Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
1
L’absence d’une mère
2
L’absence d’une mère
3
L’absence d’une mère
4
L’absence d’une mère
JESSICA NTUMBA
5
L’absence d’une mère
Droits réservés :
Kinshasa / RDC
73, Avenue Likasi, C/Gombe - 9, Avenue Baku, C/Limete
Contacts : +243 841 484 700 - 825 303 031
E-mails : editionsafri.ka@gmail.com - brunellungambun@gmail.com
Mise en page : Deve Diasilua - Desing couverture : Yves Payenzo et Claudeo
Dépôt légal : MI 3.02105-57189 - ISBN : 987-99951-92-05-7 - CODE 055 04-21
RD Congo 2021
6
L’absence d’une mère
7
L’absence d’une mère
8
L’absence d’une mère
PROLOGUE
Dans un tel enfer, les wewas sont presque les seuls à être
au paradis, car toute pluie qui s’annonce, signifie pour eux,
augmentation vertigineuse de leur maudit chiffre d’affaire.
S’ils se donnent ce luxe sur toute une population au nom de
la démocratie, c’est parce qu’ils sont les seuls à avoir l’au-
dace. L’audace de continue à rouler sous la pluie en déroulant
9
L’absence d’une mère
plusieurs liasses de billet que le ventre du Congo dévore avec
un appétit glouton. L’audace de rouler tout le monde avec
certitude de l’impunité parce qu’un peu partout au pays, l’im-
punité est un don béni… Gloire au ciel !
10
L’absence d’une mère
wewa…
12
L’absence d’une mère
— Ah bon ! Que font-elles là-bas ?
— Shuuut, assied-toi et suis….
Les yeux braqués sur son écran, MJ tira une chaise en bois
qui était juste à côté, se mit dessus pour suivre religieuse-
ment la scène de l’émission qui se déroulait devant son re-
gard hagard d’apparence, mais tout poussait à croire que
cela l’intéressait.
Alors sans hésiter elle sortit comme une folle sous la pluie,
en criant à l’aide, pour alerter toute personne susceptible de
lui porter secours. Seul, un jeune couple ouvrit leur porte et
courut vers elle.
14
L’absence d’une mère
LA RENCONTRE
15
L’absence d’une mère
naient les véhicules étaient pris d’assaut, et le fil d’attente
des véhicules pouvait atteindre 5Km.
16
L’absence d’une mère
17
L’absence d’une mère
— Prends ça alors et rend-moi services s’il te plait…
Devant ce billet qui pesait à l’époque, le jeune-homme sans
réfléchir, le récupéra et ajouta :
— Merci mon vieux, avec ça en poche, je suis assuré et sans
souci, d’ailleurs Bandal n’est pas si loin que ça. Ajouta-t-il
avant de bondir de la voiture pour aller vers la jeune fille afin
de lui faire signe de monter à sa place.
18
L’absence d’une mère
— D’accord Nat, je vais passer le samedi à 12h, si ça te va ?
— D’accord alors, j’y serais…
Sans le savoir, une relation venait de se créer.
20
L’absence d’une mère
mer le problème décida de ne rien ajouter, il s’approcha de sa
belle-mère et prit dans ses bras ses anges adorables, comme
il va d’ailleurs avoir l’habitude de les appeler.
21
L’absence d’une mère
22
L’absence d’une mère
L’IRREPARABLE
23
L’absence d’une mère
— Mon Dieu ! Ce n’est pas vrai, cette sorcière va me tuer !
S’exclama Mike en tournant sur lui-même. Mais où est-elle
partie avec les enfants ? Elle t’a rien dit ? Interrogea-t-il le
voisin à nouveau.
— Aucune idée mon pote, j’ai vu seulement le camion embar-
quer les bagages ainsi que ta famille et la boniche.
— Bon Dieu Nathalie, il fallait même me laisser mes enfants !
S’exclama-t-il tout en pleurant assis à même le sol, tête bais-
sée, soutenue par ses mains. Son voisin était débout, blême,
ne sachant quoi faire.
Soudain un cri de Bébé retenti de loin.
24
L’absence d’une mère
— Le lendemain vers 9h, un camion est venu récupérer nos
affaires, et nous y sommes embarqués tous. Mais bizarre-
ment au lieu de se diriger vers Kinsuka, le camion a pris la
route de Selembao et nous sommes arrivés jusqu’à Mata-
di-Kibala, madame m’a demandé de descendre du véhicule et
de l’attendre dix minutes, vu qu’elle avait d’autres courses
urgentes Patron, ajouta-t-elle, je suis restée plantée là-bas
avec les bébés jusqu’à 16 heures. Tellement j’ai trouvé cette
affaire suspecte, j’ai décidé de revenir ici avec les enfants,
dans l’espoir de vous trouver ici, heureusement.
26
L’absence d’une mère
de Mike qui était son propre frère ainé, ne s’était pas occupé
d’elle quand il avait des moyens, il avait préférés s’attacher
à sa femme.
27
L’absence d’une mère
28
L’absence d’une mère
Quelques temps plus tard, une nouvelle vie sans Mike com-
mença. Après une courte année d’enfance, les fillettes sont
forcées à grandir vite malgré leur jeune âge un matin ordi-
naire, calme et ensoleillé, MJ, revenant de son office matinal,
trouve les jumelles assises seul à la terrasse. En les voyants,
son cœur est rempli de rage. Elle se dit en murmurant : « je
ne sais quoi faire avec ces deux bâtardes ».
— Bonjour mamie, dit Leila.
— Je ne suis pas ta mamie répliqua MJ.
— Vas plutôt terminer la vaisselle, ajoute-t-elle, visage cour-
roucé.
— Désolée mamie dit Leila, c’est l’heure de l’école. Etonnée
de cette réponse Soudaine de Leila, par une voix forte MJ
gueula :
— Tais-toi, tu n’as aucun droit ici, pour revendiquer quoi que
29
L’absence d’une mère
ce soit, ou donner des sales excuses, tu te crois où ? Je suis
ta mère moi, pour supporter vos caprices ? Tant que vous
êtes sous mon toit, c’est ma parole où rien, compris ?
30
L’absence d’une mère
— Un de ces jours on finira illettrées avec l’allure où vont les
choses rétorqua Leila qui avait déjà tendance à se révolter.
— Shuuut, ne dit plus rien. Dit Emilia d’une voix calme, la
serrant dans ses bras.
32
L’absence d’une mère
Par contre certains enseignants plus attentionnés et plus sen-
sibles, essayaient par des voies et moyens de comprendre le
pourquoi de cette chute brutale et comment y remédier, mais
n’osaient trouve la solution en descendant sur terrain pour
comprendre ce que les jumelles vivaient quotidiennement.
Pour les Jumelle, vivre cette décadence était pire que rendre
visite au diable en personne en enfer. C’était trop. Une humi-
liation totale. Elles se retrouvaient de plus en plus isolées, car
personne ne voulait trainer avec les moins que rien de l’école.
C’en était donc fini avec les études, sans savoir ce qu’elles
pourront faire plus tard. Elles ont juste pris la décision afin de
se libérer d’un autre membre du corps de leur vie minable qui
faisait atrocement mal.
34
L’absence d’une mère
Et puis, il finit par conclure :
— Comme c’est le cas ok ! L’essentiel est que les filles étu-
dient dans des bonnes conditions.
— Merci beaucoup. Je vous laisse continuer votre travail,
avait-t-il conclu !
En effet le Directeur se laissa tromper facilement, mais que
pouvait-il faire d’autre ? MJ voulait clouer les deux malheu-
reuses sur la croix de l’esclavage et de l’exploitation et pour
cela, elle était prête à tout pour détruire leur avenir.
35
L’absence d’une mère
36
L’absence d’une mère
L’ANNIVERSAIRE
37
L’absence d’une mère
Elles étaient surtout blessées de voir comment MJ s’époumo-
nait, tournait, voir même s’endettait pour rendre le sourire
aux siens, alors qu’elle n’a jamais osé le faire, ni penser le
faire pour elles.
38
L’absence d’une mère
— Emila !
— Oui ma sœur.
— Tu te souviens encore quand Papa nous amenaient par
surprise des gâteaux, à l’occasion de rien ou de notre anni-
versaire, bien qu’il n’était peut-être pas plus affectueux avec
nous, mais il avait sa façon à lui de nous manifester son
amour.
Après avoir dit ses paroles, elle les serra dans ses bras très
fort.
40
L’absence d’une mère
— Merci beaucoup, répondirent les jumelles.
41
L’absence d’une mère
42
L’absence d’une mère
LE BONHEUR
A L’EXTERIEUR
43
L’absence d’une mère
plus beau de cette matinée était la réaction d’un jeune couple
qui comme elles, se rendaient également à l’église dans la
même direction qu’elles. Arrivé à cent mètres de l’église,
le mari précipita un peu ses pas en laissant légèrement son
épouse derrière lui pour rejoindre les jumelles et engager une
discussion.
— Bonjour les jumelles, leur dit-il étant superbement habillé,
comme un jeune qui avait rendez –vous avec son destin.
— Bonjour ! Répondirent les filles d’une même voix, avec un
air un peu surpris.
— Comment allez-vous ? rétorqua le monsieur qui était bien-
tôt rejoint par sa femme, et qui exaltait un sourire angélique
en étant près des jumelles.
— Bien !
44
L’absence d’une mère
Leila qui était un peu timide se tut. Sa sœur par contre, qui
ne gêne pas d’engager une conversation, prit la parole pour
dire :
— Oui oui, moi c’est Emilia, voici ma sœur Leila, nous par-
tons à l’église. Nous espérons également vous portez bon-
heur, parole des jumelles, vous aurez ce dont vous souhaitez
et promettez-nous de bien prendre soin de vos futurs enfants.
Après ce geste, le couple salua pour une dernière fois les ju-
melles et se précipita pour entrer à l’église.
46
L’absence d’une mère
LA GOUTTE DE TROP
47
L’absence d’une mère
derrières elles les jumelles comme gardiennes de la maison.
— Leila, veux-tu qu’on aille chez MC ? demanda Emilia.
— Mais il faut rentrer avant que mémé n’arrive ajouta-t-elle.
— Ah… personne ne nous a enchainées. On est libre après
tout… rétorqua Leila qui en avait déjà assez d’être soumise.
48
L’absence d’une mère
49
L’absence d’une mère
Mais après la mort de leur cher papa, aussi, après le démé-
nagement rapide qui était intervenu quelques instant après
cet évènement malheureux, elles n’ont pas pu emporter avec
elles, toutes leurs cargaisons des carnets, le peu de carnets
qu’elles emportèrent avec elles dans la précipitation étaient
tombés entre les mains de MJ, qui les avaient soit cachés,
soit détruits, les qualifiants en jargon local de « Cahier de
plaisir », un cahier que les parents regardent d’un mauvais
œil, alors que c’est parfois l’un des outils d’un futur écrivain.
50
L’absence d’une mère
l’ont souvent la plupart des jumeaux et le talent était là, il
fallait juste bien le travailler…
52
L’absence d’une mère
S’exclama MC pour essayer de les calmer.
Malheureusement, les filles ne voulaient faire machine arrière
sous l’effet de la rage, colère, haine. Un moment, Emilia pour
éviter le pire, décida de quitter le lieu, laissant MC et sa sœur
jumelle. Et toujours sa sœur grognait et les larmes de cha-
cune n’étaient pas si loin…
MC sans se lassait, continuait de faire de son mieux pour
convaincre la jumelle rebelle :
— Calme-toi Leila, tout ira bien ! Ôte de ta tête toutes ces
idées noires qui te poussent à vouloir t’échapper d’ici. Pour
l’instant, tu n’as nulle part où aller. Vous devez rester souder
l’une à côté de l’autre seules, votre union est votre force,
n’abandonne pas et surtout n’abandonne pas ta sœur mainte-
nant, tu sais qu’elle n, tu sais qu’elle n’a que toi. Si j’avais des
moyens j’allais vite vous faire reprendre le chemin de l’école
mais hélas…
— A l’école ? Questionna Leila soudainement avant de
poursuivre :
— Bon sang, j’ai déjà 18 ans et je ne retournerai pour rien
au monde à l’école primaire ! Le sort en, est déjà scellé ! Je
ne veux plus reculer, je l’ai assez fait, maintenant tout ce
qui compte, c’est d’avancer, avancer, avancer droit devant,
vers un avenir, un avenir radieux, loin de cet enfer, loin de
la misère, loin de la faim, loin de la crasse, loin de toutes les
garces qui nous hébergent, oui, loin, vraiment loin et pour
cela, je sais que je dois travailler. Je suis assez grande, je peux
me trouver un emploi, après, on verra bien… pour ce même
si je dois embrasser la rue, de toutes les façons, nous avons
toujours été dans la rue ! Si pas traiter comme des enfants de
la rue et pour le reste je m’adapterai, le bon Dieu aidant s’il
existe belle et bien !
53
L’absence d’une mère
— Mais que veux-tu faire dans la rue ? Te prostituer ? Peu
importe que tu n’aies pas pu continuer tes études, il y a plu-
sieurs formation professionnelles qui peuvent t’apprendre un
métier qui pourra t’aider en te rattrapant.
— Si tu n’as pas eu la chance d’aller à l’école continua MC,
ne t’en fait pas. Dans la vie il y a des gens qui parfois n’ont
pas eu l’opportunité d’aller à l’école mais qui avec les poten-
tiels que Dieu a mis en eux ont réalisé leur rêve, avec un peu
de détermination et du travail…
La nuit fut venue avec le retour de leur grand-mère. Aussitôt
revenue, la tristesse fit son entrée en même temps qu’elle.
— Rentre à la maison, dit MC. Je vois votre grand-mère qui
est déjà de retour, rentre avant qu’elle ne vous fasse une
litanie des problèmes.
— Un drame ? Interrogea ironiquement Emilia d’une voix
nerveuse. Nous sommes habituées à ça, car c’est chaque jour
qu’elle en fait.
— Eh pas toi s’il te plait, rétorqua MC, ne fait pas le re-
belle, garde toujours ton calme, ton respect et tes bonnes
manières. Ne te laisse pas voler par la passion ou la colère,
tu dois être forte pour ta sœur rebelle. Partez maintenant !
Mais soyez fortes !
54
L’absence d’une mère
— Chez qui ? grommela MJ, vous laissez ma maison sans
bonne garde pour aller je ne sais où, et en plus vous allez
chez cette voisine qui venez fouiner son nez partout !
56
L’absence d’une mère
dée à s’affranchir. Aux grand maux, des grands remèdes !
Alors MJ leva sa main, donna une gifle violente à Leila ! En
croyant que cela calmerait la rebelle mais peine perdue, la
petite après être tombées se releva en gueulant encore parce
qu’elle n’avait plus rien à perdre.
— Tu peux me gifler autant de fois que tu veux, plus rien
ne m’effraie en toi. Tu es toujours un monstre et tu vas le
demeurer, c’est ainsi que tu es. Mais bientôt, très bientôt,
dans quelques jours à venir je ne te permettrai plus de porter
la main sur moi, vieille aigrie…
58
L’absence d’une mère
ter main forte, et courut vers celle qu’elle considère comme
un ange-gardien, tout en la serrant dans ses bras en sanglot.
— Mais que se passe-t-il ? Interrogea MC.
— je ne sais quoi dire, c’est Leila. Elle s’est déroulée sur
mamie et ne veut rien entendre de personne, ni même moi…
— Mon Dieu ! Pas jusque-là, elle a pétée le plomb ou quoi ? Il
faut l’extirper de là, sinon c’est un massacre assuré ! Et avant
l’intervention de la police, cela risque d’être une hécatombe.
60
L’absence d’une mère
— Elles doivent quitter cette maison tout de suite, répliqua
Josiane. Si aujourd’hui elles ont osé défier sans peur notre
maman, demain elles seront capables de la tuer, insista-t-elle,
avec une silhouette exprimant la malice d’un félin prête à
dévorer sa proie.
— Si elles ont fait ça à un arbre plein de sève, que feront-elles
de nous les arbres asséchés, en tout cas ces enfants sont dan-
gereuses, elles doivent partir, enfonçant davantage Josépha.
— Avec plaisir, rétorqua Leila, enfin je vais prendre ma liber-
té, sortir de cet enfer tel fut mon vœu depuis une éternité.
Elle rigola très fort pour monter son degré de satisfaction qui
cachait en réalité à la fois un grand chagrin et surtout une
rage profonde.
— Mais où veux-tu qu’on aille, interrogea Emilia, avec une
voie grelottante.
— N’importe où, mais sauf ici, interrompit d’une vive voix sa
sœur. Je préfère encore vivre dans la rue, que dans ce trou in-
fernal, toi suit tu veux rester c’est ton problème, ajouta-t-elle.
61
L’absence d’une mère
— A bon ? Ce comme ça, intervient MJ, donc dans ce quar-
tier c’est tout le monde qui complotait contre moi ? Euh !
Bande d’hypocrites, je vous connais maintenant, ajouta-elle
sortez tous de chez moi, mes filles, jetez hors de chez moi les
histoires souillées de ces deux diablesses, qu’elles foutent le
camp de chez moi.
62
L’absence d’une mère
pour ramasser, et transporter leurs affaires au domicile de
cette dernière, elles furent émues. Tandis que, d’autres voisin
et voisines du quartier se tenaient à côté des jumelles pour les
consoler tant soit peu mal : « soyez forte, désormais vous
ne manquerez de rien, nous allons vous assister à travers
MC » assurèrent et rassurèrent certains voisins.
63
L’absence d’une mère
64
L’absence d’une mère
LA SEPARATION
65
L’absence d’une mère
salon n’était pas tellement meublé, mais plutôt bien rangé et
chaque chose se retrouvait à sa place. Sur une table basse po-
sée devant elles on y trouvait quelques documents médicaux
appartenant à la jeune infirmière, ainsi que quelques photos
d’elles et de ses amies prises dans quelques sites touristiques
de la ville de Kinshasa, notamment à la place de la gare,
ou encore à Kinsuka au bord du fleuve, car MC pendant ce
temps libre, le weekend, aimait bien se divertir et fêter en
compagnie des siens.
66
L’absence d’une mère
Ce jour-là, soudain, la porte s’ouvrit grandement, MC fit son
entrée, d’un air fatigué à cause des longues heures de travail
pénible, dans les hôpitaux où le cas augmentaient au jour
le jour, vu les conditions sociales particulièrement difficiles.
D’une de ses mains, elle tenait un sac en plastique contenant
quelques articles de cuisine qu’elle s’est procurée dans un
supermarché, de l’autre main elle avait également un autre
sac contenant sa blouse d’infirmière qu’elle a l’habitude de
nettoyer chez elle à la maison. A l’épaule pendait son sac
à main contenant principalement des objets de maquillage,
son portemonnaie, ainsi que ses papiers d’identité. Elle mar-
cha jusqu’à se laisser tomber sur le canapé, entre les deux
jumelles, qui à peine se sont faites remarque par une saluta-
tion :
Bonsoir MC !
— Bonsoir mes joujoux, comment était la journée ? poursui-
vit-elle.
— Comme si comme ça, répondit Emilia, tandis que sa sœur
toujours silencieuse, était concentrée avec sa musique.
— Alors Leila MC, comment te sens-tu ?
— Hum… pas tellement bien, répondit-elle en sourdine après
un soupir qui trahissait son angoisse.
— Mais enfin, continues-tu toujours de te ronger le cœur ?
Essaye un peu de tourner la page ma fille, répliqua MC avec
un sentiment de déception.
— Comment tourner la page ? Si à chaque réveil, chaque
midi et chaque soir, pendant mon sommeil, dans mes rêves,
cette maison d’à-côté est toujours présente dans ma vue et
me rappelle que des mauvais souvenirs.
67
L’absence d’une mère
MC poussa un soupir :
— Mais que veux-tu enfin, que nous déménageons d’ici pour
que tu trouves enfin la paix ? Questionna-t-elle.
— Non non, ne te donne pas la peine MC, ça va passer,
dit-elle pour faire semblant alors que son attitude trahissait
ses dires. En effet, c’était le contraire de ce qu’elle pensait
intérieurement.
68
L’absence d’une mère
en plus des jeunes malades qui souffrent d’AVC, une maladie
jadis destinée au vieux, mais qui maintenant, s’attaque aussi
aux jeunes, même de votre âge. Sais-tu pourquoi ? Question-
na MC.
Questionna-t-elle en souriant.
— Vraiment ! répondit Emilia, qui depuis lors n’a pas vou-
lu intervenir, pour n’est pas attiser une nouvelle discussion
comme celle de l’autre fois.
Quant à Leila, elle demeura tête baissée, les bras croisés,
comme une élève qui écoutait attentivement les conseils du
disciplinaire, pour S’échapper à une sanction grave après
70
L’absence d’une mère
avoir été surpris dans un délit grave.
— Bon j’ai assez parlé, conclut-elle, j’ai une faim d’élé-
phant, s’il te plait Emila, chauffe la nourriture, mangeons vu
qu’il est presque 20 heure, ensuite vous irez dormir.
— D’accord MC, répondit Emila, qui bondit sur le canapé et
courut vers la cuisine pour exécutive les ordres de la nouvelle
maitresse. Leila toujours perdu dans ses pensées, resta assise,
sans dire un mot toute la soirée jusqu’à l’heure de dormir.
71
L’absence d’une mère
L’aurore se dessinait par la levée timide du soleil qui laissait
apparaitre les silhouettes de habitations qui s’étalaient les
unes sur les autres dans une vue qui se tendait à l’infini.
Vraiment, bien que tout petit sur la carte, Kinshasa semblait
illimité de vue, au point de donner des vertiges aux différents
gouverneurs qui s’y sont succédé… par où commencer se
demandent-ils souvent quand il s’agit de l’assainir.
Dix minutes plus tard rien à signaler, Leila n’est toujours pas
de retour, elle commence à s’inquiéter. Alors, elle décida d’al-
ler jeter un coup d’œil à la chambre de MC question de se
rendre compte si sa sœur avait voulu passer la nuit auprès de
cette dernière :
— Toc toc !
— C’est qui ?
— Emilia.
— Qu’y-a-t-il tôt ce matin ? Marmonna MC qui voulait pro-
fiter de la fraicheur matinale pour approfondir son sommeil.
— Excuse-moi MC, dit Emilia, est ce que Leila se trouve avec
toi ?
— Non non pas du tout, elle est surement à la toilette, va
dormir.
72
L’absence d’une mère
— Eiiih ! Par ce que ça fait déjà plus de 10 ou 15 minute
qu’elle n’est pas revenu bon je pars quand même vérifier si
elle est dehors ou à la toilette, se décida finalement Emila.
— D’accord, mais laisse-moi dormir, je n’ai pas fini mon rêve
de tout à l’heure. Grommela MC.
Quelques instant plus tard, elle revient mais avec un ton in-
quiétant :
— MC MC MC ! S’il te plait viens ! Viens ! Je ne la trouve
pas, et il y a quelque chose d’inhabituel ici.
— Quoi encore ? Ah ! Pourquoi paniques-tu ? Bon j’arrive
Garde ton calme.
74
L’absence d’une mère
Elle reposa un peu ses bras en laissant tomber le papier, car
elle n’en croyait pas ses yeux « c’est une blague de mauvais
goût, ou une réalité » dit-elle au fond d’elle. Mais personnel-
lement elle sait que l’introvertie de Leila, ne prends pas des
décisions sans qu’elle les applique véritablement… Elle ra-
massa le papier en voyant la suite sur une autre page, alors,
elle poursuit sa lecture, pendant que Emilia, était bouche bée
prête à pleurer :
76
L’absence d’une mère
LA GRANDE DECISION
Huit mois plus tard, Emilia lassée de penser à tout ceci, dé-
cida partiellement de tourner la page, pour compenser ses
ennuis. Elle intensifia les travaux ménagers refusant d’être
en repos.
Un beau matin elle se leva avec une idée dans sa tête, « Oh
ça y est » dit-elle, « je dois sortir »
77
L’absence d’une mère
— Mais où veux-tu aller demanda d’un ton inquiétant MC,
veux-tu aussi me quitter ?
— Non non, répondit-t-elle en souriant, je prends un peu de
l’air, pour détendre mes nerfs, t’inquiète pas pour moi.
— Waouh, je te trouve quand même suspecte, ajouta MC, en
souriant également, sans doute soulagée de la voir avec une
bonne attitude.
— Non rien MC, je vais juste aller me dégourdir les jambes.
78
L’absence d’une mère
mba congolaise, notamment Tabuley, ainsi que Papa Wemba
qui l’a choisi comme siège naturel en y créant même tout
un village : « Village Molokai ! » qui est au fait le mélange
des préfix des quelques avenues dudit quartier populaire et
célèbre de Kinshasa.
80
L’absence d’une mère
— Bon déballe ton colis, mes bébés ont super faim.
— D’un coup rapide, elle ouvrit son sac, et sortit une dizaine
de paquet de biscuits qu’elle s’était procurée au marché au
cas où.
— Rien que ça ? Réclama la chef de la bande.
— Oui oui, c’est n’est qu’un début, justifia-t-elle, je suis venu
me rendre compte de la situation pour apporter prochaine-
ment un peu plus.
— Bon t’inquiète, mieux vaut ça que rien, temporisant la
chef, prenez mes enfants, votre tantine vous a apporté le
diner, profitez-en bien.
82
L’absence d’une mère
Cet après-midi-là, elle n’avait touché à rien, elle qui était pas-
sionnées des travaux ménagers n’avaient rien fait ce jour-là
car elle avait la tête dans les étoiles… Heureusement que MC
avant de sortir pour le boulot avait déjà tout fait. Elle était
plongée dans ses pensées, non pas pour sa sœur, mais plutôt
pour les jeunes enfants qu’elle a pu apercevoir la journée
exposée en plein rue. « Quel destin ? » se questionnant-elle ?
« Que puis-je faire pour les aider à s’en sortir ? »
83
L’absence d’une mère
Aussitôt dit, aussitôt fait, deux jours plus tard, Emila, fit la
ronde du quartier munie d’un sac en plastique, elle sillonnait
et franchissait les portes des églises du quartier, et dans cer-
tains cas son initiative était louée, et on lui proposait de pas-
ser les jours suivant afin de récupérer ce dont l’église pourrait
collecter auprès des fidèles.
Dans d’autre lieu par contre, elle fit froidement accueillie par
des pasteurs qui se plaignaient du manque de moyen de leurs
fidèles, qui seront à coup sûr dans l’incapacité de contribuer.
Des bons devins !
84
L’absence d’une mère
coururent vers leurs bienfaitrices. « Tantine est là », criaient-
t-elles joyeusement, ces gamines que la rue avait forgées au-
trement.
— Waouh ! As-tu dévalisé une boutique ou quoi, cria Miss
Djudja.
— Non non, j’ai fait juste le tour de quelques églises pour
collecter tout ça, d’autres m’ont promis pour la semaine pro-
chaine, ajouta-t-elle.
— A bon c’est une bonne chose de penser aux enfants, t’es
vraiment très gentille.
86
L’absence d’une mère
Mais voyant Emila s’enfoncer en sanglot à chacune de ses
dires, elle décida de changer de méthode.
— Voyons, arrête de pleurer, consola-t-elle comme elle put.
Contrairement à nous, ta sœur est privilégiée voulais-je dire,
tout le monde ici voudrait bien être à sa place, malheureuse-
ment ma tronche ne me permet de gouter à ce délice, même
un gorille de montagne ne voudrait pas de moi. Par contre
elle, ne manque de rien, elle est logée confortablement et
nourrit correctement, tu vois…
Emila avait de nouveau des larmes sur ses joues, non pas
pour le sort de sa sœur cette fois, mais pour la triste histoire
qu’elle venait d’entendre de la part d’un être qu’elle percevait
comme une grincheuse, mais qui par contre avait de l’huma-
nité plus que beaucoup d’homme et femme habillés en tu-
nique et toge prêchant matin, midi et soir l’Amour de Dieu à
88
L’absence d’une mère
travers des longs sermons, parfois dépourvus de sens, car en
réalité ils ne vivent presque jamais ce qu’ils disent.
— Ah Miss, mes yeux se sont ouvert, moi qui croyait vivre
le pire du monde, alors qu’il y a ceux et celles, qui vivent pire
que ça. Mon Dieu pourquoi des telles injustices, ces enfants
ne méritent pas ça, ajouta-t-elle avec contrariété.
— T’inquiète, ma chère, lui rassura Miss. Que ça soit dans
un château ou dans la rue, l’essentiel c’est de vivre et de
s’adapter. Même des chefs d’Etat, ajouta-t-elle avec plaisan-
terie, vivent dans la rue, la rue est faite pour tout le monde,
car aucune vie ne possède une sure garantie…
— Ah oui, l’essentiel, c’est d’être mieux dans sa peau ! Le
bonheur c’est l’acceptation de sa condition, bien que dur
« un chien ne se contente que de l’os qui est au bout de ses
lèvres, il n’envie jamais l’herbe tendre du lièvre… », Dit un
adage de chez nous. Donc à chacun sa vie et son parcours.
— Bien sûr, qui sait… compléta Miss.
Tout d’un coup le climat s’éclaircit, la vie jaillit dans cet en-
droit particulièrement lugubre. Prenant un paquet de biscuit,
Emila partit s’assoir au beau milieu de ces enfants qui se sont
mis en cercle, mastiquant le biscuit et prenant à cœur joie
les jus apportés par leur tantine l’ange providentielle. Elle
se mit à discuter avec elles des divers sujets, ainsi que des
expériences de chacune, qu’elle prenait soin de noter dans
son carnet.
89
L’absence d’une mère
90
L’absence d’une mère
LE BOUT DU TUNNEL
92
L’absence d’une mère
LA SURPRISE
93
L’absence d’une mère
Emila, très concentrée sur son travail, ne voulait même pas
prêter l’oreille à ce qui se passait dans l’autre salle, d’ailleurs
le son était légèrement audible vu que la salle où elle se trou-
vait, était hermétiquement fermée.
Quelques instants plus tard, une jolie fille protocole fit son
entrée dans la salle, « c’est ton tour ma demoiselle Emila
KANKU », dit-elle. En effet, trois des concurrents sont passés
avant elle, il était resté dans ce purgatoire sont un jeune gar-
çon d’environ 17 ans, bien battu, parlant un français impec-
cable avec un accent occidentalisé démontrant vite son rang
social aisé. Il donnait l’air d’habiter probablement la France.
« Face à un tel candidat dont le français est la langue mater-
nelle, ferai-je le poids », Elle avait de quoi être complexée et
un peu découragée !
94
L’absence d’une mère
lumière, elle transpirait, et avait des sueurs froides. Mais sa
tension baissa d’un cran au bout d’un moment, lorsqu’elle
s’aperçut qu’elle n’était pas seule sur scène.
Elle se tint devant un autel sur lequel était posé son livre
joliment relié. C’est pour la première fois de sa vie qu’elle se
tenait devant un micro, son rêve de tout le temps. La salle
était silencieusement, en attente du discours. Les mots tar-
daient de sortir de sa bouche, inquiétant ses compagnons,
MC, posée juste derrière elle, lui avait pincée légèrement au
dos en lui disant à voix basse : « Commence ! Parle bébé,
c’est ton heure ! ».
Mais Emilia ignorait que quelques instant avant elle une scène
similaire venait aussi de se produire par une autre équipe ve-
nue de Goma-ville, la capitale du Nord-Kivu, une des 26 pro-
vinces de la République Démocratique du Congo, qui devrait
être connu pour ses capacités touristiques vu qu’elle regorge
en son sein plusieurs chaines de montagnes, des lacs qui at-
tirent des nombreux touristes du monde. Mais ce n’était pas
le cas, car de là tout le monde ne connaissait que les atro-
cités, instabilités et viols qui y ont élu domicile depuis des
décennies.
96
L’absence d’une mère
appels au silence du modérateur, pour la suite du programme.
98
L’absence d’une mère
jury, mais surtout de vote à partir des réseaux sociaux, l’as-
pect que Emila et MC n’avaient pas envisagé !
100
L’absence d’une mère
Revenues sur terre, elles se mirent débout, se tenant par la
main, elles avancèrent vers le Coordonnateur, pour découvrir
le fameux prix spécial. Le Coordonnateur, qui essuyait lui aus-
si ses larmes après un tel moment d’émotion, prit la parole
en ce terme :
— En effet, nous venons tous d’être témoins d’un instant
magique, celui de la rencontre inattendue de ces sœurs ju-
melles après une année de séparation, sans aucun contact,
ajouta-t-il.
« En effet, Emila et Leila sont deux jumelles qui sont nées
un certain 20 décembre 2000 à Kinshasa, elles ont connu
une enfance difficile après le départ de leur mère pour une
destination inconnue, juste six mois après leur naissance, les
laissant seules avec leur pauvre Papa Mike MUKENDI, ainsi
qu’une nounou qui va s’occuper d’elle pendant 7 ans… »
Il poursuit encore…
102
L’absence d’une mère
« Maman Carine était une véritable consolatrice et rempart
pour ces filles », ajuta le Coordonnateur, ensuite il poursuivit.
« Leila qui ne voulait plus de dépendaance, par souci de se
faire seule, décida de quitter sa sœur et MC, le cœur gros,
ce qui l’amènera à la rue, ensuite elle a été recueillie par
une proxénète, qui la força à se prostituer pour rappor-
ter de l’argent, pour survivre. Cette mésaventure va lui
faire traverser différentes province de notre pays, jusqu’à
atterrir dans la ville de Goma où elle sera forcée d’être
la quatrième épouse d’un puissant homme d’affaire vu sa
beauté. Ne sont-elles pas belles, les jumelles… ? »
104
L’absence d’une mère
Les applaudissements plus intenses accompagnés des cris des
joies… Emila regarda le MC :
— Hummm donc tu connaissais l’astuce et tu ne m’as rien
dit, s’exclama-t-elle.
105
L’absence d’une mère
106
L’absence d’une mère
LE PARDON
107
L’absence d’une mère
Escortée par les deux tantes qui ont du coup changées d’at-
titudes, en optant pour un air flatteur, les jumelles s’intro-
duisirent dans cette maison, dans laquelle les services subis
restaient encore visibles dans la mémoire, qu’elles tentaient
d’effacer.
108
L’absence d’une mère
chambre, qui ressemblait à un dépotoir publique, en étant
obscure. « Ça c’est une salle d’attente pour l’enfer », dit Leila
par cœur. En réalité, cette dernière avait du mal à l’oublier
toutes les atrocités subis dans cette maison. A l’époque elles
n’avaient aucun droit d’accéder dans cette chambre royale
où l’accès était uniquement réservé aux privilégiées de la mai-
son, comme la petite adorée Jenny : « La terre tourne pour
tout le monde, on doit aussi tourner cette page », pensa
Emila. C’est elle qui avait le cœur très disposé à pardonner
contrairement à sa rancunière de sœur.
— Bonjour Mémé saluèrent au même moment les deux ju-
melles.
Elle poursuit :
— Ne te culpabilise pas Mamie, nous n’avons ni toi, ni nous,
choisis ce destin, c’est Dieu qui en est le maitre. Raison pour
laquelle nous sommes venus pour que vous nous accordiez
votre pardon pour tous les préjudices que nous avons fait su-
bir, ainsi vous accorder sincèrement notre pardon pour tous
préjudices que nous avions subits de votre part…
110
L’absence d’une mère
Elle se mit à pleurer, tout d’un coup Leila se leva de sa chaise
pour aller se mettre à côté de sa grand-mère en pleurant
aussi, et en essuyant les larmes de sa mamie. Elle est tout
de suite jointe par sa sœur, qui avec Josiane et Josépha, se
réunirent autour de MJ pour pleurer à l’unisson…
Ainsi va la vie.
111
L’absence d’une mère
112