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La femme et le salut du monde Pau EvDOKIMoV « Lassimilation exéatrice de la pensée des Péres, la re- nte des éléments de la tradition et des sciences diverses ns une synthése vigoureuse sera probablement l'ceuyre jeure du Xx" sitele», écrit Paul Evdokimon, Crest dans cet effort de ressourcement spirtucl, d'ouver. aux problémes et aux recherches de notre époque qu'il at situer son livre sur la femme, Diemblée, dans ce live, la condition féminine n'est nul- nent isolée de la masculine, selon une différence qui serait infériorité. La femme et "homme sont saisis I'un comme utre, Yun avec Pautre dans leur dignité infinie de per. nnes, qui permet la réciprocité de leurs natures. Ceci nous ut une remarquable théologie de U'étre human Pais Evdokimov aborde le probléme de la condition émni- ne selon la Bible et dans Vhistoite et cette guerre entree sculin et fe féminin, avec ses alternances de matrareat de patriarcat La réponse chrétienne du probléme de la ferme est, pour dokimov, dans Varchérype de Ie Méte de Dieu, de la La femme et le salut du monde inme vetue de soleil de Apocalypse. Et il soulignelelien 5 stecux gant la erm et PEs. | Théophanie Dans les dernitres années de sa vie, Paul Evdokimovsen- |” t grandir la « révolution féminine » comme un des 6, ments spiritucls majeurs de notre temps. Il en mesurait | ssi 'ambiguité. C’est pourquoi plusieurs reprises, ila > c& un véritable appel a la femme chrétienne | femme qui est prédestinée & dire non, a arréer Vhomme ord de l'abime, & lui montrer sa vraie vocation. » 7 Olivier Cowen un aap. Dsus ror Pe2c2003855 120F ma a ABBAYE DE BELLEFONTAINE Du méme auteur Danelle probleme dma, Desc de Brouwer, 1979 reed). Gogo et Dosioeyki on le descente aux Enfers, Pats, Deselée Brouwer, 1984 (ion) L/Ortbodawe, Paris, Descée de Brouwer, 1979 (tion) Les Ages dele oe spiritual, Pats, Desclée de Brouwer, 1995 ‘ceeiion) Le Sacrement de Amour, le mystre conjugl, Pats, Desc de roowee 988 codec) meet LAr de Poin. La théologie dela Boast, Pass, Desclée de Brouwer, 1980 (een) Esprit saint dans la tradition otbodoxe, Pats, Editions du Cet, 1977 (aeeition Le Christ dens la pense maze, Pai, Editions du Cerf, 1986 (ration) Le Priore de PEghve@’ Orient, Pais, Desclée de Brouwer, 1985 (etedon} Le Gonnaistance de Diu, Pate, Desclée de Brouwer, 1988 ‘ecedion Le Nowweauté de Espn, Abbaye de Bellefontaine, 1977 epuish LAmour fou de Dies, Pai, Editions dx Sui, 1973 Le Buisson ardent, Eaton Letielleux, 1981. Paul Evdokimov La femme et le salut du monde Préface d'Olivier Clément BIBLIOTHEQUE DE CULTURE RELIGIEUSE 4, Avenue Edors—t Wt Dart nepiwventame @ 446 COTE 55.25. EvD CETTE COTE OOFT FIGUREACIR VOTRE FICHE Théophanie DESCLEE DE BROUWER Préface « L’assimilation eréatrice de la pensée des Peres, la rfonte des ‘éléments de la tradition en des sciences diverses dans une synthése vigowreuse sera probablement 'auvre majewre du xx siécle » (. 29). Crest dans ce vaste et trop rare effort de ressourcement Splrituel d'une part, d’owerture aux problémes et aux recherches de | notre épogue, de Vautre, qu'il fat situer Vowrage de Paul Evdoki- mv, Len tesla onde ‘Diemble, dons ce Ure la condon fone nex loner isle dele masaline selon ure difrence qu seal feo La imme etThamme son sae, anemone are Tne ove te dim cw digs infin de persone, ul permet la tpoc fnew tmantess (oder mot dove Gre extend dent ont perpectve nn oy phesopique mal chara) Coc nus vt ame a prone pared mage ie remar quale thologle de tre aman, ns a dole erpectve de Tne et dela dvn-hmant La révton intare fade | tans Phamahte mystre de persemne comme amine de | iranparoncei‘de"Commanion. Ex’ Thome image te Dies, Pesce ee arene eee a freee eee acme eee vie divine, Si la chute ne cesse d'« objectiver » le biologique avant ef Oe gaa ecg Poet» Haba at ere ge eee Fen a sent eye ep deco | err ce es Cee | un theme sur lequel il est souvent revenu, mais qu il n'a jamais traité prep mera perp ela create eee a aaa ep ert aera yur cette édition sclée de Brouwer, 1996 ‘hommes, ge in @ eae ee ee 1 edition © Deaclée de Brouwer, 1978 8 LA FEMME ET LB SOLUT DU MONDE {feminine selon la Bible et dans U’histoire, L’homme et la femme sont ‘eréés pour une réciprocité communiante et Dieu, lorsqu'llparle, ne les Sépare pas. Satan, lui, les sépare, s’adressant da femme seule (parce (quelle est religieusement déterminante, dt Paul Exdokimov). Do un érltable « schieme ontologique » et opposition désormais du masci- Tin et du fominin. Si Dieu dit douloureusement d Adam: « Oies-tu ? ». cette question, Vhommne et la fenme ne cessent plus, tragigquement, Imais aussi avec une nastalgie paradisiaque, de se la poser Tun & Vautre Paul Evdokimov évoque large traits, au long de Whistoire, cette guerre enire le masculin et le feminin, avec les altemnances du ‘matriarcat et du patriareat. Le mouvement contemporain delibération de fa femme tétonne vers une rencontre renowvelée entre Vhomme et {a femme. Mais {a liberté de Ia ferme, comme celle de I'homme, a besoin d'tire sauvée, Blle exige Vexploration d'aspects trop long- temps implicites du christianisme, Tel est le bt dela troisiéme partie du livre, Les archétypes. ‘Le Diew momiothéiste et, d'une certaine maniére, « patriarcal », de Ancien Testament, ne répond pas vériiablement a Job, il le terrorise. Mais, par Uncarnation, Dieu devient luieméme Job, i! s‘ouvre en Trinité, révéle la tendresse comme feminine de sa Sagesse tout- puissant, if implore le libre amour de Uhomme et seu! le fst de Marie tu permet de prendre chair. La réponse chrétienne au probléme de la femme, c'est, pour Evdokimoy, cet archétype de la Mere de Diew (et ‘dela femme vétue de soleil de Apocalypse) qui, dans une souveraine ‘et indispensable libert, sur laquelle l’Orthodaxie met particule iment Vaccent,« enfante ta forme divine sur la terre et ta forme Ihumaine dans les ciews » (p. 203). Une femme est le premier étre Ihumain déifié,en elle s’accomplitdéjé la Vocation de l’humanité et de Funivers. ‘Marie est done « V'archétype du Sacerdoce royal féminin » : la ‘fenme s‘accomplit dans (a maternté spirituelle, dans la puissance, ‘quand elle est vraiment “nouvelle créature’, d'enfanter Diew dans les dmes dévastées» (p. 220). Dans le mariage comme dans le célbat, ‘i aussi vocation précise de diaconi, elle est appelée a préserver et feconder la vie, Vorienter vers ta Lumiére. Paul Evdokimov souligne aint le lien mystériewx qui unit la femme et Esprit, ce Soufle vivant qui « couve » comme un grand oiseaw les eaux originelles, qui descend sur la Vierge pour permetire la Nativite, vient d la Pentecéte sur les premiers crovants pour donner PRePACE 9 naissance @ Uglise, ransmue, d chaque épicése, les offrandes Iomcines on char aijtante iu Cri fn come » Coheed ime du fiddle. Une connivence sembie bien exster entre la femme, ‘tre «naturellement» reigiewx (pour le meilleur et pour le pre), ‘affrontée cx mysteres ls plus graves dela vie, de enfant, de enfana perdu qu’est tut homme, t Esprit ¢ donateur de vie »et« consoax eur » Dans les derniéres années de sa vie, Paul Exdokimov sentatt _grandir la «revolution feminine » comme un des événementsspirituels imajeurs de noire temps. I! en mesurait aussi Uamblguné. C'est pourquoi, d plusieurs reprises, et notamment dans une conference sur Le Devenir du feminin elon Nicolas Betdiae, i a Tancé un veritable appel «i la femme chrétienne, appel dont il faut, pour conclure, transcrir oes lignes essentelles ‘L homme guerrier et tchnicien déskumanise le monde, la femme oranie Uhumanise en tant que mere qui veill sur toute forme humaine ‘comme sur son propre enfant. Mais [a femme n'accomplira sa tacke {que si elle accept le minstere des “vterges sages” de la paraboe, ont les lampes étaient remplies des dons de l'Esprit Saints. gratia, plena, elle suit Ja Théotokos (.-] Auourd hui face dla tragdie du Tiers Monde, face au matérilisme vécu, a la pornographi, & la rogue, face tou les éloments de décomposiion démoniague., c'est ia femme aul aprés avoir formulé avec la Vierge le fat est priest née dire non, a arréter "homme au bord de Uabime,& lui montrer Olivier Cute, Introduction Les tents liturgiques partent des anges qui « s'étonnent » face aux grands événements du salut. De méme, Phomme peut éprower « Pétoanement philosophique », commencement de la segesse selon Plaioa afin de siniter graduellement aux choses dernitres. Toute- {ols il ne s‘agira aucunement ici de la solution du destin féminin Si un mystére révele explicitement son propre fond, c'est quil 'éait | aucun moment un vrai mystére, Mais latitude correcte, « fitur- sique » de homme peut rendre tout mystée éelairant; sa lumizre Dermet fa lecture de Texistence, Ce n'est point In connaissance qui claire le mystére, c'est Je mystire qui éelaire la connaissance. Nous ne connaissons que grice aux choses que nous ne connaitrons jamais. « Malheur a la curiosité qui a regardé sourncisement Ies mystéres de Diew », dit s. Grégoite de Nazianze 1. Un théme d'une telle enverguro postule une large communi cation par-dessus les cloisons Etanches, une communication defor la catholicté. De par Puniversalisme’ de notre temps, toute vraie pensée suscito immédiatement une résonance dans Ia vaste frater- ‘ité des etres sensibles aux événements de Pesprit et démontre la rmystérieuse convergence de leurs pressentiments et découvertes, Tout repliement provincial se brise heurousement sur le fait de Fecuménisme intérieur, dimension inhérente & toute réflexion humaine d'ayjourdhui. Nous enirons dans le temps passionnant des vastes synthases et des confrontations entre POrient et Occ! dent, Bien enracinge dans le dogme, mais souple et ouverte sur humain, une parcille réfexion invite & transcender le durcisse~ ‘ment des présisses et toute la pauvreté des objectivations théolo. iques « décollées » de Ia vie des hommes, Plus que jamsis Ia méthode de Pépokhé, de la < suspension du jugement > et des ‘odalités accidentelles devant la vérié transcendante impose 1 On 31, 3 Noir Meta ute platirante de M.A. Covrst, La Rencontre des Relisins, Aabie, 1957. 2 LA FEMME ET LE SALUT DU MONDE 2, La théologie actuelle, sur ses points avancés, apparait de plus cen plus comme travaillée du dedans par un besoin impérieux de faice éclater se limitations en aérant son champ, en y introduisant tous les résultats postfs des recherches scientifiques de Panthro~ pologie, de la psychologic, de ta sociologie et de Thistoire, Ceci Drésuppose la traduction de ces résultats en termes do tradition 2c leur intégration ecclésiale. Mais une intégration est plus qu'une ftddition, ear tout élément introduit dans une totalité organique, change qualitativement en trouvant son propre pléréme qui seul tui dévolle son vrai sens. Quand s. Paul inwerpréte aux Athéniens te monument au Diew inconnu (act. 17, 23) et nomme celuici Sésus-Christ, il TintBgre dans la vérité trinitaire et par cela Vachéve, fen fait une 3évélation. Dans le monde moderne, 1a dislocation de Tunité initisle du ‘vrai, du Bon et du Beau fait comprendre Vorigine des impasses Ge la gnoséologie, de Téthique et de Vesthétique. Elles sont deve- inues indépendantes, eles ont oré6 de véritables autarchics, elles ont Tengu lear économie propre impénétrable aux autres. disciplines Réintégrées dans le principe religieux et dans Ya higrarchie des valeurs, ces pidees détachées, ces visions morcelées se situent “autrement et, de ce fat, sans rien perdre de leur essence, elles fe trouvent orientées ; relatives, elles trouvent ce, quot elles sont felatives: PAbsolu, Les vertés auparavant « affolées », « désaffec~ fee 2 « désorientées » se dirigent maintenant vers Year Orient de divin, au sens Titurgique). Mais, précision importante, Kierke- fgaard disait dela que sion peut éabliraisément un systéme de ta ensée, cependant on ne le peut jamais de existence, car 1a vi Fecéle toujours un résidu irrationnel, Seule Mintéeration ecctsiale tmnt fa vie et Ia pensée dans une théognosie vivante, car celle devient Vagir « dans », Cest le Christ, cest In Sagesse de Die formant sa dimension humaine et passant dans Tes hommes Nous, divs, Paul, nous avons la pensée du Christ (1 cor. 2, 16) et Phomme spirituel jure de toutes choses (1 con, 2, 15). Cest eTRODUCTION B See eee eee wens can trinitaire. Ici T'intégration n'est pas conceptuelle, mais opérative, Steere aot tern area eee eee eee Bee ca tees eee arena ele Saree eer ee ince er ne er Sp it es a Fat er an eee ani coe See aes pea ores ae ee te eee ee ae enter ped a are ee a tat ese a ee eee Beas ees ea oss oe ese eee ae Sean ae Sets Sy Ge Se rm, Abt Serene erat Seater ela eee 5, Vol fe Fire Pate, Fronmany, Colne ot Fondement dela Véris Cate 4 LA FEMME EY EE SALUT DU MONDE. ‘ment ou, mieux, de Pentéléchie de Phistore ; elle montre Vhistoire zs le commencement déjh essentillement eschatologique, si bien fue chaque époque et chaque instant du temps rYont pas de valeur, fn eux-mémes mais Souvrent sur leur propre eschatologie, sont jusés par fe telos, sont mis en relation immédiate avec Ia Fin et trouvent en elle seulement toute leur signification. ‘Ce dynamisme puissant, venant de Vintégration finale, détermine tun vessourcement petpétuel aussi bien en avant qu’en arrire, Son fmpleur transcende Tes sinples pst et fluc atoraues se Situe dans Voptique du = présent éterel », qui stouvre sur les Keairoi, les temps favorables, et par Liemtme déchifire Ia marche progressive des événements de histoire. On peut méme dire para- Goxalement que Teschatologie renvoie beaucoup plus au commen ‘cement qu’a Ia fin (on verra plus Join combien, dans la conception orientale, F'anthropologie et lo destin historique sont informés par Maat paradisiaque) car Talpha inclut déja Toméea et te désinit prophétiquement : voici, je fais le dernier comme le premier (aPoc. 21, 6). Ox Te voit bien dans la célébration du nouvel an vclésiestique, sa iturgic parcourt Ia totalité de Vhistoire et se fetrompe dans Tacte cosmogonique de la création des six jours Comme dans un bain (comme Poigle, se renowvelle ta jexmesse, 103, 5). Un pareil bain, baptéme annuel de la durée historique, la fait communier & nouveau & son vrai destin, au projet initial de Diew afin de se renouveler au dedans et d'apparaitre comme un temps de rafratchistement (act. 3, 20) messianique. Toutefos PPépectase, Ta tension vers Ia fin dans son dynamisme infini intégre cet dépasse le commencement, V'accomplit. Elle fait jaillir Timpa- tionce selvatrice, Ia soit de Tattente ; elle invite & dépasser tot statisme des installations dans les couches intermédiaires de This- toire et & se purifer au few des accomplissements, & la flamme du « buisson ardent », planté au carr des choses Pour s. Grégoire de Nysse, I'histoire est simultanément 1a désa- grégation do fantomatique et Vintégration de Texistant. La venus de TAniéshtist absorbe tous les cléments en décomposition, en fait le grand cadavre de Thistoire, galvanisé pour un moment tncore en convulsion supréme pour aller s'engloutir dans le lac de feu ; Ja Parousie du Christ intdgre ce qui mérite de demem dans le Royaume, La fin ot le commencement se parlent par dessus FB IV, 13, A. Resch, Aarapha pergopuction 15 les temps. S, Grégoire ne nous Iaisse-til pas cette parole étonnante « Nous nous souvenons de ce qui vient. » 4.0m ese asjortoi Ane moilcton ptond spe ries jadi famzres. Aucun immanentisme ni Humanisme fernés ‘e's’ vena soem Leds etna de ope Be aed or do Cane oe prc one psa ne ee eee, toute poss tntnicons te Facoins oben shou insur devant Fats de econo Helge (dans sa partie négative) et Sartre tout entier serwopne gue eur Ibert pope pce pilcsophie ita chen neta pope cadet: Bon hing 1S Confaneur na ope negate donde es vs resoaltessimsrleain See sbaté > a Pope be Stee de Beauvoir, Ia vraie beri ne stexerce que dans Ta libre accep. thon do Tore sect sora es lees sous Spake heat lve ett fotonet a ihe tlomte ar wow pal Seaeun: Quand co ox ps fe Ves gu rsehe fondeens Se re humains teme se nin ioade cen non Gh Lion Boye ome eat prj tn cee» hinges Soot exendchncas ¢ ntahtne 5s bone iti fhonme >t ple Pol ap gue homme mt usenet que mona ence tee ie monde dex valeurs Gternne sn svn comme us taste those yes TAute¢ Lhonine xo quit fa cae orale Si taken sen wae qui Taaatoas Sas Phone ct ecaitonel soe IMac teqenoiene Tore + bonne pe la perte de la notion du géocentrisme, combien plus grand est son Eoliveunmandomat lf sur Anenioo el Enger oe {espan concopro! ie sont Gavaniage sr Te_lan opera’ et pase © ae fuehe"qseettion lave fun parabens as gua sapproche ls sbi et minuliewe GESompenon dun cadre leh goe Cambs dase nine de Fade ns ple des bowne. Ls aime une SR green ot ee Cr ka ain Toulon, Hiideaser sachemine, vers ne _métphysique de Tee el pin wematqenent «ae ma ogre et Bb a on: Einftrang. ale Mtaphoae, Tidigen, Niemeyer Velay, 1933, Zar Senfrage, Rosermiaaa, Franco, 135 6 Epi fe * 16 LA FEMME ET LE SALUT DU MONDE tous tes plans de Ja connaistance moderne. Le p. Teilhard de ‘Chardin, Savant étonnant d'audace et trés avaneé sur son temps, des Péres, du feu de leur vision, on assiste trop souvent au travel des seribes ‘gui se penchent scrupuleusement sur les texts, les Epluchent avec Gonscience, font des articles pour les dictionnaires de théologie ct re font plus de In théotogie. ‘La problématique grandiose des Péres, leur esprit de création, leur « potsie > (%, Grégoire le Théologien écrivait des potmes, Siméon chantait Tunion avec Dieu), font défaut & Pesprit pro- fatque et scolaire des « spécidlistes > en théologie de notre temps. La Bible doit étre commentée par la Bible: cela veut dire que ni Fexégise seule ni aucune sutre discipline théologique seule ne peuvent apporigr une solution suffisante, La Bible dans sa totalité Est une immense philosophie divine de la vie et une théotogie de Thistoite, elle presuppose s2 propre métaphysique largement ouverte sur la totaite, sur 1a dialectique des peuples, des cultures et des ons, Ox, nous asistons au tarisement, combien tragique, de Fesprit ‘mystique et certaines communautés chrétiennes ressemblent fort Dune « oumma + (communauté smusulmane) réunie autour un Te Phénomine human, Ba, du Seni, 1985; Mess sur le Monde in epi Hovde an T9863 dppertion de Thomme, Bo Seu, 1956 ‘Ee Mies din, 24. da Seu, 1937. es di eee 2 cer dant le sepa a thre du lve de W. Tossny atindoostenputaue de Forint La tgoogie des Pees ex enjoy mye a thoes donne view pat TEglse. Ave pas confondre ave 8 Mhysifenion > des ssences ooules. erRopUcTION ” eee ica eeae nal se acta eae acre fre nace es or coe Byer rapeen Sen tae ae aceaeeesee elegy oar (Siecen sesis dPo ar ee nes ees i eee es ee a laa eee Peter a cae ensaee ae art en a ae eee a eae es cee ane eee acces eee ee eee ee oan area glee semen me ee ee ee eee alae enna Se eee mee Ja Vie jailtisse. ee 5, Aprts avoir précsé les dimensions de la réflexion, il est juste rr rger. Divons tout de suite Pestenticl: il est de toute premigre sportance méthodologique de remonter au plan universel et commun du destin humain, avant toute diférenciation en type ~9, Pézichorése on circumincession entre les deux natures en Chi fon Ja pensée patristique, ane 18 1A FEMME ET LE SALUT DU MONDE masculin et fSminin, « On ne peut étudier tes pastcularités de étre humain sans un concept général de Vhomme?®. Sans une métaphysique, sans Ia remontée vers les origines, P'étre humain re pourra jamais Ete sais, ilrestera toujours un résid irréductible AThistoite, & fa pure phéroménologie, Aprés seulement, on pourra border 1a constitution archétypique ct la diflérence des éiats chariematiquet de Thomme et de la femme, Ceci sans oublier que, méme dans cette diférence, ils restent déterminés par la thche commune ; et que cest justement Je lieu de dire: Que Phomme ne sépare pas ce que Dieu a uni (warm, 19, 6): le masculin et Te féminin dans leur complémentarité Les structures plus profondes et cachées du monde empixique ‘correspondent aux lois de esprit. Ce sont les dons et les charismes {qui déterminent et normaliseat le psychigue et le physiologique. Ce n'est pas parce que, dans son corps, la femme est apte & enfanter cqwelle est maternlle, mais c'est de son esprit maternel que vient Ta faculté physiologique et la correspondance anatomique. De méme, Phomme est plus vril et plus fort physiquement parce que, dans son esprit, il y a quelque chose qui correspond & la « violence » dont parle lEvangile, Il faut rétablir la vraie hiérerchie des pria- cipes et comprendre que normativement Ie physiclogique et le peychique dépendent de lesprit, le servent et Vexpsiment. Un autre feneeignement nous vient du dogme. Sur le plan trnitaire, chaque personne signife les deux autres, on ne peut jamais isoler Tune ‘relles da plérdme trinitaire ; Dieu est trine et un la fois. De méme dans la christologie, dans T'unité des deux natures humaine et ‘ivine en Christ, ehacune est inséparable de autre (¢ sans confusion ft sans separation ») ct n'a de gens que rclativement au complexe ‘christique, en fonction de ce que représentent les deux natures ‘unies : 'Tacaznation, C'est en partant de leur convergence initiale fet de leur 6panouissement dans la gloire de Ia Parousie que chaque nature stexplique et zogoit sa signification christologique pléniere ; ‘ce qui montre dans Ticone do le Vierge tenant Penfant Jésus non pas Ticone de Ja Vierge, mais celle de Incarnation ("hu- main et le divin uni). C'est Pncarnation qui définit ta, place et le xble de la femme faite Théotokos (Mére de Dieu) et de enfant Sauvear. Cest ele aussi qui intie 8 cette autre signification de 13, réme icone: la Vierge est le lien de Ia présence de TEsprit Saint et Penfant le Tica de Ia présence du Verbe; les deux ensemble TOR Hibenusn, Der Monch, Zach, 194, p. 91 INTRODUCTION 19 traduisent dans Phumain Ia fave mystérieuse du Pore. Le commen- cement et Ia fin expliquent ce qui est entre les doux et Ia diféren- ciation s'intgre et recoit tout son sens de I'unté supréme. Enfin Ja fresque de 5, Calixte (ur s.) fait voir le trépied eucharistique : tun homme étend sa main au-dessus du pain; au second plan, une femme est debout en « orante > ; cest FEvéque et VEglise, est image de la Titurpie; cest de cet ensemble livurgique soul. que ‘chaque personnage tire sa signification. Tsolé ils ne représentent qu'une fragmentation sans effets; 1a liturgie nest plus Ta et les onctions lturgiques, les digntés charisinatiques s'évanouissent de Ces exemples sont suifisans pour faire voir que Ia spécification charismatigue qui détermine le masculin et le féminin vient de Ia réalit commune. Celleci est donnée d'emblée au début comme source et ensuite est proposée comme but & aiteindre, passant de la différenciation des éléments complémentaires & leur inségration finale dans le Royaume. Cest cete totalité de Ia vision qui diige a composition de notre étude et suggtre la nouvelle méthode, la nouvelle manitre de poser le probléme i faut partir de Panthro- pologie,relever sa correspondance étroite avec le ministére commun ‘du Sacerdace Royal et y saisie déja son essentielle orientation eschatologique. Crest done examiner existence historique & Ia Iumidre de Fafpha et de Toméga. Si la femme est lie ontiquement & YEsprit-Saint, ce lien n'a de valeur et de signification universelles que si Thomme de son cbté est Hé ontiquement au Christ. Les deux accomplissent ensemble, en relation réciproque, ta tiche proposée. Done ce qu'une femme est appelée a faire dans le monde nest pas une quelconque coopéra- tion defforis ou de collaboration pragmatiquement utiles et justi- fies, mais la création ensemble avec Thomme de Ja toute nouvelle ralité du mascatin et du féminin formant le corps du Sacerdoce Royal. Ainsi, Tunité de Ia vie conjugale afest point justiiée en ellesméme, car elle n'est pas une unité fermée sur le terrstre mais 44g Tun ouvert sur le site futur et qui dépasse les conditions de ce monde. Crest par cette ouverture, comme le dit +. Paul, que son mysiére est grand (EPH. 5, 32). Ainsi, pour s. Jean Chiysostome, « le mariage est limage non pas de quelque chose de terreste, mais du oéleste™ >, il Sgure le Royaume de Dicu, (PG. 61, 218; 62, 387 20 1A FEMME BT LE SALUT DY MONDE | ot seule sa présence par anticipation le juste. La femme, biblique- thems nary une desea, man tfc a fd Dieu se pose la file de Dieu; fun complate Vautre 5 dans le Seigneur its. Paul ni Phomme san la femme, nf ta femme sons Phomme (1 coR. 1, 1D. = a Maintenant on’ peut mieux comprendre, par exemple, 1a fametiesousion de In femme A son maa selon in peste pruliicnne, soumission, dont ona tellement abusé dans Phistoire. Tine sagitaucunement de sounission pue et simple: route femme, ttre faible, est soumise & Thomme for, situation de fait érgée en norme. Dans la pensée de s. Paul, a femme est soumise & son ac cone Eglo eta Chi (fr 5, 22-28, ce ga veut | dire uniquement lorsque le mai représente vraiment He Seigneur wie pour sa ferme: done, en préseace du du Royaume de Dieu. | Diaure pat, lorsque les rapportsattignent ete resonance ese | siale, ils perdent toute spect juridique; en termes d'amour | Ppaeumatophore™ Ia soumission en tant que loi ne signe plus Fen; dépusse elle devient « le tout autre » du Royaume car: I ob exe PEspriy, lot fa lberté (2 cOR. 3, 17. . 6. Une fante méthodologgue des plus’ frequents serait de poser a question de a feame empiriquement a dint en pata es postion de fait dans le monde. Cest faire dum éire gal vit de mulplesniveaux de profondeur une catégorie socologique ou Yiotosique, couler Ia. vie’ dans des moules tout préts: jeune file, épouse, Youve, assistance sociale, femme émancpée, vamp o& femme résigée, Cette méthode avait insiré de vasts enquéies statistiques (genre Kinsey"): le poids du nombre renverse les principe, les jugements normatfs sont refusés, reconnus inappi- Gables aia masse, ia quant devient qualité et ce sont ls fis, Ja maladie, la pathologie qui sigent en santé, en norme, La question fondamentale res ouverte: les types de femmes formés par Phistoie sontis vais, rpondentils & la vété méta Historique dela femme, sontils normatifs? La méthode empiique | rVapporte pas de réponse cer alle est limitée aux données histor «qc elle ne peut tout au plus que pertectonner des dvitons insaées au ours des miléaires de Thistie (r,Févolution rapide des conditions sociologiues provoque une Th Qa poe respi Sai 1 BE Biporetensetuel de Fhomne, Ed, Pave mernopucrion a ‘modification profonde de la réalité sociale, La technique ménagtre Hére ta femme occidentale et pose une grave question la socité comment et vers quoi diriger ses losis et par suite, cet immense réservoir de dynamisme humain brusquement rendu disponible ? Dans une toute autre perspective, 1a femme aricaine, émancipée ct instruite, dépaste les possiblités matérelles de VPhontme afticain 4 acquétic cette femme, et celleci ne fera plus ce que ses ancétves faisaient: les travaux physiques au service de Vhomme. Le char gement st si profond quill désexe Vhomme et conduit 2 la constatation actuelle, combien révolutionnaize; le sort de V'Afrique fest entre les mains de Ja ferme afticaine. Si les rapports entre les races et les classes sociales relevent encore des formes anciennes, on voit s'affirmer de plos en plus Péqalité dans le sens des multiples responsablits et sur le plan professionnel : a femme se voit associée & l'homme dans la vie politique, sociale, économique. La charte des droits de Thomme ‘exprime Ia décsion des Nations Unies de metre ta femme au méme niveau économique et social que Phomme, Ty a un retard du c6té chrétien. C'est Eis message de libération, mais co sont les autres qt ‘Quand les hommes dui Bien abdiquent, ce sont d'autres forces gui repremnent la méme tiche, mais avee un autre coefficient et de ‘nouvelles dominantes, étrangeres par nature au christanisme. La fomme sort de Vesclavage et ses levres prononcent dautres nonts «que celui du Christ. Le monde prend de la vitesse sur la chrétient®, 7. Les théologiens construsent tout un systéme de relations ee mn, de subordination et de surordinetion, discutent 2 Vinfint si Phomme est le chet ou la tte, discussions «une terible chores cErsrale vee un fatal rappel au lence adres 3 toute Les musulmans seraient plus fogiques quant & la soumission ; tle silence prs & la lettre condamnerait dans Phistoire de Pévan- tion des pafens toutes ces femmes que les textes liturgiques ‘appellent avec vénéretion « égales aux apétres >. [Les textes bibiques se rapportant & Ia femme sont depuis Tongtemps classés et leur exégtse, bonne ow mauvaise, est faite, Réduite & ellemtme, Texégise touche rapidement son terme et touene court, car ces quelques textes ne sont que des paroles dites en passant et qui n'ont jamais voulu constituer tune théologie de la femme. Vouloir le faire cest forcer PEeriture Sainte. 2 LA FEMME ET LE SALUT DU MONDE Une simplification, bétifante, certes, peut stinspiter & Tinfini du fait que Ia femme est Grée de Phomme, et que cest la femme qui tomba la premitre ; seule alors une boutade peut faire le poi In forme a été tite de Ja cbte de Thomme, et sur cette céte Vhumanité a fait de nombreux naulrages | En constatant les différences entre le comportement des femmes, ct des hommes, cest la question du pourquoi de estte diférence {gui se pose, cest-A-dite Te sons, Tintention cachée qui anime es Actes le principe qui les inspire, Timage qui les alimente. La femme fa sa manigre @étre, son mode existence, Elle a ses propres intuitions ses jugements, son monde idéal, sa manitre de tsser son ire avec ta relation aux autres ot &elle-méme. Déterminée psycho- Togiquement et sociologiquement par le monde, fa femme est aussi diéterminge par le mystére de son propre étre, par le signe de son «voile > (I Cor. 11, 3-16). Partenaire sexvelle de homme, mére e ses enfants, collaboratrice sociale, est-ce tout ? Ny atil pas une relation au monde absolument originelle et évidente et qui parle du mystéve spécifquement féminin? L’homme est simple, mais la femme? — la ruse du serpent et Minnocence de la colombe, et ce fest pas en vain que dans les méditations mystiques la femme est appelée fréquemment « sidge de la Sagesse ». Létre humain est un étze cosmique, il ne se détache pas sur cet arrire-fond, mais en fait partic, La pulsation de cette vie ‘cosmique explique une partic de son etre. La biologie fait de opposition poleire, de sa tension, Ia condition méme de Ia vie. Klages“ préconise’la vraie méthode en partant non de moitiés autonomes, mais de péles, done dun tout potsrsé, et il représente rete masculin comme pénéwré par le femme, et Tere {éminin pénétré par Thomme. Mais immédiatement lal mentalité roman- fique de Bachofen produit un gauchissement fatal: de méme que Ja Tune obtient tout son éclat du soleil, ainsi la femme ne tire sa valeur que de sa relation & Thomme. faut choisir. Ou "homme et 1a femme dans leur différence méme possédent également, mais chacun selon sa propre nature, ombre et la lumidre Ie positif et le négatif, Yenvers et Pendoit, et se révelent comme une heureuse et indispensable compléments- xg acuté analyse logique, facclté apprehension intuitive | ‘Der Git le Widersacher der See. INTRODUCTION 23 directe, et) ou cest opposition ieréductible entre le Yang ot 1e Yin, le passit et actif, entre Ia tere, Ia nuit, le chaos d'une part et Fair, le jour et Tordre d'autre part. La ‘méthode facile dos ‘contrastes aboutit implacablement au confit sans issue des contra dictions (Cire solaire s‘oppose Gterellement a etre tellurique) & a dépendance totale de Tun & Pautre (la femme, etre lunaire), ‘oa encore & une autonomic et complete indépendance des sphéres contrastées. ‘Cette autonomie est exposée dans le Deuxiéme Sexe de Simone de Beauvoir. Livre remarquable par sa sincérité et ses quelques theses vigoureuses, mais faussé dans son ensemble, car 1 examine Ja femme dans son propre ordre, posé en lui-méme, L’auteur selve comtre Ia facicté historique de Vexistence féminine, mais elle-méme en fait Timage de la femme, En effet elle ejete radi calement toute origine métaphysique indiquée par exemple dans le mythe de Platon ou le Midrasch hébraique : « originellement Phomme et Ia femme avaient un seul corps, mais deux visages, Dieu les a séparés, donnant un dos & chacun >, interprétation sgmbolique de la révélation biblique également symbolique: Eve est tirée q’Adam, Ce qui veut dire quinitislement tre humain présente un tout spirituel :homme-femme, et cette essence précide Tour existence différencige. Or, Simone de Beauvoir refuse net toute vale intérorité od Diea est plus intime 2 Thomme que ‘Thomme Ini-méme, toute essence qui antérieurement & Texistence historique définit et délimite 1'étre humain, Tout, selon elle, est cenfermé dans ce monde, et homme n'est rien, absolument rien ‘autze que ce quil fait. La liberté alors n'est plus que Farbitrare, affranchissement de toute prédétermination factice par Je monde deg valeurs soi-disant mormatives. La négation passionnée de cet ordre, la destruction de toute relation & Tabsolu comme méthode de connaissance et échelle de dimensions, Ia phénoménologie enfin de Ja sphere hermétiquement close et qu‘aucun Kairos ne traverse, cat essence méme de la philosophie de Sartre et de Simone de Beawoir. L'auteur du Deuxiéme Sexe se sévolte contre le fait brutal que le mas idemtiio avoc Tire humsin en général. ‘Sur le fond de Petre masculin sans mystére apparait Ia femme qui, fn apparence, me posséde pas de destin propre et n'est qu'un élément constituif de cet étre mascalin. C'est en partant de Vhomme won définit la femme et cette définition est forcément négative. r, pour Simone de Beauvoir, « Paltérité » de la femme est dans

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