEN MAKRİZİ (VERS 840 H .) ... • 673
XIII. - DESCRIPTION DE LA CITADELLE A L'ÉPOQUE DE KALKACHANDI ET
DE MAKRIZI . • 690
XIV. — DU MILIEU DU IX SIÈCLE DE L'HÉGIRE A 921 , ÉPOQUE DE LA CON

QUÊTE OTTOMANE .. 701


XV. DE LA CONQUÊTE OTTOMANE A L'EXPÉDITION FRANÇAISE ( 1517-1798
DE NOTRE ÈRE) . . • 708
XVI. DE 1798 A NOS JOURS . . 728
XVII. - ÉTAT ACTUEL DE LA CITADELLE · • 733
APPENDICE . -LES GOUVERNEURS DE LA CITADELLE SOUS LES SULTANS MAMLOÛKS . 749
INDEX DES NOMS DE PERSONNES 757
INDEX DES NOMS DE LIEUX , MONUMENTS , ETC. • 762
DIVERS • · 770
LISTE DES PRINCIPAUX AUTEURS CITÉS . • 772
ADDITIONS ET CORRECTIONS · · 776

ANGERS, IMPRMERIE ORIENTALE DE A BURDIN 4 , RUE GARNIER.


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