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Algèbre linéaire
À rendre le samedi 19 septembre
Énoncé
On considère dans tout le problème un entier 𝑛 > 2. 𝑟 désignera à chaque fois
un entier compris entre 1 et 𝑛.
On dira qu’une partie 𝐹 de M𝑛 (C) vérifie la propriété (𝑃𝑟 ) si et seulement si
𝐹 est un sous-espace vectoriel de M𝑛 (C) ;
Tout élément de 𝐹 est une matrice de rang inférieur ou égal à 𝑟 .
Le but du problème est de prouver l’existence de tels sous-espaces vectoriels de
M𝑛 (R) et de donner une majoration de leurs dimensions en fonction de 𝑟 .
On rappelle que
I. deux matrices 𝐴, 𝐵 de M𝑛 (C) sont dites équivalentes s’il existe des
matrices inversibles 𝑃 et 𝑄 dans GL𝑛 (C) telles que 𝐵 = 𝑃𝐴𝑄 ;
II. deux matrices de M𝑛 (C) sont équivalentes si et seulement si elles ont
le même rang ;
III. en particulier, une matrice 𝐴 de M𝑛 (R) est de rang 𝑟 si et seulement
si elle est équivalente à la matrice 𝐽𝑟 = 𝐼0𝑟 00
𝑥1 ! 𝑦1
𝑥2
© 𝑦2 ª
On prêtera attention au fait que si 𝑋 = .. et 𝑌 = .. ® sont deux éléments
. .
𝑥𝑛 « 𝑦𝑛 ¬
de M𝑛,1 (C) alors 𝑋𝑌 est un scalaire et 𝑋 𝑌 est une matrice carrée d’ordre 𝑛
𝑡 𝑡
𝑛
Õ
𝑡
𝑋𝑌 = 𝑥𝑘 𝑦𝑘 et 𝑋 𝑡 𝑌 = (𝑥𝑖 𝑦 𝑗 )16𝑖,𝑗 6𝑛
𝑘=1
On admet que pour tout 𝐴 ∈ M𝑛 (C), la fonction 𝑥 ∈ C ↦−→ det(𝐴 + 𝑥𝐼𝑛 ) est
polynomiale unitaire de degré 𝑛.
1
I
Matrices de rang inférieur ou égal à
𝑟 et exemples de parties vérifiant la
propriété (𝑃𝑟 )
𝐹𝑃 = {𝑃 𝐽𝑟 𝑀 / 𝑀 ∈ M𝑛 (C)}
𝐺𝐴 = {𝐴𝑁 / 𝑁 ∈ M𝑛 (C)}
2
II
Les parties qi vérifient 𝑃1
3
C. Les sous-espaces 𝑃 1
III
Majoration de la dimension des
sous-espaces (𝑃𝑟 )
Soit 𝐹 une partie vérifiant la propriété (𝑃𝑟 ) et soit 𝑝 le rang maximal atteint
par les éléments de 𝐹 :
𝑝 = max {rg 𝑀 / 𝑀 ∈ 𝐹 }
4
15. Montrer que 𝐹 est isomorphe à un sous-espace vérifiant (𝑃𝑟 ) et conte-
nant la matrice 𝐽𝑝 .
On suppose désormais que 𝐹 contient 𝐽𝑝 .
16. Soit 𝑀 un élément de 𝐹 qu’on écrit sous la forme 𝐶𝐴 𝐷𝐵 , où 𝐴 ∈
M𝑝 (C).
Soit (𝑖, 𝑗) ∈ [[𝑝 + 1, 𝑛]] 2 . On note 𝐶𝑖 le ième vecteur ligne de 𝐶, 𝐵 𝑗 le
jème vecteur colonne de 𝐵 et 𝑑𝑖,𝑗 le coefficient d’indice (𝑖, 𝑗) de 𝐷.
On pose pour tout 𝑥 ∈ C,
𝐴 + 𝑥𝐼𝑝 𝐵 𝑗
𝑄𝑖,𝑗 (𝑥) =
𝐶𝑖 𝑑𝑖,𝑗
16a. Expliquer pourquoi 𝑄𝑖,𝑗 est une fonction polynomiale partout
nulle sur C.
16b. Montrer 𝑑𝑖,𝑗 est le coefficient du terme en 𝑥 𝑝 de 𝑄𝑖,𝑗 .
En déduire que 𝐷 = 0.
16c. Montrer en examinant le coefficient du terme en 𝑥 𝑝−1 que
𝐶𝑖 𝐵 𝑗 = 0.
En déduire que 𝐶𝐵 = 0
Ainsi on aura démontré que les éléments de 𝐹 sont tous de la forme
𝐴 𝐵
𝐶 0
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Corrigé
I
Matrices de rang inférieur ou égal à
𝑟 et exemples de parties vérifiant la
propriété 𝑃𝑟
𝐾𝑟 = {𝐽𝑟 𝑀 / 𝑀 ∈ M𝑛 (C)}
6
Cet ensemble est celui des matrices de M𝑛 (C) dont les (𝑛 − 𝑟 ) dernières
lignes sont nulles. Il est donc isomorphe à M𝑟,𝑛 (C) et de ce fait
dim 𝐹𝑃 = 𝑛𝑟
6. Si on considère 𝑃, 𝑄 ∈ GL𝑛 () telles que 𝐴 = 𝑃 𝐽𝑟 𝑄 alors
𝐺𝐴 = {𝑃 𝐽𝑟 𝑄𝑁 / 𝑁 ∈ M𝑛 (C)}
𝑄 étant inversible, l’application 𝑁 ↦−→ 𝑄𝑁 est une bijection de M𝑛 (C) sur
lui même. On peut donc écrire
𝐺𝐴 = {𝑃 𝐽𝑟 𝑀 / 𝑀 ∈ M𝑛 (C)} = 𝐹𝑃
Donc 𝐺𝐴 vérifie la propriété 𝑃𝑟 et dim 𝐺𝐴 = 𝑟𝑛.
II
Les parties qi vérifient 𝑃1
7
B. Sur les matrices carrées de rang 1
𝐴𝑋 = 𝜑 (𝑋 )𝑈 = (𝑡𝑉 𝑋 )𝑈 = (𝑈 𝑡𝑉 )𝑋
{𝑉 ∈ M𝑛,1 (C) / 𝑈 𝑡𝑉 = 0}
est réduit au sev {0} de M𝑛,1 (C), tandis que {𝑉 ∈ M𝑛,1 (C) / 𝑡𝑈𝑉 = 0} est
un hyperplan de M𝑛,1 (C).
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10. Noter que puisque 𝑈 𝑡𝑉 et 𝑈 0𝑡𝑉 0 sont supposées de rang 1 alors les
vecteurs 𝑈 , 𝑈 0, 𝑉 et 𝑉 0 sont tous non nuls.
On suppose que rg(𝐴 + 𝐴 0) 6 1 et que (𝑈 , 𝑈 0) est libre. Montrons qu’alors
(𝑉 , 𝑉 0) est forcément liée.
Pour tout vecteur 𝑋 de Ker(𝐴 + 𝐴 0) on a 𝑈 𝑡𝑉 𝑋 + 𝑈 0𝑡𝑉 0𝑋 = (𝑡𝑉 𝑋 )𝑈 +
(𝑡𝑉 0𝑋 )𝑈 0 = 0, et donc par indépendance des vecteurs 𝑈 et 𝑈 0, 𝑡𝑉 𝑋 = 0 et
𝑡𝑉 0𝑋 = 0 (noter que 𝑡𝑉 𝑋 et 𝑡𝑉 0𝑋 sont bien des scalaires). Ce qui donne avec
C. Les sous-espaces 𝑃 1
11. Il est aisé de vérifier que 𝐹𝑈 ,𝐶 est un sev de M𝑛 (C). En outre la forme
même des éléments de 𝐹 indique qu’il sont tous de rang inférieur ou égal à
1. Alors 𝐹𝑈 ,𝐶 vérifie la propriété 𝑃 1 .
9
Ensuite l’application
est linéaire injective. En effet 𝑈 étant non nul, pour tout 𝑉 ∈ M𝑛,1 (C),
𝑈 𝑡𝑉 = 0 si et seulement si 𝑉 = 0.
On constate que 𝐹𝑈 ,𝐶 = 𝜓𝑈 (𝐶). L’injectivité de 𝜓𝑈 implique alors que
dim 𝐹𝑈 ,𝐶 = dim 𝐶.
12. De la même façon 𝐺𝑉 ,𝐿 = {𝑈 𝑡𝑉 / 𝑈 ∈ M𝑛,1 (C)}, où 𝑉 ∈ M𝑛,1 (C) \
{0} et 𝐿 est un sev de M𝑛,1 (C), vérifie 𝑃 1 et dim 𝐺𝑉 ,𝐿 = dim 𝐿
13. 13a. Si dim 𝐹 = 1 alors 𝐹 = Vect{𝑈 𝑡 𝑉 } pour certains vecteurs non
nuls 𝑈 et 𝑉 de M𝑛,1 (C). En posant 𝐶 = Vect{𝑉 }, il est aisé de voir que
𝐹 = 𝐹𝑈 ,𝐶 .
13b. Puisque 𝐴 + 𝐴 0 ∈ 𝐹 alors rg(𝐴 + 𝐴 0) 6 1 et donc d’après la question
10 on peut poser (𝐴 = 𝑈 𝑡𝑉 et 𝐴 0 = 𝑈 𝑡𝑉 0) ou (𝐴 = 𝑈 𝑡𝑉 et 𝐴 0 = 𝑈 0𝑡𝑉 ).
On suppose dans la suite que 𝐴 = 𝑈 𝑡𝑉 et 𝐴 0 = 𝑈 𝑡𝑉 0.
Noter que puisque 𝐴 et 𝐴 0 ne sont pas colinéaires alors forcément (𝑉 , 𝑉 0)
est libre.
13c. Soit 𝐵 ∈ 𝐹 . De la même façon que pour 𝐴 0, soit 𝐵 = 𝑈 𝑡𝑌 , soit 𝐵 = 𝑋 𝑡𝑉 ,
où 𝑋, 𝑌 ∈ M𝑛,1 (C).
Si on suppose que 𝐵 est de la forme 𝑋 𝑡𝑉 , le fait que 𝐴 0 = 𝑈 𝑡𝑉 0, que 𝐴 0 +𝐵 ∈ 𝐹
et que (𝑉 , 𝑉 0) est libre implique que (𝑋, 𝑈 ) est liée. On peut donc poser
𝑋 = 𝛼𝑈 , 𝛼 ∈ C. Ce qui entraine que 𝐵 = 𝑈 𝑡(𝛼𝑉 ). Ainsi dans tous les cas il
existe 𝑌 ∈ M𝑛,1 (C) tel que 𝐵 = 𝑈 𝑡𝑌 .
13d. Soit 𝐶 = {𝑌 ∈ M𝑛,1 (C) / 𝑈 𝑡𝑌 ∈ 𝐹 }. 𝐶 est non vide car il contient
𝑉 . Soient 𝑌, 𝑌 0 ∈ 𝐶 et 𝜆 ∈ 𝐾. 𝑈 𝑡𝑌 ∈ 𝐹 et 𝑈 𝑡𝑌 0 ∈ 𝐹 donc 𝑈 𝑡(𝑌 + 𝜆𝑌 0) =
𝑈 𝑡𝑌 + 𝜆𝑈 𝑡𝑉 0 ∈ 𝐹 et donc 𝑌 + 𝜆𝑌 0 ∈ 𝐶. Ce qui démontre que 𝐶 est un sev de
M𝑛,1 (C).
13e. Par définition de 𝐶, pour tout 𝑌 ∈ M𝑛,1 (C)
𝑌 ∈ 𝐶 ⇐⇒ 𝑈 𝑡𝑌 ∈ 𝐹
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De la même façon s’il existe deux éléments non colinéaires de 𝐹 de la forme
𝑈 𝑡𝑉 et 𝑈 0𝑡𝑉 alors il existe un sev 𝐿 de M𝑛,1 (C) tel que 𝐹 = 𝐺𝑉 ,𝐿 . Pour cela
il suffit d’appliquer le constat précédent au sev 𝐺 = {𝑡𝐴 / 𝐴 ∈ 𝐹 }.
III
Majoration de la dimension des
sous-espaces 𝑃𝑟
Ψ : M𝑛 (C) −→ M𝑛 (C)
𝑀 ↦−→ 𝑃 −1 𝑀𝑄 −1
𝐴 + 𝑥𝐼𝑝 𝐵 𝑗
15b. 𝑄𝑖,𝑗 (𝑥) =
𝐶𝑖 𝑑𝑖,𝑗
On développe 𝑄𝑖,𝑗 (𝑥) selon la dernière ligne. Les cofacteurs des coefficients
de 𝐶𝑖 sont des fonctions polynomiales de 𝑥 de degrés inférieurs ou égaux à
𝑝 − 1. Celui du coefficient 𝑑𝑖,𝑗 est det(𝐴 +𝑥𝐼𝑝 ) qui est de degré 𝑝. det(𝐴 +𝑥𝐼𝑝 )
est unitaire donc le coefficient de 𝑥 𝑝 dans 𝑄𝑖,𝑗 (𝑥) est 𝑑𝑖,𝑗 . Puisque 𝑄𝑖,𝑗 est le
polynôme nul, alors 𝑑𝑖,𝑗 = 0, ceci pour tout (𝑖, 𝑗) ∈ [[𝑝 + 1, 𝑛]]. Alors 𝐷 = 0.
Autre façon : la fonction 𝑥 ↦→ det(𝐴 + 𝑥𝐼𝑝 ) est polynomiale de degré 𝑝.
Elle admet donc au plus 𝑝 zéro dans C. Soit 𝑥 ∈ C qui n’en soit pas un zéro.
11
La matrice 𝐴𝑥 = 𝐴 + 𝑥𝐼𝑝 est alors inversible. On peut alors écrire
𝐼𝑝 0 𝐴𝑥 𝐵 𝑗 𝐴𝑥 𝐵𝑗
−𝐶𝑖 𝐴 −1 = −1
𝑥 1 𝐶𝑖 𝑑𝑖,𝑗 0 𝑑𝑖,𝑗 − 𝐶𝑖 𝐴𝑥 𝐵 𝑗
= det(𝐴𝑥 ) det(𝑑𝑖,𝑗 − 𝐶𝑖 𝐴𝑥−1 𝐵 𝑗 )
𝐼 0
Comme −𝐶𝑖𝑝𝐴−1 1 = 1, 𝑑𝑖,𝑗 − 𝐶𝑖 𝐴𝑥−1 𝐵 𝑗 est un scalaire et det(𝐴𝑥 )𝐴𝑥−1 =
𝑥
𝑡 Com(𝐴 ) alors
𝑥
Cette égalité qui fait intervenir des fonctions polynomiales se vérifie pour
une infinité de valeurs de 𝑥. Les polynômes associés sont donc égaux.
Les coefficients de la matrice Com(𝐴+𝑥𝐼𝑝 ) sont tous polynomiaux en 𝑥 mais
de degrés inférieurs ou égaux à 𝑝 − 1. Donc la fonction 𝑥 ↦→ 𝐶𝑖 𝑡 Com(𝐴 +
𝑥𝐼𝑝 )𝐵 𝑗 est polynomiale de degré inférieur ou égal à 𝑝 − 1. On en déduit que
le coefficient de 𝑥 𝑝 dans 𝑄𝑖,𝑗 (𝑥) est 𝑑𝑖,𝑗 .
15c. On a maintenant
𝐴 + 𝑥𝐼𝑝 𝐵 𝑗
𝑄𝑖,𝑗 (𝑥) =
𝐶𝑖 0
12
Í
en effectuant l’opération 𝐶𝑘 ← 𝐶𝑘 − ℎ≠𝑘 𝑏ℎ,𝑗 𝐶ℎ , ce dernier déterminant
devient
1
..
.
𝑏𝑘,𝑗 = 𝑏𝑘,𝑗
..
.
1
Í𝑝
Le coefficient de 𝑥 𝑝−1 dans 𝑄𝑖,𝑗 (𝑥) est donc − 𝑘=1 𝑐𝑖,𝑘 𝑏𝑘,𝑗 . Ce coefficient
est nul. Ce qui revient à 𝐶𝑖 𝐵 𝑗 = 0. Il s’agit du produit de la 𝑖 ème ligne de 𝐶
et de la 𝑗 ème colonne de 𝐵, qui n’est autre que le coefficient d’indice (𝑖, 𝑗) de
𝐶𝐵. Alors 𝐶𝐵 = 0.
À ce stade, tout élément de 𝐹 est de la forme
𝐴 𝐵
𝐶 0
où 𝐴 ∈ M𝑝 (C), 𝐵 ∈ M𝑝,𝑛−𝑘 (C), 𝐶 ∈ M𝑛−𝑝,𝑝 (C) et 𝐶𝐵 = 0.
15d. Il est aisé de vérifier que l’application
𝑓 : 𝐹 −→ M𝑝 (C) × M𝑝,𝑛−𝑝 (C)
𝐴𝐵
𝐶 0 ↦−→ (𝐴, 𝐵 + 𝑡𝐶)
est linéaire. Soit maintenant 𝑀 = 𝐶𝐴 𝐵0 un élément de Ker 𝑓 . Alors 𝐴 = 0
et 𝐵 + 𝑡𝐶 = 0. Sachant que 𝐶𝐵 = 0, en multipliant cette deuxième relation
par 𝐶 on obtient 𝐶 𝑡𝐶 = 0. En particulier Tr(𝐶 𝑡𝐶) = 0. Si on pose 𝐶 = (𝑐𝑖,𝑗 )𝑖,𝑗
ceci signifie que
𝑛−𝑝
ÕÕ 𝑝
2
𝑐𝑖,𝑗 =0
𝑖=1 𝑗=1
13
alors 𝐵 = 0 et 𝐶 = 0. Ce qui suit donne un contre-exemple dans M2 (C)
1 𝑖
𝐶= et 𝐵 = −𝑡𝐶
0 0
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