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Laurence CORSINI

L E S PÉRIPÉTIES DU C ANAPÉ DORÉ


&
LES C HA MBRES D’ H ÔT ES

Nouvelles

Adiktion Studio

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Les Péripéties du Canapé Doré

Nouvelle

Laurence CORSINI

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© Adiktion Studio
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Cet ouvrage né de l’imagination de l’auteur, n’étant qu’une création
romanesque, toutes ressemblances ou similitudes dans la réalité avec les
personnages du roman ne peuvent qu’être fortuites et de ce fait ne pour-
ront faire l’objet d’aucune plainte ou poursuite juridique, ni être passibles
de sanctions pénales.

Du même auteur

Les péripéties du Canapé Doré & Les chambres d’hôtes - Nouvelles


L’énigme de la Maison d’à côté - Roman policier
Méta Morphoses - Fantastique
L’Asile de la Déraison - Critique sociologique
Faux-cils et Faux-Semblants - Roman
Mimes et Gestuel, au delà du réel - Roman
États d’âme, prose et poésies - Recueil de poèmes

Couverture
Illustration Marie Castelli, Adiktion Studio ©

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Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute
ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé
ne saurait être que fortuites..

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Les péripéties du Canapé Doré

L’Entrepôt

Dans la Grande Usine, bien emmailloté après que me fut


donnée la touche finale à mon éclat, j’attendais avec impatience
ma livraison dans une future famille. Le plastique qui m’entou-
rait, censé me protéger des embuscades de la poussière et des
chocs de la vie, commençait à me déranger sérieusement et des
envies incoercibles de me gratter me faisaient effectuer quelques
mouvements migratoires imperceptibles mais néanmoins effi-
caces, afin de me rapprocher du bord du présentoir et me faire
enfin remarquer !

Rien, rien, aucune nouvelle pendant des mois ! La déprime


me guettait …
«  Il faut attendre les fêtes avec ta couleur flash, seuls les
réveillons te sortiront de ta torpeur ou bien un magasin de
bijoux ou de cadeaux, à moins qu’une vieille excentrique tombe
amoureuse de toi ! »
Tels étaient les propos de mon voisin de gauche, un canapé
lit fonctionnel, couleur lie de vin à vomir... C’est vrai qu’avec
mon style Chesterfield cuir doré et pieds boules, je sortais de
l’ordinaire  ! Mais cela me satisfaisait et me rendait joyeux, le
quotidien lugubre ne pouvant me convenir ! Me trouvant extra-
verti et trop rebondi pour elle, ma voisine de droite, méridienne
stylisée à l’extrême m’ignorait avec superbe, faisant mine de ne
pas me voir !

Donc, vous avez tous compris que je m’ennuyais sérieuse-


ment, sans interlocuteurs valables pour l’instant. Seuls les rêves
habitaient ma vie d’entrepôt. Je m’imaginais tous les soirs sous
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Les péripéties du Canapé Doré

les sunlights d’une scène de théâtre, abrité par le drapé de lourds


rideaux de velours rouge carmin ourlés de pampilles dorées as-
sorties à mon teint… ou bien, campé dans l’imposant salon de
réception d’un grand hôtel de luxe où un immense lustre en
cristal m’irradiant de lumière, mettrait en valeur ma carnation
vieil or et mes boutons dorés. Des élégantes alors s’appuieraient
avec délicatesse sur mes coussins que je creuserais tout tendre-
ment afin de mieux les accueillir...
Bon, mais pour l’instant ce n’étaient que des songes, que dis-
je, des mirages et la pluie battante sur le toit de l’entrepôt qui
m’abritait, martelait désagréablement mes tempes ainsi que mon
ego de canapé de luxe, dont personne, pour l’instant semblait
se préoccuper ! N’intéressant aucun mortel, je ne pouvais, étant
donnée mon éducation, que faire grincer discrètement ma
structure interne de plus en plus stressée... Des jours, des mois
passèrent, les saisons se succédèrent aux saisons et rien ne se
passait pour moi. Les autres bougeaient, s’en allaient et Moi je
restais.

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Les péripéties du Canapé Doré

Le départ : Disney Land

Un matin semblable aux autres, le volet roulant en fer


de l’entrepôt se mit à grincer et à se dérouler plus vite qu’à
l’habitude…. Un vent glacé parvint alors jusqu’à moi, emportant
un flot de feuilles mortes odorantes :
Ainsi nous étions en Automne...
Puis à mon grand étonnement, j’entendis une rumeur autour
de moi, le monte-charge s’approcha et sans ménagement m’en-
leva de l’emplacement qui m’était attribué depuis des mois. Ils
froissèrent mon cuir fragilisé par mon repos forcé et m’insérèrent
dans une camionnette de livraison.

Pour la première fois, je voyais la lumière du jour, les arbres,


et malgré l’épais plastique qui m’entourait, je pouvais ressentir
la fraîcheur du dehors et le bonheur de renaitre  ! Puis, nous
nous arrêtâmes devant une magnifique grille ouvragée en fer
forgé, agrémentée de picots dorés à l’or fin. Une télécommande
lui permit de s’ouvrir à distance et ce jour-là, vendredi 13 no-
vembre, je fus introduit dans le lieu le plus extraordinaire qui
soit pour moi :

Le parc de Disney Land...


Je fus hissé, puis installé dans le château de la Belle au Bois
Dormant, et, à ma grande stupeur après être passé par un dédale
de couloirs et d’escaliers interminables, je découvris un espace
totalement interdit au public mais cependant digne d’un conte
de fée.

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Les péripéties du Canapé Doré

Isolé au milieu de draperies pourpres et or, côtoyant une


harpe immense, superbe de brillance comme d’arrogance, je
pus, débarrassé des plastiques qui m’avaient étouffé jusque-là,
m’imprégner de cet endroit extraordinaire et secret, dans lequel
je venais d’arriver. Les fenêtres ornées de vitraux multicolores
ouvragés à l’ancienne, laissaient passer des lueurs chatoyantes et
seule, la rumeur de la foule au dehors pouvait nous laisser croire
que nous habitions encore la terre. Le plafond de la pièce était
constitué d’une voûte céleste où chaque étoile était représentée
diffusant l’intensité de la lumière en fonction de son éloigne-
ment réel. Tout n’était que nuances, illusions d’optique ou mi-
rages tout court. Le lieu magique n’était pas au dehors, il résidait
bien là au-dedans, tapi dans cette ambiance douce et feutrée,
que rien ne semblait vouloir troubler !

Un frémissement me parcourut et je compris alors que


mon attente avait eu du sens puisque je me sentais enfin à ma
place, là où je devais désormais commencer ma vraie vie... Je
perçus sur mes accoudoirs un léger frôlement, accompagné d’un
ronronnement étonnant et je vis un surprenant chat noir aux
yeux verts phosphorescents, s’approcher et sauter tout en grâce
de coussin en coussin, pour finir par s’installer confortablement
au centre. Faisant sortir ses griffes, sans pour autant entamer
mon cuir pour le tester, il me signifiait à sa manière qu’il était
le gardien du lieu et que je n’avais ici guère le choix de penser
autrement :
« Mais qui donc habitait vraiment le donjon du château ? »

Une lucarne à peine entrouverte laissait passer les gronde-


ments du dragon mécanique sévissant dans les souterrains du
palais, pour la plus grande joie des grands et des petits ! Le jour
tombait peu à peu et le globe du soleil glissait sur la pénombre
de la nuit qui allait prendre réellement possession du lieu. Les
derniers visiteurs quittèrent le parc et les lumières vives des ma-
gasins de peluches et gadgets divers s’éteignirent. Les restaurants
firent de même… Seules les enseignes, lanternes et réverbères
traçaient un chemin lumineux, au milieu de la nuit. Participant
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Les péripéties du Canapé Doré

à l’irréalité du lieu, même le croissant de lune, accroché au fir-


mament, semblait faire partie du décor. Tout semblait en som-
meil, exceptée une lumière étincelante dans la plus haute tour
du château de La Belle au Bois Dormant ; un dernier visiteur
inconnu, imprévu ?  «  Mais qui était-il  ? Était-ce un privilège
accordé à une vedette, à une personnalité politique ? » Le lende-
main du lendemain du surlendemain, se joua le même scénario ;
Les derniers visiteurs s’en allèrent. Les lumières s’éteignirent
et la tour la plus haute du Palais s’éclaira... Canapé Doré attendit
impatient la venue du propriétaire !

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Les péripéties du Canapé Doré

De la tour Eiffel à Disney Land

Dans le Septième Arrondissement de Paris, l’habitude était


que chaque heure fut ponctuée des ruissellements de diamants
scintillants, illuminant Dame Tour Eiffel. Ainsi, au dernier coup de
minuit, tout était terminé : les derniers clients de l’ascension ou de
la gastronomie avaient quitté les lieux. Privilège alors était rendu à la
Nuit à nouveau souveraine. Pourtant, chaque jour à la même heure
et seulement à minuit passé, s’éclairait la minuscule chambre dédiée
à Gustave Eiffel, créateur de l’objet universel qu’était la célèbre Tour.
Était-ce le fait d’un éclairage automatique, d’un gardien de nuit ou
d’une sécurité programmée, le fait est que chacun s’interrogeait ?

Paris et Disney Land cachaient bien leurs secrets. Et le palais de


la Belle et la Tour Eiffel à l’évidence en étaient les détenteurs !

Quant à lui, bercé confortablement par le ronronnement du


chat noir aux yeux phosphorescents, sorti tout droit d’Alice au Pays
des Merveilles, Canapé Doré attendait que se produise la suite des
évènements. C’est alors qu’il avisa un très joli bureau aux pieds de
dragon, dorés eux-aussi, sur lequel était disposé tout un arsenal de
crayons et de fournitures. Devant, siègeait un somptueux fauteuil
en demi-lune, agrémenté des mêmes pieds griffus. Doucement,
comme hypnotisé par le rayon de lune irisé pénétrant à travers
les vitraux de la fenêtre, Canapé commençait à s’assoupir lorsque
soudain il lui sembla entendre des voix ? Rêve ou Réalité ?

Il tendit alors son oreille de canapé aux aguets.


Cela semblait provenir du tiroir entrouvert du bureau. Quelle

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Les péripéties du Canapé Doré

ne fut pas sa surprise d’apercevoir alors tous les crayons et gommes


en réunion extraordinaire !
L’ambiance paraissait tendue... Il perçut quelques bribes… 
« Je suis miné », disait un crayon noir, « j’ai envie de me tailler »,
clamait un épais crayon bleu ! « je m’effacerais bien », affirma une
belle gomme blanche... « et Moi, ajouta un élégant stylo plume, je
me fais un sang d’encre ! »

Que se passait-il donc ?


Il semblait qu’un mouvement de grève se dessinait chez les
crayons, stylos et gommes demeurant dans ce lieu. C’est alors
qu’une imposante gomme se leva et dit :
« J’efface tout ! On efface tout et on recommence ! » grogna-t-
elle.

«  Que veux-tu donc recommencer  », cria encore une fois le


crayon bleu. « Moi, je n’ai qu’une envie, me tailler avec le taille-
crayon ! J’en ai assez de la déprime et des problèmes d’identité de
crayon noir, je craque devant l’arrogance de stylo plume et puis, et
puis, elle ne veut pas de moi, elle ne veut pas de moi, elle ne veut
plus de moi, d’ailleurs elle n’en a jamais voulu ! » Un rictus stria
les traits de crayon bleu qui s’avachit davantage sur l’encrier tout
vieux, maculant le buvard immaculé, majordome de ces lieux, sans
aucune vergogne. Des spasmes d’encre sanglots se déversaient spo-
radiquement. Crayon noir semblait devenu gris de peur, de rage et
de frustration. Envahi par le désespoir, il se mit à balbutier :
« Mais de quoi, de qui parles-tu ? 
– Mais de cette mijaurée qui nous nargue en permanence : La
Gomme Blanche ! Elle ne fait que répéter qu’elle s’effacerait bien
elle-aussi.
– Tu parles ! Crayon bleu, tu deviens familier », articula solen-
nellement Stylo Plume, ponctuant sa désapprobation, d’une ara-
besque tracée de façon très aristocratique.
« J’en ai assez, tu entends, de tes manières et de tes mines ! Je suis
comme je suis et comme j’ai envie d’être ! Elle ne pense qu’à elle,
cette mijaurée de gomme... En fait, tout ce qu’elle souhaite, c’est
prendre le pouvoir, le pouvoir de la Gomme Imposante »
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Les péripéties du Canapé Doré

Celle-ci pensive dans son coin, semblait absente.


« C’est pourtant vrai qu’elle en a du pouvoir, la Gomme Impo-
sante, chuchota rêveusement Crayon Noir.
– Vous ne comprenez donc rien ! hoqueta Crayon Bleu : Elle
veut tous nous effacer, Moi en particulier et pourtant, pourtant je
l’aime tant ! Mais elle ne me regarde même pas ! Je suis tout juste
bon à traîner le taille-crayon et encore ! »

« Calmez-vous, calmez-vous » fit le chœur des livres empilés sur


l’étagère Louis XVI, en brassant leurs feuillets, afin de mieux venti-
ler et alléger l’atmosphère électrique...
« Gardez la tête sur vos épaules... Mais trop, c’est trop ! Je n’en
peux plus ! C’est la faute de la gomme !
– Mais non, hurle Crayon Noir, elle n’est que le reflet du lieu ! »

« En fait, il ne s’agit que d’une pauvre histoire d’amour mal-


heureux . Pas même  ! Notre écrivain va si mal qu’il nous met à
son tour bien mal en point ! Regardez-le, observez le donc : il ef-
face, il retouche, il me mordille nerveusement, dit Crayon Bleu, et
m’anéantit peu à peu... »
– Comment exister si je n’ai aucun droit ? Il recommence sans
cesse, rature, me fait effectuer tâche sur tâche, se mit à hurler le
Stylo ! Il n’est jamais content et gomme tout le temps ! »

« Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? » reprit en chœur, la cohorte


des livres et papiers empilés sur un coin du bureau.
Une tension terrible comme avant un orage se distillait peu à
peu écartelant le temps. «  Rupture  ! Rupture  » nasillait le taille-
crayon. « Tension ! Tension ! » répétait inlassablement le compas,
tournoyant dans son cercle infernal. « Pourquoi ? Pourquoi ? Pour-
quoi ? »

Il vient d’être plaqué. Oui, son amie ne veut plus de lui, alors...
Il fait n’importe quoi ! Il ne peut plus écrire. L’éditeur le harcelle et
le menace d’interrompre son contrat.
« En somme, il risque de lui couper les vivres », répéta le chœur
des crayons en délire !
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Les péripéties du Canapé Doré

Les vivres ou la Vie !


«  Il a remplacé l’amour de sa vie par une gourgandine qui
s’appelle Blanche ! »
– Oh là tu exagères, dit la Gomme, ponctuant ces mots par une
moue.
– Mais ce n’est pas de toi qu’il s’agit, tu ramènes toujours tout à
Toi ! Il nous faut trouver une solution »

« Une solution, une solution, une solution se mit à scander le


chœur des livres empilés ! Sinon il va continuer à nous malmener et
bientôt nous n’existerons plus ! »

« J’ai trouvé ! »
Une petite voix fluette, extirpée du fond du bureau solennel,
s’éleva alors : il s’agissait d’un porte-plume rose d’écolier à plume
sergent-major, sorti des temps anciens.
« Je peux l’aider si vous le voulez tous ?
– Oh, oui, oui, oui !
– Mais il me faut un encrier !
– J’existe encore, éternua un encrier antique à moitié enseveli
sous la poussière de vieux dossiers, et mon encre est violette et
toujours parfumée. »

Le Porte-Plume s’installa alors confortablement dans l’encrier,


Crayon Noir se refit une beauté, tout en se redressant, la Gomme
Blanche se fit toute douce, le Stylo moins arrogant, le Compas se
calma et mesura ses pas. Ils se disposèrent tous alors bien joliment
devant le bloc se papier blanc, sur lequel ils inscrivirent :
« Nous t’espérons... »
Comme il entrait, la porte pour prévenir grinça, l’Écrivain
surpris souleva ses sourcils et découvrit le mot qui voulait effacer ses
maux et sa misère.
Il sourit alors. La lumière irisait le sérieux des crayons concentrés
et pensifs qui, à leur tour, se mirent à sourire, joyeux de l’écriture à
nouveau retrouvée……..

Émotions et pensées s’entremêlèrent alors dans un ballet de vie !

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Les péripéties du Canapé Doré

Le Propriétaire de la tour

Canapé Doré venait enfin de faire connaissance avec le pro-


priétaire de la tour.
L’Homme était grand, yeux clairs et cheveux bouclés, cos-
tumé il eut pu ressembler au Prince Charmant de la Belle au
bois dormant ! Il caressa doucement le chat qui ronronna, flatta
un des accoudoirs de Canapé Doré qui, se sentant apprécié à sa
juste valeur lui offrit à son tour le moelleux de ses coussins, sur
lesquels notre Écrivain s’affala nonchalamment. Ses yeux étaient
dans le vague. ll sortit alors d’une de ses poches, deux photos :
l’une récente représentait l’amie, quasi défunte sentimentale-
ment parlant. Aussi l’installa-t-il au fond d’un vieux classeur !
La page était tournée.
De soulagement et d’aise les crayons soupirèrent, un léger
courant d’air balaya l’atmosphère. Puis regardant l’autre photo
avec une extrême attention, il grommela :
«  Mais où est-il passé  ? Mais qu’est-il devenu  ? Je dois le
retrouver ! Je le dois, il le faut ! »
La photo représentait trait pour trait le même visage que le
sien. En effet notre Écrivain avait un frère jumeau.

Discrètement, presque furtivement, la tour Eiffel, enfin déli-


vrée des touristes et livrée à la nuit, s’apprêtait alors à accueillir
son visiteur du soir, plutôt de chaque soir devrions-nous dire.
En fait le visiteur était une dame, qui avait ses entrées nocturnes,
dans le plus sacro-saint des lieux représentant Paris, devant le
monde entier ! Mais qui était la dame, et comment entrait-elle ?
Nul ne le savait et ne la connaissait !

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Les péripéties du Canapé Doré

La chambre de Gustave Eiffel

La lumière allumée chaque soir, dans la chambre de Gustave


Eiffel avait bien sûr été signalée par les services de sécurité
chargés d’escorter le monument national dans sa longévité et un
disfonctionnement dans le circuit électrique de la dite chambre
avait même été évoqué lors d’une réunion. Tout avait été changé,
réparé, vérifié  ; il n’empêche que chaque soir, la lampe du
bureau de Gustave s’allumait ! Croyant à une activité subversive
et terroriste, le GIGN avait même, en surprise, envoyé une
escouade de ses meilleurs éléments et ce, à plusieurs reprises !
En vain : Lorsqu’ils arrivaient, la lumière allumée s’éteignait
alors et malgré projecteurs traquant tous les recoins, ils ne
découvrirent jamais personne !

Un fantôme hantait-il les lieux ?


Nul ne savait, la presse l’avait bien évoqué, mais personne n’y
croyait plus ! Un ministère avec ministre fut même créé, pour
étudier le dit phénomène et rassurer la population et même plus
encore :
Une commission se réunissait chaque mois pour constater...
et bien que la chambre de Gustave Eiffel s’éclaira, jamais ne
fut pris sur le fait un seul visiteur ! Donc, malgré son éminente
mission, le Ministère continua à exercer ses fonctions inexistantes
et délirantes, ponctuées de simples rapports où seul était inscrit :
RAS pour la Tour Eiffel...

Et pourtant quelqu’un venait chaque soir, sauf la soirée de


Noël !

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Les péripéties du Canapé Doré

En fait l’identité de cette personne, n’était connue que


par... un canapé doré, mais qui ne le savait même pas encore !
Pourtant il l’avait côtoyée ce quidam, qui était... psychanalyste
et ce, durant de nombreuses années, avant sa sortie d’usine où il
avait été envoyé pour se refaire un look et une beauté. Mais ceci
est une autre page de l’histoire qui se tournera plus tard.

Ainsi, sans être jamais ni vue, ni découverte, à pas furtifs


et légers, la silhouette d’une femme blonde effleurait chaque
marche des escaliers montant jusqu’à la chambre de Gustave.
Ouvrant alors délicatement la serrure de la porte vitrée avec son
Pass personnel, elle déjouait les stratagèmes des services secrets
en annulant la combinaison des différents codes renouvelés en
permanence. Puis, le sourire aux lèvres et les yeux pétillants
de malice, elle allumait la petite lampe du bureau et s’asseyait
devant avec ravissement. Sortant ensuite un stylo à plume en
or doté d’une encre sympathique invisible, elle disposait sur
le pupitre, des feuillets transparents eux aussi et chaque soir
écrivait jusqu’aux premières lueurs de l’aube.

À l’aurore, elle se levait alors tout doucement, rangeait stylo,


encre et feuillets et s’esquivait aussi légère qu’un elfe, effleurant
à peine les marches de Dame Tour Eiffel. Elle savait échapper à
tous les pièges des caméras visibles ou invisibles, prévenue par
un sixième sens et s’amusait prodigieusement à déjouer toutes
les nouveautés mises en œuvre, sans jamais être identifiée.
Provocatrice, elle aimait parfois laisser trace de son passage, le
parsemant de paillettes multicolores en forme d’étoiles. Elle
repartait comme elle était venue, dans la plus grande discrétion.
La seule nuit où la chambre de Gustave Eiffel restait éteinte était
la Nuit de Noël.

Donc cette nuit-là, la chambre était inoccupée.


La PsyDame avait d’autres engagements et se rendit tout aussi
discrètement dans une réunion très secrète ayant lieu à Disney
Land, dans le donjon du château de la Belle au Bois Dormant,

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Les péripéties du Canapé Doré

avec le chat noir aux yeux verts phosphorescents accompagné du


maître du lieu : l’Ecrivain. Celui-ci était assisté par l’assemblée
des crayons et gomme bien alignés que surveillaient les pieds de
dragon du bureau et bien sûr cautionnés eux-aussi par Canapé
Doré.

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Les péripéties du Canapé Doré

Avant Noël - Le rendez-vous

Un conciliabule alors étrange se déroulait chaque veillée de


Noël  : Chacun était au rendez-vous, pour préparer la venue
du frère jumeau de l’écrivain ainsi que la future rencontre des
personnages de ses autres romans !
Ce jour-là, le monde était trop affairé par les festivités pour
faire la distinction entre le vrai et le faux, le rêve et la réalité. Ainsi
le délicat labeur festonné de magie pouvait s’opérer durant cette
nuit unique, faisant se croiser les protagonistes des différents
récits pour régler enfin dans leur histoire ce que la Vie n’avait
pas su ou pu solutionner.

Dans sa tour, à Disney Land, l’écrivain regardait rêveusement


la photo de son frère jumeau. Comme il lui manquait  !
Machinalement au dos du portrait il écrivit « John, reviens vers
moi, j’ai besoin de toi ! Ne m’abandonne pas toi aussi. » Signant
« Noël et John Inisroc, frères de sang pour la vie bien au-delà des
maux, des mots de l’Au-Delà. »

Les tentures pourpres du lieu en frissonnèrent.


Puis impulsivement, Noël l’écrivain se leva et alla débusquer
derrière un vieux grimoire une boule de cristal qui depuis bien des
lustres n’exerçait plus ses talents. L’époussetant soigneusement,
il la fit briller de mille feux et la déposa délicatement sur
l’accoudoir de canapé doré qui en frémit d’appréhension.
L’écrivain se concentra, encerclant de ses doigts le cristal posé à
cet endroit. La chaleur l’irradiant, quelques lueurs apparurent,
fulgurantes mais éphémères, puis plus rien.

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Les péripéties du Canapé Doré

La boule était devenue noire, d’un noir opaque et oppressant,


qui peu à peu s’estompa, laissant entrevoir de façon impercep-
tible un enchevêtrement de lianes et de végétation ruisselante de
pluie, un avion éventré et un homme harassé et perdu !
« Mon Dieu, John que t’es-t-il arrivé ? » hoqueta l’écrivain.
Mais il savait que pour en savoir plus, il lui fallait consulter la
visiteuse de la Tour Eiffel, qui elle seule pouvait décoder toutes
ces images, le soir de Noël. Grâce à ses talents de psy-hypno-
thérapeute et médium, elle pourrait identifier l’endroit où était
perdu son jumeau, pour le guider ensuite à sa rencontre, afin de
le sauver !

Pour l’instant, la psy était tel un feu follet insaisissable, pré-


occupée seulement d’écrire et de déjouer avec amusement les di-
vers pièges qu’on lui tendait afin de la kidnapper pour connaitre
son secret !
Il ne restait plus que vingt jours avant Noël et le grand soir
allait donc bientôt arriver !

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Les péripéties du Canapé Doré

Magie et Sorcellerie

Dans la tour du château de la Belle au Bois Dormant, la


tension montait, tout se préparait pour la grande rencontre et
notre écrivain avait la gorge sèche :
Il n’arrivait même plus à écrire tant son impatience était
grande «  Mon frère, mon frère ! » Il eut même l’étrange impres-
sion de ressentir des douleurs à l’épaule et au poignet et respirait
de plus en plus mal. Après avoir vu les images dans la boule
de cristal, l’angoisse le gagna et il se sentit impuissant. Canapé
tenta de se faire doux et accueillant pour le réconforter, ayant
mis dans sa tête de canapé, l’idée de lui raconter ses rêves. Il
commença alors lui aussi à retrouver sa mémoire d’avant l’usine.
« Noël, écoute moi, pourquoi, en attendant des nouvelles de
John, n’écrirais-tu pas mes mémoires et mes rêves car j’ai une
foule d’histoires et d’anecdotes à te raconter. Cela te permettrait
de museler anxiété et impatience. Va prendre un enregistreur et
écoute, après tu romanceras.
L’écrivain se gratta la tête acquiesçant en même temps. Fouil-
lant dans les tiroirs, il exhuma un dictaphone dissimulé sous des
mouchoirs et s’installa, appuyant doucement sa nuque contre le
canapé qui susurra à son oreille tout ce qu’il avait entendu.
Il arriva par son imaginaire à entraîner notre écrivain dans
la grande galerie du Palais d’Orsay, où par un escalier discret
menant à la grande pendule, on peut découvrir tout Paris. Mais
surtout en ce lieu, plusieurs sociétés secrètes de mages, magi-
ciens et illusionnistes du monde entier se réunissaient le premier
jour des trimestres des années bissextiles, afin d’échanger leurs
dernières inventions, leur magie, leurs potions, enfin leurs sa-
voir-faire pour tenter d’améliorer l’humour grinçant du monde
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Les péripéties du Canapé Doré

actuel. Devenu sinistre et négatif, celui-ci avait fini par engen-


drer sous forme d’infimes vibrations des mouvements toxiques
répétitifs. Une fois enregistrés et analysés, ils permirent aux spé-
cialistes les plus réputés de la planète d’affirmer que l’humeur
de ce monde de plus en plus déshumanisé allait entrainer une
terrible secousse tellurique :
Un morcellement de notre bonne vieille planète Terre était
alors à craindre !

Autrement dit, la fameuse Apocalypse annoncée par Nostra-


damus ne serait que la résultante de cet état de fait et des futurs
déferlements catastrophiques annoncés ! L’urgence régnait donc
en cette fin d’année, et tous, dans ces trois lieux magiques où les
plus grands secrets allaient être échangés, allaient œuvrer pour
sauver l’Humanité de sa destinée tragique et programmée. Il
fallait à n’importe quel prix modifier son humeur et seul, un
éclat de rire collectif émis au même moment pourrait modifier
le cours de son destin et de la catastrophe vers laquelle elle cour-
rait.

Personne n’en avait encore conscience et les informations ne


savaient que distiller des désastres ou accidents ponctuels, les
attribuant au réchauffement climatiques, aux aberrations poli-
tiques, ou aux changements de régime. Personne, à part quelques
initiés, ne savait que le malheur du monde allait venir et surgir
de ses vibrations de négativité, nouvelle terreur du siècle, cent
mille fois plus puissante que la radioactivité.
La planète risquait d’exploser !!
Et il fallait trouver le moyen, l’antidote pour guérir et stopper
les vibrations inconscientes dues au marasme qui allait engen-
drer le cataclysme annoncé.
Allait-on-trouver une solution ?

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Les péripéties du Canapé Doré

La planète en danger

Il ne restait plus que quatre jours avant Noël, notre écrivain


avait calmé sa fébrilité, grâce à l’effet hypnotique produit par
Canapé Doré, la Psy rassemblait ses idées et ses notes en feuil-
lets, ayant fait les listes de tous les personnages invités qui de-
vaient se rencontrer ce soir- là. Tous allaient se rejoindre Quai
d’Orsay, dans la machinerie de la Grande Horloge pour débattre
de l’Humanité et y trouver les solutions du grand Rire, salvateur
de l’Espèce Humaine.

Le 25 décembre allait donc avoir lieu la grande rencontre


entre Noël l’écrivain, son frère John perdu en Amazonie, son
ancienne compagne Fioretta qu’il n’avait pas revue depuis onze
ans et dont il avait eu une fille Samia sans l’avoir su, Livia la psy
à qui le fantôme de Gustave Eiffel ravi ouvrait la porte chaque
soir, et enfin Brock le légionnaire. Tous allaient par magie pou-
voir se rencontrer à minuit précise afin de décider du cours du
destin de leur vie ou de celle des autres.
Puis le 31 décembre à minuit également, allait se jouer le
destin de la planète derrière les rouages de l’horloge du Quai
d’Orsay…Waouhhhhh !
Quelle histoire !

Canapé en frémissait d’émotion à l’avance, si grandes étaient


ses craintes d’un rendez-vous manqué.

En effet, il fallait que toutes les montres de chacun soient


réglées à la seconde près, pour que puisse se concrétiser la télé-
portation de chaque être jusqu’au Château de Disney Land. Or
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Les péripéties du Canapé Doré

aucun des protagonistes ne le savait et c’était même là le secret


pouvant faire réussir ce projet insensé ! De plus, John égaré au
fond de l’Amazonie, avait, depuis bien des jours maintenant,
perdu et sa montre et la notion du temps !
Tout reposait désormais sur les épaules de la psy, qui comme
chacun le sait commençait en avoir assez de toujours réparer
autour d’elle.

Tout semblait improbable, compliqué, presque impossible à


réaliser. Canapé Doré en tremblait lui-aussi, ajoutant au stress
de la planète une couche supplémentaire dont elle se serait bien
passée.

Pendant ces dernières heures, le monde s’affairait à préparer


Noël, avec joies ou difficultés. Le Père Noël bien embarrassé sur
son traîneau, tiraillant sa moustache, se demandait s’il devait
révéler au Monde entier  : La Grande Vérité de son existence
totalement imaginaire, entretenant un mensonge merveilleux
mais terrible depuis des siècles. Car cela finissait toujours par
amener chacun d’entre nous à une confusion délirante, nous
faisant prendre nos rêves pour la réalité et des vessies pour des
lanternes !
Père Noël se dit qu’il était temps aujourd’hui pour lui aussi
de sauver la planète qui tournait à l’envers et allait vers sa des-
truction.

L’heure et l’ère des révélations allaient se faire, mais le Monde


y était-il prêt ?
Là était toute la question, sauf que le marasme qui y régnait,
de vibration en vibration allait faire exploser la Terre !
La Psy, elle, bien déterminée, prit au passage le livre de Saint-
Exupéry sous son bras afin d’en faire surgir également Le Petit
Prince pour la seconder dans sa difficile mission et l’empêcher
lui aussi, de se suicider, en acceptant bêtement de subir la mor-
sure du serpent ! Pour une fois dans l’histoire de Notre Galaxie,
il fallait que L’Histoire ne rattrape personne.

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Les péripéties du Canapé Doré

Le douzième coup de minuit

Donc au douzième coup de minuit, à la place de Cendrillon


sans carrosse, arriva la Psy. Celle-ci s’était pour la circonstance,
vêtue de mousse et de mousselines évanescentes absorbant le
scintillement de toutes les particules électriques qui zigzaguaient
dans l’atmosphère. La mousse tapissant ses élégantes bottines lui
permettaient seulement d’être reliée à la terre et de ne pas finir
électrocutée par toute cette énergie accumulée. Le Petit Prince
trottinait à ses côtés, bien conscient du rôle qu’il allait devoir
jouer et ravi de jouer un bon tour à Saint-Exupéry en modifiant
la fin de son histoire ! Père Noël ayant accompli sa dernière mis-
sion de l’Année se dit qu’il allait, lui aussi, prendre sa retraite,
ayant trop mal à ses articulations. Étant donné son âge ancestral,
il songeait tout en conservant son costume de Père Noël, à se
reconvertir désormais en conteur d’histoires pour enfants. Ainsi,
pourrait-il leur expliquer, que même si dans la réalité existent
des princes et des hommes charmants, les princes et princesses
charmantes des contes de fée ne règnent que dans l’imaginaire.
Ceci éviterait alors qu’une fois adultes, les dits charmants bam-
bins n’attendent dans la vie ce qui n’existait pas, encombrant
les salles d’attente des psy à cause du chagrin dû aux mensonges
de leur petite enfance. Ainsi le déficit de la Sécurité Sociale ne
serait plus aggravé par le remboursement des anxiolytiques et
anti-dépresseurs !
En somme de façon tout aussi poétique, il leur apprendrait à
rêver désormais sans leur mentir.

Toquant discrètement à la porte ouvragée du Château de la


Belle au Bois Dormant à Disney Land, la Psy vit le judas glisser
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Les péripéties du Canapé Doré

imperceptiblement pour bien l’identifier. La porte grinça pour


prévenir l’écrivain de sa présence, la queue du chat s’enroula à
ses chevilles pour l’escorter et Canapé Doré se trémoussa d’aise
en la reconnaissant.

Oui c’était bien Livia, il avait travaillé pour elle durant une
bonne trentaine d’années et scintillait encore de toute cette
collaboration.
Comme promis elle arrivait la première :

Les pieds de dragon du bureau et du fauteuil sortirent leurs


griffes dorées afin de bien s’ancrer dans le précieux parquet, en
cas de cataclysme. Le regard d’azur de l’écrivain s’adoucit, il prit
galamment la main de la psy la guidant jusqu’au bureau où la
boule de cristal jetait ses éclairs de rage. Le petit prince grimpa
sur son épaule, s’appuyant familièrement contre lui et lui chu-
chota quelques mots à l’oreille. Et l’on vit bien qu’ils se connais-
saient depuis longtemps ces deux-là !
Ils s’installèrent donc aussi autour du bureau, un autre siège
ayant glissé vers eux, pour les y accueillir.

Alors, fixant la boule de ses prunelles de velours, Livia, elle


aussi hypnotisée, se concentra de façon si intense que peu à peu
tout, mais vraiment tout, dans la pièce qui avait été maintenue
totalement dans l’obscurité, tout donc devint phosphorescent.
C’est alors que la Magie commença.

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Les péripéties du Canapé Doré

L’illusion suprême

Livia avait bien pris soin auparavant d’emplir l’atmosphère


du lieu, de douceur et de bienveillance, afin de tapisser douil-
lettement les angles de la vérité qui n’allait pas tarder à montrer
toutes ses facettes acérées à chacun des visiteurs et qui sait peut-
être au monde entier !

La phosphorescence du lieu distillait de la paix et une cer-


taine sensation euphorisante permettant de croire que tout pou-
vait redevenir possible :
Car là était bien le but de l’illusion suprême !
Une légère senteur de fleur d’oranger complétait cette per-
ception lénifiante, puis les yeux du chat noir du lieu commen-
cèrent alors à clignoter rassemblant chaque atome. La boule de
cristal passa par toutes les couleurs, puis laissa apparaitre à nou-
veau le paysage de forêt équatoriale où l’on apercevait John qui
creusait inlassablement sa pirogue.

Ce fut le premier contacté.


«  John, John, psalmodia doucement Livia, entends-nous,
viens vers nous, viens vers nous ! » Celui-ci sans comprendre ce
qui se passait, leva la tête et comme mû par une attraction sou-
daine, se mit debout et avança. Livia posa alors son index droit,
au niveau du bras gauche, respira profondément trois fois et ex-
tirpa John, du cristal, devant l’écrivain sidéré. Il retrouva sa taille
normale dans les trois minutes qui suivirent et sans chercher à
comprendre ce qu’il leur arrivait, les deux hommes tombèrent
dans les bras l’un de l’autre, des larmes coulant sur leurs visage
tant la joie de se revoir était intense.
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Les péripéties du Canapé Doré

«  Mais, mais, comment as-tu fait, disait John  ?  » Livia


répondit à sa place :
« Cela ne va durer que le temps nécessaire à tous pour vous
réunir, ensuite chacun reprendra le cours de sa vie et de son
destin, avec simplement en mémoire la conviction intime qu’il
peut réussir à trouver ce qu’il cherche. »
Puis laissant les deux frères à leurs effusions, elle posa à nou-
veau son regard sur la boule en se concentrant intensément. Le
Petit Prince s’était installé près d’elle, afin de lui envoyer toutes
ses ondes positives de sagesse et de clairvoyance et la ressourcer
aussi en énergie.
L’Amazonie réapparut alors dans le cristal et ce fut Brock le
légionnaire qu’elle guida à son tour et fit revenir dans la pièce,
puis arrivèrent Fioretta, la petite Samia, les officiers de police
chargés de l’enquête avec le portrait-robot de l’agresseur ; sui-
virent même ceux qui recueillirent l’enfant, au seuil de la forêt,
ainsi que son père adoptif. Personne ne comprenait leur raison
d’être là, mais il était fondamental que leur inconscient mémo-
rise leur visage et leur présence, les uns aux autres, si l’on voulait
qu’un jour leur destin se croise à nouveau et se réalise.

Livia les installa dans une partie de la pièce, un peu à l’écart


mais entre eux. Puis portant ses mains à ses tempes, elle fixa la
boule de cristal une fois encore et eut la surprise de voir appa-
raitre et surgir tous les personnages qu’elle avait rencontrés dans
sa vie. Qu’ils soient positifs ou non, ces personnes n’étaient pas
là par hasard. Elle les rassembla aussitôt dans le deuxième coin
de la pièce.
Surgirent ensuite tous ceux qui s’étaient réunis derrière l’hor-
loge du Musée d’Orsay, et qui faisaient un tintamarre tel que
l’on se serait cru dans un poulailler gigantesque, tant la clameur
éclatait de toutes parts ! Le brouhaha était si grand qu’elle dut
interrompre un moment tous ces transferts, laissant seulement
la connexion de leurs esprits se faire en permanence, sans que
pour autant le son de leurs paroles n’envahisse le lieu. Ils furent
conviés dans le troisième coin de la pièce.

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Les péripéties du Canapé Doré

Pour s’assurer alors qu’elle n’avait oublié personne, Livia se


permit alors de saisir à deux mains avec l’aide du Petit Prince
et de Saint-Exupéry appelé à la rescousse, la boule en cristal qui
avait doublé de volume. Ils la secouèrent de toutes leurs forces
afin que personne ne risque d’être tombé dans les oubliettes
du passé. Puis elle souffla dessus, afin que tous les inconscients
s’entremêlent et de multiples filaments couleur arc en ciel mul-
ticolores s’entrecroisèrent et se mélangèrent à l’infini. Le cris-
tal s’évapora alors, laissant place aussitôt à une étoile filante de
poussière d’or qui entoura chaque personnage présent dans cette
pièce du château.
Se levant à son tour, elle s’installa avec Saint-Exupéry et Le
Petit Prince dans le quatrième coin de la pièce car il était néces-
saire que Pique la Lune et son personnage échappent à leur des-
tin !

Le dragon du sous-sol du château se mit aussitôt à rugir et


toutes les lumières de Disney Land illuminèrent le parc pen-
dant quelques minutes. Au même instant, de façon totalement
imprévisible, la Tour Eiffel s’embrasa et fit ruisseler ses milliers
de diamants, tandis que l’horloge du Musée d’Orsay sonnait
allègrement les douze coups de minuit qui, eux étaient déjà pas-
sés depuis longtemps !

Le temps avait pu s’arrêter, chacun s’était rencontré  !


Quel soulagement !

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Les péripéties du Canapé Doré

Mission accomplie au Château de la Belle

Le chat noir aux yeux verts phosphorescents, installé sur


Canapé Doré au milieu de l’immense pièce avait fait jouer aux
quatre coins tous les personnages conviés ! Puis les miniaturi-
sant, il les fit réintégrer un à un, leur lieu d’origine, en passant
par le centre de la boule de cristal qui venait de réapparaitre.
Celle-ci reprit alors sa taille originelle. Un tintement se fit alors
entendre, suivi peu après par le bourdon de Notre Dame de
Paris se mettant à sonner solennellement, réveillant ainsi notre
très chère Lutèce, ce qui fit bien sûr, la Une de la presse du
matin ! La Magie avait opéré et sans que personne n’y comprit
rien, hormis la Psy, le petit Prince, Gustave Eiffel et l’Écrivain.
La délicate mission venait d’être accomplie...

«  Ouf ! » s’écria Livia exténuée, se précipitant dans les bras


de Canapé Doré. Tout à la joie de la retrouver et de la soulager
de ses tensions, celui-ci lui prodigua ses meilleurs soins grâce à
ses coussins en pamoison !
« Offrez-moi donc un élixir énergétique ! » dit-elle à l’écri-
vain, tandis qu’elle balança au milieu de la pièce ses jolies mules
dorées que les bottes garnies de mousse avaient soigneusement
protégées. Elle lançèrent des étincelles comme les rollers de la
promenade du vendredi soir à travers Paris, ce qui délassa ses
pieds des tensions accumulées pendant cette séance extraordi-
naire.

L’écrivain sortit des flûtes de cristal ciselé et une bouteille


géante de Champony Royal, cuvée spéciale des frères Inisroc.
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Les péripéties du Canapé Doré

Tous trinquèrent joyeusement et dégustèrent voluptueusement


leur breuvage, qui leur parut aussi suave que l’hydromel réservé
aux Dieux de l’Olympe. Tout cela agrémenté de savoureux cho-
colats fondants et parfumés, fut disposé en étoile sur un plateau
d’argent.

Alors, tous épuisés mais pour une fois réellement satisfaits


par leur vie, purent enfin s’endormir ! Le lieu d’ailleurs s’y prê-
tait  ! Le Petit Prince lui-même avait même réussi à faire des-
cendre l’absolu, sur cette terre !
N’était-ce pas le Château de la Belle au Bois Dormant ! 

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Les péripéties du Canapé Doré

L’Antidote

Mais il ne restait plus qu’une semaine jusqu’au 31 Décembre


de cette année-là, pour que les mages, savants et illusionnistes
du monde, puissent trouver la solution pour sauver la Planète !
La première étape ayant été accomplie, il restait à mettre en
œuvre la seconde phase afin de transformer toute l’énergie néga-
tive accumulée par le globe terrestre en positif salvateur, faisant
une fois pour toute taire Nostradamus et ses prédictions déli-
rantes, effrayantes et inquiétantes.
Cela serait-il réalisable ? Et que trouver comme antidote à la
folie du monde, pour désamorcer l’autodestruction annoncée ?

Derrière les rouages du mécanisme de la pendule du Musée


d’Orsay, s’affairait une foule bigarrée s’échangeant des théories
les plus folles et plus étranges les unes que les autres ! Certains
s’accrochaient au balancier de la pendule dans l’espoir de ralentir
la marche inexorable du temps, mais bien en vain d’ailleurs ! L’im-
mense salle parcourue par d’interminables escaliers en colimaçon,
ressemblait plus à une volière qu’à un congrès. La matière grise
s’agitait en tous sens, et des éclairs jaillissaient des hémisphères
cérébraux en ébullition des plus hauts dignitaires de la Recherche
Scientifique et de la Magie.

Les heures s’écoulaient et les jours passaient…

Le 30 arriva : Une synthèse fut décidée par le Grand Cham-


bellan du lieu.

Le Grand Bilan eut lieu.


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Les péripéties du Canapé Doré

Les solutions les plus extravagantes furent évoquées comme :


Essayer de faire pencher le globe terrestre d’un seul côté, en
déplaçant la moitié de l’humanité, ou bien tenter d’assécher les
océans en les comblant de milliers de tonnes de coquillages, ou
encore mettre une charge d’explosifs dans les principaux cratères
de tous les volcans de la terre !
Mais à chaque vote à main levée, la rumeur de mécontente-
ment ou de scepticisme qui montait, ne faisait qu’accentuer les
vibrations qui menaçaient la planète. Jusqu’au moment où le
doute ayant envahi tous les esprits, un groupe de vieux savants
se mirent sans se rendre compte à se gratter le crâne de façon
dubitative... et fort comique !

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Les péripéties du Canapé Doré

La solution du Petit Prince

C’est alors que le Petit Prince qui s’était installé à cheval sur
la grande aiguille de l’Horloge, pour mieux avoir une vision gé-
nérale et de l’assemblée et de ce qui se proposait, se mit à hoque-
ter de rire d’une façon si incoercible et stridente, que soudain
un silence impressionnant prit la place de la rumeur ambiante.
Tous les regards convergèrent vers lui. Il leva alors les bras en
signe de victoire hurlant, une fois n’est pas coutume.
« La voilà la solution ! » Tous se figèrent telles des statues de
pierre en attendant la suite.
De sa voix fluette, il ajouta aussitôt :
« Se gratter, se gratter, voilà la solution ! Il nous faut trouver
le moyen pour que tous les humains se mettent à se gratter tous
ensemble à la même minute, de façon si insupportable qu’ils
n’aient plus comme solution que de se dévêtir également tous
au même moment.
– L’Humanité à Poil ! Mais surtout il faut qu’elle se voit ainsi,
en prenne conscience et se mette à éclater de rire devant la déri-
sion de la situation ! Donc il nous faut installer en un laps de
temps très court, des caméras et des écrans géants dans le monde
entier et diffuser à la même heure assez de poil à gratter pour
obtenir le résultat escompté ! »
Cette solution semblait délirante, quasi démente et pour-
tant ! C’était d’ailleurs en cela que résidait la performance.

Tous devenaient enfin égaux devant le besoin incoercible


d’arracher ses vêtements pour échapper à une démangeaison
collective, tout en découvrant sur tous les écrans du monde
l’absurdité de la situation !
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Les péripéties du Canapé Doré

En fait, l’idée était géniale !


Une salve d’applaudissements salua les propos du Petit Prince.
Ce qui fut dit, fut fait avec une maestria aussi redoutable que
machiavélique :

Des centaines d’équipes furent chargées de diffuser le poil


à gratter dans toutes les couches de la société, de la Maison
Blanche à l’Élysée ainsi que des Présidences à la plus humble
résidence de la planète. Des techniciens hors pair, infiltrèrent
les chaînes de télévision internationales comme locales, d’autres
équipèrent chaque café et chaque rue du monde entier, de ca-
méras et d’écrans pour que chacun puisse assister au spectacle
collectif qui allait se jouer ce jour-là.
Pour une fois l’espionnite parano des cités allait servir à
quelque chose !

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Les péripéties du Canapé Doré

Le Strip-Tease du siècle

L’organisation fut remarquable. La plus grande difficulté fut de


faire coïncider les fuseaux horaires et de coordonner les montres
et les horloges de toute la planète, afin qu’un mouvement continu
puisse avoir lieu.

Phase un : jeter le poil à gratter !


Phase deux : faire se gratter tous les humains !
Phase trois : les faire se dévêtir et se voyant tous dans la même
situation et la même tenue comme au premier jour de la création,
des plus petits aux plus grands.
Puis, arriver à la Phase quatre : les faire rire !

Personne n’y échappa et personne ne fut épargné. Tous furent


entrainés par l’hystérie collective, mais pour le bon motif ! Vo-
lontairement ou non chacun fut concerné, oubliant tout pour se
gratter devant toute l’humanité et se déshabiller devant le monde
entier.

Des rieurs professionnels furent engagés par milliers pour


entraîner le rire à se diffuser de façon contagieuse. Au début, se
répandit une légère rumeur, puis le spectacle s’amplifia et atteint
un tel paroxysme que pour la première fois dans l’histoire, une
solidarité naquit du ridicule d’une situation où chacun était l’égal
de l’autre !
Les premiers rires fusèrent, crépitèrent, s’amplifièrent de jour
comme de nuit et dépassèrent tous les fuseaux horaires. Le rire de
rumeur devint clameur et envahit chaque molécule de l’atmos-
phère.
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Les péripéties du Canapé Doré

Absorbant la toxicité des vibrations, peu à peu, ce rire géant


de l’univers le sauva de lui-même.

Nostradamus retourna aux archives, Le Petit Prince échappa


à son funeste destin et ne fut pas piqué par l’aspic, il venait de
jouer un bon tour à son auteur qui n’avait plus qu’à sortir de sa
dépression... et réimprimer son livre !
Chacun trouva enfin un sens et une place dans sa propre
histoire.
Canapé Doré fut même nommé Chargé de Communication
et eut la délicate mission de diffuser régulièrement les séquences
de cette grande manifestation, Grand Divertissement devant
l’Eternel afin que personne n’oublie. La mémoire collective in-
tégra soigneusement l’évènement salvateur. Des CD enregistrés
et vendus par milliers renflouèrent la crise mondiale ! Dans des
lieux très secrets furent gardées les films, les empreintes, les enre-
gistrements du streep-tease du siècle qui sauva la planète en la
faisant s’esclaffer.

D’aucuns disent, que les vieilles recettes font toujours leurs


preuves ! Peut-être pourraient-elles être réutilisées un jour ? Le
monde désapprenant vite, serait-ce le moment ? Qui sait ?
Et puis au-delà de l’histoire, n’était-ce pas un peu le propos
du roman.
Sourire après les Rires !

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Les péripéties du Canapé Doré

Post-scriptum

Il est à noter que les personnages principaux, héros de nos


temps modernes pourront bien sûr être retrouvés dans les autres
ouvrages du même auteur. Et même s’il se trouve être souvent
grinçant, l’humour y est présent en permanence, afin que puisse
enfin éclater au grand jour la vérité, sans pour autant faire
exploser la planète.

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Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute
ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé
ne saurait être que fortuite..

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Les chambres d’hôtes

Nouvelle

Laurence CORSINI

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Les chambres d’hôtes

Introduction

Le lieu était incroyable et charmant. A peine entrevue, la


maison accrochait l’œil et le coeur sans que l’on sut pourquoi !
Un mystère y régnait.
Une sensation étrange nous envahit et comme attirés par
un aimant, il nous fallut aller voir de plus près. Suspendue à la
grille, une enseigne annonçait en lettres entrelacées :

« CHAMBRES D’HÔTES, ÉTÉ COMME HIVER »

Cette précision paraissait un clin d’œil annonçant la couleur


de l’ambiance de cet Eden. Pourtant, le voyageur n’arrivait pas
là par hasard. Des flèches et des panneaux l’avaient guidé au loin
depuis des kilomètres, telle une campagne présidentielle répé-
tant à l’infini, sur le bitume de la route, le nom du candidat.

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Les chambres d’hôtes

Arrivée des hôtes

Au volant de sa petite voiture décapotable rouge, Serena,


jeune femme de trente printemps, roulait beaucoup trop vite.
De multiples pensées à l’évidence occupaient son esprit et sa
conduite rapide était par trop automatique. Vite effacées par la
vitesse, des larmes glissaient le long de ses joues. Elle entendit
s’égrener l’heure à un clocher d’un village voisin et du coup,
ralentit  ! C’est là qu’elle aperçut le panneau «  Chambres
d’Hôtes ». Elle décida alors de s’arrêter, épuisée autant par les
émotions que par les kilomètres qu’elle venait de parcourir. Les
pneus crissèrent sur le gravier du parking et un peu de buée
troubla la vision de la jeune femme. Ses boucles remises en place
d’un geste machinal, elle sortit et claqua la portière. Arrivée à la
porte soulignée par une glycine mauve, elle hésita, pour signaler
sa présence, entre un heurtoir à tête de dragon et une antique
cloche ciselée, aguerrie par le temps et les intempéries. Elle
choisit le heurtoir en premier. On verrait bien...

Au bout de quelques instants, des pas feutrés se firent en-


tendre derrière la porte qui s’entrouvrit presque en chantant.
Oui, cette porte d’entrée ne grinçait pas, elle chantait. Enfin,
on aurait pu le croire ! Une étrange petite femme tout en ron-
deur, l’accueillit avec un « Ah ! Vous voilà enfin arrivée, je vous
conduis à votre chambre.» Eberluée Séréna ne comprit pas le
« Ah enfin ! » ne connaissant ni la maison, ni le lieu, ni la per-
sonne qui lui ouvrait, mais sans mot dire cependant la suivit. Sa
chambre portait le numéro Un. Elle se demandait combien il y
avait de chambres d’hôtes, quand revint à sa mémoire le char-
mant tableau représentant oiseaux et papillons, disposé près du
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Les chambres d’hôtes

bureau où étaient accrochées des clefs de un à huit. C’est vrai


que ce n’était qu’une maison d’hôtes et malgré tous ses cou-
loirs, ses miroirs et ses bizarreries, elle n’était certainement pas
immense.
Puis la fatigue l’emportant sur ses réflexions, elle alla s’écrouler
sur un très joli lit en fer forgé, au couvre lit de satin rembourré
et douillet de couleur bleu turquoise. Ses yeux se fermèrent avant
même qu’elle eut le temps de se déshabiller. Ses chaussures rou-
lèrent d’elles-mêmes des pieds au sol et elle s’endormit aussitôt !
Une porte claqua dans le couloir, un homme étrange vêtu de
noir sortit d’une chambre, où le chiffre Deux était inscrit sur la
porte. Contrastant avec une chevelure bouclée brune très dense,
son teint blafard attirait l’attention. Semblant préoccupé, il des-
cendit dans la salle du petit déjeuner. La petite personne replète
qui avait répondu à l’entrée était là, prête à distribuer thé, café
et croissants. Survint alors la maitresse de céans, grande jeune
femme brune altière, venue dire bonjour à ses hôtes. Elle salua
chacun, agitant un éventail coloré un peu anachronique en la
circonstance, car il ne faisait pas particulièrement chaud, puis se
dirigea vers le couloir menant à la porte d’entrée, le heurtoir étant
manifestement secoué avec véhémence.
Elle ouvrit la porte pour accueillir le visiteur, qui était en fait
une femme de cinquante ans environ. Très maquillée, habillée de
façon excentrique et provocatrice, parée de strass comme pour un
spectacle, celle-ci semblait visiblement très agitée.
Mais ceci ne troubla en rien l’hôtesse qui, paraissant trouver la
situation et les propos hachés de la dite femme tout à fait cohé-
rents, l’accueillit fort civilement et lui donna une clef de chambre,
après l’avoir conviée au petit déjeuner. Celle-ci se précipita elle
aussi dans la salle à manger où déjà l’homme étrange et blafard
ingurgitait avec voracité de nombreuses tartines beurrées garnies
de confiture. Il avait positionné sa serviette comme les enfants, la
nouant autour de son cou. Il ressemblait ainsi à un ogre affamé
par des mois de jeûne imposé.

Serena, la jeune femme à la décapotable, était enfin sortie


de sa léthargie, sans doute réveillée elle-aussi par les instances
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Les chambres d’hôtes

répétitives de son estomac. Elle se dirigea vers la même salle que


les autres, ponctuant son entrée d’un bonjour tonitruant auquel
personne ne répondit.

Suivirent aussitôt, bruissant comme des abeilles affairées,


une famille nantie de six enfants, qu’on eut pu aligner en ordre
décroissant par taille et par âge ; ils étaient si semblables, qu’ils
semblaient avoir été clonés dans un laboratoire expérimen-
tal. L’étrangeté était que, même s’ils paraissaient être la copie
conforme des uns des autres, par contre leurs parents bruns aux
yeux foncés affichant une maigreur impressionnante, n’offraient
aucune ressemblance avec ces six têtes blondes de chérubins po-
telés qui les entouraient. Ils ne saluèrent personne, s’installant à
une grande table ronde trônant au milieu de la salle. Chocolat et
brioches et pots de confitures cerclés d’argent, leur furent preste-
ment servis sur de longs plateaux ouvragés déposés au centre de
la table. Chacun se mit avec une synchronisation surprenante à
se servir sans aucun désordre, ni brouhaha, tant semblait rodé le
scénario des repas en famille. Les parents ne leur parlaient pas et
eux non plus d’ailleurs ne s’adressaient jamais à eux.

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Les chambres d’hôtes

Le jardin et la maison

Peu à peu le plafond de la pièce s’éclaira et la lumière jaillit par


des milliers de petits points ressemblant à un ciel étoilé. L’effet
en était des plus étonnants, d’autant plus que peu à peu, le clair-
obscur de la pièce disparaissait pour laisser apparaitre une mati-
née ensoleillée, les volets se relevant automatiquement, sans que
personne ne semble les téléguider, sur d’immenses baies vitrées
donnant sur un jardin.
Jardin qui se révélait être quand on le découvrait, un véritable
enchantement autant qu’un plaisir pour les yeux :
Une pergola y donnait accès, permettant au milieu de roses
et de jasmins odorants et enivrants, de poursuivre un sentier
fait de pas japonais au milieu d’une pelouse semblable à du
velours juste parsemée de pâquerettes. La même pelouse vert
tendre conduisait à un petit pont, complétement investi par
une glycine mauve envahie de quelques frelons noirs, rendus
totalement inoffensifs, tant était leur empressement à butiner
les fleurs  ! Même leurs bourdonnements ravissaient, suscitant
par leur régularité une atmosphère quasi hypnotique. Le pont
laissait pendre ses lourdes grappes de fleurs au-dessus d’un étang
placide orné de nénuphars, parcouru d’insectes patineurs et de
libellules chatoyantes s’accouplant çà et là au rythme de la brise.
La surface de l’eau où se mirait le ciel, reflétait à l’envers toute
cette vie frémissante, abritée par un saule pleureur gigantesque,
protecteur et bruissant à chaque coulis d’air.
Une fois le pont franchi, les regards pouvaient se poser se-
reins sur ce décor de rêve animé, comme les corps sur les majes-
tueux fauteuils de pierres, couverts de mousses aux tons dégra-
dés de verts, tapissant la pierre rendue ainsi plus confortable aux
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Les chambres d’hôtes

voyageurs de la maison. Papillons de couleur pastel ou colorés


égayaient le clapotis de l’eau d’un ruisseau timide mais présent,
caché au creux d’une grotte... Les mêmes pas japonais ame-
naient alors le visiteur à pénétrer dans les dédales d’un petit bois
odorant où des buis taillés sous différentes formes, ponctuaient
des ouvertures dans un sous-bois égayé de violettes.
Que ce soit en ligne droite, ou dans les diagonales, on s’y
retrouvait toujours, découvrant statues, végétations, cascades,
massifs de fleurs sauvages ou sophistiquées, éléments variés, tous
plus surprenants les uns que les autres, conçus à l’évidence pour se
projeter dans un voyage imaginaire favorisant le rêve et la détente.
Les pas ramenaient au milieu de détours plus ravissants les uns
que les autres. Après avoir entrepris l’exploration du jardin, on se
trouvait devant la margelle de pierre d’un bassin, où plusieurs jets
d’eau colorés d’eau phosphorescente, jaillissaient de nénuphars et
de tritons de bronze.
L’arrière de la maison ressemblait au-devant, si bien que
l’on pouvait se croire à l’entrée, alors qu’il s’agissait de la sortie.
Cette illusion de confusion était fort agréable, car au lieu de s’y
perdre, tout semblait familier, permettant toujours d’y trouver
un repère, ramenant une fois rentré au centre de la maison. Les
chérubins dorés s’amusaient dans les sous-bois sans importuner
personne tandis qu’un calme divin régnait, troublé seulement
par des tourterelles fortes affairées par leur future nidification.
Chacun revendiquait son territoire, les roucoulades se mêlaient
au sifflement des merles et l’alouette qui trissait en montant vers
le ciel signifiait plus que jamais que le printemps était là !
Les chambres d’hôtes étaient simples mais raffinées et pour
l’instant les numéros inscrits sur les portes ne correspondaient en
rien à leur nombre ! Cela n’en était que plus amusant ! Mais bien
que rien ne fut révélé au premier abord, la plus grande surprise
pour les hôtes était de découvrir au fur et à mesure de l’avancement
de la journée, que les fenêtres des chambres comme de la maison
donnaient sur un décor différent en fonction du matin, du midi,
de l’après-midi ou du soir.
En effet, cette maison tournait, de façon à peine perceptible
chaque minute et chaque heure, suivant un rythme calqué sur le
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Les chambres d’hôtes

soleil et l’avancement de la journée. Ainsi, pouvait-on découvrir


les jets d’eau ou les bois, la roseraie ou les cèdres centenaires, la
pièce d’eau ou la vue sur la terrasse, l’aube et le coucher de soleil,
tout se relayant à l’infini, pour le plus grand plaisir des yeux et
des rythmes biologiques de chacun...

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Les chambres d’hôtes

Les derniers arrivés

La cloche de l’entrée se mit encore à tinter annonçant une


nouvelle arrivée :
La grille s’ouvrit cette fois-ci automatiquement, ses gonds
tournants sur eux-mêmes, et un homme très âgé entra sans hési-
ter. A l’évidence, il s’agissait d’un habitué du lieu. Le contraste
entre son âge et sa vitalité alliée à sa souplesse était surprenant et
lorsqu’aux salutations d’usage, il ajouta un sourire, on le vit rajeu-
nir de vingt ans.
Décidemment, cette maison-là n’était pas ordinaire et ses
chambres ne pouvaient être destinées qu’à des êtres particuliers,
qu’elle attirait d’une façon ou d’une autre, consciemment ou
inconsciemment, mais certainement pas par hasard !
« Je ne crois pas au hasard, mais à la providence », marmon-
nait le petit homme blafard, tout en faisant son trentième tour
de jardin comme chaque jour. Il tenait sous le bras un grand
livre violet orné de signes cabalistiques, qu’il consultait fébrile-
ment tous les quarts d’heure. Puis prenant un crayon orné de
paillettes de la même couleur, il commença à prendre des notes
d’un air très mystérieux.
Le heurtoir dragon secoua de nouveau la porte de la de-
meure, qui en grinçant s’ouvrit immédiatement. Au début ne
furent aperçus que les bords de l’éventail frémissant de l’hôtesse
qui, tout en sourire, prononça.
« Ah ! Nous n’attendions plus que vous, tout le monde est
là »
En l’occurrence, les derniers arrivés formaient un couple
d’une quarantaine d’années se serrant l’un contre l’autre comme
par crainte de se perdre, Ce qui était curieux, c’est qu’ils se res-
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Les chambres d’hôtes

semblaient beaucoup, à tel point qu’on eut pu les prendre pour


frère et sœur, Mais leurs regards et gestes tendres et passionnés
effaçaient vite cette impression.
A son tour, la petite femme replète sortit, trottinant jusqu’à
la grille, afin d’y accrocher un petit panneau en fer forgé où était
inscrit en rouge : complet. Puis tout aussi discrètement qu’elle
était entrée, elle refit le chemin inverse et fut happée par la mai-
son.

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Les chambres d’hôtes

Le crépuscule

Le crépuscule tomba. Quelques chouettes hululèrent,


l’humidité laissait des traces sur les carreaux. Des gouttelettes
d’eau minuscules se lovaient dans les toiles d’araignées étirées
entre les branches des sapins. La lune sortit des nuages et un
vent frais émergea soudain des fourrés avoisinants. L’horloge
du village se mit à sonner : le moment du dîner approchait.
Dans cette maison d’hôtes, aucun instrument destiné à
donner l’heure n’apparaissait ! Comme si dans ce lieu, le temps
pouvait s’arrêter: Ce temps choisi par chacun, afin qu’il puisse
retrouver ce qu’il cherchait ainsi que la mémoire de ce qu’il
avait oublié ou perdu.
Certains des voyageurs semblaient connaître la maison,
d’autres la découvraient, Mais tous semblaient être venus pour
quelque chose de précis, de non formulé encore et l’on sentait
bien une impatience animer chacun des personnages. Hors du
temps, et enveloppé dans l’Étrange, chacun véhiculait sa part
de mystère et d’interrogation.
Comment étaient-ils arrivés en cet endroit et pourquoi ?
En fait tous poussés par leur destinée, avaient rendez-vous
en ce lieu, pour tenter de retrouver quelque chose d’impor-
tant disparu dans leur vie. Ceci était fondamental, car ce qui
leur manquait  interrompait de façon catastrophique le dérou-
lement de leur chemin, rendant totalement intolérable leurs
journées comme leur avenir. Pour d’aucuns, la Providence
avait dirigé leurs pas vers cette maison d’hôtes, pour d’autres,
elle leur était familière, quant aux derniers ils avaient peut-être
eu tout simplement besoin de faire une halte, et de se reposer.
Toujours est-il, que tous réunis allaient partager un événement
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Les chambres d’hôtes

extraordinaire dans cet espace déjà si peu banal, événement,


qu’ils ne seraient certainement jamais pas prêts d’oublier non
plus !

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Les chambres d’hôtes

Distribution des rôles

Mais quel était donc le lien de tous ces personnages si diffé-


rents les uns des autres ? Et que voulaient-ils en faire ? Oublier?
Impossible !
Il y a des choses et des moments de vie qui marquent chaque
être de façon indélébile.

Mais il faut tout de même le dévoiler : en commun, ils avaient


une énorme culpabilité, ayant accompli une action terrible et réd-
hibitoire à un moment ou à un autre de leur vie. Certains d’entre
eux le reconnaissaient, d’autres l’occultaient soigneusement et
même allaient jusqu’à le nier totalement.
Et pourtant ils étaient tous venus pour le dire, pour l’avouer,
pour enfin alléger leur conscience et reprendre le cours d’une vie
qui leur était devenue insupportable, que dis-je intolérable avec
ce poids qu’ils traînaient, tous, sauf un. Et cela, il allait falloir le
découvrir, voire le démasquer.

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Les chambres d’hôtes

Les huit chambres d’hôtes

Récapitulons donc : Les huit chambres d’hôtes étaient toutes


occupées ;
La chambre numéro 1 par Serena, ravissante jeune femme de
trente ans, arrivée en décapotable rouge.
La chambre numéro 2 par l’homme étrange au teint blafard
et à la chevelure brune bouclée, vêtu de noir et appelé Gargamel.
La chambre numéro 3 par une femme très maquillée et habil-
lée de façon excentrique, dont le nom était Morgane.
Les chambres numéros 4, 5, 6 par la famille Augre, composée
des deux parents et des six chérubins blonds bouclés.
La chambre 7 par un homme très âgé, mais plein de vitalité,
habitué du lieu et nommé Merlin.
La chambre 8 par un couple paraissant frère et sœur, mais
affichant une attitude passionnelle. Leurs noms étaient Hansel
et Gretel.
La cloche du dîner retentit alors, rappelant chacun à ses obli-
gations gustatives. Le dîner aux chandelles fut raffiné, tout en
couleurs comme en saveurs, ravissant les convives tant par sa di-
versité que sa qualité. Il se termina en une apothéose de desserts
disposés en colimaçon sur une pièce montée asymétrique. Cha-
cun se régala et le bien-être s’imprimait sur chacun des visages.
La maîtresse de céans parut alors, apportant différents breu-
vages aux senteurs envoûtantes et sucrées, invitant alors ses
convives à venir se réunir tous ensemble, à vingt-trois heures
précises dans la salle de tous les crépuscules, où l’Incroyable
devait se produire. La mise en condition avait été parfaite, qu’al-
lait-t-il donc se passer ?

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Les chambres d’hôtes

Le rendez-vous de vingt-trois heures

Chacun vint à l’heure dite.


C’était soir de pleine lune. La pièce d’eau frissonnait, la reflé-
tant à l’infini. Toutes les feuilles des arbres bruissaient et mur-
muraient, telles mille petites âmes agitées de secrets. Quelques
chauves-souris voletaient, s’éparpillant çà et là dans la nuit. Ce
soir précisément, les réverbères du jardin ne s’allumèrent pas.
Une sorte de halo rouge s’exhala du sol, enveloppant la demeure.
Seul, le hululement d’une chouette animait les ténèbres éclairées
par le globe orangé de la lune.
A l’intérieur, les hôtes prirent place, là même où leurs noms
étaient inscrits. Des fauteuils de velours cramoisi étaient dis-
posés autour d’une immense table ronde. Le plafond jusque-
là opaque, s’éclaira de centaines de petits points lumineux le
faisant ressembler à une voûte étoilée. Ce fut la seule source de
lumière. Un bruit de vagues et de ressac se percevait en fond
sonore et lorsque Tous furent installés, se dévisageant les uns,
les autres.
Une voix sourde retentit alors :
« Nous voici réunis, pas par hasard, à l’évidence. Cette nuit
sera unique et fondamentale dans vos vies puisque vous pourrez
enfin avouer si vous le souhaitez bien sûr, ce qui vous empêche
de continuer à vivre afin de vous débarrasser à jamais de... votre
culpabilité ! »
En attendant, fixez un point lumineux sans effort, et laissez-
vous aller au son du bruit de l’océan que vous entendez. Vous
allez percevoir chaque partie de votre corps individuellement et
aussi dans sa globalité. Ressentez vos pieds et chaque partie de
ceux-ci... à gauche et à droite, la plante et le talon. Imaginez-
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Les chambres d’hôtes

vous marchant au bord d’une plage, il fait doux... et un par-


fum agréable de miel et d’hibiscus parvient à vos narines. L’eau
encercle agréablement vos chevilles et vos mollets se délassent à
chaque pas, à chaque foulée accomplie. Vos genoux sont souples
et déliés et les muscles de vos cuisses se décrispent. Vous perce-
vez votre bassin dans son mouvement, dans le dehors et dans le
dedans également, tout se dénoue et se délace. Vous ressentez
votre buste et votre cage thoracique se soulève paisiblement au
rythme de votre respiration. Vous n’accélérez pas votre respi-
ration et vous ne la ralentissez pas non plus. Elle est calme...
paisible, tranquille... comme les battements de votre cœur,
spontané et régulier. Vous ressentez vos épaules, qui deviennent
légères, très légères... et vos bras, et vos avants bras... et vos poi-
gnets souples et déliés... et vos mains et vos doigts. Visualisez-les
un par un : le pouce, l’index, le majeur, l’annulaire et l’auricu-
laire de la main droite... maintenant faites de même pour la
main gauche. Puis remontez jusqu’à vos épaules... et ressentez
votre nuque. Ensuite tournez doucement la tête à droite, puis à
gauche très... lentement, votre nuque devient souple et déliée.
Faites une grande respiration profonde et soupirez à nouveau
profondément, puis... percevez votre visage comme si on vous fai-
sait un léger massage : Les tempes, les joues, les yeux, le front, les
paupières qui deviennent lourdes, très lourdes, votre menton et
votre nez. Vous percevez votre respiration. Desserez les mâchoires.
Humidifiez un peu vos lèvres avec votre salive et sentez l’air qui
passe dans vos poumons. Lorsque vous inspirez, il est frais, vous
prenez de l’oxygène et de l’énergie... une fois passé dans les pou-
mons, lorsque vous soufflez, il est devenu plus tiède et vous per-
cevez cette sensation sur vos lèvres... vous évacuez alors gaz carbo-
nique, stress, doute, douleur et culpabilité. Puis vous ressentez à
nouveau vos tempes, vos oreilles, votre crâne, votre cuir chevelu.
Vous baillez... et vous vous sentez envahis par la détente, le bien-
être. Vous flottez, comme un ballon que le vent déplace douce-
ment, sans heurts, en douceur. Vous vous sentez bien, libéré de
tout, de vraiment tout. Vous vous sentez léger, léger comme en
apesanteur. Vous vous sentez flotter de façon très agréable, déten-
du, très détendu... et pendant que votre corps est dans cette situa-
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Les chambres d’hôtes

tion confortable, votre esprit va pouvoir évacuer ce qui le paralyse


et l’enchaine depuis tant d’années.
Mais aussi, vous allez pouvoir rencontrer les esprits des autres
participants. Vous allez ressentir le besoin de vous épancher cha-
cun à votre tour et sans difficulté, vous pourrez parler enfin des
actes que vous regrettez le plus dans votre vie  !
Les autres écouteront, avec respect et sans juger et chacun
pourra avouer au plus profond de lui-même ce qu’il a commis de
plus vil et s’en débarrasser à jamais. A jamais... A jamais.
Le prix à payer sera évalué par la personne elle-même, afin de
retrouver l’estime d’elle-même et le pardon définitif ! Mensonges
et stratagèmes ou processus d’évitement ne peuvent exister dans
ce lieu. Dans le cas contraire, ils amèneraient la désintégration de
l’individu dans sa totalité. Nous avons besoin de votre accord et
votre totale adhésion pour avancer plus loin. Le souhaitez-vous ?
« Oui... oui. Oui. » répondirent-ils tous à l’unisson dans un
même souffle.

Au dehors la chouette hulula, le saule pleureur frissonna.


Minuit sonna douze fois à l’horloge lointaine d’un village  !
Phénomène étrange, dans la pénombre de la salle des crépuscules,
se mirent à flotter dans tous les sens, diverses petites formes phos-
phorescentes.

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Les chambres d’hôtes

Chacun son tour

Qui veut commencer  ? demanda la voix. Après un silence


pesant, quelqu’un répondit enfin :
« Moi...
– Qui es-tu ?
– Je m’appelle Serena, j’ai tout pour être heureuse, beauté,
amour, richesses, mais le remords me ronge ! » Des larmes tels des
rideaux de perles, coulaient sur ses joues mais aussi le long des
murs, s’évacuant en rigoles par des orifices menant dans le jardin.
«  J’avais une sœur jumelle appelée Helena et j’étais jalouse
d’elle. Elle riait tout le temps, tout le monde l’adorait. Moi j’étais
dans son ombre, timide et je la haïssais de prendre toute la place.
Cette place que je voulais avoir auprès de mes parents. Nous
avions douze ans et avions l’habitude d’aller nous promener en
barque sur le lac qui longeait la maison. Nous nagions très bien,
donc on nous laissait faire les jours de beaux temps. Un jour de
grand vent, j’eus envie d’y aller. Helena sachant que c’était inter-
dit, voulut m’en dissuader.
– C’est donc que tu as peur ! » lui répondis-je, avec provocation. 
« Non, mais c’est dangereux !
– Tu as peur, tu as peur, trouillarde, tu as peur, moi j’irai toute
seule ! » Ne pouvant m’en empêcher, elle m’accompagna.
L’eau bougeait en tous sens et le vent emporta la barque très
au large. Une grande rafale fit tout chavirer et nous tombâmes
à l’eau. Agrippée à la barque, je pus être sauvée. Helena, elle, ne
pouvant résister aussi longtemps, mourut noyée ! Inconsolables,
nos parents ne me grondèrent même pas, au moins j’étais vi-
vante ! Helena, étant toujours leader, ils crurent que l’idée venait
d’elle !
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Les chambres d’hôtes

Je ne dis jamais rien. Mais depuis, je ne puis plus rien appré-


cier. Un jour, n’en pouvant plus, je dis la vérité, mais personne
ne le crut. J’ai hérité de tout, de l’amour, de l’argent, de toutes
les attentions mais ce souvenir me hante, car c’est moi qui l’ai
tuée ! Stupidement, par orgueil et par jalousie.

« Nous te croyons. » dirent ensemble tous les autres.


« Que souhaites-tu faire pour retrouver la sérénité ? »
Le silence revint, puis elle parla ainsi : 
«  Je vais renoncer à tout mon héritage et créer avec cette
fortune, une aide aux orphelins et aux plus démunis. Je vais
travailler afin de les aider. Un jour peut-être retrouverai-je la
paix.
– Oui, tu peux essayer dirent les voix toutes ensembles. »

Un soupir s’entendit profond et déchirant. Un éclair zébra le


ciel étoilé et un coup de tonnerre retentit très au loin.
« Qui veut continuer ? » questionna la Voix.

« Moi : mon nom est Gargamel et je suis un sorcier, doublé


d’un alchimiste. Je ne pense qu’à l’or et la pierre philosophale
m’obsède depuis toujours ! J’exploite tout le monde et me nour-
rit de l’énergie comme du savoir des gens, les détruisant les uns
après les autres  ! Un dessinateur connu m’a démasqué et pour
se moquer de moi, a écrit plusieurs bandes dessinées où il me
montre en train de pourchasser des petits êtres bleus nommés
Schtroumpfs, soit pour les manger, soit pour leur prendre leur
ADN, leur fameuse couleur bleue me permettant de fabriquer la
pierre philosophale afin de produire de l’or pour m’enrichir. Je ne
puis traverser leur village, mais si l’un d’eux s’éloigne, je le capture
et cherche à l’anéantir. Je suis un sorcier maléfique dans la réalité,
désormais immortalisé dans les bandes dessinée, mais ridiculisé.
Je suis toujours accompagné d’un chat noir appelé Azrael, aussi
méchant que moi. Ma vie est un enfer et je ne sais comment faire
pour y échapper ?
– Cherche une idée, nous reviendrons à toi plus tard, quand
tu auras trouvé.
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Les chambres d’hôtes

– Au suivant : Morgane.
– Me voici ! Je suis une beauté aux longs cheveux et mon seul
plaisir est de pervertir et de troubler les cœurs. Merlin l’enchan-
teur dont je fus l’élève m’enseigna la médecine, l’astronomie et la
magie mais je ne sais qu’en faire mauvais usage ! J’étais éperdu-
ment amoureuse du Chevalier Guyomart, mais découvrant un
jour son infidélité, je décidai de me venger. Je le suivis donc, lui et
son amante et leur jetai un sort, les attachant l’un à l’autre, en les
condamnant à se voir sans cesse sans jamais pouvoir se rejoindre.
Grâce à ma beauté, j’utilise mes pouvoirs sur les hommes et les
détruis à chaque fois. Ma vie n’a plus aucun sens et je veux en
changer !
– Comment envisages-tu cela ? lui fut-il demandé.
– Puisque je ne puis m’empêcher de séduire et de jouer des
rôles avec le besoin de me faire remarquer, j’ai pensé monter
un spectacle et raconter cette histoire pour ensuite donner tout
l’argent récolté aux acteurs sans ressources, afin qu’ils puissent
avoir une fin de vie décente. Je pourrais proposer également
dans ma troupe, du travail à ceux qui n’ont pas eu de rôle depuis
longtemps, afin qu’ils retrouvent en eux, foi et dignité. Peut-être
créer aussi un groupe où j’apprendrais aux hommes comme aux
femmes à détecter et se méfier des manipulateurs et des pervers
narcissiques !
– Ces idées méritent d’être retenues. Nous verrons au vote
final…. »

– Aux suivants...
– Nous sommes la famille Augre, et notre crime est impar-
donnable. Nous avions douze enfants, six filles et six garçons et
dans une soirée de délire et de compulsion cannibale nous avons
dévoré nos six filles tendres et douces. Pourtant nous les aimions.
Notre peur est de recommencer ce crime abominable avec nos
six garçons. Étant programmés génétiquement pour dévorer, que
faire ?
– Il vous faut vous éloigner pour toujours de vos fils afin de
protéger leurs vies et vous enfermer à jamais en cellule thérapeu-
tique dans l’Asile de la Déraison tenu par le Docteur Lorenzo,
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Les chambres d’hôtes

psychiatre qui est justement en train de concevoir de nouvelles


méthodologies pour sortir des délires génétiques. En plus, vous
aurez désormais à adopter un régime végétarien et ce, durant
toute votre vie. »
Hurlements et pleurs ponctuèrent cette annonce, mais la Voix
fut intraitable.
Puis elle poursuivit.
« Quels sont les suivants, car les heures passent et tout doit être
réglé avant l’aube !
– Je m’appelle Merlin, dit l’homme âgé étonnant de vitalité et
je viens souvent ici, plutôt pour donner un coup de main. Je suis
magicien, enchanteur, druide bénéfique commandant aux élé-
ments naturels et aux animaux. Je me reproche de m’être laissé sé-
duire par Morgane et de lui avoir appris l’étendue de ses pouvoirs
magiques dont elle ne fait pas bon usage. La culpabilité me ronge,
aussi je propose de venir aider toute ma vie durant, à remettre de
l’ordre dans la bonne marche de la conscience des terriens.
– Tout le monde a-t-il parlé ? Et toi Gargamel as-tu trouvé ta
solution ?
– Je ne puis que m’engager à ne plus chercher la pierre phi-
losophale et à ne plus vouloir tout transformer en or, à renoncer
enfin à ma cupidité. De plus je m’engage à dédicacer à vie tous
ces albums qui me tournent en ridicule, afin de ne plus jamais
retomber dans l’erreur !
– Mais... Mais nous, nous n’avons pas encore parlé, dirent
Hansel et Gretel, se levant tous les deux en même temps.
– Nous nous aimons tant, même peut-être trop, puisque nous
ne pouvons pas nous passer l’un de l’autre. Et pourtant, dit Gre-
tel, éclatant en sanglots, j’ai failli abandonner Hansel, pour sauver
ma vie et la culpabilité me ronge à cette pensée !
– Mais finalement, tu es restée pour me sauver, lui répondit-il.
– Oui, mais à quel prix, depuis je mange en permanence et suis
atteinte de boulimie.
– En fait notre gourmandise a failli causer notre perte ! Pour
retrouver paix et sortir de l’excès affectif qui nous ronge, nous
pourrions nous astreindre à ne plus jamais goûter de sucreries
durant toute notre vie.
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Les chambres d’hôtes

– De plus, une fois par an, nous nous séparerons durant trois
mois consécutifs, pour ne plus être aussi dépendants l’un de
l’autre. »

Un grésillement envahit la salle de conférence et des filaments


lumineux de toutes les couleurs, se relièrent les uns aux autres.
Soupirs et larmes s’entremêlaient en vrille. Une atmosphère élec-
trique insoutenable parcourait le lieu de rencontre, ponctuant de
décharges électriques chaque mouvement esquissé. Une fois le
dernier sanglot exprimé, s’écartant lentement, la voûte du pla-
fond étoilé s’ouvrit en deux morceaux. Dans les nuées nocturnes
les tensions s’évacuèrent, allant se figer dans le globe lunaire. La
légèreté revint et chaque hôte alla respirer la fraîcheur précoce
matinale.

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Les chambres d’hôtes

Le lendemain

Se groupant autour du petit lac, ils virent l’aube rose et blanche


se lever, comme à son premier bal. Les traits tirés mais l’âme apai-
sée, ils regagnèrent leurs chambres.
Demain serait un autre jour, une nouvelle destinée.
Le halo de fumée rouge enveloppant la maison s’était dissipé.
A sa place, tout autour, avaient surgi des centaines de coquelicots.
Les larmes évacuées par les orifices creusées à l’intérieur et com-
muniquant dans le jardin, s’étaient déversées dans le lac dont le
niveau avait beaucoup monté. Il alimentait désormais une chute
d’eau permettant d’arroser les champs aux alentours. Les oiseaux
recommencèrent à gazouiller. Seules les grenouilles du lac présen-
taient sur le vert vif de leur livrée d’antan, plusieurs points rouges
éclatants, seuls vestiges de cette nuit si particulière.
Le petit déjeuner fut servi à l’heure habituelle. Comme les
autres fois, il y eut profusion de brioches et viennoiseries en tout
genre, confitures et fruits, jus d’orange, nectars divers, café, thé,
ou chocolat au choix.
On eut dit que rien n’avait eu lieu la veille. La maison tournait
toujours doucement sur elle-même au rythme du soleil. L’air était
d’une légèreté vraiment exceptionnelle.

Serena sortit calme et tranquille de sa chambre et sourit même


à Gargamel qui avait meilleure mine. Il salua les autres occupants
d’un bonjour plutôt affable et s’installa pour la collation avec un
plaisir évident. Merlin tendit galamment son bras à Morgane plus
discrète que d’habitude. La famille Augre passa son dernier petit
déjeuner en famille, leurs enfants babillant joyeusement, soulagés
à l’évidence de se séparer de leurs parents.
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Les chambres d’hôtes

Hansel et Gretel avaient pris des distances tout en restant


dans la convivialité.

Huit jours passèrent où chacun prit de nouveaux repères, La


maison d’hôtes ressemblait à une charmante demeure familiale
où la communication était aisée.
Tous y passaient enfin de vraies vacances.

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Les chambres d’hôtes

Calme et Interlude

Puis vint le temps de la séparation et du départ. Chacun au


moment de partir, reçut en mains propres, de leur hôtesse, une
petite enveloppe parfumée au jasmin, contenant une invitation à
la même date mais pour l’année prochaine, afin de faire le point
sur leur situation.

L’horloge tinta au clocher du village, la terre exhalait son odeur


printanière. Chacun reprit son chemin et son destin et le lieu re-
trouva sa vocation première. Le panneau complet fut enlevé, et le
mot « libre » s’afficha.
Un couple d’amoureux qui passait par là fut tenté et séduit
par le charmant décor. Durant trois mois, tout se passa comme
ailleurs, de façon très classique et traditionnelle.

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Les chambres d’hôtes

Conclusion

Mais un soir de pleine lune, la chouette hulula, des person-


nages étranges arrivèrent en secret, l’atmosphère changea, le lieu
se transforma, le saule pleureur fit bruisser sa ramure de mille
confidences, l’atmosphère retomba en effervescence, et bien en-
tendu, vous vous en doutez :
Tout recommença !
Avec d’autres, bien sûr écrasés de douleurs, de secrets ingé-
rables. Les chauves-souris s’agitèrent en tous sens dans le crépus-
cule et La Maison d’Hôtes reprit son rôle, retrouvant sa mission
l’espace d’une nuit intense…
Il est ainsi des chemins, des maisons, des êtres et des destins
qui s’entrecroisent.
Si lors d’une promenade, vous êtes attiré par une direction
semblant non programmée et que, sur le chemin vous vous
croyez égaré, peut-être la croiserez-vous notre drôle de maison.
Son hôtesse vous attend.
Alors n’hésitez pas, prenez vite une chambre, l’étrange vous
surprendra, l’ambiance vous enivrera et vous repartirez de ce
lieu enchanté, l’esprit totalement libre, le cœur très léger, pou-
vant vivre vraiment enfin La Vie qui convient, sans culpabilité,
ni peur du lendemain.

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Table des matières Les péripéties du Canapé Doré

L’Entrepôt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

Le départ : Disney Land. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

De la tour Eiffel à Disney Land . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

Le Propriétaire de la tour. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

La chambre de Gustave Eiffel. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

Avant Noël - Le rendez-vous. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

Magie et Sorcellerie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

La planète en danger . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

Le douzième coup de minuit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

L’illusion suprême . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

Mission accomplie au Château de la Belle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37

L’Antidote . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39

La solution du Petit Prince. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41

Le Strip-Tease du siècle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43

Post-scriptum. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45

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Table des matières Les chambres d’hôtes

Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49

Arrivée des hôtes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51

Le jardin et la maison. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55

Les derniers arrivés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59

Le crépuscule. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61

Distribution des rôles. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63

Les huit chambres d’hôtes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65

Le rendez-vous de vingt-trois heures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67

Chacun son tour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71

Le lendemain. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77

Calme et Interlude. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79

Conclusion. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81

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Cet ouvrage a été imprimé en U.E.
Dépôt légal : 2016
ISBN :

Maquette : Adiktion Studio

Adiktion Studio, Quartier di Campredi, A Casabianca - 20 218 Moltifao


Tél. : +33 (0) 495 768 893

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