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Guide du

Jargon de Laelith

III
Aldron Kientol
Professeur de linguistique appliquée à l’UMU

12 moisson dorée 1017


Karim NANCY - kaah@free.fr - 202110/107537/232468
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Argot ou jargon ?
« L’objectif de ce petit guide, destiné au MJ, est de fournir quelques
éléments de réflexion sur les différentes façons de parler que l’on
peut entendre à Laelith. Il ne s’agit pas de détailler les langues, telles
qu’on peut les connaître (le commun, le nain, l’elfe…), mais les dé-
formations qu’elles ont pu subir dans les couches de la société lae-
lithienne et sur les terrasses. Bien entendu, nous ne serons concernés
ici que par le “commun”, mais n’hésitez pas, pour ceux d’entre vous
parlant couramment l’elfe, à adapter ce qui est écrit.
Pour commencer, quelques définitions :
• Parfois taxé de langue spéciale, entouré d’une aura mystérieuse
de langue secrète, code marginal et marginalisé, l’argot s’affirme
comme langage de complicité tendant à exclure de la communica-
tion la multitude des non-initiés. On parlera donc plutôt d’argots,
car il peut en exister une multitude.
• À l’opposé, on peut considérer le jargon comme un parler tech-
nique qui peut être ésotérique pour le profane, mais dont la finalité
n’est pas de masquer l’objet du discours. Au contraire, elle est d’en
rendre l’expression plus rigoureuse, plus spécifique, plus rapide.
Mais il arrive souvent que les termes d’un jargon viennent com-
pléter un argot, pour en préciser la fonction technique, ou qu’un
argot passe dans le langage courant, car identifié, décrypté, par des
non-initiés, au hasard d’un événement.
Et donc, les deux fonctions, cryptique et technique, se rejoignent et
nous utiliserons alors le terme de jargot. »
Aldron Kientol, professeur de linguistique appliquée à l’UMU

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« On jargote beaucoup à Laelith »


« Comme je le dis souvent “pour écouter les gens et leur prédire
l’avenir, il faut d’abord les comprendre, et ensuite savoir leur parler”.
Depuis que je suis à Laelith, bénis en soient les Dieux, j’en ai enten-
du des demandes ! Et combien de fois je me suis dit “mais qu’est-ce
qu’il me raconte celui-là ?”. À force d’écoute et d’attention, j’ai appris,
j’ai compris.
C’est volontaire !
Ou bien c’est un test, pour savoir si on est bien du même monde, ou
bien c’est tellement habituel pour eux qu’ils ne se rendent même pas
compte du vocabulaire qu’ils emploient.
Prenez un gars des bas-fonds qui me demande quoi faire pour ne
pas aller au pré en doublant un marron callot. Si je ne comprends pas
que la question c’est de savoir comment éviter la prison en détrous-
sant un pèlerin du feu teigneux… Ou un pêcheur, qui me promet
qu’avec de la camelote et du rouge, il chope son gros pieu et il a ce
qu’il faut pour aller aux mels. Je dois forcément comprendre qu’avec
des amorces et des vers, il prend sa grande canne pour rapporter des
mélonipes.
Pour votre service, messire, et puisque vous me le demandez, je
vais vous aider, dans la mesure de mes moyens, à comprendre cer-
taines parlures, en espérant que vous saurez vous en souvenir, pour
votre bien-être… et pour le mien.
Ce qu’il faut avant tout savoir, c’est à qui vous avez affaire, un spé-
cialiste ou un escroc.
Dans le jargot, c’est la caractéristique économique qui distinguera
le spécialiste et son jargon professionnel, du filou dont l’argot aura
pour fonction de réserver le contenu du message aux seuls membres
de son groupe. Et croyez-moi, messire, on jargote beaucoup à
Laelith. »
Hébertius Ouvrentraygues, haruspice poissonnier

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Jargot des voleurs


Les mots et expressions cités ici correspondent au jargot utilisé au-
jourd’hui par la plupart des voleurs établis sur la Chaussée du lac. Il
est néanmoins clair que le jargot est un langage, ou plutôt une façon
de s’exprimer, susceptible de varier fortement dans le temps et l’es-
pace. Il y a fort à parier que le jargot des voleurs de la Main qui tra-
vaille soit notablement différent, sans parler de celui de la Chaussée
du lac il y a 50 ou 80 ans. Même si le langage commun n’a, quant à
lui, que très peu changé.

Aller au pré : aller en prison Carbeluche galicé : chapeau de soie


Aquiger : prendre (parfois utilisé pour désigner un
magicien, ou même les Pics des
Avoir la fièvre : être condamné à
Mages)
mort, ou menacé de mort
Casserole : mouchard (donner un
Avoir une langue pour chaque
coup de casserole : dénoncer ses
oreille : mentir en donnant di-
complices)
verses versions des faits suivant
l’interlocuteur Claque-doigt : opportuniste, prêt
à partir ; désigne un bateau prêt à
Avoir une écharde : avoir des
appareiller en un temps record
ennuis
Cornet d’épices : groupe de prêtres
Bachasse : galère
Couleur : mensonge (monter des
Banquet : banquier
couleurs : mentir)
Bellauder : mendier
Curieux : juge
Bigorneau : rahel du contingent
Doubler : voler, détrousser
de ville
Détacher le bouchon : couper la
Bouchon (ou pouchon) : bourse
bourse
Bricule : garde du contingent de
Eau-daffe : eau-de-vie, alcool fort
ville
Écailleux : pèlerin du Poisson
Cagou : voleur solitaire
d’argent, utilisé aussi hors-ville
Caillou : pèlerin du Crâne pour désigner un Utruz (terme
Callot : teigneux péjoratif)
Canne (la) : la garde (v’là la canne : Être chouette : se faire prendre
voilà la garde) Être en balaude : mendier

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Fleur de prison : tatouage Planche au pain : tribunal (par


Fleuriste : client d’une célèbre extension, planche au pain des
maison de plaisir, parfois plus fa- rusés : tribunal ecclésiastique)
cile à voler ou à escroquer quand Plouse : paille (dans la plouse : sur
il en sort la paille)
Fouiller les côtes : poignarder Plâtre : pièce d’argent, 20 plâtres
Fourgat, fourgasse : receleur, = 20 pa
receleuse Pousse (la) : la garde
Gaudiffe, gaudille : épée Quart-d’œil : capitaine de la Garde
Grand masqué : Roi-Dieu pourpre
Grinchir : voler Ragot : quart de lithal, donc
quat’ragots : un lithal
Grive : soldat, Protecteur de la
Ville sainte Rusé : prêtre (donc, caillou rusé :
prêtre du Crâne)
Happer le taillis : s’enfuir habile-
ment, se cacher Se faire bronzer au Nuage : partir
sans laisser d’adresse, se planquer
Jardiner : se moquer
(par extension, va te faire bronzer
Jasante, jaser : prière, prier au Nuage : va voir là-bas si j’y
Tarte : qualité d’une chose contre- suis)
faite (c’est d’la tarte)
Servir un dernier verre :
Jonc : pièce d’or, 5 joncs = 5 po empoisonner
Lègre : foire (légrier : marchand Sime : patrouille
itinérant, nomade)
Soleil (se faire) : être condamné à
Maltouse : contrebande (pas- l’exposition au carcan
quiner la maltouse : faire de la
Tapis-franc : taberge de bas étage,
contrebande)
maison de jeu louche
Marron : pèlerin de l’Oiseau de
Toccange : coquille de noix, petite
feu
barque
Ogre, ogresse : tenancier, tenan-
Tripot : poste de garde
cière de tapis-franc
Trune : aumône
Palot : nouvel arrivant à Laelith
Venette : peur (choper la venette :
Pantume : fille de mauvaise vie
avoir peur)
Parlementer aux bougies :
Zif : camelote
comploter
Pigeon : pèlerin du Nuage

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Jargots à clé
Contrairement au jargot des voleurs, fait d’ajouts et d’interpréta-
tions particulières de la langue commune, compréhensible unique-
ment de ceux qui possèdent l’intégralité du vocabulaire, les jargots
à clé sont construits sur la base d’un procédé de transformation. Ce
procédé, parfois nommé code, basé sur une clé, permet d’assurer la
compréhension, quels que soient les mots employés.
On verra plus loin comment un meneur de jeu pourra modifier ce
codage, l’adapter à ses besoins, voire le complexifier.

Règle de base : le largotji


Pour transformer un mot, on prend sa consonne initiale (ou ses
deux premières consonnes) et on la remplace par la lettre L, comme
Laelith. La consonne initiale est alors placée à la fin du mot et pro-
noncée de la même façon qu’elle le serait dans l’alphabet (bé, cé, dé,
ef, etc.).
Par exemple, prenons le mot jargot :
• Remplacement de la consonne initiale par un L : largot,
• Déplacement du j à la fin : largotji.
• Bien sûr, comme toute règle, on rencontre quelques cas particu-
liers et exceptions :
• Si la première lettre est une voyelle, on prendra la première
consonne pour la remplacer par un L : animal devient donc
alimalenne,
• Si phonétiquement la consonne finale ne convient pas, comme
dans force, qui deviendrait lorceéf, difficile à comprendre, on pro-
nonce différemment et ça devient lorcefé, beaucoup plus fluide
dans la conversation.

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Jargots des terrasses


Chaque terrasse a développé ainsi son propre jargot à clé, basé sur
le nom de la terrasse elle-même. Le principe reste le même, mais la
clé n’est plus une simple lettre, mais un mot ou une abréviation qui
correspond à la terrasse.
Chaussée du lac : on utilise le mot Lac en guise de clé.
La première lettre du mot est remplacée par un L et le reste de la
clé (ac) vient à la fin du mot, après la première consonne.
Par exemple, le mot jargot devient largotjac, et le mot temple de-
vient lempletac.
Main qui travaille : la clé est le mot Main.
Le mot jargot devient margotjain, et le mot temple devient
mempletain. Facile non ?
Prospérité : dans ce cas, la clé est une abréviation du nom de la
terrasse, Pros.
Le mot jargot devient prargotjos, et le mot temple devient prem-
pletos. On remarque la richesse des transformations du fait de la
double consonne initiale de la clé. Mais c’est naturel pour la terrasse
de la Prospérité…
Nuage : la clé est le mot Nuage, tout simplement.
Le mot jargot devient nargotjage, et le mot temple devient nem-
pletage. On rencontre ici un autre cas particulier, l’usage a rendu la
lettre u muette.
Haute Terrasse : la clé est le mot Haute.
Le mot jargot devient hargotjaute, et le mot temple devient
hempletaute.
S’il existe un jargot à clé sur la terrasse du Châtiment, ce qui ne
fait aucun doute, il n’est pas envisageable dans le cadre de ce livret
de le décrire. Et il serait de toute façon impossible à comprendre, car
basé sur des substitutions chaotiques multiples et des clés aléatoires
de longueurs variables empruntées à des langues indéfinissables ou
encore à inventer.

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La verlangue
Il s’agit d’une autre forme de jargot, simplement codé et sans clé,
qui est apparue dans Laelith toute entière il y a maintenant plusieurs
siècles, vraisemblablement importée par des pèlerins. Elle est encore
pratiquée, surtout sur la Chaussée du lac et la Main qui travaille, par
les travailleurs journaliers et autres « petits métiers », dans un esprit
de simplicité et de connivence. Entre membres de tandems de por-
tefaix, elle est utilisée pour communiquer rapidement des change-
ments de parcours.
La verlangue a été, dans un passé très récent, popularisée et remise
au goût du jour par certains ménestrels qui en ont fait un usage im-
modéré dans plusieurs de leurs compositions devenues célèbres.
Très simple en apparence, elle consiste principalement à inverser
les syllabes de certains mots. Le procédé est régulièrement complété
par une abréviation ou une inversion locale de lettres à l’intérieur du
mot. Des expressions complètes peuvent être aussi « verlanguisées »,
telles que vas-y (ziva) ou à ce soir (soirasse).
Cette complexité « à tiroirs » en fait un intermédiaire entre lan-
gage cryptique et langage économique, ce qui justifie pleinement sa
présence dans les jargots. Ce qu’on constate, c’est que la verlangue,
à Laelith, s’apparente à un organisme vivant, qui évolue, respire, à la
fois pour s’adapter aux nouveaux venus et aux nouvelles formes de
langages et les intégrer, ou, quand cela est nécessaire, les écarter et
conserver une intimité, une proximité.

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Deux cas particuliers


L’utruz
Loin de la langue réelle des Utruz, qui par ailleurs ne parlent pas
beaucoup mais c’est une autre histoire, les habitants de Laelith, sur-
tout les enfants, utilisent parfois un procédé de déformation du lan-
gage qu’ils ont baptisé l’utruz. La clé est définie par les lettres U et Z.
Le code consiste à intercaler ces deux lettres au milieu de la première
syllabe d’un mot, ou de chaque syllabe si le mot s’y prête.
La garde devient la guzarde, la guzarduze, ou encore mieux luza
guzarduze. Soir se dira suzoir et le mot protecteur pourra devenir
pruzotecteur, pruzotuzecteur et aller jusqu’à pruzotuzectuzeur.
La transmission d’un message « en utruz » sera de nature à créer
une incertitude chez les aventuriers qui pourront aller jusqu’à cher-
cher un traducteur, alors qu’il s’agira d’un propos codé.

La Baronnie de Kaoca
Voilà un exemple de jargot exotique codé mélangé à de la ver-
langue (qui pourrait même être à l’origine du nom de la Baronnie).
Le code est basé sur la lettre K et le suffixe ao ou oa, c’est selon. Cela
donne, pour la baronnie de Kaokakao, quelques sonorités bizarres
(jeu : keujao ; bonbon : konbonboa ; ville : killevao), surtout en pin-
çant légèrement le nez sur les voyelles finales. À Laelith, les gnomes
sont connus pour avoir un débit verbal très élevé. Mais ici, le simple
fait de les entendre prononcer des mots chantants avec un accent
traînant ajoute à l’exotisme et à l’atmosphère festive de ces lieux où
les touristes abondent.

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Spécial MJ
Les quelques règles énoncées ci-dessus permettent ainsi au me-
neur de jeu de créer sa propre clé, son propre mode de codage et
d’inventer ainsi son langage.
Qu’il s’agisse des jargots de type largotji ou « terrasse », il suffira de
définir une clé (syllabe simple commençant par une consonne). Pour
un équivalent « utruz », un meneur de jeu inventif pourra dévelop-
per son propre langage, en intercalant, au début ou à la fin du mot, sa
propre clé, c’est-à-dire sa propre composition de voyelle-consonne.
Quant au MJ torturé, il pourra verlanguiser son « utruz »… ou
l’assortir de quelques mots tirés du jargot des voleurs passés par le
codage du jargot d’une terrasse.
« Couper la bourse d’un pèlerin de l’Oiseau de feu sous le nez d’un
rahel du contingent de ville sans se faire prendre » pourrait deve-
nir (jargot des voleurs, simple) « détacher le bouchon d’un marron
sous le nez d’un bigorneau sans être chouette » ou « métachédain le
choubon d’un muzarron sous le zeznu d’un buziguzorneau sans être
teuchoué ». Admirez la construction de zeznu, pour nez, en utruz
verlanguisé.
Ce guide est complété, dans les pages qui suivent, d’exemples de
mots tirés du jargot des soldats. Les contacts des aventuriers avec
cette catégorie de la population de Laelith seront suffisamment fré-
quents pour que le MJ dispose d’un vocabulaire, parfois « fleuri »,
qui lui permette de se glisser facilement dans ce type de rôle.
Le reste du guide est consacré à quelques expressions propres à
Laelith, leur signification et leur origine.

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Jargot des baraquements


Quelques expressions, telles qu’utilisées par les Protecteurs de la
Ville sainte.
Abatteur de noix : lancier
Aller au bal : être puni, aux arrêts
Arpion : garde faisant la ronde dans les rues et les échelles
Assommoir : taberge vendant de mauvais alcools
Bouchonner la bique : panser un cheval
Charger : faire la tournée des taberges (uniquement dans la cavalerie)
Chaudron : autre nom du couark (chaudronnier : joueur de couark)
Chie-dans-l’eau : marinier (péjoratif)
Crottin : cavalier (péjoratif, chez les fantassins)
Cruche : gardes et soldats en faction devant une porte (on dit aussi
potiche)
Étriers trop courts : nain (uniquement dans la cavalerie)
Faire le fantassin : simuler l’ivresse (uniquement dans la cavalerie)
Kif : identique, pareil
Latte : sabre de cavalerie
Marcher par le flanc : se coucher, dormir
Oiseaux de potence : les hommes du contingent de ville
Pieds blancs : fantassins
Prendre mesure d’une schabraque : tomber de cheval
Régler sa solde à quelqu’un : mettre une raclée, assommer
Rempardeur : soldat faisant la ronde sur le rempart (remparder : faire
la ronde)
Restaurant des 100 couverts : cuisine de troupe
Se cabrer : se fâcher, s’emporter (uniquement dans la cavalerie)
Sous-pied de dragons : fantassins (péjoratif, uniquement dans la cavalerie)
Vaisselle : décorations

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Expressions typiquement laelithiennes


commentées
Aelithothérapie
Pratique de groupe, consistant à faire le tour des taberges et/ou
des maisons spécialisées quand on n’a pas le moral, que l’on quitte la
ville pour longtemps ou que l’on revient à Laelith après une longue
absence, ou bien que l’on a quelque chose de particulier et de très
important à fêter.
À noter que certains pratiquent quasi religieusement l’aelithothé-
rapie (y compris des membres des Temples) et que certains doctes
n’hésitent pas à la prescrire en cas de nécessité.

Avoir un doudilain sous le bonnet


Expression communément employée pour qualifier les gentils
simplets qu’on trouve en nombre près du Lazaret. Protégés par le
Roi-Dieu, ils ne sont pas parqués dans des hospices, comme dans
tant d’autres grandes villes. Ils déambulent dans la Main qui travaille,
sans causer trop de soucis, bien qu’ils se fassent rabrouer de temps en
temps par des artisans irascibles.

Deux strates
L’expression originale est « ce magicien est un deux strates ! ». Elle
signifie de manière très péjorative que l’intéressé est de faible niveau.
En effet, les étages supérieurs (également appelés strates) des Pics des
Mages sont occupés par les maîtres magiciens. Selon un protocole
immuable, plus un mage est puissant, plus son appartement est situé
haut dans l’édifice !
Par extension, traiter quelqu’un de « deux strates » revient à dire
de lui qu’il travaille mal.

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Échellisme
Terme sociologique désignant un individu ou un groupe d’indivi-
dus pensant « qu’il ne faut quand même pas pousser le Roi-Dieu dans
le Cloaque et confondre pèlerinage et immigration ».
Attitude populiste, non structurée et très diffuse dans la masse, il
n’en demeure pas moins qu’il s’agit bel et bien de nationalisme de
cité. Car il est bien connu que dès que quelque chose va mal au quo-
tidien à Laelith, c’est forcément la faute de l’autre et des dirigeants
qui ne s’occupent pas assez des Laelithiens de souche. Quant à savoir
quand, pourquoi et comment quelqu’un est considéré comme étant
un Laelithien de souche, c’est un autre débat.

Faire bedaine
Faire le tour des temples de la ville pour bénéficier des repas offerts
aux nécessiteux. Par extension, pique-assiette professionnel.
À l’origine, cette expression était employée pour désigner, avec
élégance et compassion, toute personne respectable n’ayant que la
charité des Temples pour nourrir honnêtement sa famille.
Désigne désormais péjorativement toute personne cherchant à
vivre gratuitement au crochet de la société laelithienne.

Faire sabot
Fait référence à l’échelle éponyme. Signifie « flatter quelqu’un ou-
trageusement dans le but d’obtenir quelque chose de lui ».

Flugistik !
Expression de mépris chez les gopneldauns de Laelith.
Flugistik de Ponton, pour ne pas rembourser ses dettes à ses congé-
nères, voulut se faire engager dans une puissante guilde d’assassins. Il
fut retrouvé au matin, quai des Contrebandiers, dans une marmite,
bouilli et accompagné d’une sauce gopneldaun. Un des rares cas où des
cuisiniers gopneldauns ne se vantèrent pas de leur création culinaire.

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Il y a plus de profondeur sous Laelith


que de hauteur au sommet de la Tour majeur des mages !
Sagesse populaire, expression signifiant que le mal peut être plus
fort que le bien chez les Laelithiens.

Le chariot au port (avoir)


État d’un homme qui a des soucis avec sa virilité. Autre version :
« Son chariot ne monte plus jusqu’à la Haute Terrasse ».

Ookhab
Les ookhabs, animaux de bât puissants et endurants, sont à l’ori-
gine de plusieurs expressions courantes à Laelith :
• « Voir des ookhabs roses » : sans surprise, arrive souvent lorsqu’on
a bu trop d’alcool.
• « Bien sûr, prends-moi pour un ookhab ! » : peut se dire à quelqu’un
qui tente de vous faire croire quelque chose de trop gros pour être
vrai.
• « Ne pas voir un ookhab dans une échelle » : être étourdi, aveugle,
inconscient.

Sonneur (se) de Cloaque


Se dit d’un barde jouant faux (et par extension pour dénigrer
un barde), sous-entendu que sa musique devrait rester au fond du
Cloaque.

Traverser le pont à la nage


Se dit d’une personne ayant abusé des taberges et de leurs plaisirs
et qui a chuté dans l’Inlam. En général ce type de nage est mortel…
Dans la forme « Eh, mec, tu traverses le pont à la nage ou quoi ? »,
il s’agit d’un autre usage de cette expression qui peut correspondre à
« marcher à côté de ses pompes ».

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Toponymes de Laelith
Le langage populaire est composé d’une quantité impressionnante
de noms écornés, modifiés, et le pèlerin non averti pourrait se perdre
face à de tels propos. Ce qui suit n’est qu’une petite partie des appel-
lations rencontrées dans la Cité sainte.
• Le Nuage : peut désigner la terrasse ou le Temple, en fonction du
contexte ; on dit aussi la Vapeur, les Vappes.
• La Haute : la Haute Terrasse, on dit aussi les Hauts.
• Le Lac : peut désigner la Chaussée du lac, ou l’Altalith, en fonction
du contexte ; on dit aussi l’Humide, la Flotte.
• L’Oiseau : le Temple de l’Oiseau de feu, on dit aussi la Flambée, le Feu.
• La Main : la terrasse de la Main qui travaille ; on dit aussi la
Fatigue, la Fourmilière, la Ruche ou le Rucher en raison de l’acti-
vité incessante.
• La Prosp’ : la terrasse de la Prospérité ; on rencontre aussi un cu-
rieux « la fontaine à sieur Péaut », ce vieux nom est une sorte de
déformation de po (pièces d’or), qui désigne une monnaie ayant
cours à Laelith. Plusieurs scribes ont cherché dans les archives qui
pouvait bien être ce fameux sieur Péaut.
• Les Planches : le Grand Théâtre, sobriquet très ancien qui rappelle
l’antique établissement.
• L’Escalle : le Chariot qui monte ; on dit aussi l’Écale, par élision.
• Le Chate : le Châtiment (la terrasse ou l’événement).
• L’In : l’Inlam, la Faille.
• La Crève-pèlerin : l’échelle des Mille Marches, à noter qu’on peut
aussi désigner de cette manière le raidillon qui monte le long de la
falaise de Vorn.
• Les Septères : la place des Sept Royaumes.
• La Solitude : la porte de l’Immense Solitude septentrionale, on dit
aussi l’Oubliée.
• La Bouteille : la porte de l’Ivresse enchanteresse, on dit aussi
l’Ivresse, le Flacon, la Chopine.
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Directeur de publication : David Burckle
Chef de projet : Jean-Marie Noël
Auteurs : André Foussat et Agnès Pernelle
Les expressions typiques sont rapportées par : Alexis Flamand, Philippe Rat, Maximilien
Verdu, Nurthor Le Noir, Géraud G., Didier Guiserix, Phearys
Relecture : Agnès Pernelle
Illustrations de couverture : Tan Burci
Création graphique & Maquette : Romano Garnier
L’équipe de Black Book Editions : Thomas Berjoan, Éric Bernard, Ghislain Bonnotte,
Anthony Bruno, Damien Coltice, Jonathan Duvic, Marie Ferreira, Romano Garnier,
Laura Hoffmann, Justine Largy, Céline Munoz, Aurélie Pesseas et Gabriela Tagle

Édité par Black Book Éditions


50 rue Jean Zay, 69800 St Priest.
Dépôt légal : Juillet 2020.
ISBN : 978-2-36328-267-5
ISBN (PDF) : 978-2-36328-268-2
Imprimé en UE.

© Black Book Éditions, 2020.


Casus Belli, Black Book Éditions, Laelith, sont des marques déposées par Black Book Éditions.
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