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Psychologue
clés
Le
harcèlement
scolaire
ét e c t e r , le r é so u d r e
Se prémunir, le d
Florence Millot
Psychologue
Le
harcèlement
scolaire
D É T E C T E R , L E R ÉS O U DRE
SE PRÉMUNIR, L E
L’auteure
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
Partie I Mieux comprendre le harcèlement. . . . . . 6
4
anonymement) ne permet pas aux adultes de constater
Introduction
le harcèlement et par conséquent de les en protéger. Les
attaques ont alors le champ libre pour prendre une ampleur
si grande que même les adultes (les professeurs, les parents)
sont dépassés.
Heureusement, les écoles, les parents, les psychologues et
l’État se sont penchés sur cette question cruciale du harcè-
lement, de l’intimidation et du mal-être des enfants à l’école.
La prise de conscience de ce fléau a permis de réveiller
les consciences sur l’importance des mots, du bien parler,
de l’empathie, de l’estime de soi et de la valeur de chaque
enfant. Parler du harcèlement, c’est parler de souffrance,
de moqueries, mais aussi de l’importance d’exister et
d’être qui l’on est, peu importe sa différence.
5
Partie I
Mieux comprendre
le harcèlement
LE DIFFÉRENCIER
SES MOTIFS
DU CONFLIT
QU’EST-CE QUE
LE HARCÈLEMENT ?
8
fait ne paraît pas préjudiciable aux yeux de l’adulte. Mais
9
BON À SAVOIR
Contrairement à ce que l’on pourrait penser
d’emblée : ce ne sont pas forcément les enfants les
plus faibles, les plus petits ou les plus complexés qui
se font harceler. C’est une idée reçue. Dans la réalité,
n’importe quel enfant peut potentiellement se faire
harceler, même s’il a initialement confiance en lui.
10
• Quelles sont les conséquences
11
(ce qui est vraiment moi et ce qui ne l’est pas, ce qui a été
abîmé par les autres et ce que je pense réellement de moi).
• «duÀharcèlement
mon époque aussi il y avait
et de la castagne.
Personne n’en est mort ! »
C’est vrai, vous n’en êtes pas mort. Mais le harcèlement d’hier
n’est pas celui d’aujourd’hui. Bien sûr, un coup de poing
reste un coup de poing et une moquerie une moquerie, mais
avec l’apparition des réseaux sociaux, le paysage a changé.
Les brimades peuvent se faire jour et nuit sur le téléphone
portable et émaner non plus d’un petit groupe mais parfois
de la classe ou du collège entier. La réputation de l’enfant
victime est alors mise en danger à une échelle plus grande et
l’humiliation qui en résulte a des conséquences qui peuvent
aller jusqu’au déménagement ou au suicide.
12
beaucoup d’autres sont doux et empathiques. D’ailleurs, les
• «entre
Il faut laisser les enfants se débrouillent
eux. »
Les enfants s’amusent, se chamaillent, se bagarrent et c’est
comme cela depuis des siècles. En revanche, il faut savoir
aussi repérer quand ces agissements vont trop loin (par
exemple en cas de menaces, d’incitations au suicide ou aux
jeux dangereux) car les enfants sont malléables. Ils n’ont
pas toujours conscience, face à la pression du groupe,
que leur vie est en jeu.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Selon une étude de l’Observatoire français des
drogues et des toxicomanies en 2017, près de 3 %
des adolescents déclaraient avoir fait au cours de
leur vie une tentative de suicide ayant nécessité
une hospitalisation.
13
coûte rien de se montrer attentif et de poser des questions
à l’enfant pour savoir de quoi il en retourne véritablement.
Le plus souvent, il n’y a pas de quoi s’inquiéter, c’est vrai. Mais
parfois c’est bien plus important !
• «leCecaractère
n’est pas grave. Cela lui forgera
pour plus tard ! »
Certes, toutes les expériences, en quelque sorte,
construisent la personnalité de l’enfant, mais il y en a qui
sont plus traumatisantes que d’autres. Certains enfants
mettent des mois, voire des années à se reconstruire,
ayant perdu confiance en eux ou en leur environnement.
Il convient donc de mesurer nos propos et de faire
preuve d’empathie. Si nous n’avons pas vécu nous-même
le harcèlement, il est très difficile de se rendre compte de
ce que traverse et ressent l’enfant.
14
• «sont
Les enfants qui se font harceler
• «souvent
Les enfants harceleurs viennent le plus
de milieux défavorisés. »
Chaque enfant, dans chaque catégorie sociale, peut
potentiellement devenir harceleur. On retrouve ce
problème partout en France : en ville comme à la campagne,
dans les écoles publiques comme dans les écoles privées,
chez les enfants en ZEP comme chez les enfants issus de
milieux privilégiés.
Le harcèlement soulève
de nombreuses questions
Au-delà de la définition qui pose le cadre de notre réflexion,
le sujet du harcèlement soulève généralement une foule de
questions. Comment cela peut-il encore exister ? Pourquoi
y a-t-il des enfants aussi méchants ? Se rendent-ils compte
du mal qu’ils font ? Pourquoi personne ne fait-il rien ?
Il est important de pouvoir se les poser pour comprendre
les rouages de ce fléau et tenter de comprendre ce qui se
passe dans la tête de chacun, afin d’éviter de surréagir dans
le but de protéger son enfant. En effet, la violence appelle
15
la violence, même du côté de certains parents. Il est donc
nécessaire de mettre des mots sur ces situations pour
désamorcer notre colère ou notre peur.
16
• Pourquoi les enseignants
17
• Pourquoi y a-t-il des enfants harceleurs ?
De tout temps, il y a eu des enfants bagarreurs et agressifs
qui bizutaient les autres élèves pour asseoir leur domination
sur le groupe. Cependant, avec les réseaux sociaux, une
nouvelle forme de violence mais aussi de popularité est
apparue : on peut agresser et anéantir l’autre gratuitement
et anonymement par des commentaires et dire tout ce qui
nous passe par la tête impunément. Et à un autre niveau, on
peut encenser un inconnu à coup de « like » ou de pouces
bleus, faisant grimper sa cote de popularité aussi vite qu’on
pourrait la faire redescendre. Les enfants d’aujourd’hui se
tiennent malheureusement face à ce paradoxe.
18
• Pourquoi y a-t-il des enfants victimes ?
LE SAVIEZ-VOUS ?
Chaque enfant possède en lui les deux
postures : l’agresseur et l’agressé. Si bien souvent
nous avons tendance à juger négativement le
bourreau au profit de la victime, la réalité est bien
différente dans le cas du harcèlement. La violence est
en chacun de nous, à la différence que pour certains,
elle n’est pas toujours exprimée directement. Tous les
enfants se moquent ou injurient les autres, que ce
soit verbalement ou intérieurement. Un enfant
harcelé peut devenir à son tour harceleur, pour
expérimenter dans sa vie le fait d’être puissant et
faire du mal aux autres autant qu’on lui en a fait.
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1 SENSIBILISEZ-LE AUX
QUESTIONS DU HARCÈLEMENT
10 IMPLIQUEZ LE CHEF
D’ÉTABLISSEMENT
Partie II
9 DONNEZ-LUI LES
CODES POUR SE PROTÉGER
DU CYBER-HARCÈLEMENT
8 ACCOMPAGNEZ
7 SOUTENEZ-LE DANS
L’ENFANT INTIMIDANT
SON RÔLE DE TÉMOIN
2 PRENEZ LE TEMPS DE MENER
L’ENQUÊTE À TÊTE REPOSÉE
3 ADOPTEZ LES BONS
RÉFLEXES POUR COMMUNIQUER
10
Les
clés
SA PROPRE PART DE VIOLENCE
L’utilité de la prévention
N’hésitez pas à aborder régulièrement la question du harcè-
lement avec votre enfant. Plus votre enfant constate que
c’est un sujet qui vous intéresse, plus il sera en confiance pour
en discuter avec vous si nécessaire. Mais prenez garde à ne
pas vous montrer alarmiste ou moralisateur car il risque
de prendre peur et de ne pas oser se livrer. Attention donc
à mesurer vos propos et éviter les déclarations virulentes
du type « Non mais tu te rends compte de ce qui se passe
dans les écoles aujourd’hui, c’est effrayant ! J’espère que tu
ne te fais pas harceler au moins ? », « Moi, si cela t’arrivait,
22
je peux te dire que la directrice m’entendrait ! » ou « S’il y a
quelqu’un qui t’embête à l’école, tu me le dis et je lui casse la
1
LE SAVIEZ-VOUS ?
L’Unicef évalue en France à 700 000 élèves
le nombre de victimes de harcèlement scolaire.
Les chiffres varient de 12 % en primaire, 10 %
au collège et 4 % au lycée.
23
• La manipulation : à force, l’enfant harcelé en viendra
à penser que son agresseur a raison : il est bien aussi
nul, laid et insignifiant que ce qu’on lui dit. La victime
devient alors persuadée qu’elle mérite ce qui lui arrive,
que les insultes sont justifiées. Elle n’ose alors parfois
pas en parler par honte.
Comprendre le harcèlement
Pour repérer le harcèlement et s’en défendre, il est indis-
pensable de le comprendre.
24
à utiliser ce mot à tour de bras et à amplifier le problème.
Certains enfants disent à leurs parents inquiets « Je me suis
1
• Comprendre
harceleur
la position de l’enfant
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proposer de jouer à des jeux de rôles où chacun votre tour
vous vous entraînez à trouver des phrases que prononcerait
le harceleur pour intimider l’autre, qui ne répond pas. Vous
pouvez demander à votre enfant de réfléchir à des phrases
qu’il a déjà entendues dans la cour de récré, dans des films ou
bien de la bouche de son frère ou de sa sœur. L’important est
de disposer d’une panoplie de phrases pour tenter de balayer
ensemble les cas de figure les plus courants.
26
(des conflits sans forcément parler de harcèlement). Par
exemple : les toilettes, le fond de la cour, devant l’école
1
Amorcer le dialogue
Établir une relation de confiance avec votre enfant via le
dialogue est primordial dans la prévention contre le harcè-
lement. De plus, pouvoir se poser confortablement autour
d’une table et aborder le sujet permet de savoir ce que votre
enfant connaît véritablement du harcèlement. Sait-il ce que
c’est et comment cela se passe ? Est-ce que c’est un sujet
qui le préoccupe ?
27
un peu mieux son quotidien dans la cour de récréation. Vous
pouvez lui poser des questions simples, comme :
• Qu’est-ce que tu en penses ?
• Est-ce que tu connais quelqu’un qui s’est déjà fait
harceler ?
• Est-ce que tu penses que c’est facile ou difficile d’en
parler ?
• Comment t’y prendrais-tu pour nous en parler si cela
t’arrivait ?
• Comment ferais-tu pour nous le cacher ?
• Comment penses-tu qu’on réagirait ?
• Est-ce que tu serais capable de défendre un copain qui
se ferait harceler ? Comment t’y prendrais-tu ? De quoi
aurais-tu peur ?
BON À SAVOIR
Les numéros qui peuvent vous aider :
• Non au harcèlement pour les élèves, parents
et professeurs : 30 20
• Appeler le numéro vert «Non au Harcèlement»
au 30 20
• Appeler le numéro vert «Net écoute» en cas
de cyber-harcèlement au 0 800 200 000
• Appeler le numéro vert «Fil Santé Jeunes»
au 0 800 235 236
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2 PREN EZ LE TEMPS
MENER L’ENQUÊTE
À TÊTE REPOSÉE
DE
Évaluer la situation
Agir sans réfléchir est le meilleur moyen de perdre le lien de
confiance avec son enfant. Ainsi, pour être efficace dans une
telle situation, il est impératif de bien évaluer ce qui se passe,
et de le faire calmement. Si votre enfant se fait malmener
depuis des semaines ou des mois, quelques jours de plus
ne changera rien mais vous permettra d’agir intelligem-
ment. Évidemment, notre cœur de parent voudrait que cela
s’arrête à la seconde, mais la réalité est un peu différente et
nécessite de se faire violence et d’aller contre ses instincts.
29
• Prenez le temps d’écouter votre enfant
Écouter signifie dans cette situation poser des questions,
et attendre la réponse qui viendra parfois le lendemain
ou le surlendemain, quand l’enfant est plus disposé à se
livrer. Demander des précisions à l’enfant par le biais de
questions l’aide à dérouler le fil de sa pensée et à trouver
les mots, ce qui peut s’avérer être un exercice parfois très
douloureux. Certains enfants ont tendance à exagérer et
d’autres à minimiser. Cela importe finalement peu s’il s’agit
de l’expression de son propre ressenti. Ne le remettez
pas en cause. Écoutez simplement, puis analysez, car
entendre son histoire vous permettra d’évaluer la situation.
Par exemple, un enfant qui rentre triste à la maison parce
qu’il n’a pas d’amis en ce moment, se retrouve seul dans
la cour et reçoit quelques moqueries, aussi blessantes
soient-elles, n’est pas la même chose qu’un enfant qui se
fait humilier quotidiennement sur son physique, ou qui se
fait malmener physiquement pour le plaisir d’un groupe
d’enfant. En effet, pour les enfants, tout peut paraître grave
dès qu’il s’agit de la place qu’ils occupent dans le groupe.
Écouter attentivement permet de faire le tri.
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n’arrivent pas à s’exprimer. Ils ont trop peur. Ils ont honte. Ils
ont tendance à minimiser ce qui se passe à l’école pour ne
2
• Aidez-le à relativiser
Même si vous finissez par comprendre que votre enfant ne
se trouve pas dans une situation de harcèlement, il convient
tout de même de l’accompagner dans sa souffrance. Pour
cela, vous pouvez l’aider à prendre du recul sur cette situa-
tion isolée qui le chagrine mais qui en soi n’est pas très
grave (par exemple dans le cas où il rentrerait de l’école
triste parce qu’il se serait violemment disputé avec son meil-
leur ami). Vous pouvez lui poser cette question : « Quelle
importance cela aura dans un an ? » L’enfant peut se
projeter d’emblée dans un futur plus positif. Vous pouvez
également lui dire : « Tu as le droit de ressentir de la colère
ou de la tristesse mais ne te laisse pas submerger par elle.
Ne te gâche pas la soirée avec cela. Souffle un bon coup et
imagine l’importance que cette dispute aura dans un an,
dans 10 ans, dans 50 ans. Regarde comme ton émotion
s’envole. Regarde comme tu es capable de passer au-dessus.
Garde tes yeux fermés et apprécie ce moment. Est-ce que
ton émotion est partie ? Est-ce que tu es prêt à passer une
bonne soirée avec nous maintenant ? »
31
Réagissez avec les bons réflexes
Maintenant que vous avez entendu votre enfant et compris
sa situation, il convient réagir avec calme et intelligence.
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que tu aies pu t’ouvrir ainsi. Je voyais bien que ça n’allait
pas depuis quelque temps. J’ai compris que ce n’était pas
2
ÉOS
REGARDEZ ENSEMBLE DES VID
SUR LE SUJET
YouTube® regorge d’interviews de jeunes qui
se sont fait harceler et qui témoignent de leur
expérience : comment ils l’ont vécu et comment ils
s’en sont sortis. Cela permet à l’enfant de s’identifier
à d’autres et de garder confiance pour la suite,
même si cela n’atténue pas sa douleur. Ces vidéos
lui permettent simplement de se sentir moins seul
et d’avoir des idées ressources 24h/24 et 7 jours/7,
quand on a personne à qui parler sur le moment.
33
3 ADOPTEZ LES BONS
RÉFLEXES POUR
COMMUNIQUER
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est tendu et qu’il a besoin de s’exprimer. Cela vous
permet également de poser des mots pour l’y aider.
3
35
sécurité en le serrant dans vos bras, ou en restant à côté de
lui, une main sur son épaule. Ces gestes affectueux l’aideront
à réduire son niveau de stress.
36
Voici quelques exemples : 3
• Faites-lui
intérieures
découvrir ses ressources
37
Évitez de lui donner des conseils
« tout faits »
Écouter son enfant, c’est rebondir sur ce qu’il dit, sur son
ressenti. Il ne s’agit en aucun cas d’ignorer sa parole
pour lui exprimer ce que nous avons dans la tête, pour
essayer de régler le problème au plus vite en le minimisant.
Certaines phrases, anodines au demeurant, peuvent créer
une tension chez l’enfant et rompre la communication. Voici
quelques exemples :
• « Ne lui parle pas, ignore-le et tu verras qu’il se désin-
téressera de toi. »
• « Tu n’es pas obligé de l’écouter, tu peux te faire d’autres
amis ! »
• « Tu sais, à mon époque aussi il y avait du bizutage. Cela
forge le caractère ! »
• « Donne-lui un bon coup une fois pour toutes et
montre-lui qui tu es ! Tu verras qu’il arrêtera ! »
• « Va voir un adulte si on t’embête à l’école ! Cela va
s’arranger ! »
38
Ne lui montrez pas votre colère
3
39
4 LE À RÉFLÉCHIR SUR
AIDEZ-
SA PROPRE PART
DE VIOLENCE
40
fort, etc.) peuvent se montrer complètement différents dans
la cour d’école. Dans ce cadre où il y a peu de surveillance,
4
41
comportement qui n’est pas acceptable. Vous pouvez lui
expliquer la métaphore de la maison : « Quand tu es dans
ta maison et que tu n’as pas envie qu’un étranger vienne te
déranger en entrant chez toi pour mettre le bazar sans ta
permission, tu as le droit de le faire sortir et de fermer la
porte, tu peux même élever la voix. Tu es chez toi, tu fais ce
que tu veux. Tu t’affirmes. En revanche, tu deviens violent(e)
si tu choisis de venir chez lui, sur son territoire, l’importuner
de la même manière. Là, tu ne protèges plus ton territoire, tu
viens te venger et lui faire du mal. » Il faut bien comprendre
que se protéger soi, ce n’est pas faire du mal à l’autre.
42
• Se mettre à la place de l’autre 4
L’EFFET BOOMERANG
Proposez à votre enfant de mimer un pistolet
avec un seul doigt tendu, à la place de deux. Puis,
expliquez-lui que la balle qu’il envoie sur son
camarade lui revient multipliée par trois, comme il
peut le voir sur sa main : 3 doigts sont pliés et pointés
vers lui (les 3 balles). C’est ce qu’on appelle l’effet
boomerang. Quand l’enfant est profondément en
colère contre un camarade, cette colère résonne
et vit en lui comme un poison émotionnel. Et plus
il est agressif, plus il a peur de l’agressivité de son
camarade en retour.
43
Par le jeu, il devient je
Discutez avec votre enfant de ce qui se passe pour lui
quand il s’énerve, qu’il est en colère et qu’il a l’idée de faire
du mal à quelqu’un (par les mots ou les gestes). Cela lui
permettra de comprendre ce qui peut se passer pour son
camarade de l’intérieur et ainsi apprivoiser sa peur. « Il me
fait peur, je ne sais pas comment réagir, alors je deviens
comme l’enfant qui me blesse pour le comprendre de l’in-
térieur ». Le processus est le même chez les jeunes enfants
qui découvrent le monde : ils sont petits, fragiles, impuis-
sants mais prennent plaisir avec leurs figurines à jouer les
héros de guerre qui n’ont peur de rien. Ils empruntent
d’autres rôles, l’espace d’un instant, pour vivre des émotions
différentes.
44
5 APPRENEZ
À VOTRE ENFANT
À SE DÉFENDRE
45
par exemple lui dire : « Je te crois, je sais que ce n’est pas toi
qui as commencé. Quand tu reviens dans la cour demain,
défends-toi. Repousse-le si tu veux. Tant pis si tu te fais
gronder. Si le surveillant ne voit rien, ce n’est pas ta faute.
Je suis de ton côté. » Cette phrase toute simple lui montre
qu’il a été entendu. Même s’il vit une injustice à l’école, il
sait que chez lui on le comprend et on a confiance en sa
capacité à répondre.
46
• Aidez-le à dialoguer de manière 5
bienveillante avec lui-même
Aidez-le à se protéger
émotionnellement
Les enfants ont tendance à prendre tout ce qu’on leur dit
pour argent comptant. Il paraît alors logique que, quand une
moquerie est répétée (« Tu es... »), ils finissent par y croire
(« C’est vrai. Je suis... »). C’est à ce moment-là, quand le TU
se transforme en JE, que les enfants perdent confiance en
eux. Ils sont alors d’accord avec l’agression et celle-ci s’infiltre
en eux comme un poison émotionnel. Ils finissent même par la
répéter en boucle et cultiver cette pensée (« Je suis vraiment
47
nul(le), je suis un(e) incapable, je suis moche, je déteste mon
nez ! »), non pas parce qu’ils le pensent, mais parce qu’ils ont
retenu la remarque d’un autre. La question à poser à votre
enfant est donc : « Si personne ne te regardait, si personne
ne te jugeait, que penserais-tu vraiment de toi ? »
48
BON À SAVOIR
5
ASTUCE
Vous pouvez créer un tableau où vous répertoriez
les pensées de l’enfant et notez en face si elles
viennent de lui ou d’autrui (et de qui). Les noter noir
sur blanc lui permettra de bien intégrer la différence
entre ses propres pensées et celles des autres, et in
fine, de s’en détacher.
49
6 TRAVAILLEZ SUR
SA CONFIANCE
EN LUI
50
qu’il a vécu n’est pas normal. Il sera alors capable de juger
ce qui est juste et ce qui ne l’est pas. Cela peut paraître
6
• Parlez-lui de la responsabilité
de ses sentiments
Expliquez-lui qu’il ne peut pas faire grand-chose contre
les moqueries des autres, mais qu’il a le pouvoir de se
protéger de ses propres émotions. Autrement dit, si votre
51
enfant n’est pas responsable des actes de ses camarades,
il est responsable de ses pensées, de ses sentiments et de
ses émotions, et cela change tout. Rediriger ses pensées et
choisir de ne pas croire à tout ce qu’on lui dit est essentiel,
et cela s’apprend.
Se reconstruire
Quand notre enfant est triste parce que cela se passe mal
à l’école, il a tendance à tout voir en noir et à ne plus vouloir
aller de l’avant. Prendre le temps de construire avec lui un
tableau de visualisation pour l’aider à se raccrocher à ses
rêves est un exercice précieux. L’idée est simple : parlez
avec votre enfant de ses rêves, de ses objectifs, du métier
ou des voyages qu’il aimerait faire dans sa vie... Aidez-le à
trouver quelque chose de plus grand que lui, à voir au-delà
de sa vie actuelle. Se projeter dans le futur positivement lui
redonnera de l’espoir et de la force.
52
• Changez-lui les idées 6
LE COACHING
L’aide d’un professionnel peut s’avérer utile.
Vous pouvez prendre rendez-vous avec une personne
qui verra votre enfant différemment et lui donnera
d’autres outils. Votre enfant pourra lui parler et se
mettre à nu sans avoir peur de vous inquiéter ou
de vous faire honte. Pour que ce rendez-vous soit
efficace, l’enfant doit en avoir envie et choisir la
personne avec qui il se sent à l’aise. Cela demande
parfois d’en essayer plusieurs.
53
7 SOUTENEZ-LE DANS
SON RÔLE DE TÉMOIN
L’empathie du témoin
Si votre enfant vous parle d’un camarade qui se fait
malmener, n’hésitez pas à lui demander des détails pour
comprendre de quoi il en retourne véritablement. Vous
pouvez également le sensibiliser sur le fait que chaque
enfant a le droit d’aller à l’école en toute tranquillité et
que, même si c’est le rôle des adultes de protéger les
enfants, ils ne voient pas toujours ce qui se passe dans la
cour d’école.
54
• Le jeu des trois figures 7
55
Si tu as besoin que je vienne avec toi voir le surveillant,
je le ferai. Je sais qu’on ne se connaît pas bien, mais je
trouve que ce qu’ils te font n’est pas normal. »).
• Votre enfant n’est pas obligé d’être ami avec lui s’il
n’en a pas envie, mais il peut jouer le rôle de relais.
Attention, cela ne veut pas dire qu’il doit se mettre
en première ligne et venir voir directement l’enfant
agresseur. Il peut cependant aller voir discrètement
un surveillant ou l’infirmier scolaire et lui faire part de
ses inquiétudes (« J’ai remarqué qu’un de nos cama-
rades se faisait embêter depuis quelque temps et que
personne ne le voit. Je n’ai pas envie qu’on sache que
cela vient de moi mais je vous le dis pour que vous
puissiez observer ce qui se passe. »
56
8 ACCOMPAGNEZ
L’ENFANT
INTIMIDANT
57
arriver, comment son enfant est capable d’une telle chose).
Pendant quelques instants, ils pensent même qu’il doit y
avoir une erreur sur la personne, son enfant n’a rien fait,
c’est un autre qui est concerné. Des questions se bous-
culent dans sa tête : « D’où vient cette agressivité qu’il a en
lui ? » ; « Qu’ai-je raté dans son éducation ? » ; « Qu’ai-je fait
de mal pour avoir un enfant pareil ? » Parfois, la réaction du
parent va jusqu’au rejet, le temps d’accepter la nouvelle :
« J’ai besoin d’un temps pour me calmer, je ne veux plus
te voir ! » Certains parents, eux, ne mesurent pas la gravité
de la situation et continuent de protéger leur enfant : « Ils
doivent exagérer, aujourd’hui on parle de harcèlement pour
tout et pour rien. »
58
Dans la tête des enfants
8
59
• Les amener à se soucier des enfants
malmenés
Une fois que votre enfant a pu vous expliquer ce qui s’est
passé, même dans les grandes lignes, il est important de le
faire parler au maximum de l’enfant qui a voulu embêter et
l’aider à imaginer ce qu’il a pu ressentir. Vous pouvez lui
poser ces questions : « Penses-tu qu’il a eu peur ? T’es-tu
rendu compte à ce moment-là du mal que tu lui faisais
avec tes camarades ? Le regrettes-tu ou penses-tu toujours
qu’il l’a mérité ? » Au début, l’enfant écoutera sûrement
d’une seule oreille ou répondra ce qu’il faut dire pour être
tranquille. Mais répété plusieurs fois, ce genre de dialogue
est précieux et nécessaire pour le faire changer de point
de vue. Plus l’enfant parle, plus il se rend compte de la
gravité de la situation. Plus il s’en rend compte, moins il
est tenté de continuer.
60
• Regarder ensemble des vidéos 8
sur le harcèlement
61
• Le bonhomme TCC (Tête, Cœur, Corps)
Un exercice simple pour aider l’enfant à mettre des mots
sur ce qui se passe en lui consiste à lui faire dessiner un
petit bonhomme avec trois grandes bulles BD à côté de sa
tête, de sa poitrine et de ses pieds. Vous pouvez ensuite lui
demander d’écrire à l’intérieur de chaque espace ce qui se
passe en lui : « Si quelqu’un t’avait fait la même chose, que
se passerait-il dans ta tête (tes pensées), dans ton cœur
(tes émotions) et ton corps (les tensions, les douleurs, la
somatisation).
62
quelques jours. Vous pouvez ensuite l’accompagner pour
qu’il la remette à l’enfant ou lui lise à voix haute.
8
63
CTIONS
LE RAPPEL À LA LOI : LES SANENT
INTERNES À L’ÉTABLISSEM
Tout acte de violence doit être puni ou sanctionné
en fonction de la gravité des faits. Le chef
d’établissement a l’obligation réglementaire
d’engager une procédure disciplinaire notamment
quand un élève « a commis un acte grave à l’égard
d’un membre du personnel ou d’un autre élève ».
Une exclusion temporaire ou définitive peut être
également décidée mais pour qu’elle soit réellement
efficace, cette sanction doit être éducative :
« La sanction n’a une portée éducative que si elle
est expliquée et si son exécution est accompagnée,
ce que favorisent la mesure de responsabilisation
et la possibilité de prononcer une sanction avec
sursis. De façon générale, le caractère éducatif de la
sanction suppose que les parents soient pleinement
associés au processus décisionnel pendant et
après la sanction. Ils doivent être mis en situation
de s’approprier le sens et la portée de la sanction
prononcée. »
Extrait de la circulaire n° 2014-059
du 27-5-2014 publiée au BO du 29 mai 2014 13
http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_
officiel.html?cid_bo=79279
64
9 NE Z-LUI LES CODES
DON
POUR SE PROTÉGER DU
CYBER-HARCÈLEMENT
65
Connaître les réseaux sociaux
et leurs dangers
Pour la première fois dans l’histoire, dans le domaine
des réseaux sociaux et d’Internet, les enfants en savent
bien plus que nous, et à la différence des adultes, ils sont
toujours à la page. Le grand challenge est de pouvoir suivre
et accompagner les enfants quand l’usage des réseaux
sociaux présente des risques. En effet, certaines applica-
tions permettent aux étrangers de venir parler aux enfants,
d’autres diffusent à tour de bras des défis dangereux ou
des images pornographiques ou violentes… Avec Internet,
l’enfant peut avoir accès exactement aux mêmes infor-
mations que les adultes. Il convient donc de prendre le
temps de se renseigner sur tout ce qui existe, quitte
à télécharger les applications les plus populaires pour
mieux les connaître et en comprendre le fonctionnement
(comment bloquer les personnes indésirables, comment
protéger son identité et ses informations personnelles,
etc.). Vous pourrez ainsi en discuter clairement avec l’en-
fant, le portable à la main.
66
anonymes, qui se permettent d’écrire tout et n’importe
quoi, sans aucune conséquence. Même si l’enfant ou l’ado-
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67
LE SAVIEZ-VOUS ?
30 secondes d’exposition aux réseaux sociaux
diminuent l’estime de soi de 30 %.
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de Facebook®). Cela peut paraître extrême, pourtant cette
pratique touche de plus en plus de jeunes dès l’entrée
9
Réagir en cas
de cyber-harcèlement
Les jeunes ressentent un profond sentiment de honte
quand leur image est touchée. Ils ont alors tendance à
se renfermer avec l’envie de ne pas en parler, voire de
devenir invisibles. Il faut pouvoir anticiper et leur expli-
quer que quoi qu’il arrive, vous serez toujours là pour lui et
que vous ne le jugerez pas. Expliquez-lui que c’est normal
dans ce genre de situation de ne pas réussir à s’en sortir
seul. La honte est une sorte de poison qui s’infiltre en nous
tant que nous gardons le silence. Il a donc besoin d’être
totalement accueilli et mis en confiance, et ce, avant que
quoi que ce soit ne se passe. La prévention est la clé de la
lutte contre tous les types de harcèlement. Pour l’encou-
rager à se confier à vous en cas de problème, vous pouvez
lui dire : « C’est important que tu puisses nous en parler
pour que nous puissions t’aider. Le cyber-harcèlement est
grave et peut être puni par la loi. Tout peut aller très vite
et loin avec Internet. Une situation peut t’échapper et te
dépasser. N’hésite jamais à nous demander de l’aide. »
En revanche, si le harcèlement est avéré, il convient de
passer à l’action.
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Que faire pour stopper
le cyber-harceleur ?
Se défendre en ligne, face à un agresseur inconnu, n’est pas
simple. Votre enfant a besoin d’un adulte pour l’accom-
pagner. Expliquez à votre enfant qu’il ne doit pas riposter
et répondre en ligne, cela risquerait d’engendrer plus de
violence encore. Aidez-le également à conserver toutes
les preuves du harcèlement (faire des captures d’écran
des messages et des commentaires, garder les mails et les
photos envoyés...). Signalez les messages au modérateur
du réseau. S’il s’agit d’un élève de son école, informez le
directeur. Si les faits sont vraiment graves, n’hésitez pas à
porter plainte auprès de votre commissariat. Ce genre
de rendez-vous occasionne beaucoup de stress mais ces
démarches sont nécessaires.
LE SAVIEZ-VOUS ?
21 % des enfants âgés de 6 à 11 ans ne sont pas
suffisamment informés des risques sur Internet
(Enquête UNICEF 2014).
13 % d’entre eux ont déjà été victimes de Cyber-
harcèlement (Enquête UNICEF 2014).
Source : https://www.mon-enfant-et-les-ecrans.fr/
cyber-harcelement-comment-proteger-votre-enfant/
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IMPLIQUEZ LE CHEF
D’ÉTABLISSEMENT
Le rendez-vous à l’école
Avant de prendre rendez-vous avec le chef d’établissement,
il est très important de discuter avec votre enfant pour lui
expliquer clairement votre démarche. Faites-lui comprendre
qu’il existe des situations dont on ne peut pas se sortir seul.
Le harcèlement en fait partie, et ce à cause de la supériorité
numérique qui est souvent impliquée et de la violence et
des injustices qui se trament derrière le dos des adultes. Il
est aussi important de le rassurer sur sa peur : expliquez-lui
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qu’elle est légitime mais qu’il doit essayer de la dépasser
pour que son calvaire cesse. Se murer dans le silence et
s’isoler ne donne que plus de pouvoir à l’enfant intimidant.
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groupe d’enfants. Il serait bon que vous les receviez afin qu’on
puisse comprendre leur point de vue sur ce qui s’est passé. »
10
LE PROTOCOLE
Pendant l’entretien, vous êtes en droit de
demander comment l’école procède dans ce genre
de situation et comment se passe la confrontation
avec les élèves.
Sur le site : www.nonauharcelement.education.gouv.fr
On peut trouver le Protocole de traitement
des situations de harcèlement dans les collèges
et les lycées
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La sensibilisation à l’école
Vous pouvez vous montrer proactif et proposer une inter-
vention de sensibilisation à la question du harcèlement
dans l’école de votre enfant. Que ce soit à destination de
la classe ou de l’ensemble de l’établissement, cela peut
prendre diverses formes.
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les couloirs. Le but est que l’enfant, qui se sent blessé
ou dérangé, exprime ses sentiments, ses émotions
10
75
Travailler l’expression de ses
sentiments de retour à la maison
De manière plus générale, pouvoir apprendre à s’exprimer
et dire ce que l’on ressent est un apprentissage qui se fait
tout au long de sa vie et pour toute la famille. Se faire un
rituel où chacun en revenant à la maison peut exprimer ce
qu’il a ressenti de sa journée, que ce soit à l’école mais aussi
à la maison, est un bon moyen de prévention pour s’habituer
à se confier avant que les émotions et les ressentiments ne
prennent trop de place.
BON À SAVOIR
Quelques associations qui luttent contre
le harcèlement :
• HUGO ! : https://www.asso-hugo.fr/
• Marion la main tendue :
https://www.marionlamaintendue.com/
• Joue pas avec ma vie :
https://www.jouepasavecmavie.fr/
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Conclusion
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RESSOURCES UTILES
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