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LA
PHONÉTIQUE HISTORIQUE
DU LATIN
D A N S L E C A D R E D ES L A N G U E S
INDO-EUROPÉENNES
É D IT IO N S K L IN C K S IE G K
11, rue de Lille, Paris - 7®
= = = = = 1975 ■
L a lo i du i r mars 1 9 5 7 n'autorisant^ aux ternies des alinéas s et 3 de Var~
tid e 4 1 , d ’ une p art, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l ’usage
p riv é du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d ’autre part, que les
analyses et les courtes citations dans un but d ’exemple et d ’ illustration, « toute repré
sentation ou reproduction intégrale, ou partielle, fa ite sans le consentement de l ’ au
teur ou de ses ayants-droit ou ayants-cause, est illicite » ( alinéa i®*" de l ’ article 40 ) .
Cette représentation ou reproduction, p a r quelque procédé que ce soit, constituerait
donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 4 2 5 et suivants du Code Pénal.
I S B N 2-252-01746-5
-i I
Première Partie
Notions de phonétique
descriptive
et description des sons
du latin ancien
D É FIN IT IO N DE LA PH O N ÉTIQ U E
ET M ÉTH O DE DE LA D E S C R IP T IO N PH O N ÉTIQ U E
DU LATIN
*
* *
Le présent ouvrage étudie avant tout les modifications survenues dans les
sons du latin ancien au cours de son histoire en raison de l’environnement
phonique. Les termes de phonème et de son y seront employés indifférem
ment en règle générale. Sinon, ils seront mis entre guillemets. Nous
n’emploierons donc pas ici les signes distinctifs / / et [ ] comme on le fait
généralement quand on traite de phonologie.
3° Les principales sources de notre connaissance de la prononciation
du latin ancien sont : i . L ’école des grammairiens latins, dont l’initiateur,
Cratès de Mallos, séjourna à Rome vers 160 avant J.G. Plusieurs d’entre
eux, comme Terentianus Maurus, Marius Victorinus, Velius Longus, ont
décrit en détail les sons de leur langue ou, comme V airon , ont disserté
sur leurs particularités. Pour plus de détails, cf. Collart, Varron, p. 7 ss.
2. Les observations occasionnelles d’auteurs latins comme Cicéron, Quin-
tilien, sur des points de phonétique. 3. Les inscriptions latines. 4, Les
graphies grecques de mots ou de noms latins. 5. L a comparaison avec les
langues romanes, dérivées du latin.
Ces divers témoignages, dans leur convergence, nous donnent une idée
suffisamment précise à notre point de vue de la valeur des signes alpha
bétiques du latin ancien, en d’autres termes, de la moyenne de pronon
ciation des Romains cultivés, et même parfois des autres, depuis Plaute
(mort en 184 av. J.C.) jusqu’à Tacite (mort au début du second siècle
ap. J.G.). Les descriptions systématiques qui nous restent des grammairiens
ne remontent pas, il est vrai, au-delà du i®'’ siècle ap. J.C., mais les modi
fications successives de l’orthographe des inscriptions, notamment, nous
révèlent le souci constant des Romains d’éviter de laisser une trop grande
marge entre la graphie et la prononciation; de plus, les fautes fréquentes
des lapicides contre tel point de l’orthographe traditionnelle trahissent
souvent la prononciation réelle de l’époque. En nous rapportant à ces
critères, nous pouvons connaître par analogie — avec la part d’incertitude
qu’elle comporte —- la prononciation moyenne des périodes antérieures.
— Pour les sources du latin vulgaire, voir Väänänen, § 21 à 32.
Cette première partie de l ’ouvrage comprendra l’exposé des notions
de phonétique descriptive générale nécessaires pour comprendre les phé
nomènes d’évolution et, encastrée dans cet exposé, la description des sons
du latin ancien.
20 NOTIONS DE PHONETIQUE DESCRIPTIVE
LE M É C A N ISM E G É N É R A L
ET LES O RG AN ES DE LA PHONATION^
ment contraire comprime les poumons et l’air est propulsé vers le haut.
Il s’engage dans la trachée-artère, continue son ascension dans le larynx,
franchit la glotte, fente circonscrite entre les replis membraneux très élas
tiques que sont les cordes vocales, pénètre dans le pharynx et de là s’écoule
soit par l’orifice buccal seul, si le voile du palais, relevé, s’appuie contre la
paroi pharyngale, soit par l’orifice buccal et l’orifice nasal, si le voile est
maintenu dans une position intermédiaire entre le dos de la langue et
cette paroi. Dans le premier cas, le phonème articulé sera oral, dans l’autre,
il sera nasal.
Si la glotte est fermée, ou presque, lorsque se présente la colonne d’air
et que celle-ci se fraye de force un passage, les cordes vocales se mettent
à vibrer, c’est-à-dire s’écartent et se rapprochent très rapidement, les
vibrations se communiquent au souffle et le phonème articulé est perçu
comme somre (ou voisé). L a glotte est-elle largement ouverte au passage
de l’air (conservant cette position ou se fermant tout à fait pendant l’arti
culation du phonème), il ne se produit aucune vibration et le phonème
émis est pærçu comme sourd (ou non voisé). O n donne aux phonèmes le nom
de consonne (orale ou nasale, tantôt sourde, tantôt sonore), quand les
organes qui interviennent dans leur articulation se ferment momentanément
(occlusives) ou se resserrent fortement (constrictives) au passage du souffle.
Si celui-ci, après avoir franchi la glotte, s’écoule sam obstacle par la voie
buccale ou la voie bucco-nasale, le phonème émis, moyennant certaines
modifications des organes buccaux, est appelé voyelle (orale ou nasale et
toujours sonore, sauf si la voyelle est seulement chuchotée). La distinction
entre consonnes et voyelles, qui nous vient des Grecs et a fait l’objet de
nombreuses controverses, correspond à une réalité physiologique. Ce ne
sont pas les mêmes muscles, mais deux groupes de muscles antagonistes
qui exécutent l’essentiel du travail articulatoire exigé respectivement par
les voyelles et par les consonnes (cf. Straka, voyelles et comonnes, p. 17-74).
O n peut dire aussi, mais grosso modo et sauf en tout cas pour i, qu’on passe
des unes aux autres par une gradation continue, dont l’essentiel consiste
en im écartement de plus en plus grand des organes au point d’articulation.
Timbre.
Le timbre des voyelles, c’est-à-dire ce qui, au point de vue acoustique,
en fait la qualité spécifique, dépend de la forme et du volume du résonateur
ET DESCRIPTION DES SONS DU LATIN ANCIEN 23
constitué par les cavités buccale et nasale. C ’est le mouvement des lèvres
et surtout la position de la langue par rapport à la voûte palatine qui
déterminent cette forme et ce volume. O n peut ainsi classer les voyelles selon
leur point (f articulation, leur aperture et le mouvement des lèvres qu’elles exigent.
® D ’après Terentianus M aurus, a est articulé rictu patulo (VI, 328, i i i ss. K ).
®M inimum... renidet supero tenus labello (Terent. M aurus , V I, 329, 119 K ). Cf. aussi
Q uintilien , IX , 4, 34.
’ Deprimit... modico tenore rictum (Terent. M aurus, V I , 329, 1 16 K ). Gf. aussi Q uintilien ,
IX , 4, 34.
24 NOTIONS DE PHONÉTIQ.UE DESCRIPTIVE
Quantité.
Les voyelles latines étaient longues ou brèves; les premières avaient
un temps de tenue théoriquement double de celui des autres, dont la durée
dépendait du débit. L ’indication de la quantité ne fig^urait que dans les
inscriptions et seulement d’une manière sporadique, i était noté soit par
un i plus haut que les autres lettres, soit, dès le 2* s. av. J. G. par les
autres voyelles longues étaient notées au 2® et au i®’’ s. av. J.G. par le
redoublement de la lettre, dès le 2® s. av. J.G. par l’apex, accent placé
au-dessus de la lettre.
C oleman , GQ,, X III, 1963, p. i ss.; G odel , SL, V II, 1953, p. 90-99;
M ariner , Ëmerita, X X V I , 1958, p. 227 ss. (phonologie); T raîna , p. 45-48;
A lfonsi, Maia, X I X , 1967, p. 162 (n). — V äänänen , § 89 et 95.
§ 5. — Les modernes appellent semi-voyelles i et u prononcés respecti
vement comme le premier phonème de « yeux » et de « oui ». Ge sont en
somme des consonnes constrictives, caractérisées par un resserrement
— d’ailleurs moindre — du canal buccal, à peu près au point d’articulation
des voyelles i et u. Elles seront transcrites respectivement au moyen des
signes et w, sauf dans les mots latins attestés dont on ne veut pas noter
expressément la prononciation.
LES D IP H TO N G U ES LA TIN ES
G rammont, pp. 109 ss. (pour les diphtongues en général); L indsay , II,
§ 32 ss.; M auiouzeau , La prononciation du latir?, p. 21-22; M ariner , Hel-
mantica, X X V , 1957, p. 17-30 (phonologie); S afarew icz , E os, X L I V , i ,
1950, p. 123-130 (phonologie); T raîna , p. 39-42; F a r ia , § 11-16; K en t ,
§ 35-41- — VÄÄNÄNEN, § 59-62.
§ 6. — Une diphtongue est la réunion de deux voyelles de timbre diffé
rent qui n’ont pour elles deux qu’une seule tension. T el est, par exemple,
® Prodmüs labüs, rictu tereii (Il s’agit de ô : Marius V ictorinos, qui résume Terentianus
M aurus, V I , 33, 6 s. K ).
Produetim... coeimtibus labellis... (Terent. M aurus, V I , 329, 144 K ) .
ET DESCRIPTION DES SONS DU LATIN ANCIEN 25
le m ot français « ail » par opposition au mot « haï », dont les deux voyelles
ont chacune leur tension propre. Nous ne nous occupons ici que des diph
tongues dans lesquelles le second élément est une semi-voyelle ou fait
fonction de semi-voyelle.
En latin ancien figuraient les diphtongues suivantes, en commençant
par les quatre plus anciennement attestées : ou ( = ow); oi { = oy), diph
tongue à laquelle succéda en partie oe; ai ( = ay, cf. QuintUien, I, 7, 18),
diphtongue à laquelle succéda ae; ei ( = e y ) ; au ( = aw ); eu ( = ew),
généralement, dans nos textes, de formation récente (cf § 32, 4P Rem.).
U ne diphtongue constitue une unité fonctionnelle, à classer dans la
série vocalique : dans caedô, cëdô, ae s’oppose à ê au même titre que l’a de
cadô. Sur le plan phonétique, il s’agit cependant de la combinaison de
detix sons, et l’articulation de l’un peut agir sur celle de l’autre.
LES CO N SO N N ES LATINES«»
Gp. G rammont , p. 46 ss. (pour les consonnes en général) ; L indsay, II>
§ 56 ss.; L o icq , A G , X X X I , 1962, p. 130 ss. (n)-, Safarew icz , E os, X L V I ,
I, iq52-io«i3, p. 07 ss. (Il)-, Sletstoe , Symh. OsL, X X X V , I 9 «S9 , P- 144 s-
{I et n); T raîna , p. 48-64; W ar d , Lang., X X , 1944, p. 73-77 (g = n)',
F a r ia , § 18-34; K en t , § 42-59. — N ehring , GW , X L V , 1951-1952,
p. 229-230 ( f) .
On les classe selon leur mode d’articulation et leur point d’articulation.
Mode d’articulation.
§ 7. — Nous restreindrons ici cette appellation aux mouvements qui
déterminent le caractère occlusif ou constrictif, oral ou nasal, sourd ou sonore
des consonnes.
Les occlusives orales sourdes sont p, t (toujours prononcé comme dans
« tu », peut-être avec une légère mouillure devant i &t e), c (toujours pro
noncé comme dans « car », avec la même restriction que pour t) ; k,
Il ne sera pas question ici de la fricative vélaire sourde h. Elle avait disparu avant
l’époque historique, comme le prouvent certains phénomènes ; passage de ne + hemô à
nêmô au même titre que de dë - f emô à dëmô, etc. Maintenue dans l’orthographe, non sans
quelques flottements (harena et arena, holus et oins.,,), la lettre fut rétablie, parfois intempes
tivement, dans la prononciation des gens cultivés de l ’époque classique (N epi ); mais ce
n’était là qu’une mode factice (C ollart , p. 95 ss.; voir, d ’autre part, M arouzeau , Hom
mages Niedermann, 1956, p. 238-244). En concurrence avec h, on trouve ƒ dans un certain
nombre de mots de type dialectal (fedus = haedus, fasena — harena, fo stis — hostis...). Voir
p. 163, n. 44. Cf. E rnout, Eléments, p. 154 ss.; H iersqhe, Glotta, X L I I I , 1965, p. 103-118. —
V äänänen , § 101.
A l’origine, la lettre k semble avoir régulièrement précédé la voyelle a et les
consonnes, la lettre q, les voyelles 0, U et la semi-voyelle w, la lettre c. Ira voyelles e, i. Dans
la suite, c prédomina et k ne fut conserve que dans quelques abréviations (Â" = Caesô, K ,
K A L -= calend-, etc.) ; q ne fut plus employé que devant la semi-voyelle w {quam, etc.).
Les occlusives sourdes pouvaient être aspirées : th, ph, ch. Mais celles-ci figuraient surtout
dans des mots emprimtés au grec; sous leur influence, l ’aspiration s’introduisit dans quelques
mots latins, comme pulcher, limpha, dès la fin du 2® siècle avant J . G. (cf. C icéron, Orator,
160). — V äänänen, § 102.
26 NOTIONS DE PHONETIQUE DESCRIPTIVE
Point d'articulation.
§ 8. ^
— Les consonnes sont appelées labiales, dentales, « gutturales »
(prépalatales et vélmres), selon que la fermeture ou le resserrement se fait
au x lèvres, au x dents (ou aux alvéoles) ou à un point quelconque de la
voûte palatine.
1° L es labiales : p, b, m ,f.
L a langue est dans une position d ’indifférence et elle ne jou e aucim
rôle dans l’articulation des labiales.- p, b, m, sont des bilabiales, car elles
sont obtenues par une simple pression des lèvres l’une contre l’autre.-ƒ latin,
comme ce fut le cas jusqu’à nos jours en irlandais, était d’abord bilabial.
C ’est ce que prouvent certaines graphies archaïques, par exemple comfluont
(C IL , I®, 584) (cf. § 26) en face du côt^uont de l’époque classique, où ƒ était
devenu labiodental, les incisives supérieures venant se presser contre la face
interne de la lèvre inférieure (Irrtum superis dentibus adpritnens labellum :
Terent. Maurus, V I, 332, 227 K ). V oir Nehring, Le.
2° L es dentales-alvéolaires : t, d, n, s, r, l palatal.
f et « latins sont obtenus en pressant la pointe de la langue contre les
incisives sufiérieures, s en l’appuyant contre les incisives inférieures ou
supérieures, d en 1’appUquant à la fois contre les incisives inférieures et
supérieures (At portio dentes quotiens suprema linguae / pulsauerit imos modieeque
curua summos / turw d sonitum perficit : Terent. Maurus, V I, 331, 199-
201 K ).
Pour r latin, la pointe de la langue s’approche très près des alvéoles
des incisives supérieures, pour l elle s’y appuyé, le dos restant à peu près
plat, lorsque cette consonne est géminée ou suivie de e bref non final ou
de « : I est dit ïdors palatal (les Latins le qualifiaient à'exilis, tenuis). Ces
deux phonèmes sont des alvéolaires et je les classe parmi les dentales, avec
lesquelles ils ont tendance à se confondre (cf. § 50, i", § 51 et surtout n. 23).
Pour II ~ l palatal, voir Safarewicz, l.c.
30 L es « GUTTURALES :c (q ,k ), g; n, l vélaire.
Pour c, g, n, le dos de la langue est appliqué contre un point quelconque
de la voûte palatine selon la région d’articulation de la voyelle suivante,
quand la consonne est explosive, de la voyelle précédente, quand elle est
implosive.- c, g, n, sont donc des prépalatales devant ou après i, e, des
postpalatales devant ou après 0, u, des médio-palatales devant ou après a.
Dans toute position autre que celles décrites pour l palatal, l (sauf
peut-être à la fin d’un monosyllabe) s’articule le dos de la langue creusé
en forme de cuiller et la racine relevée vers le voile du palais : son point
d’articulation est donc ce dernier organe autant que les alvéoles. Pour
cette raison et pour l’impression acoustique spéciale qu’il produit, on
l’appelle l vélaire (en latin, plenus, pinguis). Il a tendance à se confondre
avec la vélaire w et exerce une influence analogue sur la voyelle brève
précédente (cf. § 30, 2° et 4°; § 57, 1° A &).l vélaire et l palatal ne s’opposent
pas sur le plan fonctionnel.
N.B. — L ’aperture des consonnes a son degré maximal dans les semi-
voyelles et son degré minimal dans les occlusives. Entre les deux se rangent
par ordre décroissant les liquides, les nasales et les constrictives.
spîrantes
sifflantes s o u r d e ........ f s
fiicadves
Constrictives
(continues) liquides latérale........
1 palatal 1 vclairc
(sonores) vibrante . . . .
semi-voyelles (sonores)............ w y W
D EG R ÉS DE FE R M ETÉ D ES PH O N ÈM ES
CO N S ID É R É S ISO LÉM EN T
Gp. JURET, La phonétique, p. 12 -15; S t k a k a , voyelles et cotisonnes; I d .,
évolution.
§ 9. — Les voyelles longues sont spécialement résistantes en latin; elles
ont subi très peu de changements au cours de l’évolution de la langue
jusqu’aux premiers siècles de l’Empire. C ’est que, le rythme latin étant
essentiellement quantitatif, fondé sur l’opposition des longues et des brèves,
les sujets parlants veillaient inconsciemment à maintenir fermement
l’articulation et la tenue des longues, qui se trouvaient ainsi soustraites
autant que possible aux altérations de timbre et de quantité. Les voyelles
brèves, avec leur tenue relativement courte et donc leur tension moindre,
étaient sujettes à se modifier. L a phonétique instrumentale montre que
plus une voyelle est fermée, plus elle est brève et, en conséquence, plus
elle est débile. Très peu fermes également étaient les diphtongues, en
raison du glissement d’un point d’articulation à un autre qui les caractérise.
Parmi les consonnes, les sourdes sont plus résistantes que les sonores :
dans la plupart des langues et vraisemblablement en latin, elles sont des
fortes, les autres, des douces. Pour les premières, en effet, les organes doivent
résister à la pression de la colonne d’air affluant sans entrave dans la cavité
buccale et atteignent, pour lui faire équilibre, une tension plus grande que
dans le cas des sonores, pour lesquelles le souffle est retenu en partie par le
rétrécissement de la glotte. De plus, l’attention cérébrale et musculaire
(cf. § a i N.B.) doit se répartir pour les sonores entre les mouvements
commandant le rétrécissement de la glotte et les autres : elle est donc
moins concentrée que pour les sourdes.
ET DESCRIPTION DES SONS DU LATIN ANCIEN 29
LA S Y L LA B E ET S E S LIM IT E S EN LATIN
Exemples.
me-a, a-mô, cae-dô, pa-trem, e-quus;
2® ap-tus, ag-ger;
3® îns-tar, planc-tus ;
4® spec-trum, tem-plum.
30 NOTIONS DE PHONETIQUE DESCRIPTIVE
" . L a phonétique instrumentale montre que, dans certaines langues du moins, le mot
conserve dans la phrase une certaine autonomie (R ousselot, p. 972 ss.). Q uintilien
(IX , 4, 108) l’atteste pour le latin : « Paülultm morae datmis inter ultimum etproximum uerbttm».
Une consonne intervocalique n’ était donc pas dans le même cas qu’une consonne initiale
devant voyelle et précédée d ’un mot à finale vocalique.
32 NOTIONS DE PHONETIQUE DESCRIPTIVE
L'A CC EN T
Cp. R ousselot, p. 1002 S S .; G rammont , p. i i 6 ss.; H irt , Akzent', M erlo ,
Problemi; S chmitt, Akzentlehre-, I d ., Akzent, p. 5-24; V endryes , Intensité
initiale, p. g ss. ; D ieth , p. 72 ss.
§ 13. — « L ’accent est une particularité de prononciation qui conduit
à distinguer une syllabe des syllabes voisines par la hauteur, par l’intensité
ou par les deux à la fois » (Marouzeau, s.v.).
O n app>elle accent de hauteur (ou ton ou accent musical) celui qui consiste
en une élévation de la voix : la voyelle de la syllabe tonique est prononcée
sur une note plus élevée que les autres. La hauteur correspond au nombre
de vibrations produites dans une unité de temps donnée. La fréquence de
ces vibrations et donc la hauteur du son varient selon le degré de tension
active des cordes vocales : plus elles sont étirées et plus le son a de hauteur.
L ’accent d’intensité est celui qui fait articuler le ou les phonèmes qu’il
affecte avec plus de force et d’effort. Acoustiquement, l’intensité dépend de
l’amplitude des vibrations; physiologiquement, celle-ci est fonction de la
force avec laquelle le souille est expiré, déterminant un battement plus
ample des cordes vocales.
Toute syllabe est prononcée forcément sur un certain ton et avec une
certaine intensité. O n parle d’un accent de hauteur, quand les variations
de hauteur sont beaucoup plus sensibles que les variations d’intensité, et
d’un accent d’intensité dans le cas inverse. En plus d’une langue, ces deux
sortes d’accent peuvent affecter en même temps un mot sans coïncider.
L'A CCEN T LATIN
Gp. Bassets, Accento; Bergfeld , G 1, 1916, p. 1-20; Akzentstudien-,
F raenkel , Akzent; J uret , Dominance; K en t , Lang., 1931, p. 179-189;
I d ., R E L , 1925, p. 204-214; L enchantin , R IG I ( c £ réf. du § 56) ; M e il l e t ,
Esquisse, p. 56 et 128 ss.; I d ., M SL, 1916, p. 165-171; 1918, p. 165-171;
1920, p. 108 ss.; M erlo , ASN P, 1936, p. 75-84; Pisani, R A L , 1930, V I,
p. 147-170; S kutsgh, Akzent; Sturtevant , T A P h A , 1921, p. 5-15; V en
dryes , Intensité initiale, p. 13 ss.; A bbott , Studies... Oldfather, 1943, p. 1-19
(grammairiens lat.); I d ., T A P h A , L X X V , 1944, p. 127-140; D urante ,
R L , IV , 1958, p. 61-98; Enk, Mnemos., V I, 1953, p- 93-109; K urylowigz ,
p. 381-389; L epsghy, ASN P, X X X I , 1962, p. 199-246 (rev. crit.); L eu -
M A N N , § 160-163; M gG an n , Glotta, X X X V I I , 1958, 293-305 (intens, in it);
Perin i ; P ulgram , K Z , L X X I, 1954, p. 218-237; W ar d , Lang., X X V II,
1951, p. 477-484; Bassols, p. 41-52; F a r ia , p. 134-162; K en t , p. 66-69;
T agliavini , p. 51-54. — V äänänen , § 44-51.
Nature.
§ 14. — L ’accent latin était à l’époque classique un accent de hauteiur^®
et il le resta jusqu’à l’époque impériale. Pour expliquer l’altération des
Nature uero prosodiae in eo est quad aut sursum aut deorsum; nam in weis altitudine
omnino spectatur adeo ut, si omnes syllabae pari fastigio uocis enuntientur, prosodie sit nulla (V arron ,
dans Sergius, De accentibus, IV , 525, 21 ss. K ) ; cf. aussi C icéron , Orator, 18, 58. Mais
voir P isani, A G I, 1942, p. go s.
ET DESCRIPTION DES SONS DU LATIN ANCIEN 33
voyelles en syllabe non initiale (cf. Livre III), certains ling[uistes supposent
l’existence, pendant une période de l’histoire du latin prélittéraire, d’un
accent d’intensité affectant la première syllabe des mots (p. ex., Merlo,
Vendryes, Niedermann, Pisani, etc.). D ’autres (comme Meillet, Juret,
Bassets, etc.) rejettent cette hypothèse et attribuent l’altération des voyelles
non initiales à un abrègement causé par l’attention particulière réservée
à la première syllabe. L a raison majeure de leur position est la difficulté
qu’il y aurait à admettre qu’un groupe linguistique ait changé plusieurs
fois la nature de son accent, notamment pour passer du régime de hauteur
indo-européen récent au régime d’intensité de l’époque qui précéda immé
diatement l’âge classique, ensuite pour passer de ce régime d’intensité au
régime de hauteur classique, finalement pour passer de ce dernier au régime
d’intensité qui aboutira à la formation des langues romanes. On peut
concilier les deux théories en admettant pour l’époque prélittéraire la
coexistence d’un accent d’attaque ou d’insistance portant sur la syllabe
initiale et d’un accent de hauteur portant éventuellement sur une autre
syllabe. C ’est le cas, p. ex., en suédois moderne, où un mot comme stiga
« je monte >> se prononce avec une forte intensité sur l’initiale et une forte
élévation de la voix sur la finale. A l’époque classique, l’intensité initiale
s’affaiblit et le ton prédomina, au moins chez les gens cultivés.
Place.
§ 15. — L ’accent classique ne remonte jamais au-delà de la troisième
syllabe à partir de la fin. Ipsa enim natura, quasi modularetur hominum oratiomm,
in Omni uerbo posuit acutam uocem... nec a postrema ^llaba dira tertiam (Cicéron,
Orator, 18, 58). Normalement, il se place sur la pénultième dans les dissyl
labes, p. ex. rr&ter, pater; de même dans les mots de plus de deux syllabes, si
la pénultième est longue par nature ou par position, p. ex. auârus, acceptas ;
sinon il affecte l’antépénultième, p. ex. fortiter. Cependant, lorsque le mot
est suivi d’un enclitique, l’accent précède généralement cet enclitique,
p. ex., forteque. Il résulte de ce manque de liberté que l’accent du latin
classique n’avait pas de valeur distinctive, c’est-à-dire ne suffisait pas à
lui seul à distinguer deux mots entre eux, mais une fonction culminative
et démarcative (Mariner, § 329 s.).
Pour l’époque prélittéraire, on peut admettre en outre l’existence d’un
accent sur la première syllabe (cf. § 14).
Seconde Partie
Les grands phénomènes
d^évolution phonétique
et les sons du latin ancien
dans le cadre des langues
indo-européennes
PO IN TS DE M ÉTH O DE
*absportô par comparaison avec la forme latine analogue abstuli, dont l’élé
ment abs- ajoute la même détermination au verbe tulî que l’élément as-
au verbe porto. Soit, d’autre part, la forme classique testâmentum. O n peut
la faire dériver d’un plus ancien *tristâjnentom, notamment grâce à la forme
osque de même sens tristaamentud (ablatif) et aux formes grecques xpiç,
Tpta, etc., qui comportent la notion de « trois » : le testament est en effet,
étymologiquement, l ’action qui se fait en présence de tiers. D ’autres mots
présentant une évolution phonétique analogue justifient cette reconstitution.
O n constate en effet qu’à l’initiale, au groupe -ri- devant dentale présenté
par des langues parentes répond normalement le groupe -er- en latin
(cf. § 40, 2°). On comprend ainsi le stade *terstàmentom (en face de tris-
taamentud), réduit ensuite par facilité à testâmentum.
possible, bien souvent, du moins quand il s’agit d’un état de langue privi
légié comme le latin classique, de déceler des différences de conditions
qui justifient une différence de traitement. Ainsi, nous disons qu’un s inter-
vocalique anciennement simple a passé à r en tout cas dans les mots pro
prement latins : exemple ; mürem, de *müsem. Cette double restriction
n’est pas un expédient destiné à écarter arbitrairement les « exceptions »
telles que cäsus, Mûsa, asinus. Elle repose sur des réalités phonétiques. Dans
les mots appartenant au vieux fonds latin, 1’^ intervocalique devait avoir
une articulation débile, car son passage à r suppose une étape intermédiaire
de sonorisation, donc un affaiblissement : *müsem n ’a pu devenir mürem
qu’en passant par *müzem. Mais, dans les mots du type câsus, l’j simple
provient d’un s géminé (issu lui-même de dt, § 37, 3°)- Ainsi, à l’époque
où l’on prononçait *müsem avec un s relâché, cässus avait un s très fortement
articulé. L e cas de Mûsa est analogue. Il s’agit d’un emprunt au grec. O r
cette langue, après avoir connu une période d’affaiblissement du s indo-
européen, généralement amuï en position intérieure, a vu apparaître une
sifflante nouvelle, due à diverses assimilations, et d’articulation forte. C ’est
celle qui figure notamment dans Moüoa, puis lat. Mûsa. Q ue le mot ait
pénétré en latin à l’époque où l’f intervocalique de cette dernière langue
était encore sourd, mais relâché, ou à l’époque où il s’était déjà sonorisé ou
encore, ce qui est plus probable en l’occurrence, alors qu’il était déjà passé
à r, l’articulation du phonème étranger différait de celle du phonème latin.
On voit que ni le type câsus ni le type Moüoa ne peuvent se placer sur le
même plan phonétique que le type *müsem. Quant à l’j simple de câsus,
provenant de la réduction de la géminée (§43, 1“), c’était une sourde forte,
qui formait avec l’j du type Mûsa un seul et même phonème. La condition
du rhotacisme de s, le relâchement articulatoire de la spirante, ayant fini
par disparaître en latin et ne se vérifiant pas dans les emprunts grecs même
relativement anciens, on ne peut s’étonner que la sifflante n’ait pas évolué
comme l’j primitivement simple de *mûsem. (Pour des mots empruntés à
des langues autres que le grec, tels asinus, gaesum, pour lesquels nous n’avons
aucun renseignement sur l ’articulation du j, il y a lieu de supposer ou bien
qu’ils avaient un s intervocalique fortement articulé ou bien, s’il était débile,
qu’ils ont été empruntés à l’époque où le s latin était devenu fort : l’j qui
y figpirait a dû être articulé comme celui des mots proprement latins.)
Voir aussi le cas de bös, uafer, etc. (§ 30, i° R i), qui montrent qu’une
langue de culture peut subir des influences dialectales. C ’est en ce sens
que l’on peut parler d’exceptions aux « lois » phonétiques. Si l’énumé
ration des causes et des conditions figurait au complet dans l’énoncé
d’une « loi », au sens où nous l’entendons, il n’y aurait pas lieu de relever
d’exceptions. Mais ce procédé, souvent compliqué, n’est pas toujours
possible dans l’état actuel de nos connaissances. O n sera donc forcé plus
d’une fois d’énoncer un changement au moyen de la formule imprécise :
« T el type de phonèmes a (eu) tendance à évoluer de telle façon ».
ET LES SONS DU LATIN ANCSEN 41
ne s’était pas abrégé. Quant au mot à valeur aecessoire, son rapport avec
le mode impératif avait eessé d’être apparent et il n’y avait aucune raison
de lui rendre son ä ancien. A u contraire, le maintien de son a en opposition
avee l’â de putâ devenait désormais la marque d’une distinction sémantique.
L a voyelle finale de ces deux formes représentait donc une réalité psycho
logique différente, ce qui rend compte de la différence de traitement.
L a constance des changements phonétiques a piour corollaire leur
caractère corrélatif. « L ’ensemble des articulations d’une langue constitue
im système où tout se tient, où tout est en étroite dépendance » (Grammont,
p. 167; notons que l’auteur se plaçait au point de vue purement phoné
tique et non au point de vue phonologique au sens actuel). Il en résulte
que, si telle particularité articulatoire est affectée dans un type de phonèmes,
tous les types de phonèmes qui présentent la même particularité dans les
mêmes conditions auront chance d’être également atteints. Sauf conditions
psychologiques spéciales, ce n’est pas en effet tel phonème isolé faisant
partie de tel mot particulier qui subit un changement phonétique, c’est le
processus qui aboutit à la production d’un type de phonèmes, étant donné
les conditions physiologiques dam lesquelles il se trouve. Ainsi, ce n’est
pas à proprement parler le g de *reg-tos (d’où rëctus), ni le é de *scrib-tos
(d’où scriptus), ni le d de ad-trahô (d’où attraho), qui ont évolué respecti
vement en c, P et t devant c’est en définitive le mécanisme régissant
Fétirement des cordes vocales pour produire un phonème sonore qui,
devant un phonème sourd et lorsqu’il s’agissait d’occlusives (conditiom
physiologiques), a cédé le pas devant celui qui en régit le relâchement pour
produire un phonème sourd. Il est aisé de comprendre, dès lors, que si les
occlusives sonores « gutturales » s’assourdissent devant ime sourde, les
occlusives labiales et dentales s’assourdiront par le fait même. Si un type
d’occlusives sonores aspirées, p. ex. les labiales, se transforme en spirantes
sourdes (en dehors de l’influence d’autres phonèmes), les autres types
d’occlusives sonores aspirées, les dentales et les « gutturales », passeront
aussi à une spirante sourde : ainsi bh est devenu ƒ en position initiale,
et de même dh, ont passé èi f , gh est devenu h. De même encore,
chacun de ces types de phonèmes placés entre voyelles ou sonantes
s’est sonorisé corrélativement. Comme il est dit plus haut, l’un des buts de
ce livre est de mettre en lumière le système articulatoire du latin ancien
notamment en faisant ressortir le parallélisme des changements qui lui ont
donné son aspect à l’époque classique. Inversement se trouveront illustrés
par les faits latins les caractères constant et corrélatif des changements
phonétiques.
L ’exposé des changements phonétiques du latin ancien comprendra
quatre parties. Dans la première seront étudiées les modifications qu’ont
subies les phonèmes sous l’influence de phonèmes contigus ; dans la
deuxième, les modifications subies sous l ’influence de phonèmes non conti
gus; dans la troisième, les modifications subies sous l’influence de l’arti
ET LES SONS DU LATIN ANCIEN 43
TITRE I
MODIFICATIONS
QUALITATIVES
Chapitre 1. L'assimilation
D E F IN IT IO N E T M É C A N IS M E
S E C T IO N 1 . A S S IM IL A T IO N D 'U N E C O N S O N N E
À UNE A U TR E CO NSO NNE
Cp. JuRET, p. 178 SS.; L eumann , § 142 SS.; L indsay , IV , § 159 ss.; M eillet -
V endryes , § 166 SS.; N iedermann , § 69 ss.; P isani, § 81 ss.; S ommer,
126 ss.; K en t , Language, 1936, p. 245-258; M oralejo (-rs-),E m e rita , 1946,
p. 82-95; M ey er -L uebke ( -Id -) , Z V S , 1887, p. 171; Bassols, p. 209-216;
F a r ia , p. 243-254; K e n t , § 192; T agliavini , p. 113-117; L o icq , A C ,
X X X I , 1962, p. 130 ss. (n )', P rinz , A L M A , X X I , 1949-1950, p. 87-115;
X X I I I , 1953, p. 35-60 (préfixes); Szemerényi, TPhS, 1950, p. 169-179
( -t n -) ; I d ., Glotta, X X X V , 1956, p. 111-114 (quando). — • V äänänen ,
§ 1 13-123.
48 INFLUENCE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES CONTIGUS
En latin.
§ 22. — 1° Une occlusive labiale ou dentale devant une occlusive « gutturale »
s'y est assimilée totalement (pour les nasales, cf. § 26).
En d’autres termes, les groupes
bg, Pg, âg> tg, sont devenus gg-,
bc (bq), pc (pq), de (dq), te (tq), sont devenus cc (cq).
suggéra, de sub-gerô; aggrauô, de ad-grau5 ;
occidô, de ob-cidô; accurrô, de ad-currô; siccus, de *sit(i)kos selon § 59
(cp. sitis); ocquiniscô, de ob-quiniscô-, quicquam, de quid-quam.
§ 22. — 2° Une occlusive dentale devant une occlusive labiale et la nasale dentale
devant la nasale labiale s’y sont assimilées totalement (mais voir § 36, 2“ R ).
En d’autres termes,
les groupes dp, tp, sont devenus pp (on manque d’exemples pour db, tb) ;
le groupe nm est devenu mm.
quippe, de *quid-pe; appârô, de ad-pärö-,
immineö, de in-mineô.
§ 22. — 3° La liquide r est devenue 1 devant la liquide 1.
agellus, de *agerlos (de *agrolos, selon § 59).
§ 22. — 4“ La sifflante dentale s est devenue f devant la labiale f.
différa, de *dis-ferô.
En sanskrit (abstraction faite des lois du sandhi externe)*®.
§ 22a. — I“ U ne occlusive dentale devant une occlusive palatale s’y
est assimilée totalement, mais elle subsiste devant labiale (Brugmann 225).
2® Aucun changement correspondant.
3® Aucun changement correspondant, l passant normalement à r sans
condition selon § 65.
4® (ƒ n’existait pas en sanskrit).
En ionien-attique.
§ 22b. — I® (Pour le groupe tx cf. § 40b, 5®). Pas d’exemples de labiale
devant « gutturale » (L 57).
2® Une nasale dentale est devenue p. devant p seulement « dans des*•
ammoneô, de ad-moneô (sans doute en passant par *anmxmeô selon § 25, 3“) ;
summus, de *sup-mos (sans doute en passant par *sub-mos selon § 24, 2®) ;
summoueô, de sub-moueö •,
annuô, de ad-nuâ-, annus, de *at-nos (cp. peut-être got. apna « année »),
sans doute en passant par *adnos selon § 24, 2°.
§ 23. — La dentale nasale est devenue r devant la liquide r.
irrumpô, de in-rutnp5 .
N.B. — L a dentale orale ne s’est assimilée à r que dans le préverbe ad-,
où elle était implosive : arndeö, de ad-rideô.
§ 23. — 5° Une occlusive dentale sonore, orale ou nasale, est devenue 1 devant
la liquide 1 (pour le groupe tl, cf. § 36, 2“ b et 64).
alloquor, de ad-loquor; sella, de *sed-la (cp. sedeo);
colloquium, de *con-loquiom.
§ 23. — 6” Une occlusive dentale sonore, orale ou nasale, est devenue 1 après 1 à
date ancienne.
sallo, de *saldô (cf. salsus, de *sald-tos selon § 37, 3°).
Mais caldus, soldus, ualdê, de calidus, solidus, ualidê, dont Vi ne s’est amuï
qu’après la cessation de la tendance assimilatrice (cf. § 59).
collis, de *kolnis (cf. lit. kâlnas « colline ») ; tollô, de *tolnô (cp. v.irl. tknaid
« il enlève »). Mais ulna, de *olenâ (cp. grec wXévy), v.h.a. elina), minus,
sans doute de *uolenos, alnus, de *alenos (cp. pour le e v.h.a. élira « aune »,
de *alera) ou de *alksnos (cp. lit. alksnis, même sens). Le groupe In a dû
se former dans ces mots postérieurement à la tendanee assimilatrice
(cf. § 59).
§ 23. — 7° La sifflante s est devenue 1 après 1 à date ancienne,
uelle, de *uel-se (cp. uel-im et, pour la désinence -se, es-se) en passant
par *uelze d’après § 24, 3®; collum, de *kolsom (cp. got. hals « cou »), en
passant par *kolzom selon § 24, 3°. Mais fulsi, de * fulg-s- (cp. fulgeo)
selon § 43, 2®, et autres formes du même type. Même remarque que pour
le gproupe In récent, 6®.
§ 23. — 8®La sifflante s simple est devenue r après r à date ancienne, lorsqu'elle
n'était pas suivie d'une sourde.
ferre, de *fer-se (cp. le cas de uelle, 7®) ; sacer, de *sacers, de sakros selon
§ 60, 2® b. Mais sors, ars et formes du même type, de *sorss, *arss (avec ss
simplifié en finale selon § 62, 3®), de sort(i)s, *art(i)s, selon § 60, 2® b.
D ’autre part, farsi, de *farc-s-, selon § 43, 2® {cp. farciô). Dans ces mots,
r s’est trouvé devant s simple postérieurement à la cessation de la tendance
assimilatrice (pour la chute de r dansj&rômy, de *prôrssus, cf. § 43, 3®c).
Dans testis, de *terstis, avec chute de r selon § 43, 2®c (voir aussi § 40, 2®),
s était suivi d’une sourde (voir Conclusion, § 27, 2® a).
§ 23. — 9® Pour les assimilations de résonance du type attrahô, de
ad-trahô, cf. § 24, i®.
MODIFICATIONS QUALITATIVES 51
En sanskrit.
§ 23a. — I» (La sifflante ƒ n’existait pas en sanskrit).
2° Une occlusive dentale subsiste devant s (W 153).
3° Une occlusive labiale subsiste devant m sauf dans les mots composés;
une occlusive dentale devant la nasale n s’y est assimilée totalement, sauf
si l’analogie l’en empêchait (W 176).
40 Aucun changement correspondant.
5° d est devenu l devant / dans les rares cas où / n’est pas passé à r
selon § 65 (Brugmann 320, 3c).
6°-7° Aucun changement correspondant.
8° (Pour le traitement rs du groupe rs, cf. § 26a, 2®).
90 Cf. § 24a.
En ionien-attîque.
§ 23b. — 1° (La spirante ƒ n’existait pas en ionien-attique ancien).
2° Même changement qu’en latin (L 63).
3° Une occlusive labiale est devenue m devant la nasale m (L 66).
Mais une dentale devant n et en principe devant m subsiste phonétiquement
(L 66 et 67).
40 Pour le groupe vp, cf. § 37b, 2®.
50 Une occlusive dentale sonore, orale ou nasale, est devenue X
devant X (L 65).
6° Une occlusive dentale sonore subsiste après X; pour la nasale,
cf. § 42b, 70.
7° Le groupe Xtr subsiste, sauf dans les aoristes, et ailleurs sporadi
quement, où il est représenté par X avec allongement compensatoire,
selon § 42b, 30 (L 119 et 120).
8° La sifflante a après p en position intervocalique est devenue p à
date récente en attique (non en ionien), mais l’analogie l’a souvent conservée
(L I19). Pour le groupe -pcs- ancien dans les aoristes, cf. § 42b, 3°.
90 C f § 24b.
10° La sifflante a s’est assimilée totalement à X, v, p, et généralement à p,
suivants à l’initiale et la géminée résultante s’est simplifiée dans la suite
(selon § 64b), sauf pour p en ionien-attique, s’il se trouvait précédé d’une
voyelle adventice comme l’augment (L 112 et 113). En position inter
vocalique, (Ts’est amuï à date ancienne devant ces sonantes avec allongement
compensatoire selon § 44b, 3°) (L 114 et 117). Pour le traitement entre
consonnes, c f § 42b, 4°.
En osco-ombrien.
§ 23c. — 1° Pas d’exemples.
2° Mêmes changements qu’en latin, sauf pour le groupe secondaire ts
qui subsiste (transcrit z de l’alphabet national, s en alphabet latin) (B 114)
(BO 63d). Pour le groupe *tst venant de t t, d t, c f § 50c.
52 INFLUENCE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES CONTIGUS
En germanique.
§ 23d. — i°-2° Aucun changement correspondant sauf entre voyelles
ou en finale selon § 42d, 6°.
Pour le groupe *tst venant de t H- t, d -j- cf- § 5od.
30 lE bm semble être devenu mm. Pour th, cf. 10®.
40 Pas d’exemples à date ancienne.
5° Une dentale orale lE s’est assimilée à im / suivant (S 127).
6° La nasale dentale est devenue l après l (S 127).
7® La spirante interdentale sonore (voir § 28d, 2“) ainsi que la
sifflante dentale sonore (voir § 24d, 3“) germaniques sont devenues /
devant l (S 127). Le groupe germanique -fe- intervocalique est devenu -li
en germanique occidental (Brugmann 293).
8® Le groupe germanique -rz- intervocalique est devenu -rr- en ger
manique occidental (Brugmann 293).
9» Cf. § 24d.
10® Il semble que le groupe occlusive indo-européenne n soit devenu
en germanique une occlusive sourde géminée. Mais il est difficile de dis
cerner les cas où une géminée est d’origine expressive de ceux où eUe
proviendrait d’une semblable assimilation. (Voir Martinet, gimmatim.)
Il® L a spirante dentale sonore germanique z est devenue m devant m
et parfois n devant n (S 127).
En vieil irlandais.
§ 23e. — I®Aucun changement correspondant.
2® Une occlusive dentale est devenue s devant la spirante s (et parfois
aussi après elle, après interversion en ts selon § 40e, 3®) (P 25, 5 et 6; 26, 2).
MODIFICATIONS QUALITATIVES 53
En latin.
§ 24. — 1° Toute occlusive sonore est devenue sourde devant une consonne sourde.
scriptus, de *scrib-tos (cp. scribs); rëctus, de *reg-tos (cp. regô; pour ë,
c f §44, 4°).
2° Toute consonne sourde est devenue sonore devant une occlusive sonore, orale
ou nasale (devant n, c f § 25, 2°).
segmentum, de *sec-mentom (cp. secô) ;
*prizmos {devenu primus selon § 42, 4° et 44, 3°), de *prismos (cp. priscus
et pélignien prismu « prima »).
*izdem (devenu idem selon § 42, 4° et 44, 3°), de *is-dem.
30 s est devenu sonore devant 1 et, à date récente, devant r (pour le traitement
à date ancienne c f § 36, 2°) ; il l’est devenu également après ces phonèmes, s’il
n’était pas suivi d’une sourde.
*prezlom (devenuprëlum selon § 42, 4° et 44, 3®), de *pres-lom (cp. pres-si) ;
*dizruô (devenu diruô selon § 42, 40 et 44, 3°), de dis + ruô;
54 IN F L U E N C E D ES P H O N È M E S SU R LES P H O N È M E S C O N T IG U S
En sanskrit.
§ 24a. — 1° Même changement qu’en latin (W i io et 116). Mais pour
les occlusives sonores aspirées, c f § 40a, 3°.
2O Toute consonne sourde est devenue sonore devant une occlusive
sonore (W iio ).
3“ 5 est resté sourd devant et après l ou r (W 203).
40 s est resté sourd devant m et n.
En ionien-attique.
§ 24b. — 1° Même changement qu’en latin (L 56 à 60).
2° Toute consonne sourde est devenue sonore devant une occlusive
sonore (L 56 à 60), De plus, x est parfois devenu y devant (jl (L 66).
3° (Pour le traitement de g devant X, p, c f § 23b, 10° et 42b, 4“ ; pour
celui de a après X et p, c f § 23b, 70 et 8° et 42b, 3®).
4® (Pour le traitement de g devant p. et v, c f § 23b, 10® et 42b, 4®).
En osco-ombrien.
§ 24c. — I® Même changement qu’en latin (B 135) (BO 82b).
2® Toute consonne sourde est devenue sonore devant une occlusive
sonore.
3® (Pour le traitement du groupe sr, cf. § 36c, 2®). s/ subsiste (B 93)
(BO 63). Pour -Is- ancien, pas d’exemples clairs; -Is- récent subsiste (B 98)
(BO 63b). Le groupe -rs- intervocalique provenant de la syncope a dû
passer par -rz- avant d’aboutir à rr en osque (B 94) (BO 63a). Pour les
autres traitements du groupe -rs- intervocalique, c f § 36c, 4® et 42c, 6®.
4® s est resté sourd devant » et m (B 93) (BO 63).
En germanique.
§ 24d. — I® Même changement qu’en latin (Brugmann 261, i®).
2® Toute consonne sourde est devenue sonore devant une occlusive
sonore (Brugpoiann 261, 2). Pour s, cf. § 42ct, 4®.
3® Non précédés immédiatement de l’accent lE , le groupe ancien -sl-
est devenu -zl- en germanique commun (d’où II selon § 23d, 7®) et les
groupes -rs-, -Is-, sont devenus -rz-, Iz- en germanique occidental commun
(d’où -rr-, -II- à l’intervocalique, selon § 23d, 7® et 8®) (Brugmann 293).
Pour le traitement du groupe sr, cf. § 37d, 4®.
4® Non précédés immédiatement de l’accent lE , les groupes inter-
vocaliques -sn-, -sm-, sont devenus -zn-, -zm-, en germanique commun
(d’où respectivement rm, souvent, et mtri) (Brugmann 293).
M O D IFIC A T IO N S Q U A L IT A T IV E S 55
En vieil irlandais.
§ 24e. -— I® Toute occlusive sonore est devenue sourde devant une
consonne sourde (Brugmann 261, i).
2® Toute consonne sourde est devenue sonore devant une occlusive
sonore (Brugmann 261, 2).
3® s est resté sourd à l ’initiale devant l et r (P 26), mais a dû devenir h
en position intérieure (avant de s’assimiler selon § 23e, ii®).
4° Le traitement de s devant m et n est le même que devant l et r.
Cf. 30 (P 26).
5® Le groupe secondaire consonne sonore + h s’est fondu en la consonne
sourde correspondante (P 202).
6® Le groupe n + occlusive sourde s’est fondu en l’occlusive sonore
correspondante (P 50 et 60) (généralement avec allongement compensa
toire, selon § 44e, 5®).
En latin.
§ 25. — I® b est devenu m devant n.
scamnum, de *scab-nom (cp. scabellum) ; Samnium, en définitive de *Sab-
niom (cp. Sabinus).
§ 25. — 2° c, g, sont devenus n (écrit g à l’époque classique) devant n.
signum (prononcé sinnum, comme l’indiquent le i venant de e, selon
§ 30, I® et des graphies telles que singnifer (CIL, V I, 3637 = signifer), de
*sec-nom (cp. sequor ou secô) ; dignus (prononcé dinnus), de *dec-nos (cp. decet),
avec i selon § 30, i®.
§ 25. - 3® d devant m est vraisemblablement devenu n (avant de
s’assimiler selon § 23, 3°).
En sanskrit.
§ 25a. - - i® Aucun changement correspondant.
2® Les occlusives « gutturales » sont devenues n devant nasales (sinon
toujours dans la graphie) (W 164).
3® Les occlusives dentales sont généralement devenues n devant m
en composition (W 176).
En ionien-attique.
§ 25b. — I® P est devenu devant v (L 67).
2® Les occlusives « gutturales » ne se sont pas nasalisées devant nasale,
sauf Y devant v dans les présents redoublés Y iy v o tta t et Yiyvcoaxci), devenus
finalement Y ïv o ( ia i et Y^t®cnt®> (L 66 et 67).
3° Aucun changement correspondant à date ancienne (L 67 n. 4).
56 IN F L tJE N G E D E S P H O N E M E S SU R LE S P H O N E M E S C O N T IG U S
En osco-ombrien.
§ 25c. — 1° Une occlusive labiale est devenue m devant n (B 102)
(BO 71).
2® Pas d’exemples clairs.
3® Aucun changement correspondant.
En germanique.
§ 23d. — 1° Aucun changement correspondant. Cf. § 22d, 5°.
2° (n s’assimile à la spirante et à l’occlusive « gutturales » sonores
germaniques précédentes selon § 24d, 4® et § 23d, 10° et le groupe devient
respectivement germ, -rm- et -kk-).
3® Aucun changement correspondant.
En vieil irlandais.
§ 25e. — 1° Aucun changement correspondant. Cf. § 45e, 2°.
2" C f § 42e, 60 et 22e, 5°.
3" d est sans doute devenu n devant m avant de passer à mm dans certains
composés selon § 23e, 3®.
En latin.
§ 26. — Une nasale devant une occlusive ou une constrictive a pris le point
d’articulation de cette occlusive ou de cette constrictive (mais pour les groupes -mt-,
-ms-, -ml- c f § 37, 2°).
impiger, de in-piger;
quandô, de *quam-dô-,
anceps (prononcé anceps, c f la graphie à la grecque agceps proposée par
Accius, c f Varron, ap. Priscien, G R F, p. 185, fr. 3), de *amceps, de *ambhi-
caps, d’après § 59 pour la syncope de i, § 43, 2® pour l’amuïssement de b
et § 61, 2®pour le passage de a à
comfluont (CIL, P, 584) avec m devant ƒ ancien, bilabial, en regard
de cônfluont, avec n devant ƒ classique, labiodental.
En sanskrit,
§ 26a. — I® Une nasale devant une occlusive « gutturale » est devenue
« gutturale » (n ), devant et après une palatale est devenue palatale (n)
(W 164), devant une dentale est représentée par une dentale (n) (W 175);
n se cérébralise (1},) devant occlusive cérébrale et après les cérébrales s, r, r
(W 167a). Pour n devant sifflante ou h, c f § 42a, 3®.
2® J (prononcé en sanskrit plus près du milieu de la voûte palatine
qu’une dentale ordinaire) s’est cérébralisé en s après r et A: (W 203).
3® Les dentales sont devenues cérébrales après la cérébrale s/*z (W 145)
(sauf, au moins originellement, si elles étaient suivies d’ime cérébrale y
compris r, c f § 38a, i®). Pour *z, cf. 42a, 4®.
M O D IFIC A T IO N S Q ,U A H T A T IV E S 57
En germanique.
§ 26d. - - La nasale labiale m est devenue n devant la dentale d et la
labiodentale ƒ (v.h.a. récent); la nasale dentale n est devenue m devant ƒ
bilabial (got., v.isl.) (S 127).
En vieil irlandais.
§ 26e. — Une nasale devant une occlusive a pris le point d’articulation
de cette occlusive en celtique (P 70). Pour le traitement ultérieur du groupe
nasale + consonne, cf. § 24e, 6<^.
S E C T IO N 2. A S S IM IL A T IO N D 'U N E CO N SO N N E
À D E S S E G M E N T S V O C A L IQ U E S
*® Si le fait ne s’est pas produit après une occlusive sonore, laquelle au contraire s’cst
assourdie devant s, c’est parce que cette occlusive était débilitée par son caractère implosif,
tandis que les liquides, grâce à leur aperture, restaient explosives devant consonne (cf. § 3).
M O D IFIC A T IO N S Q U A L IT A T IV E S 59
des occlusives en cette position (du moins en latin aneien). C ’est que, pour
l’émission d’une constrictive, le souffle s’éehappe continuellement de l’ori
fice buccal et la pression, forcément réduite, exige pour lui faire équilibre
une tension des organes moindre que celle des oeclusives explosives. A cet
égard, la continue est donc moins résistante. Pour le sort des occlusives
intervocaliques en latin vulgaire, cf. Väänänen, § 104-106.
Le d de quadrägintä, quadruplex et mots de même racine, en face du t
de quater, quattuor, provient peut-être de l’influenee des sonores environ
nantes dans un mot très usité et généralement mal articulé comme un
nom de nombre. Cf. notamment undecim en face de decem, où e s’est relâché
en i, alors que les finales -em des substantifs restent intactes. Cp. aussi le
grec ëpSo(i,oç, oySooç en face de èm â, oxtw.
3. D ’origine dialectale (§ 28, 2“ R) semblent bien être certains mots
en -àsius, -êsius, -isius (cf. Ernout, Eléments, p. 73). Peut-être aussi miser
et caesariës. Mais voir § 53, 1°.
§ 28. — 2° Les occlusives aspirées lE sont représentées par des sonores entre
voyelles ou entre voyelle et sonante (pour plus de détails, cf. p. 163, n. 42).
G p . C U N Y , R E A , 1917, p. 255-270; J u R E T , p. 123 S S .; H offmann ( -g h -),
B K IS, 1901, p. 129-145; L indsay , IV , § 103 ss.; M eillet , Dialectes, p. 75 ss.;
I d ., Esquisse, p. 53 s.; 143 s.; Pisani, § 104; P orru , A IV , 1940-1941,
p. 87-97; B a s s o l s , § 223; F a r ia , § 35-38; K e n t , § 142 s.; T agliavini , § 58.
nebula, de *nebhelâ (avec u d’après § 57, i®) ; cp. grec veçsXT), skr. nâbhah;
médius, de *medhyos (cp. skr. mâdhyah)-,
uehö, de *wegh- (cf pamphylien « qu’il transporte », skr. vâhatï) ;
niuis, génitif de nix, de *sniglf- (cp. grec viçàç, v.h.a. sniwit « il neige ») ;
ninguit, de la même racine avec nasale infixée.
Les occlusives aspirées anciennes ont abouti à des sonores entre pho
nèmes sonores et de grande aperture, comme les voyelles et les sonantes,
alors qu’en position initiale, elles ont abouti à des spirantes sourdes
(cf. § 65). L ’explication est la même que pour la sonorisation d’i' inter-
vocalique. Ces phonèmes ont dû passer par le stade spirant et ont perdu
ainsi leur résistance d’occlusives. Le phénomène est de date préhistorique.
R E M A R Q U E . — L a spirante sourde ƒ, parallèlement à s, ne figure
pas régulièrement en position intervocalique en latin. Là où on l’y trouve,
ou bien elle est due à l’analogie, comme dans fefellî, parfait de fallô, referd
en face de fera, ou bien elle est d’origine dialectale, comme dans uafer
(à côté de uaber, attesté par des gloses), scrôja, rüfus (cp. p. ex. ombrien
rufru et ro/à« rüfôs»), A !’ƒ de la forme latino-sabine rüfus s’oppose la sonore b
de la forme proprement latine ruber, de *rudhros (cp. spuôpoç). C f p. 163,
n. 42, pour la labiale provenant de *dh.
En sanskrit.
§ 28a. — 1° s intervocalique subsiste (on trouve r venant de s lE en
finale devant initiale vocalique et parfois à l’intérieur des composés, sans
doute par analogie) (W 189).
2“ Aucun changement correspondant, les occlusives sonores aspirées
ayant subsisté.
M O D IFIC A T IO N S Q U A L IT A T IV E S 6i
En ionien-attique.
§ 28b. — 1° (Pour l’amuïssement de s intervocalique, cf. § 42b, 5°).
2° Les occlusives sonores aspirées sont devenues des sourdes et le sont
restées en position intervocalique (L 43).
3“ Les occlusives labiovélaires sont devenues dentales devant les
voyelles prépalatales lE ë et (pour la sourde au moins) i (L 34 à 38).
4° Devant la voyelle prépalatale i, un t ancien non initial et non
appuyé par s (§ 38b) a tendu à se palataliser (en f ’, puis ts) pour aboutir
à O (L 51).
Pour le traitement de t devant u, cf. § 45b, 4“.
En osco-ombrien.
§ 28c. — 1° J- intervocalique s’est sonorisé en osque et en ombrien et a
passé à r en ombrien (de même en finale, sans doute d’abord devant une
initiale vocalique) (B 91) (BO t s.).
2° Les occlusives sonorf lirées lE sont devenues des spirantes
sourdes en osco-ombrien et le sont restées en position intervocalique
(B lo i et 113) (BO 83 s.).
3° Les occlusives sourdes entre sonantes ou entre voyelle et sonante
ont tendu à se sonoriser (B 131 à 134) (BO 82a); de même lE bh^tgh sont
représentés en ombrien par b ot g entre nasale et voyelle (B 137) (BO 84a).
40 d intervocalique s’est ouvert en ombrien en une spirante, inter
médiaire entre r et a? spirant, semble-t-il (transcrite f de l’alphabet national,
rs en alphabet latin) (B 108) (BO 74 s.).
50 En ombrien, k devant e, i, s’est palatalisé en un son transcrit ç de
l’alphabet national, s en alphabet latin (B 120) (BO 68); g s’est palatalisé
en y devant ces mêmes phonèmes (B 124) (BO 79).
En germanique.
§ 28d. — 1° L a spirante lE s intervocalique est devenue r sauf en
gotique après s’être sonorisée, sauf si l’accent lE affectait la voyelle immé
diatement préeédente, empêchant ainsi j de se sonoriser à date ancienne
(loi de Verner, S 123 et 134, 4 Rem.). Voir aussi § Q4d, 2 ° , 3° et 4°.
2° Les spirantes sourdes germaniques sont devenues sonores en position
intervocalique ou entre voyelle et liquide ou nasale, avec la même restric
tion que pour s. V oir i° (loi de Verner, S 121).
62 IN F L U E N C E D ES P H O N E M E S SU R LE S P H O N E M E S C O N T IG U S
En vieil irlandais.
§ 28e. — 1° (Pour l’amuïssement de s intervocalique, cf. § 42e, 5“).
2° Les spirantes sourdes provenant d’occlusives selon 3“ subsistent en
position intervocalique.
3° Les occlusives se sont généralement transformées en spirantes par
augmentation d’aperture en position intervocalique (en brittonique, en cette
position, les occlusives sourdes sont devenues sonores sous l’influence de la
sonorité des voyelles environnantes; les occlusives sonores, moins résistantes,
ont subi une augmentation d’aperture et sont devenues spirantes) (P 217).
40 Une consonne s’est palatalisée devant une voyelle prépalatale
ancienne et elle le reste après l’amuïssement éventuel de cette voyelle
(P 163); une consonne s’est labialisée (les lèvres s’arrondissant lors de son
articulation comme pour prononcer un u) devant ü et parfois a, et elle le
reste après l’am u ï^ m en t éventuel de cette voyelle (P 217).
SECTIO !^ 3. A S S IM IL A T IO N D'U N E CO N SO N N E
À UNE S E M I-V O Y E L L E
En latin.
§ 2g. — 1° La séquence initiale dw s'est transformée en b.
Cp. JURET, p. 113 et 116; L eumann , § 136; L indsay , I V , § 7 1; M e il l e t -
V en d ryes , § 135; N iederm ann , § 94; R sani, § 88; S ommer , § 125. — -
G u arn erio , Rendiconti 1 st. Lombardo scienze lett., 1907, p. 419-432; R ud -
NiCKi, Eos, 1912, p. 168-174; Bassols, § 270; F a r ia , p. 224 s.; K en t ,
§ 1 41 , I X ; T a g lia v in i , p. i i i .
bonus, de duonos [duonoro, génitif pluriel, C IL , I®, 9); bene, de *dwenë(d),
avec e selon § 60, 3° et chute de d selon § 62, i®b; bellum, de duellom (Varron,
L.L., V II, 49; cf. Duelonai, C IL , I^, 58 — Bellonae) ; bis, de *dwis (cp.
skr. dvlh) en face de duo (prononcé duvuo selon § 37, 1“).
L ’arrondissement des lèvres requis pour le second élément w s’est
transporté par anticipation dans le domaine du d, consonne faible en latin;
le point d’articulation du d se rapprochait ainsi de celui de b, avec lequel
il dut finalement se confondre, d’où *bw.
Mais la séquence bw contient deux phonèmes au point d’articulation trop
rapproché et qui donc se gênent mutuellement : le second fut éliminé sans
doute au moment même où le groupe se formait. O n ne trouve pas de
traces de la prononciation bw (cp. le cas de fiô , § 41, 2“).
Le d initial était plus résistant qu’à l’intérieur; il subsista devant la
semi-voyelle labiale, quitte à prendre son point d’articulation. A l’intérieur
il s’amuït, peut-être après assimilation totale en ww suivie de simplification :
suâuis, de *swâdw-is (cf. skr. svàdüh, grec 7]Sôç).
G. Duellius, consul en 260 avant J. C., fut appelé Bellius par ses contem
porains (cf Cicéron, Orator, 153, et saint Jérôme, adv. Jovin., i, 46). Le
M O D IFIC A T IO N S Q U A L IT A T IV E S 63
En sanskrit.
§ 29a. — I® Aucun changement correspondant.
2° Les groupes dy et gy subsistent (mais gy se palatalise e n ^ , selon 3°).
3® Une occlusive « gutturale » indienne, sauf kh, est devenue palatale
devant j; (comme devant i et e, cf. § 28a, 3®) (W 123).
En ionien-attique.
§ 29b. — I® (Pour la réduction des groupes Siei et 'Kw, cf. § 43b, 3®).
2® Les groupes y j et By sont devenus après palatalisation (L 69).
3® Les groupes xy et -vy sont devenus ts après palatalisation (et de là,
par assimilation, tantôt 0(0), tantôt t ( t ) (L 69).
4® (Pour le groupe labiale + j , cf. § 37b, 4°).
5® L e groupe t + a» est devenu a à l’initiale, tt entre voyelles (L 7 1).
6® L e groupe -x 4 ' est devenu -tctc- (L 72).
7® Le g^roupe -X -\-y- est devenu -XX- (L 156). Pour les groupes
p + 4', V -f-j, c f § 40b, 3® et 42b, 8®.
8® Le groupe a -|-j est devenu jy» entre voyelles (le premier élément de
cette géminée forme diphtongue avec les voyelles précédentes, sauf i, qu’il
allonge, tandis que le second élément, et parfois aussi le premier, s’amuït
entre voyelles, selon § 42b, i®) (L 127).
64 IN F L U E N C E DES P H O N È M E S SU R L E S P H O N È M E S C O N T IG U S
S E C T IO N 4. A S S IM IL A T IO N D'U N E V O Y E LL E
À UNE CO NSO N NE
En latin.
N.B. — Les voyelles longues, en vertu de leur force de résistance, n’ont pas
subi l’influence assimilatrice des consonnes. Il ne sera donc question ici
que des voyelles brèves et, en principe, en position initiale, car leurs modi
fications en syllabe intérieure et finale peuvent provenir d’autres facteurs
(cf Livre III). — En latin vulgaire, voir Väänänen, § 52 et 54.
L a voyelle a, protégée par sa grande aperture, a résisté à l’assimilation
en syllabe initiale.
§ 30. — I® Devant la nasale « gutturale » n, e est d e v e n u i, o est devenu u
(le phénomène a lieu aussi en syllabe intérieure).
Cp. G rammont, p. 219-220; JüRET, p. 339; L eumann, § 22 et 25; L indsay,
IV , § I l et 20; M eillet -V endryes, § 166 et 168; N eedermann, § 26;
M O D IF IC A T IO N S Q U A L IT A T IV E S 65
coquô, de *k” ek'"ö (de *pek'"ö, cf. § 48, cp. grec Ttécrortü, de *pek^yô) ; socer,
de *swekuros (cp. grec èxupôç, v.h.a. swigur) ; soror, de *swesor (cp. got. svistar),
avec r de 5 selon § 28, i°; duonos (cp. C IL , P, 9, devenu bonus selon § 29, 1°)
de duems (CIL, I®, 4).
La semi-voyelle vu a son point d’articulation à l’arrière de la voûte
palatine et exige un fort arrondissement des lèvres. Ce sont là des carac
téristiques très marquantes. L a voyelle e, par contre, en est totriement
dépourvue (cf § 30, 2® et 47, 1° explication). A u lieu de se dép’ ' de
façon à atteindre la position de e, la langue, par inertie, ne s’en .ap
prochée que légèrement et a conservé, avec un certain arrondissement des
lèvres, une position postpalatale, au point d’articulation de 0. L a présence
d’une voyelle prépalatale dans la syllabe suivante a favorisé le déplace
ment régulier de la langue vers l’avant. D ’où bene, de *dwenêd, en face de
bonus, de dvuenos (cf § 47, 1° Rem.).
R E M A R Q U E S . — i. La semi-voyelle w à l’initiale absolue n’a pas
eu le même effet qu’après une consonne (cf. uehô, uerms...). C ’est que, dans
ce dernier cas, grâce à sa position appuyée, elle pouvait mieux dominer
le e suivant. Les mots du type uenos en regard de duonos prouvent que le
passage de e k 0 dans celui-ci n’est pas, uniquement en tout cas, un phé
nomène de dilation (§ 47, 1°).
2. En syllabe fermée, e était plus résistant qu’en syllabe ouverte
(cf § 12) : il attirait davantage l ’attention musculaire et il a pu ainsi
garder son individualité devant consonne non vélaire (cf. quercus, bellum,
de duellum, § 29, 1°, bellus, de *dwenolos, selon § 59 et 23, 5®, en face de
bonus, de duenos, ibid.). Peut-être queror a-t-il gardé son e grâce à questus
ou encore grâce à querëla, querimonia, où la syllabe suivante contenait une
voyelle prépalatale.
Si somnus vient de *swepnos et non de *swopnos (cf. § 30, 5° Rem. 2),
il y a lieu de croire que e est devenu 0 sous l’influence combinée de w et dc p.
En sanskrit.
§ 30a. — i® à 5® Aucun changement correspondant.
6® U ne voyelle s’est nasalisée lors de la disparition d’une nasale devant
sifflante ou h selon § 42a, 3® (W 224).
MODIFICATIONS QUALITATIVES <>9
En ionien-attique.
§ 30b. — 1° à 5° Aucun changement correspondant, sauf que la voyelle
réduite est parfois devenue u au contact d’une labiovélaire (L 211, n. i).
6° « tendant vers v) s’est ouvert et a été ramené à à après p (L 250).
En osco-ombrien.
§ 30c. — I® Devant la nasale « gutturale », e a tendu à se fermer en i,
mais 0 subsiste (B 31-32 et 40) (BO 17).
2° Aucun changement correspondant.
30 « est devenu 0entre une labiovélaire initiale et la séquence ancienne nk'”
(B 30a et b) (BO 17).
40 Aucun changement correspondant (B 40).
50 A u rebours du latin, u est devenu 0 en ombrien devant m et parfois
devant p (ces consonnes devaient être articulées avec une projection des
lèvres moins marquée qu’en latin) (B 48) (BO 23).
6° Au rebours du latin (cf. § 57, i» A c et explication infine-, 57, 2° expli
cation), e tend vers i et, en ombrien, 0 tend vers u devant r (B 31-32 et 42)
(BO 17 et 21).
En germanique.
§ 3od. — I®Devant nasale -j- consonne, e lE est devenu i, mais 0 subsiste
(S 63b).
20-50 Aucun changement correspondant.
6° Devant r et h, les voyelles e, i et u sont devenues respectivement e
et 0 (écrits ai, au) en gotique (S 65b; 68 R 2 et 69, i).
En vieil irlandais.
§ 30e. — 1° Devant nasale consonne subsistante et devant nn,
i (passant autrement à e) a subsisté (P 6, i).
2° Aucun changement correspondant.
3° Après la labiovélaire lE M”, |* (représenté autrement par ri) est
devenu ru, e est devenu 0 (P 179, i).
4° Aucun changement correspondant.
5° ä (qui tendait vers ö ouvert) est parfois devenu ö après m initial
(P 9, 3). Sinon, aucun changement correspondant.
En latin.
§ 31. — Une diphtongue se distingue d’une voyelle ordinaire par le
fait qu’elle change de timbre au cours de son émission. C ’est en somme un
phonème à deux phases, l’une vocalique, l’autre semi-vocalique. C ’est
70 INFLUENCE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES CONTIGUS
dite archaïsante, p. ex., nioenera (Lucrèce, I, 29, 32), pour münera-, rmerörum
(Virgile, Aeti., X , 24), pour mürôrum, etc. Il n’y aurait rien d’étonnant à
ce que cette tendance à l’archaïsme se fût exercée pour contrecarrer, au
moment où elle allait se produire, l’évolution de oe dans des mots qui par
eux-mêmes possédaient ces caractères : tels moenia, pomoerium, les noms
propres Coelius, Boelius, etc., le mot rare amoetius, le mot du vocabulaire
religieux commoetaculum... (cf. Marouzeau, Stylistique, p. 13-14; Devoto,
p. 100, Muller, R E L , I, p. 97).
Pour les mots foedus « traité », poena, Poenus, on peut hésiter entre les
deux explications.
oe dans les emprunts récents comme moechus ( = grec potxôç) ne fait
pas difficulté.
La diphtongue de coepî est postérieure à la transformation de oe en ü.
Plaute employait encore le mot comme un trisyllabe (co-ëpit. Cas., 651, etc.).
Le groupe o-ê était donc composé de deux voyelles distinctes ayant chacune
une tension propre et ne devait pas se comporter comme une diphtongue.
Coepi, dissyllabe, fut refait analogiquement par la suite.
La diphtongue de cœtus provient d’une diphtongue oi récente, résultant
de la contraction du préverbe co- avec le mot itus. Celle-ci a dû se produire
après la cessation de la tendance au passage de oe à oô, sinon dans la graphie,
du moins dans la prononciation.
2. Le passage de la diphtongue oi à ö dans non, forme réduite, en raison
de son emploi, de *ne-oitiom (d’où noenum, forme pleine, cf. Nonius, 143,
31 S S .; cp., pour la r é d u c t i o n , nihil, de ne-hiluni) peut s’expliquer par son
caractère spécial, en f a c e d e nüllus, d e *ne-oin(oJlos. O n a invoqué aussi
la présence des d e u x dentales n qui entouraient ö et qui ont pu l’empêcher
de passer à la vélaire extrême ü (cf. le cas de nônus, § 32, 6® Rem. et cp. le
cas de domus, § 30, 5°, Rem. 4).
En sanskrit.
En ionien-attique.
En osco-ombrien.
SE C T IO N 6. A S S IM IL A T IO N D'U N E V O Y E LL E
A UNE V O Y E LLE
En satiskrit.
§ 34a. — 10-2“ En védique, les voyelles restent souvent en hiatus;
parfois les voyelles de même timbre se fondent en la longue correspondante
(W 37 et 48).
En ionien-attique.
§ 34b. — IO Deux voyelles de même timbre se sont fondues en la longue
correspondante; si l’une était de timbre plus ouvert que l’autre (p. ex.,
Tj en face de s), la longue résultante était de timbre ouvert (L 267, 292
et 293). Mais les groupes s -j- si, o + 01 sont devenus respectivement si, 01
(L 273).
2° Deux voyelles de timbre différent se sont contractées en une longue
ou, si la seconde était i ou a, en une diphtongue. Quand les deux voyelles
étaient brèves, le timbre 0 l’a emporté sur a et e, et les résultats respectifs
de la contraction ont été ô ouvert (<0) et 5 fermé (ou), quelle que fût la
position de 0. Les groupes e 0 fermé, 0 ë fermé ont abouti à ou,
a 0 ouvert à <0.
ê l’a emporté en général sur ä et le résultat de leur contraction fut un
e ouvert (•/)), quelle que fût la position de ë, mais le groupe a -)- # est devenu â,
ainsi que le groupe e -|- a précédé d’une voyelle.
Enfin, les groupes ö ouvert ■ +■ ë,ë ouvert 4- ô,e ô ouvert, 0 -f- « ouvert
se sont contractés en o> (L 291 à 297).
En osco-ombrien.
§ 34c. — I® Les voyelles de même timbre se sont contractées en la
longue correspondante (B 65) (B 32).
2® Les voyelles de timbre différent subsistent (B 65) (BO 33).
En germanique.
§ 34d. — i®-2® Les voyelles en hiatus se sont généralement contractées
en une voyelle unique ou en une diphtongue (Brugmann 306).
MODIFICATIONS QUALITATIVES 79
En vieil irlandais.
§ 34e. — 1° Deux voyelles de même timbre se sont contractées en la
longue correspondante, sauf parfois i devant i en finale non absolue et
e devant e (P 141 à 146).
2° Deux voyelles de timbre différent subsistent généralement. Le
groupe 0 -\- e ou i s’est contracté en oi, a + a en au, parfois a + « en â
(P 142 à 146).
Chapitre 2. La différenciation
Cp. M eillet , M SL, X II, p. 14 ss.; G rammont , p. 229 ss.
D É FIN IT IO N
SE C T IO N 1 . A C CE N TU A T IO N D'U N E D IF F É R E N C E
En vieil irlandais.
§ 36e. — 1° Aucun changement correspondant {w étant passé à ƒ à
l’initiale).
2° Le groupe sr subsiste à l’initiale (pour le traiitement intervocalique,
cf. § 23e, I I ”). En brittonique, sr est parfois devenu à l’in itia le^ - (en
passant par hr après finale vocalique) (P 26, 3). V oir aussi § 37e, 4°. Pour
le traitement du groupe intérieur -tl-, cf. § 42e, 7“.
3° Devant t, la « gutturale » k et la labialep sont devenues x (écrit ch),
pour éviter le contact de deux occlusives orales (P 51, 2). Devant s, p est
devenu k en gaulois et le groupe résultant ks est passé à x (écrit ch) en
gallois (P 25, i).
4° Devant occlusive sonore, ^ a passé à la spirante interdentale sonore,
qui s’est fondue en d (écrit t) avec d (P 27).
50 e s’est fermé en i en hiatus devant e final, a et « (P 5, 3).
SE C T IO N 2. D É V E LO P P E M E N T D'UN PHON ÈM E
IN TE R CA LA IR E
§ 37. — I'’ Dans les groupes dissyllabiques i o« u -|- voyelle de timbre différent,
il s’est développé respectivement un y et un w.
Cp. JURET, p. 125; L eumann, § 84; M eillet -V endryes , § 185; N ied er
mann, § 55; P iS A N i, § 29; S ommer, § 92. — H ermann , N G O , 1918, p. 99 ss.
plus, prononcé pi-yus (cf. la graphie piius dans les inscriptions); fu it
(Plaute, Capt. 205), prononcé fü-wit (cf. la graphie fwuit, C IL , P , 1297);
ïllxus, istîus, ipsius, prononcés sans doute illi-yus, etc.
i et U en hiatus risquaient de s’altérer et de devenir des semi-voyeUes.
Or, cette transformation était opposée aux tendances du latin ancien et
littéraire, qui avait généralement dissocié les groupes consonne -|- semi-
voyelle (cf. adagium, c’est-à-dire adagiyum, selon ce qui est dit dans cc
paragraphe, de *agyo-, § 45, 1“). Elle fut évitée par le développement,
après la voyelle, de l’élément semi-vocalique qui avait le même point
d’articulation.
Cette tendance semble s’être atténuée dès l’époque de Térence, où
füwit devint fu it et où istius, illius, remplacèrent maintes fois istias, illîus.
Varron (L.L., IX , 104) signale encore à son époque le parfait plûit, c’est-à-
dire plûwit, avec un w ancien. Mais, à l’époque classique, on n’a plus que
pluit. Cf. aussi/»iîw, Ennius, piiw, classique. Ces abrègements devant voyelle,
selon § 44, 2°, laissent supposer que la scmi-voycllc, même ancienne, avait
sinon disparu, du moins perdu quelque peu de sa consistance, au point
de devenir un simple glide, son fugitif de transition. Dès le latin impérial,
ce glide s’évanouit complètement dans certains cas, ce qui transforma la
voyelle précédente en semi-voyelle. D ’où, p. ex., dyurnus (puis yornu,
franç. « jou r »), de diumus ( = diyurnus). Väänänen, § 77.
84 INFLUENCE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES CONTIGUS
§ 37. — 2® Les groupes intérieurs -ml-, -ms-, -mt- sont devenus -mpl-,
-mps-, -mpt-, par développement d’un p épenthétique.
Gp. JüRET, p. 182; L eumann , § 145 f, 148 a et 150 a ; L indsay, IV , § 73;
75 77; M eillet -V endryes , § 121 et 125; N iedermann, § 97; P isani,
§ 88; S ommer, § 127, 3; 131 a et 134, 2 a; Bassols, § 281; F aria , p. 249,
252 et 255; K ent , § 168, III, 169, V ; T agliavini , p. 112 et 116.
exemplum, de *exem-lom (cp. emo), sümpsî, de *sûm-si (cp. sümö); complus,
de *côm-tos (cp. cômo).
L ’assimilation pouvait altérer m devant /, s, ou t (cf. l’italien assunsi,
assunto : assumerè), aux dépens de la transparence étymologfique entre le
mot simple (p. ex., sûmo) et le dérivé (*suntus). D ’autre pcirt, la dernière
phase de l’articulation de m participe déjà au caractère oral des consonnes
suivantes, l, s, t. Par anticipation, le voile du palais tend à se relever avant
qu’elle ne soit tout à fait terminée. Commencé en labiale nasale, m finit
alors en labiale orale, p. Le désir de conserver Vm de la racine a renforcé
cet élément embryonnaire et lui a donné la consistance d’un p ordinaire.
Cette sourde est normale devant les sourdes t et s. Devant la sonore l, on
constate une tendance à éviter b en latin. A l’initiale, on n’y trouve le
groupe bl que dans les mots techniques ou familiers. Correspondant au
grec [lôXuêSoç, on a plumbum (si l’on peut se servir de ce terme emprunté),
avec pl de ml, alors qu’en grec *mlôscô est devenu ßXwcntto (de ^(löXiócxw).
Sans doute la sourde, à explosion plus forte, permettait-elle mieux de
différencier les deux phonèmes.
N.B. — O n avait tendance à différencier également les séquences mn, ms,
par l’insertion d’un p. Cf. les graphies dampnum, hiemps, doublets de damnum,
hiems. — Väänänen, § 115.
§ 37. — 3° Les groupes intérieurs anciens -dt-, -dht-, -tt- (ne représentant pas
une gémination expressive) sont devenus -* 1st-par développement d’uns épenthétique.
Gp. G rammont, p. 232; L eumann , § 142 b; L indsay , IV , § 155; M eillet -
V endryes , § 118; N iedermann , § 92; Pisani, § 85; S ommer, § 132. —
K en t , Language, 1932, p. 18-26; B rugmann, dans O sthoff et Brugmann ,
Morphol. Untersuch. I l l , 1880, p. 131-147; I d ., IF, 1896, p. 102-104; Bassols,
§ 282; F a r ia , p. 258; K ent , § 144; T agliavini , p. 118; F ieri, R IG I,
V III, 1924, 1-2, p. 105-111; CoccHiA, R IG I, V III, 1924, 3-4, p. 71-81.
N.B. — Pour le passage de *tst à ss, cf. § 51 Rem. i et § 23, 2®.
*kätstos (d’où cässus, puis cäsus) de *käd-tos (cf. cad-ö et pour à § 44,
4® explication; pour s de ss, § 43, i®).
*yutstos (d’où iussus), de *yudh-tos (cp. iubeô, avec u analogique, de
*youdheyô, selon n. 42, p. 163) ; *patstos {d’où.passus), de *pat-tos (cf. pat-ior).
Lorsque deux consonnes semblables entrent en contact, elles se réduisent
d’ordinaire à une géminée, c’est-à-dire que la première perd sa phase
explosive, qui est la plus caractéristique. Le désir de différencier une racine
et un suffixe respectivement à finale et à initiale dentale orale a attiré
MODIFICATIONS QUALITATIVES 85
DÉFIIMITIOM
2® S ne s’est pas cérébralisé après i, u, selon § 28a, 4", lorsqu’il était suivi
immédiatement des cérébrales r, v (W 203).
3° n ne s’est pas cérébralisé selon § 48a, 2° après les cérébrales non
contiguës s, r, f, lorsqu’il était suivi de la cérébrale r (W 167b).
En ionien-attique.
§ 38b. — • L a dentale t ne s’est pas assibilée en a devant i selon § 28b, 4®
lorsqu’elle était précédée de la sifflante tr (L 5 1 ).
En osco-ombrien.
§ 38c. — Pas d’exemples clairs.
En germanique.
§ 38d. - - Les occlusives sourdes lE ne sont pas devenues spirantes
selon la loi de Grimm (§ 65, n. 40) lorsqu’elles se trouvaient après une
spirante (ancienne ou germanique) (S 119).
En vieil irlandais.
§ 38e. — i ne s’est pas ouvert en e en hiatus devant e final, a et a (P 6, i).
Chapitre 4. L'interversion
D É FIN IT IO N
En latin.
§ 40. — 1° Le groupe intervocalique ancien -ps- a tendu à s’intervertir en -sp-.
Cp. G rammont , p. 240; Pisani, § 1 1 7 ; Bassols, § 283; K en t , § 194; T ag lia
vini , § 74. — A ndré , R E L , 1953, p. 190 ss.
uespa, de *wopsa... (cp. v.h.a. wafsa, lit. vapsà, etc., en passant par
*wospa, avec différenciation de wo- en we- selon § 36, i®) ; crispus, de *kripsos,
cp. gaul. crixos, gall, crych, selon § 36e, 3°.
Le groupe ps était peu stable en latin, comme dans la plupart des
langues indo-européennes, sauf en grec. Entre voyelles, il fut éliminé en
partie par interversion, là où il n’était pas protégé par l’analogie, comme
88 INFLUENCE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES CONTIGUS
dans les formes verbales du type lapsus, scrlpsi, obsecrô ( = opsecrô) , slips et
dans les emprunts grecs.
R E M A R Q U E . — Le gjroupe -ps- tendit aussi à s’éUminer par assimi
lation (comme dans ipse devenu isse (C IL , IV , 148, etc.)) ou par différen
ciation (comme dans ce même ipse devenu ixe (Suétone, Aug. 88; cf. André,
l.c.)). Mais ces cas semblent postérieurs, l’élément reconnu -pse ayant
résisté plus longtemps. Après consonne, il s’agit la plupart du temps du
groupe taps, provenant de -ms- par développement et conservation d’un
élément servant à protéger Vm de la racine de toute assimilation (cf. § 37,
2®). Mais là même, la prononciation populaire, peu conservatrice, éli
minait P (comme d’ailleurs dans le groupe -mpt- issu de -mu') d’où peissage
m k n devant s, sinon toujours dans la graphie : cp. p. ex., le nom de la
même ville du Samnium éerit Co(n)sa par César (B.C. III, 22, 2) et Compsa
par Tite-Live (X X IV , 20). — Väänänen, § 122.
§ 40. — 2° Le groupe -ri- en syllabe initiale, précédé d’une consonne et suivi
d’une dentale, s’est interverti en -er-.
Cp. G rammont, p. 247; JuRET, p. i2o; I d ., Dominance, p. 157 s.; L eumann ,
§ 102, 2; L indsay, III, § 16 et V I, 61; M eillet -V endryes , § 167; P isani,
§ 18; S ommer, § 49; Bassols, § 164; K en t , § 95; T agliavini , p. 77. —
M er lo , ASN P, 1936, p. 83.
ter, de *tris (en passant par *ters, terr, cf. § 23, 8° et 62,4°; cp. grec T p tç ) ;
tertius, de *trityos-, certus, de *kriios (cp. grec xptToç); testis, testâmentum,
de *tri-stis, *tristâmentom (cp. osque trstus « testés », tristaamentud « testâ-
mentô ») en passant par *terstis, *terstâmentom, avec chute de r selon § 43,
2° c; cernô, de '^krinô, cp. grec xptvw de *krinyô.
L ’ordre des groupes tri-, cri- n’a été modifié que lorsqu’il était suivi
d’une dentale, c’est-à-dire de l’espèce de consonnes dont le point d’arti
culation était le plus rapproché de celui de r alvéolaire. Devant toute autre
consonne, la position des organes requise pour la production de r aurait
dû brusquement se modifier en vertu du phénomène d ’anticipation. D ’où
tribus, triquetrum, *cripsus (puis crispus selon § 40, 1°), etc.
i s’est transformé en e devant r à la faveur du changement (cf. § 57,
1° explication A in fine).
Ces faits admettent cependant une autre explication, assez proche,
soutenue par osque trstus « testés », en face de osque tristaamentud, si la
graphie en est correcte. Dans les mêmes conditions que celles énoncées
ci-dessus, la sonante r aurait absorbé la voyelle i, la plus faible en raison
de sa minime aperture, et une voyelle de timbre e se serait développée
pour former une syllabe latine régulière selon § 45, 2°. Parallèlement,
l aurait absorbé un u, voyelle également fermée, dans *plumôn (cp. grec
TtXsûixtùv) et dans *dlukwis (cp. grec mycénien duruku, classique yXuxôç avec
une différenciation de dl en yX analogue à celle du latin tl en cl, § 36, 2® b),
à’oixpulmô, dulcis, après insertion d’un u devant l vélaire suivi d’une consonne,
selon § 45, 2° b. (Voir aussi Merlo, Le., qui suppose l’insertion, suivie de
la syncope de i, d’un e entre la consonne et r.)
MODIFICATIONS QUALITATIVES 89
TITRE II
MODIFICATIONS
QUANTITATIVES
Chapitre 1. L'amuïssement
N.B. I. — L ’amuïssement est l’efFacement progressif d’un phonème jusqu’à
disparition totale.
S E C T IO N 1 . a m u ï s s e m e n t
PAR D IS S IM IL A T IO N EN C O N T A C T
En latin.
§ 41. — I®w s^est amui devant o et û sauf à Vinitiale absolue.
Cp. JURET, p. 130J I d ., Dominance, p. 246 ss. j L eumann, § 99, i; L indsay,
IV , § 68 s.; M eillet -V endryes , § 114; N iedermann, § 57; Pisani, § 32;
S ommer, § 94, 2; Bassols, § 212; F a r ia , p. 222; K ent , § 153, I II; T a glia
vini , § 47. — L indsay , A L L , 1904, p. 133-134. — V äänänen , § 90 s.
coquö, de *k"’oE"ö (de *pek'"ô, cf. § 48 et 30, 3°); colô, de *k'"olô (cp.
inquilinus avec i intérieur selon § 57, 1° d); deus, de deiwos (CIL, P , 4);
deorsum, de *dêuorsum; eculeus, de *equuleus (de *ekwoleos avec u intérieur
selon § 57, 1° A a, phénomène antérieur à la chute de w, voir l’explication) ;
quercus, en face de Querquêtulânus', locûtus, de *loquütos; secütus, de *sequOtos.
Pour la chute de w devant 0, cf. l’explication du § 36, 1°. Devant û,
le phénomène est encore plus naturel en raison de la ressemblance plus
grande entre w et u. D ’après les cas où w ne devait pas s’amuïr, de nom
breuses formes ont été recomposées, type paruos d’après parut, parua, etc. ;
dans parum, de paruom, pris adverbialement, w n’a pas été restitué, parce
que le mot échappait à l’influence de la déclinaison. Le nominatif phoné
tique deus, de deiuos (CIL, P , 4), a fourni la série del, deö, etc., tandis que,
parallèlement, on a recomposé dims, etc. deus et dims furent employés
concurremment pendant l’époque républicaine; diuus se différencia à
l’époque impériale et désigna un personnage divinisé (diuus Augustus).
L e peuple ne semble pas, en général, avoir fait l ’eflPort d’une restitution
MODIFICATIONS QUANTITATIVES 91
En sanskrit.
§ 41a. ■ - 1° w et y se sont amuïs respectivement devant ü et ï (W 228).
2° Aucun changement correspondant.
En ionien-attique.
§ 41b. — 1° Les labiovélaires ont perdu leur élément w au contact de u
(L 3 i).
2° Même changement qu’en latin (L 71).
En osco-ombrien.
§ 41C. — I“ Aucun changement correspondant.
2° Même changement qu’en latin (B 81) (BO 51).
En germanique.
§ 4 id . — I® w s’est amuï devant lE u; l’élément labial des labio
vélaires s’est peut-être également amuï devant lE 0 (Brugmann 159 et 258).
2° Pas d’exemples clairs.
En vieil irlandais.
§ 41e. - - I® Les labiovélaires ont perdu leur élément labial devant u,
et P” en outre après u (P 38 et 55).
2® Même changement qu’en latin (P 17). Voir § 64e, i®.
3® L a labiale m a disparu en position intérieure devant w en celtique
commun (P 75, 2).
92 INFLUENCE DES PHONÈMES SUR LES PHONÈMES CONTIGUS
SE C T IO N 2. A M U ÏS S E M E N T
PAR A U G M EN TA TIO N D 'A PERTU RE
En latin.
très, de *treyes (cp. skr. trâyah) ; moneô, de *moneyô (cp. skr. mânâyatï).
Les voyelles environnantes ont augmenté l’aperture du y, qui était
déjà plus ouvert que toute autre consonne et qui devait se prononcer assez
faiblement. L a langue s’est écartée de plus en plus de l’avant du palais
et l’articulation a fini par être complètement négligée. Le phénomène
est de date préhistorique.
R E M A R Q U E . — y intervocalique, tel qu’il apparaît en latin classique,
est le représentant de divers groupes, p. ex., de -gy- dans mains, aiô, de
-dy- dans peius (cf. § 29, 2®). Ces mots étaient prononcés mayyus, ayyô,
peyyus..., comme le prouvent les très nombreuses graphies maiius, aiiô,
peiius... (Cf. Quintilien, I, 4, i i.) y y était donc traité en géminée, avec
une phase implosive et une phase explosive bien caractérisées, qui en
faisaient un phonème résistant.
§ 42. — 4° s s’est amuï devant consonne sonore, sauf dans les groupes sr, sg,
anciens.
Cp. J uret , p. 195-197; L eumann , § 144; L indsay, II, § 124; M eillet -
V endryes , § 127; N iedermann , § 96; Pisani, § 91; S ommer, § 128, 3;
Bassols, § 279, 2; F a r ia , p. 256; K ent , § 164, IV ; T agliavini , p. 117. —
S cheftelowitz (zg), IF, 33, p. 139-169; M ayrhofer (-si-), Arch. Ling.,
IV , 1952, p. 117-120.
idem, de *isdem\ cânus, de *casnos (cp. cas-cus)', primus, de *prîsmos
(cp. pélignien prismu « prima », lat. priscus)', diruO, de *dis-ruô-, prëlum, de
*preslom (cp. pressi) ; digerô, de *dis-gerô.
Entre voyelle et consonne sonore, j s’est naturellement sonorisé et donc
affaibli en z- Débilité en outre par son caractère implosif, il n’a pas résisté
à l’augmentation d’aperture que tendait à lui conférer la voyelle précé
dente; la langue a perdu son point d’articulation propre et seul un souffle
(c’est-à-dire un h) sonore a été émis, dont le point d’articulation était
celui de la consonne suivante. Ce phonème, n’ayant en général aucune
94 INFLU ï ;NCE des ph o n em es su r les PHONEMES CONTIGUS
analogie avec les sons du latin, s’est bientôt amuï en allongeant par compen
sation la voyelle précédente (cf. § 44, 3®). Pour le groupe sr ancien, cf. § 36,2®.
L ’amuïssement est postérieur au 4® siècle av. J.C ., si l’on en juge par la
forme cosmis qui figure dans l’inscription de Duenos (CIL, I“, 4), et même
au 3®, si dusmo « dûmô » dans Livius Andronicus (P. Festus, p. 59, 3) n’est
pas un archaïsme.
s, dans le groupe primitif sg, s’est également sonorisé entre voyelle et
consonne sonore, puis transformé en h sonore. Mais ce h devant g avait
par anticipation le même point d’articulation que lui, c’est-à-dire qu’il
s’articulait comme un g spirant (comme dans le néerlandais goed). Or,
un g spirant produit une impression acoustique très voisine de celle d’un
r postpalatal : les Latins ont dû passer insensiblement de l’un à l’autre et
finalement transformer instinctivement l’r postpalatal en r alvéolaire, le
seul qui leur était naturel. C ’est ainsi que *mezgô (cp. lit. mazgôti « laver »;
skr. mdjjati « il plonge ») s’est transformé en mergô « plonger ».
R E M A R Q U E . - - De même que l’f du groupe sr, l’j du g;roupe sg
des composés prépositionnels (comme dans *disgerô, devenu digerô) ne se
trouvait plus dans les mêmes conditions que eelui du groupe sg prim itif :
ces composés étant assez récents dans la langue, les tendanees articulatoires
avaient eu le temps d’évoluer dans l’intervcille.
Des mots tels que quibusdam, eiusdem présentent un maintien analogique.
En sanskrit.
§ 42a. — i®-2° Aucun changement correspondant.
3® Une nasale a disparu devant sifflante ou h (en nasalisant la voyelle
précédente) (W 224).
4° s, alvéolaire ou devenu s selon § 28a, 4® et puis z ou *z devant
consonne sonore, s’est amuï devant dentale sonore (notamment en allon
geant un i et un u précédents, selon § 44a, 3®) (W 236). Pour le traitement
devant b(h), g (h), cf. § 36a, 3®.
5° La géminée intervocalique -ss- a tendu à se simplifier en s (W 97).
En ionien-attique.
§ 42b. — i®_y intervocalique, même parfois lorsqu’il provenait de -yy-
(lui-même de -ay-, L 127), est devenu h, qui s’est amuï sauf cas de métathèse
(§ 55b, 1°) (L 170).
2° w intervocalique s’est amuï (plus tard quejr et beaucoup plus tôt
qu’à l’initiale) (L 187).
3® Les groupes anciens -vo-, -(xc- et, dans les aoristes, -Xo-, -per- (pour
-Xa- sporadiquement ailleurs également), sont devenus respectivement en
position intervocalique -v-, -p-, -X-, -p- (avec allongement compensatoire
selon § 44b, 3®), peut-être après une interversion qui les assimilait aux
cas cités sous 4° (L i20 et 123) ; le groupe -vç final est devenu ç (avec allon
gement compensatoire selon § 44b, 3°) (pvjv, de *mSns, a subi l’analogie
de pyjvôç, ete.) (L 125).
MODIFICATIONS QUANTITATIVES 95
En osco-ombrien.
§ 42c. — I®Même changement qu’en latin (B 79) (BO 47).
2° Aucun changement correspondant.
3° Pour le traitement du groupe ns, cf. § 36c, 3“. L e groupe ns provenant
de la syncope ou de l’analogie (à la 3®p.pl. des temps secondaires) subsiste
(B 89) (BO 63c).
4° Les groupes sn, sm, si, zd subsistent (B 93) (BO 63) ; pour le groupe sr,
cf. § 36c, 2®.
5® n a eu tendance à s’amuïr devant consonne, surtout en ombrien,
dans la finade -ent en osque (B 87) (BO 59a). Mais voir § 36c, 3®.
6® Le groupe intervocalique -rs- ancien, devenu sans doute rz selon § 24c,
3®, s’est réduit à r en osque (avec allongement compensatoire selon § 44c,
3®) ; il a subsisté en ombrien, mais r tendait à s’y amuïr (B 94) (BO 63a).
7® Le groupe -/<- ne résultant pas de la syncope s’est réduit à t
en ombrien (B 84, 2) (BO 56).
8® Le groupe dw s’est réduit à d (B 81) (BO 51).
En germanique.
§ 42d. — I®7 s’est amuï entre voyelles sauf après i, où il formait
épenthèse.
2® Aucun changement correspondant, à part la chute de iv devant «
selon § 41a, I®.
3® Une nasale s’est amuïe devant h et, en v. anglais, devant s ,f , p (avec
allongement compensatoire selon § 44d, 5®) (S 129).
96 INFLUENCE DES PHONÈMES SUR LES PHONÈMES CONTIGUS
SECTIO N 3. a m u ï s s e m e n t
PAR S IM P L IF IC A T IO N OU A L LÉ G E M E N T
En latin.
§ 43. — I® Une géminée s’est simplifiée après une voyelle longue (pour la simpli
fication après diphtongue, cf. § 43, 2®).
Cp. JURET, p. 228; L eumann , § 130; L indsay , II, § 129; M e il l e t -V endryes ,
§ 139; N iederm ann , § 66 s.; P isani, § 79; S ommer , § 161; B assols, § 264;
F a r ia , § 68 R . 2; K e n t , § 185, I I e; T a g lia v in i , p. 104.
MODIFICATIONS QUANTITATIVES 97
sédulô, de *sêd-dolôd (pour a, cf. § 57, 1°, pour d final, § 62, i®); sëcubô,
de *sëc-cubô (de *sëd-cubô, selon § 22, i®) ; sêparô, de *sëp-parô (de *sêd-parô,
selon § 22, 2®), si du moins le préverbe présentait bien dans ees mots la
forme en d et non la forme en së--, câsus, de cassas (de *kàd-tos, selon § 37, 3®) ;
glüma, de *glümma (de ^gleubhma, ep. gree yXûcpco).
L a voyelle longue eontenue dans la syllabe nécessite l’utilisation de la
majeure partie du souffle affecté à cette syllabe. U n effort spécial est donc
nécessaire, si le sujet parlant veut articuler en outre une consonne implosive.
Par inertie, il tend à rejeter cette implosive, particulièrement faible en
latin (§27, I®), dans la syllabe suivante, ce qui, dans le cas d’une géminée,
équivaut pratiquement à n’en g;arder que la phase explosive.
R E M A R Q U E . — L a géminée II a dû subir le même traitement que
les autres, mais on en a souvent conservé la graphie, sans doute pour mar
quer la prononciation palatalisée de la consonne simple (cf. § 8, 2®). Ainsi
s’expliquent les graphies mille en face de nülia (orthographe plus fi-équente
que mülia) ; ailla en face de tälicus, etc. Le groupe II devait avoir dans ces
mots la même prononciation que l devant i.
La graphie ss après voyelle longue s’est maintenue jusqu’au début de
l’Empire : câssus, etc. Dans les infinitiÊ du type amasse, ss est analogique
des doublets amâuisse, etc.
§ 43. — 2®Dans les groupes de trois consonnes ou plus, y compris géminée devant
ou après consonne ou semi-voyelle, la dernière consonne du groupe implosif a) a générale
ment disparu, b) sauf dans les groupes -rps-, -rpt-, -Ipt-, -mps-, -ncs- (avec s non
suivi d'une consonne sonore'), c) et sauf s'il s'agissait de s simple devant une sourde ou
à la finale et de s dans le groupe rss ancien ou récent : dans ce cas, la consonne précé
dente est le plus souvent tombée (pour le groupe *tst, cf. § 51, R i) ; d) l'occlusive
précédant s devant une consonne sonore s'est également amuîe et ce, avant la chute de cet s.
N.B. — La formule s’applique aussi à l’élément w de qu et de gu non voca
lisé devant consonne (cf. § 45, 2° R 2).
Gp. JURET, p. 189 ss.; L eumann , § 144 ss.; L indsay , I V , § 157 ss.; M e il l e t -
V en d ryes , § 129, 130, 131 ; N iederm ann , § 100 ss.; P isani, § 77-79; 89-90;
S ommer , § 136 ss.; B assols , § 287; F a r ia , p. 260 ss.; K e n t , § 161 ; TTa g l ia -
viNi, § 82. — M ag n ien , B S L , 1933, p. 35-47; S t u r t e v a n t (rss), C R , 1904,
,
p. 159; T hurneysen (ksi), IF, 1907, p. i f r W oelfflin (prosa), A L L ,
1900, p. 8; H erm ann , Silbenbildung, p. 214-216. — V ää n ä n e n , § 116 s .
a) sarmentum, de *sarpmentom (cp. sarpiô); tormentum, de * torq'"-mentom
(cp. torqueö) ; quintus, de quincius; sparsi, de *spargs- (cp. spargô) ; fulsi, de
*fulgs- (cp. fulgeO) ; indultum, de *indidgtum (cp. indulged) ; dispiciö, de dis-
spiciô; causa, de caussa ( = cawssa).
Recompositions analogiques : qulnctus, uinctus, etc. Graphie étymolo
gique : disspiciô. Les graphies du type caussa se sont maintenues jusqu’au
début de l’Empire.
b) carpsl, sarptus, scalptus ; sümptus ; sûmpsi; ânxius ( = ânesius). Mais
quini, de *quinqu(e)snoi, avec s devenu sonore devant n et amuï après chute
successive des deux consonnes précédentes (cf. d)).
A . MA.S1ET A
1
98 INFLUENCE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES CONTIGUS
c) testis, de *terstis (de *tristis selon § 40, 2®) ; tostus, de *torstos (cp. torreô,
de *tors- selon § 24, 3®) ; ostendô, de *obstendô; astuli (Charisius, I, 237, 2 K ),
de abstidi-, fais, mers (Plaute, Gist., 727, etc.), de faix, merx-, prô(s)sus, de
prôrs(s)us (de *prouorssos selon § 42, 2®); cëna, de *kerssnâ (cp. osque
kerssnaîs) en passant par *këssna, cesna (Festus, p. 222, 26). Mais perna, de
*persnâ (cp. Yâtûtt parsna, skr. pârsni-), avec s simple.
Recompositions analogiques : abstidi, sextus à côté de Sestius, faix,
merx; uorsus, prôrsus à côté de prôsa, dont le rapport avec le verbe (prô)uortô
s’était oblitéré. Graphie étymologique : dorsum (de dorssum), prononcé
dossum (cf. Veüus Longus, V II, 79, 4; Vairon, R .R ., II, 6, 5).
d) âla, de *aksla (cp. axilla), en passant par *azla avec sonorisation
et amuïssement de s selon § 42, 4®; iûmentum, de iouxmentom (C IL , I®, i
= youcsmentom), en passant par *youzmentom (même remarque que pour
âld). Mais alnus, où la constrictive l est conservée aux dépens de s, si le
mot provient bien de *al(k)snos (cp. lit. alksnis « aune ») et non de *aletios
(cp. avec un autre suliixe v.h.a. élira, « aune » de *alera). V oir aussi
en c), avec r conservé.
O n l’a vu plus haut ( § 1 2 in fine), la dernière consonne d’un groupe
implosif est en position particulièrement faible, sauf lorsqu’il s’agit d’une
constrictive. Etant donné le relâchement caractéristique du latin ancien
(§ 27, I®), ces consonnes ont généralement cessé d’être articulées et le
ressaut de tension des géminées a été supprimé. Par contre, la constrictive
s s’est maintenue, sauf devant une sonore, où son amuïssement, consécutif
à sa sonorisation, donc à un affaiblissement de nature, était régulier même
dans un gproupe de deux consonnes (§ 42®, 4).
L a chute d’une occlusive devant s -j- consonne est postérieure à la
syncope (§ 59). En effet, un mot du type *akslola aurait dû passer à *aslola
et non à *akslla, axilla selon § 45, 2®.
Dans les groupes mps, rps, mpt, rpt, Ipt, la labiale a une certaine résistance.
L a phase initiale de la dentale suivante, opérée avec la langue, n’abrège
pas sa tenue, puisqu’elle est articulée avec les lèvres, p se trouve donc dans
une position plus favorable que c, qui a disparu entre les mêmes consonnes
{sartus, de *sarctus, fultus, de *fulctus), parce qu’articulé avec la langue, il
était gêné par la linguale suivante. De plus, dans les groupes mps, mpt,
ainsi que ncs, ^ et c ont été conservés parce qu’ils n’exigeaient qu’un mini
mum d’effort : w et />, w et c ont en effet respectivement le même point
d’articulation, les uns labial, les autres « guttural ». Il suffisait pour arti
culer ^ et c de relever le voile du palais et d’empêcher les cordes vocales
de vibrer. Or, ces deux mouvements étaient facilités par l’anticipation de
la consonne sourde suivante, f ou j (cp. Juret, p. 199 et 202).
En sanskrit.
§ 43a. — I® Aucun changement correspondant.
2® Dans les groupes de trois consonnes, la dernière du groupe implosif
MODIFICATIONS QUANTITATIVES 99
En ionien-attique.
§ 43b. — 1° Aucun changement correspondant (pour -aa-, -yy-, inter-
vocaliques cf. § 42b, i et 5°).
2° Dans les groupes de trois consonnes dont l’élément médian était
une sifflante, la sifflante a disparu quand elle était précédée d’une liquide
et suivie d’une consonne sonore ; suivie d’une consonne sourde, elle subsiste,
mais la liquide précédente s’amuït phonétiquement. Une nasale précédant
la sifflante devant consonne a disparu (L 133 et 134). Placé entre occlusive
labiale ou « gutturale » et consonne, u s’est affaibli en h, transformant ainsi
l’occlusive précédente en aspirée (L 62). Les géminées se sont simplifiées
devant et après consonne (L passim).
3° w s’est amuï après S en allongeant éventuellement un 0 précédent
(chez Homère, en allongeant toute voyelle précédente ou en redoublant
le S) (L 71).
4° Les labiovélaires ont perdu leur élément labial devant j» (L 32).
Puis elles se sont palatalisées selon § 29b, 2° et 3°.
En osco-ombrien.
§ 43c. - 1° Pas d’exemples clairs.
2® Dans les groupes de trois consonnes, la dernière consonne du groupe
implosif, ainsi que t dans le groupe stl, s’est amuïe (B 116 et 122), sauf s’il
s’agissait de s; dans ce cas, les occlusives précédant s se sont amuïes; r suivi
de 5 -f- consonne a subsisté, mais a tendu à s’amuïr en ombrien, ainsi que
dans le groupe rstl en osque (B 95, 99 et 121). Les géminées se sont sim
plifiées devant et après consonne.
En germanique.
§ 43d. — 1“ M ême phénomène qu’en latin (S 127).
2" Les dentales, les « gutturales » et, sauf en gotique, h sont tombés
devant s + consoime; de même, les occlusives dentales lE entre deux n
et entre n etj>; w entre consonne et y (S 129). Les géminées se sont sim
plifiées devant et après consonne.
En vieil irlandais.
§ 43e. — I® Tendance au même phénomène qu’en latin (P 26, 3 et 6).
2® Une occlusive sourde a disparu entre liquide ou nasale et s, devant
s + consonne et souvent entre s et liquide ou nasale, s s’est amuï entre
liquide ou nasale et occlusive sourde, sauf dans les groupes nsk, nst, où
n s’est amuï (P 26). Parfois s s’est amuï dans le groupe str-; g" lE s’est
amuï entre consonnes (P 40, 2).
]
lOO INFLUENCE DES PHONÈMES SUR LES PHONÈMES CONTIGUS
Chapitre 2. Abrègement
et allongement de voyelles
En latin.
§ 44. — i" Devant une sonante suivie d’une consonne, une voyelle longue a
tendu à s’abréger à date ancienne et, à plus d’une reprise, au cours de l’histoire du
latin. Dès VIE, devant y et w, la voyelle s’est abrégée ou y et w ont disparu (Loi
d’Osthoff).
Cp. JuRET, p. 253 et 336; L indsay , II, § 147; M e il l e t -V en d ryes , § 163,
Rem. 2; PiSANi, § 27; B assols, § 151; K e n t , § 182; L eumann , § 43, 85 et
90; T a g l ia v in i , § 32 et 41, 7° s. — L o icq , iMtovms, X X I , 1962, p. 257-278.
amantis, flentis, thèmes en ä et en ë, dont la voyelle radicale n’est jamais
notée longue dans les inscriptions; claudô avec a bref supposé par -clüdô
selon § 57, 30) de *klâwdô (cp. clâuis, ion. xXïjtç).
*senciput (puis sinciput selon § 30, 1°), de *sëm(i)caput (pour n, cf.§ 26;
pour la chute de i, cf. § 59; pour i de a, cf. § 57, i®); princeps (cf. Serv. in
Donat., IV , 426, 34 K ), de *prim(o)caps (pour«, cf. § 26; pour e, § 61, 2®);
*sembella (puis simbella selon § 30, 1° Rem. 2), de *sëm(i)libella (avec
haplologie de H selon § 54); *noncupô (puis nuncupô selon § 30, i°), dérivé
de *nômi-cap-s (pour la chute de i, c f § 59, pour u de a, c f § 57= 1°)-
ditts, dans nüdiustertius, de *di(y)ëws (cp. skr. dyaûs), en passant par
*di(y)ews {diës semble analogique de *diëm)-, diem, de *di(y)ëwm, en
passant par *di(y)ëm (cp. skr. dyâm, grec homér. Z^v(a)).
Les sonantes sont caractérisées par un degré d’aperture presque aussi
grand que celui d’une voyelle. Lorsque la sonante commençait une syllabe
intérieure, la différence d’aperture, si minime fût-elle, créait entre elle
et la voyelle précédente une frontière syllabique normale et empêchait
tout empiétement. Mais, à l’intérieur de la même syllabe, cette différence
était en quelque sorte atténuée par la succession plus rapprochée des
deux séries de mouvements articulatoires. Si bien que la sonante a fini par
empiéter sur le temps de tenue de la voyelle précédente (cp. § 44, 2°).
Ce phénomène est, dans bien des cas, postérieur à la syncope.
L ’analogie a pu contrarier la tendance, d’où certains flottements.
C f p. ex.,fôntem (Probus, 6, 12 K et ital. fonte) sans doute d’après fôns, en
face defontem supposé par esp.fuente. Les voyelles allongées devant net, nx
(§ 44, 5°) tendaient à rester longues : quîn(c)tus, sânetus, etc. (Aulu-Gelle,
9, 6 et inscriptions). Les langues romanes font également supposer un î
dans qulntus, mais le plus souvent une brève dans les autres mots en -net-.
Pour un fait analogue, voir Loicq, Le.
MODIFICATIONS QUANTITATIVES lOI
§ 44. — 2° Une voyelle longue s'est abrégée devant une autre voyelle.
Cp. JURET, p. 347; L eumann , § 84; L indsay , II, § 143; M eillet -V endryes ,
§ 185; N iedermann, § 38; Pisani, § 26; S ommer, § 83; Bassols, § 150;
F a r ia , p. 204; K en t , § 183; T agliavini , p. 63 s. — L oefstedt , Eranos,
L X , 1962, p. 80-92; S onnenschein , GPh, 1911, p. i - i i .
fu i (Plaute, Rud., 901), def ü l (Plaute, Capt., 555) ; rei (Plaute, Men., 494),
de rêî (Plaute, Asin., 855).
L a phase initiale de la seconde voyelle a empiété sur la tenue de la
première et finalement cette première voyelle a été perçue comme une brève.
L ’abrègement s’est généralisé un peu après la mort de Plaute
(184 avant J.C .). Dans ses pièces, on trouve encore une alternance de
longues et de brèves dans ces conditions.
R E M A R Q IJE . — i dans les formes sans r de fiô (sauffit) a toujours
gardé sa quantité. L ’i des génitifs istîus, illius, sôlîus, tôtius, ûnîus, s’est géné
ralement maintenu, mais dès Térence, on trouve parfois ces formes avec
un i bref, même en prose (cf. Cicéron, De orat., 3, 183). A côté de cette
évolution normale, la conservation, plus fréquente (cf. Quintilien, I, 5,
18), de i peut s’expliquer par un effort de l’attention intellectuelle pour
cette série spéciale de génitifs.
Les mots savants empruntés au grec, comme âër, Trôius, ont conservé
la quantité de la voyelle en hiatus, sauf en poésie si le mètre exigeait une
brève. Les formes du type diêî, concurrencées à l’époijue républicaine par
celles du type dit ou dië, redeviennent classiques à l’epoque d’Aulu-Gelle
(9, 4). Le 5 y est très probablement dû à l’influence du nominatif.
§ 44. — 3° Une voyelle brève s'est allongée par suite de l'amuïssement d'un s
sonorisé suivant ou de n devant s et f
Cp. J uret, p. 334 s.; L eumann, § 88; L indsay, II, § 144; M eillet-
V endryes, § 1 19; N iedermann, § 36; Pisani, § 24; Sommer, § 8 4 ,2 ; Bassols,
§ 145 s.; F aria , p. 207 s.; K ent, § 184; T agliavini, § 41. — Bolelu ,
ASNP, 1941, p. 802 s.; H ermann, Silbenbildung, p. 204-209; K ent, Language,
1928, p. 182.
N.B. — Pour la sonorisation de j devant consonne sonore, cf. § 24, 2° et 3°.
sidô, de *si-zd-ô (de *si-sd-5 , cp. sed-eô) ; pönö, de *poznô (de *posnô,
*po-sinô, cp. sinô, d’après § 59).
cô(n)sul; i(n)fâ(n)s.
L a voyelle a recueilli les vibrations glottales préparées pour la sonore
suivante et sa tenue s’en est trouvée allongée. Dans le cas de n devant s et ƒ,
la voyelle est restée longue après le rétablissement analogique de la consonne
(§ 42, 3°). Dans pônô, le phénomène est postérieur à la syncope.
plus de rapport clair avec *ag. Le g n ’y a donc pas été rétabli et a est
resté bref.
Dans un mot comme uectus, de *wegh-tos, la restitution analogique
de la « gutturale » n’avait pas de raison d’être, puisque le phonème *gh
était devenu h entre voyelles : uehô (cf. § 65).
e) Le phénomène de l’allongement, phonétique et analogique, est antérieur
à l’apophonie. Sinon, au lieu de p. ex. adäctus, adâxim, eßiräctus, compäctus,
de *adagtos, *adagsim, *exfragtos, *compagtos, on aurait *adëctus, *adêxim,
*effrêctus, *compëctus, de *adegtos, *adegsim, *ejcfregtos, *compegtos, avec e selon
§ 5?5 2° (cp. ejfectus, effexim, de *effiactos, *effaxim). Les présents adigô, effringô,
compingô, montrent que les composés de ces verbes ont subi l’apophonie
là où la voyelle était brève.
§ 44. — 5° Une voyelle brève s’est allongée devant les groupes -net, -nx-.
Cp. JuRET, p. 333 SS.; K ent , § 184, I l b; Bassols, § 47; L e Umann, § 90;
I jndsay, p. 140; N iedermann, p. 73; Pisani, § 24; S omsœr, § 83.
sänctus, iünctus, functus, coniünx, etc. (cf. Aulu-CîeUe, g, 6 et nombreuses
inscriptions). Cf. § 44, 1° explication in fine. L ’i de quîntus (de quinctus,
conservé dans les graphies Quinctius, Qiùnctüis) a probablement influencé
celui de quînque.
E h sanskrit.
§ 44a. — I ° Les diphtongues à premier élément long ont eu cet élément
abrégé devant consonne (mais parfois âi, âu sont devenus â) (W 91 et 92).
2° En védique, tendance au même phénomène en sandhi externe
(Brugmann 354, II i).
3° i et U se sont allongés par suite de l’amuïssement d’une spirante
devant consonne sonore (W 40).
4° Aucun changement correspondant.
En ionien-attique.
§ 44b. — 1° Même tendance qu’en latin (L 224).
2° Tendance analogue à celle du latin, mais récente et réalisée surtout
pour 7] (L 279 à 282).
3° Une voyelle brève s’est allongée par suite de l’amuïssement de rs
devant ou après liquide ou nasale et de -sw- ancien (L 228 et 229).
40 Aucun changement correspondant.
5° Une voyelle brève s’est allongée par suite de l’amuïssement de
nasale après liquide; et, en ionien, de w après liquide ou nasale; les voyelles i,
E, U, par suite de l’amuïssement d e y après liquide ou nasale (L 228 et 229).
En osco-ombrien.
§ 44c. — i'>-2‘^ Pas d’exemples clairs.
30 En osque, une voyelle s’est allongée par suite de l’amuïssement
de s dans le groupe -rs- intervocalique ancien; en ombrien, probablement
104 INFLUENCE DES PHONÈMES SUR LES PHONÈMES CONTIGUS
En germanique.
§ 44d. — 1° Même changement qu’en latin (Brugmann 310).
2'^ Aucun phénomène correspondant.
3° Aucun changement correspondant {s ne s’étant pas amuï au contact
d ’une sonore).
4° Aucim changement correspondant.
5“ Une voyelle brève s’est allongée par suite de l’amuïssement d’une
nasale devant h (S 93) et, en v. anglais, devant s, f , p.
En vieil irlandais.
§ 44e. — 1° Même phénomène qu’en latin (P 130).
2” et 4® Aucun changement correspondant.
3®e tonique s’est allongé par suite de l’amuïssement de n devant occlusive
sourde ou s, sauf si ces derniers faisaient partie de certains groupes conso-
nantiques (P 70, 3).
6® Une voyelle s’est allongée par suite de l’amuïssement d’une « gut
turale » ou d’une dentale devant sonante selon § 42e, 6® et 7® (P 36 ; 44 ;
53; 58; 62).
(IN D ÉPEN D A M M EN T DE LA D IF FÉ R E N C IA T IO N )
entre consonne et semi-voyelle, lorsque ces groupes étaient suivis d'une voyelle (anaptyxe).
Cp. JURET, p. 146; M e il l e t -V en d ryes , § 204; PiSANi, § 41 ; B assols,
§ 194; F a r ia , § 46 R .; K en t , § 124; S ommer , § 87; T a g lia v in i , § 44. —
D e G root (anaptyxe)', H ermann , Silbenbildung, p. 226-228; M e r l o , ASNP,
1936, p. 83; L enchantin , R F C , X L V I II, 1920, p. 40 ss.
Hercules en face de hercle, pôculum en face de pôclum', stabulum, stabilis,
de *stadhlom, *stadhlis', facilis, de *faclis',
adagium ( = adagiyum) en face de aiô, de *agvô (cf. § 29, 2®).
L ’attaque d’une sonante a tendance à faire naître une voyelle embryon
naire. Cette voyelle s’est très souvent développée en position finale entre
MODIFICATIONS Q,UANTITATIVES 10 5
occlusive et l, sauf dans le groupe mpl, oùp servait déjà de son de transition
(on peut cependant citer extempulô, Plaute, AuL, 93, etc., à côté de extemplo).
Se trouvant ainsi en syllabe intérieure ouverte, la voyelle a pris le timbre u
devant l vélaire et i devant l suivi de i, selon § 57, 1°. Pour le groupe
consonne + ri ou lu, cf. § 40, 2°.
En syllabe intérieure ancienne, le phénomène est exceptionnel. Il
aurait produit des mots d’au moins quatre syllabes, que la syncope tendait
à éliminer^^. Même dans les mots de trois syllabes, le groupe -cio- était loin
d’être toujours remplacé par -culo-. En latin vulgaire, cf. Väänänen, § 67.
Parallèlement à ce qui s’est passé dans le groupe occlusive + l, un
élément vocalique s’est très généralement développé entre une consonne
quelconque et j ou w. Son point d’articulation était naturellement i devant
le premier, u devant le second. C ’est une des différences les plus marquantes
entre le latin ancien et le grec, où p. ex., ôlXXoç ionien-attique, de *alyos,
répond à latin alius ( = aliyus). Il n’est pas toujours aisé de distinguer
l’insertion d’une voyelle entre consonne et semi-voyelle de celle d’une semi-
voyelle entre i, u, et voyelle de timbre différent (§ 37, 1°).
En sanskrit.
§ 45a. — I®Même tendance qu’en latin, mais qui est loin d’être toujours
attestée par la graphie (W 49 ss.).
2® Aucun phénomène correspondant, faute de syncope.
3° M ême phénomène qu’en latin; la voyelle développée est i, u, devant
liquides, et, respectivement, devantj» et w, a ailleurs (Brugmann 188 et 200).
En ionien-attique.
§ 45b. — I® Aucun changement régulier correspondant.
2® Aucun phénomène correspondant, faute de syncope.
3® Même phénomène qu’en latin; la voyelle développée est i et u
respæctivement devant et w, sinon a, parfois i devant dentale (L 209 ss.).
4® Un_y s’est inséré très sporadiquement entre t et u, d’où passage de ry
à G selon § 29b, 3® (L 52).
En osco-ombrien.
§ 45c. — I® En osque, une voyelle s’est très souvent insérée entre une
liquide ou ime nasale et une consonne suivante ou précédente (B 62)
(BO 38). Pour le timbre de cette voyelle, cf. § 47c.
2® Même changement qu’en latin (B 71) (BO 38).
3® Même phénomène qu’en latin ; la voyelle développée est a (B 76 et 77).
MODIFICATIONS QUANTITATIVES 10 7
En germanique.
§ 45d. — 1° Cas sporadiques analogues.
2® En v.h.a., développement par samprasâraria de a devant Z, r, n,
de U devant m (Brugmann 350).
3° M ême phénomène qu’en latin ; la voyelle développée est «, rarement
a et, devant j;, toujours i (Brugmann 194).
En vieil irlandais.
§ 45e. — I® U n i a tendu à s’insérer entre consonne e ty (P 22).
2® M ême tendance qu’en latin et, en outre, dans le cas d’une liquide
ou d’une nasale précédées d’une occlusive ou de m en finale après dispa
rition de la voyelle lE finale (P 158). Le timbre de la nouvelle voyelle est a,
saufen certains cas de dilation et d’assimilation (P 106, 2).
3® Même phénomène qu’en latin; la voyelle développée est a, mais,
devant^ et w, i et u respectivement (P 7, 2; 8, 2).
T
Livre Deuxième
Influence des phonèmes
sur les phonèmes non contigus
Chapitre 1. La dilation
Cp. R ousselot , p. 982 SS.; G rammont , p. 251 ss.; D ie t h , p. 264 ss. et
317 ss.
D É FIN IT IO N ET M ÉCANISIVIE
Cp. JuR E T , p. 356 s.; L eumann, § 79 s.; M eillet -V endryes , § 187; Pisani,
§ 13 et 14 ; S ommer, § 79; Bassols, § 199; K ent , § 88, I I I d. — S ommer, IF,
1900, p. 325 SS.; Basset ; S chopf .
/. Dilation régressive
fermées d’un degré (P 178). Mais e n’est pas devenu i lorsqu’il était suivi
de la fricative vélaire ch ou des groupes ss, st, sc, / ou r + consonne. Inver
sement, O accentué s’est ouvert en a devant un a intérieur (cimuï par la suite)
appartenant à la syllabe suivante (P 179, 2), Pour la dilation en syllabe
atone, cf. § 57e, 2". Quant à ë ouvert (qui devait se diphtonguer par la
suite en syllabe accentuée), il est devenu ê fermé (non diphtongué par la
suite) sous l’influence d’une voyelle ou d’une semi-voyeUe prépalatale
suivante (P 175)-
3“ Quelques exemples sporadiques.
En latin.
§ 48. — Une consonne labiale ou labiovélaire a parfois exercé une action dilatrice
sur une labiale précédente ou une labiovélaire suivante.
Cp. G rammont , p. 253 s.; JURET, p. 245; L eümann , § 113; L in d sa y , IV ,
§ 163; M e il l e t -V en d ryes , § 16 et 102 R .; P isani, § i 12 et 148; S ommer ,
§ 1 1 2 ; B assols, § 297; F a r ia , p. 232; K e n t , § 192; T a g l ia v in i , § 53 R . —
H orton -S mith (barba), C R , 1896, p. 429 s.; M e il l e t (barba), M SL ,
1905, p. 215-217; M ü l l e r (barba), IF, 1921, p. 172-189; S chopf , Fern
wirkungen-, V en d ryes , M SL, 190g, p. 53-58.
bibô, de *pibô (cp. skr. pibati « il boit ») ; *quenque (puis qulnque selon
§ 30, 1°), de ^penk'^e (cp. grec TrévTe), *k'°oK^ô (puis coquô selon § 41, 1°),
de *pek'"o (cp. skr. pâcati « il cuit ») ; barba, au lieu de *farba, de *bhardhâ
(cp. v.h.a. bart)-, prope, de *proK"e {cy>. proximus).
1. Dans bibô et barba, c’est le caractère sonore du b qui s’est imposé,
par anticipation des vibrations glottales, à la sourde précédente de même
point d’articulation. Dans *bhardhà, V f issu de bh a sans doute commencé
par devenir v sous l’influence du v provenant de dh après r (§ 36, 2” c) et
chacun des deux v a ensuite passé spontanément à b, la fricative labiale
sonore ne faisant pas partie du système phonétique du latin (du moins
avant la seconde moitié du i®^ siècle de notre ère). Cette transformation,
plus complexe que dans le cas de bibô, a exigé une condition supplémentaire :
le caractère appuyé et donc physiologiquement plus fort du b assimilateur
(cp. § 50, 1° explication). Dans fiber, de *bhibhros (cp. v.h.a. bibar « castor »),
b non appuyé n’a pu assimiler/.
Dans *penk'"e et *pek^ô, p est sans doute devenu d’abord pw, puis l’image
de la labiovéleiire s’est substituée complètement à ce phonème instable
(cp. § 29, 1°).
2. L a labiale sonore et la labiovélaire, à cause de leur complication
articulatoire, plus grande que celle des labiales simples et sourdes, ont pu
attirer davantage l’attention et ainsi jouer le rôle actif dans la dilation.
Elles avaient également pour elles dans les exemples cités un facteur impor
II4 INFLUENCE DES PHONÈMES SUR LES PHONÈMES NON CONTIGUS
tant : leur position plus avancée dans le mot. Toutes choses égales d’ailleurs,
un phonème est d’autant plus favorisé dans l’exécution organique qu’il
se trouve placé plus avant dans le mot. Dans la conversation, en effet,
la pensée poursuit sans cesse sa marche vers l’avant, suscitant au fur et à
mesure l’image des mouvements à exécuter. Mais ces images se succèdent
à un rythme tel que l’exécution ne peut se réaliser qu’avec un retard rela
tivement grand : la pensée est déjà pour le moins à la fin du mot, quand
l’articulation n’en est encore qu’à son début. Dans ces conditions, il est
naturel que ce soit la partie la plus avancée du mot qui corresponde le
plus fidèlement à l’image motrice, le reste étant un peu négligé à ce point
de vue. De deux phonèmes susceptibles d’exercer l’un sur l’autre une
influence quelconque, le second agira donc plus facilement sur le premier
que le premier sur le second.
Certaines conditions peuvent empêcher la réalisation de cette tendance,
p. ex., si l’attention intellectuelle se porte particulièrement sur la première
partie du mot ou si la déficience du souffle, la hâte, l’absence de phonème
aux caractéristiques frappantes ou la crainte d’une difficulté articulatoire
en cas de dilation régressive privent de leur force d’attraction les parties
placées plus avant dans le mot. Ainsi, dans prope, de ^prok'^e, contrastant
avec quinque, de *penk'”e, le sens non régressif de l’assimilation est dû
au désir d’éviter la production du groupe compliqué *kwrokwe et peut-être
aussi à l’influence analogique de pró, qui a pu contribuer à conserver la
syllabe pro.
En sanskrit.
§ 48a. — !<’ Dans la suite lE s...s, *z ou f, s a tendu à devenir s ou f
(W 197).
2“ n s’est cérébralisé en sous l’influence des cérébrales s, r, f, précé
dentes et non contiguës, sauf notamment si entre les deux phonèmes ou
après n se trouvait une consonne (palatale ou dentale) exigeant un dépla
cement de la langue vers l’avant de la voûte palatine et sauf en cas de
différenciation ou de dissimilation préventives (§ 38a, 30 et 53a, 4°) (W 167).
En iojiien-attique.
§ 48b. — Cas sporadiques (L 47 et 54).
En osco-ombrien.
§ 48c. — Pas d’exemples clairs.
En germanique.
§ 48d. — lE k'" est parfois devenu ƒ en germanique commun sous
l’influence d’une consonne labiale précédente (Brugmann 258, 5).
En vieil irlandais et en gallois.
§ 48e. — Dans la suite lKp...k'", p est devenu k'" (P 59).
LA DISSIMILATION II5
Chapitre 2. La dissimilation
D É FIN IT IO N ET M ÉC A N ISM E
prae. Le premier r se trouvait ainsi dans une syllabe favorisée par l’attention
intellectuelle, tandis que l’autre, explosif également, faisait partie d’un
terme d’étymologie peu apparente {-strigiae vient de stringô) et surtout moins
usité. Etant donné le groupe consonantique dont il faisait partie, le second r
ne pouvait se dissimiler en / et encore moins en une autre consonne sans
augmenter la difficulté articulatoire : il a donc disparu.
Dans les parfaits à redoublement *ste-st-, *spo-spo?id-, *sci-scid-, le
premier s a dissimilé le second à la fois parce qu’à égalité de position faible
dans la syllabe, il avait l’avantage de la position initiale dans le mot et
parce que les sujets parlants croyaient reconnaître la racine en ce redou
blement peu courant de deux consonnes et de la première voyelle (l’j de
steti s’est sans doute dissimilé au stade *ste-stei).
R E M A R Q U E . — La reconnaissance d’un élément caractéristique
confère tellement de force au phonème qu’il contient que, fort probable
ment, le groupe ’^tst provenant de la rencontre d’une dentale finale de
racine et d’un suffixe à t initial selon § 37, 3° s’est transformé en ts (d’où
SS selon § 23, 2°) par dissimilation d’un t explosif par le t implosif de la
racine. L ’attention s’était portée tout spécialement sur cet élément, comme
en témoigne la différenciation en tst qui en fut la première conséquence
(cf. § 37, 3° explication). Cp. Kent, Language, 1932, p. 18 ss.
En sanskrit.
§5oa, i ° e t § 5 i a . — T endances analogues, réalisées notamment lorsqu’il
s’agissait de liquides (W 234) ou d’occlusives aspirées, dont les moins
favorisées ont perdu leur aspiration (W 204 à 208). Dans les redoublements
verbaux contenant s + occlusive, le premier r fut éliminé (W 336, 5).
Le groupe *dzd provenant de d d s’est dissimilé en zd (W 152). Pour le
groupe *tst provenant de f cf. § 43a, 2°.
§ 50a, 2®. — Aucun changement correspondant.
En ionien-attique.
§ 50b, 1° et 51b. — Tendances analogues, réalisées notamment lorsqu’il
s’agissait de sonantes (L 150 ,cf. aussi 237 : en grec commun, ew consonne
est devenu ey sous l’action d’un iv précédent), d ’occlusives aspirées ou de h
et occlusives aspirées (placés dans des conditions moins favorables, h s’est
amuï et les occlusives aspirées ont perdu leur aspiration, pxKtérieurement à
l’assourdissement des sonores) (L 45). Dans les verbes commençant par
s -j- occlusive, on évite de répéter le groupe (le groupe provenant de
dentale + t est devenu ctt par le passage de t c - à aa, selon § 23b, 2°, d’où
a devant consonne).
§ 50b. — 2° Aucun changement correspondant.
En osco-ombrien.
§ 50C-51C. — Pas d’exemples clairs, sinon pour le présent ombrien
redoublé sestu « sistô » et pour le groupe *tst venant de dentale -|- t selon
§ 37C) 3°> qui s’est dissimilé en *ts, d’où ss (B 115) (BO 66).
LA DISSIMILATION PRE\TENTIVE ” 9
En germanique.
§ 5od, 1° et § 5 id . — Tendances analogues, réalisées notamment
lorsqu’il s’agissait de liquides ou de nasales (Brugmann 334 et 336). Les
redoublements comportant s + consonne subsistent à date ancienne. Le
groupe *tst provenant de dentale + dentale s’est dissimilé en *ts, d’où ss
(§ 4ad, 6°).
§ 5od, 2°. — Aucun changement correspondant.
En vieil irlandais.
§ 50e et § 51. — Tendances analogues, réalisées notamment lorsqu’il
s’agissait de liquides ou de nasales (P 256). Les redoublements de racines
comportant s + consonne sont représentés par s. (Le groupe ~*tst- prove
nant de dentale t est devenu ss par le passage de ts ou de st à ss, selon
§ 23e, 2«)
§ 5 0 e , 2 °. ?
D É FIN IT IO N
En latin.
§ 53. — 1° s intervocalique n’est généralement pas devenu r lorsque le mot
contenait un autre r non contigu.
Cÿ. G rammont , p. 329; J u r et , p. 124 et 238; L eumann , § 128 c; L indsay ,
IV , 5 148; N iedermann, S io6 R : P isani, § 1 1 3 : S ommer, 5 i 10, 3; Bassols,
§ 243 d; K en t , § 166, II b; T agliavini , p. 104.
miser, caesariës, Pisaumm.
s intervocalique a dû normalement se sonoriser (cf. § 28, 1° explication).
12 0 INFLXJENGE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES NON CONTIGUS
§ 53. — 2° Quand deux occlusives semblables étaient séparées par une spirante,
rimplosive s’est généralement amuïe et n’a pas été restituée.
Les deux suffixes -âlis, -ans ont le même sens. Leur répartition s’est faite
de façon à ne pas donner prise à la dissimilation : -âlis fut accolé, au moins
jusqu’à l’époque impériale, où on trouve p. ex., lëtâlis, glaciâlis, aux mots
qui contenaient un r, -äris, aux mots qui contenaient un /. Les mots du
type calcar, tribunal ne sont qu’une application de cet usage, car leur suffixe
n’est autre que -âris ou -âlis au neutre et apocopé selon § 6o, i°. Dans les
mots comme flôrâlis, lîberâlis, pluralis, dont le radical présente un r et un /,
la forme du suffixe s’est réglée sur le phonème le plus proche.
R E M A R Q U E S . — i . On peut se demander si la répartition des formes
corn- n’a pas été influencée par la dissimilation préventive, lorsqu’on
C O -,
préfixait cette particule à un mot à initiale vocalique contenant une
consonne labiale : en face des composés du type com-edô, com-itäri, il n’y en
a pas un seul qui présente corn- dans ces conditions : *co-emo (cômô), *co-apula
(copula), etc.
2. L ’analogie a dû souvent contrecarrer l’action de la dissimilation
préventive. Ainsi, dans Vulcänälia (d’après Neptûnâlia, etc.), (flâmen) Palâ-
tuâlis (d’après ßänwn Pömönälis, etc.).
En sanskrit.
§ 53a. .... i®-3° Aucun changement correspondant.
4° n ne s’est pas cérébralisé après s, r, f, non contigus selon § 48a, 2°,
quand la cérébrale .s se trouvait entre les deux phonèmes ou, très
souvent, quand la voyelle suivant n était suivie elle-même d’une cérébrale
(W 167).
En ionien-attique.
§ 53b. — 1° Aucun changement correspondant {s s’amuïssant à l’intcr-
vocalique selon § 42b, 5°).
2® (Pour -(TX- venant de - xctk- cf. § 50b, 1“).
3® Même phénomène qu’en latin (L 150).
!
122 INFLUENCE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES NON CONTIGUS
En osco-ombrien.
§ 53c. — I® Pas d’exemples clairs.
2® Pas d’exemples clairs. (Pour -sk- venant de -ksk-, cf. § 43c, 2®.)
3® Même tendance qu’en latin (Brugmann 334 d).
En germanique.
§ — i®-2® Aucun changement correspondant.
3® Aucun phénomène analogue, sinon très sporadiquement.
En vieil irlandais.
§ 53e. — I®Aucun changement correspondant (j s’amuïssant à l’inter-
vocalique selon § 42e, 5®).
2®-3° Aucun phénomène correspondant.
Chapitre 4. L'haplologie
En latin.
fastîdium, d t fasti-\-tldium (de taedium selon § 57, 3®); sëmodius, de sêmi-
modius [sêmimodius est refait d’après sëmidêns, etc.); antestàri, de ante-\-testâri
{antetestârî est une recomposition tardive) ; arcubii, de arci+cubii (cf. P. Festus,
P- 23, 19);
Ce phénomène se produit surtout dans la dérivation et la composition.
Il provient d’une illusion de la part du sujet parlant : celui-ci croit prononcer
les deux syllabes similaires, mais son attention se relâchant — car il s’agit
toujours de mots assez longs — , il en néglige une, et le mot finit par prendre
désormais cette forme simplifiée. La syllabe qui subsiste est évidemment
celle qui a attiré davantage l’attention. C ’est généralement la seconde,
pour le motif exposé au § 48, explication, et aussi parce que, la plupart
du temps, elle contient la racine de la deuxième partie du composé, tandis
que la première n’est que la terminaison du premier terme.
Chapitre 5. La métathèse
E n latin.
E n sanskrit.
E n ionien-attique.
TITRE I
LES VOYELLES
DES SYLLABES INTÉRIEURES
E n latin.
§ 57. — 1° Pour autant qu'elles n’aient pas été atteintes par la syncope,
A, Les voyelles brèves intérieures en syllabe ouverte et non précédées ( k i ou de e
sont devenues : a) u devant w et (saufpour i primitif) devant 1 vélaire; b) i 0« u
devant une labiale ; c) e devant r, sauf sans doute o et peut-être u; d) i devant toute
autre consonne.
B. Après i ou e , elles sont devenues o devant 1 vélaire et, après i, e devant toute
autre consonne.
(Pour B, cp. G rammont , p. 237-238); J u ret , § 66; L in d sa y , III, § 18;
M e il l e t -V en d ryes , § 186; N iederm ann , § 17 ; S ommer , § 74-75; B assols,
§ 123 SS.; F a r ia , p. 181 ss.; K e n t , § 125; T a g l ia v in i , § 35. — A n d r é ,
BSL, L IV , 1959, p. 83-89 (a intérieur devant 1 vélaire); P ersson , IF , X X V I,
ig o g, p. 62-64 ( u > e ) ; P icgitto (iju).
A. Voyelle a :
a) dîluuium, de *dis-lauiom (cp. lauo) ;
b) contibernâlis et contubernâlis, de corn et taberna-; redpiô en regard de
recupêro, de la racine de capiô;
c) dëdere de dé. et dare;
d) côrfUeor en regard de fateor; cecidt en regard de cadô; cecini en regard
de canô; cônfidô en regard de faciô; abigô en regard de agô; prôsiliô (avec l
palatal) en regard de saliô.
Voyelle e :
a) famulus en regard de l’osque famel;
b) decinms et decumus en regard de decem;
c) agere, de *age-se selon § 28, i®;
d) compitum en regard dejftetô; obsideô en regard de sedeô; agminis, génitif
de agmen; auspicis, génitif de auspex; colligô « rassembler » en regard de
legô; familia (avec l palatal) en regard de Voscpxc. famel.
LES VOYELLES DES SYLLABES INTÉRIEURES 12 7
Voyelle i :
a) triduum (== trîduwum), de *trisdiwom (cp. skr.- divam « jour »), mais
pestilëns, mulilus, nübilus, avec i ancien conservé.
c) cineris, génitif de cinis, de *cinis-es;
d) suscitô en regard de citô; êuidëns en regard de uideô; comminuô en
regard de minuô ; êmicô en regard de micô ; colligô « lier ensemble » en regard
de Ug5 .
Voyelle 0 :
a) dënuô ( = dënuwô), de '*dë-nouöd (pour d final, cf. § 62, 1° b).
b) quaesumus, uolumus, possumus, de *quaes-o-mos, etc. (cp. grec XÉyojxsv),
en regard de tegimus, de *teg-o-mos;
c) memoris, memoria, à moins que l’o n’y soit dû à l’influence de memor.
Dans le type sceleris, génit. de scelus, il est probable que la forme ancienne
était *sceleses et non *sceloses (cp. notamment grec yévsoç (yévouç), de *ysvsCTO<;,
génit. de ysvoç) ;
d) nouitàs en regard de noms (d’où noms, selon § 64, 40).
Voyelle u :
b) tribubus, ablatif pluriel de tribtis, en regard de manibus, ablatif pluriel
de manus',
c) socerum (accusatif), de *swekurom selon § 30, 3® (cp. grec èxupôv),
à moins que le groupe -er- ne soit dû à l’influence de gener (cf. Graur,
Le., p. 27 SS.) ;
d) capitis, gén. de caput (mais cf. Graur, l.c., p. 15 ss.).
B. alueolus, diminutif de alueos (d’où alums') ; filiolus, diminutif de filios
{à’où. films) ; mrietâs, dérivé de uario-; abietis, génitif de abiës.
A. Gomme il est dit au § 12, la syllabe initiale devait s’articuler en latin
prélittéraire avec une insistance particulière. O r, le mot a un budget fixe :
toute dépense trop grande affectée à l’une de ses parties ne peut l’être
qu’au détriment des autres. Pour avoir prodigué son énergie et sans doute
son souffle dans l’articulation de la première syllabe, le sujet parlant a
réduit instinctivement la part des suivantes, même de la tonique®^, et les
voyelles brèves y ont gardé trop peu de résistance pour conserver leur
individualité. Elles se sont conformées à la tendance du vocalisme latin
préclassique (cf. § 3 1 «« fine) et se sont fermées dans la mesure du possible,
soit en i soit en u (cf. Maniet, A C , 1952, p. 6, n. i). Notons en outre que.
toutes choses égales d’ailleurs, une voyelle tend à se fermer sous l’effet de
l’affaiblissement articulatoire (cf. p. 31).
Le timbre i, plus fermé encore que le timbre u, semble avoir été le plus
naturel dans cette position et le plus indépendant par rapport aux pho
nèmes contigus, car on le trouve devant c, g, m, p, b, ƒ, phonèmes dont le
point d’articulation n’est pas alvéolaire. Le timbre u, par contre, provient
généralement d’une assimilation au phonème suivant, caractérisé soit par
sa labialité, soit par sa vélarité (consonne labiale, w, l vélaire). Devant une
consonne labiale, il y a eu hésitation entre les timbres i et a : dans les
superlatifs en -umus, -imus, l’époque classique s’est décidée en faveur de
qui paraissait plus élégant^®. Dans les autres mots, il semble bien que le
timbre des voyelles environnantes ait souvent exercé une action dilatrice :
p. ex., dans documentum, monumentum, occupa, possumus, uolumus, la voyelle
précédente est une postpalatale comme a; dans accipiô, regimen, tegimentum,
la voyelle précédente ou suivante est une prépalatale comme i. L ’a de
quaesumus est sans doute analogique de celui de uolumus, terme de signifi
cation voisine. De toute façon, les graphies i, u, dans ces mots, représentaient
un son intermédiaire entre ces deux phonèmes (Quintilien, I, 4, 8), parfois
noté J à date récente : contybernali, C IL , IX , 2608; lachrymxs, 1% 1222.
Cf. Bolelli et Piccitto, Le.
w exerçait une attraction plus forte dans le sens de a qu’une labiale et
que l vélaire. En effet, il avait en commun avec cette voyelle à la fois le point
d’articulation postpalatal, contrairement à une labiale, et contrairement
à l une labialité très marquée. D ’où le contraste d’une part entre l’hésitation
iju devant labiale et la constance de u devant w, d’autre part entre le main
tien du timbre i primitif devant l vélaire et son évolution en u devant w.
Enfin, devant r, le timbre e semble favorisé, du moins à date récente.
Si r a passé à or anciennement (cf Tableau § 65), par la suite, c’est toujours
le timbre e qui devant r affecte tout élément vocalique adventice (cf. § 45, 2®
le cas de sacer, issu de sakros\ § 40, 2° celui de ter, issu de ’^tris, etc.). C ’est
aussi le timbre e qui, en syllabe initiale, donc en position forte, a remplacé
i devant r provenant de s dans le verbe sera, si cette forme provient, comme
il est vraisemblable, de *si-s-ô.
B. En hiatus, c’est-à-dire en l’occurrence quand elle formait à elle seule
une syllabe, la seconde voyelle était plus résistante que si elle était précédée
d’une consonne (cf p. 31 ; cp. § 60e, i") et elle ne s’est pas fermée jusqu’au
degré extrême : 0 n’est pas parvenu au stade u dans les mots du type, filiolus,
alueolus, et 0, e se sont arrêtés au stade e dans les mots du type uarietàs,
pietâs, abietis...
En germanique.
En vieil irlandais.
§ 57e. — N.B. Le vieil irlandais a dû avoir un accent d’intensité en
principe sur la première syllabe, compte tenu des préverbes proclitiques.
Il s’y est maintenu dans la plupart des dialectes modernes (P 99). Il a eu,
au point de vue qualitatif, des effets tantôt positifs, tantôt préventifs, sur
les voyelles affaiblies des syllabes non accentuées, pour autant qu’elles n’aient
pas disparu auparavant selon § 59e.
1° Les voyelles et diphtongues subsistant en syllabe inaccentuée à
l’intérieur du mot ont pris le timbre a (sauf en cas d’assimilation, cf. 2°
infine, et de dilation) (P 106).
2° En syllabe post-tonique, une voyelle est généralement devenue u ou i
sous l’influence respective de ü , i, y, suivants (alors qu’en syllabe accentuée
les voyelles se sont seulement fermées d’un degré devant ces phonèmes
selon § 47e, 1°) ; a non final et parfois aussi en finale s’est fermé en e après
une consonne palatalisée (P 173, 2).
3° 0 venant d’une diphtongue lE selon § 32e ne s’est pas diphtongue
en ua en position inaccentuée (P 151, ib).
132 INFLUENCE DE L A PRONONCIATION DE L A SYLLABE INITIALE
D É FIN IT IO N
En latin.
Cp. B rugmann , § 344 SS.; J u r e t , p. 266-286; I d ., Dominance, p. 1 12-170;
M SL, 1918, p. 135-159; L eumann , § 78; L indsay , III, § 13 ss.; M e ille t -
V en d ryes , § 175; N iederm ann , § 20; P isani, § 37; S ommer , § 86 ss.;
B assols , § 162 ss.; F a r ia , p. 188 ss.; K en t , § 123; T a g lia v in i , § 43 s. —
R ix, Kratytos, X I, 1966, p- 156-165 (phonologie); B ottiglion i , p. 79 et
passim; G o d e l , G FS, X V I I I , 1961, p. 53-69 (phonologie); R occo (chro
nologie), Glotta, X X X I I , 1/2, 1952, p. 95-101; G iardi -D u p r é , BB, 26,
p. 188-223; L enchantin , R I G I , voir les références au § 56; BSL, 1923,
p. 223-231; M e il l e t , M SL, 1920, p. 108-111; OsTHOFF, A L L , 1887,
p. 464 ss.; P edersen (chronologie), M SL, X X I I , p. 1-12; P isani, Z V S ,
1940, p. 27-29; G oetze (chronologie), IF, 1923, p. 78 ss.; S ommer , IF ,
X I, p. 4 ss.; p. 38 et 42; V endryes , Intensité initiale, p. 177 ss. — VÄÄ-
N Ä N E N , § 63 S.
En sanskrit.
§ 5 9 a . ■ Aucun phénomène correspondant (l’accent étant surtout
musical).
134 INFLUENCE DE L A PRONONCIATION DE L A SYLLABE INITIALE
En ionien-attique.
§ 59b. — Très rares phénomènes de syncope provenant surtout de
r « usure phonétique dans un mot accessoire, comme oïofxai, devenu en
attique une sorte de particule sous la forme oly.a.1... En grec moderne en
revanche, sous l’effet de l’accent d’intensité, la syncope d’une voyelle
intérieure inaccentuée (donc brève) est fréquente » (L 231).
En osco-ombrien.
§ 59c. — Sous l’influence de l’accent d’intensité initial (cf. § 57c, N.B.),
une voyelle brève a tendu à disparaître en syllabe intérieure ouverte, sans
qu’il soit possible d’établir une règle précise. L a syncope est plus fréquente
qu ’en latin (B 69) (BO 39 ss.).
En germanique.
§ 59d. — Sous l’influence de l’accent d’intensité initial (cf. § 57d, N.B.),
en position intérieure, lE e s’est souvent amuï ; en cette même position, i s’est
amuï d e v a n ts u iv i de voyelle; i gotique et a se sont parfois amuïs devant
consonne; en germanique occidental, « les voyelles brèves sont tombées
après syllabe radicale longue et après les syllabes qui suivaient celle-ci »
(Brugmann 350, 2; S 144 ss.).
En vieil irlandais.
§ 59c- — Sous l’influence de l’accent d’intensité initial (cf. § 57e, N.B.),
les voyelles se sont abrégées à date ancienne dans toutes les syllabes ne
portant pas l’accent principal. Les voyelles de la deuxième et de la quatrième
syllabe originelles restant intérieures après la chute éventuelle de la
syllabe finale lE se sont amuïes (P 102 et 103).
TITRE II
LES VOYELLES
EN SYLLABE FINALE
S E C T IO N 1 . C H U T E D'U N E V O Y E LL E
B R È V E FIN A LE
En latin.
§ 60. — 1° a) Les voyelles brèves ont tendu à disparaître en syllabe finale ouverte
dans les mots accessoires ; b) e bref, de plus, dans quelques noms, notamment dans
les neutres en -are, aie.
Cp. J U R E T , Dominance, p. 1 7 1 - 1 8 7 ; L eumann , § 7 4 ; L indsay , III, § 36;
M e il l e t -V en d ryes , § 2 1 7 - 2 2 0 ; N iedermann , § 25, i®; P isani , § 132;
S ommer, § 9 0 , II B; B assols , § 1 7 6 ss.; F a r ia , p. 195 ss.; K e n t , § 123, V ;
T a g l ia v in i , p. 61. — G a u th io t , p. 53. — V ää n ä n en , § 86.
a) ut, de **uta (cp. aliuta, utinam, de *utanam selon § 57, i°) ; et, de *eti
(cp. grec ëvi) ; post en regard de poste (Plaute, Asin., 915) ; nec, ac, en regard
de neque, atque (pour l’allégement de qu en c, cf. § 62, 3®, pour le passage
de te à cc, puis c, § 2 2 , 1° et 62, 4°) ; dein, proin, en regard de deinde, proinde
(pour l’allégement de nd en n, cf. § 62, 3°) ; hic, haec, hoc, de *hice, *hæce,
*hocce (cf. hance, hace, C IL , P , 582, hoce = hocce, C IL , P , 581; cf. aussi
l’expression huiuscemodi) ; sin, de seine-, ceu, seu, neu, de *cëue, seiue (cf. § 32, 3®,
Rem. 2), nêue (CIL, P, 401); utn, audîn, tantön, en regard de ulsne, audlsne,
tantône; em « tiens ! » en regard de eme « prends »; die, düc,fac, en regard
de dice (Plaute, M il., 256), dûce (Plaute, Trin., <^Qf),face (Térence, Andr.,
680); uir, puer, vocatifs, de *uire, puere (Plaute, Asin., 382; 891, etc.).
b) exemplar (avec a selon § 60, 4®) en regard de exemplâre (Lucrèce, II,
124) ; tribunal (avec a selon § 60, 4®) en regard de tribünâle (CIL, I-, 593) ;
lac, de lacté (Cécilius, 220, etc.), avec chute de tselon § 62, 2f\facul en regard
de facile.
L ’apocope ou chute d’un élément en finale absolue semble due dans
les exemples cités sous a) à la fois à l’abrègement caractéristique des
syllabes non initiales et à l’articulation négligée, en prononciation rapide,
de mots ou d’éléments peu expressifs en soi ou devenus tels à force d’être
i;mployés. Il est à remarquer, p. ex., que l ’ e des enclitiques -que-, -ue-, -ne,
ne disparaît que dans les particules ou, pour -ne, dans des formes courantes
un peu familières'^’ . De même, la forme em de l’impératif eme est une
a) * sorts (d’où *sorss, sors selon § 23, 2“ et 62, 4^), de sortis (nominatif,
Plaute, Cas., 380, var. text.) ; urbs, de *urbis (cp. gén. plur. urbi-um) ; atrôx,
de *atrocis (cp. gén. plur. atröci-um) ;
b) *sakrs (d’où *sacers, selon § 45, 2®, *sacerr, selon § 23, 8®, sacer, selon
§ 62, 4®), de sakros (CIL, P , i) ; *equestrs (d’où Sequesters selon § 45, 2°,
Sequesterr, equester, selon § 23, 8® et 62, 4®), de equestris; *celers (d’où *celerr,
celer, selon § 23, 8® et 62, 4®), de celeris (nominatif).
Dans les exemples cités sous a), il s’agit de la disparition entre occlusive
LES VOYELLES EN SYLLABE FINALE 137
et s d’un i final. Cette voyelle, la plus brève de toutes par nature, était encore
abrégée par sa position finale et par la présence devant elle d’une syllabe
longue; ce sont ces conditions réunies qui en ont déterminé la chute. Les
autres voyelles, plus étoffées, se sont maintenues dans les mêmes circons
tances, et i lui-même a persisté lorsque la syllabe précédente était brève,
p. ex., dans sitis^ ratis, etc. Dans un certain nombre de mots, i semble avoir
persisté même après syllabe longue, p. ex., dans dulcis, turpis, etc. Ce sont
sans doute des cas de recomposition, comme le suggère orbs, prononciation
phonétique et populaire de orbis, condamnée par VAppendix Probi.
Les exemples cités sous b) ressortissent à l’absorption : il s’agit en effet
de la disparition d’un i ou d’un 0 après la sonante r. Les conditions de ce
phénomène ne sont pas claires, en raison d’influences analogiques nom
breuses, dont témoignent les doublets conservés : cp. p. ex., socerus (Plaute,
Men., 957) et socer-, equestris et eqnester, âcer et âcris. (Ces deux formes se
trouvent dans Ennius ; âcer hiems, Ann., 424, et sommis âcris. Arm., 368-369,
et toutes deux qualifient un substantif masculin. La distinction entre âcer,
masculin, et âcris, féminin, provient de l’analogie avec des formes diffé
renciées pour les deux genres, comme socer, masculin, et sacra, féminin.
Cf. Ernout, Morphologie, p. 50 s. ; Leumann, p. 264.)
SE C T IO N 2. A B R È G E M E N T D 'U N E V O Y E LL E
LONGUE FIN A LE
A I EN F IN A L E OUVERTE
§ 60. — 30 Une voyelle longue en finale omerte (voir aussi § 60, 4®) s'est
parfois abrégée dans les dissyllabes formant iambe.
Cp. JURET, p. 287-288; L eumann , § 86; L indsay , III, § 42 ss. ; M eillet -
V endryes , § 215-216; N iedermann , § 25, 4®; Pisani, § 28 et 136; S ommer,
§ 90 >I B; Bassols, § 156 ss.; F a r ia , p. 198 s.; K ent , § 128, 2; T agliavini ,
p. 64 s. — Br en o t ; A h lberg ; D evo to , p. i i o ; H arsh ; K r o ll , GL, 1916,
p. 152; K urylow icz , p. 384 ss. ; Pighi, Rendiconti Acc. sc. mor. Bologna,
.sér. V , vol. III, 1949-1950, p. i - i i ; V endryes , intens, init., p. 134 ss.
bene, male, de *benê, "*malë (cp. pràuê)-, cito, modo « seulement, tout à
l’heure », de *«7ô, modo (cp. retro)-, heri, de heri (cf. § 61, i R ); nisi, quasi,
de *«m, *quasî, de nesei (CIL, P , 366), quasei (C IL , I^, 582); puta « par
exemple », de putâ (impératif de putô) ; aue « salut ! », plus courant que auê
(cf. Quintilien, I, 6, 21)...
Ce qu’on appelle abrègement iambique ne consistait pas seulement,
en latin préclassique, dans l’abrègement de la voyelle longue finale d’un
dissyllabe formant iambe, mais aussi dans celui d’une syllabe non finale,
longue par position mais contenant une voyelle brève, lorsque cette syllabe
longue était précédée d’une syllabe brève initiale : p. ex., senectûtî (Plaute,
Trin., 338, avec la deuxième syllabe valant brève). Ce n’est donc pas
138 INFLUENCE DE L A PRONONCIATION DE LA SYLLABE INITIALE
B I EN F IN A L E FERM ÉE
§ 60. ■— 4° Les voyelles longues finales non toniques des polysyllabes se sont
abrégées devant consonne autre que s ; dans les mots iambiques, elles y tendaient même
devant s ou lorsqu'elles étaient toniques; dans les monosyllabes, elles ne se sont
abrégées que devant t m.
Cp. JURET, p. 294; L eümann , § 87 B; L indsay , III, § 40, ii; I d ., Early,
p. 121-138; M e il l e t -V en d ryes , § 214; N iedermann , § 25, 3°; P isani ,
§ 135; S ommer , § 90, I A. Voir aussi la bibliographie de § 60, 3°.
Bacchanal, de Bacchanal (Plaute, AuL, 4 1 1); tribunal, de tribünâle (C IL ,
P, 593, avec chute de e selon § 60, i<>) ; arbitror, de arbiträr (Plaute, AuL, 216) ;
uxor, de uxôr (Plaute, Asin., 927); exemplar, de exemplàr(e) (Lucrèce, II,
124); arat, de arät (Plaute, Asin., 874); solet, de solêt (Plaute, Mere., 6g6);
vAit, de uellt (Plaute, Men., 52) ; amäbam?^ en regard de amäbäs.
arbôs, honôs (mots terminés par s), en regard de arbor, honor, mais amas
(Plaute, Bacch., 1162), en face du mot iambique amäs (Id., As., 526);
addle, êdûc, illic, illàc, tantôn (mots dont la voyelle finale portait l’accent),
mais uidén, du mot iambique uidën, de uidësne, selon § 42, 4° et 60, 1° a.
rm®* en regard de rüs',fiet en regard de Jlês, mais die, dûc, sic, mr,fiür, par,
soi, sâl, rën (monosyllabes terminés par une consonne autre que i ou m).
La tendance à l’abrègement des syllabes finales a été largement contre
carrée par l’accenP® ou par la présence d’un 5 après la voyelle. L ’antici
pation mentale de la durée de cette continue a dû provoquer un renfor
cement de la voyelle longue précédente. Les continues l et r, d’aperture
La quantité brève des voyelles finales devant -m est attestée par P r is c ie n (I, 23, 13;
V I I , 366, 2 1 K ) ; franç. « rien » prouve la brévité de Ve de rem : e bref tonique et libre dans
cette langue est devenu en effet ie, tandis que ê dans les mêmes conditions est devenu ei,
puis oi... (Cf. më devenu *mei, puis moi.) B o u r c ie z , § 51 R.
Si l’accent est resté sur la finale apocopce des mots en -c et en -n (et non p. ex. sur
celle des mots en -al, -ar : tribunal, de tribünâle', exémplar, de exemplare), c’est à cause du carac
tère enclitique de ces éléments dans ilUc, de *illi-ce, tantôn, de tantO-ne, etc. L ’enclitique,
en effet, attire l’accent sur la syllabe précédente. Quant aux composés de dlc et de dûc,
ils sont analogiques du simple.
1 40 INFLUENCE DE L A PRONONCIATION DE L A SYLLABE INITIALE
plus grande que s et donc, toutes choses égales d’ailleurs, moins tendues,
n’ont pu exercer la même action (cp. la chronologie de la réduction de ss
et de rr en finale, § 62, 4®).
Les monosyllabes, plus résistants, puisqu’ils monopolisent tout l’effort
articulatoire, ne se sont abrégés que devant m et t : ces phonèmes, très
laibles à cause respectivement de leur caractère nasal et dental (cf. § 9
in fine et 27, i®) n’ont pu conférer à la voyelle précédente un renforcement
suffisant pour le maintien de sa quantité. Pour le cas de d après voyelle
longue, cf. § 62, I® b.
L ’abrègement dont il est parlé ici a dû avoir lieu un peu après la mort
de Plaute. L a quantité longue est encore intacte dans ses œuvres, exception
faite des mots iambiques, tandis qu’on trouve des voyelles brèves dans les
mêmes conditions chez Térence et chez Ennius, où elles voisinent avec des
longues. Ainsi, à l’époque de l’abrègement des finales, -ës et -ôs (hmôrës,
filiôs) ne s’opposaient plus à -es, -os (*honôres, fllio s), car ceux-ci étaient
passés à -is, -us (honoris, filius) (§ 61). Seules les oppositions -is : -is (cluls :
ciuis) et -üs : -us (manûs : manus) avaient un rendement fonctionnel,
d’ailleurs assez réduit pour la dernière. Peut-être ont-elles contribué au
maintien de la quantité longue devant s final (?).
Fm sanskrit.
§ 6oa. — i®-4® Aucun changement correspondant.
En ionien-attique.
§ 60b. — 10-4® Aucun changement correspondant. En d’autres dialectes,
l’apocope se rencontre dans des mots accessoires. Le grec moderne, sous
l’effet de l’accent d’intensité, en présente d’assez fréquents exemples
(L 232).
En osco-ombrien (dans les polysyllabes).
§ 60c. — I® Tendance analogue à celle du latin (B 72) (BO 42).
2® 0, e, i ont disparu en finale devant s (B 70) (BO 41).
3®-4® Aucun changement correspondant (B 61).
En germanique (dans les polysyllabes).
§ 6od. — I® En finale absolue, lE « et germ, a ont disparu; de même
lE i et germ, m à la fin des trisyllabes et, après syllabe longue (en gotique,
par analogie, également après syllabe brève), à la fin des dissyllabes
(Brugmann 350, i ; S 144).
2® En gotique, les voyelles brèves en finale fermée (sauf devant
n + consonne ou devant lE r) ont disparu, sauf germ, u et parfois lE i;
en germanique occidental, elles se sont comportées comme en finale
absolue (i°), mais se sont conservées devant n -|- consonne et devant r
(Brugmann 350, i; S 145 ss.).
3® Aucun changement correspondant.
LES VOYELLES EN SYLLABE FINALE I4I
En vieil irlandais.
§ 6oe. — i°-2° Les voyelles brèves ont disparu en finale absolue dans
les polysyllabes, sauf si elles se trouvaient en contact, ancien ou secondaire,
avec une voyelle ou une semi-voyelle précédentes (P 90 et 95). Si la voyelle
précédente était atone, les deux voyelles se fondaient en une brève, qui
prenait le timbre de la dernière ; -j/os est devenu -e (P 94).
3° Aucun changement correspondant. Mais les voyelles longues et les
diphtongues des polysyllabes ont disparu en finale absolue (P 91), sauf le
groupe -yâ, qui subsiste sous forme de e.
40 Les voyelles longues et les diphtongues des polysyllabes ont disparu
en finale devant une nasale, sauf ö dans le groupe -yôn, qui subsiste sous
forme de u. Elles ont subsisté devant lE s, devant les groupes lE contenant s
et devant lE t (P 91 et 92).
SE C T IO N 1 . V O Y E L L E S S IM P LE S
A) En finale ouverte.
§ 6 i. — 1° En syllabefinale ouverte i est devenu e, u est devenu o.
Cp. JuRET, p. 289 ; L eumann , § 73 ; L in d sa y , III, § 37, i ; M e il l e t -
V en d ryes , § 219; N iederm ann , § 21 ; P isani , § 130; S ommer , § 89; B assols,
§ 129; K e n t , § 126, I V ; T a g l ia v in i , p . 60. --- B o n fan te , Z V S, 1935,
p . 265-267; 1937, p . 75; M a n iet , AG, 1952, p. 5 S S .
B) En finale fermée.
SE C T IO N 2. D IPH TO N G U ES
§ 61, — E n syllabe finale, les diphtongues à premier élément bref ay, ey, oy
sont devenues ï, la diphtongue ow est devenue ü.
§ 61. — 6° En syllabe finale, les diphtongues à premier élément long ây, ôy,
non suivies d’une consonne sont devenues respectivement ae, 5 .
Cp. JtTRET, p. 293; I d ., Dominance, p. g8 ss.; K ent, The forms of latin, 1946,
p. 26; 29-30; N iedermann, § 24; Pisani, § 138; Sommer, § 89, II B; Bassols,
§ 140 s.; K ent, § 121.
N.B. — Suivies d’une consonne, les diphtongues à premier élément long
se sont abrégées selon § 44, i° et ressortissent donc au § 61, 5°.
Fortünae (datif), de Fortunai (C IL , IX , 1543)- Pour la finale ancienne -ây,
cp. grec Mumeriô (datif), de Mumasioi (C IL , I^, 3). Pour la finale ancienne
-ôy, cp. grec -w, osque ûî.
Le premier élément de ces diphtongues s’est probablement quelque
peu abrégé en raison de sa position en syllabe finale, mais il est resté suffi
samment long pour éviter toute modification qualitative. C ’est le second
élément qui s’est modifié ou a disparu. Le maintien de y dans le datif
en âi (d’où ae) contraste avec sa chute dans le datif en ô. Cette différence
est peut-être due au fait que le point d’articulation de la semi-voyelle
antérieure était plus rapproché de celui de la médiane a que de la posté
rieure 0 : le déplacement des organes était nettement plus facile dans le
premier cas. Par la suite, i s’est rapproché davantage, comme à l’initiale
(cf. § 32, 1“), du point d’articulation de a et est devenu e, tandis que â
s’abrégeait comme une voyelle devant une autre voyelle de timbre différent
(§ 44, 2°) et même afortiori, puisqu’il n ’était pas séparé du second élément
par la coupe syllabique.
Dans les dialectes, il y a eu hésitation entre les finales -ai et n : on lit
Mineruai (C IL , I*, 364) et Menerua (C IL , I^, 365), datifs, sur deux inscrip
tions falisques.
La forme Numasioi semble remonter à l’an 600 av. J.C . ; dans les inscrip
tions postérieures, on ne rencontre plus que la désinence -ô, à moins qu’il
ne faille voir dans le mot altéré dzenoi, qui figure dans une inscription du
4®siècle avant J.C . (CIL, P , 4), le datif duenoi, de l’adjectif duenos ( — bonus).
Marius Victorinus (V I, 12, i et 17, 20 K ) cite populoi Romanoi comme
exemple de datif figurant dans les anciens textes de traités et de lois.
R E M A R Q U E S . — i. K ent (op. cit.) a supposé une phase d’hésitation
ai\â, oijô, selon que le mot suivant commençait par une consonne et pro
voquait un abrègement d’après § 44, 1° ou par une voyelle et provoquait
la chute de y intervocalique ; les sujets parlants auraient opté d’une part
pour la forme ai, d’autre part pour la forme ô. Mais cette explication ne
fait que reporter le problème.
2. La terminaison analogique -âi du génitif, qui est devenue -ae comme
celle du datif, ne constituait pas une diphtongue, mais comportait deux
146 INFLUENCE DE LA PRONONCIATION DE L A SYLLABE INITIALE
En vieil irlandais.
§ 6ie. 1° Aucun changement correspondant, mais e est devenu i en
finale ouverte (avant de disparaître) dans les polysyllabes (P 90).
2° a et 0 en finale sont parfois devenus e sous l’influence d’une consonne
palatale précédente (P 174, 2).
3° Aucun changement correspondant.
4° Aucun changement correspondant, mais 0 est devenu û en finale
absolue et devant n (avant de disparaître dans les polysyllabes) (P 91).
50 En syllabe finale dans les polysyllabes, les diphtongues à premier
élément bref ont disparu sauf devant consonne, où -ows est devenu 0 et
plus tard a (pas d’exemples clairs pour les autres diphtongues) (P 91 et 92).
6° Les diphtongues -ôy et -ây non suivies d’une consonne ont disparu,
-5y en passant par ü (P 91).
Livre Quatrième
30
Phonétique syntactique
TITRE I
LE SORT
DES CONSONNES FINALES
S E C T IO N 1 . L 'A M U I S S E M E N T
En latin.
§ 62. — 1° a) s fin a l primitivement simple s'est amuî après voyelle brève devant
un mot à i?iitiale consonantique ; il a toujours subsisté après voyelle longue ; b) d final
s'est amiii après voyelle longue et a subsisté après voyelle brève.
Mais arbôs, hotiôs (où -s s’est toujours maintenu après voyelle longue);
miles, de *mîless (cf. § 6 i, 3® exemples), où -j, venant de -ss, a toujours été
conserve.
b) praedâ (ablatif), de praidad (C IL , I®, 48); rnè, de med (CIL, I^ 4);
lûcàrî, de loucarid (C IL , I®, 401); stâtô (impératif), de stated (C IL , P, 4);
magislrätü, de magistratud (C IL , P , 581).
M ais ad, sed, quid, quod, aliud, istud (mots dans lesquels ~d est préeédé
d’une voyelle brève).
O n le constate, -d final a subi un traitement inverse de celui de ~s primi
tivement simple devant un mot à initiale consonantique. O n pourrait
expliquer comme suit cette différence. Pour articuler la continue sourde s,
les organes doivent rester tendus plus longtemps et faire équilibre à une
pression expiratoire plus grande que pour la momentanée sonore d. Le
passage en syllabe finale d’une voyelle (très relâchée en cette position)®^ à la
consonne -s exige donc un accroissement de tension plus considérable que
celui de la même voyelle à la consonne -d. A un endroit où l’articulation a
tendance à être négligée, c’est la consonne qui allait le plus à l’encontre
de cette tendance qui a cédé.
D ’autre part, -s final a subsisté lorsqu’il était précédé d’une voyelle
longue. Les organes, particulièrement tendus pendant la tenue de cette
longue, ne se sont relâchés que progressivement®® et la consonne suivante
a bénéficié du reliquat de tension®*. Par contre, -d, dans les mêmes cir
constances, s’est toujours amuï. Cet amuïssement est conditionné par la
faiblesse de la consonne : on a vu plus haut (§ 27, i®) que les occlusives
dentales, au rebours de la sifflante, s’assimilaient pratiquement toujours
aux consonnes suivantes. Ce phénomène, normal à l’intérieur des mots,
a pu se produire aussi de dentale finale à consonne initiale, si bien que
p. ex., un groupe comme Gnaiuodpâtre se serait prononcé Gnaiuôppâtre. Mais,
en vertu du § 43, i°, cette géminée devait se simplifier après voyelle longue :
le groupe devenait ainsi Gnaiuô paire. Ces cas étant très fréquents, les formes
dépourvues de leur -d se seraient aisément généralisées et auraient seules
subsisté®^. Si la dentale ~t n’a pas subi le même traitement, c’est parce
que c’était une sourde, donc une forte : elle a pu se maintenir un peu plus
dation, si bien qu’en poésie (sauf parfois dans les monosyllabes), la voyelle
précédente s’élidait devant un mot à initiale vocalique. Dans les inscrip
tions, même les plus anciennes, on omettait souvent de noter ce phonème
caduc.
La nasale dentale n, encore plus faible que la labiale, s’est cependant
conservée à la fin des mots après une voyelle brève, et, dans certains cas,
après une longue. Après une brève (p. ex., dans certâmen, carmen, etc.),
l’influence des cas obliques, où n intervocalique n’avait pas de raison de
s’amuïr, a dû conserver la consonne au nominatif. Après une longue,
n s’est amuï dans les substantifs en -ôn à une époque antérieure à tout
document. Les substantifs en -ën ont dû conserver K à la fois parce qu’ils
étaient monosyllabiques et par analogie avec les cas obliques. En outre, le
passage de e à « exigeait un déplacement moindre des organes que celui
de ô à «. Dans les autres mots, du type uidën, tantôn, il s’agissait de forma
tions ouvertes, occasionnelles, où n était important, puisqu’il venait ajouter
une détermination nouvelle. De plus, il y était soutenu par l’analogie des
formes non apocopées uidësne, tantône, etc.
REM ARQTJE. — La voyelle précédant m final devait être prononcée
d’une façon particulière, si l’on en juge d’après les signes spéciaux (une
moitié de rn ou un m couché sur le flanc) inventés par certains grammairiens
anciens pour indiquer un son qu’ils étaient impuissants à décrire (cf. ’Velius
Longus, V I, 78, 19 SS.; 80, 17 ss.; Quintilien, 1, 7, 23; IX , 4, 39). Il s’agit
fort probablement de la voyelle nasalisée. L ’abaissement du voile du p a l^ ,
mouvement propre aux phonèmes nasals, s’est produit trop tôt, alors que
l’articulation de la voyelle n’était pas encore achevée, et cette voyelle a
pris dès lors une résonance nasale plus ou moins marquée, comme les
voyelles nasales du français, du portugais, du sanskrit, etc. Cette nasale
finale n’était pas un « phonème » en latin, mais une variante combinatoire
à fonction démarcative.
§ 62. — 3“ En finale, les groupes qu, nd, rd, et se sont allégés respectivement
en c, n, r, c.
Cp. S t o l z flacj, IF, 1905, p. 15-24; J u r e t , p. 217 ss.; L eümann , § 153 b;
Bassols , § 294; K e n t , § 139, V I ; 141, X I ; T a g l ia v in i , p. 120; M e il l e t -
V en d ryes , § 230.
nec, ac, de nequ(e), atqu(e), selon § 60, i<> a; dein, proin, de deind(e),
proind(e), selon § 60, i° a; cor, de *cord (cp. gén. cordis)-, lac, de lact(e),
selon § 60, I“.
Seconde implosive d’un groupe implosif, position très faible en latin
(cf. § 43, 2° et 27, 1“), la consonne finale a disparu. Son amuïssement a
dû au moins être facilité par sa rencontre fréquente avec des mots à initiale
consonantique, qui la mettait dans les conditions mentionnées au § 43, 2°.
Le groupe -nt dans les verbes a perdu phonétiquement son t, comme le
prouvent maintes graphies {coraueron, C IL , I^, 59 = cûrâuërunt), mais
celui-ci a été rétabli dans la prononciation soignée pour sa valeur fonc
tionnelle et grâce à l’analogie de la 3® pers. du singulier.
LE SORT DES CONSONNES FINALES 153
S E C T IO N 2. A B R È G E M E N T ET S IM P L IF IC A T IO N
En ionien-attique.
§ 62b. — I ° a) En finale s a subsisté, b) d ainsi que les autres occlusives
se sont amuïs (sauf dans les proclitiques) (L 305 et 306).
2° Les nasales ont subsisté en finale (L 142). Pour lE m, cf. § 63b, 2“.
30 Cf. i» b.
40 Même phénomène qu’en latin (L 304).
En osco-ombrien.
§ 62c. — I“ a) En finale, j et r ont tendu à s’amuïr, b) d s’est amuï
en ombrien (B 92, 82 et iio ) (BO 53, 62 et 77).
2° Les nasales finales ont tendu à s’amuïr en ombrien, -m en osque
(B 88) (BO 58). D e même ƒ et k en finale ont tendu à s’amuïr en ombrien,
surtout dans les pol^'syllabes (B 89 et 118) (BO 63c).
LE SORT DES CONSONNES FINALES 155
ab, sub, ob, en face de ombrien ap- (dans apehtre« ab extra »), osque ctutc,
op] deded (C IL , passim, cp. osque deded), de dedet.
L e contraste latin ob : osque op et le parallélisme latin deded : osque
deded suggèrent une explication différente pour le cas des prépositions-
préverbes et celui du parfait. Les premières étaient des proclitiques et se
trouvaient ainsi en contact étroit avec des mots à initiale tantôt sourde
tantôt sonore. L ’occlusive sonorisée devant sonore a été généralisée en latin
in pausa et devant voyelle. Les mots à valeur pleine gardant leur autonomie
en latin, la sonorisation de -t dans le type deded doit s’expliquer par l’affai
blissement de la consonne implosive à la fin d’un polysyllabe, d’où sa
moindre résistance à l’influence du phonème sonore suivant.
Le contraste -d ; -t qui oppose les temps secondaires aux temps primaires
en latin ancien à la 3® personne peut s’expliquer par la présence à date
ancienne d’un i après le t dans ces derniers (cp. skr. bhârati et lat. arch.
3® pers. plur. tremonti, Carmen Sal.)] la chute de cette voyelle aurait été
postérieure à la tendance qui fit passer -t implosif ancien à -d.
O n a parfois tenté de justifier le contraste ab, sub : et, nec, at, aut, etc.,
en supposant respectivement pour les deux séries l’absence et la présence
d’une voyelle finale en latin (cf. notamment Ernout-Meillet, article ab).
O n peut admettre aussi que la différence de traitement provient du caractère
plus autonome des mots de la seconde série, qui sont des conjonctions et non
des prépositions-préverbes.
R E M A R Q U E . — Les formes classiques des temps secondaires en -t
à la 3® personne sont analogiques de celles des temps primaires. Les ins
criptions du 3® s., où le type dedet alterne avec le type deded, montrent que
l’analogie avait au moins commencé à opérer à cette époque. V oir § 60,
I® R 3.
Une forme du type caput a un f final analogique des cas obliques. De
même, aliquot a un f analogique de quot, de *k"oti (cp. skr. kdtï).
En sanskrit.
§ 63a. — In pausa, toutes les occlusives lE subsistantes sont repré
sentées par des sourdes non aspirées (W 260).
En ionien-attique.
§ 63b. — I® Aucun phénomène correspondant.
2®m final lE est devenu v (L 142).
En osco-ombrien.
§ 6 3 c .----- 1 lE est devenu -d dans les fo rm e s verbales (à la 3® pers.
du singulier) (B 104) (BO 65), mais -s à la 3® pers. du pluriel (B 176)
(BO 65).
LE SORT DES GROUPES DE CONSONNES INITIAUX 157
En germanique.
§ 63d. — I® ƒ« pausa, les spirantes sonores interdentale et labiale ainsi
que Z se sont assourdis en gotique. lE après voyelle est devenu r en
nordique et, dans les monosyllabes brefs, en westique (Brugmann 360,
10 et 9).
2® -m lE est devenu -n et a partagé son sort (cf. § 62d, 2®) (S 129, 7b).
3® -m v.h.a. est devenu -n vers l’an 800 (Brugmann 360, 6).
En vieil irlandais.
§ 63e. — I® En finale absolue inaccentuée, la spirante sourde th est
devenue sonore. Mais voir § 62e, 5° (P 6 1, 3) ; de même, en syllabe inac
centuée, la spirante ch palatalisée (P 51, 2).
2® En position finale, m lE est devenu n et a partagé son sort
(cf. § 62e, 2®).
3® En proclise, / est devenu r, surtout après la période du vieil irlandais
(P i i i ) .
4® En proclise, une consonne tend à perdre sa palatalisation ou sa
labialisation (P iio ).
TITRE II
LE SORT DES GROUPES
DE CONSONNES INITIAUX
§ 64. — Certains groupes initiaux se sont allégés : pt- en t-, dy- (parfois)
en y-, wr- en r-, wl- en 1-, (s)tl- en 1-, dm- en m-, gn- en n-, ainsi que les
géminées.
Cp. JuRET, p . 168 SS .; M eillet -V endryes , § 137 et 138; Pisani, § 88, 1 16-
I I 7, 124; Brugmann , § 359; I d . (stlîtibus), IF, 1900, p. 99-111; Pariente
(stl-), Emerita, X X X V I , 1968, 247-269; F rancia , Act. I l l Congr. Estud.
clâs., III, 1968, p. 71-78; S zem erényi , Arch. Ling., V I, 1954, p. 43 s.
(lis)-, Bassols, § 267; F a r ia , p. 225, 250; K ent , § 197; T agliavini ,
p. 109 SS.
tilia, s’il vient de ptilia (cp. grec nTsXéoc « orme ») ;
louis, de Diouis (Varron, L.L. 5, 66) ;
ràdix, de *wrâdîx (cp. got. waurts)-,
lâna, de ^wlânâ (cp. v.sl. vlûna, got. wulla) ;
158 PHONETIQUE SYNTACTIQUE
lis (à côté de sells, C IL , X , 2 1 1, etc., selon § 36, 2° b), de süls (P. Festus,
p. 411, 14; Quintilien, 1, 4, 16) en passant parj/lt; locus, de stlocus (P. Festus
et Quintilien, Le.) ; lâtum, de *tlâtum (cp. tollô et dorien tXStoç) ;
mâteriës, de *dmâ- (cp. dorien veô-SpôcTOç) ;
nâtus, de gnâtus; nôscô, de gtwscô.
En sanskrit.
En ionien-attique.
En osco-ombrien.
§ 64c. — A l’initiale, le groupe dy- est devenu j;- en osque récent et en
ombrien (B i i i ) (BO 48), le groupe tl- a subsisté (B 106). Le groupe gn-
est devenu n- en ombrien, a subsisté en osque (B 123). Les géminées se
sont simplifiées.
En germanique.
§ fiqd. — A l’initiale, le groupe ks- est devenu s-, le groupe ksi- est
devenu si-, w est tombé devant / et r en v.h.a. (Brugmann 361, i et 159, i).
Les géminées se sont simplifiées.
En vieil irlandais.
§ 64e. — 1° Aucun changement correspondant, sinon pour les géminées
et pour stl-, devenu si- (P 26, 5). Pour pt- et dm- ? Mais allégement de dw-
et dhw- en d-, de bhw- en b- (P 17), de sw- en s- (P 24, 4), de st en s, parfois t
(P 25,5), de str- en sr- ou tr- (P 26, 2), de skn- en sn- (P 26, 8). Les groupes
initiaux *mbr, *mbl- provenant de l’insertion de b ont perdu leur m (P 75).
2° s initial a disparu dans les proclitiques, sauf après les prépositions ne
causant pas la lénition (P 113)-
Traitement (en principe) « inconditionné »
des phonèmes indo-européens
VOYELLES
a a a a a a a
e a e e e i (e) e
i i i î î î e
0 a 0 0 U a 0
U U U U U U 0
DIPHTONGUES
Cf. § 32 et correspondants.
SONANTES
Semi-voyelles :
y y i(= y ) i(= y ) j = y
ya entre consonnes ï L (ta ?) î ï ï l
w V U ( = w) V w f
W3 entre consonnes ù û (ua ?) ü Û ü û
Liquides :
r r P r r r r
1 r(l) % 1 1 1 1
r voyelle
devant consonne ou
à la finale^^ r ap, pa or, ur ür aur = or, ru ri
î voyelle (ur, ru)
devant consonne ou
à la finale^® r ak, Xa ol ùl ul. lu li
ro entre
consonnes®^ ïr, ûr pâ, pcû (op ?) râ (ar ?) ar aur = or (ur) ar, rà
b entre
consonnes®^ ïr, ür Xâ, Xco (oX ?) lâ (al ?) al ul al, lâ
N asales :
m m (A m m m m
n n V n n n n
m voyelle
devant consonne ou
à la finale®® a a em em um em
n voyelle
devant consonne ou
à la finale®® a a en en (an) un en
ma entre
consonnes®® âm [xâ ma mâ (am ?) um ani, mâ
no entre
consonnes®® â (an?) vS nâ nä (an ?) un an, nâ
CONSONNES
Occlusives
Labialês :
TU f40
P P P P
b b ß b b p " (P f)" b
bh bh (b) < p (= 7 C »)« f 42 f b40 b
Dentales :
t t T t t J j" (d )“ t
d d S d d (z = ts )« d
f42 f
dh dh (d) 6 (= d4o (t )4 i d
« Gutturales » pala
tales^ :
k’ ç = s (s ) cf. lE k cf lE k c f lE k c f lE k c f lE k
g’ j - H z) cf. lE g cf lE g c f lE g c flE g c f lE g
g’h h (z ) cf. lE gh cf. lE gh c f lE gh cf. lE gh c f lE gh
« Gutturales » non pa
latales :
k k X c (q, k) k h“ c ( = k )
g g y g g k<» (ch, hh, h)« g
h42 (f)4 4 h
gh gh (g) g^» g
Labiovélaires :
k" k qu P hw (w)“ c(- k)
g"' g R45 u ( = w)^ b q = irér (qu)^® b46
g"h gh (g) <p ( = retl)4 2 ct4 5 f4 2 f gw, w (w, g)l® g
S p ir a n te
Dentale-alvéolaire :
s s (h)*’ '( = h ) * ’ s S S S
A l’intérieur devant une sourde non aspirée, on a en latin et en grec une occlusive
sourde non aspirée, (Pour le groupe dentale + t, voir § 37, 3» et correspondants.)
En latin, lE dh est généralement devenu d entre sonante et voyelle ou entre voyelles, mais b
devant ou après r, devant l et après u; lE est devenu g devant u et entre n et voyelle;
lE g “ et g'^'h sont devenus u (— w ) entre voyelles, g u entre n et voyelle. Pour le passage
de -bh- à -b -, voir § 28, 2“.
Il est improbable que l’indo-européen ancien ait distingué trois sortes de« gutturales» :
les unes dites « palatales», comportant un léger frottement du dos de la langue contre l’avant
du palais au moment où il va s’en détacher, d’autres, ne comportant pas ce frottement,
sans doute parce que l’occlusion s’opérait plutôt vers la section médiane du palais, d’autres,
enfin, labiovélaires, articulées dans la région postérieure du palais et comportant un léger
arrondissement des lèvres. O n n’admet généralement que les deux dernières séries. Mais
on constate que notamment à un A hittite, « tokharien », grec, italique, celtique et à tm A
germanique correspondent en indo-iranien, en baltique, en slave, en arménien, en alba
nais... tantôt une spirante (s ou s), tantôt une occlusive (A), sans parler, pour certaines de
ces langues, d’une mi-occlusive (é), traitement postérieur, conditionné, devant lE «, i.
Il est certain que les spirantes s, s, en face de grec x, continuent une occlusive de la première
série. Il y a lieu de croire que celle-ci est une particularité dialectale. Son extension est telle
qu’il est permis de l’attribuer à une période de l’indo-européen commun, disons récente
(rappelons que le terme « indo-européen commun » ne saurait, en raison de la mobilité
naturelle du langage, recouvrir une langue parfaitement une dans le temps et dans l’espace).
O n divise commodément les langues indo-européennes en langues de satsrji et en langues
de centum (-■ - kentum) : les premières sont celles qui, sans que l’inverse ait lieu spontané
ment, répondent parfois par une spirante j ou s, comme dans avestique satem « cent », à
un A (germanique h ) des secondes, comme dans latin cen tum .
" Le traitement ƒ semble être d’origine dialectale.
■*5 lE A®, g'"’, g'^’h sont devenus aussi respectivement x, y, selon § 41b, 1“ et 43b, 4“, t,
S, 6, selon § 28b, 3“.
Mais g a) devant un u, b) entre voyelles, c) devant consonne, où il disparaît ensuite
selon § 42e, 6“.
A l’initiale absolue devant voyelle.
Appendice
La gémination expressive
En latin.
C f. C a r n o y , M o d . P h ilo L , 1917-1918, p. 159-180; G & A m .,gém in ées-, M eiliæ t ,
BSL, 1922, p. 79-80; M a r tin e t , gém ination; Bassols, § 259s.; M a r o u zea u ,
Latonm s, V , 1946, p. 341-343.
N.B. — Ne figurent pas dans cet index les représentants des phonèmes lE
mentionnés au § 65.
Les chiffres entre parenthèses renvoient aux paragraphes.
ƒ. Consonnes
M OD IFICATION S COMMUNES
I. Toute consonne sonore est devenue sourde devant une consonne sourde
(24, 1°) et toute consonne sourde est devenue sonore devant une
occlusive sonore, orale ou nasale (24, 2“).
2 . Une occlusive sourde finale a eu tendance à se sonoriser après voyelle à
date ancienne (63).
Les occlusives sonores aspirées lE sont représentées par des sonores
entre voyelles ou entre voyelle et sonante (28, 2°).
4 - Une géminée s’est simplifiée a) après une voyelle longue (43, i®) ou
b) une diphtongue (43, 2°) ; de même c) lorsqu’une géminée et peut-être
une voyelle longue ou une diphtongue se trouvaient dans la syllabe sui
vante (50, 2°) ; enfin d) à l’initiale (64) et e) généralement en finale
(62,40).
Dans les groupes de trois consonnes ou plus, tendance à l’amuïssement
de la plus faible (43, 2° et 53, 2°) ; de même dans certains groupes
de deux consonnes en finale (62, 3°) et à l’initiale (64).
6. Entre occlusive et sonante, une voyelle a) s’est développée lorsque la
sonante était suivie d’une consonne (45,2®) ; b) a eu tendance à le faire
lorsque la sonante était suivie d’une voyelle (45, 1“).
Une consonne est parfois géminée par expressivité (66).
Une consonne peut dissimiler ou s’assimiler une consonne placée dans
la syllabe voisine (48, 50-51).
B CONSONNES L A B IA L E S
G I CONSONNES D E N T A L E S -A L V E O L A IR E S
D I co n so n n es « G U T T U R A L E S » ( g , C , Û)
//. Voyelles
A I M OD IFICATION S COMMUNES
B M OD IFICATION S P A R T IC U L IÈ R E S
sauf dans les monosyllabes non terminés par m (61, 4°) ; c) s’est souvent
amuï en syllabe finale devant s lorsqu’il était précédé de r (60, 2°).
5. U a) en syllabe finale ouverte est devenu 0 (61, 1°) ; b) de même, semble-
t-il, en syllabe initiale devant r non prim itif (52,2° expi.) ; c) en fonction
de voyelle devant voyelle de timbre différent a développé un w de tran
sition (37, I “ ) .
///. D iphtongues
V. D ivers
/. Consonnes
A I M OD IFICATION S COMMUNES
B / CONSONNES L A B IA L E S
Nasale (m)
1. Une nasale devant une occlusive « gutturale » est devenue « gutturale »
(n ), devant et après une palatale est devenue palatale (n), devant
une dentale est représentée par une dentale (n) (26a, i®).
2. Une nasale a disparu devant sifflante ou h (en neisalisant la voyelle
précédente selon § 30a, 6®) {42a, 3®).
CHANGEMENTS CONDITIONNÉS DU SANSKRIT 179
G / CON SON N ES D E N T A L E S -A L V É O L A IR E S
Spirantes (s, ß l)
I. J s’est palatalisé en ç devant la palatale indienne c (26a, 4®). La
séquence *sk' est devenue cch ( = cch) {ch à l ’initiale) (26a, 4®).
i8 o INDEX
//. Voyelles
M OD IFICATION S COMMUNES
///. D iphtongues
I. Les diphtongues lE (à premier élément bref) e.my se sont monophton-
guées en ë, celles en w se sont monophtonguées en ô (32a, i “ à 6°).
2 . Dans les diphtongues à premier élément long, cet élément s’est abrégé
devant consonne (mais parfois ai, au, sont devenus a) (44a, 1°).
L a diphtongue indienne -ây est représentée in pausa tantôt par ai,
tantôt par â, la diphtongue indienne âw surtout par « (61 a, 6°).
/. Consonnes
A I M ODIFICATION S COMMUNES
B I CO N SO N N E S L A B IA L E S
G I CONSONNES D E N T A L E S -A L V É O L A IR E S
Occlusives (S, t , 6)
1. Une o c c lu s iv e d e n ta le s u iv ie de it à d a te ancienne et en d e h o r s d e la
g é m in a tio n e x p r e s s iv e a d é v e lo p p é u n s etla séquence est devenue <t t
(37b, 3°)-
2. Une occlusive dentale est devenue c devant la spirante c (23b, 3®).
Pour la simplification de la géminée, cf. § 42b, 5®.
3. Une occlusive dentale sonore est devenue X devant X (23b, 5®).
4. La séquence tjv est devenue *ts après palatalisation (et, de là, tantôt
o(o'), tantôt t ( t ) (29b, 3°).
5. La séquence 8j> est devenue Ç après palatalisation (29b, 2”).
6. Devant la voyelle prépalatale i, un i ancien non initial et non appuyé
par s a tendu à se palataliser (en */’, puis *ls) pour aboutir à a (28b, 4°).
7. L a séquence tw est devenue or à l’initiale, t t entre voyelles (29b, 5®).
8. La séquence -m - s’est sans doute intervertie en -irr- (40b, 5®).
9. La séquence -xx- s’est intervertie en -xt- (40b, 5®).
10. La séquence * t <tt provenant de dentale -j- t est devenue <tt (50b, i®).
Nasale (v)
1. La séquence *v8p- provenant de l’insertion de S a perdu sa première
consonne en position initiale (64b).
2. La séquence -v^- précédée de a, 0 s’est intervertie (40b, 4°).
3. La séquence ancienne vp est devenue -vSp- entre voyelles (et 8p- à
l’initiale selon § 64b) (37b, 2®).
4. La séquence -Xv- intervocalique ancienne s’est réduite à X (avec allon
gement compensatoire) (42b, 7®).
5. La séquence finale -vç s’est réduite à ç (avec allongement compen
satoire) (42b, 3°).
6. La nasale dentale est devenue [x devant [x seulement« dans des parfaits
médio-passifs, où l’analogie imposait le maintien » des finales -[xai,
-[xs6a, et dans des composés, où le traitement est récent (22b, 2°). Cf. 8.
184 INDEX
Liquides (p, X)
1. Une liquide suivie de la séquence a + consonne sourde s’amuït pho
nétiquement (43b, 2°).
2. U n élément de formation contenant un X a souvent été évité, quand
la racine du mot contenait X (53b, 3“).
3. La séquence -pji- précédée de a, 0 s’est intervertie (40b, 40).
Sifflante (ç)
1. Les séquences anciennes -vo-, -[xct- et, dans les aoristes, -Xo-, -pa- (pour
-Xo- sporadiquement ailleurs également) sont devenues respectivement
en position intervocalique -v-, -p-, -X-, -p- (avec allongement compen
satoire) (42b, 3°).
2. La sifflante a s’est assimilée totalement à X, v, p, et généralement à p
suivants à l’initiale et la géminée résultante s’est simplifiée par la suite
(selon § 64b), sauf pour p en ionien-attique, s’il se trouvait précédé
d’une voyelle adventice comme l’augment (23b, 10°).
3. O, devant liquide ou nasale en position intervocalique, a passé à date
ancienne à h, qui s’est amuï (avec allongement compensatoire), sauf
cas de métathèse. Les traitements -w-, de -<tv-, -XX-, de -aX-, et le
maintien de -ap- sont récents (42b, 4®).
4. La géminée intervocalique de date grecque -00- s’est simplifiée en
attique en a, qui subsiste; en ionien, la géminée grecque -aa- s’est
simplifiée également, sauf lorsqu’elle provenait de -iw-, -v.y-, et, dans
certains cas, de -■ ^- (42b, 5°).
5. L a séquence o -f- est devenue yy entre voyelles (le premier élément
de cette géminée forme généralement diphtongpie avec la voyelle pré
cédente, sauf i, qu’il allonge, tandis que le second élément, et parfois
aussi le premier, s’amuït entre voyelles selon § 42b, 1°) (29b, 8°).
6. La séquence -rsw- intervocalique ancienne s’est amuïe (avec allongement
compensatoire) (42b, 6°).
7. Dans la séquence occlusive labiale ou « gutturale » + or devant consonne,
O s’est transformé en h faisant ainsi de l’occlusive précédente une
aspirée (42b, 4°).
8. <y intervocalique est devenu h, puis s’est amuï, sauf cas de métathèse
(42b, 50).
9. La sifflante a après p en position intervocalique est devenue p à date
récente en attique (non en ionien), mais l’analogie l’a souvent conservée
(23b, 8°).
E I l ’a s p ir a t io n (h)
1. h intervocalique (provenant de -a- ou de -y-) est généralement passé
à l’initiale des mots commençant par une voyelle, peut-être aussi h
provenant de -a- entre voyelle et p, (55b, i®).
2. h s’est amuï sous l’influence d’un h placé dans la syllabe suivante
(50b, 1°).
//. Voyelles
A m o d if ic a t io n s com m unes
B I M OD IFICATION S P A R T IC U L IÈ R E S
///. D iphtongues
1. Les diphtongjues finales -Si, -ou sont devenues â, co, en attique vers
le 2® s. av. J .C . (notées le plus souvent a, co) (6ib, 6°).
2. L a diphtongue ui a tendu à se réduire à ü (32b, 7°).
3. Dans les diphtongues lE à premier élément long, ou bien la voyelle
s’est abrégée ou bien l’élément semi-vocalique a disparu (44b, i®).
iV . Sem i-voyelles
/. Consonnes
A I M O D IF IC A T IO N S COM M UNES
1. Toute occlusive sonore est devenue sourde devant une consonne sourde
(24c, 1°).
2. Toute consonne sourde est devenue sonore devant une occlusive sonore
(24c, 2°).
3. Les occlusives sourdes entre sonantes ou entre voyelle et sonante ont
tendu à se sonoriser (28c, 30).
4. Une consonne est souvent géminée devant jr en osque (29c, 5“).
5. Les occlusives sonores aspirées lE sont devenues des spirantes sourdes
et le sont restées en position intervoealique (65 et 28c, 2'’).
6. Dans les séquences de trois consonnes, la dernière consonne du groupe
implosif, ainsi que t dans la séquence stl, s’est amuïe, sauf s’il s’agis
sait de dans ce cas, l’occlusive précédant s s’est amuïe; r suivi de s
+ consonne a tendu à s’amuïr en ombrien, ainsi que dans la séquence
rstl en osque. Les géminées se sont simplifiées devant et après consonne
(43c, 2°).
7. Une nasale a pris le point d’articulation de l’occlusive suivante, sauf
dans la séquence mt résultant de la syncope (26c).
B I CONSONNES L A B IA L E S
Occlusives (b, p)
1. Une occlusive labiale est devenue m devant n (23c, 30).
2. La séquence -ps- intervoealique ancienne est devenue -w-; secondaire,
elle subsiste en osque, devient s(s) en ombrien (23c, 12°).
3. La séquence/»f est devenue ft, laquelle est ensuite passée en ombrien à hl
(36c, 5°)-
4. lE bh est représenté en ombrien par b entre m et voyelle (28c, 3°)
5. La séquence mb est devenue mm en ombrien (23c, 11°).
Masale (m)
m final a tendu à s’amuïr (62c, 2°).
1 88 INDEX
C I CONSONNES D E N T A L E S -A L V É O L A IR E S
Occlusives (d, t)
1. Une occlusive dentale devant une occlusive « gutturale » ou labiale
s’y est assimilée totalement (22c, 1° et 2®).
2. L a séquence occlusive dentale + s, ancienne ou venant de dentale
+ t (voir infra 3), est devenue s(s) (23c, 2°).
3. Les séquences intérieures anciennes -d-, -dh- ou -t- + -t- (ne repré
sentant pas une gémination expressive) sont devenues *-tst- (d’où
(37c, 3°)-
4. L a séquence nd est devenue nn (23c, 11°).
5. d intervocalique s’est ouvert en ombrien en une spirante intermédiaire
entre r et d spirant (transcrite f de l’alphabet nationed, rs en alphabet
latin) (28c, 4°).
6. La séquence dy- initiale est devenue^y- en osque récent et en ombrien (64c).
7. En finale, d s’est amuï en ombrien (62c, i®).
8. lE -t est devenu -d dans les formes verbales à la 3®personne au sing, et
-J au plur. (63c).
9. L a séquence -tl- est devenue -cl- sauf après s (36c, 2°).
10. Les séquences t y, d y sont devenues respectivement s, z dans le
dialecte de Bantia (29c, 4®).
11. L a séquence "^tst venant de dentale -f- t selon 37c, 3® s’est dissimilée
en ts, d’où s(s). La séquence st s’est dissimilée en s dans ombrien
sestu « sistô » (50c).
12. Les séquences st, rt sont souvent devenues s, r, en finale en ombrien
(62c, 3°).
Nasale (n)
1. En ombrien, un w a été palatalisé par un_y suivant et transcrit ni ( = n)
de l’alphabet national (29c, 3°).
2. L a séquence ns intérieure ancienne est devenue nts, transcrite nz de
l’alphabet national, ns en alphabet latin; secondaire, elle est devenue/
en ombrien. En finale, ns ancien est devenu -w en osque, - f en ombrien;
ns au nominatif sing, des thèmes en -n est devenu - f (36c, 3°).
3. La séquence ni est devenue II (23c, io°).
4. « a eu tendance à s’amuïr devant consonne, surtout en ombrien, et,
notamment, dans la finale -ent en osque (42c, 5®). Mais voir supra 2.
5. n final a tendu à s’amuïr en ombrien (62c, 2°).
Liquides (r, l)
1. Il et rr en finale sont généralement devenus l et r (62c, 4°).
2. En finale, r a tendu à s’amuïr (62c, 1°).
3. La séquence -It- ne résultant pas de la syncope s’est réduite à -t- en
ombrien (42c, 7®).
4. U n morphème contenant un r ou un / a souvent été évité, quand la
racine du mot contenait déjà ce phonème (53c, 3®).
Spirantes (s, f )
I. s intervocalique s’est sonorisé en osque et est devenu r en ombrien;
s final après voyelle est devenu r en ombrien (28c, i®).
CHANGEMENTS CONDITIONNÉS DE l ’ OSCO-OMBRIEN 18 9
/ƒ. Voyelles
A I M O D IF IC A T IO N S COM MUNES
B I M O D IF IC A T IO N S P A R T IG IIL IÈ R E S
m . Diphtongues
iV . Sem i-voyelles
. w s’est amuï a) après consonne labiale quand il était suivi d’une voyelle
( 4 1 C , 2°); b) après d (42c, 8®).
, y a) ancien s’est amuï entre voyelles (42c, i®); b) a eu tendance à
s’insérer entre dentale et u (45c, 4°) ; c) est devenu /, r, respectivement
après Z, r, dans le dialecte de Bantia (29c, 4®).
Index des changements
conditionnés du germanique
/. Consonnes
A M OD IFICATION S COMMUNES
I. Toute occlusive sonore est devenue sourde devant une consonne sourde
(24d, 1°) et toute consonne sourde est devenue sonore devant une occlu
sive sonore (24d, 2°).
2 . a) Les géminées se sont simplifiées à l’initiîde (64d) ; b) devant et après
consonne (43d, 2°); c) après voyelle longue (43d, 1°).
3. Une consonne s’est géminée en position intervocalique devant y
notamment en v.h.a. (2gd, 2°).
4. Les consonnes simples ont tendu à s’amuïr et les géminées à se sim
plifier en position finale. Pour le détail, cf. § 62d, i° à 4°.
5. Les occlusives sourdes lE ne sont pas devenues spirantes selon la loi
de Grimm (§ 65, n. 40), lorsqu’elles suivaient une spirante ancienne ou
germanique (38d).
6. Tendance à la dissimilation consonantique, surtout lorsqu’ il s’agissait
de liquides ou de nasales (5od, 1°).
7. Les redoublements de racines comportant s consonne sont représentés
par 5 (5od, i°).
B I CONSONNES L A B IA L E S
Occlusives (b, p)
I. P germanique est devenu en h .& .ff à l’intervocalique et en finale après
voyelle (d’où ƒ après voyelle longue, selon § 43d, 1°, et en finale, selon
§ 62d, 4°) (42d, 6°).
2. La séquence intervocalique ancienne -ps- a tendu à s’intervertir en -sp-
en m.h.a. et en v.isl. (4od, 1°).
3. b semble être devenu m devant m (23d, 3°).
Nasale (m)
1. m s’est amuï devant h et, en v. anglais, devant j, ƒ, p (avec allonge
ment compensatoire selon § 44d, 5°) (42d, 3°).
2. Dans la séquence intérieure -mn-, m a tendu à devenir spirant et bn
192 INDEX
G I CONSONNES D E N T A L E S -A L V É O L A IR E S
Occlusives (d, t)
Les dentales se sont amuïes devant s + consonne, de même que les
I.
occlusives dentales lE entre deux n et entre n e t y (43d, 2°).
2 . La séquence lE dentale -|- s est devenue ss en germanique; t germa
nique est devenu en h.a. ss à l’intervocalique et en finale après voyelle
(d’où s après voyelle longue, selon § 43d, i°, et en finale, selon § Ô2d,
4°) (42d, 60).
3. Les séquences intérieures -dt-, -dht-, -U- (ne représentant pas une gémi
nation expressive) sont devenues *tst (37d, 3°) et, de là, -s(s)- (sod, i®).
4. Une dentale orale lE est devenue l devant l (23d, 5°).
Nasale (n)
1. n est devenu a) l après / (23d, 6°) ; b) m devant et souvent après m
(22d, 2° et 50); c) m devant ƒ bilabial (gotique, v.isl.) (20d); d) s’est
amuï devant h, etc. (voir Nasale m, 1 et 4).
2. Il semble que la séquence occlusive lE -j- k soit devenue une occlusive
sourde géminée (23d, io°).
Spirantes (s, z, p, d)
1. Non précédées immédiatement de l’accent lE , la séquence -sl-
ancienne est devenue -zl- en germanique commun (d’où II selon
§ 23d, 70), les séquences -rs-, -Is- sont devenues -rz-, -Iz- en germanique
occidental commun (d’où respectivement -rr-, -II- en position inter-
vocalique selon § 23d, 7° et 8“) et les séquences intervocaliques -sn-,
-sm- sont devenues -zn-, -zm- en germanique commun (d’où respecti
vement nn, souvent, et mm) (24d, 3° et 4°).
2. Non précédé immédiatement de l’accent lE , s entre voyelle et j ou
occlusive sonore germanique est devenu z, qui passe généralement à r,
sauf en gotique (42d, 4°).
3. L a spirante sourde germanique p et la spirante lE s intervocaliques
ou entre voyelle et liquide ou nasale sont devenues sonores, sauf si
l’accent lE affectait la voyelle immédiatement précédente, et z est
ensuite devenu r, sauf en gotique (28d, i® et 2®).
4. La séquence sr est devenue str (37d, 4®).
5. In pausa, la spirante sonore interdentale ainsi que z se sont assourdis
CHANGEMENTS CONDITIONNÉS DU GERMANIQUE 193
D I CONSONNES « G U T T U R A L E S »
//, Voyelles
//A D iphtongues
IV . Sem i-voyelles
!. Consonnes
A I M OD IFICATION S COMMUNES
1. Toute occlusive sonore est devenue sourde devant une consonne sourde
(24e, 1°).
2. Toute consonne sourde est devenue sonore devant une occlusive sonore
(24e, 2°).
3. Les occlusives finales ont disparu, sauf d dans les monosyllabes et t
après consonne autre que s (62e, 1°).
4. Une consonne s’est palatalisée devant une voyelle prépalatale ancienne
et devant j;; une consonne s’est labialisée devant ü et parfois u (28e,
4° et 29e, 2°).
5. Les consonnes finales longues ou géminées se sont généralement abré
gées ou simplifiées, sauf souvent pour -ss, du moins dans la graphie
(62e, 4»).
6. En proclise, une consonne tend à perdre sa palatalisation ou sa labia
lisation (63e, 4®).
7. Les occlusives se sont généralement transfonnées en spirantes en posi
tion intervocalique (28e, 3") (pour le brittonique, cf. 28e, 3°).
8. Une géminée a tendu à se simplifier après voyelle longue (43e, 1°).
9. Une occlusive précédant s final a disparu avec lui (62e, i®).
10. Une occlusive sourde a disparu entre liquide ou nasale et s, devant
s consonne et souvent entre s et liquide ou nasale (43e, 2°).
11. L a séquence secondaire consonne sonore -fi h s’est fondue en la consonne
sourde correspondante (24e, 5®).
12. Tendance à la dissimilation, surtout lorsqu’il s’agissait de liquides ou
de nasales (50e, i®).
B I CONSONNES L A B IA L E S
Occlusives (b, p)
1. Dans la suite lE p... k", p est devenu A:“ et a suivi son destin (48e).
2. La séquence tnb a tendu à devenir mm dès la période récente du vieil
irlandais (22e, 12®).
196 INDEX
JVasale (m)
1. Les nasales ont disparu en finale absolue. En sandhi externe, elles
reparaissent a) sous forme de n devant voyelle; b) transformant en
nasales correspondantes les occlusives sonores et en occlusives sonores
les occlusives sourdes initiales avant de s’amuïr définitivement (62e, 2°).
2. Une nasale devant une occlusive a pris le point d’articulation de cette
occlusive en celtique. (Pour le traitement ultérieur de la séquence
nasale + consonne, cf. § 24e, 6°) (26e).
3. Les séquences initiales mr-, ml- sont devenues respectivement br- et bl-,
vers la fin de la période du vieil irlandais (37e, 2°).
4- En position finale, m lE est devenu n et a partagé son sort (cf. § 62e, 2®).
5- La labiale m a disparu en position intérieure devant w en celtique
commun (41c, 3°).
6. Les séquences initiales *mbr-, *mbl- provenant de l’insertion de b ont
perdu leur m (64e, 1°).
C I CONSONNES D E N T A L E S -A L V É O L A IR E S
Occlusives (d, t)
I. Une occlusive dentale a) devant une occlusive « gutturale » s’y est
assimilée totalement (22e, 1°); b) est devenue s devant la spirante s
(et parfois aussi après s, après interversion en ts selon § 40e, 3") (23e,
2“) ; c) placée après l’accent dans les composés prépositionnels s’est
assimilée totalement à une oceluslve labiale suivante (22e, 2°).
2 . Une dentale sonore est devenue l après / à date récente (22e, 6®).
3 ' La séquence -dm- est devenue mm dans les composés prépositionnels
en ad- où elle était précédée immédiatement de l’accent irlandais
(23e, 3°)- .
4. Les séquences intérieures anciennes -dt-, -dht-, -tt- (ne représentant
pas une gémination expressive) sont devenues *tst, d’où ss selon § 50e,
1°) (37e, 3“)-
5. L a séquence nd a tendu à devenir nn dès la période récente du vieil
irlandais (22e, 12°).
6. rf et t ont tendu à s’amuïr devant nasale ou liquide. (Pour le détail,
cf. § 42e, 70.)
7. si et str- se sont parfois allégés respectivement en s, sr- (64e, i®).
8. La séquence initiale stl- est devenue si- (64e, 1°).
g. L a séquence *-tst- venant de dentale + t est devenue ss (50e, i®).
Nasale (n)
I. Pour les phénomènes résultant de sa disparition en finale absolue,
cf. CONSONNES L A B IA L E S , Nasale, I .
2 . Une nasale précédant s final a disparu avec lui (62e, i°).
3- n s’est amuï dans les séquences nsk, nst (43e, 2°).
4. n placé immédiatement devant l’accent lE semble s’être assimilé
totalement à une occlusive sourde précédente (22e, 5°).
L a séquence n + occlusive sourde s’est fondue en l’occlusive sonore
correspondante (généralement avec allongement compensatoire selon
§ 44e, 5°) (24e, 6® ) . ’i7oir aussi c o n s o n n e s l a b i a l e s . Nasale, 2.
CHANGEMENTS CONDITIONNES DU VIEIL IRLANDAIS 197
Liquides (r, l)
D I CONSONNES « G U T T U R A L E S »
//. Voyelles
M O D IFICATIO N S COMMUNES
m . Diphtongues
IV . Sem i-voyelles
4. w s’est eimuï a) après consonne labiale, quand il était suivi d’une voyelle
(sinon, ü se vocalisait en a) (41e, 2®); b) entre voyelles (42e, 2®);
c) dans les séquences dw-, dhw-, sw- et bhw- (64e, i®).
5. Dans la séquence dissyllabique a + voyelle de timbre différent, il
s’est développé un w (37e, i®).
6. y, dans la séquence consonne + y, disparaît après avoir palatalisé la
consonne (29e, 2°).
7. Dans la séquence dissyllabique lE i + voyelle de timbre différent, il
s’est développé un j (37e, 1°), disparu en v. irl.
Index des termes techniques
Les chiffres en exposant renvoient aux notes, sans indication aux paragraphes
où sont définis ou illustrés ces termes
Les chiffres en exposant renvoient aux notes, les autres aux paragraphes
sauf s’ils sont précédés de p(age)
A v a n t - p r o p o s .......................................................................................... 7
B ib l io g r a p h ie .......................................................................................... 9
P R E M IÈ R E P A R T IE
SECON DE P A R T IE
L IV R E P R E M IE R
C h a p it r e i . — L ’a s s im ila t io n ....................................................... 45
Définition et m é can ism e .................................................................. 45
L o i générale de l ’a ssim ila tio n ....................................................... 47
A. MANIET 8
210 TABLE DES MATIERES
C h a p it r e 2. — La d i f f é r e n c i a t i o n .................................................... 79
S e c tio n i . Accentuation d 'u n e d iffé r e n c e ................................... 79 (82)
S e c tio n 2 . Développem ent d ’ un phonèm e in terca la ire........... 83 (85)
C h a p it r e 3. — La d iffé r e n c ia tio n p r é v e n t i v e ................... 86 (86)
C h a p it r e 4. — L ’ i n t e r v e r s i o n ............................................................ 87 (89)
T it r e II. — M o d if ic a t io n s q u a n t it a t iv e s
C h a p it r e i . — L ’ a m u ï s s e m e n t ......................................................... 90
S e c t i o n i . Am uïssem ent p a r dissim ilation en c o n ta c t........... 90 (9 1)
S e c t i o n 2 . Am uïssem ent p a r augmentation (Taperture . . . . 92 (94)
S e c t i o n 3 . Am uïssem ent p a r sim plification ou allégement . 96 98)
C h a p it r e 3. — D é v e lo p p e m e n t d e v o y e lle s o u d e s e m i-
v o y e l l e s ............................................................................................................ 104 (106)
L IV R E D E U X IÈ M E
L IV R E T R O IS IÈ M E
T it r e I. — L es v o y e l l e s d e s s y l l a b e s in t é r ie u r e s
L IV R E Q U A T R IÈ M E
Phonétique syntactique
En la t i n ......................................................................................... 157
Dans les autres langues .............................................................. 158