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MEMOIRE
par
Claire BATTISTELLA
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Soutenu le 09/09/2022
_________________
JURY
Je tiens à remercier toutes les personnes qui ont contribué au succès de mon stage et
qui m’ont aidée lors de la rédaction de ce mémoire.
Monsieur Clément ALAIZE qui m’a beaucoup appris sur les missions à réaliser
dans le monde de la topographie et qui a su répondre à mes innombrables questions.
Madame Margot RAPHALEN qui a toujours été là pour moi, son soutien
inconditionnel et ses encouragements ont toujours été d’une grande aide pour moi. J’ai une
grande admiration pour son discernement et sa perspicacité que ce soit au travail ou dans le
quotidien.
Mes parents pour leur soutien constant depuis le début de mes études.
Et à toutes les personnes qui ont apporté leur aide à la réalisation de ce mémoire et
qui j’espère se reconnaîtront.
2
Liste des abréviations
Px : Pixel
5
Table des annexes ................................................................................................................ 64
Annexe 1 Première phase empirique : le questionnaire ...................................................... 65
Annexe 2 Guide de l’entretien ............................................................................................. 70
Annexe 3 Plans présentés aux propriétaires ........................................................................ 71
Liste des figures ................................................................................................................... 72
6
Introduction
Le plan de bornage permet de situer les limites d’une propriété lors de la procédure
de bornage. Ce plan est nécessaire à la conclusion de ce dernier. En effet, les propriétaires
concernés par la procédure doivent le signer. Chacun d’entre eux doit être en accord avec
les limites définies pendant la procédure. Celle-ci consiste à fixer la limite d’un bien de
façon définitive et contradictoire. Cependant, les professionnels remarquent parfois qu’un
certain nombre de propriétaires ne comprend pas les plans à signer, ce qui constitue une
réelle problématique pour eux. En effet, l’accord des propriétaires dépend de leur
compréhension des plans. Ces professionnels remarquent, également, lors d’une procédure
de bornage, que la confiance accordée par les propriétaires (qui découle de cette
compréhension) suffit souvent pour qu’ils donnent leur accord sur la limite et qu’ils
signent.
L’accord des propriétaires est donc une étape primordiale de la procédure. Chaque
propriétaire montre son accord en signant le procès-verbal de bornage et le plan de bornage
associé. Par la suite, la limite définitive est concrétisée par l’implantation de repères
matériels tels que des bornes. Pour cela, le professionnel utilise habituellement une station
totale ou un tachéomètre. Ce type de matériel est équipé d’un laser pour obtenir des
distances et des angles simultanément.
En effet, pour qu’un plan de bornage soit compris de toutes les personnes
concernées, il doit permettre à chacun de se repérer dessus et donc reconnaître des
7
éléments clés du terrain. L. Karsenty1, chercheur à l’Université Paul Sabatier de Toulouse,
nous explique que la compréhension dépend entièrement des connaissances acquises
préalablement par la personne. Il évoque ainsi le « contexte représentationnel ». Les
propriétaires concernés par le plan de bornage doivent alors avoir une bonne connaissance
du terrain qui leur permettrait de se repérer sur le plan foncier. Traditionnellement, ce
dernier est généralement épuré dans l’objectif de cibler les éléments nécessaires au bornage
(végétation, bâti, voirie, clôture…). Cependant, la compréhension ne dépend pas
uniquement de ce contexte représentationnel. J.F. Dortier2, sociologue, décrit la
compréhension comme l’ensemble de l’activité cognitive de la personne. Cette activité est
un ensemble de fonctions qui forme le mécanisme de pensées de l’être humain. Parmi les
fonctions qui composent l’activité cognitive, l’une d’entre elle permet le repérage spatial et
la reconnaissance. Cette dernière est appelée la perception. Au moyen des récepteurs
sensoriels qui composent nos sens, comme la vue, l’ouïe, le toucher, le goût et l’odorat,
nous reconnaissons les éléments qui sont dans notre contexte représentationnel. En d’autres
termes, si nous avons déjà perçu quelque chose nous serons capables de le reconnaître plus
tard lorsque nous le reverrons. Dans le cas d’un plan foncier, si les propriétaires ont une
bonne connaissance du terrain alors ils pourront être capables de se repérer sur un plan ou
une photographie qui représente ce même terrain. Toutefois, D. Peraya3, enseignant-
chercheur en sciences de l'information et de la communication à l'Université de Genève,
rajoute que la compréhension dépend de l’activité de l’individu. C’est-à-dire, que les
compétences et la motivation de la personne se rajoutent au contexte représentationnel et
impactent ensemble le processus de compréhension. De plus, le plan à comprendre est un
élément important à prendre en considération. En effet, comme J.Q. Knowlton4 le suggère
et en considérant le plan comme une image à comprendre, différents types d’images
existent et chacun d’entre eux est assimilé de façon différente.
1
Karsenty, L. 1996. Une définition psychologique de l’explication. Intellica. Revue de l’Association pour la
recherche Cognitive, n°23, p. 327-345
2
Dortier, Jean-François. 1999. Le cerveau et la pensée. La révolution des sciences cognitives. Éditions
Sciences Humaines
3
Peraya, D. Entendre, voir, comprendre. Des mécanismes perceptifs aux mécanismes cognitifs.
https://tecfa.unige.ch/tecfa/teaching/staf13/mod-1/perception/st13-1-1-96.html [consulté le 20/05/2022]
4
Knowlton, J.Q. 1964. A socio-and psycho-linguistic theory of pictorial communication. Bloomington :
Indian University.
5
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Le pixel et la balance. LexisNexis.
8
faciliter la compréhension des propriétaires et in fine instaurer une confiance entre les
parties. Ce type d’image s’obtient grâce à un ensemble de techniques, relevant de la
télédétection, qui utilisent l’acquisition d’images pour obtenir des informations sur le
territoire sans contact direct avec lui.
Cet appareil est capable de s’élever et de circuler dans les airs sans passager ni pilote ; il
est aussi appelé aéronef. De plus, il peut être contrôlé à distance par un télépilote au sol ou
voler de façon autonome. Son utilisation était à l’origine militaire. Plus tard, le drone a été
développé dans le civil. En France, son utilisation est réglementée par le code de l’aviation
civile, par celui des transports et par différents décrets et arrêtés8.
6
Centre Canadien de Télédétection. https://www.rncan.gc.ca/ [consulté le 30/06/2022]
7
Centre National des Recherches Météorologiques. https://www.umr-cnrm.fr/ [consulté le 12/08/2022]
8
Article du code de l'aviation civile : D133-10. Articles du code des transports : L6111-1, L6214-1 à L6214-
3, L6232-12 et L6232-13. Arrêtés : du 3/12/2020, du 22/01/2020, du 12/10/2018, du 19/04/2019 et du
27/12/2019. Décrets : n°2019-1114 du 30/10/2019, n°2019-348 du 19/04/2019, n°2018-882 du 11/10/2018.
9
Dans un premier temps, E. Botrel et L. Polidori proposent d’utiliser l’image de
télédétection comme fond de plan au plan foncier9. Plus tard, ils proposent d’utiliser
l’image de télédétection comme support pour la procédure de bornage. Ainsi, le bornage
serait entièrement dématérialisé. Pour cela, ils considèrent l’image, qui représente le
territoire, comme une source d’informations naturellement compréhensible. Ainsi, l’image
permettrait d’avoir un œil nouveau sur le plan qui représente le bien immobilier, sujet du
bornage.
Figure 2 : Première photographie aérienne réalisée par Nadar, survol de Paris. Source : Bibliothèque Nationale de France
Aujourd’hui, presque deux cents ans plus tard, de nombreuses possibilités existent
pour effectuer une photographie aérienne11. En effet, des avions équipés de caméras
embarquées peuvent survoler les territoires pour fournir les photographies aériennes, ainsi
que le drone.
9
Le plan foncier peut être un plan de bornage ou de division par exemple.
10
Laussedat, A. (1819-1907), officier du génie et professeur au Conservatoire National des Arts et Métiers.
11
Il est possible de réaliser une photographie aérienne grâce à un hélicoptère, un ULM, un avion, une
montgolfière, un drone…
10
La photogrammétrie se base sur la prise de plusieurs clichés photographiques. Le
processus photogrammétrique débute par la prise des clichés puis par un assemblage des
clichés et un redressement de ceux-ci. Le résultat permet d’obtenir une orthophotographie
superposable à une carte. L’utilisation de photographies rejoindrait les propositions émises
par E. Botrel et L. Polidori12 qui envisagent l’image comme un facteur d’amélioration de la
compréhension des propriétaires. E. Botrel et L. Polidori13 expliquent que cette technique
permet d’effectuer “des mesures dans les photographies plutôt que sur le terrain” et ainsi
elle “modernise le métier de topographe”.
Pour répondre à cette problématique, plusieurs méthodes ont été mises en place.
Après avoir mobilisé une littérature académique variée, relevant en particulier de la
psychologie et de la sociologie pour mieux identifier les facteurs clés de la compréhension
chez l’individu, une enquête de type questionnaire a été réalisée auprès de professionnels
tels que des géomètres-experts et des géomètres topographes. Elle a eu pour objectif
d’obtenir l’avis de ces professionnels à propos de l’utilisation de l’image dans le plan
foncier et de l’apport qu’elle pourrait avoir sur la compréhension des propriétaires. Par la
suite, une série de bornages a été réalisée en utilisant le drone et ses photographies pour
créer le fond de plan foncier. Dans le cadre de ces opérations de bornage, des entretiens
semi-directifs, ont été réalisés auprès des propriétaires concernés. Ces entretiens avaient,
en particulier, pour objectif d’analyser la compréhension du plan foncier par les
12
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Op cit.
13
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Ibid.
14
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Ibid.
15
Fleury, M. 1979. En parlant d’image. Revue des sciences de l’éducation. Volume 5, N°2, p. 179-197.
16
Fonseca, L. & Kearl, P. 1960. “Comprehension of pictorial symbols : An experiment in rural Brazil”.
Bulletin 30. Department of Agricultural Journalism, University of Wisconsin.
17
Fleury, M. 1979. Op cit. p.192
11
particuliers, non-spécialistes du domaine et de comparer leur compréhension du fond de
plan avec image par rapport à celle du plan habituel.
Dans une première partie, nous verrons que la compréhension de l’image ne relève
pas uniquement de problématiques techniques mais dépend de nombreux autres facteurs
individuels et psychologiques, qui doivent être pris en compte. Dans un second temps,
nous verrons comment réaliser une image dans le but de l’utiliser comme fond de plan
foncier lors d’un bornage et quelles sont les contraintes associées à cette méthode. Enfin,
nous analyserons les résultats de chacune des deux enquêtes et nous conclurons sur ceux-
ci.
12
I Comprendre l’image, une problématique technique et
psychologique
18
Dortier, Jean-François. 1999. Op cit.
19
https://www.larousse.fr/encyclopedie/medical/cognitif [consulté le 22/06/2022]
13
Figure 3: Le rôle de l’activité cognitive dans la signification d’un message. Auteur : C. Battistella.
20
Peraya, D. Entendre, voir, comprendre. Des mécanismes perceptifs aux mécanismes cognitifs.
https://tecfa.unige.ch/tecfa/teaching/staf13/mod-1/perception/st13-1-1-96.html [consulté le 20/05/2022]
21
Peraya, D. Ibid.
14
Figure 4 : Élaboration du sens d'un message. Auteur : C. Battistella.
22
Karsenty, L. 1996. Op cit.
23
Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales. https://www.cnrtl.fr/definition/inf%C3%A9rence
[consulté le 30/03/2022]
15
I.1.1.2 Le contexte représentationnel : un fondamental pour comprendre
L'objectif, ici, est donc de créer des inférences. L. Karsenty24 explique que pour
cela il faut qu’un contexte représentationnel soit présent. Il décrit ce contexte comme “une
structure de connaissances ou d’informations”25 déjà acquises. Lorsque le phénomène de
compréhension se produit, les représentations mentales qui composent le contexte
représentationnel sont alors mises en jeu par le sujet pour produire ou interpréter un
message donné26.
Pour illustrer les propos précédents, aidons-nous d’un jeune collégien, Jules, qui lit
un énoncé de mathématiques. Il va lire une première fois l’énoncé, il va pouvoir remarquer
que le sujet porte sur un triangle et qu’il faut le résoudre. La première étape de la
compréhension est effectuée. Jules a compris de façon superficielle l’énoncé. Ensuite, il va
le lire une deuxième fois, et là, il va remarquer que le triangle comporte un angle droit. Il
va donc pouvoir déduire que c’est un triangle rectangle. Ainsi, en relisant une deuxième
fois l’énoncé, il réalise la deuxième étape de la compréhension. De plus, il crée des
inférences avec ce qu’il sait déjà, son contexte représentationnel.
24
Karsenty, L. 1996. Op cit.
25
Karsenty, L. 1996. Ibid.
26
Karsenty, L. 1996. Ibid.
16
La génération d’inférences, que l’on peut assimiler au degré de compréhension du sujet,
est, selon L. Karsenty27, dépendante de la finalité de son activité. En effet, nous pouvons
traduire cette finalité de deux manières : d’une part la finalité de la compréhension à “visée
épistémique”, d’autre part, la finalité de la compréhension à “visée pragmatique”.
27
Karsenty, L. 1996. Ibid.
28
Karsenty, L. 1996. Ibid.
17
Figure 6 : Processus de Compréhension. Auteur : C. Battistella.
29
Peraya, D. Op cit.
30
Bruner, J.S. était un professeur à l’université de Harvard, fondateur du Centre d’Etudes Cognitives et l’un
des principaux leaders de la révolution cognitive.
31
La révolution cognitive est un mouvement des années 1950 qui donna naissance aux sciences cognitives.
Ces dernières consistent à décrire l’appareil à penser humain.
18
l’activité de notre appareil à penser. Les idées exprimées par ces deux chercheurs - J.S.
Bruner et D. Peraya - permettent de relier la perception à nos expériences antérieures et
aux évènements qui la suscitent.
Par ailleurs, D. Peraya souligne en quoi l’image est bénéfique dans le processus de
compréhension. “Parce qu’elle ressemble à l’objet qu’elle représente, l’image, est réputée
compréhensible “naturellement” par tout le monde ; elle serait en conséquence le
facilitateur de compréhension et de mémorisation par excellence”32. Sans compter que
l’image est utilisée, si l’on se rapporte à ses idées, pour “son pouvoir de conviction et de
désignation” mais encore pour “sa capacité supposée à faciliter les apprentissages”33.
32
Peraya, D. Op cit.
33
Peraya, D. Ibid.
34
Knowlton, J.Q. 1964. Op cit.
35
Fleury, M. 1979. Op cit.
36
Fleury, M. 1979. Op cit. p.180
37
Fleury, M. 1979. Ibid.
19
I.1.2.3 L’interaction de l’activité cognitive pour comprendre une image
38
Berlo, D.K. 1960. The process of communication : An introduction of theory and practice. New York :
Holt, Rinehart and Winston.
39
Peraya, D. Op cit
40
Fleury, M. 1979. Op cit.
41
Arnheim, R. 1971. Visual thinking. Berkeley : University of California Press.
42
Fleury, M. 1979. Op cit.
43
Fleury, M. 1979. Op cit. p.184
44
Fleury, M. 1979. Ibid.
45
Fleury, M. 1979. Op cit. p.185
20
mentales et les sentiments”46. Ces propositions proviennent de psychologues, théoriciens
ou encore philosophes partisans du gestaltisme47.
46
Fleury, M. 1979. Ibid.
47
Le gestaltisme ou théorie de la forme est une théorie selon laquelle la perception saisit d’abord les
ensembles indissociables structurés. https://www.universalis.fr/dictionnaire/gestaltisme/ [consulté le
29/06/2022]
48
Fleury, M. 1979. Op cit.
49
Fonseca, L. & Kearl, P. 1960. “Comprehension of pictorial symbols : An experiment in rural Brazil”.
Bulletin 30. Department of Agricultural Journalism, University of Wisconsin.
50
Fleury, M. 1979. Op cit. p.192
51
Fleury, M. 1979. Op cit.
52
Black, H.B. 1959 ; Elkind, D. Koegler, R. & Co. 1964 ; Fonseca, L. & Kearl, P. 1960 ; Cherry, C. 1957.
53
Fleury, M. 1979. Op cit. p.186
21
montrent que l’âge est un “facteur critique pouvant influencer les habiletés de
reconnaissance visuelle”54.
M. Fleury59 affirme que la signification est un facteur important qui influence les
vitesses de perception et d’apprentissage mais aussi le temps de mémorisation. C’est-à-dire
que plus le message (transmis par un texte, des mots prononcés ou une image) est
significatif plus il sera retenu rapidement et restera mémorisé plus longuement. Un
message significatif est un message pourvu de sens. A contrario, un message non
significatif sera plus difficile à mémoriser.
54
Fleury, M. 1979. Op cit. p.187
55
Peraya, D. Op cit.
56
Peraya, D. Ibid.
57
Peraya, D. Ibid.
58
Peraya, D. Ibid.
59
Fleury, M. 1979. Op cit
60
Higgins, N.C.1972. Mode of pictorial rendition and associated response tendencies. American Educational
Research Association. Chicago
61
Dawson, M. 1964. The role of context in learning pictorial materials. School of Education, Indiana
University.
62
Fleury, M. 1979. Op cit
22
court. Des graphiques composés d’éléments dits significatifs ont été plus facilement
reconnus contrairement à d’autres graphiques composés d’éléments dits non significatifs.
En somme, un message transmis de façon visuelle et composé d’éléments significatifs va
permettre une reconnaissance bien plus aisée qu’un message composé d’éléments non
significatifs.
J.Q. Knowlton63 indique qu’il existe deux types d’attributs dans une illustration. Le
premier type d’attributs s’appelle attributs-critères, ce sont les caractéristiques des
éléments essentiels pour la reconnaissance de ces derniers. Le second type d’attributs est
appelé attributs-secondaires, ces derniers sont considérés comme complémentaires et non
essentiels pour la reconnaissance des éléments. C’est le cas de certaines photographies où
des éléments “peuvent être considérés comme superflus pour la compréhension du
message véhiculé”64.
Il est possible de constater qu’une dualité s’impose entre un plan ou une carte,
composé de symboles et de formes, et une photographie, représentant les éléments naturels
tels qu’on les perçoit. Z.A. Rakotoarimahefa65 propose, lui, une comparaison entre
l’orthophotographie et le plan. Il indique que l'orthophotographie apporte des
“informations précieuses comme : la présence de l’eau, la couverture végétale, les
éléments constitutifs du paysage”66. De plus, ces informations aident “puissamment à la
compréhension”67 de la situation foncière en question. L’objectif de Z.A. Rakotoarimahefa
63
Knowlton, J.Q. 1964. Op cit.
64
Fleury, M. 1979. Op cit. p.190
65
Rakotoarimahefa, Z. A. 2009. La limite d’utilisation de l’Orthophoto dans les travaux fonciers urbains.
Université d’Antananarivo Ecole Supérieure Polytechnique Département Information Géographique et
Foncière
66
Rakotoarimahefa, Z. A. 2009. Ibid.
67
Rakotoarimahefa, Z. A. 2009. Ibid.
23
était de déduire une échelle limite de l’orthophotographie pour son utilisation, qui serait de
l’ordre de 1/1000ème dans le cadre d’une orthophotographie obtenue par avion, selon ses
recherches. Avec une échelle de 1/500ème, l’orthophotographie ne serait plus exploitable
en raison d’une mauvaise précision. Le résultat obtenu grâce à cette étude permet d’obtenir
une limite quant à la perception et à l’intuition dans l’image. En effet, si l'image est de
mauvaise qualité alors, les éléments présents sur l’image ne seront pas clairement lisibles.
Il est important de souligner néanmoins noter que ces résultats ont été obtenus il y a 13 ans,
les technologies ont évolué depuis. Aujourd’hui, les outils utilisés auraient une meilleure
précision.
68
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Op cit.
69
Une ortho image est le résultat d’une image orthorectififiée.
24
I.2 L’aspect technique de l’image : sa réalisation et son utilisation
Pour cette deuxième partie de notre étude, nous nous sommes intéressés à deux
méthodes qui permettent d’utiliser l’image dans le cadre d’un bornage. La première est la
télédétection et la seconde est la photogrammétrie. E. Botrel et L. Polidori70 proposent
d’utiliser les images obtenues avec ces techniques pour dématérialiser la procédure de
bornage.
La télédétection provient du mot grec “télé” qui signifie “au loin” et du mot latin
“detego” qui signifie “découvrir”, soit « découvrir à distance ». En effet, selon la
Commission interministérielle de terminologie de la télédétection aérospatiale de 1988, ce
terme représente “l’ensemble des connaissances et techniques utilisées pour déterminer
des caractéristiques physiques et biologiques d’objets par des mesures effectuées à
distance, sans contact matériel avec ceux-ci”. Cependant, cette définition englobe un
champ de techniques très large. En ce qui concerne ce mémoire, l’étude se porte sur celle
de la surface de la Terre. Finalement, la télédétection représente “l’ensemble des
techniques qui permettent, par l’acquisition d’images, d’obtenir de l’information sur la
surface de la Terre, sans contact direct avec celle-ci. La télédétection englobe tout le
processus qui consiste à capter et enregistrer l’énergie d’un rayonnement
électromagnétique émis ou réfléchi, à traiter et analyser l’information qu’il représente,
pour ensuite mettre en application cette information”71.
70
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Op cit.
71
Site du Centre Canadien de Télédétection. https://www.rncan.gc.ca/ [consulté le 30/06/2022]
25
Quant à l’image de télédétection, elle est composée de matrice de pixels et chaque
pixel est associé à une valeur de luminance. Ces valeurs vont attribuer un niveau de gris au
pixel. Pour obtenir une image colorée il faut combiner les niveaux de gris des trois bandes
spectrales (qui correspondent au rouge, au vert et au bleu). Cela correspond à la synthèse
additive et permet de constituer la qualité radiométrique de l’image. L’image obtenue est
caractérisée, d’une part, grâce à la résolution spatiale, qui est le pouvoir séparateur d’objets
rapprochés et la capacité à les compter. Par la résolution radiométrique, qui est le pouvoir
séparateur entre différents niveaux de luminance, et par la fonction de transfert de
modulation qui mesure le “flou” dans celle-ci. D'autre part, l’image détient des
caractéristiques géométriques. La précision de la localisation, en fait partie, elle dépend des
défauts de superposition mais aussi des déformations géométriques.
72
L’autocollimation est une méthode de détermination de la position du foyer d’un système optique. Le PPA
est le point où se situe le foyer dans le système optique en question.
https://www.encyclopedie.fr/definition/Autocollimation [consulté le 04/07/2022]
73
La distorsion optique est due à la déviation que subit la trajectoire du rayon à cause du défaut des lentilles.
26
six et sont composés d’un facteur d’échelle et d’éléments de rotation. Il est nécessaire de
connaître ces paramètres pour réaliser une orthoimage, celle-ci est un mosaïquage des
photographies réalisées pendant le vol. L’orthoimage permet de pallier les défauts que
l’image peut comporter. Par exemple les dévers et occlusions, ils sont des effets visibles
sur l’image qui proviennent d’un effet de déplacement. Le dévers laisse percevoir les
façades des bâtiments, pour ceux qui se trouvent au bord de l’image et l’occlusion est le
fait que les façades visibles cachent une partie du terrain. Afin d’obtenir une orthoimage
précise il faut que les photographies aient du recouvrement entre elles. En
photogrammétrie classique, lorsque les axes de visées des caméras sont parallèles, le
recouvrement nécessaire est entre 60 et 80%.
Dans le cas où les photographies sont prises depuis un drone il est possible de
travailler avec une méthode de photogrammétrie classique (axes de visée parallèles) ou de
photogrammétrie rapprochée (axes de visée parallèles et convergents). L’avantage du
drone dans la photogrammétrie c’est qu’il fournit des données géoréférencées, l’acquisition
des ces données est rapide et il permet d’obtenir des prises de vue complexes. De plus c’est
un outil relativement accessible financièrement.
La photogrammétrie représente une solution idéale dans la mesure où elle fournit des
photographies représentant, d’une façon réaliste, le territoire. Le résultat est donc plus
compréhensible qu’un plan ou une carte.
27
I.2.2 L’exploitation de la télédétection et de la photogrammétrie pour le foncier
74
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Op cit.
75
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Op cit.
76
Herbin, R. et Pébereau, A. 1953. Le cadastre français. Les éditions France Lefebvre.
28
I.2.2.2 L’image au service du foncier : une solution adéquate pour assurer une bonne
compréhension
C’est ainsi que le premier scénario propose d’effectuer les mesures et de placer les
bornes sur le terrain. Cela ne diffèrerait pas des méthodes employées aujourd’hui. Ensuite,
il s’agirait de représenter les bornes sur l’orhtoimage réalisée à partir des données d’un
drone. La représentation des bornes sera géoréférencée et l’orthoimage, grâce à une bonne
77
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Op cit.
78
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Ibid.
79
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Ibid.
80
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Ibid.
81
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Ibid.
82
Ces hypothèses s’appuient sur les travaux de F. Billion, A. Carnejac, S. Mauviel et K. Salaün, étudiants de
l’Ecole Supérieure des Géomètres et Topographes (ESGT)
29
géométrie, permettra de pouvoir repositionner les bornes aisément. Les auteurs qualifient
ce scénario de « moyen convivial de représenter l’information sur un fond contextuel »83.
En définitive, ce scénario ne modifie pas la procédure actuelle et rajoute seulement la
représentation des bornes sur une orthoimage du terrain.
Le deuxième scénario propose de ne pas positionner les bornes sur le terrain mais de
conserver la réunion contradictoire qui s’effectue sur les lieux. Les mesures seraient
effectuées de la même manière qu’aujourd’hui. Seulement les bornes seraient virtuelles et
elles seraient représentées avec leur coordonnées sur l’orthoimage. E. Botrel et L. Polidori
relèvent le fait que ce scénario n’a pas « de rupture conceptuelle avec le scénario 1 »84 car
un géomètre peut, tout de même, « implanter physiquement la borne si nécessaire »85. Ce
scénario peut être envisagé dans le cadre d’un bornage lorsque les limites foncières sont
apparentes. Par contre, dans le cas où la limite n’est pas apparente « le principe de la borne
virtuelle peut être plus difficile à accepter même s’il reste viable en théorie »86.
Le troisième scénario est spécifique à certains cas de bornage. En effet, il est envisagé
pour les terrains dont les limites sont « courbes ou très irrégulières, que la structure
polygonale constituée de lignes brisées est impuissante à modéliser avec un nombre
raisonnable de points »87. La plupart du temps dans ces cas-là, la limite s’appuie sur les
éléments naturels tels que des cours d’eau ou des haies. Ces éléments étant visibles sur les
orthoimages, il est possible d’envisager le fait de tracer la limite sur l’image directement
grâce à ces éléments. Dès lors, la réalisation de la réunion contradictoire peut se faire
devant un écran sans nécessité d’être présents sur le terrain. Les bornes sont alors
exclusivement virtuelles. Cependant, le géomètre fait une visite et la mesure des lieux afin
de « mieux les comprendre et les analyser »88. Ce scénario permet de libérer le géomètre
de « la modélisation simpliste imposée par la pose des bornes reliant des points par des
segments »89. En effet, cette « approche géométrique traditionnelle »90, qui consiste à relier
deux points par des tracés droits, serait dépassée grâce à ce scénario.
83
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Op cit. p.97
84
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Op cit. p.98
85
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Ibid.
86
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Ibid.
87
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Ibid.
88
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Ibid.
89
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Ibid.
90
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Ibid.
30
Le dernier scénario correspond à celui où la dématérialisation du bornage est au plus
fort, c’est-à-dire qu’il envisage de rendre « inutile toute mesure sur le terrain, la limite
ayant été discutée puis tracée entièrement et exclusivement sur l’écran en présence des
parties »91. Les mesures étant inutiles la visite du terrain ne servirait qu’à mieux se repérer
sur les orthoimages. E. Botrel et L. Polidori relèvent le fait que ce scénario « n’est sans
doute pas applicable dans tous les contextes ; néanmoins, il présente une utilité certaine
pour les zones difficiles d’accès ou en présence de personnes à mobilité réduite »92. De
plus, dans des circonstances de crises sanitaires ce scénario peut montrer un réel intérêt.
Dans les deux derniers scénarii, l’image doit détenir une qualité radiométrique
remarquable, c’est-à-dire que l’image ne doit pas être floue ou même bruitée.
El Meouche et al.93 ont fait une comparaison entre l’utilisation de la station totale
et celle d’un UAV94. Cette comparaison permet d’obtenir des résultats sur l’utilisation de la
photogrammétrie dans le cadre technique. En effet, les caractéristiques selon lesquelles ces
méthodes sont évaluées sont : le temps passé sur le terrain, le prix de l’intervention, la
sécurité, la précision, le temps passé avant l’intervention et le temps de traitement des
données. Le problème le plus récurrent soulevé par cet article est la présence de végétation.
En effet, à cause d’une forte présence de végétation, le plan obtenu ne peut être complet.
En revanche, les précisions obtenues par l’UAV et par la station totale sont presque
similaires si bien qu’il est possible d’obtenir un plan livrable aux clients à partir des
données de l’UAV. Les auteurs décrivent la méthode utilisant l’UAV comme une
“technique prometteuse”. Tout en prenant en compte les conditions météorologiques et les
papiers administratifs en amont de l’intervention.
En somme, la photographie est utilisée par le cadastre à des fins foncières depuis
la fin du 19ème siècle. Cela a permis à E. Botrel et L. Polidori d’envisager une procédure de
bornage selon différents degrés de dématérialisation grâce à la photographie. De plus, en
termes de précision technique, les résultats obtenus grâce au drone s’apparentent aux
résultats obtenus par le matériel traditionnellement utilisé, comme une station totale.
Cependant, l’utilisation de la photogrammétrie pour améliorer la compréhension des
91
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Op cit. p.99
92
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Ibid.
93
El Meouche, R., Hijazib, I., ponceta, P.A., Abunemeha, M. et Rezouga, M. 2016. UAV Photogrammetry
implementation to enhance lan surveying, comparisons and possibilities. 11th 3D Geoinfo Conference,
Athènes, Grèce, 20-21 octobre 2016. The international Archives of the Photogrammetry, Remote sensing and
Spatial Information Sciences, Volume XLII-2/W2.
94
Unmanned Aerial Vehicle autrement dit un drone.
31
propriétaires est contrainte par la végétation et par d’autres éléments que nous allons par la
suite.
95
Peraya, D. Op cit.
96
Peraya, D. Op cit.
97
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Op cit. p.140
98
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Ibid.
99
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Op cit. p.142
32
la résolution spatiale. Nous avons vu précédemment qu’elle était le pouvoir séparateur
dans l’image ; ce critère permet donc d’évaluer « la finesse du détail »100. De plus, nous
avons vu que le niveau de flou pouvait être caractérisé par la fonction de transfert de
modulation. Le troisième critère concerne la qualité géométrique de l’image et sa
localisation. En effet, des mesures doivent pouvoir être effectuées dans l’image et
correspondre à celles effectuées sur le terrain. Le recalage géométrique entre l’image et le
terrain peut être calculé à partir d’un écart moyen quadratique entre plusieurs points.
L’EMQ détermine la dispersion des écarts autour de la moyenne et donc les déformations
de l’image. La qualité géométrique est associée au fait d’avoir des images qui datent d’une
période correspondante. En effet, il faut que la réalité du terrain corresponde avec ce que
l’image représente. E. Botrel et L. Polidori envisagent de pouvoir garantir la date des
images.
Par la suite, les auteurs proposent la création d’un cahier des charges avec pour
exemple l’arrêté du 16 septembre 2003101, qui fixe des précisions que les maîtres
d’ouvrages publics doivent respecter pour des travaux topographiques. Ainsi, « ces
indicateurs de qualité peuvent être comparé à un plafond à ne pas dépasser »102 et il serait
possible de confronter l’image au cahier des charges. Pour résumer, les critères, qui
constituent ce dernier, seraient : la qualité radiométrique, la résolution spatiale, la qualité
géométrique (reliée à la localisation) et la garantie d’une date conforme à l’utilisation de
l’image.
100
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Op cit. p.140
101
Arrêté du 16 septembre 2003 portant sur les classes de précision applicables aux catégories de travaux
topographiques réalisés par l’Etat, les collectivités, leurs établissements publics ou exécutés pour leur
compte.
102
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Op cit. p.143
33
I.2.3.3 Le droit à l’image, respect de la vie privée et droit d’auteur : les limites juridiques
de la photogrammétrie dans le foncier
Dans notre étude, nous envisageons d’utiliser un drone pour faire l’acquisition
d’images. Sans l’autorisation des propriétaires quant à leur droit à l’image et au respect de
leur vie privée, le professionnel pourrait porter atteinte à ces deux droits fondamentaux.
Cette méthode implique que les biens immobiliers soient pris en photographies.
L’utilisation de ces images ne doit pas engendrer un trouble anormal pour le propriétaire,
cependant il n’existe pas de droit à l’image des biens. Si des nuisances sont engendrées par
l’utilisation des images des biens, les propriétaires pourront percevoir des dommages et
intérêts.
Certains bâtiments sont protégés par le droit d’auteur. En effet, certains bâtiments
conçus par des architectes et considérés comme des œuvres originales sont protégées par le
code de la propriété intellectuelle qui prévoit le droit d’auteur. Celui-ci exige que pour
103
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Op cit.
104
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Op cit. p.140
105
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Ibid.
106
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Ibid.
34
protéger une œuvre il faut qu’elle soit « une œuvre de l’esprit »107 et qu’elle soit une
« œuvre originale »108. Il reviendra au professionnel de s’assurer que le bâtiment relevé
n’est pas sous la protection du droit d’auteur. E. Botrel et L. Polidori réfléchissent au fait
qu’un bâtiment protégé par le droit d’auteur puisse être photographié par le dessus. En
effet, les façades des bâtiments situés sur les bords de l’image sont visibles de façon
obliques. Ceci s’explique par le fait que l’angle de visée est le plus éloigné de la verticale
vers le bord de l’image. Dans le cadre d’une photographie aérienne d’un bâtiment protégé
par le droit d’auteur, il est possible que les façades et le toit soient protégées. Le
professionnel devra s’assurer d’obtenir les autorisations de l’architecte avant de
photographier ces bâtiments. Les auteurs envisagent, aussi, le fait qu’une photographie
aérienne puisse faire apparaître une façade protégée mais floue et que l’architecte, auteur
de cette façade, intente « une action en contrefaçon »109. Le professionnel sera dans
l’obligation de vérifier si chacun de ses droits est bien respecté avant de pouvoir faire voler
son drone et de prendre des clichés des biens immobiliers.
107
Article L. 111-1, Alinéa 1er du Code de la propriété intellectuelle.
108
Cass. 1er civ., 6 mars 1979, n°76-15.367 : Bull. civ. 1979, n°82 ; RTD com. 1979, p.462, obs, A. Françon.
109
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Op cit. p.190
110
https://alphatango.aviation-civile.gouv.fr/
111
Arrêté du 27 décembre 2019 définissant les caractéristiques techniques des dispositifs de signalement
électronique et lumineux des aéronefs circulant sans personne à bord.
112
https://www.geoportail.gouv.fr/
35
plus, le télépilote devra respecter les conditions de vol imposées par le scénario
correspondant au vol. Ces scénarii limitent les vols en hauteur et en distance horizontale en
fonction du poids du drone et du type de zone dans laquelle le vol est effectué.
36
II L’image dans le foncier : étude empirique sur la
Pour aller plus loin nous rendons compte dans cette seconde partie de la démarche
empirique que nous avons menée pour conforter ces premières réflexions. En particulier,
nous avons mobiliser l’ouvrage de E. Botrel et L. Polidori113, dans lequel ils proposent
plusieurs scénarii de dématérialisation du bornage, comme nous avons pu le voir
précédemment. Le premier scénario est celui où la dématérialisation du bornage est la
moins forte. En effet, dans celui-ci le bornage est envisagé sans changement majeur. La
différence s’effectue au niveau du plan de bornage. Celui-ci est réalisé à partir des mesures
effectuées sur le terrain et le fond de plan est une orthoimage. Cette dernière est le résultat
de l’orthorectification et du mosaïquage des photographies aériennes réalisées par le drone
lors d’un survol de la propriété.
Afin de valider cette méthode, des enquêtes ont été menées auprès de propriétaires
et aussi de professionnels. Les avis de ces derniers ont permis de réorienter la méthode sur
certains points.
113
Botrel, E. et Polidori, L. 2020. Op cit.
37
II.1.1 Création et diffusion de l’enquête
Ici, le questionnaire est le format le plus adapté pour l’enquête menée auprès des
professionnels. En effet, son objectif est d’estimer, grâce à des chiffres explicatifs, la
proportion d’actes fonciers incompris, puis de chercher à décrire les sources
d’incompréhension avec des chiffres explicatifs. Enfin, il s’agit de confirmer ou infirmer
les hypothèses émises sur les possibilités d’amélioration de la compréhension des
propriétaires.
114
Fenneteau, H. 2015. L’enquête : entretien et questionnaire. Dunod. Paris : Dunod, 2015, 3e édition
115
Fenneteau, H. 2015. Ibid.
38
En outre, la marge d’erreur du sondage permet d’indiquer dans quelle mesure les
résultats obtenus sont représentatifs de l’opinion de la population globale. En ce qui
concerne l’enquête auprès des géomètres-experts, il serait intéressant d’obtenir une marge
d’erreur de 10%.
Par la suite, nous pouvons calculer la taille de l’échantillon qu’il faudrait pour
obtenir des résultats significatifs. Pour cela nous devons prendre en compte le niveau de
confiance. Il représente la probabilité que les résultats obtenus par l’échantillon reflètent
fidèlement l’opinion de la population globale. Nous allons utiliser un niveau de confiance
de 95%. En plus du niveau de confiance, il faut prendre en compte l’écart-type. Afin de
bien mener l’enquête nous allons choiri un écart-type de 0.5.
Subséquemment, le projet des questions doit être mis en place. La réalisation d’un
pré-test permet de finaliser voire de modifier si nécessaire l’enquête. Puis vient enfin le
lancement du questionnaire.
39
Le réseau social, LinkedIn, a permis de diffuser le questionnaire, grâce aux
comptes de l’Atelier des Formations et de l’Atelier Foncier mais aussi grâce aux contacts
personnels.
Pour cette première phase empirique, l’enquête est menée auprès des professionnels
tels que des géomètres topographes ou encore des géomètres-experts. Elle nous permet de
40
nous pencher sur la réception du projet d’utiliser la photogrammétrie dans le foncier. Celle-
ci nous permet d’utiliser les photographies aériennes redressées pour les plans fonciers116.
Une première partie du questionnaire porte sur la personne qui répond. Cette partie
permet de connaître le contexte dans lequel travaille le répondant (région et une
approximation du nombre d’actes fonciers réalisés par le cabinet et par lui-même). Dans
cette même partie des questions sur la présence d’actes fonciers incompris sont abordées.
Ensuite viennent des parties qui permettent de préciser à quelle étape de la procédure d’un
bornage les propriétaires ne sembleraient pas comprendre. Puis, une partie faisant appel à
l’opinion du répondant est proposée. Dans cette dernière, les hypothèses de rendu visuel de
l’acte foncier sont évoquées. La première est le fait d’apposer des photographies des
limites apparentes et/ou de la position des bornes avec les plans et/ou procès-verbaux. La
seconde qui est abordée dans ce questionnaire est le fait d’utiliser des orthophotographies
et de faire apparaître sur celles-ci les limites de propriétés. Il est demandé au répondant s’il
a déjà effectué un acte foncier avec l’une de ces possibilités. S’il répond qu’il ne l’a jamais
fait, il lui est demandé, par la suite, son avis à ce propos et pourquoi il ne le fait pas. S’il
répond qu’il a déjà utilisé l’une de ces méthodes, il lui est demandé s’il a remarqué une
amélioration de la compréhension des propriétaires.
Les calculs précédents nous ont permis d’obtenir une taille d’échantillon idéale de
96 réponses pour une marge de 10%. Nous obtenons exactement 96 réponses, les données
obtenues peuvent être considérées comme significatives.
Les premières questions nous permettent d’identifier que, lors de la lecture d’un
plan, 50% des professionnels trouvent que le repérage des lieux et la représentation des
116
Annexe n°1 : Première phase empirique : le questionnaire
41
limites sont les éléments qui soulèvent le plus d’incompréhensions. Cette statistique
provient d’une comparaison avec les autres éléments qui composent un plan foncier.
Figure 9 : Éléments qui composent un plan foncier qui amènent le plus d’incompréhensions selon les répondants.
Auteur : C. Battistella.
La représentation des limites relève aussi de la perception car les symboles utilisés
ne font pas partie de ce que le lecteur connaît. La légende est présente sur les plans pour
pallier ce problème. Des explications pourraient résoudre les incompréhensions liées à la
représentation des limites. En effet, elles permettraient de créer du lien avec le contexte
déjà acquis de la personne, et donc de créer des inférences.
Pour atténuer ces incompréhensions, une première solution a été proposée aux
participants de l’enquête. Celle-ci consiste à accompagner les documents fonciers de
photographies des limites de propriété. Ainsi, 54% des professionnels accompagneraient
leurs documents fonciers de ce type de photographies.
42
Parmi les répondants qui joignent des photographies à leurs documents fonciers,
environ 50% trouvent que cela a amélioré la compréhension des propriétaires. De plus,
environ 22% trouvent que cela a significativement amélioré la compréhension des
propriétaires ; la même proportion trouve que la compréhension est améliorée de façon
dépendante à la situation.
Figure 10 : Opinion des répondants à propos de l’amélioration de la compréhension des propriétaires grâce aux
photographies. Auteur : C. Battistella
Parmi les répondants qui n’utilisent pas de photographie dans leurs documents
fonciers, 40% pensent que cela améliorerait, tout de même, la compréhension des
propriétaires.
Figure 11 : Opinion des répondants sur les photographies même s’ils n’utilisent pas de photographies. Auteur : C.
Battistella
Dans cette même catégorie de participants, nous pouvons noter que les répondants
qui ne proposent pas de photographie sur leurs plans le font simplement par habitude dans
l’entreprise, en grande majorité. Les autres raisons les plus fréquentes sont le manque de
temps et le fait de ne pas y avoir pensé.
43
Figure 12 : Réponses à la question : pourquoi n’utilisez pas de photographies ? Auteur : C. Battistella
Parmi les participants ayant déjà utilisé des orthophotographies, 43% trouvent que
cela améliore significativement la compréhension des propriétaires. 35% trouvent que cela
l’améliore simplement et 22% trouvent que cela dépend de la situation.
Figure 13 : Avis des répondants sur l’utilisation des orthophotographies. Auteur : C. Battistella
Parmi les participants qui n’utilisent pas d’orthophotographie, 39% pensent que cela
améliorerait la compréhension des propriétaires, tout de même.
44
Figure 14 : Opinion des répondants sur les orthophotographies même s’ils ne les utilisent pas. Auteur : C. Battistella
Dans cette même catégorie de participants, nous pouvons noter que cette pratique
est tout de même utilisée comme document de travail. Et que si elle n’est pas utilisée c’est
du fait des habitudes de l’entreprise. Après observation des données recueillies dans la
partie “Autre”, nous pouvons remarquer trois remarques récurrentes. La première est en
fait un manque d’informations à propos de la précision des orthophotographies. La
deuxième remarque que l’on peut voir régulièrement est due au manque de matériel dans
l’entreprise. La dernière remarque récurrente porte sur la surcharge du plan à cause de
l’orthophotographie.
Figure 15 : Réponses à la question : pourquoi n’utilisez pas les orthophotographies ? Auteur : C. Battistella
Il est important de noter qu’au moins les trois quarts des professionnels ont pu
remarquer des incompréhensions lors de la procédure d’un acte foncier. Parmi cette
population, environ la moitié accompagne ses plans fonciers avec des photographies des
45
limites. Au sein de ces derniers, la moitié trouve que la compréhension des propriétaires
s’est améliorée grâce à cela.
Afin de confirmer ces hypothèses, nous avons poursuivi notre démarche en nous
appuyant sur des dossiers en cours de réalisation. L’objectif est de tester si certains types
de visuels permettent d’améliorer la perception nécessaire à la compréhension117.
117
Dortier, Jean-François. Op cit.
46
important de se pencher sur cette donnée car le vol devra être interrompu si le drone n’a
pas assez de batterie.
Concernant les vols effectués pour les dossiers étudiés dans ce mémoire, les
hauteurs de vol étaient entre 40 m et 60 m, la vitesse du drone n’excédait pas 6 m/s.
L’orientation de la trajectoire était parallèle au côté le plus long du périmètre de vol. Cela
permettait de réduire la trajectoire du drone mais aussi le temps de vol. En ce qui concerne
le recouvrement, une valeur de 80% a été choisie pour le recouvrement frontal et pour le
latéral une valeur de 60% a été choisie.
Ensuite, il suffit d’aller sur le lieu du vol programmé, de placer des cibles noir et
blanc sur des points d’appui118 (dans notre cas, les cibles ont été placées sur des points
relevés préalablement au récepteur GNSS ou à la station totale). Puis, il suffit de démarrer
le drone pour qu’il effectue le vol. Rappelons que de nombreuses règles à propos des vols
de drones sont à appliquer. Entre autres, les restrictions de hauteur de vol, de vol en vue
directe, de respect de la vie privée ou encore de formation du télépilote.
Une fois le vol effectué et les données exportées, le logiciel Metashape est utilisé
pour créer l’orthomosaïque119. Cette dernière est un mosaïquage des photographies, cela
forme une image continue et orthorectifiée. En d’autres termes, l’orthorectification permet
de corriger les déformations dues au relief du terrain, à la perspective, à l’inclinaison de la
prise de vue et à la distorsion de l’appareil photographique.
Nous nous sommes intéressés au drone car c’est un outil équipé d’une centrale
inertielle de navigation et d’un baromètre. La centrale inertielle permet au drone de se
stabiliser mais aussi d’obtenir les données de navigation (grâce au récepteur GNSS qu’elle
contient), de vitesse et d’orientation (grâce au gyroscope et à l’accéléromètre qu’elle
118
Les points d’appui sont des points connus sur le terrain et reconnaissables sur les clichés.
119
Pour rappel, une orthomosaïque ou orthoimage est une image orthorectifiée afin qu’elle ait la même
géométrie qu’une carte et qu’elle soit superposable à une carte tout en ayant les couleurs de l’image.
47
utilise). Le baromètre, lui, est un capteur qui permet au drone de connaître son altitude.
C’est un capteur si sensible qu’il peut mesurer un déplacement de quelques centimètres
seulement.
Le drone obtient des données des différents capteurs qui le composent et qui
permettent d’obtenir les paramètres externes120 de la caméra. Le logiciel Metashape utilise
l’approche Structure From Motion (SFM), cette méthode réalise l’alignement des images et
estime la pose des caméras (si la pose des caméras est estimée dans le repère terrain alors il
s’agit des paramètres externes). L’utilisation de points d’appui sert à géoréférencer le
nuage de points, créé lors du SFM. Si ce dernier est relancé, les paramètres internes et
externes sont estimés correctement. Il est possible, après ces étapes, d'analyser les écarts
entre les points d’appui. L’orthorectification s’effectue sur chaque cliché, après cela, pour
assembler les images entre elles, Metashape définit des zones de raccord entre les images
pour créer la mosaïque. Le mosaïquage cherche à être optimal, c’est-à-dire, que les lignes
de raccord entre les images ne soient pas visibles.
En dernier lieu, une sélection des éléments présents sur le plan foncier est effectuée
pour alléger le plan. En effet, la photographie contient tous les éléments présents sur le
terrain, en ajoutant les symboles cela permet de mettre en avant les objets qu’ils
représentent.
120
Les paramètres externes sont la position et l’orientation de la caméra lors de la prise de vue dans un repère
terrain.
48
II.3.1 Création de l’enquête
Pour cette seconde phase empirique, nous avons mis en place ce que la littérature
appelle un entretien « mixte », à la croisée entre entretien semi-directif centré et entretien
directif121. L’entretien a commencé par un entretien semi-directif centré et a été complété
par un entretien directif. Le premier se réalise à partir de questions ouvertes qui permettent
au répondant de s’exprimer comme il le souhaite. Ce type d’entretien permet de se
concentrer sur l’aspect d’un phénomène précis. Ensuite, si les réponses apportées par le
répondant ne suffisent pas à répondre à la problématique, une partie d’entretien direct est
abordée. C’est ainsi que des questions fermées seront posées au répondant afin d’affiner
ses propos.
Afin d’affiner les réponses obtenues si le répondant ne donne pas les détails
nécessaires, il faut entrer dans la phase d’entretien direct. Celle-ci se prépare sur le guide
d’entretien. Il répertorie toutes les questions qui peuvent être posées dans un ordre
pertinent.
Les premiers entretiens permettent de faire évoluer les guides car il se peut que
certains thèmes ou certaines questions soient mal exprimés voire inutiles.
121
Fenneteau, H. 2015. L’enquête : entretien et questionnaire. Dunod. Paris : Dunod, 2015, 3e édition
122
Annexe n°2 : Guide de l’entretien
49
Figure 16 : Déroulement de la création de l’enquête auprès des propriétaires. Auteur : C. Battistella
Les entretiens effectués sont au nombre de 11. Chaque entretien durait une trentaine
de minutes avec une seule personne à la fois. Les plans présentés aux répondants ont été
envoyés avant le début de l’entretien (au moins 24 heures avant l’entretien) pour que le
répondant puisse avoir le temps d’analyser chacun des deux plans qui lui a été transmis. Le
premier plan était le plan foncier habituel, composé de formes géométriques pour
représenter les éléments présents sur le terrain. Le second plan était composé du fond de
plan réalisé à partir des photographies aériennes redressées du drone. Sur ce plan la limite
foncière, sujet du bornage, était symbolisée par un trait épais rouge tout comme sur le plan
foncier habituel123.
123
Annexe n°3 : Plans présentés aux propriétaires.
50
II.3.2.1 L’influence de l’expérience antérieure et de l’éducation sur la compréhension
Figure 17 : Proportion des répondants selon leur catégorie socioprofessionnelle. Auteur : C. Battistella
124
Fleury, M. 1979. Op cit.
51
Figure 18 : Niveau de diplôme des répondants. Auteur : C. Battistella
Les différents plans ont été soumis au regard des répondants et à leur
compréhension. Ainsi, tous les répondants qui font partie de la catégorie
socioprofessionnelle « artisan, chef d’entreprise ou commerçant » ont compris le plan
foncier habituel. Seulement 50% ont bien compris le plan avec le fond de plan de
photographie aérienne et l’autre moitié a compris de façon moyenne les plans avec la
photographie aérienne. Par ces termes nous entendons une compréhension qui n’est pas
totale. Dans cette catégorie de répondants, à la question « Quel plan préférez-vous ? » le
taux de réponses en faveur de chacun des deux types de plans était de 50%.
Figure 19 : Niveau de compréhension des plans (%) des chefs d’entreprise, commerçants ou artisans. Auteur : C.
Battistella
Figure 20 : Niveau de compréhension des plans (%) des agriculteurs. Auteur : C. Battistella
Parmi les « cadres », un répondant sur deux comprend bien le plan foncier ou
même le plan avec la photographie aérienne et le reste comprend les plans de façon
moyenne. En termes de préférence, un répondant sur deux préfère le plan avec la
photographie et l’autre moitié ne constate pas de préférence.
Figure 21 : Niveau de compréhension des plans (%) des cadres. Auteur : C. Battistella
53
Pour les personnes qui ont participé à cette enquête qui font partie des catégories
« employé » et « profession intermédiaire » nous pouvons remarquer qu’il n’y a pas de
différence de compréhension entre les deux types de plans. La différence de réponse entre
ces deux types de catégories socioprofessionnelles est au niveau de la préférence des plans.
En effet, dans la catégorie « employé » le plan avec la photographie aérienne est préféré au
plan foncier habituel alors que dans la catégorie « profession intermédiaire » nous ne
pouvons pas remarquer d’avis tranché.
Nous avons pu voir que pour qu’il y ait compréhension, il faut que ce qui est
perçu soit reconnu125. C’est ainsi que pour qu’une personne comprenne, elle a besoin de
reconnaître ce qu’elle perçoit. Dans le cadre foncier et dans celui de la lecture d’un plan,
cette affirmation consiste à se repérer sur le plan afin de reconnaître les lieux. Pour cela, la
connaissance des lieux semble primordiale. Les personnes qui ont répondu sont
majoritairement des natifs de la région, environ 50%. Pour le reste, les répondants
connaissent la région depuis plusieurs années et seulement une personne ne la connaissait
pas, puisque cette dernière venait d’aménager.
En termes de compréhension des plans, nous pouvons remarquer que parmi les
natifs de la région, 83% d’entre eux comprennent bien le plan avec la photographie
aérienne et 17% le comprennent moyennement. Pour le plan foncier habituel, 66% des
répondants natifs de la région le comprennent bien, 17% le comprennent de façon moyenne
et les derniers 17% ne le comprennent pas.
125
Dortier, Jean-François. Op cit.
54
En revanche, 66% des natifs préfèrent le plan avec la photographie aérienne et le reste est
partagé entre le plan foncier habituel et aucune préférence.
Figure 22 : Niveau de compréhension des plans (%) des natifs. Auteur : C. Battistella
Les répondants qui vivent dans la région depuis plusieurs années ont tous compris
le plan foncier habituel. Par contre, le plan avec la photographie aérienne est bien compris
pour 50% de ces répondants et la deuxième moitié comprend moyennement ce type de
plan. Les deux plans sont préférés de façon égale de la part des répondants.
Figure 23 : Niveau de compréhension des plans (%) des personnes qui connaissent la région depuis plusieurs années.
Auteur : C. Battistella
55
A propos de la personne qui venait d’emménager dans la région, qui connaissait
donc les lieux que depuis très peu de temps, ses réponses permettent de dire qu’elle n’a
compris que moyennement chacun des plans. De plus, elle n’a pas pu faire de choix entre
les deux types de plans.
Le plan avec la photographie aérienne est celui qui est le mieux compris parmi les
personnes qui sont dans la région depuis leur naissance. Il est aussi le plus préféré des deux
types de plans. Les personnes qui connaissent la région depuis plusieurs années, seulement,
comprennent les différents plans mais leur repérage spatial n’est pas plus rapide sur un
type de plan spécifique. Les natifs ont une meilleure connaissance du terrain ce qui
explique leur capacité à se repérer plus facilement.
L’utilisation de plans, qui n’a pas forcément une utilisation foncière, dans le
quotidien de la personne ou même un peu moins régulièrement lui permet d’avoir une
compréhension aisée et rapide des plans. Nous avons demandé aux répondants s’ils lisaient
régulièrement des plans, par la suite nous avons pu classer les répondants en deux
catégories : ceux qui utilisent régulièrement des plans et ceux qui ne les utilisent pas.
Parmi ceux qui utilisent des plans nous avons pu remarquer que la totalité des
répondants comprenait aisément le plan avec la photographie aérienne. Le plan foncier
habituel est lui aussi bien compris, seulement une personne ne le comprenait pas. En
termes de préférence, le plan avec la photographie aérienne est choisi à 63%.
Figure 24 : Proportion de répondants qui préfèrent le plan avec la photographie aérienne parmi les personnes utilisent des
plans régulièrement. Auteur : C. Battistella
56
Parmi les répondants qui n’utilisent pas fréquemment des plans, nous avons pu
constater que la compréhension des deux types de plans était moins bonne que celle des
répondants qui utilisent plus fréquemment des plans. En effet, seulement deux tiers des
répondants comprennent bien le plan avec la photographie aérienne et cette même
proportion comprend moyennement le plan foncier habituel. Dans cette catégorie, la
plupart des répondants n’a pas de préférence majeure entre les deux types de plans.
Figure 25 : Niveau de compréhension des plans (%) des personnes n'utilisant pas régulièrement des plans. Auteur : C.
Battistella
La compréhension d’un plan foncier pour les personnes qui ont l’habitude de
travailler avec des plans est plus rapide et plus facile que celle des personnes qui n’ont pas
l’habitude de travailler avec des plans. Cependant, nous avons pu remarquer que la
compréhension du plan avec la photographie aérienne était légèrement plus facile pour les
personnes qui n’ont pas l’habitude d’utiliser des plans. Ce type de plan est celui que les
personnes préfèrent lire.
Notre étude nous permet de constater que le plan foncier habituel apporte certaines
incompréhensions chez les propriétaires. Cependant, le plan comportant une photographie
aérienne comme fond de plan est mieux compris par les personnes qui ont une bonne
connaissance des lieux. Les agriculteurs, les personnes qui vivent dans la région depuis
leur naissance et les personnes habituées à travailler avec des plans sont ceux qui
comprennent le mieux ce type de plan. De plus, nous avons pu remarquer qu’il était
57
majoritairement choisi lors de sa comparaison avec le plan habituel. Cette préférence est
facilement remarquable dans les catégories de personnes qui le comprennent aisément. Du
côté des personnes chez qui nous n’avons pas remarqué de différences de compréhension
entre les deux types de plans, il n’y a pas non plus de différence de préférence entre les
deux. En effet, les personnes répondaient principalement qu’elles n’avaient pas de
préférence.
58
Conclusion
Nos analyses nous permettent d’affirmer que le plan foncier habituel est parfois la
source d’incompréhensions. En effet, trois quarts des professionnels qui ont répondu à
notre enquête ont déjà remarqué ce type d’incompréhensions. Parmi les professionnels qui
ont déjà réalisé un plan foncier avec une orthophotographie, les trois quarts ont remarqué
une amélioration de la compréhension des propriétaires. A cela nous pouvons ajouter le fait
que les personnes qui ont une bonne connaissance des lieux ont une meilleure
compréhension des plans avec l’orthophotographie par rapport au plan foncier habituel. La
59
photographie permet aux personnes de reconnaître des éléments sur le terrain qu’ils ont en
mémoire et qui ne sont pas représenté sur le plan foncier habituel. De plus, les formes
géométriques représentées sur ce dernier ne sont pas forcément dans la mémoire de chaque
individu et peuvent donc compliquer la compréhension du plan. Notre étude permet de
constater que la lecture du plan contenant l’orthophotographie est choisie majoritairement
par rapport à la lecture du plan foncier habituel. L’image permet donc d’améliorer la
compréhension d’un plan seulement le lecteur doit avoir une bonne connaissance du
terrain. Dans le cas où il n’a pas une bonne connaissance du terrain, l’ajout d’une image
n’améliore pas la compréhension du plan.
126
Karsenty, L. 1996. Op cit.
60
Bibliographie
Ouvrages imprimés
Jurisprudences
Cass. 1er civ., 6 mars 1979, n°76-15.367 : Bull. civ. 1979, n°82 ; RTD com. 1979, p.462,
obs, A. Françon.
Travaux universitaires
61
Articles de périodiques imprimés
Fleury, M. 1979. En parlant d’image. Revue des sciences de l’éducation. Volume 5, N°2,
p. 179-197.
Karsenty, L. 1996. Une définition psychologique de l’explication. Intellica. Revue de
l’Association pour la recherche Cognitive, n°23, p. 327-345
Sites web
62
Communication dans un congrès
El Meouche, R., Hijazib, I., ponceta, P.A., Abunemeha, M. et Rezouga, M. 2016. UAV
Photogrammetry implementation to enhance lan surveying, comparisons and possibilities.
11th 3D Geoinfo Conference, Athènes, Grèce, 20-21 octobre 2016. The international
Archives of the Photogrammetry, Remote sensing and Spatial Information Sciences,
Volume XLII-2/W2.
63
Table des annexes
Annexe 1 Première phase empirique : le questionnaire ................................................................... 65
Annexe 2 Guide de l’entretien ......................................................................................................... 70
Annexe 3 Plans présentés aux propriétaires ..................................................................................... 71
64
Annexe 1
Première phase empirique : le questionnaire
65
66
67
68
69
Annexe 2
Guide de l’entretien
Les questions décalées de tabulations seront posées seulement si le répondant n’y a pas répondu
avec la question précédente.
70
Annexe 3
Plans présentés aux propriétaires
PR
O
JE
T
Liste des figures
Figure 1: Photographie d'un drone. Source : https://www.dji.com/fr/ ................................................ 9
Figure 2 : Première photographie aérienne réalisée par Nadar, survol de Paris. Source :
Bibliothèque Nationale de France........................................................................................... 10
Figure 3: Le rôle de l’activité cognitive dans la signification d’un message. Auteur : C. Battistella.
................................................................................................................................................. 14
Figure 4 : Élaboration du sens d'un message. Auteur : C. Battistella. ............................................. 15
Figure 5 : Le rôle du contexte représentationnel. Auteur : C. Battistella. ........................................ 16
Figure 6 : Processus de Compréhension. Auteur : C. Battistella. .................................................... 18
Figure 7 : Scénarii de vol. Source : https://blog.geomesure.fr/ ....................................................... 36
Figure 8 : Création du questionnaire. Auteur : C. Battistella ........................................................... 40
Figure 9 : Éléments qui composent un plan foncier qui amènent le plus d’incompréhensions selon
les répondants. Auteur : C. Battistella. .................................................................................... 42
Figure 10 : Opinion des répondants à propos de l’amélioration de la compréhension des
propriétaires grâce aux photographies. Auteur : C. Battistella ................................................ 43
Figure 11 : Opinion des répondants sur les photographies même s’ils n’utilisent pas de
photographies. Auteur : C. Battistella ..................................................................................... 43
Figure 12 : Réponses à la question : pourquoi n’utilisez pas de photographies ? Auteur : C.
Battistella................................................................................................................................. 44
Figure 13 : Avis des répondants sur l’utilisation des orthophotographies. Auteur : C. Battistella .. 44
Figure 14 : Opinion des répondants sur les orthophotographies même s’ils ne les utilisent pas.
Auteur : C. Battistella .............................................................................................................. 45
Figure 15 : Réponses à la question : pourquoi n’utilisez pas les orthophotographies ? Auteur : C.
Battistella................................................................................................................................. 45
Figure 16 : Déroulement de la création de l’enquête auprès des propriétaires. Auteur : C. Battistella
................................................................................................................................................. 50
Figure 17 : Proportion des répondants selon leur catégorie socioprofessionnelle. Auteur : C.
Battistella................................................................................................................................. 51
Figure 18 : Niveau de diplôme des répondants. Auteur : C. Battistella ........................................... 52
Figure 19 : Niveau de compréhension des plans (%) des chefs d’entreprise, commerçants ou
artisans. Auteur : C. Battistella................................................................................................ 52
Figure 20 : Niveau de compréhension des plans (%) des agriculteurs. Auteur : C. Battistella........ 53
Figure 21 : Niveau de compréhension des plans (%) des cadres. Auteur : C. Battistella ................ 53
Figure 22 : Niveau de compréhension des plans (%) des natifs. Auteur : C. Battistella.................. 55
Figure 23 : Niveau de compréhension des plans (%) des personnes qui connaissent la région depuis
plusieurs années. Auteur : C. Battistella.................................................................................. 55
Figure 24 : Proportion de répondants qui préfèrent le plan avec la photographie aérienne parmi les
personnes utilisent des plans régulièrement. Auteur : C. Battistella ....................................... 56
Figure 25 : Niveau de compréhension des plans (%) des personnes n'utilisant pas régulièrement des
plans. Auteur : C. Battistella ................................................................................................... 57
72
Le plan de bornage : quelles différences de compréhension par les propriétaires, selon
les méthodes employées ?
_________________________________________________________________
RESUME
Des études nous ont permis d’envisager l’image comme un élément d’amélioration de la
compréhension des propriétaires. La photogrammétrie est une méthode qui permet
d’obtenir des images du territoire exploitables sur un plan foncier. Ainsi, nous avons utilisé
l’orthophotographie comme fond de plan foncier et nous avons étudié la compréhension de
ces plans pour la comparer à celle du plan foncier habituel.
Les personnes qui ont une bonne connaissance des lieux, grâce à leur métier et/ou grâce au
fait qu’elles y résident depuis toujours, ont une compréhension plus facile et plus rapide
avec le fond de plan photographique qu’avec le plan foncier habituel. Les personnes qui
ont l’habitude de travailler avec des plans voient, eux-aussi, leur compréhension améliorée
avec l’orthophotographie.
_________________________________________________________________
SUMMARY
Expert surveyors and surveyors sometimes notice that a number of owners do not
understand the boundary determination plans. This is a real problem for these
professionals. Indeed, the agreement of the owners on the limit depends on their
understanding of the plans.
People who have a good knowledge of the places, thanks to their profession and/or the fact
that they have always lived there, have an easier and faster understanding with the
photographic background than with the usual land plan. People who are used to working
with plans also see their understanding improved with orthophotography.
73