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LA SEXUALITE

La sexualité est un sujet intime, sur lequel les patients peuvent avoir du mal à se confier. Pourtant,
elle est un sujet incontournable lorsque l’on traite le couple car l’amour et l’entente passera aussi
par là…

La séduction dans le couple


L’amour et la sexualité mobilisent intensément : la rencontre et les interrogations abondent –
interprétation de chaque signe, de chaque regard, montée de l’angoisse. Comme un balancier,
l’esprit va du possible à l’hypothétique, de la réassurance à la déception. L’espoir obsède et
l’éventuelle déconvenue affecte cruellement. Se vivent en même temps le meilleur et le « pire »,
dans l’absence de relativité propre à cet état de dépendance recherché et craint. Comme si l’échec
allait mettre la vie en péril, l’idée de l’autre est omniprésente. L’enjeu semble majeur : notre
cerveau reptilien associe-t-il, alors, la peur de la destruction de l’espèce à une éventuelle
indifférence de l’être convoité ?
Il est essentiel dans ce domaine, plus spécifiquement, d’avoir des points de vue proches pour
pouvoir être dans une relation durable, si tel est l’objectif. Il convient de s’accorder sur le sens et
l’importance de la sexualité, sa signification quant à l’engagement réciproque ou non, d’oser dire
ses attentes, son rythme, ses préférences. Ce qui serait tu, par peur de perdre l’autre, risquerait
d’engager le couple dans une impasse : chacun en serait probablement blessé, aurait perdu du
temps et souffrirait de déception et de nouvel épisode de solitude probable.
La relation sexuelle est le moment du lâcher prise par excellence. La sécurité dans les bras de
l’autre est indispensable pour pouvoir s’envoler dans un monde éloigné du terre à terre quotidien.
L’écoute, la bienveillance, le désir de connaître l’autre, ses besoins et ses envies, sont les attitudes
les plus sûres pour arriver à l’harmonie. Ce bien-être est un plaisir du moment qui permet au
couple de se sentir proche et de cheminer avec bonheur. Des projets peuvent ainsi s’envisager à
plus long terme. Ce microcosme tant recherché apaise physiquement et psychiquement. L’énergie
vitale est mobilisée apportant plaisir, intensité, détente et proximité. La complicité et la gratitude
mutuelle amplifient le bonheur du couple, riche de deux forces mêlées et valorisé par une
compréhension et un partage profondément satisfaisants.

L’appauvrissement de la sexualité
La sexualité est une entité mouvante, variable, évolutive. Elle est intimement liée au conscient et
à l’inconscient et révèle bien plus qu’il n’y paraît. Elle peut être fragile, soumise aux influences
extérieures. Elle est l’un des liens du couple et peut se modifier en cas de soucis, de préoccupations
qui n’ont rien à voir avec elle. Elle peut aussi agir comme une soupape de sécurité, une pulsion
faisant baisser une tension.
Les problèmes sexuels comme l’éjaculation précoce, l’impuissance, les douleurs chez la femme,
etc., doivent être explorés médicalement afin de trouver une éventuelle cause physique et de la
traiter. Lorsque les examens sont normaux, penser à une cause psychologique est une voie
logique. Des problèmes récents (travail, couple, enfants, finances, etc.) peuvent créer une tension
qui va à l’encontre de la détente nécessaire à une relation sexuelle épanouie. D’autres, plus anciens
(mésentente des parents, agression sexuelle dans l’enfance, découverte précoce de la
pornographie, etc.), ont pu entraîner des blocages plus ou moins évidents. Il est souvent possible
de les dépasser grâce à des entretiens de psychothérapie brève.

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Il est important de savoir que les difficultés d’érection, l’absence d’orgasme ou autres
perturbations du rapport sexuel ne sont souvent pas synonymes de perte de désir du partenaire
ou pour lui. L’être humain est tellement prompt à douter de lui et à craindre d’être abandonné,
qu’il se retrouve rapidement avec une blessure narcissique tout à fait hors de propos. Se croire au
centre de la vie de l’autre, et donc pourvoyeur officiel de toutes ses joies, et éventuellement de
toutes ses peines, est tentant mais faux. Dans le cas présent, c’est tout à fait rassurant !
Lors de l’émergence d’un problème sexuel, en parler librement à son conjoint est une marque de
confiance. Cela permet de ne pas s’éloigner de lui, de ne pas le maintenir dans l’incompréhension
de la situation présente par manque d’information. Cela l’autorisera également, en cas de
difficultés de son côté, maintenant ou plus tard, de s’en ouvrir à son conjoint en toute quiétude,
assuré de sa bienveillance. En cas de problème durable, consulter ensemble un sexologue ou un
psychothérapeute spécialisé est une démarche positive et généralisée. Le thérapeute dira si des
entretiens à deux sont conseillés ou non.

Désir et frustrations
Les grains de sable pouvant enrayer le bon fonctionnement du couple sont nombreux. Celui-ci est
plus disponible le matin, celui-là le soir. L’un veut que tout ce qu’il a à faire soit fait avant de
pouvoir se détendre et penser à une relation intime. L’autre peut en faire une priorité pour son
bien-être, pensant aussi que la proximité physique du couple en est le fondement. L’un préfère
régler un problème mineur dans la complicité de ce peau à peau rassurant et essentiel. Son
partenaire veut avoir trouvé une solution au conflit avant de pouvoir se laisser aller dans les bras
amoureux de son conjoint. La fréquence de ces moments de complicité, si proches, peut aussi être
source de discorde. L’un peut se croire refusé et en être narcissiquement blessé et
amoureusement inquiet ; l’autre ne pas remettre en cause son partenaire mais attribuer à son état
de fatigue son manque de disponibilité ponctuel. Des quiproquos naissent souvent de ces
différences non identifiées. Le spectre de la mésentente et du rejet apparaît, dans la crainte
angoissante de la perte de l’amour du conjoint. La quête de réassurance de l’un éloigne alors
davantage celui qui a envie de repos et de tranquillité. Une discussion ouverte et tranquille, durant
laquelle chacun dira ses attentes, ses besoins et ses envies, suffira le plus souvent pour se rassurer
et se rapprocher. À l’inverse, le non-dit ouvre la voie à de multiples interprétations fallacieuses et
fragilise le couple.
La communication est à la base de la bonne entente. Le plaisir sera d’autant plus accessible que
chacun dira sans tabou ce qu’il souhaite. Les désaccords pourront souvent être dépassés, si aucun
ne veut soumettre l’autre. La voie du plaisir partagé est celle du respect mutuel. Il y a suffisamment
d’approches possibles de la sexualité pour que chacun puisse y trouver satisfaction et bien-être. Il
n’y a aucune obligation à laquelle se soumettre. Le refus de certaines pratiques est un droit, et ne
pas insister une marque de respect, de compréhension et d’amour.

La relation extra-conjugale
Lorsque nous découvrons l’infidélité de notre conjoint qui bafoue une partie de son engagement
à notre égard, nous sommes, le plus souvent, anéantis. Nous pouvons ressentir une grande colère.
Ce sentiment est secondaire à une ou plusieurs émotions telles que la déception, l’humiliation, la
frustration, l’angoisse de l’avenir, la peur de l’abandon, etc. Nous pouvons alors dire des choses
affreuses, injustes, démesurées, menaçantes, ou adopter un comportement dramatique (cris,
pleurs continus, fuite, agression). Lorsque nous sommes l’infidèle, savoir ce que notre conjoint
ressent est nécessaire pour mieux le comprendre et réussir à sortir de l’ornière.

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Que se passe-t-il au plus profond de nous lorsque nous sommes face à cette trahison ? Analysons
ensemble ce que nos différentes facettes de personnalité pourraient se dire :
• Le romantique, bafoué en nous, est en pleurs, crie et s’arrache les cheveux. Tout son univers, fait
de merveilleux fantasmes, vacille ou s’écroule.
• Celui, en nous, qui aime et aime aimer a peur de vivre sans amour. Il craint cette potentielle perte
et sent sa quête affective enfler jusqu’à l’étouffer.
• L’enfant en nous qui craint d’être abandonné s’angoisse, tout comme l’adulte sans travail qui voit
son avenir s’obscurcir.
• L’adulte confiant se sent trahi et souffre de cette perte de complicité à laquelle il croyait tant.
• L’adolescent en rébellion trouve le monde adulte bien « nul » et incapable de tenir ses
engagements : autant ne pas donner de leçons de morale si c’est pour en arriver là.
• Celui qui manque de confiance en lui se sent bafoué et humilié.
Passeront ensuite au premier plan les facettes « ressources », celles qui seront efficaces pour sortir
de la tempête.
• L’adulte analytique dira que la situation est triste, décevante et inattendue, mais qu’il faut se
calmer, se forcer à raisonner pour trouver une solution. Il conseillera au romantique, au complexé,
à l’adolescent en rébellion, bref à tous ceux qui se sont déjà exprimés et qui se savent compris, de
laisser les facettes ressources réfléchir et agir. Il dira que l’infidélité est de plus en plus fréquente
dans cette société où le bien-être personnel devient un dû et où il est si facile de rencontrer et
d’être tenté. Il rappellera aussi que la durée de vie possible du couple s’est grandement allongée
et que rester compatibles au bout de nombreuses années est possible mais n’est pas évident.
• L’adulte responsable ajoutera que la fi délité est importante mais n’est pas la seule donnée à
considérer dans le couple.
• La facette parent mettra en avant l’éducation des enfants réussie ensemble, les projets communs
qui restent inchangés.
• Le sage reconnaîtra l’énergie que l’infidèle a investie pour satisfaire son conjoint et sa famille, et
dira que nul n’est parfait. Il regardera si le « coupable » est content de lui et s’il a décidé d’être
désormais infidèle ou, au contraire, s’il culpabilise d’avoir fait souffrir son conjoint qu’il aime
toujours. Il discutera avec objectivité et écoute attentive.
Le dérapage a une origine (routine, déception, frustration, reproches, etc.) qu’il est bon de trouver
pour envisager des solutions. Il cherchera, dans son propre comportement, les facettes qui ont pu
déplaire et pousser l’autre vers cet ailleurs funeste. Il suggérera aussi de donner du temps au
temps. Nos facettes ressources feront ensuite un tour de table : soit comprendre, améliorer ce qui
peut l’être et donner une seconde chance au couple en sachant que rien n’est parfait et que croire
au prince charmant est irréaliste et douloureux ; soit envisager une séparation dans les meilleures
conditions possibles si des dysfonctionnements sévères ont émergé ou si une lassitude
irrémédiable s’est installée.
Si les deux partenaires, au lieu de se laisser aller à des débordements stériles, prennent l’habitude
d’exprimer leurs besoins, leurs manques, et de s’écouter avec bienveillance, il est fort à parier
qu’un dérapage fera partie des obstacles qu’ils seront capables de dépasser. La réussite de cette
analyse permet de rappeler les grands objectifs communs, les sentiments réciproques, ce qui est
important et ce qui l’est moins. Elle peut renforcer les liens des partenaires qui se sentent plus

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forts et leur permettre de mesurer leur désir de rester ensemble. La routine du quotidien endort
et rend la vie monotone. L’ennui qui colle à la peau ne stimule pas l’envie de rentrer chez soi, le
soir. Les dérivatifs que sont la télévision, Internet, la lecture, utilisés à haute dose, peuvent creuser
un fossé dans le couple.
Lorsque l’un s’aperçoit du changement de comportement de son conjoint, il aura tout intérêt à
engager la discussion. Certes, la passion peut être éphémère, mais elle cède en général le pas à un
amour profond et durable. Préserver un quotidien intéressant, des échanges riches, rire ensemble,
partager des activités agréables, se faire des surprises sont des actions positives pour le couple.
Elles renouvellent l’intérêt d’être ensemble, de construire et ont aussi, souvent, une fonction
rassurante quant au sens de sa vie.
L’infidélité découverte peut être un signal d’alarme laissé par le conjoint pour permettre une prise
de conscience des dysfonctionnements et les pallier. Elle peut avoir l’effet d’une bombe pour le
couple et être le début d’une tentative de reconquête du conjoint. Le laisser-aller physique et
vestimentaire fera place à un tonus séduisant (celui du début de la rencontre avait montré son
efficacité !). Les activités de couple seront favorisées au détriment des soirées d’ennui, où chacun
est avachi de son côté. Les sorties et les week-ends en tête à tête montreront au partenaire que le
plaisir de ces moments à deux est intact. La sexualité, décevante et trop rare, se réveillera,
s’enrichira de préliminaires attentifs, permettant une intimité ressourçante et enthousiaste. Nous
oublions parfois (souvent) l’évidence : l’amour a besoin de soins quotidiens, d’une attention
bienveillante, de rires, d’amitié et d’enthousiasme. Ce qui rend la vie triste rend l’amour triste.
Nous nous occupons chaque jour de nos plantes vertes et n’attendons pas d’elles qu’elles survivent
au manque d’eau. Nous savons indispensable la bûche qui fait crépiter les flammes dans la
cheminée et n’imaginons pas le feu s’entretenir tout seul. L’amour, quant à lui, pourrait survivre
au manque d’investissement ou d’intérêt ? L’infidélité est une étape malheureuse et cruelle pour
un couple qui s’est essoufflé, mais du mal peut venir le bien si ce couple veut reprendre la course.
La bonne volonté des conjoints permet alors de continuer, ensemble, en toute conscience des
difficultés de l’entreprise. Les chemins de traverse, toujours possibles, cesseront d’être aussi
tentants. Les relations superficielles et ponctuelles n’offrant, somme toute, que des intermèdes
potentiellement trop dangereux pour le couple, seront reléguées comme peu intéressantes.

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