Pardonnez mon cynisme, mais si Anne Franck avait écrit pensant le confinement, on se serait pas un
peu fait chier ?
Mercredi 18 Mars 2020, Jour Zéro du confinement
La Sergentise J' arrivais en bus à la gare de Cholet avec mon gros sac à dos. Je demandai alors la route du village de Mortagne à une quinquagénaire. La nuit commençait à tomber, elle me proposa donc de m'y déposer. Elle me tendit un papier qui était en fait ma toute première attestation. Elle m'expliqua qu'il faut justifier son déplacement sous peine d'avoir une amende ou d'être embarquer. Elle déposa sa co-voitureuse, puis sur la route, elle me raconta la guerre qu'elle avait vécue il y a longtemps en Pologne. Pour elle c'était hier. D’ailleurs comme hier, l'armée avait parlé à la télévision : « Enfermez vous !». Elle avait 16 ans, ces parents parties, elle s'était retrouvée seule chez elle. Les coups des feux avaient retenti devant sa porte. Elle me laissa devant celle de la Sergentise après quelques détours et des remerciements. J'attendis que tu arrives. « On arrive dans cinq minutes». On ? En effet, sept minutes plus tard, je faisait la rencontre de ton colocataire, Tom, et de son chien, Tao. Je découvris ton chez toi. Je ne me rendais pas conte du temps que j'allais passer dans cette pièce à vivre de 15 mettre carré lumineuse, remplie de cactus et d'herbes sans fleurs. Sur la gauche en rentrant, une grande fenêtre dominait un canapé d'angle en cuire et une vieille table à manger ronde se disputait le centre de la pièce avec d'autre meubles plus ou moins anciens. Il y avait 8 guitares (plus la mienne), une chaussure en office de pots de plante, des boîtes de conserve en guise de ramasse-fuite et des dessins découpés au préalable dans des magazines par doux nœud, euu...par nous deux (panou).
Jeudi 19 Premier jour de confinement
Échec et yecʼhed mat Le Soleil me réveilla pour la première fois sur le canapé en cuire de la sergentise. Et je savais à ce moment là que bientôt, les premières fois n'allaint plus courir les rues. Je décidai de fabriquer un nouveau jeu d'échec avec de l'argile. Là débuta un travail de 5 jours. Je fis la rencontre de Thibault que j’associai hâtivement à son activité principale : la fûme. Il s'agissait en fait d'un insecteologue de passion fort sympathique bien qu'impulsif. Je rencontrai aussi Quentin et sa copine Eloïse habitant une petite maison de pierres dans un champ de colza d'où dépassaient quelques éoliennes. Ils te rendaient régulièrement visite. Le voisin chiant se plaignit d'avoir un reste de pâtes sur son palier. J'étais le coupable. En nettoyant, j’observais que la petite voisine du numéro 6 nous observait. Elle portait une robe rouge et courait en rond dans un espace en hauteur bétonné de 10 mètres carrés à côté d'un énorme rosier rouge dégueulant sur le trottoirs. Son père ressemblait à un Kevin de 40 ans et sa mère à une Murielle de 50 ans. Ce soir, nous surnommâmes leur fille unique Élisabeth, comme elle nous observait toujours par l'entre-ouverture du store de sa chambre, au deuxième étage...
Samedi 21 Troisième jour
La colloc Nous allâmes gaiement, avec nos attestations bidons, à deux kilomètres à l’extérieur du village, à la collocation de quelques amis de Tom et toi. C'était une maison un peu plus isolée, avec un jardin et une petite grange dissimulée derrière la vieille battisse où s'adonnaient mix de son, jeu du palet et apéro sur la fameuse table en plastique verte. Je rencontrai alors David, Johan (auto- proclamé capitaliste) qui mixait, Kalan, (le frère de quentin) le pro au jeu du pallet et Josie, la copine de Kalan
Dimanche 22 Mars 2020 Quatrième jour
Le Ballet Je te fis remarquer que le ballet était très adéquat au sol. Tu me fis remarquer qu'on ne se voit pas devenir fou. Je crois que je n'ai pas d'autre info concernant ce jour là. Mercredi 25 Mars Septième jour Le lierre Le jeu d’échec était terminé. Vous étiez partit, Tom et toi, à la croix rouge pour l’après-midi. Je redécouvrais la campagne sans internet. J'accrochai alors dans ta maison du lierre fraîchement coupé sur le muret d'un voisin. Le soir venu, nous commençâmes à jouer aux échecs. nous sortîmes également le jeu de fléchettes que nous accrochâmes sur la rampe de l’escalier, au dessus du tapis du chien.
Jeudi 26 Mars Huitième jour
La salopette Je commençais à coudre une salopette avec du tissu que Tom avait ramené de son travail à l'usine. C'était un rouleau de tissu blanc à rayures bleue servant à entreposer les fenêtres. Avec ça, je ressemblerait à Coluche !
Samedi 28 Mars Dixième jour
Fête à la coloc Les habitudes s'installait comme celle de ton câlin matinale ou celle des quinze bonne nuit avant de vraiment partir se coucher. Nous avons manqué de t’assommer ce soir. Nous avons tenter notre fameux porté de rock et ta tête a frôlé un bout de métal tranchant planté dans une poutre. Nous rentrons saoul, sans cajon et presque sans souvenirs.
Dimanche 29 Mars Onzième jour
Escalader les murs C'était l'anniversaire de Sarah. C'est le véritable prénom d’Élisabeth, la petite voisine d'en face, Vers 17h, ses parents nous demande de jouer de la musique pour elle. Nous sortîmes guitares pour toi, harmonicas pour moi, et cajon pour Thibault. Toi et moi posâmes un cul dans le coffre à Tom pour les douze ans de Sarah avec nos chansons anarchistes et notre immortel et inlassable Jimmy de Moryarti. En ces temps là, nous ne nous lassions de jouer ces quatre accords. En ces temps là, nous jouions Brassens pour Martin et Rodrigo et Gabriella pour Eugénie. Les voisins était comblés. Sauf un, bien sûr celui de droite. Il débarqua comme un boulet de canon pour nous sommer d'arrêter le bruit. « Nia nia nia ch'ais pas quoi, j'ai des gosses... Patati confinement... patata ch'ui qu'un gros con, touça-touça quoi». La percussion devant sa porte, d'accord c'était peut être un peu trop. Mais tout les voisins étaient aux fenêtres à nous écouter et appréciaient le ciel bleu, encore considéré comme rare, ici en Vendée. Le voisin vigilent à fait son tour de voisin comme un maire en campagne pour témoigner de son méprit pour l'art de rue puis il s'en est retourné dans son trou à rat d'égout. Pendant que Thibault tentait de grimper aux murs extérieurs par pure excentricité, toi et moi échangions nos techniques de fuite en cas d'intervention armée. « - Moi je partirais par le velux des toilettes ou de ta chambre et je fuirais par les toits – Ben moi, j'ai un grenier je crois, ça pourrait servir ».
Vendredi 10 Avril vingt-troisième jour
Lettre à Eugé Je t'ai écrit une lettre cette nuit, avec un poème (voir Lettre à Eugé)
Mardi 14 Avril vingt-septième jour
La tonte Après mûre réflexion, je me laissai tondre les cheveux par toi et mit le tout dans des sacs (les cheveux dans un petit en plastique, et toi dans mon soixante-dix litres avant de te promener dans la rue au couché du soleil. Tu m'as dit : « Le pire c'est que c'est pas la première fois qu'on me ballade en sac ».
Samedi 18 Avril trente-et-unième jour
La voisine chiante
Mardi 21 Avril trente-quatrième jour
Le rangement Ce soir là je cousais (si si) ma salopette et étais tellement pris dans ma démarche que j'en délaissa les corvées et tâches quotidiennes à partager. Je sentais tout de même ta pression monter, parce qu'au delà de ça, nous commencions à faire de la télépathie. Je ne m'éterniserais pas sur ce sujet car je fis une lettre la nuit même sur le sujet. (voir Martin peut il ranger plus).
Mercredi 22 Avril Trente-cinquième jour
L'échelle de Relous Nous décidâmes d’instaurer l' « échelle de relous à confetti ». Il s'agissait d'un papier accroché dans un placard, où nos deux prénoms étaient accompagnés de chiffres allant de 1 à 10 et indiquant notre niveau de chiantise avec un confetti scotché sur le 1 pour nous deux la plus part de temps.
Jeudi 23 Avril Trente-sixième jour
Les Petites robes Nous renouvelâmes notre tentative d'aller chez Quentin et Elo, moi dans le coffre avec Thibault. Nous beat-boxâmes en chemin (Ebé ! j'dois être le premier à conjuguer beat-boxer au passé simple). Nous enfilâmes des robes pour un séance photo. Tom ressemblait à l'affreuse bonne sœur dans Shrek. Au retour, sans Thibault, tu montas à ton tour dans le coffre.
Samedi 25 Avril Trente-huitième jour
L'amande Quelle triste histoire qu'est-celle de la soirée du trente-huitième jour, ce fameux soir où Thibaut, toi et moi avons tenté de rejoindre Tom, Tao et son camping-car chez ses parents pour aller en soirée chez Quentin et Elo. En sortant de la maison sans attestation, nous n'avions pas fait 100 mètres à pied qu'une voiture de police s'arrêta à notre niveau et nous colla une amande de 135 euros chacun sans procès. Les couvertures débordantes du sac de Thibault et la guitare sur la dos d'Eugénie nous ont donné l'idée d'inventer une couverture [Rires de sitcom des années 90], enfin bref un prétexte de sortie champêtre dans le parc à côté du lieu de notre arrestation. Mais le subterfuge ne suffit pas à leur faire entendre mensonge. Thibault s'énervait, toi débattais « vous, vous avez un jardin non ? » et moi ne disais rien. Nous fîmes demis-tour, direction la Sergentise. Dépités, nous ne tardâmes pas à nous coucher et Thibaut à rentrer chez lui avec, cette fois ci, une attestation valide.
Dimanche 26 Avril Trente-neuvième jour
Le craquage Lorsque le réveil sonna, le dépit était encore présent. Nous décidâmes d'aller jusqu'à chez Quentin et Elo à pied mais tu eu une baisse de tension, comme moi la veille. Alors comme toi pour moi la veille, je te fis un œuf avec de pâtes. Le temps que tu ailles mieux et que l'on se prépart à partir, un orage avait éclaté. C'était l'une des première pluie depuis le début du confinement. Je voulu mettre un épisode de Malcolm, mais nous n'avions plus de connexion. L'énorme stock de feuille de weed que Thiault nous avait ramené avait finit par s'épuiser, et pas un plan à l'horizon... Tu voulus faire des crêpes mais nous n'avions plus de farine. Je me mis en PLS sur le canapé, un coussin entre les jambes pendant que tu tournais en rond autour de la table à manger. Cela dura plusieurs heures. Nos regards se croisaient quelques fois et nous éclations de rire nerveusement en poussant des cris d'horreur. Pour conjurer le sors et se sentir moins triste, je décidai de te fabriquer des coupons : bon pour un câlin, bon pour un repas... Et tu fis la même chose sauf que toi, tu décida de les cacher au fur et à mesure dans l'appartement. Ce soir, Mél arriva avec sa bonne humeur. Nous regardâmes l'Homme couteau suisse devant le quelle vous restâtes pantois
Lundi 27 Avril Quarantième jour
Robert Tu dessinais une fresques de plein de carrés dans lesquels se trouvaient des dessins simplistes et des bouts de phrase qui t'avaient plu. Je peignai une reproduction d'un tableau du Roi et l'oiseau en y ajoutant une petite échelle de corde qui en pendait comme si le ramoneur s'en était enfuit. J'étais à fleur de peau. Je reçus un appel de ma mère m'annonçant la mort de Robert, le mari de ma grand-mère paternelle. Je tomba en larme. Toi et Mel me serrèrent fort dans vos bras avant de trinquer et de chanter pour se rappeler que notre vie continuait.