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9782100583997
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constituera donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du code de la propriété
intellectuelle.
Avant-Propos
L'
invitation à contribuer, sous forme d'avant-propos à ce livre-guide
de l'orthophonie à tous les âges de la vie (son histoire, ses
origines, sa nature, ses fonctions, ses domaines et modes
d'application, ses prospectives) m'a à la fois ravie et troublée.
Ravie, par la reconnaissance implicite d'un « horizon commun » avec les
auteures.
Troublée, comme on peut l'être pour parler de ce que l'on aime et que l'on
désire communiquer au plus grand nombre.
Que dire ?
D'abord que cet art, ce mode de soins ou thérapeutique s'appuie sur des
disciplines multiples telles que : phonologie, pédagogie, physiologie,
psychologie, analyse, phoniatrie, neurologie, psychomotricité, linguistique
comme en témoigne la tutelle des deux ministères (Santé et Enseignement
supérieur et Recherche) qui l'administrent.
Comme toute « science » elle se singularise par ses connaissances et ses
pratiques.
Son but : la communication, son matériau de base : la langue, l'usage
qu'on en fait dans le langage, et la parole à travers des discours propres
à chacun, la gestuelle qui est un langage propre au corps, la voix miroir
identitaire.
Son caractère : une évolution constante portée par des courants de
pensée, des concepts propres à la langue et sa dynamique, par les
progrès technologiques qui surgissent au fil du temps, animent et
influencent nos connaissances et nos pratiques d'orthophonistes.
L'orthophonie se caractérise par la diversité :
des influences qui la traversent ;
des médiations qui servent ses objectifs de soin en passant par la
culture et l'art, pour rassembler et porter des idées, développer des
représentations du monde et permettre au patient de reconnaître et
d'exprimer des émotions à partager, de faire appel à son monde interne,
son Imaginaire, sa faculté de penser, sans laquelle tout apprentissage
est impossible ;
du développement de toutes les sensorialités nécessaires à la
perception du « Réel » et à l'élaboration du langage et de la pensée ;
des pathologies dont la connaissance et le soin s'enrichissent les unes
les autres ;
des âges : de la naissance à l'extrême vieillesse.
La qualité du regard miroir, la continuité du soin, éventuellement des rituels
d'accueil, la notion fondamentale de transfert et celle d'attention flottante, à
l'œuvre dans cette relation avec le patient, constituent un ensemble
contenant de la part de l'orthophoniste qui peut permettre de restaurer
l'estime de soi pour le patient, favoriser le désir et la possibilité de
communiquer et ainsi participer à l'émergence d'une évolution favorable à
des difficultés observées.
Le langage représente la forme la plus haute d'une faculté inhérente à la
condition humaine, celle de symboliser. Le langage, matériau de base de
l'orthophoniste se distingue à la fois par sa nature historique et son usage.
Le but de l'orthophonie sera de contribuer à développer la capacité créatrice
du langage.
De même que la connaissance de l'anatomie de la main ne permet pas de
rendre compte de la multiplicité des harmonies et compositions musicales
réalisables, de même, la connaissance que nous avons de la place génétique
du langage dans le cerveau ne permet pas de rendre compte de ses capacités
créatrices, de créer des mondes, des réalités qui sans lui n'existeraient pas.
Et c'est à cela, je crois, que notre intervention en qualité d'orthophoniste
doit pleinement participer.
La linguistique et la psycholinguistique nous apprennent que cette capacité
créatrice du langage relève de deux caractéristiques spécifiques du point de
vue de la construction de la langue.
La langue est bâtie sur une double articulation :
la première concerne les unités de sens ou morphèmes qui permettent,
par association, de construire une infinité d'énoncés différents comme
on compose une infinité d'airs de musique à partir de quelques notes ;
la seconde concerne des unités sonores distinctes, les phonèmes avec
des traits d'opposition. C'est ainsi que se structure chaque système
représentatif d'une langue.
Cette double articulation son/sens caractéristique de la langue caractérise
également la nature propre du travail de l'orthophoniste.
La linguistique s'intéresse également aux différents liens entre le langage et
les autres fonctions telles que mémoire, raisonnement et perception. Ce sont
des notions fondamentales que l'orthophoniste doit observer, analyser et
développer dans le cadre pratique de ses interventions.
L'orthophoniste peut recevoir « la vitalité potentielle » de son patient et en
être animé en retour, ce serait comme une partition à quatre mains qui libère
plus de rythme, d'harmonie, de couleurs, d'intensité.
C'est avec la conscience que l'Homme n'est pas immuable qu'il peut y avoir
des progrès à réaliser. Il faut savoir se tourner vers l'avenir, la recherche,
échanger nos pratiques et nos expériences, afin d'évoluer au cœur de
pathologies complexes.
Outre les savoirs impliqués, la notion essentielle me semble-t-il de notre
exercice réside dans la considération de l'identité de Sujet de chaque
patient. Donner sens et… plaisir à nos interventions contribuera à
l'efficacité de la prise en charge orthophonique.
Et maintenant, permettez-moi de vous souhaiter un bon voyage à la
découverte de ce domaine riche et complexe, en constante évolution, de
l'orthophonie.
Schoch Glowinski (alias Roselyne)
Orthophoniste
DEA de psycholinguistique – Paris V
Maîtrise de littérature anglo-américaine – Paris
VIII
Remerciements
Nous remercions…
Virginie Catoni, éditrice, pour sa confiance et sans qui ce projet n'aurait pas
vu le jour. Cette première collaboration ouvre la voie aux publications
orthophoniques dans cette grande maison d'édition.
Pierre Chalumeau pour la qualité de son regard et ses encouragements.
Stéphanie Bellouard-Masson pour sa relecture précise, bienveillante et
créative.
Schoch Glowinski pour son expression d'une pensée au service du patient.
Bernadette Carbonnière, Claudine Decour-Charlet, Nicole Denni-Krichel,
Carine Klein-Dallant, Gilles Leloup, Frédéric Martin, Marie-Pierre Poulat,
Michèle Puech, pour leur relecture ponctuelle et experte.
Tous les orthophonistes qui ont contribué aux avancées de l'orthophonie,
par leur expertise et leurs publications, notamment Françoise Coquet, Annie
Dumont, Jean-Marc Kremer, Emmanuelle Lederlé, Élisabeth Manteau,
Lydie Morel, Thierry Rousseau, Anne-Marie Simon, Monique Touzin.
Tous nos patients et leurs familles.
Nos proches tant professionnels que personnels qui nous ont soutenues et
dynamisées dans ce travail d'envergure.
Victor et Zacharie… qui nous permettent de ne pas oublier que nous
sommes aussi des mamans.
« Se donner du mal pour de petites choses, c'est parvenir à de grandes avec
le temps »
Samuel BECKETT.
Introduction
L'
orthophonie… Tout le monde connaît ! Bégaiement, retard de
parole-langage, trouble d'articulation de la parole, dys…, aphasie,
maladies neurodégénératives, handicap moteur, sensoriel, mental,
psychique, trouble de la déglutition, de la voix… Qui n'a pas eu
recours à un(e) orthophoniste, pour lui-même ou l'un de ses proches ?
Si chacun a en tête une idée assez précise de l'orthophonie, elle est bien
souvent parcellaire, malgré un champ de compétences des plus larges.
Savez-vous que l'orthophoniste peut intervenir avant l'apparition du
langage ? Et même quand le langage est altéré ou a disparu, pour tisser de
nouveaux liens de communication…
Intéressé par les recherches, les découvertes et les nouvelles pratiques,
l'orthophoniste se forme tout au long de son parcours professionnel. Son
intervention précoce, bien avant l'installation des troubles, constitue une
véritable opportunité de prévention pour une politique de santé publique,
face aux enjeux de rationalisation des dépenses de santé. Cette profession
incontournable, essentiellement féminine, est de fait un véritable pivot dans
la chaîne de soins du langage-communication.
Lorsqu'il nous a été proposé de témoigner de notre vision de l'orthophonie,
nous avons choisi de croiser deux regards complémentaires : l'une venant de
la ville… l'autre de la campagne, l'une ayant fait ses études à Paris à une
époque où le concours pouvait se résumer en un simple entretien… l'autre
issue du parcours actuel avec classe prépa et école en région.
Après avoir rappelé succinctement dans le premier chapitre, les sources et
les racines de cette profession, nous insisterons dans le deuxième chapitre
sur l'importance des actions de prévention et sur le cadre pluridisciplinaire
nécessaire à la prise en charge précoce. Les chapitres suivants exposeront
les champs de compétences, avant de présenter les conditions d'exercice de
ce métier.
L'orthophonie à tous les âges de la vie ressemble à notre pratique
quotidienne, parfois hors des sentiers battus. Nous avons choisi de raconter
la prise en charge de la parole, du langage et de la communication par le
prisme du patient, de façon chronologique. Conscientes du trouble que
pourrait ressentir le lecteur devant certaines pathologies décrites sur
plusieurs chapitres, nous l'obligerons parfois à parcourir le livre dans une
lecture non linéaire. Mais la vie elle-même est-elle linéaire ?
Chapitre 1
LES FONDEMENTS
Repères historiques
« Orthophonie » vient du grec ortho qui signifie « droit, régulier » et de
phonos, « son, voix ». La France et le Québec ont conservé ce nom. La
Belgique et la Suisse ont respectivement préféré les termes de logopèdes et
de logopédistes dont la racine logos évoque « la parole, le discours » et ped
« qui conduit, qui mène ». Les Anglo-Saxons nomment quant à eux leurs
professionnels speech and language therapist (SPT) ou speech and
language pathologist (SPL), mettant en avant aussi bien la parole que le
langage.
Le terme d'« orthophonie » apparaît avec le docteur Colombat de l'Isère en
1829 ; il désigne à cette époque une nouvelle science médicale portant sur
l'étude et le traitement des vices de la parole et en particulier du
bégaiement.
L'orthophonie a pour départ la mise au point des méthodes d'éducation de
l'enfant sourd par l'abbé de l'Épée (1712-1789), le docteur Itard (1774-
1838) éducateur de Victor de l'Aveyron (L'Enfant sauvage, Truffaut, 1969)
Édouard Seguin (1812-1880) dans le domaine de l'arriération mentale.
Suzanne Borel-Maisonny,
figure emblématique de l'orthophonie
La création et le développement de l'orthophonie française se confondent
avec la vie et l'œuvre de Suzanne Borel-Maisonny (1900-1995),
phonéticienne et grammairienne, élève de l'abbé Rousselot phonéticien au
Collège de France et à l'Institut catholique. Elle obtient en 1921 sa licence
classique d'enseignement puis son diplôme de l'École pratique des hautes
études section philologie et études phonétiques (la philologie est l'ancienne
dénomination de la linguistique historique). Elle est chef du service de
rééducation de la parole à l'hospice des Enfants-Assistés qui deviendra
l'hôpital Saint-Vincent de Paul.
Dans l'émission télévisée Mot à mot de Simone Vannier, du 27 mai 1979,
Suzanne Borel-Maisonny témoigne :
Simone VANNIER : « Madame Borel, comment avez-vous été amenée à vous
occuper de rééducation ? »
Suzanne BOREL-MAISONNY : « Ce sont des souvenirs anciens. La première
fois ce fut avec une petite fille qui avait un bec-de-lièvre et qui était la fille
d'un concierge de la rue de l'École-de-Médecine. J'étais à ce moment-là
l'élève de l'abbé Rousselot à qui je dis : ``Je connais une petite fille qui
parle ununun, parce qu'elle a été opérée. Je voudrais des conseils.'' ``Des
conseils ? Je n'en donne jamais ! Essayez donc et montrez-la moi avant et
vous me la montrerez après.'' »
La rencontre entre le chirurgien des fentes oro-faciales, Victor Veau (1871-
1949), et Suzanne Borel-Maisonny fixe le point de départ de la rééducation
orthophonique à l'hôpital Saint-Vincent de Paul. Suzanne Borel-Maisonny,
publie ses premiers résultats expérimentaux dans La Revue de phonétique
en 1929.
Suzanne Borel-Maisonny va alors s'entourer de « pionnières » (Tain, 2007)
qui investissent plusieurs champs dont le fil conducteur reste la parole, le
langage et la communication. L'orthophonie s'affirme, se distingue, se
structure, en confrontation mais aussi en lien avec différents domaines que
sont la médecine, la psychanalyse, la pédagogie, la linguistique.
Orthophonie et médecine
Les liens avec le monde médical sont nés au cœur de l'hôpital.
Avec Victor Veau, Suzanne Borel-Maisonny participe à la rédaction de
deux ouvrages référents : Les Résultats phonétiques de 100
staphylorraphies (1929) et Division palatine. Anatomie. Chirurgie.
Phonétique (1931).
Puis vient la rencontre avec le docteur Édouard Pichon pédiatre,
philologue et psychanalyste en 1936. Alors, le champ d'intervention
s'élargit à l'articulation de la parole et au bégaiement. Progressivement,
Madame Borel étend ses recherches et ses rééducations à la parole, au
langage oral.
La rencontre avec le docteur Clément Launay (1901-1992), médecin
spécialisé en pédiatrie puis en neuropsychiatrie, chef de service à
l'hôpital Hérold à Paris, amène Suzanne Borel-Maisonny à intensifier
ses recherches sur le langage. Ce médecin s'est en effet
particulièrement intéressé à la pédiatrie sociale et aux troubles du
langage.
En 1932 Jean Tarneaud (1888-1972), laryngologiste, propose le nom
de phoniatrie pour la science qui étudie la pathologie de la voix et
fonde la Société française de phoniatrie. En 1941, paraît le Traité
pratique de phonologie et de phoniatrie de Jean Tarneaud et Suzanne
Borel-Maisonny, réédité en 1961 qui reste le premier manuel destiné à
l'enseignement de l'orthophonie en France.
Dès 1948, Blanche Ducarne de Ribaucourt travaille de concert avec le
docteur Thierry Alajouanine à la création d'un centre d'étude de
l'aphasie. En 1953, le premier centre du langage ouvre ses portes au
sein de la Pitié-Salpêtrière. Les très nombreux patients pris en charge
dans ce centre permettront des avancées considérables dans le domaine
de l'aphasie. Cinq ans plus tard, l'enseignement d'aphasiologie est
adjoint à la formation initiale des orthophonistes.
C'est avec l'équipe de recherche pluridisciplinaire en psychologie-
psychopathologie de l'enfant, dirigée à l'hôpital Henri-Rousselle par
Julian de Ajurriaguerra (1911-1993) que Suzanne Borel-Maisonny, dès
1946 commence ses recherches et ses publications sur l'apprentissage
de la lecture, de l'orthographe et de la rééducation des dyslexies et des
dysorthographies.
À partir de la création du centre Binet-Simon en 1961, par les
professeurs Diatkine (1918-1998) et Lebovici (1915-2000) avec à leurs
côtés plusieurs orthophonistes, une réflexion sur les liens existant entre
théories psychanalytiques et pratique orthophonique s'engage. Le
langage apparaît comme le résultat d'un investissement psychique de
l'enfant. Le patient-sujet reste acteur de son propre développement et
nos traitements orthophoniques spécifiques ont une valeur
thérapeutique.
Historiquement et par essence, l'orthophonie est une discipline
paramédicale. La collaboration avec les médecins s'opère toujours à l'heure
actuelle : avec les médecins ORL (évaluations audiophonologiques,
démutisation/implants cochléaires), les phoniatres (dysphonies, voix
œsophagienne), les stomatologues, les chirurgiens maxillo-faciaux (troubles
de la sphère oro-faciale), les neurologues (atteintes du système nerveux
central ou périphérique chez l'enfant ou l'adulte), les pédiatres (de la
néonatologie aux troubles spécifiques des apprentissages). Cet exercice
hospitalier a donné et continue d'apporter aux orthophonistes une légitimité
leur permettant d'asseoir et de partager leurs connaissances. Quant à
l'exercice libéral hors hôpital, il a permis aux orthophonistes de sortir de
cette dépendance médicale. En effet, le décret n° 2002-721 du 2 mai 2002
reconnaît aux orthophonistes la maîtrise du diagnostic orthophonique dans
de nombreux domaines.
Orthophonie et linguistique
Dès les années trente (Pichon et Borel-Maisonny, 1936), les réflexions sur
le langage prennent une place de plus en plus importante dans la pratique
des orthophonistes. En territoire francophone, les contributions de Sadek-
Khalil, Borel-Maisonny (1960), Launay et Borel-Maisonny (1968), en
particulier, orientent l'orthophonie vers les aspects structuraux du langage
parlé, les retards de langage et les dysphasies, ainsi que vers le langage écrit
et ses troubles (dyslexies et dysorthographie) (Rondal 2007). La
linguistique et la psycholinguistique, primordiales pour les orthophonistes,
sont enseignées depuis cette époque, avec comme fondement les travaux de
Ferdinand de Saussure (distinction langue/parole avec la notion de double
articulation), Jacobson (les fonctions de la langue, la communication),
Chomsky (le structuralisme), Benveniste (la théorie de l'énonciation). La
linguistique étudie l'usage des unités de la langue et de leur fonction dans la
phrase. La psycholinguistique a pour objectif l'observation, l'analyse des
discours émis par chacun en tenant compte de sa place, du contexte, des
tours de parole, des répétitions, des modifications, des déplacements, de la
place du locuteur, du destinataire auquel son message s'adresse (illocutoire).
La pragmatique, le contexte, le ton sont également observés. Ces outils
permettent de rendre compte des mécanismes de pensée qui sous-tendent
les discours pour agir sur la communication, la compréhension. Ils induisent
un nouveau regard sur la compréhension des mécanismes d'acquisition et de
développement du langage du jeune enfant, sur l'importance des
interactions. Les recherches dans ce domaine ont véritablement pris un
essor considérable ces trente dernières années. Ces travaux ont non
seulement fait avancer les connaissances, mais également modifié en
profondeur la façon de concevoir le traitement du langage (Labelle, 2001).
Ils constituent des domaines qui intéressent particulièrement les
orthophonistes.
« L'orthophonie… a une existence propre et procède dans un
rapport étroit avec la psycholinguistique et la
neuropsychologie, ou mieux, avec ce qui ne manquera pas
d'être de plus en plus une neuropsycholinguistique » (Rondal
2007).
Le champ de compétences
Depuis le premier décret régissant la profession, l'orthophonie a étendu son
champ de compétences.
Le décret de 2002 remplace celui de 1983 et révise les libellés des actes
d'orthophonie, reconnaissant le rôle et les missions de l'orthophoniste, en
particulier dans les actions de prévention et de dépistage, de lutte contre
l'illettrisme et de recherche (voir annexe 1).
La nomenclature des actes de 2008 fixe, quant à elle, la codification des
actes d'orthophonie (voir annexe 2).
« Du point de vue des domaines d'intervention, il semble
difficile d'identifier de réelles preuves d'une ``spécialisation''
accrue des orthophonistes en 2002, par rapport aux
modalités d'exercice au début des années 1970. Si la
nomenclature des actes s'est indéniablement élargie au cours
de cette période, la plupart des orthophonistes en exercice en
2002, tout comme en 1980 ou en 1990, interviennent dans
des pathologies dont la prise en charge est partagée avec au
moins un tiers de leurs collègues. Néanmoins, cette
configuration reste plus marquée en pratique libérale qu'en
exercice mixte ou salarié où la spécialisation sur des
pathologies rares est indéniablement plus courante » (Le
Feuvre, 2007).
Perspective européenne
Le CPLOL est le comité permanent de liaison des orthophonistes/logopèdes
de l'Union européenne. Sa charte constitutive fut signée le 6 mars 1988, à
l'initiative de Jacques Roustit, président de la FNO, par les représentants des
pays suivants : la Belgique, le Danemark, la France, l'Allemagne, la Grèce,
l'Italie, le Luxembourg, l'Espagne et le Royaume-Uni. À l'heure actuelle,
tous les pays de l'Union européenne sont représentés. Son but est de fédérer
les orthophonistes de ses pays-membres. Des associations professionnelles
sont également membres du CPLOL.
La profession enregistre le même taux de féminisation dans tous les pays
(95 % de femmes dont la moyenne d'âge est de 38/40 ans).
Source : études Kalliopé et CPLOL.
La diversité des niveaux d'études requis pour exercer en Europe
Chapitre 2
La prise en charge des enfants à risque(s) dans les premiers mois de la vie
permet d'obtenir des progrès considérables sur les plans du développement
du langage et du comportement.
La prévention des troubles de la communication et du langage doit être
mise en œuvre le plus tôt possible par les orthophonistes sous la forme le
plus souvent d'un accompagnement parental au sein de l'équipe
pluridisciplinaire.
Après investigation et synthèse, l'équipe médicale et paramédicale sera à
même de révéler un trouble de l'oralité alimentaire et verbale qui nécessitera
une action précoce afin d'en limiter les conséquences néfastes.
Le bilinguisme
La langue affective est celle de la maison, il peut y en avoir plusieurs : la
langue affective de la mère, celle du père, celle choisie par l'enfant et celle
de la personne qui le garde. La langue sociale est celle de l'extérieur,
notamment la langue de l'école.
À partir du moment où l'enfant perçoit bien le rôle et les enjeux de chaque
langue, il sera à l'aise dans son bilinguisme. Peu importe la langue
employée, peu importe la qualité de cette langue (bien ou mal parlée) et les
dérapages d'une langue à l'autre, l'essentiel c'est l'harmonie de l'échange et
le maintien d'une vraie communication parents-enfants.
Il est important de ne pas rigidifier l'usage des langues, mais de laisser
répondre dans la langue de son choix et de tolérer les interférences. Dans le
cas de bilinguisme, il faudra veiller à ce que chaque parent parle de façon
constante une seule langue avec son jeune enfant, pour qu'il apprenne à
entendre et à reconnaître les sons caractéristiques de chaque système
linguistique, ce qui constituera la base de la différenciation de chaque
langue (http://www.b-a-f-i.org).
L'autisme
La classification
La classification américaine, le DSM-IV retient, comme critères
diagnostiques du trouble autistique, les signes cliniques suivants :
une altération qualitative des interactions sociales ;
une altération qualitative de la communication ;
un caractère restreint, répétitif et stéréotypé des comportements, des
intérêts et des activités ;
un retard ou un caractère anormal du fonctionnement débutant avant
l'âge de trois ans, dans au moins un des domaines suivants :
interactions sociales, langage nécessaire à la communication sociale,
jeu symbolique ou d'imagination.
Les deux grandes classifications internationales (CIM-10 et le DSM-IV)
font figurer l'autisme dans le groupe des troubles envahissants du
développement (TED).
L'intervention orthophonique
Le dépistage précoce est d'une importance capitale. Il permet d'identifier les
enfants à risque d'autisme, de mettre en place un suivi régulier et si besoin
une intervention précoce qui aidera la famille à mieux échanger avec leur
enfant dont ils ne comprennent pas toujours le comportement.
L'intervention précoce peut modifier considérablement le développement
des enfants avec TED. Toutes les études rapportent des gains significatifs au
niveau de l'efficience intellectuelle, une amélioration des comportements
sociaux et de communication et une diminution des symptômes autistiques
(http://autisme.france.free.fr).
La surdité
La classification
D'après la définition de l'OMS, « l'enfant hypo-acousique est celui dont
l'acuité auditive est insuffisante pour lui permettre d'apprendre sa propre
langue, de participer aux activités normales de son âge et de suivre avec
profit l'enseignement scolaire général ».
Rappelons que l'oreille structure le temps par l'alternance silence-bruit.
C'est l'organe de l'espace – sans son, le monde n'a pas de relief, celui de la
vigilance, l'oreille n'a pas de paupière – et le centre de l'équilibre (oreille
interne).
La surdité se réfère à la perte ou la diminution du sens de l'ouïe. La
surdité de l'enfant est relativement rare mais les troubles de l'audition
sont fréquents. Il faut donc différencier les surdités graves et
permanentes des déficits légers et transitoires. Une naissance sur mille
concerne un sourd sévère ou profond ;
15 % des surdités sont inexpliquées ;
25 % des surdités sont dues à des facteurs externes (pathologies de la
grossesse, infections, prématurité…) ;
70 % des surdités sont génétiques parmi lesquelles 60 % sont isolées et
30 % sont syndromiques (associées à d'autres anomalies). Quatre-
vingt-dix gènes entraînant une surdité sont désormais localisés,
quarante d'entre eux sont répertoriés à l'adresse :
http://hereditaryhearingloss.org.
Plusieurs classifications des surdités sont actuellement utilisées :
la classification anatomique :
si l'atteinte porte sur les éléments de l'oreille externe ou moyenne,
on parle de surdité de transmission. La conduction aérienne et
mécanique des sons est alors entravée. La surdité est légère ou
moyenne, la perte auditive ne dépasse pas 60 dB. Sa prise en
charge se fait par traitement médicamenteux ou chirurgical ;
si l'atteinte concerne un des composants de la cochlée ou le nerf
cochléaire, on parle de surdité de perception, neurosensorielle.
L'atteinte des organes qui traitent les sons gêne l'audition. Les
traitements médicaux sont rares, l'appareillage ou l'implant
cochléaire, associé à une prise en charge orthophonique est
indispensable ;
si les deux atteintes sont associées, il s'agit d'une surdité mixte ;
si l'atteinte est liée à un déficit ou à une atteinte des voies
centrales de l'audition, la surdité est dite centrale ;
si une seule oreille entend, la surdité est unilatérale. Le paysage
sonore est alors plus pauvre en relief. Les conséquences en sont
l'absence de stéréophonie des informations auditives et des
difficultés d'orientation spatiale ;
la classification des surdités par l'âge d'apparition de la déficience
auditive : sont distinguées les surdités congénitales, qui affectent
l'enfant dès sa naissance, les surdités acquises qui touchent l'enfant
après sa naissance. Les conséquences de la déficience auditive,
notamment sur la communication, sont d'autant plus graves que celle-
ci apparaît précocement, avant l'âge d'acquisition d'une communication
orale suffisamment structurée. Aussi, au sein des surdités acquises,
classifie-t-on les déficiences auditives en trois catégories :
les surdités prélinguales : congénitales ou apparaissant avant
l'acquisition d'une communication orale (2 ans) ;
les surdités périlinguales qui apparaissent au cours du
développement de la communication orale (entre 2 et 4 ans) ;
les surdités postlinguales : apparaissant après l'acquisition d'une
communication orale.
La perte auditive se définit en nombre de décibels (dB). Son calcul se base
sur la mesure d'audition dans les fréquences conversationnelles de 500
(fréquences graves), 1 000, 2 000 et 4 000 (aiguës) cycles/seconde (Hz). La
moyenne des pertes auditives de la meilleure oreille indiquera le degré de
surdité.
La classification établie par le Bureau international d'audio-phonologie
(BIAP) en 1996 reste à ce jour la plus utilisée en Europe. Le calcul du degré
de perte auditive permet de distinguer les groupes suivants :
de 20 à 40 dB : déficience auditive légère : la voix conversationnelle
est perçue en situation duelle, toutefois, un trouble de la discrimination
auditive existe (confusion de mots phonétiquement proches, omissions
de sons). Cette légère déficience passe souvent inaperçue au sein
même de l'entourage, notamment en période prélinguale. Lors de
l'acquisition du langage, elle peut entraîner un retard de parole. Cette
situation mobilise beaucoup d'énergie pour l'enfant, ce qui entraîne
fatigue et irritabilité ;
de 40 à 70 dB : déficience auditive moyenne : seule la voix forte est
perçue. Le développement langagier de l'enfant dans cette situation est
fortement compromis, en particulier pour la compréhension syntaxique
et l'expression fine de la pensée, la voix et le timbre. L'appareillage
auditif accompagné d'une prise en charge orthophonique est
indispensable. Dans le cas où la surdité apparaît après l'acquisition du
langage, elle peut être confondue avec un trouble attentionnel et/ou un
trouble du comportement, et par conséquent tardivement
diagnostiquée. On distingue :
de 40 à 50 dB, la perception de la parole à intensité normale est
caduque. L'enfant ne comprend pas les questions. Il confond des
voyelles et des consonnes. La compréhension est réduite.
de 50 à 70 dB, l'enfant parle tard et avec grande difficulté, il
utilise un vocabulaire qui se lit sur les lèvres ;
de 70 à 90 dB : déficience auditive sévère : seule la parole émise à
forte intensité et à distance réduite de l'oreille est perceptible, sans
pour autant permettre la compréhension du message. Il ne peut y avoir
d'acquisition spontanée du langage, l'enfant doit être appareillé
précocement et recevoir une éducation adaptée. L'implant cochléaire
peut être une indication ;
de 90 à 120 dB : déficience auditive profonde : La parole n'est
absolument pas perçue, seuls le rythme et la mélodie sont distingués.
Le dépistage et le diagnostic les plus précoces possibles sont
incontournables pour permettre une intervention adaptée. L'indication
d'un implant cochléaire doit être conseillée. L'appareillage est
indispensable chez le nourrisson, pour stimuler les structures
neurosensorielles des voies auditives, et ainsi lui permettre d'accéder à
la perception de la prosodie du langage et du monde sonore qui
l'entourent. Perception que la prise en charge éducative et
orthophonique développera et renforcera ;
au-delà de 120 dB : surdité totale ou cophose.
L'appareillage est nécessaire dès lors qu'un enfant présente une perte
moyenne de 35 dB irréversible, sur l'oreille la plus performante.
Le dépistage
Le diagnostic sera établi lors d'un examen systématique, en particulier
quand il existe un facteur de risque : 15 pour 1 000 naissances chez les
enfants à haut risque, dont l'origine est :
une surdité dans la famille ;
une pathologie durant la grossesse ;
un traumatisme obstétrical ;
une prématurité ;
un ictère nucléaire ;
une anoxie néonatale ;
une méningite ;
une malformation maxillo-faciale ;
un traitement par antibiotiques de la famille des aminosides.
Il pourra également être posé lors des examens obligatoires de l'enfant qui
sont réalisés à la naissance, aux 4e, 9e et 24e mois. Le dépistage universel
systématique néonatal s'installe progressivement dans les maternités
françaises avec la mise en place de réseaux régionaux. En effet, la Haute
Autorité de Santé (HAS) préconise le dépistage systématique de la surdité
sur l'ensemble du territoire français au deuxième jour de vie. Ce dépistage
permettrait une prise en charge précoce, garant du meilleur pronostic des
possibilités de communication.
Les orthophonistes sont sollicités pour assurer les actes de prise en charge,
c'est-à-dire d'éducation précoce des surdités du premier âge appareillées ou
non y compris les implants cochléaires. L'accompagnement parental a pour
but d'aider les parents à développer avec leur bébé, des stratégies de
communication et d'échange dans la vie quotidienne. L'éducation auditive
est primordiale, elle permet aux parents d'accepter les prothèses et au bébé
de prendre conscience dans le plaisir des informations acoustiques
nouvelles.
L'audioprothésiste, l'orthophoniste, le psychomotricien autour du médecin
référent travaillent en lien pour favoriser l'harmonisation du bébé sourd
avec son environnement et l'accompagnement des parents dans leur
découverte de cet univers inconnu qu'est le monde de la surdité.
Toute surdité doit être dépistée avant l'âge de 2 ans pour
une prise en charge précoce.
Tout retard de langage ou des troubles des interactions
doit faire rechercher une anomalie de l'audition.
L'intervention orthophonique
Une plus grande précocité dans le dépistage permet aujourd'hui de proposer
des activités adaptées plus naturelles et moins contraignantes. Le rôle
premier de l'orthophoniste est d'aider les familles à être compétentes dans
leur communication avec l'enfant. Il convient de susciter un intérêt maximal
pour l'interaction chez le jeune enfant. Privé de repères auditifs suffisants, il
risque en effet de se replier sur lui-même si les sollicitations ne lui sont pas
adaptées. La communication initiale est polysensorielle. Elle utilise trois
canaux : le toucher, la vue et l'audition. En raison de la surdité, les deux
premières modalités seront privilégiées ; mais le langage oral y sera associé,
sous une forme simple et très intonée, afin de stimuler l'audition de l'enfant.
En parallèle, l'éducation auditive et l'aide au choix linguistique seront
intégrées à la prise en charge (http://www.fnsf.org, http://www.mdsf.org).
La déficience visuelle
La classification
La vue occupe une place particulière puisque 80 % des informations reçues
nous arrivent par le canal visuel. L'atteinte de ces capacités chez l'enfant a
donc des conséquences importantes aussi bien sur le plan organique que sur
la triade père/mère/enfant et sur la relation au monde de l'enfant malvoyant.
Le nombre d'enfants de moins de 6 ans atteints d'une anomalie visuelle est
estimé entre 15 % à 20 %, ce qui représente 800 000 enfants.
L'enfant est reconnu :
aveugle : quand la cécité est complète avec non-perception de la
lumière ;
amblyope : quand l'acuité visuelle après correction est comprise entre
3/10e et 1/20e.
Seront pris en compte la qualité du champ visuel, le caractère binoculaire
ou monoculaire de la vision qui interfèrent sur la fonctionnalité de la vision.
La cécité peut émerger d'une pathologie congénitale, qui s'inscrit ou non
dans un syndrome poly-malformatif. Nous retrouvons les rétinopathies, les
cataractes congénitales, le glaucome congénital, le rétinoblastome, une
séquence de souffrance anté ou néo-natale. Certaines pathologies acquises
peuvent également aboutir à une cécité comme les pathologies tumorales,
traumatiques ou infectieuses.
Signes alarmants
Une errance du regard.
Une incoordination oculaire.
Un strabisme.
Un nystagmus (perturbation de la coordination des muscles de l'œil).
Une pupille blanche (leucocorie).
Une anomalie de taille de la cornée.
Une malformation palpébrale.
L'intervention orthophonique
La prise en charge est pluridisciplinaire. Le rôle de l'orthophoniste, à travers
une éducation gnoso-praxique orale précoce, sera de soutenir très tôt les
échanges multisensoriels entre les enfants et leurs parents car les échanges
perturbés sont souvent le point de départ d'anomalies développementales et
comportementales (http://www.anpea.asso.fr).
L'intervention orthophonique
La meilleure connaissance actuelle des syndromes avec fente palatine
permet de mettre en place une prise en charge précoce, dans une vision
globale et ainsi permettre un développement plus harmonieux du langage et
de la communication de ces enfants.
Le livret Les Fentes oro-faciales, passeport pour l'oralité, livret
d'accompagnement parental précoce (Cararetto, Kokel, 2009 ; site
http://info-langage.org) à destination des familles d'enfants opérés de fentes
oro-faciales, aborde à la fois les aspects de la motricité, de l'alimentation et
de la communication. En effet, il est important d'accompagner les parents et
leur expliquer le lien entre l'oralité alimentaire et verbale afin d'éviter que
ne s'installe un trouble du comportement alimentaire et des difficultés au
niveau des habiletés langagières (http://www.fente-labio-palatine.fr).
La différence
La prématurité
Caractéristiques
Toute naissance survenant avant 37 semaines d'aménorrhée (SA), soit 35
semaines de grossesse entre dans la catégorie des naissances prématurées.
Au sein de cette prématurité globale, il faut distinguer une prématurité
moyenne (de 33 SA à 36 SA + 6 jours), une grande prématurité (28 à 32 SA
+ 6 jours) et une très grande prématurité (avant 28 SA).
Cinq grandes situations cliniques peuvent entraîner un accouchement
prématuré :
l'hypertension artérielle et ses complications ;
les hémorragies ;
la rupture prématurée des membranes ;
le travail prématuré spontané ;
le retard de croissance intra-utérin.
Des facteurs augmentent le taux de naissances prématurées :
le développement de la PMA (procréation médicalement assistée) qui
favorise les grossesses multiples et donc les naissances prématurées ;
l'activité professionnelle des femmes ;
le recul de l'âge de grossesse.
L'enquête EPIPAGE
En 2007, l'enquête EPIPAGE a montré que les naissances prématurées
atteignaient près de 65 000 naissances par an, soit près de 8 % des
naissances en France.
Les différentes études tendent à montrer que 40 % à 70 % des prématurés
présenteront des difficultés d'alimentation durant la petite enfance et 1 % à
2 % d'entre eux des troubles du comportement alimentaire (TCA).
Des déficits spécifiques ont été révélés pour toutes les fonctions cognitives
(langage, mémoire, attention, coordination, raisonnement verbal, résolution
de problèmes) particulièrement chez les enfants nés avant 29 semaines
d'aménorrhée et/ou avec un poids inférieur à 1 000 g.
En France, la prévalence des retards mentaux chez les très grands
prématurés varie selon les études entre 7 % et 20 %. La part d'enfants ex-
prématurés confrontés à des problèmes scolaires varie quant à elle de 12 %
à 50 % avec une moyenne de 20 % d'après l'étude EPIPAGE
(http://ifr69.vjf.inserm.fr/~webifr/u149/epipage/garde_epipage.html).
Enquête EPIPAGE
Étude épidémiologique sur les petits âges gestationnels, étude longitudinale entreprise
en 2007, incluant 9 régions françaises et présentant le devenir des enfants à 5 ans, sur
plus de 3 000 enfants. Selon les auteurs de cette étude « prévenir les troubles
d'apprentissage associés aux déficits cognitifs représente un défi pour la médecine
périnatale actuelle ».
L'intervention orthophonique
Face aux troubles de succion-déglutition des prématurés et des troubles du
comportement alimentaire qui en découlent, les acteurs de la petite enfance
prennent conscience du rôle de l'orthophoniste au sein de l'équipe
pluridisciplinaire dans les services de néonatologie. Il joue un rôle majeur
dans le domaine de la prévention de la dysoralité, des troubles de la
communication et plus particulièrement dans la prise en charge des
stimulations oro-faciales chez l'enfant prématuré.
Celle-ci nécessite une technicité particulière, s'accommodant d'outils
appropriés, tant pour la fragilité cutanéo-musculaire que pour la maturation
neurologique. La succion non nutritive peut être entretenue naturellement
sur sonde gastrique ou tétine physiologique mise à disposition dans les
services de néonatologie. Elle est un témoin d'évaluation important pour le
début de la stimulation. Toutefois, elle n'est en rien un signe de qualité à
venir pour une succion nutritive. Alors que la stimulation à la déglutition
agit sur la maturation du réflexe et la coordination succion-déglutition-
respiration, la stimulation oro-faciale des muscles peauciers augmente les
afférences sensitives vers le tronc cérébral. Elle renforce la qualité de
contraction, permet d'obtenir une autonomisation alimentaire et par
conséquent une réduction de la durée d'hospitalisation (Mellul et al., 2010)
à travers la mise en place de soins de développement qui correspond au
programme NIDCAP.
Le NIDCAP (Neonatal Individualized Developmental Care and Assessment
Program, méthode kangourou) développé aux États-Unis est une approche
du prématuré destinée à comprendre son stade de développement, ses
besoins mais aussi à essayer d'y répondre. Il favorise systématiquement la
relation parents-prématuré (http://www.nidcap.org/).
La paralysie cérébrale
La classification
La paralysie cérébrale est le nom donné à un groupe de divers troubles
périnataux du système nerveux présents à la naissance ou apparaissant au
cours des trois années suivantes. Ils provoquent dans une certaine mesure
des lésions au niveau des motoneurones cérébraux, perturbant ainsi la
coordination et la force musculaire.
Dans l'ensemble, la paralysie cérébrale touche en Europe un nouveau-né sur
cinq cents.
Au cours des dernières années, le nombre de nouveaux cas de paralysie
cérébrale a augmenté, notamment parce que l'amélioration des soins
intensifs permet la survie d'un plus grand nombre d'enfants prématurés,
mais aussi parce que les traitements de l'infertilité entraînent une
augmentation des grossesses multiples au cours desquelles la probabilité de
donner naissance à un bébé atteint de paralysie cérébrale est plus élevée.
Parmi les autres facteurs de risque de la paralysie cérébrale, nous
retrouvons :
la présence d'une infection chez la mère (par exemple, la rubéole, la
toxoplasmose, l'herpès, le cytomégalovirus) pendant la grossesse ;
la présence d'une incompatibilité sanguine avec la mère ;
un accouchement compliqué ;
un faible indice d'Apgar (le score Apgar est une évaluation de la
vitalité du nouveau-né à la naissance) ;
une grave jaunisse après la naissance, en particulier si elle n'est pas
traitée ;
des convulsions dans la petite enfance. un accident vasculaire
cérébral ;
la présence d'infections maternelles ou fœtales.
La paralysie cérébrale est souvent considérée comme un syndrome
congénital, mais elle peut être aussi acquise et résulter d'une infection
cérébrale, comme une méningite ou une encéphalite, d'une chute ou d'un
autre type d'accident.
Trois formes permettent de différencier les symptômes moteurs :
une forme spastique caractérisée par la réduction motrice volontaire et
un tonus musculaire exagéré. Elle est causée par des lésions au niveau
du cortex moteur et/ou du système pyramidal. La forme spastique est
plus courante, elle touche environ trois quarts des personnes atteintes
de paralysie cérébrale. La spasticité peut toucher les jambes, les bras,
tous les membres, ou une jambe et un bras. De plus, la croissance des
membres touchés peut être ralentie et entraver considérablement, celle
des pieds, des jambes et des mains. Les personnes atteintes, sont
capables de marcher, mais ont souvent une démarche en ciseaux
caractérisée par des genoux qui se touchent pratiquement alors que
leurs pieds se croisent vers l'intérieur au-delà d'une ligne imaginaire
passant par le milieu du corps ;
une forme athétosique où les symptômes majeurs sont un manque de
coordination de la motricité volontaire et la présence de mouvements
involontaires. Elle correspond à une altération du système
extrapyramidal et/ou des noyaux moteurs de la base. La forme
athétosique touche 1 personne sur 10 parmi celles qui sont atteintes de
paralysie cérébrale. Elle est caractérisée par des mouvements lents, de
type convulsif, généralement des membres, mais aussi des muscles
faciaux, y compris de la langue. Il n'est pas rare que les personnes
touchées par cette forme de paralysie cérébrale, bavent, qu'elles aient
des expressions faciales inhabituelles et éprouvent de la difficulté à
formuler certains mots ou sons. Il faut distinguer les troubles de la
parole dus à une atteinte musculaire (dysarthrie) de ceux provoqués
par un déficit intellectuel ;
une forme ataxique avec incoordination des mouvements et troubles de
l'équilibre, déterminée par des lésions cérébelleuses. La forme ataxique
touche moins de 1 personne sur 10. En cas d'ataxie, une mauvaise
coordination et une mauvaise perception de la profondeur rendent la
démarche instable (le patient doit écarter les jambes pour maintenir
son équilibre). L'ataxie rend également difficile l'exécution des
mouvements rapides et précis comme l'écriture ;
des formes mixtes, dans bon nombre de cas, les personnes souffrant de
paralysie cérébrale présentent une combinaison de ces formes. La
forme combinée la plus courante associe spasticité et athétose.
Les premiers symptômes
Il n'existe pas de profil fixe de symptômes de la paralysie cérébrale, car il
s'agit d'un terme général qui englobe de nombreux symptômes.
Alors que le diagnostic peut dans certains cas être posé dès la naissance, les
parents inquiets alertent souvent le corps médical entre 3 et 18 mois, à l'âge
des premières acquisitions motrices. Des examens cliniques permettront
alors d'établir un diagnostic, que pourront confirmer l'imagerie par
résonance magnétique (IRM) et la tomographie.
L'intervention orthophonique
Dans les cas de paralysie cérébrale, la variabilité interindividuelle est très
importante allant d'un geste malaisé à une paralysie quasi totale.
Les fonctions intellectuelles peuvent également être atteintes allant d'une
intelligence normale à un déficit intellectuel grave. L'absence ou la
mauvaise transmission de signaux nerveux peut rendre difficile la
mastication, la déglutition ou encore le contrôle sphinctérien, se surajoutent
des crises d'épilepsie, légères ou brutales. Des troubles d'apprentissage
peuvent apparaître, du fait de problèmes sensoriels : vue (strabisme),
audition, parole, langage, communication.
La prise en charge orthophonique précoce s'organise autour de
l'accompagnement parental et du travail auprès de l'enfant, en créant le
plaisir d'échanger tant chez l'enfant que chez ses parents ; l'orthophoniste
essaie de réinscrire l'enfant dans les projets parentaux, aide les parents à
reconnaître les difficultés de l'enfant, en évitant au mieux de les minimiser
ou de les amplifier (http://www.lafondationmotrice.org ;
http://www.apetreimc.org).
Des syndromes
Nous rencontrons des syndromes avec des dysmorphoses faciales, des
pathologies liés à l'X, dues à des troubles du métabolisme parmi lesquels :
le syndrome de Down ou trisomie 21 est relativement bien connu et a
fait l'objet de nombreuses études depuis sa première description en
1866. Cette maladie chromosomique congénitale (présence d'un
chromosome surnuméraire pour la 21e paire) présente des signes
cliniques nets : retard mental (de modéré à sévère), morphologie, dont
la sévérité peut varier d'un individu à l'autre. Son incidence est d'1 sur
1 000 à la naissance. Le diagnostic anténatal est désormais
systématiquement proposé dans les maternités, en fonction de la
présence ou non de facteurs de risque (âge de la mère en particulier)
(http://www.trisomie21-france.org/) ;
le syndrome de Williams-Beuren, 1 sur 20 000. Il associe malformation
cardiaque, retard psychomoteur, dysmorphie faciale et profil cognitif et
comportemental spécifique dominé par un déficit des repères visuo-
spatiaux contrastant avec un langage correct, le déficit langagier est
essentiellement au niveau pragmatique. La mémoire à court terme
verbale est quasi normale en regard d'une mémoire visuo-spatiale
largement déficitaire (http://www.autourdeswilliams.org/ ou
http://www.williams-france.org/) ;
le syndrome de l'X-fragile (SXF) est transmis d'une génération à l'autre.
Il affecte davantage et plus gravement les sujets de sexe masculin 1 sur
4000, pour 1 sur 7 000 chez les sujets de sexe féminin. Les sujets
présentent un dysfonctionnement cognitif de modéré à sévère et/ou des
difficultés d'apprentissage. Une prosodie particulière, des difficultés
pragmatiques, un déficit important dans toutes les tâches de mémoire
sont observées (http://www.xfra.org/) ;
le syndrome du cri-du-chat, 1 sur 50 000. Il associe une dysmorphie
cranio-faciale et une microcéphalie, un retard mental léger à modéré,
des problèmes comportementaux, une parole, un langage sévèrement
déficitaire ;
le syndrome de Prader-Willi, 1 sur 15 000. Il associe une hypotonie,
des difficultés importantes d'oralité alimentaire et un retard global de
développement. Des problèmes au niveau de toutes les composantes
langagières sont retrouvés (http://www.prader-willi.fr/) ;
le syndrome d'Angelman, 1 sur 25 000. Les caractéristiques sont une
déficience mentale plus ou moins importante, une apparence et un
comportement caractéristiques, des troubles du langage et de
communication, de la motricité, des crises épileptiques
(http://www.angelman-afsa.org/) ;
le syndrome de Turner, 1 sur 2 500. Il s'agit d'une anomalie
chromosomique touchant majoritairement les femmes entraînant
principalement une petite taille et un dysfonctionnement ovarien. De
façon plus variable, il peut y avoir d'autres anomalies associées,
dysmorphie, anomalies osseuses, lymphœdème, surdité, anomalies
cardiovasculaires, thyroïdiennes et digestives. Les problèmes se
retrouvent essentiellement au niveau du langage écrit et de la mémoire
visuo-spatiale (http://www.syndrometurnerquebec.com/) ;
le syndrome de Klinefelter (SK), 1 sur 1 000, uniquement chez les
sujets de sexe masculin. Ce syndrome peut entraîner une taille en
moyenne plus grande que la fratrie, un retard pubertaire, un
développement de la parole retardée, un langage expressif et réceptif
déficitaire dans ses aspects formels et fonctionnels
(http://asso.orpha.net/KLINEFELTER/cgi-bin/articles.php).
le syndrome de Rett, 1 sur 15 000 presque exclusivement chez les
sujets de sexe féminin. C'est un syndrome dégénératif ; le
développement est normal jusqu'à 9 à 12 mois puis il est suivi d'une
régression affectant les acquis langagiers, moteurs et cognitifs. Il
entraîne un polyhandicap avec déficience intellectuelle et infirmité
motrice sévères (http://www.afsr.net) ;
le syndrome de Noonan, 1 sur 2 000 se manifeste par un aspect
particulier des traits du visage, des malformations du cœur et une
petite taille. Il existe parfois un déficit intellectuel et un retard
d'acquisition du langage (http://syndrome-de-
noonan.forumactif.com/) ;
la neurofibromatose de type 1, 1 sur 4 000 naissances, nous notons un
retard mental léger, des traits dysmorphiques, une macrocéphalie, une
parole disfluente, une dysphonie dans de nombreux cas. Sont retrouvés
un déficit au niveau pragmatique, des problèmes de mémoire visuelle
et tactile ;
les maladies lysosomales sont des maladies de surcharge lysosomale
(MSL). Leur taux d'apparition est de 1 pour 6 000 naissances. Il existe
plus d'une cinquantaine de maladies lysosomales, parmi celles-ci huit,
dont le syndrome de Hunter, bénéficient d'un traitement. Il consiste en
une perfusion hebdomadaire d'une molécule de synthèse qui permet
aux cellules saines de faire le travail à la place des cellules manquantes
http://www.vml-asso.org/.
L'intervention orthophonique
Les différences interindividuelles existent à l'intérieur d'un même syndrome
et les problèmes typiques diffèrent sensiblement d'un syndrome génétique à
l'autre tant sur le plan moteur, que linguistique et psychologique.
Aujourd'hui nous connaissons pour beaucoup d'entre eux leurs particularités
tant sur le plan neurologique, que sur le plan de ses répercussions
linguistiques et psychologiques, il est donc primordial de mettre en place un
accompagnement orthophonique précoce.
Des syndromes
Le syndrome de West : affection grave touchant le nourrisson avant un
an. Caractérisé par des spasmes, des troubles psychomoteurs avec un
mauvais développement intellectuel. L'enfant gardera des séquelles
neurologiques sévères.
Le syndrome de Lennox-Gastaut : affection grave touchant les jeunes
enfants de deux à six ans. On retrouve des crises généralisées toniques
ou des absences pluriquotidiennes, des troubles intellectuels plus ou
moins sévères.
Le syndrome de Dravet : longtemps appelé épilepsie myoclonique
sévère du nourrisson ou EMSN, il comporte des crises convulsives
sensibles à la fièvre qui peuvent être généralisées ou partielles.
L'épilepsie débute par des crises convulsives, unilatérales ou
généralisées, spontanées ou provoquées par la fièvre, voire par un
vaccin ; l'évolution est différente selon les cas mais est souvent
caractérisée par une instabilité du comportement, de la motricité, et un
retard du langage.
L'intervention orthophonique
Appréhender au mieux la neurogenèse de ces pathologies permettra
d'intervenir plus efficacement sur les différents versants du comportement,
de la motricité, du langage, de la communication et de la vie sociale de ces
enfants.
En résumé
L'aide aux familles ne peut s'accomplir uniquement par la mise en œuvre de process ou
techniques, fussent-ils attractifs ou dans l'air du temps. L'équipe pluridisciplinaire
médicale et para-médicale doit faire preuve de compétences (les fondamentaux de
chacun des métiers), de coordination (agir ensemble), de rapidité (réactivité) et d'esprit
de décision (stratégie), et surtout d'empathie pour ne pas rajouter au désarroi des
parents.
Rendre les parents actifs, détenteurs de leur propre démarche, de leur propre
dynamique est indispensable à la mise en route de la communication et du langage de
leur enfant.
L'accompagnement parental peut se résumer ainsi :
comprendre, entendre, donner un sens aux conduites des enfants et des parents ;
conduire, guider, permettre le changement au cours de l'évolution de l'oralité
verbale et alimentaire, entraîner, faire réaliser.
Chapitre 3
Quand consulter ?
Entre 18 mois et 3 ans, il est nécessaire de conseiller une consultation en orthophonie :
si l'enfant n'utilise jamais de mots pour communiquer ;
si l'enfant semble ne reconnaître qu'un mot à la fois dans ce qu'on lui dit ;
si l'enfant s'exprime encore par un seul mot ;
si l'enfant ne semble pas acquérir de vocabulaire nouveau ;
si l'enfant n'est pas capable de faire ce qu'on lui demande en phrases simples ;
si l'enfant ne prononce que des voyelles ;
si l'enfant déforme les mots que seule sa mère comprend ;
si l'enfant n'entre pas en relation avec d'autres enfants ;
si l'enfant présente une régression franche de son langage.
D'après Kremer et Denni-Krichel (2010)
La surdité
Le diagnostic et les appareillages
Une observation constante du comportement auditif, vocal et langagier de l'enfant
par les professionnels de la petite enfance est nécessaire. Une vigilance toute
particulière doit être réservée aux enfants à risque de surdité.
La clé du traitement réside dans le diagnostic le plus précoce possible,
indispensable pour optimiser les restes auditifs, prévenir un retard de langage et
d'éventuelles difficultés d'intégration sociale.
À cet âge, le médecin ORL vérifie les réactions auditives de l'enfant à l'aide des
jouets sonores, et avec la capacité de conditionnement de l'enfant, le ROC
(réflexe d'orientation conditionné).
L'appareillage d'un enfant déficient auditif dépend des résultats à divers examens
objectifs et subjectifs et de l'allure de sa courbe auditive (audiogramme) :
les contours d'oreille permettent une audition stéréophonique ;
l'implant cochléaire stimule directement les neurones de la cochlée.
Dans la mesure où l'audition reste faible dans les lieux publics, cela malgré
l'appareillage, certains systèmes peuvent le compléter :
les boucles magnétiques suppriment les bruits ambiants ;
les systèmes hautes fréquences font parvenir le message directement du
micro placé sur la personne émettrice à l'appareillage du sujet malentendant,
elles sont un bon moyen à employer à l'école surtout lors de sorties scolaires.
Les moyens de communication
En ce qui concerne les surdités de l'enfant de 0 à 6 ans, l'HAS dans son rapport de
décembre 2009 (HAS, 2009) recommande de :
développer la communication et le langage et suivre leur évolution ; il est
indispensable, que le plus précocement possible, l'enfant utilise ses restes
auditifs ;
informer et accompagner les parents, optimiser la dynamique familiale et sa
collaboration avec les structures éducatives ;
prévenir les éventuels troubles psychiques et relationnels de l'enfant ;
identifier les lieux d'accueil et d'accompagnement des familles et de suivi
des enfants sourds.
L'objectif principal est de favoriser l'accès au langage pour l'enfant sourd, quelle
que soit la langue choisie. L'oralisme est une école de pensée qui fait le choix de
n'utiliser pour l'éducation d'un enfant sourd que la langue orale et écrite, à
l'exclusion de tout autre mode langagier ; cependant, l'éducation orale, peut être
envisagée dans le cadre d'une éducation bilingue, associant, comme la loi
française le prévoit, loi n° 2005-102 du 11 février 2005, la langue des signes
française (LSF), à la langue orale et écrite (Manteau, 2000).
La langue des signes française
C'est une langue à part entière, reconnue comme tel depuis les années quatre-
vingt-dix et qui possède son lexique, sa syntaxe, sa temporalité. La dactylologie
constitue la traduction en geste de l'alphabet oral et permet ainsi l'épellation des
prénoms, noms de famille, de lieux, etc. En constante évolution, son
apprentissage nécessite d'être en contact avec des personnes sourdes qui signent
(http://www.languedessignes.fr, http://surdite.lsf.free.fr/).
Les méthodes oralistes
Plusieurs méthodes sont utilisées avec cet objectif d'oralisme :
la méthode auditive pure utilisée pour les enfants présentant une
hypoacousie légère ou modérée ;
la méthode audio-orale fondée sur la stimulation auditive des restes auditifs
et sur la lecture labiale associées à la langue parlée complétée, complément
visuel à la perception de l'oral (Branchi, 2003) ;
la méthode verbo-tonale de Guberina (Gajic et coll., 1985) qui met en œuvre
la participation corporelle comme médiateur de l'apprentissage de la parole ;
la méthode phonético-gestuelle de Borel-Maisonny où chaque son est
accompagné d'un geste.
Ces méthodes font également partie du programme de rééducation « post-
implant » cochléaire.
Les méthodes gestuelles
Au-delà de la langue des signes, des systèmes d'aide visuelle peuvent être
proposés dans le but de favoriser la communication entre entendants et
malentendants :
le français signé ajoute des signes empruntés à la LSF au discours oral,
permettant ainsi de rendre la langue orale plus claire et accessible.
la langue parlée complétée LPC (appelée auparavant langage parlé
complété, son appellation a été modifiée en 2002). La LPC est l'adaptation
française du Cued Speech (Cornett, 1967). Elle est une aide à la lecture
labiale, qui codifie manuellement les différents sons de la langue afin de
lever les ambiguïtés comme par exemple matin/malin.
la lecture labiale est utilisée intuitivement par les personnes sourdes et peut
faire l'objet d'un apprentissage plus conscient.
Le bilinguisme langue des signes/langue orale-écrite
D'après les travaux précurseurs de Bouvet (1979), la LSF est apportée à l'enfant
sourd par, le plus souvent, une personne sourde, et la langue orale et écrite,
transmise par les familles et les professionnels spécialisés au premier rang
desquels se trouvent les orthophonistes.
« Maîtriser la langue des signes, c'est pouvoir accompagner les
enfants sourds dans leur expérimentation précoce des fonctions
du langage, c'est également pouvoir mener, avec les enfants qui
l'utilisent, un travail métalinguistique de comparaison de deux
langues qui les aidera pour la maîtrise de la langue orale et
écrite » (Manteau, 2008).
Choisir un programme d'intervention précoce en fonction du projet éducatif des parents (HAS,
2009)
La parole disfluente
Le bégaiement
La parole de tout enfant qui commence à parler comporte des répétitions, des
hésitations, des arrêts. Les disfluences que remarquent les parents et qui les
inquiètent peuvent n'être que de nombreuses répétitions, normales à ce stade du
développement de l'enfant.
Sensations proprioceptives
Hypersensibilité
L'enfant accepte moins facilement de goûter les aliments.
Il est plus sensible aux odeurs et aux variations de température.
Il peut refuser qu'on touche son visage et sa bouche (rejet du brossage des dents,
manque d'exploration des jeux par la bouche et la main).
Le réflexe nauséeux est souvent exacerbé.
Hyposensibilité
L'enfant avale les aliments tout ronds.
Il thésaurise les aliments.
L'examen clinique
L'examen clinique renseigne sur le premier et deuxième temps de la déglutition et
sur la coordination des enchaînements moteurs, à partir de l'observation de
l'enfant au cours de prises alimentaires variées. Un examen clinique de la
succion, déglutition, du bavage, de la mastication et de la sensibilité est
indispensable.
Devant la probabilité d'une atteinte du temps pharyngé et du temps œsophagien
de la déglutition et de leur coordination (fausses routes, vomissements) des
examens complémentaires ORL seront demandés tels que la fibroscopie naso-
pharyngo-laryngée ou la manométrie.
L'incompétence vélo-pharyngée
Ce trouble est fréquemment rencontré chez les enfants opérés de fente palatine
(voile organique) et/ou chez les enfants syndromiques (voile neurologique).
Le voile du palais par élévation, recul et épaississement assure le plus important
de la fermeture vélo-pharyngée complétée par le rétrécissement des parois
postérieures et latérales du pharynx et de la base de langue. Un bon
fonctionnement vélaire doit être rapide (1 à 2 centièmes de seconde).
Le voile du palais joue un rôle essentiel pendant la phonation, il occlut le
nasopharynx pendant l'émission des phonèmes oraux (distinction du mode
oral/nasal). Il remplit nombre d'autres fonctions, en particulier la succion, la
ventilation, l'action de souffler et de bâiller. Le fonctionnement anormal des
muscles du voile compromet l'aération de l'oreille moyenne et donc l'audition du
sujet.
Les pertuis palatins (trous résiduels du palais) sont responsables des reflux
alimentaires par le nez. Les équipes chirurgicales s'accordent à fermer rapidement
ces pertuis séquellaires.
Il est important d'évaluer le mode d'occlusion vélaire afin d'éviter que ne
s'installent les mouvements de compensation, les tics, les syncinésies faciales. Il
est donc conseillé d'aider l'enfant à découvrir ses capacités vocales, à améliorer
son timbre grâce aux jeux vocaux, aux jeux bucco-faciaux, aux jeux de souffle
par imitation et bien évidemment inscrire la famille dans cette découverte du
monde des sons.
Nous touchons ici l'un des principes fondamentaux de la rééducation : aider les
patients à investir leur bouche, à prendre conscience et intégrer toutes leurs
possibilités perceptive-motrices. Il s'agit de travailler dans la globalité, en allant
du général, le corps, au particulier, la musculature des lèvres, de la langue, du
voile.
L'approche orthophonique
Comme le rappelle Coquet (2008) et Van Waeyenberghe (2001), la prise en
charge orthophonique dans le domaine du langage oral est basé selon :
l'approche plurimodale et multi-sensorielle du trouble (Borel-Maisonny,
1973) ;
la prise en compte de la vie psychique du sujet (Diatkine, 1990) ;
le travail à trois niveaux de fonctionnement : celui du discours, celui de la
langue et celui de la pensée (Sadek, 1982).
L'objectif de l'orthophoniste est de mener l'enfant vers la conquête d'une
autonomie mentale, psychique et affective (Ferrand, 2004).
La prise en charge orthophonique se fait soit en séance individuelle, soit en
groupe restreint incluant toujours un accompagnement parental. L'orthophoniste
travaillera selon différentes approches :
l'approche rééducative formelle repose sur un principe d'apprentissage des
différents niveaux de langage (phonologie, lexique, morpho-syntaxe) et du
développement de la mémoire et de l'attention. L'orthophoniste utilise des
procédés comme la désignation, la dénomination, l'exécution de consignes,
la proposition de modèles, le conditionnement, le feed-back correctif ;
l'approche rééducative fonctionnelle utilise le langage dans l'interaction en
situation (alternance de tour de parole, imitation, modelage par
imprégnation, renforcement positif, reformulation, questionnement…) ;
l'approche psychoaffective et relationnelle peut être réalisée à travers :
la pédagogie relationnelle du langage (Chassagny, 1997) ;
la thérapie du langage et de la communication (Dubois, Kuntz, 1999) ;
l'analyse transactionnelle (Estienne, 1988).
Ces approches envisagent le trouble du langage comme symptôme. Par
conséquent le trouble du langage ne peut être pris en charge que relié au
fonctionnement psychique de l'enfant.
La psychorythmique, l'éducation perceptive (Borel-Maisonny, 1985), la
dynamique naturelle de la parole (DNP) (Dunoyer, 1991), la médiation par le jeu,
le livre, les comptines, le mime et la musique font également partie de la palette
de l'orthophoniste.
La prise en charge
La conduite de la prise en charge s'effectuera en recherchant les accrochages
sensoriels (éveil sensoriel et soutien de l'attention) :
le toucher, l'olfaction, le goût, le renforcement de la tonicité et de la
motricité bucco-faciale ;
les stimulations visuelles : inciter l'enfant à suivre les déplacements d'un
objet, puis l'aider à prédire ce mouvement, étape nécessaire vers la
permanence de l'objet et tellement importante pour l'acquisition du lexique
et la mise en place des items de pensée ;
le pointage : c'est un geste qui apparaît dans le développement normal de
l'enfant entre 9 et 13 mois. Il fait partie des comportements d'attention
conjointe visant à attirer l'attention d'autrui, dans le but d'obtenir un objet ou
le partage de centres d'intérêt ; l'élaboration des comportements d'attention
conjointe est soutenue par les interactions affectives mère-enfant.
Précurseurs du langage, attention conjointe et pointage ont une fonction de
communication, mais également une fonction d'accès à la représentation : ils
participent à la fois à la constitution de la pensée, et à celle des relations
sociales ;
les stimulations auditives : chez de nombreux enfants présentant un trouble
de parole et de langage nous remarquons de meilleures compétences du
canal visuel par rapport au canal auditif. C'est pourquoi il est essentiel de
développer le canal auditif de ces enfants et les intéresser au monde sonore
qui les entoure. Parfois ils peuvent être hypersensibles aux stimuli auditifs
(TED) ou présenter une perte auditive. Soulignons qu'une bonne audition
contribue au développement du langage. L'enfant parle en reproduisant, en
imitant ce que l'on entend, à travers la prise de tour de parole (chacun son
tour) ; c'est le début de la conversation, de l'échange même sur un mode
vocal (mélodie, intonation) mais pas nécessairement verbal ;
la communication gestuelle peut être utilisée. Elle permet ainsi à l'enfant de
devenir acteur actif afin d'entrer en relation avec les autres de façon plus
pertinente. Pour beaucoup d'entre eux cet outil de communication
(communication augmentée) sera abandonné dès lors que l'enfant sera plus à
l'aise avec le langage oral.
Toute approche ludique participant à la construction du jeu symbolique, du jeu
logique, permettent d'intégrer les notions de permanence de l'objet, d'invariance
ou de réversibilité des actions, puis de causalité et de déduction qui se
construisent à travers le jeu dans l'imitation, la répétition, l'appropriation et la
généralisation des actions.
L'orthophoniste accompagne et prépare l'enfant à l'acquisition des futures formes
verbales, des possibilités d'abstraction nécessaires à la mise en place de la pensée.
Les parents deviennent acteurs du projet orthophonique. Ils participent avec
confiance, vont apprendre à ne pas parler à la place de leur enfant, à lui laisser un
certain temps de latence pour répondre, à reproduire ce qu'ils auront appris en
séance sur ses possibilités tant sur le plan de l'expression que de la
compréhension.
Ces multiples approches permettent à l'orthophoniste selon la pathologie
observée de combattre les difficultés de parole, de langage et de communication
de chaque enfant, et surtout de le faire progresser à son rythme.
Chapitre 4
EN ROUTE VERS LES PREMIERS
APPRENTISSAGES (3-7 ans)
La scolarisation
À cette période la nouveauté, c'est l'entrée à l'école maternelle. L'usage du
langage devient alors une norme sociale, la scolarisation entraînant le plus
souvent un enrichissement du langage.
L'enfant produit du langage (verbal et non verbal) avec ses congénères, sans
enjeu, sans pression et dans l'imitation.
L'école maternelle va permettre au langage de se nourrir du savoir pour se
développer dans un cadre structurant. L'enfant apprend la vie en groupe, se
socialise, fait l'expérience des contraintes, mange à la cantine et affirme sa
personnalité. Entre 3 et 4 ans, il fait de nombreuses découvertes, notamment
celle de l'autre. Jusqu'alors maintenu dans un système égocentrique, il va
apprendre à s'ouvrir aux autres et à tenter de les comprendre. Petit à petit, il
prend conscience du fait que les personnes qui l'entourent peuvent avoir des
pensées, des croyances et des désirs différents de lui. Il se rend compte que
l'esprit des autres est différent du sien. Il échafaude une théorie de l'esprit.
La construction de cette capacité va lui permettre de se faire des amis.
C'est pourquoi il est essentiel d'intégrer les enfants différents au sein de
cette institution. Toutefois, pour qu'ils en tirent profit, il faut rester
conscient des difficultés qu'ils rencontrent, des inquiétudes de leurs parents,
des questionnements des enseignants.
Les orthophonistes sont donc tout naturellement des partenaires à ce stade.
Un travail d'équipe parents/enseignants/paramédicaux est essentiel pour une
meilleure intégration permettant ainsi de mieux appréhender l'enfant et ses
possibilités d'apprentissage en identifiant ses compétences et ses
potentialités.
Après l'explosion de son lexique et les premières associations de mots,
l'enfant acquiert les pronoms, conjugue les verbes et utilise les termes se
rapportant au temps et à l'espace. Il enrichit la phrase de base
sujet/verbe/objet par des expansions.
Au travers de multiples expériences perceptivo-motrices et proprioceptives,
l'enfant améliore sa prononciation car il contrôle mieux les mouvements de
ses lèvres et de sa langue, en même temps qu'il identifie mieux les sonorités
du langage. Il devient plus habile, il va acquérir sa latéralité dans les
activités de la vie courante.
Pour les enfants déjà suivis depuis la petite enfance, une rééducation
globale des troubles de parole, de langage, de la voix succédera à la prise en
charge d'éducation précoce. Si l'enfant est prêt à partir à la conquête du
langage, il pourra participer aux séances d'orthophonie seul sans angoisse et
avec plaisir. Dans le cas contraire, si l'enfant manifeste une anxiété
excessive, une détresse, une angoisse de séparation massive, il est conseillé
de mettre en place une aide psychothérapeutique.
La majorité des jeunes enfants que nous recevons sont adressés par le
médecin scolaire, le pédiatre ou l'enseignant qui repère le trouble de la
parole et du langage.
L'évaluation orthophonique précise et complète des différents versants de la
parole, de la langue, de la communication, de la phonation, de la voix, du
graphisme permet de dessiner un projet rééducatif personnalisé.
La prise en charge
Au cours de la rééducation, l'orthophoniste expliquera au sujet les
mécanismes de la phonation et les points d'articulation, il fera visualiser les
mouvements et lui donnera des exercices à reprendre à la maison. Le
versant perceptif sera obligatoirement renforcé.
Un trouble d'articulation ne se corrigera pas de la même manière qu'un
retard de parole, même si l'on trouve souvent un trouble d'articulation dans
un tableau de retard de parole/langage.
Si le trouble d'articulation touche le phonème de façon isolée et
systématique, le retard de parole concerne l'altération du phonème dans le
mot d'une manière aléatoire.
Sur le plan clinique, le trouble d'articulation se réfère à la phonétique de la
langue, alors que le retard de parole concerne la phonologie.
Les troubles fonctionnels d'articulation et de parole sont souvent dus à
l'association d'une immaturité psycho-affective et gnoso-praxique orale qui
se traduit par la persistance d'habitudes nocives telles qu'un tic de succion,
tétine voire la prise du biberon.
Il est indispensable de prendre en considération ces mauvaises habitudes et
de ne commencer une prise en charge que lorsque l'enfant et sa famille sont
inscrits dans une dynamique de changement. Notons également parmi les
origines d'un trouble d'articulation l'imitation d'un modèle familial.
La rééducation devra tenir compte des possibilités de chaque enfant, évaluer
sa maturité gnoso-praxique orale et son degré de tolérance à l'égard de ce
qui est parfois vécu par lui comme une contrainte ou une frustration. La
coopération de l'enfant est ici indispensable.
Pour obtenir des résultats satisfaisants et durables, il conviendra de partir de
ce qui est correctement acquis, s'adapter aux conditions morphologiques et
aux troubles associés tels que l'hypoacousie ou le retard de parole.
Le retard de langage
Les retards de langage oral touchent 5 % à 10 % des enfants et parmi ceux-
ci 1 % souffriront d'une dysphasie.
C'est une atteinte de la fonction linguistique dans les versants expression
et/ou compréhension :
soit l'apparition du langage est retardée ;
soit son développement est ralenti ;
soit son organisation est perturbée.
Le retard de langage peut se traduire par :
une absence totale de langage ;
une absence totale de phrases (mais l'enfant dit des mots) ;
un jargon (le langage est reconnu par l'enfant ou ses proches
uniquement mais n'est pas compris par un étranger) ;
des mots simplement juxtaposés les uns à côté des autres ;
un langage sans grammaire ;
un mauvais ou un non-emploi des pronoms personnels ;
un mauvais ou un non-emploi des mots outils ;
des troubles de la compréhension des mots incluant des notions spatio-
temporelles.
Il est souvent accompagné d'un retard de parole ou de troubles d'articulation
(Kremer, Denni-Krichel, 2010).
Le retard de langage est « défini par son évolution comme un retard
maturatif correspondant aux variations individuelles les plus extrêmes d'un
développement normal » (Coquet, 2004) :
le retard de langage ne touche pas la structure de la langue ; c'est un
trouble fonctionnel ;
le développement du langage se fait plus tardivement, plus lentement,
mais en respectant les étapes normales du développement ;
le retard de langage a un caractère transitoire et semble d'évolution
assez favorable ;
il répond à la rééducation orthophonique à raison souvent de deux
séances de rééducation hebdomadaires.
Il est important de surveiller ces enfants car un certain nombre d'entre eux
continuera de présenter des difficultés de langage, au niveau du langage
élaboré et/ou des difficultés d'acquisition du langage écrit. Cependant lors
du bilan initial il est parfois difficile de faire le diagnostic différentiel entre
un simple retard de langage, fonctionnel et un trouble structurel sévère et
durable, la dysphasie.
Classification
Pour le DSM-IV en :
trouble du langage expressif ;
trouble du langage mixte expressif-réceptif ;
trouble phonologique.
Pour la CIM-10 en :
trouble spécifique de l'articulation ;
trouble du langage expressif ;
trouble du langage réceptif.
Nous pouvons également les ranger entre deux entités : trouble fonctionnel
et trouble structurel.
Les troubles du langage existent associés à d'autres pathologies : un déficit
sensoriel, un déficit moteur, une déficience mentale, un syndrome
génétique, un TED, des carences affectives ou éducatives sévères. Ils
peuvent être associés à des troubles de l'hyperactivité avec déficit
attentionnel ou à des troubles du comportement, des émotions et des
conduites.
D'une manière plus globale, le trouble du langage peut être considéré
comme un trouble de la communication verbale et non verbale.
Les troubles du langage acquis
Certains troubles du langage sont consécutifs à des pathologies
neurologiques acquises :
les aphasies de l'enfant : ce sont des phénomènes rares qui surviennent
dans des contextes hétérogènes. Les troubles du langage sont
consécutifs à une lésion cérébrale connue (CM-10 DSM-IV) précoce,
pré-péri-natale ou apparaissant dans les premiers mois de la vie. Des
lésions plus tardives peuvent également entraîner la perte des
compétences linguistiques acquises.
Une entité spécifique : le syndrome de Landau et Kleffner ou aphasie
acquise de l'enfant avec épilepsie peut se développer entre 3-7 ans avec
une diminution des facultés cognitives, en particulier une aphasie.
les épilepsies ;
les traumatismes crâniens : de la naissance à l'âge de 4 ans, ils sont dus
à des accidents domestiques, de la maltraitance, des accidents de la
voie publique. Les critères de sévérité de l'évolution semblent corrélés
à la durée du coma et à la présence de lésions cérébrales ;
les troubles du langage secondaires à une tumeur cérébrale.
Leur prise en charge devra se baser sur des connaissances pointues de
linguistique, de neurologie et de neuropsychologie.
Le langage des jumeaux
Aussi nommée la cryptophasie, c'est une forme un peu particulière de retard
de langage, une langue de l'ici et maintenant. Elle fait référence à une
situation présente et concrète. Les gestes très nombreux accompagnent ou
remplacent les mots empruntés à la langue de l'entourage mais souvent
déformés, mal articulés et devenus méconnaissables. Dans les phrases,
l'ordre des mots est fluctuant, il y a peu de marques grammaticales et peu de
mots de liaison.
Méthode phonético-gestuelle
Chaque lettre (ou groupe de lettres) est présentée à l'enfant, associée d'emblée au son
correspondant dans la parole (et non au nom la désignant dans l'alphabet) et à un geste
symbolisant la ou les lettres représentatives de la forme écrite de certaines lettres ou de
la durée d'émission, d'un bruit.
L'enfant est habitué à cette pratique que nous avons déjà utilisée pour
faciliter l'acquisition des points d'articulation de la parole. L'enfant est
parfaitement conscient de ses progrès. Quand il entre au cours préparatoire,
les phonèmes/graphèmes simples sont connus. Il a ainsi un peu d'avance, et
quelle que soit la méthode utilisée en classe, il pourra se raccrocher à ses
acquis.
Les méthodes phonétiques, plus communément appelées syllabiques sont
les plus structurées pour permettre cet apprentissage.
La prise en charge
Une intervention précoce psychothérapeutique avant l'âge de 6 ans est
nécessaire, avant que la distorsion de la relation parent-enfant ne devienne
irréversible et que la relation avec les pairs soit très altérée. Il est important
de ne pas minimiser le trouble.
Les regards neurologique et psychiatrique doivent donc se confronter sans
s'exclure pour débrouiller les causes de l'inattention. Depuis plusieurs
dizaines d'années aux États-Unis, l'utilisation de la Ritaline ou de la
Dextroamphétamine a prouvé une efficacité sur les symptômes
d'hyperactivité, d'impulsivité et d'inattention, entraînant une polémique
entre les habitudes américaines d'utilisation probablement excessives et les
habitudes françaises plus modérées, à juste titre, face à la prescription de
ces médicaments. Les études randomisées et contrôlées sont nombreuses à
affirmer le rôle de la Ritaline sur l'hyperactivité, l'impulsivité et
l'inattention. L'effet de cette amélioration sur les performances scolaires est
moins net, et bien difficile à mettre en évidence sans un protocole initial
neuropsychologique qui permettrait de différencier les difficultés
attentionnelles responsables des problèmes scolaires des difficultés
secondaires. Le traitement est alors administré au sein d'un centre référent
en milieu hospitalier.
La prise en charge thérapeutique d'un enfant porteur d'un THAD est
toujours pluridisciplinaire :
les psychothérapies, d'inspiration analytique ou comportementale ;
la rééducation en psychomotricité et en orthophonie : ces prises en
charge permettent un espace d'action qui inclut la gestualité de l'enfant
en établissant un lien entre ce qu'il vit et ce qui peut être exprimé ;
le traitement institutionnel en internat si l'enfant est rejeté des
établissements et si le trouble perturbe trop la vie familiale ;
les aides psychopédagogiques, l'accompagnement parental : autour de
l'enfant des aménagements doivent se mettre en place, à l'école comme
à la maison.
Le TDHA s'accompagne le plus souvent d'autres difficultés de
fonctionnement qui interagissent au cours du développement et qui devront
davantage être prises en considération. C'est tout l'intérêt du travail
pluridisciplinaire.
Les surdités
Les surdités de perception et de transmission
En ce qui concerne les surdités congénitales, l'aide orthophonique sera
différente selon que l'enfant est scolarisé en intégration ou en en milieu
spécialisé, mais aussi selon le mode de communication choisie, LSF ou
langage oral, complété ou signé.
L'orthophoniste va donc aider l'enfant sourd à construire sa langue, à
s'approprier les structures de la phrase, le lexique. L'enfant découvre un
mot, des énoncés en interaction, en situation, les mémorise et peut les
réemployer pour exprimer sa pensée.
Denise Sadek-Khalil, pionnière de la prise en charge de l'enfant sourd nous
fait comprendre qu'il est « impossible d'enseigner à l'enfant tous les effets
de sens du langage » mais qu'on doit « lui faire voir », dans un but
d'appropriation de la langue.
L'orthophoniste reste maître d'œuvre de l'éducation auditive, de la
perception vibro-tactile, de la perception visuelle et de toutes les techniques
d'aide à la perception de la parole.
En France, on estime à environ 8 000 à 10 000 la population de sourds et
malentendants d'âge préscolaire et 30 000 d'âge scolaire : 1 % des élèves
souffrent de difficultés auditives. L'orthophoniste peut être amené à détecter
lui-même une déficience auditive chez un enfant qui lui a été adressé pour
une autre pathologie.
Les surdités de transmission, les infections de l'oreille moyenne, notamment
les otites séro-muqueuses à répétition engendrent une baisse auditive. Elle
est souvent peu importante de l'ordre de 25 dB de perte mais elle survient à
l'âge clé des premières acquisitions et peut donc gêner le développement du
langage. Il est donc primordial d'observer attentivement le comportement de
l'enfant, ses réactions aux bruits et aux sons, ses variations d'humeur.
Certains enfants compensent leur déficit de manière étonnante.
Le traitement d'une otite séreuse peut nécessiter l'ablation des végétations,
adénoïdectomie, ainsi que la pose d'aérateurs transtympaniques (yoyos, t-
tubes) pour maintenir l'aération de l'oreille moyenne.
Cette indication doit être soigneusement pesée afin d'éviter tout
retentissement sur la compétence vélo-pharyngée. Il en est de même pour
l'amygdalectomie.
Deux indications peuvent se présenter :
l'hypertrophie des amygdales palatines responsable, soit d'une
obstruction ventilatoire chronique ou paroxystique nocturne, soit de
difficultés de phonation ;
l'infection chronique manifeste ou aiguë récidivante du tissu
amygdalien.
Rappelons que la trompe auditive fait communiquer le rhinopharynx avec la
caisse du tympan dont elle assure l'aération grâce à l'action des muscles du
voile du palais qui lui permet de s'ouvrir et de se fermer principalement lors
des mouvements de déglutition. Elle réalise ainsi un équilibre entre les
pressions qui s'exercent de part et d'autre du tympan et contribue à une
vibration idéale de celui-ci.
La rééducation tubaire
Les orthophonistes pratiquent la rééducation tubaire, méthode thérapeutique
et préventive (apprentissage du mouchage, amélioration de la ventilation
nasale, renforcement du sphincter vélo-pharyngé) permettant l'aération et le
drainage de l'oreille moyenne.
Le bégaiement
Si le bégaiement est traité précocement dès 2 ans jusqu'à 4 ans et demi, il
disparaît souvent grâce à un accompagnement parental
(http://www.begaiement.org).
Si les habitudes de parole sont prises et que la durée de période de bégayage
est importante, il ne suffit plus d'informer les parents mais il faut prendre en
charge l'enfant. Le seul conseil parental n'est plus suffisant même lorsque
l'enfant présente un trouble de fluence isolé.
L'enfant commence à souffrir de son trouble. Par exemple, il évite
d'employer tel mot jugé dangereux, afin de ne pas bégayer. Ce
comportement d'évitement est parfois retrouvé chez l'enfant présentant un
trouble d'articulation ; il changera de mot pour éviter le phonème qu'il ne
peut encore produire correctement. Pour éviter d'accentuer cette tension, il
est important de ne pas faire répéter l'enfant tant qu'il n'a pas la maîtrise de
ces émissions.
Au début il s'agit d'une incoordination de sa parole par trop d'efforts, mais
très vite l'enfant va se construire comme sujet bégayant ; en particulier en
raison de la conscience qu'il a de son trouble et des réactions le plus souvent
inadaptées de son entourage.
Pourquoi bégaie-t-on ?
Il convient de s'orienter vers la recherche de facteurs multiples susceptibles
d'intervenir dans l'apparition et l'installation du bégaiement. Si certains
facteurs malformation organique, dysfonctionnement physiologique, raisons
psychologiques (caractère volontaire, perfectionniste, tendance
obsessionnelle, hyperémotivité), l'hérédité, des facteurs psycholinguistiques
plus ou moins présents selon chaque enfant favorisent la parole disfluente,
aucun ne peut à lui seul expliquer l'installation d'un bégaiement.
À l'heure actuelle, les liens entre bégaiement et émotion sont mieux
connus : la répression des émotions et des affects, la répression des
sensations constituent des mécanismes de défense qui ne permettent pas à la
personne qui bégaie de communiquer spontanément.
La macroglossie relative
Le tonus musculaire de la langue est affaibli allant de l'hypotonie à la
dyspraxie bucco-faciale. L'enfant a donc plus de difficultés à produire et
coordonner les mouvements nécessaires au contrôle de la langue. Cette
macroglossie relative peut et doit être rééduquée.
Le frein de langue
Une position basse de la langue peut être due à un frein de langue trop
court, que l'on peut étirer par des exercices appropriés, si la langue est trop
gênée dans ses mouvements vers le haut, une freinectomie sera alors
envisagée.
La ventilation
La langue basse peut résulter d'une obstruction partielle des voies
respiratoires due à des végétations ou à de grosses amygdales. L'enfant est
alors forcé de ventiler par la bouche du fait que son nez est obstrué. Les
infections peuvent être provoquées par des infections de l'oreille moyenne,
fréquentes chez les jeunes enfants et se développent en raison d'un
dysfonctionnement de la trompe auditive.
Le bavage
L'incontinence salivaire correspond à un ensemble d'anomalies associées :
fermeture labiale insuffisante
augmentation du temps entre deux déglutitions de la salive qui reste
stagnante en bouche ;
mouvements linguaux avec interposition linguale plus ou moins
antéro-postérieurs rappelant ceux de la succion-déglutition ;
mauvaise posture ;
hypoesthésie (faible sensibilité) à l'intérieur et autour de la bouche.
La mastication
De nombreux enfants ont besoin de plus de temps pour acquérir la faculté
de mastiquer et de boire au verre, ce qui se manifeste par une réticence à
passer des aliments mixés aux aliments en morceaux, et par un retard dans
l'aptitude à mordre et à mâcher. Ces deux actions nécessitent des
mouvements de la mandibule plus complexes et la capacité de bouger la
langue dans de nombreuses directions. L'enfant complexifie
progressivement son geste mandibulaire lors de l'alimentation. Ce
mouvement devient hélicoïdal grâce à l'apparition des mouvements de
latéralité ou diduction. La mastication nécessite un long apprentissage qui
va durer de quatre à six ans.
La propreté orale, la continence salivaire, obtenue grâce aux lèvres closes
en mangeant, et l'utilisation coordonnées des outils du repas (cuillère,
fourchette, couteau) qui relaient progressivement la prise orale par les
doigts ne sont opérationnelles qu'à partir de trois ans mais ce raffinement
gnoso-praxique des activités linguales n'est véritablement efficace qu'à
partir de cinq-sept ans. Il constitue un bon repère de socialisation, tout
comme les praxies d'habillage telles que le laçage et le boutonnage.
En résumé
L'orthophoniste dispose, dans sa pratique, de différents moyens à mettre en œuvre par
lesquels l'enfant prendra progressivement conscience de ses possibilités perceptivo-
motrices et linguistiques entre 3 et 7 ans.
L'orthophoniste aura toujours à l'esprit l'idée que c'est en partant des savoir-faire de
l'enfant, de sa sécurité mentale, que ce dernier pourra accéder à ce qu'il ne sait pas
faire.
Chapitre 5
Le bilan orthophonique
Il est essentiel de rappeler ici que les fautes telles que l'inversion de lettres
ou de syllabes, considérées comme les erreurs du dyslexique, sont
inévitables au début pour tout enfant qui apprend à lire et à écrire en CP-
CE1, cycle des apprentissages fondamentaux. Le problème réside dans leur
persistance. Seule l'évaluation orthophonique permettra d'établir le
diagnostic entre un trouble fonctionnel et un trouble structurel de la langue
écrite (voir annexe 4).
La dyslexie/dysorthographie
La dyslexie/dysorthographie (DL-DO) est une des principales causes
d'échec scolaire, puis professionnel et social. Chez l'enfant présentant une
DL-DO, naît un dégoût pour l'écrit, un désinvestissement des matières
demandant un effort de lecture, une fatigabilité et une lenteur, une difficulté
à transcrire le contenu de la pensée et à intégrer le discours des autres.
Tant que la DL-DO n'est pas reconnue, comprise et rééduquée, l'enfant puis
l'adulte sera en souffrance et les attitudes de l'environnement familial, les
pratiques scolaires classiques paraîtront inadéquates.
Définition
La DL-DO est un trouble spécifique qui affecte de manière focalisée le ou
les secteurs de la cognition mis en jeu dans les activités de lecture et
d'écriture. Cette pathologie développementale s'inscrit dans les troubles
d'acquisition du langage écrit définis par le DSM-IV.
Être dyslexique-dysorthographique signifie que l'enfant intelligent qui ne
souffre pas de désordres psychiatriques et qui évolue dans un contexte
familial et scolaire adéquat, rencontre des difficultés lors de l'apprentissage
du langage écrit. La lecture et l'écriture sont alors des tâches difficilement
réalisables et le restent de façon durable à l'âge adulte. Il ne s'agit pas d'un
retard dans l'acquisition de l'écrit mais bien d'une déviance de cet
apprentissage.
Dyslexie et dysorthographie constituent donc un ensemble de difficultés
durables d'apprentissages des fondamentaux de la lecture, de l'orthographe
chez un enfant présentant par ailleurs :
un niveau intellectuel normal : pour que l'on puisse parler de dyslexie
ou de dysorthographie, les capacités intellectuelles de l'enfant doivent
se situer dans la zone de normalité de son âge. Un trouble spécifique
du langage écrit ne peut se définir qu'à partir d'un décalage constaté
entre :
d'une part des capacités intellectuelles dans la normale (souvent
remarquées dans la vie courante de l'enfant et sur d'autres
matières scolaires) ;
et d'autre part ses résultats spécifiquement et significativement
chutés dès qu'il s'agit de passer par du langage écrit.
L'intelligence du dyslexique n'est pas moindre ; elle est différemment
organisée. L'enfant peut passer auprès d'un psychologue le WISC-IV,
test psychométrique permettant notamment de confirmer la normalité
de l'intelligence ;
aucun trouble sensoriel ou perceptif (audition, vue) :
un examen audiométrique doit être pratiqué chez un ORL afin de
s'assurer que l'enfant entend bien. En effet, des otites à répétition
peuvent restreindre l'audition et par conséquent engendrer une
mauvaise prononciation et la confusion des sons ;
un examen de la vue chez l'ophtalmologiste pour déterminer si
l'enfant n'est pas sujet à un déficit visuel qui l'empêcherait de
déchiffrer correctement un texte ;
un bilan orthoptique pour mettre en avant des défauts de
coordination oculomotrice.
aucun trouble psychologique d'ordre psycho-affectif ou
communicationnel remarqué dans la petite enfance. Cependant une
mauvaise image de soi est observée secondairement ;
aucun désordre environnemental. Ces facteurs dits d'environnement
(psychologiques, linguistiques, socioculturels) ne génèrent pas ces
troubles, mais ils les aggravent, les compliquent. Ces enfants
constituent plus tard une part importante des adultes illettrés ;
une scolarisation jusque-là normale. Mais un trouble du langage oral
est très fréquemment associé à une DL-DO.
Le diagnostic
La DL-DO se caractérise par une diminution significative des performances
en lecture ou en orthographe par rapport à la norme de la classe d'âge
(retard de 18-24 mois). On ne pourra la diagnostiquer réellement qu'après
une difficulté persistante de lecture, soit vers l'âge de 7-8 ans (fin du CE2).
C'est en définitive un âge bien avancé car l'enfant souffrira déjà de troubles
de l'apprentissage. Pour les chercheurs, un décalage d'un an et demi ou deux
ans par rapport au niveau de lecture attendu, doit être observé pour parler de
dyslexie. La plupart des dyslexies/dysorthographies apparaissent dès le CP,
mais le diagnostic ne pourra donc être établi qu'à partir d'un décalage
significatif. Certaines autres DL/DO peuvent passer longtemps inaperçues.
Parfois, l'enfant se trouvera confronté à un nouveau palier de
complexification du langage écrit, à la fin du primaire. La DL-DO qu'il aura
jusque-là pu compenser par des efforts et des stratégies, pourra être
réactivée.
Entre 8 % et 10 % des enfants normalement scolarisés présentent une
dyslexie dans un rapport de trois à quatre garçons pour une fille.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) comporte dans sa 10e édition
internationale des maladies, le classement de ces troubles du langage écrit.
Un bilan complet permettra de poser un diagnostic, d'évaluer le type de
trouble spécifique d'apprentissage du langage écrit (TSALE) et son degré de
sévérité. La classification des troubles spécifiques d'acquisition du langage
écrit (TSALE) proposée par Gérard (1993, 2003) permet un diagnostic plus
fin pour une meilleure remédiation :
TSALE dysphonétique : le processus graphémique est touché,
impliquant des difficultés de mémoire auditive, de discrimination
phonologique. L'analyse phonétique est déficitaire. Une difficulté à
manipuler les sons du langage (confusion des sons proches tels que
b/d, ch/j, f/v…), engendre un déficit de la mémoire à long terme pour
retenir les sons et les structures grammaticales et une atteinte de la
voie phonologique : l'enfant reconnaît visuellement les mots familiers
mais la conversion graphème/phonème est impossible. Il ne sait pas
lire par assemblage. Les mots nouveaux ne sont donc pas déchiffrés.
L'enfant essaie de deviner à partir de syllabes qu'il reconnaît isolément
ou en s'aidant du contexte. Son écriture est peu compréhensible. Il a
des difficultés avec la voie d'assemblage (conversion grapho-
phonémique) et développe une stratégie par adressage (image visuelle
des mots) ;
TSALE dyséidétique ou de surface : une atteinte visuelle (confusion
des lettres visuellement proches telles que b/d, u/n…) engendre un
déficit de la mémoire à long terme visuelle et une atteinte de la voie
lexicale (une difficulté à la reconnaissance globale des mots même
familiers). Ces enfants ont alors une difficulté à traiter l'image visuelle
de la lettre et des mots écrits. L'enfant maîtrise la conversion
graphème/phonème mais les mots sont des suites de sons sans sens. Ils
ont du mal à lire par adressage. La lecture reste donc possible mais elle
est lente et laborieuse et le texte reste incompris. La phase
orthographique est impossible, l'enfant redécouvre le mot à chaque
lecture : il lit phonétiquement ;
TSALE et trouble fonctionnel de la parole et de langage : les difficultés
se situent au niveau du langage oral lui-même. Deux processus sont
touchés : morphémique et graphémique. Ces enfants n'ont pas accédé à
un niveau suffisant de langage oral pour leur permettre d'asseoir un
langage écrit de qualité. Traitement des textes entendus, accès à une
syntaxe évoluée, organisation et augmentation du lexique sont autant
de points déficients ;
TSALE visuo-attentionnel : l'atteinte prédomine dans le processus
visuel. Le langage écrit ne peut être traité de façon systématique, la
mémoire et les capacités d'attention visuelle sont déficitaires ;
TSALE graphémique : il touche le processus graphémique. La
représentation du graphème est source d'erreurs. Les critères spatiaux
des lettres sont difficilement mémorisables et des difficultés en
arithmétique et dans les activités grapho-motrices lui sont souvent
associées ;
TSALE et troubles anxieux : l'atteinte concerne le processus visuel
mais sans réel trouble de l'attention.
La dysorthographie
C'est un trouble particulier qui peut exister en dehors de tout autre problème
de langage. Dans les faits, une dyslexie entraîne généralement une
dysorthographie. L'enfant dysorthographique présente des problèmes
spécifiques à la transcription, absents du langage parlé. En écrivant, l'enfant
va sauter des lettres, oublier des syllabes. Il va couper les mots de manière
fantaisiste. Il aura de plus des difficultés avec l'écrit de manière générale et
sera assez lent. Le repérage de ce trouble peut se faire dès le CP, lorsque
l'enfant commence l'apprentissage de la lecture et de l'écriture. Le
diagnostic se posera plus tardivement comme pour la dyslexie.
Il faudra appréhender d'autres facteurs tels que les troubles visuels, les
troubles du graphisme que l'on rencontre fréquemment associés aux
troubles du langage écrit.
L'acquisition de l'orthographe est plus difficile que celle de la lecture ; la
transcription de phrases demande, outre la production de l'orthographe
correcte des mots, plusieurs opérations supplémentaires :
segmenter la phrase en mots ;
trouver l'orthographe adéquate des mots et des homophones non
homographes ;
appliquer les règles grammaticales.
Trois strates de l'orthographe seront analysées (voir annexe 4) :
la phonétique : il s'agit de la conversion des phonèmes entendus en
graphèmes et ce, même si le mot n'appartient pas au lexique
orthographique du sujet ;
l'orthographe dite d'usage : elle témoigne de la constitution d'un
lexique orthographique. Cette capacité permet de faire l'économie de la
conversion pas à pas évoquée ci-dessus ;
l'orthographe grammaticale : elle correspond à l'intégration de règles
grammaticales, telles que les flexions des substantifs, adjectifs, verbes
liés au genre, au nombre, au temps et l'orthographe des mots
fonctionnels.
La réflexion métalinguistique sur l'orthographe des mots est essentielle à
une utilisation rapide et efficace des règles grammaticales.
Le récit écrit : la production de récit est une tâche particulièrement ardue
pour les enfants dysorthographiques, car beaucoup de processus entrent en
jeu, de l'idée à la trace écrite, de la conception à la réalisation. Ces enfants
ne trouvent pas de plaisir à poser sur le papier ce qu'ils sont pourtant
capables de nous dire.
Nous rencontrons :
des anomalies spécifiques à la mise en écrit (c'est-à-dire d'encodage) ;
des erreurs de copie – des omissions en recopiant les mots ;
des économies de syllabes ;
des fautes de conjugaison, de grammaire, d'analyse ;
des découpages arbitraires ;
une lenteur d'exécution, des hésitations, une pauvreté des productions
par économie en puisant dans le stock orthographique pour être sûr de
ne pas commettre d'erreurs.
L'atteinte des fonctions cognitives
La mémoire : le rôle de la mémoire dans les apprentissages scolaires n'est
pas négligeable. La mémoire de travail (MDT) et plus particulièrement la
boucle articulatoire joue un rôle dans l'acte de lire. L'empan verbal, réduit
chez l'enfant dyslexique, implique des difficultés dans les tâches de lecture.
Cette réduction aurait également un retentissement sur les capacités à
comprendre les phrases, vues ou entendues, ainsi que sur leurs capacités à
acquérir du vocabulaire.
L'enfant présentant une DL-DO peut montrer une baisse de vigilance, une
chute de l'attention due à l'intensité de l'effort mental qu'il doit allouer lors
de la réalisation d'une tâche à l'écrit. L'état de surcharge cognitive dans
lequel l'enfant se trouve la plupart du temps dans le milieu scolaire semble
alors être un frein à ses apprentissages. Le TSALE visuo-attentionnel met
en avant ces difficultés attentionnelles sur le versant visuel en perception et
en mémoire.
Les fonctions exécutives : les fonctions exécutives ne sont pas directement
impliquées dans les diagnostics de DL-DO. Toutefois, leur intégrité et leur
fonctionnalité sont indispensables à la réalisation de nombreuses tâches
aussi bien dans le système scolaire que dans la vie quotidienne. Il semble
évident que l'atteinte de ces fonctions chez un enfant présentant une DL-DO
sera un handicap supplémentaire à la compensation de son trouble et à
l'acquisition des nouveaux apprentissages.
Les fonctions exécutives sont principalement :
la planification et les stratégies organisationnelles nécessaires lors de
la réalisation de tâches complexes comme la résolution de problèmes,
les labyrinthes, les tâches de classification… Elles permettent de
dégager les différentes étapes utiles à l'aboutissement de l'exercice et
de les ordonner dans le temps et dans l'espace ;
l'inhibition et les capacités d'autorégulation permettent de différer les
réactions, de résister à une information distractrice de la tâche à
accomplir. Ces fonctions rejoignent les capacités d'attention sélective
qui nécessitent l'inhibition des informations non valides ;
la flexibilité mentale permet de s'adapter aux changements. Cette
souplesse cognitive est nécessaire quotidiennement pour adapter son
propre comportement à celui d'autrui et avoir par conséquent un
comportement social adapté.
La remédiation
Le degré de l'atteinte de la DL-DO (légère, moyenne ou sévère) doit être
pris en considération afin de préciser le diagnostic, d'ajuster la prise en
charge et d'évaluer les objectifs à atteindre.
La vie à l'école
Nous devons essayer de comprendre les difficultés rencontrées par l'élève
dyslexique-dysorthographique lors de sa scolarité, et ceci matière par
matière, puisque la DL-DO et les troubles associés du langage oral et écrit
pourront avoir des répercussions dans toutes les activités scolaires et pas
seulement en français.
Des adaptations pédagogiques doivent être mises en place en classe afin que
s'instaure la complémentarité entre pédagogie traditionnelle et techniques
spécialisées : éviter la copie, favoriser l'usage de l'ordinateur, réduire les
exigences au plan de l'orthographe, pratiquer des évaluations orales pour
juger des compétences de l'enfant, favoriser à l'écrit les QCM, octroyer du
temps supplémentaire pour les examens. Il semble incontournable de
valoriser l'enfant afin de l'amener à progresser dans le plaisir d'apprendre.
Dans les formes plus sévères, une scolarisation temporairement spécialisée
peut être bienvenue voire nécessaire.
Le temps des rééducations
Chaque rééducation est adaptée à la personnalité et aux types de difficultés
de l'enfant. L'orthophoniste travaille sur les déficits repérés au cours de
l'évaluation. Le but est de développer sa compréhension et lui permettre
d'acquérir des savoir-faire qui étaient hors de sa portée. L'enfant se sent
d'autant plus soutenu, qu'il est encouragé par ses progrès. L'orthophoniste
contribue dans la majorité des cas à la poursuite d'une scolarité normale,
rétablit un niveau de lecture et d'écriture adéquat, et aide l'enfant à prendre
confiance en ses capacités d'apprentissage. Il s'agit bien ici de retrouver une
image positive de soi-même. Vu l'importance de cette rééducation,
l'orthophoniste évalue régulièrement sa méthode pour être certain de son
efficacité.
Rencontrer ces enfants sur le temps scolaire et non sur le temps des loisirs,
démarrer une rééducation intensive pour optimiser rapidement les résultats
semblent opportuns. La rééducation n'est pas figée, elle doit s'adapter à
l'enfant, à ses désirs, à sa temporalité mais aussi à celle de ses parents… !
Des pauses, des mini-stages pendant les vacances, le travail en groupe sont
possibles et parfois même recommandés.
Les pratiques
Méthodes d'apprentissage phonético-gestuelles :
méthode Borel-Maisonny (Borel-Maisonny, 1951, 1985) ;
méthode Marie de Maistre (de Maistre, 1970) ;
méthode Bourcier (Bourcier, 1966) ;
Méthodes psychothérapeutiques :
méthode pédagogie relationnelle du langage de Chassagny
(Chassagny, 1977) ;
l'orthopédagogie psychothérapique (Cahn, Mouton, 1967),
(Mucchielli-Bourcier, 1979) ;
Approche de Françoise Dejonc-Estienne (Estienne, 1985) ;
Théorie de la gestion mentale d'Antoine de la Garanderie (Garanderie,
1984, 1990) ;
Approche neurolinguistique de Gisèle Gelbert (Gelbert, 1994) ;
Méthodes audio-phonatoires :
l'oreille électronique de Tomatis : les effets bénéfiques observés
reposent majoritairement sur des observations cliniques et des
expériences personnelles (Tomatis, 1987) ;
la sémiophonie d'Isi Beller (Beller, 1994) ;
la méthode de Paula Tallal (Tallal, 1973) ;
Méthode inspirée de l'art-thérapie : Sensonaime de Béatrice Sauvageot
(Sauvageot, 2004) ;
Les traitements proprioceptifs modifiant les performances
attentionnelles des enfants présentant un syndrome de déficience
posturale (Quercia et al., 2009) : les enfants dyslexiques présentent
souvent des troubles de la motricité oculaire et des troubles de la
proprioception qui peuvent être corrigés par :
le port de lunettes à verres prismatiques ;
des semelles de posture ;
le maintien de postures pour le travail scolaire et exercices
quotidiens de relaxation des chaînes musculaires.
Quel pronostic ?
L'évolution des troubles du langage écrit va dépendre de plusieurs facteurs,
qui peuvent varier suivant les enfants concernés en rapport avec :
le type de DL-DO : certains sont plus ou moins faciles à traiter ;
l'intensité des troubles : les troubles sévères sont évidemment plus
résistants aux rééducations ;
la précocité du dépistage ;
l'existence, la régularité, et l'intensité des rééducations (souvent
pluridisciplinaires dans les cas sévères) qui peuvent durer plusieurs
années ;
les soutiens rencontrés venant alimenter la motivation, la réparation
des vécus d'échec ;
la coopération et la coordination entre la famille, l'école et les
différents thérapeutes ;
la présence ou non de troubles associés.
Dans de bonnes conditions de traitement, d'environnement et de soutien, les
troubles dyslexiques et dysorthographiques se réduisent, souvent très
nettement, mais ne disparaissent vraiment complètement que s'ils étaient
d'intensité légère. Les cas moyens et sévères s'amélioreront, gagnant en
performances et autorisant ainsi études et formations. Les faiblesses face à
l'écrit persisteront, mais les ressources d'intelligence et de richesse
personnelle seront magnifiées.
La dysgraphie
Définition
La dysgraphie est un trouble affectant l'écriture dans son tracé. C'est une
déficience dans l'acquisition ou l'exécution de l'écriture.
Cette déficience trouve ses origines à différents niveaux : psychomoteur,
affectif, social, voire cognitif lorsqu'elle découle de désordres du langage et
de l'orthographe.
La dysgraphie atteint l'écriture dans sa lisibilité, sa vitesse et son aisance.
Elle peut apparaître au moment de l'apprentissage, par manque de maturité
(immaturité psychoaffective), ou au cours de la scolarité. Nous rencontrons
souvent des enfants qui n'ont pas intégré une bonne préhension, position
et/ou utilisation de l'instrument graphique et qui présentent une mauvaise
posture de l'ensemble du corps.
Au niveau de la scolarité, le dysgraphique est gêné par l'inefficacité de son
geste qui le ralentit ; pressés par le temps, les plus lents et perfectionnistes
sont incapables d'accélérer alors que les autres dysgraphiques deviennent
illisibles, produisant des écritures chaotiques ou labiles et néanmoins
toujours insuffisamment rapides. L'écriture peut être tendue, hypertonique
caractérisée par la tension, la crispation, par une recherche accrue de la
précision au prix d'un effort épuisant et parfois douloureux mais définie par
une absence de mouvement et de rythme. Ou au contraire, l'écriture se
marquera par un relâchement du tracé, une irrégularité de la dimension des
lettres donnant à l'ensemble du graphisme un aspect négligé, le graphisme
est alors précipité et manquera de fermeté et d'organisation.
Précisons que les gauchers peuvent avoir une maturation plus tardive de
leur latéralité. C'est ce retard et non la gaucherie qui est à l'origine des
difficultés. Si la connaissance de la latéralité manuelle est importante, il ne
faut pas pour autant négliger l'incidence de la dominance latérale de l'œil.
Quand l'œil directeur est le gauche, l'enfant aura tendance à déplacer son
regard de droite à gauche, entraînant davantage de perturbation au niveau
du sens graphique.
La remédiation
La dysgraphie étant souvent en lien avec d'autres troubles des
apprentissages, il est recommandé de pratiquer d'autres examens (bilan
psychomoteur, psychologique) afin de pouvoir évaluer la nature de la
dysgraphie et sa place dans l'économie psychique de l'enfant afin de lui
proposer la ou les meilleures prises en charges face à ses difficultés
L'orthophoniste prend en charge ce trouble de l'écriture au sein d'une
rééducation de la dyslexie, dyspraxie, dysorthographie, déficit d'attention et
dans toutes les prises en charge des enfants qu'il suit depuis la petite
enfance. Il peut se faire aider par un graphothérapeute et/ou un
psychomotricien.
La dyscalculie
Définition
La dyscalculie est aux mathématiques ce que la dyslexie est à la lecture.
Son diagnostic est posé selon trois critères définis par la classification du
DSM-IV :
les aptitudes arithmétiques, évaluées par des tests standardisés, sont
nettement en dessous du niveau escompté compte tenu de l'âge du
sujet, de son développement intellectuel d'un enseignement approprié à
son âge ;
le trouble interfère de manière significative avec la réussite scolaire de
l'enfant ou les activités de la vie courante ;
les difficultés mathématiques ne sont pas liées à un déficit sensoriel.
La dyscalculie est souvent présente dans des pathologies d'origine
génétique. Néanmoins, les facteurs environnementaux occupent aussi une
place importante, en particulier dans les phases précoces du développement
cérébral comme pour les enfants nés prématurément (Dehaene, Molko,
Wilson, 2004).
Les recherches en neuroscience cognitive s'intéressent à la possibilité
d'établir un diagnostic de dyscalculie en supposant que ces troubles sont
causés d'une manière ou d'une autre par un dysfonctionnement cérébral.
La prise en charge de la dyscalculie succède toujours à une évaluation des
compétences logico-mathématiques de l'enfant, pratiquée par un
orthophoniste formé spécifiquement à cette rééducation.
La remédiation
Le GEPALM (Groupe d'étude sur la psychopathologie des activités logico-
mathématiques) créé en 1973 par Francine Jaulin-Mannoni, Bernadette
Guéritte-Hess et Danièle Saadia, et Cogi'act (quand agir et penser sont liés),
groupe de recherche et de promotion de la formation sur les pathologies
liées aux activités logiques, fondé au début des années 2000 organisent des
formations. Elles étudient le développement des structures logiques,
mathématiques et cognitives, et sont destinées à former des praticiens
compétents dans la prise en charge des enfants présentant des troubles de la
compréhension, du raisonnement et du calcul (http://www.gepalm.org et
http://www.cogi-act.com).
C'est sur l'épistémologie génétique développée par Piaget, que se sont
fondées les bases théoriques sur lesquelles s'appuient ces techniques de
rééducation tout à fait spécifiques. Le GEPALM a rapidement développé
l'ESDAC (établissement d'étude supérieur sur le développement des
activités cognitives) permettant d'approfondir les notions mathématiques et
logiques. Formation longue et complète, elle allie théorie et technique en
ateliers, stages complémentaires et stages dans des classes.
Ces approches permettent de :
comprendre la façon dont l'enfant s'approprie les lois du réel, et la
façon dont il mobilise ses capacités de raisonnement et de déduction ;
articuler les conduites de raisonnement aux conduites de langage ;
élaborer des situations de rééducation pour accompagner l'enfant dans
son cheminement de pensée, dans son accès aux connaissances logico-
mathématiques et dans son appropriation du nombre ;
amener l'enfant à mettre en relation ses constructions internes, à
développer des anticipations, voire à (se) représenter les situations, à
coordonner les informations nécessaires au traitement des situations –
problèmes élaborés avec lui au cours des séances de rééducation ;
créer, en accord et avec le patient, un matériel à partir duquel il va, en
« jouant », pouvoir comparer, associer, dissocier, déplacer, symboliser,
combiner, anticiper, mettre en relation, transformer, poser des énigmes,
compter, calculer, mobiliser sa pensée, élaborer des stratégies, déduire,
généraliser des contenus de pensée.
La dyspraxie
Définition
La dyspraxie est un trouble affectant la planification et l'automatisation des
gestes, qui, malgré les apprentissages, ne sont pas automatisés. Le geste
finalisé sera dysharmonieux, maladroit, lent et entraînera un coût cognitif
important.
Au-delà d'une grande maladresse dans la vie quotidienne, nouer ses lacets,
s'habiller, manger proprement, manipuler des outils, la dyspraxie se traduit
par des empêchements qui rendent les apprentissages scolaires très difficiles
alors que l'intelligence est préservée. Ils peuvent correspondre à des
difficultés persistantes à écrire à la main, à dénombrer, à faire de la
géométrie, à lire des textes longs, à écouter l'enseignant tout en prenant des
notes…
La dyspraxie concerne 5 % à 7 % des élèves scolarisés, avec souvent des
troubles associés, dyslexie, hyperactivité, troubles de l'attention, etc. Les
troubles neurovisuels sont fréquents.
Selon les classifications de l'OMS et de la CIM-10, une dyspraxie
correspond à un trouble spécifique du développement moteur dont la
caractéristique essentielle est une altération du développement de la
coordination motrice non imputable entièrement à un retard intellectuel ou à
une affection neurologique spécifique congénitale ou acquise.
Chez l'enfant dyspraxique, la réalisation des praxies ne se fait pas
correctement. Les praxies sont des gestes élaborés, volontaires, finalisés,
supposant pour leur réalisation une gestion complexe de mouvements
élémentaires. Leur réalisation harmonieuse implique la prise en compte de
nombreuses données sensorielles (principalement visuelles, kinesthésiques
mais aussi auditives) et spatiales ainsi qu'un bon agencement temporel des
séquences à réaliser et de bonnes compétences motrices ; la prise en compte
d'informations internes, intracorporelles et externes, extracorporelles est
nécessaire. La réalisation des praxies est le fruit d'un apprentissage et non
pas la seule conséquence de la maturation neurologique ; leur acquisition
dépend de l'environnement culturel et se fait par imitation, répétition,
entraînement par essai/erreur (http://www.dyspraxie.info/).
Les caractéristiques
Le trouble se manifeste dans l'acquisition de gestes complexes au cours de
l'apprentissage de tâches motrices, nouvelles ou inhabituelles et dans
l'élaboration de séquences de gestes.
Sont évoqués :
les difficultés de planification, d'organisation et de coordination des
actions. De nombreux auteurs évoquent la présence quasi constante de
signes neurologiques discrets (anomalies dans la latéralisation,
présence de syncinésies d'effort…) associés aux maladresses motrices
observables dans les activités motrices fines (dessiner, colorier,
découper…) ou globale (s'asseoir, ramper, marcher puis plus tard dans
les activités sportives) ;
la présence des déficits visuo-spatiaux (mauvaise interprétation des
relations spatiales des éléments, trouble de la reconnaissance
droite/gauche, difficultés d'orientation spatiale) ;
des déficits de perception tactile (mauvaise localisation et/ou
discrimination du stimulus tactile…) ;
un déficit de la perception temporelle dans une perspective pratique
(mauvaise interprétation de la dimension temporelle) ;
des déficits d'intégration sensori-motrice qui perturbent le schéma
corporel (imprécision des informations visuo-spatiales, proprioceptives
et vestibulaires) ;
des troubles des praxies bucco-faciales qualifiés de dyspraxie oro-
faciale, dans les formes les plus sévères on parle de dyspraxie
verbale/dysphasie de type expressif, c'est un trouble de l'organisation
et de production des mouvements articulatoires pour émettre les sons
notamment dans leur aspect séquentiel ;
des déformations phonologiques, une intelligibilité réduite, un bon
stock lexical mais une mauvaise organisation ;
des persévérations au niveau du discours ;
une compréhension globalement préservée sauf en ce qui concerne le
lexique temporo-spatial ;
une reproduction de rythmes perturbée.
Les répercussions et la remédiation
La vie scolaire
L'enfant dyspraxique est perturbé dans les activités graphiques, il est lent et
toute activité à réaliser en temps limité sera pénalisante. L'organisation des
exercices sur une page de cahier est souvent brouillonne du fait des
difficultés d'organisation spatiale de l'enfant ; le sens de la lecture est
parfois difficile à acquérir, l'enfant est gêné par le positionnement des
nombres lors de la réalisation des opérations mathématiques. La géométrie
est un domaine dans lequel l'enfant éprouvera particulièrement des
difficultés. La dyspraxie constructive d'origine visuo-spatiale se révèle au
contact des exigences scolaires avec l'apprentissage du langage écrit et des
mathématiques. Au cours de l'évaluation du langage écrit, les difficultés
mises en évidence dans ce domaine sont principalement liées aux
problèmes d'organisation spatiale et à son abord perceptif pouvant entraîner
des confusions visuelles, des substitutions de graphèmes. Les mêmes
difficultés se retrouveront lors de la transcription, s'ajouteront évidemment
les difficultés strictement graphiques qui gênent l'analyse des difficultés
mais aussi l'enfant dans sa relecture.
Un trouble de l'écriture manuelle apparaît, qui se traduit lors de la première
phase d'apprentissage des lettres par des inversions, des oublis. Les troubles
oculomoteurs s'aggravent davantage en copie qu'en dictée. Les mécanismes
de lecture sont perturbés (dyslexie visuo-attentionnelle).
Le syndrome d'Asperger
À cette période de la vie sont diagnostiqués les enfants présentant un
syndrome d'Asperger. Il entre dans la catégorie des troubles envahissants du
développement (TED). Le comportement social se caractérise par un
manque d'empathie, une faible aptitude à nouer des amitiés, des interactions
et des conversations unilatérales et inappropriées. L'attention de l'enfant se
polarise sur des centres d'intérêts particuliers ; le langage est répétitif et
pédant, parallèlement à une faiblesse de la communication non verbale ;
une maladresse motrice, une mauvaise coordination des mouvements et des
attitudes bizarres sont observées ainsi que des anomalies de la sensibilité
sensorielle, telles qu'une hypersensibilité au bruit, au toucher, au goût, à la
lumière, aux couleurs et aux odeurs (http://www.aspergeraide.com et
http://asperger-integration.com).
La prise en charge
L'orthophoniste construira un projet thérapeutique transversal, où seront
travaillés :
le langage oral/écrit dans leurs différents aspects ;
les fonctions exécutives : flexibilité mentale, planification, inhibition,
attention ;
le raisonnement logique et les mécanismes de pensées.
Cette prise en charge aura pour but d'amener l'enfant à gagner en
autonomie, sur divers aspects écologiques.
Le bégaiement
Le bégaiement peut faire souffrir l'enfant de cet âge à la maison comme à
l'école, même si bien souvent les difficultés sont peu verbalisées. Il peut
être aussi gêné dans ses apprentissages et perdre confiance en lui
(http://www.begaiement.org).
Le bégaiement développemental se manifeste de manière cyclique et dans
certaines circonstances. Plus l'enfant bégaie, plus son malaise augmente. Il
fait des efforts pour ne pas bégayer, il porte trop d'attention à sa parole, au
prix d'une grande tension. Il accentue aussi son trouble par des réactions
inadaptées, qu'il faut essayer de comprendre.
À la maison, il est recommandé de diminuer les exigences éducatives, de
valoriser l'enfant, de lui accorder des moments d'attention sans pression en
maintenant une ambiance assez constante limitant les moments de grande
excitation ou d'émotion.
À l'école, il est primordial de rencontrer les professeurs des écoles. Les
enseignants sont peu informés sur le bégaiement et ne savent donc pas
comment réagir face à cet élève qui bégaie. L'enfant en souffre, peut se
mettre en retrait et ne plus participer en classe ou à l'inverse réagir par de
l'agitation. Le plus souvent la lecture à haute voix deviendra une tâche
pénible, l'enfant préférera dire qu'il ne sait pas plutôt que de répondre à la
question du maître. Il craindra les moqueries de ces camarades.
Soulignons que l'enfant peut présenter des troubles de la parole et/ou du
langage et sa parole disfluente renforcera ces difficultés linguistiques, qui
en retour peuvent accentuer son trouble.
La fatigue, le stress, la pression du temps et les jeux vidéo sont des facteurs
favorisants, de même que la pratique de trop d'activités extrascolaires.
Bien que ces conseils ne soient pas toujours faciles à appliquer dans les
échanges entre l'enfant qui bégaie et ses parents, il semble que le plus
important soit :
de privilégier ce que l'enfant veut dire plutôt que la forme de sa
parole ;
de ne pas demander de répéter ni de faire des efforts pour mieux parler.
Les troubles de
l'articulation/déglutition/ventilation
Les fonctions oro-faciales sont la résultante de mécanismes complexes
dépendant de composantes physiologiques et anatomiques. Entre 7 et 12 ans
nous retrouvons souvent une anomalie, anatomique ou physiologique qui
interfère sur les fonctions oro-faciales. Inversement, une anomalie dans la
réalisation des fonctions (déglutition primaire, mastication asymétrique,
ventilation buccale) peut interférer sur le développement facial, c'est la
particularité fonctionnelle de l'enfant. Il convient d'observer l'enfant
lorsqu'il mange, déglutit et parle, puisqu'oralité alimentaire et verbale sont
liées.
La ventilation, la déglutition, la mastication, la phonation, l'articulation ne
doivent donc pas être considérées isolément.
En effet, le fait de mordre ou de sucer les lèvres, d'avoir une fonction
linguale perturbée (tic de succion) ou de mauvaises habitudes de déglutition
peut conduire à des malpositions dentaires et à des troubles de la phonation.
La persistance d'une ventilation buccale aggravera les troubles fonctionnels
de la sphère oro-faciale.
C'est au cours de cette période :
que la surveillance de l'hygiène orale et les soins de caries sont
importants ;
que les inadéquations squelettiques entre le massif facial et la
mandibule peuvent répondre à des appareillages fonctionnels tels qu'un
appareil d'expansion, l'enveloppe linguale nocturne (ELN), un
lipbumper, un masque de Delaire ou encore une cage à langue. Les
anomalies des bases maxillaires ou des habitudes néfastes (tic de
succion) peuvent expliquer ces traitements précoces ;
que toute déviation praxique de la langue retentira sur le
développement péribuccal et sera génératrice à divers degrés de
dysmorphoses des maxillaires. Il est donc judicieux d'entreprendre une
prise en charge orthophonique avant le traitement orthodontique pour
empêcher les déformations naissantes de s'aggraver.
L'orthophoniste joue un rôle majeur de prévention autour de l'organe
lingual.
Après une évaluation du comportement neuro-musculaire de la sphère oro-
faciale (lèvres, langue, joues, voile du palais), de la ventilation, de la
déglutition et de l'articulation de la parole, l'orthophoniste est en mesure
d'aider l'enfant à prendre conscience de ses possibilités perceptivo-motrices
et linguistiques.
Ainsi, à travers la technique de l'auto-contrôle, l'enfant devient plus mature,
adopte une meilleure position linguale de repos. Il prend alors conscience
de la ventilation nasale, ce qui améliore la fermeture labiale, la déglutition,
la mastication et par conséquent l'articulation de sa parole.
Chapitre 6
L'ADULTE EN DEVENIR
La problématique adolescente
La bulle adolescente
Anna Freud (1968) en a fait une description pertinente :
« L'adolescent est extrêmement égoïste, se considère comme le centre de l'univers,
le seul objet digne d'intérêt, mais, en même temps, il se montre capable, à un degré
auquel il n'atteindra jamais plus dans sa vie ultérieure, de se sacrifier, de faire don
de lui-même. Il noue des relations amoureuses les plus ardentes pour les rompre
aussi brusquement qu'il les avait commencées, s'adapte avec enthousiasme à la vie
de la communauté et a cependant un besoin impérieux de solitude, oscille entre
une obéissance aveugle à quelque chef qu'il a lui-même choisi et une révolte
violente contre toute autorité quelle qu'elle soit. Intéressé, matérialiste, il est aussi
plein d'un sublime idéalisme, pratique l'ascétisme, mais a soudain besoin des
satisfactions pulsionnelles les plus primitives. À certains moments, il se montre
brutal, sans égard pour son prochain, tout en manifestant lui-même une excessive
susceptibilité. Son humeur oscille entre l'optimisme le plus souriant et la
mélancolie la plus noire, entre une ardeur inlassable au travail et une morne
paresse, un manque d'intérêt pour toute chose » (Freud A., 1968).
La crise d'adolescence peut donc être définie comme une instabilité dynamique nécessaire, pour
l'adolescent et sa famille. Ce qui engendre notamment des changements dans les interactions au sein
même de la famille, puisque l'adolescent peut désormais aller au-delà des conventions dans ses
raisonnements, ses hypothèses, ses réflexions. Cette parenthèse offrira à l'adolescent le temps de
s'interroger sur lui-même, ses désirs, ses projets, mais aussi de faire résonner son histoire propre en
rapport avec celle de ses parents, de sa famille et de la société en général.
Les capacités de chacun à explorer, à se lancer, à oser, sont à mettre en lien avec la problématique
d'attachement mise en place dès la petite enfance qui permettront de quitter le cocon familial, de mettre
de la distance entre soi et ses parents, pour s'engager vers la découverte de nouveaux liens sociaux, vers
le rapprochement avec les autres et notamment ses pairs
La bulle adolescente se développe autour de trois composantes principales :
organique : les signes tangents de modifications du corps (pilosité, croissance, différenciation
morphologique, mue, menstruation, sexualité) ;
sociale : le statut de l'adolescent oscille entre les revendications concernant sa reconnaissance et sa
recherche éperdue d'autonomie ;
psychique : cette composante découle des transformations organiques et sociales évoquées
précédemment. Il faut à l'adolescent retrouver un équilibre, abandonner ses références d'enfance,
afin de se construire comme adulte dans la société.
Le statut de l'adolescent étant en partie défini par cette société dans laquelle il évolue, la jeunesse
semble bien être un révélateur de l'état de la société. Sans aucun retour en arrière possible, il y a
obligation de s'interroger continuellement sur l'adéquation des dispositifs actuels afin d'inventer encore
et toujours pour cette jeunesse en mutation. L'adaptation est le maître mot. C'est ce qu'il faudra garder à
l'esprit face à chaque adolescent qui poussera la porte de nos cabinets pour exposer ses difficultés, de
parole, de communication ou de langage.
Soulignons :
les conduites à risques, les suicides, les troubles du comportement alimentaire (anorexies,
boulimies) ;
l'écoute prolongée et fréquente de musique à un niveau sonore élevé entraînant un traumatisme
sonore progressif irréversible.
Les défis
Nombre d'adolescents suivis en orthophonie présentent un handicap qui ne se voit pas (DL-DO,
dysphasie) ou un handicap moteur, sensoriel, mental, psychique. Leurs aspirations et leurs besoins sont
identiques à ceux des jeunes de leur âge, et pourtant…
Ces adolescents gardent un certain nombre des difficultés propres à leur handicap auxquelles s'ajoutent,
bien sûr, les difficultés propres à l'adolescence elle-même.
Le défi de ces adolescents concerne :
leur évolution personnelle : comme tous les adolescents, ces jeunes traversent une période de
transition vers un avenir et un ailleurs possibles, de modifications physiques, d'émergence de la
sexualité et de remaniements affectifs ;
la sortie de la dépendance infantile : les adolescents sont plus durement confrontés à leurs
difficultés relationnelles durant cette période charnière pendant laquelle se jouent les
comportements sociaux. La recherche d'autonomie chez l'adolescent entraîne donc une période de
remaniement pour ses proches. Les familles reconnaissent souvent que la participation de leur
enfant à la vie sociale est nécessaire mais difficile en raison de leurs troubles. De plus pour
s'opposer aux modèles proposés par les parents, pour se permettre de critiquer leurs jugements et
leurs attitudes, il faut que le jeune soit certain que cela ne remettra pas en cause l'amour que ses
parents lui portent. Pour oser rechercher auprès des jeunes du même âge une autonomie plus
grande malgré le handicap, il faut qu'il soit certain que cela n'aliénera pas l'affection ni l'assistance
matérielle parentale qui sont évidemment indispensables pour lui. Cette période de préparation à la
séparation familiale et la projection dans un avenir plus ou moins proche bien qu'attendu et espéré,
constituent toujours une épreuve ;
le langage : le niveau de langue attendu dans les classes supérieures, dès l'entrée au lycée atteint
un niveau de complexité supérieur, tant sur le versant lexical que sur le versant syntaxique. La
réussite des adolescents présentant des difficultés linguistiques est donc particulièrement corrélée à
l'intensité et l'efficacité de la prise en charge orthophonique, à l'adaptation des méthodes
d'enseignement, à l'action avertie et attentive de la famille et bien évidemment à la coopération
entre tous les intervenants. La motivation de l'adolescent est également le moteur essentiel de sa
propre réussite. Le maintien des capacités de communication protégera l'adolescent de la perte des
acquis et de l'isolement qui pourraient le précipiter dans une situation délicate d'illettrisme avec
tout ce que cela implique ;
leur prise en charge : au cours de l'adolescence, les parents se trouvent confrontés à l'âge limite
dans les structures d'accueil dans lequelles évolue leur enfant. Il faut donc changer de lieu,
modifier les prises en charge ;
l'éducation scolaire : une éducation scolaire adaptée doit être poursuivie pour certains d'entre eux.
Ces adolescents sont capables d'apprentissage à un rythme cependant différent ;
l'éducation sociale : l'apprentissage des règles de savoir-vivre, mais également la façon dont il faut
gérer le quotidien, l'hygiène, l'intendance, les tâches ménagères… leur assurera une indépendance
matérielle qu'ils revendiquent bien souvent ;
l'orientation : elle implique de prendre du recul sur l'ensemble des compétences acquises,
identifier les motivations personnelles et professionnelles de l'adolescent tout en continuant de
développer l'estime de soi afin de préparer l'avenir sereinement. Un challenge particulièrement
difficile pour les intervenants et la famille.
Une mise en cohérence des projets et des interventions est donc nécessaire pour favoriser l'émergence
d'un sentiment d'identité et l'élaboration d'attentes réalistes quant à une vie future de qualité :
« sensibiliser aux limites du handicap, sans briser tous les rêves ». L'estime de soi ne se construira que
si l'adolescent à une bonne connaissance de lui-même (soi perçu) et de son idéal (soi souhaité).
L'adolescent dysphasique
Le diagnostic
Le diagnostic de dysphasie est posé depuis l'enfance, révélant des répercussions d'ordre instrumental,
puisque les difficultés concernaient principalement les apprentissages, lecture, écriture, langue,
mathématiques. À l'adolescence, les difficultés qui perdurent, concernent le lexique et la compréhension
du langage complexe. Cependant, si le niveau de conversation paraît normalisé et les échanges
conversationnels possibles, il persiste de nombreuses difficultés d'ordre pragmatique qu'il conviendra de
surveiller et de prendre en charge.
Le diagnostic de dysphasie est posé très tardivement, parfois même seulement à l'entrée au collège. Les
troubles ont pu être modérés dans le jeune âge mais perdurer ou se majorer à l'adolescence. Ces jeunes
patients ont souvent présenté des difficultés dans l'apprentissage du langage écrit, motivant alors une
prise en charge orthophonique. Compte tenu d'exigences plus importantes des situations d'apprentissage
au collège, leurs difficultés résiduelles s'avèrent invalidantes, persistent au niveau de la syntaxe et de
l'orthographe, d'autant que leur trouble phonologique a pu régresser. Ce sont alors leurs faibles
compétences pragmatiques qui les mettent en difficulté. Un diagnostic tardif est alors utile pour
expliquer à l'adolescent et à sa famille la nature des difficultés et les aider à qualifier une situation
génératrice de mal-être, d'un sentiment d'auto-dépréciation, de culpabilité pouvant conduire vers des
circuits psychiatriques. Le diagnostic permet également, dans les cas les moins sévères, d'informer les
enseignants, de mettre en place des adaptations pédagogiques pour poursuivre une scolarisation dite
normale (demande de matériel informatique, d'AVS (auxiliaire de vie scolaire), d'aménagements pour
les examens). Si les difficultés sont plus importantes, le diagnostic permet de repenser la scolarisation et
préparer une orientation professionnelle adaptée aux possibilités de l'adolescent, plus proche de ses
aspirations.
Ce sont principalement les questions d'orientation scolaire qui motivent dans les deux cas une
consultation spécialisée dans un centre référent.
L'adolescent dyslexique
Qui est-il ?
L'adolescent dyslexique-dysorthographique consulte après différentes expériences rééducatives,
ponctuées d'échecs. Il a souvent des conduites d'évitement en ce qui concerne les activités de lecture et
d'écriture. Il ne se sent pas valorisé dans le monde scolaire, peut alors se montrer résistant face aux
apprentissages et à toute forme d'obéissance aux règles. Mais il a surtout un manque de confiance en lui
qui doit être absolument mis au premier plan de toute prise en charge thérapeutique.
L'objectif rééducatif porte sur la compréhension du langage écrit complexe, le plaisir de lire et d'écrire,
la communication écrite, la vitesse de lecture et d'écriture à la condition que l'adolescent devienne un
acteur actif de sa prise en charge.
La pratique orthophonique auprès d'adolescents doit être une recherche systématique et perpétuelle pour
que le langage écrit ne soit pas seulement une matière scolaire source de déboires et de difficultés, mais
un moyen d'expression personnelle, de création, de communication dans un plaisir partagé (Sauvageot,
2011).
L'adolescent handicapé
L'adolescent présentant un handicap sensoriel
L'adolescent déficient auditif
L'adolescent sourd ou malentendant possède souvent de bonnes capacités langagières : la parole est
fluente, le lexique normalisé, la syntaxe développée, la lecture fluide adaptée au sens. Cela lui a permis
d'assimiler les apprentissages scolaires qui lui ont été enseignés. Néanmoins, à cette période délicate de
l'adolescence, il conviendra de rester vigilant. En effet, la surdité renforce des styles d'apprentissage,
centrés sur le concret au sens noble, le visuel, la pragmatique de l'action, qui font mauvais ménage avec
les valeurs et les standards pédagogiques de l'Éducation nationale. Il faudra donc poursuivre le travail
sur le langage complexe, lexique, syntaxe, pragmatique de la langue. La prise en charge est basée sur le
développement des capacités d'analogie, de généralisation/particularisation, d'accès à l'implicite et des
capacités d'abstraction.
Relevons ici l'impasse du dogme de l'intégration scolaire à tout prix, qui peut stigmatiser le jeune dans
une position de handicap. Les rencontres avec la communauté sourde sont, durant cette période
adolescente, vivement conseillées pour permettre au jeune de s'identifier à l'autre et ainsi prévenir des
difficultés habituelles de l'adolescence.
Dans certaines situations, la pose d'un implant cochléaire pourra être proposée à l'adolescent, en
particulier dans le cas d'une surdité congénitale qui s'aggrave.
Elle est envisageable si :
la langue orale est correctement structurée ;
les capacités de lecture labiale sont efficaces ;
la motivation de l'adolescent est réelle ;
le niveau culturel et intellectuel est bon ;
l'environnement familial est stimulant.
L'adolescent implanté dans son enfance pourra envisager d'apprendre une langue étrangère, la
perception de la voix sera améliorée et la musique s'offre à lui.
Si le handicap mental et le handicap psychique peuvent être isolés, ils sont souvent intriqués. Ils
peuvent s'ajouter et s'aggraver… Les frontières peuvent paraître floues.
L
a vie adulte peut être séquencée en trois périodes qui correspondent
aux avancées dans sa structuration : le jeune adulte, l'adulte au
milieu de sa vie et l'adulte accompli.
Les expériences réalisées au cours de ces étapes permettent le
passage de l'une à l'autre sans pour autant pouvoir les délimiter ; elles
doivent amener l'adulte à se saisir des clés de compréhension des codes, qui
lui seront indispensables pour préserver et si possible, consolider son
autonomie. Pour être considéré adulte, l'autonomie doit recouvrir plusieurs
champs : physiologique, financier, de pensée et moral.
La santé et la maladie sont partie intégrante de la vie, du processus
biologique et des interactions avec le milieu social et environnemental. La
maladie peut avoir des implications sociales et économiques significatives
et modifie le statut social de l'être concerné.
L'aphasie
Du grec phasis (parole), aphasie signifie sans parole. Ce terme a été
introduit en 1864 par Armand Trousseau, mais les premières études des
désordres langagiers chez l'adulte datent de la fin du XVIIIe siècle. L'aphasie
désigne l'ensemble des troubles du langage affectant l'expression et/ou la
compréhension du langage parlé et/ou écrit survenant en dehors de tout
déficit sensoriel ou de dysfonctionnement de l'appareil phonatoire. Elle
retentit sur la communication. L'aphasie est consécutive à une ou plusieurs
lésions cérébrales de l'hémisphère gauche dans lequel se situent les aires
cérébrales dévolues au langage. Notons qu'une aphasie peut aussi être la
traduction d'une tumeur cérébrale, d'un traumatisme crânien (5 % d'aphasie
après un TC), d'une maladie neurodégénérative, ou encore d'une pathologie
infectieuse (http://www.aphasie.fr).
Différentes classifications se sont succédé jusqu'à aujourd'hui :
motrices/sensorielles ;
antérieures/postérieures ;
expressives/réceptives ;
fluentes/non fluentes.
La classification basée sur le critère de fluence est privilégiée dans le
monde scientifique (Boston, 1960). Elle permettra aux orthophonistes de
définir le profil de leurs patients en relevant les troubles mais aussi et
surtout en cherchant les portes d'entrée à la rééducation.
L'aphasie globale
Localisation lésionnelle : fronto-temporo-pariétale gauche.
Les deux versants langagiers sont très touchés. L'expression orale et écrite
comme la compréhension sont extrêmement réduites. À quelques heures de
l'AVC (phase aiguë), les patients sont mutiques, puis l'expression reste
réduite, permettant juste quelques stéréotypies. Pour ces patients, le
pronostic d'une récupération du langage est extrêmement réservé.
La prise en charge orthophonique doit être aussi précoce que possible, en
fonction de l'éveil du patient, car cela prévient la survenue de conduites
compensatoires négatives. La rééducation n'est pas spécifique, mais multi-
modale, rebondissant sur toutes les manifestations du patient.
L'orthophoniste occupe donc une place de premier ordre auprès de ces
patients, en particulier pour les sortir du mutisme dans lequel ils sont
enfermés.
L'aphasie de conduction
Localisation lésionnelle : pariétal, temporal gauche, défaut de connexion
entre les aires de Broca et de Wernicke.
Dès la fin du XIXe siècle, l'aphasie de conduction est décrite dans la
littérature comme résultant d'une déconnexion entre deux centres corticaux
intacts. Elle reste relativement rare dans le tableau des aphasies et fait
souvent suite à l'aphasie de Wernicke.
Présentant un langage fluent, les personnes touchées par une aphasie de
conduction restent difficilement compréhensibles, du fait des paraphasies
phonémiques et des conduites d'approches. Toutefois, la compréhension
orale et écrite est préservée. Le manque du mot prédomine dans cette
atteinte avec les difficultés d'encodage phonologique.
L'aphasie anomique
Localisation lésionnelle : variable mais concerne le plus souvent la région
temporale inférieure.
Le langage fluent est marqué par un manque du mot, qui entraîne des
pauses, des circonlocutions, des interruptions du discours. Le patient est très
gêné par ces difficultés, qui peuvent être définies selon deux schémas
(Kirshner, 1994) :
les difficultés sont de l'ordre d'un défaut d'accès au lexique, des
paraphasies phonémiques et des périphrases ponctuent alors le
discours. Une dysorthographie peut s'y adjoindre. Cette atteinte est
aussi nommée aphasie de Pitres ou aphasie amnésique ;
les difficultés touchent l'étage sémantique, avec une perte du sens
verbal et du concept même des mots. Il s'agit alors d'une aphasie
sémantique.
Son pronostic comme sa rééducation dépendent de son étiologie, car ce type
d'aphasie peut être consécutif à une pathologie neurodégénérative ou à une
pathologie vasculaire.
La dysarthrie
La dysarthrie correspond à « un trouble de la réalisation motrice de la
parole par atteinte du système nerveux périphérique, du système nerveux
central ou de ces deux composantes » (Rolland-Monnoury, Auzou, 2008).
La classification de Darley et al. (1969) référence six formes de
dysarthries :
la dysarthrie spastique ou pseudo-bulbaire : atteinte du motoneurone
supérieur ;
la dysarthrie flasque ou bulbaire : due à une atteinte du motoneurone
périphérique ;
la dysarthrie hypokinétique : atteinte du système extra-pyramidal,
maladie de parkinson ou chorée ;
la dysarthrie hyperkinétique : atteinte du système extra-pyramidal,
maladie de parkinson ou chorée ;
la dysarthrie ataxique : cérébelleuse ;
la dysarthrie mixte : retrouvée dans la sclérose en plaques, la SLA.
Duffy (2005) y ajoute :
la dysarthrie par atteinte unilatérale du premier neurone ;
la dysarthrie d'étiologie indéterminée.
L'examen de la dysarthrie se base sur des connaissances pointues du
fonctionnement normal de la production de parole, son but étant de
rechercher les signes cliniques associés, et de déterminer le mode évolutif.
La rééducation se basera :
sur l'examen des caractéristiques de la dysarthrie :
analyse perceptive, globale ou analytique ;
intelligibilité, compréhensibilité, efficacité de la parole ;
analyse phonétique ;
comportement neuromusculaire de la sphère oro-faciale et
synergies pneumo-diaphragmatique ;
analyse acoustique ;
sur l'autoévaluation du handicap de parole.
La précocité et l'intensité de la prise en charge orthophonique de la
dysarthrie sont gages de réussite du traitement et d'amélioration de la
communication. L'entraînement doit être intensif, ciblé, progressif, répétitif
et pertinent, en lien avec les attentes du patient, mais aussi avec ses désirs,
ses appétences à la communication. L'objectif de la rééducation est de
permettre une communication efficace dans le contexte écologique du
patient.
La dysphagie
Chez l'adulte les dysphagies sont dominées pas les pathologies tumorales et
neurologiques, parfois dégénératives. La prévalence de ce trouble est de
30 % après 75 ans en Europe et augmente avec l'âge.
Différentes plaintes peuvent amener à diagnostiquer une dysphagie, comme
des douleurs lors de la déglutition, des troubles mécaniques, paralytiques ou
encore psychosomatiques.
La dysphagie englobe l'ensemble des difficultés apparaissant pendant
l'acheminement du bol alimentaire de la bouche jusqu'à l'estomac. La mise
en œuvre de la déglutition correspond à une séquence neuro-motrice
nécessitant synchronisation et coordination. Elle entre en fonction à chaque
repas, 2 à 3 heures chaque jour. Mais elle est également sollicitée pour la
déglutition de la salive et son atteinte engendre des risques nutritionnel et
respiratoire importants, impliquant bien souvent le pronostic vital du patient
La dysphagie est toujours présente en phase aiguë des accidents
vasculaires :
après un AVC hémisphérique, une alimentation correcte et des
adaptations posturales et diététiques permettent une récupération
spontanée ;
dans les AVC du tronc cérébral, généralement responsables de
paralysies de certaines paires de nerfs crâniens (IX, X ou encore XII),
la prise en charge est indispensable pour la récupération.
Les techniques
L'acquisition d'une nouvelle voix sera mise en œuvre par l'apprentissage de
l'une ou de l'autre des techniques ci-dessous :
la voix oro-œsophagienne : elle consiste en la mise en vibration
volontaire de la bouche œsophagienne par déglutition, aspiration ou
gobage, blocage ou encore injection. Plusieurs méthodes coexistent
pour son apprentissage :
la méthode de déglutition : on articule sur une éructation après
avoir avalé de l'air ;
la méthode d'aspiration ou d'inhalation de Seeman : on gobe l'air
en position inspiratoire ;
la méthode des blocages : on charge l'œsophage en air ;
la méthode hollandaise : on articule sur le relâchement après
compression d'air ;
la voix trachéo-œsophagienne : elle correspond à la technique vocale
employée en cas de pose d'un implant phonatoire ;
des prothèses vocales peuvent aussi être proposées : ce sont des
vibrateurs externes qui se substituent à la voix oro-œsophagienne, qui
est peut-être difficile à acquérir pour certains patients ;
la rééducation du comportement neuro-musculaire de la sphère oro-
faciale est également indispensable. Nous nous attacherons à affiner
les perceptions qui permettent un meilleur contrôle de la parole, à
développer les fonctions labio-linguo-jugales et à prévenir ou à
subvenir aux épisodes de dysphagie (oralité alimentaire) allant de paire
avec ce type de chirurgie ;
ce travail peut être complété par une méthode d'entraînement olfactif
qui aura un effet bénéfique sur certains troubles olfactifs tels que
l'hyposmie et l'anosmie.
Les traitements
Les traitements de cette paralysie faciale spécifique sont tout d'abord
d'ordre médicamenteux (corticothérapie) et rééducatif (orthophonie et
kinésithérapie). Quelques cas rares peuvent également bénéficier d'une
chirurgie lorsque les rééducations n'ont pas apporté les résultats escomptés
(l'anastomose hypoglossofaciale offre une reprise partielle de l'activité des
muscles faciaux, la greffe nerveuse, le transfert de lambeau libre ou la
myoplastie d'allongement du temporal permettent de réanimer le sourire).
Le pronostic est estimé à 70 % de récupération complète en 4 à 6 semaines
sans séquelles après traitement et à 16 % de séquelles motrices : déficit
moteur résiduel, spasmes, syncinésies.
Les dysphonies
Le terme de dysphonie désigne toute modification de la voix qui peut être
ou non assorties de complications affectant les cordes vocales/plis vocaux.
Elle est à l'origine d'une voix qui peut être :
inefficace, dont l'intensité est altérée, soit faible, soit trop forte ;
inesthétique, marquée par un timbre de voix rauque, éraillé, soufflé… ;
fatigante ;
empêchant d'affronter certaines situations de phonation possibles
jusque-là ;
et dans la presque totalité des situations, gênante pour les patients qui
expriment souvent leur incertitude à pouvoir compter sur leur voix.
Elle s'accompagne souvent d'un comportement de forçage vocal,
responsable de tensions et de douleurs vocales et/ou corporelles.
Sont distinguées :
les dysphonies dysfonctionnelles sans lésion des cordes vocales ou non
organiques : la voix parlée est touchée dans au moins un de ses
aspects, hauteur, timbre, intensité. Toutefois, les cordes vocales sont
d'aspect normal, le dysfonctionnement concerne le geste
vocal dysphonies psychogènes ;
les dysphonies dysfonctionnelles avec lésion des cordes vocales ou
organiques : la voix porte les stigmates d'une altération organique des
cordes vocales (polypes, nodules, kystes…). Les principales lésions
des cordes vocales sont :
les nodules : sorte de durillons, souvent bilatéraux, placés au tiers
antérieur de la corde vocale. Ils résultent d'un dysfonctionnement
des cordes vocales, tel que le forçage vocal. Un facteur
inflammatoire peut également en être la cause. Ils peuvent
bénéficier d'une rééducation et/ou une intervention chirurgicale si,
malgré la rééducation ils ne se résorbent pas ;
l'œdème de Reinke : l'inflammation s'installe d'abord en fuseau sur
une des deux cordes vocales, puis s'étend généralement aux deux
cordes vocales. La voix est grave, peu timbrée, faible. Cette
affection a pour cause principale l'exposition des cordes vocales à
des toxiques (alcool, tabac, vapeurs). Elle bénéficie d'un
traitement chirurgical, après suppression des facteurs aggravants ;
le polype : il apparaît bien souvent après un épisode de forçage
vocal particulièrement traumatisant. La voix s'en trouve éraillée,
forcée, parfois bi-tonale. Les polypes peuvent être retirés lors
d'une intervention chirurgicale. Toutefois, une rééducation
orthophonique la précédera afin de prévenir d'une éventuelle
rechute.
les kystes : ils sont présents depuis la naissance, mais peuvent ne
se révéler qu'à l'âge adulte, la voix est rauque, peu modulable,
fatigable. Les kystes peuvent être retirés en microchirugie.
L'intervention sera précédée et suivie d'une rééducation vocale.
L'aphonie est souvent consécutive à une affection ORL de type laryngite ou
rhino-pharyngite, mais la cause peut également être psychogène par
conséquent sans atteinte organique. La voix disparaît, partiellement ou
totalement. Elle se traite ou se rééduque, selon sa cause.
À l'issue d'une consultation médicale, le médecin ORL/phoniatre orientera
le traitement vers :
la prise de médicaments, en cas d'affections laryngées ;
une intervention chirurgicale dans certains cas ;
une rééducation vocale si les troubles sont d'ordre fonctionnel, avec ou
sans lésion des cordes vocales.
La rééducation
La rééducation du comportement neuro-musculaire de la
sphère oro-faciale
Il est essentiel que l'orthodontiste ou le chirurgien maxillo-facial prescrive :
une rééducation préopératoire : apprentissage d'une position linguale
de repos, déglutition secondaire, exercices de relaxation/respiration ;
une rééducation post-opératoire : rééducation du comportement
neuromusculaire de la sphère oro-faciale, du rétablissement de la
ventilation nasale indispensable à l'intégration d'une position linguale
de repos correcte et par conséquent d'une bonne posture. La ventilation
nasale joue un rôle déterminant dans les troubles de l'occlusion
dentaire et dans l'adaptation permanente de l'appareil manducateur. Il
est essentiel de prendre ces données en considération dans le plan de
traitement des SADAM.
La douleur, la perte de sensibilité seront prises en charge (massage,
drainage). L'orthophoniste va donc modifier le comportement
neuromusculaire fonctionnel du patient créant ainsi un nouvel équilibre du
complexe labio-linguo-jugal (position de repos, déglutition secondaire,
ventilation nasale, articulation de la parole correcte), facteur de stabilité des
traitements orthodontiques et orthophoniques mais aussi de l'équilibre
linguo-mandibulo-hyoïdien qui dépend du système régional vertébro-
cranio-facial et de l'équilibre global de l'individu.
La rééducation des troubles de la phonation/articulation
La prononciation consiste à donner aux voyelles, aux consonnes ou aux
syllabes l'articulation et l'intonation qui leur appartiennent dans la langue
parlée. Une prononciation, bonne ou mauvaise, une fois acquise, subsiste
avec une remarquable persistance, et il est très difficile, de corriger à l'âge
adulte certains troubles de l'articulation, mauvaise habitude acquise dans
l'enfance.
Néanmoins un adulte motivé, détenteur de sa propre démarche, de son
propre dynamisme peut bénéficier d'une prise en charge orthophonique
concernant un trouble d'articulation.
Les troubles d'articulation les plus fréquemment rencontrés sont :
le sigmatisme interdental et latéral : le point d'articulation n'est pas
acquis ;
le nasillement : le mode d'occlusion vélo-pharyngé doit être renforcé.
Au sein d'une prise en charge globale autour de la langue organe clé de
l'oralité et de la verticalité, l'orthophoniste accompagnera le patient vers une
prise de conscience de son trouble au niveau moteur et perceptif et
l'amènera à un changement en profondeur. Les exercices de relaxation,
respiration sont recommandés.
Les causes
Les causes peuvent être multiples : toxiques, virales (méningites),
traumatiques (traumatismes crâniens ou traumatismes sonores),
professionnelles, liées à l'âge (presbyacousie), tumorales, pathologiques
(maladie de Ménière), métaboliques.
Les surdités peuvent être totales, profondes, sévères ou légères. Elles
peuvent aussi être brutales ou évolutives. L'audiogramme tonal quantifiera
la perte auditive, alors que l'audiogramme vocal reflétera la qualité de
l'audition. Ces mesures constitueront une indication d'apprentissage des
techniques de lecture labiale qui étayeront l'appareillage. L'audition devra
alors permettre une communication satisfaisante et une bonne
compréhension
L'appareillage
Les appareils auditifs à système d'amplification constituent aujourd'hui le
traitement principal de la surdité. La décision d'appareillage fera suite à la
consultation chez le médecin ORL, qui aura écarté toutes contre-
indications. L'audioprothésiste aidera aux choix de la prothèse.
La technologie numérique supplante aujourd'hui la technologie analogique
dans la plupart des appareils auditifs, elle permet un traitement du son
beaucoup plus précis. Dans la majorité des cas, l'audioprothésiste procédera
à un appareillage en conduction aérienne :
les contours d'oreille ;
les appareils intra-auriculaires.
L'implant cochléaire est indiqué lors de surdités d'évolution rapide ou chez
les patients présentant une surdité congénitale sévère à profonde.
La presbyacousie
Conséquence du vieillissement de l'organe sensoriel de l'oreille et de la
sénescence des voies auditives, la presbyacousie se manifeste surtout après
60 ans de manière variable et inégale, mais peut être observée dès 45 ans.
Sa lente évolution touche les deux oreilles de manière plus ou moins
symétrique (http://www.francepresbyacousie.org).
Des facteurs exogènes, liés au mode de vie et à l'environnement (exposition
au bruit ou prise de médicaments ototoxiques), et des facteurs endogènes
(hypertension, diabète) se révèlent parfois être la cause de la presbyacousie.
Les facteurs génétiques sont également avancés.
Les signes d'une perte auditive se manifestent au départ par de simples
difficultés de compréhension de la parole, sans gravité et souvent bien
compensées, puis vient la mise en place de conduites d'évitement entraînant
un début d'isolement, des difficultés à vivre en groupe, allant parfois jusqu'à
la dépression et un sentiment de perte d'estime de soi.
La lecture labiale
La lecture labiale et la découverte de stratégies d'adaptations perceptives,
communicatives, et langagières sont les principaux objectifs de la prise en
charge orthophonique.
L'apprentissage de la lecture labiale fait appel à diverses compétences telles
que la discrimination visuelle, la suppléance mentale, la compréhension
rapide, l'observation, l'attention et la concentration.
Trois méthodes proposent l'apprentissage de la lecture labiale :
la méthode analytique de Jeanne Garric (Garric, 1998), c'est une
méthode analytique qui consiste à apprendre les signes, à les
différencier et à les organiser ;
la méthode globale de Jean Olivaux consiste à utiliser le maximum
d'indices perceptibles et à avoir l'intuition des autres ; elle se base
beaucoup sur le contexte ;
la méthode mixte de Monique Istria (Istria, 1992) qui développe aussi
bien l'analyse systématique des signes que l'intuition et l'aide
contextuelle.
Des logiciels informatiques peuvent aussi être une aide précieuse (Lecture
labiale, Carbonnière, GERIP).
Ces apprentissages ne sont possibles que si l'adulte malentendant comprend
la nécessité de la rééducation orthophonique. Pour cela, l'orthophoniste
l'informera sur l'audition et l'appareillage, les risques pour la
communication et l'évolution de la surdité appareillée et rééduquée.
Bégaiement et emploi
Le bégaiement peut plonger la personne bègue dans une situation de
handicap d'importance variable, en particulier dans le monde du travail. Il
devient alors une « entrave aux choix de vie pour le sujet qui en souffre »
(plaquette APB, 2006, http://www.begaiement.org). Toutefois les capacités
intellectuelles et professionnelles étant totalement préservées, les personnes
bègues peuvent recevoir le statut particulier de travailleur handicapé,
différent de celui de personne handicapée.
À l'emploi, il convient pour les adultes bègues de parler de leur trouble en
avançant les qualités que leur bégaiement leur a permis de développer :
détermination, courage, connaissance de soi et des capacités de
communication.
L'illettrisme
Illettrisme et analphabétisme
La distinction entre illettrisme et analphabétisme est primordiale puisque
ces deux termes désignent deux notions particulièrement proches qui
renvoient à une réalité identique (l'adulte non lecteur) mais à un parcours
différent :
l'illettrisme concerne les personnes qui ont été scolarisées, mais qui
n'ont pas acquis une maîtrise suffisante des apprentissages
fondamentaux que sont la lecture, l'écriture et le calcul ;
l'analphabétisme concerne des adultes qui n'ont jamais été scolarisés et
qui n'ont, par conséquent, jamais appris la lecture, l'écriture ni le
calcul.
À
tout âge, mais plus particulièrement en fin de vie, l'être humain
peut se trouver confronté à une maladie neurodégénérative.
Atteignant une ou plusieurs fonctions, supérieures ou non, et
variables d'un patient à l'autre, ces pathologies réduisent
progressivement le champ des possibles pour chacun, et amènent
inévitablement à la mort, dans des délais variables.
Le terme de démence renvoie en médecine à « un appauvrissement plus ou
moins marqué des facultés intellectuelles sous l'influence de lésions du
cerveau » (Manuila, Manuila, Nicoulin, 1996). La mémoire, l'attention et le
langage, lésés sur le plan quantitatif, mais aussi qualitatif, sont les capacités
les plus fréquemment touchées. La désorientation spatio-temporelle, la non-
reconnaissance des personnes familières, les difficultés de communication,
la désintégration des conduites sociales sont autant d'obstacles qui sans
cesse viennent amoindrir les possibilités du patient. S'en suivent une perte
d'autonomie et une situation de dépendance souvent associées à des troubles
du comportement. Le retentissement psychosocial et familial peut altérer
considérablement la qualité de vie de ce dernier.
La perte de mémoire
Décrite dès 1906 par Aloïs Alzheimer, médecin psychiatre, neurologue et
neuropathologiste, lors de la 37e conférence des psychiatres allemands, la
maladie d'Alzheimer constitue selon le DSM-IV « une amnésie des faits
récents puis anciens, une perte des fonctions exécutives, une aphasie
amnésique, une apraxie, une agnosie croissante ». Elle est la plus fréquente
des maladies neuro-dégénératives. Elle serait en cause dans 70 % des
troubles chez les personnes âgées de plus de 65 ans, et dans 50 % des cas
chez les malades plus jeunes. Elle se caractérise par un début progressif et
un déclin intellectuel continu dont l'évolution dans le temps n'est pas
aisément prévisible, en moyenne entre 8 à 10 ans. Les classifications sont
en constante évolution. Les recherches s'orientent principalement
aujourd'hui vers la neuropsychologie moléculaire, mettant en cause des
désordres protéiques à l'origine des maladies dégénératives. Souvent
associée à l'oubli, la maladie d'Alzheimer concerne également des zones
cérébrales dévolues au langage, au geste, à la reconnaissance, à l'orientation
dans le temps et dans l'espace, au raisonnement.
Définitions
Mécanismes altérés : mémoire de travail/mémoire épisodique au sein de la mémoire
explicite.
Mécanismes préservés : mémoire sémantique/mémoire procédurale
L'atteinte langagière
Le langage sera le plus souvent étudié en priorité après la mémoire. Aux
prémices de la maladie, il s'appauvrit dans sa forme, sa fluence, son
discours, mais aussi dans son contenu, qui fournit moins d'informations
claires et précises. Les patients se perdent dans leurs explications, usent et
abusent des circonlocutions, des approches synonymiques. Puis la
compréhension, la lecture et l'écriture voient apparaître des « bizarreries »
nommées « paraphasies, paralexies, manque du mot, écholalie… ». Le
langage semble incohérent, car il reflète aussi bien les perturbations
langagières que les défaillances cognitives et les troubles de la mémoire.
« Les troubles du langage du malade d'Alzheimer doivent
pour l'essentiel être interprétés comme la dégradation de la
mémoire sémantique qui désigne la composante de la
mémoire à long terme contenant la représentation
permanente de notre connaissance du monde et qui permet
de lier les signifiants (c'est-à-dire les mots) à leurs
signifiés » (Gil, 2006).
Pour cette raison, des connaissances linguistiques précises permettent une
approche globale du patient, intégrant une rééducation mnésique basée sur
la mémoire sémantique qui contient la représentation permanente de notre
connaissance du monde et lie les signifiants à leurs signifiés.
Il est d'usage de décrire les troubles du langage dans la maladie d'Alzheimer
en fonction de trois grands stades d'évolution :
stade initial : en conversation, des difficultés à trouver les mots, d'où le
recours aux circonlocutions et paraphasies verbales. La compréhension
de l'intention du locuteur est également difficile. L'expression écrite est
affectée. Les aspects instrumentaux du langage sont toutefois
préservés, comme la compréhension, orale et écrite ;
stade moyen : le discours est déstructuré, les anomies, les néologismes,
les persévérations, les paraphasies verbales sémantiques sont
fréquents. La syntaxe voit apparaître certaines déviances. Les habiletés
discursives et pragmatiques sont, quant à elles, fortement perturbées.
La communication devient alors plus difficile, la compréhension est
elle aussi touchée créant une situation de « handicap situationnel
majeur » (Joanette, 2008) ;
stade évolué : le langage s'effondre, tous les niveaux langagiers sont
altérés : sémantique, syntaxe, discours, pragmatique, compréhension
orale et écrite. Les comportements qui subsistent sont l'écholalie, la
palilalie ou encore le mutisme.
Les manifestations langagières s'articulent autour de trois difficultés
principales :
la perte de la sémantique des mots : la mémoire sémantique qui fait
référence à la mémoire des mots, des idées, des concepts,
indépendamment du contexte temporel et spatial d'acquisition est
touchée ;
un trouble des habiletés discursives : les capacités à comprendre et à
exprimer une intention de communication (vacuité du discours,
réduction du contenu, utilisation abusive des pronoms sans référent,
simplification de la syntaxe) sont perturbées ;
un trouble des habiletés pragmatiques : la capacité de l'individu à
traiter l'intention de communication en fonction du contexte précis
dans lequel il se trouve, l'individu se détériore.
L'atteinte de la reconnaissance et du geste : agnosie et
apraxie
Sans trouble sensoriel avéré, les malades d'Alzheimer présentent des
atteintes gnosiques, c'est-à-dire des difficultés dans la reconnaissance des
stimuli, sur les plans visuel, auditif, tactile, de leur propre corps, dans la
reconnaissance des visages, célèbres ou non.
Les fonctions visuoconstructives et visuospatiales peuvent également être
troublées, peu évoquées par le patient car moins usitées dans leur vie
quotidienne. Toutefois, les perturbations de la mémoire topographique
conduisent à des épisodes de pertes de repères (en rentrant de chez leurs
enfants, dans leur quartier…).
Les réalisations praxiques perdent de leur fluidité. Les gestes sont moins
souples, moins naturels. L'habillage reflétera également ces difficultés.
Le diagnostic différentiel
Le diagnostic est posé par les équipes pluridisciplinaires des services de
neurologie, de gériatrie ou de neuro-gériatrie. Les consultations intègrent
des évaluations en orthophonie, neuropsychologie, ergothérapie,
kinésithérapie, psychomotricité, psychiatrie, mais également des examens
en imagerie médicale, sanguins, visuels et neuro-visuels… Les patients
bénéficient d'un suivi régulier pour constater de l'évolution de la maladie et
adapter la prise en charge.
La prise en charge
Le premier entretien
En règle générale, les patients sont orientés par leur médecin généraliste ou
par les services hospitaliers vers l'orthophoniste, spécialiste des troubles du
langage et de la communication. Peu de prises en charge sont instaurées à
l'hôpital, c'est donc dans les cabinets libéraux qu'a lieu la rééducation pour
le maintien et l'adaptation des fonctions de communication (voir annexe 2).
Après un entretien qui retrace l'histoire personnelle du patient et permet
d'appréhender les préférences, les motivations, les envies, les peurs,
l'orthophoniste oriente son évaluation en regard de la plainte. Est-elle
exprimée par le patient lui-même, ou bien la perte de mémoire, souvent
inaugurale, est remarquée par l'entourage et étayée par le médecin traitant ?
Une évaluation linguistique des désordres langagiers, et des épreuves à
orientation neuropsychologique aboutit à une vue d'ensemble des fonctions
cognitives et détermine les axes de la prise en charge, les portes d'entrée, les
mécanismes à consolider et ceux encore performants qu'il convient
d'entretenir. Une analyse quantitative, mais également et surtout qualitative
permet de juger des capacités d'adaptation du patient à ses difficultés.
Après la plainte mnésique, au décours du bilan, s'expriment les autres
craintes, les observations des patients et de l'entourage : une langue qui
fourche, des fausses routes, des troubles de l'humeur soudains, des sautes
d'humeur, une hygiène plus sommaire, une apathie, l'ennui, les répétitions
du discours… Autant de renseignements à relever, pour une approche
qualitative globale de la personne (voir annexe 5). Alors que les pertes de
mémoire constituent en général les premiers symptômes décrits par le
patient, les autres troubles (variations de l'humeur, du caractère, du
comportement, le repli, l'apathie ou encore la dépression) sont généralement
mieux perçus par l'entourage. Charazac (2009) évoque également la
« conscience d'une transformation de soi accompagnée ou non du sentiment
d'irréversibilité ». L'étude PAQUID corrobore ces constatations.
La maladie de Parkinson
La première description clinique date de 1817 par James Parkinson. Mais
c'est seulement 150 ans plus tard que l'on découvre qu'un manque en
dopamine est à la source de la maladie. En 1970, la première thérapeutique
est prescrite aux malades.
Il s'agit de la deuxième maladie neuro-dégénérative, après la maladie
d'Alzheimer. Débutant habituellement entre 45 et 70 ans, la maladie de
Parkinson est une maladie neurologique chronique affectant le système
nerveux central. Les troubles concernent essentiellement la motricité.
D'évolution progressive, ses causes restent inconnues encore aujourd'hui.
Notons qu'elle se distingue des syndromes parkinsoniens qui sont
généralement d'origines diverses, plus sévères et qui répondent peu aux
traitements.
Rare avant 40 ans, l'incidence de la maladie de Parkinson augmente avec
l'âge. En Occident, sa prévalence est de 1 à 2 pour 1 000. L'âge habituel de
début se situe autour de 60 ans. On retrouve cette pathologie jusqu'à 4 %
chez les personnes de plus de 85 ans. Cependant, les études
épidémiologiques dans cette tranche d'âge ne distinguent pas la maladie de
Parkinson des syndromes parkinsoniens. Elle constitue avec les accidents
vasculaires cérébraux une des causes importantes de handicap moteur chez
les personnes âgées.
La dysarthrie parkinsonienne
Dans le cadre de la maladie de Parkinson, les troubles de la parole sont
significatifs. Ils sont peu sensibles, comme la dysphagie, aux traitements
médicamenteux ou chirurgicaux. Présente aux prémices de la maladie, la
dysarthrie parkinsonienne est qualifiée d'hypokinétique, à l'instar des
symptômes avancés pour le diagnostic : akinésie (ralentissement à
l'initiative du mouvement), bradykinésie (ralentissement à l'exécution du
mouvement) et hypokinésie (réduction de l'amplitude du mouvement). Le
terme se rapporte également aux caractéristiques perceptives propres à la
parole du patient parkinsonien :
perte d'intensité ou hypophonie ;
perte de modulations ou monotonie.
Les dysfonctionnements restant généralement discrets dans les premiers
temps de la maladie, la dysarthrie est souvent négligée et seulement
reconnue lorsque la gêne devient conséquente. Les troubles induisent alors
une perte d'intelligibilité qui ne manquera pas de se répercuter sur la vie
psychosociale du patient : retrait, perte d'estime de soi, isolement…
Plusieurs composantes de la parole sont altérées :
l'articulation de la parole perd en précision. La parole est plus
difficilement intelligible ; la réduction de l'amplitude des mouvements
articulatoires et les troubles de l'initiation sont des composantes du
trouble de l'intelligibilité ;
la prosodie de la parole est également touchée, les variations
prosodiques sont moins marquées, la voix est monotone. Par ailleurs,
le débit et la fluence présentent également des altérations
particulières : accélération ou allongement, bredouillement,
bégaiement, palilalies ;
la voix est altérée dans ses caractéristiques principales : intensité
(hypophonie), hauteur (aggravée ou augmentée) et timbre (soufflé,
éraillé, voilé).
La proprioception et les capacités d'intégration sensori-motrices perdent
également de leur intégrité et de leur efficacité, engendrant des difficultés à
percevoir objectivement la qualité de la parole émise. Le réajustement du
geste moteur est alors compromis et peu à même de rétablir une parole
adaptée.
L'ensemble des troubles évoqués, nous permet de comprendre la dysarthrie
comme un trouble de la communication, qu'il est indispensable de prendre
en charge en orthophonie.
La dysphagie
Fréquente dans la maladie de Parkinson, la dysphagie est dominée par un
trouble de l'initiation dans le début de la maladie. Puis le mécanisme
physiopathologique se complexifie, combinant un défaut de propulsion oral
et pharyngé, un trouble de la synchronisation responsable de stases et de
fausses routes secondaires et un dysfonctionnement du sphincter supérieur
de l'œsophage. Les apports nutritionnels peuvent être insuffisants et les
conséquences pulmonaires non négligeables.
Si l'effet des traitements médicamenteux ou chirurgicaux reste discuté sur
les mécanismes de la dysphagie, il est reconnu que l'amélioration de la
motricité globale a un impact sur la gestion des prises alimentaires.
La prise en charge des troubles de la déglutition s'organise autour de
l'entretien des compétences motrices et sur des modifications
comportementales permettant de banaliser un comportement volontaire
comme par exemple « penser à avaler fort lors de chaque déglutition ».
Les apprentissages et les conseils apportés aux patients lors des
rééducations orthophoniques portent sur :
les textures alimentaires adaptées : la viscosité des liquides peut être
augmentée ;
les postures de tête protectrices ou facilitatrices pendant la déglutition
(flexion antérieure) ;
les manœuvres de déglutition favorisant la protection des voies
aériennes (déglutition sus-glottique) ;
l'environnement du repas, calme et propice, favorable à la
concentration sur la tâche de déglutition ;
la prise de conscience du trouble.
La prise en charge orthophonique
La prise en charge de la dysarthrie parkinsonienne
Dans le cadre de la dysarthrie parkinsonienne, la prise en charge se pensera
sur le long terme et tâchera de s'adapter et d'évoluer selon les besoins du
patient, les envies, le stade de la maladie, la sévérité des troubles perçus et
avérés, les possibilités et l'adhésion du malade et de son entourage. Sa
précocité se révélera être un atout dans la lutte contre la progression des
troubles. L'orthophoniste devra donc sans cesse ajuster ses objectifs de
rééducation, du travail mené sur la parole au maintien des fonctions de
communication.
L'évaluation
L'évaluation clinique de la dysarthrie intègre :
une analyse perceptive : qualitative globale ou basée sur une grille
d'évaluation standardisée. Dans les deux cas, elle devra notifier les
aspects hauteur, articulation, intensité, respiration, résonance et
prosodie, dans différentes modalités de parole : voix conversationnelle,
voix narrée, ou lecture à haute voix ;
une cotation de la sévérité de la dysarthrie : l'altération touche-t-elle
l'intelligibilité (message acoustique), la compréhensibilité
(intelligibilité et aides contextuelles), l'efficacité (fonction du temps de
parole), la sévérité perceptive (perte du caractère naturel de la parole)
(Auzou, Rolland-Monnoury, 2006) (voir annexe 5) ;
une analyse phonétique : concerne l'articulation des phonèmes
vocaliques ou consonantiques ;
une évaluation du comportement neuro-musculaire de la sphère oro-
faciale ;
une analyse acoustique : très souvent aujourd'hui réalisée à l'aide de
logiciel d'analyse acoustique ;
un entretien avec le patient autour de son vécu de communication.
La remédiation
La prise en charge thérapeutique des patients parkinsoniens s'articule
d'après Duffy (2005) autour de trois grands axes, en fonction de l'évolution
de la maladie : restaurer, compenser et adapter.
De nombreuses approches thérapeutiques visent à améliorer la dysarthrie.
Parmi elles :
l'approche rééducative axée sur la parole : seules les caractéristiques
de la parole, intensité, timbre, hauteur, articulation, sont prises en
charge ;
l'approche rééducative axée sur la communication : un travail plus
global est proposé, incluant tous les modes de communication ;
l'approche écologique : rééducation en situation, avec la collaboration
de l'entourage ;
l'utilisation de prothèses : amplificateurs de voix ;
l'approche médicale : traitements médicamenteux ou chirurgicaux ;
le soutien et l'accompagnement : guidance de l'entourage et du patient,
dans une relation thérapeutique (aide aux aidants) ;
la rééducation de la dysarthrie hypokinétique dans la maladie de
Parkinson : la LSVT (Lee Silverman Voice Treatment) (Ramig, 2001)
est reconnue aujourd'hui comme la méthode de rééducation de
référence (Rolland-Monnoury, 2005). Cette rééducation a été élaborée
dans les années quatre-vingt aux États-Unis, elle se concentre sur la
perte de l'intensité vocale de la dysarthie parkinsonienne. Le but de
cette prise en charge est d'obtenir une réelle amélioration de la
communication du patient avec son entourage. Les progrès doivent
s'installer sur le long terme. La prise en charge est intensive, répondant
à un protocole établi de manière séquentielle. Les principes de base
correspondent à l'installation d'une intensité forte en phonation et à la
perception de l'énergie à mobiliser pour y parvenir. La LSVT a prouvé
son efficacité par de nombreuses études. Elle a également, semble-t-il,
des conséquences positives sur les difficultés de déglutition,
d'articulation, ou encore de mimiques.
La prise en charge des troubles cognitifs dans le cadre de la
maladie de Parkinson
Elle fait bien évidemment partie intégrante de la prise en charge
orthophonique et s'intéressera au langage, en travaillant principalement sur
le versant syntaxique et la fluence sémantique. L'entraînement des
mécanismes de pensée, mais aussi l'acquisition de stratégies de recherche et
de suppléance permettront d'entretenir les acquis, d'ouvrir d'autres
perspectives et surtout de réassurer le patient dans ses capacités. C'est
pourquoi il faudra toujours s'adapter aux possibilités et aux capacités du
patient, sans jamais le placer dans une situation d'échec.
Le langage comme point d'ancrage de la rééducation nous permettra
également de stimuler les compétences transversales telles que les fonctions
exécutives, la mémoire ou encore l'attention.
L'élaboration d'idées, de phrases, du discours, la planification de tâches, le
contrôle, la compréhension de concepts non verbaux, l'alternance des
stratégies et l'inhibition sont autant de mécanismes cognitifs qu'il sera
intéressant de stimuler.
Une attention particulière devra être portée à l'environnement direct du
patient, afin que les progrès puissent être ressentis à l'extérieur de notre
cabinet.
Les caractéristiques
La SLA atteint la motricité dans toutes ses formes : marche, déglutition,
parole, voix, respiration… La maladie se concrétise par une atteinte du
geste :
la marche et les mouvements : l'affaiblissement musculaire progressif
entraîne des chutes imprévisibles souvent dangereuses ;
la déglutition : les troubles sont dominés dans les SLA bulbaires par la
composante paralytique, responsable d'un trouble de la propulsion
orale au début de la maladie qui rapidement se complique d'un trouble
de la propulsion pharyngée et de la protection des voies aériennes
inférieures. Les mécanismes d'expulsion deviennent inefficaces. Les
difficultés de mastication, les stases buccales et des fausses routes
modifient l'alimentation des patients et l'altération de l'état général peut
apparaître rapidement après le diagnostic ;
l'alimentation : l'amaigrissement est généralement très important au
cours de la SLA consécutif à la fonte musculaire, aux difficultés
croissantes d'alimentation, à l'inconfort ressenti lors des repas, ou
encore à une perte d'appétit liée à la dépression, mais aussi à une
augmentation des besoins métaboliques. De nombreux malades sont en
état de dénutrition ou de déshydratation. L'alimentation entérale par
gastrostomie peut devenir une nécessité pour pallier les difficultés
d'alimentation, les prises orales per-os étant autorisées pour le plaisir et
l'entretien de la fonction de déglutition ;
la respiration : elle doit faire l'objet d'une attention et d'une
surveillance particulières. En effet, l'altération du mécanisme de toux,
ne permet pas le drainage efficace des sécrétions bronchiques. Puis la
capacité respiratoire s'amenuise provoquant troubles du sommeil,
maux de tête, essoufflement, somnolence, fatigue. La prise en charge
est pluridisciplinaire : médicamenteuse, kinésithérapique,
instrumentales (ventilation non invasive (VNI) et parfois en dernier
recours, trachéotomie)
la parole : la dégradation des compétences articulatoires est liée à la
paralysie des muscles oro-bucco-faciaux et pharyngo-laryngés via les
atteintes bulbaires. La motricité fine de l'articulation de la parole se
trouve touchée dans sa réalisation. Elle devient plus aléatoire, teintée
d'imprécisions, la voix manque d'intensité, le chant devient plus
difficile, la voix projetée impossible. Les retentissements sur la
communication sont immédiats, entraînant souffrance psychique,
isolement, et repli sur soi.
la communication : les gestes quotidiens les plus anodins deviennent
progressivement des montagnes à franchir. Ils nécessitent une motricité
intègre, qui fait petit à petit défaut au sujet. Une communication
alternative sera mise en place : mimique, écrit, SMS, tableaux de
communication, synthèses vocales avec ou sans contacteur, logiciels
de clavier virtuel et de synthèse vocale. Ces moyens de suppléance
existent, adaptatifs ou de remplacement, qui permettent de poursuivre
les activités de tous les jours et qui gardent la personne actrice de sa
vie.
Les études récentes montrent que dans 5 % des cas la SLA peut
s'accompagner de troubles cognitifs, notamment fronto-temporaux. Les
symptômes sont alors centrés sur les troubles comportementaux, avec ou
non des troubles aphasiques et/ou sémantiques.
Le métier d'orthophoniste
A
près le Bac, le CCO en poche, muni de son code ADELI et de sa
CPS, le jeune professionnel cote en AMO son premier acte de DL-
DO. Pour l'enfant présentant un TED avec TDAH, il lui faut
prendre contact avec le CAMSP puis le SESSAD, envoyer son CR
à la MDPH afin d'envisager une CLIS I…
Chaque métier a son jargon ! Levons le voile sur celui de l'orthophonie.
Devenir orthophoniste
Préalables
Les écoles d'orthophonie sont ouvertes aux titulaires :
du baccalauréat toute section ;
d'un titre admis en équivalence, ESEU (= examen spécial d'accès aux
études universitaires) ou DAEU (diplôme d'accès aux études
universitaires) ;
d'un titre étranger admis en dispense.
Le quota d'étudiants admis en première année d'études préparatoires au
certificat de capacité en orthophonie est fixé par arrêté des ministres de
l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de la Santé, de la Jeunesse et
des Sports à la lumière des préconisations des préfets de régions. Le dernier
arrêté date du 14 juin 2011, le numerus clausus est de sept cent quatre-
vingt-trois étudiants pour l'année 2011-2012.
L'arrêté du 16 mai 1986 trace, quant à lui, les grandes directives de
l'examen d'aptitudes, qui constitue, en réalité, un concours d'entrée en école
d'orthophonie. Dans le cadre de l'autonomie universitaire, chaque centre de
formation détermine les épreuves de cet examen d'aptitudes. Depuis 1996,
le ministère impose aux centres de formation d'organiser l'examen
d'aptitudes sur trois ou quatre dates précises.
Il n'existe aucune limite d'âge pour entrer en école d'orthophonie, les
reconversions professionnelles sont tout à fait possibles. Seule la réussite
aux épreuves d'évaluation d'aptitudes reste indispensable pour intégrer une
école. Les candidats ont également la possibilité de présenter le concours
l'année de leur baccalauréat. En cas d'échec au baccalauréat, l'étudiant ne
conserve pas le bénéfice de l'examen d'aptitudes et devra le représenter.
La sélection est rude, puisqu'un pourcentage de 10 % seulement des
candidats sont admis en première année. C'est pour cette raison que de
nombreuses classes préparatoires aux concours ont vu le jour…
Les prépas
Ces classes publiques ou privées, préparent les étudiants aux différents
concours d'orthophonie. Les cours s'étalent de septembre à mars, date des
premiers concours.
Les établissements proposant ces prépas sont répertoriés à cette adresse :
http://www.orthomalin.com/orthophonie/etudiants/prepas.html
Les concours
Le nombre d'inscription aux concours n'étant pas limité, les candidats
peuvent se présenter à autant d'écoles qu'ils le souhaitent ou le peuvent,
puisqu'il faut compter autour de 80 euros pour chaque inscription. Les
épreuves proposées sont différentes d'une école à l'autre, mais, en général,
les candidats seront soumis à un écrit, puis à un oral, grâce auxquels seront
évaluées leur maîtrise de la langue, leurs connaissances, leurs capacités de
synthèse et d'analyse.
Les écoles
Compte tenu du champ d'application de l'orthophonie, qui requiert des
connaissances approfondies dans des disciplines diverses, la formation des
orthophonistes est dispensée dans des UER médicales (plus
exceptionnellement en UER de techniques de réadaptation).
Seize centres de formation dispensent les enseignements d'orthophonie sur
notre territoire : Amiens, Besançon, Bordeaux, Caen, Lille, Lyon, Marseille,
Montpellier, Nancy, Nantes, Nice, Paris, Poitiers, Strasbourg, Toulouse et
Tours (voir annexe 6).
Les étudiants font vivre leurs écoles par leurs associations respectives,
celles-ci étant fédérées par la FNEO : la Fédération nationale des étudiants
en orthophonie, http://www.fneo.fr, elle-même adhérente de la FAGE : la
Fédération des associations générales étudiantes http://www.fage.org.
La formation
Les études sont réparties sur quatre années universitaires. La formation est
régie par l'arrêté du 25 avril 1997 modifiant l'arrêté du 16 mai 1986 relatif
aux études en vue du certificat de capacité d'orthophoniste.
Les études d'orthophonie sont dispensées à temps complet. Elles
comprennent :
des cours théoriques ;
un enseignement pratique ;
des séminaires ;
des stages.
Les cours, les séminaires, les enseignements et les stages sont obligatoires.
Le contrôle des connaissances est effectué sous forme de contrôle continu et
d'examens partiels et terminaux.
Les stages
La formation par les stages doit être organisée de telle sorte que la
confrontation avec les patients en bilan et en rééducation soit utilisée à la
fois :
comme stimulant pédagogique et outil de réflexion, ce qui nécessite
l'observation de la personne à différentes phases de son évolution. Des
populations différentes seront étudiées :
l'enfant en situation, dans diverses structures éducatives et de
soins ;
l'adulte présentant des troubles de la communication et les
éventuelles incidences de ces troubles sur son insertion
professionnelle ;
la personne âgée et son environnement, favorisant à la fois la
connaissance du sujet et celles des institutions ;
comme un objet d'apprentissage des conduites professionnelles, ce qui
impose la mise en place d'un cadre spécifique à l'élaboration des
différents aspects de la prise en charge.
La première année d'enseignement regroupera des stages d'initiation, de
pédagogie et d'audiologie. Les stages d'information (ORL, neurologie,
psychiatrie) et les stages dirigés (le stagiaire assiste à des rééducations)
débuteront en deuxième année. En troisième et quatrième années, les stages
seront déjà préprofessionnels permettant la pratique de rééducations sous
contrôle des maîtres de stages. La validation des stages est exigée pour la
présentation aux examens. Il représente au minimum un volume horaire de
1 200 heures.
Le mémoire de recherche
Le sujet du mémoire s'élabore depuis la troisième année d'études et sera
bien souvent lié aux stages effectués. L'objectif du mémoire de recherche
est précisé dans l'arrêté du 25 avril 1997. Il permettra aux étudiants
d'utiliser les connaissances théoriques acquises tout au long de leur
scolarité, dans la réalisation d'un travail de recherche. Les mémoires
d'orthophonie ayant reçu une mention, passable, honorable ou très
honorable, sont archivés à la bibliothèque universitaire de Nancy. Sa
soutenance devant un jury de quatre membres, désignés par le président de
l'université, sur proposition du directeur de l'enseignement d'orthophonie est
publique. Après délibération, l'étudiant se verra ou non remettre le certificat
de capacité d'orthophoniste (CCO), parfois accompagné d'une mention.
L'exercice professionnel
Jeune diplômé
Pour pouvoir exercer leur art, les jeunes diplômés sont tenus de faire
enregistrer leur diplôme et ce, que leur choix d'exercice se porte sur le
salariat ou sur le libéral. La DTARS (la délégation territoriale de l'agence
régionale de santé a remplacé la DDASS) du lieu d'exercice ou du lieu
d'habitation (dans le cas d'une recherche d'emploi ou d'un remplacement)
recevra cet enregistrement. Le jeune diplômé doit y présenter son certificat
de capacité en orthophonie, équivalence, ou le certificat provisoire délivré
par la faculté, une photo d'identité qui sera utilisée pour la carte
professionnelle et sa carte d'identité en cours de validité. Cette démarche est
la seule à effectuer si l'on souhaite exercer en salariat.
Un numéro professionnel ou numéro ADELI (Automatisation DEs Listes)
valide alors le diplôme et permet de travailler légalement. Constitué de 9
chiffres (numéro de département + code profession + numéro
d'enregistrement + clé), il constituera le numéro de la carte du professionnel
de santé (CPS). Une carte professionnelle est remise à l'orthophoniste, ainsi
qu'un formulaire pour demande de télétransmission qui sera remis à la
Caisse primaire d'assurance maladie (CPAM) dans le cas de l'exercice
libéral.
Dans le cas où le praticien possède un cabinet secondaire, deux numéros de
professionnel lui seront attribués : un numéro ADELI pour le cabinet
principal et un numéro CPAM pour le cabinet secondaire.
Dans les cas d'un exercice libéral, plusieurs inscriptions restent à effectuer :
l'inscription à la CPAM de son lieu d'exercice est obligatoire, en
mentionnant le numéro ADELI et l'adresse professionnelle. Cet
organisme recevra également un relevé d'identité bancaire (RIB)
original et le formulaire de télétransmission remis par la DTARS. En
contrepartie, le praticien se verra remettre un exemplaire de la
Convention nationale des orthophonistes qui régit l'exercice
professionnel, des feuilles de soins pré-identifiées avec le numéro
professionnel délivré par la DTARS ainsi qu'un cachet professionnel.
La DTARS inscrira le professionnel au fichier national des
professionnels de santé, se chargera également de créer une la CPS qui
permettra de sécuriser les FSE (feuilles de soins électroniques)
télétransmises. Elle inscrira également le professionnel au régime
obligatoire des praticiens auxiliaires médicaux conventionnés ;
l'immatriculation à l'URSSAF (Union de recouvrement des cotisations
de Sécurité sociale et d'allocations familiales), organisme de
recouvrement des charges sociales obligatoires, doit également être
effectuée, directement dans leurs locaux ou par internet. Elle vaut pour
l'INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques),
les services fiscaux et la caisse de retraite ;
la Caisse autonome de retraite et de prévoyance des infirmiers,
masseurs-kinésithérapeutes, orthophonistes, pédicures-podologues et
orthoptistes ou CARPIMKO doit également recevoir l'inscription du
professionnel et aura alors besoin de sa date de début d'activité libérale
et d'une photocopie de son diplôme. Elle gère nos cotisations retraite,
invalidité-décès et verse les prestations correspondantes ;
l'exercice libéral nous contraint à souscrire une assurance
responsabilité civile professionnelle (RCP) qui assure les
conséquences des dommages causés dans le cadre de l'activité
professionnelle. Une protection juridique peut y être adjointe ;
enfin, l'adhésion à un centre de gestion agréé est conseillée,
puisqu'elle permettra au praticien d'être épaulé dans sa gestion
comptable. Sans cette adhésion, le professionnel verra son bénéfice net
majoré de 25 % lors du calcul de l'impôt sur le revenu.
Les séances de rééducation, cotées en acte médical orthophonique (AMO)
sont remboursées à tout assuré social après accord de la demande d'entente
préalable (DEP) de l'organisme dont il dépend, ou prises en charge dans des
établissements spécialisés dans le cadre d'un prix de journée. Un coefficient
relatif à la rééducation pratiquée est adjoint à l'AMO et permettra de fixer le
tarif de chaque consultation (voir annexe 2). En novembre 2012, la lettre clé
(AMO) devrait être portée de 2,40 € à 2,50 € avec une majoration pour les
départements d'outre-mer où elle sera portée à 2,62 €. L'indemnité
forfaitaire de déplacement (IFD) sera portée de 1,52 à 2,50 €.
Les PAPS (plateforme d'appui aux professionnels de santé) sont ouverts par
les ARS (agences régionales de santé). Ces guichets uniques virtuels offrent
une information aux étudiants (notamment sur les aides à l'installation) et
aux professionnels de santé en exercice sur leurs projets d'exercice
coordonné (maisons de santé par exemple) elles sont accessibles à l'adresse
suivante : www.region.paps.sante.fr par exemple pour la région Franche-
Comté, le site PAPS sera accessible à l'adresse suivante : www.franche-
comte.paps.sante.fr.
Le salariat
Dans le cadre de l'exercice salarié, l'orthophoniste sera uni à son employeur
par un contrat fixant les conditions de travail, de rémunération et la
progression de carrière.
L'orthophoniste peut exercer au sein de la fonction publique avec un statut
de fonctionnaire, à temps partiel ou à temps complet, ou encore contractuel
à temps partiel. Le secteur privé médico-social constitue également un lieu
d'exercice. Les conventions collectives de 1951 et de 1966 régissent les
contrats au sein de ces établissements, celles de 1957, 1965 et de la Croix-
Rouge française, plus rarement. La convention collective sert à compléter,
en les améliorant les dispositions du code du Travail. Elle contient
nécessairement la détermination de son champ d'application professionnel
et territorial, sa durée d'application, les modalités de renouvellement, de
révision ou de dénonciation et les clauses relatives aux conditions d'emploi,
de travail et de garanties salariales. (http://www.orthophonistes.fr).
Le libéral
L'orthophoniste peut exercer son art en libéral dans un local à usage
professionnel. Le décret du 25 mars 1965 proscrit l'occupation d'un local à
usage commercial.
L'orthophoniste peut exercer seul ou en cabinet de groupe, uniquement avec
des orthophonistes ou avec différentes professions. Dans le cadre de
l'exercice à plusieurs, l'orthophoniste peut exercer en tant qu'associé, au sein
d'une SCM, société civile de moyens, SEL (société d'exercice libéral) ou
encore SELARL (société d'exercice libéral à responsabilité limitée). Les
associés partagent les frais inhérents au fonctionnement du cabinet
d'orthophonie ou médical. La collaboration, second statut, permet à un
orthophoniste d'exercer au sein d'un cabinet d'orthophonie dont le titulaire
met à sa disposition local, matériel et clientèle, cela en contrepartie du
versement d'une rétrocession correspondant à un pourcentage sur honoraires
perçus. Enfin, il peut être remplaçant. L'objet du contrat de remplacement
consiste à pourvoir à une cessation d'activité (congé annuel, maternité,
maladie) pour une durée déterminée. Il permet au remplacé d'être assuré de
la continuité des soins auprès de ses patients. Le remplaçant lui verse une
rétrocession. Ces trois statuts seront encadrés par un contrat établi et signé
par les deux parties. Notons que certains orthophonistes préfèrent exercer
leur activité hors convention et fixent leurs honoraires librement
(http://www.orthophonistes.fr).
La formation continue
Les orthophonistes ont à cœur de répondre au mieux aux obligations
réglementaires, éthiques et déontologiques de formation continue
professionnelle que leur impose l'exercice et surtout répondre aux besoins
de leurs patients et n'hésitent pas à se former tout au long de leur carrière.
La formation continue (FC) est organisée par des organismes formateurs et
en général orchestrée par les syndicats régionaux. Les professionnels
libéraux cotisent au Fonds interprofessionnel de formation pour les
professionnels libéraux (FIF-PL) ce qui leur offre une prise en charge
partielle de leur formation professionnelle si celle-ci est accréditée par cet
organisme. Les professionnels salariés solliciteront quant à eux leur
employeur.
Quant aux formations continues conventionnelles (FCC), l'assurance-
maladie prend en charge les frais de formations et verse une indemnité pour
perte de ressources aux stagiaires.
P
arlons d'avenir… La mission de l'orthophoniste est en constante
évolution. L'orthophoniste n'est pas seulement installé au cœur d'une
chaîne de soins, sensibilisé aux autres professions de santé et
spécialiste de l'accompagnement des patients. L'orthophonie est un
métier à part entière, nécessitant formations, responsabilité et engagement.
Les profils d'orthophonistes sont variés et complémentaires : spécialistes ou
généralistes, leurs interventions sont guidées par la réalité des territoires
(lieux géographiques où ils exercent) et des pathologies (qu'ils sont amenés
à rééduquer), selon leurs aspirations et leurs compétences.
Il est temps de créer les conditions de leur reconnaissance, à l'heure où doit
se redessiner une carte de santé privilégiant le « mieux » à moindre coût.
Aux orthophonistes d'investir leur métier comme une spécialité à part
entière, d'aiguiser leur curiosité, d'aborder le patient dans toute son identité,
de se former, de s'intéresser aux nouveaux champs du langage-
communication, de transformer les nouveaux savoirs dans des pratiques
créatives et adaptées à chaque patient, de contribuer à l'avancée des
recherches à travers leurs travaux et leurs publications, de poursuivre
l'information et la formation auprès des autres acteurs de la chaîne de soins,
investir pleinement la nouvelle dimension d'« aide aux aidants »…
Aux familles de garder l'initiative, de s'informer, de participer activement
aux thérapies proposées…
Aux acteurs de santé de mesurer les opportunités de collaboration avec les
orthophonistes, développer les réseaux de soins, pour déployer de nouvelles
formes de réponses favorisant la prévention, l'efficacité et la sérénité
thérapeutique…
Aux administrations de reconnaître les orthophonistes (spécialistes et
généralistes) comme des auxiliaires précieux et complémentaires dans une
chaîne de soins à compétences partagées…
À nos dirigeants de permettre à les orthophonistes d'investir les pôles de
recherche et élever la profession vers les meilleurs standards européens,
pour donner sens à une politique de santé orientée vers le service aux
patients…
À chacun de prendre en main son destin…
À tous d'accepter l'Autre comme une ressource inépuisable !
Annexe1
Décret d'actes
Nomenclature novembre 2008
Préambule
Le bilan orthophonique fait l'objet d'une prescription médicale, accompagnée si possible, des motivations de la
demande de bilan et de tout élément susceptible d'orienter la recherche de l'orthophoniste.
Deux types de prescriptions de bilans peuvent être établis.
Outils de dépistage
et d'évaluation des troubles
du langage chez le jeune enfant
Outils de dépistage
Le Test sans langage de Suzanne Borel-Maisonny : réédition du test
sans langage de 1946, s'adresse aux enfants de 2 à 7 ans, présentant
une absence de langage, des troubles de la parole et du langage et ce
avant tout examen de l'articulation, de la parole et du langage (Édition
du Papyrus).
ERTL4 : étalonné de 3 ans 9 mois à 4 ans 6 mois. Évaluation rapide
des troubles du langage à 4 ans. (Roy, Maeder, 1992).
DPL 3 : étalonné pour des enfants de 3 ans à 3 ans 6 mois. Dépistage
et prévention langage 3 ans (Coquet, Maetz, 1997).
QLC-3,5 : étalonné de 3 ans 6 mois à 3 ans 9 mois. Questionnaire
langage et comportement à 3 ans et demi (Chevrie-Muller et coll.,
1994-1999).
PER 2000 : étalonné de 3 ans 6 mois à 5 ans 6 mois. Protocole
d'évaluation rapide (Ferrand, 1981-2000)
ERTLA6 : étalonné de 5 ans 9 mois à 6 ans 4 mois. Évaluation rapide
des troubles du langage à 6 ans (Roy et coll., 2002).
Dialogoris 0/4 ans : destiné aux professionnels de la petite enfance et
de la santé. Cet outil vise à optimiser le dépistage précoce des risques
pour le développement de la communication et du langage.
(Antheunis, Ercolani-Bertrand, Roy, dernière édition 2003-2006).
Dialogoris 0/4 ans orthophonistes : vise à optimiser les bilans
orthophoniques des enfants de 0 à 4 ans et des enfants sans langage et
à prévenir les développements déficitaires de la communication et du
langage (Antheunis, Ercolani-Bertrand, Roy, 2006).
Évalo BB : s'adresse aux enfants âgés de moins de 36 mois. Propose à
20 et 27 mois, une évaluation du langage oral (Coquet, Ferrand,
Roustit, 2010).
Le site http://info-langage.org, du syndicat FNO constitue une banque de
données et d'information importante concernant les actes de dépistage et de
prévention des troubles du langage oral chez l'enfant. Les IFDC (inventaires
français du développement communicatif) : un outil de dépistage des
troubles de la communication chez le jeune enfant à 12, 18 et 24 mois.
Outils de dépistage
et d'évaluation du langage écrit
de l'enfant
Dépistage
BREV : Batterie rapide d'évaluation étalonnée de 4 ans à 9 ans. Étude
de la spécificité du handicap entraîné par les troubles des
apprentissages (Billard et al., 2000).
ODEDYS version 2 : Outils de dépistage des dyslexies, il évalue le
niveau de lecture, les voies de lecture et analyse les compétences sous-
jacentes (Zorman, 2008).
Évaluation
ALOUETTE-R : de 6 à 16 ans, Lefavrais (2005), ECPA : analyse la
lecture et la dyslexie.
ANALEC : de 8 à 15 ans, Analyse des compétences en lecture et
écriture, Inizan (1998), ECPA : met en évidence les modalités de
transcription de la langue de l'oral à l'écrit (écriture) et de l'écrit à l'oral
(lecture), et évalue la lecture silencieuse, la lecture orale et la maîtrise
des mécanismes de la transcription de la langue.
BATELEM-R : CE1 et CE2, Batterie d'épreuves pour l'école
élémentaire, Savagny et coll. (1996), EAP : évalue le vocabulaire, la
syntaxe, le graphisme, la prononciation, la lecture, l'orthographe.
BELEC : du CE1 au CM1, Batterie d'évaluation du langage écrit,
Mousty, Leybaert (1999), Laboratoire de psychologie expérimentale
Université libre de Bruxelles : identifie les difficultés au niveau des
processus de lecture et d'écriture et permet leur mise en relation avec
d'autres habiletés qui pourraient être à l'origine des difficultés.
BELO : CP/CE1, Batterie d'évaluation de la lecture et de l'orthographe,
George, Pech-Georgel (2006), Solal : dépiste les troubles de la lecture
et de l'orthographe.
BLI : du CE1 au CM2, Bilan de lecture informatisé, Khomsi (2002),
ECPA : offre une évaluation informatisée de la lecture.
BP/BL : de la GSM au CE1, Batterie prédictive de l'apprentissage de la
lecture et Batterie de lecture, Inizan (2000), ECPA : permet une
analyse prédictive des capacités d'apprentissage du langage écrit ainsi
qu'une analyse détaillée de la lecture en fin de CP.
CALE : de la GSM au CP/CE1, Contrôle des aptitudes à la lecture et à
l'écriture, Girolami-Boulinier, André, Luyet, Ginesi (1974-2000),
Éditions du Papyrus : teste rapidement et précisément les prérequis à
l'apprentissage de la lecture et de l'écriture.
Chronosdictée : du CE1 à la 3e, Baneath, Boutard (2006), Ortho-
Éditions : dépiste les troubles orthographiques avec ou sans contrainte
temporelle.
CLOE : de 6 ans à la fin du CE2, Capacités en langage oral et écrit,
Girolami-Boulinier, André, Luyet, Ginesi (2004), Éditions du
Papyrus : teste les capacités en langage oral et écrit.
EVALEC : de 6 ans à 10 ans, Batterie informatisée d'évaluation
diagnostic des troubles spécifiques d'apprentissage de la lecture,
Sprenger- Charolles, Colé, Piquard- Kipffer, Leloup (2010), Ortho-
Éditions : évalue la sévérité des difficultés de lecture et des difficultés
dans le développement d'habiletés reliées à la réussite en lecture.
EXALang 11-15 : adolescents du collège, batterie cognitive
informatisée, Helloin, Lenfant, Thibault, (2009), Motus : évalue le
langage oral, le langage écrit et les compétences transversales.
INZEC : CP, Inizan (2002), ECPA : évalue les compétences en lecture
et en écriture au CP.
L2MA : du CE2 au CM1, Langage oral-langage écrit-mémoire-
attention, Chevrie-Muller, Simon, Fournier (1997), ECPA : teste le
langage oral, le langage écrit, la mémoire et l'attention.
L2MA-2 : Langage oral-langage écrit-mémoire-attention, Chevrie-
Muller, Maillart, Simon, Fournier (2010), ECPA : informatise de la
batterie L2MA en y ajoutant de nouveaux subtests et en proposant une
mise à jour des subtests conservés. Les normes sont actualisées et la
tranche d'âge des enfants évalués augmentée.
LMC-R : du CE1 à 14 ans, Lecture de mots et compréhension-révisée,
Khomsi (1990), ECPA : épreuve d'évaluation de la compétence de
lecture : lecture en une minute, identification de mots et
compréhension en lecture.
LOGATOR : de 7 ans à l'âge adulte, Boudes, Boutard (2009), Ortho-
Éditions : évalue rapidement les capacités d'assemblage en lecture et
en écriture.
Orthographe au collège : de la 6e à la 3e, Thibault, Dyalang (2008),
Motus : sonde l'orthographe chez les collégiens grâce à trois dictées,
une closure de texte et une évaluation de la compréhension de lecture
et de l'orthographe grammaticale.
Phrases Borel-Maisonny : du CE1 à l'âge adulte : permettent une
analyse qualitative de l'écriture.
Quelle rencontre : du CE1 au CM2, Asselin, Breton (1997), mémoire
d'orthophonie Paris VI : évalue le niveau de lecture dans ses aspects
vitesse, qualité, et compréhension.
RDMI : adolescents du collège, Reconnaître les difficultés menant à
l'illettrisme, Morcrette, (2003), Ortho-Éditions : évalue les difficultés
menant à l'illettrisme.
TIMÉ 2 : du CP au CE2, Test d'identification de mots écrits, Ecalle
(2004), ECPA : évalue rapidement le niveau de lecture des apprentis
lecteurs.
Vitesse en lecture : du CE1 à la Terminale, Khomsi, Pasquet, Nanty et
Parbeau-Guéno (2005), ECPA : dépiste les difficultés de lecture de
mots.
Vol du PC : de 11 à 18 ans, Boutard, Claire, Gretchanovsky (2006),
Ortho-Éditions : évalue la lecture (lecture à haute voix,
compréhension, recherche d'indices…) et permet d'objectiver un
déficit de la lecture.
Logique-mathématique
TEDI-MATH : de la MSM au CE2, Van Nieuwenhoven, Grégoire,
Noël (2001), ECPA : teste les compétences de bases en mathématique.
UDN-II : de 4 à 11 ans, Utilisation du nombre, Meljac, Lemmel,
(1999), ECPA : évalue de la structure logique de la pensée chez
l'enfant.
ZAREKI-R : du CE1 au CM1, Von Aster, adaptation française :
Dellatolas, (2006), ECPA : évalue le traitement des nombres et du
calcul chez l'enfant.
Fonctionnement neuropsychologique de
l'enfant
Anitest : de 7 ans 6 mois à 11 ans 5 mois, Bedey, Etcheverry (2004),
Ortho-Édition : évalue l'attention.
CMS : de 5 à 16 ans, Clinic Memory Scale, Cohen (2001), ECPA :
permet de réaliser un bilan de la mémoire et de l'apprentissage chez
l'enfant.
EVAC : de 8 à 14 ans, Épreuve verbale d'aptitudes cognitives, Lussier,
Flessas (2003), ECPA : évalue les mécanismes qui sous-tendent les
apprentissages.
NEPSY II : de 3 à 12 ans, Bilan neuropsychologique de l'enfant,
Korkman, Kirk, Kemp (2012), ECPA : propose un panorama complet
du développement neuropsychologique de l'enfant.
Ces tests offrent une étude normée qui devra être mise en perspective avec
la situation et la pathologie particulière de chaque patient.
Annexe5
3. Dysarthrie
BECD 2006 : patients dysarthriques, Auzou, Rolland-Monnoury
(2006), Ortho-Édition : permet d'évaluer les caractéristiques de la
dysarthrie.
Ces tests offrent une étude normée qui devra être mise en perspective avec
la situation et la pathologie particulière de chaque patient.
Annexe6
Écoles d'orthophonie
AMIENS
UFR de médecine
Département d'orthophonie
IUT Bâtiment génie civil
Avenue des Facultés
80025 Amiens CEDEX 20
Directeur : professeur Bernard Devauchelle
Directrice pédagogique : Anne-Christine Dupont
Tél. : 03 22 53 39 95
E-mail : orthophonie@u-picardie.fr
Site : http://www.u-picardie.fr/orthophonie
Association étudiante : http://gepeto.wifeo.com/
Numerus clausus : 30
BESANÇON
Faculté de médecine et de pharmacie
École d'orthophonie
19, rue Ambroise-Paré
25000 Besançon
Directeur : professeur Laurent Tavernier
Directeur des études : Alain Devevey
Tél. : 03 81 66 55 71
Site : http://www.univ-fcomte.fr/
Association étudiante : http://geod.wifeo.com/
Numerus clausus : 25
BORDEAUX
Université Victor-Segalen Bordeaux 2
Institut de formation en orthophonie
Hôpital Pellegrin Bâtiment PQR
Place Amélie-Raba-Léon
33076 Bordeaux CEDEX
Directeur : professeur René Dauman
Directrice pédagogique : Anne Lamothe-Corneloup
Tél. : 05 56 79 59 64
E-mail : ufr1.medicale@u-bordeaux2.fr
Site : http://www.u-bordeaux2.fr
Association étudiante : http://abfo.wifeo.com/
Numerus clausus : 30
CAEN
UFR de médecine département d'orthophonie
CHU
Avenue de la Côte-de-Nacre
14032 Caen CEDEX
Directeur : professeur Emmanuel Babin
Directrice des études : Jany Lambert
Tél. : 02 31 06 81 14
E-mail : medecine.secretariat@unicaen.fr
Site : http://www.unicaen.fr/ufr/medecine/medecine.html
Association étudiante : http://www.etoc-orthophonie.com/
Numerus clausus : 20
LILLE
Institut d'orthophonie Gabriel-Decroix
Faculté de médecine Henri Warenbourg
Pôle Formation
59045 Lille CEDEX
Directeur de l'institut : Paula Dei Cas
Directeur délégué : professeur Dominique Chevalier
Tél. : 03 20 62 76 18
E-mail : inst-orthophonie@univ-lille2.fr
Site : http://www.univ-lille2.fr/orthophonie/
Association étudiante : http://aceol.free.fr/
Numerus clausus : 120
LYON
Institut des sciences techniques de la réadaptation
Capacité d'Orthophoniste
8, avenue Rockefeller
69373 Lyon CEDEX 8
Directeur de l'institut : professeur Yves Matillon
Directeur de formation : Agnès Bo
Tél. : 04 78 78 56 01
E-mail : stephanie.badiou@univ-lyon1.fr
Site : http://www.univ-lyon1.fr
Association étudiante : http://www.aeol.free.fr/
Numerus clausus : 95
MARSEILLE
Faculté de médecine – École d'orthophonie
27, boulevard Jean-Moulin
13385 Marseille CEDEX 5
Tél. : 04 91 32 43 22
Directeur : professeur Antoine Giovanni
Directrice pédagogique : Joanna Revis
E-mail : scolarite.chefdeservice@medecine.univ-mrs.fr
Site : http://www.timone.univ-mrs.fr/medecine/
Association étudiante : http://aemo13.wifeo.com/
Numerus clausus : 38
MONTPELLIER
UFR de Médecine Montpellier-Nîmes
Bureau des études paramédicales et maïeutiques
2, rue école de médecine
CS 59001
34060 Montpellier CEDEX 2
Directeur : professeur Renaud Garrel
Directrice pédagogique : Claire Cadilhac
Tél. : 04 34 43 35 39
E-mail : med-paramedical@univ-montp1.fr
Site : http://www.med.univ-montp1.fr
Association étudiante : http://dislalie.free.fr/
Numerus clausus : 35
NANCY
Université de Lorraine
Faculté de médecine école d'Orthophonie
9, avenue de la Forêt-de-Haye BP 184
54505 Vandœuvre-les-Nancy CEDEX
Directeur : professeur Cécile Parietti-Winkler
Directrice des études : Frédérique Brun-Henry
Tél. : 03 83 68 31 75
E-mail : secretariat-orthophonie@medecine.uph-nancy.fr
Site : http://www.medecine.uhp-nancy.fr
Association étudiante : http://afon-nancy.xooit.fr/portal.php
Numerus Clausus : 40
NANTES
Université de Nantes
UER de médecine et techniques médicales
Préparation au certificat de capacité d'orthophoniste
1, rue Gaston Veil
BP 53508
44035 Nantes CEDEX 1
Directeur : professeur Philippe Bordure
Directrice pédagogique : Valérie Chopineaux
Tél. : 02 40 41 28 50
E-mail : orthophonie@univ-nantes.fr
Site : http://www.univ-nantes.fr
Association étudiante : http://www.anfo.fr.st/
Numerus clausus : 43
NICE
Faculté de médecine – École d'orthophonie
28, avenue de Valombrose
06107 Nice CEDEX 2
Directrice : professeur Martine Myquel
Directeur des études : Christian Bellone
Tél. : 04 93 37 76 05
Site : http://medecine.unice.fr
Association étudiante : http://overneed.com/afon/
Numerus Clausus : 32
PARIS
Faculté de médecine Pierre et Marie Curie
DUEFO Bureau 210 bis
91, boulevard de l'Hôpital
75634 Paris CEDEX 13
Directoire des études : professeurs Georges Lamas, David Cohen, Richard
Lévy
Directeurs délégués : Peggy Gatignol, Françoise Galibardy
Tél. : 01 45 86 20 38
Fax : 01 45 83 10 31
E-mail : orthophonie@upmc.fr
Site : http://www.chups.jussieu.fr/examens/orthophonie/coorthoph.html
Association étudiante : http://apeo.wifeo.com/
Numerus clausus : 140
POITIERS
Faculté de médecine et de pharmacie
École d'Orthophonie
6 rue de la Milétrie
BP 199
86034 Poitiers CEDEX
Directeur : professeur Daniel Marcelli
Directrice pédagogique : Véronique Bonnaud
Tél. : 05 49 45 43 76
E-mail : orthophonie@univ-poitiers.fr
Site : http://medphar.univ-poitiers.fr/Orthophonie.html
Association étudiante : http://aleop.wifeo.com/
Numerus clausus : 25
STRASBOURG
Faculté de médecine
École d'orthophonie
4, rue Kirschleger
67085 Strasbourg CEDEX
Directeur : professeur Philippe Schultz
Directrices des études : Anne-Sophie Gilliot, Claire Heili-Lacan
Tél. : 03 68 85 35 03
Fax : 03 68 85 35 18
E-mail : marie.delval@unistra.fr
Site : http://www-ulpmed.u-strasbg.fr
Association étudiante : http://metaforstrasbourg.com/aboutus.aspx
Numerus clausus : 35
TOULOUSE
Université Paul-Sabatier
Faculté de médecine Toulouse-Rangueil
Enseignement des techniques de réadaptation
133, route de Narbonne
31062 Toulouse CEDEX
Directeur : professeur Élie Serrano
Directrice pédagogique : Jocelyne Posth
Tél. : 05 62 88 90 42
E-mail : amedra03@admpop.ups-tlse.fr
Site : http://www.ups-tlse.fr
Association étudiante : http://www.toulouse-ortho.fr/
Numerus clausus : 36
TOURS
Faculté de médecine de Tours
École d'orthophonie
10 boulevard Tonnellé
BP 3223
37032 Tours CEDEX 1
Directeur : professeur Emmanuel Lescanne
Directrice pédagogique : Cécile Monjauze
Tél. : 02 47 36 61 23
E-mail : ortho@med.univ-tours.fr
Site : http://orthophonie.med.univ-tours.fr
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Numerus clausus : 39
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Le Conseil national professionnel de psychiatrie favorise l'essor, l'efficacité
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scientifiques nationales en psychiatrie :
Fédération française de psychiatrie (2005), Dépistage et diagnostic de
l'autisme. Recommandations sur le dépistage et le diagnostic de
l'autisme, FFP, HAS, DGS, DGAS.
HAS : la Haute Autorité de santé est une autorité publique indépendante à
caractère scientifique qui contribue au maintien d'un système de santé
solidaire et au renforcement de la qualité des soins. Elle publie nombre de
rapports et recommandations qui sont disponibles sur le portail :
http://www.has-sante.fr. Entre autres :
HAS (février 2006), « Prise en charge des personnes atteintes de
sclérose latérale amyotrophique » ;
HAS (décembre 2009), « Surdité de l'enfant : accompagnement des
familles et suivi de l'enfant de 0 à 6 ans, hors accompagnement
scolaire – Recommandation pour la pratique clinique » ;
HAS (décembre 2011), « Maladie d'Alzheimer et maladies
apparentées : diagnostic et prise en charge » ;
HAS (décembre 2007), « Rééducation de la voix, du langage et de la
parole ».
INSERM : l'Institut national de la santé et de la recherche médicale a pour
objectif, depuis 1964, de comprendre et d'améliorer la santé humaine. Il
publie de rapports et d'expertises collectives sur les différents thèmes de
santé publique, tels que :
INSERM (2007), « Dyslexie, dysorthographie, dyscalculie. Bilan des
données scientifiques » ;
INSERM (2007), « Maladie d'Alzheimer. Enjeux scientifiques,
médicaux et sociétaux » ;
INSERM (2006), « La voix. Ses troubles chez les enseignants » ;
INSERM (2002), « Troubles des conduites chez l'enfant et
l'adolescent » ;
INSERM (2002), « Troubles mentaux : dépistage et prévention chez
l'enfant et l'adolescent ».
Le ministère de l'Éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative
publie également de nombreux rapports, dont :
Ringard J.-C. (2000), À propos de l'enfant « dysphasique » l'enfant
« dyslexique », Rapport à Madame la ministre déléguée à l'Enseignement
scolaire.
Notes
[1] Pour aider le lecteur dans ses recherches, les ouvrages essentiels sont
précédés d'une étoile.