Vous êtes sur la page 1sur 36

NOTES DE VOYAGE

Prochain chapitre, laisser derrière nous l’hiver européen, les années incertaines de
pandémie, et sortir de cette confortable mais lancinante routine sédentaire installée dans ma vie.
Quelques jours après le départ, l’Ukraine est envahie par Poutine et l’Europe sera de nouveau
plongée dans un climat inquiet. De l’autre côté de l’Atlantique, l’été Brésilien m’attend. La
frénésie du carnaval est imminente, le climat social y est électrique à quelques mois d’élections
présidentielles sous haute tension. Alors oui, le monde va continuer à tourner, au rythme du
travail et des informations instantanées de l’autre bout du monde. Sortir de la mesure, du
rationnement et de la fragmentation du temps pour se l’approprier pleinement, jusqu’à apprendre
à ne rien faire, c’est le luxe qui m’est promis. Le rythme sera le mien, le notre, lent et sinueux,
celui du ciel et du soleil, du joint de culasse parfois.

Ce n’est pas un coup de tête mais bien un projet mûrement réfléchi, à deux. D’un besoin de
reconnexion avec son pays pour Pam’ et d’une envie de grande aventure pour moi, naîtra une
soif commune de connaître, sentir et vivre le Brésil, sous toutes ses cultures. Comment voyager
alors, pour prendre le temps ? J’ai mon idéal de voyage, c’est celui de la caravane millénaire
des peuple nomades, de la marche : les limites du corps et de l’environnement naturel direct
dicte le rythme, instinctif et sincère, quasiment indépendant d’autres rythmes et contretemps
extérieurs. A ce fantasme que je n’ai jamais pleinement réalisé se confrontent notre ambition de
découverte, d’échelle continentale, et le temps que requièrent de telles étendues. En réalité,
marcher pendant 1, 6 ou 12 mois, exige forcément des périodes de pause, donc
d’hébergements, de dépenses et de dépendances. Avec le désir de concilier un soupçon de
confort, la pérennité du voyage, et cette liberté de modeler notre temps, c’est décidé, c’est bien
un toit, des roues et un moteur qu’il nous faut. Ce sera une forteresse et un cocon, une cabane
d’enfants ou un atelier, notre ancre et notre repère.

Une fois ma conscience écologiste éprouvée, les contraintes financières, bureaucratiques et


mécaniques passées, mener une vie en « van » c’est résolument une base réconfortante pour un
couple – entité qui, faut-il le rappeler, est formée par deux individus - voguant vers de
nombreuses inconnues, excitantes et pleines de surprises. Mais attention, nous sommes bien en
quête de simplicité et d’aventures, alors notre maison roulante ne sera surtout pas trop grande,
aura besoin d’attention et de maintenance, n’aura évidemment ni télé ni climatisation - pas de
toilette ni de douche non plus -, mais elle sera notre fidèle cocon et compagnon pour sillonner
cet immense jardin qui nous tend les bras.
PROLOGUE : vie de vacances à RIO DE JANEIRO

Notre vie nomade ne commencera que quelques mois plus tard

Rio c’est

Rio : une immersion rapide et

Cette année à Rio, le carnaval s’annonce triplement intense après deux éditions annulées. XXX

Premier « bloquinho », premiers chants politiques ? Cette année le carnaval XXX

Carnaval : annulé, défilé officiel reporté, reduits par le gouvernement : défiler est un acte
politique. Une « banda », fanfare aux sonorités brésiliennes XXX INSTRUMENTS ET STYLESXXX ?;

Rapide description globale du carnaval : officiel, défilé au sambadrome = 1 weekend + 2,5


jours fériés, la matinée incluse permettant de récupérer. + les 3 favoris Imperatriz, Beija-Flor e
Viradouro , cette année c’est le Acadêmicos do Grande Rio qui gagnera. Mais le nombre de
pré-carnaval et de post-caranval peut atteindre facilement de 3 semaines de festivités dans les
grandes villes.

Tieta de l’icône Caetano Veloso, « Eva » + chants politiques : les gentes chantent et dansent, les
corps torses nus,

-----

Plages + Cristo + Pao de azucar + ballades dans les quartiers de Catete, botafogo, lagoa
avec pote de Pam + l’anniversaire de Pam na lagoa

Chez Helga et Roberto, à l’arrière de Copacabana.

Soirée sur le muret de Urca avec Rubens

Favela Rocinha avec Stucchi, professeur dans une association : 2 femmes elèves

Une virée chez le cousin Arthur à l’extrémité du littoral de Rio : prendre un bus un dimanche
soir : une peur énorme ! + La colline de Burle Marx : paradis végétal et architectural

XXX DIMENSIONS DE LA VILLE, ZONES ET QUARTIERS NORDS NON EXPLOREES , voyage


dans le stade du botafogo pour Flamengo-Vasco. XXX

> Comme un moment de transition entre notre arrivée à Rio et l’approche imminente du
carnaval, nous allons nous ressourcer sur Ilha Grande.
Ilha Grande, RJ
Nous embarquons avec Alessandro, sur son hors board 220 chevaux, le seul qui fait le trajet
vers les plages isolées et tournées face à l’océan ouvert de « Aventureiro » et « Parnaoica ».
Craignant un tourisme de masse défiant les beautés et le calme de cette île luxuriante, nous
partons donc nous isoler à l’opposé de Abrao, l’unique ville « construite » de l’ile. Même si la
Grande Île - 30km sur 12, 900m au plus haut - protège un baie des vents et de la houle, l’eau
déjà agitée et le ciel menaçant nous font appréhender le large. Notre capitaine du jour fonce
sans se préoccuper des embruns fouettant nos visages et affaires. L’orage se pointe à l’heure ou
les habitants du hameau de Aventureiro débarquent sur la plage avec de nombreuses vivres.
Dans l’eau tiède, à aider à ramener les sacs de courses et de ciment sur le rivage, j’évite le
bateau propulsé par une vague. Ce ne sera pas le cas d’un gosse du village qui, tentant de
maintenir la proue du bateau face aux vagues, volera littéralement dans les airs avant de
retomber tout penaud le cul dans l’écume ! Notre débarquement sur la plage suivante se fera
certes, à l’abri d’une crique plus fermée, mais sous une averse torrentielle. Nous trouverons
refuge sous le auvent de l’une de deux maisons de cette longue plage, le camping se trouvant à
l’autre bout. Les forces de la nature sont au rendez-vous.

Les pieds dans le sable, à l’ombre des « castanheiros », le camping est sauvage, comme
j’aime. 2h d’électricité par jour, pas de réseau. Attablés sous un grand auvent, des saisonniers
habitués arrivés en bateau discutent avec le petit groupe de randonneurs épuisés par les
dénivelé des sentiers escarpés, unique accès terrestre. Pèche du jour et prochain match du
Flamengo sont à l’ordre du jour dans une ambiance joyeuse. Les éclaircies se feront rares durant
nos 4 jours ici, mais permettront des sessions de plongées masque-tuba magnifiques. Balancé
par une houle responsable d’une visibilité médiocre, je tombe nez à nez avec une tortue.
Magnifique. Pour elle, les vagues et la mousse sont un terrain de jeu et son garde-manger, ma
présence semble ne pas la perturber. Un poisson-ange, au corps rond et aplati, tâcheté jaunes
et aux grandes nageoires, s’invite dans mon observation fascinée du reptile.

Côté vie terrestre, nous abuserons des couchers d’un soleil timidement caché derrière les nuages,
de promenades et randonnées dans la mangroove de la crique voisine, de bains de cascade et
d’eau douce se jetant dans l’océan.

Des traces de civilisations attiseront notre curiosité sur la vie passée de cette plage paradisiaque.
Une chapelle quelques tombes et une ruine de maison témoignent en effet d’une vie de village
qui l’on apprendra compta jusqu’à 1000 habitants. C’est l’implantation d’un pénitencier au
début du XXème siècle à quelques kilomètres d’ici qui viendra perturber la vie de cette plage
paradisiaque. Installé sur la plage des Dois Rios dans un ancien bâtiment de transit et de
quarantaine des immigrés, la prison s’agrandira durant la dictature militaire (1964-1985) pour
enfermer les nombreux opposant politiques ou intellectuels. L’île verra alors se développer un
commerce « entre-voisins » avec les habitants qui fourniront légumes et poissons aux gardiens et
prisonniers et pourront ainsi accéder plus facilement au continent et ses denrées. Avec
l‘augmentation des prisonniers et la prétendue isolée localisation de la prison, les évasions y
seront pourtant nombreuses. Elles instaureront un climat d’insécurité dans le village voisin, attaqué
par des fugitifs affamés qui amèneront les habitants à quitter leurs maisons pour aller sur le
continent.

**https://www.ilhagrande.com.br/ilha-grande/historia/presidios/

La vie sur une île située à moins de 10 kilomètres requiert une certaine organisation que je ne
pouvais imaginer. Le traitement des ordures en est un exemple que nous avons pu observer
durant notre séjour. Les éboueurs marins, avec leur bateau-poubelle, passent en effet chaque
semaine pour récupérer les sacs d’ordures déposés sur la plage à l’occasion par les habitants.
Faute de port à Parnaioca, ces même travailleurs doivent empiler dans un premier temps les sacs
sur une petite barque. Ils doivent ensuite pousser tant bien que mal leurs rafiots surchargés pour
franchir la « barre » des vagues, dans un inévitable enchaînement de chutes et de déferlements,
scène tragi-comique se déroulant sous mes yeux. Merci à eux pour ce sacré boulot !

Le retour sur le continent avec Alessandro viendra clore cette parenthèse hors du temps. Le
temps, notre pilote de course n’en a pas aujourd’hui : sur des eaux apaisées, il slalome presque
à l’aveugle entre les OFNIS, les yeux rivés sur son Whatsapp. Nous arriverons aussi
invraisemblable que cela puisse nous paraître, sain et sauf à Angra dos Reis, sous un soleil de
plomb.

Le trajet suivant n’en est pas moins expérimental, puisque nous passerons 2h debout, sac a dos
de camping entre les jambes, dans un bus de ville surchargé, dévalant la route sinueuse du
littoral. La route transperce la riche mata atlantica et dessert plusieurs villages, dont la plupart
vivent au rythme des deux uniques centrales nucléaires du Brésil. Les quelques jours passés à
Paraty, port historique de la célèbre estrada real, acheminemant l’or accaparé de l’intérieur du
pays, de Minas Gerais précisement, vers les caravanes portugaises en direction pour l’europe.
Cette ville, aujourd’hui engloutie par un tourisme plutôt élitisé est organisé selon, une architecture
et un urbanisme typique lusitaniens qui ont façonnés durant près de trois siècles les villes
brésiliennes. Façade blanche à la chaux, portes et fenêtres en bois colorées, rues en pierres non
équarries «de type «pé de moleque », nombreuses églises pour évangéliser les « indigènes ».
Selon les régions et leur climat, les influences portuguaise, allemande ou italienne seront de bons
révélateurs des différentes vagues coloniales. A Paraty, les rues sont organisées de telles
manières à ce que la marée montante y circule. Leurs profil en V bordées par des constructions
surélevées d’une trentaine de centimètres ainsiles ingénieuses pentes de la maille urbaine
permettent à l’océan de laver la chaussée : une vraie et belle réalisation hygiéniste déjà mise en
pratique à l’époque.
Au delà de ces édifices largement investis par des restaurants et boutiques à la mode de tout
genre, Paraty attire par ses plages paradisiaques qui font face à un archipel de petites îles,
chacune propriété de millionnaires brésiliens. Le fait de voir débarquer le peuple brésilien,
musique à fond et bière à la main, pateaugeant dans l’eau agrippés à leur frites colorées, en
train de perturber le chérissime calme insulaire de l’élite est je dois avouer presque jouissif. Mon
petit plaisir sera de découvrir la richesse d’une de ces iles, non pas celle érigée fièrement à la
surface, mais bien celle de ses eaux turquoises, à leurs pieds. Sous l’oeil d’un vigile alerte et de
son chien plutôt paisible, je ferais le tour de l’ile à la nage, heureux de mes magnifiques
rencontres : raie, poissons multicolores, poissons aiguilles, au beau milieu d’un décor riche
d’algues et coraux. Depuis une autre plage, au loin, un banc de dauphin offrira a Pam un
spectacle inédit dont le plaisir durera de longues et excitantes minutes.

A notre retour à Rio, le Carnaval.

XXX transition ??XXX

BRASILIA

Brasilia, la ville de naissance de Pamela et sa famille, est évidemment une étape incontournable.
En 6 ans, Pam’ a eu par quatre fois l’occasion de retrouver sa famille, 2 fois au Brésil et 2 fois
en France. C’est l’avantage d’être immigré par choix et non par obligation, d’avoir un pays qui
n’est pas en guerre et d’être issue d’une famille qui mange à sa faim, c’est ce qu’elle tempérera
sous les éloges de son courage et de son grain de folie. Brasilia est à peine plus agée que ses
parents avec ses 63 ans d’existence, et, aujourd’hui, l’utopie politique de la ville nouvelle se
confronte à une réalité plus complexe que celle d’un plan urbain moderniste, en forme d’avion.
Le Brésil est en soi un « jeune pays », indépendant du Portugal depuis le 7 septembre 1822,
alors imaginez une capitale, construite au milieu d’une savane à partir d’un songe religieux et
d’une vision politique progressiste: l’Histoire est fraîche et n’a pas encore eu le temps d’y laisser
ses traces. Sans sédimentation séculaire ni ancrage profond dans son territoire, les autoroutes
arborées de Lucio Costa et le béton sensuel des monuments d’Oscar Niemeyer semblent peiner
à laisser s’exprimer l’âme de la ville. Dans ce décors, l’identité de la ville se lit à travers celle de
ses habitants, venus des quatre coins du Brésil et emportant avec eux leur histoire, accents et
traditions : Brasilia est bien une capitale. Et Pamela, peu inspirée par cette vie de voiture et
d’espaces vides, partit étudier la fabrication des villes et expérimenter la vie dans l’une de ces
villes européennes, aux ruelles et murs chargés d’Histoire, pour arriver en 2016 à Montpellier.
Retour aux sources, pour ainsi dire.

Manifestation pour la terre Caetano et Conviviados


Brasilia, la capitale, le pouvoir, le contre-pouvoir. Ce jour là, devant le congrès national a lieue
une manifestation. L’immense esplanade en a déjà vue défiler des évènements culturels, des
mouvement contestataires ou des scènes de liesse suite aux exploits des footballeurs. Pourtant,
depuis 2018 et l’élection de Jair Bolsonaro et son gouvernement d’extrème droite, ces
rassemblements populaires ont drastiquement diminués.

Ce jour là, le congrès vote des lois sur l’exploitation de territoire forestier pour un projet minier
d’envergure, propose de remplacer le mot «agrotoxico» par «pesticide», et débat sur d’autres
textes écocides, démontrant le mépris du gouvernement face à l’urgence climatique. Au sein de
la manifestation, on discute de la décrépitude dans laquelle le pays est tombé, notamment
depuis l’élection du président actuel. Peu de gens prononcent son nom, ses nombreux
détracteurs l’appellent «le mec», «l’autre président », « lui », par dégout du personnage et pour
ne pas lui donner plus d’espace médiatique qu’il en prend déjà. Seule exception à la règle, les
chants incessants suppliant avec rage la destitution dudit président : « fo-ra bol-so-na-ro ». Le
grand Caetano lui approuvera le slogan, lâchant timidement mais d’un un air convaincu, un
« sans doute » après le cri de rage de la foule à la fin de sa première chanson.

Un groupe de « sapatoes », homosexuelles activistes, remixe le chant de mauvais goût


« Bolsonora, va te faire en*****er » en « Bolsonaro, va te faire policier, car se fair en***er est
tellement bon ». Le militantisme écolo fait converger les luttes et les goûts ! La manifestation mêle
en effet les luttes de racisme structurel, féministes, homophobes, écologiques, pour le pouvoir
d’achat, contre l’ultralibéralisme, pour le SUS (plan de santé*) et le droit de manger sainement,
le mouvement de sans-terres du Nord-Est, mais aussi surtout sur le droit de préserver les terres des
peuples indigènes répartis dans tout le Brésil. Les stars et influenceurs s’enchaînent pour scander
haut et fort leurs engagements, certains avec plus d’engouement que d’autres, jusqu’à que
l’engagement multiforme cède sa place à « l’allégria » et la « loucaria » générale : Caetano
Veloso, chanteur iconique et instigateur de l’évènement, monte sur scène.

Il n’est pas venu seul, et ainsi défilent en groupe les stars actuelles mais aussi du passé et du
futur! Caetano Veloso, ce grand-père stylé, bahianais, père de la MPB, et doté d’une telle
technique à la guitare et au chant que peu d’artistes ou d’aficionados se prennent au jeu de
reprendre ses mélodies. Surprise ensuite avec des artistes mutliples qui se succèdent : funk,
sertanejo, funk brega, rap bahianais et pauliste, etc.. Duda bitch, Emecida, Seu Jorge et sa
fille , Baco exu de blues, Criolo, etc.… XXX
En quelques heures, et couronné par un couché de soleil sublime, j’aurai eu une chance
incroyable de pouvoir avoir cet « aperçu» du Brésil, ses multiples réalités et ses luttes, sa culture
et sa poésie! Alors oui, Bolsonaro est en train de détruire ce pays, sa diversité culturelle et ses
richesses naturelles, mais, en cette année d’élection présidentielle, un vent d’espoir est train de
souffler.

Mode de vie brasilienses : voiture, shopping, Happy Hour

A Brasilia, les tracés et les édifices sont finalement issus d’un projet, d’une pure fiction. Cela
m’inspire un personnage lui aussi fictif, nourri de bribes de récits brasilienses et de nos
déambulations automobiles, nous l’appellerons « Seu Chiquinho ». Embarquons avec lui sur le
siège passager et laissons nous porter dans une visite atemporelle de Brasilia :

Seu Chiquinho, installé confortablement dans sa voiture, air conditionné à 16°C, se rend
à son travail. Il prend du plaisir à conduire, en dehors des pointe bien sur, la circulation est
fluide grâce à une ingénierie routière de passerelles niveaux et bretelles, il y a en effet très peu
de feux de signalisation. Son bureau se situe dans le secteur bancaire Nord, SBN Quadra 02
Bloco K, et s’il veut aller des faires des courses ou retrouver ses amis, il doit également prendre
la voiture : la ville est découpée en zones d’activités bien définies. Brasilia, c’est la ville de la
voiture. Il lui est déjà arrivé de se retrouver sans voiture et il avait dû marcher 25 minutes pour
prendre alors le métro, seulement mis en service en 2001, et qui ne circule que dans la partie
Sud du Plan pilote. Ensuite, il avait du prendre un bus dans la gare centrale, située à la
rencontre de l’axe monumental et l’axe Nord-Sud. Pour traverser l’axe Nord, ses 2x3 voies et
ses 2x2 voies de contre-allée séparées par de larges bandes plantées, il s’était risqué à
emprunter l’un de ces passages souterrains, qu’il évite à tout prix la nuit. De temps à autre, il
utilise son application mobile pour contracter un de ces nombreux chauffeurs indépendants qui
sillonent la ville jours et nuits, même si c’est un budget énorme à la fin du mois.

Malgré cette routine de transport qui le fatigue, il en profite pour écouter la radio, il aime bien
les émissions musicales sur radio Sénat. Et puis son travail paye bien, il est fonctionnaire public
du District Fédéral. Plus jeune, il a passé plusieurs concours et réussi à décrocher le précieux
sésame qui garantit un emploi stable et un salaire suffisant pour pouvoir se loger dans le centre
et vivre convenablement. C’est la trajectoire idéale pour la plupart des jeunes de la capitale, et
il encourage sa fille, Paloma, à suivre ce chemin là. Plusieurs de ses amis, dont les familles n’ont
pas pu les aider à payer les années de concours, habitent encore à Ceilandia ou Taguatinga,
l’une de ces villes satellites plus populaires , situées à quelques 30 kilomètres du Plan Pilote mais
située sur l’unique ligne de métro. Pour une fois, l’État a aidé les pauvres - raconte-t-il - plusieurs
de ses amis ont vu leurs petits enfants accéder à l’université grâce des quotas d’inclusion sociale
mis en place par un certain Président Lula en 2012.

Comme des milliers d’habitants, il est arrivé du Nord-Est, de l’État du Ceara plus précisément, à
l’âge de 3 ans, en 1954. Ses parents étaient venus en quête de travail et avec l’espoir d’une
vie meilleure dans la capitale, ils font donc parties de ces « candangos », surnom donnés aux
brésiliens qui ont construit la capitale. On lui a souvent parlé du chantier titanesque, du quartier
des bandeirantes et des ses baraques en bois abritant les ouvriers, des soirées dansantes au
rythme du forro. Il s’imagine parfois les voitures et tous ces cols blancs venus de Rio de Janeiro,
l’ancienne capitale, défilant le long de l’avnue monumentale sous le regard fier président
Kubitschek, fondateur de Brasilia. L’esplanade centrale, de la taille de plusieurs dizaines de
terrains de football, tendue entre une immense antenne, la « tour de communication », et les
deux tours jumelles du congrès national, fait aujourd’hui partie de son quotidien. Sur la grande
dalle blanche du congrès, entre les deux coupoles qui ressemblent à des soucoupes volantes, il
avait manifesté contre l’inflation lié au Plano Cruzado II, un printemps de1986.

Il aime sa ville, ses grands espaces verts arborés, l’air qui circule entre les bâtiments, le calme et
puis surtout ce ciel immense et sa mer de nuages qui étirent ’lhorizonà l’infini. Les dimanche il se
promène souvent en vélo sur l’Axe Nord-Sud, fermé à la circulation automobile. Sur le bitume et
sur les ilôts de pelouse s’installent des vendeurs de pop-corns ou de noix de coco fraiche, des
jeux pour enfants gonflables et des loueurs de trottinettes. Brasilia, libérée de ses flux cadencés,
prend un air de grand parc. Parfois quand il fait trop chaud, et même s’il faut bien rouler 30
minutes, il aime se promener sur les rives du lac Paranoa, qui, précise-t-il est artificiel, et sans lui,
Brasilia n’existerait pas. II y a déjà rencontré des familles de dizaines de capivaras, ces grands
rongeurs de la taille d’un labrador, ce sont quasiment les seuls qui nagent dans le lac d’ailleurs.

Et puis, comme lui rappelle souvent son cousin, ici ce n’est pas Sao Paulo, la ville est tranquille
et on s’y ent en sécurité. Seu Chiquinho a habité quelques temps lui aussi à Sao Paulo et, dans
ses souvenirs il s’y promenait quand même bien plus à pieds, mais pas la nuit, ça c’est sur. En y
repensant, les ballades, les petites courses d’appoints, les rencontres fortuites, les improvisations
d’itinéraires, ça lui manque, et Brasilia ne permet pas tout ça. Croiser au hasard un voisin au
milieu des pelouses désertes séparant deux « superquadras », les macro-liôts d’habitation, ça
n’arrive pas tous les jours.

Il aime bien raconter à son cousin, qu’ici, il n’y a pas « d’esquina », c’est à dire pas de coins -
entendez pas de bar du coin, pas d’épicerie du coin. Parfois, Seu Chiquinho à l’impression que
les gens flottent, comme les longs batiments sur leurs pilotis, égarés au milieu de cette immense
nappe verte striée par d’infinis lacets noirs. L’endroit où il rencontre le plus de monde, ce sont
les shoppings. Il aime bien prendre une de ces choppes de bières gelées autour d’un plat de
crevettes dans les « zones d’alimentations », vastes halls nichés au cœur des centre
commerciaux. Un jour, dans le « Conjunto Nacional », cet immense et notoire centre
commercial, il a même assisté à une conférence, même si le cri des enfants s’épuisant dans les
jeux en plastique l’ont empêché de tout entendre.

Notre protagoniste habite dans l’une des ces superquadras depuis plus de 20 ans, la SQS,
209, dans le Bloc B, demander « Seu Chiquinho » du 6ème étage à la loge du concierge, il
l’appelera. L’appartement est traversant, a de grandes fenêtres, et est plutôt vaste, surtout depuis
qu’il a aménagé en chambre la zone de service réservés aux domestiques de l’époque. Un filtre
en terre vertical et marron posé sur le plan de travail, un chapeau en cuir de « vacqueiro »
accroché à l’armoire, une photo d’une vieille maison de terre et de branches, casserole en terre
cuite sur la cuisinière au feu de bois; quelques souvenirs du « sertao » du Ceara ornent les murs
et évoquent ses terres ancestrales.

Dans le secteur d’habitation, tous les immeubles ont pour règles d’avoir un rez-de-chaussée sur
pilotis et une hauteur de 6 étages, l’implantation de chaque bloc et l’architecture étant
normalisée mais plus libre. De part et d’autres de l’axe monumental, où se situent les édifices de
pouvoir du Brésil et du District Fédéral, s’organisent dans un premier temps les secteurs d’activités
institutionnelles, le secteur bancaire puis le secteur de divertissement. Enfin, tout au long de
« l’Eixao », axe Nord-Sud dessinant deux grandes ailes, se répartissent les 16 superquadras Sud
et les 16 surperquadras Nord. Et entre chaque superquadras, on retrouve des rues appelées
secteurs commerciaux, conclut enfin Seu Chiquinho. L’auteur de ce projet de ville nouvelle
s’appelle, Lucio Costa, urbaniste Brésilien. Largement inspiré de la Charte d’Athène de
l’architecte français Le Corbusier, il proposera un plan d’ensemble s’apparentant à un avion qui
remportera le concours international réunissant 26 équipes candidates. Cette organisation de la
ville fait partie de l’histoire de Brasilia, de sa génèse, comme un mode d’emploi que Seu
Chiquinho prends toujours plaisir à expliquer.

Quand il fait visiter Brasilia aux membre de sa famille de passage à la capitale, il rend
hommage pour ainsi dire à Oscar Niemeyer et ses bâtiments impressionnants. Il adore se
promener dans l’immense coupole du Musée National avec ses neveux, ses rampes aériennes
leur rappellent des films d’extra-terrestre. La cathédrale et ses immenses vitraux, qui s’inspire de
la couronne d’épines du Christ, c’est pour sur le bâtiment préféré des touristes, assure-t-il. Les
édifices institutionnels sont plus compliqués à visiter, mais pour lui, aucun doute, son préféré c’est
le palais d’Itamaraty. Ses arcades régulières et élancées, qui se reflétent dans un bassin, abritent
des grands espaces de réception, desservi par un escalier hélicoïdal digne des plus grands
présidents. Il aimerait pouvoir venir flâner dans le magnifique jardin niché à l’étage, un oasis de
fraîcheur réalisé par le grand paysagiste Roberto Burle Marx. Encore aujourd’hui, ces bâtiments
de verre et de béton ont une allure drôlement futuriste.

Quand
Sa fille, Paloma, habite avec lui avec sa propre fille. Elle n’a pas les moyens de prendre un
logement pour elle, et puis la famille c’est la famille, on ne va quand même pas laisser son vieux
père habiter tout seul.

Sa femme XXXX

XXX CONCLURE LA FICTION XXXX

Vendredi soir, c’est devenu un rituel dans la belle famille, c’est happy-hour à la maison ! Né des
longues semaines enfermées durant la pandémie, le déroulement est le suivant : Hélio mon beau-
père expérimente des cocktails, Roxanne sort les planches de fromages et de « tira-gostos », et
lorsque Pamela, Julia ou Bianca invitent des copains, on sort l’enceinte et la boule à facette !
Ce rendez-vous hebdomadaire, où sont toujours conviés Jefferson et Mathéus, les « chéris », est
donc un temps familial important, et révèle selon moi, quelques aspects du mode de vie à
Brasilia. La nuit, pour sortirl es distances pour sortir une fois la nuit tombée et surtout la peur des
violences, fréquentes en soirées et finalement possibles à peu près n’importe où. Le sens de la
famille : Ici, on vit en famille : non seulement la maison familiale accueille jusqu’à 3 ou 4
générations, mais aussi et surtout, le temps consacré à la famille est primordial. Une des raisons
principale me semble être avant tout économique : les loyers sont, à la capitale, extrémement
chers par rapport aux revenus. HHH

C’est un lendemain d’un de ces vendredi, victimes du rythme généreux des cocktails
expérimentaux, que nous nous rendons dans le centre de Taguatinga pour fêter l’anniversaire de
Jefferson. Un petit concert dans chaque bar ou pour le moins une enceinte aux avant-postes, les
weekends sont forcément musicaux – ou bruyants selon le point de vue - au Brésil. Le lieu choisi
est un bar de trentenaire, serveurs stylés, décoration underground dans une ambiance « boteco »
alternatif. Le « boteco », c’est un type de PMU ou bar du coin que l’on trouve dans n’importe
quel village au Brésil : chaises et tables en plastique colorées, de ces modèles empilables,
cartes simples entre bières premium, « salgados » et « espetinhos », et tablées bruyantes saturées
de bouteilles de bières de 600ml vides, exposées comme des trophées de chasse et en même
très utile pour faire l’addition. Ici, les tables sont disposées sur un parking, rassemblées sous un
grand barnum et séparé de la circulation par des barrières de marché. L’intérieur, une sorte
d’entrepôt bordé d’un grand comptoir , ambiance graffitis et caisses de Brahma et Heineken
empilées, se ferme avec des rideaux métalliques. 4 gros amplis envoient un bon son bien réglé,
on a compris l’intention de « Isso aqui é DF » c’est surtout de se retrouver en musique. Pour
accéder aux toilettes, on se faufile entre les musiciens, et on se lave carrément les mains « sur
scène », enfin, le coin qui est dédié aux musiciens. On est aussi bien dehors que dedans dans
ce bar tout ouvert, d’ailleurs le saxophoniste surexcité, arrivé avec 1 heure de retard, reprend
sous souffle en sortant carrément du bar. Il balance 3 notes puissantes, au milieu du parking puis
revient encore plus fort dans un solo frénétique et enivrant.

Anniversaire tonton Darcy à Taguatinga + Histoire des villes satellites


Dans la maison familial de Taguatinga, ville satelitte du Plan Pilote, 3 générations cohabitent
autour de Vo Diney, la grand-mère maternelle de Pam. Comme dans de nombreux foyers,
notamment dans les villes moyennes, un atelier ou un commerce occupe une partie du lot,
entremêlant l’espace domestique aux temps de travail. Dans un petit patio, entre la menuiserie
des deux frères et le salon, se déroule l’anniversaire du tonton Darcy. La famille bien élargie est
là, cachaça et bière abreuvent les assoiffés, et le buffet des plats bien typiques des fêtes
familiales est pris d’assaut : baiao de dois, salgadinhos, mayonnaise et batata palha, bolo
recheado, pavé, etc.. il n’est bien sur pas question de refuser une énième assiette à la grand-
mère !

Cette famille de 7 enfants, originaire de l’état d’Espirito Santo, XXX

A Taguatinga, comme dans le Plan pilote, le nom des rues ne s’embarrasse de personnages
historiques, QG 101, SQ2-312, codification certes pratique mais légèrement déshumanisante.
La ville a été inaugurée avant Brasilia pour accueillir les ouvriers et leur famille venus du pays
entier pour construire la capitale attirant les espoirs et destinées multiples.

HHHPAMELA me raconte HHH les autorités pensant que De nombreuses repartiront une fois la
ville sur pieds. Avec Ceilandia ou Samambaia entre autres, ces villes satellites créée par les
ouvriers de Brasilia, « les candangos », leurs descendants et les nouveaux arrivants représentent
plusieurs millions d’habitats, contre les 400 000 planifiés par l’urbaniste Lucio Costo et
compagnie.

XXX Aguas Claras ou la nouvelle triste utopie : les condominios, la « ghettoisation », les
shoppings,. Heureusement resiste encore et toujours à la peur et la consommation, un parc
central, réserve sauvage ou quelques énergunèment viennent se sentir humain et cotoyer les
rythmes naturels, s’allonger dans l’herbe et observer les canards et les capivaras

Une semaine dans le joyaux du Cerrado : la chapada dos veadeiros


Si Brasilia et son atmosphère ne m’ont pas forcément rassasiés d’aventures et de rencontres, le
temps en famille et le confort de la maison d’enfance de Pam ont été agréables.

Mais la nature, notre propre rythme, nos aventures du quotidien et nos mini-explorations nous
manquent, alors nous partons pour plusieurs jours dans le joyau du Cerrado, la Chapada dos
Veadeiros.

XXX Moise et Najmi et leur projet de camping et chalés + Robson, tirés de la rue par Moise
pour travailler sur le chantier, et qui est en admiration devant cette nouveauté, « un Français » -
son suel français qu’il connaisse c’est dans un film « le gambitch » ? > première rencontre pour
moi aussi avec un brésilien de l’intérieur, famille pauvre et quasi analphabèteXXX

paysages entre champs de soja interminables et nature riche / perroquets araras / cascades et
cours d’eau revivifiant dans une sécherresse déjà bien installée /

Fin des vacances, débuts de la vie nomade

Préparatifs : la rencontre avec Capivara, kombi clipper de 1982


La rencontre avec notre futur compagnon de route s’est faite par l’intermédiaire d’un couple de
Français rencontrés à Rio, souhaitant vendre leur kombi.

Le kombi, camionnette aux allures vintage de Volkswagen, pourrait être considéré comme
patrimoine culturel et affectif du Brésil. Ce petit utilitaire est une vraie machine à souvenirs pour
les brésiliens comme en témoigneront plus tard sur la route de nombreux nostalgiques. Accoudés
à notre kombi, les plus sensibles y verseront même leur petite larme ou iront de leur câlin en
contant leur relation presque amoureuse avec « leur » Kombi. Depuis 1957 , l’entreprise
allemande a mis en circulations plus de 1,5 millions de kombi en gérant de main de maitre leur
communication, comme en atteste un spot publicitaire plein d’émotions pour l’adieu national de
leur produit iconique en 2014.

Revenons à nos Français, pour qui, après un trip Sao Paulo – Ushaia de 6 mois et interrompus
par la pandémie, il est l’heure de rentrer au pays. On découvre avec Pam l’univers du kombi lors
de cette visite : ses limites et incontournables galères, ses nombreux avantages et son charme
vintage, nous mettent déjà l’eau à la bouche et la puce à l’oreille. Le coup de foudre sera pour
plus tard. L’oppornuité est belle, mais, en réalité on n’y connaît rien en mécanique, carrosserie et
prix du marché : on n’est pas prêt. Ce n’est que deux ou trois semaines plus tard, après une
plongée dans les sites de ventes automobiles, que l’on prend contact avec Carlos, qui a
aménagé le kombi « des Français ». Le moment est plutôt bien choisi : il est justement en train
d’en aménager un nouveau, pour un couple d’allemands. Après avoir fait une première virée
initiatique, les dimensions bien ajustées de l’intérieur du van aménagé n’ont pas convaincus les
2 futurs voyageurs qui, apparemment pas pressés et fortunés, s’orientent vers un van de type
ambulance. Le kombi estdisponible. Quelques photos plus tard, et avec un contexte rassurant -
Carlos a plusieurs aménagements de « kombi-casa » à son actif, c’est sur, il s’y connaît – on est
quasiment surs d’avoir trouvé le bon.

A Brasilia, chez les parents de Pam, on prends bien le temps de voir d’autres offres, de se
renseigner à droite à gauche, et aussi, d’essayer un kombi. Jour d’essai, le rendez-vous est pris
dans le centre de Taguatinga. L’intérieur est aménagé vraiment avec les dents mais aussi avec
mauvais goût : trous dans le plafond en lambris PVC porte coulissante dégondée, armoires en
MDF plastifiés défoncées, rideaux kitchissimes. Peu importe, on veut des retours d’expériences,
des conseils de vieux briscards. Bon, et il est l’heure d’essayer. Avant de conduire, je suis averti
de la « folga » du volant – jeu inhérent au système de direction du kombi – et de la technique
spécifique pour manier le levier de vitesse. C’est l’heure de pointe, et, au bout de dix minutes,
cinq cent mètres, deux calages sous un concerto de klaxons et trois litres de sueurs, je rends le
volant au propriétaire. On a eu ce que l’on cherchait. L’expérience nous confirme qu’il vaut
mieux se faire épauler pour l’aménagement et la prise en main de la bête! On le sent, un vent
d’aventure nous tapote sur l’épaule: dis, quand est-ce qu’on prend la route ?

Quinze jours puis vingt heures de bus plus tard, nous voilà dans l’atelier de Carlos, à Serra
Negra, Etat de Sao Paulo, au milieu de deux kombis clipper de 1982, le sien et le nôtre. Bon,
l’atelier est une vieille maison en chantier, loin de tout, pas d’eau pour se doucher. Et il y a
encore dix jours de boulot pour faire rouler notre kombi. Après deux semaines, plusieurs
problèmes mécaniques et électriques qui se cumulent, et des finitions qui n’avancent pas : doit-t-
on faire confiance à ce Carlos bien sympathique mais loin d’être professionnel ? Le temps est
franchement long, d’autant plus qu’il ne nous laisse que très peu d’espace et de confiance, faute
à une dés-organisation flagrante, pour s’investir dans le chantier de notre propre maison. On
prend notre mal en patience, s’installe une douche et on se rassure auprès d’amis et anciens
clients de notre vendeur. Bonne surprise, Zack, un joyeux canadien, apparaît à l’atelier avec sa
dernière acquisition : le kombi des Français de Rio! Il vient y faire quelques adaptations avant de
prendre la direction de l’Argentine et nous passerons ainsi une semaine ensemble à attendre et
visiter la région. Nous partirons finalement vingt-deux jours plus tard, après avoir mis un coup
d’accélérateur et de pression à Carlos pour les derniers préparatifs qui semblaient s’éterniser.

Enfin, la route sinueuse au milieu des plantations de cafés. Et le bruit ronronnant de notre
nouvelle maison, équipée dans son coffre arrière d’un moteur AP 1.8 du modèle gol de
volkswagen. Mille kilomètres nous séparent de Brasilia, que l’on choisit de faire en deux jours,
objectif ambitieux pour une première en kombi. Premier jour, premières aventures : après notre
passage de frontière pour l’État de Minas Gerais et un magnifique coucher de soleil, un bruit
nouveau nous alerte : le pot d’échappement vient de tomber ! Il est samedi soir, vingt-et-une
heure, au bord d’une double voie. Bordel. Heureusement la prochaine station essence se trouve
à 3km. Et, petit miracle au cœur de notre détresse transformée e colère envers Carlos - diabolisé
à cette heure tardive - un atelier de soudeur, ouvert, se trouve à moins de cinq minutes ! Pot
suspendu par un fil de fer, on débarque dans cet atelier crade et bordélique. Trois vieux
soudeurs à la gueule cramé et à l’accent bien prononcé nous invitent à partager leur boite de
conserve et leur soda, le temps que le moteur refroidisse. Autour de nous, mille et une pièces
d’acier, une dizaine de chats de gouttière. En fond sonore,entre les cris de la disqueuse et les
jaillissements du poste à soudeur. Le « boteco » du coin nous démontre quant à lui la puissance
de son enceinte démesurée sur le rythme du dernier « pagode », style de musique à la mode. Un
samedi soir pas comme les autres !

Les Documents de Capivara : un mariage difficile avant le grand départ

La première nuit en station-essence entre les camionneurs se passe bien, ainsi que la journée
suivante. Après mille bornes, on sait qu’il y a encore du boulot pour préparer notre compagnon
pour le grand départ. Naviguant entre l’atelier des tontons menuisiers, les vendeurs de pièces
auto, les mécanos ou soudeurs, on s’occupe du bruit du moteur et de l’odeur d’essence vraiment
inconfortables, du levier de vitesse bien trop aléatoire, des finitions des rangements et d’autres
dizaines de bricole. Total de l’opération : un mois et demi, soit le temps nécessaire pour
transférer les documents du kombi à mon nom.

Cette dernière tâche n’est pas des moindre, puisque l’on à affaire au DETRAN*, et pas
n’importe lequel non plus, le réputé coriace du District Fédéral. La mission, passer le contrôle
technique dans un garage officiel puis déposer un petit dossier à l’administration, s’annonce à
priori simple. Surprise dès la première étape, le moteur adapté a bien été enregistré, mais, le
système de Sao Paulo l’a repertorié en tant que moteur à « étanol », celui du « District Federal »
à « gasoil ». Et nous voilà au cœur d’une faille du système, à devoir découvrir les organes et
protagonistes de l’Administration Automobile brésilienne. Pour passer au contrôle technique qui
voulait nous renvoyer à Sao Paulo, pour tenter sans garantie aucune d’y résoudre le problème,
on use de nos talents de dramaturges. Pour défier le « notaire » du « cartorio » fièrement
incompétent qui s’y prend à trois fois pour tamponner le bons documents, on s’arme juste de
patience et de politesse. Mais c’est bien Toninho, rencontré dans les dédales d’une succursale
du DETRAN qui va débloquer cette situation. Il est « despachante », profession étrange qui, par
magie, débloque les dossiers compliqués de documentations automobiles. Il résout notre cas en
mois de deux heures, contre trois longues semaines de notre côté. Notre document officiel nous
coûte donc 900 reais de plus, le prix pour Toninho pour entrer à distance dans le système
informatique de l’administration et passer trois coups de fil.. Oui, ce processus de corruption est
bien un véritable métier, reconnu comme légal !

Dès le lendemain de la validation des documents, nous enchainons les présentations officielles
du kombi et les adieux chaleureux à la famille et aux copains : on prend la route et pour de
bon.

Goias, Bahia : Chapada Diamantina, GP et joint de culasse

Il y a cinq ans de ça, quand j’ai rencontré Pam, jeune stagiaire urbaniste dont l’accent aux
flagrances exotiques m’ont directement intéressés, elle m’a rapidement parlé de ses deux
lieux préférés au Brésil: la Chapada et Itacaré.

Aujourd’hui, le 28 mai 2022, nous mettons le cap sur la Chapada Diamantina, au coeur de
l’immense état de Bahia.

Pas loin de1500 kilomètres nous sépare de cette région et notre itinéraire prévoit une petite
semaine pour y arriver. Après une première nuit en camping à Mambai, village dortoir pour les
ouvriers des plantations de mais et soja, au coeur de l’état de Goais, on nous recommande le
restaurant de Heide et Vava. « Pas de problème , mettez le kombi là, en bas au bord de la
rivière, on va même faire un feu en amont pour que vous puissiez vous y baignez sans trop vous
geler!» Je remercie le vieux paysan pour sa proposition, sans me rendre compte du ton comique
de sa proposition ! Mon niveau de portuguais après 4 mois et demi au Brésil s’est bien amélioré
mais l’accent de « l’intérieur » de Goais est une sacrée nouveauté. Le même soir, au restaurant
où tout est cuisiné au feu de bois, je me risque à manger du « piqui ». Ce fruit iconique, du
moins pour moi car il est l’un des seuls que je connaisse, du cerrado, nécessite une certaine
technique pour le manger. Après ma première bouchée je me rends compte avoir compris de
travers l’explication de Heide, la cuisinière: la chair de piqui enrobe sur un demi centimètre une
coque, elle même remplie de centaines de petites échardes, dont 3 se nichent dans mon
palais... Sacré système d’autodéfense, que les « arraras », nombreux dans le cerrado,
contournent eux sans problème pour se nourrir.

Notre passage en transit dans l’Etat de Goais pourrait se résumer à cette belle rencontre ou au
plaisir de manger des « pamonhas » en bord de route, ces gâteaux de mais salé ou sucré cuit
dans la feuille même. Mais, pour arriver à Bahia, le temps semble s’éterniser du long d’une route
parfaitement droite de 210km. A droite comme à gauche, plus un arbre, plus un mètre carré de
nature mais une étendue infinie de champs de soja, parfois ponctuée de champs de mais ou de
coton. Le cerrado, paysage ravagé par l’agro-business. XXHHH parler du cerrado et de
l’agrobusinessHHH
Pour Pam l’émotion de ce paysage est forte, mais de mon côté je me prends une véritable
claque. J’ai devant mes yeux un vaste aperçu de l’échelle du Brésil et de son étendue. Ma
référence de ligne droite était jusqu’à présent la route nationale de la plaine de La Crau et ses
12km sans virages, paysage dont l’horizontalité me fascinait. Goais = Bahia = France en terme
de superficie. Ce pays-continent qu’est le Brésil fait plus de 16 fois l’hexagone, et, bien qu’il soit
plus long que large, ses dimensions d’Ouest en Est sont supérieures à celles de la traversée de
l’Atlantique. Près de 4h de route entre les camions, dont les grains s’échappant de leurs
remorques viennent choquer le pare-brise, nous font méditer sur nos ambitions d’itinéraire :
l’important ne sera pas les kilomètres au compteur,ni la vitesse d’ailleurs, ça on l’avait compris
lorsque l’on a atteint les 104km/h en descente. D’abord la région Nord-Est et ses 9 Etats, puis
ensuite on verra, le reste de l’Amérique du Sud nous attendra pour sur. Sans se presser, nous
arriverons1 an après dans la région Sud-Est du Brésil.

L’arrivée à Barreiras, première halte à Bahia, est synonyme de retrouvaille pour Pam et Pati qui
étaient en école d’architecture ensemble à Brasilia. Soirée au bar sur un parking de la ville,
autour d’une scène ouverte orchestrée par un vieux guitariste virtuose, qui se termine en profonde
philosophie de comptoir avec Vito, mari de notre hôte. Il est artiste et est en train de réaliser une
fresque géante sur la façade de leur maison-atelier. Pam, déjà en manque de peinture et moi,
toujours en quête de créativité, nous retrouvons pinceau et thé détox à la main, à colorer et
remplir les lignes florales qui ornent déjà leur façade.

Notre ultime étape avant l’arrivée à la Chapada Diamantina est forcée par la tombée la nuit
découpant au loin les premières silhouettes des montagnes caractéristiques de la région. Le
hasard nous mène dans l’obscurité devant le portail d’une ferme isolée, dont les propriétaires
nous proposent, après une rapide hésitation de dormir sur leur terrain. Puis de prendre une
douche, et enfin de s’installer sur le canapé au milieu des 3 générations de cette famille de
fermiers pour regarder la dernière télé-novela de 20h, une tasse de café bien sucré à la main.
Comme si l’on faisait partie de la famille.

Devant nous se dressent enfin les « morros », grands massifs verts élancés sur chacun desquels
semblent s’être posé à la manière d’une couronne un grand bloc de pierre. Le parc Naturel de
la Chapada Diamantina s’offre à nous depuis la ville de Palmeiras, aux maisons coloniales
colorées desservies par ses petites rues pavées. HH Comme le nom laisse imaginer, cette région
a été fortement explorée à l’époque pour ses pierres précieuses et diamants HH

Pour entrer dans le Parc, plusieurs entrées sont possible, la notre sera depuis le Nord, après
20km de piste en fond de vallée pour arriver au village de Caété_Açu, surnommé Vale do
Capao. HH histoire du village HH

Sous un ciel grisonnant, des averses quotidiennes et un froid insoupçonné pour moi au Brésil
(15°c la nuit), nous profitons des éclaircies pour découvrir les beautés du coin. Rivières et
cascades sont teintées d’une eau noire en profondeur, virant orangée sur les rives et les rochers.
Arbres, lianes et fougères dessinent une végétation dense et riche qui s’étend inexorablement
jusqu’au pieds des falaises claires. La nuit, lorsque les nuages s’estompent, les masses sombres
qui ferment la vallée cadrent un ciel intense. Les dessins des constellations de l’hémisphère Sud
me fascinent.

Jour de soleil, jour de rivière, et nous sautons sur l’occasion pour pratiquer une de mes activités
de plein air préférée : suivre les cours d’eau en sautant de rocher en rocher. Un autre jour,
direction une des cascades qui fait la réputation de la région, la « Cachoeira de la Fumaça »,
avec une équipée formée sur le tard. Les 8km de sentiers sous un soleil enfin de plomb, sa
montée abrupte et la rencontre avec une «cascavel », dangereux serpent, nous conduisent à un
belvèdère surplombant de 340m une vallée inhabitée. Dans sa chute verticale infernale , le
timide filet d’eau se vaporise et forme une masse brumeuse et dansante, flirtant avec la falaise au
grès des vents. Le spectacle et magnifique, le vide sous nos pieds dans lequel se déplace l’eau
muée en fumée est glaçant.

On découvre le village dont le noyau s’organise autour d’une rue principale aux façades
coloniale colorées. En fin de journée, on s’installe sur les parvis en pierre des maisons et
échoppes de la rue en pente ou au pieds des arbres de la place du village. Les falaises et
versants arborés construisent un écrin à ce village confortablement installé en son sein. XXX C’est,
émerveillés par notre regard de voyageurs et notre courte expérience, que nous sentons den ce
lieu une sorte d’utopie concrete.XXX Allons faire un tour ensemble au marché hebdomadaire pour
tenter d’illustrer quelques dynamiques et critères qui, selon nous, peuvent dessiner une société
soutenable et avenir heureux.

Sur l’unique place du village, les étales sont installés sont de grandes baches bleues tendues
aléatoirement entre les arbres et le kiosque. Une petite trentaine d’exposants, pour la plupart des
habitants de la vallées, sur deux ou trois petites tables. Le plus grand et le plus bruyant est un
producteur de café de Seabra, ville à 60km d’ici, qui mout ses grains de café sur la place.

La variété des fruits et légumes révèle une production agricole locale, organique et raisonnée. Le
climat de la région permet une production continue à l’année, alors que l’on découvre au rythme
des cagettes de nombreuses plantes et feuilles sauvages. Intercalés entre ces étales colorés, nos
yeux se baladent sur des plateaux de « salgados », la plupart végétariens, dont les créateurs
prennent plaisir à expliquer leurs expérimentations uniques et saisonnières. lCoxinha de Jaca,
pastel de XXX , du vrai bon pain et des fromages au lait cru – cocorico ! -, etc..

Les prix, corrects, ne sont pas basés sur la mode du « bio » mais bien sur la valeur marchande
du travail et de l’économie de la vallée, sans intermédiaires marchands. Très peu de légumes
sont en effet vendus dans les deux mini-supermarchés du village, donnant une forme
d’indépendance de l’économie agricole locale.
Regroupés en bord de marché,on trouve de l’encens et des huiles essentielles, des bijoux et
pierres semi-précieuses, de l’art floral ou des sérigraphies. Partie un peu plus hétérogènes, entre
artisanat et vendeur de pétard, un dernier espace propose la réparation de vélos et autres petits
bricolages et met quelques outils à disposition.

Au marché comme dans la vallée, on croise aussi bien des familles de natifs que des néo-ruraux
venus des quatres coins du Brésil. De notre point de vue, l’équilibre semble plutôt bien trouvé, le
respect et la beauté du cadre naturel.

Même si certains content avec nostalgie un passé encore plus alternatif, ici le tourisme de masse
n’a pas encore imposé - et n’imposera pas je l’espère – ses diktats de la consommation. Les
randonnées et cascades y sont gratuites, ce qui n’est pas le cas partout au Brésil. Pas de
grandes fêtes payantes et privées ni d’arrivée de convois de bus, d’ailleurs seuls des vans de 20
places arrivent au fond de la vallée. Et surtout, pas de « condominios », ces ghettos de
résidences sécurisées emmurées qui poussent en masse sur la côte. Nous reviendrons plus tard
sur cet urbanisme privatisé qui nous semble un fléau pour les territoires brésiliens. Finalement
même les touristes habitués aux stations balnéaires viennent au Capao sortir de leur zone de
confort, profiter du calme naturel, et expérimenter les alternatives locales.

Heureusement, 500km de Salvador et de son littoral, ainsi que 20km de piste cabossée
semblent résister encore et encore à l’envahisseur ! L’économie principale de l’offre touristique de
la vallée est basée sur l’hébergement, entre camping roots et « »pousadas » plus confortables. Si
cascades et randonnées forment le principal attrait touristique, de nombreux lieux spirituels qui
s’inspirent des « energies naturels des éléments et de la nature» attirent un public en quête de
sens. La vie culturelle n’est pas en reste non plus, on y trouve : le « saral » hebdomadaire, où
chacun vient proposer musiques, danses ou lectures inspirées des quatre coins du monde; le très
poétique cirque tenu par un français, les concerts dans les bars ou proposés par la préfecture.

Encore plus en marge, culturellement et géographiquement, se développent des lieux et fermes


communautaires, autre volet d’un tourisme informel, basé sur des échanges de service. Auto-
construction, permaculture

Quelques images me viennent en mémoire en pensant à ces rencontres rapides.

Accroupi sur un muret en hauteur, un homme blond au visage illuminé, habits hippies, suce une
mangue de manière primitive et distribue des regards d’une bienveillance à la limite de la mal-
aisance aux badauds du marché.

Debout derrière son stand avec sa famille, une Bahianaise au traits marqués par le travail de la
terre nous confie sa recette ancestrale pour cuisiner la Taioba, cette grande feuille sauvage qui,
d’un type à l’autre et selon certains signes distinctifs, peut être toxique.
Diego comme Tiago, sont venus seuls au camping pour se ressourcer. Rupture amoureuse,
burnout au travail ou saturation des mégalopoles, XXX

Chamane moderne, iranien,

Le belge à vélo

XXX définir 3 ou 4 personnes pour itrer des portraits clichés » XXX

XXX conlusion sur la petite utopie

Pas vraiment préssés de partir, nous choisissons pourtant d’aller explorer d’autres coins du Parc…
pour revenir à Vale do Capao à l’occasion de la fête de la Saint Jean, fin juin.

--------

Ce sera notre première nuit sauvage avec Capivara, au sommet d’une colline et sous une voute
céleste limpide, la nuit est magique.

Sur la route, nous croiserons les villages plus réculés de Conceiçao dos Gatos et de Guiné. Ce
premier nous réserve la surprise de la fête de Saint Antoine, en prémice de la très attendue,
notamment à Bahia, celle de la Saint Jean. Premier feux d’artifice pour annoncer le début de la
prière à la chappelle, réunissant principalement les femmes autour de versets répétitifs. Second
feu d’artifice : un cortège mené par une « banda » de forro qui nous accompagnera à la maison
où est organisée, pour ce soir, cette première soirée des semaines de fête à venir. Un
« symphona », petite accordéon, une zabumba « tambour plat », un triangle et un pandeiro font
rapidement danser les couples au milieu du salon qui vont « ralar o bucho », littéralement se
frotter la panse, au rythme de cette musique traditionnelle de la région Nord-Est. Un bouquet est
offert à la maitresse de maison qui reçoit, et des verres du vin blanc chaud, des portions de
cacahuètes cuites et des gateaux de mais sont distribués à quiconque passe devant le palier. A
Guiné nous retrouverons cette même parade accompagnée des banderilles en l’honneur du saint
du jour, et qui se terminera sous la halle du village autour d’une grande marmite de « vaca
atolada », soupe à base de mandioc e viande. C’est ce soir même que nous ferons la rencontre
avec Klebson, guide de randonnée natif de la région.

Guiné se situe au pieds d’une paroi rocheuse monumentale qui semble contenir la
mystérieuse et uniquement accessible à pieds «Vale do Paty ». Avant de partir pour 4 jours en
trek, nous passons la nuit accostés à la pousada de Dona Nenza, la première de plusieurs
« grand-mère de voyage et de coeur » pour Pamela. Départ matinal avec Klebson qui nous
accompagnera faute de connaissance de la région, 4 jours de nourriture sur le dos, et
hébergement prévu chez les habitants de la vallée.

Premier segment bien raide à flanc de falaise pour se retourner au sommet et voir en contrebas
le petit kombi à côté du petit village et l’immense étendue laissant émerger quelques montagnes
« chapadesques » à l’horizon. Nous traverson plateau à près de 1000m d’altitude, végétation
sèche et rase, traversée par le rafraichissant Rio Preto, fidèle aux teintes orangées des rivières du
coin. Quelques kilomètres devant nous apparaissent plusieurs sommités discrètes, dont les noms
évocateurs - Castelao, Sobradinho, Cachoeirao (Gros Chateau, 2 niveaux, Grosse cascade) –
semblent variés selon le narrateur et les époques. La beauté du joyaux de la Chapada ne se
dévoile complètement qu’en approchant de la bordure du plateau géologique : la vallée
profonde et sinueuse surplombée par les masses rocheuses éclatantes dans le ciel de midi. Des
millions d’années de force géologiques et d’érosions dans un silence absolu. Seuls les oiseaux et
une lointaine cascade se permettent de perturber le spectacle et nous invitent à plonger en son
sein.

Coupée des chemins noirs et de la vitesse contemporaine, cette vallée d’apparence


vierge a en réalité accueilli plusieurs siècles de vies humaines. Jusqu’à la fin du XVIème siècle et
l’arrivée des « bandeirantes », pionniers de l’invasion coloniale, plusieurs populations indigènes
* habitent cette vallée à une période de violente sécheresse.. Au coeur de cette chapada, ils
trouveront de l’eau abondant des terres fertiles, une biodiversité sylvestre riche en fruits et gibier,
mais aussi un lieu sécurisé par ses remparts rocheux. C’est une population de presque 2000
habitants qui, au milieu du 19 ème siècle, développa la culture du café sur ces terrrains riches et
abruptes, devenant un producteur régional incontournable. C’est cette même fêve, rapidement
appellée « l’or vert du Brésil», qui modifiera radicalement l’histoire de la vallée. Suite à l’essor
de son commerce international et des aléas du marché, le gouvernement de XXXX décidera de
nationaliser et régulariser la production du café. Les plantations « patizeiras » seront éradiquées
en faveur de plantations plus rentables dans les états du Sud-Est (Sao Paulo, Minas Gerais), pour
répondre aux lois du capital . Un cousin de Dona Nenza, lui même « mangeur de godo* » et
maintenant installé « en dehors » à Guiné, nous racontera écouter son père narrer le désespoir et
la rage de son propre père, arrachant un par un ses plants de café.

Aujourd’hui, le constat des premières injustices de la globalisation laisse un gôut amer dans la
bouche. Seuls subsistent quelques rares plants de café sauvages, une église, l’ancienne
préfecture et l’école ainsi qu’une dizaine de maisons de natifs. Les autres maisons, constructions
rudimentaires en pau-a-pique* et toits végétaux, ainsi que les anciennes plantations, évidemment
sans pesticides si besoin est de préciser, ont finalement nourris d’Histoire et de matière
compostable la luxuriante forêt qui se trouve devant nos yeux. Aujourd’hui, après des années de
décadence - moins de 300 personnes continueront d’habiter la vallée dans de conditions très
précaires fin des années 1970 - la vallée retrouve un nouveau rayonnement. La création du
Parc Natiocale de la Chapada Diamantina en 1985, puis le programme « lumière pour tous »*
*(installation de systèmes domestiques de production électrique solaire pour le cas de la Vale do
Pati) des années Lula (2004) favoriseront sa préservation, la pérennisation des derniers habitants
et l’essor du tourisme.
Les presque 1000m de dénivelé positifs matinaux du lendemain, dans l’humidité
étouffante de la forêt, nous conduiront à l’entrée d’une profonde grotte traversant le piton
rocheux faisant office de sommet. Et s’offre à nous de nouveau l’immensité des vallées
profondes, celle du « Calitxo » à nos pieds, jamais habité pour le coup.

La troisième journée sera la plus engagée pour nos jambes déjà engourdies. Première partie à
suivre le Rio de Pati en fond de vallée et s’imaginer la vie passée autour de l’emplacement
magique de l’ancienne Préfecture, faisant office également de relais postal, épicerie et école.
Quelques pauses baignades plus loin, nous voilà dans une nouvelle ascension qui ne
s’embarrasse pas de virages pour faire face a la déclivité ni d’ombres pour protéger nos corps
en surchauffe. La nuit sur le site de l’ancienne Chapelle est attendue : après 3 jours de repas
strictement rationnés, nous nous offrons le luxe de manger le succulent et copieux dîner préparés
par nos hôtes.

Nous n’aurons que des échanges rapides avec natifs habitants la vallée, vacants à leurs
occupations quotidiennes, aux trajets de logistiques à pieds et ânes où à l’accueil des groupes
de randonneurs. Nous partagerons quand même une liqueur locale avec Seu Eduardo lors d’une
soirée chanson et guitare dans le bar de son « gite d’étape », duquel nous rentrerons à pieds
sous une ciel multi-étoilée.

Lever à l’aube pour un retour à Guiné. Nous prévoyons un rallongi - inverse de raccourci – pour
voir une des autres merveilles de la vallée. Klebson nous guide au milieu d’un labyrinthe aride
entre dalles de pierres, cactus et plantes rases, un véritable micro-climat dans ce coin niché entre
les contreforts du plateau. Les derniers hectomètres se font dans le lit d’un ruisseau bien maigre
nous menant au clou du spectacle, la cascade du Cachoeirao, majestueuse … et à sec! Nous
sommes début juin et cela fait presque 3 mois de saison sèche, entendez plusieurs jours
consécutifs de pluies diluviennes. Nous pic-niquerons sur la dernière pierre en proue sur la
vallée, où, en d’autres jours pluvieux, les eaux calmes se précipitent dans une chute de plusieurs
centaines de mètres. Pour nos derniers kilomètres de notre épisode à deux pattes, il nous est
offert un superbe coucher de soleil en guise d’adieux au Pati.

Sur la route de Mucugè, plus au Sud en longeant la muraille rocheuse du Parc sur son
côté Ouest, nous nous arrêtons chez Marcelo. « Demandez Marcelo, le fou au boa » nous avait-
il lancé lorsque nous l’avons croisé dans des circonstances peu banales. Revenons 5 jours
auparavant, le kombi a un coup de chaud et nous sommes arrêtés en bord de piste, un peu
inquiets. Comme par magie, apparaissent à la suite, un kombi, dont le conducteur nous rassure,
« c’est sûrement la bobine, balancez-lui de l’eau dessus », et puis Marcelo, qui arrête sa voiture
brutalement et sort pour nous demander du feu. Voyant le capot ouvert, il nous juge un peu trop
stressés et propose de me faire deux ou trois manipulations bien puissantes de chiropracties, au
milieu de la piste. Une grosse tape dans le dos de Pam pour pour finaliser son massage
réparateur et le voilà reparti aussi vite qu’il est arrivé !

Nous voilà donc dans la ferme du phénomène. « Jetez un œil dans le coin de la cuisine, mon
boa adopté y était il y demi-heure ». Pas sereins en passant le seuil, le boa est heureusement
retourné à la vie sauvage. Ce carioca barbu d’une soixantaine d’années, doté d’un grain de
folie et d’une générosité sans mots, s’est installé depuis 20 ans avec son père dans la région en
tant qu’agriculteur organique et chiropracteur autoformé. C’est avec un régiment de bananes,
des avocats, clémentines et canne à sucre à la pelle que nous arriverons donc quelques heures
plus tard à Mucugé.

Située sur la seul route traversant d’Ouest en Est le Parc National, Mucugé a été fondée
par les garimpeiros, chercheurs d’or et pierre précieuses HHH, puisque localisée à la croisée de
nombreux cours d’eaux propices à l’orpaillage. De même ordre que la ville de Palmeiras au
Nord mais mieux conservées, ses rues sont agitées par les préparatifs de la Saint Jean :
installations d’innombrables banderoles couvrant les rues d’une canopée multi-colorée, peinture
des façades, stocks de caisse de bières et préparation des scènes de concert. A notre arrivée
dans le camping du village, l’ambiance est joyeuse avec un groupe hétéroclite de randonneurs
voyageurs à vélo ou camping-car ou néo-arrivants en quête d’appartement. Churrasco* collectif
un soir, moqueca* végétarienne avec notre stock infinissable de bananes l’autre. Avec Rafa,
Luana, Nacho ou« le colombien » on évoque déjà des plans pour retourner dans le Pati. J’ai en
effet comme un goût d’inachevé car il reste tellement à parcourir dans cette vallée, qui est plus
en autonomie complète, en mode sauvage. Pamela resterait au camping, se reposer et prendre
du temps pour développer ses peintures.

Un coup de téléphone de mon père, à l’hopital avec mon grand-père : «Ca va aller, une
petite infection ». Mais Grand-père est fragile, intubé est n’a pas l’air d’aller si bien que ça. Trois
jours plus tard, le 17 juin et à 89 ans, il nous quittera, apparemment apaisé et entouré de ses
enfants et ses petits enfants. Je n’aurais pas été présent pour l’accompagner et proposer mon
épaule à Galou, sa femme, mais j’ai pu me préparer, à plus de 9000km. En prenant le temps
seul, au sommet d’un rocher, je lui ai fait mes adieux en couchant sur les papiers les mots que
j’aurais aimé lui dire. Je ne le connaissais que très peu finalement mon grand-père, mais dans
son rôle de patriarche il a été bon, pour sur, et il a aimé chacun de ses seize petits-enfants,
sacré générosité. Pas de Pati, et peut-être pas de fête de la Saint-Jean : retour en France, bien
aidé par l’assurance voyage, direction Saint-Jean-du-Bruel en Aveyron, le village familial. Le
voyage est un vrai périple que je vais tenter de résumer brièvement : Etape 1, escale d’une nuit
à Iguatu, village perché au bout d’une route de pierre défoncée à l’Est du Parc National, soir de
fête joyeux, danses traditionnelles et spectacle des femmes du villages, hilares. Il aurait
apprécié. Etape 2 : déposer Pam a Vale de Capao, de l’autre côté du massif, puis partir en
stop pour prendre un bus de nuit jusqu’à Salvador. Etape 3 : A l’aéroport, la réservation n’a pas
fonctionné, comme m’avait informé un mail subtilement caché dans le dossier indésirable. Un
parcours du combattant entre les guichets des différentes compagnies à Salvador puis un sprint
final dans l’aéroport de Sao Paulo. Direction Paris pour attraper le train et y retrouver la famille
dans une organisation chaotique. Ses enfants sont stressés, mais ma grand-mère Galou, quoique
épuisée, semble apaisée du scénario de son départ. L’enterrement est beau, il retrouve sa famille
au cimetière et ça fait du bien à tout le monde d’être ensemble. Les jours défileront rapidement
avant le retour au Brésil mais j’en profiterais pour faire un festival avec Charlotte, ma sœur, dans
sa nouvelle ville Millau. Les copains, ma mère et c’est déjà l’heure de profiter des us et coutumes
des trains, RER, navette, avions, métro, cars et vans, avec haltes dans les halls de gare bruyants
et bordéliques. Pam, me revoilà. De son côté, les deux semaines au camping durant les fêtes de
la Saint-Jean auront été riches en rencontre, et en pluie aussi.

Nous repartons trois jours plus tard direction Salvador, une autre parenthèse, déjà prévue
celle-çi, nous attend : la mystique et fascinante Amazonie avec ma mère et Hugues, son
compagnon. Ultime ville-étape de la Chapada à Lençois, dont les rues et riches maison
coloniales témoignent de son passé d’ancienne place forte de la recherche diamants. Le lit de la
rivière qui traverse la ville révèle les décennies de coup de pioches et de dynamite. Dans ces
même eaux tant fouillées par le passé, nous lavons notre linge aux côtés des familles étendant
leurs draps sur les grandes dalles de pierres. Je m’imagine alors avoir trouvé la signification du
nom de la ville, littéralement intitulé « Draps »… interprétation rapidement contredite par la
version plus officielle contée par une des voisines blanchisseuse, « Lencois » évoque les voilures
des tentes des Garimpeiros amassés sur les rives du lit de leurs convoitises.

Je vous passerais les compliments concernant un mécano, surnommé le Gros, qui à


l’heure de remplacer le liquide de refroidissement fit mal son boulot et nous couta le joint de
culasse. Je détaillerais par contre un peu plus le sauvetage de Capivara en bord de route, faute
au système de refroidissement en état critique. La première tentative du mécano le plus proche,
tomba à l’eau, malgré les efforts consentis avec sa moto qui tomba en panne à l’heure de
repartir. C’est en stop que je fût rencontrer à Zuca le surnommé Véinho - le vieux – garagiste
recommandé par des pompistes à 50km de la panne. A peine 40 ans, mais apparemment
assagit par un parcours de vie plutôt chaotique, Véinho fait partie de ces amoureux et experts
des kombi, graça a Deus*. Après plusieurs tentatives infructueuse de réparations temporaires,
nous mettrons 4h pour ramener le kombi à son atelier, s’arrêtant fréquemment pour éviter
d’empirer les choses. Après deux jours sur place et le temps pressant, nous arriverons en bus à
Salavador, y passerons une journée et décollerons pour Brasilia retrouver ma mère. Capivara
restera finalement 4 semaines au chaud dans l’impasse faisant office d’atelier mécanique. Et
notre super-mécano redonnera une nouvelle jeunesse au moteur, en bichonnant aussi bien
Capivara que les quatre petites plantes du kombi laissées par Pam.

Cet envol marque la fin de notre première partie de vie nomade avec Capivara. XXXXNous
n’imaginions pas autant apprécier la simplicité de cette vie, les innombrables rencontres, ni
apprendre autant sur la cette vie sur la route. Le principal enseignement pourrait se résumer en un
triptique patience-adaptation-lenteur, et ainsi accepter ce qui se présente à nous, que ce soit le
café de la voisine curieuse ou bien le pot d’échappement qui se fait la belle.

Il faut par contre avouer que les récents imprévus de la vie et de la mécanique nous laissent
comme une impression de précipitation. Pas de problème, la vie nomade ça s’apprend tous les
jours et puis, ce n’est que le début !

+ résumé de l’affaire de la geladeira. ?

+ sujets d’urbanisme : condominios, planification, place de la voiture , etc.. ?

+ sujets archi : pau à pique, barro, ciment brulé, pas d’isolation etc. ?

+ sujets machisme et féminisme ?

+ écologie ??

Retrouvailles Familiales pour l’Amazonie et Salvador


Dans ma famille, on adore les surprises c’est presque un rituel, et celle là est bien ficelée.
Mam’ (ma mère) et Hugues, arrivés la veille à Brasilia, pensent nous retrouver trois jours plus tard
directement en Amazonie. En réalité, nous sommes là dans la maison familiale de Helio et
Roxanne, assis dans le canapé à 7h du matin, et l’information secrète n’a pas fuitée : l’émotion
des retrouvailles surprise est au rendez vous !! Deux jours de visite de la capitale, un crochet
dans le cerrado, et mon passage à l’hôpital pour une douleur au poumon (que je suspecte
psychosomatique), et nous voilà dans l’avion pour Manaus, capitale de l’État Amazonas.

Une chauffeuse de taxi apparemment fan de tuning et de pilotage nous dépose rapidement à un
notre hébergement du jour, sans nous laisser le temps d’apercevoir la ville et ses deux millions
d’habitants. Le centre touristique semble lui, littéralement réduit à la place du Théâtre, édifice
étonnant au style renaissant. Les mises en garde incessantes sur la sécurité des rues alentours
nous oblige à prendre un taxi pour retirer de l’argent à la banque, située à 5 minutes à pieds.
hormis le taux d’humidité environ 50 fois supérieur à celui de Brasilia, notre premier contact
avec l’Amazonie, entité culturelle et mystique fantasmée par notre regard européen, sera un bol
tacaca*. Servi dans une demi-calebasse gravée, ce savoureux bouillon se compose
prinicpalement de tucupi et de tapioca, dérivés de maniocs, des feuilles acidulées du jambu et
de crevettes séchées. Une réelle immersion dans les saveurs régionales.

Immersion en eaux et terres amazoniennes


Le rendez-vous est pris à 8h du matin avec Bruno, gérant français d’une « lodge » situées
dans LA Fôret, à quelques 2 heures de voiture et 1h de barque sur le Rio Preto da Eva. Culture et
région inconnues, équipée élargie et temps limité - 7 jours restant pour Hugues – nous ont
amenés à structurer ce voyage et réserver les hébergements.

XXX Bruno est arrivé il y a plus de 20 ans à Manaus, attirés par les eaux amazoniennes et leurs
poissons merveilleux et leurs cuirs réputés pour la tannerie. Il nous raconte, un air désabusé,
finalement typiquement Français : les politiques d’attribution des terres, l’implantation des
grandes entreprises, la déchéance de Manaus, XXX Privilégiés, nous serons les seuls hôtes
pendant 3 jours, parfait pour ressentir notre environnement entre eaux douces et foret dense.

Ce petit complexe touristique d’une vingtaine de lits est un ensemble de « malocas », habitats
circulaires d’inspiration traditionnelle, dont les pilotis baignent dans une eau rase à notre
arrivée. Deux employés travaillent au lodge. Mairé, native de la région, nous régale de
nourriture locale principalement basé sur le poisson : tambaqui, tucunaré, XXX aux noms
indigènes. Souza, lui originaire de l’Etat du Rondonia, nous fera découvrir le cadre naturel
majestueux qui nous accueille.

En cette saison des hautes-eaux, nous arpenteront en barque les méandres du fleuve en
se faufilant lentement dans les « igarapés », passages étroits et saisonniers entre les cimes des
arbres submergés. Sur l’axe principal du fleuve, large d’une cinquantaine de mètres, nous
croiserons quelques bateaux, du rafiot familial au ras de l’eau au b long ateau en coque alu du
ramassage scolaire. Sur la terre ferme nous rencontrerons un couples de « ribeirinhos » occupés
à préparer le manioc. Ils nous montreront les processus de transformation multiforme de cette
fécule séculaire, nous conteront les pêches miraculeuses, le salage des poissons, et la
cohabitation avec les caïmans.

De retour sur l’eau, à quelques mètres derrière nous, un souffle puissant agite les eaux sombres et
jusque-là immobiles : un mammifère aux couleurs cuivrés nous exhibe sa nageoire dorsale, c’est
le dauphin d’eau douce ou « boto cor de rosa ». Le soleil, déjà en fin de course, teinte de rose
le cuir de notre invité surprise, pas effrayé par notre présence dans ses eaux tièdes et profondes.
Pour notre plus grand émerveillement, plusieurs d’entre eux apparaîtront à la surface, dévoilant
leur long rostre prolongeant un imposant encéphale, dans des éclaboussements rayonnants. Une
excitation infantile règne sur la barque où nos yeux émerveillés et nos oreilles attentives attendent
le prochain jaillissement. Souza et Pam nous racontent la légende de ce « boto » des eaux
exclusivement amazoniennes, qui serait capable de séduire les femmes et de leur en faire perdre
la raison. Ce même mammifère marin qui, prenant parfois une apparence humaine, serait
désigné coupable lors d’une grossesse illégitime. Pratique pour une paix sociale au sein des
communautés traditionnelle, cette légende lui confère encore aujourd’hui un aura sacré qui le
protège de la prédation humaine. L’adrénaline de la découverte redescend. Au loin, la silhouette
d’un toucan se détache, les sauts d’un singe agitent la cime des arbres. Et l’hymne des oiseaux,
toujours. Les eaux parfaitement immobiles forment un miroir limpide. Au lever comme au coucher
du soleil, le spectacle se fait double. La nuit, nous naviguerons dans les étoiles.

« Traque nocturne de caïmans ». Passé l’intitulé attrape-touriste, nous embarquons sur la


barque de Souza pour l’expérience de la navigation nocturne. Face à la lampe courant sur les
rives sombres, les yeux des caïmans trahissent leur présence. 40 centimètres, soit la dimension
de l’unique reptile que nous croiserons, les cimes des arbres émeregeantes offrant de nombreux
refuges pour ses congénères. La viande de crocodile, dont la chaire dit-on est plus tendre que
celle du poulet, est aussi très recherchée. Moteur coupé. Les crapauds nichés dans des troncs
creux font résonner leur coassements aux sonorité tropicales, les branches craquent, les battement
d’ailes nous font sursauter. Jolie prémisse pour notre prochaine nuit, présentée sous son nom
quelque peu racoleur, « Survie en forêt ».

Guidés par un Souza bien évidemment rassurant et observateur nous partons en fin de journée,
hamacs en bandoulière remplies de quelques vivres. La canopée 30 mètres au dessus de nos
têtes, nous avançons lentement dans ce sous-bois humide et luxuriant. La chance de cette zone
est la proximité avec un terrain militaire, qui sanctuarise une fôret vierge et finalement très peu
utilisé par les uniformes kakis brésiliens. Le majestueux Sumauma, « mère des arbres», le
seringuera, arbre à caoutchouc, les lianes potables de cipo. Les autoroutes de fourmis, les
craquements inconnus, le chant puissant du « capitao », qui sonne l’alerte générale en détectant
notre présence. Un incroyable musée conté et decrypté par Souza et Pam, dont c’est la seconde
rencontre avec la région amazonienne. L’obscurité arrivant, nous installons les hamacs entre les
arbres désignés par notre expert qui nous précise qu’un hamac mal placé peut former un chemin
parfait pour les fourmis. Pas besoin de moustiquaire dans cette région grâce aux eaux acides du
fleuve qui répulsent les moustiques. Le campement, à un peu plus d’une heure de la lodge, est
déjà quelque peu défriché par les autres groupes venus auparavant, même si cela remonte a
plus de deux ans, pandémie oblige. Souza est heureux de renouer avec cette vie sauvage en
autonomie qu’il pratique de temps à temps avec sa famille. Et il va nous démontrer ses habilités
dans ce domaine. Si une casserole, deux machettes et la nourriture ont été ramenés, il construit
d’un claquement de doigt une table en bois, des plats et assiettes en feuilles diverses, taille des
cuillères, plante ses brochettes dans le sol en surplomb d’un feu rassurant. La nuit est noire, les
bruits mystérieux sont nombreux. Une nuée de « vagalumes », de grandes lucioles, nous offrent
un numéro pyrotechnique magique. La nuit sonore. Hugues ronfle fort, ça fait rire Souza et ça
doit faire fuir la « onça », redoutable panthère brésilienne. Au loin, un arbre tombe avec fracas,
une horde de singes est en mouvement. Installé confortablement en diagonal dans mon hamac,
mes yeux sont rivés aux plafond de verts sombres et entrelacés, et bercés par les sons de la foret
amazonienne, je m’endors.

Le temps à la « lodge » sera lent, observant jour après jour, le niveau de l’eau descendre
de plusieurs centimètres. « C’est pas violent hein », se réjouira ma mère dévorant un de ses
bouquins entre deux « ploufs », ses activités favorites. Avec Hugues, entre deux parties de cartes
passionnées, ils « kiffent grave » cette pause amazonienne, selon leurs propres mots de jeunes
quinquagénaires. En quelques 14 jours, ils auront sillonnés avec ardeur les plages et « morros »
de Rio, les avenues et monuments de Brasilia. Nous prolongerons le plaisir un jour de plus.

Des bains sans fin dans les eaux tièdes et des mini-expéditions sur la petite barque empruntée à
Souza. Bois tiré des arbres voisins jointés au caoutchouc chauffé et prélevé à la main, c’est une
embarcation simple que l’on rencontre fréquemment sur les eaux du Rio Preto da Eva. Peu stable,
elle requiert une technique particulière : Installés en proue pour ramer, en équilibre silencieux,
nous frôlons la surface du miroir au rythme d’une gestuelle lente et mesurée. XXX

De Manaus à Santarem, 2 jours sur le Rio Amazonas

Retour brutal à Manaus. Je reviens avec dégoût dans cette mégalopole qui pourrait être
nimporte laquelle. Trafic intense, périphéries inhumaines. Criantes injustices, humains
hyperconnectés déconnectés. Il me faut toujours un temps de transition pour déceler et
comprendre l’intérêt et la richesse intrinsèque des villes. Nous flânons aux superbes halles style
art nouveau du marché du port, naviguant entre les artisanats venus des quatres coins des
affluents de l’Amazone. Sur les quais et devant les étales de poissons, les baraques d’açai. Ce
fruit, cueilli en grappe sur des palmiers élancés, est une petite boule de couleur mauve sombre
au goût tannique. On le consomme dans tout le Brésil sous forme de sorbet sucré, présenté
comme la glace nationale. « Ici on le consomme pur, dans un bol », précisera une passante, et
d’ajouter fièrement « j’en consomme 1 litre par jour et regardez comme je suis !». Notre
dégustation initiatique aura lieue quelques jours plus tard avec Lucio, à Bélem.

Déjà 24h de passés, l’air et le calme de la fôret nous manquent. C’est au MUSA, musée en
plein air des cultures indigènes et de la biodiversité, que nous trouverons refuge. Dans ce parc
national où les découvertes scientifiques les plus avancées sont divulguées au public, les chemins
sont bien tracés et ponctuées de photos des peuples indigènes de la région, chaque arbre géant
ou discrète orchidée sont renseignés. de. Du haut d’une tour d’observation de 42 mètres, nous
profiterons du luxe d’émerger au-dessus de la canopée. La vision d’ensemble est incroyable, à
l’image de ces plans de films rasant les feuillages, ou, mieux, des photos de « 365 jours vus du
ciel »de « Yann Arthus Bertrand », album ayant fait voyager mon enfance. Les cimes de quelques
géants dépassent de la masse et exhibent leur branchages clairs, on ne peut pas les rater. Ce
sont ceux-la même que choisissent les inséparables couples d’arraras pour observer avec nous
les milles nuances de verts qui s’étendent vers l’horizon.

Jour de départ sur l’Amazone, nous embarquons sur le Sao Bartolomeu II. Pourtant arrivés
près de 2h en avance, l’étage est déjà investis par plus de 200 hamacs, dans une organisation
bruyante mais surtout très optimisée. Des numéros sur les poutres métalliques longitudinales
définissent un espace strict de 50cm par hamac. La relative liberté d’installation se joue sur
entrelacement des attaches entre les 4 hamacs, positionnés en quinconce, qui entrent dans la
largeur du ferry. Hugues déjà dans l’avion pour la France, nous trouvons 2 espaces libres côtes-
à-côtes. Ma mère en déniche un seulement distant de trois hamacs, entre deux voyageurs qu’elle
juge rassurants, un jeune souriant et un moine franciscain armé de sa bible. Nous resterons en
alerte comme on nous l’a préconisé à maintes reprises, papiers et portables collés au corps.
Hors de question de payer une fortune pour une cabine collective voire une suite à l’avant,
espaces vides et sur-climatisés, coupés des paysages et réalités amazoniennes. Nous voulons -
ma mère habituée aux voyages « roots » la première – voyager « comme les locaux ». Bien
installés dans nos hamacs fraîchement achetés sur le port, le bateau partira avec 3h de retard,
dus au chargement incessant de marchandises stockées sur le pont inférieur.

46h sur l’amazone

Deux nuits, 600 kilomètres et quelques haltes vont, comme l’écrit Elsa Maillard dans Ma
philosophie du voyage, « laisser entrer en nous le nouveau pays pour qu’il devienne une partie
de nous-même ». C’est bien un véritable pays que dessinent les courbes et bras de l’Amazone,
desservant des mondes et contrées inconnues.

La première rencontre à quelques kilomètres du port, celles de la célèbre union entre le Rio
Negro et le Rio Solimoes donnant naissance au Rio Amazonas. Vitesse, température et
composition chimique étendent sur près de 50 kilomètres le mariage entre les eaux noires
colombiennes de l’un et celles marron péruvienness de l’autre, traçant une ligne magistrale dans
les eaux agitées. Le lit accueillant ces deux généreux affluents, rempli à son niveau maximum,
me laisse bouche bée : combien de milliards de litres d’eau, de botos et autres poissons
merveilleux peuvent bien se trouver sous la coque de notre navire. Ma voisine, qui descend à
Belem 4 fois par an, m’explique que cette saison est la plus belle car l’eau vient directement
côtoyer la forêt. En saison sèche, ce sont des centaines et centaines de mètres de rives boueuses
qui dévoilent les débris végétaux et déchets transportés par le courant, ponctuées par de vieux
navires installés patiemment à attendre la prochaine crue.

Chaque évènement a son importance dans ce temps d’une longueur inhabituelle, dicté par les
modestes 25 nœuds de l’imposante carcasse métallique de notre ferry. 0,85 Machs en avion,
320km/h d’un TGV ou 90km/h en autocar, nos références de transports en communs
conventionnels capitalisent leur précieux et lucratif temps. L’eau de l’Amazone, malgrè son débit
impressionnant, impose sa lente cadence aux navigateurs qu’elle héberge.

Le riz-haricot-spaghetti traditionnel est servi deux fois par jour dans le restaurant bruyant
positionné tout en bas, à l’étage des entrailles du moteur. Au dernier étage, la proue et la poupe
offrent des panoramas et couchers de soleil incroyables. Pendant ce temps, le bar et ses fidèles,
équipés d’enceintes aux dimensions absurdes, arrosent nos oreilles et écorchent un peu ces
paysages. Les heures de l’après midi passeront sans que je m’en rende compte, fasciné par
l’ampleur des paysage, les scènes de vie entre les hamacs et rallonges électriques, et absorbé
par les pages à suspens de mon dernier polar.

A la tombée de la nuit, l’ambiance est plus silencieuse, et on éteint les puissant spots de lumière
blanche. Première escale, les vendeurs ambulants débarquent sur le bateau : ils démarchent
rapidement lançant à haute voix leurs slogans commerciaux, tous plus créatifs les un que les
autres. Lanches, paçocas, caldinhos, marmitex ou cables de téléphones, permettent d’anticiper
les prochaines heures de voyage et surtout les repas du bord qui s’annoncent strictement
identiques.

A notre étage, le doux ronflements de quelques uns de nos 200 voisins de pont seront
rapidement étouffés par une pluie torrentielle en début de soirée. Des bâches tendues tout autour
du navire nous protègent tant bien que mal, claquant sous les puissantes rafales de vent. Autre
escale au milieu de la nuit, mais cette fois, pour une question de sécurité surement, les vendeurs
restent à quai. Equipés de longs bambous, ils y suspendent des paniers pour pouvoir livrer leur
marchandise aux passagers, amassés le long de la balustrade du pont supérieur. Quelques
heures avant l’aube, une femme fera s’agiter la flotte de hamacs : ses virulents cris d’insultes nous
alerteront qu’un voleur, pris la main dans le sac,a tenté de s’emparer de ses affaires. Ma mère
se rendormira sans inquiétude articulière, ayant interprété cette scène comme celle d’un chien
ayant mordu cette pauvre dame.

Notre 3ême arrêt, sur les coups de 7h du matin mettra fin à notre nuit : c’est la destination finale
du jeune voisin souriant de ma mère. Depuis le pont, je l’aperçois se faufiler entre les différents
vendeurs installés sur les quais. Quelques mètres plus loin, 2 voitures de police militaire lui
passent sans hésiter les menottes aux mains. Sa valise est fouillée, rien. Les policiers, sévèrement
armés procèdent alors à la fouille au corps, et, sous mes yeux stupéfaits, découvrent une demi-
douzaine de paquets de drogue et un revolver. Sueurs froides. J’hésite à réveiller ma mère et
Pam pour ne pas les inquiéter, mais la scène et la surprise sont telles que je ne peux m’en
empêcher. Triste réveil pour ce jeune gars, à peine majeur, petit maillon d’un réseau sûrement
bien plus grand au regard des 2 ou 3 kilos de drogue qu’il transportait. La police et leur
prisonnier ne montrent aucun signes de violence ni d’énervements, sous les regards
compatissants, fatalistes ou haineux des curieux du pont et du quai.

L’Amazone semble s’élargir sans cesse. Parfois, les rives dessinent un liseré presque
imperceptible. De temps à autres, on s’approche d’un ilôt d’où semblent vouloir s’échapper les
arbres et plantes entassées au bord de l’eau. Une baraque en bois, quelques vaches et clotures
se détachent au loin si l’on prete attention. Les rayons de soleil ont chassés les nuages et
ricochent sur les onde créés par l’entrave. Toujours pas de boto cor de rose , malgrè notre
perséverance et notre imagination créant des mirages à chaque mouvement d’eau. Le capitaine
doit être sacrément habile car de nombreuses zones sont couvertes de plantes flottantes, et
cachent quelques troncs ou autres objets flottants qu’il n’aimerait pas percuter. Quand le niveau
de l’Amazone est au plus bas, de nombreux bancs de sables rendent la navigation encore plus
risquée.

Jeu de cartes, jeu dés, tri des photos et nombreuses discussions n’empêcheront à aucun moment
la flânerie imposée par le balancement lancinant de mon hamac. Il y a cet homme qui en est
déjà à sa quatrième douche du jour. Il faut dire que les cabines sont propres et presque vitales
sous cette chaleur tropicale. La petite grand-mère qui a du mal marcher et qui ne se laisse pas
aider pour sortir de son hamac. Nous tomberons tous d’accord pour dire que le plus beau
hamac c’est celui à côté des lavabos, jaune et noir avec ses macramés qui pendent. Les hamacs
familiaux, jeune couple et jeune enfant, les deux superposés ou celui qui sert d’étendoir forment
un décor à des scènes pas banales que je ne me languirais pas d’observer.

Notre première escale à Santarem sera une délicieuse parenthèse de 5 jours, avant de
reprendre notre navigation et cette douce allure sur les remous de l’Amazone,que nous avons
largement adoptés

De nouveau à flots, il nous faudra encore 2 jours pour arriver à Belem suite à mon organisation
plutôt chaotique sur ce coup là. Départ à 4h du matin sur une « lancha rapida », 8h au lieu de
14 en ferry, une cinquantaine de places climatisé, à l’allure et dimensions d’un petit bus nous
mène au port de Santana. Cette ville de l’État de Macapa, se situe pile sur la ligne de
l’équateur, à 300km de l’océan sur la rive Nord de l’estuaire de l’Amazone aux étendues
évidemment titanesques. Il l’est d’autant plus que, avant de rencontrer l’Atlantique, il se gonfle
aux contacts de nombreux autres affluents, créant des méandres tentaculaires et d’innombrables
îles, dont la géante « Ilha do Marajo », 180 kilomètres en Nord-Sud, qui nous sépare de Belem.
Notre ultime ferry étant tôt le lendemain matin, nous dormons sur le navire à quai. Seuls sur le
pont inférieur, hamacs calés entre les caisses de poissons, les bruits du port et des bicoques
nocturnes passant à ras du ferry ne sont pas rassurants. L’impression d’être des proies faciles
pour des potentiels voleurs, et victimes des moustiques assurément assoiffés de sang, cette nuit là
ne sera pas de tout repos.

C’est bien une autre Amazone que nous découvrirons, pourtant, le pont du ferry est toijours
couvert de sa peinture bleu électrique, et son entrave fend encore et toujours ces mêmes eaux
presque devenues familières. Le pont est, cette fois, investi de seulement d’une trentaine de
hamacs, et l’ambiance y est plus familiale. La vitesse de croisière s’est réduite pour ne pas
inonder les rives habitées qui défilent lentement sous nos yeux, à seulement quelques dizaines de
mètres, et nous racontent une autre histoire. Les seuils de portes et l’obscurité derrière les volets
entr’ouverts nous laisse entrer, observateurs indiscrets accoudés au parapet, dans l’intimité des
riverains.

Sur un ponton longiligne surplombant la berge, des femmes attendent avec de grands sacs à
l’ombre d’un large auvent. Le village est comme agrafé à ce ponton aux toitures multiformes,
prolongé par les varandas des maisons, qui forment une sorte de rue principale. Le fleuve, les
bateaux amarrés, les pilotis surélevant le platelage bois du quai couronné de balustrades
hétéroclites, les maisons aux planches de bardage délavées, puis une fine frange de palmiers
d’açai; et enfin, la forêt, trépidante en fond. Quelques ponts sortent sur leurs grandes jambes, au
niveau des navires à étages, d’autres descendent à l’eau pour rejoindre les fines barques à
rames, parfois équipées d’un moteur fabrication artisanale.

Le vrombissement du moteur et les remous provoqués par le passage du ferry et autres navires
imposants de commerces défilent devant devant ces « ribeirinhos », et je ne sais pas qui, du
riverain ou du passager, est le plus empli de curiosité. La disparité sociale est immense, pour la
plupart ils n’ont jamais quitté les rives de ces méandres et voient seulement ces bribes de
richesse et de modernité passé sous leurs yeux. A plusieurs reprises, des femmes et enfants ont
défiés à la rame les vagues de la carène pour s’en approcher au plus près, motivés par une
pratique quelque peu déconcertante. Les passagers ont en effet préparés des sacs plastiques
remplis de vêtements, nourriture ou médicaments pour les envoyer à l’eau, comme un don que se
pressent de récupérer les habitants en contrebas.

Sur le moment, cet acte de solidarité me laisse pourtant un goût amer et les questions assaillissent
mon esprit : du haut de notre forteresse flottante, quel est le sens de ce geste généreux, lancé
comme on donne à manger à des animaux en cage ? Qui est réellement en cage ? Comment
était la vie de ces familles étaient avant les passages de ces ferry, et avant la colonisation ? Le
« monde occidental » que nous représentons ici aux yeux de nos semblables riverains, mérite-t-il
vraiment, malgré son confort indéniable, d‘être propagé ainsi ? L’illusion de notre monde n’a-t-
elle déjà pas assez duré ?
Plongé dans la triste contemplation de ces scènes, nous apprendrons, en discutant avec d’autres
passagers locaux, que l’accès aux soins de ces régions isolées est très limité. Le rôle éducatif et
financier des églises catholiques et évangélistes y est ainsi primordial, et, comme en témoignent
les églises fleurissant dans chaque hameau, la religion y a un pouvoir indéniable. L’État est ici
simplement absent, et ses rares interventions sont bien trop souvent entachées d’une profonde
corruption. Cette influence se ressentira lors des élections, où, Bolsonaro, soutenu par les
évangélistes et malgré son dangereux mépris envers les peuples natifs, remportera le scrutin dans
l’État du Para.

Alter do Chao
Retour quelques jours auparavant, à Alter do Chao, rejoint en bus depuis Santarem. Ce petit
village à l’attrait touristique émergent, est installé sur les rives du Rio Tapajos, autre géant de la
culture et des imaginaires brésiliens.

La chaleur est assommante et, le temps d’arriver dans notre auberge de jeunesse, c’est l’idée de
plonger ans les eaux du Tapajos qui nous anime plus que tout. L’étendue presque infini de ces
flots nous fera nous méprendre plus d’une fois, nous ne sommes pas face à la mer ! Les plages
sont réduites à peau de chagrin, et les eaux tièdes laissent apparaître les cimes et troncs
tortueux, les toits des paillotes qui, quelques mois plus tard, animeront de longs bancs de sables
investis par les touristes.

Il suffit de jeter un œil au prix des glaces à l’açai ou bien seulement de se promener sous les
assauts des guides touristiques pour saisir l’esprit du lieu, l’ambiance ici est clairement au
tourisme. Davi, flanqué d’un T-shirt rouge et portrait de Lula est l’un des premiers à nous aborder.
Il nous explique que les prix sont absurdes car l’absence de plages, submergées en ce mois de
Juillet, est une période propice pour les guides et propriétaires des bateaux.

une sortie en bateau - aperçu du tourisme de masse de l’État du Para : plages d’eau douce – les
curieux dauphins nageant à quelques mètres de nous – une belle équipée

le défi de faire comme les locaux : une virée en barque à rame, jusqu’à la point de cururu et son
coucher de soleil

rapide : le boto cor de rose et XXX, tradition : un lieu pas comme les autres, le sambadrome de
la fête du dauphin HHH + le carimbo, rythme du para

Juillet et la campagne présidentielle est lancée, avec le 30 octobre en ligne de mire. Davi et la
famille indigène engagé
BELEM en 1 journée :
Belem, capitale de l'État du Para, borde les eaux sombres de l’estuaire. Les odeurs d’embruns, l’océan n’est plus très loin.
En transit pour 1 journée, on est accueilli comme des rois par Adelia et Lucio, rencontrés à Alter du Chao. La zone des docks (chic)
et du marché (populaire) nous donne un bref aperçu de la ville... A l'opposé, on se régale les papille chez nos super hôtes :
poissons (le filhote, un délice!) et manioc sous toutes ses formes, mais surtout l'açaì®, fruit issu d'un palmier longiligne, iconique
du Pará. Lucio, amoureux de ce fruit noir/violet, nous sert un énorme bol d'açaì broyé, genre de gazpacho au goût tannique assez
indescriptible, qui, soupoudré de farine de manioc, accompagne le repas. Pas facile à finir mais on fait honneur au plat culte, avant
une sieste générale !! Dans le reste du Brésil, il est exclusivement mangé comme un granita/smoothie glacé et sucré.
. Déjà une saudade de cette forêt majestueuse, de cette eau douce et tiéde a perte de vue, qui rythme la vie de ses occupants
depuis des millénaires. On sort émerveillés.. et dire qu'on en a vu qu'une infime partie ! En 3 semaines de voyage, on a été
"épargnés" par la face sombre de l'Amazonie, même si les témoignages de natifs que l'on a rencontré ou trouvé sur internet, nous
laissent un goût de
misanthropie face à notre capacité de destruction des cultures et de la nature. Pour eux, la "Lutte pour la vie" n'a pas cessé depuis
les premiers colons. Et les élections d'octobre ici au Brésil vont être primordiales.

açai et farinha : expliquer les processus de cueillette et préparation açai et traitement du manioc,
magasins, les dizaines de variétés et le repas chez Lucio et XXX ?, accueil chaleureux !!

HHH ville construite sur zone humide, canaux et égots à ciel ouvert

les halles porturaires, entre lieu populaire dangereux et reconversion en temple de consommation
« bobo » : la poétique portuaire au service de la consommation : les majestueuses grues
illuminées, les bateaux-concerts qui défilent le long du quai, un chanteur perché sur une
passerelle dans le volume immense des anciens decks,
Littoral Bahia, Sergipe, Alagoas : le temps devant soi,

Pernambuco et Sertaos
Bonito

Vale do Catimbau 1 et 2

Galere du bras de transmission

Triunfo

Ilha du Ferro : une autre utopie ?

Tio Fru, Itacaré et Taboquinhas

Canavieiras, inondations, covid, freins, gaz, et Arraial d’Ajuda

Brasilia Noël et vacances en Famille, Trancoso et Caraivas

Vitoria et l’affaire de la direction du kombi

De retour dans l’état de Rio : Buzios et Arraial

Voyage à 3 à Minas : ibitipoca, tiradents et Carnaval Ouro Preto

Glaura, Sao Barto, Sao Goncalvo, Casa Branca : autour de BH

16.03.23 : c’est décidé, je me lance dans l’univers digital, uhuhuhh ! l’envie est de réaliser des
vidéos du voyage, mais pas que. Incription à un premeir cours et téléchargemenr d’adobe. Petits
premiers pas mais grande excitation en moi.

Après 1 an de voyage, La vie sédentaire, pour 3 semaines. Du repos pas d’obligation pour
trouver un lieu ou dormir, un itinéraire, des toilettes et une douche, pas de bruits suspects venant
de l’amortisseur ou du moteur qui pourraient occuper nos pensées quotidiennes. C’est
déboussolant, surtout de se rendre compte que voyager , sans s’en rendre compte, demande
d’être toujours alerte, en quête. Le temps prends alors uen toute autre forme, un autre type de
lenteur. Et cela permet de développer des idées, relancer des projets, aborder plus
profondèment nos envies et attentes pour le futur, faire un bilan de nos premiers mois sur la route.

Aujourd’hui, mon père part en Palestine, je lui souhaite de trouver ce qu’il veut, cette vérité de
l’information, ce salut de la solidarité.

Vous aimerez peut-être aussi