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Les voyages forment

la jeunesse

Thomas, avec sur l’écran de son ordinateur, son personnage Minecraft


favori nommé Steve, était en train de construire une petite cabane en bois.
Nous étions fin juin, début juillet et la fin de l’année scolaire approchait à
grands pas. Il était très fier de son année scolaire qu’il avait très bien réussie.
Tout à coup, il reçut un message de son amie, Alice : « Slt Thom, suis malade
mais dois rendre mes manuels au CDI sinon amende 100€. Peux-tu les rappor-
ter pour moi stp ? »
Il éteignit son PC. Pour transporter tous les manuels, il prit un gros sac
bleu clair et son vélo pour se diriger vers la maison d’Alice. Sur le chemin, il
croisa un de ses amis qui rentrait du parc. Il discuta avec lui un bon moment
puis il repartit. Sur la route, il se demanda quel type de maladie elle avait at-
trapé pour ne pas pouvoir aller au collège.
Après une dizaine de minutes passée sur la route, il arriva enfin chez
Alice. Il dit bonjour à son père, qui passait la tondeuse. Il sonna et la mère
d’Alice lui ouvrit.
-Bonjour M’dame, elle est là Alice ?
-Dans sa chambre. Tu connais le chemin…
Il monta au premier étage. Il la salua et lui demanda si tout allait bien.
Malheureusement, elle avait attrapé la grippe et elle en avait tous les symp-
tômes (nausées, maux de tête etc.). Entre deux éternuements, elle lui montra
la pile que formaient les manuels en lui demandant de les prendre. Il fourra les
livres dans son sac et il s’en alla en vélo pour qu’Alice n’ait pas à payer
l’amende.
Il partit en prenant la petite route goudronnée qui menait au collège. En
chemin, il s’arrêta à une station service et il y acheta un paquet de Kinder
country. Une fois l’achat effectué, il repartit sur la route.
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Il roulait tranquillement, en sifflotant, content que les vacances ap-
prochent. Il pensa qu’il allait bien profiter de son temps libre. Mais il vit de gros
nuages sombres se rassembler et se mit à pédaler plus vite, espérant arriver
au collège avant le déluge. Déjà, il entendait le tonnerre gronder et de nom -
breux éclairs déchiraient le ciel noir. Et l’orage éclata. Le vent froid vint souffler
sur la tête de Thomas, rabattant les gouttes sur son visage.
Thomas avait froid. En voulant mettre son manteau, il perdit son équi-
libre et tomba dans une flaque d’eau. Trempé, il se remit en selle mais il com-
mençait à avoir la chair de poule. Il avait très froid, ses mains se mirent à pi -
quer et à trembler, il claquait des dents. Il se demanda s’il ne serait pas plus
prudent de faire demi-tour car il avait l’impression que la pluie redoublait.
C’est à ce moment-là qu’il aperçut sur sa gauche un hangar abandonné. Il dé-
cida d’y aller, histoire de s’abriter le temps que la tempête se calme.
En entrant dans le hangar, il vit des ballots de paille sale, un tas de foin,
il décida de s’asseoir pour reprendre ses esprits. A l’extérieur, le vent balayait
les feuilles et parfois, des petites branches passaient devant lui à pleine vi-
tesse. Pensant qu’il rêvait, il décida de se pincer mais ça ne servit à rien :
l’orage était bien réel, et il était coincé sous ce hangar pour un long moment
car le ciel semblait très chargé. Il s’assit sur un ballot, à l’abri du vent.
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Il sortit son paquet de Kinder Country de son sac, puis il en prit deux et
les laissa dans sa main quelques minutes pour les réchauffer avant de les man-
ger tranquillement.
Dehors il faisait extrêmement froid, Thomas n’avait qu’une veste car
quand il était parti de chez lui, il faisait un temps splendide. Là le ciel était gris
foncé, aucun rayon de soleil ne passait entre les épais nuages, il pleuvait à
seau. Les gouttes de pluie ruisselaient sur le sol, il décida alors de s’amuser
dans les flaques d’eau et salit fortement ses habits. Sa mère ne serait pas
contente...
Il entra de nouveau dans le hangar et se réinstalla sur la botte de foin, à
l’abri du vent. La pluie tombant sur le toit de tôle faisait un bruit énorme. De
longues minutes s’écoulèrent. Aucune accalmie à l’horizon. Il en voulut un peu
à Alice de l’avoir plongé, c’était le mot, dans cette galère. Il commençait à
s'ennuyer. Il regarda autour de lui et vit son sac a dos, il lui revint en tête qu'il
avait de la lecture : les manuels d’Alice. Il les sortit tous pour les feuilleter.
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Le manuel de géographie attira en premier son attention, avec sa cou-
verture aux couleurs vives, et ses nombreuses photos. Il l’ouvrit au hasard et
s’arrêta à la page 238. Il s’y intéressa et lut les documents qu’elle comportait.
Elle parlait de la grande et célèbre ville de New York, une ville qu’il rêvait d’al-
ler visiter. Mais plusieurs minutes plus tard, ses yeux le piquèrent et il s’assou-
pit.
Soudain des bruits de circulation, de pas et de brouhaha frappèrent ses
oreilles. Il regarda autour de lui, il était dans une vaste pièce avec une grande
fenêtre en face de lui. Il regarda par celle-ci et se rendit compte qu’il était en
hauteur, sûrement dans un immeuble, les rues étaient bondées, il y avait
beaucoup de voitures et de personnes dans la rue, il n’était plus dans le han-
gar. Au loin il vit la statue de la liberté, il était à New York ! Il se demanda
pourquoi il était là. Que s’était-il passé ? Mais son étonnement ne dura pas.
Puisqu’il était à New York, il décida d’en profiter.
Pris d’une envie soudaine de visiter la ville, il partit voir la statue de la liber -
té, se balada à Central Park, visita des musées célèbres. Il était comme dans
un rêve, mais en se baladant dans les rues, il vit beaucoup de paparazzi autour
d’une personne : Vin Diesel. Il était très étonné mais heureux en même temps,
il prit même une photo avec lui. Déterminé à visiter le plus de choses pos-
sibles, il prit le métro pour se rendre dans un autre musée, mais le trajet était
tellement long et il était si fatigué. Il se força à garder les yeux ouverts, mais
finalement s’assoupit… Dans le hangar, le vent soufflait, faisait tourner les
pages du manuel d’histoire, qui resta un petit moment ouvert à la page 62...
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« Venez assister à la grande exécution, » hurla un homme debout sur
une grande plateforme en bois. Ce cri réveilla Thomas qui, adossé à un mur,
assis par terre, se releva lentement et s’avança dans la foule. Où était-il main-
tenant ? Pas dans le hangar ni, vu les vêtements des gens, à New York. Et cer-
tainement pas en 2023, ou alors, sur le tournage d’un film historique. Il prit
son courage à deux mains et demanda à un passant :
-Excusez-moi monsieur, quel jour sommes-nous ?
-Nous sommes le 21 Janvier mon petit, répondit l’homme.
-Silence ! Ils arrivent !,  cria une voix dans la foule.
Un homme cria du haut de l’échafaud :
-Venez assister à l’exécution publique de Louis XVI.
Les bruits s’apaisèrent et un homme sortit d’une voiture tirée par des
chevaux. Le prisonnier qui, semblait être Louis XVI, refusa de se faire lier les
mains et avança devant l’estrade. Il monta les marches et cria une dernière
phrase :
-Je meurs innocent ! Je pardonne aux auteurs de ma mort ! Je prie Dieu
que mon sang ne retombe pas sur la France ! 
Les roulements de tambours se firent de plus en plus forts et couvrirent
ses dernières paroles. Le roi s’allongea et le bourreau prit le levier puis la lame
de la guillotine tomba et coupa la tête de l’homme.
-Le roi est mort !, hurla le bourreau.
Il attrapa la tête du défunt et la montra à la foule. Les spectateurs de ce
néfaste spectacle célébrèrent cet acte en criant ou en applaudissant. Thomas,
lui, eut des frissons : « C’est donc cela la justice en 1793 ?, se demanda-t-il ;
de nos jours les gens vont en prison, on ne leur ôte pas la vie. Comment les
gens peuvent-ils aimer observer une personne se faire couper la tête ? Com-
ment peuvent-ils célébrer un acte aussi barbare ? » L’odeur du sang et les
bruits de la foule furent de plus en plus forts et Thomas ferma les yeux petit à
petit jusqu’à s’évanouir...
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Il se réveilla dans le hangar. L'orage grondait toujours. Il était secoué
par ce qui venait de se passer. Des rêves ? Il avait pourtant bien l'impression
d'avoir voyagé dans l'espace, puis dans le temps. Tout semblait si réel. La voix
du bourreau, sinistre, résonnait encore dans ses oreilles. Il se força à penser à
autre chose et commença à s’intérésser au manuel de SVT. Il tomba sur une
page qui l’attira et décida de savoir à quoi les globules servent dans le corps. Il
découvrit qu’il y a plusieurs sortes de globules : des globules rouges et blancs.
Ils sont indispensables au fonctionnement de notre organisme...
Il s’imagina qu’il était rentré dans un globule, il commença à voyager et
vit de quoi est composé le sang, il avait probablement atterri dans un globule
rouge car le sang est composé de 44% de ces globules. Soudain le coeur
propulsa le sang avec une telle puissance que Thomas se retrouva non pas
dans une artère mais dans un tuyau plus étroit que les autres : une veine. Il se
fit bousculer dans tous les sens ; Il avait la tête à l'envers, fit une roulade, se
cogna de haut en bas, il avait l'impression d'être une balle de flipper.
Un peu plus tard les secousses s'arrétèrent et, après toutes ces
péripéties, sonné d'avoir été tant chahuté, Thomas s'endormit dans son
globule.
Dans le hangar, quelques gouttes tombèrent sur la couverture d'un autre
livre, plus petit que les manuels : les « Nouvelles réalistes » de Guy de
Maupassant...
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Tout étourdi, Thomas sortait de sa léthargie. Dans un demi-sommeil où
se mélangeaient des images (une planche anatomique du corps humain, une
meule de foin, une calèche...), il bailla, essuya grossièrement la couverture,
ouvrit le livre et commença à lire. Soudain, dès qu’il leva la tête, il se retrouva
dans une rue du XIXe siècle. Son livre n’était plus dans ses mains, ses gâteaux
et son sac n’étaient plus là non plus. En regardant autour de lui, Thomas ne
comprit pas et il fut étonné une fois de plus. Des calèches tirées par des che-
vaux, les routes avaient disparu pour laisser place à un chemin pavé. Tout le
monde alentour était devenu si différent ! Regardant d’un peu plus près les
passants, Thomas aperçut une dame en pleurs. Il alla la voir et lui demanda :
-Salut Madame ! Vous m’avez l’air bien triste ! 
-Bonjour jeune homme, j’ai perdu une fausse parure et j’en ai racheté
une vraie qui fait plus de vingt fois son prix…
-Je connais votre histoire. Ne perdons pas de temps ! Rendons-nous chez
Mme Forestier pour récupérer votre vraie parure !
Thomas se rappelait cette histoire lue en classe dont la fin l’avait sur-
pris : un couple qui passe dix ans de sa vie à rembourser un collier emprunté
alors qu’il était en toc !
Ils se mirent donc en route. En marchant, ils passèrent devant un grand
cabaret. Thomas, toujours en marchant, observa et fut impressionné par la
taille du bâtiment. Juste à côté, il y avait une rangée de calèches, toutes à
vendre. L’élève, qui avait déjà du mal à croire tout ce qui lui était arrivé, n’en
revenait pas. Il était devant des voitures d’une autre époque ! Sur le chemin
de la maison des Forestier, ils croisèrent le mari, M. Forestier. Madame Loisel,
la dame que Thomas avait rencontré, dit :
-Bien le bonjour, M.Forestier »
M.Forestier lui répondit :
-Oui, bonjour.
Madame Loisel dit :
-Votre maison se trouve toujours là-bas ?
-Oui, mais pourquoi me demandez-vous cela ?
-C’est pour récupérer la parure que j’ai donnée à votre femme il y a dix
ans.
-D’accord, je vais vous accompagner chez moi pour en parler avec ma
femme.
Quelques instants plus tard, ils arrivèrent à la maison des Forestier. Ils
entrèrent et tombèrent sur Mme Forestier. Ils parlèrent et elle accepta de
rendre la parure à Madame Loisel.
Soudain, le tonnerre retentit et un éclair illumina le luxueux appartement
des Forestier ...
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… Et les flaques d’eau qui grossissaient aux abords du hangar. Thomas,
maintenant allongé sur le ballot, ouvrit les yeux. Il se sentait engourdi et se
demandait quand tout cela, l’orage et les étranges visions qui le faisaient ainsi
voyager sans changer de place, se terminerait. Le recueil de nouvelles était
tombé à terre. Il le ramassa et prit un livre d’arts qu’Alice avait emprunté au
CDI, probablement pour préparer un exposé, pensa Thomas.
Il tomba sur plusieurs tableaux très célèbres. Thomas s’intéressa à deux
d’entre eux, tout d’abord celui d’une belle jeune fille avec un épais ruban bleu
dans les cheveux. Il voyait clairement le peintre, debout devant la toile en
train de réaliser le portrait de cette demoiselle. C’était réussi mais il manquait
une touche de folie. Sur la table était posée une perle. Thomas la prit, la fit
rouler sur le parquet ; Vermeer la ramassa, l’observa et la peignit délicatement
sur le tableau, accrochée au lobe de la jolie jeune fille.
Tournant les pages, il s’arrêta sur «La Paie des Moissonneurs». Le gar-
çon, observant attentivement les personnages, fut à peine surpris de se re-
trouver face à l’un des moissonneurs, le plus grand, celui avec les sabots en
bois et la grande faux, il en eut très peur alors il alla voir la femme qui allaitait
son enfant et lui demanda pourquoi ils étaient tous si tristes. La femme lui dit :
-Nous sommes très fatigués et mal payés.
Puis elle tourna la tête pour aider son mari à compter les quelques pièces
durement gagnées.
Thomas s’assit sur les bottes de paille posées devant la paysanne, au
premier plan du tableau…
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Il se réveilla avec un mal de crâne, puis regarda autour de lui et remar-
qua qu’il était toujours dans le hangar. Le tonnerre résonnait encore, mais
l’orage s’était éloigné. Les gouttes qui tombaient maintenant ruisselaient du
toit et des arbres aux alentours. Seul et frissonnant, il recommença à claquer
des dents et avoir la chair de poule. Il sortit son téléphone pour regarder
l’heure et découvrit que la date était mauvaise. Elle indiquait 10 ans plus tard :
2033 ! Alors il éteignit son téléphone, pensant que l’orage avait perturbé les
émetteurs.
Comme il ne connaissait pas l’heure mais qu’il faisait nuit, il en déduisit
qu’il était tard et se rendit compte qu’il avait faim et que son ventre criait fa-
mine. Il sortit son paquet de Kinder country mais les gâteaux tombèrent en
miettes. Ils étaient verts, moisis. Il ne comprenait pas, il les avait achetés
quelques heures plus tôt. Il se souvint alors de sa mission : il était chargé de
rendre les livres d’Alice au CDI pour qu’elle évite une amende. Mais il était trop
tard, le CDI était forcément fermé. IL se leva dans la précipitation, et monta
sur son vélo pour prévenir son amie et lui demander ce qu’il devait faire des
livres. Et ensuite, rentrer chez lui : ses parents devaient commencer à s’in-
quiéter et il fallait s’attendre à une bonne soufflante de sa mère, quand elle
verrait l’état de ses vêtements.
Il faisait nuit. Il avait faim. Il pédalait tout en pensant à ce drôle
d’après-midi rempli d’événements étranges : la date sur son téléphone, les bis-
cuits moisis, et le noir qui l’entourait, alors qu’il avait de bons souvenirs de ses
rêves…
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Il arriva dans le village où Alice et lui habitaient. Thomas le trouva chan -


gé, son village : des nouvelles routes construites en une demi-journée ?!? Il
alla chez Alice. Devant sa porte, il sonna. Alice ouvrit et le garçon eut du mal à
la reconnaître : ses cheveux avaient changé de couleur et sa coupe n’avait plus
rien à voir. Mais surtout, ce qui le surprenait, c’étaient ces quelques rides au-
tour des yeux. Elle avait vieilli ! C’était comme si, en une demi-journée pour
lui, elle avait vécu dix ans. Thomas bredouilla :
-C… C’est toi, Alice ? S… Salut, je n’ai pas pu rendre tes livres au CDI car
il pleuvait. Tu vas bien ?
-Thomas, c’est toi ? Qu’est-ce que tu fais là, depuis tout ce temps ? Et si
jeune encore ?!!?
Thomas ne comprit pas. Alice, énervée, trouva Thomas fort culotté d’être
venu la voir :
-Pourquoi es-tu revenu dix ans plus tard, avec mes manuels, en plus ?
Ta disparition a causé un choc énorme dans le village. On m’a posé plein de
questions. On t’a cherché pendant des semaines. Où étais-tu ?
-Euh... Moi, je suis juste resté coincé sous un orage, et un hangar. Je
peux rentrer pour qu’on s’explique calmement, s’il te plaît ?
-Oui, vas-y entre.
Thomas entra, et vit de nouveaux meubles ! Il dit à Alice :
-Tu as changé tes meubles ?
-Oui, depuis longtemps, après la mort de mes parents !
-Comment ça ? Tes parents sont morts ? Je les ai encore vus ce matin !
-Ça fait près de de trois ans maintenant ! Après c’est vrai, toi, à part tes
vêtements trempés et sales, tu n’as pas changé depuis la quatrième ! Com-
ment c’est possible ?
-Ah ! Je sais pas. Mais toi, c’est vrai, tu as quand même changé, tes che-
veux ont poussé…
Un long silence s’installa. Thomas songea que les événements étranges
continuaient. Dans quel livre voyageait-il maintenant ? La Machine à explorer
le Temps ? Il décida de ne pas s’inquiéter et rappela à Alice la mission qu’elle
lui avait confiée. Elle reprit :
-J’ai payé l’amende, ou plutôt mes parents. Il n’y a plus qu’à tourner la
page de cette mauvaise période. Je vais appeler tes parents, ils vont être
contents.
-Et moi, je vais quand même te rendre tes manuels. Peut-être que mes
parents pourront nous expliquer pourquoi toi tu as vieilli, et pas moi… Et
eux ?...

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