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Une belle journée de mars, on entend au loin des chants d’oiseaux. Des cris.

Une légère brise


fait danser les feuilles et bouger les branches. Témoin inconscient de cette scène, un homme
qui marche joyeusement le long du trottoir. Il se dirige vers la sortie de la ville, son sac
bandoulière accroché à son épaule, et le voilà se promenant dehors. Il est treize heures de
l’après-midi. Monsieur Balo est supposé se rendre à un évènement communautaire, le maire
veut réunir le maximum de personnes pour sensibiliser au développement de la population ;
ça tombe bien, tout le monde est d’accord pour que quelques améliorations s’imposent. Mais
un autre programme l’attend pour cet après-midi : un buffet à volonté à un prix parfaitement
raisonnable, ça en valait la peine de sauter le déjeuner. Il arrive à la sortie de la ville, puis
commence à chercher des panneaux ou des indications jusqu’à sa destination. Balo cherche du
regard, mais il ne trouvait rien qui le satisfasse. En attendant il continue de marcher, sans
doute l’endroit, en plein air certes, n’est pas non plus facile à atteindre. Il parcourut tous les
trottoirs, en vain. Une heure passe ; puis deux. Il demande aux autres piétons, et un en
particulier :
_ Bonjour Monsieur, combien pour ces galettes ?
_ Trois cents, m’sieur.
Il fouille ses poches, et songe à utiliser l’argent pour payer le buffet. Hésitant, il demande
d’abord :
_ … Le buffet en plein air, c’est bien pour aujourd’hui non ?
_ Ah non m’sieur, ça c’était hier. Vous en voulez combien ?
Notre ami est ébahi. Hier ? Comment a-t-il pu se tromper ? Il secoue la tête, déçu, mais ne
veut pas faire attendre au vendeur de galettes.
_ … Hier ? Il retire quelques billets. Quatre, s’il vous plaît.
Quelle déception ! Et lui qui devait se régaler en ce moment même ! Balo n’a pas envie de
rentrer. Pas tout de suite. Il regarde son ombre dessinée par les contours de son corps, et
devine. Quinze heures et demie. Il ne rebroussa pas chemin. Les trois pâtés de maison
dépassés, le prochain quartier est celui où son vieil ami vit. En chemin, il décide de laisser
deux galettes de côté pour son espéré hôte, même si la faim ne l’a pas totalement quitté.
Il est tout près, et aperçoit la demeure. Quelle chance ! Son ami est dehors, en train de
bricoler, selon Monsieur Balo. Ce dernier trottine presque, content de revoir l’un des siens.
Une soixantaine de secondes passent, puis il s’arrêta net. Ce n’est pas du tout son ami !
Pourtant il lui ressemble. Que de déceptions ce jour-là. Que faire à présent ?
_ Bonjour ! Est-ce que James est là ?
L’interlocuteur lève les yeux, puis son visage s’illumine :
_ Bonjour Monsieur ! Hé bien vous en avez mis du temps ! Cela fait un mois que Monsieur
James attend votre visite.
Encore plus surpris, Balo se demande d’abord s’il ne rêvait pas. Mais l’homme dans la cour
de son ami se montra très compréhensif et ajouta :
_ Ce n’est pas grave. Je suis son messager après tout. Alors voilà. Il vous attend en ce
moment. Il disait qu’il est temps d’agir et qu’il a gardé tous vos plans et toutes vos recherches
à l’intérieur, dans sa chambre.
Nos plans et recherches ? De quoi parle-t-il ?
_... Je ne vous crois pas.
Enfin quelques mots de Balo.
_ Je comprends. Voilà pourquoi il m’a laissé cette lettre pour plus d’explications.
L’homme tend une enveloppe bien scotchée et bien préservée. Au dos de cette enveloppe,
sont inscrits les mots : Pour Balo, de James. Que veut bien signifier tout cela ?
_ Je vais voir dans sa chambre, si vous voulez bien.
_ Bien sûr !
Balo passe le pas de la porte, puis se retourne :
_ Qui êtes-vous ?
_... Moi ? Je suis un ami de Monsieur James.
Est-ce sauf d’entrer dans cette maison ? Balo tombe-t-il dans un piège ? Il avance, tout au
bout du couloir, la chambre de James. Il tourne la poignée, la porte grince sourdement. Ce
n’est plus une chambre qu’il voit à ce moment-là. Pratiquement un bureau, des feuilles de
papiers éparpillées dans la pièce, des images se portions de ciel accrochées aux murs. Mais ça
alors ! Balo se penche et remarque : des projets scolaires, leurs projets scolaires ! Il balaie la
pièce du regard, et décide enfin d’ouvrir cette foutue lettre que nous attendions tous.
Cher Balo,
Pendant que toi tu lis cette lettre, moi, je travaille dur, et j’ai grand besoin de ton aide.
Pardonne-moi de ne pas t’avoir prévenu, j’étais si pressé de partir, et entre nous, je voulais
être le premier à être témoin de ce magnifique spectacle. Mon cher ami, tous ces souvenirs
que j’ai gardés dans ma chambre sont la preuve que nous ne nous sommes pas trompés.
L’étage supérieur existe, et peut-être même plusieurs. Franco vient de l’étage supérieur. Et le
monde est bien meilleur ici. Je te prie, mon cher ami, de ne pas tarder après avoir lu cette
lettre. Le ciel a beaucoup à offrir, faisons en sorte de ne pas le gâcher. Fais tes bagages, je te
promets que notre retour au pays sera le début du grand changement que nous préparerons.
Fais bonne route,
James.
La fenêtre ouverte dans la chambre de son ami, les papiers s’envolent grâce au vent qui
pénètre dans la pièce. Tous ses souvenirs refont surface. Le ciel, les étoiles, l’air qui se meut
au rythme des lacs et des rivières. Il lui faut une dernière confirmation.
_ Franco ?
_ Un grand voyage nous attend, Monsieur.

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