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ARCHITECTURE CINÉTIQUE

EXPERIMENTATIONS SUR DES STRUCTURES DYNAMIQUES

TRAVAIL PERSONNEL DE FIN D'ETUDE


de Olivier Foucher
Juillet 1999

Ecole d'architecture de Paris la Défense

Membres du Jury :

Directeur d'étude : M Jean François Blassel


Première enseignante : Mme Sophie Brendel Beth
Deuxième enseignant : M Philippe Barthelemy
Personnalité extérieure : M Frédéric Migayrou

1
Remerciements

A Jean François Blassel qui a porté un grand intérêt à mon sujet lorsque
sa formulation n’était pas encore limpide.
A Sophie Brindel Beth, Philippe Barthelemy et Frédéric Migayrou qui m’ont
suivi et encouragé durant le développement de mon diplôme.
A l’équipe de RFR.
A ma famille et en particulier à mon père qui m’a donné des conseils
et une aide précieuse.
A Fabrice Foucher, mon cousin, qui a cherché à faire tourner mon
triangle sur SolidWorks.
A Yvette Zimmermann pour son aide à trouver l’outil informatique capable
de vérifier mes théories sur “le triangle à six sommets”.
A René Motro qui prit le temps de me recevoir au Laboratoire de Mécanique
et de Génie Civil de l’université de Montpellier et qui, par les documents
qu’il a mis à ma disposition, m’a permis de faire une grande avancée dans
la compréhension des différentes structures dynamiques.

2
Avant-Propos

Durant ma 4ème année d’étude d’architecture, j’ai commencé à m’intéresser


aux possibilités de mouvements associés à l’architecture. Pour un projet
de cinéma théâtre, le parcours des spectateurs était rythmé par l’ouverture
des murs latéraux de la salle, qui marquaient les accès à des instants
donnés. Ce projet était modeste par rapport à la cinématique utilisée, mais
il m’a permis d’engager une réflexion sur les éléments en mouvements
en architecture. Au cours d’une année d’étude passée au Canada, j’ai
continué cette démarche à travers deux projets. Le premier proposait
des terrasses amovibles qui venaient clore les parois vitrées et évitaient
ainsi d’avoir à déneiger les terrasses. Dans un second projet, je proposais
pour la façade d’une bibliothèque d’architecture des modules sur les
sept étages, où des panneaux en bois conjugués à des tables de travail
permettaient à chaque lecteur d’ouvrir sa “niche” en fonction de la lumière
et des vues désirées, animant ainsi la façade extérieure, et signifiant aux
passants l’intensité de l’activité du bâtiment.

Durant cette année au Canada, j’ai découvert un livre traitant du travail


de Charles Hoberman1 et de son projet “d’Iris Dôme”. Ce fut le déclic qui
m’a mis sur la voie de mon sujet de diplôme. La proximité de deux stades
aux toitures amovibles m’ont fait prendre conscience de l’enjeu de telles
structures. Toujours au Canada, j’ai commencé un travail d’analyse sur les
pliages. De retour en France, durant l’été 1997, j’ai ressorti mes vieux Lego
pour faire de très rapides analyses sur le principe de ciseaux développé
par Charles Hoberman. C’est alors que j’ai découvert le “triangle à six
sommets”. Le hasard a voulu que les projets de Charles Hoberman soient
présentés à l’exposition de l’art de l’ingénieur, et que celui-ci fasse une
conférence à RFR au même moment.

J’ai profité du diplôme pour poursuivre une recherche qu’il est difficile de
faire durant les études d’architecture ou dans la vie professionnelle. J’ai
choisi un thème de recherche qui me semblait bien cerner le problème de
l’architecture en mouvement. J’ai donc intitulé mon diplôme “architecture
cinétique” en n’en connaissant pas les limites. Toute ma réflexion s’est faite
sur ce thème sans me préoccuper d’une quelconque problématique liée à
un programme, comme c’est généralement le cas pour un diplôme.
Je me suis alors mis en quête de documents sur le sujet. S’il existe
des publications dans des revues sur des projets où des éléments

1
Charles HOBERMAN, “The art and science of folding structures. New geometries of continuous
multudimensional trandformations” . Site 24, p. 34-53

3
architecturaux sont en mouvement, les articles ou les livres de synthèses
sont rares. Le seul ouvrage général sur le sujet, Kinetic Architecture de
William Zuk et Roger H. Clark2 date de 1970.
Sur les conseils de Jean François Blassel j’ai rencontré René Motro au
laboratoire de Mécanique et Génie Civil de l’université de Montpellier II.
Celui-ci m’a donné accès à des livres et des revues très spécialisés. Je me
suis ensuite rendu à Séville pour rencontrer Félix Escrig, et José Sánchez
qui sont les héritiers spirituels des structures en ciseaux de Perez Piñero.
Là, j’ai pu me procurer des ouvrages techniques sur les structures en
ciseaux et apprécier leur travail concernant la couverture d’une piscine
dont la structure déployable est réalisée sur ce principe.

Riche de ces ouvrages spécialisés et de lectures parfois éloignées du


thème de référence, je propose dans ce mémoire une classification des
différentes composantes de l’architecture cinétique et une mise en lumière
de ses caractéristiques.

En parallèle, j’ai poussé mon analyse des structures dynamiques en


maquettes, car il me semble que c’est la meilleure manière de comprendre
et de développer de nouveaux systèmes. Mes recherches sur le “triangle
à six sommets”, ayant apporté des résultats intéressants, je consacre une
partie de mon mémoire à en expliquer les principes.

Le projet ne s’est pas imposé de lui-même. J’ai longuement recherché


un programme capable de démonter l’intérêt de l’utilisation du “triangle
à six sommets” dans l’architecture. Il a fallu plusieurs mois pour trouver
un programme qui réponde au thème de “l’architecture cinétique” et aux
notions qui sont développées dans ce mémoire. C’est d’ailleurs le même
problème qu’a rencontré Charles Hoberman pour l’utilisation de son
principe de structures en ciseaux. A ce jour les seuls applications réalisées
sont des œuvres “d’art” placées dans des musées ayant pour thème
les sciences.
Je propose de traiter l’entrée de la ligne Météor place de Rome devant la
gare Saint-Lazare où passent chaque jour un demi million de personnes.
Le principe structurel du triangle à six sommets est utilisé ici comme
transition entre un sous-sol et l’air libre d’une part et la banlieue et la ville
d’autre part. De plus, il permet une grande flexibilité de la place avec la
disparition de l’entrée de métro. Enfin la disparition de l’entrée marque la
fermeture du métro durant la nuit.

2
Roger H. CLARK et William ZUK, Kinetic Architecture, Van Nostrand Reinhold Compagny,
1970

4
J’ai fait le choix délibéré de ne pas traiter ce type de programme dans mon
mémoire car il s’agirait d’un tout autre sujet. Toutefois, je fournis une
liste de livres et périodiques sur ce thème dans la bibliographie. Ces
quelques ouvrages permettent d’appréhender les problématiques de
la commande, de l’usage, et de l’architecture dans les projets liés aux
transports en commun.

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Sommaire

Introduction 8

1. Définitions de l’architecture cinétique 10


1.1. Les origines du mot cinétique 10

1.2. L’architecture cinétique 16


1.2.1. Architecture Cinétique Subjective 17
1.2.2. Architecture Cinétique Objective 20

2. Architectures cinétiques réelles ou “objectives” 25


2.1. Le rôle de l’architecture objective 25

2.2. Les typologies de cinématique de l’architecture cinétique objective 31


2.2.1. Structures sur appuis 33
2.2.2. Structures dont la cinématique s’appuie sur la capacité des matériaux à se modifier 35
2.2.3. Structures hypostatiques de degré 1 38

3. Le “triangle à six sommets relatifs” 47

3.1. Principe géométrique du “triangle à six sommets” 47


3.1.1. Rappel sur la géométrie du triangle 48
3.1.2. Les deux principes du “triangle à six sommets” 50
3.1.3. Orientations des axes d’articulations 52
3.1.4. Principes constructif du triangle 54
3.1.5. Les cas particuliers 55

3.2. Principes de remplissage 56


3.2.1. Remplissage souple 56
3.2.2. Remplissage rigide 57

6
3.3. Principes d’assemblage entre les triangles 60
3.3.1. Triangles assemblés bords à bords 60
3.3.2. Triangles assemblés aux extrémités sans continuité de barre 66
3.3.3. Triangles assemblés aux extrémités avec continuité de barre 74

Conclusion 89

Bibliographie 90

7
Introduction
Architecture cinétique. Le terme cinétique nous renvoie dans un premier
temps aux œuvres faisant appel au mouvement. L’emploi de cinétique à
propos d’architecture peut étonner, paraître curieux. Depuis des millénaires,
mis à part quelques peuples nomades, l’homme a laissé de son vécu des
édifices statiques, ancrés au sol, parfois dans une immobilité grandiose, et
symbolique par rapport à l’espace qui les entouraient. A bien des égards,
il faut admettre que cette approche n’a pas beaucoup bougé même si
les matériaux ont changé. A part quelques chercheurs isolés qui, depuis
un siècle, ont tenté d’ouvrir des brèches et de nouvelles perspectives,
l’architecture actuelle reste essentiellement statique, elle isole l’homme de
l’extérieur en apportant confort, chaleur, lumière…

Si le désir d’envisager une architecture moins statique m’a conduit à


analyser les éléments pouvant bouger dans l’architecture, très vite, je me
suis aperçu que l’emploi du terme cinétique en architecture désigne aussi
bien une architecture où le mouvement est réel, qu’une architecture que l’on
nomme cinétique, mais où aucun mouvement réel n’est visible.

Dans ce mémoire, je ne donne pas une définition de l’architecture cinétique,


mais des pistes qui permettent de dissocier l’architecture cinétique du
reste de l’architecture.
Je commence donc par rechercher les origines et les significations du
mot cinétique, pour tenter de comprendre la référence que nous faisons
tous au mot cinétique.
Après une utilisation scientifique, le terme cinétique a très vite été employé
dans l’art, pour désigner d’abord des œuvres où le mouvement est réel puis
pour désigner des œuvres représentant le mouvement.

Si je traite de l’art cinétique, c’est qu’il est apparu avant l’architecture


cinétique et qu’il existe dans l’architecture cinétique tout comme dans l’art
cinétique deux tendances : l’une “subjective” qui est la représentation du
mouvement, l’autre “objective” dans laquelle le mouvement est réel.
Le mouvement, principale caractéristique de l’architecture cinétique, existe
dans différentes tendances architecturales. Je tente dans un premier
temps de recenser et de classifier ces tendances selon que le mouvement
est réel ou subjectif.

8
C’est volontairement que je n’ai pas développé davantage l’architecture
cinétique subjective dont les “limites” sont difficilement identifiables
et qui aurait nécessité des connaissances en psychologie puisque,
pour une bonne part, l’architecture cinétique subjective est liée à la
perception de l’œuvre.
Par contre, dans cette étude, j’ai cherché à recenser, à clarifier les critères
et les éléments qui constituent à mes yeux, une architecture cinétique
réelle que nous appellerons “objective”. “Les perméabilités” de l’enveloppe,
“la spatialité” qui permet de moduler la quantité d’espace, et “la proximité”
à des liens externes, sont les trois grandes notions qui se dégagent et qui
sont communes aux différentes architectures cinétiques objectives.
Ayant dégagé ces trois notions, il m’a semblé important de comprendre
par quels moyens techniques les modifications liées à ces notions étaient
possibles. Je m’intéresse donc dans un second temps aux différents
mouvements (cinématique) employés dans l’architecture objective.

Enfin, le chapitre intitulé le “triangle à six sommets” constitue ma recherche


personnelle. Cette étude ouvre de nouvelles possibilités pour rendre les
espaces réellement cinétiques.

Le plan de mon mémoire part d’un propos général sur les origines du
mot cinétique pour arriver au résultat de mon analyse sur l’architecture
cinétique réelle et au “triangle à six sommets”.

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