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LA CHANSON DE ROLAND

Grandoine était un chevalier accompli


et vigoureux, un vassal brave au combat.
Sur sa route il a rencontré Roland.
Sans l'avoir jamais vu, il l'a sans faute reconnu
à son visage farouche, à l'élégance de son crops,
à son regard et à son allure.
Il ne peut s'empêcher d'en être épouvanté.
Il veut s'enfuir, mais c'est en vain :
le comte le frappe si vigoureusement
que jusqu'au nasal il lui fend tout le casque,
lui tranche le nez et la bouche et les dents,
et tout le corps et la cuirasse d'Alger,
et la selle dorée et ses pommeaux d'argent,
et l'échine du cheval profondément.
Il les tue tous les deux sans aucun recours.
Et ceux d'Espagne en clament tous leur douleur.
Les Français disent : "Il frappe bien, notre protecteur !"

Anonyme, La Chanson de Roland, vers 1090


traduction Jean Dufournet

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