Mon cher ami,

Comme je l’avais signalé dans ma dernière correspondance, un épais brouillard s’est installé
depuis quelques jours dans notre petite ville. Elle n’est pas la seule à être embrumée, pour être
honnête. En ce début d’automne, il faut bien combler les mornes soirées, et l’alcool a coulé à flot ces
derniers temps. Mon esprit est donc assez brumeux, j’espère que tu me pardonneras de ne pas
pouvoir te narrer tous les détails de mes dernières activités. J’ai pu rencontrer cet ami dont tu me
parlais depuis si longtemps, Kara-quelque chose, je suis désolé de ne pas avoir bien retenu son
prénom. Un garçon formidable, bien que réservé. Si l’on parvient à percer sa Karapace, on se rend
compte que le jeu en valait la chandelle. Il m’a raconté comment toi et ta bande de poètes avaient
essayé de lui briser la jambe à coup de mobylette, avant de plutôt vous contenter de l’empoisonner.
Karawash m’a dit de te dire, d’ailleurs, qu’il vous était reconnaissant pour ça, même si ça n’a pas
marché. Après ces histoires, je l’ai invité à m’accompagner à une petite soirée entre amis, et c’est là
que les choses se sont embrouillées.

Karavelle s’était au début Karapacé dans son coin, n’osant pas parler aux autres invités. Je l’ai
donc invité à partager quelques verres, histoires de se délier la langue à l’alcool, et il m’a jeté ce
regard entendu, Karactéristique de ceux qui semblent se comprendre instantanément. Karavane et
moi avons alors commencé à enchaîner les verres, jusqu’à ce qu’il obtienne l’aisance nécessaire pour
Karacoler de groupe en groupe. La dernière image que j’ai de cette partie de la soirée était celle
Karabistouille volant d’une grâce titubante entre les invités.

À cause de cette satanée mémoire, je ne sais pas comment elle nous est parvenue, mais
quelqu’un a eu cette idée et elle s’est transmise : nous avions envie d’aller chasser. L’absurdité de
cette décision ne nous avait pas percutés sur le coup, tu connais bien les effets de l’alcool sur la
raison humaine. Enfin bref, je me rappelle que nous sommes allés chercher les Karabines dans mon
grenier, avant de nous Karapater tant bien que mal vers ma vieille Peugeot. L’euphorie nous gagnait
peu à peu. Une partie de chasses entre copains (et Karamel), cela faisait si longtemps !
Malheureusement, la mémoire me fait encore une fois défaut sur cette partie là de l’histoire.
J’aimerais bien élucider ce mystère, mais je ne pense pas en avoir le luxe.

CRAC ! BOOM ! PSSSSSssshhhhht ! Voilà mon prochain souvenir ! Un terrible Karambolage !

Cela m’a réveillé instantanément. Karaba, à côté de moi, pissait le sang, mais avait l’air lui aussi
conscient, et pas forcément dans un danger immédiat. Je n’ai même pas eu le temps de vérifier l’état
des passagers à l’arrière que je me suis rendu compte de ce que j’avais percuté ! Il fallait que ce soit
la police ! Enfin bon, je me demandais s’il était possible que tu m’aides à financer mon avocat. Si je
veux me tirer de ce pétrin, il va m’en falloir un bon.

Merci d’avance pour ta réponse, que j’espère positive,

Klaus, ton ami de toujours.