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ALBERT MANIET

Professeur à l ’Université Laval

LA
PHONÉTIQUE HISTORIQUE
DU LATIN
D A N S L E C A D R E D ES L A N G U E S
INDO-EUROPÉENNES

CIN Q UIEM E EDITIO N


A U G M E N TÉ E E T C O R R IG É E

É D IT IO N S K L IN C K S IE G K
11, rue de Lille, Paris - 7®
= = = = = 1975 ■
L a lo i du i r mars 1 9 5 7 n'autorisant^ aux ternies des alinéas s et 3 de Var~
tid e 4 1 , d ’ une p art, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l ’usage
p riv é du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d ’autre part, que les
analyses et les courtes citations dans un but d ’exemple et d ’ illustration, « toute repré­
sentation ou reproduction intégrale, ou partielle, fa ite sans le consentement de l ’ au­
teur ou de ses ayants-droit ou ayants-cause, est illicite » ( alinéa i®*" de l ’ article 40 ) .
Cette représentation ou reproduction, p a r quelque procédé que ce soit, constituerait
donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 4 2 5 et suivants du Code Pénal.

I S B N 2-252-01746-5

© E ditions K ü n ck sieck , 1975.


AVANT-PROPOS
DE LA DEUXIÈME ÉDITION

Le but de l’auteur est double : illustrer au moyen de faits latins les


grands phénomènes d’évolution des sons du langage et la nature des lois
phonétiques et, en même temps, mettre en liunière les tendances arti-
culatoires du parler destiné à devenir le latin, en exposant, pour l’essentiel,
l’évolution de ses phonèmes jusqu’à l’époque classique. Il a pensé qu’envi­
sagées à la lumière de la phonétique générale et de la psychologie linguis­
tique, expliquées systématiquement (dans la mesme du possible) par leurs
causes et leurs conditions — psychiques, physiologiques, historiques — ,
les particularités du parler de Rome apparaîtraient mieux comme un
système cohérent et en partie original. Pour faire ressortir davantage encore
ces caractères et, d’autre part, indiquer les traits communs au latin et à
d’autres langues indo-européennes typiques, il a confronté (schématique­
ment) chaque espèce de changements survenus dans le phonétisme latin avec
les traitements correspondants du sanskrit (en principe védique), du grec
(en principe ionien-attique), de l’osco-ombrien, du germanique (en principe
le gotique et le vieux haut-allemand) et du celtique (en principe le vieil
irlandais). Le domaine phonétique du latin se présente de la sorte conune tm
objet de compréhension et non de simple constatation [...]. Grâce à ce
point de vue, ainsi qu’à l’explication d’un certain nombre de faits et à la
position prise par rapport à la méthode en phonétique historique, cet
ouvrage ne fait double emploi avec aucun des manuels traitant la même
matière.
Des indications bibliographiques renverront pour chaque point aux
principaux ouvrages et articles qui lui furent consacrés. O n pourra souvent
y trouver d’autres considérations (notamment d ’ordre métrique) et plus
d’une fois une opinion différente de celle de l’auteur [...].
Les changements dits inconditionnés seront réimis en un tableau
comparatif à la fin du volume.
Outre l’index des termes techniques et celui des mots étudiés, un index
spécial par phonèmes donnera une synopsis de leurs différents avatars
en latin. Il permettra de les rattacher aux phénomènes généraux auxquels
ils se rapportent et facilitera la comparaison avec le traitement des langues
apparentées signalé dans l ’exposé [...].
A. M . Louvain, 1955.
AVERTISSEMENT
DE LA CINQUIÈME ÉDITION

Depuis la première édition de cet ouvrage, parue en 1950, l’étude de


l’aspect phonique du latin ancien, surtout sur le plan synchronique, a tiré
un profit non négligeable des vues de la phonologie. Sur le plan diachro­
nique, nous ne disposons (uicore dans ce cadre que de quelques travaux
— dont plusieurs remarquables •— portant sur des secteurs particuliers.
J ’ai commencé en ce sens uiu^ étude de l’ensemble des faits, mais la
complexité de la matière et, plus encore peut-être, l’absence d’une doctrine
diachronique largement accc^])(é(^ risquent de retarder longtemps encore
pareille étude. Elle ne visera d’ailleurs pas à se substituer aux ouvrages de
type classique, qui, à mon avis, rt;stent fondamentaux, mais à les compléter
par une tentative d’explication plus synthétique du processus d’évolution.
J ’ai donc apporté ici, pour ce; tpii regarde le point de vue phonologique,
les modifications ou additions indispensables dans l’état actuel des connais­
sances, y compris une comparaison commentée des systèmes vocalique
et consonantique de l’indo-européen et du latin archaïque et classique
(p. 169 s.). Pour ce qui regarde l’aspect plus classique de l’ouvrage, j ’ai
mis à jour la bibliographie (qui comprend, outre soixante-dix titres nou­
veaux, des références systématiques à l’Introduction au latin vulgaire de
V . Väänänen) et apporté quelque cinq cents faits ou explications supplé­
mentaires et corrections, ainsi qu’un index des changements conditionnés
du sanskrit, de I’ionien-attique, de l’osco-ombrien, du germanique et du
vieil irlandais.
A. M. Québec, 1972.
ABRÉVIATIONS BIBLIOGRAPHIQUES
ET SIGNES CONVENTIONNELS

N.B. — L a liste des auteurs figurant ci-dessous est complétée au cours de


l’ouvrage par l’indication des articles pertinents. Les abréviations et sigles
adoptés sont ceux de l’Année Philologique et de la Bibliographie linguistique.
Les grammairiens latins (Terentianus Maurus, Velius Longus, Marius
Victorinus, Charisius, l’Appendix Probi, Priscien), sauf cetix qui figurent
dans cette liste, sont cités dans l’édition de K eil (voir K ) .

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Toute voyelle surmontée du signe “ est brève ou longue, du signe “


est longue. Les autres sont brèves. Le signe " ne figurera pas dans les mots
cités tels qu’on les trouve, dépourvus d’indication de quantité, dans les
inscriptions anciennes.
i et U semi-voyelles seront notés respectivement y et w, sauf dans les
mots latins attestés dont nous n’indiquons pas expressément la pronon­
ciation; î et ù représentent e et 0 fermés en osque.
La lettre n servira à noter expressément la nasale « gutturale » (c’est-à-
dire n devant c, g, qu, gu) ; n, la nasale palatalisée représentée par gn dans
franç. digne; v,, la nasale rétroflexe du sanskrit; P , la spirante interdentale
sourde représentée par th dans angl. thin- s, f, les chuintantes représentées
respectivement par ch et j dans franç. cheval, je ; s, z, les chuintantes
ABREVIATIONS BIBLIOGRAPHIQUES 15

rétroflexes du sanskrit; c, j , les mi-occlusives tch, dj, respectivement de ital.


cento, gente\ x (sauf dans les mots latins), la spirante « gutturale » sourde
représentée par ch dans allem. Bach. Le signe ’ placé après une occlusive
indique qu’elle est palatalisée, c’est-à-dire suivie d’un embryon de y.
L ’astérisque (*) placé devant une forme indique qu’il s’agit d’une
reconstitution hypothétique.
lE = indo-européen; lit. = lituanien; m.h.a. = moyen haut-allemand;
v.h.a. = vieux haut-allemand; v.irl. = vieil irlandais; v.isl. = vieil islan­
dais; v.sl. — vieux slave; skr. == sanskrit; av. = avestique.
Dans l’exposé des traitements autres que ceux du latin, les chiffres pré­
cédés de § renvoient aux paragraphes du présent ouvrage, les autres aux
paragraphes des ouvrages cités.

-i I
Première Partie
Notions de phonétique
descriptive
et description des sons
du latin ancien

D É FIN IT IO N DE LA PH O N ÉTIQ U E
ET M ÉTH O DE DE LA D E S C R IP T IO N PH O N ÉTIQ U E
DU LATIN

§ I. — 1° La phonétique est la science qui a pour objet les sons du


langage articulé ou phonèmes (cf. § i, 2° N.B.). O n peut l’envisager sous
trois aspects différents, qui interfèrent d’ailleurs plus ou moins selon les
cas, et distinguer ainsi la phonétique descriptive, la phonétique historique
et la phonétique générale.
L a phonétique descriptive est celle qui constate, note, transcrit, enregistre
les sons, les définit et les classe. Lorsqu’elle a pour objet une langue donnée
à une époque bien définie, on l’appelle aussi phonétique statique ou syn­
chronique. Si elle a pour objet plusieurs langues ou des états différents d’une
même langue, elle reçoit l’appellation de phonétique comparée. Elle a pour
auxiliaire la phonétique instrumentale, ou, moins adéquatement, expérimentale,
qui recourt aux instruments pour étudier les sons du langage (Dieth,
p. 19 S S .; Kaiser, p. 18 ss., 166 ss. et passim-, Malmberg, p. 98 ss.).
L a phonétique historique (ou évolutive ou diachronique), basée sur la phoné­
tique descriptive, est celle qui étudie les transformations des phonèmes
et des systèmes phoniques.
Ces aspects sont synthétisés par la. phonétique générale, qui vise à déterminer
les diverses qualités des phonèmes au point de vue physique et psycho­
physiologique, les mouvements articulatoires qui les produisent, l’effort
des organes qui concourent à leur émission (appelée phonation), indépen­
damment des langues où ils sont ou peuvent avoir été en usage. Elle
i8 NOTIONS DE PHONETIQUE DESCRIPTIVE

comprend donc la phonétique descriptive, lorsque celle-ci ne s’attache pas


à une langue strictement définie, et la phonétique évolutive, lorsque celle-ci
ne se contente pas de constater les faits d’évolution, mais s’efforce de les
rattacher à des lois générales.

*
* *

2° Il convient, en abordant l’étude de la phonétique, d’éliminer une


erreur commune, qui porte à confondre les sons et les lettres de l’alphabet,
signes conventionnels qui les représentent imparfaitement. Une même lettre,
en effet, peut signifier plusieurs sons différents, non seulement pour des
individus de langue differente, mais même à l’intérieur d’une langue
donnée. Que l’on songe, par exemple, au son correspondant à la lettre u
en français et aux sons tout diflférents qu’elle évoque chez un Anglais;
et, d’autre part, aux trois réalités distinctes (tant au point de vue acous­
tique qu’à celui du mode de production) que recouvre pour les Français
l’unique lettre o : un o fermé dans le mot dos, un o moyen dans le mot bosse,
un 0 ouvert dans le mot mort, chacune de ces variétœ étant conditionnée
entre autres par une position légèrement différente de la langue par
rapport à la voûte palatine et par un degré d’ouverture de plus en plus
accentué de la bouche. Il peut arriver aussi que plusieurs lettres différentes
ne représentent qu’tm seul et même phonème : c’est le cas, par exemple,
pour les multiples graphies françaises de l’o fermé : ô, oh, au, aux, aulx,
haut, os, etc.
Il importe donc, surtout lorsqu’il s’agit d’une langue comme le latin,
dont nous ne possédons plus que des textes et donc des lettres, de déterminer
d’abord les réalités que représentaient pour les sujets parlants ces signes
conventionnels. Ce sont ces réalités et non leur symbole qui feront l’objet
de l ’étude phonétique.

N.B. — On tend à distinguer son et phonème et à appeler phonème (objet


de la phonologie) l’unité phonique fonctionnelle minimale, c’est-à-dire
l’image phonique qui pourrait à elle seule distinguer dans une langue à une
époque donnée un élément linguistique d’un autre (p. ex., lat. class, b et p
dans bellô, pellô, ë et e dans vênit, uenit, l et r dans latus, ratus). O n réserve alors
le terme de son (objet de la phonétique) aux réalisations concrètes d’un
phonème, physiologiquement plus ou moins diverses selon les individus,
les circonstances ou l’environnement phonique. Ainsi, en latin, l vélaire
et l palatal constituent deux sons différents, mais non deux phonèmes,
car leur caractère vélaire ou palatal ne suffit jamais à y distinguer deux
mots ou deux morphèmes. Ce sont deux réalisations d’un phonème idéal l
(qui s’oppose p. ex. à r) et dont l’articulation vélaire ou palatale dépend
de l’élément phonique suivant (cf. § 8, 2° et 3°). On peut les considérer
comme des variantes combinatoires du phonème l.
ET DESCRIPTION DES SONS DU LATIN ANCIEN 19

Le présent ouvrage étudie avant tout les modifications survenues dans les
sons du latin ancien au cours de son histoire en raison de l’environnement
phonique. Les termes de phonème et de son y seront employés indifférem­
ment en règle générale. Sinon, ils seront mis entre guillemets. Nous
n’emploierons donc pas ici les signes distinctifs / / et [ ] comme on le fait
généralement quand on traite de phonologie.
3° Les principales sources de notre connaissance de la prononciation
du latin ancien sont : i . L ’école des grammairiens latins, dont l’initiateur,
Cratès de Mallos, séjourna à Rome vers 160 avant J.G. Plusieurs d’entre
eux, comme Terentianus Maurus, Marius Victorinus, Velius Longus, ont
décrit en détail les sons de leur langue ou, comme V airon , ont disserté
sur leurs particularités. Pour plus de détails, cf. Collart, Varron, p. 7 ss.
2. Les observations occasionnelles d’auteurs latins comme Cicéron, Quin-
tilien, sur des points de phonétique. 3. Les inscriptions latines. 4, Les
graphies grecques de mots ou de noms latins. 5. L a comparaison avec les
langues romanes, dérivées du latin.
Ces divers témoignages, dans leur convergence, nous donnent une idée
suffisamment précise à notre point de vue de la valeur des signes alpha­
bétiques du latin ancien, en d’autres termes, de la moyenne de pronon­
ciation des Romains cultivés, et même parfois des autres, depuis Plaute
(mort en 184 av. J.C.) jusqu’à Tacite (mort au début du second siècle
ap. J.G.). Les descriptions systématiques qui nous restent des grammairiens
ne remontent pas, il est vrai, au-delà du i®'’ siècle ap. J.C., mais les modi­
fications successives de l’orthographe des inscriptions, notamment, nous
révèlent le souci constant des Romains d’éviter de laisser une trop grande
marge entre la graphie et la prononciation; de plus, les fautes fréquentes
des lapicides contre tel point de l’orthographe traditionnelle trahissent
souvent la prononciation réelle de l’époque. En nous rapportant à ces
critères, nous pouvons connaître par analogie — avec la part d’incertitude
qu’elle comporte —- la prononciation moyenne des périodes antérieures.
— Pour les sources du latin vulgaire, voir Väänänen, § 21 à 32.
Cette première partie de l ’ouvrage comprendra l’exposé des notions
de phonétique descriptive générale nécessaires pour comprendre les phé­
nomènes d’évolution et, encastrée dans cet exposé, la description des sons
du latin ancien.
20 NOTIONS DE PHONETIQUE DESCRIPTIVE

LE M É C A N ISM E G É N É R A L
ET LES O RG AN ES DE LA PHONATION^

Schéma des organes supérieurs de la phonation


l. Cavité nasale. — 2. Cavité buccale. — 3. Pharynx. — 4. Voûte palatine : a. palais
antérieur ou palais dur; b. voile du palais ou palais mou. — 5. Langue. — 6. Larynx.
7. Cordes vocales (la fente médiane est la glotte).

§ 2. — L a zone cérébrale qui préside aux mouvements du langage


parlé est le siège d’une infinité de cellules nerveuses munies de prolonge­
ments cylindre-axiles. Généralement^ ces prolongements aboutissent à des
centres — bulbe ou moelle épinière — et y sont relayés par des neurones,
qui étalent leurs terminaisons à la surface des muscles de la phonation.
A chacun de ces neurones et de ces muscles ou groupes de muscles corres­
pond un mouvement bien déterminé, comme l’arrondissement des lèvres,
l’abaissement du voile du palais, la fermeture de la glotte, etc. Lorsque le
sujet parlant est sur le point d’articuler un phonème, il se forme dans la
zone du langage une image motrice, sorte d’ébauche des mouvements à
exécuter; cette image fait fonction d’excitant et déclenche une série d’influx
nerveux qui cheminent à travers les differents neurones spécialisés et
contractent les muscles régissant les mouvements articulatoires requis pour
l’émission du phonème.
Le premier de ces mouvements est en général l’expiration® d’une certaine
quantité de l’air emmagasiné dans les poumons. La contraction des muscles
intercostaux, en provoquant notamment l’élévation des côtes, augmente
la capacité du thorax et des poumons, qui se remplissent d’air; le mouve-

^ R ousselot, p. 233 SS.; G rammont, p. 17 ss.; D ieth , p. 53 ss.; K aiser, p. 31 ss. et


56 ss.; J akobson ; M almberg , p. 24 ss.
® Cf. Orbis, 1955, p. 120 ss.
® Certains phonèmes, cependant, notamment chez les Hottentots, sont produits par
inspiration (R ousseeot, p. 488-489); mais, en latin, comme dans la plupart des autres
langues, ils ne font pas partie du système phonique régulier.
ET DESCRIPTION DES SONS DU LATIN ANCIEN 21

ment contraire comprime les poumons et l’air est propulsé vers le haut.
Il s’engage dans la trachée-artère, continue son ascension dans le larynx,
franchit la glotte, fente circonscrite entre les replis membraneux très élas­
tiques que sont les cordes vocales, pénètre dans le pharynx et de là s’écoule
soit par l’orifice buccal seul, si le voile du palais, relevé, s’appuie contre la
paroi pharyngale, soit par l’orifice buccal et l’orifice nasal, si le voile est
maintenu dans une position intermédiaire entre le dos de la langue et
cette paroi. Dans le premier cas, le phonème articulé sera oral, dans l’autre,
il sera nasal.
Si la glotte est fermée, ou presque, lorsque se présente la colonne d’air
et que celle-ci se fraye de force un passage, les cordes vocales se mettent
à vibrer, c’est-à-dire s’écartent et se rapprochent très rapidement, les
vibrations se communiquent au souffle et le phonème articulé est perçu
comme somre (ou voisé). L a glotte est-elle largement ouverte au passage
de l’air (conservant cette position ou se fermant tout à fait pendant l’arti­
culation du phonème), il ne se produit aucune vibration et le phonème
émis est pærçu comme sourd (ou non voisé). O n donne aux phonèmes le nom
de consonne (orale ou nasale, tantôt sourde, tantôt sonore), quand les
organes qui interviennent dans leur articulation se ferment momentanément
(occlusives) ou se resserrent fortement (constrictives) au passage du souffle.
Si celui-ci, après avoir franchi la glotte, s’écoule sam obstacle par la voie
buccale ou la voie bucco-nasale, le phonème émis, moyennant certaines
modifications des organes buccaux, est appelé voyelle (orale ou nasale et
toujours sonore, sauf si la voyelle est seulement chuchotée). La distinction
entre consonnes et voyelles, qui nous vient des Grecs et a fait l’objet de
nombreuses controverses, correspond à une réalité physiologique. Ce ne
sont pas les mêmes muscles, mais deux groupes de muscles antagonistes
qui exécutent l’essentiel du travail articulatoire exigé respectivement par
les voyelles et par les consonnes (cf. Straka, voyelles et comonnes, p. 17-74).
O n peut dire aussi, mais grosso modo et sauf en tout cas pour i, qu’on passe
des unes aux autres par une gradation continue, dont l’essentiel consiste
en im écartement de plus en plus grand des organes au point d’articulation.

LES D IF F É R E N T E S PH ASES DE L 'A R T I C U L A T I O N

Gp. R ousselot, p. 334 S S .; G rammont , p. 36 ss.


§ 3. — L ’articulation d’un phonème peut comprendre trois phases :
1° L a mise en position des organes intéressés^.
2° U ne tension plus ou moins prolongée de ces organes ou tenue, qui fait
équilibre à la pression de la colonne d’air.
3° Le déplacement des organes ou détente.*

* Le terme « mise en position » est préférable, semble-t-il, à celui de « tension » qu’on


emploie d ’ordinaire : la tension d ’où résulte le phonème est différente de la mise en position
des organes.
22 NOTIONS DE PHONETIQUE DESCRIPTIVE

O n appelle phonème à tenue croissante^ ou simplement phonème crois­


sant, celui pour l’émission duquel la tension des organes ne cesse de croître
jusqu’à la fin; phonème décroissant, celui pour l’émission duquel les organes,
après avoir atteint un certain degré de tension, se relâchent peu à peu. Les
voyelles ont une tenue décroissante, les consonnes une tenue croissante ou
décroissante, selon qu’elles se trouvent dans la portion initiale ou dans la
portion terminale de la syllabe (pour la limite des syllabes en latin,
voir § lo). Une consonne croissante est, du point de vue acoustique, une
explosive : ce nom lui vient du bruit d’explosion produit lors de l’ouverture
de l’orifice buccal par la libération de l’air qui s’y trouvait comprimé.
Naturellement, l’explosion est surtout sensible dans le cas des occlusives.
Les consonnes décroissantes sont des implosines : on n’entend généralement
du phonème que l’implosion, bruit produit par la fermeture du canal
buccal qui interrompt brusquement le courant d’air. Les constrictives ne
comportent jamais d’implosion, puisqu’elles exigent une ouverture — si
réduite soit-elle — du canal bucccd jusqu’à la fin de leur tenue. Mais, par
analogie, on les englobe avec les occlusives sous la dénomination d’implo-
sives, lorsqu’elles sont décroissantes.
R E M A R Q U E . - Une consonne géminée {pp, ss, etc.) est constituée
par une implosive et une explosive. L ’impression de redoublement est
causée par la durée plus longue de la tenue, qui comporte celle de l’implo-
sive, dont la tension croît, puis décroît, et celle de l ’explosive, à tension
croissante. Les géminées latines sont notées pour la première fois dans un
décret datant de 189 av. J .C . (C IL , I®, 614).

LES V O Y E LLE S LA TIN ES


Cp. R ousselot, p. 856-865; G rammont, p. 83 SS. (pour les voyelles en
général); L indsay, II, § i ss.; C amilli, Clas. e Neolat., 1911, p. 149-152;
CoccHiA, A A N , 1916, p. 333-383; D evo to , R IL , 1930, p. 593-605; F a r ia ,
p. 65-72; K ent , § 29 à 34; Bolelli , R A I, 1943, p. 193-204 (ilu); L a zz e -
R O N i, ASNP, X X V , 1956, p. 124-135 (voyelles doubles); L ejeune , Langage,
p. 291 ss. (graphie); L uedtke (à, a), Gl, X L , 1962, p. 147-150; Piccitto
(Hu)-, S z E M E R É N Y ï , SClos., 1960, p. 85 S S . (iju); T raîna , p. i p e t p . 43 s.
(iju,y). — V Ä Ä N Ä N E N , § 42 à 58.
§ 4. — La langue latine, à l’époque républicaine, comportait grosso modo
deux séries de cinq voyelles chacune, l’une brève, l’autre longue, auxquelles
on peut, sur le plan fonctionnel, ajouter les diphtongues (§ 6). A en juger
par les langues romanes et certaines descriptions de grammairiens anciens,
les voyelles longues avaient un timbre plus fermé que les brèves. La quantité
avait une valeur fonctionnelle, comme le montre, par exemple, l’opposi­
tion entre uënit et uenit, fodit et fodit. Pour les variantes, voir p. 23.

Timbre.
Le timbre des voyelles, c’est-à-dire ce qui, au point de vue acoustique,
en fait la qualité spécifique, dépend de la forme et du volume du résonateur
ET DESCRIPTION DES SONS DU LATIN ANCIEN 23

constitué par les cavités buccale et nasale. C ’est le mouvement des lèvres
et surtout la position de la langue par rapport à la voûte palatine qui
déterminent cette forme et ce volume. O n peut ainsi classer les voyelles selon
leur point (f articulation, leur aperture et le mouvement des lèvres qu’elles exigent.

Position moyenne de la langue par rapport à la voûte palatine


requise pour la production des voyelles du latin ancien
(cf. Grammont, p. 210-211)

Selon leur point d’articulation, c’est-à-dire l’endroit où se ferme ou se


resserre le canal vocal lors de l’articulation, on distingue les voyelles anté­
rieures ou prépalatales (dites plus simplement palatales') i, e, la voyelle médiane
a et les voyelles postérieures ou postpalatales (dites aussi vélaires) 0, u. Les
voyelles i et e sont en effet prononcées avec la masse antérieure de la langue
tendue vers une région située immédiatement au-dessus des alvéoles des
incisives supérieures, un peu plus haut pour e que pour i : c’est donc la
partie antérieure du palais (palatum) qui est leur point d’articulation.
Pour 0 et U, le dos de la langue remonte vers la partie postérieure de la voûte
palatine, le voile du palais (velum), un peu plus loin pour u que pour 0;
a occupe la position médiane. D ’après Quintilien (I, 4, 8) il existait un son
intermédiaire entre i et e, celui qu’on entendait à la fin du mot here « hier »,
et un son intermédiaire entre i et u, qu’on entendait dans la syllabe inté­
rieure de optimus. Ces deux sons représentent des variantes non distinctives
(Coleman, TPhS, 1962 (1963), p. 80-114).
L ’aperture est l’écartement des organes au point d’articulation; elle
correspond normalement au degré d’ouverture de la bouche. Les voyelles,
sauf i, sont les phonèmes qui ont le plus d’aperture, puisque la langue, pour
les articuler, reste à une distance de la voûte palatine suffisante pour laisser
passer librement la colonne d’air. Leur aperture comporte des degrés ;
comme l’indique le schéma ci-dessus, c’est a qui est la voyelle la plus
ouverte®, u et surtout i® sont les plus fermées, e’’ et 0 ont une aperture
moyenne.

® D ’après Terentianus M aurus, a est articulé rictu patulo (VI, 328, i i i ss. K ).
®M inimum... renidet supero tenus labello (Terent. M aurus , V I, 329, 119 K ). Cf. aussi
Q uintilien , IX , 4, 34.
’ Deprimit... modico tenore rictum (Terent. M aurus, V I , 329, 1 16 K ). Gf. aussi Q uintilien ,
IX , 4, 34.
24 NOTIONS DE PHONÉTIQ.UE DESCRIPTIVE

L ’arrondissement et la projection des lèvres caractéristiques d’o®et d’a®


les ont fait appeler labiales ou arrondies; i et e requièrent normalement un
certain étirement des commissures.
N.B. — L a lettre J» figurait sin-tout dans des mots empruntés au grec. Elle
y notait ü (a français) en prononciation savante et tantôt a (latin) tantôt i en
prononciation populaire. O n la trouve parfois à date récente dans des mots
latins, où elle note le son intermédiaire entre i et a dont parle Quintilien
(voir Halm, Ijing., X V II, 1941, p. 24-32).

Quantité.
Les voyelles latines étaient longues ou brèves; les premières avaient
un temps de tenue théoriquement double de celui des autres, dont la durée
dépendait du débit. L ’indication de la quantité ne fig^urait que dans les
inscriptions et seulement d’une manière sporadique, i était noté soit par
un i plus haut que les autres lettres, soit, dès le 2* s. av. J. G. par les
autres voyelles longues étaient notées au 2® et au i®’’ s. av. J.G. par le
redoublement de la lettre, dès le 2® s. av. J.G. par l’apex, accent placé
au-dessus de la lettre.

LES S E M I-V O Y E L L E S LA TIN ES

C oleman , GQ,, X III, 1963, p. i ss.; G odel , SL, V II, 1953, p. 90-99;
M ariner , Ëmerita, X X V I , 1958, p. 227 ss. (phonologie); T raîna , p. 45-48;
A lfonsi, Maia, X I X , 1967, p. 162 (n). — V äänänen , § 89 et 95.
§ 5. — Les modernes appellent semi-voyelles i et u prononcés respecti­
vement comme le premier phonème de « yeux » et de « oui ». Ge sont en
somme des consonnes constrictives, caractérisées par un resserrement
— d’ailleurs moindre — du canal buccal, à peu près au point d’articulation
des voyelles i et u. Elles seront transcrites respectivement au moyen des
signes et w, sauf dans les mots latins attestés dont on ne veut pas noter
expressément la prononciation.

LES D IP H TO N G U ES LA TIN ES

G rammont, pp. 109 ss. (pour les diphtongues en général); L indsay , II,
§ 32 ss.; M auiouzeau , La prononciation du latir?, p. 21-22; M ariner , Hel-
mantica, X X V , 1957, p. 17-30 (phonologie); S afarew icz , E os, X L I V , i ,
1950, p. 123-130 (phonologie); T raîna , p. 39-42; F a r ia , § 11-16; K en t ,
§ 35-41- — VÄÄNÄNEN, § 59-62.
§ 6. — Une diphtongue est la réunion de deux voyelles de timbre diffé­
rent qui n’ont pour elles deux qu’une seule tension. T el est, par exemple,

® Prodmüs labüs, rictu tereii (Il s’agit de ô : Marius V ictorinos, qui résume Terentianus
M aurus, V I , 33, 6 s. K ).
Produetim... coeimtibus labellis... (Terent. M aurus, V I , 329, 144 K ) .
ET DESCRIPTION DES SONS DU LATIN ANCIEN 25

le m ot français « ail » par opposition au mot « haï », dont les deux voyelles
ont chacune leur tension propre. Nous ne nous occupons ici que des diph­
tongues dans lesquelles le second élément est une semi-voyelle ou fait
fonction de semi-voyelle.
En latin ancien figuraient les diphtongues suivantes, en commençant
par les quatre plus anciennement attestées : ou ( = ow); oi { = oy), diph­
tongue à laquelle succéda en partie oe; ai ( = ay, cf. QuintUien, I, 7, 18),
diphtongue à laquelle succéda ae; ei ( = e y ) ; au ( = aw ); eu ( = ew),
généralement, dans nos textes, de formation récente (cf § 32, 4P Rem.).
U ne diphtongue constitue une unité fonctionnelle, à classer dans la
série vocalique : dans caedô, cëdô, ae s’oppose à ê au même titre que l’a de
cadô. Sur le plan phonétique, il s’agit cependant de la combinaison de
detix sons, et l’articulation de l’un peut agir sur celle de l’autre.

LES CO N SO N N ES LATINES«»
Gp. G rammont , p. 46 ss. (pour les consonnes en général) ; L indsay, II>
§ 56 ss.; L o icq , A G , X X X I , 1962, p. 130 ss. (n)-, Safarew icz , E os, X L V I ,
I, iq52-io«i3, p. 07 ss. (Il)-, Sletstoe , Symh. OsL, X X X V , I 9 «S9 , P- 144 s-
{I et n); T raîna , p. 48-64; W ar d , Lang., X X , 1944, p. 73-77 (g = n)',
F a r ia , § 18-34; K en t , § 42-59. — N ehring , GW , X L V , 1951-1952,
p. 229-230 ( f) .
On les classe selon leur mode d’articulation et leur point d’articulation.

Mode d’articulation.
§ 7. — Nous restreindrons ici cette appellation aux mouvements qui
déterminent le caractère occlusif ou constrictif, oral ou nasal, sourd ou sonore
des consonnes.
Les occlusives orales sourdes sont p, t (toujours prononcé comme dans
« tu », peut-être avec une légère mouillure devant i &t e), c (toujours pro­
noncé comme dans « car », avec la même restriction que pour t) ; k,

Il ne sera pas question ici de la fricative vélaire sourde h. Elle avait disparu avant
l’époque historique, comme le prouvent certains phénomènes ; passage de ne + hemô à
nêmô au même titre que de dë - f emô à dëmô, etc. Maintenue dans l’orthographe, non sans
quelques flottements (harena et arena, holus et oins.,,), la lettre fut rétablie, parfois intempes­
tivement, dans la prononciation des gens cultivés de l ’époque classique (N epi ); mais ce
n’était là qu’une mode factice (C ollart , p. 95 ss.; voir, d ’autre part, M arouzeau , Hom­
mages Niedermann, 1956, p. 238-244). En concurrence avec h, on trouve ƒ dans un certain
nombre de mots de type dialectal (fedus = haedus, fasena — harena, fo stis — hostis...). Voir
p. 163, n. 44. Cf. E rnout, Eléments, p. 154 ss.; H iersqhe, Glotta, X L I I I , 1965, p. 103-118. —
V äänänen , § 101.
A l’origine, la lettre k semble avoir régulièrement précédé la voyelle a et les
consonnes, la lettre q, les voyelles 0, U et la semi-voyelle w, la lettre c. Ira voyelles e, i. Dans
la suite, c prédomina et k ne fut conserve que dans quelques abréviations (Â" = Caesô, K ,
K A L -= calend-, etc.) ; q ne fut plus employé que devant la semi-voyelle w {quam, etc.).
Les occlusives sourdes pouvaient être aspirées : th, ph, ch. Mais celles-ci figuraient surtout
dans des mots emprimtés au grec; sous leur influence, l ’aspiration s’introduisit dans quelques
mots latins, comme pulcher, limpha, dès la fin du 2® siècle avant J . G. (cf. C icéron, Orator,
160). — V äänänen, § 102.
26 NOTIONS DE PHONETIQUE DESCRIPTIVE

Les sonores sont b, d, g (toujours prononcé comme dans « gare », avec


la même restriction que pour c). Pour la graphie gn, voir ci-dessous.
Les occlusives nasales sont m, n, n (écrit n devant g, c, qu, et g devant n,
par exemple dans agnus, prononcé an-nus).
Pour les graphies du type agceps, singnifer, cf. § 25, 2 et § 26. Devant
« gutturale », n était une simple variante combinatoire; devant n, il avait
une valeur distinctive, puisque, par exemple, annus (agnus) s’opposait à
annus et aiïnî (agnl) à amnî.
Les constrictives sont r (toujours sourd en latin classique^^, comme
dans « son »), ƒ, l, r. Les consonnes s et f sont également appelées spirantes,
sifflantes, fricatives, en raison du sifflement ou du bruit de frottement qui les
caractérisent. L a consonne r est aussi appelée vibrante ou roulée^^, à cause
du tremblotement de la pointe de la langue écartée périodiquement du
palais par le souffle expiratoire, l tire sa dénomination de latérale du fait
que le souffle s’écoule sur les côtés de la langue, qui barre le milieu de la
voûte palatine. D ’autre part, l’impression d’écoulement qu’on éprouve en
l’entendant a fait garder par les modernes à l et, moins opportunément,
à r la qualification de liquides, que les Anciens avaient donnée à ces deux
consonnes, ainsi qu’à n et h m, pour d’autres motifs.
O n dit aussi, en partant du point de vue acoustique, que les occlusives
sont des momentanées, parce que leur explosion ou leur implosion ne sont
pas susceptibles d ’être prolongées; les nasales et les constrictives ont reçu
le nom de continues, parce que leur phase audible peut être prolongée aussi
longtemps q u ’il reste de l ’air dans les poumons.- l, m, n, r, ainsi que les
semi-voyelles J», w « comportent à la fois la résonance buccale caractéristique
de la voyelle et le bruit d ’expiration ccuactéristique de la consonne »
(M arouzeau, s.v.) : on les appelle sorumtes.

Point d'articulation.

§ 8. ^
— Les consonnes sont appelées labiales, dentales, « gutturales »
(prépalatales et vélmres), selon que la fermeture ou le resserrement se fait
au x lèvres, au x dents (ou aux alvéoles) ou à un point quelconque de la
voûte palatine.
1° L es labiales : p, b, m ,f.
L a langue est dans une position d ’indifférence et elle ne jou e aucim
rôle dans l’articulation des labiales.- p, b, m, sont des bilabiales, car elles
sont obtenues par une simple pression des lèvres l’une contre l’autre.-ƒ latin,

L a sonore z n’ était prononcée comme le français z, à partir de l’époque classique,


que dans les mots empnjntés au grec (Q uintilien , X I I , 10, 28). Cf. C o l la r t , p. 115 s.
Ailleurs, elle provient d’ une assimilation de j à une consonne sonore ou aux voyelles qui
l ’entourent et elle avait disparu au plus tard au 3® siècle av. J.C .
13 Vibrât tremulis ictibus aridtis sonorem (Ter. M aurus, V I , 332, 238 K ).
ET d e s c r ip t io n DES SONS DU LATIN ANCIEN 27

comme ce fut le cas jusqu’à nos jours en irlandais, était d’abord bilabial.
C ’est ce que prouvent certaines graphies archaïques, par exemple comfluont
(C IL , I®, 584) (cf. § 26) en face du côt^uont de l’époque classique, où ƒ était
devenu labiodental, les incisives supérieures venant se presser contre la face
interne de la lèvre inférieure (Irrtum superis dentibus adpritnens labellum :
Terent. Maurus, V I, 332, 227 K ). V oir Nehring, Le.
2° L es dentales-alvéolaires : t, d, n, s, r, l palatal.
f et « latins sont obtenus en pressant la pointe de la langue contre les
incisives sufiérieures, s en l’appuyant contre les incisives inférieures ou
supérieures, d en 1’appUquant à la fois contre les incisives inférieures et
supérieures (At portio dentes quotiens suprema linguae / pulsauerit imos modieeque
curua summos / turw d sonitum perficit : Terent. Maurus, V I, 331, 199-
201 K ).
Pour r latin, la pointe de la langue s’approche très près des alvéoles
des incisives supérieures, pour l elle s’y appuyé, le dos restant à peu près
plat, lorsque cette consonne est géminée ou suivie de e bref non final ou
de « : I est dit ïdors palatal (les Latins le qualifiaient à'exilis, tenuis). Ces
deux phonèmes sont des alvéolaires et je les classe parmi les dentales, avec
lesquelles ils ont tendance à se confondre (cf. § 50, i", § 51 et surtout n. 23).
Pour II ~ l palatal, voir Safarewicz, l.c.
30 L es « GUTTURALES :c (q ,k ), g; n, l vélaire.
Pour c, g, n, le dos de la langue est appliqué contre un point quelconque
de la voûte palatine selon la région d’articulation de la voyelle suivante,
quand la consonne est explosive, de la voyelle précédente, quand elle est
implosive.- c, g, n, sont donc des prépalatales devant ou après i, e, des
postpalatales devant ou après 0, u, des médio-palatales devant ou après a.
Dans toute position autre que celles décrites pour l palatal, l (sauf
peut-être à la fin d’un monosyllabe) s’articule le dos de la langue creusé
en forme de cuiller et la racine relevée vers le voile du palais : son point
d’articulation est donc ce dernier organe autant que les alvéoles. Pour
cette raison et pour l’impression acoustique spéciale qu’il produit, on
l’appelle l vélaire (en latin, plenus, pinguis). Il a tendance à se confondre
avec la vélaire w et exerce une influence analogue sur la voyelle brève
précédente (cf. § 30, 2° et 4°; § 57, 1° A &).l vélaire et l palatal ne s’opposent
pas sur le plan fonctionnel.

N.B. — L ’aperture des consonnes a son degré maximal dans les semi-
voyelles et son degré minimal dans les occlusives. Entre les deux se rangent
par ordre décroissant les liquides, les nasales et les constrictives.

L a tendance actuelle est à écarter le terme « gutturales » en ce sens et à le remplacer


p ar« palatales », plus approprié. Mais, pour des raisons de clarté que j ’ai exposées dans un
compte rendu de N iedermann , A C X X I I I , 1954, p. aa8, je préfère employer, entre guil­
lemets, le premier terme, qu’on trouve encore notamment dans M eillet , Introduction...
28 NOTIONS DE PHONÉTIQUE DESCRIPTIVE

MODE D’ARTICULATION POINT D’ARTICULATION

Labiales et Dentales et « Guttu-


labiodentale alvéolaires rales »

orales sourdes........ P t c (k, q)


(momentanées) sonorcs . . . . . b d g
Occlusives
nasales
sonores........ m n n
(continues)

spîrantes
sifflantes s o u r d e ........ f s
fiicadves
Constrictives
(continues) liquides latérale........
1 palatal 1 vclairc
(sonores) vibrante . . . .
semi-voyelles (sonores)............ w y W

Tableau des consonnes latines (y compris j> et lo en fonction de consonnes)


selon leur mode et leur point d’articulation

D EG R ÉS DE FE R M ETÉ D ES PH O N ÈM ES
CO N S ID É R É S ISO LÉM EN T
Gp. JURET, La phonétique, p. 12 -15; S t k a k a , voyelles et cotisonnes; I d .,
évolution.
§ 9. — Les voyelles longues sont spécialement résistantes en latin; elles
ont subi très peu de changements au cours de l’évolution de la langue
jusqu’aux premiers siècles de l’Empire. C ’est que, le rythme latin étant
essentiellement quantitatif, fondé sur l’opposition des longues et des brèves,
les sujets parlants veillaient inconsciemment à maintenir fermement
l’articulation et la tenue des longues, qui se trouvaient ainsi soustraites
autant que possible aux altérations de timbre et de quantité. Les voyelles
brèves, avec leur tenue relativement courte et donc leur tension moindre,
étaient sujettes à se modifier. L a phonétique instrumentale montre que
plus une voyelle est fermée, plus elle est brève et, en conséquence, plus
elle est débile. Très peu fermes également étaient les diphtongues, en
raison du glissement d’un point d’articulation à un autre qui les caractérise.
Parmi les consonnes, les sourdes sont plus résistantes que les sonores :
dans la plupart des langues et vraisemblablement en latin, elles sont des
fortes, les autres, des douces. Pour les premières, en effet, les organes doivent
résister à la pression de la colonne d’air affluant sans entrave dans la cavité
buccale et atteignent, pour lui faire équilibre, une tension plus grande que
dans le cas des sonores, pour lesquelles le souffle est retenu en partie par le
rétrécissement de la glotte. De plus, l’attention cérébrale et musculaire
(cf. § a i N.B.) doit se répartir pour les sonores entre les mouvements
commandant le rétrécissement de la glotte et les autres : elle est donc
moins concentrée que pour les sourdes.
ET DESCRIPTION DES SONS DU LATIN ANCIEN 29

Les constrictives, surtout l, r, s, f , ont — en tant que continues — un


caractère spécifique qui leur confère une assez grande résistance. Mais,
du point de vue musculaire, elles sont plus faibles que les explosives, car
elles nécessitent une tension moindre : l’air, s’écoulant continuellement,
ne se comprime pas à l’intérieur du canal vocal. Parmi les occlusives,
d latin est assez faible, parce que son point d’articulation n’est pas net
(cf. § 8, 2°). Les nasales sont moins résistantes encore, en raison du peu de
tension requis des organes : sonores, une partie du souffle est retenue à la
glotte et, de ce qui reste, une partie s’écoule encore par la cavité nasale.

LA S Y L LA B E ET S E S LIM IT E S EN LATIN

pP- G rammont , p. 97 ss.; JuRET, Dominance, p. 12 ss.; M eillet -V endryes ,


§ 200-204; D urand , Orbis, III, 2, 1954, p. 527-533; IV , i, 1955, p. 230-234;
D ennison, Cl Ph., 1906, p. 47-68; v. H el l e , G 1, 1921, p. 29-50; D ieth ,
p. 374 ss. ; H il l , Lang., X X X , iç
1954, p. 439-447; Ba SSOLS, § 302-307; PiSANI,
S i i';5 -
Mature.
§ 10. — Si l’on se place uniquement au point de vue du mode de
production, ce qui suffit dans notre cas, la syllabe consiste normalement
en un ou plusieurs phonèmes comprenant une suite de tensions croissantes
et de tensions décroissantes, qui a pour centre une voyelle. Le début d’une
syllabe est marqué par le premier phonème croissant (ou, dans le cik d’un
phonème unique, par la portion croissante de ce phonème), sa fin, par le
dernier phonème décroissant (ou, dans le cas d’un phonème unique, par
sa portion décroissante).
Les coupes que l’on trouve le plus régulièrement en fin de ligne dans les
inscriptions les plus correctes et, dans certains cas, la métrique permettent
d’établir les points suivants :
1“ L e latin classique terminait une syllabe non finale à la voyelle ou
à la diphtongue lorsqu’elle était suivie d’ime voyelle, d’une consonne unique
et non géminée ou du groupe occlusive -h liquide ou w.
2“ Il la terminait à la consonne (ou à la première partie d’une géminée)
dans les autres cas (mais voir Rem. 2).
3“ Si trois consonnes se suivaient, la coupe se faisait après la deuxième
consonne, sauf si les deux dernières formaient le gproupe occlusive + liquide
ou w.
40 Dans ce dernier cas, la coupe s’opérait après la première consonne.

Exemples.
me-a, a-mô, cae-dô, pa-trem, e-quus;
2® ap-tus, ag-ger;
3® îns-tar, planc-tus ;
4® spec-trum, tem-plum.
30 NOTIONS DE PHONETIQUE DESCRIPTIVE

De ce procédé et des principes exposés au § 3 on peut conclure, par


exemple, que m dans amô, d dans caedô, les groupes tr dans patrem et spectrum,
pl dans templum et qu dans equus, étaient généralement explosifs"^®, d’autre
part que p dans aptus, la phase représentée par le premier g de agger, c
dans spectrum, m dans templum, les groupes ns dans Instar, ne dans planctus,
étaient généralement implosifs.
On appelle syllabe ouverte celle qui se termine par une voyelle non suivie
d’une implosive, par exemple, a- dans amô, pa- dans pater, patrem, me- dans
mea\ syllabe fermée, celle qui se termine par une consonne ou une semi-
voyelle implosives, p. ex., ap- dans aptus, ins- dans Instar, eau- dans causa,
cae- dans caedô (l’élément e de la diphtongue ae faisant fonction de semi-
voyelle).
R E M A R Q U E S . — i. Le sens étymologique donnait parfois aux
syllabes des mots composés une répartition différente. Ainsi prôd-eô, ob-linô,
ob-ruô.
2. Sauf dans les séquences de trois consonnes, le groupe occlusive
-\- liquide a dû être séparé par la coupe syllabique à une époque antérieure
aux documents. Ainsi, on devait prononcer pat-rem, sak-ros (ou plutôt pat-
trem, sak-kros, cf. MeUlet, M SL , X V III, 3 1 1 ss.). C ’est ce que supposent
certaines particularités de l’apophonie (cf. § 57, 2®, Rem. 2). Mais l’usage
changea, comme le montre la prosodie de Plaute, de Térence et des anciens
poètes en général, où les syllabes du type de la première de patrem ne sont
jamais comptées longues. A l’imitation des Grecs, les poètes postérieurs
les tinrent pour brèves ou longues (par position) selon les besoins du mètre.
Mais, à leur époque, c’était une licence, un procédé artificiel.
Durée.
§ II. — A u point de vue phonétique, une syllabe est brève à l’époque
classique quand elle contient une voyelle brève qui n’est suivie d’aucune
consonne, p. ex., pa-(tris)', elle est longue lorsqu’elle contient une voyelle
longue ou une diphtongue; elle est tenue pour longue — par position^® —
quand elle contient une voyelle brève suivie d’une ou de plusieurs consonnes
(Schmitt, GL, 1934, 80-95). P- =
1) la première syllabe de mü-ter, ae-dllis,
2) celle de ap-tus, sarp-tus...

D E G R É S DE FER M ETÉ DES PHONÈM ES


DANS LA SY LLA B E ET DANS LE MOT
Cp. G rammont, passim', J uret, Dominance, p. lo -ii et passim-. I d ., La
phonétique, p. 23-26; L ejay , Rev. des Cours et Coif., i®>^février 1923, p. 555 ss.;
M arouzeau, Stylistique, p. 45-50; Straka , voyelles et consonnes, p. 35 s.;
I d ., évolution, p. 20-27; I d ., Z^itschr.f. Phon., X II, 1959, p. 276-300.

^ L a phonétique instrumentale constate une certaine indétermination dans la sylla­


bation, mais la cohérence des déductions tirées pour le latin, même postérieur, des principes
énoncés ci-dessus montre que cette indétermination y était assez réduite.
L ’expression grecque Oéost « par convention» fut mal comprise par les grammairiens
latins et rendue par positime « par position ».
ET DESCRIPTION DES SONS DU LATIN ANCIEN 31

§ 12. — Indépendamment du degré de fermeté résultant de leur nature,


les phonèmes sont plus ou moins résistants selon la place qu’ils occupent
dans la syllabe et dans le mot. La consonne initiale a une articulation forte,
même dans les langues où l’accent ne frappe pas la première syllabe.
Une voyelle suivie d’une voyelle de même timbre est en position faible,
car on a tendance à supprimer le ressaut de tension qui les sépare et protège
leur individualité. Il en est de même si l’une de deux voyelles de timbre
différent est susceptible de jouer le rôle de semi-voyelle ; car, pour le même
motif, elles risquent de se transformer en une diphtongue, ascendante ou
descendante. En dehors de ces cas, une voyelle suivie d’une autre voyelle
risque toujours d’avoir sa tenue écourtée par le début de l’autre, la frontière
syllabique étant peu nette faute de fermeture du canal buccal entre les
deux phonèmes.
Toutes choses égales d’ailleurs, une voyelle a un maximum de stabilité
quand elle forme le centre d’une syllabe commençant et se terminant par
une consonne (mais elle risque plus de subir l’attraction de la consonne
suivante, dont elle n’est pas séparée par la pause, si brève soit-elle, de la
frontière syllabique) ; elle est un peu moins résistante quand elle constitue
à elle seule une syllabe; elle est à son point le plus faible quand, précédée
d’une consonne, elle termine la syllabe (elle peut alors se réaliser avec une
aperture plus petite).
L a phonétique instrumentale montre qu’une voyelle est d’autant plus
brève qu’elle fait partie d’im mot phonétique plus long : l’effort global
et la quantité de souffle requis par ce mot doivent en effet se répartir sur
chacune des syllabes. Le monosyllabe est plus résistant, puisque l’effort
et le souffle se concentrent sur un minimum de mouvements articulatoires.
Prononcée faiblement ou placée dans une syllabe inaccentuée, une voyelle
tend à se fermer et une consonne à s’ouvrir.
Les consonnes explosives sont en position plus forte que les implosives,
puisqu’elles sont à tension croissante, les autres à tension décroissante.
Une explosive initiale de mot ou précédée d’une implosive est plus résistante
qu’une intervocalique, car ceUe-ci subit l’influence des voyelles environ­
nantes, qui risquent de la débiliter en augmentant son aperture". Dans
un groupe de consonnes, c’est la dernière occlusive décroissante qui est la
plus faible : débile d’avance, puisque décroissante, elle a en outre son
implosion entravée par la consonne précédente. Les continues résistent
mieux dans cette position en raison de leur plus grande aperture, qui leur
permet une tenue plus longue.

" . L a phonétique instrumentale montre que, dans certaines langues du moins, le mot
conserve dans la phrase une certaine autonomie (R ousselot, p. 972 ss.). Q uintilien
(IX , 4, 108) l’atteste pour le latin : « Paülultm morae datmis inter ultimum etproximum uerbttm».
Une consonne intervocalique n’ était donc pas dans le même cas qu’une consonne initiale
devant voyelle et précédée d ’un mot à finale vocalique.
32 NOTIONS DE PHONETIQUE DESCRIPTIVE

L'A CC EN T
Cp. R ousselot, p. 1002 S S .; G rammont , p. i i 6 ss.; H irt , Akzent', M erlo ,
Problemi; S chmitt, Akzentlehre-, I d ., Akzent, p. 5-24; V endryes , Intensité
initiale, p. g ss. ; D ieth , p. 72 ss.
§ 13. — « L ’accent est une particularité de prononciation qui conduit
à distinguer une syllabe des syllabes voisines par la hauteur, par l’intensité
ou par les deux à la fois » (Marouzeau, s.v.).
O n app>elle accent de hauteur (ou ton ou accent musical) celui qui consiste
en une élévation de la voix : la voyelle de la syllabe tonique est prononcée
sur une note plus élevée que les autres. La hauteur correspond au nombre
de vibrations produites dans une unité de temps donnée. La fréquence de
ces vibrations et donc la hauteur du son varient selon le degré de tension
active des cordes vocales : plus elles sont étirées et plus le son a de hauteur.
L ’accent d’intensité est celui qui fait articuler le ou les phonèmes qu’il
affecte avec plus de force et d’effort. Acoustiquement, l’intensité dépend de
l’amplitude des vibrations; physiologiquement, celle-ci est fonction de la
force avec laquelle le souille est expiré, déterminant un battement plus
ample des cordes vocales.
Toute syllabe est prononcée forcément sur un certain ton et avec une
certaine intensité. O n parle d’un accent de hauteur, quand les variations
de hauteur sont beaucoup plus sensibles que les variations d’intensité, et
d’un accent d’intensité dans le cas inverse. En plus d’une langue, ces deux
sortes d’accent peuvent affecter en même temps un mot sans coïncider.
L'A CCEN T LATIN
Gp. Bassets, Accento; Bergfeld , G 1, 1916, p. 1-20; Akzentstudien-,
F raenkel , Akzent; J uret , Dominance; K en t , Lang., 1931, p. 179-189;
I d ., R E L , 1925, p. 204-214; L enchantin , R IG I ( c £ réf. du § 56) ; M e il l e t ,
Esquisse, p. 56 et 128 ss.; I d ., M SL, 1916, p. 165-171; 1918, p. 165-171;
1920, p. 108 ss.; M erlo , ASN P, 1936, p. 75-84; Pisani, R A L , 1930, V I,
p. 147-170; S kutsgh, Akzent; Sturtevant , T A P h A , 1921, p. 5-15; V en ­
dryes , Intensité initiale, p. 13 ss.; A bbott , Studies... Oldfather, 1943, p. 1-19
(grammairiens lat.); I d ., T A P h A , L X X V , 1944, p. 127-140; D urante ,
R L , IV , 1958, p. 61-98; Enk, Mnemos., V I, 1953, p- 93-109; K urylowigz ,
p. 381-389; L epsghy, ASN P, X X X I , 1962, p. 199-246 (rev. crit.); L eu -
M A N N , § 160-163; M gG an n , Glotta, X X X V I I , 1958, 293-305 (intens, in it);
Perin i ; P ulgram , K Z , L X X I, 1954, p. 218-237; W ar d , Lang., X X V II,
1951, p. 477-484; Bassols, p. 41-52; F a r ia , p. 134-162; K en t , p. 66-69;
T agliavini , p. 51-54. — V äänänen , § 44-51.
Nature.
§ 14. — L ’accent latin était à l’époque classique un accent de hauteiur^®
et il le resta jusqu’à l’époque impériale. Pour expliquer l’altération des

Nature uero prosodiae in eo est quad aut sursum aut deorsum; nam in weis altitudine
omnino spectatur adeo ut, si omnes syllabae pari fastigio uocis enuntientur, prosodie sit nulla (V arron ,
dans Sergius, De accentibus, IV , 525, 21 ss. K ) ; cf. aussi C icéron , Orator, 18, 58. Mais
voir P isani, A G I, 1942, p. go s.
ET DESCRIPTION DES SONS DU LATIN ANCIEN 33

voyelles en syllabe non initiale (cf. Livre III), certains ling[uistes supposent
l’existence, pendant une période de l’histoire du latin prélittéraire, d’un
accent d’intensité affectant la première syllabe des mots (p. ex., Merlo,
Vendryes, Niedermann, Pisani, etc.). D ’autres (comme Meillet, Juret,
Bassets, etc.) rejettent cette hypothèse et attribuent l’altération des voyelles
non initiales à un abrègement causé par l’attention particulière réservée
à la première syllabe. L a raison majeure de leur position est la difficulté
qu’il y aurait à admettre qu’un groupe linguistique ait changé plusieurs
fois la nature de son accent, notamment pour passer du régime de hauteur
indo-européen récent au régime d’intensité de l’époque qui précéda immé­
diatement l’âge classique, ensuite pour passer de ce régime d’intensité au
régime de hauteur classique, finalement pour passer de ce dernier au régime
d’intensité qui aboutira à la formation des langues romanes. On peut
concilier les deux théories en admettant pour l’époque prélittéraire la
coexistence d’un accent d’attaque ou d’insistance portant sur la syllabe
initiale et d’un accent de hauteur portant éventuellement sur une autre
syllabe. C ’est le cas, p. ex., en suédois moderne, où un mot comme stiga
« je monte >> se prononce avec une forte intensité sur l’initiale et une forte
élévation de la voix sur la finale. A l’époque classique, l’intensité initiale
s’affaiblit et le ton prédomina, au moins chez les gens cultivés.

Place.
§ 15. — L ’accent classique ne remonte jamais au-delà de la troisième
syllabe à partir de la fin. Ipsa enim natura, quasi modularetur hominum oratiomm,
in Omni uerbo posuit acutam uocem... nec a postrema ^llaba dira tertiam (Cicéron,
Orator, 18, 58). Normalement, il se place sur la pénultième dans les dissyl­
labes, p. ex. rr&ter, pater; de même dans les mots de plus de deux syllabes, si
la pénultième est longue par nature ou par position, p. ex. auârus, acceptas ;
sinon il affecte l’antépénultième, p. ex. fortiter. Cependant, lorsque le mot
est suivi d’un enclitique, l’accent précède généralement cet enclitique,
p. ex., forteque. Il résulte de ce manque de liberté que l’accent du latin
classique n’avait pas de valeur distinctive, c’est-à-dire ne suffisait pas à
lui seul à distinguer deux mots entre eux, mais une fonction culminative
et démarcative (Mariner, § 329 s.).
Pour l’époque prélittéraire, on peut admettre en outre l’existence d’un
accent sur la première syllabe (cf. § 14).
Seconde Partie
Les grands phénomènes
d^évolution phonétique
et les sons du latin ancien
dans le cadre des langues
indo-européennes

PO IN TS DE M ÉTH O DE

Cp. B loomfield , AJPh, 1884, p. 178-186; Br é a l , M SL, 1898, p. i ss.; D e -


BRUNNER (Analogie), IF, 1933, p . 269-291; G oidânich , A G I, 1926, p . 3-59;
G rammont, p. 156-184; H ermann ; I d ., J espersen, p . 255-301;
JuRET, p . 1-8; K oppelm an ; N iedermann , p . 2-4; R o gg er ; S chuch ardt ;
Sommerfelt , B S L ,X X IV ,p . 138-141 ; I d ., JVT5 F, 1928, p. 10-21 ; V endryes ,
p . 40-84; V . W artburg , p . 31-72; W echsler ; W h ee le r ; Z ip f ; P ulgram ,
Orbis, IV , i, 1955, p. 61-65; M artinet , Economie, p. i i ss. et passim;
Sau vag eo t .

§ 16. U ne fois connu le mode moyen de prononciation du latin


ancien, il devient possible d’entreprendre l’étude de son évolution. La
première partie de cette étude est encore, si l’on veut, de la phonétique
descriptive, sous son aspect comparatif : elle consiste, en effet, pratiquement
à comparer l’état de la langue à deux époques différentes, l’époque clas­
sique d’une part et, d ’autre part, une époque plus ancienne, que nous
pouvons atteindre soit grâce aux textes conservés, soit par reconstitution
étymologique.
R E M A R Q U E . — L a reconstitution étymologique des mots non attestés
s’opère par comparaison avec d’autres mots latins ou avec les mots corres­
pondants des autres langues indo-européennes (citons pour mémoire les
principaux groupes : le hittite, le « tokharien », l’indien, l’iranien, le grec,
l’italique, le celtique, le germanique, le slave, le Baltique, l’arménien,
l’albanais). Elle se base en même temps sur la connaissance du sens ancien
des éléments constitutife des mots. Soit, p. ex., la forme classique asportô.
On peut en reconstituer, pour ce qui regarde le préfixe, l’état plus ancien
36 LES GRANDS PHENOMENES D ÉVOLUTION PHONÉTIQUE

*absportô par comparaison avec la forme latine analogue abstuli, dont l’élé­
ment abs- ajoute la même détermination au verbe tulî que l’élément as-
au verbe porto. Soit, d’autre part, la forme classique testâmentum. O n peut
la faire dériver d’un plus ancien *tristâjnentom, notamment grâce à la forme
osque de même sens tristaamentud (ablatif) et aux formes grecques xpiç,
Tpta, etc., qui comportent la notion de « trois » : le testament est en effet,
étymologiquement, l ’action qui se fait en présence de tiers. D ’autres mots
présentant une évolution phonétique analogue justifient cette reconstitution.
O n constate en effet qu’à l’initiale, au groupe -ri- devant dentale présenté
par des langues parentes répond normalement le groupe -er- en latin
(cf. § 40, 2°). On comprend ainsi le stade *terstàmentom (en face de tris-
taamentud), réduit ensuite par facilité à testâmentum.

Définition des changements phonétiques.


§ 17. — Nous disons qu’il y a changement phonétique lorsque, dans la
prononciation non pas d’un ou de quelques individus isolés, mais d’un
même groupe social parlant un même idiome, un phonème s’est transformé
ou a disparu ou encore est apparu dans tous les mots qui présentaient des
conditions identiques. Ces changements, improprement appelés lois, sont
notés au moyen de formules, appelées aussi « lois » par extension. P. ex.,
pour le latin ancien : « L ’occlusive sonore aspirée *bh (non influencée par
d’autres phonèmes) est devenue ƒ »; « la diphtongue ai est devenue ae
en syllabe initiale »; « la dentale sonore d s’est amuïe en position finale
après voyelle longue »; « le groupe mt a développé un p épenthétique et
est devenu mpt ».
U n changement est dit conditionné (ou dépendant) lorsqu’il a lieu sous
l’influence d’un ou de plusieurs autres sons ou de sa position dans le mot
ou dans la phrase, comme dans les trois derniers exemples. Il est dit
inconditionné (ou spontané) lorsqu’il a lieu en dehors de cette influence,
comme dans le premier exemple.

Causes et conditions des changements phonétiques.


§ 18. — Parmi les causes auxquelles on peut attribuer les changements
phonétiques, la plus générale et la plus profonde est d’ordre psychique :
la tendance au moindre effort entendue au sens le plus large. C ’est elle qui
est responsable des phénomènes d’assimilation, de dilation, de syncope
et affaiblissements analogues, de dissimilation et aussi de métathèse et
d’interversion, lorsque ces deux phénomènes ne sont pas dus simplement
à l’analogie. A cette tendance s’oppose le besoin de netteté articulatoire,
né avant tout du désir de se faire comprendre de ses interlocuteurs. Il
arrive que ce besoin même aboutisse à des changements phonétiques :
c’est le cas du phénomène de différenciation, beaucoup plus rare d’ailleurs
que les autres phénomènes. O n peut citer également la transmission de la
langue de parents à enfants, d’individus à individus. Elle présente le risque
d’une reproduction imparfaite des phonèmes entendus. U n autre facteur
est le mélange de populations de parlers différents, soit que l’une d’entre elles
ET LES SONS DU LATIN ANCIEN 37

(appelée substrat) finisse par adopter le parler des conquérants, qu’elle


emploie avec ses habitudes articulatoires propres, soit le cas inverse des
conquérants (ou superstrat) adoptant le parler des vaincus, soit que les
populations continuent à se servir chacune de leur idiome, dont l’un
influence tôt ou tard l’autre et réciproquement (adstrat).
L ’état social et politique entre aussi en ligne de compte : les bouleverse­
ments des révolutions et des guerres, l’absence d’autorité reconnue et, en
général, toute situation génératrice de relâchement ou de tension prolongés
peuvent accroître la tendance à l ’inertie ou inciter à adopter une pronon­
ciation résolument aberrante.
La mode, c’est-à-dire l’imitation de la prononciation spéciale d’individus
jugés supérieurs, intervient également, mais dans des proportions assez
réduites et surtout d’une façon généralement peu durable.
L ’analogie, enfin, peut modifier l’aspect phonique des mots. Nous en
reparlerons plus longuement p. 41 à propos de l’action négative qu’elle
exerce également.
Ces divers facteurs, les principaux parmi ceux qu’on peut déceler,
agissent isolément, simultanément ou encore réagissent les uns sur les autres,
comme nous l’indiquons à propos de l’état social et politique. Mais ils
opèrent toujours dans certaines conditions, dont dépendent en définitive
les changements, lorsqu’il s’en produit. Ces conditions sont d’ordre physio­
logique ou psychologique. Les premières consistent dans la façon habituelle
d’articuler les phonèmes à tel moment de l’histoire de la langue et donc,
entre autres, dans leur degré de résistance absolue (c’est-à-dire quelle que
soit leur position dans le mot) ou relative (c’est-à-dire selon leur position
dans la syllabe et dans le mot). Les secondes consistent dans la valeur
attribuée au mot ou à un élément du mot, soit en vertu de leur caractère
spécial (mots ou éléments importants, mots très fréquents, accessoires, etc.),
soit en vertu de leur analogie nettement perçue avec d’autres mots ou
d’autres éléments. Plus généralement, une condition psychique importante
semble bien être l’organisation des sons d’une langue en un système où
chaque « phonème » s’oppose à un autre sur le plan de la distinction des
unités significatives dont ils font partie. Si tel des facteurs énumérés plus
haut vient à modifier im des éléments de ce système, il y a des chances
pour que d’autres éléments évoluent à leur tour, influencés par des facteurs
ou dans des conditions qui, à eux seuls, n’auraient peut-être pu entraîner
telle modification. Il est possible aussi, mais c’est plus difficile à prouver,
que le rendement fonctionnel plus ou moins grand d’une opposition à
l’intérieur d’un système soit une condition de stabilité ou d’instabilité.

Caractères des changements phonétiques.


§ 19. — Les changements phonétiques, tels que nous les avons définis,
sont généralement inconscients et graduels; ils sont constants et corrélatife.
Ils sont généralement inconscients (sauf s’ils proviennent d’une mode).
38 LES GRANDS PHENOMENES D EVOLUTION PHONETIQUE

Lorsque les Romains du 3® siècle av. J.C. ont commencé à prononcer ae


au lieu de ai, c’est ai, le plus souvent, qu’ils croyaient encore prononcer
et entendre, faute de prêter une attention suffisante au son émis et leurrés
par la graphie traditionnelle. Les enfants, notamment, qu’aucune habitude
ne liait encore, ont perçu, eux, le son nouveau, sans se douter d’ailleurs
qu’il représentait un changement, et ils se sont efforcés de le reproduire.
Après quelque temps, une graphie plus conséquente s’est substituée à la
graphie ancienne (cf. § i, 3°) : la transformation était accomplie et
consacrée.
Les milieux puristes et spécialement l’école, soucieux de conserver
l’intégrité de la langue, peuvent contrecarrer cette évolution, précisément
en la rendant consciente et en la réprouvant. Ainsi, pendant toute une
période du latin préclassique (c’est-à-dire antérieur au i®"^ siècle av. J.C .),
s’est manifestée à Rome la tendance à omettre la sifflante finale s, lorsqu’elle
était précédée d’une voyelle brève et suivie d’un mot à initiale consonan-
tique. A l’époque classique, il s’est produit une réaction contre ce relâ­
chement, dont on s’était nettement rendu compte, et les personnes cultivées
ont dès lors recommencé à prononcer régulièrement cette consonne : on
avait l’air « un peu paysan » (cf. Cicéron, Orator, 48, 161), si l’on ne se
pliait pas à cette régularisation.
Pour éviter le ridicule, certains « rétablissaient » parfois dans les mots
des phonèmes qui ne s’y étaient jamais trouvés, mais qui paraissaient carac­
téristiques de Vurbanitas tant recherchée : tel le parvenu Arrius, qui pro­
nonçait hînsidiâs au lieu de însidiâs, parce que la bonne société romaine
prenait grand soin de faire entendre les Ä là où il le fallait (cf. n. 10;
Catulle, 84). C ’est là ce qu’on appelle une hypercorrection.

Il arrive aussi que, de propos délibéré, on emploie un mot dont la


constitution phonique est propre à un stade antériein: de la langue
(archaïsme). C ’était le cas chez les Romains lorsqu’ils voulaient conférer
au texte un aspect traditionnel (p. ex,, dans les documents officiels),
vénérable, poétique, etc. Ainsi le mot duellum, devenu bellum dès avant
Plaute, se retrouve parfois par la suite, mais presque exclusivement chez
les poètes.
Les changements phonétiques sont graduels en un triple sens. Les uns
s’opèrent lentement et ne se révèlent à l’oreille qu’après un temps parfois
très long : ainsi, la diphtongue ei n’est devenue l qu’après avoir glissé petit
à petit vers ë fermé et de là vers î. Si, au cours de cette période d’instabilité,
la cause qui a déterminé la transformation ou les conditions dans lesquelles
elle s’opérait viennent à disparaître, l’évolution cesse au moins momenta­
nément (cf. p. 43 le cas de Mûsa, etc.) ; elle peut aussi aboutir inconsciem­
ment au phonème qui en était le point de départ (cf. v. W artburg, p. 38).
D ’autres espèces de changements se manifestent de façon brusque à
un moment donné. Il s’agit d’accidents de prononciation, qui, dus à une
cause permanente, sont susceptibles de se perpétuer; mais ils ne le font
ET LES SONS DU LATIN ANCIEN 39

que graduellement, après une période de coexistence avec la prononciation


traditionnelle. T el a dû être, p. ex., le cas du second r du mot praestrigiae,
qui a disparu dans la forme classique praestigiae : la difficulté constante
qu’on éprouve à articuler deux r à bref intervalle a provoqué, dans des
circonstances favorables comme la fatigue, la hâte, etc., la chute du second r
et cela, sans intermédiaire possible. Mais, pendant un temps plus ou moins
long, les sujets parlants ont dû prononcer soit praestrigiae, soit praestigiae,
jusqu’à ce que cette dernière forme l’emporte définitivement.
Les changements phonétiques sont encore graduels en ce sens que tous
ceux que l’on constate à une époque donnée n’ont pas été nécessairement
simultanés. Ainsi, dans le mot archaïque duenos, devenu bonus en latin
classique, e s’est transformé en o avant que du- ne passe à b, comme l’atteste
la forme intermédiaire duono-. D ’autre part, d final après voyelle longue
s’est amuï d’abord dans les polysyllabes et puis dans les monosyllabes.
D ’une façon générale, les changements ne prennent naissance que chez
un ou quelques individus et ne se diffusent que peu à peu dans le groupe
linguistique.
Les changements phonétiques proprement dits (voir §17) sont constants.
Ce caractère leur est refusé par plus d’un linguiste de valeur; une défi­
nition précise du terme facilitera peut-être un rapprochement des points
de vue.
C ’est un fait indéniable, et le fondement de toute science positive,
qu’une même cause agissant dans les mêmes conditions produit toujours
les mêmes effets. La constance des changements phonétiques est un cas
particulier de cette loi. O n peut la formuler comme suit : un phonème placé
sous l’influence d’une cause agissant dans telles conditions subira le même traitement
qu’un autre phonème placé dans les mêmes conditions et subissant l’action de la
même cause. Le problème est de déterminer les causes et les conditions
présentes dans chaque type de changement, afin de classer dans une même
catégorie les changements de même nature et, d’autre part, de rendre
compte d’apparentes exceptions à une « loi ». C ’est à ces points qu’on s’est
tout spécialement attaché dans ce manuel. Ils seront exposés, sauf pour les
paragraphes concernant l’assimilation de consonne à consonne (§§ 22 à 26),
après l’énoncé et les exemples de chaque espèce de changement. Le latin
classique comme point d’aboutissement de phénomènes évolutifs offre un
terrain stable à cette recherche, en raison de la normalisation propre
à une grande langue littéraire et de la puissante centrzilisation exercée par
Rome à cette époque. Nous admettons que la prononciation concrète des
individus présentait des divergences plus ou moins sensibles, p. ex. entre
citadins et ruraux ou provinciaux, entre jeunes gens et vieillards, entre
cultivés et non cultivés... Ces différences ne nous intéressent pas ici, les lois
formulées ne visant qu’un type moyen de prononciation, censé représenté
par la graphie classique.
Si le phonétisme de certains mots apparaît comme exceptionnel, il est
40 LES GRANDS PHÉNOMÈNES d ’ÉVOLUTION PHONÉTIQUE

possible, bien souvent, du moins quand il s’agit d’un état de langue privi­
légié comme le latin classique, de déceler des différences de conditions
qui justifient une différence de traitement. Ainsi, nous disons qu’un s inter-
vocalique anciennement simple a passé à r en tout cas dans les mots pro­
prement latins : exemple ; mürem, de *müsem. Cette double restriction
n’est pas un expédient destiné à écarter arbitrairement les « exceptions »
telles que cäsus, Mûsa, asinus. Elle repose sur des réalités phonétiques. Dans
les mots appartenant au vieux fonds latin, 1’^ intervocalique devait avoir
une articulation débile, car son passage à r suppose une étape intermédiaire
de sonorisation, donc un affaiblissement : *müsem n ’a pu devenir mürem
qu’en passant par *müzem. Mais, dans les mots du type câsus, l’j simple
provient d’un s géminé (issu lui-même de dt, § 37, 3°)- Ainsi, à l’époque
où l’on prononçait *müsem avec un s relâché, cässus avait un s très fortement
articulé. L e cas de Mûsa est analogue. Il s’agit d’un emprunt au grec. O r
cette langue, après avoir connu une période d’affaiblissement du s indo-
européen, généralement amuï en position intérieure, a vu apparaître une
sifflante nouvelle, due à diverses assimilations, et d’articulation forte. C ’est
celle qui figure notamment dans Moüoa, puis lat. Mûsa. Q ue le mot ait
pénétré en latin à l’époque où l’f intervocalique de cette dernière langue
était encore sourd, mais relâché, ou à l’époque où il s’était déjà sonorisé ou
encore, ce qui est plus probable en l’occurrence, alors qu’il était déjà passé
à r, l’articulation du phonème étranger différait de celle du phonème latin.
On voit que ni le type câsus ni le type Moüoa ne peuvent se placer sur le
même plan phonétique que le type *müsem. Quant à l’j simple de câsus,
provenant de la réduction de la géminée (§43, 1“), c’était une sourde forte,
qui formait avec l’j du type Mûsa un seul et même phonème. La condition
du rhotacisme de s, le relâchement articulatoire de la spirante, ayant fini
par disparaître en latin et ne se vérifiant pas dans les emprunts grecs même
relativement anciens, on ne peut s’étonner que la sifflante n’ait pas évolué
comme l’j primitivement simple de *mûsem. (Pour des mots empruntés à
des langues autres que le grec, tels asinus, gaesum, pour lesquels nous n’avons
aucun renseignement sur l ’articulation du j, il y a lieu de supposer ou bien
qu’ils avaient un s intervocalique fortement articulé ou bien, s’il était débile,
qu’ils ont été empruntés à l’époque où le s latin était devenu fort : l’j qui
y figpirait a dû être articulé comme celui des mots proprement latins.)
Voir aussi le cas de bös, uafer, etc. (§ 30, i° R i), qui montrent qu’une
langue de culture peut subir des influences dialectales. C ’est en ce sens
que l’on peut parler d’exceptions aux « lois » phonétiques. Si l’énumé­
ration des causes et des conditions figurait au complet dans l’énoncé
d’une « loi », au sens où nous l’entendons, il n’y aurait pas lieu de relever
d’exceptions. Mais ce procédé, souvent compliqué, n’est pas toujours
possible dans l’état actuel de nos connaissances. O n sera donc forcé plus
d’une fois d’énoncer un changement au moyen de la formule imprécise :
« T el type de phonèmes a (eu) tendance à évoluer de telle façon ».
ET LES SONS DU LATIN ANCSEN 41

Prenons un autre exemple, celui de la diphtongue ai. O n constate qu’elle


est devenue ae en syllabe initiale, mais î en syllabe intérieure. Est-ce un
motif pour mettre en doute la constance du changement ? Non, car l’arti­
culation d’une syllabe intérieure en latin est beaucoup moins ferme que celle
d’une syllabe initiale ; le phonème ai, ici encore, n’a donc pas la même
réalité physiologique dans les deux cas et il est naturel qu’il ait évolué
autrement. Mais voici que, dans un autre mot, 'pert&esus, on trouve précisé­
ment en syllabe intérieure la diphtongue ae au lieu de i. Q u’est-ce à dire ?
C ’est que cette diphtongue, dans ce cas, constitue une réalité psychologique
spéciale, et cela en vertu d ’une des principales causes de trouble de l’évo­
lution phonétique, l’analogie.
L ’analogie est « l’influence assimilatrice que peuvent exercer les unes
sur les autres des formes qui se trouvent habituellement associées ou
rapprochées » (Marouzeau, s.v.). L a perception, même subconsciente, d’un
rapport entre deux formes est un phénomène psychologique et, comme tel,
est capable d’entraver le processus mécanique et inconscient des change­
ments phonétiques ou d’en modifier les résultats. Dans le cas de pertaesus,
qui était devenu normalement pertisus, l’analogie du verbe simple taedet
a provoqué la restitution de la forme ancienne : c ’est ce qu’on appelle
une recomposition analogique (§ 57, 3° R ). Les cas où l’analogie a contre­
carré une tendance évolutive sont évidemment impossibles à établir avec
certitude; mais il est fort probable que, p. ex., le composé ancien nesei
{— nisi), sous l’influence du mot simple sei, n’est jamais devenu par rhota­
cisme *nerei.
L ’analogie agit souvent aussi en un sens positif. Ainsi, s final ne se
transforme pas en r en latin. Cependant, la finale -ôs du nominatif des
polysyllabes du type arbös, honös, est devenue ôr (puis -or). C ’est que, dans
le reste du paradigme, arboris, honorem, etc., s, en position intervocalique,
était passé à r. L ’influence de ces cas, jointe à celle des nominatifs anciens
en -(t)ôr, a étendu l’r au nominatif des mots de ce type, d’où classique
arbor, honor, à côté des doublets arbös, honös.
U n dernier exemple d’apparente exception et d’influence de l’analogie :
la forme ancienne d’impératif putâ se présente à l’époque classique tantôt
avec un â, tantôt avec un a. Faut-il voir une inconséquence dans cette
duahté ? Une nouvelle fois, non. L a tendanee à l’inertie avait provoqué
dans les dissyllabes l’abrègement en finale d’une voyelle longue, lorsque
la syllabe précédente était brève (§ 60, 3°). L a forme putâ était donc devenue
puta, qui s’employait aussi bien pour désigner l’impératif à valeur pleine
« pense » que le mot accessoire rendu en français par « mettons », « soit »,
« par exemple »... A partir d’une certaine époque, un peu après la mort
de Plaute, semble-t-il, les sujets parlants, au moins les plus cultivés, ont
pris nettement conscience de la valeur du mot, lorsqu’il servait de véritable
impératif. Ils l’ont dès lors prononcé avec un à comme les autres impératifs
de la même classe dont le ä final, faute d’être précédé d’une syllabe brève,
42 LES GRANDS PHENOMENES D EVOLUTION PHONETIQUE

ne s’était pas abrégé. Quant au mot à valeur aecessoire, son rapport avec
le mode impératif avait eessé d’être apparent et il n’y avait aucune raison
de lui rendre son ä ancien. A u contraire, le maintien de son a en opposition
avee l’â de putâ devenait désormais la marque d’une distinction sémantique.
L a voyelle finale de ces deux formes représentait donc une réalité psycho­
logique différente, ce qui rend compte de la différence de traitement.
L a constance des changements phonétiques a piour corollaire leur
caractère corrélatif. « L ’ensemble des articulations d’une langue constitue
im système où tout se tient, où tout est en étroite dépendance » (Grammont,
p. 167; notons que l’auteur se plaçait au point de vue purement phoné­
tique et non au point de vue phonologique au sens actuel). Il en résulte
que, si telle particularité articulatoire est affectée dans un type de phonèmes,
tous les types de phonèmes qui présentent la même particularité dans les
mêmes conditions auront chance d’être également atteints. Sauf conditions
psychologiques spéciales, ce n’est pas en effet tel phonème isolé faisant
partie de tel mot particulier qui subit un changement phonétique, c’est le
processus qui aboutit à la production d’un type de phonèmes, étant donné
les conditions physiologiques dam lesquelles il se trouve. Ainsi, ce n’est
pas à proprement parler le g de *reg-tos (d’où rëctus), ni le é de *scrib-tos
(d’où scriptus), ni le d de ad-trahô (d’où attraho), qui ont évolué respecti­
vement en c, P et t devant c’est en définitive le mécanisme régissant
Fétirement des cordes vocales pour produire un phonème sonore qui,
devant un phonème sourd et lorsqu’il s’agissait d’occlusives (conditiom
physiologiques), a cédé le pas devant celui qui en régit le relâchement pour
produire un phonème sourd. Il est aisé de comprendre, dès lors, que si les
occlusives sonores « gutturales » s’assourdissent devant ime sourde, les
occlusives labiales et dentales s’assourdiront par le fait même. Si un type
d’occlusives sonores aspirées, p. ex. les labiales, se transforme en spirantes
sourdes (en dehors de l’influence d’autres phonèmes), les autres types
d’occlusives sonores aspirées, les dentales et les « gutturales », passeront
aussi à une spirante sourde : ainsi bh est devenu ƒ en position initiale,
et de même dh, ont passé èi f , gh est devenu h. De même encore,
chacun de ces types de phonèmes placés entre voyelles ou sonantes
s’est sonorisé corrélativement. Comme il est dit plus haut, l’un des buts de
ce livre est de mettre en lumière le système articulatoire du latin ancien
notamment en faisant ressortir le parallélisme des changements qui lui ont
donné son aspect à l’époque classique. Inversement se trouveront illustrés
par les faits latins les caractères constant et corrélatif des changements
phonétiques.
L ’exposé des changements phonétiques du latin ancien comprendra
quatre parties. Dans la première seront étudiées les modifications qu’ont
subies les phonèmes sous l’influence de phonèmes contigus ; dans la
deuxième, les modifications subies sous l ’influence de phonèmes non conti­
gus; dans la troisième, les modifications subies sous l’influence de l’arti­
ET LES SONS DU LATIN ANCIEN 43

culation spéciale de la syllabe initiale; dans la quatrième, les modifications


subies par les phonèmes sous l’influence de leur position initiale ou finale.
Chaque section sera suivie de la mention du traitement correspondant,
numéro par numéro, en sanskrit, en ionien-attique, en osco-ombrien, en
germanique et en vieil irlandais. L ’ouvrage sera complété par un tableau
comparatif du traitement (en principe) inconditionné des phonèmes de
l’indo-européen, par im appendice sur la gémination expressive, par
une conclusion générale et par divers index, dont ceux des changements
conditionnés des langues traitées.
Livre Premier

Influence des phonèmes


sur les phonèmes contigus

TITRE I
MODIFICATIONS
QUALITATIVES

Chapitre 1. L'assimilation

D E F IN IT IO N E T M É C A N IS M E

Cp. RoussELOT,p. 936 S S . ; G rammont, p. i85ss.;DiETH,p. 254 ss. et 305 ss.;


R ochette , passim.

§ 20. — L ’assimilation est l’action par laquelle un phonème tend à


rendre semblable à soi im phonème contigu.
O n a esquissé plus haut (cf. § 2) le mécanisme de l’articulation d’im
phonème isolé. L e phénomène devient beaucoup plus complexe, lorsqu’il
s’agit d ’articuler deux phonèmes consécutifs. Soit, p. ex., la « gutturale » g
prononcée tout en concentrant l’imagination tantôt sur la voyelle i, tantôt
sur la voyelle 0. Suivons seulement les mouvements des lèvres et de la
langue. Dans le premier cas, les commissures tendront à s’étirer latéra­
lement et la langue se massera vers l’avant de la voûte palatine; dans
le second, la bouche prendra une forme plus ou moins arrondie et la
langue se massera vers l’arrière, dans une mesure variant selon l’intensité
de l’image évoquée. Or, ces deux positions différentes, qui n’appartiennent
nullement en propre au g, sont précisément les caractéristiques respectives
d’î et d’o. Q u ’est-ce à dire ? L ’image des mouvements à exécuter pour
le g et celle des phonèmes suivants, même non articulés, sont presque
46 INFLUENCE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES CONTIGUS

simultanées. Il n’y a pas entre la formation de l’une et de l’autre un espace


de temps suffisant pour permettre une nette séparation dans l’exécution
organique. En conséquence, l’influx nerveux déclenché n’affecte pas d’abord
les différents neurones aboutissant aux muscles qui président à l’arti­
culation du g, puis, bien distinctement, ceux qui déterminent l’articulation
d’î et d’o; il se produit une interférence plus ou moins importante des
mouvements articulatoires et l ’un des deux phonèmes contigus est articulé
avec une partie des mouvements ou même, selon les cas, tous les mou­
vements de l’autre, auquel il est de la sorte assimilé.
La modification du g devant les phonèmes i et 0 simplement imaginés,
destinée à illustrer le rôle de l’image dans le phénomène, ne constitue
toutefois que les premières étapes — psychique et physiologique — de l’assi­
milation proprement dite. Pour mériter ce nom en phonétique, le procès
doit aboutir à un stade ultérieur, le stade acoustique. Quand les sujets
auront conscience d’entendre un phonème nouveau, soit partiellement,
soit totalement, on dira alors qu’il y a eu assimilation. Ainsi, g articulé
devant i ou 0, même prononcés, ne cesse d’être perçu comme un g, malgré
sa modalité différente d’articulation; mais qu’il soit articulé devant un t,
p. ex., sans le moindre arrêt entre les deux ; « une vagu^ terrible », il cessera,
pour une oreille exercée et en dépit de l’orthographe, d’être perçu comme
une sonore, au moins dans la dernière partie de son articulation. L a cessa­
tion des vibrations glottales préparée pour la sourde t a interféré au moins
avec la phase finale du g et celui-ci est devenu en réalité un k. C ’est ainsi
qu’en latin, le g de la racine *ag- du verbe agere, entrant en contact avec
le t du suffixe -to-, a été prononcé, perçu et écrit c : âctus. C ’est ce qu’on
appelle une assimilation de résonance.
O n distingue des assimilations du point et du mode d'articulation, dans
lesquelles l’interférence affecte, comme le mot l’indique, les mouvements
qui caractérisent le point ou le mode d’articulation du phonème assimilé.

Exemple du premier cas : la dentale « du préfixe négatif in- est devenue


labiale devant la labiale p de piger : impiger. L ’image de la dentale : masse
antérieure de la langue pressée contre les incisives (pour ce qui concerne
le point d’articulation) a eu, dans l’exécution organique, ses effets annihilés
par celle de la labiale ; lèvres pressées l’une contre l’autre, et c’est ce dernier
mouvement qui s’est produit. L ’assimilation, comme dans le cas à'âctus,
n’est que partielle, car le mouvement déterminant la nasalité s’est conservé
intact.
Exemple du second cas : l’occlusive orale b de la racine *scab- est devenue
nasale devant la nasale n du suffixe -no- : scamnum. Le relèvement du voile
du palais requis pour l’occlusive orale a été devancé par l’abaissement de
ce même organe, nécessaire pour la production de la nasale. L ’assimilation
est encore partielle, puisque la labialité du phonème assimilé n’a pas été
affectée, âctus est aussi un exemple de ce second cas.
MODIFICATIONS QUALITATIVES 47

L ’assimilation est dite totale, lorsque le phonème assimilé est devenu


complètement semblable au phonème assimilant. L ’assimilation totale
n’est pas d’une nature différente des précédentes. Elle peut les englober
toutes, p. ex., dans le cas de aàferô devenu aiferô, où la sonorité, le point
et le mode d’articulation du d se sont assimilés à ceux du ƒ suivant; elle
peut aussi se confondre, quant à son mécanisme, avec l’un ou l’autre cas
d’assimilation partielle : seul le résultat justifie alors sa dénomination.
A un autre point de vue, on distingue l’assimilation progressive et l’assi­
milation régressive. Dans l’assimilation progressive, le phonème assimilant
précède le phonème assimilé. Tous les mouvements ou une partie des
mouvements propres à l’articulation du premier sont maintenus par
inertie pendant l’articulation du second. Dans l’assimilation régressive, de
loin la plus fréquente en latin, le phonème assimilé précède le phonème
assimilant. Les mouvements d’exécution du second envahissent par anti­
cipation tous ceux ou une partie de ceux du premier.

LOI G É N É R A LE DE L'A SSIM ILA TIO N

§ 21. — L ’assimilation suit la loi du plus fort : c’est le phonème sur


lequel, à un moment donné de l’histoire de la langue, se concentre davan­
tage l’attention, soit cérébrale, soit musculaire, soit intellectuelle, qui tend
à s’assimiler le phonème moins favorisé à ces divers points de vue. L ’assi­
milation ne se réalise qu’à partir d’un certain degré de relâchement survenu
au cours du processus articulatoire. L a faveur accordée à tel phonème
et le degré de relâchement articulatoire dépendent du système de la langue
et des circonstances historiques.
N.B. — L ’attention cérébrale est celle qui porte sur l’image motrice et
donc sur la préparation des mouvements, l ’attention musculaire est celle
qui porte sur l’exécution des mouvements, l’attention intellectuelle, celle
qui porte sur le sens des mots (cf. Grammont, p. 191-192). Les deux
premières sont du ressort de la phonétique, la dernière surtout de la
phonologie.

S E C T IO N 1 . A S S IM IL A T IO N D 'U N E C O N S O N N E
À UNE A U TR E CO NSO NNE

Cp. JuRET, p. 178 SS.; L eumann , § 142 SS.; L indsay , IV , § 159 ss.; M eillet -
V endryes , § 166 SS.; N iedermann , § 69 ss.; P isani, § 81 ss.; S ommer,
126 ss.; K en t , Language, 1936, p. 245-258; M oralejo (-rs-),E m e rita , 1946,
p. 82-95; M ey er -L uebke ( -Id -) , Z V S , 1887, p. 171; Bassols, p. 209-216;
F a r ia , p. 243-254; K e n t , § 192; T agliavini , p. 113-117; L o icq , A C ,
X X X I , 1962, p. 130 ss. (n )', P rinz , A L M A , X X I , 1949-1950, p. 87-115;
X X I I I , 1953, p. 35-60 (préfixes); Szemerényi, TPhS, 1950, p. 169-179
( -t n -) ; I d ., Glotta, X X X V , 1956, p. 111-114 (quando). — • V äänänen ,
§ 1 13-123.
48 INFLUENCE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES CONTIGUS

N.B. — Le terme « occlusive » s’appliquera exclusivement aux occlusives


orales. Les deux consonnes en cause sont toujours entre deux voyelles ou
entre voyelle et semi-voyelle.

/. A ssim ila tion totale


A I RÉSULTANT EN DÉFINITIVE DE l ’a SSIMILATION DU POINT
d ’articulation

En latin.
§ 22. — 1° Une occlusive labiale ou dentale devant une occlusive « gutturale »
s'y est assimilée totalement (pour les nasales, cf. § 26).
En d’autres termes, les groupes
bg, Pg, âg> tg, sont devenus gg-,
bc (bq), pc (pq), de (dq), te (tq), sont devenus cc (cq).
suggéra, de sub-gerô; aggrauô, de ad-grau5 ;
occidô, de ob-cidô; accurrô, de ad-currô; siccus, de *sit(i)kos selon § 59
(cp. sitis); ocquiniscô, de ob-quiniscô-, quicquam, de quid-quam.
§ 22. — 2° Une occlusive dentale devant une occlusive labiale et la nasale dentale
devant la nasale labiale s’y sont assimilées totalement (mais voir § 36, 2“ R ).
En d’autres termes,
les groupes dp, tp, sont devenus pp (on manque d’exemples pour db, tb) ;
le groupe nm est devenu mm.
quippe, de *quid-pe; appârô, de ad-pärö-,
immineö, de in-mineô.
§ 22. — 3° La liquide r est devenue 1 devant la liquide 1.
agellus, de *agerlos (de *agrolos, selon § 59).
§ 22. — 4“ La sifflante dentale s est devenue f devant la labiale f.
différa, de *dis-ferô.
En sanskrit (abstraction faite des lois du sandhi externe)*®.
§ 22a. — I“ U ne occlusive dentale devant une occlusive palatale s’y
est assimilée totalement, mais elle subsiste devant labiale (Brugmann 225).
2® Aucun changement correspondant.
3® Aucun changement correspondant, l passant normalement à r sans
condition selon § 65.
4® (ƒ n’existait pas en sanskrit).
En ionien-attique.
§ 22b. — I® (Pour le groupe tx cf. § 40b, 5®). Pas d’exemples de labiale
devant « gutturale » (L 57).
2® Une nasale dentale est devenue p. devant p seulement « dans des*•

*• O n appelle sandhi externe l ’accoimnodation d’un phonème final de mot avec le


phonème initial du mot suivant. En sanskrit, ces« liaisons» étaient de règ^e.
MODIFICATIONS QUALITATIVES 49

parfaits médio-passifs, où l’analogie imposait le maintien » des finales -jwci,


-(jisOix, et dans des composés, où le traitement est récent (L 153). Ailleurs,
cf. § 40b, 5®, ainsi que pour le groupe occlusive dentale + occlusive labiale.
3*’ Pas d’exemplfô du groupe pX (L 152).
40 (La sifflante ƒ n’existait pas en ionien-attique ancien).
En osco-ombrien.
§ 22c. — I® U ne occlusive dentale devant une occlusive « gutturale »
s’y est assimilée totalement (B 116) (BO 78). Pas d’exemples de labiale
devant « gutturale ».
2® Une occlusive dentale devant xme occlusive labiale s’y est assimilée
totalement (B 116) (BO 78). Pas d’exemples pour les nasales.
3® L e groupe rl semble avoir subsisté en osque. Pas d’exemples en
ombrien (B 82) (BO 57).
4® Pas d’exemples du groupe rf.
En germanique.
§ 22d. — I®, 3® et 4® Pas d’exemples clairs.
2® n devant m est devenu m (Brugmann 320, la).
5° L e groupe mn est souvent devenu mm, sans doute après interver­
sion (Brugmann 170, 3R). V oir aussi § gfid, 3®.
En vieil irlandais.
§ 22e. — I® Une occlusive dentale devant une occlusive « gutturale »
s’y est assimilée totalement (P 54 et 245).
2° Une occlusive dentale placée après l’accent dans les composés préposi­
tionnels s’est assimilée totalement à une occlusive labiale suivante (P 245).
Le groupe nm provenant de dm selon § 25e, 3° est devenu mm (P 44).
3° Le groupe rl subsiste (P 68).
4° f ne figurait pas après consonne en vieil irlandais.
5° n placé immédiatement devant l’accent lE semble s’être assimilé
totalement à une occlusive sourde précédente (P 73).

B I RÉSULTANT EN DÉFINITIVE DE l ’ASSIMILATION DU MODE


d ’articulation

§ 23. — i® Une occlusive dentale ou labiale est devenue f devant la spirante f.


qffèrô, de ad-ferô-,
qfficlna, de op(i)ficîna (avec chute de i selon § 59).
§ 23. — 2® Une occlusive dentale est devenue s devant la spnrante s.
Pour le groupe *tst venant de f + -f cf. § 51 Rem. i.
pessimus, de *ped-somos (cf. peius, de *ped-yos, § 29, 2®).
possum, de *pot-sum {pot- d’après potest, de pote est).
§ 23. — 3° Une occlusive dentale ou labiale devant la nasale m, une occlusive
dentale devant la nasale n s’y sont assimilées totalement.
50 INFLUENCE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES CONTIGUS

ammoneô, de ad-moneô (sans doute en passant par *anmxmeô selon § 25, 3“) ;
summus, de *sup-mos (sans doute en passant par *sub-mos selon § 24, 2®) ;
summoueô, de sub-moueö •,
annuô, de ad-nuâ-, annus, de *at-nos (cp. peut-être got. apna « année »),
sans doute en passant par *adnos selon § 24, 2°.
§ 23. — La dentale nasale est devenue r devant la liquide r.
irrumpô, de in-rutnp5 .
N.B. — L a dentale orale ne s’est assimilée à r que dans le préverbe ad-,
où elle était implosive : arndeö, de ad-rideô.
§ 23. — 5° Une occlusive dentale sonore, orale ou nasale, est devenue 1 devant
la liquide 1 (pour le groupe tl, cf. § 36, 2“ b et 64).
alloquor, de ad-loquor; sella, de *sed-la (cp. sedeo);
colloquium, de *con-loquiom.
§ 23. — 6” Une occlusive dentale sonore, orale ou nasale, est devenue 1 après 1 à
date ancienne.
sallo, de *saldô (cf. salsus, de *sald-tos selon § 37, 3°).
Mais caldus, soldus, ualdê, de calidus, solidus, ualidê, dont Vi ne s’est amuï
qu’après la cessation de la tendance assimilatrice (cf. § 59).
collis, de *kolnis (cf. lit. kâlnas « colline ») ; tollô, de *tolnô (cp. v.irl. tknaid
« il enlève »). Mais ulna, de *olenâ (cp. grec wXévy), v.h.a. elina), minus,
sans doute de *uolenos, alnus, de *alenos (cp. pour le e v.h.a. élira « aune »,
de *alera) ou de *alksnos (cp. lit. alksnis, même sens). Le groupe In a dû
se former dans ces mots postérieurement à la tendanee assimilatrice
(cf. § 59).
§ 23. — 7° La sifflante s est devenue 1 après 1 à date ancienne,
uelle, de *uel-se (cp. uel-im et, pour la désinence -se, es-se) en passant
par *uelze d’après § 24, 3®; collum, de *kolsom (cp. got. hals « cou »), en
passant par *kolzom selon § 24, 3°. Mais fulsi, de * fulg-s- (cp. fulgeo)
selon § 43, 2®, et autres formes du même type. Même remarque que pour
le gproupe In récent, 6®.
§ 23. — 8®La sifflante s simple est devenue r après r à date ancienne, lorsqu'elle
n'était pas suivie d'une sourde.
ferre, de *fer-se (cp. le cas de uelle, 7®) ; sacer, de *sacers, de sakros selon
§ 60, 2® b. Mais sors, ars et formes du même type, de *sorss, *arss (avec ss
simplifié en finale selon § 62, 3®), de sort(i)s, *art(i)s, selon § 60, 2® b.
D ’autre part, farsi, de *farc-s-, selon § 43, 2® {cp. farciô). Dans ces mots,
r s’est trouvé devant s simple postérieurement à la cessation de la tendance
assimilatrice (pour la chute de r dansj&rômy, de *prôrssus, cf. § 43, 3®c).
Dans testis, de *terstis, avec chute de r selon § 43, 2®c (voir aussi § 40, 2®),
s était suivi d’une sourde (voir Conclusion, § 27, 2® a).
§ 23. — 9® Pour les assimilations de résonance du type attrahô, de
ad-trahô, cf. § 24, i®.
MODIFICATIONS QUALITATIVES 51

En sanskrit.
§ 23a. — I» (La sifflante ƒ n’existait pas en sanskrit).
2° Une occlusive dentale subsiste devant s (W 153).
3° Une occlusive labiale subsiste devant m sauf dans les mots composés;
une occlusive dentale devant la nasale n s’y est assimilée totalement, sauf
si l’analogie l’en empêchait (W 176).
40 Aucun changement correspondant.
5° d est devenu l devant / dans les rares cas où / n’est pas passé à r
selon § 65 (Brugmann 320, 3c).
6°-7° Aucun changement correspondant.
8° (Pour le traitement rs du groupe rs, cf. § 26a, 2®).
90 Cf. § 24a.

En ionien-attîque.
§ 23b. — 1° (La spirante ƒ n’existait pas en ionien-attique ancien).
2° Même changement qu’en latin (L 63).
3° Une occlusive labiale est devenue m devant la nasale m (L 66).
Mais une dentale devant n et en principe devant m subsiste phonétiquement
(L 66 et 67).
40 Pour le groupe vp, cf. § 37b, 2®.
50 Une occlusive dentale sonore, orale ou nasale, est devenue X
devant X (L 65).
6° Une occlusive dentale sonore subsiste après X; pour la nasale,
cf. § 42b, 70.
7° Le groupe Xtr subsiste, sauf dans les aoristes, et ailleurs sporadi­
quement, où il est représenté par X avec allongement compensatoire,
selon § 42b, 30 (L 119 et 120).
8° La sifflante a après p en position intervocalique est devenue p à
date récente en attique (non en ionien), mais l’analogie l’a souvent conservée
(L I19). Pour le groupe -pcs- ancien dans les aoristes, cf. § 42b, 3°.
90 C f § 24b.
10° La sifflante a s’est assimilée totalement à X, v, p, et généralement à p,
suivants à l’initiale et la géminée résultante s’est simplifiée dans la suite
(selon § 64b), sauf pour p en ionien-attique, s’il se trouvait précédé d’une
voyelle adventice comme l’augment (L 112 et 113). En position inter­
vocalique, (Ts’est amuï à date ancienne devant ces sonantes avec allongement
compensatoire selon § 44b, 3°) (L 114 et 117). Pour le traitement entre
consonnes, c f § 42b, 4°.

En osco-ombrien.
§ 23c. — 1° Pas d’exemples.
2° Mêmes changements qu’en latin, sauf pour le groupe secondaire ts
qui subsiste (transcrit z de l’alphabet national, s en alphabet latin) (B 114)
(BO 63d). Pour le groupe *tst venant de t t, d t, c f § 50c.
52 INFLUENCE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES CONTIGUS

3° Une occlusive labiale est devenue m devant la nasale m (B 102)


(BO 64).
4°-6° Aucun changement correspondant.
7“ Pour le groupe Is ancien, pas d’exemples clairs. Le groupe secondaire
subsiste. En finale, le groupe est devenu l (peut-être en passant par II)
(B 98) (BO 63b).
8° Le groupe -rs- intervocalique provenant de la syncope est devenu rr
en osque; il y subsiste lorsqu’il provient de rss. Pour le traitement ombrien rf,
cf. § 36c, 4“ (B 94) (BO 63a). Pour le traitement de -rs- intervocalique
ancien, cf. § 42c, fi®, rs en finale est représenté par r, sans doute de rr (B 96)
(BO 63a).
9° Cf. § 24c.
10° Le groupe ni est devenu U (B 86, 3) (BO 59).
11° Les groupes mb, nd, sont devenus mm (en ombrien), tm (B 102 et
112) (BO 71).
12° Le groupe -ps- intervocalique ancien est devenu w; secondaire,
il subsiste en osque, devient s (s) en ombrien (B 99) (BO 64).

En germanique.
§ 23d. — i°-2° Aucun changement correspondant sauf entre voyelles
ou en finale selon § 42d, 6°.
Pour le groupe *tst venant de t H- t, d -j- cf- § 5od.
30 lE bm semble être devenu mm. Pour th, cf. 10®.
40 Pas d’exemples à date ancienne.
5° Une dentale orale lE s’est assimilée à im / suivant (S 127).
6° La nasale dentale est devenue l après l (S 127).
7® La spirante interdentale sonore (voir § 28d, 2“) ainsi que la
sifflante dentale sonore (voir § 24d, 3“) germaniques sont devenues /
devant l (S 127). Le groupe germanique -fe- intervocalique est devenu -li­
en germanique occidental (Brugmann 293).
8® Le groupe germanique -rz- intervocalique est devenu -rr- en ger­
manique occidental (Brugmann 293).
9» Cf. § 24d.
10® Il semble que le groupe occlusive indo-européenne n soit devenu
en germanique une occlusive sourde géminée. Mais il est difficile de dis­
cerner les cas où une géminée est d’origine expressive de ceux où eUe
proviendrait d’une semblable assimilation. (Voir Martinet, gimmatim.)
Il® L a spirante dentale sonore germanique z est devenue m devant m
et parfois n devant n (S 127).

En vieil irlandais.
§ 23e. — I®Aucun changement correspondant.
2® Une occlusive dentale est devenue s devant la spirante s (et parfois
aussi après elle, après interversion en ts selon § 40e, 3®) (P 25, 5 et 6; 26, 2).
MODIFICATIONS QUALITATIVES 53

3° Le groupe -dm- est devenu -mm- dans les composés prépositionnels


en ad- où il était précédé immédiatement de l’accent irlandais, mais y a
subsisté dans les autres cas et dans les redoublements (il est devenu m
ailleurs selon § 42e, 7°) (P 44). Pour les groupes dn, tn, cf. § 42e, 7« et,
pour tn, 23e, 10°; pour bm, pas d’exemples.
4“ Aucun changement correspondant (pour le traitement du groupe dr
dans les composés, cf. § 42e, 7°).
50 Aucun changement correspondant, du moins, pour l ’orale, à date
ancienne (pour le traitement des groupes tl et dl anciens, cf. § 42e, 7“).
6“ Une dentale sonore est devenue l après / à date récente, et de
même la nasale à date ancienne (P 45 et 72).
7° La sifflante s est devenue l après l (P 26, 7).
8° L a sifflante s simple est devenue r après r (P 26, 4).
90 C f § 24e.
10“ n, placé immédiatement avant l’accent lE , semble s’être assimilé
totalement à une occlusive sourde précédente (P 73).
11 “ La sifflante s devant r, l, m, n, a subsisté à l’initiale, mais s’y est
assimilée totalement en position intérieure (P 26, 3, 6, 9, i i ) , sauf si la
rencontre provenait de la syncope.
12° Les groupes nd, mb, ont tendu à devenir nn, mm, dès la période
récente du v.irl. (P 45 et 49).
13° Une « gutturale » sourde s’est assimilée totalement à un j suivant
(P 25, 4).

//. Assim ilation partielle

A I ASSIMILATION DU MODE d ’a RTICULATION


I. AU POINT DE VUE DE LA RÉSONANCE

En latin.
§ 24. — 1° Toute occlusive sonore est devenue sourde devant une consonne sourde.
scriptus, de *scrib-tos (cp. scribs); rëctus, de *reg-tos (cp. regô; pour ë,
c f §44, 4°).
2° Toute consonne sourde est devenue sonore devant une occlusive sonore, orale
ou nasale (devant n, c f § 25, 2°).
segmentum, de *sec-mentom (cp. secô) ;
*prizmos {devenu primus selon § 42, 4° et 44, 3°), de *prismos (cp. priscus
et pélignien prismu « prima »).
*izdem (devenu idem selon § 42, 4° et 44, 3°), de *is-dem.
30 s est devenu sonore devant 1 et, à date récente, devant r (pour le traitement
à date ancienne c f § 36, 2°) ; il l’est devenu également après ces phonèmes, s’il
n’était pas suivi d’une sourde.
*prezlom (devenuprëlum selon § 42, 4° et 44, 3®), de *pres-lom (cp. pres-si) ;
*dizruô (devenu diruô selon § 42, 40 et 44, 3°), de dis + ruô;
54 IN F L U E N C E D ES P H O N È M E S SU R LES P H O N È M E S C O N T IG U S

*uelze (devenu uelle selon § 23, 7“), de *uel-se‘,


*ferze (devenu ferre selon § 23, 8°), de *fer-se. Mais *terstis (devenu
testis selon § 43, 2° c; pour la filière depuis *tristis, cf. § 40, 2°), où s est
resté sourd à cause de la sourde suivante t. Pour le cas de rss, cf. p. 97c.

En sanskrit.
§ 24a. — 1° Même changement qu’en latin (W i io et 116). Mais pour
les occlusives sonores aspirées, c f § 40a, 3°.
2O Toute consonne sourde est devenue sonore devant une occlusive
sonore (W iio ).
3“ 5 est resté sourd devant et après l ou r (W 203).
40 s est resté sourd devant m et n.

En ionien-attique.
§ 24b. — 1° Même changement qu’en latin (L 56 à 60).
2° Toute consonne sourde est devenue sonore devant une occlusive
sonore (L 56 à 60), De plus, x est parfois devenu y devant (jl (L 66).
3° (Pour le traitement de g devant X, p, c f § 23b, 10° et 42b, 4“ ; pour
celui de a après X et p, c f § 23b, 70 et 8° et 42b, 3®).
4® (Pour le traitement de g devant p. et v, c f § 23b, 10® et 42b, 4®).

En osco-ombrien.
§ 24c. — I® Même changement qu’en latin (B 135) (BO 82b).
2® Toute consonne sourde est devenue sonore devant une occlusive
sonore.
3® (Pour le traitement du groupe sr, cf. § 36c, 2®). s/ subsiste (B 93)
(BO 63). Pour -Is- ancien, pas d’exemples clairs; -Is- récent subsiste (B 98)
(BO 63b). Le groupe -rs- intervocalique provenant de la syncope a dû
passer par -rz- avant d’aboutir à rr en osque (B 94) (BO 63a). Pour les
autres traitements du groupe -rs- intervocalique, c f § 36c, 4® et 42c, 6®.
4® s est resté sourd devant » et m (B 93) (BO 63).

En germanique.
§ 24d. — I® Même changement qu’en latin (Brugmann 261, i®).
2® Toute consonne sourde est devenue sonore devant une occlusive
sonore (Brugpoiann 261, 2). Pour s, cf. § 42ct, 4®.
3® Non précédés immédiatement de l’accent lE , le groupe ancien -sl-
est devenu -zl- en germanique commun (d’où II selon § 23d, 7®) et les
groupes -rs-, -Is-, sont devenus -rz-, Iz- en germanique occidental commun
(d’où -rr-, -II- à l’intervocalique, selon § 23d, 7® et 8®) (Brugmann 293).
Pour le traitement du groupe sr, cf. § 37d, 4®.
4® Non précédés immédiatement de l’accent lE , les groupes inter-
vocaliques -sn-, -sm-, sont devenus -zn-, -zm-, en germanique commun
(d’où respectivement rm, souvent, et mtri) (Brugmann 293).
M O D IFIC A T IO N S Q U A L IT A T IV E S 55

En vieil irlandais.
§ 24e. -— I® Toute occlusive sonore est devenue sourde devant une
consonne sourde (Brugmann 261, i).
2® Toute consonne sourde est devenue sonore devant une occlusive
sonore (Brugmann 261, 2).
3® s est resté sourd à l ’initiale devant l et r (P 26), mais a dû devenir h
en position intérieure (avant de s’assimiler selon § 23e, ii®).
4° Le traitement de s devant m et n est le même que devant l et r.
Cf. 30 (P 26).
5® Le groupe secondaire consonne sonore + h s’est fondu en la consonne
sourde correspondante (P 202).
6® Le groupe n + occlusive sourde s’est fondu en l’occlusive sonore
correspondante (P 50 et 60) (généralement avec allongement compensa­
toire, selon § 44e, 5®).

2. AU POINT DE VUE DE LA NASALITÉ

En latin.
§ 25. — I® b est devenu m devant n.
scamnum, de *scab-nom (cp. scabellum) ; Samnium, en définitive de *Sab-
niom (cp. Sabinus).
§ 25. — 2° c, g, sont devenus n (écrit g à l’époque classique) devant n.
signum (prononcé sinnum, comme l’indiquent le i venant de e, selon
§ 30, I® et des graphies telles que singnifer (CIL, V I, 3637 = signifer), de
*sec-nom (cp. sequor ou secô) ; dignus (prononcé dinnus), de *dec-nos (cp. decet),
avec i selon § 30, i®.
§ 25. - 3® d devant m est vraisemblablement devenu n (avant de
s’assimiler selon § 23, 3°).

En sanskrit.
§ 25a. - - i® Aucun changement correspondant.
2® Les occlusives « gutturales » sont devenues n devant nasales (sinon
toujours dans la graphie) (W 164).
3® Les occlusives dentales sont généralement devenues n devant m
en composition (W 176).

En ionien-attique.
§ 25b. — I® P est devenu devant v (L 67).
2® Les occlusives « gutturales » ne se sont pas nasalisées devant nasale,
sauf Y devant v dans les présents redoublés Y iy v o tta t et Yiyvcoaxci), devenus
finalement Y ïv o ( ia i et Y^t®cnt®> (L 66 et 67).
3° Aucun changement correspondant à date ancienne (L 67 n. 4).
56 IN F L tJE N G E D E S P H O N E M E S SU R LE S P H O N E M E S C O N T IG U S

En osco-ombrien.
§ 25c. — 1° Une occlusive labiale est devenue m devant n (B 102)
(BO 71).
2® Pas d’exemples clairs.
3® Aucun changement correspondant.
En germanique.
§ 23d. — 1° Aucun changement correspondant. Cf. § 22d, 5°.
2° (n s’assimile à la spirante et à l’occlusive « gutturales » sonores
germaniques précédentes selon § 24d, 4® et § 23d, 10° et le groupe devient
respectivement germ, -rm- et -kk-).
3® Aucun changement correspondant.
En vieil irlandais.
§ 25e. — 1° Aucun changement correspondant. Cf. § 45e, 2°.
2" C f § 42e, 60 et 22e, 5°.
3" d est sans doute devenu n devant m avant de passer à mm dans certains
composés selon § 23e, 3®.

B I ASSIMILATION DU POINT d ’ARTICULATION

En latin.
§ 26. — Une nasale devant une occlusive ou une constrictive a pris le point
d’articulation de cette occlusive ou de cette constrictive (mais pour les groupes -mt-,
-ms-, -ml- c f § 37, 2°).
impiger, de in-piger;
quandô, de *quam-dô-,
anceps (prononcé anceps, c f la graphie à la grecque agceps proposée par
Accius, c f Varron, ap. Priscien, G R F, p. 185, fr. 3), de *amceps, de *ambhi-
caps, d’après § 59 pour la syncope de i, § 43, 2® pour l’amuïssement de b
et § 61, 2®pour le passage de a à
comfluont (CIL, P, 584) avec m devant ƒ ancien, bilabial, en regard
de cônfluont, avec n devant ƒ classique, labiodental.
En sanskrit,
§ 26a. — I® Une nasale devant une occlusive « gutturale » est devenue
« gutturale » (n ), devant et après une palatale est devenue palatale (n)
(W 164), devant une dentale est représentée par une dentale (n) (W 175);
n se cérébralise (1},) devant occlusive cérébrale et après les cérébrales s, r, r
(W 167a). Pour n devant sifflante ou h, c f § 42a, 3®.
2® J (prononcé en sanskrit plus près du milieu de la voûte palatine
qu’une dentale ordinaire) s’est cérébralisé en s après r et A: (W 203).
3® Les dentales sont devenues cérébrales après la cérébrale s/*z (W 145)
(sauf, au moins originellement, si elles étaient suivies d’ime cérébrale y
compris r, c f § 38a, i®). Pour *z, cf. 42a, 4®.
M O D IFIC A T IO N S Q ,U A H T A T IV E S 57

4° s s’est palatalisé en ç devant la palatale indienne c (W igg) et la


séquence sk’ est devenue cch = éch {ch à l’initiale).
En ionien-attiqne.
§ 26b. — Une nasale devant une occlusive et devant une sifflante a
pris le point d’articulation de ces consonnes (L 143).
En osco-ombrien.
§ 26c. — Même phénomène qu’en latin (BO 5g). Pour la chute de n
devant occlusive, cf. § 42c, 5“.

En germanique.
§ 26d. - - La nasale labiale m est devenue n devant la dentale d et la
labiodentale ƒ (v.h.a. récent); la nasale dentale n est devenue m devant ƒ
bilabial (got., v.isl.) (S 127).

En vieil irlandais.
§ 26e. — Une nasale devant une occlusive a pris le point d’articulation
de cette occlusive en celtique (P 70). Pour le traitement ultérieur du groupe
nasale + consonne, cf. § 24e, 6<^.

ƒ//. Conclusion su r l'assim ilation d'une consonne


à une autre consonne en latin

§ 27. — I® Les consonnes implosives, organiquement faibles, ont très


souvent cédé aux explosives, organiquement fortes : l’attention musculaire
s’est portée davantage sur les phonèmes qui, en vertu de leur position,
exigeaient la tension organique la plus intense et elle a négligé l’arti­
culation des autres. Ceux-ci ont perdu en tout ou en partie leur indivi­
dualité articulatoire. C ’est ce qui explique le nombre imposant des cas
d’ftssimilation régressive de consonnes en latin. Le relâchement des implo­
sives a été spécialement marqué dans cette langue, comme l ’indique la
comparaison.
Les « gutturales » et les labiales ont maintenu leur point d’articulation
devant les dentales, mais non l’inverse; de même pour les « gutturales »
devant les labiales. O n peut en conclure au moins que leur position relative
les rendait plus fermes. Les occlusives sourdes ne se sont pas sonorisées
devant les liquides, ear elles y gardaient leur phase explosive. D e nombreux
dérivés se rapportant au nombre 4 {quadrägirttä, quadrini, etc.) ont cependant
devant r un provenant d’un t (cp. quater, quattuor). V oir pour ce cas
spécial § 28, I®, Rem. 2.
2® Il y a quelques cas d’assimilation progressive.
a) U ne liquide a assimilé un s explosif suivant (§ 23, 7® et 8®). L a
sourde s, devant une voyelle et après une liquide, phonèmes sonores, a
d’abord subi une assimilation de résonance et est devenue z (cp. § 28,
58 IN F L U E N C E D E S P H O N E M E S SU R L E S P H O N E M E S C O N T IG U S

lO explication)^®. L a sonore z une fois privée de sa résistance de consonne


forte, son aperture augmenta sous l’influence des phonèmes environnants,
plus ouverts qu’elle, et elle perdit son point d’articulation propre pour
devenir l ou r, consonnes alvéolaires dont elle était d’avance très rap­
prochée. C ’est le cas de uelle, ferre, ager, etc. Lorsque s était géminé
ou suivi d’ime consonne sourde, comme dans *prôrssus, *terstis, il ne se
sonorisait naturellement pas et donc, restant une forte, pouvait mieux
résister à l’influence du phonème précédent.
b) L a liquide / a assimilé un </ et un h explosifs suivants (§ 23, 6®).
L e d était en position forte, mais il était très faible par nature (§ 9 in fine).
O n ne peut s’étonner qu’il ait été dominé par la continue /, qui avait un
caractère spécifique très accusé et un point d’articulation très voisin. Pour n,
le même cas s’est présenté, facilité par la constitution de la nasale, plus
faible encore que celle de l’occlusive orale (§ 9 in fine).
R E M A R Q U E . — Les recompositions analogiques sont très nom­
breuses ; quidquam, adpärö, inrumpö, fers, abnegô... Lorsqu’une sonore était
rétablie devant une sourde, p. ex., obtineô, ce n’était que dans la graphie;
on continuait à la prononcer sourde (Quintilien, I, 7, 7).

S E C T IO N 2. A S S IM IL A T IO N D 'U N E CO N SO N N E
À D E S S E G M E N T S V O C A L IQ U E S

§ 28. — I® s intervocalique anciennement simple est devenu r au moins dans les


mots proprement latins (rhotacisme).
N.B. — Le rhotacisme est le phénomène par lequel une consonne, très
généralement s, prend l’articulation de r.

Çp. G rammont , p. 188 et 206, n. i ; L in d sa y , IV , § 148; L eumann , § 128;


M e il l e t -V endryes , § 106-108; N iedermann , § 49; P isani, § 1 1 3 ; S ommer ,
§ 1 1 9 ; A ltheim , Studies ... Robinson, t. II, 1953, p. 459-468; L ejeune , R E L ,
1950, p. 100; M e il l e t (rosa, miser), M SL, X V , p. 162; S a f a r e w ic z ,
Rhotacisme-, C o r r e a , Act. I l l Congr. esp. Estud. clâs.. I l l , 1968, p. 59-67;
B assols, p. 177-180; F a r ia , § 21; K en t , § 166; T a g lia v in i , § 69.
Les exemples du phénomène sont multiples :
les formes des cas obliques de la 3® déclinaison du type môs, môris
(de *môses), genus, generis (de *geneses);
les formes de tous les infinitifs en -re (de -se, cp. es-se) : amâre, etc.;
le futur de esse : erô, de *esô;
un grand nombre de formes isolées, comme quaerô, de *quais- 5
(cf. Remarque i);firiae, de fës-iae attesté par Festus, 76, 17 {cp. fês-tus)...
(Voir Varron, L .L ., V II, 26; Quintilien, I, 4, 13, etc.)

*® Si le fait ne s’est pas produit après une occlusive sonore, laquelle au contraire s’cst
assourdie devant s, c’est parce que cette occlusive était débilitée par son caractère implosif,
tandis que les liquides, grâce à leur aperture, restaient explosives devant consonne (cf. § 3).
M O D IFIC A T IO N S Q U A L IT A T IV E S 59

Le rhotacisme de s intervocalique est dû à Tinfluence assimilatrice des


voyelles environnantes. Le premier stade auquel aboutit cette action est
la sonorisation du phonème. Les vibrations glottales requises pour l’arti­
culation des voyelles ont empiété par inertie, pour la précédente, et par
anticipation, pour la suivante, sur le domaine de qui est devenu
Les voyelles, phonèmes de plus grande aperture que z, ont poursuivi leur
action en ce sens et ont fini par augmenter l’aperture du z.
Consonne douce et d’une articulation faible, comme le confirme son
amuïssement devant consonne sonore (§ 42, 4°), il n’a pu résister à leur
influence. La pointe de la langue, s’écartant progressivement des incisives,
s’est élevée vers les alvéoles; les organes, dans cette position, ont norma­
lement émis un r alvéolaire.
La sonorisation de s intervocalique doit être très ancienne, mais on
ne saurait en déterminer l ’époque. O n est mieux renseigné sur la chrono­
logie du second stade, le passage àc. z h r . Un texte des Digestes (I, 2, 2, 36)
nous permet de conclure que la nouvelle prononciation fut sanctionnée
ofRciellement, au moins pour les noms propres, par Appius Claudius Caecus,
qui fut censeur en 312 av. J.C . Un autre texte (Cicéron, Adfam., IX , 21, 2)
dit explicitement que L. Papirius Crassus, dictateur en 339 av. J .C ., fut
le premier de sa famille qui cessa de s’appeler Papûius. Or, en règle générale,
les noms propres ne se transforment qu’un certain temps, parfois très long,
après les autres mots. O n peut donc admettre que le rhotacisme avait
exercé ses effets dès le milieu du 4® siècle avant J .C . dans tous les mots
qui en réunissaient les conditions d’application.
R E M A R Q U E S . — i. Outre les cas mentionnés p. 40, certains mots,
malgré les ' arences, ne devaient pas tomber sous la loi du rhotacisme.
Une parti tre eux contenaient la géminée ss, qui ne se simplifia que
plus tard daiio certains cas (cf. § 43, 1° et 2®) : p. ex., causa, de caussa,
quaesô, de *quais-sô, forme à suffixe désidératif s, en face du simple *quaisô,
devenu normalement quaerô.
D ’autres mots ont fait l’objet de recompositions analogiques ou même
n’ont pas subi de modification sous l’action préventive de l’analogie.
Tels sont p. ex. nisi, quasi, dêsinere, etc., composés dans lesquels l’analogie
avec le simple est évidente.
L ’analogie a parfois produit un effet inverse : s final, dans un certain
nombre de mots, comme arbös, honös, s’est vu remplacer par l’r des cas
obliques, d’où arbor, honor. Les noms d’agent en -tor, comme dator, messor,
où r était primitif, ont dû favoriser le phénomène. Dans les monosyllabes,
commeflôs, mös..., qui étaient déjà protégés par leur nature même, l’analogpe
de ces noms forcément polysyllabiques ne put s’exercer et leur s final resta
inchangé (p. 41).
2. La transformation de s intervocalique contraste avec le maintien

L a force de l’anticipation doit entrer en ligne de compte, car lorsque le phonème


suivant était une sourde, s ne se sonorisait pas. Les recherches experimentales montrent
que s sourd intervocalique commence et finit comme une sonore, c’est-à-dire comme z ,
caractérisée par les vibrations laryngiennes et la faiblesse de l’articulation linguale
(cf. R oUSSELOT, p. 430 SS.).
6o IN F L U E N C E DES P H O N E M E S SU R LES P H O N E M E S C O N T IG U S

des occlusives en cette position (du moins en latin aneien). C ’est que, pour
l’émission d’une constrictive, le souffle s’éehappe continuellement de l’ori­
fice buccal et la pression, forcément réduite, exige pour lui faire équilibre
une tension des organes moindre que celle des oeclusives explosives. A cet
égard, la continue est donc moins résistante. Pour le sort des occlusives
intervocaliques en latin vulgaire, cf. Väänänen, § 104-106.
Le d de quadrägintä, quadruplex et mots de même racine, en face du t
de quater, quattuor, provient peut-être de l’influenee des sonores environ­
nantes dans un mot très usité et généralement mal articulé comme un
nom de nombre. Cf. notamment undecim en face de decem, où e s’est relâché
en i, alors que les finales -em des substantifs restent intactes. Cp. aussi le
grec ëpSo(i,oç, oySooç en face de èm â, oxtw.
3. D ’origine dialectale (§ 28, 2“ R) semblent bien être certains mots
en -àsius, -êsius, -isius (cf. Ernout, Eléments, p. 73). Peut-être aussi miser
et caesariës. Mais voir § 53, 1°.

§ 28. — 2° Les occlusives aspirées lE sont représentées par des sonores entre
voyelles ou entre voyelle et sonante (pour plus de détails, cf. p. 163, n. 42).
G p . C U N Y , R E A , 1917, p. 255-270; J u R E T , p. 123 S S .; H offmann ( -g h -),
B K IS, 1901, p. 129-145; L indsay , IV , § 103 ss.; M eillet , Dialectes, p. 75 ss.;
I d ., Esquisse, p. 53 s.; 143 s.; Pisani, § 104; P orru , A IV , 1940-1941,
p. 87-97; B a s s o l s , § 223; F a r ia , § 35-38; K e n t , § 142 s.; T agliavini , § 58.
nebula, de *nebhelâ (avec u d’après § 57, i®) ; cp. grec veçsXT), skr. nâbhah;
médius, de *medhyos (cp. skr. mâdhyah)-,
uehö, de *wegh- (cf pamphylien « qu’il transporte », skr. vâhatï) ;
niuis, génitif de nix, de *sniglf- (cp. grec viçàç, v.h.a. sniwit « il neige ») ;
ninguit, de la même racine avec nasale infixée.
Les occlusives aspirées anciennes ont abouti à des sonores entre pho­
nèmes sonores et de grande aperture, comme les voyelles et les sonantes,
alors qu’en position initiale, elles ont abouti à des spirantes sourdes
(cf. § 65). L ’explication est la même que pour la sonorisation d’i' inter-
vocalique. Ces phonèmes ont dû passer par le stade spirant et ont perdu
ainsi leur résistance d’occlusives. Le phénomène est de date préhistorique.
R E M A R Q U E . — L a spirante sourde ƒ, parallèlement à s, ne figure
pas régulièrement en position intervocalique en latin. Là où on l’y trouve,
ou bien elle est due à l’analogie, comme dans fefellî, parfait de fallô, referd
en face de fera, ou bien elle est d’origine dialectale, comme dans uafer
(à côté de uaber, attesté par des gloses), scrôja, rüfus (cp. p. ex. ombrien
rufru et ro/à« rüfôs»), A !’ƒ de la forme latino-sabine rüfus s’oppose la sonore b
de la forme proprement latine ruber, de *rudhros (cp. spuôpoç). C f p. 163,
n. 42, pour la labiale provenant de *dh.

En sanskrit.
§ 28a. — 1° s intervocalique subsiste (on trouve r venant de s lE en
finale devant initiale vocalique et parfois à l’intérieur des composés, sans
doute par analogie) (W 189).
2“ Aucun changement correspondant, les occlusives sonores aspirées
ayant subsisté.
M O D IFIC A T IO N S Q U A L IT A T IV E S 6i

3° Les occlusives « gutturales » indiennes k, g, gh (sauf dans les onoma­


topées) se sont transformées respectivement en c, j , h (écrits c, j , h) devant
les voyelles prépalatales lE e, i (et devant j») (W 119 ss.).
4° Après y ji et wfu lE , s/*z (alvéolaire en sanskrit) est devenu
chuintant (et de là s’est cérébralisé en s/*z selon la tendance indienne à
attirer les articulations vers le milieu de la voûte palatine), sauf s’il était
suivi immédiatement des cérébrales r, r selon § 38a, 2° (W 203).

En ionien-attique.
§ 28b. — 1° (Pour l’amuïssement de s intervocalique, cf. § 42b, 5°).
2° Les occlusives sonores aspirées sont devenues des sourdes et le sont
restées en position intervocalique (L 43).
3“ Les occlusives labiovélaires sont devenues dentales devant les
voyelles prépalatales lE ë et (pour la sourde au moins) i (L 34 à 38).
4° Devant la voyelle prépalatale i, un t ancien non initial et non
appuyé par s (§ 38b) a tendu à se palataliser (en f ’, puis ts) pour aboutir
à O (L 51).
Pour le traitement de t devant u, cf. § 45b, 4“.

En osco-ombrien.
§ 28c. — 1° J- intervocalique s’est sonorisé en osque et en ombrien et a
passé à r en ombrien (de même en finale, sans doute d’abord devant une
initiale vocalique) (B 91) (BO t s.).
2° Les occlusives sonorf lirées lE sont devenues des spirantes
sourdes en osco-ombrien et le sont restées en position intervocalique
(B lo i et 113) (BO 83 s.).
3° Les occlusives sourdes entre sonantes ou entre voyelle et sonante
ont tendu à se sonoriser (B 131 à 134) (BO 82a); de même lE bh^tgh sont
représentés en ombrien par b ot g entre nasale et voyelle (B 137) (BO 84a).
40 d intervocalique s’est ouvert en ombrien en une spirante, inter­
médiaire entre r et a? spirant, semble-t-il (transcrite f de l’alphabet national,
rs en alphabet latin) (B 108) (BO 74 s.).
50 En ombrien, k devant e, i, s’est palatalisé en un son transcrit ç de
l’alphabet national, s en alphabet latin (B 120) (BO 68); g s’est palatalisé
en y devant ces mêmes phonèmes (B 124) (BO 79).

En germanique.
§ 28d. — 1° L a spirante lE s intervocalique est devenue r sauf en
gotique après s’être sonorisée, sauf si l’accent lE affectait la voyelle immé­
diatement préeédente, empêchant ainsi j de se sonoriser à date ancienne
(loi de Verner, S 123 et 134, 4 Rem.). Voir aussi § Q4d, 2 ° , 3° et 4°.
2° Les spirantes sourdes germaniques sont devenues sonores en position
intervocalique ou entre voyelle et liquide ou nasale, avec la même restric­
tion que pour s. V oir i° (loi de Verner, S 121).
62 IN F L U E N C E D ES P H O N E M E S SU R LE S P H O N E M E S C O N T IG U S

En vieil irlandais.
§ 28e. — 1° (Pour l’amuïssement de s intervocalique, cf. § 42e, 5“).
2° Les spirantes sourdes provenant d’occlusives selon 3“ subsistent en
position intervocalique.
3° Les occlusives se sont généralement transformées en spirantes par
augmentation d’aperture en position intervocalique (en brittonique, en cette
position, les occlusives sourdes sont devenues sonores sous l’influence de la
sonorité des voyelles environnantes; les occlusives sonores, moins résistantes,
ont subi une augmentation d’aperture et sont devenues spirantes) (P 217).
40 Une consonne s’est palatalisée devant une voyelle prépalatale
ancienne et elle le reste après l’amuïssement éventuel de cette voyelle
(P 163); une consonne s’est labialisée (les lèvres s’arrondissant lors de son
articulation comme pour prononcer un u) devant ü et parfois a, et elle le
reste après l’am u ï^ m en t éventuel de cette voyelle (P 217).

SECTIO !^ 3. A S S IM IL A T IO N D'U N E CO N SO N N E
À UNE S E M I-V O Y E L L E

En latin.
§ 2g. — 1° La séquence initiale dw s'est transformée en b.
Cp. JURET, p. 113 et 116; L eumann , § 136; L indsay , I V , § 7 1; M e il l e t -
V en d ryes , § 135; N iederm ann , § 94; R sani, § 88; S ommer , § 125. — -
G u arn erio , Rendiconti 1 st. Lombardo scienze lett., 1907, p. 419-432; R ud -
NiCKi, Eos, 1912, p. 168-174; Bassols, § 270; F a r ia , p. 224 s.; K en t ,
§ 1 41 , I X ; T a g lia v in i , p. i i i .
bonus, de duonos [duonoro, génitif pluriel, C IL , I®, 9); bene, de *dwenë(d),
avec e selon § 60, 3° et chute de d selon § 62, i®b; bellum, de duellom (Varron,
L.L., V II, 49; cf. Duelonai, C IL , I^, 58 — Bellonae) ; bis, de *dwis (cp.
skr. dvlh) en face de duo (prononcé duvuo selon § 37, 1“).
L ’arrondissement des lèvres requis pour le second élément w s’est
transporté par anticipation dans le domaine du d, consonne faible en latin;
le point d’articulation du d se rapprochait ainsi de celui de b, avec lequel
il dut finalement se confondre, d’où *bw.
Mais la séquence bw contient deux phonèmes au point d’articulation trop
rapproché et qui donc se gênent mutuellement : le second fut éliminé sans
doute au moment même où le groupe se formait. O n ne trouve pas de
traces de la prononciation bw (cp. le cas de fiô , § 41, 2“).
Le d initial était plus résistant qu’à l’intérieur; il subsista devant la
semi-voyelle labiale, quitte à prendre son point d’articulation. A l’intérieur
il s’amuït, peut-être après assimilation totale en ww suivie de simplification :
suâuis, de *swâdw-is (cf. skr. svàdüh, grec 7]Sôç).
G. Duellius, consul en 260 avant J. C., fut appelé Bellius par ses contem­
porains (cf Cicéron, Orator, 153, et saint Jérôme, adv. Jovin., i, 46). Le
M O D IFIC A T IO N S Q U A L IT A T IV E S 63

changement de prononciation doit donc se situer au moins dans la première


moitié du 3® siècle. Le groupe dw initial semble n’avoir pas présenté dès
cette époque une difficulté articulatoire insurmontable, Il a pu être maintenu
artificiellement dans un certain nombre de mots. Ainsi, dans duellum,
employé maintes fois comme dissyllabe par Plaute par une affectation
comique d’archaïsme (Plaute, As., 559, Truc., 483, etc. Cf. Marouzeau,
Stylistique, p. 88-89).
§ 29. — 2° Les groupes -dy-, -gy- se sont transformés en yy {écrit le plus
souvent i, cf. § 42, 1° Rem.), quand ils notaient pas dissociés par un i anaptyctique.

Cp. JuRET, p. 139 et 170; L indsay , IV , § 65; M e il l e t -V en d ryes , § 133;


PisANi, § 82; P a r ie n t e , Emerita, 12, p. 336 ss.; B assols, § 206; F a r ia ,
p. 246; K e n t , § 141, III; T a g l ia v in i , p. iio . — V ää n ä n e n , § 95-100.
peius, de *ped-yos (cp. pessimus, de *ped-somos) ;
aiô, de *ag-yô (cp. adag-ium); maius, de *mag-yos (cp. mag-nus).
La dentale, faible de nature (§ 9 infine), a pris le point d’articulation dey.
Peut-être g a-t-il passé à d devantj; (cp. grec y j devenu Sj>avant de passer à
§ 29b, 2°; Grammont, p. 231) avant de s assimiler totalement. Pour le
groupe dy- initial, cf. § 64. Ce phénomèn osimilation d’une consonne
avec y est très rare en latin au rebours du grec, car la plupart du temps
le groupe y était dissocié par un i, et ley, généralement exclu de la graphie,
servait de transition entre cet i et la voyelle suivante. Ainsi, adagium
{— adagiyum) en face de ^agyô, d’où aiô. Cf. § 15, i®.

En sanskrit.
§ 29a. — I® Aucun changement correspondant.
2° Les groupes dy et gy subsistent (mais gy se palatalise e n ^ , selon 3°).
3® Une occlusive « gutturale » indienne, sauf kh, est devenue palatale
devant j; (comme devant i et e, cf. § 28a, 3®) (W 123).

En ionien-attique.
§ 29b. — I® (Pour la réduction des groupes Siei et 'Kw, cf. § 43b, 3®).
2® Les groupes y j et By sont devenus après palatalisation (L 69).
3® Les groupes xy et -vy sont devenus ts après palatalisation (et de là,
par assimilation, tantôt 0(0), tantôt t ( t ) (L 69).
4® (Pour le groupe labiale + j , cf. § 37b, 4°).
5® L e groupe t + a» est devenu a à l’initiale, tt entre voyelles (L 7 1).
6® L e groupe -x 4 ' est devenu -tctc- (L 72).
7® Le g^roupe -X -\-y- est devenu -XX- (L 156). Pour les groupes
p + 4', V -f-j, c f § 40b, 3® et 42b, 8®.
8® Le groupe a -|-j est devenu jy» entre voyelles (le premier élément de
cette géminée forme diphtongue avec les voyelles précédentes, sauf i, qu’il
allonge, tandis que le second élément, et parfois aussi le premier, s’amuït
entre voyelles, selon § 42b, i®) (L 127).
64 IN F L U E N C E DES P H O N È M E S SU R L E S P H O N È M E S C O N T IG U S

9° Les groupes initiaux ïü + p, <» + X sont devenus pp, XX, simplifiés


dans la suite, sauf après voyelle adventice (L 157).
10° Pour la réduction de A®, g'", devant 7, cf. § 43b, 4®.
En osco-ombrien.
§ 29c. — lo Cf. § 42c, 8°.
2° Le groupe intervocalique g y est devenujy» (B 123) (BO 47 s.);
dji intervocalique est devenu fi, rs, en ombrien (BO 48d). Pour dy initial,
cf. § 64c.
30 En ombrien, un ra ou un A ont été palatalisés par un j suivant et
transcrits respectivement de l’alphabet national ni ( = ri), ç ( = sans doute s)
(B 79) (BO 48d). En osque -ny- est devenu -nni- (ibid.).
4° Les groupes -l -j-y-, -r -\-y- sont devenus 1 ( 1) , r(r), les groupes
t y, d y, k y s e sont transformés respectivement en. s, z, x ( = ks)
dans le dialecte de Bantia (B 79) (BO 48d).
5° Une consonne est souvent géminée d e v a n t e n osque (B 79) (BO 48).
En germanique.
§ 29d. — lO Aucun changement correspondant.
2° Aucun changement correspondant, mais, à l’initiale, vocalisation
du y après consonne, à l’intervocalique, gémination de la consonne en
v.h.a. d e v a n t q u i s’amuït dans la suite (Brugmann 153, 3).
3“ Le groupe intervocalique -nw- est devenu nn (Brugmann, 159, 3).
En vieil irlandais.
§ 29e. — I® (Pour l’amuïssement de w dans le groupe dw, cf. § 64e, i®).
2®y, dans le groupe consonne y, disparaît après avoir palatalisé la
consonne (P 20 et 22). Pour le sort de la voyelle suivant ce y en finale,
cf. § 60e, I® à 4®.

S E C T IO N 4. A S S IM IL A T IO N D'U N E V O Y E LL E
À UNE CO NSO N NE

En latin.
N.B. — Les voyelles longues, en vertu de leur force de résistance, n’ont pas
subi l’influence assimilatrice des consonnes. Il ne sera donc question ici
que des voyelles brèves et, en principe, en position initiale, car leurs modi­
fications en syllabe intérieure et finale peuvent provenir d’autres facteurs
(cf Livre III). — En latin vulgaire, voir Väänänen, § 52 et 54.
L a voyelle a, protégée par sa grande aperture, a résisté à l’assimilation
en syllabe initiale.
§ 30. — I® Devant la nasale « gutturale » n, e est d e v e n u i, o est devenu u
(le phénomène a lieu aussi en syllabe intérieure).
Cp. G rammont, p. 219-220; JüRET, p. 339; L eumann, § 22 et 25; L indsay,
IV , § I l et 20; M eillet -V endryes, § 166 et 168; N eedermann, § 26;
M O D IF IC A T IO N S Q U A L IT A T IV E S 65

PiSANi, § 13 et 115; S ommer, § Bassols, 5 n o et 112: F a r ia , p. 178-180:


K ent , § 88, IV b ; 91 IV b ; T agliavini , p. 25 et 28.
sinciput, de ’'^senciput (de *sëm(i)caput, cf. pour# § 26, pour l’abrègement
de 5, § 44, 1°, pour (i), § 59); tingô, de *tmgô (cp. grec TsyT“ );
dignus, de *denms (de *dec-nos, cf. § 25, 2“);
uncus, de *oncos (cp. grec oyxoç); unguis, de *onguis (cp. grec ovuQ.
La position des organes pour l’articulation de la nasale « gutturale »
après e est la suivante : le point d’articulation se trouve le long de la voûte
palatine, entre celui du e qui précède et celui de la « gutturale » qui suit.
L a pointe de la langue est en bas, au niveau des incisives inférieures,
c’est-à-dire très près de l’endroit qu’elle occupe pour i; le resserrement des
mâchoires, très net, correspond à l’aperture de i. L ’anticipation amenmt
donc la voyelle brève e, pour deux raisons, à prend'^e une position à peu
près similaire à celle de i. Cette position se normalis •• la suite. L e e du
latin ancien devait être assez fermé.
Ce phénomène a eu lieu dans sinciput après la syncope de i (cf § 59).
Le cas de dignus (venant de *denms) s’explique comme suit : n devant n
est articulé entre le point d’articulation de e et celui de n dental; la pointe
de la langue se trouve à peu près au même niveau que pour i et les mâchoires
sont très rapprochées. De plus, la pointe de la langue se prépare à remonter
pour n dental, L ’anticipation trouvait préparés à peu près tous les mouve­
m e n t s articulatoires de i. L ’association auditive avec les i ordinaires acheva
l ’é v o lu tio n .

Pour l’articulation de n entre 0 et une « gutturale », la pointe de la


la n g u e e st p lu s bas que pour 0; lors de la production de 0, l’anticipation
e n p r o v o q u e l’abaissement et, par contrecoup, l’affaissement du dos vers
l ’ a r r i è r e , a u point d’articulation de u.

R E M A R Q U E S . — i. Le e de iuuencus est sans doute un trait dialectal


(cf ombrien iuenga « iuuenca »), comme c’est le cas dans plusieurs mots relatifs
aux c h o s e s de la campagne (cp. bös, avec b comme en osco-ombrien, au
lieu d e vu pour lE : skt gaû-\ uqfer, rüfus, scrôfa, cf. § 28, 2° Rem.).
Peut-être aussi est-il influencé par iuuen(is), dont il provient et avec lequel
l e rapport restait clair. Le mot cupencus est un emprunt, peut-être sabin
( c f Servius, Aen., 12, 539). Longus, de *dlongh- (cp. m. pers. drang), a pu
conserver 0 grâce au caractère prépalatal de II < dl, simplifié (et devenu
vélaire) après la cessation de la tendance. Cp. domus, § 30, 5° R 4.
2. Sans doute e bref, suivi d’une nasale et d’une labiale, présente-t-il
dans certaines conditions une assimilation du même genre que celle décrite
dans ce paragraphe. Ainsi e devant mpl dans simplex, de *semplex (vraisem­
blablement de *sm-, c f grec aTtXouç), e devant mb (en syllabe initiale seu­
lement) dans imber, en définitive de *embhris (cp. grec opßpo?, qui présente
le degré 0, skr. dmbhah« eau»), dans simbella, de *sembella (de *sëm(i)libella,
avec haplologie de II selon § 54, syncope de i selon § 59, abrègement de e
selon § 44, 1°). Ce phénomène a donc eu lieu, comme dans le cas de sinciput,
après la syncope cie i.
3. Il est possible que in, préfixe privatif (de ’^en issu de n, cp. grec à-,
àv-) et préposition-préverbe (de en, c f en urbid, C IL , P , 5, grec èv) ait un i
A . MANIET
66 IN F L U E N C E DES P H O N E M E S SU R LE S P H O N E M E S C O N T IG U S

par suite de l’assiinilation de e(n) devant « gutturale » (type incohätus,


incipiö) ou labiale (type imberbis, implëtus) et qui se serait généralisé.
4. Dans ambiegnm, de *ambhi-agnos, e provenant de a selon § 57, 2° ne
s’est pas fermé en i devant ii sans doute grâce au renforcement que lui
conférait sa position en hiatus. Gp. § 57, i° B explication.

§ 30. — 2° e est devenu o devant w ancien ou 1 vélaire suivis d’une voyelle


(et U devant l vélaire suivâ d’une consonne, cf, § 30, 4“).

Gp. G rammont, p. 216; J U R E T , p. 337; L eumann, § 22; L indsay, IV ,


§ 10; M eillet -V endryes , § 165; N iedermann , § 26; Pisani, § 14; S ommer,
§ 55; Bassols, § i i i ; F a r ia , p. 177 s.; K ent , § 88, I l lb ; T agliavini ,
p. 25 s.
nouus, de *newos (cp. grec vÉoç, skr. nâvah) ;
oleum, de *elaiwom (cp. grec ëXaiov) ; holus, de helus (archaïque, Paul.
Festus, 100); uolô, uolës, en face de uelim, uelle.
Les phonèmes vélaires ont un caractère spécifique très accusé, au rebours
de e, voyelle de caractère effacé (cf. § 47, 1° explication). Ils ont attiré
davantage l’attention, si bien que les organes, au moment d’articuler e, se
trouvaient déjà dans une position postpalatale et c’est un 0 qui fut émis.

R E M A R Q IJE S. — i. La conservation de e dans gelu, celsus, scelus, etc.,


peut s’expliquer comme suit : ^ et <r devant e étaient prépalataux. Si e
se transformait en 0, ils devenaient par le fait même vélaires, ce qui exigeait
un déplacement assez considérable notamment de la langue. L a résistance
particulière en latin d’un phonème initial de mot a fait prévaloir la force
de l’inertie sur la force d’anticipation de l vélaire et, en conséquence, e est
resté tel quel. Dans perculsus (à moins que ul n’y provienne de /), c n’était
plus initial de mot et perdait de ce fait la force que, dans celsus, il devait
à cette position {excelsus est composé analogiquement d’après celsus).
D ’autre part, p n’étant pas articulé avec la langue, le changement qu’il
subissait par le passage de e à 0 était minime et ne justifiait pas, comme
dans le cas d’une consonne linguale, une action conservatrice sur la voyelle
suivante : d’où pulsus, participe de pellô (à moins que ul n’y provienne
de /). Les exemples font défaut pour d ou. t initiaux dans ces conditions.
Une autre explication recourt à l’influence analogique, p. ex. de gelidus
sur gelu, de uëlôx sur celôx, etc.
2. Dans leuis et breuis, w n’est pas ancien, il provient de g’^h (cp. grec
zkf.yjbç et respectivement). L a tendance au passage de « a 0 a pu
cesser avant la transformation complète de g’^h en w. Le w de seuërus provient
probablement de g“ : même remarque que pour Mais il faut surtout
tenir compte du fait que w était suivi dans ces trois cas d’une voyelle
prépalatale (cf. § 47, i® Rem.).

§ 30. — 3° e bref est devenu o en syllabe ouverte après le groupe consonne + w,


sauf si la syllabe suivante contenait une voyelle prépalatale.
Gp. J üret , p. 115; L indsay, IV , § 10; M eillet -V endryes , § 166; Pisani,
§ 14. — G aritte , l e g , 1941, p. 202-222; Bassols, § i i i ; F a r ia , p. 178;
K en t , § 88, I l l b et c; T agliavini , p. 26.

N.B. — Pour la chute de i», cf. § 41, 1°.


M O D IFIC A T IO N S Q U A L IT A T IV E S 67

coquô, de *k” ek'"ö (de *pek'"ö, cf. § 48, cp. grec Ttécrortü, de *pek^yô) ; socer,
de *swekuros (cp. grec èxupôç, v.h.a. swigur) ; soror, de *swesor (cp. got. svistar),
avec r de 5 selon § 28, i°; duonos (cp. C IL , P, 9, devenu bonus selon § 29, 1°)
de duems (CIL, I®, 4).
La semi-voyelle vu a son point d’articulation à l’arrière de la voûte
palatine et exige un fort arrondissement des lèvres. Ce sont là des carac­
téristiques très marquantes. L a voyelle e, par contre, en est totriement
dépourvue (cf § 30, 2® et 47, 1° explication). A u lieu de se dép’ ' de
façon à atteindre la position de e, la langue, par inertie, ne s’en .ap ­
prochée que légèrement et a conservé, avec un certain arrondissement des
lèvres, une position postpalatale, au point d’articulation de 0. L a présence
d’une voyelle prépalatale dans la syllabe suivante a favorisé le déplace­
ment régulier de la langue vers l’avant. D ’où bene, de *dwenêd, en face de
bonus, de dvuenos (cf § 47, 1° Rem.).
R E M A R Q U E S . — i. La semi-voyelle w à l’initiale absolue n’a pas
eu le même effet qu’après une consonne (cf. uehô, uerms...). C ’est que, dans
ce dernier cas, grâce à sa position appuyée, elle pouvait mieux dominer
le e suivant. Les mots du type uenos en regard de duonos prouvent que le
passage de e k 0 dans celui-ci n’est pas, uniquement en tout cas, un phé­
nomène de dilation (§ 47, 1°).
2. En syllabe fermée, e était plus résistant qu’en syllabe ouverte
(cf § 12) : il attirait davantage l ’attention musculaire et il a pu ainsi
garder son individualité devant consonne non vélaire (cf. quercus, bellum,
de duellum, § 29, 1°, bellus, de *dwenolos, selon § 59 et 23, 5®, en face de
bonus, de duenos, ibid.). Peut-être queror a-t-il gardé son e grâce à questus
ou encore grâce à querëla, querimonia, où la syllabe suivante contenait une
voyelle prépalatale.
Si somnus vient de *swepnos et non de *swopnos (cf. § 30, 5° Rem. 2),
il y a lieu de croire que e est devenu 0 sous l’influence combinée de w et dc p.

§ 30. — 4° o ancien ou venant de e est devenu u devant 1 suivi d'une consonne


autre que 1.
Cp. J ü R E T , p. 337 ; L eumann , § 25 ; L indsay , IV , § 20, 2 ; M eillet -
V endryes , § 165 ; N iedermann , § 28; ÎPisani, § 1 5 ; Sommer, § 59. — M ey er -
L uebke , Philolog. Abhandtg. H. S chweizer -S idler , Zürich, 1891, p. 15-24;
Bassols, § 1 12; F a r ia , p. 177 ss.; K ent , § 91, IV a ; T agliavini , p. 26 et 28.
stultus en face de stolidus; culmen en face de columen-, uulntts, de minus-,
uult, de mit, de *welt(i) (cp. uelim).
l devant consonne appartenait à la même syllabe que 0 et pouvait
exercer sur lui une attraction plus forte que s’il se trouvait dans la syllabe
suivante, puisqu’il en était séparé par un moindre intervalle (cf § 12);
il l’a attiré jusqu’au degré extrême de vélarité. l, suivi d’un autre l, était
palatal et ne pouvait vélariser la voyelle précédente (cp. § 57, i® A ).
Le phénomène est postérieur à la syncope dans culmen, s’il vient de
columen (ou plutôt si culminis, génitif, vient de *kol(u)men-es selon § 59;
culminis aurait donné naissance au doublet culmen). Le phénomène est
68 IN F L U E N C E D ES P H O N E M E S SU R L E S P H O N E M E S C O N T IG U S

également postérieur au passage de Z + w ou J à II. Ainsi, pellô, de *peldô,


uellus, de *welnos, uelle, de weise.
R E M A R Q U E . — Précédé de u, o devenu u a continué à s’orthographier o
jusqu’au début de l’Empire pour éviter des confusions, d’où mit, minus...
prononcés uult, imlrms... Quintilien, I, 7, 26 ; Velius Longus, V I I , 58, 4.

§ 30. — 5® o ancien est devenu u devant m ancien ou venant de n.


Gp. G rammont, p. 218 s. ; J uret , p. 339 s.; L indsay, IV , § 20; M eillet -
V endryes , § 168; PrsANi, § 15. — M eyer -L uebke , o , u , cf. § 30, 4°;
Bassols, § 1 12; F a r ia , p. 180; K ent , § 91, IV b ; T agliavini , p. 28.
(h)umems, de *omesos (cf. ombrien onse « sur l’épaule », got. ams)-,
humus, de *ghomos (cf. ombrien hondra « en bas », « à terre ») ; numerus,
de (?) mm- (cp. grec vé(iû) au degré e)-, Numidae, de No[ji,à8(sç) ;
umbilicus, de *ombh- (cp. grec ôfjwpaXoç) ; lumbus, de *londhwos (cp. v.isl. lend,
de *londh-); nummus, de *mm(i)mos (cp. grec vopipcç).
La pointe de la langue, qui doit occuper une position plus élevée pour m
que pour 0, s’est relevée par anticipation au moment de l’articulation de 0;
par contrecoup, l’arrière s’est affaissé dans la direction du voile du palais.
Le son émis dans cette position était une sorte de u, qu’on a fini par rendre
net, si rien ne s’y opposait. Le changement est antérieur à 600 av. J.C.
si l’on peut tenir compte du prénestin Numasioi (CIL, I^, 3), supposé venir
de *Nom-.
R E M A R Q U E S . — i. Si homo vient non de *ghemôn selon § 47, 1“,
mais d’un doublet *ghomôn (cp. osque humuns « homines »), il devrait le
maintien du 0 initial à l’influence du ö suivant, d’où le contraste avec
humus. V oir § 47, i® Rem. in fine.
2. Le groupe om figfurant dans plusieurs mots n’était pas ancien.
Ainsi, dans mmô, de *wemô (cp. grec êfjtéto), dans homô, s’ü vient de *ghemôn,
dans omnis (s’il vient de *op-nis, selon § 25, cp. opes « abondance », skr.
àpnah « biens »), dans somnus (de *sopms, selon § 25, cp. sopor, d’un plus
ancien *swopnos selon § 41, i®, cp. skr. svdpnah) et dans omittô (de *obmittô,
puis *ommittô, simplifié selon § 50, 2®). Sans doute le passage de o à a
était-il antérieur à la production du groupe om dans ces mots, au rebours
de ce qui a dû se passer pour lumbus, où *n s’est assimilé à b.
3. Les composés en com-, contrastant avec le simple cum (de *com),
ont dû subir l’analogie des formes en con- et co-.
4. Pour domus et les mots de même racine, on peut se demander si la
prépalatale non arrondie d n’a pas entravé la transformation définitive
de 0 en u, postpalatale extrême exigeant un fort arrondissement des lèvres,
au moment où la voyelle oscillait entre les deux timbres (cp. le cas de
gelu, § 30, 2®, Rem. i). La nasale n, à elle seule, moins résistante par nature,
n’aurait pu entraver le changement (cp. § 32, 5® Rem. 2).

En sanskrit.
§ 30a. — i® à 5® Aucun changement correspondant.
6® U ne voyelle s’est nasalisée lors de la disparition d’une nasale devant
sifflante ou h selon § 42a, 3® (W 224).
MODIFICATIONS QUALITATIVES <>9

En ionien-attique.
§ 30b. — 1° à 5° Aucun changement correspondant, sauf que la voyelle
réduite est parfois devenue u au contact d’une labiovélaire (L 211, n. i).
6° « tendant vers v) s’est ouvert et a été ramené à à après p (L 250).

En osco-ombrien.
§ 30c. — I® Devant la nasale « gutturale », e a tendu à se fermer en i,
mais 0 subsiste (B 31-32 et 40) (BO 17).
2° Aucun changement correspondant.
30 « est devenu 0entre une labiovélaire initiale et la séquence ancienne nk'”
(B 30a et b) (BO 17).
40 Aucun changement correspondant (B 40).
50 A u rebours du latin, u est devenu 0 en ombrien devant m et parfois
devant p (ces consonnes devaient être articulées avec une projection des
lèvres moins marquée qu’en latin) (B 48) (BO 23).
6° Au rebours du latin (cf. § 57, i» A c et explication infine-, 57, 2° expli­
cation), e tend vers i et, en ombrien, 0 tend vers u devant r (B 31-32 et 42)
(BO 17 et 21).

En germanique.
§ 3od. — I®Devant nasale -j- consonne, e lE est devenu i, mais 0 subsiste
(S 63b).
20-50 Aucun changement correspondant.
6° Devant r et h, les voyelles e, i et u sont devenues respectivement e
et 0 (écrits ai, au) en gotique (S 65b; 68 R 2 et 69, i).

En vieil irlandais.
§ 30e. — 1° Devant nasale consonne subsistante et devant nn,
i (passant autrement à e) a subsisté (P 6, i).
2° Aucun changement correspondant.
3° Après la labiovélaire lE M”, |* (représenté autrement par ri) est
devenu ru, e est devenu 0 (P 179, i).
4° Aucun changement correspondant.
5° ä (qui tendait vers ö ouvert) est parfois devenu ö après m initial
(P 9, 3). Sinon, aucun changement correspondant.

S E C T IO N 5. A S SIM ILA T IO N D'U NE V O Y E LLE


À UN E S E M I-V O Y E L L E

En latin.
§ 31. — Une diphtongue se distingue d’une voyelle ordinaire par le
fait qu’elle change de timbre au cours de son émission. C ’est en somme un
phonème à deux phases, l’une vocalique, l’autre semi-vocalique. C ’est
70 INFLUENCE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES CONTIGUS

en raison de cette dualité que nous plaçons l’évolution des diphtongues


parmi les phénomènes conditionnés. Si les phénomènes d’anticipation et
d’inertie qui constituent le mécanisme de l’assimilation jouent régulièrement
— d’ailleurs sans provoquer toujours de modifications sensibles — dans le
cas de deux phonèmes consécutifs, il est naturel qu’ils s’exercent davantage
encore sur les deux phases d’un même phonème. Une attention spéciale
est nécessaire pour conserver celles-ci intactes; dès qu’elle se relâche, la
tendance assimilatrice produit ses effets. En latin, ce relâchement s’est
manifesté dans l’orthographe vers la fin du 3® siècle av. J.G. ; il a eu pour
résultat la monophtongaison de toutes les diphtongues. Celles dont a était
le premier élément subsistèrent plus longtemps que les autres. La grande
aperture de ce phonème lui permettait de garder son individualité jusqu’à
un certain degré de relâchement. — Pour le latin vulgaire, voir Väänänen,
§ 59-62 .
Les diphtongues latines ai, ei, oe et eu ne se sont maintenues que dans
quelques mots, où elles se trouvaient dans des conditions spéciales.
Nous verrons, d’autre part, que les diphtongues qui se sont monoph-
tonguées anciennement ont toutes convergé en latin de Rome vers les
timbres les plus fermés î et ü. Cette tendance est d’autant plus notable
qu’elle contraste avec celle du latin rural et provincial, où elles se sont
arrêtées à un degré moindre de fermeture (cf. notamment § 32, 3® et 6®
Hist.). Nous reviendrons sur ce point à propos de l’apophonie des voyelles
en syllabe intérieure (cf. § 57, i® explication).
N.B. — Les diphtongues en syllabe intérieure ont pu subir d ’autres trans­
formations que celles mentionnées ci-après (cf. § 57, 3® et 61, 5®).

§ 32. ■— I® La diphtongue ay est devenue ae.


Cp. JuRET, p. 256 ; L eumann , § 41 et 56 ; L in d sa y , IV , § 27 et ss. ; M e il l e t -
V en d ryes , § 181 ; N iederm ann , § 31 ; P isani , § 19 ; S ommer , § 63 ; — -B on -
FANTE, R E L , 1934, p. 157-165 ; 1935, p. 44-45 ; 1936, p. 269 ; B assols, § 100 ;
F a r ia , p. 171 ; K e n t , § 114 ; T a g l ia v in i , § 24. — V ää n ä n e n , § 59.
aedês, de aid^s (C IL , I®, 581); aequus, de aiquos (ibid.).
L a voyelle médiane, en raison de sa grande aperture, a attiré davantage
l’attention, et la langue, au lieu de passer à l’élément extrême y, a été
retenue à un stade intermédiaire entre a et y, c’est-à-dire au point d’arti­
culation de e.
L a transformation était pour le moins en voie d’accomplissement dès
le début du 2®siècle av. J.C . : on lit aedem à côté de aiquom dans le Sénatus-
consulte relatif aux Bacchanales (186 av. J.C .), dont la graphie est archaï-
sante (cf. en dernier lieu, Niedermann®, § 31).
R E M A R Q U E S . — i. L a diphtongue ae, dans la campagne romaine,
était réduite à « à l’époque de Varron (116-27 J-G-; Varron, L .L .,
V II, 96; V , 97). Par inertie, le second élément avait amené le premier à
son point d ’articulation jusqu’à ce que monophtongaison s’ensuive :
p. ex., edus Tpowc (h)aedus (Varron, ibid., V , 19).
MODIFICATIONS OU AU TATIVES 71

2. L à où la diphtongue ay était suivie d’unj; (p. ex. dans mains, prononcé


mayyus, de *mag~yos, aiô, prononcé ayyô, de *ag-yô, cf. § 2g, 2“ et 42,
1° Rem.), elle n’a pas évolué en ae, du fait que le y était le premier élément
d’une géminée et comme tel avait son point d’articulation lié à celui du
second

§ 32. — 2® La diphtongue aw s'est maintenue inchangée.

Cp. JuRET, p. 256; L eumann , § 42 et L indsav , IV , § 30 s.; M eillet -


V endryes , § 182 ; N iedermann , § 35; Pisani, § 22; Sommer, § 66. — Ber -
toldi , R F C , 1940, p. 22-33; B ruech , G 1, 1937, p. 145-178; R ocher , G 1,
1928, p. 74-84; S k a la , LF, 1900, p. 10-18; T hurneysen (aulô), ZV S,
1887, p. 157 s.; Bassols, § 107; F a r ia , p. 172; K e n t , § 118; T agliavini ,
§ 28. --- VÄÄNÄNEN, § 60 SS.
R E M A R Q U E . — Certains parlers rustiques ont transformé aw en ô,
par assimilation réciproque des deux éléments, p. ex. dans ôrum, pour
aurum (Festus, p. 196, 26 ss.). Cette prononciation fut adoptée pour plusieurs
mots par la société cultivée de Rome : Clôdius en face de Claudius, lotus en
face de lautus (de lauô), qui, par contraste, prit très tôt le sens figuré de
« distingué », « honorable », lôrea en face de laurea... Par hyperurbanisme,
les habitants de Rome ont prononcé et écrit au au lieu de ö dans certains
mots qui avaient un ö primitif, comme plaudô (cp. Suétone, Vespas., 22).

§ 32. — 3° Lô diphtongue ey est devenue ê, puis î.


Cp. JURET, p. 256; L indsay , IV , § 32 ss.; L eumann , § 41 et 57; M fjllet -
V endryes , § 179; N iedermann , § 30; P isani, § 21 ; S ommer, § 64. — K en t ,
Language, 1930, p. 304-318; Bassols, § lo i ; F a r ia , p. 173 ss.; K en t , § i i o ;
T agliavini , § 25.
cîuis, de ceiuis (C IL , P , 581); dlcô, de dekô (dncermt, ibid.)-, mist, de
meisî (en passant par tnêsî, cf. conpromesise, ibid.)-, si, de sei (C IL , P, 10).
Les deux éléments, déjà très proches l’un de l’autre, se sont rapprochés
davantage encore par inertie jusqu’à se fondre en un è très fermé, qui a
finalement passé à i. Quand la séquence ey se trouvait devant voyelle, eUe
sc transformait en e par suite de la chute de^ intervocalique selon § 42, i®.
D ’où eô « je vais », de (cp. grec slfu) en face de is « tu vas », de *ey-s.
Le changement est noté dès la première moitié du 2® siècle av. J.C . Le
stade de l’ê était atteint en i86, car le mot conpromesise ( — comprômisisse)
se trouve dans le Sénatus-consulte des Bacchanales. î provenant de ei est
noté dans une inscription d’environ 160 av. J.C . (C IL , P , 586). Lagraphieê
de conprômiësise devait noter un son plus rapproché du timbre i que les
é primitifs (p. ex., ne) ou provenant de la contraction (p. ex., «ëmô, de
*ne-hemô), qui n’ont pas évolué en latin. L a la n g u e de Rome opta pour
le timbre i, celle de la campagne resta au stade ë : uecos (C IL , P , 388,
inscription de Trasacco, sur le bord du lac Fucin, cf. Ernout, Eléments,
P- 56 "57 ) j de *weikos (lui-même sans doute de *woikos, cf. § 36, i®), en face
du romain uicus, etc. (cf. Vairon, R .R ., i, 48, 2). Les formes de datif iürë
(dtcundô), operë (facümdô), fréquentes dans la langue classique, sont proba­
blement des arch^m es, qu’on n’est pas surpris de rencontrer dans la
72 INFLUENCE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES CONTIGUS

langue juridique et administrative (cf. § 6 i, 5°). Lorsque ei fut devenu i, la


graphie ei fut parfois employée pour noter un î même ancien.
R E M A R Q U E S . — i. Dans les mots en -eius, la lettre i représentait
la géminée j^. L a graphie ei ne correspondait donc pas à une diphtongue
ordinaire (cp. § 32, 1“ Rem. 2). Ainsi eius, génitif de is (C IL , II, 1065,
eiius), peius, de *ped-yos (cf. § 29, 2° et 42, i® Rem.) et les quelques mots
en -eius, -eia : Pompeius, plebeius, leguleius, satureia.
2. Le contraste entre seu et siue, tous deux de seiue, s’explique comme
suit : seiue a d’abord donné *sêue; là où le e final subsistait dans la pro­
nonciation, *sêue devint normalement siue. Mais là où il était apocope
selon § 60, I®, *sêue devenait seu. Le e ne s’est pas fermé en la prépalatale
extrême i, à cause de l’attraction en sens contraire de la vélaire extrême w,
plus efficace ici que dans sëue, parce qu’elle se trouvait dans la même syllabe
(cf. § 12). Gp. sic, de seic, en passant par *sëc, où ë est devenu normalement t
parce qu’il n’était pas suivi d’une vélaire dans la syllabe où il se trouvait.

§ 32. —- 4° La diphtongue ew est devenue ow, puis ü.

Cp. JuRET, p. 256; L eumann , § 42 et 60; L indsay, IV , § 35 s.; M eillet -


V endryes , § 177; N iedermann , § 33; Pisani, § 23; S ommer, § 67. —
Brugmann (neu-), IF, 1896, p. 79 ss.; G rienberger (Leucesie), IF, 1910,
p. 230; R ibezzo , R IG I, 1933, p. 80; Bassols, § 105; F a r ia , p. 177; K en t ,
§ 116; T agliavini , § 29.
Lücëtius, correspondant à Leucesie (Carmen Saliare); dûcô, de *deukô
(cp. got. tiuhan), en passant par doncô [abdomit, C IL , I^, 7); üro, de *ëus5
(cp. grec süw).
L ’élément vélaire, aux caractéristiques très accusées (cp. § 30, 2® expli­
cation), a attiré la voyelle e, de caractère effacé, vers son point d’articulation
et le groupe est devenu ow, puis il a évolué en « comme la diphtongue ow
primitive (§ 32, 6®).
L a diphtongue ew se trouve encore dans le mot Leucesie, tel que le cite
Terentianus Scaurus (28, i i K ) comme faisant partie du Carmen Saliare.
Pour les autres mots, on ne peut remonter à la diphtongue ew que par compa­
raison avec d’autres langues indo-européennes. Pour la date du passage
de ow à ü, cf. § 32, 6®.
R E M A R Q U E . — Les mots classiques neu, seu, ceu sont des formes
apocopées de nëue, *sëue, *cëue (cf. pour l’apocope § 60, i®, et pour *sëue,
de seiue, § 32, 3® Rem. 2). Ces monosyllabes ont sans doute conservé la
quantité longue du ë, qui le mettait à l’abri de l’assimilation. Peut-être
aussi l’apocope s’est-elle produite après la période pendant laquelle ew
est passé à ow (ü). Heu est une inteijection, heus une exclamation, dont Ve
était sans doute long. De toute façon, ce sont là des mots qui échappent
aux lois de l’évolution régulière. Le gproupe eu était dissyllabique dans
neuter (prononcé ne-uter) ; il ne s’agit donc pas de la diphtongue ew.

§ 32. — 5° La diphtongue oy est devenue oe, puis le plus souvent, lorsqu'elle


était ancienne, ü.
Cp. JURET, p. 256 s.; L eumann, § 41 et 58; L indsay, IV , § 38 ss.; M eillet -
V endryes , § 18 0 ; N iedermann , § 32; PIsani, § 20; S ommer, § 63; I d .,
MODIFICATIONS QUALITATIVES 73

Kritische, p. 20-21 ; B assols, § 103 s.; F a r ia , p. 175 s.; K ent , § 1 1 2 ; T a g l ia ­


§ 26. — H offmann (loidos), B K IS, 1901, p. 137-140; L ejeune ,
v in i ,
R E L , 1951, p. 97 ss.; S ommer , Z V S , 1905, p. 453; M a u r en brech er , oi,
p. 171.
cürâre, de coirâre {coiramront, C IL , P, 364), en passant par coeràre {coerauere,
C IL , I^, 678), puis par côrâre [coraueron, C IL , I^, 59) ; lüdus, de loidos (CIL, P,
364), en passant par loedos (CIL, I^, 678); mürus, de moiros (CIL, P, 565),
en passant par moeros (Ennius, Ann., 419; Varron, L .L ., V , 141).
Deux stades consécutifs ressortissent à l’assimilation : l’élément 0, plus
marquant que y en syllabe initiale, c’est-à-dire en position forte, a attiré
davantage l’attention, et la langue, par inertie, n’a pas passé de l’arrière
du palais à la position prépalatale extrême; elle s’cst arrêtée au stade e.
Le processus s’est poursuivi jusqu’à ce que la langue ne quitte plus pour
ainsi dire la position de 0, d’où 00. Sans doute, le deuxième 0 s’était-il,
par différenciation, plus fermé que le premier et le groupe ressemblait-il
à 0» : il eut en tout cas la même destinée (cf. § 32, 6°).
Le passage de oi à oe devait être réalisé au moins dès les premières
années du 2® siècle av. J.C ., car û, stade ultérieur, figure déjà dans une
épitaphe à graphie archaïsante d’environ 170 av. J.C. {ütier — üti, de *oit-,
C IL , P, 10).
R E M A R Q U E S . — i. La diphtongue oi, dans certains mots, est restée
à l’étape oe. Il semble bien qu’une partie des cas puisse s’expliquer phoné­
tiquement. Il s’agit de mots commençant par les labiales p, f : poena, foedus
(pour ces deux mots, voir aussi p. 74, lignes 9 et 10), foeteô (s’il ne faut pas
lire foeteô) et mots de même racine. L ’énergie spéciale requise par l’émission
de ces explosives sourdes à l’initiale du mot tendait à accentuer la projection
et l’arrondissement des lèvres qui caractérisent les labiales. Au moment
où J), parvenu au stade e, allait se labialiser en 0 sous l’influence du 0 pré­
cédent, la labiale initiale exerça une dissimilation préventive (cf. § 52)
qui maintint le timbre e.
La labiale m, plus faible que les autres, parce que sonore et nasale,
ne put exercer une telle influence et la diphtongue évolua normalement
en oe, 06, ô, ü : mürus, münus, de moiros, moinos, etc.
Quand le mot à diphtongue oi précédée de p ,f , initiaux présentait un i
dans la syllabe suivante, l’action dilatrice (cp. § 47, i®) de cette voyelle,
qui exige un mouvement des lèvres opposé à celui des labiales, jointe à
celle, assimilatrice, du y de la diphtongue fut suffisamment forte pour
contrecarrer l’influence de la labiale initiale, moins tendue en outre, parce
que faisant partie en l’occurrence d’un mot plus long. Ici encore, la diph­
tongue put suivre son évolution ordinaire : Pûnicus (en face de Poenus),
pünire (en face de poena).
Certains mots ont une diphtongue oe dont le maintien ne se justifie
pas de la même manière. Il est assez probable qu’un facteur plus ou moins
conscient y ait fait échec à la tendance évolutive. On constate en effet
qu’à partir du moment où les différentes diphtongues se furent monoph-
tonguées dans la langue courante, les Romains eurent tendance à les
restituer — parfois abusivement — dans l’orthographe et probablement
dans la prononciation, lorsqu’ils désiraient conférer à leur énoncé un aspect
traditionnel, poétique, etc. C ’est un des traits caractéristiques de la graphie
74 INFI.UENCæ DES PHONEMES SUR LES PHONEMES CONTIGUS

dite archaïsante, p. ex., nioenera (Lucrèce, I, 29, 32), pour münera-, rmerörum
(Virgile, Aeti., X , 24), pour mürôrum, etc. Il n’y aurait rien d’étonnant à
ce que cette tendance à l’archaïsme se fût exercée pour contrecarrer, au
moment où elle allait se produire, l’évolution de oe dans des mots qui par
eux-mêmes possédaient ces caractères : tels moenia, pomoerium, les noms
propres Coelius, Boelius, etc., le mot rare amoetius, le mot du vocabulaire
religieux commoetaculum... (cf. Marouzeau, Stylistique, p. 13-14; Devoto,
p. 100, Muller, R E L , I, p. 97).
Pour les mots foedus « traité », poena, Poenus, on peut hésiter entre les
deux explications.
oe dans les emprunts récents comme moechus ( = grec potxôç) ne fait
pas difficulté.
La diphtongue de coepî est postérieure à la transformation de oe en ü.
Plaute employait encore le mot comme un trisyllabe (co-ëpit. Cas., 651, etc.).
Le groupe o-ê était donc composé de deux voyelles distinctes ayant chacune
une tension propre et ne devait pas se comporter comme une diphtongue.
Coepi, dissyllabe, fut refait analogiquement par la suite.
La diphtongue de cœtus provient d’une diphtongue oi récente, résultant
de la contraction du préverbe co- avec le mot itus. Celle-ci a dû se produire
après la cessation de la tendance au passage de oe à oô, sinon dans la graphie,
du moins dans la prononciation.
2. Le passage de la diphtongue oi à ö dans non, forme réduite, en raison
de son emploi, de *ne-oitiom (d’où noenum, forme pleine, cf. Nonius, 143,
31 S S .; cp., pour la r é d u c t i o n , nihil, de ne-hiluni) peut s’expliquer par son
caractère spécial, en f a c e d e nüllus, d e *ne-oin(oJlos. O n a invoqué aussi
la présence des d e u x dentales n qui entouraient ö et qui ont pu l’empêcher
de passer à la vélaire extrême ü (cf. le cas de nônus, § 32, 6® Rem. et cp. le
cas de domus, § 30, 5°, Rem. 4).

§ 32. — 6° La diphtongue ow est devenue û devant consonne.

Cp. JURET, p. 256; L eumann , § 42 et 61; L in d say , IV , § 4 1; M e il l e t -


V en d ryes , § 178; N iederm ann , § 34; P isani , § 23; S ommer , § 67; B assols,
§ 106; F a r ia , p. 176; K e n t , § 1 1 7 ; T a g l ia v in i , § 30.
iümentum, de iouxmentom (CIL, P, i) ; lücus, de loucos (C IL , P , 366);
Lücina, d e Loucina (CIL, I^, 360), en passant par Locina (CIL, I*, 359)
;= Locina.
Par un processus parallèle à celui exposé au § 32, 3°, les deux éléments
se sont fondus en un ô fermé, qui a fini par passer à iï.
La transformation est notée vers le milieu du 3® siècle av. J.C . O n lit
Luciom sur l ’épitaphe d ’un Scipion (C IL , P , g) qui fut consul en 259,
en regard de Loucanam sur une épitaphe plus récente (C IL , I*, 7). La
graphie ö de Lôcîna devait noter un son plus rapproché du timbre û que les
0 primitifs (dönum) ou provenant de la contraction {copia, de *co-opia),
qui n’ont pas évolué en latin. La langue de Rome opta pour le timbre ü,
celle de la campagne resta au stade ô : losna (Préneste, C IL , I®, 549)»
de *louksna, en face du romain lüna, etc.

REM ARQUE. — La d i p h t o n g u e secondaire ow présente tantôt le


ü {prRdens,
tr a ite m e n t de prcuidëns a p r è s syncope de i selon § 59; nûdus,
MODIFICATIONS QUALITATIVES 75

de *nowidos, de *nog^odos, cp. got. naqaps, de *nog'^otos', nuntius, nündinum,


de nountius, noundinum, cf. § 44, i° exemples, dérivés de nouos, nouem), tantôt
le traitement 5 {jiônus, de *nowenos, cp. nouem-, fôtus, motus, de *fowitos,
*mowitos). Le traitement û est phonétique, le traitement ô sans doute
analogique. Tandis que *prôdSns, *nôdus n’auraient rien rappelé, fôtus,
môtus pouvaient être facilement rattachés à foueô, moueô. Joui, môui ( = Jowwi,
mowwi, où la géminée entravait l’évolution de la diphtongue, comme pour
aiiô, eiius, cf. § 32, i ° Rem. 2 et 32, 3° Rem. i ). Les fréquents rapprochements
des grammairiens latins entre mots à voyelle longue et mots à voyelle brève
attestent que la différence de quantité ne contrecarrait pas l’influence de
l ’analogie (cf. Varron, L .L ., V 22; 25; 44; 47; 53; 65, etc.; Collart, p. 69
et passim).
Pour nônus, on a suggéré aussi que les deux n qui entouraient 5 l’avaient
empêché de passer à û, comme dans le cas de non (cf. § 32, 5° Rem. 5).
Il faudrait alors supposer que n suivi d’une dentale n’aurait pas eu ce
pouvoir, d’où nuntius, nündinum ! nontiata, C IL , P , 586, et nondinum, C IL ,
I^, 582, sont plus anciens.

En sanskrit.

§ 32a. — i°-6° Les diphtongues lE (à premier élément bref) en_v se sont


monophtonguées en ë (en passant par ai, « et 0 devenant a selon § 65),
celles en vu se sont monophtonguées en ô (en passant par au pour le même
m otif). Les diphtongues indiennes ai (provenant de ây, ëy, ôy) et au (prove­
nant de âu), ëw, ôw) ont généralement subsisté (W 33). Cf. § 44a, i®.

En ionien-attique.

§ 32b. — i®-6® Aucun changement dans ces diphtongues, du moins


dans ces dialectes, jusqu’à l’époque hellénistique, où si tend à se monoph-
tonguer en ë fermé, ou en 0 fermé (L 240 et 241).
7° L a diphtongue ui a tendu à se réduire à ü (L 239).

En osco-ombrien.

§ 32c. — 1° I..a diphtongue ay est devenue ae en osque récent (transcrit ai


de l’alphabet national), ë ouvert en ombrien (sauf si elle était suivie d’un j;)
(B 52) (BO 27).
2® L a diphtongue aw a subsisté en osque, est devenue ô en ombrien
(B 55) (BO 30).
3® L a diphtongue ey est devenue eé en osque (avec un second e très
fermé, transcrit i de l’alphabet national et faisant fonction de semi-voyelle),
ë en ombrien (B 53) (BO 28).
4® L a diphtongpie evo est devenue ou et a partagé la destinée de ou.
5® L a diphtongue oy est devenue oe en osque (transcrit ûi de l’alphabet
national), u en ombrien à l’initiale (B 54) (BO 29).
6® L a diphtongue 0x0 a subsisté en osque, est devenue 5 en ombrien
(B 57) (BO 31).
?6 INFLUENCE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES CONTIGUS

En germanique (en syllabe initiale).


§ 32d. — I” L a diphtongue ay est devenue ai (prononcé sans doute
généralement e ouvert) en gotique, ei en v.h.a. et en v.isl. et de là, en
v.h.a., ê devant h, r, w (Brugmann 138).
2® L a diphtongue aw est devenue au (prononcé sans doute générale­
ment 0 ouvert) en gotique, aa, ou en v.h.a., au en v.isl. et de là, en v.h.a.,
0 devant dentale ou h (Brugmann 144).
3® La diphtongue ^ est devenue î en gotique (sous la graphie et), en
v.h.a. et en v.isl. (Brugmann 138).
4® L a diphtongue ew est devenue iw (écrit iu) en gotique et en v.h.a.
(ce dernier a aussi eo, io) (Brugmann 144).
5® L a diphtongue oy est devenue ai (prononcé sans doute générale­
ment e ouvert) en gotique, ei en v.h.a. et en v.isl. et de là, en v.h.a., ë
devant h, r, w (Brugmann 138).
6® L a diphtongue ow est devenue au (prononcé sans doute générale­
ment 0 ouvert) en gotique, au, ou en v.h.a., au en v.isl. et de là, en v.h.a.,
ô devant dentale ou h (Brugmann 144).
En vieil irlandais ( en ^llahe accentuée).
§ 32e. — I® L a diphtongue ay est d’abord représentée par ai, oi (car
a tendait vers le son 0, comme 0 vers le son a), puis par ae, oe, et s’est monoph-
tonguée en divers sons selon les dialectes (P 14).
2° La diphtongue aw s’est monophtonguée en 0 dès la fin du 7® siècle
après J.G. et est devenue ua (P 13).
3° La diphtongue ey s’est monophtonguée en ë et est passée (à ea puis)
à ia vers la fin du 7® siècle après J.C ., sauf devant consonne palatalisée
(P 16).
4® La diphtongue ew a eu le même sort que au (P 13).
5® L a diphtongue oy a eu le même sort que ai (en brittonique, elle
est devenue ü, puis l) (P 15).
6® La diphtongue ow a eu le même sort que au (P 13).

SE C T IO N 6. A S S IM IL A T IO N D'U N E V O Y E LL E
A UNE V O Y E LLE

Gp. G rammont , p. 225 ss. ; J u r e t , p. 350 ss. ; L eumann , § 95 ss. ; L indsay ,


IL § 150 ss.; M e il l e t -V en d ryes , § 183 ss.; N iedermann , § 39; P isani,
§ 35; S ommer , § 81; Bassols, § 182-187; F a r ia , p. 208-211; K e n t , § 1 9 1 ;
T a g lia v in i , § 40. — V ää n ä n en , § 73 ss.
§ 33. — La norme syllabique correspond à un mouvement régulier
d ’ouverture et de fermeture de la bouche; elle est donc constituée par
l’alternance d’un phonème de plus grande aperture et d’un phonème de
plus petite aperture ou par l’alternance inverse. Aussi répugne-t-on à
garder en contact ces phonèmes de grande aperture que sont les voyelles.
MODIFICATIONS QUALITATIVES 77

L a solution la plus fréquente de cette difficulté est une solution de moindre


effort : la monophtongaison ou la diphtongaison par contraction. Moins
souvent, on recourt à l’insertion d’un phonème de plus petite aperture
entre les deux voyelles dans le but de rétablir la norme syllabique
(cf. § 37, 1°). Parfois, selon l’époque et les cas, l’hiatus est toléré.
N.B. — Les voyelles résultant de la contraction sont toujours longues en
latin ancien.

§ 34. — 1° Deux voyelles consécutives de même timbre se sont contractées en la


longue correspondante.
lâtrîna, de la(u)âtrîna, selon § 42, 2°; dëmô, de *(k-emô-, nil, à.tni(h)il,
copia, de *co-opia (cp. opes).
Le ressaut de tension nécessaire pour l’attaque de la seconde voyelle
a été supprimé par inertie du fait de la similitude des deux phonèmes
contigus.
R E M A R Q U E . — Nombreuses sont les recompositions analogiques ou
les formations postérieures où l’hiatus a été toléré, par un effort de l’attention
intellectuelle surtout. Ainsi nihil, mihi, cooperiö (cp. § 34, 2® Rem. 4)...

§ 34. — 2° Deux voyelles de timbre différent en hiatus à date ancienne se sont


contractées, sauf si la première était brève et la seconde longue. Le résultat de cette
contraction est soit une voyelle longue, dont le timbre est celui de la premüre (abstrac­
tion faite des groupes longue -\- longue provenant de la flexion), soit une diphtongue,
dans le cas du groupe o + i.
dëbeô, de *dë(h)abeô;
cogo, de ^co-ago-,
cômô. de ^co-emô-.
coetus « réunion », de co + itus (en passant par coitus, dissyllabe).
L a première voyelle a d’abord attiré la seconde à son point d’articulation
et elles se sont ensuite fondues en la longue correspondante. C ’est que la
première voyelle, toutes choses égales d’ailleurs, l’emporte naturellement
sur l’autre, parce que, « venant après une consonne ou après un silence,
elle constitue un changement de tension et d’aperture plus considérable
que la seconde, qui vient après une voyelle » (Grammont, p. 225). En
outre, dans ces contractions, la première voyelle faisait normalement partie
de la syllabe initiale, favorisée en latin.
R E M A R Q U E S . — i . Dans les finales du type â -\- ô,â is, devenues 5 ,
is, on ne peut déterminer si le traitement est phonétique ou analogique.
2. L ’analogie a empêché la contraction en bien des cas : un exemple
typique est celui de coitum (prononcé co-itum), forme verbale où l ’analogie
du simple itum a conservé la frontière syllabique; il contraste avec le mot
coetus « réunion », de même origine, mais qui, substantif, n’offrait plus un
rapport aussi sensible avec le verbe itum. coitus et coîtiô sont des recomposi­
tions analogiques.
3. Lorsqu’une brève précédait une longue, comme dans coâctus, coigi,
elle ne se contractait pas avec elle. S’il ne s’agit pas d’une analogie, on
78 INFLUENCE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES CONTIGUS

peut croire que la différence de tension des deux voyelles contribuait à


maintenir la frontière syllabique.
4. A partir d’une époque assez ancienne, le latin ne semble plus répu­
gner à l’hiatus entre voyelles de timbre différent (cp. § 34, i<> Rem.). Ainsi
subsistent les groupes e -i- 0, e -j- a, venant de -^0-, -e)/a, et donc postérieurs
à la chute de 7 intervocalique; de même, les groupes e -j- a provenant de
e -j- â selon § 60, 4P, p. ex. dans habeat, mleat, ou de ë a dans les for­
mations récentes, comme deamàre, de dë -\- amâre (selon § 44, 2°). Dans
ces divers cas, la différence d’aperture entre e et a, la distance entre les
points d’articulation de e et de 0, facilitaient le maintien de l’hiatus. Le
peuple tendait à le faciliter encore en fermant e en i, c’est-à-dire en se
rapprochant davantage de la norme syllabique peur la différenciation des
degrés d’aperture : il prononçait p. ex. habiat, ualiat (Appendix Probi), cauia
(d’où franç. cage), les mots habeat, ualeat, cauea. Gp. Väänänen, § 76 et 78.

En satiskrit.
§ 34a. — 10-2“ En védique, les voyelles restent souvent en hiatus;
parfois les voyelles de même timbre se fondent en la longue correspondante
(W 37 et 48).

En ionien-attique.
§ 34b. — IO Deux voyelles de même timbre se sont fondues en la longue
correspondante; si l’une était de timbre plus ouvert que l’autre (p. ex.,
Tj en face de s), la longue résultante était de timbre ouvert (L 267, 292
et 293). Mais les groupes s -j- si, o + 01 sont devenus respectivement si, 01
(L 273).
2° Deux voyelles de timbre différent se sont contractées en une longue
ou, si la seconde était i ou a, en une diphtongue. Quand les deux voyelles
étaient brèves, le timbre 0 l’a emporté sur a et e, et les résultats respectifs
de la contraction ont été ô ouvert (<0) et 5 fermé (ou), quelle que fût la
position de 0. Les groupes e 0 fermé, 0 ë fermé ont abouti à ou,
a 0 ouvert à <0.
ê l’a emporté en général sur ä et le résultat de leur contraction fut un
e ouvert (•/)), quelle que fût la position de ë, mais le groupe a -)- # est devenu â,
ainsi que le groupe e -|- a précédé d’une voyelle.
Enfin, les groupes ö ouvert ■ +■ ë,ë ouvert 4- ô,e ô ouvert, 0 -f- « ouvert
se sont contractés en o> (L 291 à 297).

En osco-ombrien.
§ 34c. — I® Les voyelles de même timbre se sont contractées en la
longue correspondante (B 65) (B 32).
2® Les voyelles de timbre différent subsistent (B 65) (BO 33).

En germanique.
§ 34d. — i®-2® Les voyelles en hiatus se sont généralement contractées
en une voyelle unique ou en une diphtongue (Brugmann 306).
MODIFICATIONS QUALITATIVES 79

En vieil irlandais.
§ 34e. — 1° Deux voyelles de même timbre se sont contractées en la
longue correspondante, sauf parfois i devant i en finale non absolue et
e devant e (P 141 à 146).
2° Deux voyelles de timbre différent subsistent généralement. Le
groupe 0 -\- e ou i s’est contracté en oi, a + a en au, parfois a + « en â
(P 142 à 146).

Chapitre 2. La différenciation
Cp. M eillet , M SL, X II, p. 14 ss.; G rammont , p. 229 ss.

D É FIN IT IO N

§ 35. — La différenciation est le phénomène par lequel le sujet parlant


tend à changer sa position articulatoire au cours de l’émission de deux
phonèmes contigus ou des éléments d’une diphtongue lorsqu’ils sont
partiellement semblables, soit en accentuant la différence qui existe entre
eux, soit en développant un phonème intercalaire. C ’est un phénomène
de renforcement et de conservation, opposé à la tendance assimilatrice
ou à l’amuïssement (pour plus de détails, cf. l’explication du § 36, i®et 2®) :
ccux-ci, en effet, non contrariés, finiraient par ruiner l’économie des mots
au détriment de leur sens et de la communication psychique entre humains.
L a différenciation et l’assimilation ne sont pas contradictoires, car elles
ne concernent pas les mêmes phonèmes à la même période de la langue
et dans les mêmes conditions.

SE C T IO N 1 . A C CE N TU A T IO N D'U N E D IF F É R E N C E

§ 36. — I® O après w et suivi der consonne, s + consonne, t et sans doute i,


est devenu e à l'initiale absolue.
Gp. G ram m ont , p. 236; J u r e t , p. 344; L eumann , § 25c; L indsay , IV ,
§ 10; M e il l e t - V endryes , § 168; N iedermann , § 29; R sani, § 16; S ommer ,
§ 59, 2. — S t u r t e v a n t (woi-). Language, 1934, p. 6-17; B assols, § 113 ;
F a r ia , p. 179; K e n t , § 91, I I I ; T a g l ia v in i , p. 29.
tierrô, de tiorrô-, uersus, de uorsus; uertex, de uortex; uermis, de *uormis
(? cp. got. waurms); uester, de uoster; uetö, de ttotô; ueid- (d’où uidi), sans
doute de *woid- (cp. grec oïSa); ueic- (d’où uicus), sans doute de *woik-
(cp. grec oI koç ).
Les mouvements propres à l’articulation de le» et de 0 sont presque
8o INFLUENCE DES PHONÈMES SUR LES PHONÈMES CONTIGUS

identiques. L a différence la plus essentielle est le caractère plus marqué


pour le premier du mouvement de fermeture et de projection des lèvres.
Pour peu que l’attention se relâche, les mouvements des deux phonèmes
se confondent et un seul phonème, la voyelle, est articulé. C ’est ainsi que,
p. ex., *^olô est devenu colô (cf. §41, 1°)... A l’initiale absolue où, au rebours
de ce cas, il bénéficiait en outre, en tant que semi-voyelle, d’une phase
implosive, w a subsisté. Mais la difficulté et donc le danger d’amuïssement
n’étaient pas écartés totalement. A u moment où allaient se former les
mouvements propres à 0, l’attention subconsciente a fait déplacer brusque­
ment la langue de l’autre côté de la voûte palatine, au point d’articulation
de la voyelle de même aperture, e. Comparons aux exemples cités les
formes suivantes, qui présentent un 0 bref en syllabe initiale et suivi immé­
diatement des mêmes phonèmes : porrô, dorsus, cortex, dormiô, noster, noté,
moiros (d’où mûrus). o ne s’y est pas différencié en e parce que le phonème
qui le précédait avait im point d’articulation suffisamment éloigné pour
ne pas exiger un effort spécial de l’attention.
L a différenciation de 0 en « après w ne s’est produite qu’à la condition
que le phonème suivant eût un point d’articulation proche de celui de e,
c’est-à-dire prépalatal. L a force assimilatrice se combinait ainsi avec la
tendance différenciatrice. D ’où le contraste entre uetô et uomô, où m était
plutôt propre à maintenir le timbre 0. L a constrictive r semble n’avoir pas
exercé suffisamment d’attraction lorsqu’elle était séparée de la voyelle
par la coupe syllabique : d’où uorö. Devant consonne, son pouvoir d’assi­
milation était accru du fait qu’elle faisait partie de la même syllabe que
le futur e (cf. § 12) : d’où uertex, etc.
Si l’on excepte les cas de *woid- et de *woik-, qui ne sont pas attestés,
la différenciation dans les exemples cités se situe vers le milieu du 2® s.
av. J.G. (Quintilien, I, 7, 25). L ’alternance des formes se manifeste déjà
dans les comédies de Térence, composées entre 166 et 160 av. J .C . Les
premiers exemples épigraphiques datent seulement de 123-122 av. J.G.,
mais il faut tenir compte de la tendance archaïsante des inscriptions
officielles.

§ 36. — 2° 2l) Le groupe arteten sr est devenu fr à rïnitiale, br en position


intervocalique; b) le groupe -tl- intérieur est devenu cl/ c) devant ou après r, l E dh
est devenu b.
Gp. a) JURET, p. 1 18; L eumann, § 144 d; L indsay , IV , § 149, 3; M eillet -
V endryes , § 128; N iedermann , § 96; P isani, § 114; S ommer, § 126. —
Pe tr , BK IS, 1897, p. 273-279; SzEMERÉNYï, Arch. Ling., IV , 1952, p. 27-53,
99-116; V , 1953, p. 1-21 ; Bassols, § 270,280 b; F a r ia , p. 247 s.; K en t , § 163,
II I; T agliavini , § 77. — G ar cia , Emerita, X 5QCII, 1964, p. 185-191.
b) JURET, p. 1 19; M eillet -V endryes , § 122; P isani, § 88; Bassols, § 280 a;
F a r ia , p. 248 s. ; T agliavini , § 56. — V äänänen , § 125.
c) L eumann, § 120; L indsay , § 115; M eillet -V endryes , § lo i ; Pisani,
§ 104; S ommer, p. 178; Bassols, § 233; F a r ia , p. 241; K en t , § 143, I V ;
T agliavini , p. 88.
MODIFICATIONS QUALITATIVES 8l

a) frigus, de *srigos (cp. grec ptyoç) ;


sobritms, de *swosrinos (cp. *swos5 r, d’où soror, § 30, 3®) ; fûnebris, de
*fûnesris (cp. fünestus) ; muUebris, de *muliesris; cerebrum, en définitive de
*ceresrom (cp. grec xépaç à côté de xàpâ « tête »).
b) andäre, de antlâre (Plaute, Stick., 273, cf. Sergius, IV , 477 K );
suffixe -cio- (souvent passé à -culo- selon § 45, i®), de -*tlo- (cp. skr. -tra-).
c) uerbum, de *wrdhom (cp. got. waurd). Pour *!•> *or'> er, cf. § 36, i®.
glaber, de *gladhros (cp. v.h.a. glat). Pour er, cf. § 45, 2®.
a) L a première phase seule ressortit à la différenciation. L a spirante
dentale sourde s était articulée très près du point d’articulation de r et
risquait d’être assimilée en rr comme en grec, par exemple, ou de disparaître,
comme elle le fit plus tard dans diruô, de *dizruô, dis + ruô, selon § 24, 3®.
La pointe de la langue s’écarta alors légèrement de son point d’articulation
habituel et se plaça au niveau de jonction des incisives supérieures et des
incisives inférieures, ce qui produisit une spirante interdentale sourde,
analogue au th de l’anglais thin. Le latin, ne possédant pas régulièrement
ce phonème, le remplaça par celui qui, excepté s, lui ressemblait acousti­
quement le plus : f . Entre voyelle et r, ce phonème s’est sonorisé en b.
Pour un processus correspondant, cf. § 28, 2®. Les étapes de ce processus
ont fait l’objet de nombreuses discussions. Cf. spécialement Szemerényi,
l.c. Voir aussi, pour l’élimination de *th, Garcia, l.c.
b) Dans le groupe -tl-, chacun des phonèmes était articulé la piointe
de la langue pressée contre les alvéoles (à la différence du groupe tr, où r
exigeait un battement et donc un déplacement de cet organe). L a gêne
résultant de cette similitude de position risquait, par un relâchement de
l’attention, de provoquer une assimilation en II, comme ce fut le cas pour
le groupe dl (§ 23, 5°), où la sonore d était moins résistante que la sourde t.
La pointe de la langue se retira légèrement vers l’arrière, au point d’arti­
culation de c. Du point de vue acoustique, le groupe cl, fort semblable au
groupe tl, avait une audibilité plus nette. Il s’y substitua définitivement.
(Mais voir § 45, 1°. Pour le même traitement de -tl- récent en latin vulgaire,
c f Väänänen, § 125.) Pour le traitement du groupe tl à l’initiale, où il
était dépourvu de phase implosive, c f § 64.
c) Quand dh fut parvenu au stade spirant, la gêne résultant de la
similitude de point d’articulation de r et de cette spirante dentale fit passer
cette dernière à la position labiale (comme s dans le groupe ancien sr,
c f supra a), d’où finalement la sonore b entre sonante et voyelle, selon
§ 28, 2°, sans doute en passant par v.
R E M A R Q U E S . — i. Le groupe sr dans les composés prépositionnels
n’est pas ancien. C ’est la tendance assimilatrice qui s’est fait sentir lors
de leur formation (cf. supra le cas de diruô).
2. On cite parfois carmen, germen, de *can-men, *gen-men (cp. can-ô,
gen-itum) comme des cas de dissimilation. Mais n devant m ne pouvait
de toute façon subsister en latin. Il devait s’assimiler selon § 22, 2° ou se
différencier. C ’est cette dernière solution qui fut adoptée; la pointe de la
82 INFLUENCE DES PHONÈMES SUR LES PHONÈMES CONTIGUS

langue s’écarta légèrement des alvéoles et n se transforma en r. Peut-être


la présence du second n a-t-elle favorisé la différenciation : l’assimilation
aurait en effet exigé un effort plus grand d’attention en développant la
nasale m non loin de la nasale n (cf. le cas de hîbernus, § 50, i°).
En sanskrit.
§ 36a. — 10-2'’ Aucun changement correspondant.
30 Les spirantes indiennes *z, provenant de s, s devant occlusives
sonores selon § 24a, 2°, se sont différenciées en les occlusives, d ,< }{= d rétro-
flexe) devant b, bh, g, gh (W 150 et 155).
40 La spirante prépalatale S s’est différenciée en cérébrale (s) devant
les dentales (prépalatales) (W 203).
En ionien-attique.
§ 36b. — I» Aucun changement correspondant {w s’étant amuï selon
§ 65). O n peut signaler qu’en attique, ot fut différencié en et par un u
précédent dans Suetv, de Suotv (L 237).
2° (Pour le traitement du groupe sr initial, cf. § 23b, xo°, en position
intervocalique, § 42b, 4®.) Le groupe - t X - subsiste.
3“ En attique, ôc tendant vers 7] s’est ouvert en x après les voyelles s, i,
ou les diphtongues enjv (L 250); de même devant yj dans xTjp (L 254).
E n osco-ombrien.
§ 36c. — I® Aucun changement correspondant.
2° Le groupe sr est devenu f r (B 97) (BO 63), le groupe -tl- est devenu
-cl- sauf après j (B 106) (BO 66).
3° Le groupe ns intérieur ancien est devenu nts, transcrit nz de l’alphabet
national, ns en alphabet latin; secondaire, il est devenu J en ombrien.
En finale, ns ancien est devenu ss en osque, - f en ombrien; ns, au nominatif
sing, des thèmes en -n est devenu ƒ (B 89) (BO 63 c).
4° Le groupe intervocalique -rs- provenant de la syncope ou de rss est
devenu en ombrien (B 94) (BO 63a).
5° Le groupe pt est devenu f t (pour éviter le contact de deux occlusives
orales; ƒ< est ensuite passé à ht en ombrien) (B 99) (BO 64).
6° Le groupe -kt- est devenu -ht-\ secondaire, il est passé à -yt en
ombrien (même remarque qu’au 5°) (B 119) (BO 69).
7° e tend vers i devant voyelle de timbre différent (BO 17).
En germanique.
§ 36d. — 1° Aucun changement correspondant.
2° Pour le traitement du groupe initial sr- cf. § 37d, 4°. Pour celui
du groupe intérieur -tl-, cf. § 23d, 7°.
30 Dans le groupe intérieur -mn-, m a tendu à devenir spirant et le
groupe a passé en got. à bn et f n , en v.h.a. à nn {mn est analogique ;
pour mm, voir § 22d, 5°). Les groupes initiaux mr-, ml- sont devenus
en got. et en v.h.a. br-, bl-, peut-être en passant par la spirantisation de m.
Mais voir § 37d, 2° (Brugmann 170, 3° et 4°).
MODIFICATIONS QUALITATIVES 83

En vieil irlandais.
§ 36e. — 1° Aucun changement correspondant {w étant passé à ƒ à
l’initiale).
2° Le groupe sr subsiste à l’initiale (pour le traiitement intervocalique,
cf. § 23e, I I ”). En brittonique, sr est parfois devenu à l’in itia le^ - (en
passant par hr après finale vocalique) (P 26, 3). V oir aussi § 37e, 4°. Pour
le traitement du groupe intérieur -tl-, cf. § 42e, 7“.
3° Devant t, la « gutturale » k et la labialep sont devenues x (écrit ch),
pour éviter le contact de deux occlusives orales (P 51, 2). Devant s, p est
devenu k en gaulois et le groupe résultant ks est passé à x (écrit ch) en
gallois (P 25, i).
4° Devant occlusive sonore, ^ a passé à la spirante interdentale sonore,
qui s’est fondue en d (écrit t) avec d (P 27).
50 e s’est fermé en i en hiatus devant e final, a et « (P 5, 3).

SE C T IO N 2. D É V E LO P P E M E N T D'UN PHON ÈM E
IN TE R CA LA IR E

§ 37. — I'’ Dans les groupes dissyllabiques i o« u -|- voyelle de timbre différent,
il s’est développé respectivement un y et un w.
Cp. JURET, p. 125; L eumann, § 84; M eillet -V endryes , § 185; N ied er ­
mann, § 55; P iS A N i, § 29; S ommer, § 92. — H ermann , N G O , 1918, p. 99 ss.
plus, prononcé pi-yus (cf. la graphie piius dans les inscriptions); fu it
(Plaute, Capt. 205), prononcé fü-wit (cf. la graphie fwuit, C IL , P , 1297);
ïllxus, istîus, ipsius, prononcés sans doute illi-yus, etc.
i et U en hiatus risquaient de s’altérer et de devenir des semi-voyeUes.
Or, cette transformation était opposée aux tendances du latin ancien et
littéraire, qui avait généralement dissocié les groupes consonne -|- semi-
voyelle (cf. adagium, c’est-à-dire adagiyum, selon ce qui est dit dans cc
paragraphe, de *agyo-, § 45, 1“). Elle fut évitée par le développement,
après la voyelle, de l’élément semi-vocalique qui avait le même point
d’articulation.
Cette tendance semble s’être atténuée dès l’époque de Térence, où
füwit devint fu it et où istius, illius, remplacèrent maintes fois istias, illîus.
Varron (L.L., IX , 104) signale encore à son époque le parfait plûit, c’est-à-
dire plûwit, avec un w ancien. Mais, à l’époque classique, on n’a plus que
pluit. Cf. aussi/»iîw, Ennius, piiw, classique. Ces abrègements devant voyelle,
selon § 44, 2°, laissent supposer que la scmi-voycllc, même ancienne, avait
sinon disparu, du moins perdu quelque peu de sa consistance, au point
de devenir un simple glide, son fugitif de transition. Dès le latin impérial,
ce glide s’évanouit complètement dans certains cas, ce qui transforma la
voyelle précédente en semi-voyelle. D ’où, p. ex., dyurnus (puis yornu,
franç. « jou r »), de diumus ( = diyurnus). Väänänen, § 77.
84 INFLUENCE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES CONTIGUS

§ 37. — 2® Les groupes intérieurs -ml-, -ms-, -mt- sont devenus -mpl-,
-mps-, -mpt-, par développement d’un p épenthétique.
Gp. JüRET, p. 182; L eumann , § 145 f, 148 a et 150 a ; L indsay, IV , § 73;
75 77; M eillet -V endryes , § 121 et 125; N iedermann, § 97; P isani,
§ 88; S ommer, § 127, 3; 131 a et 134, 2 a; Bassols, § 281; F aria , p. 249,
252 et 255; K ent , § 168, III, 169, V ; T agliavini , p. 112 et 116.
exemplum, de *exem-lom (cp. emo), sümpsî, de *sûm-si (cp. sümö); complus,
de *côm-tos (cp. cômo).
L ’assimilation pouvait altérer m devant /, s, ou t (cf. l’italien assunsi,
assunto : assumerè), aux dépens de la transparence étymologfique entre le
mot simple (p. ex., sûmo) et le dérivé (*suntus). D ’autre pcirt, la dernière
phase de l’articulation de m participe déjà au caractère oral des consonnes
suivantes, l, s, t. Par anticipation, le voile du palais tend à se relever avant
qu’elle ne soit tout à fait terminée. Commencé en labiale nasale, m finit
alors en labiale orale, p. Le désir de conserver Vm de la racine a renforcé
cet élément embryonnaire et lui a donné la consistance d’un p ordinaire.
Cette sourde est normale devant les sourdes t et s. Devant la sonore l, on
constate une tendance à éviter b en latin. A l’initiale, on n’y trouve le
groupe bl que dans les mots techniques ou familiers. Correspondant au
grec [lôXuêSoç, on a plumbum (si l’on peut se servir de ce terme emprunté),
avec pl de ml, alors qu’en grec *mlôscô est devenu ßXwcntto (de ^(löXiócxw).
Sans doute la sourde, à explosion plus forte, permettait-elle mieux de
différencier les deux phonèmes.
N.B. — O n avait tendance à différencier également les séquences mn, ms,
par l’insertion d’un p. Cf. les graphies dampnum, hiemps, doublets de damnum,
hiems. — Väänänen, § 115.

§ 37. — 3° Les groupes intérieurs anciens -dt-, -dht-, -tt- (ne représentant pas
une gémination expressive) sont devenus -* 1st-par développement d’uns épenthétique.
Gp. G rammont, p. 232; L eumann , § 142 b; L indsay , IV , § 155; M eillet -
V endryes , § 118; N iedermann , § 92; Pisani, § 85; S ommer, § 132. —
K en t , Language, 1932, p. 18-26; B rugmann, dans O sthoff et Brugmann ,
Morphol. Untersuch. I l l , 1880, p. 131-147; I d ., IF, 1896, p. 102-104; Bassols,
§ 282; F a r ia , p. 258; K ent , § 144; T agliavini , p. 118; F ieri, R IG I,
V III, 1924, 1-2, p. 105-111; CoccHiA, R IG I, V III, 1924, 3-4, p. 71-81.
N.B. — Pour le passage de *tst à ss, cf. § 51 Rem. i et § 23, 2®.
*kätstos (d’où cässus, puis cäsus) de *käd-tos (cf. cad-ö et pour à § 44,
4® explication; pour s de ss, § 43, i®).
*yutstos (d’où iussus), de *yudh-tos (cp. iubeô, avec u analogique, de
*youdheyô, selon n. 42, p. 163) ; *patstos {d’où.passus), de *pat-tos (cf. pat-ior).
Lorsque deux consonnes semblables entrent en contact, elles se réduisent
d’ordinaire à une géminée, c’est-à-dire que la première perd sa phase
explosive, qui est la plus caractéristique. Le désir de différencier une racine
et un suffixe respectivement à finale et à initiale dentale orale a attiré
MODIFICATIONS QUALITATIVES 85

particulièrement l’attention sur la phase terminale de la première d’entre


elles, qui garda ainsi sa phase explosive. Mais l’explosion d’une occlusive
devant une autre occlusive ne peut que la transformer en mi-occlusive par
développement d’un élément spirant entre les deux et cet élément ne peut
être que dental après une dentale. L a séquence tt, à laquelle s’étaient
réduites par assimilation les séquences dt et, sauf en sanskrit, dht devint
donc f t et ce, dès la période indo-européenne. Cet s embryonnaire s’ac­
cusant de plus en plus, il devint im s normal. En latin, la séquence tst
se réduisit ensuite à ss (cf. supra N.B.), simplifié dans certains cas (cf. § 43, 1°).
R E M A R Q U E S . — i. Les groupes -dt-, -tt-, des composés préposition­
nels, comme attrakô, etc., ne sont pas anciens. C ’est la tendance assimilatrice
qui dominait lors de leur formation. D ’ailleurs, le ou le < des préfixes
avait peu d’importance en comparaison de celui de la racine verbale :
celui-ci gardant sa phase explosive, une différenciation n’avait que peu
de raisons d’être.
2. Il faut distinguer du groupe t 1 la. géminée tt qu’on trouve dans
atta, mittô, littera, etc., et qui est un procédé expressif très ancien (cf. § 66).
Le groupe ne pouvait se différencier sans perdre son caractère propre et,
de toute façon, il n’y avait pas à distinguer ici le t final d’une racine du t
initial d’un suffixe.
En sanskrit.
§ 37a. — 1° Même phénomène qu’en latin (W 179).
2° Aucun changement correspondant à rintérieru du mot, mais à
l’initiale le groupe mr- semble avoir tendu à devenir *mbr- (d’où br-) (W 159).
3° Les groupes intervocaliques anciens -dt-, -tt- (en dehors de la gémi­
nation expressive) sont devenus *tst (puis tt selon § 43a, 2®), le groupe -dd-
est devenu *dzd (puis *zd selon § 50a, 1“) (W 152). Pour -dht- devenu -ddh-,
cf. § 40a, 30.
En ionien-attique.
§ 37b. — 1° Même phénomène qu’en latin (L 262).
2° Les groupes intervocaliques anciens -p.p-, -pX-, -vp- sont devenus
respectivement -p.6p-, -p.6X-, -vSp- (allégés en ßp-, ßX-, Sp- selon § 64b à
l’initiale) par développement d ’une occlusive de même point d’articulation
que la nasale (L 153).
3° Les groupes intervocaliques anciens -St -, - tt - (en dehors de la gémi­
nation expressive) sont devenus *tot (puis -or- selon § 23b, 2®, voir aussi
50b, 1°) (L 58).
4° Les groupes 7t^, ç>_y sont devenus tut par insertion et développement,
au détriment de_y, d’une occlusive de même point d’articulation que cette
semi-voyelle {ify) (L 68).
En osco-ombrien.
§ 37c. ■— i" M ême phénomène qu’en latin et insertion de w entre a
et 0, U (B 79 et 80) (BO 33).
2° Pas d’exemples clairs.
86 INFLUENCE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES CONTIGUS

3° Même phénomène qu’en latin (B 115) (BO 66).


4® Le groupe -ns- intérieur ancien est devenu nts transcrit nz de l’al­
phabet national, ns en alphabet latin (B 89) (BO 63c).
En germanique.
§ 37d. — I® Même phénomène qu’en latin (Brugmann 148).
2® Aucun changement correspondant, mais le groupe -mr- intérieur
est devenu -mbr- en germanique commun (S 130 , 1). A l’initiale, les groupes
mr-, ml- sont devenus en gotique et en v.h.a. br- et bl-, peut-être en passant
par mbr-, mbl- (Brugmann 170, 4). Mais voir § 36d, 3®.
3® Même phénomène qu’en latin (S 120).
4° Le groupe sr est devenu str (S 130, I).
En vieil irlandais.
§ 37^- — Même phénomène qu’en latin, mais *y s’est amuï (P 140).
2® Les groupes initiaux mr-, ml- sont devenus respectivement *mbr-,
*mbl- (puis br-, bl- selon § 64e, 1°) vers la fin de la période du vieil irlandais
(P 75). Idem en brittonique.
3® Même phénomène qu’en latin (P 63).
4® En brittonique, le groupe initial sr- est parfois devenu str (P 26, 3®).
V oir aussi § 36e, 2®.

Chapitre 3. La différenciation préventive


Cp. G rammont, p. 237-238.

DÉFIIMITIOM

§ 38. - - La différenciation prévient d’ordinaire l’évolution d’un pho­


nème dans le sens de l’assimilation ou de l’amuïssement par une modifi­
cation positive dans un autre sens. Mais il est des cas où elle se contente
d’empêcher un phonème d ’évoluer normalement en le maintenant autant
que possible dans son individualité. C ’est alors qu’on la qualifie proprement
de préventive.
En latin.
O n ne trouve pas en latin d’exemples probants de ce phénomène.
C f § 57» I® explication B, le cas de uarietâs.
En sanskrit.
§ 38a. — I® Les dentales, au moins originellement, ne sont pas devenues
cérébrales après la cérébrale s selon § 26a, 3® lorsqu’elles étaient suivies
des cérébrales r, r (W 145 b).
MODIFICATIONS QUALITATIVES 87

2® S ne s’est pas cérébralisé après i, u, selon § 28a, 4", lorsqu’il était suivi
immédiatement des cérébrales r, v (W 203).
3° n ne s’est pas cérébralisé selon § 48a, 2° après les cérébrales non
contiguës s, r, f, lorsqu’il était suivi de la cérébrale r (W 167b).
En ionien-attique.
§ 38b. — • L a dentale t ne s’est pas assibilée en a devant i selon § 28b, 4®
lorsqu’elle était précédée de la sifflante tr (L 5 1 ).
En osco-ombrien.
§ 38c. — Pas d’exemples clairs.
En germanique.
§ 38d. - - Les occlusives sourdes lE ne sont pas devenues spirantes
selon la loi de Grimm (§ 65, n. 40) lorsqu’elles se trouvaient après une
spirante (ancienne ou germanique) (S 119).
En vieil irlandais.
§ 38e. — i ne s’est pas ouvert en e en hiatus devant e final, a et a (P 6, i).

Chapitre 4. L'interversion

D É FIN IT IO N

§ 39. — L ’interversion est le phénomène qui consiste à changer l’ordre


de deux phonèmes contigus pour en faciliter la prononciation. Comme le
dit Grammont, p. 239, « elle ne joue pas un grand rôle dans les langues,
car la plus grosse part de leur vocabulaire est conforme à leur système
phonique; (elle) est déterminée par des principes d’ordre, de clarté,
d ’esthétique (...) ; elle pourvoit à la bonne police du système et ramène à la
norme tout ce qui fait tache dans l’ensemble. »

En latin.
§ 40. — 1° Le groupe intervocalique ancien -ps- a tendu à s’intervertir en -sp-.
Cp. G rammont , p. 240; Pisani, § 1 1 7 ; Bassols, § 283; K en t , § 194; T ag lia ­
vini , § 74. — A ndré , R E L , 1953, p. 190 ss.

uespa, de *wopsa... (cp. v.h.a. wafsa, lit. vapsà, etc., en passant par
*wospa, avec différenciation de wo- en we- selon § 36, i®) ; crispus, de *kripsos,
cp. gaul. crixos, gall, crych, selon § 36e, 3°.
Le groupe ps était peu stable en latin, comme dans la plupart des
langues indo-européennes, sauf en grec. Entre voyelles, il fut éliminé en
partie par interversion, là où il n’était pas protégé par l’analogie, comme
88 INFLUENCE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES CONTIGUS

dans les formes verbales du type lapsus, scrlpsi, obsecrô ( = opsecrô) , slips et
dans les emprunts grecs.
R E M A R Q U E . — Le gjroupe -ps- tendit aussi à s’éUminer par assimi­
lation (comme dans ipse devenu isse (C IL , IV , 148, etc.)) ou par différen­
ciation (comme dans ce même ipse devenu ixe (Suétone, Aug. 88; cf. André,
l.c.)). Mais ces cas semblent postérieurs, l’élément reconnu -pse ayant
résisté plus longtemps. Après consonne, il s’agit la plupart du temps du
groupe taps, provenant de -ms- par développement et conservation d’un
élément servant à protéger Vm de la racine de toute assimilation (cf. § 37,
2®). Mais là même, la prononciation populaire, peu conservatrice, éli­
minait P (comme d’ailleurs dans le groupe -mpt- issu de -mu') d’où peissage
m k n devant s, sinon toujours dans la graphie : cp. p. ex., le nom de la
même ville du Samnium éerit Co(n)sa par César (B.C. III, 22, 2) et Compsa
par Tite-Live (X X IV , 20). — Väänänen, § 122.
§ 40. — 2° Le groupe -ri- en syllabe initiale, précédé d’une consonne et suivi
d’une dentale, s’est interverti en -er-.
Cp. G rammont, p. 247; JuRET, p. i2o; I d ., Dominance, p. 157 s.; L eumann ,
§ 102, 2; L indsay, III, § 16 et V I, 61; M eillet -V endryes , § 167; P isani,
§ 18; S ommer, § 49; Bassols, § 164; K en t , § 95; T agliavini , p. 77. —
M er lo , ASN P, 1936, p. 83.
ter, de *tris (en passant par *ters, terr, cf. § 23, 8° et 62,4°; cp. grec T p tç ) ;
tertius, de *trityos-, certus, de *kriios (cp. grec xptToç); testis, testâmentum,
de *tri-stis, *tristâmentom (cp. osque trstus « testés », tristaamentud « testâ-
mentô ») en passant par *terstis, *terstâmentom, avec chute de r selon § 43,
2° c; cernô, de '^krinô, cp. grec xptvw de *krinyô.
L ’ordre des groupes tri-, cri- n’a été modifié que lorsqu’il était suivi
d’une dentale, c’est-à-dire de l’espèce de consonnes dont le point d’arti­
culation était le plus rapproché de celui de r alvéolaire. Devant toute autre
consonne, la position des organes requise pour la production de r aurait
dû brusquement se modifier en vertu du phénomène d ’anticipation. D ’où
tribus, triquetrum, *cripsus (puis crispus selon § 40, 1°), etc.
i s’est transformé en e devant r à la faveur du changement (cf. § 57,
1° explication A in fine).
Ces faits admettent cependant une autre explication, assez proche,
soutenue par osque trstus « testés », en face de osque tristaamentud, si la
graphie en est correcte. Dans les mêmes conditions que celles énoncées
ci-dessus, la sonante r aurait absorbé la voyelle i, la plus faible en raison
de sa minime aperture, et une voyelle de timbre e se serait développée
pour former une syllabe latine régulière selon § 45, 2°. Parallèlement,
l aurait absorbé un u, voyelle également fermée, dans *plumôn (cp. grec
TtXsûixtùv) et dans *dlukwis (cp. grec mycénien duruku, classique yXuxôç avec
une différenciation de dl en yX analogue à celle du latin tl en cl, § 36, 2® b),
à’oixpulmô, dulcis, après insertion d’un u devant l vélaire suivi d’une consonne,
selon § 45, 2° b. (Voir aussi Merlo, Le., qui suppose l’insertion, suivie de
la syncope de i, d’un e entre la consonne et r.)
MODIFICATIONS QUALITATIVES 89

De toute façon, ces changements proviennent du caractère spécial des


sonantes, dont l’aperture, presque équivalente à celle des voyelles, tend à
rendre peu stable le centre de la syllabe.
R E M A R Q U E S . -— i. Les mots du type tridëns, trinoctium, sont des
composés récents, influencés par les mots où tri- ne devait pas se transformer.
L ’analogie de ter a, d’autre part, créé des doublets tels que tergeminus à
côté de trigeminus, teruenëficus à côté de triuenëficus, qui paraissent récents.
Les mots frit, fritinniô,fritillus et d’autres du même genre ont été protégés
par leur caractère expressif ou technique.
2. tristis « triste » avait un i, au rebours de *tristis « témoin », comme
l’attestent l’apex dans les inscriptions et le traitement i de l’italien (Bourciez,
Eléments, § 50 et 157).
En sanskrit.
§ 40a. — i°-2° Aucun changement correspondant.
3O Le groupe occlusive aspirée + occlusive est devenu occlusive + occlu­
sive aspirée (sonore, si l’aspirée ancienne était sonore) (Brugmann 261, 4).
L ’analogie a souvent contrecarré ce processus. Il est antérieur au passage
de g'h à h.
En ionien-attique.
§ 40b. — i°-2° Aucun changement correspondant.
3° La mi-occlusive dg (venant de yjf, y initial) s’est intervertie en gd
(écrit 1^) (L 104).
4° Les groupes -py-, -uy-, précédés de a, o, se sont intervertis, provoquant
la formation de diphtongues ai, 01 (L 155).
50 Le groupe -tx - s’est interverti en -xr-, et sans doute le groupe - ttc-
en -TCT- (L 57) ; de même, le groupe vjji en [i,v phonétiquement (L 153),
mais voir § 22 b, 2°.
00 Les groupes rjx, 40 sont devenus en attique sâ, sco, par interversion
de quantité (L 283).
70 Le groupe *wy s’est interverti en *yw (L 177).
En osco-ombrien.
§ 40c. - - i<’-2° Aucun changement correspondant (le groupe -ps- ancien
passant à -ss-, secondaire à -r- en ombrien, subsistant en osque, § 23c, 12°).
En germanique.
§ 4od. — 1° Même phénomène en m.h.a. et en v.isl. (Brugmann 341, i).
2° Cas analogues depuis l’époque du m.h.a. lorsque le groupe r + voyelle
était suivi de s ou de nn (Brugmann 341, 2).
En vieil irlandais.
§ 40e. — i®-2° Aucun changement correspondant {p ayant disparu
selon § 65. Mais voir § 36e, 3°).
30 Le groupe st devant voyelle s’est parfois interverti en ts (d’où ss ou
parfois t, § 23e, 2<>) (P 25, 5).
4<* Autres cas sporadiques.
90 INFLUENCaS DES PHONEMES SUR LES PHONEMES CONTIGUS

TITRE II
MODIFICATIONS
QUANTITATIVES

Chapitre 1. L'amuïssement
N.B. I. — L ’amuïssement est l’efFacement progressif d’un phonème jusqu’à
disparition totale.

S E C T IO N 1 . a m u ï s s e m e n t
PAR D IS S IM IL A T IO N EN C O N T A C T

N.B. 2. — L a dissimilation en contact est le phénomène par lequel un


phonème s’amuït à cause de sa similitude trop grande avec un phonème
contigu.

En latin.
§ 41. — I®w s^est amui devant o et û sauf à Vinitiale absolue.
Cp. JURET, p. 130J I d ., Dominance, p. 246 ss. j L eumann, § 99, i; L indsay,
IV , § 68 s.; M eillet -V endryes , § 114; N iedermann, § 57; Pisani, § 32;
S ommer, § 94, 2; Bassols, § 212; F a r ia , p. 222; K ent , § 153, I II; T a glia ­
vini , § 47. — L indsay , A L L , 1904, p. 133-134. — V äänänen , § 90 s.

coquö, de *k"’oE"ö (de *pek'"ô, cf. § 48 et 30, 3°); colô, de *k'"olô (cp.
inquilinus avec i intérieur selon § 57, 1° d); deus, de deiwos (CIL, P , 4);
deorsum, de *dêuorsum; eculeus, de *equuleus (de *ekwoleos avec u intérieur
selon § 57, 1° A a, phénomène antérieur à la chute de w, voir l’explication) ;
quercus, en face de Querquêtulânus', locûtus, de *loquütos; secütus, de *sequOtos.
Pour la chute de w devant 0, cf. l’explication du § 36, 1°. Devant û,
le phénomène est encore plus naturel en raison de la ressemblance plus
grande entre w et u. D ’après les cas où w ne devait pas s’amuïr, de nom­
breuses formes ont été recomposées, type paruos d’après parut, parua, etc. ;
dans parum, de paruom, pris adverbialement, w n’a pas été restitué, parce
que le mot échappait à l’influence de la déclinaison. Le nominatif phoné­
tique deus, de deiuos (CIL, P , 4), a fourni la série del, deö, etc., tandis que,
parallèlement, on a recomposé dims, etc. deus et dims furent employés
concurremment pendant l’époque républicaine; diuus se différencia à
l’époque impériale et désigna un personnage divinisé (diuus Augustus).
L e peuple ne semble pas, en général, avoir fait l ’eflPort d’une restitution
MODIFICATIONS QUANTITATIVES 91

du va au nominatif : il disait flâus pour fläuus, rius pour riuus... (Appendix


Probi). Notons que la graphie quu, p. ex. dans equus, représentait eu sous
l’Empire (Vel. Longus, V II, 58 K ). V oir aussi Quintilien, I, 7, 6, pour
cotidie.
L a chute de w doit s’être produite au moins au début du 2® siècle
av. J.C . En effet, Ve de deus suppose que w est tombé au moment où la
diphtongue ei était parvenue à l’étape ê et pas encore à l’étape l, ce qui
aurait produit *dios. Cette étape était atteinte en 186 av. J.G., comme le
prouve la graphie cotipromêsise = compromisisse du Sénatus-Consulte des
Bacchanales. Gnaeus, de Gnaiwos (C IL , P , 7) interdit de supposer une
filière deiwos > *deios > deus.
§ 41. — 2° w s’est amuï après consonne labiale, quand il était suivi d’une
voyelle {sinon, il se vocalisait en u, § 45, 2° R 3).
Gp. JURET, p. II3; M eilLET-VeNDRYES, § 135; PiSANI, § 1 16; B assols,
§ 270; F a r ia , p. 224 s.; K en t , § 141, IX ; T a g l ia v in i , p. 111.
fW , de *bhwïyô (cp. ombrien fuia ‘fiat)-, amäbö, amäbam (de '^amàbhwô,
*amä-bhwäm, avec -b- entre voyelles selon § 28, 2°); bellum, de duellom en
passant par *bwellom, selon § 29, 1°).
Cf. l’explication du § 41, i°.

En sanskrit.
§ 41a. ■ - 1° w et y se sont amuïs respectivement devant ü et ï (W 228).
2° Aucun changement correspondant.

En ionien-attique.
§ 41b. — 1° Les labiovélaires ont perdu leur élément w au contact de u
(L 3 i).
2° Même changement qu’en latin (L 71).

En osco-ombrien.
§ 41C. — I“ Aucun changement correspondant.
2° Même changement qu’en latin (B 81) (BO 51).
En germanique.
§ 4 id . — I® w s’est amuï devant lE u; l’élément labial des labio­
vélaires s’est peut-être également amuï devant lE 0 (Brugmann 159 et 258).
2° Pas d’exemples clairs.

En vieil irlandais.
§ 41e. - - I® Les labiovélaires ont perdu leur élément labial devant u,
et P” en outre après u (P 38 et 55).
2® Même changement qu’en latin (P 17). Voir § 64e, i®.
3® L a labiale m a disparu en position intérieure devant w en celtique
commun (P 75, 2).
92 INFLUENCE DES PHONÈMES SUR LES PHONÈMES CONTIGUS

SE C T IO N 2. A M U ÏS S E M E N T
PAR A U G M EN TA TIO N D 'A PERTU RE

En latin.

§ 42. — I®y aucun s'est amtâ entre venelles.


Cp. JuRET, p. 125, 139 et 170; L eumann , § 98 b; L in d sa y , I, § 7 et IV ,
§ 55; M e il l e t -V en d ryes , § 113 et 185; N iedermann , § 56; P isani, § 31;
S ommer , § 93; B assols, § 205; F a r ia , p. 220; K e n t , § 178, II; T a g l ia ­
vin i , § 46.

très, de *treyes (cp. skr. trâyah) ; moneô, de *moneyô (cp. skr. mânâyatï).
Les voyelles environnantes ont augmenté l’aperture du y, qui était
déjà plus ouvert que toute autre consonne et qui devait se prononcer assez
faiblement. L a langue s’est écartée de plus en plus de l’avant du palais
et l’articulation a fini par être complètement négligée. Le phénomène
est de date préhistorique.
R E M A R Q U E . — y intervocalique, tel qu’il apparaît en latin classique,
est le représentant de divers groupes, p. ex., de -gy- dans mains, aiô, de
-dy- dans peius (cf. § 29, 2®). Ces mots étaient prononcés mayyus, ayyô,
peyyus..., comme le prouvent les très nombreuses graphies maiius, aiiô,
peiius... (Cf. Quintilien, I, 4, i i.) y y était donc traité en géminée, avec
une phase implosive et une phase explosive bien caractérisées, qui en
faisaient un phonème résistant.

§ 42. — 2° Vf a eu tendance à s’amuir entre voyelles de même timbre.


Cp. JURET, p. 170; L eumann , § 9 9g; L indsay , II, § 53; M e il l e t -V en d ryes ,
§ 1 1 4 ; N iedermann , § 58; P isani, § 34; S ommer , § 94, 5; B assols, § 210;
F a r ia , p. 222 s.; K e n t , § 181, V I I ; T a g l ia v in i , p. 73. — B u rg er , u
intervocalique (2® section) ; S olmsen , Z V S , 1897, p. 34 ss.
lâtrlna, de lauätrina-, läbrum, de lauäbrum-, dêlêrunt, de dëlëuerunt; oblitus,
de oblîuitus; prôrsus, de *prouorsos (cp. prouersus, Varron, L .L ., 7, 81, selon
§ 36, 1°)-
Cf. l’explication de la chute d e y intervocalique, § 42, i®.
w, semi-voyelle labiale, s’est montré plus résistant que y, semi-voyelle
dentale, ce qui concorde avec le degré de résistance des consonnes de
même point d’articulation (cf. § 27, i®). Son amuïssement entre voyelles
n’a eu lieu qu’à une condition : le caractère identique des voyelles ou
diphtongues environnantes. Les sujets parlants ont eu tendance à fondre
les deux syllabes par une sorte d’haplologie (cf. § 54).
R E M A R Q U E . — Nombreux sont les cas d’analogie : amârunt, de
amäuerunt, malgré la dissemblance des voyelles, d’après dêlêrunt...; d’autre
part, dîuitis, recomposition d’après dîues (le génitif phonétique dîtis subsista
comme doublet et on créa sur cette forme le nominatif Dis) ; obliuiscor à
côté de obliscor; diuinus à côté de dinus (cp. C IL , I^, 366); auârus, sans
doute d’après auêre, etc.
MODIFICATIONS QUANTITATIVES 93

§ 42. — 3° n s’est amuî devant s et f.


Cp. JURET, p. 188; L eumann , § 105; L indsay, II, § 66; M eillet -V endryes ,
§ 132; N iedermann , § 99; Pisani, § 50; S ommer, § 134, 2 b; Bassols,
§ 279, 3; F a r ia , p. 256; K ent , § 171, V et V I ; T agliavini , p . 116. —
V Ä Ä N Ä N E N , § 121 et 119.

CÖS0I (C IL , I“, 8), de *consol; côsentiont (C IL , I®, 8), de * consentient',


quotiSs, de *qmtiens; dominos, de ^dominons', ouïs (acc.), de *owins.
Iferi (CIL, V I, 19873), de *inferi', côfëci (CIL, I^, 560), de *confêcî.
L a nasale implosive, devant les sifflantes, phonèmes imparfaitement
occludés, et après une voyelle, phonème de grande aperture, s’est ouverte
davantage, la pointe de la langue a perdu son point d’appui et n, faible
par nature, a cessé d’être articulé. Les vibrations glottales qui étaient
préparées pour la consonne sonore se sont ajoutées à celles de la voyelle
précédente, qu’elles ont allongée (cf. § 44, 3®).
Cet amuïssement est déjà attesté à l’époque archmque (la graphie cosol
se lit sur l’épitaphe d’un Scipion qui fut consul en 259 av. J.C .) et les
langues romanes prouvent que la tendance a généralement continué en
latin postérieur. A l’époque classique, on rétablit n devant s et ƒ dans
l’orthographe par souci étymologique, en conservant d’aiUeurs la quantité
longue secondaire de la voyelle. Cf. Cicéron, Or., 159, et l’apex ou la
graphie ei pour i dans les inscriptions. Mais Cicéron prononçait encore
Hortësia, MegalSsia, forësia, pour Hortensia, Megalinsia, forënsia, de même
Ifâs pour înfâns, etc. (Velius Longus, 79, i K ; cf. aussi Quintilien, I, 7, 29).
L ’w des accusatifs pluriels {^dominons, etc.) n’a jamais été rétabli à cause
de la faiblesse de sa position finale jointe à l’absence de formes analogues.
Les participes présents en -ns ont repris leur forme ancienne d ’après les
cas obliques {amantem, etc.).

§ 42. — 4° s s’est amuï devant consonne sonore, sauf dans les groupes sr, sg,
anciens.
Cp. J uret , p. 195-197; L eumann , § 144; L indsay, II, § 124; M eillet -
V endryes , § 127; N iedermann , § 96; Pisani, § 91; S ommer, § 128, 3;
Bassols, § 279, 2; F a r ia , p. 256; K ent , § 164, IV ; T agliavini , p. 117. —
S cheftelowitz (zg), IF, 33, p. 139-169; M ayrhofer (-si-), Arch. Ling.,
IV , 1952, p. 117-120.
idem, de *isdem\ cânus, de *casnos (cp. cas-cus)', primus, de *prîsmos
(cp. pélignien prismu « prima », lat. priscus)', diruO, de *dis-ruô-, prëlum, de
*preslom (cp. pressi) ; digerô, de *dis-gerô.
Entre voyelle et consonne sonore, j s’est naturellement sonorisé et donc
affaibli en z- Débilité en outre par son caractère implosif, il n’a pas résisté
à l’augmentation d’aperture que tendait à lui conférer la voyelle précé­
dente; la langue a perdu son point d’articulation propre et seul un souffle
(c’est-à-dire un h) sonore a été émis, dont le point d’articulation était
celui de la consonne suivante. Ce phonème, n’ayant en général aucune
94 INFLU ï ;NCE des ph o n em es su r les PHONEMES CONTIGUS

analogie avec les sons du latin, s’est bientôt amuï en allongeant par compen­
sation la voyelle précédente (cf. § 44, 3®). Pour le groupe sr ancien, cf. § 36,2®.
L ’amuïssement est postérieur au 4® siècle av. J.C ., si l’on en juge par la
forme cosmis qui figure dans l’inscription de Duenos (CIL, I“, 4), et même
au 3®, si dusmo « dûmô » dans Livius Andronicus (P. Festus, p. 59, 3) n’est
pas un archaïsme.
s, dans le groupe primitif sg, s’est également sonorisé entre voyelle et
consonne sonore, puis transformé en h sonore. Mais ce h devant g avait
par anticipation le même point d’articulation que lui, c’est-à-dire qu’il
s’articulait comme un g spirant (comme dans le néerlandais goed). Or,
un g spirant produit une impression acoustique très voisine de celle d’un
r postpalatal : les Latins ont dû passer insensiblement de l’un à l’autre et
finalement transformer instinctivement l’r postpalatal en r alvéolaire, le
seul qui leur était naturel. C ’est ainsi que *mezgô (cp. lit. mazgôti « laver »;
skr. mdjjati « il plonge ») s’est transformé en mergô « plonger ».
R E M A R Q U E . - - De même que l’f du groupe sr, l’j du g;roupe sg
des composés prépositionnels (comme dans *disgerô, devenu digerô) ne se
trouvait plus dans les mêmes conditions que eelui du groupe sg prim itif :
ces composés étant assez récents dans la langue, les tendanees articulatoires
avaient eu le temps d’évoluer dans l’intervcille.
Des mots tels que quibusdam, eiusdem présentent un maintien analogique.

En sanskrit.
§ 42a. — i®-2° Aucun changement correspondant.
3® Une nasale a disparu devant sifflante ou h (en nasalisant la voyelle
précédente) (W 224).
4° s, alvéolaire ou devenu s selon § 28a, 4® et puis z ou *z devant
consonne sonore, s’est amuï devant dentale sonore (notamment en allon­
geant un i et un u précédents, selon § 44a, 3®) (W 236). Pour le traitement
devant b(h), g (h), cf. § 36a, 3®.
5° La géminée intervocalique -ss- a tendu à se simplifier en s (W 97).
En ionien-attique.
§ 42b. — i®_y intervocalique, même parfois lorsqu’il provenait de -yy-
(lui-même de -ay-, L 127), est devenu h, qui s’est amuï sauf cas de métathèse
(§ 55b, 1°) (L 170).
2° w intervocalique s’est amuï (plus tard quejr et beaucoup plus tôt
qu’à l’initiale) (L 187).
3® Les groupes anciens -vo-, -(xc- et, dans les aoristes, -Xo-, -per- (pour
-Xa- sporadiquement ailleurs également), sont devenus respectivement en
position intervocalique -v-, -p-, -X-, -p- (avec allongement compensatoire
selon § 44b, 3®), peut-être après une interversion qui les assimilait aux
cas cités sous 4° (L i20 et 123) ; le groupe -vç final est devenu ç (avec allon­
gement compensatoire selon § 44b, 3°) (pvjv, de *mSns, a subi l’analogie
de pyjvôç, ete.) (L 125).
MODIFICATIONS QUANTITATIVES 95

4“ c s’est sonorisé devant occlusive sonore et subsiste (L 111 ) ; devant


liquide ou nasale en position intervocalique, il a passé à date ancienne
à h, qui s’est amuï (avec allongement compensatoire selon § 4 4 b , 3°), sauf
cas de métathèse (§ 55b, i°) (L 114). Le groupe occlusive labiale ou guttu­
rale + s devant consonne s’est réduit à l’occlusive aspirée correspondante
(L 62). Le traitement -vv, de -AÀ-, de et le maintien de -ayi-
sont récents (L 118). Pour le traitement en position initiale, cf. § 23b, io°.
50 CT intervocalique est devenu h, puis s’est amuï, sauf cas de métathèse
(§ 55b) I”) (L 8 4 ) ; la géminée intervocalique de date grecque - ctct- s’est
simplifiée en attique en ct, qui subsiste (L 87c) ; en ionien, la géminée grecque
-CTCT-, sauf lorsqu’elle provenait de -rw -, -xjy- et, dans certains cas, de -77-,
s’est simplifiée également (L 90 ss.) ; la géminée -jry- intervocalique venant
de -CT7- s’est simplifiée en 7, qui s’est parfois amuï (cf. i®) (L 127).
6° Le groupe -aw- intervocalique ancien s’est amuï (avec allongement
compensatoire selon § 44b, 3°) (L 130).
7° Le groupe -Xv- intervocalique ancien s’est réduit à X (avec allonge­
ment compensatoire selon § 44b, 5°) (L 152).
8° Les groupes -pj-, -vj-, intervocaliques précédés de e, i, u, se sont
réduits à p, v (avec allongement compensatoire selon § 44b, 5°) (L 155).

En osco-ombrien.
§ 42c. — I®Même changement qu’en latin (B 79) (BO 47).
2° Aucun changement correspondant.
3° Pour le traitement du groupe ns, cf. § 36c, 3“. L e groupe ns provenant
de la syncope ou de l’analogie (à la 3®p.pl. des temps secondaires) subsiste
(B 89) (BO 63c).
4° Les groupes sn, sm, si, zd subsistent (B 93) (BO 63) ; pour le groupe sr,
cf. § 36c, 2®.
5® n a eu tendance à s’amuïr devant consonne, surtout en ombrien,
dans la finade -ent en osque (B 87) (BO 59a). Mais voir § 36c, 3®.
6® Le groupe intervocalique -rs- ancien, devenu sans doute rz selon § 24c,
3®, s’est réduit à r en osque (avec allongement compensatoire selon § 44c,
3®) ; il a subsisté en ombrien, mais r tendait à s’y amuïr (B 94) (BO 63a).
7® Le groupe -/<- ne résultant pas de la syncope s’est réduit à t
en ombrien (B 84, 2) (BO 56).
8® Le groupe dw s’est réduit à d (B 81) (BO 51).

En germanique.
§ 42d. — I®7 s’est amuï entre voyelles sauf après i, où il formait
épenthèse.
2® Aucun changement correspondant, à part la chute de iv devant «
selon § 41a, I®.
3® Une nasale s’est amuïe devant h et, en v. anglais, devant s ,f , p (avec
allongement compensatoire selon § 44d, 5®) (S 129).
96 INFLUENCE DES PHONÈMES SUR LES PHONÈMES CONTIGUS

40 Non précédé immédiatement de l’accent lE , s entre voyelle et j ou


occlusive sonore germanique est devenu qui subsiste en gotique et passe
généralement à r dans les autres langues germaniques. Pour le traitement
de 5 devant m et n, cf. § 24d, 4°; pour celui de s devant r, cf. § gyd, 4“ ;
pour celui de j devant l, cf. § 24d, 3°.
50 h germanique s’est amiü après consonne (S 129).
6° Le groupe lE dentale + s est devenu ss en germanique; t& tp germa­
niques sont devenus en h.a. respectivement ss, ff, à l’intervocalique et en
finale après voyelle (d’où s, f , après voyelle longue selon § 43d, 1° et en
finale selon § 62 d, 4°) au lieu de ts, p f (comme ce fut le cas à l’initiale) ;
lE w ou l’élément w d’une labiovélaire s’est souvent amuï en h.a. après
consonne, surtout devant voyelle vélaire (Brugmann 258, ib ; 271, 3 et 4;
273= i)-
E n vieil irlandais.

§ 4.2e. — 1° (jv s’est amuï en toute position, P 20).


2“ w s’est amuï entre voyelles (P 18).
3° n s’est amuï devant s (P 26, 10) (généralement avec allongement
compensatoire selon § 44e, 5°) ainsi que devant une occlusive sourde
(P 54; 59 et 64), qu’il a transformée en sonore selon § 24e, 6®.
40 Pour le traitement des groupes -sr-, -si-, -sn-, -sm-, intervocaliques,
cf. § 23e, II®; pour celui de ^ -J- occlusive sonore, cf. § 36e, 4®.
5® s intervocalique s’est amuï en passant par h (P 24, 3).
6® g celtique s’est amuï à l’intérieur devant sonante (avec allongement
compensatoire selon § 44e, 6®) (P 36) ; de même k devant liquide ou nasale
à l’intérieur (P 53), sauf, semble-t-il, devant n précédant immédiatement
l’accent lE et qui s’est assimilé à k selon § 22e, 5®.
7® Dans les groupes anciens -dl-, -dn- et, dans les composés où il était
immédiatement précédé de l’accent irlandais, -dr-, d s’est amuï à l’inter­
vocalique, avec allongement compensatoire selon § 44e, 6®; de même
devant m sauf dans les composés et les formes redoublées, cf. § 23e, 3®
(P 44); de même t devant liquide ou nasale à l’intérieur (P 62), sauf,
semble-t-il, devant n précédant immédiatement l’accent lE et qui s’est
assimilé à t selon § 22e, 5®.

SECTIO N 3. a m u ï s s e m e n t
PAR S IM P L IF IC A T IO N OU A L LÉ G E M E N T

En latin.
§ 43. — I® Une géminée s’est simplifiée après une voyelle longue (pour la simpli­
fication après diphtongue, cf. § 43, 2®).
Cp. JURET, p. 228; L eumann , § 130; L indsay , II, § 129; M e il l e t -V endryes ,
§ 139; N iederm ann , § 66 s.; P isani, § 79; S ommer , § 161; B assols, § 264;
F a r ia , § 68 R . 2; K e n t , § 185, I I e; T a g lia v in i , p. 104.
MODIFICATIONS QUANTITATIVES 97

sédulô, de *sêd-dolôd (pour a, cf. § 57, 1°, pour d final, § 62, i®); sëcubô,
de *sëc-cubô (de *sëd-cubô, selon § 22, i®) ; sêparô, de *sëp-parô (de *sêd-parô,
selon § 22, 2®), si du moins le préverbe présentait bien dans ees mots la
forme en d et non la forme en së--, câsus, de cassas (de *kàd-tos, selon § 37, 3®) ;
glüma, de *glümma (de ^gleubhma, ep. gree yXûcpco).
L a voyelle longue eontenue dans la syllabe nécessite l’utilisation de la
majeure partie du souffle affecté à cette syllabe. U n effort spécial est donc
nécessaire, si le sujet parlant veut articuler en outre une consonne implosive.
Par inertie, il tend à rejeter cette implosive, particulièrement faible en
latin (§27, I®), dans la syllabe suivante, ce qui, dans le cas d’une géminée,
équivaut pratiquement à n’en g;arder que la phase explosive.
R E M A R Q U E . — L a géminée II a dû subir le même traitement que
les autres, mais on en a souvent conservé la graphie, sans doute pour mar­
quer la prononciation palatalisée de la consonne simple (cf. § 8, 2®). Ainsi
s’expliquent les graphies mille en face de nülia (orthographe plus fi-équente
que mülia) ; ailla en face de tälicus, etc. Le groupe II devait avoir dans ces
mots la même prononciation que l devant i.
La graphie ss après voyelle longue s’est maintenue jusqu’au début de
l’Empire : câssus, etc. Dans les infinitiÊ du type amasse, ss est analogique
des doublets amâuisse, etc.
§ 43. — 2®Dans les groupes de trois consonnes ou plus, y compris géminée devant
ou après consonne ou semi-voyelle, la dernière consonne du groupe implosif a) a générale­
ment disparu, b) sauf dans les groupes -rps-, -rpt-, -Ipt-, -mps-, -ncs- (avec s non
suivi d'une consonne sonore'), c) et sauf s'il s'agissait de s simple devant une sourde ou
à la finale et de s dans le groupe rss ancien ou récent : dans ce cas, la consonne précé­
dente est le plus souvent tombée (pour le groupe *tst, cf. § 51, R i) ; d) l'occlusive
précédant s devant une consonne sonore s'est également amuîe et ce, avant la chute de cet s.
N.B. — La formule s’applique aussi à l’élément w de qu et de gu non voca­
lisé devant consonne (cf. § 45, 2° R 2).
Gp. JURET, p. 189 ss.; L eumann , § 144 ss.; L indsay , I V , § 157 ss.; M e il l e t -
V en d ryes , § 129, 130, 131 ; N iederm ann , § 100 ss.; P isani, § 77-79; 89-90;
S ommer , § 136 ss.; B assols , § 287; F a r ia , p. 260 ss.; K e n t , § 161 ; TTa g l ia -
viNi, § 82. — M ag n ien , B S L , 1933, p. 35-47; S t u r t e v a n t (rss), C R , 1904,
,
p. 159; T hurneysen (ksi), IF, 1907, p. i f r W oelfflin (prosa), A L L ,
1900, p. 8; H erm ann , Silbenbildung, p. 214-216. — V ää n ä n e n , § 116 s .
a) sarmentum, de *sarpmentom (cp. sarpiô); tormentum, de * torq'"-mentom
(cp. torqueö) ; quintus, de quincius; sparsi, de *spargs- (cp. spargô) ; fulsi, de
*fulgs- (cp. fulgeO) ; indultum, de *indidgtum (cp. indulged) ; dispiciö, de dis-
spiciô; causa, de caussa ( = cawssa).
Recompositions analogiques : qulnctus, uinctus, etc. Graphie étymolo­
gique : disspiciô. Les graphies du type caussa se sont maintenues jusqu’au
début de l’Empire.
b) carpsl, sarptus, scalptus ; sümptus ; sûmpsi; ânxius ( = ânesius). Mais
quini, de *quinqu(e)snoi, avec s devenu sonore devant n et amuï après chute
successive des deux consonnes précédentes (cf. d)).
A . MA.S1ET A
1
98 INFLUENCE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES CONTIGUS

c) testis, de *terstis (de *tristis selon § 40, 2®) ; tostus, de *torstos (cp. torreô,
de *tors- selon § 24, 3®) ; ostendô, de *obstendô; astuli (Charisius, I, 237, 2 K ),
de abstidi-, fais, mers (Plaute, Gist., 727, etc.), de faix, merx-, prô(s)sus, de
prôrs(s)us (de *prouorssos selon § 42, 2®); cëna, de *kerssnâ (cp. osque
kerssnaîs) en passant par *këssna, cesna (Festus, p. 222, 26). Mais perna, de
*persnâ (cp. Yâtûtt parsna, skr. pârsni-), avec s simple.
Recompositions analogiques : abstidi, sextus à côté de Sestius, faix,
merx; uorsus, prôrsus à côté de prôsa, dont le rapport avec le verbe (prô)uortô
s’était oblitéré. Graphie étymologique : dorsum (de dorssum), prononcé
dossum (cf. Veüus Longus, V II, 79, 4; Vairon, R .R ., II, 6, 5).
d) âla, de *aksla (cp. axilla), en passant par *azla avec sonorisation
et amuïssement de s selon § 42, 4®; iûmentum, de iouxmentom (C IL , I®, i
= youcsmentom), en passant par *youzmentom (même remarque que pour
âld). Mais alnus, où la constrictive l est conservée aux dépens de s, si le
mot provient bien de *al(k)snos (cp. lit. alksnis « aune ») et non de *aletios
(cp. avec un autre suliixe v.h.a. élira, « aune » de *alera). V oir aussi
en c), avec r conservé.
O n l’a vu plus haut ( § 1 2 in fine), la dernière consonne d’un groupe
implosif est en position particulièrement faible, sauf lorsqu’il s’agit d’une
constrictive. Etant donné le relâchement caractéristique du latin ancien
(§ 27, I®), ces consonnes ont généralement cessé d’être articulées et le
ressaut de tension des géminées a été supprimé. Par contre, la constrictive
s s’est maintenue, sauf devant une sonore, où son amuïssement, consécutif
à sa sonorisation, donc à un affaiblissement de nature, était régulier même
dans un gproupe de deux consonnes (§ 42®, 4).
L a chute d’une occlusive devant s -j- consonne est postérieure à la
syncope (§ 59). En effet, un mot du type *akslola aurait dû passer à *aslola
et non à *akslla, axilla selon § 45, 2®.
Dans les groupes mps, rps, mpt, rpt, Ipt, la labiale a une certaine résistance.
L a phase initiale de la dentale suivante, opérée avec la langue, n’abrège
pas sa tenue, puisqu’elle est articulée avec les lèvres, p se trouve donc dans
une position plus favorable que c, qui a disparu entre les mêmes consonnes
{sartus, de *sarctus, fultus, de *fulctus), parce qu’articulé avec la langue, il
était gêné par la linguale suivante. De plus, dans les groupes mps, mpt,
ainsi que ncs, ^ et c ont été conservés parce qu’ils n’exigeaient qu’un mini­
mum d’effort : w et />, w et c ont en effet respectivement le même point
d’articulation, les uns labial, les autres « guttural ». Il suffisait pour arti­
culer ^ et c de relever le voile du palais et d’empêcher les cordes vocales
de vibrer. Or, ces deux mouvements étaient facilités par l’anticipation de
la consonne sourde suivante, f ou j (cp. Juret, p. 199 et 202).

En sanskrit.
§ 43a. — I® Aucun changement correspondant.
2® Dans les groupes de trois consonnes, la dernière du groupe implosif
MODIFICATIONS QUANTITATIVES 99

s’est amuïe, y compris s, s; de même j s’est amuï devant k + consonne


(W 233). Les géminées se sont généralement simplifiées devant et après
consonne; la graphie est parfois hésitante (Brugmann 323).

En ionien-attique.
§ 43b. — 1° Aucun changement correspondant (pour -aa-, -yy-, inter-
vocaliques cf. § 42b, i et 5°).
2° Dans les groupes de trois consonnes dont l’élément médian était
une sifflante, la sifflante a disparu quand elle était précédée d’une liquide
et suivie d’une consonne sonore ; suivie d’une consonne sourde, elle subsiste,
mais la liquide précédente s’amuït phonétiquement. Une nasale précédant
la sifflante devant consonne a disparu (L 133 et 134). Placé entre occlusive
labiale ou « gutturale » et consonne, u s’est affaibli en h, transformant ainsi
l’occlusive précédente en aspirée (L 62). Les géminées se sont simplifiées
devant et après consonne (L passim).
3° w s’est amuï après S en allongeant éventuellement un 0 précédent
(chez Homère, en allongeant toute voyelle précédente ou en redoublant
le S) (L 71).
4° Les labiovélaires ont perdu leur élément labial devant j» (L 32).
Puis elles se sont palatalisées selon § 29b, 2° et 3°.

En osco-ombrien.
§ 43c. - 1° Pas d’exemples clairs.
2® Dans les groupes de trois consonnes, la dernière consonne du groupe
implosif, ainsi que t dans le groupe stl, s’est amuïe (B 116 et 122), sauf s’il
s’agissait de s; dans ce cas, les occlusives précédant s se sont amuïes; r suivi
de 5 -f- consonne a subsisté, mais a tendu à s’amuïr en ombrien, ainsi que
dans le groupe rstl en osque (B 95, 99 et 121). Les géminées se sont sim­
plifiées devant et après consonne.

En germanique.
§ 43d. — 1“ M ême phénomène qu’en latin (S 127).
2" Les dentales, les « gutturales » et, sauf en gotique, h sont tombés
devant s + consoime; de même, les occlusives dentales lE entre deux n
et entre n etj>; w entre consonne et y (S 129). Les géminées se sont sim­
plifiées devant et après consonne.

En vieil irlandais.
§ 43e. — I® Tendance au même phénomène qu’en latin (P 26, 3 et 6).
2® Une occlusive sourde a disparu entre liquide ou nasale et s, devant
s + consonne et souvent entre s et liquide ou nasale, s s’est amuï entre
liquide ou nasale et occlusive sourde, sauf dans les groupes nsk, nst, où
n s’est amuï (P 26). Parfois s s’est amuï dans le groupe str-; g" lE s’est
amuï entre consonnes (P 40, 2).
]
lOO INFLUENCE DES PHONÈMES SUR LES PHONÈMES CONTIGUS

Chapitre 2. Abrègement
et allongement de voyelles

En latin.

§ 44. — i" Devant une sonante suivie d’une consonne, une voyelle longue a
tendu à s’abréger à date ancienne et, à plus d’une reprise, au cours de l’histoire du
latin. Dès VIE, devant y et w, la voyelle s’est abrégée ou y et w ont disparu (Loi
d’Osthoff).
Cp. JuRET, p. 253 et 336; L indsay , II, § 147; M e il l e t -V en d ryes , § 163,
Rem. 2; PiSANi, § 27; B assols, § 151; K e n t , § 182; L eumann , § 43, 85 et
90; T a g l ia v in i , § 32 et 41, 7° s. — L o icq , iMtovms, X X I , 1962, p. 257-278.
amantis, flentis, thèmes en ä et en ë, dont la voyelle radicale n’est jamais
notée longue dans les inscriptions; claudô avec a bref supposé par -clüdô
selon § 57, 30) de *klâwdô (cp. clâuis, ion. xXïjtç).
*senciput (puis sinciput selon § 30, 1°), de *sëm(i)caput (pour n, cf.§ 26;
pour la chute de i, cf. § 59; pour i de a, cf. § 57, i®); princeps (cf. Serv. in
Donat., IV , 426, 34 K ), de *prim(o)caps (pour«, cf. § 26; pour e, § 61, 2®);
*sembella (puis simbella selon § 30, 1° Rem. 2), de *sëm(i)libella (avec
haplologie de H selon § 54); *noncupô (puis nuncupô selon § 30, i°), dérivé
de *nômi-cap-s (pour la chute de i, c f § 59, pour u de a, c f § 57= 1°)-
ditts, dans nüdiustertius, de *di(y)ëws (cp. skr. dyaûs), en passant par
*di(y)ews {diës semble analogique de *diëm)-, diem, de *di(y)ëwm, en
passant par *di(y)ëm (cp. skr. dyâm, grec homér. Z^v(a)).
Les sonantes sont caractérisées par un degré d’aperture presque aussi
grand que celui d’une voyelle. Lorsque la sonante commençait une syllabe
intérieure, la différence d’aperture, si minime fût-elle, créait entre elle
et la voyelle précédente une frontière syllabique normale et empêchait
tout empiétement. Mais, à l’intérieur de la même syllabe, cette différence
était en quelque sorte atténuée par la succession plus rapprochée des
deux séries de mouvements articulatoires. Si bien que la sonante a fini par
empiéter sur le temps de tenue de la voyelle précédente (cp. § 44, 2°).
Ce phénomène est, dans bien des cas, postérieur à la syncope.
L ’analogie a pu contrarier la tendance, d’où certains flottements.
C f p. ex.,fôntem (Probus, 6, 12 K et ital. fonte) sans doute d’après fôns, en
face defontem supposé par esp.fuente. Les voyelles allongées devant net, nx
(§ 44, 5°) tendaient à rester longues : quîn(c)tus, sânetus, etc. (Aulu-Gelle,
9, 6 et inscriptions). Les langues romanes font également supposer un î
dans qulntus, mais le plus souvent une brève dans les autres mots en -net-.
Pour un fait analogue, voir Loicq, Le.
MODIFICATIONS QUANTITATIVES lOI

§ 44. — 2° Une voyelle longue s'est abrégée devant une autre voyelle.
Cp. JURET, p. 347; L eumann , § 84; L indsay , II, § 143; M eillet -V endryes ,
§ 185; N iedermann, § 38; Pisani, § 26; S ommer, § 83; Bassols, § 150;
F a r ia , p. 204; K en t , § 183; T agliavini , p. 63 s. — L oefstedt , Eranos,
L X , 1962, p. 80-92; S onnenschein , GPh, 1911, p. i - i i .
fu i (Plaute, Rud., 901), def ü l (Plaute, Capt., 555) ; rei (Plaute, Men., 494),
de rêî (Plaute, Asin., 855).
L a phase initiale de la seconde voyelle a empiété sur la tenue de la
première et finalement cette première voyelle a été perçue comme une brève.
L ’abrègement s’est généralisé un peu après la mort de Plaute
(184 avant J.C .). Dans ses pièces, on trouve encore une alternance de
longues et de brèves dans ces conditions.
R E M A R Q IJE . — i dans les formes sans r de fiô (sauffit) a toujours
gardé sa quantité. L ’i des génitifs istîus, illius, sôlîus, tôtius, ûnîus, s’est géné­
ralement maintenu, mais dès Térence, on trouve parfois ces formes avec
un i bref, même en prose (cf. Cicéron, De orat., 3, 183). A côté de cette
évolution normale, la conservation, plus fréquente (cf. Quintilien, I, 5,
18), de i peut s’expliquer par un effort de l’attention intellectuelle pour
cette série spéciale de génitifs.
Les mots savants empruntés au grec, comme âër, Trôius, ont conservé
la quantité de la voyelle en hiatus, sauf en poésie si le mètre exigeait une
brève. Les formes du type diêî, concurrencées à l’époijue républicaine par
celles du type dit ou dië, redeviennent classiques à l’epoque d’Aulu-Gelle
(9, 4). Le 5 y est très probablement dû à l’influence du nominatif.
§ 44. — 3° Une voyelle brève s'est allongée par suite de l'amuïssement d'un s
sonorisé suivant ou de n devant s et f
Cp. J uret, p. 334 s.; L eumann, § 88; L indsay, II, § 144; M eillet-
V endryes, § 1 19; N iedermann, § 36; Pisani, § 24; Sommer, § 8 4 ,2 ; Bassols,
§ 145 s.; F aria , p. 207 s.; K ent, § 184; T agliavini, § 41. — Bolelu ,
ASNP, 1941, p. 802 s.; H ermann, Silbenbildung, p. 204-209; K ent, Language,
1928, p. 182.
N.B. — Pour la sonorisation de j devant consonne sonore, cf. § 24, 2° et 3°.
sidô, de *si-zd-ô (de *si-sd-5 , cp. sed-eô) ; pönö, de *poznô (de *posnô,
*po-sinô, cp. sinô, d’après § 59).
cô(n)sul; i(n)fâ(n)s.
L a voyelle a recueilli les vibrations glottales préparées pour la sonore
suivante et sa tenue s’en est trouvée allongée. Dans le cas de n devant s et ƒ,
la voyelle est restée longue après le rétablissement analogique de la consonne
(§ 42, 3°). Dans pônô, le phénomène est postérieur à la syncope.

§ 44. — 40 Une voyelle, sauf i, s'est allongée par suite de l'assourdissement


d'un g suivant dans les mots offrant un rapport clair avec lesformes connexes en g.
Cp. J u ret , p. 334 s.; L eumann , § 89 et 93; L indsay , II, § 144; M e il l e t -
V en d ryes , § 119; N iederm ann , § 36; PIsani, § 25; S ommer , § 84, 2. —
P edersen , N T F , Sér. III, V , 32-38; D u r a n d , Voyelles longues et voyelles
brèves, Paris, 1946, p. 173; K e n t , Language, 1928, p. 181-190; M e il l e t ,
10 2 INFLXJENCE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES CONTIGUS

M S L (fissus, strictus, etc.), 1908-1909, p. 265-268; Ba r t o u , SIFG, X X ,


*943; P- 59"77 (adâctus); D evo to , R IG I, 1924, 1-2, p. 101-104; F ouch é ,
Mél. Dauzat, 1951, p. 81-98; M aniet , Horn. Niedermann, 1956, p. 230-237;
O e r t e l , AJPh, X X V I , p. 91 SS.; Sommer, Kritische..., p. 173; Bassols,
§ 148; F a r i a , p. 205 s.; K ent , § 184, I II; T agliavini , p. 279.
âctus, pàctus, lëctus, rêctus, participes de ago, pangö, lego, regö; mäximus
(cp. C IL , V I, 2080), de *mag-somos (cp. magnus); adäxim, de *adag-s-
(cf. explication e).
V oir 1’explication du paragraphe précédent.
a) La voyelle i, la plus brève de toutes, a sans doute été allongée quelque
peu par compensation, mais pas suffisamment pour égaler une longue
normale : d’où strictus, de stringô (cf. franç. « étroit », avec oi venant de ï ) .
uisus, en principe de *widtos, uîssus (d’après § 37, 3°), a sans doute un i
d’après le supin uisum, sinon d’après le parfait uidi (voir c, le cas de êsus,
cäsus). Le contraste entre le maintien de i après l’assourdissement d’une
occlusive sonore et son allongement après la chute de s sonore et de n
(§ 44j 3°) s’explique par le fait que la tenue d’une spirante ou d’une nasale
est plus longue que celle d’une occlusive. L ’allongement compensatoire
a donc été plus marqué. Pisani (l.c.) croit que l’i de strictus est analogique.
L ’hypothèse est plausible, mais ne s’impose pas.
b) L ’assourdissement de la seule « gutturale » g, semble-t-il, a pu allonger
la voyelle précédente : on a en effet passus, de *pad-tos (cp. pandô) ; -sessus,
de *-sed-tos (cp. sedeô) ; nuptus, en face de nübô (avec ü de *eu, degré plein) ;
uectus, de *wegh-tos (cp. uehô, pamphylien F s^^stco « qu’il transporte »)... en
face de âctus, etc. L ’explication réside sans doute dans le caractère des
« gutturales », plus ferme que celui des dentales et des labiales (cf. § 27, i®).
Pour uectus, de *wegh-tos, voir d) in fine.
c) L ’ë de ës(s)sus, en principe de *ed-tos (cp. edô), semble être dû à l’influence
du supin ës(s)um-, de *ëd-ium (de la racine *ed allongée; cp., en dehors du
latin, lit. e(d)mi « je mange » avec ë, v.si. jastü « il mange », avec a de *ô)
et l’â de càs(s)us, en principe de *kad-tos (cp. cadô) à l’analogie du supin
câs(s)um, de *kâd-tum (d’une racine *kad allongée; cf. sans allongement
skr. çad- « tomber», Pokorny, p. 516). Voir Maniet, Le.; Fouché, l.c.
d) Le phénomène de l’allongement compensatoire dû à l’assourdissement
de g est propre au latin. Il est donc fort probable qu’un mot du type
*leg-tos ait commencé par devenir *lektos (cp. grec Xsxtôç, skr. yuktàh,
de *yug-tôs, yunàkta, de *yu-n-ég-te, de la racine *yeugjyug « joindre »).
Par la suite, les usagers du latin tentèrent une restitution de la sonore,
par analogie avec les formes où elle était restée, comme lego : d’où *leg-tos.
Cette sonore, n’étant pas viable devant une occlusive sourde, s’assourdit
de nouveau, cette fois avec allongement compensatoire. Par contraste
avec le premier assourdissement, cet allongement semble dû au soin apporté
à émettre autant que possible les vibrations glottales devant la sourde
(cf. Maniet, Le.), axis (avec a, cf. Gharisius, I, i i , 22 K ), de *ag-sis, n’offrait
MODIFICATIONS QUANTITATIVES 10 3

plus de rapport clair avec *ag. Le g n ’y a donc pas été rétabli et a est
resté bref.
Dans un mot comme uectus, de *wegh-tos, la restitution analogique
de la « gutturale » n’avait pas de raison d’être, puisque le phonème *gh
était devenu h entre voyelles : uehô (cf. § 65).
e) Le phénomène de l’allongement, phonétique et analogique, est antérieur
à l’apophonie. Sinon, au lieu de p. ex. adäctus, adâxim, eßiräctus, compäctus,
de *adagtos, *adagsim, *exfragtos, *compagtos, on aurait *adëctus, *adêxim,
*effrêctus, *compëctus, de *adegtos, *adegsim, *ejcfregtos, *compegtos, avec e selon
§ 5?5 2° (cp. ejfectus, effexim, de *effiactos, *effaxim). Les présents adigô, effringô,
compingô, montrent que les composés de ces verbes ont subi l’apophonie
là où la voyelle était brève.
§ 44. — 5° Une voyelle brève s’est allongée devant les groupes -net, -nx-.
Cp. JuRET, p. 333 SS.; K ent , § 184, I l b; Bassols, § 47; L e Umann, § 90;
I jndsay, p. 140; N iedermann, p. 73; Pisani, § 24; S omsœr, § 83.
sänctus, iünctus, functus, coniünx, etc. (cf. Aulu-CîeUe, g, 6 et nombreuses
inscriptions). Cf. § 44, 1° explication in fine. L ’i de quîntus (de quinctus,
conservé dans les graphies Quinctius, Qiùnctüis) a probablement influencé
celui de quînque.
E h sanskrit.
§ 44a. — I ° Les diphtongues à premier élément long ont eu cet élément
abrégé devant consonne (mais parfois âi, âu sont devenus â) (W 91 et 92).
2° En védique, tendance au même phénomène en sandhi externe
(Brugmann 354, II i).
3° i et U se sont allongés par suite de l’amuïssement d’une spirante
devant consonne sonore (W 40).
4° Aucun changement correspondant.
En ionien-attique.
§ 44b. — 1° Même tendance qu’en latin (L 224).
2° Tendance analogue à celle du latin, mais récente et réalisée surtout
pour 7] (L 279 à 282).
3° Une voyelle brève s’est allongée par suite de l’amuïssement de rs
devant ou après liquide ou nasale et de -sw- ancien (L 228 et 229).
40 Aucun changement correspondant.
5° Une voyelle brève s’est allongée par suite de l’amuïssement de
nasale après liquide; et, en ionien, de w après liquide ou nasale; les voyelles i,
E, U, par suite de l’amuïssement d e y après liquide ou nasale (L 228 et 229).
En osco-ombrien.
§ 44c. — i'>-2‘^ Pas d’exemples clairs.
30 En osque, une voyelle s’est allongée par suite de l’amuïssement
de s dans le groupe -rs- intervocalique ancien; en ombrien, probablement
104 INFLUENCE DES PHONÈMES SUR LES PHONÈMES CONTIGUS

par suite de l’amuïssement de h provenant de ƒ ou de A: devant t (B 59)


(BO 34). En osco-ombrien, les voyelles ont tendu à s’allonger devant *ns,
nf{?), *nkt (B 58) (BO 34).
4° Aucun changement correspondant.

En germanique.
§ 44d. — 1° Même changement qu’en latin (Brugmann 310).
2'^ Aucun phénomène correspondant.
3° Aucun changement correspondant {s ne s’étant pas amuï au contact
d ’une sonore).
4° Aucim changement correspondant.
5“ Une voyelle brève s’est allongée par suite de l’amuïssement d’une
nasale devant h (S 93) et, en v. anglais, devant s, f , p.

En vieil irlandais.
§ 44e. — 1° Même phénomène qu’en latin (P 130).
2” et 4® Aucun changement correspondant.
3®e tonique s’est allongé par suite de l’amuïssement de n devant occlusive
sourde ou s, sauf si ces derniers faisaient partie de certains groupes conso-
nantiques (P 70, 3).
6® Une voyelle s’est allongée par suite de l’amuïssement d’une « gut­
turale » ou d’une dentale devant sonante selon § 42e, 6® et 7® (P 36 ; 44 ;
53; 58; 62).

Chapitre 3. Développement de voyelles


ou de semi-voyelles

(IN D ÉPEN D A M M EN T DE LA D IF FÉ R E N C IA T IO N )

§ 45. — I® Une voyelle a eu tendance à s’insérer notamment entre occlusive et 1,

entre consonne et semi-voyelle, lorsque ces groupes étaient suivis d'une voyelle (anaptyxe).
Cp. JURET, p. 146; M e il l e t -V en d ryes , § 204; PiSANi, § 41 ; B assols,
§ 194; F a r ia , § 46 R .; K en t , § 124; S ommer , § 87; T a g lia v in i , § 44. —
D e G root (anaptyxe)', H ermann , Silbenbildung, p. 226-228; M e r l o , ASNP,
1936, p. 83; L enchantin , R F C , X L V I II, 1920, p. 40 ss.
Hercules en face de hercle, pôculum en face de pôclum', stabulum, stabilis,
de *stadhlom, *stadhlis', facilis, de *faclis',
adagium ( = adagiyum) en face de aiô, de *agvô (cf. § 29, 2®).
L ’attaque d’une sonante a tendance à faire naître une voyelle embryon­
naire. Cette voyelle s’est très souvent développée en position finale entre
MODIFICATIONS Q,UANTITATIVES 10 5

occlusive et l, sauf dans le groupe mpl, oùp servait déjà de son de transition
(on peut cependant citer extempulô, Plaute, AuL, 93, etc., à côté de extemplo).
Se trouvant ainsi en syllabe intérieure ouverte, la voyelle a pris le timbre u
devant l vélaire et i devant l suivi de i, selon § 57, 1°. Pour le groupe
consonne + ri ou lu, cf. § 40, 2°.
En syllabe intérieure ancienne, le phénomène est exceptionnel. Il
aurait produit des mots d’au moins quatre syllabes, que la syncope tendait
à éliminer^^. Même dans les mots de trois syllabes, le groupe -cio- était loin
d’être toujours remplacé par -culo-. En latin vulgaire, cf. Väänänen, § 67.
Parallèlement à ce qui s’est passé dans le groupe occlusive + l, un
élément vocalique s’est très généralement développé entre une consonne
quelconque et j ou w. Son point d’articulation était naturellement i devant
le premier, u devant le second. C ’est une des différences les plus marquantes
entre le latin ancien et le grec, où p. ex., ôlXXoç ionien-attique, de *alyos,
répond à latin alius ( = aliyus). Il n’est pas toujours aisé de distinguer
l’insertion d’une voyelle entre consonne et semi-voyelle de celle d’une semi-
voyelle entre i, u, et voyelle de timbre différent (§ 37, 1°).

§ 45. — 2° Une voyelle s'est développée entre occlusive et liquide ou nasale


devant consonne (samprasârana « dissociation »). Il ne s’agit pas des liquides
ou nasales voyelles, qui sont de date indo-européenne.
Gp. JURET, p. 147 s.; L in d sa y , V , § 24; M e il l e t -V en d ryes , § 175; N ied er ­
m ann, § 20, 2°; B assols , § 164; F a r i a , p. 190; K e n t , § 124; T a g l ia v in i ,
§ 43 R . — M e r l o , ASN P, 1936, p. 83; S tr o d a c h (elhlillo); W o elfflin
(ello- analogique), A L L , 1902, p. 301-308.
*agerlos (d’où agellus selon § 22, 3°), de *agrlos, issu de *agrolos selon § 59;
pôcillum, de *pôcllom, de ^pôclolom selon § 59; *sigifdom (d’où sigillum selon
§ 23, 5“), de *signlom, issu de *signolom selon § ^gifacultâs, de *facltâs, issu
de *faclitàs selon § 59 [cp. facilis, de *faclis selon § 45, facilitas est un
doublet non phonétique construit surfacilis) ;
sacer, de * seders (avec r de rs, rr, selon § 23, 8° et 62, 4°), issu de sakros
(C IL , I*, i) ; âcer, de *âkrs (avec r de rs, rr, selon § 23, 8° et 62, 4®), issu
de *âkris.
L a syncope en syllabe intérieure et finale faisait de la sonante dans les
cas cités le centre de la syllabe. Mais le latin n’admettait pour cette fonction
que des voyelles. Entre l’occlusive et la liquide ou la nasale, il s’est donc
développé une voyelle qui est devenue elle-même centre de syllabe. Cette
voyelle devant r est naturellement e (cp. § 57, 1“ A explic. in fine), qui
;aibsista même après passage de rl à II-, devant l vélaire on a m selon § 57, i®

En dehors du groupe occlusive -f- l, on peut citer le nom propre Cliteminestra, de


l\ÀuTaip.v^oTpa, d ’autre part, mina, de pvä, tecina, de Tsyvä, drachuma, de Spœxirâ. Il s’agit
lans tous ces cas de mots étrangers, où le latin a dissocié les groupes mn, en, cm, qui ne
;.lisaient plus partie de son système, sinon, pour mn, dans l’un ou l’autre cas isolé, comme
■ ihonnus. Pour damnum, cf. § 37, 2° N.B.
1
io 6 INFLUENCE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES CONTIGUS

et 30, 40 et devant n et II on a i (on trouve des formes en -ello- : scabellum,


à côté de scabillum, de *scabnolom; ocellus, de *oclolos, qui sont peut-être
dues à l’analogie des formes du type agellus).
R E M A R Q U E S . •— i. Entre liquide et consonne, une nasale s’amuit ;
forceps, de *form(o)caps.
2. Certains auteurs (Juret, op. cit.) voient dans le passage du type
*agrolos à *agerlos, agellus, un phénomène d’interversion. Mais il est difficile
d ’admettre que le groupe ro interverti en or ait pu passer à er devant consonne
(cp. par ex., extorris, etc., § 57, 2°).
3. Lorsqu’une voyelle s’amuïssait aprèsjv ou w précédé d’une consonne,
ces semi-voyelles se vocalisaient respectivement en i, u : abiciô, de *abyciô,
issu selon § 59 de abyiciô, état apophonique de *abyaciô (cf. Birt, RhM,
i8g6, p. 70-108,• la scansion âbiciô représente une prononciation abyiciô
qui est une recomposition d’après iaciô, abiëcl etc.; cp. Exon, Ha, 1905,
p. 129-163); percutiô, de *perqwtiô, issu selon § 59 de *perqwatiô.

§ 45. — 3° Signalons aussi le développement d’une voyelle qui semble provenir


de la réduction d’une brève lE non totalement amuïe et notée généralement Cette
voyelle a le timbre a en dehors de l’analogie et sauf devant semi-voyelle, où elle est
devenue i devant y et \x devant w.
carô, de *kPr0n, cp,, au degré plein, grec xsipco « couper », de *keryô;
calâtor, de *k°l, cp., au degré plein, grec xéXaSoç « bruit »;
maneô, de *m°n, cp., au degré plein, grec [i.£vü) « rester »;
quattuor, de *k"‘°t-, cp., au degré plein, got. fidur, avec i de lE e selon § 65.

En sanskrit.
§ 45a. — I®Même tendance qu’en latin, mais qui est loin d’être toujours
attestée par la graphie (W 49 ss.).
2® Aucun phénomène correspondant, faute de syncope.
3° M ême phénomène qu’en latin; la voyelle développée est i, u, devant
liquides, et, respectivement, devantj» et w, a ailleurs (Brugmann 188 et 200).

En ionien-attique.
§ 45b. — I® Aucun changement régulier correspondant.
2® Aucun phénomène correspondant, faute de syncope.
3® Même phénomène qu’en latin; la voyelle développée est i et u
respæctivement devant et w, sinon a, parfois i devant dentale (L 209 ss.).
4® Un_y s’est inséré très sporadiquement entre t et u, d’où passage de ry
à G selon § 29b, 3® (L 52).

En osco-ombrien.
§ 45c. — I® En osque, une voyelle s’est très souvent insérée entre une
liquide ou ime nasale et une consonne suivante ou précédente (B 62)
(BO 38). Pour le timbre de cette voyelle, cf. § 47c.
2® Même changement qu’en latin (B 71) (BO 38).
3® Même phénomène qu’en latin ; la voyelle développée est a (B 76 et 77).
MODIFICATIONS QUANTITATIVES 10 7

4° Un j; a eu tendance à s’insérer entre les dentales et u : semble


alors représenter ü (B 47, BO 23 et Bolelli, R A I, sér. V II, vol. IV , 1943,
p . 19 8 S S .) .

En germanique.
§ 45d. — 1° Cas sporadiques analogues.
2® En v.h.a., développement par samprasâraria de a devant Z, r, n,
de U devant m (Brugmann 350).
3° M ême phénomène qu’en latin ; la voyelle développée est «, rarement
a et, devant j;, toujours i (Brugmann 194).

En vieil irlandais.
§ 45e. — I® U n i a tendu à s’insérer entre consonne e ty (P 22).
2® M ême tendance qu’en latin et, en outre, dans le cas d’une liquide
ou d’une nasale précédées d’une occlusive ou de m en finale après dispa­
rition de la voyelle lE finale (P 158). Le timbre de la nouvelle voyelle est a,
saufen certains cas de dilation et d’assimilation (P 106, 2).
3® Même phénomène qu’en latin; la voyelle développée est a, mais,
devant^ et w, i et u respectivement (P 7, 2; 8, 2).
T
Livre Deuxième
Influence des phonèmes
sur les phonèmes non contigus

Chapitre 1. La dilation
Cp. R ousselot , p. 982 SS.; G rammont , p. 251 ss.; D ie t h , p. 264 ss. et
317 ss.

D É FIN IT IO N ET M ÉCANISIVIE

§ 46. — L a dilation est l’action par laquelle un phonème étend en tout


ou en partie ses mouvements articulatoires à un phonème non contigu.
C ’est donc une assimilation à distance.
Comme l’assimilation, elle suit la loi du plus fort et elle peut être
progressive (en vertu d’un phénomène d’inertie) ou régressive (en vertu
d’un phénomène d’anticipation). Son mécanisme diffère cependant en
plus d’vm point de celui de l’assimilation, ce qui justifie son appellation
spéciale. Du fait que les deux phonèmes en cause ne sont pas en contaet,
il ne peut y avoir, dans l’exécution organique, de fusion entre la phase
terminale de l’un et la phase initiale de l’autre. L ’influence du pho­
nème assimilant doit s’exercer au-delà du phonème ou des phonèmes
intermédiaires (d’où le terme « dilation », transport à distance); ceux-ci
gardent naturellement leur incidence sur le phonème assimilé. O n comprend
dès lors que la dilation n’ait lieu que si son résultat est un phonème en
harmonie avec les phonèmes contigus. D ’autre part, il faut que les deux
phonèmes, l’assimilant et l’assimilé, aient entre eux une certaine affinité
articulatoire (voyelle et voyelle, consonnes de même espèce) : c’est l’inter­
férence partielle des deux images qui, moyennant des circonstances favo­
rables, permet à l’une d’entre elles de se substituer à l’autre, en tout ou
en partie.
1 10 INFLUENCE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES NON CONTIGUS

SECTIO N 1. D ILATIO N VO CA LIQ U E

N.B. — La dilation vocalique est également appelée métaphonie, inflexion,


Umlaut.

Cp. JuR E T , p. 356 s.; L eumann, § 79 s.; M eillet -V endryes , § 187; Pisani,
§ 13 et 14 ; S ommer, § 79; Bassols, § 199; K ent , § 88, I I I d. — S ommer, IF,
1900, p. 325 SS.; Basset ; S chopf .

/. Dilation régressive

§ 47. — 1° Les voyelles o, i, ont parfois transformé respectivement en o, i,


un e de la syllabe précédente.
homô, s’il vient d’un plus ancien hemô (P. Festus, 89, 8 : hemonem hominem
dicebant-, cp. nëmô, de *ne-hemô, mais voir § 30, 5“, R E M . i) ; glomus, de
*glemos (forme conservée dans giemo, ital. septentr.); socors, de secors
(G.L., IV , 282, 52 K ); uigil, de *uegil (cp. ueg-etus)-, nihil, de ne-hilum;
nisi, de nesei (CIL, I^, 366) ; nimis, de *nemis.
Les voyelles 0, i, possèdent un caractère spécifique bien accusé : 0 est
caractérisé par la projection des lèvres et par une grande résonance, i est
la voyelle extrême et la plus aiguë de toutes, e, par contre, est une voyelle
effacée : son aperture est moyenne, sa sonorité est moyenne, l’étirement
des lèvres qu’elle requiert est moyen (cp. § 30, 2®et 3®; 32, 4®). Les timbres 0
et i ont donc pu aisément s’imposer à l’attention, bien qu’ils se soient
trouvés, dans la plupart des exemples cités, dans une syllabe atone et e
dans la syllabe tonique. Cette position défavorisée était d’ailleurs compensée
par le fait que ces voyelles se trouvaient plus avant dans le mot (cf. § 48
explication).
R E M A R Q U E . — Dans rutundus, doublet de rotundus, la voyelle a s’est
assimilé un 0 précédent; il n’y a là rien d’extraordinaire, puisque son
caractère spécifique est encore plus marqué que celui de 0 et qu’en outre
elle se trouvait dans la syllabe tonique.
En latin populaire, il semble que a ait pu aussi imposer son timbre
à un c de la syllabe précédente : Sabastianus (C IL , X I, 3238), pour Sebas-
tiânus. L ’action du premier a était renforcée dans ce cas pcir celle du second.
Mais il s’agit peut-être d’une erreur du lapicide.
Notons aussi sine de *s“ni, cp. v.irl. sain, mégar. aviç, etc., dont le a
provient d’une voyelle réduite (§ 45b et e, 3"); cette voyelle, avant de
passer à a selon § 45, 3°, a subi l’influence de i, avant la transformation
de celui-ci en e selon § 61, 1°.
Dans des mots tels que leuis, breuis, seuênts, le p a ss é e de e à 0 selon
§ 30, 2® a dû être contrecarré au moins en partie par la présence des
voyelles prépalatales i et ê (très fermé en latin). Ce phénomène est patent
dans le cas de bene, issu de *dwenëd, en regard de duonos, issu de dwenos
(cf. § 30, 30).
LA DILATION I 11

//. Dilation progressive

§ 47. — 2° Une voyelle de la première syllabe a parfois maintenu inchangée une


voyelle de même timbre de la syllabe intérieure qui, normalement, devait prendre un
timbre différent.
Cp. Bassols, § 127; K en t , § 200, V I I a; L eumann , § 80; M e il l e t -
V en d ryes , § 187; N iederm ann , p. 30; P isani, § 46; S ommer , § 76 A ;
T a g l ia v in i , § 38.
elementum; sepelire ; uegetus ; hebetis (génitif de hebes); segetis (génitif de
seges) ; calamitâs; alacer; anatës (nom. pluriel de anas, Varron, R.R., III, 3, 3)
et anatium (génitif plur., ibid., I l l , 5, 14; III, i i , i), en regard de anites
(Plaute, Capt., 1003) et de anitum {Cicéron, De nat. deorum, 2, i2 f) \farfarus
en face de farferus; barbarus; cônsobrinus en face de cônsubrinus (CIL, III,
1931)-
En vertu du phénomène de l’apophonie (cf. § 57, 1° et 2°), les voyelles
intérieures, dans les exemples cités, devaient passer à i ou, devant r, à «;
le second 0 de cônsobrinus devait se transformer en u. La voyelle de la syllabe
initiale semble donc avoir exercé sur la voyelle intérieure une action
conservatrice. Les conditions de ce phénomène ne sont pas claires; en plus
d’un cas, on peut l’attribuer à une influence dialectale (cf. Ernout, Eléments,
p. 38-45; Devoto (alacer), R F C , 4, p. 518-522) ou à l’analogie.
N.B. — camera et camara représentent grec Ra[xdcpa, probablement l’un
par voie populaire, l’autre par voie savante.

§ 47. — 30 Les voyelles ï et o de la première syllabe ont parfois imposé leur


timbre à une voyelle intérieure qui, normalement, devait avoir un timbre différent.
uiginti, au lieu de *u\gentv, uicissim, au lieu de *uicessim ou de *uice-cessim
selon § 54; praefiscini, de *prai-fescini, de prai et fascinum; cicindëla, à côté
de cicendula, de candeô-, Modoratus (CIL, V III, 10798 et 10830) pour Mode-
ràtus-, oppodum {Lex. agr., 81), pour oppidum-, tonotru (App. Probi), pour
tonitru.
Pour la dilation progressive positive de i, une condition spéciale semble
requise : la présence d’un second i ou d’un ê (très fermé en latin) dans la ! /'
syllabe suivant la voyelle assimilée. C ’est l’action combinée de ces voyelles
fermées qui a pu fermer complètement la voyelle intérieure en position
entravée, contrairement aux lois de l’apophonie (cf. § 57, 2®).
R E M A R Q U E . — L ’i intérieur de trigintà, quadrägintä, etc., est analo­
gique de celui de uiginti.
Les cas de dilation progressive positive de 0 ne se trouvent qu’en latin
populaire. (Peut-être est-elle cause aussi du 0 de prô portiône, syntagme
d’où vient pröportiö, s’il est issu de prô *pertione, lui-même de prô *partiône.
La voyelle intérieure y aurait subi l’influence des deux 0 qui l’entouraient.
Cf. Walde, IF, 1921, p. 93; voir aussi Bréal, M SL, 1884, p. 27. Mais/iro
portiône peut provenir du mot phonétique prô ratiône. La syncope de a selon
II2 INFLUENCE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES NON CONTIGUS

§ 59 et la dissimilation du premier r selon § 51 en auraient fait portiöm,


devant lequel on aurait rétabli prô. Cf. Ernout-Meillet, s.v.) Sans doute
la première syllabe était-elle prononcée par le peuple avec plus de relief
encore et la voyelle apophonique avec plus de négligence que par les classes
cultivées (cp. Kent, T A P h A , 1922, p. 63-72). C ’est ce facteur physiologique,
qui, joint au caractère spécifique notable de 0, a pu provoquer la dilation
du timbre o.
La dilation positive semble s’être réalisée plus aisément en latin sous
sa forme régressive que sous sa forme progressive. Cf. § 48, explication 2.
En sanskrit.
§ 47a. — 1° et 3“ Aucun changement correspondant, sinon sporadi­
quement dans les dialectes populaires.
En ionien-attique.
§ 47b. — 1“ Quelques exemples sporadiques, tels que ’ Op^opsvôç, de
’Epxopisvôç, ßißXtov, de ßuSXiov, de xsiXtoi (avec si notant ê fermé) ;
ifLocTiov, de Eip,aTiov (avec si notant ê fermé) (L 254).
3° Quelques exemples sporadiques, comme ôSoXôç, de o6sXôç, [iiyE0oç,
de [j,éya0oç (L 254).
En osco-ombrien.
§ 47c. — 1° et 30 L a voyelle développée (selon § 45c, i<>) entre liquide
ou nasale et une autre consonne a pris le même timbre que la voyelle de la
syllabe à laquelle appartenait cette liquide ou cette nascde, c ’est-à-dire
celui de la voyelle précédente, si elles précédaient la consonne, celui de la
voyelle suivante, si elles la suivaient (B 62) (BO 38).
En germanique.
§ 47d. — 1 ° En nordique et en westique, e accentué s’est fermé en i
devant i et y placés dans la syllabe suivante, mais il subsiste devant 0 (S 63).
i et U anciens s’y sont ouverts respectivement en ^ et o devant à, o, ä
tendant vers ë ouvert, s’ils n’en étaient pas séparés par i ou^ ou par nasale
-)- consonne (cf. § 3od, i®). L ’analogie a fortement contrecarré ce phéno­
mène (S 68 et 70). e accentué s’est également fermé en i devant la voyelle
fermée u de la syllabe suivante (Grammont, p. 256). En outre, devant î ou y
de la syllabe suivante, les voyelles mentionnées ci-après, notamment, se
sont fermées : germ, a en e (nord, et west.); germ, ö en ë (anglo-saxon),
üe (m.h.a. = u français) ; germ. « en^ (anglo-saxon = u français), ü (m.h.a.,
même remarque). Certains groupes consonantiques et germ. A:, h, ont
parfois empêché cette dilation d’aperture (Grammont, p. 260).
3® Quelques exemples sporadiques.
En vieil irlandais.
§ 47e. — I® Pas de changement exactement correspondant, mais,
devant les voyelles et la semi-voyelle fermées i, u et y appartenant à la
syllabe suivante, les voyelles irl. à, e, 0, de la syllabe accentuée se sont
LA DILATION II3

fermées d’un degré (P 178). Mais e n’est pas devenu i lorsqu’il était suivi
de la fricative vélaire ch ou des groupes ss, st, sc, / ou r + consonne. Inver­
sement, O accentué s’est ouvert en a devant un a intérieur (cimuï par la suite)
appartenant à la syllabe suivante (P 179, 2), Pour la dilation en syllabe
atone, cf. § 57e, 2". Quant à ë ouvert (qui devait se diphtonguer par la
suite en syllabe accentuée), il est devenu ê fermé (non diphtongué par la
suite) sous l’influence d’une voyelle ou d’une semi-voyeUe prépalatale
suivante (P 175)-
3“ Quelques exemples sporadiques.

S E C T IO N 2. D ILA TIO N CO N SO N A N TIQ U E

En latin.

§ 48. — Une consonne labiale ou labiovélaire a parfois exercé une action dilatrice
sur une labiale précédente ou une labiovélaire suivante.
Cp. G rammont , p. 253 s.; JURET, p. 245; L eümann , § 113; L in d sa y , IV ,
§ 163; M e il l e t -V en d ryes , § 16 et 102 R .; P isani, § i 12 et 148; S ommer ,
§ 1 1 2 ; B assols, § 297; F a r ia , p. 232; K e n t , § 192; T a g l ia v in i , § 53 R . —
H orton -S mith (barba), C R , 1896, p. 429 s.; M e il l e t (barba), M SL ,
1905, p. 215-217; M ü l l e r (barba), IF, 1921, p. 172-189; S chopf , Fern­
wirkungen-, V en d ryes , M SL, 190g, p. 53-58.
bibô, de *pibô (cp. skr. pibati « il boit ») ; *quenque (puis qulnque selon
§ 30, 1°), de ^penk'^e (cp. grec TrévTe), *k'°oK^ô (puis coquô selon § 41, 1°),
de *pek'"o (cp. skr. pâcati « il cuit ») ; barba, au lieu de *farba, de *bhardhâ
(cp. v.h.a. bart)-, prope, de *proK"e {cy>. proximus).
1. Dans bibô et barba, c’est le caractère sonore du b qui s’est imposé,
par anticipation des vibrations glottales, à la sourde précédente de même
point d’articulation. Dans *bhardhà, V f issu de bh a sans doute commencé
par devenir v sous l’influence du v provenant de dh après r (§ 36, 2” c) et
chacun des deux v a ensuite passé spontanément à b, la fricative labiale
sonore ne faisant pas partie du système phonétique du latin (du moins
avant la seconde moitié du i®^ siècle de notre ère). Cette transformation,
plus complexe que dans le cas de bibô, a exigé une condition supplémentaire :
le caractère appuyé et donc physiologiquement plus fort du b assimilateur
(cp. § 50, 1° explication). Dans fiber, de *bhibhros (cp. v.h.a. bibar « castor »),
b non appuyé n’a pu assimiler/.
Dans *penk'"e et *pek^ô, p est sans doute devenu d’abord pw, puis l’image
de la labiovéleiire s’est substituée complètement à ce phonème instable
(cp. § 29, 1°).
2. L a labiale sonore et la labiovélaire, à cause de leur complication
articulatoire, plus grande que celle des labiales simples et sourdes, ont pu
attirer davantage l’attention et ainsi jouer le rôle actif dans la dilation.
Elles avaient également pour elles dans les exemples cités un facteur impor­
II4 INFLUENCE DES PHONÈMES SUR LES PHONÈMES NON CONTIGUS

tant : leur position plus avancée dans le mot. Toutes choses égales d’ailleurs,
un phonème est d’autant plus favorisé dans l’exécution organique qu’il
se trouve placé plus avant dans le mot. Dans la conversation, en effet,
la pensée poursuit sans cesse sa marche vers l’avant, suscitant au fur et à
mesure l’image des mouvements à exécuter. Mais ces images se succèdent
à un rythme tel que l’exécution ne peut se réaliser qu’avec un retard rela­
tivement grand : la pensée est déjà pour le moins à la fin du mot, quand
l’articulation n’en est encore qu’à son début. Dans ces conditions, il est
naturel que ce soit la partie la plus avancée du mot qui corresponde le
plus fidèlement à l’image motrice, le reste étant un peu négligé à ce point
de vue. De deux phonèmes susceptibles d’exercer l’un sur l’autre une
influence quelconque, le second agira donc plus facilement sur le premier
que le premier sur le second.
Certaines conditions peuvent empêcher la réalisation de cette tendance,
p. ex., si l’attention intellectuelle se porte particulièrement sur la première
partie du mot ou si la déficience du souffle, la hâte, l’absence de phonème
aux caractéristiques frappantes ou la crainte d’une difficulté articulatoire
en cas de dilation régressive privent de leur force d’attraction les parties
placées plus avant dans le mot. Ainsi, dans prope, de ^prok'^e, contrastant
avec quinque, de *penk'”e, le sens non régressif de l’assimilation est dû
au désir d’éviter la production du groupe compliqué *kwrokwe et peut-être
aussi à l’influence analogique de pró, qui a pu contribuer à conserver la
syllabe pro.
En sanskrit.
§ 48a. — !<’ Dans la suite lE s...s, *z ou f, s a tendu à devenir s ou f
(W 197).
2“ n s’est cérébralisé en sous l’influence des cérébrales s, r, f, précé­
dentes et non contiguës, sauf notamment si entre les deux phonèmes ou
après n se trouvait une consonne (palatale ou dentale) exigeant un dépla­
cement de la langue vers l’avant de la voûte palatine et sauf en cas de
différenciation ou de dissimilation préventives (§ 38a, 30 et 53a, 4°) (W 167).

En iojiien-attique.
§ 48b. — Cas sporadiques (L 47 et 54).

En osco-ombrien.
§ 48c. — Pas d’exemples clairs.

En germanique.
§ 48d. — lE k'" est parfois devenu ƒ en germanique commun sous
l’influence d’une consonne labiale précédente (Brugmann 258, 5).
En vieil irlandais et en gallois.
§ 48e. — Dans la suite lKp...k'", p est devenu k'" (P 59).
LA DISSIMILATION II5

Chapitre 2. La dissimilation

Cp.'&K\SGMAîiii,Abhdl.Phü. Hist. Kgl. Sächs. Gesellsch. Wiss., 1909,p. 139-178;


C a r n o y , Dissimilation-, G rammont , p. 269 ss.; I d ., Dissimilation-, H ermann ,
NPh, 1923, p. 128 S S .; I d ., IF, 1932, p. 274 s.; K en t , Language, 1936,
p. 245-258; R ousselot , p. 985 S S .; S ch op E, Fernwirkungen; T hurneysen ,
Z V S , 1911, p. 110-113; S olmsen , Z V S , 1905, p. 456 S S .; W oelfflin
(r...r), A L L , 1887, p. 1-14.

D É FIN IT IO N ET M ÉC A N ISM E

§ 49. — La dissimilation est Ie phénomène par lequel un phonème


se transforme ou disparaît lorsqu’il se trouve non loin d’un phonème qui
présente quelque similitude articulatoire avec lui.
Les images de deux séries de mouvements semblables à exécuter à court
intervalle peuvent facilement se confondre, se recouvrir l’une l’autre. U n
effort spécial de l’attention est donc nécessaire pour assurer leur intégrité
lors de leur formation et pour exécuter fidèlement les mouvements qui leur
correspondent. Si la nature ou la position des phonèmes viennent à aug­
menter la difficulté, le sujet parlant tend inconsciemment à éviter ce surcroît
d’effort par la suppression, comme l’a bien montré A. Cam oy (op. cit.),
d’une partie des mouvements ou parfois même de la totalité des mouvements
que l’un des deux phonèmes avait en commun avec l’autre. Dans ce dernier
cas, le phonème dissimilé disparaît, dans le premier, il se transforme en
celui qui en est le plus proche par l’articulation et par l’impression acous­
tique qu’il produit.
Le phonème qui joue le rôle dissimilateur est évidemment le plus fort
des deux, comme dans l’assimilation et la dilation. L ’attention, pouvant
difficilement se répartir avec la même intensité sur les deux phonèmes
semblables, ne se concentre que sur celui qui est favorisé pour tel ou tel motif.
Elle néglige par le fait même l’autre, qu’elle laisse se transformer ou dispa­
raître, lorsque les eirconstances : fatigue, hâte, rapport étymologique peu
apparent, s’y prêtent.
La dissimilation est dite normale, lorsque la prédominance du phonème
dissimilateur lui vient de la vigueur spéciale avec laquelle il est articulé.
L a dissimilation est dite renversée, lorsque c ’est un facteur psychique (l’atten­
tion) qui confère à un phonème le rôle dissimilateur.
En latin.
En latin, les consonnes qui se sont le plus aisément dissimilées sont les
liquides et les nasales, dont le caractère spécifique très marqué nécessitait
un effort spécial de l’attention.
ii6 INFLUENCE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES NON CONTIGUS

§ 50. — 1° Une consonne appuyée tend à dissimiler une consonne intervocalique


semblable ; une nasale appuyée tend à dissimiler une nasale initiale.
Gp. JURET, p. 240; I d . (form idö), R E L , 1938, p. 72 s.; G rammont, p. 290;
L eumann, § 141; L indsay , IV, § 73; M eillet -V endryes , § 125; M eillet
(form ica ), M SL, 1918, p. 115 s.; Pisani, § 149; S ommer, § 126. — S olmsen
(hibernus, fo rm a ), Z V S , 1897, p. 183 ss.; K ent , § 193, V.
*gheibrinos (d’où *gheibernos selon § 40, 2° ou § 59 et 45, 2°, puis hibernus),
de *gheimrinos (cp. grec jsi\i.zpi.vôç) ;formica, de *mormica (cp. grec jjuipp.Y)^);
formldô, de *mormîdô (cp. grec poppco). Pour forma, cf. Juret, R E L , 1938,
p. 73; Wood, Z V S , 1912, p. 61-71.
Une consonne appuyée est pratiquement une consonne explosive
précédée d’une autre consonne; elle est de ce fait protégée contre la voyelle
précédente et se trouve en position plus forte qu’une intervocalique,
attaquée des deux côtés par l’aperture des voyelles. Il est normal que ce
soit elle qui ait joué le rôle dissimilateur. Lorsqu’un des deux phonèmes
en cause était une nasale initiale, le caractère résistant conféré par cette
position était atténué par la nature du phonème et c’est encore la consonne
appuyée qui a dissimilé l’autre. Dans les exemples cités, le plus fort des
deux phonèmes a fait perdre à l’autre son caractère spécifique, la nasalité,
et la nasale labiale m est devenue une labiale orale, sonore entre voyelle
et sonante, sourde à l’initiale (pour cette différence, cp. § 28, 2”). m, en
tant que nasale, est une continue; c’est ce qui explique pourquoi, malgré
sa sonorité, eUe ait pu passer à la continue sourde f , au moins en cette
position initiale.
R E M A R Q U E . — Il est possible que dans *gkeimrinos, m se soit diffé­
rencié en une spirante bilabiale sonore, qui serait passée à b entre voyelles.

§ 50. — 2“ Une géminée s’est simplifiée quand la ^llabe suivante, portant


l’accent, contenait une géminée.
Cp. J uret , p. 233-237; L eumann, § 132 d ; L indsay , II, § 130; MEmuET-
V endryes , § 140; N iedermann , § 65; P isani, § 76; S ommer, § 161, i ;
Bassols, § 26 3,1 ; K ent , § 185, III; T agliavini , § 73. — S chulze , p. 462ss.;
T ucker , C Q , 1922, p. 102-104; V endryes , Intensité initiale, p. 59 ss.;
L enchantin , Atti R. Acc. Sc. Torino, L V I, p. 124 ss. — V äänänen , § m .
omitto, de *ommittô (de *ob-mittô selon § 23, 3®); ofella, de offella (Glos.
Plac., 72, 28, cp. offa)-, sacellus, de *saccellus (cp. saccus).
Le phénomène ressortit, semble-t-il, autant à la dissimilation renversée
qu’à la dissimilation normale. La seconde géminée, placée plus avant dans
le mot et sous l’accent historique, retenait davantage l’attention (cf. § 48
expi. 2). Le ressaut de tension qui lui était nécessaire supprima le ressaut
de tension qui séparait la phase implosive de la phase explosive dans la
géminée précédente et il ne subsista qu’une consonne simple explosive.
R E M A R Q U E . — Il semble que les géminées se soient également
simplifiées quand la syllabe suivante contenait une voyelle tonique et
longue : canàlis, de *cannâlis (cp. canna) ; Argilëtum, de Argillëtum (Varron,
LA DISSIMILATION II7

L .L ., V , 157, cp. argilla). Dans ce cas, c ’est Ia tension particulièrement


forte de la syllabe longue et tonique qui aurait fait supprimer l’effort
nécessaire au ressaut de tension de la géminée. Galllna, innoxius, affectas,
immittô, committö... seraient des recompositions peut-être simplement gra­
phiques, d’après gallus, innocuus, afficiô, etc.
§ 51. — Quand deux phonèmes semblables occupent la même position dans leur
syllabe respective, le second tend à dissimiler le premier, sauf si celui-ci fait partie
d'un élément très usité et facilement reconnaissable.
Çp. G rammont , p. 305 SS.; J ü r e t , p. 239; L eumann , § 158; L indsay , IV ,
§ 1 1 0 SS.; N iedermann , § 106; P isani, § 149; S ommer , § 163; B assols,
§ 298 s. ; F a r ia , p. 265 s. ; K e n t , § 176, II, et 193, V s. ; T a g lia v in i , p. 87. —
J U R E T , R E L , 1938, p. 57; S kütsgh (meridiê), A L L , 1902, p. 207; S tow asser
(meridiës), A L L , 1884, p. 273; W o e l î Tlin (dissim. de r), A L L , 1887,
p. 1-14. — VÄÄNÄNEN, § 135.
Parilia (Varron, R.R., II, i, 9) en face de Palilia, dérivé de Paks-,
caeruleus, de *caeluleus (cp. caelum) ; meridiës, de *medîdiës (Varron, L.L., 6, 4)
= médius dies ; praestigiae en regard de praesirigiae (Gécilius, dans Cicéron,
De nat. deorum, 3, 73) et à t praestrigiâtor (Plaute, Poen., 1125, Rçon de A B );
steti, de *ste-st- ;spopondi, de *spo-spond--, scicidi, de *sci-scid-.
Dans Palilia, *caeluleus, *medîdiSs, les deux phonèmes semblables étaient
en position intervocalique : l’attention s’est portée davantage sur celui qui
était contenu dans la partie la plus avancée du mot, et l’autre phonème,
un peu négligé pour ce motif, a été dissimilé (cp. § 48, explication 2).
Dans Palilia et *caeluleus, le premier l s’est transformé en r : ces deux pho­
nèmes ont à peu près la même position articulatoire, il a suffi pour la
transformation que la pointe de la langue se détachât légèrement du palais
et que les bords se raidissent. C ’est à peu près par le même mécanisme que
dans *medidiës le premier d s’est dissimilé en la dentale alvéolaire r. Il est
fort probable qu’un phonème intermédiaire, un r non roulé, se soit d’abord
substitué à / ou à rf, sans qu’en prennent conscience les sujets parlants.
Les auditeurs, par contre, surtout les plus jeunes, ont perçu un changement
dans la prononciation, mais ils ont interprété le nouveau son comme un
r roulé, le seul dont ils possédaient l’image auditive. C ’est ce r qu’ils ont
fini par prononcer eux-mêmes^®.
Dans praestrigiae, simplifié en praestigiae, le facteur psychique qui est
intervenu est la reconnaissance d’un élément du mot, le préfixe fréquent

Cette similitude entre r, l, d, permet de comprendre le mécanisme de certaines trans­


formations et de certains doublets du latin ; lingua, de dingua, lacrima, de dacruma, lautia
de dautia; solium, consilium, de la racine sed-, cp. sedêre; Capitôlium, de Capitôdium (?), calamitâs,
de cadamitâs (?), aruorsum, arfuisse (dans le Sénatus-consulte des Bacchanales) pour admrsum,
adfuisse; olëre en face de odor\ ûlïgO en face de üdus (Marius V ic t o r in u s , 8, 15; g, 17; a6,
I K ). O n attribue souvent ces variations de prononciation à une influence rurale, surtout
Sabine ( D e v o t o , p. 85-86, contrairement à B o t t ig l io n i , SE, 1943, p. 315-326; A G I,
1929, p. 241-270; S c h r ij n e n , Z V S , 1914, p. 376-380), mais certains auteurs croient à une
influence analogique, p. ex. de calîgô e tfu llg o sur *udlgô, devenu ainsi ûlîgo (Niedermann).
Ces deux genres d’influence ne s’excluent pas nécessairement (cp. E r n o u t , Eléments,
p. 98, etc.). Cf. aussi P e t r ( d jl) , BK IS, 25, p. 127-158.
ii8 INFLUENCE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES NON CONTIGUS

prae. Le premier r se trouvait ainsi dans une syllabe favorisée par l’attention
intellectuelle, tandis que l’autre, explosif également, faisait partie d’un
terme d’étymologie peu apparente {-strigiae vient de stringô) et surtout moins
usité. Etant donné le groupe consonantique dont il faisait partie, le second r
ne pouvait se dissimiler en / et encore moins en une autre consonne sans
augmenter la difficulté articulatoire : il a donc disparu.
Dans les parfaits à redoublement *ste-st-, *spo-spo?id-, *sci-scid-, le
premier s a dissimilé le second à la fois parce qu’à égalité de position faible
dans la syllabe, il avait l’avantage de la position initiale dans le mot et
parce que les sujets parlants croyaient reconnaître la racine en ce redou­
blement peu courant de deux consonnes et de la première voyelle (l’j de
steti s’est sans doute dissimilé au stade *ste-stei).
R E M A R Q U E . — La reconnaissance d’un élément caractéristique
confère tellement de force au phonème qu’il contient que, fort probable­
ment, le groupe ’^tst provenant de la rencontre d’une dentale finale de
racine et d’un suffixe à t initial selon § 37, 3° s’est transformé en ts (d’où
SS selon § 23, 2°) par dissimilation d’un t explosif par le t implosif de la
racine. L ’attention s’était portée tout spécialement sur cet élément, comme
en témoigne la différenciation en tst qui en fut la première conséquence
(cf. § 37, 3° explication). Cp. Kent, Language, 1932, p. 18 ss.
En sanskrit.
§5oa, i ° e t § 5 i a . — T endances analogues, réalisées notamment lorsqu’il
s’agissait de liquides (W 234) ou d’occlusives aspirées, dont les moins
favorisées ont perdu leur aspiration (W 204 à 208). Dans les redoublements
verbaux contenant s + occlusive, le premier r fut éliminé (W 336, 5).
Le groupe *dzd provenant de d d s’est dissimilé en zd (W 152). Pour le
groupe *tst provenant de f cf. § 43a, 2°.
§ 50a, 2®. — Aucun changement correspondant.
En ionien-attique.
§ 50b, 1° et 51b. — Tendances analogues, réalisées notamment lorsqu’il
s’agissait de sonantes (L 150 ,cf. aussi 237 : en grec commun, ew consonne
est devenu ey sous l’action d’un iv précédent), d ’occlusives aspirées ou de h
et occlusives aspirées (placés dans des conditions moins favorables, h s’est
amuï et les occlusives aspirées ont perdu leur aspiration, pxKtérieurement à
l’assourdissement des sonores) (L 45). Dans les verbes commençant par
s -j- occlusive, on évite de répéter le groupe (le groupe provenant de
dentale + t est devenu ctt par le passage de t c - à aa, selon § 23b, 2°, d’où
a devant consonne).
§ 50b. — 2° Aucun changement correspondant.
En osco-ombrien.
§ 50C-51C. — Pas d’exemples clairs, sinon pour le présent ombrien
redoublé sestu « sistô » et pour le groupe *tst venant de dentale -|- t selon
§ 37C) 3°> qui s’est dissimilé en *ts, d’où ss (B 115) (BO 66).
LA DISSIMILATION PRE\TENTIVE ” 9

En germanique.
§ 5od, 1° et § 5 id . — Tendances analogues, réalisées notamment
lorsqu’il s’agissait de liquides ou de nasales (Brugmann 334 et 336). Les
redoublements comportant s + consonne subsistent à date ancienne. Le
groupe *tst provenant de dentale + dentale s’est dissimilé en *ts, d’où ss
(§ 4ad, 6°).
§ 5od, 2°. — Aucun changement correspondant.
En vieil irlandais.
§ 50e et § 51. — Tendances analogues, réalisées notamment lorsqu’il
s’agissait de liquides ou de nasales (P 256). Les redoublements de racines
comportant s + consonne sont représentés par s. (Le groupe ~*tst- prove­
nant de dentale t est devenu ss par le passage de ts ou de st à ss, selon
§ 23e, 2«)
§ 5 0 e , 2 °. ?

Chapitre 3. La dissimilation préventive


Cp. G rammont , p. 329 s.

D É FIN IT IO N

§ 52. — L a dissimilation préventive est celle qui empêche un phonème


d’évoluer normalement ou de trouver place dans une formation morpho­
logique, parce que le phonème résultant de cette modification ou appa­
raissant dans cette formation deviendrait semblable à un autre placé à
quelque distance, et que l’un des deux risquerait ainsi d’être dissimilé.
Plus exactement, parce qu’un effort trop grand d’attention serait requis
par l’articulation correcte et nouvelle dans la langue de deux phonèmes
semblables à court intervalle.

S E C T IO N 1 . A R R Ê T DE L'ÉVO LU TIO N PH O N ÉTIQ U E

En latin.
§ 53. — 1° s intervocalique n’est généralement pas devenu r lorsque le mot
contenait un autre r non contigu.
Cÿ. G rammont , p. 329; J u r et , p. 124 et 238; L eumann , § 128 c; L indsay ,
IV , 5 148; N iedermann, S io6 R : P isani, § 1 1 3 : S ommer, 5 i 10, 3; Bassols,
§ 243 d; K en t , § 166, II b; T agliavini , p. 104.
miser, caesariës, Pisaumm.
s intervocalique a dû normalement se sonoriser (cf. § 28, 1° explication).
12 0 INFLXJENGE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES NON CONTIGUS

mais, au moment de passer à r, il en a été empêché par IV de la syllabe


suivante. Il est ensuite redevenu sourd, car le système phonique du latin
ne possédait plus, après le rhotacisme, de z intervocalique.

R E M A R Q U E . — Dans le toponyme Pisaurum, en tout cas, on ne peut


invoquer une influence dialectale, car la conservation de s intervocalique
n’est pas normale en ombrien, dialecte dont faisait partie le pailer de
cette localité (cf. § 28c, 1“). Dans soror, de *swesôr (cf. § 30, 30), s ne s’est
pas maintenu, malgré la présence de r, à cause de s initial.

§ 53. — 2° Quand deux occlusives semblables étaient séparées par une spirante,
rimplosive s’est généralement amuïe et n’a pas été restituée.

Cp. G rammont , p. 296; JURET, p. 287; L in d sa y , IV , § 156; S ommer ,


§ 149. — T hurneysen (ksk), IF, 1921, p. 189-202; B assols , § 290; F a r ia ,
§ 84; K e n t , § 161, I, et 175.

poscô, de *pork-skô (cp. ombrien pepurk-urent = poposcerint) ; disco, de


*di(d)k-skô (cp., au degré plein, le parfait didic-i)\ sescentî, de *seks-kentl;
misceô, de *mig-ske5 (cp. grec [xiYVUfxi); asportô, de *abs-portô.
D ’après § 43, 2° c, dans un groupe de trois consonnes ou plus contenant
un s implosif, la consonne qui précède cet s disparaît généralement à cause
de sa position très faible, p. ex., astulî, de abstuli, sestus (populaire), desekstus.
Mais, on l’a vu, nombreux sont les cas de recomposition (sextus, abstuli, etc.).
Dans les exemples cités, la chute de la consonne précédant s s’est également
produite, mais ils n’ont pas connu la recomposition, parce que l’implosive
à restituer était semblable à une explosive suivante. D ’où sescentî en face
de sextus, asportô en face de abstuli.

R E M A R Q U E . — Dans certains composés, comme exclüdô, adstô, la


première occlusive a cependant été maintenue par souci de transparence
étymologique. Pour le groupe *tst provenant des groupes d t, X. t,
anciens, cf. § 51 Rem. i.

S E C T IO N 2. A D A PTATIO N DE LA FORM ATION


M O RPH O LO GIQ U E

§ 53. — 3° Un élément de formation contenant un r ou uni a souvent été évité,


quand la racine du mot contenait déjà ce phonème.
Cp. G rammont, p. 330; J uret , p. 239; L eumann , § 158; M eillet
V endryes , § 591 R ; N iedermann , § 106; P isani, § 49; S ommer, § 163 B;
Bassols, § 298; F a r ia , p. 265; K ent , § 200, V I I b; T agliavini , p. 108.

mîlitâris, familiâris, puellâris, stellâris, en face de aequälis, nâtâlis, uenâlis,


dôtâlis, rêgâlis ;
calcar, exemplar, en face de tribunal-,
fulcrum, en face de pôclum.
Aucun verbe à r- initial n’est composé avec le préfixe re~.
LA DISSIMILATION PREVENTIVE I2 I

Les deux suffixes -âlis, -ans ont le même sens. Leur répartition s’est faite
de façon à ne pas donner prise à la dissimilation : -âlis fut accolé, au moins
jusqu’à l’époque impériale, où on trouve p. ex., lëtâlis, glaciâlis, aux mots
qui contenaient un r, -äris, aux mots qui contenaient un /. Les mots du
type calcar, tribunal ne sont qu’une application de cet usage, car leur suffixe
n’est autre que -âris ou -âlis au neutre et apocopé selon § 6o, i°. Dans les
mots comme flôrâlis, lîberâlis, pluralis, dont le radical présente un r et un /,
la forme du suffixe s’est réglée sur le phonème le plus proche.
R E M A R Q U E S . — i . On peut se demander si la répartition des formes
corn- n’a pas été influencée par la dissimilation préventive, lorsqu’on
C O -,
préfixait cette particule à un mot à initiale vocalique contenant une
consonne labiale : en face des composés du type com-edô, com-itäri, il n’y en
a pas un seul qui présente corn- dans ces conditions : *co-emo (cômô), *co-apula
(copula), etc.
2. L ’analogie a dû souvent contrecarrer l’action de la dissimilation
préventive. Ainsi, dans Vulcänälia (d’après Neptûnâlia, etc.), (flâmen) Palâ-
tuâlis (d’après ßänwn Pömönälis, etc.).

Conclusion sur la dilation et la dissimilation latines.


L a dilation et la dissimilation, malgré leurs résultats opposés, ne sont
pas des phénomènes contradictoires. Les phonèmes qui, en latin ancien,
en ont subi les effets sont des phonèmes différents. O n aura remarqué que
la dissimilation y porte exclusivement sur les consonnes, la dilation presque
exclusivement sur les voyelles; et les consonnes modifiées par ce dernier
phénomène ne sont pas les mêmes ou ne se trouvaient pas dans les mêmes
conditions que les consonnes dissimilées.
R E M A R Q U E . — 3. Le second l du mot lllium, en face du grec Xelpiov,
n’est pas l’effet d’une dilation exercée par le premier l, mais doit remonter
à une forme commune *leilion, dissimilée en grec, conservée en latin
(cf. Meillet, Esquisse, p. 85-86). Le timbre i qui voisinait avec chacun des
deux l a peut-être empêché la dissimilation du second en r, dont le point
d’articulation s’accommodait mal avec celui de i (cf. le changement de
*cinises, génitif de cinis, en cineris selon § 57, 1° A. Voir l’explication in fine).

En sanskrit.
§ 53a. .... i®-3° Aucun changement correspondant.
4° n ne s’est pas cérébralisé après s, r, f, non contigus selon § 48a, 2°,
quand la cérébrale .s se trouvait entre les deux phonèmes ou, très
souvent, quand la voyelle suivant n était suivie elle-même d’une cérébrale
(W 167).

En ionien-attique.
§ 53b. — 1° Aucun changement correspondant {s s’amuïssant à l’intcr-
vocalique selon § 42b, 5°).
2® (Pour -(TX- venant de - xctk- cf. § 50b, 1“).
3® Même phénomène qu’en latin (L 150).
!
122 INFLUENCE DES PHONEMES SUR LES PHONEMES NON CONTIGUS

En osco-ombrien.
§ 53c. — I® Pas d’exemples clairs.
2® Pas d’exemples clairs. (Pour -sk- venant de -ksk-, cf. § 43c, 2®.)
3® Même tendance qu’en latin (Brugmann 334 d).

En germanique.
§ — i®-2® Aucun changement correspondant.
3® Aucun phénomène analogue, sinon très sporadiquement.

En vieil irlandais.
§ 53e. — I®Aucun changement correspondant (j s’amuïssant à l’inter-
vocalique selon § 42e, 5®).
2®-3° Aucun phénomène correspondant.

Chapitre 4. L'haplologie

C p. G rammont , p. 331 SS.; JURET, p. 241-243; L eumann , § 159; L indsay ,


III, § 13; N iedermann , § 112; f t s A N i , § 150; S ommer , § 173; B assols,
§ 308; F a r ia , p . 266; K e n t , § 195.
§ 54 - — L ’haplologie est le phénomène en vertu duquel on ne prononce
qu’une seule fois deux syllabes ayant au moins un phonème commun et
placées non loin l’une de l’autre.

En latin.
fastîdium, d t fasti-\-tldium (de taedium selon § 57, 3®); sëmodius, de sêmi-
modius [sêmimodius est refait d’après sëmidêns, etc.); antestàri, de ante-\-testâri
{antetestârî est une recomposition tardive) ; arcubii, de arci+cubii (cf. P. Festus,
P- 23, 19);
Ce phénomène se produit surtout dans la dérivation et la composition.
Il provient d’une illusion de la part du sujet parlant : celui-ci croit prononcer
les deux syllabes similaires, mais son attention se relâchant — car il s’agit
toujours de mots assez longs — , il en néglige une, et le mot finit par prendre
désormais cette forme simplifiée. La syllabe qui subsiste est évidemment
celle qui a attiré davantage l’attention. C ’est généralement la seconde,
pour le motif exposé au § 48, explication, et aussi parce que, la plupart
du temps, elle contient la racine de la deuxième partie du composé, tandis
que la première n’est que la terminaison du premier terme.

Dans les autres langues.


Cas sporadiques analogues.
L A MÉTATHÈSE 123

Chapitre 5. La métathèse

Cp. G rammont , p. 339 SS.; L indsay , II, § n i ; P isani, § 1 5 1 ; S ommer ,


§ 164; B assols, § 300. — S chopf , Fernwirkungen. V ä än än en , § 137.
§ 55. — La métathèse est le déplacement d’un phonème ou de deux
phonèmes non contigus à l’intérieur d’un mot ou d’un groupe de mots.
Elle est causée surtout par le besoin de rendre le mot ou le groupe plus
facile à prononcer; parfois, elle semble due à l’analogie.

E n latin.

N.B. — On ne trouve pratiquement d’exemples de métathèse qu’en latin


populaire et postérieur.
coâcla (Consentius, V , 392, 23 K ), pour cloâca; displicina {ibid., sans
doute sous l’influence de displiceô) pour disciplina; leriquiae, leri^ô (Diomède,
I, 452, 30 K ), pour reliquiae, religio.

E n sanskrit.

§ 55a. — Cas sporadiques analogues (Brugmann 342).

E n ionien-attique.

§ ^ intervocalique (provenant de -a- ou de -y-) est généra­


lement passé à l’initiale des mots comm ençant par une voyelle (L 85).
Peut-être aussi h provenant de -a- entre voyelle et p, (L 114).
2OAutres cas très sporadiques : àpToxÔTtoç « boulanger », pour ’"àpTortôxoç ;
oxsTTTopai, ox Ôtïoç, pour "‘cTTtéxTop.at, *oTzôy.oç, (L 54).

Dans les autres langues.


§ 55c-e. — Cas sporadiques analogues (Brugmann 342, P 257).
T
Livre Troisième
Influence de la prononciation spéciale
de la syllabe initiale
sur les phonèmes
des autres syllabes

TITRE I
LES VOYELLES
DES SYLLABES INTÉRIEURES

Les voyelles en syllabe initiale n’ont éprouvé de changement que sous


l ’action individuelle d’autres phonèmes. L ’essentiel des transformations des
voyelles en syllabe intérieure, par contre, est dû avant tout à l’articulation
spéciale de la première syllabe (§ 14); l’influence des phonèmes qui s’y
trouvaient, quand elle s’est exercée, n’intervient qu’en ordre secondaire.
Les voyelles longues des syllabes intérieures se sont maintenues intactes ;
les brèves ont pu subir deux sortes de traitement : l’un, qualitatif, Vapophonie,
l’autre, quantitatif, la syncope.

Chapitre 1. Modifications qualitatives


l'apophonie
D É FIN IT IO N

§ 56. — Nous réserverons le terme d ’apophonie au phénomène d ’alté­


ration du timbre des voyelles brèves latines en syllabe intérieure. Cette
altération a différé selon que la voyelle était ou non finale de syllabe.
12 0 INFLUENCE DE L A PRONONCIATION DE L A SYLLABE INITIALE

E n latin.

Cp. JuRET, p. 260 SS.; L eumann , § 63 SS.; L in d sa y , III, § 18 ss.; M e il l e t -


V en d ryes , § 170 SS. ; N iedermann , § 15; P isani, § 42-46; S ommer , § 75 ss. —
B o le lli (ilu), R A I, 7-8, sér. 7, vol. 4, 1943, p. 193-204; G r a ü r , I et V,
passim-, B a d e r , RPh, X X X I V , i960, p. 236-247; (îo d e l , GFS, X V I I I ,
1961, p. 53-69 (phonologie) ; E nriquez , Act. I l l Congr. esp. Estud. das., 1968,
III, p. 85-91 (phonologie)-, H ermann (influence des labiales), N G G , 1919,
p. 229-286; JuRET, M SL , 1920, p. 93-107; L enchantin , R I G I , V I, 1922,
I-II, p. 85-101 ; III-IV , p. 87-102 ; 1923, 1-II, p. 63-69; R F C , 1921, p. 33-41 ;
BSL, 1923, p. 223-231; M ë il l e t , M SL, 1920, p. 108-111; P isani, Z V S,
1940, p. 27-29; V en d ryes , intensité initiale, p. 286-315.

/. Voyelles brèves intérieures


en syllabe ouverte

N.B. - L ’expression « voyelle intérieure » est employée ici pour voyelle


en syllabe intérieure.

§ 57. — 1° Pour autant qu'elles n’aient pas été atteintes par la syncope,
A, Les voyelles brèves intérieures en syllabe ouverte et non précédées ( k i ou de e
sont devenues : a) u devant w et (saufpour i primitif) devant 1 vélaire; b) i 0« u
devant une labiale ; c) e devant r, sauf sans doute o et peut-être u; d) i devant toute
autre consonne.
B. Après i ou e , elles sont devenues o devant 1 vélaire et, après i, e devant toute
autre consonne.
(Pour B, cp. G rammont , p. 237-238); J u ret , § 66; L in d sa y , III, § 18;
M e il l e t -V en d ryes , § 186; N iederm ann , § 17 ; S ommer , § 74-75; B assols,
§ 123 SS.; F a r ia , p. 181 ss.; K e n t , § 125; T a g l ia v in i , § 35. — A n d r é ,
BSL, L IV , 1959, p. 83-89 (a intérieur devant 1 vélaire); P ersson , IF , X X V I,
ig o g, p. 62-64 ( u > e ) ; P icgitto (iju).

A. Voyelle a :
a) dîluuium, de *dis-lauiom (cp. lauo) ;
b) contibernâlis et contubernâlis, de corn et taberna-; redpiô en regard de
recupêro, de la racine de capiô;
c) dëdere de dé. et dare;
d) côrfUeor en regard de fateor; cecidt en regard de cadô; cecini en regard
de canô; cônfidô en regard de faciô; abigô en regard de agô; prôsiliô (avec l
palatal) en regard de saliô.
Voyelle e :
a) famulus en regard de l’osque famel;
b) decinms et decumus en regard de decem;
c) agere, de *age-se selon § 28, i®;
d) compitum en regard dejftetô; obsideô en regard de sedeô; agminis, génitif
de agmen; auspicis, génitif de auspex; colligô « rassembler » en regard de
legô; familia (avec l palatal) en regard de Voscpxc. famel.
LES VOYELLES DES SYLLABES INTÉRIEURES 12 7

Voyelle i :
a) triduum (== trîduwum), de *trisdiwom (cp. skr.- divam « jour »), mais
pestilëns, mulilus, nübilus, avec i ancien conservé.
c) cineris, génitif de cinis, de *cinis-es;
d) suscitô en regard de citô; êuidëns en regard de uideô; comminuô en
regard de minuô ; êmicô en regard de micô ; colligô « lier ensemble » en regard
de Ug5 .
Voyelle 0 :
a) dënuô ( = dënuwô), de '*dë-nouöd (pour d final, cf. § 62, 1° b).
b) quaesumus, uolumus, possumus, de *quaes-o-mos, etc. (cp. grec XÉyojxsv),
en regard de tegimus, de *teg-o-mos;
c) memoris, memoria, à moins que l’o n’y soit dû à l’influence de memor.
Dans le type sceleris, génit. de scelus, il est probable que la forme ancienne
était *sceleses et non *sceloses (cp. notamment grec yévsoç (yévouç), de *ysvsCTO<;,
génit. de ysvoç) ;
d) nouitàs en regard de noms (d’où noms, selon § 64, 40).
Voyelle u :
b) tribubus, ablatif pluriel de tribtis, en regard de manibus, ablatif pluriel
de manus',
c) socerum (accusatif), de *swekurom selon § 30, 3® (cp. grec èxupôv),
à moins que le groupe -er- ne soit dû à l’influence de gener (cf. Graur,
Le., p. 27 SS.) ;
d) capitis, gén. de caput (mais cf. Graur, l.c., p. 15 ss.).
B. alueolus, diminutif de alueos (d’où alums') ; filiolus, diminutif de filios
{à’où. films) ; mrietâs, dérivé de uario-; abietis, génitif de abiës.
A. Gomme il est dit au § 12, la syllabe initiale devait s’articuler en latin
prélittéraire avec une insistance particulière. O r, le mot a un budget fixe :
toute dépense trop grande affectée à l’une de ses parties ne peut l’être
qu’au détriment des autres. Pour avoir prodigué son énergie et sans doute
son souffle dans l’articulation de la première syllabe, le sujet parlant a
réduit instinctivement la part des suivantes, même de la tonique®^, et les
voyelles brèves y ont gardé trop peu de résistance pour conserver leur
individualité. Elles se sont conformées à la tendance du vocalisme latin
préclassique (cf. § 3 1 «« fine) et se sont fermées dans la mesure du possible,
soit en i soit en u (cf. Maniet, A C , 1952, p. 6, n. i). Notons en outre que.

C e fait m’ a frappé particulièrement dans un filobus encombre à Rome. U n monsieur


devant descendre avait déjà prié à deux reprises ses voisins de dégager la sortie : il avait
employé dans ce but le traditionnel permesso, accentué normalement sur la pénultième.
Personne ne bougeait. D ’autorité, il bouscula les personnes les plus proches en proférant
cette fois son permesso avec un accent d’ insistance sur la syllabe initiale. D u coup, la seconde
syllabe, bien que restant accentuée, fut prononcée avec un relief et une durée sensiblennmt
moindres que quelques minutes auparavant.
128 INFLUENCE DE L A PRONONCIATION DE L A SYLLABE INITIALE

toutes choses égales d’ailleurs, une voyelle tend à se fermer sous l’effet de
l’affaiblissement articulatoire (cf. p. 31).
Le timbre i, plus fermé encore que le timbre u, semble avoir été le plus
naturel dans cette position et le plus indépendant par rapport aux pho­
nèmes contigus, car on le trouve devant c, g, m, p, b, ƒ, phonèmes dont le
point d’articulation n’est pas alvéolaire. Le timbre u, par contre, provient
généralement d’une assimilation au phonème suivant, caractérisé soit par
sa labialité, soit par sa vélarité (consonne labiale, w, l vélaire). Devant une
consonne labiale, il y a eu hésitation entre les timbres i et a : dans les
superlatifs en -umus, -imus, l’époque classique s’est décidée en faveur de
qui paraissait plus élégant^®. Dans les autres mots, il semble bien que le
timbre des voyelles environnantes ait souvent exercé une action dilatrice :
p. ex., dans documentum, monumentum, occupa, possumus, uolumus, la voyelle
précédente est une postpalatale comme a; dans accipiô, regimen, tegimentum,
la voyelle précédente ou suivante est une prépalatale comme i. L ’a de
quaesumus est sans doute analogique de celui de uolumus, terme de signifi­
cation voisine. De toute façon, les graphies i, u, dans ces mots, représentaient
un son intermédiaire entre ces deux phonèmes (Quintilien, I, 4, 8), parfois
noté J à date récente : contybernali, C IL , IX , 2608; lachrymxs, 1% 1222.
Cf. Bolelli et Piccitto, Le.
w exerçait une attraction plus forte dans le sens de a qu’une labiale et
que l vélaire. En effet, il avait en commun avec cette voyelle à la fois le point
d’articulation postpalatal, contrairement à une labiale, et contrairement
à l une labialité très marquée. D ’où le contraste d’une part entre l’hésitation
iju devant labiale et la constance de u devant w, d’autre part entre le main­
tien du timbre i primitif devant l vélaire et son évolution en u devant w.
Enfin, devant r, le timbre e semble favorisé, du moins à date récente.
Si r a passé à or anciennement (cf Tableau § 65), par la suite, c’est toujours
le timbre e qui devant r affecte tout élément vocalique adventice (cf. § 45, 2®
le cas de sacer, issu de sakros\ § 40, 2° celui de ter, issu de ’^tris, etc.). C ’est
aussi le timbre e qui, en syllabe initiale, donc en position forte, a remplacé
i devant r provenant de s dans le verbe sera, si cette forme provient, comme
il est vraisemblable, de *si-s-ô.
B. En hiatus, c’est-à-dire en l’occurrence quand elle formait à elle seule
une syllabe, la seconde voyelle était plus résistante que si elle était précédée
d’une consonne (cf p. 31 ; cp. § 60e, i") et elle ne s’est pas fermée jusqu’au
degré extrême : 0 n’est pas parvenu au stade u dans les mots du type, filiolus,
alueolus, et 0, e se sont arrêtés au stade e dans les mots du type uarietàs,
pietâs, abietis...

C e choix semble dû à l’influence de Jules César et du eercle de puristes qui gravitaient


autour de lui (cf. Q uintilien , I, 7, 21 ; A ulu -Gelle , X I X , 8, 9 et 10; C icéron, Brutus,
259 et 261; A Îarouzeau , Stylistique, p. 7). Bien entendu, tm archaïsant comme Salluste
continua d’écrire optwnus, mâxumus, au lieu de opümus, mâximus.
Cf. Velius L ongus, V I I , 75 et 63 K .
LES VOYELLES DES SYLLABES INTERIEURES 129

On a voulu voir dans ces derniers mots des cas de différenciation


préventive (Grammont, p. 238). Les sujets parlants auraient évité le stade
*uariitâs, *piitâs, parce que la contraction inévitable en *uarîtâs, *pitäs
aurait fait perdre au mot une syllabe. L ’explication précédente offre
l’avantage d’englober la série du type filioltis.
Pour tibtcen ( tubicen), de *tibio ( tubio-)can et fatigô, s’il vient de *fati-agô,
cf. spécialement Leumann et Sommer, Le., et Pisani, IF, L IV , p. 209 ss.;
Z V S , L X V I I, p. 27 ss.
R E M A R Q U E S . — i. L ’a de pepuli, tetull paraît anormal, car / suivi
du timbre i était palatal et non vélaire. En réalité, cet i provient de ai et
l’apophonie s’est produite avant la transformation en l de cette diphtongue,
que l’on trouve encore sous la forme ei au 2® siècle av. J.G. (Jecei = fëct,
C IL , I^, 638, dans une inscription d’environ 132 av. J.G.). Cf. § 61, 5®.
2. La voyelle brève intérieure a pu garder ou même adopter dans
certains cas le timbre de la voyeUe initiale : p. ex., dans calamitâs, uegetus,
oppodum, fulguris, génit., en üice de fidgerator, C IL , V I , 377, etc. (cf. § 47,
2° et 3°). Peut-être est-ce aussi le cas de ëgredior (d’où aggredior, etc. ?), en
face de gradior, de perpetior en face de patior, à moins que ces formes ne
soient sous l’influence de ëgressus, perpessus, qui ont e selon § 57, 2”. Mais
c f Pedersen, M SL , 1922, p. 4.
3. L ’analogie est à l’origine du vocalisme intérieur de bien des formes
(Stolz, IF, 1906, p. 475 ss.; Graur, Reo. Phil., 1937, p. 265 s.). Ainsi, la
voyelle intérieure des mots du type temporis, en face de sceleris, operis, est
recomposée d ’après le nominatif (notons que tempus était anciennement
prononcé tempos, §61, 4®). On peut en trouver une preuve dans le contraste
entre l’adverbe temperi et les formes temporis, temport... : tempert, ancien
locatif de tempos devenu adverbe, a été soustrait de ce fait à l’influence de
la déclinaison et n’a pas été recomposé, au rebours des autres cas.
D ’autre part, la voyelle intérieure des mots du type integer a dû être
recomposée d’après les formes où elle était suivie du groupe occlusive -|- r
(in teg ra ...). C f § 57, 2° Rem. 2.
Certains mots composés ont le vocalisme du simple soit parce que
l’époque de leur composition est postérieure à la tendance apophonique,
soit par analogie quand elle lui est antérieure. Il est souvent malaisé de
distinguer ces deux cas. Voir Bader, Le. P. ex., effodiô, sëparô (à côté de
*sëperô supposé par franç. sevrer), dêdecus, perfacëtus et un grand nombre
de composés en per- qui sont des formations occasionnelles (cf. Marouzeau,
Stylistique, p. 133-134^

//. Voyelles brèves intérieures


en syllabe fermée

§ 57- — 2° E n syllabe intérieure fermée, o est devenu u (s a u f devant r ) , ?l es


devenu e.
uenustus en regard de uenos (CIL, P , 550 et 558) ; prômuntôrium en regard
de montem ;
cônfectus en regard de fa ciô\ confessas en regard de fateor\ ascendô en
regard de scanda-, f e f d i t en regard de fallô-, exerceô en regard de arceô.
Les voyelles entravées étaient un peu plus résistantes que les voyelles
libres (cf p. 31). Leur affaiblissement et donc, étant donné la tendance
130 INFLUENCE DE L A PRONONCIATION DE L A SYLLABE INITIALE

romaine, leur degré d’aperture s’en trouvèrent moins accusés : a et o ne se


fermèrent que d’un degré ; ni e, qui aurait dû passer à l’aperture minimale i,
ni U ne subirent de modification.
Le maintien de o devant r (par exemple dans extorris) s’explique par
la répugnance de r en latin de Rome pour les voyelles de minime aperture :
on a vu que i a passé à e devant r (§ 57, 1° explication A infine) et a a passé
à 0 dans nora, forme populaire de nurus (où le premier u est conservé sous
l’infiuence du second, qui est ancien) et sans doute dans/omw, s’il vient
de '^bhu-së-m (osque fusîd = foret). — Väänänen, § 52.
R E M A R Q U E S . — i. L ’ m intérieur des mots du type perculsus (participe
de percellô), insulsus, de *in-salsus, cp. sallô, puis *in-selsus) est dû à l’influence
assimilatrice de l vélaire selon § 30, 2“. L ’i de attingô (de *adtangô, puis
*attengô) est dû à l’influence de n, selon § 30, i'’.
2. Devant le groupe occlusive fl- r, la voyelle s’est comportée comme
en syllabe fermée, d’où integra, Celebris, tenebrae, obstetrix, côtisecrô et non
*intigra, etc. (cf. § 10 Rem. 2).

///. D iphtongues intérieures


§ 57. — 30 Les diphtongues intérieures ay, aw sont devenues respectivement î, ü
(pour les autres diphtongues, cf. § 32).
cecidî, parfait de caidô (d’où caedô selon § 32, 1“) ;
accüso en regard de causa.
Le premier élément des diphtongues devant une semi-voyelle implosive
s’est comporté comme une voyelle entravée : ay est donc devenu ei, d’où i
selon § 32, 3°, aw est devenu *ew, d’où ü selon § 32, 4®, ou plutôt, comme
le suppose Solmsen {Deutsche Literaturzeitung, 1908, col. 2059 ss.), le premier
élément a, affaibli par sa position, a pris le timbre postpalatal 0 sous l’in-
ffuence du u suivant et la nouvelle diphtongue *ow a évolué normalement
en ü selon § 32, 6°.
R E M A R Q U E . — Pertaesum, en regard depertisum, est une recomposition
(cf. Cicéron, Or. 159; Lucilius, 963 ss.).
En sanskrit.
§ 57a. — Aucun phénomène correspondant (l’accent étant surtout
musical).
En ionien-attique.
§ 57^' — Aucun phénomène correspondant (l’accent étant surtout
musical).
En osco-ombrien.
§ 57c. — N.B. L ’osco-ombrien comme le latin a dû avoir une pronon­
ciation spécialement marquée de la syllabe initiale.
Les voyelles subsistant en syllabe intérieure inaccentuée ont gardé leur
timbre, sauf devant ou après consonne labiale, où elles se sont parfois
labialisées en u. (B 68) (BO 36).
LES VOYELLES DES SYLLABES INTÉRIEURES I31

En germanique.

§ 57d. ■— N.B. Le germanique a eu (et a conservé en principe) un


accent d’intensité sur la première syllabe du mot (Brugmann 61). Cet
accent a eu, au point de vue qualitatif, des effets tantôt positifs, tantôt
préventifs, sur les voyelles affaiblies des syllabes intérieures et finale, pour
autant qu’elles n’aient pas disparu auparavant selon § 5gd.
1° En syllabe inaccentuée, e lE s’est fermé en i devant consonne
sauf r, où le got. a a ; le v.h.a. a souvent i, parfois e, devant r (S 65a, c).
2° En syllabe inaccentuée, 0 lE est généralement représenté par une
labiale (0, u) devant la nasale labiale m ou devant le groupe « + m en
nordique et en westique (S 54), alors qu’il est devenu a en syllabe initiale
selon § 65.
3° En syllabe inaccentuée, lE o est devenu a (S 56), alors qu’il est devenu a
en syllabe initiale selon § 65.
40 En syllabe inaccentuée, ë lE est représenté par a en got. et parfois
en V . saxon, e en nordique et généralement en westique (S 78), alors qu’il
est devenu « en syllabe initiale dans la plupart des dialectes germaniques
selon § 65. En syllabe inaccentuée, ô germanique, devenu uo en v.h.a.
à l’initiale, s’est maintenu comme ô, sauf devant « où, en nordique et en
westique, il est généralement devenu ü (puis a).
5° En syllabe inaccentuée, S ouvert germanique est devenu a (S 87),
alors qu’il est devenu e en syllabe initiale.
6° En syllabe inaccentuée, ai germanique est devenu ë (puis parfois e)
en westique et en nordique.

En vieil irlandais.
§ 57e. — N.B. Le vieil irlandais a dû avoir un accent d’intensité en
principe sur la première syllabe, compte tenu des préverbes proclitiques.
Il s’y est maintenu dans la plupart des dialectes modernes (P 99). Il a eu,
au point de vue qualitatif, des effets tantôt positifs, tantôt préventifs, sur
les voyelles affaiblies des syllabes non accentuées, pour autant qu’elles n’aient
pas disparu auparavant selon § 59e.
1° Les voyelles et diphtongues subsistant en syllabe inaccentuée à
l’intérieur du mot ont pris le timbre a (sauf en cas d’assimilation, cf. 2°
infine, et de dilation) (P 106).
2° En syllabe post-tonique, une voyelle est généralement devenue u ou i
sous l’influence respective de ü , i, y, suivants (alors qu’en syllabe accentuée
les voyelles se sont seulement fermées d’un degré devant ces phonèmes
selon § 47e, 1°) ; a non final et parfois aussi en finale s’est fermé en e après
une consonne palatalisée (P 173, 2).
3° 0 venant d’une diphtongue lE selon § 32e ne s’est pas diphtongue
en ua en position inaccentuée (P 151, ib).
132 INFLUENCE DE L A PRONONCIATION DE L A SYLLABE INITIALE

Chapitre 2. Modifications quantitatives :


la syncope

D É FIN IT IO N

§ 58. — L a syncope est la chute d’une voyelle à l’intérieur d’un mot.


Les conditions de ce phénomène sont malaisées à déterminer avec précision ;
on ne donnera ici qu’une formule très générale, qui est loin d’englober
tous les cas et qui comporte d’autre part plus d’une exeeption.

En latin.
Cp. B rugmann , § 344 SS.; J u r e t , p. 266-286; I d ., Dominance, p. 1 12-170;
M SL, 1918, p. 135-159; L eumann , § 78; L indsay , III, § 13 ss.; M e ille t -
V en d ryes , § 175; N iederm ann , § 20; P isani, § 37; S ommer , § 86 ss.;
B assols , § 162 ss.; F a r ia , p. 188 ss.; K en t , § 123; T a g lia v in i , § 43 s. —
R ix, Kratytos, X I, 1966, p- 156-165 (phonologie); B ottiglion i , p. 79 et
passim; G o d e l , G FS, X V I I I , 1961, p. 53-69 (phonologie); R occo (chro­
nologie), Glotta, X X X I I , 1/2, 1952, p. 95-101; G iardi -D u p r é , BB, 26,
p. 188-223; L enchantin , R I G I , voir les références au § 56; BSL, 1923,
p. 223-231; M e il l e t , M SL, 1920, p. 108-111; OsTHOFF, A L L , 1887,
p. 464 ss.; P edersen (chronologie), M SL, X X I I , p. 1-12; P isani, Z V S ,
1940, p. 27-29; G oetze (chronologie), IF, 1923, p. 78 ss.; S ommer , IF ,
X I, p. 4 ss.; p. 38 et 42; V endryes , Intensité initiale, p. 177 ss. — VÄÄ-
N Ä N E N , § 63 S.

§ 59. — En syllabe intérieure ouverte (et, exceptionnellement, en syllabe intérieure


fermée) une voyelle brève s'est généralement amuîe, surtout au contact d'une sonante,
dans un mot de quatre syllabes au moins ; elle a eu tendance à s'amuïr également dans
un mot de trois syllabes dans les mêmes conditions, surtout lorsque la syllabe précédente
ou suivante était longue.

a) mots de quatre syllabes et plus.


sestertius, de semis terlius (P.F. p. 453, 4) (pour m, cf. § 43, 2° c) ; sinciput,
de *sëmicaput (ef. §30,1°) ; officma, àeopificina; f«/irmiwenfaeedexu7tàpw(7oç;
abiciô (cf. § 45, 2° Rem. 3), de abiiciô ( = abyiciô), de *abyaciô, avec i de a
selon § 57, I “ ; percutiô (cf. § 45, 2° Rem. 3), de *perquatiô; audàcter, de
*audàciter.

b) mots de trois syllabes.


ulllum « petit vin », de *uinolom; hercle, forme tirée de 'HpaxX^ç;/«igô,
de *perregô; *agrlos, de *agrolos (d’où *agerlos, puis agellus selon § 45, 2°);
*posnô {à'oùpônô selon § 44, 3“), de *posin5 [cp. positus).
L a tendance à l’abrègement des voyelles intérieures, qui, nous l’avons
LES VOYELLES DES SYLLABES INTERIEURES 133

VU au § 57, en a provoqué l’apophonie en bien des cas, a eu pour consé­


quence extrême, dans certaines circonstances favorables, leur amuïssement.
Une de ces conditions semble être la présence d’une sonante. En effet,
les phonèmes de ce genre, d’aperture presque aussi grande que les voyelles,
tendent à absorber la voyelle brève au contact de laquelle ils se trouvent.
L ’absorption s’est réalisée quand le mot était très long, ce qui entraînait
une prononciation assez rapide et donc un abrègement plus marqué des
syllabes intérieures. Elle s’est souvent réalisée aussi dans les mots moins
étendus, si la syllabe précédente ou suivante était longue et monopolisait
ainsi une partie notable de l’effort au détriment du reste. L a présence
d’une sonante ne semble pas avoir formé une condition sine qua non de la
syncope, si l’on se réfère à qfficîna, audäcter, etc. Mais ces cas sont relativement
peu nombreux et d’ailleurs contestés (cf. p. ex., Juret, p. 276 s.).
Il est délicat de décider si la syncope est postérieure (Stolz, IF, IV ,
p. 233 SS. ; Juret, p. 267) ou antérieure (Vendryes, Le., p. 179 s.) au rhota­
cisme (§ 28, 1°). Elle en est en tout cas chronologiquement très proche.
On trouve encore dans une inscription du 4® s. av. J.G. (C IL , I^, 4) la
forme iouesat, qui semble être l’ancêtre de iürat. La syncope est postérieure
au passage de In à II (cf. § 23, 6®), de g"’ intervocalique à w (cf. nûdus, de
*nog^odos, *nowodos, *noudos). Elle est antérieure à celui de nt à rr (cf. pul-
cerrimus, de *pulcrosomos, *pulcrsomos), d e ls k II (cf. facillimus, de *faclisomos,
*faclsomos), de rl à II (cf agellus, de *agrolos, *agrlos), de ni à II (cf. scabilluni
ou scabellum, de *scabnolum, *scabnlom).
R E M A R Q U E S . — i. Des doublets tels c{\iQcaldus,soldus, etc., à côté de
calidus, solidus, etc., trisyllabes dans lesquels la syllabe initiale n’est pas
longue, et un mot comme propter, qui semble provenir de *propiter (cp. prope),
où de plus la voyelle amuïe n’était pas précédée d’une sonante, peuvent
s’expliquer par une prononciation négligée (Osthoff, Arch. f . lat. Lex.,
1887, p. 464 S S . ) . La forme pleine calidus était sentie comme prétentieuse
(Quintilien, I, 6, 19). Mais on peut les attribuer à l’analogie. Le type
âridus avait abouti normalement à àrdus (Plaute, AuL, 297; Pers., 206),
mais avait été rétabli d’après sapidus, etc., dont la première syllabe était
brève. Les doublets âridus : ârdvs auraient entraîné les couples solidus :
soldus, etc. (Juret, p. 278). O n pourrait d’autre part rapprocher propter
de subter, praeter...
2. Le maintien de la voyelle intérieure dans les cas où l’amuïssement
semblait fatal est souvent dû tantôt au souci d’éviter des groupes syllabiques
imprononçables, p. ex. dans caerimönia, paenitet, tantôt au sens étymologique.
Ainsi, on a breuiter à côté de propter. C ’est que *breuter eût abouti à *brûter,
qui n’offrait plus de rapport apparent avec breuis. Le cas est différent
dans *breuima, d’où brûma, où le sens propre« le jour le plus court de l’année»
(Varron, L.L., 6, 8) était quelque peu oblitéré dans l’acception usuelle de
« solstice d’hiver ».

En sanskrit.
§ 5 9 a . ■ Aucun phénomène correspondant (l’accent étant surtout
musical).
134 INFLUENCE DE L A PRONONCIATION DE L A SYLLABE INITIALE

En ionien-attique.
§ 59b. — Très rares phénomènes de syncope provenant surtout de
r « usure phonétique dans un mot accessoire, comme oïofxai, devenu en
attique une sorte de particule sous la forme oly.a.1... En grec moderne en
revanche, sous l’effet de l’accent d’intensité, la syncope d’une voyelle
intérieure inaccentuée (donc brève) est fréquente » (L 231).

En osco-ombrien.
§ 59c. — Sous l’influence de l’accent d’intensité initial (cf. § 57c, N.B.),
une voyelle brève a tendu à disparaître en syllabe intérieure ouverte, sans
qu’il soit possible d’établir une règle précise. L a syncope est plus fréquente
qu ’en latin (B 69) (BO 39 ss.).

En germanique.
§ 59d. — Sous l’influence de l’accent d’intensité initial (cf. § 57d, N.B.),
en position intérieure, lE e s’est souvent amuï ; en cette même position, i s’est
amuï d e v a n ts u iv i de voyelle; i gotique et a se sont parfois amuïs devant
consonne; en germanique occidental, « les voyelles brèves sont tombées
après syllabe radicale longue et après les syllabes qui suivaient celle-ci »
(Brugmann 350, 2; S 144 ss.).

En vieil irlandais.
§ 59c- — Sous l’influence de l’accent d’intensité initial (cf. § 57e, N.B.),
les voyelles se sont abrégées à date ancienne dans toutes les syllabes ne
portant pas l’accent principal. Les voyelles de la deuxième et de la quatrième
syllabe originelles restant intérieures après la chute éventuelle de la
syllabe finale lE se sont amuïes (P 102 et 103).

TITRE II
LES VOYELLES
EN SYLLABE FINALE

En vertu de la tendance à l’abrègement des syllabes non initiales et à la


négligence apportée à l’articulation de la finale (Quintilien, X I, 3, 33;
I, II, 8), les voyelles finales ont pu subir des modifications quantitatives
et des modifications qualitatives.
LES VOYELLES EN SYLLABE FINALE 135

Chapitre 1. Modifications quantitatives

S E C T IO N 1 . C H U T E D'U N E V O Y E LL E
B R È V E FIN A LE

A I EN FINALE OUVERTE (a p OCOPe )

En latin.
§ 60. — 1° a) Les voyelles brèves ont tendu à disparaître en syllabe finale ouverte
dans les mots accessoires ; b) e bref, de plus, dans quelques noms, notamment dans
les neutres en -are, aie.
Cp. J U R E T , Dominance, p. 1 7 1 - 1 8 7 ; L eumann , § 7 4 ; L indsay , III, § 36;
M e il l e t -V en d ryes , § 2 1 7 - 2 2 0 ; N iedermann , § 25, i®; P isani , § 132;
S ommer, § 9 0 , II B; B assols , § 1 7 6 ss.; F a r ia , p. 195 ss.; K e n t , § 123, V ;
T a g l ia v in i , p. 61. — G a u th io t , p. 53. — V ää n ä n en , § 86.

a) ut, de **uta (cp. aliuta, utinam, de *utanam selon § 57, i°) ; et, de *eti
(cp. grec ëvi) ; post en regard de poste (Plaute, Asin., 915) ; nec, ac, en regard
de neque, atque (pour l’allégement de qu en c, cf. § 62, 3®, pour le passage
de te à cc, puis c, § 2 2 , 1° et 62, 4°) ; dein, proin, en regard de deinde, proinde
(pour l’allégement de nd en n, cf. § 62, 3°) ; hic, haec, hoc, de *hice, *hæce,
*hocce (cf. hance, hace, C IL , P , 582, hoce = hocce, C IL , P , 581; cf. aussi
l’expression huiuscemodi) ; sin, de seine-, ceu, seu, neu, de *cëue, seiue (cf. § 32, 3®,
Rem. 2), nêue (CIL, P, 401); utn, audîn, tantön, en regard de ulsne, audlsne,
tantône; em « tiens ! » en regard de eme « prends »; die, düc,fac, en regard
de dice (Plaute, M il., 256), dûce (Plaute, Trin., <^Qf),face (Térence, Andr.,
680); uir, puer, vocatifs, de *uire, puere (Plaute, Asin., 382; 891, etc.).
b) exemplar (avec a selon § 60, 4®) en regard de exemplâre (Lucrèce, II,
124) ; tribunal (avec a selon § 60, 4®) en regard de tribünâle (CIL, I-, 593) ;
lac, de lacté (Cécilius, 220, etc.), avec chute de tselon § 62, 2f\facul en regard
de facile.
L ’apocope ou chute d’un élément en finale absolue semble due dans
les exemples cités sous a) à la fois à l’abrègement caractéristique des
syllabes non initiales et à l’articulation négligée, en prononciation rapide,
de mots ou d’éléments peu expressifs en soi ou devenus tels à force d’être
i;mployés. Il est à remarquer, p. ex., que l ’ e des enclitiques -que-, -ue-, -ne,
ne disparaît que dans les particules ou, pour -ne, dans des formes courantes
un peu familières'^’ . De même, la forme em de l’impératif eme est une

Il convient d e n o te r q u e les form es pleines neque et atq u e s’emploient régulièrement


•levant un mot à in itiale v o c a liq u e , les form es nec et ac d e v a n t u n mot à in itiale consonan-
Ii(|ue. C e n’est d o n c pas à l’ élision q u e sont dues ces dernières.
136 INFLUENCE DE L A PRONONCIATION DE L A SYLLABE INITIALE
I
interjection (mais voir Luck, Le.), tandis que son doublet non apocope
est une forme verbale proprement dite.
Les impératifs dlc, dm, foc se substituèrent aux formes pleines dice,
dike, face (qui figurent encore chez Plaute dans la proportion de 12 % ,
35 % et 39 % respectivement) en raison de leur fréquence et peut-être
grâce à l’analogie avec les impératife athématiques es,fer. Il en est sans doute
de même des vocatifs uir, puer, dont l’apocope a pu au moins être favorisée
par les noms connexes en -r ; mtdier, pater, mater, fräter, soror, uxor. Les
composés de dicô, dücö {addic, cd>düc, etc.) sont généralement apocopés, les
composés non apophoniques defado (calefac...), moins souvent.
Dans les exemples cités sous b), du type exemplar, tiibünal, il s’agit
probablement d’une absorption, qui s’est réalisée dans les mêmes conditions
qu’en syllabe intérieure (cf. § 59) : mots assez longs, présence d’une sonante
et d’une syllabe longue devant la voyelle peu caractéristique e.
Facul s’explique par une prononciation rapide. Il n’a d’ailleurs pas été
conservé.
R E M A R Q U E S . — i . Les doublets en -aie, -are, de même que dice, faces
s’employaient encore au temps de Quintilien, mais ils paraissaient pédant,
(Quintilien, I, 6, 17 et 21). Les mots en -île ont gardé le e.
2. On trouve encore la forme êdice dans Virgile au dactyle dernier :
êdîce maniplîs (Aen., X I, 463).
3. On peut ajouter que i bref est tombé à la troisième personne des
verbes où -t et -nt proviennent de -*ti (cp. skr. -ti) et de -nti (cf. la forme
archaïque trenwnti = tremunt. Ter. Scaurus, V II, 28, 9 et Festus p. 222, 29;
cp. skr. -nti). Le contraste entre l’apocope de cet i et sa conservation au
moins jusqu’à son passage à e dans les noms provient sans doute de leur
différence de valeur fonctionnelle, -i, dans les noms, caractérisait un
nominatif neutre, tandis que la terminaison -nti des verbes, en devenant -nt,
ne cessait pas de représenter une 3® pers. du pluriel. La distinction entre
les temps primaires et les temps secondaires était même conservée à la
36 pers. sing., puisque t, de -*ti, s’opposait à d, de t selon § 63.

B [ EN FINALE FERMÉE (sYNGOPE)

§ 60. — 2° ï et O en syllabe finale devant s ont souvent disparu.


Cp. J u R E T , p. 289; L eumann , § 78, 3 ; L indsay , III, § 16 et 15, 8; M eillet -
V endryes , § 224 ss.; N iedermann , § 25, 2; Pisani, § 132 et 133; S ommer,
§ 00, II A ; Bassols, § 170 ss.; F a r ia , p. iqo ss.; K ent , 5 123, V I ; T aglia ­
vini , p. 67. — A lessio, BFC, 1943, p. 74-80.

a) * sorts (d’où *sorss, sors selon § 23, 2“ et 62, 4^), de sortis (nominatif,
Plaute, Cas., 380, var. text.) ; urbs, de *urbis (cp. gén. plur. urbi-um) ; atrôx,
de *atrocis (cp. gén. plur. atröci-um) ;
b) *sakrs (d’où *sacers, selon § 45, 2®, *sacerr, selon § 23, 8®, sacer, selon
§ 62, 4®), de sakros (CIL, P , i) ; *equestrs (d’où Sequesters selon § 45, 2°,
Sequesterr, equester, selon § 23, 8® et 62, 4®), de equestris; *celers (d’où *celerr,
celer, selon § 23, 8® et 62, 4®), de celeris (nominatif).
Dans les exemples cités sous a), il s’agit de la disparition entre occlusive
LES VOYELLES EN SYLLABE FINALE 137

et s d’un i final. Cette voyelle, la plus brève de toutes par nature, était encore
abrégée par sa position finale et par la présence devant elle d’une syllabe
longue; ce sont ces conditions réunies qui en ont déterminé la chute. Les
autres voyelles, plus étoffées, se sont maintenues dans les mêmes circons­
tances, et i lui-même a persisté lorsque la syllabe précédente était brève,
p. ex., dans sitis^ ratis, etc. Dans un certain nombre de mots, i semble avoir
persisté même après syllabe longue, p. ex., dans dulcis, turpis, etc. Ce sont
sans doute des cas de recomposition, comme le suggère orbs, prononciation
phonétique et populaire de orbis, condamnée par VAppendix Probi.
Les exemples cités sous b) ressortissent à l’absorption : il s’agit en effet
de la disparition d’un i ou d’un 0 après la sonante r. Les conditions de ce
phénomène ne sont pas claires, en raison d’influences analogiques nom­
breuses, dont témoignent les doublets conservés : cp. p. ex., socerus (Plaute,
Men., 957) et socer-, equestris et eqnester, âcer et âcris. (Ces deux formes se
trouvent dans Ennius ; âcer hiems, Ann., 424, et sommis âcris. Arm., 368-369,
et toutes deux qualifient un substantif masculin. La distinction entre âcer,
masculin, et âcris, féminin, provient de l’analogie avec des formes diffé­
renciées pour les deux genres, comme socer, masculin, et sacra, féminin.
Cf. Ernout, Morphologie, p. 50 s. ; Leumann, p. 264.)

SE C T IO N 2. A B R È G E M E N T D 'U N E V O Y E LL E
LONGUE FIN A LE

A I EN F IN A L E OUVERTE

§ 60. — 30 Une voyelle longue en finale omerte (voir aussi § 60, 4®) s'est
parfois abrégée dans les dissyllabes formant iambe.
Cp. JURET, p. 287-288; L eumann , § 86; L indsay , III, § 42 ss. ; M eillet -
V endryes , § 215-216; N iedermann , § 25, 4®; Pisani, § 28 et 136; S ommer,
§ 90 >I B; Bassols, § 156 ss.; F a r ia , p. 198 s.; K ent , § 128, 2; T agliavini ,
p. 64 s. — Br en o t ; A h lberg ; D evo to , p. i i o ; H arsh ; K r o ll , GL, 1916,
p. 152; K urylow icz , p. 384 ss. ; Pighi, Rendiconti Acc. sc. mor. Bologna,
.sér. V , vol. III, 1949-1950, p. i - i i ; V endryes , intens, init., p. 134 ss.

bene, male, de *benê, "*malë (cp. pràuê)-, cito, modo « seulement, tout à
l’heure », de *«7ô, modo (cp. retro)-, heri, de heri (cf. § 61, i R ); nisi, quasi,
de *«m, *quasî, de nesei (CIL, P , 366), quasei (C IL , I^, 582); puta « par
exemple », de putâ (impératif de putô) ; aue « salut ! », plus courant que auê
(cf. Quintilien, I, 6, 21)...
Ce qu’on appelle abrègement iambique ne consistait pas seulement,
en latin préclassique, dans l’abrègement de la voyelle longue finale d’un
dissyllabe formant iambe, mais aussi dans celui d’une syllabe non finale,
longue par position mais contenant une voyelle brève, lorsque cette syllabe
longue était précédée d’une syllabe brève initiale : p. ex., senectûtî (Plaute,
Trin., 338, avec la deuxième syllabe valant brève). Ce n’est donc pas
138 INFLUENCE DE L A PRONONCIATION DE LA SYLLABE INITIALE

essentiellement la quantité de la voyelle qui était en jeu, mais celle de la


syllabe. L a versification montre, d’autre part, que les deux syllabes brèves
consécutives résultant de l’abrègement iambique forment toujours la
monnaie d’une longue, c’est-à-dire ne peuvent être dissociées dans la
scansion. Ce fait signifie certainement que les deux syllabes étaient étroi­
tement unies dans la prononciation. Notons enfin qu’une voyelle longue
précédée d’une syllabe initiale brève gardait toujours sa quantité, si elle se
trouvait en position non finale (p. ex., i dans abiuissem), au rebours de ce
qui se passait en position finale, même en syllabe fermée (§ 60, 4°). De cet
ensemble de particularités on peut dégager pour l’abrègement iambique
l’explication suivante. L ’attaque violente avec laquelle s’articulait la
syllabe initiale avait épuisé son intensité à la fin de la syllabe, si celle-ci
était longue; mais lorsque la syllabe était brève, elle tendait à la dépasser
et à s’annexer la syllabe suivante en une seule « coulée » articulatoire.
Elle y parvenait à condition que la deuxième syllabe se termine sur une
voyelle brève : si la voyelle d’une deuxième syllabe terminée par une
consonne implosive était brève, l’arrêt s’opérait avant la consonne implosive
(p. ex., sene-ctüti) ; si la voyelle de la deuxième syllabe était une longue
intérieure et donc stable (ce que montre le fait qu’elle a résisté à l’apophonie
et à la syncope), comme dans abiuissem, elle ne s’abrégeait pas; mais si
c’était une longue instable en raison de sa position finale, c’est-à-dire une
longue en principe, mais réalisée parfois comme une demi-longue ou même
comme une brève selon le débit, la réalisation plus brève était admise
pour les mots iambiques dans la langue littéraire, sans doute en raison de sa
fréquence pour cette catégorie dans la langue commune, et ne choquait
pas le sens quantitatif aigu des Latins. Les poètes sérieux et comiques de
l’époque préclassique ont naturellement tiré parti des deux possibilités
offertes par l’usage : la prononciation longue et la prononciation abrégée
(cp. p. ex., modo, Plaute, AuL, 629, et modô, id., CapL, 458).
Dans la poésie de l’époque classique, où l’articulation de l’initiale avait
perdu de son intensité, il n’y a plus d’exemples d’abrègement syllabique
du type sene-ctüti et, en principe, les dissyllabes anciennement iambiques
sont toujours scandés avec leur quantité originelle, d’après le modèle des
dissyllabes non iambiques de même catégorie, qui n’avaient pas connu
l’abrègement : amâ (et non plus ama, Plaute, Cure., 38) d’après cantâ,
domo (et non plus domo, ablat., Térence, Ad., 198) d’après tëctô. O nt résisté
à cette normalisation (voir p. 41 s.) et présentent, les uns constamment,
les autres facultativement, une brève finale plusieurs catégories de mots :
des adverbes (bene), des mots-outils (nisi), des pronoms personnels (mihi),
des I®’’®pers. sing, et des nominatifs en -ô (uolo, homo).
A l’époque d’Auguste, l’abrègement (facultatif) s’étendit même à des
finales en -ô (sauf à celle du datif-ablatif) de mots non iambiques : dixero
(Horace, Sat., I, 4, 104), laudo (Juvénal, III, 2), respondieto (Martial, G U I,
4, 7), Pollio (Horace, Od., II, i, 14), ergo, immo, quando.
LES VOYELLES EN SYLLABE FINALE 13 9

Ces faits témoignent de la négligence de plus en plus grande à articuler


les finales que déplore Quintilien (X I, 3, 33 et I, i i , 8) et qui aboutira
dans les langues romanes à leur amuïssement pratiquement complet. L a
prédominance de l’abrègement dans les i'"«®pers. sing, et dans les nominatifs
sing, est certainement due au fait qu’on les considérait comme des formes
de base et que leur désinence était nettement moins sentie comme une
marque morphologique que celle, p. ex. du datif-ablatif en -0. Elle était
donc moins protégée par l’attention intellectuelle.
R E M A R Q U E . — On ne trouve pas au nominatif d’alternance du type
rosaj*rosä. Le ä que suppose la comparaison a dû s’abréger plus tôt dans
ces mots, peut-être sous l’influence du type audacia, qui avait un a ancien.

B I EN F IN A L E FERM ÉE

§ 60. ■— 4° Les voyelles longues finales non toniques des polysyllabes se sont
abrégées devant consonne autre que s ; dans les mots iambiques, elles y tendaient même
devant s ou lorsqu'elles étaient toniques; dans les monosyllabes, elles ne se sont
abrégées que devant t m.
Cp. JURET, p. 294; L eümann , § 87 B; L indsay , III, § 40, ii; I d ., Early,
p. 121-138; M e il l e t -V en d ryes , § 214; N iedermann , § 25, 3°; P isani ,
§ 135; S ommer , § 90, I A. Voir aussi la bibliographie de § 60, 3°.
Bacchanal, de Bacchanal (Plaute, AuL, 4 1 1); tribunal, de tribünâle (C IL ,
P, 593, avec chute de e selon § 60, i<>) ; arbitror, de arbiträr (Plaute, AuL, 216) ;
uxor, de uxôr (Plaute, Asin., 927); exemplar, de exemplàr(e) (Lucrèce, II,
124); arat, de arät (Plaute, Asin., 874); solet, de solêt (Plaute, Mere., 6g6);
vAit, de uellt (Plaute, Men., 52) ; amäbam?^ en regard de amäbäs.
arbôs, honôs (mots terminés par s), en regard de arbor, honor, mais amas
(Plaute, Bacch., 1162), en face du mot iambique amäs (Id., As., 526);
addle, êdûc, illic, illàc, tantôn (mots dont la voyelle finale portait l’accent),
mais uidén, du mot iambique uidën, de uidësne, selon § 42, 4° et 60, 1° a.
rm®* en regard de rüs',fiet en regard de Jlês, mais die, dûc, sic, mr,fiür, par,
soi, sâl, rën (monosyllabes terminés par une consonne autre que i ou m).
La tendance à l’abrègement des syllabes finales a été largement contre­
carrée par l’accenP® ou par la présence d’un 5 après la voyelle. L ’antici­
pation mentale de la durée de cette continue a dû provoquer un renfor­
cement de la voyelle longue précédente. Les continues l et r, d’aperture

La quantité brève des voyelles finales devant -m est attestée par P r is c ie n (I, 23, 13;
V I I , 366, 2 1 K ) ; franç. « rien » prouve la brévité de Ve de rem : e bref tonique et libre dans
cette langue est devenu en effet ie, tandis que ê dans les mêmes conditions est devenu ei,
puis oi... (Cf. më devenu *mei, puis moi.) B o u r c ie z , § 51 R.
Si l’accent est resté sur la finale apocopce des mots en -c et en -n (et non p. ex. sur
celle des mots en -al, -ar : tribunal, de tribünâle', exémplar, de exemplare), c’est à cause du carac­
tère enclitique de ces éléments dans ilUc, de *illi-ce, tantôn, de tantO-ne, etc. L ’enclitique,
en effet, attire l’accent sur la syllabe précédente. Quant aux composés de dlc et de dûc,
ils sont analogiques du simple.
1 40 INFLUENCE DE L A PRONONCIATION DE L A SYLLABE INITIALE

plus grande que s et donc, toutes choses égales d’ailleurs, moins tendues,
n’ont pu exercer la même action (cp. la chronologie de la réduction de ss
et de rr en finale, § 62, 4®).
Les monosyllabes, plus résistants, puisqu’ils monopolisent tout l’effort
articulatoire, ne se sont abrégés que devant m et t : ces phonèmes, très
laibles à cause respectivement de leur caractère nasal et dental (cf. § 9
in fine et 27, i®) n’ont pu conférer à la voyelle précédente un renforcement
suffisant pour le maintien de sa quantité. Pour le cas de d après voyelle
longue, cf. § 62, I® b.
L ’abrègement dont il est parlé ici a dû avoir lieu un peu après la mort
de Plaute. L a quantité longue est encore intacte dans ses œuvres, exception
faite des mots iambiques, tandis qu’on trouve des voyelles brèves dans les
mêmes conditions chez Térence et chez Ennius, où elles voisinent avec des
longues. Ainsi, à l’époque de l’abrègement des finales, -ës et -ôs (hmôrës,
filiôs) ne s’opposaient plus à -es, -os (*honôres, fllio s), car ceux-ci étaient
passés à -is, -us (honoris, filius) (§ 61). Seules les oppositions -is : -is (cluls :
ciuis) et -üs : -us (manûs : manus) avaient un rendement fonctionnel,
d’ailleurs assez réduit pour la dernière. Peut-être ont-elles contribué au
maintien de la quantité longue devant s final (?).

Fm sanskrit.
§ 6oa. — i®-4® Aucun changement correspondant.
En ionien-attique.
§ 60b. — 10-4® Aucun changement correspondant. En d’autres dialectes,
l’apocope se rencontre dans des mots accessoires. Le grec moderne, sous
l’effet de l’accent d’intensité, en présente d’assez fréquents exemples
(L 232).
En osco-ombrien (dans les polysyllabes).
§ 60c. — I® Tendance analogue à celle du latin (B 72) (BO 42).
2® 0, e, i ont disparu en finale devant s (B 70) (BO 41).
3®-4® Aucun changement correspondant (B 61).
En germanique (dans les polysyllabes).
§ 6od. — I® En finale absolue, lE « et germ, a ont disparu; de même
lE i et germ, m à la fin des trisyllabes et, après syllabe longue (en gotique,
par analogie, également après syllabe brève), à la fin des dissyllabes
(Brugmann 350, i ; S 144).
2® En gotique, les voyelles brèves en finale fermée (sauf devant
n + consonne ou devant lE r) ont disparu, sauf germ, u et parfois lE i;
en germanique occidental, elles se sont comportées comme en finale
absolue (i°), mais se sont conservées devant n -|- consonne et devant r
(Brugmann 350, i; S 145 ss.).
3® Aucun changement correspondant.
LES VOYELLES EN SYLLABE FINALE I4I

4° Les voyelles longues finales ont subsisté dans les monosyllabes


accentués; de même dans les polysyllabes en gotique et, si elles valaient
originellement trois mores, en v.h.a., devant lE -i'. Par ailleurs en gotique,
une longue finale lE de trois mores est devenue une longue de deux mores,
une longue finale lE de deux mores est devenue brève {i de lE i, sinon a).
Ces longues originelles de deux mores, même devant lE -s, sont devenues
brèves en nordique et en westique (lE i passant à i, lE à, ô, passant à
v.h.a. a devant nasale originelle et, en finale absolue, à westique u, qui
disparaîtra en principe après syllabe longue). lE ë et germ, ö se sont abrégés
respectivement en a, 0, en v.h.a. en finale, lorsqu’ils valaient trois mores
(Brugmann 360, 3 et 4; S 15:2).

En vieil irlandais.
§ 6oe. — i°-2° Les voyelles brèves ont disparu en finale absolue dans
les polysyllabes, sauf si elles se trouvaient en contact, ancien ou secondaire,
avec une voyelle ou une semi-voyelle précédentes (P 90 et 95). Si la voyelle
précédente était atone, les deux voyelles se fondaient en une brève, qui
prenait le timbre de la dernière ; -j/os est devenu -e (P 94).
3° Aucun changement correspondant. Mais les voyelles longues et les
diphtongues des polysyllabes ont disparu en finale absolue (P 91), sauf le
groupe -yâ, qui subsiste sous forme de e.
40 Les voyelles longues et les diphtongues des polysyllabes ont disparu
en finale devant une nasale, sauf ö dans le groupe -yôn, qui subsiste sous
forme de u. Elles ont subsisté devant lE s, devant les groupes lE contenant s
et devant lE t (P 91 et 92).

Chapitre 2. Modifications qualitatives

SE C T IO N 1 . V O Y E L L E S S IM P LE S

A) En finale ouverte.
§ 6 i. — 1° En syllabefinale ouverte i est devenu e, u est devenu o.
Cp. JuRET, p. 289 ; L eumann , § 73 ; L in d sa y , III, § 37, i ; M e il l e t -
V en d ryes , § 219; N iederm ann , § 21 ; P isani , § 130; S ommer , § 89; B assols,
§ 129; K e n t , § 126, I V ; T a g l ia v in i , p . 60. --- B o n fan te , Z V S, 1935,
p . 265-267; 1937, p . 75; M a n iet , AG, 1952, p. 5 S S .

mare, du thème mari- (cp. mari-a, nomin. plur.) ; facile, de *factli


{cp. facili-a, nomin. plur.); tribûnâle (d’où tribunal selon § 60, 1° et 4®),
de *lribmâli-, cape, de *capi (cp. capiô)-, rege (CIL, P , 1334) = règi(s)
génitif, avec chute de s selon § 62, i®.
142 INFLUENCE DE L A PRONONCIATION DE L A SYLLABE INITIALE

annoro (CIL, V , 896) = annôru(m), avec chute de m selon § 62, 2“ ;


Terebotiio (C IL , P , 33) = Trebôniu(s), avec chute de s selon § 62, 1°.
Il semble que la voyelle brève i, la moins étoffée de toutes, parce que
la plus fermée, ait pu difficilement se maintenir en syllabe finale ouverte,
où sa phase terminale n’était pas renforcée par une consonne. O u bien
elle est tombée selon § 60, i® et Rem. 3, ou bien, lorsque sa valeur fonction­
nelle entravait son amuïssement, elle a tendu à prendre plus d’ampleur
en s’ouvrant au degré immédiatement supérieur, plus exactement à un
degré intermédiaire entre i et e (cf. Quintilien, I, 4, 8). V oir p. 23.
L a graphie -0, qui voisine avec -us, -um, parfois dans la même inscription,
témoigne de la tendance à ouvrir également d’un degré la voyelle très
fermée u, lorsqu’elle n’était pas soutenue par une consonne.
R E M A R Q U E . — i provenant de t selon § 60, 3" s’est maintenu dans
les doublets mihi, tibi, sibi, quasi, etc., sans doute parce que l’abrègement
de la voyelle finale des mots iambiques est postérieur au passage de i à e.
Certains, dont Tite-Live, employaient aussi les formes tibe, mihe, sibe,
quase, etc. (cf. Quintilien, I, 7, 24), mais e y représentait plutôt ê venant
de ei selon § 32, 3° que e venant de i. L ’e final de here provient de l’ancien
locatif heri. Remarquons que Quintilien écrivait here, mais sibi, quasi (Le.),
ce qui tend à confirmer la différence d’origine de leur finale. La forme
attestée heri (Plaute, Capt., i i i , etc.) provient selon § 60, 3° du doublet
récent heri (Térence, Emi., 169), analogique de tempert, ruri...

B) En finale fermée.

§ 61. — 2®a bref ancien enfinale fermée est devenu e.


Cp. JuRET, p. 294; L eUmann, § 75; M eillet-V endryes, § 222; N ieder-
MANN, § 23; PisANi, § 131 ; Sommer, § 89, A i; Bassols, § 131 ; K ent , § 126,
III b; T agliavini, p. 61.
artifex, de *artifacs (cp. faciô) ; auceps, de *auicaps (cp. capiô) ; autistes,
de *antistats (cp. status) (en passant par *antistess, avec simplification de ss
selon § 62, 4®); tibicen, de *tibiocan (cp. canô, c f § 57, 1° B).
L a voyelle a, devant une ou plusieurs implosives finales, s’est comportée
comme en syllabe intérieure fermée. Son abrègement fut sans doute plus
marqué encore, mais son ampleur maximale lui permit de ne pas se fermer
de plus d’un degré.
R E M A R Q U E . — L ’a final de anas est dû probablement à la dilation
(mais voir Devoto, R F C , 4, p. 518-522). Celui des mots du type tribunal,
exemplar, ne s’est abrégé qu’après la transformation d ’a en e, antérieure
à tout document. Aureax a gardé son a, sans doute grâce au renforcement
dont cette voyelle d’aperture maximale bénéficiait de par sa position en
hiatus. Caesar est un nom propre, en outre probablement non latin; iubar
est un terme exclusivement poétique et comme tel peut avoir conservé
le a par archaïsme. Le génitif Caeseris, qu’on trouve parfois selon § 57, 1° c
(C IL , IV , 2308, etc.), mais qui n’a pas persisté, témoigne à la fois de la
tendance phonétique régulière et du triomphe de la forme ancienne dans
des mots de caractère spécial.
LES VOYELLES EN SYLLABE FINALE 143

§ 61. — 3° e bref ancien en syllabe finale est devenu i devant t et %primitivement


simple dans la déclinaison et la conjugaison.

Cp. JURET, p. 295; L eumann, § 75; M eillet-V endryes, § 223; N ied er -


M ANN, § 23; P1SANI, § 131; Sommer, § 89, i A 2; Bassols, § 132; K ent,
126, I. — M aniet, AG, 1952, p. 9 SS.
fècit, de feced (CIL, P , 4); salütis (génitif), de salutes (CIL, P, 450);
agis, agit, agitis, de *ages, *aget, *agetes.
Mais mîless, de *mües selon § 62, 4°, de *milet-s, selon § 23, 2°, où s final
n’était pas primitivement simple.
S’il s’agisscdt d’une loi phonétique, on comprendrait mal pourquoi e a
passé à i uniquement devant s simple et t, et non devant n (cf. tous les
substantifs en -men) ou devant m (au contraire, *quim est devenu quem
et l’analogie a fait passer beaucoup d’accusatifs en -im à la forme -em,
tandis que l’inverse n’a jamais eu lieu). Les nasales ne répugnent pas à
être précédées d’un i, comme le montre le passage de *ember à imber, de
en à in (cf. § 30, i» Rem. 3), de *enem (ep. nempe) à enim (mot accessoire dont
le relâchement favorisa la tendance à la fermeture des voyelles finales).
Comme, en outre, e n’est pas devenu i devant s dans penes ni devant t
dans le proclitique et ni dans l’enclitique -met, que e en syllabe intérieure
entravée ne s’est pas non plus fermé en i, sauf cas d’assimilation, on peut
supposer des influences analogiques dans les formes verbales et nominales
(cf. Maniet, op. cit.).
Le passage de « à i est plus ancien devant t final que devant s dans les
noms. Feced se lit sur une inscription du 4« siècle av. J.G. (CIL, P, 4),
fecit à côté de dédit sur ime autre du commencement du 4® siècle, tandis
que le témoignage le plus ancien du passage de -es à is date de 193 av. J.C.
{honoris causa, C IL, P, 612). Il faut noter qu’on n’a pas de témoignage
ancien pour les deuxièmes personnes en -*es, -*tes, qui selon notre hypo­
thèse ont dû passer à -is, -tis en même temps que -ed, -et passaient à -id, -it.

§ 61. — 4® o ancien en finale fermée, ailleurs que dans les monosyllabes où il


n’était pas suivi d’une nasale et sauf parfois dans les polysyllabes devant r, est
devenu u.

Gp. JURET, p. 295; L eltmann, § 75; L indsay, IV , § 20, 5; M eillet-


V endryes, § 221 et 223 ; N iedermann, § 22,5®; Pisani, § 131 ; S ommer, § 89,
I A 4; Bassols, § 133; K ent, § 126, II a; T agliavini, p. 61.
dônum, de donom (C IL , P , 31); cônsentiunt, de co(n)sentiont (C IL , P , 9);
filius, d e filios (ibid.); opus, de opos (CIL, P, 546); aliud, de *aliod, mais
mamwr, quod, quot (et aliquot par analogie).
L a voyelle s’est fermée, comme en syllabe intérieure devant une implo­
sive sauf r (cf. § 57, 2° explication). Les monosyllabes ont résisté à l’affaiblis­
sement. turn, cum, de *tom, quom..., représentent une assimilation de 0 par m
comme en syllabe initiale (§ 30, 5°).
144 INFLUENCE DE L A PRONONCIATION DE L A SYLLABE INITIALE

L a transformation des finales -os, -om, en -us, -ton, apparaît dans la


graphie vers le début du 2® siècle av. J.C . Filios, Luciom se lisent sur
l’épitaphe d ’un Scipion, consul de l’an 259, tandis que l’on trouve ingenium
sur celle d’un autre Scipion, mort vers 170 av. J .C . (C IL , P, 10). La finale
-unt voisine avec -ont dès le début de la littérature : uënêrunt (Livius Andro-
nicus, Od., (cf. Festus, p. 252, 4) à côté de neqiânont {ibid., Festus, p. 160,3).
R E M A R Q U E . — Après u, on continua d’écrire 0 pendant toute la
période républicaine et même, dans certains cas, à l’époque impériale :
p. ex., on prononçait seruus, ceruus, mais on notait encore seruos, ceruos, au
temps d’Auguste. O n voulait sauvegarder par cette graphie le caractère
consonantique de l’a devant voyelle (cf. Quintilien, I, 7, 26).

SE C T IO N 2. D IPH TO N G U ES

§ 61, — E n syllabe finale, les diphtongues à premier élément bref ay, ey, oy
sont devenues ï, la diphtongue ow est devenue ü.

Cp. J U R E T , p. 295; L eumann, § 75; L indsay, IV , § 20, 5; M eillet -


V endryes , § 221 et 223; N iedermann, § 24; Pisani, § 137; Sommer, § 89,
I A 4; B assols, § 135 S S .; K ent, § 127, I s.

feci, de *fêcai (ancienne forme de moyen, ep. falisque peparai = pepert


et grec -pai), en passant par fecei (CIL, P , 638); ns (datif-ablatif féminin
plur.), de *eiais (cf. la finale -aiç du datif fém. plur. en grec et l’osque
deivinais = dlulnis), en passant par eieis (C IL , I^, 586).
mihï, de mihei (C IL , I^, 1206); abîs, de abeis (du thème ei; cp. abei,
impératif sing., C IL , P , 1211). ê fermé est le stade intermédiaire entre ei et i.
Cf. lunone Seispitei Matri, C IL , I*, 1430, formes de datif où les trois étapes
sont représentées au moins graphiquement.
populi (nominatif pluriel), de *populoi (cf poploe, Festus, p. 224, 4,
écrit sans doute pour poploi, cf. la finale -ot, du nomin. masc. plur. en grec),
en passant par *populei (cf. uirei, nomin. masc. plur., C IL , P, 581); illis
(datif-ablat. masc. plur.), de *illois (cf. ab oloes - ab illis, P. Festus, p. 17, 22,
où oloes note sans doute olois; cp. la désinence -oiç du datif masc. plur.
en grec), en passant par *illeis (cf castreis, même cas, C IL , P, 614). ê fermé
est le stade intermédiaire entre ei et t. Cf. ploirume « plürimi », nomin.
masc. plur., C IL , P , 29.
fruclüs (gérât, sing.), de *Jructous (cp. castrons, génitif osque du thème
castru-) ; senâtüs (gén.), de senatous (C IL , P , 2197).
Dans la diphtongue à premier élément bref ai, le premier élément, se
trouvant devant une semi-voyelle implosive, s’est comporté comme en
syllabe intérieure fermée (§ 57, 2®) et est devenu e. L a diphtongue résul­
tante, ei, s’est ensiâte transformée en î comme en syllabe initiale (cf. § 32, 3°).
Dans la diphtongue oi, le premier élément, affaibli par son abrègement,
a subi l’attraction de la prépalatale y et a. passé à la prépalatale e, d’où
LES VOYELLES EN SYLLABE FINALE 145

la diphtongue ei. Celle-ci s’est monophtonguée en i comme en toute autre


position.
Les diphtongues primitives ei, ou ont normalement évolué en i, ü
(cf. § 32, 3° et 6°). Pour les datifs du type iüre, cf. § 32, 3° expi.

§ 61. — 6° En syllabe finale, les diphtongues à premier élément long ây, ôy,
non suivies d’une consonne sont devenues respectivement ae, 5 .
Cp. JtTRET, p. 293; I d ., Dominance, p. g8 ss.; K ent, The forms of latin, 1946,
p. 26; 29-30; N iedermann, § 24; Pisani, § 138; Sommer, § 89, II B; Bassols,
§ 140 s.; K ent, § 121.
N.B. — Suivies d’une consonne, les diphtongues à premier élément long
se sont abrégées selon § 44, i° et ressortissent donc au § 61, 5°.
Fortünae (datif), de Fortunai (C IL , IX , 1543)- Pour la finale ancienne -ây,
cp. grec Mumeriô (datif), de Mumasioi (C IL , I^, 3). Pour la finale ancienne
-ôy, cp. grec -w, osque ûî.
Le premier élément de ces diphtongues s’est probablement quelque
peu abrégé en raison de sa position en syllabe finale, mais il est resté suffi­
samment long pour éviter toute modification qualitative. C ’est le second
élément qui s’est modifié ou a disparu. Le maintien de y dans le datif
en âi (d’où ae) contraste avec sa chute dans le datif en ô. Cette différence
est peut-être due au fait que le point d’articulation de la semi-voyelle
antérieure était plus rapproché de celui de la médiane a que de la posté­
rieure 0 : le déplacement des organes était nettement plus facile dans le
premier cas. Par la suite, i s’est rapproché davantage, comme à l’initiale
(cf. § 32, 1“), du point d’articulation de a et est devenu e, tandis que â
s’abrégeait comme une voyelle devant une autre voyelle de timbre différent
(§ 44, 2°) et même afortiori, puisqu’il n ’était pas séparé du second élément
par la coupe syllabique.
Dans les dialectes, il y a eu hésitation entre les finales -ai et n : on lit
Mineruai (C IL , I*, 364) et Menerua (C IL , I^, 365), datifs, sur deux inscrip­
tions falisques.
La forme Numasioi semble remonter à l’an 600 av. J.C . ; dans les inscrip­
tions postérieures, on ne rencontre plus que la désinence -ô, à moins qu’il
ne faille voir dans le mot altéré dzenoi, qui figure dans une inscription du
4®siècle avant J.C . (CIL, P , 4), le datif duenoi, de l’adjectif duenos ( — bonus).
Marius Victorinus (V I, 12, i et 17, 20 K ) cite populoi Romanoi comme
exemple de datif figurant dans les anciens textes de traités et de lois.
R E M A R Q U E S . — i. K ent (op. cit.) a supposé une phase d’hésitation
ai\â, oijô, selon que le mot suivant commençait par une consonne et pro­
voquait un abrègement d’après § 44, 1° ou par une voyelle et provoquait
la chute de y intervocalique ; les sujets parlants auraient opté d’une part
pour la forme ai, d’autre part pour la forme ô. Mais cette explication ne
fait que reporter le problème.
2. La terminaison analogique -âi du génitif, qui est devenue -ae comme
celle du datif, ne constituait pas une diphtongue, mais comportait deux
146 INFLUENCE DE LA PRONONCIATION DE L A SYLLABE INITIALE

voyelles ayant chacune leur tenue propre. Ennius, p. ex., la considère


comme un dissyllabe dans son hexamètre : olli respondit rëx Albâi longâi
{Ann., 33 V ahl.). Postérieurement au passage de -ai ancien à ei, i, Yâ s’est
abrégé devant la voyelle suivante et le groupe ai a fini par se fondre
en la diphtongue courante ai, ae.
En sanskrit.
§ 61 a. — i°-5® Aucun changement correspondant (W 259).
6° La diphtongue indienne -ây est représentée in pausa tantôt par ai,
tantôt par à, la diphtongue indienne -âw surtout par -à (W 93 et 94).
E n ionien-attique.

§ 61 b. — i°-5° Aucun changement correspondant.


6° Les diphtongues finales -ây, ôy, sont devenues à, ô, en attique vers
le 2® s. av. J.C. (écrites le plus souvent a, a>) (L 236).
En osco-ombrien.
§61C . — I® En finale ouverte, * est devenu « en ombrien (B 36) (BO 19).
2°-3° Aucun changement correspondant, mais a tend vers 0 en finale
devant ts en ombrien récent (B 29) (BO 16).
4® 0 en syllabe finale est devenu u ou o fermé devant m en osque (B 41)
(BO 21).
5® La diphtongue oi finale est devenue c fermé en ombrien (BO 29).
Les autres se sont comportées comme à l’initiale, cf. § 32c.
6® Les diphtongues à premier élément long ont eu le sort des diph­
tongues à premier élément bref (B 50).
7° ü semble être devenu i en finale (B 49) (BO 24).
8® à final a tendu vers 0 en osco-ombrien. En osque, il est transcrit ü
de l’alphabet national, écrit 0 ou a en alphabet latin; en ombrien, il est
transcrit a ou a de l’alphabet national, toujours écrit 0 en alphabet latin
(B 28) (BO 16).
En germanique.
§ 6id. — I® Même tendance qu’en latin en v.h.a. au 9® s. pour i ou a
en finale absolue, ancienne ou secondaire (Brugmann 349, 7).
2° Germ, -yan final est devenu yen, en, en v.h.a. dès avant le 8® s.
(Brugmann A 5).
3® Sauf généralement devant lE r (cf. § 6od, 2®), lE e final devant
consonne est devenu i (avant de disparaître selon § 6od, 2®) (S 65).
4® Aucun changement correspondant. V oir § 6od, 2® (Brugmann 349).
5® Les diphtongues finales germaniques ai, au sont devenues ê, 0, en
germanique oceidental; puis, en v.h.a., le ê s’est abrégé, du moins quand
il provenait de ai d’intonation douce, en finale absolue (Brugmann 360, 4).
6® Dans les diphtongues à premier élément long cet élément est devenu a
en gotique; lE ëy, ëw, ôw sont devenus respeetivement i, iu, 0, en v.h.a.
(S 88).
LES VO YELLES EN SYLLABE FINALE 147

7° En syllabe inaccentuée, ê ouvert germanique est devenu a en gotique,


e en nordique et en westique (S 88).
8° Pour lE ë, «, 0, cf. § 6od, 4“.

En vieil irlandais.
§ 6ie. 1° Aucun changement correspondant, mais e est devenu i en
finale ouverte (avant de disparaître) dans les polysyllabes (P 90).
2° a et 0 en finale sont parfois devenus e sous l’influence d’une consonne
palatale précédente (P 174, 2).
3° Aucun changement correspondant.
4° Aucun changement correspondant, mais 0 est devenu û en finale
absolue et devant n (avant de disparaître dans les polysyllabes) (P 91).
50 En syllabe finale dans les polysyllabes, les diphtongues à premier
élément bref ont disparu sauf devant consonne, où -ows est devenu 0 et
plus tard a (pas d’exemples clairs pour les autres diphtongues) (P 91 et 92).
6° Les diphtongues -ôy et -ây non suivies d’une consonne ont disparu,
-5y en passant par ü (P 91).
Livre Quatrième
30
Phonétique syntactique

TITRE I
LE SORT
DES CONSONNES FINALES

Chapitre 1. Modifications quantitatives

S E C T IO N 1 . L 'A M U I S S E M E N T

En latin.

§ 62. — 1° a) s fin a l primitivement simple s'est amuî après voyelle brève devant
un mot à i?iitiale consonantique ; il a toujours subsisté après voyelle longue ; b) d final
s'est amiii après voyelle longue et a subsisté après voyelle brève.

Cp. J u R E T , p. 206 S.; L eumann , § 155 et 157; L indsay , I I , § 126 et 137;


M eillet -V endryes , § 226 et 228; N iedermann , § 46 et 50; P isani, § 122
et 128; S ommer, § 167 et 168; Bassols, § 250, 256 s.; F a r ia , p. 236 s.;
K ent , § 141, X ; T agliavini, § 83; G authiot (fin de mot), p. 98 s.; 120;
H ammerstroem, G 1, 1922, p. 100-102; II a v e t , Et. G. Paris, 1891, p. 303-
329; Proskaüer , Auslaut, -s; O trebski, s final-. F rancia , Act. I l l Congr.
Estud. clds., III, 1968, p. 71-78; Belardi , R G C M , V II, 1965, p. 1 14-142
(sfinal)-, H amp , GPh, L IV , 1959, p. 165-172 (sfinal)-, II arsh, T A P h A ,
L X X X II I, 1952, p. 267-278 (s final). — V äänänen , § 128 s. et 130 ss.
a) Cornelia -j- initiale consonantique (C IL , I*, 8) pour Cornelius avec o
de U selon § 61, i°; rege -f- initiale consonantique (C IL , P , 1334) pour régis
(génitif), avec e de i selon § 61, 1°; corpu(s) meum (Ennius, Arm., 38 Vahl.).

L a phonétique syntactique est l’ctude des changements phonétiques conditionnes


par la place des mots dans la phrase.
150 PHONETIQUE SYNTACTIOUE

Mais arbôs, hotiôs (où -s s’est toujours maintenu après voyelle longue);
miles, de *mîless (cf. § 6 i, 3® exemples), où -j, venant de -ss, a toujours été
conserve.
b) praedâ (ablatif), de praidad (C IL , I®, 48); rnè, de med (CIL, I^ 4);
lûcàrî, de loucarid (C IL , I®, 401); stâtô (impératif), de stated (C IL , P, 4);
magislrätü, de magistratud (C IL , P , 581).
M ais ad, sed, quid, quod, aliud, istud (mots dans lesquels ~d est préeédé
d’une voyelle brève).
O n le constate, -d final a subi un traitement inverse de celui de ~s primi­
tivement simple devant un mot à initiale consonantique. O n pourrait
expliquer comme suit cette différence. Pour articuler la continue sourde s,
les organes doivent rester tendus plus longtemps et faire équilibre à une
pression expiratoire plus grande que pour la momentanée sonore d. Le
passage en syllabe finale d’une voyelle (très relâchée en cette position)®^ à la
consonne -s exige donc un accroissement de tension plus considérable que
celui de la même voyelle à la consonne -d. A un endroit où l’articulation a
tendance à être négligée, c’est la consonne qui allait le plus à l’encontre
de cette tendance qui a cédé.
D ’autre part, -s final a subsisté lorsqu’il était précédé d’une voyelle
longue. Les organes, particulièrement tendus pendant la tenue de cette
longue, ne se sont relâchés que progressivement®® et la consonne suivante
a bénéficié du reliquat de tension®*. Par contre, -d, dans les mêmes cir­
constances, s’est toujours amuï. Cet amuïssement est conditionné par la
faiblesse de la consonne : on a vu plus haut (§ 27, i®) que les occlusives
dentales, au rebours de la sifflante, s’assimilaient pratiquement toujours
aux consonnes suivantes. Ce phénomène, normal à l’intérieur des mots,
a pu se produire aussi de dentale finale à consonne initiale, si bien que
p. ex., un groupe comme Gnaiuodpâtre se serait prononcé Gnaiuôppâtre. Mais,
en vertu du § 43, i°, cette géminée devait se simplifier après voyelle longue :
le groupe devenait ainsi Gnaiuô paire. Ces cas étant très fréquents, les formes
dépourvues de leur -d se seraient aisément généralisées et auraient seules
subsisté®^. Si la dentale ~t n’a pas subi le même traitement, c’est parce
que c’était une sourde, donc une forte : elle a pu se maintenir un peu plus

®^ Il s’ agit pratiquement dans ce cas de i et de u. D ’après J u r e t , La phonétique, p. 76,


i et U seraient les voyelles les plus tendues. Mais il convient de distinguer en latin comme
en français i et u fermés et tendus de i et u ouverts et relâchés. Cf. G r a m m o n t , p. 86.
®® Pour un fait analogue, cp. l ’exception visée par la loi de Verner (§ a8d). Cf. aussi
G ram m on t, p . 1 1 5 - 1 1 7 .
®® O n a vu plus haut qu’i final avait contribué réciproquement à maintenir la quantité
longue de la voyelle précédente (§ 60, 4°).
®* Dans haud, où la diphtongue équivaut à une voyelle longue, -d ne se trouvait pas
réellement en position finale : l’emploi proclitique de cette négation la liait en effet inti­
mement au mot suivant. Devant une consonne, on a des exemples de la forme hau {hau
pulcrum, sur une épitaphe du temps des Gracques, C IL , I®, 1211; hau sinam, Plaute, Most.,
798; hau sânë, Id., Trin., 625, etc.), ce qui correspond à l’explication donnée. La forme
haud devant consonne est peut-être une graphie ou une restitution analogique.
LE SORT DES CONSONNES FINALES I5I

longtemps que la sonore d jusqu’à ce que survienne l’abrègement des


voyelles longues finales devant consonne autre que s, qui la sauva de
l’amuïssement en latin classique. (Pour le maintien de la dentale nasale n
en position finale, cf. § 62, 2°.)
Devant un mot à initiale vocalique, il est très probable que s simple
apparemment final faisait partie, dans la prononciation, de la première
syllabe de ce mot et qu’un groupe comme p. ex., magnus animus se coupait
magnu sanimus. s n’avait donc pas de raison de s’amuïr dans cette position,
où il était explosif. De plus, son amuïssement aurait laissé les deux voyelles,
finale et initiale, en hiatus.
s final provenant de w s’est également conservé (cf. § 62, 4° et R ).
L ’amuïssement de s dans les conditions précitées s’est effectué pendant
la période préclassique. Dans les inscriptions du 3® et du 2® siècle av. J.G.,
il n’est pas rare que le lapicide, évidemment influencé par la prononciation
courante, omette de le noter. De même, les poètes anciens, bien souvent,
n’en tenaient pas compte : ainsi, dans le groupe corpus meum (voir exemples),
la syllabe -pus est considérée comme brève, malgré l’initiale consonantique
du mot suivant.
Sans doute par analogie avec les cas où s final continuait à être pro­
noncé, on le rétablit partout, au moins dans la langue littéraire. Les
grandes inscriptions officielles du 2® siècle, même celles qui manifestent
une tendance archaïsante, comme le Sénatus-consulte des Bacchanales,
ne l’omettent jamais. A l’époque de Cicéron, on se devait de le prononcer,
sous peine de paraître subrusticus (Cicéron, Orator, 48, i6 i, et Quintilien,
IX , 4, 38-39; cf. § 19). Cf. Belardi, op. cit.
L ’amuïssement de d coïncide avec l’apparition des premiers textes
littéraires. Comme on pouvait s’y attendre, il a été un peu plus tardif dans
les monosyllabes : on trouve encore chez Plaute des formes comme mëd
{CapL, 405), tëd {Cas., 90). Les inscriptions postérieures qui ont encore un d
final après une voyelle longue sont archaïsantes.
§ 62. — 2° La nasale labiale m a eu tendance à s’amuïr en position finale, la
nasale dentale n s’est toujours amüie dans les nominatifs en -’"ôn.
Cp. JURET, p. 214 SS.; L eumann , § 156; L in d sa y , II, § 61, 65 et 137;
M e ille t -V en d ryes , § 227; N iederm ann , § 54; P isani, § 129; S ommer ,
§ 166; B assols , § 253 SS.; F a r ia , p. 95 ss.; K e n t , § 56 et 167, I I b ; T a g l ia ­
vin i , § 123. — A b b o t t , APPh, 1917, p. 73-81 ; C u n y , BSOS, 1936, p. 477-
486; D ie h l (m épigraphique), NJPhP, suppl. B d., 1899, p. 1-327; G a u th io t ,
p. 161 S.; L en chan tin , BFC, X X I I , p. 199-203; S afarew ig z (m final),
Eos, 1934, p. 133-138. — VÄÄNÄNEN, § 127.
Scipione (CIL, I®, 9) pour Scipiönem-, Taurasia, Samnio (C IL , I®, 7), pour
Tauräsiam, Samnium; non anim(am) et post... (Ennius, Ann., i i V ahl.); homo,
de *hom5 n (cf. 1’accusatif homönem, Ennius, Ann., 138 Vahl.).
L a nasale labiale, assez faible par elle-même, était, en position finale,
dans une situation précaire. O n eut tendance à la négliger dans la pronon-
152 PHONETIQUE SYNTACTIQUE

dation, si bien qu’en poésie (sauf parfois dans les monosyllabes), la voyelle
précédente s’élidait devant un mot à initiale vocalique. Dans les inscrip­
tions, même les plus anciennes, on omettait souvent de noter ce phonème
caduc.
La nasale dentale n, encore plus faible que la labiale, s’est cependant
conservée à la fin des mots après une voyelle brève, et, dans certains cas,
après une longue. Après une brève (p. ex., dans certâmen, carmen, etc.),
l’influence des cas obliques, où n intervocalique n’avait pas de raison de
s’amuïr, a dû conserver la consonne au nominatif. Après une longue,
n s’est amuï dans les substantifs en -ôn à une époque antérieure à tout
document. Les substantifs en -ën ont dû conserver K à la fois parce qu’ils
étaient monosyllabiques et par analogie avec les cas obliques. En outre, le
passage de e à « exigeait un déplacement moindre des organes que celui
de ô à «. Dans les autres mots, du type uidën, tantôn, il s’agissait de forma­
tions ouvertes, occasionnelles, où n était important, puisqu’il venait ajouter
une détermination nouvelle. De plus, il y était soutenu par l’analogie des
formes non apocopées uidësne, tantône, etc.
REM ARQTJE. — La voyelle précédant m final devait être prononcée
d’une façon particulière, si l’on en juge d’après les signes spéciaux (une
moitié de rn ou un m couché sur le flanc) inventés par certains grammairiens
anciens pour indiquer un son qu’ils étaient impuissants à décrire (cf. ’Velius
Longus, V I, 78, 19 SS.; 80, 17 ss.; Quintilien, 1, 7, 23; IX , 4, 39). Il s’agit
fort probablement de la voyelle nasalisée. L ’abaissement du voile du p a l^ ,
mouvement propre aux phonèmes nasals, s’est produit trop tôt, alors que
l’articulation de la voyelle n’était pas encore achevée, et cette voyelle a
pris dès lors une résonance nasale plus ou moins marquée, comme les
voyelles nasales du français, du portugais, du sanskrit, etc. Cette nasale
finale n’était pas un « phonème » en latin, mais une variante combinatoire
à fonction démarcative.
§ 62. — 3“ En finale, les groupes qu, nd, rd, et se sont allégés respectivement
en c, n, r, c.
Cp. S t o l z flacj, IF, 1905, p. 15-24; J u r e t , p. 217 ss.; L eümann , § 153 b;
Bassols , § 294; K e n t , § 139, V I ; 141, X I ; T a g l ia v in i , p. 120; M e il l e t -
V en d ryes , § 230.
nec, ac, de nequ(e), atqu(e), selon § 60, i<> a; dein, proin, de deind(e),
proind(e), selon § 60, i° a; cor, de *cord (cp. gén. cordis)-, lac, de lact(e),
selon § 60, I“.
Seconde implosive d’un groupe implosif, position très faible en latin
(cf. § 43, 2° et 27, 1“), la consonne finale a disparu. Son amuïssement a
dû au moins être facilité par sa rencontre fréquente avec des mots à initiale
consonantique, qui la mettait dans les conditions mentionnées au § 43, 2°.
Le groupe -nt dans les verbes a perdu phonétiquement son t, comme le
prouvent maintes graphies {coraueron, C IL , I^, 59 = cûrâuërunt), mais
celui-ci a été rétabli dans la prononciation soignée pour sa valeur fonc­
tionnelle et grâce à l’analogie de la 3® pers. du singulier.
LE SORT DES CONSONNES FINALES 153

S E C T IO N 2. A B R È G E M E N T ET S IM P L IF IC A T IO N

§ 62. — 4®i e j consonnesfinales longues ou géminées se sont généralement abrégées


ou simplifiées.
N. — B. Nous appelons consonne longue une géminée dépourvue de phase
explosive.
Cp. JuRET, p. 207; L eumann , § 153; L in d sa y , II, § 133; M e il l e t -
V endryes , § 229; N iedermann , § 65, 4; P isani, § 123; S ommer , § 169, A ;
B assols, § 292 s.; K e n t , § 164, IV . — G r a u r , géminées.
miles (cf. Ennius, Ann., 269 V ahl. : miles amâtur (finale d’hexamètre, où la
syllabe -les est métriquement brève)), de mtless (cf. Plaute, Aul., 528; miles
impränsus..., prononcé miles-simprânsus, car la syllabe -les est métriquement
longue, malgré la quantité brève de la voyelle e), de *mîlets selon § 23, 2®;
anas, de *anass (de *anats, cf. ibid.) ; compos, de *composs (de *compots, cf. ibid.) ;
es, de ess (cf. Plaute, Amph., 836 ; mulier es, audâcter..., où la syllabe es était
prononcée soit ess devant une pause réelle, soit es-saudacter, car elle est
longue, malgré la quantité brève de 1’«) ; sacer, de *sacerr, de sakros (C IL ,
P , i ; cf. § 45, 2®); ter, de ierr (cf le composé terruncius et Plaute, Bacch.,
i \ ‘z i)\fe l, de *fell (cp. le génitiffellis).
Devant un mot à initiale consonantique, les consonnes longues sont
purement implosives. Or, la faiblesse de cette position est peu compatible
avec une tenue très longue ; l’attention musculaire se porte avant tout sur
l’explosive suivante et elle néglige normalement Fimplosive (cf § 27, i®et 43,
I® et 2°). La tenue des consonnes longues se réduit donc tôt ou tard dans
ce cas à celle des consonnes ordinaires.
Lorsque le mot terminé par une consonne longue était isolé, cette
consonne devait aussi s’abréger en latin, en vertu de la tendance naturelle
à négliger les finales. L ’analogie des nombreux cas où avait lieu cet abrè­
gement a dû l’étendre aux mêmes consonnes suivies sans interruption d’une
initiale vocalique. Puisqu’on prononçait miles pârat, miles, ubi, etc., on
finit par prononcer aussi, comme en témoigne Ennius, miles amâtur et non
plus, comme le faisait Plaute, miles-simprânsus.
La réduction de la finale des polysyllabes en -rr est la première en date :
elle remonte à la période prélittéraire. O n n’a plus de traces en effet de
mots du type *sacerr. Viennent ensuite la réduction des finales -rr et -Il des
monosyllabes et celle des finales -ss des polysyllabes, un peu après la mort
de Plaute (en tout cas pour ces dernières). L a métrique de Plaute suppose
toujours la prononciation potess, adess, celle d’Ennius et de Térence, la
prononciation potes, ades. La finale -ss des monosyllabes s’est réduite en
dernier lieu. L a syllabe es (indicatif de esse) est parfois longue encore dans
Térence {Heaut., 707), au rebours de la même syllabe comprise dans le
composé ades [Hec., 510). Chez Ennius et les poètes postérieurs, es est
toujours compté devant voyelle comme une syllabe brève. Cette chronologie
154 PHONETIQUE SYNTACTIQUE

correspond au degré de résistance des phonèmes : toutes choses égales


d’ailleurs, un phonème compris dans un monosyllabe a plus de fermeté
que le même phonème compris dans un polysyllabe; d’autre part, la
consonne s, la continue par excellence, peut garder sa tenue longue plus
facilement que toute autre.
R E M A R Q U E S . — ■ i. A la différence de -s final primitivement simple,
-s final provenant de -ss ne s’est jamais, du moins dans les textes, amuï
devant une consonne (cf. § 62, 1°). L a tendance à l’amuïssement exerçait
encore ses effets à l’époque de la simplification, comme le montre la finale
d’hexamètre horridu(s) miles amâtur (Ennius, Ann., 269), où l’on trouve
un exemple des deux phénomènes. Mais l’habitude de négliger l’j ne s’était
transmise aux sujets parlants du début du 2® siècle avant J.C . que pour
les finales en -us, -is, à défaut d’autres à cette époque. Les nouvelles finales
-es, -as, -os, de -ess, *ass, *oss, transmises dans leur intégrité, furent fidèle­
ment reproduites.
2. La géminée c du nominatif accusatif neutre kocc, de *hod-c(e)
(cf. § 60, 1° a) ne s’est jamais simplifiée devant voyelle; cf. le dactyle
hoc(c) erat dans Virgile, Aen., II, 664; Horace, Sat., II, 6, i, etc. (Velius
Longus, V II, 54, 6 K .) La fréquence de syntagmes de ce genre, où c(c)
se trouvait comme en position intervocalique, de pair sans doute avec leur
caractère souvent emphatique, a dû conserver au mot sa géminée.
En sanskrit (en principe in pausa).
§ 62a. — 1° a) r, après voyelle brève, e t i se sont affaiblis en un souffle,
noté h, en finale indienne notamment in pausa (W 225).
h) d a. subsisté (sous forme de sourde), mais r s’est amuï après voyelle
longue en finale ancienne de polysyllabe (W 95). Cf. aussi 2“.
2° Une dentale nasale s’est phonétiquement amuïe après voyelle longue
en finale ancienne (W 95). Cf. aussi b.
3° Sauf le groupe r + occlusive (en principe suivi autrefois d’une
consonne), seule la première consonne d’im groupe a subsisté phonétique­
ment en finale (W 261).
4° Même phénomène qu’en latin (Brugmann 326).

En ionien-attique.
§ 62b. — I ° a) En finale s a subsisté, b) d ainsi que les autres occlusives
se sont amuïs (sauf dans les proclitiques) (L 305 et 306).
2° Les nasales ont subsisté en finale (L 142). Pour lE m, cf. § 63b, 2“.
30 Cf. i» b.
40 Même phénomène qu’en latin (L 304).

En osco-ombrien.
§ 62c. — I“ a) En finale, j et r ont tendu à s’amuïr, b) d s’est amuï
en ombrien (B 92, 82 et iio ) (BO 53, 62 et 77).
2° Les nasales finales ont tendu à s’amuïr en ombrien, -m en osque
(B 88) (BO 58). D e même ƒ et k en finale ont tendu à s’amuïr en ombrien,
surtout dans les pol^'syllabes (B 89 et 118) (BO 63c).
LE SORT DES CONSONNES FINALES 155

3® Les groupes st, rt sont souvent devenus s, r, en finale en ombrien


(B 104) (BO 65).
4“ Même phénomène qu’en latin, sans doute, pour ; et r de -rs, -Is,
s’ils sont passés par -rr, -II, selon § 23c, 7° et 8° (B 96 et 98) (BO 63a et b).
Mais, en osque, ss provenant soit de -ks, soit de -ns ancien (sans doute en
passant par (n )ts , cp. § 37c, 4P) a subsisté (B 121 et 189) (BO 63c et 69).
En germanique.
§ 6ad. — 1° a) s final lE s’est généralement amuï en westique sauf,
en tout cas, dans les monosyllabes brefs, où il est devenu r. Cf. § 63d, 1“
(Brugmann 360, 9) ; b) ainsi que t à la finale des polysyllabes se sont amuïs
en germanique après une longue accentuée ou après une voyelle inaccentuée
(S 129, 7)-
2“ Les nasales lE se sont amuïes en finale, sauf dans les monosyllabes
à voyelle brève. Cf. § 63d, 2° (S 129, 7). -w germanique est devenu -n en
v.h.a. et a subsisté, r est tombé en v.h.a. après voyelle longue in pansa
(Brugmann 360, 7).
3° lE -K°(e) s’est allégé en -h en gotique (Brugmaim 853).
4P Même phénomène qu’en latin (Brugmann 360, i i ) ; en outre, les
géminées se sont simplifiées en v.h.a. dans toute syllabe inaccentuée
(Brugmann 328).
En vieil irlandais.
§ 62e. — • 1° La séquence finale occlusive ou nasale + s a disparu. Après
voyelle, notamment, s final est d’abord devenu k, qui a subsisté en sandhi
devant initiale vocalique (P 87). Voir aussi § 24e, 5°. Les occlusives finales
lE ont disparu, sauf d dans les monosyllabes et t après consonne autre
que s (P 88).
2° Les nasales ont disparu en finale absolue (P 89). En sandhi e.xterne,
elles reparaissent a) sous forme de n devant voyelle, b) transformant en
nasales correspondantes les occlusives sonores et en occlusives sonores les
occlusives sourdes initiales avant de s’amuïr définitivement (P 187).
30 C f 1° et 5°.
4P Même phénomène qu’en latin, sauf souvent pour -ss, du moins
dans la graphie.
5° th v.irl. intérieur ou final est tombé dans les proclitiques (P 114, i).

Chapitre 2. Modifications qualitatives


En latin.
§ 63. — Les occlusives sourdesfinales ont eu tendance à se sonoriser après voyelle
à date ancienne.
Cp. JURET, p. 204 S S . ; L eumann , p. 177; M eillet -V endryes, § 226;
§ 1 2 1 ; Bassols, § 251; F a r ia , p. 233; K ent , § 138, II I; T a glia -
P is A N i,
156 PHONETIQ.UE SYN TACTiqU E

viNi, p. 120. — G a u th io t , p. 84 et 99 s.; S a f a r e w ic z , E os, L IV , 1964,


p . 99 SS.

ab, sub, ob, en face de ombrien ap- (dans apehtre« ab extra »), osque ctutc,
op] deded (C IL , passim, cp. osque deded), de dedet.
L e contraste latin ob : osque op et le parallélisme latin deded : osque
deded suggèrent une explication différente pour le cas des prépositions-
préverbes et celui du parfait. Les premières étaient des proclitiques et se
trouvaient ainsi en contact étroit avec des mots à initiale tantôt sourde
tantôt sonore. L ’occlusive sonorisée devant sonore a été généralisée en latin
in pausa et devant voyelle. Les mots à valeur pleine gardant leur autonomie
en latin, la sonorisation de -t dans le type deded doit s’expliquer par l’affai­
blissement de la consonne implosive à la fin d’un polysyllabe, d’où sa
moindre résistance à l’influence du phonème sonore suivant.
Le contraste -d ; -t qui oppose les temps secondaires aux temps primaires
en latin ancien à la 3® personne peut s’expliquer par la présence à date
ancienne d’un i après le t dans ces derniers (cp. skr. bhârati et lat. arch.
3® pers. plur. tremonti, Carmen Sal.)] la chute de cette voyelle aurait été
postérieure à la tendance qui fit passer -t implosif ancien à -d.
O n a parfois tenté de justifier le contraste ab, sub : et, nec, at, aut, etc.,
en supposant respectivement pour les deux séries l’absence et la présence
d’une voyelle finale en latin (cf. notamment Ernout-Meillet, article ab).
O n peut admettre aussi que la différence de traitement provient du caractère
plus autonome des mots de la seconde série, qui sont des conjonctions et non
des prépositions-préverbes.
R E M A R Q U E . — Les formes classiques des temps secondaires en -t
à la 3® personne sont analogiques de celles des temps primaires. Les ins­
criptions du 3® s., où le type dedet alterne avec le type deded, montrent que
l’analogie avait au moins commencé à opérer à cette époque. V oir § 60,
I® R 3.
Une forme du type caput a un f final analogique des cas obliques. De
même, aliquot a un f analogique de quot, de *k"oti (cp. skr. kdtï).

En sanskrit.
§ 63a. — In pausa, toutes les occlusives lE subsistantes sont repré­
sentées par des sourdes non aspirées (W 260).

En ionien-attique.
§ 63b. — I® Aucun phénomène correspondant.
2®m final lE est devenu v (L 142).

En osco-ombrien.
§ 6 3 c .----- 1 lE est devenu -d dans les fo rm e s verbales (à la 3® pers.
du singulier) (B 104) (BO 65), mais -s à la 3® pers. du pluriel (B 176)
(BO 65).
LE SORT DES GROUPES DE CONSONNES INITIAUX 157

En germanique.
§ 63d. — I® ƒ« pausa, les spirantes sonores interdentale et labiale ainsi
que Z se sont assourdis en gotique. lE après voyelle est devenu r en
nordique et, dans les monosyllabes brefs, en westique (Brugmann 360,
10 et 9).
2® -m lE est devenu -n et a partagé son sort (cf. § 62d, 2®) (S 129, 7b).
3® -m v.h.a. est devenu -n vers l’an 800 (Brugmann 360, 6).

En vieil irlandais.
§ 63e. — I® En finale absolue inaccentuée, la spirante sourde th est
devenue sonore. Mais voir § 62e, 5° (P 6 1, 3) ; de même, en syllabe inac­
centuée, la spirante ch palatalisée (P 51, 2).
2® En position finale, m lE est devenu n et a partagé son sort
(cf. § 62e, 2®).
3® En proclise, / est devenu r, surtout après la période du vieil irlandais
(P i i i ) .
4® En proclise, une consonne tend à perdre sa palatalisation ou sa
labialisation (P iio ).

TITRE II
LE SORT DES GROUPES
DE CONSONNES INITIAUX

§ 64. — Certains groupes initiaux se sont allégés : pt- en t-, dy- (parfois)
en y-, wr- en r-, wl- en 1-, (s)tl- en 1-, dm- en m-, gn- en n-, ainsi que les
géminées.
Cp. JuRET, p . 168 SS .; M eillet -V endryes , § 137 et 138; Pisani, § 88, 1 16-
I I 7, 124; Brugmann , § 359; I d . (stlîtibus), IF, 1900, p. 99-111; Pariente
(stl-), Emerita, X X X V I , 1968, 247-269; F rancia , Act. I l l Congr. Estud.
clâs., III, 1968, p. 71-78; S zem erényi , Arch. Ling., V I, 1954, p. 43 s.
(lis)-, Bassols, § 267; F a r ia , p. 225, 250; K ent , § 197; T agliavini ,
p. 109 SS.
tilia, s’il vient de ptilia (cp. grec nTsXéoc « orme ») ;
louis, de Diouis (Varron, L.L. 5, 66) ;
ràdix, de *wrâdîx (cp. got. waurts)-,
lâna, de ^wlânâ (cp. v.sl. vlûna, got. wulla) ;
158 PHONETIQUE SYNTACTIQUE

lis (à côté de sells, C IL , X , 2 1 1, etc., selon § 36, 2° b), de süls (P. Festus,
p. 411, 14; Quintilien, 1, 4, 16) en passant parj/lt; locus, de stlocus (P. Festus
et Quintilien, Le.) ; lâtum, de *tlâtum (cp. tollô et dorien tXStoç) ;
mâteriës, de *dmâ- (cp. dorien veô-SpôcTOç) ;
nâtus, de gnâtus; nôscô, de gtwscô.

Tous ces groupes, sauf tl et dy, figurent en latin classique à rintérieiu* du


mot. C ’est donc leur position initiale qui a conditionné leur allégement. Il
s’agit, au moins partiellement, d’un phénomène de phonétique syntactique.
Lorsque le mot qui la précédait dans la phrase se terminait par tme consonne,
la première consonne des groupes pt, wr, wl, gn, et des géminées y compris
dm, dy, devenus mm, yy, selon § 23, 3“ et 29, 2®, devenait la dernière d’un
groupe irnplosif. De toute façon, la première consonne était en position
faible, car, tout en étant implosive, elle faisait partie de la même syllabe
que l’explosive suivante. Son articulation était malaisée et son degré
d’audibilité réduit. Etant donné la débilité des implosives en latin, elle
disparut dans tous ces cas. Le groupe tl, bien qu’explosif, présentait une
difficulté spéciale en raison des points d’articulation trop rapprochés des
deux consonnes (cf. § 36, 2“ b), s, dans le groupe si-, de stl-, ainsi que dans
les groupes sm-, sn-, dut se sonoriser et s’amuïr selon § 42, 4®. Pour le
groupe dy-, cf. aussi § 45, i®.
L ’amuïssement de g dans le groupe gn ( = nn,1 a dû se produire au
cours du 2® s. av. J.C . O n trouve encore gn initial dans Plaute et dans
Térence à côté de formes sans g.
R E M A R Q U E S . — i. gn- a été conservé dans les noms propres :
Gnaeus-, également dans gnârus (à côté de nàrus), gnäuus (à côté de nâuus)
par analogie avec ignârus, ignäuus. Il se présente encore dans gnâtus, lorsqu’on
veut donner au mot un aspect archaïque (p. ex. Horace, Sat., II, 3, 202,
305, etc.). Cf. Marouzeau, Stylistique, p. 89-90.
2. L ’initiale stl est encore conservée à titre d’archaïsme dans la formule
épigraphique S T L IV D — stlitibus iüdicandis. stlatta est un mot technique,
de type populaire; stloppus, à côté de scloppus, une onomatopée; stlembus
(P. Festus, p. 413, i), sans doute aussi un terme populaire, peut-être un
emprunt.

En sanskrit.

§ 64a. — A l’initiale, une occlusive a disparu devant une occlusive


(W 229); les géminées se sont simplifiées.

En ionien-attique.

§ 64b. — Aucun changement correspondant, sinon pour les géminées


(L 312). (La chute de w dans wl-, wr-, s’est produite tout aussi bien devant
voyelles, L 316.) Mais les groupes initiaux ”‘pßp-, ’“{i-ßX-, *vSp-, provenant
de l’insertion de ß ou de S, ont perdu leur première consonne (L 312).
Pour le groupe Sw, c f § 43b, 3®; pour le groupe Sy, c f § 29b, 2®.
LE SORT DES GROUPES DE CONSONNES INITIAUX 159

En osco-ombrien.
§ 64c. — A l’initiale, le groupe dy- est devenu j;- en osque récent et en
ombrien (B i i i ) (BO 48), le groupe tl- a subsisté (B 106). Le groupe gn-
est devenu n- en ombrien, a subsisté en osque (B 123). Les géminées se
sont simplifiées.

En germanique.
§ fiqd. — A l’initiale, le groupe ks- est devenu s-, le groupe ksi- est
devenu si-, w est tombé devant / et r en v.h.a. (Brugmann 361, i et 159, i).
Les géminées se sont simplifiées.

En vieil irlandais.
§ 64e. — 1° Aucun changement correspondant, sinon pour les géminées
et pour stl-, devenu si- (P 26, 5). Pour pt- et dm- ? Mais allégement de dw-
et dhw- en d-, de bhw- en b- (P 17), de sw- en s- (P 24, 4), de st en s, parfois t
(P 25,5), de str- en sr- ou tr- (P 26, 2), de skn- en sn- (P 26, 8). Les groupes
initiaux *mbr, *mbl- provenant de l’insertion de b ont perdu leur m (P 75).
2° s initial a disparu dans les proclitiques, sauf après les prépositions ne
causant pas la lénition (P 113)-
Traitement (en principe) « inconditionné »
des phonèmes indo-européens

§ 65. N.B. I. Le traitement latin, osque, germanique et v. irlandais


des voyelles indo-européennes est en principe celui de la voyelle portant
l’accent propre à chacune de ces langues; le traitement des autres pho­
nèmes dans ces mêmes langues et en grec est en principe celui de l’initiale
absolue devant voyelle. Pour les autres traitements éventuels, voir l’index
des changements, p. 173 ss. Pour un examen des faits, « dans l’attente
d’une nouvelle synthèse de l’indo-européen », voir Oliveira.
2. Il ne saurait être question ici des laryngales, série de phonèmes
que seul le hittite a conservés parmi les langues indo-européennes. Pour
la théorie, voir Polomé.
3. L a quantité longue d’une voyelle sera uniformément indiquée par
le signe quel que soit le signe employé dans les diverses langues.

IN D O - Sanskrit Gotique V. irlan­


EUROPÉEN (avest.)^^ lonien-attique Latin Osque ( Ü.Ä.ÖJ®® dais

VOYELLES
a a a a a a a
e a e e e i (e) e
i i i î î î e
0 a 0 0 U a 0

U U U U U U 0

â â Y], ailleurs â â â Ö (uo) ä


ë à ■n ê ë (noté î) ë (â) ï
î î l ï î ei = ï (ï) ï
0 à CO ô û ô (uo) ä
û û ü û û û û
3®® i e, a, 0®’ a a a a

DIPHTONGUES
Cf. § 32 et correspondants.

Le traitement propre à l’avestique et au vieux haut-allemand sera indiqué entre Q"


Symbolise une voyelle de timbre indécis en alternance avec ë, à , ô. S’amuït devant
voyelle et, en germanique surtout, parfois entre consonnes. Pour le groupe sonante -f- 3
entre consonnes, cf. les sonantes.
En principe selon que la voyelle alternante était ë, â, ô respectivement.
1 62 TA BLEA U COMPARATIF

IN D O - Sanskrit Gotique V. irlan*


EUROPÉEN ( avest.) lonien-attique Latin Osque (v.h.a.) dais

SONANTES
Semi-voyelles :
y y i(= y ) i(= y ) j = y
ya entre consonnes ï L (ta ?) î ï ï l
w V U ( = w) V w f
W3 entre consonnes ù û (ua ?) ü Û ü û
Liquides :
r r P r r r r
1 r(l) % 1 1 1 1
r voyelle
devant consonne ou
à la finale^^ r ap, pa or, ur ür aur = or, ru ri
î voyelle (ur, ru)
devant consonne ou
à la finale^® r ak, Xa ol ùl ul. lu li
ro entre
consonnes®^ ïr, ûr pâ, pcû (op ?) râ (ar ?) ar aur = or (ur) ar, rà
b entre
consonnes®^ ïr, ür Xâ, Xco (oX ?) lâ (al ?) al ul al, lâ
N asales :

m m (A m m m m
n n V n n n n
m voyelle
devant consonne ou
à la finale®® a a em em um em
n voyelle
devant consonne ou
à la finale®® a a en en (an) un en
ma entre
consonnes®® âm [xâ ma mâ (am ?) um ani, mâ
no entre
consonnes®® â (an?) vS nâ nä (an ?) un an, nâ
CONSONNES
Occlusives
Labialês :
TU f40
P P P P
b b ß b b p " (P f)" b
bh bh (b) < p (= 7 C »)« f 42 f b40 b
Dentales :
t t T t t J j" (d )“ t

Devant voyelle et généralement devant semi-voyelle, ainsi que, pour m voyelle en


sanskrit et en grec, devant n, et, pour les nasales en vieil irlandais, devant spirante ou m,
le symbole parfois employé de la sonante voyelle équivaut au groupe « voyelle réduite
suivie de la sonante ». Pour le développement de la voyelle réduite, c l. § 45, 3“ et corres­
pondants. Le traitement sporadique am en finale en sanskrit pour m semble être dû au
sandhi devant voyelle.
Devant voyelle, o s’est amuï. Cf. n. 36.
C e traitement, qui est germanique commun, est appelé première mutation conso-
nantique ( erste Lautverschiebung) ou loi de Grimm. Mais voir § gSd.
Ce traitement, propre surtout au haut-aUemand, est appelé deuxième mutation
consonantique (zweite Lautverschiebung). Précisons que le traitement ch, hh, h, a lieu en
position intervocalique ou finale après voyelle.
TABLEAU C O M P A R A T IF 163

J^'DO- Sanskrit Gotique V. irlan­


EUROPÉEN (avest.) lonien-attiqüe Latin Osgue (v.h.a.) dais

d d S d d (z = ts )« d
f42 f
dh dh (d) 6 (= d4o (t )4 i d
« Gutturales » pala­
tales^ :
k’ ç = s (s ) cf. lE k cf lE k c f lE k c f lE k c f lE k
g’ j - H z) cf. lE g cf lE g c f lE g c flE g c f lE g
g’h h (z ) cf. lE gh cf. lE gh c f lE gh cf. lE gh c f lE gh
« Gutturales » non pa­
latales :
k k X c (q, k) k h“ c ( = k )
g g y g g k<» (ch, hh, h)« g
h42 (f)4 4 h
gh gh (g) g^» g
Labiovélaires :
k" k qu P hw (w)“ c(- k)
g"' g R45 u ( = w)^ b q = irér (qu)^® b46
g"h gh (g) <p ( = retl)4 2 ct4 5 f4 2 f gw, w (w, g)l® g
S p ir a n te

Dentale-alvéolaire :
s s (h)*’ '( = h ) * ’ s S S S

A l’intérieur devant une sourde non aspirée, on a en latin et en grec une occlusive
sourde non aspirée, (Pour le groupe dentale + t, voir § 37, 3» et correspondants.)
En latin, lE dh est généralement devenu d entre sonante et voyelle ou entre voyelles, mais b
devant ou après r, devant l et après u; lE est devenu g devant u et entre n et voyelle;
lE g “ et g'^'h sont devenus u (— w ) entre voyelles, g u entre n et voyelle. Pour le passage
de -bh- à -b -, voir § 28, 2“.
Il est improbable que l’indo-européen ancien ait distingué trois sortes de« gutturales» :
les unes dites « palatales», comportant un léger frottement du dos de la langue contre l’avant
du palais au moment où il va s’en détacher, d’autres, ne comportant pas ce frottement,
sans doute parce que l’occlusion s’opérait plutôt vers la section médiane du palais, d’autres,
enfin, labiovélaires, articulées dans la région postérieure du palais et comportant un léger
arrondissement des lèvres. O n n’admet généralement que les deux dernières séries. Mais
on constate que notamment à un A hittite, « tokharien », grec, italique, celtique et à tm A
germanique correspondent en indo-iranien, en baltique, en slave, en arménien, en alba­
nais... tantôt une spirante (s ou s), tantôt une occlusive (A), sans parler, pour certaines de
ces langues, d’une mi-occlusive (é), traitement postérieur, conditionné, devant lE «, i.
Il est certain que les spirantes s, s, en face de grec x, continuent une occlusive de la première
série. Il y a lieu de croire que celle-ci est une particularité dialectale. Son extension est telle
qu’il est permis de l’attribuer à une période de l’indo-européen commun, disons récente
(rappelons que le terme « indo-européen commun » ne saurait, en raison de la mobilité
naturelle du langage, recouvrir une langue parfaitement une dans le temps et dans l’espace).
O n divise commodément les langues indo-européennes en langues de satsrji et en langues
de centum (-■ - kentum) : les premières sont celles qui, sans que l’inverse ait lieu spontané­
ment, répondent parfois par une spirante j ou s, comme dans avestique satem « cent », à
un A (germanique h ) des secondes, comme dans latin cen tum .
" Le traitement ƒ semble être d’origine dialectale.
■*5 lE A®, g'"’, g'^’h sont devenus aussi respectivement x, y, selon § 41b, 1“ et 43b, 4“, t,
S, 6, selon § 28b, 3“.
Mais g a) devant un u, b) entre voyelles, c) devant consonne, où il disparaît ensuite
selon § 42e, 6“.
A l’initiale absolue devant voyelle.
Appendice
La gémination expressive

En latin.
C f. C a r n o y , M o d . P h ilo L , 1917-1918, p. 159-180; G & A m .,gém in ées-, M eiliæ t ,
BSL, 1922, p. 79-80; M a r tin e t , gém ination; Bassols, § 259s.; M a r o u zea u ,
Latonm s, V , 1946, p. 341-343.

§ 66. — U n certain nombre de mots latins se présentent, pour ce qui


touche la consonne intervocalique, sous une forme double : l’une compor­
tant une consonne simple, l’autre une consorme géminée. Dans une partie
de ces mots, la gémination semble bien être liée à un sentiment d’expressi­
vité, que justifie leur signification. Tels sont, p. ex., nâssus (devenu à l’époque
impériale nâsus selon § 43, i°) à côté de *nâses (devenu nâres selon § 28, i®);
bucca à côté de buca ; agrippa « né les pieds devant » à côté de Agripa, fréquent
dans les inscriptions; sollus (archaïque) « tout entier », sollers (composé
du thème de sollus et de ars) à côté de solidus; uorrus à côté de uoräre, etc.
L ’existence de ces doublets permet d’attribuer à ce procédé de gémination
expressive la géminée (non issue d’un changement conditionné tel que
l’assimilation, la syncope, etc.) figurant dans toute une série de mots,
par ailleurs de ton vulgaire ou familier, dont un correspondant à consonne
simple ne serait pas (bien) attesté. Ainsi, atta « grand-papa » (cp. grec S ttk ,
got. atta), mamma, floccus, gibbus, broccus, cachinnus, gannire, garrire, etc. — Pour
-tt- dans quattuor, en face de quater, osque petora, etc., voir Ward, Lang.,
X X IV , 1948, p. 51-55.

Dans les autres langues.


§ 66a-e. — Le procédé de la gémination expressive est courant dans ces
langues.
Conclusion générale

Gp. M e il l e t , Esquisse, p. 81-84; p. 99-103; B ottiglioni (étrusque), A G I,


1929, p. 241-270; I d ., Ath., 1929, p. 449-474; 1930, p. 3-26 ; C o u s in , p. 33-
53; D e v o t o , p. 77-88; 97-103; E rn out (étrusque)-, I d ., Eléments; M e r l o ,
ID , 1929, p. 172-201; G oidàn ich ; I d ., Varietà; L e jeûne , Mém. Marouzeau,
p. 17 SS.; PiSANi, ùzioni; S ch u lze (étrusque); T err acin i (étrusque), SE,
1929, p. 209-248; A lle n , Arch. Ling., X , 1958, p. 110-116 (sonores asp.);
B e e l e r , Lang., X X V I I I , 1952, p. 435-443 (italique commun); F ourquet
(sonores asp.); J ones , TPhS, 1950, p. 60-77 (italique commun); L iv e , S IL ,
X V II, 1963, p. 1 1-22 (changement du système) ; M a n iet , sonores asp.; M a n œ t ,
italique; M an iet , ling, ital.; M a n iet , osque et latin; M anidt, parenté spéciale;
M a n iet , celtique {Orbis, V II) ; M a r t in e t , p. 332-349 (conson. italique);
M o o r h o ü s e , AJPh, L X I, 1940, p. 307-329 (dial, italiques); P o r ru , A IV ,
C , 1940-1941, p. 143-171 (sonores asp)), cp. B a r t o l i , A G I, X X X I I I ,
1942, p. 131-133; SzEMERÉNYï, Arch. Ling., IV , 1952, p. 27-53 «t 99->*6 ;
V , 1953, p- 1-21; R o c h e tte , p . 517 ss. (groupes de consonnes).
N.B. — Les comparaisons qui figurent dans cette conclusion se bornent
aux langues traitées dans l ’ouvrage. Elles ont simplement pour but de
mettre en relief le système et les tendances phonétiques du latin ancien.
On s’est gardé d’en tirer des déductions au point de vue d’éventuels grou­
pements dialectaux préhistoriques : des différences considérables de chro­
nologie séparent souvent les traitements respectifs et, en outre, si une série
d’innovations communes peut constituer un indice de groupement dialectal
ancien, c’est surtout dans le domaine de la morphologie et de la syntaxe
qu’elles sont significatives.
§ 67. — Les traits principaux qui se dégagent du système phonétique
du latin ancien sont les suivants : i. L a grande dépendance des voyelles
par rapport aux consonnes contiguës et réciproquement (cf. § 28 et 29; 30).
Cette tendance s’est poursuivie à des degrés divers jusque dans les langues
romanes, spécialement en français où, p. ex., les occlusives simples inter-
vocaliques ont abouti à des spirantes ou ont disparu. Le latin la partage
avec l’ombrien, le germanique et le celtique, tandis que le grec, l’osque et,
à part l’important phénomène de la palatalisation des « gutturales », le
sanskrit n’en présentent que des traces sporadiques. O n peut aussi noter
dans le même ordre en latin une certaine influence des voyelles sur les
voyelles non contiguës (§ 47), développée surtout en germanique et en
celtique.
i6 8 CONCLUSION GENERALE

2. L a mise en relief très marquée de la syllabe initiale (sans doute un


accent d’intensité, § i2 et 14). Cette tendance est responsable des nombreux
phénomènes d’apophonie et de syncope (§ 56 à 59) qui ont altéré l’aspect
des mots indo-européens, si bien conservé en sanskrit et en grec ancien,
où elle ne s’est pas manifestée. L e latin la partage avec l’osco-ombrien, le
germanique et le vieil irlandais (elle ne semble pas avoir affecté le gf^oupe
brittonique, cf. en dernier lieu K . Jackson, Language and history in early
Britain, Edinburgh, 1953, p. 265 ss., 643 ss.).
3. L a grande faiblesse des consonnes implosives, qui ont subi de nom­
breuses assimilations (§ 22-26).
4. Le passage des occlusives sonores aspirées à des spirantes sourdes à
l’initiale (§ 65), commun seulement à date ancieime au latin et à l’osco-
ombrien. O n peut rapprocher le grec, qui a assourdi ces sonores aspirées,
tout en gardant leur caractère occlusif et ime sorte d’aspiration. Pour ce
genre de phonèmes, voir Gendron.
5. L a monophtongaison des diphtongues, sauf de celles qui avaient a
pour premier élément. La tendance s’est réalisée en sanskrit et en ombrien,
même pour ces dernières; elle a été moins active en celtique et surtout en
germanique. L ’osque et le grec ancien ne l’ont pas connue.
6. La tendance du vocalisme à la fermeture. V oir p. 170, 10 in fine.
Cette particularité, dans sa constance, ne se retrouve pas dans les autres
langues traitées. Le sabin, semble-t-il, certains parlers latins périphériques
et le germanique pour les voyelles, le celtique pour les diphtongues, la
présentent dans une certaine mesure, mais avec de notables exeeptions
comme l’ouverture de 0 tonique en a en germanique, de ö tonique en à en
celtique et, en vieil irlandais, de toute voyelle post-tonique en principe
en a. e et O en grec ancien étaient fermés, mais 73 et ta étaient ouverts. Quant
au sanskrit, son timbre favori est 'à.
7. Citons aussi pour mémoire, parce qu’on en a parfois fait grand cas,
à tort me scmblc-t-il, la transformation de p en qu sous l’influence d’un qu
placé dans la syllabe voisine (§ 48). Ce fait se retrouve en celtique; le
germanique présente un type d’assimilation assez analogue.
8. L ’absence de changements spontanés dans les voyelles en syllabe
initiale. Seuls le grec dorien et l’osque sont aussi conservateurs.
9. L ’absence de changements spontanés dans les consonnes simples
non aspirées, comme en grec, en osco-ombrien et, sauf pour p, en celtique.
Il est frappant que la plupart des phénomènes conditionnés du latin
se soient produits entre le 6®et le milieu du 2®siècle av. J.C . Dans l’impos­
sibilité d’attribuer à des causes précises le détail de cette masse de change­
ments précipités, on peut tout au moins relever les circonstances historiques
qui ont chance de les avoir favorisés. Depuis le 7® siècle, les Romains ont
été en contact étroit notamment avec les Etrusques et, plus tôt encore,
avec les populations sabelliques, spécialement les Sabins. Toute une série
de faits le prouve abondamment. Dans le domaine du langage, l’influence
CONCLUSION GENERALE 169

de leur langue sur le vocabulaire et sur certains traits de prononciation


était notée par les Latins eux-mêmes. D ’autre part, on sait que le souci de
se créer une littérature, toujours corrélatif à celui d’établir et de maintenir
une prononciation stable, n’a commencé à se manifester à Rome que vers
le milieu du 3® siècle. Ces contacts étrangers ne sont-ils pas comparables,
dans une mesure d’ailleurs moindre, à ceux des populations gallo-romaines
avec les Germains, qui, à une époque de relâchement culturel, ont trans­
formé en l’espace de trois siècles l’aspect phonique du latin pour en faire
une langue romane de caractère distinct : le français ? (Cf. v. Wartburg,
p. 61 s.) Les nombreux faits d’assimilation révèlent en tout cas un relâ­
chement articulatoire considérable, indice d’une période d’instabilité.
Quant à l’accent initial, dont les conséquences ont contribué le plus, avec
ces faits d’assimilation, à donner au latin de l’âge de Plaute sa prononciation
propre, il est bien possible que les parlers d’où sont issus le latin et les
dialectes sabelliques en aient été affectés dès avant l’arrivée en Italie des
populations dont ils étaient le mode d’expression; mais il n’a commencé
à perturber le vocalisme intérieur, et sans doute aussi final, qu’après le
6® siècle. L ’étrusque, qui avait un accent d’intensité, et plus probablement
le sabin qui, si l’on en juge par les vestiges plus importants des diEdectes
apparentés, comme l’osque et l’ombrien, l’avait sur la première syllabe
et que la syncope a frappé plus encore que le latin, ont dû pour le moins
accroître la propension des Romains à favoriser la syllabe initiale et à
négliger les autres.
L ’assourdissement des occlusives sonores aspirées, propre au latin, aux
dialectes italiques et au grec, paraît résulter du contact de ces populations
avec les substrats qu’elles ont assimilés en s’installant dans le bassin de la
Méditerranée.
lo. Le système vocalique de l’indo-européen postérieur à la vocalisation
ou à l’amuïssement des laryngales (suivi éventuellement de l’allongement
compensatoire de la voyelle précédente) comprenait les « phonèmes »
suivants : e, a, o, ê, â, ô (a était un allophone de ë, â ou ô devant l’accent;
® était un allophone de e, a, ou o devant l’accent également) (Leroy),
t et â ; ey, ay, oy, ëy, ây, ôy, ew, aw, ow, ëw, âw, ôw {i et u étaient des aUophones
de J' et de w non flanqués d’une voyelle; ils représentaient le degré zéro
des diphtongues à premier élément bref).
Le système vocalique du latin archaïque comprenait les « phonèmes »
suivants : {, e, a, 0, u, i, ë, â, ô, û, ey, ay, oy, ew, aw, ow.
Le système vocalique du latin classique comprenait les « phonèmes »
suivants (Bucca, R E C , V , 1952, p. 103-107) : i, e, a, o, u, i, ë, à, ô, ü, ü bref
ou long (notéji dans les mots empruntés au grec, c’est un « phonème »:
cp. p. ex. Indus et Lydus; dans les mots latins, en syllabe intérieure devant
labiale, où il est généralement noté i ou a, il représente la neutralisation
d’ime voyelle brève quelconque et n’est donc pas un « phonème »; de
même, le son intermédiaire entre i et e qu’on entendait à la finale de
170 INDEX

here « hier », § 4, représente la neutralisation de ces deux « phonèmes ») ;


aw, ae, oe (?), ew (sans doute réalisé«!»). Dans maior, dus, huitts, etc., avecj»
géminé, les diphtongues phonétiques ay, ey, uy ne représentent pas des
« phonèmes ».
Le rendement fonctionnel des voyelles longues est beaucoup plus grand
en latin classique qu’en latin archaïque et surtout qu’en indo-européen.
C ’est qu’elles ont remplacé notamment les diphtongues anciennes ey, qy
(sauf quelques exceptions notées oe), ew, ow, en toute position, les diph­
tongues anciennes ay, aw en syllabe intérieure et finale, une voyelle brève
devant (n)s, (n)f, net, nx, ainsi que la séquence voyelle brève s devant
consonne sonore. Deux diphtongues ont un rendement fonctionnel appré­
ciable : ae et aw, les autres sont rarement représentées. Le rendement
fonctionnel des timbres extrêmes s’est considérablement accru en latin
classique, à cause notamment du passage de ey à i, de ew, ow et, la plupart
du temps, oy à ß en toute position, de l’apophonie en i, « des voyelles brèves
et des diphtongues ay, aw, de la fermeture de e,ay et 0 en i, u, dans la plupart
des finales et de e, 0, en syllabe initiale devant / vélaire suivi d’une consonne.
De plus, ê et <5étaient très fermés.
II. Le système consonantique de l’indo-européen antérieur à la pala­
talisation du groupe satam et postérieur à l’amuïssement des laryngales
(si l’on excepte le hittite) comprenait les « phonèmes » suivants ; J>, t, k,
K", h, d, g, g", bh, dh, gh, g'"h; l, r, m,n {l, r, m, n, ne sont que des allophones
des liquides et nasales consonnes correspondantes non flanquées d’une
voyelle), y, w, s.
Le système consonantique du latin (archaïque et classique) comprenait
les phonèmes suivants ; p, t, k, b, d, g\ l, r, m, n, n (devant n, § 7, cp. Hill,
p. 441; Loicq, AG, X X X I , 196a, p. 133; mais voir Mariner, p. 257, n. 15
in fine), y, w; s {z figurait dans les emprunts grecs), ƒ, h (ce dernier qui, en
latin archaïque, ne semble pas avoir eu de réalité phonique, faisait partie du
système classique chez les cultivés, où il opposait, p. ex., hós à ôj; les occlu­
sives sourdes aspirées : ph, th, ch, par contre, n’étaient pas des « phonèmes »,
mais des variantes cultivées de p, t, c, la plupart du temps dans des mots
d’origine grecque). Ajoutons qu’à chaque consonne, sauf h, correspond
une géminée qui, quand elle n’est pas une simple variante expressive
(§ 66), a une valeur phonologique, car elle permet de distinguer des mots
phoniquement semblables par ailleurs : p. ex., annus et anus, uaccâs et
uaeäs. Le rendement fonctionnel de ces oppositions est cependant assez
réduit.
Les « phonèmes » ou les sons complexes de l’indo-européen {k'”, g'",
bh, dh, gh, ^ h , l, r, m, n) ont été soit éliminés comme tels soit remplacés
par des phonèmes nouveaux plus simples (ƒ initial ou h) ou encore ont
grossi le nombre des mots où figurait une sonore simple (b, d, w, l, r,m ,n )
ou ont raffermi leur articulation (qu = q w, de (n)gu — g ro,
de *g'"). L a question de savoir si qu et gu représentaient chacun un ou
CONCLUSION GÉNÉRALE 171

deux « phonèmes » est controversée (voir Mariner, p. 256 s.; Martinet,


synchronique, p. 1 10-121; Janssen, Hommages Niedermann, 1956, p. 184-190;
Hill, Lang., X X X , 1954, p. 439-447; Leumann, Glotta, X X X V I , 1957,
p. 131, n. i; Brandenstein, p. 487 s.; Touratier, BSL, L X V I (1971) i,
p. 229-266; Sturtevant, Lang., X V , 1939, p. 221-223). Pour le sort des
sonantes liquides, voir Szemerényi. Les labiales f et b, dont la première
n’existait pas et la seconde à peine en indo-européen, ont connu une assez
grande extension en latin : ƒ y a, en effet, remplacé *gh- {h est
cependant plus fréquent dans ce dernier cas), *g'"h-, *ghw et s dans la
séquence sr-, peut-être m dans formîdo et formica, tandis que b succédait,
entre voyelles notamment, à. bh, à. s dans la séquence sr et, entre segments
sonores, à dh devant ou après r ou a (Leroy, Symb. Kurylowicz, 1965,
p. 178-185).
Index des changements
conditionnés du latin

N.B. — Ne figurent pas dans cet index les représentants des phonèmes lE
mentionnés au § 65.
Les chiffres entre parenthèses renvoient aux paragraphes.

ƒ. Consonnes
M OD IFICATION S COMMUNES

I. Toute consonne sonore est devenue sourde devant une consonne sourde
(24, 1°) et toute consonne sourde est devenue sonore devant une
occlusive sonore, orale ou nasale (24, 2“).
2 . Une occlusive sourde finale a eu tendance à se sonoriser après voyelle à
date ancienne (63).
Les occlusives sonores aspirées lE sont représentées par des sonores
entre voyelles ou entre voyelle et sonante (28, 2°).
4 - Une géminée s’est simplifiée a) après une voyelle longue (43, i®) ou
b) une diphtongue (43, 2°) ; de même c) lorsqu’une géminée et peut-être
une voyelle longue ou une diphtongue se trouvaient dans la syllabe sui­
vante (50, 2°) ; enfin d) à l’initiale (64) et e) généralement en finale
(62,40).
Dans les groupes de trois consonnes ou plus, tendance à l’amuïssement
de la plus faible (43, 2° et 53, 2°) ; de même dans certains groupes
de deux consonnes en finale (62, 3°) et à l’initiale (64).
6. Entre occlusive et sonante, une voyelle a) s’est développée lorsque la
sonante était suivie d’une consonne (45,2®) ; b) a eu tendance à le faire
lorsque la sonante était suivie d’une voyelle (45, 1“).
Une consonne est parfois géminée par expressivité (66).
Une consonne peut dissimiler ou s’assimiler une consonne placée dans
la syllabe voisine (48, 50-51).

B CONSONNES L A B IA L E S

Occlusives (b, p).


I. Une occlusive labiale devant a) une occlusive « gutturale » (22, 1°);
b) la spirante labiale ƒ (23, 1°); c) la nasale labiale m (23, 3®), s’y est
assimilée totalement; d) en particulier, i est devenu m devant» (25, i®).
2 . Une consonne labiale ou labiovélaire a parfois subi l’influence d’une
labiale ou d’une labiovélaire placée dans la syllabe voisine (48).
174 INDEX

3- P s’est amuï à l’initiale devant t (64).


4. Le groupe -ps- intervocalique ancien a tendu à s’intervertir en -sp-
(40, 1°).
Nasale (m ).
I . m est devenu a) la nasale dentale n devant une occlusive dentale ; b) la
nasale « gutturale » % devant une occlusive « gutturale » (26).
2 . m est parfois devenu a) la spirante labiale ƒ à l’initiale ou l’occlusive
labiale b entre voyelle et sonante, par suite de l’action d’une nasale
placée dans la syllabe suivante (50, 1°).
m a eu tendance à s’amuïr en position finale (62, 2°).
m, finale de racine, a développé l’occlusive labiale p devant s, l, t, en
position intervoccilique (37, 2°).

G I CONSONNES D E N T A L E S -A L V E O L A IR E S

Occlusives (d, t).


1. Une occlusive dentale devant a) une occlusive « gutturale » (22, 1°);
b) une consonne labiale (22, 2“) ; c) les spirantes labiale et dentale ƒ, s
(23, 1° et 2°) ; d) les nasales labiale et dentale m, n (23, 3°), s’y est assi­
milée totalement.
2. Une occlusive dentale suivie de t à date ancienne et en dehors de la
gémination expressive a développé un s en position intérieure et le
groupe est devenu ss (37, 3°).
3. d a) devant, et, à date ancienne, après la liquide l (23, 5° et 6^), dans
le pi'éfixe ad, devant la liquide r (23, 4°), parfois devant y en position
intervocalique (29, 2°), s’y est assimilé totalement; b) est vraisembla­
blement devenu n devant m avant de s’y assimiler (25, 3°) ; c) à l’initiale
s’est fondu avec la labiale w suivante en la labiale b (29, 1°) ; d) est
parfois devenu / ou r spontanément (51^®); e) parfois r lorsqu’un d se
trouvait dans la syllabe voisine (51) ; f) s’est amuï en finale après voyelle
longue (62, 1°) et après n, r (62, 3°); g) à l’initiale devant vt et parfois
devant J» (64).
4. t s’est amuï a) après c en finale (62, 3°) ; b) devant l à l’initiale (64) ;
c) après ts dans le groupe tst issu de dentale -[- t (51 R i) . d) Devant
la liquide l, il s’est différencié en c en position intérieure (36, 2° b).
Nasale (n).
n a) devant la nasale labiale m (22, 2° ; mais voir c)), les liquides /, r (23,
4° et 50), après la liquide l à date ancienne (23, 6°) s’y est assimilé
totalement ; b) est devenu la labiale m devant une occlusive labiale et la
« gutturale » n devant une occlusive « gutturale » (26) ; c) est devenu r
devant m lorsqu’un n se trouvait dans la syllabe suivante (36, 2° R) ;
d) s’est amuï devant les spirantes s et f (42, 3°) et en position finale
dans les nominatifs en *-5 n (62, 2°).
Liquides (r, l).
I. U n élément de formation contenant r ou / a souvent été évité avant
l’époque impériale si le mot contenait déjà un r ou im / (53, 3°).
CHANGEMENTS CONDITIONNES DU LATIN 175

2. r a) devant l s’y est assimilé totalement (22, 3®); b) s’est parfois


amuï lorsqu’un r se trouvait dans la syllabe voisine (51).
3. l est parfois devenu r lorsqu’un l se trouvait dans la syllabe
voisine (51).
Sifflante (s) et fricative (h).
1. l'a ) devant la spirante labiale ƒ s’y est assimilé totalement (22, 4°);
b) est devenu sonore devant l et, à date récente, devant r; de même, à
date ancienne, après ces phonèmes, s’il n’était pas suivi d’une sourde
(en ce cas, cf. M odifications communes, 5) (24, 3“) ; c) s’est assimilé
totalement aux liquides Ic tr précédentes, s’il était devenu sonore selon b)
(23, 7° et 80); d) devant r, s’est différencié en ƒ à l’initiale, en b entre
voyelles (36, 2®); e) est généralement (cf. 53, 1°) devenu r entre voyelles
(28, 1°) et, à date ancienne, entre voyelle et g (42, 4°); f) s’est amuï
I ) devant consonne sonore, sauf dans les groupes sr-, -sg-, anciens (42,4°) ;
2) en finale, lorsqu’il était primitivement simple, après voyelle brève
devant un mot à initiale consonantique (62,1“) ; 3) devant une occlusive
sourde en syllabe intérieure dans les verbes à redoublement, lorsqu’un
s se trouvait à l’initiale devant la même consonne (51).
2. Le groupe -ps- intervocalique ancien a tendu à s’intervertir en -sp-
(40, 1°).
3. h, disparu à date préhistorique, a généralement été rétabli, au moins
dans la graphie (p. 25, n. 10).

D I co n so n n es « G U T T U R A L E S » ( g , C , Û)

1. Les occlusives « gutturales » c, g sont devenues nasales (n) devant la


nasale n (25, 2®).
2. g devant_>>s’y est parfois assimilé totalement entre voyelles (29, 2°).
3. La nasale « gutturale » n (notée g) devant n s’est généralement amuïe à
l’initiale (64).

//. Voyelles

A I M OD IFICATION S COMMUNES

1. Deux voyelles consécutives de même timbre se sont contractées en la


longue correspondante (34, 1°).
2. Deux voyelles de timbre différent en hiatus à date ancienne se sont
contractées, sauf si la première était brève et la seconde longue (34, 2®).
Mais cf. voyelles i et m, b).
3. Une voyelle brève en syllabe intérieure ouverte et précédée de i ou
de e est devenue 0 devant l vélaire ; précédée de i est devenue e devant
toute autre consonne ; non précédée de i ou de e, elle y est devenue u
devant w et (sauf i primitif) devant l vélaire; i ou u devant une labiale; e
devant r, sauf sans doute 0 et peut-être m; i devant toute autre consonne
(57> I")-
4. Une voyelle brève a eu tendance à s’amuïr en syllabe intérieure dans
les mots de trois syllabes et plus, surtout après sonante (59), et, en
syllabe finale ouverte, dans les mots accessoires (60, i°).
176 INDEX

5. Une voyelle brève devant normalement changer de timbre en syllabe


intérieure a parfois subsisté sous l’influence du timbre de la voyelle
placée dans la syllabe précédente (47, 2°).
6. Une voyelle longue s’est abrégée a) devant une sonante suivie d’une
consonne (Loi d’Osthoff) (44,1°) ; b) devant une autre voyelle (44, 2°) ;
c) sauf si elle p»ortait l’accent, en finale fermée dans les polysyllabes
devant consonne autre que s, et dans les monosyllabes devant tetm (60,
4.°) ; d) parfois en finale, surtout ouverte, dans les dissyllabes formant
iambe (60, 30 et 4°).
7. Une voyelle brève s’est allongée a) par suite de l’amuïssement d’un s
sonorisé suivant ou de n devant J et ƒ (44, 3°) ; b) sauf i, par suite de
l’assourdissement d’un g suivant (44,4°) ; c) devant -net- et -nx(-) (44, 50).
8. Une voyelle brève a eu tendance à se développer entre une occlusive et
une sonante suivie d’une voyelle (45, 1°); ce phénomène est constant
lorsque la sonante était suivie d’une consonne (45, 2°).
9. A partir d’une voyelle réduite, de timbre indistinct, une voyelle de
timbre a {i et u devant j et w) s’est développée à date ancienne (45, 3°).

B M OD IFICATION S P A R T IC U L IÈ R E S

I. a) a ancien est devenu e en syllabe intérieure fermée (57, 2°) (d’où


parfois i, 30, 1°, u, 30, 2°) et en syllabe finale fermée (61, 2°); b) la
séquence âï est devenue ae en finale absolue (61, 6° R2).
2 . e est devenu a) i devant la nasale « gutturale » n et sans doute devant
nasale + labiale (30, i° et R2) ; b) i en syllabe finale devant t et ^primi­
tivement simple dans la conjugaison et la déclinaison (61, 3°); c) 0 en
syllabe initiale devant w ancien ou l vélaire suivi d’une voyelle (30, 2®)
(voir aussi 4 b 2); d) 0 en syllabe initiale ouverte après le groupe
consonne + w, sauf si la syllabe suivante contenait une voyelle prépa­
latale (30, 3°) ; e) a tendu à devenir 0, i, en syllabe initiale sous l’in­
fluence de 0, i, placés dans la syllabe suivante (47, 1°); f) ancien ou
provenant de l ’apophonie, est parfois devenu 0, i, en syllabe intérieure
sous l’influence de 0, i, placés dans la première syllabe (47, 3®) ; g) s’est
amuï en finale ouverte dans les mots en - â le , - ä r e , et dans quelques
autres mots (60, i®).
i a) provenant de l’apophonie est parfois devenu 0 en syllabe intérieure
sous l’influence d’un 0 placé dans la première syllabe (47, 3®) ; b) en fonc­
tion de voyelle devant voyelle de timbre différent a développé un y de
transition (37, i®); c) en syllabe finale ouverte est devenu e (61, i®),
puis s’est parfois amuï (cf. 2 g) ; d) s’est parfois amuï en finale devant s
(60, 2®) ; e) semble être devenu e en syllabe initiale devant r non
prim itif (p. 128, afin. 3); f) le groupe - r i- en syllabe initiale, précédé
d’une consonne et suivi d’une dentale, s’est transformé en -er- (40, 2®).
4. 0 a) précédé de w et suivi de r ou ^ -f- consonne, de t et sans doute de
i , s’est différencié en e en syllabe initiale absolue (36, i®) ; b) est devenu u
i) devant la nastde « gjutturale » n (30, i®), 2) ancien ou venant de e,
devant / -f- consonne autre que l (30, 4°), 3) devant m ancien, lorsqu’il
était ancien lui-même (30, 5®), 4) en syllabe intérieure fermée sauf
devant r (57, 2®), 5) en syllabe finale fermée sauf parfois devant r et
CHANGEMENTS CONDITIONNES DU LATIN 177

sauf dans les monosyllabes non terminés par m (61, 4°) ; c) s’est souvent
amuï en syllabe finale devant s lorsqu’il était précédé de r (60, 2°).
5. U a) en syllabe finale ouverte est devenu 0 (61, 1°) ; b) de même, semble-
t-il, en syllabe initiale devant r non prim itif (52,2° expi.) ; c) en fonction
de voyelle devant voyelle de timbre différent a développé un w de tran­
sition (37, I “ ) .

///. D iphtongues

1. ay est devenu a) ae en syllabe initiale sauf devant j» (32, 1“ et R2) ;


b) î en syllabe intérieure (57, 3®) et en syllabe finale (61, 5®).
2. ^ en syllabe finale absolue est devenu ae (ßi, 6®). Pour la séquence ât,
voir voyelle a sous b).
3. aw a) s’est généralement maintenu en syllabe initiale (32, 2®); b) est
devenu ü en syllabe intérieure (57, 3®).
4. ey, sauf devant j», est devenu ê, puis généralement ï (32, 3®et 61, 5®).
5. ew est devenu ou, puis â (32, 4®).
6. oy a) en syllabe initiale est devenu oe, puis généralement â (32, 5®) ;
b) en syllabe finale est devenu î (61, 5®).
7. ^ en syllabe finale absolue est devenu ö (61, 6®).
8. ow est devenu ü (32, 6® et 61, 5®).

IV. Sem i-voyelles

w a) est devenu u en position intérieure par suite de l’amuïssement d’une


voyelle contiguë (45, 2® R3) ; b) s’est amuï i) après consonne labiale,
quand il était suivi d’une voyelle (41, 2®); 2) à l’initiale devant r, l (64);
3) en finale après q (62, 3®); 4) devant 0 et m, sauf à l’initiale absolue
(41, I®); c) a eu tendance à s’amuïr i) entre voyelles ou diphtongues
de même timbre (42, 2°) ; 2) devant consonne après q, g, lorsqu’il ne s’est
pas vocalisé en u selon a) (43, 2®).
2. y a) est devenu i en position intérieure par suite de l’amuïssement d’une
voyelle contiguë (45, 2° R3); b) s’est amuï entre voyelles (42, i®).

V. D ivers

I. Deux syllabes ayant au moins un phonème commun tendent à n’être


prononcées qu’une seule fois dans un mot long (54).
2. Un ou deux phonèmes non contigus sont parfois déplacés à l’intérieur
d’un mot ou d’un groupe de mots (55).
Index des changements
conditionnés du sanskrit

N.B. — Les chiffres entre parenthèses renvoient aux paragraphes.

/. Consonnes

A I M OD IFICATION S COMMUNES

1. Toute occlusive sonore est devenue sourde devant une consonne


sonore (24a, i<>) (pour les occlusives sonores aspirées, cf. 40a, 3°).
2. Toute consonne sourde est devenue sonore devant une occlusive
sonore (24a, 2°).
3. In pausa, toutes les occlusives lE subsistantes sont représentées par des
sourdes non aspirées (63a).
4. A l’initiale, une occlusive a disparu devant une occlusive (64a).
5. A l’initiale, les géminées se sont simplifiées (64a).
6. Les consonnes finales longues ou géminées se sont généralement
abrégées ou simplifiées (62a, 4“).
7. Les géminées se sont généralement simplifiées devant et après eonsonne
(43a, 2°). _
8. Les occlusives aspirées ont perdu leur aspiration sous l’influence
d’un h suivant (50a, 1“).
9. Dans les séquences de trois consonnes, la dernière du groupe implosif
s’est amuïe, y compris s, s (43a, 2®).
10. Sauf la séquence r -}- oeclusive (en principe suivie autrefois d’une
consonne), seule la première consonne d’une séquence a subsisté pho­
nétiquement en finale (62a, 3®).
I I . Sauf cas fréquents d’analogie, la séquence occlusive aspirée -f- occlu­
sive est devenue occlusive + occlusive aspirée (sonore, si l’aspirée
ancienne était sonore) et ceci avant le passage de *g’h à h (40a, 3®).

B / CONSONNES L A B IA L E S

Nasale (m)
1. Une nasale devant une occlusive « gutturale » est devenue « gutturale »
(n ), devant et après une palatale est devenue palatale (n), devant
une dentale est représentée par une dentale (n) (26a, i®).
2. Une nasale a disparu devant sifflante ou h (en neisalisant la voyelle
précédente selon § 30a, 6®) {42a, 3®).
CHANGEMENTS CONDITIONNÉS DU SANSKRIT 179

G / CON SON N ES D E N T A L E S -A L V É O L A IR E S

Occlusives (d, dh, t)


1. Une occlusive dentale devant la nasale n s’y est assimilée totalement,
sauf si l’analogie l’en empêchait (23a, 3°).
2. Une occlusive dentale devant une occlusive palatale s’y est assimilée
totalement (22a, 1°).
3. Une occlusive dentale est devenue n devant m en composition (25a, 3°).
4. Les dentales sont devenues cérébrales après la cérébrale sj*z (sauf,
du moins originellement, si elles étaient suivies d’une cérébrale y
compris r, cf. § 38a, 1°) (26a, 3°). Pour *z, cf. § 42a, 4°.
5. Les dentales, au moins originellement, ne sont pas devenues cérébrales
après la cérébrale s selon § 26a, 3°, lorsqu’elles étaient suivies des
cérébrales r, r (38a, 1°).
6. Les séquences intervocaliques anciennes -dt-, -tt- (en dehors de la
gémination expressive) sont devenues *tst (puis tt selon § 43a, 2°),
la séquence -dd- est devenue *dzd (puis *zd selon § 50a, 1°).
7. La séquence *dzd provenant de rf-j-rf s’est dissimilée en *zd (50a, 1°).
8. d est devenu / devant l dans les rares cas où l n’est pas passé à r selon
§ 65 (23a, 5")-
Nasale (n)
1. Une nasale devant une occlusive « gutturale » est devenue « gutturale »
(n)f devant et après un palatale est devenue palatale (n), devant
une dentale est représentée par une dentale (n) (26a, i®).
2. Une nasale a disparu devant sifflante et h (en nasalisant la voyelle
précédente) (42a, 3®).
3. Une dentale nasale s’est phonétiquement amuïe après voyelle longue
en finale ancienne (62a, 2°).
4. n s’est cérébralisé en V' devant occlusive cérébrale et après les céré­
brales s, r, r (26a, 1°).
5. n s’est cérébralisé en t), sous l’influence des cérébrales s, r, r précédentes
et non contiguës, sauf dans certains cas (voir 48a, 2°).
6. n ne s’est pas cérébralisé après s, r, r non contigus selon § 48a, 2®,
quand la cérébrale s se trouvait entre les deux phonèmes ou, très
souvent, quand la voyelle suivant n était suivie elle-même d’une
cérébrale (53a, 4®).
7. n ne s’est pas cérébralisé selon § 48a, 2®, après les cérébrales non
contiguës s, r, f, lorsqu’il était suivi de la cérébrale r (38a, 3°).
Liquides (r, l)
1. Les liquides ont tendu à se dissimiler (50a, i®).
2. r après voyelle brève s’est affaibli en un souffle, noté h, en finale
indienne, notamment in pausa (62a, i® a).
3. r s’est amuï après voyelle longue en finale ancienne de polysyllabe (62a,
I® b ) .

Spirantes (s, ß l)
I. J s’est palatalisé en ç devant la palatale indienne c (26a, 4®). La
séquence *sk' est devenue cch ( = cch) {ch à l ’initiale) (26a, 4®).
i8 o INDEX

2. S , alvéolaire ou devenu s selon § 28a, 4° et puis z ou *z devant consonne


sonore, s’est amuï devant dentale sonore (notamment en allongeant
un i et un u précédents, selon 44a, 3°) (42a, 4°).
3. J (prononcé en sanskrit plus près du milieu de la voûte palatine qu’une
dentale ordinaire) s’est cérébralisé en s après r ou k (26a, 2“).
4. J s’est amuï devant k + consonne (43a, 2°).
5. s’est affaibli en un souffle, noté h, en finale indienne, notamment
in pausa (62a, i° a).
6. Après j/ î et w\u lE , s\*z (alvéolaire en sanskrit) est devenu chuintant
(et de là s’est cérébralisé en s/*z), sauf s’il était suivi immédiatement
des cérébrales r, r selon § 38a, 2° (28a, 4°).
7. 5 ne s’est pas cérébralisé après i, u selon § 28a, 4°, lorsqu’il était suivi
immédiatement des cérébrales r, f (38a, 2°).
8. ^ a tendu à devenir s ou ç dans la suite lE ^ s, *z ou (48a, i®).
9. La géminée intervocalique -ss- a tendu à se simplifier en s (42a, 5®).
10. Les spirantes indiennes *z, *z, provenant de s, $ devant occlusive
sonore selon § 24a, 2®, se sont différenciées en les occlusives d, d { = d
rétrofiexe) devant b, bh, g, gh (36a, 3°).
11. La spirante prépalatale ß l s’est différenciée en cérébrale (s) devant
les dentales (prépalatales) (36a, 4°).
12. Dans les redoublements verbaux contenant s + occlusive, le premier
J fut éliminé (50a, 1°).

D I CON SON N ES « G U T T U R A L E S » (g, gh, k, n)

1. Les occlusives « gutturales » indiennes k, g, gh (sauf dans les onoma­


topées) se sont transformées respectivement en c, j , h (écrits c,
j , h) devant les voyelles prépalatales lE e, i (28a, 3®) et devant y
(29a, 3“)-
2. Les occlusives « gutturales » sont devenues n devant nasale (sinon
toujours dans la graphie) (25a, 2®).

//. Voyelles

M OD IFICATION S COMMUNES

1. Une voyelle a eu tendance à s’insérer entre occlusive et /, r, entre


consonne et semi-voyelle, lorsque ces séquences étaient suivies d’une
voyelle. La graphie masque souvent le phénomène (45a, i®).
2. Les voyelles de même timbre en hiatus se fondent parfois en la longue
correspondante (34a, i°-2®).
3. Une voyelle s’est nasalisée lors de la disparition d’une nasale devant
sifflante ou h selon § 42a, 3° (30a, 6°).
4. L a voyelle réduite a tendu à se développer sous forme de i, u, devant
liquides et, respectivement, devant y et w, sous forme de a ailleurs
(45a, 3°)-
5. i et u se sont allongés par suite de l’amuïssement de s devant dentale
sonore (44a, 3®).
r^'

CH A N G EM EN TS CO N DITIO NN ÉS D U SAN SKRIT l8l

///. D iphtongues
I. Les diphtongues lE (à premier élément bref) e.my se sont monophton-
guées en ë, celles en w se sont monophtonguées en ô (32a, i “ à 6°).
2 . Dans les diphtongues à premier élément long, cet élément s’est abrégé
devant consonne (mais parfois ai, au, sont devenus a) (44a, 1°).
L a diphtongue indienne -ây est représentée in pausa tantôt par ai,
tantôt par â, la diphtongue indienne âw surtout par « (61 a, 6°).

IV. Sem i-voyelles

w et J) se sont amuïs respectivement devant u et î (41a, 1°).


Index des changements
conditionnés de l'ionien-attique

N.B. — Les chiffres entre parenthèses renvoient aux paragraphes.

/. Consonnes

A I M ODIFICATION S COMMUNES

1. Toute consonne sourde est devenue sonore devant une occlusive


sonore (24b, 2°).
2. Toute occlusive sonore est devenue sourde devant une consonne
sourde (24b, 1°).
3. Les consonnes finales ou initiales longues ou géminées se sont abrégées
ou simplifiées (62b, 4®) et les occlusives finales se sont amures, sauf
dans les proclitiques (62b, 1°).
4. Les géminées se sont simplifiées devant et après consonne (43b, 2®).
5. Pour les occlusives sonores aspirées, devenues sourdes aspirées, cf. 65.
6. Les occlusives sonores aspirées devant une sourde non aspirée en
position intérieure sont devenues des sourdes non aspirées (65, n. 42).
7. Une occlusive aspirée a perdu son aspiration sous l’influence d’un h
placé dans la syllabe suivante, et cela postérieurement à l’assourdis­
sement des sonores aspirées (50b, i®).
8. Dans les séquences de trois consonnes dont l’élément médian était
une sifflante, la sifflante a disparu quand eUe était précédée d’une
liquide et suivie d’une consonne sonore ; suivie d’une consonne sourde,
elle subsiste, mais la liquide précédente s’amuït phonétiquement. Placé
entre occlusive labiale ou « gutturale » et consonne, a s’est affaibli
en h, transformant ainsi l’occlusive précédente en aspirée (43b, 2“).
9. Une neisale devant une occlusive et devant une sifflante a pris le point
d’articulation de ces consonnes (26b).
10. Une nasale précédant la séquence sifflante 4 - consonne a disparu
(43b, 2°).
11. Une sonante a tendu à se dissimiler ou à s’amuïr sous l’action d’une
sonante placée dans la syllabe voisine (50b, i®).
12. Dans les verbes commençant par <r + occlusive, le redoublement ne
présente pas l’occlusive (50b, i®).
CHANGEMENTS CONDITIONNÉS DE l ’ i ONIEN-ATTIOUE 183

B I CO N SO N N E S L A B IA L E S

Occlusives (ß, it, 9)


1. Une occlusive labiale est devenue (x devant la nasale (x (23b, 3°) et ß
est devenu (x devant v (25b, 1°).
2. Une occlusive labiale suivie de la séquence a + consonne est devenue
aspirée par suite de l’affaiblissement de a en Ä (42b, 4°).
3. La séquence (pj est devenue itr (37b, 40).
Nasale (p.)
1. m final lE est devenu -v (63b, 2°).
2. Les séquences initiales *pßp-, ’“pßX-, provenant de l’insertion de ß,
ont perdu leur première consonne (64b).
3. Les séquences anciennes pp, pX sont devenues respectivement -pßp-,
-pßX-, entre voyelles (et ßp-, ßX-, à l’initiale selon § 64b) (37b, 2°).
4. La séquence vp s’est intervertie phonétiquement en pv (40b, 50).

G I CONSONNES D E N T A L E S -A L V É O L A IR E S

Occlusives (S, t , 6)
1. Une o c c lu s iv e d e n ta le s u iv ie de it à d a te ancienne et en d e h o r s d e la
g é m in a tio n e x p r e s s iv e a d é v e lo p p é u n s etla séquence est devenue <t t
(37b, 3°)-
2. Une occlusive dentale est devenue c devant la spirante c (23b, 3®).
Pour la simplification de la géminée, cf. § 42b, 5®.
3. Une occlusive dentale sonore est devenue X devant X (23b, 5®).
4. La séquence tjv est devenue *ts après palatalisation (et, de là, tantôt
o(o'), tantôt t ( t ) (29b, 3°).
5. La séquence 8j> est devenue Ç après palatalisation (29b, 2”).
6. Devant la voyelle prépalatale i, un i ancien non initial et non appuyé
par s a tendu à se palataliser (en */’, puis *ls) pour aboutir à a (28b, 4°).
7. L a séquence tw est devenue or à l’initiale, t t entre voyelles (29b, 5®).
8. La séquence -m - s’est sans doute intervertie en -irr- (40b, 5®).
9. La séquence -xx- s’est intervertie en -xt- (40b, 5®).
10. La séquence * t <tt provenant de dentale -j- t est devenue <tt (50b, i®).
Nasale (v)
1. La séquence *v8p- provenant de l’insertion de S a perdu sa première
consonne en position initiale (64b).
2. La séquence -v^- précédée de a, 0 s’est intervertie (40b, 4°).
3. La séquence ancienne vp est devenue -vSp- entre voyelles (et 8p- à
l’initiale selon § 64b) (37b, 2®).
4. La séquence -Xv- intervocalique ancienne s’est réduite à X (avec allon­
gement compensatoire) (42b, 7®).
5. La séquence finale -vç s’est réduite à ç (avec allongement compen­
satoire) (42b, 3°).
6. La nasale dentale est devenue [x devant [x seulement« dans des parfaits
médio-passifs, où l’analogie imposait le maintien » des finales -[xai,
-[xs6a, et dans des composés, où le traitement est récent (22b, 2°). Cf. 8.
184 INDEX

7. La nasale dentale est devenue X devant X (23b, 5°).


8. L a séquence vfi, s’est intervertie phonétiquement en pv (40b, 5°).

Liquides (p, X)
1. Une liquide suivie de la séquence a + consonne sourde s’amuït pho­
nétiquement (43b, 2°).
2. U n élément de formation contenant un X a souvent été évité, quand
la racine du mot contenait X (53b, 3“).
3. La séquence -pji- précédée de a, 0 s’est intervertie (40b, 40).

Sifflante (ç)
1. Les séquences anciennes -vo-, -[xct- et, dans les aoristes, -Xo-, -pa- (pour
-Xo- sporadiquement ailleurs également) sont devenues respectivement
en position intervocalique -v-, -p-, -X-, -p- (avec allongement compen­
satoire) (42b, 3°).
2. La sifflante a s’est assimilée totalement à X, v, p, et généralement à p
suivants à l’initiale et la géminée résultante s’est simplifiée par la suite
(selon § 64b), sauf pour p en ionien-attique, s’il se trouvait précédé
d’une voyelle adventice comme l’augment (23b, 10°).
3. O, devant liquide ou nasale en position intervocalique, a passé à date
ancienne à h, qui s’est amuï (avec allongement compensatoire), sauf
cas de métathèse. Les traitements -w-, de -<tv-, -XX-, de -aX-, et le
maintien de -ap- sont récents (42b, 4®).
4. La géminée intervocalique de date grecque -00- s’est simplifiée en
attique en a, qui subsiste; en ionien, la géminée grecque -aa- s’est
simplifiée également, sauf lorsqu’elle provenait de -iw-, -v.y-, et, dans
certains cas, de -■ ^- (42b, 5°).
5. L a séquence o -f- est devenue yy entre voyelles (le premier élément
de cette géminée forme généralement diphtongpie avec la voyelle pré­
cédente, sauf i, qu’il allonge, tandis que le second élément, et parfois
aussi le premier, s’amuït entre voyelles selon § 42b, 1°) (29b, 8°).
6. La séquence -rsw- intervocalique ancienne s’est amuïe (avec allongement
compensatoire) (42b, 6°).
7. Dans la séquence occlusive labiale ou « gutturale » + or devant consonne,
O s’est transformé en h faisant ainsi de l’occlusive précédente une
aspirée (42b, 4°).
8. <y intervocalique est devenu h, puis s’est amuï, sauf cas de métathèse
(42b, 50).
9. La sifflante a après p en position intervocalique est devenue p à date
récente en attique (non en ionien), mais l’analogie l’a souvent conservée
(23b, 8°).

D I CONSONNES « G U T T U R A L E S » ( y , X , % , * g ' " , *A:“ , * g ' " h )

1. Une occlusive « gutturale » suivie de la séquence or -f- consonne est


devenue aspirée par suite de l’affaiblissement de cr en Ä (42b, 4°).
2. La séquence y j est devenue X, après palatalisation (29b, 2°).
3. X est parfois devenu y devant p (24b, 2°).
CHANGEMENTS CONDITIONNES DE L lONIEN-ATTIQUE 185

4. La séquence xy est devenue *ts après palatalisation (et de là, tantôt


n(ff), tantôt t ( t ) ) (29b, 30).
5. L a séquence -xw- est devenue -Tnr- (29b, 6®).
6. Les labiovélaires ont perdu leur élément labial devant y, puis elles se
sont palatabsées (selon § 27b, 2® et 3°) (43b, 4®).
7. Les labiovélaires ont perdu leur élément labial au contact de u (41b, i®).
8. Les labiovélaires sont devenues dentales devant les voyelles prépala­
tales lE ë et (pour la sourde au moins) ï (28b, 3®).

E I l ’a s p ir a t io n (h)
1. h intervocalique (provenant de -a- ou de -y-) est généralement passé
à l’initiale des mots commençant par une voyelle, peut-être aussi h
provenant de -a- entre voyelle et p, (55b, i®).
2. h s’est amuï sous l’influence d’un h placé dans la syllabe suivante
(50b, 1°).

//. Voyelles

A m o d if ic a t io n s com m unes

I. Une voyelle a subi dans quelques mots l’influence du timbre d’une


voyelle placée dans la syllabe suivante ou précédente (47b, i® et 2®),
2. Deux voyelles de même timbre se sont fondues en la longue corres­
pondante; si l’une était de timbre plus ouvert que l’autre, la longue
résultante était de timbre ouvert (â, i), w). Les séquences s + si, o -j- 01
sont devenues respectivement si, ot (34b, 1°).
3. Deux voyelles de timbre différent se sont contractées en une longue
ou, si la seconde était i ou u, en une diphtongue (pour le détail, cf. § 34b,
2°).
4. Une voyelle brève s’est allongée a) par suite de l’amuïssement de a
devant ou après liquide ou nasale et de -aw- ancien (44b, 3®) ; b) par
suite de l’amuïssement de nasale après liquide et, en ionien, de w après
liquide ou nasale (44b, 5®).
Les voyelles brèves i, c, u se sont allongées par suite de l’amuïssement
de J) après liquide ou nasale (e allongé est alors noté si) (44b, 5®).
5. Une voyelle longue, surtout 7], a tendu à s’abréger devant une autre
voyelle (44b, 2®).
6. Devant une sonante suivie d’une consonne, une voyelle longue a tendu
à s’abréger à date ancienne. Dès l’ IE, devant jy et w, la voyelle longpie
s’est abrégée ou jv et w ont disparu (44b, i ®).
7. La voyelle réduite s’est développée en i et u respectivement devant
et w, ailleurs en a; on trouve parfois i devant dentale (45b, 3®). Voir 8.
8. La voyelle réduite est parfois devenue u au contact d’une labiovélaire
(30b, 1°).

B I M OD IFICATION S P A R T IC U L IÈ R E S

I . Dans les séquences dissyllabiques i ou u voyelle de timbre diflférent,


il s’est développé respectivement un j; et un w de transition (37b, i®).
186 INDEX

2. En attique, a) ä tendant vers t) s’est ouvert en â après les voyelles e,


t, ou les diphtongues en y , de même devant r\ dans ài^p (36b, 30);
b) « tendant vers yj s’est ouvert et a été ramené à â après p (30b, 6°).
3. Les séquences Yja, t)o sont devenues en attique s 5c, scü (40b, 6°).

///. D iphtongues

1. Les diphtongjues finales -Si, -ou sont devenues â, co, en attique vers
le 2® s. av. J .C . (notées le plus souvent a, co) (6ib, 6°).
2. L a diphtongue ui a tendu à se réduire à ü (32b, 7°).
3. Dans les diphtongues lE à premier élément long, ou bien la voyelle
s’est abrégée ou bien l’élément semi-vocalique a disparu (44b, i®).

iV . Sem i-voyelles

1. a.) w intervocalique s’est amuï (42b, 2®); b) w s’est amuï après 8 en


allongeant éventuellement un o précédent (chez Homère, en allongeant
toute voyelle précédente ou en redoublant le 8) (43b, 3®) ; c) la séquence
-GW- intervocalique ancienne s’est amuïe (avec allongement compen­
satoire) (42b, 6 °) ; d) les séquences initiales w -j- p, a; + X sont deve­
nues pp, XX, simplifiés par la suite, sauf après voyelle adventice (29b,
9®) ; e) en grec commun, ew -f- consonne est devenu zy sous l’aetion
d’un w précédent (50b, i®) ; f) la séquence *wy s’est intervertie en *yw
(40b_, 7°) ; .
2. a) y intervocalique, même parfois lorsqu’il provenait de -yy- (lui-même
de -qy-) est devenu h, qui s’est amuï (sauf cas de métathèse) (42b, i®);
b) un jr a tendu sporadiquement à s’insérer entre t et u (d’où passage
de TJ à (T selon § 29b, 3°) (45b, 4®) ; c) la géminée intervocalique -yy-
venant de -ctj- s’est simplifiée en y, qui s’est parfois amuï (42b, 5®) ;
d) la diphtongue ul a tendu à se réduire à ü (32b, 7®) ; e) les diphtongues
finales -âi, -coi sont devenues â, <0 en attique vers le 2® s. av. J.C .
(et notées le plus souvent a, cp) (61 b, 6°) ; f) la séquence ny est devenue
ttf (37b, 4°) ; g) les séquences xy et i:y sont devenues *ts après pala­
talisation (et de là, par assimilation, tantôt a(o), tantôt t (t ) (29b, 3®);
h) la séquence -X + y- est devenue -XX- (29b, 7®) ; i) les séquences -py-,
-yy- intervocaliques précédées de e, i, u, se sont réduites à p, v (avec
allongement compensatoire) (42b, 8®); j) les séquences -py-, -yy-,
précédées de a, 0, se sont interverties (40b, 4°).
■ i

Index des changements


conditionnés de l'osco-ombrien

N.B. — Les chiffres entre parenthèses renvoient aux paragraphes.

/. Consonnes

A I M O D IF IC A T IO N S COM M UNES

1. Toute occlusive sonore est devenue sourde devant une consonne sourde
(24c, 1°).
2. Toute consonne sourde est devenue sonore devant une occlusive sonore
(24c, 2°).
3. Les occlusives sourdes entre sonantes ou entre voyelle et sonante ont
tendu à se sonoriser (28c, 30).
4. Une consonne est souvent géminée devant jr en osque (29c, 5“).
5. Les occlusives sonores aspirées lE sont devenues des spirantes sourdes
et le sont restées en position intervoealique (65 et 28c, 2'’).
6. Dans les séquences de trois consonnes, la dernière consonne du groupe
implosif, ainsi que t dans la séquence stl, s’est amuïe, sauf s’il s’agis­
sait de dans ce cas, l’occlusive précédant s s’est amuïe; r suivi de s
+ consonne a tendu à s’amuïr en ombrien, ainsi que dans la séquence
rstl en osque. Les géminées se sont simplifiées devant et après consonne
(43c, 2°).
7. Une nasale a pris le point d’articulation de l’occlusive suivante, sauf
dans la séquence mt résultant de la syncope (26c).

B I CONSONNES L A B IA L E S

Occlusives (b, p)
1. Une occlusive labiale est devenue m devant n (23c, 30).
2. La séquence -ps- intervoealique ancienne est devenue -w-; secondaire,
elle subsiste en osque, devient s(s) en ombrien (23c, 12°).
3. La séquence/»f est devenue ft, laquelle est ensuite passée en ombrien à hl
(36c, 5°)-
4. lE bh est représenté en ombrien par b entre m et voyelle (28c, 3°)
5. La séquence mb est devenue mm en ombrien (23c, 11°).

Masale (m)
m final a tendu à s’amuïr (62c, 2°).
1 88 INDEX

C I CONSONNES D E N T A L E S -A L V É O L A IR E S

Occlusives (d, t)
1. Une occlusive dentale devant une occlusive « gutturale » ou labiale
s’y est assimilée totalement (22c, 1° et 2®).
2. L a séquence occlusive dentale + s, ancienne ou venant de dentale
+ t (voir infra 3), est devenue s(s) (23c, 2°).
3. Les séquences intérieures anciennes -d-, -dh- ou -t- + -t- (ne repré­
sentant pas une gémination expressive) sont devenues *-tst- (d’où
(37c, 3°)-
4. L a séquence nd est devenue nn (23c, 11°).
5. d intervocalique s’est ouvert en ombrien en une spirante intermédiaire
entre r et d spirant (transcrite f de l’alphabet nationed, rs en alphabet
latin) (28c, 4°).
6. La séquence dy- initiale est devenue^y- en osque récent et en ombrien (64c).
7. En finale, d s’est amuï en ombrien (62c, i®).
8. lE -t est devenu -d dans les formes verbales à la 3®personne au sing, et
-J au plur. (63c).
9. L a séquence -tl- est devenue -cl- sauf après s (36c, 2°).
10. Les séquences t y, d y sont devenues respectivement s, z dans le
dialecte de Bantia (29c, 4®).
11. L a séquence "^tst venant de dentale -f- t selon 37c, 3® s’est dissimilée
en ts, d’où s(s). La séquence st s’est dissimilée en s dans ombrien
sestu « sistô » (50c).
12. Les séquences st, rt sont souvent devenues s, r, en finale en ombrien
(62c, 3°).
Nasale (n)
1. En ombrien, un w a été palatalisé par un_y suivant et transcrit ni ( = n)
de l’alphabet national (29c, 3°).
2. L a séquence ns intérieure ancienne est devenue nts, transcrite nz de
l’alphabet national, ns en alphabet latin; secondaire, elle est devenue/
en ombrien. En finale, ns ancien est devenu -w en osque, - f en ombrien;
ns au nominatif sing, des thèmes en -n est devenu - f (36c, 3°).
3. La séquence ni est devenue II (23c, io°).
4. « a eu tendance à s’amuïr devant consonne, surtout en ombrien, et,
notamment, dans la finale -ent en osque (42c, 5®). Mais voir supra 2.
5. n final a tendu à s’amuïr en ombrien (62c, 2°).
Liquides (r, l)
1. Il et rr en finale sont généralement devenus l et r (62c, 4°).
2. En finale, r a tendu à s’amuïr (62c, 1°).
3. La séquence -It- ne résultant pas de la syncope s’est réduite à -t- en
ombrien (42c, 7®).
4. U n morphème contenant un r ou un / a souvent été évité, quand la
racine du mot contenait déjà ce phonème (53c, 3®).
Spirantes (s, f )
I. s intervocalique s’est sonorisé en osque et est devenu r en ombrien;
s final après voyelle est devenu r en ombrien (28c, i®).
CHANGEMENTS CONDITIONNÉS DE l ’ OSCO-OMBRIEN 18 9

2. L a séquence sr est devenue f r (36c, 2°).


3. L a séquence intervocalique -rs- ancienne s’est réduite à r en osque
(avec allongement compensatoire) ; en ombrien, r tendait à s’y amuïr
(42c, 6“).
4. En osque, la séquence -rs- intervocalique provenant de la syncope est
devenue -rr- et la séquence -w finale est devenue -r (23c, 80).
5. En ombrien, la séquence intervocalique -rs- provenant de la syncope
ou de rss est devenue r f (36c, 4“).
6. L a séquence ancienne -Is est devenue -l en finale (23c, 7°).
7. Pour la séquence ns, cf. Nasale (n), 2. II
8. f a . tendu à s’amuïr en finale en ombrien, surtout dans les polysyllabes
(62c, 2").

3 I CONSONNES « G U TTU RALES » (g, k, n)


I. lE est représenté en ombrien par g entre n et voyelle (28c, 3“).
2. La séquence gn- initiale est devenue n- en ombrien (64c).
3. L a séquence intervocalique g + j» est devenue J17 (29c, 2®).
4. La séquence -kt- est devenue ht-, secondaire, elle est passée à -yt en
ombrien (36c, 6°).
5. La séquence k + jr est devenue x { = ks) dans le dialecte de Bantia
(29c, 40).
6. En ombrien, k devant e, i, s’est palatalisé en un son transcrit ç de
Falphabet national, i en alphabet latin. Devant ces mêmes voyelles,
g s’est palatalisé en y (28c, 5°).
7 En ombrien, k a été palatalisé par un_j» suivant et est transcrit ç sans
doute i) de l’alphabet national (29c, 3®).
8 k a tendu à s’amuïr en finale en ombrien, surtout dans les polysyllabes
(62c, 2°).

/ƒ. Voyelles
A I M O D IF IC A T IO N S COM MUNES

I. Deux voyelles consécutives de même timbre se sont contractées en la


longue correspondante (34c, i°).
2 . Une voyelle s’est développée entre occlusive et liquide ou nasale devant
consonne. (Il ne s’agit pas des liquides ou nasales voyelles, qui sont de
date indo-européenne) (45c, 2®).
3. En osque, une voyelle s’est allongée par suite de l’amuïssement de s
dans la séquence -rs- intervocalique ancienne; en ombrien, probable­
ment par suite de l’amuïssement de h provenant de ƒ ou de É devant t.
En osco-ombrien, les voyelles ont tendu à s’allonger devant *ns, tfQ ) ,
*nkt (44c, 3®).
4. En osque, une voyelle s’est très souvent insérée entre une liquide ou
une nasale et une consonne suivante ou précédente (45c, i®). Le timbre
de cette voyelle est celui de la voyeUe de la syllabe à laquelle appartient
cette liquide ou cette nasale, c’est-à-dire celui de la voyelle précédente,
si elles précédaient la consonne, celui de la voyelle suivante, si elles la
suivaient (47c).
ig o INDEX

5. Les voyelles subsistant en syllabe intérieure ou accentuée ont parfois


été labialisées en u devant ou après consonne labiale (57c).
6. Une voyelle breve a tendu a s’amuïr en syllabe intérieure ouverte
(59c) et en syllabe finale ouverte (60c, i«>).

B I M O D IF IC A T IO N S P A R T IG IIL IÈ R E S

1. à final a tendu vers 0 en osco-ombrien (voir le détail § 6 ic, 8°).


2. a final a tendu vers o devant ts en ombrien (6ic, 2").
3. Les voyelles brèves 0, e, i se sont amuïes en finale devant s (60c, 2®).
4. e a) tend vers i devant r (30c, 6°) ; b) est devenu o entre une labiové-
laire initiale et la séquence ancienne nl^ (30c, 3®); c) tend vers i
devant voyelle de timbre différent (36c, 7®) ; d) devant la nasale guttu­
rale a tendu à se fermer en i (30c, i®).
5. En finale ouverte, i est devenu e en ombrien (6ic, i®).
6. Dans les séquences dissyllabiques i + voyelle de timbre différent,
il s’est développé un_j» de transition (37c, i®).
7. 0 a) en syllabe finale est devenu u ou o fermé devant m en osque (6ic,
4®) ; b) tend vers u devant r en ombrien (30c, 6°).
8. ü semble être devenu i en finale et dans les monosyllabes (6ic, 7®).
9. u est devenu o devant m et parfois devant p en ombrien (30c, 5®).
10. Dans les séquences dissyllabiques a -|- voyelle de timbre différent et
entre a et o, u, il s’est développé un w de transition (37c, i®).
II. La voyelle réduite a le timbre a, sauf devant et w, où elle a respecti­
vement les timbres i et a (45c, 3®).

m . Diphtongues

1. Les diphtongues à premier élément long ont eu le sort des diphtongues


à premier élément bref (6ic, 6®).
2. a) La diphtongue ay est devenue ae en osque (transcrit aî de l’alphabet
national) et e ouvert en ombrien (sauf si elle était suivie d’un >>) (32c,
i®); b) la diphtongue aw est devenue 0 en ombrien (32c, 2°); c) la
diphtongue ey est devenue e en ombrien (32c, 3®); la diphtongue ew
est devenue ou et, de là, 0 en ombrien (32c, 4°) ; d) la diphtongue oy
est devenue oe en osque (transcrit ûî de l’alphabet national) (32c, 5°),
â en ombrien à l’initiale (32c, 6®); en finale, oy est devenu ë fermé
en ombrien (6ic, 5®).

iV . Sem i-voyelles

. w s’est amuï a) après consonne labiale quand il était suivi d’une voyelle
( 4 1 C , 2°); b) après d (42c, 8®).
, y a) ancien s’est amuï entre voyelles (42c, i®); b) a eu tendance à
s’insérer entre dentale et u (45c, 4°) ; c) est devenu /, r, respectivement
après Z, r, dans le dialecte de Bantia (29c, 4®).
Index des changements
conditionnés du germanique

N.B. — Les chiffres entre parenthèses renvoient aux paragraphes.

/. Consonnes

A M OD IFICATION S COMMUNES

I. Toute occlusive sonore est devenue sourde devant une consonne sourde
(24d, 1°) et toute consonne sourde est devenue sonore devant une occlu­
sive sonore (24d, 2°).
2 . a) Les géminées se sont simplifiées à l’initiîde (64d) ; b) devant et après
consonne (43d, 2°); c) après voyelle longue (43d, 1°).
3. Une consonne s’est géminée en position intervocalique devant y
notamment en v.h.a. (2gd, 2°).
4. Les consonnes simples ont tendu à s’amuïr et les géminées à se sim­
plifier en position finale. Pour le détail, cf. § 62d, i° à 4°.
5. Les occlusives sourdes lE ne sont pas devenues spirantes selon la loi
de Grimm (§ 65, n. 40), lorsqu’elles suivaient une spirante ancienne ou
germanique (38d).
6. Tendance à la dissimilation consonantique, surtout lorsqu’ il s’agissait
de liquides ou de nasales (5od, 1°).
7. Les redoublements de racines comportant s consonne sont représentés
par 5 (5od, i°).

B I CONSONNES L A B IA L E S

Occlusives (b, p)
I. P germanique est devenu en h .& .ff à l’intervocalique et en finale après
voyelle (d’où ƒ après voyelle longue, selon § 43d, 1°, et en finale, selon
§ 62d, 4°) (42d, 6°).
2. La séquence intervocalique ancienne -ps- a tendu à s’intervertir en -sp-
en m.h.a. et en v.isl. (4od, 1°).
3. b semble être devenu m devant m (23d, 3°).
Nasale (m)
1. m s’est amuï devant h et, en v. anglais, devant j, ƒ, p (avec allonge­
ment compensatoire selon § 44d, 5°) (42d, 3°).
2. Dans la séquence intérieure -mn-, m a tendu à devenir spirant et bn
192 INDEX

a passé en gotique à bn et fn , en v.h.a. à nn (mn est analogique ; pour


mm, voir Nasale n, ib). Les séquences initiales mr-, ml- sont devenues
en gotique et en v.h.a. br-, bl- (s6d, 3°).
3. La séquence intérieure -mr- est devenue -mbr- (37d, 2®).
4. -m final est devenu w et a partagé son sort (cf. § Ô2d, 2°) (63d, 2°).
5. m est devenu n devant d et la labiodentale ƒ (v.h.a. récent) (26d).
6. ƒ germanique à l’intervocalique ou entre voyelle et liquide ou nasale
est devenu sonore, sauf si l’accent lE affectait la voyelle immédiatement
précédente (28d, 2°).
7. In pausa, la spirante sonore labiale s’est assourdie en gotique (63d, 1°).

G I CONSONNES D E N T A L E S -A L V É O L A IR E S

Occlusives (d, t)
Les dentales se sont amuïes devant s + consonne, de même que les
I.
occlusives dentales lE entre deux n et entre n e t y (43d, 2°).
2 . La séquence lE dentale -|- s est devenue ss en germanique; t germa­
nique est devenu en h.a. ss à l’intervocalique et en finale après voyelle
(d’où s après voyelle longue, selon § 43d, i°, et en finale, selon § Ô2d,
4°) (42d, 60).
3. Les séquences intérieures -dt-, -dht-, -U- (ne représentant pas une gémi­
nation expressive) sont devenues *tst (37d, 3°) et, de là, -s(s)- (sod, i®).
4. Une dentale orale lE est devenue l devant l (23d, 5°).
Nasale (n)
1. n est devenu a) l après / (23d, 6°) ; b) m devant et souvent après m
(22d, 2° et 50); c) m devant ƒ bilabial (gotique, v.isl.) (20d); d) s’est
amuï devant h, etc. (voir Nasale m, 1 et 4).
2. Il semble que la séquence occlusive lE -j- k soit devenue une occlusive
sourde géminée (23d, io°).

Spirantes (s, z, p, d)
1. Non précédées immédiatement de l’accent lE , la séquence -sl-
ancienne est devenue -zl- en germanique commun (d’où II selon
§ 23d, 70), les séquences -rs-, -Is- sont devenues -rz-, -Iz- en germanique
occidental commun (d’où respectivement -rr-, -II- en position inter-
vocalique selon § 23d, 7° et 8“) et les séquences intervocaliques -sn-,
-sm- sont devenues -zn-, -zm- en germanique commun (d’où respecti­
vement nn, souvent, et mm) (24d, 3° et 4°).
2. Non précédé immédiatement de l’accent lE , s entre voyelle et j ou
occlusive sonore germanique est devenu z, qui passe généralement à r,
sauf en gotique (42d, 4°).
3. L a spirante sourde germanique p et la spirante lE s intervocaliques
ou entre voyelle et liquide ou nasale sont devenues sonores, sauf si
l’accent lE affectait la voyelle immédiatement précédente, et z est
ensuite devenu r, sauf en gotique (28d, i® et 2®).
4. La séquence sr est devenue str (37d, 4®).
5. In pausa, la spirante sonore interdentale ainsi que z se sont assourdis
CHANGEMENTS CONDITIONNÉS DU GERMANIQUE 193

en gotique; lE après voyelle est devenu r en nordique et, dans les


monosyllabes brefs, en westique (63d, 1°).
I .1
6. La spirante interdentale sonore (voir § 28d, 2°) ainsi que la sifflante ■I
dentale sonore (voir § 24d, 3“) germaniques sont devenues / devant l.
Les séquences germaniques -Iz-, -rz- intervocaliques sont devenues
respectivement -II-, -rr- en germanique occidental (23d, 7° et 8”).
7. L a séquence germanique zm est devenue mm, la séquence zn parfois nn
(23d, Il O).

D I CONSONNES « G U T T U R A L E S »

1. Les« gutturales» se sont amuïes devant s + consonne (43d, 2“).


2. lE A:“ est parfois devenu ƒ en germanique commun sous l’influence
d’une consonne labiale précédente (qdd).
3. A l’initiale, la séquence ks- est devenue s-, la séquence ksi- est devenue sl- l'i
(64d).
4. h germanique s’est amuï a) après consonne (42d, 5°) ; b) sauf en gotique, r''
devant s + consonne (43d, 2°).

//, Voyelles

1. Les voyelles en hiatus se sont généralement contractées en une voyelle


unique ou en une diphtongue (34d).
2. Devant une sonante suivie d’une consonne, une voyelle longue a tendu
à s’abréger; dès l’IE , devant et w, la voyelle s’est abrégée ou ƒ et w
ont disparu (44d, 1°).
3. Une voyelle brève s’est allongée par suite de l’amuïssement d’une
nasale devant h et, en v. anglais, devant s, f , p {44A, 5“).
4. Les voyelles ont tendu à s’ouvrir ou à se fermer sous l’influence d’une
voyelle ou d’une semi-voyelle placées dans la syllabe suivante. Pour
le détail, voir § 47d, i®.
5. Les voyelles et les diphtongues ont tendu à changer de timbre ou à
s’amuïr en syllabe inaccentuée. Pour le detail, cf. § 57d, i® à 6®, sqd,
6od, I“ à 4° et 6 id, 1° à 8°.
6. Une voyelle s’est développée entre occlusive et liquide ou nasale devant
consonne; le timbre en est a devant l, r, n, u devant m (43d, 2°).
7. e, i et U sont devenus respectivement e et 0 (écrits ai, au) en gotique
devant r et h (3od, 6°).
8. lE e est devenu i devant nasale + consonne (3od, i®).
9. Dans les séquences dissyllabiques i ou « + voyelle de timbre différent,
il s’est développé respectivement un y et un w de transition (37, i®).
10. La voyelle réduite a le timbre u, rarement a et, devant toujours i
(45d, 3°)-

//A D iphtongues

Les diphtongues ont eu tendance à se monophtonguer. Pour le détail,


cf. § 32d, 6®.
194 INDEX

IV . Sem i-voyelles

1. w, a) à 1’initiale, s’est amuï devant / et r en v.h.a. (64d) ; b) s’est amuï


entre consonne et j» (43d, 2®); c) s’est amuï devant IE a; l’élément
labial des labiovélaires s’est peut-être également amuï devant lE 0
(4idj 1°); d) ainsi que l’élément w d’une labiovélaire en h.a. après
consonne, surtout devant voyelle vélaire (42d, 6°); e) est devenu tt
après n en position intervocalique (2gd, 3°).
2. y s’est amuï entre voyelles, sauf après i (42d, 1°).
3. Après consonne, y, a) à l’initiale s’est voealisé (2gd, 2°) ; b) à l’inter-
vocalique s’est amuï après gémination de la consonne en v.h.a. (2gd, 2°).
Index des changements
conditionnés du vieil irlandais
(et, partiellement, du gallois)

N.B. — Les chiffres entre parenthèses renvoient aux paragraphes.

!. Consonnes

A I M OD IFICATION S COMMUNES

1. Toute occlusive sonore est devenue sourde devant une consonne sourde
(24e, 1°).
2. Toute consonne sourde est devenue sonore devant une occlusive sonore
(24e, 2°).
3. Les occlusives finales ont disparu, sauf d dans les monosyllabes et t
après consonne autre que s (62e, 1°).
4. Une consonne s’est palatalisée devant une voyelle prépalatale ancienne
et devant j;; une consonne s’est labialisée devant ü et parfois u (28e,
4° et 29e, 2°).
5. Les consonnes finales longues ou géminées se sont généralement abré­
gées ou simplifiées, sauf souvent pour -ss, du moins dans la graphie
(62e, 4»).
6. En proclise, une consonne tend à perdre sa palatalisation ou sa labia­
lisation (63e, 4®).
7. Les occlusives se sont généralement transfonnées en spirantes en posi­
tion intervocalique (28e, 3") (pour le brittonique, cf. 28e, 3°).
8. Une géminée a tendu à se simplifier après voyelle longue (43e, 1°).
9. Une occlusive précédant s final a disparu avec lui (62e, i®).
10. Une occlusive sourde a disparu entre liquide ou nasale et s, devant
s consonne et souvent entre s et liquide ou nasale (43e, 2°).
11. L a séquence secondaire consonne sonore -fi h s’est fondue en la consonne
sourde correspondante (24e, 5®).
12. Tendance à la dissimilation, surtout lorsqu’il s’agissait de liquides ou
de nasales (50e, i®).

B I CONSONNES L A B IA L E S

Occlusives (b, p)
1. Dans la suite lE p... k", p est devenu A:“ et a suivi son destin (48e).
2. La séquence tnb a tendu à devenir mm dès la période récente du vieil
irlandais (22e, 12®).
196 INDEX

JVasale (m)
1. Les nasales ont disparu en finale absolue. En sandhi externe, elles
reparaissent a) sous forme de n devant voyelle; b) transformant en
nasales correspondantes les occlusives sonores et en occlusives sonores
les occlusives sourdes initiales avant de s’amuïr définitivement (62e, 2°).
2. Une nasale devant une occlusive a pris le point d’articulation de cette
occlusive en celtique. (Pour le traitement ultérieur de la séquence
nasale + consonne, cf. § 24e, 6°) (26e).
3. Les séquences initiales mr-, ml- sont devenues respectivement br- et bl-,
vers la fin de la période du vieil irlandais (37e, 2°).
4- En position finale, m lE est devenu n et a partagé son sort (cf. § 62e, 2®).
5- La labiale m a disparu en position intérieure devant w en celtique
commun (41c, 3°).
6. Les séquences initiales *mbr-, *mbl- provenant de l’insertion de b ont
perdu leur m (64e, 1°).

C I CONSONNES D E N T A L E S -A L V É O L A IR E S

Occlusives (d, t)
I. Une occlusive dentale a) devant une occlusive « gutturale » s’y est
assimilée totalement (22e, 1°); b) est devenue s devant la spirante s
(et parfois aussi après s, après interversion en ts selon § 40e, 3") (23e,
2“) ; c) placée après l’accent dans les composés prépositionnels s’est
assimilée totalement à une oceluslve labiale suivante (22e, 2°).
2 . Une dentale sonore est devenue l après / à date récente (22e, 6®).
3 ' La séquence -dm- est devenue mm dans les composés prépositionnels
en ad- où elle était précédée immédiatement de l’accent irlandais
(23e, 3°)- .
4. Les séquences intérieures anciennes -dt-, -dht-, -tt- (ne représentant
pas une gémination expressive) sont devenues *tst, d’où ss selon § 50e,
1°) (37e, 3“)-
5. L a séquence nd a tendu à devenir nn dès la période récente du vieil
irlandais (22e, 12°).
6. rf et t ont tendu à s’amuïr devant nasale ou liquide. (Pour le détail,
cf. § 42e, 70.)
7. si et str- se sont parfois allégés respectivement en s, sr- (64e, i®).
8. La séquence initiale stl- est devenue si- (64e, 1°).
g. L a séquence *-tst- venant de dentale + t est devenue ss (50e, i®).
Nasale (n)
I. Pour les phénomènes résultant de sa disparition en finale absolue,
cf. CONSONNES L A B IA L E S , Nasale, I .
2 . Une nasale précédant s final a disparu avec lui (62e, i°).
3- n s’est amuï dans les séquences nsk, nst (43e, 2°).
4. n placé immédiatement devant l’accent lE semble s’être assimilé
totalement à une occlusive sourde précédente (22e, 5°).
L a séquence n + occlusive sourde s’est fondue en l’occlusive sonore
correspondante (généralement avec allongement compensatoire selon
§ 44e, 5°) (24e, 6® ) . ’i7oir aussi c o n s o n n e s l a b i a l e s . Nasale, 2.
CHANGEMENTS CONDITIONNES DU VIEIL IRLANDAIS 197

6. L a séquence nm provenant de dm selon § 25e, 3® est devenue mm


(22e, 2“).
7. L a séquence td est devenue II (22e, 6").

Liquides (r, l)

1. Après la labiovélaire lE r est devenu ru (30e, 3®).


2. En proclise, t est devenu r, surtout après la période du vieil irlandais
(62e, 3®).

Spirantes (s, th)


I.L a sifflante s simple a) est devenue r après r (23e, 8®) ; b) est devenue l
après l (23e, 7®); c) devant r , l , m, n, s’y est assimilée totalement en
position intérieure, sauf si la rencontre provenait d’une syncope (23e,
11®) ; d) a dû devenir h devant l , r , à l’intérieur (avant de s’assimiler
selon § 23e, II®) (24e, 3® et 4®); e) s’est amuï entre liquide ou nasale
et occlusive sourde, sauf dans les séquences nsk, tist (43e, 2®) ; f ) a disparu
en finale ou est devenu h (62e, i®) ; g) à l’initiale a disparu dans les
proclitiques, sauf après les prépositions ne causant pas la lénition (64e,
2°) ; h) intervocalique s’est amuï en passant par h (42e, 5®).
2. Les séquences st et str- se sont parfois allégées respectivement en t,
tr- (64e, 1°).
La séquence st devant voyelle s’est parfois intervertie en *ts (d’où ss
ou parfois t selon § 23e, 2°) (40e, 3°).
En brittonique, la séquence initiale sr- est parfois devenue sir (37e, 4°).
th v.irl. a) intérieur ou final s’est amuï dans les proclitiques (62e, 5°) ;
b) en finale absolue atone, est devenu sonore. Mais voir § 62e, 5®
(63e, i®).

D I CONSONNES « G U T T U R A L E S »

Occlusives (g, *g'", k,


1. g celtique s’est amuï à l’intérieur devant sonante (avec allongement
compensatoire, selon § 44e, 6°) ; de même, k devant liquide ou nasale
à l’intérieur, sauf, semble-t-il, devant n précédant immédiatement
l’accent lE (42e, 6°).
2. La séquence skn- s’est parfois allégée en sn- (64e, i®).
3. Les labiovélaires ont perdu leur élément labial devant a, et A*" en outre
après U (41e, i®).
4. lE g'" s’est amuï entre consonnes (43e, 2®).
5. Une « gutturale » sourde s’est assimilée totalement à un J suivant
(22e, 13®).

Spirante (ch) et aspiration (h)


1. En syllabe atone, la spirante ch palatalisée est devenue sonore
(63e, I®).
2. La séquence consonne sonore h s’est fondue en la consonne sourde
correspondante (24e, 5®).
ig 8 INDEX

//. Voyelles
M O D IFICATIO N S COMMUNES

I. Sous Tinfluence de l’accent d’intensité initial, les voyelles se sont


abrégées à date ancienne dans toutes les syllabes ne portant pas l’accent
principal. Les voyelles de la deuxième et de la quatrième syllabe ori­
ginelles restant intérieures après la chute éventuelle de la syllabe
finale lE se sont amuïes (59e).
2. Une voyelle s’est développée, à la suite d’une syncope, entre occlusive
et liquide ou nasale devant consonne et, en outre, devant liquide ou
nasale précédées d’une occlusive ou de m en finale après disparition de
la voyelle lE finale. Le timbre de la nouvelle voyelle est a, sauf en
certains cas de dissimilation ou d’assimilation (45e, 2°).
3. Pour l’influence d’une voyelle ou de j sur une voyelle de la syllabe
précédente, cf. § 47e, et 57e, 2°.
4. Les voyelles subsistant en syllabe atone à l’intérieur du mot ont pris
le timbre a (sauf en cas d’assimilation et de dilation) (59e, 1°).
5. Deux voyelles de même timbre se sont contractées en une voyelle
unique ou en une diphtongue (34e, 1°).
6. Devant une sonante suivie d’une consonne, une voyelle longue a tendu
à s’abréger. Dès l’IE, devant et w, la voyelle s’est abrégée ou y et w
ont disparu (44e, 1°).
7. Une voyelle s’est allongée par suite de l’amuïssement d’une « guttu­
rale » ou d’une dentale devant sonante (44e, 6“).
B I M O D IFICATIO N S P A R T IC U L IÈ R E S

1. La voyelle réduite a le timbre a, mais devant^ et w, i et u respecti­


vement (45e, 3«),
2. â est parfois devenu ö après m initial (30e, 50).
3. Après la labiovélaire lE Ä“ , e est devenu 0 et r est devenu m (30e, 3®).
4. e tonique s’est allongé par suite de l’amuïssement de n devant consonne
sourde ou s, sauf si ces derniers faisaient partie de certaines séquences
consonantiques (44e, 3°).
5. Un i a tendu à s’insérer entre consonne etj; (45e, 1°).
6. i ne s’est pas ouvert en e en hiatus devant e final et devant a et» (38e).
7. ô venant d’une diphtongue lE ne s’est pas diphtongué en ua en position
atone (57e, 3°).
8. La séquence 0 + e s’est contractée en oî, a -|- a en au, parfois a e
en ä (34e, 2°).
9. La séquence finale -yô- est devenue - u et les séquences -yâ et -yos,
(6oe, 40).

m . Diphtongues

1. Pour le sort des diphtongues toniques, cf. § 32e, 1° à 6°.


2. Les diphtongues finales ont subi des changements qualitatifs et surtout
quantitatifs. Pour le détail, cf. § 6oe, 1° à 4° et 61 e, 1° à 6°.
3. Les diphtongues subsistant en syllabe atone à l’intérieur du mot ont
pris le timbre a (sauf cas d ’assimilation et de dilation) (57e, 1°).
CHANGEMENTS CONDITIONNES DU VIEIL IRLANDAIS 199

IV . Sem i-voyelles

4. w s’est eimuï a) après consonne labiale, quand il était suivi d’une voyelle
(sinon, ü se vocalisait en a) (41e, 2®); b) entre voyelles (42e, 2®);
c) dans les séquences dw-, dhw-, sw- et bhw- (64e, i®).
5. Dans la séquence dissyllabique a + voyelle de timbre différent, il
s’est développé un w (37e, i®).
6. y, dans la séquence consonne + y, disparaît après avoir palatalisé la
consonne (29e, 2°).
7. Dans la séquence dissyllabique lE i + voyelle de timbre différent, il
s’est développé un j (37e, 1°), disparu en v. irl.
Index des termes techniques

Les chiffres en exposant renvoient aux notes, sans indication aux paragraphes
où sont définis ou illustrés ces termes

Abrègement, 44, i et 2; 60, 4. Constrictive (consorme), 2.


— iambique, 60, 3. Continue (consorme), 7.
Absorption, 59. Contraction, 33.
Accent, rg. Cordes vocales, a.
Adstrat, 18. Croissant, 3.
A lite m e n t, 43, 2.
Décroissant, 3.
Allongement, 44, 3 et 4.
Dentale (consonne), 8.
Allophone, voir variante combinatoire.
Dépendant (changement), r7.
Amuïssement, p. 90 N J 3 . i.
Détente, 3.
Analogie, ig.
Différenciation, 35.
Anaptyxe, 45, i.
Différenciation préventive, 38.
Antérieure (voyelle), 4.
Dilation, 46.
Aperture, 4.
Diphtongue, 6.
Apex, 4, p. 24.
Dissimilation, 49.
Apocope, p. 135.
Dissimilation en contact, p. 90, N.B. 2.
Apophonie, 56.
Dissimilation préventive, 52.
Appuyée (consonne), 50, i.
Dissimilation normale, 49.
Archaïsme, ig.
Dissimilation renversée, 49.
Arrondie (voyelle), 4.
Douce (consonne), 9.
Aspirée (consonne), 7^^; 65.
Assimilation, 20.
Entravée (syll.), cf. fermée.
Attention (musculaire, cérébrale, intellec­
Epenthétique, 37, 2° et 3°.
tuelle), 21 R .
Etymologie, 16 R.
Exception, 19.
Bilabiale, 8.
Exilis (l) , 8, 3.
Brève (syllabe), i i ; (voyelle), 4.
Explosive (consonne), 3.

Causes des changements phonétiques, 18. Fermée (syllabe), 10.


Cavité nasale, buccale, 2. Fermée (voyelle), 4.
Centum (groupe), p. 163**^. Forte (consonne), 9.
Changements phonétiques, 17. Fricative, 7.
Chuintante, p. 14.
Conditionné (changement), 17. Gémination expressive, 66.
Conditions des changements phonétiques, Géminée, 3 R.
18. Glide, 37, I.
Consonne, 2. Glotte, 2.
Constance des changements phonétiques, Grimm (loi de), 65^°.
ig- « Gutturale» (consonne), 8.
202 INDEX DES TERMES TECHNIQUES

Haplologie, 54. Phonologie, i, 2 N.B.


Hypercoirection, p. 38. Physiologiques (conditions), 18.
Pinguis ( l) , 8, 3.
lambique (loi des mots), 60, 3. Plenus ( l) , 8, 3.
Image motriee, 3. Point d’articulation, p. 23; (assimilation
Implosive (eonsonne), 3. du), 20.
Inconditionné (changement), 17. Postérieure (voyelle), 4.
Indo-européennes (langues), 16 R. Postpalatale (« gutturale»), 8, 3.
Inflexion, p. i i o N.B. Postpalatale (voyelle), 4.
Initiale (intensité), 14. Prépalatale (« gutturale »), 8, 3.
Interversion, 3g. Prépalatale (voyelle), 4.
Progressive (assimilation), 20.
Labiale (consonne), 8.
Psychologiques (conditions), 18.
Labiale (voyelle), 4.
Labiodentale (consonne), 8. Recomposition analogique, 19.
Labiovélaire, 65^®. Reconstitution étymologique, 16 R.
Langue (organe), 2. Réduite (voyelle), 45, 3.
Larynx, a. Régressive (assimilation), 20.
Laryngales, 65 N.B. 2. Résonance (assimilation de), 20.
Latérale (consonne), 7. Rhotacisme, 28, 1 N.B.
Lettres, i. Roulée (consonne), 7.
Libre (syllabe), cf. ouverte.
Liquide (consonne), 7. Samprasâraiw, 45, 2.
Lois phonétiques, 17. Sandhi, 22'-®.
Longue (syllabe), i i ; (voyelle), 4. Satim (groupe), p. 163®®.
Longue (par position), i i . Semi-voyelles, 5.
Longue (consonne), 62, 4 N.B. Sifflante (consonne), 7.
Sonantes, 7.
Médiane (voyelle), 4. Sonore (phonème), 2.
Mctaphonie, p. i i o N.B. Sourd (phonème), 2.
Métathèse, 55. Spirante (consonne), 7.
Mi-occlusive, p. 15. Spontané, cf. inconditiormé.
Mise en position, 3. Substrat, 18.
M ode d ’articulation, 7. Superstrat, 18.
M ode d ’articulation (assimilation du), ao. Syllabe, 10.
Momentanée (consonne), 7. Syncope, 58.
Syntactique (phonétique), p. 149®®.
Nasal (phonème), 2.
Système de la langue, 19.
Nasalisée (voyelle), 62, 2 R.
Tension, 3.
Occlusive (consonne), 2. Tenue, 3.
Oral (phonème), 2. Tenuis ( l) , 8, 3.
OsthofT (loi d’), 44, I.
Timbre, 4.
Ouverte (syllabe), 10. Ton, tonique, 13.
Ouverte (voyelle), 4.
Umlaut, p. 1 10 N.B.
Palais antérieur ou dur, 2. Variante combinatoire, p. 18, 2 N.B.
Palais mou, 2. Vélaire (consonne), cf. postpalatale.
Palatale (consonne), 65*“. Vélaire (voyelle), 4.
Palatale (voyelle), 4. Verner (loi de), 28d.
Palatalisée (nasale), p. 15. Vibrante (consonne), 7.
Pharynx, 2. Voile du palais, 2.
Phonation, i, i. Voisé (phonème), 2.
Phonème, i, i. Voûte palatine, 2.
Phonétique, i, i. Voyelle, 2; — réduite, 45, 3.
Index latin

Les chiffres en exposant renvoient aux notes, les autres aux paragraphes
sauf s’ils sont précédés de p(age)

T E R M IN A IS O N S , -o p. sing. 60.3 aedes 32, I


P R É F IX E S E T -o (adverbes en) 60.3 aequus 32, I
-o nom. acc. 44, 2 R
S U F F IX E S
sing. 6 1,1
-a, nominatif 60, 3 R -ö datif 61, 6 afferö 20; 23, I
-a, -ae datif 61, 6 -öro gén. pl. 61, I agceps 26
-ae, -âï, gcn. 61, 6 Ra -os nom. sing. 61, 4 R agellus 22, 3;
-al, -âlis 53, 3 -öS a c c . p l. 42, 3 45=2 et R 2; 59
-ar, -âris 53, 3 -rc infinitif 28, I agere 57, I
-as acc. pl. 42, 3 -t 3® p. sing. 60, : R3 aggrauö 22, I
-âsius 28, I R3 -tis 2® p. pl. 61, 3 aggredior 57, I R2
-d o - 36, 2b; 53, 3 -ud nom. -acc. agminis gén. 57, I
-culo- 45, I neut. 61, 4 Agrip(p)a 66
co-, com-, 30, 5 R3; -urn nom. -acc. 61, 4 a(i)iö 29;I 2; 32, I R 2;
53, 3 Ri -unt 3® p. pl. 61, 4 42, I R
-cro- 53, 3 -üs gén. 61, 5 äla 43, 2d
-d 3® p. sing. 63 -us nom. sing. 61, 4 alacer 47, 2
-(d) 62, I alius 45, I
-e nom. neut. 61, I alloquor 23, 5
M OTS
-e gén. sing. 61, I alnus 23, 6; 43, 2
-ë datif 32, 3 ab 63 alueolus 57, I
-ei p. sing, abdoucit 32 .4 amäbam 41, 2; 60, 4
parf. et nom. abieiö 45, 2 R3; 59 amäbü 4 1, 2
pl- 61, 5 abietis gen. 57.1 amantis 44, I
-eia, -eius 32, 3 R i abigö 57.1 amärunt 42, 2 R
-eis dat.-abl. pl. 6i, 5 abïs 61.5 amas 60, 4
-ësius 28, I R3 abnegö 27 R amasse 43 , I R
-ï p. sing, ac 60, I ambiegnus 30, I R 4
parf. ; nom. pl. accurrö 22, I ammoneö 23, 3
dat. sing. 61, 5 accüsö 57, 3 amoenus 32, 5 R i
-is 2® p. sing. 61, 3 äcer 45, 2; 60, 2 anas 61, 2 R
-is gén. 61, 3 äcris 45, 2 ; 60, 2 anatës nom. pl. 4 7 , 2
-ïs dat.-abl. pi. 61, 5 actus 20 ; 44, 4 anceps 26
-ïsius 28, I R3 adäetus 4 4 , 40 ancläre 36, 2b
-it 3® p. sing, 61, 3 adagium 45, I anitës nom. pl. 47 ,2
-ïus gén. 37, I; 44 , 2 R adäxim 44, 4 annuö 23, 3
-(m) 62, 2 ades 62, 4 annus 23, 3
-nt(i) 3e p. pi. 60, I R3 adpärö 27 R antestârï 54
-O n o m . sing. 60, 3 adstö 53, 2R autistes 61, 2
204 INDEX LATIN

appärö 22, 2 cacruleus 51 collis 23, 6


arat 60j 4 Caesar 61, 2 R collum 23, 7
arbor 19; 2Q, I R i ; 6o, 4 caesariës q8, i R 3; Colloquium 23, 5
arbös 62, la 53 , I colö 4ij I
arbitrer 60, 4 calamitäs 47, 2 ; 5 comfluont 26
arcubiî 54 calätor 45, 3 commoetä culum 32, 5 Ri
ardus 59, R i caldus 23, 6; 59, R i cömö 34, 2; 53: 3 Ri
arena ylO compitum 57: I
calefac 60, i
arfuisse 5 i 23
camara 47, 2 N.B. compos Ö2j 4
Argilëtum 50, 2 R canälis 50, 2 R
Compsa 40, I R
arrïdeö 23, 4 N.B. cänus 42, 4
cömptus 37: 2
ars 23, 8 cönfectus 57: 2
Cape impér. 6 1 ,1
artifex 61, 2 capitis gén. 57, i
cönfessus 57: 2
aruorsum 5 i 33 cönficiö 57: I
Capitölium 51^®
ascendö 57, 2 confiteor 57: I
carmen 36, 2 R2
asinus, p . 40 confluent 26
carö 4 5 ,3
asportö 16 R ; 53, 2 44: 5
carpsl 43, 2b
astulï 43> 3C conprömesis(s)c 32, 3
cäs(s)us, p. 40; 37, 3;
atröx 60, 2 Cö(n)sa 40, I R
43, I et R ;4 4 , 4c
atta 37 : 3 R 2; 66 cönsecrö 57 : 2 R2
caus(s)a 28, i R i ; 43, 2a
attingü 57, 2 R i consilium 51“
attrahü cecidi 57 , I cönsobrïnus
19; 23, 9; 47 , 2
cecidi 57 , 3 cö(n)sul
37, 3 Ri 42, 3; 44 , 3
auarus 42, 2 R cecini 57 , I contibernälis 57 , I
auceps 61, 2 Celebris 5 7 , 2 R2 contubernalis 57 , I
audöcter celer 60, 2 cooperiö 34 , I R
59
audïn 60, la celüx 30, 2 R i copia 34 , I
aue 60, 3 celsus 30, 2 R i coquö 30, 3; 41, i ; 48
aureax 61, 2 R cerebrum 36, 2a cor 62, 3
auspicis gén. 57, I cernö 40, 2 cösentiont 42, 3
axis 44 , 4 d certus 40, 2 crispus 40, I ; 40, 2
ceu 32, 4 R ; 60, I culmen 30,4
Bacchanal 60, ch 7I1 cum 61, 4
barba 48 cicindöla 47, 3
cupencus 30, I R i
Barbaras 47, 2 cineris gén. cupressus 59
57, I
Bellona 29, I cito 60, 3 cûrâre 32, 5
bellum 19; 29, i; 41, 2; ciuis 32, 3
30, 3 R2 dampnum 37 , 2 N .B.
claudö 44 , I
bellus 30, 3 R 2 deamäre 34, 2 R4
Cliteminestra 45 , i^^ debeö
bene 29, i; 30, 3; Clödius 32, 2 R
34 , 2
47 , 1 R ; 60, 3 decimus 57 , I
coäcla 55
bibö 48 decumus 57 , I
coSetus 34 , 2 R 3 deded
bis 29, I 63
coëgï 34 , 2 R3 dëdecus
Boelius 32 , 5 R i 57 , I R3
Coelius 32, 5 R i dodere
bonus 19; 29, i ; 30, 3 57 , I
coeräuere 32, 5 dein 60, i ; 62, 3
bös 30, I R i
breuis 30, 2 R 2 ; 47, I R
côrâuëron(t) 32, 5; dëlërunt 42, 2
breuiter 62, 3 dëmö 34 , I
59 , R2
broccus 66 coepl 32, 5 R i dënuö 57 , I
brüma coetus 32, 5 R i ; 34, 2 deorsum 41, I
5 9 : R2
bucca 66 cöfeci 42, 3 dësinere 28, I R i
cögö 34, 2 deus 41, I
cachinnus 66 coitiö, coitus 34, q R2 dïc(e) 60, I ; 60, 4
caerimönia 59, R2 colligü 57, I dïcö 32, 3
INDEX LATIN 205

dicm, dies 44, I facilitas 45 , 2 h


differö 22, 4 facillimus 59 habeat 34, 2 R4
digerö 42, 4 et R facul 60, I habiat 34, a R4
haedus 710
dignus 30, I
25,2; facultas 45 , 2
710
diluuium 57, 1 fais 43, 2c harena
dlnus 42, 2 R familia 57 , I hau(d) 62, I**
dïruô 24,3;36, 2; famulus 57 , I hebetis gén. 47, 2

43, 4 farfarus 47 , 2 hercle 59


Dis 42, 2R farsï 23, 8 Hercules 45, I
fasena ylO here 4; 61, I R
discö 53, 2
dis(s)piciö 43, 2a fatïgö 57, I heu, heus 32, 4 R
displicina 55 fedus 710 hîbernus 50, I
dluitis gén. 42, 2R fefellï 28î, 2 R ; 5 7 , 2 hic 60, I
diüs 44, I fel 62,4 hiemps 37, 2 N.B.
diuus 41, fëriae 28, I hînsidiâs 19
documentum 57, ferre 23, 8; 24, 3; 27, 2a hoc(c) neutre 62, 4 R
domus 30, 5 R4 fers 27, R holus 7“ ; 3 0 , 2
dorsum, dossuni 43, 2 C fiber 48 homo 47, i ; 6 2 ,2 ;
drachuma 45, j22 fïliolus 57 , I 30,5 R i
düc(e) 60, I; 60, 4 fiö 41 2; 44 , 2 R honor 19; 60,4;
dücö 32, 4 flentis 44 , ' a8, I R i
duellum 19; 2 9 , I flet 60, 4 Horte (n)sia 42,3
floccus 66 hostis -10
dulcis 40, 2
duonos 30, 3 foedus 32, 5 R i humerus cf. umerus
foeteô 32, 5 R i humus 30.5
eculeus 41, I fôns, fontem 44 , I idem 42, 4; 24, 2
Gdïce 60, I R2 forceps 45 , 2 R i
êdus 32, I R i forem
ïfâs 42>3
57 , 2 ïferî 42, 3
effodiö 57, I R-3 forë(n)sia 42, 3 imber 30, ï R2
êgredior 57, I Ra forrmea 50, I immineô 22, 2
ei(i)us 32, 3 R t formïdo 5C, I impiger 20; 26
eiusdem 42, 4 R fostis 7I0
elementum fôtus, foui
in 30,1R3
47, 2 32, 6 R indultum 43, a a
em 60, I frîgus 36, 2a
ï(n)fâ(n)s 44, 3
enim 61, 3 frit 40, 2Ri
inrumpô 27, R
eö 32, 3 fritillus 40, 2Ri
ïnsulsus 57, 2Ri
equestcr 60, 2 fritinniô 40, 2Ri
integer 57, I R3
equus 41, I fuî 44 , 2 integra 57, 2 Ra
erö, futur 28, I fuit 37 , I louis gén. 64
es 62, 4 fulgerator 57 , I Ra ipse 40, I R
ês(s)us 44, 4 c fulguris gén. 57 , I Ra irrumpô 23 ,4
et 60, I fulsï 23, 7; 43, aa ïs 2® pers. 32, 3
excelsus 30, 2 R i fünctus 44 , 5 isse — ipse 40, I R
exclüdö 53, 2 R fünebris 36, 2a
iubar 61, 2 R
exemplar 60, I ;
iümentum 32, 6; 43, 2d
60, 4; 61, 2 R gaesum, p. 40
iûnetus 44 , 5
exemplum 37, 2 gannïre 66
iûrat 59
exerceö 57, 2 garrïre 66
extempulö gelu 30, 2 R i
iûrê, datif 32, 3
45, I iussus 37, 3
extorris 57, 2
generis gén. 28, I
germen 36, 2 R2
iuuencus 30, I R i
ixe = ipse 40, I R
fac(e) 60, I gibbus 66
facile 61, I glomus 47 , I lâbrum 42, 2
facilis 45, I glûma 43 , I lac 60, I ; 62, 3
2o6 INDEX LATIN

lacrima 51^3 misceö ob


53. 2 63
läna 64 miser 2 8 , 1 R 3; 5 3 . I obliscor 42, 2 R
lâtrïna 34, I ; 42, 2 mïsï 32, 3 oblïtus 42, 2
lätum 64 mittö 37. 3 Ra obsideö 57, I
lautia c i23 modo 60, 3 obstetrïx 57, 2 R2
lautus 32, 2 R moechus 32, 5 R i obtineö 27, R
Icctus 44j4
moenera 32, 5 R i occidö 22, I
lerigiü moenia 32, 5 R i occupö 57. I
55
leriquiac 55
moeros 32, 5 e t R i ocellus 45, 2
leuis 30, 2 R 2; 47, I R moneö 42, I ocquiniscö 22, I
lîlium monumentum 57. I ofella 50, 2
5 3 . 3 R-3
Hmpha yll moris gen 28, I officina 2 3 . 1 ; 59
5 i 23 motus, möui 32, 6 R oiëre 5 i 23
lingua
lis 64 muliebris 36, 2a oleum 30. 2
münus olus ylO
littera 3 7 . 3 Ra
32, 5 R 1
Löcïna mürem acc. 19 omittö 30, 5 R a; 50, 2
32. 6
locus 64 mürus 32, 5 32. 5 R i omnis 30, 5 Ra
locütus 41, I Müsa 19 opere datif 32, 3
loedos mutilus 57. I oppodum 47. 3
32. 5
longus 30, I R i
narus 64, R i
lörea 32, 2 R 57.
nätus 64 orbs 60, 2
lötus 32, 2 R
nâssus 66 örum
Lücëtius 32, 2 R
32 .4 näuus 64, R i ostendö 43. 2c
Lücîna 32, 6 nebula 28, 2
lücus 32. 6 nee 60, I ; 62, 3 päctus 44. 4
lüdus 32, 5 nemö 47, I paenitet 59, Ra
lumbus 30. 5 neu 32, 4 R ; 60, i Parïlia 51
lüna 32, 6 neuter 32, 4 R parum 41, I
nihil 32, 5 R 2 ; passus 37, 3
mai(i)us 29, 2; 32, I R2;
42, I R
34, I R ; 47, I pei(i)us 29. 2; 42, I R
nil 34, I pellö 30, 4
male 60,3 nimis 47, i pepuli 57, I Ri
mamma 66 ninguit 28, 2 perculsus 30, 2 R i ;
maneö 45 . 3 nisi 19; 2 8 ,1 R i ;47,1 ;6o, 3 57. 2 Ri
manibus 57 . I niuis gén. 28, 2 percutiö 59; 45. 2 R3
mare 61, I
noenum 32, 5 Ra perfacêtus 5 7 , I R3
marmor 61, 4 non 32, 5 Ra pergö 59
materies 64
nonus 32, 6R perna 43, 2c et d
mäximus 44 ; 4 nora 57. 2 perpetior 5 7 , I Ra
mäxumus 57 . i"*" nosco 64 pertaesus/m 19; 5 7 , 3 R
médius 28, a nouitäs 57. I pertïsus/m 19; 5 7 , 3 R
Megalö(n)sia 42. 3 nouns 30. 2 pessimus 23, 2
memor 61, 4 nübilus 57. I pestilêns 57. I
memoria 57. lA nüdiüs tertius 44. I ph 7II
mcmoris gen. 57. lA nùdus 32, 6 R ; 59 pietäs 57. I
mergö 42. 4 nûllus Pisaurum
32, 5 Ra 5 3 . I et R
merîdiës 51 Numasioi datif 30. 5 pius 37. I
mers, merx 43. ac numerus plaudö
30. 5 32, 2 R
mihi 34, I R ; 61, 5 Numidae plüit
30. 5 37, I
mihi/e 61, IR nummus plumbum
30. 5 37. 2
miles 62, 4 nuncupö pöcillum
44. I 45, 2
milia, mille 43 . I R nündinum 32, 6 R pöculum 45, I
mina 45 . nuntius 32, 6 R poena 32, 5 Ri
INDEX LATIN 207

Poenus 32, 5 R i quintus 44: 5; 43 j 2a sin 60. I


pomoerium 32, 5 Ri quotie(n)s 42, 3 sinciput 30: I ; 4 4 . 1 ; 5 9
pönö 44. 3; 59 sine 47, I R
poscö 53. 2 radix 64 siue 32, 3 Ra
possum 23. 2 recipiö 57. I slis 64
possumus 57. I recuperö 57. I sobrinus 36, 2a
post 60, I rectus 19; 24, i ; 44. 4 socer 30, 3 ; 60, 2
potes 62, 4 referö 28, 2R socerum acc. 57. I
praefiscinî rei 44. 2 socors 47. I
47, 3
rem 60, 4 solet 60, 4
praestigiac 19; 51
prëlum rosa 28, I ; 60, 3 R2 solium 5123
24, 3; 42, 4
primus 24. 2; 42, 4 ruber 28, 2R soldus 23. 6; 5 9 R i
princeps I44.
rüfus 28, 2 R ; 30, IRi solers 66
proin 60, I ; 62, 3 rutundus 47. IR sollus 66
prömuntörium 5 7 . 2 somnus 30, 3 R a;
sacellus 50, 2
prope 4.8 30, 5 Ra
sacer 23, 8; 27, 2a; soror 30: 3; 5 3 , I R
pröportiö 47. 3 R
45, 2; 60j 2; 62, 4 sors 23, 8; 60, 2
propter 59. Ri
prörsus
sallö 23, 6 sparsi 43, 2a
42, 2
Samnium 25, 1 spopondi
prösa 43. 2C 51
sänctus 44, 5 stabilis
prösiliö 57. I 45. I
sarmentum 43, 2a stabulum
pros (s)us 43. 2c 45. I
scabellum 45, 2 steti
prùdens 32. 6 R 51
scamnum 20; 25. I strictus
puer 60, I 44. 4a
7I1 sceleris gén. 57, 1 stultus 30, 4
pulcher
scelus 30, 2 Rl suäuis 29, I
pulcherrimus 59
scicidi 51 sub
pulmö 40. 2 63
scrip tus 19; 2 4 .1 suggero 22, I
pulsus 30. 2 R i
scröfa 28, 2 R ; 30, I Ri summoueö
Pùnicus 32, 5 R i 23. 3
sêcubö 43, I summus 23. 3
pûnïre 32, 5 R i secütus 41, I sümpsi
puta 19; 60, 3 37. 2
sëdulö 43, 1
segetis gén. 47, 2 tantön 60, I ct 4
quadra gintä 43. 3 R; segmentum 24, 2 tecina 4 5 . i“'"
28, I R s sella 23j 5 tegimus 57, I
quadrini 27,i
sëmodius 54 temperi 5 7 . I R3
quadruplex 28, i R2
separö 43, i ; 5 7 , IR3 tencbrae 5 7 . 2 Ra
quaerö 28,i
sepelire 47, 2 tcr 40, 2 ; 62, 4
quacsö 285 IR i
sera 57, tergeminus 40, 2 R i
quacsuinus 57, i
sescenti 53, tertius 40. 2
quandö 26; 6o, 3 R sestertius 59 teruenëficus 40, 2 R i
quasi 28, i R i ; 60, 3 seu 32, 3 R 2; 32, testämentum i6 R ; 40, 2
4 R;
quasi/e 61, i R 60j 1 testis 23, 8; 24, 3;
quattuor 45, 3 ; ()6 seuörus 30, 2 R 2; 40, 2; 43, 2C
quem 8i, 3 47. IR tetulî 57, I R i
quercus 30, 3 R 2; 41, i si 32, 3 th 7I1
queror 30, 3 R2 sibi/e 6i, I R tibi/e 61, I K
quibusdam 42, 4 R sic 32, 3 R2 tibicen 57. i; 61, 2
quicquam 22, i siccus 22j 1 tilia 64
quidquam 27, R sidö 44, 3 tinguö 30. I
quïnï 43, 2b sigillum 45, 2 tollö 23. 6
Quinct(i)us 44, 5 signum 25, 2 tonotru 47. 3
quinque 44, 5 ; 48 simbella 30, i R2; 4 4 . I tormentura 43. 2a
quippe 22, 2 simplex 30, I R2 tostus 4 3 , 2c
2 o8 INDEX LATIN

tremonti 6o, I R3 uegetus 47, 2 uisus 44, 4a


très 42, I uehü 28, 2 ülîgô 5123
tribubus 57 > I uenustus 57, 2 ulna 23, 6
tribunal 60, I et 4 uelit 60, 4 umbilicus 30, 5
61, 2R uellc 23, 7; 24, 3; 27, 2; umerus 30, 5
tribflnâle 61, I 30, 4 uncus 30, I
tribus 40, 2 uellus 30, 4 undecim 28, I R 2
tridêns 40, 2Ri uerbuin 36, 2 unguis 30, I
trîduum 57 > I uermis 36, I uoles 30, 2
trigeminus 40, 2 R i uerrô 36, I uolnus 23, 6 ; 30, 4 R
trîgintü 47 , 3 R- uersus 36, I ; 43, 2a U0I0 30, 2
trinoctium 40, 2 Ri uertex 36, I uolt 30, 4 R
triquetrum 40, 2 uespa 40, I uolumus 57, I
trîstis 40, 2 R2 uester 36, I uomö 30, 5 R i ; 36, I
triuenêficus 40, 2Ri uetô 36, I uorö 3 6 ,1
Trôïus 44, 2 R uicissim 47, 3 uorrus 66
tubïcen 57 , I uïeus 32, 3 ; 36, I urbs 60, 2
turn 61, 4 uiden 60, 4 ürö 32, 4
uîdî 36, I ut 60, I
uaber 28, 2 R uigil 47, I ûtî, ûtier 32, 5
uafer 28, 2 R ; 30, I R i uîginti 47, 3 uulnus 30, 4
ualdë 23, 6 uïlicus 43, I R uult 30, 4 et R
ualeat 34, 3 R4 ullla 43, I R uxor 60,4
ualiat 3 4 , 3 R -4 uîllum 59
uarietâs 57, I uïn 60, I 4 N .B .
uëcos 32, 3 uinctus 4 3 , 2a

uectus 44, 4d uir, voc. 60, I *,12


Table des matières
Les chiffres placés entre parenthèses renvoient aux pages traitant des langues autres
que le latin.

A v a n t - p r o p o s .......................................................................................... 7

B ib l io g r a p h ie .......................................................................................... 9

S ignes c o n ve n tio n n e ls ........................................................................ 14

P R E M IÈ R E P A R T IE

N O TIO N S D E PH O N É TIQ U E D ESCRIPTIVE


E T D ESCRIPTIO N D ES SONS D U L A T IN AN CIEN
Définition de la phonétique et méthode de la description phoné­
tique du l a t i n .................................................................................... 17
L e mécanisme général et les organes de la phonation....................... 20
Les différentes phases de l’articulation............................................... 21
Les voyelles latines ................................................................................ 22
Les semi-voyelles la t in e s ........................................................................ 24
Les diphtongues latines ........................................................................ 24
Les consonnes latines.............................................................................. 25
Degrés de fermeté des phonèmes considérés isolém ent....................... 28
L a syllabe et ses limites en l a t i n ....................................................... 29
Degrés de fermeté des phonèmes dans la syllabe et dans le m o t . . . 30
L ’a c c e n t ..................................................................................................... 32
L ’accent l a t i n .......................................................................................... 32

SECON DE P A R T IE

LES GRANDS PH ÉN O M ÈN ES D 'É V O L U T IO N PH O N ÉTIQ U E


E T LES SONS D U L A T IN A N CIEN
DANS L E CADRE D ES LANGUES INDO-EUROPÉENNES
Points de m é th o d e .................................................................................. 35
Définition des changements p h o n é tiq u es........................................... 36
Causes et conditions des changements phonétiques........................ 36
Caractères des changements phonétiques........................................... 37

L IV R E P R E M IE R

Influence des phonèmes sur les phonèmes contigus


T it r e I. — M odifications q u a l ita tiv e s

C h a p it r e i . — L ’a s s im ila t io n ....................................................... 45
Définition et m é can ism e .................................................................. 45
L o i générale de l ’a ssim ila tio n ....................................................... 47
A. MANIET 8
210 TABLE DES MATIERES

S e c tio n i . D e consonne à consonne.............................................. 47


I . A s s i m i la t i o n t o t a le ......................................................... 48
A) R é s u l t a n t e n d é f i n i t i v e d e l ’ a s s im ila t io n d u
p o in t d ’ a r t i c u l a t i o n ................................................. 48 (48)
B) R é s u l t a n t e n d é f i n i t i v e d e l ’ a s s im ila t io n d u
m o d e d ’a r t i c u l a t i o n .............................................. 49 (5 1 )
II. A s s i m i la t i o n p a r t i e l l e ................................................. 53
A ) A s s im ila t io n d u m o d e d ’ a r t i c u l a t i o n . . . . 53
1. A u p o in t d e v u e d e l a r é s o n a n c e . . . 53 (54)
2 . A u p o in t d e v u e d e l a n a s a l i t é ........... 55 (55)
B ) A s s im ila t io n d u p o in t d ’ a r t i c u l a t i o n . . . . 56 (,56)
III. C o n c l u s i o n s u r l ’a s s im ila t io n d e c o n s o n n e à
c o n s o n n e e n l a t i n ............................................................ 57
S e c tio n 2. De consonne à des segments vocaliques................ 58 ( 60)
S e c tio n 3. De consonne à s e m i-v o y e lle ...................................... 62 (63)
S e c tio n 4. De voyelle à co n so n n e ................................................. 64 (68)
S e c tio n 5. De voyelle à sem i-voyelle........................................... 69
S e c tio n 6. De voyelle à voyelle ................................................... 76

C h a p it r e 2. — La d i f f é r e n c i a t i o n .................................................... 79
S e c tio n i . Accentuation d 'u n e d iffé r e n c e ................................... 79 (82)
S e c tio n 2 . Développem ent d ’ un phonèm e in terca la ire........... 83 (85)
C h a p it r e 3. — La d iffé r e n c ia tio n p r é v e n t i v e ................... 86 (86)

C h a p it r e 4. — L ’ i n t e r v e r s i o n ............................................................ 87 (89)

T it r e II. — M o d if ic a t io n s q u a n t it a t iv e s

C h a p it r e i . — L ’ a m u ï s s e m e n t ......................................................... 90
S e c t i o n i . Am uïssem ent p a r dissim ilation en c o n ta c t........... 90 (9 1)
S e c t i o n 2 . Am uïssem ent p a r augmentation (Taperture . . . . 92 (94)
S e c t i o n 3 . Am uïssem ent p a r sim plification ou allégement . 96 98)

C h a p it r e 2. — A b r è g e m e n t e t a llo n g e m e n t d e v o y e lle s 100 (103)

C h a p it r e 3. — D é v e lo p p e m e n t d e v o y e lle s o u d e s e m i-
v o y e l l e s ............................................................................................................ 104 (106)

L IV R E D E U X IÈ M E

Influence des phmièmes sur les phonèmes non contigus


C hapitre i . — L a d i l a t i o n .................................................... 109
Section I . Dilation vocalique . . . . 1 10
Section 2. Dilation consonantique . 113 4)

C hapitre a. — L a d is s im ila t io n .......................................... 1 15


En la tin ..................................................................................... 1 15
Dans les autres la n g u e s........................................................ 118
TABLE DES MATIERES 211

C hapitre 3. — L a d issim ila tio n p réven tive . . . . ........ “ 9 (la i)


Section i. Arrêt de Vévolution phonétique........................... 119
Section 2. Adaptation de la formation morphologique . . . . 120
Conclusion sur la dilation et la dissimilation latines . . . 121
C hapitre 4. — L ’h a p lo lo g ie .................................... 122 (122)
C hapitre 5. — L a m étath è se .............................. 123 (123)

L IV R E T R O IS IÈ M E

Influence de la prononciation spéciale de la syllabe initiale


sur les phonèmes des autres syllabes

T it r e I. — L es v o y e l l e s d e s s y l l a b e s in t é r ie u r e s

C hapitre i . — L ’a p o p h o n ie .................................. 125


En latin :
1. Voyelles brèves intérieures en syllabe ouverte . . . 126
2. Voyelles brèves intérieures en syllabe fermée. . . . 129
3. Diphtongues intérieures.................................. 130
Dans les autres la n g u e s........................................................... 130
C hapitre 2. — L a s y n c o p e ................................... 132 (133)

T itre II. — L es voyelijes en syllabe finale


C hapitre i . — M o d ific a tio n s q u a n tita tiv e s ................... 135 (140)
Section i. Chute d'une voyelle brève finale....................... 135
A) En finale ouverte (apocope)............................. 135
B) En finale fermée (syncope).................... 136
Section 2. Abrègement d’une voyelle longue fin a le ........... 137
A) En finale ouverte.................................................. 137
B) En finale fe r m é e ................................................. 139
C hapitre 2. — M o d ific a tio n s q u a li t a t i v e s ..................... 141 (146)
Section i. Voyelles simples....................................... 141
A) En finale ouverte.................................................. 141
B) En finale fe r m é e ................................................. 142
Section 2. Diphtongues............................................. 144

L IV R E Q U A T R IÈ M E

Phonétique syntactique

T itre I. — L e sort des consonnes finales


C hapitre i . — M o d ific a tio n s q u a n tita tiv e s ................... 149 (154)
Section i. L ’amuïssement........................................... 14g
Section 2. Abrègement etsimplification...................... 153
212 TABLE DES MATIERES

C hapitre 2. — M o d ifica tio n s q u a lita tiv es ............................. 155


En la t i n .......................................................................... 155
Dans les autres langues .............................................................. 156

T itre II. — L e sort des groupes de consonnes initiaux

En la t i n ......................................................................................... 157
Dans les autres langues .............................................................. 158

T ableau comparatif du traitement inconditionné des phonèmes


indo-européens ............................................................................. 161

A ppendice . La gémination expressive.................................................. 165


C onclusion g é n é r a l e ....................................................................... 167
I ndex des changements conditionnés du l a t i n ................................. 173
I ndex des changements conditionnés du sanskrit ......................... 178

I ndex des changements conditionnés de l’ionien-attique............... 182


I ndex des changements conditionnés de l’osco-ombrien................ 187
I ndex des changements conditionnés du germanique ................. 191

I ndex des changements conditionnés du vieil irlandais (et, partiel­


lement, du gallois) ...................................................................... 195

I ndex des termes techniques............................................................ 201

I ndex latin ........................................................................................ 203


T able des m a t iè r e s ......................................................................... 209
1975. — Im prim erie des Presses U n iversitaires de F ra n ce. — V endôm e (F rance)
IMPRIMÉ EN FRANCE
IM P. N ° 2-1 702

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