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Cassirer Et La Philosophie Des Sciences en France
Cassirer Et La Philosophie Des Sciences en France
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Filosofia (1984-)
di Jean Seidengart
fonctionnelle de la con
dont le support ultime
1906):
«L'analyse critique aurait atteint son but si elle parvenait à [...] codifier,
en leur donnant la puissance du concept, les grandes fonctions qui se conser-
1. Zur Einsteinschen Relativitätstheorie , Bruno Cassirer, Berlin 1921, rééd. Zur modernen
Physik , Wissenschaftliche Buchgesellschaft, Darmstadt 1957, p. 49.
2. Das Erkenntnisproblem , I, Bruno Cassirer, Berlin 19223, p. 3.
3. Substanzbegriff und Funktionsbegriff , Bruno Cassirer, Berlin 1910, p. 404 (Subs-
tance et Fonction , tr. fr. Caussat, Minuit, Paris, p. 344).
sumé»1. Cela ne
res relationnelle
mais simplemen
de mise en form
"présomption lo
1) catégorie: To
2) catégorie: Ch
Traditionnellem
rait toujours «
et le mettre en
nis»8. C'est cette «mise en forme judicatoire» que Cassirer appelle
«actes catégoriaux». Or, ces deux types d'actes catégoriaux ne sau-
raient épuiser à eux seuls toutes les relations possibles pouvant interve-
nir pour structurer les contenus. C'est pourquoi il faut les situer dans
une théorie générale des relations qui ressortit plutôt des sciences for-
melles que d'une philosophie empiriste attachée aux choses et aux
sensations. C'est une raison supplémentaire d'abandonner la catégorie
de chose ou de substance:
12. E. Cassirer, Philosophie der symbolischen Formen , I, Die Sprache , Bruno Cassi-
rer, Berlin 1923, rééd. Wissenschaftliche Buchgesellschaft, Darmstadt 1964, p. 19 {Philo-
sophie des formes symboliques , vol. I, tr. fr. Minuit, Paris 1972, p. 28).
13. Ivi, p. 18 (tr. fr., p. 27).
14. I. Kant, Kritik der Urtheilskraft , Akademie- Ausgabe, Kant's gesammelte Schrif-
ten , Reimer, Berlin 1900 sq., V, § 59, p. 352 ( Critique de la faculté de juger , tr.
fr. A. Philonenko, Vrin, Paris 1968, p. 174).
sible et l'intelligibile. D
détour par la langue16
activité de l'esprit où l'
ment à l'intérieur d'une
tion des relations qu'il
contexte global. Par con
pre pensée doit la couler
de la langue") qui expri
auquel il appartient. Or
l'autre la priorité de la
c) Helmholtz montre d
les objets empiriques sur
et que ces impressions sensibles ne sont que des signes des objets,
non leur décalque. Ainsi Cassirer trouve dans la théorie de Helmholtz
un moyen efficace pour renverser la conception empiriste de la con-
naissance et pour lui substituer une théorie fonctionnelle complexe,
d'allure plutôt idéaliste:
16. Philosophie der symbolischen Formerly I, cit., p. 102 (tr. fr., pp. 104-110).
17. Substanzbegriff und Funktionsbegriff , cit., pp. 404-405 (tr. fr. p. 344). Cf. aussi
Die Philosophie der symbolischen Formen , III, Phänomenologie der Erkenntnis , Bruno
Cassirer, Berlin 1929, rééd. Wissenschaftliche Buchgesellschaft, Darmstadt 1990, pp. 335-
356 (Philosophie des formes symboliques , vol. III, tr. fr., Minuit, Paris 1972, p. 358).
Dans ce passage, Cassirer cite un extrait de Hermann von Helmholtz tiré de son Handbuch
der physiologischen Optiky Voss, Hamburg und Leipzig 18962, pp. 586 et 947.
18. Philosophie der symbolischen Formen , III, cit., p. 25 (tr. fr. p. 33); cf. aussi
le t. 1, p. 26 et Substanzbegriff und Funktionsbegriff , cit., pp. 244-245 (tr. fr., p.
215); ainsi que Das Erkenntnisproblem , IV, Kohlhammer Verlag, Stuttgart 1957, p.
114 sq.
considère comm
rer:
«La codification quantitative la plus simple d'un fait physique entraîne aussi-
tôt celui-ci dans un réseau de présuppositions théoriques, en dehors desquelles
la possibilité de mesurer le processus ne pourrait même pas être évoquée.
C'est au labeur philosophique des physiciens eux-mêmes que l'on doit d'avoir
souligné l'importance de ce fait pouj la théorie de la connaissance et de l'avoir
19. Ivi, pp. 116-118. Cassirer se réfère la plupart du temps à La valeur de la Science ,
Flammarion, Paris 1907, pp. 155-163 où on lit par exemple p. 162: «Tout ce que
crée le savant dans un fait, c'est le langage dans lequel il l'énonce. S'il prédit un
fait, il emploiera ce langage, et pour tous ceux qui sauront le parler et l'entendre,
sa prédiction est exemtre d'ambiguïté. D'ailleurs une fois cette prédiction lancée, il
ne dépend pas évidemment de lui qu'elle se réalise ou qu'elle ne se réalise pas».
20. Das Erkenntnisproblem , IV, cit., pp. 117-118.
21. Ivi, pp. 116-117.
2.1 Duhem
22. Substanzbegriff und Funktionsbegriff , cit., p. 190 (tr. fr., p. 171). Peu après
Cassirer ajoute: «Aucun physicien n'expérimente et ne mesure vraiment avec l'instru-
ment particulier qu'il manipule; il substitue en pensée une instrumentation idéale d'où
sont éliminées toutes les imperfections fortuites inhérentes à la particularité de l'instru-
ment donné. [...] (Cfr. l'admirable présentation du probléme due à Duhem lui-même
et où cette interdépendance se trouve mise en lumière dans tous ses aspects, sans la
moindre omission, in La Théorie Physique , Paris 1906)».
23. Cassirer cite bien évidemment ce célèbre passage de la Théorie Physique , son
objet , sa structure , Rivière, Paris 1906; rééd. Vrin, Paris 1981, p. 240: «Ce que le
physicien énonce comme le résultat d'une experience, ce n'est pas le récit des faits
constatés; c'est l'interprétation de ces faits, c'est leur transposition dans le monde idéal,
abstrait, symbolique, créé par les théories qu'il regarde comme établies». Texte cité
in Das Erkenntnisproblem, IV, cit., pp. 118-120. Cf. aussi Philosophie der symbolischen
Formen , III, cit., p. 26 (tr. fr., p. 34).
25. A cet égard, Duhem cite en exemple la position du célèbre astronome jésuite,
Christophe Clavius de Bamberg qui déclare dans son Commentaire sur la Sphère de
Sacro Bosco , cf. Sozein ta fainomena. Essai sur la notion de Théorie Physique de
Platon à Galilée , (1908), rééd. Vrin, Paris 1982, p. 111: «il peut fort bien arriver
que les apparences véritables puissent être défendues par des orbes excentriques et des
épicycles, bienm que ceux-ci soient entièrement fictifs et ne soient nullement les vraies
causes de ces apparences; car du faux, on peut conclure le vrai, ainsi qu'il résulte
de la Dialectique d'Aristote». Duhem connaît parfaitement les lois logiques de l'implica-
tion et donne toute sa puissance au célèbre ex falso sequitur quodlibet.
26. Ivi, p. 132: «Galilée a, de la valeur de la méthode expérimentale et de l'art
d'en user, à peu près l'opinion que va formuler François Bacon; il conçoit la preuve
d'une hypothèse à l'imitation de la démonstration par l'absurde usitée en géométrie;
l'expérience, en convainquant d'erreur un système, confère la certitude au système opposé.
[...] Cette manière de concevoir la méthode expérimentale était appelée à avoir une
grande vogue; mais elle est entièrement fausse, parce qu'elle est trop simple. Que les
phénomènes cessent d'être sauvés par le système de Ptolémée; le système de Ptolémée
devra être reconnu certainement faux. Il n'en résultera aucunement que le système
de Copernic soit vrai, parce que le système de Copernic n'est pas purement et simple-
ment la contradictoire du système de Ptolémée».
29. Ibid. Duhem précise au passage que ce second sens «profondément caché, ni
Copernic, ni Kepler, ni Galilée ne l'apercevaient nettement».
2.2 Brunschvicg
«NT étant glissé dans la partie du train où Cassirer avait pris place, je lui
fus présenté par Léon Brunschvicg, dont renseignement, à la Sorbonne et
à l'Ecole, avait marqué toute notre génération. Sur bien des points les perspec-
tives de deux maîtres se rejoignaient et ils professaient encore le même opti-
misme. Brunschvicg lisait P allemand mais ne le parlait guère; F entretien se
déroula en français, langue que Cassirer maîtrisait parfaitement comme à peu
près tous les intellectuels européens de sa génération. Autant qu'il m'en sou-
vienne il fut assez peu question de philosophie, et Brunschvicg amusa la galerie
par de savoureuses anecdotes sur son condisciple Marcel Proust. Après bientôt
soixante années je garde vivante en ma mémoire l'exquise courtoisie de ces
grands professeurs à l'égard de leurs étudiants, mais, il m'en faut convenir,
plus décisive pour moi que cette journée, et même que cette quinzaine, fut
l'influence prolongée des écrits de Cassirer»34.
2.3 Koyré
Rejoignant expl
reste attaché à l
selon laquelle un
depuis les début
la "révolution sc
phique: c'est le retour du "platonisme" de Galilée qui provoqua la
ruine du péripatétisme médiéval. Dès lors, la pensée scientifique nou-
velle a subverti le concept de réalité en substituant à l'objet empirique
un objet rationnel et mathématisé, qui demeure donc analysable et défi-
nissable comme tout autre objet mathématique. Mais il convient de
ne jamais oublier que cette subversion est l'oeuvre de Y esprit humain.
Cassirer considère pour sa part que le trait saillant des sciences
exactes, c'est de parvenir à une construction symbolique à l'aide de
jugements physiques qui «idéalisent» en quelque sorte, à l'aide d'un
passage à la limite, le point de convergence des valeurs numériques
que livrent les énoncés de mesures35. Cette procédure d'idéalisation ,
qui constitue Y objet physique en le distinguant radicalement de Y objet
empirique y est ce que Cassirer appelle le " platonisme " de la connais-
sance scientifique. Certes, Cassirer, qui cite le célèbre passage du Phé-
don où Platon oppose les " logoï " et les " pragmata "36, ne fait pas
de Platon le fondateur de la physique classique, mais il voit dans
celle-ci le retour à un certain platonisme. C'est le sens de ce platonisme
qu'il nous faut préciser, puisqu'il caractérise en propre la science exacte,
c'est-à-dire: « la fin du processus d'objectivation»31 .
Il est vrai que ce thème du platonisme des sciences exactes était
un leit-motiv du fondateur de l'Ecole de Marbourg. Hermann Cohen
aimat à répéter déjà que la voie de la mathématisation de la nature
avait été ouverte par Platon38. Pourtant, le jeune Cassirer était resté
prudent en distinguant soigneusement entre le platonisme géométrico-
physique de Galilée et celui qui se trouve dans les écrits de Platon:
35. Cf. Philosophie der symbolischen Formen , III, cit., pp. 501-507 (tr. fr., pp. 474-481).
36. Platon, Phédon , 99e (tr. fr. L. Robin, Belles Lettres, Paris 1965, p. 72): «Je
craignis de devenir complètement aveugle de l'âme, en braquant ainsi mes yeux sur
les choses (rcpòç xà 7tpáy{iaTa) et en m'efforçant, par chacun de mes sens, d'entrer en
contact avec elles, il me sembla dès lors indispensable de me réfugier du côté des
idées (eíç xouç Xóyouç) et de chercher à voir en elles la vérité des choses».
37. Philosophie der symbolischen Formen , III, cit., p. 524 (tr. fr., p. 494).
38. H. Cohen, Logik der reinen Erkenntnis , Berlin, Bruno Cassirer 19142, p. 32.
comme Galilée et
voie nouvelle»41
41. Philosophie der symbolischen Formen , III, cit., p. 529 (tr. fr., pp. 498-499).
42. Ivi, p. 559 (tr. fr., p. 525).
43. Cf. par exemple Koyré, Galilée et Platon , cit., p. 192. Dans une note de cette
même page, Koyré évoque le cas de l'interprétation de Cassirer dont il dit: «Cassirer,
Das Erkenntnisproblem , 1911, I, p. 389 sq., insiste sur le platonisme de Galilée dans
son idéal de la connaissance». Cf. aussi Etudes galiléennes , Hermann, Paris 1966, pp.
214-215, note 2: «Le platonisme de Galilée, fait, à notre avis, de toute première impor-
tance [...] a été remarqué par quelques historiens récents du grand florentin. [...] M.E.
Cassirer, dans son Erkenntnisproblem , v. I, estime que Galilée a renouvelé l'idéal plato-
nicien de la science qui comprend: d'où suit pour Galilée (et Kepler) la nécéssité de
mathématiser la nature, car (p. 389) "Das platonische Ideal des Begreif ens ist nur
von dem möglich , was in dauernder Einheit sich erhält ". Malheureusement (à notre
avis du moins), M. Cassirer kantise, si l'on peut dire, Platon. Aussi le "platonisme"
de Galilée se traduit-il, pour lui, par la prévalence donnée par celui-ci, à la fonction
(p. 402) et à la loi (p. 397) sur l'être et la substance. Galilée aurait ainsi renversé
la proposition scolastique operatio sequitur esse».
44. A. Koyré, Galilée et Platon , cit., p. 192. Koyré se réfère expressément dans
ce passage à l'autorité de Olschki, Burtt, Léon Brunschvicg, et Cassirer.
«Il est clair également que c'est en braquant sa lunette sur la voûte céleste,
en observant les cieux, que Galilée a porté un coup mortel au cosmos médié-
val; il est certain aussi que l'oeuvre de Galilée est pleine d'appels et de recours
à l'expérience et à l'observation: expérience du pendule, du plan incliné, etc...
et d'attaques violentes contre les gens qui se refusent à admettre ce qu'ils
voient, puisque ce qu'ils voient est contraire aux principes. [...] Et cependant,
ce n'est pas le porte-parole de Galilée, Salviati, mais l'aristotélicien Simplicio
qui est présenté comme le champion de l'expérience, et c'est Salviati, au con-
traire, qui en proclame l'inutilité»47.
49. Cf. par exemple E. Cassirer, An Essay on Man , Yale University Press, New
Haven and London 1944, pp. 220-221 (Essai sur l'homme , tr. fr. Minuit, Paris 1975,
p. 307): «Le savant ne saurait atteindre son but sans une obéissance stricte aux faits
de la nature. Mais cette obéissance n'est pas une soumission passive. Le travail de
tous les grands physiciens - Galilée ou Newton, Maxwell ou Helmholtz, Planck ou
Einstein - ne se réduisait pas à une collection de faits; c'était un travail théorique,
c'est-à-dire constructif. Cette spontanéité et cette productivité est au coeur même de
toute activité humaine. C'est le pouvoir suprême de l'homme [...] qui le rend capable
de comprendre et d'interpréter, d' articuler et d'organiser, de synthétiser et d'universali-
ser son expérience». Voir aussi sur ce point notre article, Théorie de la connaissance
et épistémologie de la physique dans l'oeuvre de Cassirer , in Ernst Cassirer , De Mar -
bourg à New-York , cit., pp. 159-176.
50. Cf. A. Metz, Meyerson , une nouvelle philosophie de la connaissance , 2e édition
revue et corrigée, Alean, Paris 1934, p. 8: «M. Meyerson a commencé sa carrière
dans la science expérimentale. Originaire de Pologne, il a étudié et pratiqué la chimie
en Allemagne au laboratoire de Bunsen, et en France auprès de Schutzenberger. C'est
dans ce dernier pays qu'il s'est fixé définitivement. Naturalisé français depuis peu,
on peut dire néanmoins qu'il est des nôtres depuis de nombreuses annés: non seulement
il a écrit tous ses ouvrages philosophiques en français, mais encore la France est, en
quelque sorte, sa patrie spirituelle».
«Je n'ai plus à présent aucune relation en Allemagne. [...] Dans ces conditions,
évidemment, l'étranger a peu de chance, à moins d'être porté par un grand
succès populaire, comme le fut par exemple, M. Bergson (car les Allemands,
de toute profession, ont été de tout temps, grands adorateurs du succès);
mais cette sorte de succès, je ne l'aurai jamais et n'y aspire aucunement d'ail-
leurs. Par le fait, je crois que, depuis la guerre, un seul philosophe allemand
a parlé de mes écrits, assez brièvement du reste, à savoir M. Cassirer»52.
Bien que Meyerson ne fasse état de ses relations avec les intellectuels
allemands ici que depuis la fin de la première Guerre mondiale, force
est de reconnaître que Cassirer et Meyerson ont découvert, à peu près
simultanément, l'existence de leurs travaux réciproques53. Plutôt que
de relever chacune des occurrences où l'oeuvre de l'un est mentionnée
dans l'oeuvre de l'autre et réciproquement, mieux vaut analyser l'impor-
51. E. Meyerson, De l'Explication dans les Sciences , Payot, Paris 1921, tome II,
pp. 172-173.
52. Lettre du 24 janvier 1925 de E. Meyerson à Harald Hoffhing, in Correspondance
entre Harald Heffding et E. Meyerson , publié par Fritjof Brandt, Hans Hoffding et
Jean Adigard des Gautries, Copenhaguen 1939, pp. 86-87: en note, Meyerson mentionne
une référence de Cassirer explicite à son oeuvre philosophique dans Zur Einsteinschen
Relativitätstheorie.
53. Ainsi trouve-t-on une mention du livre de Meyerson Identité et Réalité , dans
le tome II de Das Erkenntnisproblem en 1911; de même Meyerson cite à plusieurs
reprise Das Erkenntnisproblem dans Identité et Réalité , 4e édition, Alean, Paris 1932
(cf. spécialement pp. 443 et 491).
tant compte-rendu du g
problem in der Philoso
dressa magistralement
que et de Morale?*. Da
avec une étonnante per
que que Cassirer comme
part il critique celle-ci
venait de développer en
Réalité . Nous avons aff
puisque l'on appréhen
critique que nous en do
D'emblée, Meyerson so
d'ensemble de Das Erke
et la philosophie dans l
sance. Or, selon Meyerson, ce double traitement du problème est
une pratique courante chez les philosophes des sciences en France,
alors que cela n'arrivait qu'à titre tout à fait exceptionnel en Allema-
gne:
«Ce qu'il faut tout particulièrement louer, c'est la manière dont l'auteur établit
l'étroite corrélation, la mutuelle et intime action qui a existé entre la pensée
des philosophes dans le sens étroit du terme et celle des savants des mêmes
le époques. Ce n'est pas au public philosophique français qu'il est nécessaire
de démontrer à quel point cette méthode s'impose, combien il serait vain
de prétendre séparer les deux domaines, de tenter d'exposer la pensée métaphy-
sique d'un Descartes ou d'un Leibniz en laissant de côté leur activité scientifi-
que. [...] En Allemagne la séparation entre la philosophie et la science a
été, longtemps, presque de tradition. [...] L 'Erkenntnisproblem est l'oeuvre
la plus importante qu'un discipline du maître de Marburg [i.e. Hermann Cohen]
ait produit à ce jour; et comme l'accueil qu'elle a reçu de la critique allemande
a été général et enthousiaste, son importance propre est doublée de l'action
qu'elle est sans doute appelée à exercer sur la marche future de la pensée
philosophique dans ce pays»55. .
«Il nous semble que la part qu'il lui a faite [i.e. au moyen âge] n'est pas
tout à fait suffisante. Il y a là un parti-pris, fort compréhensible d'ailleurs,
si l'on songe que, pour diverses raisons, la plupart du temps étrangères à
la philosophie et à la science, on est souvent porté de nos jours à exagérer
plutôt le rôle de cette époque. Et comme la Renaissance a été surtout une
réaction contre le moyen âge, il est naturel qu'en commençant l'histoire à
ce tournant, on soit porté à rattacher les temps modernes directement à l'anti-
quité. C'est néanmoins, dans bien des cas, faire fausse route et se priver
de points d'appui précieux pour l'entente des théories. En philosophie surtout,
lutte indique souvent dépendance; et beaucoup de penseurs de la Renaissance
qui n'ont cessé de médire de la scolastique, se montrent en réalité très imbus
de son esprit»60.
56. Ivi, p. 100: «Le livre de M. Cassirer [...] n'est une histoire qu'en apparence.
C'est au fond un livre systématique, une oeuvre dominée par une théorie que l'auteur
cherche précisément à étayer par l'étude de l'évolution philosophique et scientifique
des temps modernes. C'est cette prévalence d'un point de vue unique qui, facilitant
les synthèses, constitue un des attraits les plus puissants de l'ouvrage».
57. Ivi, p. 101.
58. Ivi, pp. 102-103.
59. Ivi. DD. 103-104.
60. Ivi, pp. 104-105.
65. C'est ce qu'il signale dans une note {L'Histoire du Problème de la Connaissance
de M. E. Cassirer , cit., p. 123): «Cet article, écrit dans le courant de l'été 1910, était
déjà composé quand a paru le dernier ouvrage de M. Cassirer».
66. Ivi, p. 124; ici, Meyerson traduit directement un passage de Das Erkenntnispro-
blem , I, pp. 391-393. Meyerson ajoute plus loin dans le même sens (ivi, p. 127): «Il
faut beaucoup de bonne volonté pour trouver, même dans les oeuvres philosophiques
de Descartes, les passages dirigés contre la recherche de la substance ou de la cause
ou contre l'emploi d'hypothèses».
67. C'est même un thème récurrent chez Mersenne que d'affirmer que nous ne pou-
vons pas connaître l'essence des choses ici-bas, cf. par exemple: Mersenne, La vérité
des sciences contre les Sceptiques , (1625), rééd. Frommann, Stuttgart-Bad Cannstatt
1972, pp. 109, 212-213, 913-914.
68. Meyerson écrira plus tard dans De l'explication dans les sciences , cit., tome I,
p. 31: «La science entière repose sur le tuf, peu apparent sans doute (puisqu'on a
tenté de nier l'existence de cette assise) mais néanmoins solide et profond de la croyance
à l'être indépendant de la conscience».
Inversement, o
côté, en mettan
sance aux dépen
tement une sort
de «fonction». D
son est revenu
ments antérieur
beau fleuron, en
de rapports sans
de tout substrat éventuel:
71. Das Erkenntnisproblem I, cit., pp. 3-4: «La réalité des objets s'est réduite pour
nous à un monde idéal fait notamment de rapports {Beziehungen) mathématiques; on
a construit un monde spirituel de concepts purs et d' ť 'hypothèses' ' à la place du monde
des choses. Mais la valeur des idées pures ne repose pas sur le même plan de fixité
et de stabilité que celle que l'opinion habituelle attribue aux choses sensibles. La signifi-
cation des idées n'apparaît pleinement que dans la progressive mise en forme (Gestal-
tung) de l'expérience scientifique: et cette mise en forme ne peut se produire autrement
que du fait que l'idée s'y présente sous diverses figures logiques {logischen Gestalten)».
C'est nous qui traduisons.
72. E. Meyerson, L'Histoire du problème de la Connaissance de M. E. Cassirer ,
cit., p. 129.
73. Cassirer précise à ce propos: «La tâche qui revient à la philosophie, dans chacune
des phases particulères de son développement, consiste en somme à mettre sans cesse
en relief, dans un complexe historique concret de concepts et de principes scientifiques
déterminés, les fonctions logiques générales de la connaissance».
n'a manif
provisoir
Certes, c
pas résolument opposé au concept de chose . Cependant, ce que ce
dernier rejette expressément, c'est toute espèce de substantialisme gros-
sier issu d'un réalisme naïf qui n'est ni surmonté ni critiqué. Pour
Cassirer, nous ne devons faire de la "chose" ni le point de départ
de la connaissance, ni son support, mais plutôt le point de fuite vers
lequel convergent toutes les démarches de la connaissance scientifique:
74. E. Cassirer, Substanzbegriff und Funktionsbegriff , cit., p. 403 sq. (tr. fr., p. 343).
75. De ce point de vue, la philosophie des sciences de Cassirer échappe aux critiques
que Bachelard adressa plus tard à Pencôntre de celle de Meyerson dans L'activité ratio-
naliste de la physique contemporaine , PUF, Paris, 1951, p. 86: «Si P "explication"
n'est qu'une réduction à la connaissance vulgaire, elle n'à rien à voir avec l'essentielle
production de la pensée scientifique».
76. Cf. par exemple G. Bachelard, Le rationalisme appliqué , PUF, Paris 1962 , p.
9: «Ce n'est pas un accident de doctrine qui a entraîné chez Meyerson une conception
statique de la psychologie de l'esprit scientifique. [...] L'histoire des sciences est à cet
égard souvent trompeuse. Elle ne restitue presque jamais les obscurités de pensée. [...]
On croit donc à une raison constituée avant tout effort de rationalité. Léon Brunschvicg
a vu la faiblesse de cette position d'absolu et il a insisté souvent sur la relativité essen-
tielle de la raison et de l'expérience».