Vous êtes sur la page 1sur 21

Développement psychomoteur 

Avant de commencer…

L’analyse du développement psychomoteur normal du nourrisson fait partie de l’examen


systématique de celui-ci au cours des 2 premières années de vie.

Le développement intellectuel est ensuite régulièrement évalué et permet d’apprécier les


capacités de socialisation et d’acquisition des aptitudes de l’enfant.

Toute suspicion de retard mental doit d’abord faire éliminer une anomalie sensorielle
(audition, vision).

Les réponses à cet item permettent, par la connaissance de la normalité des principaux acquis
selon l’âge, le dépistage précoce d’une anomalie du développement psychomoteur et d’un
retard mental, dont il conviendra non seulement de préciser l’origine, mais encore de favoriser
l’accompagnement et donc le pronostic.

1  -  Pour bien comprendre


1 . 1  -  Définitions

Le développement psychomoteur (DPM) de l’enfant est un phénomène complexe de


maturation qui se déroule selon des facteurs complémentaires et indissociables entre eux :
psychomoteurs, cognitifs, affectifs. Le processus de développement spécifique de l’enfant
dépend de facteurs génétiques et de facteurs d’interaction avec l’environnement (liens mère-
enfant).

Le DPM, quoique susceptible d’être physiologiquement variable d’un enfant à un autre,


évolue selon une chronologie harmonieuse des acquisitions.

Le retard psychomoteur se définit comme la non-acquisition de normes de développement


aux âges programmés. Un retard psychomoteur peut être global (altérant tous les types
d’acquisitions), ou ne concerner qu’un seul d’entre eux.

Pour le prématuré, il convient de prendre en compte l’âge corrigé au cours des 2 premières
années de vie.

1 . 2  -  Paramètres de développement évalués

Types d’acquisitions lors du DPM du nourrisson :

 acquisitions motrices et posturales (tonus) ;


 acquisitions manuelles (préhension puis graphisme) ;
 acquisitions du langage (compréhension puis expression) ;
 acquisitions sensorielles.
Paramètres d’évaluation reliés :

 alimentation ;
 sommeil ;
 contrôles sphinctériens.

Et à tous les âges :

 qualité du développement intellectuel ;


 qualité du développement affectif et des capacités d’adaptation sociale.

Ce chapitre décrit d’abord les aspects normaux du développement psychomoteur, puis leur
oppose les aspects pathologiques qu’il convient de dépister (tableau 3.1).

Tableau 3.1 Rationnel du chapitre


Aspects normaux Aspects pathologiques
Développement psychomoteur : Retard psychomoteur
– 4 grandes acquisitions
• motrices et posturales
• manuelles
• du langage
• sensorielles
– autres paramètres Troubles du comportement alimentaire
• alimentation Troubles du sommeil
• sommeil Troubles des contrôles sphinctériens
• contrôles sphinctériens Retard mental
Développement intellectuel Troubles envahissants du développement
Développement affectif et social Troubles des apprentissages

Les informations de ce chapitre ne sont pas exigibles dans leur chronologie détaillée pour
l’ECN, mais sont décrites à visée informative pour tout médecin de l’enfant. Leur
mémorisation est guidée selon les données ciblées au cours des différents examens cliniques
proposés dans le carnet de santé (voir chapitre 7).

2  -  Aspects normaux des développements


psychomoteur, intellectuel, affectif et social
2 . 1  -  Développement psychomoteur
2 . 1 . 1  -  Acquisitions motrices et posturales

Évaluation du tonus musculaire

Le tonus du nouveau-né se caractérise par une hypertonie des membres en flexion contrastant
avec une hypotonie de l’axe, ainsi qu’une gesticulation spontanée globale faite de
mouvements en flexion et extension.
Les acquisitions motrices et posturales du nourrisson se caractérisent par une réduction de
l’hypertonie des membres, avec extension successive des membres supérieurs puis inférieurs,
et un renforcement du tonus axial depuis la tête vers les pieds.

Le tonus passif est évalué chez un enfant couché sur le dos par la mesure des angles
adducteurs, des angles talons-oreilles et des angles poplités (voir fig. 1.4).

L’ouverture de ces angles au cours de la première année de vie traduit la réduction de


l’hypertonie physiologique néonatale des membres. Exemples : angles adducteurs : = 30° à
M0 / 70° à M6, angle talons-oreilles = 100° à M2 / 150° à M9, angles poplités : 100° à M2 /
160° à M9.

Le tonus actif est évalué au niveau du tronc par la manœuvre du tiré-assis.

L’enfant soutenu derrière les épaules est attiré face à l’examinateur de la position couchée sur
le dos vers la position assise (voir fig. 1.5).

Évaluation du développement postural

Tenue de la tête :

 nouveau-né : maintien dans l’axe du corps pendant quelques secondes ;


 3–4 mois : stabilité dans l’axe du corps.

Position assise :

 5–6 mois : position assise possible avec appui ;


 8–9 mois : position assise possible sans appui.

Position debout :

 9–10 mois : position debout possible avec appui ;


 11–12 mois : position debout possible sans appui.

Évaluation de la motilité et de la locomotion

Principales étapes :

 nouveau-né–2 mois : mouvements de flexion-extension dans le vide ;


 2 mois : soulève tête et épaules (sur le ventre) ;
 4 mois : s’appuie sur les avant-bras (sur le ventre) ;
 6 mois : se retourne seul ;
 9 mois : marche à 4 pattes ;
 10–11 mois : se met debout ;
 12–18 mois : acquisition de la marche.

Signes neurologiques reliés à la maturation psychomotrice


Selon l’âge :

entre 2 et 6 mois : disparition des réflexes archaïques du nouveau-né ;

8–9 mois : réactions posturales aux pulsions (fig. 3.1) : ventrale = parachute ventral / latérale
= appui latéral.

Figure 1 : Réactions posturales : parachute ventral et pulsion latérale du tronc


2 . 1 . 2  -  Acquisitions manuelles

Évaluation de la préhension :

4 mois : joue avec les mains ;


5 mois : préhension digitopalmaire (entre les doigts et la paume) ;
6 mois : passe un objet d’une main à l’autre, mise à la bouche ;
9 mois : pince pouce-index (fig. 3.2) ;
12 mois : lâcher volontaire des objets ;
18 mois : empile 2 cubes, mange seul (biberon ou cuillère).

Évaluation du graphisme :

2 ans : imite un trait ;


3 ans : imite un rond.

Figure 2 : Pince pouce-index


2 . 1 . 3  -  Acquisitions du langage

Principales étapes :

 premiers mois : gazouillis et vocalises ;


 6 mois : babillage (répétition de syllabes simples) ;
 9 mois : répète une syllabe ;
 12 mois : premiers mots ;
 18 mois : 18 mots, association de 2 à 3 mots ;
 2–3 ans : utilisation du « je », langage bien construit.

Y opposer les signes d’alerte de retard de langage (voir tableau 3.4).

2 . 1 . 4  -  Acquisitions sensorielles

Principales étapes :

 3 mois : suit latéralement du regard à 180°, convergence haut/bas ;


 6 mois : orientation aux bruits.

Se référer aussi au chapitre 6 traitant des dépistages sensoriels.

2 . 1 . 5  -  Autres paramètres

 Alimentation = nombre de repas (voir chapitre 50) :


o 1 mois : 6 à 7 ;
o 2–3 mois : 5 ;
o plus de 4 mois : 4.

 Sommeil = nombre d’heures de sommeil (incluant les siestes) :


o 2 mois : 18 h ;
o 9 mois : 14–15 h ;
o 24 mois : 12 h.

 Contrôles sphinctériens (acquisitions variables selon la culture et l’éducation) :


o 1–3 ans : propreté diurne ;
o 2–3 ans : propreté nocturne.

2 . 2  -  Développement intellectuel

L’évaluation du développement intellectuel peut être assurée dès les âges de 2–3 ans.

Elle relaie celle du développement psychomoteur et permet l’appréciation des capacités de


socialisation et d’acquisition des aptitudes. Elle guide ainsi les capacités d’insertion de
l’enfant en collectivité scolaire.

Si besoin, des tests de fonctionnement intellectuel : QD et QI peuvent être réalisés.

Le QD (quotient de développement) repose sur la réalisation du test de Brunet-Lézine, pour


les enfants âgés de moins de 3 ans.

Le QI (quotient intellectuel) repose sur la réalisation des tests calibrés sur les échelles de
Wechsler : WPPSI (Wechsler Preschool and Primary Scale Intelligence) pour les enfants âgés
de 4 à 6 ans, WISC (Wechsler Intelligence Scale for Children) pour les enfants âgés de 6 à 16
ans.

Le QI global (QI verbal + QI de performance) est normal entre 80 et 119.

2 . 3  -  Développement affectif et social


 À 1 mois :
o dépendance absolue, satisfaction des besoins digestifs ;
o importance des contacts physiques, rôle apaisant de la voix.

 Par la suite :
o acquisition d’une autonomie progressive ;
o reconnaissance mère-père, accordage affectif ;
o résonance émotionnelle mère-enfant, sourires relationnels.

 Entre 9 et 24 mois :
o (angoisse de l’inconnu) ;
o perception du corps par rapport à l’espace et aux objets ;
o frustration/permission, autonomie/dépendance ;
o don/retrait, échange/reprise.

2 . 4  -  En synthèse (tableau 3.2)


Tableau 3.2 Principales étapes du développement psychomoteur du nourrisson et du petit
enfant
Acquisitions motrices Acquisitions Acquisitions
Âge Acquisitions du langage
et posturales manuelles sensorielles
Soulève tête et
épaules (sur le ventre)
Sourire-réponse
Réponse vocale à la
2 mois Serre le doigt
Bouge sollicitation
Suit des yeux
vigoureusement
les 4 membres
Tenue de tête droite
acquise
4 mois Joue avec les mains Vocalise Rit aux éclats
S’appuie sur les
avant-bras (sur le
ventre)
Passe un objet
Repère un visage
6 mois Tient assis avec appui d’une main à Babillage (ma-ma)
familier
l’autre
9 mois Tient assis sans Saisit un objet Répète une syllabe Réagit à son
appui avec la pince prénom
pouce-index
Tient debout avec Joue à coucou,
appui Réactions le voilà
posturales aux
Peur de
pulsions
l’étranger
Autonomie pour le
2 mots
12–18 verre et la cuillère Joue avec
Marche seul combinésApparition
mois d’autres enfants
du « non »
Empile 2 cubes
Comprend
24
Court Imite un trait 3 mots en phrase une consigne
mois
simple
Monte les escaliers en
alternant les pieds
3 ans Imite un rond Dit une petite histoire S’habille seul
Fait du tricycle

Mémoriser le tableau de synthèse pour l’ECN.

3  -  Aspects pathologiques des


développements psychomoteur, intellectuel,
affectif et social
3 . 1  -  Retard de développement psychomoteur
3 . 1 . 1  -  Retard vis-à-vis des 4 principales acquisitions

Identification d’un retard psychomoteur

Circonstances de mise en évidence :

 un examen de dépistage approfondi chez un nourrisson ayant des facteurs de risque ;


 un retard objectivé par rapport à la chronologie habituelle lors du suivi systématique ;
 l’inquiétude rapportée par les parents.

Facteurs de risque possibles à identifier :

 antécédents familiaux :
o consanguinité, fausses couches inexpliquées,
o retard psychomoteur inexpliqué, maladies neurologiques ;

 antécédents obstétricaux :
o anomalie cérébrale échographique, RCIU, prématurité,
o intoxications maternelles, infections à CMV et toxoplasmose ;
 antécédents néonatals :
o souffrance néonatale, infection périnatale, ictère nucléaire,
o hypoglycémies ou convulsions néonatales, microcéphalie.

Le médecin doit toujours tenir compte de la variabilité interindividuelle du développement


psychomoteur. Celle-ci est illustrée par les « fourchettes » des âges d’acquisitions présentées
dans le DENVER, échelle de développement souvent utilisée.

Certains signes à un âge donné doivent toutefois alerter (tableau 3.3).

Tableau 3.3 Signes d’alerte de retard psychomoteur


→ Absence de tenue de tête à l’âge de 4 mois
→ Persistance des réflexes archaïques à l’âge de 6 mois
→ Absence de tenue assise, mauvaise préhension volontaire à l’âge de 9 mois
→ Pas de marche à l’âge de 18–24 mois
→ Absence de parole à l’âge de 2 ans et absence de phrase à l’âge de 3 ans

Retenir les signes d’alerte de retard de développement psychomoteur.

Analyse du retard psychomoteur

Un retard de développement psychomoteur peut être :

 global (= homogène) : tous les types d’acquisitions sont concernés ;


 ou spécifique (= hétérogène) : seul un type d’acquisition est concerné.

Ses caractéristiques évolutives doivent être analysées :

 retard psychomoteur ancien avec poursuite lente des acquisitions :


o tableau le plus fréquent, anamnèse à la recherche de facteurs de risque,
o évocateur d’une pathologie neurologique fixée ;

 retard psychomoteur acquis après une période initiale normale :


o examen clinique à la recherche de signes neurologiques associés,
o évocateur d’une pathologie neurologique évolutive.

Analyse du retard psychomoteur : homogène ou non, ancien ou acquis.

Conduite à tenir

Enquête clinique :

 facteurs de risque de retard psychomoteur (voir supra) ;


 examen somatique complet en particulier :
o syndrome dysmorphique,
o évaluations neurologique, ophtalmologique et ORL ;

 données psychoaffectives reliées à l’environnement.


Enquête paraclinique :

 orientée en fonction des données cliniques et de l’analyse du retard psychomoteur ;


 peut comporter selon le contexte : IRM cérébrale, bilan métabolique, examen du LCR,
sérologies virales, électroencéphalogramme, caryotype standard…

Principes de prise en charge :

 un suivi multidisciplinaire avec orientation vers un CAMSP ;


 une rééducation psychomotrice pour l’enfant ;
 un accompagnement psychologique des parents.

Suivi multidisciplinaire, orientation vers un CAMSP, accompagnement parental.

3 . 1 . 2  -  Retard des autres paramètres d’évaluation

Troubles du comportement alimentaire (TCA)

L’anorexie du nourrisson d’opposition débute vers l’âge de 12–18 mois.

Il s’agit d’un refus du nourrisson de se nourrir, d’ouvrir la bouche, d’avaler, avec parfois des
vomissements environ 30 minutes après les repas. Le refus alimentaire est qualifié de passif,
si l’enfant laisse dégouliner les aliments le long de la bouche ou les régurgite. Il est qualifié
d’actif, s’il manifeste une opposition violente au forcing alimentaire.

Le pronostic est habituellement bon avec des conseils éducatifs. Il est plus réservé en cas de
signes de gravité : retard de croissance staturo-pondérale, symptômes dépressifs, perturbation
importante de l’interaction mère-enfant. Une étiologie organique doit toujours être éliminée,
et l’enfant confié à une équipe pédopsychiatrique.

Le mérycisme débute entre les âges de 6 et 9 mois, habituellement chez un garçon.

Il s’agit de régurgitations actives et répétées des aliments, suivies de leur mâchonnement. Le


linge du nourrisson est mouillé en permanence et a une odeur aigrelette caractéristique. Ces
régurgitations sont plus fréquentes lorsque l’enfant est seul. Les mouvements de
mâchonnement sont parfois observés au réveil chez un nourrisson au regard vide, indifférent à
l’entourage, et hypotonique.

Sa prise en charge justifie le recours à une équipe pédopsychiatrique.

Le pica peut-être banal entre les âges de 6–18 mois, mais devient pathologique au-delà.

Il se définit comme des ingestions répétées de substances non nutritives.

Il faut rechercher une cause et des complications éventuelles : saturnisme, anémie.

Troubles du sommeil

Ils sont traités dans le chapitre 36.


Troubles du sommeil : dysomnies et parasomnies.

Troubles des contrôles sphinctériens

Les troubles mictionnels sont traités dans le chapitre 72.

L’encoprésie est un trouble du contrôle de la défécation.

Elle se définit comme des émissions de matières fécales répétées, involontaires ou délibérées,
survenant en dehors de toute affection médicale ou neurologique, après l’âge de 4 ans.

On distingue l’encoprésie avec constipation et incontinence par débordement, et l’encoprésie


isolée. L’encoprésie isolée est le plus souvent reliée à un trouble oppositionnel.

Énurésie secondaire nocturne + polyuro-polidipsie : éliminer un diabète.

3 . 2  -  Retard mental


3 . 2 . 1  -  Pour bien comprendre

Définition du retard mental

Le retard mental se définit par :

 un fonctionnement intellectuel significativement inférieur à la moyenne (QI < 70) ;


 associé à des limitations significatives dans au moins deux domaines du
fonctionnement adaptatif :
o communication, autoprotection, autonomie, loisirs, santé, autodétermination,
o vie sociale, scolarité, usages des services de la communauté, travail ;

 apparu dès l’enfance.

Le retard mental doit être dépisté le plus précocement possible pour favoriser la mise en place
de mesures de rééducation appropriées, sans attendre les risques d’un diagnostic trop tardif.

Dans un contexte d e polyhandicap, les difficultés motrices et/ou de communication ne


doivent pas masquer les potentialités intellectuelles qui doivent être recherchées de façon
spécifique.

La mise en évidence des compétences de l’enfant est ainsi l’enjeu prioritaire :

 dans le domaine cognitif par l’analyse des résultats des différents tests
psychométriques ;
 dans le domaine adaptatif par l’analyse des modes de communication, d’interaction
sociale, des capacités d’autonomie et d’apprentissage scolaire.
Quotient intellectuel (QI)

Le quotient intellectuel est considéré comme normal entre 80 et 119.

Il y a efficience mentale si le QI est compris entre 70 et 79, retard mental si le QI est inférieur
à 70.

Le retard mental est ainsi qualifié de :

 léger : pour un QI entre 50–55 et 70 ;


 moyen : pour un QI entre 35–40 et 50–55 ;
 grave : pour un QI entre 20–25 et 35–40 ;
 profond : pour un QI inférieur à 20–25.

Les retards mentaux légers doivent être différenciés des troubles spécifiques des
apprentissages et des troubles psychopathologiques, auxquels ils peuvent être associés.

Les retards profonds et graves s’inscrivent le plus souvent dans un contexte de polyhandicap,
d’atteintes cérébrales et/ou de causes génétiques.

La seule valeur du QI ne suffit pas à apprécier le fonctionnement intellectuel.

3 . 2 . 2  -  Diagnostic

Enquête clinique

Signes anamnestiques d’alerte évoquant un retard mental :

 avant l’âge de 3 ans, la présence de l’un de ces signes :


o un retard du développement psychomoteur, un retard de langage,
o des anomalies des interactions sociales ;

 après l’âge de 3 ans, l’association de deux ou plusieurs troubles :


o troubles de la coordination globale, troubles de la motricité fine,
o retard de langage, difficultés lors du recours à l’imaginaire ou l’abstraction,
o difficultés d’adaptation sociale, troubles des apprentissages scolaires.

Signes cliniques très variables selon que le retard mental est :

 isolé ;
 associé à des signes dysmorphiques faisant évoquer une cause génétique ;
 chronique dans un contexte d’atteinte cérébrale (infirmité motrice cérébrale, épilepsie)
;
 progressif dans le cadre d’une maladie métabolique, d’une encéphalite ;
 acquis à la suite d’un traumatisme, d’un AVC, d’une méningite ou d’une tumeur.

La démarche clinique d’orientation repose sur :

 une anamnèse précise :


o antécédents familiaux, réalisation d’un arbre généalogique,
o antécédents obstétricaux, notion d’asphyxie périnatale,
o retentissement du retard mental sur la vie quotidienne ;

 un examen clinique rigoureux :


o évaluation du développement psychomoteur,
o recherche d’un syndrome dysmorphique, examen neurologique,
o évaluation du développement staturo-pondéral, de l’audition et de la vision.

Enquête paraclinique

Examens complémentaires d’orientation indispensables :

 bilan auditif : audiogramme, tympanogramme ;


 bilan visuel : mesure de l’acuité visuelle, test de l’oculomotricité, fond d’œil ;
 tests psychométriques : Brunet-Lézine, WPPSI ou WISC-IV.

Autres examens utiles pour permettre de préciser l’étiologie :

 bilan neurologique : imagerie cérébrale, recherche de maladies métaboliques ;


 recherche génétique : caryotype standard, recherche d’X fragile ;
 selon l’orientation : sérologies virales, PEA et PEV (potentiels évoqués auditifs et
visuels), EEG, examens d’imagerie.

Autres évaluations permettant d’apprécier les compétences de l’enfant :

 évaluation neuropsychologique et pédopsychiatrique ;


 bilan de psychomotricité, bilan d’ergothérapie ;
 bilan d’orthophonie, bilan d’orthoptie.

Suspicion de retard mental : éliminer une anomalie sensorielle (audition, vision).

3 . 2 . 3  -  Principes de prise en charge

Cette prise en charge est détaillée dans le chapitre 49.

Prise en charge multidisciplinaire. Aide du CAMSP.

3 . 3  -  Troubles envahissants du développement (TED)


3 . 3 . 1  -  Pour bien comprendre

Les TED sont définis par la CIM10 comme un « groupe de troubles caractérisés par des
altérations qualitatives des interactions sociales réciproques et des modalités de
communication, ainsi que par un répertoire d’intérêts et d’activités restreint, stéréotypé et
répétitif. Ces anomalies qualitatives, variables dans leur intensité, infiltrent l’ensemble du
fonctionnement du sujet, quelles que soient les situations ».
Ils comprennent les catégories suivantes :

 autisme infantile ;
 autisme atypique ;
 syndrome de Rett ;
 autre trouble désintégratif de l’enfance ;
 hyperactivité associée à un retard mental et à des mouvements stéréotypés ;
 syndrome d’Asperger ;
 autres troubles envahissants du développement.

Ces états pathologiques sont habituellement manifestes dès les 5 premières années.

3 . 3 . 2  -  Autisme

Diagnostic

Ce diagnostic est 4 à 5 fois plus fréquent chez les garçons que chez les filles.

Dans le cadre du « plan autisme », l’HAS et la Fédération française de psychiatrie ont publié
en 2005 des recommandations de pratique professionnelle concernant le diagnostic d’autisme.

Tout praticien doit savoir repérer les signes d’alerte d’autisme :

 à l’anamnèse :
o antécédents d’autisme dans la fratrie (risque de récurrence),
o inquiétude des parents évoquant une difficulté développementale de leur enfant
;

 avant tout chez un enfant âgé de moins de 3 ans :


o absence de babillage, de pointage, ou d’autres gestes sociaux à 12 mois,
o absence de mots à 18 mois,
o absence d’association de mots à 24 mois,
o perte de langage ou de compétences sociales quel que soit l’âge ;

 lors d’une évaluation systématique de la réactivité sociale de l’enfant :


o un niveau faible de réactivité aux stimuli sociaux,
o des difficultés dans l’accrochage visuel et dans l’attention conjointe ou
l’imitation,
o l’absence de comportement de désignation des objets à autrui,
o l’absence d’initiation de jeux simples ou de participation à des jeux sociaux
imitatifs,
o des intérêts inhabituels ou des activités répétitives avec les objets.

Une évaluation par une équipe pluridisciplinaire permet de confirmer le diagnostic :

 analyse des développements psychomoteur et intellectuel ;


 examen clinique, notamment neurologique et sensoriel ;
 examen du langage et de la communication ;
 examen psychologique du profil intellectuel et socio-adaptatif.

Pauvreté des interactions sociales : savoir évoquer l’autisme.

Prise en charge

La prise en charge est multidisciplinaire et comporte :

 un encadrement éducatif spécifique ;


 des mesures orthophoniques permettant d’espérer un langage communicatif ;
 un environnement adapté susceptible de mettre l’enfant en contact avec le monde de la
réalité.

3 . 4 . 1  -  Pour bien comprendre

Ils sont définis comme une perturbation du développement des aptitudes, en dehors de toute
étiologie somatique (auditive, visuelle, neurologique), de tout retard mental, et de tout trouble
envahissant du développement.

L’enquête clinique et paraclinique devra absolument éliminer ces différentes causes.

On distingue plusieurs types de troubles des apprentissages :

 troubles du développement du langage : langage oral ou écrit ;


 autres troubles des apprentissages : dyspraxie, dyscalculie ;
 trouble déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH).

Le retard scolaire se définit comme un décalage dans les apprentissages attendus d’un élève
donné dans une classe donnée, et les acquisitions (insuffisantes) que l’élève parvient à
effectuer. L’échec scolaire correspond à un retard scolaire supérieur à 2 ans.

Une évaluation du dysfonctionnement triangulaire relationnel « enfant-famille-école » permet


d’assurer l’orientation et le suivi de l’enfant, selon les facteurs de vulnérabilité mis en
évidence.

3 . 4 . 2  -  Troubles du développement du langage

Généralités

La SFP (Société française de pédiatrie) a édité un guide pratique afin d’aider les praticiens
dans le dépistage et le diagnostic de ces troubles.

Tout signe d’appel (tableau 3.4) évoquant une difficulté de langage (oral ou écrit) doit être
pris en compte à tous les âges.

Tableau 3.4 Signes d’appel de troubles du langage (d’après la SFP)


Quand Pathologie(s)
Signes d’appel
s’inquiéter ? à suspecter
Ne semble pas réagir au bruit
Présente des infections ORL récurrentes
Surdité
A des difficultés pour comprendre ou répondre
de façon appropriée
Ne comprend pas le langage du quotidien
Troubles envahissants
Communique très peu malgré son désir de
du développement
communiquer ou faute de désir de communiquer
(autisme…)
Ne fait pas ou peu de progrès de langage malgré
À tout âge   Déficience intellectuelle
la socialisation
Troubles du langage oral ou
écrit
Interpelle par son comportement (s’isole, se Troubles envahissants du
replie sur soi ou s’oppose, agresse) ou par des développement (autisme…)
plaintes somatiques répétées Déficience intellectuelle
Troubles anxieux,
dépressifs…
Surdité
Retard de langage
Ne fait pas de tentative pour dire des mots
Déficience intellectuelle
À 15 mois Ne pointe pas du doigt
Troubles envahissants
N’a pas d’attention conjointe
du développement
(autisme…)
Ne comprend pas le langage même simple
Ne dispose pas de 50 mots de vocabulaire
À 2 ans  
Ne dispose que d’un nombre restreint de
consonnes
N’est pas capable de réaliser une consigne
verbale simple
À 2 ans 6  
N’associe pas deux mots pour faire une phrase
mois  Est très peu compréhensible par l’entourage
Hésite beaucoup quand il parle Bégaiement
A des difficultés pour comprendre les phrases
Surdité
hors contexte
Retard de langage
Ne fait pas de phrase à trois éléments
À 3 ans Déficience intellectuelle
(sujet + verbe + complément)A des difficultés
Retard de parole
pour trouver le bon mot pour exprimer ses idées
Dysphasie
N’est compris que par son entourage
À partir de 4 Garde des difficultés pour comprendre le langage  
ans  quand les phrases sont longues, complexes ou
abstraites
Dispose d’un vocabulaire restreint et imprécis
Ne fait que des phrases courtes ou mal
construites
A du mal à raconter des événements simples et
récents
Simplifie des mots, ce qui le rend peu intelligible
Répète des sons plusieurs fois avant de parler
Bégaiement
Se bloque en début de phrase
À partir de 4
Prononce mal certains sons Trouble d’articulation
ans 6 mois
Retard de langage
N’organise correctement ni sa parole, ni son Déficience intellectuelle
langage sur le versant expression Dysphasie
À partir de 5 A des difficultés pour comprendre Risque de difficultés
ans  d’apprentissage de l’écrit
Ne s’intéresse pas à la forme sonore du langage :
Risque de difficultés
ne perçoit pas les rimes, le nombre de syllabes
d’apprentissage de l’écrit
dans un mot (conscience phonologique)
Retard du langage écrit
A des difficultés dans l’apprentissage de la
En fin de CP Déficience intellectuelle
lecture
Troubles visuels et auditifs
À partir du Dyslexie
Ne maîtrise pas la lecture et/ou l’écriture
CE2 Dysorthographie

Troubles du langage oral

C’est un motif de consultation fréquent à l’âge préscolaire (10 % de la population).

Le moment optimal de dépistage se situe en classe maternelle. Le médecin traitant peut mettre
en évidence une non-acquisition d’un développement normal du langage oral grâce aux
questions types du carnet de santé, ainsi qu’à la réalisation de tests de langage.

Lors du bilan de santé systématique au cours de la 4e année : l’enfant doit « faire des phrases
bien construites », et « utiliser les articles et les prépositions » ; le test de langage utilisé est
l’ERTL4 (Épreuve de repérage des troubles du langage à l’âge de 4 ans).

L’analyse des troubles du langage permet de caractériser leur nature :

 troubles de l’articulation = erreur dans l’exécution de production d’un phonème :


o zézaiement,
o chuintement ;

 dysphasie = structuration déviante, lente et dysharmonieuse du langage ;


 bégaiement = trouble fonctionnel du rythme de parole en présence d’un tiers ;
 retard simple de langage = troubles de la syntaxe et de la linguistique.

Il est nécessaire d’éliminer un déficit sensoriel notamment auditif.

Un bilan orthophonique avec rééducation si nécessaire doit être prescrit. L’âge optimal
d’intervention pour une rééducation orthophonique se situe entre 5 et 6 ans.

Un retard simple de langage est le plus fréquent et d’évolution favorable avant l’âge de 6 ans.
Éliminer une surdité devant tout retard de langage oral.

Troubles du langage écrit

C’est un motif de consultation fréquent à l’âge scolaire (2–8 % de la population).

Le diagnostic est souvent porté dès la première année de scolarité au CP.

On distingue deux « versants » (souvent associés) de troubles du langage écrit :

 la dyslexie = difficultés d’apprentissage de la lecture et de l’acquisition de son


automatisme ;
 la dysorthographie = difficultés d’apprentissage de l’expression écrite.

Une prise en charge multidisciplinaire spécialisée est nécessaire.

Elle doit être précoce pour éviter un retard scolaire important pour l’enfant. Elle fait appel à
une rééducation orthophonique et à des adaptations pédagogiques (soutien scolaire), associées
parfois à un soutien psychologique.

Prise en charge des troubles du langage = orthophonie ± évaluation psychologique.

3 . 4 . 3  -  Autres troubles des apprentissages

Dyspraxie

Sa prévalence est de 5 à 7 % des enfants âgés de 5 à 11 ans.

Les plaintes scolaires débutent dès l’école maternelle, avec des difficultés au niveau du
graphisme puis des mathématiques.

La dyspraxie développementale est un trouble important sur le plan moteur et de


l’organisation spatiale : difficultés à planifier, programmer et coordonner les gestes
complexes intentionnels (écriture, habillage…).

La prise en charge est multidisciplinaire et précoce : rééducation (ergothérapie,


psychomotricité, orthoptie) et aménagements pédagogiques.

Dyscalculie

Sa prévalence serait de 2 à 6 % des enfants, mais il existe un sous-diagnostic.

La dyscalculie développementale est un trouble des compétences numériques et des habiletés


arithmétiques, comprenant aussi bien des difficultés de calcul proprement dites, que des
déficits dans d’autres activités numériques (manipulation de systèmes numériques, comptage,
lecture et écriture de nombres).

La prise en charge est également multidisciplinaire et précoce : rééducation orthophonique et


psychomotrice, avec adaptations pédagogiques.
Troubles des apprentissages : enfants d’intelligence normale, pas de déficit neurologique ou
sensoriel, pas de psychopathologie, pas de carence pédagogique.

3 . 4 . 4  -  Trouble déficit de l’attention / hyperactivité (TDAH)

Généralités

Sa prévalence est estimée à 3–5 % des enfants d’âge scolaire, avec une prédominance
masculine.

Les troubles des apprentissages ne sont pas constants ; mais environ 50 % de ces enfants
seraient en grave échec scolaire.

Il convient de le différencier des autres causes d’instabilité psychomotrice : états d’agitation


secondaire à des médicaments (corticoïdes), à des maladies somatiques (endocrinopathie,
épilepsie), à des troubles anxieux ou de la personnalité, mais aussi des états de turbulence sans
troubles de l’attention chez certains enfants.

Diagnostic

L’enfant souffre de difficultés précoces et durables dans trois domaines :

 déficit attentionnel :
o impossibilité de maintenir son attention sur une activité,
o distraction facile par n’importe quel stimulus extérieur ;

 hyperactivité motrice :
o activité motrice excessive inappropriée, inefficace et désordonnée,
o incapacité à tenir en place ;

 impulsivité :
o comportement désordonné voire dangereux, pas d’anticipation du danger,
o incapacité à attendre son tour, réactions impulsives aux frustrations.

Le diagnostic est avant tout clinique.

Les échelles de Conners permettent une évaluation quantifiée et reproductible de la


symptomatologie.

Une évaluation multidisciplinaire est nécessaire : examen neuropsychologique, orthophonique


et de psychomotricité.

TDAH : déficit attentionnel, hyperactivité motrice, impulsivité.

Prise en charge

La prise en charge est multidisciplinaire et comporte :

 une aide psycho-éducative pour l’enfant et les parents ;


 une rééducation pour les troubles des apprentissages associés ;
 des aménagements pédagogiques.

Un traitement pharmacologique par méthylphénidate (Ritaline®) peut être prescrit.

Sa prescription initiale est hospitalière, réservée aux seuls services spécialisés de psychiatrie,
neurologie et pédiatrie, sur une ordonnance sécurisée d’une validité de 1 an. Le
renouvellement tous les 28 jours peut être effectué par tout docteur en médecine.

Vous aimerez peut-être aussi