Vous êtes sur la page 1sur 5

L’ACCOMPLISSEMENT PERSONNEL

DANS OU MALGRE LE COUPLE

Un couple, c’est trois entités : les deux conjoints et le couple lui-même. A la grande question « quel
est le but de la vie ? », chacun en parlant de lui-même pourrait répondre : « être heureux ». Lorsque
des personnes en couple, ce bonheur est alors cherché à trois : chacun cherche à être heureux dans
sa vie mais dans son couple aussi. Le couple peut être le lieu qui apporte beaucoup de bonheur car
il nourrit affectivement et sur un plan plus profond, il vient réparer, soulagées des souffrances
passées ; mais le couple peut aussi parfois être considéré comme ce qui entrave au bonheur de
l’un des partenaires qui cherchera le bonheur malgré les difficultés de son couple. Mais comment
y parvenir dans ce cas-là ?
Le couple consiste en des interactions entre deux personnes et chacun va nourrir l’autre de ce
qu’il peut lui apporter tout en attendant également de recevoir aussi de l’autre. Or, cet équilibre
évolue constamment en fonction de chacun et à tout moment les partenaires peuvent faire évoluer
leurs attentes, nécessitant alors une réadaptation du couple. La question se pose alors si ce couple
réadapté correspondra à ce que souhaite recevoir l’autre.

Déséquilibre des sentiments et réharmonisation


Le cours 4 présentait la chimie de l’alchimie, le système hormonal qui génère les émotions (et
sentiments ?) dans le couple. C’est un peu comme si nous étions programmés par notre organisme
pour évoluer dans nos sentiments car notre corps ne s’inquiète pas de notre bonheur, il cherche à
nous permettre de perpétuer l’espèce humaine.
Nos émotions seront donc forcément différentes selon que l’on commence une relation ou bien
qu’on la vit depuis 20 ans. Tout est une question d’ocytocine, l’hormone du plaisir (cf. cours 4).
Nous évoluons donc tous et le couple évolue aussi. Certains vont avoir besoin à certains moments
de leur vie de se recentrer sur soi, sur leurs activités en dehors du conjoint et peut-être celui-ci
ressentira un sentiment d’abandon pouvant réveiller une ancienne souffrance. Il se plaindra,
culpabilisera l’autre, l’oppressera peut-être et le problème sera alors un problème de
communication : au lieu de verbaliser ce qu’il ressent il exprimera son mal-être par un
comportement qui pourra faire du mal au couple et à son partenaire.
Un couple qui va mal a deux possibilités pour parvenir à aller mieux :
- La première est d’user de déni, fermer les yeux sur le problème et faire comme si tout allait
bien. Certains ont cette propension-là et leur couple semble se porter très bien malgré les
mots blessants parfois prononcés ou les actes humiliants. Le déni est un mécanisme de
défense et mieux être prudent lorsqu’en tant que thérapeute on découvre que c’est lui qui
cimente le couple. Le problème est là mais le déni est une solution pour ce couple. Si nous
le mettons face à la réalité, si nous le bouscule dans son système de défense, il se
retrouvera démuni face au problème qui lui, demeurera. Un thérapeute doit avoir le souci
de ne pas ôter un mécanisme de défense ; il doit par contre accompagner ses patients dans
leur évolution personnelle, quel qu’en soit sa direction. Ce n’est pas le thérapeute qui guide
les choses, ce sont les patients qui évoluent en fonction de ce qui est important pour eux.
Une épouse a été trompée et préfère éviter d’en parler à son époux ? Accompagnez-la dans
ses choix, posez lui des questions, aidez là à analyser ce qu’elle ressent mais ne l’influencez

1
jamais et ne lui laissez pas entendre que vous avez un avis sur ces choix. Vous verrez qu’en
la laissant libre, elle évoluera positivement et bien plus loin que si vous l’influenciez.

- La seconde possibilité pour un couple qui va mal est… De communiquer ! Et je vous


renvoie à tout ce que l’on a vu à ce sujet et notamment dans le cours 22 : « La
communication au sein du couple ». La communication est en effet le ciment du couple et
c’est bien elle l’alliée du thérapeute pour aider les couples venant consulter. Savoir
exprimer ce que l’on ressent et être à l’écoute de ce que l’autre ressent pour prendre des
décisions communes dans le respect des besoins de chacun. Le thérapeute aidera ce travail
par ses paroles et les exercices qu’il proposera.

Difficulté à trouver sa place dans le couple


Lorsque nous tendons un objet à un petit enfant qui ne parle pas encore, nous lui montrons qu’il
doit faire un geste de remerciement. Il peut agiter la main, émettre un son que nous pourrons
interpréter. Sommes-nous en train de lui inculquer les « bonnes manières » ? En partie,
certainement. Mais lui montrer la réciprocité, « Je te donne, tu exprimes ton plaisir de façon que je
le perçoive », enseigne à l’enfant les bases de la communication sociale et, par là même, son
positionnement d’être humain en relation avec les autres. Il reçoit et est capable de donner. Il est
en interaction, ce qui lui montre son importance et le fait qu’il est pris en considération, puisque
l’on attend sa réaction. Il a une vraie place qui va l’enrichir dans l’échange et la communication.
S’il n’agit pas ainsi, le regard des autres et leur bienveillance à son égard pourront être entachés.
Il en sera alors la première victime. Incapable de comprendre qu’il a suscité un désagrément, il en
subira les conséquences. Il ne pourra pas voir la séquence « action-réaction » et pensera
simplement que le monde est agressif à son égard et qu’il n’est peut-être aimable qu’au sein de sa
famille.
Si nous sommes si attentifs à apprendre la communication positive à nos enfants, il serait bon,
pour ne pas dire essentiel, que nous n’oubliions pas nous-mêmes ces règles de civilité de base.
Nous avons d’ailleurs, le plus souvent, la « sagesse » de respecter ces conventions avec nos
collègues, nos amis et tous ceux qui pourraient prendre congé de notre relation sans délai. Nos
proches étant, en principe, les personnes qui nous sont les plus chères, nous devrions, en toute
logique, les traiter avec le plus d’égard et de courtoise. Sinon, cela signifie qu’attachés par le lien
familial, les considérant comme « obligés » d’être avec nous (au moins un certain temps !), nous
pouvons manquer à nos devoirs de citoyen civilisé et attentif.
En couple, ressentons comment dire « merci » en le pensant vraiment et ouvrons les yeux sur ce
que l’autre fait pour nous. Rien n’est dû, tout est choix et décision de notre part comme de la
sienne. Si nous voulons que demain nous sourie, sachons faire ce qui convient et n’imaginons pas
que notre passivité fera l’affaire. Être blasé devant la beauté du monde ou la bonté de l’humain
serait un désastre d’ingratitude et de renfermement. Dire « merci » montre à l’autre combien il
existe pour nous, combien il est important et considéré. Dans le couple, c’est offrir un message
d’intimité : « Je vois et je ressens ce que tu fais pour moi et comme tu m’aimes. Rien ne t’y oblige. Tu
me choisis. Tu as décidé de faire le chemin avec moi, comme j’ai choisi que tu sois mon compagnon.
Comment pourrais-je t’exprimer mon émotion et mon désir de ton bonheur, par moi et aussi en
dehors de moi. »
Pendant que l’un apprendra à exprimer sa gratitude, l’autre devra apprendre à exprimer ses
sentiments et ses demandes. Il se plaint de la froideur de l’autre qui ne semble pas sensible à
toutes les attentions qu’il peut lui exprimer ? Qu’il le lui dise… Tout simplement… Et qu’il
parvienne à se faire entendre avec les mots qui feront mouche.

2
Quand la priorité est donnée au travail et aux loisirs
Il est important de reconnaître ce qui consomme notre énergie, sollicite notre attention mais nous
fatigue aussi : les enfants, le travail, les loisirs, les problèmes de santé, les difficultés financières,
les soucis avec les autres. Nous prenons beaucoup de plaisir à être avec nos enfants, à travailler, à
faire de multiples choses, il n’en reste pas moins que ce tourbillon nous éreinte et nous porte
(souvent ?) à distance de notre conjoint. Il serait dommage de négliger ce qui nous a tant fait vibrer
et peut nous apporter un plaisir jubilatoire, apaisant, épanouissant, constructif et nourricier ! Se
sentir exister aux yeux de la personne aimée nous dope. Nous avons besoin de nous ressourcer.
Les vacances ne sont pas suffisantes. Nous avons tout intérêt à nous offrir régulièrement, c’est-à-
dire aussi souvent que possible, des bulles de bien-être, d’apaisement et de plaisir à deux. Que ce
soit chez soi ou dehors, décider de se rejoindre pour passer du temps l’un pour l’autre apporte
sérénité et plaisir. Nous aurons la bonne idée de ne pas aborder les sujets qui fâchent ou qui
opposent. Peut-être éviterons-nous aussi de parler des problèmes des enfants ? Offrons-nous un
moment sans souci. Nous serons détendus, ouverts au rire, à l’humour tendre, aux discussions
passionnantes. Retrouvons-nous comme des amoureux qui ne veulent pas « désamourer » !
Décidons de ne regarder que ce qui nous plaît chez notre conjoint. Nous sommes suffisamment
irrités par ce qui nous contrarie chez lui pour mettre notre agacement de côté ! Soufflons,
apprécions, admirons, respectons et soyons émus. Demandons-lui comment il va, comment il se
sent, ce qui lui ferait plaisir. Retrouvons-nous les yeux dans les yeux. Partageons amour, tendresse,
complicité et confidences. Cultivons, ravivons notre intimité de couple. Inventivité, surprise,
recherche ensemble de champs nouveaux, de discussion, de sensualité, de sexualité. Nos envies
peuvent être différentes : nous pourrons passer ainsi plus de temps ensemble à les satisfaire.
Gratitude du don reçu, émotion de son désir de nous plaire, de nous rendre heureux.
Thérapeute, prescrivez sans réserve du temps à deux aux couples qui viennent vous consulter.

La jalousie obsédante et le besoin systématique de réassurance


Comme nous l’avons vu, nous projetons en notre conjoint des attentes qui s’inscrivent dans la
suite de notre histoire personnelle (Cf. cours 6 : « Choix amoureux, projection et identification »).
Il arrive que certains ou certaines effectuent des projections qui font souffrir l’autre car il se sent
impuissant face à la problématique : il aura beau tout faire, tout dire, rien ne sera suffisant pour
rassurer l’autre. La raison est simple : le problème ne se situe pas dans leur couple.
Dans ces cas-là, une thérapie individuelle pourra aider la personne fragile à mieux comprendre
ses angoisses et à les situer dans leur vrai contexte, celui qui concerne ses expériences passées. Ce
travail d’analyse doit être fait individuellement car le conjoint ne doit pas être investi du rôle de
psy. Il peut soutenir, rassurer mais ce n’est pas lui qui règlera les problèmes personnels de l’autre.
Le thérapeute devra probablement rappeler les places et rôles de chacun pour aider à
réharmoniser le couple.

Difficulté à pardonner
La colère fait partie du processus de deuil (Cf. cours 24 : « La parentalité ») et lorsqu’elle apparaît,
il est portant de se demander de quel deuil s’agit-il. Si cette personne ressent de la colère, c’est
parce qu’elle doit renoncer à quelque chose, quelqu’un ou à un état et ce renoncement est difficile.
Et le thérapeute doit se demander de quel renoncement parle-t-on exactement lorsqu’il constate
qu’une colère est exprimée ? C’est ainsi qu’il pourra analyser ce qui se trame derrière cette colère.
Lorsqu’elle est trop intense et dure dans le temps, le processus de deuil peut être considéré
comme s’effectuant de manière pathologique. Seul un travail d’analyse de cette colère pourra

3
bousculer les blocages et les fixations. La personne accèdera alors ensuite à un stade suivant du
processus de deuil pouvant être, entre autres, la dépression. Et le thérapeute devra donc
l’accompagner elle et son couple, dans cet « après colère ».
Il est important de rappeler aussi à l’autre conjoint que la culpabilité ne doit pas être un moteur
car elle peut mener à des choix et des situations qui seront dommageables pour tout le monde. La
faute commise devra être resituée dans son contexte et ne devra pas devenir constitutive d’une
identité. La personne aimée a certes fauté mais elle reste la même qu’auparavant. Différencions
identité et comportements qui sont deux registres bien distincts.

Difficultés existentielles et la vie de couple


Nul n’est à l’abri d’une maladie grave ou d’un accident. Dans notre vie quotidienne, si organisée,
nous envisageons rarement la possibilité d’un bouleversement autrement que comme un exercice
intellectuel théorique. Or, face à l’imprévu, il n’y a pas d’autre choix que de réagir. Tout ce qui nous
semblait fondamental, nos engagements et nos obligations, devient tout à coup mineur.
L’épreuve peut concerner la perte d’un emploi, un déménagement, une maladie, etc. Dans tous les
cas, elle vient bouleverser une stabilité confortable et apporte angoisses face à l’inconnu. Ces
épreuves peuvent nécessiter un travail de deuil car elles feront « tourner une page ». Le couple
devra se faire à l’idée que ce qu’ils ont connu n’existera plus. Face à l’acceptation de ce
changement, chacun pourra réagir différemment, traverser à leur manière les phases du deuil et
là encore, la communication sera la clé pour aider les partenaires à se comprendre mutuellement
et à être là pour l’autre.

Le couple et la retraite
Comment chacun peut-il vivre sa retraite ? D’abord, en s’y préparant. À la retraite, nombre de
contraintes s’évanouissent et la liberté est à son maximum (sauf grave problème de santé). Notre
société accorde une place prépondérante au travail, vécu comme le but principal de la vie. Dès son
plus jeune âge, l’enfant entend qu’il doit bien travailler en classe pour pouvoir plus tard avoir un
métier lui permettant d’être heureux, c’est-à-dire, essentiellement, de subvenir à ses besoins.
Cette place hypervalorisée de l’activité professionnelle dévalorise par effet de miroir celui qui ne
travaille pas, ou plus. La claque narcissique de ne plus être « utile », reconnu et admiré est l’un des
facteurs déclenchants des fréquentes dépressions réactionnelles de la retraite. Pallier cet arrêt de
l’activité professionnelle est la condition indispensable d’une vie heureuse. Chacun doit réfléchir
au temps qu’il investit dans son travail pour le remplacer par un nombre d’heures d’activités assez
proche.
Le plaisir du repos des premières semaines de « vacances », espérées et attendues depuis si
longtemps, peut vite tourner à l’ennui, avec la désillusion et la perte d’intérêt pour des activités
jugées futiles et vides de sens. La perte des repères temporels habituels angoisse. Si la femme ne
travaillait pas, elle a su s’organiser une vie extérieure avec des activités plaisantes, stimulantes,
des contacts amicaux rassurants et valorisants. L’arrivée à plein temps de son mari à la maison
modifie son emploi du temps et réduit sa liberté : dans le meilleur des cas, elle doit dire où elle va,
avec qui, à quelle heure elle va rentrer. La situation se détériore rapidement lorsque le mari, perdu
dans cet espace-temps inintéressant, demande à sa femme de rester avec lui. Elle est sa bouée de
sauvetage pour ne pas déprimer. La relation s’électrise rapidement, la frustration des deux
partenaires retentit sur l’harmonie du couple. Ce qui devait être un rêve se transforme alors
souvent en agressivité, retenue ou non.
L’apprentissage de la retraite est un atout majeur pour retrouver la complicité dans le couple,
l’intimité et le plaisir. Si le couple a travaillé ensemble, l’adaptation est souvent plus aisée. Les

4
discussions sur la nouvelle organisation ont lieu lorsque chacun est prêt à écouter l’autre, ses
désirs différents, son besoin de solitude et d’activités éventuellement séparées. Le bonheur de
l’autre et le sien doit être au cœur de ce genre de discussions. La complicité, la tendresse, la
découverte de l’autre comme on ne l’imaginait pas, l’écoute bienveillante sont autant d’éléments
favorisant le rapprochement des partenaires qui se sentent compris et respectés. Ils analyseront
leurs nouveaux objectifs, les buts à court, moyen et long terme (ce dernier étant devenu possible
à la retraite). Les nouvelles occupations : ensemble, séparés ? Quelle place pour le sport, la vie
culturelle, les voyages ? Quels investissements nouveaux, à quelle fréquence ? Comment aborder
la nouvelle gestion financière, réajuster son niveau de vie ? Quelle place pour la famille, les enfants,
les petits-enfants et les amis ? Quel partage pour les tâches ménagères ? Cette phase de la vie de
chacun et de la vie commune nécessite une « étude » précise et des réajustements dès que l’un des
deux est frustré, ce dont il ne manquera pas d’avertir l’autre. Éviter les reproches est fondamental,
mais proposer une amélioration de telle ou telle situation inconfortable est indispensable. Et
surtout, expliquer à l’autre ce que l’on veut vivre, lui demander clairement ce que l’on voudrait
qu’il fasse et réciproquement. L’un peut avoir des envies différentes de l’autre sans pour autant le
rejeter. Ne pas être tout le temps ensemble permet aussi d’avoir des choses à se raconter. Les
retraités frustrés se referment sur eux et peuvent être mis à l’écart de leur entourage familial ou
amical.

Vous aimerez peut-être aussi