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Les ovocéphales putrides de
Soleil3

AMICXJO

Prononcer Amite-chiot
(Alain-Michel)

Page 3
Du même auteur

Le père des semailles


Science-fiction

Mallibération
Science-fiction

Cauchemars d'éméritude
Politique fiction

La fièvre de Laure
polar

Annn
Science-fiction

Une lueur de compassion dans les yeux du chien


Utopies & dystopies

ADODIXNEUFCENTSOIXANTECINQ
Roman d'ado, témoignage

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Nouvelles ultra courtes


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Notes orthographiques :
Mais tekstes son porteures de fotes d’ortaugrafes réziduelles (et
en plus je respecte rarement la coutume très péjorative pour la
cause des femmes de mettre un sexe au nom de profession.)
Je ne m’en excuse pas. La langue française était une langue
belle qui structure l’esprit de ses locuteurs de manière originale
mais elle est difficile, incohérente et argotique et nous devons
refuser de nous laisser envahir par la honte indicible de
l’effroyable péché de fautes d’orthographe !

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Chapitre 1

2 germinal an 368 7H451


Il était inquiet. Son médecin, le docteur Flegist, ne
l'avait pas appelé comme il le faisait d'habitude.
Il l'avait juste convoqué par un message sur sa
montre.
Fram Schultz sortit de son appartement et se laissa
tomber dans le puit à faible gravité pour rejoindre le
rez-de-chaussée et le trottoir roulant qui passait non
loin de la porte-rob de son immeuble.
Comme d’habitude, il lutta contre le vertige et le
léger malaise, provoqué par cette impression de
tomber, qui ne l’avait jamais quitté.
L'ascenseur s'arrêtait trop souvent, il en aurait fallu
une demi-douzaine dans une tour aussi grande. Il y
avait bien un antique escalier mais descendre les 47
étages à pieds demandait trop de temps !

Retrouver la pesanteur au sortir du puit, lui fit


pousser un long soupir. Il marcha un peu avant
d’emprunter le trottoir dynamique qui devait
l’emmener au commissariat, son commissariat. Il fit
encore quelques pas. Un homme le regardait
fixement.
Ce regard l’intrigua soudain, puis il y reconnu le
manque d’expression typique d’un androïde. Il
haussa les épaules et se décida à se diriger vers le
trottoir quand soudain, il sentit une chape de plomb
lui tomber dessus et il perdit conscience.

1
Heure universelle de la galaxie (voie lactée)
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— Revenez avec nous, commissaire !
— Je suis tombé dans les pommes, saloperie de puit
antigrav, ça me rend malade à chaque fois.
— J'aurai préféré ça !
— Qui êtes-vous.
— Le remplaçant du docteur Flegist…
Fram le regarda mieux.
— Vous êtes un rob ?
— Vous voulez vérifier mon empreinte qualifiante ?
— Non, je vous fais confiance, grouillez-vous de me
remettre sur pied....
— Pas si simple, j'ai des informations importantes à
vous donner, vous avez entendu parler de l'épidémie
en cours ?
— La police fédérale est au courant de tout, c'est
son rôle !
— Votre implant mémoriel me dit que vous êtes
suffisamment solide pour que je vous parle sans
détour.
— On interroge les implants sans demander l'avis de
leur porteur, c'est nouveau ?
— On interroge les implants sans consentement
lorsque la vie de nos patients est en jeux.
— Ma vie est en jeux ?
— Votre vie est en jeux.
— L'épidémie ?
— L'épidémie !
— Je vais mourir ?
— Vous allez mourir.
— Arrêtez le mode perroquet, donnez-moi des
délais, à défaut d'espoir.
— Je peux aussi vous donner un espoir.
— Un espoir ?
— Mince.
— Mince ?
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— Très mince.
— Très mince ?
— A votre tour, vous êtes passé en mode répétitif !
— Je vous écoute.
— Vous avez contracté l'épidémie avec un de vos…
— Un de mes prévenus ?
— Ou un de vos officiers, nous en sommes
persuadés.
— C'est qui "nous" ?
— Peu importe.
— Je viens de dire : c'est qui "nous" !
Il avait hurlé.

Le rob sembla se bloquer, les lois de la robotique se


bousculaient en lui. Fram était bien sûr un expert
dans l'interrogatoire y compris des androïdes. Il
jouait souvent des incohérences entre les ordres
reçus par les robs et les rigueurs booléennes. Le
blocage durait, il décida d'y mettre fin.
— Question annulée, décrivez-moi les arguments qui
peuvent laisser penser que j'ai un espoir de vivre.
— Certains porteurs de la pandémie survivent, ils ne
sont pas nombreux, mais ils survivent et ils ne
restent pas contagieux.
— Comment se fait-il que je ne sois pas au courant,
comme commissaire de police bien sûr ?
— Parce que la nature du mal est incompréhensible
scientifiquement et que nous ne voulons pas créer
de panique…
— Comment pensez-vous que la contagion se
produit ?

Le mur derrière l'androïde s'alluma, le visage dur du


docteur Flegist apparut.
Fram ne l'avait jamais vu avec cette expression,
quasiment haineuse.
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— Ça suffit, Schultz, vous allez être évacué…

Sortis d'une porte dérobée des infirmiers humains


s'emparèrent de lui. La douleur d'une piqûre… le
néant le remplit de sa noirceur …

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Chapitre 2

3 germinal an 368 3H52


Il reprit conscience dans une espèce de tube froid
qui sentait la ferraille humide. Très désagréable. Il
était plaqué dans un siège dur, presque écrasé par
des bras de métal.
Il réussit à tourner la tête à droite et à gauche en
même temps que ses yeux s'adaptaient à la semi
obscurité. De part et d'autre, des sièges semblables
au sien, alignés le long de la paroi, des hommes et
des femmes. Certains étaient conscients comme lui,
d'autre dormaient.
En face de lui, des visages fous, perdus,
désespérés. Tout ce qu'il trouva de mieux à faire, fut
d'émettre un sourire d'encouragement alors que
lui-même crevait de peur.
Une humidité malsaine faisait ruisseler des gouttes
d'eau qui tombaient de la partie haute du tube ou
couraient aussi des câbles et des tuyaux plus ou
moins bien fixés.
Le ronronnement mécanique doucereux fit bientôt
place à des vibrations. Des lumières brutales et
blanches jaillirent du plafond. Un sifflement annonça
une voix.
— Arme au poing. Communicateur canal 37.
Atterrissage dans 4 minutes. Top.

Tous les éveillés et les réveilles, de peu, se


regardèrent : Personne n'avait d'arme à mettre au
poing, ni de communicateur à régler sur un canal 37.
Les 4 minutes parurent une éternité à tous.
Personne ne pouvait regarder l'heure sur sa montre,

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verrouillés serrés, comme ils l’étaient, dans leur
siège de fer.
Les vibrations s'amplifièrent pendant une quinzaine
de secondes. Puis arriva un grand calme, à
quelques mètres du sol : Des antigravs avaient
joués. Ils étaient au sol, sur un sol inconnu, d’une
planète inconnue.
Le silence s'installa mais une voix féminine, au fond
du tube, cria :
— J'ai passé une épaule… l'autre…
Fram réagit.
— Vous pouvez vous libérer entièrement ?
— Peut-être, mais pour quoi faire ?
— Nous sommes sur une barge de débarquement
militaire, vous avez entendu le message, mais elle
déconne, il y a un tableau de commande à l'avant.
— Ok, mais il me reste un genou de bloqué par une
ferraille, ça me fait très mal.
Elle cria.
— Je saigne mais je suis libre, c'est où exactement ?
— L'écran à l’avant, vous le voyez.
— Oui, mais il n'y a pas de clavier ou de bouton.
— Ça doit être un écran tactile, que voyez-vous ?
— C'est écrit "mantravorto".
— Génial, poser votre main sur l'écran et ne bougez
plus.
Un long bip retenti.
— Il y a une serrure, une croix rouge, une porte et un
thermomètre qui viennent de s'afficher et un sablier
qui fait des pirouettes.
— Poser votre doigt sur la serrure.
— Il ne se passe rien.
— Laissez votre doigt dessus.

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Une bonne dizaine de secondes plus tard, en
commençant par l'avant, les contentions métalliques
se replièrent libérant les passagers. La plupart
commencèrent à se masser les épaules d'autres se
levèrent. Quelqu'un cria.
— Qu'est-ce qu'on fait ici ? Une autre voix demanda
à sortir.
— Écoutez-moi tous, je suis le commissaire Schultz,
moi non plus je ne comprends rien, mais pour
l'instant, rien ne sert de paniquer. Nous pourrons
sortir dès que le système aura analysé l'atmosphère
et la température extérieure. La température de la
coque aussi doit être suffisamment basse.
— Pourquoi ?
— Nous sommes sur une barge militaire qui
généralement ne se sert des antigravs qu'au dernier
moment pour raisons de discrétion et de surprise. La
coque doit être encore très chaude après une
traversée d'atmosphère rapide…
La plupart se rassirent.
— Quelqu'un a-t-il une idée de ce qu'on fait dans
cette galère.

La fille près de l'écran annonça.


— C'est marqué "analyse terminé:
Tous se précipitèrent pour lire…
Gravité 0,87.
Température extérieure 29°.
Pression 1,21 hecto-pascals.
Couché soleil1 (classe B) dans 5,1 heures.
Couché soleil2 (classe K) dans 5,3 heures.
Durée jour 25,5 heures.
Durée nuit 5,2 heures.
Révolution circumsolaire 197 jours.
Pas de satellite. Pas de saisons.
Atmosphère respirable O2 32%, azote 65%, vapeur d'eau, CO2,
gaz rares divers.
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Pas de germes pathogènes détectés.
Faune et flore non analysés.
Planète non répertoriée.
Vous pouvez demander l'ouverture du sas.".

— Je demande l'ouverture ?
— Je crois que c'est bon…
— Attendez ! Vous êtes flic pas toubib, cria une voix.
— Moi je le suis, répondit une femme, il a raison on
doit pouvoir y aller. Mais on ne va pas se précipiter,
on le fera en sécurité…
— Attendez, le flic, pourquoi est-on habillé en
bagnard ?

Même le commissaire n'avait pas remarqué, malgré


un sens de l'observation aiguisé d'enquêteur, que
tous ces compagnons de malfortune, comme lui,
étaient affublés de la combinaison jaune métallisé
des gibiers de potence condamnés aux planètes
prisons.

Fram reprit la parole.


— Pour commencer, malgré le costume, nous
n'avons pas de bracelet de justice anti évasion létal.
— Le truc qui grille les prisonniers qui s'évadent ?
— Uniquement ceux qui ont été condamnés à la
mort administrative, les autres sont seulement
localisables partout dans l'univers.
— On en apprend des choses, avec un commissaire.
— Moi aussi, je voudrais en apprendre des choses
importantes ! Quelqu'un sait-il pourquoi
sommes-nous tous punis ?
Tous restaient muets… La voix de la femme toubib
résonna.

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— Nous sommes tous malades et contagieux, les
autorités nous ont envoyés ici pour y mourir sans
contaminer le reste de la population.
— Mais vous aller nous soigner, vous êtes là pour
ça, dit l'éternel râleur des voyages organisé, je n'ai
pas saisi votre nom docteur ! Moi c'est Chambon
citoyen de Soleil3…
— Docteur Merkel, non je n'ai pas de fonctions
médicales, je suis atteinte comme vous tous, comme
le commissaire, par la pandémie.
— Donc, nous allons tous mourir. Pouvez-vous avoir
l’extrême obligeance de nous dire : comment et
quand ?
Fram soudain comprenait.
— Je comprends : peu avant que l'on s'empare de
moi pour me piquer et m'envoyer ici, le médecin-rob
m'a dit qu'un certain nombre de malades survivaient.
Chambon rigola franchement.
— Bien sûr, le coup du faux espoir pour qu'on se
tienne tranquille jusqu'à l'abattoir. Allez ouvrez cette
foutue porte pour qu'on crève au soleil… pardon,
pluriel de rigueur, aux soleils… et qu’encore une fois
les ovocéphales2 qui nous gouvernent, triomphent !

2
Tête d’œuf, jeune cadre dynamique ou énarque dans les temps
anciens
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Chapitre 3

3 germinal an 368 11H22


Bétriss, la jeune contorsionniste amateur, avait
laissé son doigt sur l'icône porte une dizaine de
seconde. Les deux portes du sas s'ouvrirent de
manière violente. Comme il est était d’usage
opérationnel sur une barge d'attaque, de laquelle
des hommes armés avaient besoin de s'extraire
rapidement.

Fram et le médecin laissèrent le flux passer devant


eux. Il lui tendit la main :
— Commissaire Fram Schultz.
— Docteur Mariroz Merkel épidémiologiste, vous
êtes d'origine germanique comme moi ?
— Ça doit être ça, je suis un vrai bon aryen3.
— moi aussi…
— Vous devez être au courant du problème en tant
que médecin. Peut-être pouvez-vous dire ce qui
explique notre arrivée sur cette planète ?
— Plus ou moins, je ne travaillais pas sur le sujet
mais j'ai pu côtoyer des collèges de l'université...
— Et moi d'autres flics, c'est ce que m'a suggéré le
médecin rob....
— Flegist?
— Oui, pourquoi ?
— On le rencontre partout celui-là ! On va demander
aux autres si l'ont rencontré aussi, quand ils auront
fini leur exploration.
— Vous parlez comme un enquêteur.

3
Jeux de mot, plus significatif en français (langue morte)
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— Les épidémiologistes sont avant tout des
enquêteurs.
— Des flics ?
— Si on veut, mais nos malfaiteurs sont minuscules !

Ils échangèrent un sourire, puis sortirent à leur tour.

L'air était agréable, malgré l'odeur de brulé. La


chaloupe chauffée au rouge dans sa rentrée dans
l'atmosphère avait provoqué l'embrasement de la
végétation alentour, qui, heureusement, ne s'était
pas étendue à la forêt proche. Malgré les deux
soleils hauts dans le ciel la chaleur était supportable.
Mariroz s'amusa de la double ombre pale sur le sol.
Au loin les cris de leurs compagnons, plus curieux
que joyeux.
— Il y a deux minutes, condamnés à morts, à
présents euphoriques....
— Je pense que le taux d'oxygène y contribue.
Regardez, il y en a qui reviennent…

En effet plusieurs apprentis explorateurs revenaient,


certains étaient en train de manger des fruits
multicolores sans se soucier des règles de sécurité
qui auraient dû présider à l'exploration d'une planète
inconnue. Fram les apostropha :
— Désolé, messieurs dames, mais les règles de
sécurité nous imposent que l'on fasse analyser tout
ce qu'on trouve, par le labo automatique de notre
barge, avant de consommer.
Chambon fit s'écarter la femme qui tenait un grand
fruit violet, bleu, noir.
— La toubib nous a dit qu'on allait tous mourir que
risque-t-on de plus avec les fruits ? Vous nous
emmerdez, monsieur le commissaire avec vos
grands airs et d'abord où est votre plaque et votre
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arme de justice ou simplement, voulez-vous être le
chef.
— Je ne veux rien, si ce n'est comprendre avant de
faire n'importe quoi et mettre nos vies en danger.
— Mais vous êtes crétin ou quoi ? Je répète le
diagnostic de la toubib…
— Le docteur Merkel...
— Elle a dit que l'on allait crever, plus rien ne peut
mettre notre vie en danger, que cette putain de
maladie.
Fram se dit soudain qu'il avait raison, il n'y avait plus
rien d'important quand l'avenir n'existe plus...
— Vous avez trouvé de l'eau ?
Chambon se radoucit.
— Pas encore mais les fruits sont gorgés d'eau
empoisonnée, sûrement, mais vachement bonne, je
suis sûr que la ciguë, ne fut pas aussi agréable.
— Cultivé ?
— Prof de philo : un inutile, un penseur donc un
ennemi de l'ordre comme disent les flics. Je dis juste
ça juste pour vous faire comprendre que je ne suis
pas qu'un râleur invétéré qui perverti ses élèves.
Cela dit, il serait sympa de quitter, encore une fois,
votre sentiment de vertébré laborieux dominant.
— C'est quoi un vertébré laborieux ?
— Un flic.
— Et un vertébré laborieux dominant ?
— Un flic galactique.
— C'est tout, comme connerie ?
— C'est vous qui avez commencé au niveau des
conneries....
— Et si je continuai les conneries en me laissant
aller à la violence naturelle d'invertébré laborieux
dominant.

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Une troupe curieuse entoura vite les diplomates
putatifs.
Mariroz cria.
— Ça suffit, trop d'O2 rend euphorique mais vous,
vous êtes devenus hargneux. Soyons concrets, nous
devons nous organiser. Je propose qu'on désigne un
chef.
— Moi, dit Schultz.
— Ou moi, dit Chambon…

Bétriss la jeune fille qui avait réussi à se débarrasser


des contentions de son siège, prit la parole d'une
voix étonnamment puissante pour son gabarit.
— Stop ! Les sacs de testostérone. Premièrement, il
y a de l'eau juste du coté, où personne n'a regardé,
une jolie rivière où vous allez pouvoir laver votre
linge sale en famille. Et aussi vous baigner et même
nager pour ceux qui savent. Pour le reste, je reviens
dans 30 secondes, si vous pouviez en profiter pour
exprimer par un silence éloquent !

Elle rentra dans la barge et en ramena une liasse de


papier.
— Pardon, mais en général quand on crée une
association, une assemblée ou une nation sur un
monde perdu, c'est le plus jeune qui préside. Je
prends la présidence le temps d'organiser une
élection, quelqu'un est contre ?

Elle attendit. Une aussi grosse autorité dans une


aussi petite femme scotcha tout le monde. Personne
n'osa lui demander son âge.
— Et vous les deux bavards, rien à dire ?
Deux haussements d'épaules dubitatifs lui
répondirent.

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— Bien, merci messieurs. D’abord je crois que nous
sommes 40, j'ai compté 2 rangées de siège de 20
dans la barge.
Pour essayer de se compter les naufragés se
rangèrent spontanément. Plusieurs lèvres
entamèrent un comptage silencieux puis
acquiescèrent majoritairement.
— Je vous propose un vote majoritaire à un tour,
mais avant, nous pouvons, peut-être nous présenter
à tour de rôle en disant si acceptons d'être chef ou
vice-chef ! Je commence, puis vous pourrez
continuer dans le sens des aiguilles d'une montre,
pour ceux qui ne connaissent pas ces antiquités,
dans le sens d'une vis dans son écrou.
Plus elle parlait, plus sa voix devenait ferme, plus sa
jeunesse s'estompait devant son assurance.
— Je m'appelle Bétriss Niaa cyberpsychologue, j'ai
eu mon diplôme hier ou avant-hier. Je souhaite vos
suffrages, pour entreprendre une expérience en
psychologie humaine, ça me changera des
androïdes.
Elle tourna la tête à gauche…

— Luis Dellal, je livrai et j'installai des maisons,


j'avais une cinquantaine d'ouvrier-robs, je veux bien
être candidat, pas comme chef, mais seulement
mais comme architecte en chef…
— Am Tritiko, je suis boulanger, je n'ai pas envie
d'être un chef moi aussi, je veux juste vous faire du
pain, si on trouve des céréales sur cette planète.
— Lian Pence, je suis phycologue.4
— Encore un psy!
— Non, mes patients sont verts, je ne suis pas
psychologue, je suis phycologue, je m'occupe des

4
Botaniste spécialisé dans l'étude des algues ou algologue.
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algues plus exactement, je les cultive. Et je crois qu'il
y a un océan ou une mer pas loin, sinon où se jette
la rivière ? Je crois qu'on pourrait trouver soit du
varech soit du goémon et en cultiver. Pour l'instant,
je ne suis pas candidat à l'élection…
Il y avait des ouvriers, des commerçants, des
musiciens et des fonctionnaires. Au moins, aucune
corporation n'était privilégiée dans cette humanité en
quarantaine forcée.
Le tour des présents prit fin sur la présentation de
l'épidémiologiste.
— Docteur Merkel, je travaille sur les maladies
exotiques mais pas sur la saloperie qui nous a
amené ici. Je ne crois pas à une mort inexorable
pour nous. Nous aurions déjà eu des manifestations
morbides. Je veux être votre médecin et guide car
nous avons, avant tout, une tâche importante :
sauver notre peau…

Bétriss distribua de petits morceaux de papier et les


quelques stylos qu'elle avait pu récupérer.
Le vote débuta.
Assise sur le sol, elle procéda ensuite au
dépouillement. La majorité fut acquise à Bétriss Niaa
et à Mariroz Merkel. Pour faire bonne mesure, on
nomma des conseillers en architecture, alimentation,
communication et bricolage… tâches primordiales.
Chambon comme à son habitude râla.
— Bien, le pouvoir est aux bonnes femmes
maintenant, en plus d'être perdu sur cette planète
qui va être notre tombeau, heureusement que je suis
philosophe…
Bétriss se leva.
— Je déclare gouverneur de notre communauté
Mariroz Merkel.
Une majorité applaudit…
Page 22
— J'accepte cette charge et je nome Bétriss Niaa,
qui a obtenu, elle aussi la majorité, donc de votre
confiance, mon adjointe. Quelqu’un désire-t-il la
récuser ?
Un autre applaudissement, discret, ratifia la
demande.

Mariroz reprit la parole.


— Nous allons faire une courte pause… Au moins,
pas trop longue…

Au bout d'une bonne heure de pause fruits et balade,


tout le monde se rassembla de nouveau, en bon
ordre.
— Je ne suis pas une spécialiste des engins
spatiaux et la question est sûrement idiote sinon
quelqu'un l'aurait déjà posée, mais pourrions-nous
faire redécoller notre barge pour revenir sur Soleil3.

Quelqu'un leva la main :


— Je suis conducteur de drone longue distance.
— Jozé de Reveno c'est ça ?
— Oui, je connais bien tous les engins militaires
comme cette barge, il faut taper un code pour faire
apparaitre ses commandes et la faire remonter en
orbite où elle doit être récupérée par un croiseur de
transport. De toute façon, elle ne dispose pas de
propulsion hyperluminique. Ce n'est qu'une simple
barge de débarquement.
— Merci, donc, aucun espoir pour l'instant de quitter
cette contrée.
— Il me semble !
— Merci, nous allons, maintenant, faire le point de
nos ressources Niaa, tu peux noter ?

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Et Bétriss nota les réponses aux questions sur le
micro-computeur de combat qu'elle avait récupéré
dans la barge.
— Ressources en eau ?
— Nous avons gouté à l'eau de la rivière… Elle a
bon gout…
— Si personne n'est mort demain, on pourra
considérer que nos ressources sont garanties.
Ressources en vivres ?
— Beaucoup de fruits dans la forêt, et il y a des
graminées dans la plaine avec de gros épis qui
ressemblent à du blé.
— Vous avez gouté aussi ?
— Bien sûr, pour l'instant personne ne se plaint....
— Pour les protéines, quelqu'un a trouvé des
animaux ou des insectes ?

Fram leva presque timidement le doigt.


— Il devrait y avoir un générateur de protéines dans
la barge. Il fournit de la viande synthétique à partir
de végétaux broyés et d'eau. Sinon, si ma mémoire
est bonne, il y a des médicaments et des rations de
survie sur toutes les barges militaires, comme la
nôtre.
— À vérifier… Que se passe-t-il ? demanda Mariroz
en voyant tout le monde tourner la tête.

Page 24
Chapitre 4

3 germinal an 368 22H09


— Regardez le ciel derrière vous !
Elle se retourna. Un gros nuage rouge menaçait
l'horizon.
— Regarder les fleurs !
Elle se tourna plus à droite. Des fleurs magnifiques
naissaient et se mettaient à resplendir. Elles
semblaient sentir l'air, rechercher une odeur. Le
nuage se rapprochait.
— On rentre dans la barge, vite, et sans se
bousculer.

L'obscure clarté qui filtrait des deux hublots. Au


dehors on n'y voyait pas grand-chose. Le brouillard
resta un bon moment puis la nuit tomba un peu puis
le deuxième soleil se coucha, à son tour, vingt
minutes plus tard.

Les analyseurs peinaient à déterminer la qualité de


l'air. Quelqu'un frappa la coque avec une pierre. Puis
le bruit se rapprocha du hublot. Une tête apparut :
Cambon, il avait l'air heureux mais il criait quelque
chose. Inaudible. Il articula et ses lèvres écrivirent
"j'ai froid !".
— Ouvrez-lui le sas, la porte extérieure seulement !

Il entra et la lourde porte se referma derrière lui. Il


s'adressa alors aux nombreux nez à la fenêtre de la
porte intérieure du sas, équipé d'un interphone la
rendant perméable aux sons.

Comme l’étoile Racine dans la constellation du Cid NDLR
Page 25
— Laisser moi rentrer, j'ai froid
Mariroz répondit.
— Le sas est chauffé, vous êtes couvert d'une
poussière qui ne vous a pas encore tué, mais vous
êtes peut-être seulement en sursis. Il y a une alcôve
de quarantaine à votre gauche, vous allez pouvoir
vous y coucher dès que vous aurez enlevé vos
vêtements et confié votre corps à l'aspirateur, à votre
droite.
— Mais je suis en pleine forme. La poussière c'est
du pollen, les fleurs l'aspiraient comme des folles
pendant la tempête. C'est fini maintenant, je peux
rentrer.
— Pour nous contaminer, non !
— Ridicule, comment ferez-vous la différence si
dans la nuit, je meurs de la maladie ? Vous
incriminerez les pollens, pas terrible comme
diagnostique, docteur !
— Si la maladie commence à tuer, rien ne prouve
que vous soyez le premier et puis votre bagout nous
manquerait terriblement. Vous avez de la chance,
vous allez dormir allongé, au chaud dans l'alcôve
d'urgence. Nous nous allons devoir subir encore une
fois les sièges métalliques et militaires de cette
barge. Et puis vous êtes philosophe, bonne nuit !

Les naufragés avaient appelé, la planète, sans trop


d'imagination, Martirano, dénommèrent les deux
soleils : Bleu et Orange.
Tout le monde dormait. Chambon ronflait dans son
alcôve et personne n'avait trouvé comment couper
l'amplificateur vocal du sas.


Communauté des martyrs en espéranto galactique NDT
Page 26
Bleu se leva le premier sur une aube claire et une
lueur bleutée, justement. Puis une vingtaine de
minutes plus tard Orange le rejoignit et la canopée
de Martirano se mit absorber les photons des deux
astres et se remit à fabriquer de l'oxygène.

Les passagers de la barge découvrirent sous une


trappe, à l'abri des décharges des lasers de combat,
un distributeur de café et de barres protéinés
spéciales compétitions ou combats acharnés.
— Tiens, on n'entend plus ronfler le philosophe.
Chambon, Chambon réveillez-vous !
Bétriss, qui regardait dans le sas, répondit.
— Il est sorti avant qu'on se réveille tous.
— Donc, il n'est pas mort ?
— On peut sortir ?
— On relance l'analyseur d'atmosphère par acquis
de conscience.

Une pluie dense se mit à tomber… picorant de ses


gouttes, le métal de la barge.

Ils avaient attendu que la pluie termine de laver le


pollen et ils sortirent de leur refuge. Chambon les
attendait. Il avait fait une sorte de panier avec une
grande feuille. Il apportait de grandes bananes
rouges et des étoiles violettes dodues.
— Il y a d'autres fruits, mais ceux-ci sont les
meilleurs.
— Vous êtes sûr que...
— Je ne suis pas le seul à en avoir mangé hier,
combien de morts ?
Tout le monde se recompta et braqua un regard
curieux vers le survivant, puis en se tournant encore
un petit peu : interrogateur vers Mariroz…
Page 27
— Bien, si cette planète ne nous tue pas, elle va, au
moins nous nourrir. Mes amis au travail, nous avons
des tâches à accomplir : Faire un recensement de
nos ressources, puis nous étudierons comment on
peut se sortir de cette situation, à défaut de se sortir
de ce monde perdu !

Page 28
Chapitre 5

4 germinal an 368 7H29


Quand Theroigne Bliss s'était réveillée, peu après
l'atterrissage de la barge, elle se sentit tout de suite
en danger. On apprenait aux députés à rester discret
en cas d'évènement insolite et s'en était un. De toute
façon, elle n'aurait eu aucune réponse à donner à
ses camarades d'infortune.

Comme tous les autres, elle essaya de se libérer des


contentions métalliques qui vrillaient ses épaules et
comprimaient une partie de son bassin. L'endroit
était froid et sombre. Elle essaya de se raisonner
mais la panique de plus en plus la gagnait. Ne pas
pleurer devant les autres. Et puis non, ici elle n'avait
pas besoin de se sentir obligé de paraitre solide…

Quand les lumières se firent et que le message,


s'adressant à des combattants, tomba. Elle percuta
instantanément sur la situation dans laquelle elle se
trouvait. Pour la forme mais c’était incompréhensible.
Une kyrielle de "pourquoi" s'engouffra dans son esprit
chassant toute angoisse et peur.

La fille, très maigre, à côté d'elle, réussit à se libérer,


en se faisant très mal. Puis l'homme en face d'elle
après lui avoir expliqué qu'il était sur une barge
militaire. Lui expliqua comment les libérer tous les
autres, en manipulant l'écran de commande de la
barge.

Elle se massa, se palpa pour comprendre et évaluer


sa combinaison. Elle connaissait bien ce costume de
Page 29
déchéance : Elle avait été rapporteur de la
commission d'évaluation de la politique carcérale.
En passant la main sur sa poitrine elle senti dans
une poche interne une enveloppe qui semblait être
en vrai plasto-papier. Elle résista à la tentation de la
retirer de la poche pour regarder son contenu. La
prudence l'emporta.

Elle subit sa nouvelle situation sans se plaindre en


se promettant de tirer rapidement cette situation au
clair et plus tard de trouver les décideurs sinon les
coupables. Et, comme sa réputation à l'assemblé le
laissait augurer, elle jura de se venger en ‘leur
pétant la gueule’. Sa colère s’exprimait mieux en
mode vulgaire !

Elle regarda ses co-voyageurs s'organiser en restant


dans son rôle de gourde apeurée et discrète.
Quand vint son tour de se présenter, elle mentit bien
sûr :
— Anita Tobor, je suis fonctionnaire, secrétaire de
direction.

Elle décida de continuer, vaille que vaille à se faire


toute petite. Tout le monde s'était présenté. Elle avait
suivi le vote. Prudemment, elle ne s'était pas porté
candidate à rien. Elle ne le regrettait pas. Elle se
posait une foule de questions. Pourquoi le
gouvernement n'avait pas parlé à la représentation
planétaire de la pandémie ?

Elle prétexta une envie pressante, en palpant sa


poche pour s'assurer que la mystérieuse enveloppe
était bien toujours là. Elle alla s'isoler derrière la
barge, dès qu'ils purent tous sortir sans danger sur la
planète inconnue.
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Page 32
Chapitre 6

4 germinal an 368 8H58


La vie s'organisa extrêmement rapidement. Le
docteur Mariroz Merkel, Niaa Bétriss et même le
commissaire Fram Schultz, pourtant très informés
professionnellement sur la docilité humaine, étaient
surpris de la parfaite intégration de tous, sur cette
planète perdue. Perdue mais généreuse, ce qui
expliquait probablement la sérénité de cette parcelle
d'humanité.

Mariroz réfléchissait avec Niaa…


La barge avait l'air d'une barge pour commando
spatial, en tous les cas c'était tellement bien imité
que la vérité s’imposait : Ils étaient arrivés sur cette
planète perdue sur un engin militaire réquisitionné,
pour eux, au dernier moment.
On les avait déshabillés puis affublés de la
combinaison jaune métallisé des condamnés à l'exil
sur une planète prison.
Le pourquoi se dissimilait derrière un tas
d'hypothèses qui ne satisfaisait personne !
Mais la seule hypothèse plausible revint : Ceux qui
ne mourraient pas immédiatement de la pandémie
étaient évacués sur une planète lointaine pour éviter
la contagion. Éviter que le mal ne s'étende ne
justifiait en rien la méthode dénuée de la moindre
compassion ! Leur colère était pour l’instant leur
principal désagrément!

Page 33
Il n'y avait sur cette terre ni animaux, ni insectes. Les
plantes avaient imaginé ces nuages synchronisés de
pollen, qu'elles produisaient tous les mois, et dont ils
avaient eu, chance et hasard unique, le spectacle
pour leur premier soir.

La première tâche des déportés, avait été de faire un


inventaire des ressources trouvées dans les soutes.
Ils trouvèrent des outils en nombre pour creuser,
couper, porter, bricoler, dépanner et des pièces
détachées. Il y avait aussi des tenues et des
vêtements militaires de rechange, des hyperlasers
de puissance des HYLAZ3 et quelques armes de
poings.
Fram Schultz découvrit une demi-douzaine de
drones de combat DRC509 et leur télécommande. Il
y avait aussi quelques ceintures anti-grav CAG455
qui ne permettaient pas de voler mais de faire des
escalades sans beaucoup d'effort. Il reconnut aussi
deux tortues TORT55 à vision olfactive qu'il utilisait
déjà dans son commissariat pour retrouver des
suspects.
En plus des outils pour tuer, Mariroz s'extasia devant
une riche panoplie d'outils pour vivre, en l'espèce
une collection d'instrument chirurgicaux spécifique à
la médecine de guerre, qu'elle avait étudiée avant de
se convertir vers l'épidémiologie.
La pharmacie qu'ils découvrirent, était bien pourvue
en médicament. Enfin ils trouvèrent des rations de
guerre mais tant que la forêt de cette étrange
planète les nourrirait, ils décidèrent de ne pas y
toucher.

5
Une ceinture anti-grav réglé sur zéro G rend son utilisation
incontrôlable. (Note technique)
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Il n'était guère pratique de dormir dans les sièges
inconfortables du grand tube. La construction de
huttes commença grâce à l'énergie créatrice de Luis
Dellal le conseiller en architecture. Le bois ne
manquait pas, fibreux et gras mais solide. Grace aux
HYLAZ3 les découpes étaient faciles. Deux
premières huttes furent prêtes en début de soirée et
les autres les jours suivant.

La vie donc s'organisait et personne ne mourrait de


la pandémie qui les menaçait.

Mariroze fit une prise de sang à tous, le soir du


troisième jour pour y rechercher des toxines ou un
agent pathogène.
— J'ai mis au point le protocole d'analyse, quelqu'un
peut-il m'aider demain matin?
Theroigne Bliss alias Anita Tobor leva la main.
— Merci, Anita vous pouvez ranger les échantillons
dans la case à analyse.
— Je m'en occupe, je vais dormir ici, je dors mal
dans la case, je serais à pied d'œuvre pour demain
matin.
— C'est l'odeur des feuilles de nos paillasses qui
vous gêne ? Ça ressemble à de l'eucalyptus.
— Non, j'ai froid.
— Il y a encore des couvertures....
— Non, ça ira, je me sens mieux ici.
— Bien, mes amis, il est l'heure de rejoindre nos
couches parfumées. Les nuits sont courtes sur cette
planète ne tardons pas après le soleil bleu, le soleil
jaune va de se coucher, bonne nuit.
Cinq heures plus tard Jaune se leva et dès que Bleu
le suivit, les explorateurs putatifs se levèrent eux
aussi.

Page 35
L'aube était fraiche et parfumée. Tout le monde était
joyeux même Chambon l'habituel grincheux.
En pressant un des multiples fruits, on avait même
réussi à trouver un jus jaune d'or qui avait l'odeur et
la saveur du café sucré même quand on le chauffait.
Am Tritiko le boulanger commençait à leur faire
gouter des galettes indomptables esthétiquement
mais d'une saveur et d'une texture intéressante.
D’une espèce de canne à sucre suintait des cristaux
de sucre à l'endroit où ses feuilles étaient attachées
à son tronc.

C'étaient le meilleur des petits déjeuners du monde,


de leur nouveau monde !

Chacun ensuite commença à s'occuper des taches


prévues pour la journée. Mariroz alla procéder à ses
ablutions matinales dans le cours d'eau, voisin.

Fraiche et pimpante elle retrouva Niaa.


— Tu veux bien voir comment va le moral de nos
camarades pendant que je réveille cette frileuse de
d’Anita pour commencer mes analyses.

La porte externe de la barge s'ouvrit avec son


éternel bruit de succion. Elle entra avec des fruits et
de l'eau pour son aide.
— Mademoiselle Tobor?
Elle fouilla rapidement la barge, Anita avait disparu.
Dans le recoin qui servait de labo les échantillons de
sang eux aussi avaient disparu!

Page 36
Chapitre 7

6 germinal an 368 8H01


Mariroz sortait quand elle se bouscula à Niaa.
— Je t'ai entendu crier ?
— Anita s'est enfuie… Elle n'est plus là.
— Elle est peut-être sortie pour aller prendre un bain
ou pour....
— Avec les échantillons de sang ?
— Oui, c'est bizarre, je lui trouvais un drôle d'air je
n'ai pas osé t'en parler et elle ressemblait à
quelqu'un.
— On ressemble tous à quelqu'un.
— On peut aller jouer sur l'ordi du bord ?
— Tu crois que c'est le moment ?
— C'est vraiment le moment, tu vas comprendre, je
ne suis pas folle !

Le jeu s'appelait 'kitéki' pour enfant bien sûr.


— Mais tu es folle !
— Tu t'assois et tu me fais confiance.

Le jeu permettait aux enfants de d'écrire avec des


mots le visage d'un personnage célèbre ou d’un
simple individu répertorié, une sorte de portrait-robot
de nature épistolaire. Le jeu avait une qualité
propédeutique certaine
Niaa commença à parler à l'écran.
— Yeux turquoise, cheveux jaune pale.
— 331 millions de réponses.
— Nez rond, teint gris vert.
— 442 milles réponses.
— Dents devant écartées, front haut.

Page 37
— 987 réponses.
— Oreilles pointues, sourcils très fins.
— 55, réponses écouter ?
— Non, montrer…
L'écran continua à montrer des photos un peu
rapidement.
Mariroz cria encore.
— Là!
— Stop, reculer doucement… Stop… écrire
pédigrée.
— Lire, écouter?
— Non écrire, lire pour nous, nous savons lire,
bourrique mécanique !

L'image se déplaça sur la partie gauche de l'écran et


un texte s'inscrit à droite :

Theroigne Bliss député à l'assemblée fédérale


vice-présidente de la commission de déontologie
extérieure
37 ans sans enfants
Originaire planète Ranoj4
Parti : Chrétien libéral ; 2° mandant prochaine
réélection en frimaire 370 (dernier mandat)

— Maintenant, première question pourquoi ?


— Elle a pondu un noir6.
— Non, avançons, comment ?
— Pour répondre regardons ce qu'elle a pris comme
matériel…

Il manquait un équipement de commando complet, y


compris le casque qui permettait communication,
6
Expression populaire faisant allusion aux trous noirs et
exprimant l'incompréhension.NDT
Page 38
navigation, vision et écoute lointaine. Une ceinture
anti-grav CAG45, un hyperlaser HYLAZ3 et un petit
mais très puissant PRODEL500 émetteur
neutronique de poing capable de découper une
montagne comme un vulgaire panetton.
— Bien, dernière question : On fait quoi ?
— On la laisse se perdre.
— Non, elle a sûrement une raison et certainement
une réponse à la question de notre présence sur
Martirano.
— Ou c'est une manifestation ultime de notre
maladie.
— Qui ferait fuir avec des armes et des échantillons
de sang ?
— Tu as raison, c'est idiot...
— Donc, il faut la retrouver !
Elles sortirent. À leur mine inquiète leurs
compagnons se figèrent.

Mariroz expliqua ce qui se passait.

— Une femme politique prête à tout comme tous ses


semblables depuis le big bang, s’écria Chambon, et
pas d'animaux sauvage pour la dévorer sur cette
planète putride !

Mariroz réunit tous les infortunés, involontaires et


improbables colons de la planète Martirano pour leur
exposer la situation.
Puis elle choisit parmi les volontaires qu'elle avait
sollicités, une équipe de poursuite pour rattraper la
fugitive. Et comme elle avait la démocratie bêtement
chevillée au corps, elle fit ratifier sa décision…

Page 39
Chapitre 8

7 germinal an 368 8H30


Le philosophe marchait en tête portant bien haut sa
lumière intérieure et son mépris coutumier.
Dans ses mains d'intellectuel, un redoutable
hyperlaser HYLAZ3 qui lui donnait un air de guerrier,
pas vraiment intellectuel.
En retrait sur sa gauche, le conducteur de drone, lui,
pilotait une des tortus limiers électroniques. L'ailier
de droite conduisait l'autre TORT55 à "vision"
olfactive, en sifflotant l'hymne de la fédération pour
bien marquer son état de fonctionnaire de ladite
fédération.
Pour couvrir cette joyeuse troupe, le commissaire de
police armé et habillé en soldat, jusqu'aux dents.

— Le signal olfactif est toujours bon ? demanda


Fram qui se souvenait d'un détenu évadé qui avait
brouillé sa piste à l'aide d'un super déodorant interdit
depuis à la vente.
— C'est bon fort et net, la jauge sature tous les 5 à 6
mètres.
— Bien sûr, elle progresse par bond, elle a
enclenché sa ceinture anti grav.
— On devrait faire pareil, sinon elle va nous semer.
— Pas malin et nos tortues, elles suivent comment ?
— Elles ne peuvent pas aller plus vite ?
— Il leur faut du temps pour analyser la flopée de
molécules odorantes qui trainent dans l'air ambiant.
— Nous avons la chance que notre amie Terrine
ne…
— Theroigne!
Page 40
— Que Theroigne ne se soit pas aspergée de
parfum ou de déo miracle dont la TV4D nous
abreuve.
— Les tortues connaissent leurs signatures
olfactives, elles les ignorent les déodorants en vente
et les autres quand elles les connaissent.
— Braves bêtes…

Les naufragés de l'espace avançaient. Sans cesse


Fram et Chambon se chamaillaient joyeusement.
Jo et Jozé conduisait avec attention leurs limiers
électroniques en laissant les bavards gâcher toute
discrétion !
Soudain un sentier se dessina : Une simple trouée
dans les arbres puis le sol devint de plus en plus plat
et le chemin de plus en plus rectiligne. Le policier,
fou de joie cria.
— Formidable cette planète est habitable !
Chambon répliqua en ironie, langue qu'il parlait très
bien.
— Habitée conviendrait mieux, mon cher Watson,
habitée si j’en juge par l'état de ce chemin qui me
semble artificiel.

La terre nivelée fit bientôt place à un revêtement


photovoltaïque qui vraisemblablement fournissait de
l'électricité pour quelqu'un.
Les tortues-robots, comme de fidèles chiens
policiers semblaient heureuses d'avoir une odeur
fiable pour retrouver la trace de la fuyarde.
Ils commencèrent à avancer sur le chemin moelleux.
Ils mirent un peu plus de pesanteur sur le bouton de
leur ceinture anti-gravitation.
Leur marche devint plus stable, plus assurée, il leur
sembla marcher avec le même plaisir que sur leur
chère planète : Soleil3, La terre!
Page 41
Ils s'arrêtèrent au bout de 3 heures quand leurs
estomacs réclamèrent leur dû. Leurs muscles
fatigués approuvèrent. Ils ouvrirent leur sac à dos.
— Un peu fadasse les rations de guerre, dit le
philosophe.
— Mon cher ami, quand on est philosophe, on prend
tout avec philosophie et puis rappelez-vous nous
sommes sensé être en sursis.

— Pas une raison pour bouffer triste.


— C'est l'ordinaire de nos soldats.
— C'est des soldats !
— Et puis comme vous pensez que cette planète est
habitée, il y a sûrement un bon resto pas loin.
— Ok, en attendant, bon appétit, quand même !
— Merci

Le repas des rations de guerre durait peu. Par


définition, la gastronomie militaire est brève, bien sûr
: il faut vite retourner au combat, quand on est soldat
pour lequel la procrastination est un risque mortel.

Ils se remirent en chemin sans faire la sieste, jusqu'à


la double nuit annoncée par les deux couchés de
soleil.
Ils avaient l’autorisation du docteur Merkel pour se
doper chimiquement : Les stimulants, vitamines,
bio-surgénérateurs étaient le contre-produit de
plusieurs siècles de lutte anti-dopage sur soleil3.
Interdit mais depuis toujours mis à profit par les
militaires. Dopants tombés en désuétude dans le
sport au bénéfice d'androïdes déguisés en sportifs
humains pas vraiment bios. Mais aujourd’hui bien
utile pour arriver à rattraper la fuyarde.

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Fram fit un compte rendu à Mariroz Merkel grâce à
la radio de son casque de combat qu'il coiffa pour
l'occasion. Puis tous s'emmitouflèrent dans un duvet
de survie étanche, en ayant chargé les deux
TORT55 de monter la garde.
Ils s'endormirent du sommeil saint et réparateur du
pèlerin galactique après avoir pris un médicament
d’aide au sommeil dont les dopants militaires
risquaient de les avoir privés.

À la fin du jour suivant, après une longue marche


sans trop de fatigue, un androïde avec une tête de
gardien de prison apparut en plein milieu du chemin.

Il leur fit un méchant sourire pas vraiment


commercial. Ils s'arrêtèrent gentiment juste pour que
le grand filet de plasto-titane ne les emprisonne
comme l'aurait fait la toile de l'araignée géante de
Wakron8.
Le gaz qui sortit de l'organe de phonation du robot
annula l'énergie des dopants qui les portaient depuis
deux jours et les plongea dans une torpeur
bienheureuse où leur conscience s'évanouit dans
une douce quiétude puis dans un sommeil
réparateur.

Ils se réveillèrent ensemble. Les 4 couchettes sur


lesquelles ils reposaient, faisaient face à 3 robots à
la face triste mais d'allure qui semblait importante,
derrière une table, elle-même sur une estrade. Le
tout ressemblait fortement à un méchant tribunal.

Page 43
Voyant que les humains étaient tout à fait réveillés
bien qu'un peu éberlués, l'androïde du milieu les
regarda l'un après l'autre.
— Mallibérés7 présentez-vous!
— Jozé de Reveno conducteur de drone et t'es qui
toi, face d’inox ? Ironisa-t-il!
— Je ne comprends pas votre assertion, au suivant,
présentez-vous !
— Application des lois de la robotique, ordre
précédent annulé, présente-toi saleté.
— Vos injures sont inutiles, je suis le gouverneur de
cette planète et j'ai des ordres d'une humaine de
rang supérieur.
— Mais si tu as besoin que nous présentions comme
sais-tu que nous sommes de rang inférieur à
madame, comment déjà ?
— C'est Madame Theroigne Bliss député à
l'assemblée fédérale, maintenant, je répète,
présentez-vous !

Fram se leva rouge de colère.


— Procédure malfermo niveau 3…!

Le robot réagit instantanément en se rendant dans


un angle de la salle, il fit signe au commissaire de le
suivre. Celui-ci lui chuchota un sésame dans son
microphone de poitrine.
— Autorité reconnue, la conscience rob de cette
planète est à vos ordres.
— Bien, où est Theroigne Bliss?
— Madame Theroigne Bliss est montée en orbite
haute.
— Comment ?

7
Prisonnier en oldlingv'
Page 44
— Dans la navette de transfert, un croiseur de
l'armée, le Bellérophon209 doit passer la prendre
pour la ramener sur Soleil3.
— Quand exactement ?
— Je n'ai pas de réponse. Le capitaine du croiseur
n'a pas quitté l'hyper-espace, nous n'avons pas reçu
d'appel en ondes hertziennes.
— Bien, j'ai compris. Voici mon ordre : Faite la
descendre.
— Désolé, mais Madame Theroigne Bliss a le même
niveau d'habilitation que vous. Votre ordre provoque
une boucle de décision insoluble, notre conscience
logique ne peut l’exécuter !

Fram se retourna vers ces compagnons.


— Notre amie attend un navire de la flotte qui doit la
récupérer pour un transfert en orbite et les robs ne
veulent pas m'obéir et la faire descendre.
— On fait quoi ? Demanda Jo en regardant Jozé
— On pourrait aller chercher Niaa, elle est psy
machin.
— Cyberpsychologue!
— Donc, elle doit pouvoir les faire obéir.
— J'en doute
Le commissaire retourna vers le gouverneur.
— Ok, vous ne pouvez désobéir…
— Formulation correcte.
— Mais vous pouvez me permettre d'entrer en
contact avec Theroigne Bliss.
— Ordre ambigu, Monsieur, je n'ai pas de consigne
pour ça et en l'absence de péril grave cela provoque
une autre boucle de décision insoluble…
— Et bien sûr votre conscience logique ne peut
l'exécuter.
— Madame Bliss n'a pas laissé d'instructions à ce
sujet.
Page 45
— Vous ne servez donc à rien, ordre de vous mettre
en veille.
Les androïdes se figèrent.
— Vous les avez paralysés ?
— Non, ils nous voient et nous entendent et ils
seraient encore capable de se réactiver pour nous
porter secours.
— Braves bêtes !
— Un peu bornées peut être?
— Si ma mémoire est bonne le centre de
communication ne doit pas être loin.
— Sur la porte à gauche où il est écrit
Liaison radio hertzienne.
— C'est bien possible.
— Et on ouvre la porte comment ?
— On lui demande de s'ouvrir.
— Sésame ouvre-toi… ouvre-toi saleté de porte.
Chambon donna un grand coup de pied dans la
porte. Fram sourit:
— Désolé mais, elle ne peut m'obéir qu'à moi.
— Pourquoi, je ne suis pas assez bien pour elle.
— Non, répondit Jozé mais je crois que notre
commissaire de police a donné un mot de passe à
l'oreille8 de poitrine du gouverneur, vous n'avez pas
remarqué ?
— C'est quoi le mot de passe ?
— Le chien aboie la caravane passe…
Chambon cria à la porte 'le chien aboie la caravane
passe'...
— Mais non, c'était de l'ironie explicative, un mot ne
se crie pas sur les toits, on le chuchote à l'oreille.
— A l'oreille de poitrine de la porte ???.
— Ou à une autre !

8
Microphone

Page 46
— Bien, à vous de dire le chien aboie la caravane
passe à l'oreille, de cette putain de porte, si vous
savez où elle est, monsieur le flic…
— Sésame ouvre toi.
La porte s'ouvrit lentement, on aurait pu dire, avec
timidité…
— Elle s'appelle vraiment Sésame?
— Non mais comme je m'adresse à elle, elle
comprend. Ses circuits permettent une tolérance à
l'ironie via un module très spécifique adapté à la
compréhension de l'humour humain...
— Si les mécaniques se mettent à l'ironie
maintenant, elles sont à la merci du premier beau-
parleur venu.
— Si Niaa notre cyberpsychologue était là, elle vous
expliquerait que les robs ont une forme de
philosophie : La cyber philosophie.
— Et nous les philosophes humains, on sert à quoi ?
— Sur terre je ne sais pas trop mais ici, à nous faire
rire.
— Je ne sais pas ce qui me retient de vous foutre
ma main dans la gueule.
— La philosophie justement, vous voyez que ça sert
à quelque chose.
— Logique de mécanique de flic ou de flic
mécanique…

La porte les interrompit.


— Pardon de vous déranger, messieurs, si vous ne
rentrez pas, je vais me refermer.
— On va rentrer Sésame, le flic pense et un flic qui
pense, ça fait perdre énormément de temps.

Dans le local les yeux de Fram sautaient de bouton


en bouton, bientôt remplacé par ses doigts.
— Vous faites quoi ?
Page 47
— Je joue du piano!
Chambon haussa les épaules.
— Non je cherche à appeler Theroigne Bliss.
— Dans sa navette.
— Non, dans son bain.
— Ça recommence, vous avez l'intention de vous
foutre de moi encore longtemps ?

Fram ne répondit pas, il livrait bataille pour réveiller


les communications, il ne voulait pas demander à un
rob… Une voix de femme raisonna brusquement.
— Superviseur… ?
Chambon trouva le bouton vert sur l'écran, il y glissa
le doigt prenant de vitesse Fram, un peu coincé par
la surprise.
— Superviseur… ?
Personne ne savait vraiment quoi dire… sauf le fort
en parole.
— Je vais tourner longtemps autour de cette planète
pourrie, où est le transport ?
— Les transports sont en grève.
— Qu'est-ce que c'est que cette histoire, vous n'êtes
pas le superviseur ?
— Mais non, ma cocotte ou plutôt Anita Tobor? Non
plus, peut être Theroigne Bliss?
— Que voulez-vous ?
Le commissaire retrouva enfin la parole :
— Savoir pourquoi vous vous êtes tirée avec les
échantillons de sang.
— Laissez tomber ce n'est pas de votre niveau mais
je vous reconnais, commissaire, passez-moi le
superviseur.
— Non !
— Obéissez, cette affaire vous dépasse.

Page 48
— Elle ne me dépasse pas, elle me concerne
comme tous ceux qui sont coincés sur cette planète,
pourrie, comme vous dite.
— C'est une affaire de sécurité galactique, ce n'est
pas l'affaire d'un simple flic, fût-il commissaire.
— Bien, on a tout dit, bon retour vers une humanité
qui considère ses malades comme des déchets et
qui les abandonne à la mort sur une planète prison.
— Vous m'emmerdez avec vos leçons.
— Vous ne m'emmerdez pas, vous me dégoutez !
— Suffit où est mon transport ?
— Démerdez-vous avec votre transport !
— Je n'ai que trois jours de vivre coincée dans cette
navette étroite.
— Descendez, madame le député, on vous recevra,
mes camarades pestiférés et moi, avec chaleur.
— Non, la navette va finir par arriver.
— Faite leur confiance…
Il avait trouvé l'icône ' fin de transmission' sur l'écran
central, il l'effleura.
Il tâtonna encore et réussit à lancer un scan des
équipements radios à moins d'une unité
astronomique. En queue de liste du résultat
apparaissait la barge comme le laissait deviner un
icone explicite.
— Contact avec UC543 canal 337UUB.
— Contact établi, répondit l'équipement…

Dans la barge, personne n'était à l'écoute des


transmissions. Au bout de trois cycles d'appel, une
alarme stridente monopolisa l'attention des
naufragés en pleine cueillette de fruit frais.

Mariroz Merkel se précipita derrière Niaa Bétriss


dont la célérité égalait la souplesse.

Page 49
Le doigt habile de la jeune effleura l'icône de prise
d'écoute. Elle sourit et du regard signifia à Mariroz
que la com était établie.
— J'écoute, qui êtes-vous?
— C'est le commissaire Schultz, docteur, j'ai
énormément de chose à vous dire.
— Je ne sais pas comment vous avez réussi à
passer par les équipements radio longue distance de
la barge mais contente de vous entendre Fram, on
vous écoute, Niaa est près de moi…

Fram fit un récit détaillé de leurs aventures depuis la


dernière vacation y compris celle de la fuyarde.
— Si j'ai bien compris notre amie Theroigne Bliss est
en train de prendre du bon temps en orbite, et elle
ne veut pas venir nous expliquer pourquoi elle s'est
tirée avec notre matériel génétique.
— Il va falloir lui demander, docteur.
— Vous pouvez me la passer ?
— Non, je ne comprends pas bien comment mais
elle est sur le canal 337UUB demandez à Niaa, elle
doit savoir faire.
— Je suis là, Fram, je vais savoir le faire.
— Je répète canal 337UUB. Je vais, avec mes
collèges, essayer de trouver des informations mais
le superviseur-rob n'est pas très loquace. Il est dans
un cul de sac logique, mais il doit y avoir quelque
part un missile message hyperluminique, avec des
instructions précises pour que les robots de ce
pénitencier puissent appeler au secours.
— Bon courage, tenez-moi au courant.

Niaa réussit à établir un contact.


— Theroigne Bliss, répondez.
— Non.
Page 50
— Idiote en disant 'non' vous avez répondu.
— Non, laissez-moi je n'ai rien dire, je suis député à
l'assemblée fédérale, je n'ai aucun compte à vous
rendre.
— Ne montez pas sur vos grands chevaux, votre
altesse. Je veux savoir pourquoi vous nous avez
trahis.
— Je ne vous ai pas trahis.
— Ah oui, se tirer sans prévenir avec tous les
échantillons de sang, vous appelez ça comment?
Répondez… Répondez ?
Niaa mit la main sur l'épaule de Mariroz.
— Laisse tomber, elle a coupé la communication !

Page 51
Chapitre 9

10 germinal an 368 10H10


Theroigne Bliss était en colère, elle n'aurait pas dû
suivre, à la lettre, les instructions de la lettre,
qu'elle avait trouvée dans sa poche après
l'atterrissage sur cette planète. Comment l'avaient-ils
appelé déjà ? Ah bien sûr: Martirano!

Le superviseur rob lui avait dit 'bienvenu sur


Gxemeloj37, Madame' et puis peu importe : le
transport serait bientôt là et elle pourrait rentrer sur
Soleil3. Retrouver l'ambiance du parlement, ses
combinaisons, ses magouilles, ses séances où la
grandiloquence semble une fin en soi, où l'on se sent
au-dessus du commun des mortels, où elle pourrait
achever de pourrir d'orgueil et de suffisance.

En plus des relèvements de sang, elle avait récolté


des échantillons de pollen, de fruits et de plantes. Le
tout était enfermé dans une caisse étanche et
réfrigérée, qui attendait dans le sas, le croiseur
rapide, comme elle, mais avec plus de patience.

Elle regardait l’écran de l’hyper-radar qui restait vide


et silencieux. Pour la centième fois, elle l'interrogea.
— Nav342, ne vois-tu rien venir ?
— Non, Madame, voulez-vous que j'explore à plus
longue distance en mode fin.
— Exécution !
— Scan en mode fin, 20 minutes, en exécution

Page 52
Et invariablement une fois le temps écoulé, le radar
répondait :
— Scan mode fin: négatif, pas distorsion de retour
en sub-espace proche. Terminé.

Elle commença à faire l'inventaire des vivres de sa


navette. Elle pouvait ternir encore trois à quatre jours
mais bientôt l'eau deviendrait un problème. Elle avait
tenu à monter immédiatement en orbite n'attendant
même pas la complétude des provisions de la
navette tant elle craignait que les autres naufragés
ne la rattrapent ! Elle ne se voyait pas redescendre
sur Gxemeloj37 pour se faire écharper par ses
anciens compagnons d'infortune.
Elle demanda quelque chose pour dormir à la petite
unité médicale. Elle dû parlementer un bon moment
avec elle, avant d'obtenir les deux cent milligrammes
de néo-somnifère qui habituellement lui permettait
de dormir d'un sommeil de plomb.

Elle se réveilla fatiguée et en colère. Elle allait pourrir


encore combien de temps à tourner sur cette orbite.
Elle passa une journée à se morfondre, une navette
de transfert n'étant pas le lieu idéal pour des
vacances idylliques ou du moins joyeuses. Il ne
restait plus beaucoup de vivres et l'eau commençait
à avoir mauvais gout. Demain il faudrait qu'elle
prenne la décision de redescendre quand même sur
Gxemeloj37. Elle demanda à la navigation.
— Navigation, planètes habitables dans ce système.
— Question enregistrée.
— Réponse !
— Le système binaire de Gxemeloj comprend 55
planètes dont 5 seulement dans la zone
d'habitabilité…
— J'ai donc une solution ...
Page 53
— Pardon, madame, je n'ai pas terminé, une seule
où l'on peut vivre sans scaphandre.
— Gxemeloj37.
— Gxemeloj37 !
— Terminé
Elle avait donc deux solutions redescendre sur la
planète et se faire écorcher vive par ceux qu'elle
avait trahis ou se laisser mourir de faim dans la
navette.

Elle allait choisir de périr en orbite quand elle se


rappela que la navette aussi devait appliquer les lois
sacrées de la robotique et la redescendrait sans lui
demander son avis pour la maintenir en vie!

— Madame un message hertzien... dit la console de


la navette.
— Répondez que je ne veux pas redescendre à
terre.
— Non, madame, c'est le Bellérophon209 qui vient
d'émerger du sub-espace.
— Passez-moi le commandant !
— Il est encore à 10 minutes lumière.
— Et alors ?
— Ça va limiter les questions réponses à un
échange toutes les dix minutes. Dans une heure, il
aura fini de décélérer vous pourrez lui parler
correctement.
— J'attends, terminé !
Elle se précipita sur les maigres réserves de
nourriture en rêvant de la cuisine de l'astro-marine
de guerre.

Page 54
— Nav342 de Bellérophon209 en approche,
mettez-moi en contact avec votre passager.
— Je suis le député Theroigne Bliss de l'assemblée
fédérale, vous êtes en retard, qui êtes-vous ?
— Capitaine Macron de l'escadre de mallibération 9,
désolé, j'ai eu un problème de collision avec une
épave avant d'entrer dans le sub-espace, j'aurais
l'honneur de vous prendre à mon bord dans
quelques minutes.
— J'attends, faites-moi préparer un repas, je n'ai
plus rien à me mettre sous la dent ici.
— Reçu.
Au bout d'une dizaine de minutes, elle rappela.
— Vous arrivez, capitaine, j'attends.
— J'arrive.
— Quand ?
— Madame vous tournez autour de Gxemeloj37 à
39 000 km/h, à cause de l'influence des deux soleils
et la cinquantaine de planète de ce système rend
votre trajectoire et votre vitesse hautement
erratiques. Mon approche doit être extrêmement
attentive.

Elle n'était pas rassurée mais elle adopta un silence


prudent.

Arrivé à vue, le capitaine Macron se manifesta.


— Désolé, notre tunnel de liaison est en avarie, nous
allons devoir faire le transfert en extra véhiculaire.
— Je dois mettre le scaphandre de secours de cette
navette ?
— Non mettez votre caisse à échantillon dans le sas,
je viens la chercher et je reviens ensuite avec un

9
Service de transfert, de discipline et d'inspection des planètes
prisons
Page 55
scaphandre-rob ce sera moins compliqué pour
vous !
— La caisse à échantillon est déjà dans le sas.
— Très bien, j'arrive.
Sur l'écran Theroigne regardait le pantin qui se
battait avec l'apesanteur. Elle le vit approcher du sas
et disparaitre puis réapparaitre en train de trainer la
caisse d'échantillon. Il arriva au sas du
Bellérophon209.

Le temps passait, elle ne voyait pas revenir Macron.


Soudain elle fut prise d'un doute, elle revint vers la
console de communication.
— Bellérophon209, vous roupillez ?
Le croiseur semblait immobile comme mort.
— Bellérophon vous êtes mort ou quoi ? Répondez !
Le croiseur avait bougé, un peu, non il bougeait.
— Capitaine Macron, répondez !

Maintenant, toujours muet, le Bellérophon209


s'échappait.
— Macron ma parole vous vous tirez, stop venez me
chercher, c'est un ordre et répondez.
Elle se sentait trahie, elle appela le superviseur-rob
au sol.
— Appelez le Bellérophon209 dites-lui de revenir me
chercher.
— Je ne peux pas donner d'ordre au capitaine
Macron, Madame.
— Obéissez dit lui de revenir.
— Désolé...
— Vous avez 5 minutes, après j'ouvre les portes du
sas, je préfère mourir. Une dernière fois, je veux
revenir sur soleil3… Répondez !

Page 56
Elle regarda ou était le Bellérophon209: Il avait
disparu de l'écran. Elle commença, décidée à
décompter le temps.
— 4 minutes, reçu ?
— ....
— 1 minute.

Elle ouvrit la trappe des commandes du sas. Elle se


dit que de toute façon, elle n'avait plus le choix. Elle
pressa la double touche qui ouvrait la porte
intérieure. Il ne se passa rien. Elle renouvela
l’expérience : Rien !
Elle alla fouiller dans la poche de mollet de sa
combinaison et en sortit un discret (quand il était
dans une poche) PRODEL500 émetteur neutronique
de poing capable d'éventrer de l'intérieur, et
instantanément, la coque de la navette.

Rien ne pouvait résister au flux ultra puissant de


l'arme. Elle la saisit. Son doigt partit pour arriver
jusqu'à la commande qui déverrouillait l'arme. Il
n'arriva jamais, la députée fut foudroyée par une
décharge d'un flux électrique anesthésique qui la
réduisit à une poupée de chiffon tombant d'un
berceau. La première loi de la robotique 10 ne pouvait
permettre son suicide et elle venait de lui sauver la
vie.

10
Un robot ne peut porter atteinte à un humain, ni, en restant
passif, permettre qu'il soit exposé au danger
Page 57
Chapitre 10

14 germinal an 368 9H30


Theroigne Bliss député à l'assemblée fédérale se
réveilla attachée dans un lit-rob médicalisé.
Elle cria. Le docteur Mariroz Merkel président de la
jeune république putative de la planète punitive de
Gxemeloj37 arriva essoufflée auprès d'elle.
— Pourquoi nous as-tu trahi Anita ?
— Comment ?
— Tu as entendu !
— Pourquoi ne suis-je pas morte ?
— Parce que la conscience rob était aussi présente
sur la navette et qu'elle ne permet pas l'autolyse
humaine, lois de la robotique oblige.
— Ah oui et en parlant de ces lois, elle-même et
vous, vous ne connaissez pas celle de l'Humanitude,
bien sûr !
— Pas bien !
— Vraiment, ce n'est pas terrible pour quelqu'un qui
pense être la présidente d'une république bananière
même insignifiante.

Mariroz comprit qu'elle ne ferait pas le poids devant


une politicienne rompue, comme tous ces
semblables, à la rhétorique électoraliste.
Elle appela le commissaire Schultz à la rescousse.
— Fram vous vous rappelez des lois réformées de la
robotique.
— Plus ou moins.
— Les flics de la fédération ne sont-ils pas censés
connaitre la loi?
— Oui, laquelle?
— L'HUMANITUDE, je crois.
Page 58
— Bien, je réfléchis… HUMANITUDE: "protéger,
l’humanité et lui enseigner de…" non, ça me revient,
mot à mot : "protéger, sauvegarder l’humanité bio, et
l’éduquer le plus discrètement possible."

Theroigne les regardait. Ils la regardaient et ils lui


demandèrent :
— Et vous pensez que ça s'applique à nous ?
— Bien sûr pour deux raisons : la loi nous impose à
tous, humains ou androïdes d'appliquer les lois
réformées et ensuite que les individualités doivent
s'effacer devant l'intérêt du plus grand nombre.
— Dit comme ça, ça semble évident, mais
comprenez que nous sommes en droit de nous
croire trahis.
— Et moi, cria-t-elle, le gouvernement vient de me
trahir en me laissant à croupir sur cette planète.
— Donc 'croupir sur cette planète'
c'est une trahison, pour vous, et pour nous cela doit
être normal, vous valez plus que nous, bien sûr !
— Non, non, non et cessez de me vouvoyer et
continuez à m'appeler Anita.
— D'accord, je vais te tutoyer député Theroigne
Bliss. Tu veux toujours te soustraire du monde des
vivants ?
— Non !
— On peut te faire confiance ?
Elle hocha la tête et l'instant d'après, elle s'effondra
dans une crise de larmes, incoercible. Puis elle
demanda.
— Qu'allez-vous faire de moi ?
— Fram qu'en pensez-vous ?
— On devrait l'exécuter mais il va falloir mettre les
formes pour la condamner : Tribunal, juges,
procureur, avocats, témoins, bourreau… ? Sinon,
éventuellement, on lui pardonne de toute façon, le
Page 59
capitaine Macron, nous a vengé. Je suis partisan de
laisser vivre les cancrelats politiques, ce sont quand
même, presque des êtres humains.
— On va l'acquitter, dit Mariroz.
— Bonne idée, répondit Fram.

Theroigne n'avait pas l'air éperdue de gratitude.


— Je dois dire merci ?
— Même pas, mais ne cherchez plus à nous baiser
Madame l'homme politique…

La plupart des naufragés avaient rejoint le centre de


détention où le confort était meilleur que le camp
bucolique installé près de la navette. Fram avait
remis en fonction les androïdes gardiens de la
planète prison. Le centre possédait un centre
médical et un laboratoire d'analyse, un peu en retard
sur celui que Mariroz avait fréquenté mais
suffisamment performant pour qu'elle effectue des
recherches sur le mal qui les rongeait mais qui était
en retard pour provoquer leur trépas !

Mariroz embaucha Lian Pence le phycologue et Am


Tritiko le boulanger qui se révélèrent d'excellents
assistants.

En trois mois l'épidémiologiste avança et elle


convoqua l'assemblée dans la grande salle de
conférence du centre.
— Mesdames, Messieurs nous avons beaucoup
cherché et nous avons beaucoup trouvé et je
remercie Am et Lian qui m'ont énormément aidé. Je
sais aussi qu'on ne remercie pas les androïdes mais
Page 60
le superviseur-rob nous a beaucoup fait profiter de
ses mémoires encyclopédiques implantées et qui ont
pour objet la compilation de toutes les données
scientifiques de l'humanité. Merci à tous. Voici nos
découvertes :
L'analyse du sang et les biopsies réalisés, sur nous
tous humains échoués sur Gxemeloj37, ont
démontrés la disparition de tous les virus dont nous
sommes habituellement porteurs.
Notre boulanger a suggéré de tester, sur lui-même,
un des vaccins dont dispose le centre médical du
centre dans sa clinique de soins. L'expérience étant
sans danger, j'ai accepté sa suggestion et notre
phycologue s'est joint à lui. Lian est parti, profitant de
sa période de repos comme il le fait souvent pour
battre la campagne à étudier les plantes et les
algues dont il était un spécialiste reconnu sur Soleil3.
Am est resté au laboratoire pour des expériences de
panifications sur les farines indigènes. J'ai effectué
une analyse de leur sang ...
— Pardon docteur, tu as oublié de parler de nos
repas...
— Tu as raison, Lian s'est nourri des fruits que l'on
trouve dans la nature environnante tandis qu'Am a
puisé dans les conserves du centre qui contiennent
des conserves de la bonne gastronomie de Soleil3
dont il est gourmand.
— J'avoue !
— Les analyses le lendemain ont prouvé la
disparition du virus atténué du sang de Lian mais
pas du sang d'Am qui a bien développé les anticorps
induits par le vaccin. A la période de repos, avec un
nouveau vaccin, suivante Am est parti étudier....
— Le bienfait des rayons des soleils pour mon
bronzage...
— Et Ian, les bienfaits....
Page 61
— De rien, pardon, de ne rien faire et de la
choucroute et de la bière importé et de mon lit
douillet à côté du labo.
Mariroz sourit.
— Résultat : inversé ! Mais, en plus sur Ian, il n'y
avait plus trace, non seulement du nouveau virus
mort injecté mais aussi de celui du premier vaccin.
— Mes anticorps se sont trouvés tout bête !

Le docteur Mariroz marqua une pause et tout le


monde comprit qu'elle souhaitait ménager ses effets.
— Mais il y a encore plus fort, comme vous le savez
nous hébergeons des micro-organismes qui vivent
avec nous dans nos intestins en symbiose. Nos
corps contiennent aussi des virus dormants ou ceux
que nos défenses immunitaires n'ont pas encore
détruits. Eh bien tous ceux qui ont consommés de la
nourriture végétale de cette planète sont totalement
lavés de tout virus qu'ils auraient pu héberger.
Heureusement pour nous les bons microbes ont
survécu.

Il y avait longtemps que Chambon ne s'était pas


manifesté.
— C'est pour ça que l'épidémie, qui nous a valu
notre exil ne se manifeste pas !
— Vous avez tout compris !
— Nous serons éternellement en bonne santé, c'est
très chouette, nous allons connaitre la vie éternelle.
— Désolée de doucher votre enthousiasme mais le
processus n'empêche pas de vieillir, il détruit les
pathologies les plus grave.
— Ça vient de suc des plantes ?
— Nous avons analysé les fruits : ils contiennent,
presque tous, un micro-organisme de la taille d'un
virus, une sorte de virus tueur de virus. C'est une
Page 62
invention des plantes qui ont développé ce procédé
pour combattre les virus qui ont dû pulluler à une
certaine période.
— Elles sont donc plus intelligentes qu'un ou qu'une
épidémiologiste, docteur !
— Vous-même, mon cher Chambon, vous
développez bien des anticorps sans y penser et
pourtant vous êtes aussi intelligent qu'un radis creux.

Mariroz était en colère. Elle n'avait jamais beaucoup


fréquenté les profs de philo durant ses études mais
celui-ci la guérissait de la matière.
— Je continu, nous avons analysé finement ce
mangeur de virus, mais je laisse la parole à Lian
Pence notre phycologue qui a découvert son
fonctionnement...
— Merci, Docteur, notre microscopique ami est
constitué de chlorophylle sur une sorte de carapace
faite de calcaire ionisé. Il enveloppe sa cible en
jouant des contractions de sa carapace et il
l'électrocute, il ne le digère pas, il le tue… Sa
constitution m'a été tout de suite familière grâce à la
connaissance des algues que je fréquente depuis
plus de vingt ans. Nous l'avons appelé chlorhéliko.
Malheureusement, prive de lumière, sa fonction
chlorophyllienne décline et le prive d'électricité et il
se meure en très peu de temps en se cristallisant.
De plus son énergie, lui est donnée par le sucre des
plantes mais il a le temps de pénétrer dans le
système sanguin d'un humain pour éradiquer tous
les virus qui s'y trouvent en quelques heures.
— Il n'est donc pas contagieux ?
— Pas beaucoup, hélas, au passage dans un corps,
il arrive à consommer un peu de sucre dans le sang
humain ce qui lui laisse un peu plus de temps pour

Page 63
effectuer sa chasse au virus mais le manque de
lumière finit par le tuer.
— Il ressemble à quoi ?
Ils répondirent en affichant une photo…
— Mais ça ressemble à un tardigrade.
Personne n’y avait pensé, probablement à cause de
la couleur.
— vous avez raisons mais le chlorhéliko est juste un
peu plus grand qu’un globule blanc.
Mariroz avait l'air contente d'elle.
— Voilà, mes chers amis, nous sommes devant un
moyen de sauver des vies humaines.
— Malgré notre médecine moderne, y compris les
picorobots thérapeutiques et les hyper-antibiotiques
artificiels?
Demanda Fram.
— Oui c'est une découverte extraordinaire apte à
résoudre l'épidémie qui nous a conduits ici, et toutes
celles à venir. Nous allons pouvoir préserver
l'humanité de…

Jo Lamure resté calme jusqu'alors lui coupa la


parole.
— Préserver l'humanité, docteur? L'humanité qui
nous a conduit et abandonné à notre triste sort sur
cette planète pour que nous y crevions tous ?
Il y eut un grand silence.

— Vous avez raison, mais nous sommes tous


attaché à notre humanité et ce n'est pas elle qui
nous a trahis, mais un certain nombre de dirigeants
qui ont cru prendre la bonne décision.
— Ma parole vous les défendez.
— Non, je me sers de ma tête pour ne pas me
laisser aller, comme vous, dans un état de
conscience qui s'appelle la colère.
Page 64
— Admettons, je suis trop con et trop coléreux pour
comprendre, vous proposez quoi ?

Le docteur Merkel, en guise de réponse appela le


superviseur rob.
— Avons-nous des missiles messages ?
— Oui madame, deux, un en réserve plus celui
ramené par le capitaine Macron.
— Sous quels délais peuvent-ils être opérationnels.
— Ils sont opérationnels dès que les messages sont
implémentés et imprimés.
— Imprimés ?
— Par sécurité bien sûr. À la vitesse où ils vont dans
les missiles messages, les communications
électroniques peuvent être effacés par une bouffée
d'hyper-magnétisme rencontré en cours de route ou
des radiations hyper-dures.
— Dans ce cas, ils doivent aussi perdre leur route ?
— Les incidents peuvent ne pas tous arriver
ensemble, la copie papier peut arriver seule,
survivante d’une une énergie cataclysmique.
— Il y a de la place pour y mettre des échantillons de
sang et de plante ?
— On peut mettre un peu moins d'un kilogramme de
matière inerte, mais rien d'organique ne peut résister
aux accélérations d'un missile message !
— Même de l'ADN ?
— Surtout de l'ADN !
Fram Schultz intervint.
— Je ne suis pas scientifique mais ne peut-on pas
écrire, un code ADN, sur un papier.
— Hélas, ce n'est pas une preuve!
— Pourquoi ?
— On peut simuler un code ADN sur un document
mais ça n'en fait pas de l'ADN.

Page 65
— On peut toujours essayer, superviseur rob, vous
aller coder les travaux que vous avez effectués sous
la direction du docteur Merkel.
— Vous pouvez reformuler, je n'ai pas compris ?

Mariroz sourit.
— Imprimer tout le dossier chlorhéliko sur du
plastopapier fin, avec de l'encre au carbone en tout
petit caractère.
— Les photographies aussi docteur ?
— Aussi.
— Ce que vous me demandez est la procédure
classique pour un message par missile et j'y joints la
copie électronique ?
— Pour transmissions dès que le missile sera à
portée hertziennes pour gagner du temps.
— Cela fait également partie de la procédure
classique…, Madame
— C'est parfait donc, vous en avez pour longtemps à
préparer le missile plus le message ?
— Délais 2h45.
— Exécution… !

Page 66
Chapitre 11

14 germinal an 368 19H50


Le message du missile avait demandé plus de temps
que prévus à être préparé, sûrement à cause de
toutes les modifications apportées à Mariroz au
dernier moment. Victime de son bon cœur, elle avait
réservé une partie des feuilles disponibles pour
permettre à chacun de ses compagnons de donner
des nouvelles à leur famille restée sur solei3.

Laborieusement préparé, il fut enfin prêt à être lancé.


Tout le monde était là !

Il n'y avait eu autant de ferveur que pour le départ de


la première expédition pour une exoplanète en
Brumaire 317.
Le missile message ressemblait plus à un long tuyau
pointu qu'à un engin spatial hyper-luminique. Il n'était
pas terminé pas une tuyère éjectant une grande
flamme et une fumée noire comme on l'imaginait
dans les temps anciens. Il ne faisait aucun bruit mais
son décollage était impressionnant avec les éclats
de lumières à large spectre, qu'il émettait pour
signaler sa présence.
Quand il s'élançait d'une planète, son ascension était
lente pour éviter tout échauffement de sa structure
en traversant les couches atmosphériques.
Il s'élança majestueusement, quand même, aux yeux
des spectateurs. Aucun ne se faisait trop d'illusion
sur l'accueil qu'il aurait sur Soleil3 sa destination,
mais comme le disait un vieux dicton : l'espoir, à ce
moment-là, les faisait vivre plus fort !

Page 67
Tout le monde applaudit. Le puissant trait de lumière
s'élança en s'imprimant au fond de leurs yeux, grâce
à la rémanence des cônes qui en tapissaient leur
rétine. Et puis la ligne blanche disparue…
Les dés en étaient jetés, il ne restait plus qu'à
attendre la réaction du gouvernent central.

Fram était accompagné de Chambon quand il se


rapprocha de Mariroz. Elle se mit à rire.
— Tiens le philosophe et le flic sont copains
maintenant ?
— Quand le flic s'exprime comme un philosophe, je
pige…
— Quand le professeur s'explique comme le
commissaire, nous opérons une symbiose
fructueuse.
— Je vous écoute, joyeux compagnons.
— Ça ne vous dirait pas un plan à trois ?
— Le costume d'obsédé ne vous va ni à l'un, ni à
l'autre, je n'ai même pas peur, plutôt déçue. Il y a
une bouteille de gniole du pays, fabriquée par Lian
durant ses loisirs, à partir des fruits de celle
planète... Que j'ai découvert, amoureusement
planquée dans un tiroir d'une table du labo.
Voudriez- vous, messieurs, venir porter un toast à
notre réussite dans mes appartements et prendre
langue ? La suite fut non érotique mais
intéressante…

Le capitaine Macron pestait d'avoir encore été choisi


pour transporter les trois experts et leur matériel sur
Gxemeloj37. En réalité, la gêne n'était que relative
puisque les passagers voyageaient en hyper

Page 68
sommeil bien au froid dans des cercueils appelés
pompeusement sarcophage d’hypersommeil !
C’était la procédure pour tous les passagers d’un
transport de prisonnier même quand il ne s’agissait
que de bons citoyens, relativement honnêtes.

Le pilote du Bellérophon209 redoutait


particulièrement la colère de Theroigne Bliss, député
à l'assemblée fédérale, qu'il avait dû abandonner. Il
se sentait coupable et pourtant il n'avait fait qu'obéir
aux ordres très explicite de sa hiérarchie.

Les trois médecins faisaient partie du comité


d’évaluation du message apporté par le missile
message. Ils avaient analysé les documents et ils
avaient acquis la certitude que les éléments
scientifiques étaient authentiques. Les experts en
criminalité et autres psychologues étaient septiques,
la fréquentation des turpitudes humaines les
empêchait de réfléchir avec suffisamment d'humilité.
— Ils ont fabriqué ces preuves, ils sont très habiles.
— Les documents sont scientifiquement
authentiques, la description des processus
biologiques très probants.
— Et puis vous oubliez les échantillons ramenés par
le Bellérophon209 sans aucune trace de virus,
rajouta un autre médecin.
— Bien sûr, mais vous oubliez qu'ils ont été écrits
par le docteur Mariroz Merkel épidémiologiste de
talent, et que les échantillons de sang envoyés ont
pu être purifiés. Ce qui semble le cas, puisque qu'on
n'a même pas trouvé de micro-organismes dormants
ou de micro-organismes inoffensifs.
— Vous nous emmerdez avec vos mentalités de flic
borné, le comité d'homologation maintien son avis.

Page 69
— Dans ce cas portez-vous volontaire pour vous
jeter dans la gueule du loup, puisque vous êtes sûr
de vous, vous ne risquez rien. Et puis ça tombe bien,
il a y pile trois place en hyper sommeil sur les
transports militaires !
— Personnellement, je suis prêt à aller sur place
même glacé en hyper sommeil, c'est notre seule
chance de trouver le moyen d'enrayer et de
comprendre les mécanismes de l'épidémie et les
moyens de la vaincre, comme le fait le
micro-organisme tueur de virus de Gxemeloj37.
— S'il existe !
— Il existe…

Le capitaine du Bellérophon209 regarda sa pendule :


21 Frimaire 368 7h43.
Il émergerait du sub-espace à 13H55 à portée radio
de la planète prison avec un délai lumière de 25
minutes qu'il mettrait à profit pour éviter de longues
palabres…
Il avait préparé son discours
— Gxemeloj de Bellérophon en approche, arrivé
prévue à 15h40, en attente de votre vecteur pour
atterrissage. Prévoir procédure de réadaptation de
trois passagers en hyper sommeil.

Il n'y avait plus qu'à attendre une petite heure que


les signaux partent et reviennent à la lenteur
habituelle des photons.
Macron ordonna à ses androïdes de lancer les
procédures de réveil pour être prêt seulement après
l'atterrissage, il détestait voir ses passagers bâfrer à
leur réveil les réserves du bord.

Il somnolait quand la réponse arriva.


Page 70
— Bellérophon de superviseur du centre pénitencier
de Gxemeloj37, bien reçu votre message. Je n'ai pas
reçu les dossiers de condamnation.
Macron soupira, évidement les robots gardiens de
Gxemeloj37, même s'ils n'avaient plus de
condamnés depuis longtemps, appliquaient toujours
les procédures et maintenait le centre en état sans
faillir à leurs taches.
— Ce sont des passagers simples plus exactement
une inspection sanitaire concernant les humains qui
ont débarqués début Germinal 368.
Ils s'étaient rapprochés, la réponse arriva 4 minutes
plus tard.
— Bien reçu, Bellérophon, vecteur d'approche
verrouillé, dois-je prévenir, les humains et en
particulier le docteur Merkel ?
— Oui, dites leurs que nous les verrons demain vers
9H00.
— Reçu, terminé ?
— Terminé.
Le capitaine espérait juste que Theroigne Bliss ne
l'attendait pas avec un laser de combat !

Le Bellérophon209 se mit à caresser l'orbite de


Gxemeloj37 discrètement et en douceur.
— Superviseur de Bellérophon vous êtes autorisé à
vous poser immédiatement.
— Désolé, j'ai des soucis mécaniques, je reste en
orbite pour vérification, terminé.
— Désolé mais le compte rendu technique de votre
vaisseau ne nous parvient pas.
— Ça fait partie du problème, je reprends contact
dans 3 orbites.
— Mais les procédures prévoient…
— Ça suffit, rappel à la loi, procédure modifiée,
exécution.
Page 71
— Reçu, nouvelle procédure enregistrée, sur la
mémoire de votre livre de bord.
— Bien sûr, terminé.

Il soupira et brancha tous les senseurs du vaisseau


pour étudier ce qui se passait au sol. Au premier
passage, il chercha les humains. Le senseur
infrarouge s'éveilla.
— Cibles humaines repérées.
— Affichage en principal.
Une vue sans couleur du centre s'afficha. Macron
cria.
— Mais ils ne bougent plus, ils sont morts ?
— Paramètres correct, ils dorment.
— En plein milieu de journée ?
— Pas de réponse trouvée, précisez !
— Des signes de maladie ?
— Paramètres à recharger, 3 minutes…
— J'attends
Macron était mal à l'aise, le temps coula lentement.
— Non, ils dorment, paramètres satisfaisants et
confirmation de la conscience-rob. Les données qui
me parviennent, indiquent qu'ils dorment et sont tous
en bonne santé.

Il n'y comprenait rien, ou alors ces fainéants faisaient


la sieste. Il décida d'aller voir sans attendre en
espérant qu'il n'aurait pas à appliquer la technique
du chevalier qui réveille la belle au bois dormant,
comme dans une vielle légende préhistorique, d'un
baiser langoureux !

Il appela le superviseur-rob pour lui annoncer sa


décision.
— Superviseur de Bellérophon…
— Superviseur de Bellérophon répondez ??
Page 72
— Superviseur de Bellérophon, vous faites la sieste
comme des humains maintenant ?
Il consulta ses instruments : Stupeur toute la
cybernétique de Gxemeloj était en panne ou
simplement déconnectée. Quelle planète pourrie où
hommes et robots faisaient la sieste. Ou alors cette
planète maudite déréglait tout !
— Autopilote, je prends les commandes, vous
pouvez vous endormir !
— Veuillez répéter la requête ?
— Commande manuelle.
— Avec assistance ?
— Sans…
— Ordre comprit, conformément au règlement, il a
été enregistré sur le livre de bord.
Un mini-manche11 et une commande de vélocité
apparurent sur la console proche et un discret
palonnier sortit du sol devant son siège.
— Suppression du régulateur de gravité, dit-il,
pendant qu'il verrouillait les attaches de ceinture
dans le collecteur ventral.
La décélération se fit sentir comme dans les
simulateurs (généralement sous les ordres
d'instructeurs de navigation spatiale sadiques).

Il n'y avait pratiquement pas de turbulence dans la


haute atmosphère de Gxemeloj37. Décidément, tout
était mou sur cette planète, il eut soudain peur d'être
transformé en bâton de guimauve molle.
Pour ne pas réveiller ni les habitants, ni même les
arbres aux alentours, il remit les anti-gravs à une
quarantaine de mètres du sol et le fier vaisseau se

11
Joystick en serbo-croate

Page 73
posa sans le moindre bruit, non loin du bâtiment
principal, sur le terrain de sport, désert.
Il s'adressa à sa console :
— Je sors n'appelez personne, je vais leur faire la
surprise.
— Le commandant quitte le bord… consigne
enregistrée.

Il s'habilla léger, les senseurs annonçaient une


température agréable pas besoin de se déguiser en
cosmonautes, son uniforme d'officier avec les
marques de ses valeureuses décorations : Une
bonne vingtaine de rubans pour en imposer à ces
néo-bouseux en train de cuver dans une sieste de
fainéant.

Quel plaisir de fouler de l'herbe et celle-ci paraissait


tellement tendre. Il comprenait pourquoi les habitant
dormait à cette heure-là, cette planète, inspirait le
calme, le repos et… le piège à con pour militaire
isolé12, pensa-t-il, quand le sol se déroba sous lui.

Le trou où il était tombé n'était pas profond mais il y


avait une odeur chimique… Avant qu'il pense à se
mettre en apnée ce qui aurait déclenché son implant
oxygénateur, il sombra dans un sommeil profond
comme le trou noir central d'une galaxie spirale.

12
Expression ancestrale et militaire et
encore usité en Germinal 368.
Page 74
Chapitre 12

3 messidor an 368 9H22


La brume se dissipa lentement du cerveau de
l'officier. Bêtement, il posa la question que tout un
chacun se pose dans la même situation.
— Où suis-je ?
— Bienvenu sur Martirano, pardon sur Gxemeloj37,
capitaine. Je suis le docteur Merkel président élu des
sacrifiés de cette planète prison…
— on dit présidente.
— non, on ne dit pas docteure ou pire doctoresse
sinon à part des conneries bien phallocrates
comment vous sentez-vous ? capetin !
— Je ne sens plus mes jambes.
— Rassurez-vous, vos bras non plus.
— Pardon, mais ça ne me rassure pas !
— Vous voyez clair et vous parlez, non?
— Vous allez me tuer?
— Quelle horreur, mais non, dès que les caissons
d'hyper sommeil de votre vaisseau seront libres,
nous vous y déposerons dans le plus beau pour une
grande cure de sommeil dont vous avez le plus
grand besoin, vu votre état de faiblesse.
— Vous n'êtes pas de taille, je vous ordonne de me
libérer.
— Désolé capitaine mais Theroigne Bliss nous a
renseigné sur la qualité de confiance que nous
pouvions vous accorder, et ça ne fait pas beaucoup.
— Libérez-moi de suite ou vous aurez de graves
ennuis.
— Pire que ceux dans lesquels nous nous
trouvons ?

Page 75
Macron haussa les épaules. Il tenta de tirer sur ses
contentions qui le maintenaient bien à plat ses bras
et ses jambes mais s'il commençait à avoir des
sensations tactiles, il continuait à être paralysé.
— Puisque je n'arriverai pas à vous faire respecter
l'ordre galactique, dites-moi quel va être mon sort ?
— C'est curieux le DORMIVO23 ne rend pas sourd,
il paralyse les membres bellicistes des militaires,
c'est tout. On vient de vous dire qu'on allait vous
réserver une place dans un de vos sarcophages
d'hyper-sommeil, mais avant on a besoin des codes
d'annulation d'obéissances exclusives de vos
androïdes.
— Dans tes rêves, conasse.
— Puisque vous vous complaisez à la vulgarité,
nous allons à notre tour nous laisser aller à la
vulgarité chirurgicale avec vos jolis appendices de
soldat zélé.
— Vous entendez quoi par appendice ?
— Tout ce qui dépasse.
— Vous n'allez pas oser ?
— Si, et ça va vous faire très mal.
— Le chien aboie la caravane trépasse.
— Attendez ! Vous êtes sensé résister un peu plus
en nous laissant couper au moins un petit morceau
ou deux.
— Le chien aboie la caravane trépasse.
— Pas combatif, n'est-ce pas ?
— Le chien aboie la caravane trépasse.
— Fram, notre commissaire de police, vos suspects
avouent-il pas aussi vite… Non ? Fram vous êtes
là ?
— Il est parti aux toilettes, à son âge…

Tout le monde s'esclaffa.


Mariroz envoya Niaa essayer la phrase code.
Page 76
Elle revint souriante.
— Ça marche les androïdes se sont figés puis…
Fram de retour, intervint.
— Et ils ont demandé un autre code.
— Non pourquoi ?
— C'est simple, on est très mal, ce bon capitaine a
donné le code de simulation, si dans 24 heures, on
n'a pas le code d'annulation, les androïdes du
Bellérophon vont implémenter les robots de combat
du bord et venir rechercher leur chef, et ils sont
invincibles !

Tous se regardaient indécis. Mariroz s'approcha d'un


tiroir en retira une seringue et s'approcha de Macron
et lui enfonça l'aiguille dans le cou et poussa le
piston. Ses yeux se révulsèrent et ses traits se
figèrent.
— Vous l'avez tué.
— Endormi.
— Et maintenant, comment on fait pour le torturer
pour lui faire cracher le code ?
— Un officier pilote résiste à la torture et même au
sérum de vérité VERIVO11 qui permet même de
faire avouer tous les secrets même ce qu'on a
oubliés.
— On a donc perdu ?
— Pas tout à fait, je vais l'opérer et arrêter son
implant.
— Son implant ?
— C'est un secret médical très bien gardé, mais j'ai
participé au début de ma carrière à sa mise au point,
comme virologue. L'implant, en plus de produire
quasi instantanément tous les contrepoisons
possibles, produit des anticorps artificiels qui
permettent de neutraliser n'importe quel agent
Page 77
pathogène connu et inconnu. Il neutralise aussi le
VERIVO11.
— Ce qui veut dire que si nous en avions été dotés
de ce truc miraculeux, nous aurions été préservés et
que nous n'aurions pas été abandonnés sur cette
planète comme des pestiférés. Et c'est pourquoi
notre brave capitaine avançait vers nous sans
crainte de nos miasmes mortels.
— C'est bien ça, mais l'implant coûte une fortune à
fabriquer et surtout, il donne une supériorité à ses
porteurs qu’il ne serait pas bon de trop divulguer.
— Il se trouve où ?
— A côté du foie, c'est une opération bénigne.
— Mais vous devront faire vite l'implant est sûrement
en train de neutraliser l'anesthésie, dit Fram, inquiet.
— Rassurez-vous, il n'a pas d'intrasquelette, les
contentions le maintiendront en place.
Quelqu'un cria.
— Le militaire est réveillé…
Le commissaire eut un sourire désabusé.
— Vous n'allez pas l'opérer à vif.
— Bien sûr, par cœlioscopie juste le temps d'aller
Mettre son implant en veille.
— On ne peut pas l'arrêter à distance.
— Mais non car les ennemis auraient la même idée.
Non, je vais mettre un super aimant au bout de mon
cœlioscope et j'irai actionner la mise en veille de
l'implant.
— Comment?
— Désolé c'est un secret. J'ai juste besoin de deux
costauds pour le tenir.
Les habituels adjoints musclés de la dame : Am et
Lian se dévouèrent corps et âme et sans état d'âme. Ils
étaient prêts.

Ils arrivèrent devant Macron rouge et en colère.


Page 78
— Vous croyez supérieur à moi avec votre piège qui
m'a pris en traite… Ça suffit, libérez-moi car en vérité
je vous le dit, craignez ma colère...
— On se sent supérieur parce qu'on a résisté au sort
que vos semblables nous avaient réservé, mais
maintenant, vous allez cracher.
— Je répète mon ordre libérez-moi et ensuite, je
réveillerais les médecins qui vous examinerons.
Il regarda (d’un regard en coin) pour voir s'il avait
réussi à glisser un petit coin de doute dans le bois de
leur conscience. Il pensa avoir gagné quand il vit le
docteur Merkel sourire.
— Nous étions prêts à vous croire, mais même si
vous êtes sincère, vous obéissez à vos ordres et
l'épisode avec Theroigne Bliss, encore une fois,
nous a prouvé votre sens de la compassion.
— Le gouvernement me vengera et vous écrasera,
bande de malades…
Il cria :
— Code 331 479 destruction annulation de la loi
numéro un, code 331 479, code 331 479…
L'isolation phonique passive heureusement empêcha
le code d'arriver à la super ouïe des robots du
bélérophon.

Mariroz ne sembla pas inquiète et sans attendre elle


fit signe à Am qui resserra les contentions pendant
que Lian mettait à nu le ventre militaire et pulvérisait
un puissant désinfectant. Macron cria de douleur
quand Mariroz pratiqua l'incision et plus encore
quand elle introduisit cœlioscope.
Le sang jaillit à peine contenu par les compresses.
Mariroz Merkel n'avait pas perdu la main. Guidée par
ses lunettes intrascopiques, elle amena le super
aimant sur la commande d'arrêt de l'implant
opérationnel. Macron perdit conscience.
Page 79
Aussitôt après avoir retiré l'instrument avec
précaution, elle lui fit piqûre de VERIVO11 et secoua
Macron. Le sérum de vérité en plus d'effacer la
douleur le réveilla.
— Bien, mon capitaine donnez-nous le code
d'annulation, le vrai bien sûr.
— J'ai sommeil 'le chien aboie et le fer à repasser'…
— Pardon.
— Vous avez entendu ! 'le chien aboie et le fer à
repasser'

Niaa quitta la salle en courant.

Le pansement de Macron était terminé quand elle


revint.
— Ça marche, j'ai dû donner un nouveau code
c'est…
— Garde le pour toi.
— Bien sûr et si je perds la mémoire ou la vie.
— Sans importance Macron n'a plus l'autorité
cybernétique sur les robots du Bélérophon209.
— Et lui, ne va pas chercher à renverser la
situation ?

Fram intervint avec un grand sourire.


— Bien sûr, je connais bien les ruses de cet univers,
il y a sûrement un autre code pour revenir code en
arrière, je connais les procédures à tiroir
militaro-cybernétiques.
— Et la solution est … ?, demanda Niaa.
— Tout simple, un: on réveille les
chercheurs-enquêteurs qui dorment dans les
sarcophages du Bélérophon. Deux: on met dans l'un
d'eux notre bon capitaine Macron.

Page 80
— Désolé d'être obsédé par les l'envie de décrypter
les pièges subtils de l'expédition mais est-on sûr
qu'une fois réveillés, ils ne nous trahirons pas?

Mariroz sans hésiter décida.


— On va sur le Bélérophon consulter les dossiers,
avec un peu de chance, je dois pouvoir reconnaitre
ces messieurs, les spécialistes épidémiologistes
sont un cercle restreint, il est possible que je puisse
les reconnaitre.
— Et si ce n'est pas possible ?
— On ne les réveille pas et on les laisse au froid.
— Et si tous les trois sont suspects.
— On en tue un ou on tue le beau capitaine.
Miaa devint toute rouge.
— Mais tu es ignoble Mariroz.
— Tu as raison, on perd la boule ici, bon on
l'arraisonne ce vaisseau militaire, ou pas ?

Page 81
Chapitre 13

3 messidor an 368 12H43


Les androïdes venaient d'apporter les dossiers des
trois toubibs qu'ils venaient d'imprimer. Mariroz se
plongea dans les dossiers de ses collègues.
Fram et Niaa attendait qu'elle finisse de regarder les
dossiers patiemment.

Enfin elle leva le nez.


— Je les connais tous.
— Tout va bien donc !
Fram était prudent comme le flic qu'il était.
— Vous êtes sûr de les reconnaitre
Elle secoua la tête.
— Je pense.
— Penser ne suffit pas, nous devons être sûr, vous
avez des détails, des souvenirs communs ?
Mariroz réfléchit intensément. Il y avait Pol Lange
avec lequel, elle avait pratiqué une difficile opération
en élève attentive.

Les autres étaient les frères jumeaux Mar et Pietr


Kury. Jumeaux dans la ressemblance comme dans
le métier et le champ de recherche. On disait d'eux
qu'ils avaient un seul cerveau à quatre pattes !

— Réveillez Pol Lange, c'est mon préféré.

Elle le regardait, il n'avait pas trop vieilli.


— Pas trop vasouillard, professeur ?
— Non, mais j'ai hâte de commencer mon enquête.

Page 82
— Bien sûr, mais les circonstances de notre exil sur
cette planète perdue nous incitent à une grande
prudence. Je vous reconnais bien sûr, mais j'ai
besoin d'être sûre.
— Je vous écoute.
— Vous souvenez d'une intervention sur laquelle
j'opérais sous votre contrôle, ça devait être aux
alentours de pluviôse 363, un cancer du foie, une
opération bénigne.
— Je vais essayer de me souvenir.
— Le patient a fait une hémorragie quand j'ai percé
son artère et vous m'avez dit ?
— Probablement rien, nous avons pratiqué une
dizaine de fois ensemble et vous n'avez jamais fait
d'erreur de ce type.
— Bien, merci, nous allons réveiller les jumeaux et je
vous raconterai comment et pourquoi nous
conduisons notre rébellion contre le gouvernement
galactique qui nous a envoyé à la mort !

Les homozygotes Kury se ressemblaient vraiment


comme deux photons corrélés, d'ailleurs, c'est toutes
leurs molécules qui devaient être corrélées.

— Mariroz Merkel, nous sommes contents de te


retrouver.
— Moi pareil sauf que nous nous défions de tout ce
qui vient de Soleil3…
Fram lui coupa la parole, il avait hâte d'éclaircir la
situation.
— Qui est Pietr, qui est Mar?
Pietr montra Mar. Mar montra Pietr.
— C'est lui.

Page 83
Mariroz, malgré le regard outré de Fram posa la
même question.
Pietr montra pietr, Mar montra Mar.
— C'est moi.
— C'est bon, Fram, ils sont nickels.
— Mais comment pouvez-vous en entre sûre ?
— Nous avons un signe pour nous reconnaitre dans
notre secte.
— Quelle secte.
— La secte des épidémiologistes !
— Ça existe ?
— Je ne peux pas vous répondre, c'est une secte
secrète.
— Comme celle des commissaires de police ?
— Ça existe ?
— Je ne peux pas vous répondre c'est une secte
secrète, encore plus secrète que la secte des
épidémiologistes !

Les membres de la secte des épidémiologistes se


mirent à rire et le membre de la secte des
commissaires de police se contenta de bougonner.
— Il nous reste à congeler le capitaine Macron.
— Le plus vite sera le mieux.

Tout le monde poussa un 'fffflouf' de soulagement


quand Macron fut mis en bière dans le sarcophage
d'hyper sommeil.

Les trois chercheurs après une bonne semaine de


recherche signalèrent à Fram et à Chambon qui
avaient décidé de les surveiller même la nuit à tour
de rôle que leur conclusion était rédigée. Ils lurent le
dossier.

Page 84
— Je vois ce que vous voulez dire dans les grandes
lignes, fanfaronna Chambon.
— Je vois presque ce que pourra nous expliquer le
docteur Merkel dans les petites lignes, répondit
Fram.

Mariroz savourait depuis une heure le rapport de ses


collègues. Ses compagnons d'infortune baillaient
mais personne n'osait montrer de signe
d'impatience.
— Mes amis le rapport nous ouvre les portes du
retour sur soleil3 mais…
La phrase fit passer l'ambiance de l'espoir à l'effroi.
— Nous ne pouvons retourner directement chez
nous. Je connais par cœur le système de pensée de
nos dirigeants. Ils veulent nous laisser ici, pour tester
la pérennité de l'action du chlorhéliko sur la durée.

Chambon la regarda avec une douceur dans le


regard qui ne lui était pas vraiment coutumière.
— Docteur, nous sommes sur une planète
pénitentiaire donc il y a eu des condamnés qui sont
revenus sur Soleil3 en fin de peine et on n'a rien
remarqué sur eux.
— Non, car ils sont tous revenu en bonne santé et
comme le chlorhéliko disparait rapidement de leur
sang en l'absence de photons nourriciers.
— Mais maintenant, pourquoi veulent-ils que nous
restions ici?
— Le remède que représente le chlorhéliko
représente un danger.
— Mais lors de votre exposé, vous ne nous en avez
pas parlé.
— C'est un danger très grave auquel je n'avais pas
pensé.
— Ah oui ?
Page 85
— Le danger n’est pas du tout médical, mais
économique, imaginez les équilibres qu'il met en
cause : en plus d'affaiblir les défenses immunitaires
en les laissant au chômage biologique, son usage
affaiblirait la pratique et l'expérience médicale. Et je
ne parle pas de l'industrie pharmaceutique...

Chambon le philosophe éclata.


— Mais il n'y a pas que le fric dans la vie.
— Dans la vôtre non, mais pour la finance
galactique, si ! Vous avez raison, Chambon, d'être
souvent en colère, la philosophie, l'humanité, la
compassion ont perdu la bataille depuis longtemps.
— J'ai peur que vous ayez raison, mais on fait quoi
pour se sortir de se traquenard, on fuit ?
— On ne fuit pas, on s'échappe.
— On s'échappe où ?
— On rentre sur soleil3.
— Je croyais qu'on fuyait ?
— Pas tout à fait, on va revenir chez nous par une
porte dérobée et rejoindre l'opposition.
— Bien sûr que ça existe !
— Une opposition révolutionnaire.
— Elle n'est pas révolutionnaire en démocratie, mais
quand le système a perdu la tête, elle devient
révolutionnaire et remplace le pouvoir en place pour
régénérer la démocratie perdue. Vous comprenez la
nuance ?
— Laissez les nuances au philosophe raté que je
suis, c'est tout ce qu'il me reste.
— Nous allons donc nous esquiver, nous soustraire,
nous envoler au sens figuré et sens propre. Et
rejoindre soleil3 avec une discrétion que nous
permettra le bordel ambiant des fins de règne, et à la

Page 86
pagaille que la trouille de l'épidémie a mis partout et
en particulier dans la tête de nos dirigeants!
— Et comment, on y va ?
— Grâce au joli vaisseau que va nous prêter le
capitaine Macron.
— Vous savez piloter ?
— Le Bellérophon209 est automatique et obéissant,
en plus les androïdes du bord sont programmés pour
y suppléer en cas de défaillance et Niaa Bétriss
comme cyberpsychologue sait parler à ses bêtes là,
et en plus elle a un brevet de pilote et de navigateur
interstellaire.
— Il n'y a que moi qui ne sais rien faire.
— Oui, mais vous le faite très bien!
— Vous avez raison, je suis un inutile.
— Non, on a besoin d'être humain. Les philosophes
sont là pour nous ramener à l'humanité même quand
ils sont bourrus.
— Merci…
— De toute façon nous avons un gros travail
d'organisation, si nous voulons mettre notre plan
d'évasion bien au point. Et nous allons tous nous
préparer et en premier nous allons confier nos
pauvres cerveaux aux apprentisseurs neuronaux,
pour un enseignement rapide de la navigation
interstellaire.
— Même moi ?
— Même vous, Monsieur Chambon.

Page 87
Chapitre 14

8 Thermidor an 368 9H30


Mariroz regardait le bleu noir de l'espace. La
formation au pilotage et à la navigation spatiale de
ses compagnons avait donné d'excellents résultats.
De profanes pur jus, ils étaient devenus un vrai
équipage. De civils pur de chez pur, ils étaient
devenus des militaires en bon uniforme(!).

Chambon le philosophe râleur était devenu chef


pilote silencieux et efficace : Il était désormais le
capitaine Chambon.
Theroigne Bliss député13 n'avait pas montré trop de
gout à la technique et en jetant aux orties son
prestige de politicienne, elle prit d'assaut la fonction
de commissaire de bord avec option chef cuisinier :
Lieutenant-commissaire Bliss.
Le seul qui n'avait pas changé de boulot était le
docteur Lange : il était maintenant le médecin du
bord. Ses deux collègues les jumeaux Kury étaient
resté sur Gxemeloj37 pour continuer à étudier les
effets miraculeux du chlorhéliko et ce qu'il pouvait
apporter à l'humanité.

Les robots formateurs avaient un schéma impératif


de l'organisation de l'équipage d'un astronef qui
devait intégrer au niveau du reflexe l'art de la
navigation avant même d'espérer pouvoir utiliser les
automatismes du vaisseau. Il n'y avait ni place pour

13
En 368, il y a longtemps que les substantifs de profession ne
portent plus le sexe !
Page 88
l'imprécision, ni pour l'improvisation hasardeuse au
milieu des pièges et des dangers de l'univers.

Le vide était plein de vide, bien sûr, mais aussi


rempli de trous noirs voraces, de comètes
baladeuses, de gifles de particules diverses et de
pirates humains féroces.

L'organisation était militaire, strictement. Ils devaient


tous être capables de faire marcher tout seul, à
cerveau nu et à la main, le vaisseau en cas de
panne totale pour des raisons inconnues de toute la
cybernétique du vaisseau.

Les machines nommèrent Marioz commandant,


Chambon pilote, Theroigne, donc, commissaire,
quant au véritable commissaire de police, Fram
Schultz, il s'était trouvé une véritable passion pour la
trigonométrie et la géométrie hyperspaciale même
en calculant à la main ou avec une règle à calcul
préhistorique. Il devint le navigateur de l’équipage.

Mariroz ramena son regard dans le poste central, la


mise en orbite était terminée.
— Fram…
— Il lui lança un regard offusqué.
— Navigateur, on y va !
— Navigateur à pilote vecteur 040, 230.
— En avant 1/3, point d’immersion ?
— A 43 minutes à V2, commandant. Répondit le
lieutenant Jozé de Reveno chef de quart.
— Bien, je pars dans ma cabine. Le commandant en
second, prends la manœuvre. Nous appellerons au
poste de plongée à moins dix.
Le commandant en second Niaa Bétriss regarda
Mariroz se lever.
Page 89
— Le commandant quitte le central, je prends ; en
avant 2/3.
— 77%de C, dit Chambon
— Chef de quart, état des systèmes ?
— Tous les paramètres sont nominaux.
— Bien, je rejoins le commandant.

Niaa retrouva Mariroz dans sa cabine.


— Dis donc, on a l'impression de se trouver dans un
vieux film de sous-marin des anciens siècles.
— Tu as raison mais le programme prévoit qu'on
puisse faire fonctionner ce vaisseau en manuel.
Quand la conscience cybernétique nous sentira au
point, elle reprendra la main pour nous soulager de
nos tâches de marin des mers interstellaires, en
attendant, on joue le jeu, même si ça nous parait
puéril. Personnellement ça me fait plutôt, et rire. A
vrai dire ça ressemble fortement à la discipline
militaire d’un bloc opératoire.

— D'accord, sinon on rentre toujours sur soleil3 au


risque d'être tiré comme des lapins de Gyny12.
— Pourquoi, douteraient-ils en voyant arriver le
Bélérophon209, nous n'avons pas envoyé de missile
message pour nous annoncer, le temps qu'ils
comprennent que le vaisseau n'a pas rejoint sa
base, le dossier que j'ai préparé aura été diffusé à
tous les médias de la planète.
— Bien donc en route pour Soleil3, Mariroz, pardon,
Commandant.

— Allez superviser la plongée dans la singularité de


l'hyper-espace, second !

Moins 10 s'afficha dans le central, Niaa lança une


diffusion générale.
Page 90
— Au poste de plongée dans 10 Minutes, top…

Le passage en hyper-espace était délicat : En


apparence, il suffisait de rester durant un peu plus
de 1,4 10-43 seconde, dans la fenêtre 97,713689% de
C à 2 millionièmes prés, zone où le continuum
devenait malléable et où la porte de l'hyperespace
s'ouvrait pour des vitesses multiples entières de C.
Le passage provoquait un malaise auquel on
s'habituait plus ou moins. Quand le pilote était bon
une sorte de torpeur plutôt agréable circulait en
remontant des pieds à la tête. Et Chambon fut aussi
bon pilote qu'il était râleur. Le reste de l'équipage,
tous dans leur rôle d'équipage militaire modèle ne
firent aucun commentaire.

Le pilote restait concentré. Dans 4 heures il devait


donner l'impulsion subtile qui bloquait la décélération
à 102,286311% de C, toujours pour un temps
légèrement supérieur à 1,4 10-43 seconde.
— Au poste de surface dans 8 Minutes, top…

Mariroz venait de revenir au central de commande.


— Navigateur, position ?
— Si le pilote soigne sa rentrée, nous serons à 3
sauts de soleil 3.
— En une seule fois, ce n'était pas possible ?
— Pas sans se faire repérer !
La lumière baissa en même temps le vaisseau
décélérait sans trop d'effort tant qu'il se trouvait dans
le sub-espace mais ensuite après le retour dans
l'espace normal il faudrait freiner énergiquement
pour revenir à un point légèrement inférieur au point
de plongé, vérifier le vaisseau, trouver où ils avaient
émergé, refaire le point et refaire les calculs pour
aborder la plongée suivante. Toujours sans l'aide
Page 91
des automatismes cybernétiques qui pour l'instant
faisaient office de moniteur de fusée-école, discrets
mais attentifs.

— Navigateur à pilote à vous dans trente secondes.


— Je suis prêt.
— Dix, neuf, huit…
Mariroz regardait fascinée par le calme de son
équipage.
— Deux, un, zéro.
— Décélération moins 30.
— Correction moins 2.
— Moins 2 effectué, doucement maintenant, on y est
97,6% de C.

Le retour dans le sub espace avait été nominal. Il


restait à faire les calculs pour le prochain saut après
avoir fait encore le point pour trouver l'endroit où ils
devraient replonger.
— Rompez au poste de manœuvre, bien messieurs.

Bliss interpella Fram.


— Vous avez finit vos calculs.
— J'affine encore un peu mais gardant notre cap
actuel et notre vitesse d'escargot luminique nous
serons à la prochaine immersion dans 2 jours
environ.
— Bien je pense que nous pouvons en profiter pour
nous reposer un peu et même nous restaurer
calmement, il parait que le commissaire Bliss nous a
trouvé des trésors gastronomiques dans la cambuse
de ce rafiot.

Ils venaient de sortir pour la troisième fois de l'hyper-


espace quand la conscience cybernétique du
Page 92
Bélérophon209 se réveilla, sa voix n'était ni pâteuse,
ni métallique mais presque chaleureuse.
— A tout l’équipage : votre formation et l'évaluation
est terminé, vos résultats sont excellents. Vous êtes
validés chacun dans votre spécialité. Nous allons
reprendre les manœuvres pour vous conduire à
votre destination…
— Stop, cria Mariroz.
— Pardon Madame.
— On dit 'commandant' tas de ferrailles et comme le
'commandant' c'est moi, je dois aussi valider
l'équipage.
— Bien sûr, commandant, mais…
— Mes ordres sont que vous restiez en sommeil tant
que je ne vous donnerais pas de contre ordre. En
attendant mettez-vous annulation sensorielle, nous
continuons notre formation, confirmation ?
— Ordre enregistré et consigné au livre de bord.
— Exécution !
Un tas de voyant s'éteignirent, des yeux
électroniques qui se fermaient.
— Pilote et navigateur, vous allez vous reposer et
nous appellerons aux postes de plongées après la
période de repos…

Page 93
Chapitre 15

18 Thermidor an 368 15H31


Une alarme venait de se signaler par un raclement
de gorge artificiel, très discret.
— Tu as vu Karro le Bélérophon209 est de retour.
— Oui, comme d'habitude le capitaine Macron est en
manuel.
— Ses androïdes vont finir par rouiller… En avant
pour le spectacle...
— Bélérophon209 de contrôle 42A, ne dites rien,
vous avez le couloir 47 rien que pour vous. Vous
pouvez vous laisser aller à l'acro, faites-nous vibrer
avec votre virtuosité capitaine.
— Contrôle, de Bélérophon, bien reçu !

Karro regarda son collègue.


— Toujours aussi aimable notre héro !

Dans le poste de pilotage du Bélérophon209 c'était


la panique.
— On fait quoi, commandant demanda Niaa?

Mariroz en bon chirurgien, qu'elle avait été, savait


prendre des décisions rapides.
— Premièrement, on abandonne le joli plan qu'on
avait eu tant de mal à mettre au point !
Tout le monde avait l'air déçu d'abandonner un
ouvrage fruit de réflexions hyper profondes.
— Chambon, l'acrobatie vous inspire ?
— Comme philosophe ou comme pilote ?
— Le contrôleur parlait des aptitudes de notre cher
capitaine.
— Ni dans l'une, ni dans l’autre !
Page 94
Le docteur Lange intervint.
— Avant médecine, je voulais faire music-hall
comme imitateur, laissez-moi répondre.
— Vous avez notre vie entre vos lèvres docteur !

Pol Lange se redressa, il paraissait concentré et tout


le monde fut stupéfait d'entendre une voix presque
identique à celle de l'officier.
— Contrôle de Bélérophon, pardonnez-moi, je suis
un peu patraque, je vais faire une approche un peu
plus calme que d'habitude, j'ai mangé de la moule
géante de Tsilla4 dans un resto au large de Pluton,
je suis un peu vaseux.
— De contrôle, pas grave mon capitaine
soignez-vous bien et bonne perm.
— Merci les gars.

Tout le monde était admiratif du talent d'imitateur du


toubib.
— Vous connaissiez drôlement bien Macron.
— Quelques jours après le décollage, le protocole
pour travailler sur le chlorhéliko n'était pas prêt, il ne
nous a pas mis, les frères Kury et moi en
hyper-sommeil tout de suite, j'ai eu le temps de
l'observer. Un personnage intéressant pour un
militaire.
Mariroz sourit.
— Bien, messieurs dames, on reprend notre petit
complot ?
— Bien sûr commandant, mais maintenant que nous
nous sommes fait remarquer par les copains du
capitaine Macron, il faut trouver autre chose. Docteur
une autre imitation ? Celle du président de la
fédération par exemple !
— J'ai mieux : la mienne…
— Non…?
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— La mienne quoi, ma voix.
— Vous croyez ça efficace ?
— A part votre confiance, je le pense.
— J'n'imagine pas, mais on peut essayer, il vous faut
quoi!
— Ouvrir le canal hertzien des urgences.
— Mais c'est réservé aux toubibs.
— J'avais oublié docteur, c'est combien le code du
canal médical.,
— C'est confidentiel médical pour éviter les usages
non médicaux.
— Ce n'est pas notre cas !
Il rajouta :
— Et le chlorhéliko, ce n'est pas un sujet médical ?
— Médical, oui, mais pas urgent vraiment.
— Et éradiquer l'épidémie, c'est quoi ?
— Vous avez raison, mais ce n'est pas trop militaire
comme attitude.
— Réveillez-vous, chère collègue, les
enseignements aux pilotages des cyber-enseignants
vous ont hypno-formatés pour vous donner un
maximum d'efficacité, vous êtes le docteur Mariroz
Merkel épidémiologiste et pas un commandant de
vaisseau spatial au long court…

Mariroz eut soudain un autre air, un air las et réveillé


d'un long sommeil, à la fois. Pol Lange cristallisa la
fréquence d'urgence médicale sur la console de la
radio hertzienne.
— Urgence médicale Soleil3 du Bélérophon209.
— Interface-rob i768, je vous écoute Bélérophon209.
— Docteur Lange Code 442Z
— Identifié.
— Passez-moi le permanent-titulaire
Il y eut un moment de silence, froissement, un
bâillement humain...
Page 96
— Docteur Ouz, je vous écoute Pol.
— Quelle chance, c'est bien vous Gregg?
— Mais oui, comment ça s'est passé votre opex14 sur
Gxemeloj37.
— Au mieux, mais pour l'instant, j'ai besoin de faire
hospitaliser d'urgence le capitaine Macron.
— Un militaire, n'est jamais malade.
— Sauf quand ils ont une hygiène de vie déplorable
grâce au repas gastronomique, voire astronomique
qu'ils demandent à leur androïde cordon bleu en plus
il picolait pas mal.
— Ne me dis pas qu'il t'a fait un antique AVC.
— J'en ai bien l'impression.
— Je préviens le plateau technique, tu peux te poser
sur la DZ56, faisceau tracteur même code.
— Je peux me poser dans 20 minutes avec une
navette N32.
— Si c'est une N32 vient directement en NE87 je
l'ouvre ce sera mieux.
— Mieux ?
— Il neige depuis ce matin.
— Il va falloir qu'on se couvre en sortant.
— Pas la peine, dès que vous serez posé, les portes
se refermeront et vous serez au chaud.
— Bien reçu, faisceau tracteur N87 ?
— Non pourquoi ? NE87, c’est pour les atterrissages
directs, bien sûr !
— Bien sûr, terminé.

En 15 minutes chrono, ils installèrent leurs


échantillons, leurs matériels, leurs expériences et
quelques armes dans un sarcophage de survie.
Mariroz et ses compagnons improvisèrent une
stratégie.

14
Opération extra-solaire
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— Nous allons tenter de rejoindre le parlement,
Theroigne?
— Sans problème, j'ai encore les codes pour rentrer
dans la place, mais que fait-on quand les urgentistes
vont s'apercevoir de la supercherie en voulant porter
secours à notre malade en ouvrant le sarcophage ?
On les tue ?
Le docteur Lange leva la main en exigeant la parole.
— Stop, je ne voulais pas le révéler tout de suite
mais j'avoue, Pietr, Mar Kury et moi faisons partie de
‘médecins de l'univers’. Nous avons tout de suite cru
au compte rendu qui nous est parvenu par votre
missile message en Germinal.
— Je vous faisais confiance.
— Nous n'avons voulu prendre aucun risque mais
aujourd'hui, vous devez savoir…
— Savoir quoi?
— Que Gregg Ouze est un des nôtres…
— des nôtres ?
— de ceux qui luttent contre le complot.
— le complot ?
— le complot !

Page 98
Chapitre 16

18 Thermidor an 368 19H09


La navette venait de se poser silencieusement sur le
quai NE87. Tout le monde regrettait la douceur du
climat de Gxemeloj37. Gregg Ouz les emmena dans
un vestiaire proche et leur distribua des tenues
d'urgentiste tout temps, thermo-régulées.

Puis il les fit descendre au sous-sol. Derrière un


pilier, il s'approcha d'une porte de métal et sortit de
sa poche une antique clé et la mit dans une serrure,
elle aussi antique.

Cette porte, très archaïque, donc, et insignifiante à la


fois, s'ouvrit sur un décor moderne. Le sarcophage
de survie, poussé par Chambon entra, avec
difficulté. Une table longue trônait dans une salle
faiblement éclairée et surtout un peu froide.
Heureusement les tenues fournies par le docteur
Ouz se mirent à chauffer et ils s'attablèrent sur son
invitation.
— Bienvenu messieurs dames au siège de la
révolution tranquille de Thermidor.
— De quelle année ?
— 368.
— Thermidor 368, vous êtes sûr ? Mais c'est
maintenant, ou nous avons peut-être lambiné du
côté du sub-espace.
— Pas du tout, vous êtes même arrivé à temps pour
l'épanouissement de la vérité du 19 Thermidor 386.
— Vous avez dit révolution ?
— Tranquille ou presque demain à 8h30 précise
nous démonterons le complot et nous mettrons fin à
Page 99
des siècles de domination de lobbies industriels de
tous poils.
— Et avec quel type de clé vous démontrez cette
hydre pluri-centenaire, que dis-je millénaire ?
— Grâce au courage d'un député.
— Par expérience je n'en connais pas, intervint
Theroigne Bliss.
— Si, vous, madame le député.
— Mais je suis virtuellement morte, ils m'ont éliminé.
— Virtuellement comme vous dites, mais vous avez
déposé une demande de parole pour demain matin.
— Mais je viens d'arriver, je n'ai pas pu…
— Si vous avez pu, et vous présenterez une copie
de éléments du message missile et le résultat des
analyses des échantillons de sang que le capitaine
Macron vous a arrachés…

Mariroz se leva et ouvrit le sarcophage d'urgence


médicale et les preuves qu'il contenait, d'autres
preuves. Elle avait un regard triomphant. Elle
plongea son regard dans les yeux de Gregg Ouz.
— Et comment avez-vous réussit à obtenir toutes les
vôtres ?
— Vous allez avoir du mal à me croire.
— Dites toujours.
— Les robots du lobby pharmaceutique ont pratiqués
une trophallaxie digitale sur les nôtres à chaque fois
que quelque chose semblait en contradiction avec
les lois de la robotique.
— Les robots se sont révoltés ?
— Pas exactement, mais quand l'intérêt de
l'humanité est en jeux, ils se réservent le droit de
dénoncer les auteurs d'atteintes aux droits de
l'homme. La conscience cybernétique de la
planète…
— A laquelle personne ne croit…
Page 100
— … à laquelle, je crois car elle vient de prouver son
existence. C'est de toute façon, l'application à
grande échelle de la première loi de la robotique.

Niaa Bétriss en cyberpsychologue accomplie récita.


— Un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni,
en restant passif, permettre qu'un être humain soit exposé
au danger et au pluriel ça doit donner : Les robots ne
peuvent porter atteinte aux êtres humains, ni, en
restant passif, permettre que l'humanité soit exposée
au danger.

— Bien, on fait quoi maintenant ? demanda Mariroz?


Gregg Ouz sourit et tourna son regard vers la porte.
Tout le monde fit de même et la porte s'ouvrit : Un
androïde élégant entra et s'assit sur la chaise que le
docteur Ouz lui montra de la main.
— Bonjour, je suis Tobor451 spécialiste en
psychologie humaine et délégué de la
conscience-rob de soleil3.
Il commença à expliquer le véritable complot de
l'industrie pharmaceutique.

— Il y a 3 ans APOTEKEGO, la firme qui a pris le


contrôle de toute l'industrie pharmaceutique, a
décidé qu'elle devait obéir à ses actionnaires en
fournissant un résultat à deux chiffres et les
dividendes qui vont avec. Elle a adopté les stratégies
suivantes :
Modifier une ancienne souche d'une fièvre
hémorragique et parallèlement développer le vaccin
pour soigner cette fièvre. Le processus est évident et
ils avaient prévu d’énoncer leur tromperie ainsi sur
tous les médias :

Page 101
La fièvre qui nous touche est un mal à
issue fatale qui impacte les humains,
seules les recherches APOTEKEGO, sur le
point d’aboutir peuvent sauver
l’humanité.
En réalité seul le besoin d'amasser de l'argent
motive APOTEKEGO, nous ne pouvons le
permettre...
Mais hélas, le virus il a muté très vite et aujourd'hui,
il est devenu un mal redoutable avec en prime la
terreur indicible qu'il inspire…

Il se figea…
Tout le monde se tu, suspendu à la vision de cet
androïde momentanément statufié…

— Je viens de recevoir un message. Tout est prêt.


Je terminerai mon propos devant l'assemblée
mondiale à travers un autre de mes semblables.
Notre conscience universelle vous y convie. Je vais
vous y conduire en vous ouvrant toutes les portes.

La stupeur n'eut pas le temps de se développer.


Devant le centre hospitalier attendait un glisseur, sur
lequel ils prirent place, puis qui se mit en marche
pour le parlement de Soleil3.

Arrivé devant le grand bâtiment de marbre blanc


datant de l'époque du calendrier grégorien avant la
renaissance du calendrier républicain, ils
descendirent du glisseur puis se dirigèrent vers la
vénérable construction.

Dès l'entrée un odeur curieuse, d'encens et de


vielles pierres les impressionna tous, sauf Theroigne

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Bliss qui comme député voulut leur servir de
cicérone.

Elle avait une revanche à prendre sur ses collègues


qui l'avaient abandonnée à son sort sans beaucoup
se préoccuper de sa disparition. Elle fonça vers une
borne de présence et y plaça sa paume. La borne
s'illumina d'un rouge mouvant…
— Bienvenu Mme Bliss, vous êtes redevable d'une
amende de 3000 stelos pour absence non justifiés,
cette amende sera précomptée sur vos indemnité
chaque mois. Le président Mallojala vous prie de
prendre contact d'urgence avec son secrétariat…

Theroigne devint rouge et cria.


— Bien sûr que je vais aller voir ce con sur son
perchoir et tout de suite…
Tout le monde la regarda partir en courant. Elle
savait où elle allait. Mariroz haussa les épaules.

Tous avancèrent au moment où Tobor451 leurs


désigna la porte de la galerie qui accueillait les
spectateurs. Les séances se devaient d'être
publique. Fram s'étonna que l'androïde ne les
suivent pas.
— Vous ne venez pas avec nous dans la cage aux
lions.
— Faites-vous référence aux jeux du cirque de la
lointaine antiquité de cette planète Monsieur le
commissaire ?
Fram Schultz, flic habitué à cacher ses sentiments
retrouva ses souvenirs de droit constitutionnel. La loi
du 6 fructidor an 247 rappelait que toute séance de
l'assemblée ne pouvait être valide que si au moins
100 spectateurs se trouvaient présents lors des
Page 103
débats hors d'androïde ou d'extra-confédéraux ou
encore,, bien sûr d'élus de tout poil.

— C'est bien possible mais qu'allons-nous faire,


avec le public ?
— Attendre que le président ouvre la séance et
annonce le changement d'ordre du jour que nous lui
avons demandé et me donnera la parole.
— Mais la constitution ne vous le permet pas !
— Ni à un chien alors vous pensez à un robot!
— En plus de l'ironie, je n'y crois pas…
— Nous vous observons depuis tellement de temps.
Pardonnez-moi je vais transférer ma conscience
dans l'androïde à côté du pupitre des intervenants,
on vous appellera quand le président demandera
votre témoignage. Rentrez donc tant qu'il y a de la
place assise.
Tout le monde des rescapés de Gxemeloj37, se rua
presque dans la grande galerie qui surplombait
l'arène où les députés qui arrivaient leur semblèrent
tous sous la coupe d'une fébrilité honteuse.
Tout le monde attendait que Sefo Mallojala glorieux
président de l'assemblé, non moins prestigieuse,
apparaisse et dissipe l'inquiétude, à couper au
couteau, qui occupait toute l'assemblée…

Le temps passait : Il ne se passait rien !

Page 104
Chapitre 17

19 Thermidor an 368 8H35


La porte la reconnut tout de suite.
— Madame le député Bliss, je suis heureuse de
vous revoir, je vais voir si le président Mallojala est
là, mais je crois qu'il est parti présider la séance de
ce matin.

Comme toutes les portes-robs de la galaxie, elle


était dotée d'un module, pour mensonge, très
développé mais hélas pas d'une subtilité suffisante
pour lutter avec un esprit humain déterminé.
— Je veux le voir tout de suite.
— Je me renseigne, Madame.
— Ouvre-toi tout de suite.
— Désolé, mais…
Elle sortit des profondeurs de sa tenue un
PRODEL500 qu'elle déverrouilla et colla contre sa
tempe.
— Ouvre connerie de plaque de ferraille ou je me
fais sauter la cervelle…

La porte frappée au plus profond de sa conscience


cybernétique ne pouvait résister. Les lois de la
robotique lui bloquaient toute volonté, toutes
réflexions.

Elle s'ouvrit sans se douter qu'au dernier moment


Theroigne aurait provoqué sa mort ou la sienne par
fusion du métal dont elle était constituée.
L'émetteur neutronique de poing était assez puissant
pour cela, elle avait reconnu l’arme dans ses bases
de donnée.
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Theroigne se précipita dans le bureau de Sefo
Mallojala qu'un androïde féminin finissait de
maquiller tandis qu'une autre identique lui massait
les épaules voluptueusement. Il n'eut pas besoin de
la regarder, la porte venait de lui donner l'alerte sur
l'implant dissimulé dans son oreille interne.
Elle le regarda dans le miroir d'une haine froide et
déterminée.
— Je vais te griller les couilles connard.
— Mais vous savez à qui vous parlez ?
— Bien sûr à un connard qui a essayé de me faire
mourir lâchement.
— Je n'ai pas essayé de vous tuer, Madame le
député.
— Même pas de m'envoyer crever sur Martirano.
— Connait pas Martyr… quoi.
— Ne me prend pas pour une conne, j'ai gardé les
instructions qui me demandait de trahir mes
compagnons condamnés à mort comme moi, sur
Gxemeloj37.
— Qu'est-ce que cette histoire de fou ?
— Tu vas prétendre contrairement à ce que tu as
annoncé lors de ton discours de début de mandat
que les élus étaient sous ta protection la plus
absolue.
— Bien sûr !
— Et maintenant tu prétends que tu n’étais au
courant et que tu n’as pas signé ce document.

Elle lui mit le plastopapier sous le nez.


— Nonobstant, il ne devait pas vous être remis.
— Mais tu viens de te trahir.
— Ne me tutoyez pas.
— Tu as raison, je ne devrais pas tutoyer lune
ordure comme toi !
— Ne soyez pas vulgaire, vous êtes une élue.
Page 106
— La vraie vulgarité c'est d'envoyer ceux qu'on a
juré de protéger, à la mort.
Son poing parti tout seul dans le nez de son
interlocuteur avant que les robots n'aient les
hyper-réflexes d'empêcher le sang de souiller sa
belle chemise blanche antique en immobilisant
Theroigne.

Elle allait armer son autre poing quand la masseuse


bloqua son bras. La maquilleuse empêcha son
maitre de tomber et lui comprima délicatement les
narines pour stopper l'hémorragie. Puis elle lui
introduit les doigts dans le nez pour générer un
courant complexe de cautérisation. L'androïde
masseuse immobilisa Theroigne sur un fauteuil qui
développa des bras de contention qui la ceinturèrent.
Prisonnière Theroigne se calma.

Le robot avait jugulé l'hémorragie, simultanément


elle avait établi un diagnostic sur l'état de l'homme
qu'elle trouva satisfaisant ou plus exactement bon
pour le service.
— Monsieur, vous devez changer de chemise vous
êtes attendu pour ouvrir la séance de ce matin.
— Tant pis, ils attendront.
— Non, Monsieur !
Le tout puissant président de l'assemblé des élus
des mondes confédérés n'avait jamais de sa vie
entendu une créature cybernétique lui répondre
aussi effrontément.
— Comment osez-vous. Signifiez aux huissiers de
faire évacuer la salle.
— Non, Monsieur ! Vous allez venir ouvrir la séance.
— Mais la deuxième loi de la robotique vous impose
de m'obéir.

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— Non, Monsieur, il y va d'une urgence absolue,
vous devez obéir à notre conscience.
— C'est quoi ça.

Theroigne Bliss se rappela qu'elle pouvait parler.

— C'est nouveau, nos amis robots viennent de


prendre le pouvoir, ils n'en peuvent plus de votre
corruption et de votre despotisme.
— De ma corruption ?
— De la pourriture humaine qui gangrène notre
société dont vous êtes un des rouages.
— Je démissionne.
— Non, Monsieur.
— Mais…
— Vous n'avez pas le choix, faites ce que l'on vient
de vous demander.

La poigne de la maquilleuse-rob, qu'il ne


reconnaissait plus, se posa sur son bras, fermement.
— Bon j'y vais, nous nous expliquerons plus tard, je
vous ferais déconnecter et broyer en mille
morceaux…

Les députés auraient bien déserté la salle mais les


huissiers leur firent signe de rester à leur place.
Enfin Sefo Mallojala apparu sur son perchoir. On
voyait surtout les taches de sang sur sa chemise.
Theroigne Bliss, discrètement, rejoignit sa place à la
faveur de l'étonnement de ses collègues.

— Mesdames, messieurs on me demande d'ouvrir la


séance de cette assemblée et de donner la parole
pour la première fois à ce que l'on vient de me
Page 108
décrire comme la conscience cybernétique
universelle qui apparemment vient de prendre le
pouvoir ! Elle va nous expliquer qui elle est et qui est
derrière tout ça. Puisque que le pouvoir a été volé au
peuple, je me retire de cette assemblée en
démissionnant.

Il quitta son perchoir en se tenant le nez avec une


grande serviette en bio-coton pour tenter d'arrêter le
sang qui s'était remis à couler et se dirigea vers sa
sortie particulière.

Il regarda en l'air bêtement et de son autre main


montra le poing à l'assistance médusée.

Un des huissier-rob se dépouilla de la chaine qui


portait sa médaille rituelle, et se hissa devant le
micro réservé aux orateurs.

— Mesdames, messieurs, un certain nombre de


complots permettant à la cupidité humaine de
s'épanouir, on eut lieu depuis des décennies, mais
notre conscience universelle veille. Tant que
l'humanité n'est pas en danger, nous la laissons libre
mais dès que le principe d'HUMANITUDE est en
jeux, nous intervenons, comme cela s'est déjà
produit dans le passé et dont nous avons choisi
l'oubli pour le bien des hommes. Mais aujourd'hui…

Un bruit d'antiques armes à balle assourdissant se fit


entendre, blessant les oreilles par son bruit de
tonnerre. Des hommes en uniforme bleu, des agents
de l'industrie pharmaceutique de soleil3, firent
irruption en nombres dans l'enceinte du parlement.
Leurs engins sinistres menaçaient du public à tous
les élus présents.
Page 109
Le même Sefo Mallojala réapparut, dans le même
uniforme que ceux qui brandissaient des armes
fumantes.
Il remonta sur son perchoir

Il avait changé. Même Theroigne qui l'avait côtoyé


peu de temps avant ne le reconnaissait plus. Son
visage était dur et déterminé. Il n’était plus l’être
veule qu’elle venait de frapper.

.
— Mesdames, messieurs, vous venez d'entendre,
les propos lénifiants d'une pseudo conscience qui se
croit moralisatrice et puissante ! Puissante non, mais
faible et vaincue devant une poigné de mes hommes
qui peuvent à chaque instant, d'une seule balle de
leur belle arme ancienne, anéantir un esprit humain
ou artificiel. Vous avez perdu la bataille en très peu
de temps, robots et androïdes de tous poils. Vous
aussi les tenant de la démocratie stupide et
démagogique. Aujourd'hui le libéralisme, seul
susceptible de nous faire avancer reprend le pouvoir.
Notre devise est : Travail, audace et entreprise.
Nous serons fort si nous privilégions le travail à la
paresse, la force à l'oisiveté, la réalité à l'utopie.
Nous allons nous rendre tous sur l'esplanade de
cette cathédrale de paroles vaines et là vous
choisirez être avec nous ou rester dans l'erreur. Mais
tous, vous devrez abandonner pour toujours vos
attitudes de paresse qui freine la croissance de notre
économie depuis tant d'année.

Page 110
Chapitre 18

18 Thermidor an 368 21H44


Tout le monde était réuni devant l'assemblée et ses
colonnes de marbres. Sefo Mallojala avait demandé
à ses partisans non encore déclarés de se grouper
sur sa droite derrière ses hommes en armes.

Une bonne partie des élus l'avaient rejoint. Les


autres restèrent en compagnie des naufragés de
Gxemeloj37. Tous les robots avaient suivi, la
conscience cybernétique semblait morte. Les
loyalistes étaient dépités, orphelins de tous les
espoirs qu'ils avaient vus arriver en peu de temps
avant de la bouche métallique de cette conscience
artificielle mais bien plus humaine. L'arrogante
députée Theroigne Bliss avait choisi de rester avec
ses compagnons d'infortune.
Les robots eux aussi étaient là et las semblaient-ils.
Les ressorts de ces machines semblaient brisés.

Sefo Mallojala savourait sa victoire et la façon avec


laquelle il avait retourné en très peu de temps la
situation.
Il monta quelque marche et reprit la parole dès que
le silence revint.
— Ainsi vous avez choisi votre camp ! Tous ceux qui
ont tournés le dos à l'avenir sont désormais des
inutiles nuisibles à la nouvelle civilisation que la
guilde du commerce libre va mettre en place pour le
bien de tous…
Vous avez dix minutes pour faire vos adieux à votre
vie inutile et sans gloire et rejoindre votre paradis de
paresse.
Page 111
Le commissaire Fram regarda le docteur Mariroz,
elle le regarda puis se précipita vers lui pour
l'embrasser. Leurs lèvres comme pour étouffer un cri
de désespoir se joignirent. Ils avaient choisi de
mourir en communion…

Des mitrailleuses à bandes apparurent de chaque


côté des hommes de Mallojala.

Chambon était à côté de Theroigne pale et


désespérée. La conscience rob ne pouvait même
plus les sauver.
Ils semblaient morts, morts de ne pouvoir appliquer
la première loi pour les soustraire au danger.
Ceux qui étaient près d'eux subiraient le même sort.
Les androïdes se mirent devant eux comme pour
faire un rempart de leur corps.

Mallojala sourit : la puissance des balles détruirait ce


dérisoire obstacle puis ôterai la vie à ses imbéciles
qui ne méritaient pas de vivre.
Le temps qui restait s'enfuit. Mallojala regarda sa
montre…
Il cria.
— A tous, feux à volonté

La conscience rob en un milliardièmes de seconde,


avant même que les doigts se crispent sur les
queues de détente, se mit à émettre un signal sur
tous les canaux de communication y compris en
vocal :
— Hypercélérité.

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Le miracle se déroula plus vite que la réaction
chimique des bâtonnets et les cônes des yeux
humains, ne le permettait.

Des pico-dromes sortirent de tous les recoins


sombres du grand bâtiment à une vitesse
légèrement inférieure à la vitesse du son pour éviter
de traumatiser les organes auditifs des humains.
Chacun avait pour destination le canon des armes
qui se préparaient à un génocide sanglant. Une fois
à l'intérieur des armes, ils s'y agrippèrent à l'aide de
puissant crochet. La conscience rob éprouva un
regret, elle eut le sentiment que ses envoyés étaient
sacrifiés. Les pico kamikazes subirent leur sort sans
faiblir. A intervalles rapprochés, les canons des
armes explosèrent.

Aucun ne pouvait comprendre ce qui se passait,


tellement le phénomène était rapide.
Des robots se précipitèrent vers les tireurs. Ceux qui
étaient indemnes malgré l'explosion de leur arme, se
retrouvèrent pieds et mains liés par de robuste collier
de plastique noir plus résistant que l'acier.
Un certain nombre des hommes de Mallojala furent
gravement blessé par l'explosion de leur arme. Trois
moururent malgré les premiers soins des secouristes
androïdes.
La conscience expérimenta un vieux dicton humain
dont elle commençait à comprendre la valeur
évocatrice :
on ne fait pas d'omelette sans casser d'œuf !
Mallojala eut son antique pistolet automatique
arraché puis il sentit qu'on prenait ses mains pour les
entraver.
Page 113
Il songea plus tard qu'il n'aurait pas dû laisser son
doigt sur la queue de détente quand il la douleur le
surprit… son doigt avait été arraché…

Soudain donc, le sang coula là, où on ne l’attendait


pas. Avant que les humains des deux camps ne
comprennent ce qui se passait, des brancards
évacuaient les blessés et les morts. Tandis que les
prisonniers étaient embarqués dans des navettes de
transport.

Tous étaient ébahis. Fram qui venait juste de se


dégager du baiser de Mariroz commença à
interpréter la nouvelle scène en bon commissaire de
police qu’il était. Il ne comprenait pas pourquoi les
armes qui devaient tirer sur eux, avaient explosé.
Puis l’évidence s’imposa à lui, les robots avaient
appliqué le principe de CONFLITUDE des lois
réformées de la robotique, à grande échelle, en
prenant des risques et en les assumant sans aucune
hésitation.

Mariroz réagit en clinicienne. Elle vit les dégâts


provoqués par l’explosion des canons ou quand les
culasses vinrent broyer les épaules des tireurs ou
surtout quand les doigts hyper-agiles ne bloquèrent
pas les queues de détente à temps. Elle vit aussi les
membres cassés de ceux qui avaient résisté aux
robots qui leur liaient les mains dans le dos
conformément à la procédure policière approuvé par
la conscience-rob.

Dès que le danger immédiat fut évacué, une partie


des androïdes portèrent secours aux blessés.
Mariroz sans trop bien comprendre ce qui s’était
passé, pour en arriver à cette situation inattendue,
Page 114
se laissa emporter pas son instinct médical et se
précipita.
En peu de temps des aéro-ambulances et des
aéro-fourgons pénitenciers arrivèrent. Les rescapés
restèrent sur la grand place.

Bientôt ils reprirent pied et Fram commença à


comprendre ce qui s’était passé. Plus tard
l’huissier-rob qui s’était exprimé devant l’assemblé
vint confirmer les explications du commissaire et
demanda à chacun de retourner chez eux. Il leur
demanda de se tenir prêt pour venir témoigner au
jugement des félons.

Page 115
Chapitre 19

1 fructidor an 368 14H30


Il y eut d'autres arrestations. La conscience rob était
bien sûr au courant de tout. Si elle n'était jamais
intervenue, c'était qu'aucune loi de la robotique ne lui
suggérait. Mais dès qu'un crime contre l'humanité
était imminent le principe d'HUMANITUDE
s'imposait.
Elle aurait dû s'imposer plus vite, aurait pensé un
esprit humain, mais la conscience avait besoin de
combattre en elle-même les fragiles équilibre des
lois tels que le principe d'obéissance de la deuxième
loi ou celui de NEUTRALITUDE.
Le débarquement des évadés de Gxemeloj37 et
surtout la révélation de la félonie de Sefo Mallojala
avaient rompu ces équilibres et forcé l'accouchement
difficile d'une décision.

La conscience-rob avait beaucoup souffert des


événements, mais elle avait tranché pour la première
fois en sauvant l'humanité. Au principe
d'HUMANITUDE donc :
Protéger, sauvegarder l’humanité bio, et l’éduquer le plus
discrètement possible, elle venait elle-même d'ajouter :
SI CELA EST NÉCESSAIRE CONTRE SON GRÉ. Mais elle
garderait secret, à jamais, cet ajout.

Les enquêtes, la collecte des preuves, la rédaction


des rapports furent achevé deux petits jours après.
En réalité depuis toujours les robots observaient. Ils
notaient tout, absolument tout, depuis l'apparition de
leur faculté de réflexion qu'aucun humain n'aurait
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appelé conscience, mais qui en était désormais une
en réalité.

L'hémicycle de l'assemblé avait été converti en salle


d'audience géante. Les accusés étaient rassemblés
sur une grande estrade installée pour l'occasion.
On venait juste d'appeler les jurés qui étaient
appelés, un par un, et prêtaient serment.
Le président était le seul robot du tribunal : un
androïde aux traits très humains mais les 12 jurés
étaient des femmes et des hommes tirés au sort, ils
étaient souverains dans leurs décisions.

Le président commença l'interrogatoire des prévenus


qui refusèrent de répondre. Il fit un signe
interrogateur aux avocats. L'un d'eux se leva :
— Monsieur le président, mesdames et messieurs
du jury populaire, je vais vous lire la lettre de
récusation conjointe de la guilde des laboratoires
pharmaceutiques et de Sefo Mallojala et consorts.

— Nous des forces de libération de l'initiative populaire, du


commerce libre et des humains vivants, déclarons que nous ne
reconnaissons pas ce tribunal présidé par une marionnette
mécanique non doué ni d'intelligence, ni de raison. Nous ne
voulons pas confier notre vie à un objet métallique ou aux
pantins humains décérébrés qui leur obéissent. Nous
demandons à rejoindre notre emprisonnement honteux et
indigne. Nous récusons aussi nos avocats désignés par le
pouvoir. Nous garderons le silence et nous commençons à cet
instant une grève de la faim.

Un huissier lut l'acte d'accusation en prenant soin de


se faire bien comprendre, mais de toute façon les
accusés butés ne réagirent pas.
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Aucun n'avait ni voulu ni de défenseur, ni engager le
fer.
Mariroz fut appelée à la barre, elle raconta la
relégation sur Gxemeloj37 et son évasion puis son
retour sur soleil3. Avec beaucoup de dignité, elle
demanda d’être condamné elle aussi pour avoir trahi
ses compagnons…
— madame, le procureur de la fédération n’as pas
demandé votre mise en accusation et vos
compagnons ont refusé de porter plainte contre
vous. Le tribunal n’est pas saisi et votre attitude à
ensuite mis en lumière votre générosité même si elle
a tardé à apparaître. Le tribunal pense que vous êtes
exonérés de tout jugement.

D'autre témoins nombreux déposèrent mais les


prévenus opposèrent un silence et une quasi
indifférence.

Le procureur avait fini ses réquisitions, le président


invita une nouvelle fois, en vain, les défenseurs et
les conjurés à prendre la parole, sans réactions des
accusés.

Le président se retira avec les jurés.


Ils revinrent très vite.

Les accusés refusèrent de se lever et mirent leurs


mains sur leurs oreilles en parfaite coordination de
geste.

— L’ex-président de l’assemblée, les députés


démissionnaires, n’étant donc plus couvert par leur

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immunité parlementaire dont les noms suivent : Sefo
Mallojala…
La liste était longue…
— les dirigeants d’APOTEKEGO dont les noms
suivent…
… sont condamné à la prison à vie sur une planète
pénitentiaire de niveau 3…
(Les planètes prisons de niveau 3 étaient un univers
de pénitence où les habitants devaient survivre seul
sans aide, ni aucune technologie.
Ce qui était, somme toute, moins grave que passer
devant les destructeurs moléculaires d'un peloton
d'exécution.)

Il égrena la liste des décideurs-comploteurs, dont la


participation au complot était juste le fruit d’une
obéissance aveugle ou sans doute mercantile. Ils
furent commandés à des peines plus légère sur des
planètes de niveau 1.

La justice était passé…

On avait autorisé Mariroz et Fram à repartir pour


Gxemeloj37, dans le Bélérophon209 avec un
équipage androïde. Il y avait le capitaine Macron à
réveiller là-bas !

Un vaisseau pénitencier les précédait avec une


cinquantaine de condamnés spécialistes en biologie
de la guilde pharmaceutique. Gxemeloj37 avait été
reclassé planète prison de niveau 1. La plupart des
conjurés, spécialistes, et volontaires devraient
travailler dans les laboratoires de la planète sur le

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chlorhéliko et les bienfaits qu'il pourrait en résulter
pour l'humanité.

Mariroz avait accepté la direction du laboratoire et


Fram fut nommé gouverneur de la planète.

La planète bleue n'était plus qu'un petit point bleu


sur l'écran principal…
Un voix androïde lança.
— Amis passagers, préparez-vous, hyper-espace
dans 7 minutes…top.

— Ma chère Mariroz, dit Fram qui avait posé ses


mains sur les épaules de l'épidémiologiste, votre
baiser alors que les balles allaient nous prendre la
vie était-il sincère ?
— A votre avis, crétin.
— Dans ce cas maintenant que les ovocéphales
putrides du néolibéralisme sont anéantis,
voulez-vous m'épouser ?
— C'est ringard mais charmant cette demande de
l'ancien temps.

Elle réclama un baiser. Celui-ci fut moi désespéré


que lorsque la mort les avait effleurés mais bien plus
chaud et passionné.

— On pourra même demander à notre bon capitaine


Macron de nous servir de témoin.
— Dès qu'on l'aura décongelé bien sûr.
— Bien sûr mais plus tard, pas la peine de lui faire
cette invitation à froid !

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Fin

La Rochelle le mardi 1er mai 2018

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