Vous êtes sur la page 1sur 7

COURS DE PHILOSOPHIE

Classe de PA4

« Nul n’est parfait, alors acceptons


l’autre tel qu’il est »
Dm

DANIEL MOUKOURI, ENSEIGNANT DE PHILOSOPHIE


CONTACT : +237 6 97540262
EMAIL : danielmoukouri83@gmail.com
THEME 2 : LE SUJET

CHAPITRE 4 : AUTRUI

Justification du Chapitre

Ce chapitre te permettra d’abord de te familiariser avec le concept


d’autrui, car à partir de là, tu pourras connaitre ton semblable, et savoir
quel genre de rapport vous pouvez entretenir ensemble.

Gilles Deleuze
1925 - 1995
« Quand on se plaint de la méchanceté d'autrui, on
oublie cette autre méchanceté plus redoutable
encore, celle qu'auraient les choses s'il n'y avait pas
d'autrui »

Daniel MOUKOURI, Enseignant de Philosophie.


INFOS UTILES POUR LA MAITRISE DU CHAPITRE

Situation Problème :
« Je te connais comme ma poche ! » ; « Je te connais comme mon caleçon ! ». Telles sont les expressions
2
quartiézardesquement usitées par tous, dans le but de convaincre son interlocuteur, parfois même de le
persuader qu’on le connait très bien, c’est-à-dire, qu’on sait très bien ce qu’il est, on sait tout ce qu’il a, et on
est au courant de tout ce qu’il fait.
1. Quel problème est ainsi mis en exergue ?
2. Connais-tu toutes les personnes que tu côtoies comme ta poche ?
3. Penses-tu que la méconnaissance de l’autre impacterait dans ses relations avec son semblable ?

Problèmes Philosophiques :
1. La connaissance d’autrui
2. La nature des rapports intersubjectifs.

Problématique :
1. S’il faut dire de manière certaine qu’on connait l’autre, n’est-ce pas là ignorer de potentiels actes
hypocrites qui viendraient à remettre ce fait en question?
2. Aux travers des relations interindividuelles, faut-il dire qu’autrui est l’ami ou l’ennemi de son
semblable ?

Daniel MOUKOURI, Enseignant de Philosophie.


Leçon 1 : LES MODES DE CONNAISSANCE D’AUTRUI

Justifications : cette leçon te permettra de voir en quoi est-ce qu’il est admis de dire qu’on connait
réellement l’autre.

Introduction
3
Etymologiquement, autrui vient du latin alter qui veut dire l’autre. En clair, il s’agit de l’autre en tant
qu’une personne, non pas un autre moi-même, mais un moi autre, c’est-à dire un moi qui n’est pas moi.
Tant qu’il est quelqu’un, autrui est n’importe qui. Ainsi, Jean Paul Sartre s’est tenu de le définir comme :
« Un autre moi qui n’est pas moi », histoire pour lui de nous spécifier la différence qui existe entre chacun
d’entre nous, au-delà de toute conception ontologique. De cette définition, il peut s’avérer qu’on vienne
donc à le connaitre (I) ou pas toujours (II).

I. Les Modes de Connaissance d’Autrui


Cette théorie nous permet de mettre en place des mécanismes nous permettant de connaitre l’autre.
Ainsi, on peut connaitre l’autre en partant d’un point de vue analogique, ou même à travers l’amitié et
l’amour.
Dans le premier cas, l’analogie peut se traduire dans le syllogisme suivant : Tous les hommes sont
des êtres raisonnables, autrui et moi sommes des hommes, par conséquent autrui et moi sommes des êtres
raisonnables. Ce qui signifie tout simplement que je peux connaitre l’autre à travers sa manière intelligente
(consciente) de mener son existence car moi j’en fais pareillement. Il s’agissait donc là d’un point de vue
objectif. D’un point de vue subjectif, l’analogie se traduit par le fait par exemple, de connaitre l’autre à
travers sa manière d’exprimer ses émotions. Par mon expérience, il est clair que lorsque je souris ou que je
ris, cela signifie que je me sens joyeux, que je suis de bonne humeur en fait. Alors, lorsque je verrai autrui
en faire autant, je saurai dès lors qu’il éprouve la même sensation. Et là donc, on peut dire qu’on connait
l’autre. C’est donc dans le but de justifier cette thèse que Jean Miquel fera savoir que : « Si tu veux te
connaitre, observe les autres ; et si tu veux connaitre les autres, observe-toi toi-même ».
Dans le second cas, on peut aussi connaitre l’autre à travers des relations d’amitié ou d’amour. En
effet, l’expérience a maintes fois démontré que les relations amicales et amoureuses n’existent que lorsqu’on
connait vraiment l’autre, étant donné que nos genres d’amis ou de partenaires dépendent souvent de
l’idéalisme qu’on recherche chez l’autre, et qu’on ne peut pas être ami ou se mettre en couple avec une
personne dont on ne connait pas réellement, car comme on le dit si bien souvent : « Dis-moi avec qui tu
marches, et je te dirai qui tu es » ; en d’autres termes, les personnes qu’on côtoie ne peuvent qu’avoir des
choses en commun avec nous-même, et c’est donc comme ça qu’on maitrise leur personne.

II. La Complexité de la Connaissance d’Autrui


Les relativisations qui tiennent les vérités de ce monde nous ont poussés de prendre du recul face
aux prétentions émises dans la première approche de cette leçon. En fait, on ne peut pas toujours, aussi
certainement soit-il, dire qu’on connait tant autrui, car la mesquinerie, la sournoiserie et l’hypocrisie sont là
le vocabulaire qui traduit parfaitement la méconnaissance de celui-ci. En disant de ce fait que : « L’amitié
qui est entre les hommes n’existe que sous cette perpétuelle tromperie car si chacun pouvait savoir ce que
son ami dit de lui lorsqu’il n’y est pas, peu d’amitiés subsisteraient », Blaise Pascal a su approuver

Daniel MOUKOURI, Enseignant de Philosophie.


l’ignorance que l’on a des autres, étant donné qu’ : «Il y a plus de murs que de ponts entre les hommes»,
pour parler comme Shakespeare.
De plus, il y a lieu de reconnaitre la méconnaissance de l’autre en ce sens que ce dernier serait une
véritable énigme. Dans le chapitre précédent (Personnalité et Personne), on y a mentionné le fait que
chaque être humain est différent des autres grâce à ce qu’on a appelé la personnalité. Pour aller un peu plus
loin, il faut dire que nos comportements et nos humeurs changeantes font partie de notre personnalité
même, tout comme chaque être humain est doté d’une consciente (du point de vue de la subjectivité), et
c’est grâce à cette faculté si chacun a très souvent une perception des choses différente de celle des autres.
Alors si on s’en tient à cette déduction, on peut conclure que prétendre connaitre l’autre ne serait que pure
4
erreur pour certains et gros mensonge pour d’autres. C’est pourquoi Gaston Berger fera savoir à ce fait que :
« Seule la subjectivité est une existence véritable, elle est par essence incommunicable ». Pour clôturer,
Graham Green viendra lui aussi dire qu’ : « Aucun homme ne pourra réellement en comprendre un autre ».

Synthèse : Tout compte fait, il serait nécessaire de cultiver le dialogue pour une compréhension mutuelle
efficience.

Conclusion
En définitive, on retient de cette leçon même s’il existe assez de facteurs qui justifient la
connaissance de l’autre, il n’en demeure pas moins qu’il reste, parfois, un être assez réservé. Mais, il semble,
que le peu qu’on sache de lui, est assez pour justifier les rapports que l’on entretient ensemble.

Daniel MOUKOURI, Enseignant de Philosophie.


Leçon 2 : L’INTERSUBJECTIVITE OU LA QUESTION DES RAPPORTS AVEC
AUTRUI

Justification : Parce que tu sais déjà qui est l’autre, tu peux de ce fait savoir s’il est ton ami ou ton ennemi,
et ce, à partir de cette leçon.

Introduction 5

L’intersubjectivité peut, de manière banale, traduire ici la nature les rapports entretenus entre
plusieurs subjectivités, ou entre plusieurs consciences, ou encore entre plusieurs Moi, bref entre autrui et
son semblable. En claire, il s’agit juste de savoir si les relations entre autrui et Moi sont de nature pacifiques
(I) ou de nature conflictuelle (II). En d’autres termes, il est question de savoir si autrui est mon ami ou mon
ennemi. Pour donc répondre à cette question indirecte, on s’attèlera à étudier tour à tour les points
centraux de celle-ci dans un contexte chronologique.

I. La Nature Pacifique des Relations entre Autrui et son Semblable


On dit des relations intersubjectives qu’elles sont pacifiques lorsque les protagonistes convivialisent
dans la plus grande sérénité. En effet, le mot pacifique traduit principalement la notion de paix. Sauf qu’à ce
niveau, les relations entre les hommes ne se limitent pas seulement à la simple paix, mais aussi dans la
solidarité à travers un soutien mutuel, dans l’amitié et/ou l’amour, dans l’émergence mutuelle même, et
dans le cas d’espèce, autrui devient indispensable.
En effet, l’expérience a suffisamment prouvé que notre vie sans autrui serait faite de biens de
difficultés, et ce, sur tous les plans de notre existence. C’est pourquoi autrui est indispensable à notre égard.
C’est nettement le cas dans les relations amicales, pour ainsi limiter quelques fois le stress de nos
problèmes, on se voit en parler avec l’autre, pour dès lors se sentir apaisé, et être en confiance, vu que le fait
pour lui de me prêter son attention montre combien il a de l’estime pour moi. Il n’est donc pas erroné pour
nous de convoquer Gabriel Marcel pour qui : « Le ciel, c’est les autres » ; une manière-là de dire qu’à côté
de Dieu, on a autrui.
Par ailleurs, en prenant en compte les dires d’Antoine de Saint-Exupéry selon lesquels : «Si tu
diffères de moi, loin de me léser, tu m’enrichis», on peut tout aussi reconnaitre qu’autrui participe à notre
édification en ce sens qu’il contribuerait à notre épanouissement, vu qu’en le côtoyant nous aurons de la
chance d’apprendre de lui, c’est-à dire de copier ses bons comportements, et de tirer de la sagesse à travers
ses erreurs. Dès lors, on peut donc convenir avec Georges Gusdorf que : « Le plus beau géni ne marche à la
découverte que sur les traces d’autrui ». Cependant, les choses peuvent prendre une autre tournure, et ce,
selon diverses circonstances.

II. La Nature Conflictuelle des Relations entre Autrui et son Semblable


Dans cette approche, il est question de démontrer que toutes les relations avec autrui ne sont pas
toujours porteuses de positivités, d’où les potentiels conflits ou contentieux qui peuvent être entre lui et son
semblable. Cela est perceptible dans le cas de la conquête du succès personnel, qui peut des fois nécessiter
pour autrui, le fait de porter atteinte à la personne de son semblable. Ce n’est donc pour rien que Thomas
Hobbes pensera que : « L’homme est un loup pour l’homme », car aux travers de maintes expériences, il va

Daniel MOUKOURI, Enseignant de Philosophie.


de soi, que quoi qu’on envisage entreprendre, il y aura toujours des ennemis du progrès qui voudront
toujours nous mettre de la colle sous les pieds pour nous empêcher d’avancer.
De plus, il s’avère que les amitiés formées avec les autres ne sont pas toujours celles dont on pense.
Tellement que l’hypocrisie sentimentale a pris le dessus dans les relations sociales, que l’amour et l’amitié
sont d’ores et déjà subordonnés aux intérêts individuels. Comment ne pas donc comparer autrui ici au
diable de l’enfer ainsi exprimé dans la déclaration métaphorique de Jean Paul Sartre selon laquelle :
« L’enfer, c’est les autres » ?

6
Synthèse : Ce que l’on doit retenir de cette relativisation des idées, c’est que chaque homme est doté de
vertus et de vices. Alors rejeter complètement l’autre à cause de ses vices, serait aussi une manière de se
rejeter soi-même, car nul n’est parfait. On doit juste apprendre à être tolérant, et cette tolérance est
exprimée par Emmanuel Kant lorsqu’il pale de : « L’insociabilité sociabilité de l’homme », une façon de dire
que chacun a sa raison d’être sur cette terre.

Conclusion
En somme, il est juste nécessaire pour nous de retenir d’une part, qu’autrui, même si quelques fois,
est peu démystifié, demeure une énigme ; et d’autre part, qu’il a tant un bon côté, qu’un mauvais, mais qu’il
y a lieu de l’accepter tel qu’il est afin de maintenir une certaine harmonie dans la convivialité. Toutefois, du
point de vue de la morale, selon toi, autrui agit-il toujours par intérêt ou par devoir ?

SUJETS DE REFLEXION

1. Autrui est-il une énigme ?


2. Faut-il se fier à sa conscience pour connaitre l’autre ?
3. Que vous suggère cette pensée de Friedrich Hegel : « Chaque conscience poursuit la mort de l’autre » ?
4. Discutez cette affirmation de Max Stirner : « Personne n'est mon semblable, ma chair n'est pas leur
chair, ni ma pensée leur pensée ».
5. A-t-on besoin de l’autre pour s’affirmer ?

Daniel MOUKOURI, Enseignant de Philosophie.

Vous aimerez peut-être aussi