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Allan Sekula
Remnants of a movie set - Abandoned shipyard
Los Angeles Harbor
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Sommaire
Introduction
Le contexte
Une volonté d’échapper aux codes du photojournalisme
Conclusion
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Introduction
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avec des textes et photographies ayant pour thème le transport maritime
international des marchandises.
Fish story, réalisé entre 1989 et 1995, regroupe 105 photographies en
couleur réparties en 7 groupes consécutifs, 26 panneaux de textes et de
graphismes et 2 diaporamas de 80 diapositives en couleurs avec livrets
explicatifs et pupitres de lecture. Il photographie les ports de Barcelone,
de Gdansk, Glasgow, Hong Kong, Los Angeles, Mexico, Rotterdam, San
Diego, Ulsan et Varsovie. Les photographies sont regroupées sur un mode
séquentiel comprenant 7 chapitres avec des textes : Fish story, Loaves and
fishes, Middle passage, Seventy in seven, Message in a Bottle, True cross,
Dictatorship of the seven seas.
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Analyse formelle de la photographie
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Le travail de Sekula soulève la question de la représentation. Ce qui est
représenté dans cette image n’est pas seulement « l’impression d’une
trace » mais un combiné de références multiples à des problèmes
dépassant la cadre strict de la vue offerte par Sekula sur ces restes du
décors de cinéma. On peut effectuer un parallèle entre cette photographie
et Titanic’s wave, projet réalisé quelques années plus tard par Sekula.
Photographies se mêlent à de la documentation sur le montage du décors
du film hollywoodien par excellence : Titanic, près d’un petit village de
pêcheurs dont nul ne se soucia de la détérioration environnementale
causée par le tournage.
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On peut rapprocher le travail de Sekula de celui de Margareta Klingberg
qui photographie les travailleurs taïlandais et d’Europe centrale employés
par les fabricants de confiture pour ramasser les fruits dans les champs et
forets du nord de la Suède. Les ouvriers sont comme dans Fish Story,
conscients d’être photographiés mais le caractère spontané de la
composition laisse supposer que la prise de vue fut rapide. Elle n’utilise
pas de trépied et rompt ainsi à ce caractère officiel donné par le choix
d’une telle technique. L’impact de ces photographies tient notamment au
fait que nous observons un groupe social rarement montré, et que nous
n’avons pas l’habitude de voir.
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Rendre visibles les problèmes sociaux et les relations
économiques complexes
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« Je crois que la photographie peut s'adresser à un public très large qui
peut inclure autant des néophytes que des spécialistes venant de milieux
très divers. En ce qui me concerne, se sont intéressés à mon travail des
géographes, des urbanistes, des spécialistes des théories littéraires ou des
arts visuels. Mon sentiment profond est que mon travail est perçu comme
se trouvant au croisement de toutes ces disciplines. Ainsi j'ai produit un
discours très varié dans lequel on retrouve la combinaison de l'image et du
texte, des éléments de fiction, des éléments historiques, d'histoire de l'art,
du reportage, etc. »
Sekula veut rendre visible, dans son travail, des problèmes sociaux et des
relations économiques complexes, et cela ne peut se faire à l'aide des
seules images. Sekula pense que la parole "ancre" l'image en lui attribuant
un sens précis auquel elle risquerait sans cela de se soustraire.
Allan Sekula met en relation les conditions de vie des travailleurs et le flux
de marchandises. Il étudie l’histoire culturelle et l’évolution industrielle de
grands sites portuaires et en livre des comptes rendus scientifiques et
théoriques. Il clôt ainsi un vaste cycle consacré aux géographies
imaginaires et matérielles du capitalisme.
Sekula explique dans Fish Story que « grandir dans un port prédispose à
avoir des idées étranges sur la matière et la pensée ». Il développe aussi
l’idée selon laquelle le matérialisme est très présent dans la vie portuaire.
Beaucoup plus que dans les aéroports car l’espace aérien se rapporte à
l’air, il est dématérialisé et encourage « l’omnipotence de la pensée ».
Cette matérialité est véhiculée par la mer, par la force matérielle de la
mer. La vue, l’odorat et l’ouie sont beaucoup sollicités dans les ports et
c’est ce qui crée la force du matérialisme dans l’univers portuaire. Une
conception beaucoup plus matérielle des échanges économiques à
l’échelle mondiale. Il dit « ce que l’on voit dans un port, c’est le
mouvement concret des marchandises ». Les références à Marx sont
nombreuses notamment en ce qui concerne le rapport entre le port et le
marché boursier. Il explique que le marché boursier est l’endroit où règne
la figure abstraite de l’argent et le port est le lieu où les biens matériels
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apparaissent en vrac dans le flux même des échanges. Il expose
l’influence du capitalisme, du marché boursier dématérialisé sur le port
par la suppression progressive des odeurs des marchandises transportées.
Ces marchandises mises dans les « boites » n’ont plus d’odeur et ont les
proportions de billets de banque (la référence au container est
omniprésente dans l’oeuvre de Sekula). Pour Sekula, le charme mercantile
des ports semble donc avoir disparu au profit d’un commerce de
marchandises standardisé, anonyme et inodore.
En définitive, Sekula met en relief certains révélateurs des travers de la
modernité mondialiste. Il confronte le fantasme dématérialisé des élites
capitalistes pour qui l’information est essentielle et l’ordinateur seul
moteur de progrès, à la réalité matérielle du travail au sein des ports
maritimes.
Aussi, Fish story fait partie d’un cycle d’oeuvres sur le paysage symbolique
et matériel de la fin du capitalisme. Sekula brise la figure mythique du port
et montre la complexité de la représentation par le choix de multiples
références à des endroits spécifiques. La photographie Remnants of a
movie set - Abandoned shipyard souligne la transition et le changement
établissant un contraste frappant entre l’histoire de la mémoire de ces
ports, le folklore du port en tant que construction historique et littéraire et
le statut actuel du port et de ses communautés, dans la politique
mondiale. En opposant le tableau romantique à la construction en déclin
de l’arrière plan à droite, Sekula met en relief ce contraste.
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Sekula montre aussi que la photographie, en
tant qu’objet de la culture populaire, a
structuré la projection visuelle du rêve
américain.
Sekula se rapproche des artistes
photographes de l’Amérique latine qui
n’affrontent pas une idéologie dominante mais
une idéologie de la domination. Leur
économie étant ravagée par la dette
extérieure et leur vie politique déstabilisée par
les extrêmes de l’opulence. Comme dans le
port de Sekula, les faits parlent d’eux mêmes
en Amérique latine, les réalités vécues
contrastent vivement avec la chimère du
développement servie par les médias, la
télévision, le satellite et le cinéma
d’hollywood.
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Le réalisme critique selon Allan Sekula
Le contexte
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scène étant destiné à offrir une lecture de la scène, à ouvrir des pistes de
réflexions sur sa problématique : l’impact du capitalisme sur l’univers
portuaire.
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volonté, la photographie Remnants of a movie set - Abandoned shipyard
est en lumière naturelle. Sekula pense que le flash est une pratique photo
- journalistique, car le flash confond les codes.
Pour Sekula les containers qui s’empilent dans les zones portuaires
représentent par exemple « les cercueils de la main-d’oeuvre absente ».
Le naufrage chez Sekula devient ici la métaphore de l’exploitation
catastrophique des zones portuaires par le capitalisme. Mais les images
n’ont rien à voir avec les clichés violents diffusés dans les médias. Elles
sont anti spectaculaires. La photographie Remnants of a movie set -
Abandoned shipyard semble marquer ce décalage. Sekula ne nous montre
pas un cliché spectaculaire mais une vue plutôt douce et empreinte de
calme. Le hangar semble dormir, il n’est pas révolté. La contestation est
interne. Elle provient du coeur même de l’image, débroussaillée des restes
de l’économie cinématographique tantôt inaperçue, elle est révélée et
apparaît alors à la lumière du jour offrant des pistes de réflexion au
spectateur. C’est pourquoi, un deuxième regard sur Remnants of a movie
set - Abandoned shipyard est nécessaire après lecture de la légende pour
réinsérer la photographie dans un questionnement plus large sur
l’économie et la politique mondiale.
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Une oeuvre liée à l’art et à l’histoire de l’art
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Entre sensibilité moderniste et
sensibilité réaliste
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l’attention mais elle ne tombe pas dans un surplus d’esthétisation. Il y a
chez Sekula ce même rapport qu’Evans à l’objet. L’intermédiaire
photographique doit respecter l’objet et son sens.
C’est en 1983 que s’amorce cette réflexion. Il envisage dans cette oeuvre
les rapports entre la peinture romantique allemande et les zones
frontalières de la guerre froide. Il livre des analyses érudites et
rigoureuses, les portraits et les paysages sont imprégnés d’une tonalité
épique et prennent déjà une résonance métaphorique.
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Sekula cherche à préciser le mécanisme de la beauté documentaire à
travers toute son oeuvre et Remnants of a movie set - Abandoned
shipyard est un bon témoin de cette recherche.
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Conclusion
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Bibliographie
Ouvrages généraux
Dot Tuer, Retour sur Colomb, une analyse la pratique photographique dans
le monde post-moderniste, in Collectif, Treize essais sur la photographie,
Musée canadien de photographie contemporaine, p. 196, 1990.
Catalogues d’exposition
Ouvrages spécialisés
Articles de presse
Pascal Beausse, The critical realism of Allan Sekula, Art Press n°240, p.20,
novembre 1998.
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Allan Sekula, Walking on water, Caméra Austria n°53, p.20, 1994.
Allan Sekula, Sketch for a geography lesson, Caméra Austria n°25, p.19,
1984.
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