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CONSERVATOIRE NATIONAL DES ARTS ET METIERS

ECOLE SUPERIEURE DES GEOMETRES ET TOPOGRAPHES

___________________

MEMOIRE

présenté en vue d'obtenir

le DIPLOME D'INGENIEUR CNAM

SPECIALITE : Géomètre et Topographe

par

Claire BATTISTELLA
___________________

Le plan de bornage : quelles différences de compréhension par les


propriétaires, selon les méthodes employées ?

Soutenu le 09/09/2022

_________________

JURY

Madame Élisabeth BOTREL Président du jury


Madame Morgane LANNUZEL Maître de stage
Madame Marie FOURNIER Enseignant référent
Remerciements

Je tiens à remercier toutes les personnes qui ont contribué au succès de mon stage et
qui m’ont aidée lors de la rédaction de ce mémoire.

Je voudrais dans un premier temps remercier, Madame Morgane LANNUZEL et


Monsieur Florian MAZOYER, tous deux géomètres-experts à l’Atelier Foncier, pour le
temps consacré et l’aide qu’ils m’ont fourni. Ils ont partagé leurs connaissances et
expériences dans ce milieu, tout en m’accordant leur confiance et une large indépendance
dans l’exécution de missions valorisantes.

Je remercie également Madame Marie FOURNIER, enseignante référente, pour sa


patience, sa disponibilité et surtout ses judicieux conseils, qui ont contribué à alimenter ma
réflexion.

Je tiens à témoigner toute ma reconnaissance aux personnes suivantes, pour leur


aide dans la réalisation de ce mémoire :

Monsieur Clément ALAIZE qui m’a beaucoup appris sur les missions à réaliser
dans le monde de la topographie et qui a su répondre à mes innombrables questions.

Madame Margot RAPHALEN qui a toujours été là pour moi, son soutien
inconditionnel et ses encouragements ont toujours été d’une grande aide pour moi. J’ai une
grande admiration pour son discernement et sa perspicacité que ce soit au travail ou dans le
quotidien.

Monsieur Akim DOUYER qui m’a accompagnée, aidée, soutenue et encouragée


tout au long de la réalisation de ce mémoire sans relâche.

Mes parents pour leur soutien constant depuis le début de mes études.

Et à toutes les personnes qui ont apporté leur aide à la réalisation de ce mémoire et
qui j’espère se reconnaîtront.

2
Liste des abréviations

DAO : Dessin Assisté par Ordinateur

MNS : Modèle Numérique de Surface

MNT : Modèle Numérique de Terrain

Px : Pixel

Op cit : Opus Citatum, « ouvrage déjà cité »

Ibid : Ibidem, « la même source a été cité dans la référence précédente »


Glossaire

Orthoimage : Image, aérienne ou satellitaire, superposable à un plan ou une


carte. Chaque pixel est géolocalisé.

Orthophotographie : Assemblage d’images qui est géoréférencé et corrigé


de toutes les déformations que peuvent comporter une photographie (géométrique et
radiométrique).

Orthorectification : Correction géométrique d’images dans le but de les


présenter comme si elles avaient été acquises depuis la verticale. Le résultat de
l’orthorectification est superposable à une carte ou un plan.

Cognition : Processus par lequel une personne acquiert la conscience de


son environnement.

Inférence : Opération de l’esprit permettant d’admettre une proposition


comme vraie grâce à son lien avec des propositions déjà admises comme vraies.
Table des matières
I COMPRENDRE L’IMAGE, UNE PROBLEMATIQUE TECHNIQUE ET PSYCHOLOGIQUE ....................... 13
I.1 L’ASPECT PSYCHOLOGIQUE DE L’IMAGE : SA COMPREHENSION..................................................... 13
I.1.1 Le lien étroit entre la cognition et la compréhension .......................................................... 13
I.1.1.1 L’activité cognitive de l’individu dans le processus de compréhension .................... 13
I.1.1.2 Le contexte représentationnel : un fondamental pour comprendre ............................ 16
I.1.2 L’image, un objet complexe ............................................................................................... 18
I.1.2.1 Comprendre de façon naturelle grâce à l’image ........................................................ 18
I.1.2.2 Catégoriser les images selon leur degré de compréhensibilité .................................. 19
I.1.2.3 L’interaction de l’activité cognitive pour comprendre une image ............................. 20
I.1.3 La caractérisation de l’image dans l’objectif de la comprendre .......................................... 21
I.1.3.1 L’expérience antérieure : un facteur de compréhension ............................................ 21
I.1.3.2 Une image significative pour optimiser la compréhension ....................................... 22
I.1.3.3 Utiliser les points forts de l’image pour caractériser le territoire .............................. 23
I.2 L’ASPECT TECHNIQUE DE L’IMAGE : SA REALISATION ET SON UTILISATION .................................. 25
I.2.1 Les méthodes d’acquisition et d’exploitation des images ................................................... 25
I.2.1.1 L’acquisition de données à distance : la télédétection ............................................... 25
I.2.1.2 Les prémisses de la télédétection : la photogrammétrie ............................................ 26
I.2.2 L’exploitation de la télédétection et de la photogrammétrie pour le foncier....................... 28
I.2.2.1 La photographie au service du cadastre ..................................................................... 28
I.2.2.2 L’image au service du foncier : une solution adéquate pour assurer une bonne
compréhension ............................................................................................................................. 29
I.2.3 Quelles limites à l’utilisation de l’image dans le foncier ? ................................................. 32
I.2.3.1 Les limites de l’image dans le cadre psychologique ................................................. 32
I.2.3.2 Les exigences de qualité du produit photogrammétrique .......................................... 32
I.2.3.3 Le droit à l’image, respect de la vie privée et droit d’auteur : les limites juridiques de
la photogrammétrie dans le foncier .............................................................................................. 34
I.2.3.4 L’utilisation du drone et la réglementation liée ......................................................... 35
II L’IMAGE DANS LE FONCIER : ETUDE EMPIRIQUE SUR LA COMPREHENSION DES PROPRIETAIRES 37
II.1 L’AVIS DES PROFESSIONNELS : UNE SOURCE NON-NEGLIGEABLE ............................................. 37
II.1.1 Création et diffusion de l’enquête ....................................................................................... 38
II.1.1.1 Création de l’enquête................................................................................................. 38
II.1.1.2 Diffusion de l’enquête ............................................................................................... 39
II.1.2 L’avis des professionnels : les données obtenues ............................................................... 40
II.1.2.1 Le lien entre les recherches bibliographiques et l’étude empirique........................... 41
II.1.2.2 Les résultats sur la proportion d’incompréhension .................................................... 41
II.1.2.3 Les avis sur les propositions envisagées.................................................................... 42
II.2 ACQUISITION ET TRAITEMENT DES DONNEES ............................................................................ 46
II.2.1 Les modalités de paramétrage d’un vol .............................................................................. 46
II.2.2 Le processus d’après-vol et l’obtention des résultats .......................................................... 47
II.3 RECUEIL DES AVIS DE PROPRIETAIRES ...................................................................................... 48
II.3.1 Création de l’enquête .......................................................................................................... 49
II.3.2 L’analyse des résultats obtenus ........................................................................................... 50
II.3.2.1 L’influence de l’expérience antérieure et de l’éducation sur la compréhension........ 51
II.3.2.2 La connaissance des lieux : un facteur de compréhension ........................................ 54
II.3.2.3 L’impact de l’utilisation régulière de plans dans la compréhension de plans fonciers
56
Conclusion ........................................................................................................................... 59
Bibliographie ....................................................................................................................... 61

5
Table des annexes ................................................................................................................ 64
Annexe 1 Première phase empirique : le questionnaire ...................................................... 65
Annexe 2 Guide de l’entretien ............................................................................................. 70
Annexe 3 Plans présentés aux propriétaires ........................................................................ 71
Liste des figures ................................................................................................................... 72

6
Introduction
Le plan de bornage permet de situer les limites d’une propriété lors de la procédure
de bornage. Ce plan est nécessaire à la conclusion de ce dernier. En effet, les propriétaires
concernés par la procédure doivent le signer. Chacun d’entre eux doit être en accord avec
les limites définies pendant la procédure. Celle-ci consiste à fixer la limite d’un bien de
façon définitive et contradictoire. Cependant, les professionnels remarquent parfois qu’un
certain nombre de propriétaires ne comprend pas les plans à signer, ce qui constitue une
réelle problématique pour eux. En effet, l’accord des propriétaires dépend de leur
compréhension des plans. Ces professionnels remarquent, également, lors d’une procédure
de bornage, que la confiance accordée par les propriétaires (qui découle de cette
compréhension) suffit souvent pour qu’ils donnent leur accord sur la limite et qu’ils
signent.

L’accord des propriétaires est donc une étape primordiale de la procédure. Chaque
propriétaire montre son accord en signant le procès-verbal de bornage et le plan de bornage
associé. Par la suite, la limite définitive est concrétisée par l’implantation de repères
matériels tels que des bornes. Pour cela, le professionnel utilise habituellement une station
totale ou un tachéomètre. Ce type de matériel est équipé d’un laser pour obtenir des
distances et des angles simultanément.

À la suite de l’adoption de la directive INSPIRE par le parlement européen en


2017, tous les travaux fonciers sont soumis au géoréférencement. Cela signifie qu’ils
doivent être localisés en coordonnées cartésiennes dans le système légal de référence. En
France, ce dernier est le RGF93. Afin d’appliquer cette directive, il est possible d’utiliser
un récepteur GNSS. De ce fait, chaque plan de bornage contient les coordonnées des
bornes et de chaque angle des limites qui ne sont pas matérialisées, par le biais de la
procédure de reconnaissance de limites.

De nouvelles techniques sont, cependant, envisagées pour réaliser un bornage et


plus particulièrement un plan de bornage. Celles-ci permettraient-elles de pallier les
incompréhensions que le plan de bornage habituel crée parfois auprès de certains
propriétaires ?

En effet, pour qu’un plan de bornage soit compris de toutes les personnes
concernées, il doit permettre à chacun de se repérer dessus et donc reconnaître des

7
éléments clés du terrain. L. Karsenty1, chercheur à l’Université Paul Sabatier de Toulouse,
nous explique que la compréhension dépend entièrement des connaissances acquises
préalablement par la personne. Il évoque ainsi le « contexte représentationnel ». Les
propriétaires concernés par le plan de bornage doivent alors avoir une bonne connaissance
du terrain qui leur permettrait de se repérer sur le plan foncier. Traditionnellement, ce
dernier est généralement épuré dans l’objectif de cibler les éléments nécessaires au bornage
(végétation, bâti, voirie, clôture…). Cependant, la compréhension ne dépend pas
uniquement de ce contexte représentationnel. J.F. Dortier2, sociologue, décrit la
compréhension comme l’ensemble de l’activité cognitive de la personne. Cette activité est
un ensemble de fonctions qui forme le mécanisme de pensées de l’être humain. Parmi les
fonctions qui composent l’activité cognitive, l’une d’entre elle permet le repérage spatial et
la reconnaissance. Cette dernière est appelée la perception. Au moyen des récepteurs
sensoriels qui composent nos sens, comme la vue, l’ouïe, le toucher, le goût et l’odorat,
nous reconnaissons les éléments qui sont dans notre contexte représentationnel. En d’autres
termes, si nous avons déjà perçu quelque chose nous serons capables de le reconnaître plus
tard lorsque nous le reverrons. Dans le cas d’un plan foncier, si les propriétaires ont une
bonne connaissance du terrain alors ils pourront être capables de se repérer sur un plan ou
une photographie qui représente ce même terrain. Toutefois, D. Peraya3, enseignant-
chercheur en sciences de l'information et de la communication à l'Université de Genève,
rajoute que la compréhension dépend de l’activité de l’individu. C’est-à-dire, que les
compétences et la motivation de la personne se rajoutent au contexte représentationnel et
impactent ensemble le processus de compréhension. De plus, le plan à comprendre est un
élément important à prendre en considération. En effet, comme J.Q. Knowlton4 le suggère
et en considérant le plan comme une image à comprendre, différents types d’images
existent et chacun d’entre eux est assimilé de façon différente.

C’est ainsi que E. Botrel et L. Polidori5 émettent l’hypothèse que l’image de


télédétection pourrait être utilisée pour la réalisation d’un bornage. Leur objectif est de

1
Karsenty, L. 1996. Une définition psychologique de l’explication. Intellica. Revue de l’Association pour la
recherche Cognitive, n°23, p. 327-345
2
Dortier, Jean-François. 1999. Le cerveau et la pensée. La révolution des sciences cognitives. Éditions
Sciences Humaines
3
Peraya, D. Entendre, voir, comprendre. Des mécanismes perceptifs aux mécanismes cognitifs.
https://tecfa.unige.ch/tecfa/teaching/staf13/mod-1/perception/st13-1-1-96.html [consulté le 20/05/2022]
4
Knowlton, J.Q. 1964. A socio-and psycho-linguistic theory of pictorial communication. Bloomington :
Indian University.
5
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Le pixel et la balance. LexisNexis.
8
faciliter la compréhension des propriétaires et in fine instaurer une confiance entre les
parties. Ce type d’image s’obtient grâce à un ensemble de techniques, relevant de la
télédétection, qui utilisent l’acquisition d’images pour obtenir des informations sur le
territoire sans contact direct avec lui.

D’après son étymologie, « télédétection » signifie « découvrir à distance ». La


télédétection utilise le rayonnement électromagnétique pour obtenir de l’information.
Ainsi, elle « englobe tout le processus qui consiste à capter et enregistrer l’énergie d’un
rayonnement électromagnétique émis ou réfléchi, à traiter et analyser l’information qu’il
représente, pour ensuite mettre en application cette information »6. Il existe trois types de
télédétection : la télédétection passive, active et thermique7. Dans tous les cas, pour réaliser
l’acquisition des données les capteurs électromagnétiques doivent être transportés sur des
porteurs. Les premiers porteurs furent des ballons mais aujourd’hui ils peuvent être des
avions, des satellites ou même des drones.

E. Botrel et L. Polidori envisagent d’utiliser le drone comme porteur pour acquérir


des images de télédétection et les utiliser dans le cadre d’un bornage.

Figure 1: Photographie d'un drone. Source : https://www.dji.com/fr/

Cet appareil est capable de s’élever et de circuler dans les airs sans passager ni pilote ; il
est aussi appelé aéronef. De plus, il peut être contrôlé à distance par un télépilote au sol ou
voler de façon autonome. Son utilisation était à l’origine militaire. Plus tard, le drone a été
développé dans le civil. En France, son utilisation est réglementée par le code de l’aviation
civile, par celui des transports et par différents décrets et arrêtés8.

6
Centre Canadien de Télédétection. https://www.rncan.gc.ca/ [consulté le 30/06/2022]
7
Centre National des Recherches Météorologiques. https://www.umr-cnrm.fr/ [consulté le 12/08/2022]
8
Article du code de l'aviation civile : D133-10. Articles du code des transports : L6111-1, L6214-1 à L6214-
3, L6232-12 et L6232-13. Arrêtés : du 3/12/2020, du 22/01/2020, du 12/10/2018, du 19/04/2019 et du
27/12/2019. Décrets : n°2019-1114 du 30/10/2019, n°2019-348 du 19/04/2019, n°2018-882 du 11/10/2018.
9
Dans un premier temps, E. Botrel et L. Polidori proposent d’utiliser l’image de
télédétection comme fond de plan au plan foncier9. Plus tard, ils proposent d’utiliser
l’image de télédétection comme support pour la procédure de bornage. Ainsi, le bornage
serait entièrement dématérialisé. Pour cela, ils considèrent l’image, qui représente le
territoire, comme une source d’informations naturellement compréhensible. Ainsi, l’image
permettrait d’avoir un œil nouveau sur le plan qui représente le bien immobilier, sujet du
bornage.

Dans ce même objectif, nous envisageons dans notre recherche d’utiliser la


photogrammétrie, technique d’acquisition de données à distance apparue au milieu du
XIXème siècle, et qui a permis d’inspirer la télédétection.

En 1848, Aimé Laussedat10 déposa le brevet d’une technique permettant le relevé


3D d’un objet avec au minimum deux photographies. Dans le dessein d’utiliser la
photographie pour cartographier le territoire, Nadar, un photographe français et également
aéronaute a photographié Paris lors de son survol en ballon pendant l’année 1858.

Figure 2 : Première photographie aérienne réalisée par Nadar, survol de Paris. Source : Bibliothèque Nationale de France

Aujourd’hui, presque deux cents ans plus tard, de nombreuses possibilités existent
pour effectuer une photographie aérienne11. En effet, des avions équipés de caméras
embarquées peuvent survoler les territoires pour fournir les photographies aériennes, ainsi
que le drone.

9
Le plan foncier peut être un plan de bornage ou de division par exemple.
10
Laussedat, A. (1819-1907), officier du génie et professeur au Conservatoire National des Arts et Métiers.
11
Il est possible de réaliser une photographie aérienne grâce à un hélicoptère, un ULM, un avion, une
montgolfière, un drone…
10
La photogrammétrie se base sur la prise de plusieurs clichés photographiques. Le
processus photogrammétrique débute par la prise des clichés puis par un assemblage des
clichés et un redressement de ceux-ci. Le résultat permet d’obtenir une orthophotographie
superposable à une carte. L’utilisation de photographies rejoindrait les propositions émises
par E. Botrel et L. Polidori12 qui envisagent l’image comme un facteur d’amélioration de la
compréhension des propriétaires. E. Botrel et L. Polidori13 expliquent que cette technique
permet d’effectuer “des mesures dans les photographies plutôt que sur le terrain” et ainsi
elle “modernise le métier de topographe”.

Les images obtenues grâce à la photogrammétrie constitueraient un fond de plan


comme le suggère E. Botrel et L. Polidori14. Elles permettraient, aussi, de constituer un
support plus compréhensible pour les propriétaires. Nous verrons néanmoins, comme le
soulignent M. Fleury15, L. Fonseca et P. Kearl16 que la compréhension d’images dépend
essentiellement de « l’âge, de l’intelligence, de l’éducation et de l’expérience antérieure de
l’audience »17.

Quelle est l’étendue de la compréhension des propriétaires à la lecture d’un plan


foncier ? L’orthophotographie comme fond de plan foncier améliore-t-elle la
compréhension de ces derniers ?

Pour répondre à cette problématique, plusieurs méthodes ont été mises en place.
Après avoir mobilisé une littérature académique variée, relevant en particulier de la
psychologie et de la sociologie pour mieux identifier les facteurs clés de la compréhension
chez l’individu, une enquête de type questionnaire a été réalisée auprès de professionnels
tels que des géomètres-experts et des géomètres topographes. Elle a eu pour objectif
d’obtenir l’avis de ces professionnels à propos de l’utilisation de l’image dans le plan
foncier et de l’apport qu’elle pourrait avoir sur la compréhension des propriétaires. Par la
suite, une série de bornages a été réalisée en utilisant le drone et ses photographies pour
créer le fond de plan foncier. Dans le cadre de ces opérations de bornage, des entretiens
semi-directifs, ont été réalisés auprès des propriétaires concernés. Ces entretiens avaient,
en particulier, pour objectif d’analyser la compréhension du plan foncier par les

12
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Op cit.
13
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Ibid.
14
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Ibid.
15
Fleury, M. 1979. En parlant d’image. Revue des sciences de l’éducation. Volume 5, N°2, p. 179-197.
16
Fonseca, L. & Kearl, P. 1960. “Comprehension of pictorial symbols : An experiment in rural Brazil”.
Bulletin 30. Department of Agricultural Journalism, University of Wisconsin.
17
Fleury, M. 1979. Op cit. p.192
11
particuliers, non-spécialistes du domaine et de comparer leur compréhension du fond de
plan avec image par rapport à celle du plan habituel.

Dans une première partie, nous verrons que la compréhension de l’image ne relève
pas uniquement de problématiques techniques mais dépend de nombreux autres facteurs
individuels et psychologiques, qui doivent être pris en compte. Dans un second temps,
nous verrons comment réaliser une image dans le but de l’utiliser comme fond de plan
foncier lors d’un bornage et quelles sont les contraintes associées à cette méthode. Enfin,
nous analyserons les résultats de chacune des deux enquêtes et nous conclurons sur ceux-
ci.

12
I Comprendre l’image, une problématique technique et

psychologique

Le concept de « compréhension » et les ressorts de cette dernière font l’objet de


nombreux travaux en psychologie et sociologie. Leur mobilisation est indispensable dans
notre questionnement sur la compréhension du plan de bornage. De plus, la mobilisation de
techniques pour réaliser une image est nécessaire pour appréhender l’image dans le
foncier.

I.1 L’aspect psychologique de l’image : sa compréhension


La compréhension de l’image est complexe, elle relève de plusieurs domaines que
nous avons étudiés. La cognition est l’un des principaux domaines intervenant dans la
compréhension d’une image. Nous avons étudié, aussi, ce que l’individu récepteur et ce
que la structure de l’image apportent dans cette compréhension.

I.1.1 Le lien étroit entre la cognition et la compréhension

I.1.1.1 L’activité cognitive de l’individu dans le processus de compréhension

J. F. Dortier18, sociologue, définit la compréhension comme un ensemble d'activités


cognitives mises en action qui permet la signification associée à un message. Dans cette
définition, il est essentiel de voir ce que signifie l’activité cognitive. Il s’agit du mécanisme
de pensées de l’être humain. Cette activité se réalise sous la forme de plusieurs types de
fonctions : la perception, l’attention, la mémoire, la motricité, le langage et le
raisonnement19.

18
Dortier, Jean-François. 1999. Op cit.
19
https://www.larousse.fr/encyclopedie/medical/cognitif [consulté le 22/06/2022]
13
Figure 3: Le rôle de l’activité cognitive dans la signification d’un message. Auteur : C. Battistella.

D. Peraya20, enseignant-chercheur en sciences de l'information et de la


communication à l'Université de Genève, étudie le processus de compréhension et plus
particulièrement la perception. Il décrit le processus d’élaboration du sens d’un message
comme le résultat “d’une activité de l’individu à l’occasion de la réception d’un message,
selon certes, les impulsions que ce message détermine, mais aussi surtout les
connaissances préalables, les compétences, les motivations de l’individu récepteur”21.
C’est ainsi que les connaissances, les compétences et la motivation de l’individu qui reçoit
le message sont déterminantes du sens du message. En d'autres termes, la compréhension
correspond au fait qu'une nouvelle information soit bien intégrée aux connaissances
préexistantes d'un individu.

20
Peraya, D. Entendre, voir, comprendre. Des mécanismes perceptifs aux mécanismes cognitifs.
https://tecfa.unige.ch/tecfa/teaching/staf13/mod-1/perception/st13-1-1-96.html [consulté le 20/05/2022]
21
Peraya, D. Ibid.
14
Figure 4 : Élaboration du sens d'un message. Auteur : C. Battistella.

Selon L. Karsenty22, chercheur à l’Université Paul Sabatier de Toulouse, pour


qu’il y ait compréhension, il faut que la perception soit réalisée. Cette dernière représente
l’organisation et la compréhension du monde à travers les stimulations que nous recevons
via les cinq sens, c’est-à-dire la vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat et le goût. Le fait que cette
fonction cognitive soit réalisée signifie qu’entre autres, le langage, le lexique et ce qui est
perçu soient bien assimilés.

Il explique que la compréhension est comme l’enchaînement de deux étapes. La


première est une compréhension superficielle ; la seconde, qui est optionnelle, permettrait
de générer des inférences pour enrichir la compréhension superficielle réalisée durant la
première étape.

Pour mémoire, le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales23


caractérise ce terme comme “une opération qui consiste à admettre une proposition en
raison de son lien avec une proposition préalable tenue pour vraie”.

22
Karsenty, L. 1996. Op cit.
23
Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales. https://www.cnrtl.fr/definition/inf%C3%A9rence
[consulté le 30/03/2022]
15
I.1.1.2 Le contexte représentationnel : un fondamental pour comprendre

L'objectif, ici, est donc de créer des inférences. L. Karsenty24 explique que pour
cela il faut qu’un contexte représentationnel soit présent. Il décrit ce contexte comme “une
structure de connaissances ou d’informations”25 déjà acquises. Lorsque le phénomène de
compréhension se produit, les représentations mentales qui composent le contexte
représentationnel sont alors mises en jeu par le sujet pour produire ou interpréter un
message donné26.

Figure 5 : Le rôle du contexte représentationnel. Auteur : C. Battistella.

Pour illustrer les propos précédents, aidons-nous d’un jeune collégien, Jules, qui lit
un énoncé de mathématiques. Il va lire une première fois l’énoncé, il va pouvoir remarquer
que le sujet porte sur un triangle et qu’il faut le résoudre. La première étape de la
compréhension est effectuée. Jules a compris de façon superficielle l’énoncé. Ensuite, il va
le lire une deuxième fois, et là, il va remarquer que le triangle comporte un angle droit. Il
va donc pouvoir déduire que c’est un triangle rectangle. Ainsi, en relisant une deuxième
fois l’énoncé, il réalise la deuxième étape de la compréhension. De plus, il crée des
inférences avec ce qu’il sait déjà, son contexte représentationnel.

24
Karsenty, L. 1996. Op cit.
25
Karsenty, L. 1996. Ibid.
26
Karsenty, L. 1996. Ibid.
16
La génération d’inférences, que l’on peut assimiler au degré de compréhension du sujet,
est, selon L. Karsenty27, dépendante de la finalité de son activité. En effet, nous pouvons
traduire cette finalité de deux manières : d’une part la finalité de la compréhension à “visée
épistémique”, d’autre part, la finalité de la compréhension à “visée pragmatique”.

La “visée épistémique” tend à intégrer l’information dans la mémoire dans l’objectif de


pouvoir la réutiliser plus tard. Pour illustrer cela, reprenons l’exemple de Jules, cette fois-
ci, il lit le cours de mathématiques à propos des triangles rectangles. Dans le cadre d’une
compréhension à visée épistémique, sa lecture aura pour finalité de retenir les éléments du
cours afin de pouvoir les réutiliser pour son contrôle sur table.

La “visée pragmatique” a pour objectif l’application concrète des connaissances


acquises. C’est le cas de Jules, qui après avoir lu l’énoncé de son exercice sur la résolution
du triangle, pourra utiliser le théorème de Pythagore pour le résoudre.

En définitive, selon L. Karsenty28 : “La compréhension nécessite d’intégrer une


information nouvelle au contexte du sujet composé d’informations anciennes ou de pouvoir
exploiter l’information nouvelle dans le contexte des informations anciennes pour générer
des inférences exigées”.

Ainsi, un besoin d’explications s’avère être utile si une incompatibilité entre le


contexte et l’information nouvelle existe. Les explications doivent pouvoir modifier le
contexte préexistant.

27
Karsenty, L. 1996. Ibid.
28
Karsenty, L. 1996. Ibid.
17
Figure 6 : Processus de Compréhension. Auteur : C. Battistella.

I.1.2 L’image, un objet complexe

I.1.2.1 Comprendre de façon naturelle grâce à l’image

D. Peraya29 se concentre, lui, sur la compréhension d’une image. Le sens d’une


image est, selon lui, “ni évident ni immédiat [...] et n’a rien d’immanent”. De plus, il décrit
le processus d’élaboration du sens d’une image comme “perception, interprétation,
compréhension”. Ce processus est influencé par différents facteurs, il parle par exemple
“du contexte, des caractéristiques [...] de la perception, de nos attentes et nos
connaissances préalables, etc.”. Cela lui permet de confirmer que “le sens est toujours le
résultat d’une activité du récepteur”. Cette affirmation rejoint les recherches du
psychologue J. Bruner30, considéré comme l’un des principaux psychologues influents de
la révolution cognitive31. Il fut l’un des premiers à décrire la compréhension en y intégrant
une dimension cognitive et donc à identifier le sens d’un message comme le résultat de

29
Peraya, D. Op cit.
30
Bruner, J.S. était un professeur à l’université de Harvard, fondateur du Centre d’Etudes Cognitives et l’un
des principaux leaders de la révolution cognitive.
31
La révolution cognitive est un mouvement des années 1950 qui donna naissance aux sciences cognitives.
Ces dernières consistent à décrire l’appareil à penser humain.
18
l’activité de notre appareil à penser. Les idées exprimées par ces deux chercheurs - J.S.
Bruner et D. Peraya - permettent de relier la perception à nos expériences antérieures et
aux évènements qui la suscitent.

Par ailleurs, D. Peraya souligne en quoi l’image est bénéfique dans le processus de
compréhension. “Parce qu’elle ressemble à l’objet qu’elle représente, l’image, est réputée
compréhensible “naturellement” par tout le monde ; elle serait en conséquence le
facilitateur de compréhension et de mémorisation par excellence”32. Sans compter que
l’image est utilisée, si l’on se rapporte à ses idées, pour “son pouvoir de conviction et de
désignation” mais encore pour “sa capacité supposée à faciliter les apprentissages”33.

I.1.2.2 Catégoriser les images selon leur degré de compréhensibilité

J.Q. Knowlton34 suggère l’existence de trois types d’images. Il y a l’image réaliste,


l’image analogique et ensuite l’image logique. Afin de pouvoir les catégoriser, elles sont
caractérisées selon trois critères : les éléments iconiques, le modèle d’organisation de ces
derniers et leur ordre d’assemblage. En partant de ce postulat, M. Fleury35, professeur à
l’Université de Laval, définit les avantages et les désavantages que ces types d’images
peuvent apporter. L’image réaliste tire son avantage de l’environnement détaillé qu'elle
fournit. Cependant ce même point peut provoquer une surcharge de l’image à cause du
“trop grand nombre d’éléments représentés ou de la densité d’information contenue dans
pareille image”36. L’image logique s'apparente aux cartes et schémas, sa qualité première
repose sur le fait qu’elle puisse être synthétisée aisément mais cela peut provoquer une
“aridité potentielle de l’image”37. Ceci signifie qu’il ne faut pas minimiser le fait que
l’image logique puisse manquer d’informations.

32
Peraya, D. Op cit.
33
Peraya, D. Ibid.
34
Knowlton, J.Q. 1964. Op cit.
35
Fleury, M. 1979. Op cit.
36
Fleury, M. 1979. Op cit. p.180
37
Fleury, M. 1979. Ibid.
19
I.1.2.3 L’interaction de l’activité cognitive pour comprendre une image

Les recherches de D.K. Berlo38, théoricien des communications, rejoignent les


propos de D. Peraya39. En effet, l’attitude de l’individu récepteur qu’elle soit envers lui-
même, envers la source du message ou envers le contenu du message peut influencer la
perception du récepteur. De plus, D.K. Berlo reconnaît, tout comme D. Peraya, que les
connaissances pré-existantes jouent un rôle fondamental dans le processus de perception.
Toutefois, le théoricien se questionne à propos de l’influence du statut social et du niveau
culturel de l’individu récepteur. En somme, le créateur de l’image ne dispose que de très
peu de données pour prévoir l’impact du message qu’il cherche à transmettre. M. Fleury40
décrit cet impact comme un processus débutant par une recherche, puis une sélection,
ensuite une organisation et pour finir une interprétation. Autrement dit, ce processus est
celui de la reconnaissance et de la mémorisation.

R. Arnheim41, théoricien de l’art et psychologue de la perception, décrit un lien


étroit entre l’apprentissage et la perception. En effet, dans le cadre de la perception dans un
environnement prédéfini, l’extraction de certaines informations est favorisée par
l’apprentissage et la réflexion. M. Fleury42 détaille les principes de l’organisation visuelle,
elle permet de structurer les éléments iconiques de l’image pour favoriser l’apprentissage.
Le premier principe de cette organisation visuelle est le regroupement visuel. Il est facilité
par “la proximité et la similarité”43 des éléments. La séparation visuelle est le deuxième
principe qui compose l’organisation visuelle. Cette dernière permet “d’exploiter une
variété de contrastes”44 sur l’image. Elle est intéressante car elle permet de travailler le
contraste entre le fond et la figure de l’image afin d’orienter l’organisation visuelle sur
certains éléments. Le dernier principe qui la compose est la bonne figure. M. Fleury définit
ce dernier comme le principe qui “assume que tous les éléments constituant le stimulus
visuel ont tendance à être reliés entre eux sous une même catégorie”45. Selon lui, “le
champ perceptuel et cognitif est organisé et significatif ; la perception est essentiellement
sélective ; les facteurs déterminants de la perception sont les besoins, les prédictions

38
Berlo, D.K. 1960. The process of communication : An introduction of theory and practice. New York :
Holt, Rinehart and Winston.
39
Peraya, D. Op cit
40
Fleury, M. 1979. Op cit.
41
Arnheim, R. 1971. Visual thinking. Berkeley : University of California Press.
42
Fleury, M. 1979. Op cit.
43
Fleury, M. 1979. Op cit. p.184
44
Fleury, M. 1979. Ibid.
45
Fleury, M. 1979. Op cit. p.185
20
mentales et les sentiments”46. Ces propositions proviennent de psychologues, théoriciens
ou encore philosophes partisans du gestaltisme47.

M. Fleury48 conclut sur la compréhension de l’image en s’inspirant des recherches


de L. Fonseca et P. Kearl49, ainsi, “l’habileté à comprendre et mémoriser des illustrations
varie directement en fonction de l’âge, de l’intelligence, de l’éducation et de l’expérience
antérieure de l’audience”50.

La complexité de l’image relève donc de la quantité d’informations contenues dans


celle-ci. En effet, un surplus d’informations peut perturber la compréhension de l’image.
De plus, l’activité cognitive de l’individu récepteur influence cette compréhension. De ce
fait, les connaissances acquises préalablement et l’expérience antérieure sont des facteurs
qui agissent sur la compréhension. L’âge, l’intelligence et l’éducation de l’individu
récepteur sont aussi des facteurs agissant sur la compréhension de celui-ci. En revanche,
l’image est réputée compréhensible naturellement, ce qui lui permet de détenir un potentiel
qui facilite l’apprentissage. L’image peut être caractérisée en fonction de son degré de
compréhensibilité et d’apprentissage, ce qui permet de l’utiliser dans certaines situations
pour améliorer la compréhension des personnes présentes.

I.1.3 La caractérisation de l’image dans l’objectif de la comprendre

I.1.3.1 L’expérience antérieure : un facteur de compréhension

M. Fleury51 a étudié plusieurs travaux52 sur la reconnaissance visuelle. Il conclut


sur cette dernière en la caractérisant comme l’une “des variables les plus souvent
considérées dans la recherche sur la communication visuelle”53. De plus, il ajoute qu’elle
se rapproche le plus d’une mémorisation à moyen terme et que les résultats des études

46
Fleury, M. 1979. Ibid.
47
Le gestaltisme ou théorie de la forme est une théorie selon laquelle la perception saisit d’abord les
ensembles indissociables structurés. https://www.universalis.fr/dictionnaire/gestaltisme/ [consulté le
29/06/2022]
48
Fleury, M. 1979. Op cit.
49
Fonseca, L. & Kearl, P. 1960. “Comprehension of pictorial symbols : An experiment in rural Brazil”.
Bulletin 30. Department of Agricultural Journalism, University of Wisconsin.
50
Fleury, M. 1979. Op cit. p.192
51
Fleury, M. 1979. Op cit.
52
Black, H.B. 1959 ; Elkind, D. Koegler, R. & Co. 1964 ; Fonseca, L. & Kearl, P. 1960 ; Cherry, C. 1957.
53
Fleury, M. 1979. Op cit. p.186
21
montrent que l’âge est un “facteur critique pouvant influencer les habiletés de
reconnaissance visuelle”54.

De surcroît, D. Peraya55 étudie ce qui attire notre regard et notre attention à


première vue d’une image. Ses conclusions portent sur le fait que notre regard est attiré par
ce que l’on reconnaît. D’ailleurs, pour reconnaître une représentation picturale d’un objet il
faut avoir “eu l’occasion [...] d’en construire une expérience préalable”56. En effet, il
paraît évident “que l’on ne peut reconnaître que ce que l’on connaît par ailleurs à travers
une expérience existentielle”57. En définitive, “une expérience [...] ne peut être perçue,
comprise - faire sens - que si elle s’appuie sur une connaissance préalable de cette
expérience et sur la capacité qu’à le sujet à la dénommer”58. Ainsi, il est possible de
déduire que pour reconnaître les formes d’une image il faut qu’on ait, au préalable,
mémorisé une représentation picturale de ces formes.

I.1.3.2 Une image significative pour optimiser la compréhension

M. Fleury59 affirme que la signification est un facteur important qui influence les
vitesses de perception et d’apprentissage mais aussi le temps de mémorisation. C’est-à-dire
que plus le message (transmis par un texte, des mots prononcés ou une image) est
significatif plus il sera retenu rapidement et restera mémorisé plus longuement. Un
message significatif est un message pourvu de sens. A contrario, un message non
significatif sera plus difficile à mémoriser.

N.C. Higgins60, M. Dawson61 et M. Fleury62 ont étudié la signification d’une


illustration. Il en ressort qu’en présence de couleurs sur une illustration l’impact sensoriel
est plus important qu’en présence d’une illustration en noir et blanc. De plus, le temps
consacré à regarder une illustration était coordonné à la signification de celle-ci, c’est-à-
dire que plus l’illustration est pourvue de sens plus le temps consacré à la regarder est

54
Fleury, M. 1979. Op cit. p.187
55
Peraya, D. Op cit.
56
Peraya, D. Ibid.
57
Peraya, D. Ibid.
58
Peraya, D. Ibid.
59
Fleury, M. 1979. Op cit
60
Higgins, N.C.1972. Mode of pictorial rendition and associated response tendencies. American Educational
Research Association. Chicago
61
Dawson, M. 1964. The role of context in learning pictorial materials. School of Education, Indiana
University.
62
Fleury, M. 1979. Op cit
22
court. Des graphiques composés d’éléments dits significatifs ont été plus facilement
reconnus contrairement à d’autres graphiques composés d’éléments dits non significatifs.
En somme, un message transmis de façon visuelle et composé d’éléments significatifs va
permettre une reconnaissance bien plus aisée qu’un message composé d’éléments non
significatifs.

J.Q. Knowlton63 indique qu’il existe deux types d’attributs dans une illustration. Le
premier type d’attributs s’appelle attributs-critères, ce sont les caractéristiques des
éléments essentiels pour la reconnaissance de ces derniers. Le second type d’attributs est
appelé attributs-secondaires, ces derniers sont considérés comme complémentaires et non
essentiels pour la reconnaissance des éléments. C’est le cas de certaines photographies où
des éléments “peuvent être considérés comme superflus pour la compréhension du
message véhiculé”64.

Finalement, M. Fleury conclu avec l’aide des travaux de M. Dawson, L. Fonseca et


P. Kearl, puis de H.B. Black sur le fait que si un message significatif est assimilé d’une
meilleure manière c’est en raison de l’organisation plus stable qu’il procure à l’individu
récepteur. Le réalisme d’une illustration permet de simplifier la reconnaissance des
éléments qu’elle comporte, de plus, la densité d’informations transmises fait varier la
vitesse et l’aptitude de traitement de ces informations.

I.1.3.3 Utiliser les points forts de l’image pour caractériser le territoire

Il est possible de constater qu’une dualité s’impose entre un plan ou une carte,
composé de symboles et de formes, et une photographie, représentant les éléments naturels
tels qu’on les perçoit. Z.A. Rakotoarimahefa65 propose, lui, une comparaison entre
l’orthophotographie et le plan. Il indique que l'orthophotographie apporte des
“informations précieuses comme : la présence de l’eau, la couverture végétale, les
éléments constitutifs du paysage”66. De plus, ces informations aident “puissamment à la
compréhension”67 de la situation foncière en question. L’objectif de Z.A. Rakotoarimahefa

63
Knowlton, J.Q. 1964. Op cit.
64
Fleury, M. 1979. Op cit. p.190
65
Rakotoarimahefa, Z. A. 2009. La limite d’utilisation de l’Orthophoto dans les travaux fonciers urbains.
Université d’Antananarivo Ecole Supérieure Polytechnique Département Information Géographique et
Foncière
66
Rakotoarimahefa, Z. A. 2009. Ibid.
67
Rakotoarimahefa, Z. A. 2009. Ibid.
23
était de déduire une échelle limite de l’orthophotographie pour son utilisation, qui serait de
l’ordre de 1/1000ème dans le cadre d’une orthophotographie obtenue par avion, selon ses
recherches. Avec une échelle de 1/500ème, l’orthophotographie ne serait plus exploitable
en raison d’une mauvaise précision. Le résultat obtenu grâce à cette étude permet d’obtenir
une limite quant à la perception et à l’intuition dans l’image. En effet, si l'image est de
mauvaise qualité alors, les éléments présents sur l’image ne seront pas clairement lisibles.
Il est important de souligner néanmoins noter que ces résultats ont été obtenus il y a 13 ans,
les technologies ont évolué depuis. Aujourd’hui, les outils utilisés auraient une meilleure
précision.

E. Botrel et L. Polidori68, analysent et décrivent, quant à eux, l'image de


télédétection comme une image permettant une lecture intuitive du territoire. En somme,
l’image devient accessible à tous. Cette caractéristique est un réel atout pour le foncier. En
effet, lors d’une comparaison qu’ils ont effectuée, entre la lecture d’une orthoimage69 et
celle d’un plan foncier, il ressort que la lecture d’un plan foncier nécessite certaines
connaissances techniques. En raison des éléments graphiques et des symboles présents sur
le plan foncier, la lecture de ce dernier peut être problématique pour les personnes
dépourvues de culture technique ou même non alphabétisées comme E. Botrel et L.
Polidori l’envisagent.

En somme, la compréhensibilité d’une image est caractérisée par le type de


formes qu’elle contient mais aussi la densité d’informations et la significativité du message
qu’elle transmet. De plus, chaque information est catégorisée, elle peut être un attribut-
critère ou un attribut secondaire. Selon ces attributs il est possible de de définir le niveau
réalisme de l’image mais aussi la densité d’informations transmises. Ces deux critères font
varier la vitesse de mémorisation et de compréhension d’une image. Ainsi, une
photographie a un niveau de réalisme au maximum ce qui favorise la compréhension alors
qu’un plan ou une carte sont composés de formes qui peuvent être inconnues aux yeux du
lecteur.

68
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Op cit.
69
Une ortho image est le résultat d’une image orthorectififiée.
24
I.2 L’aspect technique de l’image : sa réalisation et son utilisation
Pour cette deuxième partie de notre étude, nous nous sommes intéressés à deux
méthodes qui permettent d’utiliser l’image dans le cadre d’un bornage. La première est la
télédétection et la seconde est la photogrammétrie. E. Botrel et L. Polidori70 proposent
d’utiliser les images obtenues avec ces techniques pour dématérialiser la procédure de
bornage.

I.2.1 Les méthodes d’acquisition et d’exploitation des images

I.2.1.1 L’acquisition de données à distance : la télédétection

La télédétection provient du mot grec “télé” qui signifie “au loin” et du mot latin
“detego” qui signifie “découvrir”, soit « découvrir à distance ». En effet, selon la
Commission interministérielle de terminologie de la télédétection aérospatiale de 1988, ce
terme représente “l’ensemble des connaissances et techniques utilisées pour déterminer
des caractéristiques physiques et biologiques d’objets par des mesures effectuées à
distance, sans contact matériel avec ceux-ci”. Cependant, cette définition englobe un
champ de techniques très large. En ce qui concerne ce mémoire, l’étude se porte sur celle
de la surface de la Terre. Finalement, la télédétection représente “l’ensemble des
techniques qui permettent, par l’acquisition d’images, d’obtenir de l’information sur la
surface de la Terre, sans contact direct avec celle-ci. La télédétection englobe tout le
processus qui consiste à capter et enregistrer l’énergie d’un rayonnement
électromagnétique émis ou réfléchi, à traiter et analyser l’information qu’il représente,
pour ensuite mettre en application cette information”71.

La télédétection utilise des capteurs radiométriques, c'est-à-dire qu’ils mesurent


les rayonnements réfléchis ou émis par les objets observés. Elle peut être réalisée de trois
façons. La première est la télédétection dite optique passive, cette technique utilise le
rayonnement réfléchi du Soleil, il se situe dans le domaine de longueur d’onde du visible et
du proche infra-rouge. Ensuite, il y a la télédétection appelée active, le rayonnement utilisé
provient des capteurs qui émettent leur propre rayonnement, la dernière est la télédétection
thermique, cette dernière utilise le rayonnement infrarouge que la Terre émet. Afin de
transporter ces capteurs dans les airs, il existe plusieurs types de porteurs, parmi eux le
drone, le ballon, l’avion ou encore le satellite.

70
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Op cit.
71
Site du Centre Canadien de Télédétection. https://www.rncan.gc.ca/ [consulté le 30/06/2022]
25
Quant à l’image de télédétection, elle est composée de matrice de pixels et chaque
pixel est associé à une valeur de luminance. Ces valeurs vont attribuer un niveau de gris au
pixel. Pour obtenir une image colorée il faut combiner les niveaux de gris des trois bandes
spectrales (qui correspondent au rouge, au vert et au bleu). Cela correspond à la synthèse
additive et permet de constituer la qualité radiométrique de l’image. L’image obtenue est
caractérisée, d’une part, grâce à la résolution spatiale, qui est le pouvoir séparateur d’objets
rapprochés et la capacité à les compter. Par la résolution radiométrique, qui est le pouvoir
séparateur entre différents niveaux de luminance, et par la fonction de transfert de
modulation qui mesure le “flou” dans celle-ci. D'autre part, l’image détient des
caractéristiques géométriques. La précision de la localisation, en fait partie, elle dépend des
défauts de superposition mais aussi des déformations géométriques.

I.2.1.2 Les prémisses de la télédétection : la photogrammétrie

La photogrammétrie est une technique qui permet l’acquisition d’informations sur


des objets à distance tout comme la télédétection, sans contact entre l’instrument et l’objet.
Cette science de la mesure s’effectue à partir d’images, elle comprend les techniques
utilisées de l’acquisition des données jusqu’à l’obtention des résultats. Celle-ci est à
l’origine de la télédétection puisque les premières images étaient issues de photographies.

Aujourd’hui, cette technique permet d’obtenir plusieurs types de produits. Ainsi, il


est possible de produire un nuage de points, un Modèle Numérique de Terrain, ce dernier
est une image raster qui représente le terrain, un Modèle Numérique de Surface, c’est une
image qui représente les surfaces du terrain. Le MNS est le résultat de l’addition du MNT
et du MNE (Modèle Numérique d’Élévation). Le calcul pour obtenir un nuage de points et
par la suite un MNT ou un MNS nécessite de connaître la position et l’orientation des
caméras à chaque prise de vue. Pour cela, les paramètres internes et externes des caméras
au moment des prises de vue sont nécessaires. Les cinq paramètres internes sont la taille du
photo site, ou la taille pixel image, la distance focale, les coordonnées des points
principaux d’autocollimation72 et de symétrie (PPA et PPS) et les trois coefficients qui
permettent de corriger la distorsion optique73. Les paramètres externes sont au nombre de

72
L’autocollimation est une méthode de détermination de la position du foyer d’un système optique. Le PPA
est le point où se situe le foyer dans le système optique en question.
https://www.encyclopedie.fr/definition/Autocollimation [consulté le 04/07/2022]
73
La distorsion optique est due à la déviation que subit la trajectoire du rayon à cause du défaut des lentilles.
26
six et sont composés d’un facteur d’échelle et d’éléments de rotation. Il est nécessaire de
connaître ces paramètres pour réaliser une orthoimage, celle-ci est un mosaïquage des
photographies réalisées pendant le vol. L’orthoimage permet de pallier les défauts que
l’image peut comporter. Par exemple les dévers et occlusions, ils sont des effets visibles
sur l’image qui proviennent d’un effet de déplacement. Le dévers laisse percevoir les
façades des bâtiments, pour ceux qui se trouvent au bord de l’image et l’occlusion est le
fait que les façades visibles cachent une partie du terrain. Afin d’obtenir une orthoimage
précise il faut que les photographies aient du recouvrement entre elles. En
photogrammétrie classique, lorsque les axes de visées des caméras sont parallèles, le
recouvrement nécessaire est entre 60 et 80%.

Dans le cas où les photographies sont prises depuis un drone il est possible de
travailler avec une méthode de photogrammétrie classique (axes de visée parallèles) ou de
photogrammétrie rapprochée (axes de visée parallèles et convergents). L’avantage du
drone dans la photogrammétrie c’est qu’il fournit des données géoréférencées, l’acquisition
des ces données est rapide et il permet d’obtenir des prises de vue complexes. De plus c’est
un outil relativement accessible financièrement.

Cependant, il est nécessaire d’établir une stéréo-préparation, qu’importe la méthode


utilisée. Celle-ci est le fait de relever des points d’appuis sur le terrain ; cela permet
d’orienter les clichés et de contrôler la précision. Les clichés fournis par le drone sont
géoréférencés. La stéréo-préparation permet de contrôler l’orientation et la précision de la
localisation. Il suffit, donc, que les points d’appuis soient visibles depuis les clichés pour
pouvoir contrôler le géoréférencement.

La photogrammétrie représente une solution idéale dans la mesure où elle fournit des
photographies représentant, d’une façon réaliste, le territoire. Le résultat est donc plus
compréhensible qu’un plan ou une carte.

27
I.2.2 L’exploitation de la télédétection et de la photogrammétrie pour le foncier

I.2.2.1 La photographie au service du cadastre

E. Botrel et L. Polidori74 réfléchissent à l’utilisation de la télédétection pour les


actes fonciers. Ils soulèvent le fait que l’image représente un réel intérêt pour le foncier,
dans la mesure où elle va permettre de décrire l’occupation humaine dans l’espace
géographique75. Ce même objectif a permis de définir de nombreuses caractéristiques de
l’image, comme la couleur et la rugosité de la surface, sa stabilité, les géométries verticales
et horizontales de l’image. Dès lors, la télédétection peut être utilisée pour analyser
l’occupation humaine à travers les époques. Elle peut servir, par exemple, pour la
prescription acquisitive. L’article n°2258 du Code Civil définit cette dernière comme “un
moyen d’acquérir un bien ou un droit par l’effet de la possession sans que celui qui
l’allègue soit obligé d’en rapporter un titre ou qu’on puisse lui opposer l’exception déduite
de la mauvaise foi”.

E. Botrel et L. Polidori rappellent que le cadastre utilise l’imagerie aérienne depuis


plus d’un siècle. Nous pouvons rappeler que le cadastre ne constitue pas un titre de
propriété et qu’il a un caractère uniquement fiscal. De plus, ils nous apprennent qu’en 1891
M. Gautier fut le premier à proposer l’utilisation d’un ballon captif, inspiré des réalisations
de Nadar, au service du cadastre. Cependant cette proposition a été refusée. Mais après
plusieurs essais réalisés par M. Gautier, cette idée a été acceptée en 1895 pour la
rénovation du cadastre. Une soixantaine d’années plus tard, R. Herbin, chef du service du
cadastre en 1953, et A. Pébereau, adjoint de R. Herbin au service du cadastre en 1953,
concluent sur cette méthode : “Malgré les déformations dont sont entachées les images
aériennes non redressées, celles-ci constituent, aussi bien en mise à jour qu’en réfection
cadastrale, sous réserve que le limites de propriétés soient généralement visibles, de
précieux auxiliaires pour la reconnaissance du terrain et l’identification des parcelles.
Grâce au luxe de détails qu'elles comportent, elles sont d’une lecture aisée pour les
propriétaires et facilitent un dégrossissage du travail en mairie”76.

74
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Op cit.
75
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Op cit.
76
Herbin, R. et Pébereau, A. 1953. Le cadastre français. Les éditions France Lefebvre.
28
I.2.2.2 L’image au service du foncier : une solution adéquate pour assurer une bonne
compréhension

E. Botrel et L. Polidori77 proposent une “solution hybride”, ils envisagent de placer


l’information foncière sur les images de télédétection car selon eux, “l’image offre [...] un
fond visuel propice à une lecture intuitive du paysage, qui facilite les échanges”. Cela
consiste à “projeter les toponymes et les informations graphiques sur fond d’ortho image”78.
Ceci permettrait de rendre l’information foncière plus compréhensible. L’orthorectification
permettrait de pallier les déformations géométriques de l’image et de constituer “un support
visuel précieux pour des acteurs qui n’ont pas toujours la culture technique requise face à
des documents topographiques ou cadastraux”79. Sans compter qu’il est possible, à la suite
de l’orthorectification, d’effectuer des mesures sur l’image obtenue comme sur le terrain. De
plus, les objets topographiques sont présents sur la l’image aérienne et sont donc
géoréférencés.

Cette solution aurait deux effets importants. Premièrement, elle simplifierait la


lecture des éléments graphiques du plan foncier et deuxièmement, elle faciliterait
“l’interprétation visuelle de l’image en rendant visibles, par un processus graphique, des
objets qui n’ont pas d’existence matérielle sur le terrain, comme des limites foncières non
apparentes ou des limites administratives”80.

En somme, “l’image de télédétection s’offre comme une source objective


d’informations thématiques sur l’occupation du sol, mais aussi comme un support visuel
plus intuitif à interpréter qu’un produit cartographique conventionnel”81.

Par la suite, E. Botrel et L. Polidori émettent plusieurs hypothèses82 de scénarii qui


permettraient de réaliser un bornage à l’aide de la photographie aérienne et envisagent une
dématérialisation de la procédure de bornage de plus en plus forte.

C’est ainsi que le premier scénario propose d’effectuer les mesures et de placer les
bornes sur le terrain. Cela ne diffèrerait pas des méthodes employées aujourd’hui. Ensuite,
il s’agirait de représenter les bornes sur l’orhtoimage réalisée à partir des données d’un
drone. La représentation des bornes sera géoréférencée et l’orthoimage, grâce à une bonne

77
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Op cit.
78
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Ibid.
79
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Ibid.
80
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Ibid.
81
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Ibid.
82
Ces hypothèses s’appuient sur les travaux de F. Billion, A. Carnejac, S. Mauviel et K. Salaün, étudiants de
l’Ecole Supérieure des Géomètres et Topographes (ESGT)
29
géométrie, permettra de pouvoir repositionner les bornes aisément. Les auteurs qualifient
ce scénario de « moyen convivial de représenter l’information sur un fond contextuel »83.
En définitive, ce scénario ne modifie pas la procédure actuelle et rajoute seulement la
représentation des bornes sur une orthoimage du terrain.

Le deuxième scénario propose de ne pas positionner les bornes sur le terrain mais de
conserver la réunion contradictoire qui s’effectue sur les lieux. Les mesures seraient
effectuées de la même manière qu’aujourd’hui. Seulement les bornes seraient virtuelles et
elles seraient représentées avec leur coordonnées sur l’orthoimage. E. Botrel et L. Polidori
relèvent le fait que ce scénario n’a pas « de rupture conceptuelle avec le scénario 1 »84 car
un géomètre peut, tout de même, « implanter physiquement la borne si nécessaire »85. Ce
scénario peut être envisagé dans le cadre d’un bornage lorsque les limites foncières sont
apparentes. Par contre, dans le cas où la limite n’est pas apparente « le principe de la borne
virtuelle peut être plus difficile à accepter même s’il reste viable en théorie »86.

Le troisième scénario est spécifique à certains cas de bornage. En effet, il est envisagé
pour les terrains dont les limites sont « courbes ou très irrégulières, que la structure
polygonale constituée de lignes brisées est impuissante à modéliser avec un nombre
raisonnable de points »87. La plupart du temps dans ces cas-là, la limite s’appuie sur les
éléments naturels tels que des cours d’eau ou des haies. Ces éléments étant visibles sur les
orthoimages, il est possible d’envisager le fait de tracer la limite sur l’image directement
grâce à ces éléments. Dès lors, la réalisation de la réunion contradictoire peut se faire
devant un écran sans nécessité d’être présents sur le terrain. Les bornes sont alors
exclusivement virtuelles. Cependant, le géomètre fait une visite et la mesure des lieux afin
de « mieux les comprendre et les analyser »88. Ce scénario permet de libérer le géomètre
de « la modélisation simpliste imposée par la pose des bornes reliant des points par des
segments »89. En effet, cette « approche géométrique traditionnelle »90, qui consiste à relier
deux points par des tracés droits, serait dépassée grâce à ce scénario.

83
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Op cit. p.97
84
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Op cit. p.98
85
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Ibid.
86
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Ibid.
87
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Ibid.
88
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Ibid.
89
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Ibid.
90
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Ibid.
30
Le dernier scénario correspond à celui où la dématérialisation du bornage est au plus
fort, c’est-à-dire qu’il envisage de rendre « inutile toute mesure sur le terrain, la limite
ayant été discutée puis tracée entièrement et exclusivement sur l’écran en présence des
parties »91. Les mesures étant inutiles la visite du terrain ne servirait qu’à mieux se repérer
sur les orthoimages. E. Botrel et L. Polidori relèvent le fait que ce scénario « n’est sans
doute pas applicable dans tous les contextes ; néanmoins, il présente une utilité certaine
pour les zones difficiles d’accès ou en présence de personnes à mobilité réduite »92. De
plus, dans des circonstances de crises sanitaires ce scénario peut montrer un réel intérêt.

Dans les deux derniers scénarii, l’image doit détenir une qualité radiométrique
remarquable, c’est-à-dire que l’image ne doit pas être floue ou même bruitée.

El Meouche et al.93 ont fait une comparaison entre l’utilisation de la station totale
et celle d’un UAV94. Cette comparaison permet d’obtenir des résultats sur l’utilisation de la
photogrammétrie dans le cadre technique. En effet, les caractéristiques selon lesquelles ces
méthodes sont évaluées sont : le temps passé sur le terrain, le prix de l’intervention, la
sécurité, la précision, le temps passé avant l’intervention et le temps de traitement des
données. Le problème le plus récurrent soulevé par cet article est la présence de végétation.
En effet, à cause d’une forte présence de végétation, le plan obtenu ne peut être complet.
En revanche, les précisions obtenues par l’UAV et par la station totale sont presque
similaires si bien qu’il est possible d’obtenir un plan livrable aux clients à partir des
données de l’UAV. Les auteurs décrivent la méthode utilisant l’UAV comme une
“technique prometteuse”. Tout en prenant en compte les conditions météorologiques et les
papiers administratifs en amont de l’intervention.

En somme, la photographie est utilisée par le cadastre à des fins foncières depuis
la fin du 19ème siècle. Cela a permis à E. Botrel et L. Polidori d’envisager une procédure de
bornage selon différents degrés de dématérialisation grâce à la photographie. De plus, en
termes de précision technique, les résultats obtenus grâce au drone s’apparentent aux
résultats obtenus par le matériel traditionnellement utilisé, comme une station totale.
Cependant, l’utilisation de la photogrammétrie pour améliorer la compréhension des

91
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Op cit. p.99
92
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Ibid.
93
El Meouche, R., Hijazib, I., ponceta, P.A., Abunemeha, M. et Rezouga, M. 2016. UAV Photogrammetry
implementation to enhance lan surveying, comparisons and possibilities. 11th 3D Geoinfo Conference,
Athènes, Grèce, 20-21 octobre 2016. The international Archives of the Photogrammetry, Remote sensing and
Spatial Information Sciences, Volume XLII-2/W2.
94
Unmanned Aerial Vehicle autrement dit un drone.
31
propriétaires est contrainte par la végétation et par d’autres éléments que nous allons par la
suite.

I.2.3 Quelles limites à l’utilisation de l’image dans le foncier ?

I.2.3.1 Les limites de l’image dans le cadre psychologique

Il est important d’identifier quelles pourraient être les limites de l’utilisation de la


photographie aérienne dans le cadre d’un acte foncier. D. Peraya95 étudie les différents
sens (vue, ouïe, toucher, odorat et goût) et l’action qu’ils exercent sur la perception. Ainsi
nous avons une pluri sensorialité. Toutefois, nous sommes capables de nous concentrer sur
la mono sensorialité que nous apporte chacun de nos sens. Cependant, comme l’auteur
l’indique “tout acte perceptif sollicite donc simultanément plusieurs de nos capteurs
sensoriels et il est parfois difficile d’attribuer à l’un de nos sens l’origine de notre
perception”96. Il va de soi que notre vision est donc influencée par ce que nous percevons
par le biais de nos autres sens. Dans le cadre de la perception de l’image D. Peraya relève
le fait que l’image puisse comporter “des pièges”. En effet, l’image peut être source de
“subjectivité”, avec des débordements vers l’imaginaire ou le fantastique. Elle peut aussi
être source “d’ambiguïtés” et “d’illusions” et créer une distorsion entre les données
objectives de la réalité et celles perçues.

I.2.3.2 Les exigences de qualité du produit photogrammétrique

Lorsque E. Botrel et L. Polidori97 indiquent que « l’image doit être de qualité


acceptable sur le plan technique », ils font référence au fait que l’image doit être « lisible
et compréhensible, y compris par des non-spécialistes »98. Notre perception utilise des
critères subjectifs pour reconnaître et qualifier une image. Les auteurs ont envisagé de
définir des critères objectifs afin de qualifier l’image d’acceptable ou non. Ces derniers
permettraient de « détecter des défauts qui limiteraient la qualité du produit (image
bruitée, floue, surexposée, sous-exposée…) »99. Le premier critère dont ils parlent est la
qualité radiométrique ; celle-ci correspond à la fidélité entre les couleurs vraies de la réalité
du terrain et les couleurs représentées sur l’image. Le deuxième critère dont ils parlent est

95
Peraya, D. Op cit.
96
Peraya, D. Op cit.
97
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Op cit. p.140
98
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Ibid.
99
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Op cit. p.142
32
la résolution spatiale. Nous avons vu précédemment qu’elle était le pouvoir séparateur
dans l’image ; ce critère permet donc d’évaluer « la finesse du détail »100. De plus, nous
avons vu que le niveau de flou pouvait être caractérisé par la fonction de transfert de
modulation. Le troisième critère concerne la qualité géométrique de l’image et sa
localisation. En effet, des mesures doivent pouvoir être effectuées dans l’image et
correspondre à celles effectuées sur le terrain. Le recalage géométrique entre l’image et le
terrain peut être calculé à partir d’un écart moyen quadratique entre plusieurs points.
L’EMQ détermine la dispersion des écarts autour de la moyenne et donc les déformations
de l’image. La qualité géométrique est associée au fait d’avoir des images qui datent d’une
période correspondante. En effet, il faut que la réalité du terrain corresponde avec ce que
l’image représente. E. Botrel et L. Polidori envisagent de pouvoir garantir la date des
images.

Par la suite, les auteurs proposent la création d’un cahier des charges avec pour
exemple l’arrêté du 16 septembre 2003101, qui fixe des précisions que les maîtres
d’ouvrages publics doivent respecter pour des travaux topographiques. Ainsi, « ces
indicateurs de qualité peuvent être comparé à un plafond à ne pas dépasser »102 et il serait
possible de confronter l’image au cahier des charges. Pour résumer, les critères, qui
constituent ce dernier, seraient : la qualité radiométrique, la résolution spatiale, la qualité
géométrique (reliée à la localisation) et la garantie d’une date conforme à l’utilisation de
l’image.

Dans le cadre des contraintes techniques de l’utilisation de l’image dans le foncier,


E. Botrel et L. Polidori soulèvent le fait que les limites ne soient pas toutes apparentes sur
les images. Cela pourrait être dû à la présence de végétation par exemple, ils préconisent
donc d’utiliser l’image comme fond visuel au lieu de s’en servir pour détecter les limites.

100
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Op cit. p.140
101
Arrêté du 16 septembre 2003 portant sur les classes de précision applicables aux catégories de travaux
topographiques réalisés par l’Etat, les collectivités, leurs établissements publics ou exécutés pour leur
compte.
102
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Op cit. p.143
33
I.2.3.3 Le droit à l’image, respect de la vie privée et droit d’auteur : les limites juridiques
de la photogrammétrie dans le foncier

E. Botrel et L. Polidori103 émettent la possibilité que les images utilisées pour le


foncier puissent être « soumises à des exigences liées aux droits que des tiers pourraient
prétendre détenir sur celles-ci ou sur les biens immobiliers eux-mêmes »104. Les
professionnels du foncier qui travaillent à l’aide de l’image ne pourront donc l’utiliser qu’à
conditions de respecter « un certain cadre »105. Les auteurs ont identifié trois domaines
auxquels le professionnel du foncier devra se confronter s’il veut travailler avec l’image.
Le droit à l’image et le droit au respect de la vie privée en fait partie. En effet, « lorsqu’une
personne physique est identifiable ou qu’un élément de sa vie privée est capté et visible sur
une image, une action en réparation pour atteinte à un droit de sa personnalité pourrait
être engagée »106. Le droit à l’image sera sanctionné si une personne physique est
reconnaissable et identifiable sur une image qui a été diffusée ou publiée sans son accord.
Lorsque la personne a consenti à céder son droit à l’image alors elle ne peut plus agir en
réparation, afin de garantir son consentement la personne peut signer un contrat de cession
des droits à l’image. De plus, la vie privée est protégée par l’article 9 du code civil,
« Chacun a droit au respect de la vie privée ». Elle est aussi protégée par l’article 226-1 du
code pénal qui sanctionne l’atteinte par n’importe quel moyen à la vie privée.

Dans notre étude, nous envisageons d’utiliser un drone pour faire l’acquisition
d’images. Sans l’autorisation des propriétaires quant à leur droit à l’image et au respect de
leur vie privée, le professionnel pourrait porter atteinte à ces deux droits fondamentaux.
Cette méthode implique que les biens immobiliers soient pris en photographies.
L’utilisation de ces images ne doit pas engendrer un trouble anormal pour le propriétaire,
cependant il n’existe pas de droit à l’image des biens. Si des nuisances sont engendrées par
l’utilisation des images des biens, les propriétaires pourront percevoir des dommages et
intérêts.

Certains bâtiments sont protégés par le droit d’auteur. En effet, certains bâtiments
conçus par des architectes et considérés comme des œuvres originales sont protégées par le
code de la propriété intellectuelle qui prévoit le droit d’auteur. Celui-ci exige que pour

103
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Op cit.
104
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Op cit. p.140
105
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Ibid.
106
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Ibid.
34
protéger une œuvre il faut qu’elle soit « une œuvre de l’esprit »107 et qu’elle soit une
« œuvre originale »108. Il reviendra au professionnel de s’assurer que le bâtiment relevé
n’est pas sous la protection du droit d’auteur. E. Botrel et L. Polidori réfléchissent au fait
qu’un bâtiment protégé par le droit d’auteur puisse être photographié par le dessus. En
effet, les façades des bâtiments situés sur les bords de l’image sont visibles de façon
obliques. Ceci s’explique par le fait que l’angle de visée est le plus éloigné de la verticale
vers le bord de l’image. Dans le cadre d’une photographie aérienne d’un bâtiment protégé
par le droit d’auteur, il est possible que les façades et le toit soient protégées. Le
professionnel devra s’assurer d’obtenir les autorisations de l’architecte avant de
photographier ces bâtiments. Les auteurs envisagent, aussi, le fait qu’une photographie
aérienne puisse faire apparaître une façade protégée mais floue et que l’architecte, auteur
de cette façade, intente « une action en contrefaçon »109. Le professionnel sera dans
l’obligation de vérifier si chacun de ses droits est bien respecté avant de pouvoir faire voler
son drone et de prendre des clichés des biens immobiliers.

I.2.3.4 L’utilisation du drone et la réglementation liée

L’utilisation du drone implique de respecter la règlementation actuelle.


Premièrement, dans le cadre d’une utilisation professionnelle, le drone devra être
enregistré sur le site AlphaTango110. Il devra aussi être muni d’une balise
d’identification111 ; certains constructeurs intègrent cette balise à leur matériel.

Ensuite la règlementation concerne le télépilote, qui devra détenir un certificat


d’aptitude théorique de pilote d’aéronef. Pour l’obtenir il devra suivre une formation
constituée d’une partie théorique et d’une partie pratique. Par la suite il devra passer un
examen et valider 45 bonnes réponses sur 60 pour obtenir le certificat.

Concernant le vol, en plus d’obtenir l’accord des propriétaires, il est nécessaire de


s’assurer que la zone de vol n’est pas soumise à une restriction de vol ou qu’elle n’est pas
protégée. Le site Géoportail112 permet de vérifier si la zone permet le vol de drone. De

107
Article L. 111-1, Alinéa 1er du Code de la propriété intellectuelle.
108
Cass. 1er civ., 6 mars 1979, n°76-15.367 : Bull. civ. 1979, n°82 ; RTD com. 1979, p.462, obs, A. Françon.
109
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Op cit. p.190
110
https://alphatango.aviation-civile.gouv.fr/
111
Arrêté du 27 décembre 2019 définissant les caractéristiques techniques des dispositifs de signalement
électronique et lumineux des aéronefs circulant sans personne à bord.
112
https://www.geoportail.gouv.fr/
35
plus, le télépilote devra respecter les conditions de vol imposées par le scénario
correspondant au vol. Ces scénarii limitent les vols en hauteur et en distance horizontale en
fonction du poids du drone et du type de zone dans laquelle le vol est effectué.

Figure 7 : Scénarii de vol. Source : https://blog.geomesure.fr/

La compréhension relève majoritairement du contexte représentationnel ainsi que


de l’expérience antérieure. Ces deux éléments sont complétés par la signification du
message qui est transmis par l’image étudiée. Plus l’image est réaliste, plus sa
compréhension est facilitée. Ce critère permet d’envisager la photogrammétrie, technique
de mesure à partir de photographies, comme une solution adéquate aux problèmes de
compréhension lors d’une procédure de bornage. Cependant, pour envisager la
photogrammétrie dans le foncier, il faut prendre en compte les contraintes qu’elle peut
apporter. Ces contraintes relèvent des domaines juridique, psychologique et technique.
Afin de faire une étude empirique sur la compréhension des propriétaires, nous avons
réalisé deux enquêtes. L’objectif étant de déterminer si l’utilisation de la photogrammétrie,
pour effectuer un bornage, permet d’améliorer la compréhension des propriétaires. Dans la
suite de notre étude, nous allons détailler le déroulement de ces enquêtes, ainsi que les
résultats obtenus.

36
II L’image dans le foncier : étude empirique sur la

compréhension des propriétaires

Les recherches bibliographiques réalisées avaient pour vocation de réfléchir à une


technique qui permettrait de favoriser une meilleure compréhension des plans de bornage.

Pour aller plus loin nous rendons compte dans cette seconde partie de la démarche
empirique que nous avons menée pour conforter ces premières réflexions. En particulier,
nous avons mobiliser l’ouvrage de E. Botrel et L. Polidori113, dans lequel ils proposent
plusieurs scénarii de dématérialisation du bornage, comme nous avons pu le voir
précédemment. Le premier scénario est celui où la dématérialisation du bornage est la
moins forte. En effet, dans celui-ci le bornage est envisagé sans changement majeur. La
différence s’effectue au niveau du plan de bornage. Celui-ci est réalisé à partir des mesures
effectuées sur le terrain et le fond de plan est une orthoimage. Cette dernière est le résultat
de l’orthorectification et du mosaïquage des photographies aériennes réalisées par le drone
lors d’un survol de la propriété.

Afin de valider cette méthode, des enquêtes ont été menées auprès de propriétaires
et aussi de professionnels. Les avis de ces derniers ont permis de réorienter la méthode sur
certains points.

II.1 L’avis des professionnels : une source non-négligeable


La première enquête menée est celle auprès des professionnels. Il s’agissait de
mieux identifier et caractériser les possibles incompréhensions de la part des propriétaires
quant aux plans de bornage, à partir des pratiques des professionnels. Cette enquête nous a
également permis de vérifier la réception parmi la profession du premier scénario décrit
par E. Botrel et L. Polidori.

113
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Op cit.
37
II.1.1 Création et diffusion de l’enquête

II.1.1.1 Création de l’enquête

Il existe différents types d’enquêtes. L’entretien et le questionnaire sont deux types


d'enquêtes différenciables. H. Fenneteau114 nous éclaire à propos de ces deux formes
possibles. L’entretien est “utilisé dans les études qualitatives où l’objectif consiste à
décrire les phénomènes de la matière le plus riche possible, en cherchant à comprendre
leur signification”115. Ensuite, le questionnaire produit des chiffres. Ces derniers pourront,
par la suite, permettre de décrire, d’estimer ou de vérifier des hypothèses.

Ici, le questionnaire est le format le plus adapté pour l’enquête menée auprès des
professionnels. En effet, son objectif est d’estimer, grâce à des chiffres explicatifs, la
proportion d’actes fonciers incompris, puis de chercher à décrire les sources
d’incompréhension avec des chiffres explicatifs. Enfin, il s’agit de confirmer ou infirmer
les hypothèses émises sur les possibilités d’amélioration de la compréhension des
propriétaires.

Afin de créer le questionnaire, il faut commencer par la description de son objet.


Dans notre cas, l’objet porte sur les sources d’incompréhension d’un acte foncier. Ensuite,
il faut définir les hypothèses de l’enquête. Concernant notre enquête, les hypothèses sont
que :

• Il existerait des actes fonciers incompris par les propriétaires concernés.

• Les sources d’incompréhension proviendraient de la lecture des plans.

• Des documents fonciers accompagnés de photographies ou d’orthophotographies


sur lesquelles seraient superposées les limites de propriétés permettraient
d’améliorer l’intégration de l’information nouvelle apportée par l’acte foncier.

L’étape suivante consiste à déterminer la population ciblée. Cette enquête est à


destination des personnes réalisant des actes fonciers. Elle s’adresse donc aux géomètres-
experts. En France il y a environ 1900 géomètres-experts ; dans les faits le sondage a été
communiqué à environ 1400 professionnels. Cette valeur représente la taille de la
population ciblée par l’enquête.

114
Fenneteau, H. 2015. L’enquête : entretien et questionnaire. Dunod. Paris : Dunod, 2015, 3e édition
115
Fenneteau, H. 2015. Ibid.
38
En outre, la marge d’erreur du sondage permet d’indiquer dans quelle mesure les
résultats obtenus sont représentatifs de l’opinion de la population globale. En ce qui
concerne l’enquête auprès des géomètres-experts, il serait intéressant d’obtenir une marge
d’erreur de 10%.

Par la suite, nous pouvons calculer la taille de l’échantillon qu’il faudrait pour
obtenir des résultats significatifs. Pour cela nous devons prendre en compte le niveau de
confiance. Il représente la probabilité que les résultats obtenus par l’échantillon reflètent
fidèlement l’opinion de la population globale. Nous allons utiliser un niveau de confiance
de 95%. En plus du niveau de confiance, il faut prendre en compte l’écart-type. Afin de
bien mener l’enquête nous allons choiri un écart-type de 0.5.

Ainsi, il est possible de calculer la taille de l’échantillon avec la formule suivante :

Avec Score Z représentant le niveau de confiance. Pour 95% de confiance, le Score


Z est égal à 1.96.

Au terme du calcul, la taille d’échantillon idéale est égale à 96 réponses.

Subséquemment, le projet des questions doit être mis en place. La réalisation d’un
pré-test permet de finaliser voire de modifier si nécessaire l’enquête. Puis vient enfin le
lancement du questionnaire.

II.1.1.2 Diffusion de l’enquête

Afin d’obtenir le nombre de réponses souhaité, le questionnaire a été diffusé via


de nombreux canaux. La première est l’Atelier des Formations, qui est une activité
développée au sein de l’Atelier Foncier. Grâce à cette activité un grand nombre de
géomètres-experts sont répertoriés et inscrits à la "newsletter” de l’Atelier des Formations.
Il y a approximativement 1300 personnes inscrites dans le répertoire de ce dernier.

Le questionnaire pouvant être communiqué par lien internet ou par QR code, il a


été transmis, d’une part, aux géomètres-experts du Conseil Régional de Marseille
regroupant les régions PACA et Corse, d’autre part, à une partie des géomètres-experts
inscrits à l’UNGE (Union Nationale des Géomètres-Experts) de la région PACA-Corse.

39
Le réseau social, LinkedIn, a permis de diffuser le questionnaire, grâce aux
comptes de l’Atelier des Formations et de l’Atelier Foncier mais aussi grâce aux contacts
personnels.

La diffusion s’est effectuée en plusieurs temps. Une première fois, un article


présentant le sujet réalisé pour la newsletter de l'Atelier des Formation introduisant le
questionnaire et ses objectifs. Cet article a été publié, notamment, sur LinkedIn. Par la
suite, deux autres publications et articles de l’Atelier des Formations, espacés d’au moins
une semaine, ont été réalisés.

Figure 8 : Création du questionnaire. Auteur : C. Battistella

II.1.2 L’avis des professionnels : les données obtenues

Pour cette première phase empirique, l’enquête est menée auprès des professionnels
tels que des géomètres topographes ou encore des géomètres-experts. Elle nous permet de

40
nous pencher sur la réception du projet d’utiliser la photogrammétrie dans le foncier. Celle-
ci nous permet d’utiliser les photographies aériennes redressées pour les plans fonciers116.

II.1.2.1 Le lien entre les recherches bibliographiques et l’étude empirique

Une première partie du questionnaire porte sur la personne qui répond. Cette partie
permet de connaître le contexte dans lequel travaille le répondant (région et une
approximation du nombre d’actes fonciers réalisés par le cabinet et par lui-même). Dans
cette même partie des questions sur la présence d’actes fonciers incompris sont abordées.
Ensuite viennent des parties qui permettent de préciser à quelle étape de la procédure d’un
bornage les propriétaires ne sembleraient pas comprendre. Puis, une partie faisant appel à
l’opinion du répondant est proposée. Dans cette dernière, les hypothèses de rendu visuel de
l’acte foncier sont évoquées. La première est le fait d’apposer des photographies des
limites apparentes et/ou de la position des bornes avec les plans et/ou procès-verbaux. La
seconde qui est abordée dans ce questionnaire est le fait d’utiliser des orthophotographies
et de faire apparaître sur celles-ci les limites de propriétés. Il est demandé au répondant s’il
a déjà effectué un acte foncier avec l’une de ces possibilités. S’il répond qu’il ne l’a jamais
fait, il lui est demandé, par la suite, son avis à ce propos et pourquoi il ne le fait pas. S’il
répond qu’il a déjà utilisé l’une de ces méthodes, il lui est demandé s’il a remarqué une
amélioration de la compréhension des propriétaires.

Le questionnaire a été mis en ligne et diffusé pour la première fois le 25 février


2022. A la date du 5 avril 2022, 96 réponses ont été répertoriées. Un temps moyen de
réponse de 12 minutes est enregistré.

Les calculs précédents nous ont permis d’obtenir une taille d’échantillon idéale de
96 réponses pour une marge de 10%. Nous obtenons exactement 96 réponses, les données
obtenues peuvent être considérées comme significatives.

II.1.2.2 Les résultats sur la proportion d’incompréhension

Les premières questions nous permettent d’identifier que, lors de la lecture d’un
plan, 50% des professionnels trouvent que le repérage des lieux et la représentation des

116
Annexe n°1 : Première phase empirique : le questionnaire
41
limites sont les éléments qui soulèvent le plus d’incompréhensions. Cette statistique
provient d’une comparaison avec les autres éléments qui composent un plan foncier.

Figure 9 : Éléments qui composent un plan foncier qui amènent le plus d’incompréhensions selon les répondants.
Auteur : C. Battistella.

La perception est un mécanisme qui doit être réalisée pour comprendre. Ce


mécanisme consiste à reconnaître un objet grâce à l’un des sens. Le fait que le repérage des
lieux soit un facteur d’incompréhension signifie que la perception n’est pas réalisée. Les
propriétaires n’arrivent pas à se repérer sur les plans et donc ils ne les comprennent pas.

La représentation des limites relève aussi de la perception car les symboles utilisés
ne font pas partie de ce que le lecteur connaît. La légende est présente sur les plans pour
pallier ce problème. Des explications pourraient résoudre les incompréhensions liées à la
représentation des limites. En effet, elles permettraient de créer du lien avec le contexte
déjà acquis de la personne, et donc de créer des inférences.

II.1.2.3 Les avis sur les propositions envisagées

Pour atténuer ces incompréhensions, une première solution a été proposée aux
participants de l’enquête. Celle-ci consiste à accompagner les documents fonciers de
photographies des limites de propriété. Ainsi, 54% des professionnels accompagneraient
leurs documents fonciers de ce type de photographies.
42
Parmi les répondants qui joignent des photographies à leurs documents fonciers,
environ 50% trouvent que cela a amélioré la compréhension des propriétaires. De plus,
environ 22% trouvent que cela a significativement amélioré la compréhension des
propriétaires ; la même proportion trouve que la compréhension est améliorée de façon
dépendante à la situation.

Figure 10 : Opinion des répondants à propos de l’amélioration de la compréhension des propriétaires grâce aux
photographies. Auteur : C. Battistella

Parmi les répondants qui n’utilisent pas de photographie dans leurs documents
fonciers, 40% pensent que cela améliorerait, tout de même, la compréhension des
propriétaires.

Figure 11 : Opinion des répondants sur les photographies même s’ils n’utilisent pas de photographies. Auteur : C.
Battistella

Dans cette même catégorie de participants, nous pouvons noter que les répondants
qui ne proposent pas de photographie sur leurs plans le font simplement par habitude dans
l’entreprise, en grande majorité. Les autres raisons les plus fréquentes sont le manque de
temps et le fait de ne pas y avoir pensé.

43
Figure 12 : Réponses à la question : pourquoi n’utilisez pas de photographies ? Auteur : C. Battistella

La seconde solution envisagée consiste à utiliser des orthophotographies comme


fond de plan foncier sur lesquelles seraient indiquées les limites de propriété. 26% des
professionnels auraient déjà accompagné leurs plans d’orthophotographies où figurent les
limites foncières.

Parmi les participants ayant déjà utilisé des orthophotographies, 43% trouvent que
cela améliore significativement la compréhension des propriétaires. 35% trouvent que cela
l’améliore simplement et 22% trouvent que cela dépend de la situation.

Figure 13 : Avis des répondants sur l’utilisation des orthophotographies. Auteur : C. Battistella

Parmi les participants qui n’utilisent pas d’orthophotographie, 39% pensent que cela
améliorerait la compréhension des propriétaires, tout de même.

44
Figure 14 : Opinion des répondants sur les orthophotographies même s’ils ne les utilisent pas. Auteur : C. Battistella

Dans cette même catégorie de participants, nous pouvons noter que cette pratique
est tout de même utilisée comme document de travail. Et que si elle n’est pas utilisée c’est
du fait des habitudes de l’entreprise. Après observation des données recueillies dans la
partie “Autre”, nous pouvons remarquer trois remarques récurrentes. La première est en
fait un manque d’informations à propos de la précision des orthophotographies. La
deuxième remarque que l’on peut voir régulièrement est due au manque de matériel dans
l’entreprise. La dernière remarque récurrente porte sur la surcharge du plan à cause de
l’orthophotographie.

Figure 15 : Réponses à la question : pourquoi n’utilisez pas les orthophotographies ? Auteur : C. Battistella

Il est important de noter qu’au moins les trois quarts des professionnels ont pu
remarquer des incompréhensions lors de la procédure d’un acte foncier. Parmi cette
population, environ la moitié accompagne ses plans fonciers avec des photographies des
45
limites. Au sein de ces derniers, la moitié trouve que la compréhension des propriétaires
s’est améliorée grâce à cela.

Parmi les professionnels seulement un quart de cette population accompagne ses


plans avec des orthophotographies. Au sein de ces derniers, les trois quarts estiment que
cela a amélioré la compréhension des propriétaires.

Nous remarquons une forte présence d’incompréhensions de la part des


propriétaires durant un acte foncier. Les hypothèses émises pour réduire leur nombre
peuvent être en partie confirmées au moyen des taux de professionnels qui ont déjà
pratiqué ces méthodes.

Afin de confirmer ces hypothèses, nous avons poursuivi notre démarche en nous
appuyant sur des dossiers en cours de réalisation. L’objectif est de tester si certains types
de visuels permettent d’améliorer la perception nécessaire à la compréhension117.

II.2 Acquisition et traitement des données


Dans l’optique de répondre à la problématique de ce mémoire, nous avons envisagé
d’utiliser la photographie aérienne, comme l’ouvrage de E. Botrel et L. Polidori l’envisage
dans son premier scénario. Nous nous sommes intéressés au drone afin d’utiliser ses
photographies aériennes. Ainsi, nous allons pouvoir analyser les effets de la photographie
aérienne orthorectifiée sur la compréhension des propriétaires, en particulier lorsqu’elle est
appliquée à un plan foncier.

II.2.1 Les modalités de paramétrage d’un vol

Premièrement, le paramétrage des vols en amont est nécessaire. Il permet de fixer le


périmètre à relever, la hauteur de vol, la vitesse de vol, l’orientation de la trajectoire et le
recouvrement entre les prises de vue. Ces paramètres permettent d’obtenir la valeur de la
résolution de l’image, dans les dossiers traités la résolution annoncée est inférieure à
2cm/px. Ensuite, une estimation du temps de vol est annoncée après le paramétrage du vol.
De plus, une estimation de la consommation de la batterie du drone est annoncée, il est

117
Dortier, Jean-François. Op cit.
46
important de se pencher sur cette donnée car le vol devra être interrompu si le drone n’a
pas assez de batterie.

Concernant les vols effectués pour les dossiers étudiés dans ce mémoire, les
hauteurs de vol étaient entre 40 m et 60 m, la vitesse du drone n’excédait pas 6 m/s.
L’orientation de la trajectoire était parallèle au côté le plus long du périmètre de vol. Cela
permettait de réduire la trajectoire du drone mais aussi le temps de vol. En ce qui concerne
le recouvrement, une valeur de 80% a été choisie pour le recouvrement frontal et pour le
latéral une valeur de 60% a été choisie.

Ensuite, il suffit d’aller sur le lieu du vol programmé, de placer des cibles noir et
blanc sur des points d’appui118 (dans notre cas, les cibles ont été placées sur des points
relevés préalablement au récepteur GNSS ou à la station totale). Puis, il suffit de démarrer
le drone pour qu’il effectue le vol. Rappelons que de nombreuses règles à propos des vols
de drones sont à appliquer. Entre autres, les restrictions de hauteur de vol, de vol en vue
directe, de respect de la vie privée ou encore de formation du télépilote.

Une fois le vol effectué et les données exportées, le logiciel Metashape est utilisé
pour créer l’orthomosaïque119. Cette dernière est un mosaïquage des photographies, cela
forme une image continue et orthorectifiée. En d’autres termes, l’orthorectification permet
de corriger les déformations dues au relief du terrain, à la perspective, à l’inclinaison de la
prise de vue et à la distorsion de l’appareil photographique.

II.2.2 Le processus d’après-vol et l’obtention des résultats

Le processus de production de l’orthomosaïque nécessite des images


géoréférencées. D’ailleurs, le type d'appareil photographique importe peu tant que sa
géométrie interne est connue. Seul le géoréférencement des images doit être effectué pour
connaître la position et l’orientation des images.

Nous nous sommes intéressés au drone car c’est un outil équipé d’une centrale
inertielle de navigation et d’un baromètre. La centrale inertielle permet au drone de se
stabiliser mais aussi d’obtenir les données de navigation (grâce au récepteur GNSS qu’elle
contient), de vitesse et d’orientation (grâce au gyroscope et à l’accéléromètre qu’elle

118
Les points d’appui sont des points connus sur le terrain et reconnaissables sur les clichés.
119
Pour rappel, une orthomosaïque ou orthoimage est une image orthorectifiée afin qu’elle ait la même
géométrie qu’une carte et qu’elle soit superposable à une carte tout en ayant les couleurs de l’image.
47
utilise). Le baromètre, lui, est un capteur qui permet au drone de connaître son altitude.
C’est un capteur si sensible qu’il peut mesurer un déplacement de quelques centimètres
seulement.

Le drone obtient des données des différents capteurs qui le composent et qui
permettent d’obtenir les paramètres externes120 de la caméra. Le logiciel Metashape utilise
l’approche Structure From Motion (SFM), cette méthode réalise l’alignement des images et
estime la pose des caméras (si la pose des caméras est estimée dans le repère terrain alors il
s’agit des paramètres externes). L’utilisation de points d’appui sert à géoréférencer le
nuage de points, créé lors du SFM. Si ce dernier est relancé, les paramètres internes et
externes sont estimés correctement. Il est possible, après ces étapes, d'analyser les écarts
entre les points d’appui. L’orthorectification s’effectue sur chaque cliché, après cela, pour
assembler les images entre elles, Metashape définit des zones de raccord entre les images
pour créer la mosaïque. Le mosaïquage cherche à être optimal, c’est-à-dire, que les lignes
de raccord entre les images ne soient pas visibles.

L’orthomosaïque créée devient donc le produit de la dualité entre la géométrie et


l’aspect visuel et communicatif de l’image.

Ultérieurement, l’orthomosaïque est importée dans le logiciel de dessin. Au sein du


cabinet, le logiciel de DAO est Limit Addict sous Topstation. L’orthomosaïque est placée
comme un fond du plan foncier automatiquement.

En dernier lieu, une sélection des éléments présents sur le plan foncier est effectuée
pour alléger le plan. En effet, la photographie contient tous les éléments présents sur le
terrain, en ajoutant les symboles cela permet de mettre en avant les objets qu’ils
représentent.

II.3 Recueil des avis de propriétaires


La seconde phase empirique de notre étude porte sur l’analyse de la compréhension
des propriétaires. L’objectif étant de comparer la compréhension du plan foncier habituel
et le plan réalisé grâce aux techniques photogrammétriques.

120
Les paramètres externes sont la position et l’orientation de la caméra lors de la prise de vue dans un repère
terrain.
48
II.3.1 Création de l’enquête

Pour cette seconde phase empirique, nous avons mis en place ce que la littérature
appelle un entretien « mixte », à la croisée entre entretien semi-directif centré et entretien
directif121. L’entretien a commencé par un entretien semi-directif centré et a été complété
par un entretien directif. Le premier se réalise à partir de questions ouvertes qui permettent
au répondant de s’exprimer comme il le souhaite. Ce type d’entretien permet de se
concentrer sur l’aspect d’un phénomène précis. Ensuite, si les réponses apportées par le
répondant ne suffisent pas à répondre à la problématique, une partie d’entretien direct est
abordée. C’est ainsi que des questions fermées seront posées au répondant afin d’affiner
ses propos.

L’entretien auprès des propriétaires a pour finalité d’illustrer qualitativement les


résultats obtenus par le questionnaire auprès des professionnels. C’est-à-dire il permet
d’illustrer de façon plus fine les premières tendances relevées dans le cadre du
questionnaire. En particulier, l’entretien a pour objectif d’expliquer ce qui cause le
phénomène étudié, en ce qui nous concerne les incompréhensions des propriétaires. Nous
avons mis en place une étude comparative des cas.

En ce qui concerne le contenu de l’entretien, le guide de l’entretien répertorie les


thèmes qui seront abordés durant l’entretien. Ce document ne sert qu’à la personne qui
pose les questions. Les thèmes abordés pendant l’entretien sont la présence
d’incompréhensions, la clarté de la symbolique du plan foncier et le repérage sur les
plans122.

Afin d’affiner les réponses obtenues si le répondant ne donne pas les détails
nécessaires, il faut entrer dans la phase d’entretien direct. Celle-ci se prépare sur le guide
d’entretien. Il répertorie toutes les questions qui peuvent être posées dans un ordre
pertinent.

Les premiers entretiens permettent de faire évoluer les guides car il se peut que
certains thèmes ou certaines questions soient mal exprimés voire inutiles.

121
Fenneteau, H. 2015. L’enquête : entretien et questionnaire. Dunod. Paris : Dunod, 2015, 3e édition
122
Annexe n°2 : Guide de l’entretien
49
Figure 16 : Déroulement de la création de l’enquête auprès des propriétaires. Auteur : C. Battistella

II.3.2 L’analyse des résultats obtenus

Les entretiens effectués sont au nombre de 11. Chaque entretien durait une trentaine
de minutes avec une seule personne à la fois. Les plans présentés aux répondants ont été
envoyés avant le début de l’entretien (au moins 24 heures avant l’entretien) pour que le
répondant puisse avoir le temps d’analyser chacun des deux plans qui lui a été transmis. Le
premier plan était le plan foncier habituel, composé de formes géométriques pour
représenter les éléments présents sur le terrain. Le second plan était composé du fond de
plan réalisé à partir des photographies aériennes redressées du drone. Sur ce plan la limite
foncière, sujet du bornage, était symbolisée par un trait épais rouge tout comme sur le plan
foncier habituel123.

123
Annexe n°3 : Plans présentés aux propriétaires.
50
II.3.2.1 L’influence de l’expérience antérieure et de l’éducation sur la compréhension

L’activité professionnelle et le niveau de diplôme de chaque personne interrogée a


été étudié dans l’objectif de répondre aux interrogations soulevées par M. Fleury124 quant à
la compréhension d’une image. Les recherches bibliographiques nous ont permis de
constater que la compréhension dépend de l’éducation et de l’expérience antérieure de
l’individu récepteur, ce pourquoi nous nous sommes intéressés à la profession de chaque
répondant.
Ainsi, dans notre échantillon, la proportion de répondants qui travaillent comme chef
d’entreprise, artisan ou commerçant est de 36.4%, ensuite 27.3% des répondants sont des
agriculteurs, 18.2% sont des cadres, 9% travaillent comme employés et 9% sont dans une
profession intermédiaire.

Figure 17 : Proportion des répondants selon leur catégorie socioprofessionnelle. Auteur : C. Battistella

Les répondants faisant partie de la catégorie chef d’entreprise, artisan ou


commerçant n’ont pas de diplôme ou sont diplômés d’un BEP ou d’un diplôme
d’ingénieur. Ceux qui sont agriculteurs sont diplômés d’un BEP ou d’un BTS. Ensuite
ceux qui sont cadres sont diplômés d’une licence ou d’un diplôme d’ingénieur. Les
répondants qui sont employés ou dans une profession intermédiaire ont un baccalauréat ou
un BTS.

124
Fleury, M. 1979. Op cit.
51
Figure 18 : Niveau de diplôme des répondants. Auteur : C. Battistella

Les différents plans ont été soumis au regard des répondants et à leur
compréhension. Ainsi, tous les répondants qui font partie de la catégorie
socioprofessionnelle « artisan, chef d’entreprise ou commerçant » ont compris le plan
foncier habituel. Seulement 50% ont bien compris le plan avec le fond de plan de
photographie aérienne et l’autre moitié a compris de façon moyenne les plans avec la
photographie aérienne. Par ces termes nous entendons une compréhension qui n’est pas
totale. Dans cette catégorie de répondants, à la question « Quel plan préférez-vous ? » le
taux de réponses en faveur de chacun des deux types de plans était de 50%.

Figure 19 : Niveau de compréhension des plans (%) des chefs d’entreprise, commerçants ou artisans. Auteur : C.
Battistella

En ce qui concerne la catégorie socioprofessionnelle « agriculteur », le plan foncier


habituel est moyennement compris. Un tiers des répondants de cette catégorie comprend
52
bien ce plan, un autre tiers le comprend de façon moyenne et le dernier tiers ne le
comprend pas. Pour le plan avec la photographie aérienne, deux tiers des répondants de
cette même catégorie comprennent bien le plan et le reste le comprend moyennement. A
propos de la préférence de l’un des plans, ces répondants préfèrent à 66% le plan avec la
photographie aérienne.

Figure 20 : Niveau de compréhension des plans (%) des agriculteurs. Auteur : C. Battistella

Parmi les « cadres », un répondant sur deux comprend bien le plan foncier ou
même le plan avec la photographie aérienne et le reste comprend les plans de façon
moyenne. En termes de préférence, un répondant sur deux préfère le plan avec la
photographie et l’autre moitié ne constate pas de préférence.

Figure 21 : Niveau de compréhension des plans (%) des cadres. Auteur : C. Battistella

53
Pour les personnes qui ont participé à cette enquête qui font partie des catégories
« employé » et « profession intermédiaire » nous pouvons remarquer qu’il n’y a pas de
différence de compréhension entre les deux types de plans. La différence de réponse entre
ces deux types de catégories socioprofessionnelles est au niveau de la préférence des plans.
En effet, dans la catégorie « employé » le plan avec la photographie aérienne est préféré au
plan foncier habituel alors que dans la catégorie « profession intermédiaire » nous ne
pouvons pas remarquer d’avis tranché.

En général, le plan avec la photographie aérienne est préféré à 50% en moyenne et


il est compris de la même façon que le plan foncier habituel. Les agriculteurs ont tendance
à mieux se repérer sur le plan avec la photographie, leur connaissance du terrain leur
permet de reconnaître des éléments qui ne se trouvent pas sur le plan foncier habituel.

II.3.2.2 La connaissance des lieux : un facteur de compréhension

Nous avons pu voir que pour qu’il y ait compréhension, il faut que ce qui est
perçu soit reconnu125. C’est ainsi que pour qu’une personne comprenne, elle a besoin de
reconnaître ce qu’elle perçoit. Dans le cadre foncier et dans celui de la lecture d’un plan,
cette affirmation consiste à se repérer sur le plan afin de reconnaître les lieux. Pour cela, la
connaissance des lieux semble primordiale. Les personnes qui ont répondu sont
majoritairement des natifs de la région, environ 50%. Pour le reste, les répondants
connaissent la région depuis plusieurs années et seulement une personne ne la connaissait
pas, puisque cette dernière venait d’aménager.

Une auto évaluation de la capacité à se repérer sur un plan a été demandée à


chacun. L’analyse des résultats obtenus nous permet de dire que 50% des répondants
estiment qu’ils n’ont pas de difficultés à se repérer sur un plan.

En termes de compréhension des plans, nous pouvons remarquer que parmi les
natifs de la région, 83% d’entre eux comprennent bien le plan avec la photographie
aérienne et 17% le comprennent moyennement. Pour le plan foncier habituel, 66% des
répondants natifs de la région le comprennent bien, 17% le comprennent de façon moyenne
et les derniers 17% ne le comprennent pas.

125
Dortier, Jean-François. Op cit.
54
En revanche, 66% des natifs préfèrent le plan avec la photographie aérienne et le reste est
partagé entre le plan foncier habituel et aucune préférence.

Figure 22 : Niveau de compréhension des plans (%) des natifs. Auteur : C. Battistella

Les répondants qui vivent dans la région depuis plusieurs années ont tous compris
le plan foncier habituel. Par contre, le plan avec la photographie aérienne est bien compris
pour 50% de ces répondants et la deuxième moitié comprend moyennement ce type de
plan. Les deux plans sont préférés de façon égale de la part des répondants.

Figure 23 : Niveau de compréhension des plans (%) des personnes qui connaissent la région depuis plusieurs années.
Auteur : C. Battistella

55
A propos de la personne qui venait d’emménager dans la région, qui connaissait
donc les lieux que depuis très peu de temps, ses réponses permettent de dire qu’elle n’a
compris que moyennement chacun des plans. De plus, elle n’a pas pu faire de choix entre
les deux types de plans.

Le plan avec la photographie aérienne est celui qui est le mieux compris parmi les
personnes qui sont dans la région depuis leur naissance. Il est aussi le plus préféré des deux
types de plans. Les personnes qui connaissent la région depuis plusieurs années, seulement,
comprennent les différents plans mais leur repérage spatial n’est pas plus rapide sur un
type de plan spécifique. Les natifs ont une meilleure connaissance du terrain ce qui
explique leur capacité à se repérer plus facilement.

II.3.2.3 L’impact de l’utilisation régulière de plans dans la compréhension de plans


fonciers

L’utilisation de plans, qui n’a pas forcément une utilisation foncière, dans le
quotidien de la personne ou même un peu moins régulièrement lui permet d’avoir une
compréhension aisée et rapide des plans. Nous avons demandé aux répondants s’ils lisaient
régulièrement des plans, par la suite nous avons pu classer les répondants en deux
catégories : ceux qui utilisent régulièrement des plans et ceux qui ne les utilisent pas.

Parmi ceux qui utilisent des plans nous avons pu remarquer que la totalité des
répondants comprenait aisément le plan avec la photographie aérienne. Le plan foncier
habituel est lui aussi bien compris, seulement une personne ne le comprenait pas. En
termes de préférence, le plan avec la photographie aérienne est choisi à 63%.

Figure 24 : Proportion de répondants qui préfèrent le plan avec la photographie aérienne parmi les personnes utilisent des
plans régulièrement. Auteur : C. Battistella

56
Parmi les répondants qui n’utilisent pas fréquemment des plans, nous avons pu
constater que la compréhension des deux types de plans était moins bonne que celle des
répondants qui utilisent plus fréquemment des plans. En effet, seulement deux tiers des
répondants comprennent bien le plan avec la photographie aérienne et cette même
proportion comprend moyennement le plan foncier habituel. Dans cette catégorie, la
plupart des répondants n’a pas de préférence majeure entre les deux types de plans.

Figure 25 : Niveau de compréhension des plans (%) des personnes n'utilisant pas régulièrement des plans. Auteur : C.
Battistella

La compréhension d’un plan foncier pour les personnes qui ont l’habitude de
travailler avec des plans est plus rapide et plus facile que celle des personnes qui n’ont pas
l’habitude de travailler avec des plans. Cependant, nous avons pu remarquer que la
compréhension du plan avec la photographie aérienne était légèrement plus facile pour les
personnes qui n’ont pas l’habitude d’utiliser des plans. Ce type de plan est celui que les
personnes préfèrent lire.

Notre étude nous permet de constater que le plan foncier habituel apporte certaines
incompréhensions chez les propriétaires. Cependant, le plan comportant une photographie
aérienne comme fond de plan est mieux compris par les personnes qui ont une bonne
connaissance des lieux. Les agriculteurs, les personnes qui vivent dans la région depuis
leur naissance et les personnes habituées à travailler avec des plans sont ceux qui
comprennent le mieux ce type de plan. De plus, nous avons pu remarquer qu’il était
57
majoritairement choisi lors de sa comparaison avec le plan habituel. Cette préférence est
facilement remarquable dans les catégories de personnes qui le comprennent aisément. Du
côté des personnes chez qui nous n’avons pas remarqué de différences de compréhension
entre les deux types de plans, il n’y a pas non plus de différence de préférence entre les
deux. En effet, les personnes répondaient principalement qu’elles n’avaient pas de
préférence.

58
Conclusion

La procédure de bornage se conclut par la signature des parties sur le procès-


verbal de bornage et sur le plan de bornage. La limite définie pendant cette procédure est le
résultat de l’accord des propriétaires concernés par la limite. Cet accord est donc exprimé
par les signatures de chacun. Cependant, les professionnels ont remarqué que certains
propriétaires ne comprennent pas les plans de bornage, cela représente une problématique
pour eux qui doivent s’assurer de la compréhension de chaque propriétaire. Ils ont
également remarqué que la confiance que leur accordent les propriétaires suffisait pour
qu’ils signent les documents fonciers.

Les recherches bibliographiques nous ont permis d’envisager l’image comme un


produit foncier. C’est un élément « naturellement » compréhensible. Les techniques pour
réaliser une image du territoire sont la télédétection et la photogrammétrie. Nous avons
donc envisagé d’utiliser la photogrammétrie, technique de mesure à partir de
photographies, pour analyser la compréhension d’une image dans le cadre foncier. Pour
cela, nous nous sommes concentrés sur la réalisation d’un plan de bornage avec une
orthophotographie comme fond de plan. Le résultat de l’assemblage des photographies,
l’orthophotographie, est réalisé à partir des données obtenues par un drone, dans ce cas
précis.

Afin de savoir si l’image apporte une réelle amélioration à la compréhension des


propriétaires, nous avons réalisé deux enquêtes. La première s’adressait aux professionnels
pour analyser la réception de ce projet. La deuxième s’adressait aux propriétaires
concernés par les bornages, qui ont fait l’objet de cette étude, pour analyser les différences
de compréhension des plans fonciers habituels et des plans fonciers avec une
orthophotographie.

Nos analyses nous permettent d’affirmer que le plan foncier habituel est parfois la
source d’incompréhensions. En effet, trois quarts des professionnels qui ont répondu à
notre enquête ont déjà remarqué ce type d’incompréhensions. Parmi les professionnels qui
ont déjà réalisé un plan foncier avec une orthophotographie, les trois quarts ont remarqué
une amélioration de la compréhension des propriétaires. A cela nous pouvons ajouter le fait
que les personnes qui ont une bonne connaissance des lieux ont une meilleure
compréhension des plans avec l’orthophotographie par rapport au plan foncier habituel. La

59
photographie permet aux personnes de reconnaître des éléments sur le terrain qu’ils ont en
mémoire et qui ne sont pas représenté sur le plan foncier habituel. De plus, les formes
géométriques représentées sur ce dernier ne sont pas forcément dans la mémoire de chaque
individu et peuvent donc compliquer la compréhension du plan. Notre étude permet de
constater que la lecture du plan contenant l’orthophotographie est choisie majoritairement
par rapport à la lecture du plan foncier habituel. L’image permet donc d’améliorer la
compréhension d’un plan seulement le lecteur doit avoir une bonne connaissance du
terrain. Dans le cas où il n’a pas une bonne connaissance du terrain, l’ajout d’une image
n’améliore pas la compréhension du plan.

Dans la mesure où l’image n’améliore la compréhension du plan de bornage, le


professionnel peut expliquer en détail la procédure et définir des éléments présents sur le
plan. En effet, L. Karsenty126 étudie l’impact d’explications sur la compréhension, il
soulève le fait qu’une explication permet à l’individu de créer des inférences. Cette
opération de l’esprit produit du lien entre les connaissances acquises préalablement et la
nouvelle information. En somme, les explications seraient un complément pour favoriser la
compréhension.

126
Karsenty, L. 1996. Op cit.
60
Bibliographie

Ouvrages imprimés

Arnheim, R. 1971. Visual thinking. Berkeley : University of California Press.


Berlo, D.K. 1960. The process of communication : An introduction of theory and practice.
New York : Holt, Rinehart and Winston.
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Le pixel et la balance. LexisNexis.
Dawson, M. 1964. The role of context in learning pictorial materials. School of Education,
Indiana University
Dortier, Jean-François. 1999. Le cerveau et la pensée. La révolution des sciences
cognitives. Éditions Sciences Humaines.
Fenneteau, H. 2015. L’enquête : entretien et questionnaire. Dunod. Paris : Dunod, 2015, 3e
édition
Fonseca, L. & Kearl, P. 1960. Comprehension of pictorial symbols : An experiment in
rural Brazil. Bulletin 30. Department of Agricultural Journalism, University of Wisconsin.
Herbin, R. et Pébereau, A. 1953. Le cadastre français. Les éditions France Lefebvre.
Higgins, N.C. 1972. Mode of pictorial rendition and associated response tendencies.
American Educational Research Association. Chicago
Knowlton, J.Q. 1964. A socio-and psycho-linguistic theory of pictorial communication.
Bloomington : Indian University

Jurisprudences

Cass. 1er civ., 6 mars 1979, n°76-15.367 : Bull. civ. 1979, n°82 ; RTD com. 1979, p.462,
obs, A. Françon.

Travaux universitaires

Rakotoarimahefa, Z. A. 2009. La limite d’utilisation de l’Orthophoto dans les travaux


fonciers urbains. Université d’Antananarivo Ecole Supérieure Polytechnique Département
Information Géographique et Foncière

61
Articles de périodiques imprimés

Fleury, M. 1979. En parlant d’image. Revue des sciences de l’éducation. Volume 5, N°2,
p. 179-197.
Karsenty, L. 1996. Une définition psychologique de l’explication. Intellica. Revue de
l’Association pour la recherche Cognitive, n°23, p. 327-345

Articles de périodiques électroniques

Peraya, D. Entendre, voir, comprendre. Des mécanismes perceptifs aux mécanismes


cognitifs. [en ligne] Disponible sur : <https://tecfa.unige.ch/tecfa/teaching/staf13/mod-
1/perception/st13-1-1-96.html> (consulté le 20/05/2022)

Sites web

Centre Canadien de Télédétection. [en ligne] Disponible sur : <https://www.rncan.gc.ca/>


(consulté le 30/06/2022)

Centre National des Recherches Météorologiques. [en ligne] Disponible sur :


<https://www.umr-cnrm.fr/> (consulté le 12/08/2022)

Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales. [en ligne] Disponible sur :


<https://www.cnrtl.fr/definition/inf%C3%A9rence> (consulté le 30/03/2022)

Larousse. [en ligne] Disponible sur :


<https://www.larousse.fr/encyclopedie/medical/cognitif> (consulté le 22/06/2022)

L’encyclopédie Française. [en ligne] Disponible sur :


<https://www.encyclopedie.fr/definition/Autocollimation> (consulté le 04/07/2022)

Universalis. [en ligne] Disponible sur :


<https://www.universalis.fr/dictionnaire/gestaltisme/> (consulté le 29/06/2022)

62
Communication dans un congrès

El Meouche, R., Hijazib, I., ponceta, P.A., Abunemeha, M. et Rezouga, M. 2016. UAV
Photogrammetry implementation to enhance lan surveying, comparisons and possibilities.
11th 3D Geoinfo Conference, Athènes, Grèce, 20-21 octobre 2016. The international
Archives of the Photogrammetry, Remote sensing and Spatial Information Sciences,
Volume XLII-2/W2.

63
Table des annexes
Annexe 1 Première phase empirique : le questionnaire ................................................................... 65
Annexe 2 Guide de l’entretien ......................................................................................................... 70
Annexe 3 Plans présentés aux propriétaires ..................................................................................... 71

64
Annexe 1
Première phase empirique : le questionnaire

65
66
67
68
69
Annexe 2
Guide de l’entretien

Les questions décalées de tabulations seront posées seulement si le répondant n’y a pas répondu
avec la question précédente.

Quel est votre parcours scolaire/niveau d’études ?


Dans quelle catégorie socioprofessionnelle travaillez-vous ?
Avez-vous toujours vécu dans cette région ?
Présence d’incompréhensions : relation avec le monde des géomètres, expérience que la personne a :

Travaillez-vous régulièrement avec des plans ?


Avez-vous déjà fait appel à un géomètre-expert avant aujourd’hui ?
Pour quelle opération ?
Comment cela s’était-il passé pour vous ?
Vous diriez donc que cela s’est bien/mal passé pour vous ?
Repérage des lieux :

Lors de la lecture d’un plan, en premier lieu, et très généralement, il y a des


difficultés pour se repérer. Comment cela se passe-t-il pour vous ?
Avant aujourd’hui, aviez-vous reconnu les lieux dès que vous avez lu le plan ?
Observations des plans avec et sans orthophotographie

Quel plan préférez-vous ?


Pouvez-vous me dire pourquoi ?
Quel plan est le plus compréhensible selon vous ?
Pouvez-vous me dire pourquoi ?
Sur quel plan vous repérez-vous le plus facilement ?
Symbolique du plan foncier :

Pouvez-vous me dire pourquoi ?


La présence de végétation vous aide-t-elle à vous repérer ?
La présence de cours d’eau vous aide-t-elle à vous repérer ?
Les détails de la voirie vous aident-t-il à vous repérer ?
La présence des chemins vous aident-ils à vous repérer ?
La limite vous paraît-elle claire ?

70
Annexe 3
Plans présentés aux propriétaires
PR
O
JE
T
Liste des figures
Figure 1: Photographie d'un drone. Source : https://www.dji.com/fr/ ................................................ 9
Figure 2 : Première photographie aérienne réalisée par Nadar, survol de Paris. Source :
Bibliothèque Nationale de France........................................................................................... 10
Figure 3: Le rôle de l’activité cognitive dans la signification d’un message. Auteur : C. Battistella.
................................................................................................................................................. 14
Figure 4 : Élaboration du sens d'un message. Auteur : C. Battistella. ............................................. 15
Figure 5 : Le rôle du contexte représentationnel. Auteur : C. Battistella. ........................................ 16
Figure 6 : Processus de Compréhension. Auteur : C. Battistella. .................................................... 18
Figure 7 : Scénarii de vol. Source : https://blog.geomesure.fr/ ....................................................... 36
Figure 8 : Création du questionnaire. Auteur : C. Battistella ........................................................... 40
Figure 9 : Éléments qui composent un plan foncier qui amènent le plus d’incompréhensions selon
les répondants. Auteur : C. Battistella. .................................................................................... 42
Figure 10 : Opinion des répondants à propos de l’amélioration de la compréhension des
propriétaires grâce aux photographies. Auteur : C. Battistella ................................................ 43
Figure 11 : Opinion des répondants sur les photographies même s’ils n’utilisent pas de
photographies. Auteur : C. Battistella ..................................................................................... 43
Figure 12 : Réponses à la question : pourquoi n’utilisez pas de photographies ? Auteur : C.
Battistella................................................................................................................................. 44
Figure 13 : Avis des répondants sur l’utilisation des orthophotographies. Auteur : C. Battistella .. 44
Figure 14 : Opinion des répondants sur les orthophotographies même s’ils ne les utilisent pas.
Auteur : C. Battistella .............................................................................................................. 45
Figure 15 : Réponses à la question : pourquoi n’utilisez pas les orthophotographies ? Auteur : C.
Battistella................................................................................................................................. 45
Figure 16 : Déroulement de la création de l’enquête auprès des propriétaires. Auteur : C. Battistella
................................................................................................................................................. 50
Figure 17 : Proportion des répondants selon leur catégorie socioprofessionnelle. Auteur : C.
Battistella................................................................................................................................. 51
Figure 18 : Niveau de diplôme des répondants. Auteur : C. Battistella ........................................... 52
Figure 19 : Niveau de compréhension des plans (%) des chefs d’entreprise, commerçants ou
artisans. Auteur : C. Battistella................................................................................................ 52
Figure 20 : Niveau de compréhension des plans (%) des agriculteurs. Auteur : C. Battistella........ 53
Figure 21 : Niveau de compréhension des plans (%) des cadres. Auteur : C. Battistella ................ 53
Figure 22 : Niveau de compréhension des plans (%) des natifs. Auteur : C. Battistella.................. 55
Figure 23 : Niveau de compréhension des plans (%) des personnes qui connaissent la région depuis
plusieurs années. Auteur : C. Battistella.................................................................................. 55
Figure 24 : Proportion de répondants qui préfèrent le plan avec la photographie aérienne parmi les
personnes utilisent des plans régulièrement. Auteur : C. Battistella ....................................... 56
Figure 25 : Niveau de compréhension des plans (%) des personnes n'utilisant pas régulièrement des
plans. Auteur : C. Battistella ................................................................................................... 57

72
Le plan de bornage : quelles différences de compréhension par les propriétaires, selon
les méthodes employées ?

Mémoire d'Ingénieur C.N.A.M., Le Mans 2022

_________________________________________________________________

RESUME

Les géomètres-experts et géomètres topographes remarquent, parfois, qu’un certain


nombre de propriétaires ne comprend pas les plans de bornage. Ceci est une réelle
problématique pour ces professionnels. En effet, l’accord des propriétaires sur la limite
dépend de leur compréhension des plans.

Des études nous ont permis d’envisager l’image comme un élément d’amélioration de la
compréhension des propriétaires. La photogrammétrie est une méthode qui permet
d’obtenir des images du territoire exploitables sur un plan foncier. Ainsi, nous avons utilisé
l’orthophotographie comme fond de plan foncier et nous avons étudié la compréhension de
ces plans pour la comparer à celle du plan foncier habituel.

Les personnes qui ont une bonne connaissance des lieux, grâce à leur métier et/ou grâce au
fait qu’elles y résident depuis toujours, ont une compréhension plus facile et plus rapide
avec le fond de plan photographique qu’avec le plan foncier habituel. Les personnes qui
ont l’habitude de travailler avec des plans voient, eux-aussi, leur compréhension améliorée
avec l’orthophotographie.

Mots clés : Plan de bornage, Propriétaire, Compréhension, Image, Orthophographie, Enquête.

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SUMMARY

Expert surveyors and surveyors sometimes notice that a number of owners do not
understand the boundary determination plans. This is a real problem for these
professionals. Indeed, the agreement of the owners on the limit depends on their
understanding of the plans.

Studies have allowed us to consider the image as an element of improvement of the


owners’s understanding. Photogrammetry is a method that makes it possible to obtain
images of the territory that can be used on a land plan. Thus, we used the orthophotography
as a background for the land plan and we studied the understanding of these plans to
compare it to that of the usual land plan.

People who have a good knowledge of the places, thanks to their profession and/or the fact
that they have always lived there, have an easier and faster understanding with the
photographic background than with the usual land plan. People who are used to working
with plans also see their understanding improved with orthophotography.

Key words : Boundary determination plan, Owner, Understanding, Image, orthophotography,


Investigation.

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