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CHAPITRE – 2 APPLICATION DE LA SPECTROSCOPIE UV-VISIBLE

A – ANALYSE QUALITATIVE

Comme c’est déjà vu, le spectre UV – Visible ne permet pas l’identification d’un produit mais celle
du groupement Chromophore qu’il contient.

I – Les Hydrocarbures
I – 1 – Les Alcanes

Les alcanes n’absorbent que dans l’UV – lointain ( Transitions σ → σ* : λ(C2 H6(g)) = 135 nm ).
Les ramifications déplacent cette absorption vers les grandes λ.( λ = 154 nm pour le triMe-2,2,4-pentane ).
Les n – Alcanes Liquides sont utilisables comme Solvants en UV – Visible jusqu’à 170 nm tout comme les
Cycloalcanes. Ainsi, le Cyclohexane est utilisable jusqu’à 175 nm comme solvant en UV – Visible.

I – 2 – Les Alcènes

Un Chromophore Ethylénique a un λ < 200 nm ( π → π* ). Ainsi, le spectre de C2 H4 dissous


dans C7 H16 présente un λmax à 173 nm ( Є max = 5000 ). Cet valeur de λmax peut changer ( souvent Effet
Bathochtome ) et ce suite à :

► Effet de la Substitution : ( λmax = 180 – 195 nm ) : Effet Bathochrome plus marqué dans les Composés
Ethyléniques Tri et Tétraalkylés.

► Effet de la Conjugaison : λmax augmente avec le Nombre de Doubles Liaisons jusqu’à n = 5.

► Effet de la Conformation : Les Diènes Acycliques Trans étant Plus Stables que leurs Homologues Cis
d’où :

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I – 3 – Les Hydrocarbures Aromatiques

Il s’agit toujours de Transitions π → π* et le Spectre peut présenter trois types de Bandes :

► Exemple du Benzène :

► Cas des Aromatiques Supérieurs : Effet Bathochrome Progressif en fonction du nombre de Cycles.

II – Les Composés Oxygénés


II – 1 – Les Alcools et les Phénols

II – 1 – 1 – Les Alcools

Il s’agit des transitions de type n → σ* ( Bande faible avec λmax vers 180 nm ) pour les Alcools
simples et c’est pourquoi les alcools sont utilisés au dessus de 210 nm, comme solvants.

II – 1 – 2 – Les Phénols

La paire libre conjuguée avec le système π du noyau induit de nouvelles


absorptions ( ε = 5000 – 20000 ) avec un λmax entre 210 – 300 nm dues à un
transfert de charge intramoléculaire.

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II – 1 – 3 – Les Ethers

Transitions de type : n → σ* ( λmax vers 185 nm ). Ils sont transparents à ( 200 – 400 nm ).

II – 2 – Les Composés Carbonylés

► Cas des Cétones Aliphatiques

Transitions de type : n → π* ( λmax vers 280 nm ).Plus d’intérêt du point de vue analytique. Les
ramifications et les allongements des chaines entrainent des effets Bathochromes et Hyperchromes. Aussi,
on peut faire des prévisions pour les λmax par les calculs ( Règles de W – F ).

► Cas des cétones α, β – Insaturées

2 types de transitions : n → π* et π → π*

● π → π* ( λmax vers 240 nm ; Є de 10000 à 15000 ). Effet Bathochrome avec la conjugaison ( Voir les
règles de W – F ).

● n → π* ( λmax : 325 à 345 nm )

III – Les Composés Azotés

III – 1 – Les Amines


Transitions de type : n → σ* avec effet Bathochrome s’il y a des alkyles.

Pour les Amines Aromatiques : l’azote interagit fortement avec le cycle benzénique

III – 2 – Les Composés Azotés de types C = N et/ou N = N

Au même titre que les transitions pour les C = O, les Chromophores C = N et N = N : transitions de
types n→π* et π→π*.

● Pour le Chromophore C = N : 2 Bandes : λmax = 190 et 350 nm


● Pour le chromophore pas C ≡≡ N : Pas d’absorption dans le proche-UV ( transitions interdites ).≡

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A – ANALYSE QUANTITATIVE

L’analyse quantitative par Spectrophotométrie UV – Visible est très employée grâce à l’utilisation de la
loi de Beer – Lambert qui permet le dosage des molécules examinées d’où la détermination de la
concentration d’un système par la mesure de son absorption : A = log10 ( I0 / I ) = ε c d

On trace A = f ( c ) pour une solution témoin , à partir de solutions de concentrations. connues du


composé à doser. : Obtention d’une Droite, ensuite on mesure A pour une solution de titre inconnu et on
détermine Cx à partir de la courbe.

Les Déviations à la loi de Beer-Lambert ( Pas de Droite A = f ( c ) ) sont de deux types :

● Effets Physiques tels que la Fluorescence du soluté ou la perte d’énergie à partir de la source
● Effet Chimiques tels que l’Association moléculaire du soluté ou son Ionisation

I – Analyse Multicomposants ( MCA )


Pour un mélange de 2 composés, la loi
de Lambert – Beer est additive

Є = f ( Nature, λ )

►Points Isobestiques

Soit la réaction : A ▬▬► B

Si le Spectre UV – Visible de A se
coupe avec celui de B en un point I, celui-
ci est appelé Point Isobestique.

En I, l’absorbance de A est la même que


celle de B ( AA = AB ) et il en est de même pour les Єi : ( ЄA = ЄB = Єiso )

AA = ЄA CA d et AB = ЄB CB d

A = ЄA CA d + ЄB CB d

● Au point Isobestique I,

A = Є d ( CA + CB ) = Cte
Au cours d’une réaction chimique ( HA / A- ),
les spectres des mélanges ( A + B ) formés au
cours du temps passent tous par le même point
I et/où A conserve même valeur.
Cette propriété est utilisée pour
l'étalonnage des Spectrophotomètres UV.
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Le point I est commun à l’ensemble des
courbes UV enregistrées à divers Ph comme le
montre cette hydrolyse

On peut rencontrer ce genre de courbes :

● Au cours du virage d’un indicateur coloré en


fonction du pH,

● Equilibre acido – basique,

● Etude d’une Cinétique de réaction où les


Points Isobestiques sont utilisés comme points
de référence dans l'étude des Taux de réaction.

● Les Points Isobestiques sont utilisés en Médecine dans une technique de laboratoire appelée Oxymétrie
afin de déterminer la concentration en Hémoglobine ( L'Oxyhémoglobine et la Désoxyhémoglobine ont des
points isobestiques à 590 et 805 nm ).

►Additivité des Absorbances

A λ donnée, l’Absorbance A d’un mélange de n espèces absorbants est égale à la somme des Ai :

A = A1 + A2 + A3 + ….. + An = d ( Є1C1 + Є2C2 + Є3C3 + …. + ЄnCn )


A partir de cette équation, on peut déterminer la composition de ce mélange puisque le spectre du
mélange correspond à la somme des spectres de chacun des constituants et ce par :

● Méthode Algébrique de base

Soit un mélange de trois constituants ayant des


concentrations données

( Composé X : CX, Composé Y : CY et Composé Z : CZ ).

On effectue alors les mesures des Absorbances

( AX, AY et AZ ) à Trois longueurs d’ondes différentes

( λ1, λ2 et λ3 ).

Les 09 Valeurs de Є seront calculées isolément pour les trois λ à partir de solutions de concentrations
initiales connues ( CX0 , CY0 et CZ0 ) ; ce qui nous donne :

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On aura, par application de la loi d’additivité des
absorbances, le système suivant de trois équations

La résolution du système, qui correspond à une


matrice ( 3 x 3 ), permet de trouver les trois
concentrations cherchées ( CX, CY et CZ ).

On effectuera autant de mesures qu’il y a de


constituants.

Cette méthode reste efficace tant que les


spectres UV des tous les composés sont
différents.

▬ Cas particulier d’un mélange de 2 constituants

● Régression Linéaire Multilongueurs d’onde ( M L R A )

Une autre méthode est utilisée pour la même finalité et ce à travers l’utilisation de
Spectrophotomètres qui peuvent enregistrer les données comme le montre l’exemple suivant :

Soient un mélange m ( X + Y ) de 2 solutions x et y ; la loi d’additivité des Absorbances nous permet


d’écrire ( d = 1 cm ) :

Am = Ax + Ay = Єx Cx + Єy Cy (I)

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On peut effectuer les mesures de A des 2 solutions à des Concentrations de Références connues :

Aréf x = Єx Créf x ==> Єx = Aréf x / Créf x


Aréf y = ЄyCréf y ==> Єy = Aréf y / Créf y

On remplace les par leur valeurs dans ( 1 ) : Am = Ax + Ay = Єx Cx + Єy Cy ==>


Am = ( Aréf x / Créf x ) . Cx + ( Aréf y / Créf y ) . Cy
En divisant par le terme Aréf x , on obtient :

[ Am / Aréf x ] = [ Cx / Créf x ] + [ Cy / Créf y ] [ Aréf y / Aréf x ]


Cette équation étant une fonction affine qui s’écrit comme suit :

Les valeurs calculées sont sur une


droite dont la pente et l’ordonnée à
l’origine permettent de calculer les
deux Concentrations inconnues, à
savoir : Cx et Cy ( Voir TD ).

II – Détermination de la Masse Molaire


La Masse Molaire d’un Composé peut être déterminée par des mesures Spectrophotométriques
si un dérivé convenable du composé peut être Synthétisé. Le spectre d’un composé dépend du groupe
chromophore présent ; Si un dérivé est formé via un groupement fonctionnel du composé, éloigné du
système Chromophorique, alors l’absorption provenant du chromophore restera inaltérée pourvu que le
nouveau groupement n’absorbe pas dans la même région. Aussi, Є dans la région d’absorption du
chromophore restera constant. Cependant, l’absorbance va changer puisqu’elle dépend de la Masse Molaire
de l’espèce absorbante :

M : la Masse Molaire des espèces absorbantes,


A = Є c d = Є c’d / M c’ : la concentration massique des espèces absorbantes en g/l
d : l’épaisseur du milieu absorbant en cm.
La masse molaire des espèces absorbantes peut être déterminée par mesure de A d’une solution
contenant une masse connue de cette espèce dans un volume connu.

Cette méthode peut être utilisée pour déterminer la Masse Molaire des composés qui forment des Picrates ;

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● Exemple : Calcul des Masses Molaires des Amines.

Soit la réaction de L’Acide Picrique ou Acide Carbo-Azotique où 2,4,6-trinitrophénol :


( NO 2 )3 C6 H2 – OH qui en se dégradant au contact des métaux, l'Acide Picrique produit des sels métalliques
dits Picrates.

OH O
- + NH R
3
O2N NO2 O2N NO2

+ RNH2

NO2 NO2

Acide Picrique Picrate

Є étant constant, mais A change ( Changement de l’absorbance car dépend de la Masse Molaire de
l’espèce absorbante ) :

M : masse molaire des espèces absorbantes,

A = Є c d = Є c’d / M c’ : concentration massique des espèces absorbantes en g.l -1

d : épaisseur du milieu absorbant en cm.

La Masse Molaire des espèces absorbantes déterminée par mesure de A d’une solution contenant une
masse connue de cette espèce dans un volume connu ( c’ ). Є est mesuré pour le composé avant la réaction.

Le Spectre de l’Acide Picrique montre une absorption vers 360 nm due aux Chromophores NO2 .
Cette bande peut être utilisée pour déterminer la Masse Molaire du Picrate à condition que le groupe R
n’absorbe pas à la longueur d’onde à laquelle les mesures sont faites. Il est ensuite possible de calculer la
Masse Molaire de l’Amine :
● Pour l’Acide Picrique ( 1 ) : A1 = Є c1 d ==> Є = A1 / d c1

● Pour le Picrate ( 2 ) : A2 = Є c2 d = Є d c2’ / M ==> M = Є d c2’ / A2


Avec : c2’ = m / V ; A2 mesurée au Spectrophotomètre et Є = A1 / d c1
M = A1 / d c1 .d c2’ / A2 = c’2 / c1 . A1 / A2

En retranchant M ( Picrate ) de M ( Acide Picrique ) , on retrouve la M de R de l’amine RNH 2 .


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III – Mesures Cinétiques
La Cinétique d’une réaction peut être déterminée par la mesure de la variation de la concentration à
la fois d’un réactif ou d’un produit en fonction du temps. Comme l’absorbance A est directement
proportionnelle à la concentration C, la spectrométrie d’absorption constitue une méthode de choix pour
suivre le déroulement d’une réaction. On suit alors l’absorbance A d’un des réactifs ou des produits qui
présente une absorption convenable en UV ou visible et qui ne se recouvre pas avec l’absorption due à
d’autres espèces présentes.

Soit la réaction : n A + m B n’ C + m’ D

L’expression de la vitesse de la réaction vient comme suit :

On suit l’absorbance d’un des réactifs ou des produits qui présente une absorption convenable en
UV ou visible et ne se recouvrant pas avec l’absorption due à d’autres espèces présentes.

A = Є c d ==> c = A / d Є ( Є connu )
On suit l’évolution de A = f ( t ) ; ce qui permet de tracer C = f ( t ) et de déduire
l’Ordre de la réaction à partir de l’allure de la courbe.

IV – Déterminations des Constantes de Dissociation des Acides et des Bases


La spectroscopie UV – Visible est une très bonne méthode pour l’étude des équilibres en
solution très diluée. La dissociation d’un acide HA dans l’eau peut s’écrire :

HA + H2O H3O + + A où A- est la base conjuguée de HA

Pour les solutions très diluées, on a :

pH = pKa – log [ HA ] / [ A - ] ==> pKa = pH + log [ HA ] / [ A - ]

Le rapport HA / A – peut être déterminé par Spectrophotométrie en faisant le rapport des


Absorbances.

Le spectre UV dépend de l’ionisation ( donc du pH ) des molécules. Le Chromophore de la molécule


doit être en interaction avec le site d’ionisation.

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Pour la dissociation HA + H2 O == H3 0+ + A-, la position d’équilibre dépend du pH du milieu.

En milieu très Basique, l’équilibre est déplacé vers la Droite


et le spectre d’absorption du système est celui de l’Anion A-
( spectre de la base ).

Dans le cas du milieu très Acide, l’équilibre est déplacé vers


la Gauche et le spectre d’absorption sera celui de l’Acide HA
( spectre de l’acide ).

Les spectres d’absorption correspondant à A- et à HA sont


représentés sur la figure (courbes 1’ et 1 ). Les deux spectres A- et
HA sont très différents.

Par modification du pH, on peut modifier graduellement


l’allure du spectre comme indiqué par les courbes successives 2, 3,
4. Si le pH du système décroit, alors la concentration de l’acide
HA et par conséquent, l’Absorbance due à HA augmente alors que
la concentration de la base A- et son Absorbance diminuent.

Les Є de HA et A- passent par une valeur maximale à la longueur d’onde correspondant au


maximum d’absorption.

Les courbes spectrales passent toutes par un point I ( fixe : Point Isobestique ). La longueur d’onde à
laquelle apparaît ce point est caractéristique du système étudié. L’existence de ce point est dû au fait que
même si le rapport [ AH ] / [ A- ] varie, la somme des concentrations reste constante
[ A H ] + [ A- ] = C0, C0 étant la concentration initiale. En ce point, les formes A- et AH ont même Є
et l’absorbance en ce point sera :
AI = ЄAH CAH d + ЄA- CA- d = Є d ( CAH + CA- ) = Є d C0 = Cste
L’existence de ce point dans un ensemble de courbes indique la présence de deux chromophores et
de deux seulement intervenant en quantités complémentaires.

Il y a aussi d’autres applications de la spectrophotométrie UV – Visible et on cite à titre d’exemple le


suivi d’une réaction chimique ( Cinétique ) et la détermination de la constante de dissociations des acides et
des bases.

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