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Infrastructures, environnement
et transport par voie d'eau
III
Cet ouvrage fait par tie de
Transport fluvial et maritime
(Réf. Internet ti604)
composé de :
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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Transport fluvial et maritime
(Réf. Internet ti604)
Geoffroy CAUDE
Ingénieur général des ponts, des eaux et des forêts. Membre permanent du
Conseil général de l'environnement et du développement durable. Président
de l'AIPCN (association mondiale pour les infrastructures de transport
maritimes et fluviales)
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V
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VI
Infrastructures, environnement et transport par voie d'eau
(Réf. Internet 42617)
SOMMAIRE
Dragages des chenaux d'accès maritimes et portuaires. Gestion des sédiments TRP5005 15
dragués
Voies navigables C5550 23
Stratégies de coopération pour la mise en réseaux des ports intérieurs et maritimes TRP5013 97
européens
Gestion de patrimoines d'infrastructures portuaires TRP5020 101
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VII
Transport et développement durable AG8230 113
Écoconception des ouvrages maritimes : de la théorie aux exemples appliqués GE1024 167
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Infrastructures, environnement et transport par voie d'eau
(Réf. Internet 42617)
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1– Conception des infrastructures et aménagements Réf. Internet page
Dragages des chenaux d'accès maritimes et portuaires. Gestion des sédiments TRP5005 15
dragués
Voies navigables C5550 23
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Référence Internet
C4630
Principes d’implantation
et d’aménagement des Ports Maritimes
1
par Paul SCHERRER
Ingénieur Général des Ponts, des Eaux et des Forêts
Directeur Technique et Projets du GPMH (Port du Havre) – Directeur du Projet Port 2000
Représentant français au Comité Environnemental EnviCom de l’AIPCN/PIANC
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Référence Internet
C4630
1
– aux données techniques pour concevoir les ouvrages extérieurs et intérieurs
du futur port ;
– à la concertation avec les populations locales, les ONG et les différentes
administrations nationales ou supra-nationales.
Le but de ces études est de proposer des solutions adéquates en vue de :
– sélectionner le site présentant le meilleur compromis entre les divers impé-
ratifs et contraintes ;
– retenir un parti d’aménagement général se traduisant par l’élaboration d’un
plan de masse initial, complété par d’éventuelles variantes et par les phases
ultérieures ;
– ce parti d’aménagement devra intégrer le plus en amont possible l’insertion
environnementale du projet avec des mesures de suppression ou réduction
d’impact, ainsi que d’accompagnement environnemental ;
– choisir le meilleur cadre juridique pour réaliser le futur port ;
– réaliser non seulement les infrastructures portuaires, mais aussi les autres
infrastructures de transport (routes, autoroutes, voies ferrées, voies navigables,
pipe-line…) nécessaires au bon fonctionnement du port ;
– doter le port des moyens les plus appropriés pour traiter, le plus efficace-
ment possible les divers trafics et les informations nécessaires au commerce
national et international.
Le présent article ne peut, bien entendu, être dissocié de l’article Ports de
commerce et de pêche. Aménagement et équipements intérieurs [C 4 640]. En
effet, comment imaginer que les dispositions adoptées pour l’aménagement
intérieur soient sans conséquences sur le tracé des ouvrages extérieurs et
réciproquement ?
Toutes les étapes de la conception devront être menées de front pour permet-
tre que les décisions prises quant à la politique d’aménagement soient inté-
grées au mieux dans le projet.
Le présent article ne traitera, ni de la problématique des ports militaires, ni de
celle des ports de plaisance qui ont leurs spécificités particulières, très éloi-
gnées de celles des ports à vocation de transport.
Des ports situés à l’intérieur des terres et qui accueillent les navi-
1. Définition et rôle des ports res de mer tels que Anvers sur l’Escaut, Rouen sur la Seine sont
aussi, bien entendu, des ports maritimes.
maritimes
1.2 Rôle des ports maritimes
1.1 Définition Le port est un maillon de la chaı̂ne de transport qui permet d’as-
surer le passage d’un mode de transport maritime à un mode de
Un port est un endroit géographique par lequel transitent des transport terrestre, voire un autre mode maritime via le transborde-
marchandises et/ou des passagers. ment entre lignes.
Un port maritime est un port qui accueille des navires de mer, Avant d’envisager l’implantation et l’aménagement d’un port, il
qui est un lieu de rendez-vous entre ces navires de mer et l’en- est nécessaire de bien identifier les fonctions que l’on désire voir
semble des divers modes de transport terrestre. C’est également assurer par ce port. Il faut donc se poser la question essentielle :
nécessairement un téléport par lequel transitent toutes les données un port, pour quoi faire ?
informatisées indispensables à la facilitation du transit, aussi bien De la réponse à cette question découlera tout le reste, y compris
des navires que des marchandises. les partis d’aménagement.
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Référence Internet
C4630
L’apparition de la conteneurisation dans les années 1960, puis 1.2.3 Ports minéraliers
son formidable développement à partir des années 1980, a for- Les ports minéraliers, ou charbonniers, ont pour rôle essentiel,
tement estompé la distinction traditionnelle entre ports à soit de charger les marchandises extraites des mines, en vrac à
fonction unique et ports à fonctions diversifiées. bord des navires, soit de les décharger.
En effet, le conteneur nécessite des installations très spécifi-
ques, comme pour les ports à fonction unique, mais permet Bien des ports de chargement ont pour seule activité ce type de
de transporter à peu près toutes les marchandises que l’on trafic, ils sont, en général, implantés dans des zones qui permettent
peut imaginer et est donc par définition multi-usages. à la fois un accès maritime aisé et un acheminement terrestre facile.
Aujourd’hui, leur rôle est essentiellement réduit au trafic sur 1.2.5 Ports pétroliers
courtes distances ou au trafic des voyageurs désirant emmener
Ce domaine est certainement le seul où la problématique ne soit
leur véhicule. Ce trafic est, principalement, assuré par des car-fer- plus l’augmentation de taille des navires. Ainsi, alors qu’une centaine
ries dont l’équilibre financier est souvent largement complété par d’ULCC (Ultra Large Crude Carrier de port en lourd supérieur à
le transit des poids lourds. 320 000 tonnes) a été construite (notamment le « Pierre Guillaumat »
L’implantation de ces ports est bien évidemment dictée par des de 555 000 tpl, 414 m de long, 63 m de large, 28,6 m de tirant d’eau),
considérations géographiques : Calais, Douvres, Tanger (face à l’Es- depuis la crise pétrolière des années 1970, la plupart ont été démolis.
pagne), Incheon (face à la Chine).
Les plus grands pétroliers encore en exploitation sont des
L’aménagement de ces ports, dont le trafic peut représenter VLCC (Very Large Crude Carrier) qui transportent entre
comme à Calais quelques 12 millions de passagers et 40 millions 150 000 et 300 000 tonnes.
de tonnes de marchandises par an, fait appel à des solutions parti-
culières décrites dans l’article [C 4 640].
Il n’en reste pas moins que les ports pétroliers nécessitent de très
larges espaces pour permettre l’évolution de grands navires, tout
Il faut, par ailleurs, souligner le développement très fort de la croi- en leur offrant des profondeurs importantes. Le respect de ces
sière dans certaines zones géographiques (Caraı̈bes, mais aussi contraintes limite considérablement le choix des sites possibles.
Méditerranée, Ports ouest-Européens…).
Les ports pétroliers peuvent donc être classés en plusieurs caté-
gories suivant la position qu’ils occupent au sein de la chaı̂ne de
L’accueil occasionnel des navires de croisière en escale ne néces- production des produits raffinés.
site pas d’infrastructures particulières. Dans certains cas, les paque-
bots qui sont de plus en plus grands (par exemple le paquebot & Ports d’expédition
« Oasis of the Seas » de Royal Carribean Cruiseline : 360 m de Leur rôle est de charger à bord des navires le pétrole but extrait
long, 47 m de large, 6 296 passagers et 2 165 membres d’équi- des champs pétrolifères.
page), restent même sur rade et mettent en œuvre des navettes Leur implantation est située au plus près des lieux de production.
avec leurs propres vedettes pour les passagers souhaitant mettre Les installations peuvent être constituées :
pied à terre.
– de simples bouées de chargement au large ;
Par contre, un port de base (c’est-à-dire de début et fin de croi- – d’appontements spécialisés, tels que ceux de Ra’s Tannura
sière) nécessite impérativement l’accueil à quai et toute une série (Aradie Saoudite) ;
de superstructures pour régler les questions d’avitaillement, mise – de structures offshore sophistiquées comprenant des installa-
à bord des bagages, sécurité, sûreté, etc.). tions de stockage en mer comme à Ekofisk.
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e transport par voie d’eau est historiquement vital pour le commerce inté-
L rieur et international. Il offre le transport le plus économique, le plus
économe en énergie et le moins polluant de tous les types de frets.
Les objectifs pour les armateurs d’améliorer la rentabilité du transport mari-
time et les développements techniques ont conduit à construire des navires de
plus en plus grands, de plus en plus lourds, avec des tirants d’eau de plus en
plus forts, obligeant ainsi les places portuaires à adapter et dimensionner leurs
1 infrastructures (chenaux d’accès aux ports, ouvrages d’accostage) pour rece-
voir de tels navires. Les ports d’estuaire ont ainsi progressivement cédé la
place aux ports côtiers, les chenaux d’accès, plus courts, se prêtant plus facile-
ment aux travaux d’approfondissement.
Pour le transport de conteneurs, seul certains grands ports côtiers ont dû ou
pu adapter leurs infrastructures portuaires pour permettre l’escale de navires
porte-conteneurs de dernière génération.
C’est ainsi que Port 2000 au Havre a été mis en service en 2006, le linéaire de
quai ayant été augmenté de 2,1 km en 2010, ou pour des navires de 16,00 m de
tirant d’eau, voire plus (jusqu’à 18,00 m).
Sous la pression de ces nouveaux modes de transport cités ci-dessus, la
plupart des grands ports, en bordure du littoral maritime, ont été ainsi poussés
à mettre en œuvre des projets d’élargissement et d’aménagement des chenaux
d’accès, bassins, zones d’évitages, faisant massivement appel aux divers
moyens de dragages, consistant à creuser, transporter, vider ou mettre en
dépôt les sédiments dragués sur un site approprié.
Le défi de la massification des trafics maritimes nécessite, pour être atteint,
de réduire le temps de passage au port des conteneurs ou des passagers, en
organisant simultanément une desserte adaptée de l’hinterland : d’abord des-
serte fluviale, lorsqu’elle existe pour les arrières-ports d’estuaire, et desserte
ferroviaire, puis desserte routière fluide. À titre indicatif, un très faible pourcen-
tage de conteneurs déchargés au port du Havre à destination de la France
intérieure est redistribué par la voie fluviale et la voie ferroviaire, alors que
plus de 80 % de ces conteneurs sont réacheminés par la route.
On ne peut donc admettre que les ports ne soient qu’une porte d’accès d’une
chaîne de transport dont on néglige les autres maillons. Cette chaîne de trans-
port, et notamment la voie maritime et fluviale mérite d’être soignée, valorisée,
et entretenue de bout en bout.
Or, parallèlement à la réalisation des travaux d’investissements, la marée et
les crues apportent naturellement et inexorablement ses sédiments marins et
fluviaux, obligeant les ports à mener des campagnes de dragages d’entretien
des accès navigables pour préserver les fonds nécessaires à la navigation et
sécuriser l’accueil des navires.
Trois catégories d’acteurs sont, de nos jours, concernés : le citoyen (habi-
tants, professionnels de la mer), le politique et l’ingénieur.
Depuis les années 1990, les nouvelles exigences des populations locales en
matière d’environnement et de qualité de vie ont conduit les maîtres
d’ouvrages à des procédures de concertation avec les habitants et les élus sur
les projets portuaires importants.
Le politique qui a bien conscience des conséquences, des réels enjeux à terme
et des risques environnementaux à la mesure du gigantisme des moyens de
transports maritimes internationaux, navires porte-conteneurs de plus de
21 000 EVP, navires de croisières de plus de 8 000 personnes embarquées (les
navires pétroliers de plus de 400 000 tonnes de port en lourd (tpl) ayant été à ce
jour désarmés ou démantelés), devrait toutefois prendre quelque distance avec
les armateurs toujours plus portés vers les économies d’échelle.
Il reviendra alors à l’ingénieur de démontrer au citoyen et au politique ses
capacités à :
– réaliser dans les règles de l’art technique et dans le respect des pratiques
environnementales vertueuses les opérations de dragage d’entretien tout au
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Référence Internet
TRP5005
Dans les années 1960 et 1970, la mutation du transport maritime de pétrole vers la
mise en service de géants de capacité de 550 000 tpl (Batillus et Bellamya) – on évoquait
même des capacités de 1 million de tpl – a conduit l’État français et le port du Havre à
décider, en 1969, la construction du port d’Antifer. Ce port a été réalisé entre mars 1973
et novembre 1975. Le navire de dimensionnement était le Batillus de 414 m de long, 63 m
de large et 28,60 m de tirant d’eau, avec possibilité d’approfondir à 35 m pour des
navires de 1 million de tpl.
Deux chocs pétroliers, la réouverture du canal de Suez en 1975, ainsi que le naufrage
de l’Amoco Cadiz en 1978 ont provoqué le renoncement des armateurs à utiliser les
grands navires mis en service et ces derniers sisterships (Batillus, Bellamya construits en
1976, Pierre Guillaumat et Parial respectivement construits en 1977 et 1979) :
– les deux premiers ont terminé leur carrière en 1983 et ont été ferraillés en 1985 ;
– les deux autres ont été démolis en 2003.
Aujourd’hui, seul reste encore en service un grand pétrolier de 440 000 tpl (Ti Oceania).
Ceux qui conservent en mémoire les cinq accidents majeurs de navires pétroliers entre
1967 et 2002, cités en annexe, ont été probablement rassurés de la décroissance de la
taille des navires et des cargaisons unitaires de pétrole transporté par voie maritime.
Dans le même temps, l’intérêt pour les armateurs de massifier les transports a gagné
deux types de transports distincts, conteneurs et passagers dont l’évolution des caracté-
ristiques figure en annexe 1 (§ 8).
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Niveau de la mer Hw
Niveau nominal
Pied de pilote net du fond
Pied de pilote brut
de chenal Hc
Mais il y a lieu, pour l’ingénieur, d’introduire des marges supplé- dragage garantissant les performances du chenal, à un coût global
mentaires liées à la définition, l’organisation, la conduite des acceptable par l’autorité portuaire. D’où des schémas d’organisa-
dragages, le déclenchement et la fréquence des interventions, tion mis en œuvre par certains états ou autorités portuaires et
toutes considérations influant sur le mode d’exécution des travaux décrits à la section 4.
et de choix des outils adaptés pour satisfaire aux objectifs d’exploi-
tation du chenal : le niveau nominal des dragages d’entretien du
chenal.
Pour passer du niveau nominal du fond du chenal au niveau 2. Processus de dragage
nominal de dragage, il faut ajouter les marges suivantes :
– la précision des dragages : cette précision dépend du maillage
Le processus de dragage comporte trois étapes que l’on exécute
et de la densité de points de sondes bathymétriques et de la
successivement : excavation, transport et rejet ou dépôt à terre des
confiance dans les informations fournies par les opérateurs. C’est
matériaux.
pourquoi ces missions spécifiques méritent d’être réalisées par des
professionnels recrutés en interne par le maître d’ouvrage ; Il est possible qu’un seul dispositif exécute l’ensemble de ces
– l’épaisseur des dépôts de sédiments apportés par la marée trois opérations. Au contraire, parfois trois engins différents sont
dans le chenal entre deux opérations de dragage ; nécessaires pour l’extraction (drague), le transport (barges,
– la marge de tolérance d’exécution sur les travaux de dragage. conduites hydrauliques) et pour le rejet ou la mise en dépôt des
Un point est fondamental : les opérations de dragages peuvent- matériaux (refouleur, élévateur).
elles être exécutées de façon discontinue ou doivent-elles être En outre, pour certains travaux spéciaux, dans des terrains durs,
assurées par une permanence continue ? un ameublissement des matériaux préalablement à leur extraction
On pourrait être tenté d’espacer le plus possible les campagnes est nécessaire.
de dragage, en augmentant la marge correspondant à une plus
grande épaisseur de sédiments, c’est-à-dire en « surcreusant » le
chenal de navigation ; mais les apports sédimentaires n’étant pas 2.1 Phase de dragage
linéairement croissants avec la profondeur (la vitesse critique
d’entrainement des matériaux de diamètre d sous l’action d’un Cette phase concerne l’excavation et l’extraction des sédiments
courant est une fonction logarithmique de la hauteur d’eau), l’opti- du fond sous le plan d’eau. Une machine spéciale – la drague – est
mum économique entre dragages continus ou discontinus est à utilisée pour creuser, prendre ou déplacer le sédiment, que ce soit
analyser site par site. mécaniquement, hydrauliquement ou par action combinée.
En outre, le vent et la houle de tempête peuvent créer en moins La nature des matériaux influe de façon prépondérante sur le
de 24 h des ondulations de fond (ridins) qui nécessitent d’être rapi- choix du type d’engin à utiliser. Les vases plus ou moins fluides,
dement dragués. les sables, graviers, galets, « blocs sédimentaires », roches
La mission de l’ingénieur est d’analyser les différents para- tendres, telles qu’argiles, marnes, craies, roches dures, nécessitent
mètres technico-économiques pour définir la meilleure stratégie de de mobiliser des matériels de type spécifiques.
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■ Draglines
La dragline est une grue équipée d’un godet spécial mis en place
à l’extrémité d’un long mât.
Le godet est traîné sur le sol au moyen d’un câble attaché à
l’avant du ponton, alors qu’à l’arrière un second câble maintient
l’inclinaison voulue pour permettre au godet d’attaquer le sol et de
le charger correctement.
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a b
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Voies navigables
1. Contexte.................................................................................................. C 5 550v2 - 2
1.1 Voies navigables en Europe et dans le monde ..................................... — 2
1.2 Performance des voies navigables......................................................... — 2
1.3 Intégration des voies navigables dans la chaîne logistique................. — 3
1.4 Principaux types de marchandises transportées .................................. — 3
1.5 Valeur ajoutée pour la société ................................................................ — 3
2. Conception d’une voie navigable .................................................... — 4
2.1 Principes de conception .......................................................................... — 4
2.2 Types d’aménagement ............................................................................ — 4
2.3 Aspects hydrauliques généraux ............................................................. — 7
2.4 Prise en compte des impacts sur l’environnement............................... — 9
3. Ouvrages d’une voie navigable ........................................................ — 10
3.1 Aménagement du chenal ........................................................................ — 10
3.2 Écluses ...................................................................................................... — 12
3.3 Ouvrages de retenue : barrages mobiles et seuils fixes....................... — 19
3.4 Ouvrages associés ................................................................................... — 22
4. Ports fluviaux ........................................................................................ — 23
4.1 Conception et construction ..................................................................... — 23
4.2 Exploitation............................................................................................... — 23
4.3 Haltes nautiques pour bateaux de tourisme et de croisière................. — 24
5. Exploitation de la voie navigable..................................................... — 24
5.1 Exploitation générale............................................................................... — 24
5.2 Surveillance .............................................................................................. — 25
5.3 Entretien et renouvellement.................................................................... — 26
6. Conclusion.............................................................................................. — 26
7. Glossaire ................................................................................................. — 27
Pour en savoir plus ....................................................................................... Doc. C 5 550v2
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1.3 Intégration des voies navigables agricoles et denrées alimentaires. Ces types de marchandises en
vrac impliquent souvent de gros envois, sont peu sensibles aux
dans la chaîne logistique temps d’acheminement, mais en raison de leur valeur relativement
faible par tonne sont sensibles aux coûts de transport [50].
Pendant la plus grande partie du XXe siècle, le système de trans-
port a fonctionné et évolué dans des cadres réglementaires essen- Le transport de marchandises par conteneurs est un marché en
tiellement mono- « modaux ». Le développement rapide de la pleine croissance pour les voies navigables et représente l’une des
conteneurisation, la mondialisation des échanges ont conduit à opportunités prometteuses pour la croissance future. Dans l’Union
l’intégration du transport de fret dans un cadre logistique pluri- ou européenne par exemple, il a augmenté de 30 % entre 2007 et
intermodal [42]. 2016 ; une bonne partie de cette croissance provient du transport
des conteneurs vers l’hinterland des grands ports européens reliés
C’est particulièrement le cas du transport par voie navigable.
à la voie navigable à grand gabarit [14] [15].
Contrairement à son concurrent routier, il ne peut souvent pas
assurer un approvisionnement direct de porte à porte. Cela conduit L’implantation de grands ports au sein de métropoles a permis
à des chaînes logistiques plus complexes, intégrant des ruptures de développer de nouveaux types de trafics comme les déchets
de charge et des transbordements ainsi qu’un pré- ou post- ache- (récupération et recyclage) avec des bateaux adaptés.
minement par voie routière, par exemple de conteneurs [38].
Le transport par voie navigable s’intègre cependant bien dans
les chaînes d’approvisionnement grâce à ses qualités 1.5 Valeur ajoutée pour la société
intrinsèques : faible coût par unité transportée (sur des longues
distances), capacité de transport de gros volumes, prédictibilité Grâce à son caractère massifié, le transport fluvial répond aux
grâce à l’absence de congestion, sécurité et sûreté, faible émission exigences des trois piliers du développement durable [36].
de gaz à effet de serre. Sur le plan économique, les prix de marché du transport fluvial
Les ports intérieurs jouent un rôle crucial dans les chaînes de sont compétitifs face à ceux de la route.
transport multimodales comme lieu d’échange vers les autres Sur le plan environnemental, il est à la fois sobre pour ce qui est
modes de transport, comme points de connexion avec les centres de la consommation d’énergie et vertueux en matière d’émission
logistiques, les zones industrielles et les grands marchés de de gaz à effet de serre. Un convoi poussé (figure 2) ou un grand
consommation métropolitains [50]. automoteur rhénan émettent 4 fois moins de CO2 par TK qu’un
poids lourd. Les émissions de particules fines des moteurs de
bateaux sont toutefois un point d’attention qui pousse à la rénova-
1.4 Principaux types de marchandises tion de la motorisation et à l’innovation pour les sources d’énergie
transportées (GNL, électricité, hydrogène) [14] [TRP 5 023].
Concernant le pilier social, le mode fluvial génère peu d’acci-
Les voies navigables jouent un rôle de premier plan dans le dents et contribue à décongestionner les réseaux routiers surchar-
transport de minerais, de charbon et de produits pétroliers, de gés dans les régions densément peuplées. De plus, la voie d’eau
matériaux de construction, de produits chimiques et de produits n’est pas exclusivement une infrastructure de transport [4]. Elle est
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1
[m]
400
IV Johann 80 à 85 9,5 2,50 1 000 à 1 barge E I 85 9,5 2,50 - 1 250 à 5,25 ou
Welker 1 500 2,80 1 450 7,00
Va Grands 95 à 110 11,4 2,50-2,80 1 500 à 1 barge E II 95 à 110 11,4 2,50 - 1 600 à 5,25 ou
Rhénans 3 000 4,50 3 000 7,00 ou
9,10
9,10
VIb 140 15,0 3,90 4 barges E II 185 à 195 22,8 2,50 à 6 400 à 7,00 ou
2×2 4,50 12 000 9,10
Tableau 2 – Caractéristiques des voies navigables à adopter pour les projets (extrait)
Rectangle de naviga-
Tracé en plan : courbes Écluses Ponts
tion minimal
27
Référence Internet
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2.2.3 Choix de la classe d’une nouvelle voie En général, ces techniques sont difficiles à mettre en œuvre et
navigable exigent des dragages d’entretien non négligeables [TRP 5 005].
Elles sont en revanche peu onéreuses en investissement.
Le choix de la classe d’une nouvelle voie navigable dépend de Les caractéristiques minimales des voies d’eau aménagées à
différents facteurs : courant libre peuvent être momentanément accrues, en période
– le trafic attendu, qui peut résulter, pour les grands projets, d’étiage accusé, par une augmentation artificielle du débit, si l’on
d’une étude économique ; dispose en amont d’un barrage réservoir.
– la rentabilité de l’investissement (comparaison coût –
1
Les cours inférieurs des grands fleuves en zone intertropicale,
avantage) ;
bénéficiant de débits soutenus en toutes saisons, peuvent être
– la topographie ; navigables sans aménagement important, si ce n’est le balisage du
– la classe des voies navigables auxquelles se raccorde la nou- chenal et des dragages localisés. C’est le cas par exemple du
velle infrastructure, notamment la taille des écluses s’il y en a ; fleuve Rouge au Vietnam [44].
– l’impact sur l’environnement.
Tous ces facteurs permettent de définir le bateau ou l’unité flu-
2.2.5 Aménagement par création de retenue
viale de projet, dont découleront les caractéristiques géométriques
à adopter : tracé en plan et profils en travers du chenal, hauteur
en rivière
libre sous les ponts, dimensions des écluses ou autres ouvrages Ce procédé consiste à relever le niveau des lignes d’eau de la
de franchissement. rivière en construisant des barrages à bouchure mobile, dits de
navigation. Ces ouvrages créent localement des dénivelées qu’il
2.2.4 Aménagement à courant libre faut pouvoir franchir. Il est donc, dans ce cas, nécessaire
d’adjoindre au barrage un ouvrage de franchissement (écluse,
Pour rendre un cours d’eau navigable, il faut presque toujours ascenseur).
augmenter les profondeurs à l’étiage et adapter le tracé et la lar- La surélévation des lignes d’eau ne doit pas créer de dommages
geur du lit aux impératifs de la navigation. aux riverains. Il faut donc, dès que le relèvement est un peu impor-
Il est nécessaire pour cela d’avoir une bonne connaissance de la tant, protéger par des digues les terrains agricoles ou les habita-
morphologie fluviale et de sa dynamique. tions situées en bordure de la retenue, et assurer l’écoulement des
eaux pluviales par des moyens appropriés (contre-canaux de drai-
Les lois qui régissent l’évolution morphologique d’un cours
nage, stations de relevage...).
d’eau sont complexes et nécessitent des observations sur une
longue période : relevés hydrographiques, mesures du transport En outre, les ouvrages construits doivent laisser passer les
sédimentaire, détermination de la nature des matériaux constitutifs débits de crue sans aggraver les niveaux naturels. Cela conduit la
du lit mineur, mesures hydrométriques. plupart du temps à prévoir des barrages dont l’effet s’atténue
lorsque le débit augmente, c’est-à-dire des barrages à bouchure
Elles permettent de définir, à partir du débit, de la pente et de la
mobile (voir § 3.3).
nature des fonds, la longueur d’onde et les rayons de courbure du
chenal. Toutefois, elles ne suffisent pas à s’assurer de la stabilité Différents types d’aménagement sont possibles suivant que les
des fonds et doivent être généralement complétées par des études ouvrages de bouchure et de navigation sont implantés côte-à-côte
sur modèle réduit en fond mobile. ou non, sur la rivière elle-même ou sur un canal de dérivation. On
distingue :
L’aménagement à courant libre consiste à créer un chenal dont
le maintien est assuré par le pouvoir érosif de la rivière. Pour cela, – les aménagements sans dérivation pour lesquels le barrage et
il faut approfondir le lit existant, concentrer le débit dans le chenal l’ouvrage de franchissement sont implantés sur la rivière elle-
à l’aide d’épis plongeants et de digues basses et fermer les bras même ou à proximité (Saône ou Mékong [32]) ;
secondaires par des seuils submersibles en hautes eaux. – les aménagements avec dérivation où le barrage reste sur ou à
proximité de la rivière, l’ouvrage de franchissement étant construit
Une autre technique consiste à guider les courants à l’aide de sur une dérivation plus ou moins longue (Rhône) ;
panneaux (en béton ou même en bois dans certains pays) accro- – les aménagements avec canal latéral où un seul barrage per-
chés à des pieux métalliques ou en bois. Cette méthode dite des met d’alimenter un canal de grande longueur sur lequel se trouve
panneaux de fond a été employée en Afrique et dans les années en général plusieurs ouvrages de franchissement successifs (grand
1970 sur le Petit Rhône en aval d’Arles. Cette technique convient canal d’Alsace).
pour des fonds sableux ou limoneux alors que la précédente
s’applique mieux aux fonds de sables, graviers et galets. La création de retenue permet souvent de prendre en compte,
lors de la réalisation de l’aménagement, des objectifs autres que la
Un tel aménagement n’est possible que si le débit d’étiage de la navigation tels que :
rivière est supérieur au débit qui correspond à la section minimale
nécessaire à la navigation et si la pente n’est pas trop forte. De – la production d’énergie puisqu’une chute est créée par le
plus cette concentration du débit dans une section réduite aug- barrage ;
mente les vitesses et donc le pouvoir d’érosion du cours d’eau, ce – la protection contre les crues ;
qui peut provoquer des instabilités surtout si le tracé du chenal est – la fourniture d’eau pour des usages agricoles ou industriels ;
plus court que celui du lit initial (augmentation de la pente et donc – la création de zones de loisirs orientées vers des activités nau-
de l’action érosive). tiques et aquatiques.
La technique d’aménagement à courant libre convient pour les L’aménagement devient alors un aménagement à buts multiples
rivières à gros débit d’étiage (plusieurs centaines de mètres cube et la création de la voie navigable devient une opération complète
par seconde) et à faible pente (quelques décimètre par kilomètre). d’aménagement du territoire [41].
Elle rencontre cependant des limites et ne permet généralement
pas de garantir le tirant d’eau important que nécessitent les 2.2.6 Canaux artificiels
bateaux modernes. Par exemple, dans le cas du Rhône, où l’étiage
atteint 300 m3/s, elle n’a pas permis de dépasser 2 m de tirant Ce type d’aménagement est utilisé pour réunir deux vallées
d’eau pour cet étiage et un aménagement global par création de entre elles (exemple du canal Main-Danube, en Allemagne et du
retenues a été réalisé. De nos jours, le Rhin et le Danube, dans projet de canal Seine-Nord - Europe entre le bassin de la Seine et
leurs parties aménagées à courant libre, connaissent certaines celui de l’Escaut) grâce à un « escalier d’eau » constitué de plu-
années des périodes de basses eaux prolongées [14]. sieurs biefs avec ouvrages de franchissement. Le principal
28
Référence Internet
AG5125
Dimensionnement logistique
d’un site
par ETDE Logistique Service, Conseil et Ingénierie
1
1. Généralités sur le dimensionnement logistique .............................. AG 5 125 - 2
1.1 Définition ...................................................................................................... — 2
1.2 Objectifs d’un dimensionnement ............................................................... — 2
1.3 Positionnement de l’étude dans le temps.................................................. — 2
1.4 Principes de modélisation, de calcul .......................................................... — 2
1.5 Équipe projet ............................................................................................... — 3
2. Méthodologie............................................................................................. — 5
3. Description des différentes phases .................................................... — 5
3.1 Lancement du projet, définition des objectifs ........................................... — 5
3.2 Collecte des données................................................................................... — 6
3.3 Premier modèle macro, définition des équipements structurants .......... — 6
3.4 Réflexion sur les process et procédures .................................................... — 7
3.5 Formalisation des hypothèses d’étude ...................................................... — 7
3.6 Réalisation du modèle statique de dimensionnement ............................. — 8
3.7 Analyse des résultats................................................................................... — 10
3.8 Dossier de synthèse..................................................................................... — 10
4. Étude de cas DHL ..................................................................................... — 10
4.1 Objectifs, contexte ....................................................................................... — 10
4.2 Organisation de l’étude ............................................................................... — 11
4.3 Modèle informatique ................................................................................... — 12
4.4 Difficultés rencontrées ................................................................................. — 12
5. Limites et pièges du dimensionnement logistique ......................... — 13
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. AG 5 125
29
Référence Internet
AG5125
Le premier objectif d’un dimensionnement est d’aider à la défini- Lorsqu’une entreprise a suffisamment de recul vis-à-vis de son
tion de l’organisation et de déterminer au plus juste : équipements, activité, elle dispose en général d’un référentiel d’organisation. Ce
surfaces et effectifs d’exploitation. référentiel contient les principes d’organisation, ainsi que les
notions permettant de réaliser un chiffrage global. Il peut s’agir
Le deuxième objectif est de déterminer la souplesse de l’organi- de : cadences, temps de traitement, surfaces types, ratios tels que
sation dimensionnée au regard des besoins préalablement définis le nombre d’objets à traiter, le nombre de machines, etc.
dans la stratégie. Ce retour d’informations vers la direction peut
entraîner des modifications des orientations stratégiques initiales Ces données résultent de la compilation d’analyses des services
ayant fait office d’hypothèses de dimensionnement. « méthodes/process » réalisées sur la base de chronométrages, de
comparaisons entre sites ayant les mêmes fonctions et/ou d’étu-
des sur un poste de travail.
1.3 Positionnement de l’étude
dans le temps Exemple : les prestataires de messagerie dimensionnent les
agences de distribution avec des « rapports tonnages », c’est-à-dire
L’étude de dimensionnement doit être lancée le plus tôt possible
que pour x tonnes à traiter, le chantier de préparation doit avoir une
dès lors que la décision stratégique de la direction est de restructu-
surface de x m2. Le ratio n’est pas constant pour chaque entreprise,
rer les sites de production et/ou logistiques. Il existe trois cas de
car il est fonction de nombreux paramètres, tels que le poids moyen
figure où le dimensionnement logistique intervient :
des colis, les écarts-types volumétrie et poids... Cependant, leur
1. Le positionnement du futur site est choisi, mais la recherche méthode tend à évoluer vers les méthodes de simulation expliquées
immobilière n’a pas commencé. Le dimensionnement logistique a ci-après, avec la parcellisation croissante de leurs envois.
pour objectif principal de définir la surface du hall d’exploitation
afin d’orienter la recherche immobilière. La recherche immobilière,
Le chiffrage global permet de dimensionner rapidement un éta-
une fois aboutie, nous amènera au cas 2 ou 3, et le dimension-
blissement ou un chantier. Il est utilisé principalement dans deux
nement logistique pourra être terminé.
cas de figure :
2. Le terrain est acquis, vierge ou avec un bâtiment à détruire. Le
choix du terrain a été réalisé sur la base du schéma directeur et – l’entreprise ne veut ou ne peut pas optimiser ses process ni
d’une estimation de la surface basée sur l’actuel ou un référentiel. moderniser ses techniques ou son outil de production ;
Le dimensionnement logistique permettra d’affiner le besoin en – lors de la conception de plusieurs sites ayant la même voca-
surfaces, d’optimiser la circulation des flux et de dimensionner les tion (projet de refonte du schéma directeur), le premier site sera
équipements périphériques et effectifs. dimensionné par une des méthodes expliquées ci-après et fera
3. Le choix du hall d’exploitation est arrêté, il s’agit d’un hall existant office de référence pour les autres.
dont l’activité va être restructurée, ou d’une acquisition ou d’une
location en vue, suite à l’étude schéma directeur. L’objectif principal
du dimensionnement sera alors de vérifier la surface choisie. On appelle chantier tout endroit où se passe une action
Un résumé de ces trois cas est présenté tableau 1. majeure sur le flux : déchargement, atelier de production,
zone de conditionnement, ouverture de sac, tri de palette, etc.
Nous n’abordons pas dans ce type d’étude les aspects ressources
humaines, communication et conduite du changement, mais ils doi-
vent être menés en parallèle au projet industriel. Des échanges ont
lieu entre les groupes de travail au travers du comité de pilotage. L’utilisation d’un référentiel d’organisation pour la conception
Sur la figure 1 représentant un planning type de projet de présente les risques suivants :
conception d’un site industriel, le délai d’un dimensionnement – obsolescence des ratios ;
paraît relativement long, même s’il représente seulement 1/9e du
délai global du projet. Le développement du modèle informatique – évolution des techniques et des outils de production ;
est relativement court par rapport aux étapes de formalisation, – divergence de culture entre pays, source de pratiques différen-
réflexion, analyse de données existantes qui sont source ciées non référencées. La référence est souvent établie sur le pays
d’échanges. fondateur de l’entreprise.
30
Référence Internet
AG5125
1
Réalisation du modèle de dimensionnement
Plan d'implantation générale
Comparaison, choix d'un scénario d'organisation
Déclaration de travaux
2 Consultation des fournisseurs (DCE*)
Spécifications Techniques générales et Fonctionnelles
Plans détaillés
Rédaction des cahiers des charges
Envoi de l'appel d'offre
Analyse des offres
Choix des fournisseurs
3 Avant-projet détaillé (APD)
Modélisations complémentaires de l'industriels
Suivi des études et validations des APD fournisseurs
Planification des travaux et des contrôles des organismes
Elaboration des procédures de recettes
4 Suivi des travaux (CGT*)
Suivi de fabrication des matériels
Suivi des travaux de préparation du site
Suivi des travaux d'installation
Certification CE (Communauté européenne)
5 Réception (RDT*)
Tests d'intégration
Vérification des documentations finales
6 Montée en charge
Légende
*DCE : dossier de consultation des entreprises Réunions de travail
CGT : contrôle général des travaux Comités de pilotage Mise à disposition du bâtiment
RDT : réception et décompte des travaux Validation APD fournisseurs Démarrage de la garantie
Figure 1 – Planning type du projet de conception d’un site industriel, cas no 3, aspect production
1.4.2 Principes communs à la simulation Exemple : pour illustrer le principe, prenons un exemple simpliste :
la mise en stock dans un entrepôt quelconque. Nous savons que la
cadence de mise en stock est de 200 colis par heure et par
personne soit 50 colis tous les quart d’heure. Les standards du réfé-
Définition de la simulation rentiel en matière de zone d’en-cours indiquent une capacité de 80
colis. La partie déchargement a déjà été modélisée et nous avons la
La simulation est un procédé qui a pour vocation de repro- courbe des produits déchargés (colonne 1 de la figure 1). Il s’agit de
duire la réalité par la décomposition d’un système complexe savoir, ici, si un opérateur est capable de mettre en stock tous les
en une succession de phénomènes simples. Pour dimension- produits sans saturer la zone des en-cours.
ner, on va chercher à représenter chaque poste de travail, Nous voyons sur le tableau 2 que, le maximum en reste à traiter
chaque étape de traitement, de manutention... dans un est de 68, donc la zone ne sera pas saturée si un seul opérateur met
modèle informatique. en stock.
En modélisation statique, chaque activité est représentée au
Si l’on observe le fonctionnement d’un système dans son minimum par trois colonnes : ce qui arrive, le reste à traiter et ce
ensemble, il est impossible d’en appréhender le moindre change- qui est traité.
ment, ni surtout ses conséquences sur le reste du système.
L’objectif de la simulation est de reproduire un certain nombre
de règles et de phénomènes simples lorsqu’ils sont décrits indivi- 1.4.4 Simulation dynamique
duellement afin de les « faire vivre » ensemble et de reproduire
ainsi la complexité apparente de la réalité. Cette méthode est basée sur l’utilisation de logiciels spéciali-
sés*. Les machines, moyens de manutention, produits, personnels
Le but d’un modèle est également de pouvoir comparer rapide- et tout autre élément y sont réellement représentés, comme on
ment plusieurs solutions sur la base d’hypothèses d’étude. Il est peut le voir sur la figure 2.
important dans un modèle de pouvoir modifier rapidement un
* Une liste de ces logiciels peut être trouvée sur un site Internet (voir en
paramètre et que les résultats en sortie soient également modifiés. [Doc. AG 5 125]).
1.4.3 Simulation statique Les événements se produisent à l’heure précise et les files
d’attentes y sont physiquement représentées.
Cette méthode consiste à reporter les éléments par tranche de
temps : 5, 10, 15 min. Les écarts entre un dimensionnement par
chiffrage global et par simulation statique sont non négligeables 1.5 Équipe projet
et, ce, principalement sur les surfaces. Un chiffrage global ne tient
pas toujours compte des pointes et des creux d’activité. Que l’étude de dimensionnement soit réalisée en interne ou en
Pour développer un modèle statique, on utilise un tableur ou externe, les acteurs du projet ont les mêmes fonctions. Celles-ci
une base de données. sont détaillées dans le tableau 3.
31
1
32
Référence Internet
TRP5003
Diagnostic et adaptation
des systèmes d’endiguement
par Marc IGIGABEL
1
Ingénieur responsable d’études
Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité
et l’aménagement (Cerema), Plouzané, France
ant pour ses besoins vitaux que pour de multiples activités, le bord des
T cours d’eau et le littoral ont toujours constitué pour l’homme des lieux
d’implantation privilégiés. Sur ces territoires, pour se prémunir des inonda-
tions fluviales ou des submersions marines, ont été aménagés des « systèmes
d’endiguement », ensemble organisé de digues, généralement associées à
d’autres structures ou aménagements hydrauliques (murs de protection, struc-
tures de fermeture, dispositifs de rétention, stations de pompage, etc.).
Parution : février 2017
33
Référence Internet
TRP5003
La protection offerte par ces systèmes est néanmoins limitée : lorsque les
phénomènes naturels dépassent une certaine intensité, les ouvrages laissent
passer l’eau, soit par surverse, soit au travers d’une brèche en cas de rupture
accidentelle. Dans un cas comme dans l’autre, il peut en résulter une aggrava-
tion de l’aléa, notamment par une accélération des phénomènes hydrauliques.
L’effet positif de réduction de la fréquence des inondations produit par le
système d’endiguement étant plus immédiatement perceptible que ses effets
34
Référence Internet
TRP5003
1. Éléments de contexte VIIIe siècle (ordonnance de Charlemagne de 779) [1]. Elles ont été
initialement construites pour l’assèchement des marais, puis ont
permis le développement de l’agriculture et enfin, et très récem-
Pour bien appréhender la diversité des systèmes d’endigue- ment (XIXe et XXe siècles), ont pris le statut de digues de protec-
ment, quelques exemples significatifs des cas français, américain tion contre les inondations.
et hollandais sont présentés sous la forme de brefs historiques.
Ces exemples permettront de mieux comprendre les situations Aujourd’hui, la Loire moyenne compte environ 600 km de
auxquelles nous sommes désormais confrontés. digues délimitant une trentaine de zones protégées constituant les
Côté
9 m 1922 Loire
Côté
8
Val Niveau de la crue de 1856
7
6 1784
1846-56
5
1573
4
3
2
1 Niveau d’étiage
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 m
Figure 2 – Exemple d’évolution depuis le XVIe siècle d’un profil de levée de Loire (Dion – 1934)
35
Référence Internet
TRP5003
1.2 Les digues fluviales et maritimes ravagées par les vers marins importés des expéditions en Amérique.
Des revêtements de pierres ajustées ont alors été adoptés. À
aux Pays-Bas l’époque, ces matériaux étant importés sur de longues distances, des
La gestion de l’eau par les digues, les canaux et les lacs a pierres ajustées étaient plus économiques que des enrochements
façonné le territoire des Pays-Bas [2] depuis le Moyen Âge. malgré les coûts de main d’œuvre. Aujourd’hui des enrochements ou
des revêtements en béton ou en asphalte sont couramment utilisés.
Dans les terres, ces digues peuvent être disposées sur plusieurs
rangs, celles de plus hautes altitudes étant les plus éloignées des La gestion des inondations et leur prévention est au Pays-Bas
1
fleuves, en protection rapprochée des enjeux. Les sols étant de une préoccupation historique nationale qui a motivé dès 1798 la
faible portance, dès leur création, les digues servaient non seule- fondation de la Rijkswaterstaat (Administration royale de l’Eau).
ment de protection contre les inondations mais également de Cette agence du ministère de l’Équipement et de l’Environnement
routes. Des bâtiments étaient souvent construits en bordure des Pays-Bas assure en particulier l’aménagement et l’entretien
immédiate des digues (figure 3a). Lors des opérations de rehaus- des digues et des dunes. À la suite de la tempête catastrophique
sement des digues, cette situation imposa une intervention « côté ayant entraîné des submersions littorales historiques en 1953, le
eau », en raidissant le talus extérieur. projet phare de cette agence fut le Plan Delta, considéré comme le
Sur le littoral, l’aménagement des digues suivit une autre logique : plus grand système de défense contre les eaux au monde. Les tra-
la protection contre l’attaque des vagues imposa l’adoption d’une vaux liés au plan Delta se sont déroulés sur une période d’environ
pente faible côté mer (figure 3b). La forme des digues maritimes est 40 ans et ont nécessité le développement de techniques nouvelles
donc très différente de celle des digues fluviales. Par ailleurs, les revê- d’ingénierie, principalement pour deux des barrages constituant le
tements extérieurs ont beaucoup évolué au cours des siècles : les système de défense, l’Oosterscheldekering et le Maeslantkering
palissades en bois étaient initialement utilisées, mais elles ont été (figure 4).
Figure 3 – Digues fluviale et littorale (Bart van Eyck, Rijkswaterstaat, Henk van Hemert, STOWA)
Figure 4 – L’Oosterscheldekering par temps de tempête (Rens Jacobs) et le Maeslantkering vu du nord (Eszter Simonfi)
36
Référence Internet
TRP5003
1
ville par rapport à son système d’endiguement : une large partie aux ouvrages qui les composent, il est nécessaire d’identifier au pré-
se situe en deçà du niveau moyen du Mississippi. alable les aléas contre lesquels on souhaite se prémunir.
Cette situation expose la Nouvelle-Orléans, non seulement à
l’accumulation des eaux de ruissellement issues des précipitations,
aux crues du Mississippi mais aussi et surtout aux ouragans qui se
2.1 Les aléas d’inondations fluviales
forment dans le Golfe du Mexique. Son système de protection est et de submersions marines
composé d’un vaste ensemble de digues, de murs anti-tempête et
de stations de pompage édifiés au fil du temps sur plusieurs L’aléa inondation résulte d’un phénomène météorologique (pluie
décennies [3]. ou tempête) et se caractérise par une remontée du niveau d’eau en
surface ou par une remontée de la nappe phréatique. Ces phéno-
mènes hydrauliques sont généralement accompagnés de modifica-
tions morphologiques (mise en suspension, charriage, dépôt de
sédiments…). Selon le site considéré, les scénarios d’inondation
peuvent varier très sensiblement. Chaque inondation est donc un
cas particulier que ce soit dans ses causes, dans son déroulement
M
iss ou dans ses conséquences. L’expression de l’aléa généré par une
iss
ip
pi
Lac Pontchartrain inondation n’est pas uniforme et constant mais varie au cours d’un
événement à la fois dans l’espace et dans le temps.
Lac
Borgne Si l’emprise de la surface inondée et les niveaux d’eau atteints sont
des paramètres révélant l’ampleur de l’inondation, il est essentiel de
s’intéresser également à la cinétique des événements puisque les
conséquences des inondations dépendent aussi largement de la
Chandeleur Sound vitesse du courant ou de celle de montée des eaux et de la durée de
l’inondation. Les crues rapides sont plus meurtrières que les crues
lentes car la montée rapide des eaux laisse peu de temps de prépara-
Lac Raccourci tion et de réaction. Les crues lentes néanmoins, par leur durée, aug-
mentent les risques sanitaires (conséquences psychologiques post-
Terrebonne Bay
traumatiques et insalubrité des bâtiments) et perturbent plus forte-
ment l’activité économique comme l’a montré la coupure de l’auto-
Delta route A 10 dans le Loiret au mois de juin 2016 par exemple.
GOLFE DU MEXIQUE du Mississippi
Que la cinétique du phénomène naturel soit lente ou rapide, il
convient d’ajouter qu’en cas de formation d’une brèche dans le
Figure 5 – Situation géographique de la Nouvelle-Orléans système d’endiguement ou, même en l’absence de brèche, en cas
(Le Monde)
de débordement des eaux dans une zone dont la topographie est
en dépression, la montée des eaux dans la zone endiguée peut
être très rapide. Il ne faut donc pas confondre la cinétique du phé-
nomène naturel générateur et la cinétique de l’aléa auquel sont
exposés les enjeux.
La cinétique des phénomènes naturels à l’origine des submer-
Lac sions est sensiblement différente selon que l’on considère :
Pontchartrain B
Depuis Canal St. et les rives – les crues des grands fleuves. Ces crues ont une cinétique qui
du Mississippi au front peut être soit lente soit relativement rapide. La crue de la Seine de
de lac de l’Université 1910, largement due à des pluies abondantes survenant en période
de Nouvelle-Orléans de redoux et ruisselant sur un sol gelé [4], illustre le cas d’une crue
Nouvelle- A
Orléans lente : la montée des eaux s’est faite en une dizaine de jours, tan-
Cloison anti-inondation
Levée
dis que la décrue s’est étalée sur environ 35 jours. Cependant la
le long du Mississippi
30 de protection 30 crue du Rhône en décembre 2003 (crue centennale) a été relative-
anti-ouragan
A 23 pieds ment rapide, notamment sous l’influence de ses affluents cévenols
20 20
18 pieds Project Flowline
Avg Annual Highwater 14 pieds
SPH Design 17.5 pieds B (l’Eyrieux, l’Ardèche et le Gard) : les eaux au niveau du bas Rhône
Elevation 11.5 pieds
10
Crête de Normal Lake Level 1.0 pieds
10 sont montées en 2 jours [5]. La surface inondée par cette crue est
Hauteur en pied
t
Po du oral –10 Rhône libérant un volume de 17 millions de mètres cubes et deux
Canal St. at River
–10
Derbigny at I-10
nt
i
ch lac
ipp
at L.C. Simon
art
Esplanade at
Gentilly Blvd
Wainright Dr
Wainright Dr
UNO Side of
iss
Dillard Univ
rai
Wildair DR
n –20
de 210 millions de mètres cubes) ;
St. Claude
iss
–20
Campus
at Allen
uM
37
Référence Internet
TRP5003
Cavaillon
Beaucaire
1
Tarascon
St-Rémy-
NÎMES -de-Provence
Garons
ST-MARTIN-
-DE-CRAU
Vauvert
ARLES
ône
St-Gilles
Le Petit Rh
Aérodrome
d’Istres-le-Tubé
Le
Étang de Gr
Scamandre an
d
Rh
ôn
e
ÉTANG DE VACCARES
Aigues-Mortes
PETITE CAMARGUE
Port-St-Louis-
-du-Rhône
Stes-Maries-
-de-la-Mer
Figure 7 – Étendue des inondations sur la basse vallée du Rhône et la Camargue (SPOT 4 © CNES 2003, Distribution Airbus Defence and Space)
– les crues des cours d’eau alimentés par un petit bassin versant. voque le dépôt des sédiments. Il peut en résulter un comblement
Leur cinétique est rapide, voire très rapide dans le cas de petits du lit du torrent et par voie de conséquence une divagation impor-
bassins versants soumis à de violents orages (épisodes de plus de tante du cours d’eau. La crue survenue sur le bassin du gave de
400 mm en quelques heures). En France des « crues-éclairs » se Pau dans les Pyrénées le 18 juin 2013 (figure 10) est une illustra-
produisent notamment lorsqu’en automne de grandes masses tion de ce type d’événement ;
d’air chaudes et humides en provenance de la Méditerranée ren- – les inondations par ruissellement pluvial urbain. Ces inonda-
contrent les reliefs froids des Cévennes, ce qui déclenche les « épi- tions apparaissent en cas d’écoulements exceptionnels dans un
sodes cévenols ». Ces crues qui ont des conséquences milieu artificialisé. Si les apports dépassent les capacités du réseau
dramatiques se produisent en moyenne tous les deux ou trois ans. de drainage, l’eau ruisselle dans les rues et s’accumule très rapide-
La figure 9 montre le débordement du Lez à Montpellier le 6 sep- ment dans les points bas, avec un risque d’embâcles de véhicules ;
tembre 2005 ;
– les submersions marines. Ces événements se produisent au
– les crues torrentielles en montagne. Celles-ci sont générale-
passage des tempêtes qui génèrent des états de mer perturbés et
ment provoquées non seulement par des pluies soutenues mais
augmentent le niveau marin par une surcote dépressionnaire :
également par la fonte des neiges qui est accélérée par les précipi-
tations (épisode pluvio-nival). Du fait des fortes pentes, les torrents • sur les littoraux soumis à marées, le cas le plus défavorable
charrient des sédiments de gros calibres en grande quantité. En correspond à la conjonction de la surcote dépressionnaire
pied de montagne, la réduction de la vitesse d’écoulement pro- avec la pleine mer d’une marée de vive-eau. Dans tous les
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Le cyclone Katrina
40
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Figure 13 – Victimes et dommages recensés à la Nouvelle-Orléans après Katrina (Le Monde d’après des éléments de l’USACE)
41
1
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Ouvrages de protection
contre la houle
1
par Daniel CAMINADE
Ingénieur civil des Ponts et Chaussées. Docteur en Génie civil
Maître de conférences et Responsable de la Maîtrise de Génie civil à l’Université du Havre
Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie est strictement interdite.
© Techniques de l’Ingénieur, traité Construction C 4 631 − 1
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C4631
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C 4 631 − 2 © Techniques de l’Ingénieur, traité Construction
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C4631
1.1.1 Fondation de la digue La première, très précise, doit être entreprise à l’emplacement
projeté pour la future digue. Le maillage des points de sonde est
Nota : on se reportera à la rubrique Géotechnique. Mécanique des sols et des bien entendu fonction de la morphologie des lieux. Lorsque le site
roches [C 200] de ce traité. est très accidenté (falaises sous-marines, récifs coraliens, etc.), il
La campagne de reconnaissance devra préciser les caractéris- est souhaitable d’avoir un relevé sur la base d’une maille de 10 m,
tiques des sols à prendre en compte pour le calcul des ouvrages, voire 5 m dans les cas les plus difficiles. Si le site est peu accidenté
non seulement en ce qui concerne la stabilité proprement dite, mais (talus sous-marin en pente douce et régulière), le maillage peut
aussi en ce qui concerne les évolutions à moyen terme (tassements). être plus lâche pour arriver jusqu’à 20 m. Le but de cette campagne
Si l’on envisage un ouvrage sur pieux, on déterminera la force
portante de ceux-ci au moyen de techniques de reconnaissance
appropriées (pressiomètre, pénétromètre dynamique et statique).
est bien entendu de pouvoir réaliser un avant-projet suffisamment
précis, d’estimer correctement les quantités à mettre en œuvre et
enfin d’établir les plans correspondants.
1
Pour un ouvrage plus massif tel qu’une digue à talus, compte tenu La seconde, qui a pour but de pouvoir estimer les caractéris-
du volume important des matériaux mis en œuvre et donc de la sur- tiques de la houle qui viendra frapper l’ouvrage à partir de celles
charge correspondante du sol de fondation, on essayera d’évaluer de la houle au large telles que définies à l’article Mouvements de
les tassements par les diverses méthodes utilisables (œdomètre, la mer [C 4 610] dans ce traité, devra être réalisée sur un espace
pressiomètre). beaucoup plus grand que le précédent, mais avec une maille beau-
coup plus lâche.
Dans les zones soumises à des actions sismiques, on procédera
à une étude particulière permettant d’évaluer le risque de liqué- Cet espace de mesure est en fait fonction de la longueur d’onde
faction du sol, notamment si celui-ci est constitué de sables lâches, de la houle incidente et peut être borné par deux considérations :
de sables silteux ou carbonatés. — la profondeur d qui, si elle est supérieure à la moitié de la
longueur d’onde L de la houle, n’influe pas sur la réfraction de la
houle donc sur la modification de celle-ci ;
1.1.2 Fourniture de matériaux — l’éloignement qui devra être de l’ordre de 30 à 50 longueurs
nécessaires à la construction d’onde, distance suffisante pour prendre en compte les modifica-
tions de la houle à proximité de l’ouvrage.
Une étude particulière des matériaux situés à proximité ainsi que Bien entendu, des variations importantes dans la topographie,
de ceux qui forment le fond de la mer doit être entreprise dans le même éloignées, doivent être reconnues.
but de définir leur aptitude à être utilisés dans l’ouvrage :
Exemple : au large des côtes de Jijel (Algérie), une butte culminant
— les sables comme soubassement de digue à talus, remplissage à (– 30 m) par des fonds de 600 m à quelques miles au large a dû être
en noyau de digue, lest de caissons préfabriqués, agrégat pour les reconnue, compte tenu de l’effet de convergence qu’elle pouvait
bétons ; induire sur l’ouvrage projeté.
— les galets comme soubassement de digue, agrégats pour
béton ;
— les enrochements (§ 1.3.1). 1.2.2 Houles
L’utilisation des matériaux du site permet de réaliser d’impor-
tantes économies, si l’on a pris soin de déterminer dans quelles Une fois connues les houles au large, il s’agit de les « ramener
conditions ces matériaux peuvent être utilisés et notamment les à la côte », c’est-à-dire de caractériser la houle qui viendra frapper
traitements à leur appliquer tels que : lavage, criblage et concassage l’ouvrage.
des agrégats.
À partir des caractéristiques de la houle au large et en utilisant
les méthodes décrites aux articles Mouvements de la mer [C 4 610]
1.1.3 Sédimentologie actuelle et Modèles en hydraulique maritime [C 182], il est possible d’estimer
avec une bonne approximation la houle à prendre en compte pour
Les ouvrages portuaires sont le plus fréquemment installés près le calcul de l’ouvrage.
des côtes, là où le transit littoral est le plus important. De façon à En plus des caractéristiques des houles extrêmes (période Tpic
prévoir l’impact du nouvel ouvrage, il est primordial d’avoir une correspondant au pic d’énergie du spectre et creux significatif Hs),
idée précise de la sédimentologie actuelle (cf. article Ouvrages de il est utile de connaître la durée de la tempête de référence et
protection des côtes [C 4 690] dans ce traité). l’évolution de la période et du creux de la houle pendant celle-ci
Un transport de sédiment de 50 000 m3/an en un point donné pour pouvoir en tenir compte dans l’établissement du projet.
peut être la résultante de deux transports importants et de sens Ainsi, on déterminera pour les conditions normales (CN) et pour
contraire, de 200 000 m3/an et de 250 000 m3/an, et l’implantation les conditions exceptionnelles (CE), par analogie aux règlements
d’un ouvrage interrompra non pas le transport résiduel mais bien aux états limites de service (ELS) et aux états limites ultimes (ELU),
l’ensemble des deux transports. Ces matériaux se déposeront de les caractéristiques des houles à prendre en compte (Tpic , H s ) ainsi
part et d’autre de l’ouvrage et les côtes avoisinantes reculeront par que l’histogramme des tempêtes correspondantes. Bien entendu,
manque d’apport. on tiendra compte de l’effet des autres ouvrages du port.
À l’inverse, si l’on veut implanter une digue dans une zone
érosive, il y aura lieu de prévoir des dispositions constructives
permettant d’en stabiliser le pied. 1.2.3 Vents
L’étude des vents locaux n’est à entreprendre que s’ils sont suscep-
tibles de modifier notablement les caractéristiques de la houle au
1.2 Caractéristiques large ou s’ils peuvent avoir un impact important sur le franchis-
océanographiques du site sement par la houle des ouvrages de protection.
1.2.1 Bathymétrie
1.2.4 Courants
La connaissance précise de la bathymétrie ou topographie sous-
marine est primordiale lors de l’établissement du projet. Une étude particulière est à entreprendre si les courants quels
Il y a lieu de procéder à deux campagnes de reconnaissance qu’ils soient, y compris ceux générés par la houle, sont susceptibles,
dont le but est bien différent. soit de modifier profondément les caractéristiques de la houle, soit,
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par leur capacité de transport des matériaux, notamment ceux mis En tout état de cause, il est rare que même une excellente
en suspension par la houle, de modifier la sédimentologie le long carrière puisse produire plus de 30 % d’enrochements de catégorie
de l’ouvrage. supérieure à 1 t.
Dans ce dernier cas, il faudra prévoir des dispositifs antiaffouil-
lement en cas d’érosion présumée, ou des mesures destinées à
lutter contre l’engraissement si celui-ci n’est pas souhaité. 1.3.2 Bétons
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À l’inverse, l’absence d’installations spécialisées (type forme de
radoub ou équivalent) nécessaires à la construction de caissons de
La bonne connaissance des houles régnant sur le site, l’évaluation
grandes dimensions peut conduire à écarter les solutions du type
du risque admissible en fonction de la durée de vie et de la nature
digue verticale.
de l’ouvrage sont les critères les plus importans.
Dès le niveau de la conception, l’analyse objective et impartiale
Mais il ne faut pas négliger les phénomènes de fatigue des
des capacités d’une carrière d’enrochements et du choix des
ouvrages, car la houle va imposer de l’ordre de 10 000 sollicitations
solutions possibles peut éviter bien des déboires.
alternées par jour (pour une période de 8,6 s) et c’est sur une
structure éprouvée qu’arriveront groupées les vagues les plus fortes. Exemple : pour la construction du port du Havre-Antifer, il a été
La durée de la tempête intervient comme facteur important sur procédé à la réalisation d’une digue expérimentale afin de tester la
les problèmes des dégradations des fondations ou des érosions de qualité des matériaux extraits de la falaise. Cela a permis de conclure à
pied dues au transport des sédiments généré par la houle. la faisabilité d’une telle digue.
On peut essayer de tenter une approche économique pour À l’inverse, et malgré l’excellente qualité des basaltes du Mont
choisir la houle de projet. Si l’on appelle, pour une houle de projet Cameroun, l’importance du volume des cendres volcaniques qui aurait
donnée : nécessité des terrassements volumineux a conduit à choisir une digue
verticale pour protéger le port pétrolier de la pointe Limboh desservant
C le coût total actualisé sur la durée de vie de l’ouvrage ; la raffinerie de Victoria.
I les coûts d’investissement ;
E les coûts d’entretien ;
R les coûts des réparations ; 1.5.2 Contraintes d’environnement
(ces deux séquences de coût peuvent être calculées en
tenant compte des probabilités d’apparition des dommages)
J le taux d’actualisation ; Les études d’impact ont pour but d’évaluer l’incidence des
N la durée de vie de l’ouvrage ; nouveaux ouvrages sur le devenir marin. À titre d’exemple, une
a l’indice de l’année ; digue à talus en enrochements permet de développer la vie
sous-marine, sous réserve du maintien de la qualité du milieu.
on obtient :
a=N Exemple : le port pétrolier du Hauvre-Antifer a permis quelques
expériences d’élévage de saumons. La production de homards n’a
C = ∑ ( I a + E a + R a )/ ( 1 + J ) a
cessé de croître depuis vingt ans. Le site a donc été classé, ce qui est
a=0
une réussite pour une activité considérée comme polluante.
En fait, l’expérience montre que l’obtention des crédits d’entretien
ou de réparation est en général plus difficile que celle des crédits Par contre, il est nécessaire de tenir compte de la gêne apportée
de premier investissement. On peut alors faire appel à la notion de lors de la construction. Ainsi, pour la nouvelle digue destinée à pro-
taux de rareté des crédits τ ( τ ⭓ 1 ) et la formule ci-dessus s’écrit téger l’agrandissement du port de Dieppe, il a été admis comme une
alors : gêne non tolérable le fait de faire traverser la ville par des milliers
a=N
de camions nécessaires au transport des enrochements de la nou-
velle digue. Une solution de type digue verticale a été retenue. Le
C = ∑ ( τ I I a + τ E E a + τ R R a )/ ( 1 + J ) a
choix de cette solution a été facilité dans la mesure où les caissons
a=0 ont pu être fabriqués au Havre en forme de radoub.
En général :
— τI taux de rareté des crédits d’investissement, est connu car il
résulte de choix et de priorité de la politique d’investissement ;
1.5.3 Contraintes d’efficacité
— τE et τR taux de rareté des crédits d’entretien et de réparations,
sont mal connus, dépendent des ressources disponibles à un Il faut tenir compte des paramètres exposés à l’article Principes
moment donné (généralement faibles pour les pays en voie de d’implantation et d’aménagement des ports [C 4 630], qui per-
développement), mais sont en général très grands. mettent d’évaluer l’efficacité comparée des diverses solutions. Pour
un port, seul le résultat global est important : une digue verticale,
Donc, pour un coût total actualisé, il vaudra souvent mieux
même à paroi perforée, est en général plus réfléchissante qu’une
augmenter les investissements en accroissant la sécurité de
digue à talus. Par contre, elle permet au niveau de la passe d’entrée,
l’ouvrage et en diminuant l’entretien et les réparations. Un surdi-
pour une même longueur utile, une pénétration moindre de la houle,
mensionnement de l’ouvrage ne coûte pas forcément plus cher.
ce qui entraîne une moindre agitation des plans d’eau, qui peut
Au total, on pourra, pour un ouvrage standard d’une durée de vie compenser et au-delà l’inconvénient signalé ci-avant.
de 50 ans, retenir comme conditions normales la tempête décennale
et comme conditions exceptionnelles la tempête centennale asso-
ciées aux niveaux d’eau correspondants. 1.5.4 Choix du type d’ouvrage
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Les anciens quais imbriqués dans les cités, devenus obsolètes, ont perdu leurs
vocations premières et les magasins qui les bordaient, reconvertis en ensembles
immobiliers ou de service, ont obtenu un certain succès auprès des citadins
(docks de Londres, Amsterdam, Gênes, Montréal, etc.).
De nouveaux terminaux spécialisés ont vu le jour, dédiés à un seul type de
trafic, parfois même intégrés à un processus industriel (postes à vracs pour les
centrales thermiques, la sidérurgie les pieds dans l’eau comme à Dunkerque ou
1 à Fos en France).
Parallèlement, le nombre de « terminaux d’usine » qui ne se limitaient à
l’époque qu’à des installations de transbordement de liquide se sont diversifiés.
Le présent document se propose de passer en revue et de décrire les différents
ouvrages et aménagements qui font les ports d’aujourd’hui.
1. Aménagement général L’espace abrité peut être naturel comme à Brest avec sa rade ou arti-
ficiel comme à Cherbourg où de très importantes digues de protec-
intérieur tion ont été réalisées. Des installations lourdes de protection peuvent
être nécessaires : bases sous-marines par exemple. Les équipements
d’un port militaire comprennent généralement aussi des installations
Dans l’article Principes d’implantation et d’aménagement des pour l’armement et l’entretien des navires (quai d’armement, forme
ports [C 4 630] ont été examinées les conditions qui conduisent au de radoub).
choix de la localisation d’un port et au dimensionnement de ses
Le port militaire est localisé dans un endroit stratégique (exemple
ouvrages extérieurs. Le présent article aborde les considérations
de Cherbourg au centre de la Manche). Afin d’assurer la fiabilité et
relatives à l’aménagement intérieur du périmètre ainsi défini.
la rapidité des interventions, le port est généralement situé sur la
côté avec accès direct à la mer sans contraintes de marées ni
d’ouvrages d’accès (écluses maritimes).
1.1 Fonction des ports. ■ Ports de commerce
Différents types de ports Ils permettent de traiter les trafics de marchandises et de
passagers. Ils sont le point de rupture dans la chaîne de transport :
1.1.1 Fonction des ports soit entre le mode terrestre et le mode maritime, soit entre deux
modes maritimes. Le coût de transport terrestre étant nettement
Le port peut se définir comme l’ensemble des équipements devant supérieur au coût de transport maritime, ils doivent être localisés
répondre aux besoins des opérations réalisées à l’interface terre- le plus près possible de l’origine ou de la destination des trafics, sous
navire. Ces équipements concernent soit les fonctions relatives aux réserve de présenter des accès nautiques satisfaisants.
navires, soit celles relatives aux opérations à terre.
La nécessité économique de réduire les coûts de transport ter-
Le navire attend d’un port des services pour son abri, son accos- restre peut même imposer, dans certains cas, de localiser l’origine
tage, son avitaillement et ses réparations. ou la destination des trafics en site portuaire (raffinerie de pétrole,
Liées aux navires, les opérations portuaires à terre concernent centrales thermiques, sidérurgies...).
essentiellement le traitement des marchandises et des personnes Les installations des ports de commerce, autrefois très poly-
transportées par voie maritime et transitant par les installations valentes, sont de plus en plus spécialisées en terminaux (rouliers,
portuaires où elles sont soit chargées, soit déchargées. conteneurs, passagers, hydrocarbures...).
■ Ports de pêche
1.1.2 Différents types de ports Outre la fonction accueil des navires, ces ports sont équipés de
façon conséquente pour débarquer, traiter et commercialiser les
Un port est à l’origine conçu pour remplir une mission bien définie produits de la pêche. De récentes normes sanitaires, éditées au
et donc une activité bien spécifique. Cependant, profitant des équipe- niveau européen, imposent à ces ports de s’équiper d’installations
ments mis en place, d’autres activités viennent généralement se particulièrement étudiées.
greffer sur l’activité d’origine. Par ailleurs, la localisation d’un port
en fonction des besoins à remplir (position stratégique militaire, ■ Ports de plaisance
proximité des lieux de production et de consommation...) doit en Se reporter à l’article spécialisé du présent traité.
général être optimisée en fonction des impératifs nautiques (tirants
d’eau des navires par exemple) et des caractéristiques des sites en 1.1.2.2 Classification par implantation
présence (courants, houles, sédimentation...).
La classification des ports ne peut, dans ces conditions, être faite Les contraintes physiques des sites qui se présentent pour
d’une façon unique. On peut l’aborder en distinguant les ports, soit l’implantation d’un port et les nécessités économiques qui justifient
par leurs fonctions principales, soit par leur implantation. sa création conduisent à des types d’implantations très variées. Il
s’agit bien souvent de compromis technico-économiques entre les
impératifs en présence.
1.1.2.1 Classification par fonctions principales
Suivant le critère de l’implantation, on peut retenir la classification
■ Ports militaires suivante.
Le port militaire requiert des espaces abrités importants où les
navires peuvent stationner disséminés dans un but de protection.
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■ Ports au large Ces installations peuvent servir à des transferts de navire à navire
L’accroissement des tirants d’eau des navires peut nécessiter des ou être reliées à la terre par des oléoducs sous-marins (trafic d’hydro-
travaux d’aménagement d’infrastructures (chenaux, ports) et carbures) ou des bandes transporteuses.
d’entretien très onéreux. Une alternative est offerte avec des ■ Ports à la côte
installations aménagées au large, là où les profondeurs naturelles
existent. Ils peuvent être établis dans des sites naturellement abrités (golfe
de Fos) ou protégés artificiellement (terminal pétrolier du
Il peut s’agir d’îles artificielles ou simplement de bouées d’amar- Havre-Antifer, figure 2).
1
rage (figure 1).
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Les terre-pleins et plans d’eau portuaires peuvent être aménagés ment à une augmentation considérable du trafic roulier qui permet
soit par remblaiement sur la mer, soit par creusement à l’intérieur d’assurer une fluidité presque idéale dans le passage des marchan-
des terres. dises par le port.
■ Ports intérieurs Cette évolution a imposé de doter les ports d’infrastructures de
desserte intérieure plus largement dimensionnées, évitant pour des
Ils sont établis, souvent de longue date, le long de cours d’eau raisons de nuisance les agglomérations. Les navires ont eu tendance
ou de canaux maritimes [Nantes (figure 3), Anvers, New York]. à se spécialiser et à connaître un accroissement de taille pour
1
Leurs débouchés à la mer peuvent être soit naturels (Québec), répondre aux besoins de ces nouveaux modes de transport. À l’inter-
soit aménagés (Rouen). Le débouché à la mer peut être équipé par face ports/navires sont apparues ainsi des installations spécialisées :
des écluses (Anvers). les terminaux à conteneurs plus largement dimensionnés et dotés
Un certain nombre de ces ports s’étendent progressivement vers d’engins de manutention spécifiques (les portiques), les terminaux
l’extérieur pour recevoir des navires plus importants (extension de rouliers, etc.
Bordeaux vers le Verdon et de Rotterdam vers le Maasvlakte). ■ Marchandises en vrac
Poussés aussi par l’augmentation du trafic international, les trans-
ports de marchandises en vrac (pétrole, charbon, minerais,
1.2 Plan masse général céréales...) ont évolué non pas à partir de la marchandise mais à
partir du navire, ceux-ci étant devenus de plus en plus importants
en taille. Les infrastructures portuaires ont dû s’adapter (profondeurs
Le port est le lieu de contact entre les modes d’acheminement admissibles, largeur des quais) ainsi que les superstructures (outil-
terrestre et maritime des personnes et des biens. Il doit permettre lages de manutention plus puissants).
un passage le plus rapide possible entre ces deux modes.
■ Passagers
Dans ce passage sont concernés : le navire, les marchandises et
Les transports intercontinentaux de passagers, autrefois exclusi-
les terminaux situés à l’interface.
vement effectués par voies maritimes, ont recours maintenant, dans
Pour chacun de ces éléments, qui seront analysés plus en détail l’immense majorité des cas, aux moyens aériens. Par ailleurs, le
dans les paragraphes suivants, le concepteur du plan masse d’un développement de l’automobile et celui du tourisme ont conduit à
port doit intégrer de nombreux paramètres indépendants les uns des l’apparition de techniques de transport par navires rouliers (car-
autres dans une chaîne de transports dont le port est l’un des ferries) auxquelles les ports ont dû s’adapter. Dans ce même temps,
maillons. les grandes gares maritimes à paquebots (Le Havre, Cherbourg)
L’augmentation considérable, ces dernières décennies, des étaient petit à petit désaffectées. Depuis peu, toutefois, on assiste
échanges internationaux, effectués pour une bonne part par voie en Europe à un renouveau des escales de paquebots liées au déve-
maritime, a ainsi conduit les modes de transport à évoluer souvent loppement des croisières touristiques.
vers des techniques industrielles.
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L’adaptation s’est faite, au départ, dans le cadre physique des 1.3.1 Caractéristiques des navires
infrastructures d’origine qui ont été réorganisées. Cela est le cas,
par exemple, pour les bassins de la Manche et de la Citadelle au Un port peut être appelé à recevoir plusieurs catégories de navires
port du Havre (figure 4) qui ont été réaménagés pour recevoir des (pétroliers, porte-conteneurs, rouliers, etc.) avec leurs caractéris-
trafics rouliers. Dans de nombreux ports, des bassins anciens ont tiques propres. Les ouvrages généraux d’accès doivent prendre en
été affectés aux besoins des navires de plaisance. compte les navires les plus contraignants. Par contre, pour les
Cette évolution a cependant très vite connu ses limites et les ports terminaux spécialisés, ce sont les caractéristiques propres à la
1
ont dû se déplacer en dehors de leurs frontières ancestrales pour catégorie de navires concernés qui sont à retenir. Cela se fait à partir
répondre aux nouveaux besoins (figure 5). Des sites portuaires délo- d’une analyse des flottes de navires en service au moment de
calisés se sont développés sur le littoral, comme évoqué ci-avant l’élaboration du projet. Mais il est essentiel également de mener une
(§ 1.1.2.2). étude des tendances afin de définir les caractéristiques des navires
qui seront en service dans l’avenir, les installations portuaires, très
onéreuses, étant aménagées pour plusieurs décennies.
1.3 Conception et dimensionnement Dans ces conditions, il y a lieu de définir au début de cette réflexion
le navire de projet. Cela se fait généralement en retenant les caracté-
des plans d’eau ristiques suivantes :
tirant d’eau en charge – longueur hors tout – largeur hors tout
Les plans d’eau intérieurs d’un port sont réalisés essentiellement À titre indicatif le tableau 1 donne des caractéristiques maximales
pour les besoins des navires. Il importe donc de bien analyser les pour les navires modernes actuellement en service.
caractéristiques de ces derniers avant de dimensionner les plans
d’eau.
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■ Vracs solides (charbon, minerai de fer, céréales, etc.) L’équipement de transbordement à terre est complété par une aire
Ces installations sont plus complexes que celles des terminaux de stockage qui doit être dimensionnée avec ses facilités terrestres
de vracs liquides car les opérations de manutention et de transfert d’approvisionnement et d’évacuation, de façon à ne pas entraver les
se font par l’intermédiaire d’équipements situés à terre, en général cadences de transbordement (figure 7).
lourds et volumineux. Par ailleurs, les équipements de déchar-
gement sont différents des équipements de chargement.
1.4.2 Terminaux à marchandises diverses
L’accroissement de la taille des navires a nécessité une augmen-
1
tation des rendements des engins de manutention.
Longtemps opérées par conditionnements unitaires de faible
Dans le cas de chargement, l’opération se fait d’une façon rela- volume et à caractères très disparates, les marchandises diverses
tivement simple par gravité. Au déchargement, par contre, la néces- sont maintenant de plus en plus traitées par unités de charges plus
sité de relever la marchandise conduit à un rendement moindre. On importantes et de plus en plus normalisées. La technique de manu-
peut, dans ces conditions, atteindre un rendement de 8 000 t/h au tention, autrefois presque exclusivement verticale, s’est diversifiée
chargement et seulement 4 000 t /h au déchargement par engin pour, en particulier, faire une part plus importante aux techniques
(§ 3.4.1). de manutention horizontale.
On examinera successivement les terminaux à marchandises
diverses classiques, les terminaux à conteneurs, les terminaux
rouliers.
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1.4.2.1 Terminaux à marchandises diverses classiques Le conteneur est généralement caractérisé par sa longueur
exprimée en pieds. Dans la normalisation traditionnelle cette
Le navire cargo classique a une capacité de 8 000 à 10 000 tpl, ce
longueur peut être de 20, 30 ou 40 pieds. L’unité de comptage est
qui requiert une longueur de poste de l’ordre de 150 m.
l’équivalent vingt pieds (EVP) ou le twenty equivalent unit (TEU). Il
Les marchandises peuvent être transbordées soit directement y a lieu de noter qu’apparaissent des conteneurs non conformes aux
entre le moyen de transport terrestre et le navire, soit indirectement normes traditionnelles (High cube par exemple), qui nécessitent des
avec passage sous hangar ou sur terre-plein. La technique de trans- adaptations particulières.
bordement indirect nécessite d’importantes surfaces de transit, mais
1
Les navires ont évalué considérablement en taille avec le dévelop-
elle assure une meilleure fluidité dans l’exploitation et réduit les
pement de la conteneurisation.
temps d’immobilisation des moyens de transport. La technique de
transbordement direct réduit par contre le nombre d’opérations de Au départ, la 1re génération, qui était formée en fait d’anciens
manutention. cargos adaptés, pouvait porter de l’ordre de 700 EVP. Les évolutions
successives ont conduit à des navires de 290 m de long avec une
Transversalement, sur un poste à marchandises diverses clas-
capacité de 4 000 EVP (4e génération).
sique, on trouve une voie de grue enjambant une voie ferrée. Les
grues ont une force de levage courante de 15 t. En arrière, le poste Plus récemment sont apparus des navires dont la largeur excède
est doté de une ou deux voies ferrées (transbordement direct). Ces celle des écluses du canal de Panama (32,35 m). Cette nouvelle géné-
voies, de même que celles des grues, doivent être du type « rails ration dite « Over Panamax » offre des capacités de charge très
à gorge » afin de ne pas entraver la circulation des engins de manu- importantes, de l’ordre de 5 000 EVP ; elle nécessite toutefois des
tention et de transport sur pneus. engins de manutention à quai adaptés avec, en particulier, des
portées plus grandes.
Une zone d’empilage (transbordement indirect) est à prévoir pour
le stockage intermédiaire des marchandises. Puis viennent des zones Les grands navires porte-conteneurs modernes représentent des
de stockage en plein air et couvertes (hangars) pour les marchan- investissements très importants avec des coûts d’exploitation éle-
dises fragiles. vés. Le port doit, dans ces conditions, être situé près de grandes
routes maritimes. Le terminal doit être proche de l’entrée du port,
En arrière des hangars, l’équipement du terminal est complété par
et accessible rapidement 24 h sur 24 tout au long de l’année. Cela
des routes et des voies ferrées destinées à l’acheminement ou à
impose des localisations de terminaux très contraignantes pour des
l’enlèvement des marchandises.
navires ayant une durée d’escale très réduite qui doivent pouvoir
La largeur d’un tel dispositif est de l’ordre de 150 m pour un poste accéder au port à tout moment. C’est ainsi, en particulier, que les
à transbordement direct et de 250 m pour un poste à transbordement ports d’Anvers et du Havre ont implanté leurs nouveaux terminaux
indirect. à conteneurs en aval de leurs écluses maritimes (figure 9).
On peut retenir que l’optimum économique d’occupation d’un Un grand terminal moderne est formé de plusieurs postes ; pour
poste par les navires est de l’ordre de 50 % du temps. Avec un équi- chacun d’entre eux on retient une longueur de quai de 300 m et des
pement normal, le rendement d’un tel poste est d’environ profondeurs d’eau de 14 à 15 m pour les grands navires porte-
700 t/m/an. Un poste de 150 m de long permet donc d’assurer un conteneurs de la 4e génération.
trafic annuel de 100 000 t.
En arrière des quais, le terminal à conteneurs doit avoir des terre-
pleins très vastes. Une profondeur de 200 m est un minimum (pour
1.4.2.2 Terminaux à conteneurs les trafics de cabotage feeders ). Cependant, dans les grands
Depuis une trentaine d’années, le développement des conteneurs terminaux modernes la profondeur peut atteindre 500 m.
a profondément marqué le transport maritime et a imposé aux ports En bordure de quai, une zone de 50 m environ de large doit être
(figure 8) de s’adapter à cette nouvelle technique de condition- réservée pour le transfert et la circulation.
nement de la marchandise (cf. article Transport par voie navigable
[AG 8 130] dans le traité L’entreprise industrielle).
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1
H2CO 3 ⇔ H+ + HCO−3 très rapide pK1 = 6,35 (3)
HCO3− ⇔ H+ + CO23− très rapide pK2 = 10,33 (4)
HCO3− + H2O ⇔ H2CO3 + OH− rapide (5)
Ca2+ + CO23− ⇔ CaCO3 lent Ks = 4,96 × 10–9 (6)
concentration totale en halogénures, en g · kg–1, Br– et I– étant équilibres chimiques. Il est donc en général difficile d’évaluer son
remplacés par une quantité équivalente de Cl–. La salinité S est impact sur les processus de dégradation des matériaux.
ainsi telle que :
S (‰) = 1, 807 Cl (‰) ■ La pression hydrostatique devient un paramètre prépondérant
dans le cas de structures métalliques placées en profondeur.
■ L’eau de mer contient en outre différents gaz dissous. Le Rappelons que la pression augmente de 1 bar tous les 10 m. Cette
dioxygène O2 nous intéresse plus particulièrement puisqu’il augmentation influe essentiellement sur la concentration en
constitue l’un des principaux moteurs de la corrosion marine. Sa dioxygène dissous. Par ailleurs, la variation de la pression
concentration dans l’eau de mer est bien évidemment liée aux provoque celle des coefficients d’activité des espèces ioniques en
échanges avec l’atmosphère mais elle dépend aussi des phé- solution et celle de la fugacité des gaz dissous. Les équilibres
nomènes d’oxydation, de la photosynthèse et de la respiration des chimiques sont ainsi déplacés. Le pH baisse aux grandes profon-
organismes vivants. La solubilité du dioxygène dans l’eau de mer deurs et la solubilité de la calcite CaCO3 augmente. L’augmen-
dépend par ailleurs de la salinité et de la température. Ainsi tation de la pression modifie aussi les cinétiques électrochimiques,
observe-t-on que la teneur en dioxygène varie avec la profondeur, en entraînant notamment une modification des films passifs, des
le lieu géographique et les saisons [14] [15]. coefficients de diffusion et du degré d’hydratation des ions.
La température et la salinité jouent un rôle similaire sur la solu-
bilité du dioxygène ; lorsque la température ou la salinité
augmentent, la solubilité de O2 diminue. Une eau donnée 1.3 Activité biologique
contiendra donc plus de dioxygène à basse température et O2 est et micro-organismes
légèrement moins soluble dans l’eau de mer que dans l’eau douce.
L’activité biologique influe, de manière générale, sur le pH et sur
■ Le dioxyde de carbone dissous participe à l’équilibre chimique les concentrations en CO2 et O2 dissous, via les processus de
carbonate/hydrogénocarbonate, qui est le principal responsable photosynthèse et de respiration (oxydation biochimique) :
des propriétés tampon de l’eau de mer et de son pH relativement
élevé. Les réactions impliquées sont rappelées dans le tableau 2. Oxydation biochimique
L’eau de mer peut être considérée comme une solution Matière organique + O2 CO2 + H2O
d’hydrogénocarbonates en équilibre, à la surface, avec le dioxyde
de carbone de l’atmosphère. Elle est le plus souvent sursaturée en Photosynthèse
carbonate de calcium, sauf aux grandes profondeurs et dans les La respiration consomme de la matière organique et du
régions polaires puisque la solubilité de CaCO3 augmente lorsque dioxygène en produisant du gaz carbonique, ce qui tend à dimi-
la température diminue ou lorsque la pression augmente. La nuer le pH (équations 2 et 3, tableau 2). Il est ainsi souvent
valeur du pH est ainsi maintenue entre 7,5 et 8,5. observé une corrélation entre les variations avec la profondeur de
la concentration en dioxygène et du pH. En raison de l’oxydation
biochimique, ces deux paramètres diminuent de la surface vers
1.2 Propriétés physico-chimiques des profondeurs intermédiaires, pour augmenter aux profondeurs
les plus importantes et atteindre des valeurs constantes [17].
■ La salinité importante de l’eau de mer confère à ce milieu une
grande conductivité électrique. La résistivité de l’eau de mer, de L’immersion en eau de mer d’un matériau non toxique d’un
l’ordre de 20 Ω · cm, est cent fois inférieure à celle de l’eau douce. point de vue biologique conduit, dans les heures qui suivent, à la
Les couplages galvaniques vont donc être particulièrement actifs, formation d’un biofilm contenant des bactéries, des micro-algues
et sur des distances plus grandes. et des détritus. Le biofilm et les « salissures marines » qui le recou-
vrent induisent des nuisances variées telles qu’un accroissement
■ Le pH est tamponné, nous l’avons vu, par le système de la charge des structures, une augmentation de la résistance aux
échanges de chaleur dans des circuits échangeurs ou des réduc-
CO2 /HCO3− /CO23− . Il varie assez peu, dans la plage 7,5 – 8,5. Il
tions d’écoulement de fluide. Ils perturbent en outre localement les
dépend notamment de la température. Typiquement, une eau de caractéristiques physico-chimiques du milieu et donc modifient le
pH égal à 8,30 à 0 oC voit son pH baisser à 7,9 à 35 oC [6]. comportement à la corrosion du matériau [18]. La figure 1 illustre
l’ampleur de ce phénomène.
■ La température de l’eau de mer est bien entendu liée aux
échanges thermiques avec l’atmosphère. La température des eaux Il est généralement admis que les différentes étapes de la
de surface subit, au cours des saisons, des variations atteignant formation d’un biofilm en milieu marin sont les suivantes [COR 130] :
une dizaine de degrés dans les zones tempérées et quelques – adsorption à la surface du matériau de macromolécules organi-
degrés dans les zones équatoriales. Les variations de la tempéra- ques (exopolymères, protéines, etc.) et/ou inorganiques présentes
ture ont un impact sur la quasi-totalité des autres paramètres, que dans l’eau ou produites par des micro-organismes. Ce phénomène
ce soit la concentration en gaz dissous, l’activité biologique ou les se déroule lors des quelques minutes qui suivent l’immersion ;
61
Référence Internet
COR620
2. Mécanismes
de la corrosion marine
Les principaux modes de corrosion sont tous susceptibles de se
produire. Les particularités de l’eau de mer induisent cependant aisé-
Figure 1 – Salissures marines (Crédit photo : LaSIE – Laboratoire ment la corrosion par piqûres et la corrosion caverneuse, favorisées
des Sciences de l’Ingénieur pour l’Environnement) par les ions chlorures, la corrosion galvanique, favorisée par la
conductivité électrique élevée, et la biocorrosion, favorisée par l’acti-
vité biologique. Enfin, la corrosion marine se déroule de façon diffé-
– adhésion des bactéries et, lorsque la surface est éclairée, des rente selon que le métal est immergé en permanence, en alternance
diatomées unicellulaires, suite aux modifications des propriétés de avec des périodes de séchage, en contact avec les seuls embruns, etc.
surface induites par l’adsorption des macromolécules ;
– le film microbien ainsi constitué permet le développement
d’espèces multicellulaires et l’incorporation de débris et de 2.1 Zones de corrosion
sédiments ;
Le comportement à la corrosion des matériaux peut varier
– sur ce biofilm, des « salissures marines », constituées de
considérablement en fonction de leur condition d’exposition et l’on
macro-organismes, algues et invertébrés, viennent enfin se fixer.
doit distinguer différentes zones, comme résumé sur la figure 2.
Une des caractéristiques du biofilm est son hétérogénéité [19].
Des porosités apparaissent à côté d’amas plus denses, la distri- ■ La zone atmosphérique désigne la partie de l’atmosphère où des
bution des espèces chimiques n’est pas uniforme et l’épaisseur peut particules d’origine marine peuvent être présentes. Dans cette
varier de quelques micromètres à plusieurs centimètres. Les zone, se produit une corrosion dite « atmosphérique », qui désigne
conséquences sont multiples : des zones anaérobies peuvent être la réaction d’un métal avec le dioxygène de l’air lorsque l’humidité
observées à côté de régions aérées, le dioxygène pouvant être et certains polluants permettent la formation d’un électrolyte à la
consommé ici par des bactéries aérobies et produit là par des algues surface. Les mécanismes sont voisins de ceux de la corrosion en
microscopiques. De même, le pH peut être localement très faible, le milieux aqueux, mais s’en distinguent sur les points suivants :
métabolisme de certaines bactéries produisant des acides.
}
seurs conséquentes. Les aciers non ou faiblement alliés sont
par exemple recouverts après quelques années d’une couche
épaisse de ~ 1 à 10 mm. Cette couche très poreuse contient Zone atmosphérique
alors une biomasse intimement associée aux produits de corro-
sion [11] [20]. La surface métallique n’est plus recouverte à ce
stade par un « biofilm » mais par une « couche composite
rouille-biomasse » qui gouverne les échanges entre le milieu
extérieur (eau de mer) et la surface de l’acier. Marée haute
} Zone des éclaboussures
Marée basse
} Zone de marnage
1.4 Courants, sédiments et autres
paramètres } Zone immergée
62
Infrastructures, environnement et transport par voie d'eau
(Réf. Internet 42617)
Stratégies de coopération pour la mise en réseaux des ports intérieurs et maritimes TRP5013 97
européens
Gestion de patrimoines d'infrastructures portuaires TRP5020 101
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2
64
Référence Internet
AG8041
Logistique douanière
65
Référence Internet
AG8041
2
L’environnement portuaire, ou aéroportuaire, est complexe en Les marchandises qui circulent dans l’UE sont appelées
raison du nombre élevé d’opérateurs chargés d’intervenir sur les « marchandises communautaires ». Elles ont été produites
marchandises. La formalité douanière n’est qu’un élément dans la dans l’UE ou bien, déjà importées, elles ont auparavant payé
succession des opérations portuaires, mais elle en constitue néan- les droits et taxes à l’importation.
moins un élément essentiel.
Açores (P)
Island
Madeira (P)
Canarias (E) Guadeloupe
Suomi (F)
Finland Martinique
(F)
Norge
Guyane (F)
Suriname Réunion (F)
Sverige Eesti
Brazil
Latvija
Ireland Danmark Rossija
Lietuva
Eire
United Kingdom R.
Belarus'
Nederland
Polska
Belgie Deutschland
Belgique
Ceska Ukraïna
Luxembourg
republika
Liechtenstein Slovensko Moldova
France
Suisse Osterreich
Schweiz Magyarország
Svizzera Slovenija România
Hrvatska Sakartvelo
Bosna i Azerbaycan
Andorra San Marino Hercegovina
Portugal Monaco Haïastan
Srbija <?>
Italia Bulgaria
España Crna Gora
Cilta P.J.R.M
del Shqiperia
Vaticano Türkiye
E␣␦␣
Ellada
Kúς
Kypros
Malta Kibris
66
Référence Internet
AG8041
2
– les îles Canaries ; (Customs Presentation )
– les Îles Anglo-Normandes ;
– les Îles Åland ; 1.3.1.1 Prise en charge à l’importation
– le Mont Athos.
■ Territoires tiers ■ Puisque l’impôt douanier est portable, dès l’approche de la fron-
tière, le conducteur du moyen de transport doit se diriger vers un
Les territoires d’Outre-mer : Polynésie française, Nouvelle Calé- bureau de douane (article 40 à 47 du CDC). Il existe donc des :
donie, Saint-Pierre et Miquelon, Wallis et Futuna, les terres australes
et Antarctiques françaises ne font pas partie du territoire de l’Union – itinéraires douaniers à emprunter ;
européenne. Ils constituent des « territoires tiers ». Il en est de
même pour : – ports et aéroports douaniers (ouverts au trafic international) ;
– Andorre ; – plates-formes logistiques ou lieux de passage, sous sur-
– le Vatican ; veillance douanière.
– San Marin ;
– Gibraltar ; ■ À l’arrivée du moyen de transport, le conducteur, ou son repré-
– les Îles Féroé ; sentant, doit présenter à la douane les marchandises pendant les
– Livignio Campione d’Italia ; heures d’ouverture des bureaux. Cette obligation se traduit par le
– la partie hollandaise de Saint-Martin (San Maarten). dépôt d’une déclaration sommaire. Elle est constituée, le plus sou-
vent, d’une copie du document de transport :
■ Hors douane
Certaines marchandises peuvent circuler à l’intérieur de l’UE – manifeste maritime ou contrat de transport (bill of lading,
sans avoir été dédouanées. Dans ce cas, elles sont sous sur- airway-bill ) ;
veillance douanière. On dit qu’elles sont « couvertes par un régime – lettre de voiture CMR (route) ou CIM (fer) articles 43, 44 et 48
douanier » (cf. § 2 pour les différents régimes douaniers). du CDC.
67
Référence Internet
AG8041
■ S’il ne dispose pas des informations nécessaires pour donner un 1.3.2.1 Préalable à la prise en charge à l’importation
régime douanier à ses marchandises, l’opérateur (prestataire de au 1er janvier 2011
service ou entreprise) peut demander de placer ses marchandises
dans un magasin de dépôt temporaire (MDT – § 1.3.3). Depuis le 1er janvier 2011, une déclaration sommaire d’entrée
(ENS pour Entry Summary Declaration ) doit être adressée, par
anticipation, au premier bureau de douane d’introduction dans
Exemple l’Union européenne (figure 2).
Si, à l’arrivée des marchandises à Anvers, le transitaire portuaire n’a
pas encore reçu d’instructions particulières de son client français, ou ■ Transport maritime
s’il est en attente de certains documents, il place les marchandises
Il existe trois cas :
en MDT.
– par conteneur, ENS adressée au moins 24 heures avant le
chargement du navire dans le port de départ ;
2
1.3.1.2 Prise en charge à l’exportation
– en vrac, au moins 4 heures avant l’arrivée sur le territoire
Comme à l’importation, il existe une formalité de prise en douanier de l’Union européenne ;
charge douanière à l’exportation. Cette formalité se situe chronolo-
– exceptions territoriales (Îles Féroé, Canaries, Madère, dépar-
giquement après le dépôt de la déclaration d’exportation. En effet,
tements d’Outre-mer, ou lorsque le voyage n’excède pas
dès le dépôt de la déclaration en douane pour l’exportation, les
24 heures). Dans ce cas, le délai d’envoi de la déclaration som-
biens concernés par cette déclaration sont sous contrôle douanier.
maire est réduit à 2 heures avant l’arrivée au premier point
Le mouvement des biens du bureau de douane d’exportation d’entrée dans l’Union européenne.
où a été déposée la déclaration jusqu’à la frontière de l’UE se
matérialise par un message de prise en charge retourné par le
bureau de douane de sortie de l’UE. Celui-ci constate la fin de
l’opération douanière. Données à faire figurer sur la déclaration sommaire d'entrée
(Message électronique)
Cette formalité est importante car elle a des conséquences Nombre d'articles Y Y
fiscales pour l’exportateur : il doit justifier la vente en exonération
Numéro de référence unique de l'envoi X/Y X/Y
de TVA.
Numéro du document de transport X/Y X/Y
Expéditeur X/Y X/Y
1.3.2 Nouvelle étape : mesures de sûreté Personne présentant la déclaration sommaire Y Y
Destinataire X/Y X/Y
Après les événements du 11 septembre 2001 aux États-Unis
Transporteur Z
d’Amérique, des mesures de protection du territoire américain ont
été mises en place afin d’éviter l’arrivée intempestive de marchan- Partie à notifier X/Y
dises dangereuses (armes de destruction massive, produits Identité et nationalité du moyen de transport actif franchissant
chimiques interdits, etc.). la frontière
Numéro de référence du transport Z
Code du premier lieu d'arrivée Z
Ces mesures de protection sont connues sous le sigle CSI
Date et heure d'arrivée au premier lieu d'arrivée sur le territoire douanier
(Container Security Initiative ). Les douanes américaines
demandent aux exportateurs vers les USA de les informer sur Code du (des) pays de l'itinéraire Y Y
la nature de la cargaison et les parties au contrat, 24 heures Bureau de douane de sortie Y
avant l’embarquement sur le navire à destination d’un port Localisation des marchandises Y
américain (destination finale ou simple escale). Lieu de chargement X/Y
Cette information prend la forme d’une déclaration som- Code du lieu de déchargement X/Y
maire électronique qui est véhiculée, le plus souvent, par les Désignation des marchandises X X
compagnies maritimes ou leurs agents. Type de colis (code) X X
Nombre de colis X X
Ces obligations existent pour les autres modes de transport, Marques d'expédition X/Y X/Y
mais les délais pour informer les autorités américaines sont Numéro d'identification de l'équipement, si conteneurisé X/Y X/Y
réduits : Numéro d'article X X
– 6 heures pour le trafic aérien ; Code SH des marchandises X X
Masse brute (kg) X/Y X/Y
– 1 heure pour le trafic routier.
Code marchandises dangereuses ONU X X
■ Ces dispositions ont été approuvées au niveau mondial, en juin Numéro du scellé X/Y X/Y
2005, par l’ensemble des Directeurs généraux des douanes dans Code du mode de paiement des frais de transport X/Y X/Y
une déclaration de l’OMD (Organisation mondiale des douanes) Date de déclaration Y Y
qui invite tous les pays à mettre en place des dispositions ana- [Signature ] Authentification Y Y
logues pour lutter contre le terrorisme (programme SAFE). Autre indicateur de circonstance spécifique Y Y
légende :
■ De son côté, l’Union européenne a publié un règlement modi-
fiant le Code des douanes communautaire (règlement 685/2005) y information au niveau du message
instaurant une obligation similaire. Les déclarations préalables à x information au niveau de l'article
l’importation, comme à l’exportation, devaient entrer en vigueur Annexe 30 A du règlement 1875/2006 du 18 décembre 2006
au 1er janvier 2009. La date à été repoussée jusqu’au 1er janvier
2011. D’autres pays prennent, ou ont pris, des mesures analogues Figure 2 – Données obligatoires à faire figurer dans le message
(Chine, Australie, Brésil, Argentine...). ICS/ECS
68
Référence Internet
AG8041
2
■ Le message ECS peut être confondu avec la déclaration d’expor-
■ Transports par voie ferrée et fluvial
tation, notamment lorsque la déclaration d’exportation est
Le délai d’envoi au premier bureau d’introduction dans l’UE est elle-même émise sous la forme d’un message électronique. C’est
de 2 heures. le cas, en France, lors de l’exportation réalisée à partir d’un bureau
intérieur (en dehors des ports et aéroports).
La déclaration sommaire d’entrée doit prendre la forme d’un
message électronique et comporter des informations qui ne • Depuis le 1er janvier 2011, pour permettre une analyse de ris-
figurent pas sur les documents de transport (bill of lading, lettre de ques, ce message doit comporter des informations sur le moyen
voiture CMR ou CIM, Airway Bill ). de transport :
– numéro d’immatriculation ou d’enregistrement du conteneur ;
Les échanges avec la Suisse et la Norvège ne sont pas – mode de paiement du transport.
concernés par ces dispositions. Il existe un accord de
■ Ce message a, en outre, une fonction fiscale : il sert de preuve
reconnaissance mutuelle avec ces deux pays où les contrôles
de sortie de l’UE pour justifier la vente en exonération de TVA. Le
de sûreté ne sont pas exigés pour les échanges avec l’UE.
bureau de sortie informe le bureau émetteur de la sortie effective
Chaque pays s’engage, en revanche, à appliquer des des biens en dehors de l’Union. Un accusé de réception est
contrôles de sûreté pour les marchandises arrivant d’autres adressé à l’exportateur ou à son représentant. Cet accusé de
pays, quel que soit le mode de transport. réception doit être conservé pour présentation en cas de contrôle
douanier, ou fiscal.
■ Les informations contenues dans la déclaration sommaire
d’entrée sont, en principe, fournies par le transporteur. Le mes-
Attention : dans certaines circonstances, les biens peuvent
sage d’envoi est suivi d’un retour avec un code-barre appelé
quitter les locaux de l’exportateur, sans être directement ache-
« MRN ». Ce code sera le sésame pour entrer dans l’UE.
minés en dehors de l’Union européenne. Ils sont stockés dans
À partir de ce message, les douanes de l’État Membre d’impor- un lieu proche de la frontière dans un autre État Membre.
tation vont réaliser une analyse de risque et déclencher des Le délai de stockage ne peut excéder 150 jours. Au-delà, la
contrôles physiques sur les cargaisons importées dans l’Union déclaration en douane d’exportation et le message ECS
européenne. peuvent être annulés, une nouvelle déclaration devra être
déposée dans l’État Membre où a eu lieu le stockage.
■ Résumé
L’obligation d’adresser un message valant déclaration sommaire
d’entrée avant l’arrivée sur le territoire douanier de l’Union euro- Exemple
péenne change les pratiques logistiques, en particulier pour les Marchandises exportées vers la Russie, mais stockées en Finlande
transports maritimes et aériens. La majorité des informations avant expédition en dehors de l’UE, le délai de séjour en Finlande ne
nécessaires pour établir sa déclaration en douane doit être devra pas excéder 150 jours. Au-delà, une nouvelle déclaration devra
communiquée au point d’entrée dans l’Union européenne par le être déposée auprès des douanes finlandaises, la déclaration d’expor-
transporteur avant son arrivée. Pour les transports conteneurisés, tation déposée en France sera annulée. Il faudra récupérer la preuve
c’est avant même le départ du navire du lieu d’exportation. de la sortie de l’UE pour justifier l’exonération de la TVA à l’expor-
Ces informations vont servir à réaliser des contrôles physiques tation. Cela va entraîner des coûts supplémentaires pour l’exportateur
au port d’arrivée dans l’Union et peuvent éventuellement en inter- et/ou des risques, il faut donc faire attention à l’Incoterm choisi.
dire l’accès au territoire de l’UE. Un Incoterm EXW ou FCA transporteur français risque d’être très
Dans la pratique, l’entreprise doit fournir la majorité des informa- pénalisant pour l’exportateur. Le contrat devra prévoir une clause
tions à partir de la déclaration d’exportation du pays de départ qui va, concernant l’acheminement direct, ou la durée du stockage en Finlande.
dans bien des cas, servir de base à la déclaration sommaire d’entrée.
Ces informations sont demandées par les compagnies maritimes au 1.3.3 Magasins et aires de dépôt temporaires
moins 2 jours avant le chargement du navire. Cela occasionne des
coûts supplémentaires et un accroissement des lead times à prendre Prévus dans les articles 50 à 53 du CDC, ces magasins et aires de
en considération dans les cotations maritimes (figure 3). dépôt temporaires (MADT) permettent de conserver des marchan-
dises en attente de régime douanier. Il ne s’agit pas de stocker
1.3.2.2 Prise en charge à l’exportation – sous douane des marchandises, mais de permettre à l’opérateur
Dispositions relatives à la sûreté économique d’attendre que lui parviennent certains éléments
indispensables au dédouanement.
À l’exportation, il existe un dispositif similaire qui est entré en
Les marchandises peuvent être placées en MADT soit par :
vigueur au premier juillet 2009. Comme pour l’importation, le Code
des douanes communautaire a été modifié pour intégrer une nou- – le détenteur des marchandises qui les a introduites dans l’UE ;
velle formalité : la déclaration sommaire de sortie ECS (Export – le transitaire portuaire ;
Control System) (figure 4). – l’entreprise importatrice dans ses propres locaux.
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declaration) faite rter Y Notification d'arrivée
par le transporteur par transporteur au
Office of entry
pour obtenir un premier point touché
Office of entry de l'UE
code MRN de l'UE
GOODS
Carrier
ENS
3 4
Summary Carrier
• Arrivée dans l'UE déclaration
• Présentation des Office
marchandises Régime douanier
of entry
• Validation de l'ENS dans SI donné par le déclarant
Office of entry
• Prise en charge des MRN sur (ou son représentant)
une déclaration sommaire
pour donner aux douanes la
suite prévue des flux
• Escale, transit, MLP ENS ENS
Customs declaration
3
Entreprise Édition
papier Transporteur jusqu'au
exportatrice
EAD point de sortie
avec MRN
5 6 7
1 2 9 Présentation de l'EAD Notification d'arrivée Autorisation de sortie
au point de sortie des marchandises du territoire de UE
Émission Accord Attestation
avec lecture optique du MRN IE 507
Déclaration bureau de sortie
code barres
export dans douane et IE 599
DELT@ possibilité
émission
MRN
4
Avis anticipé
d'exportation
IE 501 Bureau de sortie
Bureau de douane d'exportation
de l'Union européenne
Mulhouse
Anvers
8
Constatation de la sortie
effective des marchandises
IE 518
70
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Phase 1
2
Phase 2 Le Havre
Port de destination
Douane
Phase 3 Déchargement et prise en
charge douanière
Douane
Delta D
Dédouanement
immédiat
Delta C
Transit
Commissionnaire
douanier
en douane
NSTI
Les délais de séjour en MADT sont respectivement de : • Les délais de séjour sont limités à :
• 45 jours dans les ports ; – 60 jours après la date de dépôt d’une déclaration
d’exportation ;
• 20 jours dans les autres lieux.
– 15 jours s’il s’agit d’une suite d’opérations de transit.
Les MADT sont, le plus souvent, gérés par des professionnels tran-
• En cas de dépassement des délais de séjour, tant à l’impor-
sitaires du transport, des transporteurs, etc., ou par des organismes
tation qu’à l’exportation, les marchandises sont placées par le ser-
publics (chambre de commerce, port autonome). Quand le dédoua-
vice des douanes en « dépôt d’office ». Dans la plupart des cas,
nement a lieu dans le cadre d’une procédure à domicile, le MADT
elles sont déplacées et placées en entrepôt de stockage. La durée
peut être situé dans les locaux du destinataire des marchandises.
maximale en dépôt d’office est de quatre mois. À l’issue de cette
période, les marchandises sont vendues aux enchères.
■ La gestion des MADT est relativement simple. L’entrée est réali-
sée à partir de la Déclaration sommaire, et la sortie sur la base de • On doit attirer l’attention sur le niveau élevé des frais de stoc-
la déclaration qui sera faite pour affecter un régime douanier à la kage et de manutention qui sont à la charge du propriétaire des
marchandise. L’exploitant doit tenir une comptabilité « matières » marchandises, ou de son représentant (Incoterms), lors d’une mise
(inventaire) des marchandises stockées. à FOB dont les délais ne sont pas respectés. Dans les ports ou les
aéroports, ils peuvent atteindre des montants importants. En
conséquence, il est souhaitable d’éviter une telle situation qui peut
Déroulement des opérations (en résumé) : aboutir à la vente forcée des marchandises (vente en douane réali-
sée par le receveur des douanes).
– prise en charge : présentation du document de transport
ou colisage ; Dans certaines situations, il est intéressant d’utiliser les facilités
– mise en MADT : inscription dans une comptabilité offertes par les MADT, il est possible d’en créer au sein même
« matières » par le gestionnaire du MADT ; d’une entreprise. En raison de leur simplicité de gestion, ces
– sortie du MADT : apurement de la comptabilité magasins permettent de stocker à peu de frais des marchandises
« matières », suivi de la mise sous régime douanier des mar- non communautaires.
chandises (importation, exportation, transit...) (figure 5).
71
2
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AG1322
73
Référence Internet
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1. Du transport à la logistique Pour cela, il est nécessaire de bien comprendre les attentes et
besoins des clients.
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Référence Internet
AG1322
On peut regrouper et distinguer trois familles complémentaires – elle est un outil d'aide à la décision fournissant un ensemble
d’activités qui définissent la logistique : de renseignements et de coûts prévisionnels lors du développe-
– les opérations logistiques (transport, manutention, entrepo- ment d'un projet ;
sage, emballage, etc) ; – elle assure une fonction de régulation des flux et agit comme
– la gestion des flux de produits et d’informations et les outils de agent économique en tant que tel puisque sont touchés les trans-
gestion associés ; ports, la production, la distribution et la maîtrise organisationnelle.
– les opérations économiques qui regroupent les prestataires de L’Aslog indique qu’elle concerne l’ensemble des opérations concer-
transport, d’entreposage, etc, fournissant aux clients un service nant le mouvement des produits et des marchandises telles que :
logistique intégré.
Nota : Aslog : « Association pour la logistique » réseau français des professionnels de
La logistique apparait alors comme l'activité ayant pour objet la logistique
de gérer les flux et les données qu’ils soient physiques, d’informa-
tions ou financiers, afin de mettre à disposition des ressources « localisation des usines et entrepôts, approvisionnements, ges-
2
correspondant à des besoins préalablement déterminés. tion physique des encours de fabrication, emballage, stockage et
gestion des stocks, manutention et préparation des commandes,
transports et tournées de livraison ».
1.3 La logistique dans l’activité Les différentes activités décrites dans cette définition doivent
de l’entreprise permettre une réflexion générale construite autour d’une double
préoccupation : réaliser les opérations au moindre coût et assurer
La fonction logistique agit de façon transversale dans l'entreprise : la meilleure qualité de service possible (tableau 1)
– elle réunit toutes les informations des différents services pour Toutes ces tâches sont les mêmes à l’international avec des dif-
proposer un schéma de la gestion des flux de marchandises et ficultés supplémentaires dues notamment à des documents dans
d'informations ; une autre langue et l’intervention d’autres acteurs.
75
Référence Internet
AG1322
Pour remplir cette deuxième fonction, il est indispensable de «tra- Acte juridique pour attester
Procès-verbal
cer » les envois, qu’il s’agisse d’un colis, d’une palette, d’un conteneur des déclarations ou des constatations
ou d’un véhicule, c’est-à-dire de retrouver leur localisation et l’histo-
rique de leur déplacement au moyen d’une identification enregistrée. Reçu certifiant la réception
d’une marchandise, d’un document
L’étiquette logistique standard élaborée par Gencod-EAN avec Récépissé
ou la perception d’une somme
code à barres est la technique largement utilisée pour suivre les de monnaie
colis et palettes. Son usage est européen. Éditée par l’expéditeur,
elle assure le lien entre le flux physique des marchandises et le Document attestant la possibilité de jouir
flux d’informations. Outre une meilleure traçabilité tout au long de Titre
d’un droit ou exécuter une prestation
la chaîne logistique, elle procure les avantages suivants :
Permis de circuler d’une personne
– gain de temps du fait de l’automatisation des saisies et du
Titre de circulation ou d’une marchandise sur un territoire
contrôle des opérations ;
déterminé
– retour d’information vers le donneur d’ordre ;
– meilleure conformité des contrôles en liaison avec l’EDI. Document permettant d’effectuer
Titre de transport
la prestation de transport
La performance de la chaîne logistique et de la relation client est
de plus en plus dépendante de la gestion des systèmes d'informa-
tions en raison du besoin accru de flexibilité, de vitesse et de qualité.
Les documents à transmettre sont nombreux.
1.6 Principales caractéristiques de l’EDI
1.5 Principaux documents courants L’EDI (Electronic Data Interchange est un système d’échanges
de données informatisées structurées dans un langage normalisé.
utilisés en logistique Il se définit par des :
Le tableau 2 récapitule quels sont les différents types de docu- – caractéristiques : conçu pour remplacer la transmission des
ments couramment utilisés en logistique et à quoi ils servent. Tous données papier et diminuer les interventions humaines, c’est une
ces documents doivent pouvoir être échangés par voie numérique dématérialisation des informations dès que les données originales
avec l’EDI. sont introduites, une seule fois.
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Fournisseurs
en Europe
Ordres d’achat
Entreprise
Sous-traitants
En Europe
Demandes Ordre
d’achat de préparation
Fournisseurs
à l’étranger Frontière
Fabrication ou préparation
Sous-traitants
à l’étranger Frontière Ordre de livraison
attestations de livraison
en retour Mise
Transmission des ventes en entrepôt
Client européen
Frontière
Transports
étrangers
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Référence Internet
AG1322
La logistique intègre tous ces éléments Elle rappelle que les facilitations du commerce et du transport
Il s’agit de trouver la meilleure solution permettant de maîtriser sont un grand stimulant du développement économique et, en
ces flux logistiques passant les frontières, d'optimiser la rentabi- conséquence, la logistique en est un élément important.
lité, de mesurer la performance, d'offrir de la valeur ajoutée aux La Banque Mondiale a défini 6 critères pour calculer son index
clients ou aux revendeurs, de coordonner les étapes de la Supply qu’elle applique de manière égale à 160 pays :
Chain…dans un souci de qualité et de traçabilité. – fonctionnement des Douanes (customs) ;
Le logiciel doit prendre en charge le pilotage en temps réel de – infrastructures de transport (infrastructures) ;
l'activité logistique, le suivi des flux de marchandises et d'informa- – facilité d’organisation d’une expédition (ease of arranging
tions, la gestion avancée de stock, l'optimisation des surfaces de shipments) ;
stockage, le tout de manière adaptée aux besoins de l'entreprise – qualité des services logistiques (quality of logistics services) ;
– rapidité et promptitude (timeliness) ;
– suivi et localisation (tracking and tracing).
2
Il faut se rappeler que la logistique est une fonction straté- Cet index participe à une meilleure compréhension des efforts
gique majeure devant être cohérente avec les processus en réalisés pour mieux comprendre la complexité croissante des
amont (achats et sous-traitances dans le monde entier) et « supply chains » et de leur fiabilité.
internes à l’entreprise (entre les différents établissements), les
attentes particulières des marchés tout en intégrant les Il permet de manière simple de comprendre quels sont les
contraintes externes propres à chaque origine et destination. points forts et les faiblesses de chaque pays et donc, de mettre en
Elle est évidemment source de valeur ajoutée pour définir la place une disposition pour se prémunir de difficultés possibles et
meilleure adéquation entre les coûts (transports et actes admi- notées dans l’index en adaptant la logistique, pour commercer ou
nistratifs propres à chaque pays) et la satisfaction des clients travailler avec un pays déterminé, et notamment pour mettre en
situés sur tout marché extérieur. place des processus redondants afin de pallier aux faiblesses.
C’est un bon indicateur de choix avant la mise en place de la
stratégie logistique. Les grandes sociétés de transport et logis-
En dehors des coûts de production situés dans des lieux bien tique fonctionnent évidemment avec les mêmes données.
déterminés, la logistique internationale doit intégrer notamment Le tableau 3 présente le classement des 20 premiers pays (sur
les coûts suivants : 160) établi par la World Bank en 2018/2019.Les grands pays expor-
– traitement des commandes propres à chaque pays ; tateurs sont en tête.
– stocks en fonction de chaque destination ;
– entreposage avant l’expédition de chaque commande ;
– constitution de lots économiques par destination ; 2. Définition d’un choix
– différents transports pour approvisionner les unités de stoc-
kage et d’expédition vers chaque client ; logistique
– documents propres à chaque transport et administration de
chaque pays ou destination ; La chaîne logistique étant un élément majeur de la gestion et
donc des coûts de revient, tout management de la logistique
– financement de chaque partie d’opération ;
devra comprendre :
– services proposés à la clientèle en fonction des coutumes locales
et de la stratégie marketing et de service clientèle et après-vente. – la définition des enjeux et de la finalité dans l’entreprise ;
– la désignation des acteurs ;
La logistique est une discipline complexe à fort potentiel d’amé- – la gestion des différents flux ;
lioration et s’appuyant sur des systèmes administratifs et informa- – le recensement des infrastructures nécessaires afin de construire
tiques performants. la chaîne de valeur ;
Exemple – l’inventaire des coûts pour avoir une vue de leur montant et de
leur origine.
C’est ainsi que Danone pour expédier l’eau d’Evian dans le monde
L’étude des flux est donc un élément économique capital.
entier pré-achemine les lots palettisés étiquetés selon leur destination
terminale par trains entiers vers un vaste entrepôt dans le port
d’Anvers. Les palettes sont regroupées ensuite en conteneurs en
fonction du port d’arrivée ou sont collectées par un groupeur. L’expé-
2.1 Les enjeux et la finalité
dition se fait selon les départs programmés des navires. La pression concurrentielle constante des marchés justifie la mise
en place d’une réflexion fondamentale sur les flux de l’activité de
La logistique est donc un élément majeur de l’efficacité de toute entreprise.
l’entreprise et conditionne ses performances. Ainsi, pour le cas de
Au niveau international, comme au niveau national, la logis-
Danone, expédier de l’eau et faire en sorte qu’elle soit à un prix
tique ne peut pas être improvisée pour plusieurs raisons :
acceptable au client final exige une maîtrise quasi parfaite de la
logistique de bout en bout. L’international, du fait des distances – la concurrence ;
accrues, des systèmes administratifs et légaux différents, des – les coûts aussi bien de production, que de transport, d’organi-
cultures parfois incomprises voire méconnues, l’international sation administrative, de documents de toutes sortes, de marke-
donc, rend cette fonction encore plus importante pour le maintien ting, de vente ou l’après-vente ;
et le développement de la compétitivité de l’entreprise. – le service à apporter au client ou au revendeur ;
– la réponse à une demande de prix qui doit intégrer les diffé-
rents éléments et être très rapide,…
1.8 L’Index de Perfomance logistique Elle est un élément intégrateur de réponse à la demande des clients.
Ou Logistics Performance Index (LPI) de la Banque Mondiale ■ Les enjeux
(World Bank) La fin de l’entreprise intégrée verticalement marque le prodigieux
Chaque année, la Banque Mondiale calcule un index pour développement de la « logistique ». Puisque des entreprises
mesurer la performance et la qualité de la logistique par pays peuvent fournir des composants plus performants à inclure dans la
membre de l’« International Transport Forum ». production finale, l’atelier intégré va, soit disparaître, soit faire
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2
Austria 4 2 14 4.03 3.88 4.17 94.5 12 3.71 5 4.18 3 3.88 6 4.08 7 4.09 12 4.25
Japan 5 2 10 4.03 3.96 4.09 94.5 3 3.99 2 4.25 14 3.59 4 4.09 10 4.05 10 4.25
Netherlands 6 2 11 4.02 3.95 4.09 94.3 5 3.92 4 4.21 11 3.68 5 4.09 11 4.02 11 4.25
Singapore 7 2 15 4.00 3.86 4.13 93.6 6 3.89 6 4.06 15 3.58 3 4.10 8 4.08 6 4.32
Denmark 8 2 17 3.99 3.82 4.16 93.5 4 3.92 17 3.96 19 3.53 9 4.01 3 4.18 2 4.41
United 9 3 11 3.99 3.93 4.05 93.3 11 3.77 8 4.03 13 3.67 7 4.05 4 4.11 5 4.33
Kingdom
Finland 10 1 21 3.97 3.68 4.26 92.7 8 3.82 11 4.00 16 3.56 15 3.89 1 4.32 8 4.28
United Arab 11 2 15 3.96 3.86 4.05 92.3 15 3.63 10 4.02 5 3.85 13 3.92 13 3.96 4 4.38
Emirates
Hong Kong 12 7 17 3.92 3.83 4.01 91.2 9 3.81 15 3.97 8 3.77 12 3.93 15 3.92 15 4.14
SAR, China
Switzerland 13 7 17 3.90 3.80 4.00 90.6 16 3.63 9 4.02 20 3.51 11 3.97 5 4.10 13 4.24
United 14 12 17 3.89 3.83 3.94 90.1 10 3.78 7 4.05 23 3.51 16 3.87 6 4.09 19 4.08
States
New 15 2 23 3.88 3.63 4.12 89.8 13 3.71 13 3.99 27 3.43 8 4.02 16 3.92 9 4.26
Zealand
France 16 14 17 3.84 3.79 3.90 88.8 19 3.59 12 4.00 17 3.55 17 3.84 12 4.00 14 4.15
Spain 17 12 18 3.83 3.74 3.92 88.4 17 3.62 19 3.84 6 3.83 18 3.80 19 3.83 20 4.06
Australia 18 14 26 3.75 3.60 3.90 85.9 7 3.87 16 3.97 40 3.25 21 3.71 20 3.82 21 3.98
Italy 19 18 22 3.74 3.68 3.80 85.6 23 3.47 18 3.85 21 3.51 24 3.66 18 3.85 17 4.13
Canada 20 14 27 3.73 3.56 3.89 85.2 18 3.60 21 3.75 30 3.38 14 3.90 21 3.81 22 3.96
partie de ce que l’on nommera les « sous-traitants », à condition • À long terme, contribuer à une meilleure organisation, et donc à
que le transport et la gestion du flux soit économique, lui-même mieux maîtriser la complexité de la production et la vente.
réalisé par une « entreprise de service », et que sa prestation soit Des entreprises comme Ikea, ou les grandes entreprises de
économiquement avantageuse et fiable. distribution comme Lidl, Carrefour ou Leclerc, sont passées
L’enjeu de la logistique est donc de fournir une prestation profi- maîtres dans l’optimisation de ces flux. Et comme il a été rap-
table pour le processus de production quelle que soit l’origine de pelé ci-dessus le succès d’Amazon tient avant tout à une maîtrise
l’expédition. presqu’absolue de la logistique.
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2 AELE
ASEAN
AT
Association européenne de libre-échange
Association of South East Asian Nations
Admission temporaire
NDP
NGP
Nomenclature des produits
Nomenclature générale des produits
OCDE Organisation de coopération et de développement
ATA Admission temporaire/Temporary Admission OMC Organisation mondiale du commerce
ATR Attestation dans les relations avec la Turquie OMD Organisation mondiale des douanes
BOD Bulletin officiel des douanes ONU Organisation des Nations-Unies
CACO Codes additionnels communautaires PA Perfectionnement actif
CANA Codes additionnels nationaux PAC Politique agricole commune
CE Commission européenne (organe administratif PECO Pays d’Europe centrale et orientale
de l’UE) PP Perfectionnement passif
CDC Code des douanes communautaire PTOMA Pays et territoires d’outre-mer
CIF Cost, Insurance and Freight PVD Pays en voie de développement
CIM Contrat international des marchandises SH Système harmonisé de codification
CMR Contrat de marchandises par route et de classification des marchandises
CNUCED Conférence des Nations-Unies sur le commerce SPG Système de préférences généralisées
et le développement TARIC Tarif intégré communautaire
Conseil Conseil des ministres de l’Union européenne TC Transit communautaire ou transit commun
(organe exécutif de l’UE)
TEC Tarif extérieur commun
CTCI Classification type pour le commerce international
TIR Transit international routier
DAU Document administratif unique
TVA Taxe à la valeur ajoutée
DELT@ Système de dédouanement électronique
UE Union européenne
DI Déclaration d’importation
Doha Cycle de négociations internationales dans le cadre
DOM Département d’outre-mer Round de l’OMC
EEE Espace économique européen
EM États membres
Eurostat Organisme qui gère les statistiques de l’UE, 1. Cadre général
pour les échanges entre les EM de l’UE et le reste
du monde En France, lorsqu’une entreprise acquitte des droits de douane à
FORM A Certificat d’origine dans les accords SPG l’importation auprès de son commissionnaire en douane, elle n’a
pas conscience de payer un impôt communautaire qui est fondé
GATT General Agreement on Tariffs and Trade (Accord
sur une législation internationale.
général sur les tarifs douaniers et le commerce)
La réglementation douanière s’est affranchie aujourd’hui presque
Intrastat Système de collecte statistiques interne,
totalement de la législation française pour trouver sa source dans le
pour les échanges entre les EM de l’UE
droit communautaire ou les traités internationaux. Cette internatio-
IRU International Road Union nalisation de la législation douanière a accompagné, depuis plusieurs
JOCE Journal officiel des Communautés européennes années, la mondialisation des échanges. Elle place le chef d’entre-
JORF Journal officiel de la République française prise ou ses collaborateurs devant l’obligation de connaître la régle-
mentation douanière, non seulement afin d’éviter tout blocage qui
JOUE Journal officiel de l’Union européenne pourrait résulter d’une mauvaise application des textes en vigueur,
LIDIS Licence de distribution mais aussi pour optimiser sa gestion logistique et financière.
Machreq Égypte, Jordanie, Syrie, Liban Les gains ou les coûts induits par la prise en compte des aspects
MADT Magasins et aires de dépôt temporaire douaniers font, désormais, partie intégrante de la stratégie de
Maghreb Ensemble des pays du nord-ouest de l’Afrique l’entreprise. En voulant profiter de toutes les opportunités des
(Maroc, Algérie, Tunisie) marchés, celle-ci voit son champ d’action dépasser largement les
frontières de l’Union européenne. Dans ces conditions, il lui est
MAC Mise à la consommation indispensable de s’interroger sur :
Mercosur Marché commun d’Amérique du Sud – l’assiette et le niveau des droits de douane ;
MFN Most Favoured Nation (traitement tarifaire normal – les pays susceptibles d’offrir les meilleures sources d’approvi-
des membres de l’OMC) sionnement en exonération des droits de douane ;
MLP Mise en libre pratique – ou le moyen d’optimiser les opérations de stockage ou de
fabrication en suspension de droits et taxes.
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Référence Internet
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Les réponses à la plupart de ces questions se trouvent dans les L’OMC est chargée de contrôler la bonne application de ces dis-
textes internationaux ou communautaires. Ces textes constituent positions et d’encadrer strictement toute mesure de sauvegarde.
les instruments de base qui déterminent le statut douanier d’une L’adhésion à l’OMC implique l’application à tous les autres
marchandise à l’importation et à l’exportation. Même si l’approche membres de la clause de la nation la plus favorisée (MFN). Les
des textes administratifs n’est pas chose aisée, il convient de sou- membres de l’OMC doivent accorder les mêmes avantages tari-
ligner que, grâce à cette internationalisation des échanges et à faires et préférences commerciales à tous les autres membres sauf
l’harmonisation des législations, la formalité douanière s’est adap- exceptions prévues par l’accord.
tée et modernisée pour mieux répondre aux besoins des opéra-
teurs du commerce extérieur. L’OMC dispose d’un organisme de règlement des différents
entre les membres de l’organisation. En cas de violation des prin-
Le cadre international est constitué par les engagements des cipes ou des engagements par les États, une plainte peut être
pays membres de l’Organisation mondiale du commerce, OMC, et déposée auprès de l’Organisation par le pays du plaignant. Les
des conventions signées dans le cadre de l’Organisation mondiale règles de l’OMC sont un levier important pour l’ouverture des
2
des douanes. Celles-ci apportent une réelle sécurité juridique aux marchés et le renforcement de la sécurité juridique des opérateurs
entreprises. Elles permettent une meilleure connaissance de l’envi- du commerce extérieur. On peut cependant regretter la lourdeur
ronnement international des droits et des obligations des acteurs de la procédure et l’impossibilité pour les opérateurs individuels
du commerce mondial. de saisir directement l’OMC.
En 2001, un nouveau cycle de négociations a été lancé. Il a pour
1.1 Cadre international objectif affiché la participation active des pays en développement
au commerce mondial (Doha Development Round). Ce cycle est
1.1.1 Négociations multilatérales très ambitieux, notamment en matière de réduction de droits de
douane, mais aussi dans le domaine de la facilitation des
Depuis 1947, l’Accord général sur les tarifs douaniers (GATT) échanges. Il intègre deux nouvelles priorités :
devait aboutir à une véritable Organisation mondiale du – la dématérialisation des documents administratifs ;
commerce (OMC). Il a fallu attendre 1995 pour voir ces efforts
– le renforcement de la transparence des textes réglementaires.
récompensés. L’OMC mise en place à l’issue des négociations de
l’Uruguay Round a changé assez fondamentalement le type de En 2008, le cycle de Doha est entré dans sa phase finale, malgré
relations entre les pays adhérents. Selon les règles de l’OMC, les difficultés rencontrées, en particulier dans les négociations
l’adhésion à cet organisme implique pour les parties agricoles. Il devrait cependant déboucher sur un accord global
contractantes : soutenu par les pays de l’OCDE et les grands pays émergents
– d’une part, d’accepter les principes du GATT : (Chine, Brésil et Inde) à terme.
• non-discrimination des échanges, La figure 1 retrace l’historique des accords multilatéraux conclus
• réciprocité des concessions tarifaires, depuis 1947.
• mesures de protection des économies, négociées et transpa-
rentes,
1.1.2 Négociations bilatérales
• interdiction des pratiques de dumping et de subvention à
l’exportation ; En parallèle des négociations de l’OMC, les différents membres
– d’autre part, de ratifier le code, notamment sur les aspects de cette organisation ont signé entre eux des accords de
douaniers non tarifaires : libre-échange ou ont constitué des unions douanières (figure 2).
• adoption du système harmonisé de classification et codifica- Ces accords de libre-échange ou ces unions douanières sont auto-
tion des marchandises, risés par la charte de l’OMC dans les articles VIII, XI et XII et XXIV.
Ils se constituent le plus souvent en organisations régionales
• application de l’accord sur l’évaluation des marchandises,
comme l’Union européenne ou l’ALENA (États-Unis, Mexique et
• mise en place des règles prévues en matière d’antidumping, Canada) dont l’objectif majeur est la suppression des droits de
• adoption des règles de détermination de l’origine non préfé- douane pour les produits originaires des pays de la zone de
rentielle. libre-échange.
Tarifs sur les biens non agricoles Anti-dumping, TBT, marchés publics, subventions, licences
CATT 1986-94 : cycle d’Uruguay
Baisse des tarifs douaniers sur les biens non agricoles, AD, TBT, SPS, TRIPS, règle d’origine, investissement,
services, faible réductions tarifaire sur l’agriculture textiles, règlement des différends
2001 : cycle du développement Doha 2008 ou 2010 ?
1995
Baisse des tarifs douaniers sur l’agriculture AD, subventions, régionalisme, investissement, concurrence,
OMC Très forte baisse sur les biens non agricoles, services facilitation des échanges, transparence dans les marchés publics,
Négociations sectorielles : ATI service financiers, environement...
2010 ?
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Référence Internet
AG8040
2 ALENA
CEI
EU
QUAD ATA
CARICOM EAU
CACM
CAN AFTA
SADC
MERCOSUR
Les unions douanières sont beaucoup plus ambitieuses car elles ont droits douaniers des différents États membres et concerne la
pour objectif une réelle intégration économique qui se traduit par : quasi-totalité des règles douanières. L’organisation des services
– un tarif extérieur commun (le taux de droit de douane appliqué des administrations douanières et le contentieux restent encore les
à l’importation est le même quel que soit le pays membre de principales prérogatives du droit douanier des États membres.
l’union douanière) ; Dans tous les autres domaines douaniers, le droit communautaire
– une politique commerciale commune (un produit importé dans est d’application directe.
l’union douanière circule librement). Les principaux textes sont réunis au sein d’un codex appelé code
Actuellement, seule l’Union européenne et l’union douanière des douanes communautaire (CDC) qui est entré en vigueur pour
entre la Turquie et l’Union européenne répondent totalement à ces l’essentiel en 1994 (règlements du conseil no 2913/92 et 2454/93 des
critères. Les autres unions douanières ne sont pas encore 12 octobre 1992 et 2 juillet 1993). Ces textes sont en cours de révi-
complètement achevées (par exemple : le Mercosur, communauté sion, un premier règlement est paru en 2005 : le règlement 648/2005
économique dont les membres sont l’Argentine, le Brésil, le Para- sur la sûreté et le statut d’opérateur économique agréé (voir infra).
guay, l’Uruguay et le Vénézuela). La création des ces unions doua- Un code des douanes modernisé a été adopté par le Conseil de
nières et des zones de libre-échange est une réponse à la difficulté l’Union et le Parlement européen en 2007. Les dispositions d’appli-
de négocier au niveau multilatéral. cation doivent être finalisées en 2009. Le code et ses dispositions
Pour les entreprises, la multiplication de ces zones de d’application devraient entrer en vigueur en 2011.
libre-échange ou de ces unions douanières rend plus complexe Sont donc définies sur le plan communautaire les trois
l’approche des différents marchés. Les règles liées à l’importation politiques suivantes.
(règles d’origine notamment) sont différentes d’une zone de
libre-échange à l’autre (figure 3). ■ La politique tarifaire
Le 1er juillet 1968, l’Union douanière européenne a été créée par
1.2 Cadre communautaire les six États fondateurs d’Europe (France, Allemagne, Italie, Belgique,
Luxembourg et Pays-Bas). Les droits de douane ont été abolis entre
À partir de ces dispositions internationales, la réglementation les États membres et un tarif douanier extérieur commun a, dès lors,
douanière applicable en France et dans l’ensemble de l’Union régi les échanges avec le reste du monde. Cette Union douanière a
européenne trouve sa source dans le droit communautaire issu de été l’un des moteurs de la construction européenne, s’élargissant au
la création de l’Union douanière européenne. Le droit gré des adhésions à l’Union européenne qui compte depuis le 1er jan-
communautaire s’est progressivement, depuis 1957, substitué aux vier 2007 27 États membres (voir figure 4).
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Référence Internet
TRP5010
Écologie industrielle
dans les territoires portuaires
Pratiques internationales et expériences
françaises
2
par Nicolas MAT
Chercheur doctorant
Laboratoire de génie de l’environnement industriel – École des mines d’Alès (LGEI-EMA),
Alès, France
Guillaume JUNQUA
Enseignant-chercheur
Laboratoire de génie de l’environnement industriel – École des mines d’Alès (LGEI-EMA),
Alès, France
et Juliette CERCEAU
Docteur en sciences et génie de l’environnement
Laboratoire de génie de l’environnement industriel – École des mines d’Alès (LGEI-EMA),
Alès, France
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Référence Internet
TRP5010
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Référence Internet
TRP5010
sit et de stockage combinée à une fonction de collecte (réception), etc.). Face à ce développement de grands complexes indus-
distribution (expédition) et de transformation industrielle des flux trialo-portuaires à l’extérieur de la ville, vers les zones urbaines
de matières et d’énergie [30]. Ducruet et al. [31] ont défini diffé- périphériques ou des sites vierges, des questions se posent
rents types de ports au regard des liens qui s’opèrent entre aujourd’hui quant à la reconquête et à la redensification des liens
l’infrastructure portuaire et le territoire d’ancrage : les régions entre la ville et le port pour une création mutuelle de valeur
métropolitaines et industrielles portuaires sont caractérisées par ajoutée [37].
des concentrations démographiques, économiques et portuaires
importantes (inscription forte dans le trafic international de mar- Les enjeux de gestion des ressources sont exacerbés dans les
chandises). Ces régions métropolitaines sont généralement assez territoires portuaires. En effet, ces derniers doivent à la fois opti-
riches et leurs activités sont davantage orientées vers le service miser l’utilisation des ressources (eau, énergie, etc.) entre les
alors que les ports industriels régionaux sont plutôt caractérisés différents secteurs industriel, urbain et agricole et gérer une
par des activités de production et de transformation. Les régions grande diversité de rejets (émissions gazeuses, effluents liquides,
portuaires productives sont plus vastes générant un produit inté- déchets solides) dans l’air, les sols, les cours d’eau et le milieu
2
rieur brut élevé tout en ayant un trafic de fret international généra- marin. Situées sur des zones littorales rassemblant tout à la fois
lement inférieur à la moyenne mondiale. Ainsi, les espaces une grande diversité biologique et une forte concentration démo-
portuaires présentent la singularité d’être à la confluence entre un graphique, les perspectives de développement des espaces indus-
« système-monde » enchâssé dans une interconnexion globale et trialo-portuaires se heurtent régulièrement aux enjeux de
un « système-territoire » imbriqué dans une trame locale. La tran- préservation environnementale locale vis-à-vis d’espèces proté-
sition socioécologique de ces espaces portuaires vers une optimi- gées (zones « Natura 2000 », « Oiseaux et Habitats », etc.) et de
sation de la gestion des ressources est à la croisée des chemins conflits d’usage avec d’autres activités (pêche, tourisme, etc.).
entre une économie circulaire globale et une écologie industrielle
locale : elle peut faire du port le nœud stratégique de l’optimi- Dès lors, des défis s’imposent aujourd’hui à ces territoires en
sation de la circulation des flux à une échelle globale ; elle peut termes de trajectoires de développement durable, car si les enjeux
aussi faire du port l’interface pour une meilleure gestion des res- environnementaux et sociaux sont cruciaux à considérer, ces terri-
sources à une échelle locale [32]. toires demeurent malgré tout stratégiques d’un point de vue éco-
nomique. La création de valeur de ces territoires est en effet
considérable et ils restent de grands pourvoyeurs d’emplois. Par
1.2.2 Territoires portuaires, laboratoires exemple, l’activité induite par le Grand Port Maritime de Marseille
pour la gestion des flux et des espaces génère plus de 40 000 emplois directs et indirects, soit près de 8 %
des emplois salariés du département des Bouches du Rhône [38].
Les territoires portuaires sont directement concernés par la Autre exemple, en Belgique, en 2007, la valeur ajoutée générée par
double tendance observée à une échelle internationale d’augmen- le complexe industrialo-portuaire d’Anvers représentait 2,9 % du
tation globale de la population et de concentration de ce dévelop- Produit intérieur brut (PIB) national et 15,5 % du PIB régional [39].
pement démographique au sein des espaces urbains, pour la
plupart situés sur les littoraux des pays bénéficiant de façades
maritimes. Au niveau mondial, 65 % des villes ayant une popula- 1.2.3 Territoire portuaire, opportunités
tion supérieure à 1,3 million d’habitants étaient situées en 2010 sur pour l’écologie industrielle et territoriale
un littoral [33]. Ces espaces contribuent jusqu’à 25 % de la produc-
tion primaire mondiale [34] et constituent des nœuds logistiques Les territoires portuaires sont donc des systèmes complexes,
essentiels pour les flux de matières et d’informations, à l’interface soumis à de nombreux facteurs de pression endogènes et exo-
entre la terre et la mer, dans un réseau mondial de chaîne de gènes, mais qui disposent d’atouts contextuels considérables pour
transfert [35]. Si les villes côtières intègrent la plupart du temps la mise en œuvre de l’écologie industrielle et territoriale. Il est à ce
une activité de pêche artisanale ou industrielle, certains ensembles titre intéressant de constater qu’un des exemples les plus emblé-
urbains côtiers ont également développé d’importantes unités matiques d’écologie industrielle, cité et étudié dans la littérature
industrielles et portuaires. Du fait des capacités foncières en front scientifique à l’échelle internationale, reste la symbiose (indus-
de mer et de l’utilisation du caractère maritime pour l’approvision- trialo-portuaire) de Kalundborg au Danemark [40] [41] [42] [43]. En
nement en matières premières ou l’export de produits bruts ou termes d’écologie industrielle, les territoires portuaires offrent
transformés, ces territoires peuvent accueillir une industrie lourde donc de réelles opportunités :
et des activités de transformation et de stockage à grande échelle
(pétrochimie et raffinage, métallurgie, sidérurgie, usine à papier, – de par leur emprise géographique, ces territoires bénéficient
cimenterie, etc.). Jusqu’au milieu du XXe siècle, les espaces por- souvent d’une interaction avec un axe fluvial, qui leur permet de
tuaires se sont généralement développés sur un modèle territorial développer les échanges entre industriels à l’échelle d’un bassin,
articulant une dimension urbaine (habitat et activités de entre plusieurs ports ;
commerce) et industrielle (réception, transformation et exportation – de par leur inscription dans un contexte mondialisé très
de matières et d’énergie). Néanmoins, au lendemain de la seconde concurrentiel, favorisant leur recherche constante de compétitivité,
guerre mondiale, le développement industriel s’est fortement accé- ces territoires peuvent utiliser l’écologie industrielle comme une
léré, notamment en Europe, et la concurrence foncière s’est accen- véritable stratégie de différenciation leur permettant de construire
tuée entre la ville, l’industrie et l’agriculture. Progressivement, des des avantages comparatifs à une échelle locale et nationale, en
Zones industrialo-portuaires (ZIP) spécialement dédiées aux activi- proposant par exemple des services complémentaires (équipe-
tés industrielles ont été développées, parfois loin des emprises ments mutualisés, base d’échanges d’utilités, etc.) allant au-delà
portuaires initiales, à l’instar des bassins Ouest (notamment la ZIP de leurs prestations plus classiques ;
de Fos sur Mer) développés par le port de Marseille dans les
– de par leur tissu économique généralement très diversifié, ces
années 1960 en France, distants de plus de 30 km des bassins Est
territoires disposent d’atouts considérables pour envisager des
historiques [36]. Cette séparation spatiale et fonctionnelle a pu
synergies éco-industrielles très variées ;
constituer une réponse intéressante aux besoins d’espaces fon-
ciers pour l’accueil et le développement d’industries lourdes, sym- – enfin, dans un contexte de transition vers une société à faible
boles d’une économie « pétrolière » consommatrice d’espaces, de empreinte carbone, ces territoires stratégiques, longtemps sym-
ressources et d’énergie à bas coût. Elle a également pu constituer boles d’une économie basée sur le « tout pétrole », doivent s’adap-
une réponse à la concurrence Ville-Port, et notamment à la gestion ter et innover, favorisant des expérimentations et des nouveaux
des nuisances issues du domaine portuaire (bruit, pollutions modes de coordination et de coopération multi-acteurs en dépas-
atmosphériques, émissions de poussières, trafic routier induit, sant le seul périmètre de la ZIP.
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Référence Internet
TRP5010
Asie
(Extrême Orient)
Europe de l’Ouest
Port de Galice (Espagne) Port de MapTa Phut
Port de Bruxelles (Belgique) (Thailande)
Port de d’Anvers (Belgique) Port de Ningbo Beilun
Port de Rotterdam (Pays-Bas) (Chine)
Amérique du Nord Port deTerneuzen (Pays-Bas) Port deTianjin (Chine)
(Côte Est) Port de Bristol (Royaume-Uni) Port de Ulson
(Corée du Sud)
Port de Montréal
(Canada) Port d’Osaka (Japon)
Amérique du Nord Port de Kawasaki (Japon)
(Côte Ouest) Port de NewYork/
New Jersey (E-U) Pearl Delta River
Port de Seattle (Hong Kong)
(E-U)
2
Port de Long Beach
(E-U)
Afrique
(Côte Nord Ouest)
Afrique
(Côte Sud Est)
Port de Durban
(Afrique du Sud)
Port de Saldanha
(Afrique du Sud)
Port de Mombasa (Kenya)
Figure 1 – Panorama international de démarches d'écologie industrielle menées dans les territoires portuaires (source : Mat et Cerceau, 2012)
internationale
Analyse étendue
Flux de matière Flux d’énergie des tables
Un retour d’expériences mené à l’échelle internationale en entrées/sorties
2011-2012 a permis de recenser et d’étudier plus d’une trentaine
de cas en Amérique du Nord, en Europe, en Afrique et en
Asie [27] : 21 sites industrialo-portuaires ont été visités, 31 cas de
Tables des flux Analyse des
symbioses industrielles portuaires ont été analysés et plus de Analyse des flux Analyse des flux physiques réseaux
70 parties prenantes (industriels, élus, autorités portuaires, etc.) de matériaux de substance entrées/sorties écologiques
ont été interviewées. En s’inscrivant en complémentarité avec
d’autres exemples portuaires d’écologie industrielle déjà bien ren-
seignés dans la littérature scientifique (Kalundborg, Kwinana, Figure 2 – Méthodologies les plus utilisées en écologie industrielle
Moerdijk, Landskrona, etc.), cette analyse internationale a permis
de dresser un panorama des démarches et initiatives d’écologie
industrielle spécifiquement mises en œuvre au sein de territoires et du premier principe de la thermodynamique relatif à la conser-
portuaires (figure 1). vation de l’énergie. L’AFME peut être réalisée selon différentes
méthodologies utilisées de manière conjointe ou séparée
(figure 2). Brunner et Rechberger [44] ainsi que Loiseau et al. [45]
définissent, présentent et comparent l’ensemble de ces méthodes,
2.1 Diversité des approches techniques ainsi que leurs limites et leurs complémentarités.
Ces méthodologies respectent les grandes lignes de la procé-
2.1.1 Approches techniques utilisées dure suivante [44] :
Les approches techniques reposent sur différentes méthodolo- – 1/ Définition du problème et des objectifs de l’étude : cette
gies permettant de réaliser une Analyse de flux de matières et étape est primordiale car elle conditionne toutes les autres ;
d’énergie (AFME) qui établit, à l’échelle d’une zone géographique 2/ Définition des frontières spatiales (zone d’activité, ville,
déterminée, un bilan des flux de matières, d’énergie et de substan- région, bassin versant) et temporelles du système étudié ainsi que
ces entrants et sortants, ainsi que des stocks et des procédés de des types de flux (substances, matériaux, biens, déchets), de pro-
transformation de ces flux. Cette analyse est basée sur la loi de cédés de transformation et des stocks à considérer, en fonction du
conservation de la matière, mise en évidence par Lavoisier en 1778 problème et des objectifs posés ;
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Référence Internet
TRP5010
3/ Caractérisation des flux et des stocks (masse, concentration, sources de pollution a pu être établi sur la base de données exis-
équilibre du bilan massique) de manière itérative en fonction des tantes et d’analyses complémentaires [25] [46].
données collectées et accessibles ; À l’échelle internationale, plusieurs autres initiatives existent,
4/ Représentation et interprétation des résultats. L’ensemble de que ce soit dans un objectif de lutte contre les rejets de polluants
cette procédure est itérative : en fonction de l’avancement des tra- dans l’air ou dans les eaux. Ces initiatives peuvent être conduites
vaux, de nouvelles connaissances sont générées, ce qui modifie au travers de coopérations entre différentes autorités portuaires :
l’interprétation du fonctionnement du système et donc peut ports de Seattle, Tacoma et Vancouver (États-Unis et Canada),
ensuite conduire à modifier certaines étapes précédentes. ports de l’Alliance verte (États-Unis et Canada), ports du Pearl
En ce qui concerne les territoires portuaires en particulier, les Delta River en Asie, réseaux portuaires à l’Est et au Sud de
objectifs des démarches d’écologie industrielle vont de l’analyse l’Afrique, etc. De plus, de nombreuses autorités portuaires ont
spécifique de substances, du diagnostic de filières jusqu’à l’élabo- développé des engagements communs (politiques volontaristes et
ration d’une dynamique structurée d’écologie industrielle. Elles actions concrètes) avec leur collectivité d’ancrage, visant à réduire
les rejets d’émissions de polluants dans l’air ou l’eau. C’est le cas
2
s’inscrivent ainsi dans des démarches ayant des caractéristiques
spatiales (périmètre d’étude) et temporelles différentes. Cerceau par exemple à Rotterdam (Pays-Bas), à Anvers (Belgique), à Ulsan
et al. [17] ont proposé une typologie permettant de classer les (Corée du Sud), à Kawasaki et Osaka (Japon), à Tianjin et Ningbo
différentes démarches d’écologie industrielle en fonction de ces (Chine), à Long Beach (États-Unis), etc. Des initiatives intéres-
critères (objectifs court, moyen ou long terme ; zone santes sont également relevées en France, à Dunkerque par
géographique : zone industrielle et portuaire, ville et région, exemple, permettant in fine une meilleure gestion des sédiments
réseaux de ports). En fonction de ces différents objectifs, les diffé- de dragage.
rentes méthodologies d’écologie industrielle et territoriale peuvent
être utilisées pour : 2.1.3 Investigation par filière pour la valorisation
– une meilleure compréhension des flux de polluants, qu’ils se de sous-produits de l’activité
diffusent dans l’atmosphère, dans l’eau, les sols ou les sédiments, industrialo-portuaire
via les méthodes d’analyse des flux de matières et d’analyse de
flux de substances ; La caractérisation et la recherche de valorisation d’un ou de plu-
sieurs flux industrialo-portuaires (sédiments, déchets de navires,
– la recherche de valorisation d’un ou de plusieurs flux spéci- utilités thermiques et CO2, eau) peuvent être appréhendées à tra-
fiques (sédiments, déchets de navires, eaux chaudes...), via l’ana- vers leur filière de gestion et de traitement.
lyse de flux de matières et d’énergie appliquée à la caractérisation
et l’étude de filière ; § Sédiments de dragage
– l’émergence et la structuration d’une véritable démarche d’éco- La gestion des opérations de dragage incluant une valorisation
logie industrielle et territoriale s’appuyant sur une compréhension des sédiments constitue un enjeu majeur pour certains ports ayant
élargie du métabolisme du système industrialo-portuaire et une une sédimentation importante. En effet, le coût du dragage et de
recherche plus systématique de mise en relations (synergies) entre l’enfouissement des sédiments peut remettre en cause la viabilité
flux entrants et sortants. Dans ce cas, l’ensemble des méthodo- économique de certains ports de pêche et de plaisance. Au-delà de
logies présentées ci-dessus peuvent être utilisées, de manière l’entretien des voies de navigation, la gestion de sédiments peut
séparée, mais aussi en complémentarité. être préventive, en réduisant en particulier la pollution à la source
comme dans le cas de New York/New Jersey, afin d’en faciliter
ultérieurement la valorisation à terre. Il est alors nécessaire de
2.1.2 Compréhension des flux de polluants développer une filière locale de traitement et de valorisation des
concentrés dans les ZIP sédiments [47] [48]. À l’échelle internationale, la gestion des sédi-
ments fait l’objet de nombreux travaux et expérimentations. Le
L’analyse des flux de polluants est effectuée dans un objectif de
port de Long Beach (États-Unis) a par exemple choisi d’utiliser des
préservation d’une ressource ou d’un milieu par rapport à une
sédiments dragués à l’échelle de plusieurs ports de plaisance de
pollution, qu’elle soit diffuse ou localisée. Selon les ports, leurs
Californie comme matériaux de remblais pour l’extension d’un ter-
bassins versants et les activités présentes ou historiques, diffé-
minal portuaire. Les bénéfices économiques générés par cette
rents types de polluants peuvent être analysés, que ce soient des
solution privilégiant une revalorisation de matériaux sont
polluants organiques et en particulier les polluants organiques per-
conséquents : le coût total de l’opération ayant été évalué à
sistants, ou des polluants inorganiques, (métaux et métalloïdes).
14 millions de dollars contre 85,5 à 114 millions de dollars pour
Les initiatives recensées mettent en évidence que de nombreux
une solution traditionnelle d’enfouissement des sédiments. Cette
territoires portuaires s’intéressent à l’identification, à la prévention
opération de substitution à l’enfouissement généralement pratiqué
et à la réduction des sources de pollution dans l’eau et les sédi-
a aussi permis d’éviter plus de 65 000 trajets de camions. Des pro-
ments. L’objectif est avant tout la préservation de la qualité des
jets d’échanges de bonnes pratiques ont aussi été menés, tel que
masses d’eau (limitation de la pollution organique ou inorga-
le projet européen Interreg Setarms qui a permis de réaliser des
nique), incluant les sédiments pour permettre une meilleure ges-
travaux scientifiques et des échanges entre la France et la Grande
tion lors des opérations de dragage. Mais de telles approches
Bretagne pour améliorer la gestion des opérations de dragage. La
peuvent également avoir pour objectif d’évaluer la capacité de
France est également particulièrement active dans ce domaine,
réutilisation de certaines eaux usées.
notamment sur le Dunkerquois.
Le cas des ports de New York/New Jersey est emblématique et
pionnier puisque la prévention de la pollution de l’eau y a débuté § Déchets des navires
en 1980, et s’est poursuivie par une politique de gestion des sédi- La structuration de filières de collecte, de traitement et de valori-
ments de dragage à partir de 1993. À partir de 1990, la meilleure sation des déchets provenant des navires (liquides et solides) est
compréhension des phénomènes d’accumulation de la pollution une préoccupation forte pour les autorités portuaires. Selon les
dans l’eau et les sédiments du bassin portuaire a conduit à mieux pays, voire selon les ports, les modes d’organisation et de rede-
identifier les principales sources de pollution le long du bassin ver- vance peuvent différer sensiblement et devenir un facteur
sant. En 1997, un « Harbor Consortium » a été créé afin de renou- d’attractivité entrant dans le cadre de la politique commerciale glo-
veler la gouvernance entre les multiples parties prenantes du bale d’un port [26]. Au Maroc, un Groupement d’intérêt écono-
territoire et les différents échelons territoriaux. En ayant recours mique (GIE), le GIE PROGRES, récupère les déchets liquides de
aux méthodologies d’analyse de flux de matières et de substances navires, notamment les boues d’hydrocarbures ainsi que des
propres à l’écologie industrielle, un diagnostic des principales déchets solides des ports d’Agadir, de Tanger, de Kenitra et de
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2
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2
Ingénieur général des ponts, des eaux et des forêts
Membre permanent du CGEDD, Président honoraire de l’AIPCN
Ministère de la Transition écologique, Paris, France
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DÉBATS PUBLICS SUR LES PROJETS D’AMÉNAGEMENT DES PORTS MARITIMES _______________________________________________________________
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d’un nouveau port à conteneurs et a permis à l’autorité portuaire équilibré des espaces logistiques, économiques et naturels dans
de se familiariser avec cette procédure. Par la suite, les projets de l’estuaire.
terminaux méthaniers, de postes rouliers ou nombre d’autres pro- Une concertation de même nature que celle des débats publics
jets de diverses autorités portuaires ont eu recours à ces débats est prévue par le code de l’urbanisme (articles L 103-2 à L 103-6)
publics. ainsi que par le code de l’environnement (articles L 121-15-1 à
L 121-21). Il n’entre pas dans les objectifs de cet article d’aborder
ces questions d’autant que le code de l’urbanisme prévoit que les
1.2 Évolution plus récente projets déjà soumis à la procédure des débats publics n’ont pas à
de la législation autour des débats être également sujets à concertation au titre du code de l’urba-
nisme. D’ailleurs les projets d’infrastructure portuaires dont il est
publics portuaires question ici relèvent souvent de la notion de projet dits d’intérêt
général instaurée en 1983 et repris dans les articles L 102-1 à
L’évolution constante de la législation sur l’association du public
2
L 102-3 du code de l’urbanisme.
et l’interaction entre les projets portuaires et les processus de pla-
nification nécessitent d’aborder successivement l’évolution des Il est utile d’opérer ici une distinction entre les aménagements
règles d’association du public d’une part et l’interaction des pro- portuaires maritimes pour lesquels les aspects urbains ne sont
cessus des projets portuaires et de leur planification d’autre part. Il généralement pas prépondérants et qui sont l’objet principal de cet
n’entre pas dans l’ambition de l’article de donner le détail de ces article et les projets d’aménagement portuaires fluviaux qui sont
dispositions mais juste d’en retenir celles susceptibles d’éclairer le beaucoup plus marqués par cet équilibre à trouver entre projet
lecteur sur le contexte entourant les débats publics portuaires. portuaire logistique, urbanisation et environnement. Le lecteur
intéressé trouvera matière à réflexion dans le bilan du débat public
Port-Seine Métropole Ouest [18] où il est dit notamment en conclu-
1.2.1 Évolution des règles d’association du public sion « Insertion urbaine, environnement, intermodalité et écono-
mie du projet ont nourri la majorité des échanges », ce qui montre
En fait c’est l’article 7 de la Charte de l’environnement de 2004 bien combien projets fluviaux et aménagements urbains peuvent
adoptée par le Conseil constitutionnel et plus connue pour l’instau- être étroitement imbriqués.
ration du principe de précaution en matière d’environnement avec
son article 5 qui introduit en son article 7 le droit pour toute per-
sonne de « participer à l’élaboration des décisions publiques ayant 1.3 Spécificités des projets portuaires
une incidence sur l’environnement ».
Puis la loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010 portant engagement Les projets portuaires importants soumis au débat public en rai-
national pour l’environnement a établi un lien entre évaluation son de leur coût ou de leur emprise ont cela de spécifique qu’ils
environnementale et participation du public. touchent à la fois les espaces maritimes littoraux ou proches de la
côte et les espaces terrestres (notamment les terminaux ou leurs
Les dernières avancées sur la démocratisation du dialogue envi- dessertes). Ainsi, l’organisation du débat public avec les diverses
ronnemental ont été introduites par l’ordonnance n° 2016-1058 du parties prenantes regroupe à la fois les pêcheurs, les plaisanciers,
3 août 2016 relative à la modification des règles applicables à le cas échéant les conchyliculteurs et les associations de protection
l’évaluation environnementale des projets, plans et programmes et de l’environnement, l’ensemble des professions portuaire, logis-
l’ordonnance n° 2016-1060 du 3 août 2016 portant réforme des pro- tique ou de transport, les riverains ou les habitants des communes
cédures destinées à assurer l’information et la participation du concernées. À ces parties prenantes s’ajoutent bien entendu les
public à l’élaboration de certaines décisions susceptibles d’avoir élus des territoires concernés et les administrations compétentes
une incidence sur l’environnement, ratifiées par la loi n° 2018-148 qui peuvent apporter nombre d’éclairages complémentaires. C’est
du 2 mars 2018. d’ailleurs dans cette optique d’une concertation organisée dès la
L’ordonnance du 3 août prévoit qu’alternativement au débat conception du projet qu’ont été développés les concepts assez voi-
public une concertation avec garant désigné par la CNDP puisse sins « Œuvrer avec la nature » (AIPCN – association internationale
avoir lieu, et le droit d’initiative a été ouvert plus largement au-delà pour les infrastructures maritimes et fluviales), « Engineering with
du maître d’ouvrage ou de l’autorité compétente pour autoriser un nature » (USACE – United States Army Corps of Engineers) ou
projet au préfet compétent territorialement saisi soit par une col- « Building with nature » (chez les Hollandais).
lectivité territoriale, soit par une association agréée ou par une La liste des projets variés soumis au débat public permet de se
fédération d’associations ou encore par un certain nombre de res- forger une idée de cette diversité. Valérie Lavaud-Letilleul [4] a
sortissants de l’Union européenne, majeurs, résidant en France, lié d’ailleurs recensé les onze projets portuaires sur la période 1997-
à la population des communes du périmètre concerné. 2010 (figure 1).
Ces débats ont porté sur :
1.2.2 Débat public portuaire et planification – les grands terminaux à conteneurs (Port 2000 au Havre en 1997
et Fos 2XL à Marseille en 2004) ;
Les projets portuaires relativement circonscrits peuvent être
– les terminaux méthaniers amenés à déployer la nouvelle poli-
abordés en considérant principalement lors de la phase amont la
tique énergétique avec en 2007 les terminaux méthaniers de Dun-
procédure du débat public portuaire. Mais, parallèlement, pour des
kerque, d’Antifer et du Verdon dont seul le premier verra le jour et
raisons de cohérence, notamment lorsque l’ampleur du projet ou
en 2010 les trois terminaux de Fos Faster, de Fos Tonkin et de Fos
ses conséquences environnementales sont fortes, le maître
Cavaou à Marseille, dont seul le dernier a été approuvé ;
d’ouvrage établit la cohérence interne avec le plan stratégique ou
avec le plan de développement portuaire, souvent appelé plan – des grands projets d’aménagement de ports décentralisés :
masse ou masterplan car il se situe à des horizons de temps d’une • en 2007 sur le projet Calais 2015 qui représente le projet
ou deux décennies (§ 2.4), en outre, sur le plan spatial, il ne peut majeur des ports décentralisés conçu pour adapter le port de
ignorer les procédures adjacentes qui s’exercent tant en matière Calais aux nouveaux ferries de grande longueur du Trans-
environnementale qu’urbanistique. Ainsi dans le cas de Port 2000, manche en développant de nouvelles digues extérieures et
un processus de création d’une réserve naturelle dans l’estuaire de nouveaux terminaux ferries,
s’est déroulé pratiquement concomitamment à la procédure du • le projet d’extension du port de Bastia a été confié à la collec-
débat public portuaire et en matière d’aménagement à la directive tivité territoriale Corse en 2007 quelques années après la
territoriale d’aménagement qui visait à organiser un aménagement décentralisation du port,
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Référence Internet
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DÉBATS PUBLICS SUR LES PROJETS D’AMÉNAGEMENT DES PORTS MARITIMES _______________________________________________________________
Cherbourg Dieppe
Luxembourg
ROUEN
Granville
1997 Port 2000
Brest
2
Saint-Malo 2007 Antifer
NANTES-SAINT-NAZAIRE
France Suisse
LA ROCHELLE-LA PALLICE
La Rochelle-Chef de Baie
2007 Le Verdon
Bayonne 2001
MARSEILLE Nice
Sète
Toulon
GRAND PORT MARITIME Port-la-Nouvelle Fos 2XL
2004
Port régional
Port départemental 2010 Fos Faster 2007
Port mixte (région + département) Bastia
Port mixte (région + département + ville) 2010 Fos Tonkin
Terminal méthanier Espagne
Terminal à conteneurs
Mer Méditerranée Ajaccio
Projet diversifié N
Figure 1 – Localisation des onze débats publics portuaires réalisée par Valérie Lavaud-Letilleul en 2011
• par ailleurs l’échec du projet de Nice en 2001 suivi de la veiller à la bonne information et participation du public jusqu’à
décentralisation du port a contribué du fait des oppositions l’ouverture de l’enquête publique ;
marquées lors du débat à limiter les ambitions d’évolution de – comme développement d’un port généraliste on trouve en
ce port ; 2012 le projet d’extension du port de Jarry en Guadeloupe et celui
– en 2008 sur l’amélioration des accès nautiques au port de du port de Brest, puis en 2015 celui du port décentralisé de Port-la-
Rouen ; Nouvelle ;
– en 2009 sur le projet Emerhode (éfficacité multimodale, écono- – le cas des ports fluviaux avec en 2014 le projet Port Seine-
mie, réseaux hydrauliques) du port du Havre qui est l’extension du Métropole Ouest à Achères et un projet de plus faible importance,
grand canal du Havre vers le canal de Tancarville mais qui n’a fina- celui de Creil Ec’Eau visant à transformer une friche industrielle et
lement pas été réalisée. à créer un port de plaisance fluvial dont la concertation s’est
Si l’on essaie d’étendre à la dernière décennie les projets soumis déroulée en 2012 et 2013 en deux phases.
à la concertation on trouve, en plus des projets déjà mentionnés :
– en matière de conteneurs, les projets CAP 2020 d’extension
de l’activité conteneurs au port de Dunkerque dont le débat public 1.4 Nature des questionnements abordés :
a été conclu favorablement en décembre 2017 et ceux liés à la des- opportunité du projet, évocation
serte fluviale de Port 2000 au Havre qui visent à compléter la des-
serte fluviale de la nouvelle darse de Port 2000 par un accès direct des variantes, des compensations
protégé par digue à toute unité fluviale. Une première tentative de et des mesures environnementales
débat public lancée en 2008 a été relancée dix ans plus tard et a
abouti à une concertation préalable menée du 20 octobre 2017 au La nature des questionnements a été examinée en profondeur
15 janvier 2018, sachant que la CNDP a donné acte du bilan de la par Valérie Lavaud-Letilleul [3] pour la dizaine des projets déjà
concertation établie par la garante et a chargé cette dernière de cités (tableau 1) ; nous la compléterons par une analyse du débat
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________________________________________________________________ DÉBATS PUBLICS SUR LES PROJETS D’AMÉNAGEMENT DES PORTS MARITIMES
Tableau 1 – Arguments échangés lors des débats publics portant sur les projets portuaires (d’après [3])
Forte opposition locale au projet Polémique sur le plan de circulation autour du port
2
Projet d’extension du port de Nice Débat houleux avec de forts enjeux (habitants, élus)
(2001 à 2002) politiciens lors d’une élection locale (élus Impacts sur les herbiers de posidonies (écologistes)
locaux, habitants)
Pas de débat sur l’opportunité du projet Infrastructures routières : scepticisme sur les créations
Quasi-unanimité en faveur du projet d’emploi annoncées ; pollution sur le site (qualité de
Fos 2XL (2004) l’air) ; concertation après de débat (habitants, élus)
Impacts sur le milieu marin et terrestre (écologistes)
Préservation de certaines activités (chasseurs)
Opposition au projet trop évidente pour Enjeu central de l’implantation du terminal ; accès à la
Implantation d’un terminal être contestée (habitants, élus locaux, plage ; aménagement du site ; risques industriels ;
méthanier à Antifer (2007) écologistes) retombées économiques (emploi local et formation)
(habitants, élus)
Un projet jugé très majoritairement Gènes dues au chantier ; traitement paysager du port ;
Projet d’extension opportun et utile amélioration des liaisons ferroviaires et routières
du port de Calais (2009) (habitants)
Promotion des énergies renouvelables (écologistes)
Un projet opportun pour certains, Lien entre biodiversité, hydraulique et qualité des eaux
inopportun pour d’autres et suscitant de pour la réserve naturelle (écologistes)
Prolongement du Grand Canal
nombreux doutes (stratégie foncière du Impacts fonciers du projet (agriculteurs)
du Havre (1999 à 2010)
CPMII) Report modal. Complémentarité entre les ports du Havre,
Rouen et Paris (habitants)
Accueil mitigé. Comparaison défavorable Problèmes des risques industriels au niveau du transport
avec Fos Tonkin maritime et de l’usine de regazéification ; problèmes
Remise en cause du projet et des choix paysagers (réservoirs trop visibles) ; création d’emploi et
Projet de terminal méthanier
énergétiques retombées financières pour le territoire (habitants, élus)
Fos Faster (2010)
Demande d’un débat « d’options Remise en cause du site maritime (écologistes, habitants)
générales » sur la zone industrielle de Fos Dangers et impacts des rejets en mer (pêcheurs,
conchyliculteurs)
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La coopération interportuaire
Stratégies de coopération et mise
en réseaux des ports intérieurs
et maritimes européens
2
par Antoine BEYER
Professeur
UFR Lettres et Sciences Humaines, Université de Cergy-Pontoise, Cergy-Pontoise, France
et Romuald LACOSTE
Chargé de recherche en géographie
Cerema, Nantes, France
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existantes jusqu’à leur possible fusion. L’analyse des finalités et des méca-
nismes de rapprochements coopératifs au sein des ports et entre les ports
permet alors de mieux saisir les dynamiques territoriales qu’implique l’évo-
lution des échanges.
La notion de port elle-même renvoie à des réalités distinctes bien que com-
plémentaires. C’est d’abord un lieu équipé pour la manutention. Celle-ci n’est
fonctionnelle qu’avec les opérateurs présents (la communauté portuaire) qui
s’appuient sur des infrastructures et se coordonnent pour mettre en place
l’offre de service la plus attractive possible pour les chargeurs. Ils entretiennent
des liens avec les acteurs actifs dans le port mais aussi avec les opérateurs
extérieurs. Il y a parallèlement, l’autorité portuaire (le Port), c’est-à-dire l’ins-
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2
buent à des logiques d’interaction, sur des bases plus écono-
Le renouveau de la coopération interportuaire n’a pas échappé aux miques pour les opérateurs et selon des modalités plus
maritimistes qui abordent le phénomène comme une réponse à la institutionnelles pour les autorités portuaires.
nécessaire intégration qui accompagne la massification des flux et
leur conteneurisation. Celle-ci renforce l’interdépendance des acteurs Dans ce contexte, les grands opérateurs globalisés les compa-
le long de la chaîne de transport, rendant plus solidaire et plus effi- gnies maritimes, les entreprises de manutention et les organisa-
cace chacun de ses maillons. Les opérateurs fluviaux, les armements teurs de transport qui gèrent les flux internationaux, adoptent des
maritimes, les manutentionnaires portuaires ont largement précédé le stratégies partenariales dans le cadre du marché concurrentiel :
mouvement en investissant les diverses étapes du transport. La for- – des stratégies d’intégration verticale comme par exemple la
tune de la notion d’Extended Gateway lancée par l’Institut flamand création d’entreprises de manutention communes entre arme-
pour la logistique [5] [23] fait écho et approfondit les notions déjà ments et manutentionnaires ;
envisagées de Port System (Robinson, 1976), de port networks [25] – des stratégies de rapprochement horizontal avec la constitution
ou de terminalization (Slack, 2005). Cette évolution conceptuelle sou- d’alliances dans le secteur du transport maritime de conteneurs.
ligne la structuration toujours plus continentale des opérations mari-
On parle alors de coopétition [9] pour décrire ce phénomène
times. L’interdépendance croissante des installations portuaires est
dans lequel des entreprises concurrentes collaborent partielle-
d’abord posée comme un fait au travers des pratiques effectives des
ment dans certains domaines. Ce phénomène s’applique aussi
acteurs plus que par le caractère formalisé des autorités portuaires
aux relations entre ports dans la mesure où, dans un contexte
elles-mêmes (§ 1). Cette problématique est abordée dans un ouvrage
compétitif, des coopérations opportunistes [12] trouvent leur
collectif [15] qui décline une approche approfondie des diverses inte- place.
ractions portuaires possibles au sein d’une même façade maritime :
concurrence, coopération, intégration, concentration régionale, effets
d’échelle. L’analyse bibliographique entreprise par C. Ducruet sou-
La coopétition
ligne effectivement l’émergence de cette thématique dans les publica-
tions au tournant des années 1990 (op. cit. p. 24). Mais plus que de
Nalebuff et Brandenburger (1996) ont popularisé ce concept
coopération, les auteurs ont recours à la notion plus ouverte de « sys-
à partir de la théorie des jeux, que d’autres auteurs, notam-
tème portuaire ». La coopération renvoie en revanche à une modalité
ment, Bengtsson et Kock (1999), ont précisé à leur manière. Il
spécifique de lien, fondée sur une relation explicite et instituée rap-
en ressort que la firme peut avoir quatre comportements afin
prochant deux acteurs ou deux autorités portuaires (§ 2). Le cas fran-
de générer une rente : monopolistique, compétitif, coopératif,
çais permet de mettre en lumière les logiques des rapprochements
coopétitif. Dans le premier cas, l’entreprise n’est pas confron-
portuaires à l’aune des politiques publiques (§ 3). Par ailleurs, les coo-
tée aux (ou évite les) relations concurrentielle comme coopé-
pérations interportuaires peuvent aussi être présentées dans leur
rative ; dans le deuxième cas, l’entreprise privilégie les
caractère multidimensionnel, impliquant indifféremment tous les
stratégies agressives ; dans le troisième, elle opte au contraire
acteurs d’un corridor de transport. Dans une très large mesure, les
pour des stratégies collaboratives ; et dans le dernier, elle a
approches et les analyses qui s’appliquent aux ports maritimes
recours en même temps à des stratégies agressives et colla-
peuvent être prolongés vers les ports fluviaux (§ 4).
boratives (d’après la typologie de Lado et al., 1997).
99
Référence Internet
TRP5013
pools de navires. Cependant ces pools ne pèsent pas sur le choix Cette tendance à l’intégration ne se limite pas à la conteneurisa-
des escales dont la décision relève du chargeur, pas plus que sur tion. Elle se vérifie aussi dans le secteur de la manutention des
la formation des prix du transport. Par contraste, l’organisation du produits en vrac. Le marché de la manutention des pondéreux sur
transport conteneurisé repose sur une forte hiérarchie portuaire, la rangée nord européenne est ainsi largement structuré par
les navires de grande capacité limitant leurs escales aux princi- quelques grands groupes [1]. Les entreprises de manutention ne
paux ports maritimes (les hubs qui massifient les flux) et qui sont sont plus dépendantes d’une seule localisation, elles ont pris posi-
en relation avec des ports secondaires desservis par des navires tion dans plusieurs ports pour capter les flux et pour compenser
caboteurs (feeders). Chaque armement structure son offre mari- la volatilité des trafics.
time sur ce principe en sélectionnant des ports principaux et
secondaires. Les moyens nécessaires au développement des
réseaux de lignes régulières conteneurisées ont poussé les com- 1.2.3 Gateway, extended gateway
pagnies maritimes à constituer des alliances techniques. À partir et régionalisation portuaire
des années 1990, les armateurs ont pris conscience qu’ils ne pou-
100
Référence Internet
TRP5020
Gestion de patrimoines
d’infrastructures portuaires
2
Ingénieur des travaux publics de l’État, chef du Groupe ouvrages d’art et maritimes
Cerema, Direction territoriale Ouest, Département Laboratoire régional de Saint-Brieuc,
France
et Claire MARCOTTE
Ingénieur divisionnaire des travaux publics de l’État, responsable de l’unité « Bétons-
Inspections »
Cerema, Direction territoriale Nord-Picardie, Site de Sequedin, France
101
Référence Internet
TRP5020
102
Référence Internet
TRP5020
2
– les conditions d’accès aux ouvrages contraignantes ; contre la mer, amarrage et/ou accostage, chargement-décharge-
– la priorité donnée à l’exploitation des ouvrages ; ment de marchandises (conteneurs, vrac solide ou vrac liquide) ou
– la multiplicité des acteurs. encore franchissement (ponts mobiles, écluses). À chaque fonc-
tionnalité correspond un niveau d’enjeu pour le maître d’ouvrage –
L’ensemble des éléments présentés ci-après conditionne le
gestionnaire que la démarche de gestion doit prendre en compte.
mode de gestion tant au niveau des actions de surveillance que
des actions de maintenance. Leur prise en compte est l’exigence
majeure à laquelle doit répondre la démarche de gestion d’un
patrimoine d’infrastructures portuaires [5].
2.4 Environnement maritime agressif
La mer et l’environnement associé sont des milieux particulière-
ment agressifs pour les infrastructures portuaires. L’agressivité phy-
2.1 Ouvrages anciens et vieillissants sico-chimique de l’eau conduit à des dégradations accrues des
En premier lieu, il convient de faire le constat que le patrimoine matériaux constitutifs des structures (corrosion des structures
d’infrastructures portuaires français est en majorité constitué métalliques et des armatures du béton armé, altération des mortiers
d’ouvrages anciens ou vieillissants. Une enquête réalisée en de maçonnerie par exemple). L’agressivité mécanique de la mer, à
2006-2007 auprès des principaux ports français (7 ports autono- travers l’action de la houle et des courants, peut également conduire
mes, 3 ports militaires et 16 ports d’intérêt national) montre globa- à des endommagements majeurs d’une part et à des phénomènes
lement que la majorité des ouvrages a plus de 30 ans et que 60 % d’usures (abrasion) d’autre part. Les sollicitations et agressions liées
des infrastructures sont antérieures à 1955 [2]. Autrement dit, la à l’exploitation (charges d’exploitation, stockage, engins de manu-
proportion d’ouvrages susceptibles de présenter (ou de dévelop- tention, etc.) conduisent à des efforts considérables dans les élé-
per à court terme) des dégradations est très importante. Néan- ments de structures pouvant initier des défaillances.
moins, dans le détail, il s’avère que les différents gestionnaires
n’ont pas un patrimoine équivalent en matière de vétusté des
infrastructures, la vétusté des patrimoines étant directement (et 2.5 Conditions d’accès contraignantes
inversement) corrélée avec le niveau d’investissement dans les La réalisation des actions de surveillance et de maintenance pré-
aménagements portuaires. L’enquête de 2006-2007 confirme cette suppose d’avoir accès aux différents ouvrages. Or, la configuration
assertion et montre : des ouvrages et leur environnement (zones constamment immer-
– que les Ports d’Intérêt National (devenus ports décentralisés, gées, zones de marnage, conditions météorologiques) induisent
confiés aux collectivités territoriales) avaient en gestion une pro- des conditions d’accès contraignantes qui peuvent nécessiter de
portion importante d’ouvrages construits avant 1900 (essentielle- mobiliser :
ment des ouvrages en maçonnerie) ; – des embarcations et des échafaudages ;
– que les ports militaires géraient principalement des ouvrages – des interventions subaquatiques ;
construits pendant la première moitié du XXe siècle (périodes de
– le déploiement d’outils de surveillance spécifiques (bathymétrie
guerres et de reconstruction, essentiellement des ouvrages en
par exemple) ;
maçonnerie et en béton armé) ;
– des travaux à la marée...
– que les ports autonomes (devenus Grands Ports Maritimes) dis-
posaient d’ouvrages plus récents construits entre 1950 et 1980 (prin- De plus, la nature de l’activité supportée par l’infrastructure (raf-
cipalement des quais sur pieux et soutènements en palplanches). finerie, construction et réparation navale par exemple) peut impli-
quer des contraintes et donc rendre difficile la conduite des
opérations de surveillance et de maintenance.
2.2 Complexité des ouvrages
et des structures
2.6 Priorité donnée à l’exploitation
La complexité des ouvrages et des structures découlent, outre des ouvrages
l’évolution historique des techniques constructives, des fonctions
attendues de ces ouvrages (amarrage, accostage ou soutènement), Une infrastructure doit garantir l’exploitation en toute sécurité et
des contraintes de site (nature du sol de fondation, profondeur de en tout confort pour les usagers et les tiers. Pour un même
souille attendue, etc.) et enfin des adaptations apportées aux ouvra- ouvrage, les usagers peuvent être multiples : exploitant, naviga-
ges pour tenir compte de l’évolution de leur exploitation (rempiète- teur, touriste, etc. L’ensemble de ces usagers doit pouvoir utiliser
ment, renforcement pour s’adapter aux dimensions des navires et à l’infrastructure sans risque pour sa sécurité et sans inconfort afin
l’augmentation des charges d’exploitation). Ces considérations que l’exploitation soit optimale. Les équipements et les configura-
conduisent à un grand nombre de type de structure : digues à talus, tions qui participent à cette sécurité et à ce confort (échelles
digues verticales, digues mixtes, rideaux de palplanches, parois d’accès, gardes-corps, défenses d’accostage, dispositifs d’amar-
moulées, quais sur pieux, gabionnades, caisson en béton armé, rage, revêtement de terre- pleins, signalisations, etc.) doivent être
murs poids, etc. Certains ouvrages sont rendus plus complexes par opérationnels et méritent donc une attention particulière. Ainsi,
la superposition de structures élémentaires construites au cours du l’exploitation des ouvrages est une priorité du gestionnaire. En
temps pour gagner sur la mer ou approfondir la souille. Enfin, les complément, même s’ils ne sont plus exploités, les ouvrages
ouvrages portuaires sont caractérisés par une forte interaction « délaissés » ou désaffectés doivent être intégrés au processus de
103
Référence Internet
TRP5020
gestion puisqu’ils peuvent constituer une source de risques en cas présent article. Dans un second temps, un état des lieux de la ges-
de dégradations importantes ou d’instabilité. tion des infrastructures portuaires est proposé. Il s’appuie notam-
ment sur l’enquête nationale réalisée en 2006-2007 [6] ainsi que sur
l’enquête présentée en annexe du rapport n˚ 103 de l’AIPCN [4].
2.7 Multiplicité d’acteurs
Depuis les deux phases successives de décentralisation, les modes 3.1 Principes généraux de la gestion
de gouvernance des ports sont diverses et évolutives : État, régions,
départements, communes, syndicats mixtes, sociétés privées. Les de patrimoine d’infrastructures
organisations sont très hétérogènes d’un site à l’autre. Pour un port
Les méthodes de gestion d’un patrimoine d’infrastructures
donné (voire même pour un ouvrage donné), de multiples acteurs se
suivent certains concepts communs. Tout d’abord, les ouvrages
côtoient avec des rôles et des prérogatives particulières : maître
ayant tendance à se dégrader et leurs propriétaires se trouvant
d’ouvrage, gestionnaire, concessionnaire/ exploitant, capitainerie,
dans un contexte de budget contraint, il s’agit d’optimiser la main-
2
lamaneurs, dockers, marins, plaisanciers, etc. Localement, on peut
tenance tout en garantissant la sécurité des usagers et l’exploita-
même observer des superpositions de gestion. Dans certains cas, les
tion optimale des infrastructures. La maintenance se définit au
liens et les responsabilités des acteurs sont régis par des contrats de
plan normatif comme « l’ensemble des actions techniques, admi-
concession ou des délégations de service public qui encadrent la ges-
nistratives et de management durant le cycle de vie d’un bien, des-
tion et l’exploitation des ouvrages. Ces documents, selon leur degré
tinées à le maintenir ou à le rétablir dans un état dans lequel il
de précision et leur contenu, peuvent être sources d’incertitudes sur
peut accomplir la fonction requise » (AFNOR [7]). Sur le cycle de
le périmètre des prérogatives de chacun.
vie d’un ouvrage (figure 1), différentes stratégies de maintenance
Lieux d’échange par nature, les ports concentrent les interfaces peuvent être adoptées pour atteindre cet objectif [8]. Ces stratégies
(urbain/littoral, hinterland/international) et les intermodalités dépendent évidemment du type d’actions de maintenance (effica-
(transports maritime, routier et ferroviaire) ce qui complexifie cité, pérennité), de leur coût mais aussi de l’instant où elles sont
encore le jeu des acteurs. réalisées. La définition de l’instant où la maintenance est effectuée
découle d’un processus complexe qui résulte d’un compromis
entre les résultats des actions de surveillance (évaluation de l’état
de l’ouvrage), l’importance stratégique de l’ouvrage et le coût de la
3. Gestion des maintenance.
infrastructures portuaires : De façon pragmatique, trois stratégies générales peuvent être
envisagées : pas de maintenance (conduit à une durée de vie
principes et méthodes limitée ou réduite par rapport aux exigences initiales), actions de
maintenance régulières à faible coût, actions de maintenance
Dans un premier temps, des généralités relatives à la gestion de ponctuelles de grande envergure à coût important. Le choix de la
patrimoines sont rappelées pour cadrer le champ d’application du stratégie de maintenance résulte d’un compromis entre le coût de
la meilleure
Stratégie : niveau
de performance idéal, [Major Rehab]
Dépendant
maintenance la
de la stratégie
C meilleure et continue
de maintenance
Capacité structurelle
Stratégie : aucune
maintenance [FEM]
[No FEM]
Stratégie
b
Niveau acceptable minimum
Stratégie
Varie suivant le consensus Stratégie a [Major O&M] d
Échecs
40 80 ∝
Âge des actifs et durée de vie (années)
– varient selon les types d’actifs, les constructions, les usages –
Figure 1 – Stratégies de maintenance et dégradations du niveau de service des ouvrages (d’après [8])
104
Infrastructures, environnement et transport par voie d'eau
(Réf. Internet 42617)
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Référence Internet
AG8000
Transport de marchandises
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AG8000
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AG8170
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AG8170
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3 l’ONU (Organisation des Nations unies) relatives au transport des chapitre 3.2 correspondant à une graduation du danger :
marchandises dangereuses (Règlement type) (19e édition révisée), • I) – très dangereux,
les marchandises dangereuses se trouvent répertoriées en classes • II) – moyennement dangereux,
de matières numérotées de 1 à 9. En transport terrestre français, et
même européen, pour lequel certaines subdivisions de risques ont • III) – faiblement dangereux.
été constituées en classes, la nomenclature des marchandises dan- Ces groupes d’emballage (I, II et III) correspondent à ceux utili-
gereuses comporte 13 classes répondant aux intitulés suivants : sés en transport maritime.
– 1. – Matières et objets explosibles ;
– 2. – Gaz ; Exemple
– 3. – Liquides inflammables ; Le white spirit sera ainsi recensé :
– 4.1. – Matières solides inflammables, autoréactives et matières 1 300, succédané d’essence de térébenthine, classe 3, code F1,
explosibles désensibilisées solides ; GE II, LQ 1.
– 4.2. – Matières sujettes à l’inflammation spontanée (ou auto-
inflammables) ; La désignation des matières étant opérée en fonction de l’inten-
– 4.3. – Matières qui, au contact de l’eau, dégagent des gaz sité du danger, un même produit peut faire l’objet de plusieurs
inflammables ; désignations distinctes selon différents taux de concentration.
– 5.1. – Matières comburantes ; Ainsi, les boissons alcoolisées apparaissent-elles distinctement en
– 5.2. – Péroxydes organiques ; classe 3, en concentration supérieure à 70 % et en concentration
– 6.1. – Matières toxiques ; comprise entre 24 et 70 %.
– 6.2. – Matières infectieuses ; Les classes 1, 2 et 7 ont chacune leur propre règle de classifica-
– 7. – Matières radioactives ; tion :
– 8. – Matières corrosives ;
Les substances explosives de la classe 1 sont répertoriées en
– 9. – Matières et objets dangereux divers.
six divisions (1.1 à 1.6) et 13 groupes de compatibilité entre
matières (A, B, C, D, E, F, G, H, J, K, L, N, S).
1.2 Énumération et identification En ce qui concerne les gaz et aérosols de la classe 2, ils sont
affectés d’un chiffre et d’une lettre ou d’un groupe de lettres
des matières majuscules en fonction des propriétés dangereuses qu’ils pré-
sentent :
Que l’on soit expéditeur ou transporteur, il ne peut être ques-
tion d’identifier les dispositions afférentes à une expédition de
produits, sans avoir préalablement classé et identifié le (ou les) A – Asphyxiant T – Toxique TO – Toxique, comburant
produit(s) concerné(s). C – Corrosif CO – Corrosif, comburant
Le classement d’une matière, d’un mélange ou d’un objet a FC – Inflammable, corrosif
pour but de le situer dans une classe de danger, et de lui affecter
une rubrique et un numéro ONU, ainsi qu’une désignation offi- O – Comburant TF – Toxique TFC – Toxique, inflammable,
cielle (attributs sans lesquels l’identification des prescriptions qui Inflammable corrosif
lui seront applicables ne saurait être faite avec certitude). F – Inflammable TC – Toxique TOC – Toxique, comburant,
corrosif corrosif
Les marchandises dangereuses sont couvertes par le titre d’une
classe en fonction de leurs propriétés ou critères tels qu’énoncés
en partie 2, à la sous-section 2.2.x.1 de la classe correspondante.
Dans le cas général, lorsqu’elles sont conditionnées, les marchan-
dises dangereuses sont affectées à des groupes d’emballage en
fonction du degré de danger qu’elles présentent.
Exemples :
• UN 1 066
• UN 1 057
: azote comprimé, 2,1
: briquets, 2,6 F
A
112
Référence Internet
AG8230
3
1.2 Trois piliers du développement durable ................................................ — 2
1.3 Développement durable décliné à l’échelle de l’entreprise ................. — 3
1.4 Imperfections du concept........................................................................ — 3
1.5 Conclusion ................................................................................................ — 3
2. Impacts environnementaux du transport de marchandises..... — 4
2.1 Consommation de ressources non renouvelables................................ — 4
2.2 Accroissement de l’effet de serre et changement climatique .............. — 4
2.3 Pollution atmosphérique ......................................................................... — 7
2.4 Bruit........................................................................................................... — 9
2.5 Consommation d’espace......................................................................... — 10
2.6 Pollution maritime ................................................................................... — 10
2.7 Conclusion ................................................................................................ — 10
3. État des lieux de la performance environnementale
des transports ....................................................................................... — 10
3.1 Unités de mesure de la performance ..................................................... — 10
3.2 Offre de transport : les performances énergétique et
environnementale des différents modes et moyens de transport....... — 11
3.3 Paramètres opérationnels et organisationnels de la performance
énergétique et environnementale .......................................................... — 15
3.4 Performance environnementale des chaînes logistiques..................... — 17
4. Actions et pistes de réduction des impacts
environnementaux du transport de marchandises ..................... — 18
4.1 Rôle de l’entreprise .................................................................................. — 18
4.2 Programmes d’engagements volontaires dans le transport
de marchandises ...................................................................................... — 19
4.3 Information GES des prestations de transport...................................... — 23
5. Conclusion.............................................................................................. — 24
6. Glossaire – définitions ........................................................................ — 24
Pour en savoir plus ....................................................................................... Doc. AG 8 230v3
Parution : août 2019 - Dernière validation : mai 2021
113
Référence Internet
AG8230
3
1. Concept 1.2 Trois piliers du développement
durable
de développement durable
Le développement durable repose sur trois piliers : le développe-
ment économique, les aspirations sociales et l’environnement. Ces
trois dimensions sont indissociables :
1.1 Signification – l’économie : il s’agit de développer la croissance et l’efficacité
économique pour favoriser la création de richesses pour tous à tra-
« Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. La nature, muti- vers des modes de production et de consommation durables. Le
lée, surexploitée, ne parvient plus à se reconstituer et nous refu- pilier économique repose notamment sur :
sons de l’admettre. L’humanité souffre. Elle souffre de mal • l’utilisation raisonnée des ressources et des milieux naturels,
développement, au Nord comme au Sud, et nous sommes indiffé- • une évolution des relations économiques internationales (par
rents. La terre et l’humanité sont en péril et nous en sommes tous exemple la place du commerce équitable et du commerce
responsables ». Ainsi s’exprimait Jacques Chirac en septembre éthique...),
2002 au sommet mondial de Johannesburg.
• l’intégration des coûts environnementaux et sociaux dans le
Il est vrai que notre planète va mal. Le réchauffement climatique, prix des biens et des services ;
dû pour partie aux activités humaines, est désormais reconnu – le social : il s’agit de satisfaire les besoins humains (en matière
comme une menace planétaire. L’eau est rare et polluée. Les sols de santé, logement, consommation, éducation...) et de répondre à
aussi sont pollués. Les déchets toxiques se répandent. Les forêts un objectif d’équité sociale. Le pilier social repose notamment sur :
ont diminué de 2,4 % depuis 1990. La faune s’appauvrit. Et plus • la satisfaction des besoins essentiels des populations,
d’un quart des espèces de mammifères et 12 % des espèces • la lutte contre l’exclusion et la pauvreté,
d’oiseaux sont considérés comme menacées d’extinction. • le respect des cultures ;
Tout cela engendre déjà des tensions sur le marché des res- – l’environnemental : il s’agit de préserver, améliorer et valoriser
sources agricoles et énergétiques mondiales. Or, selon certains l’environnement et les ressources naturelles sur le long terme. Le
experts, le rythme de croissance de ces ressources est inférieur à pilier environnemental repose notamment sur :
celui de la population mondiale. Nous sommes aujourd’hui • la gestion durable des ressources naturelles,
presque sept fois plus nombreux sur terre qu’il y a deux siècles ! • le maintien des grands équilibres écologiques (climat, diver-
Qui plus est, les consommations individuelles augmentent. À cela sité biologique, océans, forêts...),
s’ajoutent les inégalités économiques et sociales entre les popula- • la réduction des risques et la prévention des impacts environ-
tions, source de tensions et de conflits... nementaux.
Ces évolutions inquiétantes obligent à reconsidérer la question Pour être durable, tout développement doit concilier la triple
du développement et à envisager de nouvelles voies de croissance performance économique, écologique et sociale.
qui garantissent à long terme un progrès économique, social et Pour mettre en œuvre une nouvelle dynamique, le développe-
environnemental. Cette démarche a un nom : le développement ment durable s’appuie aussi sur un certain nombre de principes :
durable (DD). Né de la prise de conscience progressive de mainte- – la solidarité entre les générations, entre les peuples, entre les
nir l’équilibre entre l’homme et son milieu et de la contradiction territoires, mais aussi entre les individus d’une même société ;
entre une croissance démographique continue et des ressources – la participation et la bonne gouvernance pour impliquer tous
naturelles non épuisables, il vise à « satisfaire les besoins de déve- les acteurs (entreprises, collectivités, citoyens...) dans des projets
loppement des générations présentes sans compromettre la capa- d’intérêt général afin d’assurer leur réussite, et développer des
cité des générations futures de répondre aux leurs » (définition politiques partenariales ;
donnée en 1987 dans le rapport Brundtland, « Notre avenir à – la précaution, en faisant preuve de prudence dans l’action, en
tous », commission des Nations unies sur l’Environnement et le privilégiant une démarche « raisonnée », ou encore en recherchant
Développement). Le développement durable répond ainsi aux des solutions alternatives.
grands défis auxquels l’humanité est aujourd’hui confrontée.
Précisons que le développement durable se traduit différemment
Précisons que le terme anglais est « sustainable development » parmi les différents pays de la planète, en fonction du niveau de
d’où l’expression française parfois employée de « développement développement économique déjà atteint. En effet, un habitant des
soutenable ». pays industrialisés consomme 10 fois plus d’énergie qu’un habitant
114
Référence Internet
AG8230
du tiers monde ; les pays industrialisés consomment 70 % des com- 3 août 2009 de programmation relative à la mise en œuvre du
bustibles fossiles comme le pétrole ou le charbon, alors qu’ils ne Grenelle de l’environnement) et « Grenelle II » (loi n° 2010-788 du
représentent même pas 25 % de la population mondiale. 12 juillet 2010 portant engagement national pour l’environnement),
Donc, pour les pays les plus développés (économiquement par- puis par la loi relative à a transition énergétique pour la croissance
lant), l’enjeu principal du développement durable est de diminuer verte (loi n° 2015-992 du 17 août 2015) : certaines grandes entre-
les impacts environnementaux et les consommations de res- prises doivent publier des informations non financières parmi les-
sources non renouvelables qui ont atteint des niveaux « non quelles, concernant le changement climatique, comme précisé
soutenables » à moyen terme : ces pays (leurs économies, leurs dans le décret n°2017-1265 du 9 août 2017 : « les postes significa-
entreprises, leurs gouvernements, leurs citoyens) sont à l’origine tifs d’émissions de gaz à effet de serre générés du fait de l’activité
d’une crise environnementale. Ils doivent trouver des solutions de la société, notamment par l’usage des biens et services qu’elle
pour la régler, sans déclencher un déclin économique ou consentir produit, les mesures prises pour l’adaptation aux conséquences du
à des régressions sociales. changement climatique, et les objectifs de réduction fixés volontai-
rement à moyen et long terme pour réduire les émissions de gaz à
Pour ce qui concerne les pays les moins développés, le dévelop- effet de serre et les moyens mis en œuvre à cet effet ».
pement économique est l’ambition prioritaire. Il s’agit donc de
croître en prenant en compte dès maintenant les impasses aux- Pour l’application particulière de la RSE au domaine du transport
quelles les conduirait le modèle des pays aujourd’hui développés. et de la logistique, se reporter au « Référentiel de responsabilité
Pour atteindre la prospérité économique, ils doivent nécessaire- sociétale des entreprises (RSE) en logistique » publié par le minis-
3
ment suivre une autre voie que celle qu’ont suivie les pays déve- tère des Transports en 2018 (lien dans la rubrique Pour en savoir
loppés. plus).
115
Référence Internet
AG8230
Les clés ou les étapes de cette mise en pratique seront donc : face à un plateau de production qu’à un « pic » de production, qui
apprendre, mesurer, agir, en adoptant des analyses et des solu- sera suivi d’une diminution progressive sur plusieurs dizaines
tions basées sur le long terme et non seulement l’avantage écono- d’années.
mique immédiat.
3
liers. À l’échelle locale, pollution atmosphérique, bruit, consomma- CO2 dans l’atmosphère s’est élevée, en 2017, à 405,5 ppm, contre
tion d’espace affectent la qualité de vie de la population. 280 ppm en 1750 (ère préindustrielle), selon l’Organisation météo-
rologique mondiale, soit une hausse de 146 %. Ce phénomène est
directement lié à l’activité humaine : la combustion de pétrole, de
2.1 Consommation de ressources charbon et de gaz, le méthane produit par l’agriculture, les gaz
non renouvelables fluorés issus de la climatisation des bâtiments et des voitures...
Ces émissions modifient la composition de l’atmosphère et per-
En France, l’énergie utilisée par les transports dépend presque turbent l’écosystème mondial. L’augmentation des concentrations
exclusivement du pétrole et le secteur des transports est ainsi le de gaz à effet de serre dans l’atmosphère laisse craindre pour
premier consommateur de produits pétroliers. l’avenir des variations climatiques sans précédent.
Pour ce qui relève des transports de marchandises, les engins La prise de conscience du phénomène a entraîné une mobilisa-
motorisés utilisés fonctionnent principalement à partir des sources tion progressive de la communauté internationale :
d’énergie suivantes : – créé en 1988 par l’ONU, le Groupe d’experts intergouverne-
– le gazole routier, pour presque tous les véhicules utilitaires et mental sur l’évolution du climat (GIEC) a pour vocation d’établir
poids lourds routiers ; régulièrement l’état de la science climatologique. Comptant plus
– le gazole non routier, pour les bateaux fluviaux (automoteurs de 2 000 scientifiques parmi les meilleurs chercheurs du monde, ce
et pousseurs), et une partie des locomotives ; réseau ne mène pas de recherches par lui-même mais synthétise
– le fioul lourd, pour les navires ; les résultats des études parues dans la littérature scientifique mon-
diale. Ces synthèses sont compilées dans un rapport d’évaluation
– le kérosène, pour les avions ;
(le 5e a été finalisé en novembre 2014) ;
– l’électricité, pour la plupart des locomotives, pour certains
– afin d’optimiser la lutte contre le réchauffement climatique, du
véhicules utilitaires et quelques poids lourds ;
sommet de Rio en 1992, à Rio+20 en 2012, les représentants des
– le gaz naturel pour véhicules (GNV, sous forme liquide = GNL
états se rencontrent régulièrement pour débattre et avancer vers
ou gazeuse = GNC), pour une part encore très faible mais crois-
une véritable gouvernance mondiale de l’environnement. Ils se
sante des véhicules routiers. Pour plus d’informations au sujet de
retrouvent notamment chaque année lors des conférences des par-
cette solution, le lecteur peut notamment se reporter aux informa-
ties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements
tions relatives au projet Équilibre (voir la rubrique Sites Internet du
climatiques (CCNUCC, adoptée par 195 parties), les COP. De la
Pour en savoir plus).
COP1 à Berlin, à la COP3 de Kyoto ou la COP17 de Durban, ces
À noter que le gazole (routier ou non routier) diffusé sur le mar- sommets internationaux permettent le dialogue entre pays. Ils sont
ché français est mélangé à du biocarburant ; le taux d’incorpora- le théâtre d’une véritable diplomatie climatique : les négociations
tion de biogazole dans le mélange est de l’ordre de 6 à 7 % depuis tentent chaque année d’aboutir à un consensus le plus large pos-
2009. sible afin de concilier intérêts nationaux et intérêts de la planète ;
Quant au GNV, il est disponible en station soit en tant que GNV, – la COP21, qui s’est tenue à Paris fin 2015, a débouché sur
soit en tant que bioGNV. Sauf exception, il s’agit strictement du l’Accord de Paris, perçu à l’époque comme un évènement histo-
même carburant, mais l’achat de bioGNV permet de contribuer au rique dans l’engagement unanime des nations dans la lutte contre
financement de la production et la distribution de biométhane, via le changement climatique, mais il n’a pas été suivi depuis cette
le dispositif français des garanties d’origine. date d’une confirmation forte de cet engagement, avec notamment
l’annonce du retrait de certains pays, dont les États-Unis.
Mis à part l’électricité, les biocarburants, et le GNV, toutes ces
sources d’énergie sont obtenues à partir du pétrole. Or, le pétrole Au niveau national, un objectif précis de réduction a été adopté,
est une ressource naturelle qualifiée de « non renouvelable » : il a dans le domaine des transports dans le cadre de la loi dite
fallu des millions d’années pour que les réserves se constituent, et « Grenelle I », loi n° 2009-967 du 3 août 2009 de programmation
au rythme actuel, elles pourraient disparaître en quelques décen- relative à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement : il
nies. Certes, nous sommes encore loin de « l’épuisement » des s’agit de ramener les émissions de gaz à effet de serre, en 2020, au
réserves de pétrole et de gaz. Mais, s’agissant d’une ressource fos- niveau qu’elles avaient atteint en 1990 (soit une réduction de
sile limitée, la production de pétrole ne pourra continuer d’aug- l’ordre de 16 % par rapport au pic atteint dans les années 2002 à
menter indéfiniment. En effet, il n’est pas possible de « vider » un 2004). Il n’est toutefois pas précisé la part de progrès attendue spé-
gisement à n’importe quel rythme. Le pic de production peak oil cifiquement pour les transports de marchandises.
interviendra et la production commencera alors à décliner. La date La loi « Grenelle I » a également confirmé l’engagement pris par
du peak oil dépend à la fois de la demande mondiale, des réserves la France de diviser par quatre (= – 75 %) ses émissions de gaz à
existantes, de progrès technologiques, des choix politiques effet de serre entre 1990 et 2050 en réduisant de 3 % par an, en
d’exploitation des ressources et des investissements dans les moyenne, les rejets de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, afin
moyens de production. Vraisemblablement, le monde fera plutôt de ramener à cette échéance ses émissions annuelles de gaz à
116
Référence Internet
AG8230
effet de serre à un niveau inférieur à 140 millions de tonnes équi- de son raffinage, de la distribution du carburant depuis la raffinerie
valent de dioxyde de carbone. jusqu’à la pompe. Dans le cas des biocarburants, il s’agit notam-
Ces objectifs ont été revus depuis dans le cadre de la Stratégie ment de la culture de la plante et des étapes de la transformation
nationale bas-carbone. Celle-ci donne les orientations stratégiques en carburant. Dans le cas de l’électricité, il peut s’agir de l’extrac-
pour mettre en œuvre, dans tous les secteurs d’activité, la transi- tion du combustible utilisé dans la centrale, de son transport et des
tion vers une économie bas-carbone et durable. Dans sa 1ère ver- émissions liées à son utilisation dans la centrale électrique . On uti-
sion adoptée en 2015, elle fixe des objectifs de réduction lise ici aussi le terme d’émissions « du puits au réservoir » (« well-
d’émissions de gaz à effet de serre à l’échelle de la France : to-tank » en anglais).
– à court/moyen terme : les budgets-carbone (réduction des L’ensemble des deux phases est souvent désignée par l’expres-
émissions de – 27 % à l’horizon 2028, par rapport à 2013), déclinés sion « du puits à la roue » (« well-to-wheel » en anglais).
en trois périodes (2015-2018, 2019-2023 et 2024-2028) ; Le tableau 1 montre les « facteurs d’émission » (quantités uni-
– à long terme (2050) : l’atteinte du facteur 4 (réduction des taires d’émission) de différentes sources d’énergie, incluant la
émissions de – 75 % par rapport à 1990, soit – 73 % par rapport à phase amont et la phase de fonctionnement.
2013).
Le projet de stratégie révisée, dont la publication est prévue cou-
rant 2019, vise la neutralité carbone, qui signifie qu’il ne faudra pas 2.2.3 Données relatives aux émissions en France
émettre plus de gaz à effet de serre que notre territoire peut en Dans l’ensemble de ce paragraphe, les données d’émission sont
absorber via notamment les forêts ou les sols.
Les sept principaux gaz à effet de serre (GES) habituellement
retenus sont le CO2 (dioxyde de carbone), le CH4 (méthane), le N2O
uniquement celles de la phase de fonctionnement des véhicules,
correspondant à la combustion de la source d’énergie (carburant).
Ces données sont issues de l’inventaire national annuel des émis-
3
(protoxyde d’azote), les HFC (hydrofluorocarbures), les PFC (per- sions de polluants atmosphériques et de gaz à effet de serre com-
fluorocarbures), le SF6 (hexafluorure de soufre) et le NF3 (trifluo- mandé par le ministère de la Transition écologique de solidaire et
rure d’azote). réalisé par le CITEPA (Centre interprofessionnel technique d’études
En France (métropole + DROM), le secteur des transports (mar- de la pollution atmosphérique).
chandises et personnes) a représenté, en 2016, 30 % des émissions Dans la catégorie des véhicules lourds (poids lourds, ainsi que
de GES. Le CO2 (dioxyde de carbone) est de très loin le principal bus et cars), le tableau 2 montre la répartition des émissions de
gaz émis par les transports. C’est un produit « fatal » de la gaz à effet de serre en France métropolitaine en 2016. Il illustre
combustion : celle-ci libère par exemple théoriquement environ bien la prépondérance d’un gaz sur les autres : le CO2 (dioxyde de
2,66 kg de CO2 pour un litre de gazole pur (c’est un peu différent carbone).
pour le gazole à la pompe, qui est mélangé avec du biocarburant).
Les trois autres gaz sont le CH4 (méthane), le N2O (protoxyde Précisons que ces chiffres n’isolent pas strictement les émis-
d’azote) et les HFC (hydrofluorocarbures, liés aux dispositifs de cli- sions attribuables aux transports de marchandises. En effet, les
matisation et production de froid). catégories retenues dans les inventaires nationaux pour présenter
les activités de transport sont les suivantes : VP (véhicules particu-
La capacité de chacun de ces gaz à accroître l’effet de serre n’est liers), VUL (véhicules utilitaires légers), PL (véhicules lourds,
pas identique, et se mesure à l’aide d’un indicateur appelé pouvoir incluant poids lourds, bus et cars) et deux-roues pour le mode rou-
de réchauffement global (PRG), qui s’exprime en « équivalent tier, et les autres modes (ferroviaire, fluvial, maritime et aérien).
CO2 », noté « CO2e » d’après la norme ISO 14064. On remarquera qu’aucune de ces catégories ne peut être classée
Selon les derniers éléments établis par le GIEC (rapport dit de façon exclusive dans l’un ou l’autre des deux domaines que
« AR5 »), les PRG des quatre gaz sont : sont le transport de marchandises et les déplacements de per-
• 1 pour le CO2 ; sonnes. En effet, même les voitures sont régulièrement utilisées
• 30 pour le CH4 ; pour le transport de marchandises, lors des trajets pour le motif
• 265 pour le N2O ; d’« achats » par exemple ; et certains deux-roues sont utilisés pour
des livraisons.
• 1 300 pour les HFC-134a.
Cependant, on sait par exemple, que, pour la catégorie des véhi-
L’unité de mesure des émissions de GES est donc le CO2e, pour
cules lourds français (partiellement objet du tableau 2, qui inclut
« équivalent dioxyde de carbone ». Ainsi, 1 kg de CO2 équivaut à
également les véhicules lourds étrangers ayant circulé en France
1 kg de CO2e et 1 kg de méthane (CH4) équivaut à 30 kg de CO2e.
métropolitaine), 85 % des consommations de gazole sont le fait
des poids lourds, contre 15 % aux bus et cars (source : Comptes
2.2.2 Phase de fonctionnement et phase amont des transports 2017).
Par ailleurs, il est intéressant de connaître les parts relatives de
D’une façon générale, les impacts environnementaux des trans-
chaque catégorie dans les émissions globales du transport
ports peuvent être considérés sur un périmètre spatial et temporel
(tableaux 3 et 4).
plus ou moins large. En particulier, on peut se restreindre à
prendre en compte les émissions de GES produites localement En complément, la figure 1 illustre une partie des chiffres du
lors du fonctionnement du véhicule ; ou bien, on peut au contraire tableau 3.
tenir compte des émissions produites plus loin et plus tôt, lors de Il est également intéressant d’observer les tendances d’évolution
la production de la source d’énergie utilisé par le véhicule (gazole, depuis l’année de référence 1990. Les figures 2, 3a, 3b et 3c
électricité...). apportent des éclairages utiles.
On utilisera, dans la suite du document, les deux notions La figure 2 montre l’évolution globale pour l’ensemble des
suivantes : transports, tous modes confondus. On fait apparaître deux
– émissions de la phase de fonctionnement : elles sont courbes : l’une (« yc CO2 biomasse ») permet de neutraliser l’effet
émises à l’utilisation du moyen de transport, et directement liées à de l’incorporation de biocarburants dans les carburants distribués
la combustion de la source d’énergie ; on parle aussi parfois alors à la pompe (elle représente les émissions réelles à la sortie des
des émissions « du réservoir à la roue » (« tank-to-wheel » en pots d’échappement) alors que l’autre (« hors CO2 biomasse »)
anglais) ; représente les émissions déductions faites de celles résultant de la
– émissions de la phase amont : elles sont émises par les acti- combustion des biocarburants contenus dans le super et le gazole
vités mises en œuvre pour que le moyen de transport dispose de à la pompe. On distingue quatre périodes : de 1990 à 2002, la crois-
sa source d’énergie ; il peut donc s’agir de l’extraction du pétrole, sance est nette et régulière, puis un plafond est atteint de 2002 à
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3
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Référence Internet
AG8160
Transport intermodal
3
1.1 Transport intermodal.............................................................................. — 2
1.2 Les divers modes de base ..................................................................... — 2
1.3 Les diverses UTI ..................................................................................... — 3
1.4 Desserte terminale.................................................................................. — 5
2. Maillons de la chaîne de transport intermodal .......................... — 5
2.1 Desserte terminale.................................................................................. — 5
2.2 Chantiers de transbordement................................................................ — 5
2.3 Transport principal.................................................................................. — 9
3. Développement du transport intermodal en Europe ................ — 11
3.1 Le marché ................................................................................................ — 11
3.2 Analyse économique du transport intermodal .................................... — 12
3.3 Autres facteurs favorables au développement du transport combiné — 15
3.4 Diverses stratégies de développement ................................................ — 16
4. Les grands flux de trafics européens ............................................ — 17
4.1 Flux combinés rail-route ........................................................................ — 17
4.2 Flux combinés mer-route ....................................................................... — 17
5. Organisation du transport intermodal .......................................... — 17
5.1 Jeu des acteurs ....................................................................................... — 18
5.2 Structures ................................................................................................ — 19
5.3 Règles européennes ............................................................................... — 19
5.4 Cadre juridique ....................................................................................... — 19
6. Perspectives du transport intermodal .......................................... — 20
6.1 Optimisations organisationnelles ......................................................... — 20
6.2 Optimisations techniques ...................................................................... — 20
6.3 Nouvelles pistes...................................................................................... — 20
6.4 Politiques européennes.......................................................................... — 20
Pour en savoir plus ...................................................................................... Doc. AG 8 160v2
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Référence Internet
AG8160
Par définition, un transport intermodal est un transport qui C’est en trains complets, de quelques dizaines de TEU (60) en
utilise successivement plusieurs modes différents pour ache- Europe sur une longueur allant jusqu’à 750 m, voire 1 000 m excep-
miner des unités de transport intermodales (UTI) qui contien- tionnellement, sur un seul niveau, à plusieurs centaines de TEU aux
nent les marchandises, sans avoir à dépoter les marchandises États-Unis sur 2 niveaux (« double stack »), sur une longueur pou-
d’un premier contenant pour les recharger dans un autre. vant atteindre 2 250 m, que ce mode permet de relier des chantiers
multitechniques ferroviaires.
p Sécurité des marchandises En Europe, les wagons sont plats. Aux États-Unis, les wagons
cuves permettent le transport sur deux niveaux. La traction, large-
Le transport intermodal permet de préserver les marchandises ment électrique en Europe, est essentiellement diesel aux États-
contre le vol et réduit les risques d’avaries liés aux manutentions
Unis. De nouveaux types de wagons permettent aujourd’hui de
directes.
charger en Europe des ensembles routiers complets, des semi-
p Circulation des informations, responsabilité vis-à-vis des remorques, des caisses mobiles ou des conteneurs dans le gabarit
marchandises ferroviaire B1 qui est le plus courant.
Les informations relatives au transport et à la marchandise doi-
vent circuler plus rapidement que les UTI. La fluidité du transfert des
informations aux interfaces entre les modes et la continuité des 1.2.4 Mode routier
schémas juridiques de responsabilité sont des conditions indispen-
sables à l’efficacité des transports.
Sur un réseau principal d’autoroutes irriguant l’Europe, complété
par un réseau routier capillaire très développé, ce mode assure tant
la desserte fine terminale que les transports de marchandises à lon-
1.2 Les divers modes de base gue distance. La charge maximale roulante autorisée (de 40 à 60 t
selon les pays) et la longueur maximale de 18,75 m sont
réglementées. Le mode routier est aujourd’hui le mode de transport
1.2.1 Mode maritime dominant avec près de 80 % de part de marché. Pour le transport
des conteneurs, on trouve soit des camions transportant deux con-
Ce mode s’appuie sur des navires porte-conteneurs : teneurs de 20’ ou un conteneur de 40’ sur un seul plateau, soit un
— soit transocéaniques, atteignant aujourd’hui une capacité de camion transportant un conteneur de 20’ sur son plateau auquel est
transport de près de 10 000 TEU (ou EVP équivalent conteneur de accroché un remorque articulée (dolly) sur laquelle est posé un
20 pieds) (figure 2) et dont on estime qu’ils pourraient transporter deuxième conteneur de 20’.
jusque 15 000 TEU dans les années à venir ;
— soit des navires feeders, de capacité allant de quelques centai-
nes de TEU à 2 000 ou 3 000 TEU (figure 3) qui, à partir d’un port
d’escale principal, desservent plusieurs autres ports ; 1.2.5 Mode aérien
— soit des navires fluvio-maritimes (figure 4) de taille sensiblement
inférieure à un millier de TEU qui peuvent remonter des fleuves.
Soit par avion spécialisé comme des 747 Cargo (de 110 t de capa-
cité) sur de très longues distances, soit dans les espaces libres des
TEU Twenty foot Equivalent Unit ou EVP Equivalent Vingt Pied soutes à bagages, ce mode assure le transport de marchandises à
est une unité de calcul des volumes d’UTI mis à bord des moyens haute valeur ajoutée en palettes de colis ou en petits conteneurs de
de transport. Un conteneur de 40 pieds vaut 2 TEU ou EVP. colis.
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AG8160
Client
Client
3
Client
Client
Client
La concurrence routière
Client
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Automoteur Freycinet 38,50 m : capacité 350 t Convoi moderne constitué d'un pousseur et de barges
capacité 2 500 à 5 000 t - longueur 143 à 185 m
3
a transport combiné de semi-remorques b conteneurs maritimes c transport combiné de caisses mobiles
12,027 m
13,2 m
2,33 m
2,4 m
Espace
perdu
Espace
perdu
Figure 7 – Remplissage des UECI europalettes b conteneur maritime ISO 20 pieds : 11 europalettes
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Zones de préhension par élingues Zones de préhension par élingues Zones de préhension par élingues
Supports Supports
de préhension de préhension Supports
par pinces par pinces de préhension
par pinces
123
3
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Transport maritime
1.
1.1
Commerce international et transport maritime.........................
Grands flux du transport maritime .......................................................
AG 8 130v2 — 2
— 2 3
2. Contraintes à prendre en compte par le chargeur .................... — 5
2.1 Optimisation de la chaîne de transport de bout en bout..................... — 5
2.2 Types de produits et caractéristiques des marchés ............................. — 6
2.3 Maîtrise du transport.............................................................................. — 6
3. L’offre de transport maritime .......................................................... — 6
3.1 Fluctuations des marchés de l’affrètement .......................................... — 7
3.2 Cabotage et ferry .................................................................................... — 8
3.3 Grandes évolutions affectant le transport maritime de ligne ............. — 8
3.4 Conséquences pour le chargeur............................................................ — 11
3.5 Pavillons, registres d’immatriculation et problèmes de sécurité ....... — 11
4. Partenaires, organisation et contrats de transport .................. — 12
4.1 Externaliser ou intégrer la prestation de transport.............................. — 12
4.2 Choix du port .......................................................................................... — 12
4.3 Transport multimodal ou intermodal.................................................... — 13
4.4 Contrats de transport et responsabilité du transport .......................... — 14
5. Détermination des prix...................................................................... — 14
5.1 Tarification de la ligne régulière ............................................................ — 14
5.2 Prix de l’affrètement ............................................................................... — 15
6. Conclusion ............................................................................................ — 16
Glossaire......................................................................................................... — 18
Pour en savoir plus ...................................................................................... Doc. AG 8 130v2
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Référence Internet
AG8130
partir de ports principaux par éclatement vers des ports secondaire (système de
desserte plus connu sous le terme anglais « hub & spokes »), alliances... condui-
sant à des gains de productivité importants dans le secteur maritime.
La concurrence est forte et les prix fluctuants mais toujours avec une tendance
décroissante et un niveau très bas comparé aux autres modes de transport.
Cette évolution pousse les entreprises de transport maritime à faire de nouveaux
investissements pour bénéficier des améliorations technologiques qui leur per-
mettront d’avoir un coût de production plus faible pour rester compétitives. Mais
elles participent ainsi à créer une surcapacité qui est une des caractéristiques du
secteur. Les évolutions étant rapides et la durée de vie des navires longue, les
navires anciens restent dans le marché.
L’entreprise chargeur a donc les moyens, si elle choisit bien ses partenaires,
d’obtenir un transport maritime de qualité, peu cher et qui lui permette d’être
compétitive.
3
Nous verrons que la croissance du commerce international et son évolution
jouent un rôle essentiel dans la configuration du secteur du transport maritime
aujourd’hui (§ 1). Face à ces évolutions, les entreprises chargeurs doivent tenir
compte d’un certain nombre de contraintes propres à leurs activités qui vont les
amener à choisir un transport à la demande ou la ligne régulière (§ 2). Ces mar-
chés sont sensiblement différents (§ 3), tant en ce qui concerne les acteurs impli-
qués, qu’en terme d’organisation et de contrats de transport (§ 4). La
détermination des prix répond à des critères extrêmement différents (§ 5).
Le secteur maritime utilise de nombreux mots spécifiques, souvent anglais,
peu connus. Afin de faciliter la lecture de ce texte, un glossaire en fin de dossier
permet de clarifier les définitions.
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Amérique du Nord
Amérique du Nord Amérique du Nord 15%
6% 17%
Asie Asie Moyen-Orient Asie
17% 28% 4% 30%
Moyen-Orient
Moyen-Orient 3%
11%
3
Europe de l'Ouest Europe de l'Ouest Europe de l'Ouest
44% 45% 45%
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AG8130
(0)
Exportateur 1995 2002 1995 2002 1995 2002 1995 2002 1995 2002
Moyen-Orient 101,7 63,2 79,1 69,1 87,9 126,3 21,5 10,8 442,3 467,5
Afrique 34,3 19,9 92,5 82,8 80,3 78,3 15,7 10,1 26,1 57,4
Caraïbes 9,4 6,3 7,5 12,9 146,5 183,2 12,9 18,7 11,4 6,7
Autres 34,5 67,1 42,7 74,7 65,4 93,5 18,8 12,8 84,1 68,2
Source : World Bulk Trades 1996, World Bulk Trades 2003, Fearnleys
3
Milliers de tonnes
Milliers de tonnes
Milliers de tonnes
140 000 140 000 140 000
0 0 0
95 02 95 02 95 02
Source: World Bulk Trades 1996, World Bulk Trades 2003, Fearnleys
Milliers d'EVP
Milliers d'EVP
0 0 0
95 98 04 95 98 04 95 98 04
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3
1. Place du transport fluvial ...................................................................... AG 8 120 — 2
1.1 Une importance méconnue ........................................................................ — 2
1.2 Des évolutions contrastées ......................................................................... — 3
1.3 Des avantages liés à la massification des flux .......................................... — 3
1.3.1 En termes de coût de production ...................................................... — 3
1.3.2 En termes de coût des nuisances...................................................... — 4
1.4 La voie d’eau aujourd’hui ........................................................................... — 4
1.4.1 Spécificités sectorielles ...................................................................... — 4
1.4.2 Trafic des fluvio-maritimes ................................................................ — 4
1.4.3 Échanges extérieurs et trafic fluvial en Europe................................ — 5
1.4.4 Ports fluviaux en France et en Europe .............................................. — 5
2. Principaux moyens de transport ......................................................... — 5
2.1 Matériels courants de transport ................................................................. — 5
2.1.1 Automoteurs ....................................................................................... — 5
2.1.2 Barges.................................................................................................. — 5
2.2 Matériel pour le transport des marchandises sèches en cale
non spécialisée ............................................................................................ — 5
2.3 Matériel spécialisé ....................................................................................... — 6
2.4 Barges de navire .......................................................................................... — 6
2.5 Masses indivisibles ..................................................................................... — 6
3. L’offre de transport et son évolution : la modernisation
en marche................................................................................................... — 6
3.1 Transport public et transport pour compte propre ................................... — 7
3.2 Mode d’exploitation des flottes.................................................................. — 7
3.3 Contrats de transport .................................................................................. — 7
3.4 Assurance complémentaire de la marchandise ........................................ — 7
4. Fluvial et multimodal .............................................................................. — 7
4.1 Développement du conteneur .................................................................... — 7
4.2 Interface fluviale .......................................................................................... — 8
5. Réseau actuel et projets ........................................................................ — 8
5.1 Réseau actuel ............................................................................................... — 8
5.2 Projets........................................................................................................... — 8
5.2.1 Seine-Nord Europe ............................................................................. — 8
5.3 Projets européens et dernières réalisations.............................................. — 8
5.3.1 Belgique............................................................................................... — 8
5.3.2 Allemagne ........................................................................................... — 9
6. Conclusion : un potentiel avéré ........................................................... — 9
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. AG 8 120
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plus l’activité majeure qui justifie le maintien du réseau. Pour mémoire, on citera
la production d’hydroélectricité, l’alimentation des grandes agglomérations en
eau, le tourisme fluvial...
Il n’en demeure pas moins que la vocation du réseau navigable reste centrée
sur l’activité de transport de marchandises. Peu connu, ce secteur offre
aujourd’hui l’image d’un visage dynamique qui année après année progresse
tant en valeur absolue que relative. Après la description des matériels de trans-
port, la présentation de l’offre de transport et de son évolution permet de mesu-
rer l’importance et la profondeur de la modernisation que connaît le transport
fluvial, au moment où il affirme sa place dans les chaînes multimodales de trans-
port.
Dotée d’un réseau moderne à l’aube du XXe siècle, grâce à Freycinet, la France
doit maintenant compléter son réseau pour être à même d’affronter le
XXIe siècle. C’est à cette condition que l’on pourra faire preuve d’un optimisme
raisonné pour le développement du transport fluvial qui est une des activités de
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Référence Internet
AG8120
On notera que les parts de marché obtenues sur les voies au gaba-
rit européen dans les régions « mouillées » en France sont du même
Flux générés (106 t · km)
ordre de grandeur que celles assurées à l’étranger (tableau 2).
(0) 7 000
6 000
Tableau 2 – Répartition modale des tonnes — kilomètres GG
réalisées (%) (1) 5 000
Voies 4 000
Pays Route Fer
navigables
3 000
PG
Allemagne 67,1 18,1 14,8
2 000
Pays-Bas 37,5 5,9 56,6
Belgique 77,0 10,5 12,5 1 000
75
77
79
81
83
85
87
89
91
93
95
97
99
01
03
05
3
20
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
19
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20
GG grand gabarit
1.2 Des évolutions contrastées PG petit gabarit (réseaux Freycinet)
de l’industrie sidérurgique.
Il s’en est suivi jusqu’au milieu des années 1990 une décennie de 300 Rhône-Saône
restructuration où la navigation intérieure a dû rechercher de nou-
veaux marchés et « digérer » la perte de substance de ses créneaux
historiques. 250
89
91
93
95
97
99
01
03
05
8
20
19
19
19
19
19
19
19
19
20
20
petit gabarit ont subi une forte érosion. Il a abandonné 32 % de son
activité de 1985 à 2005. Dans le même temps, le réseau à grand Indice 100 pour l'activité de chaque bassin en 1985
gabarit a progressé de 35 % (hors transit rhénan). Depuis le milieu Calculs effectués en t · km
des années 1990, ce dernier entame une très nette hausse (figure 1).
Figure 2 – Évolution de l’activité sur les principaux bassins
L’évolution propre à chaque bassin s’opère de manière relative-
de navigation de 1985 à 2005
ment indépendante.
De 1985 à 2005, le Rhin et la Moselle ont progressé respective-
ment de 48 % et 36 %. Ainsi, les automoteurs porte-conteneurs les plus récents peuvent
emporter 398 EVP, quand un train complet plafonne à 80 au maxi-
L’activité sur la Seine est restée relativement stable (+ 5,5 %). mum.
Quant au bassin Rhône-Saône, son activité a enregistré une hausse
sans précédent : + 190 %. Non représenté sur le graphique ci-après, Cette massification autorise un gain en termes de coût tout à fait
le bassin de Nord – Pas-de-Calais a connu de 2000 à 2005 une crois- appréciable.
sance de 30 % (figure 2).
L’échelle des prix fluviaux s’établit à 1 à 2 centimes d’euro par
tonne et par kilomètre (1 à 2 c€/t · km) sur le réseau à grand gabarit
national. Il descend à 1 c€/t · km sur le bassin rhénan pour des rai-
1.3 Des avantages liés à la massification sons qui tiennent tant à la qualité de l’offre qu’à celle de la demande.
des flux
À titre de comparaison, les prix ferroviaires sont d’environ 1,5 à
3 c€/t · km et les prix routiers de 4 à 6 c€/t · km.
1.3.1 En termes de coût de production
EVP Équivalent Vingt Pieds : d’après la définition ISO, 1961,
Les grands automoteurs comme les convois poussés présentent Comité TC 104, conteneur de 20 pieds de long, 8 pieds de
l’avantage d’offrir une capacité de transport unitaire inégalable large et 8 pieds 6 pouces de haut, d’une capacité de 16 à 18 t
parmi les modes terrestres. de marchandises.
131
3
132
Référence Internet
AG8005
Économie du fret
Processus de transport
3
1. Notions fondamentales ....................................................................... AG8 005v2 - 2
1.1 Définitions et champs ............................................................................... — 2
1.2 Service ou industrie .................................................................................. — 2
1.3 Relation chargeur/transporteur................................................................ — 3
2. Consommation de transport .............................................................. — 4
2.1 Statistiques ................................................................................................ — 4
2.2 Flux nationaux et internationaux ............................................................. — 4
2.3 Structure par produits .............................................................................. — 5
2.4 Fret et dynamique économique ............................................................... — 6
3. Production de transport ...................................................................... — 8
3.1 Poids du transport dans l’économie........................................................ — 8
3.2 Partage modal ........................................................................................... — 8
3.3 Compte propre et compte d’autrui .......................................................... — 11
3.4 Branche et marché du transport .............................................................. — 11
3.5 Évolution technique et organisationnelle ............................................... — 17
Pour en savoir plus ........................................................................................ Doc. AG 8 005v2
133
Référence Internet
AG8005
3
1. Notions fondamentales Gestion de production
Fabrication
Distribution
Approvisionnement
1.1 Définitions et champs
La définition générale du transport ne pose guère de difficulté. Matières premières
SAV Vente
Si l’on définit le transport par le mouvement qu’il imprime à des
produits dans l’espace, rien ne le différencie de la manutention. (service
Sur le fond, l’analogie est acceptable. après-vente)
Recyclage Consommation
Pratiquement, la différence entre transport et manutention
Déchets
s’est établie en fonction des matériels utilisés (un camion n’est Élimination
pas un chariot élévateur) et des infrastructures empruntées (la Traitement
manutention ne sort guère des emprises propres à un établis-
sement, tandis que le transport utilise le plus souvent une Figure 1 – Transport et cycle écologique
infrastructure publique et partagée entre de nombreux
usagers).
enregistrement statistique, hors transport. Il en est de même du gaz
en bouteille, dûment transporté, alors que, selon les sources, le tra-
■ Concept de « marchandise » fic des oléoducs et gazoducs est inclus ou non dans les statistiques
Il est plus utile de réfléchir à la notion même de marchandise. de transport. Le charbon est transporté, le transfert d’énergie électri-
L’usage en français, et dans les autres langues latines, est en effet que sur des lignes à haute tension relève d’une autre activité. Quant
de désigner ainsi la cargaison, ce qui associe implicitement le aux déchets ménagers, qui représentent des tonnages
transport à la liaison entre la fabrication et la commercialisation. considérables, étant acheminés généralement sur de courtes distan-
Le transport est une opération permettant la transformation d’un ces, ils ne figurent pas dans les statistiques de transport.
produit en marchandise, en le rendant accessible à ses acheteurs Dans certains cas, la limite du domaine du transport de marchan-
et à ses consommateurs. dises a des causes administratives : en France, on évalue le trafic
Pour autant, il est bien d’autres opérations de transport dans le routier à partir du tirage au sort de certains véhicules dans le fichier
circuit économique : des cartes grises ; on connaît donc mal le trafic massif assuré par
des engins agricoles, qui relèvent d’une autre immatriculation.
– à l’amont de la fabrication pour les approvisionnements ;
– à l’aval de la distribution pour le « retour » des déchets ;
– souvent à l’intérieur même de la sphère de la fabrication : en Notons enfin que le transport et la distribution du courrier,
passant d’un établissement d’une même entreprise à un autre, les qui mobilisent directement environ 200 000 personnes, fait de
produits ne changent pas de propriétaire, ils ne sont pas à La Poste le premier employeur du monde du transport, alors
proprement parler des marchandises. qu’elle relève d’une branche différente de la comptabilité
nationale et d’une autre tutelle administrative.
En toute rigueur, il conviendrait donc mieux de parler de trans-
port de biens, comme le font les Anglo-Saxons (goods transport,
Gütterverkehr...). Mais gardons les usages établis, dès lors que les
transports de marchandises pris en compte ne se limitent pas à 1.2 Service ou industrie
l’approvisionnement des marchés (figure 1).
Sous l’angle technique, le transport est un process industriel qui
■ Nature des marchandises modifie physiquement les produits qui lui sont soumis en chan-
On sait que le transport d’eau minérale en bouteille relève du geant leurs coordonnées dans le temps et dans l’espace : transpor-
transport. Tandis que l’eau courante des réseaux d’adduction relève ter, c’est transformer. Pour autant, le transport est couramment
d’une autre technique, d’un autre monde professionnel et d’un autre considéré comme un service.
134
Référence Internet
AG8005
Il faut souligner que le classement du transport parmi les l’organisation du transport, alors qu’il constitue un des thèmes les
services ne relève pas, comme il est souvent dit, du caractère pré- plus modernes de la gestion de production, insistant sur l’enrichis-
tendument immatériel du transport. Bien au contraire, le transport sement des relations de « partenariat » entre entreprises.
de fret est une industrie éminemment matérielle, mobilisant une
grande quantité de main-d’œuvre, d’équipements lourds (infras- ■ Relation de service
tructures et matériel roulant), de consommations intermédiaires La relation chargeur/transporteur est donc, par excellence, une
(et en particulier d’énergie) et opérant un process physique. Le relation de service [1] (figure 2). Le schéma ci-dessous reprend, en
caractère de service désigne une forme de division sociale du tra- y introduisant (en caractères gras) le vocabulaire propre au
vail, et ne vaut que pour une part du transport, celle qui est assu- transport, la disposition triangulaire d’une relation de service,
rée par des prestataires : le transport public, dénommé aussi où un prestataire intervient pour le compte de son client à travers
transport pour compte d’autrui, effectué pour le compte d’un une intervention sur un objet, appartenant au client mais
client, couramment dénommé le chargeur. temporairement confié au prestataire. La relation de service entre
les deux agents vise donc à réguler une double liaison :
– contrôle de la cargaison par son propriétaire, qui décide de
Le caractère public du transport pour compte d’autrui n’a l’opportunité de son transport ;
donc rien à voir avec les notions de secteur public ou de ser- – traitement de la cargaison par le transporteur, conformément à
vice public. la commande de son client.
3
Le transport public s’oppose au transport privé, ou pour
La figure 2 ne prend pas en compte certaines spécificités du
compte propre, où le chargeur est son propre transporteur, uti-
transport, et notamment le rôle du réceptionnaire de la marchan-
lisant une main-d’œuvre et un matériel de son ressort direct.
dise, quand bien même il n’est pas partie prenante au contrat de
transport. On suppose ici que le chargeur est un industriel, fournis-
Si le transporteur public est, techniquement, un industriel, sa seur d’un destinataire qui achète ses produits (pour les transfor-
situation économico-juridique est particulière. À la différence de la mer à son tour, les consommer ou les revendre). Le transport
plupart des autres industriels, il n’est pas propriétaire des produits parachève donc, par la fourniture de la marchandise, une transac-
qu’il transforme et à la production desquels il contribue et il ne les tion commerciale entre expéditeur et destinataire. Si la coopéra-
vend pas : pour un transporteur de marchandises, la marchandise, tion entre l’expéditeur et le transporteur est indispensable, la
c’est le transport (et non la marchandise transportée !). Il vend une manière dont s’accomplit la coopération entre le destinataire et le
production, et non un bien, un process et non un produit. Il a donc transporteur contribue également à la performance économique et
le statut de façonnier, qui intervient sur des produits qui à la qualité de service de l’opération de transport (figure 3).
demeurent la propriété de ses commanditaires, tels que c’est
souvent le cas dans d’autres secteurs de l’industrie, comme la
confection ou l’imprimerie. C’est la raison pour laquelle le trans-
port confié à un transporteur public est classé parmi les services. Producteur Consommateur
Fournisseur Relation de service Client
Compte tenu de son partage entre le compte propre et le compte Prestataire Usager
d’autrui, l’activité de transport (dans son ensemble) ne coïncide pas Transporteur Chargeur
avec la branche des transports de la comptabilité nationale (qui ne
recouvre que le transport pour compte d’autrui et se définit par réfé-
rence au seul marché du transport). Cette particularité pose évidem- Intervention Usufruit
ment une difficulté de connaissance, les statistiques économiques Traitement Contrôle
étant couramment construites sur la base des branches. Transformation Propriété
Transport Gestion logistique
Objet
Informations
1.3 Relation chargeur/transporteur Personne
Cargaison
Les rapports entre un transporteur public et un chargeur sont
donc particulièrement étroits.
Figure 2 – Relation de service dans le transport
■ Interrelations commerciale, technique et organisationnelle
À la relation commerciale usuelle entre un fournisseur et un
client, qui porte sur la définition de la prestation et la négociation
Contrat de transport
de son prix, s’ajoute une autre relation, spécifique et nécessaire,
qui est technique et organisationnelle. À la différence d’un bien, le Transporteur Fournisseur
transport se consomme au moment et à l’endroit mêmes de sa
production. Production et consommation sont confondues en un
processus unique. Transport
Pour qu’une opération de transport s’accomplisse, il faut : Expédition
– que le produit ait une taille et un poids entrant dans les capacités
du véhicule prévu ;
Coordination
– qu’il soit conditionné (en vrac, en colis, en palette, etc.) de Marchandise Contrat de vente
sans contrat
manière convenable pour sa manutention et sa protection durant de la marchandise
le transport ;
– que la taille, la capacité et la carrosserie du véhicule soient Réception
adaptées au produit à transporter (benne, citerne, fourgon, etc.).
Cette congruence a, en outre, une dimension spatio-temporelle :
la cargaison et le véhicule doivent être mis en présence de façon
exacte, par un rendez-vous, en un lieu et à un moment donnés. On Acheteur
remarque que ce type de coordination entre le prestataire et son
client, que l’on peut qualifier de coproduction, est inhérent à Figure 3 – Expéditeur, transporteur, destinataire
135
Référence Internet
AG8005
136
Référence Internet
AG8006
Économie du fret
Le système de transport
par Michel SAVY
Professeur à l’Université Paris 12 et à l’École nationale des ponts et chaussées
Directeur de l’Observatoire des politiques et des stratégies de transport en Europe
1.
1.1
1.2
Transport et logistique ..........................................................................
Définitions. Démarche logistique ..............................................................
Gestion logistique et transport..................................................................
AG 8 006 - 2
—
—
2
3
3
2. Transport et environnement politique .............................................. — 5
2.1 Infrastructures............................................................................................. — 5
2.2 Accès au marché, capacité de transport et tarification............................ — 6
2.3 Vers une nouvelle régulation ? .................................................................. — 6
3. Perspectives ............................................................................................. — 8
3.1 Croissance et transport .............................................................................. — 8
3.2 Prix et coût de transport............................................................................. — 9
3.3 Partage modal ............................................................................................. — 9
3.4 Opérateurs de réseau ................................................................................. — 10
3.5 L’Europe des transports.............................................................................. — 11
4. Conclusion ................................................................................................ — 13
Pour en savoir plus .......................................................................................... Doc. AG 8 007
e transport est tout à la fois une activité particulière, dont les caractéristiques
L justifient une approche propre, et une activité mêlée aux autres. D’une part,
le transport est une activité industrielle dont la technique, les conditions de
travail (notamment l’itinérance de nombre de postes de travail), l’utilisation d’un
patrimoine productif collectif énorme (la plus grande part des infrastructures)
la différencient fortement des autres activités. Les cultures professionnelles y
sont particulièrement accentuées : un marin n’est pas un cheminot ni un routier,
et ni les uns ni les autres ne ressemblent à un employé de bureau ou à un ouvrier
d’usine... D’autre part, le transport s’applique nécessairement à un produit issu
et destiné à une autre activité économique : le transport de marchandises n’est
jamais une fin en soi, il s’insère dans les filières de production et de distribution.
Le terme de logistique, à travers les multiples sens qu’il reçoit selon le contexte
où on l’emploie, exprime cette interdépendance technique et organisationnelle
intime qui lie le transport aux autres activités de production. On peut voir un
indice de cette intimité, et des difficultés qu’elle soulève, dans le fait qu’une part
seulement du transport est déléguée à des entreprises spécialisées, appartenant
à la branche des transports. Une large part des opérations de transport demeure
interne à des entreprises agricoles, industrielles ou de services qui préfèrent dis-
poser de leurs propres moyens et assurer en leur sein même l’adéquation du
transport aux besoins de leur activité principale, celle de la branche à laquelle
elles appartiennent.
Par ailleurs, si la plus grande part de la production de transport de marchan-
dises est le fait d’entreprises privées ou d’entreprises publiques soumises aux
règles du marché et de la concurrence, le rôle de l’État y est puissant et
multiforme, qu’il touche les infrastructures, la réglementation technique et la
sécurité, la réglementation sociale ou la régulation économique.
Parution : avril 2013
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© Techniques de l’Ingénieur AG 8 006 − 1
137
Référence Internet
AG8006
3 demeure-t-elle une préoccupation notoire des pouvoirs politiques. Dans tous les
gouvernements, il y a un ministre des transports...
Le rôle des pouvoirs publics est amplifié encore, ou du moins rendu plus
complexe, par la montée en puissance de l’Union européenne. Les transports
sont désignés par les traités comme un élément important de développement
économique et de cohésion sociale et territoriale. La politique communautaire
ne se limite plus, comme dans les années quatre-vingt, à aiguillonner à la marge
les évolutions nationales. Elle établit désormais un cadre législatif et réglemen-
taire à l’intérieur duquel les politiques nationales n’ont plus qu’une autonomie
relative (les directives européennes fixent les principes que les membres de
l’Union n’ont que la faculté de « transposer » dans leur droit national ; quant aux
règlements, ils s’imposent en l’état). Il convient donc d’appréhender l’interaction
de plusieurs niveaux institutionnels. La Commission compte toujours un
commissaire chargé des transports...
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AG 8 006 − 2 © Techniques de l’Ingénieur
138
Référence Internet
AG8006
% du coût logistique
la logistique apparaît alors, elle ne traite pas seulement de la gestion
des flux, mais de la gestion par les flux et acquiert alors un statut stra- 30
tégique, pour établir un mode de régulation globale de l’entreprise. 25
Dans une étape ultérieure, la gestion logistique sort des limites 20
de l’entreprise et touche les relations entre firmes, pour optimiser
15
par exemple les flux reliant une entreprise, ses fournisseurs et
sous-traitants. Elle touche à la charnière cruciale qu’est la coordi- 10
nation de la production et du marché. Si la prédominance d’intérêts 5
contradictoires entre les acteurs n’y fait pas obstacle, la gestion
logistique vise à embrasser toute la chaîne d’approvisionnement 0
ge
s
on
(supply chain management ) de l’amont à l’aval (ou réciproquement
ck
en
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de
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dans une optique de flux tirés ), « du fournisseur du fournisseur au
an
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G
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liv
su
fin
Em
on
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client du client ». Des notions telles que le stock zéro, le pilotage par
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Pe
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l’aval, les flux tendus, le juste à temps, confirment le rôle primordial
ro
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pp
3
ns
de la logistique dans la nouvelle organisation de la production, plus
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flexible et plus intégrée, que recherchent les entreprises. Dans le
ite
po
a
Tr
ns
vocabulaire toujours mouvant des grandes entreprises industrielles
a
Tr
et de distribution internationales, le mot de supply chain tend
aujourd’hui à supplanter celui, déjà un peu désuet, de logistique.
Figure 1 – Structure du coût logistique [4]
Toutefois, le premier sens du mot logistique, associé aux opéra-
tions physiques, revient en vogue mais sous la forme d’un adjectif,
associé au substantif « prestataire ». Un prestataire logistique est ment élevée pour les produits de faible densité de valeur (soit 15 %
une entreprise offrant un ensemble de services couvrant tout ou pour les eaux minérales et jusqu’à 50 % pour les matériaux de
partie de la gamme des opérations logistiques (au sens initial du construction) et plus faible pour les produits de haute densité (3 %
terme : transport, manutention, etc.) à un client désireux d’externa- pour les cosmétiques). En pourcentage du chiffre d’affaires moyen
liser (sous-traiter) ces opérations périphériques à sa propre activité des entreprises, une estimation courante est de 6 %, mais ce chiffre
principale (son core business ) sur laquelle il veut concentrer ses ne couvre pas tous les coûts logistiques internes et une proportion
investissements et ses compétences. De nombreuses entreprises totale de l’ordre de 12 % est raisonnable. Dans les entreprises
issues du transport, et notamment les plus grandes, s’efforcent industrielles, ce coût est du même ordre de grandeur que le coût
maintenant d’élargir leur offre et de devenir des prestataires logis- de fabrication, c’est-à-dire de transformation industrielle des
tiques. C’est ainsi une nouvelle branche économique, débordant le produits ! On en mesure donc les enjeux, en termes de satisfaction
transport et incluant des pans de l’entreposage, de la manutention, des clients, de concurrence et de rentabilité.
de l’emballage, mais aussi du conseil, de la gestion immobilière,
des services en informatique, etc., qui se constitue aujourd’hui. La place du transport dans la logistique s’avère singulière. D’une
part, le transport représente le premier poste de dépense logistique.
La technique du transport gagne ainsi en complexité puisqu’elle Confirmant des enquêtes antérieures (enquête du BIPE en 1993 par
est désormais intimement liée à d’autres opérations, disposant exemple), une décomposition récente du coût logistique total
chacune d’une technique propre, mais dont l’exploitation doit lui (figure 1) montre que le transport (amont et aval) représente à lui
être étroitement coordonnée. Les outils et méthodes de gestion de seul quelque 40 % du coût logistique total.
l’information, les matériels et logiciels adaptés, jouent évidemment
ici un rôle crucial : tous les grands progiciels de gestion de produc- Par ailleurs, le transport est l’opération logistique la plus cou-
tion assistée par ordinateur comprennent désormais un module de ramment sous-traitée et, a contrario, la moins présente à l’intérieur
logistique. des entreprises chargeuses. À partir d’une enquête portant sur
quelque 5 500 entreprises de grande taille fortement utilisatrices de
S’il désigne à la fois une famille d’opérations et une fonction services logistiques, on constate (figure 2) que les fonctions logis-
managériale de l’entreprise, le mot logistique peut enfin s’appli- tiques internes portent principalement sur le traitement physique
quer à certains éléments des structures d’une organisation (service statique des produits (entreposage, manutention et emballage) et
logistique, direction logistique), à certains métiers (il existe des sur la gestion administrative et commerciale des flux (achats et
associations professionnelles de logisticiens). Un débat permanent approvisionnements, ordonnancement, stratégie et organisation)
porte sur la place et le poids à accorder aux fonctions logistiques tandis que le transport ne représente que 15 % des activités logis-
dans le fonctionnement et dans l’organigramme des firmes. Les tiques internes aux firmes industrielles.
réponses varient, en fonction des branches et des produits et selon
que l’accent est plutôt mis sur les tâches d’exploitation ou sur le En revanche, le transport est le plus lourd des postes de la
contrôle et l’orientation. sous-traitance logistique des mêmes entreprises industrielles
(figure 3).
Quant à la gestion de l’ensemble des opérations logistiques de
manière intégrée, c’est une tendance forte, vantée par les Si cette préférence pour la sous-traitance vaut principalement
consultants spécialisés et déjà pratiquée par de grandes firmes pour les opérations d’exécution du transport (et dans des propor-
internationales. Toutefois, dans la plupart des entreprises plus tions bien plus fortes que pour l’entreposage, la préparation de
banales, on distingue encore la logistique d’approvisionnement, de commandes, etc.), une autre enquête (figure 4) montre même une
fabrication, de distribution, de maintenance et d’après-vente, et inclination limitée à sous-traiter les opérations de pilotage du
enfin la logistique de retour avec la récupération et le recyclage. transport : sélection et achats de transport, voire optimisation du
réseau de distribution, avant la gestion des stocks, l’entreposage,
etc. Les industriels et les distributeurs ont appris, ces dernières
trente années, à externaliser l’exécution du transport. Pour autant,
1.2 Gestion logistique et transport ils veillent à en conserver la maîtrise. Dans les années à venir, on
peut penser qu’ils vont poursuivre leur apprentissage de l’externa-
La part des opérations logistiques dans la valeur finale des pro- lisation de l’entreposage puis, graduellement, d’une gamme plus
duits est très différente d’un produit à l’autre. Elle est générale- large d’opérations logistiques.
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3
1. Transporteurs routiers de marchandises....................................... AG 8 020v2 — 3
1.1 Données statistiques ............................................................................... — 3
1.2 Aspects réglementaires : l’inscription au registre des transporteurs . — 3
2. Loueurs de véhicules industriels ..................................................... — 4
2.1 Le métier de loueur ................................................................................. — 4
2.2 Données statistiques ............................................................................... — 4
3. Auxiliaires de transport ..................................................................... — 4
3.1 Données statistiques ............................................................................... — 4
3.1.1 Caractéristiques des organisateurs de transport de fret ............. — 5
3.1.2 Messagers, affréteurs et organisateurs de transport
international ............................................................................................. — 5
3.2 Approches réglementaire et juridique ................................................... — 5
3.2.1 Le commissionnaire ....................................................................... — 5
3.2.2 Les autres professions d’auxiliaire................................................ — 6
3.3 Approche fonctionnelle ........................................................................... — 6
3.4 Approche modale .................................................................................... — 7
3.4.1 Transport routier ............................................................................. — 7
3.4.2 Transport fluvial .............................................................................. — 8
3.4.3 Transport maritime ......................................................................... — 8
3.4.4 Transport aérien.............................................................................. — 8
4. Conclusion ............................................................................................. — 9
Pour en savoir plus ....................................................................................... Doc. AG 8 020v2
a grande variété des professions du transport et le fait que l’on peut les
L décrire à partir de points de vue différents expliquent la difficulté à cons-
truire une présentation simple. Mais la complexité fait partie de la réalité écono-
mique, et l’on peut faire du transport sans pour autant être transporteur et ne pas
être transporteur et appartenir aux professions du transport...
Transport pour compte Une distinction fondamentale doit en effet être posée d’emblée entre le trans-
propre et transport port pour compte propre (dit encore transport « privé ») et le transport pour
compte d’autrui (encore appelé transport « public »).
pour compte d’autrui Les transporteurs pour compte propre sont des industriels ou des commer-
çants qui, à l’occasion de l’exercice de leur activité principale, exécutent, en se
dotant des moyens en personnels et en véhicules adéquats, des déplacements
de marchandises concernées par leur activité professionnelle. Les transporteurs
pour compte d’autrui sont des professionnels des transports qui assurent le
déplacement des marchandises pour le compte de leurs clients.
Cette distinction traditionnelle, qui concerne le mode routier, mais aussi le
transport fluvial ou le transport maritime, paraît claire. En réalité la frontière
entre les deux catégories est parfois difficile à tracer, d’autant que la législation
Parution : octobre 2006
ne donne pas une définition précise du transport pour compte propre. L’adminis-
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Référence Internet
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La grande diversité des activités liées au transport réalisées par les profession- Des professions considérées
nels appelle un effort de classement, une répartition en catégories qui permette différemment
de distinguer en leur sein des professions différentes. Mais on peut, pour établir
un tel classement, adopter des approches variées qui, par malheur, ne coïncident
pas...
■ On peut tout d’abord se référer à la typologie des professions réglementées
du transport. En effet, l’exercice de certaines professions du transport (au sens
large du terme) est soumis à des règles fixées par les pouvoirs publics, et les
entreprises soumises à ces règles, pour être facilement identifiées, doivent être
inscrites sur un registre tenu par l’État. Trois professions principales apparais-
sent alors :
— les transporteurs, au sens strict du terme ;
— les loueurs de véhicules industriels ;
— les auxiliaires de transport.
Ni les loueurs, ni les auxiliaires en tant que tels n’assurent le déplacement phy-
sique de marchandises. Ainsi on peut appartenir à l’une des professions
réglementées du transport sans transporter.
■ On peut aussi se référer aux dispositions du droit privé qui, en fonction des
actes juridiques qu’ils accomplissent, distingue les voituriers, les commission-
naires, les transitaires, etc., catégories qui ne sont pas sans rapport avec celles
des professions réglementées, mais qui ne les recouvrent pas exactement.
Les milieux professionnels utilisent leur propre vocabulaire, sans doute plus
proche des pratiques et qui, de ce fait, paraît plus précis. Il n’est malheureuse-
ment pas exempt d’ambiguïtés puisqu’on qualifie habituellement de transitaire
un commissionnaire organisant des transports internationaux, ce qui ne corres-
pond pas à la définition juridique du transitaire. De même, dans l’acception cou-
rante, un messager est un transporteur, alors qu’il appartient à la profession
réglementée des auxiliaires de transport.
■ Une dimension évidemment importante qui peut permettre de classer les pro-
fessions du transport est le mode auquel elles se rattachent ou avec lequel elles
sont, à titre principal ou exclusif, en relation : transport routier, transport ferro-
viaire, transport fluvial, etc.
■ Reste enfin l’approche statistique, essentielle si l’on veut pouvoir associer à la
présentation des informations relatives au nombre des entreprises, à leur chiffre
d’affaires, au nombre d’emplois qu’elles créent...
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Infrastructures, environnement et transport par voie d'eau
(Réf. Internet 42617)
Écoconception des ouvrages maritimes : de la théorie aux exemples appliqués GE1024 167
Sur www.techniques-ingenieur.fr
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143
4
144
Référence Internet
W1710
4
1.2 Gestion de l’eau : nouvel objectif pour les pouvoirs publics ................... — 3
1.2.1 1964 : le contrôle de la ressource en eau.......................................... — 3
1.2.2 1992 : planification et préservation de la qualité de l’eau
pour une durabilité de la ressource............................................................ — 3
1.2.3 2006 : garantir la qualité des milieux aquatiques............................. — 5
2. Compétences multiples et imbriquées aux différentes
échelles territoriales................................................................................ — 5
2.1 Pluralité de l’eau : quels acteurs et quelles règles entrent en jeu ? ......... — 5
2.1.1 Eau comme bien de consommation.................................................. — 5
2.1.2 Eau comme ressource : utilisation pour l’industrie,
l’agriculture, l’énergie, le tourisme............................................................. — 6
2.1.3 Eau comme infrastructure de transport ............................................ — 6
2.1.4 Eau comme risque .............................................................................. — 6
2.1.5 Eau comme milieu .............................................................................. — 7
2.2 État et ses relais : un panel d’actions et d’échelles d’intervention .......... — 7
2.2.1 Services de l’État................................................................................. — 7
2.2.2 Onema.................................................................................................. — 8
2.2.3 Agences de l’eau ................................................................................. — 8
2.3 Entre multitude d’acteurs et déficit de compétences :
quel équilibre trouver ? ............................................................................... — 8
2.3.1 Superpositions complexes et outils en excès .................................. — 8
2.3.2 Nécessité d’une clarification des compétences locales
et d’un renfort de moyens ........................................................................... — 10
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. W 1 710
’eau est un bien commun qui présente une double caractéristique : il s’agit
L à la fois d’une ressource et d’un milieu. Autre particularité : son caractère
cyclique qui ne permet pas de la gérer comme un stock. Sa gestion questionne
donc des aspects quantitatifs et qualitatifs qu’il convient de replacer dans une
dynamique spatiale et temporelle : pénuries en période d’étiage, prévention du
risque lors des crues, problématiques différenciées suivant une situation en
tête de bassin, en plaine ou en estuaire, en zone rurale ou urbaine...
Au cœur des besoins anthropiques, les modalités d’aménagements et de
régulation des réseaux hydrographiques pour exploiter cette ressource exis-
tent depuis des siècles. Dans un premier temps, nous replacerons les
modalités qui ont régi la politique de l’eau dans une perspective historique,
avant d’analyser les apports des lois sur l’eau successives en France.
Pour assurer la bonne gestion de la ressource en eau, ces lois ont mis en
place des périmètres géographiques et des circuits financiers dédiés, ainsi que
des modalités spécifiques de relations entre les usagers et les pouvoirs
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XXe siècle, jusqu’à la parution de la loi sur l’eau de 1964 [4]. assurant la circulation des poissons migrateurs.
En janvier 1959, la publication d’une ordonnance qui fait de la Aussi, cette loi vient compléter la loi sur l’eau de 1964 sur
pollution un délit entraîne une réaction des industriels, concernés un volet qui sera repris en 1992 : celui de la qualité des
au premier chef. Ils saisissent le gouvernement pour exiger une milieux aquatiques en tant qu’enjeu à part entière.
nouvelle loi, qui soit cette fois débattue par les deux assemblées.
Aussi, pendant 5 ans, le Commissariat général au plan va s’atta-
cher au problème de l’eau. La commission de l’eau élabore le pro- L’autre grand principe de la loi de 1964 stipule que désormais
jet de loi qui vise à atténuer les conséquences économiques de la « l’eau paie l’eau ». Au sein de chaque bassin, une agence de l’eau
pénalisation de la pollution en mettant en place un moyen de est instituée (figure 1). Il s’agit d’un établissement public technique
financement de la dépollution. et financier qui perçoit les redevances auprès des usagers et les
redistribue sous forme d’aides aux investissements. Les besoins
Après de nombreux échanges sur le principe de la redevance,
en équipement induits par les besoins et usages en eau (protection
accepté dans la mesure où il servira les investissements, la loi
des captages, assainissement, réseaux d’eau potable, etc.) sont
adoptée le 16 décembre 1964 [5] est la première grande loi fran-
donc financés par les recettes que dégage la distribution d’eau : un
çaise sur l’eau.
circuit financier s’instaure, en parallèle du cycle de l’eau. Cette
Cette loi assure la promotion de la gestion de l’eau par bassin assise financière confère à chaque bassin une autonomie d’action
hydrographique, et non selon des limites administratives. par rapport aux autres, et sert de fondement à la cohésion de
Au niveau national, elle crée un dispositif original décentralisé et l’espace du bassin.
participatif de gestion de l’eau. Celle-ci est organisée en métropole Dans les départements d’outre-mer, les offices de l’eau sont
en six grands « bassins », correspondant aux bassins hydrogra- habilités à percevoir des redevances, et les mettent en place pro-
phiques des cinq grands fleuves français (Garonne, Loire, Rhin, gressivement.
Rhône, Seine) ainsi qu’un bassin réunissant les cours d’eau trans- Cette loi fixe les bases du modèle français de gestion de l’eau,
frontaliers et côtiers du nord de la France. dont les principes se sont progressivement généralisés à une
Chaque bassin est doté d’un comité de bassin, instance déci- échelle internationale à partir des années 1990 [6].
sionnelle au sein de laquelle s’organise la concertation entre les
parties prenantes de la gestion de l’eau : élus, associations envi- 1.2.2 1992 : planification et préservation
ronnementales, industriels, agriculteurs, consommateurs, etc. de la qualité de l’eau pour une durabilité
(nous détaillerons ce point au paragraphe 2.2).
de la ressource
Cette loi « relative au régime et à la répartition des eaux et à La croissance régulière des besoins domestiques s’accompagne
la lutte contre leur pollution » vise également à « tenter de lut- d’une forte demande de la part du secteur agricole, essentiel-
ter contre la pollution des eaux et d’assurer l’alimentation en lement due à la mécanisation des techniques agricoles et au déve-
eau potable des populations tout en permettant de fournir à loppement de l’irrigation en période d’étiage (les surfaces irriguées
l’agriculture et à l’industrie l’eau dont elles ont besoin. Elle ont pratiquement doublé en dix ans). Cette forte croissance n’a pas
porte donc sur l’ensemble des ressources en eau, à l’exception été compensée par la stabilité relative des besoins industriels.
de l’eau minérale ». À cette demande quantitative s’est progressivement ajoutée une
demande qualitative forte. Au niveau européen, la direction géné-
Les comités de bassin sont l’enceinte dans laquelle s’établit un rale de l’environnement, en écho aux revendications des écolo-
dialogue entre les différents usagers (par secteurs d’activité). C’est gistes, a obtenu le vote de deux directives sur l’eau : la directive
donc sur un principe de régulation des usages d’une eau « eaux résiduaires urbaines » (dite « ERU ») et la directive
considérée comme ressource que se construit cette nouvelle « nitrates ». Ces directives imposent un effort en vue de la préser-
politique de l’eau. Le principal élément d’arbitrage est quantitatif. vation de la qualité des eaux.
Cela ne permet pas de prendre en compte d’autres types de Ainsi, la loi du 3 janvier 1992 répond à une préoccupation
relations d’interdépendance (amont-aval, ville-campagne, urbain- nouvelle et forte devant la dégradation croissante de la ressource en
rural), ni des valeurs de l’eau qui ne seraient pas inscrites dans un eau, et traduit la volonté de mieux maîtriser la pollution, notamment
circuit économique. pour garantir les usages domestiques tels que l’alimentation en eau
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1.6.2 Érosion et submersion des côtes ............................................ — 5
2. Protections réglementaires du littoral ....................................... — 6
2.1 Principales dispositions réglementaires ............................................ — 6
2.1.1 Loi sur la protection de la nature du 10 juillet 1976 ............... — 6
2.1.2 Instruction du 4 août 1976 et directive d’aménagement
national du 25 août 1979 ......................................................... — 7
2.1.3 Loi littoral du 3 janvier 1986 .................................................... — 7
2.1.4 Loi du 2 février 1995 renforcement de la protection
de l’environnement (loi Barnier) ............................................. — 8
2.1.5 Loi du 14 avril 2006 – Parcs nationaux
Parcs naturels marins et Parcs naturels régionaux ................ — 9
2.1.6 Lois planification et aménagement du territoire .................... — 9
2.1.7 Loi démocratie de proximité du 27 février 2002..................... — 10
2.2 Prescriptions de protection réglementaire ........................................ — 11
2.2.1 Prescriptions à l’initiative de l’État ......................................... — 11
2.2.2 Prescriptions à l’initiative des collectivités territoriales ......... — 12
3. Protection par la maı̂trise foncière ............................................. — 14
3.1 Protection par une personne publique .............................................. — 14
3.1.1 Conservatoire de l’espace littoral et des rivages lacustres .... — 14
3.1.2 Espaces naturels sensibles des départements ....................... — 16
3.2 Protection par une personne privée .................................................. — 17
3.2.1 Conservatoires régionaux des espaces naturels .................... — 17
3.2.2 Fondations ............................................................................... — 17
4. Protection conventionnelle des zones d’intérêt écologique.. — 17
4.1 Convention de gestion d’un site appartenant à l’État....................... — 17
4.2 Autres protections par actes conventionnels
Opérations grand site (OGS).............................................................. — 18
4.3 Zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique
(ZNIEFF) .............................................................................................. — 18
5. Protection issue d’un engagement international ..................... — 18
5.1 Convention de Ramsar ....................................................................... — 18
5.2 Conservation des zones écologiques d’intérêt communautaire....... — 18
5.3 Mesures d’incitation financières de l’Union européenne ................. — 19
5.4 Organismes de coopération internationale ....................................... — 20
5.4.1 Réseau Eurosite ....................................................................... — 20
5.4.2 Réseau EUCC ........................................................................... — 20
5.4.3 Union internationale pour la conservation de la nature ........ — 20
5.5 Politique européenne de gestion du littoral – GIZC .......................... — 20
6. Conclusion........................................................................................ — 21
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. C 4695v3
Parution : mai 2010
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C ette édition est une mise à jour de l’article de Violaine CHENAT, de même
titre, paru en 2005.
La France dispose d’un important linéaire côtier qui lui donne une ouverture,
aussi bien sur le monde méditerranéen et les pays du Sud, que sur l’Europe du
Nord et les pays atlantiques. Les départements français d’outre-mer, pour leur
part, sont répartis sur presque toutes les mers du globe, ce qui donne d’ailleurs
à la France la place de deuxième espace maritime mondial. Ce privilège ne doit
pas seulement être évalué en termes de puissance économique, stratégique et
politique, il se traduit également par une richesse patrimoniale aussi bien éco-
logique que paysagère, qui contribue pour beaucoup à la qualité de vie des
Français et à l’image de la France à l’étranger.
Ligne de contact entre la terre et la mer, et point de rencontre entre les eaux
douces et salées, le rivage, comme toutes les interfaces, est un lieu de grande
diversité biologique et rassemble une variété extrême de milieux naturels :
marais salés, vasières, zones humides, etc.
La diversité des reliefs, des climats, de la végétation, a façonné une grande
variété de paysages, dont certains ont acquis une réputation mondiale. C’est le
cas notamment de la pointe du Raz, de la baie du Mont-Saint-Michel, des falai-
4
ses d’Etretat, des marais salés atlantiques, des calanques de Marseille et Cassis,
du golfe de Porto, du lagon de Mayotte.
Si le littoral français est particulièrement riche, il est également menacé et
l’État porte la responsabilité importante de faire en sorte qu’il puisse être
légué en bon état de conservation aux générations futures.
Fait nouveau, la plupart des acteurs économiques et des élus locaux sont
convaincus que la protection des espaces naturels de bord de mer constitue
un atout essentiel pour assurer un développement économique durable des
régions littorales. Le site naturel protégé est une « infrastructure » touristique,
au même titre que les équipements hôteliers ou les infrastructures routières.
Les espaces naturels sont également des espaces de vie et des espaces de
liberté.
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À ces chiffres, il convient d’ajouter 12 602 km de trait de côte 2006), la population sur la partie arrière des cantons littoraux a très
pour l’outre-mer dont : fortement progressé (+ 56 %) avec une accélération depuis 1999.
– 720 km pour les trois départements d’Amérique (Guadeloupe, Cette progression du peuplement littoral dans l’arrière-pays est
Guyane et Martinique) ; très certainement liée au coût et à la raréfaction du foncier cons-
– 460 km pour le département de la Réunion ; tructible dans les communes littorales.
– 135 km à Mayotte ; Écarts de densité de population importants selon les départe-
– 4 497 km en Polynésie ; ments littoraux
– 3 367 km en Nouvelle-Calédonie ;
– 120 km à St Pierre et Miquelon ; Le peuplement littoral présente d’importantes disparités. Les
communes littorales des Alpes-Maritimes arrivent très largement
– 160 km à Wallis et Futuna ;
en tête avec une densité de 2 600 habitants par km2. La densité de
– 2 709 km dans les terres australes et antarctiques françaises
population des communes littorales des Pyrénées-Atlantiques ou
(TAAF).
du Nord dépasse les 800 habitants par km2, alors que les densités
Le littoral français compte : de population des communes littorales de Corse, des Landes ou de
la Gironde avoisinent les 60 habitants par km2.
– 1 948 km de côtes sableuses (35,2 % du linéaire total) ;
– 1 316 km de marais et de vasières (23,7 %) ;
– 2 269 km de côtes rocheuses (41 % dont 13 % de falaises) 1.3 Urbanisation littorale
(Source : IGN).
Depuis 1990, 12 % en moyenne des superficies en logement
La Bretagne, qui arrive en tête des régions littorales pour l’impor- construites chaque année en France le sont sur la bande littorale
tance de son linéaire côtier (1 772 km), offre également une remar- qui ne représente que 4 % du territoire.
quable diversité de types morphologiques de côtes, puisqu’elle dis-
pose de 437 km de côtes sableuses, 573 km de marais et de & La pression de la construction est donc 2,5 fois plus forte sur le
4
vasières, et de 762 km de côtes rocheuses, ces chiffres étant en littoral que la moyenne métropolitaine. En dehors des opérations
valeur absolue supérieurs à ceux des autres régions françaises. de densification du tissu urbain, ces constructions se font surtout
au détriment des terres agricoles et des milieux naturels. Le littoral
& Les ı̂les breton concentre à lui seul 30,2 % des surfaces de logements cons-
Louis Brigand [1], enseignant-chercheur à l’université de Bre- truits sur le littoral en 2006. La construction y a augmenté de près
tagne occidentale, a dénombré pour la France métropolitaine de 40 % entre 2003 et 2006. Elle a aussi augmenté sur le littoral de
1 260 ı̂les et ı̂lots qui couvrent une superficie totale de 23 000 ha. la façade Manche-Mer du Nord et de Corse.
Parmi eux, 891 (dont 13 habités en permanence) concernent les À l’opposé, la construction annuelle de logements semble sta-
côtes de la Manche et de l’Atlantique et 369 la Méditerranée (dont gner depuis 2000 sur le littoral de Provence-Alpes-Côte d’Azur, du
125 ı̂lots uniquement pour la Corse). 75 % de ces ı̂les ont une super- Languedoc-Roussillon et de l’Aquitaine.
ficie inférieure à 1 ha, 20 % ont une superficie comprise entre 1 et
21 ha, et 5 % ont une superficie supérieure à 20 ha. & La capacité d’hébergement touristique des communes littorales
représente, par ailleurs, près de 40 % de la capacité française (soit
De nombreuses ı̂les sont regroupées au sein d’archipels. C’est le 2 M de lits), sur seulement 4 % de la superficie du territoire. Les
cas notamment pour Chausey, les Sept-ı̂les, Molène, les Glénan, modes d’hébergement y sont inégalement représentés.
Riou, les Sanguinaires, les Cerbicales, ou les Lavezzi.
Au début des années 1990, les communes littorales concen-
traient, par rapport à la capacité d’hébergement totale du territoire
1.2 Démographie des zones côtières national, un cinquième des chambres d’hôtel, près du tiers des rési-
dences secondaires, et près de la moitié des places de camping.
Les communes littorales, dont la liste est définie par la loi Littoral
Au cours de la décennie 1990/1999, la capacité d’accueil touris-
de 1986, représentent 4 % de la superficie du territoire national
tique des communes littorales a augmenté deux fois plus vite que
(21 786 km2), et les cantons littoraux 7,3 % (39 948 km2).
dans l’ensemble des communes françaises, principalement à cause
En métropole, on dénombre 970 communes littorales dont de l’engouement pour les résidences secondaires. La construction
883 maritimes et 87 en bord d’estuaires (principalement situées de résidences secondaires représente 17 % des surfaces de loge-
sur la Seine, la Loire, la Charente et la Gironde) c’est à dire situées ments construits sur le littoral.
entre la limite de salure des eaux et la limite transversale à la mer.
Sur la période 1988/1998, une résidence secondaire occupe en
& La démographie des zones côtières se caractérise par les trois moyenne 1 337 m2, mais cette superficie est passée de 700 m2, en
éléments principaux que sont : 1988, à 1 763 m2, en 1998.
– une densité de population supérieure à la moyenne nationale ; & Qu’il s’agisse de la croissance de la population, de la capacité
– une concentration de la population sur le littoral ; d’accueil hôtelier ou du nombre de résidences secondaires, les
– des écarts importants de densité de population. dynamiques les plus fortes concernent essentiellement la façade
méditerranéenne continentale. La côte Atlantique, du Pays Basque
Densité de population largement supérieure à la moyenne
à la Bretagne, connaı̂t également des évolutions rapides.
nationale
La densité de population des communes littorales, 272 habitants Plus au nord, les zones de croissance sont plus limitées dans
par km2, est deux fois et demie supérieure à celle du territoire l’espace : département du Calvados, Basse-Seine et Côte d’Opale
principalement. Les pressions d’urbanisation avivent les conflits
national, 113 habitants par km2. Cette part est sensiblement la
sur l’utilisation de l’espace littoral, notamment dans les régions où
même depuis le début des années 1980.
les espaces naturels remarquables sont les plus nombreux entre
Concentration de la population dans les communes littorales 1990 et 2006, cette part étant de 4,5 % pour l’ensemble du territoire
On compte trois fois plus d’habitants dans les communes littora- métropolitain.
les que dans celles situées dans l’arrière pays (82 hab/km2) qui cor-
respondent aux communes non littorales des cantons littoraux.
1.4 Plaisance et trafic maritime
En revanche, alors que la croissance des communes littorales est
sensiblement équivalente à la croissance moyenne observée au L’essor que connaissent les activités nautiques depuis les vingt
niveau national durant la même période (+ 25 % entre 1968 et dernières années ne vient que conforter les pressions sur le littoral.
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De plus, qu’il s’agisse d’extensions portuaires, de projets immo- Finistère a perdu 12 600 ha de terres agricoles entre 1979 et 1988,
biliers ou commerciaux, de perturbation du bilan sédimentaire des ce qui correspond en valeur absolue à la plus forte régression de
côtes sableuses, le développement des activités portuaires n’est SAU avec 68 000 ha de perdus de 1970 à 2000. Seule la SAU de la
pas sans poser de problème sur le littoral. En vingt ans, le nombre façade aquitaine se maintient. Le littoral perd donc peu à peu sa
de bateaux de plaisance a doublé. vocation agricole : 40 % des terres agricoles littorales ont disparu
Plus de 20 000 bateaux, dont 80 % de bateaux à moteur, sont depuis 1970.
immatriculés en moyenne chaque année. En 2008, on dénombre
environ 907 000 bateaux immatriculés en métropole et 31 300 en
outre-mer.
1.6 Évolution des faciès littoraux
Les phénomènes de saturation se multiplient donc le long des 1.6.1 Régression des zones humides
côtes françaises, particulièrement en Bretagne et en Pays de la Les zones humides couvrent 1,5 millions d’hectares, soit 3 % du
Loire. Les « mouillages spontanés » sont désormais un nou- territoire national (Source : ministère de l’Écologie et du Dévelop-
veau fléau pour le Golfe du Morbihan où ils représentent 50 % pement durable). On en compte 152 d’importance majeure dont
des 4 000 à 5 000 mouillages individuels recensés. 61 sur le littoral. Les deux plus grandes zones humides littorales
concernent l’ensemble marais poitevin, baie de l’Aiguillon, Arçay
Le trafic portuaire métropolitain, dominé par les échanges et Ré (120 000 ha) et la Petite Camargue (120 000 ha).
d’hydrocarbures (149 Mt en 1999, soit 44,7 % du trafic total), a qua-
& Les estuaires offrent des zones humides particulièrement
druplé en 40 ans, passant de 84 Mt en 1960 à 333 Mt en 1999. Ce
développement, insuffisamment contrôlé, comporte de nombreux étendues :
risques : – 30 000 ha pour les rives de Canche et l’estuaire de la Somme ;
– le 12 décembre 1999, le naufrage du pétrolier Erika, à 70 km au – 30 000 ha pour l’estuaire et les marais de la Seine ;
large de Penmarc’h (Finistère) affecte de manière plus ou moins – 30 000 ha pour les marais de l’estuaire de la Gironde ;
4 intense 450 km de côtes (déversement de 20 000 t de fioul lourd) ; – 50 000 ha pour l’ensemble constitué par l’estuaire de la Loire,
– le 31 octobre 2000, le chimiquier Ievoli Sun, transportant 6 000 t les marais de Brière et Grand-Lieu.
de produits chimiques, sombre à 35 km du Cap de la Hague
(Manche) ;
Ce que l’on appelle les zones humides, c’est-à-dire les marais
– le 13 novembre 2002, le fioul échappé du pétrolier Prestige pol-
littoraux, les vasières salées ou saumâtres, les lagunes, les tour-
lue les côtes espagnoles, portugaises, françaises…
bières, les rives d’estuaires, possèdent une exceptionnelle
Ces accidents ne représentent pourtant qu’une partie minime de richesse biologique.
l’ensemble des déversements en mer (dégazage et déballastage).
Des mesures réglementaires devront être adoptées pour contrer & Les marais littoraux sont parmi les zones les plus productives du
ce phénomène. globe, certains d’entres eux peuvent produire annuellement plus de
40 t de matière sèche à l’hectare (cas des herbus avec obione).
Cette production de matière organique, puis sa décomposition,
Notons la récente application de l’article 1er de la loi relative à enrichit le milieu marin. On estime que près de 90 % de ce qui vit
la création d’une zone de protection écologique au large des en mer se reproduit le long des côtes. Les plus importantes zones
côtes du territoire de la République, votée à l’unanimité et adop- conchylicoles de France se sont développées au contact des marais
tée par le Parlement le 15 avril 2003. de grande superficie : baie des Veys, marais de Carentan, baie du
Cette loi a pour objectif de permettre à l’État de sanctionner Mont-Saint-Michel, baie de l’Aiguillon, marais poitevin, Marennes-
les faits de pollution commis dans cette zone par des navires Oléron, marais saintongeais…
de toutes nationalités. Le décret n 2004-33 du 8 janvier 2004
institue une zone de protection écologique en mer Méditerranée Les zones humides sont des sites de repos ou de nidification
et en fixe les limites. pour l’avifaune migratrice (50 % des espèces d’oiseaux en
dépendent). La baie du Mont-Saint-Michel possède, par exem-
ple, les plus fortes populations hivernales de bécasseaux mau-
1.5 Agriculture littorale bèches des côtes européennes.
Richesse internationale, l’avifaune migratrice est également un
L’agriculture littorale subit des pressions foncières importantes et indicateur de la qualité des milieux.
répercute souvent plus fortement les problèmes rencontrés par
l’agriculture en France métropolitaine : & Les zones humides ont également une influence tout à fait
– diminution importante du nombre d’exploitations ; déterminante dans :
– âge des exploitants en augmentation ; – la régulation des ressources en eau ;
– difficulté de reprise ; – le rechargement des nappes phréatiques ;
– augmentation du prix des terres. – la prévention des inondations ;
– l’autoépuration des eaux par filtration biologique ;
Les surfaces agricoles diminuent fortement sur la frange littorale,
– la stabilisation et la protection des sols.
alors qu’elles jouent un rôle essentiel de production, mais aussi de
maintien des équilibres dans l’aménagement du territoire. Les zones humides, fait remarquer Jean-Claude Lefeuvre [2], Pro-
L’agriculture est clairement l’activité traditionnelle des littoraux. fesseur au Muséum national d’histoire naturelle et Président du
Elle y occupe encore près de la moitié de l’espace (45 %), soit envi- conseil scientifique du Conservatoire du littoral, sont en régression
ron 700 000 hectares. Et on y compte environ 50 000 exploitations constante : « En Bretagne, en moins de cinquante ans, 65 % des
agricoles, ce qui représente 1/10 du nombre total des exploitations zones humides ont été détruites par poldérisation, sous les rem-
de France. Mais, la régression de la Surface agricole utile (SAU) est blais des zones industrielles, des parkings, des ports de plaisance...
très forte sur le littoral : la SAU a chuté de 20 %, entre 1970 et 2000, Les vasières de l’estuaire de la Loire, comblées pour les besoins du
contre 6,8 % à l’échelle nationale, soit 3 fois plus vite. port autonome, ne seront bientôt plus qu’un souvenir ».
Les plus forts niveaux de régression sont constatés sur le littoral & Depuis quelques années, de nombreuses actions ont été entre-
de PACA : les Alpes-Maritimes ont vu leur SAU divisée par 2 dans prises pour contrer la dégradation de ces milieux (tableau 1). En
la décennie 1980, mais aussi celui du Languedoc-Roussillon. Le 1995, le Gouvernement a adopté le « plan national d’action pour
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(en ha) (en %) (en ha) (en %) (en ha) (en %) (en ha) (en %) (en ha) (en %)
ZH littoral atlantique 29 234 4,8 148 422 24,2 35 300 5,8 99 997 16,3 229 972 37,5
ZH littoral
25 114 13,2 23 615 12,4 83 546 44,0 109 342 57,6 120 500 63,5
méditerranéen
ZH vallées alluviales 20 727 2,5 30 694 3,8 86 396 10,6 49 804 6,1 123 916 15,1
ZH plaines
11 175 1,3 13 414 1,5 207 272 23,2 318 811 35,7 402 815 45,2
intérieures
Total ZH 86 250 3,4 216 144 8,6 412 514 16,4 577 953 23,0 877 203 34,9
(1) CELRL (1997), réserve naturelle (1999), réserve naturelle volontaire (1997), réserve nationale de chasse et de faune sauvage (1998), arrêté de biotope (1997),
zones centrales des parcs nationaux (1999).
(2) Zone de protection spéciale (1999).
(3) Parc naturel régional (1999), zones périphériques des parcs nationaux (1999).
(4) Ramsar (1998).
4
les zones humides », destiné à reconquérir les sites d’intérêt natio- zones humides sont des milieux insalubres qu’il faut assainir au
nal. Ce plan a conduit notamment à la création d’un observatoire profit d’activités économiques plus rentables.
national des zones humides (ZH) et à la conduite de projets de Par ailleurs, la création d’un parc national en « zone humide » est
recherche. Des moyens ont été progressivement mis en œuvre actuellement à l’étude.
pour contribuer à la protection des ZH, comme :
– les schémas directeurs d’aménagement et de gestion des eaux 1.6.2 Érosion et submersion des côtes
(SDAGE) ;
– le recours aux instruments juridiques (réserves, arrêtés de pro- L’accélération du réchauffement de la basse atmosphère terres-
tection de biotopes, Natura 2000) ; tre, très probablement liée aux activités humaines (+ 1 C en un siè-
– les labels internationaux (convention de Ramsar) ; cle), devrait avoir des répercussions sur l’évolution des côtes dans
– ou encore la mise en œuvre des mesures agri- le courant des prochaines décennies.
environnementales.
Même en diminuant de façon drastique les émissions de gaz à
Plus récemment, la définition des schémas de cohérence terri- effet de serre, la température augmenterait car le climat de
toriale (SCOT) et l’inscription obligatoire des zones humides 2020/2030 est déjà programmé. Il est indépendant de ce que
dans les documents d’urbanismes viennent consolider les l’on va injecter dans l’atmosphère ces 10/20 prochaines années
efforts de protection de ces milieux sensibles. (effet d’inertie). Les efforts faits les prochaines décennies
auront un effet sur le climat de la fin du XXIe siècle.
& Le comité interministériel de l’évaluation des politiques publi-
ques (CIME) a effectué, en réponse à une demande du ministre de La montée du niveau des mers est la signature du réchauffement
l’Environnement du 21 mars 1991, un bilan de la protection des global. L’augmentation moyenne annuelle, observée depuis 1993,
zones humides en France qui concerne 76 des 82 zones humides est de 3,3 mm, mais d’importantes variations (jusqu’à 10 cm) sont
françaises d’importance nationale, représentant les différents observées localement (dilation inhomogène de l’eau, courants,…).
types de milieux humides du territoire métropolitain.
Selon les estimations contenues dans le dernier rapport du
Au cours des trente dernières années : Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat,
– 64 zones enquêtées et expertisées, soit 85 % de l’échantillon on peut prévoir une augmentation de 20 à 60 cm d’ici 2100, et plu-
retenu, ont connu une forte dégradation (parmi ces zones, 12 ont sieurs mètres d’ici quelques siècles. Même avec un climat stabilisé,
subi des atteintes majeures à leur fonctionnement et perdu plus l’eau continuera de monter à cause de l’inertie des océans.
de 50 % de leur superficie) ; Ces estimations sont actuellement contestées, car elles ne pren-
– 9 zones sont restées stationnaires, ou ont été légèrement nent pas en compte la fonte des glaces de mer (Groenland, Arc-
atteintes ; tique) qui contribue à une amplification du phénomène de 10 %,
– seulement 3 zones ont vu leur état s’améliorer et leur superficie mais seulement la fonte des glaciers terrestres (45 %) et la dilata-
s’accroı̂tre. tion thermique des océans (45 %).
Le rapport d’évaluation faisait apparaı̂tre les aspects négatifs dus Suite à l’accélération prévue pour l’élévation du niveau de la
à l’absence de coordination des politiques publiques concernant mer, les effets attendus sont « une extension des submersions tem-
les zones humides, dénonce les opérations systématiques réalisées poraires et permanentes, une exacerbation des érosions sur les
par les services de l’État d’assèchement et de poldérisation menées rivages, une accentuation de la salinisation des eaux souterraines
pour les besoins de l’agriculture, la réalisation d’équipements et et des sols. » [3].
d’infrastructures, préjudiciables aux zones humides et, surtout,
l’absence complète de « culture écologique » de fonctionnaires et & L’érosion du littoral est un phénomène naturel (marées, houles,
d’élus qui persistent à penser, comme au siècle dernier, que les vents, surcôtes), mais peut être accentué par les activités
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4
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Note de l’éditeur : cet article est la réédition actualisée de l’article intitulé « Protection
juridique et réglementaire des milieux aquatiques » rédigé par Christelle PAGOTTO, Magali
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DECHESNE et Gaëlle MISEREY, paru en 2009
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Cet article porte essentiellement sur les eaux douces superficielles et souterraines et traite
plus succinctement les eaux marines. Cette étude se base sur l’ensemble des textes législatifs
et réglementaires tant au niveau européen que national ainsi que les textes relatifs à la
répression pénale associée.
4
1. Principes de la protection toutes les installations pouvant présenter des dangers ou des
inconvénients pour la commodité, la santé, la sécurité, la salubrité
de l’environnement publique, l’agriculture, l’environnement, la conservation des sites
et des monuments. Ces installations et activités sont inscrites dans
et des milieux aquatiques une nomenclature, et doivent obtenir une autorisation préfecto-
rale, ou être déclarées avant leur mise en service, suivant la gravité
des dangers ou inconvénients qu’elles peuvent présenter. Elles
En France, les années 1960 marquent l’adoption des premières sont soumises à des prescriptions techniques (§ 3.1) définies par
grandes lois sur la protection de l’eau (en 1964 puis en 1992), sur arrêté préfectoral.
la protection de la nature et sur les installations classées (en 1976)
qui mettent en place les grands principes fondateurs applicables, Viennent ensuite, dans les années 1990, les grands principes
pour la plupart, aujourd’hui encore. Avec ces diverses lois, le droit généraux du droit de l’environnement instaurés en droit fran-
français est un des « moteurs » du droit communautaire en çais par la loi n° 95-101 du 2 février 1995 relative au renforce-
matière d’environnement qui va fortement s’en inspirer (§ 1.1). ment de la protection de l’environnement (loi « Barnier »), dont les
quatre grands principes suivants, codifiés à l’article L. 110-1 du
En Europe, ce n’est qu’à partir des années 1980 que le droit com- code de l’environnement (voir encadré 1) :
munautaire va se saisir du droit de l’environnement et mettre en
– le principe de précaution, selon lequel l’absence de certi-
place un cadre juridique commun aux États membres dans diffé-
tudes, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques
rents domaines et en particulier dans celui de la ressource en eau,
du moment, ne doit pas retarder l’adoption de mesures effectives
avec la directive cadre sur l’eau (DCE) en octobre 2000 (§ 1.2) dont
et proportionnées visant à prévenir un risque de dommages
découlent les actuels principes de la politique de l’eau en France
graves et irréversibles à l’environnement, à un coût économique-
(§ 1.3).
ment acceptable ;
– le principe d’action préventive et de correction, par prio-
rité à la source, des atteintes à l’environnement, en utilisant les
1.1 Aperçu historique en France meilleures techniques disponibles (MTD) à un coût économique-
et en Europe ment acceptable ;
– le principe « pollueur-payeur », selon lequel les frais résul-
tant des mesures de prévention, de réduction et de lutte contre la
1.1.1 Protection de l’environnement pollution doivent être supportés par le pollueur ;
– et le principe de « participation », selon lequel chaque
1.1.1.1 En France citoyen doit avoir accès aux informations relatives à l’environne-
Les premiers textes majeurs relatifs à la protection de l’envi- ment.
ronnement sont adoptés dans les années 1970 dont : Puis, en 2005, une charte de l’environnement a été instituée
– la loi n° 76-629 du 10 juillet 1976 relative à la protection de la par la loi constitutionnelle du 1er mars 2005. Cette charte est inté-
nature. Cette loi reconnaît d’intérêt général la protection des grée dans le bloc de constitutionnalité du droit français, reconnais-
espaces naturels et des paysages, la préservation des espèces ani- sant ainsi les droits et devoirs fondamentaux relatifs à la
males et végétales, le maintien des équilibres biologiques et la protection de l’environnement.
protection des ressources naturelles ; La loi de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle
– la loi n° 76-663 du 19 juillet 1976 relative aux installations de l’environnement du 3 août 2009 (dite loi « Grenelle 1 ») et la loi
classées pour la protection de l’environnement (en remplacement portant engagement national pour l’environnement du 12 juillet
de la loi du 19 décembre 1917 relative aux établissements dange- 2010 (dite loi « Grenelle 2 ») sont venues modifier le droit de l’envi-
reux, insalubres ou incommodes). Les installations classées sont ronnement en touchant plusieurs domaines. Ainsi, dans celui de
les usines, les ateliers, les chantiers... et d’une manière générale l’eau, ces lois « Grenelle » visent à réaffirmer l’objectif de bon
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Ces grands principes ont été institués par les « lois sur l’eau » :
Encadré 1 – Principes généraux du droit – la loi n° 64-1245 du 16 décembre 1964 relative au régime
de l’environnement (articles L. 110-1 et suivants et à la répartition des eaux et à la lutte contre leur pollution fonde
du code de l’environnement) le système français de l’eau. La France est divisée en sept bassins
hydrographiques en métropole (Adour-Garonne, Artois-Picardie,
Les principes généraux du droit de l’environnement Loire-Bretagne, Rhin-Meuse, Rhône-Méditerranée, Seine-Norman-
reposent sur deux fondements ; l’un constitutionnel avec la die et la Corse) et cinq en outre-mer. Chacun de ces bassins est
charte de l’environnement, l’autre législatif avec l’article doté d’une instance de concertation (comité de bassin constitué
L. 110.1 qui a fait l’objet d’une récente modification avec la loi par trois collèges : les collectivités territoriales, les usagers et per-
n° 2016-1087 du 8 août 2016 pour la reconquête de la biodiver- sonnes compétentes, les représentants de l’État) et d’une agence
sité, de la nature et des paysages. financière (agence de l’eau ou office de l’eau en outre-mer) char-
gée d’une politique financière incitative (aides). Les atteintes à la
Les neuf principes figurant dans cet article sont les
ressource (prélèvements, rejets) font l’objet de redevances et de
suivants :
taxes et un volet pénal contre les pollueurs est mis en place ;
– le principe de précaution ;
– le principe d’action préventive et de correction des – la loi n° 92-3 du 3 janvier 1992 sur l’eau reconnaît la res-
atteintes à l’environnement ; source en eau comme « patrimoine commun de la Nation ». Elle a
– le principe pollueur-payeur ; pour vocation de préserver les écosystèmes aquatiques et les
– le principe selon lequel toute personne a le droit d’accéder zones humides, de protéger et restaurer la qualité des eaux super-
aux informations relatives à l’environnement détenues par les ficielles et souterraines, de protéger, mettre en valeur et dévelop-
autorités publiques ; per la ressource en eau de manière à satisfaire les exigences liées
– le principe de participation ; à la santé publique, aux activités économiques et aux loisirs. Elle
– le principe de solidarité écologique qui appelle notamment dote le bassin d’un instrument de planification, le schéma direc-
4
la prise en compte des interactions des écosystèmes, des teur d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) et prévoit
êtres vivants et des milieux naturels ou aménagés ; des schémas d’aménagement et de gestion des eaux (SAGE) au
– le principe de l’utilisation durable, selon lequel la pratique niveau local (§ 2, § 2.2.2 et 2.2.3). Cette loi est à l’origine de la
des usages peut être un instrument qui contribue à la police des IOTA (installations, ouvrages, travaux, activités) et du
biodiversité ; renforcement des règles relatives à l’assainissement des eaux
– le principe de complémentarité entre l’environnement, usées. En complément, la Mission interservices de l’eau (MISE)
l’agriculture, l’aquaculture et la gestion durable des forêts ; regroupe au niveau départemental les services de l’État et les éta-
– le principe de non-régression selon lequel la protection de blissements publics assurant des missions dans le domaine de
l’environnement ne peut faire l’objet que d’une amélioration l’eau. Elle constitue un pôle de coordination des actions et d’infor-
constante, compte tenu des connaissances scientifiques et mation sur la politique de l’eau ;
techniques du moment. – la loi n° 2006-1772 du 30 décembre 2006 sur l’eau et les
milieux aquatiques (LEMA) vient compléter cet ensemble et réno-
ver le cadre global de la politique de l’eau en France (encadré 2) ;
état des eaux institué par la directive cadre sur l’eau (§ 1.2), réduire – la loi n° 2016-1087 du 8 août 2016 pour la reconquête de
l’émission et la dispersion de produits nocifs pour la santé, réduire la biodiversité, de la nature et des paysages est venue récemment
les déchets flottants... renforcer les principes du droit de l’environnement par l’introduc-
tion de nouveaux principes et consacrer la notion de réparation du
1.1.1.2 En Europe préjudice écologique. Elle crée également l’Agence française pour
la biodiversité (qui regroupe l’ONEMA, l’Agence des aires marines
La directive 2004/35/CE du 21 avril 2004 sur la responsabi-
protégées, les parcs nationaux de France et l’Atelier technique des
lité environnementale en ce qui concerne la prévention et la
espaces naturels) et modifie la gouvernance de la politique de
réparation des dommages environnementaux est fondée sur le
l’eau (composition des comités de bassin, attribution des aides des
principe « pollueur-payeur ». Elle met en place un nouveau régime
agences de l’eau...).
de police administrative afin de prévenir et réparer les dommages
graves causés aux espèces et aux habitats naturels protégés, les
dommages affectant les milieux aquatiques ainsi que la pollution 1.1.2.2 En Europe
des sols présentant un risque pour la santé humaine.
La législation européenne comprend environ une trentaine de
Cette directive a été transposée par la loi n° 2008-757 du 1er août directives et règlements européens en lien avec le domaine de
2008 relative à la responsabilité environnementale et à diverses l’eau et les milieux aquatiques ; la principale étant la directive
dispositions d’adaptation au droit communautaire dans le domaine cadre sur l’eau (DCE) qui est reprise et détaillée ci-dessous (§ 1.2).
de l’environnement (dite « LRE ») et qui traite des dommages qui
affectent gravement l’état écologique, chimique ou quantitatif ou le En effet, depuis les années 1970, ont été publiées diverses
potentiel écologique des eaux. directives sectorielles ou d’usages dans le domaine de l’eau. Parmi
les principales, on peut citer notamment :
– des directives relatives à la protection des eaux destinées à la
1.1.2 Protection de l’eau « production d’eau potable » (75/440/CEE, 79/869/CEE abrogées par
la « DCE ») et à la qualité des eaux destinées à la consommation
1.1.2.1 En France humaine (directive 80/778/CEE abrogée par la directive 98/83/CE en
La politique de l’eau en France est fondée sur quatre grands vigueur aujourd’hui) ;
principes de structuration entre les différents acteurs : – des directives concernant la pollution par les substances dan-
– une approche globale (ou intégrée) tenant compte des gereuses (76/464/CEE, abrogée par la DCE et 80/68/CEE abrogée
équilibres physiques, chimiques et biologiques des eaux superfi- par la directive 2006/118/CEE sur la protection des eaux souter-
cielles et souterraines et des écosystèmes ; raines en vigueur) ;
– un territoire adapté à la gestion des ressources en eaux : le – la directive « eaux de baignade » (76/160/CEE abrogée par la
bassin hydrographique ; directive 2006/7/CE en vigueur) ;
– une concertation entre l’État, les collectivités et les usagers ; – les directives « eaux piscicoles » (78/659/CEE) et « eaux
– des instruments d’incitation économique : les principes conchylicoles » (79/923/CEE) (abrogées par la DCE) ;
« pollueur-payeur » et « usager-payeur ». – la directive « boues d’épuration » (86/278/CEE) ;
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La LEMA de 2006 visait pour l’essentiel à : – Pour l’eau potable : une des propositions sénatoriales
– répondre aux nouveaux enjeux de la politique européenne serait de soutenir financièrement les collectivités pour lutter
de l’eau, et notamment l’atteinte, en 2015 du bon état des contre les fuites d’eau sur les réseaux d’eau potable et mettre
eaux, fixé par la directive cadre sur l’eau (DCE) (§ 1.2) ; en place un plan d’action visant à acquérir une connaissance
– prendre en compte l’enjeu social en affirmant le droit plus approfondie de ces réseaux, rechercher et réparer les
d’accès à l’eau potable dans des conditions économiquement fuites ou renouveler les conduites.
acceptables par tous ; – Pour les usages agricoles : le rapport souligne un certain
– répondre aux attentes du public en matière de nombre de difficultés concrètes pour la mise en œuvre pra-
transparence ; tique des organismes uniques de gestion collective (OUGC)
– moderniser l’organisation et la gestion des services publics institués par la LEMA (art. L. 211-3 CE) et la création de réser-
d’eau et d’assainissement ; voirs/stockage d’eau dans les secteurs en tension quantitative.
– prendre en compte les effets du changement climatique
pour la gestion de l’eau ; – Plusieurs propositions sénatoriales : sécuriser juridique-
– préserver les milieux aquatiques par une gestion quantita- ment ces OUGC en clarifiant leurs liens avec les irrigants,
tive et qualitative : la LEMA vise à améliorer l’entretien du encourager la recherche en matière de techniques d’accroisse-
milieu aquatique et propose plusieurs mesures pour remédier ment de la ressource en eau (REUSE, désalinisation...).
aux déséquilibres entre les ressources disponibles et la ■ Sur les autorisations uniques pour les projets sou-
demande en eau. Elle vise également à renforcer la lutte mis à la loi sur l’eau
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contre les pollutions diffuses.
Le rapport souligne qu’une première évaluation des autori-
10 ans après l’entrée en vigueur de cette loi, de nom- sations uniques IOTA a été rendue publique le 26 janvier 2016
breuses avancées sont observées sur ces points mais des axes et a mis en évidence des résultats en deçà de la simplification
de progrès sont également identifiés (simplification des procé- escomptée. Quelques propositions : simplifier les procédures
dures et normes, amélioration de la gouvernance, meilleure de nettoyage des rivières et fossés, raccourcir les délais d’ins-
gestion des aspects qualitatifs...). truction pour les dossiers de création de réserves en eau et les
Le rapport d’information Sénat n° 807, du 20 juillet 2016, sécuriser juridiquement.
fait un bilan de l’application de la LEMA. Le sénateur Rémy
Pointereau dresse un bilan mitigé de son application et propose ■ Sur la gouvernance et la planification
28 axes d’amélioration. Ce rapport intervient deux mois après Le Sénat rappelle que la gouvernance de l’eau est caractéri-
la publication d’un autre rapport du Sénat : « Eau : urgence sée par une grande complexité résultant du nombre d’éche-
déclarée ». lons administratifs, d’organismes et de services et la rendant
Même si la LEMA reste un « jalon structurant de l’organisa- « kafkaïenne, coûteuse et dysfonctionnelle ». Compte tenu de
tion de la politique de l’eau en France », le bilan est mitigé la complexité des SDAGE, il propose de revoir leur contenu en
quant à sa mise en œuvre concrète. Les sénateurs relèvent les y intégrant un volet prospectif sur l’anticipation au change-
points suivants. ment climatique et en les simplifiant. Par ailleurs, une repré-
sentation au sein des instances de bassins est à équilibrer sur
■ Sur la gestion qualité de l’eau la base d’une répartition, un tiers de consommateur/associa-
L’objectif de la DCE sur le bon état écologique de 66 % des tions, un tiers de collectivités et un tiers d’utilisateurs indus-
masses d’eau pour 2015 n’a pas été atteint. Toutefois, le rap- triels et agricoles et enfin attribuer la compétence GEMAPI
port constate que le « thermomètre permettant d’évaluer les (voir § 1.3.4) à l’État, aux régions ou aux agences de l’eau plu-
résultats évolue tous les ans ». Or, des efforts considérables tôt qu’à l’échelon communal.
ont été effectués et sont biaisés par l’ajout de critères supplé-
mentaires et plus restrictifs. Les moyens financiers pour
atteindre les objectifs de la DCE sont insuffisants et en baisse – la directive « eaux résiduaires urbaines » ou « ERU »
compte tenu des prélèvements de l’État sur le fonds de roule- (91/271/CEE) toujours en vigueur ;
ment des agences de l’eau. Le principe de « l’eau paie l’eau » – des directives relatives à la lutte contre les « pollutions
(voir § 1.3.2) est en danger puisque les missions des agences diffuses » : directive « nitrates » (96/676/CEE), directive « produits
de l’eau sont étendues à la biodiversité terrestre. phytopharmaceutiques » (91/414/CEE), la directive « biocides »
(98/8/CE)... (encadré 3).
Le classement des cours d’eaux avec le critère « réservoirs
biologiques » condamnerait 72 % du potentiel hydroélectrique – ...
restant. Or, c’est une filière industrielle importante dans le À partir des années 2000, cet arsenal juridique a été com-
domaine de l’énergie. Quant aux pollutions diffuses, la moitié plété par la directive cadre sur l’eau (DCE) et les directives « filles
des masses d’eau sont dégradées du fait de pollutions diffuses ou associées » (§ 1.2).
d’origines agricoles (nitrates ou pesticides), il serait nécessaire
de renforcer les moyens dédiés à la protection des captages et Divers règlements européens sur les produits chimiques ont
mieux utiliser les moyens du fonds de garantie lié à l’usage des également été pris en raison de l’incidence indirecte des subs-
boues d’origine résiduaire mis en place par l’article 45 de la tances chimiques qui se retrouvent in fine dans le milieu naturel :
LEMA. – le règlement (CE) n° 1907/2006 du 18 décembre 2006
■ Sur la gestion quantitative de l’eau concernant l’enregistrement, l’évaluation et l’autorisation des
substances chimiques (REACH) qui vise à prévenir les risques sani-
Le Sénat rappelle qu’un des défis essentiels de la politique de taires et environnementaux liés à la fabrication et à l’utilisation de
l’eau concerne la quantité disponible sur les territoires français substances chimiques ;
et la conciliation harmonieuse des usages entre l’eau potable – le règlement (CE) 1272/2008 du 16 décembre 2008 rela-
destinée à la consommation, l’eau utilisée pour le développe- tif à la classification, à l’étiquetage et à l’emballage (CLP – Classifi-
ment des cultures et de l’irrigation, l’eau utilisée dans le secteur cation, Labelling, Packaging) qui harmonise, quant à lui, les
de l’industrie et dans le secteur de l’énergie. Ces usages dispositions existantes et les critères concernant la classification,
peuvent, de manière conjoncturelle, entrer en conflit. l’emballage et l’étiquetage des substances dangereuses.
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Encadré 3 – Lutte contre les pollutions diffuses Encadré 3 – Lutte contre les pollutions diffuses
d’origines agricoles d’origines agricoles (suite)
Les pollutions diffuses liées à l’utilisation de fertilisants et de Comme pour les nitrates, ces dispositions sont longtemps
produits de traitement des cultures concernent des millions restées sans écho. Il n’existe pas aujourd’hui de réglementa-
d’hectares en France. Largement reconnues, ces pollutions tion nationale spécifique sur le contrôle de la pollution diffuse
contribuent à la contamination des milieux aquatiques et par le phosphore d’origine agricole. Toutefois, des réglemen-
posent des problèmes tant écologiques (eutrophisation, éco- tations locales s’appliquent en fonction des enjeux locaux, là
toxicité) que sanitaires (contamination d’eaux destinées à la où des problèmes liés au phosphore d’origine agricole ont été
consommation humaine). Dès 1984, les ministères de l’Agri- identifiés. D’autre part, d’autres réglementations contribuent à
culture et de l’Environnement créent le CORPEN, chargé d’éla- la maîtrise des risques de contamination des eaux par le phos-
borer des recommandations sur les pratiques agricoles. Son phore d’origine agricole, et notamment :
domaine d’action visait initialement la pollution de l’eau par – les conditions applicables au stockage et à l’épandage des
les nitrates et les phosphates, et a été étendu depuis 2001 aux effluents d’élevage, en application des programmes d’actions
pratiques agricoles respectueuses de l’environnement. nitrates et de la réglementation des ICPE ;
La politique de lutte contre les pollutions diffuses porte prin- – les bandes tampons le long des cours d’eau imposées par
cipalement sur les nitrates et les pesticides. Elle s’appuie sur la conditionnalité de la PAC et par les programmes d’actions
une combinaison de dispositifs réglementaires, économiques nitrates ;
et volontaires et en particulier a été largement poussée par les – la couverture des sols à l’automne (cultures intermédiaires
directives européennes (directives « nitrates », « produits pièges à nitrate) imposée dans le cadre des programmes
phytopharmaceutiques », « biocides »...). d’actions nitrates en zones vulnérables.
Cet encadré présente dans les grandes lignes les principaux La réglementation locale sur le phosphore agricole est prin-
textes européens et leur transposition en France. En revanche, cipalement définie dans le cadre des schémas directeurs
les outils économiques (éco-conditionnalité de la PAC (poli-
tique agricole commune), mesures agro-environnementales et
climatiques, TGAP, redevances...) et dispositifs volontaires mis
en place par ailleurs (opérations Ferti-Mieux...), nombreux et
d’aménagement et de gestion des eaux, adoptés en applica-
tion de la DCE. 4
■ Pesticides
parfois controversés, ne sont pas développés.
Il existe plusieurs milliers de pesticides, dont plusieurs cen-
■ Azote taines utilisées en France, et la contamination des milieux
La directive européenne nitrates 91/676/CEE, transposée par aquatiques est avérée. L’action des pouvoirs publics vise à
le décret n° 93-1038, constitue le principal instrument réglemen- contrôler l’usage des substances et à améliorer les connais-
taire pour lutter contre les pollutions liées à l’azote issu de sances sur les impacts.
sources agricoles. Elle concerne l’azote toutes origines confon- Au niveau européen, les premières directives visant à régle-
dues (engrais chimiques, effluents d’élevage, effluents agro-ali- menter la mise sur le marché via l’homologation sont adoptées
mentaires, boues...). L’application nationale de cette directive dans les années 1990 : la directive européenne n° 91/414/CEE du
comprend : 15 juillet 1991 (transposée par le décret n° 94-359) est relative
– la délimitation de zones vulnérables. Il s’agit de zones où aux produits phytopharmaceutiques et la directive n° 98/8/CE
la concentration en nitrates dans les eaux superficielles desti- du 16 février 1998 est relative aux produits biocides (transposée
nées à la production d’eau potable dépasse 50 mg/L (ou par le décret n° 2004-187). L’autorisation examine notamment la
menace de dépasser). Environ 55 % de la surface agricole utile toxicité et l’écotoxicité des produits. Tout usage non autorisé
de la France est classée en zones vulnérables (donnée 2013) ; est interdit. Les règlements européens (règlement n° 1107/2009
– la mise en œuvre de programmes d’action dans les zones du 21 octobre 2009 concernant la mise sur le marché des pro-
vulnérables, pour faire évoluer les pratiques agricoles afin de duits phytopharmaceutiques et règlement n° 528/2012 du 22
protéger voire restaurer le milieu aquatique. Le 5e programme mai 2012 concernant la mise à disposition sur le marché et l’uti-
d’action est entré progressivement en vigueur depuis le 1er sep- lisation des produits biocides) abrogent et remplacent ces direc-
tembre 2012 (arrêtés du 19 décembre 2011 et du 23 octobre tives européennes, en particulier en simplifiant la procédure
2013). À la différence des précédents programmes définis en d’autorisation et en imposant la tenue d’un registre des applica-
département, le 5e programme d’action s’appuie sur un socle tions de produits phytosanitaires.
national de mesures avec des dispositions régionales (PAR :
programmes d’actions régionaux). Il définit des ZAR (zones La directive du 21 octobre 2009 (2009/128/CE) vient complé-
d’actions renforcées) où des mesures complémentaires sont à ter ces textes en instaurant un cadre d’action communautaire
adopter pour la protection des captages ; pour parvenir à une utilisation des pesticides compatible avec
– la définition d’un code national des bonnes pratiques agri- le développement durable.
coles, d’application volontaire en dehors des zones vulné- Au niveau national, la loi n° 2014-100 du 4 février 2014 (loi
rables (arrêté du 22 novembre 1993). Labbé) transpose cette directive en encadrant l’utilisation des
Cette directive a inégalement été respectée ou trop tardive- produits sur le territoire national. Elle vise à restreindre ou
ment appliquée dans certains pays. Elle a, pour cette raison, interdire l’utilisation de pesticides dans certaines zones spéci-
été une source importante de contentieux européen (entre fiques (espaces verts ouverts au public...), prendre des
l’Europe et certains États membres, dont la France) dans les mesures de gestion spécifique et favoriser l’utilisation de pro-
années 1990 et 2000. duits à faibles risques et des mesures de lutte biologique. Elle
La réglementation relative aux installations classées (§ 3.1) vient compléter deux principaux arrêtés ministériels qui
fixe des prescriptions applicables aux effluents d’élevages en cadrent la mise sur le marché et l’utilisation des produits
fonction de leur taille. En particulier, les effluents d’élevage ne phytosanitaires : l’arrêté du 12 septembre 2006 pour l’agricole
peuvent être épandus que dans le cadre de « plans et l’arrêté du 27 juin 2011 pour le non-agricole. On notera en
d’épandage » qui précisent notamment la quantité et le lieu particulier que l’arrêté de septembre interdit l’usage de phyto-
précis de l’épandage. sanitaires à moins de 5 m des cours d’eau ou plans d’eau.
On notera également le plan national Écophyto issu des tra-
■ Phosphore vaux du Grenelle de l’environnement et de la transposition
Contrairement à d’autres pays européens où la politique de française de la DCE qui vise la réduction progressive de
l’eau s’est construite sur la lutte contre les excès en phosphore, l’usage des pesticides en zones agricoles et non agricoles
la France s’est focalisée sur l’azote. Le problème du phosphore, (§ 2.2.1).
présent dans les engrais minéraux et les effluents d’élevage au
même titre que l’azote, n’a été abordé que plus tardivement. En
1998, le CORPEN a proposé un programme d’action pour la Nota : CORPEN : initialement Comité d’orientation pour la réduction de la pollution
maîtrise du phosphore provenant des activités agricoles. des eaux par les nitrates ; renommé « Comité d’orientation pour des pratiques agricoles
respectueuses de l’environnement » en 2001.
159
Référence Internet
W1700
1.2 Directive cadre sur l’eau (DCE) – 2008 : consultation du public sur les plans de gestion ;
– 2009 : publication du premier plan de gestion qui corres-
pond au SDAGE et fixe les objectifs environnementaux ainsi que
1.2.1 Rôle stratégique et fondateur du premier programme de mesures qui définit les actions qui
vont permettre d’atteindre les objectifs ;
■ Depuis les années 1970, diverses directives « sectorielles » ou
– 2015 : point sur l’atteinte des objectifs, suivi d’un second plan
d’« usages de l’eau » dans le domaine de la protection des milieux
de gestion et programme de mesures ;
aquatiques ont été publiées (§ 1.1).
– 2027 : dernière échéance pour la réalisation des objectifs de
Avec le temps, il est apparu que cette approche par les usages bon état.
de l’eau (eau potable, baignade, pisciculture, conchyliculture) ou
Ces étapes s’articulent ainsi autour de quatre documents (l’état
par les types de pollution à réduire (eaux usées, nitrates d’origine
des lieux, un programme de surveillance, un plan de gestion et un
agricole) n’était pas satisfaisante pour la préservation des milieux
programme de mesures) qui sont à renouveler tous les six ans.
aquatiques, notamment sur les aspects écologiques. En 1995, le
Conseil de l’Union européenne a donc décidé que soit élaborée Le programme de surveillance défini a été mis en place à partir
une directive cadre fixant les principes de base d’une politique de 2007 en France. Le suivi réalisé a une vocation patrimoniale et
de l’eau durable. s’appuie en partie sur les réseaux de surveillance existants. En par-
ticulier, on notera l’existence de trois types de contrôles :
■ En 2000, le Parlement européen et le Conseil de l’Union euro- – contrôles opérationnels des masses d’eau à risque
péenne arrêtent la directive 2000/60/CE du 23 octobre 2000 éta- (non-atteinte du bon état écologique ou NABE) pour évaluer l’effi-
blissant un cadre pour une politique communautaire dans le cacité des programmes de mesures. En principe, un site de
domaine de l’eau (ou « DCE ») qui vise à harmoniser la gestion de contrôle représentatif est retenu par masse d’eau. Les paramètres
l’eau au niveau européen et à préserver à long terme les milieux suivis sont établis en fonction du type de pression identifiée ;
aquatiques par grand bassin hydrographique. – contrôles additionnels pour la surveillance des zones proté-
160
Référence Internet
W1700
CALENDRIER DE MISE EN ŒUVRE DE LA DIRECTIVE CADRE SUR L’EAU EN FRANCE ATTEINTE DES OBJECTIFS
Ne sont représentées ici que les dates de l’agenda DCE actuellement connues FIXES PAR CHAQUE ÉTAT
MEMBRE
ATTEINTE DES OBJECTIFS
FIXES PAR CHAQUE ÉTAT
MEMBRE Rapportage à l’Europe
des plans de gestion
et des programmes
de mesures
Rapportage à l’Europe
des plans de gestion
et des programmes
de mesures N
TIO GE
ATTEINTE DES OBJECTIFS ES DA
FIXES PAR CHAQUE ÉTAT D E G des S7
NS ion -20 2
MEMBRE PLA icat 22 7
ES ppl 20 2-202
S I ÈM A 202
R OI GE M
TOUTES LES MESURES Rapportage à l’Europe T A Pd
ES SD
DOIVENT ÊTRE des plans de gestion ND es
OPERATIONNELLES* et des programmes A TIO tion d d M
LIS para P
ÉA des
de mesures ER Pré ion
U SD p a rat
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2016
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4
ST d 21
GE tion -20
D E
l i c a 2 016
Bilan N S p M
DIRECTIVE CADRE Rapportage à l’Europe PLA Ap Pd
à mi-parcours ES
SUR L’EAU des plans de gestion des PdM IÈM
et des programmes E UX AGE 2021
D
La DCE fait obligation de mesures ES es SD
ND d 2020
aux États membres de : Rapportage à l’Europe TIO ration M
LI S A
pa Pd
* Transposer la directive en droit des programmes A é es
ER
É P r nd 2019
national de surveillance D r a tio
S pa
SU Pré 027
* Respecter le calendrier commun
Rapportage à l’Europe ES 7-2 2018
de mise en application OC
PR ieux 200
des états des lieux ce
* Mettre en place un plan de gestion des
l illan
tat surve 2017
par district hydrographique É de
établissant les objectifs 15 es APPROBATION
20 m 2016
environnementaux et les 2 0 10- g ram DES SDAGE ET PdM
5 ro
programmes de mesures GE 201 e sp 2016-2021
SD
A 0- nd 2015 CONSULTATION
ad hoc (dont les programmes TRANSPOSITION DE LA DCE ION es 201 tio PAR LES COMITÉS
de surveillance) EN DROIT FRANÇAIS E ST tion d s PdM p lica sur les projets de SDAGE 2016-2021 DE BASSIN
G a e A p
DE plic nd 2014 et des PdM
* Consulter le public NS Ap icatio
S PLA p pl * des citoyens * des assemblées
E A 2013 CONSULTATION
LOI LOI SUR L’EAU IER 2014 2015
EM sur les enjeux et
DE TRANSPOSITION ET LES MILIEUX PR
D ES 2012 le programme de travail des SDAGE
AQUATIQUES
T ION * des assemblées * des citoyens
ISA E M 2011
AL Pd 2012 2013
E RÉ s SAG es
S D d e i o nd
SU atio n a t 2010 APPROBATION
ES r par CONSULTATION
PR
OC répa Pré DES SDAGE ET PdM
P
2009 2010- 2015
PAR LES COMITÉS
2008 CONSULTATION DE BASSIN
sur les projets de SDAGE 2010-2015
x 2007 et des PdM
lieu
es
td * des citoyens * des assemblées
Éta 2006 2008 2009 Objectifs DCE
2005 CONSULTATION
Étape de rapportage
sur les enjeux et
2004 le programme de travail des SDAGE
* Une mesure est considérée comme opérationnelle dès lors qu’a été mis en place le cadre législatif,
réglementaire et financier nécessaire à sa mise en œuvre.
161
4
162
Référence Internet
TRP5040
Environnement et projets
d’aménagements portuaires
par Pascal GALICHON
Directeur du développement durable et du pilotage
Grand Port Maritime du Havre, Le Havre, France
2.1
dans lesquelles s’inscrivent les projets d’aménagements
portuaires ..................................................................................................
La définition du périmètre de l’étude environnementale ........................
—
—
5
5
4
2.1.1 Le périmètre de l’aménagement....................................................... — 5
2.1.2 Le périmètre d’impact environnemental de l’aménagement......... — 5
2.2 La connaissance de l’environnement........................................................ — 6
2.2.1 Les milieux physiques ....................................................................... — 6
2.2.2 Les inventaires floristiques et faunistiques ..................................... — 9
2.2.3 Les habitats......................................................................................... — 9
2.2.4 Les fonctionnalités environnementales ........................................... — 9
2.3 L’évaluation des impacts environnementaux........................................... — 9
2.3.1 Les impacts directs ............................................................................ — 9
2.3.2 Les impacts indirects ......................................................................... — 9
2.3.3 Les impacts induits ............................................................................ — 9
2.3.4 Les impacts cumulés ......................................................................... — 10
2.4 La définition des mesures de réduction.................................................... — 10
2.4.1 Pendant la phase de conception....................................................... — 10
2.4.2 Pendant la phase de travaux............................................................. — 10
2.4.3 Pendant la phase d’exploitation ....................................................... — 11
2.4.4 Réduction lors de la libération du site.............................................. — 11
2.5 La définition des mesures compensatoires .............................................. — 11
2.6 La définition des mesures environnementales d’accompagnement...... — 11
3. Le dialogue et la concertation............................................................. — 12
3.1 Les processus de concertation réglementaire.......................................... — 12
3.1.1 La concertation en phase « amont » : le débat public .................... — 12
3.1.2 La concertation en phase « aval » : l’enquête publique.................. — 12
3.2 Les démarches de concertation volontaires ............................................. — 12
4. La prise en compte de l’environnement pendant les phases
de travaux.................................................................................................. — 13
4.1 Les plans d’assurance environnementale (PAE) ...................................... — 13
4.2 Le coordinateur environnemental ............................................................. — 13
5. Les suivis des impacts et des mesures environnementales........ — 13
5.1 Les thèmes et les protocoles des suivis.................................................... — 14
5.2 La définition des valeurs cibles des indicateurs de suivi......................... — 14
6. Conclusion................................................................................................. — 14
7. Glossaire .................................................................................................... — 14
Pour en savoir plus ......................................................................................... Doc. TRP 5 040
Parution : août 2018
163
Référence Internet
TRP5040
164
Référence Internet
TRP5040
La procédure
Délivrance
Dépôt du dossier au guichet unique (DDT-M ou préfecture)
d’un accusé de réception
Instruction interservices
4
Demande
Avis de l’autorité Consultation des instances de complément
environnementale notamment CNPN, CDNPS, CSRPN, dans un délai fixé
CTPBOH, CLE, CSSPP, CDCEA si le dossier est
incomplet ou irrégulier
(suspend le délai
Avis conforme des ministres de l’instruction)
lorsqu’ils sont requis
5 mois Arrêté de
refus d’autorisation
si le dossier non recevable
10 mois
Notification
Signature de l’arrêté et publicité
de la décision
Les prémices de la doctrine ERC ont été introduits en droit fran- – l’obligation de résultat des mesures de compensation
çais par la loi relative à la protection de la nature de 1976, et la (L. 163-1) ;
doctrine ERC a été précisée en août 2016 par deux textes (loi de – l’effectivité des mesures pendant toute la durée des impacts
reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages du (L. 163-1) ;
8 août 2016 et la réforme de l’évaluation environnementale du
3 août 2016). – la proximité fonctionnelle des mesures vis-à-vis du site endom-
magé (L. 163-1)
Au-delà de la description de la séquence ERC, il convient de – la géolocalisation des mesures compensatoires et leur accessi-
retenir que les textes législatifs (code de l’environnement) bilité au public (L. 163-5) ;
affichent :
– la non-autorisation du projet en l’état si les atteintes liées au
– l’objectif d’absence de perte nette, voire de gain de biodiver- projet ne peuvent être ni évitées, ni réduites, ni compensées de
sité (L. 110-1) ; façon satisfaisante (L. 164-3).
165
4
166
Référence Internet
GE1024
et Jean-Claude SOUCHE
Docteur en mécanique et génie civil, ingénieur génie civil et génie maritime
4
Laboratoire de Mécanique et Génie Civil (LMGC), Université de Montpellier, DMS, IMT
Mines Alès, France
167
Référence Internet
GE1024
ou tout du moins ralentir très fortement les causes, bien connues, qui sont à
l’origine de cette catastrophe annoncée : (1) artificialisation et utilisation des
sols, (2) exploitation des ressources (pêche, foresterie, etc.), (3) changement
climatique, (4) pollutions (plastiques en mer…) et (5) espèces invasives des
écosystèmes [1].
Nota : l’IPBES est la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosysté-
miques.
168
Référence Internet
GE1024
169
Référence Internet
GE1024
Conception éco-technique
4
des associations d’éléments
Figure 1 – Démarche d’écoconception maritime, à partir de connaissances en écologie et en génie civil, via des études spécifiques
indépendantes (encadrés vert et bleu) pour identifier les caractéristiques respectives de ces deux champs d’expertise (en rouge), associées lors
de la conception technique (encadré en pointillés)
Ingénierie écologique
Réduction /
Programmation Conception Exécution
compensation
Figure 2 – Méthodologie d’écoconception des projets (flèche verte du haut) appliquée à une approche usuelle (frise centrale). L’écoconception est
développée dès les études préalables puis lors de la phase de la conception du projet (étape 1) de la maitrise d’œuvre (au sens de la loi MOP)
appliquée très tôt dans un projet, quand celui-ci est encore modi- bien trop tard pour pouvoir encore agir sur le projet car, pour rap-
fiable à l’envi. Ce processus intégré implique de travailler dans le pel, l’avant-projet est la phase ultime de validation de la faisabi-
but d’identifier des solutions gagnant-gagnant qui respectent la lité de l’aménagement à l’issue de laquelle les grandes lignes
nature et qui soient acceptables vis-à-vis des fonctionnalités du fonctionnelles, techniques et financières sont bouclées. Les mesu-
projet et du niveau de service et vis-à-vis de l’environnement » [4], res compensatoires sont en général réalisées pendant la réa-
(figure 2). Cette philosophie est importante pour fédérer autour de lisation du projet qui n’a plus toutes les latitudes nécessaires
l’aménagement les promoteurs du projet d’une part mais égale- pour proposer les adaptations permettant de réduire les impacts
ment les partisans de l’environnement d’autre part. Elle permet environnementaux.
donc de fiabiliser le processus du projet et de réduire les opposi- A contrario, l’écoconception permet d’intervenir dès la program-
tions dès le démarrage de celui-ci. mation du projet (flèche verte sur la figure 2). Cela permet d’optimi-
L’approche usuelle est caractérisée par des études d’évitement, ser l’implantation ainsi que les emprises foncières (Évitement).
de réduction et de compensation qui sont développées à Cela peut être fait dès les phases amont de la conception en propo-
l’issue de l’avant-projet (lors de la réalisation du dossier d’étude sant le design adéquat (Réduction) de même que les solutions de
d’impact, flèche bleue sur la figure 2). Malheureusement, cela est compensation à prévoir dès l’avant-projet.
170
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