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Topologie
5e édition
Illustration de couverture : seamless background © Kirsten Hinte – fotolia.com
Avant-propos IX
Notations XII
VII
Topologie
Index 313
VIII
A VANT - PROPOS
La plupart des traités de topologie générale suit l’une des deux voies suivantes :
La première s’attache aux raffinements les plus extrêmes de la théorie (axiomes de
séparation T 1 , . . . , T 4 , critères de métrisabilité de Nagata-Smirnov, etc.).
La seconde (cf. [C] ou [De] par exemple) passe relativement vite sur les notions
fondamentales pour arriver à leur application à la théorie des fonctions (théorèmes
d’Ascoli et Stone-Weierstrass par exemple) ou à celle des espaces normés (théorème
de F. Riesz par exemple) ; ces applications sont aussi excellemment développées dans
les ouvrages classiques [D], [S] ou dans l’ouvrage plus récent [HL].
Nous avons donc choisi une troisième voie, en ne traitant que les notions fonda-
mentales de la topologie générale (et il y en a peu : limites, continuité, compacité,
connexité, complétude) dans le cadre d’espaces le plus souvent séparés, voire mé-
triques mais en creusant sur des exemples l’étude de ces notions, ce qui peut mener
assez loin, même si on demeure résolument (comme c’est le cas dans cet ouvrage)
aux niveaux L3 et Master ; ainsi le théorème du point fixe de Picard et le théorème
de Baire débouchent sur les notions de dimension topologique et de dimension de
Hausdorff, d’objet fractal, etc., sans parler des applications plus classiques à l’Ana-
lyse. Nous traitons donc de façon approfondie des notions en nombre restreint, mais
qui se retrouvent ensuite partout dans le cursus d’un étudiant en mathématiques (cal-
cul différentiel et intégral, analyse fonctionnelle ou complexe, topologie algébrique
ou différentielle, etc.) et nous renvoyons (cf. bibliographie) à d’autres ouvrages pour
les grands résultats sur les espaces de fonctions.
Le livre est divisé en sept chapitres (à l’intérieur desquels nous nous permettons
parfois le renvoi à un chapitre ultérieur).
Le chapitre I donne une construction de R et de ses principales propriétés. Le
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
IX
Topologie
courbes et courbes de Jordan auto-similaires) y sont proposées ; les exercices plus dif-
ficiles, ou utilisant des notions un peu transversales, sont signalés par une astérisque.
Deux principes nous ont guidés pour cette troisième édition :
1) Mettre davantage en évidence les liens étroits de la topologie générale avec
d’autres branches des mathématiques, comme :
– Théorie de la mesure (théorème de Steinhaus au chapitre 1).
– Géométrie (distance géodésique au chapitre 2).
– Analyse complexe (métrique pseudo-hyperbolique au chapitre 2, théorème de
d’Alembert -Gauss selon Körner au chapitre 6).
– Analyse fonctionnelle (lemme de Zabrejko au chapitre 5).
2) Renforcer le plus possible la cohérence de l’ouvrage :
– En complément à l’exercice 16 du chapitre 6, le caractère inépuisable des compacts
connexes est établi au chapitre 7.
– La construction explicite d’une partie de R2 connexe et localement connexe, mais
non localement connexe par arcs, est donnée au chapitre 6.
– Une preuve fonctionnelle de la connexité de l’ensemble A du chapitre 4 (exer-
cice 32) est donnée, qui utilise les caractérisations séquentielles de la continuité.
– L’égalité des composantes par chaînes et connexes pour un métrique compact est
prouvée au chapitre 4.
Nous pensons que ce livre peut être utile à un étudiant en L3 connaissant bien le
programme de L1/L2, mais aussi à des étudiants plus avancés : CAPES, M1, agréga-
tion interne ou externe, et qu’il peut être utilisé à différents niveaux. Pour cela, nous
avons défini, dans la partie préliminaire « Notations », toutes les notions et symboles
utilisés dans le texte ; nous conseillons donc au lecteur de s’y référer souvent, ainsi
qu’aux ouvrages cités dans la bibliographie.
Nous avons beaucoup appris sur la topologie générale de A. Ancona et M.
Rogalski, qu’ils en soient remerciés ici. Enfin, nous adressons tous nos remerciements
à Mme A. Bardot pour la compétence, la célérité et la gentillesse avec lesquelles elle
a assuré la frappe de ce livre ainsi qu’à MM. C. Suquet, C. Sacré et B. Morel pour
leur précieuse aide dans la réalisation des figures.
Ces rééditions successives ont bénéficié des remarques très pertinentes de quelques
collègues, au premier rang desquels Bruno Calado, que nous remercions chaleureu-
sement. Nous avons ainsi clarifié et complété des points de cours (homotopie au cha-
pitre 4, applications en Analyse fonctionnelle du lemme de Zabrejko au chapitre 5,
définition et propriétés de l’indice au chapitre 6, ce qui rend plus accessible la preuve
du difficile théorème de Jordan-Schönfliess).
X
Avant-propos
Nous avons mis à profit cette cinquième édition sur les points suivants :
• Quelques coquilles résiduelles ont été éliminées, et la présentation de quelques
exercices simplifiée et améliorée.
• Chaque chapitre est précédé d’une présentation générale, qui met la notion étudiée
en perspective (compacité, connexité, complétude, . . . ) et donne quelques éléments
historiques.
• Le chapitre 3 est complété par plusieurs exercices nouveaux sur les notions de
produit tensoriel injectif et projectif dans les espaces de fonctions continues, et
rend ainsi un hommage particulier à A. Grothendieck et aux travaux de sa jeunesse.
• Le chapitre 7 contient une preuve complète du lemme de Vitali sur les recouvre-
ments fins, et pas seulement une référence à la bible qu’est le livre de Federer dans
ce domaine, comme cela était le cas dans la précédente édition.
Ce lemme combinatoire, un peu analogue à celui de Borel-Lebesgue, mais ré-
servé aux espaces métriques, joue un rôle essentiel dans l’étude de la dimension
de Hausdorff de ce chapitre 7, mais peut se révéler utile au lecteur (préparant le
CAPES, l’agrégation ou une thèse) dans d’autres domaines, par exemple l’intégra-
tion (nous pensons
x notamment au théorème de Lebesgue sur la différentiation des
intégrales x → 0 f (t)dt). Sa preuve n’est pas très difficile, mais demande un peu
de réflexion, c’est pourquoi nous y avons consacré plusieurs pages.
Enfin, plusieurs dessins ont été incorporés au chapitre 5 : un dessin n’est pas une
preuve, répète-t-on souvent. Ajoutons qu’une preuve sans dessin est souvent une
preuve ennuyeuse et sans consistance, que l’on s’empresse d’oublier.
Nous accueillerons avec plaisir et gratitude toutes les remarques et suggestions
envoyées à l’adresse électronique suivante : Herve.Queffelec@univ-lille1.fr
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XI
N OTATIONS
XII
Notations
• Tous les espaces vectoriels (en abrégé K−ev ou ev) considérés (à l’exception de
l’exercice 1, chapitre I) seront sur le corps K = R ou C ; on note evn un espace
vectoriel normé ; un espace de Banach est un evn complet. Une semi-norme sur un
K−ev E est une application p : E → R+ ayant toutes les propriétés d’une norme sauf
peut-être l’implication p(x) = 0 ⇒ x = 0. Un hyperplan d’un ev E est un sous-espace
vectoriel de E de codimension 1.
• Le produit scalaire sur√ un espace de Hilbert H est toujours noté (x/y), la norme
associée |x| ; i.e. |x| = (x/x). L’inégalité de Cauchy-Schwarz s’écrit : |(x/y)| |x| |y|
pour x, y ∈ H. L’espace L (H) des applications linéaires continues de H dans H est
normé par : || f || = sup{| f (x)|; |x| = 1}. u∗ désigne l’adjoint de u ∈ L (H) : (x/u∗ (y)) =
(u(x)/y) pour tous x, y ∈ H.
• « K n usuel » désignera toujours Rn (resp. Cn ) muni de son produit scalaire euclidien
(resp. hermitien usuel) ; la norme associée définit la topologie usuelle sur K n , c’est-
à-dire la topologie produit de la topologie usuelle de K n fois par elle-même ; la base
canonique de K n est notée (e1 , . . . , en ), et on identifie f ∈ L (K n ) et sa matrice sur la
base canonique. S n est la sphère unité euclidienne de Rn+1 : x ∈ S n ⇔ |x| = 1.
• Si E est un ensemble de référence, I désigne l’identité de E dans E ; si E = K n , I
désigne aussi la matrice unité d’ordre n. det désigne la fonction déterminant sur K n ,
normalisée par det I = 1.
• GL(n, K) désigne le groupe des matrices carrées inversibles (n × n) à
coefficients dans K, O(n) (resp. U(n)) le sous-groupe des éléments orthogonaux (resp.
unitaires) de GL(n, R) (resp. GL(n, C)). O(n) est aussi le groupe des bijections li-
néaires de Rn qui conservent le produit scalaire euclidien.
• Une homographie est une application de la forme h(z) = az+bcz+d avec ad − bc 0 ; si
h = I, h est dite involutive.
2
• Si E est un K−ev, a, b ∈ E, A, B ⊂ E, λ ∈ K, on note : [a, b] = (1 − t) a + tb ;
t ∈ R, 0 t 1} ; c’est le segment d’origine a et d’extrémité b ; A + B = {a + b ;
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XIII
Topologie
X ; la mesure de Lebesgue sur Rn est notée mn , ou même m, s’il n’y a pas de risque
de confusion.
• Une fonction entière est la somme d’une série entière de rayon de convergence
infini. Plus généralement, une fonction holomorphe sur un ouvert U de C est une
application f : U → C qui est C−différentiable en tout point de U. H ∞ est l’espace
des fonctions holomorphes bornées sur D, le disque unité ouvert.
• Log x désigne le logarithme népérien du réel x > 0 ; Arc cos, Arc sin, Arctg dési-
gnent les déterminations principales des fonctions réciproques des fonctions trigono-
métriques cosinus, sinus, tangente et on a des bijections Arc cos : [−1, 1] → [0, π],
Arc sin : [−1, 1] → − π2 , π2 ], Arctg : R → − π2 , π2 .
• Dans le plan complexe C, on emploie les notations suivantes : |z| est le module de
z ; z = x − iy est le conjugué de z = x + iy. Rz = x, Im z = y sont respectivement les
parties réelle et imaginaire de z.
D(a, r) = {z ∈ C; |z − a| < r} est le disque ouvert de centre a et de rayon r.
D(a, r) = {z ∈ C; |z − a| r} est le disque fermé de centre a et de rayon r.
C(a, r) = {z ∈ C; |z − a| = r} est le cercle de centre a et de rayon r.
D = D(0, 1) est le disque unité ouvert ; Γ = C(0, 1) est le cercle unité. C’est aussi
l’ensemble des eit , où t parcourt un intervalle de longueur 2π.
• Une courbe est une application continue γ : [u, v] → C où u, v ∈ R et u < v ;
γ∗ = γ([u, v]) s’appelle l’image de γ.
• Une progression arithmétique dans Z est une partie de Z de la forme a + b Z, où
a, b ∈ Z. On emploie les abréviations usuelles pgcd et ppcm pour plus grand commun
diviseur et plus petit commun multiple.
• Pour f , g : C → C, la notation (de Landau) f = O(g) signifie qu’on peut trouver
M > 0 et δ > 0 tels que | f (z)| M|g(z)| si |z| δ.
• Un ensemble inductif E est un ensemble partiellement ordonné (E, ) dans lequel
toute partie totalement ordonnée possède un majorant ; b ∈ E est dit maximal si x ∈ E
et x b entraîne x = b. Si E est inductif et a ∈ E, on peut trouver b maximal avec
b a (lemme de Zorn ; cf. [HL]). Si a ∈ E vérifie a x pour tout x ∈ E, on dit que
a est le minimum de E et on note a = min E ; on définit de même max E, quand il
existe.
• Si X, Y sont deux espaces métriques, f : X → X est dite lipschitzienne s’il existe
k > 0 tel que d[ f (a), f (b)] k d(a, b) pour tous a, b ∈ X. f est dite isométrique si
d[ f (a), f (b)] = d(a, b) pour tous a, b ∈ X.
• On dit (supposant connue la notion d’action de groupe) que le groupe G agit tran-
sitivement sur l’ensemble X si, étant donné a, b ∈ X, il existe g ∈ G tel que ga = b.
XIV
LE CORPS DES RÉELS
1
I D ÉFINITION AXIOMATIQUE DE R
I.1 Corps archimédiens ; segments emboîtés
On adopte ici le point de vue de Dieudonné ([D], chapitre II), c’est-à-dire qu’on prend
en cours de route la construction de Dedekind par la méthode dite « des coupures »,
qui consiste à adjoindre aux rationnels déjà connus de nouveaux éléments ; cette
construction possède des propriétés dont la preuve n’est au début qu’une vérifica-
tion ennuyeuse ; on prend ces premières propriétés comme axiomes (axiome voulant
dire propriété admise) et on renvoie à [L] pour leur vérification ; à partir de ces
« axiomes », on démontre de façon rigoureuse d’autres propriétés fondamentales du
nouvel ensemble R considéré, notamment celle de la borne supérieure. On suppose
donc qu’il existe un ensemble R (appelé corps des (nombres) réels) tel que :
Axiome 1. R est un corps commutatif (de lois notées +, et ·), les éléments neutres
pour l’addition et la multiplication étant respectivement notés 0 et 1 (zéro et un).
Axiome 2. R est un corps ordonné, i.e. il existe sur R une relation d’ordre total notée
, compatible avec la structure de corps au sens où pour tous x, y, z de R :
x 0 , y 0 ⇒ xy 0 . (I.2)
Remarque. Le corps Q des rationnels vérifie les axiomes 1, 2, 3 ; il est donc prévi-
sible que c’est l’axiome 4 qui jouera le rôle essentiel dans les preuves à venir.
1
Chapitre 1 • Le corps des réels
x = x+ − x− ; |x| = x+ + x− (I.6)
b − a b − a
]a, b[= u; |u − c| < ; [a, b] = u; |u − c| . (I.7)
2 2
2
I. Définition axiomatique de R
Notons d’abord que R est, comme tous les corps ordonnés, un corps de caractéristique
zéro au sens où
x ∈ R , x 0 , n ∈ N∗ ⇒ nx 0 . (I.10)
En effet, x > 0 entraîne nx x > 0 d’après l’axiome 2 et une récurrence sur n
(noter que b1 a1 et b2 a2 entraîne b1 + b2 a1 + a2 ) ; de même, x < 0 entraîne
nx < 0. Comme tous les corps commutatifs de caractéristique zéro, R contient une
copie du corps Q des rationnels ; plus précisément, l’application ϕ : Q → R définie
par ϕ qp = (p · 1)(q · 1)−1 , où p ∈ Z, q ∈ N∗ , est un isomorphisme croissant du
corps ordonné Q sur un sous-corps de R, qu’on note encore Q par abus de langage.
Le théorème suivant est fondamental.
3
Chapitre 1 • Le corps des réels
La borne supérieure, si elle existe, est par définition le plus petit des majorants : elle
est donc unique et se note sup A ; on définit de même un minorant de A et la borne
inférieure (si elle existe) de A, qui est le plus grand des minorants et se note inf A ; A
est dite majorée (resp. minorée) si elle possède un majorant (resp. un minorant) ; le
théorème suivant est lui aussi fondamental.
a) Toute partie A non vide majorée (resp. minorée) de R possède une borne supé-
rieure (resp. une borne inférieure) m.
b) m est caractérisé par les deux propriétés suivantes :
i) m a pour tout a ∈ A,
ii) pour tout ε > 0, il existe a ∈ A tel que a m − ε.
c) m ∈ A, autrement dit tout intervalle ouvert contenant m coupe A.
4
II. Le théorème de la borne supérieure
que a + p 2−n ∈ M ; soit pn le plus petit entier ayant cette deuxième propriété, et
In = a + (pn − 1) 2−n , a + pn 2−n ; observons d’abord que
2 pn − 1 pn+1 2 pn . (II.3)
Remarque II.2. Le théorème de la borne supérieure, vrai pour R, ne l’est plus pour
Q (cf. exercice 13) ; c’est l’une des grandes supériorités des réels sur les rationnels,
et une des justifications de leur introduction ; en voici d’autres.
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5
Chapitre 1 • Le corps des réels
limite éventuelle et de pouvoir parfois conclure à son existence sans être capable de
la calculer. Voici d’autres définitions importantes :
(xn ) est monotone si elle est soit croissante soit décroissante . (II.8)
« Tout ce qui monte converge » selon Teilhard de Chardin ; voici la version mathéma-
tique qui dit la même chose en termes peut-être moins poétiques ...
Théorème II.3.
a) Toute suite de réels croissante, majorée converge dans R vers sa borne supérieure.
b) Toute suite de réels croissante, non majorée converge vers +∞.
6
II. Le théorème de la borne supérieure
Il en résulte que les segments Ik = xnk − 2−k , xnk + 2−k sont décroissants,
puisque xnk+1 + 2−k−1 xnk + 2−k−1 + 2−k−1 = xnk + 2−k et de même
xnk+1 − 2−k−1 xnk − 2−k−1 − 2−k−1 = xnk − 2−k ; d’après l’axiome 4, leur intersection
contient un réel , avec
|xnk − | 2−k . (II.10)
(II.10) montre que la suite (yk ) = (xnk ) converge vers quand k → ∞ ; et une suite de
Cauchy qui contient une sous-suite convergente converge, vérifions-le ici ; soit ε > 0,
n0 comme dans (II.5), k0 ∈ N assez grand pour qu’on ait 2−k0 ε et nk0 n0 (c’est
possible d’après (II.9)) ; alors n nk0 entraîne |xn − | |xn − xnk0 | + |xnk0 − |
ε + 2−k0 2ε, ce qui prouve le théorème puisque ε est arbitrairement petit. ❑
Remarque II.5. Là encore (cf. exercice 13) le fait d’être complet est une propriété
possédée par le corps des réels, et non par celui des rationnels.
Démonstration. Soit A l’ensemble des x ∈ K tels que [a, x] puisse être recouvert par
un nombre fini de ωi , et soit m = sup A b ; nous allons voir que
7
Chapitre 1 • Le corps des réels
A = {y ∈ R+ ; y2 x} .
A est non vide car 0 ∈ A ; A est majoré par x + 1 car y x + 1 entraîne y2 (x + 1)2 =
x2 + 2x + 1 > x ; A admet donc une borne supérieure m ∈ R+ ; m > 0 car, si p ∈ N∗
et 1p x, p12 1p x et 1p ∈ A ; je dis que
m2 = x . (II.12)
2m
x y2 m2 − m2 − ε .
n
8
II. Le théorème de la borne supérieure
Remarque II.10. Il existe des fonctions très irrégulières (non mesurables au sens
de Lebesgue) vérifiant :
(∗) f (x + y) = f (x) + f (y) pour tous x, y ∈ R. Mais on peut montrer que, dès que f
est un peu régulière (mesurable au sens de Lebesgue précisément !),
(∗) suffit à entraîner f (x) = x f (1) pour tout x ∈ R.
cf. Exercices 1 et 16, et remarque II.15.
Proposition II.11. Soit (It )t∈T une famille de segments se coupant deux à deux ;
alors les It se coupent tous : ∩ It ∅.
t∈T
9
Chapitre 1 • Le corps des réels
Remarque II.12. Il est facile de voir qu’on a plus précisément ∩ It = [a, b] avec
a = sup A, b = inf B.
D’après (I.7), la proposition II.11 admet la reformulation suivante (cf. chapitre II pour
la définition d’une boule).
Proposition II.13 (Propriété des deux boules). Toute famille de boules fer-
mées de R se coupant deux à deux a une intersection non vide.
Cette propriété est partagée par très peu d’espaces métriques : par exemple, il
est clair qu’on peut trouver dans R2 euclidien trois boules fermées se coupant deux
à deux et d’intersection vide (cf. figure 1.1) ; pour insister sur l’importance de la
proposition II.11 ou de la remarque II.12, voici encore une proposition qui n’est autre,
comme on l’a déjà dit, que le point central du théorème de Hahn-Banach (forme
analytique ; cf. par exemple [R], p. 106).
B1
B3 B2
B1 B2 B3 =
Figure 1.1
10
Exercices
Exercices
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Certains exercices font appel à des notions et définitions des chapitres suivants.
Montrer que, pour tout i, e∗i vérifie l’équation fonctionnelle précédente, mais n’est
pas continue sur R (e∗i n’est même pas mesurable-Lebesgue ; cf. remarque II.15 et
exercice 16).
11
Chapitre 1 • Le corps des réels
1.4 On sait que (cf. par exemple [HL]) pour tout ensemble X le cardinal de P(X)
est strictement supérieur à celui de X.
∗
n
a) Soit ω = (εn (ω)) ∈ {0, 1}N ; montrer que la suite de terme général εk (ω) 3−k est
1
∞
croissante majorée ; on note sa limite par ϕ(ω) ou par εk (ω) 3−k .
1
∗
b) Montrer que ϕ est une injection de {0, 1}N dans R ; en déduire que la cardinalité
de R est strictement supérieure à celle de N ; on dit que R n’est pas dénombrable
(théorème de Cantor).
12
Exercices
1.7 Soit (an ) une suite de réels non bornée ; on se propose de montrer qu’il existe
x ∈ R tel que eian x ne tend pas vers 1.
a) Construire par récurrence des segments emboîtés non réduits à des points I1 ⊃
... ⊃
Ik ⊃ Ik+1 ... et des entiers n1 < . . . < nk < nk+1 ... avec y ∈ Ik ⇒ eiank y − 1 1.
b) Montrer que l’intersection des Ik n’est pas vide et conclure.
1.10 Soit F un espace normé ayant la propriété des deux boules (une famille de
boules fermées se coupant deux à deux a une intersection non vide) ; soit M un hy-
perplan d’un espace normé E et f : M → F linéaire continue de norme 1,i.e. :
|| f (x)|| 1 pour ||x|| 1 ; montrer que f se prolonge en g : E → F linéaire continue
de norme 1.
1.11 Montrer que l’espace ∞ des suites bornées x = (xn )n0 de réels, normé par
||x|| = supn |xn |, a la propriété des deux boules.
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1.12 a) Soit (xn )n1 une suite de réels ; montrer qu’on peut en extraire une suite
monotone.
b) Soit X = (x1 , . . . , x p ) une suite de p réels distincts avec p = n2 + 1, n ∈ N∗ ;
i) soit f : X → N∗2 définie par f (xi ) = (ai , bi ) où ai (resp. bi ) est la longueur de la
plus grande suite croissante (resp. décroissante) commençant par xi et extraite de
X ; montrer que f est injective.
ii) Montrer qu’on peut extraire de X une suite monotone de longueur n + 1 ; en consi-
dérant l’exemple n, . . . , 2, 1, 2n, . . . , n + 2, n + 1, . . . , n2 , . . . , n2 − n + 1, montrer
que ce résultat est optimal en général.
13
Chapitre 1 • Le corps des réels
14
Corrigés
∞
εn
x= avec εn ∈ B.
n=1
qn
Corrigés
15
Chapitre 1 • Le corps des réels
√
∞
1.3.5...(2n−3)
1.5 a) 1−u = 1− an un pour −1 < u < 1, avec a1 = 1
2 et an = 2.4...2n
1
N √
pour n 2 (cours de L1/L2) ; en particulier 0 an un 1 − 1 − u 1 pour
1
N
0 u < 1, et faisant tendre u vers 1 : an 1 ; la série an à termes positifs a ses
1
∞
sommes partielles majorées, donc converge ; donc 1 − an un converge normalement
√ 1
vers 1 − u sur [−1, 1] ; avec u = 1 − (x − a) ∈ [−1, 1], on voit que la suite de
2
N
polynômes PN , où PN (x) = 1 − an (1 − (x − a)2 )n converge uniformément vers |x − a|
1
sur I ; de plus, (x − a)+ = 1
2 [|x − a| + (x − a)].
b) Par hypothèse, il y a une subdivision (ai ) avec −1 = a1 < . . . < an = 1, telle que f
n
est affine sur [ai , ai+1 ], 1 i n − 1 ; pour tous λ0 , . . . , λn , g(x) := λ0 + λk (x − ak )+
1
est aussi affine sur chaque [ai , ai+1 ], et on ajuste les λk pour avoir g(ai ) = f (ai ),
i = 1, . . . , n. g(a1 ) = f (a1 ) donne λ0 = f (a1 ) ; g(a2 ) = f (a2 ) donne λ0 + λ1 (a2 − a1 ) =
f (a2 ), ce qui détermine λ1 ; on détermine de proche en proche λ2 , . . . , λn et on obtient
g(x) = f (x) pour tout x ∈ I.
c) On utilise la continuité uniforme de f sur I (cf. chapitre III) pour l’approcher par
des fonctions affines par morceaux, puis on combine a) et b).
1.6 a) L’ensemble des μ(A J ) est majoré par 1, donc a une borne supérieure m ;
d’après le théorème II.1, il existe pour tout n de N∗ une partie dénombrable Jn ⊂ I
∞
telle que : μ(A Jn ) m − 1n ; posons J0 = ∪ Jn ; J0 est encore une partie dénombrable
1
de I (cf. [HL]), donc μ(A J0 ) m ; de plus μ(A J0 ) μ(A Jn ) m − 1n pour tout n, d’où
μ(A J0 ) = m.
b) Soit i ∈ I ; J0 ∪ {i} est dénombrable et contient J0 , d’où μ A J0 ∪{i} = m ; autrement
dit, μ(A ∪ Ai ) = μ(A), et μ(Ai ∩ Ac ) = μ(A ∪ Ai ) − μ(A) = 0.
16
Corrigés
||x − x0 || + ||y − x0 || ;
d’après l’hypothèse sur F, ces boules se coupent toutes : un point a de leur intersec-
tion répond à la question.
17
Chapitre 1 • Le corps des réels
18
Corrigés
1.14 a) i) Supposons que m G+ ; alors on peut trouver x ∈ G tel que m < x < 2m,
puis y ∈ G tel que m < y < x ; x − y ∈ G+ et 0 < x − y < m ce qui est absurde ; on
a donc m ∈ G+ , et m est le plus petit élément > 0 de G ; soit maintenant x ∈ G+ ; par
l’axiome 3, on peut trouver p ∈ N tel que pm x < (p + 1)m. Alors x − pm est un
élément 0 de G vérifiant x − pm < m, d’où x − pm = 0 et x ∈ mZ ; on en déduit
G = mZ.
ii) On peut trouver x ∈ G tel que 0 < x < b − a, et n ∈ Z tel que (n − 1)x a < nx ;
alors nx = (n − 1)x + x < a + b − a = b, et nx ∈ G∩ ]a, b[.
b) D’après a), si Zα + Z n’est pas dense dans R, il existe m > 0 tel que Zα + Z = mZ ;
en particulier, il existe p, q ∈ Z∗ tels que α = pm et 1 = qm ; d’où α = qp , ce qui est
contraire à l’hypothèse.
√ p
1.15 Supposons que 2 = q avec p, q premiers entre eux ; p2 = 2q2 , donc p est
pair : p = 2p
; puis q2 = 2p
2 , donc q est pair lui aussi, ce qui est absurde.
19
Chapitre 1 • Le corps des réels
∞ εn
1.17 a) Si x = ∈ K, on a 0 x ∞ q−1
n=1 qn = 1. Notons ensuite que tout
n=1 qn
∞ εn
x ∈ [0, 1] s’écrit de façon (presque) unique x = n=1 qn avec εn ∈ A. Et la suite (εn )
est une suite de variables aléatoires indépendantes (pour la mesure de Lebesgue m
sur [0, 1]) équidistribuées avec m(Xn = j) = 1/q, 0 j q − 1. On a clairement
K ⊂ {ε j p, 1 j N} pour tout entier N, donc par indépendance
⎛ ⎞
⎜⎜⎜ N ⎟⎟⎟ N q − 1 N
⎜ ⎟
m(K) m ⎜⎜⎜⎝ {ε j p}⎟⎟⎟⎠ = m εj p = ·
j=1 j=1
q
ε = ε
= α si α p.
ε = p − 1, ε
= p + 1 si α = p.
αn
c) Soit z ∈ [0, 2]. Alors 2z ∈ [0, 1]. Écrivons en base q un développement 2z = ∞ n=1 qn
∞ 2αn
avec αn ∈ A, soit z = n=1 qn · Pour chaque n, d’après b), on peut trouver εn , ε
n ∈ B
εn
∞ ε
n
tels que 2αn = εn + ε
n . Soit x = ∞ n=1 qn et y = n=1 qn · Alors, x, y ∈ K et z = x + y.
20
E SPACES
TOPOLOGIQUES ;
2
E SPACES MÉTRIQUES
L’algèbre étudie beaucoup la notion d’égalité (identité de Bézout, formule du binôme,
etc.), mais aussi des notions en apparence plus floues comme celle de congruence ou
égalité modulo un sous-groupe, et cette étude se révèle d’une grande utilité. On va
s’intéresser ici, également avec profit, à d’autres notions d’égalité floue, celle de voi-
sinage topologique ou encore celle de proximité ; c’est peut-être cette seconde notion
qui est la plus facile à saisir : à deux points x, y d’un ensemble X, on associe un réel
positif d(x, y) appelé leur distance (voilà pourquoi il a fallu bien dégager les proprié-
tés des réels au chapitre I), et les points x, y sont considérés comme proches si d(x, y)
est petit ; x et y jouent des rôles symétriques et la petitesse de d(x, y) est une propriété
du couple (x, y). Un cas extrême est celui de la distance discrète : d(x, y) = 1 si x y,
d(x, x) = 0 ; alors la petitesse de d(x, y) se traduit par l’égalité x = y. Un cas moins
extrême est celui de la distance p-adique sur Z de l’exercice 21, où la petitesse de
d(x, y) équivaut à la congruence de x et y modulo une grande puissance de p, et on
retrouve les notions algébriques évoquées plus haut. De manière générale, la notion
de distance se prête fort bien à la Géométrie (avec le langage des boules ouvertes ou
fermées) du plan ou de la sphère notamment, et aussi à l’Analyse avec la résolution
exacte ou approchée d’équations numériques ou fonctionnelles par la méthode itéra-
tive de Picard, et le concept d’espace métrique complet. Ce qui était à l’origine une
propriété de certains espaces de nombres ou de fonctions (théorème de Riesz-Fischer
par exemple) s’est révélé d’une importance telle (théorème de Baire entre autres)
qu’on en a dégagé un axiome. La première notion (qui intervient quand la seconde se
révèle insuffisante, cf. par exemple le théorème de Tychonoff au chapitre III) est plus
délicate et abstraite : on fixe x ∈ X et on lui associe de façon plus ou moins arbitraire
une famille de parties de X contenant x, baptisées voisinages de x. De façon très gros-
sière, on dira que y est voisin de x si y ∈ V, où V est voisinage de x ; ici x et y ne
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
jouent plus des rôles symétriques, x joue un rôle privilégié. On fait ainsi ce qu’on ap-
pelle de la topologie générale (c’est par là que nous commencerons) et il faut au début
accepter un catalogue de définitions (ouvert, fermé, intérieur, adhérence, etc.) ; mais
à l’usage, le langage de la topologie générale (recouvrement, compacité, connexité,
dimension topologique, etc.) se prête lui aussi très bien à la Géométrie et à l’Analyse,
même dans le cas des espaces métriques, lorsqu’on pourrait en principe s’en pas-
ser (cf. par exemple chapitre III, exercice 17). Enfin, ce langage permet de concilier
intuition et rigueur d’une façon remarquable ; nous le verrons tout au long des six
chapitres qui suivent, mais il nous faut d’abord défricher un terrain un peu aride et
dégager, comme nous l’avons dit, un certain nombre d’axiomes et de définitions.
21
Chapitre 2 • Espaces topologiques ; espaces métriques
Un exemple simple est celui où T = {∅, X} mais cette topologie, appelée d’ailleurs
topologie grossière, n’a aucun intérêt car elle a trop peu d’ouverts.
Une topologie séparée est donc une topologie qui a suffisamment d’ouverts pour
distinguer les points de X, et on peut être tenté d’inclure (O4 ) dans les axiomes des
ouverts. La plupart des topologies qu’on rencontrera seront d’ailleurs séparées, et
cette notion est stable par beaucoup d’opérations : produit, sous-espace, etc. ; mal-
heureusement elle n’est pas stable par passage au quotient, ce qui force à la traiter à
part dans la présentation générale de ce chapitre.
• Si T est une topologie sur X, le couple (X, T ) s’appelle un espace topologique.
Souvent, on sous-entend T et on parle de l’espace topologique X.
Un autre exemple extrême est celui de la topologie discrète : T = P(X) ; elle
vérifie évidemment (O4 ), avec U = {a}, V = {b}.
A1 , A2 ∈ Σ et x ∈ A1 ∩ A2 ⇒ ∃ A3 ∈ Σ; x ∈ A3 ⊂ A1 ∩ A2 ,
T (Σ) est constituée de X et des unions d’éléments de Σ .
22
I. Définitions générales ; notations
dans (I.2).
• x ∈ X est dit point isolé si {x} est ouvert, i.e. si {x} est voisinage de x.
• x ∈ X est dit point d’accumulation de X s’il n’est pas point isolé : tout voisinage de
x contient d’autres points de X. Plus généralement, x ∈ X est dit point d’accumulation
de A ⊂ X si tout voisinage de x contient des points de A autres que x (x n’est pas
forcément dans A).
◦
• L’intérieur de A ⊂ X, noté A ou int A, est la réunion des ouverts contenus dans A,
i.e. le plus grand ouvert contenu dans A ; il est caractérisé par
◦
x∈A⇔∃ω∈T ; x∈ω, ω⊂A. (I.3)
23
Chapitre 2 • Espaces topologiques ; espaces métriques
int A est donc aussi l’ensemble des points dont A est voisinage ; intuitivement, c’est
l’ensemble des points qui sont dans A avec une certaine marge de sécurité.
• L’extérieur de A, noté ext A, est par définition int(Ac ).
Proposition I.4.
◦
1) X = X ;
◦
2) A ⊂ A ;
◦
◦ ◦
3) A = A ;
◦ ◦ ◦
4) (A ∩ B) = A ∩ B.
◦ ◦ ◦
Démonstration. Posons ω = (A ∩ B) ; A ∩ B est un ouvert contenu dans A ∩ B,
◦ ◦
donc dans ω ; ω ouvert est contenu dans A, donc dans A ; de même ω ⊂ B, ce qui
donne 4). ❑
x ∈ A ⇔ ∀ V ∈ B(x) : V ∩ A ∅ . (I.4)
c ◦ ◦
P = (Pc ) ; (P)c = Pc . (I.5)
c ◦ ◦ ◦ ◦ c c
Donc A ∪ B =[(A ∪ B)c ]=[Ac ∩ Bc]=(Ac ) ∩ (Bc )= A ∩ B = (A ∪ B)c , d’où 4) (on
a utilisé I.4).
L’exemple A = [0, 1], B =]1, 2] pour lequel A ∩ B = ∅ et A ∩ B = {1} montre que
l’inclusion A ∩ B ⊂ A ∩ B peut être stricte. ❑
24
I. Définitions générales ; notations
Proposition I.6.
◦ ◦
a) A ⊂ B ⇒A ⊂ B et A ⊂ B ;
b) O1 , O2 ∈ T et O1 ∩ O2 = ∅ ⇒ O1 ∩ O2 = ∅ ;
c) T séparée, x ∈ X ⇒ {x} fermé.
◦ ◦
Démonstration. a) A ⊂ A ⊂ B ; comme B est le plus grand ouvert contenu dans B,
◦ ◦
A ⊂ B ; de même A ⊂ B.
b) O1 ⊂ Oc2 et Oc2 est fermé ; comme O1 est le plus petit fermé contenant O1 , on a
O1 ⊂ Oc2 et O1 ∩ O2 = ∅.
c) Si y x, il existe ω ∈ T tel que y ∈ ω, x ω ; donc ω est contenu dans {x}c , ce
qui montre que {x}c est ouvert. ❑
d’après (I.4).
c
b) ⇒ a). Soit ω = A ; ω est un ouvert disjoint de A, donc ω = ∅ et A = X. ❑
F ∈ F , x F ⇒ ∃ O1 , O2 ∈ T ; x ∈ O1 , F ⊂ O2 , O1 ∩ O2 = ∅ . (I.7)
25
Chapitre 2 • Espaces topologiques ; espaces métriques
• (X, T ) est dit normal si deux fermés disjoints peuvent être séparés par deux ouverts
disjoints. Symboliquement
F 1 , F 2 ∈ F , F 1 ∩ F 2 = ∅ ⇒ ∃ O1 , O2 ∈ T ;
(I.8)
F 1 ⊂ O1 , F 2 ⊂ O2 , O1 ∩ O2 = ∅ .
I.3 Exemples
1) X = R, T = famille des unions d’intervalles ouverts ; la famille Σ des intervalles
ouverts contient R et est stable par intersection, donc T est la topologie engendrée
par Σ d’après (I.1
) ; T peut aussi être définie par la distance d(x, y) = |x − y|, donc
(cf. IV) (R, T ) est automatiquement normal, a fortiori séparé ; si A est un intervalle
◦
d’extrémités réelles a, b, on a clairement A=]a, b[, A = [a, b], ∂A = {a, b} ; si Q est
l’ensemble des rationnels, montrons que (cf. aussi chapitre I)
◦
Q=∅; (I.10)
Q=R. (I.11)
26
II. Sous-espace topologique ; topologie induite
√
Soit en effet a, b ∈ R avec a < b, et c = b−a ; ajustons q ∈ N∗ tel que q2 < c, et soit p
√ √ √ √
le plus grand entier tel que (p − 1) q2 soit a ; alors a < qp 2 = (p − 1) q2 + q2 <
√
a + c = b, donc ]a, b[ contient l’irrationnel qp 2 ; cela prouve (I.10) ; la même
√
construction, où on remplace 2 par 1, montre (I.11) ; donc Q est dense dans R et R
est séparable, ce qui a précédemment été énoncé sans preuve.
2) X = [0, 1], T = T (Σ), où Σ est la famille des intersections d’intervalles ouverts
de R avec X (on verra plus loin que T est la topologie induite par celle de R sur X) ;
soit D l’ensemble des rationnels dyadiques de X (d ∈ D ⇔ d = 2kn , k = 0, 1, . . . , 2n et
n ∈ N) ; alors D est dense dans X ; soit en effet x ∈ X et kn = [2n x], où [ ] désigne la
partie entière ; alors kn 2−n ∈ D et kn 2−n → x quand n → ∞, d’où x ∈ D et D = X.
◦
3) Soit (R, T ) l’espace de l’exemple 1 ; on pose de façon générale α(P) =P, β(P) =
◦ ◦
P ; alors on peut trouver A ⊂ R tel que les sept ensembles A, A, A, α(A), β(A),
◦
α(A), β(A) soient distincts (c’est un maximum ; cf. exercice 1). Prenons en effet A =
(Q ∩ [0, 1]) ∪ [2, 3[ ∪ ]3, 4] ∪ {5}. Alors
◦
A=]2, 3[ ∪ ]3, 4[
A = [0, 1] ∪ [2, 4] ∪ {5}
α(A) =]0, 1[ ∪ ]2, 4[
β(A) = [2, 4]
◦ ◦
α(A) =[β(A)]=]2, 4[
β(A) = α(A) = [0, 1] ∪ [2, 4] .
II.1 Définition
Soit (X, T ) un espace topologique, A ⊂ X, et TA = {ω ∩ A; ω ∈ T } =: T ∩ A ; on
appelle sous-espace de (X, T ) associé à A le couple (A, TA ) et on dit que TA est la
topologie induite par T sur A (ou topologie trace de T sur A) ; cette définition est
justifiée par le fait que TA hérite des propriétés O1 , O2 , O3 . On notera FA l’ensemble
des fermés de A.
Exemple II.1. La topologie induite par la topologie de R sur Z est la topologie dis-
crète ; en effet, n ∈ Z entraîne {n} =]n − 1, n + 1[ ∩ Z, donc TZ = P(Z).
27
Chapitre 2 • Espaces topologiques ; espaces métriques
La notion de topologie induite joue un rôle très important, notamment dans l’étude
de la connexité ; il importe donc de bien se familiariser avec elle ; voici une proposi-
tion qui va dans ce sens.
Proposition II.2.
a) (X, T ) séparé ⇒ (A, TA ) séparé.
b) Les fermés de (A, TA ) sont les intersections avec A des fermés de (X, T ).
c) Les voisinages de a ∈ A pour TA sont les intersections avec A des voisinages de
a pour T .
d) Si B est une partie de A, l’adhérence de B pour TA est la trace sur A de l’adhé-
rence de B pour T .
Cette proposition, qui dit que la trace sur A de la trace sur B de T est la trace sur
A de T , rappelle le théorème des trois perpendiculaires dans un espace de Hilbert.
Voici deux cas particuliers où la topologie induite est facile à décrire.
28
III. Notion de limite ; continuité
Démonstration. a) Si P ∈ TA , P = ω ∩ A, où ω ∈ T ; or A ∈ T , donc P ∈ T ; si
P ∈ T et P ⊂ A, P = P ∩ A ∈ TA .
b) Même preuve, via la proposition II.2. ❑
(∀ V ∈ B()) (∃ n0 ) (∀ n n0 ) : xn ∈ V . (III.1)
Démonstration. Supposons
; soit U, V ∈ T , disjoints, avec ∈ U,
∈ V ;
d’après (III.1), il existe n0 , n
0 ∈ N tels que xn ∈ U pour n n0 et xn ∈ V pour n n
0 ;
en particulier, xn0 +n
0 ∈ U ∩ V, ce qui est absurde. ❑
(∀ V ∈ B()) (∀ n0 ) (∃ n n0 ); xn ∈ V . (III.2)
Cette notion est reliée à celle de suite extraite : soit (xn )n1 , (yk )k1 deux suites de
points de X ; on dit que la suite (yk ) est extraite de la suite (xn ) s’il existe une suite
strictement croissante n1 < n2 < . . . < nk < . . . d’entiers telle que
yk = xnk , k ∈ N∗ . (III.3)
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
Proposition III.2. a) Si (yk ) = (xnk ) est extraite de (xn ) et converge vers , est
valeur d’adhérence de (xn ).
b) Réciproquement, si est valeur d’adhérence de (xn ) et possède une base dénom-
brable de voisinages (Vk ), il existe (yk ) extraite de (xn ) et convergeant vers .
29
Chapitre 2 • Espaces topologiques ; espaces métriques
xnk ∈ Wk , (k = 1, 2, . . .) . (III.4)
En effet, (III.2) permet de trouver n1 ∈ N∗ tel que xn1 ∈ W1 ; ayant choisi n1 <
. . . < nk vérifiant (III.4), on réapplique (III.2) avec V = Wk+1 , n0 = 1 + nk , pour
trouver nk+1 > nk tel que xnk+1 ∈ Wk+1 , ce qui prouve (III.4) par récurrence ; montrons
maintenant que (yk ) := (xnk ) converge vers ; soit V ∈ B() ; par hypothèse, il existe
k0 tel que Vk0 ⊂ V ; et (III.4) montre que
k k0 ⇒ yk ∈ Wk ⊂ Wk0 ⊂ Vk0 ⊂ V . ❑
30
III. Notion de limite ; continuité
Définition III.4. On appelle filtre sur un ensemble E une famille non vide J
de parties de E vérifiant les trois propriétés suivantes :
⎧
⎪
⎪
⎪ (∅1 ) A ∈ J,B ⊃ A ⇒ B ∈ J
⎨
⎪
⎪ (∅2) A1 , A2 ∈ J ⇒ A1 ∩ A2 ∈ J
⎪
⎩ (∅ )
3 F ∈J ⇒F∅.
De façon équivalente
31
Chapitre 2 • Espaces topologiques ; espaces métriques
Aϕ = ∩ ϕ(F) . (III.6
)
F∈J
32
III. Notion de limite ; continuité
c) (⇒) Soit x0 ∈ f −1 (ω), où ω est ouvert ; ω est voisinage de f (x0 ), donc il existe
V ∈ B(x0 ) tel que f (V) ⊂ ω, i.e. V ⊂ f −1 (ω) ; f −1 (ω) est voisinage de chacun de ses
points, donc ouvert.
◦
(⇐) Soit x0 ∈ X, W ∈ B(y0 ), ω =W, V = f −1 (ω) ; V est ouvert et contient x0 ,
donc V ∈ B(x0 ) et f (V) ⊂ W.
d) Découle de c) et de l’identité f −1 (Bc ) = [ f −1 (B)]c .
e) Découle de d) et du fait que {y} est fermé.
f) A ⊂ f −1 ( f (A)) ⊂ f −1 ( f (A)), et ce dernier ensemble est fermé, comme image
réciproque d’un fermé par f continue ; donc A ⊂ f −1 ( f (A)) et f (A) ⊂ f (A).
g) Soit W ∈ B()) ; il existe V ∈ B() tel que f (V) ⊂ W et F ∈ J tel que ϕ(F) ⊂ V ;
d’où f [ϕ(F)] ⊂ f (V) ⊂ W. Noter que g) généralise b). ❑
Remarque III.11. Les images inverses ont de bonnes propriétés vis-à-vis des ap-
plications continues, ce n’est pas le cas des images directes ; voici deux exemples :
si f (x) = x2 , f (R) = [0, ∞[ n’est pas un ouvert ;
si f (x) = Arctg x, f (R) = − π2 , π2 n’est pas un fermé.
On donne d’ailleurs un nom aux applications ayant de bonnes propriétés d’image
directe.
33
Chapitre 2 • Espaces topologiques ; espaces métriques
34
III. Notion de limite ; continuité
III.4 Exemples
1) Soit, pour n ∈ N, (Pn ) : [0, 1] → R la suite de polynômes définie par :
1
P0 = 0 et ∀x ∈ [0, 1], Pn+1 (x) = Pn (x) + x − Pn (x)2 .
2
Montrons que cette suite converge (uniformément) pour x ∈ [0, 1]. Sous-entendons
√
provisoirement la dépendance en x des Pn et posons εn = x − Pn ; les relations
√ √
ε0 = x et εn+1 = εn 1 − 12 ( x + Pn ) montrent par récurrence que εn est positif (de
√
façon équivalente, Pn x) ; d’où Pn+1 Pn . . . P0 = 0, et
√
x
0 εn+1 1 − εn .
2
√ n
x √ √ n
x
√
x
On en déduit que εn ε0 1 − 2 = x 1 − 2 . Posant 1 − 2 = s, on voit que
εn 2sn (1 − s) 2 sup0t1 tn (1 − t) ; un calcul de dérivée montre que ce sup est
atteint en tn = n+1
n
et que donc x ∈ [0, 1] implique
√ 2
0 εn (x) = x − Pn (x) 2(1 − tn ) =
.
n+1
√
On voit ainsi que la suite numérique Pn (x) converge vers x et même que la suite
√
de polynômes Pn converge vers la fonction continue x uniformément sur [0, 1]. Ce
fait est souvent utilisé dans la preuve du théorème de Stone-Weierstrass.
2) Si A est l’ensemble des valeurs d’adhérence de (xn ) ⊂ X, A est fermé d’après
la proposition III.3 ; on va voir que ce fermé est arbitraire quand X = R (par un
raisonnement qui vaudrait dans tout espace métrique séparable, sauf si F = φ et si X
est compact) ; soit donc F un fermé de R.
Si F = ∅, (xn ) = (n) n’a aucune valeur d’adhérence dans R, donc A = ∅ = F.
Si F = {0 , . . . , q−1 }, (xn )n0 définie par xmq+r = r (m 0, 0 r q − 1, selon la
division euclidienne par q) répond à la question.
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
35
Chapitre 2 • Espaces topologiques ; espaces métriques
36
IV. Espaces métriques
IV E SPACES MÉTRIQUES
IV.1 Écarts, métriques, boules
• Un écart sur X est une application δ : X 2 → [0, ∞] telle que
⎧
⎪
⎪
⎪ (E1 ) δ(x, y) = δ(y, x), ∀ x, y ∈ X (symétrie)
⎨
⎪
⎪ (E 2 ) δ(x, x) = 0, ∀ x ∈ X
⎪
⎩ (E ) δ(x, z) δ(x, y) + δ(y, z), ∀ x, y, z ∈ X (inégalité triangulaire).
3
Si δ est à valeurs dans R+ = [0, ∞[, on dit que c’est un écart fini ; si la réciproque de
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
(E2 ) est vraie, au sens où δ(x, y) = 0 entraîne x = y, on dit que c’est un écart séparé.
• Une distance (ou métrique) sur X est une application d : X 2 → R+ telle que
⎧
⎪
⎪
⎪ (D1 ) d(x, y) = d(y, x), ∀ x, y ∈ X
⎨
⎪
⎪ (D 2 ) d(x, y) = 0 ⇔ x = y
⎪
⎩ (D ) d(x, z) d(x, y) + d(y, z), ∀ x, y, z ∈ X.
3
Autrement dit, une distance est un écart à la fois fini et séparé. Un exemple fonda-
mental est le suivant : δ f (x, y) = | f (x) − f (y)| avec f : X → C ; δ f est un écart fini ;
c’est une distance si f est injective. Toute distance est obtenue à partir des δ f , comme
le montre la proposition suivante.
37
Chapitre 2 • Espaces topologiques ; espaces métriques
Proposition IV.1.
a) Soit (δi )i∈I une famille d’écarts sur X et δ = sup δi ; δ est un écart.
b) Soit d une distance sur X ; il existe une famille A d’applications de X dans R telle
que d = sup f ∈A δ f .
En effet d(u, x) − d(v, x) d(u, v) + d(v, x) − d(v, x) = d(u, v), et de même d(v, x) −
d(u, x) d(u, v) ; d’autre part g(x) = 0 et g(y) = d(x, y), donc sup f ∈A δ f (x, y)
|g(x) − g(y)| = d(x, y), d’où le résultat. ❑
= d
(x, y) + d
(y, z) . ❑
38
IV. Espaces métriques
39
Chapitre 2 • Espaces topologiques ; espaces métriques
Les fonctions dA vont permettre de montrer que tout espace métrique a une pro-
priété de séparation bien plus forte que (IV.3).
Proposition IV.4. Tout espace métrique X est normal ; plus précisément, si A et B
sont des fermés disjoints de X, il existe f : X → R continue telle que
f |A = 0 ; f |B = 1 ; 0 f 1. (IV.4)
Démonstration. On peut supposer A, B non vides ; notons que dA (x) + dB (x) est > 0
pour tout x ∈ X ; en effet, dA (x) + dB (x) = 0 ⇒ dA (x) = dB (x) = 0 ⇒ x ∈ A ∩ B =
A ∩ B, contrairement à l’hypothèse ; la formule f = dAd+d A
B
définit donc f : X → R
continue, à valeurs dans [0, 1] ; de plus, si x ∈ A, dA (x) = 0 et f (x) = 0 ; et si
x ∈ B, f (x) = ddAA (x)
(x) = 1, d’où (IV.4), qui est une propriété plus forte que la normalité ;
! " ! "
posons en effet U = f < 12 , V = f > 12 ; U, V sont ouverts disjoints et A ⊂ U,
B ⊂ V. ❑
Remarque IV.5. a) (IV.4) n’est qu’en apparence plus fort que la normalité ; on
verra au chapitre III (théorème d’Urysohn) que tout espace normal vérifie cette pro-
priété.
b) (IV.4) permet de démontrer l’important théorème de prolongement de Tietze : si X
est un espace normal, A un fermé non vide de X, ϕ : A → R ou C, continue, alors ϕ
admet un prolongement ψ : X → R ou C, continu. Ce théorème est prouvé en détail
dans [QZ] pour X métrique, et ϕ réelle (on peut s’y ramener en séparant les parties
réelle et imaginaire), le point de départ étant : il existe ψ : X → R, continue, avec
|ψ(x)| 13 si x ∈ X ; ψ|A = − 13 ; ψ|B = 13 ; or si X est normal et f comme dans (IV.4),
ψ = 2 f3−1 répond à la question ; donc modulo le théorème d’Urysohn (prouvé au
chapitre IV) la preuve du théorème de Tietze donnée dans [QZ] pour les espaces
métriques vaut pour les espaces normaux. Ce théorème sera utilisé aux chapitres IV
et VI. Voici encore une application des fonctions dA .
Proposition IV.6.
a) Tout fermé F d’un espace métrique est intersection dénombrable d’ouverts
(un Gδ ).
b) Tout ouvert ω d’un espace métrique est union dénombrable de fermés (un Fσ ).
! "
Démonstration. a) On peut supposer F non vide ; soit On = dF < 1n , n = 1, 2, . . . ;
On est ouvert, comme image inverse de l’ouvert −∞, 1n par dF continue ; et, d’après
∞
la proposition IV.3, ∩ On = {dF = 0} = F = F.
1
! "
b) On peut supposer ω X ; soit F = ωc et Fn = dF 1n ; Fn est de même fermé,
∞
et d’après IV.3, ∪ Fn = {dF > 0} = F c = ω. ❑
1
40
IV. Espaces métriques
Démonstration. a) ⇒ b). Soit W ∈ B( f (x)), V ∈ B(x) tel que f (V) ⊂ W, n0 tel que
xn ∈ V pour n n0 ; alors f (xn ) ∈ W à partir du rang n0 , et f (xn ) → f (x) ; cette
implication a d’ailleurs déjà été prouvée (proposition III.9 g)).
b) ⇒ c). Évident.
c) ⇒ a). Si f n’est pas continue en x, il existe un voisinage W de f (x) tel que, pour
tout n ∈ N∗ , f [B(x, n−1 )] W ; on peut donc trouver une suite (xn ) avec d(xn , x) < 1n
et f (xn ) W ; (xn ) tend vers x, et aucune suite extraite ( f (xnk )) ne tend vers f (x),
puisque f (xnk ) W, k = 1, 2, . . .. ❑
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
Cette notion, qui fait intervenir les distances de X et Y (notées de la même façon
pour ne pas alourdir les notations), est une notion métrique, non pas topologique,
41
Chapitre 2 • Espaces topologiques ; espaces métriques
La proposition IV.10 permet une preuve très courte du théorème de Heine (cf. cha-
pitre III), et parfois de montrer rapidement qu’une application n’est pas uniformément
√
; soit par exemple f : R → R définie par f (x) = sin(x ) ; soit xn = nπ,
continue 2
x
n = nπ + π2 ; xn − x
n → 0, mais | f (xn )− f (x
n )| = 1 ; f n’est donc pas uniformément
continue (cf. exercice 13).
42
IV. Espaces métriques
IV.5 Exemples
1) Soit X un K−evn, || || une norme sur X ; la formule d(x, y) = ||x − y|| définit une
distance sur X ; en effet
43
Chapitre 2 • Espaces topologiques ; espaces métriques
En effet, une réduction au même dénominateur donne d(ϕc (u), ϕc (v)) = |N| |D| avec,
après développement et simplification :
N = (u − c)(1 − cv) − (v − c)(1 − cu) = u − v + |c|2 (v − u) = (u − v) 1 − |c|2 ,
et
D = (1 − cu)(1 − cv) − (u − c)(v − c) = 1 − |c|2 + uv |c|2 − 1 = (1 − uv) 1 − |c|2 .
44
IV. Espaces métriques
u−v
D’où ND = 1−uvu−v
, et d(ϕc (u), ϕc (v)) = 1−uv = d(u, v). Ensuite, (IV.7) montre que
ϕc (D) ⊂ D, et on vérifie que l’application inverse de ϕc est ϕ−c .
Enfin, (IV.8) et (IV.9) permettent de vérifier l’inégalité triangulaire :
d(a, b) d(a, c) + d(c, b)
de la manière suivante :
d(a, b) = d(ϕc (a), ϕc (b)) |ϕc (a)| + |ϕc (b)| = d(a, c) + d(c, b) ;
le reste est facile à vérifier.
4) Soit (X, d) un espace métrique, d
= 1+d d
; d
est une métrique uniformément
équivalente à d ; en effet c’est une métrique (proposition IV.2) plus petite que d,
d
d
(un , vn ) → 0 entraîne d(un , vn ) → 0 et i : (X, d
) → (X, d) est uniformément
continue d’après la proposition IV.10.
∞
5) Soit (λn )n1 une suite de réels, (an )n1 une suite de complexes telle que |an | < ∞,
1
∞
f : R → C définie par f (x) = an eiλn x ; f est uniformément continue sur R.
1
N
Soit en effet fN (x) = an eiλn x ; fN est de classe C 1 avec une dérivée bornée par
1
N
|λn an |, donc est uniformément continue d’après le théorème des accroissements
1
finis ; d’autre part |an eiλn x | = |an |, donc la série est normalement, a fortiori unifor-
mément, convergente ; autrement dit fN converge uniformément vers f ; il en résulte
(cf. exercice 7) que f est uniformément continue.
6) Soit S n−1 = S la sphère unité de Rn euclidien ; on pose
d(x, y) = Arc cos(x/y) , ∀ x, y ∈ S . (IV.10)
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
d est une distance sur S (appelée distance géodésique), invariante par le groupe ortho-
gonal O(n), au sens où d(g(x), g(y)) = d(x, y), ∀ g ∈ O(n). L’axiome (D1 ) est évident ;
supposons d(x, y) = 0 ; alors (x/y) = 1 et ||x − y||2 = 2(1 − (x/y)) = 0 ; on en déduit
x = y, et (D2 ) a lieu ; reste l’inégalité triangulaire d(x, z) d(x, y) + d(y, z) ; tout se
passant dans l’espace engendré par x, y, z, on peut supposer n = 3 ; vu l’invariance
de d par O(3), on peut supposer z = (0, 0, 1) ; quitte à faire une rotation d’axe Oz
laissant z invariant, on peut aussi supposer x = (cos θ sin α, sin θ sin α, cos α),
y = (0, sin β, cos β) avec θ ∈ [−π, π], α, β ∈ [0, π], (θ est une longitude, α et β
des colatitudes) ; l’inégalité à démontrer s’écrit alors :
α β + d(x, y) .
45
Chapitre 2 • Espaces topologiques ; espaces métriques
Elle est évidente pour α β ; pour α β, elle s’écrit α − β d(x, y), ou cos(α −
β) (x/y), puisqu’on a 0 α − β π. Soit encore : cos α cos β + sin α sin β
sin θ sin α sin β+cos α cos β, ce qui donne après simplification : sin α sin β(1−sin θ)
0 ; or cette dernière inégalité est évidemment vraie, ce qui achève la démonstration.
z
x
a y
b
0
Figure 2.1
7) Tout espace métrique (X, d) est isométrique à une partie d’un espace de Banach Y.
Soit en effet Y = Cb (X, R) l’espace des applications continues bornées de X dans
R, de Banach pour la norme sup : || f ||∞ = sup x∈X | f (x)| et soit T : X → Y définie par
T (b) = fb où fb (x) = d(x, b) − d(x, a), a étant un point fixé de X. On voit que
| fb (x) − fb
(x)| = |d(x, b) − d(x, b
)| d(b, b
) ,
donc || fb − fb
||∞ d(b, b
) ; de plus | fb (b) − fb
(b)| = d(b, b
), donc || fb − fb
||∞ =
d(b, b
) et T réalise l’isométrie cherchée (la présence inerte de a est simplement des-
tinée à garantir l’appartenance de fb à Y ; en effet | fb (x)| d(a, b)).
A ∈ T1 ⇒ A ∈ T2 , (i.e. T1 ⊂ T2 ) . (V.1)
Intuitivement, plus une topologie est fine, plus elle a d’ouverts, de fermés, de voisi-
nages, etc. ; la topologie grossière est comme son nom l’indique la moins fine pos-
sible ; la topologie discrète est au contraire la plus fine puisqu’elle contient toutes les
46
V. Produit d’espaces topologiques
parties de X ; mais elle est en un sens trop fine pour être intéressante : si l’on veut être
près de x, il faut carrément être égal à x.
La remarque (évidente) suivante relie la comparaison des topologies et la conti-
nuité des applications.
fi : X → Yi , (V.3)
ou
fi : Yi → X . (V.4)
On veut munir X, de la manière la plus économique possible, d’une topologie T
rendant continues toutes les fi ; la remarque (V.2) nous indique déjà que
⎧
⎪
⎨ si T convient, toute topologie plus fine convient aussi ;
⎪
⎪
⎪
⎩ il est donc naturel de choisir T la moins fine possible.
(V.3’)
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
⎧
⎪
⎨ si T convient, toute topologie moins fine convient aussi ;
⎪
⎪
⎪
⎩ il est donc naturel de choisir T la plus fine possible.
(V.4’)
La possibilité de tels choix est montrée par les deux propositions suivantes :
Proposition V.2.
a) Dans (V.3), il existe sur X une topologie T moins fine que toutes les autres rendant
les fi continues ; on l’appelle topologie initiale sur X associée aux fi , Yi ; une base
Σ de cette topologie est constituée des intersections finies ∩ fi−1 (Ui ), où Ui ∈ Ti .
i
47
Chapitre 2 • Espaces topologiques ; espaces métriques
x x
⇒ ∃ i ∈ I ; fi (x) fi (x
);
Démonstration. a) Si une topologie convient, elle doit contenir tous les fi−1 (Ui ),
Ui ∈ Ti , donc être plus fine que T (Σ) ; et T (Σ) rend chaque fi continue, elle est
donc la moins fine des topologies répondant à la question.
b) Supposons x x
; il existe i ∈ I tel que fi (x) fi (x
) ; puisque Ti est séparée, il
existe Ui , Vi ∈ Ti tels que fi (x) ∈ Ui , fi (x
) ∈ Vi , Ui ∩ Vi = ∅ ; posons U = fi−1 (Ui ),
V = fi−1 (Vi ) ; par définition, U, V ∈ T , x ∈ U, y ∈ V et U ∩ V = fi−1 (Ui ∩ Vi ) = ∅ ;
T est donc séparée.
c) g est continue si et seulement si g−1 (T ) ⊂ TZ ; il revient au même de dire g−1 (Σ) ⊂
TZ , ou encore g−1 ( fi−1 (Ui )) ⊂ TZ , pour tout Ui ∈ Ti , i ∈ I ; cela revient à demander
( fi ◦ g)−1 (Ti ) ⊂ TZ , ∀ i, soit encore à demander que toutes les fi ◦ g : Z → Yi soient
continues. ❑
Proposition V.3.
a) Dans (V.4), il existe sur X une topologie T plus fine que toutes les autres rendant
les fi continues ; on l’appelle topologie finale sur X associée aux fi , Yi .
b) T jouit de la propriété universelle suivante : si (Z, TZ ) est un espace topologique
et g une application de X dans Z, g est continue si et seulement si les g◦ fi : Yi → Z
sont toutes continues.
! "
Démonstration. a) Soit T = U ⊂ X; fi−1 (U) ∈ Ti , ∀ i ; T est une topologie
rendant continues les fi , donc répond à la question ; si T
est une autre topologie
convenable, soit U ∈ T
, i ∈ I ; fi : (Yi , Ti ) → (X, T
) est continue, donc fi−1 (U) ∈
Ti , i.e. U ∈ T ; T est donc la plus fine des topologies répondant à la question.
b) Si g est continue, les g◦ fi aussi ; réciproquement, si les g◦ fi sont toutes continues,
soit W ∈ TZ et i ∈ I ; fi−1 (g−1 (W)) = (g ◦ fi )−1 (W) ∈ Ti ; donc par définition
g−1 (W) ∈ T et g est continue. ❑
La proposition V.3 admet l’important cas particulier suivant : Y est un espace topo-
logique, R une relation d’équivalence sur Y, X est l’espace quotient YR et σ : Y → X
la surjection canonique. On dira que A ⊂ Y est saturée si σ−1 [σ(A)] = A.
48
V. Produit d’espaces topologiques
Proposition V.3.bis.
a) Il existe sur X une topologie T plus fine que les autres rendant σ continue ; on
l’appelle la topologie quotient (de TY par R) ; elle se décrit ainsi : ω ∈ T ⇔
σ−1 (ω) ∈ TY .
b) Si deux classes d’équivalence disjointes peuvent être séparées par des ouverts
saturés disjoints, T est séparée (et réciproquement).
c) T jouit de la propriété de relèvement suivante :
s
Y X
g
g s
g continue ⇔ g ◦ σ continue.
! "
d(E, F) = inf ||I − g||; g ∈ O(n), g(E) = F . (V.5)
Vérifions par exemple l’inégalité triangulaire d(E, G) d(E, F)+d(F, G) ; soit ε > 0,
g1 et g2 ∈ O(n) tels que g1 (E) = F, g2 (F) = G et ||I − g1 || d(E, F) + ε, ||I − g2 ||
49
Chapitre 2 • Espaces topologiques ; espaces métriques
ε étant arbitraire, on a le résultat. Considérons d’autre part sur O(n) la relation d’équi-
valence des classes à gauche selon O(n, k) pour laquelle la classe d’équivalence ġ de
g ∈ O(n) est g O(n, k) ; nous allons voir que
O(n)
(Γk , d) est homéomorphe à l’espace topologique quotient . (V.6)
O(n, k)
(Observons au passage que, pour k = 1, cet espace quotient n’est autre que l’espace
O(n)
projectif réel Pn−1 ). Définissons pour cela T : O(n,k) → Γk par T (ġ) = g(Ek ) ; T est
bien définie, car si g équivaut à g il s’écrit gγ avec γ ∈ O(n, k), si bien que g
(Ek ) =
g[γ(Ek )] = g(Ek ) ; T est injective car T (ġ1 ) = T (ġ2 ) implique g1 (Ek ) = g2 (Ek ) soit
g−1 −1
2 g1 (E k ) = E k et g2 g1 = γ ∈ O(n, k). On en déduit g1 = g2 γ et ġ1 = ġ2 ;
T est surjective car tout E sous-espace de dimension k s’écrit g(Ek ) = T (ġ), pour
O(n)
un g ∈ O(n) convenable ; si σ : O(n) → O(n,k) est la surjection canonique, on a par
définition T ◦ σ = S , où S : O(n) → Γk est définie par S (g) = g(Ek ) ; si g1 , g2 ∈ O(n),
g2 g−1 −1
1 g1 (E k ) = g2 (E k ), donc d(S (g1 ), S (g2 )) ||I−g2 g1 || = ||g1 −g2 ||, ce qui montre
que S est continue ; d’après la propriété de relèvement de la proposition V.3 bis, T est
O(n)
continue aussi ; cela montre déjà que O(n,k) est séparé (cf. aussi exercice 19) ; soit en
effet x, x
∈ O(n,k)
O(n)
distincts ; T (x) T (x
) donc (tout espace métrique étant séparé) il
existe des ouverts disjoints ω, ω
contenant respectivement T (x) et T (x
), et T −1 (ω),
T −1 (ω
) sont des ouverts disjoints contenant respectivement x et x
; or, en anticipant
sur les résultats du chapitre III, O(n) est compact, donc son image continue et séparée
O(n)
O(n,k) l’est aussi, et T est automatiquement un homéomorphisme.
50
V. Produit d’espaces topologiques
Proposition V.4.
a) Si les (Xi , Ti ) sont tous séparés, l’espace produit l’est aussi.
b) Soit (E, J ) un ensemble muni d’un filtre et ϕ = (ϕi ) : E → X ; ϕ converge vers
= (i ) si et seulement si chaque ϕi converge vers i .
c) Soit f = ( fi ) une application de (Z, TZ ) dans (X, T ) ; f est continue si et seule-
ment si chaque fi est continue.
d) Une base de la topologie produit de (X1 , T1 ), . . . , (Xn , Tn ) est constituée des ω1 ×
. . . × ωn , où ωi ∈ Ti , 1 i n.
On prendra garde au fait que la description de d) ne s’étend pas au cas d’un produit
infini d’espaces ; dans ce cas, un élément de Σ s’obtient en restreignant un nombre
fini de coordonnées seulement.
V.4 Exemples
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
51
Chapitre 2 • Espaces topologiques ; espaces métriques
∗
3) Soit (X, T ) l’espace produit {−1, 1}N où chaque facteur est muni de la topolo-
gie discrète ; si x = (εn (x))n1 ∈ X, une base de voisinages de x est constituée des
ensembles
! "
VN = y ∈ X; εn (y) = εn (x), 1 n N
où N ∈ N∗ .
En particulier, X n’est pas discret (alors qu’un produit fini d’espaces discrets est
discret), il est infini et compact et c’est un avatar de l’ensemble triadique de Cantor
(cf. chapitre III) ; la topologie de X peut être métrisée (comme c’est d’ailleurs le cas
pour tous les produits dénombrables d’espaces métriques) par
d(x, y) = sup αn |εn (x) − εn (y)| (V.7)
n1
où (αn ) est une suite fixe de réels > 0 qui tend vers zéro ; montrons en effet que
i : (X, T ) → (X, d) est bicontinue ; fixons x ∈ X, ε > 0 ; il existe n0 tel que n >
n0 entraîne αn ε2 ; alors y ∈ Vn0 entraîne d(x, y) = supn>n0 αn |εn (x) − εn (y)|
2 supn>n0 αn ε, ce qui montre que i est continue en x ; fixons maintenant n0 , et soit
ε < 2 minnn0 αn ; alors d(x, y) ε entraîne αn |εn (x) − εn (y)| < 2αn pour n n0 et
donc εn (x) = εn (y) pour n n0 , i.e. y ∈ Vn0 , ce qui montre que i−1 est continue en x.
On prendra garde au fait que la métrique ρ(x, y) = supn1 |εn (x) − εn (y)| ne définit pas
sur X la topologie T , mais la topologie discrète ! En effet, ρ(x, y) = 2 si x y, 0 si
x = y ; c’est d’ailleurs un phénomène général : la topologie discrète sur un ensemble
E est définie par la « métrique discrète » h : h(x, y) = 1 si x y, 0 si x = y.
∞
4) Soit X l’espace précédent et f : X → C définie par f (x) = an εn (x), où (an )n1
1
∞
est une série absolument convergente : |an | < ∞ ; alors f est continue ; posons en
1
effet un (x) = an εn (x) ; un est continue sur X car εn (qui n’est autre que la projection
canonique pn ) l’est ; de plus ||un ||∞ = sup x∈X |un (x)| = |an |, donc la série Σ un est
normalement convergente, et sa somme f est continue sur X ; cette propriété a des
applications intéressantes.
5) Soit X un espace séparé ; alors la diagonale Δ de X × X est fermée dans X × X. Soit
en effet (a, b) Δ ; a b, donc il existe des ouverts disjoints U, V tels que a ∈ U,
b ∈ V ; U ×V est un ouvert élémentaire contenant (a, b), disjoint de Δ, donc voisinage
de (a, b) dans Δc ; cela montre que Δc est ouvert, et Δ fermé.
52
Exercices
Exercices
◦ ◦
2.1 Soit (X, T ) un espace topologique ; pour A ⊂ X, on pose α(A) =A et β(A) = A ;
il est clair que A ⊂ B ⇒ α(A) ⊂ α(B) et β(A) ⊂ β(B).
a) Montrer que A ouvert entraîne A ⊂ α(A) et A fermé entraîne β(A) ⊂ A.
b) Montrer qu’on a toujours α(α(A)) = α(A) et β(β(A)) = β(A).
◦ ◦
(Noter que α(A) = β(A) et (β(A)) = α(A)).
Ainsi, en itérant les opérations ◦ et —, on obtient au plus sept ensembles distincts.
c) On suppose maintenant que A est un convexe d’intérieur non-vide d’un espace
vectoriel normé X.
1. Si x ∈ A, et 0 est intérieur à A, montrer que le segment semi-ouvert [0, x[ est
◦
inclus dans A (Si B = B(0, δ) ⊂ A et 0 r < 1, montrer que
δ
x
− rx (1 − r) ⇒ x
= ru + (1 − r)v
2
avec u ∈ A et v δ, autrement dit montrer que si u ∈ A est proche de x, et x
2.2 Soit Γ le cercle unité du plan complexe, z ∈ Γ et (λn ) une suite strictement
croissante d’entiers positifs. On fait l’hypothèse :
de f
un = zλn → ∈ Γ quand n → ∞.
53
Chapitre 2 • Espaces topologiques ; espaces métriques
2.9 Soit (an )n0 la suite d’entiers définie par a0 = 1 et la relation de récurrence
an = 2 a[ n3 ] + 3 a[ n9 ] , où [ ] désigne la partie entière ; on pose b p = a3 p , (p ∈ N).
a) Calculer a1 , a2 , a3 , b0 , b1 ; montrer que b p = 2 b p−1 + 3 b p−2 si p 2. En déduire
p
que b p = (−1)
2 + 2 · 3 .
9 p
54
Exercices
∀ I ⊂ {1, . . . , n} , ∩ F i = ∅ ⇒ ∩ Oi = ∅ .
I I
2.11 On munit Rn de la norme sup définie par : x = sup |xi | si x = (x1 , . . . , xn ) ;
1 1
on fixe ρ ∈ 1
2, 2 + 2n et ρ < 2
3 ; soit En l’ensemble des a = (a1 , . . . , an ) ∈ Rn tels
que :
a1 ak−1 an−1
a1 = m1 , a2 = m2 + , . . . , ak = mk + , . . . , an = mn + ,
2 2 2
où les m j ∈ Z.
a) Montrer que Rn = ∪ B(a, ρ).
a∈En
Dans ce qui suit, on fixe x = (x1 , . . . , xn ) ∈ Rn et on pose, pour 1 k n :
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
55
Chapitre 2 • Espaces topologiques ; espaces métriques
2.12 Soit X = [0, 1]n ; en utilisant l’exercice précédent, montrer que, pour tout
r > 0, X admet un recouvrement ouvert (U1 , . . . , Uk ) tel que diamUi < r, ∀i, et tout
x de X ∈ n + 1 des Ui au plus. Cela exprime que la dimension topologique de X est
n (cf. chapitre V, où on montre en exercice que dimX = n).
2.13 Soit E = Cb (R) avec la norme sup ; pour f ∈ E, t ∈ R, on pose ft (x) = f (x+t) ;
ft ∈ E. Soit g ∈ E défini par g(x) = sin(x2 ).
a) Montrer que si f ∈ E est uniformément continue, limt→0 || ft − f ||∞ = 0.
b) Montrer que t 0 entraîne ||gt − g||∞ = 2 (ainsi, en un sens très fort, g n’est pas
uniformément continue).
2.17 Dans l’exemple 6 de IV, montrer que si r ∈]0, π], la boule fermée B(en , r) est
!
n "
une calotte sphérique x = x j e j ; xn a , où on exprimera a en fonction de r.
1
56
Exercices
a) Montrer que d est une distance sur R2 (« distance SNCF »). Dans la suite, on sup-
pose R2 muni de la topologie associée.
b) Soit H le demi-plan {(x, y); y > 0} ; déterminer H.
c) Quelle est la topologie induite par d sur le cercle unité Γ ?
d) Lesquelles des transformations suivantes sont continues : homothéties de centre O ;
rotations de centre O ; translations ?
séparé ?
57
Chapitre 2 • Espaces topologiques ; espaces métriques
f est dite scs si elle est scs en tout point de X. On désigne par I (resp. S ) l’ensemble
des f : X → R sci (resp. scs).
a) Montrer que si f , g ∈ I, et λ 0, f + g, λ f et max( f , g) ∈ I (idem pour S avec
min) ; on dit que I est un cône convexe réticulé.
b) Montrer que f ∈ I si et seulement si { f t} est fermé pour tout t réel ; de même,
f ∈ S si et seulement si { f t} est fermé pour tout t réel.
c) Montrer que f est continue si et seulement si f ∈ I ∩ S .
d) Soit fi : X → R continues et f = supi fi , supposée finie en chaque point ; montrer
que f est sci ; formuler et démontrer un résultat analogue pour inf fi .
e) Montrer que la fonction indicatrice d’un ouvert (resp. d’un fermé) est sci (resp.
scs).
Dans la suite, on suppose X métrique.
f) Soit f : X →]0, ∞[, sci ; on pose fn (x) = inf a∈X [ f (a) + nd(x, a)], où n ∈ N∗ ;
montrer que fn est continue à valeurs dans ]0, ∞[, et que fn croît vers f ; en déduire
que toute f ∈ I est limite simple d’une suite croissante ( fn ) de fonctions continues ;
de même, toute g ∈ S est limite simple d’une suite décroissante (gn ) de fonctions
continues.
g) Avec les notations précédentes, on suppose de plus g f ; on pose
∞
h1 = g1 , h2n = −(gn − fn )+ , h2n+1 = (gn+1 − fn )+ si n ∈ N∗ , h = hn ;
1
montrer que h est continue sur X et que (théorème de Baire-Katetov) h se glisse entre
f et g :
gh f .
2.21 Soit p un nombre premier fixé ; si n ∈ Z, soit v p (n) la plus grande puissance de
p qui divise n (avec la convention v p (0) = ∞) ; on pose d(x, y) = 2−v p (x−y) , ∀ x, y ∈ Z.
a) Montrer que d est une ultramétrique sur Z (cf. exemple 2 du paragraphe IV).
b) Montrer que les boules dans Z sont des progressions arithmétiques dont on préci-
sera la raison.
c) Soit q un entier 2, premier avec p ; montrer que toute progression arithmétique
qZ + a est dense dans (Z, d) (utiliser l’identité de Bézout).
d) Les topologies associées à deux nombres premiers distincts p, p
sont-elles com-
parables ?
58
Exercices
∀ x, y ∈ R :
2.23 Soit 1 (resp. 2 ) l’evn des suites x = (xn )n1 de réels telles que :
∞
||x||1 := |xn | < ∞
1
∞ 1/2
(resp. des suites y = (yn )n1 de réels telles que ||y||2 := |yn |2 < ∞) ; on définit
1
T : 1 → 2 par T (x) = y, où y = (ϕ(xn )), ϕ étant comme dans l’exercice 22.
a) Montrer que ||T (x) − T (x
)||2 2 ||x − x
||1/2
uniformément continue.
b) Montrer que ||T −1 (y) − T −1 (y
)||1 ||y − y
||2 (||y||2 + ||y
||2 ), ∀ y, y
∈ 2 ; montrer
que T est un homéomorphisme (non linéaire !) de 1 sur 2 .
2.24 Soit (S n )n1 une suite de réels positifs croissant vers +∞, avec S n+1 − S n ten-
dant vers 0 ; montrer que l’ensemble des valeurs d’adhérence de (eiS n )n1 est Γ tout
entier.
Soit a un réel non-nul et
1 ia
n
un = k .
n k=1
Quelles sont les valeurs d’adhérence de la suite un ?
2.25 Soit X un espace régulier ayant une base d’ouverts dénombrable (On )n1 ; on
se propose de montrer que X est normal ; soit donc A, B deux fermés disjoints de X ;
on pose
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
I = {n; On ∩ B = ∅} ; J = {n; On ∩ A = ∅} .
a) Montrer que A ⊂ ∪ On , et B ⊂ ∪ On ; en déduire qu’on peut trouver deux suites
n∈I n∈J
(Un ) et (Vn ) d’ouverts telles que
∞ ∞
A ⊂ ∪ Un , B ⊂ ∪ Vn , Un ∩ B = ∅ , Vn ∩ A = ∅ .
1 1
∞ ∞
b) Soit Un
= Un \ ∪ V p , Vn
= Vn \ ∪ U p , ω1 = ∪ Un
, ω2 = ∪ Vn
; montrer que les
pn pn 1 1
ouverts ω1 , ω2 sont tels que A ⊂ ω1 , B ⊂ ω2 , ω1 ∩ ω2 = ∅.
59
Chapitre 2 • Espaces topologiques ; espaces métriques
A
b) On suppose que I(A) = 0 f (t)dt possède une limite l dans C quand A → +∞.
Montrer que f (x) → 0 quand x → +∞.
c) En considérant l’exemple f (x) = sin x2 de l’exercice 2.13, montrer que, dans b),
on ne peut se passer de la continuité uniforme de f .
60
Corrigés
Corrigés
◦ ◦
2.1 a) A ⊂ A, donc A⊂ α(A) ; A⊂ A, donc β(A) ⊂ A ; d’où le résultat.
b) α(A) est ouvert, donc α(A) ⊂ α(α(A)) ; de plus, α(A) = β(A) ⊂ A, d’où
α(α(A)) ⊂ α(A) ; même chose pour β.
c)
1. Puisque x ∈ A, il existe u ∈ A tel que x − u 2δ (1 − r). Si mainte-
nant x
− rx 2δ (1 − r) et si on définit v par x
= ru + (1 − r)v, on a
x
− rx = r(u − x) + (1 − r)v, d’où
δ δ
(1 − r)v rx − u + x
− rx (1 − r) + (1 − r) = δ(1 − r)
2 2
◦
ce qui donne v δ, v ∈ A et par suite x
∈ A (puisque A est convexe) et rx ∈A.
Ensuite, si y ∈ A et λ > 1, on a λy ∈ [0, y[∈ A et y ∈ λA. L’exemple dans le
plan de l’ouvert A = B(0, 1)\[ 12 , 1], étoilé par rapport à 0, et qui vérifie 1 ∈ A,
1 λA pour 1 < λ 2, répond à la question.
◦
2. Sans perte de généralité, on peut supposer 0 ∈ A. Si x ∈ A, x s’approche par des
◦
points rx ∈ A avec 0 r < 1, ce qui donne x ∈ β(A) et A = β(A). Si x ∈ α(A)
et si B(x, δ) ⊂ A, la question d’avant montre que B(x, δ) ⊂ A. (En effet, si
y − x < δ, on peut trouver λ > 1 tel que λy − x δ, et alors λy ∈ A ⊂ λA,
◦ ◦
d’où y ∈ A). Cela nous donne x ∈ A et A = α(A).
2.2 a) Il est conseillé de s’entraîner sur les cas p = 1, 2. Dans le cas général, soit
f (t) = t p définie sur R. Et soit Δ p la fonction différence p-ième de f définie par
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p
de f
p
Δ p f (x) = (−1) p−k C kp f (x + k) = ak f (x + k)
k=0 k=0
= ... f (p) (x + t1 + . . . + t p )dt1 . . . dt p ,
0t1 ,...t p 1
p
avec la relation k=0 ak = (1−1) p = 0. L’égalité précédente est très utile (par exemple
pour montrer que si un = nα est entier pour tout n, alors α est entier, en prenant les
différences p-ièmes de f (t) = tα pour un p > α. Si α n’est pas entier, ces différences
p-ièmes tendent vers 0 par valeurs entières non-nulles, ce qui est absurde) et se vérifie
61
Chapitre 2 • Espaces topologiques ; espaces métriques
facilement par récurrence sur p. Dans le cas présent, puisque f (p) est la constante p!,
elle donne Δ p f (n) = p! et par suite :
p
p
uan+k
k
=z a f (n+k)
k=0 k = z p! .
k=0
p
p
zq = ak = a
k=0 k = 0 = 1.
k=0
62
Corrigés
A
B
Figure 2.2
2.4 a) Avec les notations du cours (IV.5, exemple 3), on a tout simplement
b) Non. Avec a = 0, b = 12 , c = 14 , on a :
1 1 2 2
d(a, b) = > max (d(a, c), d(c, b)) = max , = .
2 4 7 7
c) Soit (zn ) une suite de Cauchy de (D, d). L’inégalité évidente d(a, b) 12 |a − b|
si a, b ∈ D montre que (zn ) est une suite de Cauchy au sens ordinaire, et donc
converge au sens ordinaire vers z ∈ D. Soit 0 < ε < 1 et N(ε) entier tel que
z p −zq
p, q ≥ N(ε) ⇒ | 1−z p zq
| ε. Le passage à la limite dans cette relation quand q → ∞
z −z
avec p N(ε) fixé donne : | 1−z
p
pz
| ε, ce qui force z ∈ D car on a vu dans (IV.5) 3)
z −z
que |z| = 1 ⇒ | 1−z
p
pz
| = 1. On peut donc dire que
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p N(ε) ⇒ d(z p , z) ε,
2.5 a) La fonction f : x → d(a, x) est continue et B(a, r) = f −1 ([0, r]), donc B(a, r)
est fermée ; elle contient B(a, r), donc aussi B(a, r).
b) Par définition, d est toujours 1, donc B(x, 1) = X. D’autre part, d(x, y) < 1 signi-
! "
fie p(x, y) 2, soit y1 = x1 ; ainsi B(x, 1) = y ∈ X; y1 = x1 ; cette relation montre
que B(x, 1) est fermée, donc B(x, 1) = B(x, 1) ; d’autre part, E contient un élément a
différent de x1 ; soit y = (a, a . . .) ; y B(x, 1), d’où l’inclusion stricte demandée.
63
Chapitre 2 • Espaces topologiques ; espaces métriques
en effet,
|| fnk+1 − fnk ||1 || fnk+1 − f ||1 + || f − fnk ||1 2−k−1 + 2−k 21−k .
On a donc S ∈ L1 (R). D’autre part, on a pour tout j ∈ N∗ :
j−1
fn j = fn1 + ( fnk+1 − fnk ),
k=1
2.7 Soit ε > 0 ; fixons n tel que supa∈X d( f (a), fn (a)) ε ; n étant ainsi fixé, soit
δ = ω( fn , ε) ; on voit que d(x, x
) δ entraîne
d[ f (x), f (x
)] d[ f (x), fn (x)] + d[ fn (x), fn (x
)] + d[ fn (x
), f (x
)] 3ε ;
ε étant arbitraire, f est uniformément continue.
64
Corrigés
an
9
2 3 pn + 12 (−1) pn 9
2 3 pn + 1
2 9
= , d’où β .
n n 3 pn 2
De même,
an
9
2 3 pn − 1
2 3
, d’où α ;
n 3 pn +1 2
3 9
on a donc A ⊂ 2 , 2 ; si nk = [λ 3k ] avec 1 < λ < 3, on a 3k nk < 3k+1 , d’où
9
3k + 12 (−1)k
1
ank = 2 9
, quantité qui tend vers 2λ quand k → ∞ ; donc 2λ
9
∈ A ; l’en-
nk nk
semble des 2λ parcourt 2 , 2 quand λ parcourt ]1, 3[, d’où 2 , 2 ⊂ A ⊂ 32 , 92 et
9 3 9 3 9
A = 32 , 92 , puisque A est fermé.
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2.10 a) Pour j = 1, 2, posons G j = Ocj ; les G j sont des fermés disjoints, donc il
existe des ouverts disjoints ω j avec G j ⊂ ω j , ( j = 1, 2) ; les F j = ωcj répondent à la
question.
b) L’idée est de remplacer progressivement F1 , . . . , Fn par A1 , A2 , . . . , An où chaque
Ai est un ouvert contenant Fi , en préservant la propriété de disjonction : F1 ⊂
(F2 ∩ . . . ∩ Fn )c , donc il existe A1 ouvert tel que F1 ⊂ A1 ⊂ A1 ⊂ (F2 ∩ . . . ∩ Fn )c ,
et on a encore A1 ∩ F2 ∩ . . . ∩ Fn = ∅ ; ce qu’on a fait pour F1 peut aussi bien être
fait pour F2 à partir de la famille disjointe (A1 , F2 , . . . , Fn ) de fermés ; il existe donc
A2 ouvert tel que F2 ⊂ A2 , la famille (A1 , A2 , F3 , . . . , Fn ) étant encore disjointe ; de
65
Chapitre 2 • Espaces topologiques ; espaces métriques
proche en proche, on remplace les Fi par des Ai , et on arrive au résultat annoncé : les
ouverts A1 , . . . , An répondent à la question.
! "
c) C’est le même principe : soit E = I ⊂ {2, . . . , n}; F1 ∩ ∩ Fi = ∅ et S = ∪ ∩ Fi ;
I I∈E I
S est fermé disjoint de F1 , donc il existe A1 ouvert tel que F1 ⊂ A1 ⊂ A1 ⊂ S c ; la
famille (A1 , F2 , . . . , Fn ) est par construction semblable à (F1 , . . . , Fn ) et on recom-
mence ...
b) |a j − a
j | |a j − x j | + |a
j − x j | < 2ρ ; si ak = a
k , alors :
1
|mk − m
k | = |ak−1 − a
k−1 | < ρ < 1,
2
donc mk = m
k et ak−1 = a
k−1 , puis de proche en proche a j = a
j pour 1 j k, et
a = a
; dans le cas général,
1
|m j − m
j | |a j − a
j | + |a j−1 − a
j−1 | < 3ρ < 2
2
donc |m j − m
j | = 0 ou 1.
c) Si mk et m
k sont les entiers associés à a et a
(a a
), on a |mk − m
k | = 1, on peut
donc supposer mk = m, m
k = m + 1 ; par hypothèse :
ak−1 ∈ I :=]2(xk − ρ − m), 2(xk + ρ − m − 1)[.
p q
I est de longueur 2(2ρ− 1) < 2n−2
1
, et ak−1 de la forme 2k−2 = 2n−2 où p, q ∈ Z ; ak−1 est
donc parfaitement déterminé, ainsi que ak−2 , . . . , a1 d’après b), et on a bien |Bk | 1 ;
notons pour cela que m ne dépend que de Ak ; car m = inf{m
k ; a = (a1 , ..., ak ) ∈
Ak }.
En effet, si a
∈ Ak , on a |m
2.12 Soit λ ∈]0, 1[ tel que 2λρ < r ; d’après l’exercice 11, Rn = ∪ B(λa, λρ),
a∈En
et chaque x ∈ Rn est dans au plus n + 1 des boules B(λa, λρ) ; celles de ces
boules qui coupent X recouvrent X et sont en nombre fini (car ||λa|| > 2 entraîne
B(λa, λρ) ∩ X = ∅) ; leurs intersections avec X, numérotées U1 , . . . , Uk , répondent à
la question.
66
Corrigés
posons x
= xk , y
= yk ; on a :
sin x
2 = −1
et sin(x
+ t)2 = sin(x
2 + y
) = sin 2kπ − π2 + yk = − cos y
= − cos(y
− 2π)
tend vers 1. En effet, (VII.1) et (VII.2) entraînent y
− 2π → π quand → +∞ ; et
le passage à la limite dans ||gt − g||∞ | sin(x
+ t)2 − sin x
2 | donne ||gt − g||∞ = 2,
d’où le résultat ; on a donc ||ga − gb ||∞ = 2 si a b (comparer à l’exercice 18 du
chapitre V).
! "
z−a
2.14* B(a, r) = z ∈ D; 1−az < r = {z ∈ D; |ψa (z)| < r} = ψ−1 a [D(0, r)] =
ψa [D(0, r)] ; on peut supposer a 0 ; le cercle C(0, r) est orthogonal à la droite Δ
−1
passant par 0 et a en ± ar|a| ; C(0, r) ne passe pas par le pôle a de ψa tandis que Δ
passe par ce pôle ; il est donc transformé par ψa en un cercle orthogonal à ψa (Δ) en
ar ar
ψa ± ar|a| , donc en le cercle de diamètre ψa − |a| , ψa |a| (en effet, ψa (Δ) est une
droite) ; on a ainsi ψa [C(0, r)] = C(a∗ , r∗ ), où
% &
∗ 1 ar ar a(1 − r2 )
a = ψa − + ψa = ;
2 |a| |a| 1 − r2 |a|2
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∗ 1 ar ar r(1 − |a|2 )
r = ψa − ψa − = .
2 |a| |a| 1 − r2 |a|2
Observons que ψa (0) = a ∈ D(a∗ , r∗ ) ; en effet
Il en résulte (par exemple à l’aide d’un argument de connexité, cf. chapitre IV) que
ψa [D(0, r)] = D(a∗ , r∗ ) (cf. figure 2.3).
67
Chapitre 2 • Espaces topologiques ; espaces métriques
Figure 2.3
2.15 a) On a f
(x) = 1 − cos x ∈ [0, 2], donc l’inégalité des accroissements finis
(par exemple) nous donne
| f (x) − f (y)| 2|x − y| ∀x, y ∈ R.
68
Corrigés
1 1 1
Ensuite, x 0 y ⇒ | f (x) − f (y)| y 3 + |x| 3 2|x − y| 3 . Puisque f est impaire,
on a
1
| f (x) − f (y)| 2|x − y| 3 ∀x, y ∈ R,
ce qui montre la continuité uniforme de f sur R. Mais f −1 (x) = x3 n’est pas uni-
formément continue sur R : si xn = n et x
n = n + 1n , on a x
n − xn → 0, alors que
f −1 (x
n ) − f −1 (xn ) 3n.
2.17 d(en , x) r signifie Arc cos xn r ou encore xn cos r, puisque Arc cos est
une bijection décroissante de [−1, 1] sur [0, π]. Remarquons qu’ici B(en , r) = B(en , r)
(cf. figure 2.4).
en
B(e n ,r)
S
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Figure 2.4
2.18 a) Le seul problème est l’inégalité triangulaire d(P, R) d(P, Q) + d(Q, R).
Distinguons deux cas (et pas plus), en remarquant que d est plus grande que la dis-
tance usuelle ; nous pouvons supposer P, Q, R distincts.
Cas 1 : P, R sont alignés avec O.
Alors, d(P, R) = PR PQ + QR d(P, Q) + d(Q, R).
Cas 2 : P, R ne sont pas alignés avec O.
69
Chapitre 2 • Espaces topologiques ; espaces métriques
Alors Q ne peut être à la fois sur OP et sur OR, sinon P et R seraient alignés avec O ;
supposons que Q n’est pas sur OR ; nous avons donc
b) d est plus fine que la distance usuelle, donc H est contenu dans l’adhérence usuelle
K de H : K = {(x, y); y 0}. d 0, 1n , (0, 0) = 1n , donc l’origine O est dans H ;
mais si P = (x, 0) avec x 0, P, Q ne sont pas alignés avec O si Q ∈ H, d’où
d(P, Q) = OP + OQ OP, ce qui entraîne P H ; en conclusion, H = H ∪ {O}.
c) P, Q ∈ Γ et P Q ⇒ d(P, Q) = OP + OQ = 2 ; la topologie induite sur Γ est donc
la topologie discrète.
d) Une homothétie f de rapport λ et de centre O préserve l’alignement avec O, d’où
d[ f (P), f (P
)] = |λ| d(P, P
) et f est continue ; de même, une rotation est une iso-
métrie pour d, donc est continue ; mais une translation f de vecteur t 0 définie par
−−→ −−→
f (P) = Q avec PQ = t, ne l’est pas ; fixons par exemple P avec OP −t, si bien que
−−−→ −−→
f (P) = Q O ; si OPn = 1 + 1n OP, d(P, Pn ) = 1n OP tend vers zéro, mais si
Qn = f (Pn ), Q et Qn ne sont pas alignés avec O, d’où d[ f (P), f (Pn )] = d(Q, Qn ) =
OQ + OQn OQ > 0 ; f n’est donc pas continue en P.
2.19 a) Posons f (x) = x−1 ; f : G → G est une bijection continue égale à son
inverse, donc un homéomorphisme de G ; en particulier, si V ∈ B(e), f (V) = V −1 ∈
B(e).
b) Soit f (x, y) = xy ; f : G × G → G est en particulier continue en (e, e) ; il existe
donc W ∈ B(e) tel que f (W × W) = W.W ⊂ V ; on a aussi W −1 ∈ B(e) et
U= W ∩ W −1 ∈ B(e), avec U = U −1 ; quitte à remplacer W par U, on peut donc
supposer W symétrique.
c) Si f (x) = a x, f est continue et f −1 (x) = a−1 x, donc la translation à gauche
f est un homéomorphisme ; il en résulte que f [B(e)] = [B( f (e))] = B(a) ; or
f [B(e)] = {a V; V ∈ B(e)}, d’où le résultat.
◦
d) Soit a ∈ H ; d’après c), il existe V ∈ B(e) avec a V ⊂ H ; soit b ∈ H ;
◦
b V = b a−1 (a V), donc b V est inclus dans H ; or b V ∈ B(b), donc b ∈ H et H est
ouvert ; de plus G s’écrit comme union disjointe ai H H, où les ai sont un système
i∈I
de représentants des classes à gauche selon H autres que H ; donc H c = ai H ; or
i∈I
chaque ai H est ouvert, comme image de l’ouvert H par l’homéomorphisme x → ai x ;
on voit que H c est ouvert, et H fermé.
e) Montrons d’abord l’inclusion
W ⊂W ·W , ∀ W ∈ B(e) . (VII.3)
70
Corrigés
71
Chapitre 2 • Espaces topologiques ; espaces métriques
72
Corrigés
2.22 ϕ est une bijection croissante impaire bicontinue de R sur R avec ϕ−1 (x) =
σ(x) x2 ; rappelons que (u + v)1/2 u1/2 + v1/2 pour u, v 0, et considérons x, y avec
y x ; pour majorer |ϕ(x) − ϕ(y)| = ϕ(y) − ϕ(x), distinguons trois cas :
Cas 1. y x 0.
Alors, posant y = x + h, on a ϕ(y) = y1/2 x1/2 + h1/2 = ϕ(x) + |x − y|1/2 , d’où
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
√ √ √ √
continue, car ϕ−1 ( n + 1) − ϕ−1 ( n) = 1, alors que lim n + 1 − n = 0.
73
Chapitre 2 • Espaces topologiques ; espaces métriques
En particulier, T −1 est continu (même uniformément continu sur tout borné) et T est
un homéomorphisme.
2.24 Soit zn = eiS n , z = eia ∈ Γ, nk le plus grand indice tel que S nk a + 2kπ (avec
la convention S 0 = 0) ; la suite (nk ) est strictement croissante pour k assez grand, et
znk → eia = z car S nk − 2kπ → a et znk = ei(S nk −2kπ) ; cela montre déjà que la suite
(zn ) est dense dans Γ. Soit maintenant A l’ensemble de ses valeurs d’adhérence, E
l’ensemble des valeurs qu’elle prend, F = Γ\E ; E étant dénombrable et Γ sans point
isolé, F est dense dans Γ ; montrons que F ⊂ A ; soit pour cela ∈ F, ε > 0, n0 ∈ N∗ ;
posons δ = min(ε, | − z1 |, . . . , | − zn0 |) ; δ est > 0, donc d’après la densité de (zn )
il existe n ∈ N∗ avec | − zn | < δ ; par définition de δ, on a n > n0 et | − zn | < ε ;
d’où ∈ A et F ⊂ A comme annoncé. Il en résulte que A est dense dans Γ, d’où
A = A = Γ. Ce passage de « (zn ) est une suite dense dans X » à « tout élément de
X est valeur d’adhérence de (zn ) » vaut pour tout espace métrique X sans point isolé
(même preuve).
La suite (un ) considérée peut s’écrire :
⎛ n ⎞ 1
⎜⎜ 1 k ia ⎟⎟⎟
ia ⎜ nia
un = n ⎜⎜⎜⎝ ⎟⎟⎟ ∼ nia t ia
dt = ,
n k=1 n ⎠ 0 ia + 1
de f
d’après la propriétés des sommes de Riemann. En écrivant nia = eia log n = eiS n avec
S n+1 − S n = a log(n + 1) − a log n → 0 et S n → ∞, on voit d’après ce qui précède
74
Corrigés
2.26 a) (i) ⇒ (ii) : pour chaque entier j 1, soit D j un dénombrable de X tel que
∞
∪ B(x, j−1 ) = X. Alors, D = ∪ D j est dénombrable et dense dans X.
x∈D j 1
(ii) ⇒ (iii) : soit (ωn ) la suite des boules B(a, j−1 ), où a parcourt un dénombrable
dense D de X et j la suite des entiers 1. Soit ω un ouvert non vide de X, x ∈ ω,
B(x, r) ⊂ ω ; choisissons j ∈ N∗ et a ∈ D tels que j−1 < 2r et d(x, a) < j−1 ; alors
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b) Si (ωn ) est une base dénombrable d’ouverts de X, (ωn ∩ Y) est une base dénom-
brable d’ouverts de Y.
c) Soit D un dénombrable dense de X ; pour chaque i ∈ I, soit d(i) ∈ D ∩ ωi ; l’appli-
cation i → d(i) est une injection de I dans D, donc I est au plus dénombrable.
75
Chapitre 2 • Espaces topologiques ; espaces métriques
2.27 a) On a
x+h x+h x+h
f (t)dt − h f (x) = [ f (t) − f (x)]dt | f (t) − f (x)|dt
x x x
x+h
ω(h)dt = hω(h).
x
En divisant par h et en appliquant l’inégalité triangulaire, on obtient le résultat de-
mandé.
x+h
b) Pour h > 0 fixé, on a x f (t)dt = I(x + h) − I(x) → l − l = 0 quand
x → ∞. Le passage à la limsup dans a) nous donne donc lim sup x→∞ | f (x)| ω(h). Et
limh→0 ω(h) = 0 car f est uniformément continue. Finalement, lim sup x→∞ | f (x)| = 0
en faisant tendre h vers 0.
√
c) Le changement de variable t = u montre que
A A2
sin u
I(A) := sin t dt =
2
√ du
0 0 2 u
et cette dernière intégrale est une intégrale de type Abel semi-convergente. Pourtant,
sin x2 n’a aucune limite quand x → ∞. D’ailleurs, comme on l’a vu dans l’exer-
cice 13, la fonction sin x2 n’est pas uniformément continue.
76
E SPACES COMPACTS
3
Dans tout ce chapitre, les espaces seront séparés ; il en sera donc de même de leurs
sous-espaces et de leurs produits.
Soit X un espace topologique, recouvert par un certain nombre, fini ou infini, d’ou-
verts ωi . Si x0 ∈ X, il est donc dans l’un des ouverts, par exemple ωi0 . Mais comme un
ouvert a tendance à être grand, on peut penser que ωi0 va contenir non seulement x0 ,
mais beaucoup d’autres points de X et qu’à lui tout seul il va recouvrir une bonne
proportion de X, par exemple un centième. En poursuivant ce raisonnement heuris-
tique, on a envie de dire que X va être recouvert par cent des ωi . Et si ce n’est pas par
cent, par un nombre grand mais fini. Cette heuristique a ses limites, comme le montre
l’exemple c) à (re)-venir : l’intervalle ]0, 1[ est recouvert par les intervalles ouverts
] 1n , 1 − 1n [, n = 1, 2, . . . mais jamais par un nombre fini d’entre eux. Cela va nous
conduire à la définition qui suit d’espace compact. Historiquement, la notion apparaît
pour la première fois comme un lemme dans la thèse de Borel sur le prolongement
analytique... le lecteur pourra consulter à ce sujet le très bel article de B. Maurey et
J. P. Tacchi ([MT]), passionnant à la fois du point de vue mathématique et du point
de vue de l’histoire des idées.
Plus tard, l’envie de quantifier le très vague et romantique « par un nombre fini »
conduira aux notions de dimension fractionnaire, qui seront développées au cha-
pitre VII.
D’autre part, le grand mathématicien Alexander Grothendieck, disparu fin 2014, a
beaucoup étudié dans sa jeunesse la compacité dans les espaces fonctionnels, en liai-
son avec la notion de produit tensoriel (injectif ou projectif) ; et ceci de manière à la
fois géniale et accessible dès le niveau L3. Nous lui rendons un hommage particulier
sous forme de plusieurs exercices nouveaux sur ces questions de produit tensoriel,
de fonctions continues de deux variables sur un espace compact, et de séparation des
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
variables.
77
Chapitre 3 • Espaces compacts
De façon symbolique :
Proposition I.1.
a) On a équivalence entre :
i) X est compact.
ii) ∩ Fi = ∅ ⇒ ∃ J ⊂ I, J fini ; ∩ Fi = ∅.
I J
(Les Fi étant des fermés de X).
b) Soit X compact et (Fi )i∈I une famille de fermés ayant la propriété de l’intersection
finie, i.e. ∩ Fi ∅ pour tout J fini, J ⊂ I ; alors les Fi ont une intersection non
J
vide.
Proposition I.1.bis. Soit (Fn )n1 une suite décroissante de fermés non vides de X
∞
compact ; alors ∩ Fn ∅.
1
78
I. Définition et premières propriétés
∞
Démonstration. a) L’ensemble des valeurs d’adhérence de (xn ) est A = ∩ Fn , où :
1
Fn = {xn , xn+1 , . . .}
(proposition III.3 du chapitre II). Et A est non vide d’après I.1 bis.
b) Si (xn ) ne tend pas vers , on peut trouver U voisinage ouvert de et une suite
extraite (xnk ) avec xnk ∈ F = U c (k = 1, 2, . . .). D’après a), cette suite extraite a
elle-même une valeur d’adhérence
;
∈ A ∩ F, donc A contient au moins deux
éléments distincts et
, ce qui est contraire à l’hypothèse.
c) Mêmes preuves via la formule (III.6’) du chapitre II. (Cf. exercices 1 et 14 de ce
chapitre pour des applications). ❑
A ⊂ ∪ ωi ⇒ ∃ J fini ; A ⊂ ∪ ω j . (I.2)
I J
ouverts, et une réunion finie de tels ouverts ne recouvre pas ]0, 1[.
d) Un segment [a, b] est compact : c’est l’exemple fondamental découvert par Borel
et Lebesgue (cf. chapitre I).
Les parties compactes d’un espace compact ont une description simple, comme le
montre le théorème qui suit.
Théorème I.3. Soit A une partie d’un espace compact X ; on a équivalence entre
a) A est fermée ;
b) A est compacte.
79
Chapitre 3 • Espaces compacts
Théorème I.4. Soit A une partie d’un espace topologique X. Si A est compacte,
alors A est fermée.
Proposition I.5.
Démonstration. a) Fixons Ai0 ; les Ai sont fermés dans X par le théorème I.3, donc
leur intersection A aussi ; a fortiori, A est fermée dans Ai0 compacte, donc est com-
pacte par I.3.
b) Soit A1 , A2 des compacts de X, (ωi )i∈I un recouvrement ouvert de A1 ∪A2 , a fortiori
de A1 et de A2 ; il existe des parties finies J1 , J2 de I telles que
A1 ⊂ ∪ ωi ; A2 ⊂ ∪ ωi ; d’où A1 ∪ A2 ⊂ ∪ ωi .
J1 J2 J1 ∪J2
80
I. Définition et premières propriétés
I.4 Exemples
• Une partie A de X est dite relativement compacte si A est compacte. On a déjà
vu quelques exemples ; le théorème I.3 et le théorème de Borel-Lebesgue permettent
de donner une description complète des compacts et des relativement compacts de R,
description qu’on étendra aux evn de dimension finie.
Théorème I.8. Soit A une partie de R.
a) On a équivalence entre :
i) A compacte ;
ii) A fermée, bornée.
b) On a équivalence entre :
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
i) A relativement compacte ;
ii) A bornée.
Démonstration. a) i) ⇒ ii). A fermée résulte de I.3 ; d’autre part A ⊂ ∪ ]a−1, a+1[,
a∈A
donc il existe une partie finie B de A telle que A ⊂ ∪ ]a − 1, a + 1[, ce qui montre
a∈B
que A est bornée.
ii) ⇒ i). Il existe un segment I = [a, b] contenant A ; I est compact (Borel-
Lebesgue) et A est une partie fermée de I, donc A est compacte (théorème I.3).
b) i) ⇒ ii). A est compacte, donc bornée ; a fortiori, A est bornée.
ii) ⇒ i). A est fermée, bornée, donc compacte. ❑
81
Chapitre 3 • Espaces compacts
82
II. Fonctions continues sur un espace compact
Démonstration. a) f (X) est compact par II.1, donc borné d’après I.8.
b), c) Soit m = inf f (X), M = sup f (X) les bornes inférieure et supérieure de f ;
m, M sont adhérents à f (X) et f (X) est fermé car compact, donc m, M ∈ f (X) ; ceci
s’applique en particulier à un segment [a, b] qui est compact d’après le théorème de
Borel-Lebesgue. ❑
Démonstration. Notons d’abord que i) entraîne f (x) fn (x) pour tous n, x ; soit
ε > 0 ; posons
! " ! "
Fn = x; | f (x) − fn (x)| ε = x; f (x) − fn (x) ε ;
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
les Fn forment une suite décroissante de fermés d’intersection vide d’après ii) ;
d’après I.1 bis, il existe n0 tel que n n0 entraîne Fn = ∅ ; autrement dit :
83
Chapitre 3 • Espaces compacts
Théorème II.5 (théorème d’Urysohn). Soit A, B deux fermés disjoints d’un es-
pace normal X ; il existe f : X → R continue telle que
f |A = 0 ; f |B = 1 ; 0 f 1. (II.1)
La preuve du théorème II.5 est un peu délicate et demande le lemme suivant, vrai
pour tout espace topologique X.
Lemme II.6. Soit D une partie dense de [0, 1] et (U(s)) s∈D une famille d’ouverts de
X indexée par D telle que
84
II. Fonctions continues sur un espace compact
En effet, cela résulte de (II.4) si 0 t 1, alors que le membre de gauche dans (II.4
)
vaut ∅ si t < 0 et X si t > 1.
(II.3
) et (II.4
) entraînent la continuité de f ; en effet f −1 (]a, b[) = { f < b}\{ f a}
est ouvert dans X comme intersection de deux ouverts ; f −1 (ω) est donc ouvert pour
tout ouvert ω de R, puisque ω est réunion d’intervalles ouverts. ❑
∞
Pour achever la preuve du théorème II.5, prenons D = ∪ Dm , où
0
'
k
Dm = ; k = 0, . . . , 2m ;
2m
on va construire par récurrence sur m les U(s) vérifiant (II.2) et aussi
U(1) = Bc (II.5)
k+1
normal il existe un ouvert U tel que U k−1 2m ⊂ U ⊂ U ⊂ U 2m ; il n’y a plus qu’à
poser U(s) = U. En effet, soit s1 = k2−m , s2 = 2−m ∈ Dm avec k < . Si k = 2k
+ 1
est impair et = 2
est pair, on a k
+ 1
, donc par construction :
k+1 k +1
U s1 ⊂ U m
= U m−1 ⊂ U m−1 = U m = U s2 ,
2 2 2 2
d’après l’hypothèse de récurrence au rang m − 1 ; les autres cas se traitent de même.
Soit alors f comme dans le lemme ; f est continue à valeurs dans [0, 1] ; A ⊂ U(0),
donc f |A = 0 ; d’après (II.5), si x ∈ B, x n’appartient à aucun des U(s) et f (x) = 1 ; f
répond donc à la question.
85
Chapitre 3 • Espaces compacts
II.4 Applications
Le théorème de Dini reçoit classiquement comme application la convergence uni-
√
forme vers x (sur [0, 1]) de la suite de polynômes définie par P0 = 0, Pn+1 (x) =
Pn (x) + 12 (x − P2n (x)) ; mais cette application paraît peu convaincante puisqu’on établit
à moindres frais (cf. chapitre II, III.) un résultat plus fort ; voici un cas où ce théorème
semble incontournable.
Théorème II.7 (théorème de Mercer). Soit (en )n1 une base orthonormée d’un
espace de Hilbert H, X un espace compact, F : X → H continue, hn (x) = (F(x)/en ) ;
∞
alors la série |hn (x)|2 converge uniformément vers ||F(x)||2 sur X.
1
∞
||v||2 = |(v/en )|2 , ∀v ∈ H. (∗)
1
n
Posons ensuite fn (x) = |hk (x)|2 , f (x) = ||F(x)||2 ; fn et f sont continues sur X
k=1
d’après l’hypothèse et l’inégalité de Cauchy-Schwarz ; fn+1 (x) − fn (x) = |hn+1 (x)|2
0, et fn converge simplement vers f d’après (∗) ; les hypothèses du théorème de
Dini sont donc remplies, et fn converge uniformément vers f ; l’inégalité de Cauchy-
∞
Schwarz montre aussi, soit dit en passant, que hn (x) hn (y) converge uniformément
1
vers (F(x)/F(y)) sur X × X. ❑
86
III. Produit d’espaces compacts
et montrons que d est une métrique sur X ; d vérifie l’inégalité triangulaire (cha-
pitre II, IV.2) ; le point sensible est d(x, y) = 0 ⇒ x = y. Or les fn étant denses dans
C(X), on voit que
(d’après a)) ; les autres axiomes sont évidents. Montrons pour finir que l’identité i :
(X, T ) → (X, d) est bicontinue ; d’après le théorème II.2, il suffit de montrer qu’elle
est continue ; soit donc x0 ∈ X et ε > 0 ; on peut trouver un entier N tel que
∞
2−n ε (II.9)
N+1
N ∞
N
d(x, x0 ) 2−n fn (x) − fn (x0 ) + 2−n ε 2−n + ε 2ε ,
1 N+1 1
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87
Chapitre 3 • Espaces compacts
X2 = ∪ A x2 . (III.2)
K
X = ∪(V x × W x ) . (III.3)
J
Soit en effet a = (a1 , a2 ) ∈ X ; il existe x2 ∈ K tel que a2 ∈ A x2 , puis x ∈ J(x2 ) tel que
a1 ∈ V x ; d’où x ∈ J et a ∈ V x × W x ; mais si (III.3) a lieu, a fortiori X = ∪ ωix . ❑
J
Théorème III.2 (théorème de Tychonoff). Soit (Xi )i∈I des espaces topologiques
non vides, X = Π Xi . On a équivalence entre
i∈I
a) Xi compact pour tout i.
b) X compact.
88
III. Produit d’espaces compacts
Or l’ensemble des familles ayant (P), ordonné par inclusion, est clairement inductif,
donc on peut d’après le lemme de Zorn (cf.[HL]) trouver une famille maximale B
contenant A ; pour tout indice i, la famille des pi (B) où B parcourt B a (P) dans Xi
(soit B1 , . . . , B p ∈ B et x ∈ B1 ∩ . . . ∩ B p ; alors pi (x) ∈ pi (B1 ) ∩ . . . ∩ pi (B p )) ; Xi
étant compact et les pi (B) fermés, ils ont une intersection non vide
∃ xi ∈ ∩ pi (B) . (III.7)
B∈B
Le lecteur trouvera une démonstration « par ouverts » du théorème III.2 dans [S] et
une démonstration « par ultrafiltres » dans [B]. Kelley a montré que, réciproquement,
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
III.2 Applications
Voici d’abord une généralisation du théorème I.8 ; rappelons que A ⊂ Rn est dite
bornée s’il existe M > 0 tel que
89
Chapitre 3 • Espaces compacts
La plupart des espaces compacts qu’on rencontre sont métrisables, comme ceux
fournis par le théorème III.4 ou par le théorème d’Ascoli (cf. [HL] ou [QZ]) ; cepen-
dant le théorème de Tychonoff, qui dit que la compacité résiste à tout produit, aussi
monstrueux soit-il, permet d’exhiber de tels espaces non métrisables ; cela montre en
particulier que la classe des espaces normaux contient strictement celle des espaces
métrisables.
X = Π Xi = [0, 1][0,1] ;
90
IV. Espaces métriques compacts
∞
An possède au plus un élément d’après (III.8) ; donc ∪ An est au plus dénombrable,
1
a fortiori distincte de I : on peut trouver i ∈ I tel que ||pi − fn ||∞ > 1
3 pour tout n, et la
suite ( fn ) n’est pas dense dans C(X). ❑
(IV.1)
contient un sous-recouvrement fini.
91
Chapitre 3 • Espaces compacts
Voici un corollaire facile, dans lequel Rn est muni de la norme ||x||∞ = sup |xi |.
92
IV. Espaces métriques compacts
En effet, X est précompact donc recouvert par un nombre fini de boules fermées de
rayon 2−1 et l’une de ces boules, soit B1 = B(x1 , 2−1 ) est nfr ; d’après la propo-
sition IV.1, B1 est elle-même précompacte, donc recouverte par un nombre fini de
boules de rayon 2−2 centrées dans B1 et l’une de ces boules, soit B2 = B(x2 , 2−2 ) est
nfr ; de plus x2 ∈ B1 , donc d(x2 , x1 ) 2−1 ; on continue de proche en proche ... Cela
étant, (IV.3), l’inégalité triangulaire et la convergence de la série Σ 2−n montrent que
(xn ) est de Cauchy dans X complet, donc converge vers a ∈ X ; soit j ∈ I tel que
a ∈ ω j , r > 0 tel que B(a, r) ⊂ ω j ; je dis que, pour n assez grand,
Bn ⊂ B(a, r) . (IV.4)
À titre d’application, voici une autre preuve du théorème de Tychonoff dans un cas
particulier.
93
Chapitre 3 • Espaces compacts
dn
Démonstration. Quitte à remplacer dn par la métrique équivalente 1+dn (cf. cha-
pitre II), on peut supposer dn 1. Posons
∞
d(x, y) = 2−n dn (xn , yn ) si x = (xn ) , y = (yn ) ∈ X . (IV.5)
1
C’est vrai sous l’hypothèse plus générale que chaque (Xn , dn ) est précompact ; soit en
∞
effet ε > 0, N entier tel que 2−n ε, R1 , . . . , RN des ε−réseaux de X1 , . . . , XN ,
N+1
∞
R = R1 × . . . × RN × Π {an }, où an ∈ Xn est fixé. R est fini car |R| = |R1 | . . . |RN | ; c’est
N+1
un 2ε−réseau de (X, d) ; soit en effet x = (xn ) ∈ X, rn ∈ Rn tel que dn (xn , rn ) ε pour
1 n N, r = (r1 , . . . , rN , aN+1 , . . .) ∈ R ; on a
N
∞
N
∞
d(x, r) = 2−n dn (xn , rn ) + 2−n dn (xn , an ) 2−n ε + 2−n 2ε .
1 N+1 1 N+1
94
IV. Espaces métriques compacts
N+1
N
pact Π [−εn , εn ] de RN muni de la norme « sup » ; chaque r ∈ R0 est une suite
n=1
(r(1), . . . , r(N)) avec |r(n)| εn ; on prolonge r en un élément r̃ de K en posant
r̃(n) = 0 si n > N ; soit R = {r̃}r∈R0 ; montrons que R est un 2ε−réseau de K ; soit donc
f ∈ K ; on peut trouver r ∈ R0 tel que | f (n) − r(n)| ε N −1/p pour 1 n N, d’où
N
∞
εp
|| f − r̃|| =
p
| f (n) − r(n)| +
p
| f (n)| p N + ε p 2 ε p (2ε) p ,
1 N+1
N
95
Chapitre 3 • Espaces compacts
∗
3) Ensemble triadique de Cantor. Soit A = {0, 1}N , muni de la topologie produit
des topologies discrètes sur chaque facteur ; A est compact métrisable d’après IV.4
(théorème de Tychonoff dénombrable) et s’appelle l’ensemble de Cantor abstrait ;
∗
la variante {−1, 1}N a déjà été étudiée dans les exemples du V, chapitre II ; on va
voir que A est homéomorphe à un compact K de R, appelé ensemble triadique de
Cantor ; pour décrire K, il nous faut d’abord définir l’opération T : si I = [a, a + h]
est un segment de R, on pose
% & % & & %
h h h h
T (I) = a, a + ∪ a + 2 ,a + h = I \ a + ,a+ 2 ;
3 3 3 3
si X est union finie de segments disjoints I1 , . . . , I p , on pose
p
T (X) = ∪ T (I j ) .
j=1
L’opération T sur I consiste donc à enlever le « tiers médian » ouvert a + h3 , a + 2 h3 ;
elle s’étend comme indiqué en une application T : A → A , où A est la classe des
unions finies de segments ; itérée, elle définit l’ensemble triadique de Cantor par les
formules ∞
K1 = T ([0, 1]) ; Kn+1 = T (Kn ) ; K = ∩ Kn . (IV.13)
1
Une récurrence facile montre que (cf. figure 3.1)
⎧
⎪
⎪
⎪ K est réunion des 2n segments disjoints de longueur 3−n ,
⎨ n
⎪
⎪
⎪
n
α j 3− j , où α j = 0 ou 2 .
(IV.14)
⎩ d’origine
1
En effet, la propriété a lieu à l’étape 1 : K1 = 0, 13 ∪ 23 , 1 . Si elle a lieu aux
étapes 1, . . . , n, on a Kn = ∪ In (α), où α = (α1 , . . . , αn ) parcourt {0, 2}n et où In (α) =
α
n
−
n
− −n
α j 3 , α j 3 + 3 ; on voit que T In (α) = In+1 (α0 ) ∪ In+1 (α1 ), où α0 =
j j
1 1
(α1 , . . . , αn , 0) et α1 = (α1 , . . . , αn , 2), ce qui donne
Kn+1 = ∪ In+1 (α0 ) ∪ In+1 (α1 ) = ∪ In+1 (β),
α β
96
IV. Espaces métriques compacts
Définissons ϕ : A → R par
∞
ϕ(x) = 2 x j 3− j , x = (x j ) . (IV.15)
j=1
Soit B = ϕ(A) ; la proposition suivante fait le lien entre les ensembles de Cantor
abstrait et triadique.
Proposition IV.6.
On a les propriétés suivantes :
a) ϕ est un homéomorphisme de A sur B.
b) K = B.
Démonstration. a) La continuité de ϕ a été établie dans l’exemple précité (cha-
pitre II,V.) ; si x, x
∈ A et x x
, soit n le premier des indices j tel que x j diffère de
x
j , par exemple xn = 0 et x
n = 1 ; alors
ϕ(x
) − ϕ(x) = 2 · 3−n + 2 (x
j − x j ) 3− j
j>n
−n
2·3 −2 3− j = 2 · 3−n − 3−n = 3−n ,
j>n
ce qui montre que ϕ est injective et que ϕ−1 : B → A est continue (cela ré-
sulte d’ailleurs du théorème de bicontinuité automatique II.2) ; soit en effet y ∈ B,
x = ϕ−1 (y) ; si y
∈ B vérifie |y
− y| < 3−n , on vient d’établir que x j = x
j pour j < n,
où x
= ϕ−1 (y
) ; x
est donc arbitrairement proche de x quand y
est arbitrairement
proche de y.
∞
b) Montrons d’abord que B ⊂ K ; soit y = 2 x j 3− j , où x j = 0,1 ; pour n ∈ N∗
1
n
fixé, soit α = (2 x1 , . . . , 2 xn ) = (α1 , . . . , αn ) ; on voit que 0 y − α j 3− j =
1
∞
∞
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
donc dist(y, ϕ(A)) 3−n ; n étant arbitraire, dist(y, ϕ(A)) = 0 et y ∈ ϕ(A) = B ; mais
B est fermé car compact, donc y ∈ B.
97
Chapitre 3 • Espaces compacts
b) Soit I un connexe non vide de K ; pour tout entier n, I est contenu dans une des 2n
composantes connexes de Kn , donc a un diamètre 3−n ; n étant arbitraire, I est de
diamètre nul, donc réduit à un élément.
∞
c) Soit y ∈ [0, 2] ; on a 2y = ε
j 3− j avec ε
j = 0, 1, 2 (décomposition en base 3 des
1
∞
éléments de [0, 1]), donc y = ε j 3− j avec ε j = 0, 2, 4. Posons
1
⎧ ⎧
⎪
⎪
⎪ ε si ε j = 0 ou 2 ⎪
⎪
⎪ 0 si ε j = 0 ou 2
⎨ j ⎨
αj = ⎪
⎪ εj , βj = εj − αj = ⎪
⎪ εj
⎪
⎩ si εj = 4 ⎪
⎩ si ε j = 4
2 2
∞
∞
x= α j 3− j et x
= β j 3− j ; alors x, x
∈ K et x + x
= y. ❑
1 1
98
IV. Espaces métriques compacts
d
(x, y) = sup | f (x) − f (y)| . (IV.16)
B
Montrons que d
ainsi définie (pour le moment, d
n’est qu’un écart fini) répond à la
question. Alors, (xn ) sera de Cauchy dans (X, d
) et pourtant divergente.
1) Soit ε > 0, N entier ε−1 , p, q N, f ∈ B ; distinguons deux cas.
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
Cas 1 : f ∈ Bn et n N.
Alors | f (x p ) − f (xq )| 1n d(x p , xq ) 1
n 1
N ε.
Cas 2 : f ∈ Bn et n < N.
Alors p, q > n et donc f (x p ) = f (xq ) = 0. D’après (IV.16) et (IV.17), d
(x p , xq ) ε
si p, q N, et (xn ) est de Cauchy pour d
.
2) d
d, donc l’identité i : (X, d) → (X, d
) est continue ; montrons que
i−1 : (X, d
) → (X, d) est continue en tout point a ∈ X ; soit ε > 0 ; a n’est pas
point d’accumulation des xn , donc il existe 0 < δ < ε et n0 tels que
99
Chapitre 3 • Espaces compacts
1
Posons f (x) = 1
n0 (δ − d(x, a))+ ; f est −lipschitzienne (car s, t ∈ R et
n0
s < t ⇒ t+ − s+ t − s), et n > n0 entraîne (δ − d(xn , a))+ = 0, donc f ∈ Bn0 ⊂ B ;
supposons d
(x, a) < nδ0 ; alors
1 δ
|δ − (δ − d(x, a))+ | = | f (x) − f (a)| d
(x, a) < ,
n0 n0
où dF est la fonction distance à F (cf. chapitre II, IV.) et la norme celle de l’espace
C(X, R) des applications continues de X dans R ; h est une distance (appelée distance
de Hausdorff) sur A car si h(A, B) = 0, on a dA = dB puis A = B en observant que A
(resp. B) est l’ensemble des zéros de dA (resp. dB ). On va voir que de plus :
100
Exercices
i.e. ∈ A et A est ∅ ; d’autre part, le passage à la limite dans dAnk (x) = d(x, xnk )
donne ϕ(x) = d(x, ) dA (x) ; enfin, si a ∈ A, le passage à la limite dans l’inégalité
|dAn (x) − dAn (a)| d(x, a) donne ϕ(x) d(x, a), puis ϕ(x) dA (x) en passant à
l’inf sur a ; on a donc ϕ(x) = dA (x), ce qui achève de prouver (∗) ; puisque A ∈ A ,
la relation ||dAn − ϕ|| → 0 se lit alors h(An , A) → 0, ce qui prouve (IV.21). (IV.20),
(IV.21) et le théorème fondamental IV.3 montrent que
(A , h) est un espace métrique compact . (IV.22)
Une variante de cet espace, quand X est seulement complet, réapparaîtra au cha-
pitre V avec l’étude de plusieurs contractions. On verra dans ce chapitre V une défi-
nition alternative et plus intuitive de h(A, B) :
h(A, B) = min{ε 0; A ⊂ Bε et B ⊂ Aε }
où de façon générale Eε = {x ∈ X; d(x, E) ε} est l’epsilon-épaississement de
E ⊂ X.
Exercices
3.1 Soit E un evn, A et B deux parties non vides de E (cf. chapitre II, exercice 19).
a) Montrer que A, B compacts entraînent A + B compact.
b) Montrer que A compact, B fermé entraînent A + B fermé.
c) Donner un exemple où A, B sont fermés, mais pas A + B.
d)* Mêmes questions que a), b) en remplaçant E par un groupe topologique abélien G
(cf. chapitre II, exercice 19).
a) On suppose f
(a) f
(b) < 0.
1. Montrer que f atteint sa borne supérieure sur [a, b] en un point c ∈]a, b[.
2. Montrer que f
(c) = 0.
b) Montrer que f
a la propriété de la valeur intermédiaire, à savoir : si f
(a) =
u, f
(b) = v et si w ∈]u, v[, il existe c ∈]a, b[ tel que f
(c) = w.
101
Chapitre 3 • Espaces compacts
3.5 Soit (Kn ) une suite décroissante de compacts non vides d’un espace X,
∞
K = ∩ Kn .
1
a) Montrer que K ∅ ;
b) Soit ω un ouvert contenant K ; montrer qu’il existe n0 tel que Kn ⊂ ω pour n n0 .
102
Exercices
Montrer que ||(I + D−1 N)n || est bornée ; en déduire que N = 0 et conclure.
d) Sous les hypothèses de ii), montrer que (An ) contient une sous-suite (Ank ) conver-
geant vers l’identité I (on peut utiliser ou non l’équivalence précédente).
3.12 Soit (n )n1 une suite de réels de 0, 12 ; on définit l’opération T n sur les
unions finies disjointes de segments par
T n ([a, a + h]) = [a, a + n h] ∪ [a + (1 − n ) h, a + h] ;
p
T n (I1 . . . I p ) = ∪ T n (I j ) .
1
103
Chapitre 3 • Espaces compacts
a) Montrer que L est compact, et que Ln est la réunion de 2n segments disjoints In, j ,
(1 j 2n ) de longueur 1 . . . n .
b) Montrer que L est totalement discontinu mais peut avoir une mesure de Lebesgue
positive. À quoi L est-il homéomorphe ?
On se propose de donner un exemple où G pL (groupe engendré par L) est de mesure
de Lebesgue nulle ; on pose L̃n = Ln ∪ −Ln ; p L̃n = {x1 + . . . + x p ; x j ∈ L̃n } ; on
définit de même L̃, p L̃.
c) i) Montrer que G pL = ∪ p L̃.
p1
ii) Montrer que p L̃n est inclus dans la réunion de 2(n+1)p intervalles de longueur
! "
p 1 . . . n ; en déduire que m(p L̃) inf n p 2(n+1)p 1 . . . n .
iii) Indiquer un choix de n pour lequel m(G pL) = 0.
3.14 Soit X = Cb (R) avec la norme sup ; on fixe f ∈ X ; pour t ∈ R, on désigne par
ft la translatée par −t de f : ft (x) = f (x + t) ; soit O( f ) l’ensemble des ft ; montrer
que :
O( f ) précompact entraîne f uniformément continue.
(Au chapitre V, on caractérisera en termes de O( f ) les fonctions uniformément conti-
nues, presque périodiques, périodiques).
104
Exercices
∞
(∀ ε > 0) (∃ N) (∀ f ∈ K) : | f (n)| p ε p .
N+1
(∀ a ∈ X) (∃ i ∈ I); B(a, r) ⊂ ωi .
105
Chapitre 3 • Espaces compacts
3.21* Soit X un espace métrique complet séparable (un espace « polonais »),
(xn )n1 une suite dense de X, A la tribu des boréliens de X, P : A → [0, 1] une
probabilité sur (X, A ).
a) Soit ε > 0, q ∈ N∗ ; montrer qu’il existe Nq ∈ N∗ tel que P(Aq ) 1 − ε 2−q , où
Nq
Aq = ∪ B xn , 1q .
n=1
b) Montrer qu’il existe un compact K de X tel que P(K) 1 − ε.
! "
c) Soit B ∈ A ; montrer que P(B) = sup P(K); K compact ⊂ B (on rappelle que
! "
P(B) = sup P(F); F fermé ⊂ B ).
3.22* Soit X un espace métrique compact, Y un espace métrique, A une partie équi-
continue de C(X, Y) ; on rencontre dans la littérature les deux énoncés suivants du
théorème d’Ascoli :
Énoncé 1 (cf. [C]) : Si Y est compact, A est relativement compacte dans C(X, Y).
Énoncé 2 (cf. [D]) : Si Y est complet et si A(x) : = { f (x) ; f ∈ A} est relativement
compact dans Y pour tout x ∈ X, A est relativement compacte dans C(X, Y).
Expliquer pourquoi l’énoncé 2 n’est qu’une généralisation illusoire de l’énoncé 1.
106
Exercices
3.24 Soit C([0, 1]) l’espace des fonctions continues :[0, 1] → C muni de la norme
.∞ du sup ; pour 1 p < ∞ et f ∈ C([0, 1]), on pose
1 1/p
Ip( f ) = f p = | f (x)| p dx .
0
b) Montrer que
* ( S )+ n n k l
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
n
Bn (x, y) := E F = F , xk (1 − x)n−k yl (1 − y)n−l .
n 0kn,
k l n n
0ln
c) Montrer que F est limite uniforme sur I × I d’une suite (Bn ) de polynômes à deux
variables.
d) On définit le produit tensoriel de f , g ∈ C(I) par la formule
( f ⊗ g)(x, y) = f (x)g(y), x, y ∈ I.
On définit le produit tensoriel injectif C(I) ⊗ε C(I) de C(I) par lui-même comme
N
l’adhérence uniforme dans C(I × I) des sommes finies k=1 fk ⊗ gk . Montrer que l’on
107
Chapitre 3 • Espaces compacts
a en réalité
C(I × I) = C(I) ⊗ε C(I).
3.27 Avec les notations de l’exercice 26, on admet l’existence d’une base de
Schauder (gn )n1 dans C(I), c’est-à-dire d’une suite de fonctions de C(I) telles que
toute f ∈ C(I) s’écrive
∞
f = cn ( f )gn
n=1
où la série converge uniformément sur I, et où les cn sont des formes linéaires
continues sur C(I). Ces formes linéaires vérifient de plus S n M, où on note
S n ( f ) = nj=1 c j ( f )g j , M étant une constante.
a) Montrer que la série précédente converge uniformément sur tout compact K de
C(I).
b) Soit F ∈ C(I × I) et F x ∈ C(I) définie par F x (y) = F(x, y). Montrer que l’ensemble
de fonctions {F x } x∈I est compact dans C(I).
c) Montrer que F(x, y) = ∞ n=1 fn (x)gn (y) avec fn , gn ∈ C(I), la série convergeant
uniformément sur I × I. Ceci est plus précis que la conclusion de l’exercice 3.26. En
particulier, la suite (gn ) ne dépend pas de F.
108
Corrigés
Corrigés
f (x) − f (c)
f
(c) = lim+ (∗)
x→c x−c
et
f (x) − f (c)
f
(c) = lim− (∗∗).
x−c
x→c
3.3 a) | fn (xn ) − f (x)| | fn (xn ) − f (xn )| + | f (xn ) − f (x)| || fn − f ||∞ + | f (xn ) − f (x)|
et le second membre tend vers zéro puisque f est continue. Notons que le résultat et
la preuve restent vrais pour deux espaces métriques.
x p si n = λ p
b) i) Posons yn =
x si n n’est pas un λ j ;
yn tend vers x, donc fn (yn ) tend vers f (x) ; en particulier fλ p (yλ p ) = fλ p (x p ) tend
vers f (x).
109
Chapitre 3 • Espaces compacts
ii) En prenant xn = x, on voit que fn converge simplement vers f . Si f n’est pas conti-
nue, il existe x ∈ X, ε > 0, (xn ) de limite x avec | f (xn ) − f (x)| > ε ; pour chaque n,
f (xn ) = limm→∞ fm (xn ), donc on peut construire par récurrence une suite strictement
croissante (λn ) d’entiers telle que | fλn (xn ) − f (x)| > ε, et cette inégalité contredit i).
Si maintenant ( fn ) ne converge pas uniformément vers f , modulo extraction on peut
supposer qu’il existe ε > 0 tel que || fn − f ||∞ > ε et donc qu’il existe xn ∈ X tel que
| fn (xn ) − f (xn )| > ε . (∗)
Quitte à faire une deuxième extraction (X étant compact), on peut supposer que xn
tend vers x. Alors | fn (xn )− f (xn )| | fn (xn )− f (x)|+| f (x)− f (xn )|, et le second membre
tend vers zéro d’après l’hypothèse et la continuité de f ; mais cela contredit (∗) ; la
convergence de fn vers f est donc uniforme.
3.5 a) Les Kn sont une suite décroissante de fermés non vides du compact K1 .
b) Il suffit de montrer qu’il existe n tel que Kn ∩ ωc = ∅ ; si ce n’est pas le cas,
les Kn ∩ ωc sont une suite décroissante de fermés non vides du compact K1 , donc
∩(Kn ∩ ωc ) = K ∩ ωc ∅, contrairement à l’hypothèse.
Deuxième méthode : si C n’existe pas, on peut trouver deux suites (xn , yn ) et (xn , y
n )
de K avec
|| f (xn , yn ) − f (xn , y
n )|| > n ||yn − y
n || ; (∗)
en particulier ||yn − y
n || 2M
110
Corrigés
111
Chapitre 3 • Espaces compacts
3.11* |ϕ
n (x)| = | fn (x, ϕn (x))| M ; le théorème des accroissements finis entraîne
alors |ϕn (x) − ϕn (x
)| M |x − x
|, pour tous x, x
∈ [0, 1], donc la suite (ϕn ) est équi-
continue ; elle est de plus bornée par M (par définition) ; d’après le théorème d’Ascoli
(cf. [HL] ou [QZ]), elle contient une sous-suite (ϕnk ) convergeant uniformément vers
ϕ ∈ C([0, 1]) ; l’égalité ϕ
nk (x) = fnk (x, ϕnk (x)) et la convergence uniforme de fn vers
f sur [0, 1] × [−M, M] montrent que ϕ
nk (x) → f (x, ϕ(x)) uniformément sur [0, 1] ;
d’après le théorème de dérivation terme à terme, ϕ est dérivable et ϕ
(x) = f (x, ϕ(x)),
∀ x ∈ [0, 1] ; de plus ϕ(0) = lim ϕnk (0) = 0, donc ϕ répond à la question.
2n 1 . . . n = (1 − 2ε1 ) . . . (1 − 2εn )
∞
tend vers λ > 0, car le produit infini Π(1 − 2εn ) est convergent avec des produits par-
1
tiels non nuls. L est homéomorphe à K ; cela résulterait de 2) après la remarque IV.7 ;
une preuve directe est facile à construire.
c) i) C’est évident.
ii) Notons d’abord que I = [a, b] et J = [c, d] entraîne I + J = [a + c, b + d] ; en
effet, I + J contient a + [c, d] = [a + c, a + d], ainsi que [a, b] + d = [a + d, b + d] ;
I + J contient donc [a + c, a + d] ∪ [a + d, b + d] = [a + c, b + d], et l’inclusion
inverse est évidente. L̃n est réunion des 2n+1 segments In, j et −In, j , (1 j 2n ), ce
112
Corrigés
2n+1
qu’on écrit L̃n = ∪ Jn,k , où les Jn,k sont des segments de longueur 1 . . . n ; donc
k=1
p L̃n = ∪ (Jn,k1 + . . . + Jn,k p ). D’après la remarque initiale et une récurrence,
k1 ,...,k p
m(Jn,k1 + . . . + Jn,k p ) = m(Jn,k1 ) + . . . + m(Jn,k p ) = p1 . . . n ; donc
m(p L̃n ) m(Jn,k1 + . . . + Jn,k p )
1k1 ,...,k p 2n+1
p 1 . . . n = p 2(n+1)p 1 . . . n ;
1k1 ,...,k p 2n+1
vers zéro avec n−1 ; donc m(p L̃) = 0 pour tout p ∈ N, et m(G p L) = 0.
3.13 a) Soit ( fn ) une suite de A convergeant vers f ; soit xn ∈ X tel que fn (xn ) = xn ;
(xn ) contient (xnk ) convergeant vers x ; le passage à la limite dans fnk (xnk ) = xnk
donne, d’après l’exercice 3, f (x) = x, i.e. f ∈ A ; même raisonnement pour S , en
partant d’une suite (xn ) de X telle que fn (xn ) = y.
b) Prenons par exemple X = [0, 1] ; fn (x) = nx est injective, mais fn → 0, donc I n’est
pas fermé ; il n’est pas ouvert non plus, car il est clair sur un graphe que si f (x) = x,
( f ∈ I), il y a des fonctions arbitrairement proches de f qui ne sont pas injectives.
3.14 X est complet, donc O( f ) est précompact et complet, par conséquent com-
pact ; soit (xn ), (x
n ) deux suites telles que xn − x
n tend vers 0 ; la suite fxn −x
n contient
une sous-suite convergente dans X, donc modulo extraction on peut supposer que
|| f xn −x
n − g||∞ tend vers 0, où g ∈ X ; en particulier, pour chaque x, f (x + xn − x
n ) tend
vers g(x) ; f étant continue, on a aussi f (x + xn − x
n ) tend vers f (x), d’où f = g. Alors
| f (xn ) − f (x
n )| = | fxn −x
n (x
n ) − f (x
n )| || fxn −x
n − f ||∞ , donc f (xn ) − f (x
n ) tend vers 0,
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1
xk x < xk+1 ⇒ | f (x) − fn (x)| δn + . (∗)
M
113
Chapitre 3 • Espaces compacts
En effet
k+1 1 1
f (x) f (xk+1 ) = = f (xk ) + fn (xk ) + δn +
M M M
1
fn (x) + δn + ,
M
et
1 1
fn (x) fn (xk+1 ) f (xk+1 ) + δn = f (xk ) + + δn f (x) + + δn .
M M
Ceci prouve (∗) et l’inégalité demandée, en faisant varier k.
c) Soit ε > 0 ; fixons M entier ε−1 ; M étant ainsi fixé, δn tend vers zéro puisque fn
converge simplement vers f ; donc δn ε pour n n0 = n0 (ε, M). On voit donc que
n n0 entraîne || fn − f ||∞ 2ε.
3.18
114
Corrigés
r
3.20* a) i) ⇒ ii). Si les gi ont un zéro commun a, (gi hi )(a) = 0 pour tous
1
h1 , . . . , hr ∈ A, donc la fonction constante 1 n’appartient pas à l’idéal engendré par
g1 , . . . , gr .
gi
ii) ⇒ i). Posons hi =
r ; hi est définie et continue car les gi n’ont pas de zéro com-
g2i
r
1
r g2i
mun ; autrement dit hi ∈ A et gi hi = 1
r = 1.
1 g2i
1
b) Cette question est un peu délicate ; voici une solution possible : d’après le théo-
rème de Stone-Weierstrass (cf. [HL]), les fonctions polynomiales sont denses dans
C(X) ; en particulier on peut trouver ϕ1 , . . . , ϕn+1 ∈ C(X) telles que
δ
|| fi − ϕi ||∞ s : = (VI.4)
2
||ϕ(x) − ϕ(y)|| M ||x − y|| , ∀ x, y ∈ X (VI.5)
où M est une constante > 0, ϕ = (ϕ1 , . . . , ϕn+1 ) et ||ϕ(x) − ϕ(y)|| la norme sup dans
Rn+1 de ϕ(x) − ϕ(y). Soit B s la boule fermée de centre 0 et de rayon s (pour la norme
sup) dans Rn+1 et ε > 0 petit ; on sait (cf. [QZ]) qu’il faut au moins εn+1 C
boules
de rayon ε pour recouvrir B s ; on sait aussi (ibidem) que X peut être recouvert par
N
ϕ(X) ⊂ ∪ B(ϕ(x j ), ε) . (VI.6)
j=1
Soit en effet y ∈ ϕ(X) ; il existe x tel que y = ϕ(x) et j tel que ||x − x j || Mε ; d’où via
(VI.5) : ||y − ϕ(x j )|| M ||x − x j || ε. Autrement dit, ϕ(X) peut être recouvert par
des boules de rayon ε en nombre au plus C
ε−n ; comme C
ε−n est infiniment petit
devant C ε−n−1 quand ε tend vers zéro, on voit en particulier que B s ϕ(X) et que
donc
∃ c = (c1 , . . . , cn+1 ) ∈ B s \ ϕ(X) . (VI.7)
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En effet, |gi (x) − ϕi (x)| = |ci | ||c||∞ s, pour tout x ∈ X. (VI.4) et (VI.8) montrent
que || fi − gi ||∞ 2s = δ, (i = 1, . . . , n + 1) ce qui résout la question.
c) Supposons qu’il existe g1 , . . . , gn ∈ A telles que
|| fi − gi ||∞ 1 , (i = 1, . . . , n) . (VI.9)
115
Chapitre 3 • Espaces compacts
Alors x → ( f1 (x) − g1 (x), . . . , fn (x) − gn (x)) est une application continue de X dans
lui-même, donc possède un point fixe a d’après le théorème de Brouwer ; on a ainsi,
notant a = (a1 , . . . , an ) :
3.23 a) Si xn → x, soit une valeur d’adhérence de ϕ(xn ) et (nk ) une suite extraite
telle que (ϕ(xnk )) converge vers ; le passage à la limite dans f (xnk , ϕ(xnk )) = c donne
116
Corrigés
f (x, ) = c, d’où = ϕ(x) d’après (*). Puisque Y est compact, le théorème I.2 montre
alors que (ϕ(xn )) converge vers ϕ(x).
b) Laissé au lecteur.
Voici comment prouver la remarque IV.9 : si xn → x et si y est valeur d’adhé-
rence de ϕ(xn ), il existe une sous-suite (nk ) telle que ϕ(xnk ) → y ; donc (x, y) =
limk→∞ (xnk , ϕ(xnk )). Le graphe de ϕ étant fermé, cela montre que y = ϕ(x). La seule
valeur d’adhérence de ϕ(xn ) est ϕ(x), donc ϕ(xn ) → ϕ(x) et ϕ est continue en x.
3.25 Par hypothèse, il existe 2 p < ∞ tel que, si f est dans la sphère unité de X,
on a f p 12 f ∞ , soit encore f ∞ 2 f p . Par homogénéité, on a f ∞ 2 f p
pour toute f ∈ X. D’après le théorème de Grothendieck, on conclut que dim X 2 p .
d’où le résultat.
b) Évident, puisque Bn est un polynôme en x, y.
c) On raisonne comme en dimension un : soit ω le module de continuité uniforme de
F, soit ε > 0 et A, B les évènements
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117
Chapitre 3 • Espaces compacts
d) Un polynôme à deux variables est par définition dans C(I) ⊗ε C(I), et ces poly-
nômes sont denses dans C(I × I) par c).
3.27 a) La norme est celle de C(I). Soit ε > 0, ainsi que ( f1 , . . . , f p ) un ε-réseau
de K. On peut trouver un entier N0 tel que
n N0 ⇒ sup S n ( f j ) − f j ε.
1 jp
S n ( f ) − f S n ( f ) − S n ( f j ) + S n ( f j ) − f j + f j − f
S n f − f j + 2ε (M + 2)ε.
118
Corrigés
N
obtient ϕ j = n=1 gn (a j ) fn , donc les ϕ j appartiennent à l’espace de dimension N
engendré par les fn , 1 n N. Comme elles sont en nombre N + 1, elles ne peuvent
être linéairement indépendantes, ce qui contredit a).
c) Il suffit de se rappeler sa trigonométrie :
119
4 E SPACES CONNEXES
120
I. Définition et premières propriétés
d) ⇒ a). Soit ϕ = 1O1 ; ϕ est continue car les O j sont ouverts, et à valeurs dans Z ;
donc ou bien ϕ = 1 et O2 = ∅, ou bien ϕ = 0 et O1 = ∅. ❑
Remarque I.2. Dans d), on peut remplacer Z par n’importe quel espace discret
ayant au moins deux éléments, par exemple {0, 1} ; mais pour les applications (no-
tamment à l’indice dans la théorie de Cauchy, cf. [R]), c’est le choix de Z qui paraît
le plus indiqué. Voici un exemple.
⎪
⎪
⎩ ⇒ ω1 ∩ Y = ∅ ou ω2 ∩ Y = ∅ .
(I.1)
Lemme de passage des douanes I.4. Soit A une partie de X. Toute partie
connexe C de X qui rencontre l’intérieur de A et l’extérieur de A rencontre aussi
la frontière de A.
121
Chapitre 4 • Espaces connexes
Remarque I.6. Cette preuve, qui illustre l’utilité de l’existence de la borne supé-
rieure dans R, est assez subtile ; on en verra une autre plus simple (utilisant la com-
pacité de [0, 1]) au III.
II T HÉORÈMES DE STABILITÉ
Dans ce qui suit, X et Y désignent des espaces topologiques.
122
II. Théorèmes de stabilité
Démonstration. a) Soit ϕ : ∪Ai → Z continue ; ϕ|Ai est continue, donc vaut constam-
ment ci ; soit x0 ∈ ∩ Ai ; ci = ϕ(x0 ), donc ϕ vaut constamment ϕ(x0 ).
I
b) On fait une récurrence sur n ; pour passer de n à n + 1, on pose Bn = A1 ∪ . . . ∪ An ;
Bn est connexe d’après l’hypothèse de récurrence, et Bn ∩ An+1 ⊃ An ∩ An+1 , donc
Bn ∩ An+1 ∅ et A1 ∪ . . . ∪ An+1 = Bn ∪ An+1 est connexe d’après a). ❑
Remarque II.2. Une intersection de connexes n’est pas connexe en général (consi-
dérer un cercle et une ellipse tangents intérieurement en deux points).
123
Chapitre 4 • Espaces connexes
..
.
ϕ xi1 , . . . , xi p , y = ϕ xi1 , . . . , xi p−1 , ai p , y = ϕ(a) ,
• X est dit connexe par arcs si deux points quelconques a, b de X sont toujours
équivalents, autrement dit s’il existe toujours un chemin joignant a à b dans X.
Théorème II.5.
a) X connexe par arcs entraîne X connexe.
b) La réciproque est vraie si X est un ouvert d’un evn E.
Remarque II.6. Il existe des espaces connexes non connexes par arcs ; mais dans
la plupart des cas, on établit la connexité en établissant la propriété plus forte (mais
plus maniable) de connexité par arcs. Voir aussi l’exercice 10 du chapitre 6, pour une
généralisation du b) du théorème.
124
II. Théorèmes de stabilité
Exemples
!
1) Soit f : R → R continue ; on appelle épigraphe de f l’ensemble X = (x, y) ∈ R2 ;
"
y > f (x) ; alors X est connexe par arcs.
Soit en effet p1 = (x1 , y1 ) et p2 = (x2 , y2 ) ∈ X ; appelons M la borne supérieure de
f sur le compact [x1 , x2 ] et joignons p1 à p2 dans X en joignant p1 à z1 = (x1 , M + 1)
par le segment vertical [p1 , z1 ], puis z1 à z2 = (x2 , M + 1) par le segment horizon-
tal [z1 , z2 ], enfin z2 à p2 par le segment vertical [z2 , p2 ] ; le résultat s’ensuit (cf. fi-
gure 4.1).
z1 z2
p2
p1
graphe de f
Figure 4.1
125
Chapitre 4 • Espaces connexes
126
III. Espaces métriques connexes
Lebesgue) et bien enchaîné ; pour vérifier ce dernier point, soit ε > 0, n entier b−a ε ,
k(x−a)
x ∈ [a, b], ak = a + n ; a0 , . . . , an est une ε−chaîne joignant a à x dans [a, b]. Le
cas général en découle puisque tout intervalle I est la réunion des segments contenus
dans I et contenant un point fixé a ∈ I. ❑
127
Chapitre 4 • Espaces connexes
IV C OMPOSANTES CONNEXES
Dans ce paragraphe, on va voir qu’on peut toujours plus ou moins se ramener au cas
où l’espace X est connexe.
128
IV. Composantes connexes
La proposition facile suivante est utile pour identifier les composantes connexes
d’un espace, qui sont souvent non seulement fermées mais aussi ouvertes (cf. exer-
cice 10).
,
Proposition IV.2. Si X = ωi , où les ωi sont ouverts connexes non vides, alors
I
les ωi sont les composantes connexes de X.
Théorème IV.3.
a) On a toujours l’inclusion C(x) ⊂ C0 (x).
b) On a l’égalité C(x) = C0 (x) si X est compact.
c) Si X est métrique, on a l’inclusion C 0 (x) ⊂ C1 (x). Si X est métrique compact, on
a l’égalité C(x) = C0 (x) = C1 (x).
129
Chapitre 4 • Espaces connexes
b) D’après la proposition IV.1, il suffit de montrer que C0 (x) est connexe ; supposons
donc C0 (x) = F1 ∪ F2 , où les Fi sont des fermés disjoints de C0 (x) fermé dans X,
donc aussi des fermés de X ; on peut supposer x ∈ F1 ; X est normal car compact, on
peut donc trouver U, V ouverts de X tels que
F1 ⊂ U , F2 ⊂ V , U ∩V =∅, C0 (x) ⊂ U ∪ V . (IV.2)
Je dis qu’il existe un ouvert-fermé F contenant x tel que
F ⊂U ∪V . (IV.3)
En effet, si tel n’était pas le cas, les ensembles A ∩ (U ∪ V)c , où A parcourt les
ouverts-fermés contenant x, auraient la propriété de l’intersection finie et par compa-
cité une intersection non vide ; autrement dit on aurait C0 (x)∩ (U ∪ V)c ∅, ce qui
contredit (IV.2). Remarquons maintenant que
F ∩ U est un ouvert-fermé contenant x . (IV.4)
En effet, F ∩ U est ouvert, comme intersection finie d’ouverts ; d’autre part (IV.3)
et (IV.2) entraînent
U ∩ F ⊂ U ∩ F = U ∩ (U ∪ V) ∩ F = (U ∩ U) ∪ (U ∩ V) ∩ F = U ∩ F
car U ∩ V = ∅ implique U ∩ V = ∅ ; et ceci prouve (IV.4) puisque x ∈ F1 . Il en résulte
que
F2 ⊂ C0 (x) ⊂ U ∩ F ⊂ U . (IV.5)
En effet, par (IV.4) et la définition de C0 (x), C0 (x) est inclus dans U ∩ F ; enfin, (IV.2)
et (IV.5) entraînent F2 = ∅, ce qui achève la preuve.
c) Pour ε > 0, soit A(ε) l’ensemble des y joignables à x par une ε-chaîne ; A(ε)
est ouvert-fermé dans X (cf. preuve du théorème III.1) et C1 (x) = ∩ A(ε), donc
ε>0
C0 (x) ⊂ C1 (x). Supposons maintenant X compact ; nous allons montrer que C1 (x) est
connexe, ce qui entraînera C1 (x) ⊂ C(x), et achèvera la démonstration (en donnant
au passage une nouvelle preuve de b) dans le cas métrique compact).
Supposons C1 (x) non connexe. Alors, C1 (x) = F1 ∪ F2 , où F1 , F2 sont compacts
non-vides disjoints, donc à une distance positive : d(F1 , F2 ) = r > 0.
r
On fixe 0 < a < , et on épaissit un peu F1 et F2 en posant G1 = {y|d(y, F1 ) < a}
3
et G2 = {y|d(y, F2 ) < a}.
On peut supposer x ∈ F1 , et on fixe y ∈ F2 . Pour chaque 0 < ε < a, soit x0 =
x, x1 ..., xN = y une ε-chaîne joignant x à y. Il est utile de faire la figure 4.2.
r
On a évidemment d(G1 , G2 ) r − 2a > , donc G1 et G2 sont disjoints et comme
3
xN = y ∈ G2 , il existe un dernier indice i < N tel que xi ∈ G1 , donc xi+1 G1 ; si
xi+1 ∈ G2 , il existe v ∈ F2 tel que d(xi+1 , v) < a.
130
IV. Composantes connexes
xi+1 = zn
xi
u v
z
x=x0 y=xN
G1 F1 G2 F2
Figure 4.2
ce qui est absurde. Ainsi, xi+1 tombe (cf. figure 4.2) dans le « no man’s land » fermé
F = X \ (G1 ∪ G2 ) (noter que G1 et G2 sont ouverts). Limitons-nous maintenant à
1 1
ε = , n entier > , et notons zn le xi+1 correspondant (cf. figure 4.2). zn ∈ F, et
n a
1 1
zn ∈ A , car x0 = x, x1 , ..., xi+1 = zn est une -chaîne joignant x à zn .
n n
Comme X est compact, il existe une suite extraite znk convergeant vers z. Il est clair
1 1
que z ∈ ∩ ∗ A = C1 (x), car si p est fixé, soit nk > p tel que d(znk , z) ; alors
p∈N p p
1
x0 , x1 , ..., xi+1 = znk , z est une -chaîne joignant x à z. Mais d’autre part, znk ∈ F
p
fermé, donc z ∈ F, disjoint de F1 ∪ F2 = C1 (x). Cette contradiction montre que
C1 (x) est connexe, et achève la démonstration (cf. Bourbaki, Topologie Générale,
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
p. 224-225). ❑
Remarque IV.4. Dans le cas métrique (le plus fréquent), c) fournit une preuve
peut-être plus « visuelle » de l’égalité C(x) = C0 (x) quand X est compact.
131
Chapitre 4 • Espaces connexes
Un espace discret est évidemment totalement discontinu ; Q est non discret mais
totalement discontinu ; en effet, un connexe C de Q est un connexe de R donc un
intervalle ; mais alors C est réduit à un point : sinon l’intervalle C contiendrait des
irrationnels. Voyons maintenant des exemples moins extrêmes.
ω = ]an , bn [ , an , bn ω . (IV.6)
⇔ |P(z)| sup{|P(w)|; w ∈ K} ,
z∈K ∀ P ∈ C[X] . (IV.7)
Démonstration. a) Soit R > 0 tel que K soit inclus dans D(0, R) ; posons ωR =
{z; |z| > R} ; ωR est connexe comme image du produit de connexes ]R, ∞[×[0, 2π] par
l’application continue (r, θ) → r eiθ ; la composante connexe de R + 1 contient donc
ωR et toute autre composante connexe de Ω est incluse dans D(0, R).
b) C est ouverte car Ω est ouvert et C localement connexe (cf. chapitre VI), ainsi
∂C = C \ C ; C est fermée dans Ω, donc C ∩ Ω = C ; si z ∈ ∂C, z Ω, d’où z ∈ K.
c) Soit Ω0 la réunion (éventuellement vide) des composantes connexes bornées de
Ω ; on a Ω = Ω0 ∪ C∞ , et K = C∞ est
c est inclus dans D(0, R) ; on voit ainsi que K
fermé, borné, donc compact ; enfin K = C∞ , K est donc connexe.
c c
d) Cf. exercice 3.
132
IV. Composantes connexes
K K
Figure 4.3
133
Chapitre 4 • Espaces connexes
V A PPLICATIONS DE LA CONNEXITÉ ;
HOMOTOPIE
La notion de connexité a de nombreuses applications en topologie et en analyse ; il est
parfois souhaitable d’introduire une autre notion, celle d’homotopie des applications,
ce que nous ferons à la fin de ce paragraphe.
134
V. Applications de la connexité ; homotopie
135
Chapitre 4 • Espaces connexes
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Y
0 1 3 4 5 6 7 8 9 10 11
Figure 4.4
⎧x
⎪
⎪
⎪ si 0<x1
⎪
⎪
⎪
2
⎨x
g(x) = ⎪
⎪
⎪ 2 − 1 si 3<x<4
⎪
⎪
⎪
⎩ x − 3 si x5
136
V. Applications de la connexité ; homotopie
En d’autres termes, une fonction sous-harmonique est une fonction continue qui
possède localement la propriété de sous-moyenne ; on verra plus loin (cf. théo-
rème V.3) que cette propriété locale se « globalise » automatiquement. On note
S h(Ω) la classe des fonctions sous-harmoniques sur Ω ; c’est un cône convexe réti-
culé, i.e. :
ϕ ∈ C 0 (C(a, r)) ⇒ ∃ f ∈ h D(a, r) ∩ C D(a, r) ; f |C(a,r) = ϕ (V.9)
(autrement dit toute fonction continue sur le cercle C(a, r) admet un prolongement
continu sur le disque fermé D(a, r) et harmonique sur le disque ouvert D(a, r)). Les
fonctions sous-harmoniques sont aux fonctions harmoniques ce que les fonctions
convexes sont aux fonctions affines ; pour mieux comprendre le parallélisme, rappe-
lons que, si I désigne un intervalle de R et f une fonction : I → R, on a équivalence
entre (cf. exercice 4) :
i) f est convexe ;
137
Chapitre 4 • Espaces connexes
En d’autres termes on a
z ∈ Ω ⇒ f (z) sup f . (V.10
)
∂Ω
b) On a équivalence entre
i) f ∈ S h(Ω)
◦
ii) ∀ K compact de Ω, ∀ h réelle ∈ h(K) ∩ C(K), ∀ z ∈ K, g(z) sup∂K g, où
g= f −h
2π
iii) D(a, r) ⊂ Ω ⇒ f (a) 2π
1
0
f (a + r eiθ ) dθ.
Démonstration. a) Ω est fermé, borné donc compact ; f est continue sur Ω donc y
atteint son maximum M en un point a ; si a ∈ ∂Ω, (V.10) est prouvé ; si a ∈ Ω, soit ω
la composante connexe de Ω contenant a ; posons
! "
A = b ∈ ω ; f (b) = M .
∂ω ⊂ ∂Ω . (V.11)
138
V. Applications de la connexité ; homotopie
mais la fonction ϕ(θ) = f (b)− f (b+r eiθ ) = M− f (b+r eiθ ) est continue positive ;
l’intégrale précédente et ϕ sont donc nulles, en d’autres termes f (b + r eiθ )
vaut M, et le disque D(b, rb ) est inclus dans A, qui est bien ouvert dans ω. La
connexité de ω entraîne A = ω, i.e. f = M sur ω ; par continuité, f = M sur
ω ; a fortiori f = M sur ∂ω.
De ce qui précède, il résulte que l’on a (cf. (V.11))
M = sup f sup f ,
∂ω ∂Ω
n
P( j) (a)
En effet, suivant la formule de Taylor, P(a + r eiθ ) = P(a) + j! r j ei jθ , où n est
j=1
le degré de P ; prenant la moyenne des deux membres sur [0, 2π], on obtient (V.8)
pour P ; puis appliquant l’inégalité triangulaire on obtient (V.7) pour |P|, ce qui
prouve (V.13).
139
Chapitre 4 • Espaces connexes
n
Théorème V.4 (inégalité de Bernstein). Soit P(z) = ak zk un polynôme de
k=0
degré n ; alors
! " ! "
sup |P
(z)| ; |z| 1 n sup |P(z)| ; |z| 1 . (V.14)
Autrement dit Q a toutes ses racines dans le convexe D ; il en est de même (cf. exer-
cice 14) de Q
, ce qui prouve (V.17), et
|w| = 1 ⇒ |P
(w)| n . (V.18)
Remarque V.5. L’inégalité de Bernstein (cf. [QZ]) a lieu dans des cas plus géné-
raux ; l’exemple P(z) = zn montre qu’elle est optimale.
140
V. Applications de la connexité ; homotopie
Démonstration. Désignons par P(K) l’adhérence des polynômes dans C(K) ; c’est
une sous-algèbre de C(K) car il est clair que, Pn , Qn désignant des polynômes :
Pn → f , Qn → g ⇒ Pn + Qn → f + g et Pn Qn → f g ,
où la convergence est celle de l’espace normé C(K) ; pour a ∈ K c , désignons aussi
par ϕa l’élément de C(K) défini par ϕa (z) = z−a
1
; (V.19) se reformule ainsi
a ∈ K c ⇒ ϕa ∈ P(K) . (V.19
)
Pour prouver (V.19
), on va chanter le même refrain que dans la preuve du théo-
rème V.3 ; posons A = {a ∈ K c ; ϕa ∈ P(K)}, et montrons que
1) A ∅.
Soit R = sup{|z| ; z ∈ K} ; on va voir que |a| > R entraîne a ∈ A ; en effet, soit
∞ n
|a| > R ; ϕa (z) = − 1a 1−1 z = − azn+1 , la série convergeant normalement sur K puisque
a 0
n R n −1
N n
azn+1 est inférieur à |a| R ; si donc on pose PN (z) = − azn+1 , PN tend vers ϕa
0
dans C(K), et ϕa ∈ P(K).
2) A est fermé dans K c .
Cela a lieu presque par définition, modulo la propriété
a ∈ A ∩ K c ⇒ ϕa ∈ P(K) (= P(K)) . (V.20)
En effet, pour un tel a, soit d = d(a, K) et (an ) une suite de A tendant vers a avec
|an − a| d2 ; pour z ∈ K,
1 − 1 = an − a |an − a|
z − an z − a (z − an )(z − a) d × d ,
2
d’où
2
||ϕan − ϕa ||C(K) |an − a| ,
d2
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
1 1 1 hn
∞
= = ,
z − a − h z − a 1 − z−a
h
0
(z − a)n+1
141
Chapitre 4 • Espaces connexes
la série convergeant normalement sur K puisque son terme général est majoré par
N
N
d−1 2−n ; donc hn ϕn+1
a tend vers ϕ a+h dans C(K) ; or hn ϕn+1
a ∈ P(K), puisque
0 0
a ∈ A et puisque P(K) est une algèbre ; il en résulte que ϕa+h ∈ P(K), ce qui
prouve (V.21). Le refrain est chanté et la preuve achevée : A = K c puisque K c est
connexe. Plus généralement, si B est une sous-algèbre fermée de C(K), ω une com-
posante connexe de K c et E B l’ensemble des a ∈ ω tels que ϕa ∈ B, le même raison-
nement montre que E B est ouvert-fermé dans ω ; on a donc E B = ω dès que E B φ.
En particulier, on a démontré le résultat suivant : soit K un compact de C, (ωn ) la
suite des composantes connexes bornées de K c , et pour chaque n, an ∈ ωn fixé ; alors
toute fonction ϕa (a ∈ K c ) est limite uniforme sur K de fractions rationnelles dont les
pôles sont contenus dans l’ensemble des an . ❑
Remarque V.7. Le théorème de Runge est généralement énoncé sous la forme plus
forte suivante :
f holomorphe au voisinage de K et K c connexe entraînent f |K ∈ P(K).
La preuve découle facilement de (V.19) et de l’ingrédient supplémentaire suivant, où
Ω est un ouvert contenant K sur lequel f est holomorphe :
il existe un cycle γ d’image contenue dans Ω \ K tel que (V.22)
1 f (w)
f (z) = dw pour z ∈ K .
2iπ γ w − z
K
K
Ω
Figure 4.5
−1
En effet, (V.22) entraîne f |K = 2iπ γ
f (w) ϕw dw ; on approche cette intégrale vec-
torielle par des sommes de Riemann vectorielles Σ λi ϕwi et on applique (V.19) ; la
142
V. Applications de la connexité ; homotopie
difficulté est d’établir (V.22) qui est intuitive, mais très difficile à formaliser ; pour
une preuve vraiment rigoureuse, cf. [Bu].
Proposition V.9.
a) Soit X connexe et f : X → Y localement constante ; alors f est constante.
b) Soit γ une courbe fermée C 1 par morceaux d’image γ∗ et soit
1 dz
I(a, γ) =
2iπ γ z − a
l’indice de a par rapport à γ ; alors l’indice est constant sur chaque composante
connexe X de γ∗c .
1 si y > 0
constante ; l’exemple E = R2 , X = {(x, y); y 0}, f (x, y) = montre
−1 si y < 0
que l’hypothèse X connexe est essentielle.
Dans le même ordre d’idées, on a les résultats suivants que nous énonçons sans
démonstration (cf. respectivement [Ca] et [R]).
143
Chapitre 4 • Espaces connexes
par hypothèse, fˆ s’annule sur un ensemble de la forme [B, ∞[ dont tous les points
sont d’accumulation dans C ; d’après le théorème V.12, fˆ(z) = 0 pour tout z ∈ C, en
particulier fˆ(x) = 0 pour tout x ∈ R ; le théorème d’unicité de Fourier entraîne alors
f = 0.
Définition V.13.
i) f , g ∈ C(X, Y) sont dites homotopes s’il existe F : X × I → Y continue telle
que F(x, 0) = f (x) et F(x, 1) = g(x) pour tout x ∈ X.
On note f g ; la relation est clairement une relation d’équivalence.
ii) f ∈ C(X, Y) est dite équivalente à zéro si f est homotope à une application
constante de X dans Y. On note f 0.
144
V. Applications de la connexité ; homotopie
Remarque V.15. Souvent, f est plus précisément à valeurs dans le cercle unité Γ ;
un logarithme continu de f (s’il existe) est nécessairement à valeurs imaginaires pures
et on écrit plutôt f = eig où g : X → R est continue ; d’ailleurs on a l’équivalence
immédiate :
f
f : X → C∗ a un log continu ⇔ : X → Γ a un log continu . (∗)
|f|
En effet, la partie modulaire | f | peut toujours s’écrire eLog | f | , où Log est le logarithme
népérien.
(V.24)
Posons φk (x) = F x, nk et montrons par récurrence sur k que
145
Chapitre 4 • Espaces connexes
Le théorème V.16 possède à son tour l’importante application suivante qui peut
(cf. exercice 26) être établie par un pur raisonnement de connexité.
x = eiψ(x) , ∀ x ∈ Γ . (V.26)
146
V. Applications de la connexité ; homotopie
Si J = ψ(Γ), J est compact connexe, c’est donc un segment de R ; d’autre part, ψ est
injective d’après (V.26) :
ψ(x) = ψ(x
) ⇒ eiψ(x) = eiψ(x ) ⇒ x = x
.
r(x)
x
f(x)
Figure 4.6
Remarque V.19. Le théorème de Tietze (théorème II.5 bis, chapitre III) affirme
que si A est un fermé d’un espace métrique X, toute fonction continue f : A → R se
prolonge en f˜ : X → R ; le résultat reste vrai si on remplace R par C (en prolongeant
les parties réelles et imaginaires de f ), mais le théorème de Brouwer dit qu’il ne l’est
plus si on remplace C par C∗ ou Γ ; on a cependant la proposition utile suivante.
147
Chapitre 4 • Espaces connexes
148
V. Applications de la connexité ; homotopie
Y = partie grisée
Figure 4.7
149
Chapitre 4 • Espaces connexes
150
V. Applications de la connexité ; homotopie
A ∪ B les sépare ; c’est ici l’hypothèse b) qui est en défaut (A ∩ B est un ensemble
non connexe à deux éléments ; cf. figure 4.8).
A
q
p
Figure 4.8
151
Chapitre 4 • Espaces connexes
Exercices
! 1 "
4.1 Soit E = x, sin x ; 0 < x 1 et X l’adhérence de E dans R2 = C.
a) Montrer que X est connexe et que X = E ∪ [−i, i].
b) Montrer qu’un point de [−i, i] ne peut pas être joint à un point de E par un chemin
de X ; en déduire que X n’est pas connexe par arcs.
4.2 a) Soit X un espace métrique compact, (xn ) une suite de points de X telle que
d(xn+1 , xn ) → 0 ; montrer que l’ensemble A des valeurs d’adhérence de (xn ) est
connexe.
Dans le b), X = [0, 1], f : X → X est continue et la suite (xn ) est définie par x0 ∈ X,
xn+1 = f (xn ) ; on suppose toujours que xn+1 − xn → 0.
◦
b) Montrer que A est inclus dans l’ensemble des points fixes de f , et qu’alors A= ∅ ;
en déduire que A est réduit à un élément et que (xn ) converge.
c) Soit X = z ∈ C; 12 |z| 1 et f : X → X définie par
1 z i(1−|z|)
f (z) = e .
2 − |z| |z|
1
rn+1 = , θn+1 = θn + 1 − rn .
2 − rn
2. Montrer que, si |z0 | < 1, on a : zn+1 − zn → 0, mais que (zn ) diverge ; comment
expliquer la différence avec le b) ?
152
Exercices
4.6 Soit A et B deux parties fermées non-vides d’un espace topologique X telles
que A ∪ B et A ∩ B soient connexes.
a) Montrer que A et B sont connexes.
b) Montrer que le résultat peut devenir faux si A ou B n’est pas fermée.
4.7 Soit f : R2 → R une surjection continue ; montrer que f −1 ({a}) n’est borné
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
153
Chapitre 4 • Espaces connexes
! "
4.9 Soit X la partie de R2 constituée des segments In = [0, 1] × 1n , (n = 1, 2, . . .)
et des points p0 = (0, 0) et p1 = (1, 0).
a) Montrer que les composantes connexes de X sont les In et les singletons {p0 } et
{p1 }.
b) Soit F un ouvert-fermé de X contenant p0 ; montrer qu’il existe n0 tel que F
contient In pour n n0 .
c) Montrer que la quasi-composante de p0 est {p0 , p1 } ; comment conciliez-vous cela
avec le théorème IV.3 ?
(G est le lieu des points dont le produit des distances à a et −a est < R2 . Sa frontière
s’appelle une ovale de Cassini, et une lemniscate de Bernoulli si a = R).
a) On suppose a < R. Montrer que 0 ∈ G et que G est étoilé par rapport à 0 (Montrer
que, à θ fixé, on a f 2 (reiθ ) = g(r2 ) avec g convexe sur R+ ). Puis montrer que G est
connexe. Est-ce que G est toujours convexe ?
154
Exercices
∀ a, b ∈ F , a<b⇒∃c∈F; a<c<b.
Montrer que F est un intervalle fermé.
(Indication : considérer les composantes connexes de l’ouvert ]a, b[ ∩ F c ).
b) Soit f : [0, 1] → R dérivable et telle que f (1 − f
) = 0 ; montrer que F = f −1 ({0})
possède la propriété du a) et en déduire que f = 0 ou f
= 1.
connexe bornée de Ωc .
d) Montrer que si Ωc est connexe et Ω borné, Knc est connexe.
∞
(Commentaire : on sait (cf. [QZ], p. 154) que Ω = ∪ Kn ; on montre ici que les Kn
1
héritent de certaines propriétés de connexité de Ω).
155
Chapitre 4 • Espaces connexes
4.21 Montrer qu’un espace métrique connexe ayant au moins deux éléments est
non dénombrable.
156
Exercices
a) Montrer que, pour tout y ∈ Rd , il existe R > 0 telle que la fonction gy définie par
gy (x) = y − f (x) envoie la boule B(y, R) dans elle-même.
b) Montrer que la perturbation de l’identité g définie par g(x) = x + f (x) est surjec-
tive : Rd → Rd .
c) Cette fonction g est-elle aussi injective ?
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
157
Chapitre 4 • Espaces connexes
b) Soit Aε = {1 < |z| < 1 + ε} ; montrer qu’il existe ε0 > 0 tel que f (Aε ) ∩ K = ∅ pour
0 < ε ε0 .
c) Montrer que 0 < ε ε0 entraîne f (Aε ) ⊂ B ou f (Aε ) ⊂ A \ B.
(Indication : appliquer le lemme de passage des douanes).
158
Exercices
−γ1 (s) + δ1 (t) −δ2 (t) + γ2 (s)
f (s, t) = , .
γ(s) − δ(t) γ(s) − δ(t)
Montrer que f (K) ⊂ K et qu’il existe (s0 , t0 ) ∈ K tel que f (s0 , t0 ) = (s0 , t0 ).
b) Montrer que s0 = ±1 ou t0 = ±1.
c) Dans les 4 cas précédents, aboutir à une contradiction. Ainsi, les courbes continues
γ et δ se croisent.
159
Chapitre 4 • Espaces connexes
! "
B = Im z > 0, z x + iπ où x −1 , H = {Im z > 0} ; soit f : C → C définie par
f (z) = ez + z.
b) Montrer que f (A) est inclus dans H.
c) Montrer que u ∈ A, v ∈ A et u v entraînent f (u) f (v).
(Indication : si v − u = r eiθ , considérer g(t) = Im e−iθ f (1 − t) u + tv ).
d) Montrer que f (∂A) = ∂B ; en déduire que f (A) est inclus dans B.
e) Montrer que lim |z|→∞ | f (z)| = ∞ et en déduire que ∂ f (A) = f (∂A).
z∈A
4.31 Soit K un compact d’un evn E de dimension 2 tel que K c soit non connexe.
a) Montrer que K c a une composante connexe bornée C.
b) Soit a ∈ C, S (a, R) une sphère de grand rayon contenue dans (K ∪ C)c ; montrer
que p : K → S (a, R) définie par p(x) = a + R(x−a)
||x−a|| est une surjection continue.
c) Montrer que dim E < ∞.
d) Si K est un compact d’un evn de dimension infinie, montrer que K c est connexe.
4.32 Soit A un fermé de [0, 1]2 tel que pour tout x ∈ [0, 1], I x = {y; (x, y) ∈ A} est
un segment non vide.
a) Montrer que A est connexe.
(Indication : si A = F1 ∪ F2 avec F1 , F2 fermés disjoints, montrer que p(F1 ) et p(F2 )
sont disjoints, p désignant la projection sur le premier axe de coordonnées).
b) Montrer qu’il existe x ∈ [0, 1] tel que Ix contienne x (en d’autres termes, A coupe
la diagonale de [0, 1]2 ).
4.33 Soit (An )n1 une suite décroissante de continus non vides d’un espace sé-
paré X, A leur intersection ; montrer que A est un continu non vide.
160
Corrigés
Corrigés
reste dans [−i, i] ; X est connexe, mais a deux composantes « connexes par arcs », E
et [−i, i].
161
Chapitre 4 • Espaces connexes
d’où f (a)−a = 0. Supposons que (xn ) diverge ; alors A est un connexe de R non réduit
à un élément, donc d’intérieur non vide : soit c ∈ A et h > 0 tel que [c − h, c + h] ⊂ A ;
si xn0 ∈ A, xn = xn0 pour n n0 , puisque A est inclus dans l’ensemble des points fixes
de f ; l’hypothèse entraîne donc xn A, pour tout n, en particulier |xn − c| h, pour
tout n ; mais ceci exclut que c soit valeur d’adhérence de (xn ) ; cette contradiction
montre que (xn ) converge.
c)
1. On a bien f (X) ⊂ X car si z ∈ X et r = |z|, on a | f (z)| = 1
2−r 1
2−1 = 1 et
| f (z)| = 2−r
1
12 · Ensuite, si zn = rn eiθn , on voit que
1 iθn i(1−rn )
zn+1 = f (zn ) = e e ,
2 − rn
donc on peut écrire zn+1 = rn+1 eiθn+1 avec
1
rn+1 = (1)
2 − rn
et
θn+1 = θn + 1 − rn . (2)
2. (1) est une récurrence homographique à point fixe double 1, qui donne :
1 1 1
− = 1 et = n + c,
1 − rn+1 1 − rn 1 − rn
1
où c = ; (2) donne alors θn+1 = θn + n+c 1
, d’où θn = θ0 + An , où
1 − r0
n−1
1
An = → ∞, avec An −An−1 → 0 ; puisque rn tend vers 1, zn+1 −zn tend
j=0
j + c
vers zéro tandis que A est le cercle unité entier Γ ; on a la situation suivante :
f est continue (évident), ses points fixes sont les points de Γ ; si on part d’un
point fixe z0 de f , c’est-à-dire si |z0 | = 1, on reste en z0 ; sinon, on obtient une
suite (zn ) vérifiant zn+1 − zn → 0 et A = Γ ; A est bien connexe en accord avec
le a), mais il est d’intérieur vide (contrairement à ce qui se passe dans R) et on
en reste là.
Remarque. Si f est de plus holomorphe dans D, il résulte du théorème
de Denjoy-Wolff que zn+1 − zn → 0 entraîne zn converge (cf. [Sh], p. 78).
162
Corrigés
l’inégalité ( x + y)
f f (x) f (y)
2
et que cette caractérisation est stable par addition des fonctions via l’inégalité
√
a1 a2 + b1 b2 (a1 + b1 )(a2 + b2 )
163
Chapitre 4 • Espaces connexes
ii) Pour tout disque ouvert D tel que D ⊂ Ω, et pour toute fonction h : D → R
continue sur D et harmonique sur D, f e−h est sous-harmonique sur D.
Pour ii) ⇒ i), soit D(a, r) ⊂ Ω, et soit h : D = D(a, r) → R la solution du problème de
Dirichlet telle que h(z) = log f (z) si |z − a| = r, si bien que eh(z) = f (z) si |z − a| = r. Vu
2π
−h(a) 1
f (a + reiθ )e−h(a+re ) dθ = 1, soit puisque
iθ
l’hypothèse ii), on a : f (a)e
2π 0
h est harmonique :
2π 2π
1 1
log f (a) h(a) = h(a + reiθ )dθ = log f (a + reiθ )dθ
2π 0 2π 0
ce qui prouve i). On voit ensuite de même que la somme de deux fonctions log-sous-
harmoniques est log-sous-harmonique.
4.6 a) Soit f : A → Z continue ; c’est donc une constante c sur A ∩ B qui est
connexe. On définit F : A ∪ B → Z par
⎧
⎪
⎪
⎨c si x ∈ B
F(x) = ⎪
⎪
⎩ f (x) si x ∈ A
La fonction F est bien définie car f (x) = c sur A ∩ B. Elle est continue sur A ∪ B
par le principe de recollement, car F|A et F|B sont continues, et A, B sont fermés. Elle
vaut donc une constante d puisque A ∪ B est connexe. Et d = c puisque B ∅. En
particulier, f (x) = c sur A, ce qui montre que A est connexe. De même, B est connexe.
b) Prenons X = R, A = 0, 13 ∪ 23 , 1 , B = 13 , 23 . Alors, A n’est pas connexe, bien
que A ∩ B = { 13 } et A ∪ B = 0, 1 le soient. Noter que B n’est pas fermé.
4.8 a) C’est le théorème de la valeur intermédiaire pour f (x)− x continue sans zéros
√
sur le connexe J. Si f (x) = x, on a le premier cas ; si f (x) = x2 , on a le second.
b) Dans le premier cas, une récurrence montre que (xn ) est croissante ; elle est majo-
rée par 1, donc converge vers ω 1 et ω x0 > 0. Si ω < 1, on a ω ∈ J et ω est
164
Corrigés
point fixe de f car f est continue sur J. Ceci est contraire à l’hypothèse. Donc, ω = 1
ne dépend pas de la valeur de x0 . De même, dans le cas f (x) < x, on trouve ω = 0.
Remarque. Le vrai théorème de Denjoy-Wolff (cf. [Sh], p. 78) dit que si f : D → D
est une fonction holomorphe sans point fixe dans D, il existe ω ∈ ∂D tel que, pour
tout z0 ∈ D, la suite définie par son premier terme z0 et la relation de récurrence
2
zn+1 = f (zn ) converge vers ω. Par exemple, ω = 1 si f (z) = 2z+1
z+2 .
165
Chapitre 4 • Espaces connexes
2
f 2 (reiθ ) = r2 e2iθ − a2 = r4 − 2a2 r2 cos 2θ + a4 = g(r2 ),
= 2 ou simplement
parce qu’elle correspond à une parabole tournée vers le bas ! Soit alors z = reiθ ∈ G
et λ ∈ [0, 1]. On a puisque g est convexe :
f 2 (λz) = g(λ2 r2 ) λ2 g(r2 ) + (1 − λ2 )g(0) max g(r2 ), g(0)
= max f 2 (z), a4 < R4
puisque z ∈ G et puisque a < R. On voit donc que λz ∈ G, qui est connexe comme le
√ Mais G, ou même G, ne sont pas convexes en général.
sont tous les ensembles étoilés.
Par exemple, si a < R < a 2 et si R
= R + ε3 avec ε > 0, en posant
u+v
u = i R
2 − a2 + ε, v = i R
2 − a2 − ε, w = = i R
2 − a2
2
on a w G car |w2 − a2 | = R
2 > R2 , mais pourtant
u2 − a2 = − R
2 − ε2 − 2iε R
2 − a2 = − R2 − ε2 − 2iε R2 − a2 + O(ε3 ) ,
et finalement
166
Corrigés
y
y
w
v u
i R 2 − a2
−a 0 a x x
−a 0 a
−i R 2 − a 2
x
−a 0 a
Cas où a > R
4.13 a) Supposons que l’ouvert ω =]a, b[ ∩ F c est non vide ; soit ]u, v[ une de ses
composantes connexes ; on sait que u, v ω, donc u, v ∈ F ; par hypothèse, il existe
w ∈]u, v[ tel que w ∈ F ; ceci est absurde car ]u, v[ ⊂ F c ; autrement dit ω = ∅ et
]a, b[ ⊂ F dès que a, b ∈ F, ce qui montre que F est un intervalle, fermé puisque F
l’est.
b) f étant continue, F = f −1 ({0}) est fermé ; si a, b ∈ F et a < b, il existe c ∈]a, b[
tel que f
(c) = 0 ; alors f (c) = f (c)(1 − f
(c)) = 0 et c ∈ F ; d’après a), F est ∅ ou un
intervalle fermé [u, v] avec 0 u v 1.
Si F = ∅, f
≡ 1 ; si F = [u, v], f
= 1 sur [u, v]c et f
= 0 sur ]u, v[ ; f
ayant la
propriété de la valeur intermédiaire (théorème de Darboux), il n’y a que deux possi-
bilités : ou bien ]u, v[= ∅ ; alors u = v, f (x) = x − u pour tout x, et de nouveau f
≡ 1 ;
ou bien [u, v]c = ∅ ; alors F = [0, 1] et f ≡ 0.
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167
Chapitre 4 • Espaces connexes
168
Corrigés
b) On a puisque Q = (z − a)(ϕa − P) :
1 QC(K) z − aC(K) ϕa − PC(K) Rϕa − PC(K) ,
ce qui donne le résultat demandé.
K = région hachurée
169
Chapitre 4 • Espaces connexes
170
Corrigés
En effet, si x = a + nb = a
+ n
b
, on a x − α = (n − n0 ) b = (n
− n
0 ) b
, donc x − α
est multiple de β : x − α = qβ, avec q ∈ N, puisque x est supérieur à α.
ii) Σ est stable par intersection et X = P1,1 ∈ Σ ; donc T est constituée (proposition-
définition I.2, chapitre II) des réunions de progressions arithmétiques de l’énoncé, et
une base de voisinages de a, des Pa,b où (a, b) = 1 ; si a a
, soit b un nombre
premier > a + a
; alors Pa,b et Pa
,b sont des voisinages disjoints de a et a
respecti-
vement.
b) L’identité de Bézout fournit r0 , s0 ∈ Z tels que s0 v
− r0 v = 1 ; les nombres entiers
relatifs r = (u − u
) r0 et s = (u − u
) s0 vérifient sv
− rv = u − u
, soit u + rv = u
+ sv
;
ajoutant λvv
aux deux membres, il vient u + (r + λv
) v = u
+ (s + λv) v
=: xλ ; pour
λ ∈ N∗ assez grand, on a r + λv
et s + λv ∈ N∗ , d’où xλ ∈ Pu,v ∩ Pu
,v
.
c) Soit ϕ : X → Z continue et a, a
∈ X ; d’après a) ii), il existe des voisinages Pa,b et
Pa
,b
de a et a
sur lesquels ϕ est constante, soit ϕ = c sur Pa,b et ϕ = c
sur Pa
,b
; soit
aussi Pbb
,r =: P un voisinage de bb
sur lequel ϕ vaut la constante c1 ; r est premier
avec bb
, donc avec b et b
, ce qui, d’après b), entraîne P ∩ Pa,b ∅, P ∩ Pa
,b
∅ ;
la première relation entraîne c1 = c, la seconde c1 = c
; d’où ϕ(a) = c = c
= ϕ(a
) ;
ϕ est donc constante et (X, T ) connexe ; il ne peut être métrisable d’après l’exercice
précédent, puisque X est dénombrable ; soit dit en passant il n’est pas non plus ré-
gulier (cf. chapitre II) puisqu’on démontre qu’un espace régulier à base dénombrable
d’ouverts (ici les Pa,b ) est métrisable (la preuve découle facilement de l’exercice 25,
chapitre II et du théorème d’Urysohn, chapitre III).
d) Soit f : X → C continue. Puisque f est continue et puisque X est connexe,
dénombrable, f (X) est connexe au plus dénombrable, donc réduit à un élément, cf.
Exercice IV.21. Autrement dit, f est constante ! A fortiori, elle est bornée.
e) Soit V = + pZ. Puisque p est premier > , on a (p, ) = 1, donc V est un voisi-
nage ouvert de . Par définition d’une valeur d’adhérence, il existe des n p tels que
n! ∈ V, soit :
n! = + pq, q ∈ N∗ .
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Mais alors, = n! − pq est divisible par p, ce qui est absurde. Cette contradiction
montre que (xn ) n’a aucune valeur d’adhérence. Ainsi, X n’est pas compact. Ce fait
découle aussi de la question c), puisque tout espace compact est normal, a fortiori
régulier.
4.23 a) Soit A > 0 tel que x − y A =⇒ f (x) x − 2y, puis soit
B = supx−yA f (x) − y et R = max(A, B). Ce R répond à la question. En effet,
on voit que
1. x − y A =⇒ gy (x) B R.
2. A < x − y R =⇒ gy (x) f (x) + y x − 2y + y
171
Chapitre 4 • Espaces connexes
= x − y x − y R.
b) Soit y ∈ Rd . Résoudre l’équation g(x) = y équivaut à résoudre l’équation
gy (x) = x. Or, la question a) a montré l’existence d’une boule compacte B stable
par gy . D’après le théorème du point fixe de Brouwer (prouvé en détail dans ce cha-
pitre pour d = 2), gy admet un point fixe x dans B, et ce point fixe vérifie g(x) = y.
c) L’exemple d = 1, f (x) = 2 sin x montre qu’il n’en est rien en général. Ici,
g
(x) = 1 + 2 cos x change de signe et la fonction g(x) = x + f (x) ne risque pas
d’être monotone, et donc injective (rappelons qu’une injection continue de R dans
lui-même est toujours monotone).
4.24 a) Fixons a ∈ A ; il existe ra > 0 tel que D(a, 2ra ) ⊂ A et tel que le loga-
rithme de z ait une détermination holomorphe sur D(a, 2ra ), notée Log z (cf. [R1 ],
p. 274) ; sur D(a, 2ra ), |z|α | f (z)| est le module de la fonction holomorphe eα Log z f (z),
donc est une fonction sous-harmonique ; en particulier, pour 0 r ra , gα (a)
2π
2π 0 gα (a + r e ) dθ, ce qui prouve que gα ∈ S h(A) ; il est clair que gα ∈ C(A), donc
1 iθ
gα ∈ S h(A).
b) Fixons z ∈ A, avec |z| = r ∈]r1 , r2 [ ; le principe du maximum pour gα donne
|gα (z)| sup |gα | = max r1α M(r1 ), r2α M(r2 ) .
∂A
4.25 a) i) Soit w la fonction continue sur D(0, r), harmonique sur D(0, r), égale à
u sur C(0, r) (w existe d’après le théorème de Dirichlet) ; u − w ∈ S h D(0, r) , et
u − w = 0 sur C(0, r) ; le principe du maximum entraîne donc : u − w 0 sur D(0, r).
172
Corrigés
ii) Observons d’abord que w ◦ ϕ a un sens puisque |ϕ(z)| |z| pour z ∈ D, d’après le
lemme de Schwarz, et puisqu’en particulier ϕ[D(0, r)] ⊂ D(0, r). Si w = R f , où f
est holomorphe sur D(0, r), w ◦ ϕ = R( f ◦ ϕ), et w ◦ ϕ est harmonique sur D(0, r),
continue sur D(0, r). Ensuite, posant pour abréger dm(θ) = 2π
dθ
, on a :
2π
2π
iθ
2π
v(re )dm(θ) =
iθ
u ϕ(re ) dm(θ) w ϕ(reiθ ) dm(θ)
0 0 0
2π 2π
= w ◦ ϕ(0) = w(0) = w(re )dm(θ) =
iθ
u(reiθ )dm(θ).
0 0
∞ 2π
|bk | r
2 2k
= |g|2 (reiθ )dm(θ)
0 0
2π
∞
∞
| f |2 (reiθ )dm(θ) = |ak |2 r2k |ak |2 .
0 0 0
n
n
|bk |2 = S n (g)2 S n ( f )2 = |ak |2 .
0 0
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173
Chapitre 4 • Espaces connexes
4.27 Pour 0 < ε < 12 , soit K0 = K0 (ε) = {1 + ε |z| 2 − ε} ; f −1 (K0 ) est un com-
pact de A, donc d( f −1 (K0 ), Ac ) = δ > 0 ; on voit alors que si z ∈ A et d(z, ∂ A) < δ,
z f −1 (K0 ) ou encore f (z) K0 , d’où d( f (z), ∂A) < ε.
b) f −1 (K) est un compact de A, donc est à une distance > 0 de Ac ; ainsi, pour ε assez
petit, Aε ∩ f −1 (K) = ∅ et f (Aε ) ∩ K = ∅.
c) f (Aε ) est connexe ; s’il rencontre int B = B et ext B = A \ B, il rencontre aussi K,
la frontière de B dans A (lemme de passage des douanes), ce qui est exclu par b) pour
0 < ε ε0 .
d) Supposons par exemple f (Aε0 ) ⊂√B ; quand |z| tend vers 1, la distance de f (z) à ∂A
tend vers zéro, et de plus | f (z)| < 2 pour |z| < 1 + ε0 ; donc | f (z)| → 1 ; de même
f (Aε0 ) ⊂ A\ B entraîne | f (z)| → 2, et on a l’existence de ; un raisonnement analogue
donne celle de
; si =
, soit un = 1 + 2n 1
, vn = 2 − 2n
1
, z2n = f (un ), z2n+1 = f (vn ) ;
−1
|zn | tend vers , mais | f (zn )| a pour valeurs d’adhérence 1 et 2, ce qui contredit pour
l’homéomorphisme f −1 la propriété établie dans c) ; on a donc bien
= 2 .
e) Une application holomorphe non constante est ouverte, donc f est un homéo-
morphisme de A sur A ; d’après d), on peut supposer que lim|z|→1 | f (z)| = 1 et
lim|z|→2 | f (z)| = 2 (sinon on considère 2f ). Soit u(z) = Log | f (z)| − Log |z| ; u est
harmonique sur A, continue sur A, nulle sur ∂A ; par le principe du maximum, u est
nulle sur A, d’où f (z)
z
= 1 ; il en résulte que f (z)
z = λ, où λ est une constante de
module 1 (dans l’autre cas, f (z) = λz, et f (z) = λ × 2z ).
2
174
Corrigés
f (K) ⊂ ∂K ⊂ K.
L’existence de (s0 , t0 ) vient alors du théorème du point fixe de Brouwer.
b) On a (s0 , t0 ) = f (s0 , t0 ) ∈ ∂K, donc s0 = ±1 ou t0 = ±1.
c) Posons ρ = γ(s0 ) − δ(t0 ) > 0. Nous avons le système d’équations :
⎧
⎪
⎨ −γ1 (s0 ) + δ1 (t0 ) = s0 ρ
⎪
⎪
⎪
⎩ −δ2 (t0 ) + γ2 (s0 ) = t0 ρ
Nous avons prouvé par l’absurde qu’il existe un couple (s, t) de valeurs tel que
γ(s) = δ(t), autrement dit les courbes γ et δ se croisent.
δ (1)
δ
γ (−1) γ γ (1)
δ (−1)
Rectangle R
175
Chapitre 4 • Espaces connexes
4.30* a) ω1 ∩ω2 = (ω1 ∪∂ω1 )∩ω2 = (ω1 ∪∂ω2 )∩ω2 = (ω1 ∩ω2 )∪(∂ω2 ∩ω2 ) = ω1 ,
donc ω1 est ouvert-fermé dans ω2 et ω1 = ω2 .
b) Si z = x + iy alors Im f (z) = ex sin y + y > 0.
c) g
(t) = Im[(v − u) e−iθ f
((1 − t) u + tv)] = r Im[ f
((1 − t) u + tv)] > 0 pour
t ∈ [0, 1[ ; en effet t ∈ [0, 1[ entraîne (1 − t) u + tv ∈ A et Im f
(z) = ex sin y > 0
1
si z ∈ A. Donc g(1) − g(0) = 0 g
(t) dt > 0 ; en particulier g(1) g(0), soit
Im(e−iθ f (v)) Im(e−iθ f (u)) ; a fortiori, f (u) f (v).
d) f (∂A) = f (R) ∪ f (R + iπ) ; f (R) = {ex + x; x ∈ R} = R ; f (R + iπ) =
{x − ex + iπ} =] − ∞, −1] + iπ. En effet, x − ex croît de −∞ à −1 quand x croît de −∞ à
0, puis décroît de −1 à −∞ ; on a donc bien f (∂A) = ∂B ; d’autre part il résulte de c)
que f (A) ∩ f (∂A) = ∅ et de b) que f (A) ⊂ H ; on a donc f (A) ⊂ H \ ∂B = B.
e) Si Rz 0, | f (z)| |z| − 1 et si Rz > 0, | f (z)| eRz − |z| e|z|−π − |z| ; donc
| f (z)| min(|z| − 1, e|z|−π − |z|) et le second membre tend vers +∞ quand |z| → +∞ et
z ∈ A. Il en résulte que
f (A) = f (A) . (∗)
En effet, l’inclusion f (A) ⊂ f (A) est vraie pour toute fonction continue ; réciproque-
ment, soit w ∈ f (A) et (zn ) une suite dans A telle que f (zn ) → w ; (zn ) ne peut tendre
vers ∞ d’après ce qui précède ; donc (zn ) contient une sous-suite bornée, puis une
sous-suite (znk ) convergeant vers z ∈ A ; f (znk ) tend vers f (z) et vers w, ce qui donne
w = f (z) ∈ f (A) et prouve (∗). L’égalité demandée devient facile à l’aide du c) ; il
vient en effet
∂ f (A) = f (A) \ f (A) = f (A) \ f (A) = f (A \ A) = f (∂A) .
f) f
(z) = ez + 1 0 pour tout z ∈ A ; d’après le théorème d’inversion locale (ou
simplement d’après le fait que f est holomorphe non constante sur C ; voir [Ca] ou
[R]), f est ouverte, en particulier f (A) est ouvert dans B ; de plus, ce qui précède
montre que ∂ f (A) = f (∂A) = ∂B ; B est connexe (il est étoilé par rapport à iπ), donc
a) entraîne f (A) = B ; le reste est évident.
4.31 a) K est contenu dans une boule fermée B(0, R), dont le complémentaire D
est connexe ; en effet, D est homéomorphe à S ×]R, ∞[, où S est la sphère unité de E,
connexe puisque dim E 2. Une des composantes connexes de K c contient donc D ;
si K c n’est pas connexe, il y a au moins une autre composante, contenue dans B(0, R)
et donc bornée.
b) Soit y ∈ S (a, R) ; la demi-droite Δ d’origine a et passant par y est connexe ; si elle
ne rencontre pas K, elle est contenue dans la composante connexe non bornée de K c ,
ce qui est absurde puisque a ∈ C, composante connexe bornée ; donc il existe t 0
tel que x = a + t(y − a) ∈ K ; et p(x) = a + Rt(y−a)
Rt = y.
176
Corrigés
c) S (a, R) = p(K), donc S (a, R) est compacte ; d’après le théorème de F. Riesz, E est
de dimension finie. (Cf. [QZ], chapitre VII).
d) C’est la contraposée de ce qui précède !
4.32 a) Si a ∈ p(F1 ) ∩ p(F2 ), Ia est la réunion des deux fermés non vides disjoints
(F1 )a et (F2 )a , où (F j )a = {y; (a, y) ∈ F j }, j = 1, 2 ; cela contredit la connexité de Ia ;
d’autre part, F1 et F2 sont compacts car fermés dans A, lui-même fermé dans [0, 1]2 ;
il en résulte que les p(F j ) sont compacts, a fortiori fermés dans [0, 1] ; l’hypothèse
I x ∅ pour tout x entraîne [0, 1] = p(F1 ) p(F2 ) ; [0, 1] étant connexe, on a par
exemple p(F1 ) = ∅, d’où F1 = ∅.
b) Soit f : A → R définie par f (x, y) = x − y ; soit y0 ∈ I0 , y1 ∈ I1 ;
f (0, y0 ) = −y0 0, et f (1, y1 ) = 1 − y1 0 ; f prend donc des valeurs négatives et
positives sur A ; d’après le théorème de la valeur intermédiaire, qui s’applique car A
est connexe et f continue, il existe (x, y) ∈ A tel que f (x, y) = x − y = 0 ; (x, x) ∈ A,
et x ∈ I x .
Remarque. Voici une solution plus fonctionnelle : soit f : A → Z continue ; chaque
I x est connexe, donc il existe c(x) ∈ Z tel que f (x, y) = c(x), ∀(x, y) ∈ A. De plus,
c est continue sur [0, 1]. Car soit xn → x et, pour chaque n, yn ∈ [0, 1] tel que
(xn , yn ) ∈ A. Il existe une sous-suite (ynk ) de limite y ∈ [0, 1], et A est fermé, donc
(x, y) = lim(xnk , ynk ) ∈ A. Alors :
c(x) = f (x, y) = lim f (xnk , ynk ) = lim c(xnk )
k→∞ k→∞
ce qui implique la continuité de c (cf. chap. 2, Prop. IV.8) sur [0, 1]. Mais [0, 1]
est connexe ; il existe donc γ ∈ Z tel que c(x) = γ ∀x ∈ [0, 1] ; finalement,
f (x, y) = γ ∀(x, y) ∈ A, et A est connexe.
4.34 a)
1. L’identité de E est dans W. Si g ∈ W, on a puisque g(a) = a :
177
Chapitre 4 • Espaces connexes
nous donnent :
f τ f −1 σ−1
a → f (a) → f (b) → b → a.
Notons que E est connexe car n 2, donc Σr est connexe, et E est image continue de
Σr ×]r, ∞[ par l’application continue (u, ρ) → ρu. I est connexe car convexe. Enfin
I ⊂ I ∪ Q ⊂ I, E ⊂ E ∪ Q ⊂ E
donc I ∪ Q et E ∪ Q sont connexes, ainsi que leur réunion F\P ; ils ont en effet une in-
tersection non-vide Q. La surjectivité de f en résulte quand f (0) = 0 et le cas général
s’en déduit par translation.
178
E SPACES MÉTRIQUES
COMPLETS
5
I D ÉFINITION ; PREMIÈRES PROPRIÉTÉS
Vers les années 1930 apparaît un lemme dans un article fondateur de Riesz et Fischer :
dans certains espaces métriques, pour savoir si une suite (xn ) converge, il n’est pas
nécessaire de connaître sa limite, il suffit de savoir que deux termes de la suite se
rapprochent quand leurs indices deviennent grands : x p devient proche de xq quand
p, q se rapprochent de l’infini. Ce lemme s’est révélé d’une telle importance et utilité
qu’on en a fait une définition : une suite à éléments rapprochés s’appelle une suite de
Cauchy ; un espace dans lequel les suites de Cauchy convergent s’appelle un espace
complet.
On peut ainsi définir beaucoup d’objets nouveaux (fonctions, courbes, ensembles,
etc.) en mathématiques, par exemple : les nombres p-adiques ; ou encore des courbes
fractales comme les courbes de Péano ou de von Koch ; ou aussi des ensembles de
type Cantor, tous homéomorphes, mais dont les propriétés métriques peuvent être très
différentes. Sans parler de choses plus basiques, comme les séries absolument conver-
gentes, qui permettent par exemple de définir l’exponentielle (voire l’exponentielle
d’un opérateur). Enfin, les espaces métriques complets sont omniprésents puisque
tout espace métrique peut se plonger de façon dense dans un espace métrique com-
plet, comme les rationnels se plongent√dans les réels. Et il serait très appauvrissant
d’ignorer ces nombres réels : comme 2, la diagonale du carré unité ; ou le toujours
mystérieux nombre π, la circonférence du cercle unité...
Venons-en à une exposition détaillée de ces nouvelles notions. Dans tout ce cha-
pitre, (X, d) désigne un espace métrique muni de la topologie associée à d.
Définition I.1. Une suite (xn ) dans (X, d) est dite de Cauchy si
Une suite convergente est de Cauchy, mais la réciproque n’est pas toujours vraie.
Définition I.2. (X, d) est dit complet si toute suite de Cauchy de (X, d) converge
vers un élément de X.
179
Chapitre 5 • Espaces métriques complets
(R, | |) est complet ; mais si d(x, y) = | Arctg x − Arctg y|, (R, d) n’est pas complet
bien que d soit topologiquement équivalente à | | ; en effet, la suite des entiers naturels
est de Cauchy pour d puisque :
π π
d(p, q) = | Arctg p − Arctg q| → − = 0,
2 2
quand p et q → ∞ ; mais la suite ne converge pas dans (R, d), sinon elle convergerait
dans (R, | |), ce qui n’est pas le cas.
La proposition suivante a le mérite de faire intervenir un seul indice au lieu des
deux indices p, q de la définition I.1.
Proposition I.3. Soit (εk )k1 une série convergente de réels > 0.
d(yk+1 , yk ) εk
pour tout k.
c) (xn ) est de Cauchy si et seulement si d(xnk+1 , xnk ) → 0 pour toute suite croissante
(nk ) d’entiers.
q−1
q−1
∞
d(x p , xq ) d(xk , xk+1 ) εk εk .
k=p k=p k=p
(xn = log n montre que d(xn+1 , xn ) → 0 ne suffit pas à impliquer (xn ) de Cauchy).
b) Soit n1 tel que d(x p , xq ) ε1 si p, q n1 ; on définit ensuite par récurrence nk+1
comme le plus petit des entiers > nk tels que d(x p , xq ) εk+1 si p, q nk+1 ; la suite
(xnk ) répond à la question.
c) Si (xn ) n’est pas de Cauchy, on peut trouver ε > 0 tel que, pour tout n, it existe
q > n tel que d(xq , xn ) > ε (en effet, l’inégalité triangulaire montre que, dans la defi-
nition (I.1), on peut prendre le plus petit indice égal à n0 ) ; cela permet de construire
par récurrence une suite n1 < · · · < nk < · · · d’entiers telle que d(xnk+1 , xnk ) > ε pour
tout k ce qui contredit l’hypothèse. ❑
180
I. Définition ; premières propriétés
Définition I.5. Soit (E, J ) un ensemble muni d’un filtre, (X, d) un espace mé-
trique, ϕ une application de E dans X. On dit que ϕ est de Cauchy suivant le filtre
J si
(∀ ε > 0)(∃ F ∈ J )(∀ u, v ∈ F) : d(ϕ(u), ϕ(v)) ε . (I.2)
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
De façon équivalente
Une suite (xn ) est donc de Cauchy si l’application n → xn est de Cauchy suivant
le filtre des complémentaires des parties finies.
181
Chapitre 5 • Espaces métriques complets
Proposition I.7. Soit A une partie d’un espace métrique complet (X, d). On a équi-
valence entre :
a) A fermé ;
b) (A, d) complet.
Démonstration. a) ⇒ b). Soit (xn ) une suite de Cauchy dans A ; (xn ) est aussi de
Cauchy dans X, donc converge vers x ∈ X ; d’autre part x ∈ A, donc x ∈ A, ce qui
montre que (A, d) est complet.
182
I. Définition ; premières propriétés
b) ⇒ a). Soit x ∈ A, (xn ) une suite de points de A tendant vers x ; cette suite est de
Cauchy dans A, donc converge vers a ∈ A ; il en résulte que x = a ∈ A, et A est fermé
(même si X n’est pas complet). ❑
Théorème I.8 (théorème de prolongement). Soit A une partie dense d’un es-
pace métrique X, Y un espace métrique complet, f : A → Y uniformément continue.
Alors
a) il existe une unique application continue g : X → Y, prolongeant f .
b) g est uniformément continue.
g(x) = lim
a→x
f (a) .
a∈A
En d’autres termes :
183
Chapitre 5 • Espaces métriques complets
d[g(x), g(x
)] 3ε . (I.4)
Les deux paragraphes qui suivent sont respectivement consacrés à deux des pro-
priétés les plus importantes des espaces métriques complets : le théorème du point
fixe de Picard et le théorème de Baire.
On dit aussi que f est contractante s’il existe k ∈ [0, 1[ vérifiant (II.1).
kn
d(xn , a) d(x1 , x0 ). (II.2)
1−k
184
II. Théorème du point fixe de Picard
La série géométrique (kn ) converge, donc la proposition I.3 montre que (xn ) est de
Cauchy dans X complet, et converge vers a ∈ X ; f étant continue d’après (II.1), le
passage à la limite dans xn+1 = f (xn ) donne a = f (a) ; enfin, l’inégalité triangulaire
donne à partir de (II.3)
p−1
∞
kn
d(xn , x p ) d(x j , x j+1 ) k j d(x1 , x0 ) = d(x1 , x0 ) ,
j=n j=n
1−k
Remarque II.3. La précision (II.2), qui indique une certaine vitesse de convergence
de xn vers a, est un point de départ utile en Analyse numérique, où de nombreuses
accélérations sont « pratiquées » sur (xn ).
185
Chapitre 5 • Espaces métriques complets
Remarque II.6. f n’est pas en général continue sous les hypothèses du théo-
rème II.5 : par exemple f = 1]0,1[ : R → R est discontinue, mais f ◦ f = 0 et
l’unique point fixe de f est zéro.
186
II. Théorème du point fixe de Picard
f (0) = α , f
(x) = f [ϕ(x)] . (II.4)
ensuite
x
|h1 (x) − h2 (x)| |g1 (ϕ(t)) − g2 (ϕ(t))| dt
0
x
ϕ(t) d( f1 , f2 ) dt k d( f1 , f2 ) ,
0
1
avec k = 0 ϕ(t) dt < 1. Autrement dit d(T 2 ( f1 ), T 2 ( f2 )) k d( f1 , f2 ) ; T 2 est
k−contractante, donc T a un point fixe et un seul, ce qui prouve (II.4).
Exemple 2. Soit f , g ∈ C 1 (R2 , R) telles que
f
2x + f
2y + g
2x + g
2y k2 < 1 . (II.6)
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187
Chapitre 5 • Espaces métriques complets
α β
En effet (cf. exercice 3) α2 + β2 + γ2 + δ2 , et la matrice jacobienne
γ δ
⎛
⎞
⎜⎜⎜− fx − fy
⎟⎟⎟
de T est T (z) = ⎜⎝
⎠⎟ ; elle a donc en tout point une norme k d’après (II.6),
−gx −g
y
et (II.7) résulte alors de l’inégalité de la moyenne ; on conclut par le théorème du
point fixe ; dans l’exemple indiqué,
f
2x + f
2y + g
2x + g
2y = λ2 sin2 x + μ2 cos2 y + λ2 cos2 x + μ2 sin2 y = λ2 + μ2 .
188
II. Théorème du point fixe de Picard
||dA − dB || = M . (II.10)
Figure 5.1
189
Chapitre 5 • Espaces métriques complets
190
III. Théorème de Baire
p p
En effet, posons ε = max j h(A j , B j), A = ∪ A j , B = ∪ B j ; on a, par définition de
1 1
p p
ε, l’inclusion suivante : A ⊂ ∪(B j )ε = ∪ B j ε = Bε ; de même, on a B ⊂ Aε , d’où
1 1
h(A, B) ε. ⎧
⎪
⎨ h[ f (A), f (B)] λ h(A, B) pour
⎪
⎪
⎪
⎩ f : X → X, λ − contractante.
(II.12)
d(a
, B
) d(a
, f (b)) = d( f (a), f (b)) λ d(a, b) λε,
d’où A
⊂ B
λε ; de même B
⊂ A
λε , ce qui prouve l’inégalité demandée.
La fin de la preuve est facile quand on combine (II.11) et (II.12) :
*p p +
h[T (A), T (B)] = h ∪ f j (A), ∪ f j (B) max h[ f j (A), f j (B)]
1 1 j
Remarque II.9.
i) Si p = 1, K = {a}, où a est le point fixe de f1 .
ii) Dans l’exemple précédent, K = [0, 1], mais souvent les compacts fixes du théo-
rème II.8 ressemblent à des objets fractals, c’est-à-dire à des compacts dont la
dimension topologique dim est strictement inférieure à la dimension de Hausdorff
dim H . La dimension topologique sera introduite au paragraphe suivant ; la dimension
de Hausdorff sera étudiée au chapitre 7 ; on verra en exercice que :
si K est l’ensemble triadique de Cantor (cf. chapitre III),
Log 2
dim (K) = 0 < dim H (K) = ;
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Log 3
191
Chapitre 5 • Espaces métriques complets
Théorème III.1 (Baire). Tout espace métrique complet (X, d) est un espace de
Baire.
∞
Démonstration. Soit (On )n1 une suite d’ouverts denses, A = ∩ On , O un ouvert non
1
vide ; montrons qu’il existe une suite (Fn )n1 de fermés telle que
◦ 1
F1 ⊂ O1 ∩ O ; Fn ⊂ On ∩ Fn−1 si n 2 ; F n ∅ ; diam Fn . (III.1)
n
En effet, O1 ∩ O est un ouvert non vide, donc contient une boule fermée F1 de
rayon 12 ; cette boule est d’intérieur non vide et de diamètre 1 ; ayant construit
◦
F1 , . . . , Fn , on observe que On+1 ∩ F n est un ouvert non vide, donc contient une
boule fermée Fn+1 de rayon 2(n+1) 1
; cette boule est d’intérieur non vide et de dia-
mètre n+1 ; ceci prouve (III.1) par récurrence ; la reformulation de la proposition I.4
1
Définition III.2. Un espace métrisable compact (X, d) est dit de dimension to-
pologique inférieure ou égale à n ∈ N (en abrégé dim(X) n) si pour tout réel
r > 0, X admet un recouvrement ouvert fini (Ui ) tel que
(On dit que (Ui ) est un recouvrement d’ordre n et de pas < r, et en abrégé on
parle de (r, n)−recouvrement).
On dit que dim(X) = n si on a dim(X) n
(III.3)
et si on n’a pas dim(X) n − 1 .
192
III. Théorème de Baire
Remarque III.4. La dimension de l’ensemble de Cantor est zéro, car pour tout r > 0
on a un recouvrement ouvert fini avec diam Ui < r et les Ui deux à deux disjoints
(cf. exercice 5).
La dimension de X = [0, 1] est 1 ; en effet, pour tout entier N 1, les ouverts
i+1
Ui = i−1N , N ∩ X, où i = 0, . . . , N, recouvrent X et se coupent au plus deux à deux ;
donc dim(X) 1 ; d’autre part, dim(X) 0 puisque X est connexe et non réduit à un
point.
⎪
⎪
I (III.5
)
⎪
⎪
⎩ et ti = 0 ⇒ ti = 0 , ∀ i ∈ I .
i∈I
193
Chapitre 5 • Espaces métriques complets
δ
|vi − f (xi )| pour i = 1, . . . , k. (III.12)
2
δ δ
| f (x) − vi | | f (x) − f (xi )| + | f (xi ) − vi | + =δ
2 2
et (III.10) a lieu, si bien que | f (x) − g(x)| δ pour tout x ∈ X, et par suite f − g δ.
De plus, d’après l’étape 1, on a g ∈ Br ⊂ Bε , ce qui achève l’étape 2.
La troisième étape est simplement une précision technique permettant d’appliquer
le théorème de Baire.
Étape 3. Bε est ouvert dans E.
Soit g ∈ Bε ; notons d’abord que
a
||g − h|| < ⇒ h ∈ Bε . (III.14)
2
|g(x) − g(x
)| = |(g − h)(x) − (g − h) (x
)| 2||g − h|| < a,
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et d(x, x
) < ε d’après (III.13) ; cela prouve (III.14) et achève l’étape 3.
Les trois étapes mises bout à bout donnent le théorème d’Hurewicz ; posons en
effet A = ∩ Bε = ∩ ∗ B1/p (noter que Bε croît avec ε) ; A est une intersection
ε>0 p∈N
dénombrable d’ouverts denses de E métrique complet, donc est dense dans E (théo-
rème de Baire) ; en particulier (et c’est la seule chose qu’on utilisera !) A est non vide ;
or A n’est rien d’autre que l’ensemble des injections continues de X dans R2n+1 ; une
telle injection existe donc.
Voyons maintenant une application à l’Analyse du théorème de Baire (elle-même
due à Baire !) .
195
Chapitre 5 • Espaces métriques complets
196
III. Théorème de Baire
(de plus, l’égalité X = ∪ Gn indique seulement que lim d( f (x), fn (x)) = 0 ∀x,
n
et reflète donc moins bien l’hypothèse que X = ∪ Fn , qui indique vraiment que
n
lim d( f (x), fn (x)) = 0).
◦
X étant de Baire, il existe cette fois n tel que F n ∅, autrement dit il existe x0 ∈ X
et V voisinage de x0 tel que V ⊂ Fn ; a fortiori, V ⊂ Gn et ce qui précède montre que
x0 ∈ O7ε , d’où O7ε ∅ ; ε > 0 étant arbitraire, l’étape 1 est achevée.
Étape 2. Oε est dense dans X.
Soit O un ouvert non vide de X ; c’est un espace de Baire (cf. exercice 1) et la
suite fn |O des restrictions de fn à O converge vers f |O , la restriction de f à O. D’après
l’étape 1, il existe x0 ∈ O tel que ω( f |O , x0 ) < ε. Mais, O étant ouvert, f et f |O
ont même oscillation en x0 ∈ O, autrement dit on a ω( f , x0 ) < ε. Ceci montre
que x0 ∈ Oε ∩ O ; ainsi, Oε coupe tout ouvert non vide de X, et par suite est dense
dans X.
L’étape 2 et (III.18) permettent de conclure, X étant de Baire ; en effet
C( f ) = ∩ O1/p ,
p1
Remarque III.7. Par souci de généralité, on a énoncé le théorème III.6 avec X es-
pace de Baire quelconque, mais dans la plupart des applications X est plus précisé-
ment un espace métrique complet.
197
Chapitre 5 • Espaces métriques complets
Désignons pour cela par G le groupe dual de G, c’est-à-dire l’ensemble des applica-
tions continues γ de G dans le cercle unité Γ du plan complexe telles que de plus :
γ(x + y) = γ(x) γ(y), ∀x, y ∈ G. Notons que
est dénombrable.
G (III.22)
En effet, si γ ∈ G n’est pas le caractère unité γ0 (γ0 (x) = 1, ∀x ∈ G), γ(G) est un
sous-groupe de Γ non réduit à {1}, donc contient un élément de partie réelle négative :
il existe x ∈ G tel que |1 − γ(x)| R(1 − γ(x)) 1, a fortiori 1 − γ∞ 1, où ∞
est la norme sup dans l’espace C(G) des applications continues de G dans C ; si donc
γ1 , γ2 ∈ G et γ1 γ2 , on a γ1 − γ2 ∞ = 1 − γ−1 γ2 ∞ 1 ; or on sait (chapitre 3,
1
théorème II.8) que C(G) est séparable pour ∞ , donc les éléments de G, deux à deux
distants de 1 au moins, sont en nombre au plus dénombrable.
Nous admettrons le point suivant (cf. Rudin, Fourier Analysis on groups) qui est
aux groupes ce que le théorème de Hahn-Banach est aux espaces vectoriels, et dans
lequel H désigne un sous-groupe fermé de G :
et γ γ0 , alors
Dans le but d’appliquer le théorème de Baire, notons que si γ ∈ G
En effet, Ker γ est un sous-groupe de G ; s’il est d’intérieur non vide, il est ouvert et
fermé dans G (chapitre 2, exercice 19d) ; G étant connexe, il en résulte que Ker γ = G
et γ = γ0 , contrairement à l’hypothèse. La fin de la preuve se déroule en deux étapes.
Étape 1. On a
∪ Ker γ G. (III.25)
γγ0
En effet, Ker γ est fermé car γ est continu ; le premier membre de (III.25) est donc,
d’après (III.22) et (III.24), une réunion dénombrable de fermés d’intérieur vide, et il
ne peut être égal à G, qui est un espace de Baire en tant qu’espace métrique complet.
Étape 2. On va voir pour finir que
198
III. Théorème de Baire
Alors, p est continue, i.e. : (∗) il existe M < ∞ tel que p(x) Mx, ∀x ∈ X.
La preuve résulte du théorème de Baire et du lemme suivant, dans lequel B désigne
la boule unité fermée de X.
Lemme III.8. Soit A une partie de X telle que B ⊂ A ; alors, tout x ∈ B s’écrit :
∞
xn
x= 2n−1
, où xn ∈ A.
n=1
55 ( ) 5
552n x − x − · · · − xn − x 555 1 ,
5 1
2n−1
n+1 5
2
5 55
∞
c’est-à-dire : 55 x − x1 − · · · − 2xn−1
n
n 5 n+1 . On voit alors que x =
− x2n+1 2
1 xn
2n−1
· ❑
1
∞
X = ∪ En , donc le théorème de Baire assure l’existence d’un entier j 1, de x0 ∈ X
n=1
E j −x0
et r > 0 tels que B̄(x0 , r) = x0 + rB ⊂ E j , soit encore en posant F = r :
E −x y−x0
B ⊂ j r 0 = F̄. De plus, F ⊂ Et , avec t = j+p(−x r
0)
, car si x ∈ F, x = r avec
y ∈ E j , d’où p(x) = 1r p(y − x0 ) 1r [p(y) + p(−x0 )] 1r [ j + p(−x0 )]. On voit donc
∞
que B ⊂ Et . Soit alors x ∈ B : le lemme permet d’écrire x = 2xn−1 n
avec xn ∈ Et ,
1
∞
∞
∞
et l’hypothèse sur p entraîne : p(x) p 2xn−1 n
= 2n−1 1
p(xn ) t 2n−11
= 2t, et le
1 1 1
lemme de Zabrejko s’ensuit, avec M = 2t.
199
Chapitre 5 • Espaces métriques complets
Remarque III.9. Le lemme de Zabrejko donne, d’un seul coup d’un seul, trois
des grands théorèmes de base de l’analyse fonctionnelle, à savoir (cf. [QZ] chapitre 6,
troisième édition 07) les théorèmes de Banach-Steinhaus, de l’application ouverte, du
graphe fermé (même si on sait par ailleurs que ces deux derniers sont équivalents) :
∞
∞
T i (s) T i (xn ) p(xn ).
n=1 n=1
En passant maintenant au sup sur i, on obtient bien p(s) ∞ n=1 p(xn ). D’après le
lemme de Zabrejko, applicable puisque X est complet, il existe une constante C > 0
telle que p(x) Cx pour tout x ∈ X. Puisque T i (x) p(x), il en résulte que
T i C pour tout i. ❑
200
III. Théorème de Baire
(où (xn ) désigne une suite hypothétique de X). Alors, T est continue.
Démonstration. Soit p(x) = T (x). C’est une semi-norme sur X puisque T est
linéaire. Montrons qu’elle est conditionnellement sigma-sous-additive. Soit donc
(xn ) une série convergente de somme s dans X. On peut supposer que l’on a
∞
n=1 p(xn ) < ∞, sinon il n’y a rien à montrer. Alors, la série de terme général T (xn )
est absolument convergente dans Y complet, donc converge vers un certain y ∈ Y qui
vérifie y ∞ T (xn ) = ∞ p(xn ). Si donc on pose sn = nj=1 x j , on a sn → s
n=1 n=1
et T (sn ) = nj=1 T (x j ) → y. Puisque le graphe de T est fermé, cela implique T (s) = y
ainsi que :
∞
∞
p(s) = T (s) = y T (xn ) = p(xn ).
n=1 n=1
201
Chapitre 5 • Espaces métriques complets
Exercices
5.1 Soit X un espace de Baire, O un ouvert non vide de X, (On ) une suite d’ouverts
de O denses dans O.
c
a) Montrer que ωn := On ∪ O est un ouvert dense de X.
b) Soit A un ouvert non vide de O ; montrer que ∩(On ∩ A) = ∩(ωn ∩ A).
n n
c) Montrer que O est un espace de Baire.
det(v j − vd+1 + a e j ) 0,
(1 j d), puis montrer que AI0 est d’intérieur vide et fermé dans (Rd )k = Rdk .
c) Montrer que Ac est un ouvert dense de Rdk .
202
Exercices
c) Montrer que, pour tout r > 0, X admet un recouvrement ouvert fini (Ui ) avec
diam Ui < r et les Ui deux à deux disjoints.
d) Montrer que dim(X) = 0 (en particulier, l’ensemble de Cantor est de dimension 0).
f (0) = α , f
(x) = a f (xb ) , où α ∈ R, a > 0, b > 1, 0 x 1 . (∗)
|| f || = sup | f (x)|e−Mx ,
0x1
203
Chapitre 5 • Espaces métriques complets
5.10 Soit X un espace métrique compact avec dim(X) n, (E1 , . . . , En+1 ) des fer-
més de X, (U1 , . . . , Un+1 ) des ouverts de X, tels que Ei ⊂ Ui pour 1 i n + 1.
n+1
a) Montrer que les q = 2n+1 ensembles ouverts ∩ Gi , avec Gi = Ui ou Eic , forment
1
un recouvrement ouvert R de X.
Soit (ω1 , . . . , ωq ) un recouvrement ouvert d’ordre n qui raffine R et soit
(K1 , . . . , Kq ) un recouvrement fermé tel que Kr ⊂ ωr pour r q (cf. chapitre II,
exercice 10) ; on pose
Ir = {i ; Ei ∩ ωr ∅}.
b) Montrer qu’on peut trouver des ouverts Vi,r , Wi,r pour i ∈ Ir , tels que
Kr ⊂ Vi,r ⊂ V i,r ⊂ Wi,r ⊂ W i,r ⊂ ωr ,
et W i,r ⊂ V j,r pour i > j.
On pose dans la suite Vi = ∪ Vi,r et Wi = ∪ Wi,r .
i∈Ir i∈Ir
c) Montrer que Ei ⊂ Vi , pour 1 i n + 1.
d) Montrer que ωr ⊂ Ui , pour i ∈ Ir .
e) Montrer que W i ⊂ Ui , pour 1 i n + 1.
n+1
f) Conclure que ∩ W i \Vi = ∅, et que Ei ⊂ Vi ⊂ V i ⊂ Wi ⊂ W i ⊂ Ui .
1
204
Exercices
c) Montrer que ϕ(x) < x, ∀x ∈ J. Puis montrer qu’il existe deux suites (xn ), (x
n ) de
J, de limite nulle, telles que pour n ∈ N :
1 1
sin = 1 et sin = −1.
ϕ(xn ) ϕ(x
n )
|ϕ(xn ) − ϕ(x
n )|2 + 4 k2 [|xn − x
n |2 + 4].
205
Chapitre 5 • Espaces métriques complets
5.15 Soit E = C([0, 1], R) avec sa norme usuelle et ϕ : [0, 1] → [0, 1] continue ;
◦
on pose Bα = { f ∈ E ; || f || α}, α > 0 ; on fixe g ∈ B1/4 et on considère l’équation
fonctionnelle (où f ∈ E est l’inconnue)
1 g+ f 2 − f ◦ϕ
a) Montrer qu’il existe α ∈ 0, 2 tel que T envoie Bα dans Bα, où T ( f ) = 2 .
2 −contractante.
2α+1
b) Montrer que T est
c) Montrer que (∗) a une solution.
206
Exercices
5.22 Soit (λn )n1 une suite strictement croissante d’entiers positifs (par exemple,
λn = 2n ). Soit Γ le cercle-unité et T n : Γ → Γ définie par T n (z) = zλn .
a) Montrer que la suite (T n ) est topologiquement transitive, au sens de l’exercice 21.
b) Montrer qu’il existe des z ∈ Γ tels que la suite (zλn ) soit dense dans Γ.
c) Soit I = [0, 1], f : I → I définie par f (x) = 4x(1 − x), g : Γ → Γ définie par
g(z) = z2 , et enfin h : Γ → I définie par h(eiϕ ) = sin2 ϕ.
207
Chapitre 5 • Espaces métriques complets
a) Montrer que f ∈ X =⇒ U f ∈ X.
b) Montrer que f → U f est une application 34 -contractante de X dans lui-même.
c) Montrer qu’il existe h ∈ X telle que Uh = h.
d) Montrer par récurrence que h vérifie l’inégalité :
k + 1 k
(∗) h − h n 2−n , ∀n ∈ N, ∀k ∈ N avec 0 k 3n − 1.
3n 3
e) On note [u] la partie entière d’un réel u. Soit x ∈ [0, 1[. On pose
[3n x]
xn = et yn = xn + 3−n .
3n
de f
Montrer que xn x yn et que |Dn | = h(yynn)−h(xn)
−xn → ∞ quand n → ∞.
f) Montrer que h n’est pas dérivable en x. Ainsi, la fonction continue h n’est dérivable
en aucun point de [0, 1[ (en considérant xn = 1 − 3−n et yn = 1, on verrait qu’elle
n’est pas non plus dérivable en 1).
208
Corrigés
Corrigés
c c
5.1 a) ωn ⊃ On ∪ O ⊃ O ∪ O = X.
c
b) C’est évident puisque A ∩ O = ∅.
c) A est ouvert dans X, X est de Baire, donc par a), ∩(ωn ∩ A) ∅ ; autrement dit
n
∩(On ∩ A) ∅ et ∩ On est dense dans O, qui est donc de Baire.
n n
5.2 a) Soit (xn ) de Cauchy dans (X, d) ; (Log xn ) est de Cauchy dans (R, | |) ; il
existe donc y ∈ R tel que | Log xn − y| → 0, autrement dit d(xn , ey ) → 0 ; le reste est
facile.
b) Si 0 < u < v,
v
v
v
f
(t) | f (t)|
d[ f (u), f (v)] = | Log f (v) − Log f (u)| =
k
dt dt dt
u f (t) u f (t) u t
d’où le résultat.
209
Chapitre 5 • Espaces métriques complets
5.6 a) e−M || f ||∞ || f || || f ||∞ , où || f ||∞ = sup0x1 | f (x)| est la norme usuelle sur
E ; donc E est complet pour || ||.
b) Soit f1 , f2 ∈ E,
x
g1 = T ( f1 ), g2 = T ( f2 ); g1 (x) − g2 (x) = a [ f1 (tb ) − f2 (tb )] dt,
0
et
x x
−Mtb Mtb b
|g1 (x) − g2 (x)| a | f1 (t ) − f2 (t )| e
b b
e dt a || f1 − f2 || eMt dt
0
x 0
a
a || f1 − f2 || eMt dt || f1 − f2 || eMx ;
0 M
210
Corrigés
! "
5.8 a) On procède par récurrence sur n ; K1 = 0, 23 , 13 , 1 est de la forme indiquée ;
s’il en est de même pour K1 , . . . , Kn , on a
2
n n n
Kn+1 = α j 3− j−1 , + α j 3− j−1 , α j 3− j−1 + 3−n−1 ,
1
3 1 1
n '
2 − j−1 −n−1
+ αj 3 +3
3 1
n
n+1
α j 3− j−1 = β 3− où β1 = 0, β = α−1 sinon;
1 1
2
n n+1
+ α j 3− j−1 = β 3− où β1 = 2, β = α−1 sinon.
3 1 1
Donc
⎧ n+1 ⎫
⎪
⎨
⎪
n+1 ⎪
⎪
− − −n−1 ⎬
Kn+1 =⎪
⎪ β 3 , β 3 + 3 ⎪
⎪ où (β1 , . . . , βn+1 ) ∈ {0, 2}n+1 ,
⎩ ⎭
1 1
K2
0 1/9 2/9 1/3 2/3 7/9 8/9 1
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
Kn
0 1/9 2/9 1/3 2/3 7/9 8/9 1
Figure 5.2
∞
n
b) Si x = α j 3− j ∈ K, soit xn = α j 3− j ;
1 1
∞
xn ∈ Kn et |x − xn | 2 · 3− j = 3−n , donc K ⊂ (Kn )3−n ; si x ∈ Kn , ou bien
n+1
n
n
n
∞
−i
x = αj 3− j ∈ K, ou bien x = αj 3− j + 3−n = α j3 + 2 · 3− j ∈ K ;
1 1 1 n+1
donc Kn ⊂ K ; il en résulte que h(Kn , K) 3−n et que Kn → K ; on reconnaît dans
211
Chapitre 5 • Espaces métriques complets
! "
L0 = (ω, ω
) ∈ L × L; ω j ω
j = 0, ∀ j ,
avec ω = (ω j ), ω
= (ω
j ) ; L0 est compact car fermé dans L × L, et K est l’image
∞
∞
continue de L0 par l’application : (ω, ω
) → ω j 2− j , ω
j 2− j ; K est donc un
1 1
compact de R2 et il nous faut montrer que T (K) = K. Si M = (u, v), on voit que
(u v )
u+1 v u v+1
f1 (M) = , , f2 (M) = , , f3 (M) = , .
2 2 2 2 2 2
Ces formules montrent que f1 (M), f2 (M), f3 (M) ∈ K dès que M ∈ K, et que donc
T (K) ⊂ K. On voit aussi que
f1−1 (M) = (2u, 2v) , f2−1 (M) = (2u − 1, 2v) , f3−1 (M) = (2u, 2v − 1) ;
212
Corrigés
O A
On prend pour K0 le triangle OAB. On passe de K n à K n+1 en grisant
n
3 petits triangles équilatéraux de côté 2-n-1 . Le fanion de Sierpinski est
« ce qui reste quand on a tout grisé ».
Figure 5.3
5.10 a) Si x ∈ X, soit I = {i ; x ∈ Ei } et J = I c ; alors x ∈ ∩ Ui ∩ ∩ Eic .
I J
b) C’est une conséquence immédiate de la normalité des espaces métriques.
c) Soit x ∈ Ei , et r tel que x ∈ Kr ; x ∈ Ei ∩ ωr , donc i ∈ Ir et x ∈ Vi,r ⊂ Vi .
d) ωr est inclus dans un ensemble de la forme G1 ∩ · · · ∩ Gn+1 , en particulier ωr ⊂ Gi
avec Gi = Ui ou Eic ; mais Gi = Eic est exclu, puisque ωr ∩ Ei ∅ ; donc ωr ⊂ Ui .
e) W i = ∪ Wi,r , et pour i ∈ Ir , on a Wi,r ⊂ ωr ⊂ Ui d’après d) (noter que i ∈ Ir doit
i∈Ir
se penser comme « Ir contient i »).
n+1
f) Supposons que x ∈ ∩ (W i \Vi ) ; par définition, il existe r1 , . . . , rn+1 tels que
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
1
x ∈ Wi,ri \Vi,ri et i ∈ Iri . Je dis que les ri sont distincts ; car si par exemple i > j
et ri = r j = r, x ∈ Wi,r ⊂ V j,r , et alors on ne peut avoir x ∈ W j,r \V j,r ; par construc-
tion, x Kr1 ∪ · · · ∪ Krn+1 , puisque Kr ⊂ Vi,r pour i ∈ Ir ; mais les Kr recouvrent
X, on peut donc trouver r0 distinct de r1 , . . . , rn+1 , tel que x ∈ Kr0 ; il s’ensuit que
n+1
x ∈ ∩ ωri , ce qui est contraire au fait que tout point de X est dans au plus n + 1 des
0
ωr , et montre par l’absurde que
n+1
∩ (W i \Vi ) = ∅.
1
213
Chapitre 5 • Espaces métriques complets
5.12* a) Soit a ∈ A ; supi | fi (a)| = 1, il existe donc i tel que | fi (a)| = 1 ; si fi (a) = 1,
a ∈ Ei ; si fi (a) = −1, a ∈ Fi .
b) Les Ei , Fi sont fermés dans A fermé dans X, donc eux-mêmes fermés dans X,
et Ei ∩ Fi = ∅ ; si ϕ1 , . . . , ϕn+1 sont comme dans l’exercice 11, ϕ = (ϕ1 , . . . , ϕn+1 )
répond à la question ; en effet ϕ(x) 0 pour tout x ∈ X, puisque les ϕi n’ont pas de
zéro commun.
c) Soit ψ = ϕ|A et h(a, t) = (1 − t)ψ(a) + t f (a), où a ∈ A, t ∈ [0, 1] ; h(a, 0) = ψ,
h(a, 1) = f , h est donc une homotopie de ψ vers f dans C A, (Rn+1 )∗ : soit en
effet a ∈ A ; il existe i tel que fi (a) = εi = ±1, et on a aussi ϕi (a) = εi , d’où
hi (a, t) = εi (1 − t + t) = εi 0, et h(a, t) 0, puisque h = (h1 , . . . , hn+1 ) ; d’après le
critère homotopique de Borsuk (dont la preuve, faite pour n = 1, reste valable pour
n quelconque), f a un prolongement continu g : X → (Rn+1 )∗ , puisque tel est le cas
g(x)
pour ψ par construction ; alors F(x) = ||g(x)|| est un prolongement continu pour f , à
valeurs dans Qn = {t ∈ R ; ||t|| = 1}.
n+1
5.13* a) E n’est pas fermé dans R2 puisque E = E ∪ [−i, i], en identifiant topolo-
giquement R2 à C.
b) L’existence de ϕ est juste la définition de E comme graphe. D’autre part, si on
assimile C à R2 et si on pose z = x + i sin 1x , z
= x
+ i sin x1
, on sait que
| f (z) − f (z
)|2 k2 |z − z
|2 ,
214
Corrigés
1 π 1 π
= 2nπ + et
= 2nπ − .
ϕ(xn ) 2 ϕ(xn ) 2
1 1
sin = 1 et sin = −1.
ϕ(xn ) ϕ(x
n )
2
d) On applique b) à xn et x
n en remarquant que sin ϕ(x1 n ) − sin ϕ(x1
n ) = 4 et
2
sin x1 − sin x1
4.
n n
b) T ( f1 ) − T ( f2 ) = 12 ( f1 − f2 )( f1 + f2 ) − ( f1 − f2 ) ◦ ϕ . Si donc f1 , f2 ∈ Bα :
||T ( f1 ) − T ( f2 )|| 2α+12 || f1 − f2 ||.
c) On applique le théorème de Picard à T : Bα → Bα ; toutes les hypothèses sont
remplies et (∗) équivaut à T ( f ) = f ; (∗) a une seule solution dans Bα, mais peut
éventuellement en avoir d’autres hors de Bα.
5.16 f x
= lim fn , fy
= lim gn , où fn (x, y) = n f x + 1n , y − f (x, y) et gn (x, y) =
n f x, y + 1n − f (x, y) ; par le théorème de la limite simple, fx
est continue sur le
Gδ dense A, fy
sur le Gδ dense B ; C = A ∩ B est un Gδ dense sur lequel f est
différentiable.
215
Chapitre 5 • Espaces métriques complets
∞
5.17 a) T (In ) est compact donc fermé, et X = ∪ T (In ) ; or X est toujours un espace
1
de Baire, soit en tant que métrique complet s’il est métrisable, soit en tant que locale-
ment compact (cf. chapitre VI) dans le cas général ; un des T (In ), soit T (I p ), est donc
d’intérieur non vide.
◦
b) Soit J p = T (I p ) ; (y + J p )y∈X est un recouvrement ouvert de X, dont on ex-
◦ ◦ N
trait le sous-recouvrement fini (y1 + J p , . . . , yN + J p ) ; a fortiori, X = ∪(y j + J p ) ;
1
si x j = T −1 (y j ), y j + J p = T (x j + I p ) puisque T est un homomorphisme, d’où
N N
X = ∪ T (x j + I p ) et T −1 (X) = ∪(x j + I p ) puisque T est une bijection. Mais cette
1 1
égalité est absurde : en effet le membre de gauche est R non compact, et le membre
de droite est compact (ou tout simplement borné).
x
c) X = C(0, 1) ∪ C(2, 1) et f : R → X définie par f (x) = 2 − exp 2iπ 1+|x| si x 0 ;
f (x) = exp − 2iπ 1+xx
si x > 0 répondent à la question (cf. figure 5.4).
4 2
f(0)=1
0 2
3 1
C(0,1) C(2,1)
Figure 5.4
216
Corrigés
|| fu − ft j || + || ft j − fv || ε + ε = 2ε .
ii) Soit ε > 0, > 0 comme ci-dessus et h > 0 tel que | f (x) − f (y)| ε pour
|x − y| h (h existe d’après la continuité uniforme de f ) ; soit d’autre part (t1 , . . . , tN )
217
Chapitre 5 • Espaces métriques complets
|| ft − ft j || || ft − fu || + || fu − ft j || = || ft−u − f || + || fu − ft j ||
= || fτ − f || + || fu − ft j || 2ε,
5.21 a) Chaque T n−1 (V j ) est ouvert puisque T n est continue. O j est donc ouvert
comme union d’ouverts. Si U est un ouvert non-vide de X et si j est fixé, il existe par
hypothèse un indice n tel que T n (U) ∩ V j ∅, d’où U ∩ T n−1 (V j ) ∅ et a fortiori
O j ∩ U ∅, ce qui implique la densité de O j .
b) La densité de G découle du théorème de Baire. Et G est exactement l’ensemble
des points d’orbite dense sous l’action des T n , car les V j formant une base d’ouverts
de X, on a équivalence entre
1. L’ensemble {T n (x)} est dense dans X.
7 ;
2. x ∈ ∞ j=1
−1
n1 T n (V j ) = G.
5.22 a) Soit U, V deux ouverts non-vides de Γ, et I = (α, β), avec α < β, un arc
ouvert ⊂ U. Soit n tel que λn (β − α) > 2π. Alors, on a clairement T n (I) = Γ et a
fortiori T n (U) ∩ V ∅.
b) Il suffit d’appliquer le résultat de l’exercice précédent à l’espace Γ, métrique com-
plet séparable (car métrique compact).
c) 1. Soit z = eiϕ . On a g(z) = e2iϕ et donc :
Et cette suite (xn ) est dense dans I, comme image de l’ensemble dense (zn ) par
l’application continue surjective h. Le résultat est frappant pour la raison sui-
vante : si F : I → I est monotone, la suite récurrente x0 ∈ I, xn+1 = F(xn ) a
au plus deux valeurs d’adhérence (elle converge si F est croissante, et les sous-
suites (x2n ), (x2n+1 ) convergent si F est décroissante). Ici, f n’est pas monotone,
218
Corrigés
mais elle est quand même unimodale (croissante sur [0, 12 ], puis décroissante).
Et cette semi-monotonie suffit à impliquer l’existence de points x0 à f -orbite
chaotique.
Cette propriété signifie que h prend n’importe quel couple de rationnels n-triadiques
consécutifs 3kn et k+1 −n
3n , distants de 3 , et les éloigne brutalement, puisque la distance
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
des images devient d’un seul coup 2−n , ce qui est incomparablement plus grand
que 3−n ! Prouvons maintenant (∗) par récurrence sur n, en utilisant l’équation fonc-
tionnelle Uh = h :
Cas n = 0 :
Nous avons |h(1) − h(0)| = 1 2−0 !
Passage de n à n + 1 : Soit k un entier tel que 0 k 3n+1 − 1. Le point
k
clé est que les deux nombres 3n+1 et 3k+1
n+1 sont dans un même des trois intervalles
thèse de récurrence :
219
Chapitre 5 • Espaces métriques complets
1. Cas 0 k 3n − 1 :
n+1 ∈ I0 , d’où puisque Uh = h :
k
alors, 3n+1 et 3k+1
k + 1 k 3 k + 1 3 k 3 −n −n−1
h n+1 − h n+1 = h − h n 2 2 .
3 3 4 3n 4 3 4
2. Cas 3n k 2 × 3n − 1 :
n+1 ∈ I1 , d’où puisque Uh = h, et en posant pour simplifier les
k
alors, 3n+1 et 3k+1
formules l = 2 × 3n − k − 1 :
k + 1 k 1 l + 1 1 l 1 −n
h n+1 − h n+1 = h − h n 2 = 2−n−1 .
3 3 2 3n 2 3 2
3. Cas 2 × 3n k 3 × 3n − 1 :
n+1 ∈ I2 , d’où en posant l = k − 2 × 3
k
alors, 3n+1 et 3k+1 n et en utilisant une fois de
plus la relation Uh = h :
k + 1 k 3 l + 1 3 l 3 −n −n−1
h n+1 − h n+1 = h n
− h n 2 2 .
3 3 4 3 4 3 4
Ceci achève la preuve par récurrence de (∗).
= x − 3−n , d’où yn
n n
e) On a xn 33nx = x et xn 3 3x−1 n x. De plus, (∗) entraîne, en
posant kn = [3n x] :
h(yn ) − h(xn ) 1 kn + 1 kn 2−n 3
n
|Dn | = = −h n −n = → ∞.
yn − xn 3−n
h n
3 3 3 2
f) Le point important est que xn et yn sont de part et d’autre de x. En effet, on peut
écrire xn = x − εn , yn = x + δn avec εn , δn 0, yn − xn = εn + δn , d’où si h était
dérivable en x :
h(xn ) = h(x) − εn h
(x) + λn εn
h(yn ) = h(x) + δn h
(x) + μn δn
avec λn → 0 et μn → 0. En retranchant membre à membre et en quotientant, on
obtient :
h(yn ) − h(xn ) μn δn − λn εn
Dn = = h
(x) + ρn avec ρn =
yn − xn εn + δn
et donc ρn → 0 car |ρn | |λn | + |μn |. Donc Dn → h
(x), ce qui contredit le résultat de
la question e) (|Dn | → ∞).
Remarques finales. i) Le résultat de la question f) peut devenir faux si xn , yn → x
sans être de part et d’autre de x, comme le montre l’exemple de f ∈ E définie par
f (x) = x2 sin 1x si x 0 et f (0) = 0. On a f
(0) = 0, mais si
1 1
xn = π et yn = π , n = 1, 2, . . .
2 + 2nπ 2 + (2n + 1)π
220
Corrigés
on voit que
f (xn ) − f (yn ) x2n + y2n 4n2 π 2
= ∼ 2 2 → !
xn − yn xn − yn 2n π π
ii) Les coefficients 12 et 34 devant f dans les formules définissant U doivent juste
vérifier U f (0) = 0, U f (1) = 1, permettre le recollement en les points 13 et 23 et
être <1 et > 13 . La chose à retenir est ce découpage en trois intervalles, et les trois
transformations 3x, 2 − 3x, 3x − 2, qui « balaient » chacune l’intervalle [0, 1] en une
fraction de temps 13 . Et nous pourrions définir U : X → X par :
⎧
⎪
⎪
⎪ a f (3x) si x ∈ I0 := [0, 13 ]
⎪
⎪
⎪
⎨
U f (x) = ⎪
⎪ b + c f (2 − 3x) si x ∈ I1 := [ 13 , 23 ]
⎪
⎪
⎪
⎪
⎩ d + e f (3x − 2) si x ∈ I2 := [ 2 , 1]
3
(∗∗) h
3n 3
Et la condition (∗∗) impliquera de même la « non-dérivabilité partout » de la nouvelle
fonction h.
iii) Des applications voisines du théorème de Picard (courbes de Péano) se trouvent
dans le livre de Hairer-Wanner « Analysis by its History » p. 290-293. On en verra
d’autres (courbes de von Koch) au chapitre 7 de cet ouvrage.
;
5.24 a) Fn est fermé car f est continue ; X = ∞ 1 F n par hypothèse, et X est un
espace de Baire, donc un des Fn , soit Fn0 , contient un intervalle [α, β] non réduit à
un point : 0 < α < β. On a par définition | f (x)| ε pour x ∈ E.
221
Chapitre 5 • Espaces métriques complets
(n + 1)α α
b) On observe que → < 1 quand n → ∞ ; il existe donc n1 n0 tel
nβ β
que (n + 1)α nβ si n n1 . Si maintenant x n1 α, et si n n1 est l’entier tel que
nα x < (n + 1)α, on a x nβ, donc x ∈ E, et E contient l’intervalle [T , ∞[, où
T = n1 α, ce qui montre que x T ⇒ | f (x)| ε.
c) On a (2a) = limn→∞ f (2na) = (a), de même (pa) = l(a) pour tout p ∈ N∗ , puis
p
a = (a) pour tous p, q ∈ N∗ . L’existence de a0 vient du théorème de la limite
q
simple de Baire ; si a ∈ X, soit (rn ) une suite de rationnels > 0 telle que rn a → a0 ;
alors, (rn a) → (a0 ), c’est-à-dire (a) = (a0 ) = 0 . En considérant f − 0 , on est
ramené au b).
222
LOCALEMENT TRUC
E SPACES
6
I D ÉFINITION GÉNÉRALE ; PREMIERS EXEMPLES
Le titre de ce chapitre est un peu trompeur, car on va presque exclusivement s’inté-
resser aux notions de compacité locale et de connexité locale. Si l’on procède ainsi,
c’est pour montrer que ces deux notions entrent dans le même cadre, contrairement à
ce que certaines présentations pourraient laisser croire ; sauf mention expresse du
contraire, tous les espaces seront séparés. Soit « truc » une propriété topologique
(compacité, connexité, séparabilité, etc.) ; X peut ne pas avoir cette propriété mais
l’avoir localement aux sens suivants :
X est localement truc en un point a si
(I.1)
a possède une base de voisinages truc.
X est localement truc s’il est localement truc
(I.2)
en chaque point a ∈ X .
Un espace vérifiant (I.2) doit donc avoir « beaucoup » (au sens topologique) de parties
truc, et ceci autour de chaque point ; voici quelques exemples.
R est localement compact. (I.3)
En effet, a ∈ R possède la base de voisinages compacts [a − h, a + h], où h > 0 ;
pourtant R n’est pas compact.
Tout ouvert ω d’un evn est localement connexe par arcs. (I.4)
En effet, a ∈ ω possède la base de voisinages convexes B(a, r), où r est assez petit
(r ra ) ; ces voisinages sont connexes par arcs ; mais ω n’est pas connexe en général
(par exemple R∗ ).
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
223
Chapitre 6 • Espaces localement truc
Remarque I.1. Il n’est pas vrai, en général, qu’une propriété truc se localise auto-
matiquement ; on verra plus loin qu’un espace compact est localement compact (c’est
un théorème !) mais qu’il y a des espaces connexes (l’adhérence du graphe de sin 1x
par exemple) qui ne sont pas localement connexes.
C’est le théorème de F. Riesz (cf. [QZ]) ; on sait même que si dim E = ∞, aucun point
de E n’a le moindre voisinage compact.
Soit en effet f : Z → Q une bijection ; Z est discret donc f est continue ; Z est lo-
calement compact et localement connexe d’après (I.5), mais Q n’est pas localement
compact d’après (II.3) et n’est pas non plus localement connexe pour la même raison
que dans (I.6). On verra par contre (cf. exercice 1) que les deux notions précédentes
sont stables par image continue ouverte. Les exemples (II.2), (II.3) sont des cas par-
ticuliers d’un résultat plus général (proposition II.3).
224
II. Espaces localement compacts
Proposition II.3.
a) Soit A une partie d’un espace localement compact X ; on a équivalence entre :
i) A est localement compacte ;
ii) A = ω ∩ F, où ω est ouvert, F fermé.
b) Si X, Y sont localement compacts, leur produit l’est aussi.
◦ ◦ ◦
déduit facilement que U x ∩A =U x ∩A, puis que A = ω ∩ F où ω = ∪ U x et F = A.
x∈A
ii) ⇒ i). Soit a ∈ ω ∩ F, U un voisinage compact de a inclus dans ω ; U ∩ A est
voisinage de a dans A, et U ∩ A = U ∩ F est compact, comme fermé du compact U.
La classe des parties de la forme ω ∩ F étant stable par intersection finie, on voit
en particulier que l’intersection de deux parties localement compactes l’est encore ; il
n’en est plus de même avec la réunion : A = {0} et le demi-plan ouvert B = {Rz > 0}
sont localement compacts dans C, lui-même localement compact, A ∪ B ne l’est pas.
b) Soit (x, y) ∈ X × Y, V et W des voisinages compacts de x et y respectivement ; alors
V × W est compact (théorème de Tychonoff) et c’est un voisinage de (x, y). ❑
225
Chapitre 6 • Espaces localement truc
Remarque II.4. Il est faux qu’un produit quelconque d’espaces localement com-
pacts soit localement compact. Mais on a équivalence entre (cf. exercice 2)
⎧
⎪
⎪
⎪ i) les Xi sont tous localement compacts
⎪
⎪
⎪
⎨ et presque tous compacts ;
⎪
⎪
⎪
(II.5)
⎪
⎪
⎪
⎩ ii) Π Xi est localement compact.
i∈I
Démonstration. a) ⇒ b). Soit (Fn )n1 des fermés d’intérieur vide ; posons On = Fnc ,
∞ ∞ ◦
A = ∩ On , B = ∪ Fn ; les On sont des ouverts denses de X, puisque On = (F n )c ; leur
1 1
intersection A est donc dense ; et B = Ac est d’intérieur vide.
b) ⇒ a). Même principe. ❑
226
II. Espaces localement compacts
◦
au moins un point b puisque V n est un ouvert non vide ; et b possède un voisinage
◦
compact Vn+1 inclus dans On+1 ∩ V n , a fortiori dans On+1 ∩ Vn ; cela prouve (II.6)
par récurrence ; or les Vn forment une suite décroissante de fermés non vides du
compact V1 , leur intersection contient donc au moins un point x ; et (II.6) montre que
x ∈ A ∩ O. ❑
Certains espaces (comme R) sont donc de Baire à double titre : parce qu’ils sont
métrisables complets et parce qu’ils sont localement compacts ; mais on a vu (cha-
pitre III) que certains espaces compacts ne sont pas métrisables ; le théorème II.6 et
le chapitre V montrent donc que la classe des espaces de Baire contient strictement
celle des métrisables complets. Donnons-en une application.
Soit (G, +) un groupe topologique abélien compact d’ordre non borné (i.e. G
contient des éléments d’ordre arbitrairement grand) ; alors :
227
Chapitre 6 • Espaces localement truc
A = X ∩ (K c ∪ {ω}) = K c ,
X
s’appelle le compactifié d’Alexandroff de X ; l’article défini se justifie par
l’unicité (à homéomorphisme près) d’un espace vérifiant a), b), c) du théorème II.7,
évidente à vérifier.
228
II. Espaces localement compacts
e n+1
f(x)
Rn
S
Figure 6.1
(cf. figure 6.1) : f (x) est le point où la demi-droite issue de en+1 et passant par x perce
Rn ;
analytiquement, f (x) = en+1 + λ(x − en+1 ) avec λ 0 et f (x)/en+1 = 0, d’où (avec
xn+1 = (x/en+1 ))
x − en+1
f (x) = en+1 + . (II.8)
1 − xn+1
f est évidemment continue sur X ; si y ∈ Rn , l’équation f (x) = y où x ∈ X équivaut à
Or |x|2 = (1 − xn+1 )2 |y|2 + x2n+1 par le théorème de Pythagore ; donc (II.9) entraîne
|y|2 −1
(1 − xn+1 )2 |y|2 = 1 − x2n+1 et xn+1 = |y|2 +1
; l’équation f (x) = y a donc une solution et
une seule x = f −1 (y) donnée par
2 |y|2 − 1
f −1 (y) = y + en+1 . (II.10)
1 + |y|2 |y|2 + 1
Enfin, (II.8) et (II.10) montrent que f est un homéomorphisme de X sur Rn . ❑
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
229
Chapitre 6 • Espaces localement truc
En d’autres termes, f tend vers l’infini suivant le filtre des complémentaires des par-
ties relativement compactes.
Le théorème II.11 joue un rôle important dans une des preuves du célèbre théorème
suivant.
230
III. Espaces localement connexes
231
Chapitre 6 • Espaces localement truc
(Cf. exercice 5). D’autre part, on n’a rien d’analogue au théorème II.1, comme le
montrent les deux exemples suivants dans C :
!
Exemple 1. X = E = E ∪ [−i, i], où E = x + i sin 1x ; 0 < x 1}. X est connexe
(cf. chapitre IV) ; il est localement connexe en chaque point de l’arc E, homéomorphe
à ]0, 1], mais il n’est localement connexe en aucun point a de [−i, i]. Ecrivons en
effet a = i sin α, où |α| π2 , et fixons r < 1. Si X est localement connexe en a, on
peut trouver un voisinage connexe V de a dans X avec B(a, r) ⊃ V ⊃ B(a, s) ∩ X,
où s est de la forme α+2pπ 1
avec p ∈ N∗ . Désignons par x (resp. y) l’application
projection sur le premier axe de coordonnées
(resp. sur
le second), et notons que :
0 = x(a) ∈ x(V) ; s ∈ x(V) puisque s + i sin 1s − a = |s + i sin α − i sin α| = s,
de sorte que s + i sin 1s ∈ B(a, s) ∩ X ; x(V) étant connexe, il contient [0, s] et en
particulier un = π2 + (2n + 1) π −1 et vn = π2 + 2nπ −1 pour un entier n 1. Ainsi
y(V) contient sin u1n = −1 et sin v1n = 1 ; il en résulte que diam V 2, ce qui contredit
diam V diam B(a, r) = 2r < 2 et établit le résultat annoncé.
∞
Exemple 2. Soit X = X1 ∪ X2 , où X1 = ∪ 0, 1 + ni et X2 = ]0, 1]. Un raisonnement
n=1
analogue montre que X est connexe, localement connexe en tout point de X1 , mais
localement connexe en aucun point de X2 ; on pourrait d’ailleurs remplacer X par
X1 ∪ Y, où Y est une partie non vide arbitraire de ]0, 1].
232
III. Espaces localement connexes
Si la connexité locale n’est pas stable par image continue, on a cependant le résultat
suivant.
Proposition III.4. Tout espace quotient Y d’un espace localement connexe X est
localement connexe.
233
Chapitre 6 • Espaces localement truc
Soit en effet x ∈ σ−1 (C) ⊂ σ−1 (ω), K x la composante connexe de x dans σ−1 (ω) ;
σ−1 (ω) est ouvert, donc K x est ouverte d’après la proposition III.3 ; de plus, σ(x) ∈
C ∩ σ(K x ), ce qui montre que σ(K x ) ∪ C est connexe et que σ(K x ) ⊂ C ; finalement,
x ∈ K x ⊂ σ−1 (C), et (III.3) s’ensuit ; par définition de la topologie quotient, C est
ouverte, et une nouvelle application de la proposition III.3 donne le résultat. ❑
Un exemple très intéressant et non trivial d’espace localement connexe est celui
du compact de C constitué par une courbe de Jordan et son « intérieur ». Nous allons
d’abord compléter l’étude homotopique du chapitre IV et donner quelques propriétés
de ces courbes, d’intérêt indépendant.
234
III. Espaces localement connexes
235
Chapitre 6 • Espaces localement truc
K
Q
K1
bQj,k
Figure 6.2
A = ( j, k) ; 1 j, k m et Q j,k ∩ K ∅
B = ( j, k) ; 1 j, k m et Q j,k ∩ K = ∅ .
Le choix de m entraîne
K ⊂ ∪ Q j,k =: K1 ; K1 ∩ L = ∅ . (III.9)
A
236
III. Espaces localement connexes
Par définition, on a
K2 ∩ Q j,k = ∂Q j,k si ( j, k) ∈ B . (III.11)
237
Chapitre 6 • Espaces localement truc
Démonstration. Soit B une boule ouverte ; B est compacte, donc h est automatique-
ment un homéomorphisme de B sur h(B) et par restriction un homéomorphisme de
B sur h(B) ; h(B) est donc ouvert d’après le théorème III.5 ; soit ω un ouvert de R2 ;
ω = ∪ Bi, où les Bi sont des boules ouvertes, et h(ω) = ∪ h(Bi ) est ouvert ; ceci
montre que h est ouverte et achève la démonstration. ❑
238
III. Espaces localement connexes
Théorème III.10. Soit γ une courbe de Jordan d’image J. Alors J est homéomorphe
à Γ.
Démonstration. Soit h : J → Γ définie par h[γ(t)] = e(t) ; d’après (III.14), h est une
bijection de J sur Γ ; vu la symétrie des rôles de γ et e, il suffit de montrer que h est
continue, en montrant que
Soit a une valeur d’adhérence de (e(tn )) ; modulo extraction, on peut supposer que
tn → τ et e(tn ) → a ; donc a = e(τ) ; de plus γ(t) = γ(τ), d’où deux possibilités
seulement :
i) t = τ et a = e(t).
ii) {t, τ} = {0, 1} et a = e(τ) = e(t). e(t) est donc l’unique valeur d’adhérence de
(e(tn )), et (III.15) s’ensuit par compacité. ❑
Les résultats précédents permettent une preuve simple du profond théorème sui-
vant.
née C∞ .
b) ∂C0 = ∂C∞ = J.
c) Il existe ε = ±1 tel que I(a, γ) = ε pour tout a ∈ C0 .
239
Chapitre 6 • Espaces localement truc
En effet, (III.16) a lieu pour un fermé propre de Γ (cf. exercice 16 du chapitre IV),
donc aussi pour un fermé propre de J d’après le théorème III.5 ; cela étant, montrons
par exemple que ∂C0 = J ; on sait déjà que ∂C0 ⊂ J, et R2 \ ∂C0 = (R2 \ C 0 ) ∪ C0 est
réunion de deux ouverts non vides disjoints, donc est non connexe ; d’après (III.16),
∂C0 ne peut pas être un fermé propre de J, i.e. ∂C0 = J.
c) Rappelons la définition de l’indice I(a, δ) de a par rapport à une courbe conti-
déf
nue fermée δ : [0, 1] → C, de support δ([0, 1]) = δ∗ , lorsque a δ∗ , c’est-à-
dire lorsque δ ne passe pas par a. Supposons d’abord a = 0. La fonction δ s’écrit
δ(t) = e2iπϕ(t) où ϕ : [0, 1] → C est continue ; on a δ(0) = δ(1), et par suite
ϕ(1) − ϕ(0) = ν ∈ Z ; l’entier ν ne dépend pas du choix de ϕ car une autre fonc-
tion continue ψ telle que δ(t) = e2iπψ(t) vérifiera ψ = ϕ + constante, et cette constante
s’effacera dans la différence ψ(1) − ψ(0) = ϕ(1) − ϕ(0). On pose I(0, δ) = ν. Si
maintenant a δ∗ , on pose I(a, δ) = I(0, δ − a).
Le lemme suivant, dans lequel se dissimule le logarithme complexe, joue un rôle
important dans l’étude de l’indice.
De plus, si γ : [0, 1] → C est une courbe continue fermée d’image incluse dans
D(1, 1), c’est-à-dire vérifiant |γ(t) − 1| < 1 ∀t ∈ [0, 1], on a I(0, γ) = 0.
La série dérivée (par rapport à t) est normalement convergente sur [0, 1] puisque son
terme général tn−1 zn est majoré en module par |z|n . On peut donc dériver terme à
terme pour obtenir lorsque t ∈ [0, 1] :
∞
z d# $ * z +
h
(t) = tn−1 zn = et (1 − tz)eh(t) = eh(t) −z + (1 − tz) = 0.
n=1
1 − tz dt 1 − tz
Démonstration.
1. C’est facile : si δ j = e2iπϕ j et si on pose δ = δ1 δ2 . . . δ p , on peut écrire δ = e2iπϕ
p
avec ϕ = j=1 ϕ j , d’où :
p
p
I(0, δ) = ϕ(1) − ϕ(0) = ϕ j (1) − ϕ j (0) = I(0, δ j ).
j=1 j=1
2. Soit a ∈ Ω, r = inf t∈[0,1] |δ(t) − a| > 0 et b tel que |b − a| < r. Posons γ = δ−b
δ−a
|a−b|
et observons que |γ(t) − 1| = |δ(t)−a| < rr = 1. Si bien que I(0, γ) = 0 et que
d’après 1. on a :
I(b, δ) = I(0, δ−b) = I 0, γ(δ−a) = I(0, γ)+ I(0, δ−a) = I(0, δ−a) = I(a, δ).
3. Soit R = supt∈[0,1] |δ(t)| et prenons |a| > R. Alors γ = 1 − aδ vérifie |γ(t) − 1| < 1
et donc :
( ( δ ))
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
241
Chapitre 6 • Espaces localement truc
242
III. Espaces localement connexes
C(a,ε)
p C(a,ε)
C(a,δ)
a
q p
J1 a
q
C(a,δ)
J2
J
Remarque III.15. Le théorème III.14 joue un rôle important dans l’extension par
Osgood, Taylor et Carathéodory du théorème de représentation conforme de Rie-
mann : « soit f : C0 → D une transformation conforme ; alors f se prolonge en un
homéomorphisme de Jˆ sur D » (cf. [Bu]).
243
Chapitre 6 • Espaces localement truc
Exercices
6.1 Soit f : X → Y une surjection continue ouverte ; montrer que si X est locale-
ment compact (resp. localement connexe), Y l’est aussi.
6.2 Soit (Xi )i∈I une famille d’espaces topologiques non vides, X leur produit. Mon-
trer qu’on a équivalence entre :
a) les Xi sont tous localement compacts et presque tous compacts.
b) X est localement compact.
6.4 Soit f : R → C continue et telle que lim x→−∞ f (x) = − et lim x→+∞ f (x) = +
existent dans C ; montrer que f est uniformément continue sur R.
6.6 Montrer que la classe des espaces métriques compacts et localement connexes
est stable par image continue.
6.7 Soit X un espace métrique compact tel que B(a, r) = B(a, r) pour tous a ∈ X,
r > 0.
a) Montrer que toute boule fermée de X est connexe.
b) Montrer que X est connexe et localement connexe.
244
Exercices
6.10 Montrer qu’un espace X connexe et localement connexe par arcs est connexe
par arcs.
6.11 Montrer qu’un ouvert ou un quotient ouvert d’un espace de Baire est encore
un espace de Baire.
A =]0, 1[\(D1 D2 ).
suit :
X = (D1 × [0, 1]) ∪ (D2 × D2 ) ∪ (A × D1 ).
245
Chapitre 6 • Espaces localement truc
6.16 Un espace topologique X est dit inépuisable s’il n’est pas réunion dénom-
brable de fermés non-vides deux à deux disjoints. Soit X un espace topologique tel
que :
1) X est localement connexe ;
2) les fermés non-vides de X sont des espaces de Baire ;
3) X est connexe.
∞
On se propose de montrer que X est inépuisable. On suppose donc que X = ∪ Fn , où
1
les Fn sont des fermés disjoints.
∞
a) Montrer que Y = ∪ ∂Fn est fermé dans X, et que chaque ∂Fn est d’intérieur vide
1
dans Y.
b) Montrer que Y = ∅, et que chaque Fn est ouvert.
c) Conclure.
On verra au chapitre suivant (ex. VII.7) qu’un continu (un espace à la fois compact
et connexe) est également inépuisable.
246
Corrigés
Corrigés
6.3 a) Si w = ru, avec r 0 et |u| = 1, et si on sait trouver z1 tel que zn1 = u, alors
1
z = r n z1 vérifie zn = w.
b) i) Γ est compact et g est continue sur Γ.
ii) Un développement limité donne, quand ε → 0 :
( )n n
ε2
1− ε2 + iε = 1 + iε − + O(ε3 )
2
2
ε2 n(n − 1) ε2 ε2 n(n − 1) 2
= 1 + n iε − + iε − + O(ε ) = 1 + n iε −
3
− ε + O(ε3 )
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
2 2 2 2 2
n2 2
= 1 + inε − ε + O(ε3 ) = 1 + inε + O(ε2 ).
2
# $
D’où g(zε ) = R (x + iy)(1 + inε + O(ε2 )) = x − nyε + O(ε2 ).
Mais g(zε ) g(z0 ) = x, d’où : −nyε + O(ε2 ) O.
En divisant par ε > 0 et en faisant tendre ε vers 0, il vient −ny + O(ε) 0, puis
−ny 0 et y 0.
En utilisant des ε < 0, on obtient de même y 0, d’où y = 0.
247
Chapitre 6 • Espaces localement truc
248
Corrigés
6.9 Si z = e2iπt avec 0 t < 1, posons g(z) = f (t) ; si zn = e2iπtn → z = e2iπt avec
0 t, tn < 1, soit (tnk ) une suite extraite convergeant vers s ; on en déduit e2iπs = e2iπt
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249
Chapitre 6 • Espaces localement truc
Ceci montre que A est ouvert et fermé dans X connexe, et que A = X ; X est donc
séparable.
250
Corrigés
251
Chapitre 6 • Espaces localement truc
252
D IMENSION
ET FRACTALITÉ
7
I NTRODUCTION
La dimension d’un objet mathématique X est à cet objet ce que la signature d’un
tableau de maître est à ce tableau : elle est à la fois cachée (comme peut l’être une si-
gnature de peintre, en latin, sous des couches de vernis) et précieuse : sa connaissance
n’identifie pas l’objet de façon unique (il y a beaucoup de Rubens), mais d’emblée
rend impossible de le confondre avec un certain nombre d’autres objets (Vermeer n’a
jamais peint de croûte...).
Les premières dimensions rencontrées en algèbre sont la cardinalité ou la dimen-
sion au sens des espaces vectoriels (il faut voir la dimension de X comme une sorte
de nombre attaché à X, encodant beaucoup d’informations sur X) ; ainsi, lorsque X
est un ensemble fini, toute injection f de X dans lui-même est une surjection ; en ef-
fet, f (X) ⊂ X a même « dimension cardinale » que X, donc f (X) = X (conséquence
non triviale : tout anneau intègre fini est un corps) ; ou bien toute injection linéaire f
d’un espace vectoriel de dimension finie X dans lui-même est une surjection ; en effet,
f (X) ⊂ X a même « dimension vectorielle » que X, donc f (X) = X (conséquence non
triviale : toute équation différentielle y
+ py
+ qy = 0, où p, q : [0, 1] → R sont
des fonctions continues, avec q(x) 0 pour 0 x 1, possède une unique solution
y avec y(0), y(1) imposés à l’avance) ; dans les deux cas précédents, la dimension est
un nombre entier ; mais, depuis le temps où l’on disait presque avec effroi qu’Einstein
avait découvert la quatrième dimension, les choses ont évolué : on sait qu’un espace
vectoriel peut avoir une dimension 100 000, voire une dimension infinie ; il est éga-
lement apparu, sous l’impulsion de Hausdorff, Kolmogorov et autres des dimensions
fractionnaires ; et plus récemment, sous l’impulsion des physiciens, des dimensions
négatives...
Les probabilités ne sont pas absentes de ces préoccupations, comme le montre
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
l’exemple suivant : soit (Xt )t∈T , un processus gaussien centré à covariance continue,
qui induit sur l’espace topologique T la métrique d définie par d(s, t) = X s − Xt 2 .
On cherche des conditions raisonnablement générales pour que le processus ait une
version continue. Le mathématicien américain R. Dudley a donné en 1967 une telle
condition suffisante : soit N(ε) le nombre minimum de boules fermées de rayon ε
pour la métrique d nécessaires pour recouvrir T . Si
∞
log N(ε)dε < ∞,
0
253
Chapitre 7 • Dimension et fractalité
I D IMENSION DE BOÎTE
( OU DIMENSION MÉTRIQUE )
I.1 Définitions générales
Soit E une partie précompacte non vide d’un espace métrique (X, d) (le plus souvent,
X sera Rn , d la métrique euclidienne usuelle, et E une partie bornée de Rn ). Pour
chaque ε > 0, E peut donc être recouvert par un nombre fini de boules fermées de
>
rayon ε, centrées ou non dans E, et on s’intéresse au comportement, quand ε → 0,
du plus petit nombre NE (ε) de telles boules fermées recouvrant E ; ce comportement
donne une idée de la taille de E, qui peut ainsi être « enfermé » dans des petites boîtes
de rayon ε, en nombre NE (ε), à l’échelle ε.
Souvent, NE (ε) se comporte comme une puissance (1/ε)α de 1/ε, et ce qui est
significatif est l’exposant α ; si on avait, pour ε < 1, C1 ε−α NE (ε) C2 ε−α , où C1
et C2 sont des constantes > 0, α s’obtiendrait à partir de NE (ε) par la relation
log NE (ε)
α = lim .
>
ε→0 log 1/ε
254
I. Dimension de boîte (ou dimension métrique)
log NE (ε)
dim B (E) = lim sup +∞. (I.1)
> log 1/ε
ε→0
log NE (ε)
dim B (E) = lim inf +∞. (I.2)
>
ε→0 log 1/ε
log NE (ε)
dimB (E) = lim +∞. (I.3)
>
ε→0 log 1/ε
Dans la plupart des exemples, la limite existera effectivement. Si E n’est pas pré-
compact, on convient que dim B (E) = +∞. Si on s’était limité à des recouvrements de
E par des boules centrées dans E, cela n’aurait rien changé aux dimensions, vu l’arbi-
n
traire sur ε ; par exemple, si E ⊂ ∪ B (x j , ε), x j ∈ X, désignons par I l’ensemble des
j=1
j n tels que B (x j , ε) ∩ E ∅ (les autres boules ne servent à rien !) et choisissons
y j ∈ B (x j , ε) ∩ E, pour chaque j ∈ I ; nous voyons alors que E ⊂ ∪ B (y j , 2ε),
j∈I
avec y j ∈ E et | I | n.
255
Chapitre 7 • Dimension et fractalité
Démonstration. Soit p = PE (ε) (noter que p < ∞, car E est précompact), et soit
p
x1 , . . . , x p ∈ E avec d (xi , x j ) > ε si i j ; si maintenant x ∈ E et x ∪ B(x j , ε),
j=1
les points x, x1 , . . . , x p sont mutuellement distants de plus de ε, donc PE (ε) p + 1,
p
ce qui est absurde ; donc, E ⊂ ∪ B (x j , ε), et NE (ε) p = PE (ε). Soit ensuite
(ε) j=1
q ( ε)
q = NE et y1 , . . . , yq ∈ X avec E ⊂ ∪ B y j . Pour chaque u ∈ {1, . . . , p}, il
2 j=1 2
ε
existe ϕ(u) ∈ {1, . . . , q} tel que d (xu , yϕ(u) ) ; et si ϕ (u) = ϕ (v) = j, on a :
2
ε ε
d (xu , xv ) d (xu , y j ) + d (y j , xv ) + = ε,
2 2
d’où u = v ; ainsi, ϕ est une injection de {1, . . . , p} dans {1, . . . , q}, d’où p q. ❑
Alors on a :
1
dim B ( f (E)) dimB (E). (I.5)
α
256
I. Dimension de boîte (ou dimension métrique)
(δ)
Démonstration. Soit ε > 0, δ > 0 défini par Cδα = ε, et p = NE ; comme on
2
p
l’a vu, on peut trouver x1 , . . . , x p ∈ E tels que E ⊂ ∪ B (x j , δ) ; d’où F = f (E) ⊂
j=1
p p (δ)
∪ B ( f (x j ), Cδα ) = ∪ B ( f (x j ), ε), et NF (ε) NE . Soit maintenant ρ > 0, et
j=1 j=1 2
d = dimB (E). Pour ε > 0 assez petit, on a :
(δ) d+ρ
2
NE ,
2 δ
d’où
d+ρ d+ρ
2 2 C 1/α
NF (ε) = ;
δ ε1/α
log NF (ε) d+ρ d
il en résulte que lim , et dimB (F) , puisque ρ > 0 est
log 1/ε α α
arbitrairement petit. ❑
I.3 Exemples
Exemple 1 : Ensemble de type Cantor
& %
1
Soit r un réel ∈ 0, et K = K (r) le compact fixe associé aux deux contractions f1
2
et f2 : R → R définies par f1 (x) = r x et f2 (x) = r x + 1 − r.
K s’appelle l’ensemble de Cantor de rapport de dissection r : pour r = 1/3, on
a l’ensemble triadique de Cantor. K peut se décrire ainsi : c’est l’ensemble des x ∈
∞
[0, 1] qui s’écrivent : x = (1 − r) x j r j , avec x j = 0 ou 1.
j=0
Soit en effet L l’ensemble des x s’écrivant ainsi : L est compact, car L = ϕ (A),
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
où A est le Cantor abstrait {0, 1}N (cf. chapitre III) et ϕ l’application continue définie
∞
par : ϕ ((x j )) = (1 − r) x j r j . Et on voit que :
j=0
⎧ ⎫
⎪
⎪
⎨ ∞ ⎪
⎪
j+1 ⎬
f1 (L) = ⎪
⎪(1 − r) x r ⎪
⎪
⎩ j
⎭
0
⎧ ⎫
⎪
⎪
⎨
∞ ⎪
⎪
⎬
=⎪⎪y = (1 − r) y j r j ; y0 = 0 et (y j ) ∈ A⎪
⎪
⎩ ⎭
0
257
Chapitre 7 • Dimension et fractalité
⎧ ⎛ ⎞⎫
⎪
⎪
⎨ ⎜⎜⎜
∞ ⎟⎟⎟⎪
⎪
⎬
f2 (L) = ⎪(1 − r) ⎜⎜⎜1 + x j r ⎟⎟⎟⎠⎪
j+1
⎪
⎩ ⎝ ⎪
⎭
0
⎧ ⎫
⎪
⎪
⎨
∞ ⎪
⎪
⎬
=⎪
⎪y = (1 − r) y j r j ; y0 = 1 et (y j ) ∈ A⎪
⎪ .
⎩ ⎭
0
log ε 1 log 2
n< , et 2n = exp n log 2 < exp log .
log r ε log 1/r
log 2
1 log 1/r log 2
Ainsi : NK (ε) 2 . Il en résulte déjà que dim B (K) .
ε log 1/r
n−1
n−1
D’autre part, si u = (1 − r) u j r et v = (1 − r)
j
v j r j ∈ S , avec u v, soit k
0 0
le plus petit entier n − 1 tel que uk vk , par exemple uk = 0 et vk = 1.
Alors :
rk+1
v − u (1 − r) (rk − rk+1 − rk+2 − . . .) = (1 − r) rk −
1−r
= (1 − 2r) rk (1 − 2r)rn−1
(1 − 2r) n (1 − 2r)
= r > ε.
r r
1 − 2r
En posant λ = , on voit que PK (λε) | S | = 2n .
r
258
I. Dimension de boîte (ou dimension métrique)
1 1
NK (ε) n0 , avec n0 ∼ ; d’où dim B (K) .
ε α
La relation (I.7) indique qu’il y a un recouvrement plus économique (ce n’est pas
l’inverse de x → x−α qui compte, mais l’inverse de la dérivée de cette fonction) % de
& K;
1
soit pour cela 0 < ε < 1, p un entier 1 à ajuster, K p = {i−α ; i < p}, et N = + 1,
ε
où [ ] désigne la partie entière. % &
−α j j+1
On recouvre K par les boules B(i , ε) et par les intervalles , , avec i < p
N N
−α
et j entier %N p−α ; en & effet, si i K p , c’est-à-dire si i p, i−α tombe dans
j j+1 j 1
un intervalle , , avec i−α p−α . A fortiori, puisque ε, on a
N N N N
( j )
l’inclusion K ⊂ ∪ B (i−α , ε) ∪ ∪ −α B ,ε .
i<p jN p N
Il en résulte que :
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
2p−α
NK (ε) p − 1 + N p−α p + .
ε
On optimise maintenant (approximativement) en p l’inégalité précédente en donnant
α+1
1
2 p−α 2 p−α 2
aux deux termes p et le même poids : p = , soit p = ; comme p
ε ε ε
⎡ ⎤ α+1
⎢⎢⎢ 2 α+1
1
⎥⎥⎥ 1
1
α
Soit d’autre part q le plus grand entier tel que ε (q vaut approximativement
qα+1
l’entier p précédent), alors les points i−α , où i q sont mutuellements distants de
plus de ε ; car si i−α , j−α (i < j) sont deux tels points, le théorème des accroissements
finis montre que :
α α
i−α − j−α i−α − (i + 1)−α > ε.
(i + 1)α+1 qα+1
( α ) α+1
1
lim log PE (ε) 1
Il en résulte que PE (ε) q ; or q ∼ , donc >
, et
ε ε → 0 log 1/ε α+1
d’après (I.4) :
lim log NE (ε) lim log PE (2 ε) 1
>
> .
ε → 0 log 1/ε ε → 0 log 1/ε α+1
1
Ainsi : dim B (K) , ce qui achève de prouver (I.7).
α+1
p
p
p
m (E) m (x j + ε E) = m (ε E) = εn m (E),
j=1 j=1 j=1
260
I. Dimension de boîte (ou dimension métrique)
( ε ) q = PE (ε), et y1 , . . . , yq ∈ E, avec
Soit maintenant ( ||yi − εy )j || > ε si i j. Alors, les
boules B yi , sont disjointes et incluses dans B 0, 1 + , soit
2 2
q( ε ) ( ε)
yi + E ⊂ 1 + E.
i=1 2 2
(I.9) et (I.10) montrent que dim B (E) = n = dim X. Supposons réciproquement que E
1
est compacte, et fixons 0 < ε < . Soit X0 un sous-espace de dimension finie de X,
2
E0 = E ∩ X0 sa boule unité.
Alors, on a vu dans les définitions générales que NE
0 (2ε) NE0 (ε) NE (ε) (où
NE0 (2ε) désigne le nombre minimum de boules fermées de rayon 2ε centrées dans
X0 nécessaires pour recouvrir E0 ), et (I.9) pour X0 entraîne :
log NE
0 (2ε) log NE (ε)
dim X0 = C (ε).
log 1/2ε log 1/2ε
Ceci montre que les sous-espaces de dimension finie de X ont une dimension blo-
quée à C (ε) ; ainsi, X lui-même est de dimension finie C (ε), ce qui achève de
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
prouver (I.8).
Remarque I.3. Il ne faudrait pas croire qu’un compact a toujours une dimension
de boîte finie ; soit par exemple H un espace de Hilbert de dimension infinie,'(en )n1
en
une suite orthonormale de H, et K ⊂ H le compact : K = , n 1 ∪ {0}
log (n + 1)
(une suite convergente et sa limite).
1
Alors, on a dimB (K) = ∞. Pour le voir, choisissons 0 < ε , et notons q le
log 2
1
plus grand entier tel que ε. Alors, q ∼ e1/ε , et PE (ε) q.
log (q + 1)
261
Chapitre 7 • Dimension et fractalité
en
En effet, les points , 1 n q, sont mutuellement distants de plus de ε,
log (n + 1)
car si 1 i < j q, on a :
55 55 <
55 ei ej 55 1 1
55 − 55 = +
log (i + 1) log ( j + 1) log (i + 1) log ( j + 1)
2 2
1 1
> ε
log (i + 1) log (q + 1)
log PK (ε)
Il en résulte clairement que lim = ∞, d’où dimB (K) = ∞, d’après la
log 1/ε
Proposition I.1.
N
ris = 1. (I.12)
i=1
262
I. Dimension de boîte (ou dimension métrique)
G p = S i1 ◦ . . . ◦ S i p (K)
N
= S i1 ◦ . . . ◦ S i p ∪ S i (K)
i=1
N
= ∪ S i1 ◦ . . . ◦ S i p ◦ S i (K)
i=1
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
N
= ∪ Ki1 ,...,i p ,i ⊃ Ki1 ,...,i p ,i p+1 = G p+1 .
i=1
p
De plus, si diam K = d, on a diam Ki1 ,...,i p = ri1 . . . ri p d rN d, donc diam G p → 0,
et les compacts G p ont une intersection réduite à un point, qu’on appelle h(x). La
proposition préliminaire suivante, d’intérêt indépendant, donne une description de
K, qui vaut d’ailleurs pour des contractions quelconques S 1 , . . . , S N d’un espace
métrique complet.
263
Chapitre 7 • Dimension et fractalité
V = {y ∈ F ; i1 (y) = i1 , . . . , i p (y) = i p }.
y ∈ V ⇒ | h (y) − h (x) | ri . . . ri p d ε.
Soit x = (i1 . . . , i p , . . .) ∈ F ; d’après (I.14), h(x) est l’unique point de Ki1 ∩Ki1 ,i2 ∩. . .,
donc h(x) = y.
b) Soit α = i1 , . . . , i p ! et soit x ∈ F obtenu en répétant périodiquement le motif α :
x = i1 , . . . , i p , i1 , . . . , i p , . . . ;
264
I. Dimension de boîte (ou dimension métrique)
La preuve est basée sur le lemme suivant, qui demande quelques notations préli-
minaires :
Pour r > 0, désignons par I = I (r) l’ensemble des mots minimaux α = i1 , . . . , i p !
tels que rα = ri1 . . . ri p r. Autrement dit, α ∈ I si et seulement si on a ri1 . . . ri p r
et ri1 . . . ri p−1 > r (observer que, si p = 1, un mot i1 ! tel que ri1 r sera automati-
p p
quement minimal) ; I est non vide, car ri1 . . . ri p rN , et rN → 0 quand p → ∞.
Posons aussi S (r) = ρα ; nous allons voir que :
α∈I (r)
Démonstration. L’égalité du lemme est basée sur les deux faits suivants :
S (r) = 1 si r rN . (I.16)
N
En effet, si r rN , I (r) est constitué des mots 1!, . . . , N!, donc S (r) = ρi = 1,
i=1
d’après l’équation d’auto-similarité (I.12) (rappelons que ρi = ris ).
N
r
S (r) = ρj S , ∀r > 0. (I.17)
j=1
rj
r r r
r2 . . . ri p−1 > et r2 . . . ri p , c’est-à-dire i2 , . . . , i p ! ∈ I .
r1 r1 r1
r
D’où : ρα = r1s ρβ = r1s S .
α∈I
( ) r1
1
β∈I r
r1
r r
Plus généralement, ρα = r sj S = ρj S , 1 j N, et en ajoutant ces
α∈I j
rj rj
relations, on obtient (I.17). Soit pour finir T l’ensemble des t > 0 tels que S (r) = 1
si r t, et m = inf T (T n’est pas vide, car (I.16) montre que rN ∈ T ). Notons que
S (r) = 1 sur ]m, ∞[ ; en effet, si r > m, il existe t ∈ T tel que t r. Supposons
265
Chapitre 7 • Dimension et fractalité
r r
m > 0 et posons μ = m rN < m. Si r > μ, on a ... > m, d’où S (r) =
r1 rN
N N
r
ρi S = ρi = 1 ; mais alors ]μ, ∞[⊂ T , ce qui contredit la définition de
1
ri 1
m ; ainsi, m = 0, ce qui prouve le lemme. Cela permet de majorer le cardinal de I (r)
comme suit :
| I (r) | r−s r1−s si 0 < r < 1. (I.18)
En effet, pour α ∈ I (r), on a ρα r s r1s ; car ou bien α = i1 !, alors ρα = ris1 r1s
r1s r s ; ou bien α = i1 , . . . , i p ! avec p 2, alors ρα = (ri1 . . . ri p−1 )s risp r s risp r s r1s .
Le lemme I.5 montre ensuite que 1 = ρα r s r1s = r s r1s | I (r) |, ce qui
α∈I(r) α∈I(r)
prouve (I.18). D’autre part, K ⊂ ∪ Kα .
α∈I (r)
Soit en effet y ∈ K, x = (i1 , . . . , i p , . . .) ∈ F tel que y = h(x), et p tel que α =
i1 , . . . , i p !, le début de x, soit dans I(r) ; d’après la preuve de la proposition I.3, on
sait que y = h(x) ∈ Kα .
ε
Soit maintenant 0 < ε < d (où d = diam K), et r = < 1.
d
Si α ∈ I (r), on a diam Kα = rα d rd = ε, et l’inclusion précédente montre alors
s
1
que NK (ε) | I (r) | r−s r1−s = d s r1−s , d’après (I.18).
ε
Cette inégalité achève la preuve du théorème I.4. ❑
266
I. Dimension de boîte (ou dimension métrique)
I.4 Applications
• Courbe de Péano
Un célèbre théorème de Péano affirme l’existence d’une surjection continue
1
le carré unité de R2 = C, et on peut même choisir f höldérienne d’ordre :
2
1
Proposition I.8. Si α > , il n’existe pas de surjection α-höldérienne
2
1 1
dimB f ([0, 1]) dimB ([0, 1]) = .
α α
1
Ainsi, dimB f ([0, 1]) < 2 = dimB (K), et f ([0, 1]) a une dimension supérieure de
α
boîte trop petite pour être égal à K : f n’est pas surjective. ❑
On montre de même que si f : [0, 1] p → [0, 1]q , avec p < q, est une surjection
α-höldérienne, on doit avoir α qp . On montre aussi que cette valeur limite qp est
permise.
267
Chapitre 7 • Dimension et fractalité
γ : [0, 1] → S 2 . (I.19)
f g f g, ∀ f , g ∈ A.
268
II. Dimension de Hausdorff
Donc, ϕ(X) E. Ces considérations sont implicites dans la preuve donnée, et c’est
la notion de dimension de boîte qui fournit une preuve claire de (∗).
II D IMENSION DE H AUSDORFF
II.1 Définitions
Soit (X, d) une espace métrique séparable (qui sera le plus souvent Rn avec sa norme
euclidienne) ; soit E ⊂ X, et s > 0. On appelle s− mesure de E, et on note H s (E),
l’élément de [0, ∞] ainsi défini :
H s (E) = lim ↑ Hεs (E) = sup Hεs (E) (II.1)
>
ε→0 ε>0
avec ⎧∞ ⎫
⎪
⎨
⎪ ∞ ⎪ ⎪
⎬
Hεs (E) = inf ⎪
⎪ (diam B ) s
; E ⊂ ∪ B ⎪
⎪ , (II.2)
⎩ i
1
i
⎭
i=1
où les Bi sont des boules (fermées) de X, de diamètre ε : diam Bi ε.
On observera que, X étant séparable, on peut pour tout ε > 0 recouvrir E par
ε
une suite de boules de rayon , donc de diamètre ε. Là aussi, à l’échelle ε,
2
on recouvre un gros objet (E) par de petits objets (les Bi), de la manière la plus
économique possible : mais au lieu d’affecter chaque Bi consommé du poids 1 comme
c’est le cas pour : ⎧ p ⎫
⎪
⎨
⎪ p ⎪
⎪
⎬
NE (ε) = inf ⎪
⎪ 1 ; E ⊂ ∪ B i⎪
⎪ ,
⎩ 1 ⎭
1
)s ,
on affecte chaque Bi du poids (diam Bi ce qui analyse plus finement E que ne le fait
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
H
s (E) H s (E) 2s H
s (E) pour tout E ⊂ X.
Mais nous nous en tiendrons à la définition donnée, qui facilite la preuve de certains
énoncés (cf. Proposition II.2), tout en donnant les mêmes dimensions de Hausdorff.
269
Chapitre 7 • Dimension et fractalité
Rappelons (selon Carathéodory) qu’une mesure extérieure μ sur X est une appli-
cation μ : P(X) −→ [0, ∞] qui est nulle en ∅ (μ(∅) = 0), croissante (A ⊂ B ⇒ μ(A)
μ(B)), et σ-sous-additive :
(∞ ) ∞
μ ∪ En μ(En ), ∀ (En )n1 , En ⊂ X. (II.3)
n=1
n=1
(cf. [Ma]).
Rappelons que d(E, F) = inf {d(x, y) ; x ∈ E, y ∈ F}. La relation (II.4) exprime que
quand E et F sont « fortement disjoints », μ se comporte comme une vraie mesure sur
E F. À chaque mesure extérieure μ est associée la tribu A des parties μ-mesurables
A (cf. [De2 ]) définie par :
Alors, la restriction de μ à A est une vraie mesure, i.e. est σ-additive. Soit
B = σ(O) la tribu borélienne de (X, d), c’est-à-dire la tribu engendrée par la fa-
mille O des ouverts de X ; l’intérêt de la notion de mesure extérieure métrique est le
suivant ([Fe]) :
∞
s
∞
−n
Hεs (E) (diam Bi,n )
s
Hε (En ) + ρ2 = Hεs (En ) + ρ.
i,n n=1 n=1
270
II. Dimension de Hausdorff
En faisant tendre ρ vers zéro, on obtient l’inégalité annoncée, qui implique Hεs (E)
∞
H s (En ) ; puis en faisant tendre ε vers zéro, on obtient l’inégalité (II.3) pour μ.
n=1
Soit maintenant E, F ⊂ X avec d(E, F) = δ > 0. Soit ε < δ, ρ > 0. On peut trouver
un recouvrement de E ∪ F par des boules Bi de diamètre ε, tel que :
∞
(diam Bi )s Hεs (E ∪ F) + ρ.
i=1
Soit I l’ensemble des i tels que Bi coupe E, et J l’ensemble des i tels que Bi coupe
F ; I et J sont disjoints, car si x ∈ E ∩ Bi et y ∈ F ∩ Bi , on a d(E, F) d(x, y)
diam Bi ε < δ. Et de plus E ⊂ ∪ Bi, F ⊂ ∪ Bi, d’où :
i∈I i∈J
Hεs (E) + Hεs (F) (diam Bi)s + (diam Bi)s =
i∈I i∈J
∞
(diam Bi )s (diam Bi )s Hεs (E ∪ F) + ρ.
i∈I∪J i=1
En faisant tendre ρ vers zéro : Hεs (E) + Hεs (F) = Hεs (E ∪ F) si ε < δ.
En faisant tendre ε vers zéro : H s (E) + H s (F) = H s (E ∪ F). ❑
πn/2
Vn = (n ).
Γ +1
2
On a la :
2n
Proposition II.2. Soit γn = .
Vn
Alors :
H n (E) = γn vn (E), pour tout borélien E de Rn . (II.8)
271
Chapitre 7 • Dimension et fractalité
Soit pour cela q = PE (ε), et soit x1 , . . . , xq ∈ E tels que ||xi −x j || > ε si i j. On utilise
un argument déja vu dans l’exemple 3 de I, en posant E( ε = {x) ∈ Rn ; d(x, E) ε}, et
q ε
en prenant les volumes dans l’inclusion disjointe B̄ xi ; ⊂ Eε .
( ε )n i=1 2
On obtient alors : q Vn vn (Eε ), soit q γn ε−n vn (Eε ).
2
q
Et l’inclusion E ⊂ ∪ B̄(xi , ε) montre que H2ε n (E) q(2ε)n 2n γ v (E ).
n n ε
i=1
En faisant tendre ε vers zéro, on obtient (II.10), qui s’étend facilement à tout boré-
lien E de Rn .
Pour se débarrasser du facteur parasite 2n , on utilise un lemme de type Vitali :
• On dira qu’une famille B de boules fermées non réduites à des points de Rn re-
couvre finement E ⊂ Rn si
272
II. Dimension de Hausdorff
Comme les preuves de Federer sont parfois cryptiques, nous détaillons la preuve de
cet important lemme de Vitali pour la commodité du lecteur. D’autant que ce lemme
a beaucoup d’autres applications, notamment en théorie de l’intégration.
Rappelons qu’un ensemble non-vide partiellement ordonné (Ω, ) est dit inductif
si toute partie totalement ordonnée (ou chaîne) Ω
⊂ Ω admet un majorant et qu’un
élément m de Ω est dit maximal si, étant donné x ∈ Ω, ou bien x n’est pas comparable
à m pour l’ordre, ou bien il est plus petit que m, i.e. x m. Nous allons utiliser le
célèbre lemme de Zorn (même si on pourrait s’en passer ici, mais son utilisation
permet de traiter aussi le cas où l’espace métrique E est non-séparable). Ce lemme
est aussi d’une grande utilité en algèbre (existence d’idéaux maximaux, de bases dans
les espaces vectoriels, etc.)
Lemme II.4 (Zorn). Tout ensemble inductif possède au moins un élément maximal.
Nous désignerons par r(B) le rayon de la boule fermée B et par B̃, ou 5B, la boule
fermée de même centre que B et de rayon cinq fois plus grand. Un premier point
essentiel dans nos hypothèses est que
Le point de départ de la preuve est une observation simple : si A et B sont deux boules
fermées, alors
B ∩ A ∅ et r(B) 2r(A) ⇒ B ⊂ Ã. (II.13)
Notons en effet c le centre de A, et soit y ∈ A ∩ B. Si x ∈ B, l’inégalité triangulaire
nous donne
d(x, c) d(x, y) + d(y, c) 2r(B) + r(A) 5r(A)
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
partiellement ordonné par l’inclusion des familles (en clair, ou bien B ne coupe aucun
élément de C, ou bien il coupe un élément de C de rayon plus grand que la moitié de
celui de B). Une première remarque, triviale mais nécessaire, est que Ω ∅. Soit en
273
Chapitre 7 • Dimension et fractalité
puisque le sup du membre de droite est fini par hypothèse. Considérons la famille
D = C ∪ {W}. Cette famille disjointe majore strictement C pour l’inclusion, car
W C (on aurait sinon W = W ∩ W = ∅ puisque W ∈ K !). De plus, cette famille est
un élément de Ω. Soit en effet B ∈ B. Distinguons trois cas :
• B ∩ D = ∅ ; rien à ajouter.
• B coupe un S ∈ C tel que r(B) 2r(S ). On a aussi S ∈ D.
• B ∩ C = ∅, mais B ∩ W ∅. Alors, B ∈ K, W ∈ D et par choix de W, on a
r(B) 2r(W).
Ceci contredit la maximalité de C et montre (II.15) par l’absurde.
Ensuite, puisque les boules de C sont deux à deux disjointes et puisque nous
sommes dans l’espace métrique séparable E ⊂ Rn , elles sont en nombre au plus
dénombrable, et on peut les numéroter en une suite (Bi )i1 . Fixant l’entier N, et po-
sant H = ∪i=1
N B (un ensemble fermé, comme union finie de fermés), nous allons
i
montrer que 6
E\H ⊂ B̃i . (II.16)
i>N
Soit en effet x ∈ E\H et ρ = d(x, H) > 0 puisque H est fermé. Le second point
essentiel est que, d’après l’hypothèse de recouvrement fin, on peut trouver B ∈ B
telle que x ∈ B et 2r(B) < ρ. La relation (II.15) montre qu’il existe i tel que B∩ Bi ∅
et r(B) 2r(Bi ). Si i N, fixons y ∈ B ∩ Bi ⊂ H. Nous avons
274
II. Dimension de Hausdorff
ce qui contredit la définition de ρ. Donc i > N. Ceci via (II.13) nous donne x ∈ B et
B ⊂ B̃i avec i > N, et achève la démonstration du lemme II.3.
Voici comment finir la preuve de la proposition II.2 : on peut supposer E borné ;
soit V un ouvert borné contenant E, et ε > 0 ; désignons par B la famille des boules
fermées B telles que B ⊂ V et diam B̃ ε.
Il est clair que B recouvre finement E, on peut donc trouver une suite (Bi) comme
dans le lemme II.3.
∞
Observons que : (diam Bi )n < ∞.
i=1
∞
∞ ∞
En effet, (diam Bi )n = γn vn (Bi ) = γn vn ( ∪ Bi) γn vn (V) < ∞.
i=1 i=1 i=1
∞
Puisque (diam B̃i )n = (diam B̃i)n < ∞.
5n (diam Bi)n , on a aussi
i=1
Étant donné ρ > 0, on peut donc trouver N tel que (diam B̃i)n ρ. Le
iN+1
N ∞
lemme II.3 montre que E ⊂ ∪ Bi ∪ ∪ B̃i , avec diam Bi diam B̃i ε, d’où :
1 N+1
N
∞
N
Hεn (E) (diam Bi ) +
n
(diam B̃i )
n
(diam Bi)n + ρ
1 N+1 1
N
= γn vn (Bi ) + ρ
1
N
= γn vn ∪ Bi + ρ γn vn (V) + ρ.
1
D’où successivement (rappelons que vn est une mesure régulière, c’est-à-dire que
vn (E) = inf {vn (V) ; V ouvert,V ⊃ E}) :
275
Chapitre 7 • Dimension et fractalité
Démonstration. a) On a par définition Hεt (E) εt−s Hεs (E) εt−s H s (E).
b) c’est la contraposée de a). ❑
Démonstration. a) Évident.
b) On peut supposer supn dim H (En ) = s0 < ∞. Si t > s0 , le lemme II.4 et la proposi-
∞ ∞
∞
tion II.1 montrent que H (∪ En )
t H t (En ) = 0, d’où dimH (∪ En ) s0 .
1 1
1
De plus, un singleton E = {a} est de dimension de Hausdorff nulle car on a pour
ε
tous s, ε, ρ > 0, avec ρ : E ⊂ B̄(a, ρ) = B, avec diam B ε, d’où successive-
2
ment :
Hεs (E) (2ρ)s , Hεs (E) = 0, H s (E) = 0.
D’après la première partie du b), un ensemble dénombrable est donc de dimension
de Hausdorff nulle.
c) Soit F = f (E), s > s0 = dimH (E), ε et ρ > 0, δ > 0 tel que 2Cδα = ε.
276
II. Dimension de Hausdorff
Démonstration. On peut supposer α = dimB (E) < ∞ ; soit β > α ; on peut trouver
β
log NE (ε) 1
des ε > 0 arbitrairement petits pour lesquels β, soit p = NE (ε) ;
log 1/ε ε
p β
pour de tels ε, on a une inclusion E ⊂ ∪ B̄(xi , ε), d’où H2ε (E) p(2ε)β 2β ; cela
i=1
montre que H β (E) 2β , et dim H (E) β ; puis dim H (E) α, en faisant tendre β
vers α. ❑
277
Chapitre 7 • Dimension et fractalité
Cette proposition montre qu’il est plus facile de majorer la dimension de Hausdorff
de E (il suffit d’exhiber un bon recouvrement de E) que de la minorer (il faut analyser
tous les recouvrements de E). Et, de même que les nombres de packing permettent de
minorer la dimension de boîte, de même la notion de mesure de Frostman permet
de minorer la dimension de Hausdorff : soit A un borélien de Rn et s > 0 ; une mesure
de probabilité borélienne μ portée par A s’appelle une mesure de Frostman pour A (et
pour l’exposant s) s’il existe une constante C > 0 telle que :
∞
∞
1 = μ(A) μ(Bi) C (diam Bi )s .
1 i=1
D’où successivement :
1 1
Hεs (A) ; H s (A) ; dimH (A) s. ❑
C C
Ceci est en fait la partie facile (mais utile !) du lemme de Frostman ; ce dernier dit
aussi que, si H s (A) > 0, alors A porte une mesure de probabilité vérifiant (II.18) (cf.
[Ka]).
II.3 Exemples
Exemple 1 : Ensemble de Cantor
1
Soit K = Kr 0 < r < le compact de l’exemple 1 du paragraphe I ; on va voir que :
2
log 2
dimH (K) = . (II.20)
log 1/r
Cet exemple est un cas particulier de l’exemple 2 qui suit, mais on le traite directe-
ment : c’est l’occasion de voir fonctionner le lemme de Frostman sur un cas simple ;
on peut coder K à partir du Cantor abstrait A = {0, 1}N (cf. chapitre 3) par l’applica-
∞
tion ϕ : A → K définie par ϕ(x) = (1 − r) x j r j si x = (x j ) j0 ∈ A, avec x j = 0
0
ou 1.
278
II. Dimension de Hausdorff
Soit σ la probabilité de pile ou face sur chaque facteur {0, 1}, i.e.
1
σ{0} = σ{1} = .
2
=
∞
Soit τ la probabilité produit tensoriel infini de σ par elle-même : τ = σ.
1
Par définition, si B0 . . ., Bn sont des parties de {0, 1} et si B0 × . . . × Bn = {x ∈
A; x j ∈ B j pour 0 j n}, on a : τ(B0 × . . . × Bn ) = σ(B0 ) . . . σ(Bn ).
Soit enfin μ = ϕ(τ) l’image de τ par ϕ, c’est-à-dire : μ(B) = τ(ϕ−1 (B)) pour tout
borélien B de R.
μ est bien définie, car ϕ est continue, donc borélienne ; c’est une mesure de proba-
bilité borélienne portée par K, et on va voir que c’est une mesure de Frostman pour K
log 2
et pour l’exposant s = . Soit pour cela B une boule fermée de R, de diamètre
log 1/r
0 < d < 1 − 2r, et soit n l’entier 0 tel que rn+1 (1 − 2r) d < rn (1 − 2r).
Fixons x = (x j ) ∈ ϕ−1 (B) ; si x
= (x
j ) ∈ ϕ−1 (B), je dis que x
j = x j si j n.
En effet, on a vu dans l’exemple 1 de I que, si k est le plus petit entier tel que
xk x
k , on a |ϕ(x) − ϕ(x
)| rk (1 − 2r).
D’autre part, |ϕ(x) − ϕ(x
)| diam B = d < rn (1 − 2r), d’où rk < rn , et k > n.
Cela montre que ϕ−1 (B) ⊂ B0 × . . . × Bn , où B j est le singleton {x j }.
Par suite :
n+1
−1 1
μ(B) = τ(ϕ (B)) τ(B0 × . . . × Bn ) = σ(B0 ) . . . σ(Bn ) = .
2
Or, s
1
= 2,
r
donc
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
1
n+1 s
= rn+1
2
et
d
s
n+1 s
μ(B) r .
1 − 2r
μ(B) 1
Si maintenant B est de diamètre d 1 − 2r, on a .
(diam B)s (1 − 2r)s
−s
On a donc toujours μ(B) C(diam B) , avec C = (1 − 2r) , et le lemme de
s
log 2
Frostman montre que dimH (K) s = .
log 1/r
279
Chapitre 7 • Dimension et fractalité
N
N
H t (K) = H t (S i (K)) = rit H t (K),
1 1
280
II. Dimension de Hausdorff
Cas 2 : p < q.
On ne peut avoir i1 , . . . , i p ! = j1 , . . . , j p !, puisque par définition ri1 . . . ri p r et
r j1 . . . r j p > r ; il existe donc un premier indice k + 1 p tel que ik+1 jk+1 , et on
peut raisonner comme dans le cas 1.
Soit maintenant B = B(a, r) une boule fermée de rayon r ; soit J l’ensemble des
mots α ∈ I = I(r) tels que Oα ∩ B φ ; pour un mot α = i1 , . . . , i p !, on désigne par
Fα le cylindre de F constitué des x = (i1 (x), i2 (x), . . . , ) tels que i1 (x) = i1 , i2 (x) =
i2 , . . . i p (x) = i p .
L’ultime étape est la suivante (rappelons que |J| désigne le cardinal de l’ensemble
fini J).
281
Chapitre 7 • Dimension et fractalité
On a donc montré que μ était une mesure de Frostman pour K ; le lemme de Frostman
montre que dimH (K) s, soit dim H (K) = s d’après a). Enfin, le théorème I.4 et la
proposition II.6 montrent que :
s = dim H (K) dim B (K) dimB (K) s,
d’où dimB (K) = s, ce qui achève la démonstration du théorème II.8. ❑
a2
a0 a1 a3 a4
Figure 7.1
z iz 1 −iz 1 + i z 1
S 0 (z) = , S 1 (z) = + , S 2 (z) = + , S 3 (z) = + ,
2 2 2 2 2 2 2
et ce sont des applications affines ; par conséquent :
a2
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
p q
S1(Δ) S2(Δ)
S0(Δ) S3(Δ)
a0 a1= a3 a4
Figure 7.2
On a donc :
283
Chapitre 7 • Dimension et fractalité
1 1
Dans le cas < α , la condition de Moran est satisfaite avec comme ou-
4 2
vert borné l’intérieur O du triangle Δ. En effet, S j (O) est l’intérieur du triangle
T j = a j S j (a2 )a j+1 , et on voit facilement que ces triangles sont contenus dans O
et d’intérieurs disjoints (cf. figure pour α = 1/2). On peut donc appliquer le théo-
rème II.8, et K, appelée courbe de von Koch (la courbe de von Koch usuelle corres-
1
pond à α = , mais il est commode d’introduire un paramètre α) a pour dimension
3
de Hausdorff la dimension de similarité donnée par 4 · α s = 1, c’est-à-dire :
log 4
dimH (K) = .
log 1/α
K s’appelle courbe de von Koch parce que c’est effectivement une courbe !
Soit pour cela X = { f : [0, 1] → C , continues, telles que f (0) = 0 et f (1) = 1},
avec la métrique naturelle d( f , g) = sup0t1 | f (t) − g(t)|, qui en fait un espace mé-
trique complet. Et soit U : X → X définie par :
j j+1
t
U f (t) = S j [ f (4t − j)] si , j = 0, 1, 2, 3
4 4
% &
j j+1
(observer que 4t − j parcourt [0,1] quand t parcourt , , et que
4 4
U f (0) = S 0 [ f (0)] = S 0 (0) = 0,
U f (1) = S 3 [ f (1)] = S 3 (1) = 1).
% &
j j+1
U est une contraction de rapport α ; en effet, si f , g ∈ X et t ∈ , , on a :
4 4
|U f (t) − Ug(t)| = |S j f (4t − j) − S j [g(4t − j)]|
α| f (4t − j) − g(4t − j)| αd( f , g),
d’où d(U f , Ug) αd( f , g), en passant au sup sur t.
Par conséquent, U possède un unique point fixe γ, qui est une application continue
de [0, 1] dans C, donc une courbe d’origine γ(0) = 0 et d’extrémité γ(1) = 1.
On va voir que K n’est autre que l’image de cette courbe, c’est-à-dire que
K = γ([0, 1]).
Posons pour cela L = γ([0, 1]). Nous avons Uγ = γ, c’est-à-dire γ(t) = S j [γ(4t −
j j+1
j)] pour t , j = 0, 1, 2, 3.
4 4 % &
j j+1
Nous en déduisons que γ , = S j γ([0, 1]) = S j (L), 0 j 3.
4 4
En réunissant ces quatre égalités, on obtient :
% &
3 j j+1 3
L = γ([0, 1]) = ∪ γ , = ∪ S j (L).
j=0 4 4 j=0
284
II. Dimension de Hausdorff
L est donc l’unique compact fixe associé aux S j , c’est-à-dire que L = K. On verra en
problème deux propriétés de γ :
log 1/α 1
a) γ est höldérienne d’ordre β = . En particulier, pour α = , on a une courbe
log 4 2
γ de type Péano : son image remplit un triangle, et elle est höldérienne d’ordre 1/2.
Ceci est à rapprocher de la Proposition I.6.
D’ailleurs, en posant :
⎧
⎪
⎪
⎪ γ(2t) pour 0 t 1/2
⎨
f (t) = ⎪
⎪ 1
⎪
⎩ σ[γ(2t − 1)] pour t1
2
1
(où σ est la symétrie plane de centre ), on obtient une courbe f höldérienne
2
1 1+i
d’ordre , dont l’image est le carré de sommets 0, ± , 1.
2 2
1 1
b) Pour α < , γ est injective (c’est trivial pour α = , car alors γ(t) = t ; c’est non
2 4
1 1
trivial pour < α < ), autrement dit K est homéomorphe au segment [0, 1], tout
4 2
log 4
en ayant une dimension de Hausdorff dimH ([0, 1]) = 1, si α 1/4. On
log 1/α
voit apparaître ici un exemple d’objet fractal : en gros, un objet dont les propriétés
topologiques et métriques sont très différentes.
Mais, pour le moment, mathématiciens, physiciens et astronomes ne s’accordent
pas sur une définition précise, qui peut-être n’existe pas. Nous reviendrons à cette
notion d’objet fractal au paragraphe III.
1
angle équilatéral du plan, de côté 1 ; S 1 , S 2 , S 3 sont les trois homothéties de rapport
2
et de centres respectifs O, A, B, et K (fanion de Sierpinski) le compact fixe associé ;
la condition de Moran est satisfaite avec ω l’intérieur du triangle OAB.
En effet, (cf. figure du chapitre 5) si B1 , O1 , A1 sont les milieux des côtés OA,
AB, BO, S 1 (ω), S 2 (ω), S 3 (ω) sont respectivement les intérieurs des triangles OB1 A1 ,
B1 AO1 , O1 BA1 , et ces intérieurs sont disjoints. La dimension s d’auto-similarité est
donnée par 3 · 2−s = 1 ; on a donc :
log 3
dimH (K) = dimB (K) = .
log 2
285
Chapitre 7 • Dimension et fractalité
Là aussi, K doit être considéré comme un objet fractal ; montrons par exemple qu’il
est connexe : avec les notations de l’exercice 9, chapitre 5, on sait que :
−−→ −−→ −−→
K = M ; OM = u OA + v OB,
∞ ∞
u= u j 2− j et v = v j 2− j ,
1 1
u j , v j ∈ {0, 1} et u j v j = 0, ∀ j .
n
n
Soit Kn l’ensemble des points de K correspondant à u = u j 2− j , v = v j 2− j ; si
1 1
K0 = {O, A, B} est l’ensemble des trois sommets du triangle, on voit par récurrence
que Kn = T n (K0 ) (où T (A) = S 1 (A) ∪ S 2 (A) ∪ S 3 (A), comme d’habitude) ; donc,
Kn+1 = T (Kn ) s’obtient en ajoutant à Kn les milieux des segments de longueur 2−n
joignant deux points de Kn ; on en déduit que :
286
III. Dimension topologique
x ∈ F3 , normal. Pourtant, on peut montrer qu’un tel x existe en combinant les trois
arguments suivants (cf. [Mon]) :
2
1) La dimension de Hausdorff de F3 est assez grande > .
3
2) Si un compact K de R a une dimension de Hausdorff assez grande, il porte une
mesure de probabilité μ dont les coefficients de Fourier tendent vite vers zéro :
μ(n) = O (|n|−δ ),
où δ > 0.
287
Chapitre 7 • Dimension et fractalité
288
III. Dimension topologique
T ⊂ ϕ(X). (III.2)
'
di (x)
Soit en effet t = (t1 , . . . , tn+1 ) ∈ T , et soit Fi = x ; ti , 1 i n + 1.
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
d(x)
On a Fi ⊂ Ui , car si x ∈ Fi , on a di (x) > 0 et x Uic ; si maintenant x ∈ X,
n+1 %
&
di (x)
on a − ti = 1 − 1 = 0, x appartient donc à l’un des Fi et ceux-ci, fermés,
1
d(x)
n+1 di (x0 )
recouvrent X ; par conséquent, ∩ Fi contient au moins un point x0 ; on a − ti
1 d(x0 )
n+1 %
&
di (x0 ) di (x0 )
0 pour tout i et − ti = 0, donc = ti pour tout i, et t = ϕ(x0 ). Ceci
1
d(x0 ) d(x0 )
prouve (III.2), et achève la démonstration de la Proposition III.2. ❑
289
Chapitre 7 • Dimension et fractalité
Remarque III.3.
1) On peut montrer ([Edg]) que la dimension topologique de X est la borne inférieure
des dimensions de Hausdorff des espaces Y homéomorphes à X. La dimension
topologique, elle, est invariante par homéomorphisme.
2) B. Mandelbrojt a proposé la définition suivante d’objet fractal : un objet frac-
tal est un espace métrique compact X pour lequel on a inégalité stricte dans la
Proposition III.2 : dim(X) < dim H (X).
Cette définition ne satisfait pas les experts aujourd’hui, car elle laisse échapper
des exemples qu’intuitivement on aurait envie d’appeler fractals ; mais nous nous
y tiendrons dans ce bref chapitre, et nous bornerons à quelques exemples, que
tout le monde s’accorde à qualifier de fractals, et pour lesquels on a effectivement
dim(X) < dimH (X) !
III.3 Exemples
1
Exemple 1. L’ensemble de Cantor X de rapport de dissection r < est un objet
2
fractal.
En effet, dim(X) = 0 puisque X est totalement discontinu (cf. chapitre V, exer-
log 2
cice 5) tandis qu’on a vu dans l’exemple 1 de II que dim H (X) = . Il est facile
log 1/r
1
de vérifier la remarque III.3 sur cet exemple ; soit 0 < s < , et Y s l’ensemble de
2
Cantor de rapport de dissection s ; Y s est homéomorphe à X, car tous les Cantor sont
homéomorphes au Cantor abstrait {0, 1}N .
log 2 >
Et dim H (Y s ) = → 0 = dim(X) quand s → 0.
log 1/s
1
Exemple 2. La courbe de von Koch usuelle X α = est un objet fractal.
3
En effet, on sait que X est homéomorphe (cf. problème) à [0,1], donc :
log 4
dim(X) = 1 < dim H (X) = = 1, 262...
log 3
Il nous suffit d’ailleurs de savoir que X est connexe car image continue de [0,1] ; la
proposition III.2 montre en effet que :
log 4
dim(X) dimH (X) = < 2,
log 3
donc dim(X) = 0 ou 1, et dim(X) = 1 puisque X est connexe.
Là aussi, la remarque III.3 se vérifie et la borne inférieure est atteinte : X est ho-
méomorphe à [0,1], et dim H ([0, 1]) = 1.
290
III. Dimension topologique
III.4 Applications
Nous allons nous contenter de deux applications, mais elles sont « de taille ».
291
Chapitre 7 • Dimension et fractalité
n+2
Soit K j = f (F j ), fermé car compact ; on a K j ⊂ U j pour tout j ; ∪ K j =
1
n+2 n+2 n+2
f ( ∪ F j ) = f (X) = Y ; et, f étant injective, ∩ K j = f ( ∩ F j ) = f (∅) = ∅.
1 1 1
La proposition III.1 montre que dim(Y) n. Si donc dim(X) < ∞, on fait
n = dim(X) et on trouve dim(Y) dim(X). Si dim(X) = ∞, on a aussi dim(Y) = ∞,
d’après le raisonnement précédent appliqué à f −1 ; le a) en découle, et b) se démontre
de même. Il ne faudrait pas naŃvement croire qu’une image continue diminue la
dimension topologique : par exemple, l’ensemble triadique de Cantor K est de di-
mension zéro (cf. chapitre V) et tout espace métrique compact est image continue de
K (cf. exercice 1), tout en ayant une dimension topologique arbitraire, voire infinie
(cf. exercice 3). ❑
292
III. Dimension topologique
293
Chapitre 7 • Dimension et fractalité
f s’approche par un caractère ; par le théorème √ d’Urysohn (cf. chapitre III, p. 75) il
existe g : X → R, continue, telle que g(x1 ) = 2π 2 et g(x2 ) = . . . = g(xr ) = 0 ; alors,
f = eig est √une application continue :X → Γ, et la relation ( f (x1 ))n1 . . . ( f (xr ))nr = 1
se lit e2iπn1 2 = 1, d’où n1 = 0 ; de même, n2 = . . . = nr = 0.
Un ensemble indépendant fini est un ensemble de Kronecker (théorème de Krone-
cker : cf. [QZ], chapitre XIII). Une partie compacte de G peut être indépendante et
même de Kronecker, tout en étant connexe et infinie, comme le montre la :
Proposition III.6. Soit 0 < a < b < 1, I = [a, b], et ϕ : I → G = ΓN définie par :
2
ϕ(t) = (1, e2iπt , e2iπt , . . .).
Alors, X = ϕ(I) est un compact de Kronecker, connexe et infini.
n
k k
Bn (x) = Cnk g x (1 − x)n−k
k=0
n
n−1
k k
= Cnk g x (1 − x)n−k ,
1
n
294
III. Dimension topologique
Alors on a :
n−1
'
@n (x) = k
Bn (x) − B Cnk g xk (1 − x)n−k ,
1
n
d’où :
n−1
@n (x)|
|Bn (x) − B xk (1 − x)n−k = ϕn (x),
1
Lemme III.8. Soit Y un continu (un espace compact et connexe) non réduit à un
point, A un fermé propre de Y, et a ∈ A. Alors il existe un continu C de Y tel que :
a ∈ C, C ⊂ A, et C ∩ ∂A ∅.
295
Chapitre 7 • Dimension et fractalité
296
Exercices
Exercices
7.1 On se propose de montrer que tout espace métrique compact est image continue
du Cantor abstrait A = {0, 1}N .
∞
a) Montrer que θ j 3− j = 0, avec θ j ∈ {−1, 0, 1}, entraîne θ j = 0 pour tout j.
j=0
∞
En déduire que, si on munit A de la métrique d(x, y) = |x j − y j | 3− j , où x = (x j ) et
j=0
y = (y j ), on a la propriété suivante :
b) Soit B un compact non vide de A ; montrer que, pour tout x ∈ A, il existe un unique
ϕ(x) ∈ B tel que d(x, B) = d(x, ϕ(x)). Puis montrer que ϕ est continue (montrer que
son graphe est fermé), et vaut l’identité sur B (ϕ est un « retract » de A sur B).
c) Montrer que [0, 1], puis [0, 1]N , sont images continues de A (utiliser le développe-
ment en base 2, par exemple).
d) Montrer que tout fermé de [0, 1]N est image continue de A.
e) Soit X un espace métrique compact, (an )n0 une suite dense de X, h : X → [0, 1]N
définie par
d(x, an )
h(x) = , où C > 0 est un majorant de d(x, y), x et y ∈ X.
C n0
Montrer que h est un homéomorphisme de X sur F = h(X). Conclure que X est image
continue de A.
f) Montrer (courbe de Péano) que [0, 1]2 est image continue de [0, 1].
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
297
Chapitre 7 • Dimension et fractalité
k
b) On prend ε = N+1 1
avec N entier 2. Soit Ik = k−1 N , N , k = 1, . . . , N. Mon-
N N
trer que, si 2 k logN N , l’intervalle e k−1 , e k contient un point entier, puis que Ik
contient un point xk ∈ K. En déduire que
C1
PK (ε) .
ε log 1ε
c) Montrer que l’on a, pour 0 < ε < 1
2 :
C1 C2
NK (ε) .
ε log 1
ε ε log 1ε
Conclure que dim B (K) = 1 et dim H (K) = 0.
298
Exercices
3. Avec les notations de A), supposant |Ui | < 1− 2l1 , soit pour chaque i ∈ A, n = ni
l’entier tel que
l1 . . . ln (1 − 2ln+1 ) |Ui | < l1 . . . ln−1 (1 − 2ln ).
Montrer qu’on a 1 Cρ i∈A |Ui |ρ et enfin que dimH (K) s = − logλ 2 .
4. Construire un compact K ⊂ [0, 1] tel que H 1 (K) = 0, mais dimH (K) = 1.
299
Chapitre 7 • Dimension et fractalité
7.7 Cet exercice prolonge l’exercice 6.16 du chapitre 6. On rappelle qu’un continu
est un espace topologique à la fois compact et connexe, et on se propose de montrer
qu’un continu est inépuisable.
a) (Lemme de séparation) : Soit Y un continu, G1 et G2 deux fermés de Y, non-vides
et disjoints.
i) Montrer qu’il existe un ouvert U tel que G2 ⊂ U ⊂ U ⊂ Gc1 .
ii) Montrer qu’il existe un continu K1 tel que :
K1 ∩ G2 ∅ ; K1 ∩ ∂U ∅ ; K1 ∩ G1 = ∅
(appliquer le lemme III.7 de ce chapitre).
iii) Conclure qu’il existe un continu K1 tel que :
K1 ∩ G2 ∅ ; K1 G2 ; K1 ∩ G1 = ∅.
(Intuitivement, le continu K1 part de G2 et sort un peu de G2 , mais sans pénétrer dans
G1 ).
∞
b) Soit X un continu tel que X = Fn , où les Fn sont des fermés non-vides deux à
1
deux disjoints.
i) Montrer qu’il existe une suite décroissante K1 ⊃ K2 ⊃ . . . ⊃ Kn ⊃ . . . de continus
non-vides tels que :
1) Kn ∩ Fn = ∅, ∀n 1 ; 2) Kn rencontre au moins deux des F j (utiliser le lemme de
séparation pour construire Kn si nécessaire).
ii) Montrer que l’intersection des Kn contient un point a qui n’est dans aucun des Fn .
c) Montrer qu’un continu est inépuisable.
Corrigés
7.1 a) Si les θ j ne sont pas tous nuls, soit i le plus petit indice tel que θi 0 ; alors
∞ ∞
3−i
θ j 3 3−i −
− j
3− j = > 0.
0 i+1
2
∞
Si d(x, y) = d(x, z), on a θ j 3− j = 0, avec θ j = |x j − y j | − |x j − z j | ∈ {−1, 0, 1}. D’où
0
|x j − y j | = |x j − z j | pour tout j ; si x j = 0, cela donne y j = z j ; si x j = 1, cela donne
1 − y j = 1 − z j , et on a également y j = z j ; d’où y = z.
300
Corrigés
⎪
⎨ ϕ(x)
⎪ si x ∈ K
Ψ (x) = ⎪
⎪
⎩ (1 − t) ϕ(an ) + t ϕ(bn ) si x = (1 − t) an + tbn ∈ [0, 1]\K, 0 < t < 1.
Il est clair que Ψ est un prolongement continu de ϕ. Le point important est que
Ψ ([0, 1]) ⊂ Q. Car Q est convexe donc (1 − t)ϕ(an ) + tϕ(bn ) ∈ Q si 0 < t < 1.
Ψ est donc une surjection continue de [0, 1] sur Q.
301
Chapitre 7 • Dimension et fractalité
1
7.2 Soit 0 < ε < .
2 ' % &
1 1
Posons K p = , 2 i p , et N = + 1, où l’entier p est à ajuster. On re-
log i ε
couvre K par les boules B((log i)−1 , ε) et par les intervalles [ jN −1 , ( j + 1)N −1 ], avec
N N 2
i < p et j ; d’où NK (ε) p + p+ .
log p log p ε log p
# $ C2
Le choix p = ε log1
1 + 1 conduit à N K (ε)
ε log 1
.
ε ε
N N N N N
b−a= e k−θ 2 e k 2 elog N = 1.
k(k − 1) k N
déf
et en inversant cette inégalité on obtient xk = log1 n ∈ K ∩ Ik , comme demandé. Si
maintenant yk = x2k avec 1 k 12 logN N − 1, on observe que
2k + 1 2k 1 1
yk+1 − yk − = > = ε.
N N N N +1
Les points yk sont donc à des distances mutuelles > ε et en nombre de l’ordre de
C1 C1
log N ε log 1 , d’où P K (ε) ε log 1 .
N
ε ε
1
2. 0 NK (ε)dε < ∞
1
3. 0 log dK1(t) dt < ∞.
302
Corrigés
7.3 Il suffit de se laisser guider par les notations ! L’espace K = [0, 1]N = [0, 1]∞
est compact par le théorème de Tychonoff ; pour tout n 1, il contient un sous-espace
homéomorphe à [0, 1]n ; d’où dim(K) dim([0, 1]n ) = n, et dim(K) = ∞.
7.4 a) Ik est le petit arc de cercle joignant les points e iak et e ibk . On a
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
ak − bk
2 sin = |e iak − e ibk | diam Dk = 1,
2
* π+
ak − bk 1 π a − bk π
soit encore sin = sin , et k , car sin croît sur 0, ; si m
2 2 6 2 6 2
π
est la mesure d’arc sur Γ, on a donc m(Ik ) = |ak − bk | .
3
n n
π
L’inclusion Γ ⊂ ∪ Ik montre que m(Γ) m(Ik ), soit encore 2π n , ce qui
k=1
k=1
3
π
donne n 6. Si n = 6, les arcs Ik doivent être tous de longueur , et les disques Dk
3
303
Chapitre 7 • Dimension et fractalité
tangents extérieurement ; quitte à faire une rotation, et écrivant a1 pour e ia1 , b1 pour
e ib1 on peut supposer a1 = 1 et b1 = e iπ/3 ; ces points √ sont diamétralement opposés
a1 + b1 3 iπ/6
dans D1 (car |b1 − a1 | = 1), et donc z1 = = e .
2 2
√
3 i( π +(k−1) π )
De même, on peut supposer zk = e 6 3 , 1 k 6. Mais alors |0 − z | =
k
√ 2
3 1
> pour 1 k 6, et 0 D1 ∪ . . . ∪ D6 ! On a donc n 7.
2 2
√ (π
3 π)
b) Soit toujours zk = exp i + i(k − 1) , 1 k 6, et soit Δ = D 0, 12 .
2 6 3
6 1 1
Montrons que D ⊂ Δ ∪ ∪ D zk , . Soit donc z = ρe iθ ∈ D, avec ρ 1 et
k=1 2 2
π π π
0 θ 2π. Posant θk = + (k − 1) , on peut trouver 1 k 6 tel que |θ − θk | .
6 3 6
6 # π π$ 6 # π π$ # $
En effet, ∪ θk − , θk + = ∪ k − 1 , k = 0, 2π .
k=1 6 6 k=1 3 3
D’où :
√
3 3 3 √ π 3 3 1
|z − zk | = ρ + − 2
2 2
ρ cos(θ − θk ) ρ2 + − 3ρ cos = ρ2 + − ρ ,
4 2 4 6 4 2 4
ρ 1 1 1
car ρ2 − 3 + = ρ − ρ − 1 et |z − zk | , ce qui montre l’inclusion annoncée.
2 2 2 2
Il est vivement conseillé au lecteur de penser aux zk comme aux milieux des côtés de
l’hexagone régulier inscrit dans D, et de faire un dessin.
x ∈ E ⇐⇒ x = (x1 , . . . , xn ),
avec
xj = 0 ou 1,
donc |E| = 2n ; si σ ∈ E, soit S σ l’homothétie de centre σ, de rapport 0 < r < 12 .
La condition de Moran est satisfaite par les S σ , avec O l’intérieur de Q ; même, les
S σ (Q) sont disjoints, et l’application de codage est injective, donc le compact fixe
K associé aux S σ est homéomorphe à l’ensemble de Cantor, et dim(K) = 0. La di-
mension de Hausdorff s de K est donnée (théorème II.8) par l’équation de similarité :
2n r s = 1, soit :
n log 2 < < 1
s= ; s → n quand r → .
log 1/r 2
304
Corrigés
7.6 A)
1. Si Ui coupait In,α en xα et In,β en xβ , avec α β, on aurait
ce qui est impossible par construction. Ui coupe donc un seul In,α des intervalles
basiques de Kn . Si N n, les intervalles basiques IN,β de KN que coupe Ui sont
tous contenus dans In,α , et il y a au plus 2N−n tels intervalles (noter que n existe
car |Ui | < 1 − 2r).
2. L’extrémité droite bα de Iα est dans K, donc dans un Ui0 , puisque les Ui re-
couvrent K. On a donc bα ∈ Ui0 ∩ Iα et pi0 ,α = 1, a fortiori i pi,α 1. Il n’y a
plus qu’à sommer sur α qui prend 2N valeurs pour obtenir le résultat.
3. Si i ∈ A, la première inégalité découle de 1. Ensuite, on a par définition :
2−ni = rni s et rni 1−2r
1
|Ui |. Ainsi, 2−ni C s |Ui | s , où l’on a posé C s = (1−2r)
1
s . Il
n’y a plus qu’à multiplier par 2 et à sommer sur i ∈ A pour obtenir la seconde
N
inégalité.
4. Il résulte de 2. et 3. que
⎛ ⎞ ⎛ ⎞
⎜⎜ ⎟⎟⎟ ⎜⎜⎜ ⎟⎟ N
2
N ⎜
⎜⎜⎝ pi,α ⎟⎟⎠ = ⎜⎜⎝ pi,α ⎟⎟⎟⎠ 2 C s |Ui | s .
α i i α i
305
Chapitre 7 • Dimension et fractalité
B)
1. La décroissance demandée équivaut à ln (1 − 2ln+1 ) 1 − 2ln , ce qui a lieu
puisque ln < 1 et 1 − 2ln+1 1 − 2ln .
2. Puisque ρ < s, on a λ = − logs 2 > − logρ 2 , ce qui entraîne
n
n log 2
log l j + log(1 − 2ln+1 ) − pour n n0
j=1
ρ
n
(1 − 2ln+1 ) l j δρ 2−n/ρ pour tout n 1.
j=1
Il en résulte :
ρ −ρ
l1 . . . ln (1 − 2ln+1 ) ρ δρ 2−n = Cρ−1 2−n avec Cρ = δρ .
1
∞
log εn
0 < εn < ; (εn ) décroît vers 0; εn = ∞; lim = 0.
2 n=1
n→∞ n
306
Problème
La question A) d’avant montre alors que dimH (K) 1, puis qu’ en réalité
dimH (K) = 1 car K ⊂ R. Pour la relation H 1 (K) = 0, soit ε > 0, puis n
un entier tel que l1 . . . ln ε ; par construction, K ⊂ Kn est recouvert par 2n
intervalles fermés de diamètre l1 . . . ln ε, et on a donc :
Hε1 (K) 2n l1 . . . ln = (1 − 2ε1 ) . . . (1 − 2εn ) exp − 2(ε1 + . . . + εn ) .
En faisant tendre n vers +∞, on voit que la condition ∞ n=1 εn = ∞ assure que
Hε1 (K) = 0. Celà donne H 1 (K) = 0, puisque ε > 0 est arbitraire.
Problème
1) S j est une transformation affine, donc S j (Δ) est le triangle de sommets S j (a0 ),
S j (a2 ), S j (a4 ), c’est-à-dire le triangle Δ j = a j S j (a2 )a j+1 .
Il suffit donc de voir que S j (a2 ) ∈ Δ pour tout j ; or, un calcul simple donne :
(1−a)a2 a + (1−a)a2
D1 D2
aa2 aa2 + 1 − a
D0 D3
a0 a1 a3 a4
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
Figure 7.3
∼ ∼ ∼
Le dessin persuade aussi que S j (Δ) = Δ j ⊂ Δ pour j = 0, 1, 2, et que S 3 (Δ) ⊂ Δ.
2) La seule implication non triviale est =⇒ Or, si a ∈ Δ et j ∈ {0, 1, 2}, 1) montre que
∼
S j (a) ∈ Δ, i.e. S j (a) 1. Si j = 3, on a S 3 (a) = S 3 (1) = 1, donc a = 1 car S 3 est
injective.
3
3) La question 1) montre que T (Δ) = ∪ S j (Δ) ⊂ Δ ; d’après l’étape 1 du théo-
j=0
rème II.8, on en déduit K ⊂ Δ, où K est le compact fixé associé aux S j ; d’après le
cours, K = γ([0, 1]), d’où le résultat.
307
Chapitre 7 • Dimension et fractalité
d’après 5).
308
Problème
de même,
t2 ∈ In−1
b
, avec b = l1 + 4l2 + · · · + 4n−2 ln−1 .
309
Chapitre 7 • Dimension et fractalité
310
Problème
Remarques
1) Le lemme de séparation s’illustre par la figure suivante :
U
a b
K1
G2 G1
Figure 7.4
2) La preuve donnée ici suggère un jeu à deux joueurs : le joueur 1 cherche à remplir
X par des fermés disjoints Fn , le joueur 2 cherche à l’en empêcher en construisant,
après F1 , . . . , Fn , un Kn disjoint de F1 , . . . , Fn , en s’arrangeant pour qu’à la fin il
reste quelque chose (∩ Kn ∅). Et c’est le joueur 2 qui gagne.
n
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
311
R ÉFÉRENCES
BIBLIOGRAPHIQUES
[B] N. Bourbaki : Utilisation des Nombres Réels en Topologie Générale, livre III, cha-
pitre 9, Hermann, 1958.
[Bu] R.B. Burckel : An introduction to Classical Complex Analysis, Academic Press,
1979.
[Ca] H. Cartan : Cours de Calcul Différentiel, 2e édition, Hermann, 1977.
[C] G. Choquet : Topologie, Masson, 1964.
[De1] J. Deny : Cours de Topologie, Publications Mathématiques d’Orsay, Paris Onze Edi-
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[De2] J. Deny : Théorie de l’intégration, Publications Mathématiques de l’université Paris
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[D] J. Dieudonné : Fondements de l’Analyse Moderne, tome 1, Gauthier-Villars, 1965.
[Du] J. Dugundji : Topology, Allyn and Bacon pub., Boston, 1966.
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[QZ] H. Queffélec, C. Zuily : Analyse pour l’agrégation, 4e édition, Dunod (2013).
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[T] P. Tauvel : Mathématiques générales pour l’Agrégation, Masson, 1997.
Pour la dimension de Hausdorff, nous nous sommes aussi inspirés de l’article :
[H] J.E. Hutchinson : Fractals and Self Similarity, Indiana University Mathematics
Journal, Vol. 30, no 5, 713–747, 1981.
312
I NDEX
Cantor 12, 52, 257, 263, 266, 278, 286, 297 d’Hurewicz 296
abstrait, 96 de Cauchy 5, 13
abstrait et triadique, 97 décroissante 6
Cantor-Bernstein 135, 136 Dedekind 1
Carathéodory 243, 270 Denjoy-Wolff 162
Cauchy 93, 99, 111, 179–183 dénombrable 12, 16, 59, 60, 75
Cauchy-Arzela 103 dense 4, 25
Cauchy-Lipschitz 143 des coupures 1
compacité dans un espace métrique 91 détermination holomorphe 172
compact 77, 78, 80, 82, 83, 188, 189, 227, diagonale 52
228 diamètre 39, 181, 192, 269, 282
étoilé, 146 Dieudonné 1
313
Topologie
314
Index
J métrique compact 95
minorant 4
Janiszewski 150 moins fine 46, 47
jauge 38 monotone 6
mot 263, 265, 281
K
Körner 231, 244 N
Kronecker 294
Newton 15
Kuhn 244
nombre 286
L de Lebesgue, 287
non métrisable 90
Lebesgue 7, 12, 77 normal 26, 40, 59, 80, 84, 130, 286
lemme normalement
de Frostman, 278, 282 a fortiori uniformément, convergente,
de Lebesgue, 105 45
de Zorn, 87, 89 convergente, 52, 301
limite 29, 31, 181–183 normalité 40
Lipschitz-équivalentes 43 norme 43
lipschitzienne 268, 289 normé 13
Littlewood 158
localement O
compact, 223–227, 230
connexe, 132, 232, 242, 245 objet fractal 191, 285, 288, 290, 291
connexe par arcs, 223, 245, 246 orbite 174, 206
constante, 143 ordre 227
lipschitzien, 110 ouvert 22, 23, 33, 50
lipschitzienne, 102
P
truc, 223
logarithme 172
packing 255
continu, 36, 145, 146 parfait 98
logarithmiquement convexe 153
partie 79
M compacte, 79
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
connexe, 121
majorant 4 d’un espace compact, 79
Mandelbrojt 288 négative, 2
Menger 291 positive, 2
mesurable 9, 64 partition
mesurable-Lebesgue 11, 19 continue, 193
mesure subordonnée, 194
de Frostman, 278, 281, 282 passage des douanes 121, 158, 174
de Lebesgue, 19, 98, 260, 271 Péano 267, 285
de probabilité, 278 Picard
extérieure, 270 avec paramètre, 186
métrique, 270 bis, 185
315
Topologie
316
Index
V Z
317