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Les subtilités de

la FISCALITÉ
BOURSIÈRE
Vade-mecum de fiscalité des valeurs mobilières (compte-titres en France ou aux États-Unis & comptes PEA)
Configuration du dépôt
des titres sur un compte Valeurs mobilières d’émetteurs Valeurs mobilières d’émetteurs Valeurs mobilières d’émetteurs basés
français ou européens installés hors de l’Union aux États-Unis et déposés sur un
d’instruments financiers (CIF),
déposées sur CTO ouvert Européenne, dont États-Unis, CTO d’une banque ou établissement
communément appelé compte- auprès d’un PSI ayant son siège et déposées sur un CTO ouvert financier ayant son siège aux États-
titres ordinaire (CTO), ouvert en France auprès d’un PSI ayant son siège Unis
auprès d’un prestataire de en France
services d’investissement (PSI) 

Actions (shares ou stocks) :


• Actions ordinaires (common shares)
Catégories d’instruments • Actions de préférence (preferred shares)
financiers Instruments financiers à terme (IFAT) ou produits dérivés (derivatives securities) :
• Options : time options, call and put options, futures,
• Warrants : stock warrant, subscription warrant.

La loi de finances pour 2018 (loi n°2017-1837 du 30 décembre Avec des titres en dépôt à l’étranger,
2017, article 28) prévoit désormais deux modalités alternatives mais ayant votre domicile fiscal en
Fiscalité appliquée aux d’imposition : France au sens de l’article 4 B 1°) du
dividendes et distributions • La première est nouvelle et présentée comme simplissime : CGI, vous restez redevable de l’IR
assimilées (Dividends) c’est le Prélèvement forfaitaire unique (PFU) ou flat-tax. comme des PS. L’assiette et le taux
Prévu à l’article 200 A,1 du Code général des impôts (CGI), le sont identiques à ceux pratiqués
Impôt sur le revenu (IR) PFU s’exerce au taux global de 30 % et inclut l’Impôt sur le pour des titres détenus en France.
& Prélèvements sociaux revenu (IR) à 12,8% et les prélèvements sociaux à 17,2 % (PS). Ce En application de la convention
(PS) dans le régime des prélèvement est libératoire. fiscale internationale (CFI) Franco-
revenus de capitaux mobiliers • La seconde plus classique demeure disponible sur américaine et de son avenant, vous
option suivant les prévisions de l’article 200 A,2 du CGI et serez vu comme un résident de
(RCM) reprend le principe d’imposition selon lequel le revenu France et à contrario comme un non-
relatif aux RCM est ajouté à votre revenu global (RG) et résident pour le fisc américain (article

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soumis à l’IR. Au cours de cette opération, on y superpose 4 de la CFI). Vos dividendes viendront
l’assujettissement aux PS. L’ensemble se décompose ainsi : grossir les RCM de votre déclaration
d’IR française, et soumis dans les
» L’IR s’applique suivant le barème progressif à l’article 197 du conditions de droit commun à cette
CGI. Venant grossir votre revenu global (RG) visé à l’article fiscalité française suivant article 10
158 du CGI, ces RCM vont donc être frappés suivant la tranche alinéa 1er de la CFI.
marginale d’imposition c’est-à-dire la plus haute atteinte –
soit 45 % maximum ou…0 % si vous n’êtes pas imposable. Toutefois, les États-Unis se sont
réservés la possibilité de prélever
» Les PS sont constitués de l’empilement des contributions un impôt proportionnel sur les
prévues aux articles L.136-6 et L.245-14 du Code de la dividendes distribués par des sociétés
Sécurité sociale (CSS), à l’Ordonnance du 24 janvier 1996 américaines à un non-résident suivant
n°96-50, et aux articles L.14-10-4 2° et L.262-24 III du Code de les stipulations de l’article 10 alinéa 2
Fiscalité appliquée aux l’action sociale et des familles (CASF). Tous ces prélèvements de la CFI. Le prélèvement opéré par
dividendes et distributions sociaux (CSG, CRDS, TRSA et contributions additionnelles) le Trésor américain s’effectue au
assimilées (Dividends) demeurent applicables même si vous n’êtes pas imposable taux proportionnel de 15 % (article 10
à l’IR. L’assiette est constituée des revenus bruts avant alinéa 2, b).
Impôt sur le revenu (IR) toute imputation (les droits de garde) et tout abattement
spécifique. Depuis le 1er janvier 2018, le taux global est de Afin de prévenir une double
& Prélèvements sociaux 17,2 %. Le recouvrement s’effectue à la source, prélevé par le imposition, l’impôt acquitté auprès
(PS) dans le régime des PSI pour le compte de l’Etat, sur les sommes distribuées par de l’US Treasury fera l’objet pour
revenus de capitaux mobiliers l’émetteur. Ils ne transitent même pas sur votre compte. son intégralité d’un crédit d’impôt
(RCM) en France.
L’impôt sur vos dividendes est précédé d’un Prélèvement forfaitaire
non libératoire (PFNL) prévu à l’article 117 quater du CGI. Il s’agit Conformément à l’article 24 I, a, iii)
d’un acompte perçu à la source immédiatement au moment même de la CFI, vous pourrez alors imputer
du détachement du dividende et qui s’impute en moins sur l’IR dû ce crédit d’impôt en moins sur l’IR dû
l’année suivante. au Trésor Public français.
Pour les dividendes encaissés jusqu’au 31 décembre 2017, sont taux L’impôt payé à Uncle Sam sera déduit
était fixé à 21 % ; à partir du 1er janvier 2018 la liquidation se fait au de l’impôt à payer à l’Etat français. Le
taux de 12,8 %. Prévue à l’article 242 quater, une dispense d’acompte crédit d’impôt américain s’exerce ici
est possible si votre Revenu fiscal de référence (RFR) est inférieur comme une réduction d’impôt.
à 50 K€ (célibataire) ou 75 K€ (couple) ; il vous incombe de solliciter
cette dispense auprès de l’établissement payeur, sinon par défaut
le prélèvement se fera à la source.

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Le PFNL s’applique également aux titres étrangers si le PSI a Le recouvrement n’est pas opéré
son siège en France. Mais suivant l’article 117 quater III 1, a) du à la source C’est à vous de remplir
CGI, et vu que le PSI américain ne communique pas directement annuellement pour l’IR la feuille n°2042,
avec l’administration fiscale française, vous devrez procéder à la en case « 2 DC » et de préciser que ces
déclaration, à la liquidation et au paiement spontané au plus tard le RCM étrangers n’ont pas encore fait
15 du mois suivant la perception du dividende. l’objet du prélèvement au PS.
Il faut utiliser pour cela le formulaire n°2778-DIV, référence Cerfa n° L’acompte forfaitaire non libératoire,
13658*08. le PFNL évoqué dans le cas de titres
détenus dans un CTO ouvert chez
Cas particulier : si l’émetteur des titres financiers est domicilié dans un PSI ayant son siège en France,
l’UE, en Islande, en Norvège ou au Lichtenstein, il lui est possible de s’applique également. Mais suivant
verser le PFNL à la Direction des impôts des non-résidents de Bercy si l’article 117 quater III 1, a) du CGI, et vu
Fiscalité appliquée aux vous l’en avez préalablement mandaté pour. que le PSI américain ne communique
dividendes et distributions
Quelques subtilités qu’il vous faut prendre en compte pour pas directement avec l’administration
assimilées (Dividends) ! choisir le PFU : fiscale française. Par conséquent, vous
• Vous ne pourrez plus bénéficier de l’abattement de 40 % sur devrez procéder à la déclaration, à la
Impôt sur le revenu (IR) liquidation et au paiement spontané
les dividendes, tandis que vous le conserverez si vous prenez
& Prélèvements sociaux l’ancien régime d’imposition progressif. Le même principe au plus tard le 15 du mois suivant la
(PS) dans le régime des s’applique aussi pour les droits de garde des comptes-titres. perception du dividende.
revenus de capitaux mobiliers • Vous nous n’aurez plus droit à la part de CSG déductible en Il faut utiliser pour cela le formulaire
(RCM) application de l’article 154 quinquies, II du CGI. n°2778-DIV, référence Cerfa n°
• Vous choisirez en mai-juin 2018, lors de la campagne des 13658*08.
déclarations des revenus  de 2017. Prudence car au terme
des articles 158, 3-1° et 200 A,2 du CGI cette option doit être Bien évidemment, le PFU comme
exercée une fois l’an et elle est et ce sera irrévocable. le PNFL ne font pas obstacle à un
éventuel crédit d’impôt suivant la
• Vous ne pouvez pas panacher une partie de vos RCM au PFU CFI. Par contre, ce crédit d’impôt ne
et l’autre suivant le système progressif classique ! C’est une peut s’imputer que sur l’impôt final
donnée importante à prendre en compte si vous percevez dû, mais pas sur le PNFL qui se liquide
des revenus variés tels que jetons de présence, cessions sur le montant brut  ! En clair, avant
d’usufruit temporaire, etc. de récupérer votre crédit d’impôt,
Bref avant de choisir, jaugez votre situation d’ensemble ! vous devrez faire une avance à l’Etat
français.

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Configuration du dépôt
des titres sur un compte Valeurs mobilières Valeurs mobilières Valeurs mobilières d’émetteurs
d’émetteurs français ou d’émetteurs installés hors basés aux États-Unis et déposés
d’instruments financiers (CIF),
européens déposées sur CTO de l’Union Européenne, dont sur un CTO d’une banque ou
communément appelé compte- ouvert auprès d’un PSI ayant États-Unis, et déposées sur un établissement financier ayant son
titres ordinaire (CTO), ouvert son siège en France CTO ouvert auprès d’un PSI siège aux États-Unis
auprès d’un prestataire de ayant son siège en France
services d’investissement (PSI) 

1°) Actions : 1°) Actions aux États-Unis :


Le mécanisme du PFU (cf. Dividendes) s’applique aussi aux plus- Vos plus-values seront exclusivement
values. Donc : imposables en France dans les
conditions classiques.
• S
 oit vous choisissez le PFU et vos gains seront écornés de 30
% libératoire de l’IR et des PS quelle que soit votre tranche
marginale d’imposition ;
• O
 u bien vous décidez de conserver le même système
qu’auparavant avec intégration de vos gains en capital dans
IR & PS applicables l’IR au barème progressif pouvant atteindre 45 % auquel vous
aux plus-values sur valeurs devez ajouter 17,2 % de PS supplémentaires. Attention, suite
mobilières à la réforme du PFU, au terme de l’article 150-0 D, 1, 1 ter et 1
quinquies du CGI, les titres acquis à compter du 1er janvier 2018
(Capital gains) ne bénéficient plus d’abattement pour durée de détention !
2°) Instruments financiers à terme (IFAT), notamment options et 2°) IFAT aux États-Unis :
warrants :
L’article 150 ter du CGI s’étend
Rentre dans cette catégorie les valeurs mobilières tels qu’options, désormais à toutes les opérations
warrants ou tous autres contrats visés par l’article L.211-1, III du Code sur IFAT y compris les positions
monétaire et financier (CMF). Il y a plus-value sur un contrat d’IFAT initiées à l’étranger. Vous êtes taxé
lorsque la différence est positive entre les sommes reçues d’une en France dès lors que vous y avez
part, et les sommes versées nettes de tous les frais de courtage TTC votre domicile fiscal au sens
d’autre part.

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Ces gains sont taxés suivant le même système alternatif à l’article de l’article 4B du CGI quelque soit le
150 ter du CGI : soit le PFU à 30 %, soit le barème progressif de l’IR marché de cotation.
majoré des PS à 17,2 %.
Attention : l’imposition est due
IR & PS applicables
 i vous réalisez des opérations sur les IFAT à titre habituel,
S même si vous opérez via une
aux plus-values sur valeurs ! vous pouvez demander à relever de la qualité d’opérateur structure écran telle qu’une fiducie
mobilières professionnel au titre de l’article 35, I-8° du CGI. Vous serez ou trust suivant les prévisions de
alors taxé suivant le régime des bénéfices industriels et l’article 150 ter 1 du CGI.
(Capital gains) commerciaux (BIC) et pourrez imputer toutes les pertes sur
votre revenu global (RG).

La loi de finances pour 2018 (loi n°2017-1837 du 30 décembre 2017) a Le nouvel IFI vise également
supprimé l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) les actions ou parts de sociétés
immobilières établies hors de
Attention  : le nouvel IFI peut quand même concerner vos
! valeurs mobilières cotées !
France, suivant les prévisions de
l’article 965, 2° nouveau du CGI.
En effet, s’il s’agit de sociétés dont l’actif est de nature
immobilière qui ne poursuivent aucune une activité La forme sociale est sans incidence :
opérationnelle (industrielle, commerciale, etc.), l’IFI les Real Estate Investment Trust
s’appliquera. Les SIIC (sociétés d’investissement immobilier (REIT) américains sont donc
cotées) rentrent dans l’assiette de l’IFI si vous détenez une largement concernés par cet impôt
Imposition sur le patrimoine participation supérieure ou égale à 5 % des droits de vote. puisque ces sociétés cotées sont
Il vous appartient de vérifier que vous êtes bien en deçà du immobilières par nature.
seuil !
Dès lors, la même règle de droit fiscal
En outre, l’IFI peut aussi concerner les organismes de placement s’appliquera, tout comme les titres
collectif en valeurs mobilières (OPCVM) y compris lorsque les parts détenus auprès d’un PSI français.
sont détenues via un fonds d’épargne salariale. Mais l’article 972
bis nouveau du CGI prévoit une exonération totale sous conditions
cumulatives :
• Que vous ne déteniez pas 10 % ou plus des droits de vote,
• Que la part d’actifs immobiliers de l’OPCVM n’excède pas 20 %.

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Les émetteurs des titres sont tenus de vous procurer ces Le taux de change applicable sera
informations chiffrées en application de l’article 982-II nouveau celui correspondant sur le marché
du CGI ; et ce n’est qu’en cas de carence manifeste de ce dernier des changes au(x) date(s) :
que vous pouvez invoquer la bonne foi afin de vous soustraire à la • Du dernier cours connu,
déclaration des ces valeurs mobilières à l’IFI suivant les prévisions • Ou bien formant le taux de change
de l’article 965, 3° du CGI. moyen concomitamment aux
30 dernières cotations.
Suivant le barème progressif de l’IFI à l’article 977 du CGI, vos
valeurs mobilières pourront être taxées de 0,50 % à 1,50 % l’an. Après Sont qualifiées de REIT les
dépassement d’un seuil global de 1,3 M€ prévu par l’article 964 du ! sociétés ayant un bilan
Imposition sur le patrimoine CGI, une première tranche d’imposition s’applique à compter de composé d’au moins 75 %
800 K€ de patrimoine assujetti. d’immeubles dont elles retirent au
moins 75 % des produits figurant au
L’IFI est plafonné si le total de votre IR, des PS et de l’éventuelle compte de résultat Code fiscal
Contribution exceptionnelle sur les hauts revenus (CEHR) dépasse américain, Section 26 US Code § 856.
75 % de vos revenus perçus vu les dispositions de l’article 979 du Il sera impossible de se soustraire à la
CGI. déclaration de vos titres de REIT
américains pour l’IFI en invoquant la
bonne foi d’ignorance prévue à
l’article 965, 3° du CGI.

Les titres déposés dans un établissement financier américain supposent la détention complémentaire d’un dépôt à vue. Par

!
conséquent, au rang de vos obligations déclaratives, conformément aux prévisions de l’article 1649 A du CGI ce compte et le
montant des avoirs devront être déclarés une fois l’an dans votre déclaration d’IR n°2042 à la case 8 UU ; et au surplus, vous
devrez renseigner la déclaration n°3916 référence Cerfa n°11916*05.
Le défaut de déclaration est très lourdement sanctionné, puisqu’au titre des articles 1758 et 1736 V du CGI, vous encourez une
amende en partie fixe (1 500 € par compte omis) ; et en sus variable, exprimée en pourcentage du montant des avoirs non
déclarés !
Ne comptez pas sur l’océan Atlantique pour vous couper de cette obligation. En effet, l’omission sera rapidement détectée, car les États-Unis et
la France ont signé un accord d’échange automatique de renseignements relatifs aux comptes financiers, c’est-à-dire en l’absence même de toute
procédure de contrôle fiscal à votre encontre ! C’est le fameux Foreign Account Tax Compliance Act (FATCA). Le FATCA constitue le prolongement
et le perfectionnement de l’article 27 de la CFI relatif aux traditionnels échanges de renseignements entre administrations fiscales. En l’espèce,
les États-Unis transmettent des informations concernant des actifs détenus par des contribuables français. Sont dans le collimateur les compte de
dépôts (liquidités) ; mais aussi les comptes conservateurs tels que les CTO

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Configuration du dépôt
Valeurs mobilières Valeurs mobilières Valeurs mobilières d’émetteurs basés aux États-Unis et
des titres sur un compte d’émetteurs français d’émetteurs installés déposés sur un CTO d’une banque ou établissement financier
d’instruments financiers ou européens hors de l’Union ayant son siège aux États-Unis
(CIF), communément appelé déposées sur CTO Européenne, dont
compte-titres ordinaire ouvert auprès d’un États-Unis, et déposées
(CTO), ouvert auprès d’un PSI ayant son siège sur un CTO ouvert
en France auprès d’un PSI ayant
prestataire de services
son siège en France
d’investissement (PSI) 

Les transmissions de valeurs mobilières entre Même conservées aux États-Unis, suivant les règles de
vifs (donation) ou à cause de mort (succession territorialités définies à l’article 750 ter du CGI, les valeurs
par dévolution légale ou testamentaire) sont mobilières transmises sont taxables aux DMTG français dès
taxables aux DMTG selon l’article 777 du CGI. lors que leur détenteur a son domicile fiscal en France au sens
de l’article 4B du CGI.
L’assiette à prendre en compte selon l’article
759 du CGI est : Si l’acte constatant la transmission des titres est dressé par
un lawyer américain, il doit être présenté à l’Enregistrement
• L orsqu’il s’agit d’une succession : soit le en France dans un délai de 3 mois s’il s’agit d’une donation
cours moyen de bourse le jour du décès, (BOFiP n° BOI-ENR-DMTG-20-10-30-20120912 § 10) ; ou bien
ou bien la moyenne des 30 derniers jours dans le délai de droit commun de 6 mois s’il s’agit d’une
Transmission de cotation qui ont précédé le décès. succession suivant l’article 641 du CGI.
(donations entre vifs
• D
 u seul cours au jour de la donation qui
et successions)   ttention : si vos valeurs mobilières font aussi l’objet
A
et Droits de mutation
constitue le fait générateur de l’impôt ! d’une cotation sur plusieurs places boursières, en
– aucun autre choix n’est ouvert aux vertu d’une jurisprudence ancienne mais constante de
à titre gratuit (DMTG) assujettis. En cas de donation démembrée la Cour de cassation du 22 avril 1964 (n°207 au Bulletin,
(nue-propriété pour le donataire), la espèce DGI c./ Succession Cotillon) le seul cours à retenir
valeur des titres devra être pondérée à la est celui exprimé sur le marché américain.
baisse suivant le barème d’évaluation des
usufruits figurant à l’article 669 I et II du La déclaration devra être chiffrée en Euro.
CGI.
Le taux de change applicable sera celui correspondant sur le
marché des changes au(x) date(s) :
• Du dernier cours connu,
• Ou bien formant le taux de change moyen
concomitamment aux 30 dernières cotations.

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LES PLANS D’ÉPARGNE ACTIONS (PEA)
Configuration du dépôt des titres Valeurs mobilières d’émetteurs Valeurs mobilières Valeurs mobilières
sur un compte d’instruments français ou européens déposées sur d’émetteurs installés hors d’émetteurs basés aux
financiers (CIF), communément CTO ouvert auprès d’un PSI ayant son de l’Union Européenne, États-Unis et déposés sur
appelé compte-titres ordinaire siège en France dont États-Unis, et déposées un CTO d’une banque ou
(CTO), ouvert auprès d’un sur un CTO ouvert auprès établissement financier ayant
prestataire de services d’un PSI ayant son siège en son siège aux États-Unis
France
d’investissement (PSI) 
Le PEA est un CIF classique mais avec Ces valeurs ne sont pas
une option fiscale prise à la souscription éligibles par principe à
auprès du PSI. l’enveloppe fiscale du PEA ;
La détention des titres financiers sauf par exception pour
d’émetteurs domiciliés en France les titres dont l’émetteur a
ou dans l’UE et donnant lieu à son siège social en Islande, Configuration
l’encaissement de dividendes et à la Norvège ou Liechtenstein d’investissement en valeurs
matérialisation de plus-values, est en raison de l’appartenance mobilières non éligible à
moins taxée si l’émetteur des titres de ces trois pays à l’Espace l’enveloppe fiscale du PEA !
a son siège dans un pays de l’Union économique européen (EEE).
Européenne (UE). Dans ces cas précis, on
appliquera la législation
Présentation générale L’article 163 quinquies D du CGI fiscale valant pour les
distingue désormais deux types de émetteurs ayant leur siège
PEA : dans un pays de l’UE.
• le PEA dit «  classique  » qui a été
créé en 1992 (loi n°92-666 du 16
juillet 1992) ;
• le PEA en variante dite « PME-ETI »
(Petites & moyennes entreprises –  ttention : bien que la
A
entreprises de taille intermédiaire) ! Suisse soit État-
qui a été rajouté avec le vote de membre de l’EEE, les
l’article 70 de la loi de finances valeurs mobilières
pour 2014 (loi n°2013-1278 du 29 suisses ne sont pas
décembre 2013). admises dans un PEA !

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Toute personne peut cumuler ces Dans tous les cas, les crédits
deux PEA, mais ne peut en avoir qu’un d’impôts prévus par les CFI
seul de chaque. Il n’est pas obligatoire conclues entre la France et
d’avoir d’abord souscrit à un PEA puis les États sources dont les
ensuite souscrire à un PEA PME-ETI. émetteurs sont éligibles aux
PEA, ne pourront pas faire
l’objet d’une restitution.

DÉTAILS DES PEA


Caractéristiques
PEA dit Classique PEA dit PME-ETI
et avantages fiscaux
De manière générale, peut figurer dans le portefeuille tout titre financier L’ensemble des conditions
relevant de l’article L.221-31 du CMF, et plus spécialement des actions et sont identiques aux PEA
des OPCVM dont le portefeuille est majoritairement composé d’actions. classiques.
Bien que non cotées, les parts sociales de SARL sont également éligibles
au PEA.
Le plafond de versement est limité à 150 000 €.
Le titulaire du plan ainsi que son conjoint y compris pacsé, descendants et SAUF en ce qui
ascendants ne doivent pas détenir plus de 25% des droits pécuniaires au ! concerne :
Titres éligibles sein de la société émettrice que ce soit directement ou indirectement (via • Le plafond de versement
& conditions une ou plusieurs holdings). se voit limité à 75 000 € ;
de souscription du Plan Le souscripteur doit avoir son domicile fiscal en France au sens de l’article • Les titres éligibles dont
4 B du CGI. Le transfert ultérieur du domicile fiscal dans un pays étranger les émetteurs doivent
ne met pas fin au PEA sauf si le souscripteur devenu non-résident part répondre aux critères
s’installer dans un pays relevant de liste des États ou territoires non ETI c’est-à-dire réaliser
coopératifs (ETNC). La liste des ETNC prévue à l’article 238-0 A du CGI est au maximum un chiffre
révisée une fois l’an par l’Etat français. Le projet de loi intitulé Lutte contre d’affaires de 1,5 Md€,
la fraude fiscale présenté en Conseil des ministres du 28 mars 2018 vise présenter un total bilan
à rallonger cette liste et à l’harmoniser avec une liste similaire indicative maximal de 2 Mds€ et
tenue au niveau de l’UE… compter moins de 5 000
salariés.

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L’alimentation du PEA se fait via un compte-espèces accolé au compte-
titres. Les sommes placées sur le compte-espèces ne peuvent servir qu’à
acheter des titres financiers qui seront inscrits dans le PEA.
La maturation fiscale est idéalement de 8 ans. La date de démarrage du
plan démarre à compter du 1er versement. Ce versement peut être minime
et permettre de prendre date afin de profiter d’une antériorité fiscale
même si le PEA devient très actif ultérieurement.
En cas de retrait ou de clôture avant ces 8 ans, la fiscalité est d’autant
Titres éligibles & conditions de plus pénalisante que cet évènement intervient de façon prématurée
souscription du Plan puisque les articles 150-0 A, II-2 et 200 A, 5 du CGI prévoient :
• Un retrait ou clôture avant 2 ans est frappé d’un taux d’IR à 22,5%
majoré des PS à 17,2 % ;
• Avant 5 ans, un taux d’IR de 19% majoré des PS à 17,2 %,
• Entre la 5ème et 8ème année, il y a exonération d’IR mais pas de PS à 17,2 %
et tout retrait entraine clôture immédiate du PEA.
Le décès du titulaire n’entraîne pas la taxation à l’IR, en revanche les PS
demeurent dus suivant la doctrine administrative de Bercy signifiée par
Réponse ministérielle au sénateur Trillard, Question n°06466, publiée au
J.O. du Sénat le 18 février 2010.

Il faut distinguer deux phases :


1°) Durant la phase de maturation fiscale du PEA, concernant l’IR, vu les dispositions de l’article 157, 5° bis du
CGI :
Fiscalité appliquée aux dividendes • Les dividendes et plus-values engrangées sur le PEA concernant les titres financiers cotés sont totalement
& aux plus-values sur valeurs exonérés d’IR ;
mobilières • Les dividendes relatifs aux titres non cotés sont exonérés d’IR à concurrence de 10 % de la valeur de ces
lignes du portefeuille. Les plus-values ne bénéficient hélas pas de ce traitement de faveur.
• Les plus-values réalisées lors de la cession de titres détenus dans un PEA ou dans un PEA-PME en cas de
retrait après 5 ans sont exonérées d’IR.

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NDLR : Le titulaire d’un PEA peut déduire de ses gains les pertes boursières déplorées au cours des 10 dernières
années. Dans l’hypothèse où il n’aurait pas déclaré lesdites pertes les années précédentes (cf. la case 3VH sur
la déclaration de revenu principale), il peut contacter son centre des impôts en vue d’une régularisation,
justifiée par les relevés obtenus auprès de son courtier.
2°) Passés les 8 ans, tout retrait n’entraîne plus forcément la clôture du PEA mais il ne sera plus possible d’opérer
des versements ultérieurs. Votre PEA continue de profiter du même régime fiscal que précédemment.

Vous pouvez sortir d’un PEA suivant deux modalités :


• D
 es retraits de capitaux. Les gains engrangés sont exonérés d’IR, en revanche les PS sont applicables
et pour les PEA ouverts à compter du 1er janvier 2018 ces PS sont calculés au taux contemporain (17,2 %
actuellement et qui continuera de grimper hélas…) et non plus suivant la strate des taux historiques
qui sont allés crescendo mais qui frappant des fractions de gains anciens se révélaient plus avantageux –
n’oublions pas que la CSG démarra à 1,1% en 1991 !
• U
 ne sortie en rente viagère est également possible : elle se voit exonérée d’IR mais pas des PS. Le
conjoint survivant titulaire de la rente de réversion peut prétendre aux mêmes dispositions fiscales
suivant l’article L.136-7, II, 5° du CSS.
 ttention, le PEA est une enveloppe étanche : si vous subissez telle ou telle année des moins-values au
A
! sein d’un PEA, vous ne pourrez pas les imputer sur des plus-values enregistrées par ailleurs, par exemple
sur un CTO… Ce n’est qu’au terme des 5 années de détention que l’éventuelle perte globale constatée
à la clôture du PEA sont imputables sur d’autres plus-values sur valeurs mobilières la même année ou
reportables sur les 10 années suivantes au plus en invoquant à votre bénéfice l’article 150-0 A, II-2 bis du
CGI.

Comme dit précédemment, l’ISF a été supprimé. En lieu et place, il y a désormais l’IFI.
Imposition sur le patrimoine Certaines lignes du PEA peuvent être concernées par l’IFI au regard de leur « coloration » immobilière suivant
les principes exposés dans la partie consacrée au CTO ouvert chez un PSI français (cf. supra).

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Le PEA est un contrat fiscal entre le souscripteur qui s’engage à un effort d’épargne en actions sur une durée
longue et l’Etat qui lui accorde en retour un avantage fiscal. C’est un engagement personnel qui ouvre un
droit personnel. Lequel ne peut être ni transmis ni partagé – ainsi pas compte-joint PEA suivant le BOFiP
Imposition sur la transmission n°BOI-RPPM-RCM-40-50-10 § 30.
(donations entre vifs et
Par conséquent, un PEA ne peut pas faire l’objet d’une libéralité entre vifs (donations) même en
successions) : Droits de mutation démembrement de propriété (donation de la nue-propriété) ainsi que le rappelle la doctrine administrative
à titre gratuit (DMTG) de Bercy dans son rescrit du 24 octobre 2006, n°RES 2006/45.
Bien sûr vous pourrez toujours transmettre les titres composant un PEA, mais cette démarche entraîne
automatiquement clôture du PEA et les titres sont alors contenus dans un CTO.

Concernant la valeur d’assiette de la libéralité, on relève deux cas de figure :


1°) soit le PEA ne contenait que des titres cotés : auquel cas ce sont classiquement les cours de Bourse qui
permettent d’obtenir la valeur soumise aux DMTG, tout comme dans le cas d’un CTO (cf. supra).
2°) soit le PEA contenait aussi des titres non cotés sur un marché règlementé (telle la Bourse de Paris) :
auquel cas la démarche est un peu plus complexe puisqu’il vous faudra fournir à l’administration fiscale
une valeur dite de « synthèse » (VS) combinant la valeur mathématique et la valeur de capitalisation –
notre Rapport spécial Evaluations vous donnera toutes les clés pour parvenir à établir cette VS fiscale.
Imposition sur la transmission En principe, au regard du manque de liquidité de ces titres de capital, une décote « consensuelle » de 10 % sur
(donations entre vifs et la VS est d’emblée praticable.
successions) : Droits de mutation
à titre gratuit (DMTG) T outefois par exception, dans des configurations spéciales tenant à des systèmes de liquidité entourant
! les titres de ladite société non cotée permettant par exemple :
• A
 ux porteurs minoritaires d’avoir des « fenêtres de sortie » à dates fixes, l’administration fiscale est fondée
à refuser toute décote d’illiquidité suivant l’arrêt de la Cour d’appel de Douai du 25 janvier 2010, n°08/03860 ;
• A
 ux porteurs candidats à la cession de leurs titres de disposer d’une caisse de liquidité ayant vocation
à assurer une contrepartie et ainsi matérialiser la cession projetée et fonctionnant à la manière d’une
«  Bourse  » familiale, on peut considérer que le prix de cession fixé à dire d’expert « se rapproche le
plus possible de celui qu’aurait entraîné, dans un marché réel, le jeu normal de l’offre et de la demande ».
Bref, juridiquement parlant cela vaut un cours de bourse classique auquel il n’est pas permis non plus
d’appliquer un abattement forfaitaire.

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Et quand bien même la caisse de liquidité mise en place ne disposât d’une capacité d’absorption
annuelle de 2 % du capital social, cela ne signifie pas pour autant que les 98 % restant de titres financiers
soient sans valeur marchande dont pourraient se prévaloir les actionnaires dans leur ensemble comme
l’a confirmé la Cour de cassation dans son arrêt du 24 mai 2016, n°15-17.788 !
De là, il découle également que la valeur fixée ayant eu cours pour les derniers échanges à titre onéreux
intervenus à la « Bourse familiale » constitue la valeur comparable de référence à retenir pour d’autres
mutations intervenant à titre gratuit sans préjudice de l’étroitesse des volumes échangés à la Bourse
familiale ; et ce d’autant que tous les porteurs de titres ont librement consenti à ce mode d’organisation
comme l’a rappelé la Cour d’appel de Douai dans son important arrêt du 7 décembre 2017, n°14/06166.

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