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208 0333 Maths Ex MPSI:208 0333 Maths Ex MPSI 23/06/10 14:49 Page 1

BRÉAL
Titres disponibles en première année dans la filière MPSI... LES NOUVEAUX

Précis
Précis
En Physique En Mathématiques
Optique MPSI-PCSI-PTSI Analyse MPSI
Mécanique MPSI Algèbre et géométrie MPSI
Électrocinétique MPSI
Livres d’exercices
Électromagnétisme MPSI
Mathématiques MPSI
Thermodynamique MPSI

LES NOUVEAUX
Physique MPSI
En Chimie
Chimie MPSI
B R É A L

MPSI
LES NOUVEAUX
Mathématiques
Précis B R É A L

Exercices
Exercices
Une collection tenant compte de vos besoins et de vos
contraintes, conçue pour s’entraîner efficacement et
progresser tout au long de l’année.

➜ Des exercices variés, classés par thème et de difficulté progressive,


couvrent la totalité du programme.
➜ Des solutions entièrement rédigées détaillent l’ensemble des MPSI
Mathématiques
méthodes et des raisonnements à connaître en première année.
➜ De nombreux commentaires enrichissent les corrigés d’astuces, Énoncés
de conseils et d’explications supplémentaires.

Les Nouveaux Précis Bréal sont la collection de référence pour Solutions D.GUININ • B.JOPPIN
réussir sa prépa et intégrer une grande école d’ingénieurs.
Commentaires

Réf. : 208.0333
ISBN : 2 7495 0175 X
9:HSMHOJ=ZUV\Z]: Tout le nouveau programme
2080333_PAGES 1-2:2080333_PAGES 1-2 17/11/10 16:26 Page 1

LES NOUVEAUX

Précis B R É A L

Mathématiques
MPSI
D a n i e l G U I N I N • B. J O P P I N
Professeur en classes préparatoires scientifiques
Maître de conférence à l’université Lyon I
2080333_PAGES 1-2:2080333_PAGES 1-2 17/11/10 16:26 Page 2

LES NOUVEAUX

Précis
B R É A L
Titres disponibles dans la filière MPSI

Mathématiques 1re année


■ Analyse MPSI

■ Algèbre et géométrie MPSI

Physique 1re année


■ Mécanique MPSI

■ Électromagnétisme MPSI

■ Électrocinétique MPSI

■ Optique MPSI - PCSI - PTSI

■ Thermodynamique MPSI

Chimie 1re année


■ Chimie MPSI

Exercices 1re année


■ Mathématiques MPSI

■ Physique MPSI

Maquette et couverture : Sophie Martinet.


Réalisation : 16 iS.

© Bréal 2003
Toute reproduction même partielle interdite.
ISBN 978 2 7495 0175 8
ref : 208 0333 - e-sbn : 978 2 7495 2017 9
Avant-propos

La préparation aux concours commence dès la première année de classe préparatoire, dans la
perspective de passer le cap de l’écrit et de faire une bonne prestation orale.
C’est dans cet objectif que cet ouvrage vous propose 264 sujets d’oraux et 63 problèmes.
Il a pour ambition de vous aider à «rentrer» dans un sujet, de le «lire», sans se limiter à une
solution idéale ou académique.

Sujets d’oraux
Ils sont tous tirés d’annales récentes de concours.
Le plus délicat est souvent la phase de démarrage : par quel bout le prendre ?
C’est pourquoi les solutions proposées sont accompagnées et entrecoupées de com-
mentaires dont le but est de :
Réfléchir à haute voix, comme c’est indispensable lors de toute épreuve orale, qu’il s’agisse des
colles en cours d’année ou, à plus forte raison, d’un oral «pour de vrai».

Les énoncés de «planches» sont la plupart du temps assez brefs et il est de l’initiative du
candidat d’en tirer le maximum. L’objet des commentaires est aussi de donner des idées
dans ce sens.
Certaines solutions peuvent être éclairées par une figure qui n’est pas nécessairement
proposée. Confronté à cette situation, vous devez avoir le réflexe de faire «votre» figure.
Et votre virtuosité dans l’utilisation d’une calculatrice fera le reste !
Souvent, plusieurs pistes s’offrent à vous et plusieurs solutions sont satisfaisantes. C’est
pourquoi de nombreux sujets proposent plusieurs démarches.
La connaissance du cours est supposée acquise et les exercices de «rodage basique» sont
travaillés en classe ; il y en a dans tous les manuels. C’est le minimum vital pour utiliser
cet ouvrage avec profit.

Thèmes d’étude et problèmes


Les 63 thèmes d’étude et problèmes recouvrent tout le programme de MPSI.
Contrairement aux sujets d’oraux, ils sont découpés en questions et alinéas à travers
lesquels la logique du sujet est transparente. Pour cette raison, il n’est proposé qu’une
seule solution, sans beaucoup de commentaires.

Ce double aspect vous permettra de disposer d’un outil de travail personnel, complet et adapté,
dès la première année, à la dure réalité des concours.
Cet ouvrage vous aidera en outre à accéder avec confiance en deuxième année et il constituera
pour vous une bonne base de révision pour les notions supposées acquises et utiles aux concours.

Les auteurs
Sommaire

1. Algèbre générale 7
Sujets d’oraux 8
A. Nombres complexes, trigonométrie 8
B. Ensembles et fonctions. Opérations, groupes, anneaux 22
C. Ensembles finis, dénombrements 29
D. Arithmétique des entiers 35
Thèmes d’étude – Problèmes 45

2. Polynômes. Fractions rationnelles 63


Sujets d’oraux 64
A. Polynômes. Arithmétique des polynômes 64
B. Fractions rationnelles 82
Thèmes d’étude – Problèmes 90

3. Réels, suites, limites. Continuité, dérivation


Formule de Taylor. Développements limités 103
Sujets d’oraux 104
A. Borne supérieure et partie entière 104
B. Suites réelles, limites 107
C. Continuité, limite 117
D. Dérivation 129
E. Fonctions usuelles 133
F. Formule de Taylor 138
G. Développements limités, comparaison 140
Thèmes d’étude – Problèmes 148

4. Espaces vectoriels, applications linéaires


Dimension finie 179
Sujets d’oraux 132
A. Espaces vectoriels, applications linéaires 132
B. Dimension finie 189
Thèmes d’étude – Problèmes 203
Sommaire
5. Intégration. Calcul intégral 209
Sujets d’oraux 209
A. Intégration sur un segment 209
B. Sommes de Riemann – Intégration par parties 223
C. Changement de variable 232
Thèmes d’étude – Problèmes 242

6. Matrices et systèmes linéaires


Déterminants. Changement de base 267
Sujets d’oraux 268
A. Matrices et systèmes linéaires 268
B. Déterminants 280
C. Changement de base 292
Thèmes d’étude – Problèmes 296

7. Équations différentielles. Courbes paramétrées


Fonctions de 2 variables 321
Sujets d’oraux 322
A. Équations différentielles 322
B. Courbes planes, étude affine et métrique 333
C. Fonctions de deux variables 346
Thèmes d’étude – Problèmes 356

8. Espaces euclidiens.
Transformations et matrices orthogonales
Géométrie et coniques 371
Sujets d’oraux 372
A. Espaces euclidiens 372
B. Transformations et matrices orthogonales 378
C. Géométrie dans le plan ou dans l’espace 382
D. Coniques 387
Thèmes d’étude – Problèmes 396

6 Sommaire
CHAPITRE 1
Algèbre générale
Sujets d’oraux 8
A. Nombres complexes, trigonométrie 8
B. Ensembles et fonctions. Opérations, groupes, anneaux 22
C. Ensembles finis, dénombrement 29
D. Arithmétique des entiers 35

Thèmes d’étude – Problèmes 45


1. Quelques sujets de trigonométrie 45
2. Somme des cubes des n premiers entiers 48
3. Dénombrabilité de ! ! 49
4. Un sous-groupe fini de nombres complexes 52
5. Valeurs exactes de quelques cosinus 55
6. Suite de Fibonacci 59

Chapitre 1 - Algèbre générale 7


Sujets d’oraux
A Nombres complexes, trigonométrie

Ex. 1
Résoudre l’équation (E) : z 3 (16 i )z 2 + (89 16i )z + 89i = 0, d’inconnue z ! ".

Une équation de degré 3 ne peut être résolue de façon élémentaire qu’en en connaissant une
racine. Le premier objectif est alors de déterminer une solution «apparente».
Outre des racines telles que 1 ou 1, voire 2 ou 2, etc. il est fréquent de chercher une racine
particulière qui soit réelle ou bien imaginaire pure.

Solution imaginaire pure ? Le nombre ix , avec x ! #, est solution si et seulement si :


ix 3 + (16 i )x 2 + (89 16i )ix + 89i = 0, c’est-à-dire 16x 2 + 16x i (x 3 + x 2 89x 89) = 0,
ce qui équivaut à :
16x 2 + 16x = 0 et x 3 + x 2 89x 89 = 0 ou encore à 16x (x + 1) = 0 et (x 2 89)(x + 1) = 0.
On en déduit que (E) admet i pour (seule) racine imaginaire pure.
La connaissance d’une racine permet la factorisation par un polynôme de degré 2 que l’on sait
résoudre. Mais il n’y a pas de raison d’oublier une éventuelle racine réelle.

a ! # est solution si et seulement si a 3 16a 2 + 89a + i (a 2 16a + 89) = 0, c’est-à-


2 2
dire a (a 16a + 89) = 0 et a 16a + 89 = 0, ce qui se réduit à a 2 16a + 89 = 0.
Mais a 2 16a + 89 = (a 8) 2 + 25 n’a pas de solution réelle.
Espoir déçu ! Mais comme i est racine, on peut factoriser par z + i .

Il existe u , v, w dans " tels que z 3 (16 i )z 2 + (89 16i )z + 89i = (z + i )(uz 2 + vz + w).
L’examen des termes en z 3 donne u = 1 et celui des termes constants donne w = 89.
Une rapide identification donne alors v = 16 et on est ramené à la résolution de z 2 16z +89 = 0.
Dans les exemples numériques d’équation de degré 2, il est préférable de former l’expression
canonique. L’usage du discriminant (même réduit) serait un gaspillage.
Rappelons à ce sujet que les égalités U 2 V 2 = (U V )(U + V ) et U 2 + V 2 = (U iV )(U + iV )
sont toujours vraies, que U et V soient réels ou complexes.

Avec z 2 16z + 89 = (z 8) 2 + 25 = (z 8 5i )(z 8 + 5i ), on obtient les deux autres racines


de (E) et finalement, les racines sont i , 8 + 5i et 8 5i .

Ex. 2
Étant donné z et z dans ", on considère u ! " tel que u 2 = zz .
z+z z+z
Montrer que z + z = 2
u +
2
+u .

En posant s = z + z , un énoncé équivalent est 2 z + z = s 2u + s + 2u .


On obtient encore un énoncé équivalent en étudiant les carrés des deux membres.
Il est souvent préférable d’examiner le terme le plus compliqué et de le réduire.

8 Sujets d’oraux
2 2 2
Le carré du second membre est s 2u + s + 2u = s 2u + s + 2u + 2 s2 4u 2 .
Avec s = z + z et u 2 = zz , il vient s2 4u 2 = (z + z )2 4zz , donc s2 4u 2 = (z z )2 .
Rappelons une règle usuelle, dite l’égalité du parallélogramme :
a + b 2 = a 2 + b 2 + 2 Re(a b) et a b2= a2+ b2 2 Re(a b)
2 2 2 2
donne : a + b + a b =2 a +2 b .
2 2 2 2
On a aussi s 2u + s + 2u =2 s +8 u = 2 s 2 + 8 zz .
2 2 2
Notons que s 2 = z 2 + z + 2ezz et z z = z 2
+ z 2 Re zz .
On a obtenu une avancée significative, le terme u a formellement disparu.

Il vient ainsi :
2 2
s 2u 2 + s + 2u 2 + 2 s2 4u 2 = 2 z 2 + 2 z + 4 Re zz + 8 zz + 2 z 2 + 2 z 4 Re zz ,
c’est-à-dire :
2 2 2
s 2u + s 2u =4 z2+ z + 2 zz =4 z + z

et enfin le résultat espéré : 2 z + z = s 2u + s 2u .

Ex. 3
n 1 n 1
k" k"
Étant donné n ! !, n ! 2, calculer les sommes Sn = sin et Tn = sin .
n 2n
k =1 k =1

1)
k" i k"
sin est la partie imaginaire de e n
n
n 1 k"
i
Sn est la partie imaginaire de Yn = e n , somme de n 1 termes consécutifs d’une suite
k =1
i " i "
géométrique, de premier terme e n et de raison e n " 1. On a donc :
i (n 1)"
i " e n 1
Yn = e n
i "
e n 1
i a
Dans eia 1, on factorise par e 2 , ce qui fait apparaître :
i a i a i a i a a
e ia 1=e 2 e 2 e 2 = 2ie 2 sin .
2

i (n 1)" i (n 1)" (n 1)" i " i " "


Avec e n 1 = 2ie 2n sin et e n 1 = 2ie 2n sin , en notant de plus
2n 2n
i " i (n 1)" (n 1)"
e ne 2n i "
sin
2n
que = e 2 = i , il vient Yn = i . On a donc pour partie imaginaire :
i " sin
"
e 2n 2n
(n 1)"
sin
2n
Sn = " .
sin
2n
n 1
k"
Au passage, on a montré en même temps que Cn = cos = 0.
n
k =1

Chapitre 1 - Algèbre générale 9


(n 1)" " " (n 1)" " 1
Avec = , on a sin = cos et finalement, Sn = .
2n 2 2n 2n 2n tan
"
2n

1
En complément, on peut étudier S , ce qui est un thème classique.
n n
"
1 " 2n 1 u "
S est égal à
n n 2 tan "
, ce qui est de la forme n tan u avec u = 2n .
2n
tan u
On a lim u = 0 et, classiquement, lim = 1.
n + u 0 u
Sn "
On en déduit alors que la suite a pour limite .
n n !2 2

2)
Pas de faux espoir ! La somme Tn ne se ramène pas à Sn , même de façon lointaine. Toutefois le
démarrage est analogue.

k"
sin
2n
est la partie imaginaire de eik " / 2n . Comme précédemment, on a :
(n 1)" (n 1)"
n 1 sin sin
i k" i " 4n 4n
e 2n = e 4 dont la partie imaginaire est Tn = "
.
"
k =1 sin 2 sin
4n 4n
(n +1)" " " " "
" (n 1)" (n + 1)" cos cos cos sin sin
4n 4 4n 4 4n ,
Avec 2 = , on a aussi Tn = " =
4n 4n 2 sin 2 sin
"
4n 4n
1 1
et finalement, Tn = .
2 tan " / 4n 2

Ex. 4
n
1 + cos nx 1 x
Soit x réel, x #/ 0 mod ". Montrer que cos kx = + sin nx cotan .
2 2 2
k =0

n n
Il est classique d’associer la somme Bn = sin kx à la somme An = cos kx .
n k =0 k =0
Notons que l’on a Bn = sin kx .
k =1
Ces deux sommes sont des grands classiques qui s’apparentent à des questions de cours. Toutefois,
le résultat usuel n’a pas cette forme.
n
ikx
Soit Sn = An + iBn : alors Sn = e est la somme de n + 1 termes consécutifs d’une suite
k =0
géométrique, de premier terme 1 et de raison eix " 1.
On a eix " 1 si et seulement si x n’est pas un multiple entier pair de ".
Le cas où x serait un multiple entier impair de " est facile à traiter directement.

i (n +1)x i (n +1)x i (n +1)x (n +1)x


e
i (n +1)x
1 e 2 e 2 e 2 i nx
sin
2 .
Sn = ix donne Sn = = e 2
e 1 i x i x i x sin
x
e 2 e 2 e 2
2

10 Sujets d’oraux
(n +1)x (n +1)x
nx sin 2 nx sin 2
Les parties réelle et imaginaire donnent An = cos 2 x et Bn = sin 2 x .
sin sin
2 2

Ce sont ces expressions qui sont classiques. Voyons celle qui est demandée et son analogue.
Notons que sin x / 2 " 0 rend indispensable x /# 0 mod 2".
1 nx x cos(x / 2)
(1 + cos nx ) = cos2 doit être dégagé de An et cotan = demande de faire
2 2 2 sin(x / 2)
apparaître cos(x / 2). Une formule du type sin(a + b) va le permettre.

(n + 1)x nx x nx x
On a sin 2
= sin
2
cos + cos
2 2
sin
2
et il s’ensuit :
nx nx x nx
An = cos sin cotan + cos2 ,
2 2 2 2
1 + cos nx 1 x
ce qui donne An = + sin nx cotan .
2 2 2
nx x nx nx 1 cos nx x 1
On obtient aussi Bn = sin2 cotan + cos sin = cotan + sin nx .
2 2 2 2 2 2 2

Ex. 5
On considère l’application # du plan dans lui-même qui, au point M d’affixe z associe le point
3+i 3 1 i 3
M d’affixe z = z+ .
4 2
Montrer qu’il y a un point invariant et un seul, noté A, et que, pour tout M " A, le triangle
AMM est rectangle.

# est une similitude, et ce n’est pas une translation ; elle a donc un point fixe unique. La première
question est de le préciser.

A d’affixe a est invariant par # si et seulement si :


3+i 3 1 i 3 1 i 3 1 i 3
a= a+ c’est-à-dire si a= ,
4 2 4 2
d’où a = 2.
3+i 3 "
L’angle (AM , AM ) est l’argument de , qui est .
4 6
Si le triangle AMM est rectangle, ce ne peut donc être qu’en M ou en M .

Les affixes de AM , MM et AM sont respectivement z 2, z z et z 2.


z z z z
On a (AM , MM ) = arg et (AM , MM ) = arg . Formons donc ces deux nombres.
z 2 z 2
3+i 3
Avec z 2= (z 2) et z z = (z 2) (z 2), il vient :
4
z z 3+i 3 1 i 3 2"
= 1+ = , qui est d’argument 3 .
z 2 4 4
z z z 2 4 3 "
On a =1 =1 =i , d’argument 2 .
z 2 z 2 3+i 3 3
Le triangle AMM est donc rectangle en M .

Chapitre 1 - Algèbre générale 11


Ex. 6
Soit u et v des complexes non nuls. Montrer que u = v si et seulement si, pour tout complexe z
1
de module 1, on a (z u )(1 vz ) ! #+ .
z

Classiquement, Z ! " est réel si et seulement si Z = Z . Mais il faut garder en perspective que
l’on s’intéresse à Z réel positif.
1
On considère z ! ", z " 0, et on pose Z = (z u )(1 vz ).
z
Alors, pour z = 1, Z = z (z u )(1 vz ) = (1 u z)(1 vz ).
Supposons que v = u .
Pour z = 1, on a Z = (1 u z)(1 u z) = 1 u z 2 qui est réel et positif.
Supposons Z réel, c’est-à-dire Z Z = 0.
Pour tout z de module 1, on a Z = (1 u z)(1 vz ) = 1 vz u z + uv, donc :
Z Z =1 vz u z + uv (1 vz u z + u v ) = (u v)z (u v)z + uv u v.
Avec z = 1 et z = 1, on obtient u + v u v + uv u v = 0 et u v + u + v + uv u v = 0.
En retranchant l’une à l’autre, on obtient u u = (v v). d’où Im u = Im v.
Il reste à comparer les parties réelles de u et v.

En ajoutant les deux, il vient uv = u v. Alors Z Z = 0 donne (u v)z (u v)z = 0, et avec


z = i , il vient u + u = v + v c’est-à-dire Re u = Re v.
En conclusion, il vient que u et v sont conjugués.
Seul z = 1 et Z réel est utile pour obtenir u = v. La véritable question est u = v si et seulement
si Z est réel pour z = 1, Que Z soit alors positif en découle.

Ex. 7
a b
Soit (a, b) ! "2 , a < 1, b < 1. Montrer que 1 ab
< 1.

Avant tout, il est indispensable que 1 a b soit non nul.

On a a b = a b et, avec a < 1 et b < 1, il vient a b < 1, donc 1 a b " 0.

Étant donné z ! ", montrer que z < 1 équivaut à montrer que z 2 < 1, c’est-à-dire que :
zz < 1.
$
Étant donné $ et % réels positifs, % " 0, < 1 équivaut à $ < %.
%
a b
Montrer que < 1 équivaut à montrer que a b2< 1 ab 2.
1 ab
On étudie alors a b2 1 a b 2.
2 2
a b = (a b)(a b) = a + b2 ab ab
2
et 1 ab = (1 a b)(1 a b) = 1 ab ab + a 2 b 2
donnent : a b2 1 ab 2 = 1 a2 b2+ a2 b2 = (1 a 2 )(1 b 2 ).
Avec l’hypothèse 1 a 2 > 0 et 1 b 2 > 0, il vient :
a b2 1 a b 2 < 0,
ce qui est le résultat attendu.

12 Sujets d’oraux
Ex. 8
" 3" 5" 7" 9" 1
Montrer que cos 11 + cos 11 + cos 11 + cos 11 + cos 11 = 2 .

Une somme de cosinus est la partie réelle d’une somme de nombres complexes de module 1 par
la formule d’Euler.
4
" 3" 5" 7" 9" (2k +1) i "
C = cos + cos + cos + cos + cos est la partie réelle de T = e 11 .
11 11 11 11 11
k =0
10i "
i" 4 4
k 2i " k 2i " e 11 1
On a T = e 11 e 11 et e 11 = .
2i "
k =0 k =0 e 11 1
2ia ia
C’est une situation classique : e 1=e eia e ia = 2ie ia sin a .
5" 5"
4 sin sin
k 2i " 4i "
11
5i "
11
On en déduit e 11 = e 11
"
puis T = e 11 " .
k =0 sin sin
11 11
5"
5" sin 11
La partie réelle de T est C = cos .
11 sin "
11
5" 5" 1 10" 10" 10" "
Avec cos sin = sin et avec sin = sin " = sin , il vient alors :
11 11 2 11 11 11 11
1
C= .
2
On peut compléter cette étude en calculant la somme des sinus.
" 3" 5" 7" 9"
S = sin + sin + sin + sin + sin est la partie imaginaire de T
11 11 11 11 11
5" 5"
5" sin 11 sin2
11
On a donc S = sin 11 " = " .
sin sin
11 11
On pouvait raisonnablement espérer que la valeur de S soit simple, comme celle de C ; mais ce
n’est pas le cas.
"
Pour la valeur numérique de S, il faudrait passer par le calcul de sin et nous ne poursuivrons
11
pas dans ce sens.

Ex. 9
Soit a , b et c des réels tels que cos a + cos b + cos c = 0 et sin a + sin b + sin c = 0.
Montrer que cos 2a + cos 2b + cos 2c = 0 et sin 2a + sin 2b + sin 2c = 0.

Les deux hypothèses se résument en une : eia + eib + eic = 0.


La question concerne e2ia + e2ib + e2ic qui fait apparaître (eia + eib + eic )2 .
On a (eia + eib + eic )2 = e2ia + e2ib + e2ic + 2(ei (b+c) + ei (c+a ) + ei (a +b) ).
Sachant que eia + eib + eic = 0, montrer que e2ia + e2ib + e2ic = 0 revient à montrer que
ei (b+c) + ei (c+a ) + ei (a +b) = 0.
En prenant les conjugués dans eia + eib + eic = 0, il vient e ia + e ib + e ic
= 0.
En multipliant par ei (a +b+c) , on obtient ei (b+c) + ei (c+a ) + ei (a +b) = 0.
Ainsi eia + eib + eic = 0 implique e2ia + e2ib + e2ic = 0.

Chapitre 1 - Algèbre générale 13


Ex. 10
Étant donné a ! # et n ! ! , résoudre l’équation z ! ", (z + 1)n = e2ina .
n 1
k"
En déduire la valeur de Pn = sin a + .
n
k =0

n z+1 n
1) (z + 1)n = e2ina s’écrit aussi (z + 1)n = e2ia , c’est-à-dire 2ia = 1.
e

z+1 n
2ia = 1 fait intervenir les racines n èmes de 1.
e

Les racines n èmes de 1 sont les nombres e2ik " / n , avec k ! [[ 0, n 1 ]].
Les solutions de l’équation sont alors les complexes zk définis pour k ! [[ 0, n 1 ]] par :
2ia 2ik " / n 2i (a +k " / n )
zk + 1 = e e =e .
La présence du terme additif 1 dans z + 1 invite à passer en mode trigonométrique.

k" k"
On a zk + 1 = cos 2 a + + i sin 2 a + . En notant que :
n n
k" k" k"
cos 2 a + 1 = 2 cos2 a + 1 = 2 sin2 a +
n n n
k" k" k"
et sin 2 a + = 2 sin a + cos a + ,
n n n
k" k" k" k " i (a +k " / n )
il vient : zk = 2i sin a + n cos a +
n
+ i sin a +
n
= 2i sin a +
n
e .

k " i (" / 2+a +k " / n )


On peut aussi écrire : zk = 2 sin a + e .
n

2)
k"
Les termes sin a + apparaissent dans les zk , et les zk sont les racines du polynôme
n
Q = (X + 1)n e2ina . On utilise l’expression du produit des racines à l’aide du terme
constant 1 e 2ina de Q.

n 1 n 1 n 1 n 1
n n i (a +k " / n ) k" n 2ina
On a zk = i 2 e sin a + et aussi zk = ( 1) (1 e ).
n
k =0 k =0 k =0 k =0
n 1 n 1 n 1
i (a +k " / n ) n ik " / n ik " / n
Dans le produit e = e ia e , le terme e est l’exponentielle de
k =0 k =0 k =0
n 1 n 1
i" i (a +k " / n ) 1)" / 2
la somme n k , c’est donc ei (n 1)" / 2 . Il s’ensuit e = eina ei (n .
k =0 k =0
n 1
Les deux expressions de zk donnent i n 2n eina ei (n 1)" / 2 Pn = ( 1)n +1 e2ina 1 .
k =0

1)" / 2 1
Avec e2ina 1 = 2ie ina sin na , et e i (n = in 1
, il vient alors Pn = sin na .
2n 1

14 Sujets d’oraux
Ex. 11
n 1
2ik " / n
Étant donné n ! !, n ! 2, montrer que 1 e est de module égal à n et calculer :
k =1
n 1
k"
sin .
n
k =1

À première lecture (trop rapide ?), ce sujet présente des ressemblances fortes avec le précédent.
On pourrait imaginer que c’est un cas particulier avec a = 0. La différence essentielle porte sur
k ! [[ 1, n 1 ]] au lieu de k ! [[ 0, n 1 ]].
Les e2ik " / n sont les racines de P (z ) = z n 1
+ zn 2
+ . . . + z + 1.
n
z 1
Pour z " 1, on a z n 1
+ zn 2
+ . . . + z + 1 = P (z ) = .
z 1
Les racines de P (z ) sont donc les racines n èmes de 1, sauf 1.
n 1
2ik " / n
Ce sont dons les e2ik " / n pour k ! [[ 1, n 1 ]] et on a donc P (z ) = z e .
k =1

Le module du produit demandé apparaît alors tout simplement.


n 1
2ik " / n
Il s’ensuit en particulier P (1) = 1 e .
k =1
n 1
2ik " / n
Comme, par ailleurs, on a évidemment P (1) = n , il vient 1 e = n.
k =1

La logique interne de cet exercice invite à examiner 1 e 2ik " / n en terme de sinus.

k " ik " / n
On a 1 e 2ik " / n = eik " / n e ik " / n e ik " / n = 2i sin e .
n
k"
Il s’ensuit que 1 e 2ik " / n = 2 sin .
n
n 1 n 1
2ik " / n n 1 k"
On en déduit alors que 1 e =2 sin , et finalement, il vient :
n
k =1 k =1
n 1
k" n
sin = n 1
.
n 2
k =1

Ex. 12
Étant donné n ! ! , on pose & = e2i " / n , montrer que, pour tout z ! ", on a :
n
k n
z+& = n zn + 1 .
k =1

n
Il n’y a guère d’autre point de départ que de développer z + &k par la formule du binôme.
n n
n p n p
On a z + &k = !n z p &k (n p)
. Avec &kn = 1, il vient z + &k = !n z p & kp
.
p=0 p=0

Chapitre 1 - Algèbre générale 15


n n n
p
Alors P (z ) = (z + &k )n = !n z p & kp
.
k =1 k =1 p=0

Un bon moyen de «travailler» P (z ) est d’échanger l’ordre des sommations.


n
kp
C’est ce que permet de faire apparaître les sommes géométriques & .
k =1
n n n n
p p
On en déduit P (z ) = !n z p & kp
= !n z p & kp
.
p=0 k =1 p=0 k =1
n
kp p
& est la somme des termes d’une suite géométrique de raison & .
k =1
n
p kp
Si p = 0 ou p = n , alors & = 1 d’où & = n.
k =1
n np n
p kp p1 & kp
Pour p ! [[ 1, n 1 ]], on a & " 1, donc & =& p , d’où & = 0.
1 &
k =1 k =1
n 0
Finalement, il vient P (z ) = n !n z n + n !n = n z n + 1 .

Ex. 13
Étant donné n ! ! , on note & = e2i " / n .
n 1
Montrer que, étant donné a et b dans ", on a (a + &k b) = a n ( b)n .
k =0
n 1
En déduire que l’on a (&2k 2 &k cos ' + 1) = 2(1 cos n ') pour tout n ! ! et ' ! #.
k =0

1)
La formule proposée est immédiate lorsque b = 0. On suppose dorénavant que b " 0.
a
Cela permet en particulier de faire apparaître les ( &k avec ( = .
b

n 1 n 1
k n a
Avec b " 0, on a (a + & b) = ( b) &k c’est-à-dire :
b
k =0 k =0
n 1 n 1
a
(a + &k b) = ( b)n (( &k ), en ayant posé ( = .
b
k =0 k =0
n 1
Les &k , k ! [[ 0, n 1 ]] sont les racines du polynôme X n 1 et on a X n 1= (X &k ).
n 1 k =0
Il vient alors (n 1= (( &k ).
k =0
n 1 n 1
a n
On en déduit (a + &k b) = ( b)n 1 et il vient (a + &k b) = a n ( b)n .
b
k =0 k =0

16 Sujets d’oraux
2)
L’expression &2k 2 &k cos ' + 1 est de degré 2 en &k alors que le produit précédent utilise
une expression de degré 1 en &k . Une factorisation préalable s’impose.
Considérons X 2 2X cos ' + 1. C’est aussi X 2 (ei ' + e i ' )X + 1 et il apparaît que les racines
en sont ei ' et e i ' . On a donc X 2 2X cos ' + 1 = (X ei ' )(X e i ' ).
Il s’ensuit que &2k 2 &k cos ' + 1 = (&k ei ' )(&k e i ' ). On a donc :
n 1 n 1 n 1
2k k k
(& 2 & cos ' + 1) = (& i'
e ) (&k e
i'
).
k =0 k =0 k =0
La question précédente donne :
n 1 n 1
(&k i'
e ) = ( 1) (e
n in '
1) et (&k e
i'
) = ( 1)n (e in '
1).
k =0 k =0
Avec (ein ' 1)(e in '
1) = 2 e in ' e in ' = 2 2 cos n ', il vient finalement :
n 1
(&2k 2 &k cos ' + 1) = 2(1 cos n ').
k =0

Ex. 14
a b a b
1) Étant donné a et b complexes non nuls, montrer que 2 2 = .
a b ab

2) Étant donné x , y, z dans ", montrer que x y z ) y z x + z x y.


y z x
On pourra appliquer l’identité établie en 1) à a = 2, b = 2 et c = 2 pour l’inégalité
y z x
demandée et les analogues.
3) Montrer et interpréter géométriquement l’inégalité de Ptolémée :
pour x , y, z , t complexes, x y z t ) x z y t + x t y z.

a b 1 1 b a a b a b
1) 2 2 = = Il s’ensuit 2 2 = .
a b a b ab a b ab

y z x
2) Avec a = 2
, b= 2
, c= 2
, l’égalité précédente donne :
y z x
y z y z
y z = y z 2 2 d’où : x y z = x y z 2 2 .
y z y z
y z y x x z
L’inégalité triangulaire donne 2 2 ) 2 2 + 2 2 .
y z y x x z
On conclut alors avec :
x z y x
y z x = x y z 2 2 et z y x = x y z 2 2 .
x z y x

3) Par permutation circulaire x z y, on a de même :


z y x ) y z x + x z y.
Il reste à appliquer cette inégalité à x t , y t , z t pour conclure.
Dans un quadrilatère XYZT , le produit des diagonales est inférieur à la somme des produits
des côtés opposés.

Chapitre 1 - Algèbre générale 17


Ex. 15
n n
Soit a1 , . . . , an des complexes non nuls. Que peut-on dire si ak = ak ?
k =1 k =1

La question concerne tout n ! ! . Il est raisonnable de procéder par récurrence.


Une première étape est d’examiner le cas n = 2, dans la mesure où il n’y à rien à dire dans le cas
n = 1.

Soit a1 et a2 des nombres complexes non nuls.


a1 + a2 2 = ( a1 + a2 )2 s’écrit :
a1 2 + a2 2 + a1 a 2 + a 1 a2 = a1 2 + a2 2 + 2 a1 a2
et équivaut donc à :
a1 a 2 + a 1 a2 = 2 a 1 a2 .
a1 a 2 et a 1 a2 étant conjugués, leur somme est égale à 2 Re(a1 a 2 ).
Avec a1 a2 = a1 a 2 , l’égalité initiale équivaut à Re(a1 a 2 ) = a1 a 2 , ce qui est vrai si et
seulement si a1 a 2 est un réel positif, et ici strictement positif puisque l’on a a1 a 2 " 0.
Et enfin, a1 a 2 est réel strictement positif si et seulement si a1 et a2 ont même argument.
Ce cas particulier nous indique une piste vraisemblable.
Il y a tout lieu de penser que le module d’une somme est égal à la somme des modules si et
seulement si tous les nombres ont même argument.

Condition suffisante : supposons que tous les ak ont même argument.


Pour tout k ! [[ 2, n ]], il existe (k > 0 tel que ak = (k a1 , donc ak = (k a1 . On en déduit que :
n n
ak = a1 1+ (k .
k =1 k =1
n n n n n n
Et avec ak = a1 1 + (k , il vient ak = a1 1+ (k , d’où ak = ak .
k =1 k =1 k =1 k =1 k =1 k =1
Condition nécessaire : on procède par récurrence pour la propriété "(n ) : étant donné n
nombres non nuls, si le module de leur somme est égal à la somme de leurs modules, alors ils
ont même argument.
La propriété est banalement vraie si n = 1 (et on l’a vu pour n = 2).
n +1 n +1
Considérons a1 , . . . , an , an +1 non nuls tels que ak = ak . On a :
k =1 k =1
n +1 n +1 n n n +1
ak = ak = ak + an +1 ) ak + an +1 ) ak .
k =1 k =1 k =1 k =1 k =1

De ces inégalités successives, avec le même terme au début et à la fin, il vient que toutes les
inégalités sont en fait des égalités.
Il reste alors à les prendre dans le bon ordre, en particulier pour mettre en œuvre l’hypothèse de
récurrence.
n n +1 n n
Il s’ensuit que ak + an +1 = ak , donc ak = ak .
k =1 k =1 k =1 k =1
Avec "(n ), les ak , k ! [[ 1, n ]] ont même argument '.

18 Sujets d’oraux
n
Il s’ensuit que A = ak est d’argument '.
k =1
n n +1
L’égalité ak + an +1 = ak se lit aussi A + an +1 = A + an +1 , et la propriété "(2)
k =1 k =1
montre que an +1 est aussi d’argument '. On a ainsi prouvé l’implication "(n ) "(n + 1).
En conclusion, la propriété "(n ) est vraie pour tout n ! ! .

Ex. 16
n
k
Montrer que toutes les racines du polynôme P (x ) = !n sin(k ')x k sont réelles.
k =1

n
k
Un réflexe conditionné tentera beaucoup : P (x ) est la partie imaginaire de !n eik ' x k , ce
k =1
qui serait vrai si... x était présupposé réel. Ce réflexe doit être maîtrisé !
Un moyen est de mettre x sous forme trigonométrique : x = rei $ et de découvrir ce qui se
présentera de constructif. On n’explorera pas cette piste.
Un autre est d’exprimer sin(k ') en exponentielles (formule d’Euler).
n n
1 ik ' k k
On a sin(k ') = (e e ik ' ) et il s’ensuit 2iP (x ) = !n x k eik ' !n x k e ik '
.
2i
k =1 k =1
Avec la formule du binôme, on a :
n n
k k
!n x k eik ' = (xei ' + 1)n 1 et !n x k e ik '
= (xe i'
+ 1)n 1
k =1 k =1
Il vient ainsi 2iP (x ) = (ei ' x + 1)n (e i ' x + 1) . n

Si xe i ' + 1 = 0, c’est-à-dire x = ei ' , alors il vient xei ' + 1 = 1 e 2i ' et ce nombre est nul si
et seulement si ' est un multiple entier de ".
Notons que si xei ' est nul, alors x est racine de P .
Si ' est nul modulo ", alors sin k ' = 0 et P (x ) = 0 pour tout x , réel ou non.
Ce cas particulier est naturellement sous-entendu dans le texte, mais il aurait fallu le préciser.
C’est une initiative qu’il faut prendre à l’oral.

On suppose par la suite ' /# 0 mod ".


i'
Pour toute racine x de P (x ), on a donc xe + 1 " 0.
i' n
xe +1
Pour toute racine x de P (x ), on a donc i' = 1, et il existe alors p ! [[ 0, n 1 ]] tel que :
xe +1
xei ' + 1 = (xe i ' + 1)e 2ip" / n .
Il vient alors ei ' e i ' e2ip" / n x = e2ip" / n 1, ou encore :
ip " / n i (' p" / n ) i (' p" / n )
e e e x = e ip " / n e ip " / n e ip " / n ,
" "
et finalement : x sin ' p
n
= sin p
n
.

En conclusion toute racine x de P (x ) est nécessairement réelle.


On peut noter que la racine apparente x = 0 est obtenue avec p = 0.

Chapitre 1 - Algèbre générale 19


Ex. 17
Soit n un réel strictement positif. Les arguments de nombres complexes sont compris entre
" et ".
On note $ l’ensemble des nombres complexes de module 1 et %n le sous-ensemble formé des
"
éléments de $ dont l’argument ' vérifie ' < .
n+1

1+$
1) Soit $ un réel positif non nul. Montrer que : *z ! $ , z $ ! z 1 (1)
2
Dans quels cas y a-t-il égalité ?

2) Soit z ! %n et $ ! $ + %n . Montrer que :


2
(z $) (z $) ) 1 $ (2) et que z $ + z $ )2 1 $ (3)

2
3) Soit z ! $ + %n . Montrer que : z 1 ! .
n+1
" 2
Indication : on pourra vérifier et utiliser *x ! # , 0 ) x ) x ) sin x .
2 "

1) a)
On peut dégager deux preuves. L’une fait appel à la forme trigonométrique de z .

Étant donné u et v dans ", on a u v2= u2+ v2 2 Re(u v).


i'
Avec z = e et $ ! #, il vient Re(z $) = $ cos ' puis z $ 2 = 1 + $2 2 $ cos '.
' ' '
Avec cos ' = 1 2 sin2 , on obtient z $ 2 = 1 + $2 2 $ +4 $ sin2 = (1 $)2 + 4 $ sin2
2 2 2
' '
puis z $ 2 ! (1 $)2 + 4$ sin2 = (1 + $)2 sin2 .
2 2
' (1 + $)2
On a aussi z 1 2 = 4 sin2 d’où z $2! z 1 2 et enfin :
2 4
1+$
z $ ! z 1.
2
Une autre solution (plus brève ?) insiste sur z ! $ zz = 1.

1+$ 1 1 1
z 1 = (1 + $)(z 1) = z $ + $z 1 ) z $ + $z 1 .
2 2 2 2
1+$
Avec $z 1 = z $ z = z $ car z ! $ et $ réel, il vient z 1 ) z $.
2
b)
Pour le cas d’égalité, on utilise la forme trigonométrique.

' '
Il y a égalité si et seulement si (1 $)2 + 4 $ sin2 = (1 + $)2 sin2 c’est-à-dire :
2 2
'
(1 $)2 = (1 $)2 sin2 , ce qui donne $ = 1 ou ' = ".
2

2) a)
On commence par exprimer z $ et z $ à l’aide des arguments de z et de $.

Notons ' et # les arguments respectifs de z et $.

20 Sujets d’oraux
'+# ' # ' # '+# ' #
i i i i
On a z $ = ei ' ei # = e 2 e 2 e 2 = 2ie 2 sin .
2
i
' # ' +#
De même, z $ = 2ie 2 sin . Il s’ensuit :
2
' +# ' #
(z $)(z $) = 4 sin sin = 2 cos ' cos # = 2(cos ' cos #)
2 2
car ' < # ) ", d’où aussi :
1 $ 2 = (1 $)(1 $) = 2(1 cos #)

(cas particulier z = 1).


Avec 0 < cos ' cos # ) 1 cos #, il vient alors (z $)(z $) ) 1 $ 2.

" " # ' # +'


b) Avec ' < et ) # ) ", il vient que et sont tous les deux compris
n+1 n+1 2 2
entre " et 0 ou bien entre 0 et ".
# ' # +'
Ainsi sin 2
et sin 2
ont même signe. Par suite :

# ' # +' # ' # +' # '


z $ + z $ = 2 sin + 2 sin = 2 sin + sin = 4 sin cos .
2 2 2 2 2 2

# #
On a vu que 1 $ 2 = (1 $)(1 $) = 2(1 cos #) = 4 sin2 , d’où 1 $ = 2 sin .
2 2

#
On en déduit finalement que z $ + z $ ) 4 sin =2 $ 1.
2

3) a)
Le résultat donné en indication est une classique inégalité de convexité. On en donne ici une
preuve sans cet argument technique.

2 "
La fonction f de [0, " / 2] dans # définie par f (x ) = sin x x s’annule en 0 et en .
" 2
2 2 2
Avec f (x ) = cos x et f (x ) = sin x ) 0, f décroît de 1 à et s’annule donc
" " "
"
en #0 ! 0, .
2
" "
f est croissante sur 0, #0 et décroissante sur #0 , . Elle est donc positive sur 0, .
2 2

' ' ' ' ' '


b) On a z 1 = cos ' 1 + i sin ' = 2 sin 2 + 2i sin cos = 2i sin cos + i sin et on
2 2 2 2 2 2
obtient :
' '
z 1 = 2 sin = 2 sin .
2 2
" " ' "
Avec ) ' ) " et donc ) ) , on utilise le résultat donné et il s’ensuit :
n+1 2(n + 1) 2 2
2 ' 4 " 2
z 1 !2 ! = .
" 2 " 2(n + 1) n + 1

Chapitre 1 - Algèbre générale 21


B Ensembles et fonctions
Opérations, groupes, anneaux

Ex. 18
Soit E un ensemble fini muni d’une loi de composition interne associative. Montrer l’existence
de u ! E tel que u 2 = u .

La priorité est d’installer une égalité entre des puissances distinctes d’un même élément.
L’application ! E , n # x n , n’est pas injective ; il y a lieu de l’exprimer.

Pour x quelconque dans E , l’ensemble x n , n ! ! est inclus dans E , donc il est fini.
L’application n # x n n’étant donc pas injective, il existe des entiers m et p dans ! tels que :
x m = x m +p .
On en déduit, pour tout k ! !, x m +kp
= x m puis, pour tout j ! !, x m +kp+j = x m +j .
On posant u = x m +j , l’objectif u 2 = u , c’est-à-dire x 2(m +j) = x m +j sera atteint en choisissant j et
k tels que m + j = kp.
Pour cela, il suffit de choisir k tel que kp ! m puis j = kp m .

Ex. 19
Soit A et B des sous-groupes d’un groupe G ; l’opération de ce groupe est notée multiplica-
tivement.
Montrer que A $ B est un sous-groupe si et seulement si A % B ou B % A.
Montrer que AB est un sous-groupe si et seulement si AB = BA.
On note AB l’ensemble des produits, dans cet ordre, d’un élément de A par un élément de B.

1)
Si un des sous-groupes A et B est inclus dans l’autre, alors A $ B est égal à A ou à B, c’est
évidemment un sous-groupe.
Seule la réciproque mérite vraiment attention. Pour cela, on peut étudier la proposition con-
traposée.

Supposons qu’aucun des deux sous-groupes A et B ne soit inclus dans l’autre.


Il existe alors a ! A + B et b ! B + A.
Pour montrer que A $ B n’est pas un sous-groupe, il suffit que ce ne soit pas une partie stable
pour le produit de G .

Considérons le produit ab de ces deux éléments de A $ B.


1
Si ab est dans A, c’est-à-dire s’il existe a ! A tel que ab = a , alors il vient b = a a.
1
La caractérisation classique d’un sous-groupe montre que a a est dans A, ce qui est en
contradiction avec b & A.
On montre de même que ab n’est pas dans B et il s’ensuit que ab n’est pas dans A $ B.
Il y a donc des éléments de A $ B dont le produit n’est pas dans A $ B, ce qui prouve que A $ B
n’est pas un sous-groupe.
Autrement dit, si A $ B est un sous-groupe, alors on a A % B ou B % A.

22 Sujets d’oraux
2)
Il faut bien prendre garde que AB = BA ne signifie pas que les éléments de A commutent avec
ceux de B !
AB = BA se détaille en AB % BA et BA % AB. Par exemple, AB % BA se traduit par :
étant donné (a, b) ! A B, il existe (a , b ) ! A B tel que ab = b a .

a) Supposons que AB = BA.


A et B contenant l’élément neutre e du groupe G , l’ensemble AB contient ee = e, il n’est donc
pas vide.
Montrons la stabilité de AB pour le produit : on considère a1 b1 et a2 b2 dans AB, avec :
a1 , a2 ! A2 et b1 , b2 ! B2 .
On a b1 a2 ! BA % AB, donc il existe (a , b ) ! A B tel que b1 a2 = a b . Alors :
a1 b1 a2 b2 = a1 b1 a2 b2 = a1 a b b2 = a1 a b b2 .

Avec a1 a ! A et b b2 ! B, il vient (a1 b1 )(a2 b2 ) ! AB.


Montrons aussi la stabilité de AB pour l’inversion.
On considère ab ! AB, avec (a, b) ! A B. On a (ab) 1 = b 1 a 1 ! BA.
Avec BA = AB, il vient (ab) 1 ! AB, ce qui prouve que AB est stable pour l’inversion.
En conclusion, si AB = BA, alors AB est un sous-groupe de G .
b) On suppose que AB est un sous-groupe de G .
Noter qu’il n’est pas supposé que BA est un sous-groupe. Ce sera une conséquence venant de la
conclusion AB = BA attendue.
Montrons que AB est inclus dans BA.
Considérons x ! AB. Comme AB est un sous-groupe, on a x 1 ! AB et x 1 s’écrit :
x 1 = ab, avec (a, b) ! A B.
On en déduit x = b a . Comme A et B sont des sous-groupes, on a a 1 ! A et b 1 ! B, ce
1 1

qui montre que x est dans BA. Il s’ensuit que AB % BA.


Montrons que BA est inclus dans AB.
Tout x ! BA s’écrit x = ba avec (a, b) ! A B.
Comme on a (a 1 , b 1 ) ! A B, il s’ensuit que x 1 = a 1 b 1 est dans AB.
Comme AB est un sous-groupe, donc stable par inversion, il vient x ! AB, ce qui prouve que :
BA % AB.
En conclusion, si AB est un sous-groupe alors on a AB = BA.

Ex. 20
Montrer que l’application identité sur ! est la seule application de ! dans lui-même telle
que :
*n ! !, f (n + 1) > f f (n ) (1).
Pour tout p ! !, on pourra considérer l’ensemble Mp des nombres entiers supérieurs ou
égaux à p.

Il est immédiat que Id! convient. Le seul problème est de montrer que c’est la seule solution.
Commençons par chercher des informations sur une fonction solution.
Sans l’indication fournie, le sujet deviendrait bien difficile !
Un objectif raisonnable serait que f est croissante.
Soit f une application qui répond au problème.
On peut espérer montrer que, pour tout p ! !, le sous-ensemble Mp est stable par f .
Il est immédiat que M0 = ! est stable par f .

Chapitre 1 - Algèbre générale 23


Supposons que Mp soit stable par f et considérons k ! p + 1.
Avec k ! p, on a f (k ) ! p par hypothèse de récurrence.
L’objectif est de prouver que l’on a f (k ) ! p + 1, c’est-à-dire que f (k ) " p.
À cet effet, supposons que f (k ) = p.
Avec la propriété (1), il vient f f (k 1) < f (k ), donc f f (k 1) < p (*).
Or on a k 1 ! p, donc f (k 1) ! p par stabilité de Mp .
Un nouvel appel à la stabilité de Mp donne f f (k 1) ! p, ce qui est contradictoire avec (*) et
on en déduit que f (k ) " p, donc f (k ) ! p + 1.
On a ainsi prouvé que la stabilité de Mp par f implique celle de Mp+1
et, en première conclusion, tous les sous-ensembles Mp sont stables par f .
Gardons à l’esprit qu’un objectif raisonnable est la croissance de f .
La stabilité de Mp par f donne en particulier f (p) ! p pour tout p ! !.
On a donc aussi f f (p) ! f (p).
Avec f (p + 1) > f f (p) , il vient f (p + 1) > f (p) et la stricte croissance de f en découle.
La solution connue Id! est strictement croissante. On vient de voir qu’il en est de même pour
toute solution f .
On arrive au bout. Il reste à prouver que f (p) = p pour tout p.
On a déjà établi que f (p) ! p.
Pour prouver que f (p) = p, il suffit donc de montrer qu’on a f (p) < p + 1.
Si on avait p + 1 ) f (p), la croissance de f donnerait f (p + 1) < f f (p) , ce qui est en contradiction
avec (1).
En conclusion, f est l’application identité sur !.

Ex. 21
Soit E un ensemble non vide. L’ensemble E E des applications de E dans E est muni de la
loi de composition des applications.
On considère un élément u de E E .
1) Montrer l’équivalence des trois propositions suivantes :
a) u est régulier à gauche, c’est-à-dire *(f, g) ! E E , u f = u g f =g;
b) u est une injection ;
c) u admet un symétrique à gauche, c’est-à-dire ( ,v ! E E , v u = IdE ).
2) Montrer l’équivalence des trois propositions suivantes :
a) u est régulier à droite,
b) u est une surjection,
c) u admet un symétrique à droite.

1)
Deux démarches sont envisageables :
montrer que a) b) c) a), ou
montrer que a) b) et b) c).
Montrer que a) b) peut se scinder en deux :
u non injective u non régulier à gauche, et
u injective u régulier à gauche.

24 Sujets d’oraux
Supposons u non injective.
Il existe a et b dans E tels que a " b et u (a ) = u (b).
Soit f et g les applications constantes, égales à a et b. Il est immédiat que u f = u g et pourtant
f " g. Ainsi u n’est pas régulier à gauche.
Supposons u injective.
Soit f et g telles que u f = u g.
Pour tout x ! E , on a u f (x ) = u g(x ) et l’injectivité de u donne f (x ) = g(x ).
Il s’ensuit f = g, ce qui prouve que u est régulier à gauche..
On a ainsi établi l’équivalence u régulier à gauche u injective.
Pour montrer l’équivalence b) c),
pour b) c), il faut construire une application v convenable ;
pour c) b), un résultat ultra classique suffit.
b) c)
Posons A = u (E ). Pour tout y ! A, il existe un x unique dans E tel que u (x ) = y.
v(y) = x si y ! A, avec u (x ) = y
Soit v l’application définie par
v(y) = y si y & A
Pour tout x ! E , on a v u (x ) = x d’où v u = IdE .
c) b)
IdE étant injective, v u = IdE implique classiquement que u est injective.
On a ainsi établi l’équivalence u injective u est régulier à gauche.

2)
Une démarche possible est de montrer que a) b) c) a).
a) b)
Supposons u non surjective : u (E ) = A " E . Soit f et g des applications qui ont la même restriction
à A et ont des restrictions à A différentes.
On a f u = g u et cependant f " g.
b) c)
Pour tout x de E , il existe y tel que u (y) = x .
Pour avoir u v = IdE , c’est-à-dire u v(x ) = x pour tout x de E , il suffit de prendre v définie
par v(x ) = y.
On pourrait montrer directement l’implication c) b).
En effet, IdE étant surjective, u v = IdE implique classiquement que u est surjective.
c) a) est immédiat : f u = g u f u v=g u v f = g.

Ex. 22
On considère l’ensemble & des sommes de deux carrés de nombres rationnels non simultané-
ment nuls.
Montrer que & est un sous-groupe de #+ , .

Sans que ce soit la seule démarche, on peut se baser sur une remarque :
si a et b sont des réels, on peut interpréter a 2 + b2 dans un contexte de nombres complexes.
En posant r = a + ib, on a u = a 2 + b2 = r 2 .
1 = 12 + 02 est dans &.
Montrons que & est stable pour le produit.
Soit u et v dans &. Il existe a , b, c , d rationnels tels que u = a 2 + b2 , v = c 2 + d 2 .

Chapitre 1 - Algèbre générale 25


2 2
Avec r = a + ib et s = c + id , on a uv = r s = rs 2 . Avec rs = (ac bd ) + (ad + bc )i , il vient :
2 2
uv = (ac bd ) + (ad + bc ) ! &
puisque ac bd et ad + bc sont rationnels.
Montrons que l’inverse d’un élément de & est dans &.
Soit u = a 2 + b2 , avec a et b rationnels :
2 2 2 2
1 a +b a b
= 2 = + .
u 2
a +b
2 a 2 + b2 a 2 + b2

a b 1
Comme 2 2 et 2 2 sont rationnels, on a bien ! &.
a +b a +b u

Ex. 23
Soit E un ensemble fini, muni d’une loi de composition interne (notée ) associative pour
laquelle tout élément est régulier. Montrer que (E, ) est un groupe.

La régularité : a x = a y x = y et x a = y a x = y invite à considérer les


applications de E dans E définies par #a (x ) = a x et -a (x ) = x a .
Ce sera l’occasion d’utiliser le fait que E est fini.

Pour a ! E , les applications #a : x # a x et -a : x # x a sont injectives, en utilisation de la


régularité.
Applications injectives d’un ensemble fini dans lui-même, #a et -a sont surjectives.
Il existe en particulier ua et va dans E tels que a ua = a et va a = a .
C’est un premier pas vers l’existence d’un élément neutre.
Un objectif est d’établir que ua = va puis que, pour tout b ! E , on a ub = ua . On aura ainsi
prouvé l’existence d’un élément neutre.
Un intermédiaire est envisageable : ua ua = ua .
L’autre (et la seule autre !) information est que l’opération est associative. Le passage par des
produits de trois termes est incontournable.

De a a = a (va a ) = (a va ) a on déduit, par régularité (à droite), a = a va .


Et de a = a va et a ua = a , on déduit va = ua à nouveau par régularité (à gauche).
Examinons alors ua a = ua (ua a ) = (ua ua ) a . Par régularité, il vient ua ua = ua .
Soit aussi b ! E . On dispose alors de ub ! E tel que ub b = b = b ub et ub ub = ub .
On a ua ub = (ua ua ) ub et aussi ua ub = ua (ub ub ) = (ua ub ) ub .
Alors (ua ua ) ub = (ua ub ) ub et la régularité donne ua ua = ua ub , donc ua = ub .
En conclusion, il existe u ! E tel que, pour tout x ! E , u x = x u = x . C’est le terme ua qui
est indépendant de a .
(E, ) admet ainsi un élément neutre. Avec l’associativité, c’est un monoïde.
Il reste à examiner si tout élément de E admet un symétrique.
Il est classique que, dans un monoïde, un inverse à droite et un inverse à gauche sont égaux.

Pour x ! E , la surjectivité de #x et de -x donne l’existence de x et x dans E tel que x x = u


et x x = u
Alors x = x u = x (x x ) = (x x ) x = u x = x montre que x est inversible.
Rétrospectivement, la principale question est de montrer que (E, ) admet un élément neutre.

26 Sujets d’oraux
Ex. 24
On considère l’ensemble E = # # et une application # de # dans #. On munit alors E de
la loi de composition interne définie par (x, y) (x , y ) = xx , yx + y # (x ) .
Quelles sont les applications # telles que (E, ) soit un groupe ?

(x, y) (x , y ) est défini à l’aide des opérations usuelles de #.


Il est immédiat qu’il s’agit d’une loi de composition interne dans E = # #.
Notons que la présence de yx + y # (x ) laisse peu d’espoirs pour la commutativité éventuelle.

Élément neutre. (u, v) ! E est neutre si et seulement si, pour tout (x, y) ! E ,
ux, vx + y # (u ) = (x, y) et ux, uy + v # (x ) = (x, y). Ce qui a lieu si et seulement si :
ux = x , vx + y # (u ) = y et uy + v # (x ) = y.
La condition *x ! # , ux = x , donne u = 1. Les autres conditions sont alors :
*(x, y) ! E , vx + y # (1) = y et v # (x ) = 0.
#(1) = 0 imposerait alors *(x, y) ! E , vx = y, ce qui est exclu, donc #(1) " 0.
v # (1) = 0 donne alors v = 0 puis la dernière condition *y ! #, y # (1) = y donne #(1) = 1.
En première conclusion, l’élément neutre est (1, 0) et # doit vérifier #(1) = 1.
Associativité. Soit (x, y), (x , y ) et (x , y ) dans E .
(x, y) (x , y ) x ,y = xx , yx + y # (x ) x ,y

= xx x , yx + y # (x ) x + y # (xx )
= xx x , yx x + x y # (x ) + y # (xx )

(x, y) (x , y ) (x , y ) = (x, y) x x , y x + y # (x )

= xx x , yx x + y x + y # (x ) # (x )
= xx x , yx x + y x # (x ) + y # (x ) # (x ) .
Alors on a (x, y) (x , y ) (x , y ) = (x, y) (x , y ) (x , y ) dans tous les cas si et seulement
si #(xx ) = #(x ) # (x ) pour tous x et x dans # .
Avant d’examiner l’inversibilité d’un élément de E , examinons les applications # obtenues.
Notons que l’application nulle de # dans # vérifie #(xy) = #(x ) # (y) pour tout couple
d’éléments de # . La condition #(1) = 1 écarte ce cas.

Soit # : # # telle que : *(x, y) ! (# )2 , #(xy) = #(x ) # (y) et #(1) = 1.


1 1 1
Alors #(x ) # (x ) = #(1) = 1 donne #(x ) = #(x ) .
S’il existe c ! # tel que #(c ) = 0, alors pour tout x ! # on a :
x x
#(x ) = # c = #(c ) # = 0.
c c
Avec #(1) = 1, il vient que # est une application à valeurs dans # .
# est ainsi un endomorphisme du groupe (# , ) et la condition #(1) = 1 est alors vraie.
En conclusion, à ce stade, les applications # qui conviennent sont des endomorphismes du
groupe (# , ).
Terminons enfin par l’inversibilité des éléments de E .
Rappelons que # ne prend pas la valeur 0.

Chapitre 1 - Algèbre générale 27


(x, y) ! E admet (x , y ) pour inverse si et seulement si :
(x, y) (x , y ) = (1, 0) et (x , y ) (x, y) = (1, 0),
c’est-à-dire xx , yx + y # (x ) = (1, 0) et xx , y x + y # (x ) = (1, 0) ce qui équivaut à :
xx = 1, yx + y # (x ) = 0 et y x + y # (x ) = 0.
La première relation donne x = x 1 , puis la seconde donne :
y
y # (x ) = x 1 y, c’est-à-dire y = .
x # (x )
Pour conclure à l’inversibilité de (x, y), il reste à voir si ces valeurs de x et y vérifient la troisième
relation.
y 1
y x + y # (x ) = +y# et on obtient effectivement 0 en notant que, pour un
# (x ) x
1 1
endomorphisme # de (# , ), on a # = .
x # (x )
En conclusion, (E, ) est un groupe si et seulement si l’application # est un endomorphisme du
groupe (# , ).

Ex. 25
On considère un anneau (A, +, ) dont tout élément est idempotent.
Montrer que si on a Card A ! 3, alors A admet des diviseurs de 0A .
Dans ce but, pour (a, b) ! A2 , on pourra former ab(a + b).

Avant de s’attaquer à l’objectif, examinons d’un peu plus près l’hypothèse principale : pour tout
a ! A, a 2 = a .

Pour tout a ! A, on a a 2 = a et (1A + a )2 = 1A + a . On a aussi (1A + a )2 = 1A + a + a + a 2 et il


s’ensuit 0A = a + a .
Étant donné (a, b) ! A2 , on a a 2 = a , b2 = b et (a + b)2 = a + b. Mais on a aussi :
(a + b)2 = a 2 + ab + ba + b2
et il s’ensuit ab + ba = 0A .
Or on a ab + ab = 0A d’après la première propriété établie.
Alors ab + ab = 0A et ab + ba = 0A donne ab = ba . L’anneau est ainsi commutatif.
Dans la perspective de diviseurs de 0A , il faut mettre en évidence un produit nul.

Étant donné (a, b) ! A2 , on considère ab(a + b). En développant, on a ab(a + b) = aba + ab2 .
La commutativité donne aba = a 2 b et, en utilisant a 2 = a et b2 = b, il vient :
ab(a + b) = ab + ab
et la première propriété établie donne alors :
ab(a + b) = 0A .
Il ne reste plus qu’à choisir a et b pour avoir ab " 0A et a + b " 0A .
Quand l’anneau A n’est pas réduit à un élément, on a en particulier 0A " 1A .

On choisit a = 1A : pour tout b ! A, on a b(1A + b) = 0A .


Pour tout a ! A, a + a = 0A donne a = a . En particulier, on a 1A = 1A .

1A + b = 0A donne b = 1A donc b = 1A .
Avec Card A ! 3, il existe b & 0A , 1A . Et on a alors b " 0A et 1A + b " 0A , ce qui montre que
tout b & 0A , 1A est un diviseur de 0A .

28 Sujets d’oraux
C Ensembles finis, dénombrement
Ex. 26
(n p)! n + 1 n 2p
Soit n et p des entiers naturels tels que 2p ) n . Montrer que ) .
p! 2
On pourra distinguer les cas : n pair et n impair.

n! (n p)! n! n!
Avec (n p)! = p il vient = p = p
.
p!
(n + 1 k) p! (n + 1 k) k (n + 1 k)
k =1 k =1 k =1
p
Un objectif peut être d’exprimer n ! en expression de même allure que k (n + 1 k ).
k =1
L’indication fournie invite à examiner n pair : n = 2q.
q 2q q q
Si n est pair, on pose n = 2q. Alors (2q)! = k k= k (q + j).
k =1 k =q+1 k =1 j =1
q q
Le changement d’indice défini par j = q + 1 k donne k ! [[ 1, q ]] et (q + j) = (2q + 1 k)
j =1 k =1
q q
d’où n ! = (2q)! = k (2q + 1 k) = k (n + 1 k ). On a donc :
k =1 k =1
q
k (n + 1 k) q
(n p)! k =1
= p = k (n + 1 k ).
p!
k (n + 1 k) k =p+1

k =1
n+1 n+1 2
x # x (n + 1 x ) atteint son maximum en et elle est donc majorée par .
2 2
q
(n p)! n+1 2 n + 1 2(q p) n + 1 n 2p
Il s’ensuit que ) = = .
p! 2 2 2
k =p+1
Si n est impair, on pose n = 2q + 1.
On exprime n ! = (2q + 1)! dans le même esprit qui a guidé la formation de l’expression de (2q)!
utilisée dans le cas précédent.
q 2q+1
On met à part le terme médian du produit : (2q + 1)! = (q + 1) k k.
k =1 k =q+2
2q+1 q
Avec successivement k = (j + q + 1) puis, avec le changement de variable défini par
k =q+2 j =1
j=q+1 k:
q q q
(j + q + 1) = (2q + 2 k) = (n + 1 k ).
j =1 k =1 k =1

Chapitre 1 - Algèbre générale 29


q
En définitive, on obtient : n ! = (2q + 1)! = (q + 1) k (n + 1 k ).
k =1
n+1 n+1 2
En notant que q + 1 = et avec la majoration de k (n + 1 k ) par , il vient :
2 2
q
(n p)! n+1 n + 1 2(q p)+1 n + 1 n 2p
= k (n + 1 k) ) = .
p! 2 2 2
k =p+1

Ex. 27
Soit E un ensemble fini et on note n son nombre cardinal. On note "(E ) l’ensemble des
parties de E .
1) Calculer la somme des cardinaux de tous les sous-ensembles de E .
2) Calculer la somme des cardinaux des sous-ensembles :
a) X ' Y où X et Y décrivent "(E ) ;
b) X $ Y où X et Y décrivent "(E ).

Le cas où n = 0 est sans grand intérêt, les trois sommes étant égales à 0.
On suppose dorénavant n " 0.
1)
C’est un sujet banal dont on peut donner deux solutions.
L’une met davantage l’accent sur des propriétés classiques des coefficients binomiaux.
L’autre attire l’attention sur une méthode fructueuse : à X % E on associe son complémentaire X .
p
a) Pour tout p ! [[ 0, n ]], il y a !n parties de cardinal égal à p. La somme des cardinaux de ces
p
parties est alors p !n et la somme des cardinaux de toutes les parties de E est alors :
n n
p p
U = p !n ou aussi U = p !n .
p=0 p=1
n n 1
p p 1 p 1 p
La relation classique : pour p ! [[ 1, n ]], p !n = n !n 1 donne U = n !n 1 =n !n 1.
p=1 p=0
m
p
Une autre relation classique : pour m ! !, on a !m = 2m . Il vient alors U = n 2n 1
.
p=0

b) X # X est une bijection de "(E ). L’ensemble des parties X de E est égal à l’ensemble des
complémentaires X de ces parties.
Avec U = Card X , on a aussi U = Card X , d’où 2U = Card X + Card X .
X %E X %E X %E
Il y a 2n sous-ensembles X ! "(E ) et, pour chacun d’eux, on a Card X + Card X = n .
On en déduit 2U = n 2n d’où U = n 2n 1 .
2) a)
Avec un sous-ensemble X , il a suffit d’utiliser X .
Avec X et Y dans "(E ), on a besoin de plusieurs sous-ensembles, dont X ' Y , pour une
partition de E .

30 Sujets d’oraux
Soit V = Card(X ' Y ) où la somme porte sur tous les (X, Y ) ! "(E ) "(E ).
X ,Y
La bijection qu’est le passage au complémentaire permet d’écrire que :
V = Card(X ' Y ), V = Card(X ' Y ), V = Card(X ' Y ).
X ,Y X ,Y X ,Y

Il s’ensuit que 4V = Card(X ' Y ) + Card(X ' Y ) + Card(X ' Y ) + Card(X ' Y ) .
X ,Y
Les quatre parties X ' Y , X ' Y , X ' Y et X ' Y sont deux-à-deux disjointes et leur réunion est
égale à E . On a donc Card(X ' Y ) + Card(X ' Y ) + Card(X ' Y ) + Card(X ' Y ) = Card E = n .
Avec Card "(E ) = 2n , on obtient Card "(E ) "(E ) = (2n )2 = 4n .
Il vient alors 4V = n 4n d’où V = n 4n 1
.
b)
Pour X et Y dans "(E ), on sait que Card(X ' Y ) + Card(X $ Y ) = Card X + Card Y .
La dernière somme demandée est de ce fait étroitement liée aux sommes U et V calculées
précédemment.

Posons W = Card(X $ Y ).
X ,Y

On a V + W = Card(X ' Y ) + Card(X $ Y ) , donc V + W = Card X + Card Y , ou


X ,Y X ,Y
encore V + W = Card X + Card Y ou aussi V + W = 2 Card X .
X ,Y X ,Y X ,Y

On a Card X = Card X d’où V + W = 2 2n Card X = 2 2n U = n 4n .


X ,Y Y X X

Avec V + W = n 4n , il vient V + W = 4V , d’où finalement W = 3V = 3n 4n 1


.

Ex. 28
2
n 1 n 1
p 2 p
Pour n ! !, n ! 2, montrer que ! .
(n p )2 n (n 1) n p
p=1 p=1

2
n 1 n 1
p n (n 1) p
L’inégalité proposée équivaut à ) .
n p 2 (n p)
2
p=1 p=1

La première urgence est de chercher une piste d’approche. Deux éléments peuvent donner une
orientation : d’abord la présence de carrés et ensuite :
n 1 n 1
n (n 1) 2
= p= p .
2
p=1 p=1
2
n 1 n 1 n 1
p 2 p
L’inégalité souhaitée équivaut alors à ) p 2
c’est-à-dire :
n p (n p)
p=1 p=1 p=1
2 2
n 1 n 1 n 1
p 2 p
p ) p .
n p n p
p=1 p=1 p=1

Chapitre 1 - Algèbre générale 31


Pour conclure, il reste à établir une inégalité usuelle, connue classiquement sous le nom d’inégalité
de Cauchy-Schwarz :
q 2 q q
2 2
étant donné des réels positifs a1 , . . . , aq , b1 , . . . , bq , on a : ak bk ) ak bk .
k =1 k =1 k =1
C’est un résultat, dont le contexte est celui de produit scalaire, qui est basé sur l’inégalité :
(u v)2 ) u 2
v 2.
On peut en donner une preuve «élémentaire» par récurrence sur q.

Le résultat est évidemment vrai lorsque q = 1.


Montrons que, s’il est vrai pour q, alors il est vrai pour q + 1.
Soit a1 , . . . , aq , aq+1 , b1 , . . . , bq , bq+1 des réels positifs.
q q q
2 2
Posons Aq = ak , Bq = bk et Mq = ak bk . Notons que le réel Mq est positif.
k =1 k =1 k =1
Avec l’hypothèse de récurrence, on a Mq2 ) Aq Bq .
2
L’objectif est de montrer que Mq + aq+1 bq+1 ) Aq + aq2+1 Bq + bq2+1 .
2 2
On a Aq bq2+1 + Bq aq2+1 4Mq2 aq2+1 bq2+1 ! Aq bq2+1 + Bq aq2+1 4Aq Bq aq2+1 bq2+1 donc :

2 2
Aq bq2+1 + Bq aq2+1 4Mq2 aq2+1 bq2+1 ! Aq bq2+1 Bq aq2+1 !0
et il vient :
Aq bq2+1 + Bq aq2+1 ! 2Mq aq+1 bq+1 .
On en déduit :
2
Mq + aq+1 bq+1 = Mq2 + aq2+1 bq2+1 + 2Mq aq+1 bq+1 ) Aq Bq + aq2+1 bq2+1 + Aq bq2+1 + Bq aq2+1 .

Ex. 29
1) Pour n ! !, quel est le nombre d’éléments (a, b, c ) ! !3 tels que a + b + c = n ?

2) Soit n ! ! ; combien y a-t-il de suites croissantes de n termes de [[ 1, n ]] ?

Ces questions n’ont guère de lien entre elles.


La première est assez facile et son intérêt est de donner une idée pour traiter la seconde.

1) a + b + c = n peut se représenter par . . . + . . . + . . . .


a points b points c points
Une solution utilise n + 2 cases, dont deux réservées aux signes +.
Le problème revient à placer 2 signes + dans n + 2 cases.
2
Le nombre de possibilités est alors !n +2 .

2)
Le raisonnement va s’appuyer sur une représentation symbolique des entiers.

Si k et $ sont des entiers tels que $ ! k , on passe de k à $ en ajoutant $ k fois le nombre 1 à k ,


ce que nous symbolisons par $ = k + + + . . . +, avec $ k signes +.

32 Sujets d’oraux
Partant de ce principe, nous représentons une séquence (ak )1)k )n d’entiers de [[ 1, n ]] par une
chaîne constituée de n 1 signes + et de n symboles a :
+ + a + + + . . . + aa + . . . + . . . . . . a + . . . +
dans laquelle le k e terme a représente la valeur de ak égale à 1 auquel on ajoute ce même nombre
1 un nombre de fois égal au nombre de signes + qui le précèdent.
La valeur représentée par chaque a , à partir du deuxième, est donc égale à la valeur du précédent
à laquelle on ajoute 1 un nombre de fois égal au nombre de signes + intercalés entre les deux.
Qand il n’y a pas de signe +, cela correspond à ak +1 = ak .
Si an = n , la chaîne se termine par le n e signe a , sinon elle se termine par une sous-chaîne de +
dont le nombre est l’écart entre an et n .
Exemples pour n = 4. La suite (1, 2, 3, 4) se représente par a + a + a + a .
La suite (1, 3, 3, 3) se représente par a + +aaa +.
Un autre exemple : (2, 2, 2, 2) se représente par +aaaa + +.
La séquence (1, 1, 2, 3) se représente par aa + a + a +.
n 1
Le nombre de solutions est ainsi !2n 1, nombre de façons de placer les n 1 signes + parmi les
2n 1 termes de la chaîne.

Ex. 30
Étant donné un entier n ! ! , on se munit d’un alphabet de n caractères. On forme alors tous
les mots qui ne contiennent pas deux fois la même lettre. Calculer le nombre Mn de mots
ainsi formés en fonction de n ! et de e (nombre de Néper).

Un mot contient au moins une lettre et n au plus.


On s’attache d’abord aux mots de p lettres, avec 1 ) p ) n .

Pour p ! [[ 1, n ]], pour former un mot de p lettres différentes, on choisit ces p lettres parmi les n
puis on les dispose dans un certain ordre.
p
Le nombre Mn,p de mots de p lettres est alors égal à Mn,p = p! !n .
n n
p
Compte tenu de Mn = Mn,p , on a donc Mn,p = p ! !n .
p=1 p=1

La seconde étape est de réduire cette somme.

n
p n! n! 1
Avec !n = , on a Mn,p = , donc Mn = n ! .
(n p)!p! (n p)! (n p)!
p=1
n 1
1
Quand p décrit [[ 1, n ]], l’entier n p décrit [[ 0, n 1 ]] et on obtient M n = n ! .
p!
p=0

Techniquement, il est aussi naturel de considérer des sommes portant sur p ! [[ 0, n ]].
n
1
On peut aussi écrire Mn sous la forme Mn = n ! 1.
p!
p=0
n
1
Classiquement, la somme de terme général est convergente, de limite e.
p!
p=0

Chapitre 1 - Algèbre générale 33


n
1 1
En notant un = et vn = un + , il est classique que les suites (un ) et (vn ) sont adjacentes,
p! n!
p=0
de limite e.
On a donc, pour tout n ! ! , un < e < vn , d’où n !un < n !e < n !un + 1.
On constate ainsi que n !un est la partie entière de n !e.
En conclusion, pour tout n ! ! , on a Mn = E (n !e).

Ex. 31
Pour tout p ! !, on pose :
Ep = [[ 1, 2p + 1 ]],
%p = X % Ep Card X ! p + 1
et %p = X % Ep Card X = p + 1 .
Pour n ! [[ 0, p ]], on considère le sous-ensemble "n,p de %p formé des parties dont le plus
grand élément est n + p + 1.
Quels sont les cardinaux de %p ? de %p ? de "n,p ?
On considère l’application f : %p %p qui à X ! %p associe la partie f (X ) dont les éléments
sont, pour l’ordre naturel sur !, les p + 1 premiers éléments de X .
2p
1 1 p
Donner le cardinal de f ("n,p ) et en déduire la valeur de !k
k =p
2k

Pour celui de %p , remarquons que p + 1 est au milieu de [[ 0, 2p + 1 ]].


r m r
La relation !m = !m s’obtient classiquement en utilisant la bijection qui, à un sous-ensemble,
associe son complémentaire. On peut s’en inspirer.

L’application # de "(Ep ) dans "(Ep ) qui à X associe son complémentaire X est une bijection.
Elle induit une bijection de %p sur son image #(%p ). On a donc :
Card %p = Card #(%p ).
Cette image est formée des parties de Ep qui sont de cardinal inférieur ou égal à p. Comme %p
et #(%p ) forment une partition de "(Ep ), on obtient :
2 Card %p = Card Ep = 22p+1
et finalement, Card %p = 22p .
Le cardinal de %p est banal. Quant à "n,p , il suffit de lire sa description pour en donner le
cardinal.
p+1
%p est de cardinal !2p+1 .
Le sous-ensemble "n,p de %p a son plus grand élément fixé ; ses p autres éléments sont choisis
parmi les n + p éléments de ! strictement inférieurs à n + p + 1.
p
On a donc Card "n,p = !n +p .
Pour préciser f 1 (Y ) pour Y ! %p , la question précédente invite à examiner le plus grand
élément de Y de cardinal p + 1.
Ce plus grand élément est supérieur ou égal à p + 1.
La fonction f n’est pas usuelle. Une lecture attentive de sa description est une clé.

Soit Y ! %p : notons n + p + 1 son plus grand élément, avec n ! [[ 0, p ]].

34 Sujets d’oraux
Les éléments du sous-ensemble f 1 (Y ) sont les parties formées de l’union de Y et de tout
sous-ensemble de [[ n + p + 2, 2p + 1 ]]. Le cardinal de f 1 (Y ) est donc 2p n .
Les "n,p , pour n ! [[ 0, p ]], forment une partition de l’ensemble %p .
1 1
Alors, de %p = f (%p ) = f "n,p .
n ![[ 0,p ]]

L’image réciproque d’une réunion est la réunion des images réciproques.

On déduit que :
p p
p
22p = Card f 1
("n,p ) = 2p n
!n +p
n =0 n =0
p 2p
1 p 1 p
d’où 1 = n +p !n +p et finalement 1 = !k .
n =0
2
k =p
2k

D Arithmétique des entiers

Ex. 32
Soit a et b entiers naturels non nuls et n ! !.
Former la division euclidienne de abn 1 par bn +1 en utilisant la division euclidienne de
a 1 par b.

Soit q et r les quotient et reste dans la division euclidienne de a 1 par b :


a 1 = bq + r , r < b.
La manière la plus simple de faire apparaître abn est de multiplier par bn les deux membres de
l’égalité écrite.

On en déduit abn bn = bn +1 q + rbn , ou encore abn 1 = bn +1 q + (r + 1)bn 1.


n n +1
Pour s’assurer que l’on a écrit la division euclidienne de ab 1 par b , il suffit de vérifier
que 0 ) (r + 1)bn 1 < bn +1 .

Avec 0 ) r < b, il vient 1 ) r + 1 ) b puis bn ) (r + 1)bn ) bn +1 , et enfin :


0 ) bn 1 ) (r + 1)bn 1 < bn +1 .
Dans la division euclidienne de abn 1 par bn +1 , le quotient est q, le reste est (r + 1)bn 1.

Ex. 33
Montrer que tout nombre entier impair peut être écrit comme différence de deux carrés
d’entiers. En est-il de même pour les nombres entiers pairs ?

Examinons en premier lieu une différence de deux carrés : m 2 p 2 = (m p)(m + p).


2 2
Pour avoir m p impair, il est nécessaire et suffisant que m p et m + p soient tous les deux
impairs. Comme m p et m + p ont même parité, il est en fait nécessaire et suffisant que m p
soit impair.

Chapitre 1 - Algèbre générale 35


Étant donné m et p entiers, avec m 2 p2 = (m p)(m + p), on choisit m = p + 1 et il vient :
2 2
m p = 2 p + 1.
Notons que 2p + 1 = (p + 1)2 p2 n’est pas difficile à imaginer !
De la sorte, tout entier impair est la différence de deux carrés d’entiers.
Pour avoir m 2 p2 pair, il est nécessaire et suffisant que m p soit pair.

Soit m et p des entiers tels que m 2 p2 soit pair. Alors m p et m + p sont pairs, donc (m p)(m + p)
est un multiple entier de 4.
Pour qu’un entier n pair soit la différence de deux carrés, il est donc nécessaire que n soit un
multiple de 4.
Étant donné p entier et m = p + 2, on a m 2 p2 = 4p + 4 et, lorsque p décrit l’ensemble des
entiers, 4p + 4 décrit l’ensemble des multiples de 4.
En conclusion, un entier pair est la différence de deux carrés si et seulement si c’est un mul-
tiple de 4.

Ex. 34
Soit aabb l’écriture en base dix d’un entier n . Déterminer parmi ces entiers n ceux qui sont
des carrés d’entiers.

Dans une écriture décimale, le premier chiffre n’est pas 0.

n = (103 + 102 )a + (10 + 1)b = 1100a + 11b = 11(100a + b).

Pour que n soit un carré, il faut que 100a + b soit divisible par 11.

On a 1 ) a ) 9 et 0 ) b ) 9, d’où 100 ) 100a + b ) 909.


En notant que 100a + b = 99a + a + b, il vient que 100a + b est un multiple de 11 si et seulement
si a + b est un multiple de 11.
Les couples (a, b) possibles sont donc (2, 9), (3, 8), (4, 7), (5, 6), (6, 5), (7, 4), (8, 3) et (9, 2).
Il faut donc que 100a + b soit dans E = 209, 308, 407, 506, 605, 704, 803, 902 .
E est aussi l’ensemble de nombres 209 + 99k = 11(19 + 9k ) pour k ! [[ 0, 7 ]].
En examinant les cas, on voit que, pour k ! [[ 0, 7 ]], l’entier 19 + 9k est un carré si et seulement
si k = 5 et on a 19 + 9 5 = 82
L’unique solution est donc 112 82 = 7 744.

Ex. 35
Montrer que, pour tout n ! ! , l’entier 24n +2 + 1 est divisible par 5.
1 4n +2
Montrer que, pour n ! 2, l’entier 2 + 1 n’est pas premier.
5

Les factorisations de a p 1 et a 2p+1 + 1 sont classiques. C’est ici la seconde qui est d’actualité.
2p 2n
a 2p+1 + 1 = (a + 1) ( 1)k a k s’applique ici pour 24n +2 + 1 = 42n +1 + 1 = 5 ( 1)k 4k .
k =0 k =0

36 Sujets d’oraux
1 4n +2
En vue de décomposer 2 + 1 , il est sage de commencer par factoriser 24n +2 + 1 qui
5
2
apparaît naturellement dans 22n +1 + 1 .
2 2 2
Avec 22n +1 + 1 = 24n +2 + 1 + 22n +2 , il vient 24n +2 + 1 = 22n +1 + 1 2n +1 d’où :
24n +2 + 1 = 22n +1 + 1 + 2n +1 22n +1 + 1 2n +1 .
Divisant le produit de 22n +1 + 1 + 2n +1 par 22n +1 + 1 2n +1 , le nombre premier 5 divise au
moins l’un d’eux.
1 4n +2
On en déduit une factorisation de 2 + 1 en produit d’entiers par :
5
1 4n +2 22n +1 + 1 + 2n +1 2n +1
2 +1 = 2 +1 2n +1
5 5
1 4n +2 22n +1 + 1 2n +1
ou 2 +1 = 22n +1 + 1 + 2n +1 .
5 5
Pour montrer que le nombre n’est pas premier, il faut s’assurer que les deux termes sont différents
de 1. C’est probablement le rôle de l’hypothèse n ! 2.

22n +1 + 1 2n +1
Le plus petit des quatre facteurs utiles est .
5
On a 22n +1 + 1 2n +1 = 2n +1 (2n 1) + 1 et, avec n ! 2, il vient 22n +1 + 1 2n +1 ! 25, d’où :
22n +1 + 1 2n +1
! 5,
5
1 4n +2
ce qui achève la preuve que 2 + 1 n’est pas premier.
5

Ex. 36
2n +1
Montrer que, pour tout n ! ! , la partie entière de 3+1 est divisible par 2n +1 .

3 n’est pas entier et il est souhaitable de s’en dégager par élévation à des puissances paires. Un
moyen est d’utiliser le «conjugué» 3 1 de 3 + 1.

En développant par la formule du binôme, on obtient :


n
2n +1 2n +1 2k
En = 3+1 3 1 =2 3k !2n +1 .
k =1

Un premier objectif est atteint : En est un nombre entier.


2n +1
On a 0 ) 3 1 < 1, donc 0 ) 3 1 < 1.
2n +1 2n +1
Alors 3+1 = En + 3 1 < En + 1 permet de dire que :
2n +1
En est la partie entière de 3+1 .
2n +1 2n +1
Examinons d’un peu plus près les nombres 3+1 et 3 1 en mettant en
évidence 3 accompagné de nombres entiers.
2n +1 n n
2n +1 k 2p 2p+1
On a 3+1 = ( 3)k !2n +1 = 3p !2n +1 + 3 3p !2n +1 .
k =0 p=0 p=0

Chapitre 1 - Algèbre générale 37


2n +1
Il existe donc an et bn dans ! tels que 3+1 = an + 3 bn .
n n
2n +1 2p 2p+1 2n +1
3 1 = 3p !2n +1 + 3 3p !2n +1 donne alors 3 1 = an + 3bn .
p=0 p=0
Il s’ensuit que En = 2an .
Il suffit maintenant de montrer que an est divisible par 2n .
Pour cela, on peut procéder par récurrence.

On a a0 = 1 et b0 = 1 en regardant 3 + 1.
Il est aisé d’établir que l’égalité $ + 3% = $ + 3% avec $, $ , % et % entiers implique $ = $
et % = % .
2n +1 2 2n 1
Pour n ! 1, on a 3+1 = 3+1 3+1 . Avec :
2n +1 2n 1
3+1 = an + 3bn et 3+1 = an 1 + 3bn 1,

il vient an + 3bn = 4 + 2 3 (an 1 + 3bn 1 ), c’est-à-dire :


an + 3bn = 2 2an 1 + 3bn 1 + 2 3 an 1 + 2bn 1 .
an = 2 2an 1 + 3bn 1
Il s’ensuit que
bn = 2 an 1 + 2bn 1
Avec a0 = b0 = 1, il vient a1 = 10 et b1 = 6, donc a1 et b1 sont divisibles par 2.
Si an et bn sont divisibles par 2n , alors 2an + 3bn et an + 2bn sont divisibles par 2n , donc :
an +1 = 2 2an + 3bn et bn +1 = 2 an + 2bn sont divisibles par 2n +1 .
On a ainsi prouvé par récurrence que, pour tout n ! ! , an est divisible par 2n .
Et finalement, pour tout n ! ! , l’entier En est divisible par 2n +1 .

Ex. 37
Prouver qu’il y a une infinité de nombres composés (c’est-à-dire non premiers) que l’on ne
peut pas transformer en nombre premier en changeant un seul chiffre dans leurs écritures
décimales.
Pour cela, on pourra considèrer les entiers n = 2 310k 210, avec k ! ! .

2 310k 210 est composé car 2 310k 210 = 10 3 7 (11k 1).


Tout nombre pair plus grand que 2 est composé.

Pour tenter d’obtenir un nombre premier à partir de n = 2 310k 210 en changeant un seul
chiffre, il faut nécessairement modifier le chiffre des unités (qui est 0) en le remplaçant par 1, 3,
5, 7 ou 9.
Cette substitution revient à considérer n + 1 ou n + 3 ou n + 5 ou n + 7 ou n + 9.
Notons que, avec k ! 1, on a n ! 2 200 et que 2 310 = 2 5 3 7 11.
n + 1 = 2 310k 209 est divisible par 11,
n + 3 = 2 310k 207 est divisible par 3,
n + 5 = 2 310k 205 est divisible par 5,
n + 7 = 2 310k 203 est divisible par 7,
n + 9 = 2 310k 201 est divisible par 3.

38 Sujets d’oraux
De la sorte aucune des modifications envisageables ne convient et les entiers n = 2 310k 210,
k ! ! , donnent une réponse au problème.

Ex. 38
Déterminer les nombres entiers x tels que x 2 2x + 2 soit divisible par 17.

Une bonne mise en route consiste à examiner quelques valeurs simples de x . Dans un problème
«ouvert», il est souvent utile de mettre en évidence une solution particulière.
En posant f (x ) = x 2 2x + 2, on obtient f (1) = 1, f (2) = 2, f (3) = 5, f (4) = 10, f (5) = 17.
5 est donc une solution.
Alors f (x ) est divisible par 17 si et seulement si f (x ) f (5) est divisible par 17.
On a f (x ) f (5) = (x 2 2x + 2) (52 2 5 + 2) = (x 2 52 ) 2(x 5) = (x 5)(x + 3).
17 étant un nombre premier, f (x ) f (5) est divisible par 17 si et seulement si x 5 est divisible
par 17 ou si x + 3 est divisible par 17.
Les solutions sont donc, avec k ! !, les nombres 17k + 5 ou 17k 3.
Par exemple, 14 est solution, ce que l’on explicite avec f (14) = 170 = 17 10.

Ex. 39
Déterminer les entiers naturels n tels que les restes dans les divisions de 21 685 et de 33 509
par n soient 37 et 53 respectivement.

n est solution si et seulement si 21 685 = an + 37, 37 < n , et 33 509 = bn + 53, 53 < n ,


c’est-à-dire 21 648 = an , 33 456 = bn , n > 53.
Les solutions sont ainsi les diviseurs, strictement plus grands que 53, du pgcd de 21 648 et
33 456.
Pour déterminer ce pgcd, on utilise l’algorithme d’Euclide.

Les étapes successives de l’algorithme d’Euclide sont :


33 456 = 21 648 + 11 808, 21 648 = 11 808 + 9 840, 11 808 = 9 840 + 1 968
et 9 840 = 5 1 968.
On a donc 33 456 21 648 = 1 968.
Pour déterminer les diviseurs de 1 968, on forme sa décomposition en produit de facteurs
premiers.

Avec 1 968 = 24 3 41, il y a 5 2 2 = 20 diviseurs entiers naturels.


4
Avec 2 3 = 48, tout diviseur strictement plus grand que 53 contient le facteur 41.

Les solutions sont finalement les entiers :


41 2, 41 2 2 , 41 23 , 41 24 , 41 3, 41 2 3, 41 22 3, 41 23 3, 41 24 3.

Ex. 40
Déterminer les couples (x, y) d’entiers relatifs tels que 13x 8y = 1.

13 et 8 étant premiers entre eux, le théorème de Bézout assure qu’il y a une solution.

Chapitre 1 - Algèbre générale 39


Soit (x0 , y0 ) ! '2 tel que 13x0 8y0 = 1.
Alors (x, y) est solution si et seulement si , 13x 8y = 13x0 8y0 , c’est-à-dire
13(x x0 ) = 8(y y0 ).
Le théorème de Gauss assure que 13 divise y y0 .
Ainsi y y0 est nécessairement de la forme y y0 = 13k , k ! '.
(x, y0 + 13k ) est solution si et seulement si 13(x x0 ) = 8 13k , c’est-à-dire x x 0 = 8k .
En conclusion, les solutions sont les (x0 + 8k, y0 + 13k ), k ! '.
Il reste enfin à détermier une solution (x0 , y0 ). On choisit x0 de sorte que 13x0 1 soit un
multiple de 8.
Notons que 13x0 = 8y0 + 1 montre que x0 est nécessairement impair.

On teste des valeurs simples :


x0 = 1, 13x0 1 = 12 ne convient pas. x0 = 3, 13x0 1 = 38 ne convient pas.
x0 = 5, 13x0 1 = 64 convient, avec y0 = 8.
La connaissance de la solution (5, 8) achève la détermination de l’ensemble des solutions :
(5 + 8k, 8 + 13k ), k ! ' .
Dans cet exemple, il est aisé de trouver une solution. À défaut d’en "deviner" une, rappelons que
l’algorithme d’Euclide fournit une méthode efficace dans tous les cas.

Autre méthode pour obtenir une solution :


L’algorithme d’Euclide se décompose en 13 = 8 + 5, 8 = 5 + 3, 5 = 3 + 2, 3 = 2 + 1.
En remontant les calculs, il vient 1 = 3 2 = 3 (5 3) = 2 3 5,
puis 1 = 2(8 5) 5 = 2 8 3 5 et enfin 1 = 2 8 3(13 8) = 3 13 + 5 8,
ce qui donne la solution ( 3, 5).
Notons que l’on a ( 3, 5) ! (5 + 8k, 8 + 13k ), k ! ' en prenant k = 1.

Ex. 41
Les nombres parfaits sont les nombres N ! ! tels que la somme .(N ) des diviseurs dans ! de
N soit égale à 2N . On ne connaı̂t pas de nombre parfait impair, mais on peut déterminer
les nombres parfaits pairs.
Soit N = 2n b, avec n > 0 et b impair.
a) Justifier que .(N ) = (2n +1 1) . (b) et montrer que, si N est parfait, alors il existe un
entier ( tel que .(b) = (2n +1 et b = ((2n +1 1).
b) En étudiant les diviseurs de b, montrer que ( = 1 et en déduire que 2n +1 1 est premier.
Réciproquement, vérifier que si p = 2n +1 1 est premier, alors N = 2n p est parfait.

a)
N est le produit de deux entiers premiers entre eux. Il est certainement nécessaire d’examiner
.(uv) avec u v = 1. On peut prouver que, dans ce cas, on a .(uv) = .(u ) . (v)
Dans le cas présent, avec u = 2n , la preuve est plus facile que dans le cas général.
Les diviseurs de 2n sont les 2s , avec 0 ) s ) n .
r
Soit b = pk$k la décomposition en produit de facteurs premiers de b.
k =1

40 Sujets d’oraux
r
/
Les diviseurs de b sont les d = pkk , avec 0 ) /k ) $k .
k =1
Soit & l’ensemble de ces diviseurs.
$1 $2 $r
... / / /
La somme .(b) = d des diviseurs de b est égale à p11 p22 . . . pr r
d !& /1 =0 /2 =0 /r =0
$1 $2 $r
/1 / / $
c’est-à-dire p1 p12 ... p1r = (1 + p1 + . . . + p1 1 ) ... (1 + pr + . . . + pr$r ).
/1 =0 /2 =0 /r =0
Les diviseurs de 2 b sont les 2s d , avec 0 ) s ) n et d ! &
n
n n
et la somme des diviseurs de N = 2n b est .(N ) = 2s d = 2s d .
s=0 d !& s=0 d !&
On a donc .(N ) = .(2n ) . (b).
n
Voici donc un point d’attaque élucidé. Notons aussi que 2s = 2n +1 1.
s=0

Il vient donc .(N ) = (2n +1 1) . (b).


Si N est parfait, c’est-à-dire 2N = .(N ), alors on a 2n +1 b = (2n +1 1) . (b).
Or 2n +1 et 2n +1 1 sont premiers entre eux et, avec le théorème de Gauss, il existe un entier (
tel que .(b) = (2n +1 et b = ((2n +1 1).
b)
Parmi les diviseurs de b = ((2n +1 1), il y a 1, ( et ((2n +1 1) > (.

Si ( > 1, alors la somme .(b) est au moins égale à 1 + ( + ((2n +1 1) > (2n +1 .
La contradiction donne ( = 1.
Alors .(b) = b + 1 et b = 2n +1 1 n’a pas d’autres diviseurs que 1 et b ; il est donc premier.
Si p = 2n +1 1 est premier, alors .(p) = p + 1 = 2n +1 .
Il s’ensuit que .(N ) = (2n +1 1)2n +1 = 2N , donc N = 2n p est parfait.
Les nombres premiers de la forme 2q 1 sont appelés les nombres de Mersenne.

Ex. 42
Nombres de Fermat
1) Soit a ! !, a ! 2, et n ! !, n ! 2. On note An le nombre a n + 1. Montrer que si a est
impair, alors An n’est pas premier.
Montrer que si n est divisible par un entier impair, alors An n’est pas premier.
n
2) On appelle nombres de Fermat les nombres Fn = 22 + 1.
Vérifier que F1 , F2 , F3 et F5 sont premiers. Mais F5 est divisible par 641.
Montrer que, pour tout k ! ! , Fn divise Fn +k 2. En déduire que Fn Fn +k = 1.
En déduire qu’il y a au moins n nombres premiers inférieurs à Fn .

1) Si a est impair, alors a n est impair et An est pair.


Avec a ! 2, on a An ! 3 donc, puisqu’il est divisible par 2, An n’est pas premier.
Si n est de la forme n = (2k + 1)q, k ! 1, on a An = (a q )2k +1 + 1.

Chapitre 1 - Algèbre générale 41


2k
L’identité X 2k +1 + 1 = (X + 1) ( 1)j X j prouve que An est divisible par a q + 1,
j =0
avec 1 < a q + 1 < An , donc An n’est pas premier.
Si An est premier, on a donc nécessairement a = 2p et n est une puissance entière de 2.
n
En cas particulier, on considère les nombres de Fermat Fn = 22 + 1.
Un peu de calcul numérique facile avec une calculatrice. Que feriez-vous sans ?
Avec des exposants 2n , la croissance exponentielle rend très vite les nombres An extrêmement
grands.

2) On a F0 = 3, F1 = 5, F2 = 17, F3 = 257 et F4 = 65 537 et ils sont premiers.


En revanche, F5 = 4 294 967 297 = 641 6 700 417 n’est pas premier.
Ce résultat a été donné par Euler, en 1732.
Ce n’est qu’en 1880 qu’il a été prouvé que F6 n’est pas premier : cela se comprend mieux quand
on imagine que F6 est de l’ordre de 3 1019 .
n k k 1
En posant q = 22 , on a Fn = q + 1 et Fn +k 2 = q2 1 = (q 2 )2 1.
k k
Il en résulte Fn +k 2 = q2 1 q2 2 + q2 4 + . . . + 1 et Fn divise Fn +k 2.
Un diviseur d de Fn divise donc Fn +k 2.
Si d est aussi un diviseur de Fn +k , il divise alors 2 et, comme Fn est impair, on a nécessairement
d = 1.
Ainsi 1 est le seul diviseur dans ! commun à Fn et Fn +k , donc Fn Fn +k = 1.
Chaque Fi , 1 ) i ) n admet un diviseur premier impair qi .
Comme les entiers Fi sont deux à deux premiers entre eux, les q1 , . . . qn sont deux à deux
distincts. Il y a donc au moins n nombres premiers inférieurs à Fn .

Ex. 43
Montrer que p ! !, p ! 2, est premier si et seulement si p divise (p 1)! + 1.

Ce résultat est connu sous le nom de théorème de Wilson.


Le cas p = 2 est trivial en on se limite dans la suite à p ! 3.
Commençons par examiner ce qui se passe quand p divise (p 1)! + 1.

Si p divise (p 1)! + 1, il existe un entier m tel que (p 1)! + 1 = mp, ou encore


mp (p 1)! = 1. et le théorème de Bézout permet alors de dire que p (p 1)! = 1.
p est alors premier avec tous les entiers de [[ 1, p 1 ]] et c’est donc un nombre premier.
Pour l’utilisation du théorème de Bézout, on peut en donner une forme «améliorée».

Soit p et q des entiers naturels premiers entre eux, supérieurs ou égaux à 2.


Par le théorème de Bézout, il existe u et v entiers tels que up + vq = 1.
Dans la division euclidienne de u par q, on a u = (q + u , avec 0 ) u < q.
On a en fait 0 < u < v, sinon u = 0 donne u = (q et q((p + v) = 1 imposerait q = 1.
L’égalité de Bézout s’écrit donc u p + ((u + v)q = 1 et on pose v = ( u v.
Avec v q = u p 1 et u p > 1, on a v > 0 et u p 1 < pq donne v q < pq donc v < p.
En conclusion, il existe u et v , avec 0 < u < q et 0 < v < p, tels que u p v q = 1.

42 Sujets d’oraux
On peut de plus remarquer qu’il y a unicité du couple (u , v ) ainsi associé à (p, q).
En effet, considérons un couple (u , v ) d’entiers tel que u p v q = 1 avec 0 < u < q et
0 < v < p. On a alors (u u )p = (v v )q donc, puisque p q = 1, le théorème de Gauss
donne que q divise u u ce qui, compte tenu de u u < q, exige u u = 0 d’où il résulte
v v = 0.

Abordons maintenant la réciproque.

Pour p = 3, on a (3 1)! + 1 = 3 donc la propriété p divise (p 1)! + 1 est vraie. On se limite


alors à p premier, p ! 5.
Si p est premier, p ! 5. Il est premier avec tout k ! [[ 2, p 1 ]].
Avec la propriété de Bézout «améliorée», il existe u ! [[ 1, p 1 ]] et v ! [[ 1, k 1 ]] tels que
uk = vp + 1.
Le cas u = k donne k 2 1 = vp, donc p divise k 1 ou k + 1,
ce qui impose k = 1 ou k = p 1.
Si on a uk = 1 + vp et uk = 1 + v p, alors u (k k ) = (v v )p. Or uk vp = 1 donne p u = 1,
donc (théorème de Gauss), p divise k k et, avec 0 ) k k < p, il vient k = k .
On déduit de celà que les entiers compris entre 2 et p 2 peuvent être regroupés deux à deux
p 3
en couples (ki , ui ) avec i compris entre 1 et r = , de sorte que, pour tout i , on ait : ui " ki
2
et ui ki = 1 + vi p.
r
On peut alors écrire (p 1)! = (p 1) ui ki
i =1
Chaque terme ui ki admet 1 pour reste dans la division par p ; il en est donc de même pour leur
produit.
r
Avec ui ki = 0p + 1, avec 0 ! ! , il vient (p 1)! = (p 1)(0p + 1) = (0p + 1 0)p 1
i =1
ce qui montre que (p 1)! + 1 est divisible par p.

Ex. 44
Soit p un nombre premier et n un entier, n ! p. Ici E (x ) est la partie entière de x
p n
Montrer que !n E p est divisible par p.

n n
Posons q = E : alors q ) < q + 1 donne pq ) n < pq + p,
p p
et on peut écrire n = pq + r , avec 0 ) r < p.
p
On écrit p! !n en forme explicite de produit, en mettant en évidence le rôle joué par r .

p 1 p 1
p
En écrivant p! !n = (n k) = (pq + r k ),
k =0 k =0
r p 1
p
on le décompose sous la forme p! !n = (pq + r k) (pq + r k)
k =0 k =r +1

Chapitre 1 - Algèbre générale 43


On note aussi que, quand k décrit [[ r +1, p 1 ]], alors k = p k + r décrit encore [[ r +1, p 1 ]].
Et, quand k décrit [[ 0, r ]], alors k = r k décrit aussi [[ 0, r ]].

On peut aussi écrire :


r p 1 r p 1
p p
p! !n = (pq + k ) (pq p + k ) ou encore p! !n = pq (pq + k ) (pq p + k)
k =0 k =r +1 k =1 k =r +1
r p 1
p
On a donc (p 1)! !n = q (pq + k ) (pq p + k ).
k =1 k =r +1
r p 1
Dans la division par p, le produit (pq + k ) (pq p + k)
k =1 k =r +1
r p 1
a le même reste que k k , c’est-à-dire (p 1)!.
k =1 k =r +1
p
On en déduit que (p 1)! !n a le même reste que q(p 1)! dans la division par p.
p
Il s’ensuit que (p 1)! !n q est divisible par p.
p
Comme p premier ne divise pas (p 1)!, il vient que !n q est divisible par p.

Ex. 45
Montrer que 4 ! +3 contient une infinité de nombres premiers.

Classiquement, 4 ! +3 est l’ensemble des nombres de la forme 4k + 3, où k décrit !.


Il y a des exemples simples de tels nombres qui sont premiers :
3, 7 = 3 + 4, 11 = 3 + 4 2, 19 = 3 + 4 4.

Soit p1 , . . . pn , n ! ! , des nombres premiers appartenant à 4 ! +3.


Le produit de ces nombres est certainement utile. Mais il ne faut pas s’éloigner de 4 ! +3
n
Alors A = 3 + 4 pk > 2 est dans 4 ! +3.
k =1
Ses facteurs premiers sont nécessairement impairs.
Dans la division de A par l’un des entiers p1 , . . . , pn , le reste est égal à 3, donc aucun des diviseurs
premiers de A n’est dans p1 , . . . , pn .
Dans la division d’un entier impair par 4, le reste est 1 ou 3.

Tous ces facteurs premiers ont 1 ou 3 pour reste dans la division par 4.
S’ils étaient tous dans 4 ! +1, il en serait de même pour leur produi.t
Comme on a (4 ! +1) ' (4 ! +3) = 1, l’un d’eux est nécessairement dans 4 ! +3.
Il existe alors un diviseur premier q ! (4 ! +3) + p1 , . . . , pn .
Ce qui montre que ( ' (4 ! +3) est infini.

44 Sujets d’oraux
Thèmes d’étude - Problèmes
1 Quelques sujets de trigonométrie

1) Préliminaire : somme de termes de certaines suites.


Soit (un )n !! une suite pour laquelle il existe une suite (vn )n !! telle que :
*n ! !, vn +1 vn = un
n 1
Exprimer 2n = uk à l’aide de vn et v0 .
k =0

C’est un calcul de somme par télescopage.

2) Vérifier, quand elle a un sens, la relation : cotan x 2 cotan 2x = tan x .


cos x
On rappelle que cotan x = sin x .
n
En déduire une expression réduite de 2k tan(2k x ).
k =0

3) Exprimer, quand cela a un sens, tan p tan q à l’aide de sin(p q) , cos p et cos q.
n
1
En déduire une expression réduite de .
cos kx cos(k + 1)x
k =1

4) Vérifier, quand elle a un sens, la relation : tan 2x 2 tan x = tan2 x tan 2x .


n
x x
En déduire une expression réduite de 2k 1
tan tan2 .
2k 1 2k
k =1

Calculer la limite de cette somme quand n tend vers + .


n
x x x
5) Vérifier que sin x = 3 sin 4 sin3 Réduire la somme 3k 1
sin3 .
3 3 3k
k =1

1 tan 2x
6) Vérifier, quand elle a un sens, la relation 1 + cos 2x = tan x
n
1
Réduire le produit 1+ .
k =1
cos 2k x

cos 2a cos 2b
7) Vérifier que cos a + cos b =
2(cos a cos b)
n
x y
En déduire une expression réduite de cos + cos .
k =1
2k 2k

Chapitre 1 - Algèbre générale 45


Solution
n 1 n 1 n 1 n 1 n n 1
1) 2n = uk = (vk +1 vk ) = vk +1 vk = vk vk = vn v0 .
k =0 k =0 k =0 k =0 k =1 k =0

"
2) cotan x est défini pour x /# 0 mod ", tan x est défini pour x /# mod " et cotan 2x est
2
" "
défini pour x /# 0 mod , donc cotan x 2 cotan 2x = tan x a un sens pour x /# 0 mod ,
2 2
cos x cos 2x cos x cos 2x cos2 x cos 2x
cotan x 2 cotan 2x = 2 = =
sin x sin 2x sin x sin x cos x sin x cos x
1 cos2 x sin2 x
et il vient cotan x 2 cotan 2x = = = tan x .
sin x cos x sin x cos x
On en déduit tan 2k x = cotan 2k x 2 cotan 2k +1 x , ce qui donne :
2 tan 2 x = 2k cotan 2k x
k k
2k +1 cotan 2k +1 x .
n
Il s’ensuit finalement 2k tan 2k x = cotan x 2n +1 cotan 2n +1 x .
k =0
"
3) Pour p et q différents de 2 mod ", on a :
sin p sin q sin p cos q cos p sin q sin(p q)
tan p tan q = = =
cos p cos q cos p cos q cos p cos q
1 1
donc, avec de plus p /# q mod ", il vient = tan p tan q .
cos p cos q sin(p q)
" "
Ainsi, lorsque x /# 0 mod ", et x /# 2k mod k pour 1 ) k ) n + 1, on a :
1 1
= tan(k + 1)x tan kx
cos kx cos(k + 1)x sin x
n
1 1
et il s’ensuit : = tan(n + 1)x tan x d’où :
cos kx cos(k + 1)x sin x
k =1
n
1 1 sin nx 2 sin nx
= = .
cos kx cos(k + 1)x sin x cos(n + 1)x cos x sin 2x cos(n + 1)x
k =1

2t
4) En posant t = tan x , il vient tan 2x 2 tan x = 2 2t c’est-à-dire :
1 t
1 2t
tan 2x 2 tan x = 2t 2 1 = t2 2 = tan2 x tan 2x .
1 t 1 t
x x x x
Avec tan2 tan = tan 2 tan , on a :
2k 2k 1
2k 1
2k
x x x x
2k 1
tan2 tan = 2k 1
tan 2k tan ,
2k 2k 1
2k 1
2k
n
x x x
d’où : 2k 1
tan2 tan = tan x 2n tan .
2 k
2 k 1 2n
k =1
x tan(x / 2n )
Nous avons 2n tan n =x n .
2 x/2

46 Thèmes d’étude – Problèmes


x tan X x
Avec lim = 0 et lim = 1, il vient lim tan x 2n tan = tan x x.
n + 2n X 0 X n + 2n

5) sin 3a = 3 sin a 4 sin 3 a est classique (en développant sin(2a + a )), donc :

x x
sin x = 3 sin 4 sin3
3 3
x 1 x
et il s’ensuit sin3 = 3 sin sin x d’où :
3 4 3
x 1 x x x 1 k x x
sin3 = 3 sin k sin et 3k 1
sin3 = 3 sin k 3k 1
sin .
3k 4 3 3k 1
3k 4 3 3k 1

n
x 1 n x
On en déduit 3k 1
sin3 k
= 3 sin n sin x .
3 4 3
k =1

" "
6) tan x " 0 nécessite x /# 0 mod , l’existence de tan 2x nécessite 2x /# mod ", donc
2 2
" " " " "
x /# mod , et cos 2x " 0 nécessite 2x " mod ", donc x /# mod .
4 2 2 4 2
"
La relation proposée a donc un sens pour x /# 0 mod 4 .

sin x sin 2x tan 2x sin 2x cos x 2 sin x cos2 x


Avec tan x = et tan 2x = , il vient = = donc :
cos x cos 2x tan x cos 2x sin x sin x cos 2x

tan 2x 2 cos2 x 1 + cos 2x 1


= = = 1+ .
tan x cos 2x cos 2x cos 2x

1 tan 2k 1
x
On en déduit que 1 + k 1 = k 2 lorsque cette expression a un sens.
cos 2 x tan 2 x

Pour les produits par télescopage, on procède comme pour les sommes.

n
1 tan 2n 1
x
d’où 1+ = .
k 1 x
k =1
cos 2 x tan
2

7) De cos 2a = 2 cos2 a 1, on déduit cos 2a cos 2b = 2(cos2 a cos2 b) puis :

cos 2a cos 2b
= 2(cos a + cos b),
cos a cos b
ceci nécessitant cos a " cos b, c’est-à-dire a /# b mod 2" et a /# b mod 2", soit aussi :

a + b /# 0 modulo 2" et a b /# 0 modulo 2".


x y
x y 1 cos 2k 1
cos
2k 1
Il vient donc cos k + cos k =
2 x y quand cette expression a un sens, d’où :
2 2 cos cos
k k
2 2
n
x y 1 cos x cos y
cos + cos = .
2 k
2 k 2n cos x
cos
y
k =1
2n 2n

Chapitre 1 - Algèbre générale 47


2 Somme des cubes des n premiers entiers
1) On suppose qu’il existe une suite (xn )n !! de réels telle que :
n n 2
3
*n ! !, xk = xk .
k =0 k =0
n
Pour tout n ! !, on pose Sn = xk .
k =0

a) Montrer que, pour tout n ! !, xn3+1 = 2Sn xn +1 + xn2+1 .


m (m + 1)
b) En déduire que, pour tout entier n ! !, il existe m ! ! tel que Sn = 2
.

c) Déterminer la suite (xn )n !! qui vérifie x0 = 0 et *n ! ! , xn > 0.


n
p
2) Pour n et p dans ! , on pose Sn ,p = k .
k =1
On étudie l’ensemble des éléments p ! ! tels que, pour tout n ! ! , le nombre Sn ,p soit le
carré d’un entier.
a) Vérifier que 3 convient.
b) Préciser s’il y a d’autre solutions en étudiant S2 ,p .

Solution

n n +1
1) a) Avec xk3 = Sn2 et xk3 = Sn2 +1 , il vient xn3+1 = Sn2 +1 Sn2 . On en déduit :
k =0 k =0
xn3+1 = (Sn +1 Sn )(Sn +1 + Sn ) = xn +1 (2Sn + xn +1 ) = 2Sn xn +1 + xn2+1 .

m (m + 1)
b) Procédons par récurrence pour prouver la propriété "(n ) : ,m ! !, Sn = .
2
Pour n = 0, l’égalité x03 = x02 implique x0 = 0 ou x0 = 1.
Pour x0 = 0, m = 0 convient et pour x0 = 1, m = 1 convient. Donc "(0) est vraie.
Établissons que "(n ) "(n + 1).
m (m + 1)
On a xn3+1 = xn2+1 + 2Sn xn +1 . Avec Sn = 2
, il vient xn3+1 = xn2+1 + m (m + 1)xn +1 ,
c’est-à-dire xn +1 xn2+1 xn +1 m (m + 1) = 0 ou aussi xn +1 (xn +1 + m )(xn +1 m 1) = 0.
m (m + 1)
Pour xn +1 = 0, on a Sn +1 = Sn donc Sn +1 = 2
et m convient.
Dans le cas où xn +1 " 0, on a xn +1 = m ou xn +1 = m + 1, avec m " 0, donc m > 0.
m (m + 1) (m 1)m
Pour xn +1 = m , alors Sn +1 = Sn m= m= et m 1 convient.
2 2
m (m + 1) (m + 1)(m + 2)
Pour xn +1 = m + 1, on a Sn +1 = +m+1= et m + 1 convient.
2 2
On a donc "(n ) "(n + 1).
En conclusion, la propriété "(n ) est vraie pour tout n ! !.

48 Thèmes d’étude – Problèmes


c) L’hypothèse *n ! ! , xn > 0 et l’étude ci-dessus de "(n ) "(n + 1) impose de choisir, à
chaque étape, xn +1 = m + 1.
Montrons alors que, pour tout n ! !, on a xn = n .
Soit '(n ) la propriété : *k ! [[ 0, n ]], xk = k . La propriété '(0) est vraie par hypothèse.
n
n (n + 1)
Avec '(n ), on a Sn = k= , donc m = n et la valeur strictement positive de xn +1 ne
2
k =0
peut être que m + 1 = n + 1, ce qui prouve la propriété '(n + 1).
Il reste à vérifier que la suite (n )n !! convient, c’est-à-dire que, pour tout n ! !, on a :
n n 2 2
3 n (n + 1)
k = k = .
2
k =0 k =0
n 2
3 n (n + 1)
On procède par récurrence. Si on a k = , alors :
2
k =0
n +1 2
3
2
n (n + 1)
2
(n + 1)2 n 2 + 4n + 4
3 (n + 1)(n + 2)
k = + (n + 1) = = .
4 4 2
k =0
n 2
3 n (n + 1)
2) a) Le résultat précédent se lit aussi *n ! ! , Sn ,3 = k = .
2
k =0
La propriété est vraie lorsque p = 3.
b) Si p convient, alors S2 ,p est un carré : il existe q ! ! tel que 1 + 2p = q2 .
2p = q 2 1 = (q 1)(q + 1) donne qu’il existe (u, v) ! (! )2 , u + v = p et q 1 = 2u , q + 1 = 2 v .
Alors q + 1 = q 1 + 2 donne 2v = 2u + 2 puis 2v 1 = 2u 1 + 1, ce qui impose u = 1 puis v = 2
et donc p = 3.
En conclusion, Sn ,p n’est un carré pour tout n que pour p = 3.

3 Dénombrabilité de ! x !
1) Préliminaire
(x + y)(x + y + 1)
a) Justifier que, pour tout (x, y) ! !2 , on a 2
! !.
On considère alors l’application f de ! ! dans ! définie par :
(x + y)(x + y + 1)
*(x, y) ! !2 , f (x, y) = y + .
2
b) Quelques calculs numériques : dans le tableau de gauche, figurent quelques éléments
de !2 ; porter dans le tableau de droite les valeurs prises par f pour les couples précisés à
gauche.
Ces résultats ne sont qu’une indication pour la suite.

Chapitre 1 - Algèbre générale 49


Couples (x, y) f (x, y)

0 1 2 3 4 0 1 2 3 4
0 (0, 0) (0, 1) (0, 2) (0, 3) (0, 4) 0
1 (1, 0) (1, 1) (1, 2) (1, 3) 1
2 (2, 0) (2, 1) (2, 2) 2
3 (3, 0) (3, 1) 3
4 (4, 0) 4

2) a) Étant donné (x, y) et (x , y ) dans !2 tels que x + y ! x + y + 1, montrer que :


f (x, y) > f (x , y ).

b) En déduire que f (x, y) = f (x , y ) x +y)x +y puis que :


f (x, y) = f (x , y ) x +y=x +y .

c) En déduire que f est injective.

3) a) Étant donné (x, y) ! !2 tel que x ! 1, comparer f (x 1, y + 1) et f (x, y).

b) Étant donné y ! !, comparer f (y + 1, 0) et f (0, y).

c) Montrer que f est surjective.

On a ainsi établi qu’il existe une bijection de !2 sur !.


La suite du problème a pour but de déterminer l’antécédant d’un entier p.

(x + y)(x + y + 1) (x + y + 1)(x + y + 2)
4) Montrer que, pour tout (x, y) ! !2 , ) f (x, y) < .
2 2

5) Étant donné k ! ! , on note S(n ) la somme des entiers compris entre 1 et n .

a) Montrer que, pour tout p entier naturel non nul, il existe un unique entier n ! ! tel que :
S(n ) ) p < S(n + 1).

x (x + 1)
b) Justifier que l’équation x ! #, 2
= p a une racine réelle positive et une seule,
notée $. Montrer alors que $ 1 < n ) $.

c) En déduire que si f (x, y) = p, alors x + y = n et y = p S(n ).

6) Exemple numérique : déterminer le couple (x, y) tel que f (x, y) = 10 000.


2
Résultat numérique utile : 80 001 = 282, 84 à 10 près.

Solution

(x + y)(x + y + 1)
1) a) est la somme des entiers compris entre 0 et x + y, c’est donc un nombre
2
entier naturel. On peut aussi remarquer qu’un des entiers x + y ou x + y + 1 est pair.

50 Thèmes d’étude – Problèmes


b) Couples (x, y) f (x, y)

0 1 2 3 4 0 1 2 3 4
0 (0, 0) (0, 1) (0, 2) (0, 3) (0, 4) 0 0 2 5 9 14
1 (1, 0) (1, 1) (1, 2) (1, 3) 1 1 4 8 13
2 (2, 0) (2, 1) (2, 2) 2 3 7 12
3 (3, 0) (3, 1) 3 6 11
4 (4, 0) 4 10

2) a) De x + y ! x + y + 1, on déduit x + y + 1 ! x + y + 2.
On multiplie membre à membre puis on divise par 2 et on ajoute y ; il vient :
(x + y)(x + y + 1) (x + y + 1)(x + y + 2)
+y! + y,
2 2
(x + y + 1)(x + y )
d’où f (x, y) ! + x + y + 1 + y, c’est-à-dire :
2
f (x, y) ! f (x , y ) + x + y + 1
et enfin f (x, y) > f (x , y ) car x + y + 1 > 0. On a donc :
x +y!x +y +1 f (x, y) > f (x , y ).

b) La contraposée de cette proposition est :


f (x, y) ) f (x , y ) x + y < x + y + 1.
On a donc en particulier :
f (x, y) = f (x , y ) x +y)x +y .
En permutant les couples (x, y) et (x , y ), on obtient :
f (x, y) = f (x , y ) x + y ) x + y.
Finalement, on a f (x, y) = f (x , y ) x + y = x + y.

c) Avec f (x, y) = f (x , y ) et donc x + y = x + y , il vient :


(x + y)(x + y + 1) (x + y)(x + y + 1)
+y = +y ,
2 2
d’où y = y , puis x = x , donc (x, y) = (x , y ). Ainsi f est injective.

(x + y)(x + y + 1)
3) a) Avec x ! 1, on a (x 1, y + 1) ! !2 et f (x 1, y + 1) = + y + 1,
2
c’est-à-dire f (x 1, y + 1) = f (x, y) + 1.

(y + 1)(y + 2) y(y + 1)
b) On a (y + 1, 0) ! !2 et f (y + 1, 0) = = + y + 1 = f (0, y) + 1.
2 2

c) Pour n ! !, soit "(n ) la proposition ,(x, y) ! !2 , f (x, y) = n .


On a f (0, 0) = 0, donc "(0) est vraie.
Soit (x, y) ! !2 tel que f (x, y) = n .
Si x ! 1, alors f (x 1, y + 1) = n + 1, et si x = 0, alors f (y + 1, 0) = n + 1.
On a donc "(n ) "(n + 1).
On en déduit que "(n ) est vraie pour tout n ! !, c’est-à-dire que f est surjective.

Chapitre 1 - Algèbre générale 51


(x + y)(x + y + 1)
4) y ! 0 donne f (x, y) ! .
2
(x + y + 1)(x + y + 2) (x + y + 1)(x + y) (x + y + 1)(x + y + 2)
= + x + y + 1 donne f (x, y) < .
2 2 2

5) a) La suite S(k ) k !! est strictement croissante car S(k + 1) = S(k ) + k + 1 > S(k ) pour
tout k ! !.
L’ensemble Ep = k ! !, S(k ) ) p est une partie de ! non vide (0 ! Ep ) et majorée ; en effet
p ) S(p) montre que k ! Ep k ) p.
Soit n le plus grand élément de Ep : il vérifie S(n ) ) p < S(n + 1).
b) L’équation x ! #, x 2 + x 2p = 0 a deux racines réelles distinctes. Leur produit 2p est
strictement négatif, elles sont donc de signes contraires.
$ ($ + 1)
Soit $ > 0 tel que = p.
2
t (t + 1)
Notons que g : # #, t # est strictement croissante.
2
Alors :
n (n + 1) $ ($ + 1)
= S(n ) ) p = donne n ) $,
2 2
$ ($ + 1) (n + 1)(n + 2)
et = p < S(n + 1) = donne $ < n + 1.
2 2
c) Avec S(x + y) ) f (x, y) < S(x + y + 1), si f (x, y) = p, alors d’après le a), on a n = x + y puis
f (x, y) = S(n ) + y donne y = p S(n ).

1+ 80 001
6) La racine positive de x 2 + x 20 000 = 0 est $ = 2
( 140.92 donc n = 140
puis S(n ) = 70 141 = 9 870.
On a donc y = 10 000 9 870 = 130 puis x = n y = 10. Soit f (10, 130) = 10 000.

4 Un sous-groupe fini de nombres complexes


Soit b et c des entiers relatifs qui vérifient b2 4c < 0.
2
On considère le polynôme P (X ) = X bX + c et on désigne par $ et $ ses racines (complexes
conjuguées).
On note '$ l’ensemble des nombres complexes de la forme p + q$, où p et q décrivent
l’ensemble '.
De même, on considère '$ = p + q$, (p, q) ! '2 .

1) a) Montrer que '$ est un sous-anneau de ", muni de ses opérations usuelles + et .
b) Montrer que l’ensemble G$ des éléments de '$ dont l’inverse appartient aussi à '$ est un
groupe.

2) a) Montrer que '$ = '$ .


b) Étant donné z = p + q$, montrer que z = 0 si et seulement si p = q = 0.

52 Thèmes d’étude – Problèmes


f : '$ !
3) Soit l’application 2 où z désigne le module de z .
z # z

a) Vérifier que pour z = p + q$, (p, q) ! '2 , on a f (z ) = p2 + bpq + cq2 .


b) Quelle est l’image par f du groupe G$ ?
c) En déduire que, pour z = p + q $ !G$ , on a 0 ) q 2 (4c b 2 ) ) 4.

4) En discutant suivant les valeurs possibles de b2 4c , déterminer les éléments du groupe G$ .


On vérifiera que tout n ! ', il existe k ! ' tel que n 2 = 4k ou n 2 = 4k + 1.

Solution

1) a) '$ contient évidemment ', il est donc non vide.


Étant donné z = p + q$ et z = p + q $ dans '$ , on a z z = (p p ) + (q q ) $ !'$ .
'$ est donc un sous-groupe de (", +).
zz = pp + qq $2 +(pq + p q)$ et $2 = b $ c donnent zz = pp cqq +(pq + p q + bqq )$!'$ .
'$ est un sous-groupe de (", +) stable par . De plus, '$ contient l’unité 1 de l’anneau (", +, ),
c’est donc un sous-anneau de " muni de ses opérations usuelles.
b) Il est classique que l’ensemble des éléments inversibles d’un anneau est un groupe pour la
seconde opération.

2) a) En examinant la somme des racines de P , on voit que $ + $ = b.


Étant donné z = p + q $ !'$ , il vient z = p + q(b $) = p + qb q$ ! '$ ce qui prouve que
'$ % '$ . On a de même '$ % '$ et donc '$ = '$ .
p
b) Si q " 0, alors z = 0 donne $ = q
! #, contrairement au fait que $ n’est pas réel.

On a donc q = 0, puis p = 0. La réciproque est immédiate.

3) a) Pour z = p + q $ !'$ , on a z 2 = zz = (p + q$)(p + q$) et il s’ensuit que :


2
z = p2 + pq($ + $) + q2 $ 2 = p2 + bpq + cq2 .

b) Étant donné z1 et z2 dans '$ , on a f (z1 z2 ) = z1 z2 z1 z2 = z1 z1 z2 z2 = f (z1 )f (z2 ) et il est clair


que f (1) = 1.
1 1 1
Si z est dans G$ , on a z ! G$ et 1 = f (1) = f (zz ) = f (z )f (z ).
On en déduit f (z ) = 1 (seul élément inversible de !) et l’image de G$ par f est 1 .
c) Étant donné z = p + q $ !G$ , on a f (z ) = 1 c’est-à-dire p2 + bpq + cq2 = 1.
2
p p 1
Supposons q " 0. Il vient +b + c = 2.
q q q
b 1
Le minimum de x 2 + bx + c , pour x réel, est obtenu en ; ce minimum vaut (4c b2 ).
2 4
1 1
On en déduit (4c b2 ) ) 2 , c’est-à-dire q 2 (4c b 2 ) ) 4.
4 q
Par ailleurs, on a 4c b2 > 0 par hypothèse. En conclusion, 0 ) q 2 (4c b 2 ) ) 4.
Et ce résultat est encore vrai si q = 0 (c’est-à-dire p2 = 1, soit p = 1).

Chapitre 1 - Algèbre générale 53


4) Si q = 0, on a vu que p = 1. Par suite des éléments de G$ sont 1 et 1.
4
Avec q " 0, on a 0 < 4c b2 < 2 ) 4, donc 4c b2 ! 1, 2, 3, 4 .
q
Pour tout n ! ', on a n 2 = (2r )2 ! 4' ou n 2 = (2r + 1)2 ! 4 ' +1.
4c b2 = 1 donne b2 = 4c 1, ce qui n’est pas possible.
4c b2 = 2 donne b2 = 4c 2, ce qui n’est pas possible.
2 2
4c b = 4 donne b = 4(c 1) ; b2 est nécessairement pair et b aussi.
Il existe donc u ! ' tel que b = 2u et donc c = u 2 + 1.
p2 + bpq + cq2 = 1 se lit alors p2 + 2upq + q 2 u 2 + q 2 = 1 ou encore (p + qu )2 + q 2 = 1

Cette égalité, avec p et q entiers est vraie dans chacun des cas suivants :
q = 0 d’où p2 = 1, ce qui donne les éléments z1 = 1 et z2 = 1;
q = 1 d’où p = u , ce qui donne l’élément z3 = u+$;

q= 1 d’où p = u , ce qui donne l’élément z4 = u $= z3 .


2 2
Compte-tenu de $ 2 $ u + u + 1 = 0, on vérifie alors que z3 z4 = 1, ce qui assure que z3 et
z4 sont éléments de G$ .

On a donc finalement G$ = 1, 1, u + $, u $ : le groupe G$ est d’ordre 4.

4c b2 = 3 donne b2 = 4c 3 ; b2 est nécessairement impair et b aussi.


Il existe donc u ! ' tel que b = 2u + 1 et donc c = u 2 + u + 1.
p2 + bpq + cq2 = 1 se lit alors p2 + (2u + 1)pq + (u 2 + u + 1)q 2 = 1 c’est-à-dire :
(p + qu )2 + q(p + uq) + q 2 = 1.
2
q
Pour b et c donnés, on a vu que, pour tout (p, q) dans !2 , p2 + bpq + cq2 ! (4c b2 ).
4
3q 2
Avec ici 4c b2 = 3, il s’ensuit ) 1 ou encore 3q 2 ) 4 d’où q ! 0, 1, 1 .
4
L’égalité (p + qu )2 + q(p + uq) + q 2 = 1, avec p et q entiers, est alors vraie dans chacun des trois
cas suivants :
q = 0 d’où p2 = 1, ce qui donne z1 = 1 et z2 = 1;
2
q = 1, ce qui donne (p + u ) + (p + u ) = 0 d’où p = u ou p = u 1 pour les éléments
z3 = u + $ et z4 = u 1+$;
2
q= 1, ce qui donne (p u) (p u ) = 0 d’où p = u ou p = u + 1 pour les éléments

z5 = u $ et z6 = u + 1 $.
1 1
Il reste à vérifier, en utilisant z = z6 et z = z5 , que ces six éléments appartiennent bien à
3 4
G$ pour conclure que G$ = 1, 1, u + $, u $, u 1 + $, u + 1 $ : le groupe G$ est
maintenant d’ordre 6.

54 Thèmes d’étude – Problèmes


5 Valeurs exactes de quelques cosinus
1) a) Soit (E) l’équation : z ! ", z 5 1 = 0.
Résoudre (E) en donnant le module et l’argument de chacune des solutions.
b) Résoudre l’équation (E’) : z ! ", z 4 + z 3 + z 2 + z + 1 = 0 en calculant les parties réelles
et imaginaires des racines à l’aide de racines carrées de nombres réels positifs.
Indication : pour cela, on pourra remarquer que 0 n’est pas solution et déterminer, en intermédiaire,
1
les nombres Z = z + pour lesquels z est solution de (E’).
z

2) De la question précédente, déduire les valeurs, à l’aide de radicaux, de :


2" 4" " 2" 4" "
cos , cos , cos , sin , sin et sin .
5 5 5 5 5 5

3) On considère deux nombres réels a et h , et n un entier naturel non nul. Calculer :


n 1 n 1
C (a, h ) = cos(a + kh ) , et S (a, h ) = sin(a + kh ).
k =0 k =0

"
4) Dans cette question et dans les suivantes, ' désigne le réel .
17
On ne demande pas de valeurs approchées des racines de nombres réels qui apparaissent au
cours des calculs. On pose :
x1 = cos 3 ' + cos 5 ' + cos 7 ' + cos 11', x2 = cos ' + cos 9 ' + cos 13 ' + cos 15'.
a) Montrer que x1 > 0.
b) Calculer (x1 + x2 ) à l’aide de la question 3). (C’est un rationnel très simple.)
c) Calculer le produit x1 .x2 . Pour cela, on pourra développer le produit des deux sommes x1 et x2
et transformer en sommes les produits de la forme cos p.cos q.
d) Déduire de ce qui précède les expressions de x1 et x2 à l’aide de racines carrées.
5) On pose maintenant :
y1 = cos 3 ' + cos 5' ; y2 = cos 7 ' + cos 11' ; y3 = cos ' + cos 13' ; y4 = cos 9 ' + cos 15'?
a) Calculer, en s’inspirant de la question précédente, les produits y1 .y2 et y3 .y4 .
b) En déduire des expressions de y1 , y2 , y3 et y4 à l’aide de racines carrées, éventuellement
superposées.
6) Déduire enfin de ce qui précède une expression de cos ' à l’aide de racines carrées.

Solution

1) a)
Ce début n’est qu’une simple mise en appétit.

Les solutions sont les racines cinquièmes de 1 ; ce sont e2ik " / 5 avec k ! [[ 0, 4 ]].
1 1
b) 0 n’étant pas racine de (E’), ses racines z sont les solutions de z 2 + 2 +z+ + 1 = 0.
z z

Chapitre 1 - Algèbre générale 55


1 1 2 1
Avec z 2 + 2 = z+ 2, en posant Z = z + , on est ramené à l’équation Z 2 + Z 1=0
z z z
dont les solutions sont :
1+ 5 1 5
Z1 = et Z2 = .
2 2
1
Il reste à résoudre en z l’équation z + = Z c’est-à-dire z 2 zZ + 1 = 0 pour chacune des valeurs
z
Z1 et Z2 de Z .
5+ 5 5 5
On a Z12 = 1 Z1 donc Z12 4= 3 Z1 = et de même Z22 4= .
2 2
Les racines de z 2 zZ1 + 1 = 0 et de z 2 zZ2 + 1 = 0 sont alors respectivement :

1 1+ 5 5+ 5 1 1+ 5 5+ 5
z1 = +i et z2 = i ,
2 2 2 2 2 2

1 1 5 5 5 1 1 5 5 5
z3 = +i et z4 = i .
2 2 2 2 2 2

2) On a z 5 1 = (z 1) z 4 + z 3 + z 2 + z + 1 , donc les racines de z 4 + z 3 + z 2 + z + 1 = 0 sont


les racines autres que 1 de z 5 1 = 0. Ce sont donc :
2i " 2" 2"
e 5 = cos + i sin ,
5 5
4i " 4" 4"
e 5 = cos + i sin ,
5 5
6i " 4i " 8i " 2i "
e 5 qui est le conjugué de e 5 et e 5 qui est le conjugué de e 5.

2k " 2k "
En examinant le signe de cos et celui de sin pour k ! [[ 1, 4 ]], il vient que :
5 5
2i " 4i "
e 5 = z1 et e 5 = z3 ,
c’est-à-dire :
2" 1+ 5 2" 1 5+ 5
cos = et sin = ,
5 4 5 2 2

4" 1+ 5 4" 1 5 5
cos = et sin = .
5 4 5 2 2
" 4"
Avec =" , il vient enfin :
5 5
" 1+ 5 " 1 5 5
cos = et sin = .
5 4 5 2 2

n 1 n 1
i (a +kh )
3) On a C (a, h ) + iS(a, h ) = e = e ia (eih )k . Il faut alors comparer eih et 1.
k =0 k =0
ih
On sait que e = 1 équivaut à h # 0 mod 2".

Dans le cas où h # 0 mod 2", on obtient C (a, h ) + iS(a, h ) = ne ia d’où :


C (a, h ) = n cos a et S(a, h ) = n sin a .

56 Thèmes d’étude – Problèmes


n 1 inh
e 1
Dans le cas où h /# 0 mod 2", on a eih " 1, donc (eih )k = ih
.
k =0
e 1

i nh i nh i nh i nh nh i h h
Avec einh 1=e 2 e 2 e 2 = 2ie 2 sin et eih 1 = 2ie 2 sin on en déduit
2 2
que :
nh
i (n 1)h
sin
C (a, h ) + iS(a, h ) = e ia e 2 2
h
sin
2
et il vient finalement :
nh nh
sin h sin h
2 2
C (a, h ) = cos a + (n 1) et S(a, h ) = sin a + (n 1) .
sin
h 2 sin
h 2
2 2

4) a)
Parmi les quatre termes de la somme x1 , seul cos 11' est négatif. On tourne la difficulté en
p+q p q
employant cos p + cos q = 2 cos cos .
2 2

On a cos 3 ' + cos 11' = 2 cos 7 ' cos 4'. Les nombres 4', 5' et 7' sont dans l’intervalle ]0, " / 2[,
donc de cosinus strictement positifs.
Il s’ensuit que x1 = cos 5 ' + cos 7 ' +2 cos 7 ' cos 4' est strictement positif.
7
b) On remarque que x1 + x2 = cos(' + 2k ').
k =0

sin(8')
Comme on a sin ' " 0, la formule de calcul de C (a, h ) donne ici x1 + x2 = sin '
cos(8').

1 16" "
Avec sin(8') cos(8') = sin(16') et 16' = =" =" ', il vient sin(16') = sin ' et
2 17 17
1
finalement, x1 + x2 = .
2
c) Pour calculer :
x1 x2 = (cos 3 ' + cos 5 ' + cos 7 ' + cos 11')(cos ' + cos 9 ' + cos 13 ' + cos 15'),
1
on utilise la formule cos p cos q = cos(p + q) + cos(p q) .
2

2 cos 3 ' cos ' = cos 4 ' + cos 2' , 2 cos 3 ' cos 9' = cos 12 ' + cos 6',
2 cos 3 ' cos 13' = cos 16 ' + cos 10' , 2 cos 3 ' cos 15' = cos 18 ' + cos 12',
2 cos 5 ' cos ' = cos 6 ' + cos 4' , 2 cos 5 ' cos 9' = cos 14 ' + cos 4',
2 cos 5 ' cos 13' = cos 18 ' + cos 8' , 2 cos 5 ' cos 15' = cos 20 ' + cos 10',
2 cos 7 ' cos ' = cos 8 ' + cos 6' , 2 cos 7 ' cos 9' = cos 16 ' + cos 2',
2 cos 7 ' cos 13' = cos 20 ' + cos 6' , 2 cos 7 ' cos 15' = cos 22 ' + cos 8',
2 cos 11 ' cos ' = cos 12 ' + cos 10' , 2 cos 11 ' cos 9' = cos 20 ' + cos 2',
2 cos 11 ' cos 13' = cos 24 ' + cos 2' , 2 cos 11 ' cos 15' = cos 26 ' + cos 4 ' .

Chapitre 1 - Algèbre générale 57


Il vient donc :
2x1 x2 = 4(cos 2 ' + cos 4 ' + cos 6') + 3(cos 8 ' + cos 10 ' + cos 12 ' + cos 20') + 2(cos 16 ' + cos 18')
+ cos 14 ' + cos 22 ' + cos 24 ' + cos 26'.
On a :
16" " "
cos 16' = cos = cos " = cos = cos '
17 17 17

18" " "


et cos 18' = cos = cos "+ = cos = cos '.
17 17 17

En procédant de même, il vient :

cos 2' = cos 15 ' cos 4' = cos 13',


cos 6' = cos 11 ' cos 8' = cos 9',
cos 10' = cos 7 ' cos 12' = cos 5',
cos 14' = cos 3 ' cos 20' = cos 3',
cos 22' = cos 5 ' cos 24' = cos 7',
cos 26' = cos 9 ' .

Il s’ensuit :
2x1 x2 = 4(cos ' + cos 3 ' + cos 5 ' + cos 7 ' + cos 9 ' + cos 11 ' + cos 13 ' + cos 15')

c’est-à-dire 2x1 x2 = 4(x1 + x2 ), et finalement, x1 x2 = 1.


1
d) x1 et x2 sont alors les racines de X 2 X 1, d’où, compte tenu de x1 > 0,
2
1 1
x1 = 1+ 17 et x2 = 1 17 .
4 4

5) On a y1 + y2 = x1 et y1 y2 = cos 3 ' cos 7 ' + cos 3 ' cos 11 ' + cos 5 ' cos 7 ' + cos 5 ' cos 11'.
En linéarisant les produits de deux cosinus, on obtient :
2y1 y2 = cos 2 ' + cos 4 ' + cos 6 ' + cos 8 ' + cos 10 ' + cos 12 ' + cos 14 ' + cos 16'

ou aussi :

2y1 y2 = cos 15 ' cos 13 ' cos 11 ' cos 9 ' cos 7 ' cos 5 ' cos 3 ' cos ' = (x 1 + x2 ),
1
d’où y1 y2 = , donc y1 et y2 sont les racines de :
4
1 1
X2 (1 + 17)X .
4 4
Avec y1 > 0, il vient :
1
y1 = 1+ 17 + 34 + 2 17
8
1
et y2 = 1+ 17 34 + 2 17 .
8
De même, on a y3 + y4 = x2 et on obtient :
1 1
y3 y4 = (x + x2 ) = ,
2 1 4

58 Thèmes d’étude – Problèmes


1 1
donc y3 et y4 sont les racines de X 2 (1 17) . Notons que l’on a :
4 4
y3 = cos ' + cos 13' = 2 cos 7 ' cos 6' > 0.
Il s’ensuit :
1
y3 = 1 17 + 34 2 17
8
1
et y4 = 1 17 34 2 17 .
8
6) On a cos ' + cos 13' = y3 et y1 = cos 3 ' + cos 5' = 2 cos ' cos 4' = 2 cos ' cos 13'.
1
Ainsi cos ' et cos 13' sont les racines de X 2 y3 X y .
2 1
Avec cos ' > 0, il vient :
"
cos =
17
1
34 2 17 + 1 17 + 68 + 12 17 + 2(1 17) 34 2 17 + 16 34 + 2 17
16

6 Suite de Fibonacci
C’est la suite (un )n !! définie par : u0 = 0, u1 = 1 et *n ! !, un +2 = un +1 + un .

Partie I – Aspect analytique


1 1
On pose $ = (1 + 5) et % = .
2 $

1) Exprimer un à l’aide de $, % et n et montrer que $n +1 = $un +1 + un .

$n
2) Montrer que un est l’entier le plus proche de .
5

1
3) Montrer que, pour x réel tel que x < , la suite x n un converge vers 0.
$
n
1 1 k
Pour x réel, x & , , exprimer Sn (x ) = x uk à l’aide de $, %, n et x .
$ %
k =1
1
Montrer que, pour tout x réel tel que x < , la suite Sn (x ) a une limite à préciser en
$
fonction de x exclusivement.

Partie II – Formules diverses


Pour n ! ! , montrer les relations suivantes :
n n n n
2
1) uk = un +2 1, u2k 1 = u2n , u2k = u2n +1 1, uk = un un +1
k =1 k =1 k =1 k =1

2) Avec m ! !, um +n = um un 1 + un um +1 . u2n = un2+1 un2 1 .

Chapitre 1 - Algèbre générale 59


Partie III – Aspect arithmétique
Étant donné n et p dans ! , montrer les propriétés suivantes :

1) un divise unp et, les entiers un et un +1 sont premiers entre eux.

2) Le pgcd de un et de up est égal à un p.

3) Pour n et p au moins égaux à 3, un divise up si et seulement si n divise p.

Solution

Partie I
1) L’équation caractéristique d’une suite récurrente linéaire double un +2 = un +1 + un est
1+ 5 1 5 1
r 2 = r + 1, de racines $ = et % = = .
2 2 $
n n
Ces suites (un ) sont donc de la forme un = ( $ + 0 % , avec ((, 0) indépendants de n .
1 1
Avec u0 = 0 et u1 = 1, il vient ( + 0 = 0 et ( $ + 0 % = 1, c’est-à-dire ( = et 0 = .
5 5
1
On a donc, pour tout n ! !, un = ($n %n ).
5
Avec u1 = 1 et u0 = 0, la propriété (Pn) : $n +1 = $un +1 + un est vraie pour n = 0.
Avec (Pn), on obtient $n +2 = $2 un +1 +$un , et, avec $2 = $+1, il vient $n +2 = $(un +1 + un )+ un +1
et un +2 = un +1 + un donne alors $n +2 = $un +2 + un +1 .
On a ainsi montré par récurrence que (Pn) est vraie pour tout n ! !.

$n %n 1 1 $n 1
2) On a = un + . Avec % < 1 et < , il vient un < , donc l’entier un est
5 5 5 2 5 2
$n 1 $n 1 $n
dans l’intervalle , + et il s’ensuit que un est l’entier le plus proche de .
5 2 5 2 5

1 1
3) On a la relation x n un = ($x )n (%x )n .
5 5
1
Pour x < , on a $x < 1, donc lim($x )n = 0.
$
On a aussi % < $, donc %x < 1 et lim(%x )n = 0.
Il s’ensuit que lim x n un = 0.
n n
1
L’expression précédente de x n un donne Sn (x ) = ($x )k (%x )k .
5
k =1 k =1
1 1 1 1 ($x )n 1 (%x )n
Avec x & $ , % , il vient Sn (x ) = $x
1 $x
%x
1 %x
.
5
1
Pour x < , on a $x < 1 et aussi %x < 1, donc lim($x )n = 0 et lim(%x )n = 0.
$
1 $x %x
Il s’ensuit que la suite (Sn (x ) admet pour limite $(x ) = .
5 1 $x 1 %x

60 Thèmes d’étude – Problèmes


x $ %
On a aussi $(x ) = et, avec $ %= 5, $ + % = 1 et $% = 1, il vient enfin
5 (1 $x )(1 %x )
x
$(x ) = 2.
1 x x

Partie II
n
1) Avec uk = uk +2 uk +1 , on obtient uk = un +2 u2 = un +2 1.
k =1
n
Avec u2k 1 = u2k u2k 2 = u2k u2(k 1) , il vient u2k 1 = u2n u0 = u2n .
k =1
n
Avec u2k = u2k +1 u2k 1 = u2k +1 u2(k 1)+1 , il vient u2k = u2n +1 u1 = u2n +1 1.
k =1
n
2
Avec uk +1 uk 1 = uk donc uk +1 uk uk uk 1 = uk2 , il vient uk = un +1 un u1 u0 = un +1 un .
k =1

2) Pour établir que, pour m ! !, on a *n ! !, um +n = um un 1 + un um +1 , on procède par


récurrence sur m .
Pour m = 0, un = u0 un 1 + u1 un , avec u0 = 0 et u1 = 1, est vrai pour tout n .
Supposons que un +m = um un 1 + un um +1 pour tout n ! !.
Étudions alors un +m +1 qui est aussi um +(n +1) .
L’hypothèse de récurrence appliquée à m et n + 1 donne um +n +1 = um un + un +1 um +1 .
Avec um = um +2 um +1 il vient donc um +n +1 = um +1 (un +1 un ) + un um +2 ,
c’est-à-dire um +1+n = um +1 un 1 + un um +2 .
La propriété est ainsi prouvée par récurrence.
Dans le cas particulier m = n , on a donc u2n = un un 1 + un un +1 = un (un +1 + un 1 ).
Avec un = un +1 un 1 , il vient u2n = (un +1 un 1 )(un +1 + un 1 ) = un2+1 un2 1 .

Partie III
1) Établissons une démonstration par récurrence sur p pour un divise unp .
La propriété est triviale pour p = 1. Supposons que un divise unp avec p ! ! .
On a un (p+1) = unp+n = unp un 1 + unp+1 un et on voit que un divise un (p+1) .
La propriété est donc vraie pour tout p ! ! .
De un +1 = un + un 1 , on déduit que un +1 un = un un 1 .
Il s’ensuit que un +1 un = u2 u1 donc un +1 un = 1.

2) Avec la relation un +m = um un 1 + un um +1 , un entier qui divise un et um divise un +m .


Un entier d qui divise un et un +m divise un +1 un +m . Or un et un +1 sont premiers entre eux donc,
comme d divise un , il est premier avec un +1 , et le théorème de Gauss donne que d divise um .
Il s’ensuit que un um = un un +m .
Pour comparer un up et un p , on peut se placer dans le cas où n < p.
Dans la division euclidienne, on a p = nq + r , avec 0 ) r < n .

Chapitre 1 - Algèbre générale 61


Le résultat établi en préliminaire donne un ur = un un +r et, en effectuant cela q fois,
il vient un ur = un uqn +r , c’est-à-dire un ur = un up .
Dans l’algorithme d’Euclide, pour obtenir p n , on effectue les divisions successives, avec les
restes successifs r1 , . . . , rs où rs est le dernier reste non nul.
En répétant up un = un ur1 , un ur1 = ur1 ur2 , . . . , on obtient up un = urs .
Avec rs = p n , on a donc up un = up n .

3) On a vu que un divise unm (question III-1).


Il reste donc à prouver est que, si un divise up , alors n divise p.
On peut se placer dans le cas où p ! n ! 2.
Dire que un divise up équivaut à dire que un up = un .
En conséquence, un up = un p s’écrit un = un p .
Or la suite est strictement croissante à partir du rang 2; pour n ! 2 et n p ! 2, on a donc
n = n p, c’est-à-dire que n divise p.

62 Thèmes d’étude – Problèmes


CHAPITRE 2
Polynômes
Fractions rationnelles

Sujets d’oraux 64
A. Polynômes. Arithmétique des polynômes 64
B. Fractions rationnelles 82

Thèmes d’étude – Problèmes 90


1. Une famille de polynômes 90
2. Équation de degré 3 92
3. Polynômes de Tchebychev 96
4. Une équation polynomiale 98
5. Décomposition d’une fraction rationnelle 101

Chapitre 2 - Polynômes - Fractions rationnelles 63


Sujets d’oraux
A Polynômes. Arithmétique des polynômes

Ex. 1
Soit P ! ![X ], de degré n ! 2.
1) Montrer que s’il est scindé à racines simples, alors P est scindé à racines simples.
2) Montrer que s’il est scindé, alors P est scindé.

Deux résultats sont d’usage relativement fréquents dans des problèmes de polynômes.
Autant les traiter à part dès le départ en préliminaire, au cas où...
Tout polynôme (réel ou complexe) est scindé sur " (c’est le théorème de d’Alembert). L’énoncé
prend en compte que ce n’est pas nécessairement le cas dans ![X ] !
L’outil efficace est le théorème de Rolle.

1) La fonction polynôme P admet n racines distinctes. Dans chacun des n 1 intervalles


limités par ces racines, il y a une racine de P . Ainsi P est de degré n 1 et admet n 1 racines
réelles distinctes. Il est donc scindé à racines simples.
2) La différence avec la première question est que les n racines réelles de P ne sont plus supposées
simples. Il faut tenir compte des ordres de multiplicité.
On dispose d’une propriété efficace pour les racines multiples : si a est une racine de P d’ordre
de multiplicité " ! 2, alors a est une racine de P d’ordre de multiplicité " 1.
Soit x1 , . . . , xr les racines multiples de P , d’ordres de multiplicité respectifs n1 , . . . , nr .
Chaque racine étant comptée un nombre de fois égal à son ordre de multiplicité, x1 , . . . , xr
représentent m = n1 + . . . + nr racines de P ; il reste donc q = n m racines simples : y1 , . . . , yq .
Alors P admet les racines x1 , . . . , xr d’ordres de multiplicité respectifs n1 1 , . . . , nr 1 et
cela nous fait prendre en compte m r racines de P .
En appliquant le théorème de Rolle, les r + q racines distinctes de P donnent r + q 1 racines
de P qui ne sont aucune des racines de P .
On connaît alors (m r ) + r + q 1 = n 1 racines réelles de P qui est de degré n 1.
Il s’ensuit que P est scindé.
En corollaire, si P est scindé à racines simples, alors tous ses polynômes dérivés successifs sont
scindés à racines simples.
Et si P est scindé, alors tous ses polynômes dérivés successifs sont scindés.

Ex. 2
Soit P un polynôme réel scindé sur ! et à racines simples et a un réel strictement positif.
Montrer que P 2 + a 2 a toutes ses racines non réelles et simples.

Pour tout x ! !, on a P (x ) ! ! d’où P 2 (x ) + a 2 ! a 2 > 0. Ainsi P n’a pas de racine réelle.


Notons aussi qu’il suffit d’avoir a réel non nul, sans qu’il soit strictement positif.
La vraie question est de montrer que P 2 + a 2 n’a pas de racine (au moins) double.

64 Sujets d’oraux
Supposons que P 2 + a 2 ait une racine double z : P 2 (z ) + a 2 = 0 et P (z )P (z ) = 0.
P et P 2 + a 2 n’ont pas de racine commune.
Par ailleurs, P est scindé sur ! et à racines simples (voir l’exercice précédent).

Alors on a P (z ) = 0.
On sait aussi que P admet n 1 racines réelles. Avec z racine non réelle de P , on dispose alors
de n racines pour un polynôme de degré n 1. Cette contradiction avec une propriété connue
montre que l’hypothèse de départ est absurde. En conclusion, P 2 + a 2 n’a pas de racine double.
Notons qu’il est inutile de supposer que les racines de P sont distinctes. Il suffit que P soit scindé
sur ! et pour cela il suffit que P soit scindé sur !.

Ex. 3
1) Déterminer un polynôme P de degré inférieur ou égal à 7, tel que :
(X + 1)4 divise P 1 et (X 1)4 divise P + 1.

2) Montrer qu’il existe des polynômes U et V tels que (X + 1)4 U + (X 1)4 V = 1.

1)
1 est racine quatrième de P 1, donc 1 est racine troisième de (P 1) = P .
On va obtenir sur P des informations utiles.
Le cadre naturel de travail est "[X ].

1 est racine quatrième de P 1 et 1 est racine quatrième de P + 1.


On en déduit que 1 est racine troisième de P et que 1 est racine troisième de P .
Il s’ensuit que P est divisible par (X + 1)3 (X 1)3 .
Comme P est de degré au plus égal à 6, il existe " ! " tel que P = "(X + 1)3 (X 1)3 .
3
P = " X2 1 = " X6 3X 4 + 3X 2 1 donne :
1 7 3 5
P =" X X + X3 X + #, avec # ! ".
7 5
Il reste à exploiter que 1 est racine de P 1 et que 1 est racine de P + 1 pour obtenir les valeurs
de " et #.

Exprimons que P 1 prend la valeur 0 en 1 et P + 1 prend la valeur 0 en 1 :


16 16 35
" +# = 1 et " # = 1 donnent " = et # = 0.
35 35 16
1
Finalement, on obtient P = (5X 6 21X 4 + 35X 2 35X ).
16

2)
On peut exprimer que (X + 1)4 divise P 1 et que (X + 1)4 divise P 1.
4
Il existe des polynômes R et S tels que P 1 = (X + 1) R et P + 1 = (X 1)4 S.
On peut noter que R et S sont de degré 3.
En retranchant membre à membre ces deux égalités, il vient :
2 = (X 1)4 S (X + 1)4 R .
1 1
En posant U = R et V = S, on obtient :
2 2
(X + 1)4 U + (X 1)4 V = 1.

Chapitre 2 - Polynômes - Fractions rationnelles 65


Ex. 4
Étudier les conditions pour qu’un polynôme P admette 1 et 2 pour racines et que P + 4 soit
divisible par (X 1)2 .

On exprime que P admet 1 et 2 pour racines et que 1 est racine double de P + 4.

P est divisible par X + 1 et par X 2, donc divisible par leur produit.


Il existe alors un polynôme Q tel que P = (X + 1)(X 2)Q.
De plus, 1 est racine double de P + 4 s’exprime par P (1) + 4 = 0 et P (1) = 0, c’est-à-dire :
Q(1) = 2 et, avec P = (X 2)Q + (X + 1)Q + (X 2)(X + 1)Q , Q(1) = 2Q (1).
On a donc Q(1) = 2 et Q (1) = 1.
On peut alors utiliser la formule de Taylor pour préciser les polynômes Q.

Les polynômes Q convenables sont donc définis, avec n ! 2 quelconque, par :


n
Q = 2 + (X 1) + ak (X 1)k , où les ak sont des scalaires quelconques.
k =2

Ex. 5
1+i 7 2 1+i 7
On considère le polynôme P (X ) = X 3 + X + X 1.
2 2
Former le polynôme unitaire Q dont les racines sont les carrés des racines de P et en déduire
une factorisation de P .

On détermine les fonctions symétriques élémentaires des racines de Q à l’aide des fonctions
symétriques élémentaires des racines de P .

Notons a , b et c les racines de P . Les fonctions symétriques élémentaires de a , b et c sont :


1+i 7 1+i 7
a+b+c = , bc + ca + ab = et abc = 1.
2 2
On en déduit :
2 2 2 2
a b c = (abc ) = 1,

2 2 2 2 1+i 7
a + b + c = (a + b + c ) 2(bc + ca + ab) = ,
2
2 2 2 2 2 2 2
b c + c a + a b = (bc + ca + ab) 2(a 2 bc + b2 ca + c 2 ab)
= (bc + ca + ab)2 2(abc )(a + b + c ),
2
1+i 7 1+i 7 1+i 7
d’où : b2 c 2 + c 2 a 2 + a 2 b2 = +2 = .
2 2 2
Ainsi les polynômes P et Q sont unitaires et leurs racines ont les mêmes fonctions symétriques
élémentaires, ils sont donc égaux.
Ce n’est pas l’expression de Q qui va permettre de factoriser P , mais c’est du fait que les ensembles
a, b, c et a 2 , b2 , c 2 sont égaux que devrait venir une aide efficace.
Notons que, dans "[X ], la factorisation de P revient à la détermination de ses racines.
2
a = a imposerait a = 0 ou a = 1 ; or abc " 0 et P (1) = i 7 montre que ni 0 ni 1 n’est racine
de P . Ainsi on a a 2 " a et de même b2 " b et c 2 " c . On a donc a 2 = b ou a 2 = c .

66 Sujets d’oraux
Il serait judicieux d’examiner si P a une racine double. Si ce n’est pas le cas, a , b et c sont deux
à deux distincts et il en est alors de même pour a 2 , b2 et c 2 . Toutefois, il n’est pas indispensable
de procéder à cette vérification.

Quitte à échanger b et c , on peut se limiter au cas où a 2 = b.


Si on avait b2 = a , il viendrait a 4 = a , donc a 3 = 1, d’où a ! j, j2 puisqu’on a a " 1.
1+i 3
Rappelons que j = et j2 sont les racines non réelles de X 3 1.
2
i i
On a P (j) = ( 7 + 3) " 0 et P (j 2 ) = ( 7 3) " 0.
2 2
Ainsi, avec b2 " b et b2 " a , il reste b2 = c . Et on obtient de même c 2 = a .
Avec a 2 = b, b2 = c et c 2 = a , les racines de P sont alors a , b = a 2 et c = a 4 .
c 2 = a donne a 8 = a , donc a 7 = 1 car a " 0. De même, b7 = 1 et c 7 = 1.
2i %
Posons alors $ = e 7 . Avec a " 1, il existe k ! [[ 1, 6 ]] tel que a = $k .
Examinons les différentes situations possibles, en notant que $7 = 1.
a = $, d’où b = $2 et c = $4 , a = $2 , d’où b = $4 et c = $,
a = $3 , d’où b = $6 et c = $5 , a = $4 , d’où b = $ et c = $2 ,
a = $5 , d’où b = $3 et c = $6 , a = $6 , d’où b = $5 et c = $3 .
À l’ordre près, il n’y a donc que deux ensembles de solutions $, $2 , $4 et $3 , $5 , $6 .
Il est confirmé que les racines de P sont deux à deux distinctes.
Les racines de P sont l’un et l’un seulement des ensembles obtenus comme possibles. Il ne reste
donc plus qu’à préciser quel est celui qui convient.
Une information peut nous permettre de faire le choix entre les deux, c’est la somme dont les
parties réelle et imaginaire sont strictement négatives.

Les éléments de $, $2 , $4 sont les conjugués de ceux de $3 , $5 , $6 . Les sommes ont donc
1+i 7
des parties imaginaires opposées. Or la somme des racines est .
2
Une représentation graphique des racines 7èmes de 1 permet de voir que c’est la partie imaginaire
de $3 + $5 + $6 qui est le plus vraisemblablement négative.
2% 4% 8% 6% 10% 12%
Numériquement, on a cos + cos + cos = cos + cos + cos # 0, 5,
7 7 7 7 7 7
2% 4% 8% 6% 10% 12%
sin + sin + sin # 1, 32 et sin + sin + sin # 1, 32.
7 7 7 7 7 7

Les racines de P sont finalement $3 , $5 , $6 .

Ex. 6
Trouver tous les polynômes réels P tels que P (0) = 1, P (1) = 1, P (0) = 0 et P (1) = 1.

Une première étape peut être de trouver une solution particulière. Avec quatre conditions
imposées, on cherche une solution de degré 3.

Soit S = aX 3 + bX 2 + cX + d ! ![X ]. Avec S = 3aX 2 + 2bX + c , les conditions :


S(0) = 1, S(1) = 1, S (0) = 0 et S (1) = 1
sont remplies si et seulement si d = 1, a + b + c + d = 1, c = 0 et 3a + 2b + c = 1.

Chapitre 2 - Polynômes - Fractions rationnelles 67


Ce qui équivaut à d = 1, c = 0, a + b = 0 et 3a + 2b = 1.
L’unique solution est (a, b, c, d ) = ( 1, 1, 0, 1), ce qui donne S = X 3 + X 2 + 1.
On fait un changement d’inconnue P = Q + S pour faire apparaître un polynôme qui a deux
racines doubles 0 et 1.

P est solution si et seulement si Q = P S vérifie Q(0) = Q (0) = 0 et Q(1) = Q (1) = 0, c’est-à-


dire si et seulement si Q admet 0 et 1 pour racines doubles. Les polynômes Q qui conviennent
sont donc ceux qui sont divisibles par X 2 (X 1)2 .
En conclusion, les solutions sont P (X ) = X 3 + X 2 + 1 + X 2 (X 1)2 R (X ), avec R ! ![X ].

Ex. 7
Déterminer les polynômes P ! "[X ] tels que &x ! !, P (x ) ! !.

Les polynômes P ! ![X ] conviennent. P (x ) ! ! s’exprime par P (x ) = P (x ).


n n
k k
Soit P ! "[X ], de degré n ! # : P = ak X . Pour tout x ! !, on a P (x ) = ak x et P (x ) ! !
k =0 k =0
n
k
équivaut alors à (ak ak )x = 0.
k =0
n
k
Le polynôme (ak ak )X admet une infinité de racines, c’est donc le polynôme nul. Cela
k =0
équivaut à &k ! [[ 0, n ]], ak = ak , c’est-à-dire ak ! !, ou encore à P ! ![X ].
La tâche est assez simple dans la mesure où, pour x ! !, on a x = x .
Elle risque d’être moins aisée si on cherche à exprimer que &z ! ", P (z ) ! !.
C’est l’objet du sujet suivant.

Ex. 8
Déterminer les polynômes P ! "[X ] tels que &z ! ", P (z ) ! !.

Il est nécessaire que &x ! !, P (x ) ! !. Le sujet précédent montre que l’on a P ! ![X ].
Mais, de là à dire que tous les polynômes réels conviennent, il y a un pas que personne n’oserait
franchir. Il faut donc tout reprendre sous un autre angle.
Notons que les nombres complexes d’emploi facile sont les racines de l’unité.

On considère P ! ![X ], de degré n ! # et, pour p ! # , $p = e2i % / p , racine pe de 1.


n n
k k
Avec P = ak X , P ($p ) ! ! équivaut à a k $p $p k = 0.
k =0 k =0
On se prive d’une forme polynomiale qui serait plus efficace. Il faut ajuster le tir.
n
k
Pour tout x ! !, on exprime que P (x $p ) est réel : a k $p $ p k x k = 0.
k =0
n
k
a k $p $p k X k est alors le polynôme nul, d’où &k ! [[ 0, n ]], ak $kp $ p k = 0.
k =0

68 Sujets d’oraux
p p
Les racines complexes de 1 sont de module 1 : $p = 1 implique $p = 1 donc :
$p = 1 c’est-à-dire $p $p = 1.
q
Pour q ! #, on a $p = 1 si et seulement si q est un multiple entier de p.

$p = $p 1 donne $kp $p k = 0 si et seulement si $2pk = 1, c’est-à-dire 2k ! p#.


Il suffit alors de choisir p > 2n pour avoir &k ! [[ 1, n ]], $kp $p k " 0, donc ak = 0.
En conclusion les polynômes constants réels sont les seuls qui vérifient :
&z ! ", P (z ) ! !.

Ex. 9
Soit P ! ![X ]. Montrer que la proposition : &x ! !, P (x ) ! 0 équivaut à l’existence de Q
et R dans ![X ] tels que P = Q2 + R2 .

Le cas où P est de degré 2 est familier, il sert de base d’appui.


Les polynômes visés sont de degré pair, il suffit d’une justification rapide.
Notons que P = Q2 + R 2 , avec Q et R dans ![X ], vérifie &x ! !, P (x ) ! 0.
L’objet de cet exercice est donc l’étude de la réciproque.
Le polynôme nul convient évidemment et on se limite tout naturellement à l’examen des poly-
nômes non nuls.

2
b 2 ac b
1) Soit P ! ![X ], deg P = 2 : P = aX 2 + 2bX + c , a " 0. On a P = a X + + .
a a
P (x ) est positif pour tout x ! ! si et seulement si a > 0 et b2 ac ' 0.
b 2 ac b2 2
Dans ce cas, P = a X+
a
+
a
est la somme des carrés de deux polynômes
réels.
Soit P ! ![X ], de degré impair n ! # et de coefficient dominant an .
Pour x ! !, on a P (x ) ! an x n et P (x ) a + et pour limite en + et en (dans cet
ordre ou dans l’ordre contraire suivant le signe de an ).
Les polynômes cherchés sont donc nécessairement de degré pair.
Et dans ce cas, P (x ) ! an x n montre qu’il faut aussi an > 0.

2)
Le cas des polynômes de degré 2 donne une assise à une démonstration par récurrence.

Soit !n la proposition :
si Pn ! ![X ] , n ! # , deg Pn = 2n , dom Pn = an > 0, vérifie &x ! !, Pn (x ) > 0, alors il existe des
polynômes réels Qn et Rn tels que Pn = Qn2 + Rn2 .
La proposition !1 est vraie.
Pour passer du rang n au rang n + 1, il suffit de factoriser par un polynôme de degré 2.

Soit Pn +1 ! ![X ], deg Pn +1 = 2(n + 1) et tel que &x ! !, Pn +1 (x ) ! 0.


Si Pn +1 admet une racine réelle ", cette racine est nécessairement d’ordre pair, faute de quoi
Pn +1 ne serait pas de signe constant.
Pn +1 est alors divisible par (X ")2 et le polynôme Un tel que Pn +1 = (X ")2 Un est de degré
2n et, pour tout x ! !, on a Un (x ) ! 0.

Chapitre 2 - Polynômes - Fractions rationnelles 69


Si Pn +1 admet une racine complexe # $ !, alors il admet aussi # " # pour racine. Il est donc
divisible par le polynôme (X #)(X #) ! ![X ].
Le polynôme Un tel que Pn +1 = (X #)(X #)Un est de degré 2n et vérifie &x ! !, Un (x ) ! 0.
Dans les deux cas, on a Pn +1 = VUn , avec V de degré 2 à valeurs positives, et Un de degré 2n à
valeurs Un (x ) positives pour x réel.
Pour conclure, il reste à mettre en œuvre l’hypothèse de récurrence.

On a V = A2 + B2 et Un = Qn2 + Rn2 , avec A, B, Qn et Rn dans ![X ].


Il s’ensuit Pn +1 = A2 + B2 Qn2 + Rn2 ) = A2 Qn2 + B2 Rn2 + A2 Rn2 + B2 Qn2 et il vient alors :
2 2
Pn +1 = AQn + BRn + ARn
, avec AQn + BRn et ARn
BQn BQn dans ![X ].
En conclusion la propriété !n est vraie pour tout n ! # .

Ex. 10
2
x 2 (k )
On pose Pk (x ) = ( 1)k ex e . Montrer que Pk est un polynôme de degré k .
Montrer que Pk +2 = 2XPk +1 2(k + 1)Pk et que Pk 2XPk + 2kPk = 0.

2
x2
L’objectif de la première partie est de montrer que la dérivée k e de e x est le produit de e
par un polynôme de degré k qui sera alors Pk lui-même au signe près.
x 2 (0) x2 x2 x2
On a e =e et e = 2xe , ce qui donne P0 (x ) = 1 et P1 (x ) = 2x .
2 (k ) x2
Supposons que, pour k ! # , e x
= ( 1)k Pk (x )e , où Pk est un polynôme de degré k .
x 2 (k +1) k x2 k +1 x2
Alors e = ( 1) Pk (x )e = ( 1) 2xPk (x ) + ( 1)k Pk (x ) e .
Pk +1 (x ) = 2xPk (x )Pk (x ) est une fonction polynôme de degré k + 1, puisque c’est la somme
d’un polynôme de degré k + 1 et d’un polynôme de degré k 1.
On a ainsi établi par récurrence que, pour tout k ! #, Pk est un polynôme de degré k .
On a en fait établi un résultat qui peut se révéler utile : Pk +1 = 2XPk Pk .

Comme on vient de voir que Pk +2 = 2XPk +1 Pk +1 , la preuve du résultat attendu :


Pk +2 = 2XPk +1 2(k + 1)Pk
revient à celle de Pk +1 = 2(k + 1)Pk .
2
x 2 (k +1) 2
x 2 (k +1)
Avec Pk +1 (x ) = ( 1)k +1 ex e , d’où Pk +1 (x ) = ( 1)k +1 ex e , il vient :
2 2 (k +1) 2 (k +2)
Pk +1 (x ) = ( 1)k +1 ex 2x e x
+ e x
.
x 2 (k +2) x 2 (k +1)
On a e = 2xe et la formule de Leibniz donne :
x 2 (k +1) x 2 (k +1) x 2 (k )
2xe = 2x e 2(k + 1) e .
2 2 (k )
Il vient donc Pk +1 (x ) = 2(k + 1)( 1)k ex e x
, c’est-à-dire Pk +1 (x ) = 2(k + 1)Pk (x ).
Pour la dernière relation, on reprend Pk +1 = 2XPk Pk , en tenant compte de la relation
précédente Pk +1 (x ) = 2(k + 1)Pk (x ).

De Pk +1 = 2XPk Pk , on déduit Pk +1 = 2Pk + 2XPk Pk et avec Pk +1 (x ) = 2(k + 1)Pk (x ), il


vient :
2(k + 1)Pk (x ) = 2Pk + 2XPk Pk ce qui donne Pk 2XPk + 2kPk = 0.

70 Sujets d’oraux
Ex. 11
P ! ![X ] admet n ! # racines réelles strictement positives, chacune étant simple.
2
On considère alors Q(X ) = (X 2 + 1)P (X )P (X ) + X P 2 (X ) + P (X ) .
Montrer que si 1 n’est pas racine de Q, alors Q admet au moins 2n 1 racines réelles positives
distinctes.

L’objectif des racines de Q incite à exprimer Q en produit de polynômes.


2
La présence de PP et de P 2 , P laisse des espoirs raisonnables.
On peut développer (aP + bP )(cP + dP ) et comparer à Q.

Q se factorise en Q = (P + XP )(XP + P ). On pose A = P + XP et B = XP + P .


Les racines de Q sont celles de A et celles de B.
Notons que A = (XP ) .
Il n’y a pas de remarque aussi simple au sujet de B. On commence alors par s’intéresser aux
racines de A. Avec les racines de XP , le théorème de Rolle donne des informations sur celles
de (XP ) .
Comme les n racines de P sont simples, elles sont deux à deux distinctes.

XP admet n + 1 racines réelles positives distinctes (les n racines strictement positives de P et la


racine 0).
Le théorème de Rolle assure alors l’existence de (au moins) n racines strictement positives
distinctes pour (XP ) .
Pour le polynôme B, on est dans un contexte de dérivation de fonction réelle de la forme
f (x ) = u (x )ev(x ) pour laquelle on a f (x ) = u (x )v (x ) + u (x ) ev(x ) .
2 2
/2 /2
La fonction réelle x " xP (x ) + P (x ) ex est la dérivée f : x " P (x )ex .
Les racines de f sont celles de P , donc f admet n racines réelles strictement positives distinctes.
Le théorème de Rolle assure que f admet (au moins) n 1 racines réelles strictement positives.
Les racines réelles de f étant celles de XP (X ) + P (X ), il vient que B admet (au moins) n 1
racines réelles strictement positives.
Il reste maintenant à examiner si les racines de A et celles de B sont distinctes.
C’est probablement là qu’interviendra l’hypothèse encore inutilisée Q(1) " 0.
On n’a pas non plus encore utilisé que les racines strictement positives de P sont simples.

Supposons que A et B aient une racine commune strictement positive a , c’est-à-dire que :
P (a ) + aP (a ) = 0 et P (a ) + aP (a ) = 0.
P (a ) + aP (a ) = P (a ) + aP (a ) donne (1 a ) P (a ) P (a ) = 0.
a " 1 donne P (a ) = P (a ), d’où (1 + a )P (a ) = 0. Alors a > 0 donne a + 1 " 0 donc P (a ) = 0.
Il s’ensuit que a est racine commune à P et à P , ce qui impose que a est racine double de P , ce
qui est contraire à l’hypothèse qui considère que les racines strictement positives sont simples.

Chapitre 2 - Polynômes - Fractions rationnelles 71


Ex. 12
Soit P ! "[X ], deg P = n ! # , tel que P (0) = 1 et P (1) = 0.
1
Montrer que sup P (z ) , z = 1 ! 1 + .
n

Avant d’envisager la borne supérieure d’une partie de !, il est indispensable de vérifier que cette
partie est majorée.
n n n
k k k
Avec P = ak X , on a P (z ) = ak z puis P (z ) ' ak z .
k =0 k =0 k =0
n
Avec z = 1, on a z k = 1 puis P (z ) ' ak , ce qui montre que P (z ) , z = 1 est une
k =0
partie non vide et majorée de !.
Un énoncé équivalent est n + 1 ' n sup P (z ) , z = 1 .
Dans l’ensemble $ des complexes de module 1, il y a les racines de tous ordres de 1.
n
k
Avec P = ak X , une hypothèse est a0 = 1. On notera M = sup P (z ) , z = 1 .
k =0
n n
Étant donné u1 , . . . , un de $, et en notant u0 = 1, on a P (u p ) ' P (up ) ' nM .
p=0 p=1

n
Il reste à trouver des uk convenables pour avoir n + 1 ' P (uk ) .
k =0

n n n n
k k
Pour tout up ! $, on a P (up ) = ak up d’où P (up ) = ak up .
k =0 p=0 k =0 p=0
n n
k
Avec u = e2i % / N , on choisit up = u p . On a alors up = (u p )k .
p=0 p=0
n n k n +1
1 (u ) 1 (u n +1 )k
Si u k " 1, on obtient (u p )k = (u k )p = k
= k
.
p=0 p=0
1 u 1 u
n
En prenant N = n + 1, on a u n +1 = 1 et u k " 1 pour tout k ! [[ 1, n ]], et il vient (u p )k = 0.
p=0
n n
0
P (up ) se réduit alors à a0 up = (n + 1)a0 en n’oubliant pas que a0 = 1.
p=0 p=0
n
p
En conclusion, u = e2i % / (n +1) donne P (u ) = n + 1, d’où :
p=0
n n
p p
n+1= P (u ) ' P (u ) ' nM ,
p=0 k =1

ce qui donne la conclusion attendue n + 1 ' nM .

72 Sujets d’oraux
Ex. 13
Soit n ! #, n ! 2, a ! ! et b ! ! . Déterminer P ! ![X ] tels que nP = (X a )P + bP .

Le cas où b = 0 est celui où P divise P . Il est classique que les solutions sont les multiples
scalaires de (X a )n .
Dans le cas général b "0, on peut se restreindre aux polynômes normalisés. Il est utile d’examiner
le degré d’une solution éventuelle.

Puisque P " nP (X a )P bP est linéaire, il suffit de déterminer les solutions P qui sont
des polynômes normalisés.
On est dans un contexte de dérivation et un objectif peut être de déterminer les dérivées
successives en a , en vue d’utiliser la formule de Taylor.
Pour dériver (X q)P , la formule de Leibniz est d’actualité.

Pour tout k ! #, on a nP (k ) = (X a )P (k +1) + kP (k ) + bP (k +2) , c’est-à-dire :


(n k )P (k ) = (X a )P (k +1) + bP (k +2) ,
d’où il vient (n k )P (k ) (a ) = bP (k +2) (a ) (1).
Un examen de l’équation montre facilement que toute solution est de degré n .
P (n ) = n ! donne P (n ) (a ) = n ! et, avec (1), P (n +1) = 0 donne P (n 1) (a ) = 0 (2).
Avec (1) et (2), il s’ensuit que P (k ) (a ) = 0 pour tout k de même parité que n 1.
(n 2q) (n 2q+2)
En utilisant (1) pour k = n 2q, on a 2qP (a ) = bP (a ) (1’).
On multiplie membre à membre ces égalités pour q ! [[ 1, k ]] et il vient :
2 k k ! P (n 2k )
(a ) = bk P (n ) (a ) c’est-à-dire 2 k k ! P (n 2k )
(a ) = bk n ! (3).

Pour utiliser la formule de Taylor en a , on distingue les cas n pair et n impair.


n (k )
P (a )
La formule de Taylor est P (X ) = (X a )k .
k!
k =0
p
P (2k ) (a ) 2k
Cas où n est pair, n = 2p. On a P (X ) = (X a) puisque les dérivées d’ordre
(2k )!
k =0
impair s’annulent en a .
Avec (3), on a 2k (k !)P (2p 2k )
(a ) = (2p)!bk , ou encore 2p k
(p k )!P (2k ) (a ) = (2p)!bp k .
p 2k
b p k (X a )
Finalement, P (X ) = (2p)! .
2 (2k )!(p k )!
k =0
p (2k +1)
P (a ) 2k +1
n est impair, n = 2p + 1. On a P (X ) = (X a) , puisque les dérivées d’ordre
(2k + 1)!
k =0
pair s’annulent en a .
Avec (3), on a 2k k !P (2p+1 2k )
(a ) = (2p + 1)!bk , d’ou 2p k
(p k )!P (2k +1) (a ) = (2p + 1)!bp k .
p 2k +1
b p k (X a )
Finalement, P (X ) = (2p + 1)! .
2 (2k + 1)!(p k )!
k =0
La vérification du fait que ces polynômes conviennent est aisée.

Chapitre 2 - Polynômes - Fractions rationnelles 73


Ex. 14
Trouver tous les polynômes P ! ![X ] tels que (X + 4)P (X ) = XP (X + 1).

Dans ce type de problème, on commence par préciser les solutions constantes, chercher des
informations sur le degré et sur le coefficient dominant.

P = a ! ! est solution si et seulement si a (X + 4) = aX , c’est-à-dire a = 0.


Les polynômes (X + 4)P (X ) et XP (X + 1) ayant même degré et même coefficient dominant, il n’y
a pas d’information utile qui en découle.
Pour une solution P non constante, il faut dégager des informations sur les racines.

De (X + 4)P (X ) = XP (X + 1), on déduit 4P (0) = 0 et 0 = 4P ( 3).


On peut aussi noter que 3P ( 1) = P (0) et que P ( 3) = 3P ( 2).
Ainsi, 0, 1, 2 et 3 sont racines de P .
Une solution non constante est divisible par X (X + 1)(X + 2)(X + 3), donc P est de la forme :
P (X ) = X (X + 1)(X + 2)(X + 3)Q(X ) avec Q " 0.

On cherche maintenant des informations sur Q.

(X + 4)P (X ) = XP (X + 1) se lit alors :


(X + 4)X (X + 1)(X + 2)(X + 3)Q(X ) = X (X + 1)(X + 2)(X + 3)(X + 4)Q(X + 1),
c’est-à-dire Q(X ) = Q(X + 1).
Il reste à déterminer les polynômes Q tels que Q(X ) = Q(X + 1). Les polynômes constants
conviennent. Sont-ils les seuls ?

Pour tout x ! !, Q(x ) = Q(x + 1) donne Q(n ) = Q(0) pour tout n ! #.


Admettant une infinité de racines, le polynôme Q(X ) Q(0) est nul, d’où Q(X ) = Q(0) ! !.
On a donc nécessairement P (X ) = (X (X + 1)(X + 2)(X + 3), ( ! !, et avec :
P (X + 1) = ((X + 1)(X + 2)(X + 3)(X + 4),
il vient (X + 4)P (X ) = XP (X + 1), c’est-à-dire que ces polynômes conviennent.

Ex. 15
Déterminer les polynômes P tels que P (X 2 ) = P (X + 1)P (X 1).

Le texte est évasif sur le corps de base : on se place dans le contexte naturel de "[X ].
Comme d’usage, on cherche les solutions constantes avant de chercher des informations sur le
degré et sur le coefficient dominant.

Un polynôme constant P = a ! " est solution si et seulement si a = a 2 . Les solutions constantes


sont donc P = 0 et P = 1.
Avec la relation deg P (X 2 ) = deg P (X 1)P (X + 1) vraie pour tout P " 0, il n’y a pas d’information
utile provenant de l’étude du degré.
Si a est le coefficient dominant d’une solution P " 0, on a a = a 2 , donc a = 1 et toute solution
est un polynôme normalisé (ou unitaire).

74 Sujets d’oraux
Pour orienter la suite des démarches on peut examiner les cas particuliers où deg P = 1 et
deg P = 2.

P (X ) = X + k vérifie P (X 2 ) = P (X + 1)P (X 1) si et seulement si :


2
X + k = (X + 1 + k )(X 1 + k ) = X 2 + 2kX + k 2 1
2
et le système 2k = 0, k 1 = k n’a pas de solution. Il n’y a donc pas de solution de degré 1.
P (X ) = X + aX + b vérifie P (X 2 ) = P (X + 1)P (X
2
1) si et seulement si :
X 4 + aX 2 + b = (X + 1)2 + a (X + 1) + b (X 1)2 + a (X 1) + b ,

c’est-à-dire X + aX + b = X + 2aX + (a + 2b 2)X + 2a (b 1)X + 1 + 2b + b2 a 2 . Il est


4 2 4 3 2 2

alors nécessaire que a = 0 et il reste 0 = 2(b 1) et 1 + b + b2 = 0 qui sont incompatibles. Il n’y


a donc pas de solution de degré 2.
Il semble plus raisonnable de s’orienter sur l’absence de solution non constante.
On analyse pour cela des informations sur les racines complexes d’une solution.

Pour toute racine z de P , on a P (z + 1)2 = P (z + 2)P (z ) = 0, donc (z + 1)2 est racine de P .


De même, pour toute racine z de P , (z 1)2 est racine de P .
Les racines d’une solution étant en nombre fini, on peut en distinguer une, z0 , de module
maximum.
On a donc (z0 + 1)2 ' z0 et (z0 1)2 ' z0 . En posant z0 = rei ) , r ! !, on a :

(r cos ) + 1)2 + r 2 sin2 ) ' r et (r cos ) 1)2 + r 2 sin2 ) ' r ,


c’est-à-dire r 2 + 2r cos ) + 1 ' r et r 2 2r cos ) + 1 ' r , d’où r 2 + 1 ' r .
Or on a r 2 r + 1 > 0 pour tout r ! !.
Cette contradiction prouve qu’il n’y a pas de solution non constante.

Ex. 16
Soit P ! ![X ], de degré n ! # , avec P (0) " 0, admettant n racines (xk )k [[ 1,n ]] réelles et deux
n
1 1
à deux distinctes. Montrer que = .
xk P (xk ) P (0)
k =1

Une décomposition de fraction rationnelle à dénominateur scindé et de racines simples est


A A(a )
d’actualité. La partie polaire de relative à un pôle simple a est .
B B (a )(X a )

n
1 (k
La fraction rationnelle F (X ) = se décompose en F (X ) = .
P (X ) X xk
k =1

1
Comme xk est racine simple, on a (k = .
P (xk )
Pour obtenir le résultat, il suffit de considérer F (0).
Ce résultat reste vrai pour un polynôme P ! "[X ] ou des racines non réelles.

Chapitre 2 - Polynômes - Fractions rationnelles 75


Ex. 17
Déterminer ( ! " pour que l’équation x ! ", x 4 2x 2 + (x + 3 = 0 ait deux racines de produit
égal à 1. Résoudre l’équation dans ce cas.

On utilise les fonctions symétriques élémentaires des racines x1 , x2 , x3 et x4 de l’équation :


*1 = x1 + x2 + x3 + x4 ,
*2 = x1 x2 + x1 x3 + x1 x4 + x2 x3 + x2 x4 + x3 x4 ,
*3 = x2 x3 x4 + x3 x4 x1 + x4 x1 x2 + x1 x2 x3 ,
*4 = x1 x2 x3 x4 .

Soit x1 et x2 des racines de produit égal à 1, et x3 , x4 les autres. Avec *4 = 3, il vient x3 x4 = 3.


On a 0 = *1 = (x1 + x2 ) + (x3 + x4 ) (1)
et 2 = *2 = x1 x2 + x3 x4 + (x1 + x2 )(x3 + x4 ) donne (x1 + x2 )(x3 + x4 ) = 6 (2).
( = *3 = x3 x4 (x1 + x2 ) + x1 x2 (x3 + x4 ) donne aussi 3(x1 + x2 ) + (x3 + x4 ) = ( (3).
( (
Avec (1) et (3), il vient x1 + x2 = et x3 + x4 = .
2 2
(2) montre que ( convient si et seulement si (2 = 24, c’est-à-dire ( = 2 + 6, + ! 1, 1 .
Dans ce cas, x1 et x2 vérifient x1 x2 = 1 et x1 + x2 = + 6.
+ 6 2 + 6+ 2
Ce sont les racines de x ! ", x 2 + + 6 x + 1 = 0, c’est-à-dire et .
2 2
+ 6 i 6 + 6+i 6
De même, x3 et x4 vérifient x3 x4 = 3 et x3 + x4 = + 6. Ce sont et .
2 2

Ex. 18
Pour n ! # , quel est le reste de la division euclidienne de (X n + 1)2 par (X + 1)2 ?

Quand n est impair, on sait factoriser X n + 1 par X + 1.


Seul le cas où n est pair demande une étude plus fine.

Quand n est impair, X n + 1 est un multiple de X + 1, donc (X n + 1)2 est divisible par (X + 1)2 :
le reste est nul.
Quand n est pair, on écrit la division euclidienne de (X n + 1)2 par (X + 1)2 : il existe Q ! ![X ]
et (a, b) ! !2 tels que (X n + 1)2 = (X + 1)2 Q(X ) + aX + b. La valeur en 1 donne 4 = a + b.
En dérivant, on a 2nX n 1 (X n + 1) = (X + 1) 2Q(X ) + (X + 1)Q (X ) + a .
La valeur en 1 donne 4n = a . Le reste est donc 4nX + 4(1 n ).

Ex. 19
n
k
Soit P (X ) = ak X ! "[X ]. Soit M ! !+ tel que &z ! ", z ' 1 P (z ) ' M .
k =0
Montrer que ak ' M pour tout k .

Parmi les z ! ", z ' 1, il y a en particulier toutes les racines de tout ordre de 1.
Une clé de la démarche pourrait être de choisir des racines de 1 qui rendent service.

76 Sujets d’oraux
n n
q q
Pour $ racine de l’unité et P = aq X , on a P ($) = aq $ . Pour «isoler» ar , il est
q=0 q=0
n
r r q r q r
judicieux de multiplier par $ :$ P ($) = aq $ = ar + aq $ .
q=0 q"r
Pour «isoler» chacun des ar , 0 ' r ' n , on a besoin de n + 1 racines de l’unité, ce qui conduit
2i %
au choix de $ = e n +1 .
2i %
Posons $ = e n +1 et $k = $k pour k ! [[ 0, n ]]. On a P ($k ) ' M pour tout k ! [[ 0, n ]].
n n n
Pour tout r ! [[ 0, n ]], on a $k r P ($k ) ' $k r P ($k ) ' M $k r = (n + 1)M .
k =0 k =0 k =0
Après cette information globale, faisons apparaître «l’isolement» de ar .
n n n n n
q r q r
P = aq X
q
donne $k r P ($k ) = a q $k puis $k r P ($k ) = a q $k
q=0 q=0 k =0 k =0 q=0
n n n n n
q r q r
ou encore : $k r P ($k ) = a q $k = aq $k .
k =0 q=0 k =0 q=0 k =0
n n n n
q r q r
Isolons ar dans le résultat précédent : aq $k = (n + 1)ar + aq $k .
q=0 k =0 q"r,q=0 k =0
n n
Avec $k r P ($k ) ' (n + 1)M , il serait agréable que $k r P ($k ) = (n + 1)ar pour en
k =0 k =0
déduire ar ' M .
n r n +1
r q r 1 ($q )
On a $qk = $k (q r)
= ($q r k
) et $q r
" 1 pour q " r d’où $k = q r .
1 $
k =0
n
Avec ($q r n +1
) = ($n +1 )q r
= 1, il vient finalement $k r P ($k ) = (n + 1)ar et pour conclure,
k =0
n n
$k r P ($k ) ' (n + 1)M et $k r P ($k ) = (n + 1)ar donne ar ' M .
k =0 k =0

Ex. 20
Trouver les nombres complexes a , b, c , de module 1 et tels que :
a + b + c = 1 et abc = 1.

On donne deux des trois des fonctions symétriques élémentaires des racines du polynôme
P = (X a )(X b)(X c ).
Il manque la troisième bc + ca + ab. Et pour cela, on donne a = b = c = 1.
1
On a z = 1 si et seulement si z " 0 et = z.
z

bc + ca + ab 1 1 1
Avec abc = 1, on a bc + ca + ab = = + + .
abc a b c
Il vient alors bc + ca + ab = a + b + c = a + b + c = 1

Chapitre 2 - Polynômes - Fractions rationnelles 77


Ainsi a , b, c sont les racines de P = X 3 X2 + X 1, polynôme qui se factorise aisément :
P = (X 1)(X 2 + 1).
On a donc a, b, c = 1, i, i .

Ex. 21
Trouver les racines du polynôme X 4 5X 3 + 9X 2 15X + 18, sachant que deux d’entre elles
ont un produit égal à 6.

Cet exercice est une occasion de tester quelques acquis sur les fonctions symétriques élémentaires
des racines d’un polynôme. Ne boudons pas notre plaisir !
Il y a peut-être une solution plus expéditive, gardons-la pour la fin.

Soit x1 et x2 des racines de produit égal à 6.


Les fonctions symétriques élémentaires des racines x1 , x2 , x3 , x4 donnent :
(x1 x2 )(x3 x4 ) = 18
(x1 + x2 ) + (x3 + x4 ) = 5
x1 x2 + x3 x4 + (x1 + x2 )(x3 + x4 ) = 9
(x1 x2 )(x3 + x4 ) + (x3 x4 )(x1 + x2 ) = 15
Posons P1 = x1 x2 , S1 = x1 + x2 , P2 = x3 x4 , S2 = x3 + x4 .
S1 + S2 = 5
Alors P1 = 6 donne P2 = 3 et S1 S2 = 0
S1 + 2S2 = 5
ce qui a pour solution unique P1 = 6, S1 = 5, P2 = 3, S2 = 0.
Les racines de X 2 5X + 6 sont 2 et 3. Celles de X 2 + 3 sont i 3 et i 3.
Les racines de X 4 5X 3 + 9X 2 15X + 18 sont donc 2, 3, i 3, i 3.
Après coup pour certains, on peut s’arracher les cheveux !
Bien sûr, 2 est racine raisonnablement apparente.
Par ailleurs, x1 x2 = 6 incite à tester si 2 ou 3 ne serait pas racine.
Miracle, tous deux conviennent !

On constate que 2 et 3 sont racines (distinctes) de P .


Alors P est divisible par (X 2)(X 3).
On factorise alors par X 2 5X + 6, pour le quotient X 2 + 3.

Ex. 22
Donner des polynômes U et V de degré minimal tel que X n U + (1 X ) n V = 1.

1
Si n = 0, Avec U = V = , on a une solution de degré minimal.
2
Dans la suite, on peut se limiter à n ! 1.
Des polynômes tels que X n U + (1 X )n V = 1 ne sont pas nuls. Par exemple V = 0 impliquerait
X n U = 1, ce qui imposerait X n inversible, donc n = 0.
Le contexte de travail est celui de "[X ].

78 Sujets d’oraux
Les polynômes X n et (1 X )n sont premiers entre eux et une égalité de Bézout est disponible.
Un premier point à éclaicir est que U et V doivent être de degrés "petits".
X et 1 X sont premiers entre eux, donc X n et (1 X )n le sont aussi.
Par le théorème de Bézout, il existe des polynômes A et B tels que X n A + (1 X )n B = 1.
Soit U le reste dans la division de A par (1 X )n . Alors A = (1 X )n Q + U , avec deg U < n ,
donne X n U + (1 X )n (X n Q + B) = 1.
En posant V = X n Q + B, on a X n U + (1 X )n V = 1. Alors (1 X )n V = 1 X n U donne
deg (1 X )n V = deg(1 X n U ) et, avec deg(1 X n U ) = n +deg U et deg (1 X )n V = n +deg V ,
on obtient deg V = deg U .
On a donc des solutions U et V , avec deg U = deg V < n telles que X n U + (1 X )n V = 1.
On peut étudier l’unicité d’une telle solution.
Supposons qu’il existe U1 et V1 , de degré strictement inférieur à n ,
tels que X n U1 + (1 X )n V1 = 1.
On en déduit (U U1 )X n = (V1 V )(1 X )n .
Avec le théorème de Gauss, il s’ensuit que X n , premier avec (1 X )n , divise V1 V .
Or on a deg V < n et deg V1 < n , donc deg(V1 V ) < n = deg X n .
Multiple de X n et de degré strictement inférieur à celui de X n , le polynôme V1 V est nécessai-
rement le polynôme nul.
Et il s’ensuit U U1 = 0, ce qui garantit l’unicité envisagée.
La solution (U, V ) est donc minimale, du point de vue des degrés.
Il reste à la déterminer explicitement. Un point de départ est X + (1 X ) = 1.
La formule du binôme donne
n 1 n 1
2n 1 k k n 1 k k
X + (1 X) = (1 X )n #2n 1 X (1 X) + Xn # 2n 1X
n 1 k
(1 k
X ) = 1,
k =0 k =0
n 1 n 1
k n 1 k k k k n 1 k
ce qui donne la solution U = #2n 1X (1 X ) et V = #2n 1X (1 X) .
k =0 k =0
Pourquoi l’exposant 2n 1 ? Un exposant plus petit ne permettrait pas de mettre en évidence
X n et (1 X )n et un exposant plus grand donnerait des coefficients de X n , et (1 X )n de
degrés trop grands.

Ex. 23
Trouver tous les couples (A, B) de polynômes réels tels que
(X 3 + 1)A + (X 2 + X + 1)B = 0.

Le théorème de Bézout s’applique à des polynômes premiers entre eux. Est-ce le cas ?
Un diviseur commun à X 3 + 1 et à X 2 + X + 1 divise aussi X (X 2 + X + 1).
Il divise donc X (X 2 + X + 1) (X 3 + 1) = X 2 + X 1, puis il divise X 2 + X + 1 (X 2 + X 1) = 2.
Il s’ensuit que (X 3 + 1) (X 2 + X + 1) = 1.
On aurait pu aussi constater que ces polynômes n’ont pas de racine complexe commune.
Il y a une solution : c’est le théorème de Bézout.
L’objet est de les déterminer tous.
La même démarche qu’à l’exercice précédent permet de voir qu’il y a une solution (A0 , B0 ) et
une seule telle que deg A0 < 2 et deg B0 < 3.

Chapitre 2 - Polynômes - Fractions rationnelles 79


Nous admettons donc ce premier résultat.
Deux questions se posent alors :
déterminer tous les couples solutions à partir de (A0 , B0 )
et déterminer (A0 , B0 ).
Avec (X 2 + 1)A0 + (X 3 + 1)B0 = 1, on a (X 2 + 1)A + (X 3 + 1)B = 1 si et seulement si
(X 3 + 1)(A A0 ) + (X 3 + 1)(B B0 ) = 0.
X 3 + 1 divise donc (X 2 + X + 1)(B B0 ). Étant premier avec X 2 + X + 1, il divise B B0 .
Il existe alors P tel que B B0 = (X 3 + 1)P et il vient ensuite A A0 = (X 2 + X + 1)P .
Les solutions sont les couples A0 + (X 2 + X + 1)P, B0 + (X 3 + 1)P , où P décrit l’ensemble des
polynômes.
Il y a des méthodes éprouvées pour déterminer (A0 , B0 ). Toutefois, il n’est pas inutile d’examiner
le cas particulier proposé.
Notons que (X 1)(X 2 + X + 1) = X 3 1. On a donc X 3 + 1 (X 1)(X 2 + X + 1) = 2.
1 1
Il vient alors A0 = et B0 = (1 X ).
2 2

Ex. 24
On considère la suite (Pn )n !# de polynômes réels définis par
P1 = 1, P2 = X , et, pour tout n ! 3, Pn = XPn 1 Pn 2 .

1) Préciser le degré de Pn , montrer que Pn2 Pn +1 Pn 1 est constant, puis que Pn 1 Pn = 1.

2) Montrer que, pour n ! 2 et p ! 1, on a Pn +p = Pn Pp+1 Pn 1 Pp


et en déduire que Pn +p Pp = Pn Pp .
3) Montrer que Pn Pp = Pn p .

1) Dans les deux cas initiaux, on a deg Pn = n 1.


Supposons que, pour tout k ' n , on ait deg Pk = k 1.
Alors, il vient deg Pn 2 = n 3 et deg XPn 1 = n 1, donc deg XPn 1 Pn 2 = n 1,
ce qui prouve la propriété par récurrence.
Pour la première relation, on utilise Pn +1 = XPn Pn 1 et Pn = XPn 1 Pn 2 .

Dans Pn2 Pn +1 Pn 1 on remplace Pn 1 par XPn Pn +1 :


Pn2 Pn +1 Pn 1 = Pn2 Pn +1 (XPn Pn +1 ) = Pn2+1 Pn (XPn +1 Pn ).
Avec XPn +1 Pn = Pn +2 , il vient Pn2 Pn +1 Pn 1 = Pn2+1 Pn Pn +2 .
La suite Pn2 Pn +1 Pn 1 n !2 est donc constante.
Il n’est pas inutile de préciser cette constante. Pour cela on a besoin de P3 .
En particulier, on a P3 = XP2 P1 , donc P3 = X 2 1. Alors il vient P22 P3 P1 = 1.
On a donc Pn2 Pn +1 Pn 1 = 1 et on reconnaît une égalité de Bézout entre Pn et Pn 1,
ce qui montre que Pn et Pn 1 sont premiers entre eux.
2)
Pour Pn +p = Pn Pp+1 Pn 1 Pp , une preuve par récurrence s’impose.
On peut faire porter la récurrence sur p, en prenant soin de formuler exactement la propriété à
prouver.

80 Sujets d’oraux
Soit !(p) la propriété : pour tout n ! 2, on a Pn +p = Pn Pp+1 Pn 1 Pp .
!(1) se lit Pn +1 = Pn P2 Pn 1 P1 , c’est-à-dire Pn +1 = XPn Pn 1 , qui n’est autre que la règle
de définition de (Pn ).
Pour !(p + 1) on transforme Pn +p+1 en utilisant !(p) :
Pn +p+1 = P(n +1)+p = Pn +1 Pp+1 Pn Pp et on injecte Pn +1 = XPn Pn 1 . Il vient alors :
Pn +p+1 = Pn (XPp+1 Pp ) Pn 1 Pp+1 = Pn Pp+2 Pn 1 Pp+1 en utilisant XPp+1 Pp = Pp+2 .
On a montré que !(p) !(p + 1), la propriété !(p) est donc vraie pour tout p ! 1.
Montrons que les diviseurs communs à Pn +p et Pn ne sont autres que les diviseurs communs à
Pn et Pp .

Un diviseur commun à Pn et Pp divise Pn +p = Pn Pp+1 Pn 1 Pp et Pp .


Un diviseur D commun à Pn +p et Pp divise Pn +p + Pp Pn 1 = Pp+1 Pn . Or Pp est premier avec
Pp+1 , il en est donc de même pour D et Pp+1 et, d’après le théorème de Gauss, D divise Pn .
L’ensemble des diviseurs communs à Pn et Pp est donc égal à l’ensemble des diviseurs communs
à Pn +p et Pp . En particulier, il vient Pn +p Pp = Pn Pp .
3)
Dans le cas particlier où p = n , on a P2n Pn = Pn Pn = Pn , donc Pn divise P2n .

Établissons une démonstration par récurrence sur p. pour Pn divise Pnp .


La propriété est triviale pour p = 1. Supposons que Pn divise Pnp .
On a Pn (p+1) = Pnp+n = Pnp Pn +1 Pnp 1 Pn et on voit que Pn divise Pn (p+1) .
La propriété est donc vraie pour tout p ! # .
Pour comparer Pn Pp et Pn p , on peut se placer dans le cas où n < p.

Dans la division euclidienne, on a p = nq + r , avec 0 ' r < n .


Le résultat établi précédemment donne Pn Pr = Pn Pn +r et, en effectuant cela q fois,
il vient Pn Pr = Pn Pqn +r , c’est-à-dire Pn Pr = Pn Pp .
Dans l’algorithme d’Euclide, pour obtenir p n , on effectue les divisions successives, avec les
restes successifs r1 , . . . , rs où rs est le dernier reste non nul.
En répétant Pp Pn = Pn Pr1 , Pn Pr1 = Pr1 Pr2 , . . . , on obtient Pp Pn = Prs .
Avec rs = p n , on a donc Pp Pn = Pp n .

Chapitre 2 - Polynômes - Fractions rationnelles 81


B Fractions rationnelles

Ex. 25
n
P
Soit P unitaire de degré n et Q = (X k ). Décomposer en éléments simples et montrer
Q
k =0
n!
qu’il existe k ! [[ 0, n ]] tel que P (k ) ! .
2n

P
Q est scindé, à racines simples et de degré n + 1. La décomposition en éléments simples de
Q
n
P (k )
est alors . Et on a Q (k ) = (k q).
Q (k )(X k)
k =0 q"k

n
P (k P (k ) P (k ) ( 1)n k
k
On a = , avec (k = n = = #n P (k ).
Q X k ( 1) n k
k !(n k )! n!
k =0 (k q)
q"k,q=0

k
Les coefficients binomiaux #n incitent à en faire apparaître la somme et, dans ce but, on peut
examiner la somme des (k .

XP (X )
est le quotient de polynômes normalisés et de même degré.
Q(X )
n
xP (x ) XP (X ) (k X (k x
Il vient alors lim = 1. Par ailleurs, on a = et lim = (k .
x + Q(x ) Q(X ) X k x + x k
k =0

n
On en déduit 1 = (k .
k =0

Pour une information concernant, de façon analogue, tous les P (k ), il est judicieux de procéder
n
k
par l’absurde. Rappelons que #n = 2n .
k =0

Supposons que, pour tout k ! [[ 0, n ]], on ait P (k ) < n ! / 2n .


n n n
( 1)n k
k 1 k 1 k
Alors (k = #n P (k ) donne (k ' # P (k ) < n #n = 1.
n! n! n 2
k =0 k =0 k =0

n
Et ce résultat est en contradiction avec 1 = (k .
k =0

n!
En conclusion, il existe k ! [[ 0, n ]] tel que P (k ) ! .
2n

82 Sujets d’oraux
Ex. 26
n
k
Soit P = ak X ! ![X ], de degré n ! 2 et admettant n racines réelles distinctes.
k =0
Montrer que :
2
pour tout t ! !, P (t ) P (t )P (t ) > 0

et que pour tout k ! [[ 1, n 1 ]], ak 1 ak +1 < ak2 .

2 P
P (t ) P (t )P (t ) apparaît naturellement dans la dérivation de et la décomposition en
P
P
éléments simples de , avec P scindé à racines simples, doit être connue.
P
n
P 1
Notons xr , 1 ' r ' n , les n racines réelles distinctes. On a P = .
X xk
k =1
2 n
P P P 1 2
En dérivant, il vient 2 = 2
et il s’ensuit P (t ) P (t )P (t ) > 0 pour tout
P (X xk )
k =1
t ! ! , x1 , . . . , xn .

Cette preuve ne concerne que les réels t qui ne sont pas racine de P . Pour les racines, il y a lieu
de tenir compte qu’elles sont simples.

2
Pour t ! x1 , . . . , xn , on a P (t ) = 0 et P (t ) " 0, donc P (t ) P (t )P (t ) > 0.

Pour en tirer une information sur les coefficients de P , la formule de Taylor lie ak et P (k ) (0).

1 2
P (0) = a0 , P (0) = a1 , P (0) = a2 et P (0) P (0)P (0) > 0 donne a12 > 2a2 a0 .
2
2
a
Il s’ensuit a0 a2 < 21 ' a12 d’où a0 a2 < a12 .

Remarquons que l’inégalité demandée a0 a2 < a12 découle en fait d’une inégalité plus fine.
Pour passer de a0 a2 < a12 à ak 1 ak +1 < ak2 , il est raisonnable d’exploiter les dérivées successives
de P en 0.

Pour tout k ! [[ 1, n 2 ]], le polynôme réel P (k ) est scindé, de racines simples.

Le polynôme dérivé d’un polynôme scindé réel, dont toutes les racines sont simples, est réel,
scindé et toutes ses racines sont simples. C’est une des applications classiques du théorème
de Rolle.

2
On applique alors à P (k ) la propriété établie pour P : P (k +1) (0) P (k +2) (0)P (k ) (0) > 0.

1 (j ) 2
Puis on utilise aj = P (0) pour en déduire (k + 1)!ak +1 > (k + 2)!k !ak ak +2 , et il s’ensuit :
j!
k+1 2
ak ak +2 < a ' ak2+1 .
k + 2 k +1
Pour k ! [[ 1, n 1 ]], on a donc ak 1 ak +1 < ak2 .

Chapitre 2 - Polynômes - Fractions rationnelles 83


Ex. 27
Étant donné n ! # et un polynôme Q ! ![X ] tel que Q(0) = 1, justifier l’existence et l’unicité
de P et R dans ![X ] tels que deg P ' 2n et PQ + X 2n +1 R = 1
Expliciter ces polynômes dans les cas où Q = 1 X et Q = 1 X 2.

On pense a priori à une identité de Bézout et c’est bien le cas puisque Q et X 2n +1 sont premiers
entre eux.
Que ce texte soit proposé dans la rubrique "Fractions rationnelles" est une indication pour une
autre piste.
2n +1
1 X R 1 P R
L’égalité proposée s’écrit aussi Q = P + Q
ou encore 2n +1 = 2n +1 +
Q
X Q X
Comme X 2n +1 et Q sont premiers entre eux, l’existence et l’unicité de P , avec deg P ' 2n , et
1
R découle de l’existence et de l’unicité de la décomposition de 2n +1 en somme de deux
X Q
fractions, l’une de dénominateur X 2n +1 et l’autre de dénominateur Q.
Notons que l’on a alors deg R < deg Q.
La détermination de P et R dans les deux exemples proposés revient donc à préciser la décompo-
sition d’une fraction rationnelle. La méthode des développements limités est bien adaptée à la
présence d’un pôle multiple.

1
Pour Q = 1 X , on considère F = 2n +1 .
(1 X )X
2n
1 1 k 2n
Le développement limité à l’ordre 2n en 0 de est = x + o(x ).
1 x 1 x
k =0
2n
k
On en déduit que P = X .
k =0
Pour déterminer R qui, dans le cas présent, est une constante, on forme
1 (1 X )P
2n +1 = (1 X )F = + R. 2n +1
X X
En prenant la valeur en 1, il vient R = 1.
1
Pour Q = 1 X 2 , on considère F = 2 2n +1 .
(1 X )X
n
1 1 2k
Le développement limité à l’ordre 2n en 0 de 2 est 2 = x + o(x 2n ).
1 x 1 x
k =0
n
2k
On en déduit que P = X . Et on a deg R ' 1.
k =0
1 P R P a b
On a F = = + = + +
(1 X )X
2 2n +1
X
2n +1
1 X
2
X
2n +1 1 X 1+X
1 1
La valeur en 1 de (1 X )F et la valeur en 1 de (1 + X )F donnent a = et b = .
2 2
R 1 1
Alors = donne R = X .
1 X
2 2(1 X) 2(1 + X )

84 Sujets d’oraux
Ex. 28
Soit n ! # et P un polynôme de degré inférieur ou égal à n 1.

1) Exprimer P ($) à l’aide de P (0).


$!$n

n
2) Soit ($k )k ![[ 1,n ]] la famille des éléments de $n . Pour n ! 2, calculer ($k $$ ).
k =1 $"k

1)
Le contexte de travail est évidemment celui de "[X ], ou mieux encore, celui de "(X ).
Les $k sont les racines de X n 1, qui est à racines simples.
P
P ($k ) peut apparaître dans la décomposition de n .
X 1

P
Puisque deg P < n , la partie entière de F = n est nulle.
X 1
n
On a X n 1= (X $k ), les pôles de F sont donc les $k , 1 ' k ' n .
k =1
Avec (X n 1) = nX n 1
, on obtient que la partie polaire de F relative au pôle simple $k est
n
P ($k ) P ($k )
n 1 et il vient F =
n $k (X $k )
k =1
n $nk 1 (X $k )

On remarquera que cette décomposition est valable même dans le cas où P et X n 1 ne sont
pas premiers entre-eux.
n
1
Avec $nk = 1, on en déduit F (0) = P ($k ).
n
k =1
n
P
Par ailleurs, avec F = n , il vient F (0) = P (0) et il s’ensuit que P ($k ) = nP (0).
X 1
k =1
2i %
Une autre méthode consiste à observer qu’en posant $ = e n , on a $n = $k / 0' k ' n 1 .
n 1 n 1 n 1 n 1
j
Donc, avec P = aj X , on obtient P $
k
= aj $kj et, en remarquant que
j =0 k =0 j =0 k =0
n 1 n 1
pour 1 ' j ' n 1, $kj = 0, il reste P $k = na0 = nP (0).
k =0 k =0

2)
n n
($k $$ ) invite à considérer le polynôme P = (X $$ ).
k =1 $"k k =1 $"k
Si tout va bien, le résultat précédent sera mis à l’œuvre.
n
Soit P = Pk avec Pk = (X $$ ).
k =1 $"k

Chapitre 2 - Polynômes - Fractions rationnelles 85


On a deg Pk = n 1, donc deg P ' n 1.
Pour r ! [[ 1, n ]], on a Pr ($k ) = 0 lorsque r " k , donc P ($k ) = Pk ($k ) = ($k $$ ).
$"k
n n
S= ($k $$ ) est alors égale à P ($k ).
k =1 $"k k =1
n
Sachant que $$ = ( 1)n +1 , le résultat précédent donne :
$=1
n n n
1
S = nP (0) = ( 1)n 1 n $$ = n =n $k .
$k
k =1 $"k k =1 k =1
n
Enfin, comme il est bien connu que $k = 0, on obtient finalement S = 0.
k =1

Ex. 29
X
Déterminer les fractions rationnelles F telles que F (X 2 ) F (X ) = 2 .
X 1

A
Soit F = , avec A et B dans "[X ], premiers entre eux.
B
On cherche donc A et B tels que :
(X 2 1) A(X 2 )B(X ) A(X )B(X 2 ) = XB(X )B(X 2 ) (1)

On cherche des conditions nécessaires sur A ou B.

On a donc 0 = B2 (1) donc B(1) = 0 et B se factorise par (X 1).


2 2 2
Avec B(X ) = (X 1)Q(X ), et B(X ) = (X 1)Q(X ), la relation (1) devient
(X 1)(X 2 1) A(X 2 )Q(X ) (X + 1)A(X )Q(X 2 ) = X (X 1)(X 2 1)Q(X )Q(X 2 ),
c’est-à-dire A(X 2 )Q(X ) (X + 1)A(X )Q(X 2 ) = XQ(X )Q(X 2 ) (2)

On poursuit l’analyse de B en s’attachant à l’examen du polynôme Q.

(2) se lit aussi (X + 1)A(X ) + XQ(X ) Q(X 2 ) = A(X 2 )Q(X )


ce qui montre que Q(X 2 ) divise A(X 2 )Q(X ).

Il y a lieu d’exploiter que A et B sont premiers entre eux.

Avec A B = 1, on a A (X 1)Q = 1, donc A Q = 1.


Il s’ensuit que A(X 2 ) Q(X 2 ) = 1.
Le théorème de Gauss nous donne alors que Q(X 2 ) divise Q(X ).
En notant que deg Q(X 2 ) = 2 deg Q(X ), on a nécessairement deg Q = 0, c’est-à-dire Q ! " .
Posons Q = (.
La relation (2) devient alors, après simplification par ( :
A(X 2 ) (X + 1)A(X ) = (X (3).

Une information sur A provient de l’examen du degré.

86 Sujets d’oraux
Si on pose n = deg A, alors deg A(X 2 ) = 2n , alors que deg (X + 1)A(X ) = n + 1.
Il s’ensuit que, pour n ! 2, donc 2n > n + 1, on a deg A(X 2 ) (X + 1)A(X ) = 2n ! 4, ce qui est
incompatible avec deg((X ) = 1.
On a donc deg A ' 1 et A est de la forme A = aX + b, avec a et b dans ".
En reportant dans (3), on a aX 2 + b (aX + b)(X + 1) = (X , c’est-à-dire aX bX = (X , d’où
a + b = (.
a 1 1
En conclusion, on a A(X ) = a (X 1) ( et B = ((X 1) puis F (X ) =
( X 1
=k
X 1
.

On vient d’obenir les fractions rationnelles possibles.


Il ne faut pas oublier d’examiner si elles conviennent.
1 1 1
Pour toute fraction F = k , il vient F (X 2 ) F (X ) =
X 1 X 1 X
2
1
X
donc F (X 2 ) F (X ) = 2 .
X 1

Ex. 30
On considère P ! "[X ], de degré n ! 2, à racines x1 , . . . , xn simples.
n
Q(xk )
Montrer que, pour tout Q ! "[X ] tel que deg Q ' n 2, on a = 0.
P (xk )
k =1

Les racines de P sont simples, donc P (xk ) " 0 donne un énoncé sans désagrément majeur. Il est
possible que certaines racines de P soient aussi racines de Q.
Seules interviennent les racines de P qui ne sont pas racines de Q.
Q(xk )
Le terme P (xk ) au dénominateur de apparaît dans la partie polaire relative au pôle
P (xk )
Q
simple xk de la fraction .
P
Q(xk )
Pour les pôles simples xk qui ne sont pas racines de Q, la partie polaire est .
P (xk )(X xk )
Q
Avec deg Q < deg P , la partie entière de est nulle et on a donc
P
n
Q Q(xk )
F = = .
P P (xk )(X xk )
k =1

Jusque là, on n’a utilisé que deg Q < deg P .


De ce fait, l’hypothèse deg Q < deg P 1 laisse encore une marge de manœuvre.
XQ
On peut par exemple faire apparaître dont la partie entière est encore 0.
P
n
Q(xk ) X
On a XF = , de partie entière E XF = 0.
P (xk ) (X xk )
k =1
n
Q(xk ) X
Comme l’application E est linéaire, il vient 0 = E .
P (xk ) (X xk )
k =1
n
X Q(xk )
Avec E = 1, on obtient finalement 0 = .
(X xk ) P (xk )
k =1

Chapitre 2 - Polynômes - Fractions rationnelles 87


Ex. 31
Soit P ! ![X ] de degré n ! # , avec P (0) " 0. On suppose que les n racines (xk )k [[ 1,n ]] de P
n
1 1
sont réelles et deux à deux distinctes. Montrer que = .
xk P (xk ) P (0)
k =1

Une décomposition de fraction rationnelle à dénominateur scindé et de racines simples est


A A(a )
d’actualité. La partie polaire de relative à un pôle simple a est .
B B (a )(X a )
n
1 (k
La fraction rationnelle F (X ) = se décompose en F (X ) = .
P (X ) X xk
k =1
1
Comme xk est racine simple, on a (k =
P (xk )
Pour obtenir le résultat, il suffit de considérer F (0).
Ce résultat reste vrai pour un polynôme P ! "[X ] ou des racines non réelles.

Ex. 32
n 1
1
Calculer 2k %
.
i
k =1 1 e n

1
Une solution consiste à former un polynôme dont les racines sont les .
i 2k %
1 e n
Il sera alors aisé d’en déduire la somme.

i 2% i 2k %
Posons $ = e n . Alors $k = e n , et en particulier : $n = 1.
Les $k , 1 ' k ' n 1, sont les racines autres que 1 de X n 1.

Les $k 1, 1 ' k ' n , sont les racines autres que 0 de (X + 1)n 1, c’est-à-dire de :
n (n 1)
X n + nX n 1 + . . . + X 2 + nX .
2
n (n 1)
Ce sont donc les racines de X n 1
+ nX n 2
+... + X + n.
2
n (n 1)
Leurs inverses sont les racines de l’équation : nx n 1
+ x n 2 + . . . + nx + 1 = 0.
2
n 1 n 1
n 1 1 n 1 1 n 1
Leur somme est donc , c’est-à-dire = d’où = .
2 $ k
1 2 1 $ k 2
k =1 k =1
n
1 P
Autre solution. Avec P = X n 1, de racines $k , k ! [[ 1, n ]], on a k
= .
X $ P
k =1
n 1 n 1
1 1
Notons que k
est la valeur en 1 de .
k =1
1 $ k =1
X $k
n 1 n 1 n 1
P nX 1 nX 1
Avec = n , on a = n .
P X 1 X $k X 1 X 1
k =1

88 Sujets d’oraux
nx n 1 1
Le problème revient à trouver la limite quand x tend vers 1 de n .
x 1 x 1
Une bonne façon de trouver cette limite est d’utiliser des développements limités en 1.

En posant h = x 1, on a n (h + 1)n 1
= n 1 + (n 1)h + o(h ) et :
n (n 1) n 1
xn 1 = (1 + h )n 1 = nh + h 2 + o(h 2 ) = nh 1 + h + o(h ) .
2 2
n 1
nx 1 1 + (n 1)h + o(h ) 1 n 1
Il s’ensuit n = = 1 + (n 1)h + o(h ) 1 h + o(h ) .
x 1 h n 1 h 2
1+ h + o(h )
2
n 1
nx 1 n 1 1 n 1
On en déduit n = 1+ h + o(h ) = + + o(1).
x 1 h 2 h 2
n 1 n 1
nx 1 n 1 nx 1 n 1
Finalement, on a n = + o(1) d’où lim n = et en
x 1 x 1 2 x 1 x 1 x 1 2
conclusion :
n 1
1 n 1
= .
k =1
1 $k 2

Chapitre 2 - Polynômes - Fractions rationnelles 89


Thèmes d’étude - Problèmes
1 Une famille de polynômes
On considère la suite (ak )k !# d’éléments de % (qui est ! ou ") définie par :
n 1
ak
a0 = 1 et, pour tout n ! 2, = 0.
(n k )!
k =0
n
ak
Pour n ! #, on pose An = X n k , élément de %[X ].
(n k )!
k =0

1) Calculer a1 , a2 , a3 et a4 . Expliciter les polynômes A0 , A1 , A2 , A3 et A4 .


2) Montrer que la suite (An )n !# est l’unique suite de polynômes vérifiant :
(a) P0 = 1,
(b) pour tout n entier naturel, Pn +1 = Pn ,
(c) pour tout n entier, n ! 2, Pn (0) = Pn (1).
3) En utilisant la question précédente, montrer que :
a) pour tout n ! #, An (1 X ) = ( 1)n An (X ),

1
b) pour tout n ! # , An (X + 1) An (X ) = X n 1.
(n 1)!

4) On considère n entier impair : n = 2p + 1, p ! # .


a) Montrer que le polynôme A2p+1 est divisible par X (X 1)(2X 1).
b) En déduire que a2p+1 = 0.
c) Écrire explicitement les polynômes A5 , A6 et A7 .
m
n
5) Pour n ! # et m ! # , on pose Sn (m ) = k .
k =1

a) Exprimer Sn (m ) au moyen de m , An +1 (m ) et an +1 .
b) Donner l’expression générale de Sn (m ) pour n ![[ 1, 4 ]] en factorisant en tant que polynôme
en m dans chacun des quatre cas.

Solution

a0 1 a0 a1 1
1) + a1 = 0 d’où a1 = ; + + a2 = 0 d’où a2 = ;
2 2 6 2 12
a0 a1 a2 a0 a1 a2 a3 1
+ + + a3 = 0 d’où a3 = 0 ; + + + + a4 = 0 d’où a4 = .
24 6 2 120 24 6 2 720
On en déduit :
1 1 2 1 1
A0 = 1 , A1 = X , A2 = X X+ ,
2 2 2 12
1 3 1 2 1 1 4 1 3 1 2 1
A3 = X X + X et A4 = X X + X .
6 4 12 24 12 24 720

90 Thèmes d’étude – Problèmes


n n
ak n k ak n k
2) On a A0 = 1 ; pour n ! #, An +1 = (n + 1 k )X = X .
(n + 1 k )! (n k )!
k =0 k =0
On remarque alors que An +1 = An .
n 1
ak
Enfin, on obtient An (0) = an = An (1) en utilisant = 0.
(n k )!
k =0
Soit (Pn )n !# une suite de polynômes qui vérifie (a), (b) et (c).
Montrons par récurrence que Pn = An .
Avec (a), on a A0 = P0 . Supposons Pn = An , avec n ! 0.
Avec (b), on a Pn +1 = Pn et An +1 = An d’où An +1 = Pn +1 puis Pn +1 = An +1 + c , avec c ! %.
Avec (b) encore, Pn +2 = Pn +1 et An +2 = An +1 donne (Pn +2 An +2 ) = c .
Il s’ensuit (Pn +2 An +2 )(1) (Pn +2 An +2 )(0) = c .
Avec (c), on a Pn +2 (1) = Pn +2 (0) et An +2 (1) = An +2 (0), donc c = 0 et finalement, Pn +1 = An +1 .
3) a) Posons Bn (X ) = ( 1)n An (1 X ). On a B0 = A0 (1 X ) = 1 donc (Bn ) vérifie (a).
Pour n ! 1, Bn = ( 1)n +1 An (1 X ) = ( 1)n +1 An 1 (1 X ) = ( 1)n 1 An 1 (1 X ) = Bn 1
donc (Bn ) vérifie (b).
Enfin, pour n ! 2, Bn (1) = ( 1)n An (0) = ( 1)n An (1) = Bn (0) donc (Bn ) vérifie (c).
Ainsi Bn = An puis An (1 X ) = ( 1)n An (X ).
1 1
b) On a A1 (X ) = X 2
d’où A1 (1 + X ) A1 (X ) = 1 = 0! X 0 .
Supposons la propriété vraie pour n ! 1.
1
Avec An +1 (1 + X ) An +1 (X ) = An (1 + X ) An (X ) = X n 1 , on obtient :
(n 1)!
1 n
An +1 (1 + X ) An +1 (X ) = X + c , c ! %.
n!
1 n
Or n + 1 ! 2 implique An +1 (1) An +1 (0) = 0, donc c = 0 puis An +1 (1 + X ) An +1 (X ) = X .
n!

4) a) On a (question 3)a) A2p+1 (1 X ) = A2p+1 (X ), donc A2p+1 (1 / 2) = A2p+1 (1 / 2)


et il s’ensuit A2p+1 (1 / 2) = 0.
On a aussi A2p+1 (1) = A2p+1 (0). Or (question 2)c), A2p+1 (1) = A2p+1 (0).
Il s’ensuit A2p+1 (0) = 0 et A2p+1 (1) = 0.
Il en découle que A2p+1 est divisible par X (X 1)(2X 1).
b) Il suffit de remarquer que a2p+1 = A2p+1 (0) = 0.
1 5 1 4 1 3 1
c) Avec A5 = A4 et 4)b), il vient A5 = X X + X X.
120 48 72 720
1 6 1 5 1 4 1
A6 = A5 donne A6 = X X + X X 2 + c avec c ! %.
720 240 288 1 440
1 1 1 1
Puis A7 = 5 040 X 7 1 440 X 6 + 1 440 X 5 4 320 X 3 + cX compte-tenu de a7 = 0.
1 1 1 1 1
Avec A7 (1) = A7 (0), il vient 5 040 1 440 + 1 440 4 320 + c = 0 d’où c = 30 240 .
m m
n n 1 n
5) a) On a Sn (m ) = k = k . Utilisons An +1 (X + 1) An +1 (X ) = X .
n!
k =1 k =0
Alors k n = n ! An +1 (k + 1) An +1 (k ) . Il s’ensuit Sn (m ) = n ! An +1 (m + 1) An +1 (0) .
n
m
An +1 (m + 1) = An +1 (m ) + et An +1 (0) = an +1 donne Sn (m ) = n ! An +1 (m ) an +1 + m n .
n!

Chapitre 2 - Polynômes - Fractions rationnelles 91


m2 m 1 1
b) S1 (m ) = + m = (m 2 + m ) = m (m + 1).
2 2 2 2
3 2 3 2
m m m m m m 1 1
S2 (m ) = 2 + + m2 = + + = (2m 3 + 3m 2 + m ) = m (m + 1)(2m + 1).
6 4 12 3 2 6 6 6
4 3 2 4 3 2 2 2 2
m m m m m m m m (m + 1)
S3 (m ) = 6 + + m3 = + + = (m 2 + 2m + 1) = .
24 12 24 4 2 4 4 4
5 4 3 5 4 3
m m m m m m m m m
S4 (m ) = 24 + +m4 = + + = (6m 4 +15m 3 +10m 2 1).
120 48 72 720 5 2 3 30 30
On observe que S4 (m ) = 4!A5 ( m ) et on sait que A5 (X ) est divisible par X (X 1)(2X 1).
Alors S4 (m ) est divisible aussi par (m + 1)(2m + 1). Il vient alors :
m (m + 1)(2m + 1)(3m 2 + 3m 1)
S4 (m ) = .
30
Notons que 3X 2 + 3X 1 n’a pas de racine rationnelle et on laisse S4 (m ) sous la forme ci-dessus.

2 Équation de degré 3
1) Justifier que l’étude d’un polynôme X 3 + aX 2 + bX + c se ramène à celle d’un polynôme
X 3 + pX + q et que l’on peut se limiter dorénavant au cas où pq " 0.

2i %
2) On considère x1 , x2 , x3 dans ". Usuellement, on note j = exp .
3
3
a) Vérifier que l’ensemble des six nombres x" + jx# + j2 x- , ", #, - deux à deux distincts
3 3
dans [[ 1, 3 ]] se réduit à x1 + jx2 + j2 x3 , x1 + jx3 + j2 x2 .
3 3
b) On pose .1 = x1 + jx2 + j2 x3 et .2 = x1 + jx3 + j2 x2 . Exprimer .1 .2 et .1 + .2 à l’aide
des fonctions symétriques élémentaires des racines x1 , x2 , x3 de X 3 + pX + q.
Former un polynôme Q unitaire de degré 2 dont les racines sont .1 et .2 .
3) a) Étant donné (U, V ) ! "2 , résoudre le système :
x1 + x2 + x3 = 0
x1 , x2 , x3 ! "3 , x1 + jx2 + j2 x3 = U

x1 + j2 x2 + jx3 = V
U V
b) En posant u = 3 et v = 3 , montrer que u + v, ju + j2 v et j2 u + jv sont les racines de
p
P = X 3 + pX + q si et seulement si uv = et u 3 + v3 = q.
3
On déduit de ce qui précède une méthode de résolution de P .
p3
Méthode. u 3 et v3 sont alors les racines de R = X 2 + qX . On prend pour valeur de u une
27
p
des racines cubiques d’une racine de R et on forme v = . Les racines de P sont alors :
3u
u + v, ju + j2 v et j2 u + jv.

92 Thèmes d’étude – Problèmes


4) Exemples.
a) Résoudre les équations : x ! ",
(1) x 3 3x 2 + 2x 1 = 0, (2) 2x 3 12x 2 + 18x + 19 = 0,
(3) x 3 + x 2 + 1 = 0, (4) x 3 3x 1 = 0.

7, en vérifiant qu’il est racine de X 3 + 3X


3 3
b) Simplifier 5 2+7 5 2 14.

5) a) Discriminant
Former une condition nécessaire et suffisante portant sur p et q pour que X 3 + pX + q ait une
racine double.
b) Déterminer ( ! " pour que l’équation x ! ", x 3 8x 2 + (13 ()x 6 2( = 0 ait une
racine double et achever la résolution.
c) On se place dans le cas où p et q sont dans !. Montrer que, si 4p3 + 27q 2 ' 0, alors
les racines de P sont réelles, et que, pour 4p3 + 27q 2 > 0, il y a deux racines complexes
conjuguées et une racine réelle.

6) Méthode trigonométrique dans le cas de racines réelles distinctes.


3
p
a) Justifier que les racines de X 2 + qX sont complexes conjuguées.
27

p q
b) En posant u = rei ) , r > 0, montrer que r = et cos 3) = .
3 2r 3
c) Résoudre algébriquement et trigonométriquement x ! !, x 3 3x + 1 = 0.

Solution

1)
L’utilisation de la formule de Taylor est à préférer aux calculs par identification.

1 a
Le coefficient de (X + h )2 dans P (X + h ) est P (h ). Avec P = 6X + 2a , on choisit h = et il
6 3
vient :
2
a a 2 2 1
P X = X3 + b X+ a ab + c .
3 3 27 3
Les cas p = 0 ou q = 0 sont immédiats.

2) a) On a x2 + jx3 + j2 x1 = j2 x1 + jx2 + j2 x3 , x3 + jx1 + j2 x2 = j x1 + jx2 + j2 x3 : donc :


3 3 3
x2 + jx3 + j2 x1 = x3 + jx1 + j2 x2 = x1 + jx2 + j2 x3 .
Et de même x2 + jx1 + j2 x3 = j x1 + jx3 + j2 x2 , x3 + jx2 + j2 x1 = j2 x1 + jx3 + j2 x2 : d’où :
3 3 3
x2 + jx1 + j2 x3 = x3 + jx2 + j2 x1 = x1 + jx3 + j2 x2 .

b) Soit A = x1 + jx2 + j2 x3 et B = x1 + jx3 + j2 x2 . Avec 1 + j + j2 = 0, il vient :


A + B = 2x1 + j + j2 x2 + j + j2 x3 = 2x1 x2 x3 ,
d’où A + B = 3x1 grâce à x1 + x2 + x3 = 0.

Chapitre 2 - Polynômes - Fractions rationnelles 93


2
AB = x12 + x22 + x32 x1 x2 + x2 x3 + x3 x1 , donc AB = x1 + x2 + x3 3 x1 x2 + x2 x3 + x3 x1 = 3p .

Il s’ensuit .1 .2 = 27p3 .
.1 + .2 = A3 + B3 = (A + B)3 3AB(A + B) = 27x13 + 27px1 = 27q, car x13 + px1 = q.
2 2 3
.1 et .2 sont les racines de X .1 + .2 X + .1 .2 , d’où Q = X + 27qX 27p .

3) a) (E1 ) + (E2 ) + (E3 ) donne : 3x1 = U + V . (E1 ) + j2 (E2 ) + j(E3 ) donne : 3x2 = j2 U + jV .
Et (E1 ) + j(E2 ) + j2 (E3 ) donne : 3x3 = jU + j2 V .
Il est immédiat que ces nombres conviennent.
b) X (u + v) X ( ju + j2 v) X ( j2 u + jv) = X 3 3uvX (u 3 + v3 ).

u + v, ju + j2 v et j2 u + jv sont donc les racines de X 3 + pX + q si et seulement si :


p
uv =
3
et u 3 + v3 = q.

1 9 + 69
4) a) (1) : A = X 3 3X 2 + 2X 1, A(X + 1) = X 3 X 1. R = X 2 X+ admet " =
27 18
1
pour racine. Soit u la racine cubique réelle de " et v = .
3u
Les racines de (1) sont 1 + u + v, 1 + ju + j2 v et 1 + j2 u + jv.
19 23 23
(2) : B = X 3 6X 2 + 9X +
2
, B(X + 2) = X 3 3X +
2
. Soit R = X 2 + 2 X + 7 49, de racine
23 + 3 57 1
"= . On pose alors u = 3
" et v = .
4 u
Les racines de (2) sont 2 + u + v, 2 + ju + j2 v et 2 + j2 u + jv.
1 X 29 29 1
(3) : C = X 3 + X 2 + 1, C X = X3 + . Soit R = X 2 + X + , de racine
3 3 27 27 27 27
29 + 3 93 1
"= . On pose u = 3
" et v = .
54 9u
1 1 1 2
Les racines de (3) sont + u + v, + ju + j2 v et + j u + jv.
3 3 3
i % i %
(4) : l’équation x 2 x + 1 = 0, admet " = e 3 pour racine. On conclut avec u = e 9 .

7, on a c 3 = 14
3 3
b) Avec c = 5 2+7 5 2 3c .
3 3
L’équation x + 3x 14 = 0 a 2 pour racine, d’où X + 3X 14 = (X 2)(X 2 + 2X + 7).
Comme X 2 + 2X + 7 n’a pas de racine réelle, il vient c = 2.

5)
P a une racine double si et seulement si une racine de P est aussi racine de P .
On exploite les fonctions symétriques élémentaires des racines de P , sans calculer ces racines.

a) P = X 3 + pX + q, P = 3X 2 + p de racines r et s.
p 2p
Avec r + s = 0 et rs = , il vient r 2 + s2 = (r + s)2 2rs = et r 3 + s3 = (r + s)3 3rs(r + s) = 0.
3 3
4p3 + 27q 2
Alors P (r )P (s) = donc P a une racine double si et seulement si 4p3 + 27q 2 = 0.
27

94 Thèmes d’étude – Problèmes


8 1 2
b) P = X 3 8X 2 + (13 ()X 6 2( : P X + = X3 3 ( +25 X (63 ( +125).
3 3 27
4 3 4
Il y a une racine double si et seulement si 3 ( +25 + (63 ( +125)2 = 0, c’est-à-dire :
27 27
(3 122 (2 375( = 0, ou encore ( ! 0, 3, 125 .
8 25 250
Pour ( = 0, P = X 3 8X 2 + 13X 6 et Q = P X +
3
= X3
3
X
27
.

25 5
Les racines de Q = 3X 2 sont .
3 3
5 10
La racine double de Q est et il vient que l’autre est ; les racines de P sont alors 1
3 3
(double) et 6.
Pour ( = 3, P = X 3 8X 2 + 16X = X (X 4)2 . Les racines de P sont 4 (double) et 0.
8 400 1 600
Pour ( = 125, P = X 3 8X 2 112X 256 et Q = P X + = X3 X .
3 3 27
400 20 40
Avec Q = 3X 2 , on voit que la racine double de Q est , l’autre est .
3 3 3
Finalement, les racines de P sont 4 (double) et 16.

c) P a une racine réelle au moins.


Pour / = 4p3 + 27q 2 > 0, les racines de R sont réelles ; on choisit u réel, donc :
p
v= réel et u v!! .
3u
1 1
Alors u + v ! ! ; les autres racines 2
u + v + i 3(u v) et
2
u+v i 3(u v) sont
conjuguées non réelles.
Pour / < 0, u 3 et v3 sont conjugués non réels. Avec u tel que v = u , on a u + u , ju + ju et j 2 u + j2 u
réels.

6) a) Avec l’analyse précédente, on a 4p3 + 27q 2 < 0 (donc p < 0) et les racines de R sont
conjugées non réelles.

p p
b) Avec u = rei ) , on a uu = , donc r = .
3 3
3
p q
u 3 étant racine de R = X 2 + qX , on a 2 Re u 3 = q, c’est-à-dire cos 3) = .
27 2r 3

c) En application numérique, 4p3 + 27q 2 = 54 < 0,


1 2% 2% 4% 2%
r = 1 et cos 3) = c’est-à-dire ) = mod ou ) = mod .
2 9 3 9 3
2% 4% %
Les racines sont 2 cos 9 ; 2 cos 9 et 2 cos 9 .
2i %
Algébriquement, les racines de R = X 2 + X + 1 sont j = e 3 et j2 .
2i %
Une racine cubique de j est e 9 , pour la même conclusion.

Chapitre 2 - Polynômes - Fractions rationnelles 95


3 Polynômes de Tchebychev
n est un entier naturel non nul.

1) Montrer qu’il existe un polynôme et un seul Tn tel que :


&t ! !, Tn (cos t )) = cos nt
et qu’il existe un polynôme et un seul Sn tel que &t ! !, sin t Sn (cos t )) = sin nt .
Montrer que Tn et Sn sont dans &[X ]. Préciser leurs degrés et coefficients dominants.
Les polynômes Tn et Sn sont les polynômes de Tchebychev, respectivement de première et de
deuxième espèce.
Pour uniformiser les notations, on pourra poser T0 = 1 et S0 = 0.

2) a) Trouver un lien simple entre Sn et Tn .


b) Montrer que Tn est solution de l’équation différentielle :
(X 2 1)P + XP = n 2 P (1).
c) Montrer que Sn est solution de l’équation (X 2 1)P + 3XP = (n 2 1)P (2).

3) En exploitant l’équation différentielle (1), calculer les coefficients de Tn .


En utilisant le lien entre Tn et Sn , calculer les coefficients de Sn .

1 1 1
4) a) Soit Q = X n Tn X+ . Montrer que Q = (X 2n + 1).
2 X 2
b) En déduire que, pour tout t ! !, Tn (ch t ) = ch(nt ).
1 1 1
c) En considérant X n X Sn X , montrer que sh t Sn (ch t ) = sh(nt ).
X 2 X

Solution

1) On connaît Tn (cos t ) et Sn (sin t ) pour t !]0, % / 2[, c’est-à-dire Tn (x ) et Sn (x ) pour x !]0, 1[


et ceci garantit leur unicité.
Formule de Moivre : (cos t + i sin t )n = cos nt + i sin nt ; on développe et on sépare les parties
réelles et imaginaires. Il vient alors :
2k 2k
cos(nt ) = ( 1)k #n cosn 2k
t sin
2k
t= ( 1)k #n cosn 2k
t (1 cos2 t )k ,
0'2k 'n 0'2k 'n
k 2k +1
sin(nt ) = ( 1) #n cosn 2k 1 t sin
2k +1
t , ce qui s’écrit aussi
1'2k +1'n
2k +1
sin(nt ) = sin t ( 1)k #n cosn 2k 1
t (1 cos2 t )k ,
1'2k +1'n
2k 2k +1
d’où Tn = #n X n 2k (X 2 1)k et Sn = #n X
n 2k 1
(X 2 1)k .
0'2k 'n 1'2k +1'n
Notons que deg Tn = n et deg Sn = n 1. Ce sont en effet des sommes de polynômes de degrés
n et n 1 respectivement, avec des coefficients dominants tous positifs.
2k 2k
Tn est la somme de polynômes de coefficients dominants #n et #n = 2n 1
.
0'2k 'n

96 Thèmes d’étude – Problèmes


2k +1
De même, le coefficient dominant de Sn est #n = 2n 1
.
1'2k +1'n
On note également que Tn et Sn sont des sommes de polynômes à coefficients entiers, ce sont
donc des polynômes à coefficients entiers.

2) a) En dérivant Tn (cos t ) = cos nt par rapport à t , il vient :


sin t Tn (cos t ) = n sin(nt ) = n sin t S n (cos t ),
donc Tn (cos t ) = nSn (cos t ) pour sin t " 0.
L’égalité des fonctions polynomiales sur ]0, 1[ donne Tn = nSn .
b) En dérivant sin t Sn (cos t ) = sin nt par rapport à t , il vient :
cos t Sn (cos t ) sin2 t Sn (cos t ) = n cos nt = nTn (cos t ),
d’où cos t Sn (cos t ) + (cos2 t 1)Sn (cos t ) = nTn (cos t ) et il s’ensuit :
XSn + (X 2 1)Sn = nTn
2 2
puis XnSn + n (X 1)Sn = n Tn et enfin, avec nSn = Tn et nSn = Tn :
(X 2 1)Tn + XTn = n 2 Tn .
c) En dérivant XSn + (X 2 1)Sn = nTn , il vient 3XSn + Sn + (X 2 1)Sn = nTn = n 2 Sn , d’où :
(X 2 1)Sn + 3XSn = (n 2 1)Sn .

3) On écrit Tn sous la forme Tn = ( 1)k ak X n 2k


. On sait que a0 = 2n 1
.
0'2k 'n

Tn = ( 1)k (n 2k )ak X n 2k 1
donne XTn = ( 1)k (n 2k )ak X n 2k

0'2k <n 0'2k 'n 1


k n 2k 2
Puis Tn = ( 1) (n 2k )(n 2k 1)ak X donne :
0'2k 'n 2

X 2 Tn = ( 1)k (n 2k )(n 2k 1)ak X n 2k

0'2k 'n 2
k n 2k
et aussi Tn = ( 1) (n 2k + 2)(n 2k + 1)ak 1X .
2'2k 'n
Par comparaison des termes en X n 2k
dans (X 2 1)Tn + XTn = n 2 Tn , on obtient :
n2 (n 2k )2 ak = (n 2k + 1)(n 2k + 2)ak 1

(n 2k + 1)(n 2k + 2)
c’est-à-dire ak = ak 1 et on obtient :
4k (n k )
n !(n k 1)! n (n k 1)!
ak = 2n 2k 1 = 2n 2k 1 .
(n 2k )!k !(n 1)! k !(n 2k )!

Avec Tn = nSn et Sn = ( 1)k bk X n 2k 1


, il vient nbk = (n 2k )ak , soit :
1'2k +1'n
(n k 1)!
bk = 2n 2k 1 .
(n 2k 1)!k !
n
On peut remarquer que ak = bk .
n 2k
it it int int
e +e e +e
4) a) Pour t ! !, on a Tn 2
=
2
et par suite :
1 1 1 n 1
Tn z+ = z + n pour tout z ! $.
2 z 2 z

Chapitre 2 - Polynômes - Fractions rationnelles 97


1 1
On considère alors Q = X n Tn X+ .
2 X
2n
z +1 1
Pour tout z ! $, on a Q(z ) = donc Q = (X 2n + 1).
2 2
t t 2nt
e +e e +1
b) En particulier, pour tout réel t , ent Tn = , c’est-à-dire :
2 2
Tn (ch t ) = ch(nt ).
1 1 1
c) De même, on obtient X n X X
Sn
2
X+
X
= X 2n 1 et on en déduit :

sh(nt )
Sn (ch t ) = ,
sh t
ce qui donne les valeurs de Tn (x ) et Sn (x ) pour x !]1, + [.

4 Une équation polynomiale


A et B sont des éléments non nuls de ![X ], de dérivés A et B .
Pour k ! #, on note A(k ) le polynôme dérivé d’ordre k de A.
L’objet du problème est l’étude des couples (A, B) qui vérifient
(1) A B=1
Ea où a est un réel non nul.
(2) X (A B AB ) + X (A2 B 2 ) + aAB = 0

1) Supposons que (A, B) est un couple solution.


a) Montrer que X divise un et un seul des polynômes A et B.
b) Montrer que A et B ont le même degré, noté n , et que les coefficients dominants de A et
de B, notés dom A et dom B, ont la même valeur absolue.
c) En supposant que X divise B, montrer que A divise B A . En déduire que
(3) il existe + ! 1, 1 tel que B A = +A.
d) Montrer que
(4) X (A B ) + aB = +XB puis
(5) X (2 + A + A ) = a (+A + A )

e) En déduire que a = 2n .

2) On suppose que a ! # est pair avec a ! 4, et on pose a = 2n .


Soit alors (A, B) un couple vérifiant (3) et (5) et tel que B(0) = 0.
a) Montrer que A(0) " 0.
b) Montrer que pour tout k ! [[ 2, n ]], on a
(6) XA(k ) = 2 + (n k + 2)A(k 2) + (2n k+2 2 + X )A(k 1)

c) Soit D le pgcd de A et de B. Montrer que D divise les polynômes dérivés successifs de A.


En déduire que A et B sont premiers entre eux.

98 Thèmes d’étude – Problèmes


3) On suppose à nouveau que B(0) = 0 et que a est un entier pair :
a = 2n avec n ! # .

a) Déterminer les polynômes A, normalisés et de degré n , qui vérifient (5).


n 1
p
Pour cela, avec A = X n + ap X , on exprimera ap en fonction de n et de p.
p=0

b) Déterminer les polynômes B tels que (A, B) soit solution de E2n .

Solution

1) a) Avec aAB = X (A B AB + A2 B2 ), il vient que X , premier, divise AB donc il divise


A ou B.
Comme A et B sont premiers entre eux, X divise A ou il divise B mais il ne divise pas A et B.
b) Supposons par exemple que l’on ait deg A < deg B. Posons " = deg A et # = deg B.
On a deg(A B) = " + # 1 = deg(AB ), donc deg(A B AB ) ' " + # 1,
d’où deg X (A B AB ) ' " + # < 2#.
Avec deg A2 = 2" et deg B2 = 2#, on a deg(A2 B2 ) = 2# puis deg X (A2 B2 ) = 2 # +1.
Alors, avec deg(AB) = " + # < 2#, il vient deg X (A B AB ) + X (A2 B2 ) + aAB = 2 # +1, ce
qui est contradictoire avec X (A B AB ) + X (A2 B2 ) + aAB = 0.
De même deg B < deg A conduit à une contradiction. On a donc deg A = deg B et on note n ce
degré commun.
En supposant dom A " dom B , alors on a dom A2 " dom B2 et, avec deg A2 = deg B2 = 2n ,
on obtient deg(A2 B2 ) = 2n puis deg X (A2 B2 ) = 2n + 1.
En examinant les degrés de X (A B AB ), de X (A2 B2 ) et de AB, il vient que le coefficient
dominant de X (A B AB ) + X (A2 B2 ) + aAB est celui de X (A2 B2 ), donc non nul. C’est
encore une contradiction.
En conclusion, il est nécessaire que deg A = deg B et dom A = dom B .
c) Comme X divise B, il ne divise pas A et on a X A = 1.
Comme A est aussi premier avec B, il est premier avec XB.
En écrivant la relation (1) sous la forme XB(B A ) = A X (A B ) + aB (1)-bis,
il vient, avec le théorème de Gauss, que A divise B A .
Il existe donc un polynôme Q tel que B A = AQ.
Avec deg A = deg B 1 = n 1, on a deg(B A ) = deg B = n .
Avec deg AQ = n + deg Q, on obtient deg Q = 0, c’est-à-dire Q ! ! .
On a vu que les coefficients dominants de A et B ont la même valeur absolue. Il en est alors de
même pour A et B A .
On en déduit que B A = +A avec + ! 1, 1 (3)
d) En reportant B A = +A dans (1)-bis, on obtient X (A B ) + aB = +XB (4).
En dérivant B = +A + A , on obtient B = +A + A et, en remplaçant dans (4), il vient
XA X (+A + A ) + a (+A + A ) = +X (+A + A ), c’est-à-dire :
(2 + A + A )X = a (+A + A ) (5).

Chapitre 2 - Polynômes - Fractions rationnelles 99


e) Soit an le coefficient dominant de A. Celui de (2 + A + A ) est égal à 2 + nan , et celui de
a (+A + A ) est a + an . Alors, avec an " 0, 2 + nan = a + an donne a = 2n .

2)
On étudie l’aspect réciproque de la partie précédente.

a) En utilisant B A = +A, on a +A(0) = A (0).


Si on a A(0) = 0, alors A (0) = 0 donne que 0 est racine au moins double de A.
Soit r ! 2 l’ordre de multiplicité de la racine 0 pour A. Posons A = X r U , avec U (0) " 0.
Pour utiliser (5), exprimons A et A .
A = rX r 1 U + X r U et A = r (r 1)X r 2
U + 2r X r 1 U + X r U .
En reportant dans (5) et en simplifiant par X r 1
, il vient
2
2 + X (rU + XU ) + r (r 1)U + 2rXU + X U = 2n (+XU + rU + XU ),
et on en déduit r (r 1)U (0) = 2r nU (0) et U (0) " 0 donne r 1 = 2n , donc r = 2n + 1.
Une racine de A ayant un ordre de multiplicité au plus égal au degré de ce polynôme : r ' n , la
contradiction donne A(0) " 0.
b) Pour k = 2, la relation (6) se lit XA = 2 + nA + 2(n +X )A ,
ce qui n’est autre que (5) en tenant compte de 2n = a .
Procédons alors par récurrence sur k ! 2.
En dérivant la relation à l’ordre k : XA(k ) = 2 + (n k + 2)A(k 2) + (2n k+2 2 + X )A(k 1)
,
il vient A(k ) + XA(k +1) = 2 + (n k + 2)A(k 1) + (2n k+2 2 + X )A(k ) 2 + A (k 1)

et il s’ensuit XA(k +1) = 2 + (n k + 1)A(k 1) + (2n k + 1 2 + X )A(k ) , c’est-à-dire la relation à


l’ordre k + 1. On a ainsi prouvé (6) par récurrence.
c) A = B +A permet de voir que D divise A .
Si on suppose que D divise les polynômes dérivés sucessifs de A jusqu’à l’ordre k 1, la relation
(6) montre qu’il divise alors XA(k ) .
Comme X ne divise pas A, il ne divise pas D .
Alors D X = 1 et D divise XA(k ) implique que D divise A(k ) .
Il vient donc que D divise tous les polynômes dérivés successifs de A.
En particulier D divise alors A(n ) , donc D est constant. Il s’ensuit que A et B sont premiers entre
eux.
n n n
3) a) Avec an = 1, on a A = ap X p , A = pap X p 1 et A = p (p 1)ap X p 2
.
p=0 p=1 p=2

Avec a = 2n , (5) se lit 2 + XA + XA 2n + A 2nA = 0 et on a donc :


n n n n
p
2+ pap X + p(p 1)ap X p 1
2n + ap X
p
2n pap X
p 1
=0
p=1 p=2 p=0 p=1
n n 1 n n 1
ou aussi 2 + pap X p + p(p + 1)ap+1 X p 2n + ap X p 2n (p + 1)ap+1 X p = 0
p=0 p=0 p=0 p=0

100 Thèmes d’étude – Problèmes


Le coefficient de X n est nul et le terme constant est 2n + a0 2na1 , donc +a1 + a0 = 0.
Rappelons que l’on a a0 " 0.
Pour p ! [[ 1, n 1 ]], le coefficient de X p est 2 + pap + p(p + 1)ap+1 2n + ap 2n (p + 1)ap+1
et il vient 2 + (p n )ap = (2n p)(p + 1)ap+1 .
Notons que cette relation englobe celle vue pour p = 0.
n (n + 1) n (n + 1)
Avec an = 1, il vient an 1 = an = + .
2+ 2
(n 1)(n + 2) (n 1)n (n + 1)(n + 2)
Alors an 2 = an 1 = ( +)2
2+ 2 22 2!
(n p + 1)(n p + 2) . . . (n + p 1)(n + p)
On obtient ensuite an p = ( +)p
2p p !
(n + p)! (2n p)!
c’est-à-dire an p = ( +)p d’où ap = ( +)n p
2p p! (n p)! 2n p
(n p)! p!
n 1
p
b) Avec B = +A + A , on pose B = +X n + bp X et on obtient bp = +ap + (p + 1)ap+1 .
p=0
Cela nous donne les solutions avec A normalisé, les autres sont les ((A, (B) avec ( réel non nul.

5 Décomposition d’une fraction rationnelle


Soit n ! # et (ak )1'k 'n une famille de réels deux à deux distincts, différents de 1 et de 1.
n
On considère le polynôme Q = (X ak ) et la fraction rationnelle
k =1
1
F = .
(X 2 1)Q 2
La forme attendue de la décomposition en éléments simples est :
n n
u v uk vk
F =
X 1
+
X +1
+ 2
+ . (1)
(X ak ) X ak
k =1 k =1

1) Calculer u et v en fonction de Q(1) et de Q( 1).

1
2) Montrer que up = 2
.
(ap2 1) Q (ap )

1
3) Montrer que vp = 3 2ap Q (ap ) + (ap2 1)Q (ap ) .
(ap2 2
1) Q (ap )

4) Soit S = (X 2 1)Q + 2XQ .

a) Montrer que les vp sont tous nuls si et seulement si il existe ( ! ! tel que S = (Q. Préciser
( en fonction de n .

b) Déterminer le polynôme Q tel que tous les vp soient nuls dans le cas où n = 2.

Chapitre 2 - Polynômes - Fractions rationnelles 101


Solution

1) Classiquement [(X 1)F (X )](1) = u et [(X + 1)F (X )]( 1) = v


1 1
d’où u = 2 et v = 2
.
2Q (1) 2Q ( 1)

1
2) On a [(X ap )2 F (X )](ap ) = up avec (X ap )2 F (X ) = où on a posé
(X 2 1)Qp2
1
Qp = (X ak ). Il vient donc up = .
(ap2 1)Qp2 (ap )
k "p
Q = (X ap )Qp donne Q = (X ap )Qp + Qp puis Q (ap ) = Qp (ap ) et
1
up = 2
.
(ap2 1) Q (ap )

3) En multipliant la relation (1) par (X 2 1)Q 2 , on obtient :


n
2
1 = u (X + 1) + v(X 1) Q2 + uk + vk (X ak ) (X 1)Qk2 .
k =1
Dérivons :
n n
2
0 = (u + v)Q2 + 2 u (X + 1) + v(X 1) QQ + vk (X 1)Qk2 + 2 uk + vk (X
2
ak ) XQk
k =1 k =1
n
2
+2 uk + vk (X ak ) (X 1)Qk Qk
k =1
Compte tenu de Qk (ap ) = 0 pour k " p , on obtient :
0 = vp (ap2 1)Qp2 (ap ) + 2up ap Qp2 (ap ) + 2up (ap2 1)Qp (ap )Qp (ap ). (2)
Or Q = (X ap )Qp donne Q = (X ap )Qp + Qp et Q = (X ap )Qp + 2Qp
d’où Q (ap ) = Qp (ap ) et Q (ap ) = 2Qp (ap ).
En substituant dans (2), il vient :
0 = (ap2 1) vp [Q (ap )]2 + up Q (ap )Q (ap ) + 2up ap [Q (ap )]2 .
c’est-à-dire , avec Q (ap ) " 0, 0 = (ap2 1) vp Q (ap ) + up Q (ap ) + 2up ap Q (ap ).
up
d’où vp = (ap2 1)Q (ap ) + 2ap Q (ap ) , soit enfin
(ap2 1)Q (ap )
1
vp = 3 2ap Q (ap ) + (ap2 1)Q (ap ) .
(ap2 2
1) Q (ap )

4) a) Les vk sont tous nuls si et seulement si tous les ak sont racine de S, c’est-à-dire que S est
divisible par Q.
Le coefficient de X n dans S est n (n 1) + 2n c’est-à-dire n (n + 1).
S étant de degré n , il est associé à Q et S = n (n + 1)Q.
b) Pour n = 2, on a ( = 6.
On est amené à déterminer Q = X 2 + aX + b tel que (X 2 1)Q + 2XQ = 6Q.
1 1
Par identification, a = 0 et b = , soit Q = X 2 .
3 3

102 Thèmes d’étude – Problèmes


CHAPITRE 3
Réels, suites, limites
Continuité, dérivation
Formule de Taylor
Développements limités
Sujets d’oraux 104
A. Borne supérieure et partie entière 104
B. Suites réelles, limites 107
C. Continuité, limite 117
D. Dérivation 129
E. Fonctions usuelles 133
F. Formule de Taylor 138
G. Développements limités, comparaison 140

Thèmes d’étude – Problèmes 148


1. Partie entière et densité 148
2. Suites extraites monotones 150
3. Suites de Cauchy 151
4. Inégalité des moyennes 152
5. Suites et séries 153
6. Construction de fonction à l’aide de la suite harmonique 155
7. Approximation 159
8. Théorèmes classiques et applications 162
9. Autour de la fonction exponentielle 166
10. Fonctions à dérivées successives positives 168
11. Majoration des dérivées successives 171
12. Majoration de fonction pseudo-additive 176

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 103
Sujets d’oraux
A Borne supérieure et partie entière

Ex. 1
Soit f : [0, 1] [0, 1] une fonction croissante. Montrer qu’elle admet un point fixe.

Il s’agit uniquement d’un problème d’existence, sans objectif de calcul.


La notion de borne supérieure est un cas typique de ce genre de problème.
On peut alors considérer la partie A = x ! [0, 1] f (x ) ! x et, bien que cela ne constitue pas
une preuve, un dessin peut permettre de voir que la borne supérieure de A est un point fixe de f .
La question clé est de voir comment utiliser la croissance de f .

Si f (0) = 0 ou f (1) = 1, alors f admet un point fixe. Rappelons que un est à prendre au sens de
un au moins.
On se place maintenant dans le cas où f (0) > 0 et f (1) < 1.
Considérons alors l’ensemble A = x ! [0, 1] f (x ) ! x . Il est non vide (il contient 0) et il est
majoré (par 1). Ainsi A admet une borne supérieure ; notons-la s.
On peut espérer avoir f (s) = s et pour l’établir, on peut montrer par l’absurde que f (0) " 0 et
f (0) ! 0.

Supposons que f (s) > s et posons r = f (s) s > 0. On a s + r = f (s) " 1.


Il vient alors # " ]s, s + r [ # [0, 1]. Par croissance de f , on a f (y) ! f (s) pour tout y!]s, s + r [.
Pour tout y < s + r , on a aussi y < f (s), d’où y < f (y) pour tout y!]s, s + r [.
Alors # " ]s, s + r [# A, avec r > 0, est contradictoire avec s = sup A. Il s’ensuit f (s) " s.
Supposons que f (s) < s et posons r = s f (s) > 0. On a s r = f (s) ! 0.
Il vient alors # " ] f (s), s[ # [0, 1]. Par croissance de f , on a f (z ) " f (s) pour tout z !] f (s), s].
Avec f (s) < z pour tout z !] f (s), s], il vient # " ] f (s), s] # A, ce qui est en contradiction avec
s = sup A et il s’ensuit f (s) ! s. Finalement, on a f (s) = s et f admet s pour point fixe.

Ex. 2
n
1
Étant donné x réel, on considère la suite (un )n !! définie par un = 2 E (2kx ).
n
k =1
Montrer qu’elle est convergente, de limite x .

Deux pistes sont à explorer face à un problème concernant la fonction partie entière :
la définition E (x ) " x < E (x ) + 1 ou sa variante x 1 < E (x ) " x ,
x ! E (x ) est caractérisée par $x ! [0, 1[, E (x ) = 0 et $x ! ", E (x + 1) = E (x ) + 1.

104 Sujets d’oraux


n
n (n + 1)
Pour tout k ! [[ 1, n ]], on a 2kx 1 < E (2kx ) " 2kx et, avec 2x k= , il vient :
2
k =1
n n n
2x k n< E (2kx ) " 2x k
k =1 k =1 k =1
n+1 1 n+1 x 1 x
puis x < un " x . Alors < un x" .
n n n n n
Encadrée par des suites de limite 0, la suite un x n !! converge vers 0, d’où lim un = x .

Ex. 3
x x+1
Étant donné x ! ", simplifier l’expression E +E .
2 2

Il s’agit principalement d’un problème de fonction définie sur ".


x x +1
Soit f la fonction définie sur " par f (x ) = E +E .
2 2
x x +1
Pour 0 " x < 1, on a 0 " < 1 et 0 " < 1, d’où f (x ) = 0.
2 2
x+1 x +2 x +1 x
Pour tout x ! ", on a f (x + 1) = E 2
+E
2
=E
2
+E
2
+1 .
Avec E (y + 1) = E (y) + 1 pour tout y ! ", il vient f (x + 1) = f (x ) + 1 et la caractérisation de la
x x +1
fonction partie entière donne f = E , c’est-à-dire E 2 + E 2
= E (x ).

Ex. 4
Étant donné n ! ! , montrer que la partie entière de (2 + 3)n est un entier impair.
On pourra vérifier qu’il existe an et bn dans ! tels que (2 + 3)n = an + bn 3.

n
k
La formule du binôme donne : An = (2 + 3)n = "n ( 3)k 2n k
.
k =0
Dans cette somme on sépare les k pairs des k impairs pour obtenir an et bn .
2k 2k +1
On a donc An = "n 3k 2n 2k
+ 3 "n 3k 2n 2k 1
, qui est de la forme :
0"2k "n 1"2k +1"n
an + bn 3, avec an et bn entiers naturels.
La clé du problème est d’utiliser (2 3)n qui est dans ]0, 1[ et qui s’exprime également en
fonction de an et de bn .
n
k
On a Bn = (2 3)n = "n ( 3)k 2n k
ou aussi :
k =0
2k 2k +1
Bn = " n 3k 2n 2k
3 "n 3k 2n 2k 1
,
0"2k "n 1"2k +1"n
donc Bn = an bn 3.
On a An + Bn = (2 + 3)n + (2 3)2 = 2an .
Et, de 0 < 2 3 < 1, donc 0 < Bn < 1, on déduit An < An + Bn < An + 1.
Alors An = (2 + 3)n vérifie An < 2an < An + 1, c’est-à-dire 2an 1 < An < 2an , ce qui montre
que la partie entière de (2 + 3)n est 2an 1, qui est effectivement un entier impair.

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 105
Ex. 5
Comparer E ( n + n + 1) et E ( 4n + 2) pour n ! ! .

Une première indication vient de la comparaison de n+ n + 1 et 4n + 2.

2 2 2
4n + 2 n+ n+1 = 2n + 1 2 n (n + 1) et 2 n (n + 1) = 4n 2 + 4n < (2n + 1)2
montre que n + n + 1 < 4n + 2. On en déduit que :
E n+ n+1 "E 4n + 2 .

On peut raisonnablement envisager que cette inégalité pourrait être une égalité.

Un moyen est de prouver que l’inégalité stricte est interdite.

Procédons pour cela par l’absurde.

Supposons que l’on ait E n+ n+1 <E 4n + 2 et notons p = E 4n + 2 .

Dans !, E n+ n + 1 < p équivaut à E n+ n+1 "p 1.

On a n+ n+1 1<E n+ n+1 "p 1 donc n+ n + 1 < p.

Et avec p = E 4n + 2 " 4n + 2, il vient alors n+ n+1<p" 4n + 2.

Éliminons les racines carrées par élévation au carré.

On a donc 2n + 1 + 2 n (n + 1) < p2 " 4n + 2, ou encore :


2 n (n + 1) < p2 2n 1 " 2 n + 1.
2
En posant q = p 2n 1 ! 0, une nouvelle élévation au carré donne :
4n 2 + 4n < q 2 " 4n 2 + 4n + 1.

Il n’y a pas d’entier strictement compris entre deux entiers consécutifs.

donc, dans un contexte d’entiers, q2 = 4n 2 + 4n + 1.


Alors q2 = (2n + 1)2 donne q = 2n + 1 puis p2 = 4n + 2, ce qui montre que le reste de la
division euclidienne de p2 par 4 est 2.

La contradiction attendue ne semble pas encore apparue. Cependant une dernière remarque
permet de conclure.

Or tout carré d’entier ne peut avoir que 0 ou 1 pour reste dans la division enclidienne par 4. Il
suffit en effet d’examiner :
(2k )2 = 4k 2 et (2k + 1)2 = 4k (k + 1) + 1.

En conséquence l’hypothèse E n+ n+1 <E 4n + 2 est contradictoire, et en conclusion,


pour tout n ! ! , on a :
E n+ n+1 =E 4n + 2 .

106 Sujets d’oraux


B Suites réelles, limites
Ex. 6
On considère des suites réelles (un ) et (vn ), toutes deux de limite 0. On suppose en outre (vn )
un un +1
strictement décroissante. Montrer que si la suite vn vn +1
est convergente, de limite #,
un
alors la suite est de limite #.
vn

La décroissance stricte de (vn ) donne vn vn +1 > 0. Étant en outre de limite 0, elle est
strictement positive.
Cela donne un sens aux deux suites formées à partir de (un ) et (vn ).
De plus, cela permet de multiplier des inégalités par vn vn +1 sans en changer le sens.

un un +1
Pour tout % > 0, il existe N ! ! tel que, pour tout n ! N , on a # %< < # + %.
vn vn +1
On en déduit (# %)(vn vn +1 ) < un un +1 < (# + %)(vn vn +1 ).
p
Pour tout p > n , on forme la somme des inégalités ainsi obtenues. Il vient :
k =n
(# %)(vn vp+1 ) < un up+1 < (# %)(vn vp+1 ).

C’est le moment d’utiliser que (un ) et (vn ) sont de limite 0.

En fixant n quelconque, n ! N , on passe à la limite pour p tendant vers + et on obtient :


(# %)vn " un " (# %)vn .
Et il reste à diviser par vn > 0 pour obtenir en final :
un
$% > 0, &N ! !, $n ! !, n ! N # %" " # + %,
vn
un
ce qui établit lim = #.
vn

Ex. 7
n
k
Pour n ! ! , on considère la fonction fn de " dans " définie par fn (x ) = 1 + x .
k =1
Montrer qu’il existe un unique réel positif, noté an , tel que fn (an ) = 0.
Montrer que la suite (an ) est décroissante et étudier sa convergence.

On a fn (0) = 1 et fn (1) = n 1 ! 0. Le théorème des valeurs intermédiaires (avec la continuité


de fn ) donne l’existence de an !]0, 1] tel que fn (an ) = 0.
L’unicité de an provient de la monotonie stricte de fn sur [0, + [ .
Dans ce type de suite, la monotonie s’étudie en examinant le signe de fn +1 (an ) et avec le sens de
variation de fn +1 .

On a fn +1 (x ) = fn (x ) + x n +1 . En particulier, fn +1 (an ) = ann +1 > 0.


Par définition de an +1 , on a fn +1 (an +1 ) = 0, donc fn +1 (an +1 ) < fn +1 (an ).
Avec la croissance stricte de fn +1 , il s’ensuit an +1 < an .

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 107
La convergence de la suite (an ) est immédiate. On peut s’attacher à préciser la limite.
Décroissante et minorée (par 0), la suite (an ) est convergente.
5 1
Sa limite # vérifie 0 " # < a2 et f2 (x ) = 1 + x + x 2 donne a2 = < 0, 8.
2
n
1 an
Pour n ! 2, on a 0 = fn (an ) = 1 + an d’où :
1 an
1
1 an = an ann +1 , ou encore an = (1 + ann +1 ).
2
Avec 0 < an < a2 , il vient 0 < ann +1 < a2n +1 et lim a2n +1 = 0 donne lim ann +1 = 0.
1
On en déduit que # = lim an = .
2

Ex. 8
Soit 0 < a < b et les suites (un ) et (vn ) définies par :
2 2
un vn
u0 = a , v0 = b, et $n ! !, un +1 = ,v = .
un + vn n +1 un + vn
n
k
Étudier les suites (un ) et (vn ). En déduire, pour 0 < x < 1, la limite de 1 + x2 .
k =0

1) Il est aisé de voir que l’on a un > 0 et vn > 0 et que un < vn pour tout n .
Il est aussi aisé de vérifier que (un ) et (vn ) sont strictement décroissantes.
On a u0 > 0 et v0 > 0. Il est immédiat que, si on a un > 0 et vn > 0, alors, avec :
2 2
un vn
un +1 = et vn +1 = ,
un + vn un + vn
il vient un +1 > 0 et vn +1 > 0.
En conclusion, on a un > 0 et vn > 0 pour tout n .
2 2
vn un
Pour tout n ! !, on a vn +1 un +1 =
= vn un , ce qui montre que la suite (vn un )
un + vn
est constante. D’où $n ! !, vn = un + b a , et en particulier, a < b donne vn > un .
2
un un vn
On a un +1 un = un = , d’où la stricte décroissance de (un ).
un + vn un + vn
La relation vn = un + b a montre qu’il est est alors de même pour (vn ).
Décroissantes et minorées (par 0), les deux suites sont convergentes. Attachons-nous à la déter-
mination de leurs limites.
un2 1 1
Avec un < vn et un +1 = , il vient un +1 < un d’où, pour tout n , un +1 < n u0 .
un + vn 2 2
a
Alors 0 < un < donne lim un = 0. Et ensuite, vn = un + b a donne lim vn = b a.
2n
2) L’urgence est d’établir un lien entre les deux questions pour donner un sens à l’indication
explicite : «en déduire. . . ».
2 n n
u u un u0 2 a 2
On a, pour tout n , v n +1 = 2n et il s’ensuit v = v0
=
b
.
n +1 vn n

a
Avec 0 < a < b, on pose x = b et on a 0 < x < 1.
n n
un n k uk
Alors 1 + = 1 + x 2 , et Pn = 1 + x2 se lit aussi Pn = 1+ .
vn vk
k =0 k =0

108 Sujets d’oraux


À défaut d’avoir conclu, on est revenu aux suites (un ) et (vn ) bien maîtrisées.
N’oublions pas que les produits de quotients se réduisent aisément par télescopage lorsque
ceux-ci sont formés avec des termes d’indices consécutifs d’une suite.
uk u + vk u +v v v0
Notons que l’on a 1 + = k = vk k 2 k = k et il s’ensuit que Pn = .
vk vk vk vk +1 vn +1
b 1 1
Avec lim vn = b a , il vient lim Pn = = et finalement, lim Pn = .
b a 1 a/b 1 x
On est parti de l’examen des suites (un ) et (vn ), c’est-à-dire de a et b, pour faire aparaître le
quotient x de a par b.
Il faut, pour conclure, partir de x et installer des a et b convenables.

Étant donné x réel, 0 < x < 1, on note que 0 < x 2 < x et on construit les suites (un ) et (vn ) à
partir de a = x 2 et b = x .
L’étude précédente montre que tout autre choix de a et b vérifiant 0 < a , 0 < b et a = bx
permet de conclure.

Ex. 9
Pour n ! !, n ! 2, montrer que le polynôme Pn = X n 5X + 1 admet un unique zéro an dans
]0, 1[. Étudier la suite (an ).

L’existence de an vient du théorème des valeurs intermédiaires. Pour l’unicité, il faut étudier les
variations de la fonction polynôme Pn .

La fonction polynôme Pn est continue sur [0, 1].


Avec Pn (0) = 1 et Pn (1) = 3, le théorème des valeurs intermédiaires montre l’existence de
an !]0, 1[ tel que Pn (an ) = 0.
5 21 5+ 21
P2 (X ) = X 2 5X + 1 admet pour racines les réels a2 = !]0, 1[ et b2 = > 1.
2 2
On étudie maintenant le cas où n > 2. Avec P (x ) = n (n 1)x n 2 , la fonction Pn est strictement
croissante sur [0, + [.
On a Pn (x ) = nx n 1 5, donc Pn (0) = 5 et Pn (1) = n 5. Pour 2 " n " 5, on a donc Pn (x ) < 0
pour x !]0, 1[, donc Pn est strictement décroissante sur [0, 1].
Alors an est l’unique valeur d’annulation de Pn sur ]0, 1[.
Pour n > 5, la fonction Pn admet une unique valeur d’annulation rn sur ]0, 1[ en conséquence
de la continuité et de la croissance stricte de Pn sur cet intervalle.
On a ensuite Pn (x ) < 0 pour x ! [0, rn [ et Pn (x ) > 0 pour x > rn .
Par suite, Pn est strictement décroissante sur [0, rn ] et strictement croissante sur [rn , 1].
Avec Pn (1) = 3, il vient Pn (x ) < 0 pour x ! [rn , 1].
Il s’ensuit qu’il y a au plus une valeur d’annulation sur ]0, 1[.
L’étude d’une suite a pour objectif principal de se prononcer sur sa convergence éventuelle. La
monotonie de la suite (an )n !2 sera un excellent argument.

En conséquence, on a Pn (x ) > 0 pour tout x ! [0, an [ et Pn (x ) < 0 pour tout x !]an , 1].
Comparons alors an et an +1 ; on a ann = 5an 1 et an > 0 donne 5an 1 > 0.
Par ailleurs, Pn +1 (an ) = ann +1 5an + 1 = an (ann 5an + 1) + an (5an 1), donc :
Pn +1 (an ) = an (5an 1)
et de Pn +1 (an ) > 0 on déduit que an < an +1 .

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 109
Croissante et majorée, la suite (an ) est convergente.
Il y a lieu pour terminer de calculer cette limite. ann est vraisemblablement «petit» et on conclut
avec ann = 5an 1.

2
Avec 0 < an < 1, il vient 5an 1 = ann < 1 et il s’ensuit 0 < an < .
5
2 n 1
On a donc 0 < ann < , d’où lim ann = 0. Et finalement il vient lim an = .
5 5

Ex. 10
Soit r un réel, 0 < r < 1. On considère la suite (un ) définie par
0 < u0 < u1 et $n ! !, un +2 = un +1 + r n +1 un .
Montrer que cette suite est convergente.

Compte tenu de u0 > 0, u1 > 0 et de r > 0, on voit que $n ! !, un > 0.


Et on en déduit que (un ) est strictement croissante.
Pour que la suite (un ) soit convergente, il suffit alors qu’elle soit majorée.
En utilisant un " un +1 , on réduira la comparaison à deux termes de (un ).

Avec un " un +1 , il vient un +2 " (1 + r n +1 )un +1 , c’est-à-dire un +1 " (1 + r n )un pour n ! 1.


n
Les un étant strictement positifs, on en déduit un +1 " u1 (1 + r k ).
k =1
n
Il suffit alors de majorer l’ensemble des pn = (1 + r k ).
k =1
n
Et pour cela, il suffit de majorer les sn = #n pn = #n (1 + r k ).
k =1
n n
L’inégalité classique #n (1 + x ) " x pour x ! 0 donne #n (1 + r k ) " k
r .
k =1 k =1
n n n
k 1 r 1 r 1
Pour r " 1, on a r = et 0 < r < 1 donne " .
1 r 1 r 1 r
k =1
1
Les nombres sn étant majorés par , la suite (un ) est majorée.
1 r

Ex. 11
#n n !
On considère la suite (un )n !! définie par un = .
n
Montrer que la suite extraite (u2n ) est de limite + .
En comparant u2n +1 et u2n , montrer que (un ) est de limite + .
n
1
Montrer que la suite (vn )n !2 définie par vn = E (#n k ) est convergente.
#n n !
k =1
En donner la limite. (Ici, E est la fonction partie entière.)

110 Sujets d’oraux


n
Une clé est de noter que #n n ! = #n k . Pour montrer que lim u2n = + , on peut chercher
k =1
à minorer u2n par un terme de limite infinie, par exemple #n n .

2n n 2n n
1 1 1 1
Décomposons u2n en #n k = #n k + #n k . On a #n k ! 0, et,
2n 2n 2n 2n
k =1 k =1 k =n +1 k =1
2n
pour k ! [[ n + 1, 2n ]], on a #n k ! #n n donc #n k ! n #n n .
k =n +1

1
On en déduit que u2n ! #n n , et il s’ensuit lim u2n = + .
2
Une démarche analogue permettrait d’aboutir au même résultat pour (u2n +1 ). La comparaison
demandée de u2n +1 et u2n oriente vraisemblablement vers u2n +1 ! u2n .
Rappelons une règle fondamentale : si on a xn = %n + 'n avec 'n = o(%n ), alors xn ! %n .

#n (2n + 1)! #n (2n )! #n (2n + 1) #n (2n )! 2n


On a u2n +1 = = + . Notons que = u ! u2n .
2n + 1 2n + 1 2n + 1 2n + 1 2n + 1 2n
#n (2n + 1)
2n + 1
est de limite 0, donc négligeable devant u2n qui est de limite infinie.
Il s’ensuit que u2n +1 ! u2n .
Il reste à conclure pour la suite (un ) à partir du comportement de chacune des deux suites
extraites (u2n ) et (u2n +1 ).

(u2n ) étant de limite + , il en est alors de même pour (u2n +1 ) et on en déduit finalement que
(un ) est de limite + .
n 1
S’il y a un lien entre les deux parties du texte, c’est probablement en faisant apparaître =
#n n ! un
qui est de limite 0.

Pout tout k ! ! , on a #n k 1 < E (#n k ) " #n k .


n
En sommant pour k ! [[ 1, n ]], il vient #n n ! n< E (#n k ) " #n n !.
k =1

1 1
Il s’ensuit que 1 un
< vn " 1 et lim
un
= 0 donne alors lim vn = 0.

Ex. 12
Soit (an )n !! et (bn )n !! des suites réelles convergentes, de limites respectives % et '.
n
1
On note (cn )n !! la suite définie par : $n ! 1, cn = ak bn k .
n
k =1
Montrer que la suite (cn ) converge vers %'.

Une démarche usuelle consiste à étudier le cas particulier % = 0. Il s’agit alors de montrer que la
suite (cn ) converge vers 0.

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 111
Convergente, la suite (bn ) est bornée.
n
B
Soit B > 0 un majorant des bn . On obtient alors cn " ak .
n
k =1
n
1
Comme la suite an converge vers 0, le théorème de Cesaro donne lim ak = 0.
n
k =1
cn est donc majorée par une suite de limite nulle et il vient lim cn = 0, d’où lim cn = 0.
Dans le cas général, on se ramène au cas précédent en posant an = % + dn .

Soit (dn ) la suite définie par : an = % + dn pour tout n ! !. Nous avons lim dn = 0.
n n
1 %
Pour tout n ! 1, cn = dk bn k + bn k .
n n
k =1 k =1
n
1
Le cas particulier donne lim dk bn k = 0.
n
k =1
n n 1 n
1
Avec bn k = bk , le théorème de Cesaro nous donne lim bn k = '.
n
k =1 k =0 k =1
En conclusion, lim cn = %'.

Ex. 13
Soit (un )n !! une suite de réels définie par u0 ! " et $n ! !, un +1 = un + un2 .
1 1
On suppose u0 ! , 0 . Montrer que un ! .
2 n
1
On suppose u0 > 0. Montrer que la suite (vn ), définie par vn = #n un , est convergente.
2n
On note ( sa limite.
Montrer que : $n ! !, #n un " 2n ( " #n (1 + un ) et donner un équivalent de un .
1
Donner un équivalent de un dans le cas où u0 ! , ) 1 .
2

Examinons des cas particuliers en utilisant un +1 = un (1+ un ) ainsi que la monotonie et utilisant
un +1 un .

On a un +1 = f (un ) avec f : x ! x (1 + x ) qui admet 0 pour seul point fixe.


S’il existe p tel que up = 0, alors un = 0 pour tout n ! p.
Et s’il existe q tel que uq = 1, alors uq+1 = 0 et la suite est nulle à partir du rang q + 1.
Dans tous les autres cas, on a un " 0 pour tout n et alors un +1 un = un2 > 0 montre que (un )
est strictement croissante.
1 1 1
On suppose < u0 < 0. L’intervalle , 0 est stable par f , donc on a un ! ,0 ;
2 2 2
en particulier, la suite (un ) est bornée, donc convergente.
1
Sa limite # appartient à , 0 , donc f est continue en # et # est un point fixe de f , donc # = 0.
2
Une des techniques efficaces, quand faire se peut, est de mettre en évidence une fraction que l’on
décompose en somme.
Une autre clé est l’utilisation du théorème des moyennes de Cesaro.

112 Sujets d’oraux


1 1 1 1 1
En écrivant un +1 = un (1 + un ) sous la forme = , il vient = .
un +1 un (1 + un ) un +1 un 1 + un
1 1 1
Alors = est de limite 1.
un +1 un 1 + un
n 1 n 1
1 1 1 1 1 1 1 1 1
Donc, avec = , puis = , le théorème
uk +1 uk un u0 n uk +1 uk nun nu0
k =0 k =0
1
de Cesaro donne alors : lim nu = 1, c’est-à-dire :
n

1 1
! 1 ou encore un ! .
nun n
On suppose u0 > 0. La croissance de (un ) assure que un > u0 > 0 pour tout n .
L’absence de point fixe supérieur à u0 suffit pour affirmer que lim un = + .
1
Formons vn +1 vn = #n un +1 #n un2 . Alors un +1 un2 = un > 0 donne #n un +1 > #n un2 ,
2n +1
donc vn +1 vn > 0 et (vn ) est strictement croissante.
un +1 1 + un 1
Avec un +1 = un (1 + un ), on a 2 = , d’où #n un +1 #n un2 = #n 1 + , et il s’ensuit :
un un un

1 1 1 1 1 1
vn +1 vn = #n 1 + < < .
2n +1 un 2n +1 un 2n +1 u0
n n
1 1 1
Par suite, vn = v0 + (vk vk 1 ) < v0 + < v0 + et (vn ) est majorée.
k =1
u0
k =1
2k u0

En conclusion, croissante et majorée, la suite (vn ) est convergente, de limite ( > 0.

Dans la double inégalité demandée, l’une est immédiate. Pour l’autre, il est envisageable d’étudier
1
la suite de terme général n #n (1 + un ) pour la comparer à (.
2

La suite (vn ) étant croissante, on a vn " (, c’est-à-dire #n un " 2n (.


1 1 1
Soit (wn )n !! la suite définie par wn = #n (1 + un ). On a wn vn = #n 1 + d’où :
2n 2n un

1 1
0 < wn vn < .
2 n un
Il s’ensuit que lim(wn vn ) = 0 et lim wn = (.

1
On a wn +1 wn = n +1 #n (1 + un +1 ) #n (1 + un )2 .
2
En remarquant que (1 + un )2 = 1 + 2un + un2 = 1 + un +1 + un > 1 + un +1 , on obtient wn +1 wn < 0,
donc (wn ) est strictement décroissante. On en déduit alors ( < wn .
En conclusion, on a #n un < 2n ( < #n (1 + un ).

Il reste maintenant à en déduire un équivalent en passant d’abord aux exponentielles.

Attention, il serait désastreux de partir de #n un ! 2n (.

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 113
De l’inégalité précédente on déduit un " exp 2n ( " 1 + un .
Avec lim un = + , il s’ensuit un ! exp 2n ( .
Les cas qui n’ont pas encore été envisagés se ramènent à un cas qui est connu en examinant u1
et en considérant la suite (vn ) avec vn = un +1 .

Pour u0 < 1, on a v0 = u1 > 0, donc vn ! exp 2n ( , puis un ! exp 2n 1


( .

1 1 1 1 1
Pour u0 ! 1, , on a v0 = u1 ! , 0 , donc vn ! puis un ! ! .
2 2 n n 1 n

Ex. 14
1
Soit (sn ) une suite réelle de limite 0. et telle que sn + sn +1 ! .
n
1
Montrer que, si (sn ) est décroissante, alors sn ! .
2n
Montrer que ce résultat est en défaut dans le cas où (sn ) n’est plus supposée décroissante.
1 ( 1)n
On pourra étudier (sn ) définie par sn = + .
2n n

Avec (sn ) décroissante et de limite 0, la suite (sn ) est à termes positifs.


L’hypothèse peut se lire lim n (sn + sn +1 ) = 1.
La décroissance de (sn ) risque d’être davantage utilisée. Un objectif peut être d’encadrer (2nsn )
par des suites de limite 1.
Considérons la suite (an ) définie par an = n (sn + sn +1 ).
La décroissance de (sn ) donne sn +1 " sn , d’où an " 2nsn .
On a aussi sn ! sn 1 , d’où, avec an 1 = (n 1)(sn 1 + sn ), an 1 ! 2(n 1)sn .
n 1
On en déduit an " 2nsn " an 1 . Il s’ensuit lim 2nsn = 1, d’où sn ! .
n 1 2n
Le rôle de la décroissance de (sn ) s’est révélé essentiel. Notons que l’on n’a pas utilisé la positivité
de (sn ).
Étudions deux situations à titre de contre-exemples.
1 ( 1)n
Considérons la suite définie par sn = + .
2n n
1 1 1 1 ( 1)n 2n + 1
sn + sn +1 = ( 1)n + + = + .
n n+1 2n 2(n + 1) n (n + 1)( n + n + 1) 2n (n + 1)
n n n
( 1) ( 1) 2n + 1 1 ( 1) 1 1
Avec ! , ! et =o , il vient sn + sn +1 ! n .
n (n + 1) n+ n+1 2n n 2n (n + 1) n 2n n n

1 1 ( 1)n
Cependant, avec =o , on a sn ! .
2n n n
Dans ce contre-exemple, la suite (sn ) n’était pas positive et on peut craindre d’avoir une situation
peu convaincante. Abordons un autre contre-exemple avec (sn ) positive.
1 n
Considérons la suite (sn ) définie par s2n = et s2n +1 = e . Notons an = sn + sn +1 .
2n
n 1 1 1 1
Avec e =o , on a a2n ! , et de même, a2n +1 ! donc a2n +1 ! .
2n 2n 2n + 2 2n + 1
1
En final, on a bien sn + sn +1 ! n .
1
On a bien 2ns2n ! 1 mais lim(2n + 1)s2n +1 = 0 interdit à sn d’être équivalent à .
n

114 Sujets d’oraux


Ex. 15
On considère une suite (un ) de réels et on note *un = un un +1 , *2 un = *un *un +1 .
2
On suppose que $n ! !, * un ! 0 et que la suite (un ) est bornée.
Montrer que la suite (*un ) est convergente puis que (un ) est décroissante et convergente.
2n
Montrer que la suite (n * un ) est de limite 0. On pourra majorer n * u2n par *u k .
k =n +1
n 1
En déduire que la suite (Sn ) définie par Sn = (k + 1) *2 uk est convergente.
k =0

La première information est $n ! !, *2 un ! 0. Commençons par l’expliciter.

*2 un = *un *un +1 ! 0 se lit *un ! *un +1 .

Cette inégalité met en évidence une suite décroissante.

La suite (*un ) est donc décroissante.


Soit M un majorant de ( un ). Alors *un " un + un +1 " 2M montre que (*un ) est bornée.
Il s’ensuit que la suite (*un ) est convergente. Notons # sa limite.
Dire que (un ) est décroissante équivaut à dire que tous les *un sont positifs ou nuls.
Il suffit donc de prouver que # est positive ou nulle.

Supposons que l’on ait # < 0.


Il existe alors p ! ! tel que *up < # / 2 < 0, donc pour tout n ! p, on a *un < 0.
Pour tout n ! p, un un +1 < 0 montre que la suite (un )n !p est croissante.
Étant en outre bornée, elle est convergente.
Ainsi (un ) est convergente et on en déduit que *un = un un +1 est de limite 0.
De la contradiction constatée, on déduit que # ! 0.
On peut maintenant conclure pour la suite (un ).
L’objectif que (n * un ) soit de limite 0 rend nécessaire que # soit nul.

Par suite, on a *un ! 0 pour tout n , c’est-à-dire un ! un +1 et la suite (un ) est décroissante.
Étant en outre bornée, elle est convergente. Notons ( sa limite.
Il s’ensuit que *un = un un +1 est de limite 0.

Qu’une suite (%n ) décroissante soit de limite 0 ne suffit pas à dire que (n %n ) est de limite 0. Un
exemple en est donné par la suite (1 / n ).
L’indication est à étudier de plus près.

2n
On a *u2n " *un +k pour n + k " 2n , donc n * u2n " *u k .
k =n +1
2n
Or *uk = un +1 u2n et la convergence de (un ) donne lim(un +1 u 2n ) = 0 .
k =n +1

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 115
Il s’ensuit lim 2n * u2n = 0.
2n +1
De même, on a *u2n +1 " *un +k pour n + k " 2n + 1, donc n * u2n +1 " *uk et avec :
k =n +2
2n +1
*uk = un +2 u2n +1 ,
k =n +2

il s’ensuit lim n * u2n +1 = 0, puis lim(2n + 1) * u2n +1 = 0.


Les suites extraites 2n * u2n et (2n + 1) * u2n +1 étant de limite nulle, la suite (n * un ) est
convergente, de limite 0.
Avec wn = (n + 1) *2 un , notre premier souci est de simplifier Sn en faisant apparaître une
somme télescopique.
n 1
On a par définition : Sn = (k + 1) *2 uk .
k =0

Avec (k + 1) *2 uk = (k + 1)(*uk *uk +1 ) = k * uk (k + 1) * uk +1 + *uk , il vient :


n 1
Sn = n * un + *u k .
k =0
n 1 n 1
Puis avec *u k = (uk uk +1 ) = u0 un , on obtient finalement :
k =0 k =0
Sn = n * un + u0 un .
Alors lim n * un = 0 et lim un = ( donne lim Sn = u0 (.

Ex. 16
n k
2 1
Pour n ! ! , on pose un = e n #n 1 + .
k
k =1
n
1
Donner la limite de (vn ) définie par vn = #n 1 + . En déduire celle de (un ).
k
k =1
En étudiant un vn , montrer que l’on a un ! vn . En déduire que un ! #n n .

L’étude de vn est immédiate en réduisant la somme par télescopage aisé.


Et on voit facilement que un ! vn .
n
1 k+1 1
#n 1 + = #n = #n (k + 1) #n k donne #n 1 + = #n (n + 1) #n 1 = #n (n + 1)
k k k
k =1
et il s’ensuit que lim vn = + .
k k
1 1
Avec e n 2 > 1, on a e n 2 #n 1 + k > #n 1 +
k
puis un > vn donc lim un = + .
n n k
1 2 1
Avec #n (n + 1) = #n 1 + , on a un #n (n + 1) = en 1 #n 1 + > 0.
k k
k =1 k =1
k 1 1
Pour k ! [[ 1, n ]], on a 0 < e n 2 1"en 1 et #n 1 + > 0, donc :
k

116 Sujets d’oraux


n
1 1 1
0 " un #n (1 + n ) < e n 1 #n 1 + = (e n 1) #n (n + 1).
k
k =1

un ! vn s’exprime par un vn = o(vn ).


1
Alors lim e n 1 = 0 donne un vn = o(vn ), c’est-à-dire un ! vn .

Avec un ! #n (n + 1) et #n (n + 1) ! #n n , il vient enfin u n ! #n n .

C Continuité, limite
Ex. 17
Déterminer les applications f continues non nulles de ]0, + [ dans ]0, + [ telles que :
(1) pour tous x et y strictement positifs, f xf (y) = yf (x ),
et (2) f est de limite 0 en + .

En prenant les images par f des deux membres de (1), on a f f xf (y) = f yf (x ) . Alors, avec
(1), il vient f f xf (y) = xf (y). Tout xf (y) est donc invariant par f f .
Avec x !]0, + [ quelconque et y fixé tel que f (y) " 0, on obtient f f = Id.

La fonction x ! 1 / x en est un exemple usuel. Sans la condition de limite 0 en + , la fonction


Id conviendrait aussi. Cette condition joue donc un rôle clé.
En prenant la limite en + dans f f (x ) = x , et avec lim f (x ) = 0, on voit qu’il est nécessaire
x +
que f ait pour limite + en 0.

Avec y = x , la relation (1) donne $x > 0, f xf (x ) = xf (x ).


Pour x > 0, posons u = xf (x ). Ce réel est invariant par f .
La question devient alors : xf (x ) est-il toujours égal à 1 ?
Pour u > 1, les puissances de u tendent vers + et on peut utiliser l’hypothèse de limite nulle
pour f . Une priorité est donc d’examiner les images par f des puissances de u .

Montrons par récurrence la propriété $(n ) : pour tout n ! ! , f (u n ) = u n .


Avec f (u ) = u , la propriété $(1) est vraie.
Supposons que $(n ) soit vraie, avec n ! ! et formons f u n +1 .
On a u n +1 = u n u = xu n f (x ). D’après (1), on obtient f u n +1 = xf xu n .
Or f (u n ) = u n , donc toujours d’après (1), f (xu n ) = f xf (u n ) = u n f (x ) et finalement :
f u n +1 = xu n f (x ) = u n +1 .
La propriété $ est donc héréditaire et, puisque $(1) est vraie, il vient que $(n ) est vraie pour
tout n ! ! .
Remarquons alors que f f = Id donne f f (1) = 1 et, d’après (1) :
f f (1) = f 1f (1) = 1f (1) = f (1), d’où f (1) = 1.

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 117
1 n 1 n
Avec 1 = n u = n f (u ) et, en appliquant (1), il vient pour tout n ! ! :
u u
1 1 1
f (1) = u n f n donc f n = n.
u u u
Pour u > 1, de lim u n = + , on déduit lim f u n = 0 et on voit une contradiction à partir
de f u n = u n .
1 1
De même, pour u < 1, on a lim =+ donc lim f = 0, pour une nouvelle contradiction.
un un
1
En conséquence, et cela pour tout x > 0, on a u = 1, c’est-à-dire $x > 0, f (x ) = . Et on a déjà
x
remarqué que cette fonction convient, c’est donc l’unique solution du problème.

Ex. 18
Un train omnibus parcourt 120 km en trois heures. Montrer qu’il existe un intervalle d’une
heure durant lequel il a parcouru 40 km exactement.

La distance parcourue est une fonction continue du temps de parcours.


La priorité est d’installer une fonction qui indique la distance parcourue en une heure, et
d’examiner pourquoi cette fonction peut prendre la valeur 40.

Soit f la fonction qui à t ! [0, 3], associe la distance (exprimée en kilomètres) parcourue jusqu’à
l’instant t (exprimé en heures).
g : [0, 2] ", t ! f (t + 1) f (t ) est la distance parcourue en une heure à partir de l’instant t .
Avec f (0) = 0 et f (3) = 120, il vient :
g(2) = 120 f (2), g(1) = f (2) f (1) et g(0) = f (1).
1
En ajoutant, on obtient 120 = g(0) + g(1) + g(2), ou aussi 40 = g(0) + g(1) + g(2) .
3
Le problème, avec cette analyse, est ainsi ramené à la formulation ci-avant.
Il reste à justifier que cette égalité est possible, en mettant en œuvre la continuité qui n’a pas
encore été exploitée.

1
Soit m et M les bornes de g continue sur [0, 2]. On a m " g(0) + g(1) + g(2) " M , et il reste à
3
appliquer le théorème des valeurs intermédiaires pour conclure.

Ex. 19
Déterminer l’ensemble des fonctions f ! [0, 1], " telles que f f = f.
1
Préciser cet ensemble lorsque l’on suppose en outre f de classe sur [0, 1].

Les fonctions constantes sont évidemment solutions.

1)
L’égalité f f (x ) = f (x ) se lit f f (x ) = f (x ), donc tout f (x ) est invariant par f .
Elle est vraie plus généralement pour tous les points fixes par f . Étudions cet ensemble.

Notons f l’ensemble des points invariants par f .


Pour tout x ! [0, 1], on a f f (x ) = f (x ), donc Im f # f.

118 Sujets d’oraux


Réciproquement, pour x ! f , on a f (x ) = x , donc x ! Im f .
Finalement, l’ensemble f est égal à Im f .
Il reste à examiner si cette propriété est suffisante pour obtenir f f = f.
Notons que Im f = f montre que f est une fonction de [0, 1] dans [0, 1].

Soit f : [0, 1] [0, 1], continue et telle que f = Im f .


f étant continue sur [0, 1], son image est un intervalle fermé borné [a, b], avec 0 " a " b " 1.
Pour tout x ! [a, b], f (x ) = x donne f f (x ) = f (x ).
Pour tout x ! [0, a [$]b, 1], on a f (x ) ! Im f , donc f (x ) ! f , c’est-à-dire f f (x ) = f (x ).
La fonction f vérifie donc f f = f .
2) 1
On se limite aux fonctions non constantes pour lesquelles l’hypothèse de classe n’apporte
rien.

L’image de [0, 1] par f est J = [a, b], avec 0 " a < b " 1. (a < b provient de f non constante.)
L’application fJ induite par f sur J est IdJ .
On a donc f (x ) = 1 pour tout x !]a, b[. Comme f est continue, on a nécessairement :
f (a ) = 1 et f (b) = 1.
Supposons que l’on ait 0 < a .
Avec f ([0, a [) # f ([0, 1]) = J , on a en particulier f (x ) ! a pour tout x ! [0, a [.
La fonction f présente alors un minimum local en a !]0, 1[, donc f (a ) = 0, ce qui est contra-
dictoire avec f (a ) = 1. On a donc a = 0.
On montre de même que b = 1.
En conclusion, f est l’identité sur [0, 1].
Les fonctions de classe 1 sur [0, 1] telles que f f = f sont finalement Id[0,1] et les fonctions
constantes sur [0, 1].

Ex. 20
Soit f ! (", ") telle que tout y ! " admet au plus deux antécédents par f .
Montrer qu’il existe un réel qui admet un antécédent et un seul par f .

Toute application injective convient. On peut se limiter à l’étude du cas où f continue n’est pas
injective.
Notons que f n’est constante sur aucun segment [a, b] tel que a " b.

Si f n’est pas injective, il existe (a, b) ! "2 , a < b, tel que f (a ) = f (b).
Notons y0 cette valeur commune.
On étudie la restriction de f au segment [a, b].

Puisque f est continue sur [a, b], il existe (m, M ) ! "2 , m " M , tel que f ([a, b]) = [m, M ], et
comme f n’est pas constante sur [a, b], on a m < M .
On peut examiner si y0 n’est pas un élément particulier de [m, M ].

Supposons que y0 appartient à ]m, M [, c’est-à-dire y0 % m, M .


Il existe alors c et d dans ]a, b[ tels que f (c ) = m et f (d ) = M , puis, par le théorème des valeurs
intermédiaires, il existe x0 !]c, d [ tel que f (x0 ) = y0 .

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 119
Avec [c, d ]#]a, b[, y0 aurait alors trois antécédents distincts, ce qui est exclu.
On en déduit que y0 est égal à m ou à M .
Étudions le cas où y0 = m . Le cas où y0 = M ne devrait pas être bien différent.
Le minimum de f sur [a, b] est atteint en a et en b, et on a M > m .
Il faut garder présent à l’esprit que y ! [m, M ] peut avoir un antécédent en dehors de [a, b].

On suppose que y0 = m et on considère d !]a, b[ tel que f (d ) = M .


Supposons qu’il existe d ! ", d " d , tel que f (d ) = M .
Avec M " m , on a nécessairement d % a, b .
Si d < a , tout t !]m, M [ admet par f un antécédent dans chacun des trois intervalles disjoints
]d , a [, ]a, d [ et ]d, b[. Et c’est contraire à l’hypothèse sur f .
d > b est à écarter pour la même raison : d aurait un antécédent dans chacun des intervalles
]a, d [, ]d, b[ et ]b, d [.
Pour le cas a < d < b, posons % = inf d, d et ' = sup d, d .
Tout t ! f (]%, '[) admet trois antécédents distincts : un dans ]a, %[, un dans ]%, '[ et un dans
]', b[. Ce dernier cas est à écarter lui aussi.
En conclusion d est le seul antédédent de M par f .
Plutôt que de faire une démonstration tout à fait voisine dans le cas où y0 = M , on se ramène
au cas déjà étudié.

Dans le cas où y0 = M , on considère la fonction g = f .


Le maximum de g sur [a, b] est M = m et son minimum est m = M .
L’étude précédente montre que M admet un antécédent unique par g, c’est-à-dire que m admet
un antécédent unique par f .

Ex. 21
x +y f (x ) + f (y)
Soit f ! %(", ") telle que $(x, y) ! "2 , f = (1).
2 2
Montrer que f est affine : il existe (a, b) ! "2 tel que $x ! ", f (x ) = ax + b.
On commencera par étudier le cas où f (0) = f (1) = 0.

1)
On examine le cas où f (0) = f (1) = 0. On applique alors la propriété (1) avec y = 0 puis
avec y = 1.

Supposons f (0) = f (1) = 0.


x +y
Avec f (x ) + f (y) = 2f , il vient :
2
x
f (x ) = 2f en choisissant y = 0,
2
x+1
et f (x ) = 2f en choisissant y = 1.
2
x x +1 x x 1
On a donc f =f , c’est-à-dire f =f + pour tout x ! ".
2 2 2 2 2
1 1
Ainsi f admet pour période et il suffit de l’étudier sur 0, .
2 2

120 Sujets d’oraux


1
Continue sur 0, , f est bornée et elle atteint ses bornes sur ce segment.
2
1 1
Soit M la plus grande valeur prise sur 0, 2 par la fonction f qui est continue sur 0, 2 . Ce
1
maximum est atteint en un point c ! 0, 2 .
x
En appliquant la propriété f (x ) = 2f à 2c , il vient f (2c ) = 2f (c ) = 2M .
2
1
Or la périodicité de f assure que M est aussi le maximum de f sur [0, 1] et c ! 0, donne
2
2c ! [0, 1], donc f (2c ) " M . Il s’ensuit que 2M " M , c’est-à-dire M " 0.
1 1
On procède de même pour le minimum m de f sur 0, 2 , atteint en d ! 0, 2 . L’égalité
f (2d ) = 2f (d ) = 2m et f (2d ) ! m donne m ! 0.
1
0 " m " M " 0 donne enfin m = M = 0, donc f est nulle sur 0, .
2
La périodicité permet alors de dire que f est la fonction nulle sur ".
2)
Il y a une fonction affine (et une seule) qui prend des valeurs données en 0 et en 1.
Et toute fonction affine vérifie la propriété (1).

Soit f une fonction continue sur " qui vérifie la propriété (1).
On considère la fonction affine g définie par g(0) = f (0) et g(1) = f (1).
La fonction h = f g est continue sur " et vérifie encore la propriété (1) et on a h (0) = h (1) = 0.
La première question donne h = 0, d’où f = g, donc f est affine.

Ex. 22
Trouver les fonctions f ! (", ") telles que :
$(x, y) ! "2 , f (x + y)f (x y) = f 2 (x )f 2 (y) (1)

2
Dans un contexte de fonction f à valeurs réelles, f 2 (x ) est mis pour f (x ) .
Dans ce type de problème, on commence par préciser les solutions constantes sur " (qui sont
évidemment continues).

Les solutions constantes f = c ! " sont celles qui vérifient c 2 = c 4 . Ce sont donc les constantes
c ! 0, 1, 1 .
Dans la suite, on se limite à la recherche des solutions non constantes.
On examine maintenant des situations particulières pour obtenir quelques informations sur une
solution.

En prenant y = 0, il vient f 2 (x ) = f 2 (x )f 2 (0) pour tout x ! ".


Si f n’est pas constante, donc f " 0, il existe u ! " tel que f (u ) " 0 et 1 f 2 (0) f 2 (u ) = 0 donne :
f (0) = 1 ou f (0) = 1.
Si f est solution, il est immédiat de vérifier que f l’est aussi.
On peut donc se limiter à la recherche des solutions f telles que f (0) = 1.
Le cas particulier x = 0, c’est-à-dire f (y)f ( y) = f 2 (y) donnerait une autre information sous
réserve que f (y) soit différent de 0. Examinons si cela est possible.

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 121
Supposons qu’il existe v ! " tel que f (v) = 0. Notons que nécessairement on a v " 0.
v v v
En prenant x = y = , il vient f (v)f (0) = f 4 et on en déduit f = 0.
2 2 2
v
Il s’ensuit que, pour tout n ! !, f = 0.
2n
v
Avec lim et la continuité de f en 0, il vient f (0) = 0, en contradiction avec f (0) = 1.
n + 2n
En première conclusion, une solution non constante ne prend pas la valeur 0 sur ".
Le théorème des valeurs intermédiaires nous assure alors que f est de signe constant, donc, les
solutions telles que f (0) = 1 sont strictement positives sur ".
Le cas particulier x = 0 donne f (y)f ( y) = f 2 (0)f 2 (y) = f 2 (y).
Avec f (y) " 0, il vient f ( y) = f (y), et cela pour tout y ! ". Ainsi une solution est nécessairement
paire.
Un premier bilan : les solutions telles que avec f (0) = 1 sont strictement positives et elles sont
paires.
Puisque l’on recherche des solutions qui sont strictement positives, on passe au logarithme.

f > 0 est solution de (1) si et seulement si + = #n f ! (", ") est solution de l’équation :
pour tout (x, y) ! "2 , +(x + y) + +(x y) = 2 +(x ) + +(y) (2).
Avec f (0) = 1, on a nécessairement +(0) = 0.
La parité de f implique que + est paire, et la continuité de f donne celle de +.
Pour f non constante, la fonction + n’est pas constante, donc il existe w tel que +(w) " 0.
Si + vérifie (2), alors pour tout ( ! ", la fonction (+ vérifie (2).
Cette situation est plus simple dans la mesure où on en connaît une solution particulière.

La fonction +0 définie sur " par +0 (x ) = x 2 convient. En effet, (x + y)2 + (x y)2 = 2(x 2 + y2 ).
Le rêve serait que ce soit la seule à une constante multiplivative près.
Commençons par établir que, pour n ! ! , +(n ) est un multiple constant de n 2 .

En prenant x = y = 1, il vient +(2) + +(0) = 4 + (1), c’est-à-dire +(2) = 22 + (1).


En posant ( = +(1), on suppose que +(k ) = (k 2 pour tout k ! ! , avec k " n .
En prenant x = n et y = 1, il vient +(n + 1) + +(n 1) = 2 +(n ) + ( .
Avec +(n 1) = ((n 1)2 et +(n ) = (n 2 , on obtient +(n + 1) = ( 2n 2 + 2 (n 1)2 , d’où :
+(n + 1) = ((n 2 + 2n + 1) = ((n + 1)2 .
En conséquence, on a +(n ) = (n 2 pour tout n ! ! .
On a +(n 1) = n 2 + (1). Plus généralement on peut espérer que +(nx ) = n 2 + (x ).
Comme + est paire on a aussi +( n ) = (n 2 et enfin, avec +(0) = 0, on a +(n ) = (n 2 pour tout
n ! #.

Une simple transcription de la preuve précédente, en remplaçant +(k ) par +(kx ) et +(1) par +(x )
permet d’obtenir +(nx ) = n 2 + (x ) pour tout x ! " et tout n ! ! .
On est maintenant en mesure d’exprimer +(r ) pour tout r ! $.

p
Pour r ! $, avec r = , p ! # et q ! ! , on utilise qr = p. Avec +(qr ) = q2 + (r ) et +(p) = (p2 , on
q
déduit +(r ) = (r 2 .

122 Sujets d’oraux


Pour achever cette analyse, il reste à exprimer que tout réel est limite d’une suite de rationnels.

Pour tout x ! ", il existe une suite (xn ) de rationnels de limite x .


On a d’une part +(xn ) = (xn2 et d’autre part lim +(xn ) = +(x ) par continuité de +.
On en déduit alors que +(x ) = (x 2 .
Il est immédiat de vérifier que les fonctions x ! (x 2 , avec ( ! ", vérifient (2).
2
Les solutions de (1) sont donc, outre la fonction nulle, les fonctions x ! e(x et les fonctions
2
x ! e(x pour tout ( ! ".

Ex. 23
Trouver toutes les fonctions réelles définies sur ", continues en 0 et telles que :
$x ! ", f (2x ) = f (x ) cos x .
n
x sin x
On pourra montrer que, pour tout n ! ! et tout x &/ 0 mod ,, cos k
= x
.
2 n
k =1 2 sin n
2

x
Si x n’est pas un multiple entier de ,, il en est de même pour .
2n
Vérifions par récurrence la formule proposée.

On considère x /& 0 mod ,.


n
x sin x
Notons Pn (x ) = cos et (rn ) la propriété Pn (x ) = x .
k =1
2k n
2 sin n
2
x sin x
La propriété (r1 ) se lit cos = et elle est vraie.
2 2 sin
x
2
x
On a Pn +1 (x ) = Pn (x ) cos et, avec (rn ) et (r1 ), il vient :
2n +1
x
sin x sin sin x
2n
Pn +1 (x ) = x x
c’est-à-dire Pn +1 (x ) = x
.
2n sin n
2 sin n +1
2n +1 sin n +1
2 2 2

Ainsi, (rn ) implique (rn +1 ), donc (rn ) est vraie pour tout n ! ! .
Conformément à l’indication (généreusement !) fournie, il y a lieu d’exprimer f (x ) en fonction
de Pn (x ). Après avoir fait apparaître P1 (x ) pour exprimer la définition de f (x ), on cherche à
faire apparaître P2 (x ).

$x ! ", f (2x ) = f (x ) cos x donne :


x x x x x x
f (x ) = f cos =f P1 (x ) et aussi f =f cos
2 2 2 2 22 22
x x x x
et il vient alors f (x ) = f cos cos =f P2 (x ).
2 2 2 2 2
22
x
On voit alors aisément que, pour tout n ! ! , f (x ) = f Pn (x ).
2n
Le passage de l’expression de f (x ) à l’aide de P1 (x ) à celle de f (x ) à l’aide de P2 (x ) est assez clair
pour qu’il s’adapte immédiatement du rang n au rang n + 1.

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 123
Soit x " 0, x & 0 mod , : x = k ,, k ! # .
On décompose k en k = 2q (2p + 1) avec q ! ! et p ! #.
x 1
On a donc cos = cos p +
2
, = 0. Donc, n ! q + 1 donne Pn (x ) = 0, et il s’ensuit que,
2q+1
dans le cas étudié, on a f (x ) = 0.
sin x x sin x
Pour tout x /& 0, on a, pour tout n ! ! , Pn (x ) = . Alors, f (x ) = f .
n
2 sin
x 2n n
2 sin
x
n n
2 2
x
x sin x 2n
On écrit alors f (x ) sous la forme f (x ) = f x .
2n x
sin n
2

x
Avec lim = 0, on peut utiliser la continuité de f en 0.
n + 2n
sin X
La limite de quand X tend vers 0 est également utilisée.
X

sin x
En prenant la limite pour n + , il vient f (x ) = f (0)
.
x
En conclusion, la seule solution possible est la fonction f définie par :
sin x
f (x ) = f (0) pour x /& , et f (x ) = 0 pour x " 0, x & 0 mod ,.
x
La distinction de deux cas conduit à deux résultats partiels.
Il n’est pas difficile d’en donner une formulation commune.

sin x
Ces deux formules se résument en une seule : f (x ) = f (0) x pour tout x " 0.
sin x
Cette fonction est continue en 0, en conséquence de lim = 1.
x 0 x
sin 2x cos x sin x sin x
Et, pour x " 0, on a f (2x ) = f (0) = f (0) = f (0) cos x , ce qui montre que :
2x x x
f (2x ) = f (x ) cos x pour x " 0,
et cette égalité est évidemment vraie pour x = 0.
En conclusion, le problème a pour solutions les fonctions définies par leur valeur en 0 et, pour
sin x sin x
x " 0, par f (x ) = f (0) . Ce sont les fonctions x ! ( x avec ( ! ".
x

Ex. 24
Soit f une fonction réelle définie sur un intervalle I de ". On suppose que f est continue et
injective. Montrer qu’elle est strictement monotone.
Existe-t-il une bijection continue de [0, 1[ sur " ?

On peut procéder par contraposée : soit f continue ; si elle n’est pas strictement monotone, alors
elle n’est pas injective.
Le premier point est d’exprimer que f n’est pas strictement monotone.

124 Sujets d’oraux


f est strictement monotone lorsque, pour tout (a, b, c ) ! I 3 , a < b < c , le réel f (b) est entre f (a )
et f (c ). Il est aisé d’écrire la négation de cette propriété :
f n’est pas strictement monotone quand il existe (a, b, c ) ! I 3 , a < b < c , tel que f (b) ne soit pas
entre f (a ) et f (c ). Ou encore quand :
&(a, b, c ) ! I 3 , a < b < c et f (a ) " f (b) et f (b) ! f (c ) ou f (b) " f (c ) et f (a ) ! f (b) .
Si on a f (a ) = f (b), ou si f (b) = f (c ), alors f n’est évidement pas injective.
Sinon, dans le premier cas, f (a ) < f (b) et f (c ) < f (b) montre que tout t strictement compris
entre max f (a ), f (c ) et f (b) a un antécédent dans [a, b[ et un autre dans ]b, c ]. Alors f n’est
pas injective. On conclut de même dans le second cas.
Une injection continue de [0, 1[ dans " est strictement monotone. Le texte de l’énoncé laisse
soupçonner qu’une telle fonction n’est pas surjective.

Supposons que f , continue, soit injective de [0, 1[ dans ". Le résultat précédent montre qu’elle
est strictement croissante ou strictement décroissante.
Dans le premier cas, on a f (x ) > f (0) pour tout x ! [0, 1[. Son image n’est donc pas ".
On conclut de même dans le second cas.

Ex. 25
Quelles sont les fonctions f ! [a, b], [a, b] , avec a < b, telles que f f f = Id[a,b] .

Classiquement, f f f bijective donne f injective et surjective.


f étant continue et injective, on peut utiliser le résultat établi dans le sujet précédent.

f f f = Id[a,b] implique que f est injective. Comme elle est continue, avec l’exercice précédent,
on peut en déduire que f est strictement monotone.
La fonction f étant surjective, si elle est strictement croissante, on a f (a ) = a et f (b) = b. Les
valeurs sont échangées si f est strictement décroissante.

Examinons le cas où f est strictement croissante.


On peut imaginer que f est l’identité. Dans ce but, on peut chercher une contradiction dans le
cas contraire. Ici, f 2 (c ) par exemple, est mis pour f f (c ).

Supposons qu’il existe c ! [a, b] tel que f (c ) " c , par exemple f (c ) > c .
On a c = f 3 (c ) et, avec la croissance stricte de f , de f (c ) > c on déduit f 2 (c ) > f (c ), donc f 2 (c ) > c ,
puis f 3 (c ) > f (c ). Il s’ensuit f 3 (c ) > c , c’est-à-dire une contradiction.
En conclusion, la seule solution strictement croissante est l’identité sur [a, b].
Examinons maintenant le cas où f est strictement décroissante.
Examinons d’abord la double condition f (a ) = b et f (b) = a .

f (a ) = b donne f 2 (a ) = f (b) = a puis f 3 (a ) = f (a ) = b. Il n’y a donc pas de fonction strictement


décroissante surjective.
En conclusion, Id[a,b] est la seule solution au problème.
Le problème serait tout autre pour f n = Id avec n pair.

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 125
Ex. 26
Soit f et g, continues de [0, 1] dans [0, 1], telles que f g = g f . Montrer qu’il existe x 0 ![0, 1]
tel que f (x0 ) = g(x0 ).
Le résultat reste-t-il vrai pour des fonctions f et g dans (", ") ?

On peut procéder par l’absurde en espérant une contradiction qui viendrait de :


$x ! [0, 1], f (x ) " g(x ).
Le premier objectif est d’exploiter cette hypothèse.

Supposons que $x ! [0, 1], f (x ) " g(x ). En application du théorème des valeurs intermédiaires,
on a :
• ou bien $x ! [0, 1], f (x ) > g(x ) ;
• ou bien $x ! [0, 1], f (x ) < g(x ).
La symétrie des rôles permet de supposer que $x ! [0, 1], f (x ) > g(x ).
La fonction f g est continue sur [0, 1], elle atteint son minimum m et on a donc m > 0.
Par suite, $x ! [0, 1], f (x ) ! g(x ) + m .
On n’a pas encore utilisé f g=g f . On cherche un lien entre f n (x ) et gn (x ).
Pour commencer, comparons f 2 (x ) et g2 (x ) comme on a pu comparer f (x ) et g(x ).

On a f 2 (x ) = f f (x ) ! g f (x ) + m et g f (x ) = f g(x ) ! g g(x ) + m et il s’ensuit :


f 2 (x ) ! g2 (x ) + 2m .

Le passage de f (x ) ! g(x ) + m à f 2 (x ) ! g2 (x ) + 2m donne une bonne idée de la récurrence à


prouver.

On prouve de même que, pour n ! ! , si on a f n (x ) ! gn (x ) + nm , alors :


f n +1 (x ) ! gn +1 (x ) + (n + 1)m .

On est maintenant en mesure de conclure en prenant la limite pour n infini.

Avec gn (x ) ! 0 et lim nm = + , on a lim gn (x ) + nm =+ , ce qui est contradictoire


n + n +
n
avec f (x ) ! [0, 1].
Dans le cas de fonctions continues sur ", supposons que $x ! [0, 1], f (x ) " g(x ). On peut
encore se ramener au cas où $x ! ", f (x ) > g(x ). Toutefois, la borne inférieure de f g peut
ne pas être atteinte et être nulle.

Pour avoir f g = g f , avec f (x ) " g(x ) pour tout x ! ", il suffit de choisir g = Id" et de prendre
pour f une fonction dont le graphe est strictement au-dessus de la première bissectrice, par
exemple f = exp.
Une nouvelle fois, les fonctions continues sur un segment ont des propriétés qui ne sont pas
conservées en passant à un intervalle moins particulier qu’un segment.

126 Sujets d’oraux


Ex. 27
On se propose de déterminer l’ensemble E des fonctions f continues de " dans " telles que :
f (x ) + f (y)
$(x, y) ! "2 , f (x + y) = .
1 + f (x )f (y)

1) Préciser les fonctions constantes qui sont dans E . Soit f ! E , montrer que, s’il existe a ! "
tel que f (a ) = 1, alors f est constante.
2) Soit maintenant f ! E , non constante.
a) Montrer alors que f (x )!] 1, 1[, calculer f (0) et étudier la parité de f .
1 + f (nx ) 1 + f (x ) n
b) Montrer que, pour x ! " et n ! !, = .
1 f (nx ) 1 f (x )
1 + f (1)
Exprimer f (n ) pour n ! # en fonction de n et de b = 1 f (1)
, puis exprimer f (r ) pour r ! $
puis f (x ) pour x ! ".
3) Préciser l’ensemble E .

La fonction th est solution. L’objectif est de voir s’il y en a d’autre.

2c
1) Une fonction constante c est solution si et seulement si c = , c’est-à-dire c = 0 ou
1 + c2
c 2 + 1 = 2, ce qui correspond à c ! 1, 0, 1 .
Remarquons que le même calcul donne f (0) ! 1, 0, 1 pour tout f ! E .
Soit f ! E et a tel que f (a ) = -, - = 1. Alors on a :
f (x ) + - f (x ) + -
$ x ! " , f (x + a ) = = 2 = -.
1 + -f (x ) - + - f (x )

2) a)
x x
On précise maintenant les solutions non constantes. Pour le signe de f (x ), on utilise x = +
2 2
et pour la parité, on utilise 0 = x + ( x ) de manière à pouvoir exploiter la formule f (x + y) = . . .
x x 2f (x / 2) 2 y
Pour tout x ! ", f (x ) = f + = . Or pour tout y ! ", on a " 1, donc
2 2 1 + f 2 (x / 2) 1 + y2
avec f (x ) % 1, 1 , il s’ensuit f (x )!] 1, 1[.
Avec f (0) ! 1, 0, 1 et f (0) % 1, 1 , on obtient f (0) = 0.
f (x ) + f ( x )
On a : $x ! ", 0 = f (0) = f (x x) = , d’où f ( x ) = f (x ), donc f est impaire.
1 + f (x )f ( x )
b) 1 + f (nx )
Le résultat demandé pour est la clé de la détermination de f non constante.
1 f (nx )
La démarche est classique : déterminer f (n ) pour n entier, puis f (r ) pour r rationnel et conclure
avec la continuité. L’énoncé ne fait que rappeler cette démarche.
n
1 + f (nx ) 1 + f (x )
= est vraie pour n = 0.
1 f (nx ) 1 f (x )
Pour une preuve par récurrence pour n ! !, c’est-à-dire pour passer du rang n au rang n + 1, le
1 + f ((n + 1)x ) 1 + f (nx )
point essentiel est d’exprimer en fonction de .
1 f ((n + 1)x ) 1 f (nx )

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 127
f (nx ) + f (x )
f (n + 1)x = f (nx + x ) = donne :
1 + f (nx )f (x )

1 + f (x ) + f (nx ) + f (x )f (nx )
1 + f ((n + 1)x ) = ,
1 + f (nx )f (x )

(1 + f (x ) 1 + f (nx ) (1 f (x ) 1 f (nx )
d’où 1+f ((n +1)x ) = . De même, 1 f ((n +1)x ) = .
1 + f (nx )f (x ) 1 + f (nx )f (x )

1 + f ((n + 1)x ) 1 + f (x ) 1 + f (nx )


Il s’ensuit 1 = et la conclusion est immédiate.
f ((n + 1)x ) 1 f (x ) 1 f (nx )

c)
On s’attache à f (n ), et pour cela le résultat précédent s’applique avec x = 1.

n n
1 + f (n ) 1 + f (1) b 1
Alors, pour n ! !, = = bn donne f (n ) = n .
1 f (n ) 1 f (1) b +1

Notons que 1 < f (1) < 1 donne 0 < b.


Pour n ! # , l’imparité donne :
n
b 1 bn 1
f (n ) = f ( n) = n = n .
b +1 b +1

p
Soit r = , p ! !, q ! # . Avec :
q
q
1 + f (q p / q) 1 + f (p / q) 1 + f (q p / q ) 1 + f (p )
= et = = bp ,
1 f (q p / q) 1 f (p / q) 1 f (q p / q) 1 f (p)
q p
1 + f (p / q) 1 + f (p / q)
il vient = bp d’où = bq .
1 f (p / q) 1 f (p / q)
p
r
p bq 1 b 1
On en déduit f = , c’est-à-dire f (r ) = r pour tout r ! $.
q p b +1
bq + 1

La conclusion pour x ! " fait (enfin ?) intervenir la continuité.

x
b 1
Si f est supposée continue, la densité de $ dans " donne $x ! ", f (x ) = x .
b +1

x
b 1
3) Notons que, pour b ! "+ ) 1 , la fonction fb : x ! x est non constante, alors que
b +1
pour b = 1 on retrouve la fonction nulle.
Il résulte alors des questions précédentes que E est inclus dans la réunion E de fb b ! "+
et de l’ensemble des fonctions constantes 1, 1 .
1
Réciproquement, pour b ! "+ , on pose ( = #n b. On obtient fb (x ) = th((x ) et les propriétés
2
connues de la fonction th donnent que fb ! E .
Comme les fonctions constantes 1 et 1 sont dans E , on conclut que E = E .
Finalement, E est formé des fonctions constantes 1 et 1 et des fonctions x !th((x ), avec (!".

128 Sujets d’oraux


D Dérivation
Ex. 28
1) Soit f une application dérivable de [0, 1] dans " telle que f (0) = 0 et f (1) = 1.
Montrer que, pour n ! ! , il existe des réels distincts y1 , . . . , yn dans [0, 1] tels que :
n
f (yk ) = n .
k =1

2) Quelle hypothèse peut-on ajouter pour pouvoir conclure à l’existence de x1 , x2 , . . . , xn


n
1
réels deux à deux distincts dans [0, 1] tels que =n?
f (xk )
k =1

1)
L’existence de point yk tels que f (yk ) = . . . peut faire penser à la formule des accroissements
n
1
finis. Et en écrivant f (yk ) = 1, on a l’occasion d’utiliser 1 = f (1) f (0).
n
k =1
1 1
f (yk ) apparaît raisonnablement sur un intervalle de longueur .
n n

Étant donné k ! [[ 1, n ]], on applique la formule des accroissements finis sur l’intervalle
k 1 k k 1 k k k 1 1
, : &xk ! , , f f = f (xk ).
n n n n n n n
En sommant ces égalités pour k variant entre 1 et n , il vient :
n n
1
f (xk ) = f (1) f (0) = 1 c’est-à-dire f (xk ) = n .
n
k =1 k =1

Notons qu’il suffit de la dérivabilité sur ]0, 1[ avec la continuité sur [0, 1].

2) 1
apparaît à l’occasion de la dérivation de la réciproque d’une fonction dérivable dont la
f (xk )
dérivée ne s’annule pas.

Supposons f strictement monotone et $x !]0, 1[, f (x ) " 0.


f est alors une bijection de [0, 1] sur lui-même et sa réciproque f 1 est continue sur [0, 1] et
dérivable sur ]0, 1[.
1 1
Notons que f (0) = 0 et f (1) = 1, ce qui impose que f soit strictement croissante.
1
On peut appliquer à f le résultat obtenu en première question.
n
1
Il existe y1 , y2 , . . . , yn deux à deux distincts dans ]0, 1[ tels que (f ) (yk ) = n .
k =1
1
Pour k ! [[ 1, n ]], posons xk = f (yk ).
n
1 1 1
Avec f (yk ) = , il vient = n.
f (xk ) f (xk )
k =1

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 129
Ex. 29
1) Trouver les fonctions f de " dans ", dérivables en 0 et telles que :
$x ! ", f (2x ) = 2f (x ).

2) Trouver les fonctions f de " dans ", dérivables en 1 et telles que :


2
$x ! ", f (2x ) = f (x ) .

1) Soit f définie sur ", dérivable en 0 et telle que $x ! ", f (2x ) = f (x ).


f (x )
En vue d’exploiter la dérivabilité en 0, il y a lieu de considérer et l’hypothèse donne :
x
f (2x ) f (x )
= .
2x x
f (x ) f (x / 2) x
À partir de = , on utilise alors les n avec n ! !.
x x/2 2

Le cas particulier x = 0 donne f (0) = 0.


f (x )
x
pour tout x " 0,
Considérons la fonction g définie sur " par g(x ) =
f (0) si x = 0.
Cette fonction g est continue en 0, par définition du nombre dérivé en 0.
f (2x ) 2f (x ) f (x )
Pour tout x " 0, on a g(2x ) = = = = g(x ).
2x 2x x
Dans le cas où x = 0, l’égalité g(2x ) = g(x ) est immédiate.
x
Pour tout x ! ", on en déduit (récurrence aisée) pour tout n ! !, g = g(x ).
2n
x
Avec lim = 0 et la continuité de g en 0, on obtient g(0) = g(x ), et la fonction g est
n + 2n
constante sur ". Ainsi, il existe a ! " tel que f (x ) = ax pour tout x ! ".
Il est immédiat que toutes les fonctions de ce type conviennent.
2) Soit f une fonction définie sur " et dérivable en 0, telle que :
$x ! ", f (2x ) = f (x )2 .
Avec f (x )2 ! 0, la fonction f ne prend que des valeurs positives ou nulles.
Il est évident que la fonction nulle sur " convient et on ne s’intéresse maintenant qu’aux fonctions
autres que celle-là.

Remarquons que f (0) = f (0)2 et donc f (0) ! 0, 1 .


Pour se ramener au cas précédent, on est tenté d’écrire #n f (2x ) = 2 #n f (x ), ce qui permettrait
de voir que #n f est de la forme #n f (x ) = %x .
Mais pour cela, il faut s’assurer que f ne prend que des valeurs strictement positives.

En se limitant à f différente de la fonction nulle sur ", il existe b ! " tel que f (b) > 0.
2 2 22
b b b b
On a f (b) = f et f = f c’est-à-dire f (b) = f .
2 2 22 22
2n 2 2n +1
b b b b
Supposons que f (b) = f . Avec f = f , il vient f (b) = f .
2n 2n 2n +1 2n +1

130 Sujets d’oraux


n
b 2
On a ainsi établi par récurrence que f (b) = f pour tout n ! !. En particulier, il vient :
2n
n
b 2
f n > 0.
2
b 1
Il s’ensuit que #n f = n #n f (b), puis, en prenant la limite pour n + , que #n f (0) = 0
2n 2
et donc que f (0) = 1 (1).
n
a 2 a
S’il existe a " 0 tel que f (a ) = 0, alors f (a ) = f donne $n ! !, f = 0.
2n 2n
a
Avec lim = 0 et la continuité de f en 0, il vient f (0) = 0, ce qui est contradictoire avec (1).
n + 2n
Ainsi f ne s’annule pas sur ". Elle ne prend donc que des valeurs strictement positives.
On peut maintenant passer aux logarithmes à partir de f (2x ) = f 2 (x ).

Considérons alors la fonction g définie sur " par g(x ) = #n f (x ).


Elle est dérivable en 0 et vérifie : $x ! ", g(2x ) = 2g(x ).
Avec la première question, il existe % ! " tel que : $x ! ", g(x ) = %x et donc f (x ) = e%x .
On a établi une condition nécessaire sur la forme de f . Il ne faut pas oublier d’au moins évoquer
la réciproque pour conclure.

Il est immédiat que la fonction nulle et les fonctions x ! e%x , avec % ! ", conviennent.

Ex. 30
1 x
Trouver les fonctions f ! (", ") telles que $x ! ", f f (x ) = 3 + (1).
2
x f (x )
On montrera que, nécessairement, $x ! ", f +3 = + 3.
2 2
un
Et, pour x ! ", on pourra former la suite (un ) définie par : u0 = x et un +1 = + 3.
2

Sans indication particulière, le sujet peut laisser perplexe. Exploitons celle qui est proposée pour
obtenir des informations.

En prenant les images par f dans (1), il vient :


x f (x )
$ x ! ", f +3 =f f f (x ) = (f f ) f (x ) = + 3.
2 2
1 x f (x ) x
En dérivant, on obtient $x ! ", 2 f +3 = , c’est-à-dire f + 3 = f (x ).
2 2 2

un
L’autre indication est d’utiliser une suite telle que un +1 = + 3 : il est certainement utile
2
d’étudier cette suite.

#
Si la suite (un ) est convergente, sa limite # vérifie # = + 3, d’où # = 6.
2
1 1 1
On a un +1 6= (u 6) donc un 6= (u 6) c’est-à-dire un = (x 6) + 6.
2 n 2n 0 2n

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 131
On en déduit que, pour tout x ! ", la suite (un ) est effectivement de limite 6.
Poursuivons l’étude en regoupant ces deux préliminaires.

x un
f (x ) = f + 3 pour tout x ! " donne f (un ) = f + 3 = f (un +1 ).
2 2
La suite f (un ) est constante et, pour tout n ! !, f (un ) = f (u0 ) = f (x ).
Avec la continuité de f et lim un (x ) = 6, il vient f (x ) = f (6).
n +

Toute solution f est donc nécessairement une fonction affine et il reste à étudier s’il y a des
fonctions affines qui conviennent.

Si f est une solution, il existe (a, b) ! "2 tel que $x ! ", f (x ) = ax + b, d’où :
f f (x ) = af (x ) + b = a 2 x + (a + 1)b.
Les couples (a, b) qui conviennent sont ceux pour lesquels :
x 1
$x ! ", a 2 x + (a + 1)b = + 3 c’est-à-dire a 2 = et (a + 1)b = 3.
2 2
Notons que (a 2 1)b = 3(a 1) donc b = 6(1 a ).
1 1
Les solutions (a, b) sont ,6 3 2 et ,6+ 3 2 .
2 2
Finalement, il y a deux solutions : les fonctions affines définies par ces couples (a, b).

Ex. 31
1
Soit a ! " ) 0, 1 et b ! ". Étudier l’ensemble des fonctions réelles, de classe sur ", telles
que pour tout x ! ", f f (x ) = ax + b (1).

Ce sujet élargit le cas particulier vu dans l’exercice précédent.


L’indication fournie alors se retrouvera probablement utilisée.
Dans un contexte de composition, on peut prendre les images par f des deux membres de
l’égalité (1).
On pourra exploiter alors l’hypoyhèse de deux façons :
• soit en lisant f f f (x ) ,
• soit en lisant f f f (x ) .

Pour tout x ! ", on a f f f (x ) = f (ax + b).


Or f f f (x ) = f f f (x ) et en appliquant (1) à f (x ), on a f f f (x ) = af (x ) + b.
On a donc, pour tout x réel : f (ax + b) = af (x ) + b.
f est supposée dérivable, exploitons cette information.

En dérivant, il vient af (ax + b) = af (x ), et on obtient donc f (ax + b) = f (x ) puisque l’on a


supposé a " 0.
f est probablement constante. Utilisons la fonction affine + : !ax + b, avec a " 1.

Pour x ! ", soit (xn ) la suite récurrente définie par x0 = x et, pour tout n ! !, xn +1 = +(xn ).
Par récurrence, il vient f (xn ) = f (x ) pour tout n .
b
La fonction + admet pour point fixe c ! " défini par c = ac + b, c’est-à-dire c = .
1 a
On obtient alors xn +1 c = a (xn c ), donc xn = a n (x c) + c.

132 Sujets d’oraux


Pour a < 1, on a lim xn = c et la continuité de f donne lim f (xn ) = f (c ), et il s’ensuit
f (x ) = f (c ), avec c indépendant de x .
f étant constante, f est affine : il existe ((, .) ! "2 tel que pour tout x , f (x ) = (x + ..

Après l’examen des solutions possibles pour f , il faut regarder celles qui conviennent.

Avec f (x ) = (x + ., f f (x ) = ax + b se lit (2 x + . + (. = ax + b.
Pour 1 < a < 0, il n’y a pas de solution.
b b
Pour 0 < a < 1, les solutions sont f1 : x ! a x + et f2 : x ! ax + .
1+ a 1 a
Pour a > 1, on se ramène au cas précédent.

Comme + est bijective, f f = + donne f bijective et (1) donne :


1 b
f 1 f 1 (x ) = x .
a a
1 1
Avec < 1, on est ramené au cas précédent et f est affine, donc f est affine, pour les mêmes
a
solutions f1 et f2 .

Il reste à examiner le cas où a = 1.


Dans ce qui a été traité, on n’a pas eu l’occasion de dériver la relation f f (x ) = ax + b. C’est
peut être le moment.

Pour a = 1, si f est solution, on a pour tout x réel, f f (x ) = x + b, d’où :

f (x ) f f (x ) = 1.
2
Si f admettait un point fixe k , on aurait alors f (k ) = 1, ce qui est contradictoire.
D’autre part, on aurait pour tout x : f ( x + b) = f (x ) + b, donc :
b b b b
f = f + b soit f = .
2 2 2 2
b
Ainsi serait point fixe pour f . La contradiction établie permet de dire qu’il n’y a pas de solution
2
dans le cas où a = 1.

E Fonctions usuelles
Ex. 32
Établir une condition nécessaire et suffisante portant sur Arctan x + Arctan y pour que :
1 2(x + y)(1 xy)
Arctan x + Arctan y = Arcsin .
2 (1 + x 2 )(1 + y2 )
Exemple : exprimer le nombre 4 Arctan 4 à l’aide de la fonction Arcsin.

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 133
Devant des questions portant sur Arctan ou sur Arcsin, deux pistes sont classiques : on examine
les fonctions dérivées, ou on se ramène à des questions de trigonométrie.

Dans le cas présent, la dérivation laisse prévoir des calculs un peu longs...

a = Arctan x et b = Arctan y sont dans ] , / 2, , / 2[ et vérifient x = tan a , y = tan b.


sin a sin b sin a cos b + cos a sin b sin(a + b)
x +y = + = = .
cos a cos b cos a cos b cos a cos b
1 1
1 + x 2 = 1 + tan2 a = et 1 + y2 = .
cos2 a cos2 b
sin a sin b cos a cos b sin a sin b cos(a + b)
1 xy = 1 = = .
cos a cos b cos a cos b cos a cos b
2(x + y)(1 xy)
Il s’ensuit que = 2 sin(a + b) cos(a + b) = sin 2(a + b).
(1 + x )(1 + y2 )
2

1 2(x + y)(1 xy)


L’égalité Arctan x + Arctan y = Arcsin équivaut alors à :
2 (1 + x 2 )(1 + y2 )
2(a + b) = Arcsin sin 2(a + b) .

Il reste maintenant à examiner une égalité du type t = Arcsin(sin t ).

,
Par définition de la fonction Arcsin, on a t = Arcsin(sin t ) si et seulement si t " . Il s’ensuit
2
1 2(x + y)(1 xy)
que la relation Arctan x + Arctan y = 2 Arcsin est vraie si et seulement si :
(1 + x 2 )(1 + y2 )
,
Arctan x + Arctan y " .
4

,
L’application numérique invite à examiner le cas où y = x , avec alors Arctan x " .
8

, 1 4x 1 x 2
Pour Arctan x " , on a 2 Arctan x = Arcsin .
8 2 1 + x2
2

, ,
Pour x ! 0, la condition Arctan x " équivaut à x " tan .
8 8
, , , ,
, sin 2 sin cos sin ,
8 8 8 4
En utilisant tan = = = , on obtient tan = 2 1.
8 cos
,
2 cos2
,
1 + cos
, 8
8 8 4

La formule donnant 2 Arctan x est donc applicable pour x " 2 1.


2
4x 1 x
En première étape, on a 4 Arctan x = Arcsin 2 2
pour tout x tel que x " 2 1.
1+x

, 1
Pour tout x > 0, on a Arctan x = Arctan , ce qui permet d’effacer Arctan 4 au bénéfice
2 x
1
de Arctan .
4

134 Sujets d’oraux


, 1
Avec Arctan 4 = Arctan , il vient :
2 4
1
4 Arctan 4 = 2 , 4 Arctan ,
4
1
et avec 0 < < 2 1, on a :
4
1 1 1 / 16 15 16 240
4 Arctan = Arcsin 2 = Arcsin = Arcsin .
4 (1 + 1 / 16) 17 2 289
240
Et finalement, 4 Arctan 4 = 2 , Arcsin .
289

Ex. 33
n2
Arctan n
Étudier la limite de quand n tend vers + .
Arctan(n + 1)

Arctan n
Étudions d’abord en considérant #n Arctan n #n Arctan(n + 1) .
Arctan(n + 1)
La formule des accroissements finis est un bon début.

La fonction f : x ! #n (Arctan x ) est dérivable sur ]0, + [.


Pour n ! ! , on applique la formule des accroissements finis sur l’intervalle [n, n + 1] : il existe
cn !]n, n + 1[ tel que :
Arctan cn 1
f (n + 1) f (n ) = = .
Arctan cn 1 + cn2 Arctan cn
Étudions le comportement en + de f (n + 1) f (n ) en utilisant des équivalents.

Avec n < cn < n + 1, on a cn ! n et il vient 1 + cn2 ! n 2 .


, ,
Et, compte tenu de Arctan u ! , on a Arctan cn ! . On obtient ainsi :
+ 2 2
2
#n Arctan(n + 1) #n (Arctan n ) ! .
, n2
n2
Arctan n
En posant un = , on a #n un = n 2 #n Arctan(n + 1) #n (Arctan n ) .
Arctan(n + 1)
2 2
On en déduit que #n un ! , c’est-à-dire lim(#n un ) = .
, ,
2/,
Finalement, il vient : lim un = e .

Ex. 34
3x + x 3
Étudier la fonction f définie par f (x ) = Argth 3 Argth x .
1 + 3x 2

La fonction Argth est définie sur ] 1, 1[. Un premier objectif est d’étudier l’ensemble de
définition de f .

3x + x 3
Soit g la fonction définie sur " par g(x ) = . Elle est impaire et de classe sur ".
1 + 3x 2
Pour en étudier les variations, on calcule sa dérivée.

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 135
3(1 + x 2 ) 6x (3x + x 3 ) 3(x 2 1)2
On a g (x ) = 2 2 2 et on obtient g (x ) = 2 2 .
1 + 3x (1 + 3x ) (1 + 3x )
La fonction g est alors strictement croissante sur ". En outre, on a g( 1) = 1 et g(1) = 1.
On a donc g(x )!] 1, 1[ si et seulement si x !] 1, 1[.
En conclusion, la fonction f est définie sur ] 1, 1[. Elle est de classe .

Pour donner de f (x ) une expression différente, on dispose de trois méthodes : expression


logarithmique de Argth, utilisation de la dérivée de f , ou aussi trigonométrie hyperbolique.

Expression logarithmique
1 1+y
Pour tout y!] 1, 1[, Argth y = #n .
2 1 y

1 + g (x )
Pour exprimer f (x ) = Argth g(x ) 3 Argth x , calculons .
1 g(x )
1 + 3x + 3x 2 + x 3 (1 + x )3 1 3x + 3x 2 x
3
(1 x)
3
On a 1 + g(x ) = 2 = 2 et 1 g(x ) = 2 = 2 d’où :
1 + 3x 1 + 3x 1 + 3x 1 + 3x
1 + g(x ) (1 + x )3 1 1 + g(x ) 3 1+x
= puis Argth g(x ) = 2 #n 1 g(x ) = 2 #n 1 x = 3 Argth x .
1 g(x ) (1 x )3
La fonction f est donc la fonction nulle sur ] 1, 1[.

Utilisation de la dérivée
1
Pour y!] 1, 1[, on a Argth y = 2.
1 y

g (x )
Pour x !] 1, 1[, on a (Argth g) (x ) = 2 .
1 g (x )

(1 + x )3 (1 x)
3
(1 x )
2 3
Avec 1 + g(x ) = 2 et 1 g(x ) = 2 , il vient 1 g2 (x ) = .
1 + 3x 1 + 3x (1 + 3x 2 )2
2 2
3(1 x ) 3
Avec g (x ) = 2 2 , il vient (Argth g) (x ) = = 3 Argth (x ).
(1 + 3x ) 1 x2
Ainsi f est nulle sur ] 1, 1[ et, avec f (0) = 0, la fonction f est nulle sur ] 1, 1[.

Trigonométrie hyperbolique
th a + th b
Étant donné a et b réels, on a th(a + b) = .
1 + th a th b

Pour x !] 1, 1[, posons y = Argth x , c’est-à-dire x = th y.


2 th y th y + th(2y) 3 th y + th3 y
On a th(2y) = puis th(3y) = et on obtient th(3y) = .
1 + th y 2 1 + th y th(2y) 1 + 3 th2 y
3 th y + th3 y 3x + x 3
Il s’ensuit 3 Argth x = 3y = Argth(th 3y) = Argth = Argth .
1 + 3 th2 y 1 + 3x 2
Ainsi, f est la fonction nulle sur ] 1, 1[.

136 Sujets d’oraux


Ex. 35
n
1
On considère la suite (Sn ) définie pour n ! ! par Sn = Arctan .
k =1
2k 2
k k 1
Étudier la convergence de (Sn ) ; on pourra calculer Arctan k + 1 Arctan
k
.

tan a tan b
En trigonométrie : tan(a b) = est vrai pour tout couple (a, b) de réels
1 + tan a tan b
compris entre 0 et , / 2.

k k 1
Pour tout k ! ! , les réels et sont dans [0, 1]. On pose alors :
k+1 k
k k 1
a = Arctan et b = Arctan k .
k+1
k k 1
Alors tan a = et tan b = donnent :
k+1 k
1 2k
tan a tan b = et 1 + tan a tan b =
k (k + 1) k+1
1
et il s’ensuit tan(a b) = .
2k 2
,
L’égalité Arctan(tan x ) = x n’est vraie que pour x < .
2
k 1 k , ,
Comme on a 0 " < < 1, il vient 0 " b < a < , d’où 0 < a b<
k k+1 4 4
On peut alors écrire Arctan tan(a b) = a b.
k+1 k 1 1
On en déduit alors Arctan Arctan = Arctan .
k k 2k 2
Le calcul de Sn est alors immédiat par télescopage.
n
k k 1
On peut alors écrire Sn = Arctan Arctan et on en déduit :
k+1 k
k =1
n
Sn = Arctan .
n+1
,
Il vient alors lim Sn = Arctan 1, c’est-à-dire lim Sn = .
4

Ex. 36
1) Calculer Arctan 2 + Arctan 5 + Arctan 8.

5,
2) Résoudre l’équation x ! ", Arctan(x 3) + Arctan x + Arctan(x + 3) =
4
.

1)
1 ,
Deux points techniques sont utiles : pour tout x > 0, on a Arctan x + Arctan = , et, pour
x 2
x+y
xy < 1, on a Arctan x + Arctan y = Arctan .
1 xy

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 137
1 1 1 1 2
On a Arctan 2 + Arctan 8 = , Arctan et Arctan + Arctan = Arctan
Arctan
8 2 2 8 3
2
donc Arctan 2 + Arctan 5 + Arctan 8 = , + Arctan 5 Arctan .
3
, 1 2 1 ,
Avec Arctan 5 = 2 Arctan
5
et Arctan 3 + Arctan 5 = Arctan 1 = 4 , il vient :
5,
Arctan 2 + Arctan 5 + Arctan 8 = .
4

2)
La fonction Arctan est continue sur " et strictement croissante.

La fonction réelle définie sur " par f (x ) = Arctan(x 3) + Arctan x + Arctan(x + 3) est continue
et strictement croissante.
3, 3, 3, 3,
Avec lim f (x ) = et lim f (x ) = , il vient f (") = , .
x 2 x + 2 2 2
3, 3,
Tout x ! , admet donc un antécédent et un seul par f .
2 3
Il suffit alors de remarquer que Arctan 2 + Arctan 5 + Arctan 8 = f (5).

5,
La question précédente a permis de voir que f (5) = 4 .
5,
L’équation x ! ", f (x ) = a donc 5 pour unique solution.
4

F Formule de Taylor

Ex. 37
3
On considère deux fonctions f et g de classe sur un intervalle de centre 0.
(3)
On suppose que f et g sont impaires et que g (0) " 0.
f (x ) 2f (2x ) + f (3x )
Étudier la limite quand x tend vers 0 de .
g(x ) 2g(2x ) + g(3x )

f (x ) 2f (2x ) + f (3x )
Soit h : x ! g(x ) 2g(2x ) + g(3x )
.

Comme f et g sont impaires, on a f (0) = g(0) = 0. La fonction h n’est pas définie en 0.


La formule de Taylor-Young va permettre de préciser :
f (x ) 2f (2x ) + f (3x ) et g(x ) 2g(2x ) + g(3x ) au voisinage de 0.

f et g étant impaires, il en est de même pour f et g , donc f (0) = g (0) = 0.


Utilisons la formule de Taylor-Young.
2 3
x x
Lorsque x tend vers 0, on a : f (x ) = f (0) + xf (0) + 2 f (0) + 6 f (0) + o(x 3 ).
3
x
f étant impaire, il vient f (0) = f (0) = 0 et donc f (x ) = xf (0) + f (0) + o(x 3 ).
6

138 Sujets d’oraux


4x 3 9x 3
On en déduit f (2x ) = 2xf (0) + f (0) + o(x 3 ) et f (3x ) = 3xf (0) + f (0) + o(x 3 ) et enfin :
3 2

f (x ) 2f (2x ) + f (3x ) = 2x 3 f (0) + o(x 3 ).

Un calcul analogue donne g(x ) 2g(2x ) + g(3x ) = 2x 3 g (0) + o(x 3 ), d’où :

f (x ) 2f (2x ) + f (3x ) f (0) + 0(1)


= .
g(x ) 2g(2x ) + g(3x ) g (0) + 0(1)

f (x ) 2f (2x ) + f (3x ) f (0)


On en déduit que lim = .
x 0 g(x ) 2g(2x ) + g(3x ) g (0)

Ex. 38
2
Soit f une fonction de " dans ", de classe .
On suppose que : $(x, y) ! "2 , f (x y)f (x + y) " f 2 (x ).
2
Montrer que, pour tout x ! ", on a f (x )f (x ) " f (x ) (1).

La conclusion souhaitée ne concerne qu’une variable alors que l’hypothèse porte sur deux
variables.

On va donc, pour x fixé quelconque dans ", exploiter l’hypothèse avec un passage à la limite
pour y tendant vers 0.

On exprime alors f (x + y) en fonction de f (x ), f (x ) et f (x ) en utilisant la formule de Taylor.


On a ainsi l’opportunité de faire apparaître ces nombres en vue de (1).

2
Comme f est de classe sur ", la formule de Taylor-Young donne, lorsque y tend vers 0 :

2 2
y y
f (x + y) = f (x ) + yf (x ) + f (x ) + o(y2 ) et f (x y) = f (x ) yf (x ) + f (x ) + o(y2 ).
2 2

En multipliant membre à membre ces deux égalités, il vient :

f (x + y)f (x y) = f (x )2 + y2 f (x )f (x ) f (x )2 + o(y2 ).

2
f (x + y)f (x y) f (x )
On en déduit 2 = f (x )f (x ) f (x )2 + o(1), donc aussi :
y

2
f (x + y)f (x y) f (x )
f (x )f (x ) f (x )2 = lim 2
.
y 0 y

f (x + y)f (x y) f (x )2
Avec f (x + y)f (x y) f (x )2 " 0, il vient lim 2
" 0, et on obtient :
y 0 y

f (x )f (x ) f (x )2 " 0.

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 139
G Développements limités, comparaison

Ex. 39
n n
1) Soit (un )n !! et (vn )n !! des suites de "+ . On pose Un = uk et Vn = vk .
k =1 k =1
Montrer que si lim Vn = + , et un = o(vn ), alors on a Un = o(Vn ).

2) Soit (an )n !! et (bn )n !! des suites de réels positifs.


n n
On note An = ak et Bn = bk et on suppose que : (1) an ! bn et (2) lim Bn = + .
k =1 k =1
Montrer que An ! Bn .

Ce sujet concerne les suites positives, et elles seulement !


C’est cela qu’il faut utiliser pour traduire que un = o(vn ).

1) Exprimons que un = o(vn ), en utilisant un ! 0 et vn ! 0.


$- > 0, &p ! !, n ! p un " -vn .
n n
On en déduit uk " - vk c’est-à-dire Un U p " - Vn Vp .
k =p+1 k =p+1
Avec lim Vn = + , on a l’existence de q ! ! tel que n ! q Vn > 0.
Un Up -Vp
Il vient alors, pour n ! sup(p, q), V " - + .
n Vn
Up -Vp Up -Vp
Avec lim = 0, on a &r ! !, $n ! r , " - et donc $n ! sup(p, q, r ),
n + Vn Vn
Un
0" " 2-. Il s’ensuit Un = o(Vn ).
Vn

2)
Après avoir exprimé que an ! bn , on utilise la première question.
n
On a an bn = o(bn ) et lim Bn = + . En remarquant que An Bn " an b n , la
k =1
première question donne donc :
An Bn = o(Bn ) c’est-à-dire An ! Bn .

Ex. 40
1
Étudier la suite (xn ) définie par x0 > 0 et xn +1 = xn + .
xn2

Une suite réelle croissante et strictement positive est ou bien convergente, de limite # > 0, ou
bien de limite + .

1
Si on a xn > 0, il vient xn +1 = xn + 2 > 0.
xn
Avec x0 > 0, on en déduit xn > 0 pour tout n ! !.

140 Sujets d’oraux


1
En outre, xn +1 xn = 2 assure que (xn ) est strictement croissante.
xn
Si (xn ) admet une limite réelle #, on a nécessairement # > 0, alors lim xn +1 xn = 0 et
1 1
lim = donne une contradiction.
xn2 #2
En conséquence, on a lim xn = + .
Pour préciser la vitesse de convergence vers + de cette suite, il est d’usage de chercher un
1
équivalent de xn en utilisant que est de limite 0.
xn
Une démarche classique consiste à élever à une puissance % et, au vu des termes significatifs, de
choisir % au mieux de nos intérêts.

1
En élevant xn +1 = xn 1 + 3 à la puissance %, on utilise le développement classique :
xn
(1 + h )% = 1 + %h + o(h ).
% 1 3 3
xn%+1 = xn% 1+ 3 +o 3 = xn% + %xn% + o xn% .
xn xn
En choisissant % = 3, il vient xn3+1 xn3 = 3 + o(1), c’est-à-dire xn3+1 xn3 ! 3.

On a vu dans l’exercice précédent que l’on peut ajouter des équivalents lorsque certaines condi-
tions sont réalisées. Il est vivement conseillé de s’y reporter.
n n
Avec le résultat rappelé ci-dessus, on est en droit d’écrire (xk3+1 3
xk ) ! 3 = 3(n + 1),
k =0 k =0
c’est-à-dire xn3+1 x03 ! 3(n + 1) puis xn3+1 ! 3(n + 1).
Alors xn3 ! 3n donne finalement xn ! 3
3n .

Ex. 41
1) E désignant la fonction partie entière, montrer que pour tout %!]0, 1[, e E (x ) et ex sont
% %

équivalents en + ,

2) Montrer que, pour % ! 1, eE (x ) et ex ne sont pas équivalents en + .


% %

On a eu (x ) ! ev(x ) si et seulement si u (x ) v(x ) est de limite 0 en + .


+

C’est une faute grave d’imaginer que u (x ) ! v(x ) implique eu (x ) ! ev(x ) !


+ +
Examinons en préliminaire deux cas significatifs.

1 E (x ) E (x )
Pour tout x > 0, x 1 < E (x ) " x donne 1
< " 1, et il vient lim = 1,
x x x + x
c’est-à-dire E (x ) ! x . On en déduit que E (x )% ! x % .
+ +

1 x E (x ) 1
Examinons le cas où % = 2 . On a 0 " x E (x ) = " .
x+ E (x ) 2 E (x )
x
On en déduit que lim x E (x ) = 0, puis que e E (x ) ! e .
x + +

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 141
On examine le cas où % = 1. Remarquons que x E (x ) n’est pas de limite 0 en + .
1 1 1
En effet, pour tout n ! ! , on a n + E n+ = .
2 2 2
eE (x ) et ex ne sont donc pas équivalents en + .
u (x )
C’est un des multiples exemples où e et ev(x ) ne sont pas équivalents bien que u (x ) et v(x )
le soient.

1) Étudions le premier cas global : %!]0, 1[.


Pour x > 1, on a 1 " E (x ) " x et 0 " x 1 < E (x ), d’où E (x )% " x % et E (x )% > (x 1)% .
Il s’ensuit que 0 " x % E % (x ) < x % (x 1)% .
1 %
Or x % (x 1)% = x % 1 1 .
x
Le développement limité classique (1 h )% = 1 %h + o(h ) en 0 donne :
%
1 %
1 1 !
x + x
%
et il s’ensuit x % (x 1)% ! 1 %
.
+ x
%
= 0, c’est-à-dire eE (x ) ! ex .
%
% %
On a donc, pour tout %!]0, 1[, lim x E (x )
x + +

2) Étudions enfin le deuxième cas global : % ! 1.


1
Dans le cas particulier % = 1, on a fait intervenir n + avec n ! ! . Il est raisonnable de s’en
2
inspirer pour traiter ce dernier cas.
%
1 1
Considérons xn = n + avec n ! ! . Alors E (xn ) = n et xn% %
E (xn ) = pn + n%.
2 2
% % %
1 1 1 %
n+ n% = n% 1+ 1 et 1 + 1! donne :
2 2n 2n 2n
%
1 % % 1
n+ n% ! n .
2 2
On en déduit que, pour % ! 1, xn% E (xn )% n’est pas de limite 0 en + , donc que x % E % (x )
n’est pas de limite 0 en + , c’est-à-dire que eE (x ) et ex ne sont pas équivalents en + .
% %

Ex. 42
1
Soit (un ) la suite définie par u0 = 1 et $n ! !, un +1 = 1 + nu .
n
1
Prouver que $n ! ! , " un et donner un équivalent de un .
1+ n

On a un > 0 pour tout n puis un < 1 pour tout n ! 1.


1
Avec 1 + nun > nun pour n ! 1, il vient un un +1 " .
n
1 1
On peut espérer obtenir un " et, si cela était, on aurait effectivement un un +1 " .
n n
Pour procéder par récurrence en vue de majorer un +1 , il faudrait une minoration de un . Ce sera
le rôle de celle qui est proposée.

142 Sujets d’oraux


1 1
u1 = est compris entre et 1.
2 2
1 1
Supposons que, pour n ! 1, on ait " un " .
1+ n n
1
un " donne 1 + nun " 1 + n et on en déduit 1 + nun " 1 + n + 1.
n
1
Il s’ensuit que " un +1 .
1+ n+1
1 n 1
" un donne 1 + " 1 + nun puis un +1 " .
1+ n 1+ n n
1+
1+ n
1 1
Pour conclure, il suffit de prouver que " ce qui équivaut à :
n n+1
1+
1+ n
n n n n
n+1"1+ c’est-à-dire n+1 1" ou encore " ,
1+ n 1+ n n+1+1 1+ n
ce qui découle de n" n + 1.
1 1
En conclusion pour tout n ! ! , on a " un " .
1+ n n
1
Il en découle immédiatement que un ! .
n

1
Une fois envisagé l’éventualité de un " , la suite est assez facile.
n
La clé de cet exercice réside donc là et c’est ce qui le rend un peu délicat.

Ex. 43
Soit f une fonction réelle définie et deux fois dérivable sur [0, 1].
On suppose que f (0) = f (0) = 0, f (1) = 1 et f (1) = 0.
Montrer qu’il existe % ! ]0, 1[ tel que f (%) ! 4.

On procède par contraposée, en utilisant la formule de Taylor-Lagrange.

Supposons que, pour tout x ! ]0, 1[ , f (x ) < 4.


1 1
f étant deux fois dérivable sur 0, , il existe % ! 0, tel que :
2 2
1 1 1
f = f (0) + f (0) + f (%)
2 2 8
en application de la formule de Taylor-Lagrange.
1 1
Il s’ensuit, avec les hypothèses sur f et l’hypothèse de travail : f 2 <
2
(1).

1
En appliquant cette même formule sur l’intervalle ,1 ,
2
1 1 1 1
& ' ! ,1 , f = f (1) f (1) + f (')
2 2 2 8

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 143
1 1
et donc, dans les mêmes conditions : 1 f < (2).
2 2
1 1 1 1
Avec (1) et (2), on obtient : 1 = 1 f +f " 1 f + f < 1.
2 2 2 2
Cette contradiction évidente montre que : & % !]0, 1[, f (%) ! 4.

Autre démonstration
Considérons l’application g de [0, 1] dans " définie par g(x ) = f (1 x) f (x ).
Elle est deux fois dérivable comme f .
On peut lui appliquer la formule de Taylor-Lagrange :
1 1 1 1
il existe c ! 0, 2 , tel que g 2 = g(0) + 2 g (0) + 8 g (c ).
Avec g (x ) = f (1 x ) f (x ) et g (x ) = f (1 x ) f (x ), il vient :
1
g(0) = 1 , g (0) = 0 , g = 0 , g (c ) = 8
2
et donc : 8" f (1 c ) + f (c ) " f (1 c ) + f (c ) .
Pour % = c ou pour % = 1 c , on a f (%) ! 4.

Ex. 44
Soit f une fonction réelle définie et de classe sur un intervalle [a, b].
Pour n ! ! , la formule de Taylor-Lagrange donne $h ! " tel que a + h ! [a, b],
n 1 k n
h (k ) h (n )
(1) & /n !]0, 1[, f (a + h ) = f (a ) + f (a ) + f a + /n h .
k! n!
k =1

1
1) On suppose f (n +1) (a ) " 0. Montrer que lim /n = .
h 0 n+1
Que dire de /n si f est une fonction polynôme de degré au plus égal à n + 1 ?

2) On suppose qu’il existe p ! ! tel que :


f (n +1) (a ) = f (n +2) (a ) = . . . = f (n +p 1) (a ) = 0 et f (n +p) (a ) " 0.
Étudier alors la limite de la suite (/n ).

On commence par comparer les relations (1) aux ordres n et n + 1.


On peut supposer a < b et 0 " h " b a.

1) La comparaison des relations (1) aux ordres n et n + 1 donne, pour h > 0 :


h
(2) : f (n ) (a + /n h ) = f (n ) (a ) + f (n +1) (a + /n +1 h ),
n+1
et, avec la formule des accroissements finis, la relation (2) devient :
1
(3) : /n f (n +1) (a + ( /n h ) = f (n +1) (a + /n +1 h ) avec ( !]0, 1[.
n+1
f (n +1) est continue en a et f (n +1) (a ) " 0 ; donc & % > 0, $t ! [a, a + %], f (n +1) (t ) " 0.
1 f (n +1) (a + /n +1 h )
Pour 0 < h < %, la relation (3) donne /n =
n + 1 f (n +1) (a + ( /n h )

144 Sujets d’oraux


Puisque l’on a f (n +1) (a + /n +1 h ) = f (n +1) (a ) + o(1) et f (n +1) (a + ( /n h ) = f (n +1) (a ) + o(1),
d’après la continuité de f (n +1) en a , il vient :
1
lim /n = .
h 0 n+1
Si f est une fonction polynôme de degré n + 1, sa dérivée d’ordre n + 1 est constante et la
1
relation (3) donne /n = n + 1 , indépendamment de h .

2)
Dans le même esprit, on compare les relations (1) aux ordres n et n + p.

La comparaison des relations (1) aux ordres n et n + p donne, pour h > 0 :


n!
(4) : f (n ) (a + /n h ) = f (n ) (a ) + h p f (n +p) (a + /n +p h ).
(n + p)!
puis, en appliquant la formule de Taylor à la fonction f (n ) à l’ordre p :
(/n h )p (n +p)
(5) : f (n ) (a + /n h ) = f (n ) (a ) + f (a + ( /n h ) avec ( !]0, 1[.
p!
La comparaison des relations (4) et (5) donne :
p n ! p!
(6) : /n f (n +p) (a + ( /n h ) = f (n +p) (a + /n +p h ).
(n + p)!
f (n +p) est continue en a et f (n +p) (a ) " 0 ; donc &% > 0, $t ! [a, a + %], f (n +p) (t ) " 0.
Avec f (n +p) (a + /n +p h ) = f (n +p) (a ) + o(1) et f (n +p) (a + ( /n h ) = f (n +p) (a ) + o(1), la relation (6)
1
p n !p ! p p
donne : lim /n = = "n +p .
h 0 (n + p)!
1
Dans le cas particulier p = 1, on retrouve bien .
n+1
3
x
Exemple : sin x = x 6
cos(/x ), avec / !]0, 1[.

2!3! 1
Dans ce cas n = 3, p = 2 et on a donc lim / = = .
x 0 5! 10

Ex. 45
1
Étudier la limite, quand x tend vers + , de ch x + 1 ch x x .

La fonction f est définie sur ]0, + [, pour tenir compte de x.


Et, pour tout x ! 0, on a ch x +1 ch x > 0.
1
Posons f (x ) = ch x + 1 ch x x et +(x ) = #n f (x ) .
Un peu de trigonométrie hyperbolique : étant donné u et v réels, on a :
u+v u v
ch u ch v = 2 sh sh .
2 2

x +1 x x +1+ x
Avec ch x + 1 ch x = 2 sh sh , on a :
2 2
1 x +1 x x +1+ x
+(x ) = #n 2 sh sh
x 2 2

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 145
1 1 x +1 x 1 x +1+ x
d’où : +(x ) = #n 2 + #n sh + #n sh .
x x 2 x 2
#n 2
Le premier terme est de limite banale : (1) lim = 0.
x + x
x+1 x 1
Pour le second terme, on note que = donc :
2 2( x + 1 + x)
x +1 x
lim = 0.
x + 2
Alors, avec sh u ! u , il vient :
0

x +1 x 1 1
sh ! ! .
2 + 2( x + 1 + x) 4 x
Une situation usuelle à connaître : lorsque les fonctions u et v sont positives et de limites 0 ou
bien de limites + , avec u (x ) ! v(x ), on a #n u (x ) ! #n v(x ).

x +1 x 1 1 1
On en déduit #n sh ! #n et, avec #n = 2 #n 2 #n x , il vient :
2 4 x 4 x 2
x +1 x 1 1 x +1 x 1
#n sh ! #n x puis enfin #n sh ! #n x .
2 2 x 2 + 2 x
1 x +1 x
Il en résulte finalement : (2) lim #n sh = 0.
x + x 2
x+ x +1
Étudions enfin le troisième terme : #n sh .
2
1 t
Rappelons que, pour t tendant vers + , on a sh t ! e .
2

x+ x +1 1 x + x +1 x+ x +1
On a sh ! e 2 puis, avec lim sh =+ :
2 2 x + 2
x+ x+1 1 x + x +1 1 x + x +1
#n sh ! #n e 2 = #n + #n e 2 .
2 2 2

x + x +1 x+ x +1 x+ x +1
Notons que #n e 2 = et que ! x.
2 2
1 x +1+ x
On en déduit finalement que (3) lim #n sh = 1.
x + x 2
En regroupant les trois résultats établis, il vient lim #n f (x ) = 1 et donc :
x +
lim f (x ) = e.
x +

Ex. 46
sh t2 + t sh t2 t
Étudier la limite, quand t tend vers + , de 2 6
.
1 t t 2
1+ #n t
t 6

On traite séparément le numérateur et le dénominateur en en cherchant des équivalents, avec


1
éventuellement des développements limités en .
t

146 Sujets d’oraux


1 t2 t 2 #n 1+ 1
Pour le dénominateur, on a 1+ =e t .
t
1 1 1 1 1 1 1
Avec #n 1 + t = t 2 t +o 2 =t
2
+ o(1), il vient que : t ! #n 1 + t
2
2t 2 t t
admet 0 pour limite quand t tend vers + .
On utilise alors la règle usuelle eu ! ev lim(u v) = 0.
1 t2 t 1
Il en résulte que : 1+ !e 2 quand t tend vers + .
t
Pour en finir avec le dénominateur, on utilise que, si u = v + % avec % = o(v), alors u ! v.
Par ailleurs, les comparaisons de fonctions usuelles permettent de dire que :
t 6 #n 2 t = o(et ) en + .
t2 6
1 t t 1
On obtient donc en première conclusion : D = 1 + #n 2 t ! e 2 .
t 6
Étude du numérateur N = sh t 2 + t sh t2 t.
Un équivalent s’étudie dans un langage multiplicatif. Le premier soin est de transformer le
a b a+b
numérateur en produit : sh a sh b = 2 sh ch .
2 2

t2 + t t2 t t2 + t + t2 t
On a sh t 2 + t sh t2 t = 2 sh
2
ch
2
.
1 1
1 t 1 2 1 2
En écrivant t2 +t t2 t = 1+ 1 , avec :
2 2 t t

1 1
1 2 1 1 1 2 1 1
1+ =1+ +o et 1 =1 +o ,
t 2t t t 2t t
1 t 1 1 1 1
il vient : 2 t2 + t t2 t = +o = + o(1) ! quand t tend vers + .
2 t t 2 2

t2 + t t2 t 1
On a donc sh ! sh .
2 2
Pour le second terme du produit, on commence au contraire par un équivalent de ch :
1 u
ch u ! e .
+ 2
t2 + t + t2 t
Quand u tend vers + , on a lim =+ , donc :
t + 2
t 2 +t + t 2 t
t2 + t + t2 t 1
ch ! e 2 .
2 2
De même que ci-dessus, on obtient :
1 1
1 t 1 2 1 2 t 1
t2 + t + t2 t = 1+ + 1 = 2+o = t + o(1)
2 2 t t 2 t

t 2 +t + t 2 t
et il s’ensuit e 2 ! et .
1
Finalement, en deuxième conclusion, N ! et sh .
2
En regroupant ces deux conclusions, on conclut que, quand t tend vers + , on a :
N 1 1 1 1
! e 2 sh = (e 1). La limite cherchée est ainsi (e 1).
D 2 2 2

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 147
Thèmes d’étude - Problèmes
1 Partie entière et densité
Pour tout x réel, on pose f (x ) = x E (x ), où E (x ) désigne la partie entière de x , et on
considère l’ensemble Fx = f (nx ), n ! ! .

1) a) Vérifier que, pour tout x ! ", on a 0 " f (x ) < 1.


b) Vérifier que, pour tout x ! " et pour tout k ! #, on a f (x + k ) = f (x ).
c) Montrer que, pour tout x ! " et pour tout p entier, on a f (px ) = f pf (x ) .

2) a) Montrer qu’un réel x est rationnel si et seulement si il existe un entier q non nul tel
que f (qx ) = 0.
p
b) Soit x un rationnel : il existe des entiers p et q, q > 0, tels que x = .
q
Soit n ! ! et r le reste dans la division de n par q, Montrer qu’on a f (nx ) = f (rx ).
En déduire que l’ensemble Fx est fini.

Dans la suite du problème, on considère un réel x qui n’est pas rationnel.

3) a) Soit x irrationnel. Montrer que Fx admet une borne inférieure, alors notée %.
b) On suppose que % > 0.
Justifier que k ! !, k % !1 admet un plus petit élément.
% +1
En notant p ce plus petit élément, vérifier que l’on a % < .
p

% +1
c) Montrer qu’il existe n ! ! tel que % " f (nx ) < p
.

d) En déduire que E pf (nx ) ! 1 et que f pf (nx ) < %.


Mettre en évidence une contradiction et conclure.

4) a) Justifier que, pour tout réel ( > 0, il existe n ! ! tel que 0 < f (nx ) < (.
b) Montrer que tout intervalle ]a, b[, 0 < a < b < 1, contient un élément de Fx .

Solution

1) a) Avec E (x ) " x < E (x ) + 1, il vient 0 " x E (x ) < 1, c’est-à-dire 0 " f (x ) < 1.

b) f (x + k ) = x + k E (x + k ). Or, pour tout k ! #, on a E (x + k ) = E (x ) + k . Il s’ensuit :


f (x + k ) = f (x ).

c) De x = E (x ) + f (x ) on déduit px = pE (x ) + pf (x ). Comme pE (x ) est un entier, on utilise le


résultat ci-dessus pour obtenir :
f (px ) = f pE (x ) + pf (x ) = f pf (x ) .

2) Remarque : f (x ) = 0 équivaut à x = E (x ), c’est-à-dire f (x ) = 0 x ! #.

148 Thèmes d’étude – Problèmes


a) Pour x rationnel, il existe p et q entiers, q " 0, tels que qx = p. On a donc f (qx ) = f (p) = 0.
Supposons qu’il existe q entier non nul tel que f (qx ) = 0. Alors qx est un entier, donc x est
rationnel.
b) La division de n par q se lit n = bq + r , avec b entier et r ! [[ 0, q 1 ]].
Avec nx = bqx + rx et qx = p entier, donc bqx entier, il vient f (nx ) = f (rx ).
Il y a q valeurs possibles pour r , donc l’ensemble des rx est fini et il s’ensuit que l’ensemble Fx
est fini.

3) a) Fx contient f (x ) et il est minoré par 0. Il admet donc une borne inférieure.


b) Avec % > 0, l’ensemble H% des entiers k tels que k % !1 est non vide (propriété d’Archimède)
et ces entiers sont strictement positifs.
Il reste à rappeler que toute partie non vide de ! admet un plus petit élément.
% +1
p 1 n’est pas dans H% , donc (p 1)% < 1, d’où p% < % + 1. Avec p > 0, il vient % < .
p

% +1
c) n’est pas un minorant de Fx donc il existe un élément de Fx qui lui est strictement
p
% +1
inférieur. Il existe ainsi n ! ! tel que f (nx ) < . Et on a bien sûr % " f (nx ).
p

d) Multiplions par p > 0 cette double inégalité : p % "pf (nx ) < % + 1.


Avec 1 " p%, il vient 1 " pf (nx ) donc E pf (nx ) ! 1.
Alors il vient f pf (nx ) = pf (nx ) E pf (nx ) " pf (nx ) 1.
Et avec pf (nx ) 1 < %, on obtient f pf (nx ) < %.
Le résultat 1)c) donne f pf (nx ) = f (pnx ) et finalement on a obtenu f (pnx ) < %.
Comme pn est un entier naturel non nul, f (pnx ) est un élément de Fx et il est strictement
inférieur au minorant % de cet ensemble. On a ainsi mis en évidence une contradiction.
Comme les valeurs prises par f sont positives, la borne inférieure % de Fx vérifie % ! 0.
L’hypothèse % > 0 conduit à une contradiction, elle est donc à rejeter.
En conclusion, on a % = 0.

4) a) ( > 0 n’est pas un minorant de Fx ; il existe donc n ! ! tel que f (nx ) < (.
On a f (nx ) ! 0 et, avec x irrationnel, on a f (nx ) " 0 (question 2/a). Il s’ensuit finalement :
0 < f (nx ) < (.

b) Avec b a > 0, il existe alors n ! ! tel que 0 < f (nx ) < b a.


Avec a > 0 et f (nx ) > 0, il existe k ! ! tel que kf (nx ) > a (propriété d’Archimède).
Soit p le plus petit de ces entiers naturels non nuls k .
Alors on a pf (nx ) > a et (p 1)f (nx ) " a ; on en déduit pf (nx ) " a + f (nx ) < a + (b a ) = b.
On a donc obtenu a < pf (nx ) < b.
En particulier 0 < pf (nx ) < 1 donne E pf (nx ) = 0 puis f pf (nx ) = pf (nx ).
En outre, la propriété 1/c) donne f pf (nx ) = f (pnx ).
On en déduit que pf (nx ) = f (pnx ) et il s’ensuit a < f (pnx ) < b. Il reste donc à dire que
f (pnx ) ! Fx pour conclure.

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 149
2 Suites extraites monotones
Soit (un )n !! une suite réelle.

1) On considère l’ensemble E = k ! !, $p ! !, p > k up ! uk .

a) Montrer que, si E est une partie infinie de !, alors (un ) admet une suite extraite qui est
croissante.
b) Montrer que, si E est une partie finie de !, alors (un ) admet une suite extraite qui est
décroissante.

2) En déduire le théorème : de toute suite bornée, on peut extraire une suite convergente.

Solution

Ce résultat est connu sous le nom de «théorème de Bolzano-Weierstrass».


Une démonstration classique est basée sur la méthode de dichotomie.
Il n’intervient ici qu’à titre de mise en œuvre de la notion de suite extraites.

1) a) Premier cas : E est une partie infinie de !.


Avec E # ! et E " #, il existe +(0) = min E . Pour n ! !, on construit +(n ) par récurrence.
Étant donné n ! !, En = E ) [[ 0, +(n ) ]] est non vide car E est infini. Notons +(n + 1) son plus
petit élément.
La suite +(n ) ainsi définie est strictement croissante, donc u+(n ) est extraite de (un ).
Pour tout n ! !, on a +(n ) ! E et +(n + 1) > +(n ), donc u+(n +1) ! u+(n ) et la suite u+(n ) est
croissante.
b) Second cas : E est une partie finie de !.
L’ensemble M des entiers majorants stricts de E est une partie infinie.
On pose +(0) = min M et on construit +(n ) par récurrence.
Notons que, pour tout élément m de M , il existe p ! ! tel que p > m et up < um .
Étant donné +(n ) ! M , il existe donc un entier, noté +(n + 1) tel que :
+(n + 1) > +(n ) et u+(n +1) < u+(n ) .
La suite u+(n ) ainsi définie est extraite de (un ) et elle est (strictement) décroissante.

2) Soit une suite bornée de réels. D’après la question précédente, on peut en extraire une suite
monotone.
Extraite d’une suite bornée, elle est bornée. Bornée et monotone, elle est alors convergente.

150 Thèmes d’étude – Problèmes


3 Suites de Cauchy
Le seul théorème qualitatif (et non quantitatif) au programme est celui relatif aux suites ou
aux fonctions monotones.
Une notion intuitive de convergence pourrait s’exprimer approximativement par : «une suite est
convergente quand la différence entre des termes est aussi petite que l’on veut pourvu que les
indices soient assez grands».
Cette situation est formalisée sous l’appellation de «suite de Cauchy».

Définition. On dit qu’une suite réelle (un ) est de Cauchy lorsque :


$r > 0, &p ! !, $(m, n ) ! !2 , m ! p et n ! p un um < r .

1) a) Montrer que toute suite extraite d’une suite de Cauchy est une suite de Cauchy.
b) Montrer que toute suite de Cauchy est bornée puis que, de toute suite de Cauchy, on peut
extraire une suite convergente. Utiliser le problème précédent.
2) Montrer que toute suite convergente est une suite de Cauchy.
L’objet de la question suivante est d’étudier la réciproque de cette propriété.
3) Soit (un ) une suite de Cauchy. On suppose qu’il existe une suite extraite (u+(n ) ) convergente,
de limite #.
Montrer que (un ) converge vers #.
Ce théorème est qualitatif ; il n’est pas associé à une recherche ou un calcul explicite de limite.
Comme le théorème de la limite monotone, il s’applique aux suites réelles mais, par exemple,
il est en défaut pour des suites à valeurs dans $.

Solution

1) a) Soit (vn ) = u+(n ) une suite extraite d’une suite (un ) de Cauchy.
$r > 0, &p ! !, $(m, n ) ! !2 , m ! p et n ! p um un < r . Comme on a +(m ) ! m et
+(n ) ! n , il vient u+(m ) u+(n ) < r et (vn ) vérifie alors la propriété de Cauchy.
b) Soit (un ) une suite de Cauchy.
Il existe p ! ! tel que, pour tout n ! p, on ait un up < 1, d’où un < 1 + up .
En posant A = max uk , k ! [[ 0, p ]] , on obtient un " 1 + A pour tout n ! !.
On en déduit (avec le théorème de Bolzano-Weierstrass vu en thème précédent) que, de toute
suite de Cauchy, on peut extraire une suite convergente.
r
2) Soit (un ) une suite de limite # ! " : $r > 0, &p ! !, $n ! !, n ! p un # < .
2
r r
Alors, pour tout (m, n )!!2 , m ! p et n ! p um # < et un # < , d’où um un < r .
2 2
Ainsi (un ) possède la propriété de Cauchy.
3) Soit (un ) une suite de Cauchy. Il existe une suite (u+(n ) ) extraite convergente (objet de la
r
question 1)b). Notons # sa limite : $r > 0, &p ! !, $n ! !, n ! p u+(n ) # < et aussi :
2
r
&q ! !, $(m, n ) ! !2 , m ! q et n ! q un um < .
2
Pour n ! max p, q = N , +(n ) ! n donne +(n ) ! N puis un # " un u+(n ) + u+(n ) # < r.
Il s’ensuit que (un ) converge vers #.

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 151
4 Inégalité des moyennes
On considère n ! ! quelconque et x1 , . . . , xn réels strictement positifs.
L’objet de ce sujet est de montrer l’inégalité : (x1 + . . . + xn )n ! n n x1 . . . xn (En )
avec égalité si et seulement si tous les xi sont égaux.
1) a) Vérifier l’inégalité (E2 ) et examiner le cas d’égalité.
b) Montrer (En ) est vraie pour tout n = 2p , avec p ! ! .
2) Montrer que, si la propriété est vraie pour n ! !, n ! 2, alors elle est vraie pour n 1.
En déduire que la propriété est vraie pour tout n ! ! .

1
3) Montrer que, pour tous y1 , . . . , yn dans "+ , on a y + . . . + yn ! n y1 . . . yn .
n 1

Solution

1
La dernière question justifie le titre de ce sujet : y + . . . + yn est la moyenne arithmétique
n 1
des n nombres y1 , . . . , yn et n y1 . . . yn en est la moyenne géométrique.
Ce type d’inégalité trouvera un traitement plus systématique et plus simple dans le contexte des
fonctions convexes.

2 2
1) a) Pour n = 2, l’inégalité (E2 ) est x1 + x2 ! 4x1 x2 ; elle équivaut à : x1 x2 ! 0.
Il y a égalité si et seulement si x1 = x2 .
b)
On examine le cas où n = 22 et on s’en inspire pour le cas général.
La clé est, pour quatre termes, de se ramener à l’exploitation de (E2 ).
4 2 2
Pour n = 22 , on a x1 + x2 + x3 + x4 = x1 + x2 + x3 + x4 .
2 2 2
Avec x1 + x2 + x3 + x4 ! 22 x1 + x2 x3 + x4 et x1 + x2 ! 4x1 x2 , x3 + x4 ! 4x3 x4 ,
il vient :
4
x1 + x2 + x3 + x4 ! 44 x1 x2 x3 x4 .
Il y a donc égalité si et seulement si chacune des trois inégalités est une égalité, c’est-à-dire quand :
x1 + x2 = x3 + x4 , x1 = x2 et x3 = x4 ,
ou encore quand les xi , 1 " i " 4, sont égaux.
De la même façon, on montre que si (E2p ) est vraie, alors (E2p+1 ) l’est aussi ce qui, avec (E2 )
vraie, établit par récurrence que (E2p ) est vraie pour tout p ! ! .
2) Pour n ! 2, on considère x1 , . . . , xn 1 et xn = x1 + . . . + xn 1.
n n 1 n n n
Alors n xn x1 + . . . + xn 1 =n x1 + . . . + xn 1 = n x1 + . . . + xn 1 d’où :

n n 1 n
n xn x1 + . . . + xn 1 = (n 1)x1 + . . . (n 1)xn 1 + xn .

n
Avec (n 1)x1 + . . . (n 1)xn 1 + xn ! n n (n 1)n 1
x1 . . . xn 1 xn , il vient :

n 1
x1 + . . . + xn 1 ! (n 1)n 1
x1 . . . xn 1 .

152 Thèmes d’étude – Problèmes


Étant donné N ! !, N ! 2, il existe p ! ! , tel que 2P ! N . La propriété est vraie pour n = 2p .
Elle sera alors vraie pour n 1, puis au terme d’un nombre fini d’étapes, vraie pour N .

3) L’inégalité est évidente lorsque l’un (au moins) des yi est nul.
Lorsque les yi sont strictement positifs, on observe que (En ) donne :
n
y1 + . . . + yn 1
! y1 . . . yn donc aussi y + . . . + yn ! n y1 . . . yn .
n n 1

5 Suites et séries
Soit un n !!
une suite réelle.
n
Étudier la série un c’est étudier la suite Sn où Sn = uk .
n !! k =0

On dit que la série un converge lorsque la suite Sn admet une limite dans ".
n !!
Cette limite est appelée la somme de la série. Sinon la série un est qualifiée de divergente.
n !!

Étudier la nature d’une série, c’est étudier si elle est convergente ou divergente.
Dans ce problème, on suppose que $n ! !, un > 0.

1) On suppose la série un convergente, de somme S.


n !!

On construit les suites an et vn définies par :


S Sn un
an = et vn = an an +1 .
un un +1
Montrer que an est une suite à termes positifs et que vn a une limite positive.

2) On suppose qu’il existe une suite bn à termes strictement positifs telle que la suite
un
wn définie par wn = bn bn +1 converge vers un réel strictement positif.
un +1
Montrer que la série un est convergente.
n !!

un
3) a) On suppose que la suite tn , définie par tn = n u 1 , admet une limite # > 1.
n +1

Montrer que la série un est convergente.


n !!

1.3 . . . (2n 1)
b) Étudier la convergence de la série un lorsque un = .
2.4 . . . (2n + 2)
n !!

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 153
4) On suppose qu’il existe une suite cn à termes positifs telle que :
un
&N ! !, $n ! N , cn cn +1 " 0.
un +1
1
Montrer que, si la série est divergente, alors la série un est divergente.
cn
n !! n !!

5) a) On suppose que la suite tn définie en 3) admet une limite # < 1.


Montrer que la série un est divergente.
n !!

1.3 . . . (2n 1)
b) Étudier la nature de la série un lorsque un = .
2.4 . . . (2n )
n !!

Solution

1) $n ! !, Sn +1 Sn = un > 0 montre que Sn est strictement croissante. La limite S de Sn


est la borne supérieure de Sn , n ! ! et elle n’est pas le plus grand élément de cet ensemble.
Sn S
On a donc S Sn > 0, d’où an = > 0.
un
un S Sn S Sn +1 S Sn
On a vn = an an +1 = = n +1 = 1.
un +1 un +1 un +1 un +1
La suite vn est constante, égale à 1.

2) Soit ( ! " tel que 0 < ( < #. En utilisant # = lim wn , il existe p ! ! tel que :
$n ! p, wn ! ( d’où bn un bn +1 un +1 ! (un +1 .
n 1 n 1
On a donc (bk uk bk +1 uk +1 ) ! ( uk +1 , c’est-à-dire :
k =p k =p
n
bp up bn un ! ( uk .
k =p+1
bp up
Avec bn un > 0, il vient ( Sn Sp " bp up puis Sn " + Sp , ce qui montre que la suite
(
croissante Sn est majorée et donc convergente.

3) a) Nous sommes en présence du cas particulier où bn = n et donc :


un un
wn = n (n + 1) = n 1 1 = tn 1.
un +1 un +1
On en déduit que wn converge, avec lim wn = # 1 > 0.
En application du résultat obtenu en 2), la série un est convergente.

1.3 . . . (2n 1) un 2n + 4 3
b) un = 2.4 . . . (2n + 2) donne u =
2n + 1
=1+
2n + 1
d’où :
n +1
un 3n
n 1 =
un +1 2n + 1
un 3
puis lim n 1 = > 1. Il s’ensuit la convergence de la série :
un +1 2
1.3 . . . (2n 1)
.
2.4 . . . (2n + 2)

154 Thèmes d’étude – Problèmes


1
4) Posons dn = et nous ne faisons intervenir que des entiers n tels que n ! N .
cn
un un cn +1 un dn
cn cn +1 " 0 se lit " c’est-à-dire " .
un +1 un +1 cn un +1 dn +1
n 1 n 1
uk dk uN dN
Il s’ensuit " c’est-à-dire " .
uk +1 dk +1 un dn
k =N k =N
n n
u uN 1
Avec un ! dN dn pour tout n ! N , il vient uk ! .
N dN ck
k =N k =N
n n
1
Comme lim =+ , il vient lim uk = + , donc lim Sn = + .
n + ck n +
k =N k =N

un un
5) a) Comme en 3), posons wn = n (n + 1) = n 1 1 = tn 1.
un +1 un +1

La suite wn converge et lim wn = # 1 < 0. Il existe donc N ! ! tel que $n ! N , wn " 0.


un un
En posant cn = n , on a cn u cn +1 = n
un +1
1 1 = tn 1 = wn donc, pour n ! N ,
n +1
on a :
un
cn cn +1 " 0.
un +1
1
De la divergence de la série il découle la divergence de la série un .
n
n !!

1.3 . . . (2n 1) un 2n + 2 1
b) Avec un = 2.4 . . . (2n )
on a u =
2n + 1
=1+
2n + 1
.
n +1
un 1
On en déduit que lim n 1 = < 1.
un +1 2
1.3 . . . (2n 1)
Il s’ensuit la divergence de la série .
2.4 . . . (2n )

6 Construction de fonction
à l’aide de la suite harmonique
Par étapes, on travaille dans ! puis dans $+ pour établir un morphisme de ($+ , ) dans
(", +).
À l’aide de borne supérieure, on travaille enfin dans "+ pour construire une fonction qui
ressemble étrangement, par ses qualités et propriétés, à la fonction logarithme népérien.
Ce sujet est une révision des principales démarches d’analyse vues dans les premières semaines.

n
1
Soit Sn n !!
la suite définie par Sn = . Pour n et p dans ! , on pose Lp (n ) = Snp Sp .
k
k =1

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 155
1) Dans cette question, n est un entier naturel non nul fixé.
Montrer que la suite Lp (n ) p!! est croissante et majorée par n 1.
Justifier qu’elle est convergente et que sa limite, notée L (n ), est au plus égale à n 1.
Calculer L (1) et montrer que $n ! ! , n ! 2 L (n ) > 0.

2) a) Montrer que, pour tous m , n , p dans ! , on a Lp (mn ) = Lnp (m ) + Lp (n ).


b) Montrer que, pour tous m et n dans ! , on a L (mn ) = L (m ) + L (n ).

1
3) a) Montrer que, pour tous n et p dans ! , on a Lp (n + 1) Lp (n ) !
n+1
.

b) Montrer que la suite L (n ) n !!


est strictement croissante.

p p
4) a) Étant donné p, q, p , q dans ! , montrer que = L (p) L (q) = L (p ) L (q ).
q q

p
On peut alors considérer la fonction # : $+ ", ! L (p) L (q).
q

b) Montrer que, pour tous r et r dans $+ , on a #(rr ) = #(r ) + #(r ), c’est-à-dire que # est un
morphisme du groupe ($+ , ) dans le groupe (", +).
c) Montrer que la fonction # est strictement croissante.
1
d) Montrer que la suite # 1+ admet 0 pour limite.
n n !!

5) Étant donné x ! "+ , on pose : Ax = r ! $+ , r " x .


a) Justifier que Ax est non vide et qu’il admet un majorant dans $.
b) Étant donné l’ensemble #(Ax ) = # (r ), r ! Ax , justifier que #(Ax ) est une partie non
vide et majorée de ".
On peut alors considérer la fonction f : "+ ", x ! sup #(Ax ).

6) a) Vérifier que $r ! $+ , on a f (r ) = #(r ), c’est-à-dire que la fonction f prolonge la


fonction #.
b) Vérifier que la fonction f est strictement croissante.
c) Montrer que la fonction f est continue sur "+ .
d) Montrer f est un morphisme des groupes ("+ ) et (", +).
e) Montrer que lim f (x ) = + et lim f (x ) = .
x + x 0 , x>0

Solution

n (p+1)
1 1
1) Lp+1 (n ) Lp (n ) = Sn (p+1) Sp+1 Snp + Sp = .
k p+1
k =np+1
n (p+1)
1 1 1 1 1
Pour k ![[ np +1, n (p +1) ]], on a k ! n (p + 1) donc !n = , et il s’ensuit :
k n (p + 1) p+1
k =np+1

156 Thèmes d’étude – Problèmes


Lp+1 (n ) Lp (n ) ! 0.
np
1 1 1 (n 1)p
Lp (n ) = et, pour k ! [[ p + 1, np ]], " donne Lp (n ) " "n 1.
k k p+1 p+1
k =p+1

Croissante et majorée, Lp (n ) p!!


converge. Sa limite L (n ) en est la borne supérieure donc :
L (n ) " n 1.
On a $p ! ! , Lp (1) = 0, d’où L (1) = 0.
2n
1
Pour n ! 2, on a L2 (n ) = > 0. Puis L (n ) ! L2 (n ) donne L (n ) > 0.
k
k =3

nmp p nmp np np p
1 1 1 1 1 1
2) a) Lp (mn ) = = + d’où :
k k k k k k
k =1 k =1 k =1 k =1 k =1 k =1

Lp (mn ) = Lnp (m ) + Lp (n ).

b) Avec n !1, Lnp (m ) p!!


est une suite extraite de Lp (m ) p!!
, donc elle converge vers L (m ).
Faisons tendre p vers + dans l’égalité précédente : il vient L (mn ) = L (m ) + L (n ).
np+p np np+p
1 1 1 1
3) a) Pour n ! ! , on a $p ! ! , Lp (n + 1) Lp (n ) = = !p .
k k k np + p
k =p+1 k =p+1 k =np+1

1
Et il s’ensuit Lp (n + 1) Lp (n ) !
n+1
.

1
b) En prenant la limite pour p + , il vient L (n + 1) L (n ) !
n+1
, donc L (n + 1) > L (n )
et la suite L (n ) n !!
est strictement croissante.

p p
4) a) = se lit pq = p q, d’où L (pq ) = L (p q), soit L (p) + L (q ) = L (p ) + L (q), et il vient :
q q

L (p) L (q) = L (p ) L (q ).

p p
b) Soit r = et r = , avec p, q, p , q dans ! .
q q
pp
On a #(r ) + #(r ) = L (p) L (q) + L (p ) L (q ) = L (pp ) L (qq ) = # = #(rr ).
qq
c) Avec les notations précédentes, supposons r < r , c’est-à-dire pq < p q. Comme L est
strictement croissante, il vient L (pq ) < L (p q), soit L (p) + L (q ) < L (p ) + L (q), d’où :
#(r ) = L (p) L (q) < L (p ) L (q ) = #(r ).
np+p
1 1 1
d) Soit n ! ! . On a $p ! ! , Lp (n + 1) Lp (n ) = "p = .
k np n
k =np+1

1
En prenant la limite pour p + , il vient L (n + 1) L (n ) " .
n
1 1 1
Alors L (n + 1) L (n ) > 0 et # 1 +
n
= L (n + 1) L (n ) donne 0 < # 1 +
n
"
n
, et il vient :
1
lim # 1 + = 0.
n

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 157
5) a) Il existe r ! $, 0 < r < x , donc Ax " #. Et il existe s ! ! tel que x " s, donc Ax admet un
majorant dans $+ .
b) On a #(r ) ! #(Ax ), donc #(Ax ) " #. Et, par croissance de #, on a $r ! Ax , r " s #(r ) " #(s),
donc #(Ax ) est majoré et admet alors une borne supérieure, notée f (x ).

6) a) Soit r ! $+ . On a $s ! Ar , s " r , donc #(s) " #(r ).


Ainsi #(r ) est le plus grand élément de #(Ar ) ; c’est alors aussi sa borne supérieure. Il s’ensuit :
f (r ) = #(r ),

b) Soit x et x dans " tels que 0 < x < x . Il existe des rationnels r et r tels que x < r < r < x .
Alors, $s ! Ax , on a #(s) " #(r ), d’où f (x ) " #(r ). D’autre part, r ! Ax donne #(r ) " f (x ).
La croissance stricte de # donne #(r ) < #(r ), d’où f (x ) < f (x ), ce qui montre la croissance
stricte de f .
1
c) Soit x ! "+ et - > 0. Il existe n ! ! tel que # 1 + < - et il existe r ! $+ tel que :
n
n
x < r < x.
n+1
n+1
En posant r = r , cela se lit r < x < r .
n
r 1
On a alors # = # 1+ < -, c’est-à-dire #(r ) #(r ) < -, ou aussi f (r ) f (r ) < -.
r n
Par croissance de f , il vient $t ! r, r , f (t ) f (x ) " f (r ) f (r ) < -.
En posant % = inf x r, r x , il vient $t ! "+ , t x "% f (t ) f (x ) < -, et par suite
f est continue sur "+ .

d) Soit x et x dans "+ . Il existe des suites rn et rn dans $+ telles que :


lim rn = x et lim rn = x .
Alors lim(rn rn ) = xx . Par continuité de f , il vient :

lim f rn = f (x ) , lim f rn = f (x ) et lim f rn rn = f xx .

Avec # rn rn = # rn + # rn et f (s) = #(s) pour tout s ! $+ , il vient f (xx ) = f (x ) + f (x ), donc


f est un morphisme des groupes ("+ , ) et (", +).

e) Pour tout n ! ! , on a f 2n = nf (2) car f est un morphisme de ("+ , ) dans (", +).
Or f (2) = #(2) = L (2) L (1) = L (2) > 0, donc lim f 2n = + . La croissance de f donne alors :

lim f (x ) = + .
x +
1
Pour tout x > 0, on a f = f (x ). Il vient alors lim f (x ) = .
x x 0, x>0

158 Thèmes d’étude – Problèmes


7 Approximation
1 t
1) On considère la fonction f : " ", t ! e .
a) Montrer que l’équation t ! ", f (t ) = t a une solution et une seule. On note a cette solution.
b) Montrer que, pour tout couple (x, y) de réels positifs, on a :
1
f (x ) f (y) " x y.
e
1
c) Montrer que 0, e est stable par f et que a appartient à cet intervalle.

2) On considère la suite (un )n !! définie par u0 = 0 et $n ! !, un +1 = f (un ).


1 1
Montrer que, pour tout n ! !, on a 0 " un " et un a " n +1 .
e e
n
1 n
3) On considère les suites vn n !!
et wn n !!
définies par vn = n n
n ! et wn =
n!
.

a) Déterminer la limite de la suite #n wn +1 #n wn n !!


.
1
En déduire celle de la suite #n wn .
n n !!

b) Établir une relation simple entre #n wn et #n vn ; en déduire la limite de la suite vn .


p
xk
4) Pour tout entier p ! !, on définit la fonction Ap : "+ ", x ! ( 1)k
k!
k =0

a) Montrer que, pour x > 0 fixé, il existe un rang p1 (x ) à partir duquel la suite A2n (x ) n !!
est décroissante et qu’il existe un rang p2 (x ) à partir duquel la suite A2n +1 (x ) n !! est
croissante.
b) Montrer que, pour tout x ! 0, les suites A2n (x ) n !!
et A2n +1 (x ) n !!
sont convergentes
et de même limite.
On admettra que cette limite commune est e x .

5) a) Exprimer la dérivée de la fonction Ap+1 à l’aide de la fonction Ap .


b) Prouver que, pour tout n ! ! , la fonction A2n 1 est strictement décroissante
et que l’équation x ! 0, A2n 1 (x ) = 0 admet une solution et une seule ; on notera xn cette
solution.
On admettra que, pour tout n ! ! , on a xn " n .
c) Montrer que A2n +1 (xn ) > 0 et en déduire que la suite (xn )n !! est strictement croissante.
2n
x xn
6) a) À l’aide de A2n +1 (x ) " e " A2n (x ) et de xn " n , établir que 1 " exn " 2.
(2n )!
xn 1
b) En posant yn = , montrer que v2n " yn eyn " 21 / 2n v2n et que lim yn eyn = .
2n e
c) En conclure que xn est équivalent à 2an .
On pourra pour cela utiliser la fonction : "+ ", y ! yey .

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 159
Solution

1) a) h : t ! f (t ) t est continue, strictement décroissante (par exemple avec h ).


1 1
On a h (0) = et h (1) = 2 1 < 0.
e e
Il s’ensuit que f a un point fixe et un seul, et qu’il est dans ]0, 1[.
1
b) On a f (x ) f (y) = (e x
e y ).
e
La fonction + : x ! e x a sa dérivée majorée par 1 sur [0, + [.
Elle est donc 1-lipschitzienne et il vient alors +(x ) +(y) " x y . Il s’ensuit :
1
f (x ) f (y) " x y.
e
1 1 1 1 1 1
c) h e =
e
e e 1 < 0 justifie que a est dans E = 0,
e
et que f e
"
e
.
1 1
Avec f > 0 décroissante et f (0) = , il vient que E = 0, est stable par f .
e e

2) Avec u0 = 0 ! E et E stable par f , on a un ! E pour tout n ! !.


1 1
Pour tout n ! !, on a f (un ) f (a ) " u a , c’est-à-dire un +1 a " u a.
e n e n
1 n 1
Il s’ensuit, pour tout n ! !, un a " u0 a . Avec u0 a =a" , il vient :
e e
1
un a " n +1 .
e

wn +1 1 n 1
3) a) De = 1+ , on déduit #n wn +1 #n wn = n #n 1 + , puis :
wn n n
lim(#n wn +1 #n wn ) = 1.
1
Il s’ensuit, avec le théorème des moyennes de Cesaro, que lim #n wn = 1.
n
1
b) En formant #n vn et #n wn , on voit que #n vn + #n wn = 0.
n
1
On en déduit que lim #n (vn ) = 1 puis que lim vn = e .

p+1 p+2 p+1 p+1


x x ( 1) x
4) a) On a Ap+2 (x ) Ap (x ) = ( 1)p+1 + ( 1)p+2 = p+2 x .
(p + 1)! (p + 2)! (p + 2)!
En particulier :
2n +1
x
A2(n +1) (x ) A2n (x ) = x 2(n + 1) ,
(2n + 2)!
x
donc A2n (x ) décroît à partir de p1 tel que p1 ! E 2 . et :
2n +2
x
A2n +3 (x ) A2n +1 (x ) = 2n + 3 x) ,
(2n + 3)!
x 1
ce qui montre que A2n +1 (x ) croît à partir de p2 tel que p2 ! E .
2

160 Thèmes d’étude – Problèmes


x 2n +1
b) A2n (x ) A2n +1 (x ) = est de limite 0, par la croissance comparée de suites classiques.
(2n + 1)!
x
Soit X ! E 2 un entier. A2n (x ) n !X est décroissante, A2n +1 (x ) n !X
est croissante.
Adjacentes, ces suites ont même limite.
x x
Avec la limite (admise) e , on a en particulier A2n (x ) ! e .
p+1 k
x
5) a) De Ap+1 (x ) = 1 + ( 1)k , on déduit :
k!
k =1
p+1 k 1 p k p k
x 1x x
Ap+1 (x ) = ( 1)k = ( 1)k = ( 1)k = Ap (x ).
(k 1)! k! k!
k =1 k =0 k =0
x
b) Pour tout x !0, on a A2n 2 (x )! e > 0 et il s’ensuit que A2n 1 est strictement décroissante
sur [0, + [.
2n 1
x
La limite en + de A2n 1 est celle de , c’est donc , et on a A2n 1 (0) = 1. Le
(2n + 1)!
théorème des valeurs intermédiaires donne alors l’existence de xn , l’unicité étant garantie par
la stricte décroissance de A2n 1 .
2n
xn
c) A2n +1 (xn ) = A2n 1 (xn ) + (2n + 1)!
2n + 1 xn , A2n 1 (xn ) = 0 et xn " n donnent :

A2n +1 (xn ) > 0.


Or A2n +1 (xn +1 ) = 0 par définition de xn +1 d’où A2n +1 (xn ) > A2n +1 (xn +1 ).
La décroissance stricte de A2n +1 donne alors xn +1 > xn .
2n 2n
xn x
6) a) De A2n (xn ) = et e xn " A2n (xn ) on déduit 1 " n exn .
(2n )! (2n )!
2n 2n
xn 2n + 1 xn xn
De A2n +1 (xn ) = (2n + 1 xn ) et A2n +1 (xn ) " e xn , on déduit exn " 1.
(2n + 1)! 2n + 1 (2n )!
2n
2n + 1 xn 1 xn
Avec xn " n , il vient ! puis exn " 2.
2n + 1 2 (2n )!
b) En remplaçant xn par 2nyn dans la double inégalité précédente, il vient :
(2n )! (2n )!
" (yn eyn )2n " 2
(2n )2n (2n )2n
2n
(2n )!
et, avec v2n = , il vient v2n " yn eyn " 21 / 2n v2n .
2n
1 1
On a vu que lim vn = et on a lim 21 / 2n = 1, il s’ensuit lim yn eyn = .
e e
c) g : [0, + [ ", y ! yey , est continue, strictement croissante, de limite + .
yn 1
C’est une bijection de [0, + [ sur [0, + [. Alors zn = yn e = g(yn ) donne yn = g (zn ).

1 1 1 1
De lim zn = e on déduit (par continuité de g ) que (yn ) a pour limite # = g , puis il
e
vient xn ! 2 # n .
e 1 = g(#) se lit e 1 = #e# ou encore # = e 1 # ; # n’est autre que le point fixe a de f , et
finalement on a xn ! 2an .

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 161
8 Théorèmes classiques et applications
Ce sujet a pour objectif principal un tour d’horizon sur les premiers théorèmes classiques tels
que celui de Rolle, la formule des accroissements finis et la formule de Taylor.
Des mises en situations sans difficulté particulière sont l’occasion de les mettre en pratique.

Partie I
Préliminaire. Énoncer le théorème de Rolle.
Soit g une fonction réelle définie et continue sur [a, b], a et b réels, a < b, et dérivable
sur [a, b[. On suppose que g(a ) = g(b) = 0 et g (a ) = 0.
g(c )
Montrer qu’il existe c !]a, b[ tel que g (c ) = .
c a

Partie II
Préliminaire. Soit f une fonction réelle définie et dérivable sur un intervalle I de " et a , b deux
éléments de I . Énoncer la formule des accroissements finis qui permet de comparer f (a ) et f (b).
Dans cet exercice, f est une fonction réelle, définie et dérivable sur "+ .
On suppose que f est strictement décroissante sur "+ et que : $x ! "+ , f (x ) ! 0.
1) Montrer que : $x ! [1, + [, f (x + 1) f (x ) < f (x ) < f (x ) f (x 1).
n
2) Montrer que la suite (sn ) définie par : $n ! ! , sn = f (k ) est convergente si et
k =1
seulement si f a une limite réelle (notée #) en + .

Application. Étude des suites définies par :


n n
1 1
$n ! ! , u n = 2
; vn = .
k =1
1+k k =1
1+k

Partie III
Préliminaire. Soit f une fonction réelle définie et deux fois dérivable sur un intervalle I de " et
a , b deux éléments de I . Énoncer la formule de Taylor-Lagrange qui permet de comparer f (a )
et f (b).
Soit f une fonction réelle, définie et dérivable jusqu’à l’ordre 2 sur ".
On suppose que f et f sont bornées et on pose M0 = sup f (x ) et M2 = sup f (x ) .
x !" x !"

1) Soit x ! ". Montrer que, pour tout h ! ", on a :


2 2
h h
f (x ) " M0 + hf (x ) + M et M .
f (x ) " M0 + hf (x ) +
2 2 2 2
On pourra appliquer la formule de Taylor entre x et x + h d’une part et entre x et x h d’autre
part.
2) En déduire que f est bornée (sur ") et que, en posant M1 = sup f (x ) , on a :
x !"
M12 " 2M 0 M 2 .

162 Thèmes d’étude – Problèmes


Partie IV
2
1) Soit %, ' réels, % < ', et g : [%, '] " de classe .
a) Soit + : [%, '] ", t g(t ) g(%) (t %)g (%) ((t %)2 , avec ( défini par +(') = 0.
Montrer qu’il existe c !]%, '[ tel que + (c ) = 0.
(' %)
En déduire que g(') = g(%) + (' %)g (%) +
2
g (c ).

b) On suppose : $x ! [%, '], g(x ) ! 0 et g (x ) " 0.


Montrer que, s’il existe 0!]%, '[ tel que g(0) = 0, alors g est nulle sur [%, '].
c) On suppose : $x ! [%, '], g(x ) ! 0 et g (x ) " 0.
Montrer que, si g(%) = g (%) = 0, alors g est la fonction nulle sur [%, '].

2) Soit a et b réels, a < b, et f : [a, b] ", de classe %2 sur [a, b], telle que f (a ) = f (b) = 0.
On pose M = sup f (x ) et on suppose M > 0.
x ![a,b]

(x a )(x b)
a) Pour x !]a, b[, montrer qu’il existe c !]a, b[ tel que f (x ) = 2
f (c ).

(x a )(b x)
b) Montrer que $x ! [a, b], f (x ) " M .
2
2
b a b a (b a)
En déduire f (a ) " M , f (b) " M et sup f (x ) " M .
2 2 x ![a,b] 8

(x0 a )(x0 b)
c) On suppose qu’il existe x0 !]a, b[ tel que f (x0 ) = M .
2
(x a )(x b)
Montrer que $x ! [a, b], f (x ) = M . On pourra utiliser 1)b).
2
(x0 a )(b x0 )
Que peut-on dire s’il existe x0 !]a, b[ tel que f (x0 ) = M 2
?

Solution

Partie I
g(x ) g(a ) g(x )
Soit h la fonction définie sur ]a, b] par f (x ) = = et prolongée par continuité
x a x a
en a par h (a ) = g (a ) = 0.
h est continue sur [a, b], dérivable sur ]a, b[ et h (a ) = h (b) = 0.
g (c ) g(c ) g(c )
Il existe donc c !]a, b[ tel que h (c ) = 0, c’est-à-dire 2 = 0, d’où g (c ) = .
c a (c a) c a

Partie II
1) Pour x ! [1, + [, la formule des accroissements finis sur [x, x + 1] donne l’existence de
y!]x, x + 1[ tel que f (x + 1) = f (x ) + f (y).
Avec f strictement décroissante, on a f (y) < f (x ) d’où f (x + 1) f (x ) < f (x ).

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 163
La formule des accroissements finis sur [x 1, x ] donne l’existence de z !]x 1, x [ tel que :
f (x 1) = f (x ) f (z ).
Avec f strictement décroissante, on a f (z ) > f (x ) d’où :
f (x ) < f (x ) f (x 1).

2) Comme f est positive, la suite (sn ) est croissante.


Elle est convergente si et seulement si elle est majorée.
Pour tout k ! ! , on a f (k + 1) f (k ) < f (k ) < f (k ) f (k 1), d’où :
f (n + 1) f (1) < sn < f (n ) f (0).
On en déduit que si l’une des suites f (n ) et (sn ) est majorée, alors l’autre l’est aussi.
f étant croissante, f (n ) est majorée si et seulement si la fonction f a une limite réelle en + .
En conclusion (sn ) est convergente si et seulement si f a une limite réelle en + .

Application.
1
a) Arctan est dérivable sur R+ et, pour x ! 0, Arctan (x ) = .
1 + x2
On en déduit que Arctan est positive et strictement décroissante sur "+ .
Comme Arctan a une limite réelle en + , on a la convergence de (un ).
1
b) La fonction f : x ! 2 1 + x est dérivable sur "+ , avec f (x ) = donc f est positive,
1+x
strictement décroissante sur "+ .
Avec lim f (x ) = + , la suite vn est divergente.
x +

Partie III
1) Appliquons la formule de Taylor entre x et x + h : il existe c !]x, x + h [ tel que :
2
h
f (x + h ) = f (x ) + hf (x ) + f (c ),
2
2 2
h h
d’où f (x ) = f (x + h ) + hf (x ) + f (c ), puis f (x ) " f (x + h ) + hf (x ) + f (c ) et il
2 2
s’ensuit :
h2
f (x ) " M0 + hf (x ) + M .
2 2
Appliquons aussi la formule de Taylor entre x et x h : il existe d !]x h, x [ tel que :
2
h
f (x h ) = f (x ) hf (x ) + f (d ).
2
2
h
Comme précédemment, il vient f (x ) " M0 + hf (x ) + 2 M2 .

2
h
2) On a donc, pour tout x ! " et tout h ! ", f (x ) " M0 + hf (x ) + 2 M2 .
2
h
M0 + hf (x ) + M est un polynôme en h positif pour tout h ! ", donc de discriminant négatif :
2 2
2
f (x ) " 2M 0 M 2 .
On en déduit que f est bornée et que M12 " 2M 0 M 2 .

164 Thèmes d’étude – Problèmes


Partie IV

1) a) C’est la démonstration classique de la formule de Taylor.

b) g présente un minimum en 0!]%, '[, d’où g (0) = 0.


g étant décroissante, on a g (x ) ! 0 sur [%, 0] et g (x ) " 0 sur [0, '].

Avec g(0) = 0, il vient g(x ) " 0 tant sur [%, 0] que sur [0, ']. Avec g ! 0, il vient g = 0.

c) g est décroissante sur [%, ']. Avec g (%) = 0, il vient g " 0 et g est décroissante.
Avec g(%) = 0, il vient g " 0 ; alors g ! 0 donne g = 0.

(
2) a) Soit + : [a, b] ", t ! f (t ) (t a )(t b). On a +(a ) = +(b) = 0.
2
On définit ( par +(x ) = 0.
+ est continue sur [a, x ] et dérivable sur ]a, x ]. Il existe donc u !]a, x [ tel que + (u ) = 0.

De même, il existe v!]x, b[ tel que + (v) = 0.


1
+ étant de classe sur [u, v], il existe c !]u, v[#]a, b[ tel que + (c ) = 0.
1
Avec + (t ) = f (t ) (, on obtient : ( = + (c ) et +(x ) = 0 se lit f (x ) =
2
(x a )(x b)f (c ).

b) Pour x = a ou x = b, l’inégalité est immédiate et pour x !]a, b[, elle découle du résultat
précédent.
f (x ) f (a ) b x
Avec le a), on a, pour x > a , x a
"M
2
.

b a b a
Par la limite pour x a , il vient f (a ) " M . Et de même f (b) " M .
2 2
2
a+b (b a )
x ! (x a )(b x ) est positive sur [a, b] et son maximum, en , vaut . Il s’ensuit :
2 4
2
(b a)
sup f (x ) " M .
x ![a,b] 8

M
c) Soit g : [a, b] ", x ! f (x ) (x a )(x b).
2
M
Avec 2)b), il vient g(x ) = f (x ) + (x a )(b x ) ! 0.
2
Avec g (x ) = f (x ) M " 0, et g(x0 ) = 0, d’après 1)b), il vient g = 0. On en déduit :
M
$x ! [a, b], f (x ) = (x a )(x b).
2
M
En considérant h : [a, b], x ! 2 (x a )(b x) f (x ), on a de même h ! 0 et h " 0 puis,
avec h (x0 ) = 0, il vient h = 0.

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 165
9 Autour de la fonction exponentielle
1) Soit (Pn )n !! la suite de polynômes définie par P0 = 1, Pn +1 = Pn et Pn +1 (0) = 1 :
n p
x
$n ! !, $x ! ", Pn (x ) = .
p!
p=0

p
x 1
a) Étant donné x > 0, montrer qu’il existe q ! ! tel que $p ! q, " p.
p! 2
b) Montrer que, pour x > 0, la suite Pn (x ) n !!
est convergente.

2p
x
c) Montrer que, pour x ! ", la suite est convergente.
(2p)!
2p"n
n !!
En déduire la convergence de la suite Pn (x ) n !!
pour x < 0.
Notation. On note E la fonction définie sur " par E (x ) = lim Pn (x ).
n +

2) Dérivation de la fonction E
a) Pour x fixé dans " et h " 1, on pose : 1n (h ) = Pn (x + h ) Pn (x ) hPn 1 (x ).
Exprimer 1(h ) = lim 1n (h ) à l’aide de la fonction E .
n +

b) En notant que 1n (h ) = Pn 1 (x + h) Pn 1 (x ), montrer que, pour tout n ! !, on a :


1n (h ) " h E ( x + 1).

1 1
c) En déduire que 1n (h ) " E ( x + 1)h 2 puis que 1(h ) " E ( x + 1)h 2 .
2 2
d) En déduire que E est dérivable en x et que E (x ) = E (x ).

3) a) En considérant F : " ", x ! E (x )E ( x ), montrer que $x ! ", E (x )E ( x ) = 1.

b) Soit a ! ". En considérant Ga : " ", x ! E (x + a )E ( x ), montrer que :


$x ! ", E (x + a ) = E (x )E (a ).

4) Montrer que la fonction E n’est pas une fonction polynôme.

5) Montrer que, pour tout x > 0, on a E (x ) > 1 et, pour tout x " 0, 0 < E (x ) " 1.

6) Montrer que lim E (x ) = + et que lim E (x ) = 0.


x + x

Solution

1) a) Pour tout x ! " fixé, la comparaison classique de puissance et de factorielle donne :


2n x n
lim = 0.
n!
2p x p x
p
1
Il existe donc q ! ! tel que $p ! q, " 1, c’est-à-dire " p.
p! p! 2
b) Pour x > 0, la suite Pn (x ) n !!
est croissante.

166 Thèmes d’étude – Problèmes


q p n p q p n q p
x x x 1 x
Pour n ! q, on a Pn (x ) = + " + p " + 1.
p! p! p! 2 p!
p=0 p=q+1 p=0 p=q+1 p=0

La suite Pn (x ) n !!
est donc majorée.
Croissante et majorée, la suite Pn (x ) est convergente.
2p 2p
x x (x 2 )p (x 2 )p
c) La suite est croissante et " " = Pn (x 2 ).
(2p)! (2p)! (2p)! p!
2p"n 2p"n p"n p"n
n !!
Elle est majorée car Pn (x ) est majorée pour tout x > 0 ; sa convergence en découle.
2p
x
Pour tout x , on a Pn (x ) + Pn ( x ) = 2 .
(2p)!
2p"n

Pour x < 0, la convergence de Pn ( x ) entraîne alors celle de Pn (x ) .

2) a) En passant à la limite (pour n infini) dans 1n (h ) = Pn (x + h ) Pn (x ) hPn 1 (x ) on


obtient :
1(h ) = E (x + h ) E (x ) hE (x ).
b) On a 1n (h ) = Pn 1 (x + h ) Pn 1 (x ) et, en appliquant la formule des accroissements finis,
il existe /!]0, 1[ tel que 1n (h ) = hPn 2 (x + /h ). Or, pour tout entier n ! ! :
Pn (x + /h ) " Pn ( x + /h ) " Pn ( x + 1) " E ( x + 1),
et il vient donc 1n (h ) " h E ( x + 1).
c) Compte tenu de 1n (0) = 0, l’inégalité des accroissements finis donne :
1
1n (h ) " E ( x + 1)h 2 .
2
1
En prenant la limite pour n + , il vient 1(h ) " 2 E ( x + 1)h 2 .

E (x + h ) E (x ) 1
d) On a donc E (x ) " E ( x + 1) h , d’où :
h 2
E (x + h ) E (x )
lim = E (x ) c’est-à-dire E (x ) = E (x ).
h 0 h

3) a) On a F (x ) = 0, donc F est constante. En notant que F (0) = 1, il vient :


E (x )E ( x ) = 1 pour tout x ! ".

b) On a Ga (x ) = 0 et Ga est constante. En remarquant que Ga (0) = E (a ), il vient :


E (x + a )E ( x ) = E (a ).
Alors, avec a), il obtient : E (x + a ) = E (x )E (a ).

4) Si E était une fonction polynôme Q, de degré q ! !, on aurait D q+1 Q = 0.


Or D q+1 E = E et E n’est pas la fonction nulle puisque E (0) = 1.

5) Pour x > 0 et n ! !, on a Pn (x ) > 1 et par suite E (x ) > 1 puisque Pn (x ) est croissante.


Pour x " 0, E (x )E ( x ) = 1 montre que 0 < E (x ) " 1.

6) Pour tout x > 0, on a 1 + x " E (x ), donc lim E (x ) = + .


x +
Avec E (x )E ( x ) = 1, il vient lim E (x ) = 0.
x

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 167
10 Fonctions à dérivées successives positives
Soit f ! (I, "), où I est un intervalle non vide, non réduit à un point.
On dit que f est de type (AM) lorsque $n ! !, f (n ) ! 0, en notant f (n ) sa dérivée d’ordre
n ! !, avec f (0) = f .

1) a) Soit f et g des fonctions réelles définies et de type (AM) sur I .


Montrer que f + g et fg sont de type (AM).
b) Montrer que f est de type (AM) si et seulement si f ! 0 et f est de type (AM).
c) On suppose que f est de type (AM) sur I et que g, définie sur un intervalle J ' f (I ), est
de type (AM). Montrer que g f est de type (AM) sur I .

1 1+x
2) a) La fonction T définie par T (x ) = #n , est-elle de type (AM) sur [0, 1[ ?
2 1 x
b) La fonction L définie par L (x ) = #n ( x ) est-elle de type (AM) sur ] , 0[ ?

c) Étant donné b ! ", on considère la fonction réelle H définie sur I =] , b[ par :


(x +.
H (x ) =
x b
, avec ((, .) ! "2 .
Donner une condition nécessaire et suffisante sur ((, .) pour que la fonction H soit de
type (AM).

Dans la suite, l’intervalle I est I = [a, b[, avec a < b, et la fonction f est de type (AM) sur [a, b[.
n n
(x a ) (n )
3) Pour n ! ! et x ! [a, b[, on pose un (x ) = f (a ) et Sn (x ) = uk (x ).
n!
k =0

a) Montrer que $n ! !, $x ! [a, b[, Sn (x ) " f (x ).


b) Montrer que, pour tout x ! [a, b[, la suite Sn (x ) n !!
est convergente et que sa limite
S(x ) vérifie S(x ) " f (x ).

4) Pour n ! !, on définit hn : ]a, b[ ", x ! hn (x ) par f (x ) = Sn (x ) + (x a )n hn (x ).

a) Montrer que hn est dérivable sur ]a, b[.


gn (x )
On définit alors gn sur [a, b[ par gn (a ) = 0 et, pour x !]a, b[, hn (x ) = n +1 .
(x a)
Expliciter gn (x ) à l’aide de f (x ), f (x ) et des f (k ) (a ) avec k ! [[ 0, n ]].
b) Étudier le signe de g1 (x ) et en déduire le sens de variation de h1 .
Étudier le signe de g2 (x ) et en déduire le sens de variation de h2 (x ).
c) Avec la formule de Taylor-Young, montrer que gn (x ) = o (x a )n .
Qu’en déduire pour g(k ) (a ), k ! [[ 0, n ]] ?
Montrer que gn(n ) ! 0 et en déduire que gn ! 0 puis que hn est croissante.

5) Pour x !]a, b[ on pose Rn (x ) = (x a )n hn (x ).


x0 a n
a) Étant donné x0 !]a, b[ et c !]x0 , b[, montrer que 0 " Rn (x0 ) " f (c ).
c a
En déduire que S(x0 ) = f (x0 ).

168 Thèmes d’étude – Problèmes


b) Montrer que f est constante ou bien strictement croissante sur ]a, b[.
c) Que peut-on dire de f quand il existe x0 !]a, b[ tel que f (x0 ) = 0 ?
d) Que peut-on dire de f quand il existe x0 !]a, b[ et n ! ! tels que f (n ) (x0 ) = 0 ?

Solution

1) a) f et g étant sur I , il en est de même pour f + g et pour fg.


Pour tout n ! !, on a ( f + g)(n ) = f (n ) + g(n ) , f (n ) ! 0 et g(n ) ! 0, donc ( f + g)(n ) ! 0.
n
k
$n ! !, ( fg)(n ) = "n f (k ) g(n k)
et $k ! [[ 0, n ]], f (k ) ! 0 et g(n k)
! 0, donc ( fg)(n ) ! 0.
k =0

b) f étant sur I , il en est de même pour f . Pour tout n ! !, on a ( f )(n ) = f (n +1) , donc :
( f ) (n ) ! 0 .
Si f est sur I , il en est de même pour f .
Avec f ! 0 et f (n +1) = ( f )(n ) ! 0, il vient : $n ! !, f (n ) ! 0.
c) f et g étant sur I et J respectivement, il en est de même pour g f .
Avec g ! 0 sur J , il vient g f ! 0 sur I , c’est-à-dire (g f ) (0) ! 0.
Pour prouver que g f est de type (AM) sur I , il nous suffit de prouver la propriété $(n ) : pour
toutes fonctions u et v de type (AM) sur I et J respectivement, avec u (I ) # J , on a :
$k ! [[ 0, n ]], (v u )(k ) ! 0.
On procède par récurrence.
Avec v ! 0 sur J , on a v u ! 0 sur I , donc $(0) est vraie.
n
(n +1) (n ) k (k ) (n k )
Avec v u = (v u )u = "n (v v) v , il vient aisément que $(n )
k =0
implique $(n + 1).
Ainsi $(n ) est vraie pour tout n ! !, et on en déduit que g f est de type (AM) sur I .
2) a) T est sur [0, 1[ et $x ! [0, 1[, 2T (x ) = #n (1 + x ) #n (1 x ).
1+x
Sur I = [0, 1[, x ! est minimum en 0 et son minimum est 1, donc T (x ) ! 0 sur I .
1 x
1 1 ( 1)n 1 (n 1)! (n 1)!
2T (x ) = + donne $n ! ! , 2T (n ) (x ) = + .
1+x 1 x (1 + x )n (1 x )n
2 (1 x )n
Il s’ensuit (1 x )n T (n ) (x ) = 1 + ( 1)n 1 .
(n 1)! (1 + x )n
1 x (1 x )n
0 < 1 x " 1 + x donne 0 < " 1 puis 1 + ( 1)n 1 ! 0 et enfin T (n ) (x ) ! 0.
1+x (1 + x )n
Ainsi, T est de type (AM).
b) On a L ( e) = 1 et L n’est pas positive sur ] , 0[.
Elle n’est donc pas de type (AM) sur ] , 0[.
c) H est sur I =] , b [.
On a lim H = (, alors H ! 0 sur I implique ( ! 0.
x
. +b(
H (x ) = 2 et H ! 0 implique . + b ( "0.
(x b)

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 169
Si ces conditions sont réalisées, alors H est croissante, de limite positive en , donc positive.
n!
Pour n ! ! , on a H (n ) (x ) = (. + b() n +1 ! 0 donc H est de type (AM) sur I .
(b x)

(x a )n +1 (n +1)
3) a) Avec la formule de Taylor-Lagrange : &c !]a, x [, f (x ) = Sn (x ) + f (c ).
(n + 1)!
Alors f (n +1) ! 0 donne f (x ) ! Sn (x ).
n
a ) (n ) (x
b) En outre, $n ! !, Sn +1 (x ) Sn (x ) =
f (a ) ! 0, donc Sn (x ) est convergente,
n!
de limite S(x ) " f (x ), et tant que suite croissante majorée par f (x ).

f (x ) Sn (x )
4) a) hn : ]a, b[, x ! n est .
(x a)
n k n 1 k
n (x a) (k ) 1 (x a) (k +1)
hn (x ) = n +1 f (x ) f (a ) + n f (x ) f (a ) ,
(x a) k! (x a) k!
k =0 k =0
n 1 k n k
(x a) (k +1) (x a) (k )
et on pose gn (x ) = (x a ) f (x ) f (a ) n f (x ) f (a ) .
k! k!
k =0 k =0
Notons que, sous cette forme, on voit que gn (a ) = 0.
b) g1 (x ) = (x a ) f (x ) f (a ) f (x ) f (a ) (x a )f (a ) = (x a )f (x ) f (x ) + f (a ).
1
Par la formule de Taylor : &c !]a, x [, f (a ) = f (x ) + (a x )f (x ) + (a x )2 f (c ), et il s’ensuit :
2
1
g1 (x ) = (a x )2 f (c ) ! 0.
2
En conséquence, on a h1 ! 0 sur ]a, b[, donc h1 est croissante sur [a, b[.
1
g2 (x ) = (x a ) f (x ) f (a ) (x a )f (a ) 2 f (x ) f (a ) (x a )f (a ) (x a )2 f (a )
2
c’est-à-dire g2 (x ) = (x a ) f (x ) + f (a ) 2 f (x ) f (a ) , et on obtient :
g2 (x ) = (x a )f (x ) f (x ) + f (a ).
1
Par la formule de Taylor : &d !]a, x [, f (a ) = f (x ) + (a x )f (x ) + (a x )2 f (d ), donc :
2
1
(a x )2 f (d ) ! 0.
g2 (x ) =
2
Ainsi, g2 est croissante sur [a, b[ et, avec g2 (a ) = 0, on a g2 ! 0, puis h2 croissante.
c) En appliquant la formule de Taylor-Young, on a :
n 1 k n k
(x a) (k +1) n 1 (x a) (k ) n
f (x ) f (a ) = o (x a) et f (x ) f (a ) = o (x a) .
k! k!
k =0 k =0

On en déduit gn (x ) = o (x a )n et il s’ensuit $k ! [[ 0, n ]], gn(k ) (a ) = 0.

On obtient facilement gn(n ) (x ) = (x a )f (n +1) (x ) ! 0.


Supposons que, pour k ! [[ 1, n ]], on ait gn(k ) ! 0. Avec gn(k 1)
(a ) = 0, il vient gn(k 1)
! 0.
Ainsi, $k ! [[ 0, n ]], on a gn(k ) ! 0. En particulier gn ! 0 et hn est croissante.

5) a) La formule de Taylor-Young appliquée à f montre que lim hn (x ) = 0.


x a
On en déduit hn ! 0 puis 0 " hn (x0 ) " hn (c ).

170 Thèmes d’étude – Problèmes


Rn (x0 ) Rn (c ) x0 a n
Alors 0 " " donc 0 " Rn (x0 ) " Rn (c ).
(x0 a )n (c a )n c a
En outre, Sn (x ) ! 0 donne Rn (x ) " f (x ).
x0 a n x0 a
Il s’ensuit 0 " Rn (x0 ) " f (c ) puis lim Rn (x0 ) = 0 car 0 " < 1.
c a n + c a
Enfin f (x0 ) = Sn (x0 ) + Rn (x0 ) et lim Sn (x0 ) = S(x0 ) donne f (x0 ) = S(x0 ).
n +

b) Supposons que $n !! , f (n ) (a ) = 0. Alors, $x ![a, b[, $n !!, Sn (x ) = f (a ), d’où $x ![a, b[,


S(x ) = f (a ) et, avec a), il vient f (x ) = f (a ).
Ainsi f est constante si et seulement si $n ! ! , f (n ) (a ) = 0.
Si f n’est pas constante, il existe n ! ! tel que f (n ) (a ) > 0.
La croissance de f (n ) donne $x ! [a, b[, f (n ) (x ) > 0.
-n
Alors, pour tout - > 0, x + - < b, on a f (x + -) ! f (x ) + f (n ) (x ) > f (x ), donc f est strictement
n!
croissante.
c) f (x0 ) = 0, avec x0 a > 0, donne S(x0 ) = 0 puis, avec 0 " Sn (x0 ) " S(x0 ), $n ! !, Sn (x0 ) = 0,
donc f (n ) (a ) = 0.
Il s’ensuit que f est la constante nulle.
d) Avec f (n ) de type (AM) sur I , f (n ) (x0 ) = 0 implique f (n ) = 0 sur [a, b[.
Alors f est une fonction polynomiale de degré au plus n 1.

11 Majoration des dérivées successives


n
Pour n ! ! , on note &n le "-espace vectoriel des fonctions de (", ") qui sont bornées
sur " et dont les dérivées jusqu’à l’ordre n sont bornées sur ".
On pose M0 = sup f (x ) et, pour k ! [[ 1, n ]], Mk = sup f (k ) (x ) .
x !" x !"

1) Dans cette question, on suppose n ! 2 et on considère f ! &2 .


Justifier l’inégalité, pour tout x ! " et pour tout h ! ",
2
M2 h
(1) : f (x + h ) f (x ) hf (x ) " .
2
En appliquant (1) à f (x + h ) et à f (x h ), montrer que pour tout x ! " et tout h > 0, on a :
M0 M2 h
f (x ) " + .
h 2
En déduire que (2) : M1 " 2 M0 M2 .

2) Dans cette question, on suppose n ! 3 et on considère f ! &3 .


a) En appliquant (2) aux fonctions f et f , majorer M2 en fonction de M1 et de M3 , puis
majorer M1 en fonction de M0 et M2 .
En déduire des majorations de M1 et de M2 à l’aide de M0 et de M3 .
b) Seconde majoration de M1 et M2 à l’aide de M0 et M3 .

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 171
En appliquant l’inégalité de Taylor-Lagrange à f (x + h ) et à f (x h ), montrer que, pour tout
x ! " et tout h > 0, on a :
3
M3 h M0 M3 h 4M0
f (x ) " + et + 2 .
f (x ) "
6 h 3 h
En déduire de nouvelles majorations de M1 et M2 à l’aide de M0 et M3 .

3) a) On suppose n ! 2 et on considère f ! &n . En appliquant (2) à la fonction f (n 2)


, majorer
Mn 1 en fonction de Mn 2 et de Mn .

b) En déduire l’existence d’une suite an n !!


de réels telle que :
1 1 1
$n ! ! , $f ! &n , Mn 1 " an M0n Mn n avec ann " 2n 1 ann 11 pour n ! 2.

n 1 1 n 1
c) Montrer que pour tout f ! &n , Mn "2 2 Mn Mn n .
1 0

k (n k ) n k k
d) Montrer que pour tout f ! &n : $k ! [[ 0, n ]], Mk " 2 2 M0 n Mnn .

Étude d’un exemple


Pour p ! ! , on considère la fonction wp définie par :
1 1
wp (x ) = 2 pour 0 " x < 1 ; wp (x ) = 2 sin p , (1 x) pour 1 "x "1 ;
2p 2p
wp ( x ) = wp (x ) et wp (x + 2) = wp (x ) pour tout x ! ".

4) Étudier la continuité et la périodicité de wp .


5) Soit vp la primitive de wp telle que vp (0) = 0.
Donner l’expression de vp (x ) pour 0 " x " 1.
Exprimer vp ( x ) et vp (x + 2) en fonction de vp (x ).
6) Soit up la primitive de vp telle que up (1) = 0.
Donner l’expression de up (x ) pour 0 " x " 1.
Exprimer up ( x ) et up (x + 2) en fonction de up (x ).

7) a) Déterminer : M0 (p) = sup up (x ) ; M1 (p) = sup up (x ) ; M2 (p) = sup up (x ) .


x !" x !" x !"

b) Donner les limites de M0 (p), M1 (p) et M2 (p) quand p tend vers + ?


Qu’en déduire pour l’inégalité (2) ?
8) Soit Up la primitive de up telle que Up (0) = 0.
Montrer à l’aide de cette fonction que les majorations (3) de M1 et de M2 sont optimales.

Solution

1) Si M2 = 0, il existe (a, b) ! "2 tel que $x ! ", f (x ) = ax + b.


Alors l’hypothèse f bornée implique a = 0.
Dans ce cas, on a M1 = 0 et les inégalités (1) ou (2) sont triviales.
On suppose maintenant M2 " 0.
f étant de classe 2 sur ", avec f bornée sur ", l’inégalité de Taylor-Lagrange s’applique, pour
tout x ! " et pour tout h ! ",

172 Thèmes d’étude – Problèmes


M2 h 2
(1) : f (x + h ) f (x ) hf (x ) " .
2
Pour x ! " et h > 0, on a :
2 2
M2 h M2 h
f (x + h ) f (x ) hf (x ) " et f (x h) f (x ) + hf (x ) " .
2 2
f (x + h ) f (x h) M2 h
Il s’ensuit 2hf (x ) f (x + h ) + f (x h ) " M2 h 2 , puis f (x ) " + ,
2h 2
d’où :
M0 M2 h
f (x ) " + .
h 2
M0 M2 h 2M0
La fonction 2 : "+ ", h ! + est dérivable, et présente un minimum en h1 = .
h 2 M2
Ce minimum vaut 2M0 M2 . Il s’ensuit :
(2) : M1 " 2 M0 M2 .

2) Si M3 = 0, alors il existe (a, b, c ) ! "3 tel que $x ! ", f (x ) = ax 2 + bx + c .


Alors l’hypothèse f bornée implique a = b = 0.
Dans ce cas, on a M1 = M2 = 0 et toute majoration de M1 ou M2 est triviale.
Si M1 = 0, alors f est constante et il vient M3 = 0.
Dans la suite, on suppose M3 " 0.
a) Puisque f est dans &3 , on a f ! &2 et f ! &2 .
Par application de (2) aux fonctions f et f , il vient M2 " 2M1 M3 et M1 " 2M0 M2 .
Avec M14 " 4M02 M22 et M22 " 2M1 M3 , il vient M14 " 8M02 M1 M3 , d’où M13 " 8M02 M3 .
Avec M26 " 8M13 M33 , il vient alors M26 " 64M02 M34 d’où M23 " 8M0 M32 .
2 1 1 2
D’où, finalement, (3) : M1 " 2M03 M33 et M2 " 2M03 M33 .
b) f étant de classe 3 sur ", avec f (3) bornée sur ", l’inégalité de Taylor-Lagrange donne pour
tout x ! " et tout h > 0 :
2 3
h M3 h
f (x h) f (x ) + hf (x ) f (x ) "
2 6
2 3
h M3 h
et f (x + h ) f (x ) hf (x ) f (x ) " .
2 6
3
M3 h
On en déduit f (x + h ) f (x h) 2hf (x ) " , puis :
3
2 2
f (x + h ) f (x h) M3 h M3 h M0
f (x ) " + " +
2h 6 6 h

2 M3 h 3
et f (x + h ) + f (x h) 2f (x ) h f (x ) "
3
f (x + h ) + f (x h) 2f (x ) M3 h M3 h 4M0
donc f (x ) " + " + 2 .
h
2 3 3 h
2
M3 h M0 3 3M0
La fonction + : "+ ", h ! + est dérivable et présente un minimum en h0 = .
6 h M3
2 2 1
1
Ce minimum vaut 3 3 M03 M33 . C’est un majorant de M1 .
2

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 173
M3 h 4M0
La fonction 2 : "+ ", h ! + 2 est dérivable et présente un minimum en :
3 h
3 3M0
h1 = 2 .
M3
1 1 2
Ce minimum vaut 3 3 M03 M33 . C’est un majorant de M2 .

3) a) f (n 2)
est de classe 2
puisque f est dans &n .
En appliquant (2) à la fonction f (n 1)
, il vient Mn 1 " 2Mn 2 Mn .

b) Étant donné n ! ! , soit $(n ) la propriété :


1 1 1
&an ! "+ , $f ! &n , Mn " an Mon Mn n
avec ann " 2n 1 ann 11 si n ! 2.
1
D’après les questions précédentes, les propriétés $(1), $(2) et $(3) sont vraies, avec :
a1 = 1, a2 = 2, a3 = 2.
Supposons alors que $(n 1) soit vraie et soit f ! &n .
1 1 1
n 1
Il existe donc an 1 tel que Mn 2 " an 1 M0 Mn 1n 1 , d’où Mnn 21 " ann 11 M0 Mnn 12 .
Avec Mn2(n1 1)
" 2n 1
Mnn 21 Mnn 1 , il vient :
Mn2(n1 1) " 2n 1 ann 11 M0 Mnn 12 Mnn 1 soit Mnn 1 " 2n 1 ann 11 M0 Mnn 1 .
On en déduit l’existence de an tel que :
1 1 1
Mn 1 " an M0n Mn n , c’est-à-dire Mnn 1 " ann M0 Mnn 1 avec ann " 2n 1 ann 11 .
Ainsi la propriété $(n ) est récurrente et elle est donc vraie pour tout n ! ! , ce qui prouve
l’existence de la suite an n !! .
n 1
c) Soit '(n ) la propriété an " 2 2 . Avec a1 = 1, la propriété '(1) est vraie.
Supposons que la propriété '(n 1) soit vraie.
n 2 (n 1)(n 2) (n 1)(n 2) (n 1) n
On a alors an 1"2
2 , donc ann 11 " 2 2 , puis ann " 2n 1
2 2 =2 2

n 1 n 1 1 n 1
et il s’ensuit an " 2 2 . Il en résulte que pour tout f ! &n : Mn 1 " 2 2 M0n Mn n .

k (n k ) n k k
d) Soit ((k ) la propriété Mk " 2 2 M0 n Mnn pour 0 " k " n .
((n ) est évidente et ((n 1) est vraie d’après le c).
Supposons que ((k ) soit vraie, avec 1 " k " n . D’après le c), on a :
k 1 1 k 1
Mk 1 " 2 2 M0k Mk k
k 1 (k 1)(n k ) (k 1)(n k ) k 1
et ((k ) donne Mk k " 2 2 M0 kn
Mn n donc :
(k 1)(n k +1) n k +1 k 1
Mk 1 " 2 2 M0 n Mn n ,
ce qui montre que ((k 1) est vraie.
La propriété ((k ) est ainsi établie par récurrence descendante.

Étude d’un exemple


1
4) Soit Ip = [1 1 / 2p, 1]. On a wp Ip continue et de valeur 2 en 1 2p
, donc wp ]0,1[ est
continue et par parité, wp est continue sur ] 1, 1[.

174 Thèmes d’étude – Problèmes


Avec wp (1) = wp ( 1) = 0, la condition wp (x + 2) = wp (x ) permet de définir wp sur [1, 3],
sans ambiguïté en 1 et wp (3) = wp (1) = 0, donc wp est continue sur ] 1, 3[.
Pour x ! ", wp (x + 4) = wp (x + 2) = wp (x ) et wp est de période 4. Il y a raccordement continu
en 1 et en 3, donc wp est continue sur ".

5) Étant la primitive nulle en 0 de wp continue, paire et de période 4, la fonction vp est impaire.


Sur [0, 1 1 / 2p], on a vp (x ) = 2x ,
x
1
et sur [1 1 / 2p, 1], on a vp (x ) = 2 + 2 sin p , (1 t ) dt donc :
p 1
1
2p

1 2
vp (x ) = 2 + cos p , (1 x) .
p p,
Par imparité, on connaît vp sur [ 1, 1].
x +2 1 2 x +2
vp (x + 2) = wp = wp + wp + wp .
0 0 1 2
2 0 0 1
Or wp = wp (2 + t ) dt = wp (t ) dt = wp (t ) dt par parité de wp et :
1 1 1 0
x +2 x x
wp (t ) dt = wp (2 + t ) dt = wp (t ) dt .
2 0 0
Il s’ensuit vp (x + 2) = vp (x ) puis la période 4 pour vp .

6) Primitive de vp impaire, la fonction up est paire : up ( x ) = up (x ).


Sur [1 1 / 2p, 1], on a :
x
1 2 1 2
up (x ) = 2 + cos p , (1 t) dt = 2 (1 x) 2 2
sin p , (1 x)
1 p p, p p ,
1 1 1 2
et up 1 = 2 2 2
.
2p p 2p p ,
Sur [0, 1 1 / 2p], on a :
1 1 x x
2p 1
up (x ) = vp (t ) dt + vp (t ) dt = up 1 + 2t dt
1 1 1 2p 1 1
2p 2p

1 1 1 2 2
donc up (x ) = 2 + x2 1 2 2
.
p 2p 2p p ,
x +2 x x 1 x
up (x + 2) = vp (t ) dt = vp (t + 2) dt = vp (t ) dt = vp (t ) dt vp (t ) dt
1 1 1 1 1
donc up (x + 2) = up (x ) puisque vp est impaire.

2 1
7) a) M2 (p) = sup wp (x ) = 2 ; M1 (p) = sup vp (x ) = vp (1) = +2 1 ;
x !" x !" p, 2p
2 1 2 1 1
M0 (p) = sup up (x ) = up (0) = 2 2
+ 1 + 2 .
x !" p , 2p p 2p

b) M0 = lim M0 (p) = 1, M1 = lim M1 (p) = 2 et M2 = lim M2 (p) = 2


p + p + p +

On a donc M1 = 2M0 M2 et l’inégalité (2) est optimale, en ce sens qu’un coefficient plus petit
que 2 devant M0 M2 donnerait une inégalité fausse pour p assez grand.

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 175
x
8) Up (x ) = up (t ) dt . Il suffit de calculer Up (x ) pour x ! [0, 1].
0
3
x 1 1 2 1 2
Sur [0, 1 1 / 2p], Up (x ) =
3
+
p
2
2p 2 2 1
2p
x.
p ,
x
1
Sur [1 1 / 2p, 1], Up (x ) = Up 1 + up (t ) dt .
2p 1 1
2p
1 2
lim M0 (Up ) = lim Up (1) = lim Up 1 = .
p + p + p + 2p 3
lim M3 (Up ) = 2.
p +
lim M1 (Up ) = lim M0 (up ) = 1 et lim M2 (Up ) = lim M1 (up ) = 2.
p + p + p + p +
2
1 2 2 1 1 2 2 3
1
Il s’ensuit lim 3 3 M0 (up ) 3 M3 (up ) 3 = 3 3 2 3 = 1 = lim M1 (up ) et la majoration
p + 2 2 3 p +
est optimale.
1
1 1 2 1 2 3
2
De même, lim 3 3 M0 (up ) 3 M3 (up ) 3 = 3 3 2 3 = 2 = lim M2 (up ) et la majoration est
p + 3 p +
optimale.

12 Majoration de fonction pseudo-additive


Soit a un réel positif et f une fonction réelle continue sur "+ et telle que :
$(u, v) ! "2+ , f (u + v) f (u ) f (v) " a . (1)

1) Établir que $u ! "+ , $n ! ! , f (nu ) nf (u ) " (n 1)a . (2)


2) a) Montrer que $x ! 1, &(u, n ) ! [1, 2] ! , x = nu .
En déduire que $x ! 1, f (x ) " x a + sup f (u ) .
u ![1,2]

b) On pose A = sup f (u ) et B = sup f (u ) .


u ![1,2] u ![0,1]
Montrer que $x ! 0, f (x ) " (A + a )x + B.
x
3) Soit u et x réels, 1 " u " x , et m = E .
u

a) Montrer que f (x ) mf (u ) f (x mu ) " ma .

f (x ) f (u ) c0 u a
b) Montrer qu’il existe c0 ! 0 tel que : $(u, x ), 1 " u " x, x u
"
x
+ .
u

f (x ) f (u ) c
4) Montrer qu’il existe c ! 0 tel que, pour tout (u, x ), 1 " u " x , " .
x u u

5) Soit g1 et g2 , h1 et h2 les fonctions définies sur [1, + [ par :


1 1
g1 (u ) = f (u ) c , g2 (u ) = f (u ) + c , h1 (x ) = sup g1 (u ), h2 (x ) = inf g2 (u ).
u u u ![1, x ]
u ![1, x ]

176 Thèmes d’étude – Problèmes


Montrer que :
1 1 1
a) $x ![1, x ], h1 (x )! f ( x) c , h2 (x )" f ( x )+ c et h1 (x )" x f (x )" h2 (x ) ;
x x
b) h1 est croissante et h2 est décroissante ;
f (x )
c) h1 et h2 ont une limite quand x tend vers + et que lim h1 = lim h2 = lim .
+ + x + x
On note # cette limite.

6) Montrer que, pour tout x ! 0, f (x ) #x " a .

Solution

1) L’inégalité est vraie si n = 1. Supposons la vraie pour n ! ! .


On a f [(n + 1)u ] (n + 1)f (u ) = f [(n + 1)u ] f (nu ) f (u ) + f (nu ) nf (u ).
Avec (1) et l’hypothèse de récurrence, il vient f [(n + 1)u ] (n + 1)f (u ) " na .
On a ainsi prouvé (2) par récurrence.

2) a) Soit n = E (x ) la partie entière de x . Avec x ! 1, on a n ! ! . Avec n " x < n + 1 " 2n , il


x
reste à poser u = pour conclure.
n
x x
Avec 1), on a f (x ) f (u ) " na d’où f (x ) " ( f (u ) + a ) " x a + sup f (u ) .
u u u ![1,2]

b) Pour x ! 1, on a f (x ) " (a + A)x . Pour x ! [0, 1], on a f (x ) " B.


Par suite, pour tout x ! 0, f (x ) " (a + A)x + B.

x
3) a) Avec ! 1, c’est-à-dire m ! 1, on applique les propriétés (1) et (2) à :
u
f (x ) mf (u ) f (x mu ) = [f (x ) f (mu ) f (x mu )] + [f (mu ) mf (u )]
et on obtient :
f (x ) mf (u ) f (x mu ) " a + (m 1)a = ma .
x
b) Posons y = m . On a 0 " y < 1 et x mu = uy.
u
f (x ) f (u ) 1 x 1
= f (x ) f (u ) = f (x ) mf (u ) yf (u )
x u x u x
f (x ) f (u ) 1
ce qui s’écrit aussi : x = f (x ) mf (u ) f (x mu ) + f (uy) yf (u ) d’où, avec la
u x
majoration du a) :
f (x ) f (u ) 1
" ma + f (uy) yf (u ) .
x u x
Avec f (uy) " (a + A)uy + B " (a + A)uy + Bu et f (u ) " (a + A)u + B " (a + A + B)u , et avec
0 " y " 1, on obtient alors :
f (x ) f (u ) m 2u
" a+ a+A+B .
x u x x

m 1 f (x ) f (u ) a uc0
En remarquant que x " u , et en posant c0 = 2(a + A + B), on obtient " + .
x u u x

Chapitre 3 - Réels, suites, limites. Continuité, dérivation. Taylor. Développements limités 177
4) Avec 1 " u " x et x " x , la majoration précédente s’applique.
u 1 a uc 1
On a x ! u 2 donc " et il s’ensuit + 0 " (a + c0 ) .
x u u x u
On conclut en posant c = a + c0 .

1 1
5) a) On a h1 (x ) ! g1 ( x ) = (f ( x ) c ) et h2 (x ) " g2 ( x ) = (f ( x ) + c ).
x x
c f (x ) f (u ) c 1 f (x ) 1
Pour u ![1, x ], on a u " x u
" d’où (f (u ) c )"
u u x
" (f (u )+ c ), c’est-à-dire :
u
f (x )
g1 (u ) " " g2 (u ).
x
f (x )
Il s’ensuit h1 (x ) " " h2 (x ).
x
b) Pour 1 " x1 " x2 , on a [1, x1 ] # [1, x2 ] d’où h1 (x1 ) " h1 (x2 ) et h2 (x1 ) ! h2 (x2 ).
f (x )
c) On a h1 (1) " h1 (x ) " " h2 (x ) " h2 (1).
x
La fonction h1 est croissante et majorée. Elle admet donc une limite en + .
La fonction h2 est décroissante et minorée. Elle admet donc une limite en + .
f (x ) f (x ) f ( x) c 2c
Avec h1 (x ) ! g1 ( x ), on a 0 " h1 (x ) " + " avec 4).
x x x x x
f (x )
Il vient alors lim = lim h1 (x ).
x + x x +

f (x ) 2c f (x )
De même, 0 " h2 (x ) " donne lim = lim h2 (x ).
x x x + x x +

g(x )
6) Soit g(x ) = f (x ) lx . On a lim = 0.
x x +
Supposons qu’il existe x0 ! 0 tel que g(x0 ) > a .
f (x + x0 ) f (x ) f (x0 ) " a donne g(x + x0 ) + (x + x0 ) # g(x ) x # g(x0 ) x0 # " a ,
c’est-à-dire g(x + x0 ) g(x ) g(x0 ) " a
Il vient alors g(x + x0 ) g(x ) ! g(x0 ) a > 0. On a donc x0 " 0.
Par récurrence, g(x + nx0 ) g(x ) ! n [g(x0 ) a ], et en particulier, avec x = 0, on obtient :
g(nx0 ) g(0) g(x0 ) a
! + .
nx0 nx0 x0
g(x0 ) a
En prenant la limite pour n , il vient 0 ! x0
> 0, ce qui est contradictoire.

On en déduit $x ! 0, g(x ) " a . On montre de même que $x ! 0, g(x ) ! a . Ainsi :


$x ! 0, f (x ) #x " a .

178 Thèmes d’étude – Problèmes


CHAPITRE 4
Espaces vectoriels
Applications linéaires
Dimension finie

Sujets d’oraux 180


A. Espaces vectoriels, applications linéaires 180
B. Dimension finie 189

Thèmes d’étude – Problèmes 203


1. Polynômes d’interpolation de Lagrange 203
2. Images itérées et endomorphisme nilpotent 205
3. Un sous-espace vectoriel de polynômes 206

Chapitre 4 - Espaces vectoriels. Applications linéaires. Dimension finie 179


Sujets d’oraux
A Espaces vectoriels, applications linéaires

Ex. 1
Soit E un espace vectoriel, p un projecteur et u un endomorphisme de E . Montrer que
p u = u p si et seulement si Ker p et Im p sont stables par u .

Comme souvent dans une équivalence de proposition, les preuves de la condition nécessaire et
de la condition suffisante s’établissent avec des arguments différents.
Pour montrer que si p et u commutent, alors Ker p et Im p sont stables par u , il n’est pas utile
de supposer que p est un projecteur.
On peut évidemment se limiter au problème particulier mais il est aussi simple de prouver que
si deux endomorphismes commutent, alors le noyau et l’image de l’un sont stables par l’autre.
Soit p et u des endomorphismes de E qui commutent.
Pour tout x ! Ker p, on a p(x ) = 0E , donc u p(x ) = 0E puis p u (x ) = 0E donc u (x ) ! Ker p.
On a donc u (Ker p) " Ker p.
Pour tout x ! Im p, il existe y ! E , x = p(y). Alors u (x ) = u p(y) = p u (y) ! Im p.
On a donc u (Im p) " Im p.
Pour la réciproque, la stabilité de Ker p et de Im p rend intéressant que, pour un projecteur, on
ait Ker p ! Im p = E .
Pour un projecteur, Im p = Inv p facilite bien la tâche.
En outre une application linéaire est caractérisée par ses restrictions à des sous-espaces supplé-
mentaires.
Supposons que Ker p et Im p sont stables par u . Comme p est un projecteur, on a :
Ker p ! Im p = E
et il suffit de comparer les restrictions des endomorphismes u p et p u aux sous-espaces Ker p
et Im p.
Pour tout x ! Ker p, on a p(x ) = 0E donc u p(x ) = 0E .
Et avec la stabilité, on a aussi u (x ) ! Ker p donc p u (x ) = 0E .
En conséquence, les restrictions p u Ker p et u p Ker p sont égales.
Pour tout x ! Im p, on a p(x ) = x , donc u p(x ) = u (x ).
Et avec la stabilité, on a aussi u (x ) ! Im p donc p u (x ) = u (x ).
En conséquence, les restrictions p u Im p et u p Im p sont égales.
En conclusion, ayant mêmes restrictions aux sous-espaces supplémentaires Ker p et Im p, les
applications u p et p u sont égales.

Ex. 2
Soit u et v des endomorphismes d’un "-espace vectoriel.
Montrer que Ker(vu ) = Ker u si et seulement si Im u # Ker v = 0E .
Montrer que Im(vu ) = Im v si et seulement si Im u + Ker v = E .

vu est usuellement mis pour v u.

180 Sujets d’oraux


L’inclusion Ker u " Ker(vu ) et l’inclusion Im(vu ) " Im v sont vraies sans hypothèse
particulière. De ce fait, seules les inclusions contraires sont à examiner.

1 ) Examinons l’équivalence Ker(vu ) " Ker u Im u # Ker v = 0E .


Supposons que Ker(vu ) " Ker u et considérons x ! Im u # Ker v.
Il existe y ! E tel que x = u (y) et on a v(x ) = 0E .
On en déduit vu (y) = 0E , c’est-à-dire y ! Ker vu .
Il s’ensuit (hypothèse de travail) que y ! Ker u , c’est-à-dire u (y) = 0E , donc x = 0E et on
en déduit Im u # Ker v = 0E .
Supposons que Im u # Ker v = 0E et considérons x ! Ker(vu ).
vu (x ) = 0E donne u (x ) ! Ker v. Par ailleurs on a u (x ) ! Im u . Il s’ensuit (hypothèse de
travail) que u (x ) = 0E , c’est-à-dire x ! Ker u et on en déduit Ker(vu ) " Ker u .
2)
Pour le second point, l’appel à Im u et à l’endomorphisme vu incite à considérer la restriction
de v à Im u .

Examinons l’équivalence Im v " Im(vu ) Im u + Ker v = E .


Supposons que Im v " Im(vu ) et considérons x ! E .
Face à x quelconque, on considère v(x ) pour avoir un élément de Im v et être en mesure
d’exploiter Im v " Im(vu ).

Avec v(x ) ! Im v, on a (hypothèse de travail) v(x ) ! Im(vu ).


Il existe donc y ! E tel que v(x ) = vu (y).
On a ainsi v x u (y) = 0, c’est-à-dire x u (y) ! Ker v.
Il reste à écrire x = u (y) + x u (y) pour voir que x ! Im u + Ker v.
Il s’ensuit que E " Im u + Ker v, c’est-à-dire E = Im u + Ker v.
Supposons que E = Im u + Ker v et considérons x ! Im v.
Il existe y ! E tel que x = v(y).
Avec E = Im u + Ker v, il existe z ! Im u et t ! Ker v tels que y = z + t .
On a donc x = v(z ) puisque v(t ) = 0E .
Alors, avec z ! Im u , il vient x ! Im(vu ) et il s’ensuit Im v " Im(vu ).

Ex. 3
Soit E un espace vectoriel réel, f un endomorphisme tel que f 3 = IdE , a ! # et u ! E .
Chercher les vecteurs x de E tels que x + af (x ) = u .

L’équation se lit !(u ) = u , où ! = IdE +af est un endomorphisme de E .


IdE +af apparaît dans la factorisation de (1 + a 3 ) IdE = IdE +a 3 f 3 :
(1 + a 3 ) IdE = IdE +a 3 f 3 = (IdE +af ) (IdE af + a 2 f 2 ) = (IdE af + a 2 f 2 ) (IdE +af ).
3
La mise en évidence d’une factorisation de (1 + a ) IdE par IdE +af invite à distinguer le cas
général a $ 1 du cas particulier a = 1.

1 1
Si on a a $ 1, alors ! est bijective, d’inverse ! = IdE af + a 2 f 2 .
1 + a3
1
u ! E admet alors un antécédent unique x = u af (u ) + a 2 f 2 (u ) .
1 + a3

Chapitre 4 - Espaces vectoriels. Applications linéaires. Dimension finie 181


Dans le cas général où a $ 1, on a une solution et une seule.
Attachons-nous maintenant au cas particulier a = 1.
Pour orienter les calculs, notons que f 3 IdE = 0 se lit ( f IdE ) ( f 2 + f + IdE ) = 0.

Cas où a = 1. Une solution x éventuelle vérifie nécessairement x f (x ) = u (1) puis, en


prenant les images par f , f (x ) f 2 (x ) = f (u ) (2) et f 2 (x ) f 3 (x ) = f 2 (u ), c’est-à-dire :
f 2 (x ) x = f 2 (u ) (3).
En ajoutant membres à membres, on en déduit que u + f (u ) + f 2 (u ) = 0.
Notons " = IdE +f + f 2 . Il n’y a pas de solution quand u % Ker ".
Examinons enfin le cas où u + f (u ) + f 2 (u ) = 0.
Pour étudier une solution de l’équation, ou peut s’inspirer de la solution obtenue dans le cas :
1
a$ 1 qui est u af (u ) + a 2 f 2 (u ) .
1 + a3
Avec a = 1 + h , on aura peut-être une idée d’une solution possible.

1
Considérons v = u af (u ) + a 2 f 2 (u ) pour a $ 1 et posons a = 1 + h.
1 + a3
On a 1 + a 3 = (1 + a )(1 a + a 2 ) = h (3 3h + h 2 ) et :
u af (u ) + a 2 f 2 (u ) = u + f (u ) + f 2 (u ) hf (u ) 2hf 2 (u ) + h 2 f 2 (u ),
c’est-à-dire u af (u ) + a 2 f 2 (u ) = hf (u ) 2hf 2 (u ) + h 2 f 2 (u ) puisque u + f (u ) + f 2 (u ) = 0.
2
Notons que u + f (u ) + f (u ) = 0 donne aussi f (u ) 2f 2 (u ) = 2u + f (u ).
1
Alors v = 2u + f (u ) + hf 2 (u ) .
3 3h + h 2
1
Avec maintenant h = 0, on est conduit à envisager x0 = 2u + f (u ) .
3
1 1
On a f (x0 ) = 2f (u ) + f 2 (u ) puis x0 f (x0 ) = 2u f (u ) f 2 (u ) .
3 3
Avec u + f (u ) + f 2 (u ) = 0, il vient x0 f (x0 ) = u , ce qui montre que x0 est solution de l’équation.

Il reste enfin à décrire l’ensemble des solutions, en s’appuyant sur cette solution particulière.

Compte tenu de !(x0 ) = u , l’équation !(x ) = u équivaut à !(x x0 ) = 0, c’est-à-dire x x0 !Ker !.


L’ensemble des solutions est donc x0 + Ker(IdE f ) ou encore x0 + Inv f .

Ex. 4
Pour tout P ! #[X ], on pose !(P ) = XP P . Quels sont les éléments propres de ! ?

Les valeurs propres de l’endomorphisme ! sont les réels # pour lesquels il existe P ! #[X ] non
nul tel que !(P ) = #P .
On dit alors que P est un vecteur propre associé à #.

!(P ) = #P est équivalent à XP = (# + 1)P (1).


Cas particulier : # = 1. Alors (1) se lit XP = 0, c’est-à-dire P = 0. Les polynômes qui
conviennent sont les polynômes constants.
De la sorte, 1 est valeur propre pour ! et les vecteurs propres associés à 1 sont les éléments
de # .

182 Sujets d’oraux


Pour # $ 1, (1) montre que P divise P .
Rappel d’un résultat classique : les polynômes non constants qui sont divisibles par leur polynôme
dérivé sont les P = a (X $)n , avec a ! # , $ ! # et n ! $ .

P = a (X $)n est vecteur propre pour # $ 1 si et seulement si :


n 1 n
anX (X $) = (# + 1)a (X $) c’est-à-dire avec a $ 0, nX = (# + 1)(X $).
Cette égalité est vraie si et seulement si $ = 0 et n = # + 1.
Les valeurs propres de ! autres que 1 sont donc les réls n 1, avec n ! $ .
Les vecteurs propres associés à n 1 sont les polynômes aX n , avec a ! # .

Ex. 5
Soit E un espace vectoriel et u ! !(E ) tel que Im u = Im u 2 . Que peut-on dire de u ?

La question «que peut-on dire de u ?» est assez ouverte. Sans autre piste plus ou moins suggérée,
il est classique de chercher des informations sur le noyau et l’image de u .
Pour tout f !!(E ), on a Im f 2 "Im f . Alors l’hypothèse Im u = Im u 2 équivaut à Im u "Im u 2 .

Supposons que Im u " Im u 2 .


Pour tout x ! E , on a u (x ) ! Im u , donc u (x ) ! Im u 2 . Il existe alors t ! E tel que u (x ) = u 2 (t ).
On en déduit u x u (t ) = 0 donc x u (t ) ! Ker u .
En écrivant x = u (t ) + x u (t ) , il vient x ! Im u + Ker u , d’où E " Im u + Ker u , c’est-à-dire :
E = Im u + Ker u .
Supposons que E = Im u + Ker u et considérons x ! Im u .
Il existe y ! E tel que x = u (y) puis il existe (z, t ) ! Ker u Im u tel que y = z + t .
On en déduit u (y) = u (z ) + u (t ), c’est-à-dire u (y) = u (t ) = u 2 (t ), où t est un antécédent de t par
u.
On a donc x = u 2 (t ) et il s’ensuit que Im u " Im u 2 .
En conclusion, on a Im u = Im u 2 si et seulement si E = Ker u + Im u .
Confronté à E = Ker u + Im u , il est légitime d’examiner si on ne pourrait pas affiner l’infor-
mation : Ker u et Im u ne seraient-ils pas supplémentaires dans E ?

Soit E le #-espace vectoriel des fonctions réelles de classe sur #.


La dérivation est un endomorphisme u de E . Tout f ! E admet une primitive qui est dans E .
Autrement dit, u est surjectif et on a donc Im u 2 = Im u = E .
Toutefois Ker u est l’ensemble des fonctions constantes sur #.
0E $ Ker u = Ker u # Im u montre que Ker u et Im u ne sont pas supplémentaires bien que
l’on ait E = Ker u + Im u .

Ex. 6
Soit E un %-espace vectoriel. On considère f ! !(E ) pour lequel il existe a ! % tel que
f 3 3af 2 + a 2 f = 0. Montrer que Im f et Ker f sont supplémentaires.

Deux situations classiques peuvent guider une démarche.


Projecteurs : p2 = p se lit p (IdE p) = 0 et on a Ker p ! Ker(IdE p) = E .
2
Involutions : s = IdE se lit (IdE s) (IdE +s) = 0 et on a Ker(IdE s) ! Ker(IdE +s) = E .
On peut espérer dans le cas présent que Ker f ! Ker a 2 IdE 3af + f 2 = E .

Chapitre 4 - Espaces vectoriels. Applications linéaires. Dimension finie 183


Soit x ! Ker f # Ker a 2 IdE 3af + f 2 . Alors f (x ) = 0 et a 2 x = 3af (x ) f 2 (x ) donne a 2 x = 0,
donc x = 0 car a $ 0. Il s’ensuit que Ker f # Ker a 2 IdE 3af + f 2 = 0 .
La somme de Ker f et de Ker a 2 IdE 3af + f 2 est donc directe. Il reste à voir si cette somme
est égale à E .
Soit x ! E . On cherche y ! Ker f et z ! Ker a 2 IdE 3af + f 2 tels que x = y + z .
On a nécessairement f (x ) = f (z ) et f 2 (x ) = f 2 (z ).
z ! Ker a 2 IdE 3af + f 2 donne a 2 z = 3af (z ) f 2 (z ) = 3af (x ) f 2 (x ).
1 1
La seule solution possible est donc z = 2 3af (x ) f 2 (x ) et y = x 2 3af (x ) f 2 (x ) .
a a
1
On a f (y) = a 2 f (x ) 3af 2 (x ) + f 3 (x ) = 0 car f 3 3af 2 + a 2 f = 0, d’où y ! Ker f .
a2
Pour examiner si z ! Ker a 2 IdE 3af + f 2 , formons a 2 z 3af (z ) + f 2 (z ).
1 1
Avec z = 2 3af (x ) f 2 (x ) , on a f (z ) = 2 3af 2 (x ) f 3 (x ) .
a a
Avec f 3 (x ) = 3af 2 (x ) a 2 f (x ), il vient f (z ) = f (x ), puis f 2 (z ) = f 2 (x ).
Il s’ensuit que a 2 z 3af (z ) + f 2 (z ) = 0, c’est-à-dire z ! Ker a 2 IdE 3af + f 2 .
En première conclusion, les deux sous-espaces Ker f et Ker a 2 IdE 3af + f 2 sont supplé-
mentaires dans E .
La question concerne Ker f et Im f . Une solution consiste alors à examiner si les sous-espaces
Im f et Ker a 2 IdE 3af + f 2 n’auraient pas le bon goût d’être égaux.
3 1
Soit x ! Ker a 2 IdE 3af + f 2 : a 2 x = 3af (x ) f 2 (x ) donne x = f
a
x 2 f (x ) ! Im f .
a
On a donc Ker a 2 IdE 3af + f 2 " Im f .
D’autre part, il est classique que u v = 0 donne Im v " Ker u .
Ainsi, puisque f 3 3af 2 + a 2 f = 0 s’écrit a 2 IdE 3af + f 2 f = 0, il vient :
Im f " Ker a 2 IdE 3af + f 2 .
Finalement, on a Ker f ! Im f = E .

Ex. 7
Soit p1 et p2 des projecteurs et q = p1 + p2 p2 p1 .

1) Montrer que si p1 p2 = p2 p1 , alors q est un projecteur ; étudier Im q et Ker q.


2) Montrer que si p1 p2 = 0, alors q est un projecteur ; étudier Im q et Ker q.

1)
Dans la mesure où p1 et p2 commutent, q 2 = (p1 + p2 p2 p1 )2 se développe comme (a + b + c )2
dans #.
q 2 = (p1 + p2 p2 p1 )2 = p12 + p22 + p12 p22 + 2p1 p2 2p12 p2 2p1 p22 et avec p12 = p1 , p22 = p2 , il
vient :
q 2 = p1 + p2 + p1 p2 + 2p1 p2 2p1 p2 2p1 p2 = p1 + p2 p1 p2 = q.
Il est naturel de préciser le noyau et l’image de q à l’aide de ceux de p1 et de p2 .
Rappelons que, pour tout projecteur p, le sous-espace des vecteurs invariants est égal au sous-
espace Im p.

184 Sujets d’oraux


On a Im p1 p2 " Im p1 et Im q " Im p1 + Im p2 + Im p1 p2 donne Im q " Im p1 + Im p2 .
On voit que pour x ! Ker p1 # Ker p2 , on a q(x ) = 0, donc Ker p1 # Ker p2 " Ker q.
Ces inclusions sont banales. Il reste à examiner si on peut établir les inclusions contraires.

Soit x ! Im p1 = Inv p1 .
On a q(x ) = p1 (x ) + p2 (x ) p2 p1 (x ) = x + p2 (x ) p2 (x ) = x , d’où Im p1 " Im q.
De même, on obtient Im p2 " Im q et il s’ensuit Im p1 + Im p2 " Im q et finalement :
Im p1 + Im p2 = Im q.
Soit x ! Ker q : p1 (x ) + p2 (x ) p1 p2 (x ) = 0.
En prenant l’image par p1 , et avec p12 (x ) = p1 (x ), il vient p1 (x ) + p1 p2 (x ) p1 p2 (x ) = 0, d’où :
x ! Ker p1 .
On obtient de même (avec p1 p2 = p2 p1 ) : x ! Ker q x ! Ker p2 , et finalement :
Ker q = Ker p1 # Ker p2 .

2)
Il faut prendre garde au fait que p1 et p2 ne sont pas supposés commuter. Les simplifications
dans le développement de q 2 viendont de p1 p2 = 0. Noter que l’on ne sait (provisoirement)
rien au sujet de p2 p1 .

On a q2 = p1 + p2 p2 p1 p1 + p2 p2 p1
= p12 + p1 p2 p1 p2 p1 + p2 p1 + p22 p22 p1 p2 p12 p2 p1 p2 + p2 p1 p2 p1
et avec p12 = p1 , p22 = p2 p1 p2 = 0, il vient q 2 = p1 + p2 p2 p1 = q.
Comme en question 1), on a Im q " Im p1 + Im p2 et Ker p1 # Ker p2 " Ker q.
Étudions les inclusions contraires.
Soit x ! Ker q : q(x ) = p1 (x ) + p2 (x ) p2 p1 (x ) = 0.
En composant par p1 , il vient :
p1 (x ) + p1 p2 (x ) p1 p2 p1 (x ) = 0
et avec p1 p2 = 0, il vient p1 (x ) = 0, d’où Ker q " Ker p1 .
En reportant dans p1 (x ) + p2 (x ) p2 p1 (x ) = 0, on a p2 (x ) = 0 d’où Ker q " Ker p2 , puis
Ker q " Ker p1 # Ker p2 et finalement, Ker q = Ker p1 # Ker p2 .
Pour Im q, considérons z ! Im p1 + Im p2 .
Il existe alors x ! Im p1 et y ! Im p2 tel que z = p1 (x ) + p2 (y).
On vérifie sans peine que qp1 = p1 et qp2 = p2 , d’où q(z ) = qp1 (x ) + qp2 (y) = p1 (x ) + p2 (y) = z ,
donc Im q & Im p1 + Im p2 et finalement, Im q = Im p1 + Im p2 .

Ex. 8
Soit E un %-espace vectoriel non nul. On considère des projecteurs f et g non nuls, distincts
et tels qu’il existe (#, %) ! %2 tels que fg gf = #f + %g (1).
1) On suppose # % 0, 1 .
Montrer que, pour tout x ! E , on a fg(x ) ! Im g et que Im f " Im g.
Montrer que gf = f et # + % = 0 et en déduire que fg = g et # = 1.
2) On suppose # % 0, 1 .
Montrer que le noyau de g est inclus dans celui de f .
Montrer que fg = f et # + % = 0 et en déduire que gf = g et # = 1.

Chapitre 4 - Espaces vectoriels. Applications linéaires. Dimension finie 185


Comme usuel, on convient de noter fg la composée f g.

1)
Pour faire apparaître fg(x ), on peut évidemment utiliser (1) directement pour x .
Dans le souci d’utiliser que g est un projecteur, on note que fg(x ) = fgg(x ) et on peut appliquer
(1) à g(x ).

Soit x ! E . Appliquons (1) à g(x ). Il vient fgg(x ) gfg(x ) = #fg(x ) %gg(x ).


2
Avec g = g, on obtient (2) fg(x ) gfg(x ) = #fg(x ) + %g(x ), c’est-à-dire :
(1 #)fg(x ) = g fg(x ) + %x .
1
Avec # $ 1, il s’ensuit fg(x ) = g fg(x ) + %x , d’où fg(x ) ! Im g. (2)
1 #
Avec fg(x ) ! Im g, on peut directement appliquer (1) à x en isolant f (x ).

Pour tout x ! E , on a fg(x ) gf (x ) = #f (x ) + %g(x ) d’où avec # $ 0 :


1
f (x ) = fg(x ) g[f (x ) + %x ] .
#
Avec (2), il vient fg(x ) g f (x ) + %x ! Im g, puis f (x ) ! Im g et Im f " Im g.

Une qualité utile d’un projecteur p est que Im p est le sous-espace des vecteurs invariants.

On a vu que &x ! E , f (x ) ! Im g. En notant que Im g = Inv g, il vient gf (x ) = f (x ) c’est-à-


dire gf = f . On a donc fg f = #f + %g.
En composant à droite par f , il vient fgf f = #f + %gf .
Avec gf = f et donc fgf = f 2 = f , on obtient 0 = (# + %)f puis # + % = 0 puisque f $ 0.
En composant à droite fg f on obtient 0 en utilisant g 2 = g.

Avec # + % = 0, la relation (1) devient fg f = #( f g). En composant à droite par g, il vient


0 = #( fg g) d’où fg = g puisque # $ 0.
La relation (1) devient alors g f = #( f g). Avec f $ g, il s’ensuit # = 1.

2)
Pour exploiter x ! Ker g, on peut utiliser directement (1).

Soit x ! Ker g. Alors (1) donne gf (x ) = #f (x ).


En composant à gauche par g, il vient gf (x ) = #gf (x ).
Avec # $ 1, on a gf (x ) = 0 et donc #f (x ) = 0 puis f (x ) = 0 car # $ 0. Ainsi, Ker g " Ker f .
Pour tout x , on a g(x ) = g2 (x ), donc x g(x ) est dans le noyau de g. Il est donc dans celui de
f . On peut alors exploiter Ker g " Ker f .

&x ! E , x g(x ) ! Ker g donne x g(x ) ! Ker f , d’où f (x ) = fg(x ), c’est-à-dire f = fg.
On a donc, en reportant dans (1), f gf = #f + %g.
En composant à gauche par f , il vient f fgf = #f + %fg, c’est-à-dire 0 = (# + %)f et donc :
# + % = 0.
(1) s’écrit alors f gf = #( f g).
En composant à gauche par g, il vient 0 = #( gf g), d’où gf = g.
On a alors f g = #( f g), et avec f g $ 0, il vient # = 1.

186 Sujets d’oraux


Ex. 9
Soit E un "-espace vectoriel et f , g des endomorphismes de E .
1) Montrer que, si IdE f g est injectif, alors IdE g f est injectif.
Montrer que, si IdE f g est surjectif, alors IdE g f est surjectif.
2) Montrer que :
Ker f g = Ker g Ker f # Im g = 0E ,
et que Im f g = Im f Ker f + Im g = E.
En déduire que f g est bijectif si et seulement si :
Im f = E , Ker g = 0E et Ker f ! Im g = E .
3) Montrer que, si IdE f g est inversible à gauche, alors IdE g f l’est aussi et que, si
IdE f g est inversible à droite, alors IdE g f l’est aussi.

Ce sujet porte sur une étude sous plusieurs aspects du composé de deux morphismes.
Les différentes questions sont largement indépendantes.
1) La démarche est simple : partir de x = g f (x ) et faire apparaître un élément de Ker(IdE f g).

Soit x ! Ker(IdE g f ), c’est-à-dire x = g f (x ).


On en déduit f (x ) = f g f (x ), c’est-à-dire f (x ) = f g f (x ) .
Cette relation exprime que f (x ) est dans le noyau de IdE f g.
Il vient alors f (x ) = 0 puis g f (x ) = 0, ce qui, avec x = g f (x ), donne x = 0.
Pour le second point, en partant de y ! E , avec x tel que y = x f g(x ), on peut espérer un x
tel que y = x g f (x ). On obtient g(y) = g(x ) g f g(x ) ou f (y) = f (x ) f f g(x ) ,
mais alors on perd y ! Pour faire apparaître simultanément g f et f g, on exprime que f (y)
admet un antécédent par IdE f g. On prend ainsi une longueur d’avance. On verra ensuite !

Soit y ! E . Alors f (y) ! E admet un antécédent x : f (y) = x f g(x ).


On en déduit g f (y) = g(x ) g f g(x ) ou encore : g f (y) = (IdE g f ) g(x ) .
En étape intermédiaire, on vient d’obtenir g f (y) ! Im(IdE g f ).
Pour conclure, il suffit de remarquer que y = (IdE g f )(y) + g f (y) pour voir que y est la
somme de deux éléments de Im(IdE g f ).
2) Il est vrai que Ker g " Ker f g. De ce fait la première équivalence se réduit à :
Ker f g " Ker g Ker f # Im g = 0 .
Ce que l’on note (1) (2).
Soit y ! Ker f # Im g. Il existe x tel que y = g(x ) et f (y) = 0. Il s’ensuit f g(x ) = 0,
c’est-à-dire x ! Ker f g. L’hypothèse (1) donne alors g(x ) = 0, donc y = 0.
Ce qui établit Ker f g " Ker g Ker f # Im g = 0 .
Soit x ! Ker f g. On a f g(x ) = 0, d’où g(x ) ! Ker f et g(x ) ! Im g.
L’hypothèse (2) donne alors g(x ) = 0, c’est-à-dire x ! Ker g.
Ce qui établit Ker f # Im g = 0 Ker f g " Ker g.
Il est vrai que Im f g " Im f et que Ker f + Im g " E . De ce fait la seconde équivalence se
réduit à :
Im f " Im f g E " Ker f + Im g.
Ce que l’on note (3) (4).

Chapitre 4 - Espaces vectoriels. Applications linéaires. Dimension finie 187


Soit x ! E ; on a f (x ) ! Im f et (3) donne f (x ) ! Im f g.
Il existe t ! E tel que f (x ) = f g(t ), donc x g(t ) ! Ker f . Avec g(t ) ! Im g, on a :
x = x g(t ) + g(t ) ! Ker f + Im g.
Ce qui établit Im f " Im f g E " Ker f + Im g.
Soit y ! Im f . Il existe x ! E tel que y = f (x ). Avec (4), il existe u ! Ker f et v ! Im g tel que :
x = u + v.
Alors on a y = f (v) et, avec t ! E tel que v = g(t ), y = f g(t ) donne :
y ! Im f g.
Ce qui établit E " Ker f + Im g Im f " Im f g.
Pour le troisième point, on a besoin de :
f g injectif implique g injectif,
et de : f g surjectif implique f surjectif.

Si f g est bijectif, alors f est surjectif et g est injectif.


On a donc Im f g = Im f = E , et Ker( f g) = Ker g = 0 . Avec les points précédents, on en
déduit que E = Ker f + Im g et Ker f # Im g = 0 , donc E = Ker f ! Im g.
Réciproquement, supposons que Im f = E , Ker g = 0 et E = Ker f ! Im g.
E = Ker f + Im g implique Im f " Im f g, et avec Im f = E , il vient Im f g = E .
Ker f # Im g = 0 implique Ker f g " Ker g, et avec Ker g = 0 , il vient Ker f g = 0 .
On en déduit alors que f g est bijectif.

3) Supposons que IdE f g admet un inverse à gauche h : h (IdE f g) = IdE .


On a :
IdE +g h f IdE g f = IdE g f +g h f g h f g f

= IdE g f +g h IdE f g f
et, avec h (IdE f g) = IdE , il vient (IdE +g h f ) (IdE g f ) = IdE , ce qui prouve que
IdE g f est inversible à gauche.
C’est un peu un lapin sorti du chapeau d’un prestidigitateur, mais ça marche !

On vérifie de même que, si IdE f g admet un inverse à droite h , alors IdE +g h f est
inverse à droite de IdE g f .
En conclusion de cette analyse, il vient évidemment que si IdE f g est inversible, d’inverse h ,
alors IdE g f est inversible, d’inverse IdE +g h f .

188 Sujets d’oraux


B Dimension finie
Ex. 10
Soit E un "-espace vectoriel de dimension finie n '2. On considère un sous-espace vectoriel F
de dimension p, avec 0 < p < n et G un supplémentaire de F .

1) Soit a ! F et (ei )i ![[ 1,r ]] une base de G .


a) Montrer que la famille (a + ei )i ![[ 1,r ]] est libre.
b) Montrer que le sous-espace Ga engendré par (a + ei )i ![[ 1,r ]] est un supplémentaire de F
dans E .

2) a) Soit a et b des éléments de F . Montrer que Ga = Gb a = b.

b) En déduire que F admet une infinité de supplémentaires dans E .

Le corps " est # ou %.


En dimension finie, le théorème de la base incomplète permet d’établir que tout sous-espace
vectoriel admet un supplémentaire.
L’objet de ce sujet est de montrer l’existence d’une infinité de supplémentaires, sauf cas excep-
tionnels : en dimension 1 ou sous-espaces triviaux.

1)
L’existence en dimension finie d’un supplémentaire d’un sous-espace est seulement rappelée. Il
serait prudent de vous assurer que vous êtes en mesure de le prouver sans hésitation.
r r r
a) Pour (#i )i ![[ 1,r ]] ! "r , #i (a + ei ) = 0, s’écrit aussi #i a + #i ei = 0.
i =1 i =1 i =1
r r
On a #i a ! F et #i ei ! G . De F # G = 0 , on déduit en particulier :
i =1 i =1
r
#i ei = 0, puis &i ! [[ 1, r ]], #i = 0.
i =1
La famille (a + ei )i ![[ 1,r ]] est donc libre.
b)
Pour que F et Ga soient supplémentaires, il suffit que dim F + dim Ga = dim E et que
F # G a = 0E .

On a dim Ga = r et donc dim F + dim Ga = n .


Soit f ! F # Ga . Il existe (#i )i ![[ 1,r ]] ! "r tel que :
r r r
f = #i (a + ei ) ou encore f #i a= #i ei .
i =1 i =1 i =1
r
F # G = 0 donne #i ei = 0, d’où &i ! [[ 1, r ]], #i = 0 puis f = 0.
i =1
En conclusion, on a F ! Ga = E .

2) a) Supposons que Ga = Gb ; avec b + e1 ! Gb , on a b + e1 ! Ga .

Chapitre 4 - Espaces vectoriels. Applications linéaires. Dimension finie 189


r
Il existe alors (#i )i ![[ 1,r ]] ! "r tel que b + e1 = #k (a + ei ). On en déduit :
k =1
r r r r
b #k a = (#1 1)e1 + #k ek , avec b #k a ! F et (#1 1)e1 + #k ek ! G .
k =1 k =2 k =1 k =2
Avec F # G = 0 , il vient #1 = 1 et #k = 0 pour tout k > 1.
r
Alors b #k a = 0 donne b = a .
k =1
On peut aussi lire ce résultat en disant que l’application qui à a ! F associe le sous-espace Ga
est injective.

b) L’application qui à f ! F associe Gf est injective.


F contient un élément a non nul (dim F ' 1) et " est infini. La droite "a est donc infinie et les
Gf , f ! F , sont alors en nombre infini.
En conclusion, F admet donc une infinité de supplémentaires.

Ex. 11
Soit n un entier naturel, n ' 2, et E = #n [X ] l’espace vectoriel des polynômes réels de degrés
au plus égaux à n .
On considère l’application f : E E définie par :
&P ! E , f (P ) = P (X + 1) + P (X 1) 2P (X ).

1) a) Montrer qu’une famille (Qk )k ![[ 1,r ]] de polynômes tous non nuls et qui vérifient :
&k ! [[ 1, r 1 ]], deg Qk < deg Qk +1 ,
est une famille libre.
b) Vérifier que f est linéaire.
2) Déterminer le sous-espace Im f (en précisant rg f ) et le sous-espace Ker f .
On pourra former f (X k ) pour k ! [[ 0, n ]] et préciser son degré.
3) Soit Q ! Im f . Montrer qu’il existe un unique élément P de E tel que :
f (P ) = Q et P (0) = P (0) = 0.

1) a)
Cette première question est une modeste entrée en matière. Il est classique que toute famille de
polynômes de degrés échelonnés est libre ; c’est une petite question de cours.
r
Soit #k Qk = 0 une combinaison linéaire nulle des Qk .
k =0
Supposons que les #k ne soient pas tous nuls et posons p = max k ! [[ 0, r ]], #k $ 0 .
p 1
On a alors #p Qp = #k Qk .
k =0
Avec #p $ 0 on a deg(#p Qp ) = deg Qp . Or, pour tout k ! [[ 0, p 1 ]], on a deg Qk < deg Qp donc :
p 1
deg #k Qk < deg Qp ,
k =0
ce qui fait apparaître une contradiction.

190 Sujets d’oraux


Il s’ensuit que tous les #k sont nuls, c’est-à-dire que la famille (Qk )k ![[ 1,r ]] est libre.
b) Pour tout (P, Q) ! E 2 et # ! #, on a :
f (#P + Q) = (#P + Q)(X + 1) + (#P + Q)(X 1) 2(#P + Q)(X )
= # P (X + 1) + P (X 1) 2P (X ) + Q(X + 1) + Q(X 1) 2Q(X ),
d’où f (#P + Q) = #f (P ) + f (Q).
2) Notons que f (1) = f (X ) = 0.
Pour p ! [[ 2, n ]], on a f (X p ) = (X + 1)p + (X 1)p 2X p .
p p
k k
La formule du binôme, donne f (X p ) = "p X p k
+ ( 1)k "p X p k
2X p et on a donc :
k =0 k =0
p 2 p 2 p 2
f (X ) = 2 "p X + R (X ) = p(p 1)X + R (X ), avec deg R < p 2.
Ainsi, pour p ! [[ 2, n ]], on a deg f (X p ) = p 2.
Im f est le sous-espace Im f = Vect f (X p ) p![[ 0,n ]].
Avec f (1) = f (X ) = 0, on a Im f = Vect f (X p ) p![[ 2,n ]]
.
Le résultat de la question 1)a) permet de dire que la famille f (X p ) p![[ 2,n ]]
est libre.
Il s’ensuit dim Im f = n 1 et finalement Im f = #n 2 [X ].
On a 1 ! Ker f et X ! Ker f , donc Vect(1, X ) " Ker f .
Avec dim E = n + 1 et dim Im f = n 1, le théorème du rang donne dim Ker f = 2
et il s’ensuit Ker f = Vect(1, X ).
3) Existence
Soit Q ! Im f . Il existe A ! E , Q = f (A).
Par la formule de Taylor, il existe B ! #[X ], deg B ( n 2, tel que A = A(0) + XA (0) + X 2 B.
Posons P = X 2 B. On a deg P ( n et P (0) = P (0) = 0.
En outre, Q = f (A) = A(0)f (1) + A (0)f (X ) + f (P ), c’est-à-dire Q = f (P ).
Unicité
Soit P1 et P2 dans E , tels que Q = f (P1 ) et Q = f (P2 ), avec P1 (0) = P1 (0) = 0 et P2 (0) = P2 (0) = 0.
Alors f (P1 ) = f (P2 ) donne P2 P1 ! Ker f , donc il existe (#, %) ! #2 tels que P2 P1 = #X + %.
Et (P2 P1 )(0) = 0 et (P2 P1 ) (0) = 0 donnent # = % = 0, donc P2 = P1 .

Ex. 12
Soit Q ! %3 [X ]. Montrer qu’il existe un unique polynôme P tel que Q = P + P + P .
Expliciter P lorsque Q = 1 + X + X 2 + X 3 .

! : P # P + P + P est linéaire. On s’attend à ce qu’elle soit injective.


Alors, dans un contexte de dimension finie, elle sera bijective.

Pour tout P , on a deg(P + P + P ) = deg P .


Alors Q = P + P + P donne nécessairement deg P = deg Q, d’où P ! %3 [X ].
Soit ! : %3 [X ] %3 [X ], P # P + P + P . C’est un endomorphisme de %3 [X ].
P + P + P = 0 implique aisément P = 0, donc ! est injective.
Endomorphisme d’un espace de dimension finie 4, ! est bijective.
Ainsi pour tout Q ! %3 [X ], il existe un unique P ! %3 [X ] tel que Q = P + P + P .
En conclusion, pour tout Q ! %3 [X ], il existe un unique P ! %[X ] tel que Q = P + P + P .

Chapitre 4 - Espaces vectoriels. Applications linéaires. Dimension finie 191


Ce résultat s’étend immédiatement à tout Q ! %[X ]. Avec n = deg Q, on a nécessairement
deg P = n et ! : P # P + P + P est un endomorphisme injectif de %n [X ].
La détermination de P vient de dom P = dom Q et d’un système linéaire échelonné.

Pour Q = 1 + X + X 2 + X 3 , on pose P = X 3 + aX 2 + bX + c .
On a Q = P + P + P si et seulement si a + 3 = 1, 2a + b + 6 = 1 et 2a + b + c = 1, c’est-à-dire :
a = 2, b = 1 et c = 6.
3 2
Ainsi, P = X 2X X + 6.

Ex. 13
Soit E un espace vectoriel de dimension finie et F , G des sous-espaces vectoriels de E .
Montrer que F et G admettent un supplémentaire commun si et seulement si ils ont même
dimension.

Comme bien souvent, un des deux volets (condition nécessaire ou condition suffisante) est assez
simple. Le lien entre les dimensions de deux sous-espaces supplémentaires est ici une clé.

Si F et G ont un supplémentaire commun S, alors on a :


dim F + dim S = dim E et dim G + dim S = dim E ,
et il s’ensuit dim F = dim G .
Pour aborder la réciproque, on peut commencer par l’étude de cas particuliers.
Dans un supplémentaire commun non réduit à 0E , il y a un élément qui n’est pas dans F ' G .

Le sujet est trivial si dim E = 1, puisque les seuls sous-espaces sont 0E et E .


On se place dorénavant dans le cas où dim E = n > 1.
Si dim F = dim G = n , alors F = G = E et ils ont 0E pour supplémentaire commun.
Si dim F = dim G = n 1, la réunion de F et G n’est pas égale à E .
Soit a $ 0E un élément de E ) (F ' G ) et on considère la droite vectorielle S = "a .
On a F # S = 0E et dim F + dim S = dim E , donc F ! S = E et de même G ! S = E .
On a ainsi prouvé que deux hyperplans de E ont un supplémentaire commun.
Si F est de dimension p, tout supplémentaire de F est de dimension n p.
Ce nombre n p est en général appelé la codimension de F .
La proposition visée peut alors s’exprimer par :
deux sous-espaces de même codimension ont un supplémentaire commun.
On vient de voir que des sous-espaces de codimension 0 ou de codimension 1 ont un supplé-
mentaire commun.
Une preuve par récurrence finie, portant sur la codimension de F et G , semble prendre corps.

Notons $(p) la proposition : des sous-espaces de même codimension p ont un supplémentaire


commun.
Les propositions $(0) et $(1) sont vraies.
Pour conclure, il reste à montrer que, pour p ! [[ 0, n 1 ]], on a $(p) $(p + 1).
Soit F et G des sous-espaces de même codimension p + 1 ( n .
On a dim F = dim G = n p 1 ! [[ 0, n 1 ]], donc ni F ni G ne sont égaux à E .
Leur réunion n’est donc pas égale à E et il existe a ! E ) (F ' G ).
Les sous-espaces U = F ! "a et V = G ! "a sont de dimension n p.

192 Sujets d’oraux


Ils ont même codimension p et l’hypothèse de récurrence $(p) donne alors l’existence d’un
sous-espace T , supplémentaire commun à U et V .
Posons S = "a + T ; avec a % T , on a S = "a ! T donc S est de dimension p + 1.
On a U ! T = E , donc F + "a + T = E puis F + S = E , avec dim F = n p 1 et dim S = p + 1,
d’où F ! S = E . De même, G ! S = E , ce qui montre que $(p) $(p + 1).

Ex. 14
Soit E un "-espace vectoriel de dimension finie, f et g dans !(E ). Montrer l’équivalence de
(1) rg( f + g) = rg f + rg g et de (2) Im f # Im g = 0E et E = Ker f + Ker g.

Commençons par analyser la proposition (1).


Il est classique que rg( f + g) ( rg f + rg g. La proposition (1) en est le cas d’égalité.

On a Im( f + g) " Im f + Im g d’où rg( f + g) ( dim(Im f + Im g).


Par ailleurs, on a dim(Im f + Im g) = rg f + rg g dim(Im f # Im g).
Avec rg( f + g) = rg f + rg g, il vient donc rg f + rg g ( rg f + rg g dim(Im f # Im g).
Il s’ensuit dim(Im f # Im g) = 0, c’est-à-dire Im f # Im g = 0E .
Mettons en œuvre le théorème du rang pour obtenir d’autres informations.

On a rg( f + g) + dim Ker( f + g) = dim E donc, avec (1), rg f + rg g + dim Ker( f + g) = dim E .
On déduit dim E dim Ker f + dim E dim Ker g + dim Ker( f + g) = dim E , c’est-à-dire :
dim E + dim Ker( f + g) = dim Ker f + dim Ker g.
Par ailleurs, avec Ker f # Ker g " Ker( f + g), il vient dim Ker( f + g) ' dim(Ker f # Ker g).
On en déduit dim Ker f + dim Ker g dim(Ker f # Ker g) ' dim E , c’est-à-dire :
dim(Ker f + Ker g) ' dim E
et il s’ensuit Ker f + Ker g = E .
Pour étudier l’implication réciproque, il est vraisemblable que les outils de travail mis en œuvre
ci-dessus vont à nouveau être mis à contribution.

Im f # Im g = 0E donne rg f + rg g = dim(Im f + Im g).


Soit x ! E = Ker f + Ker g : x = y + z avec y ! Ker f et z ! Ker g.
On a f (x ) = f (z ) et, avec 0E = g(z ), il vient f (x ) = ( f + g)(z ).
Il s’ensuit que Im f " Im( f + g) et, de même, Im g " Im( f + g).
On a donc Im f + Im g " Im( f + g) et, en regardant les dimensions, il vient :
rg f + rg g = rg( f + g).

Ex. 15
Soit E un espace vectoriel de dimension 4 et f un endomorphisme nilpotent dont l’indice est
égal à 3. Calculer rg f .

Les hypothèses nous donnent rg f 3 = 0 et rg f 2 ' 1.


On est dans des termes de rang de composées d’endomorphismes.
Étudions au préalable un encadrement du rang de la composée de deux endomorphismes.

Chapitre 4 - Espaces vectoriels. Applications linéaires. Dimension finie 193


Soit u et v des endomorphismes d’un espace vectoriel E de dimension finie.
v(E ) " E donne uv(E ) " u (E ), d’où rg(uv) ( rg u .
Soit u la restriction de u à Im v. Alors uv(E ) = u (Im v) = Im u , d’où rg(uv) = rg u .
Le noyau de u étant Ker u # Im v, le théorème du rang appliqué à u donne :
rg u = dim(Im v) dim(Ker u # Im v), ce qui montre que rg u ( rg v.
En conclusion, on a rg(uv) ( inf rg u, rg v .
Reprenons rg(uv) = rg v dim(Ker u # Im v).
On a dim(Ker u # Im v) ( dim Ker u et dim Ker u = dim E rg u et il s’ensuit :
rg(uv) ' rg u + rg v dim E .
En conclusion, on a rg u + rg v dim E ( rg(uv) ( inf rg u, rg v .
Appliquons ce résultat dans le cas où dim E = 4 à f 3 = f 2 f et f 2 = ff .
Notons que f 2 $ 0 implique f $ 0, donc rg f ' 1.
Avec f 3 = 0, on a 0 = rg f 3 = rg f 2 f ' rg f 2 + rg f 4 et rg f 2 ' 2 rg f 4.
On en déduit 3 rg f ( 8, d’où rg f ! 1, 2 .
L’indice de nilpotence de f étant égal à 3, les inclusions 0E " Im f 2 " Im f sont strictes.
On pourra se reporter au sujet d’écrit 5, ci-après, consacré aux endomorphismes nilpotents.
Avec 0 < rg f 2 < rg f , l’éventualité rg f = 1 est à écarter et finalement, on a rg f = 2.

Ex. 16
Soit E un "-espace vectoriel de dimension finie n et f ! !(E ).
Montrer que Ker f ! Im f = E Im f = Im f 2 .
Que peut-on dire si E n’est pas de dimension finie ?

En dimension finie, on dispose du théorème du rang : dim(Im f ) + dim(Ker f ) = dim E .


Alors Ker f ! Im f = E équivaut à Ker f + Im f = E .
Pour tout f ! !(E ), sans considération de dimension, on a toujours Im f 2 " Im f .
Alors Im f = Im f 2 équivaut à Im f " Im f 2 .
En dimension finie, l’énoncé équivaut donc à Ker f + Im f = E Im f " Im f 2 .
Supposons que Ker f + Im f = E et considérons y ! Im f .
Il existe x ! E tel que y = f (x ).
Il existe u ! Ker f et v ! Im f tels que x = u + v et il existe t ! E tel que v = f (t ).
Il s’ensuit y = f (u ) + f 2 (t ) = f 2 (t ), d’où y ! Im f 2 , et il vient Im f " Im f 2 .
Supposons que Im f " Im f 2 et considérons z ! E .
Alors f (z ) ! Im f , donc il existe y ! E tel que f (z ) = f 2 (y).
De f z f (y) = 0 on déduit z f (y) ! Ker f .
Avec z = z f (y) + f (y), il vient z ! Ker f + Im f , d’où E = Ker f + Im f .

On vient en fait de prouver que Ker f + Im f = E Im f " Im f 2 ne fait pas intervenir


d’argument de dimension. En particulier, Ker f ! Im f = E Im f " Im f 2 est toujours
2
vrai. Il est toujours vrai aussi que Im f " Im f Ker f + Im f = E , et il ne reste qu’à
examiner, hors dimension finie, si cette somme est toujours directe ou non.
Pour un contre-exemple de Im f " Im f 2 Ker f ! Im f = E , il suffit d’exhiber un endomor-
phisme surjectif et de noyau non nul. On aura ainsi Im f # Ker f = Ker f $ 0E .
Un exemple simple en est la dérivation sur "[X ].

194 Sujets d’oraux


Ex. 17
1) Soit f ! !(#n ). On suppose qu’il existe g ! !(#n ) tel que fg = gf , fgf = f et gfg = g. Soit
h = fg. Comparer Ker f et Ker h , Im f et Im h .
En déduire que #n = Ker f ! Im f .
2) Réciproquement, si #n = Ker f ! Im f , trouver g vérifiant les conditions précédentes.

1) Soit u , v, w des endomorphismes d’un espace vectoriel E tels que u = vw.


Alors Im u " Im v et Ker w " Ker u doivent être utilisés sans hésitation.
h = fg donne Im h " Im f et h = gf donne Ker f " Ker h .
ffg = fgf = f se lit aussi f = fh et f = hf . On en déduit Ker h " Ker f et Im f " Im h .
On a ainsi établi que Ker f = Ker h et Im f = Im h .
Une somme directe d’un noyau et d’une image se présente naturellement pour un projecteur.
De fgf = f on déduit fgfg = fg, c’est-à-dire h 2 = h , ou encore que h est un projecteur.
De Ker h ! Im h = #n on déduit alors Ker f ! Im f = #n .
Notons que ceci ne nécessite en rien d’être dans un contexte de dimension finie.

2) Il semble raisonnable de construire g tel que h = fg soit un projecteur. Qu’il vérifie les conditions
demandées sera donné par surcroît !
C’est peut-être le moment d’utiliser le cadre de dimension finie.
Il est classique que Ker f + Im f = #n si et seulement si Im f = Im f 2 . (Voir l’exercice
précédent.)
En dimension finie, il est équivalent de dire que :
Ker f + Im f = #n ou que Ker f ! Im f = #n .
Il suffit de définir les restrictions de g à Ker f et à Im f .
Avec Ker f + Im f = #n , on a Im f = Im f 2 , c’est-à-dire f (Im f ) = Im f .
On peut alors considérer l’endomorphisme f de F = Im f induit par f .
Comme f est un endomorphisme surjectif, il est bijectif car Im f est de dimension finie.
Soit g l’automorphisme réciproque de f . Alors f g = gf = IdF .
Soit g l’endomorphisme nul sur Ker f et dont la restriction à F est g.
Pour tout x ! Ker f , on a gf (x ) = g(0) = 0#n et pour tout x ! Im f , gf (x ) = fg(x ) = x , ce qui
donne gf = fg. En notant h = fg, on a bien h 2 = h .
Pour x ! Ker f , on a fgf (x ) = 0 et pour x ! Im f , on a fgf (x ) = f gf (x ) = f (x ), d’où fgf = f .
Pour x !Ker f , on a g(x ) = 0E d’où gfg(x ) = 0E , et pour x !Im f , on a fg(x ) = x d’où gfg(x ) = g(x ),
et il s’ensuit gfg = g.

Ex. 18
Soit u et v des endomorphismes d’un espace vectoriel de dimension finie. Montrer que :
rg u rg v ( rg(u + v) ( rg u + rg v.

Pour guider une preuve, on peut s’inspirer d’un résultat classique dans % :
pour (u, v) ! %2 , on a u v ( u+v ( u + v.
z donne la «taille» de z ! %, de même que rg u donne la «taille» de u ! !(E ).

Chapitre 4 - Espaces vectoriels. Applications linéaires. Dimension finie 195


rg(u + v) ( rg u + rg v est un résultat classique.
Cela résulte de (u + v)(E ) " u (E ) + v(E ), où u et v sont des applications (pas nécessairement
linéaires) de E dans E (ou dans un autre ensemble), et de dim(F + G ) ( dim F + dim G , pour des
sous-espaces d’un espace vectoriel de dimension finie.
On a v = (u + v) u d’où, avec l’inégalité ci-dessus, rg v ( rg(u + v) + rg( u ) = rg(u + v) + rg u .
Il s’ensuit rg v rg u ( rg(u + v).
De même, avec u = (u + v) v, on obtient rg u rg v ( rg(u + v).
On en déduit alors rg u rg v ( rg(u + v).

Ex. 19
Soit E un espace vectoriel de dimension n et f , g des endomorphismes de E tels que f + g
soit bijectif et f g = 0. Que vaut rg f + rg g ?

Cet exercice est fort classique. Il met en œuvre quelques situations simples mais fondamentales
en dimension finie.

f g = 0 équivaut à Im f " Ker g. On a donc rg f ( dim(Ker g), d’où rg f ( n rg g ou encore,


en première information, rg f + rg g ( n .
Par ailleurs ( f + g)(E ) " f (E ) + g(E ) et dim(U + V ) ( dim U + dim V donne rg( f + g) ( rg f + rg g.
Comme f + g est bijective, on a rg( f + g) = n , d’où n ( rg f + rg g.
Finalement, on a rg f + rg g = n .

Ex. 20
Étant donné a ! # et A ! #n [X ], montrer qu’il existe un unique P ! #[X ] tel que :
P (X + a ) + P (X ) = A(X ).

On compare le degré et le coefficient dominant de P (X + a ) + P (X ) à ceux de A(X ).

P (X + a ) et P (X ) ont même degré p et même coefficient dominant bp . Alors P (X + a ) + P (X ) et


1
de degré p et de coefficient dominant 2bp . On a donc p = deg A et bp = 2 dom A.

La question porte sur l’existence et l’unicité de P . En outre on donne seulement deg A ( n sans
le préciser davantage.
Il est constructif d’envisager une bijection de #n [X ] vers lui-même.

L’application ! de #n [X ] dans #n [X ] définie par !(P ) = P (X + a ) + P (X ) est linéaire.


On a !(P ) = 0 si et seulement si P (X + a ) + P (X ) = 0, ce qui, en examinant le degré de P , implique
P = 0, donc l’endomorphisme ! est injectif.

Ceci garantit l’unicité demandée.


Pour la question d’existence, c’est la surjectivité de ! qui est nécessaire.

En dimension finie, tout endomorphisme injectif est surjectif.


En conclusion, tout A ! #n [X ] admet un antécédent P et un seul.

196 Sujets d’oraux


Ex. 21
Soit E un "-espace vectoriel de dimension finie et u ! !(E ).
Montrer que dim(Ker u 2 ) ( 2 dim Ker u .

On a Ker u " Ker u 2 pour tout u ! !(E ), d’où dim Ker u ( dim Ker u 2 en dimension finie.
Pour une majoration de dim Ker u 2 par 2 dim Ker u , on peut chercher un énoncé équivalent
grâce au théorème du rang et a Im u 2 " Im u .
Notons n = dim E . Le théorème du rang donne :
dim Ker u 2 = n dim Im u 2 et dim Ker u = n dim Im u .
Un énoncé équivalent est donc n rg u 2 (2(n rg u ), ou encore rg u rg u 2 (n rg u = dim Ker u
ou aussi rg u ( rg u 2 + dim Ker u .
On a Im u 2 = u (Im u ) et Im u est stable par u .
Soit ! l’endomorphisme de Im u induit par u . On a Im u 2 = Im !.
Le théorème du rang appliqué à ! donne rg ! + dim Ker ! = dim Im u , c’est-à-dire :
rg u = rg u 2 + dim Ker !.
Il reste à examiner la majoration de dim Ker ! par dim Ker u .
Pour cela on utilise la description du noyau de !.
Or on a Ker ! = Im u # Ker u et il s’ensuit dim Ker ! ( dim Ker u .
En conclusion, on a établi la majoration dim(Ker u 2 ) ( 2 dim Ker u .

Ex. 22
Soit u un endomorphime de #3 tel que u 2 = 0.
Montrer qu’il existe a ! #3 et f une forme linéaire sur #3 tels que :
&x ! #3 , u (x ) = f (x )a .

Une variante de ce sujet est :


Déterminer le rang de u . Que dire de Im u et Ker u ?
Si u est l’endomorphisme nul, une solution est de choisir a = 0E ou de choisir pour f la forme
nulle sur E .
On peut alors se limiter à u $ 0.
Pour des endomorphimes f et g d’un espace vectoriel E (de dimension finie ou non), on a :
f g=0 Im g " Ker f .
u 2 = 0 équivaut à Im u " Ker u . On a donc nécessairement 0 < rg u ( dim Ker u .
Il s’ensuit, avec le théorème du rang, rg u ( 3 rg u d’où, avec rg u > 0, rg u = 1.
Soit a $ 0E un générateur de Im u . Pour tout x ! E , il existe #x ! " tel que u (x ) = #x a .
Il reste alors à montrer que f : x # #x est linéaire.
a $ 0E donne #x a = %x a #x = %x , donc x # #x est bien une application de #3 dans #.
u (x + y) = u (x ) + u (y) donne #x +y a = #x a + #y a = (#x + #y )a donc f (x + y) = f (x ) + f (y).
Avec $ ! #, u ($x ) = $u (x ) donne #$x a = $ #x a donc f ($x ) = $f (x ).
En conclusion, il existe a ! #3 et f ! !(#3 , #) tels que u (x ) = f (x )a pour tout x ! #3 .
u 2 = 0 et E = #3 servent uniquement à dire que rg u = 1. L’existence de a $ 0E et f pour u $ 0
ne dépendent que de cette propriété rg u = 1.

Chapitre 4 - Espaces vectoriels. Applications linéaires. Dimension finie 197


Ex. 23
Soit E un "-espace vectoriel et u un endomorphisme de rang 1.
Pour n ! $, n ' 2, exprimer u n en fonction de u .

L’exercice précédent a permis de voir qu’il existe a ! E , a $ 0E , et une forme linéaire f non nulle
telle que u (x ) = f (x )a pour tout x ! E sous la seule hypothèse rg u = 1.

On utilise u (x ) = f (x )a pour avoir u 2 (x ) = u f (x )a = f (x )u (a ).


Or u (a ) = f (a )a donne u 2 (x ) = f (a )f (x )a et il s’ensuit u 2 (x ) = f (a )u (x ), d’où u 2 = f (a )u .
On étudie u 3 pour préciser une forme éventuelle de u n par récurrence.

Si f (a ) = 0" , alors u 2 est l’endomorphisme nul et par suite u n = 0 pour n ' 2.


Si f (a ) $ 0" , on pose # = f (a ). Alors u 2 = #u donne u 3 = #u 2 = #2 u .
Pour n ' 2, on considère la proposition u n = #n 1
u . Elle est vraie pour n = 2.
n n 1 n +1 n 1 2 n
Et u = # u implique u = # u = # u , ce qui montre que la propriété étudiée est
récurrente.
En conclusion, on a u n = #n 1 u pour tout n ' 2.
C’est évidemment encore vrai si # = 0.
Notons que cette formule reste vraie dans le cas où n = 1 à condition que # = f (a ) $ 0" .

Ex. 24
Soit E un "-espace vectoriel de dimension n et f ! !(E ) telle que f 2 = IdE . On considère :
g = IdE f et h = IdE +f .
Montrer que Im g et Im h sont stables par f et supplémentaires.

Étudions d’abord la stabilité de Im g et de Im h par f .


Ce problème d’inclusion ne devrait pas faire appel à la dimension.

Soit y ! Im g : il existe r ! E tel que y = r f (r ).


2
Alors f (y) = f (r ) f (r ) = f (r ) r = y ! Im g.
Il s’ensuit que Im g est stable par f . Notons que f (y) + y = 0E donne Im g " Ker h .
Soit z ! Im h : il existe s ! E tel que z = s + f (s).
Alors f (z ) = f (s) + f 2 (s) = f (s) + s = z ! Im h .
Il s’ensuit que Im h est stable par f . Notons que f (z ) z = 0E donne Im h " Ker g.

f est une involution. Ker g est le sous-espace des vecteurs invariants par f et Ker h est celui des
vecteurs changés en leur opposé. Il est classique que ces deux sous-espaces sont supplémentaires
dans E , hors toute considération de dimension.

Avec Ker g ! Ker h = E , il vient dim Ker g + dim Ker h = dim E .


Avec le théorème du rang pour g et pour h , il s’ensuit dim(Im g) + dim(Im h ) = dim E .
Dans l’étude de la stabilité de Im g et de Im h par f , on a constaté que Im g "Ker h et Im h "Ker g.
Avec Ker g # Ker h = 0E , il vient Im g # Im h = 0E .
En conclusion, on a bien Im g ! Im h = E .

198 Sujets d’oraux


Dans la mesure où Ker g ! Ker h = E ne fait pas appel à la dimension de E , il est raisonnable
d’examiner s’il en est de même pour Im g et Im h . Deux orientations : trouver une preuve
indépendante de la dimension ou bien trouver un contre-exemple.

Soit U = Inv f = Ker g et V = Opp f = Ker h .


On considère la projection p sur U parallèlement à V .
On sait que f = 2p Id. Alors g = 2(Id p) et h = 2p.
On sait aussi que q = Id p est la projection sur V parallèlement à U .
On a Im h = Im 2p = U et Im g = Im 2q = V . Alors U ! V = E donne Im g ! Im h = E .
On remarque que la solution «générale» est aisée si on examine le lien entre involutions et
projecteurs. On peut imaginer que l’objectif du sujet tel que posé est de privilégier l’usage de
la dimension, tant à travers le théorème du rang que pour une caractérisation des sous-espaces
supplémentaires.

Ex. 25
Soit E un "-espace vectoriel de dimension finie n et u ! !(E ). On suppose qu’il existe x0 ! E
tel que u (x0 ), u 2 (x0 ), . . . , u n (x0 ) soit une famille libre.
Montrer que x0 , u (x0 ), . . . , u n 1
(x0 ) est une base de E et que u est bijectif.

Une famille libre de cardinal n est une base de E .


Seul le caractère libre de x0 , u (x0 ), . . . , u n 1 (x0 ) est utile. On sait que l’image d’une famille
libre par une application injective est une famille libre. C’est une réciproque de cette propriété
qui est ici à l’étude.
n n
Pour (#1 , . . . , #n ) ! "n , #k u k 1
(x0 ) = 0E donne par linéarité de u : #k u k (x0 ) = 0E .
k =1 k =1
La famille u (x0 ), u 2 (x0 ), . . . , u n (x0 ) étant libre, il vient #1 = . . . = #n = 0, donc la famille
x0 , u (x0 ), . . . , u n 1 (x0 ) est libre. De cardinal n , c’est une base de E .
L’image par u d’une base x0 , u (x0 ), . . . , u n 1 (x0 ) étant u (x0 ), u 2 (x0 ), . . . , u n (x0 ) qui est
elle-même une base, u est un automorphisme de E .

Ex. 26
Étant donné P ! #[X ], montrer qu’il existe un unique Q ! #[X ] tel que :
P (X ) = Q(X ) Q(X 1) et Q(0) = 0.

Il s’agit d’un problème d’existence et d’unicité.


Une piste raisonnable est de mettre en évidence une application bijective.

Soit ! l’application de #[X ] dans lui-même définie par ! : Q # Q(X ) Q(X 1).
Cette application est linéaire. On a !(Q) = 0 si et seulement si Q(X ) Q(X 1) = 0.
Pour tout n ! $ , on a Q(n ) = Q(n 1), donc Q(n ) = Q(0). ALors Q Q(0) admet une infinité
de racines, c’est donc le polynôme nul et Q est une constante. Ainsi Ker ! = #.
L’hypothèse Q(0) = 0 est à mettre en œuvre.

E = Q ! #[X ] Q(0) = 0 est un sous-espace vectoriel. Soit f la restriction de ! à E .

Chapitre 4 - Espaces vectoriels. Applications linéaires. Dimension finie 199


Le noyau de f est E # Ker ! = E # # = 0 donc f est injective.
Le passage de l’injectivité à la surjectivité se passe bien pour une application linéaire d’un espace
de dimension finie dans un espace de même dimension. F et #[X ] n’étant pas de dimension
finie, il serait bon de s’y ramener en jouant sur le degré de P .

Si P = 0, alors Q = 0 vérifie P = Q(X ) Q(X 1).


Si deg P = 0, P = a ! # . Le polynôme Q = aX vérifie Q(X ) Q(X 1) = a et Q(0) = 0.
Soit Q de degré q ! $ , alors Q(X ) Q(X 1) est de degré q 1.
Pour avoir f (Q) = P , avec deg P ( n , il est nécessaire de considérer les polynômes Q au moins
jusqu’au degré n + 1.

On considère alors En = #n +1 [X ] # E .
L’application fn de En dans #n [X ] induite par ! est linéaire et injective.
Rappelons que #n [X ] est de dimension n + 1.
Avec #n +1 [X ] = # ! En et dim #n +1 [X ] = n + 2, il vient dim En = n + 1.
On en déduit que fn est bijective. Par suite tout polynôme P de degré au plus égal à n admet un
antécédent Q, et un seul, celui qui appartient à #n +1 [X ].

Ex. 27
Soit E un #-espace vectoriel de dimension finie n ' 1 et u ! !(E ) tel que u 3 + u = 0.
On pose F = Ker u et G = Ker(u 2 + IdE ).

1) Montrer que F et G sont stables par u , que G = Im u , F = Im(u 2 + IdE ) et que F ! G = E .

2) On suppose u $ 0 et u 2 + IdE $0. Montrer que l’on a n ' 3.

1)
u3 + u = u (u 2 + IdE ) = (u 2 + IdE ) u est de la forme u v, avec u et v qui commutent.
On note classiquement uv en lieu de u v.

Ker u est évidemment stable par u .


Avec v = u 2 + IdE , soit x ! G = Ker v. alors v(x ) = 0E implique uv(x ) = 0E puis vu (x ) = 0E
puisque u et v commutent.
On a donc u (x ) ! Ker v et par suite u (G ) " G .
Montrons maintenant que Ker v = Im u et que Ker u = Im v.
vu = 0 donne Im u " Ker v, et uv = 0 donne Im v " Ker u . On peut utiliser la dimension de
ces sous-espaces ou établir que Ker v " Im u et Ker u " Im v.

Pour x ! Ker u , on a u (x ) = 0E d’où u 2 (x ) = 0E et x = (u 2 + IdE )(x ) ! Im v. Ainsi Ker u " Im v.


Soit x ! Ker v. Alors u 2 (x ) + x = 0E donne x = u u (x ) ! Im u . Ainsi Ker v " Im u .
Tout ce qui précède est indépendant de toute hypothèse de dimension finie. Il reste à examiner
le rôle de cette hypothèse.

Soit x ! Ker u # Ker v. De u (x ) = 0E et u 2 (x ) + x = 0E , on déduit Ker u # Ker v = 0E . Avec


Ker v = Im u le théorème de la dimension donne dim Ker u + dim Ker v = n et on en déduit
que :
F ! G = E.

2) On écarte les cas u = 0 et v = 0 (c’est-à-dire u 2 = IdE ) qui conviennent sans hypothèse


sur n . Dans les autres cas, on a dim Im u ' 1 et dim Im v ' 1.

200 Sujets d’oraux


Si n = 1, alors u et v sont bijectives.
Alors uv = 0 donne u = 0 et v = 0, ce qui est contradictoire. On a donc n ' 2.
Si n = 2, alors on a deux cas à examiner : rg v = 2 ou rg v = 1.
• Si rg v = 2, alors v est bijective puis uv = 0 donne u = 0, ce qui est exclu.
• Si rg v = 1, donc dim Ker v = 1, alors on a rg u = 1, donc dim Ker u = 1.
Premier cas : Im u = Ker u = #a , a $ 0.
Alors u 2 = 0 donc IdE +u 2 = IdE , ce qui donne une contradiction avec rg v = 1.
Deuxième cas : Im u = #a et Ker u = #b avec a et b indépendants.
Alors (Id +u 2 )(b) = b et, avec u (a ) = #a , il vient (Id +u 2 )(a ) = (1 + #2 )a , donc rg(v) = 2, ce qui
est contradictoire.
Finalement, pour u $ 0 et u 2 $ IdE , on a nécessairement n ' 3, donc, pour n ( 2, il n’y a pas
d’autre solution que u = 0 ou u 2 = IdE .

Ex. 28
Soit E un #-espace vectoriel, et f , g des endomorphismes de E .
Soit # $ 0 une valeur propre de f g. Montrer que # est valeur propre de g f .
Montrer que, si E est de dimension finie, alors le résultat reste vrai pour # = 0.

# ! # est valeur propre de u ! !(E ) lorsqu’il existe x ! E , x $ 0E , tel que u (x ) = #x .


C’est vrai si et seulement si (u # IdE )(x ) = 0E avec x $ 0E , ou encore si et seulement si
Ker(u # IdE ) $ 0E ou encore si et seulement si u # IdE n’est pas injective.

Soit x ! E , x $ 0E , tel que fg(x ) = #x .


Supposons que # ne soit pas valeur propre de gf : alors &y ! E , gf (y) = #y y = 0E .
Alors, en formant gfg(x ), avec fg(x ) = #x , il vient gfg(x ) = g(#x ) = #g(x ), ce qui donne :
gf g(x ) = #g(x ).
L’hypothèse sur gf donne alors g(x ) = 0E . Il s’ensuit fg(x ) = 0E .
Or x $ 0E et # $ 0 implique #x $ 0E . Ce qui est en contradiction avec fg(x ) = #x .
En conclusion, si # $ 0 est valeur propre de fg, alors # est valeur propre de gf .
Dire que 0 est valeur propre de u ! !(E ) équivaut à dire que Ker u $ 0E . Autrement dit, 0
est valeur propre de u si et seulement si u n’est pas injectif.
En dimension finie, dire que 0 est valeur propre de u équivaut à dire que u n’est pas bijectif.

Plaçons-nous en dimension finie et supposons que 0 ne soit pas valeur propre de gf .


Alors l’endomorphisme gf est bijectif, ce qui a pour conséquence que f et g sont tous deux
bijectifs.
On en déduit que fg est bijectif, donc n’admet pas 0 pour valeur propre.
On a ainsi prouvé, par contraposition, que si fg admet 0 pour valeur propre, alors gf admet 0
pour valeur propre.
En dimension finie, on peut donner une preuve qui ne distingue pas # $ 0 de # = 0.
En effet, Ker(u # IdE ) $ 0E équivaut à det(u # IdE ) = 0.
Pour les questions de déterminant, on pourra se reporter au chapitre 5.

Le problème revient à montrer que si det( fg # IdE ) = 0, alors det( gf # IdE ) = 0.


Il est par ailleurs vrai que det( fg # IdE ) = det( gf # IdE ). Toutefois ce résultat, classique en
Spéciales, ne sera pas envisagé ici.

Chapitre 4 - Espaces vectoriels. Applications linéaires. Dimension finie 201


Ex. 29
Étant donné A et B dans #[X ] et a ! #, trouver les polynômes :
P ! #[X ] tels que P (X ) + P (a )A(X ) = B(X ).

Si A = 0, alors P = B est solution unique. Dans la suite, on suppose A $ 0.


L’étude des degrés permet de limiter le travail à un espace de dimension finie.

Avec P = B P (a )A, on pose n = sup(deg B, deg A) et on a deg P ( n .


Le problème se place alors dans le contexte de #n [X ].
On examine l’application ! : P # P + P (a )A pour étudier les solutions de !(P ) = B.

L’application ! : P # P + P (a )A est linéaire. C’est un endomorphisme de #n [X ].


On étudie son noyau en résolvant P + P (a )A = 0.
La seule solution qui vérifie P (a ) = 0 est P = 0.
Si P (a ) n’est pas nul, P (a ) + P (a )A(a ) = 0 implique A(a ) = 1. En conséquence,
si on a A(a ) $ 1, le noyau de ! est réduit au polynôme nul.
L’endomorphisme ! de #n [X ] est alors bijectif et B admet un antécédent et un seul.
Étudions maintenant Ker ! lorsque A(a ) = 1. Notons que A est alors non nul.
P= P (a )A montre que Ker ! est soit 0 soit le sous-espace de dimension 1 engendré par A.

Tout P ! Ker ! est un multiple scalaire de A.


Réciproquement, pour P = #A, # ! #, avec A(a ) = 1, on a P (a ) = # donc P + P (a )A = 0.
Ainsi, dans le cas où A(a ) = 1, Ker ! est la droite engendrée par A.
En résumé : si A(a ) $ 1, ! est bijective et si A(a ) = 1, Ker ! = #A.
Il reste alors à préciser les solutions de !(P ) = B, ce qui est l’objectif explicite du sujet.

Solution dans le cas où A(a ) $ 1.


B admet un antécédent unique P par !. La solution est définie par P (X ) = B(X ) P (a )A(X ).
B(a ) B (a )
On a P (a ) = B(a ) P (a )A(a ), donc P (a ) = 1 + A(a ) , d’où P (X ) = B(X ) 1 + A(a )
A(X ).
Solutions dans le cas où A(a ) = 1.
! n’est pas surjective ; il peut ne pas y avoir d’antécédent de B par !.

Avec P (X ) + P (a )A(X ) = B(X ), on a nécessairement B(a ) = 0.


• Lorsqu’on a B(a ) $ 0, il n’y a pas de solution.
• Dans le cas où B(a ) = 0, on dispose alors d’une solution particulière, à savoir P = B, au
problème P + P (a )A = B.
Comme P B + P (a ) B(a ) A = 0 équivaut P B ! Ker !, les solutions sont alors les
polynômes P = B + #A, avec # ! #.

202 Sujets d’oraux


Thèmes d’étude - Problèmes
1 Polynômes d’interpolation de Lagrange
1) Soit n ! $ et (x0 , . . . , xn ) une famille de n + 1 éléments d’un corps " (# ou %), deux à
deux distincts.
X xk
a) Montrer que, pour tout i ! [[ 0, n ]], Li = est l’unique élément de "[X ]
xi xk
0(k (n, k $i
qui vérifie les propriétés :
(1) deg Li ( n , (2) Li (xi ) = 1, et (3) &j ! [[ 0, n ]] ) i , Li (xj ) = 0.
Les polynômes Li sont les polynômes d’interpolation de Lagrange relatifs à la famille
(x0 , . . . , xn ) ! "n +1 .
Chaque polynôme Li est de degré égal à n .

b) Montrer que, pour tout (b0 , . . . , bn ) ! "n +1 , il existe un unique L ! "[X ] tel que :
deg L ( n et &k ! [[ 0, n ]], L (xk ) = bk .
c) Quels sont les polynômes P ! "[X ] tels que &k ! [[ 0, n ]], P (xk ) = bk ?

2) Étant donné a , b, c deux à deux distincts dans ", simplifier :


(X a )(X b) (X a )(X c ) (X c )(X b)
+ + .
(c a )(c b) (b a )(b c) (a c )(a b)

3) Soit p ! $, (x1 , . . . , xn ) ! "n une famille d’éléments deux à deux distincts et (Li ) les
polynômes de Lagrange associés à cette famille.
n n
p
Montrer que L = xk Lk est le reste dans la division de X p par (X xk ).
k =1 k =1

4) Soit E le #-espace vectoriel #[0,1] , (ai )i ![[ 1,n ]] une famille de n éléments deux à deux
distincts dans [0, 1] et F le sous-espace vectoriel f ! E, &i ! [[ 1, n ]], f (ai ) = 0 .
Déterminer un supplémentaire de F dans E .

Solution

La question d’approximation d’une fonction par une fonction polynôme est importante. Les
polynômes de Lagrange en donnent une solution simple.
Le texte proposé montre leur efficacité dans des domaines variés.
Dans toute question d’unicité de polynôme, deux points sont à examiner en priorité :
deg(P Q) < 0 P = Q,
deg P ( n et P admet au moins n + 1 racines distinctes P = 0.

1) a) Si Li et Mi vérifient les propriétés (1), (2) et (3), leur différence est de degré au plus n et
prend la valeur 0 en n + 1 éléments distincts, c’est donc le polynôme nul.
Il est immédiat que Li prend la valeur 1 en xi et la valeur 0 en xj pour j $ i .
b) L’unicité de L se prouve comme celle des Li .
Le polynôme bk Lk prend la valeur bk en xk et la valeur 0 en xj , j $ k .
n
Alors L = bk Lk convient : on a bien deg L ( n .
k =0

Chapitre 4 - Espaces vectoriels. Applications linéaires. Dimension finie 203


Une utilisation de ce résultat : soit P un polynôme de degré inférieur ou égal à n . On choisit
n
bk = P (xk ) ; le polynôme L ci-dessus est alors P lui-même, d’où P = P (xk )Lk .
k =0

c) Soit P ! "[X ] un tel polynôme. P L prend la valeur 0 en tout xk , k ! [[ 0, n ]].


Soit a ! ", Q ! "[X ] est divisible par X a si et seulement si Q(a ) = 0.
Ce théorème s’étend dans le cas de plusieurs racines distinctes.
n
Alors P L est un multiple de (X xk ). On a établi une condition nécessaire.
k =0
n
Il est clair que tout polynôme P = L + Q(X ) (X xk ), avec Q ! "[X ] convient.
k =0

2) C’est un polynôme de degré au plus 2, et qui prend la valeur 1 et a , en b et en c ; c’est donc


le polynôme constant 1.
3) On utilise la première question pour exprimer X p à l’aide des polynômes de Lagrange associés
à la famille (x0 , x1 , . . . , xn ).
n n
p
Il existe un polynôme Q tel que X p = xk Lk + Q(X ) (X xk ).
k =1 k =1
n n
p
Le degré de xk Lk est inférieur ou égal à n 1 et celui de (X xk ) est égal à n . On est
k =1 k =1
n
alors en présence de la division euclidienne de X p par (X xk ).
k =1
n
p
Le reste dans cette division est donc R = xk Lk .
k =0
n n
Extension : le reste dans la division de P par (X xk ) est R = P (xk )Lk .
k =0 k =0

4) Soit (Li )1(i (n la famille des polynômes interpolateurs de (a1 , . . . , an ) et G le sous-espace


vectoriel engendré par les fonctions polynômes Li , 1 ( i ( n .
On identifie classiquement un polynôme et la fonction polynôme associée.
Soit f ! F # G . Il existe (#i )1(i (n ! #n tel que f = # i Li .
1(i (n
Pour tout j ! [[ 1, n ]], f ! G donne f (xj ) = #j et f ! F donne f (xj ) = 0. On a donc #i = 0.
Alors f = 0 et F # G = 0 .
Soit h ! E . On considère la fonction f = h h (xi )Li .
1(i (n

Pour tout j ! [[ 1, n ]], on a f (xj ) = h (xj ) h (xi )Li (xj ) = 0 puisque Li (xj ) = *i j .
1(i (n
*i j est le symbole de Kronecker : *i i = 1 et *i j = 0 pour i $ j.
Alors f est dans F . Avec g = h (xi )Li ! G et h = f + g, il vient h = f + g ! F + G .
1(i (n
On a donc E = F + G et finalement E = F ! G .

204 Thèmes d’étude – Problèmes


2 Images itérées et endomorphisme nilpotent
Un endomorphisme est qualifié de nilpotent lorsqu’il existe p ! $ tel que f p = 0.
En dimension finie n ! $ , on utilise souvent f n = 0 et c’est ce résultat qui est visé.
On utilise ici des inclusions entre les images des f k pour argumenter cette preuve.

Soit E un "-espace vectoriel de dimension finie n ! $ et f un endomorphisme de E .


Pour k ! $, f k désigne l’endomorphisme composé de k fois f par lui-même, avec la convention
classique : f 0 = IdE et f 1 = f .

1) Montrer que, pour tout k ! $, Im( f k +1 ) " Im( f k ).

2) On suppose qu’il existe q ! $ tel que Im( f q+1 ) = Im( f q ).


Montrer que, &j ! $, j ' q Im( f j ) = Im( f q ).

3) On suppose que f est nilpotent : +p ! $ , f p = 0. On note r = inf k ! $ , f k = 0 .


Montrer que r ( n et en déduire que f n = 0.

Solution

1)
Cette question naïve n’a pour objet que de rentrer dans la démarche proposée.

f k +1 = f k f donne Im( f k +1 ) = f k +1 (E ) = f k f (E ) = f k (Im f ) " Im f k .

2)
On commence par vérifier que Im( f j ) " Im( f q ) est vrai pour tout j ' q.
De la sorte, Im( f j ) = Im( f q ) équivaut à Im( f j ) & Im( f q ).

Im( f j ) " Im( f q ) est vrai pour j = q.


Pour j ' q, considérons la proposition Im( f j ) " Im( f q ).
La question précédente donne Im( f j+1 ) " Im( f j ) et il vient Im( f j+1 ) " Im( f q ).
La propriété est donc récurrente, ce qui montre que &j ' q, Im( f j ) " Im( f q ).
Supposons que Im( f q+1 ) = Im( f q ), c’est-à-dire Im( f q+1 ) & Im( f q ).
Hypothèse de récurrence : supposons que, pour k ! $, Im( f q+k +1 ) & Im( f q+k ).
Alors Im( f q+k +2 ) = f Im( f q+k +1 ) et f Im( f q+k +1 ) & f Im( f q+k ) = Im( f q+k +1 ) donne :
Im( f q+k +2 ) & Im( f q+k +1 ).
q+k
La suite des Im( f ) est ainsi croissante (pour l’inclusion).
On a donc &j ' q, Im( f j ) & Im( f q ), ce qui donne en définitive Im( f j ) = Im( f q ).
Cette première partie ne fait pas intervenir la dimension de E .
Les résultats ainsi établis sont vrais pour tout endomorphisme de tout espace vectoriel.

3)
À l’aide de la question précédente, les inclusions Im( f k +1 ) " Im( f k ) sont strictes pour
k ! [[ 0, r 1 ]]. Si f était surjective, on aurait Im( f k ) = E pour tout k ! $ .

S’il existait k ! [[ 0, r 1 ]] tel que Im( f k +1 ) = Im( f k ), alors on aurait Im( f k ) = Im( f r ) = 0E .
Ce serait en contradiction avec la caractérisation de r .

Chapitre 4 - Espaces vectoriels. Applications linéaires. Dimension finie 205


L’entier r est appelé l’indice de nilpotence de l’endomorphisme nilpotent f .

Les inclusions Im( f k +1 ) " Im( f k ) sont donc strictes pour k ! [[ 0, r 1 ]].
En notant dk = dim Im( f k ) , on a donc 0 < dr 1 < . . . d1 .

En outre, on a d1 < n puisque f n’est pas surjective et dr 1 > 0 puisque f r 1 $ 0.

d1 ( n 1 et dk < dk 1 pour k ! [[ 1, r 1 ]] donnent dr 1 (n r + 1.

Avec 1 ( dr 1, il vient alors 1 ( n r + 1 c’est-à-dire n ' r .

La première question donne alors Im( f n ) " Im( f r ) = 0 et donc f n = 0.

3 Un sous-espace de polynômes
"[X ] est l’ensemble des polynômes sur ". Un polynôme est dit normalisé – ou unitaire –
quand il est non nul et que son coefficient dominant est 1. On considère l’application :
f : "[X ] "[X ]
P # (3X + 8)P + (X 2 5X )P + (X 2 X 3 )P
où P et P sont les premiers polynômes dérivés de P .

1) a) Vérifier que f est linéaire.

b) Préciser f (1), f (X ), f (X 2 ) et f (X 3 ).

2) Préciser le degré de f (P ) selon le degré de P . On examinera en particulier le cas où P est


de degré 3.

3) a) f est-elle surjective ?

b) Dans quel sous-espace de "[X ] doit-on chercher le noyau de f ? Déterminer ce noyau.

c) On considère l’ensemble Vf des polynômes P pour lesquels il existe un scalaire # tel que
f (P ) = #P . Montrer que Vf contient quatre polynômes normalisés.

4) On note H l’ensemble des polynômes dont l’image par f est de degré 3.

a) Justifier que H n’est pas vide et n’est pas un sous-espace vectoriel de "[X ].

b) Exprimer les éléments de H et leurs images à l’aide des quatre polynômes normalisés
de Vf .

c) On se place dans le cas où " = %. Étant donné Q ! H , normalisé, soit x1 , x2 et x3 les


racines de f (Q).
On pose S1 = x1 + x2 + x3 , S2 = x1 x2 + x1 x3 + x2 x3 et S3 = x1 x2 x3 . Déterminer entre S1 , S2 et
S3 une relation indépendante des coefficients de Q.

206 Thèmes d’étude – Problèmes


Solution

1) a) La linéarité de f découle de la linéarité de la dérivation et de la distributivité de la


multiplication par rapport à l’addition.

b) f (1) = 8 + 3X , f (X ) = 3X + 4X 2 , f (X 2 ) = 3X 3 , f (X 3 ) = X 3.

2) Par linéarité, on peut se limiter aux polynômes normalisés.


P = 0, f (P ) = 0 ; f (1) = (8 + 3X ) donc, si deg P = 0, alors deg f (P ) = 1.

Pour deg P = n ' 2,


deg(8 + 3X )P = n + 1 et dom(8 + 3X )P = 3,
deg(X 2 5X )P = n + 1 et dom(X 2 5X )P = n,
2 3 2 3
deg(X X )P = n + 1 et dom(X X )P = n (n 1).
On a donc deg f (P ) ( n + 1. La somme des coefficients dominants est (n + 1)(n 3). Pour
n $ 3, on a donc deg f (P ) = n + 1.

Soit P = X 3 + aX 2 + bX + c .
Avec f (1), f (X ), f (X 2 ) et f (X 3 ), il vient f (P ) = (3a 1)X 3 + 4bX 2 + 3(b + c )X + 8c .

Si 3a $ 1, alors deg f (P ) = 3. Si 3a = 1 et b $ 0, alors deg f (P ) = 2.


2
X
Si 3a = 1, b = 0 et c $ 0, deg f X 3 + + c = 1. Et enfin, si 3a = 1, b = 0 et c = 0, alors :
3

X2
f X3 + = 0.
3

3) a) Si deg P ( 3, alors deg f (P ) ( 3 et si deg P ' 4, alors deg f (P ) ' 5.


Il n’y a aucun polynôme de degré 4 dans Im f ; ainsi f n’est pas surjective.

b) Si P $ 0 et deg P = n $ 3, on a deg f (P ) = n + 1, donc P % Ker f . Par suite, Ker f " "3 [X ].


L’étude des polynômes de degré 3 montre que Ker f = %Q0 , % ! " , avec Q0 = 3X 3 + X 2 .

1
c) Pour # = 0, f (P ) = 0 caractérise les vecteurs du noyau d’où la solution X 3 + 3 X 2 .
Pour # $ 0 et P $ 0, f (P ) = #P implique deg f (P ) = deg P , d’où deg P = 3.
Avec P (X ) = X 3 + aX 2 + bX + c et f (P ) = (3a 1)X 3 + 4bX 2 + 3(b + c )X + 8c , on a f (P ) = #P si
et seulement si :
3a = 1 + #, 4b = #a, 3c = (# 3)b, (8 #)c = 0
3 2
c$0 # = 8 puis la solution Q8 = X + 3X + 6X + 10 ;
4 2
c = 0 et b $ 0 donne # = 3 pour la solution Q3 = X 3 + X +X ;
3
c = b = 0 donne #a = 0 donc a = 0 puis # = 1 pour la solution Q 1 = X 3 (voir alors 1)a).

Chapitre 4 - Espaces vectoriels. Applications linéaires. Dimension finie 207


4) a) En question 2), on a vu que H est l’ensemble des polynômes de degré 2 ou de la forme
1
$(X 3 + aX 2 + bX + c ) avec $ $ 0 et a $ ; ainsi H $ ,. Notons que 0 % H .
3
La partie relative aux polynômes de degré 2 a été oubliée.
1 4
b) Q = X 3 + aX 2 + bX + c = xX 3 + y X 3 + 3 X 2 + z X 3 + 3 X 2 + X + t (X 3 + 3X 2 + 6X + 10

si et seulement si x + y + z + t = 1, y + 4z + 9t = 3a, z + 6t = b, 10t = c soit :


c 3c 3
t= ,z=b , y = 3a 4b + c et x = 1 3a + 3b c.
10 5 2
4 2
f (Q) = x X 3 + 3z X3 + X +X + 8t X 3 + 3X 2 + 6X + 10 en utilisant les propriétés de
3
Q8 , Q3 , Q 1 et Q0 .
Remarque. f (Q) est de degré 3 lorsque x + 3z + 8t $ 0, soit 3a $ 1.
4
c) Avec f (Q) = x X 3 + 3z (X 3 + 3 X 2 + X + 8t X 3 + 3X 2 + 6X + 10 , on a :

f (Q) = (3z x + 8t )X 3 + 4(z + 6t )X 2 + 3(z + 16t )X + 80t


4(z + 6t ) 3(z + 16t ) 80t
d’où S1 = , S2 = , S3 = .
x 3z 8t x 3z 8t x 3z 8t
120t 3
On a 4S2 + 3S1 = = S ou encore : 6S1 + 8S2 + 3S3 = 0.
x 3z 8t 2 3

208 Thèmes d’étude – Problèmes


CHAPITRE 5
Intégration
Calcul intégral

Sujets d’oraux 209


A. Intégration sur un segment 209
B. Sommes de riemann – Intégration par parties 223
C. Changement de variable 232

Thèmes d’étude – Problèmes 242


1. Intégrale de Wallis – Formule de Stirling 242
2. Suites définies par des intégrales 244
3. Limite d’une intégrale de borne variable 247
4. Intégrales et inégalités 249
sin t
5. Intégration de 252
t
6. Primitives et sous-espaces vectoriels 256
7. Limite d’une somme d’intégrales 258
8. Intégrales et équivalents de suites 260
9. Limites de suites d’intégrales 263

Chapitre 5 - Intégration. Calcul intégral 209


Sujets d’oraux
A Intégration sur un segment

Ex. 1
Soit f une fonction réelle, continue sur un segment [a, b], a < b. On suppose qu’il existe
b
k
n ! ! tel que !k ! [[ 0, n ]], x f (x ) dx = 0. Montrer que f admet au moins n + 1 valeurs
a
d’annulation distinctes dans [a, b].

La fonction nulle sur [a, b] convient évidemment. Il est légitime de se limiter à l’étude du cas où
f n’est pas la fonction nulle.
Le cas où n = 0 invite a montrer que f admet au moins une valeur d’annulation. C’est en réalité
un corollaire d’un théorème classique d’intégration.

Si f n’admet pas de valeur d’annulation sur [a, b], alors elle est de signe constant sur [a, b] en
application du théorème des valeurs intermédiaires.
La fonction f étant continue, non nulle et de signe constant sur [a, b], on aurait alors :
b b
f (x ) dx > 0 ou bien f (x ) dx < 0,
a a
b
ce qui est contraire à l’hypothèse f (x ) dx = 0.
a
Un bon moyen d’utiliser simultanément les n +1 informations est de faire intervenir un polynôme
de degré au plus égal à n .
n
k
Considérons un polynôme P ! "n [X ], P = pk X . Par linéarité de l’intégrale, on a :
k =0
b n b b
k
P (x )f (x ) dx = pk x f (x ) dx v d’où P (x )f (x ) dx = 0.
a k =0 a a

On suppose que f admet au plus n valeurs d’annulation distinctes. Il reste alors à construire un
polynôme P qui fasse apparaître une contradiction avec les hypothèses.

Supposons que f admette au plus n valeurs d’annulation distinctes, et notons q le nombre de


ces zéros distints, avec 1 " q " n .
q
En les notant c1 , . . . , cq , on forme alors le polynôme P = (X ck ).
k =1

La fonction x ! P (x )f (x ) s’annule en chacun de ces q zéros, mais ce n’est pas suffisant pour
exploiter le théorème d’intégrale nulle pour une fonction continue.

On va prouver plus précisément que, sous les hypothèses données, f admet au moins n + 1
valeurs d’annulations telles que f (x ) change de signe en chacune d’elles.
Supposons alors que f ait au plus n valeurs d’annulation avec changement de signe, c1 , . . . cq ,
avec 1 " q " n .

210 Sujets d’oraux


Alors x ! P (x )f (x ) est de signe constant sur [a, b] et, comme elle est continue et non nulle, on a
b
P (x )f (x ) dx "0, ce qui est contraire à l’hypothèse.
a
On en déduit que f admet au moins n + 1 valeurs d’annulation.
On a en fait prouvé que f présente au moins n + 1 zéros distincts, tels qu’en chacun d’eux, elle
change de signe.

Ex. 2
1
Déterminer les fonctions réelles de classe sur [0, 1] et telles que :
y
y x
pour tout (x, y) ! [0, 1]2 , f = f (x ) + f (y) , f (0) = 0 et f (1) = 0.
x 2

y
1 1
Cette expression se lit aussi f =
f (x ) + f (y) ; c’est-à-dire que la valeur moyenne
y 2 x
x
sur [x, y] (au sens de l’intégrale) est égale à la moyenne des valeurs en x et y.
Plutôt que de chercher des fonctions générales avant d’injecter les conditions particulières,
pourquoi ne pas commencer par exploiter tout de suite f (0) = 0 ?
x
1
Avec f (0) = 0, une condition nécessaire est : pour tout x ! [0, 1], f = xf (x ).
0 2
En dérivant, il vient f (x ) = xf (x ) et cette équation différentielle admet pour solutions les
fonctions f : x ! #x , avec # ! ".
On a en particulier f (1) = # et la condition f (1) = 0 donne # = 0.
La seule solution possible est la fonction nulle sur [0, 1], et il est immédiat qu’elle convient.

Ex. 3
Soit f et g des fonctions réelles continues sur [0, 1], positives et non nulles, g étant stricte-
1
n
ment positive. Pour n ! !, on pose un = f g.
0
un +1
Étudier la suite .
un n !!

1 1
n +1 n +2
On a un +1 = f g et un +2 = f g, avec g > 0.
0 0
Comme f et g sont continues, positives et non nulles, il en est de même pour f n g.
1
On a donc f n g > 0, c’est-à-dire un > 0 pour tout n ! !.
0
Les nombres un sont des intégrales de produit et l’inégalité de Cauchy-Schwarz est un des seuls
outils disponibles dans ce contexte.
Les fonctions f et g sont positives sur [0, 1]. On peut alors considérer f n g.
Appliquons l’inégalité de Cauchy-Schwarz aux fonctions f n g et f f n g.
Leur produit est f n +1 g et il vient alors, pour tout n ! !,
1 2 1 1
n +1 n n +2
f g " f g f g.
0 0 0
On a ainsi établi que, pour tout n ! !, un2+1 " un un +2 .
un +1 un +2 un +1
L’inégalité un2+1 " un un +2 donne " , donc la suite est croissante.
un un +1 un n !!

Chapitre 5 - Intégration. Calcul intégral 211


Il reste alors à examiner si cette suite est majorée.

Continue sur [0, 1], la fonction f est bornée. Soit M sa borne supérieure.
1 1
n +1 n
De f " M , on déduit f n +1 g " Mf n g et il s’ensuit f g"M f g, c’est-à-dire :
0 0

un +1 " Mun .
un +1
La suite un n !!
est alors majorée par M .
Croissante et majorée, cette suite est convergente, de limite " " M .
En complément, on peut s’attacher à la détermination de cette limite.
En application du théorème des moyennes de Cesaro, on établit que, pour une suite (un )
un +1
strictement positive, si la suite est convergente, de limite ", alors la suite n un n !!
un n !!
est convergente, avec lim n un = ".
Dans le cas présent, la détermination de " peut se faire en étudiant la suite n
un n !! .

La fonction g, continue sur [0, 1], atteint sa borne inférieure m et on a m > 0 puisque g est
strictement positive.
La fonction f atteint sa borne supérieure M en un point c ! [0, 1]. En exprimant la continuité
M
de f en c , pour tout 0 < $ < 2 , il existe [a, b] # [0, 1], a < b, sur lequel f prend ses valeurs dans
[M $, M ]. On a donc, sur [a, b], f n g % (M $)n m et il vient :
1 b
f ng % f n g % (M $)n (b a )m
0 a
d’où n un % (M $) n (b a )m .
On sait que la suite de terme général n (b a )m admet 1 pour limite.
Il existe donc p ! ! tel que, pour tout n % p, on a n (b a )m % 1 $.
Il vient alors n un % (M $)(1 $) = M (M + 1) $ + $2 %M (M + 1)$.
En prenant la limite pour n + , il vient " % M (M + 1)$.
M
Et " M% (M + 1)$ pour tout $ tel que 0 < $ <
, donne " M % 0.
2
Comme on a déjà " " M , il vient finalement " = sup f (x ).
x ![0,1]

Ex. 4
1
n
Soit f ! [0, 1], " telle que la suite (un )n !! , définie par un = f , ne prend qu’un nombre
0
fini de valeurs. Montrer que f est constante sur [0, 1].

Une suite qui ne prend qu’un nombre fini de valeurs est nécessairement bornée.
La fonction f ne prend alors certainement pas des valeurs trop grandes. On peut s’en convaincre
par contraposition.

Continue sur [0, 1], f est bornée. Soit A la borne supérieure de f sur [0, 1].
Montrons que l’on a A " 1. Dans ce but, supposons que A > 1.
1
Il existe c ! [0, 1] tel que A = f (c ) . On considère # = (1 + A) ; on a A > # > 1.
2

212 Sujets d’oraux


En utilisant la continuité de f en c , il existe [a, b] # [0, 1], a < b, tel que f (x ) % # pour tout
x ! [a, b].
1 b
2n 2n 2n
On en déduit, pour tout n ! !, u2n = f % f % (b a )# .
0 a
2n
L’usage de la suite extraite (u2n ) permet d’utiliser f 2n = f . On sera alors en mesure de
minorer f 2n par #2n .

Avec # > 1, on a lim u2n = + , donc la suite (un ) n’est pas bornée. Elle prend alors un nombre
infini de valeurs distinctes.
En conséquence, si la suite (un ) ne prend qu’un nombre fini de valeurs, alors A " 1.
Si (un ) ne prend qu’un nombre fini de valeurs, n ! u2n n’est pas injective.

Avec la condition sur (un ), il existe des entiers p et q, p < q, tels que u2p = u2q .
1
2(q p) 2p
En terme d’intégrale, cela se lit : 1 f f = 0.
0

Or, puisque l’on a f 2(q p)


" 1, la fonction 1 f 2(q p) f 2p est continue et positive, on en

déduit que 1 f 2(q p) f 2p est la fonction nulle.

Pour tout x ! [0, 1], on a donc f (x ) = 0 ou f (x ) = 1.


La fonction f est continue et ne prend qu’au plus trois valeurs.
Le théorème des valeurs intermédiaires montre alors que f est constante.
f est continue sur [0, 1]. Si elle prenait deux valeurs distinctes u et v, elle prendrait toute valeur
de l’intervalle [u, v].

Ex. 5
Soit f et g des fonctions continues sur un segment [a, b], a < b, et on considère la fonction h
b
définie sur " par h (x ) = f (t ) + xg(t ) dt .
a
Montrer que si f est strictement positive sur [a, b] et si h présente un minimum local en 0,
b
alors on a g = 0.
a

Le fait que la fonction f est strictement positive assure que son minimum sur [a, b] est strictement
positif.

Les fonctions f et g sont continues sur [a, b]. Elles sont bornées et atteignent leurs bornes. En
posant m = inf f (t ), on a m > 0. Considérons aussi M = sup g(t ) .
t ![a,b] t ![a,b]
b
Notons que l’on a h (0) = f (t ) dt %(b a )m , donc h (0) > 0.
a
Une petite difficulté vient de la valeur absolue sous l’intégrale. L’objectif est de trouver un
intervalle I sur lequel h soit affine.

Montrons qu’il existe un intervalle I de centre 0 tel que, pour tout x ! I , sur lequel on a :
f (t ) + xg(t ) > 0 pour tout t ! [a, b].

Chapitre 5 - Intégration. Calcul intégral 213


Dans le cas où M = 0, la fonction g est nulle et on a f (t ) > 0 pour tout t , et ceci pour tout x ! " ;
alors I = " convient.
m
Dans le cas où M > 0, on considère l’intervalle I , ensemble des x ! " tels que x < .
M
Pour x ! I , on a xg(t ) " x M < m . Alors, avec f (t ) % m , il vient f (t ) + xg(t ) > 0.
b b
Dans ce cas, on a h (x ) = f (t ) dt +x g(t ) dt .
a a
b
Étant affine sur I , la fonction h n’a de minimum local en 0 que si g(t ) = 0.
a
L’hypothèse m > 0 a joué un rôle essentiel.
En complément, étudions le cas où on a m = 0, c’est-à-dire le cas où la fonction positive f n’est
pas strictement positive.
b
Si f est la fonction nulle sur [a, b], on a h (x ) = xg(t ) dt .
a
En prenant pour fonction g la constante 1, on a h (x ) = (b a) x .
b
La fonction h présente alors un minimum en 0 bien que l’on ait g(t ) dt " 0.
a

Ex. 6
Soit f une fonction réelle, continue sur [0, &] telle que :
& &
f (x ) sin x dx = f (x ) cos x dx = 0.
0 0
Montrer qu’il existe dans ]0, &[ deux valeurs d’annulation distinctes pour f .

On a sin x % 0 pour tout x ! [0, &]. On met à part le cas où f est de signe constant.
Le théorème des valeurs intermédiaires donnera alors une valeur d’annulation a !]0, &[.

Si f est de signe constant sur [0, &], alors il en est de même pour x ! f (x ) sin x .
Cette fonction étant continue et de signe constant sur [0, &], la condition :
&
f (x ) sin x dx = 0
0
donne : f (x ) sin x = 0 pour tout x ! [0, &].
On en déduit f (x ) = 0 pour tout x !]0, &[ puis, par continuité, f (x ) = 0 pour tout x ! [0, &].
La fonction nulle vérifie banalement la propriété attendue.

Si f n’est pas nulle sur [0, &], on en déduit qu’elle n’est pas de signe constant sur [0, &] et il existe
alors a !]0, &[ tel que f (a ) = 0 en application du théorème des valeurs intermédiaires.
On cherche maintenant une valeur d’annulation dans ]0, a [ ou dans ]a, &[.
sin(x a ) est négatif sur [0, a ] et positif sur [a, &].

Supposons que f soit de signe constant sur [0, a ] et aussi de signe constant sur [a, &].
Il s’agit de signes contraires sur ces deux intervalles.
Alors h : x ! f (x ) sin(x a ) est de signe constant sur [0, &]. Comme h n’est pas la fonction
&
nulle, on a h (x ) dx " 0.
0

214 Sujets d’oraux


Pour utiliser aussi la seconde hypothèse, il suffit de développer sin(x a ).

Avec sin(x a ) = sin x cos a sin a cos x , d’où h (x ) = cos a f (x ) sin x sin a f (x ) cos x , il vient :
& & &
h (x ) dx = cos a f (x ) sin x dx sin a f (x ) cos x dx .
0 0 0
&
Les hypothèses donnent alors h (x ) dx = 0.
0
Ceci contredit le fait que f est de signe constant sur [0, a ] et aussi sur [a, &].
Il y a donc un de ces deux intervalles sur lequel f n’est pas de signe constant.
Le théorème des valeurs intermédiaires donne alors une valeur d’annulation pour f dans
l’intervalle ]0, a [ ou dans l’intervalle ]a, &[.

Ex. 7
Soit f et g continues, positives sur [0, 1] et telles que fg % 1.
1 1
Montrer que f g % 1.
0 0

L’intégrale ne fait pas bon ménage avec le produit. La règle fondamentable dans un contexte de
produit est l’inégalité de Cauchy-Schwarz.
2
b 2 b
2 2
Sans expliciter les conditions d’utilisation, cette règle donne uv " u v .
a a a

f et g étant positives, on considère f et g pour une minoration du produit étudié.


2
1 1 1
Avec le théorème de Cauchy-Schwarz, on a f g " f g .
0 0 0

Il reste à mettre en jeu l’hypothèse fg > 1.


2
1 1
Avec fg % 1, il vient fg % 1 et il s’ensuit que 1 " fg puis 1 " fg .
0 0

Et le résultat proposé en découle.

Ex. 8
b
dx b a
Soit a et b réels tels que 0 < a < b. Montrer que < .
a x ab

Il n’y a guère de souci à se faire, dans la mesure où l’intégrale est un logarithme bien familier. Sans
méthode imposée, il est légitime d’aborder la question sous l’aspect de fonctions numériques
usuelles.
Un petit doute subsiste : pourquoi donner le texte dans un langage d’intégrale ?...
Y aurait-il autre chose ? Une approche du problème en termes d’intégrale est proposée en seconde
solution.
b
dx
On a = "n b "n a et le problème équivaut à
a x
b a
0<a<b "n b + "n a > 0.
ab

Chapitre 5 - Intégration. Calcul intégral 215


x a
Pour a > 0 fixé quelconque, on peut étudier la fonction f : x ! "n x +"n a sur l’intervalle
ax
[a, + [. Notons que l’on a f (a ) = 0.
Pour avoir x > a f (x ) > 0, il suffirait que f soit strictement croissante sur [a, + [.
1 x a 1 x + a 2 ax
On a f (x ) = x
= .
ax 2x ax 2x ax
Pour étudier le signe de f sur [a, + [, il suffit de connaître celui de g(x ), avec :
g :x !x +a 2 ax .
x a
Avec g(a ) = 0 et g (x ) = , on obtient g (x ) > 0 pour x > a , donc g est strictement
x
croissante sur [a, + [, et on a g(x ) > 0 pour tout x > a .
Finalement, f (x ) > 0 pour x > 0 donne f strictement croissante sur [a, + [, La conclusion en
résulte.
Tout cela est assez facile, mais on peut imaginer que l’objectif n’est pas seulement de déceler
votre connaissance de "n x sous forme d’intégrale.
Il s’agit d’une majoration en terme d’intégrale et le théorème de Cauchy-Schwarz n’est alors
pas à négliger. D’autant plus que ce théorème fournit une inégalité stricte lorsque les fonctions
utilisées ne sont pas liées (dans le sens de colinéaires).
Le principal écueil est l’absence d’un produit sous l’intégrale. Qu’à cela ne tienne, notons que
1 1
=1 et le tour est joué...
x x
1
La fonction constante 1 et la fonction x ! n’étant pas liées, le théorème de Cauchy-Schwarz
x
donne :
2
b b b
1 1
1 dx < 12 dx 2
dx .
a x a a x
2
b 2
1 1 1 (b a)
Il vient alors dx < (b a) + = et le résultat attendu en découle.
x b a ab
a

Ex. 9
Soit n ! ! et P ! "[X ], deg P = 2n . On considère les fonctions réelles F et G définies sur "
n
par : F :x! ( 1)k P (2k ) (x ) et G : x ! F (x ) sin x F (x ) cos x .
k =0
&
Montrer que P (x ) sin x dx = F (0) + F (&).
0
a 1
On suppose que & ! #, & = avec (a, b) ! ! 2 et on considère P = X n (a bX )n .
b n!
Pour j ! [[ 0, 2n ]], calculer P (j) (0). En déduire qu’on a F (0) ! $ puis que F (&) ! $.
&
1 n n
En posant, pour n ! !, In = n ! x (a bx ) sin x dx , montrer qu’on a In ! ! .
0
Montrer que la suite (In )n !! a 0 pour limite et conclure.

x ! F (x ) cos x F (x ) sin x serait la dérivée de x ! F (x ) sin x . Pour le rôle de G , il est


raisonnable d’examiner G . Notons que l’on a G (0) = F (0) et G (&) = F (&).

216 Sujets d’oraux


On constate aisément que G (x ) = F (x ) + F (x ) sin x .
n n n +1
Avec F (x ) = ( 1)k P (2k ) (x ), il vient F (x ) = ( 1)k P (2(k +1)) (x ) = ( 1)k 1 (2k )
P (x )
k =0 k =0 k =1
n
c’est-à-dire F (x ) = ( 1)k 1 (2k )
P (x ), d’où F (x ) + F (x ) = P (x ) puis G (x ) = P (x ) sin x .
k =1
& & &
Alors P (x ) sin x dx = G (x ) dx = G (&) G (0), d’où P (x ) sin x dx = F (0) + F (&).
0 0 0

Le coefficient de X j de P se lit de deux manières : d’une part en développant P avec la formule


du binôme, d’autre part avec la formule de Taylor.

0 est racine d’ordre n de P . On a donc !j ! !, 0 " j < n P (j) (0) = 0.


1
Pour j ! [[ 0, n ]], le coefficient de X n +j de P est celui de X j de n ! (a bX )n . C’est donc :

1 j
pn +j = # ( 1)j b j a n j .
n! n
( 1)j (n + j)! j j n
Alors P (n +j) (0) = pn +j (n + j)! = n!
#n b a j
montre que P (n +j) (0) ! $. Il s’ensuit que :
n
F (0) = ( 1)k P (2k ) (0) est un entier.
k =0

a
Pour comparer P (x ) et P (& x ), on met en évidence & = dans x n (a bx )n .
b
n
b
P= X n (& X )n montre que !x !", P (& x ) = P (x ) d’où !k !!, ( 1)k P (k ) (& x ) = P (k ) (x ).
n!
On a donc P (2k ) (&) = P (2k ) (0). Alors F (&) = F (0) et F (&) est un entier.
In > 0 vient de l’intégration d’une fonction continue, positive et non nulle.

n
b n
La fonction x ! x (& x )n est continue, positive sur [0, &].
n!
Comme ce n’est pas la fonction nulle sur [0, &], on a In > 0.
Par ailleurs, on a In = F (0) + F (&), donc In est un entier.
En conclusion, (In )n !! est une suite d’entiers strictement positifs.
Pour étudier la limite de (In ), on cherche une majoration de la fonction intégrée.

& &2 n & a2 n


Sur [0, &], x ! x n (& x )n a son maximum en égal à , donc 0 " In " .
2 4 n ! 4b
La comparaison des suites (n !) et (q n ) montre alors que la suite (In ) a 0 pour limite.
Dans !, toute partie non vide admet un plus petit élément.

L’ensemble des In admet un plus petit élément, soit Ir .


Pour tout n ! !, on a donc In % Ir et Ir > 0, ce qui est contradictoire avec lim In = 0.
Cette contradiction, qui découle de & ! #, montre que & n’est pas un nombre rationnel.

Chapitre 5 - Intégration. Calcul intégral 217


Ex. 10
a2
dt
Étudier les limites pour a tendant vers 0, vers 1 et vers + de .
a "n t

Il faut préciser sur quel(s) intervalle(s) la fonction à intégrer est continue.

1
La fonction f : t ! "n t est sur 0, 1 $ 1, + .
a2
2 2 dt
Pour 0 < a < 1, on a 0 < a < 1, donc a, a # 0, 1 et F (a ) = est défini.
a "n t
De même, pour a > 1, on a a, a 2 # 1, + et F (a ) est défini.
Au voisinage de 0 la fonction f est bornée et on a lim (a 2 a ) = 0.
a 0
Il s’ensuit lim F (a ) = 0.
a 0

Au voisinage de + , la fonction f est bornée et on a lim (a 2 a) = + .


a +

Dans ce cas, il est un peu tôt pour se prononcer puisque f est de limite 0. On est en présence
d’une forme indéterminée qu’il faut analyser un peu plus finement.
2
1 1 a a
Pour a > 1, on a " pour tout t ! a, a 2 . Il s’ensuit que F (a ) % 2 .
"n a 2 "n t "n a
Au voisinage de + , on a :
2 2
a a a
2 !
"n a "n a 2
et la croissance comparée des fonctions puissance et logarithme nous donne :
2
a
lim =+ .
a + "n a 2
On en déduit que lim F (a ) = + .
a +
Étudions la limite de F en 1.
Compte tenu de l’ensemble de définition de F , il faut distinguer l’étude de la limite à droite de 1
et celle de la limite à gauche.

Premier cas : 0 < a < 1. Notons que l’on a 0 < a 2 < a < 1 et "n t < 0 pour t ! a, a 2 .
a
1
Écrivons F (a ) sous la forme dt pour tenir compte de a 2 < a .
a2 "n t
1
Sur l’intervalle a 2 , a #]0, 1[, la fonction ( f ) : t ! est strictement croissante.
"n t
a (a 1) a (a 1) a 1
On en déduit l’encadrement " F (a ) " " .
2 "n a "n a "n a
a 1
Avec la limite classique lim = 1, il vient que F (a ) est encadrée par des fonctions de limites
a 1 "n a
1
2
et 1 quand a tend vers 1.
On n’est pas en mesure de se prononcer sur la limite de F (a ) en 1 avec ces seuls éléments. Il est
nécessaire d’explorer une autre piste.
Majorée (sur ]0, 1[) par une fonction ayant une limite réelle en 1, la fonction F est majorée.

218 Sujets d’oraux


1 1 a 1
La dérivée sur ]0, 1[ de F est définie par F (a ) = 2a = > 0.
"n a 2 "n a "n a
Croissante sur ]0, 1[ et majorée, F admet une limite quand a tend vers 1 sur ]0, 1[.
Le problème reste entier : trouver cette limite, avec une avancée, c’est que cette limite existe.
Notons en passant que F est majorée par sa dérivée.
Les encadrements de la fonction à intégrer étant inopérants, il faudrait disposer d’une primitive.
1 1
On n’en connait pas pour mais on en connait une pour .
"n t t "n t

a2
dt 1
On a F (a ) = t et une primitive de t ! est t ! "n "n t .
t "n t t "n t
a
a2 a2
2 dt dt
En encadrant t , il vient a " F (a ) " a .
a t "n t a t "n t
a2
dt
Avec = "n "n a 2 "n "n a = "n 2, il vient a 2 "n 2 " F (a ) " a "n 2 et finalement :
a t "n t
lim F (a ) = "n 2.
a 1 a<1
Deuxième cas : 1 < a . Dans le dernier calcul, il n’y a presque rien à modifier, si ce n’est que
l’encadrement devient a "n 2 " F (a ) " a 2 "n 2, et on obtient aussi "n 2 pour limite à droite
de F en 1.

Ex. 11
&
sin x
Calculer la limite de la suite (un )n !! de terme général un = n tan dx .
0 n

sin x sin x
Pour x ! [0, &], on a 0 " sin x " 1 donc 0 " " 1, donc x ! tan est continue positive
n n
sur [0, 1].
sin x
La fonction x ! tan n’a pas de primitive connue.
n
Cherchons alors une suite (vn ) de même limite que (un ) et dont la limite soit de calcul plus
accessible.
3
& y
Pour 0 " y < , on a usuellement 0 " tan y y" .
2 3

sin x sin x sin3 x 1


Pour 0 " x " &, on a 0 " tan " 3 " 3.
n n n n
& &
sin x sin x &
On en déduit que 0 " tan dx dx " 3 .
0 n 0 n n
& &
sin x &
Il s’ensuit 0 " n tan dx sin x dx " 2
.
0 n 0 n
&
&
Avec sin x dx = 2, on vient de voir que 0 " un 2" 2, donc lim(un 2) = 0 et en
0 n
conclusion, on a lim un = 2.

Chapitre 5 - Intégration. Calcul intégral 219


Ex. 12
Soit (a, b) ! "2 , avec a < b, et on considère une fonction f de classe 1
sur [a, b].
On suppose que f (a ) = 0 et 0 " f (x ) " 1 pour tout x ! [a, b].
2
b b
3
Montrer que f " f .
a a

Procédons à un premier examen des hypothèses.

Avec f % 0, la fonction f est croissante. La condition f (a ) = 0 donne alors f % 0.


Pour bénéficier d’un contexte de dérivabilité, on construit une fonction auxiliaire F .
x x 2
Soit F la fonction définie sur [a, b] par F (x ) = f3 f .
a a
La question se lit alors F (b) " 0.
On a F (a ) = 0 et, pour avoir F (b) " 0, il suffit de voir si F ne serait pas décroissante.
x x
2
F est dérivable et on a F (x ) = f 3 (x ) 2f (x ) f = f (x ) f (x ) 2 f .
a a
x
Comme f est positive, il suffit d’étudier le signe de G (x ) = f 2 (x ) 2 f.
a
La fonction G ainsi définie est dérivable sur [a, b] et on a :
G (x ) = 2f (x )f (x ) 2f (x ) c’est-à-dire G (x ) = 2f (x ) f (x ) 1 .
L’hypothèse f (x ) " 1 donne G (x ) " 0, donc G est décroissante.
L’hypothèse f (a ) = 0 donne G (a ) = 0, et par suite G est négative sur [a, b].
Il s’ensuit que F est négative, puis que F est décroissante, ce qui permet de conclure.

Ex. 13
sin2 x cos2 x
Étudier la fonction f : x ! Arcsin t dt + Arccos t dt .
0 0

L’ensemble de définition est à préciser en premier lieu.

Pour tout x réel, on a 0 " sin2 x " 1 et 0 " cos2 x " 1. Alors t ! Arcsin t est continue sur
[0, sin2 x ] et t ! Arccos t est continue sur [0, cos2 x ].
f est donc définie et dérivable sur ".

Des remarques simples premettent de réduire l’intervalle d’étude.

En outre il est immédiat que f est périodique de période & et paire.


Il suffit alors de l’étudier sur [0, & / 2].
Sans chercher à calculer ces deux intégrales, on peut examiner la dérivée de f .

On a f (x ) = 2 sin x cos x Arcsin(sin x ) 2 sin x cos x Arccos(cos x ).


Avec x ! [0, & / 2], on a Arcsin(sin x ) = x et Arccos(cos x ) = x .
Il vient alors f (x ) = 0 sur [0, & / 2].
f est donc constante sur [0, & / 2] puis sur [ & / 2, & / 2] par parité puis enfin sur " tout entier
par périodicité.

220 Sujets d’oraux


Pour le calcul de cette constante, il suffit de prendre la valeurs de f en un point particulier.
1 1
f (0) = Arccos t dt ou f (1) = Arcsin t dt demandent un peu de calcul.
0 0
On peut aussi tenter d’utiliser Arcsin u + Arccos u = & / 2 pour u ! [ 1, 1].

& &
On a sin2 x = cos2 x pour x = et on calcule alors f .
4 4
1/2 1/2 1/2
& & & &
f = Arcsin t dt + Arccos t dt et il vient alors f = dt = .
4 0 0
4 0 2 4
&
En conclusion, f est constante sur ", égale à .
4

Ex. 14
y
dt
Montrer que, pour tout x > 1, il existe un unique y > 1 tel que = 1.
x "n t
Étudier la fonction f : x ! y ainsi définie et ses limites éventuelles en 1 et en + .

y y
dt dt
Cherchons quelques informations sur '(x, y) = et sur 'x : y ! .
x "n t x "n t

Pour t > 1, on a "n t > 0, donc '(x, y) < 0 pour 1 < y < x , '(x, y) > 0 pour y > x , et '(x, x ) = 0.
y
dt 1
Pour x > 1 fixé, la fonction 'x : y ! est dérivable sur ]1, + [ et 'x (y) = > 0.
x "n t "n y
1 1
Comme t ! est décroissante, on a, pour y > x , 'x (y) % (y x) .
"n t "n y
1
Avec lim (y x) =+ , on obtient lim 'x (y) = + .
y + "n y y +
Ainsi, la fonction 'x continue et strictement croissante définit une bijection de ]1, + [ sur
'x ]1, + [ . Puisque 'x ]1, + [ contient 'x [x, + [ = [0, + [, il existe un unique y > 1 tel
que 'x (y) = 1, et on a y > x .
Étudions maintenant la fonction f .
f (x )
dt
La fonction f :]1, + [ ]1, + [ est définie par = 1.
x "n t
f (x )
1 dt
Avec > 0 sur ]1, + [, on a nécessairement f (x ) > x , sinon on aurait " 0.
"n t x "n t
On vient de voir que f (x ) > x , donc f est de limite + quand x tend vers + .
Il est raisonnable d’espérer que f est dérivable. On est dans un contexte de fonction réciproque
sous-jacent.
y y x x
dt dt dt dt
Avec = , notons g(x ) = .
x "n t e "n t e "n t e "n t
f (x ) est l’unique réel y tel que g(y) = g(x ) + 1, c’est-à-dire f (x ) = g 1 g(x ) + 1 .
Comme g est dérivable, de dérivée strictement positive sur ]1, + [, sa réciproque est dérivable
et il s’ensuit que f est dérivable.

Chapitre 5 - Intégration. Calcul intégral 221


f (x )
dt f (x ) 1
Par dérivation de la fonction constante x ! , on obtient = 0, c’est-à-
x "n t "n f (x ) "n x
dire :
"n f (x )
f (x ) = .
"n x
Avec x > 1 et f (x ) > 1, il vient f (x ) > 0, et f est strictement croissante.
Minorée par 1 et croissante, la fonction f admet une limite réelle en 1.
f (x )
dt
Pour préciser cette limite, encadrons .
x "n t

Notons " la limite en 1 de f (x ).


1 1 1 f (x ) x f (x ) x
Sur x, f (x ) , on a " " . Il s’ensuit "1" .
"n f (x ) "n t "n x "n f (x ) "n x
En passant à la limite, f (x ) % x + "n x donne " % 1.
En passant à la limite dans f (x ) x " "n f (x ), il vient " 1 " "n ".
On a "n u " u 1 pour tout u > 0 et, pour tout u > 0, u " 1, on a "n u < u 1.

Alors " vérifie "n " " " 1 " "n ", donc "n " = " 1. On en déduit que " = 1.

Ex. 15
Étant donné une fonction réelle f continue sur [0, 1], on considère la fonction ' définie sur "
1
par '(x ) = f (t ) sin(xt ) dt .
0
Montrer que ' est continue et montrer qu’elle est dérivable ; on exprimera ' (x ) à l’aide d’une
intégrale.

En première année, aucun théorème n’est disponible pour étudier une fonction définie par une
b
intégrale de la forme '(x ) = g(x, t ) dt . Pour la continuité par exemple, il faut passer par
a
l’examen de '(x2 ) '(x1 ).
Notons que la dérivabilité dispenserait de se pencher sur la continuité. Le but visé est d’étudier
dans un cas particulier des méthodes qui pourront orienter l’étude de cas analogues.
1
Pour x1 et x2 réels, on a '(x2 ) '(x1 ) = sin(x2 t ) sin(x1 t ) f (t ) dt .
0
On a classiquement sin u sin v " u v , par exemple en utilisant le théorème des accrois-
sements finis.
1
Il s’ensuit que '(x2 ) '(x1 ) " x2 x1 t f (t ) dt .
0
Ainsi, la fonction ' est lipschitzienne sur ", elle est donc continue.
La continuité de ' ne présente ainsi aucune difficulté. En revanche, pour l’étude de la dérivabilité,
il n’y a pas d’indication fournie et on est un peu désarmé. Il reste à imaginer un résultat plausible
et à le confirmer.
Un tel résultat plausible serait que la dérivée ' (x ) soit l’intégrale de la dérivée par rapport à x
du terme à intégrer.

222 Sujets d’oraux


La dérivée par rapport à x de sin(xt )f (t ) est t cos(xt )f (t ) et on considère la fonction ( définie
sur " par :
1
((x ) = t cos(xt )f (t ) dt .
0

' (x + h ) '(x )
Dans l’espoir que ' (x ) = ((x ), on étudie ((x ).
h
' (x + h ) '(x )
Pout tout x réel et h " 0, formons )(h ) = ((x ) :
h
1
1
)(h ) = sin(xt + ht ) sin(xt ) ht cos(xt ) f (t ) dt .
h
0

On voit apparaître sin(a + *) = sin a + * cos a + . . . et une formule de Taylor semble adaptée
pour établir que lim )(h ) = 0, ce qui est l’objectif sous-jacent.
h 0

*2
Par la formule de Taylor - reste intégral - il vient : sin(a + *) sin a * cos a " " *2 , ce
2
qui donne ici : sin(xt + ht ) sin(xt ) ht cos(xt ) " h 2 t 2 .
1
2
On en déduit )(h ) " h t f (t ) dt , ce qui donne lim )(h ) = 0.
0 h 0

On a ainsi établi que, pour tout x réel, ' (x ) = ((x ).

B Sommes de Riemann – Intégration par parties

Ex. 16
n
1
Donner un équivalent de un = 2 2
.
k =0
k + (n k)

Que cet énoncé soit dans cette section est déjà une indication en soi. L’utilisation de sommes de
Riemann est fort vraisemblable.
n n
1 1 1 1
On a un = 2 donc nun = .
n k 2 k 2 n k 2 k 2
k =0 + 1 k =0 + 1
n n n n
n
1 1 k
En posant f (x ) = 2 2, on peut écrire alors nun = f .
x + (1 x) n n
k =0

k
La fonction f est continue sur [0, 1] et les constituent la subdivision régulière d’ordre n de cet
n
intervalle.
En application du théorème des sommes de Riemann d’une fonction continue, il vient :
n 1
1 k
lim f = f.
n n
k =1 0

Chapitre 5 - Intégration. Calcul intégral 223


n n
1 k 1 k f (0)
Notons que f et f diffèrent de , qui est de limite nulle.
n n n n n
k =0 k =1
1 1
I
Il vient alors lim nun = f . On notant I = f , on a donc nun ! I , puis un !
n
.
0 0
Il ne reste plus maintenant qu’à calculer I .
1
1 2 1 1 dx
On a x 2 + (1 x ) 2 = 2x 2 2x + 1 = 2 x
2
+
2
et il vient I = 2 2
.
0 1 1
x +
2 4

1 1 1
Une primitive de 2 2 est classique : c’est Arctan (x *) .
(x *) + + + +
1 & &
Il vient enfin I = Arctan(2x 1) = . En conclusion, on a un ! .
0 2 2n

Ex. 17
n
k k
Calculer la limite de la suite (un )n !! définie par un = sin sin .
k =1
n n2

Il semble qu’une somme de Riemann ne soit pas loin, mais ce n’en est pas une !
k 1 k k
Pour tout k ! [[ 1, n ]], on a " et on a donc sin 2 ! 2 .
n2 n n n
n n
k k 1 k k
Considérons alors la suite (vn )n !! définie par vn = 2
sin = sin .
n n n n n
k =1 k =1
On reconnaît pour (vn ) la suite des sommes de Riemann sur [0, 1] de la fonction continue :
f : x ! x sin x .
La limite de (vn ) est alors aisée. La véritable question est de savoir si cette limite nous rend service
pour le calcul de la limite de (un ).
n
k k k
On a vn un = 2
sin 2
sin .
n n n
k =1
3
x
Pour x ! [0, & / 2], on a 0 " sin x " 1 et 0 " x sin x " .
6
3
k k k k 1
Notons que, pour k ! [[ 1, n ]], on a 0 < 2 " 1, donc 0 " 2 sin 2 " " 3, d’où :
n n n 6n 6 n
n n
1 k 1 1
0 " vn un " 3
sin " 3
= 2
.
n n n n
k =1 k =1
1
Avec lim 2 = 0, il vient lim(vn un ) = 0 puis enfin :
n
1
lim un = lim vn = x sin x dx .
0
Et, avec une intégration par parties, on obtient facilement :
1
x sin x dx = sin 1 cos 1.
0

224 Sujets d’oraux


Ex. 18
Étant donné a réel, a > 1, calculer la valeur moyenne sur [0, &] de la fonction :
f : x ! "n 1 2a cos 2x + a 2 .

Pour x ! ", on a 1 2a + a 2 " 1 2a cos 2x + a 2 et, avec a > 1, il vient 0 < 1 2a cos 2x + a 2 .
Ainsi f est de classe sur [0, &].
&
1
La valeur moyenne f est la limite de la suite des sommes de Riemann.
& 0
En l’absence de primitive connue pour f , ces sommes de Riemann sont une démarche intéres-
sante, si elle se prête bien aux calculs.
n
1 2k &
Soit Sn = n "n 1 2a cos + a 2 . On est ramené à l’étude de la limite de (Sn ).
n
k =1

2k &
La situation paraît encore bien pire. Mais en regardant 1 2a cos + a 2 comme polynôme
n
2k &
en a , la somme des racines (complexes ?) est 2 cos et leur produit est 1. Un bon point
n
d’attaque se précise.

2k &
Avec e2ik & / n + e 2ik & / n
= 2 cos et e2ik & / n e 2ik & / n
= 1, on a :
n
2k &
1 2a cos + a2 = a e 2ik & / n a e 2ik & / n .
n
Les racines du polynôme X n 1 sont les e 2ik & / n pour k ![[ 1, n ]] ; ce sont aussi leurs conjugués
e 2ik & / n .
n n
1 2ik & / n 2ik & / n 1 2ik & / n 2ik & / n
On a donc Sn = n "n a e a e = "n a e a e .
n
k =1 k =1
n n
2ik & / n 2ik & / n 1 2
Avec a e = a e = an 1, il vient Sn = "n (a n 1)2 = "n (a n 1).
n n
k =1 k =1
n
Pour a > 1, on a lim a = + , donc "n (a n 1) ! "n (a n ) = n "n a .
n +
Il vient alors Sn ! 2 "n a , ce qui est la valeur moyenne de f sur [0, &].

Ex. 19
On considère les fonctions f et g définies sur ]0, + [ par :
x x
1 + sin t cos t
f (x ) = 2
dt et g(x ) = dt .
1 t 1 t
Montrer que f et g ont chacune une limite réelle en + .

Un cas simple d’existence de limite concerne les fonctions monotones.

1 + sin x
La fonction f est dérivable sur ]0, + [ et, pour tout x > 0, f (x ) = 2 % 0.
x
x
1 + sin t 2 2 2
Pour tout t > 0, on a 2 " 2, d’où, pour tout x > 1, f (x ) " 2
dt = 2 " 2.
t t 1 t x

Chapitre 5 - Intégration. Calcul intégral 225


Croissante et majorée sur [1, + [, la fonction f admet une limite réelle " en + .
On n’est pas dans la même situation confortable vis-à-vis de g.
Mais en notant que t ! cos t est la dérivée de t ! 1 + sin t , une intégration par parties paraît
d’actualité.
1 1
Les fonctions t ! 1 + sin t et t ! sont de classe sur ]0, + [.
t
x x
1 + sin t cos t
Une intégration par parties donne f (x ) = + dt , et il vient :
t 1 t
1
1 + sin x
g(x ) = f (x ) 1 sin 1 + .
x
1 + sin x
Comme x ! 1 + sin x est bornée, on obtient lim = 0, et on en déduit que g admet
x + x
en + une limite " = " 1 sin 1.

Ex. 20
Donner une primitive de sin("n x ).

La fonction f : x ! sin("n x ) est de classe sur ]0, + [.


On ne connait pas classiquement de primitive de f . Une intégration par parties peut être tentée.
Rappelons que f désigne une primitive de f , sans se préoccuper de constante d’intégration.
cos("n x )
En intégrant par parties, on a F (x ) = sin("n x ) dx = x sin("n x ) x dx d’où :
x

F (x ) = x sin("n x ) cos("n x ) dx .

Comme souvent dans le cas de fonction à base de sinus, l’analogue en cosinus s’invite aux débats.

Posons g : x ! cos("n x ) et G (x ) = g(x ) dx .

En intégrant par parties, il vient de même G (x ) = x cos("n x ) + sin("n x ) dx .

Les relations F (x ) + G (x ) = x sin("n x ) et G (x ) F (x ) = x cos("n x ) donnent alors :


x x
F (x ) = sin("n x ) cos("n x ) et G (x ) = sin("n x ) + cos("n x ) .
2 2

Ex. 21
& n
2
n 1
Soit (un )n !! la suite définie par un = x sin(nx ) cos x dx . On pose Sn = .
0 k
k =1
n
1 (1 t)
On définit la fonction fn sur [0, 1] par !t !]0, 1], fn (t ) = et fn (0) = n .
t
1 n p 1
p ( 1)
On pose In = fn (t ) dt . Prouver que In = #n et que In = Sn .
0 p
p=1
&
2
p+1 &
Montrer que, pour tout p ! ! , x sin(2px ) dx = ( 1) .
0 4p
n
p &
Montrer que #n sin(2px ) = 2n sin(nx ) cosn x . En déduire que un = n +2 Sn
.
2
p=1

226 Sujets d’oraux


Montrons que fn est une fonction polynôme sur [0, 1].
n n n
p 1 (1 t) p
(1 t )n = #n ( 1)p t p donne, pour t " 0, t
= #n ( 1)p 1 p 1
t = '(t ).
p=0 p=1
1
Avec '(0) = #n = n , il vient que fn (t ) = '(t ) sur [0, 1].
In est alors l’intégrale d’une fonction polynôme.
1 n n n
p p
1
p ( 1)p 1
In = #n ( 1)p 1 p 1
t dt = #n ( 1)p 1
t
p 1
dt = #n .
0 0 p
p=1 p=1 p=1
n
k 1 1 (1 t )n
Pour t " 0, on a (1 t) = (suite géométrique de raison 1 t " 1).
t
k =1
D’autre part, avec le changement de variable t 1 t , on obtient :
1 1
k 1 k 1 1
(1 t) dt = t dt = , et il s’ensuit In = Sn
0 0 k
L’intégration du produit d’une fonction polynôme par une fonction trigonométrique se traite
par intégration par parties.
& &
cos(2px ) 1
&
2 2 2
En intégrant par parties, il vient x sin(2px ) dx = x + cos(2px ) dx et
0 2p 0 2p 0
&
2
p+1 &
on en déduit x sin(2px ) dx = ( 1) .
0 4p
Une somme trigonométrique en sinus est la partie imaginaire de la somme analogue en expo-
nentielle complexe.
n n
p p
#n sin(2px ) est la partie imaginaire de Vn (x ) = #n e2ipx = 1 + (1 + e2ix )n .
p=1 p=1

Avec 1 + e2ix = 2eix cos x , il vient Vn (x ) = 1 + 2n einx cosn x , dont la partie imaginaire est :
2n sin(nx ) cosn x .
n &
1 p 2
On a donc un = #n x sin(2px ) dx .
2n 0
p=1

Il reste enfin à regrouper les différents résultats obtenus.


n
& ( 1)p 1
p & &
Il vient alors un = n +2 #n = I
n +2 n
et In = Sn donne enfin un = Sn
2 p 2 2n +2
p=1

Ex. 22
2n
1
Étudier la limite de la suite de terme général sn = sin2 pour n ! ! .
k
k =n

1 1 2
En linéarisant : sin2 = 1 cos , on peut se laisser tenter par une somme de
k 2 k
cosinus. Toutefois, ce sont les sommes du type cos ka qui sont classiques, et on en est assez
k
éloigné.

Chapitre 5 - Intégration. Calcul intégral 227


1
En l’absence de coefficient devant la somme, la perspective de somme de Riemann n’est pas
n
transparente. Examinons plus attentivement les termes de la somme.

1 1 1
Pour n " k " 2n , on a 0 < " , donc est voisin de 0 quand n tend vers l’infini.
k n k
2n
1 1 1
Alors sin2 ! conduit à examiner la somme tn = .
k k k
k =n

L’étude de (tn ) ne présente d’intérêt que si on peut donner la limite " de tn et si on peut comparer
utilement les suites (sn ) et (tn ).
2n 2n
1 1 1 1 1 1
On a tn sn = sin2 = + sin sin .
k k k k k k
k =n k =n
1 1 2
Pour x % 0, sin x " x permet d’avoir + sin " .
k k k
1 3 1 1 1
Pour x > 0, on a classiquement 0 " x sin x "
6
x , on en déduit 0 " sin " .
k k 6k k
1 1 1 1 1 1
Il s’ensuit sin2 " puis, pour n " k " 2n , sin2 " .
k k 3k 2 k k 3n 2
n+1 n+1
Il en découle tn sn " , et lim = 0 donne lim(tn sn ) = 0.
3n 2 n 3n 2
Il suffit alors d’étudier la limite de la suite (tn ).
C’est l’occasion d’exploiter la constante d’Euler , qui apparaît dans l’étude de la suite harmonique
n
1
(hn ) définie par hn = . Utilisons alors le résultat classique :
k
k =1
hn = "n n + , + o(1).
2n n
1 1 1
tn = + donne alors :
k k n
k =1 k =1
1 1
tn = + "n (2n ) + o(1) "n n + o(1) = "n 2 +
n n
et on en déduit lim tn = "n 2. En conclusion, on a établi que (sn ) admet "n 2 pour limite.

Ex. 23
n n
( 1)i +j
Calculer la limite pour n + de la somme double Sn = .
i+j
i =1 j =1

1
1 k 1
Par quel bout prendre ce sujet ? Il y a une piste : pour tout k ! ! , = t dt .
k
0
n n 1
On a Sn = ( 1)i +j t
i +j 1
dt .
i =1 j =1 0

1 n n
Par linéarité de l’intégrale, on peut écrire : Sn = ( 1)i +j t i +j 1
dt .
0 i =1 j =1

228 Sujets d’oraux


On est un peu avancé, mais cette somme double est encore impressionnante. Si encore il n’y avait
qu’une somme !
Notons que, dans ( 1)i +j t i +j 1
, on peut améliorer la symétrie des rôles joués par i et j.

n n
( 1)i +j t i +j 1
= ( 1)i t i 1
( 1)j t j 1
t , donne : ( 1)i +j t i +j 1
= t ( 1)i t i 1
( 1) j t j 1
puis :
j =1 j =1
n n n n n 2
( 1)i +j t i +j 1
=t ( 1)i t i 1
( 1) j t j 1
=t ( 1)k t k 1

i =1 j =1 i =1 j =1 k =1
n
et ( 1)k t k 1
est une somme géométrique de raison t " 1 et de premier terme 1.
k =1
n
1 ( t )n
Elle s’écrit ( 1)k t k 1
= , et finalement :
1+t
k =1
n n
1 ( t )n 2 1
1 ( t )n 2
( 1)i +j t i +j 1
=t puis Sn = t dt .
1+t 0 1+t
i =1 j =1

Développons la fonction à intégrer, puisque sous cette forme, il n’y a pas de primitive familière.

2
Avec t 1 ( t )n = t + 2( 1)n +1 t n +1 + t 2n +1 , on a :
1 1 n +1 1 2n +1
t t t
Sn = 2
dt +2( 1)n +1 2
dt + dt .
0 (1 + t ) 0 (1 + t ) 0 (1 + t )2
1
tk
En posant Rk = dt , on a Sn = R1 + 2( 1)n +1 Rn +1 + R2n +1 .
0 (1 + t )2
t 1 1 1 1 1
Avec t = (1 + t ) 1, donc 2 =
t+1 2, on a R1 = "n (t + 1) + t + 1 = "n 2
2
.
(t + 1) (t + 1) 0

On peut espérer que Rn +1 et R2n +1 sont de limite nulle.

k
t 1
Pour k ! ! , et pour tout t ! [0, 1], on a 0 " " t k , donc 0 " Rk " .
(1 + t )2 k+1

1
On en déduit que lim Rn +1 = 0 et lim R2n +1 = 0, d’où lim Sn = "n 2 .
n + n + n + 2

Ex. 24
On considère des fonctions f et g définies sur ". On suppose que f est lipschitzienne et
que g est continue et périodique, de période T > 0. Montrer que la suite de terme général
T T T
1
un = f (x )g(nx ) dx admet f g pour limite.
T
0 0 0

Une intégrale sur [0, nT ] permet de décomposer en somme d’intégrales sur des intervalles de
longueur T et d’utiliser la périodicité de g. Un changement de variable est une clé.

Chapitre 5 - Intégration. Calcul intégral 229


nT
1 t
Le changement de variable défini par t = nx donne un = n f g(t ) dt .
0 n
n kT
1 t
La relation de Chasles donne alors un = n f g(t ) dt .
(k 1)T n
k =1
Par le changement de variable défini par t = (k 1)T + v, il vient :
kT T
t (k 1)T + v
f g(t ) dt = f g (k 1)T + v dv.
(k 1)T n 0 n
kT T
t (k 1)T + v
La périodicité de g donne ensuite f g(t ) dt = f g(v) dv.
(k 1)T n 0 n
n T
1 (k 1)T + v
Ces diverses transformations donnent un = f g(v) dv.
n n
k =1 0

n
1 (k 1)T
Il est particulièrement tentant d’isoler f qui est une somme de Riemann
n n
k =1
pour f sur [0, T ].
n T
1 (k 1)T
On considère la suite de terme général sn = n
f g(v) dv.
n 0
k =1

Si la limite de (sn ) est immédiate, cette suite ne se révélera utile que si on peut estimer la
différence (un sn ).

En application du théorème des sommes de Riemann pour une fonction continue, on a :


n T
1 (k 1)T 1
lim f = f
n + n n T 0
k =1
T T
1
et donc, lim sn = f g.
T 0 0

La limite de (sn ) est celle qui est attendue pour (un ). Il reste alors à prouver que (un sn ) est
de limite 0. Quand on sait où on va, il est plus facile d’orienter les calculs. À ce sujet, l’hypothèse
«f lipschitzienne» est encore inutilisée.
n T
1 (k 1)T
En écrivant sn sous la forme sn = f g(v) dv, on a :
n n
k =1 0
n T
1 (k 1)T + v (k 1)T
un sn = f f g(v) dv
n n n
k =1 0

f étant lipschitzienne, il existe # > 0 tel que f (b) f (a ) " # b a pour a et b dans ".
(k 1)T + v (k 1)T v T
On a donc f n
f
n
"#
n
" # , et il s’ensuit :
n
T T
(k 1)T + v (k 1)T T
f f g(v) dv " # g.
n n n
0 0
T
#T
Finalement un sn " g donne lim(un sn ) = 0, ce qui achève la preuve de la
n
0
proposition.

230 Sujets d’oraux


Ex. 25
1
2 n
Pour n ! !, on considère la fonction fn définie sur " par fn (x ) = (1 t ) cos xt dt et on
0
pose In = fn (0). Montrer que fn est bornée et lipschitzienne sur ".
Donner une relation liant fn +2 (x ), fn +1 (x ) et fn (x ). En déduire une expression de In .

La première partie du sujet s’obtient par des majorations usuelles.


Avec 0 " (1 t 2 )n " 1 et cos xt " 1, il vient fn (x ) " 1.
1
2 n
Étudions fn (u ) fn (v) = (1 t ) (cos ut cos vt ) dt .
0
On a classiquement cos ut cos vt " ut vt " u v , ce qui permet d’obtenir :
fn (u ) fn (v) " u v
et par suite fn est lipschitzienne.
Pour une relation entre fn +2 (x ) et fn +1 (x ), on peut utiliser une intégration par parties en dérivant
(1 t 2 )n +2 . En vue d’une primitive de cos xt , on se place dans le cas x " 0.
Les fonctions qui interviennent sont de classe donc, dans ce sujet, toute intégration par
parties est justifiée.
1 1
2 n +2 1 2 n +2
1 n+2 2 n +1
fn +2 (x ) = (1 t ) cos xt dt = (1 t ) sin xt + 2t (1 t ) sin xt dt
0 x 0 x 0
1
2(n + 2)
donne : fn +2 (x ) = t (1 t 2 )n +1 sin xt dt .
x
0
Une nouvelle intégration par parties permet de retrouver cos xt sous le signe d’intégration. Il
faut porter une attention particulière à la dérivée de t (1 t 2 )n +1 pour l’écrire en combinaison
linéaire de puissances de 1 t 2 .
La dérivée de '(t ) = t (1 t 2 )n +1 est ' (t ) = (1 t 2 )n +1 2t 2 (n + 1)(1 t 2 )n et on a :
2 n 2 n
2
t (1 t ) = (1 t ) (1 t 2 )n +1 .
Il s’ensuit ' (t ) = 2(n + 1)(1 t 2 )n + (2n + 3)(1 t 2 )n +1 .
1 1
1 1
2 n +1 1
Avec ' (t ) cos xt = 0, on obtient t (1 t ) sin xt dt = ' (t ) cos xt dt , c’est-à-
x 0 x
0 0
dire :
1
2 n +1 2n + 3 2(n + 1)
t (1 t ) sin xt dt = fn +1 (x ) fn (x )
0 x x
2(n + 2)(2n + 3) 4(n + 1)(n + 2)
et on obtient : fn +2 (x ) = 2 fn +1 (x ) 2 fn (x ).
x x
Pour en déduire une relation entre les Ik , il faut étudier le comportement en 0 déduit de la
relation précédente. C’est le moment de se rappeler que fn +2 est bornée.

Dans x 2 fn +2 (x ) = 2(n + 2) (2n + 3)fn +1 (x ) 2(n + 1)fn (x ) , on prend la limite en 0, en tenant


compte du fait que fn +2 est bornée, et aussi que fn +1 et fn sont continues.
2n + 2
Il vient alors (2n + 3)fn +1 (0) 2(n + 1)fn (0) = 0, c’est-à-dire In +1 = I .
2n + 3 n
n
2(n + 1) 2k
En observant que I0 = 1 et que In +1 = I , il vient In = .
2(n + 1) + 1 n 2k + 1
k =1
n
4n (n !)2
En multipliant numérateur et dénominateur par 2k , il vient In = .
(2n + 1)!
k =1

Chapitre 5 - Intégration. Calcul intégral 231


C Changement de variable

Ex. 26
Existe-t-il une fonction f continue sur [0, 1] telle que :
1 1
1 2 2
(1) : f (x ) dx = + f (x ) dx ?
0 3 0

1
La formulation n’est pas homogène en terme d’intégrales. Pour y remédier, on exprime en
3
une intégrale sur [0, 1].
2
Ici, f 2 représente la fonction u ! f (u ) .
1
1 2
Notons, classiquement, que = x dx . Un énoncé équivalent est alors :
3 0
1 1
f (x ) dx = f 2 (x 2 ) + x 2 dx .
0 0

Le changement de variable bijectif de [0, 1] sur [0, 1] défini par x = t 2 permet d’exprimer
1
f (x ) dx en une intégrale avec f (t 2 ), mieux en rapport avec l’intégrale qui figure au second
0
membre.
Supposons que f soit solution du problème.
Le changement de variable bijectif défini par x = t 2 , et avec dx = 2t dt donne :
1 1
f (x ) dx = 2tf (t 2 ) dt
0 0
1 1
et la condition devient : 2xf (x 2 ) dx = 2 2
f (x ) + x
2
dx .
0 0
1
2 2
Par linéarité, cette condition équivaut à f (x ) 2xf (x 2 ) + x 2 dx , c’est-à-dire :
0
1 2
2
f (x ) x dx .
0
Nous voilà en territoire connu : fonction positive, d’intégrale nulle. L’hypothèse de continuité
de f devient plus importante que pour la seule intégrabilité.
2
La fonction x ! f (x 2 ) x est continue sur [0, 1], positive et d’intégrale nulle. C’est donc la
fonction nulle sur [0, 1].
2
Pour tout x ! [0, 1], on a ainsi f (x 2 ) x = 0, donc f (x 2 ) = x , d’où f (x ) = x.

La fonction x ! x est la seule solution possible. Il reste à vérifier qu’elle convient.

1
2 3/2 1 2
On a x dx = x = .
0 3 0 3
1
2 2 1
Par ailleurs, avec f (t ) = t , on a f 2 (t ) = t et f 2 (x 2 ) = x 2 , d’où f (x ) dx = .
0 3
Il s’ensuit que f définie sur [0, 1] par f (x ) = x est continue et vérifie la propriété (1). C’est
donc l’unique solution du problème.

232 Sujets d’oraux


Ex. 27
r 1
dy
Étant donné r > 0, calculer 2 2
dx .
1/r 0 x +y

1
dy
Il y a lieu de dépoussiérer le sujet. Sous l’apparence d’une intégrale double, 2 2
n’est là
0 x +y
que pour effaroucher à bon compte !

1
dy 1 y dy 1 1
Pour x > 0, on a 2 2
= Arctan , d’où 2 2
= Arctan .
x +y x x 0 x +y x x
r
1 1
La véritable question est donc le calcul de I (r ) = Arctan dx .
1/r x x

1 &
Une particularité de la fonction Arctan est que, pour x > 0, Arctan = Arctan x .
x 2

r r r
& dx Arctan x Arctan x
On a I (r ) = 2 dx . Posons J (r ) = dx .
1/r x 1/r x 1/r x
r r
dx
Avec = "n x = 2 "n r , on a I (r ) = & "n r J (r ).
1/r x 1/r

1 1
Un autre moyen d’éliminer dans Arctan est de procéder au changement de variable bijectif
x x
1
défini sur ]0, + [ par t = .
x

1/r r
1 1 1 1
Avec t = , donc avec dx = 2, on a I (r ) = Arctan t dt = Arctan t dt .
x t t t
r 1/r
On voit alors que I (r ) = J (r ) et, en reportant dans la première relation entre I (r ) et J (r ), il vient :
&
I (r ) = "n r .
2

Ex. 28
Soit f une fonction réelle, continue et strictement positive sur [a, b]. Son graphe dans un
repère orthonormal délimite, avec les droites x = a , x = b et y = 0, un domaine - d’aire A.
Pour n ! ! , on forme la subdivision (c0 , c1 , . . . , cn ) de [a, b] telles que les droites x = a ,
x = c1 , . . . , x = cn 1 , x = b partagent - en n parties de même aire A / n .
n
1
Étudier la suite (un ) définie par un = n f (ck ).
k =1

b
On a A = f . La subdivision .n = (ck )k ![[ 0,n ]] n’est pas régulière et un ne s’interprète pas,
a
sous la forme donnée, en une somme de Riemann. Le plus urgent est d’étudier d’un peu plus
près cette subdivision.

Chapitre 5 - Intégration. Calcul intégral 233


x
1
La fonction F définie par F (x ) = f (t ) dt est de classe , avec F (x ) = f (x ) > 0, donc
a
strictement croissante sur [a, b]. Compte tenu de F (a ) = 0 et F (b) = A, c’est alors une bijection
de [a, b] sur [0, A].
A
Les points ck de la subdivision choisie sont définis par F (ck ) = k n .

Les points ck , définis en compréhension, sont maintenant exprimés techniquement.


On est maintenant en mesure d’exprimer un sous une nouvelle forme.
n
1 A 1 1 A
Avec ck = F k
n
, il vient un = n f F k .
n
k =1

On reconnaît une somme de Riemann de la fonction f F 1 sur l’intervalle [0, A].


A
1 1
La limite de un est alors f F .
A
0

Le nombre un est une moyenne de f F 1 , dont la limite est la valeur moyenne sur [0, A], qui
A
1 1
est f F . Une faute serait d’oublier de diviser l’intégrale par la longueur de l’intervalle
A
0
d’intégration.
A
1
Pour le calcul de f F (t ) dt , on effectue le changement de variable bijectif défini par
0
x = F 1 (t ), soit t = F (x ) et dt = f (x ) dx . Compte tenu de F (a ) = 0 et F (b) = A, il vient :
A b
1 2 2
f F (t ) dt = f (x ) dx , où f 2 représente la fonction x ! f (x ) .
0 a
b
2
b f
En notant que A = f (t ) dt , il vient finalement lim un = a .
b
a
f
a

Ex. 29
* n
x
Étant donné * réel, 0 " * < 1, et n ! !, on pose In (*) = dx .
0 (1 x )(1 + 3x )

1) Calculer I0 (*) et I1 (*). Montrer que I0 (*) et I1 (*) ont des limites réelles, notées respecti-
vement I0 et I1 , quand * tend vers 1.

2) Montrer que, pour * fixé, la suite In (*) n !!


est décroissante et que, pour n fixé, la
fonction * ! In (*) est croissante sur [0, 1[.
En déduire que In (*) admet une limite, notée In , quand * tend vers 1.
Montrer que la suite (In )n !! est décroissante.

3) Dériver la fonction 'n définie, pour n ! !, par 'n (x ) = x n (1 x )(1 + 3x ).


En déduire une relation de récurrence liant In +1 , In et In 1. Calculer I2 et I3 .

234 Sujets d’oraux


1)
1 x
Pour cette situation, on effectue le changement de variable défini par t = .
1 + 3x

*
dx 1 x
I0 (*) = . Avec le changement de variable défini par t = , il vient :
0
1 + 3x
1 x
(1 + 3x )
1 + 3x
2
1 t 4 8t
x= 2 puis 1 + 3x = 2 et dx = dt .
1 + 3t 1 + 3t (1 + 3t 2 )2
1 *
On pose + = et il vient :
1 + 3*
+
dt 2 + 2 3(1 *)
I0 (*) = 2 2
= Arctan( 3t ) = Arctan Arctan 3 .
1 3t + 1 3 1
3 1 + 3*
2&
Il vient immédiatement I0 = en prenant la limite pour * 1.
3 3
Le même changement de variable s’impose pour le calcul de I1 (*).

2
+
t 1 2 +
3t 2 + 1 4 1 8 +
dt
De même, I1 (*) = 2 dt = dt = I (*) .
1 (3t + 1)2 2 3 1
2
(3t + 1) 2 3 0 3 1 (3t + 1)2
2

dt dt
Pour , il est classique d’intégrer par parties.
(3t 2 + 1)2 3t 2 + 1

dt t dt dt
En intégrant par parties, il vient 2
= 2
+2 2
2 .
3t + 1 3t + 1 3t + 1 (3t + 1)2 2

+ +
dt dt 1 +
On a donc 2 = + , et il s’ensuit :
1 (3t + 1)2
2
1
2
3t + 1 4 3 +2 +1
+
8 dt 2 1 4+
= I (*) + .
3 1
2
(3t + 1) 2 3 0 3 3(3 +2 +1)
1 1 1 2& 1
On en déduit I1 (*) = I0 (*) + (1 *)(1 + 3*). et il vient I1 = + .
3 3 3 9 3 3

2)
Il faut distinguer le comportement de In (*) selon que c’est * qui est variable (étude de fonction)
ou que c’est n qui est variable (étude de suite).

x n +1 xn
Pour x ! [0, 1[, on a x n +1 " x n d’où " . En intégrant sur
(1 x )(1 + 3x ) (1 x )(1 + 3x )
[0, *], il vient In +1 (*) " In (*), donc la suite In (*) n !!
est décroissante.
*
Pour 0 < * < * < 1, on a In (* ) = In (*) + fn (x ) dx avec fn (x ) % 0, donc * ! In (*) est
*
croissante sur [0, 1[.
Le passage de In (*) à In met en œuvre le théorème de limite d’une fonction monotone.

On a In (*) " I0 (*) et I0 (*) est majorée par sa limite en 1. Ainsi, croissante sur [0, 1[ et majorée
par I0 , la fonction * ! In (*) a une limite réelle en 1.
In +1 *) " In (*) donne par passage à la limite, In +1 " In . La suite (In ) est donc décroissante.

Chapitre 5 - Intégration. Calcul intégral 235


3x 1
3) '0 (x ) = (1 x )(1 + 3x ) a pour dérivée '0 (x ) = .
(1 x )(1 3x )
n
x (3x 1)
Pour n % 1, on a 'n (x ) = x n '0 (x ) d’où 'n (x ) = nx n 1
(1 x )(1 + 3x ) .
(1 x )(1 + 3x )
3(n + 1)x n +1 + (2n + 1)x n + nx n 1
Soit encore : 'n (x ) = .
(1 x )(1 + 3x )
*
En intégrant sur [0, *], il vient 'n (x ) 0
= 3(n + 1)In +1 (*) + (2n + 1)In (*) + nIn 1 (*).
*
On a 'n (x ) 0
= *n (1 *)(1 + 3*) et, en prenant la limite pour * 1, il vient :
3(n + 1)In +1 = (2n + 1)In + nIn 1.
1 1 2& 1 1 14&
On en déduit I2 = 3I1 + I0 = + et I3 = 5I2 + 2I1 = + .
6 6 9 3 9 6 81 3

Ex. 30
Calculer la primitive nulle en 0 de la fonction ' définie sur " par :
1 + cos2 x
'(x ) = .
(1 + sin2 x )2
x
On justifiera le choix du changement de variable défini par u = tan t dans '(t ) dt .
0

x x
1 + cos2 t
' est continue sur ". Pour le calcul de /(x ) = '(t ) dt = dt , on note que
0 0 (1 + sin2 t )2
1 + cos2 t
dt est invariant par t t + &. Les règles de Bioche proposent alors le changement
(1 + sin2 t )2
de variable défini par u = tan t .
& &
Dans un premier temps, on suppose donc que x ! , .
2 2
On se met en situation de pouvoir utiliser ce changement de variable, en particulier en faisant
dt
apparaître .
cos2 t
1
1+ dt 1
cos2 t
En écrivant '(t ) dt = 2 , et en utilisant = 1 + tan2 t , il vient :
1 2 cos2 t cos2 t
+ tan t
cos2 t
2
tan x
u +2 1 tan x
2u 2 + 1 + 3
/(x ) = du = du .
0 (2u 2 + 1)2 2 0 (2u 2 + 1)2
tan x tan x
1 du 3 du
On a donc /(x ) = + .
2 0 2u + 12 2 0 (2u + 1)22

du 1
Il est usuel que 2
= Arctan(u 2).
2u + 1 2
du du
On exprime 2 2
à l’aide de avec une intégration par parties.
(2u + 1) 2u 2 + 1

du u 2u 2 + 1 1 u du du
Il vient = +2 = +2 2 ,
2u 2 + 1 2u 2 + 1 (2u 2 + 1)2 2u 2 + 1 2u 2 + 1 (2u 2 + 1)2

236 Sujets d’oraux


du u du
d’où : 2 = + .
(2u 2 + 1)2 2u 2 + 1 2u 2 + 1
3 tan x 5 2
Finalement /(x ) = + Arctan( 2 tan x ) ou aussi :
4(1 + 2 tan2 x ) 8
3 sin x cos x 5 2
/(x ) = + Arctan( 2 tan x ). (1)
4(1 + sin2 x ) 8
& & & &
La fonction / est continue en et en , donc avec la formule (1), valable sur , , on
2 2 2 2
obtient :
& 5& 2 & 5& 2
/ = lim /(x ) = et / = .
2 & 16 2 16
x
2

On aurait simplifié la tâche en notant que, puisque ' est paire, / est impaire.
&
Dans la suite, nous nous limitons à x ! "+ , et plus précisément à x ! ,+ .
2
& & x 1
Pour tout x ! ,+ , il existe n ! ! tel que n & "x + < (n + 1)& : c’est n = E + .
2 2 & 2
n 1 (k +1)& x
La relation de Chasles donne /(x ) = '+ '.
k =0 k& n&

Or ' est &-périodique. On a donc, pour tout k ! ! :


(k +1)& & x x n&
2 5& 2
'= '= et '= ' = /(x n &)
k& & 8 n& 0
2
&
avec /(x n &) défini par (1) lorsque n & < x + < (n + 1)&.
2
Finalement, on obtient :
5 & 2 3 sin x cos x 5 2 & &
/ (x ) = n + + Arctan( 2 tan x ) pour n & <x<n&+
8 4(1 + sin2 x ) 8 2 2
& 5& 2 & 2
et / n& =n .
2 8 16

Ex. 31
Calculer la primitive nulle en 0 de la fonction f définie sur " par :
1 + cos2 x sin x cos x
f (x ) = .
(1 + sin2 x )2 1 + 2 sin2 x
x
On justifiera le choix du changement de variable défini par u = cos 2t dans f (t ) dt .
0

On examine un changement de variable par l’utilisation des règles de Bioche.


Un peu de trigonométrie permet ensuite de se mettre en situation de mettre en œuvre le
changement de variable préconisé.
x
La fonction f est continue sur ". Pour calculer F (x ) = f (t ) dt , on note que f (t ) dt est invariant
0
par t t et par t t + &.
Les règles de Bioche proposent de poser u = cos 2t .

Chapitre 5 - Intégration. Calcul intégral 237


1 1 + cos 2x 1 cos 2x
cos t sin t = sin 2t , cos2 x = et sin2 x = donne :
2 2 2
1 3 + cos 2t
f (t ) dt = ( 2 sin 2t ) dt
2 (3 cos 2t )2 (2 cos 2t )
cos 2x cos 2x
1 3+u 1 3+u
d’où F (x ) = du = du .
2 1 (3 2
u ) (2 u) 2 1 (u 3)2 (u 2)

On connaît la forme de la décomposition en éléments simples de la fraction rationnelle à intégrer.


Des considérations numériques achèvent la décomposition utile.
3+u a bu + c
Décomposons la fraction en + , avec a , b, c réels.
3)2 (u 2) u 2 (u 3)2
(u
Les valeurs en 2 et 3 donnent a = 5 et 3b + c = 6 et l’étude en + donne alors a + b = 0. Ainsi :
b= 5 et c = 21.
5u + 21 5(u 3) + 6
Enfin, = donne la décomposition :
(u 3)2 (u 3)2
3+u 5 5 6
= + .
(u 3)2 (u 2) u 2 u 3 (u 3)2
cos 2x cos 2x cos 2x
5 du 5 du du
Il s’ensuit F (X ) = +3 c’est-à-dire :
2 1 u 2 2 1 u 3 1 3)2
(u
5 cos 2x 5 cos 2x 1 cos 2x
F (x ) = "n (2 u) "n (3 u) 3 .
2 1 2 1 u 3 1
5 2 cos 2x 3 5 3
Finalement, F (x ) = "n + + "n 2 .
2 3 cos 2x 3 cos 2x 2 2

Ex. 32
1
Calculer I = Arctan 1 x 2 dx .
0

Une intégration par parties permet d’effacer la fonction Arctan. Toutefois, l’intégration par
parties de u v se fait dans un contexte de fonctions u et v de classe 1 .

La dérivation de x ! 1 x 2 nécessite un intervalle sur lequel on a x 2 < 1.


Modifions d’abord le calcul de l’intégrale par un changement de variable.

Effectuons le changement de variable bijectif de [0, 1] sur [0, & / 2] défini par t = Arcsin x .
On a donc x = sin t , 1 x 2 = cos t et dx = cos t dt .
&/2
Il vient alors I = cos t Arctan(cos t ) dt .
0
Sous cette forme, une intégration par parties est légitime.
&/2 &/2
sin2 t
En intégrant par parties, il vient I = sin t Arctan(cos t ) + dt .
0 0 1 + cos2 t
&/2
sin2 t &/2
1 &
Il vient I = dt et sin2 x = 2 (1 + cos2 x ) donne I = 2 dt .
0 1 + cos t 2
0 1 + cos t 2 2
Sous cette forme, les règles de Bioche préconisent le changement de variable défini par
t = Arctan u , ce qui provoque une difficulté pour la borne & / 2.

238 Sujets d’oraux


1
Déterminons une primitive sur [0, & / 2[ de t ! par le changement de variable bijectif
1 + cos2 t
t = Arctan u de [0, + [ sur [0, & / 2[
dt 1 dt 1 dt dt du
On a 2 = 1 2 = 2 2 , il vient donc 2
= .
1 + cos t 1+ cos t 2 + tan t cos t 1 + cos t 2 + u2
cos2 t
&/2 *
1 & 1
J= dt est la limite pour * de J (*) = dt .
0 1 + cos t 2 2 0 1 + cos2 t
*
1
Pour * ! [0, & / 2[, posons J (*) = dt et + = tan *. Il vient alors :
0 1 + cos2 t
+
du 1 +
J (*) = donc J (*) = Arctan .
0 2 + u2 2 2
& + &
Quand * tend vers 2 , + tend vers + , donc Arctan est de limite 2 .
2
1
& & &
Il s’ensuit J = et I = 2J donne finalement Arctan 1 x 2 dx = ( 2 1) .
2 2 2 0 2

Ex. 33
2x
dt
Étudier la fonction réelle f définie par f (x ) = .
x "n (1 + t 2 )

Étudions d’abord l’ensemble de définition de f .


Pour tout x " 0, l’intervalle [x, 2x ] ne contient pas 0, donc la fonction t ! "n (1 + t 2 ) n’y prend
pas la valeur 0.
1
t! est alors continue sur [x, 2x ]. Il s’ensuit que f est définie sur " .
"n (1 + t 2 )
La parité de f permettra de se limiter à l’intervalle ]0, + [.
2x
dt
Pour tout x " 0, on a f ( x ) = . Par le changement de variable bijectif t t,
x "n (1 + t 2 )
2x 2x
dt dt
il vient = , d’où f ( x ) = f (x ).
x "n (1 + t 2 ) x "n (1 + t 2 )
La fonction f est donc impaire et on limite son étude à l’intervalle ]0, + [.
T
Pour la dérivabilité de f , on décompose f en somme d’intégrales du type , que l’on sait
1
dériver par rapport à T .
2x x
dt dt 1 1
f (x ) = donne f (x ) = 2 2 . On a donc :
1 "n (1 + t ) 2
1 "n (1 + t ) 2 "n (1 + (2x ) ) "n (1 + x 2 )
1 (1 + x 2 )2
f (x ) = "n
"n (1 + 4x 2 ) "n (1 + x 2 ) (1 + 4x 2 )
(1 + x 2 )2 2
x (x
2
2)
et on en déduit que le signe de f (x ) est celui de u (x ) = 2 1. Avec u (x ) = 2 ,
1 + 4x (1 + 4x )
on voit que f est décroissante sur 0, 2 et croissante sur 2, + .
Pour étudier la limite en 0 ou en + de f , on peut majorer ou minorer la fonction à intégrer.
La longueur de l’intervalle d’intégration est x .

Chapitre 5 - Intégration. Calcul intégral 239


t ! "n (1 + t 2 ) est croissante sur ]0, + [. Sur l’intervalle [x, 2x ], on a donc :
1 1 1
2 " 2 " ;
"n (1 + 4x ) "n (1 + t ) "n (1 + x 2 )
x x
on en déduit " f (x ) " .
"n (1 + 4x 2 ) "n (1 + x 2 )
x 1
Au voisinage de 0, on a "n (1 + 4x 2 ) ! 4x 2 , d’où ! .
"n (1 + 4x 2 ) 4x
x 1
Avec " f (x ) et lim = + , il vient lim f (x ) = + .
"n (1 + 4x 2 ) x 0 4x x 0, x>0
x x
Au voisinage de + , on a "n (1 + 4x 2 ) ! "n 4x 2 ! "n x 2 = 2 "n x , d’où ! .
"n (1 + 4x 2 ) 2 "n x
x x
Avec 2 " f (x ) et lim =+
, il vient lim f (x ) = + .
"n (1 + 4x ) x + 2 "n x x +

On peut enfin préciser la direction de la branche infinie en + .


f (x ) 1 1 f (x )
0" " et lim = 0 donne lim = 0, et f présente en + une
x "n (1 + x 2 ) x + "n (1 + x ) 2 x + x
branche parabolique dont la direction a pour équation y = 0.

Ex. 34
&/2
x cos x sin x
Calculer l’intégrale I = dx .
0 tan2 x + cotan2 x

La présence de tan x et de cotan x pose problème en 0 et en & / 2.


Il faut examiner de plus près la fonction à intégrer et un peu de calcul trigonométrique préalable
va permettre une forme moins suspecte.
& sin4 x + cos4 x 1 2 sin2 x cos2 x
Pour 0 < x < , on a tan2 x + cotan2 x = = .
2 2 2
sin x cos x sin2 x cos2 x
1 2 sin2 2x
sin x cos x = sin 2x permet alors d’obtenir tan2 x + cotan2 x = 2 donc :
2 sin2 2x
1 sin2 2x
2 2 =
tan x + cotan x 2(2 sin2 2x )
3
x sin x cos x x sin 2x
donne pour f (x ) = 2 2 une expression f (x ) = qui ne pose pas de
tan x + cotan x 4(2 sin2 2x )
&
problème en 0 ou en .
2
La forme initiale est trompeuse : elle crée un peu artificiellement des difficultés qui ne sont
qu’apparentes. C’est assez fréquent pour des fonctions trigonométriques.
La fonction f est en fait prolongeable par continuité en 0 et en & / 2, et ce prolongement continu
sur [0, & / 2] est défini par la seconde expression.
&/2 3
1 x sin 2x
Ainsi I = dx est l’intégrale d’une fonction continue.
4 0 2 sin2 2x
La présence du terme x empêche l’utilisation des règles classiques de Bioche et il faut tenter de
s’y ramener.
&
Effectuons le changement de variable bijectif x ! 2 x .
3
& 1 & / 2 (& / 2 t ) sin 2t
Avec x = t , on a sin 2x = sin(& 2t ) = sin 2t et il vient I = dt
2 4 0 2 sin2 2t

240 Sujets d’oraux


&
&/2
sin3 2t 1 &/2
t sin3 2t & &/2
sin3 2t
donc : I = 8 dt dt = dt I.
0 2 sin2 2t 4 0 2 sin2 2t 8 0 2 sin2 2t
& &/2
sin3 2t
Il s’ensuit que I = dt .
16 0 2 sin2 2t
&
&
sin3 u
Le changement de variable défini par u = 2t donne I = du .
2 sin2 u 32 0
On a une fraction rationnelle en sin u . Donnons-en une forme plus facile à utiliser en vue d’une
intégration.
3 2
X X (X 2) + 2X 2X
On a = = X+ .
2 X2 2 X2 2 X2
& &
& & sin u
On en déduit que I = 32 sin u du + du .
0 16 0 2 sin2 u
La première intégrale se calcule facilement.
sin u
Il ne restera plus qu’une intégrale de la fonction continue u ! .
2 sin2 u
& &
& &
Avec sin u du = 2, il vient sin u du = .
0
32 0 16
Pour le calcul de la dernière intégrale, les règles de Bioche suggèrent d’utiliser t = cos u .
sin u sin u
Avec 2 = le changement de variable t = cos u donne :
2 sin u 1 + cos2 u
& 1 1
sin u dt dt 1 &
2
du = 2
=2 2
= 2 Arctan t = .
0 2 sin u 1 1+t 0 1+t 0 2
&2 &
En regroupant ces deux résultats, il vient finalement I = .
32 16

Ex. 35
&
dx
Calculer l’intégrale I = .
0 2 sin x

x
Pour ce calcul de cette intégrale, les règles de Bioche préconisent d’utiliser t = tan , ce qui pose
2
un problème en &.
Commençons par la détermination d’une primitive sur [0, &[.
Sur [0, &[, considérons le changement de variable bijectif défini par x = 2 Arctan t .
2t 2(t 2 t + 1) 2 dt dx dt
Alors 2 sin x = 2 2 = 2 et dx = 2 donne = 2
.
1+t 1+t t +1 2 sin x t t+1
1 2 3 d t 2 2t 1
Avec t 2 t + 1 = t 2 + 4 , on a 2
= Arctan .
t t+1 3 3
& *
dx dx
est la limite pour * tendant vers & de .
0 2 sin x 0 2 sin x
* tan(* / 2) tan(* / 2)
dx dt 2 2t 1
Et on a = 2
= Arctan , d’où :
0 2 sin x 0 t t+1 3 3 0
*
dx 2 2 tan(* / 2) 1 &
= Arctan + .
0 2 sin x 3 3 3 3
&
dx 4&
En prenant la limite pour * tendant vers &, il vient alors = .
0 2 sin x 3 3

Chapitre 5 - Intégration. Calcul intégral 241


Thèmes d’étude - Problèmes
1 Intégrales de Wallis – Formule de Stirling
&/2
Intégrales de Wallis : In = sinn x dx .
0

1) Pour n % 2, par intégration par parties, établir une relation entre In et In 2.


Justifier que In > 0 et calculer I0 et I1 .
2
(2n )! & 2n n !
En déduire que I2n = et I2n +1 = .
2n n !
2 2 (2n + 1)!

&
2) Montrer que !n ! ! , nIn In 1 = I1 I 0 =
2
et que la suite (In ) est décroissante.

&
Montrer que In 1 ! In puis que In ! .
+ 2n
x
3) Considérons f et F définies sur [0, 1] par f (x ) = "n (1 + x ) et F (x ) = "n (1 + t ) dt .
0
Montrer qu’il existe une liste (c1 , c2 , . . . , ck ) d’éléments de [0, 1] telle que :
1 n 1 n 1
k 1
2n f (t ) dt = 2 "n 1 + + f (ck ).
0 n n
k =0 k =0
(2n )! 1 2n + 1
En posant un = n , montrer que "n un = 2n + 2 "n 2 n + o(1) puis que un ! 2 2 e n
n .n !
(2n )! 2n + 1
et enfin que ! nn 2 2 e n. (1)
n!

(2n )! 22n
4) En utilisant l’intégrale de Wallis I2n montrer que 2 ! . (2)
(n !) n&
n
n
En déduire la formule de Stirling n ! ! 2 & n.
e

Solution

&
2
1) Pour n % 2, intégrons par parties In = sin x sinn 1
x dx .
0
Une primitive de sin est cos et la dérivée de sinn 1
est (n 1) cos sinn 2
.
& & &
2 2 2
Alors : In = sin x sinn 1
x dx = cos x sinn 1
x + (n 1) cos2 x sinn 2
x dx .
0 0 0
& &
2 n 2 2
2
Avec cos x = 1 2
sin x , on obtient : In = (n 1) sin x dx sinn x dx c’est-à-
0 0
dire :
n 1
I n = (n 1) In 2 In ou In = In 2 .
n

242 Thèmes d’étude – Problèmes


&
La fonction sinn est continue, positive et non nulle sur 0, et donc In " 0.
2
n n
& 2n 1 I2k & 2k 1 (2n )! &
I0 = et I2n = I 2 donne I2n = I0 = = .
2 2n 2n I2k 2 2 2k 2 2
k =1 k =1 2n n !
n n 2
2n I2k +1 2k 2n n !
I1 = 1 et I2n +1 = I donne I2n +1 = = = .
2n + 1 2n 1 I2k 1 2k + 1 (2n + 1)!
k =1 k =1

&
2) De nIn In 1 = (n 1)In 1 In 2 , on déduit : !n ! ! , nIn In 1 = I1 I0 =
2
&
Avec 0 " sinn +1 x " sinn x , pour tout x ! 0, , il vient 0 " In +1 " In .
2
In 1 I
In " In 1 " In 2 s’écrit aussi 1 " " n 2.
In In
I n In 1
Sachant que nI 2 = n 1
tend vers 1, il vient lim = 1 donc In 1 ! In .
n n + In +

& &
On a alors In In 1 ! In2 c’est-à-dire ! In2 d’où In ! .
2n 2n
x
3) On a, pour x ! [0, 1], F (x ) = "n (1 + t ) dt = (1 + x ) "n (1 + x ) x , donc F (1) = 2 "n 2 1.
0
k k+1
Pour tout k ! [[ 0, n 1 ]], avec la formule de Taylor-Lagrange, il existe ck ! , tel que :
n n
k+1 k 1 k 1
F F = f + f (ck ).
n n n n 2n 2
1 n 1 n 1
k 1
En sommant, il vient 2n f (t ) dt = 2 "n 1 + + f (ck ).
0 n n
k =0 k =0
n 1 1
1
Le dernier terme f (ck ) a pour limite f (t ) dt = f (2) f (1) = "n 2.
n
k =0 0

n n 1
(2n )! k k
En posant un = n = 1+ , on a "n 1 + = "n un "n 2.
n .n ! n n
k =1 k =0
En première conclusion, on a 2n (2 "n 2 1) = 2("n u n "n 2) + "n 2 + o(1) c’est-à-dire :
1 2n + 1
"n un = 2n + "n 2 n + o(1) ce qui donne un = 2 2 e n eo(1) .
2
2n + 1 (2n )! 2n + 1
Il vient alors un ! 2 2 e n et finalement ! nn 2 2 e n. (1)
n!

(2n )!
&
4) On a vu (intégrales de Wallis) que I2n = .
(2 n !) 2
n 2

& (2n )! 22n


L’étude d’équivalent a donné I2n ! d’où ! . (2)
4n (n !) 2 n&
Le quotient des équivalents (1) et (2) donne finalement la Formule de Stirling :
n
n
n! ! 2 & n.
e

Chapitre 5 - Intégration. Calcul intégral 243


2 Suites définies par des intégrales
&/2 &/2
Notations. On pose, pour n ! !, Wn = cos2n t dt et Jn = 2
t cos
2n
t dt ,
0 0
n
1
et pour n ! ! , Sn = .
p=1
p2

1) a) Montrer que : !n ! !, Wn > 0 et (2n + 2)W n +1 = (2n + 1)Wn .


&/2
1 2 2n +1
b) Montrer que : !n ! !, Jn +1 Jn = J
2n + 1 n +1 2n + 1
t sin t cos t dt .
0

c) En déduire :
2n + 2 2 J Jn 2
J Jn = W puis n +1 = .
2n + 1 n +1 (2n + 1)(2n + 2) n +1 Wn +1 Wn (2n + 2)2

Jn J
d) En déduire, pour n ! ! , une expression de Sn en fonction de et de 0 ; donner
Wn W0
J0
la valeur de .
W0
&
2) a) Justifier que, pour t ! [0, & / 2], on a t " sin t .
2
&2 &2 W n
En déduire que, pour tout n ! !, 0 < Jn " (Wn Wn +1 ) = .
4 8(n + 1)

b) En déduire que la suite (Sn )n !! est convergente et calculer sa limite S.


n
( 1)p+1
c) Pour n ! ! , on pose : Sn = .
p=1
p2

Exprimer S2n +1 en fonction de Sn et S2n +1 et S2n en fonction de S2n et Sn .

&2
d) En déduire que la suite (Sn )n !! est convergente, de limite S = 12 .
q p q+1
x x
3) a) Montrer que : !x % 0, !q ! ! , "n (1 + x ) ( 1)p+1 " .
p q+1
p=1
q p
x
b) Pour x ! ", on pose 0q (x ) = ( 1)p+1 .
p
p=1

Montrer que, pour tout x ! [0, 1], la suite 0q (x ) q!!


est convergente et préciser sa limite,
+ p
x
usuellement notée ( 1)p+1 .
p
p=1

4) Soit ' ! [0, 1], " la fonction définie par :

"n (1 + x )
'(0) = 1 et, pour x !]0, 1], '(x ) = .
x
1
En utilisant la question 3)a) et la question 2), donner la valeur de '(x ) dx .
0

244 Thèmes d’étude – Problèmes


5) a) Montrer que, étant donné n ! ! , la suite (Tq )q!! définie par :
q
( 1)p 1
Tq =
p(np + 1)
p=1
+ +
1
( 1)p 1 n ( 1)p 1
est convergente et que n "n (1 + x n ) dx = , où désigne la
0 p(np + 1) p(np + 1)
p=1 p=1
limite de (Tq ).
+ +
( 1)p 1 n ( 1)p 1
C
b) Montrer qu’il existe C ! " tel que 2
" et en déduire que :
p(np + 1) p n
p=1 p=1
1
&2
"n (1 + x n ) dx ! .
0 n + 12n

1
dx
6) a) Avec, pour n ! ! , un = n , montrer que la suite (un )n !! est convergente.
0 x +1
1
b) Exprimer "n (1 + x n ) dx en fonction de un et n , et en déduire que :
0

"n 2 &2 1
un = 1 + +o 2 .
n 12n 2 n

Solution

1) a) cos2n t est continue positive, non nulle sur [0, & / 2], d’où Wn > 0.
(2n + 2)Wn +1 = (2n + 1)Wn est la classique relation de Wallis.

b) Intégration par parties en dérivant sin t cos2n +1 t :


&/2
2n +1
t sin t cos t dt
0
&/2 &/2
1 2 2n +1 1
= t sin t cos t
2
t cos2n +2 t (2n + 1) sin2 t cos2n t dt
2 0 2 0
&/2 &/2
2n + 1 2n + 2 2n + 1 2n + 2
= t 2 cos2n t dt 2
t cos2n +2 t dt = Jn Jn +1 .
2 0 2 0 2 2
&/2
1 2 2n +1
d’où !n ! !, Jn +1 Jn = J t sin t cos t dt .
2n + 1 n +1 2n + 1 0

c) Une autre intégration par parties, en intégrant sin t cos2n +1 t , donne :


&/2 &/2
2n +1 t 1 1
t sin t cos t dt = cos2n +2 t + W = W .
0 2n + 2 0 2n + 2 n +1 2n + 2 n +1
On en déduit :
2n + 2 2 J Jn 2 1 1
J Jn = W puis n +1 = = .
2n + 1 n +1 (2n + 1)(2n + 2) n +1 Wn +1 Wn (2n + 2) 2 2 (n + 1)2
2
Jn J0 1 J0 &
d) En additionnant, W W0
= S . Notons que
2 n W0
=
12
.
n

Chapitre 5 - Intégration. Calcul intégral 245


2) a) Il s’agit là d’une classique inégalité de convexité. La fonction sin est concave sur
& & 2
0, d’où, pour tout t ! 0, : sin t % t .
2 2 &
En tant qu’intégrale d’une fonction positive non nulle, on a Jn > 0, et l’inégalité précédente
&2
&/2
&2
donne, pour tout n ! !, Jn " sin2 t cos2n t dt = (Wn Wn +1 ).
4 0 4
2
Wn & Wn
Or, avec 1)a), on a Wn Wn +1 = donc Jn " .
2(n + 1) 8(n + 1)
2
Jn J0 &
b) Il vient alors lim = 0 puis, avec le 1)d), lim Sn = 2 = .
Wn W0 6
1 1
c) On a S2n +1 = S2n +1 S et S2n = S2n
2 n
S .
2 n
1 &2
d) Il s’ensuit lim S2n +1 = lim S2n = lim Sn , donc (Sn ) converge vers S = .
2 12
q 1 q q 1
1 x 1
3) a) On a ( 1)p x p = ( 1)q , d’où ( 1)p x p " x q .
1+x 1+x 1+x
p=0 p=0
q p q+1
x x
Avec l’inégalité des accroissements finis, il vient "n (1 + x ) ( 1)p+1 " .
p q+1
p=1

q+1 q+1 + p
x x x
b) "n (1 + x ) " 0q (x ) " "n (1 + x ) + donne ( 1)p+1 = "n (1 + x ).
q+1 q+1 p
p=1

q p 1 q
"n (1 + x ) x x
4) Avec 3)a), il vient ( 1)p+1 " .
x p q+1
p=1
q p 1 q q p 1 q
x x x x
( 1)p+1 " '(x ) " ( 1)p+1 + donne, en intégrant sur [0, 1] :
p q+1 p q+1
p=1 p=1
q 1 q
1 1 1 1
( 1)p+1 2 2
" '(x ) dx " ( 1)p+1 2
+ .
p=1
p (q + 1) 0 p=1
p (q + 1)2
1
&2
En prenant la limite pour q infini, il vient (fin de question 2), '(x ) dx = lim Sq = .
0 12
q np n (q+1)
x x
5) a) Avec 3)a), on a "n (1 + x n ) ( 1)p+1 " , ce qui s’écrit aussi :
p q+1
p=1
n (q+1) q np n (q+1)
x x x
"n (1 + x n ) " ( 1)p+1 " "n (1 + x n ) +
q+1 p q+1
p=1
et en intégrant sur [0, 1], on obtient :
q
1
1 ( 1)p+1 1
1
"n (1 + x n ) dx " " "n (1 + x n ) dx +
0 (q + 1)(nq + n + 1) p(np + 1) 0 (q + 1)(nq + n + 1)
p=1
+ p 1 1
( 1)
d’où, en prenant la limite pour q + , = "n (1 + x n ) dx .
p(np + 1) 0
p=1

246 Thèmes d’étude – Problèmes


n 1 1
b) On a = , d’où :
p(np + 1) p
2 2
p (np + 1)
q
1 1 &2
nTq Sq " " Sq " ,
2 n 6n
p=1
p (np + 1)

puis, en prenant la limite pour q + :


+ p 1 +
( 1) n ( 1)p 1
&2
2
"
p(np + 1) p 6n
p=1 p=1
1
&2 &2
c’est-à-dire n "n (1 + x n ) dx " , et il s’ensuit :
0 12 6n
1
&2
"n (1 + x n ) dx ! .
0 n + 12n

1 1
6) a) Pour x ![0, 1], x n +1 " x n , d’où " puis un +1 " un . La suite est décroissante
1 + x n +1 1 + xn
et positive, donc convergente.
1 1 1 n
nx
b) En intégrant par parties, "n (1 + x n ) dx = x "n (1 + x n ) dx . Il vient alors :
0 0 0 1 + xn
1
"n (1 + x n ) dx = "n 2 + n (un 1).
0
1
"n 2 1
c) un = 1 + "n (1 + x n ) dx et le résultat 5)b), donne :
n n
0
"n 2 &2 1
un = 1 + +o 2 .
n 12n 2 n

3 Limite d’une intégrale de borne variable


1 (1+t 2 )x
e
Soit f la fonction définie sur " par f (x ) = dt .
0 1 + t2

1) a) Pour x ! " fixé et pour tout h ! ", former f (x + h ) f (x ) en terme d’intégrale sur [0, 1]
(1+t 2 )h 2 2 2
et justifier que e =1 (1 + t )h + (1 + t )h ' (1 + t )h où ' est une fonction continue
de limite 0 en 0.
f (x + h ) f (x )
En déduire une expression de à l’aide d’intégrales.
h
1
(1+t 2 )x
b) En déduire que f est dérivable sur " et que f (x ) = e dt .
0
Cette question n’est pas la plus facile et le résultat peut être admis.
2) a) Calculer f (0).
x (1+t 2 )
b) En majorant e , justifier que lim f (x ) = 0 et que lim f (x ) = 0.
x + x +

Chapitre 5 - Intégration. Calcul intégral 247


3) Soit g la fonction définie sur " par g(x ) = f (x 2 ).
x 2
x2
a) Montrer que g (x ) = 2e e t dt .
0
x 2
t2
b) Montrer que la fonction ' : " " , x ! g (x ) + e dt est constante et préciser
0
cette constante.
x +
t2 t2
c) En déduire la limite quand x tend vers + de e dt , notée e dt .
0 0

Solution

1 (x +h )(1+t 2 ) 1 x (1+t 2 ) h (1+t 2 )


e e e
1) a) Pour h ! ", on a f (x + h ) = dt . dt =
0 1 + t21 + t2 0
Le développement limité à l’ordre 1 au voisinage de 0 de la fonction exp donne l’existence de ',
fonction continue de limite 0 en 0, telle que e X = 1 + X + '(X ), et il vient :
2
e h (1+t ) = 1 h (1 + t 2 ) + (1 + t 2 )h ' (1 + t 2 )h .
La fonction à intégrer pour le calcul de f (x + h ) s’écrit donc :
(x +h )(1+t 2 ) x (1+t 2 )
e e 2 2
= he x (1+t ) + he x (1+t ) ' (1 + t 2 )h .
1 + t2 1 + t2
En intégrant sur [0, 1], on a :
1 1
x (1+t 2 ) x (1+t 2 )
f (x + h ) = f (x ) h e dt +h e ' (1 + t 2 )h dt
0 0
et il vient :
1 1
f (x + h ) f (x ) x (1+t 2 ) x (1+t 2 )
= e dt + e ' (1 + t 2 )h dt .
h
0 0
1 1
f (x + h ) f (x ) 2 2
b) On a donc + e x (1+t ) dt " e x (1+t ) ' (1 + t 2 )h dt .
h
0 0
1 " 1 + t 2 " 2 donne (1 + t 2 )h ! [h, 2h ] et, ' étant bornée sur [h, 2h ], nous posons alors :
$(h ) = sup '(u ) ,
u ![h,2h ]
et il vient :
1 1
f (x + h ) f (x ) x (1+t 2 ) x (1+t 2 )
+ e dt " $(h ) e dt .
h
0 0
En remarquant que lim '(X ) = 0 s’exprime par lim $(h ) = 0, on en déduit que la limite
X 0 h 0
1
f (x + h ) f (x ) x (1+t ) 2
quand h tend vers 0 de h
+ e dt est nulle.
0
1
x (1+t 2 )
En conséquence, f est dérivable en x , avec f (x ) = e dt .
0

1
dt &
2) a) f (0) = 2
= Arctan 1 = .
0 1+t 4
2
1 + t % 1 donne, pour x % 0, x (1 + t 2 ) " x . Il s’ensuit :

248 Thèmes d’étude – Problèmes


x (1+t 2 )
e x x (1+t 2 ) x
0" 2 "e et 0 " e "e ,
1+t
1 1
x x x x
puis : 0 " f (x ) " e dt = e et 0 " f (x ) " e dt = e ,
0 0
ce qui entraîne lim f (x ) = 0 et lim f (x ) = 0.
x + x +

1
x (1+t 2 )
3) a) f (x ) = e dt et g (x ) = 2xf (x 2 ) donnent :
0
1 1
x 2 (1+t 2 ) x2 x2t2
g (x ) = 2x e dt c’est-à-dire g (x ) = 2xe e dt .
0 0
Pour x " 0, le changement de variable défini par u = tx donne :
x
x2 u2
g (x ) = 2e e du .
0
x 2
t2
b) D’après le a), la fonction ' définie par '(x ) = g(x ) + e dt est dérivable et de
0
&
dérivée nulle. Elle est donc constante et '(0) = g(0) = f (0) = 4 donne :
x 2
t2 &
g(x ) + e dt = .
0
4

c) Avec lim f (x ) = 0 et donc lim g(x ) = 0, il vient, en prenant la limite pour x + :


x + x +
+ 2 +
u2 & u2 &
e du = puis e du = .
0
4 0 2

4 Intégrales et inégalités
1) Pour (a, b) ! "2 , montrer que 2 ab " a 2 + b2 et (a + b)2 " 2(a 2 + b2 ). Cas d’égalité ?
Soit I = [0, 1], (x1 , x ) ! I 2 et f ! (I, "). Montrer que :
x 2 x
f (t ) dt " (x x1 ) f 2 (t ) dt .
x1 x1

1
2) Soit f de classe sur I = [0, 1] et x , x1 dans I .
x x
2
a) Montrer que : f (x ) = f (x1 ) + f (t ) dt et f 2 (x ) " 2f 2 (x1 ) + 2(x x1 ) f (t ) dt . (A)
x1 x1

1 2
b) Soit x dans I et x1 ! , . Montrer l’inégalité :
3 3
1
4 2
f 2 (x ) " 2f 2 (x1 ) + f (t ) dt .
3 0
2/3 1
1 2 2 4 2
c) Soit x dans I . Montrer l’inégalité : f (x ) " 2 f (t ) dt + f (t ) dt . (B)
3 1/3 9 0

Chapitre 5 - Intégration. Calcul intégral 249


1 2/3 1
2 2 4 2
d) Établir l’inégalité : f (t ) dt "6 f (t ) dt + f (t ) dt . (I)
0 1/3 3 0
1
e) Pour quelles fonctions f , de classe sur I , l’inégalité (I) est-elle une égalité ?

3) Cette question a pour but d’obtenir une généralisation de l’inégalité (I).


1
On considère * ! 0, .
2
a) En suivant la même méthode qu’à la deuxième question, montrer qu’il existe des poly-
nômes P et Q, du premier degré, tels que :
1 1 1 4
P = , Q =
3 6 3 3
1
et pour tout f ! [0, 1], " :
1 1 * 1
2 1 2 2
f (t ) dt " f (t ) dt +Q(*) f (t ) dt . (II)
0 P (*) * 0

b) Pour quelles fonctions f de classe 1 sur I l’inégalité (II) est-elle une égalité ?

Solution

2
1) 2 ab " a 2 + b2 (i) équivaut à a b % 0 ; elle est donc vraie.
Il y a égalité si et seulement si a = b .
(a + b)2 " 2 a 2 + b2 (ii) équivaut à (a b)2 % 0 ; elle est donc vraie.
Il y a égalité si et seulement si a = b.
x 2 x x
L’inégalité de Schwarz donne f (t ) dt " 12 dt 2
f (t ) dt , c’est-à-dire :
x1 x1 x1
x 2 x
2
f (t ) dt " (x x1 ) f (t ) dt . (iii)
x1 x1

x
2) a) Avec f (t ) dt = f (x ) f (x1 ), on a :
x1
x x 2
f (x ) = f (x1 ) + f (t ) dt puis f 2 (x ) = f (x1 ) + f (t ) dt .
x1 x1
En utilisant (ii), il vient :
x 2
f 2 (x ) " 2f 2 (x1 ) + 2 f (t ) dt ,
x1
puis avec (iii), on obtient :
x
2
f 2 (x ) " 2f 2 (x1 ) + 2(x x1 ) f (t ) dt . (A)
x1
x 1
1 2 2 2 2
b) Avec x ! [0, 1] et x1 ! , , on a x x1 " et f (t ) dt " f (t ) dt .
3 3 3 x1 0
Donc (A) donne :
1
4 2
f 2 (x ) " 2f 2 (x1 ) + f (t ) dt .
3 0

250 Thèmes d’étude – Problèmes


1 2
c) Alors, en intégrant par rapport à x1 sur , les deux membres de l’inégalité précédente,
3 3
on obtient :
2/3 1
1 2 2 4 2
f (x ) " 2 f (t ) dt + f (t ) dt (B)
3 1/3 9 0
2/3 1
2 4 2
d) En intégrant sur [0, 1], f 2 (x ) " 6 f (t ) dt + f (t ) dt , on a :
1/3 3 0
1 2/3 1
2 2 4 2
f (t ) dt "6 f (t ) dt + f (t ) dt (I)
0 1/3 3 0

e) f 2 est continue sur [0, 1]. Elle est donc bornée sur [0, 1] et atteint ses bornes.
Soit alors y ! [0, 1], f 2 (y) = sup f 2 (t ), t ! [0, 1] . (B) donne :
1 2/3 1
2 2 2 4 2
f (t ) dt "f (y) " 6 f (t ) dt + f (t ) dt .
0 1/3 3 0
L’égalité dans (I) impose alors :
1 1
2 2 2 2
f (t ) dt = f (y) c’est-à-dire f (y) f (t ) dt = 0.
0 0
Avec t ! f 2 (y) f 2 (t ) continue et positive, il vient f 2 (t ) = f 2 (y) pour tout t ! [0, 1], ce qui
nous donne que f 2 est constante sur [0, 1].
La continuité, donc la propriété des valeurs intermédiaires, fait que f ne peut pas prendre des
valeurs de signes contraires, donc f est une constante C .
L’égalité dans (I) donne alors C 2 = 2C 2 , donc C = 0 et la fonction nulle convient. L’inégalité
(I) est donc une égalité si et seulement si f est nulle sur [0, 1].

3) a) Soit x ! [0, 1] et x1 ! [*, 1 *]. On a x x1 " 1 *. En utilisant (A), on obtient :


x 1
2 2
f 2 (x ) " 2f 2 (x1 ) + 2(1 *) f (t ) dt puis f 2 (x ) " 2f 2 (x1 ) + 2(1 *) f (t ) dt .
x1 0
En intégrant sur [*, 1 *], il vient :
1 * 1
2 2
(1 2*)f 2 (x ) " 2 f (t ) dt +2(1 *)(1 2*) f (t ) dt ,
* 0
1 * 1
2
puis : f 2 (x ) " f 2 (t ) dt +2(1 *) f 2 (t ) dt .
1 2* * 0
1
On choisit alors P et Q définis par P (*) = 2 (1 2*) et Q(*) = 2(1 *).

1 1 1 4
On a bien P =
et Q = .
3 6 3 3
Et, en intégrant sur [0, 1], il vient :
1 1 * 1
2 1 2 2
f (t ) dt " f (t ) dt +Q(*) f (t ) dt (II)
0 P (*) 0 0

b) Comme en 2)e), l’inégalité (II) est une égalité si et seulement si f est la fonction nulle sur
[0, 1].

Chapitre 5 - Intégration. Calcul intégral 251


5 Intégration de sin t / t
sin x
On ne connait pas de primitive de x ! x
à l’aide de fonctions usuelles.
sin x
Soit f le prolongement par continuité de la fonction x ! avec f (0) = 1.
x
x x
sin t
La primitive F nulle en 0 de f : F (x ) = f , sera aussi noté F (x ) = dt .
0 0 t

Partie I
1) Montrer que F est impaire. Dans la suite, on se limitera à F (x ) pour x > 0.

2) Étudier les variations de F et montrer que, pour tout n ! ! , F admet un point d’inflexion
et un seul sur chacun des intervalles ]n &, (n + 1) & [ .

Partie II
n& &
sin t sin u
On pose In = F (n &) = dt pour n ! ! et Jk = du pour k ! ! .
0 t 0 (k 1) & +u

n
1) Montrer que In = ( 1)k 1
Jk .
k =1

2) a) Montrer que, pour tout k ! ! , Jk > 0 et que la suite Jk k !!


est décroissante.

sin u
b) Montrer que Jk converge vers 0. (On pourra majorer sur [0, &].)
(k 1) & +u

3) Montrer que les suites I2p et I2p+1 sont adjacentes. On notera " = lim In .

4) Montrer que F admet " pour limite en + .

Partie III
k 1
k 1 cos kx
1) Pour k ! ! et x ! " 1 2 & $, on admet que : Sk (x ) = + (k p) cos px = .
2 x
p=1 4 sin2
2
&
Calculer Sk (x ) dx .
0

1 1
2) Calculer la limite en 0 de 2 x .
x 4 sin2
2

&
1 1 Mk
3) On pose Mk = 2 x
(1 cos kx ) dx . Montrer que lim = 0.
0 x 4 sin2 k + k
2

252 Thèmes d’étude – Problèmes


Partie IV
x
k& &
1) a) Montrer que Mk = k L , où L (x ) est défini par L (x ) = f 2 (t ) dt .
2 2 0

k&
b) En déduire la limite de L quand k tend vers + puis celle de L (B) quand B tend
2
vers + .
B
B 2 B sin x
2) a) Montrer que : L = sin2 + dx .
2 B 2 0 x

b) En déduire la valeur de ".

Solution

Partie I
1) f étant paire, le changement de variable x ! x donne :
x x
F (x ) = f (t ) dt = f (t ) dt = F ( x)
0 0
F est impaire.

2) La dérivée de F est f . Avec n ! !, on a f (x ) > 0 sur 2n &, (2n + 1) & et f (x ) < 0 sur
(2n + 1)&, (2n + 2) & , et f s’annule en changeant de signe en n &, n ! ! .
Il s’ensuit que F est strictement croissante sur 2n &, (2n + 1) & et strictement décroissante sur
(2n + 1)&, (2n + 2) & .
x cos x sin x 1 3
f (x ) = 2 et x cos x sin x ! x donne lim f (x ) = 0, d’où f (0) = 0.
x 0 3 x 0
F s’annule avec changement de signe pour les racines dans " de x = tan x .
F admet donc un point d’inflexion et un seul dans chacun des intervalles n &, (n + 1) & pour
n!! .

Partie II
n k&
sin t
1) La relation de Chasles donne In = dt . Le changement de variable bijectif
(k 1)& t
k =1
défini par t = u + (k 1)& donne :
k& & sin u + (k 1)& &
sin t sin u
dt = du = ( 1)k 1
du = ( 1)k 1
Jk .
(k 1)& t 0 (k 1) & +u 0 (k 1) & +u
n
On a donc In = ( 1)k 1
Jk .
k =1

sin x
2) a) Sur [0, &], la fonction x ! est continue, positive et non nulle.
(k 1) & +x

Chapitre 5 - Intégration. Calcul intégral 253


Son intégrale Jk sur [0, &] est donc strictement positive.
Sur [0, &] et pour tout k ! ! , on a (k 1) & +u " k & +u et donc :
sin u sin u
% .
(k 1) & +u k & +u
Il s’ensuit Jk % Jk +1 .
b) Décroissante et positive, la suite Jk est convergente.
sin u 1 1
Pour k % 2 et u ! [0, &], on a " . Il s’ensuit Jk " puis lim Jk = 0.
(k 1) & +u (k 1)& k 1

3) Avec I2p+1 I2p = J2p+1 , on a lim I2p+1 I2p = 0.


I2p+3 I2p+1 = J2p+3 J2p+2 " 0 montre que I2p+1 est décroissante.
I2p+2 I2p = J2p+2 + J2p+1 % 0 montre que I2p est croissante.
Ces deux suites sont donc adjacentes. On note " leur limite commune.
x
4) Pour x % 0, posons nx = E &
où E (y) désigne la partie entière du réel y. Alors :
nx & x
F (x ) = f + f.
0 nx &
On a lim nx = + et donc lim Inx = " et :
x + x +
x x (nx +1)&
f " f " f = Jnx +1 .
nx & nx & nx &
Avec lim Jnx +1 = 0, il vient lim F (x ) = ".
x + x +

Partie III
& k 1 & k 1
k& k& k p & k&
1) Sk (x ) dx = + (k p) cos px dx = + sin px = .
0 2 0 2 p 0 2
p=1 p=1

sin2 t t
2
2) En posant x = 2t , on cherche la limite en 0 de 2 2 .
4t sin t
3 4
t t
sin t + t ! 2t et sin t t! donnent sin2 t t2 ! .
0 0 6 0 3
sin2 t t
2 1
En outre 4t 2 sin2 t ! 4t 4 . Il s’ensuit 2 2
! puis :
0 4t sin t 0 12
1 1 1
lim 2
= .
x 0 x 4 sin2
x 12
2

1 1
3) La fonction continue sur ]0, &] x ! 2 x
, prolongée par continuité en 0, est
x 4 sin2
2
1 1
continue sur [0, &]. Il existe alors A > 0 tel que 2 x
" A pour tout x ! [0, &].
x 4 sin2
2
Mk
Avec 0 " 1 cos kx " 2, il vient Mk " 2A&. On en déduit que lim = 0.
k

254 Thèmes d’étude – Problèmes


Partie IV
2
1 cos kx k
1) a) x ! Sk (x ) et x ! 2 se prolongent par continuité en 0 par 2 .
x
& & &
1 cos kx 1 cos kx k&
On a donc Mk = dx Sk (x ) dx = dx .
0 x 2
0 0 x 2 2

2t
Le changement de variable x ! donne :
k
& k& / 2
1 cos kx 1 cos 2t
2
dx = k dt
0 x 0 2t 2
&
1 cos kx k& / 2
sin2 t k&
puis 2
dx = k 2
dt = kL d’où :
0 x 0 t 2

k& &
Mk = k L .
2 2

Mk k& &
b) Avec lim = 0 il vient lim L = .
k + k k + 2 2
& &
Soit k ! ! tel que k " B < (k + 1) , on a :
2 2

k&
B
sin2 x
L (B) = L + dx .
2 k& / 2 x
2

B
sin2 x (k +1)& / 2
sin2 x (k +1)& / 2
4 2
Alors 0 " 2
dx " 2
dx " 2 2
dx = 2
donne :
k& / 2 x k& / 2 x k& / 2 k & k &

B
sin2 x &
lim 2
dx = 0 puis lim L (B) = .
B + k& / 2 x B + 2

2) Une intégration par parties donne :


B/2
B 1 B/2 sin 2x
L = sin2 x + dx ,
2 x 0 0 x
et, avec un changement de variable :
B
B 2 B sin t
L = sin2 + dt .
2 B 2 0 t

B & 2 B
Avec lim L = et lim sin2 = 0, il vient :
B + 2 2 B + B 2
B
sin x &
" = lim dx = .
B + 0 x 2

Chapitre 5 - Intégration. Calcul intégral 255


6 Primitives et sous-espaces vectoriels
1
On considère l’espace vectoriel réel E = f ! [0, 1], " , f (t ) dt = 0 .
0
On définit sur E l’application / par :
x 1
!f ! E , !x ! [0, 1], /( f ) (x ) = f (t ) dt + tf (t ) dt .
0 0

1) Montrer que / est une application linéaire de E dans E .


x 1
2) Montrer que !f ! E , !x ! [0, 1], /( f ) (x ) = tf (t ) dt (1 t )f (t ) dt .
0 x

1
3) a) Soit f dans E ; montrer que l’on a /(f ) ! [0, 1], ") et que /(f ) (0) = /( f ) (1).
1
b) Réciproquement, soit h dans E , de classe et vérifiant h (0) = h (1) ; montrer qu’il existe
f dans E telle que /( f ) = h .

c) Montrer que / est injective.

4) On considère les sous-espaces vectoriels E et E de E définis par :


E = f ! E, !x ! [0, 1], f (1 x ) = f (x ) , E = f ! E, !x ! [0, 1], f (1 x) = f (x ) .
Montrer que E et E sont supplémentaires dans E , que /(E ) est inclus dans E et que
/(E ) est inclus dans E .

5) Soit g la fonction définie par !t ! [0, 1], g(t ) = cos &t .


Vérifier que g appartient à E et exprimer /(g) à l’aide de fonctions usuelles.

6) Pour toute fonction f de E , on pose f = sup f (t ) , t ! [0, 1] .

1
Montrer que, !f ! E , / (f ) " f .
2

Solution

1) La linéariré de / découle de la linéarité de l’intégrale.


x
La fonction f étant continue, F : x ! f (t ) dt est dérivable, de dérivée f .
0
1
On en déduit que /( f ) est dérivable et de dérivée égale à f , donc /( f ) est de classe sur [0, 1].
Il reste à montrer que /( f ) est d’intégrale nulle sur [0, 1].
1
On a /( f )(x ) = F (x ) + tF (t ) dt . Une intégration par parties donne :
0
1 1 1 1
F (x ) dx = xF (x ) tF (x ) dx = F (1) xf (x ) dx .
0 0 0 0
1
La condition F (1) = 0 donne alors /( f )(x ) dx = 0.
0

256 Thèmes d’étude – Problèmes


x 1 1 x 1
2) Avec f (t ) dt + f (t ) dt = f (t ) dt = 0, on a f (t ) dt = f (t ) dt .
0 x 0 0 x
1 x 1
Avec tf (t ) dt = tf (t ) dt + tf (t ) dt , il vient :
0 0 x
x 1
/( f )(x ) = tf (t ) dt (1 t )f (t ) dt .
0 x

1
3) a) On a déjà dit que /( f ) est de classe .
1
Avec la formule de définition de /( f ), on a /( f )(0) = tf (t ) dt , et avec la formule établie en
0
2), il vient :
1
/( f )(1) = tf (t ) dt .
0

b) Si /( f ) = h , on a nécessairement f = h . Il reste donc à prouver que /(h ) = h .


x 1 1
/(h )(x ) = h (t ) dt + th (t ) dt = h (x ) h (0) + th (t ) dt .
0 0 0
1
Compte tenu de h (t ) dt = 0, une intégration par parties donne :
0
1 1 1
th (t ) dt = th(t ) h (t ) dt = h (1).
0 0 0
En conclusion, avec h (0) = h (1), il vient /(h )(x ) = h (x ).
c) Soit f ! E telle que /( f ) = 0. Il vient /( f ) = 0 et, avec /( f ) = f , on a f = 0.
On obtient donc Ker / = 0 .

4) Soit f ! E % E . Pour tout x ! [0, 1], on a f (x ) = f (1 x ) et f (x ) = f (1 x ) ; d’où f (x ) = 0.


Il en résulte E % E = 0 .
f (x ) + f (1 x) f (x ) f (1 x)
Pour tout x ! [0, 1], on peut écrire f (x ) = + .
2 2
f (x ) + f (1 x) f (x ) f (1 x)
Posons g(x ) = et h (x ) = .
2 2
Il est clair que g et h sont dans E et E respectivement. On a donc E # E + E .
1 x 1
Soit f ! E ; on a /( f )(1 x) = f (t ) dt + tf (t ) dt .
0 0
Le changement de variable défini par u = 1 t donne :
x 1
/( f )(1 x) = f (1 u ) du + (1 u )f (1 u ) du .
1 0
x 1
Si f est dans E , il vient : /( f )(1 x) = f (u ) du + (1 u )f (u ) du d’où :
1 0
0 x 1 1
/( f )(1 x) = f (u ) du f (u ) du + f (u ) du uf (u ) du = / ( f )(x ).
1 0 0 0
Ainsi, /(E ) # E et on vérifie de même que /(E ) # E .
1
1 1
5) g est continue sur [0, 1] et cos &t dt = sin &t = 0. Notons que g est dans E .
0 & 0

Chapitre 5 - Intégration. Calcul intégral 257


x 1
Avec /(g)(x ) = cos &t dt + t cos &t dt , une intégration par parties donne :
0 0
x 1 1
1 1 1
/(g)(x ) = sin &t + t sin &t sin &t dt ,
& 0 & 0 & 0
1 2
et il vient /(g)(x ) = sin &x .
& &2
x 1
6) Utilisons l’expression /( f )(x ) = tf (t ) dt (1 t )f (t ) dt .
0 x
x 1
On a /( f )(x ) " t f (t ) dt + (1 t ) f (t ) dt , d’où :
0 x
x 1
/( f )(x ) " f t dt + (1 t ) dt ,
0 x
1 x 1 1 2
puis : /( f )(x ) " t2 (1 t )2 f = x + (1 x )2 f .
2 0 x 2
1 1 1 2 1 1
En notant que 2 x 2 + (1 x )2 = x 2 x+
2
= x
2
+
4
est majorée par 2 pour x ! [0, 1],
1
il vient / (f ) " f .
2

7 Limite d’une somme d’intégrales


&/4
1) Pour tout n ! ! , on pose In = tann x dx .
0

a) Montrer que la suite (In )n !! est décroissante et convergente.


b) Calculer la dérivée de la fonction x ! tann +1 x et en déduire une expression de In + In +2
pour tout n ! ! . En déduire la limite de (In )n !! .
t n
&
2) Pour t ! 0, et pour n ! ! , on pose In (t ) = tann x dx et Sn (t ) = Ik (t ).
4 0 k =1

a) Pour tout n ! ! et pour tout x ! [0, t ], vérifier que :


tan x tann +1 x
tan x + tan2 x + . . . + tann x = et que
1 tan x 1 tan x
n n
tan x tan t
0" " .
1 tan x 1 tan t
t
tan x tann +1 t
b) Montrer que, pour tout n ! ! , on a : Sn (t ) dx " t .
0 1 tan x 1 tan t
En déduire que la suite Sn (t ) n !!
est convergente.

3) On se propose de trouver une expression de la limite de la suite Sn (t ) n !!


.

258 Thèmes d’étude – Problèmes


&
a) Soit f la fonction définie sur 0, par f (x ) = "n (cos x sin x ).
4
Montrer que f est dérivable et calculer sa dérivée.
t t
sin x cos x
b) On pose J (t ) = dx et K (t ) = dx .
0 cos x sin x 0 cos x sin x
Calculer J (t ) et K (t ). En déduire la limite de la suite Sn (t ) n !!
.

Solution

1) a) Avec 0 " tan x " 1 sur [0, & / 4], donc tan n x % 0, il vient In % 0.
Et on a aussi tann +1 x " tann x sur [0, & / 4], donc In +1 " In .
Décroissante et minorée, (In ) est convergente.
b) La dérivée de x ! tann +1 x est x ! (n + 1)(1 + tan2 x ) tann x = (n + 1)(tann x + tann +2 x ).
&/4 1
Il s’ensuit tann +1 x = (n + 1)(In + In +2 ), c’est-à-dire In + In +2 = .
0 n+1
1
Alors In +2 % 0 donne 0 " In " , d’où lim In = 0.
n+1

2) a) L’égalité classique (1 + u + . . . + u n 1
)(1 u) = 1 u n et 0 " u < 1 donne :
n
1 u
1 + u + . . . + un 1
= .
1 u 1 u
Avec 0 " tan x < 1, il vient alors :
tan x tann +1 x
tan x + tan2 x + . . . + tann x = .
1 tan x 1 tan x
&
La fonction tan étant croissante sur 0, , on a :
4
tann x tann t
0 " tann x " tann t et 1 tan x % 1 tan t > 0 d’où 0 " " .
1 tan x 1 tan t
b) Soit 'n définie par 'n (x ) = tan x + tan2 x + . . . + tann x .
tan x tann +1 t
On a 'n (x ) " pour tout x ! [0, t ].
1 tan x 1 tan t
t t
tan x tan x
Avec Sn (t ) dx = 'n (x ) dx , il vient :
0 1 tan x 0 1 tan x
t
tan x tann +1 t
Sn (t ) dx " t .
0 1 tan x 1 tan t
n
Or 0 " tan t < 1 donne lim tan t = 0, donc la suite Sn (t ) n !!
a pour limite :
n
t
tan x
dx .
0 1 tan x

&
3) a) ' : x ! cos x sin x est dérivable sur ". En écrivant cos x sin x = 2 cos x +
4
,
&
' est strictement positive sur 0, . Alors f = "n ' est dérivable sur cet intervalle.
4

Chapitre 5 - Intégration. Calcul intégral 259


sin x + cos x
Avec ' (x ) = sin x cos x , il vient f (x ) = .
cos x sin x
t
b) K (t ) J (t ) = t et K (t ) + J (t ) = f (t ) dt = f (0) f (t ) = "n (cos t sin t ) donne :
0
1
J (t ) = "n (cos t sin t ) + t .
2
sin x tan x
La limite de la suite Sn (t ) , est J (t ) puisque = .
n !! cos x sin x 1 tan x

8 Intégrales et équivalents de suites


n n
1 1
Pour n ! ! , on pose : Hn = et Sn = 2
.
k k
k =1 k =1
fn , pn et gn sont les fonctions réelles définies sur [0, + [ par :
n n
x n!
fn (x ) = "n 1 + , pn (x ) = (x + k ) et gn (x ) = .
k pn (x )
k =1 k =1
1 1/ Hn 1
On pose In = gn (x ) dx , Un = gn (x ) dx et Vn = gn (x ) dx .
0 0 1/ Hn
En est l’espace vectoriel des polynômes réels de degré inférieur ou égal à n 1.

Partie I
1) a) Les suites (Hn )n !! et (Sn )n !! sont-elles convergentes ?
2
x
b) Prouver, pour tout x ! "+ , les inégalités : x " "n (1 + x ) " x (1)
2
c) En déduire que Hn ! "n n quand n tend vers l’infini.
2) a) Exprimer gn (x ) à l’aide de fn (x ) pour tout x ! "+ .
1/ Hn Sn 1/ Hn
xHn xHn
b) En déduire, à l’aide de (1) : e dx "Un " e 2Hn e dx .
0 0
1
c) En déduire que Un ! pour n + .
Hn
1S
n
Hn e2
d) Montrer de façon analogue les inégalités : 0 " Vn " e .
Hn
1
e) Montrer que Vn = o pour n + .
Hn

1
3) À l’aide des questions précédentes, établir que : In ! pour n + .
"n n

Partie II
pn (x )
1) Soit B = (ej )j![[ 1,n ]] la famille de En définie par !x ! ", !j ! [[ 1, n ]], ej (x ) = .
x+j

260 Thèmes d’étude – Problèmes


a) Montrer que la famille B est libre.
n
b) En déduire l’existence de (#j )j![[ 1,n ]] ! "n tel que !x ! ", n ! = #j ej (x ).
j =1

j 1
c) Calculer #j en fonction de n et du coefficient binomial #n 1.

n
k 1
2) Établir la formule : In = n ( 1)k +1 #n 1 "n (k + 1) "n k .
k =1

3) Utiliser cette dernière égalité et l’équivalent de In obtenu dans la partie t I pour justifier
n
k 1
l’équivalent : ( 1)k +1 #n "n (k + 1) ! quand n tend vers l’infini.
n "n n
k =0

Solution

Partie I
1) a) Si la suite (Hn )n !! était de limite h , alors la suite extraite (H2n )n !! aurait aussi h pour
2n
1 1 1
limite, d’où lim(H2n Hn ) = 0. Or on a H2n Hn = %n = .
k 2n 2
k =n +1
Ainsi la suite croissante (Hn )n !! n’est pas convergente, donc elle a + pour limite.
n
1 1 1 1 1 1
Avec 2 "
k 1 k
pour k % 2, il vient Sn " 1 + =2 " 2.
k k 1 k n
k =2
Majorée, la suite croissante (Sn )n !! est convergente.
b) "n (1 + x ) " x découle de la concavité de la fonction "n (courbe en dessous de la tan-
gente en 1) (1)
2 2
x x
La fonction g : x ! "n (1 + x ) x+
2
est dérivable, avec g(0) = 0 et g (x ) = x + 1 % 0 et on a
donc g(x ) % 0 pour x % 0.
1 1 k+1 1 1
c) Pour tout k ! ! , " "n " donne Hn S " "n (n + 1) " Hn par
k 2k 2 k k 2 n
1
sommation pour k ! [[ 1, n ]]. On a donc 0 " Hn "n (n + 1) " Sn et, avec Sn = o(Hn ), il vient
2
Hn "n (n + 1) = o(Hn ). Donc Hn ! "n (n + 1), puis Hn ! "n n .
n n
k k
2) a) Avec gn (x ) = , on a "n gn (x ) = "n = fn (x ), d’où gn (x ) = e fn (x ) .
x +k x+k
k =1 k =1

x x
b) "n 1 + " donne fn (x ) " xHn en sommant pour k ! [[ 1, n ]].
k k
1/ Hn
xHn xHn
On a donc gn (x ) % e puis e dx "Un .
0
2 2 x2 S
x x x x
gn (x ) " e 2 e xHn .
n
"n 1 + % donne de même fn (x ) % xHn Sn d’où
k k 2k 2 2

Chapitre 5 - Intégration. Calcul intégral 261


2 Sn 1/ Hn
1 x Sn xHn
Sur 0, 1 / Hn , on a x 2 " donc Sn " et il vient Un " e 2Hn e dx .
Hn 2 2Hn 0

1 1 Sn
Hn Hn
c) On a donc e 1 " Un " e 1 e 2Hn , c’est-à-dire :
Hn Hn
Sn
Hn Hn
1 e " Hn Un " 1 e e 2Hn .
Sn 1
Avec lim Hn = et lim = 0, il vient lim Un Hn = 1 puis Un ! .
2Hn Hn
x2 S 2
x 1
d) gn (x ) % 0 donne 0 " Vn . Avec gn (x ) " e 2 n e xHn et Sn " S sur [1 / Hn , 1], on a :
2 2 n
1S 1S 1S
1S 1 n n n
n xHn e2 Hn Hn e2 Hn Hn Hn e2
Vn "e 2 e dx = e e = e e "e .
1/ Hn Hn Hn Hn
1S 1S
Hn n n Hn
e) On a donc 0"Hn Vn "e e2 . En notant que e 2 est convergente et que lim e = 0,
1
il vient lim Vn Hn = 0, donc Vn = o quand n tend vers l’infini.
Hn

3) On a In = Un + Vn donc In Hn = Un Hn + Vn Hn ; avec lim Un Hn = 1 et lim Vn Hn = 0, il vient :


1
lim In Hn = 1, donc In ! .
Hn
1
Comme on a établi que Hn ! "n n , il vient alors In ! quand n tend vers l’infini.
"n n

Partie II
n
1) a) Soit (#j )j![[ 1,n ]] une famille de réels telle que #j ej = 0.
j =1
n
Pour tout k ! [[ 1, n ]] 1 j , on a ej ( k ) = 0, et par suite #j ej ( k ) = #k ek ( k ).
j =1
n
Alors #j ej ( k ) = 0 et ek ( k ) " 0 donne #k = 0 ; la famille B est donc libre.
j =1

b) B est de cardinal n et En est de dimension n ; c’est donc une base de En .


Le polynôme constant n ! est dans En ; il est donc combinaison linéaire des vecteurs de B. Ainsi
n
il existe une famille (#j )j![[ 1,n ]] de réels tels que n ! = #j ej , c’est-à-dire :
j =1
n
! x ! ", n ! = #j ej (x ).
j =1
c) À nouveau, pour tout k ! [[ 1, n ]] 1 j , on a ej ( k ) = 0, donc n ! = #k ek ( k ).
Notons que pk (x ) = (x + j) (x + j).
1"j<k n %j>k

On a donc ek ( k ) = ( k + j) ( k + j) = ( 1)k 1
(k j) (j k ) et finalement :
1"j<k n %j>k 1"j<k n %j>k

262 Thèmes d’étude – Problèmes


ek ( k ) = ( 1)k 1 (k 1)!(n k )! = ( 1)k +1 (k 1)!(n k )! .
n! (n 1)!
Ainsi, pour tout k ! [[ 1, n ]], on a #k = ( 1)k +1 = ( 1)k +1 n et
(k 1)!(n k )! (k 1)!(n k )!
k 1
finalement, #k = ( 1)k +1 n #n 1 .
1
n!
2) On a In = gn (x ) dx et gn (x ) =
pn (x )
. On vient de voir que, pour tout x ! [0, 1],
0
n n
k 1 pn (x ) k 1 1
n! = ( 1)k +1 n #n 1 et il vient gn (x ) = n ( 1)k +1 #n 1 .
x +k x +k
k =1 k =1
n
k 1
En intégrant sur [0, 1], il s’ensuit : In = n ( 1)k +1 #n 1 "n (k + 1) "n k .
k =1

n n 1
k 1 k
3) On a ( 1)k +1 #n 1 "n k = ( 1)k +1 #n 1 "n (k + 1) donc :
k =1 k =0
n 1 n 1
1 k 1 k
I = ( 1)n +1 "n (n + 1) + ( 1)k +1 #n 1 "n (k + 1) + ( 1)k +1 #n "n (k + 1).
n n 1
k =1 k =0
n 1 n 1
k +1 k 1 k 1
En remarquant que ( 1) #n 1 "n (k + 1) = ( 1)k +1 #n 1 "n (k + 1), il vient :
k =1 k =0
n 1
1 k 1 k
I = ( 1)n +1 "n (n + 1) + ( 1)k +1 #n + #n "n (k + 1).
n n 1 1
k =0
k 1 k k
Avec #n 1 + #n 1 = #n , on obtient :
n 1 n
1 k k
I = ( 1)n +1 "n (n + 1) + ( 1)k +1 #n "n (k + 1) = ( 1)k +1 #n "n (k + 1).
n n
k =0 k =0
n
1 k 1
Finalement, avec In ! "n n , on obtient : ( 1)k +1 #n "n (k + 1) ! quand n tend
n "n n
k =0
vers l’infini.

9 Limites de suites d’intégrales


1 1
n
Étant donné f ! ([0, 1], "), on pose I0 = f (t ) dt et, pour tout n ! ! , In = t f (t ) dt .
0 0

Partie I
1) Soit $ une fonction réelle continue sur [0, 1] telle que $(1) = 0 ; on suppose en outre que
f (1) " 0. Pour tout n ! ! , on note :
1 1 1 1
n
Jn = t n f (t ) dt , Kn = t n f (t ) dt et 2n = n t n $ (t ) dt .
0 1 1 1 1
n n

Chapitre 5 - Intégration. Calcul intégral 263


a) Montrer que lim In = 0 et que lim nJn = 0.
n n

1
b) Montrer que lim 2n = 0. On pourra utiliser *n = sup $(t ) , t ! 1 ,1 .
n n
En déduire que la suite (nKn )n !! admet une limite réelle K que l’on précisera.
c) Déduire des questions précédentes un équivalent de In quand n tend vers l’infini.
2) Soit f une fonction réelle dérivable sur [0, 1], de dérivée f continue et telle que :
f (1) = 0 , f (1) " 0.
Déterminer un équivalent de In quand n tend vers l’infini, cet équivalent étant de la forme :
A
2 où A est un réel non nul à préciser.
n

Partie II
1
1) Dans le cas où f (t ) = , pour p ! ! , on pose :
1 + t2
p p
1 11
Up = ( 1)k 1
et Vp = ( 1)k .
2k 1 k
k =1 k =1

a) Calculer I0 et I1 . Établir une relation de récurrence entre In et In +2 .


En déduire une relation liant I2n et Un .
b) Montrer que la suite (Up )p!! admet une limite réelle U que l’on précisera.
Donner un équivalent de U Up quand p tend vers l’infini.
c) Montrer que la suite (Vp )p!! admet une limite réelle V que l’on précisera.
Donner un équivalent de V Vp quand p tend vers l’infini.

&2p
2) Dans le cas où f (t ) = sin(&t ), pour p ! !, on pose ap = ( 1)p et tp = ap I2p .
(2p)!
p 2k 1
1&
Pour tout entier p ! ! , on pose Wp = ( 1)k .
(2k )!
k =1

a) Établir une relation de récurrence entre In et In +2 pour n ! !.


b) Pour tout k ! ! , exprimer tk tk 1 en fonction de ak .
Pour tout p ! ! , exprimer tp en fonction de I0 et Wp .
c) En déduire que la suite (Wp )p!! admet une limite réelle W que l’on précisera.

Solution

Partie I
1) a) Soit A = sup f (t ) , t ! [[ 0, 1 ]] .
1 1
n n A
On a In " t f (t ) dt "A t dt = , et il vient lim In = 0.
0 0 n+1 n

264 Thèmes d’étude – Problèmes


1 1
n nA 1 n +1
n
On a n Jn " nA t dt = 1 .
0 n+1 n
nA 1 n +1 1
On a ! A et on pose vn = 1 . Alors, "n vn = (n + 1) "n 1 donne
n+1 n n
n+1
"n vn ! ! n , donc lim "n vn = puis lim vn = 0 et enfin lim nJn = 0.
n
b) La fonction $ est continue donc bornée sur tout intervalle fermé inclus dans [0, 1].
1
Avec lim 1 = 1, la continuité de $ en 1 et $(1) = 0, il vient lim * n = 0.
n
1
n 1 n
Compte tenu de 2n " n *n t dt "n *n , avec lim n + 1 = 1 et lim *n = 0, on
1 1 n+1
n
obtient lim 2n = 0.
1 1
n n
On décompose nKn en nKn = n t f (t ) f (1) dt +nf (1) t dt .
1 1 1 1
n n
1
n
On a n t f (t ) f (1) dt = 2n , avec $(t ) = f (t ) f (1), qui est donc de limite nulle, et :
1 1
n
1
n n 1 n +1
nf (1) t dt = f (1)(1 vn ) avec vn = 1 .
1 1 n+1 n
n
On a vu que lim vn = 0 et il vient lim nKn = f (1).
f (1)
c) In = Jn + Kn , lim nJn = 0 et lim nKn = f (1) donne lim nIn = f (1), c’est-à-dire In ! .
n

2) En intégrant In par parties, on obtient, avec f (1) = 0 :


1 1
1 1 1 1
In = t n +1 f (t ) t n +1 f (t ) dt = t n +1 f (t ) dt .
n+1 0 n+1 n+1
0 0
1
n +1 f (1)
Avec f (1) " 0, on applique le résultat précédent : t f (t ) dt ! et il s’ensuit :
0 n+1
f (1) f (1)
In ! 2 ! 2 .
(n + 1) n

Partie II
1
dt &
1) a) I0 = 2
= Arctan 1 = .
0 1+t 4
1
1 2t 1 1 1
I1 = dt = "n (1 + t 2 ) = "n 2.
2 0 1+t
2 2 0 2
1 n +2 n 1
t +t n 1
In + In +2 = 2
dt = t dt = .
0 1+t 0 n+1
( 1)k 1
Pour k ! ! , on a donc = ( 1)k 1
I2(k 1) + ( 1)k 1 I2k = ( 1)k 1 I2(k 1) ( 1)k I2k
2k 1
n
et il s’ensuit Un = ( 1)k 1
I2(k 1) ( 1)k I2k = I0 ( 1)n I2n .
k =1

Chapitre 5 - Intégration. Calcul intégral 265


&
b) Avec lim I2n = 0, on en déduit la convergence de (Un ) et U = lim Un = .
4
1 f (1) 1
On a f (1) = 2 , U Up = ( 1)p I2p et I2p ! et par suite, U Up ! ( 1)p .
2p 4p
1 2n +1
t + t 2n +3 1
2n +1 1
c) On a I2n +1 + I2n +3 = dt = t dt = .
0 1+t 2
0 2(n + 1)
1 11
Pour k ! ! , on a donc = 2I2k 1 + 2I2k +1 puis ( 1)k = 2( 1)k 1
I2k 1 + 2( 1)k 1 I2k +1 ,
k k
1
c’est-à-dire = 2( 1)k 1 I2(k 1)+1 2( 1)k I2k +1 . On en déduit Vp = 2I1 2( 1)p I2p+1 .
k
On en déduit que (Vp ) est convergente, de limite V = 2I1 = "n 2.
1 ( 1)p
V Vp = 2( 1)p I2p+1 et I2p+1 ! donne V Vp ! .
2(2p + 1) 2p

2) On a f (1) = 0 et f (t ) = & cos &t donc f (1) = &. On est dans le cas de la question 2).
1
n
a) On intègre t sin &t dt par parties :
0
1 1
1 & n +1
In = t n +1 sin &t t cos &t dt
n+1 0 n+1
0
1
& n +1
d’où In = t cos &t dt et on intègre à nouveau par parties :
n+1
0
1
& 1 &2 n +2
In = t n +2 cos &t t sin &t dt ,
(n + 1)(n + 2) 0 (n + 1)(n + 2) 0
& &2
d’où : In = I .
(n + 1)(n + 2) (n + 1)(n + 2) n +2
2k
& &2k 2
b) Pour k ! ! , on a tk tk 1 = ( 1)k I ( 1)k 1
I et il vient :
(2k )! 2k (2k 2)! 2k 2
2k 2
& &2
tk tk 1 = ( 1)k I +I .
(2k 2)! 2k (2k 1) 2k 2k 2

&2 &
Avec la relation de récurrence I2k + I2k 2 = , il s’ensuit :
2k (2k 1) (2k 1)(2k )
2k 1
& a
tk tk 1 = ( 1)k = k.
(2k )! &
p p
1
On en déduit, pour tout p ! ! , (tk tk 1 ) = ak , c’est-à-dire tp t0 = Wp , d’où :
&
k =1 k =1
tp = I 0 Wp .

c) On sait que lim I2p = 0 et que, par comparaison de suites de référence usuelles, lim ap = 0 ;
on en déduit que lim tp = 0.
Il s’ensuit que la suite (Wp ) est convergente, de limite W = I0 .
1
1 1 2 2
Or I0 = sin(&t ) dt = cos(&t ) = donc W = .
0 & 0 & &

266 Thèmes d’étude – Problèmes


CHAPITRE 6
Matrices
et systèmes linéaires
Déterminants
Changement de base
Sujets d’oraux 268
A. Matrices et systèmes linéaires 268
B. Déterminants 280
C. Changement de base 292

Thèmes d’étude – Problèmes 296


1. Changement de base pour un endomorphisme 296
2. Matrice et équation de degré 3 299
3. Matrices pseudo-magiques 301
4. Inversion d’une matrice 303
5. Puissances entières de matrices d’ordre 3 305
6. Limite et dérivée de matrice 307
7. Endomorphismes et base formée de vecteurs propres 313
8. Endomorphisme d’un espace de polynômes 315

Chapitre 6 - Matrices et systèmes linéaires. Déterminants. Changement de base 267


Sujets d’oraux
A Matrices et systèmes linéaires
! désigne " ou #.

Ex. 1
0 1 1 1
0 0 1 1 1
Soit A = . Calculer Ap pour p ! $ et calculer I4 A .
0 0 0 1
0 0 0 0

Une première méthode consiste à calculer A2 , A3 , . . . pour voir.


On peut aussi étudier l’endomorphisme de !4 canoniquement associé à A.

Soit f l’endomorphisme de !4 canoniquement associé à A. On note e1 , e2 , e3 , e4 la base


canonique de !4 .
On a f e1 = 0 ; f e2 = e1 donne f 2 e2 = 0 ; f e3 = e1 + e2 donne f 2 e3 = f e2 puis
f 3 e3 = 0 ; et f e4 = e1 e2 + e3 d’où f 2 e4 = f e2 + f e3 puis f 3 e4 = f 2 e3 et enfin
f 4 e4 = 0.
On en déduit que f 4 = 0 et que, pour tout p ! 4, f p = 0, donc Ap = 0 pour tout p ! 4.
L’objectif est d’exprimer I4 sous la forme du produit de I4 A par une matrice B qui sera alors
l’inverse de A. Il semble opportun d’utiliser A4 = 0. Rappelons que I4 A B = I4 suffit pour
1
avoir I4 A = B, même si I4 A et B ne commutaient pas a priori.
1
On a I4 = I4 A 4 = I4 A I4 + A + A2 + A3 . On en déduit que I4 A = I4 + A + A2 + A3 .
0 0 1 2 0 0 0 1
0 0 0 1 0 0 0 0
L’étude initiale a permis de voir que A2 = 0 0 0 0
et A3 = 0 0 0 0
1 1 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0
1 0 1 1 0
et il vient I4 A = .
0 0 1 1
0 0 0 1

Ex. 2
Soit A ! !n (!). Montrer que A commute avec toute matrice diagonale de !n (!) si et
seulement si elle est elle-même diagonale.

Il est déraisonnable de décrire les conditions sur les ai j pour que A commute avec toute matrice
diagonale. Il faut et il suffit que A commute avec les éléments d’une base de "n (!), sous-espace
des matrices diagonales.
Considérons l’application " : "n (!) !n (!), D # AD DA.
Les règles de calcul dans !n (!) permettent de voir que " est linéaire. A commute avec toute
matrice diagonale si et seulement si " est l’application nulle. Et pour cela, il suffit d’exprimer
qu’elle prend la valeur 0 pour toute matrice de la base canonique D1 , . . . , Dn de "n (!), avec
D1 = diag(1, 0, . . . , 0), . . . , Dj = diag(0, . . . , 1en place j , . . . , 0) et Dn = diag(0, . . . , 0, 1).
La matrice ADj a la même je colonne que A et les autres sont nulles.

268 Sujets d’oraux


La matrice Dj A a la même je ligne que A et les autres sont nulles.
Alors ADj = Dj A donne ai j = 0 et aj i = 0 pour tout i " j.
A est donc diagonale et on sait que deux matrices diagonales communent.
En conclusion, A commute avec toute matrice diagonale si et seulement si elle est diagonale.

Ex. 3
0 a a2
1
0 a
Étant donné a réel, a > 0, calculer les puissances entières de M = a .
1 1
2 0
a a

Il est évidemment sous-entendu que l’on suppose a " 0.


La première chose à faire est de calculer M 2 . On notera I la matrice unité.
2 a a2
1
2 a
Le calcul donne M 2 = a , c’est-à-dire M 2 = M + 2I .
1 1
2
a2 a
Une fois cette relation M 2 = M + 2I installée, le reste des démarches reste vrai pour toute matrice
M dans !n (!), n ! $ , qui vérifie cette relation.

Puissances entières positives. Exemples :


M = M + 2I donne M 3 = M 2 + 2M = 3M + 2I , puis M 4 = 3M 2 + 2M = 3(M + 2I ) + 2M = 5M + 6I .
2

M k apparaît comme combinaison linéaire de M et I : M k = ak M + bk I .


Le plus constructif est alors d’établir une relation de récurrence sur ces coefficients.
Supposons que M k soit combinaison linéaire de M et I : M k = ak M + bk I .
On en déduit M k +1 = ak M 2 + bk M = ak (M + 2I ) + bk M = (ak + bk )M + 2ak I , d’où :
M k +1 = ak +1 M + bk +1 I , avec ak +1 = ak + bk , bk +1 = 2ak .
ak +1 1 1 ak 1 1
On peut écrire = et calculer les puissances de A = .
bk +1 2 0 bk 2 0
Dans le cas présent, on peut établir une relation de récurrence double sur les ak .
I et M étant linéairement indépendantes, la décomposition M k = ak M + bk I est unique.
M 0 = I donne a0 = 0 et b0 = 1 ; et M 1 = M donne a1 = 1 et b1 = 0.
Pour k ! $, on a ak +2 = ak +1 + bk +1 , donc ak +2 = ak +1 + 2ak . L’équation caractéristique de cette
suite récurrente linéaire double est r 2 r 2 = 0, de racines 1 et 2.
Il existe # et $ tels que %k ! $, ak = ( 1)k # +2k $.
1 1
Avec a0 = 0 et a1 = 1, on a # + $ = 0 et # +2$ = 1, d’où # = et $ = .
3 3
1 2 k
Finalement, ak = (2k + ( 1)k 1
) et, pour k ! 1, bk = 2ak 1 donne bk = 2 1
+ ( 1)k .
3 3
1
Pour conclure, pour tout k ! 1, M k = (2k + ( 1)k 1
)M + 2(2k 1
+ ( 1)k )I ,
3
1 k
ce qui peut aussi s’écrire M k = 2 (I + M ) + ( 1)k (2I M ) et reste vrai pour k = 0.
3
Cette dernière forme met en évidence M + I et M 2I .
C’est à rapprocher de M 2 M 2I = 0 qui s’écrit aussi (M + I )(M 2I ) = 0.

Chapitre 6 - Matrices et systèmes linéaires. Déterminants. Changement de base 269


Inversibilité de M
1
M 2 = M + 2I donne M (M I ) = 2I et il s’ensuit que M est inversible, avec M 1 = (M I ).
2
1 1
M 1 est de la forme &1 M + '1 I , avec &1 = = a 1 et '1 = =b 1 en prolongeant les
2 2
expressions de ak et bk aux entiers négatifs.

Puissances entières négatives


k 1 k 1
Pour k ! $ , on a M = (M ) . Comme pour M k , en s’appuyant sur M 1
= (M I ), il existe
2
k
&k et 'k tels que M = &k M + ' k I .
1 1
M (k +1) = M k M 1 = (&k M + 'k I )(M I) = & M 2 + ('k &k )M 'k I et M 2 = M + 2I
2 2 k
(k +1) 'k 2 & k 'k 'k 2 & k 'k
donne M = M+ I , d’où &k +1 = et 'k +1 = .
2 2 2 2
2'k +2 = 2 &k +1 'k +1 et 2&k +1 = 'k donne 2'k +2 = 'k +1 +'k .
1
L’équation caractéristique de cette récurrence linéaire double a pour racines et 1.
2
# 1 1 2
Il existe # et $ tels que %k ! $, 'k = + ( 1)k $ et '0 = 1, '1 = donne # = , $ = .
2 k 2 3 3
1
On a donc 'k = 3 (2 k + 2( 1)k ) et on constate que 'k = b k .
Pour k ! 1, avec 2&k = 'k 1 = b1 k et 2ak = bk +1 , il vient &k = a k.
1
En conclusion, la formule M k = 3 2k (I + M ) + ( 1)k (2I M ) , établie pour k ! $, reste vraie
pour tout k ! %.

Ex. 4
Soit A et B dans !n (!). On suppose qu’elles commutent et que B est nilpotente.
Montrer que A + B est inversible si et seulement si A est inversible.
1 1
Exprimer alors (A + B) à l’aide de A et de B.

Le rôle de A + B, avec A et B qui commutent, ouvre la porte à la formule du binôme.


Pour préparer le terrain, on peut examiner le cas où B2 = 0.
Le produit UV de deux matrices est inversible si et seulement si U et V sont inversibles.
On note I la matrice unité d’ordre n .

Dans le cas où B2 = 0, la formule du binôme donne (A + B)2 = A2 + 2AB = A(A + 2B).


Si A + B est inversible, il en est de même pour (A + B)2 , donc pour A(A + 2B), ce qui impose que
A (et aussi A + 2B) soit inversible.
Si A est inversible, il en est de même pour A2 . Avec A2 = A2 B2 et A2 B2 = (A + B)(A B)
puisque A et B commutent, il vient alors que A + B (et aussi A B) est inversible.
De A2 = (A + B)(A B) on déduit A 2 (A B)(A + B) = I d’où (A + B) 1 = A 2 (A B).
En conclusion, A + B est inversible si et seulement si A est inversible et, dans ce cas :
1 1
(A + B) =A A 2 B.

270 Sujets d’oraux


Une fois ce cap franchi, il devient aisé de dépasser le cas particulier étudié.
L’indice de nilpotence est le plus petit des entiers naturels non nuls k tels que Bk = 0.
Cet entier est inférieur ou égal à n : on pourra se reporter au thème d’étude 5 consacré aux
endomorphismes nilpotents dans le chapitre 3. On a donc Bn = 0 d’où B 2n = 0.
Le seul intérêt est ici d’établir l’inversibilité de A + B sans se préoccuper de l’indice de nilpotence...
et d’étaler ses connaissances.
Si A + B est inversible, il en est de même pour (A + B)n .
La formule du binôme donne :
k
(A + B)n = An + . . . + $n An k Bk + . . . + ABn 1 + Bn ,
donc, avec Bn = 0, (A + B)n est un produit matriciel de la forme AQ.
Alors, AQ étant inversible, A est inversible.
Si A est inversible, il en est de même pour toute puissance de A.
L’intérêt d’un exposant pair conduit à considérer A2n .
On a d’une part A2n = A2n B2n et d’autre part, puisque A et B commutent, A2n B 2n se
factorise par A2 B2 , donc par A + B en produit matriciel (A + B)R .
(A + B)R étant inversible, il s’ensuit que A + B est inversible.
Expression de (A + B) 1 . On note p l’indice de nilpotence de B.
Pour le calcul de l’inverse de A + B, on exploite l’indice p de nilpotence de B.
Si p est impair, on sait factoriser Ap + Bp par A + B.
p 1
Si p est impair, on a Ap = Ap + Bp = (A + B) ( 1)k Ap 1 k k
B d’où :
k =0
p 1
I = (A + B ) ( 1)k A 1 k
B
k

k =0
p 1
et il s’ensuit : (A + B) 1
=A 1
( 1)k (A 1 k
B) .
k =0
Si p est pair, on a p + 1 impair et Bp+1 = 0 est encore vrai.
p
On en déduit, comme dans le cas précédent, (A + B) 1
=A 1
( 1)k (A 1
B )k .
k =0
p 1
Avec Bp = 0, il reste (A + B) 1
=A 1
( 1)k (A 1 k
B) .
k =0
Dans la formule établie, on a voulu «serrer» au plus près.
Il aurait été aussi simple d’utiliser Bq = 0 avec un entier q impair et au moins égal à p.

Ex. 5
1
Soit A et B dans !n (#), A inversible et B nilpotente. Montrer que In + A BA et In + ABA 1
sont inversibles et trouver leurs inverses.

L’indice de nilpotence de B est le plus petit entier p ! 1 tel que B p = 0. Cet indice vérifie p ( n ,
donc Bn = 0.
Pour l’inversibilité de In + C = In + A 1 BA, il suffit de mettre en évidence une matrice U telle
que In = (In + C )U et In + C apparaît dans In ( C )n .

Chapitre 6 - Matrices et systèmes linéaires. Déterminants. Changement de base 271


Posons C = A 1 BA. Pour tout k ! $ , on a C k = A 1 Bk A. On a déduit que C est nilpotente
(de même indice que B).
On a donc C n = 0, d’où In = In ( C )n . Avec In ( C )n = (In + C )(In C + C 2 + . . . + ( C )n 1 ).
n 1
In + A 1 BA est donc inversible, d’inverse (In + A 1 BA) 1 = In + ( 1)k A 1 k
B A.
k =1
n 1
En remplaçant A par A 1
, on a In + ABA 1
inversible, d’inverse In + ( 1)k ABk A 1
.
k =1

Ex. 6
Étant donné n ! $, n ! 2, on considère la matrice A dont les termes diagonaux sont nuls et
dont tous les autres termes sont 1.
Montrer que A est inversible et calculer son inverse.

Une méthode générale consiste à montrer que tout système linéaire de matrice A admet une
solution et une seule.
Étant donné Y ! !n ,1 (!), on étudie l’équation AX = Y d’inconnue X ! !n ,1 (!).
n
On écrit le système de n équations Ek d’inconnue x1 , x2 , . . . , xn ! !n : xj = yk .
j =1
j "k
n n n n
1
Par addition, il vient : (n 1) xj = yj d’où l’équation S : xj = yj .
n 1
j =1 j =1 j =1 j =1
n
1
En retranchant Ek à S, il vient xk = n 1
yj yk .
j =1

Les méthodes usuelles de résolution d’un système linéaire montrent que le système ainsi obtenu
est équivalent au système initial.
Sans cette remarque, il faudrait vérifier que les valeurs obtenues pour les xk vérifient bien les
équations Ek, ce qui est assez facile.
Le système admet donc une solution et une seule, ce qui prouve que A est inversible.
L’inverse de A est en outre la matrice B telle que X = BY .
n n
1
Avec xk = yj (n 1)yk , on a aussi (n 1)xk = (2 n )yk + yj .
n 1
j =1 j =1
j "k

1
On a donc (n 1)B = (2 n )I n + A, et finalement, A 1 = A (n 2)In .
1 n
Une autre solution tient compte du fait que presque tous les termes de A sont égaux à 1. Plus
précisément les termes de la matrice B = In + A sont tous égaux à 1.
La matrice B = In + A vérifie B2 = nB. Alors (A + In )2 = n (A + In ) donne :
1
A2 (n 2)A = (n 1)In ou encore A (n 2)In A = In ,
n 1
1
ce qui montre que A est inversible, d’inverse A (n 2)In .
1 n
Les méthodes générales sont bonnes à connaître et il est nécessaire de savoir les mettre en œuvre.
Toutefois, face à un exemple particulier, il est utile d’en dégager des... particularités.

272 Sujets d’oraux


Ex. 7
Déterminer le sous-ensemble de !3 (!) constitué des matrices qui commutent avec
1 2 3
A= 0 1 2 . Déterminer les puissances et les racines carrées de A.
0 0 1

0 2 0 0 0 3
1) On a A = I3 + 0 0 2 + 0 0 0 .
0 0 0 0 0 0
0 1 0 0 0 1
En posant J = 0 0 1 , on a J 2 = 0 0 0 . Notons que J 3 = 0. On a donc :
0 0 0 0 0 0
A = I3 + 2J + 3J 2 .
a b c
Notons aussi que (I3 , J, J 2 ) est une famille libre. En effet aI3 + bJ + cJ 2 = 0 a b est
0 0 a
nulle si et seulement si a = b = c = 0.
Tout le problème gravite ainsi autour de J et de ses puissances.
Pour chercher les matrices qui commutent avec A, on ne s’embarrasse pas de fioritures : un bon
calcul rustique fera l’affaire.

M commute avec A si et seulement si M +2MJ +3MJ 2 = M +2JM +3J 2 M c’est-à-dire 2MJ +3MJ 2 =
2JM + 3J 2 M ou M (2J + 3J 2 ) = (2J + 3J 2 )M .
a1 b1 c1 0 2 3
Étant donné M = a2 b2 c2 , avec 2J + 3J 2 0 0 2 , on a :
a3 b3 c3 0 0 0
0 2a1 3a1 + 2b1 2a2 + 3a3 2b2 + 3b3 2c2 + 3c3
M (2J +3J 2 ) = 0 2a2 3a2 + 2b2 et (2J +3J 2)M = 2a3 2b3 2c3 .
0 2a3 3a3 + 2b3 0 0 0
Il vient aisément que l’égalité a lieu si et seulement si :
a3 = b3 = a2 = 0, a1 = b2 = c3 et b1 = c2 .
a1 b1 c1
Les matrices qui conviennent sont donc les 0 a1 b1 .
0 0 a1
Autrement dit, ce sont les combinaisons linéaires de I3 , J et J 2 .
n
k
2) Pour n ! $, n ! 2, on a An = I3 + (2J + 3J 2 ) = $n (2J + 3J 2 )k .
k =0
2 k k k
Pour k ! 3, on a (2J + 3J ) = J (2I3 + 3J ) = 0 puisque J 3 = 0.
n (n 1)
Il s’ensuit An = I3 + n (2J + 3J 2 ) + (2J + 3J 2 )2 d’où An = I3 + 2nJ + n (2n + 1)J 2 .
2
Cette formule est vraie pour n = 0 avec la convention A0 = I3 , et aussi pour n = 1.
1
L’inverse de A commute avec A et on donc a une idée de la forme de A .

U = aI3 + b J + c J 2 est l’inverse de A si (aI3 + b J + c J 2 )(I3 + 2J + 3J 2 ) = I3 , c’est-à-dire si et


seulement si aI3 + (2a + b)J + (3a + 2b + c )J 2 = I3 .
Comme la famille I3 , J, J 2 est libre, il vient a = 1, 2a + b = 0 et 3a + 2b + c = 0, donc a = 1,
b = 2 et c = 1, et finalement A 1 = I3 2J + J 2 .

Chapitre 6 - Matrices et systèmes linéaires. Déterminants. Changement de base 273


n
k n (n 1)
Alors A n
= (A 1 n
) = $n ( 2J + J 2 )k , donc A n
= I3 + n ( 2J + J 2 ) + ( 2J + J 2 )2
2
k =0
n
et il vient finalement A = I3 2nJ + n (2n 1)J 2 .
n
Notons que, pour n ! $ , la formule qui donne A s’obtient en remplaçant purement et
simplement n par n dans la formule qui donne An .

3) Toute matrice R ! !3 (!) commute avec R 2 . Si elle vérifie R 2 = A, alors elle commute avec
A. Il s’ensuit qu’il existe (a, b, c ) ! !3 tel que R = aI3 + bJ + cJ 2 .
Avec J 3 = 0, on obtient (aI3 + bJ + cJ 2 )2 = a 2 I3 + 2abJ + (b2 + 2ac )J 2 .
Comme (I3 , J, J 2 ) est une famille libre, on a R 2 = A = I3 + 2J + 3J 2 si et seulement si :
a 2 = 1, 2ab = 2 et b2 + 2ac = 3.
Les solutions sont alors données par a = ) ! 1, 1 , b = ) et c = ).
Les racines carrées de A sont donc R1 = I3 + J + J 2 et R2 = R1 .
1
Notons que la formule qui donne R1 est celle qui donne An en remplaçant n par .
2

Ex. 8
Soit E un !-espace vectoriel de dimension finie n ! $ . Montrer que %(E ) admet une base
formée de projecteurs.
On pourra considérer, pour i et j dans [[ 1, n ]], i " j, les matrices Pi j = Ei i + Ei j ! !n (!), où
les Ei j sont classiquement les matrices élémentaires de !n (!).

Comme l’exprime l’énoncé, la recherche d’une base de %(E ) formée de projecteurs équivaut à
la recherche d’une base de !n (!) formée de matrices idempotentes.
D’ici à ce que les matrices Pi j soient idempotentes, il n’y a qu’un pas !

En préliminaire, rappelons la règle classique du produit de deux matrices élémentaires.


Étant donné i , j, k , l , dans [[ 1, n ]], le produit des matrices élémentaires Ei j Ekl est donné par la
formule : Ei j Ekl = *jk Ei l où *jk est l’usuel symbole de Kronecker.
Soit Pi j = Ei i + Ei j pour i " j, on obtient Pi2j = Ei2i + Ei2j + Ei i Ei j + Ei j Ei i .
On a Ei2i = Ei i , Ei i Ei j = *i i Ei j = Ei j , Ei2j = *ji Ei j = 0 et Ei j Ei i = *ji Ei i = 0 car i " j donne :
*i j = 0.
Il s’ensuit Pi2j = Pi j pour i " j.
Il y a n (n 1) matrices Pi j avec i " j. Il n’y en a pas assez pour une base de !n (!) qui est de
2
dimension n . L’énoncé ne précise pas Pi i , mais il est incontournable d’en proposer une valeur.
Une tentation serait de prendre Pi i = 2Ei i en prolongeant le cas i " j à celui où i = j. Mais
(2Ei i )2 = 4Ei i " Ei i nous invite à un choix plus simple.

Pour i = j, avec Pi i = Ei i , on a Pi2i = Ei2i = Ei i = Pi i . Avec les n (n 1) matrices Pi j , i " j et les n


matrices Pi i , on dispose d’une famille de n 2 matrices idempotentes.
Pour conclure, il ne reste plus qu’à s’assurer que cette famille est libre.

Soit (#i j )(i,j)![[ 1,n ]]2 une famille de n 2 scalaires telle que #i j Pi j = 0.
i ,j

274 Sujets d’oraux


On a #i j Pi j = # i i Ei i + #i j (Ei i + Ei j ) = #i i + # i j Ei i + # i j Ei j .
i, j i i "j i j"i i "j
Comme la famille (Ei j )(i,j)![[ 1,n ]]2 est libre, car c’est la base canonique de !n (!), il vient d’abord
#i j = 0 pour i " j puis, avec #i i + #i j = 0, il vient #i i = 0 pour tout i .
i"j

Finalement, la famille des n 2 matrices Pi j est libre, c’est donc une base de !n (!) puisque cet
espace est de dimension n 2 .

Ex. 9
Soit n ! $ , x ! ! et A = ai j ! !n (!) la matrice définie par ai j = x si i + j est pair et
ai j = 0 quand i + j est impair.
Montrer qu’il existe # et $ dans ! tels que A3 = #A2 + $A.

Commençons par dégager le rôle de x en écrivant la matrice A sous la forme A = xU .


On a A = xU avec U ! !n (!) en définissant U par ui j = 1 si i + j est pair et ui j = 0 sinon.
n
On a A2 = x 2 U 2 . Posons D = U 2 . Rappelons que les termes de D sont les di j = u ik u kj .
k =1
La distinction entre i + j pair et i + j impair conduit à distinguer le cas où n est pair de celui où
n est impair.
Dans les deux cas, il y a lieu d’étudier les parités de i , j et k dans les ui j pour obtenir di j .
Premier cas, n = 2p avec p ! $ .
n
Si i et j ont même parité, p termes de la somme di j = uik ukj sont égaux à 1 alors que les p
k =1
autres sont nuls.
Si i et j n’ont pas même parité, tous les termes de la somme sont nuls.
Il vient alors U 2 = pU puis A2 = x 2 U 2 = px 2 U = (px )xU = pxA.
Il s’ensuit A3 = pxA2 = p2 x 2 A et A3 est de la forme #A2 + $A avec # = 0 et $ = px .
Deuxième cas, n = 2p + 1 avec p ! $.
Si i et j sont de parités différentes, pour tout k ! [[ 1, n ]], on a i et k de parités différentes ou bien
j et k de parités différentes et il s’ensuit di j = 0.
Si i et j sont pairs, il y a p indices k de même parité que i et j, on a donc di j = p.
Si i et j sont impairs, il y a p + 1 indices k de même parité que i et j, on a donc di j = p + 1.
Avec di j = 0 si i et j sont de parités différentes, on n’est pas loin de U . Mais pour i et j de même
parité, il faut encore distinguer suivant que i et j sont pairs ou impairs.
Posons V = [vi j ], où vi j = 1 si i et j sont impairs et vi j = 0 sinon.
On a alors U 2 = pU + V , et il s’ensuit U 3 = pU 2 + UV = p(pU + V ) + UV .
Calculons alors W = UV en calculant wi j = uik vkj .
k
Si i et j sont impairs, on a uik = 0 pour k pair et uik vkj = 1 pour k impair.
On obtient ainsi wi j = p + 1. Il est aisé de vérifier que wi j = 0 dans les autres cas.
Ainsi, UV = (p + 1)V . On a donc U 3 = p2 U + (2p + 1)V puis, avec V = U 2 pU , il vient
U 3 = (2p + 1)U 2 p(p + 1)U . On en déduit x 3 U 3 = (2p + 1)x (x 2 U 2 ) p(p + 1)x 2 (xU ).
En définitive, A3 = (2p + 1)xA2 p(p + 1)x 2 A.

Chapitre 6 - Matrices et systèmes linéaires. Déterminants. Changement de base 275


Ex. 10
Étant donné n et p dans $ , dans !n (") on considère p matrices A1 , . . . , Ap , deux à deux
distinctes et toutes inversibles. On suppose en outre que le sous-ensemble & = A1 , . . . , Ap
de !n (") est stable pour la multiplication matricielle.
p
Montrer que la trace de la matrice A = Ak est un entier divisible par p.
k =1

Exploitons en premier la stabilité de & pour le produit. Les p matrices sont dans le groupe
GLn ("). C’est un exemple, dans un groupe, d’une partie finie stable pour le produit.

Pour tout q ! [[ 1, p ]], "q : Ak # Ak Aq est une application de & dans &.
"q est injective puisque Aq est inversible, donc bijective puisque & est fini.
p p p p
Il s’ensuit que A = Ak = Ak Aq . Avec Ak Aq = Ak Aq , il vient A = AAq .
k =1 k =1 k =1 k =1
Le problème reste entier : comment faire apparaître un nombre entier ?
Une première ouverture est dans le rang d’une matrice.
Une seconde ouverture est dans les projecteurs (ou les matrices idempotentes) : dans ce cas, le
rang est égal à la trace. A serait-elle idempotente ?
p p
On a A2 = A Ak = AAk .
k =1 k =1
Comme on a vu en préliminaire que AAk = A, il vient A2 = pA.
1 2 1 1
Il s’ensuit que 2A = A, c’est-à-dire que A est idempotente.
p p p
1 1 1 1
Il s’ensuit que Tr A = rg A ! $. Et pour terminer, avec Tr A = Tr A, il vient
p p p p
que Tr A est un multiple entier de p.

Ex. 11
0 1 1
Soit A ! !3 ,2 (!) et B ! !2 ,3 (!) telles que AB = 1 0 1 . Étudier BA.
1 1 2

La matrice BA est dans !2 ,2 (!) et il n’est pas question de la comparer à AB.


Une piste réside dans (AB)2 = ABAB = A(BA)B et un petit début est de former (AB)2 .
Le plus difficile n’est pas de le faire, mais d’y penser !

Un calcul immédiat donne (AB)2 = AB. Et ABAB AB = 0 équivaut à A BA I 2 B = 0.


Il est important de veiller à la taille des matrices écrites. Un calcul routinier dans !3 (!) pourrait
laisser aller à écrire BA I3 , ce qui serait un non-sens !

On en déduit, en multipliant à gauche par B et à droite par A, que (BA) BA I2 (BA) = 0.

On a déjà bien exploité la relation (AB)2 = AB sous l’aspect du calcul.


Une deuxième étape peut venir de l’examen du rang de AB.

Les trois lignes de AB ont une somme nulle, ce qui donne rg(AB) ( 2.

276 Sujets d’oraux


Mais les lignes 1 et 2 ne sont pas liées et il s’ensuit rg(AB) = 2.
Pour la composée de deux applications linéaires f et g, on a :
rg f ! rg(g f ) et rg g ! rg(g f ).
En écriture matricielle, cela donne rg U ! rg VU et rg V ! rg VU .

Avec (AB)2 = AB, on a rg(AB)2 = 2. En notant que (AB)2 = A(BA)B, on a rg(BA) ! rg(AB)2 .
On en déduit que rg(BA) = 2, c’est-à-dire que BA est inversible.
De l’égalité BA(AB I2 )BA = 0, on déduit alors BA I2 = 0, c’est-à-dire BA = I2 .

Ex. 12
Soit A = (ai j ) ! !n (!). On suppose que : %i ! [[ 1, n ]], ai j < a i i .
j ![[ 1,n ]] + i
Montrer que A est inversible.

Un exemple simple d’une telle matrice est celui d’une matrice diagonale à termes diagonaux non
nuls. Et dans ce cas, la proposition annoncée est vraie.
C’est dans cet esprit que de telles matrices sont dites «à diagonale dominante».

Procédons par contraposée en supposant que A n’est pas inversible.


Dans ce cas, le noyau de l’endomorphisme de !n canoniquement associé à A contient un vecteur
non nul.

Soit alors X = (xi ) ! !n 1 (!) tel que MX = 0. Notons Y = MX et Y = (yi ) ! !n 1 (!).


Soit p ! [[ 1, n ]] tel que xp = max xk , k ! [[ 1, n ]] .
n
On a en particulier yp = 0, c’est-à-dire ap k xk = 0 ou encore ap p xp = ap k xk .
k =1 k ![[ 1,n ]] + p

Avec xk ( xp , il vient ap p xp = ap k xk ( ap k xp .
k ![[ 1,n ]] + p k ![[ 1,n ]] + p

Dans ce qui précède, on n’a pas encore précisé X " 0. Si c’est le cas, une au moins de ses
coordonnées est non nulle.

En prenant X " 0 tel que MX = 0, on a xp > 0 et il s’ensuit ap p ( ap k ,


k ![[ 1,n ]] + p
ce qui est contraire à l’hypothèse donnée sur A.
On a ainsi prouvé que, dans le contexte donné, A est inversible.

Ex. 13
Soit n ! $, n ! 2, et A ! GLn ("). On suppose que tous les termes de A et de A 1 sont positifs
ou nuls.
Montrer que, dans chaque ligne et chaque colonne de A, il y a un terme non nul et un seul.

Il suffit d’établir qu’il y a un terme non nul et un seul dans chaque ligne de A.
Pour l’examen des colonnes, il suffira de considérer ensuite sa transposée t A pour laquelle on a :
t 1
A =t A 1
.

Chapitre 6 - Matrices et systèmes linéaires. Déterminants. Changement de base 277


On note A = ai j et A 1 = bi j .
Supposons que deux termes d’une ligne p ! [[ 1, n ]] soient non nuls : il existe r ! [[ 1, n ]] et
s ! [[ 1, n ]], r " s, tels que ap r " 0 et ap s " 0.
1
Pour utiliser simultanément les ai et les bj , on détaille AA = In .
e
Plus précisément, on examine les termes de la p ligne de ce produit.
n
Pour tout j ! [[ 1, n ]], on a ap k bk j = *p j en utilisant le classique symbole de Kronecker.
k =1
n
Pour j " p, on a donc ap k bk j = 0.
k =1
Dans cette somme, tous les termes sont positifs ou nuls.
On en déduit en particulier : ap r br j = 0 et ap s bs j = 0. Il s’ensuit br j = 0 et bs j = 0.
Cela signifie que les lignes r et s ont tous les termes nuls sauf peut-être ceux qui sont sur la
même colonne j.
Ces deux lignes sont alors liées, ce qui en en contradiction avec rg(A 1 ) = n .
On a finalement prouvé le résultat en procédant par contraposition.

Ex. 14
On considère une matrice A ! !p (!), p ! $ , pour laquelle il existe des scalaires # et $,
# " $, tels que A #Ip A $Ip = 0. Calculer les puissances An pour n ! $ .

1) Exploration de pistes possibles


Le premier souci est évidemment d’examiner A2 et peut-être aussi A3 pour voir de quel côté on
peut s’orienter.

En développant, A # Ip A $Ip = 0 donne : A2 (# + $)A + # $ Ip = 0, c’est-à-dire :


2
A = (# + $)A # $ Ip .
3 2 3 2
Ensuite, avec A = AA , on a A = (# + $)A # $ A et il vient :
A3 = (# + $) (# + $)A # $ Ip # $ A = (#2 + # $ +$2 )A # $ (# + $)Ip .
n n
Une solution se présente : A est de la forme A = an A + bn Ip et on cherche une relation de
récurrence sur les an et les bn .
Une autre piste est d’exprimer un lien entre An et A # Ip A $Ip en passant par les
polynômes.

Dans la division euclidienne de X n par B = (X #)(X $), on obtient :


X n = BQn + Rn , avec deg Rn ( 1.
On en déduit que An = B(A)Qn (A) + Rn (A) et, avec B(A) = 0, on a An = Rn (A).
Le problème se réduit donc à la recherche du polynôme Rn .
Une autre piste, moins facile à imaginer, est d’exploiter A # Ip A $Ip = 0 pour étudier :
n n
A # Ip et A $ Ip .
2
On a A # Ip = A2 2 # A + #2 Ip et, avec A2 = (# + $)A # $ Ip , il vient :
2 2
A # Ip = ($ #)A + #(# $)Ip ou encore A # Ip = ($ #) A # Ip .

278 Sujets d’oraux


2
Et, en échangeant les rôles de # et $, on obtient A $ Ip = (# $) A $ Ip .

2) Utilisation de la troisième piste


Explorons plus avant cette troisième piste.
3 2
Pour le calcul de A # Ip , on a besoin de A # Ip .
3
A #Ip )2 = ($ #) A #Ip donne A # Ip = ($ #)2 A # Ip .
n n 1
Alors A #Ip = ($ #) A #Ip s’obtient par récurrence, en germe dans le calcul
précédent et qu’il n’est pas utile de refaire.
n
Et on a aussi A $ Ip = (# $)n 1
A $ Ip .

Bien évidemment, A #Ip et A $Ip commutent. De A # Ip A $Ip = 0, on déduit


r s
que A #Ip A $Ip = 0 quels que soient les entiers r et s supérieurs ou égaux à 1. D’ici
à utiliser la formule du binôme, il n’y a qu’un pas ! Sans oublier l’objectif qui est d’exprimer An .

Pour calculer An , commençons par écrire A à l’aide de A #Ip et de A $ Ip :


$ #
A= A # Ip A $ Ip .
$ # $ #
k n k
Pour tout k ! [[ 1, n 1 ]], on a A # Ip A $ Ip = 0 et il s’ensuit, en utilisant la formule
du binôme, que :
n n
$ n # n
An = A # Ip + A $ Ip .
$ # # $
En utilisant les expressions de (A #Ip )n et de (A $Ip )n , il vient :
n n
$ # #n $n # $n $#n
An = A # Ip + A $ Ip et, finalement, An = A+ Ip .
$ # # $ # $ # $

3) Utilisation de la deuxième piste


Dans la division euclidienne de X n par (X #)(X $), le polynôme Rn est de la forme :
Rn (X ) = an X + bn avec an et bn dans !.
De X n = (X #)(X $)Qn (X ) + an X + bn , on déduit #n = an # +bn et $n = an $ +bn .
#n $n # $n $#n
Il s’ensuit an = et bn = .
# $ # $
Alors An = A # Ip A $Ip Qn (A) + an A + bn Ip donne An = an A + bn Ip , c’est-à-dire :
#n $n # $n $#n
An = A+ Ip .
# $ # $
Il n’y a pas photo ! Dans l’efficacité, cette dernière méthode décroche la palme.
Pour bien faire, il faudrait un aperçu de solution avec la première piste.

4) Indications sur la première piste


On cherche un et vn telles que, %n ! $ , An = un A + vn Ip , avec u1 = 1, v1 = 0, u2 = # + $,
v2 = # $.
On obtient An +1 = (#+$)un +vn A #$un Ip , c’est-à-dire un +1 = (#+$)un +vn et vn +1 = #$un .
On en déduit un +2 = (# + $)un +1 # $ un .
L’équation caractéristique de (un ) est r 2 (# + $)r + #$ = 0, c’est-à-dire (r #)(r $) = 0.
(un ) est donc du type un = x #n +y$n .
Et on détermine x et y avec u0 et u1 , en ayant posé u0 = 0 pour tenir compte de A0 = Ip .

Chapitre 6 - Matrices et systèmes linéaires. Déterminants. Changement de base 279


B Déterminants
Ex. 15
Étant donné A et B dans !3 (!), on pose C = AB BA.
Montrer que, si C est colinéaire à A, alors C est nilpotente.

Le résultat est immédiat si A et B commutent, ou si A ou B est nulle.


Soit # ! " tel que C = #A. Il suffit de prouver que A est nilpotente.
Puisque l’on a écarté le cas où C est nulle (c’est-à-dire si A et B commutent), on se limite à # " 0.
Dans le but de montrer que A est nilpotente, il faut exploiter les Ak , k ! $ , sans nécessité de
toucher à B. Une piste est de considérer les Ak B BAk d’où, plus généralement, MB BM
pour M ! !n (").

Avec l’endomorphisme " : !n (") !n ("), M # MB BM , l’hypothèse est "(A) = #A.


2
Pour tester l’efficacité de cette piste, on étudie "(A ).

"(A2 ) = A2 B BA2 = A(BA + C ) (BA)A = (AB BA)A + AC = CA + AC = 2 # A2 .

Avec "(A) = #A et "(A2 ) = 2 # A2 , la propriété "(Ak ) = k # Ak devient crédible.

Supposons que, pour k ! $ , on ait "(Ak ) = k # Ak .


On a "(Ak +1 ) = Ak (AB) (BA)Ak = Ak (BA + C ) (BA)Ak = (Ak B)A + Ak C (BAk )A, d’où :
"(Ak +1 ) = (Ak B BAk )A + Ak C = "(Ak )A + Ak C .
L’hypothèse "(A ) = k # Ak et C = #A donnent alors :
k

"(Ak +1 ) = (k # Ak )A + #Ak +1 = (k + 1) # Ak +1 .
En conclusion de cette preuve par récurrence : %k ! $ , "(Ak ) = k # Ak .
L’objectif est de montrer qu’il existe k ! $ tel que Ak = 0,
Il suffit pour cela qu’on puisse choisir k tel que " k # Id soit bijective, puisque l’on aura alors :
(" k # Id)(Ak ) = 0 Ak = 0.

Le déterminant D (k #) de " k # Id est une fonction polynomiale de degré 3 en k #.


Il y a donc au plus 3 valeurs de k # qui annulent D . Puisque l’on s’est limité à # " 0, il y a au plus
3 valeurs de k qui conviennent.
Pour tout autre valeur de k , on a D (k #) " 0, donc " k # Id est bijective et il s’ensuit que
(" k # Id)(Ak ) = 0 Ak = 0, ce qui montre que A est nilpotente.

Ex. 16
Soit A ! !3 (#) telle que pour tout M ! !3 (#), det(A + M ) = det A + det M (1).
Montrer que A = 0.
Étant donné C1 , C2 et C3 les vecteurs colonne de A, on pourra considérer, pour k ! [[ 1, 3 ]],
une matrice Mk ! !3 (#) dont la k e colonne est Ck .

La relation (1) permet d’obtenir det A. Ce sera une première étape qui permettra de voir
comment utiliser l’indication.

(1) avec M = A, donne det(2A) = 2 det A. Or on a det(2A) = 8 det A, il vient donc det A = 0.

280 Sujets d’oraux


On en déduit que, pour tout M ! !3 (#), on a det(A + M ) = det M .
Il vient aussi det(A M ) = det( M ) = det M puisque l’on est en dimension impaire.

Avec les matrices Mk proposées en indication, les matrices A Mk ont une colonne nulle.

On a det(A Mk ) = det Mk .
e
Par ailleurs la k colonne de A Mk est nulle, donc det(A Mk ) = 0 et il vient det Mk = 0.

Pour montrer que A est nulle, on peut procéder par l’absurde, en mettant en œuvre une matrice
M convenable en s’aidant de l’indication. Un objectif serait d’avoir une matrice du type Mk et
qui serait toutefois de déterminant non nul.

Si A n’est pas nulle, elle a une colonne, C1 par exemple, non nulle.
On complète C1 par C2 et C3 pour avoir une base de #3 .
On forme M de colonnes (C1 , C2 , C3 ). Alors on a det M " 0, ce qui est contraire au résultat
obtenu pour les matices Mk .
La contradiction impose alors A = 0.
L’éventuelle linéarité du déterminant imposerait det(A + M ) = det A + det M , quelles que soient
A et M dans !3 (#).
Mais ceci n’étant vrai que pour A = 0, la linéarité est exclue.
Ceci complète ce qui est déjà connu pour la non-linéarité avec det(#M ) = #3 det M pour tout
# ! # et toute M ! !3 (#), au lieu d’avoir det(#M ) = # det M si la linéarité était vraie.

Ex. 17
a b 0 b
b a b 0
Étant donné (a, b) ! !2 , la matrice M (a, b) = ! !4 (!) est-elle inversible ?
0 b a b
b 0 b a

En développant suivant la première colonne, on a :


a b 0 b 0 b b 0 b
det M (a, b) = a b a b b b a b b a b 0 .
0 b a 0 b a b a b
a b 0
2
b a b = a (a 2b2 ) en utilisant la règle de Sarrus.
0 b a
b 0 b b 0 b
En retranchant la ligne 1 à la 2e , il vient b a b = 0 a 0 = a 2 b,
0 b a 0 b a
b 0 b b 0 b
et en retranchant la ligne 1 à la 3e , il vient a b 0 = a b 0 = a 2 b.
b a b 0 a 0
2 2
Finalement, il vient det M (a, b) = a (a 4b2 ), donc M (a, b) est inversible si et seulement si
a " 0 et a " 2 b .

Le calcul de l’inverse de M (a, b) n’est pas demandé, mais il est naturel de s’y employer.
Une méthode efficace est la résolution d’un système linéaire.

Chapitre 6 - Matrices et systèmes linéaires. Déterminants. Changement de base 281


ax +by +bt = X (1)
bx +ay +bz =Y (2)
On considère le système d’inconnue (x, y, z, t ) ! !4 :
by +az +bt = Z (3)
bx +bz +at = T (4)
En ajoutant les quatre équations, on obtient : (a + 2b)(x + y + z + t ) = X + Y + Z + T (s).
En formant (1) (2) + (3) (4), on obtient : (a 2b)(x y+z t) = X Y +Z T (d ).
1 1
(s) et (d ) donnent (x + z )+(y + t ) = (X + Z + Y + T ) et (x + z ) (y + t ) = (X + Z Y T)
a + 2b a 2b
1 1
et il s’ensuit x + z = a (X + Z ) 2b(Y + T ) et y + t = a (Y + T ) 2b(X + Z ) .
a2 4b2 a2 4b2
1 1
(1) (3) et (2) (4) donnent : x z= (X Z ), y t= (Y T ).
a a
1
Il s’ensuit finalement, en posant # = 2 :
a (a 4b2 )
2
x =# a 2b2 X abY + 2b Z
2
abT ,y = # abX + a
2
2b2 Y abZ + 2b T ,
2

2 2
z = # 2b X abY + a 2b2 Z abT ,t = # abX + 2b Y
2
abZ + a
2
2b2 T ,
a2 2b2 ab 2b2 ab
1 ab a2 2b2 ab 2b2
L’inverse de M (a, b) est donc .
a (a
2
4b2 ) 2b2 ab a 2 2b2 ab
ab 2b2 ab a 2 2b2

0 1 0 0
0 0 1 0
Une étude matricielle serait intéressante. On utilise pour cela N = .
0 0 0 1
1 0 0 0
Pour simplifier, on notera M = M (a, b) et I la matrice unité.
Dans un premier temps, on explore les propriétés de N et de t N .

Avec la matrice N proposée, on a M = aI + b(N + t N ).


Un calcul immédiat donne N t N = I . En particulier, N et t N commutent.
0 0 1 0
t 0 0 0 1
On obtient aussi N = N = 2 2
. Notons C cette matrice N 2 ou t N 2 .
1 0 0 0
0 1 0 0
Enfin, on obtient N 3 = t N et t N 3 = N , et il s’ensuit N 4 = I et t N 4 = I , c’est-à-dire C 2 = I .
Étudions maintenant les puissances de S = N + t N .
S2 = N 2 + t N 2 + 2N t N = 2(I + C ). Et on a (I + C )2 = I + 2C + C 2 = 2(I + C ).
On vérifie alors que, pour k ! $ , S2k = 22k 1
(I + C ) – par récurrence immédiate –.
On a S = S S = 2(I + C ) N + N = 2 N + N + CN + C t N = 2 S + N 3 + t N 3 = 4S.
3 2 t t

On vérifie alors que, pour k ! $, S2k +1 = 22k S.


Étudions ensuite les puissances de M = aI + bS.
M = a 2 I + 2abS + b2 S2 , M 3 = a 3 I + 3a 2 bS + 3ab2 S2 + b3 S3 = a 3 I + b(3a 2 + 4b2 )S + 3ab2 S2 .
2

Il vient alors M 3 3aM 2 = 2a 3 I + b(4b2 3a 2 )S, puis :


M3 3aM 2 4b2 3a 2 M = a a 2 4b2 I .

282 Sujets d’oraux


Inversibilité de M .
Si on a a (a 2 4b2 ) " 0, alors M M 2 3aM (4b 2 3a 2 )I = a (a 2 4b2 )I montre que M est
1
inversible, d’inverse 2 M2 3aM (4b 2 3a 2 )I .
a (a 4b2 )
0 b 0 b
b 0 b 0
Pour a = 0, on a M = de rang au plus 2, donc non inversible.
0 b 0 b
b 0 b 0
2 1 0 1
1 2 1 0
Pour a = 2b, on a M = b . La somme des colonnes est nulle ;
0 1 2 1
1 0 1 2
M n’est donc pas inversible.
1 2 0 1
2 1 1 0
Pour a = 2b, on a M = b . Les colonnes C1 , C2 , C3 , C4 vérifient
1 0 2 1
0 1 1 2
C1 C2 + C3 C4 = 0, donc la matrice M n’est pas inversible.

Ex. 18
1 sin a cos a
Étant donné a , b et c réels, on considère le déterminant T = 1 sin b cos b .
1 sin c cos c
Calculer T de deux façons différentes et en déduire une factorisation de :
sin(a b) + sin(b c ) + sin(c a ).

Pour un déterminant d’ordre 3, il est raisonnable de penser à la règle de Sarrus.

On obtient T = sin b cos c + sin c cos a + sin a cos b sin b cos a sin c cos b sin a cos c .
Le formulaire trigonométrique de base donne sin(x y) = sin x cos y sin y cos x .

On en déduit que T = sin(a b) + sin(b c ) + sin(c a ).


L’expression tigonométrique à factoriser apparaît tout naturellement.
Il serait utile qu’un autre calcul de T en donne une expression factorisée.
Une seconde méthode, toute aussi classique, consiste à développer un déterminant suivant une
ligne ou une colonne. Cette méthode est d’autant plus efficace qu’il y a une ligne ou colonne avec
1 ou 2 termes 0.

On ne change pas la valeur du déterminant si on retranche la première ligne à chacune des


autres.
1 sin a cos a
Il vient alors T = 0 sin b sin a cos b cos a .
0 sin c sin a cos c cos a
La trigonométrie est encore mise à contribution par deux formules classiques :
p q p+q p q p+q
sin p sin q = 2 sin cos et cos p cos q = 2 sin sin .
2 2 2 2
1 sin a cos a
a
b b+a ba b+a
Une nouvelle expression est alors T = 0 2 sin
2
cos
2
2 sin
2
sin
2 .
c a c+a c a c+a
0 2 sin cos 2 sin sin
2 2 2 2

Chapitre 6 - Matrices et systèmes linéaires. Déterminants. Changement de base 283


Un déterminant est linéaire par rapport à chacune de ses lignes. Avant tout développement, c’est
en exploitant cette trilinéarité que l’on fait apparaître une factorisation.
b a c a
Avec la trilinéarité, on factorise par 2 sin 2
dans la seconde ligne et par 2 sin 2
dans la
seconde et il vient :
1
cos a sin a
b a c a b+a b+a
T = 4 sin sin U , avec U = 0 sin
2 . cos
2
2 2
c+a c+a
0 sin cos
2 2
b+a b+a
cos sin
En développant U suivant la première colonne, on obtient U = 2 2
c+a c+a
cos sin
2 2
c+a b+a b+a c+a b c
et il vient U = sin cos + sin cos , puis U = sin et on obtient
2 2 2 2 2
finalement :
b a c a b c
T = 4 sin sin sin .
2 2 2
Il est plus «joli» de donner une expression qui met en évidence une permutation circulaire entre
a , b et c .

Les deux modes de calcul de T donnent en conclusion :


a b b c c a
sin(a b) + sin(b c ) + sin(c a) = 4 sin sin sin .
2 2 2

Ex. 19
Étant donné trois réels non nuls a , b et c , on considère dans "3 les plans d’équations
(a + b)2 x + c 2 y + c 2 z = 0, a 2 x + (b + c )2 y + a 2 z = 0 et b2 x + b2 y + (c + a )2 z = 0.
Donner une condition nécessaire et suffisante portant sur a , b et c pour que ces plans aient
en commun le seul vecteur nul.

Cet énoncé, en langage géométrique, masque un langage linéaire.

(a + b)2 x + c 2 y + c 2 z = 0
Le système linéaire d’inconnue (x, y, z )!"3 : a 2 x + (b + c )2 y + a 2 z = 0 admet (0, 0, 0) pour
2 2 2
b x + b y + (c + a ) z = 0
(a + b)2 c2 c2
solution unique si et seulement si a2 (b + c )2 a2 " 0.
b2 b2 (c + a )2
Une annulation demande une forme factorisée pour être facilement exploitable. Aussi la règle
de Sarrus doit être écartée comme point de départ.
Il faut chercher une forme où on pourra mettre en œuvre la trilinéarité, ce qui amorcera une
factorisation.
En retranchant une colonne aux deux autres, on va faire apparaître des différences de deux carrés.
Peut-être y verra-t-on plus clair après.

En retranchant la première colonne aux deux autres, on obtient :


(a + b)2 c2 c2 (a + b)2 c 2 (a + b)2 c2 (a + b)2
D= a2 (b + c )2 a 2 = a2 (b + c )2 a 2 0 .
b2 b2 (c + a ) 2
b2 0 (c + a ) 2 b 2

284 Sujets d’oraux


Les deux dernières colonnes sont aussi respectivement :
(c a b)(c + a + b) c a b
a )(b + c + a ) = (a + b + c )
(b + c b+c a
0 0
(c a b)(c + a + b) c a b
et 0 = (a + b + c ) 0
(c + a b)(c + a + b) c+a b
(a + b)2 c a b c a b
2
On a donc D = (a + b + c ) a2 b+c a 0 .
b2 0 c+a b
On retranche ensuite les lignes 2 et 3 à la première et on obtient :
(a + b)2 a2 b2 2b 2a
2 2
D = (a + b + c ) a b+c a 0
b2 0 c+a b
c’est-à-dire :
2ab 2b 2a ab b a
D = (a + b + c )2 a2 b+c a 0 = 2(a + b + c )2 a 2 b+c a 0 .
b2 0 c+a b b2 0 c+a b
Ne voyant plus de combinaison entre lignes ou colonnes qui pourraient apporter des simplifica-
tions, on peut alors développer par exemple suivant la dernière ligne.
ab b a
b a ab b
On a a2 b+c a 0 = b2 + (c + a b) 2
b+c a 0 a b+c a
b2 0 c+a b
ce qui, en développant, est égal à abc (a + b + c ). En final, on a obtenu D = 2abc (a + b + c )3 .
Avec a , b, c non nuls, on a D " 0 si et seulement si a + b + c " 0.

Ex. 20
Soit f et g des polynômes à coefficients complexes, de degré p ! 1 et q ! 1 respectivement.
Montrer que f et g admettent une racine commune si et seulement si il existe des polynômes
A et B non nuls, avec deg A ( q 1 et deg B ( p 1, tels que Af + Bg = 0.
Soit " de #q 1 [X ] #p 1 [X ] vers #p+q 1 [X ] définie par "(A, B) = Af + Bg. Montrer que "
est bijective si et seulement si f et g n’ont aucune racine commune.
Soit a ! #, a " 0, f (X ) = aX 2 + X 1 et g(X ) = aX 3 + aX 2 + 1. Donner la matrice de " puis
une condition nécessaire et suffisante sur a pour que f et g aient une racine commune.

f , de degré p ! $ , admet p racines x1 , . . . , xp dans #, sans se préoccuper de ce qu’elles soient


distinctes ou non.

Si f et g ont une racine commune c , on pose f = (X c )U et g = (X c )V , avec deg U = p 1 ! 0


et deg V = q 1 ! 0. Alors Vf Ug = 0 montre qu’il existe des polynômes A et B non nuls, avec
deg A ( q 1 et deg B ( p 1, tels que Af + Bg = 0.
Réciproquement, supposons qu’il existe des polynômes A et B non nuls tels que :
deg A ( q 1, deg B ( p 1 et Af + Bg = 0.
Soit x1 , . . . , xp les p racines dans # de f : pour tout k ! [[ 1, p ]], f (xk ) = 0.
Bg = Af donne alors B(xk )g(xk ) = 0. Avec deg B ( p 1, il y a au plus p 1 des p nombres
x1 , . . . , xp qui soient racines de B. L’un au moins vérifie alors g(xk ) = 0, ce qui montre que f et
g ont (au moins) une racine commune.

Chapitre 6 - Matrices et systèmes linéaires. Déterminants. Changement de base 285


Si E et F sont des espaces de dimension finie, dim E = m et dim F = n , alors E F est de
dimension m + n .

" de #q 1 [X ] #p 1 [X ]
vers #p+q 1 [X ], " : (A, B) # Af + Bg est linéaire.
(A, B) est dans Ker " si et seulement si Af + Bg = 0.
Si A ou B est nul, l’autre l’est aussi puisque f et g sont non nuls.
Si A et B sont non nuls, cela équivaut au fait que f et g ont une racine commune.
En conséquence, f et g n’ont aucune racine commune si et seulement si le seul élément de Ker "
est (0, 0).
En notant que dim(#q 1 [X ] #p 1 [X ]) = q + p et dim(#p+q 1 [X ]) = p + q, l’injectivité de "
équivaut à sa bijectivité.
En conclusion, " est bijective si et seulement si f et g n’ont aucune racine commune.
Si (e1 , . . . , em ) et (f1 , . . . , fn ) sont des bases de E et F , alors une base de E F est formée des
(ei , 0F ) pour 1 ( i ( m et des (0E , fj ) pour 1 ( j ( n .
La matrice de " est naturellement donnée dans les bases canoniques de #q 1 [X ] #p 1 [X ] et
#p+q 1 [X ].

Pour l’exemple étudié, f (X ) = aX 2 + X 1 et g(X ) = aX 3 + aX 2 + 1, on se place dans le cas où


p = 2 et q = 3. La base canonique de #2 [X ] #1 [X ] est (1, 0), (X, 0), (X 2 , 0), (0, 1), (0, X ) .
Avec "(1, 0) = f , "(X, 0) = Xf , "(X 2 , 0) = X 2 f , "(0, 1) = g et "(0, X ) = Xg, on obtient la matrice
A de " dans les bases canoniques de #2 [X ] #1 [X ] et #4 [X ] :
1
0 1 0 0
10 0 1 1
A= a 1 a 1 0 .
01 a a a
0
a 0 0 a
f et g ont une racine commune si et seulement si rg A < 5.

Il y a ici a plusieurs démarches possibles :


étudier le noyau de l’endomorphisme de "5 canoniquement associé à A, ou
étudier le rang de A suivant les valeurs de a .
Ces deux démarches sont gourmandes en volume et il est plus raisonnable d’utiliser que rg A < 5
équivaut à det A = 0.
1 0 0 0 0
1 1 0 1 1
En ajoutant la colonne 1 à la colonne 4, on a det A = a 1 1 2a 0 d’où :
0 a 1 a a
0 0 a 0 a
1 0 1 1
1 1 2a 0
det A =
a 1 a a
0 a 0 a

puis, en ajoutant la colonne 1 aux colonnes 3 et 4,

1 0 0 0
1 2a + 1 1
1 1 2a + 1 1
det A = d’où det A = 1 2a 2a .
a 1 2a 2a
a 0 a
0 a 0 a

286 Sujets d’oraux


1 1
On obtient alors det A = a 4a 2 4a 1 qui s’annule pour a ! 1+ 2 , 1 2
2 2
puisque l’on a supposé a " 0.
En conclusion, avec a " 0, f = aX 2 + X 1 et g = aX 3 + aX 2 + 1 ont une racine commune si et
1 1
seulement si a ! 1+ 2 , 1 2 .
2 2

En complément, on peut déterminer la condition nécessaire et suffisante pour que f et g aient


une racine commune par la méthode classique qui utilise les fonctions symétriques élémentaires
des racines.

Soit u et v les racines de f . Les polynômes f et g ont une racine commune si et seulement si :
g(u )g(v) = 0.

1
On a g(u )g(v) = a 2 (uv)3 + a 2 (u + v)(uv)2 + a 2 (uv)2 + a u 3 + v3 + a u 2 + v2 +1 et u + v = = uv .
a
En utilisant u 2 + v2 = (u + v)2 2uv et u 3 + v3 = (u + v)3 3uv(u + v), il vient :
1
g(u )g(v) = 2 4a 2 4a 1 .
a
En conclusion, f et g ont une racine commune si et seulement si 4a 2 4a 1 = 0.

Dans l’objectif de l’exemple, cette dernière méthode est très largement plus performante.

Le sujet proposé met principalement en œuvre une méthode générale d’algèbre linéaire pour
traiter un problème essentiellement algébrique.

Ex. 21
On considère le déterminant d’ordre n , où x est une variable réelle :
x 1 0 ... ... 0
2
..
x 2x 2 0 .
.. ..
x3 3x 2 6x 6 . .
Dn (x ) = .. .. .. .. ..
. . . . . 0
.. .. .. ..
. . . . (n 1)!
xn nx n 1 n (n 1)x n 2
... ... n !x
Calculer Dn (x ) en fonction de Dn 1 (x ) et en déduire Dn (x ).

Notons c1 (x ), c2 (x ), . . . , cn (x ) la liste des vecteurs colonnes.


Lorsque les fonctions x # c1 (x ), . . . , x # cn (x ) sont dérivables,
la fonction Dn : x # det c1 (x ), . . . , cn (x ) est dérivable et on a
Dn (x ) = det c1 (x ), c2 (x ), . . . , cn (x ) + det c1 (x ), c2 (c ), . . . , cn (x ) + . . .
+ det c1 (x ), c2 (x ), . . . , cn (x )

Chapitre 6 - Matrices et systèmes linéaires. Déterminants. Changement de base 287


La particularité de cet exercice est que
c2 (x ) = c1 (x ), c3 (x ) = c2 (x ), . . . , cn (x ) = cn 1 (x ).
Et on sait qu’un déterminant est nul dès que deux colonnes sont égales.

On a donc ici Dn (x ) = det c1 (x ), c2 (x ), . . . , cn (x ) :


x 1 0 ... ... 0
..
x2 2x 2 0 .
.. ..
x3 3x 2 6x 6 . .
Dn (x ) = .. .. .. .. ..
. . . . . 0
.. .. .. ..
. . . . 0
xn nx n 1 n (n 1)x n 2
... ... n!
En développant suivant la dernière colonne, on voit que Dn (x ) = n ! Dn 1 (x ).

Les constantes d’intégration sont définies par Dn (0) = 0 (car c1 (0) = 0).
On a D1 (x ) = x , et donc D2 (x ) = 2x , ce qui donne ensuite D2 (x ) = x 2 .
Alors D3 (x ) = 3!x 2 donne D3 (x ) = 2!x 3 .
Une formule envisageable est que Dn (x ) = (n 1)!x n . Essayons !

Si on a Dn 1 (x ) = (n 2)!x n 1
, alors Dn (x ) = n ! (n 2)!x n 1
donne Dn (x ) = (n 1)! (n 2)! X n .
C’est une éventualité à écarter. Elle serait peut-être plus vraisemblable avec
Dn (x ) = nDn 1 (x ); mais ce n’est pas le cas ici.
Pour une primitive de x n 1
, on a besoin de nx n 1
. Dans le facteur n !, il reste (n 1)!.

n 1
Hypothèse de récurrence : Dn (x ) = x n k !.
k =1
n n
Alors Dn +1 (x ) = (n + 1)!Dn (x ) donne Dn +1 (x ) = (n + 1)x n k !, d’où Dn +1 (x ) = x n +1 k !.
k =1 k =1
n 1
La formule étant récurrente, on a bien Dn (x ) = x n k ! pour tout n ! $ .
k =1

Ex. 22
Étant donné n et p dans $ , calculer le déterminant de la matrice :
1 1 ... 1
1 1 1
$n $n +1 ... $n +p
A(n, p) = .. .. .. ! !p+1 (").
. . .
p p p
$n $n +1 ... $n +p

i 1
Pour 1 ( i ( p + 1 et 1 ( j ( p + 1, le terme (i, j) de A(n, p) est $n +j 1.

Confrontés à des coefficients du binôme, il est raisonnable de penser à la formule du triangle de


p p 1 p
Pascal : $n = $n 1 + $n 1.

i 1 i 1 i 2
En retranchant le terme (i, j + 1) au terme (i, j), on a $n +j $n +j 1 = $n +j 1, pour i ! 2.

288 Sujets d’oraux


1 1 0
1 1 0
$n +j $n +j 1 $n +j 1
.. .. ..
. . .
Avec cj+1 = i 1 et cj = i 1 , il vient cj+1 cj = i 2 .
$n +j $n +j 1 $n +j 1
.. .. ..
. . .
p p p 1
$n +j $n +j 1 $n +j 1
Une précaution est indispensable.
Si on soustrait la colonne 1 à la colonne 2, la nouvelle colonne 2 ne permet plus d’exploiter le
résultat ci-dessus.
En revanche, si on commence par soustraire la colonne p à la colonne p + 1, la colonne p reste
inchangée et on peut alors envisager de soustraire la colonne p 1 à la colonne p avec la même
formule.
Pour k variant de p + 1 à 2 (dans l’ordre décroissante), on retranche la colonne k 1 à la colonne
k.
Ces opérations élémentaires sur les colonnes ne changent pas le déterminant de A(n, p).
1 0 0 ... 0
1
$n 1 1 ... 1
2 1 1 1
On a donc det A(n, p) = $n $n $n +1 ... $n +p 1
.. .. .. ..
. . . ... .
p p 1 p 1 p 1
$n $n $n +1 ... $n +p 1

En développant suivant la première ligne, il vient que det A(n, p) = det A(n, p 1).
1 1
On en déduit que det A(n, p) = det A(n, 1) = 1 1 = 1.
$n $n +1

Ex. 23
Étudier le système d’inconnue (x, y, z ) ! "3 , selon (p, q, r, s) ! "4 :
2y + 2z = p
2x + z = q
,=
2x y=r
x 2y + 2z = s

Première solution
Pour ce système à trois inconnues (x, y, z ) ! "3 , le plus immédiat est de considérer le système
formé par les trois premières inconnues et de voir éventuellement la compatibilité avec la
quatrième.
2y + 2z = p
0 2 2
Le déterminant du système 2x + z = q est 2 0 1 = 0.
2 1 0
2x y=r
Ce n’est pas un bon choix initial. Prenons alors le système formé des trois dernières équations.
2x + z = q
2 0 1
Le déterminant du système , = 2x y=r est 2 1 0 = 9.
1 2 2
x 2y + 2z = s
, admet une solution et une seule.

Chapitre 6 - Matrices et systèmes linéaires. Déterminants. Changement de base 289


On peut exprimer y avec la troisième équation et reporter dans les deux autres pour se ramener
à un système de deux équations à deux inconnues, ou utiliser les formules de Cramer. L’existence
et l’unicité étant garanties, tous les moyens sont bons...

1 1 1
On obtient : x= ( 2q 2r + s), y = (4q 5r 2s), z = (5q 4r + 2s).
9 9 9
Ce triplet convient si et seulement si il vérifie aussi la première équation 2y +2z = p c’est-à-dire si
et seulement si 2(4q 5r 2s) + 2(5q 4r + 2s) = 9p, soit, finalement :
p 2q + 2r = 0.
Deuxième solution
x 2y + 2z apparaît dans le produit scalaire (dans "3 usuel) des vecteurs X = (x, y, z ) et
N = (1, 2, 2).
Le problème semble avoir une interprétation géométrique. Il reste à voir une interprétation des
trois premières équations.

Avec X = (x, y, z ) et N = (1, 2, 2), l’équation x 2y + 2z = s se lit (X N ) = s.


2y + 2z
Notons que X N= 2x + z . En posant A = (p, q, r ), le système équivaut à :
2x y
(X N ) = s et X N = A.
X N = A admet une solution si et seulement si (A N ) = 0, c’est-à-dire p 2q + 2r = 0,
N A
et ses solutions sont les X = 2 + #N , avec # ! ".
N

Il reste à choisir # pour que X vérifie (X N ) = s.

On a (N A N ) = 0, donc X vérifie (X N ) = s si et seulement si # N 2 = s


1
et la solution du système est X = N A + sA .
N 2

On a N 2 = 9. Le soin de retrouver la solution obtenue par la première méthode est laissé à


l’initiative du lecteur.

Ex. 24
Soit n et p dans $ . Étudier le rang de la matrice :
p2 (p + 1)2 ... (p + n 1)2
(p + 1)2 (p + 2)2 ... (p + n )2
Mn (p) = .. .. .. ! !n (").
. . .
(p + n 1)2 (p + n )2 ... (p + 2n 2)2

Commençons par étudier les cas simples : n = 1 et n = 2.

Pour n = 1, on a M1 (p) = (p2 ) et elle est de rang 1 puisque l’on a p " 0.


p2 (p + 1)2
Pour n = 2, on a M2 (p) = .
(p + 1)2 (p + 2)2

290 Sujets d’oraux


Le calcul brutal du déterminant n’est pas difficile, mais on peut aussi commencer par retrancher
la première ligne à la seconde.

p2 (p + 1)2
Alors det M2 (p) = puis on retranche la première colonne à la seconde
2p + 1 2p + 3
p2 2p + 1
pour obtenir det M2 (p) = et il vient det M2 (p) = 2p2 4p 1.
2p + 1 2
1 1
2p2 4p 1 = 0 équivaut à p2 + 2p + = 0 ou encore à (p + 1)2 = , ce qui n’a pas de solution
2 2
dans $ .
On a donc det M2 (p) " 0 et M2 (p) est de rang 2.

On ne change pas le rang d’une matrice en retranchant une ligne à chacune des autres.
Le terme (i, j) de Mn (p) est (p + i + j 1)2 et on a (p + i + j)2 (p + i + j 1)2 = 2(p + i + j) 1.

À la ligne n , on retranche la ligne n 1, puis à la ligne n 1, on retranche la ligne n 2, et ainsi


de suite pour retrancher enfin la ligne 1 à la ligne 2.
Pour n ! 3, le rang de Mn (p) est donc aussi celui de :
p2 (p + 1)2 ... (p + n 1)2
2p + 1 2p + 3 ... 2p + 2n 1
Mn (p) = .. .. ..
. . .
2p + 2n 3 2 p + 2n 1 ... 2p + 4n 5
Dans cette matrice, à la ligne n , on retranche la ligne n 1, puis à la ligne n 1, on retranche
la ligne n 2, et ainsi de suite pour retrancher enfin la ligne 2 à la ligne 3.
On a Ln Ln 1 = Ln 1 Ln 2 = . . . = L3 L2 = ( 2 2 ... 2)
2 2
p (p + 1) ... (p + n 1)2
2p + 1 2p + 3 ... 2p + 2n 1
donc Mn (p) a même rang que Mn (p) = 2 2 ... 2 .
.. .. ..
. . .
2 2 ... 2
p2 (p + 1)2 ... (p + n 1)2
Elle a aussi même rang que Mn (p) = 2p + 1 2p + 3 ... 2p + 2n 1 .
2 2 ... 2
À ce stade, on a rg Mn (p) ( 3.
Examinons une matrice carrée extraite d’ordre 3.

p2 (p + 1)2 (p + 2)2
Soit Nn (p) = 2p + 1 2p + 3 2p + 5 !!3 (") la matrice extraite de Mn (p) en considérant
2 2 2
les éléments des trois premières colonnes et trois premières lignes.
p2 (p + 1)2 (p + 2)2 p2 2p + 1 2p + 3
On a det Nn (p) = 2 2p + 1 2p + 3 2p + 5 = 2 2p + 1 2 2 = 8.
1 1 1 1 0 0
Nn (p) est alors de rang 3 et il s’ensuit que

pour tout n ! 3 et tout p ! 1, Mn (p) est de rang 3.

Chapitre 6 - Matrices et systèmes linéaires. Déterminants. Changement de base 291


C Changement de base
En préliminaire, donnons brièvement quelques notions élémentaires.

Notion de valeur propre et de vecteur propre

Ces notions sont d’un usage constant en algèbre linéaire.


Les mots en eux-mêmes ne figurent pas au programme de première année et pour pallier ce
manque de vocabulaire, on est contraint d’utiliser des périphrases qui ne contribuent pas à la
clarté d’un énoncé.

Valeurs propres
Soit f un endomorphisme d’un espace vectoriel E , réel ou complexe.
Un scalaire # est une valeur propre pour f si :
il existe un vecteur x non nul tel que f (x ) = #x .
Cela équivaut à dire que qu’il existe x " 0E tel que :
f (x ) = # Id(x ) ou encore à (f # Id)(x ) = 0E .
Et cela équivaut à dire que le noyau de f # Id n’est pas réduit au vecteur nul.
Cela équivaut enfin à dire que f # Id n’est pas injective.

Vecteurs propres
Un vecteur non nul x est un vecteur propre pour f si :
il existe un scalaire # tel que f (x ) = #x .
Soit # une valeur propre pour f . Il est immédiat que x ! E, f (x ) = #x est un sous-espace
vectoriel de E non réduit à 0E .
C’est le sous-espace propre pour f associé à la valeur propre #.
Ce sous-espace propre n’est autre que le noyau de f # Id.
Si # est une valeur propre pour f , la restriction de f au sous-espace propre V# associé à # est
l’homothétie vectorielle de rapport #.
Notons que si un scalaire $ n’est pas une valeur propre pour f , alors x ! E, f (x ) = $x est le
sous-espace nul 0E de E .

Recherche des valeurs propres en dimension 2 ou 3


# est valeur propre pour f si et seulement si det(f # Id) = 0.
Si A est la matrice de f dans une base de E , les valeurs propres de f sont définies par det(A #I ) = 0.
Le fait de disposer de ces éléments, faciles à assimiler, permet bien souvent de décrypter des sujets
dont on ne voit pas toujours clairement le fil conducteur.

Ex. 25
Exemple de mise en pratique des notions de valeurs ou vecteurs propres
L’espace vectoriel E = "3 est rapporté à sa base canonique '. On considère l’endomorphisme
7 2 2
f de matrice A = 2 4 1 .
2 1 4
Déterminer les réels # tels qu’il existe x " 0E vérifiant f (x ) = #x .
Pour chacune des valeurs obtenues, déterminer l’ensemble des x ! E tels que f (x ) = #x .

292 Sujets d’oraux


C’est le style de rédaction que l’on peut trouver alors qu’il s’agit simplement de chercher les
valeurs propres et les sous-espaces propres pour f .
Il s’agit alors dans un premier temps de chercher les valeurs propres et l’usage d’un déterminant
est tout indiqué.
7 # 2 2
On a det(f # Id) = 2 4 # 1 . Les valeurs propres de f sont les valeurs d’annu-
2 1 4 #
lation de ce déterminant.
En l’absence de remarques particulières, on peut appliquer la règle de Sarrus.
On obtient det(f # Id) = #3 +15 #2 63 # +81 = P (#).
Il est bon de remarquer qu’une racine entière éventuelle du polynôme P (#) est un diviseur de 81.
On essaie alors 3, 3. . .
3 est racine de P (#) et on peut factoriser par (# 3) : P (#) = (# 3)(#2 12 # +27) et les racines
de P (#) sont 3 (racine double) et 9 (racine simple).
On aurait pu remarquer que, en notant c1 , c2 et c3 les colonnes de A #I , le déterminant de
(c1 , c2 , c3 ) est égal à celui de (c1 c2 + c3 , c2 , c3 ) et on obtient :
3 # 2 2 1 2 2
det(f # Id) = (3 #) 4 # 1 = (3 #) 1 4 # 1 .
3 # 1 4 # 1 1 4 #
1 2 2
Des opérations élémentaires sur les lignes donnent ensuite P (#) = 0 6 # 3 .
0 3 6 #
En conclusion les valeurs propres de f sont 3 et 9.
Les vecteurs propres relatifs à 9 sont les éléments du noyau de f 9 Id.
2x + 2y 2z = 0 ,
2 2 2
On a A 9I = 2 5 1 . On résoud alors le système 2x 5y z = 0,
2 1 5
2x + y + 5z = 0.
En ajoutant la première équation aux deux autres, on obtient un système équivalent :
2x + 2y 2z = 0
x =y z
3y 3z = 0 ou encore dont les solutions sont (2y, y, y).
z= y
3 y + 3z = 0
Ce noyau est le sous-espace engendré par u = (2, 1, 1).
Les vecteurs propres relatifs à 3 sont les éléments du noyau de f 3 Id.
4x + 2y 2z = 0
4 2 2
On a A 3I = 2 1 1 . On résoud alors le système 2x + y z=0
2 1 1
2x y + z = 0
qui se réduit à 2x + y z = 0. C’est l’équation d’un plan vectoriel dont une base est v = (0, 1, 1),
w = (1, 2, 0).
On a f (u ) = 9u , f (v) = 3v, f (w) = 3w. Et si par hasard (u, v, w) était une base ?
En complément, le déterminant des vecteurs u , v, w est égal à 6, donc ' = (u, v, w) est une base
9 0 0
de E et dans cette base, la matrice de f est A = 0 3 0 .
0 0 3
Voilà, sur un exemple, un aperçu du fil conducteur de nombreux sujets en algèbre linéaire. À
méditer !

Chapitre 6 - Matrices et systèmes linéaires. Déterminants. Changement de base 293


Ex. 26
2 1 1
Soit f ! %("3 ) dont la matrice, dans la base canonique ' est A = 1 2 1 .
1 1 2
Déterminer une base ' dans laquelle la matrice de f est diagonale.

Dire que la matrice de f dans une base ' = (u1 , u2 , u3 ) est diagonale revient à dire que u1 , u2
et u3 sont vecteurs propres pour f .

Les valeurs propres de f sont les racines de l’équation :


2 # 1 1
P (#) = 0, avec P (#) = 1 2 # 1 .
1 1 2 #
En ajoutant les deux dernières colonnes à la première, on obtient :
4 # 1 1 1 1 1
P (#) = 4 # 2 # 1 puis P (#) = (4 #) 1 2 # 1 .
4 # 1 2 # 1 1 2 #
Dans le dernier déterminant, on retranche la première ligne aux deux autres et il vient :
1 1 1
P (#) = (4 #) 0 1 # 0 puis P (#) = (4 #)(1 #)2 .
0 0 1 #
Les valeurs propres de f sont ainsi 4 et 1.

On peut s’occuper maintenant des vecteurs propres. C’est parmi eux que l’on choisira les éléments
d’une nouvelle base.

Les éléments v = (x, y, z ) vérifient f (v) = v si et seulement si x + y + z = 0. Une base du plan


vectoriel ainsi défini est (u1 , u2 ) avec u1 = (1, 1, 0) et u2 = (0, 1, 1).
2x + y + z = 0,
Les éléments v = (x, y, z ) vérifient f (v) = 4v si et seulement si x 2y + z = 0,
x+y 2z = 0 .
Sans chercher à résoudre ce système, on voit que u3 = (1, 1, 1) est solution.

Nous disposons de trois vecteurs. Il reste à voir si ils constituent une famille libre.

1 0 1
On a det' (u1 , u2 , u3 ) = 1 1 1 = 3.
0 1 1
Il s’ensuit que ' = (u1 , u2 , u3 ) est une base de "3 .
1 0 0
Dans cette base, la matrice de f est A = 0 1 0 .
0 0 4
1 0 1
Notons que P = 1 1 1 est la matrice de passage de ' à ' .
0 1 1

294 Sujets d’oraux


Ex. 27
Dans l’espace vectoriel E = "3 , on considère la base canonique ' = (i, j, k ), avec i = (1, 0, 0),
j = (0, 1, 0) et k = (0, 0, 1), et l’endomorphisme f dont la matrice dans la base ' est :
2 1 2
15 A=
6 11 .
14 6 11
On pose u = i + j + 2k , v = 3j + 2k et ' = (u, v, k ).
Montrer que ' est une base de E . On note P la matrice de passage de ' à ' .
Déterminer la matrice T de f dans la base ' et exprimer An à l’aide de n , I , A et A2 .

Quelques remarques pour voir...

On obtient aisément f (u ) = i + j + 2k : le vecteur u est invariant par f .


En revanche, f (v) = 2f (j) + 3f (k ) = i + 4j + 4k n’a rien de remarquable pour l’instant.
1 0 0
La matrice de ' dans ' est 1 3 0 . Elle est triangulaire, de termes diagonaux non nuls.
2 2 1
Elle est donc de rang 3 et ' est une base. Cette matrice P est la matrice de passage de ' à ' .
1
La matrice de f dans la base ' est T = P AP .
1
Pour calculer P , on peut passer par la résolution d’un système linéaire PX = X .

x= x
x =x 1 0 0
1 1 1 1
x + 3y = y donne y= x + y et il s’ensuit P 1
= 0 .
3 3 3 3
4 2
2x + 2y + z = z 4 2 1
z= x y +z 3 3
3 3
1 1 2
1
Un produit matriciel donne alors : T = P AP = 0 1 3 .
0 0 1
T est de la forme I3 + N . Comme N est strictement triangulaire, elle est nilpotente.
Comme elle commute avec I3 , la formule du binôme donnera aisément T 3 .
0 1 2 0 0 3
Avec N = 0 0 3 , il vient N 2 = 0 0 0 puis N 3 = 0 donc N r = 0 pour r ! 3.
0 0 0 0 0 0
N étant la matrice dans la base ' de f Id, il en résulte que g = f Id est nilpotent et donc
k
A I3 = mat' (f Id) est nilpotente : A I3 = 0 pour k ! 3.
Posons B = A I3 , B et I3 étant permutables, la formule du binôme s’applique et donne :

n n (n 1) n (n 1)
A n = I3 + B = I 3 + nB + B 2 soit An = I3 + n A I3 + A2 2A + I3
2 2
et finalement :
(n 1)(n 2) n (n 1)
An = I3 n (n 2)A + A2 .
2 2

Chapitre 6 - Matrices et systèmes linéaires. Déterminants. Changement de base 295


Thèmes d’étude - Problèmes
1 Changement de base pour un endomorphisme
E est l’espace vectoriel "3 rapporté à sa base canonique '.
I désigne la matrice unité d’ordre 3.
1 1 2
" est l’endomorphisme de E dont la matrice dans la base ' est A = 2 1 2 .
3 1 4

1) a) Montrer que A est inversible et calculer l’inverse de A.


b) Déterminer les réels # pour lesquels la matrice A #I n’est pas de rang 3.
c) Déterminer, pour chacune des valeurs de # ainsi rencontrées, le noyau de " # Id.
1 0 0
d) En déduire une base dans laquelle la matrice de " est D = 0 1 0 .
0 0 2

2) a) Vérifier que A3 = 2A2 + A + 2I .


b) Montrer que, pour tout n entier relatif, il existe des rationnels an , bn et cn tels que
An = an A2 + bn A + cn I .
an +1 an
c) Écrire la matrice C telle que : bn +1 =C bn .
cn +1 cn

3) Soit - l’endomorphisme de E dont la matrice, dans la base ', est C .


a) En s’inspirant de 1), montrer qu’il existe une base de E dans laquelle la matrice de - est
diagonale.
b) En déduire C n et calculer les nombres &n , 'n et .n en fonction de n .

Solution

1) a) Une solution : on utilise les opérations élémentaires sur les lignes par exemple.
Après avoir prouvé que A est de rang 3, on poursuit pour en calculer l’inverse.
1 1 2 1 0 0
A= 2 1 2 I= 0 1 0
3 1 4 0 0 1

1 1 2 1 0 0
L2 L2 2L1 et L3 L3 3L1 0 1 2 2 1 0
0 2 2 3 0 1

1 1 2 1 0 0
L3 L3 2L2 0 1 2 2 1 0
0 0 2 1 2 1

1 1 0 0 2 1
L2 L2 + L3 et L1 L1 L3 0 1 0 1 1 1
0 0 2 1 2 1

296 Thèmes d’étude – Problèmes


1 0 0 1 1 0
L1 L1 + L2 0 1 0 1 1 1
0 0 2 1 2 1
1 0 0 1 1 0
1 1
L2 L2 et L3 L 0 1 0 1 1 1 =A .
2 3 0 0 1
1 1 1
2 2

Autre solution : on calcule det A puis on cherche l’inverse de A par résolution d’un système
linéaire.
1 1 2 1 1 2
En retranchant la ligne 1 aux deux autres, il vient det A = 2 1 2 = 1 0 0 = 2.
3 1 4 2 0 2
x +y 2z = a x+y 2z = a
Le système 2x + y 2z = b équivaut à x=b a en retranchant la première
3x + y 4z = c 2x 2z = c a
équation aux deux autres.
1 1 0
1 1 1 1
La solution est x = a + b, y = a + b c, z = ( a + 2b c ), d’où A 1 = .
2 1 1
1
2 2
1 # 1 2
b) A #I = 2 1 # 2 .
3 1 4 #
Une solution met en œuvre des opérations élémentaires.
En effectuant successivement C1 C1 + C2 + C3 et C3 C3 + 2C2 , on obtient :
# 1 0
1 # 1 # 2# .
# 1 2 #
# 1 0
En faisant maintenant L3 L3 L1 , on obtient 1 # 1 # 2# .
0 0 2 #
1 # 1 0
En effectuant enfin C1 C1 C2 on obtient 0 1 # 2# .
0 0 2 #
On en déduit que A #I n’est pas de rang 3 si et seulement si # ! 1, 1, 2 .
1 # 1 2
Autre solution avec det(A #I ) = 2 1 # 2 . On ajoute les colonnes 2 et 3 à la
3 1 4 #
# 1 2 # 1 2
première : det(A #I ) = 1 # 1 # 2 = 1 # 1 # 2 en retranchant
# 1 4 # 0 0 2 #
la ligne 1 à la troisième.
Il vient alors det(A #I ) = (#+2)(#2 1), donc rg(A #I ) < 3 si et seulement si #! 1, 1, 2 .
y 2z = 0
y = 2z
c) u = (x, y, z ) est invariant par " si et seulement si 2x 2z = 0 soit :
x=z
3x + y 5z = 0
Ce sont les vecteurs du sous-espace " i , avec i = (1, 2, 1).
2x + y 2z = 0
y=0
u = (x, y, z ) vérifie "(u ) = u si et seulement si 2x + 2y 2z = 0 c’est-à-dire
x =z
3x + y 3z = 0

Chapitre 6 - Matrices et systèmes linéaires. Déterminants. Changement de base 297


Les vecteurs changés en leur opposé sont ceux du sous-espace " j , avec j = (1, 0, 1).
3x + y 2z = 0 ,
Les vecteurs u = (x, y, z ) tels que "(u ) = 2u sont caractérisés par 2x + 3y 2z = 0 ,
3x + y 2z = 0 .
Ce sont ceux du sous-espace " k , avec k = (4, 2, 7).

d) On a det( i , j , k ) = 6 donc rg( i , j , k ) = 3. Dans la base ( i , j , k ), la matrice de


1 0 0 1 1 4
" est D = 0 1 0 . Notons que la matrice de passage est P = 2 0 2 .
0 0 2 1 1 7

2) a) Avec An = PDn P 1 , on a A3 + 2A2 A 2I = P (D 3 + 2D 2 D 2I )P 1


et on voit aisément
que D 3 + 2D 2 D 2I = 0, et il s’ensuit A3 = 2A2 + A + 2I .
b) Avec A0 = I , posons (a0 , b0 , c0 ) = (0, 0, 1), (a1 , b1 , c1 ) = (0, 1, 0), (a2 , b2 , c2 ) = (1, 0, 0).
On a (a3 , b3 , c3 ) = ( 2, 1, 2).
En supposant, pour n ! 3, qu’il existe (an , bn , cn ) tel que An = an A2 + bn A + cn I , il vient :
An +1 = an A3 + bn A2 + cn A = an ( 2A2 + A +2I )+ bn A2 + cn A = ( 2an + bn )A2 +(an + cn )A +2an I
d’où (an +1 , bn +1 , cn +1 ) = ( 2an + bn , an + cn , 2an ). L’existence des suites an , bn et cn
est ainsi prouvée par récurrence.
an +1 2 1 0 an an
c) D’après b), on a pour n ! 3 : bn +1 = 1 0 1 bn =C bn .
cn +1 2 0 0 cn cn
an 0
Et cela convient encore pour n ! 0, 1, 2 , d’où bn = Cn 0 .
cn 1
2 # 1 0
3) a) On a det(C #I ) = 1 # 1 = (# + 2)(#2 1), les valeurs propres de C sont
2 0 #
donc 1, 1 et 2.
b) Les vecteurs propres de la matrice C , relatifs à 1, 1 et 2 sont caractérisés respectivement
par :
3x + y = 0 x+y=0 y=0
x y+z =0 x +y+z =0 x + 2y + z = 0
2x z=0 2x + z = 0 2x + 2z = 0
Les sous-espaces propres sont dirigés par u = (1, 3, 2), v = (1, 1, 2) et w = (1, 0, 1).
1 1 1
On a det( u , v , w ) = det Q = 6 avec Q = 3 1 0 ,
2 2 1
Il s’ensuit que C = QDQ 1
, puis C n = QDn Q 1
.
x +y+z =a
1 1 1
3x + y = b donne x = (a + b + c ), y = ( a + b c ) et z = (4a 2b + c ) d’où :
6 2 3
2x 2y z=c
1 1 1
1
Q 1= 3 3 3 .
6
8 4 2
1 1 1
Il s’ensuit an = 1 + 3( 1)n +1 ( 2)n +1 , bn = 1 + ( 1)n +1 , cn = 1 + 3( 1)n ( 2)n .
6 2 3

298 Thèmes d’étude – Problèmes


2 Matrice et équation de degré 3
Notations
et j = e2i 3 ,
3 0
/= 3
! désigne l’anneau !3 (#), de matrice unité notée I .
a 3c 3b
M (a, b, c ) désigne la matriceb a 3c , avec (a, b, c ) ! #3 .
c b a
( est l’ensemble des matrices M (a, b, c ).

1) a) Montrer que ( est un sous-espace vectoriel de !.


0 0 3 0 3 0
On pose U = 1 0 0 et V = 0 0 3 . Montrer que (I, U, V ) est une base de (.
0 1 0 1 0 0
b) Soit " : #3 ( , (a, b, c ) # M (a, b, c ). Montrer que " est linéaire et bijective.

2) a) Vérifer que UV , VU , U 2 et V 2 sont dans (.


b) Montrer que ( est un sous-anneau commutatif de !.
3) a) Soit A appartenant à !. Montrer que AM = MA pour tout M ! ( si et seulement si :
AU = UA.
b) Montrer que AU = UA si et seulement si A appartient à (.

4) Former le produit M (a, b, c ) . M (a, bj, cj2 ) . M (a, bj2 , cj).


En déduire que M (a, b, c ) est inversible si et seulement si a 3 + 3b3 + 9c 3 9abc " 0 et que
son inverse est dans (.
5) a) Étant donné &, ', . complexes, développer et réduire :
(& + ' + .)(& + 'j + .j2 )(& + 'j2 + .j).
b) En déduire une décomposition de a 3 + 3b3 + 9c 3 9abc en produit de termes de la forme
a + xb + yc , avec des coefficients x , y indépendants de a , b et c .

6) a) En utilisant 4), montrer qu’il y a trois complexes # tels que M (a, b, c ) #I ne soit pas
inversible.
b) Retrouver ce résultat en calculant le déterminant de M (a, b, c ) #I .

Solution

1) a) M (a, b, c ) = aI + bU + cV montre que ( est le sous-espace des combinaisons linéaires de


(I, U, V ).
a 3c 3b
aI + bU + cV = 0 : b a 3c = 0, d’où a = 0, b = 0 et c = 0.
c b a
Libre et génératrice, (I, U, V ) est une base de (.
b) M (a, b, c ) + #M (a , b , c ) = (a + #a )I + (b + #b )U + (c + #c )V montre que :
" (a, b, c ) + #(a , b , c ) = "(a, b, c ) + # " (a , b, , c ),
d’où la linarité de ".

Chapitre 6 - Matrices et systèmes linéaires. Déterminants. Changement de base 299


Avec "(1, 0, 0) = I , "(0, 1, 0) = U et "(0, 0, 1) = V , l’image par " de la base canonique de # 3 est
une base de (, donc " est bijective.

2) a) On a UV = 3I , VU = 3I , U 2 = V et V 2 = 3U .
b) ( est un sous-groupe de (!, +), puisque sous-espace de !. En outre ( contient I .
(aI + bU + cV )(a I + b U + c V ) = aa I +(ab + a b)U +(ac + a c )V + bb U 2 + cc V 2 + bc UV + cb VU
= (aa + 3bc + 3b c )I + (ab + a b + 3cc )U + (ac + a c + bb )V.
( est ainsi stable pour le produit et deux éléments de ( commutent.

3) a) La condition est évidemment nécessaire.


Si AU = UA, alors AU 2 = UAU = U (AU ) = U (UA) = U 2 A. Avec U 2 = V , il vient AV = VA.
Commutant ainsi avec U et V , A commute avec toute combinaison linéaire aI + bU + cV ,
c’est-à-dire avec toute M ! (.
a1 a2 a3
b) Soit A = b1 b2 b3 ! !.
c1 c2 c3
3c1 3c2 3c3 a2 a3 3a1
En détaillant UA = AU , il vient a1 a2 a3 = b2 b3 3b1 .
b1 b2 b3 c2 c3 3c1
On en déduit a1 = b2 = c3 , a2 = b3 = 3c1 et a3 = 3b1 = 3c2 , c’est-à-dire A appartient à (.

4) En utilisant le résultat obtenu en 2)b), il vient :


M (a, b, c ) . M (a, bj, cj 2 ) = M a 2 3bc, (3c 2 ab)j2 , (b2 ac )j
et une nouvelle utilisation donne :
M (a, b, c ) . M (a, bj, cj 2 ) . M (a, bj2 , cj) = M (a 3 + 3b3 + 9c 3 9abc, 0, 0) = (a 3 + 3b3 + 9c 3 9abc )I .
3 3 3
On en déduit que, si *(a, b, c ) = a + 3b + 9c 9abc est différent de 0, alors M (a, b, c ) est
inversible. En notant que *(a, bj, cj2 ) = *(a, bj2 , cj) = *(a, b, c ), alors M (a, bj, cj2 ) et M (a, bj2 , cj)
sont inversibles.
On en déduit que, avec un produit de matrices simultanément inversibles ou non, M (a, b, c )
est inversible si et seulement si *(a, b, c ) " 0.
1
Et que son inverse M (a, bj, cj2 ) . M (a, bj2 , cj) est dans (.
*

5) On a (& + 'j + .j2 )(& + 'j2 + .j) = &2 + '2 + .2 + (' & + & . + .')j + (' & + & . + .')j2
= &2 + '2 + . 2 (' & + & . + .').
On en déduit (& + ' + .)(& + 'j + .j )(& + 'j + .) = &3 + '3 + .3
2 2
3 & '..
Avec & = a , ' = b/ et . = c /2 , il vient :
a 3 + 3b3 + 9c 3 9abc = (a + b / +c /2 )(a + b / j + c /2 j2 )(a + b / j2 + c /2 j).

6) a) La matrice M (a, b, c ) #I est aussi la matrice M (a #, b, c ). En utilisant la question 4)a),


il vient que M (a, b, c ) #I n’est pas inversible si et seulement si # vérifie :
(a #)3 + 3b3 + 9c 3 9(a #)bc = 0
2 2 2 2 2
c’est-à-dire # ! a + b / +c / , b / j + c / j , b / j + c / j .
a # 3c 3b
b) det(M (a, b, c ) #I ) = b a # 3c = (a #)3 + 3b3 + 9c 3 9(a #)bc avec toute
c b a #
méthode au choix.

300 Thèmes d’étude – Problèmes


3 Matrices pseudo-magiques
Soit n un entier naturel, n ! 2.
On considère le sous-ensemble E de Mn (") formé des matrices A = [ai j ] telles que les 2n
n n
nombres sk = akj et 1k = aik , pour k ! [[ 1, n ]], soient égaux.
j =1 i =1
Lorsque A appartient à E , on note d (A) la valeur commune de ces 2n nombres.
On note J la matrice dont tous les éléments sont égaux à 1.
1) Montrer que E est, pour les lois usuelles de Mn ("), un "-espace vectoriel et que l’appli-
cation d : E ", A # d (A), est linéaire.
2) a) Montrer que, si A appartient à E , AJ = JA = d (A)J .
b) Soit A un élément de Mn ("). On suppose qu’il existe & ! " tel que AJ = JA = &J .
Montrer que A est dans E .
c) Montrer que E est un sous-anneau de Mn (").
A et B étant des éléments de E , calculer d (AB) en fonction de d (A) et d (B).
1
3) Montrer que, si A ! E est inversible dans Mn ("), alors A est dans E .
1
Comparer alors d (A ) et d (A).

d (A)
4) Soit A un élément de E . On pose B = J et C = A B.
n
a) Montrer que B et C sont dans E .
b) Calculer d (B), d (C ), BC et CB.
c) Montrer que, quel que soit p dans $ , Ap = Bp + Cp .

5) Soit F le sous-espace vectoriel de E formé des matrices A de E telles que d (A) = 0


– c’est-à-dire le noyau de d – et G le sous-espace de E engendré par J .
a) Montrer que F et G sont des sous-espaces supplémentaires dans E .
b) Étant donné les entiers r et s, 2 ( r ( n , 2 ( s ( n , on note Ars la matrice dont tous les
éléments sont égaux à 0, sauf a11 = ars = 1 et a1s = ar 1 = 1.
Montrer que les matrices Ars constituent une base de F . En déduire la dimension de E .

Solution

1) Pour A et B dans E , # et $ dans ", on considère C = #A + $B : ci j = #ai j + $bi j .


On a si = # ai j + $ bi j = #d (A) + $d (B) et 1j = # ai j + $ bi j = #d (A) + $d (B).
j j i i
Il s’ensuit que #A + $B est dans E qui est ainsi un sous-espace vectoriel de !n (") (notons que
0, I et J sont dans E ) et que d (#A + $B) = #d (A) + $d (B) ce qui montre que d est linéaire.

2) a) Soit A = [ai j ] ! E . Posons AJ = [&i j ] et JA = ['i j ], on a alors :


&i j = aik = si = d (A) et 'i j = akj = 1j = d (A) d’où AJ = JA = d (A)J .
k k

Chapitre 6 - Matrices et systèmes linéaires. Déterminants. Changement de base 301


b) Avec A = [ai j ], posons AJ = [&i j ] et JA = ['i j ], on a :
&i j = aik = si et 'i j = akj = 1j .
k k
Avec AJ = JA = &J , on a si = & et 1j = & et il s’ensuit A ! E , avec d (A) = &.
c) Étant donné A et B dans E , on a :
ABJ = A(BJ ) = A d (B)J = d (B)AJ = d (B)d (A)J et JAB = (JA)B = d (A)JB = d (A)d (B)J .
De la question précédente on déduit que AB est dans E et que d (AB) = d (A)d (B).
Ainsi, E est un sous-groupe (pour l’addition) de !n (") stable pour la multiplication de !n (").
Comme on a I ! E , il vient que E est un sous-anneau de !n (").
3) On a J = A 1 AJ = A 1 d (A)J = d (A)A 1 J . Nécessairement, avec J " 0, on a d (A) " 0 et
1 1 1
donc A J = J et J = JAA 1 = d (A)JA 1 donne JA 1 = J.
d (A) d (A)
1 1 1
D’après 2), il s’ensuit que A est dans E et d (A ) = d (A) .

4) a) B et C sont dans E parce que E est un sous-espace vectoriel de !n (").


d (A)
b) Par linéarité de d on a d (B) = n d (J ) = d (A) et d (C ) = d (A) d (B) = 0.

d (A) d (A) d (A) d (A)


Alors il vient BC = JC = d (C )J = 0 et CB = CJ = d (C )J = 0.
n n n n
c) Comme B et C commutent, on applique la formule du binôme. En regroupant les termes,
il existe M ! !n (") telle que Ap = (B + C )p = Bp + Cp + MBC d’où Ap = Bp + Cp .
d (A)
5) a) Tout A ! E peut s’écrire A = B + C , avec B = n J ! G et C ! F puisque d (C ) = 0.
Soit A ! F # G . A = #J et d (A) = 0. Avec d (#J ) = n #, il vient # = 0 puis A = 0.
En conclusion, on a E = F & G . 1 si i = j = 1
*js si i = 1
b) Il est immédiat que Ars est dans E et que d (Ars ) = 0. On a (Ars )i j =
*ir si j = 1
*ir *js si i ! 2 et j ! 2
Soit M ! F . Supposons qu’il existe #rs 2(r,s(n
telle que M = #r,s srs . Alors, pour i ! 2
2(r,s(n

et j ! 2, on a mi j = #rs *ir *js = #i j ce qui donne la famille #r,s 2(r,s(n


de manière
r !2 , s!2
unique. Il reste à vérifier que M = mi j Ai j est bien la matrice M . Notons que M ! F et
2(i,j (n
posons M = mi j . Comme ci-dessus, on obtient : mi j = mi j pour tout (i, j) ! [[ 2, n ]]2 .
n n
Alors mi j = mi j = 0 donne %j ! [[ 2, n ]], m1 j = m1 j ,
i =1 i =1
n n
mi j = mi j = 0 donne %i ! [[ 2, n ]], mi 1 = mi 1 ,
j =1 j =1
n n
et enfin m1 j = m1 j = 0 donne m11 = m11 , donc M = M .
j =1 j =1
On en déduit que tout M ! F est combinaison linéaire, d’une manière unique, des Ars .
La famille (Ars )2(r (n, 2(s(n est donc une base de F qui est ainsi de dimension (n 1)2 . Comme
G est de dimension 1, l’espace E est de dimension (n 1)2 + 1.

302 Thèmes d’étude – Problèmes


4 Inversion d’une matrice
0 3 0
Soit A = 3 0 4 ! !3 (") et f l’endomorphisme de "3 de matrice A dans la base
1 1 0
canonique de "3 .

1) a) Montrer que A est inversible.


b) Calculer le déterminant de A #I3 , où # est réel et I3 est la matrice unité d’ordre 3.
Préciser les valeurs d’annulation de la fonction polynôme PA : # # det(A #I3 ).

c) Pour chacune des valeurs d’annulation précédentes (#1 < #2 < #3 ), donner une base du
noyau de f # Id, où Id est l’identité sur "3 .
1 3 12
2) a) Soit P = 1 1 16 ! !3 ("). Montrer que P est inversible.
0 2 7 x + 3y + 12z = a
b) Étant donné (a, b, c ) ! "3 , résoudre le système (x, y, z ) ! "3 : x y + 16z = b
et en déduire P 1 . 2y + 7z = c
1
3) a) Calculer la matrice D = P AP .

b) Calculer An pour tout n ! $ . Justifier que D est inversible et calculer A 1


.

4) On considère les suites (pn ), (qn ) et (rn ) définies par p0 = 0, q0 = 1, r0 = 0 et :


Pn +1 pn
1
pour tout n ! $,
qn +1 =
4
A qn .
rn +1 rn
Calculer les limites des suites (pn ), (qn ) et (rn ).

Solution

1) a) En développant suivant la première ligne, on obtient det A = 12, donc A est inversible.
# 3 0 # 3 0
b) det(A #I3 ) = 3 # 4 = 3 # 4 en ajoutant les lignes 1 et 2
1 1 # # +4 # +4 # +4
# 3 0 # 3 0
à la troisième. Ainsi, det(A #I3 ) = (4 #) 3 # 4 = (4 #) 1 # 4 4 puis :
1 1 1 0 0 1
det(A #I3 ) = (4 #)(#2 + 4 # +3) = (4 #)(# + 1)(# + 3).

c) (x, y, z ) ! "3 est dans Ker(f + 3 Id) ou dans Ker(f + Id) ou dans Ker(f 4 Id) si et seulement
si , respectivement :
3x + 3y =0 x + 3y =0 4x + 3y =0
3x + 3y + 4z= 0 3x + y + 4 z = 0 3x 4y + 4z= 0
x + y + 3z = 0 x + y + z= 0 x+y 4z= 0
ces sous-espaces sont donc des droites vectorielles dirigées respectivement par :
u = (1, 1, 0) , v = (3, 1, 2) , w = (12, 16, 7).

Chapitre 6 - Matrices et systèmes linéaires. Déterminants. Changement de base 303


1 3
12 1 3 12
2) a) det P = 1 16 = 0
1 2 28 en ajoutant L1 à L2. Il vient det P = 70, donc
0 7 2 0 2 7
P est inversible. En notant que P est la matrice dans la base canonique des vecteurs u , v et w,
il vient que ' = (u, v, w) est une base de "3 . P est alors la matrice de passage de la base
canonique à '.

x + 3y + 12z = a x + 3y + 12z = a
b) x y + 16z = b et à L2 on ajoute L1 : 2y + 28z = a + b
2y + 7z = c 2y + 7z = c

x + 3y + 12z = a
puis à L3 on ajoute L2 : 2y + 28z = a + b
35z = a + b + c

1 1 1
On en déduit z = 35 (a + b + c ) puis y = 10 (a + b 4c ) et x =
14
(5a 9b + 12c ), d’où :

25 45 60
1
P 1= 7 7 28 .
70
2 2 2

1
3) a) La matrice D = P AP est la matrice de f dans la base (u, v, w). Il vient alors :
3 0 0
D= 0 1 0 .
0 0 4

b) Pour tout n ! $ , on a A = PDP 1


et il vient An = PDn P 1
.
n
( 3) 0 0
Avec D n = 0 ( 1)n 0 , on obtient :
0 0 4n
21 + 25 3n + 24( 4)n 21 45 3 n + 24( 4)n 84 + 60 3n + 24( 4)n
n ( 1)n
A =
70 7 25 3n + 32( 4)n 7 + 45 3n + 32( 4)n 28 60 3 n + 32( 4)n
14 + 14( 4)n 14 + 14( 4)n 56 + 14( 4)n
La matrice diagonale D est inversible puisque ses termes diagonaux sont non nuls. On a
A 1 = PD 1 P 1 et le résultat précédent s’applique avec n = 1.
70 / 3 0 70 1/3 0 1
1 1
Il vient alors A = 70 / 3 0 0 = 1/3 0 0 .
70
35 / 2 35 / 2 105 / 2 1/4 1/4 3/4

pn 0
1
4) Avec Un = qn et U0 = 1 , on a Un +1 = 4 AUn , d’où :
rn 0
21 45 3 n + 24( 4)n
1 ( 1)n
Un = n A n U0 = 7 + 45 3n + 32( 4)n .
4 70 4n
14 + 14( 4)n
3n 1 12 16 1
Avec lim = 0 et lim n = 0, il vient lim pn = , lim qn = et lim rn = .
4n 4 35 35 5
On peut noter que pn + qn + rn = 1.

304 Thèmes d’étude – Problèmes


5 Puissances entières de matrices d’ordre 3
Quelques questions peuvent être traitées avec l’emploi de déterminant. Le texte n’y fait pas appel
à l’intention des étudiants qui souhaiteraient un problème sur les matrices sans avoir encore
étudié les déterminants. Leur usage n’est toutefois pas prohibé !

!3 (") est le "-espace vectoriel des matrices carrées réelles d’ordre 3.


1 0 0 0 1 0 0 0 1
On pose I = 0 1 0 , B = 1 0 1 et C = 0 1 0 .
0 0 1 0 1 0 1 0 0
a b c
Pour (a, b, c ) ! "3 , on note T (a, b, c ) la matrice b a + c b et on considère l’ensemble :
c b a
& = T (a, b, c ), (a, b, c ) ! "3 .

1) Montrer que & est un sous-espace vectoriel de !3 (") ; en préciser une base.

2) Exprimer B2 , C 2 , BC et CB à l’aide de I , B et C .
Montrer que & est un sous-anneau de !3 ("). Est-il commutatif ? Est-ce un corps ?

3) a) En étudiant le rang de T (a, b, c ) par opérations élémentaires sur les lignes ou les
colonnes, montrer que T (a, b, c ) est inversible si et seulement si a c " 0 et (a + c )2 2b2 " 0.
b) Former un système de trois équations, d’inconnue (a , b , c )!"3 , qui exprime que T (a, b, c )
admet T (a , b , c ) pour inverse.
c) Calculer, quand c’est possible, a , b et c en fonction de a , b et c .

1
4) Avec K = B et n ! $ , calculer K 2 , K 3 puis K n en distinguant n pair et n impair.
2

5) a) On pose M = T (1, 2, 0). Exprimer M à l’aide de I et K .


k k
b) Montrer que, %n ! $ , M n = I + an K + bn K 2 , avec an = $n 2k , bn = $n 2k .
1(k (n 1(k (n
k impair k pair

c) Expliciter an et bn en fonction de n (on pourra former 1 + an + bn et 1 an + bn ).


n
d) Exprimer M comme combinaison linéaire de I , B et C .

Solution

1) Avec T (a, b, c ) = aI + bB + cC , on a & = Vect(I, B, C ). Et T (a, b, c ) = 0 a =b =c =0


montre que (I, B, C ) est libre ; c’est une base de & qui est donc de dimension 3.

2) On vérifie que B2 = I + C , C 2 = I , BC = CB = B.
Il s’ensuit que & est stable pour le produit matriciel et que deux éléments quelconques de &
commutent. BC = B donne B(C I ) = 0 ; avec B " 0 et C I " 0, & n’est donc pas un corps.
a c b c

3) a) En retranchant C 3 à C 1, T (a, b, c ) a même rang que 0 a +c b .


c a b a

Chapitre 6 - Matrices et systèmes linéaires. Déterminants. Changement de base 305


a c b c

En ajoutant L 1 à L 3, le rang est celui de 0 a +c b .


0 2b a +c

b = 0 : T (a, b, c ) est inversible si et seulement si a c " 0 et a + c " 0.


a c b c
a +c
b " 0 : le rang est celui de la matrice 0 1
2b obtenue en divisant la ligne L 3 par
0 a +c b
2b puis échangeant les lignes L 2, L 3.
a c b c
0 1 a +c
À L 3 on retranche (a + c ) L 2 : le rang est celui de 2b .
2
0 0 b (a + c )
2b
2 2
Alors T (a, b, c ) est inversible si et seulement si a c " 0 et (a + c ) 2b " 0.
Notons que ces conditions contiennent le cas où b = 0.
b) On a T (a, b, c )T (a , b , c ) = (aI + bB + cC )(a I + b B + c C )
= (aa + bb + cc )I + (ba + (a + c )b + bc )B + (ca + bb + ac )C .
aa + bb +cc =1

Si T (a, b, c ) est inversible, son inverse T (a , b , c ), est définie par ba + (a +c )b +bc =0


ca + bb +ac =0

c) La résolution du système donne :


2 2 2 2
a + ac b b b c ac
a = , b = , c = .
(a + c )2 2b2 (a c) (a + c )2 2b2 (a + c )2 2b2 (a c)

1 1 1
4) Avec B2 = I + C , on a K 2 = (I + C ) ; puis avec BC = B, on a K 3 = B (I + C ) = B = K.
2 2 2 2
Si K 2n 1
= K , alors K 2n +1 = K 2n 1
K2 = K K2 = K3 = K.
1 1 1 1
Si K 2n = (I + C ), alors K 2(n +1) = K 2n K2 = (I + C )2 = I + 2C + C 2 = ( I + C ) = K 2 .
2 4 4 2
On a donc, par récurrence, pour tout n ! $ , K 2n 1
= K et K 2n = K 2 .

5) a) M = T (1, 2, 0) = I + 2B = I + 2K .
n
k k k
n
b) M = (I + 2K ) = I +n
$n 2k K k = I + $n 2k K k + $n 2k K k
k =1 1(k (n 1(k (n
k impair k pair
k k
=I+ $n 2k K + $n 2k K 2
1(k (n 1(k (n
k impair k pair
k k
donc M n = I + an K + bn K 2 , avec an = $n 2k et bn = $n 2k .
1(k (n 1(k (n
k impair k pair

c) On a 1 + an + bn = (1 + 2)n = 3n et 1 an + bn = (1 2)n = ( 1)n . Il vient alors :


1 n 1 n
an = 3 ( 1)n et bn = 1+ 3 + ( 1)n .
2 2
B bn bn B bn
d) Alors M n = I + an + (I + C ) = 1 + I + an + C.
2 2 2 2 2

306 Thèmes d’étude – Problèmes


6 Limite et dérivée de matrice
On note ! l’espace !3 ("), 0 la matrice nulle et I la matrice unité. On identifie un vecteur
de "3 avec la matrice colonne de ses composantes dans la base canonique.
Une suite (Mn ) d’éléments de !, Mn = mi j (n ) a une limite si chaque suite numérique
mi j (n ) a une limite et on pose : lim Mn = lim mi j (n ) .
On admettra que les règles usuelles relatives aux limites de sommes et produits s’appliquent
aux sommes et produits matriciels.
Étant donné une application : t # M (t ) = mi j (t ) de " dans !, on dit que M est de classe
1
(respectivement de classe ) si chaque fonction mi j est de classe 1 (resp. ). La
(k ) (k )
dérivée d’ordre k de M est alors définie par M (t ) = mi j (t ) .
On admettra que les règles de dérivation des sommes et produits s’appliquent aux sommes
et produits matriciels.
Soit M ! !. Si M est est diagonalisable, toute expression de la forme M = PDP 1 , où P est
un élément inversible de ! et D une matrice diagonale, est appelée décomposition diagonale
de M ; P est la matrice de passage, D la réduite diagonale.
1 3 1 1
2 1
2 2 2 2
On considère : A = 1 3 , B = 1 1
2 1
2 2 2 2
1 5 1 3
2 1
2 2 2 2
Les rudiments concernant les valeurs propres, vecteurs propres et sou-espaces propres sont
donnés en début de la section C de ce chapitre.

Partie I
1) Déterminer les valeurs propres de A.
Préciser une décomposition diagonale de A : A = P0 D0 P0 1 .
On classera les valeurs propres par ordre de valeurs croissantes et on choisira pour P0 une
matrice dont les vecteurs colonnes ont une première composante égale à 1.

2) Soit n ! $ . Déterminer deux réels &n et 'n tels que : (1) D0n = &n D0 + 'n D02 .
Que peut-on dire de An ?

3) Soit ) le sous-espace vectoriel de ! engendré par la famille (An )n !$ , avec A0 = I .


Déduire de ce qui précède la dimension de ) en précisant une base de ce sous-espace.

Partie II
On désigne par * l’ensemble des matrices M ! ! telles que AM MA = 0 .

1) Vérifier que * est un sous-espace vectoriel de !.


Quelle relation d’inclusion existe-t-il entre * et ) ?
2) Soit # une valeur propre de A et X un vecteur propre associé à #.
Montrer que si M ! *, alors X est un vecteur propre de M .
Que peut-on en conclure pour la matrice P0 1 MP0 ?

Chapitre 6 - Matrices et systèmes linéaires. Déterminants. Changement de base 307


3) Déduire de ce qui précède la forme générale des éléments de *. Comparer * et ).

4) Utiliser ce qui précède pour déterminer les matrices M ! ! telles que M 2 = A.


On donnera de chacune d’elles une décomposition diagonale et son expression explicite.

Partie III
B étant la matrice définie dans le préambule et t un nombre réel, on définit les matrices :
n 2k n 2k +1
t t
(2) Cn (t ) = ( 1)k B
2k
avec B0 = I , (3) Sn (t ) = ( 1)k B
2k +1
(2k )! (2k + 1)!
k =0 k =0

On admettra le résultat suivant, non donné dans le texte original :


n 2k n 2k +1
t t
soit un (t ) = ( 1)k et vn (t ) = ( 1)k .
(2k )! (2k + 1)!
k =0 k =0
Alors, pour tout t ! ", lim un (t ) = cos t et lim vn (t ) = sin t .

1) Écrire une décomposition diagonale de B.


En utilisant une décomposition diagonale de Cn (t ) et de Sn (t ), montrer que les suites Cn (t )
et Sn (t ) ont, pour tout t ! ", des limites que l’on notera respectivement C (t ) et S(t ).
Préciser une décomposition diagonale de C (t ) et S(t ) et expliciter ces deux matrices.
2) Calculer C 2 (t ) + S2 (t ).
Exprimer, pour t et u réels, C (t + u ) et S(t + u ) à l’aide de C (t ), C (u ), S(t ) et S(u ).
3) Montrer que les applications : t # C (t ) et t # S(t ) sont de classe * et exprimer les
dérivées C (t ), C (t ), S (t ) et S (t ) à l’aide des matrices C (t ), S(t ) et B.
4) Soit Z un vecteur de "3 tel que BZ = 0. Calculer C (t )Z et S(t )Z .

Partie IV
On considère le système différentiel : (4) X + B2 X = 0, où X est une application inconnue,
de classe 2 , de " dans "3 .
1) U et V étant deux vecteurs de "3 , l’application (5) X : t # C (t )U + S(t )V est-elle une
solution de (4) ?
0 0
2) On choisit U = 0 et V = 0 , et on désigne par 2 la courbe de "3 de représentation
2 0
x (t )
paramétrique : t # X (t ) = y (t ) .
z (t )
Construire la projection de 2 sur le plan Oxy et la projection sur le plan Oyz . Reconnaître la
nature géométrique de ces projections.
a &
3) Soient X0 = b et X0 = ' deux vecteurs de "3 .
c .
La formule (5) permet-elle de déterminer une solution X de (4) vérifiant de plus : X (0) = X0
et X (0) = X0 ?
On discutera éventuellement suivant les valeurs du vecteur X0 .

308 Thèmes d’étude – Problèmes


Solution

Partie I
1 3
2 # 1 3
2 2 2 #
1 3 2 2
1) Le déterminant de A #I est 2 # = 0 1 # 1 #
2 2 1 5
1 5 2 #
2 # 2 2
2 2
c’est-à-dire :
1
2 # 2
2
(1 #) 0 1 0 = (1 #)(#2 4#).
1
2 2 #
2
Les valeurs propres de A sont donc 0, 1 et 4.
Sous-espace propre V0 = Ker A
1 3
2x y+z=0
2 2
1 3 4x y + 3z = 0,
Le système 2x + y z = 0 équivaut à
2 2 4x + y + 5z = 0.
1 5
2x + y + z=0
2 2
C’est le sous-espace engendré par v0 = (1, 1, 1).
Sous-espace propre V1 = Ker(A I)
1 3
x y+ z=0
2 2
1 3 2x y + 3z = 0 ,
Le système 2x y z=0 équivaut à
2 2 4x + y + 3z = 0.
1 3
2x + y + z=0
2 2
C’est le sous-espace engendré par v1 = (1, 1, 1).
Sous-espace propre V4 = Ker(A 4I )
1 3
2x y+ z=0
2 2
7 3 4x + 7y + 3z = 0,
Le système 2x y z = 0 équivaut à
2 2 4x + y 3z = 0.
1 3
2x + y z=0
2 2
C’est le sous-espace engendré par v4 = (1, 1, 1).
1 1 1
Les vecteurs v0 , v1 et v4 ont pour déterminant 1 1 1 égal à 4.
1 1 1
1 1 1 0 0 0
La matrice de passage P0 = 1 1 1 donne A = P0 D0 P0 1 , D0 = 0 1 0 .
1 1 1 0 0 4

Chapitre 6 - Matrices et systèmes linéaires. Déterminants. Changement de base 309


x +y+z =u 2x = u + v 1 1 0
1
x y z=v équivaut à 2y = v + w et il vient P0 1 = 0 1 1 .
2
x y+z =w 2z = u + w 1 0 1

& n + 'n = 1
2) D0n = &n D0 + 'n D02 équivaut à de solution :
4 &n +16'n = 4n

4 4n 1
4n 1
1
&n = , 'n = .
3 3
Avec An = P0 D0n P0 1 , cela donne An = &n A + 'n A2 .

3) On en déduit que ) est engendré par I , A et A2 .


Ces trois matrices sont linéairement indépendantes (vérification sans souci) ; ainsi ) est de
dimension 3.

Partie II

1) M # AM MA est un endomorphisme de ! et * en est le noyau ; c’est donc un sous-espace


vectoriel de !.
Toute puissance An de A commute avec A donc ) $ *.

2) Avec AM = MA, il vient AMX = MAX = #MX . Ainsi MX appartient au sous-espace propre V#
de A. Or V# est de dimension 1 et, puisque X est non nul, V# = Vect X . Il s’ensuit MX = $X , avec
$ ! ". Ainsi, tout vecteur propre pour A est vecteur propre pour M . Alors la matrice P0 1 MP0
est diagonale puisque P0 est une matrice formée de vecteurs propres pour M .

3) On a vu que si M commute avec A, alors P0 1 MP est diagonale. Réciproquement, pour


toute matrice diagonale D , la matrice P0 DP0 1 commute avec A = P0 D0 P0 1 puisque D et D0
commutent. On a ainsi une bijection entre * et l’ensemble " des matrices diagonales.
Le sous-espace " étant de dimension 3, il en est de même pour *.
Avec ) $ * et dim ) = dim *, il vient * = ).

4) Si M 2 = A, alors AM = M 2 M = MM 2 = MA. Il existe donc D ! " telle que M = P0 DP0 1 .


0 0 0
M 2 = A équivaut alors à D2 = D0 , d’où D = 0 )1 0 avec )1 = 1 et )2 = 1.
0 0 2)2
0 0 0 0 0 0
Posons D1 = 0 1 0 , D2 = 0 1 0 . Les racines carrées de A sont donc :
0 0 2 0 0 2

2 1 1 2 1 3
1 1
R1 = P0 D1 P0 1 = 2 1 1 , R2 = P0 D2 P0 1 = 2 1 3 ,
2 2
2 1 3 2 1 1

R3 = R1 et R4 = R2 .

310 Thèmes d’étude – Problèmes


Partie III

1) On a B = R1 = P0 D1 P0 1 . En particulier, B2 = A. Notons que Bk = R1k = P0 D1k P0 1 .


0 0 0
n
k t 2k
0 ( 1) 0
(2k )!
Il vient alors Cn (t ) = I + P0 k =1 P0 1 .
n 2k
(2t )
0 0 ( 1)k
(2k )!
k =1
1 0 0
On en déduit que C (t ) = P0 0 cos t 0 P0 1 = P0 31 (t )P0 1 .
0 0 cos 2t
1 + cos 2t 1 cos t cos t + cos 2t
1
C (t ) = 1 cos 2t 1 + cos t cos t cos 2t .
2
1 + cos 2t 1 + cos t cos t + cos 2t
0 0 0
De même, S(t ) = P0 0 sin t 0 P0 1 = P0 32 (t )P0 1 .
0 0 sin 2t
sin 2t sin t sin t + sin 2t
1
S(t ) = sin 2t sin t sin t sin 2t .
2
sin 2t sin t sin t + sin 2t

1 0 0 0 0 0
2) C 2 (t ) + S2 (t ) = P0 0 cos2 t 0 P0 1 + P0 0 sin2 t 0 P0 1
0 0 cos2 2t 0 0 sin2 2t
1
= P0 IP0 = I.

La réduite diagonale de C (t + u ) est :


1 0 0
0 cos t cos u sin t sin u 0 .
0 0 cos 2t cos 2u sin 2t sin 2u
Il s’ensuit aisément C (t + u ) = C (t )C (u ) S(t )S(u ).

De même, on a S(t + u ) = S(t )C (u ) + C (t )S(u ).

1 0 0
3) La réduite diagonale de C (t ), à savoir 31 (t ) = 0 cos t 0 , est de classe .
0 0 cos 2t
0 0 0
On a 31 (t ) = 0 sin t 0 = D1 32 (t ) d’où :
0 0 2 sin 2t

C (t ) = P0 31 (t )P0 1 = P0 D1 P0 1 P0 32 (t )P0 1 = BS(t ).

De même, on a S (t ) = BC (t ) et on en déduit C (t ) = B2 C (t ) et S (t ) = B2 S(t ).

4) C (t )Z = lim Cn (t )Z et, avec BZ = 0, donc B k Z = 0 pour k ! $ , il vient Cn (t )Z = Z puis


C (t )Z = Z ; de même, S(t )Z = 0.

Chapitre 6 - Matrices et systèmes linéaires. Déterminants. Changement de base 311


Partie IV
(4) X + B2 X = 0

1) X (t ) = C (t )U + S (t )V = B2 C (t )U B 2 S(t )V montre que :


(5) X : t # C (t )U + S(t )V est une solution de (4).

1 + cos 2t 1 cos t cos t + cos 2t 0 cos t + cos 2t


1
2) X (t ) = 1 cos 2t 1 + cos t cos t cos 2t 0 = cos t cos 2t .
2
1 + cos 2t 1 + cos t cos t + cos 2t 2 cos t + cos 2t
x (t ) = cos t + cos 2t
La projetée de 2 sur le plan Oxy est paramétrée par
y(t ) = cos t cos 2t
La période est 20 et avec x ( t ) = x (t ), y( t ) = y(t ), la courbe est obtenue pour t ! [0, 0].
C’est un segment de la droite x + y = 0 ; x (t ) = sin t (1
4 cos t ) montre que x (t ) est maximum
1 9
en 0, avec x (0) = 2 ; x (t ) est minimum pour cos t = , de valeur .
4 8
y(t ) = cos t cos 2t
La projetée sur le plan Oyz est paramétrée par
z (t ) = cos t + cos 2t

y (t ) = sin t (1 4 cos t )
La courbe est obtenue pour t ! [0, 0]. Les dérivées sont
z (t ) = sin t (1 + 4 cos t )

1
Soit & tel que cos & = l’unique zéro de y dans ]0, 0[ ; alors ' = 0 & est l’unique zéro de z
4
dans ]0, 0[.
z
2 2
Avec y = cos t 2 cos t +1 et z = cos t +2 cos t 1, il vient
2 cos t = y + z et 2 2 cos2 t 1 = z y. Donc la courbe est
une partie de la conique d’équation (y + z )2 + y z 2 = 0, Y
qui est une parabole. Par une rotation du repère d’angle
30 1
4
, elle a pour équation Z 2 = (Y + 2).
2
y

Les variations de y et de z permettent de limiter la


parabole à sa partie utile.
Z

3) X (t ) = C (t )U + S(t )V vérifie X (0) = X0 si et seulement si U = X0 .


Avec X (t ) = BS(t )U + BC (t )V , on a X (0) = X0 si et seulement si BV = X0 , c’est-à-
dire si et seulement si X0 ! Im B ou encore si et seulement si X0 est combinaison linéaire de
1 1
1 et 1 , en examinant les vecteurs colonnes de B. Le noyau de B étant engendré par
1 1
1
N= 1 , si V0 vérifie BV0 = X0 , les solutions pour V sont V0 + #N avec # ! ".
1

312 Thèmes d’étude – Problèmes


7 Endomorphismes et base
formée de vecteurs propres
E est un espace vectoriel réel de dimension 3, muni d’une base ' = (e1 , e2 , e3 ).
f et g sont des endomorphismes de E dont les matrices dans la base ' sont respectivement :
5 2 4 4 0 1
A= 12 3 8 et B= 6 2 3 .
12 4 9 6 0 1

1) Préciser f 2 et donner les éléments propres (valeurs propres et vecteurs propres associés)
de f .

2) Donner les éléments propres de g et montrer qu’il existe une base + = (V1 , V2 , V3 ) formée
de vecteurs propres à la fois pour f et pour g.

3) Soit a et b des réels. Donner la matrice de af + bg dans la base + et déterminer les valeurs
propres de l’endomorphisme af + bg.

0 0
4) En déduire les fonctions réelles x , y et z définies sur ,
2 2
, dérivables et qui vérifient :
x (u ) = (5 + 4 tan u ) x (u ) + 2y(u ) + (4 + tan u ) z (u )
(&) y (u ) = (12 + 6 tan u ) x (u ) + (3 + 2 tan u ) y(u ) + (8 + 3 tan u ) z (u )
z (u ) = (12 + 6 tan u ) x (u ) 4y(u ) (9 + tan u ) z (u )
On pourra considérer ce système différentiel comme écrit dans la base ' et l’écrire alors dans
la base + ; la résolution se ramène alors à celle de trois équations linéaires ordinaires du
premier ordre.

Solution

1) Le calcul donne A2 = I3 donc f 2 = Id.


f étant une involution, alors Inv f & Opp f = E .
2x + y + 2z = 0
Les vecteurs invariants par f sont donnés par 6x + y + 4z = 0
6x + 2y + 5z = 0
On a donc Inv f = "V1 , avec V1 = (1, 2, 2).
Les vecteurs changés en leur opposé par f sont ceux du plan G d’équation 3x + y + 2z = 0.
Les valeurs propres de f sont ainsi 1 et 1, correspondant aux sous-espaces supplémentaires
formés des vecteurs x tels que f (x ) = x ou f (x ) = x .
4 # 0 1
2) Les valeurs propres de g sont données par 6 2 # 3 = 0, c’est-à-dire :
6 0 1 #
(2 #)(#2 3 # +2) = 0 ou encore (# 1)(# 2) 2 = 0.
3x z=0
Le sous-espace Inv(g) est déterminé par
6x + y + 3z = 0
Il est engendré par V2 = (1, 3, 3) : g(V2 ) = V2 .

Chapitre 6 - Matrices et systèmes linéaires. Déterminants. Changement de base 313


Le sous-espace propre de g associé à la valeur propre 2 est le plan H d’équation 2x + z = 0.

Les plans G et H ont le vecteur V3 = (1, 1, 2) en commun : f (V3 ) = V3 et g(V3 ) = 2V3 .

En notant que g(V1 ) = 2V1 et que f (V2 ) = V2 , il suffit de vérifier que :


1 1 1
det(V1 , V2 , V3 ) = 2 3 1 = 1"0
2 3 2
pour obtenir une base + = (V1 , V2 , V3 ) de vecteurs propres pour f et pour g.

1 0 0 2 0 0
3) Dans +, la matrice de f est A = 0 1 0 , celle de g est B = 0 1 0 :
0 0 1 0 0 2
a + 2b 0 0
0 a+b 0
0 0 a + 2b
est alors celle de af + bg, qui a ainsi pour valeurs propres a + 2b, a + b et a + 2b.

0 0
4) Soit F la fonction définie sur ,
2 2
et à valeurs dans "3 , dont les fonctions coordonnées
sont (x, y, z ) dans la base '.
x
En posant X = y , le système (&) se lit X (u ) = AX (u ) + (tan u )BX (u ).
z
x1
Notons Y = y1 la matrice des coordonnées de F dans la base +.
z1

Le système se lit alors Y (u ) = A Y (u ) + (tan u )B Y (u ), c’est-à-dire :

x1 (u ) = (1 + 2 tan u )x1 (u )
y1 (u ) = ( 1 + tan u )y1 (u )
z1 (u ) = ( 1 + 2 tan u )z 1 (u )

& eu ' .
Il vient alors x1 (u ) = , y1 = u et z1 (u ) = u 2 .
cos2 u e cos u e cos u
1 1 1
La matrice de passage de ' à + est P = 2 3 1 .
2 3 2
Avec X = PY , on obtient alors :
1 2u
x (u ) = u 2
&e + ' cos u + . ,
e cos u
1
y(u ) = u 2
2 & e 2u + 3 ' cos u + . ,
e cos u
1
z (u ) = u 2
2 & e 2u + 3 ' cos u + 2 . .
e cos u

314 Thèmes d’étude – Problèmes


8 Endomorphisme d’un espace de polynômes
Pour traiter ce problème, on se reportera au préambule de la section C de ce chapitre où sont
présentées les notions de valeur propre et de vecteur propre.

1) On note E le #-espace vectoriel #2n [X ] des polynômes dont le degré est inférieur ou égal
à 2n , avec n ! $ .
Soit p ! $ et a ! #. On pose :
%P ! E , " (P ) (X ) = p2 X 2 P (X ) + 2(nX + a )P (X )

a) Vérifier que " est un endomorphisme de E .


b) Montrer que les valeurs propres de " sont les scalaires :
#k = 2(n k )p + 2a , avec k ! [[ 0, 2n ]].
P
Pour P vecteur propre associé à une valeur propre #, décomposer en éléments simples.
P

c) À quelle condition (portant sur a et p) cet endomorphisme est-il bijectif ?

2) On considère la matrice de " dans la base canonique de E .


Choisir a et p pour que les termes diagonaux de cette matrice soient tous égaux à 1 et que
ses valeurs propres soient les entiers 2k + 1, avec k ! [[ n, n ]].

3) Soit n ! $, n ! 2. On considère a1 , . . . , an , #1 , . . . , #n une famille de 2n scalaires tels


que :
n n
ai = #i .
i =1 i =1
On considère en outre b1 , . . . bn 1 une famille de n 1 scalaires deux à deux distincts tels
que :
n 1 n 1
bi = ai .
i =1 i =1
n n 1
On pose alors P (X ) = (X #i ) et Q(X ) = (X bi )
i =1 i =1

P (X )
a) Décomposer en éléments simples la fraction rationnelle , à l’aide de an , des P (bi ) et
Q(X )
des Q (bi ).
b) On considère :
b1 &1
b2 0 &2
.. P (bi )
M=
. ! !n (#) où &i = .
.. Q (bi )
0 .
bn 1 &n 1
1 1 1 an

Montrer que det(M #In ) = ( 1)n P (#). On pourra développer ce déterminant suivant la dernière
colonne et utiliser la décomposition précédente.

Chapitre 6 - Matrices et systèmes linéaires. Déterminants. Changement de base 315


1
4) Soit T = [tij ] ! GLn 1 (#) et T = [tij ] son inverse.

0
0
T (0) ..
a) On considère S = = T . ! !n (#).
(0) 1
0
0 0 ... 0 1
1
Montrer que S est inversible et donner son inverse à l’aide de T .
On admettra qu’un produit de matrices par blocs s’effectue comme un produit de matrices
usuelles à condition :
1) de respecter l’ordre des facteurs dans les produits matriciels de blocs,
2) de veiller à ce que les tailles des blocs permettent d’en faire les produits.
1
b) On pose M = [mij ] = SMS .
TD T 1 U
Montrer que M est de la forme M = (M est écrite par blocs, de façon
V an
analogue à la matrice S ci-dessus) où D = diag(b1 , . . . , bn 1 ) ! !n 1 (#) et où U et V sont
dans !n 1,1 (#) et !1,n 1 (#) respectivement.
n 1 n
c) Calculer mii à l’aide des bi ainsi que mii à l’aide des ai .
i =1 i =1

d) Quelles sont les valeurs propres de M ?

5) Montrer – par récurrence – qu’il existe une matrice carrée d’ordre n ayant a1 , . . . an pour
éléments diagonaux et #1 , . . . , #n pour valeurs propres si et seulement si :
n n
ai = #i .
i =1 i =1
Indication. On pourra commencer par prouver que dans un espace E de dimension n , si un
endomorphisme f admet n valeurs propres distinctes, alors il existe une base de E formée de
vecteurs propres de f .

Solution

1) a) Avec la linéarité de la dérivation et la distributivité du produit par rapport à la somme,


il vient :
"(#P + Q) = (p2 X 2 )(#P + Q ) + 2(nX + a )(#P + Q) = # " (P ) + "(Q).

On a deg(p2 X 2 )P = 1 + deg P et deg 2(nX + a )P = 1 + deg P .


Si deg P < 2n , on a donc deg "(P ) ( 2n
Si P est unitaire de degré 2n , le coefficient de X 2n +1 dans (p2 X 2 )P est 2n et dans
2(nX + a )P c’est 2n ; donc deg "(P ) ( 2n .
En conclusion, " est un endomorphisme de E .
b) P " 0 est vecteur propre pour # si et seulement si "(P ) = #P , c’est-à-dire :
(p2 X 2 )P + (2nX + 2a #)P = 0,

316 Thèmes d’étude – Problèmes


ce qui équivaut à :
P 2nX + 2a #
= 2 2
.
P X p
A
Étant donné un polynôme A, on sait que se décompose dans #(X ) en somme de fractions
A
r&
du type avec les r& entiers naturels.
X &
La décomposition :
2nX + 2a # 2np + 2a # 2np 2a + #
= +
X
2
p
2 2p(X p) 2p(X + p)
et l’unicité de la décomposition d’une fraction rationnelle en éléments simples montre alors
que # est valeur propre si et seulement si :
2np + 2a # 2np 2a + #
et sont dans $.
2p 2p
2np + 2a # 2np 2a + # 2np + 2a #
Si k = , alors = 2n = 2n k.
2p 2p 2p
Ainsi, #k est valeur propre si et seulement si #k = 2(n k )p + 2a , avec k ! [[ 0, 2n ]].

P k 2n k
P unitaire est vecteur propre pour #k si et seulement si = + , c’est-à-dire :
P X p X +p
P = (X p)k (X + p)2n p .

c) " n’est pas bijectif si et seulement si il existe x ! E , non nul, tel que "(x ) = 0E = 0 x ,
c’est-à-dire si 0 est valeur propre de ".
Ainsi " est bijectif si et seulement si 0 n’est pas valeur propre, c’est-à-dire si a n’appartient pas
à l’ensemble des (k n )p pour k ! [[ 0, 2n ]].

1
2) "(1) = 2nX + 2a conduit à choisir a = 2 .

Alors : 2(n k )p + 1 k ! [[ 0, 2n ]] = 2k + 1 k ! [[ n, n ]] donne p = 1.


Avec ces choix, on obtient :
"(1) = 1 + 2nX ,
"(X ) = 1 + X + (2n 1)X 2 ,
pour k ! [[ 2, 2n 1 ]], "(X k ) = kX k 1
+ X k + (2n k )X k +1 et,
"(X 2n ) = 2nX 2n 1
+ X 2n .
Les termes diagonaux de la matrice de " dans la base canonique de E sont effectivement tous
égaux à 1.

3) a) Le quotient dans la division euclidienne de P par Q, unitaires, de degrés respectifs n et


n 1, est X r . On a donc :
P = (X r )Q + R , avec deg R < n 1.
n n
Dans P , le coefficient de X n 1
est #i = ai .
i =1 i =1
n 1
Le coefficient de X n 1
dans (X r )Q + R est le même que dans (X r )Q, c’est donc r bi .
i =1
Il vient alors r = an .

Chapitre 6 - Matrices et systèmes linéaires. Déterminants. Changement de base 317


P (bi )
La partie polaire relative au pôle simple bi est .
(X bi )Q (bi )
n 1
P P (bi )
On a donc =X an + .
Q (X bi )Q (bi )
i =1

b1 # &1
b2 # 0 &2
..
b) det(M #I ) =
.
..
0 .
bn 1 # &n 1
1 1 1 an #

En développant par rapport à la dernière colonne, on obtient :


n 1 n 1
det(M # I ) = (a n #) (bi #) + ( 1)n +i &i 3i
i =1 i =1

b1 # 0 ... 0 0
0 b2 #
..
. 0
0 ... bi 1 # 0 0
avec 3i =
0 ... 0 0 bi +1 #
..
(0) 0 0 .
bn 1 #
1 1 1 1 1

c’est-à-dire , en développant suivant la i e colonne, 3i = ( 1)n +i (bj #).


j "i
n 1
&j
Il vient alors : det(M #I ) = ( 1)n Q(#) # an + = ( 1)n P (#).
# bj
j =1

T (0) T 1 (0) TT 1 (0)


4) a) Le produit de S = par est = I , ce qui donne :
(0) 1 (0) 1 (0) 1
T 1 (0)
S 1= .
(0) 1
D U1
b) Avec M = , on a :
V1 an
(0) T D U1 T 1 (0) TD T 1 U)
SMS 1 = = ,
1 (0) V1 an (0) 1 V an
1
où on a posé U = TU1 et V = V1 T .
c) On a :
n 1 n 1
1
mi,i = Tr TDT = Tr D = bi ,
i =1 i =1
n n 1 n 1 n
1
et mi,i = Tr TDT + an = bi + an = ai + an = ai .
i =1 i =1 i =1 i =1

318 Thèmes d’étude – Problèmes


1 1 1 1
d) M = SMS donne M #I = SMS #SS = S(M #I )S .
1
On en déduit que det(M #I ) = det S det(M #I ) det S = det(M #I ).
Les valeurs propres de M sont donc celles de M .

5) En préliminaire, montrons le résultat donné en indication. Celui-ci va se déduire naturel-


lement du suivant :
si x1 , . . . , xp sont p vecteurs propres de f ! %(E ) associés à des valeurs propres distinctes
#1 , . . . , #p , alors x1 , . . . , xp est libre.
On procède par récurrence sur p.
Pour p = 1, la propriété est vraie car x1 " 0 donne que la famille réduite à x1 est libre.
Supposons cette propiété vraie pour p ! $ et soit x1 , . . . , xp+1 vecteurs propres de f associés
à #1 , . . . , #p+1 valeurs propres distinctes.
Considérons des scalaires &1 , . . . , &p+1 tels que :
p+1
&i xi = 0. (1)
i =1
En composant (1) par f , compte tenu de f (xi ) = #i xi pour tout i ! [[ 1, p + 1 ]], il vient :
p+1
&i #i xi = 0, (2)
i =1
et, en formant la combinaison (2)-#p+1 (1), on obtient :
p
&i # i #p+1 xi = 0. (3)
i =1
D’après l’hypothèse de récurrence, (3) donne %i ! [[ 1, p ]], &i #i #p+1 = 0 donc
%i ! [[ 1, p ]], &i = 0 car les #i #p+1 avec 1 ( i ( p sont non nuls, et enfin (1) donne
alors &p+1 = 0.
On a ainsi montré que la famille x1 , . . . , xp+1 est libre, donc que la propriété est récurrente,
ce qui achève la démonstration.
Dans le cas où f ! %(E ), avec dim E = n , admet n valeurs propres distinctes #1 , . . . , #n , toutes
famille x1 , . . . , xn de vecteurs propres associés respectivement à ces valeurs propres est libre
d’après le résultat précédent et maximale car dim E = n , c’est donc une base de E .
Les propriétés qui viennent d’être établies relèvent du programme de deuxième année.

Soit a1 , a2 , #1 et #2 tels que a1 + a2 = #1 + #2 .


a1 a1 a2 #1 #2
Étant donné la matrice M2 = , on a :
1 a2

a1 # a1 a2 #1 #2
det(M2 #I2 ) = = #2 (a1 + a2 ) # + #1 #2 = #2 (#1 + #2 ) # + #1 #2 .
1 a2 #
Les valeurs propres de M2 sont donc #1 et #2 .
On a ainsi montré que la propriété est vraie pour n = 2.
Hypothèse de récurrence :
n 1 n 1
Étant donné a1 , . . . , an 1 , #1 , . . . , #n 1 tels que ai = #i , il existe une matrice Mn 1
i =1 i =1
dont les termes diagonaux sont les ai et dont les valeurs propres sont les #i .

Chapitre 6 - Matrices et systèmes linéaires. Déterminants. Changement de base 319


n n
Soit a1 , . . . , an , #1 , . . . , #n tels que ai = #i .
i =1 i =1
n 1 n 1
Il existe b1 , . . . , bn 1 deux à deux distincts tels que bi = ai .
i =1 i =1
L’hypothèse de récurrence nous donne l’existence d’une matrice Mn 1 ! !n 1 (#) dont les
termes diagonaux sont a1 , . . . , an 1 et dont les valeurs propres sont b1 , . . . , bn 1 .
D’après la propriété montrée en préliminaire, puisque les bi sont deux à deux distincts, il existe
une base de #n 1 formée de vecteurs propres de Mn 1 . Donc, il existe une matrice inversible T
telle que T 1 Mn 1 T = diag(b1 , . . . , bn 1 ) = D .
On construit la matrice M comme en 3/ et la matrice S comme en 4/.
La matrice M = SMS 1 répond alors à la question.

320 Thèmes d’étude – Problèmes


CHAPITRE 7
Équations différentielles
Courbes paramétrées
Fonctions de 2 variables
Sujets d’oraux 322
A. Équations différentielles 322
B. Courbes planes, étude affine et métrique 333
C. Fonctions de deux variables 346

Thèmes d’étude – Problèmes 356


1. Équations différentielles du second ordre,
raccordement de solutions 356
2. Équation différentielle du second ordre, de type Euler 357
3. Équation de Legendre, solutions polynomiales 359
4. Endomorphismes et équations différentielles 362
5. Équation aux dérivées partielles du second ordre linéaire 365
6. Facteur intégrant 367
7. Rayon de courbure d’une développée 369

Chapitre 7 - Équations différentielles. Courbes paramétrées. Fonctions de deux variables 321


Sujets d’oraux
A Équations différentielles

Ex. 1
Soit f une fonction réelle continue sur ! telle que :
x
pour tout x ! !, f (x ) = 1 (2x t )f (t ) dt . (1)
0
x2
Déterminer une telle fonction qui soit de la forme f (x ) = h (x )e 2 .

La fonction f est supposée continue. Sa dérivabilité est assez visible. Une fonction définie par
intégrale (dont une borne est variable) de fonction continue est dérivable.
x x
Avec f (x ) = 1 2x f (t ) dt + tf (t ) dt , on voit que f est dérivable et (1) équivaut à :
0 0
x x
!x ! !, f (x ) = 2 f (t ) dt 2xf (x ) + xf (x ) = 2 f (t ) dt xf (x ) , f (0) = 1. (2)
0 0
Il vient alors que f est dérivable puis que (2) équivaut à :
f (x ) = 3f (x ) xf (x ) , f (0) = 1 , f (0) = 0 (3)
Même si cela n’a pas de grande utilité pour la détermination de f , il est aisé de montrer que f est
de classe sur !.

Ainsi f est solution sur ! de l’équation différentielle :


(L) : y + xy + 3y = 0, avec y(0) = 1 et y (0) = 0.
Cette équation du second ordre n’est pas à coefficients constants.
La seule ressource disponible est d’en trouver une solution particulière.

Une solution polynomiale de degré n !" devrait vérifier n +3 = 0 (par l’examen des coefficients
dominants), ce qui est absurde. Utilisons l’indication donnée.
x2
Soit h la fonction définie sur ! par f (x ) = h (x )e 2 . On a :
2
x x2
f (x ) = h (x ) xh (x ) e 2 et f (x ) = h (x ) 2xh (x ) + (x 2 1)h (x ) e 2 .
Il s’ensuit que f est solution de (L) si et seulement si h vérifie h (x ) xh (x ) + 2h (x ) = 0.

On est confronté à une équation différentielle qui ressemble fort à (L), mais qui présente l’intérêt
d’avoir une solution polynomiale !

Considérons l’équation différentielle (D) : y xy + 2y = 0.


L’examen des coefficients dominants montre qu’une solution polynomiale est nécessairement
de degré 2, et on vérifie que x ! x 2 + "x + # est solution de (D) si et seulement si " = 0 et # = 1.
x2
Avec h (x ) = x 2 1, une solution de (L) est définie par f (x ) = (x 2 1)e 2 .
Il reste à vérifier que l’on a bien f (0) = 1 et f (0) = 0 pour conclure.

322 Sujets d’oraux


Ex. 2
Équation d’Euler
Étant donné a et b constantes, on considère l’équation différentielle :
(E) : x 2 y + axy + by = 0.
Justifier que la résolution peut se faire par changement de variable x = et .

Sauf cas particuliers, on s’attache aux équations différentielles sous forme résolue, c’est-à-dire du
type y = F (x, y, y ). Il est alors indispensable de distinguer les intervalles ] , 0[ et ]0, + [.
Un premier point est à éclaicir : x = et semble oublier x !] , 0[.

Le changement de variable t = x donne :


dy dy d2 y d2 y
= et 2 = 2 ,
dx dt dx dt
et l’équation devient (en dérivation par rapport à t ) :
t 2 y + aty + by = 0.
La résolution sur ] , 0[ se ramène alors à celle sur ]0, + [.
t
x = e est un changement de variable bijectif de ! sur ]0, + [.

Avec x = et , on a t = "n x et y(x ) = y(et ) = z (t ).


dy dz dt 1 dz d2 y 1 dz 1 d2 z
Avec = = puis = 2 dt + 2 , l’équation (E) devient :
dx dt dx x dt dx 2 x x dt 2
d2 z dz
(L) : + (a 1) + bz = 0
dt 2 dt
qui est une équation différentielle linéaire du second ordre à coefficients constants, donc
classique.

Ex. 3
Résoudre l’équation différentielle x 2 y + 4xy + 2y = "n (x + 1).

L’équation est définie sur ] 1, + [.


Pour avoir une forme résolue, on distingue les intervalles I =] 1, 0[ et J =]0, + [.
2
L’équation sans second membre x y + 4xy + 2y = 0 est une équation d’Euler (voir l’exercice
précédent).
Toutefois une remarque permet d’éviter le recours à une méthode générale.

Notons que x 2 y + 4xy + 2y est la dérivée seconde de x 2 y.


Les solutions sur I ou sur J de x 2 y + 4xy + 2y = 0 sont les fonctions de la forme :
a b
y= + 2 , avec a et b constantes.
x x
On utilise une solution de l’équation sans second membre pour faire un changement de fonction
inconnue.
1
x ! 2 est une solution de x 2 y + 4xy + 2y = 0 sur I ou sur J .
x
1
On effectue le changement de fonction inconnue défini par y = 2 z.
x

Chapitre 7 - Équations différentielles. Courbes paramétrées. Fonctions de deux variables 323


2 1 6 4 1
Avec y = 3z + 2z et y = 4z 3z + 2z , on a :
x x x x x
x 2 y + 4xy + 2y = z .
On est alors ramené à résoudre z = "n (1 + x ).
Une primitive de x ! "n x est x ! x "n x x.

Les primitives de "n (x + 1) sont les fonctions :


(x + 1) "n (x + 1) x a , avec a constante.
Avec une intégration par parties, les primitives de (x + 1) "n (x + 1) sont les fonctions :
1 1 2
(x + 1)2 "n (x + 1) ( x + 2x ) b, avec b constante.
2 4
Les solutions z sont alors :
1 3 2
z= (x + 1)2 "n (x + 1) x + $x + %, avec $, % constantes.
2 4
Les solutions sur I ou sur J de l’équation proposée sont finalement les fonctions :
(x + 1)2 3 % $
y:x! "n (x + 1) + + .
2x 2 4 x2 x

Ex. 4
Équation de Bernoulli
Trouver les solutions ne s’annulant pas de y + y y2 = 0. (E)

Une équation différentielle est dite de Bernoulli quand elle est de la forme :
y + a (x )y + b(x )yr = 0,
où a et b sont des fonctions continues sur un intervalle I , avec r réel, r " 0, 1 .
On cherche alors les solutions dérivables sur I et qui ne prennent pas la valeur 0 sur I .
La méthode classique est simple : on divise par yr .

On recherche les solutions dérivables sur ! qui ne prennent pas la valeur 0.


Pour ces solutions, l’équation équivaut à :
y 1
2 + 1 = 0.
y y
1 y
En posant z = y ; on a 2 = z , ce qui ramène à la résolution de :
y
z = z 1.
Les solutions de cette équation sont les fonctions :
x ! 1 + kex , avec k constante.
Pour revenir en y, il faut que z ne prenne pas la valeur 0.
L’ensemble de définition d’une solution dépend alors de la constante k .

Pour k & 0, la fonction x ! 1 + kex ne prend pas la valeur 0, tandis que


1
pour k < 0, 1 + kex s’annule pour x = "n .
k

324 Sujets d’oraux


1
Les solutions recherchées sont donc les fonctions yk : x ! , définies :
1 + kex
sur ! lorsque k & 0, et
1 1
sur Ik = "n ,+ ou sur , "n lorsque k < 0.
k k

Ex. 5
Étant donné m réel fixé, on considère l’équation différentielle :
(E) : (1 + x 2 )2 y + 2x (1 + x 2 )y + m 2 y = 0.
1) Déterminer un changement de variable x = '(t ) qui transforme (E) en équation à coeffi-
cients constants pour la fonction z : t ! y '(t ).
2) Résoudre (E). On précisera le cas particulier m = 2.

1) Pour alléger l’écriture, on notera z , y et ' au lieu de z (t ), y (x ) et ' (t ).


1
Pour un changement de variable ', on a ' de classe et ' ne s’annule pas.
2
On a z = y ' , puis z = y ' + y ' , d’où :
z 1 '
y =
et y = 2 z z ,
' ' '
en rappelant que ' ne prend pas la valeur 0.
2
1 + '2 1 + '2 '
L’équation (E) devient (E’) : z + 2' 1 + '2 2 z + m 2 z = 0.
' ' '
Jusque là, on a utilisé un changement de variable «virtuel».
Au vu de l’équation obtenue, il s’agit de préciser un changement de variable qui simplifiera
grandement la suite des opérations.

1 + '2 ' 2'' '


En prenant (1) = 1, le coefficient de z est 2 ' , c’est-à-dire .
' ' '
Or (1) donne 2 ' ' = ' par dérivation et l’équation (E’) devient z + m 2 z = 0
2)
Les solutions de l’équation obtenue en fin de question précédente sont fort classiques.

Les solutions réelles de (E’) sont :


z = $ cos mt + % sin mt , avec ($, %) ! !2 .
( (
Une solution de ' = 1 + '2 est définie par '(t ) = tan t , t ! , . On a alors :
2 2
t = Arctan x .
Les solutions de (E) sont ainsi :
y = $ cos(m Arctan x ) + % sin(m Arctan x ).
Dans le cas particulier m = 2, on a :
2
1 x 2x
cos(2 Arctan x ) = 2 et sin(2 Arctan x ) =
1+x 1 + x2
et les solutions de (E) sont :
1
y:x! $(1 x 2) + 2 % x .
1 + x2

Chapitre 7 - Équations différentielles. Courbes paramétrées. Fonctions de deux variables 325


Ex. 6
Résoudre l’équation différentielle (x 2 "n x )y + y = 0 (L).

Ce n’est pas une équation de type classique. La seule démarche constructive est de chercher (à
tâtons...) une solution particulière.

L’équation nécessite de se limiter à l’intervalle ]0, + [.


1
La fonction f : x ! "n x a pour dérivée seconde f (x ) = 2, c’est donc une solution particu-
x
lière de (L).
On est maintenant en mesure de faire un changement de fonction inconnue.

En posant y = z "n x , sur chacun des intervalles I =]0, 1[ et J =]1, + [, il vient :


z 2 1
y = z "n x + et y = z "n x + z 2z
x x x
2
et (L) devient : z + z = 0 (L1)
x "n x
2
Sur I ou sur J , une primitive de est 2 "n "n x , ou encore "n "n 2 (x ) .
x "n x
k
Les solutions de L1) sont alors z = , avec k réel.
"n 2 x
1
Il n’y a pas de primitive usuelle connue pour x ! .
"n 2 x
On laisse les solutions sous forme d’intégrales.
x x
dt dt
Sur I , on a z = k 2
+ $ puis y = k "n x + $ "n x
1/2 "n t 1/2 "n 2 t
x x
dt dt
Sur J , on a z = k 2
+ % puis y = k "n x + % "n x
2 "n t 2 "n 2 t

Ex. 7
1
Soit f une fonction réelle de classe sur !+ telle que :
lim f (x ) + 2f (x ) = 0.
x +
Déterminer la limite en + de f .

En posant g(x ) = f (x ) + 2f (x ), l’hypothèse se lit lim g(x ) = 0 et on peut calculer f (x ) en


x +
fonction de g(x ).

La fonction g définie par g(x ) = f (x ) + 2f (x ) est continue sur !+ .


Les solutions de l’équation linéaire du premier ordre 2y + y = g(x ) sont :
x
x x t
e 2
y = $e 2 + g(t )e 2 dt
2 0
et on a donc :
x
x x t
e 2
f (x ) = f (0)e 2 + g(t )e 2 dt .
2 0

326 Sujets d’oraux


La fonction g est un intermédiaire utile, mais l’objectif est d’étudier la limite de f .
x
x x t
e 2
Avec lim f (0)e 2 = 0, il reste à étudier lim g(t )e 2 dt .
x + x + 2 0

Le moment est venu d’utiliser que g est de limite 0.

Pour tout ) > 0, il existe a & 0 tel que : !x & a , g(x ) * ).


x a t x a t
Avec e 2 g(t )e 2 dt * e 2 g(t ) e 2 dt ,
0 0
x x t x x t x x a
et e 2 g(t )e 2 dt * )e 2 e 2 dt *2 ) e 2 e 2 e2 < 2),
a a
x x t x a t
il vient, pour tout x & a , e 2 g(t )e 2 dt * 2 ) +Ae 2 , avec A = g(t ) e 2 dt .
0 0
x x
De lim Ae 2 = 0, on déduit qu’il existe b & a tel que x & b Ae 2 * ), et finalement :
x +
x x t
!) > 0, +b & 0, !x & 0, x & b e 2 g(t )e 2 dt * 3).
0
En conclusion, on a lim f (x ) = 0.
x +

Autre solution
x
La résolution de y + 2y = 0 donne un rôle clé à e 2 et conduit au changement de fonction
x
inconnue défini par y = ze 2.

x
Considérons la fonction h définie sur !+ par h (x ) = f (x )e 2 .
x
On a 2h (x ) = 2f (x ) + f (x ) e 2 . Pour tout ) > 0, il existe a & 0 tel que :
x
!x & a , f (x ) + 2f (x ) * ) et donc !x & a , 2 h (x ) * )e 2 .
L’inégalité des accroissements finis nous donne alors :
x a x
!x & a , 2 h (x ) h (a ) * 2 ) e 2 e2 *2)e2,
x a x
donc : h (x ) * h (a ) + )e 2 ou encore f (x ) * f (a ) e 2 + ).
a x
Avec lim f (a ) e 2 = 0, il existe b & a tel que :
x +
a x
!x & b, f (a ) e 2 * ),
et finalement, !) > 0, +b & 0, !x & 0, x & b f (x ) * 2), ce qui montre que :
lim f (x ) = 0.
x +

Ex. 8
Soit f une fonction réelle dérivable sur ! telle que :
(#) : f 2 + (1 + f )2 * 1
Montrer que f est la fonction nulle.

Chapitre 7 - Équations différentielles. Courbes paramétrées. Fonctions de deux variables 327


Soit f une fonction vérifiant (#).
Deux informations sont immédiates : f 2 * 1 et (1 + f )2 * 1.

On a f 2 * 1, donc la fonction f est bornée, à valeurs dans [ 1, 1].


On a également (1 + f )2 * 1 et donc :
1 * 1 + f * 1 c’est-à-dire 2 * f * 0.
La fonction f est donc négative et f est alors décroissante sur !.
la fonction f est bornée et décroissante. Il y a donc une information sur les limites en +
et en .

Le théorème de la limite monotone montre que f admet une limite L en + et une limite L
en .
En outre, ces limites vérifient : 1 * L * L * 1.
Supposons L < 0.
2
L L
Il existe " ! ! tel que, sur [", + [, L * f (x ) < 2 donc 1 f 2 (x ) * 1 .
4
2
Alors 1+f *1 f 2 donne pour x ! [", + [:
2 2
L L
1 + f (x ) * 1 + f (x ) * 1 donc f (x ) * 1 1.
4 4
2
L
Avec A = 1
4
1 < 0, le théorème des accroissements finis donne :
pour x ! [", + [ : f (x ) f (") * A(x ") et lim f (x ) = .
x +
On arrive ainsi à une contradiction, donc L & 0.
On montre de même que L * 0.
Il vient alors L = L = 0 et la fonction f est la fonction constante nulle sur !.

Ex. 9
Résoudre sur !+ l’équation différentielle (E ) : x 2 y + xy 4y + 4x 2 = 0.

On a déjà rencontré une équation d’Euler. On a ainsi vu l’utilité du changement de variable


défini par x = et .

En posant x = et , ou encore t = "n x , il vient :


dy 1 dy d2 y 1 d2 y dy
= et = .
dx x dt dx 2 x 2 dt 2 dt

L’équation (E ) devient ainsi :


d2 y
(E1 ) : 4y + 4e2t = 0.
dt 2
Nous voilà en situation confortable : équation du second ordre à coefficients constants et second
membre en exponentielle simple.

d2 y
L’équation homogène (E1 ) : 4y = 0 a pour équation caractéristique r 2 4 = 0.
dt 2
Les solutions de (E1 ) sont les fonctions : y(t ) = $e2t + %e 2t
.

328 Sujets d’oraux


L’équation (E1 ) admet une solution particulière de la forme y = "te2t .
Par identification, on obtient " = 1.
Les solutions de (E1 ) sont donc les fonctions :
t ! ($ t )e 2t + %e 2t , avec ($, %) ! !2 .
Celles de (E ), sur !+ , sont donc les fonctions :
%
x ! ($ "n x )x 2 + 2, ($, %) ! !2 .
x

Ex. 10
Montrer que toutes les solutions de l’équation différentielle :
2
(E ) : y + ex y = 0
sont bornées sur !.

En multipliant par 2y , on fait apparaître 2yy = y2 .

Soit y une solution sur ! de (E ). Pour tout x ! !, on a :


x2
2y(x )y (x ) = 2y (x )y (x )e .
Il vient alors, pour tout t ! ! :
t t
x2
2y(x )y (x ) dx = 2y (x )y (x )e dx .
0 0
t t t
x2
2y(x )y (x ) dx = y2 (x ) = y2 (t ) 2
y (0) donne y2 (t ) = y2 (0) 2y (x )y (x )e dx (E)
0 0 0

Comme y est continue, il en est de même pour y et une intégration par parties du second
membre est légitime.
t t t
x2 2 x2 x2
Intégrons par parties : 2y (x )y (x )e dx = y (x )e 2xy 2 (x )e dx
0 0 0
c’est-à-dire :
t t
x2 t2 x2
2y (x )y (x )e dx = y 2 (0) 2
y (t )e 2xy 2 (x )e dx .
0 0
t t
x2 x2
Avec 2xy 2 (x )e dx &0 pour tout t ! !, il s’ensuit 2y (x )y (x )e dx *y 2 (0).
0 0
Et en reportant dans (E), il vient y2 (t ) * y2 (0) + y 2 (0) pour tout t ! !, ce qui montre que
toute solution de (E ) est bornée sur !.

Ex. 11
Soit a une fonction réelle continue sur ! et de période 1.
On considère l’équation différentielle y ay = 0 (E).
Montrer qu’il existe un unique réel " tel que, pour toute solution non nulle f de (E), la
fonction F : x ! e "x f (x ) est périodique.

Les solutions de (E) sont les fonctions multiples réels de f = eA , où A est une primitive de a ,
x
par exemple A(x ) = a (t ) dt .
0

Chapitre 7 - Équations différentielles. Courbes paramétrées. Fonctions de deux variables 329


On peut utiliser la période 1 de a pour examiner A(x + 1) puis pour exprimer f (x + 1).

1 x +1
On a A(x + 1) = a (t ) dt + a (t ) dt . En notant que :
0 1
x +1 x x
a (t ) dt = a (t + 1) dt = a (t ) dt ,
1 0 0
il vient : A(x + 1) = A(1) + A(x ).

On obtient alors f (x + 1) = eA(1)+A(x ) = eA(1) f (x ).


Il s’ensuit que F (x + 1) = e "
e "x eA(1) f (x ) = e "+A(1) F (x ).

En choisissant " = A(1), alors F est de période 1.

Pour " # A(1), il est vrai que F n’admet pas 1 pour période. Mais ce n’est pas la question : il faut
montrer que F n’admet pas de période

Une fonction continue périodique est bornée ; cela peut être une bonne approche pour montrer
que F n’est pas périodique.

Pour " # A(1), posons # = A(1) " et considérons le cas # > 0.


F (x + 1) = e # F (x ) donne aisément F (x + n ) = e n # F (x ) pour tout n ! " .

La fonction f ne prend pas la valeur 0, donc F ne prend pas la valeur 0.

Pour F (x ) > 0, on a lim F (x + n ) = + et pour F (x ) < 0, on a lim F (x + n ) = .


n + n +

Ainsi F n’est pas bornée et n’est donc pas périodique.


On obtient facilement la même conclusion lorsque l’on a # < 0.

Ex. 12
e 3x
Résoudre l’équation différentielle y + 6y + 9y = .
x2 + 1

3x
e
x! étant de classe sur !, les solutions sont de classe sur !.
x2 + 1
Classiquement, on commence par chercher les solutions de l’équation sans second membre.

L’équation r ! #, r 2 + 6r + 9 = 0 admet 3 pour racine double.


3x
Les solutions de l’équation sans second membre sont les fonctions x ! ($x + %)e .

Le second membre n’étant pas de la forme classique x ! e"x P (x ), où P est polynomiale, il n’y
a pas de méthode standard pour trouver une solution de l’équation complète.

Dans ce cas, un changement de fonction inconnue permet de se ramener à une équation d’ordre
inférieur à 2.

330 Sujets d’oraux


3x 3x 3x
Posons y = ze ; alors y = (z 3z )e et y = (z 6z + 9z )e .
1
L’équation différentielle devient alors z = .
x2 + 1
C’est effectivement plus simple, il ne s’agit plus que d’une question de primitives.
On a donc z = Argsh x + ", puis une intégration par parties donne :
x x
t
Argsh t dt = x Argsh x dt
0 0 t2 + 1
d’où z = x Argsh x x 2 + 1 + "x + #, avec (", #) ! !2 et les solutions cherchées sont :
x ! ("x + #)e 3x + x Argsh x x 2 + 1 e 3x .

Ex. 13
Déterminer les fonctions réelles, deux fois dérivables sur !, telles que :
pour tout x ! !, f (x ) + f ( x ) = x + cos x . (E)

Ce n’est pas une équation différentielle au sens usuel du terme.


La seule piste naturelle consiste à faire aparaître f ( x ).
Pour tout x réel on a aussi f ( x ) + f (x ) = x + cos x . (E’)
Avec (E) et (E’), il vient :
f (x ) + f ( x ) + f (x ) + f ( x ) = 2 cos x et f (x ) f ( x ) f (x ) f ( x ) = 2x .
Les fonctions '(x ) = f (x ) + f ( x ) et ,(x ) = f (x ) f ( x ) viennent tout naturellement. Notons
1
que, au coefficient près, ce sont les parties paire et impaire de f .
2
Avec '(x ) = f (x ) + f ( x ), on a :
' (x ) = f (x ) f ( x ) puis ' (x ) = f (x ) + f ( x )
et, avec ,(x ) = f (x ) f ( x ), on a :
, (x ) = f (x ) f ( x ).
On a donc ' (x ) + '(x ) = 2 cos x et , (x ) ,(x ) = 2x .
' est une solution paire de y + y = 2 cos x et , est une solution impaire de y y = 2x .
Les solutions réelles de y + y = 0 sont les fonctions x ! $ cos x + % sin x .
Notons que (x sin x ) = sin x + x cos x et (x sin x ) = 2 cos x x sin x , donc :
(x sin x ) + x sin x = 2 cos x
et on a une solution particulière de l’équation.
Les solutions sont y = $ cos x + % sin x + x sin x . Les solutions paires sont les fonctions :
' : x ! $ cos x + x sin x .
Les solutions réelles de y y = 0 sont les fonctions x ! " ch x + # sh x .
Notons que la fonction x ! 2x est solution de y y = 2x .
Les solutions sont donc les fonctions x ! " ch x + # sh x 2x . Les solutions impaires sont les
fonctions :
, : x ! # sh x 2x .
Les fonctions f s’obtiennent à l’aide de leurs parties paires et impaires.
1 1
On a donc f (x ) = '(x ) + ,(x ) = $ cos x + # sh x + x sin x 2x .
2 2
Pour conclure, il reste à vérifier que ces fonctions conviennent, ce qui n’est qu’une simple
formalité.

Chapitre 7 - Équations différentielles. Courbes paramétrées. Fonctions de deux variables 331


Ex. 14
Résoudre l’équation différentielle (1 x 2 )y + 2xy 2y = 0.

Les équations du second ordre sont connues dans le seul cas de coefficients constants.
En l’absence d’indication, il reste comme principale ressource la recherche d’une solution parti-
culière. Une solution polynomiale serait la bienvenue.
L’examen des coefficients dominants est souvent une source d’information utile.

Pour une fonction polynomiale P , de degré n ! " et de coefficient dominant 1 :


(1 x 2 )P + 2xP 2P = 0,
2
le coefficient dominant de (1 x )P + 2xP 2P est :
n (n 1) + 2(n 1).
Alors on a nécessairement n (n 1) + 2(n 1) = 0, ce qui donne n = 1 ou n = 2.
P1 (x ) = ax + b est solution si et seulement si b = 0.
Une famille de solutions est le sous-espace engendré par IdR .
P2 (x ) = ax 2 + bx + c est solution, avec a # 0, si et seulement si :
a (1 x 2 ) + x (2ax + b) ax 2 bx c = 0 pour tout x ! !,
c’est-à-dire si et seulement si a = c .
L’équation proposée est linéaire, donc toute combinaison linéaire de solutions est encore une
solution.

Les solutions polynomiales sont alors les fonctions P : x ! $(x 2 + 1) + %x , avec ($, %) ! !2 .
Pour obtenir toutes les solutions, on s’appuie sur une solution particulière. Pour un changement
de fonction inconnue, le plus agréable, quand c’est possible, est de s’appuyer sur une solution
qui ne prend pas la valeur 0.

Pour rechercher toutes les solutions, effectuons le changement de fonction inconnue défini
sur ! par : y(x ) = (x 2 + 1)z (x ).
L’équation équivaut alors à (1 x )(x + 1)z + 2x (3 x 2 )z = 0.
2 2

On est, comme c’est l’objectif usuel, ramené à une équation du premier ordre en z = Z .

Sur chacun des intervalles I1 =] , 1[, I2 =] 1, ; 1[ et I3 =]1, + [, l’équation :


2
2x (3 x )
(1 x 2 )(x 2 + 1)Z + 2x (3 x 2 )Z = 0 équivaut à Z = 2 2 Z.
(x 1)(x + 1)
2
2x 3 x 2x 4x
On obtient aisément a (x ) = 2 2 = 2 2 et une primitive de a est A
x 1 x +1 x 1 x +1
définie par :
A(x ) = "n x 2 1 2 "n x 2 + 1 .
2
1 x
Les solutions Z sont alors Z : x ! " , avec " ! !.
(x 2 + 1)2
2
1 x x
Une primitive de x ! 2 2 est ' : x ! 2
x +1 x +1

Sur I1 , I2 et I3 , on a donc z = "k ' +#k , avec "k , #k ! !2 , pour k ! 1, 2, 3 .


Et enfin, y = "k x + #k (1 + x 2 ).
Il est facile de constater, par l’examen des raccordements en 1 et en 1, que les solutions sur !
sont les solutions polynomiales x ! $(x 2 + 1) + %x .

332 Sujets d’oraux


B Courbes planes, étude affine et métrique

Ex. 15
3 2
t 3t
Étudier la courbe paramétrée par x (t ) = , y(t ) = .
1 + 3t 1 + 3t

1 y 3
La fonction t ! x (t ), y(t ) est de classe sur ! - 3
et on a x = t .
L’étude des branches infinies donne une idée «générale» de la courbe.
Elle permet d’avoir rapidement une ébauche qu’il restera ensuite à confirmer et à affiner.
1
Branche infinie en
3
Il y a une direction asymptotique d’équation y = 9x .
1 1 2 1
Avec t = + h , il vient 3t = 1 + 3h , d’où y + 9x = 3t 2 = 1 + 3h = 2h + o(h ) :
3 3 3
1
la droite d’équation y = 9x + est asymptote.
3
La courbe est au dessus de l’asymptote pour h < 0 et en dessous pour h > 0.
Branche infinie en
y
Il y a une branche parabolique dans la direction de l’axe Ox puisque lim = 0.
t x
1
Avec h = t , on a :
2 3
1 1 h h h
y= = 1 + + o(h 3 ) ,
h h 3 9 27
h 1+
3
2 3
y 1 h h h
et x= = 1 + + o(h 3 ) .
3h 3h 2 3 9 27

1 2h h 2 4h 3 1 2 h
Alors y2 = 1 + + o(h 3 ) donne y2 3x = + + o(h ).
h
2 3 3 27 3h 9 9

y 1 1h 1 1 2
Or = + + o(h ) et il vient 3x = y2 y + h + o(h ).
3 3h 9 27 3 9 27
1 1
La parabole 3X = Y 2 Y est asymptote.
3 9
La courbe est en dessous pour t voisin de et au-dessus pour t voisin de + .
Entrons un peu plus dans les détails par l’étude des variations de x et de y.
On dégagera l’existence (éventuelle) de point stationnaire.
Dérivées
3t 2 (1 + 2t ) 3t (2 + 3t )
x (t ) = 2 et y (t ) = .
(1 + 3t ) (1 + 3t )2
Point stationnaire
L’examen des variations de x et y montre que, pour t = 0, on a un rebroussement (en l’origine,
avec tangente verticale) de 1re espèce.
On peut améliorer le tracé en s’aidant de quelques points supplémentaires.
1 1 3 2 8 4
Points particuliers : pour t = ,x = ,y= ; et pour t = ,x = ,y= .
2 4 2 3 27 3

Chapitre 7 - Équations différentielles. Courbes paramétrées. Fonctions de deux variables 333


Tableau des variations
2 1 1
t 0 +
3 2 3
x 0 + + +
+ + +
x 0
8 1
27 4
y + 0 0 +
4 + +
3
3
y
2
0

Courbe représentative
y

O x

Ex. 16
cos .
Étudier la courbe de représentation polaire r (.) = .
1 + cos . cos 2.

La fonction r est de période 2(, elle est paire et ( n’est pas antipériode.
On étudie la courbe sur l’intervalle [0, (] et on complétera par la réflexion d’axe Ox .
Avec cos 2. = 2 cos2 . 1, le dénominateur est (cos . + 1)(2 cos2 . 2 cos . + 1), il s’annule
en (. La fonction . ! r (.) est sur [0, ([.
(
Notons aussi que l’on a r (.) = 0 pour . = .
2
Après cette étude, qui a pour objet de préciser l’intervalle utile auquel on peut se limiter, l’examen
de la branche infinie permet une ébauche du tracé de la courbe.

Branche infinie en (
cos h sin h
. = ( + h . On a r (( + h ) sin h = .
1 + cos h 2 cos3 h

334 Sujets d’oraux


2
h 3h 2 5h 2
On a cos h sin h ! h et 1 + cos h 2 cos 3 h = 1 + 1 2 1 + o(h 2 ) ! ,
2 2 2
donc lim r (( + h ) sin h = + .
h 0
La courbe présente une branche parabolique dans la direction de Ox .
1
Notons que r (0) = et qu’il y a en ce point une tangente verticale (par symétrie) puisque ce
2
n’est pas un point de rebroussement.
L’examen des points d’inflexion est rarement aisé. Un des cas où cette étude est plus facile est
1
celui où est facile à dériver.
r (.)

Étude des inflexions


1 1 2 1
/(.) = = + cos 2. donne / (.) = 4 cos 2. d’où :
r (.) cos . cos3 . cos .
2 + 3 cos3 . 6 cos5 .
/(.) + / (.) = .
cos3 .
3
Les variations de f : x ! 2 + 3x 6x , avec f (x ) = 3x 2 (3
5
10x 2 ), montrent que, sur 1, 1 ,
f s’annule en changeant de signe en x0 $ 0,95.
Il y a donc une inflexion pour " = Arccos x0 $ 0, 33.
Une ébauche laisse penser à des points doubles.
Points doubles autres que O :
(
r (.+() = r (.) pour .#
équivaut à 1 cos . cos 2. = 1+cos . cos 2., c’est-à-dire cos . cos 2. = 0.
2
( 3(
Avec cos . # 0, il reste . = ou . = , ce qui donne les points doubles :
4 4
1 1 1 1
A= , et A = 2 , 2 .
2 2

O
x

Chapitre 7 - Équations différentielles. Courbes paramétrées. Fonctions de deux variables 335


Ex. 17
cos 3.
Étudier la courbe dont une équation polaire est : /(.) = .
cos 2.

La première chose à faire est de préciser l’ensemble de définition.


La parité, périodicité ou antipériodicité ramènent à un intervalle utile d’étude qui réduit
beaucoup les développements techniques utiles.

( (
La fonction / est sur ! - +k , k!$ .
4 2
Elle est de période 2( et paire, et ( est antipériode.
(
On étudie la courbe sur 0, 2 et on complète par la réflexion d’axe Ox .

Le plus important est d’étudier le signe de /(.). Les informations (secteur angulaire, passage par
l’origine) qui en découlent sont importantes. Les variations de / sont souvent plus difficiles à
déterminer.

( ( (
. 0
6 4 2

/(.) 1 + 0 + + 0

Origine
(
O=/ : le signe de / montre que c’est un point ordinaire.
6
(
O=/ : la symétrie d’axe Ox montre que c’est un point ordinaire.
2

(
Branche infinie en
4
cos(3 ( / 4 + 3h ) 2 cos(3h ) + sin(3h )
/(.) = /(( / 4 + h ) = = donne :
cos(( / 2 + 2h ) 2 sin(2h )
2 cos(3h ) + sin(3h )
/(.) sin h = .
4 cos h
1
cos(3h ) + sin(3h ) = 1 + 3h + o(h ) et = 1 + o(h ) donnent :
cos h
( 2 3 2
/ = + h + o(h ).
4+h 4 4
(
Dans le repère orthonormal direct associé à l’angle polaire , la droite d’équation
4
2 1
Y = est asymptote. Dans le repère fixe, cette droite a pour équation x y + = 0.
4 2
( (
Avant 4 , la courbe est en dessous de l’asymptote ; elle est au-dessus après 4 .

Tracé de la courbe
Utilisez une calculatrice pour contrôler votre interprétation graphique ! Un tracé est proposé à
la fin de l’exercice.

336 Sujets d’oraux


Autres points
Pour affiner un tracé à la main de la courbe, quelques points sont faciles à placer.

En /(0), la tangente est verticale par raison de symétrie de la tangente par rapport à Ox , en
sachant que ce n’est pas un point de rebroussement.
( est antipériode et la courbe est symétrique par rapport à Ox . Il n’y a donc pas d’autre point
double que l’origine.
y

O x

Ex. 18
1
Étudier la courbe paramétrée par : x (t ) = 2t + t 2 , y(t ) = 2t 2.
t

Toute étude de courbe paramétrée commence par une analyse des fonctions :
t ! x (t ) et t ! y(t ).
C’est à la suite de cette étude qu’apparaissent les situations qui demanderont une étude particu-
lière.

F : t ! x (t ), y(t ) est sur ! . et on a :


2
x (t ) = 2(1 + t ) , y (t ) = 3 (1 + t )(t 2 t + 1).
t
La courbe $ ne présente pas de symétrie apparente.

Chapitre 7 - Équations différentielles. Courbes paramétrées. Fonctions de deux variables 337


t 1 0 +
x 0 + +
+ 0 +
x
1 0
y + 0 +
3 +
y

Première particularité : il y a un point stationnaire ; sans qu’il soit nécessaire de le dire, les autres
sont réguliers.

Point stationnaire pour t = 1


On a x ( 1) = 0 et, avec x (t ) = 2, on a x ( 1) = 2.
1 6 24
Avec y (t ) = 2 1 + 3 , y (t ) = 4 , y (t ) = 5 , il vient y ( 1) = 6, y ( 1) = 24.
t t t
1
La tangente en 1 est dirigée par 2 F ( 1) = (1, 3).
En F ( 1) = ( 1, 3), la courbe présente un point de rebroussement de première espèce puisque
les vecteurs F ( 1) et F ( 1) = (0, 24) sont indépendants.
En général, l’étude des points doubles n’est abordée qu’après une première ébauche de la courbe.
Toutefois, il est aussi raisonnable de les examiner avant cette ébauche. C’est souvent une gestion
du temps disponible qui est un facteur décisif tant à l’écrit qu’à l’oral.

Points doubles
Pour t1 # t2 , on a :
• x (t1 ) = x (t2 ) si et seulement si (t1 t2 )(2 + t1 + t2 ) = 0, et
t1 + t2
• y(t1 ) = y(t2 ) si et seulement si (t1 t2 ) 2 + 2 2 = 0.
t2 t2
Avec t1 + t2 = 2, on a t1 t2 = 1, donc t1 et t2 sont les racines distinctes de l’équation :
• X 2 + 2X + 1 = 0, qui possède une racine double 1 ; il n’y a donc pas de point double
provenant de ce cas ;
Notons que la recherche de point double nous a fait rebondir, pour ce premier cas, sur le point
de rebroussement.

• ou X 2 +2X 1 = 0, de racines 1 2 et 1+ 2, ce qui donne un point double A = (1, 5).

Asymptote verticale
En 0, à gauche ou à droite, la courbe $ admet l’axe des ordonnées pour asymptote.

Branche infinie en
On a x (t ) ! t 2 et y(t ) ! 2t , d’où une branche parabolique dans la direction Ox .
y2 (t ) ! x (t ) conduit naturellement à préciser cette branche infinie en recherchant une parabole
asymptote.

338 Sujets d’oraux


Parabole asymptote
4 1 4 1 1
y2 (t ) = 4t 2 +o d’où y2 (t ) = 4x (t ) 8t +o et, avec 2t = y(t ) + o , il vient :
t t t t t
4 1
y2 (t ) + 4y(t ) = 4x (t ) +o .
t t
Donc la parabole (%) d’équation y2 + 4y = 4x est asymptote à $.
En + , 4x (t ) > y2 (t ) + 4y(t ) montre que $ est à droite de (%). Et$ est à gauche de (%) en .
2
L’équation de (%) se lit aussi (y + 2) = 4(x + 1), ce qui permet de marquer les éléments utiles.
L’occasion est donnée de montrer que les coniques restent dans votre domaine de connaissances,
même si ce n’est pas l’objet premier du sujet.

Le sommet est S = ( 1, 2), le paramètre est 2, le foyer est (0, 2).


Pour le tracé de la courbe, faites une ébauche avant de vous précipiter sur votre calculatrice, c’est
plus utile pour vous rôder à ces questions.

Représentation graphique
y

O
x

Autres points
4(t + 1) 1 1 4(t + 1)
Pour t # 1, on a det F (t ), F (t ) = 3 2 3 = 4 3 + t (t 2 t + 1) .
t t t+1 t
t
2 3 2 2
3 + t (t t + 1) = t t + t + 3 = (t + 1)(t 2t + 3) et t 2 2t + 3 n’a pas de racine réelle.
Tous les points, sauf F ( 1), sont biréguliers.

Chapitre 7 - Équations différentielles. Courbes paramétrées. Fonctions de deux variables 339


Ex. 19
1 + t2
On considère la courbe paramétrée : t ! 2 Arctan t , "n .
1 t2
En donner une équation cartésienne y = f (x ) et déterminer sa développée. (Voir ci-après.)

Une étude de courbe paramétrée 0 régulière, avec ses aspects métriques : repère de Frenet
1
(M, T , N ), courbure 1 et rayon de courbure R = , conduit souvent à l’étude d’une nouvelle
1
courbe paramétrée.
Étant donné un point M , de paramètre t , le point I défini par MI = R N est le centre de courbure
de 0 en M .
La développée de 0 est l’ensemble des centres de courbure en ses différents points.
1 t 2 sous le logarithme est l’élément principal pour l’ensemble de définition.
( (
Arctan est une bijection de ! sur , . Sa restriction à ] 1, 1[ définit une bijection de
2 2
( (
] 1, 1[ sur , .
4 4

1 + t2
La fonction 2 : t ! 2 Arctan t, "n 2 est sur I =] 1, 1[.
1 t

x x ( (
On a = Arctan t avec ! , .
2 2 4 4
Les expressions des fonction circulaires à l’aide de la tangente de l’argument moitié doivent être
connues et reconnues !
x
x 1 + tan2 1
2
Alors t = tan donne y = "n = "n = "n (cos x ).
2 1 tan 2 x cos x
2

( (
Étude sur , de f : x ! "n (cos x ).
2 2
f est paire, de dérivée donnée par f (x ) = tan x .
La représentation graphique est immédiate.
La première question du sujet montre à l’évidence qu’il s’agit de l’étude métrique d’une courbe
dans le cas particulier de y = f (x ).
Toute étude métrique qui reviendrait à la case départ : x (t ) = ... , y(t ) = ... pourrait être
considérée comme hors sujet.

1
La tangente en M (x ) est dirigée par 1, f (x ) = (1, tan x ) = (cos x, sin x ).
cos x
( ( 1 ds 1
Avec x ! , , on a > 0, donc = et T = (cos x, sin x ).
2 2 cos x dx cos x
On utilise les notations usuelles pour l’abscisse curviligne et le vecteur normé tangent.
Classiquement, on note ' l’angle polaire de T avec le vecteur normé qui dirige l’axe des abscisses.

On a en particulier ' = x modulo 2(.

340 Sujets d’oraux


On peut évidemment utiliser la formule de définition du centre de courbure I en M : MI = R N ,
avec le rayon de courbure et le vecteur normal en M .
Le cas où ' s’exprime simplement en fonction du paramètre donne une rédaction plus
«économique».

dy
d d x
Avec d' = dx , les coordonnées du centre de courbure sont dx
y+1

Le centre de courbure en M (x ) est donc I = x tan x, "n (cos x ) + 1 .

Ex. 20
t
x (t ) = "n tan + cos t
On considère la courbe plane $ paramétrée par M (t ) : 2
y(t ) = sin t

1) Préciser l’ensemble de définition de ce paramétrage et étudier succinctement cette courbe.

2) Étant donné un point M de paramètre t , on note N l’intersection de la tangente en M à $


et de l’axe des abscisses. Monter que la longueur du segment [MN ] est indépendante de t .

(
3) Paramétrer la développée (voir l’exercice 19) de la restriction de $ à 0, .
2

1) Le paramétrage M (t ) = x (t ), y(t ) est 2(-périodique.


t t (
tan > 0 nécessite ! 0, modulo (, c’est-à-dire t ! 0, ( modulo 2(.
2 2 2
On obtient la courbe $ toute entière en considérant la restriction de M à l’intervalle 0, ( et
M est sur 0, ( .

Un peu de trigonométrie basique permet de détecter une symétrie.

( t 1
x ( t = "n tan + cos(( t ) = "n cos t = x (t ) et y(( t ) = y (t )
2 2 tan
t
2
montre que M (( t ) et M (t ) sont symétriques par rapport à (Oy).
(
À cette symétrie près, on peut se restreindre à l’intervalle 0, .
2
1 1 1 1 cos2 t
x (t ) = sin t = sin t = et y (t ) = cos t donnent facilement
2 tan t
cos2
t sin t sin t
2 2
les variations de x et y.
( y (t ) (
En , il y a un point stationnaire et, avec = tan t , la tangente en A = M = (0, 1) est
2 x (t ) 2
dirigée par (Oy). Pour la courbe $, en tenant compte de la symétrie d’axe (Oy), c’est donc un
point de rebroussement de 1re espèce.
La représentation graphique est immédiate.

Chapitre 7 - Équations différentielles. Courbes paramétrées. Fonctions de deux variables 341


y

O x

2)
Venons-en au segment [MN ]. Pour une équation de la tangente, il y a lieu de distinguer le point
(
particulier A = M = (0, 1).
2
(
A=M = (0, 1) et la tangente en A coupe (Ox ) en O , donc AO = 1 est la valeur de MN pour
2
(
la valeur du paramètre.
2
(
Pour t ! 0, , la pente de la tangente est tan t .
2
La tangente en M (t ) a pour équation Y y(t ) = X x (t ) tan t .
y (t ) y(t ) 2
L’abscisse de N (t ) est donc X = x (t ) tan t
donc MN 2 = y2 (t ) + tan t
= 1.

cos t
x (t ) = cos t
( sin t
3) La restriction de M à 0, est régulière et
2 cos t
y (t ) = sin t
sin t
cos t ( ds cos t
Avec > 0 sur 0, , on a donc = et T = (cos t, sin t ).
sin t 2 dt sin t

L’angle polaire ' = i , T est donc t modulo 2(.


Les coordonnées du centre de courbure sont :
dy dy t
xI = x (t ) = x (t ) = "n tan ,
d' dt 2
dx dx cos2 t 1
et yI = y(t ) + = y(t ) + = sin t + = .
d' dt sin t sin t
ds ds cos t
Le rayon de courbure est R = = = . Mais, comme dans l’exercice précédent, il
d' dt sin t
n’est pas utile de s’y attarder. Réservons la formule I = M + R N aux cas où ' ne s’exprime pas
simplement en fonction du paramètre.

Ex. 21
Équation intrinsèque
Donner un exemple de courbe paramétrée telle que : R 2 + s2 = a 2 ,
R étant le rayon de courbure, s une abscisse curviligne et a > 0 un paramètre réel.

342 Sujets d’oraux


Une paramétrisation de courbe présente une connotation de cinématique où vitesse et accéléra-
tion sont sous-entendues en même temps que la trajectoire.
Les données à caractère géométrique (on dit : intrinsèque) sont la position du point fixée par s,
le rayon de courbure R et l’angle ' du vecteur normé tangent.
La clé de tout exercice de ce type est d’utiliser l’angle ' comme paramètre.
2
On admet que c’est possible pour tout arc birégulier de classe .
Un paramétrage de la courbe consiste alors à exprimer les coordonnées (x, y) en fonction de '.

Conditions nécessaires
2
Soit 0 un arc birégulier de classe paramétré par ' ! M ('), ' ! I , solution du problème.
2 2 2
La condition R + s = a donne R = a2 s2 , recherchons donc 0 tel que :
pour tout ' ! I, R = a 2 s2 .
R ne s’annulant pas sur un arc birégulier, on a nécessairement ! ' !I, a < s < a , et la condition
ds
R= a2 s2 s’écrit = d' ce qui donne :
a2 s2
s
Arcsin =' '0 puis s = a sin(' '0 ).
a
Limitons-nous alors à la recherche d’un arc tel que '0 = 0, on a :
ds
s = a sin ' donc = a cos '.
d'
dx dy
Sachant que = cos ' et = sin ', il en découle :
ds ds
dx dx ds dy
= = a cos2 ' et, de même, = a sin ' cos '.
d' ds d' d'
dx a
Avec = (1 + cos 2'), on choisit :
d' 2
a 1 a
x= ' + sin 2 ' = 2 ' + sin 2 ' ,
2 2 4
dy a
et avec d' = 2 sin 2', on choisit :
a
y= cos 2'.
4
a a
En posant , = 2', on a aussi x = (, + sin ,) et y = cos ,.
4 4
Tout cela ressemble fort à une paramétrisation de cycloïde, courbe classique incontournable. Il
reste à mieux la mettre en évidence.
a a
Posons , = t + (. Il vient x = (( + t sin t ) et y = cos t .
4 4
Un changement de repère va miraculeusement faire apparaître la paramétrisation usuelle d’une
cycloïde.
a a
Dans un repère où les coordonnées (X, Y ) sont liées à (x, y) par X = x ( et Y = y, on a :
4 4
a a
X = (t sin t ) et Y = (1 cos t ).
4 4
Remarquons de plus que pour avoir un arc birégulier de classe $2 , il faut se limiter à
t ! 2k (, 2(k + 1) ( , par exemple à 0, 2 ( , et on obtient une arche de cycloïde.

Chapitre 7 - Équations différentielles. Courbes paramétrées. Fonctions de deux variables 343


Ce type de courbe est particulièrement usuel. Au besoin, votre calculatrice permettra de retrouver
son allure.
On vient ainsi de montrer que les arcs solutions du problème sont nécessairement des arches de
cycloïdes. Il faut maintenant vérifier que de tels arcs sont effectivement solution.

Condition suffisante
a a
Considérons la courbe paramétrée par t ! M (t ) = (t sin t ), (1 cos t ) , t !]0, 2 ( [.
4 4
a t a t t
On a x (t ) = sin2 , y (t ) = sin cos et, cet arc étant orienté dans le sens des t croissants,
2 2 2 2 2
ds a t t t ( t
il vient = sin et T = sin , cos ce qui donne ' = .
dt 2 2 2 2 2 2
D’après les conditions nécessaires, s doit s’annuler avec ', on prend donc l’origine des abscisses
curvilignes en A = M ((). On obtient alors :
t
a u t
s(t ) = sin du = a cos
( 2 2 2
ds ds t
et, avec R = d' = 2
dt
= a sin , il vient :
2
!t ! 0, 2 ( [, R (t )2 + s(t )2 = a 2 ,
d’où la conclusion.

Ex. 22
4
t
x = "n
Étudier la courbe paramétrée définie par (t 2)2
1 2
y= t (t 6)
5

a) x (t ) est de classe sur ] , 0[ % ]0, 2[ % ]2, + [ . y(t ) est de classe sur !.


2(t 4)
x (t ) = ,
t (t 2)
3
y (t ) = t (t 4),
5
y (t ) 3 2
m (t ) = = t (t 2),
x (t ) 10
3
et m (t ) = t (3t 4).
10
b) Branches infinies
6 2
En 0, x (t ) ! 4 "n t et y(t ) ! 5
t :
asymptote y = 0, avec lim x = lim x = .
0+ 0

16
En 2, x (t ) ! 2 "n t 2 et y(t ) ! :
5
16
asymptote y = 5 , avec lim x = lim x = + .
2+ 2

t3
En et en , x (t ) ! 2 "n t et y(t ) ! : branches paraboliques verticales.
5

344 Sujets d’oraux


c) Tableau des variations

t 0 2 4 +

x + 0 +

y + 0 0 +

x + + + 6 "n 2 +

16 32
y 0 +
5 5
Notons quelques points particuliers :
32 32
M ( 2) = 0, , M (1) = (0, 1), M (4) = 6 "n 2, , M (6) = (4 "n 3, 0).
5 5
d) Point stationnaire, pour t = 4, dont les coordonnées (approchées) sont (4, 16 ; 6, 4).
Les variations de x (t ) et y(t ) montrent que c’est un point de rebroussement.
m (t ) ne présente pas d’extremum en 4. C’est donc un rebroussement de première espèce. La
48
pente de la tangente en ce point est m (4) = .
5
4
e) Les variations de m (t ) montrent qu’il y a un point d’inflexion pour t = 3 . Les coordonnées
(approchées) de ce point sont (1, 96 ; 1, 66)
y

x
O

Chapitre 7 - Équations différentielles. Courbes paramétrées. Fonctions de deux variables 345


f) Point double
Pour t1 # t2 , les relations y(t1 ) = y(t2 ) et x (t1 ) = x (t2 ) donnent, avec P = t1 t2 et S = t1 + t2 :
P = S2 6S et SP 2 4P (S2 P ) + 4S(S2 2P ) = 0 c’est-à-dire :
P = S2 6S et SP 2 24PS + 4S(6S P ) = 0.
S = 0 et donc P = 0 est à écarter et il reste :
P = S2 6S et P 2 28P + 24S = 0.
Il vient alors S (S 6) 28S(S 6) + 24S = 0 et donc S(S 6)2 28(S 6) + 24 = 0 puisque
2 2

S # 0 ou encore (S 6)3 + 6(S 6)2 28(S 6) + 24 = 0


Les racines de X 3 + 6X 2 28X + 24 sont 2 (apparente) et 4 2 7. On a donc :
S = 8 ou S = 2(1 7).
S = 8 donne P = 16 et conduit à X 2 8X + 16, qui a une racine double. C’est à écarter.
S = 2(1 7) donne P = 20 + 4 7, mais X 2 2(1 7)X + 20 + 4 7 est sans racine réelle.
Il reste enfin S = 2(1 + 7) et P = 20 4 7, ce qui conduit à X 2 2(1 + 7) + 20 4 7, de
racines réelles 1 + 7 6( 7 2), ayant pour valeurs approchées 1, 7 et 5, 6.
Calculons les coordonnées xA et yA du point double en fonction de S = 2(1+ 7) et P = 20 4 7.
1 1 (t1 t2 )4 1 P
4
xA = x (t1 ) + x (t2 ) = "n = "n donne x $ 4, 33.
2 2 (t1 2)2 (t2 2)2 2 (P 2S + 4)2
1 1 3 3 1
yA = y(t1 ) + y(t2 ) = t + t2 6(t12 + t22 ) = (6P PS) donne yA $ 2, 43.
2 10 1 5

C Fonctions de deux variables


Ex. 23
2
Déterminer les fonctions réelles de classe sur ! ! qui vérifient :
2 2
3 f 3 f y
= .
3x 2 3 y2 x3
On pourra utiliser x = u + v et y = u v.

Une étude de changement de variable pour des dérivées partielles d’ordre 2 est traitée en thème
d’étude. Voir le thème d’étude 5 de ce chapitre.
De la sorte, le changement de variable proposé n’est pas l’effet d’un tâtonnement et de hasard.
1 1
Pour le changement de variable bijectif défini par u = (x + y) et v = (x y), on a :
2 2
3 1 3 3
= + ,
3x 2 3u 3v
3 1 3 3
= ,
3y 2 3u 3v
32 1 32 32 32
2
= 2
+2 + ,
3x 4 3u 3u 3v 3 v2
32 1 32 32 32
2
= 2 + ,
3y 4 3u 2 3u 3v 3 v2

346 Sujets d’oraux


et il vient :
32 32 32
= .
3x 2 3 y2 3u 3v
En posant g(u, v) = f (x, y) = f (u + v, u v), on est ramené aux fonctions de classe 2 sur le plan
privé de la droite u + v = 0 telles que :
32g u v 1 2v
= = .
3 u 3 v (u + v)3 (u + v)2 (u + v)3
3g 1 v
Alors = + + r (v) où r est une fonction de classe 1 .
3v u + v (u + v)2
Il importe de cerner les qualités des «constantes d’intégration».
3g 1 1
est de classe , la constante d’intégration r est donc de classe .
3v
3g u u
= + r (v) donne g(u, v) = + R (v) + S(u ) où R est une primitive de r et S est
3v (u + v)2 u+v
une fonction de classe 2 .
En conclusion, les solutions sont les fonctions f définies par :
y
f (x, y) = + A(x + y) + B(x y) où A et B sont des fonctions de classe 2 sur !.
2x

Ex. 24
Déterminer les extremums de la fonction f : (x, y) ! x 2 y 3x 2 y .

La fonction f est de classe sur !2 . Les extremums sont nécessairement des points où grad f
est nul.

3f
(x, y) = 4x 3x 2 2y
3x
Le gradient de f en (x, y) est :
3f
(x, y) = 4x 2 + 2y
3y
Les points où f peut présenter un extremum sont ceux qui vérifient :
x=0 3x 2 2y = 0
ou
2 2
4x + 2y = 0 4x + 2y = 0
Il est facile de voir que l’origine est le seul point où f peut présenter un extremum.
On a f (0, 0) = 0.
La forme particulière de f (x, y) invite à examiner des paraboles.

Sur l’axe des abscisses, on a f (x, 0) = 3x 4 qui est strictement positif pour tout x # 0.
Sur la parabole d’équation y = 2x 2 , on a f (x, 2x 2 ) = x 4 qui est strictement négatif pour
tout x # 0.
Il s’ensuit, qu’en (0, 0), la fonction ne présente ni maximum ni minimum.
Il est en fait aisé de voir où on a f (x, y) > 0 et où on a f (x, y) < 0.

La parabole % d’équation y = x 2 partage le plan en deux régions.


Au-dessus de %, on a y > x 2 , donc x 2 y < 0.
Au-dessous de %, on a x 2 y > 0.

Chapitre 7 - Équations différentielles. Courbes paramétrées. Fonctions de deux variables 347


La parabole & d’équation y = 3x 2 partage le plan en deux régions.
Au-dessus de &, on a y > 3x 2 , donc 3x 2 y < 0.
Au-dessous de &, on a 3x 2 y > 0.
Les positions relatives de ces paraboles sont immédiates.

Il s’ensuit que f (x, y) < 0 pour tout point (x, y) compris entre % et &,
et f (x, y) > 0 pour tout point (x, y) au-dessus de & ou en dessous de %.

Ex. 25
1
Déterminer ' ! (!+ , !) pour que la forme différentielle :
y x
w(x, y) = dx + dy ' x 2 + y2 ,
1 + x2 1 + y2
soit exacte. Trouver alors une primitive de w.

Détermination de '
2 2 2 2
y' x +y x ' x +y
Écrivons w = P dx +Q dy avec : P = et Q= .
1 + x2 1 + y2
Dans le calcul qui suit, par souci d’allègement, on écrit ' et ' au lieu de :
' x 2 + y2 et de ' x 2 + y2 .

3P ' + 2y2 ' 3Q ' + 2x 2 '


Le calcul donne : = , = .
3y 1 + x2 3x 1 + y2
3P 3Q
= exprime que w est fermée.
3y 3x
Comme w est de classe 1 sur le convexe !2 , cela suffira pour avoir w exacte, en application du
théorème admis de Poincaré.

Par le théorème de Poincaré, w est exacte sur !2 si et seulement si :


3P 3Q
= : y2 x2 ' + 2 1 + x 2 + y2 ' = 0.
3y 3x
Par continuité, cela équivaut à :
' x 2 + y2 + 2 1 + x 2 + y2 ' x 2 + y2 = 0 pour tout (x, y) ! !2 .

On met en évidence le terme t = x 2 + y2 qui décrit [0, + [ quand (x, y) décrit !2 .

Les fonctions ' sont les solutions de l’équation différentielle linéaire du premier ordre :
2(1 + t )z + z = 0 sur [0, + [.
$ 1
La solution générale étant t ! , on peut choisir '(t ) = et :
1+t 1+t
1 y x
w= 2 dx + dy .
2
1+x +y 2 1+x 1 + y2

Recherche d’une primitive F de w


3F y y dx
(x, y) = conduit au calcul de .
3x 2
(1 + x ) 1 + x 2 + y2 (1 + x ) 2
1 + x 2 + y2
( ( dx
Le changement de variable bijectif x = tan ., . ! ,
2 2
donne = d. et :
1 + x2

348 Sujets d’oraux


y d. y cos . d.
= .
1 + tan2 . + y2 1+ y2 y2 sin2 .

y cos .
y cos . 1 + y2 y d. y sin .
= donne = Arcsin .
2 2 1 + y2
1 + y2 y2 sin2 . y sin . 1 + tan2 . + y2
1
1 + y2
x xy
En notant que sin . = , on a F (x, y) = Arcsin .
1 + x2 (1 + x 2 )(1 + y2 )
Par symétrie des rôles joués par x et y, la condition :
3F x
(x, y) =
3y 1 + y2 1 + x 2 + y2
est satisfaite.
xy
Ainsi, l’application F : !2 !, (x, y) ! Arcsin est de classe 1
, elle a pour
(1 + x 2 )(1 + y2 )
différentielle dF = w.

Ex. 26
u+v
Déterminer sup .
(u,v)![0,1]2 1 + u2 1 + v2

u+v
f : !2 !, (u, v) ! est définie et continue, positive sur [0, 1]2 .
1 + u2 1 + v2
La condition nécessaire d’extremum concerne les fonctions définies sur un ouvert.
De ce fait, on étudie les extremums éventuels de f sur ]0, 1[2 , sans oublier d’étudier aussi ce qui
se passe sur le bord de [0, 1]2 .

Sur l’ouvert 4 = ]0, 1[2 , f est de classe 1


et f > 0.
Dire que f présente un maximum en (u0 , v0 ) équivaut à dire que g = "n f présente un
maximum en (u0 , v0 ).

La fonction g = "n f est encore de classe 1 .


Une condition nécessaire pour que f (ou g) présente un extremum en (u, v) est :
3g 3g
(u, v) = (u, v) = 0.
3u 3v
Avec g(u, v) = "n (u + v) "n 1 + u 2 "n 1 + v2 , il vient :
3g 1 2u 3g 1 2v
= , = .
3u u+v 1 + u2 3v u + v 1 + v2
u v
En un point de gradient nul, on a donc nécessairement = .
1 + u2 1 + v2
x
La fonction ' : x ! étant strictement croissante sur [0, 1], il en découle que u = v.
1 + x2
1
La fonction ' atteint son minimum 0 sur [0, 1] en 0 et son maximum en 1.
2

Chapitre 7 - Équations différentielles. Courbes paramétrées. Fonctions de deux variables 349


1 2u 1
Alors = donne 3u 2 = 1, d’où u = v = .
2u 1 + u2 3
1 1 3 3
Le seul point critique sur 4 est A = , et on a : f (A) = .
3 3 8
Étudions f sur la frontière de [0, 1]2 :
u 1 1
f (u, 0) = = '(u ) donne 0 * f (u, 0) * et on a < f (A).
1+u 2 2 2
u+1 3 3 4
f (u, 1) = 2 et on a f (A) f (u, 1) = 2 u2 + 1 (u + 1) .
2(1 + u ) 8 1+u 3 3
2
4 2 4 4 4
Notons que u 2 u= u et que C = 1 > 0, et on a donc :
3 3 3 3 27 3 3 27
2
3 3 2
f (A) f (u, 1) = u +C > 0.
8 1 + u2 3 3

Par symétrie, on a aussi f (0, v) < f (A) et f (1, v) < f (A).


La suite des calculs n’est guère enthousiasmante ! Le plus sage serait d’admettre un résultat
classique pour les fonction réelles de variable réelle : une fonction continue sur un segment
est bornée et atteint ses bornes. L’analogue donne que f continue sur le pavé fermé [0, 1]2 est
bornée et atteint ses bornes. Avec ce résultat, le problème est résolu : le minimum est atteint en
(0, 0) et le maximum en A.
Cette démarche conforme au programme de 2e année serait acceptée lors d’un oral !

f présente un maximum absolu et strict en A si et seulement si :


f (A) f (u, v) > 0 pour tout (u, v) ! [0, 1]2 - A .
3 3 u+v 3 3 8 3
f (A) f (u, v) = = 1 + u2 1 + v2 (u + v)
8 1 + u2 1 + v2 8 1 + u2 1 + v2 9
8 3
ramène à l’étude de 5(u, v) = 1 + u 2 1 + v2 9
(u + v), pour établir que 5 présente un
minimum nul strict en A. Ce qui n’est pas immédiat !

Conclusion
1 1
En admettant le résultat évoqué ci-dessus, f présente en A = , un maximum absolu
3 3
3 3
et strict sur [0, 1]2 , de valeur .
8

Ex. 27
Étudier les extrema de la fonction réelle f définie sur !2 par :
f (x, y) = x 4 + y4 2(x y )2 .

La fonction f est de classe sur !2 .


!2 étant un ouvert, les extrema sont nécessairement des points de gradient nul.

3f 3f
(x, y) = 4x 3 4(x y) , (x, y) = 4y3 + 4(x y).
3x 3y

350 Sujets d’oraux


3f 3f
(x, y) = 0 et (x, y) = 0 équivaut à x 3 + y3 = 0 et x 3 y3 2(x y) = 0 c’est-à-dire :
3x 3y
y= x et x (x 2 2) = 0,
d’où les solutions :
O (0, 0), A( 2, 2) et B( 2, 2).

Examinons maintenant quels sont, parmi ces points, ceux où f présente un extremum.

On a f (0, 0) = 0. Montrons que f ne présente pas d’extremum en O .


Il suffit d’hexiber, dans tout voisinage de O , des points où f prend des valeurs de signes contraires.

En effet, f (x, x ) = 2x 4 et f (x, x ) = 2x 2 (x 2 4) montrent que, dans toute boule de rayon r < 2,
on a f (x, x ) > 0 et f (x, x ) < 0, dès que x est non nul.
Étude en A
On a f (A) = 8. Posons x = h + 2 et y = k 2. On a :
f (x, y) = 8 + 10h 2 + 4hk + 10k 2 + 4 2 h 3 k3 + h 4 + k4 ,
c’est-à-dire f (x, y) = f (A) + 8(h 2 + k 2 ) + 2(h + k )2 + 4 2 h 3 k 3 + h 4 + k 4 , donc :
f (x, y) f (A) & 8 h 2 + k 2 + 4 2 h 3 k3 .

4 2 k3 k
3
En posant 2 2 = )(h, k ), on a lim )(h, k ) = 0, donc il existe " > 0 tel que :
h +k (h,k ) (0,0)

sup h , k <" )(h, k ) < 8.


Ainsi, sup h , k < " f (x, y) f (A) = h 2 + k 2 8 + )(h, k ) & 0, ce qui montre que f
présente un minimum en A.
Avec f (x, y) = f (y, x ), on voit que f présente aussi un minimum en B.

Ex. 28
Un ouvert U de !2 est étoilé par rapport à a ! U lorsque, pour tout v ! U , le segment [a, v]
est inclus dans U .
1
On considère une fonction de classe sur U , où U est un ouvert étoilé par rapport à a ! U
et on suppose que gradfv = 0 pour tout v ! U .
Soit u ! U . En considérant la fonction ' de variable réelle définie sur [0, 1] & ! par :
'(t ) = f a + t (u a) ,
montrer qu’il existe .!]0, 1[ tel que :
f (u ) f (a ) = gradfa +.(u a) u a
et conclure.

Si f est constante, ses dérivées partielles sont nulles en tout u ! U , c’est-à-dire que le gradient
de f est nul en tout point de U . C’est la réciproque qui est l’objet de l’exercice.

Pour une forme plus familière, on pose a = x0 , y0 et u = x1 , y1 .


Alors, on a '(t ) = f x0 + t x1 x0 , y0 + t y1 y0 .
3f 3f
Il s’ensuit ' (t ) = x1 x0 a + t (u a ) + y1 y0 a + t (u a) .
3x 3y

Chapitre 7 - Équations différentielles. Courbes paramétrées. Fonctions de deux variables 351


1
Comme f est de classe , il en est de même pour '. On a :
f (u ) f (a ) = '(1) '(0).
La formule des accroissements finis donne '(1) '(0) = ' (.), avec 0 < . < 1, soit :
3f 3f
f (u ) f (a ) = (x1 x0 ) (a + .(u a )) + (y1 y0 ) (a + .(u a )),
3x 3y
ou encore : f (u ) f (a ) = gradfa +.(u a) u a .
Il s’ensuit f (u ) = f (a ) donc f est constante sur U .
Comment ne pas faire le parallèle avec le théorème usuel pour une fonction réelle, dérivable sur
un intervalle de ! et de dérivée nulle ?

Ex. 29
2
Étant donné une fonction f de classe sur ] 1, 1[, on considère la fonction g définie sur
( cos 2x
0, ! par : g(x, y) = f .
2 ch 2y
32g 32g
1) Exprimer le laplacien de g, 6g = + , à l’aide des dérivées première et seconde
3x 2 3 y2
cos 2x
de f en .
ch 2y
cos 2x
2) Déterminer parmi ces fonctions f celles pour lesquelles 6g = .
ch3 2y

1) ( cos 2x (
Pour tout (x, y) ! 0, !, on a !] 1, 1[ et 0, ! est un ouvert de !2 .
2 ch 2y 2

3g sin 2x cos 2x 3g cos 2x sh 2y cos 2x


On a (x, y) = 2 f et = 2 f .
3x ch 2y ch 2y 3y ch2 2y ch 2y

Il s’agit là d’un simple calcul de dérivation de fonction composée.


Il en est de même pour les dérivées partielles secondes.
32g cos 2x cos 2x sin2 2x cos 2x
2 (x, y) = 4
ch 2y
f
ch 2y
+4 f
ch 2y
,
3x ch2 2y
32g 4 cos 2x 8 sh2 2y cos 2x cos 2x 4 sh2 2y cos2 2x cos 2x
2 (x, y) = ch 2y
+ f
ch 2y
+ f
ch 2y
.
3y ch3 2y ch 2y 4

Et ces dérivées partielles sont continues.


Il s’agit dans un premier temps de prendre connaissance de ce laplacien.
sin2 2x sh2 2y cos2 2x cos 2x
6g(x, y) = 4 2
+ f
ch 2y ch4 2y ch 2y

cos 2x sh2 2y cos 2x cos 2x


8 3
f ,
ch 2y ch 2y ch 2y

sin2 2x ch2 2y + sh2 2y cos2 2x cos 2x


=4 4
f
ch 2y ch 2y

cos 2x ch2 2y sh2 2y cos 2x cos 2x


8 3
f .
ch 2y ch 2y

352 Sujets d’oraux


Et il vient finalement :
ch2 2y cos2 2x cos 2x cos 2x cos 2x
6g(x, y) = 4 f 8 f .
4
ch 2y ch 2y ch 2y3 ch 2y

2) Ce genre de problème débouche toujours sur une équation différentielle ordinaire.


cos 2x
Rappelons que l’on a t = !] 1, 1[.
ch 2y

cos 2x t
6g = s’écrit alors : (1 t 2 )f (t ) 2tf (t ) = , après avoir multiplié par ch2 y.
3
ch 2y 4

On reconnaît dans le premier membre la dérivée de t ! (1 t 2 )f (t ) ; une première intégration


1 $
donne donc : f (t ) = + , avec $ ! !. Il vient alors :
8 1 t2

t
f (t ) = + % + $ Argth t , avec ($, %) ! !2 .
8

Ex. 30
Soit u et v des fonctions réelles de classe sur !.
2
On considère la fonction f de ! dans ! définie par :
x +t
1
f (x, t ) = u (x + t ) + u (x t) + v(s) ds .
2 x t

3f 32 f 32f
1) Que valent, pour x ! !, f (x, 0) et 3 t (x, 0) ? Calculer (x, t ) (x, t ).
3x 2 3t 2

2) On cherche les fonctions y de classe $2 sur [0, (] ! telles que :


32y 32y
(1) : 2
(x, t ) (x, t ) = 0 sur [0, (] !,
3x 3t 2
(2) : y(0, t ) = y((, t ) = 0 pour tout t ! !,
(3) : y(x, 0) = sin x pour tout x ! [0, (],
3y
(4) : (x, 0) = sin 2x pour tout x ! [0, (].
3t
Donner une solution particulière y0 pour ce problème.
En posant z = y y0 , exprimer les conditions (1), (2), (3), (4), vis-à-vis de z .
2
3 z 32z
Résoudre (1) : 2 (x, t ) (x, t ) = 0 sur [0, (] ! en utilisant le changement de variable :
3x 3t 2
(x, t ) (x + t, x t)

et, avec les autres conditions, montrer que y0 est l’unique solution du problème.
2 2
(
3 y0 3 y0
3) Pour t ! !, calculer I (t ) = (x, t ) + (x, t ) dx .
0 3x 3t

Chapitre 7 - Équations différentielles. Courbes paramétrées. Fonctions de deux variables 353


x
1
1) a) f (x, 0) = 2u (x ) + v(s) ds = u (x ).
2 x
Attention à la dérivation d’intégrale dont les bornes sont variables.
'(x )
x ! f a pour dérivée x ! ' (x )f '(x ) ,
a
a
mais x ! f a pour dérivée x ! ' (x )f '(x ) .
'(x )

3f 1 3f
(x, t ) = u (x + t ) u (x t ) + v(x + t ) + v(x t ) donne en particulier (x, 0) = v(x ).
3t 2 3t
32f 1
2
(x, t ) = u (x + t ) + u (x t ) + v (x + t ) v (x t) ,
3t 2
3f 1
(x, t ) = u (x + t ) + u (x t ) + v(x + t ) v(x t) ,
3x 2
32f 1
et 2
(x, t ) = u (x + t ) + u (x t ) + v (x + t ) v (x t)
3x 2
32f 32f
donnent : 2 (x, t ) (x, t ) = 0.
3x 3t 2

2) Avec u (x ) = sin x et v(x ) = sin 2x , la fonction définie par :


x +t
1
y0 (x, t ) = u (x + t ) + u (x t) + v(s) ds
2 x t
vérifie les quatre conditions (1), (2), (3), (4).
Les conditions relatives à z sont alors :
32z 32z
(1) : 2
(x, t ) (x, t ) = 0 sur [0, (] !,
3x 3t 2
(2) : z (0, t ) = z ((, t ) = 0 pour tout t ! !,
(3) : z (x, 0) = 0 pour tout x ! [0, (],
3z
(4) : (x, 0) = 0 pour tout x ! [0, (].
3t
Pour la résolution de l’équation du second ordre aux dérivées partielles, on reprend la démarche
vue dans l’exercice 23.

En posant p = x + t et q = x t et z (x, t ) = Z (p, q) :


2
3 z 32z 32Z
(1) : 2 (x, t ) 2 (x, t ) = 0 devient
3p 3q
= 0,
3x 3t
ce qui donne Z (p, q) = '(p) + ,(q), d’où z (x, t ) = '(x + t ) + ,(x t ), avec ' et , de classe 2 sur !.
z (x, 0) = 0 donne '(x ) + ,(x ) = 0, d’où ' (x ) + , (x ) = 0.
3z
(x, 0) = 0 se lit ' (x ) , (x ) = 0,
3t
et ces deux relations donnent ' = , = 0, donc ' et , constantes et ces constantes sont opposées,
compte tenu de '(x ) + ,(x ) = 0.
On en déduit que z est la fonction nulle et il s’ensuit que y0 est l’unique solution.
x +t
1
3) Dérivons y0 définie par y0 (x, t ) = sin(x + t ) + sin(x t) + sin 2s ds .
2 x t

354 Sujets d’oraux


Si la formulation de la question fait un peu peur, il suffit de l’analyser rapidement pour que les
difficultés disparaissent. Il faut porter un soin particulier à la dérivation, par rapport à x ou par
x +t
rapport à t , de l’intégrale sin 2s ds.
x t

3 y0 1
On a (x, t ) = cos(x + t ) cos(x t ) + sin 2(x + t ) + sin 2(x t ) , c’est-à-dire :
3t 2
3 y0
(x, t ) = sin x sin t + sin 2x cos 2t
3t
et il vient ensuite :
2
3 y0 1 cos 2x 1 cos 4x cos x cos 3x
(x, t ) = sin2 t + cos2 2t 2 sin t cos 2t .
3t 2 2 2

Les intégrales sur [0, (] de cos x , cos 2x , cos 3x et cos 4x sont nulles.
( 2
3 y0 (
Il s’ensuit (x, t ) dx = (sin2 t + cos2 2t ).
0 3t 2
3 y0
On a de façon analogue (x, t ) = cos x cos t + cos 2x sin 2t et il vient ensuite :
3x
2
3 y0 1 + cos 2x cos x + cos 3x 1 + cos 4x
(x, t ) = cos2 t + 2 cos t sin 2t + sin2 2t .
3x 2 2 2
2
(
3 y0 (
Il s’ensuit (x, t ) dx = cos2 t + sin2 2t et finalement, I (t ) = (.
0 3x 2

Chapitre 7 - Équations différentielles. Courbes paramétrées. Fonctions de deux variables 355


Thèmes d’étude - Problèmes
1 Équations différentielles du second ordre,
raccordement de solutions
On considère les équations différentienlles sur ! :
(E) : (1+ch x )y y sh x y = 1, (F) : (1+ch x )y y sh x y = 0, (G) : y y = 0.

1) En exprimant les solutions de (G) à l’aide des fonctions sh et ch , déterminer les solutions
communes à (F) et (G) et les solutions communes à (E) et (G).
2) Pour résoudre l’équation (E) :
a) sur !+ et sur ! , on effectue le changement de fonction inconnue défini par :
y = ch x + z sh x .
Former l’équation (H) du premier ordre vérifiée par z .
b) Résoudre (H) sur !+ et sur ! et donner les solutions de (E) sur ces deux intervalles.
c) Trouver les solutions de (E) sur !.

Solution

1) Les solutions communes à (F) et (G) sont caractérisées par le système différentiel :
y =y
y ch x y sh x = 0 (F’)
x x
Les solutions de (G) sont les fonctions x ! = "e + #e avec (", #) ! !2 , ou encore :
y = $ sh x + % ch x avec ($, %) ! !2 .
Une telle fonction est solution de (F’) si et seulement si % = 0.
Les solutions communes à (F) et (G) sont donc les fonctions y = $ sh x , avec $ ! !.
Les solutions communes à (E) et (G) sont caractérisées par le système différentiel :
y =y
y ch x y sh x = 1 (E’)
Les solutions de (G) sont les fonctions y = $ sh x + % ch x avec ($, %) ! !2 .
Une telle fonction est solution de (E’) si et seulement si % = 1.
Les solutions communes à (E) et (G) sont donc les fonctions x ! ch x + $ sh x , $ ! !.
2) a) On a y = ch x + z sh x , y = sh x + z ch x + z sh x et y = ch x + z sh x + 2z ch x + z sh x .
y est donc solution de (E) sur I1 ou sur I2 si et seulement si :
sh x (1 + ch x ) z + 2(1 + ch x ) ch x sh2 x z = 0,
c’est-à-dire sh x (1 + ch x ) z + (1 + ch x )2 z = 0 soit :
x x
(H) z sh x + (1 + ch x )z = 0 ou encore z sh + z ch = 0.
2 2
"k 2"k
b) Les solutions z1 et z2 de (H) sur I1 et sur I2 sont zk = d’où zk = + #k .
2 x x
sh th
2 2

356 Thèmes d’étude – Problèmes


On en déduit que les solutions y1 et y2 de (E) sur I1 et sur I2 sont :
x
yk = ch x + #k sh x 4 "k ch2 .
2
c) Pour que des solutions se raccordent, il est nécessaire que :
y1 (0) = y2 (0) "1 = "2 et y1 (0) = y2 (0) # 1 = #2 .
Ces conditions sont évidemment suffisantes, donc les solutions sur ! sont :
x
x ! ch x + # sh x + $ ch2 .
2

2 Équation différentielle du second ordre,


de type Euler
Soit a un nombre réel non nul.
On considère l’équation différentielle, de fonction inconnue y réelle, sur ]0, + [ :
(Ea ) : x a +1 y + (2a + 1)x a y + a 2 x a 1 y = 1.
1) On suppose a = 0. Donner les solutions de (E0 ).
2) On suppose désormais a > 0.
a
a) Vérifier que y = x est solution de l’équation homogène :
(Ha ) : x a +1 y + (2a + 1)x a y + a 2 x a 1 y = 0.
b) En effectuant, dans (Ea ), le changement de fonction inconnue défini par :
y = zx a ,
former l’équation différentielle vérifiée par z et intégrer cette équation.
c) En déduire les solutions de (Ea ).
d) Exemple. Résoudre sur !+ l’équation d’Euler (E1 ) : x 2 y + 3xy + y = 1.
3) On suppose a = e.
a) Déterminer la solution f de (Ee ) qui vérifie : f (1) = 1 et f (1) = 2e 1.
b) Soit ' la restriction de f à ]0, e].
0
Montrer que ' admet une fonction réciproque g et calculer g(y) dy.
1

Solution

1) (E0 ) est l’équation : xy + y = 1.


En notant que x ! xy + y est la dérivée de x ! xy , les solutions sont les fonctions qui vérifient :
$
xy = x + $, $ ! ! c’est-à-dire y = 1+ ,
x
ce qui donne les solutions x ! $ "n x x + %, ($, %) ! !2 .
a a 1 a 2
2) a) Avec y = x , on a y = ax et y = a (a + 1)x . Il vient aisément :
a +1 a 2 a 1
x y + (2a + 1)x y + a x y = 0.

Chapitre 7 - Équations différentielles. Courbes paramétrées. Fonctions de deux variables 357


a a 1
b) Avec y = zx , on a y = ax z + x a z et y = a (a + 1)x a 2 z 2ax a 1
z +x az .

Il vient alors xz + z = 1, c’est-à-dire que z est solution de (E0 ).

c) Alors z = $ "n x x + % donne y = x a ($ "n x x + %).

"n x %
d) Dans le cas a = 1, les solutions sont y = $ + 1.
x x

e $
3) a) On a f (x ) = x ($ "n x x + %), puis f (x ) = x e 1 ex e 1 ($ "n x x + %).
x
Avec f (1) = 1 + % et f (1) = e(% 1) + $ 1, la solution vérifiant f (1) = 1 et f (1) = 2e 1
est donnée par % = 0 et $ = e.
e
C’est la fonction définie sur !+ par f (x ) = x (e "n x x ).

e e
b) ' (x ) = x 1 ex e 1 (e "n x x ) = x e 1 (e 1)x e 2 "n x + e = x e 1 u (x ).
x
2 2
e (e 1)x e
u (x ) = (e 1)x e 2 "n x + e donne u (x ) = e 1 = .
x x
2 2
e e
On a u (x ) * 0 sur 0, , donc sur ]0, e] puisque 0 < e < .
e 1 e 1
Avec u (e) = 0, il s’ensuit que ' est strictement croissante.
Avec lim '(x ) = et '(e) = 0, ' est une bijection de ]0, e] sur ] , 0].
x 0

Rappelons que '(1) = 1.


0
Pour le calcul de l’intégrale g(y) dy, effectuons le changement de variable défini par :
1

y = '(x ) ou x = g(y).
0 e
I= g(y) dy = x ' (x ) dx . On intègre ensuite par parties :
1 1
e e e
e 1 e e
I = x ' (x ) 1 '(x ) dx = 1 + x dx e x "n x dx .
1 1 1
e 2 e
1 e e 1
On a x dx = .
1 2 e
En intégrant à nouveau par parties, il vient :
e 1 e e 1 e
e e 1 e e 1 1 e
x "n x dx = x dx = 2
e 1 .
1 1 e 1 e 1 1 e (1 e)
2 e 2 e
e 1 e e
On a ainsi I = 1 + + e1 e 1 , c’est-à-dire :
2 e e 1 (e 1)2
2 e
e 1
I =1+ .
(2 e)(e 1)2

358 Thèmes d’étude – Problèmes


3 Équation de Legendre, solutions polynomiales
Soit y une fonction deux fois dérivable, de la variable x .
n étant un entier naturel, on considère l’équation différentielle :
(En ) : (x 2 1)y + 2xy n (n + 1)y = 0.
appelée «équation de Legendre d’ordre n ».

1) Étude du cas n = 0
On considère donc (E0 ) : (x 2 1)y + 2xy = 0.
a) Déterminer, pour x appartenant à l’un quelconque des intervalles ] , 1[, ] 1, 1[,
]1, + [, la solution générale de (E0 ).
b) Quel est l’ensemble Y0 des solutions sur ! de (E0 ) ?
Déterminer celle de ces solutions, p0 , telle que p0 (1) = 1.

2) Étude du cas n = 1
On considère donc (E1 ) : (x 2 1)y + 2xy 2y = 0.
a) Déterminer l’ensemble Y1 des polynômes solutions de (E1 ) sur ! et en particulier l’élément
p1 de Y1 tel que p1 (1) = 1.
b) Soit f une fonction définie sur D =] , 1[ %] 1, 1[ %]1, + [ et z une fonction définie
f (x )
sur D = D - 0 par z (x ) = .
x
Montrer que si f est solution de (E1 ) sur chacun des intervalles ] , 1[, ] 1, 1[, ]1, + [,
alors, pour tout x ! D , z vérifie une équation différentielle du second ordre, soit (E1 ), que
l’on écrira.
Donner alors, pour x appartenant à l’un quelconque des intervalles ] , 1[, ] 1, 1[,
]1, + [, la solution générale de (E1 ).

3) Étude du cas général


On considère (En ) : (x 2 1)y + 2xy n (n + 1)y = 0 et on suppose n & 2.
On se propose, dans ce cas, de déterminer l’ensemble Yn des polynômes solutions de (En )
sur !.
Soit P défini sur ! par :
P (x ) = aq x q + aq 1 x q 1 + . . . + a1 x + a0 , avec aq # 0.

a) Montrer que, si P appartient à Yn , alors q = n et an 1 = 0.


b) Trouver, pour tout entier k ! [[ 0, n 2 ]], une relation de récurrence entre ak et ak +2 .
c) Expliciter, dans le cas où ah est non nul, ah en fonction de an .
d) Déterminer p2 ! Y2 et p3 ! Y3 tels que p2 (1) = 1 et p3 (1) = 1.

Solution

"
1) a) (E0 ) : x2 1 y + 2xy = 0 équivaut à (x 2 1)y = 0, soit y = 2 sur chacun
x 1
des intervalles ] , 1[, ] 1, 1[, ]1, + [.
x 1
Alors la solution générale de (E0 ) est y = $ "n + %, avec ($, %) ! !2 .
x +1

Chapitre 7 - Équations différentielles. Courbes paramétrées. Fonctions de deux variables 359


b) Les solutions sur ! de (E0 ) sont les fonctions constantes.
En particulier, p0 est la constante 1.

2) a) (E1 ) : (x 2 1)y + 2xy 2y = 0. Les polynômes solutions de (E1 ) sur ! sont né-
cessairement de degré 1 (par l’examen des coefficients dominants de x 2 1 y , de 2xy
et de 2y).
Alors P (x ) = x + a est solution de (E1 ) sur ! si et seulement si 2x 2(x + a ) = 0 pour tout x
réel, c’est-à-dire a = 0.
Les éléments de Y1 sont donc x ! $x ; en particulier, p1 : x ! x .
b) f = xz donne f = xz + z et f = xz + 2z ; alors x 2 1 f + 2xf 2f = 0 devient :
2 2
x x 1 z + 2 2x 1 z = 0.

2 2x 2 1 2 1 1 2 2x 2 1 1
Avec = , on a dx = "n .
x x
2
1 x x+1 x 1 x x
2
1 x
2
x
2
1
1
Les solutions de (E1 ) sont données par z = $ 2 2 .
x x 1
1 1 1
Avec 2 2 = 2 + 2 , il vient :
x x 1 x x 1
1 1 x 1
z=$ + "n + %, ($, %) ! !2 .
x 2 x +1
Il en résulte que sur chacun des intervalles ] , 1[ et ]1, + [, la solution générale de (E1 )
est :
x x 1
x !$ 1+ "n + %x , avec ($, %) ! !2 .
2 x +1
Une solution sur ] 1, 1[ provient du raccordement en 0 :
x x 1
d’une solution x ! $1 1 + 2 "n x + 1 + %1 x sur ] 1, 0[, et

x x 1
d’une solution x ! $2 1 + "n + %2 x sur ]0, 1[.
2 x +1
On voit facilement que ce raccordement exige $1 = $2 , %1 = %2 , et il en résulte que la solution
générale sur ] 1, 1[ est encore de la forme :
x x 1
x !$ 1+ "n + %x , avec ($, %) ! !2 .
2 x +1

En seconde année, on dispose de théorèmes permettant de prévoir la forme de l’ensemble des


solutions et on pourra alors retrouver les résultats précédents, sans problème de raccordement.

3) (En ) : x2 1 y + 2xy n (n + 1)y = 0 et n & 2.

P (x ) = aq x q + aq 1 x q 1 + . . . + a1 x + a0 avec aq # 0.

a) Si P appartient à Yn , alors les termes dominants de x 2 1 P , 2xP et n (n + 1)P sont


respectivement q(q 1)aq x q , 2qaq x q et n (n + 1)aq x q .
Pour que P soit solution de (En ), il faut donc que :
q(q 1)aq + 2qaq n (n + 1)aq = 0.

360 Thèmes d’étude – Problèmes


Comme on a aq # 0, il vient q(q + 1) = n (n + 1), ce qui donne q = n car q et n sont entiers
naturels et n & 2.
Le coefficient de x n 1 de x 2 1 P + 2xP n (n + 1)P est alors 2nan 1 , et il s’ensuit :
a n 1 = 0.
n
b) Soit P = ak x k ; on a donc :
k =0
n
k 1
P = kak x ,
k =0
n 2 n
P = (k + 1)(k + 2)ak +2 x k = (k 1)kak x k 2
.
k =0 k =0
Il vient alors :
n n 2
x2 1 P + 2xP n (n + 1)P = (k 1)kak x k (k + 1)(k + 2)ak +2 x k
k =0 k =0
n n
k k
+2 kak x n (n + 1) ak x .
k =0 k =0
Avec an 1 = 0, il reste :
n 2
x2 1 P + 2xP n (n + 1)P = k (k + 1) n (n + 1) ak (k + 1)(k + 2)ak +2 x k
k =0
Alors, pour k compris entre 0 et n 2, on a :
k (k + 1) n (n + 1) ak = (k + 1)(k + 2)ak +2 .

c) Avec an 1 = 0, on a an 2k 1 = 0. Pour k ! [[ 0, n 2 ]], posons k = n 2h .


La relation de récurrence donne alors :
(n 2h +1)(n 2h +2)a n 2h +2 = (n 2h )(n 2h +1) n (n +1) an 2h = 2h (2n 2h +1)a n 2h
et il s’ensuit :
p p
p
(n 2h + 1)(n 2h + 2)a n 2h +2 = ( 2) h (2n 2h + 1)a n 2h
h =1 h =1
c’est-à-dire :
p 1 p
(n 2h 1)(n 2h )a n 2h = ( 2)p h (2n 2h + 1)a n 2h
h =0 h =1
p 1 p
puis an (n 2h 1)(n 2h ) = ( 2) p an 2p p! (2n 2h + 1) et finalement :
h =0 h =1
2 p
(n !) ( 1) (2n 2p)!
an 2p = an .
(2n )! p!(n 2p)!(n p)!
a2 2 1
d) p2 (x ) = a2 x + a0 et a0 = . Et p2 (1) = 1 donne a2 = puis p2 (x ) = (3x 2 1).
3 3 2
3 5 1
p3 (x ) = b3 x 3 + b1 x et b1 = b . Et p3 (1) = 1 donne b3 = puis p3 (x ) = (5x 3 3x ).
5 3 2 2

Chapitre 7 - Équations différentielles. Courbes paramétrées. Fonctions de deux variables 361


4 Endomorphismes et équations différentielles
E désigne un !-espace vectoriel (sans hypothèse de dimension finie).
E1 et E2 sont deux sous-espaces vectoriels supplémentaires dans E .
On se propose d’étudier des endomorphismes de E au moyen de leurs restrictions aux sous-
espaces E1 et E2 .
Les deux parties du problème sont très largement indépendantes.

Partie I
f est une application linéaire de E1 vers E2 , bijective ; f 1 en est l’application réciproque
(de E2 vers E1 ).
s est un endomorphisme de E1 ; cet endomorphisme n’est pas supposé bijectif.
À tout x ! E , écrit sous la forme x = x1 + x2 avec (x1 , x2 ) ! E1 E2 , on associe :
F (x ) = s(x1 ) + f (x1 ) + f 1 (x2 ).

1) a) Montrer que l’application F ainsi définie de E dans E est linéaire et injective.


1
b) Montrer que F est bijective et définir son application réciproque F .

2) On suppose qu’il existe $ ! ! et x ! E , x # 0, tels que F (x ) = $x


a) Justifier que $ est nécessairement non nul et montrer que :
avec x = x1 + x2 , x1 , x2 ! E1 E 2 ,,
ni x1 ni x2 n’est nul.
b) Montrer qu’il existe % ! ! tel que s(x1 ) = %x1 .

3) Réciproquement, supposons qu’il existe x1 # 0E dans E1 et % ! ! tels que s(x1 ) = %x1 .


Montrer qu’il existe x2 ! E2 et $ ! ! tels que :
F x1 + x2 = $ x1 + x2 ,
$ s’exprimant à l’aide de %. Exprimer x à l’aide de x1 .

Partie II
E est, dans cette partie, le !-espace vectoriel des fonctions réelles de classe sur ] 1, +1[.
E1 en est le sous-espace des fonctions impaires et E2 celui des fonctions paires.
On a bien E1 % E2 = E .

1) Étant donné $ ! !, on considère l’équation différentielle, sur ] 1, +1[ :


2
(x 1)y (x ) + xy (x ) $y = 0. (1)
a) En effectuant le changement de variable défini par t = Arcsin x , justifier que la fonction Y
définie par Y (t ) = y(sin t ) = y(x ) vérifie l’équation différentielle :
Y (t ) + $Y (t ) = 0. (2)

b) Donner les solutions de cette équation différentielle (2).

2) On considère l’application s définie par :


!u ! E1 , s(u ) : x ! (x 2 1)u (x ) + xu (x ).

362 Thèmes d’étude – Problèmes


a) Montrer que s est un endomorphisme de E1 .
b) Suivant les valeurs de $ ! !, préciser les fonctions u ! E1 telles que s(u ) = $u .

3) On considère l’application f définie par :


!u ! E1 , f (u ) : x ! 2xu (x ) u (x ).

a) Montrer que f est une application linéaire injective de E1 dans E2 .


b) Étant donné v ! E2 , montrer que l’équation différentielle :
2xy(x ) y (x ) = v(x )
admet une solution unique dans E1 .
x
t2 1
Exprimer cette solution à l’aide de v(t )e dt et définir l’application f .
0

4) Tout u ! E s’écrit sous la forme u = u1 + u2 avec u1 ! E1 et u2 ! E2 .


On définit l’application 2 de E dans E par :
1
(u2 ).
2(u ) = s(u1 ) + f (u1 ) + f
Déterminer les couples ($, u ) ! ! E tels que 2(u ) = $u , en utilisant I.3).
On exprimera u à l’aide de f et des solutions de l’équation (1).

Solution

Partie I
1) a) Soit p la projection sur E1 parallèlement à E2 et q la projection sur E2 parallèlement
à E1 .
L’application F se décompose en F = s p + f p + f 1 q. Somme de composées d’applications
linéaires de E dans E , F est linéaire.
Si F (x ) = 0, avec f (x1 ) ! E2 et s(x1 ) + f 1 (x2 ) ! E1 , alors E1 ' E2 = 0 donne f (x1 ) = 0
donc x1 = 0 puisque f est bijective ; il vient ensuite f 1 (x2 ) = 0 donc x2 = 0, d’où x = 0.
De noyau nul, F est injective.
b) Soit y = y1 + y2 , y1 , y2 ! E1 E2 .
1
Pour avoir F (x ) = y, il faut et il suffit que y2 = f (x1 ) et y1 = s(x1 ) + f (x2 ).
1 1
Il vient x1 = f (y2 ) puis x2 = f (y1 ) f s f (y2 ), ce qui montre que F est surjective et
on a :
F 1 = (Id f s) f 1 q+f p.

2) a) Pour x # 0, l’injectivité de F donne F (x ) # 0, donc $x # 0 puis $ # 0.


Avec x = x1 + x2 , (x1 , x2 ) ! E1 E2 , E1 ' E2 = 0 , F (x ) = $x équivaut à :
f (x1 ) = $x2 et s(x1 ) + f 1 (x2 ) $ x 1 = 0.
Si x1 = 0, alors $x2 = 0 d’où x2 = 0 puis x = 0.
Si x2 = 0, alors f (x1 ) = 0 d’où x1 = 0 puis x = 0.
En conséquence, ni x1 ni x2 n’est nul.
1
b) F (x ) = $x donne aussi s(x1 ) + f (x2 ) = $x1 .

Chapitre 7 - Équations différentielles. Courbes paramétrées. Fonctions de deux variables 363


1 1 1
Or f (x1 ) = $x2 donne f (x2 ) = x , d’où s(x1 ) = $ x1 : ce qui donne :
$ 1 $
1
%=$ .
$
1
3) À nouveau, on a F (x ) = $x si et seulement si f (x1 ) = $x2 et s(x1 ) + f (x2 ) = $x1 .
1 1 1
Il vient alors f (x2 ) =
x et, avec s(x1 ) = %x1 , il vient f (x2 ) = ($ %)x1 .
$ 1
1 1
On choisit donc $ tel que = $ % puis x = x1 + f (x1 ).
$ $

Partie II

dy dY dt 1 d2 y d 1 dt 1 sin t 1
1) a) dx = dt dx = Ẏ cos t puis 2 = dt Ẏ cos t dx = Ÿ cos t + Ẏ cos t
dx cos2 t
donc Y vérifie :
Y (t ) + $Y (t ) = 0. (2)
dY
On note souvent (comme en cinématique) Ẏ au lieu de .
dt

b) Les solutions de (2) sont classiquement les combinaisons linéaires de :


t ! t et t ! t 2 si $ = 0,
t ! sh $t et t ! ch $t si $ < 0,
t ! sin $t et t ! cos $t si $ > 0.
2) a) La linéarité de s est banale.
C’est le fait que s envoie E1 dans E1 qui est important.

Si u est impaire, alors u est paire et u est impaire.


Il s’ensuit que x ! (x 2 1)u (x ) + xu (x ) est impaire.
Ainsi s est un endomorphisme de E1 .
b) Les fonctions u ! E1 telles que s(u ) = $u sont les solutions impaires de (2).
Ce sont les multiples réels de :
x ! Arcsin x si $ = 0,
x ! sh $ Arcsin x si $ < 0,
x ! sin $ Arcsin x si $ > 0.

3) a) f est linéaire et, pour u impaire, f (u ) est paire : alors on a f ! '(E1 , E2 ).


u est dans Ker f si et seulement si elle est solution impaire de l’équation :
(3) u (x ) = 2xu (x ).
2
Ces solutions sont x ! "ex avec " ! !. La seule solution impaire est la fonction nulle.
Ainsi f est injective.
b) Utilisons la méthode de variation de la constante :
2 2
y(x ) = "(x )ex est solution si et seulement si " (x ) = v(x )e x , c’est-à-dire :
x x
t2 2
t2 2
"(x ) = v(t )e dt +k , avec k ! !, d’où y(x ) = ex v(t )e dt +kex .
0 0

364 Thèmes d’étude – Problèmes


x
2
t2
La fonction x ! ex v(t )e dt est impaire. Et c’est la seule solution impaire.
0
x
2
t2
f 1 est la fonction qui, à v impaire, associe x ! ex v(t )e dt .
0

4) On écarte u = 0 ainsi que $ = 0 et pour $ ! ! , on pose :


1
. %=$
$
Avec 2), on détermine les solutions u1 ! E1 de s(u1 ) = %u1 .
1
Les éléments u de E tels que 2(u ) = $u sont u1 + $ f (u1 ).

5 Équation aux dérivées partielles


du second ordre linéaire
1) On désigne par a , b et c des réels, avec a # 0.
2 32 f 32f 32f
Étant donné f de classe sur !2 , on pose D (f ) = a 2 + 2b +c .
3x 3x 3y 3 y2

a) À quelle condition, portant sur les couples (", #) de réels, la fonction ' définie par :
'(x, y) = ("x + y, #x + y)
est-elle un changement de variables ?
b) Étant donné f telle que D (f ) = 0, former l’équation différentielle vérifiée par la fonction :
1
g=f ' .

2) On suppose b2 ac > 0.
32g
Montrer que l’on peut choisir " et # de manière que D (f ) = 0 = 0.
3u 3v

3) On suppose b2 ac = 0 .
32g
Montrer que l’on peut choisir " et # de manière que D (f ) = 0 = 0.
3 v2

4) On suppose b2 ac < 0.
32g 32g
Montrer que l’on peut choisir " et # de manière que D (f ) = 0 2 + = 0.
3u 3 v2

5) Résoudre les équations suivantes :


32f 32f 32f
a) 2 4 + 3 2 = 0,
3x 3x 3y 3y

32f 32f 32f


b) 4 2 4 + = 0.
3x 3x 3y 3 y2

Chapitre 7 - Équations différentielles. Courbes paramétrées. Fonctions de deux variables 365


6) Soit ' une fontion réelle de classe $2 sur !. On considère la fonction réelle g définie sur
y
! ! par g(x, y) = ' .
x
32g 32g
Déterminer les fonctions ' telles que 2 + = 0.
3x 3 y2

Solution

u " 1 x
1) = définit une bijection si et seulement si " # #.
v # 1 y
Elle est de classe et f (x, y) = g(u, v). Et on a :
3 3 3 3 3 3
=" +# , 3y = 3u + 3v .
3x 3u 3v

On en déduit alors :
32f 32g 32g 32 g 32g 32g 32 g 32g
=" " +# +# " +# 2 = "2 +2"# + #2 ,
3x 2 3u 2 3v 3u 3u 3v 3v 3u 2 3u 3v 3 v2

32f 32 g 32g 32g


=" + (" + #) + # ,
3x 3y 3u 2 3u 3v 3 v2
32f 32g 32g 32g
et = +2 + .
3 y2 3u 2 3u 3v 3 v2
On en déduit :
32g 32g 32
D (f ) = a "2 +2b " +c + 2 a " # + b(" + #) + c + a #2 +2b # +c .
3u 2 3u 3v 3 v2
On pose alors A = a " +2b " +c , B = a " # + b(" + #) + c , C = a #2 +2b # +c et on considère :
2

P (X ) = aX 2 + 2bX + c .

2) En choisissant pour " et # les racines (distinctes) de P , on a :


2
A = C = 0 et B = ac b 2 # 0.
a
32g
Il s’ensuit : D (f ) = 0 = 0.
3u 3v

3) En choisissant pour " la racine (double) de aX 2 + 2bX + c , on a a " +b = 0 donc :


2
b
B = b " +c = + c = 0 d’où B = 0.
a
On choisit ensuite # # " d’où C # 0 et il s’ensuit :
32g
D (f ) = 0 = 0.
3 v2

4) On choisit " réel quelconque, puis # # " tel que A = C et B = 0 c’est-à-dire :


2b 2b2 ac
"+#= et "# = 2 .
a a
" et # sont les racines de a 2 X 2 + 2abX + 2b2 ac de discriminant a 2 ac b2 > 0.
2 32g 32g
Alors A = ac b2 # 0 et l’équation se ramène à 2 + = 0.
a 3u 3 v2

366 Thèmes d’étude – Problèmes


5) a) Avec b2 ac = 1, on choisit " = 3 et # = 1.
2
3 g
= 0 donne g(u, v) = F (u ) + G (v) c’est-à-dire :
3u 3v
f (x, y) = F (3x + y) + G (x + y),
2
avec F et G de classe sur !.
1
b) Avec b2 ac = 0, on choisit " = et # = 0 (par exemple).
2
32g
= 0 donne g(u, v) = vF (u ) + G (u ) c’est-à-dire :
3 v2
x x
f (x, y) = yF ( + y) + G ( + y),
2 2
avec F et G de classe $2 sur !.
3g y y 3g 1 y
6) On a 3 x = 2 '
x
, = '
3y x x
,
x
32g y
2
y 2y y 32g 1 y
2 = 4 ' + 3 ' , = ' .
3x x x x x 3 y2 x
2 x

32g 32g 1 y
2
y 2y y
Alors 6g = + = +1 ' + ' .
3x 2 3 y2 x
2
x
2 x x x

Ainsi on a 6g = 0 si et seulement si ' est solution de l’équation différentielle :


1 + t 2 ' (t ) + 2t ' (t ) = 0,

ce qui équivaut à 1 + t 2 ' (t ) = 0, ou encore 1 + t 2 ' (t ) = $, avec $ ! !.


Les solutions sont les fonctions définies sur ! par :
'(t ) = $ Arctan t + %, avec ($, %) ! !2 .

6 Facteur intégrant
Objectif. On considère une forme différentielle 7 = P dx +Q dy +R dz de classe 1 sur un
ouvert U & !3 , c’est-à-dire que P , Q et R sont des fonctions de !3 dans !, de classe 1
sur U .
On dit qu’une fonction ' de !3 dans !, de classe 1 sur U , est un facteur intégrant de 7
lorsque la forme différentielle '7 = 'P dx + ' Q dy + ' R dz est exacte.

1) Soit 7 = P dx +Q dy la forme différentielle définie sur U = !2 par :


P (x, y) = 1 + e y , Q(x, y) = x 2.

a) Vérifier que 7 n’est pas une différentielle exacte et déterminer une fonction g, réelle d’une
variable réelle, telle que la forme différentielle 71 = g(y)(1 + e y ) dx +g(y)(x 2) dy soit
exacte.
b) Déterminer alors les fonctions f : !2 ! telles que 71 = df .

2) Soit 7 = P dx +Q dy +R dz la forme différentielle définie sur U = (!+ )3 par :

Chapitre 7 - Équations différentielles. Courbes paramétrées. Fonctions de deux variables 367


y+z z+x x+y
P (x, y, z ) = , Q(x, y, z ) = et R (x, y, z ) = .
x y z
a) Justifier que 7 n’est pas exacte.
b) Déterminer une fonction g réelle de variable réelle telle que la fonction ' définie par
'(x, y, z ) = g(xyz ) soit un facteur intégrant de 7.
c) Quelles sont alors les fonctions f : U ! telles que df = '7 ?

Solution

1) Soit 7 = P dx +Q dy la forme différentielle définie sur U = !2 par :


P (x, y) = 1 + e y , Q(x, y) = x 2.

3P 3Q
a) = e y et = 1, donc 7 n’est pas fermée, donc non exacte.
3y 3x
y
Posons P1 = g(y) 1 + e et Q1 = g(y)(x 2).
3 P1 y 3 Q1
On a = g (y) 1 + e g(y)e y et = g(y).
3y 3x
U étant un ouvert étoilé de !2 , 71 est exacte sur U si et seulement si elle est fermée, soit si et
3P 3Q
seulement si 3 y1 = 3 x1 , c’est-à-dire g (y) = g(y).
Alors g(y) = ey convient.
3f 3f
b) = P1 = ey + 1 donne f (x, y) = x (ey + 1) + h (y), d’où = xey + h (y).
3x 3y
3f
Avec 3 y = Q1 = ey (x 2), il vient h (y) = 2e y + k , avec k ! !.
Les solutions sont les fonctions définies sur !2 par f (x, y) = (x 2)ey + x + k .

y+z z+x x +y
2) 7 = P dx +Q dy +R dz , P (x, y, z ) = x
, Q(x, y, z ) = y et R (x, y, z ) = z .

3P 1 3Q 1
a) 3 y = x et 3 x = y suffit à justifier que 7 n’est pas fermée, donc non exacte.

y+z z+x x+y


b) Posons P1 = g(xyz ) , Q1 = g(xyz ) et R1 = g(xyz ) .
x y z
3 P1 3 Q1
La condition nécessaire = 0 se lit :
3y 3x
y + z g(xyz ) z+x g(xyz )
xzg (xyz ) + yzg (xyz ) = 0.
x x y y
Ce qui équivaut à (y x ) xyzg (xyz ) + g(xyz ) = 0.
Pour cela, il suffit que g soit solution de l’équation différentielle tg (t ) + g(t ) = 0, soit, par
1
exemple g(t ) = t .
3R 3 Q1 3 Q1 3 R1
Par permutation circulaire, les autres conditions 3 y1 3z
= 0 et
3z 3x
= 0 donnent
1
la même condition. Ainsi, avec g(t ) = , la forme différentielle '7 est fermée sur l’ouvert étoilé
t
U = (!+ )3 , elle est donc exacte sur U .

368 Thèmes d’étude – Problèmes


3f y+z y+z
c) Avec = P1 = 2 , il vient f (x, y, z ) = + r (y, z ), avec r de classe 1 .
3x x yz xyz

3f 1 3r 3f z+x 3r 1
Alors = + et = Q1 = 2 donnent 3 y = 2 , puis :
3 y xy2 3y 3y xy z y z
1
r (y, z ) = + s(z ), avec s de classe 1 .
yz
3f 1 1 3f x +y
Enfin 3 z = 2 + 2 + s (z ) et 3 z = R1 = 2 donnent s (z ) = 0 donc s ! !.
xz yz xyz
Finalement les solutions sont les fonctions définies par :
x +y+z
f (x, y, z ) = + s, s ! ! .
xyz

7 Rayon de courbure d’une développée


Dans le plan, on considère un arc 0 birégulier. Étant donné un point M de 0, on note I le
centre de courbure en M et P le milieu de [MI ].
Lorsque M décrit 0, le point P associé décrit une courbe 6.
Soit ( la développée de 0 et on considère, s’il existe, le centre de courbure J en I ! (.
On note s une abscisse curviligne de 0 et 8 une abscisse curviligne sur (.
Classiquement, (M, T , N ) est le repère de Frenet en M pour 0.
3 dR
Soit R le rayon de courbure de 0 en M . On suppose 0 de classe au moins et que ne
ds
prend pas la valeur 0.

dT dN
1) a) Rappeler et démontrer les formules de Frenet relatives à ds et à ds .

dI dR
b) Exprimer ds à l’aide de ds et N .
Donner une interprétation géométrique de ce résultat.

dI ds dR
2) En examinant , exprimer en fonction de R = .
d8 d8 ds
Calculer le rayon de courbure de ( en I à l’aide de R et R .

dP
3) Exprimer en fontion de T , N et R .
ds
En déduire que la tangente en P à 6 est perpendiculaire à MJ .

Solution

dT dT d'
1) a) On a d' = N , d’où ds = ds N , c’est-à-dire :

Chapitre 7 - Équations différentielles. Courbes paramétrées. Fonctions de deux variables 369


dT dT 1
= c N ou encore = N.
ds ds R
dN dN 1
De même, avec = T , il vient = T.
d' ds R
3 1
b) 0 étant de classe , R est de classe .
dI dM dR dN
On a I = M + R N ; en dérivant, on obtient ds = ds + ds N + R ds .

dM dN 1 dI
Alors = T et = T donnent = R N , donc, puisque R ne s’annule pas, la
ds ds R ds
tangente en I à ( est dirigée par N .

2) Comme R ne s’annule pas, on peut se placer dans le cas où R > 0. Le repère de Frenet de (
en I est alors (I, N , T ).
dI dI ds dI dI ds 1
On a = N et = . Avec = R N , il vient = .
d8 d8 d8 ds ds d8 R
dN
La courbure 1 de ( en I est donnée par = 1( T ).
d8
dN ds d N 1 1 1
Avec = = T , il vient 1 = et le rayon de courbure en I
d8 d8 ds R R RR
pour ( est RR .

1 1 1
3) Avec MP = MI = R N , on a P = M + R N .
2 2 2
dP dM 1 1 dN 1 1 1
En dérivant, il vient = + R N + R = T + R N T = ( T + R N ).
ds ds 2 2 ds 2 2 2
Le centre de courbure J est défini par IJ = RR T et avec MI = R N , il vient :
MJ = R ( R T + N ).
dP R
On en déduit MJ = T +R N R T + N .
ds 2
dP
Avec ( T T ) = (N N ) = 1 et ( T N ) = 0, il vient MJ = 0, ce qui prouve que la
ds
tangente en P à 6 est perpendiculaire à la droite MJ .

370 Thèmes d’étude – Problèmes


CHAPITRE 8
Espaces euclidiens
Transformations et
matrices orthogonales
Géométrie et coniques
Sujets d’oraux 372
A. Espaces euclidiens 372
B. Transformations et matrices orthogonales 378
C. Géométrie dans le plan ou dans l’espace 382
D. Coniques 387

Thèmes d’étude – Problèmes 396


1. Endomorphismes d’un espace euclidien 396
2. Base orthonormale 399
3. Transformation orthogonale 400
4. Matrices symétriques ou antisymétriques 402
5. Produit vectoriel et fonctions 403
6. Étude générale des matrices orthogonales en dimension 3,
avec 4 paramètres 405
7. Produit scalaire et polynômes 408
8. Podaire d’une conique 412
9. Ellipses et tangentes 415
10. Hyperbole et structure de groupe 417
11. Une famille de courbes 419
12. Composée de deux réflexions 422
13. Coniques en sections planes 425

Chapitre 8 - Espaces euclidiens. Transformations orthogonales. Géométrie et coniques 371


Sujets d’oraux
A Espaces euclidiens

Ex. 1
Dans un espace vectoriel euclidien E , de dimension 3, on considère un vecteur p normé.
Étudier l’application f : u ! p (p u ) de E dans E .

En considérant l’application g : u ! p u , on a f = g g.
Notons qu’il n’est pas dit que f est linéaire ; il faut donc s’en charger.

L’application g : u ! p u est linéaire, par bilinéarité du produit vectoriel.


Alors f = g g est linéaire.
Pour toute application linéaire, le noyau et l’image sont instructifs.
On profite de p normé pour le compléter en une base orthonormale directe. On prend un
vecteur normé q orthogonal à p et on forme ensuite r = p q.

Soit ( p , q , r ) une base orthonormale directe de E .


On a g( p ) = 0 , g( q ) = r et g( r ) = q . Il s’ensuit :

f( p ) = 0 , f( q ) = q et f ( r ) = r .
Il s’ensuit que le noyau de f est la droite ! p , et que l’image est le plan engendré par ( q , r ),
c’est-à-dire p ! .
En fait l’information sur Im f est facile à préciser.

L’image de f est plus précisément le sous-espace des vecteurs changés en leurs opposés par f .
On est plus à l’aise avec des vecteurs invariants.

L’endomorphisme ! = f est la projection orthogonale sur le plan p ! .


f est donc la composée (commutative) de ! et de Id.

Ex. 2
"
E = !2 [X ] est muni du produit scalaire défini par (P Q) = P (t )Q(t ) sin t dt .
0
Former une base de E qui soit orthonormale pour ce produit scalaire.

Bien que l’énoncé déclare que l’on dispose d’un produit scalaire, il n’est pas inutile de confirmer
cela.

La symétrie de (P, Q) ! (P Q) vient de P (t )Q(t ) = Q(t )P (t ) pour tout t réel.


La linéarité de P ! (P Q) découle de la linéarité de l’intégrale sur un segment.
La bilinéarité de (P, Q) ! (P Q) en résulte.
Pour tout t " [0, "], on a P 2 (t ) sin t # 0, donc (P P ) # 0 pour tout P " E .

372 Sujets d’oraux


Étant donné P " E , comme la fontion t ! P 2 (t ) sin t est continue et positive sur [0"], l’égalité
"
2
P (t ) sin t dt = 0 implique P 2 (t ) sin t = 0 pour tout t " [0, "].
0

On a donc P 2 (t ) = 0, d’où P (t ) = 0, pour tout t "]0, "[.


Admettant une infinité de racines, le polynôme P est nécessairement nul.
En conclusion, (P, Q) ! (P Q) est un produit scalaire sur E .
Pour une base orthonormale de E , on applique le procédé de Schmidt à partir de la base
canonique 1, X, X 2 pour obtenir une base P0 , P1 , P2 telle que :
$k " [[ 0, 2 ]], deg Pk = k .

Soit P0 = % # 0 un polynôme constant. P0 = 1 s’écrit :


"
%2 sin t dt = 1,
0
"
1 1
donc avec I0 = sin t dt = 2, il vient 2% 2 = 1. On choisit % = , donc P0 = .
0 2 2
b
P1 de degré 1 s’écrit : P1 = aX + bP0 = aX + , avec a # 0.
2
"
a
P1 P0 = 0 donne a X P0 + b P0 2 = 0, c’est-à-dire t sin t dt +b = 0.
2 0
" "
" "
En intégrant par parties, I1 = t sin t dt = t cos t 0 + cos t dt = ", d’où b = a .
0 0 2
" 2
" 2 "
On a alors P1 = a X et P1 = 1 donne a 2 t sin t dt = 1, c’est-à-dire :
2 0 2

"2
a 2 I2 "I 1 + I = 1,
4 0
"
n
où on a posé, pour tout n " ", In = t sin t dt .
0
" "
" n 1
Pour n # 2, on a In = t n cos t 0
+n t cos t dt = "n + n t
n 1
cos t dt .
0 0
" "
n 1 "
Puis t cos t dt = t n 1
sin t 0
(n 1) t
n 2
sin t dt = (n 1)I n 2 donne :
0 0
In = "n n (n 1)In 2.

"2
Avec I0 = 2, il vient I2 = "2 4, et P1 = 1 s’écrit a 2
2
4 = 1.

2 2X "
On choisit a = , d’où P1 = .
2("2 8) 2("2 8)
P0 , P1 , X 2 étant une base de !2 [X ], on a maintenant : P2 = uX 2 + vP1 + wP0 .

Les conditions P0 P2 = 0 et P1 P2 = 0 donnent :


w + u X 2 P0 = 0 et v + u X 2 P1 = 0.

1 "
2 1 "2 4 "2 4
Avec X 2 P0 = t sin t dt = I2 = , on a w = u .
2 0 2 2 2

Chapitre 8 - Espaces euclidiens. Transformations orthogonales. Géométrie et coniques 373


"
1 2I3 "I 2
Puis, avec (X 2 P1 ) = 2t 3 "t 2 sin t dt = ,
2("2 8) 0 2("2 8)
et I3 = "3 6I1 = "3 6", il vient :
"2 8 "2 8
X 2 P1 = " puis v = u" .
2 2
On a donc P2 = u X 2 "X + 2 . Alors P2 2
= 1 s’écrit :

u 2 I4 2 " I3 + "2 +4 I2 4 " I1 + 4I0 = 1,

et, avec I4 = "4 12I2 = "4 12 "2 +48, il vient :


4u 2 10 " 2 = 1.
2
1 X "X + 2
On choisit u = , d’où P2 = .
2 10 "2 2 10 "2
Finalement, une base orthonormale de E est :
2
1 2X " X "X + 2
, , .
2 2("2 8) 2 10 "2

Ex. 3
On considère E = !3 euclidien canonique orienté.
L’objet du sujet est l’étude des applications ! de E dans E telles que :
$(u, v) " E 2 , !(u ) v + u ! (v) = 0.
Montrer que ! est linéaire et donner sa matrice dans la base canonique e1 , e2 , e3 de E .
Montrer qu’il existe un vecteur & " E tel que !(u ) = & u pour tout u " E .

Pour qu’un vecteur soit nul, il suffit qu’il soit orthogonal à tout vecteur de E . C’est un moyen de
prouver que !('u + (v) = ' ! (u ) + ( ! (v).

On a donc :
!('u + (v) w = ' u + ( v ! (w ) = ' u ! (w) ( v ! (w )
= ' !(u ) w + ( !(v) w = ' ! (u ) + ( ! (v) w .
Pour (', () " !2 et (u, v) " E 2 fixés quelconques, on a :
!('u + (v) ' ! (u ) ( ! (v) w = 0 pour tout w " E .
On en déduit !('u + (v) = ' ! (u ) + ( ! (v), et il s’ensuit que ! est linéaire.
On a besoin de !(e1 ) et pour cela, il est utile de connaître !(e1 ) e1 , !(e1 ) e2 ...

Notons que, pour tout u " E , on a !(u ) u + u ! (u ) = 0, donc !(u ) u = 0. On a donc :


!(e1 ) e1 = 0, !(e2 ) e2 = 0, !(e3 ) e3 = 0.
On pose !(e1 ) e2 = ), !(e2 ) e3 = %, !(e3 ) e1 = *. Alors il vient :
!(e2 ) e1 = ), !(e3 ) e2 = %, !(e1 ) e3 = *.
0 ) *
Il s’ensuit que la matrice de ! dans la base (e1 , e2 , e3 ) est A = ) 0 %
* % 0
On considère alors & de coordonnées (%, *, )). Il vient :
& e1 = (0, ), *), & e2 = ( ), 0, %) et & e3 = (*, %, 0).

374 Sujets d’oraux


Et par suite, pour tout u " E , on a !(u ) = & u.
On vient d’établir une condition nécessaire pour !. Il faut penser à vérifier si ces applications
conviennent.

Les applications qui vérifient la condition sont celles pour lesquelles on a !(u ) = & u pour tout
u " E , avec un vecteur & fixé quelconque dans E .
Alors, pour tout (u, v) " E 2 , on a :
!(u ) v = & u v = Det(&, u, v)

et de même !(v) u = Det(&, v, u ).


Il vient alors !(u ) v + !(v) u = 0 donc toutes ces applications conviennent.

Ex. 4
Soit E = !2 [X ]. On considère l’application f de E 2 dans ! définie par :
$(A, B) " E 2 , f (A, B) = A(0)B(0) + A (0)B (0) + A (0)B (0).
Montrer que f est un produit scalaire sur E et déterminer l’orthogonal du sous-espace F
engendré par U = 1 + X + X 2 et V = 1 X + X 2 .

La bilinéarité et la symétrie de f : (A, B) ! A(0)B(0) + A (0)B (0) + A (0)B (0) sont


immédiates.
2 2
On a : f (A, A) = A(0)2 + A (0) + A (0) , donc f (A, A) # 0.
Il est important que les polynômes soient réels.

En outre, il vient f (A, A) = 0 A(0) = A (0) = A (0) = 0.


La formule de Taylor donne alors A = 0.
Ainsi, f est bien un produit scalaire sur !2 [X ].
On examine les polynômes U et V en précisant leurs dérivés.
Le calcul de leurs normes peut se révéler utile.

Avec U = 1 + X + X 2 , on a U = 1 + 2X , U = 2 ;
et pour V = 1 X + X 2 , on a V = 1 + 2X , V = 2.
2 1
On a U = 6 et on pose I = U.
6
1
Le projeté orthogonal de V sur !I est P = (I U )I = 6 (U V )U .
2
Avec (U V ) = 4, on a P = U .
3
V se décompose d’une manière unique en somme d’un polynôme colinéaire à U et d’un
polynôme orthogonal à U .
2 1
Q=V P=1 X + X2 1 + X + X2 = 1 5X + X 2 est orthogonal à U .
3 3
5 2 2 10
Avec Q = + X et Q = , on a Q 2 = , on prend alors :
3 3 3 3
3 1
J= Q= (1 5X + X 2 )
30 30
et (I, J ) est une base orthonormale de Vect(U, V ).

Chapitre 8 - Espaces euclidiens. Transformations orthogonales. Géométrie et coniques 375


Il est maintenant plus facile de déterminer l’orthogonal de ce sous-espace.

1 1 1
1 1 0 = 2 montre que 1 $ Vect(U, V ).
1 1 0
2
X +1
Le projeté orthogonal de 1 sur Vect(U, V ) est R = (I 1)I + (J 1)J , soit R = 5
.
! 1
Alors Vect(U, V ) est la droite dirigée par 1 R= 4 X2 .
5
On est dans un espace de dimension 3. L’orthogonal de Vect(U, V ) peut aussi s’obtenir par un
produit vectoriel.
Mais pour cela, il faudrait connaître les coordonnées de U et V dans une base orthonormale et
non pas dans la base canonique 1, X, X 2 .

Ex. 5
Soit E un !-espace vectoriel muni d’une norme . telle que :
$(x, y) " E 2 , x +y 2+ x y 2=2 x 2+ y 2 .
1
Soit f : E 2 x +y 2
!, (x, y) : ! x y 2 .
4
On admettra que, pour x et z fixés, l’application de ! dans ! : t ! f (tx, z ) est continue.
Montrer que :
$(x, y, z ) " E 3 , f (x + y, z ) + f (x y, z ) = 2f (x, z ),
2
puis que : $(x, z ) " E , f (2x, z ) = 2f (x, z ),
et que : $(u, v, z ) " E 3 , f (u, z ) + f (v, z ) = f (u + v, z ).
En déduire que f est un produit scalaire sur E .

Connaissant un produit scalaire, on lui associe une norme. Le problème inverse qui consiste à
examiner si une norme donnée est associée à un produit scalaire est plus difficile.
Dans le cas présent, la norme est assortie d’une propriété par ailleurs familière. C’est à partir
d’elle que l’on souhaite installer un produit scalaire.
Il est bon de dire ce qu’est une norme pour voir de quelles propriétés on dispose. L’application
x ! x est une norme lorsque cette application de E dans ! vérifie :
$x " E , x # 0 et x = 0 si et seulement si x = 0,
$(', x ) " ! E, 'x = ' x ,
2
$(x, y) " E , x + y + x + y .

1
f (y, x ) = y+x 2 y x 2 et y x = x y donne f (y, x ) = f (x, y).
4
f est donc symétrique.
Montrons que $(x, y, z ) " E 3 , f (x + y, z ) + f (x y, z ) = 2f (x, z )
2
4 f (x + y, z ) + f (x y, z ) = x +y+z x +y z 2+ x y+z 2 x y z 2
Or on a :
2 2 2 2
x +z+y + x +z y =2 x+z + y ,
2 2 2 2
et x z+y + x z y =2 x z + y .

376 Sujets d’oraux


Il s’ensuit 4 f (x + y, z ) + f (x y, z ) = 2 x+z 2 x z 2 = 8f (x, z ), c’est-à-dire :
f (x + y, z ) + f (x y, z ) = 2f (x, z ).
La propriété suivante s’inscrit comme un cas particulier de la précédente.

En particulier, on a f (2x, z ) + f (0, z ) = 2f (x, z ).


Or on a 4f (0, z ) = z 2 z 2 = 0, et il vient donc f (2x, z ) = 2f (x, z ).
Pour la troisème propriété, notons aussi que :
$(u, z ) " E 2 , 4f ( u, z ) = u+z 2 u z 2= u z 2 u+z 2
= 4f (u, z ).
1 1
On applique f (x + y, z ) + f (x y, z ) = 2f (x, z ) à x = (u + v) et y = (u v) et il vient :
2 2
1
f (u, z ) + f (v, z ) = 2f (u + v), z
2
et il reste à utiliser 2f (x, z ) = f (2x, z ) pour obtenir :
f (u, z ) + f (v, z ) = f (u + v, z ).
C’est la moitié de la linéarité de f par rapport au premier terme qui est établie.
Il reste à établir que f ('x, z ) = 'f (x, z ).

Avec f (u, z ) + f (v, z ) = f (u + v, z ), on obtient par récurrence :


$n " " , f (nx, z ) = nf (x, z ).
Avec f ( u, z ) = f (u, z ) et f (0, z ) = 0, on obtient ensuite :
$n " #, f (nx, z ) = nf (x, z ).
x x x 1
Ensuite, avec p " " , f p , z = pf ,z c’est-à-dire f ,z = f (x, z ), il vient :
p p p p
$r " $, $(x, z ) " E 2 , f (rx, z ) = rf (x, z ).
Une étape est franchie. Il reste à utiliser que tout réel est la limite d’une suite de rationnels.

Tout réel ' est limite d’une suite (rn ) de rationnels.


On sait que f (rn x, z ) = rn f (x, z ) et que lim rn f (x, z ) = 'f (x, z ),
Le dernier point à établir est maintenant la continuité de la fonction x ! f (x, z ) pour se
prononcer sur la limite de f (rn x, z ).
C’est là qu’intervient le résultat admis.

Cette continuité de f par rapport au premier argument permet d’obtenir :


lim f (rn x, z ) = f ('x, z )
et on a donc f ('x, z ) = 'f (x, z ), ce qui établi le second volet de la linéarité de f par rapport à son
premier terme.
Pour établir que f est un produit scalaire, il reste principalement à examiner si cette forme
bilinéaire est définie positive.

Avec la symétrie déjà citée, f est une forme bilinéaire symétrique sur E . Pour conclure, on
forme :
4f (x, x ) = 2x 2 0 2 = 2x 2 car 0 = 0.
Ainsi f est positive et f (x, x ) = 0 2x = 0, c’est-à-dire x = 0.
Finalement la forme f est définie positive : c’est un produit scalaire sur E .
Remarque. Avec $(', x ) " ! E, 'x = ' x , on obtient f (x, x ) = x 2.
La norme x ! x est donc celle qui est associée au produit scalaire f .

Chapitre 8 - Espaces euclidiens. Transformations orthogonales. Géométrie et coniques 377


B Transformations et matrices orthogonales

Ex. 6
Soit E un espace euclidien orienté de dimension 3, et " = ( i , j , k ) une base orthonormale
directe de E .
On considère l’endomorphisme ! dont la matrice dans la base " est :
8 6 10
1
10 5 0 .
15
6 8 5

1) a) Vérifier que Ker ! est de dimension 1. Soit u une base de Ker !.

b) Montrer que tout élément de Im ! est orthogonal à u .

2) a) Former une base " = e1 , e2 , e3 orthonormale directe telle que e1 appartienne


à Ker !.
b) Former la matrice dans la base " de !.

3) a) Étudier la restriction , de ! au plan e1 ! .


b) En déduire une description de ! comme composée de deux endomorphismes classiques.

8x + 6y 10z = 0
1) a) Le système 10x + 5y = 0 équivaut à :
6x 8y + 5z = 0
4x + 3y 5z = 0
y = 2x
2x y=0 ou encore à
z = 2x
6x 8y + 5z = 0
Le noyau de ! est la droite !u , avec u = (1, 2, 2).

b) Il est aisé de voir que !( i ), !( j ) et !( k ) sont orthogonaux à u .


Tout vecteur du noyau est donc orthogonal à tout vecteur de l’image. Il vient alors :
!
Ker ! % Im ! = E .

2) a) On prend :
1 1
e1 = u = (1, 2, 2),
3 3
1
e2 = ( 2, 0, 1) qui est orthogonal à e1 ,
5
1
puis e3 = e1 e2 = (2, 5, 4).
3 5
5 6 2
1
b) La matrice de passage de " à " est P = 2 5 0 5 .
3 5
2 5 3 4

378 Sujets d’oraux


La matrice de ! dans la base " = (e1 , e2 , e3 ) est B = t PAP et on obtient :
0 0 0
1
B= 0 3 4 .
5
0 4 3

3) a) La restriction de ! au plan Vect(e2 , e3 ) a pour matrice :


1 3 4
dans la base e2 , e3 .
5 4 3
3 4
C’est la rotation d’angle - tel que cos - = et sin - = , donc :
5 5
4
-= Arcsin modulo 2".
5
0 0 0 1 0 0
1
b) En écrivant B = 0 1 0 0 3 4 , il vient que ! = p r , où p est la projection
5
0 0 1 0 4 3
! 4
orthogonale sur e1 et r la rotation d’angle Arcsin autour de l’axe dirigé par e1 .
5

Ex. 7
2 1 2
1
La matrice A = 2 2 1 est-elle orthogonale ?
3
1 2 2
Soit f l’endomorphisme de !3 dont la matrice dans la base canonique est A.
Cet endomorphisme est-il une rotation ?
Déterminer une base orthonormale dans laquelle la matrice de f est d’écriture plus simple.

Ce sujet est fort classique et ne présente pas de difficulté. Comme quoi on trouve aussi, aux oraux
de concours, des sujets confortables.
Notons que la formulation «plus simple» signifie en général qu’une (au moins) des colonnes
comporte un ou deux termes 0.

Il est aisé de voir que les vecteurs colonnes de A sont normés et deux à deux orthogonaux. Ainsi,
A est orthogonale.

Pour étudier si A est une matrice de rotation, on peut calculer son déterminant ; ce n’est pas
le plus simple. On peut aussi voir si f transforme une base orthonormale directe en une base
orthonormale (ce qui est déjà fait) également directe.

En notant e1 , e2 , e3 les vecteurs de la base canonique, on a :


2 1 2
1 1
f (e1 ) f (e2 ) = 2 2 = 1 = f (e3 ).
9 3
1 2 2
Alors f est bien une rotation.
Pour une base mieux adaptée à f , il n’y a qu’un vecteur invariant normé qui présente de l’intérêt.

x + y + 2z = 0
u = (x, y, z ) est invariant par f si et seulement si 2x y+z =0
x 2y z=0

Chapitre 8 - Espaces euclidiens. Transformations orthogonales. Géométrie et coniques 379


x + y + 2z = 0
Inv(f ) est alors la droite définie par
2x + y z=0
Elle est engendrée par le vecteur produit vectoriel de v = ( 1, 1, 2) et w = (2, 1, 1), c’est-à-
dire d = ( 3, 3, 3).
1
Un vecteur normé invariant par f est donc u = (1, 1, 1).
3
Déterminons l’angle, autour de u , de cette rotation.
1
Si - est l’angle de la rotation f , on a 1 + 2 cos - = Tr A, donc cos - = .
2
Pour préciser -, il suffit de préciser le signe de sin -.
Le vecteur n = ( 1, 0, 1) = e1 + e3 est orthogonal à u . On obtient :
f (n ) = (0, 1, 1).
1 0 1
Le signe de sin - est celui de Det n, f (n ), u , c’est donc celui de 0 1 1 .
1 1 1
"
Ce déterminant vaut 3. On a donc sin - < 0 et finalement, - = 3
modulo 2".
La restriction de f au plan orthogonal à u , orienté par le choix de u , est la rotation d’angle -.
1
Avec n1 = (1, 0, 1) orthogonal à u et normé, on forme n2 = u n1 pour obtenir une base
2
orthonormale directe de !3 . On obtient :
1
n2 = (1, 2, 1).
6
1 3
0
2 2
Dans la base (n1 , n2 , u ), la matrice de f est A = 3 1 .
0
2 2
0 0 1
Tout autre choix d’un vecteur n1 normé et orthogonal à u , et avec n2 = u n1 , donnerait la
même matrice dans la base (n1 , n2 , u ).
Tout au plus, peut-être un choix différent de n1 donnerait une matrice de passage plus simple,
mais cela ne change rien au résultat demandé.

Ex. 8
Dans un espace vectoriel euclidien orienté, rapporté à une base orthonormale directe
" = e1 , e2 , e3 , étudier l’endomorphisme f dont la matrice dans " est :
13 2 3
1
A= 2 10 6 .
14
3 6 5

Un réflexe incontrôlé est d’affirmer d’emblée que A est orthogonale, en se laissant bercer par un
environnement familier.
Les vecteurs colonnes ne sont ni normés ni deux à deux orthogonaux. La matrice A n’est pas
orthogonale par surabondance de contre-indications.
En revanche, A est symétrique.
Une ressource est de chercher des vecteurs propres pour f et c’est souvent un bon moyen pour
chercher des informations.

380 Sujets d’oraux


Avant cette démarche, il est préférable d’examiner si f ne serait pas d’un type classique. Parmi
les matrices symétriques, dans une base orthonormale, il y a les involutions et les projecteurs...

Le calcul de A2 donne A2 = A.
f est donc un projecteur. Dans ce contexte euclidien, puisque A est symétrique, c’est un projecteur
orthogonal.
La trace de A étant 2, il s’agit de la projection orthogonale sur un plan.
Il suffit alors de préciser les vecteurs invariants par f .

x 2y 3z = 0
Les vecteurs (x, y, z ) invariants par f sont caractérisés par 2x 4y 6z = 0
3x 6y 9z = 0
Ce sont donc les éléments du plan d’équation :
x + 2y + 3z = 0,
c’est-à-dire le plan orthogonal au vecteur n de coordonnées (1, 2, 3).
Par acquis de conscience, et même si c’est inutile, on peut vérifier ces assertions par la détermi-
nation du noyau de f .

13x 2y 3z = 0 (E 1 )
Les vecteurs (x, y, z ) de Ker f sont caractérisés par 2x + 10y 6z = 0 (E 2 )
3x 6y + 5z = 0 (E 3 )

On constate que l’équation 2 (E 2) + 3 (E 3) n’est autre que (E 1), donc les éléments du
noyau sont ceux de la droite définie par :
x 5y + 3z = 0
3x + 6y 5z = 0
Cette droite est dirigée par le produit vectoriel de (1, 5, 3) et (3, 6, 5), qui est (7, 14, 21), donc
aussi par n = (1, 2, 3).
On peut préciser une base orthonormale formée par un vecteur du noyau et des vecteurs
invariants.

Un vecteur u orthogonal à n est (2, 1, 0). Et v = n u = (3, 6, 5) donne une base (n, u, v)
orthogonale directe.
Il reste à diviser ces trois vecteurs par leurs normes pour obtenir une base " = n , u , v
orthonormale directe.
0 0 0
Dans cette base, la matrice de f est A = 0 1 0 .
0 0 1

Chapitre 8 - Espaces euclidiens. Transformations orthogonales. Géométrie et coniques 381


C Géométrie dans le plan et dans l’espace

Ex. 9
Dans le plan, on considère trois points A, B, C , non alignés, d’affixes respectives a , b, c .
Soit G le centre de gravité du triangle ABC et A , B , C les points où les médianes (GA),
(GB), (GC ) recoupent le cercle circonscrit au triangle.
En notant a , b , c , g les affixes de A , B , C , G , montrer que :
1 1 1
+ + = 0.
g a g b g c

On pourra exprimer GA GA à l’aide du rayon du cercle circonscrit.

Dans ce sujet, les questions métriques sont présentes ce qui rend inévitable l’usage du produit
scalaire. Par ailleurs l’appel aux affixes est explicite. Rappelons un lien entre ces deux outils.

Étant donné des vecteurs U et V , d’affixes u et v, le produit scalaire U V est égal à la partie
réelle de u v ou de u v.
Le déterminant Det U , V est la partie imaginaire de u v.
Ainsi, lorsque U et V sont liés, on a U V = u v ou aussi U V = u v.

Pour voir comment intervient A , on note que A, A et G sont alignés. L’intervention du cercle #
circonscrit à ABC passe par le centre et le rayon.

Notons O le centre et R le rayon du cercle # circonscrit au triangle ABC .


En notant P le milieu de AA , on a GA GA = GP + PA GP + PA , d’où :

GA GA = GP + PA GP PA = GP 2 PA2 .
Les triangles OGP et OAP étant rectangles en P , on a :
GP 2 = OG 2 OP 2 et PA2 = OA2 OP 2
et il s’ensuit que :
GA GA = OG 2 OA2 = OG 2 R2 .
Notons ) ce nombre OG 2 R2 .

Le réel OG 2 R 2 est indépendant de A. On a donc deux égalités analogues pour les deux autres
sommets B et C .

Avec de même GB GB = ) et GC GC = ), il vient :

GA GA = GB GB = GC GC = ).

Nous voilà en mesure de passer aux affixes en tenant compte de GA, GA liés.

On en déduit que a g a g =b g(b g) = c g c g = ).

Mais au fait, G est le centre de gravité de ABC . Il y a lieu de l’utiliser !

GA + GB + GC = 0 s’exprime par :
(a g ) + (b g ) + (c g) = 0 ou par a g+b g+c g = 0.

382 Sujets d’oraux


Il vient alors :
) ) )
+ + = 0.
a g b g c g
Le centre de gravité n’est pas sur le cercle circonscrit donc le point G n’est ni A ni B ni C .
Notons aussi que ) = OG 2 R 2 n’est pas nul.

1 1 1
Et finalement, il vient + + = 0.
g a g b g c

Ex. 10
Dans le plan rapporté à un repère orthonormal direct (O, i , j ), montrer que l’application f
qui à tout point M = (x, y) associe M = (x , y ) défini par :
3 4 13
x = x+ y+
5 5 5
4 3 6
y = x + y+
5 5 5
est la composée commutative d’une réflexion et d’une translation.

Les questions de géométrie analytique dans le plan se prêtent bien à l’usage des nombres
complexes. Si tout va bien, on met en évidence une similitude z = az + b, mais...

3 + 4i 4 + 3i 13 + 6i
En posant z = x + iy , le système équivaut à z = x+ y+ .
5 5 5
4 + 3i 3 + 4i 3 + 4i 13 + 6i
En remarquant que = i , on a z = (x iy) + , c’est-à-dire :
5 5 5 5
3 + 4i 13 + 6i
z = z+ avec z = x + iy.
5 5
3 + 4i 13 + 6i
On notera que a = 5
est de module 1. Posons aussi b = 5
: z = a z + b.
Plutôt que d’aller à la devinette, cherchons des informations sur la décomposition (éventuelle)
de f .

Supposons qu’il existe une translation t , de vecteur u , et une réflexion, d’axe $, telles que :
f = s t et f = t s.
Alors f f =t s s t donne f f =t t , donc f f est la translation de vecteur 2 u .
f f (z ) = a a z + b + b = aa z + a b + b = z + a b + b montre que :
f f est la translation d’affixe a b + b.
1
L’affixe u du vecteur de la translation t est donc nécessairement u = (a b + b).
2
3 + 14i
On a a b = , puis a b + b = 2 + 4i . Il vient donc u = 1 + 2i .
5
Une seule translation est possible. Examinons si elle convient.
1
S’il existe une réflexion s convenable, c’est-à-dire telle que f = t s, alors s = t f.
1
L’expression analytique complexe de s = t f est s(z ) = a z + b (1 + 2i ), c’est-à-dire :
8 4i
s : z ! z = a z + c avec c = .
5

Chapitre 8 - Espaces euclidiens. Transformations orthogonales. Géométrie et coniques 383


Étudions les points invariants par s.
3 + 4i 8 4i 5x = 3x + 4y + 8
On a z = z+ , ce qui équivaut à
5 5 5y = 4x + 3y 4
Les points invariants par s sont ceux de la droite $ d’équation 2x y 2 = 0.
Notons que $ est dirigée par u et contient A = (1, 0).
On constate que z 1 = a (z 1) et on en déduit que, étant donné z1 et z2 , on a :
z1 z2 = a (z1 z2 ),
donc z1 z2 = z1 z2 , ce qui prouve que s est une isométrie.
s, isométrie plane admettant une droite de points invariants, est la réflexion d’axe $.
Pour achever l’étude, il suffit de vérifier si on a bien f = s t , ce qui est immédiat.

Ex. 11
L’espace E est rapporté à un repère orthonormal direct (O, i , j , k ).
On considère l’application f de E dans E définie analytiquement par :
1
x = (3x + 6y + 2z + 1)
7
1
y = ( 6x + 2y + 3z + 5)
7
1
z = (2x 3y + 6z + 2)
7
1) Montrer que f est un déplacement.
2) Déterminer l’angle et la direction de l’axe de la rotation vectorielle de f .
3) Justifier que f est un vissage et préciser le vecteur de ce visssage.
4) Préciser l’axe du vissage.

1) f est une application affine dont la partie linéaire ! a pour matrice :


3 6 2
1
A= 6 2 3 dans la base orthonormale ( i , j , k ).
7
2 3 6
On voit aisément que A " %+ (E ), donc ! est une rotation.
Ainsi f est un déplacement.
0 2 0
1 t 3 5 1
2) Avec (A A) = 2 0 1 , l’axe de la rotation est dirigé par
2 7 5
0 1 0
1 3 5
&= (1, 0, 2), et d’angle - autour de & tel que sin - = < 0.
5 7
2 2
cos - s’obtient par 2 cos - + 1 = Tr A, d’où cos - = . On a ainsi - = Arccos
7 7

1
3) Soit u le vecteur de coordonnées (1, 5, 2) et t la translation de vecteur u . On a ainsi f = t !.
7
u n’étant pas orthogonal à &, f est un vissage d’angle - autour d’un axe dirigé par &.
1
Soit v le projeté orthogonal de u sur & : v = (u &)&. Ses coordonnées sont 7 (1, 0, 2).
C’est le vecteur du vissage.

384 Sujets d’oraux


4) Avec w = u v, l’axe du vissage est celui de la rotation g = tw ! de formules analytiques :
1
x = (3x + 6y + 2z )
7
1
y = ( 6x + 2y + 3z + 5)
7
1
z = (2x 3y + 6z )
7
L’axe est défini par :
4x 6y 2z = 0
6x + 5y 3z = 5
6 x + 5y 3z = 5 c’est-à-dire
2x + 3y + z = 0
2x + 3y + z = 0
0 1
5
On obtient aisément pour axe l’ensemble des points 1 +x 0 , pour x " !.
14
3 2

Ex. 12
Dans l’espace usuel, on considère trois segments AA , BB , CC .
On suppose qu’ils sont parallèles, non réduits à un point et non coplanaires.
Donner une condition nécessaire et suffisante pour qu’il existe une droite parallèle aux trois
plans A BC , B CA et C AB .

Explorons les différentes hypothèses. La première est que les vecteurs AA , BB et CC sont non
nuls et colinéaires.

Il existe un vecteur u non nul et des scalaires %, *, ) non nuls tels que :
AA = % u , BB = * u et CC = ) u .

Le sort de A , B , C est lié à celui de A, B et C , par l’intermédiaire de u et (%, *, )).


Pour avoir un point de repère, l’isobarycentre de A, B et C est naturel.
Pour d’éventuelles équations de droites ou plans, il est raisonnable de choisir un repère dans
lequel les points A, B et C vont jouer des rôles analogues, avec des coordonnées numériquement
simples.

Étant donné un point O , on considère le repère & = (O, OA, OB, OC). On a donc :
OA = OA + % u , OB = OB + * u , OC = OC + ) u .
Considérons le barycentre G de (A, 1), (B, 1) et (C, 1).
Pour laisser aux couples A, A , B, B , C, C des rôles analogues, on peut choisir un point
O adapté à u et à G .

Choisissons O tel que u = 3OG. Alors, avec OA = OA + % u , les coordonnées de A sont


(1 + %, %, %). De même, celles de B sont (*, 1 + *, *) et celles de C sont (), ), 1 + )).
On établit maintenant une équation de chacun des trois plans.

M = (x, y, z ) appartient à A BC si et seulement si Det MA , BA , CA = 0, c’est-à-dire :

Chapitre 8 - Espaces euclidiens. Transformations orthogonales. Géométrie et coniques 385


x 1 % 1+% 1+%
y % % 1 % = 0,
z % % % 1
ce qui donne :
(1 2%)x + (1 + %)(y + z 1) = 0.
De même, une équation de (B CA) est :
(1 2*)y + (1 + *)(z + x 1) = 0,
et une équation de (C AB) est :
(1 2))z + (1 + ))(x + y 1) = 0.
Trois plans sont parallèles à une même droite si et seulement si leurs directions (trois plans
vectoriels) ont un vecteur non nul en commun.

Les trois plans sont parallèles à une même droite si et seulement si :


1 2% 1+% 1+% 3 1+% 1+%
1+* 1 2* 1 + * = 0 ou encore 3 1 2* 1 + * = 0,
1+) 1+) 1 2) 3 1+) 1 2)
ce qui donne :
1 1 1
9(* ) + ) % + %*) = 0 ou aussi + + = 0.
% * )

Comme %, *, ) sont les mesures algébriques de AA , BB et CC relativement à un même vecteur


1 1 1
u non nul, cela s’exprime aussi par + + = 0.
AA BB CC

Ex. 13
Dans l’espace, on considère quatre points A, B, C et D non coplanaires.
Montrer que l’aire d’une face du tétraèdre ABCD est strictement inférieure à la somme des
aires des trois autres faces.

Cela ressemble assez à une situation classique dans le plan : pour un triangle non réduit à un
point ou à un segment, la longueur d’un côté est strictement inférieure à la somme des longueurs
de deux autres côtés.

Notons H le projeté orthogonal de A sur le plan (BCD ).


Notons '(UVW ) l’aire d’un triangle UVW .

Considérons le projeté orthogonal A de A sur la droite (BC ). C’est aussi le projeté orthogonal
de H sur (BC ).
BC HA AA BC
L’aire '(BHC ) est égale à alors que '(ABC ) = .
2 2
Dans le triangle AA H rectangle en H , on a AA > A H , d’où '(ABC ) > '(BHC ).
L’hypoténuse AA ne peut être égale à A H que si A = H , ce qui impliquerait que A soit dans le
plan (BCD ).

On a de même '(ABD ) > '(BHD ) et '(ACD ) > '(CHD ).


En ajoutant ces trois inégalités, on obtient :
'(ABC ) + '(ABD ) + '(ACD ) > '(BHC ) + '(BHD ) + '(CHD ).
Il suffit alors de justifier que '(BHC ) + '(BHD ) + '(CHD ) # '(BCD ).

386 Sujets d’oraux


Si H est intérieur au triangle BCD , alors on a :
'(BHC ) + '(BHD ) + '(CHD ) = '(BCD ),
et si H est extérieur strictement à ce triangle, on a :
'(BHC ) + '(HBD ) + '(HCD ) > '(BCD ).
On a donc '(BHC ) + '(BHD ) + '(CHD ) # '(BCD ) et il s’ensuit que :
'(ABC ) + '(ABD ) + '(ACD ) > '(BCD ).

D Coniques

Ex. 14
Déterminer l’ensemble des centres, des sommets et des foyers des ellipses d’équations :
'x 2 + y2 2x = 0,
où ' décrit l’ensemble des réels strictement positifs.

' = 1 est un cas particulier. Si le centre existe bien, et si tous les points sont des sommets, la
notion de foyer est hors de propos.
1 2
'x 2 + y2 2x = 0 a pour équation réduite '2 x + ' y 2 = 1.
'
1
Le centre est .' = , 0 ; il décrit le demi-axe positif des abscisses.
'
2
Les sommets sur (Ox ) sont O et A' = '
, 0 . Le sommet A' décrit le demi-axe positif des
abscisses.
1 1 1 1
Les sommets de l’axe vertical sont B' = ' , et B' = ' , .
' '
Ils décrivent la parabole d’équation y2 = x , privée de O .
1 1
Pour ' < 1, on a > et l’axe focal est (Ox ).
' '
2 2
X Y
On a une équation réduite de la forme 2 + 2 = 1, avec a > b > 0.
a b
1 1 1 1
Les foyers F' et F' ont pour abscisses c et + c , avec c 2 = 2 .
' ' ' '

1 1 1 1 1
L’abscisse de F' est = (1 1 ') = .
' '2 ' ' 1+ 1 '
1
Alors F' décrit ]B, C [, avec B = , 0 et C = (1, 0).
2

1 1 1 1
L’abscisse de F' est + = (1 + 1 '). Alors F' décrit la demi-droite ]Cx [.
' '2 ' '

1 1
Pour ' > 1, on a < et l’axe focal est (.' y).
' '

Chapitre 8 - Espaces euclidiens. Transformations orthogonales. Géométrie et coniques 387


X2 Y2
On a une équation réduite de la forme 2 + 2 = 1, avec b > a > 0.
a b
1 1
Les foyers F' et F' ont pour ordonnées c et c , avec c 2 = .
' '2
1 1 1 1
Les coordonnées de F' sont ' , ' ' 1 et celles de F' sont ' , ' ' 1 .
Alors F' et F' décrivent le cercle d’équation x 2 + y2 x = 0, privé des points O et C = (1, 0)
Ce cercle est de diamètre [OC ].

Ex. 15
Soit ABCD un rectangle du plan. Déterminer l’ensemble des points M tels que les cercles
circonscrits aux triangles MAB et MBC aient le même rayon.

Tout point du cercle circonscrit au triangle ABC convient évidemment.


Pour étudier les autres, on choisit un repère adapté aux données du problème.

Soit O le centre du rectangle. En prenant pour axes les médiatrices des côtés, on peut choisir le
repère de façon que les sommets soient :
A = (a, b), B = (a, b) , C = ( a, b) et D = ( a, b), avec a et b strictement positifs.
Un cercle #1 contenant A et B est centré en P = (', 0) ;
un cercle #2 contenant B et C est centré en Q = (0, ().
Ces deux cercles ont même rayon si et seulement si PB = QB.
Il ne faut pas perdre de vue le cercle circonscrit à ABC .
Les deux cercles ont le point B en commun. Ils sont donc tangents ou confondus, ou bien ils ont
deux points en commun.

On a PB = QB si et seulement si (' a )2 + b2 = a 2 + (( b)2 .


C’est le cas lorsque ' = ( = 0, c’est-à-dire quand P = Q, et il s’agit dans les deux cas du
cercle # circonscrit à ABC .
Dans ce cas, tout point M de # est solution.
Pour (', () # (0, 0), les cercles#1 et #2 sont tangents quand B, P et Q sont alignés, c’est-à-
dire quand Det(BP , BQ ) = 0, ce qui se traduit par '( = 'a + (b.
La seule solution dans cette configuration est M = B.
Dans le cas où (', () # (0, 0), les centres P et Q sont distincts. y
#1 et #2 , sécants en B, se recoupent au point M symétrique (
de B par rapport au milieu I de [PQ]. (
#
Ce point M = (x, y) est déterminé par x + a = ', y + b = (. Q
Alors (' a )2 +b2 = a 2 +(( b)2 équivaut à x 2 +b2 = a 2 +y2 , C B
M I
et on obtient les points de l’hyperbole équilatère ( conte- O
P x
nant les quatre sommets A, B, C et D du rectangle.
En conclusion les solutions sont les points de # % (. D A

388 Sujets d’oraux


Ex. 16
Étant donné a , b, c réels non nuls et t réel, on considère les plans d’équations :
(1) cx az cos t = ac sin t , (2) cy bz sin t = bc cos t ,
(3) cx + az sin t = ac cos t , (4) cy bz cos t = bc sin t .
Montrer que ces plans ont un point Mt en commun et donner l’ensemble des points Mt quand t
décrit !.

Sans autre précision, l’espace est rapporté à un repère (O, i , j , k ). Rien n’interdit en outre
de se placer dans un contexte d’espace euclidien et de supposer le repère orthonormal.
Les plans (1) et (3) ont des équations fortes de ressemblances, et il en est de même pour les plans
(2) et (4).
On obtient un système équivalent avec (1)-(3), (2)-(4), (1) et (2).

Avec les équations (1) et (3), il vient :


az (sin t + cos t ) = ac (sin t + cos t )
et avec (2) et (4), il vient :
bz (cos t sin t ) = bc (cos t sin t ).
Comme on a a # 0, b # 0 et que cos t sin t et sin t + cos t ne sont pas simultanément nuls, il
vient que z = c équivaut au système (1)-(3), (2)-(4).
Le système de quatre équations équivaut alors à :
cx az cos t = ac sin t , cy bz sin t = bc cos t , z = c .
Il y a une unique solution pour Mt : x = a (cos t sin t ), y = b(sin t + cos t ), z = c .
L’ensemble des points Mt est inclus dans le plan z = c .

L’ensemble des points Mt est une ellipse du plan d’équation z = c .


" "
En effet, on a cos t sin t = 2 cos t + et cos t + sin t = 2 sin t + .
4 4

Ex. 17
Étudier la courbe ) d’équation x 2 + 4xy + 4y2 5y = 0.

On se place dans le plan euclidien usuel, qui est rapporté à un repère orthonormal
& = (O, i , j ).
Malgré la présence d’un terme «rectangle» en xy, il n’y a pas de difficulté.

Notons que x 2 + 4xy + 4y2 = (x + 2y)2 , donc ) a pour équation (x + 2y)2 5y = 0.

On choisit un nouveau repère orthonormal & = (O, I , J ).


L’objectif est que les formules de changement de repère soient de la forme Y = '(x +2y), X = . . .

1 2 1
Pour avoir un changement de repère orthonormal, on prend P =' .
1 2
1 1 1
Pour avoir det P = 1, on choisit ' = et P est alors orthogonale. Il vient donc :
5
1 2 1
P= .
5 1 2

Chapitre 8 - Espaces euclidiens. Transformations orthogonales. Géométrie et coniques 389


X 1 x x X
Alors =P et =P donne :
Y y y Y
1 1
Y = (x + 2y) et y = ( X + 2Y ).
5 5
Dans & , la courbe ) a pour équation 5Y 2 5( X + 2Y ) = 0.
On reconnait une parabole ; on en donne une équation réduite.
2
1 1 1
5Y 2 2 5Y + 5X = 0 se lit aussi Y = X .
5 5 5
p p
Avec y2 = 2px , le foyer est , 0 , la directrice est x = .
2 2
1 1 1 1 3
Le sommet est S = , , le foyer F a pour abscisse = , et la directrice $
5 5 5 4 5 4 5
a pour équation :
1 1 5
X = soit X = .
5 4 5 4
Il reste à revenir au repère initial en utilisant P .

3 1 1 1
Dans &, le sommet est S = , , le foyer est F = , , et la directrice a pour équation :
5 5 2 4
5
= 0. 2x y
4
On remarquera de plus que la parabole est tangente en O à (Ox ). En effet, en posant :
f (x, y) = x 2 + 4xy + 4y2 5y,
on a f (0, 0) = 0 et gradf (0, 0) = (0, 5), donc le vecteur j est normal en O à ).

) Y

F
S
x
O 1

390 Sujets d’oraux


Ex. 18
Étudier la courbe dont une équation, dans un repère orthonormal (O, i , j ) du plan, est :
x 2 + 8xy 5y2 28x + 14y + 3 = 0.

Mettons en pratique la méthode classique de changement de repère en rotation.

Soit I = cos - i + sin - j et J = sin - i + cos - j .

Alors & = (O, I , J ) est le repère orthonormal déduit de & = (O, i , j ) par rotation d’angle -.
Si (x, y) sont les coordommées d’un point dans & et (x , y ) ses coordonnées dans & , on a :
x = x cos - y sin - et y = x sin - + y cos -.

Alors, avec :
x 2 = x 2 cos2 - + y 2 sin2 - x y sin 2-,
2 2
y =x sin2 - + y 2 cos2 - + x y sin 2-,
2 2
et 2xy = x sin 2 - y sin 2 - +2x y cos 2-,
il vient :
x 2 + 8xy 5y2 =
2
cos - 5 sin2 - + 4 sin 2 - x 2
+ sin2 - 5 cos2 - 4 sin 2 - y 2 + 2 4 cos 2 - 3 sin 2 - x y .

4
On choisit alors - tel que 4 cos 2 - 3 sin 2- = 0, c’est-à-dire tan 2- = .
3

2 tan -
En utilisant tan 2- = , on peut choisir tan - par la résolution d’une équation du
1 tan2 -
second degré.

4 2 tan - 1 1
Pour avoir 3 = 2 , on peut choisir tan - = 2 , puis choisir - = Arctan 2 .
1 tan -
On a :
cos2 - 5 sin2 - + 4 sin 2- = 6 cos2 - + 4 sin 2 - 5,
2 2 2
et sin - 5 cos - 4 sin 2- = 1 6 cos - 4 sin 2 - .

1 2 tan - 1
On a par ailleurs cos2 - = et sin 2- = . Il vient alors, avec tan - = 2 :
1 + tan2 - 1 + tan2 -
x2 5y2 + 8xy = 3x 2
7y 2 .

1
Pour exprimer 28x + 14y + 3, on a besoin de cos - et sin -. Le choix de - = Arctan donne
2
"
0<-< .
2

4 2 1
Avec cos2 - = , il vient cos - = puis sin - = tan - cos - = , et on obtient :
5 5 5
14
28x + 14y = ( 3x + 4y ).
5

Chapitre 8 - Espaces euclidiens. Transformations orthogonales. Géométrie et coniques 391


Ainsi, dans & , la courbe a pour équation :
2 2 42 56
3x 7y x + y + 3 = 0.
5 5

2 14 2 8
c’est-à-dire 3 x x 7 y y + 3 = 0 ou enfin :
5 5
7 2 4 2
3 x 7 y = 4.
5 5
On arrive alors à une équation réduite d’hyperbole.
Il reste à en préciser le centre, un foyer, la directrice associée et l’excentricité.
7 4
Pour faciliter l’écriture, on peut noter % = et * = .
5 5

7 4
Soit . = , dans & .
5 5
Avec les formules de changement de re-
père, il vient . = (2, 3) dans &.
L’hyperbole a pour équation réduite : y
2 2
(x %) (y *)
2 2 = 1,
a b
2 2
avec a = et b = .
3 7
L’axe focal est (., I ).
40 .
On pose c = a 2 + b2 = .
21
c 10 1
L’excentricité est e = = . x
a 7 O
Un foyer F a pour coordonnées : 1
(% + c, *) dans & ,
et la directrice associée a pour équation :
2
a
x =%+ .
c

Il reste à utiliser les formules de changement de repère inverse :


x = x cos - + y sin -, y = x sin - + y cos -

pour avoir une équation de $ dans &.

x = x cos - y sin -, y = x sin - + y cos - permettra d’avoir F dans &.

Ces derniers calculs sont laissés à votre initiative.

Dans l’exercice suivant, on mettra en œuvre une méthode qui est basée sur la mise en évidence
d’une matrice carrée symétrique.

Cette méthode se révélera bien efficace quand les lignes trigonométriques de - seront numéri-
quement lourdes.

392 Sujets d’oraux


Ex. 19
On considère la courbe ( d’équation x 2 + 6xy + y2 + 4x = 0.
t x x
Former une matrice symétrique B " *2 (!) telle que B = x 2 + 6xy + y2 .
y y

En notant ! l’endomorphisme de !2 dont la matrice dans la base canonique ( i , j ) est B,


déterminer une base orthonormale ( I , J ) dans laquelle la matrice de ! est diagonale.
Étudier la courbe ( dans le repère (O, I , J ).

a b x x
Avec B = , on a t B = ax 2 + 2bxy + cy2 .
b c y y
1 3
Il suffit alors de prendre a = 1, b = 3 et c = 1, soit B = .
3 1
Pour donner trouver une base adaptée à !, on recherche des vecteurs propres.

u = (x, y) # 0 est vecteur propre pour ! si et seulement si il existe ' " ! tel que !(u ) = 'u ,
c’est-à-dire si x appartient au noyau de ! ' Id.
1 ' 3
! ' Id a un noyau non nul si et seulement si = 0, c’est-à-dire :
3 1 '
'2 2' 8 = 0, ce qui donne ' = 4 ou ' = 2.
(x, y) est dans le noyau de ! 4 Id si et seulement si x y = 0 et (x, y) est dans le noyau de
! + 2 Id si et seulement si x + y = 0.
1 1
On prend alors I = ( i + j ) et J = ( i + j ) et " = ( I , J ) est une base
2 2
orthonormale directe. Dans cette base, la matrice de ! est :
4 0
B = .
0 2
Soit (x, y) et (X, Y ) les coordonnées d’un vecteur u dans les bases " et " .
x X
On a =P
y Y
t x t X t
donc = P, y
y Y
x X
c’est-à-dire t =t P 1 puisque
y Y
P est orthogonale. Il vient alors :
t x x X X
B = t P 1 BP
y y Y Y
et, avec P 1 BP = B , on a :
t x x X X
B = t B , O x
y y Y Y
d’où x 2 + 6xy + y2 = 4X 2 2Y 2 .
Dans & , la courbe ( a pour équation :
4X 2 2Y 2 + 2 2(X Y ) = 0.
Il s’agit donc d’une hyperbole, dont une
équation réduite est :
2 2 2 2 1
4 X+ 2 Y+ + = 0.
4 2 2

Chapitre 8 - Espaces euclidiens. Transformations orthogonales. Géométrie et coniques 393


Ex. 20
Étant donné une parabole ), étudier l’ensemble des points d’intersection de deux normales
à ) qui soient perpendiculaires.

Dans le plan rapporté, il existe un repère orthonormal (O, i , j ) dans lequel ) a pour équation :
y2 = 2px .
2
t
Une représentation paramétrique en est x (t ) = , y(t ) = t .
2p

Étant donné le point M (t ) de ), de paramètre t , la tangente en M (t ) est dirigée par le vecteur de


t
coordonnées , 1 ou aussi par celui de coordonnées (t, p).
p
Les normales en M (t ) et M (t ) sont perpendiculaires si et seulement si les tangentes en ces points
sont perpendiculaires.

Les normales en M (t ) et M (t ) sont perpendiculaires si et seulement si tt + p2 = 0.


On écarte donc le sommet, de paramètre 0. La normale en 0 n’est perpendiculaire à aucune
autre.

La normale en M (t ) a pour équation cartésienne :


2
t
t x + p(y t ) = 0.
2p

Les coordonnées de l’intersection I des normales en M (t ) et M (t ) distincts sont données par les
solutions de :
3
t
tx + py = + pt
2p
3
t
t x + py = + pt
2p
Avec t # t , ce système admet une solution et une seule.
1 3
On obtient t t x= t t 3 + p(t t ), c’est-à-dire :
2p
1 2 2
x= t + tt + t + p.
2p
Quand les tangentes sont perpendiculaires, c’est-à-dire tt = p2 , il vient :
4
1 p p
x= t2 + 2 + .
2p t 2
3 2
t t p
Avec tx + py = 2p + pt , en reportant la valeur de x , il vient y = 2 2t
.

En examinant x et y, il est opportun de former y2 .


4 4
1 p p
y décrit ! quand t décrit ! et on a y2 = t2 + 2 2p2 et, avec t 2 + = 2px p2 , il
4 t t 2

vient :
p 3p
y2 = x .
2 2

394 Sujets d’oraux


3p
L’ensemble des points I est donc une parabole +, de sommet ,0 .
2
p
Elle est intérieure à ) et de paramètre .
4

y
)

I
O
x
M
+

Chapitre 8 - Espaces euclidiens. Transformations orthogonales. Géométrie et coniques 395


Thèmes d’étude - Problèmes
1 Endomorphismes d’un espace euclidien
Soit E un espace euclidien orienté de dimension 3, et " = e1 , e2 , e3 une base orthonormale
directe de E .
On considère un vecteur u normé, de coordonnées (a, b, c ) dans ".

1) On considère l’endomorphisme q défini par q x = u x u.

a) Prouver que q est un projecteur. Préciser le noyau et l’image de q.


b) Donner l’interprétation géométrique de q et former sa matrice Q dans la base ".

2) On considère l’endomorphisme t défini par t x = x u.

a) Exprimer t 2 à l’aide de q et exprimer t 3 en fonction de t .


b) Donner le noyau et l’image de t . Montrer que Ker t et Im t sont orthogonaux.
c) Former la matrice T de t dans la base ". Calculer T 2 et T 3 .

3) Soit v un vecteur normé de Im t ; on pose w = t v .

a) Vérifier que " = v , w , u est une base orthonormale directe de E .


b) Former la matrice T de t dans la base B .
c) Justifier que t est la composée d’une projection orthogonale et d’une rotation que l’on
précisera.

4) Montrer que l’endomorphisme f = t + q est une rotation dont on précisera l’axe et l’angle.

5) Soit ' un réel non nul.


Montrer que l’endomorphisme t + ' Id est inversible.
1
6) On considère l’endomorphisme g = (t + ' Id) ( t + ' Id) et la matrice G de g dans la
base ".
1 t
a) Justifier que G = (T + 'I ) . (T + 'I ) ; en déduire que G est orthogonale.

b) Montrer que g est une rotation dont on précisera l’axe.

7) On considère le polynôme P = 2X 3 + 1 ' 2 X + ' 1 + '2 .


2
a) Vérifier que P (t ) = 1 + ' t + ' Id .

b) Effectuer la division euclidienne de P par X + ' et en déduire une expression de g de la


forme Q(t ), où Q est un polynôme de degré 2.

8) Écrire la matrice G de g dans la base " . En déduire le cosinus et le sinus de l’angle - de


la rotation g.
Exprimer - en fonction de ', en précisant l’ensemble des valeurs prises par -.

396 Thèmes d’étude – Problèmes


Solution

1) a) Avec q(x ) = (x u )u , il vient q 2 (x ) = (x u )(u u )u = (x u )u = q(x ), d’où q 2 = q.


On a q(x ) = 0 si et seulement si (x u ) = 0, d’où Ker q = u ! .
Tout q(x ) étant colinéaire à u , avec rg q = 1, il vient Im q = !u .
b) q est la projection orthogonale sur !u .
a2 ab ac
Sa matrice dans la base " est Q = ab b2 bc .
ac bc c2

2) a) On a t 2 (x ) = (x u) u = (x u )u x , d’où t 2 = q Id.
3 2
Ensuite, t (x ) = t t (x ) = (x u )(u u) x u= t (x ), d’où t 3 = t.

b) t (x ) = x u est nul si et seulement si x est colinéaire à u : Ker t = !u .


Les vecteurs t (x ) sont orthogonaux à u , donc Im t & u ! . Avec rg t = 2, il vient Im t = u ! .
0 c b
c) La matrice de t est T = c 0 a .
b a 0

a2 1 ab ac
2 2
Avec t = q Id, il vient T = ab b2 1 bc .
ac bc c2 1

0 c b
Et on a T 3 = T = c 0 a .
b a 0

3) a) On a w = t (v) = u v. Puisque u et v sont normés et orthogonaux, (u, v, u v) = (u, v, w)


est une base orthonormale directe.
Alors, par permutation circulaire, (v, w, u ) est encore une base orthonormale directe.
0 1 0
b) On a t (v) = w, t (w) = w u = v, t (u ) = 0, d’où T = 1 0 0 .
0 0 0
0 1 0 1 0 0
c) On a T = 1 0 0 0 1 0 = RP .
0 0 1 0 0 0
"
R est, dans base " , la matrice de la rotation r d’axe !u orienté par u et d’angle , et P est
2
celle de la projection orthogonale p sur u ! . Notons que l’on a alors p = Id q.
0 0 0
4) La matrice dans " de q est I P= 0 0 0 .
0 0 1
0 1 0
Celle de t + q est donc 1 0 0 .
0 0 1
On voit alors que f = t + q n’est autre que la rotation r .

Chapitre 8 - Espaces euclidiens. Transformations orthogonales. Géométrie et coniques 397


5) x est dans Ker(t + ' Id) si et seulement si x u + 'x = 0, c’est-à-dire u x = 'x .
Orthogonal à x et colinéaire à x , 'x est nul. Avec ' # 0, il vient x = 0, donc :
Ker(t + ' Id) = 0
et t + ' Id est bijectif puisque l’on est en dimension finie.

6) a) On a t T = T , donc T + 'I = t (T + 'I ) puis G = (T + 'I ) 1 t


. (T + 'I ).
1 t t 1 1
G = (T + ' I ) ( T + 'I ) donne G = (T + 'I ) (T + 'I ) = (T + 'I )( T + 'I ) donc :
G t G = (T + 'I ) 1 ( T + 'I )(T + 'I )( T + 'I ) 1 .
Notons que ( T + 'I )(T + 'I ) = T 2 + '2 I = (T + 'I )( T + 'I ).
Alors G t G = (T + 'I ) 1
(T + 'I )( T + 'I )( T + 'I ) 1
= I et G est orthogonale.

b) On a det G = det(T + 'I ) 1 det(T + 'I ) = 1.


La transformation orthogonale g est donc une rotation.
Avec t (u ) = 0, on obtient (t + ' Id)(u ) = 'u puis il vient :
1 1
(t + ' Id) (u ) = ' u,
ce qui donne g(u ) = u . L’axe de g est donc !u .

7) a) Avec t 3 = t , on a P (t ) = 1 + '2 t + ' 1 + '2 = 1 + '2 t + ' Id .

b) Notons que P ( ') = 0, donc P est divisible par X + '. On obtient aisément :
P = (X + ') 2X 2 2 ' X + 1 + '2 .
On a donc P (t ) = (t + ' Id) 2t 2 2 ' t + (1 + '2 ) Id .

Alors 1 + '2 t + ' Id = t + ' Id 2t 2 2 ' t + 1 + '2 Id donne :


1
g = (t + ' Id) 1 ( t + ' Id) = 2t 2 2 ' t + 1 + '2 Id .
1 + '2

8) Dans la base " , la matrice de t est T . Celle de g est donc :


1 2
G = 2T 2 ' T + (1 + '2 )I .
1 + '2
1 0 0
2
On obtient T = 0 1 0 puis :
0 0 0
1 '2 2'
2 0
1
' 1 2' 0 1 + '2 1 + '2
G = 2' '1 1 0 = 2' 1 '2 .
1 + '2 0
0 0 1 + '2 1+' 2
1+' 2
0 0 1
1 '2 2'
L’axe de g étant orienté par u , on a cos - = et sin - = .
1 + '2 1 + '2
%
Posons % = 2 Arctan '. On a %"] ", "[ / 0 et ' = tan
2
.
Il vient alors cos - = cos % et sin - = sin %, d’où - = " %.
Finalement, - = " 2 Arctan '.

398 Thèmes d’étude – Problèmes


2 Base orthonormale
1
1) Montrer que (f, g) ! f (x )g(x ) dx définit un produit scalaire sur l’espace vectoriel
0
réel E des fonctions réelles continues sur [0, 1].
2) Donner une base orthonormale du sous-espace G engendré par les fonctions g1 , g2 et g3
définies sur [0, 1] par g1 (x ) = x , g2 (x ) = x 2 et g3 (x ) = x 3 .
3) Soit f la fonction continue sur [0, 1] définie par f (x ) = x ,n x , prolongée par continuité
en 0.
Déterminer la fonction h projetée orthogonale de f sur G .
4) Déterminer la borne inférieure de l’ensemble des nombres réels :
1
2 2 2
D (a, b, c ) = x ,n x ax bx c dx lorsque (a, b, c ) décrit !3 .
0

Solution

1) C’est quasiment une question de cours.


1
2 2 1
2) g1 = x dx = conduit à prendre f1 = 3g1 pour premier vecteur normé.
0 3
1
2 3
h2 = g2 + 'g1 est orthogonal à g1 si et seulement si x (x + 'x ) dx = 0, ce qui donne ' =
0
4
2 2
1
3 3 1 3
g2 g = x2 x dx = conduit à prendre f2 = 4 5 g2 g pour
4 1 0 4 80 4 1
vecteur normé, f2 orthogonal à f1 .
h3 = g3 + 'g2 + (g1 est orthogonal à g1 et g2 si et seulement si :
' ( 1
1 1 + + =0
3 2 2 3 2 4 3 5
x (x + 'x + (x ) dx = 0 et x (x + 'x + (x ) dx = 0 soit
0 0 ' ( 1
+ + =0
5 4 6
4 2
d’où ' = , (= .
3 5
2
1
4 2 2 3 4 2 2 1 1
h3 = g3 g + g , d’où h3 = x x + x dx = et h3 =
3 2 5 1 0 3 5 1575 15 7
puis :
4 2 2
f3 = 15 7 x3 x + x .
3 5

3) La fonction h est égale à f f1 f1 + f f2 f2 + f f3 f3 .


1
n
On calcule les intégrales In = x ,n x dx pour n # 1. En intégrant par parties, il vient :
0
1
n +1 1
x 1 n 1
In = ,n x x dx = ,
n+1 n+1 (n + 1)2
0
0

Chapitre 8 - Espaces euclidiens. Transformations orthogonales. Géométrie et coniques 399


et on a donc :
3 3 4 2 4 2 2
h (x ) = 3I2 x + 80 I3 I x2 x + 1575 I4 I + I x3 x + x
4 2 4 3 3 5 2 3 5
1 5 3 7 4 2 2
donc h (x ) = x+ x2 x x3 x + x . Il vient alors :
3 3 4 4 3 5
7 3 137
h (x ) = x + 4x 2 x.
4 60
Calculs annexes :
1
3I2 = ,
3
3 1 1 1
I3 I = + = ,
4 2 16 12 48
4 2 1 1 2 1
I4 I3 + I2 = + = .
3 5 25 12 45 900

4) Cette borne inférieure I est le carré de la distance de f au sous-espace G : c’est le carré de la


norme de f h .
Avec (f h h ) = 0 et f = f h + h , le théorème de Pythagore donne :
f h 2= f 2 h 2.
1 1
2 2 1 3 2 1 2 2 2
On a, en intégrant par parties, x ,n x dx = x ,n x x ,n x dx = .
0 3 0 3 0 27
199
On obtient, après des calculs attentifs, h 2 = . Il vient alors :
2700
1
I= .
2700

3 Transformation orthogonale
Soit E un espace vectoriel euclidien et u , v des vecteurs normés tels que :
(u v) = cos -, avec 0 < - < ".
Pour ' et ( réels, on considère l’application f de E dans E définie par s :
f (x ) = '(x u )u + ((x v)v.

1) On suppose que f est une transformation orthogonale de E .


a) Montrer que E est de dimension 2
b) Montrer que ' = ( .
c) Si ' = (, montrer que ' = 1 et cos - = 0
d) Si ' + ( = 0, montrer que f est une réflexion.

2) Quels sont les endomorphismes orthogonaux de la forme :


f (x ) = '(x u )u + ((x v)v ?

400 Thèmes d’étude – Problèmes


Solution

1) a) Avec (u v) # u v , la famille (u, v) est libre et donc dim E # 2.


Pour tout x " E , f (x ) " Vect(u, v) et donc dim f (E ) + 2. Avec f (E ) = E , il vient dim E = 2. On a :
f (u ) = 'u + ((cos -)v et f (v) = '(cos -)u + (v.
b) La conservation de la norme par f implique f (u ) = f (v) = 1, c’est-à-dire :
'2 + (2 cos2 - + 2 ' ( cos2 - = 1 et '2 cos2 - + (2 + 2 ' ( cos2 - = 1
d’où, en soustrayant membre à membre, '2 (2 1 cos2 - = 0.
Avec cos2 - # 1, il vient '2 = (2 .
c) Avec sin - # 0, on définit le vecteur w par v = (cos -)u + (sin -)w :
w 2 sin2 - = v 2 + u 2 cos2 - 2(u v) cos - = sin2 - donne w = 1.
Alors sin - (u w) = (u v) cos - (u u ) = 0 montre que B = (u, w) est une base orthonormale
de E .
La matrice de f dans cette base orthonormale B = (u, w) est :
' + ( cos2 - ( cos - sin -
A= .
( cos - sin - ( sin2 -
f est orthogonale si et seulement si A est une matrice orthogonale, c’est-à-dire :
(1) : '2 + (2 cos4 - + 2 ' ( cos2 - + (2 sin2 - cos2 - = 1
(2) : (2 sin2 - cos2 - + (2 sin4 - = 1
(3) : ' ( sin - cos - + (2 sin - cos3 - + (2 sin3 - cos - = 0
(1) : '2 + (2 cos2 - + 2 ' ( cos2 - = 1
ce qui équivaut à : (2) : (2 sin2 - = 1
(3) : ( sin - cos -(' + () = 0

Premier cas : ' = (.


(1) : '2 (1 + 3 cos2 -) = 1
(2) : '2 sin2 - = 1
(3) : 2 '2 sin - cos - = 0
(2) donne ' # 0 et, avec sin - # 0, (3) donne cos - = 0 et donc sin - = 1.
(1) donne alors '2 = 1.

Deuxième cas : ' + ( = 0.


La condition se réduit en '2 sin2 - = 1, d’où :
sin - cos -
A = ' sin -
cos - sin -
- "
si ' sin - = 1 f est la réflexion d’axe !k , avec (u, k ) = p ,
et on obtient : 2 4
- "
si ' sin - = 1 f est la réflexion d’axe !k , avec (u, k ) = + .
2 4
2) En conclusion, f est orthogonale si et seulement si f = Id ou Id où f est une réflexion,
d’axe !k ou d’axe !k .

Chapitre 8 - Espaces euclidiens. Transformations orthogonales. Géométrie et coniques 401


4 Matrices symétriques ou antisymétriques
On considère l’application définie par !(M, N ) = Tr(M t N ), pour M et N dans l’ensemble *n (!)
des matrices carrées réelles d’ordre n " " . (Tr U est la trace de U " *n (!) et tU en est la
transposée.)

1) Montrer que ! est un produit scalaire sur *n (!).

2) Montrer que les sous-espaces - et ' formés des matrices respectivement symétriques et
antisymétriques sont supplémentaires orthogonaux pour ce produit scalaire !.

3) Étant donné A = [ai j ] " *n (!), déterminer la borne inférieure de l’ensemble des réels :
2
a) ai j mi j lorsque M = mi j décrit - ;
ij

2
b) ai j mi j lorsque M = mi j décrit '.
ij

Solution

n n
1) Avec pi j = M tN , pi j = mi k nj k , on a pi i = mi k ni k d’où :
k =1 k =1

Tr M tN = mi j ni j .
i,j
Avec cette expression, la symétrie et la bilinéarité sont évidentes.
2
Pour M " *n (!), on a (M M ) = mij # 0.
i,j

Alors (M M ) = 0 implique $(i, j) " [[ 1, n ]]2 , mi j = 0, donc M = 0.


La forme bilinéaire symétrique étant définie-positive, nous sommes bien en présence d’un
produit scalaire.

2) Il est bien connu que les ensembles - et ' des matrices symétriques et antisymétriques,
sont des sous-espaces vectoriels supplémentaires dans *n (!).
1 1 1 1
Pour A " *n (!), on a A = (A +t A) + (A t
A), avec B = (A +t A) " - et C = (A t
A) " '.
2 2 2 2
Étant donné U " - et V " ', on a :
(U V ) = Tr(U tV ) = Tr(UV ) et (U V ) = V U ) = Tr(V tU ) = Tr(VU ) = Tr(UV ).
Il s’ensuit (U V ) = 0. Les sous-espaces - et ' sont donc orthogonaux.
2 2 2 2
3) On a M = mij donc inf a ij mij = inf A M .
M "- M "-
i,j i,j
Soit B " - et C " ' telles que A = B + C .
a) Pour tout M " -, on a A M = (B M ) + C , avec B M " - et C " '.
On applique alors le théorème de Pythagore :
A M 2= B M 2 + C 2.
On en déduit que A M 2 est minimum quand M = B et que ce minimum est C 2 .

402 Thèmes d’étude – Problèmes


1 t
Avec C = (A A), il vient :
2
1 2 1 2
inf = ai j aj i = ai j aj i .
M "- 4 2
i,j 1+i<j +n

b) Pour tout M " ', on a A M = B + (C M ), avec B " - et C M " '.


On applique alors le théorème de Pythagore :
A M 2= B 2+ C M 2.
On en déduit que A M 2 est minimum quand M = C et que ce minimum est B 2 .
1
Avec B = (A + tA), il vient :
2
1 2 1 2 2
inf = ai j + aj i = ai j + aj i + ai i .
M "- 4 2
i,j 1+i<j +n i

5 Produit vectoriel et fonctions


Notations
E est un espace euclidien orienté de dimension 3.
(a b) ou a.b désigne le produit scalaire de a et b
a b est leur produit vectoriel.
[a, b, c ] désigne le produit mixte de a , b et c .
I est un intervalle de !, non vide et non réduit à un point (d’intérieur non vide).
$I est l’ensemble des fonctions de classe de I dans E .
Étant donné F " $I , W (F ) = [F, F , F ] est la fonction :
I !, t ! F (t ), F (t ), F (t ) .
)I est l’ensemble des F " $I telles que W (F ) ne prenne que des valeurs strictement
positives.
On utilisera sans justification que : si F1 et F2 sont des fonctions dérivables de I dans E ,
alors F1 F2 : I E , t ! F1 (t ) F2 (t ) est dérivable sur I et :
F1 F2 = F1 F2 + F1 F2 ,
si ' : I ! est dérivable et si F : I E est dérivable, alors 'F : I E , t ! '(t )F (t ) est
dérivable et ('F ) = ' F + 'F .

1) a) Montrer que $(a, b, c ) " E 3 , (a b) c = (a c )b (b c )a .

b) Étant donné (a, b, c ) " E 3 , exprimer (a b) (a c ) sous la forme )a , en précisant ) " !.

2) Soit F " $I et ' " (I, !).


On pose G = F F : I E , t ! F (t ) F (t ). Établir les formules suivantes :
3 2
(1) W ('F ) = ' W (F ), (2) G G = W (F ) F , (3) W (G ) = W (F ) .

3) a) Soit F " )I et G = F F . Montrer que G est dans )I .

Chapitre 8 - Espaces euclidiens. Transformations orthogonales. Géométrie et coniques 403


1
b) Soit G " )I ; montrer que l’équation : F " )I , F F = G admet F = G G
W (G )
pour solution unique.
c) Soit S : )I )I , F ! F F . Étant donné F , G dans )I et ' " # (I, !), exprimer :
S('F ) en fonction de ' et S(F ), et S 1 ('G ) en fonction de ' et S 1 (G ).

Solution

1) a) $(a, b, c ) " E 3 , (a b) c = (a c )b (b c )a est la classique formule du double produit


vectoriel.
On la justifie en calculant les coordonnées dans une base orthonormale directe (u, v, w) telle
que a " Vect u , b " Vect(u, v).
b) Par la formule du double produit vectoriel, il vient :
(a b) (a c ) = (a b c )a (a b a )c = [a, b, c ]a .

2) ('F ) = ' F + 'F et ('F ) = ' F + 2 ' F + 'F donne :


W ('F ) = ' F, ' F + 'F , ' F + 2 ' F + 'F .

Alors W ('F ) = ' F, ' F + 'F , ' F + 2 ' F + 'F = ' F, 'F , 2 ' F + 'F puis :
2
W ('F ) = ' F, F , 2 ' F + 'F
2 3
et finalement W ('F ) = ' F, F , 'F = ' W (F ).

Avec G = F F et G = F F +F F =F F , il vient :
G G = F F F F donc G G = F, F , F F = W (F ) F .
Avec G = F F +F F , W (G ) = G, G , G = G G G et G G = W (F ) F , il vient :
2
W (G ) = W (F ) F F F +F F = W (F ) F F F = W (F ) .

2
3) a) W (F ) > 0 et W (G ) = W (F ) donne W (G ) > 0.
b) On a vu qu F F = G donne G G = W (F ) F .
2 1
Avec W (F ) > 0 et W (G ) = W (F ) , il vient F = G G , qui est ainsi la seule
W (G )
solution possible.
1
Réciproquement, soit F = G G.
W (G )
Étant donné G " )I , il vient :
W (G ) = G ,G ,G + G, G , G + G, G , G = G, G , G .

1 G, G , G
La dérivée de étant alors 3/2 , il vient :
W (G ) 2 W (G )
G G G, G , G
F = 3 / 2 (G G ).
W (G ) 2 W (G )
1 1
Alors, F F = (G G) (G G )= W (G )G = G .
W (G ) W (G )

404 Thèmes d’étude – Problèmes


c) Avec W ('F ) = '3 W (F ) et W (F ) > 0, on a nécessairement ' > 0 pour avoir 'F " ) I .
Avec ('F ) = ' F + 'F , il vient ('F ) ('F ) = ('F ) (' F + 'F ) = ('F ) ('F ) = '2 S(F ).
On a vu que, pour G " )I , on a :
G G S(G )
S 1 (G ) = = .
W (G ) W (G )
Avec G " )I et ' > 0 (nécessaire comme dit ci-dessus), il vient :
S('G )
S 1 ('G ) = .
W ('G )
Or S('G ) = '2 S(G ) et W ('G ) = '3 G (G ). On en déduit :
S 1 ('G ) = 'S 1
(G ).

6 Forme générale des matrices orthogonales


en dimension 3, avec 4 paramètres
Soit E un espace vectoriel euclidien de dimension 4,
Il est rapporté à une base orthonormale " = e1 , e2 , e3 , e4 .
On note E l’ensemble E / 0 , E1 = Vect e1 et F = Vect e2 , e3 , e4 .
F est muni du produit scalaire induit par celui de E et on l’oriente en choisissant e2 , e3 , e4
pour base directe.
On considère p = ae1 + be2 + ce3 + de4 " E , pour (a, b, c, d ) " !4 .
On définit alors les endomorphismes fp et gp par leurs matrices Ap et Bp dans la base " :
a b c d a b c d
b a d c b a d c
Ap = Bp =
c d a b c d a b
d c b a d c b a

1) a) Montrer qu’il existe ' " ! tel que 'Ap et 'Bp soient orthogonales ; préciser alors leurs
déterminants.
En déduire Ap 1 et Bp 1 .
b) On considère les ensembles . et / formés par les endomorphismes fp et gp respectivement,
lorsque p décrit E .
Montrer que, munis de la loi de composition des applications, ces ensembles sont des sous-
groupes du groupe (GL, ) des automorphismes des E .

2) a) Soit p " E / E1 . Montrer que gp 1 fp est une transformation orthogonale qui laisse
invariants E1 et F .
b) Soit hp l’endomorphisme de F induit par gp 1 fp .
De l’étude du noyau de gp fp , déduire les vecteurs invariants par hp .

3) Montrer que hp est une rotation de F et en déterminer l’axe et l’angle autour de cet axe.

4) Montrer que, pour toute rotation ! de F , il existe p " E tel que ! = hp .

Chapitre 8 - Espaces euclidiens. Transformations orthogonales. Géométrie et coniques 405


5) Soit A une matrice orthogonale d’ordre 3.
Montrer qu’il existe (a, b, c, d ) " !4 tel que a 2 + b2 + c 2 + d 2 # 0 et :
a 2 + b2 c 2 d 2 2bc 2ad 2bd + 2ac
1
A= 2 2 2 2 2bc + 2ad a2 b2 + c 2 d 2 2cd 2ab .
a +b +c +d
2bd 2ac 2cd + 2ab a2 b2 c 2 + d 2

Solution

1) a) Les vecteurs colonnes de Ap sont deux à deux orthogonaux.


Chacun d’eux à pour norme p = a 2 + b2 + c 2 + d 2 . Et il en est de même pour Bp .
1 1
Alors, avec '2 = 2, soit ' = , les matrices 'Ap et 'Bp sont orthogonales.
p p

1 1 1
Ap 1 = ' ' Ap = 't ' Ap = '2 t Ap = 2
t
Ap . De même, Bp 1 = 2
t
Bp .
p p
On calcule le determinant de Ap en développant par exemple suivant la première ligne, ce qui
ramène au calcul de quatre déterminants d’ordre 3.
Pour ce développement, les règles de calcul sont analogues à celles d’un déterminant d’ordre 3.
a d c b c d b c d b c d
det Ap = a d a b b d a b +c a d c d a d c .
c b a c b a c b a d a b
On obtient :
a d c b c d
2 2 2 2 2 2 2 2 2 2
a d a b = a (a + b + c + d ), b d a b = b (a + b + c + d ),
c b a c b a

b c d b c d
2 2 2 2 2 2 2 2 2 2
c a d c = c (a + b + c + d ), d a d c = d (a + b + c + d ),
c b a d a b
2
et il vient det Ap = a 2 + b2 + c 2 + b2 = p 4
.
On obtient la même chose pour Bp .
b) L’identité a pour matrice Ap avec p = (1, 0, 0, 0).
1 1
Ap 1 = 2
t
Ap permet de voir que c’est la matrice de fq , avec q = 2 (a, b, c, d ).
p p
De même, Bp 1 est la matrice de gq .
En formant le produit Ap Ap , on voit que c’est la matrice de fq associé au vecteur :
q = (aa bb cc dd , ab + a b + cd dc , a c + ac + b d bd , ad + a d + bc b c ).
De même on a Bp Bp = Bq .
2 2 2
Remarque. Avec det Ap Ap = det Aq , il vient q = p p # 0.

2) a) On a p = (a, b, c, d ), avec b2 + c 2 + d 2 # 0.
1
Avec ' = , 'fp et 'gp sont des transformations orthogonales. On a :
p 2
1
gp 1 fp = ' gp ' fp = t ' g p ('fp ).

406 Thèmes d’étude – Problèmes


Composée de transformations orthogonales, gp 1 fp est orthogonale.
De gp e1 = fp e1 = p, on déduit gp 1 fp e1 = e1 et il s’ensuit que E1 = Vect e1 est
invariant par gp 1 fp .
Avec F = e1! , il s’ensuit que gp 1 fp laisse F invariant.
b) u est invariant par hp lorsque u " F vérifie fp (u ) = gp (u ), soit u " F ' Ker(gp fp ).
u = (x, y, z, t ) " Ker(gp fp ) s’exprime par dz + ct = 0, dy bt = 0 et cy + bz = 0.
Cela équivaut à (y, z, t ) (b, c, d ) = 0, c’est-à-dire (y, z, t ) " !(b, c, d ).
En posant p2 = be2 + ce3 + de4 , on a Ker gp fp = Vect e1 , p2 , puis Inv hp = Vect p2 .

3) Induit par l’endomorphisme orthogonal gp 1 fp , hp est un endomorphisme orthogonal


de F .
En question 2)b), on a vu que Inv(hp ) = !p2 .
Il s’ensuit que hp est une rotation d’axe dirigé par p2 . Et 1)b) donne :
1
Bp 1 Ap = 2 2 2 2C
a +b +c +d
où C est la matrice :
a 2 + b2 + c 2 + d 2 0 0 0
0 a 2 + b2 c 2 d 2 2bc 2ad 2bd + 2ac
C= .
0 2bc + 2ad a2 b2 + c 2 d 2 2cd 2ab
0 2bd 2ac 2cd + 2ab a2 b2 c 2 + d 2

La matrice de hp dans e2 , e3 , e4 est :

a 2 + b2 c 2 d 2 2bc 2ad 2bd + 2ac


1
Hp = 2 2bc + 2ad a2 b2 + c 2 d 2 2cd 2ab .
p 2
2bd 2ac 2cd + 2ab a b2 c 2 + d 2

2 2 2 2
a b c d
1 + 2 cos - = Tr Hp donne cos - = 2 2 2 2 .
a +b +c +d
- étant mesuré autour de p2 , le signe de sin - est celui de det e2 , hp (e2 ), p2 s’il n’est pas nul.

1 a2 b2 c 2 d 2 b
1 2a c 2 + d 2
On a det e2 , hp e2 , p2 = 2 0 2bc + 2ad c = 2 .
p p
0 2bd 2ac d

Pour a # 0, avec c 2 + d 2 # 0, le signe de sin - est celui de a .


Si on a c 2 + d 2 = 0, on étudie le signe de det e3 , hp e3 , p2 ou celui de det e4 , hp e4 , p2 ,
pour la même conclusion.
Pour a = 0, hp est le demi-tour d’axe !p2 = !p.
4) Tout demi-tour d’axe !(b, c, d ) est hp avec p = be2 + ce3 + de4 .
Si ! est une rotation, autre qu’un demi-tour, d’axe dirigé par u = be2 + ce3 + de4 , u = 1,
1 + cos -
et d’angle - autour de u , on choisit a tel que a 2 = avec a de même signe que sin -.
1 cos -
Alors ! = hp avec p = ae1 + be2 + ce3 + de4 .
5) M est dans %3 (!) si et seulement si M " %+3 (!). Il suffit donc de connaître les éléments
de %+3 (!).
Les matrices de rotations sont les Hp , b2 + c 2 + d 2 # 0 ; la matrice de Id vient de p = e1 .

Chapitre 8 - Espaces euclidiens. Transformations orthogonales. Géométrie et coniques 407


7 Produit scalaire et polynômes
E est l’ensemble des polynômes réels, muni de ses structures de !-espace vectoriel et
d’anneau commutatif. Pour n entier naturel non nul, En en est le sous-ensemble formé des
polynômes de degré au plus égal à n .
1
1) a) Justifier que E E !, (P, Q) ! (P Q) = P (t )Q(t ) dt est un produit scalaire sur E .
1

b) Justifier que 0 : E E !, (P, Q) ! (XP Q) est une forme bilinéaire symétrique sur E .

2) On suppose qu’il existe un endomorphisme ! de En tel que :


$(P, Q) " En En , P ! (Q) = 0(P, Q).

a) Montrer que, pour tout Q " En , !(Q) XQ est orthogonal à tout P " En .

b) Montrer que, si deg Q + n 1, alors !(Q) = XQ.

c) On se place dans le cas n = 2. On vient de voir que !(1) = X et !(X ) = X 2 .


Posons ! X 2 = aX 2 + bX + c .
3
En exprimant que ! X 2 X 3 est orthogonal à 1, à X et à X 2 , montrer que ! X 2 = X.
5
Former la matrice M de ! dans la base canonique (1, X, X 2 ) de E2 et calculer, pour ' " !, le
déterminant de M 'I3 où I3 est la matrice unité d’ordre 3.
En déduire les réels ' pour lesquels M 'I3 n’est pas inversible.
On admettra dans la suite que, pour tout n " " , il existe un endomorphisme ! de En et un
seul qui convienne.
d) Montrer que $(P, Q) " En En , P ! (Q) = !(P ) Q . On dit alors que ! est un endomor-
phisme symétrique.

3) On admet qu’il existe une base orthonormale U0 , . . . , Un de En et une famille (%i )0+i +n
de réels tels que :
$k " [[ 0, n ]], ! Uk = %k Uk .
n
a) Montrer que $(P, Q) " En En , 0(P, Q) = % k Uk P Uk Q .
k =0

On pourra pour cela utiliser les coordonnées de P et Q dans la base U0 , U1 , . . . , Un .

b) Montrer que $k " [[ 0, n ]], %k < 1. On pourra pour cela étudier 0 Uk , Uk .

4) On pose )k = 1 Uk où U0 , . . . , Un est la base de En annoncée en question 3).

a) Montrer que, pour tout k " [[ 1, n ]] et pour tout i " [[ 0, n ]], on a X k Ui = %ki )i .
En déduire que, pour tout P " En et pour tout i " [[ 0, n ]], Ui P = )i P (%i ).

b) Montrer que, pour tout i " [[ 0, n ]], le produit )i Ui (%i ) est différent de 0.
En déduire que tous les )i , 0 + i + n , sont différents de 0.

408 Thèmes d’étude – Problèmes


c) Soit p + 1 = Card %i , 0 + i + n . On réindexe les %i de manière que les p + 1 premiers
soient deux à deux distincts. Ainsi tout %j d’indice j > p est égal à l’un des %i d’indice i + p.
p
On pose alors Rn (X ) = (X %i ).
i =0

En considérant les produits scalaires Ui Rn , montrer que les réels %i , 0 + i + n , sont deux
à deux distincts.
En déduire que Rn est de degré n + 1.
Rn (X )
d) Pour j " [[ 0, n ]], on pose Lj (X ) = = (X %k ).
X %j
k "[[ 0,n ]] / j

Montrer que, pour tout j " [[ 0, n ]], il existe un réel (j tel que Uj = (j Lj .
1 Lj
Montrer les relations (j )j Lj (%j ) = 1 et )2j = .
Lj (%j )

5) Les réels %i et )i , 0 + i + n , sont ceux qui ont été définis précédemment.


1 n
a) Montrer que, pour tout P " E2n +1 , on a P (t ) dt = )2i P (%i ) (E).
1 i =0

On pourra établir l’égalité pour le polynôme 1 puis pour les X k , 1 + k + 2n + 1.


b) Montrer que cette égalité n’est vraie pour aucun polynôme de degré 2n + 2.
n
6) a) Étant donné P " En , calculer le produit scalaire de P et Rn = (X %i ).
i =0

b) Soit Vn un polynôme de degré n + 1 et de coefficient dominant égal à 1.


Montrer que, si Vn est orthogonal à tout P " En , alors Vn = Rn .
En déduire que l’on peut déterminer Rn par un système de n + 1 équations à n + 1 inconnues
(ce qui évite de rechercher au préalable les %i , 0 + i + n ).
c) Établir une relation simple entre Rn (X ) et Rn ( X ).
d) Exemple. n = 2 : déterminer R2 puis les %i , 0 + i + 2 ; en déduire les polynômes Lj puis
les réels )2j , 0 + j + 2.

Solution

1) a) C’est une banale question de cours.


1
b) 0(P, Q)) = tP (t )Q(t ) dt : bilinérité et symétrie sont évidentes.
1

2) a) $(P, Q) " E 2 , (P ! (Q)) = (XP Q) = (P XQ) donc (P ! (Q) XQ) = 0.


Alors !(Q) XQ est orthogonal à tout P " En , c’est-à-dire !(Q) XQ " En! .

b) Si Q est de degré +n 1, alors !(Q) XQ " En , et !(Q) XQ, orthogonal à tout P " En , est
nul car En ' En! = 0 ; donc !(Q) = XQ.

Chapitre 8 - Espaces euclidiens. Transformations orthogonales. Géométrie et coniques 409


c) Pour Q = X 2 , l’orthogonalité de !(Q) XQ = aX 2 + bX + c X 3 à 1, X et X 2 s’exprime par :
1 1 1
(at 2 + bt + c 3
t ) dt = (at 3 + bt 2 + ct 4
t ) dt = (at 4 + bt 3 + ct 2 5
t ) dt = 0
1 1 1
a 1 a c
b 3 3X
c’est-à-dire +c = = + = 0, soit a = c = 0 et b = . Donc ! X 2 = .
3 3
5 5 3 5 5
0 0 0
La matrice de ! dans la base (1, X, X 2 ) de E2 est M = 1 0 3
5
, et on obtient :
0 1 0
3
det M 'I 3 = ' '2 .
5

3 3
Donc M 'I3 est non inversible pour ' " 0, , .
5 5
d) La symétrie de ! découle de la symétrie de la forme bilinéaire 0.
n
3) a) La base étant orthonormale, tout Q " En s’écrit (Q Ui )Ui , donc :
i =0
n n
!(Q) = (Q Ui ) ! (Ui ) = %i (Q Ui )Ui .
i =0 i =0
n n
Pour tout P de En on a alors 0(P, Q) = P ! (Q) = P %i (Q Ui )Ui = %i (Q Ui )(P Ui ).
i =0 i =0

b) En prenant P = Q = Ui , l’égalité précédente se réduit à :


1
2
%i = 0(Ui , Ui ) = (X.Ui Ui ) = tUi (t ) dt .
1
1 1
2 2
Donc % i + t Ui (t ) dt + Ui (t ) dt = (Ui Ui ) = 1.
1 1

Et l’inégalité est stricte car les fonctions t ! t Ui 2 (t ) et t ! Ui 2 (t ) sont continues et l’ensemble


des t où elles prennent la même valeur est fini (t = 1 ou t = 1 ou t zéro de Ui .)

4) a) La formule est vraie pour k = 0 par définition de )i .


n
Pour k " [[ 1, n ]], on a X k Ui = % p Up X k 1
U p U i = %i U i X
k 1
(formule 3)a)).
p=0

D’où, par récurrence sur k : pour tout k entre 0 et n , on a X k Ui = %ki )i .


n n n n
Soit P = ak X k " En . Alors (Ui P ) = ak X k Ui = ak %ki )i = )i ak %ki . Donc :
k =0 k =0 k =0 k =0
$P " En , Ui P = )i P (%i ).

b) En particulier )i Ui (%i ) = Ui Ui = 1 donc les )i sont non nuls.


c) Rn est à racines simples : l’ensemble de ses racines est l’ensemble des %i .
Si les %i ne sont pas deux à deux distincts, on a p < n ou encore Rn (x ) " En .
Alors, pour tout i " [[ 0, n ]], on obtient Ui Rn = )i Rn (%i ) = 0 car %i est racine de Rn .
Les coordonnées Ui Rn de Rn sur la base Ui 0+i +n
sont donc nulles, donc Rn = 0.

410 Thèmes d’étude – Problèmes


La contradiction avec Rn # 0 montre que les %i sont deux à deux distincts et que le degré de Rn
est n + 1.
d) Lj appartient à En , donc, pour i " [[ 0, n ]], Ui Lj = )i Lj (%i ), qui est nul dès que %i est racine
de Lj , donc pour tout i # j.
Les composantes de Lj sur la base Ui 0+i +n
sont donc nulles, sauf peut-être la j-ième.
Autrement dit : Lj est colinéaire au polynôme Uj .
Puisque Lj n’est pas nul, cette colinéarité peut s’écrire Uj = (j Lj ; on a donc :
1 = Uj Uj = (j Lj Uj = (j )j Lj (%j ).
1 Lj
On a donc aussi )j = 1 Uj = 1 (j Lj = (j 1 Lj = . Finalement :
)j Lj (%j )
1 Lj
(j )j Lj (%j ) = 1 et )j 2 = .
Lj (%j )

5) a) Si P = 1, alors P 2 = P , donc :
1 1 n n n n
2
P (t ) dt = P (t ) dt = (P P ) = (P Ui )2 = (1 Ui )2 = )i 2 = )i 2 P (%i ).
1 1 i =0 i =0 i =0 i =0
k p q
Si P = X , k " [[ 1, 2n + 1 ]], on peut écrire P = X X X , p et q dans [[ 0, n ]], ce qui donne :
1 1
p q p q
P (t ) dt = t.t .t dt = 0(X , X )
1 1
1 n n n n
p q
donc P (t ) dt = % i Ui X p Ui X q = %i %i ) i %i ) i = %i k ) i 2
= )i 2 P (%i ).
1 i =0 i =0 i =0 i =0
1 n
Les formes linéaires sur E2n +1 qui à P associent P (t ) dt et )i 2 P (%i ) prennent la même
1 i =0
valeur sur la base usuelle de E2n +1 , elles sont donc égales, pour tout P " E2n +1 , on a :
1 n
P (t ) dt = )i 2 P (%i ) (E ).
1 i =0

b) S’il existe un polynôme P de degré 2n + 2 tel que la relation (E ) soit vraie, alors :
1, X, . . . , X 2n +1 , P
est une base de E2n +2 et la relation (E ), vérifiée par tout vecteur de cette base est donc vérifiée
(raisonnement déjà fait) par tout vecteur de E2n +2 .
1 n
2 2
Notamment, avec (Rn (x ))2 on obtient Rn (t ) dt = )2i Rn (%i ) = 0, qui est absurde
1 i =0
puisque Rn n’est pas nul.
La relation (E ) est fausse pour tout polynôme de degré 2n + 2.

6) a) P " En implique PRn " En +1 et on applique (E ) :


1 n
(P Rn ) = P (t )Rn (t ) dt = )i 2 P (%i )Rn (%i ) = 0 donc (P Rn ) = 0.
1 i =0

b) Dans En +1 , l’orthogonal du sous-espace En est une droite vectorielle.

Chapitre 8 - Espaces euclidiens. Transformations orthogonales. Géométrie et coniques 411


On vient de voir que Rn est dans cette droite. Comme il est non nul, tout autre vecteur de cette
droite est de la forme kRn .
En particulier: si Vn a X n +1 comme terme de plus haut degré et est orthogonal à tout polynôme
de En , alors Vn = Rn .
Rn est donc le polynôme unitaire Q de degré n + 1 qui vérifie :
1
k
$k " [[ 0, n ]], t Q(t ) dt = 0.
1
n
p
Avec Rn (X ) = X n +1 + cp X , on obtient ainsi un système de n + 1 équations pour les n + 1
p=0
inconnues c0 , c1 , . . . , cn .
c) Pour P " En , on a, en appliquant a) au polynôme P ( X ) qui appartient à En ,
1
P ( t )Rn (t ) dt = 0.
1
1
Après changement de variable u = t , cela donne P (u )Rn ( u ) du = 0. Alors Rn ( X ) est
1
orthogonal à tout élément de En , donc colinéaire à Rn (X ).
Son terme dominant étant ( 1)n +1 X n +1 , il vient Rn ( X ) = ( 1)n +1Rn (X ).
d) R2 ( X ) = R2 (X ) ; R2 est impair : R2 (X ) = X 3 + cX .
1
1 t 3 3X
Alors (t 4 + ct 2 ) dt = 0 donne + = 0 puis c = , d’où R2 (X ) = X 3
1
5 3 5 5

3 3
puis %0 = , %1 = 0 et % 2 = ;
5 5

3 3 3
puis L0 (X ) = X 2 X , L1 (X ) = X
2
et L2 (X ) = X 2 + X .
5 5 5
1 1
2 2 3 8
On obtient alors (1 L0 ) = (1 L2 ) = t dt = . (1 L1 ) = (t 2 ) dt = .
1 3 1 5 15
6 3
Et avec L0 (%0 ) = = L2 (%2 ) ; L1 (%1 ) = , il vient donc :
5 5
5 8
)20 = )2 2 = ; )1 2 = .
9 9

8 Podaire d’une conique


1
# est une conique d’équation polaire 1 = dans un repère orthonormal (F, i , j ),
1 + e cos -
où F est un foyer de #.
La podaire de # par rapport à F est l’ensemble des projetés orthogonaux de F sur les tangentes
à #.

412 Thèmes d’étude – Problèmes


Pour - " !, on pose u- = cos - i + sin - j et v- = sin - i + cos - j .

1) a) Calculer les coordonnées dans le repère (M (-), u- , v- ) du projeté orthogonal P de F sur


la tangente à # au point M (-).
En déduire une représentation paramétrique dans le repère (F, i , j ) de la podaire de # par
rapport à F .

2) Étudier cette podaire quand # est une parabole.


Retrouver ce résultat par les propriétés géométriques d’une parabole.

1
3) Préciser la podaire de # lorsque e = 2 ou e = 2.

Solution

1) a) Le vecteur MP est le projeté orthogonal de MF sur la tangente en M .


e sin -
1 = , donc un vecteur tangent en M (-) à # est t = e sin - u- + (1 + e cos -) v- .
(1 + e cos -)2
On a :
2
t = 1 + e2 + 2e cos - = (e + cos -)2 + sin2 -.

t est nul si et seulement si sin - = 0 et e + cos - = 0, ce qui exige e = 1 (# est une parabole) et
- = " mod 2". Puisque dans ce cas 1 n’est pas défini en ", on en déduit que pour tout - " D1
(ensemble de définition de 1), on a t # 0 .
(MF t )
P est défini par MP = t .
2
t
1 e sin -
Avec MF = u , on obtient (MF t )= puis :
1 + e cos - - 1 + e cos -
1 e sin -
P= u - e sin - u- + (1 + e cos -) v- .
1 + e cos - (1 + e cos -)(1 + e 2 + 2e cos -)
1
On a donc P = (1 + e cos -) u- e sin - v- .
1 + e2 + 2e cos -

Revenons au repère (F, i , j ), avec u- = cos - i + sin - j et v- = sin - i + cos - j , il vient :


1
P= (e + cos -) i + sin - j .
1 + e2 + 2e cos -
e + cos t sin t
Considérons la courbe ) paramétrée par x (t ) = 2 , y(t ) = 2 .
1 + e + 2e cos t 1 + e + 2e cos t
Mis à part le cas où e = 1, objet de la question suivante, ) est de classe sur !.
Elle est périodique, de période 2".
Comme t ! x (t ) est paire et que t ! y(t ) est impaire, la courbe est symétrique par rapport à
l’axe (F, i ) et on peut réduire l’étude à l’intervalle [0, "].
Des exemples sont étudiés en dernière question.

Chapitre 8 - Espaces euclidiens. Transformations orthogonales. Géométrie et coniques 413


1 sin - 1 1 -
2) Avec e = 1, on a P = i + j = i + tan j .
2 2(1 + cos -) 2 2 2
1 -
Quand - décrit l’intervalle ] ", "[, l’ordonnée tan décrit ! tout entier.
2 2
1
La podaire est donc la droite d’équation x = .
2
Étude géométrique : il est classique que le projeté du foyer Q y
sur une tangente appartienne à la tangente au sommet $. M
En outre, pour tout point P de $, soit Q tel que FQ = 2FP ; P
Q est sur la directrice 2, et la médiatrice de [FQ] est la tangente
à la parabole au point M dont le projeté orthogonal sur 2 est Q. O
F x
P est alors le projeté orthogonal de F sur cette tangente.

2 $

1
3) a) On étudie un cas particulier de podaire d’une ellipse 0, avec e = .
2
2
On a P = (1 + 2 cos -) i + 2 sin - j .
5 + 4 cos -
y
#
Étude géométrique de la podaire.
Soit F le second foyer de l’ellipse. Notons 2a
la longueur du grand axe. M P
Soit M un point de 0, on a MF + MF = 2a .
O
Rappelons que la tangente T en M est la bis- F F x
sectrice extérieure de MF , MF .
On obtient classiquement que le point P ap- 0
partient au cercle # de centre O , centre de
l’ellipse, et de rayon a .

2
Cette approche géométrique permet, en amenant l’origine des axes au point O = F i
3
(centre de l’ellipse), de vérifier que la courbe paramétrée par :
2
P =F+ (1 + 2 cos -) i + 2 sin - j
5 + 4 cos -
4
est le cercle de centre O et de rayon .
3

b) On étudie un cas particulier de podaire d’une hyperbole. Avec e = 2, on a :


1
P= (2 + cos -) i + sin - j .
5 + 4 cos -
Une étude géométrique analogue au cas précédent permet de vérifier que la podaire est encore
1 2
le cercle de centre O = F i (centre de l’hyperbole) et de rayon a = .
3 3

414 Thèmes d’étude – Problèmes


9 Ellipses et tangentes
Dans un plan rapporté à un repère orthonormal (O, i , j ), on considère, avec a et b stricte-
ment positifs, les courbes
2 2 2 2
x y x y
0: 2 + 2 =1 , 0 : 2 + =1
a b 4a 4b2

1) a) Étant donné un point M (x0 , y0 ) " 0, justifier que toute droite passant par M coupe 0
en deux points éventuellement confondus.
Préciser, par une équation cartésienne, la droite qui coupe 0 en deux points confondus.
x = a cos t
b) En utilisant le paramétrage de 0, former une équation cartésienne de la
y = b sin t
tangente en M à 0.
En conclusion, on notera que la tangente en M à 0 est la droite qui a en commun avec 0 le
point M et lui seul.

2) Étant donné une droite d’équation ux + vy + w = 0, avec u + v # 0, montrer qu’elle est


tangente à 0 si et seulement si a 2 u 2 + b2 v2 w2 = 0.
On dit que c’est l’équation tangentielle de 0.

3) Rappeler la représentation paramétrique classique de 0 .


Étant donné des points distincts M1 et M2 de 0 , de paramètres respectifs t1 et t2 , former
une équation cartésienne de la droite (M1 M2 ).
Donner une condition nécessaire et suffisante, portant sur t1 et t2 , pour que (M1 M2 ) soit
tangente à 0.

4) Soit M un point de 0 . Des droites distinctes $1 et $2 , passant par M et tangentes à 0,


recoupent 0 en P et Q.
Montrer que la droite (PQ) est tangente à 0.

Solution

1) a) Soit u = (', () un vecteur directeur d’une droite $ passant par M = (x0 , y0 ).


Elle est représentée paramétriquement par x = x0 + t ', y = y0 + t (, avec t " !.
Le point de paramètre t appartient à 0 si et seulement si :
b2 (x0 + t ') + a 2 (y0 + t () = a 2 b2 ,
('2 b2 + (2 a 2 )t 2 + 2(b2 x0 ' +a 2 y0 ()t = 0, compte tenu de b2 x02 + a 2 y02 = a 2 b2 .
Outre le point M (de paramètre 0), il y a le point de paramètre :
2(b2 x0 ' +a 2 y0 ()
.
'2 b2 + (2 a 2
Ces deux points sont confondus si et seulement si b2 x0 ' +a 2 y0 ( = 0.

Chapitre 8 - Espaces euclidiens. Transformations orthogonales. Géométrie et coniques 415


M est double quand $ est dirigée par u = ( a 2 y0 , b2 x0 ) et a donc pour équation :
x x0 a 2 y0
= 0,
y y0 b2 x0

c’est-à-dire (en utilisant à nouveau b2 x02 + a 2 y02 = a 2 b2 ) :


xx0 yy0
b2 xx0 + a 2 yy0 = a 2 b2 soit finalement 2 + 2 = 1.
a b

b) La tangente en M " 0 de paramètre t0 est dirigée par u = ( a sin t0 , b cos t0 ).


Elle a donc pour équation :
x a cos t0 a sin t0
= 0 c’est-à-dire bx cos t0 + ay sin t0 = ab.
y b sin t0 b cos t0
x y xx yy
Avec cos t0 = a0 et sin t0 = b0 on obtient 20 + 20 = 1.
a b

2) Condition nécessaire
La tangente en un point de 0 ne passe pas par O , d’où w # 0.
u v
La droite d’équation x y = 1 est tangente en M = (x0 , y0 ) " 0 si et seulement si cette
w w
xx yy x u y v
équation est aussi 20 + 20 = 1. On a donc nécessairement 02 = et 02 = . En
a b a w b w
reportant dans ux0 + vy0 + w = 0, il vient a 2 u 2 + b2 v2 w2 = 0.
Condition suffisante
Supposons que a 2 u 2 + b2 v2 w2 = 0, avec u + v # 0, ce qui implique w # 0.
x0 u y v
Soit alors M = (x0 , y0 ) avec 2 = et 02 = . On a :
a w b w
2 2 2 2
a u b v
ux0 + vy0 = = w,
w w
2 2 2 2
x0 y0 a u b v
donc M appartient à la droite d’équation ux + vy + w = 0 et 2 + 2 = 2 + 2 = 1, et
a b w w
par suite M appartient à 0.
xx0 yy0
Enfin, l’équation 2 + 2 = 1 de la tangente en M à 0 se lit aussi ux + vy + w = 0.
a b

3) Soit M1 = (2a cos t1 , 2b sin t1 ) et M2 = (2a cos t2 , 2b sin t2 ), des points distincts dans 0 ,
c’est-à-dire avec t1 t2 # 0 mod(2").
x 2a cos t1 2a (cos t2 cos t1 )
(M1 M2 ) a pour équation = 0.
y 2b sin t1 2b(sin t2 sin t1 )
t2 + t1
t2 t1 t t t +t
Avec cos t2 cos t1 = 2 sin
2
, sin t2 sin t1 = 2 sin 2 2 1 cos 2 2 1 et,
2
sin
t2 t1
puisque t1 t2 # 0 mod(2") implique sin # 0, en notant de plus que :
2
t2 + t1 t2 + t1 t2 t1
cos t1 cos + sin t1 sin = cos ,
2 2 2
la droite (M1 M2 ) a pour équation :
t2 + t1 t +t t2 t1
bx cos + ay sin 2 1 2ab cos = 0.
2 2 2

416 Thèmes d’étude – Problèmes


(M1 M2 ) est tangente à 0 si et seulement si :
t2 + t1 t +t t t1 t t 1
a 2 b2 cos2 + a 2 b2 sin2 2 1 = 4a 2 b2 cos2 2 , c’est-à-dire cos2 2 1 = ,
2 2 2 2 4
t2 t1 " 2"
ou encore cos = cos + k " avec k " #, soit t2 t1 = + 2k ", k " #.
2 3 3

4) Soit M un point de paramètre t sur 02 .


2" 2"
Alors les paramètres t1 et t2 de P et Q vérifient t t1 = + 2k " et t2 t= + 2k " .
3 3
On a donc deux cas :
l’un, t2 t1 = 0 + 2k ", est à écarter puisque $1 # $2 ,
4" 2"
l’autre étant t2 t1 = + 2k ", ce qui équivaut à t2 t1 = + 2k ", donc (PQ) est
3 3
tangente à 0.

10 Hyperbole et structure de groupe


Le plan est rapporté à un repère orthonormal & = (O, i , j ). La notation M = (x, y) désigne
le point M de coordonnées (x, y) dans &.
On utilisera les points E = (1, 0) et E = ( 1, 0).

1) Étant donné un point M = (x, y), on note M1 son image par la réflexion d’axe (O, j ).
Donner la relation entre x et y qui exprime la nullité du produit scalaire ME .M1 E
Reconnaître l’ensemble ( des points M tels que ME .M1 E = 0.

2) Étant donné M = (x, y) et M = (x , y ) de (, on définit le point S = (X, Y ) par :


X = xx + yy
Y = xy + x y
On dit que S est le produit de M et M . On note alors S = M M .
Montrer que ((, ) est un groupe commutatif.

3) a) Étant donné M et M dans (, avec M différent de M et du symétrique M 1 de M


pour la loi , montrer que S = M M est le point de ( tel que les droites (ES) et (MM ) sont
parallèles.
b) Que devient ce résultat quand M = M ?
c) Quelle propriété de la droite (MM ) équivaut à S = E ?

Donner une propriété équivalente faisant intervenir ME .M E

4) a) Soit [AB] et [CD ] des cordes perpendiculaires de (.


On pose P = A B et Q = C D . Que peut-on dire des vecteurs PE et QE ?

Chapitre 8 - Espaces euclidiens. Transformations orthogonales. Géométrie et coniques 417


En déduire que A B C D = E .
Montrer que [AC ] et [BD ] sont perpendiculaires, ainsi que [AD ] et [BC ].
b) Soit [AB] et [AC ] des cordes perpendiculaires de (.
Montrer que la tangente en A à ( est perpendiculaire à (BC ).
Montrer que le cercle de diamètre [BC ] recoupe ( au point A symétrique de A par rapport
à O.

Solution

1) Étant donné M = (x, y), les coordonnées de M1 sont ( x, y).


Avec EM = (x 1, y) et EM1 = ( x 1, y), on a ME .M1 E = 0 si et seulement si x 2 y 2 = 1.
On reconnait une équation d’hyperbole équilatère, d’asymptotes y = x et y = x , de sommets
E et E .

2) La loi est interne dans (. En effet, étant donné M = (x, y) et M = (x , y ) tels que :
x2 y2 = 0 et x 2 y 2 = 1,
calculons X 2 Y2 :
(xx + yy )2 (xy + x y)2 = x 2 x 2
+ y2 y 2 x2y 2 x 2 y 2 = (x 2 y2 )(x 2 y 2) = 1
ce qui montre que ( ( & (
Notons que est commutative.
Soit M = (x, y), M = (x , y ) et M = (x , y )
Nous avons :
S=M M = (xx + yy , xy , x y)
et S M = (x (xx + yy ) + y (xy + x y), x (xy + x y) + y (xx + yy )
c’est-à-dire (M M ) M = (xx x + xy y + x y y + x yy , yy y + yx x + y x x + y xx ),
résultat invariant par permutation circulaire. La loi est donc associative.
Les coordonnées de M E sont (x, y). Ainsi E est neutre pour .
Étant donné M = (u, v) " (, cherchons M = (x, y) tel que M M = E .
ux + vy = 1 u v
Le système est de déterminant = u2 v2 = 1.
vx + uy = 0 v u

Il admet (u, v) pour unique solution et le point de coordonnées (u, v) appartient à l’en-
semble ( : l’inverse de M est son image dans la réflexion d’axe (O, i ).

3) a) Soit M = (x, y) et M = (x , y ) distincts sur (.

Nous avons ES = (xx + yy 1, xy + x y) et MM = (x x, y y)


xx + yy 1 x x
Il vient Det(ES, MM ) = = y(y 2 x 2 ) + y (x 2 y2 ) + y y = 0.
xy + x y y y
1
Si M # M , on a E # S et les droites (ES) et (MM ) sont parallèles.

418 Thèmes d’étude – Problèmes


b) Quand M = M , le point S = M M est celui où la parallèle en E à la tangente en M à (
recoupe (.

c) S = M M est égal à E quand (MM ) est parallèle à (O, i ), c’est-à-dire quand M = M1 .

(Voir question 1).) C’est-à-dire quand ME .M E = 0.

4) a) (PE ) est parallèle à (AB) et (QE ) est parallèle à (CD ).


Il s’ensuit que, si [AB] et [CD ] sont perpendiculaires, les vecteurs PE et QE sont orthogonaux.
La question 3)c) donne alors A B C D = P Q = E .
Avec la commutativité, on a A C B D = E . Posons U = A C et V = B D .
De U V = E , on déduit UE ! VE
Avec (AC ) / / (UE ) et (BD ) / / (VE ), il vient (AC ) ! (BD ). De même, on a (AD ) ! (BC ).
b) A A est le point X tel que (EX ) est parallèle à la tangente en A à (. Soit Y = B C .
L’orthogonalité de (AB) et (AC ) donne (voir a)) A B A C = E .
Il vient alors A A B C = E , c’est-à-dire X Y = E . Comme en a), on déduit que la tangente
en A est perpendiculaire à (BC ).
O étant centre de symétrie de (, la tangente en A à ( est parallèle à la tangente en A. Elle est
donc perpendiculaire à (BC ). On en déduit :
A A B C = E puis A B A C=E,
ce qui montre que (A B) et (A C ) sont perpendiculaires.
Ainsi A appartient aussi au cercle de diamètre [BC ].

11 Une famille de courbes


Le plan est rapporté à un repère orthonormal (O, i , j ).

1) Quelles sont les courbes 31 et 32 d’équations respectives


(x 2)2 4y2 = 0 et 4x 2 (y 3)2 = 0 ?

2) Pour k " !, on considère l’ensemble #k d’équation :


(x 2)2 4y2 + k 4x 2 (y 3)2 = 0.

a) Montrer que les courbes #k ont en commun quatre points dont on précisera les
coordonnées.
b) Pour quelle valeur de k " !, la courbe #k est-elle un cercle ?
En préciser le centre et le rayon.
c) Pour quelles valeurs de k les courbes #k sont-elles des paraboles ?
En préciser alors foyer et directrice dans chacun des cas.

Chapitre 8 - Espaces euclidiens. Transformations orthogonales. Géométrie et coniques 419


d) Pour quelles valeurs de k " !, la courbe #k est-elle la réunion de deux droites ?
Dans la suite, on écarte ces valeurs particulières de k .

3) a) Déterminer (par ses coordonnées, en fonction de k ) le point . tel que,

dans le repère (., i , j ), la courbe #k ait pour équation :


2 2
X Y
+ = 1,
U (k ) V (k )
avec U (k ) et V (k ) à préciser en fonction de k .

b) Étudier le signe de U (k ) et V (k ) et en déduire la nature de #k .

4) Donner une équation de l’ensemble E des centres des courbes #k qui ont un centre de
symétrie.

5) Calculer en fonction de k le carré e2 de l’excentricité des ellipses #k .

Solution

1) 31 est la réunion des droites $1 et $2 d’équations x + 2y 2 = 0 et x 2y 2 = 0.


32 est la réunion des droites $3 et $4 d’équations 2x + y 3 = 0 et 2x y + 3 = 0.

2) a) Les courbes #k ont en commun les points communs à 31 et 32 .


Ce sont $1 ' $3 , $1 ' $4 , $2 ' $3 , $2 ' $4 , c’est-à-dire les points de coordonnées :
4 1 4 7 8 1 8 7
, , , , , , , .
3 3 5 5 5 5 3 3

b) L’équation (x 2)2 4y2 + k 4x 2 (y 3)2 = 0 de #k se lit aussi :

(1 + 4k )x 2 + ( 4 k )y2 4x + 6ky + 4 9k = 0.
Il s’agit d’un cercle si et seulement si 1 + 4k = 4 k # 0, c’est-à-dire k = 1, pour l’équation :
3x 2 + 3y2 + 4x + 6y 13 = 0,
2 2 52 2 2 13
soit x+ + (y + 1)2 = . Le centre est , 1 et le rayon est .
3 9 3 3

c) #k est une parabole dans les deux cas 1 + 4k = 0 et 4 + k = 0.


Les équations sont respectivement :
15 2 3 25
y 4x y+ = 0 et 15x 2 4x 24y + 40 = 0.
4 2 4
1
Étude du cas où k =
4
15 2 2 25 1 2 16 8
y + y + 4x = 0, ou encore y + = x .
4 5 4 5 15 5
8 1 4 1 28
Sommet . = , , axe de symétrie (., i ), foyer F , , directrice D : x = .
5 5 3 5 15

420 Thèmes d’étude – Problèmes


Étude du cas où k = 4
4 2 2 8 151
15 x 2 + x + 24y 40 = 0 ou encore x+ = y .
15 15 5 90
2 151 2 23
Sommet . = , , axe de symétrie (., j ), foyer F = , , directrice
15 90 15 18
187
D:y= .
90
1
d) Pour k $ 4,
4
, #k a pour équation :
4x 6ky
(1 + 4k ) x 2 (4 + k ) y2 +4 9k = 0,
1 + 4k 4+k
2 2 3k 2 1 k
ou encore : (1 + 4k ) x (4 + k ) y +4 1 + 9k 1 =0
1 + 4k 4+k 1 + 4k 4+k
2 2 3k 2 4k (7 32k )
et enfin : (1 + 4k ) x (4 + k ) y + = 0.
1 + 4k 4+k (1 + 4k )(4 + k )
7
#k est la réunion de deux droites quand k = 0 (avec #0 = 31 ) ou quand k = .
32
16 2 7 2
# 7 a pour équation : 4 x 9 y = 0, c’est la réunion des droites :
32
15 45
6x 9y 5 = 0 et 10x + 15y 13 = 0.
2 2
1 7 X Y
3) a) Pour k $ 0, 4, , , #k a pour équation + = 1, avec :
4 32 U (k ) V (k )
2 3k 4k (32k 7) 4k (7 32k )
x= + X, y = + Y , U (k ) = , V (k ) = .
1 + 4k 4+k (1 + 4k )2 (4 + k ) (1 + 4k )(4 + k )2
2 3k
Le centre de symétrie est . = , .
1 + 4k 4 + k
b)
1 7
k 4 0
4 32
U (k ) + + 0 0 +
V (k ) + + 0 + 0
nature hyp. ell. hyp. hyp. hyp.

2 3k
4) Les coordonnées du centre sont x = 1 + 4k et y = 4 + k .
2
Notons que l’on a x # 0 et que k # 4 donne x #
15
2 x 12 3(2 x )
2 x = 4k donne k = ; en reportant dans y = 3 , il vient y = .
4x 4+k 2 + 15x
En prenant en compte les centres de #0 et de # 7 , l’ensemble des centres des courbes #k est
32
3(2 x )
l’hyperbole d’équation y = privée du point (0, 3).
2 + 15x

1 U (k ) 4+k 5(k + 1)
5) Pour 4 < k < , on a U (k ) > 0 et V (k ) > 0 et 1= 1= .
4 V (k ) 1 + 4k 1 + 4k
1
k= 1 correspond à un cercle. On distingue 4<k< 1 et 1<k< .
4

Chapitre 8 - Espaces euclidiens. Transformations orthogonales. Géométrie et coniques 421


C2 U (k ) 4+k 5(1 + k )
Dans le premier cas, C 2 = V (k ) U (k ) et e2 = =1 = 1+ = .
V (k ) V (k ) 1 + 4k 1 + 4k
2
C V (k ) 1 + 4k 5(1 + k )
Dans le second cas, C 2 = U (k ) V (k ) et e2 =
U (k )
=1
U (k )
=1+
4+k
=
4+k
.

12 Composée de deux réflexions


0 désigne l’espace usuel.

P1 et P2 sont deux plans de 0 ; on note S1 et S2 les réflexions de plans P1 et P2 respectivement.


Les parties linéaires de S1 et S2 sont notées 41 et 42 .
On note 51 et 52 les plans vectoriels, directeurs de P1 et P2 respectivement.

1) On suppose que P1 et P2 sont parallèles.


Les réflexions S1 et S2 commutent-elles ?
Dans la suite, les plans P1 et P2 ne sont pas parallèles.

2) Soit D = P1 ' P2 et u un vecteur directeur normé de D . On note 5 = u ! le plan vectoriel


orthogonal à u et ce plan est orienté par u .

Soit ( e1 , e1 ) et ( e2 , e2 ) des bases orthonormales directes de 5, avec e1 " 51 et e2 " 52 . On


note -"]0, 2 " [ l’angle orienté dans 5 des vecteurs e1 et e2 .

a) Former la matrice M1 de 41 dans la base ( e1 , e1 , u ).

b) Exprimer e1 et e1 en fonction de e2 , e2 et -.

Former la matrice M2 de 42 dans la base ( e1 , e1 , u ).

3) a) À quelles conditions sur - les réflexions 41 et 42 commutent-elles ?


Quelle est alors 42 41 ?

b) Dans ce cas, S1 et S2 commutent-elles ? Reconnaître S1 S2 .

4) Exemple. À la lumière de ce qui vient d’être vu, étudier la composée des transformations de
0 définies par leurs expressions analytiques dans un repère orthonormal direct (O, i , j , k )
de 0 :
3 4 6 1 2 2 8
x = x y+ z+
x = x z+ 3 3 3 3
5 5 5
f1 : y =y f2 : 2 2 1 4
y = x+ y+ z+
3 3 3 3
4 3 12
z = x z+ 2 1 2 4
5 5 5 z = x + y+ z
3 3 3 3

422 Thèmes d’étude – Problèmes


Solution

1) a) Si on a P1 = P2 , alors S1 = S2 et comme toute réflexion est une involution, il vient :


S2 S1 = S1 S2 = Id.

b) La partie linéaire de S2 S1 est 42 41 . Comme les plans 51 et 52 sont égaux, on a 42 = 42 .


Alors 42 41 = Id montre que S2 S1 est une translation T .
Pour préciser le vecteur de cette translation, on considère un point A1 de P1 et son image B1
par S2 S1 . Le vecteur t de la translation est t = A1 B1 .
Alors B1 = S2 S1 (A1 ) = S2 (A1 ) permet de construire le vecteur t .
On a T 1
= (S2 S1 ) 1 = S1 1 S2 1 = S1 S2 , ce qui montre que S1 S2 est la translation de

vecteur t .
1
Comme A1 n’est pas dans P2 , on a B1 # A1 , donc t #0 puis T # T , et finalement S2 S1 # S1 S2 .
En conclusion, dans le cas où P1 et P2 sont parallèles, les réflexions S1 et S2 commutent si et
seulement si les plans sont égaux.
1 0 0
2) a) On a 41 ( e1 ) = e1 , 41 ( e1 ) = e1 et 41 ( u ) = u , et il vient M1 = 0 1 0 .
0 0 1

b) ( e2 , e2 ) se déduit de ( e1 , e1 ) par la rotation d’angle -, donc ( e1 , e1 ) se déduit de ( e2 , e2 )


par la rotation d’angle - :
e2 = cos - e1 + sin - e1 , e2 = sin - e1 + cos - e1 .

e1 = cos - e2 sin - e2 , e1 = sin - e2 + cos - e2 .

On a 42 ( e2 ) = e2 et 42 ( e2 ) = e2 .

On a donc 42 ( e1 ) = 42 cos - e2 sin - e2 = cos - e2 + sin - e2 .

Il vient alors 42 ( e1 ) = (cos2 - sin2 -) e1 + 2 sin - cos - e1 , c’est-à-dire :

42 ( e1 ) = cos 2 - e1 + sin 2 - e1 .

On obtient de même 42 ( e1 ) = sin 2 - e1 cos 2 - e1 .


cos 2- sin 2- 0
Avec 42 ( u ) = u , il vient M2 = sin 2- cos 2- 0 .
0 0 1

3) a) 41 et 42 commutent si et seulement si on a M1 M2 = M2 M1 . Formons alors ces produits


matriciels. On obtient :
cos 2- sin 2- 0 cos 2- sin 2- 0
M1 M2 = sin 2- cos 2- 0 , M2 M1 = sin 2- cos 2- 0 .
0 0 1 0 0 1

Il s’ensuit que 41 et 42 commutent si et seulement si sin 2- = 0.


" 3"
Avec -"]0, 2 " [, il y a trois cas : - = ", - = et - = .
2 2

Chapitre 8 - Espaces euclidiens. Transformations orthogonales. Géométrie et coniques 423


Le cas - = " donne e2 = e1 et implique que 52 = 51 , ce qui est contraire aux hypothèses.
" 3"
Dans les cas - = 2 et - = 2 , e 2 est colinéaire à e1 , donc e1 et e 2 sont orthogonaux. Les
plans vectoriels 51 et 52 sont perpendiculaires. Dans ce cas, on a :
1 0 0
M 1 M 2 = M2 M 1 = 0 1 0 ,
0 0 1
et 4 = 42 41 = 41 42 est la symétrie orthogonale par rapport à la droite 2 = ! u , c’est-à-dire le
retournement d’axe 2.
b) 42 41 = 41 42 est une condition nécessaire pour que S2 S1 = S1 S2 .
Pour obtenir S2 S1 = S1 S2 , il suffit alors de voir si elles donnent la même image pour un
point de 0.
Tout point de D = P1 ' P2 est invariant par S1 et par S2 . Il est donc invariant par S1 S2 et par
S2 S1 .
En conclusion de cette étude, les réflexions S1 et S2 commutent si et seulement si P1 = P2 ou
si P1 et P2 sont perpendiculaires.
Dans le cas où P1 et P2 sont perpendiculaires, la composée S1 S2 est la symétrie orthogonale
par rapport à D .

4) a) Les parties linéaires de f1 et f2 ont pour matrices respectives :


3 0 4 1 2 2
1 1
A1 = 0 5 0 et A2 = 2 2 1 .
5 3
4 0 3 2 1 2
Il est aisé de constater que A1 et A2 sont des matrices orthogonales.
Comme elles sont symétriques et de traces égales à 1, ce sont des matrices de réflexions.
Les ensembles des points invariants par f1 et par f2 sont précisés par :
3 4 6 1 2 2 8
x= x y+ z+
x= x z+ 3 3 3 3
5 5 5
y=y
2 2 1 4
y= x + y+ z+
3 3 3 3
4 3 12
z= x z+ 2 1 2 4
5 5 5 z= x+ y+ z
3 3 3 3

Ce sont les plans x + 2z = 3 et 2x + y z = 4.

b) f1 est la réflexion de plan P1 : x + 2z = 3 et f2 est la réflexion de plan P2 : 2x + y z = 4.


Il est aisé de constater que ces plans sont perpendiculaires.
Il s’ensuit que f1 et f2 commutent.
Leur composée f = f1 f2 est la symétrie orthogonale par rapport à la droite D = P1 ' P2 .
Avec les vecteurs n 1 = (1, 0, 2) et n 2 = (2, 1, 1), normaux à P1 et à P2 , la droite D est dirigée
par n 1 n 2 = ( 2, 5, 1).
Il suffit de constater qu’en choisissant z = 0 par exemple, le point (3, 2, 0) appartient à P1 ' P2
pour achever la détermination de D .

424 Thèmes d’étude – Problèmes


13 Coniques en sections planes
E est l’espace !3 euclidien canonique, rapporté à un repère orthonormal direct
= (O, i , j , k ). On considère l’ensemble des points M dont les coordonnées (x, y, z ),
dans , vérifient :
2x 2 + y2 4xy 4yz + 2x + 2y 4z + 2 = 0 (1)

1) Changement de base
On note :
0(x, y, z ) = 2x 2 + y2 4xy 4yz (2)

x
a) Soit U la matrice y des coordonnées d’un point M , dans .
z
Former A, matrice carrée symétrique réelle d’ordre 3, telle que, pour tout point M ,

0(x, y, z ) = t UA U. (3)

b) Déterminer les valeurs propres et une base orthonormale = ( I , J , K ) de !3 formée


de vecteurs propres de l’endomorphisme ! dont la matrice dans est A.
Ces valeurs propres seront rangées dans l’ordre décroissant et pour chacun des trois sous-espaces
propres, on choisira un vecteur directeur normé dont la première coordonnée est positive.

c) Soit P la matrice de passage de =( i , j , k)à .


Justifier que P est une matrice de rotation et caractériser géométriquement cette rotation.

2) Équation réduite de

a) On note (x , y , z ) les coordonnées de M dans le repère = (O, I , J , K ).


Montrer que 0(x, y, z ) s’écrit, en fonction de x , y et z :

2
0(x, y, z ) = 4x +y2 2z 2 . (4)

On pourra utiliser une matrice diagonale D , semblable à A.


b) Montrer qu’un point M appartient à si et seulement si ses coordonnées dans vérifient :

2 4 14 2
4x +y2 2z 2
x + y z + 2 = 0. (5)
3 3 3

c) Étant donné un point ., on note 1 le repère (., I , J , K ), et on désigne par (X, Y, Z )


les coordonnées dans 1 d’un point M .
Déterminer, par ses coordonnées dans et dans un point . tel que :

7
M appartient à 4X 2 + Y 2 2Z 2 = 0. (6)
2

Chapitre 8 - Espaces euclidiens. Transformations orthogonales. Géométrie et coniques 425


3) Étude de deux sections planes

a) Soit 0 l’intersection de et du plan d’équation Z = 0. Préciser la nature de 0, en donner


les éléments géométriques (foyers, directrices, excentricité) dans le repère (., I , J ) du
plan contenant 0.

b) Soit ( l’intersection de et du plan d’équation Y = 0. Préciser la nature de (, en donner


les éléments géométriques (foyers, directrices, excentricité et asymptotes) dans le repère
(., I , K ) du plan contenant (.

Solution

a d e
1) a) Avec la matrice symétrique A = d b f , on a :
e f c
t
UAU = ax 2 + by2 + cz 2 + 2dxy + 2exz + 2fyz .
2 2 0
Et on a t UAU = 2x 2 + y2 4xy 4yz quand A = 2 1 2 .
0 2 0
2 ' 2 0
b) Les valeurs propres de A sont les scalaires ' tels que 2 1 ' 2 = 0.
0 2 '
Ce qui donne '3 +3 '2 +6 ' 8 = 0.
1 est solution et on a :
'3 +3 '2 +6 ' 8 = (1 ')('2 2' 8)
2
et les racines de ' 2' 8 sont 4 et 2.
Les valeurs propres sont donc '1 = 4, '2 = 1 et '3 = 2.
2x 2y = 0
Les vecteurs propres relatifs à '1 sont les solutions du système 2x 3y 2z = 0
2y 4z = 0

x = 2z
ce qui équivaut à pour les solutions z (2, 2, 1), z " !,
y= 2z

1
et on choisit le vecteur normé I = 3 (2, 2, 1).

x 2y = 0
Les vecteurs propres relatifs à '2 sont les solutions du système 2x 2z = 0
2y z=0

x = 2y
ce qui équivaut à pour les solutions y(2, 1, 2), y " !,
z= 2y

1
et on choisit le vecteur normé J = (2, 1, 2).
3

426 Thèmes d’étude – Problèmes


4x 2y = 0
Les vecteurs propres relatifs à '3 sont les solutions du système 2x + 3y 2z = 0
2y + 2z = 0
y = 2x
ce qui équivaut à pour les solutions x (1, 2, 2), x " !,
z=y

1
et on choisit le vecteur K = (1, 2, 2).
3
Les vecteurs normés I , J , K sont deux à deux orthogonaux.
On constate que I J = K et il s’ensuit que ( I , J , K ) est une base orthonormale directe
de E .
2 2 1
1
c) La matrice de passage de à est P = 2 1 2 est la matrice d’un endomor-
3
1 2 2
phisme qui donne de la base orthonormale directe une image qui est une base orthonormale
directe. C’est donc la matrice dans la base d’une rotation ,.
x + 2y + z = 0
Un vecteur u (x, y, z ) est invariant par , si et seulement si 2x 2y + 2z = 0
x 2y z=0

x z=0
ce qui équivaut à dont les solutions sont x (1, 0, 1), x " !.
y=0

1
La droite des vecteurs invariants est dirigée par le vecteur normé u = (1, 0, 1).
2
5 1
Soit - l’angle de la rotation. On a 1 + 2 cos - = Tr , = Tr P = et il vient cos - = .
3 3
2 1
1
3 2
2 2
Le signe de sin - est aussi celui de Det i , ,( i ), u = 0 0 = .
3 3
1 1
0
3 2
1
Il s’ensuit que - = Arccos mod 2".
3

x
2) a) Soit U = y . On a U = PU , donc : t U = t U t P ou aussi t U = t U P 1

z
puisque P est orthogonale. On a donc :
0(x, y, z ) = t U P 1
APU .
1
Or D = P AP est la matrice dans la base de !.
4 0 0
Avec !( I ) = 4 I , !( J ) = J et !( K ) = 2 K , on a D = 0 1 0 ,
0 0 2
4 0 0 x
2 2 2
et 0(x, y, z ) = ( x y z ) 0 1 0 y , soit : 0(x, y, z ) = 4x + y 2z .
0 0 2 z

Chapitre 8 - Espaces euclidiens. Transformations orthogonales. Géométrie et coniques 427


1 1 1
b) U = PU donne x = 2x + 2y + z , y = 2x + y + 2z , z = x 2y + 2z .
3 3 3
4 14 2
Il vient alors f (x, y, z ) = 2x + 2y 4z + 2 = x + y z + 2.
3 3 3
M = (x, y, z ) appartient à si et seulement si : 0(x, y, z ) + f (x, y, z ) = 0.
2 2 2 4 14 2
Cela équivaut alors à 4x +y 2z x + y z + 2 = 0.
3 3 3
c) Soit . de coordonnées (a, b, c ) dans . Posons x = X + a , y = Y + b, z = Z + c .
Alors on a :
2 2 2 4 14 2
4x +y 2z x + y z + 2 = 4X 2 + Y 2 2Z 2
3 3 3
4 14 2 4 14 2
+ 8a X + 2b + Y 4c + Z + 4a 2 + b2 2c 2 a+ b c + 2.
3 3 3 3 3 3
1 7 1
On choisit alors a = 6 , b = 3
, c = 6.
4 14 2 7
On obtient alors 4a 2 + b2 2c 2 a+ b c+2= .
3 3 3 2
7
Dans le repère 1, on a donc M = (X, Y, Z ) " si et seulement si 4X 2 + Y 2 2Z 2 = 0.
2
1 7 1
Les coordonnées de . dans étant , , , la formule de changement de coordonnées
6 3 6
3 3
U = PU donne alors , 1, pour coordonnées dans .
2 2

7
3) a) Dans (., I , J ), l’ensemble 0 a pour équation 4X 2 + Y 2 = 2 .
2 2
X Y
C’est l’équation réduite 2 + 2 = 1 d’une ellipse de centre ., dans laquelle :
a b
1 7 7
a= et b = .
2 2 2
21 1 21
Avec c 2 = b2 a 2 , on a c = = .
8 2 2
L’axe focal est (., J ), les foyers sont F = . + c J et F = . cJ.
2
c 3 b 14
L’excentricité est e = b = 2 et avec d = c = 3
, les directrices sont Y = d et Y = d.

7
b) Dans (., I , K ), l’ensemble ( a pour équation 4X 2 2Z 2 =
2
.
2 2
X Z
C’est l’équation réduite 2 2 = 1 d’une hyperbole de centre ., dans laquelle :
u v
14 7
u= et v = .
4 2
42
Avec w2 = u 2 + v2 , on a w = 4
.

L’axe focal est (., I ), les foyers sont G = . + w I et G = . w I .


2
w u 42
L’excentricité est e = = 3 et avec d = = . Les directrices sont X = d et X = d.
u w 12
v v v
Les asymptotes ont pour équation Z = X et Z = X , avec = 2.
u u u

428 Thèmes d’étude – Problèmes

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