‘Court nécit sur Antéchiet
Panmongolisme! Quoigue le none sot sauvage,
Le son men parat caresant,
Comme sl était gros du présoge
Du grand decrcie de Dien.
a paws, ~ D'oi vient cette Gpigraphe ?
wz. = Je pense qu'elle est de auteur du récie,
La use, ~ Eh bien lier,
uz, sant. ~ Le xx" sitcle apres la naissance do
Christ fur le temps des deenitres grandes guerres, désor-
cdres intéreurs ot révolutions. La plus grande des guertes
‘exétieures ext pour eause Jointaine un mouvement intel-
Tectuel n€ le fin du x1x*sidle au Jepon et qui s'appelait
le panmongolisme. Doués pour Vimitation, les Japonais,
qui evaient assimilé avec une rapidité et un soocts éton-
rnants les formes matéielles de la culture européenne,
adopterent également certaines idées européennes dordre
Inféricar. Ayant apps des journau et des manuels hie.
twire Vexistence en Occident d'un panhellénisme, d'un
pengermanisme, d'un panslavisme et d'un panislamisme,
Ils proclamérent la grande idée du panmongolisme, C'est
dire le assemblement sous leur suprématie de tous les
peuples d’Asie orientale dans le but de mener une Tutte
Akcisive contre les rangers, Cest-dre contre les Euro:
péens, Profitant de ce qu’au début du xx" sitcle PEurope
cat occapée 8 mener un dernier combat contre le mond=
eusalnaan, ils se mizent Ie réaisation de lear grand peo
jet, @abord en occapent Ie Corée, puis Pékia of, avee
1 Polls 6 Solovey, Ge le I oxtabre 1894, cexkaice an
‘hb de oe‘Trois entvtiens
Fide du parti progressiste chinois, ils reaversirent la
vieille dynastic mandchoue au profit d'une dynastic japo-
nnise. Les conservateuts chins sen fizent vite une raison
Ts comprirent que de deux mau il valat mieux choir le
moindze et que, boa gré mal gxé, on était entre fréres.
ancieane Chine, de toute facon, n'était pas de force 3
maintenie oa indépendance en tant qu'Etatetil était iné-
vitable qu'elle se soumit soit aux Européens, soit aux Jax
ponsis. Or il était clair que la domination japonaise, tout
fn abolissant les formes extérientes de "Etat chinols, ls-
‘uelles étaient dilate de toute évidence avérées bonnes
tien, ne touchait pas aux principes interes de sa vie
nationale, endis que Ia prépondérance des puissances et
ropéennes qui, pour des resons politiques, soutenaient les
‘missionnaireschrétiens, menagat les fondements spivituels,
Jes plus profonds de I Chine. La haine anoestrale des Chi-
pois envers [es Japonais «ait développée au temps ob i
Jes uns ai fe ster ne connaissaient les Européens, face
sanxquels Fanimosité de ces dew nations de méme nature
devenait une guerze intestine et perdait tout son sens. Les
Buropéene étaient pleinement trangers, is a'Gtaient que
des ennemis, t leur prédominance ne pouvait en aucune
fagon flarer la fierté tibale des Chinois, alors qu’entre les
mins des Japonais ils voyaiet Je déliciewx appit du pan-
songolisme, qui justifait en méme temps a leuts yen
ce qu avait malheoreusement inélactable une européani
sation extérieure.
‘
ert ~ en confrmité avec Ie désit de Vempereus, qo s00-
haitait danner une cetaine homogéngité aux repréenta-
tions de routs les branches du chisaniame ~ d'admettre
au concle un certain nombre de leurs lair, connus pout
leur pide t eur dévouement aux intéatts de 'Eglise et
mTrois entretiens
ppuisque Yon admettit les las, on ne pouvait pes exclure
Te bas clergé,régulier ou séculier. De la sorte, le nombre
des participants au concle dépassa les trois mill, et prés
d'un demi-million de pileine cheétiens inondizent Jéru-
sleet toute Ie Palestine.
“Trois participants au concile se dstinguaient plus pas-
tioulitrement. Ly avait @’abord le pape Pierre IL qui, de
droit, diigesi la délégation catholique du concie. Son
prédécesscur était mort sar la route du concile, Un con
clave #était tenu & Dames et avait unanimement éla le
‘cardinal Simone Barioniai,® qui avait pris le nom de
‘Picere I, Tl était iseu da pewple et venait de Je région de
[Naples Tél illuseé comme prédicatenr de Vordve des
Carmes et avait luté avec beaucoup de mésite contre une
sectesatanique qui se développait & Saint-Pétersbourg et
dans Je région, dévoyant non seulement les orthodoxes
sais les catholiques. Nommé archevéque de Mohilev, pals
cardinal, il était @avance désigné pour la tare. Cétait un
hhomine d'une cinguantaine d'années, de taille moyenne et
de forte constitution, avec un visage rougeaud, un nez bus:
‘qué et dpa eourcils, De caractére vif et impétweox, il
ppatlait avec ardeur en faisant de grands gestes, et captivat,
ddevantage son auditoire qu'il ne le convainguait. Le now.
vyemu pape considérait avec méfiance et antipathie le mal-
tre de Tunivers, surtout depuis que le dunt pape, sur le
chemin du concile, avait e€dE aux instances de lempereur
fet nommé cardinal le chancelior d'empire et grand mage
universe, Pévéque exotique Apollonius, que Pierre consi-
“Alors, tel un clerge blanc, se leva le starets Jean, qui
sépondit avee dascest: « Sire! Ce que nous avons de plus
cher dans le christinnisme, Cest Je Christ Luiméme, de
‘Qui prostde toute chose, car nous savons qu'en Lui de-
‘eure corporellement route la plénitude de la Divinté
Mais de vous aussi, Sie, nous sommes préts & recevoit
tout bien, & condition seulement que nous reconnaissions
dans votre main généreuse la main saince du Christ, Quant
savoir ce que vous pouver faire pour n0Us, nous vous
‘épondroas feanchement: confessez ici et maintenant de
vant nous que Jésus-Christ est le Fil de Dieu venu dans
Tachait, quil et zessuscité et reviendra; reconmsisserLe,
‘eb nous vour recevrons avec emout comme authentique
précurseur de Sa seconde venue dans Ia gloire.»
Tse tut et fixa des yous le visage de Pempeteur. Ce
178
Court réit sur PAntcbrist
dernier ressentat comme un malaise. En Iui stat levée
cxtte méme tempéte infernale qu'il avait connue pendent
Ja nuit fatidique. Tout son équiibre intésieur ait boule-
versé, et toutes ses pensées étaient bandées pour ne pas.
perdze le contre exttieur de wi ni se tabir prématuse
‘ent. Il fit dee efforts suthumains pour ne pas se jeter
avec un hutlement sauvage sur son interlocuteur et se
‘mettre ile déchier & belles dents, Soudain, ilentendit la
voix venue ailleurs quill connaissit bien : «Taistl, et
re crains rien,» Tl garda le silence. Son visage glacé et
assombri se contracta seulement tout entier, t ses yeux
jettrent des étincelles, Pendant que pavait le starets Jean,
le grand mage faisit des sortes de manipulations’ sous
immense manteau tricolore gui recouvrait Ia pourpre car
dinalice. Son zegard concenteé langait des éclate et ses
levres remunient. Pat les fenétres ouvertes du temple, on
vit qu'un 6aorme nuage noir était approché, et bient®r
Vrobscutité régna pattout. Le starets Jean ne désourna
as ses yeux effarés du visage silencieux de T'erpereur;
soudain, horrifé, il se jete en arritre et, se retoumant,
s'écria dune voix étzanglée: « Mes petits enfants, 'Anté
christ!» Ace moment retentit un coup de tonnerze
sstourdistant, une énorme boule de feu jalic dans le tem
ple et recouvrit le staets. Pendant un instant tout fut
‘comme paral, et quand lee chrésiensassourdis repitent
leurs esprits le starets Jean gisait mort sur le sol.
Pile, mais calme, l'empereur se tourna vers Tassem-
Die: « Vous aver vu le jagement de Dieu. Je ne voulais,
Ja mort de personne, mais mon Pére des cicx venge son
fils bien-simé. Latfsie est régée, Qui va discuter avec le
‘TrbeHaut ? Secrétaires | noter: “Le concile cecuménique
de tous les chrétiens, aprés que le feu du ciel eut frappé
insensé qui Soppossir a la majesté divine, a reconnu a
11 Le start Joa repvend te pats de Pape Jean: «Tout epi
{ut conese Tne Chit ed Die, et txt ext aul ne com
{ese ps Sus fe pas de Din, sas steele Pasco (2)
‘os, mes pets enfants, sous es de Dia» (UFenn #4)
19‘Trois enretiens
‘Monanimité son chef et mattre supséme dans la personne
dde Vempereur tout puissant de Rome et de tout Tuni-
‘Soudain, une parole claie ex dstineve retentit dans Je
temple: « Contradictur.» * Le pape Pierre se Jevs, le
visage cramoisi, tremblant de colt, et brandit sa crosse
sen ditection de Yemperear: « Nous n'avons pour mattre
que JésutChrist, le File du Diew vivant. Et toi, ta as
nteada qui tu sia. Vade retro, fratricide Caln! Vart'en,
‘vse diabolique! Pat la puissance du Christ, moi, servi
tear des serviteuts de Dieu, je te jette pour toujours,
chien immonde, hors du jardin divin, et te temets & Satan
ton pire. Anathéme, anathéme, anathtme ! »
and it pa, earn age fiat fie
ment sous son manteau, et le tonnerre couvsit de sor
fracas le troisitme snathtme, Le demier pape s'écroula,
inanimé. « Ainsi péziront de la main de mon pire tous
mes ennemis», dit lempereur. «Pereant, pereant »,*
séctitent en tremblant los princes de I'plise, Il se re-
tourna, ef sortt lentement par les portes placées dertitre
Pestrade, appuyé sur Pépaule du grand mage et suivi dela
multitude des siens
‘Dans le temple, il ne restait plus que Jes deux exdavres
cet lecerele serté des chrétiens 2 demi morts de peur. Le
Seal 2 ne pas perdre la tte fut Je professeur Pauli. La
Eaycut des autres avait comme réveillé en lui route la puis-
sance de son esprit, Extériearement, il avai changé aussi:
son aspect était désormais majestuenx et inspiré. A pas
cides, il monta sut Vesteede, s'asst dla place d'un des
secoces Etat pit une eile de pier a mit 4
erie, Quand il cut fini, il ee Jeva ot ut & hacte voix:
Ghoite 4 Jéour Christ notre seul Sauveur. Le concile
tecuménique des Elise, assemblé a Jerusalem, aprés que
8 Cewasie cobjeoas: alloson &Tatitue €Hae de Pot
fi au concn pate 4)
Qui prea, gv plc
180
Const rite sur PAntébrist
rotre bienheureux frére Jean, chef de la chrétienté oien-
tale, # accusé le grand perfide et emnemi de Dieu dire
vétitablement PAntéchriet annoncé par 'Ecriture divine
et que notre bienheureux pire Pierre, chef dela chévienté
occidentale, 's défintivement exclu de VEglise dans les
formes et dens les regles, déeréve maintenant, devant les
corps de ces deux témoins du Christ marts pour Ia Vésieé,
gue 'on dot cesser tout rapport avec l'excommunié et son
abjecte troupe ets loigner dans le désert pour y attendee
Je retour certain de notre vrai Maltre JésusChrist.»
[Lrenthousiasme s'empare de la foul, et Yon entenditcrct
A voix forte: « Adveniat! Adveniat cito! Komm, Herr
Jesus, komm! Viens, Seigneur Jésus ! >"
‘Le professeur Paull écrvit encore quelgues mots et
ut: «Avant adopté a Penanimité ce premier et dernier
acte du demier concile cecuméaique, nous signons de nos
roms...» etl invite d'un geste Jee pervonnes aseembées
Toutes montizent en hite 2 la tribune et signérent. A Ta
fin, i signa enlarges lettres gotbiques : « Duoram defune
‘toruen testium Tocuns tenens Ernst Paul. »°® « Et mainte
rant, partons avec notre erche de la dernitre alliance! »,
dlitil, en désignant les deux défants.
‘On plage les corps sur des civitres. Lentement, en
chantant des hymnes latnes,allemandes et slavonnes, les
chrétiens se dirigtrent vers la sortie de Kharam ech Cheri
a, lecortége fut exx€ par un secrétaire Etat que lem
ppereur avait envoyé, escorté d'un officer et d'un détache.
ment de la garde, Les soldats #aréednent & Ventrée et le
secrétaire d'Btat lut du haut de la tribune: « Ordre de sa
_majesté divine : pour fare entendre raison au peuple chré
tien et le protéger des mauvais desscine de fauteurs de
troubles et de corrupteurs, nous avons jugés bon dexposer
ppabliguement dans la ue des chrétiens (Khareven Nasara),
A Pentege du temple principal de cette religion, nommé le
M6 Ot apm 20
Bourke dave taconite Ps
181Trois entretiens
Seint Sépulete, ou encore [a Résurrection, les corps des
deux sédtienx tus parle feu da ciel Ains,chacun pourra
se convainere quils sont bien morts. Quant a leurs disc:
ples qui, pat haine, ’obstinent A rejeter tous nos bienfats
et qui, dans leur folie, ne veulent pas voir les signes
grants envoyés par Ie Divinté elleméme, notte miséti
‘corde et notte intercession auprés du Pére des cieux leur
pargnent la mort parle feu eles quilsavaient mézitée
Tis jouissent comme auparavant de leu pleine libert, avec
toutefois cette restriction qu'il Ieur est interdit, pour le
bien de tous, de résider dans les ville et autres lewx habi-
‘Sy afin ln rouble i ne scien, pat eels
‘mensonges, Jes innocents et les simples.» Lorsqu’il eut
terming, buit soldats s'avanckrent, sur un signe de loft
clet, vets les corps sur les civitres.
“Que saccomplsse ce qui est écrit! », dit le profes:
seut Pauli, Et les chrétiens qui portaient les civitres les
remirent sane un mot aux soldats. Ces deriers soign’-
tent par la potte nord-onest, et les chrétiens, sorts par la
porte nord-est, quitterent en hite [a vill, ex se dirgtrent
vers Jéticho en loageant le mont des Oiiviers. Des gen
Garmes et deux régiments de cavalerieavaient auparavant
dlispersé les foules qui encombraient Is route. I fur déidé
de demeurer plusieurs jours sur les collines désertes qui
fvoisinent Jércho. Le lendemain mati, des peevins chré-
tiens amis vinrent de Jérusalem et racontérent ce qui
zat passé a Sion.
“Apres un déjeuner & la cour, tous les membres du con:
cile avaient 626 invite dans immense salle du tréne
“non loin de Vemplacement supposé du tr0ne de Salo-
‘mon ~ et Pempereut, #edzessant aux représentants de la
hiiratchie catholique, avait délaré que, dans inxérée de
Fglise, i fllat évidement lie sans tarder un digne
suocessear de Papbtre Pierre, que, vu les citconstances,
Pélection devait €xte prompte, que la présence de Pempe-
eur, chef et repiésentant de la chrétienté tout entre,
ccompensnt largement les entorses faites auzitoel, et qu'au
182
Court réit sur PAntdchrse
nom de tous les chrétiens il propossit au Saeré College
élite ron ami et frére bien-aimé Apollonius, afin que
leur liens étroits rendissent Punion de PEglise et de Etat
seid ino, dae Tint de ue comme de
autze
TLe Sacré Collige s'éait setieé en conclave, et une
heute et demic aprés en éait resort avec le nouveau pape
Apollonius. Pendant le soratin, Tempezear avait exhorté
avec douceur, intelligence et éloquence les représentants
lorhodaxes et zéformés & faire censet leurs velles que
relles dans Voptique de Vere grandiose de Vhistoire chré
tienne qui Sannongait, et leur avait donné sa parole
qu’Apollonius sauraitabolic dfintivement tous les abus
de Pautorité papale que Thistoire a connus. Convaineas
par ce discouts, les représemtants de orthodoxie et di
protestantisme établient un acte d'union des Eglises, et
Ggaand Apollonius et les cardineax apparurent dant la
salle, salu par les cris de joie de Passemblée entire, un
archevéque grec et un pasteur protestant inf remirent leur
papier. « Acciio et approbo et latificatur cor meu »,"*
dt Apollonius en signant le document. « Jesus tout aussi
vétitablement orthodoxe et tout aussi vétitablement pro
testant que je suis véritablement catholique», ajoatatil,
cen donnant un baiser d'amitié au Gree et & P'Allemand
Pais il vapprocha de Pemperear, qui Pembrass et le tint
longtemps serré contre lui
Pendant ce temps, des sortes de_poiats Inminew
‘*€eaient mis 4 creer en tous sens dans le palais et dans
Je temple; ils grandirent et se transformérent en etzes
iranges aux formes brillantes ; des fleurs, elles qu'on
fen avait jamais vu tur tere, tombérent du cel, emplis-
sant Pir d’on parfum inconna. Dans les hauteurs reen-
tlrent des instroments de musique aux sons ravissants
qu’on alavsit jasqu’a présent jamais entendss, qui vous
allaient droit au coxa et vous susissaient. Les voix angé
16 sect, fapprome, et mes cr jb
183,‘Tois entrtions
liques de chantres invisibles célébraient les louanges des
nouveaux maftres de la terre et du cel. Sur ees entefsites,
tun effroyable grondement soutezrsin se fit entendre &
angle nord-ouest du palais du milieu, sous Koubbet-!
Aruach, cestadize La coupole des dmes od se trouve,
telon la tradition musulmane, Yentrée des enfere: Quand
Pessemblés, invitée par Yempereur, se mit en marche
dans cette direction, ous entendirent clairement d’innom-
brables voix gréles et percantes ~ 2 la fois enfantines et
isboliques ~ qui sexclamaient: « Lheure a sonné, libé-
reznous, sauveurs, savveurs!» Mais lorsque Apollonius,
secollant au rocher, eut crié pat tois fos, en direction de
Ta terze, quelque chose en une langue inconnue, les vais se
turent ct le grondement eouterain pit fn,
‘Entre-temps, une foule innombrable avait entouré Khe-
ramechCherf, de tous cbtés. Ala nuit tombente, lempe
rear, accompagné du nouveau pape, soztit sue le perron
est et souleva une «tempéte d'enthousiasme », Tandis
qu'il sinclinait affablement dans toutes les directions
Apollonius puisait sans cess, dans de grands paniess que
J apportaient des cardinau-dicres pour en sortir de ma
gnifigues chandelles romaines, des fusées ct des fontaines
‘de feu quil etait en P's, apres qu'elle se furentallumées
au contact de ses mans, et qui tantbt devenaient semble-
bes & des perles phosphorescentes, tant0t prensient des
tons vifs et ists. Bt rout cela, en touchant Je sol, se trans-
formait en innombrables fevilies mulsicolores avec des in
ulgences plénites et inconditionneles pour tous les pé-
chés passés, présents et 3 venir." La liesse populate était
son comble, Certes, 'aucuns affirmaient bien avoir vu
de leurs yeox les indulgences se tranformer en bideox
ceapaucs et serpents. Nésnmoins, la grande majorite était
enthousiaste, et les séouissances se prolongtrent encore
plusieurs jours, au cours desquels le nowveau pape thaw:
1 Voir eget it de ce page dan a pete. (VS)
1a
Court rie sur PAsaécbrist
saturge en vine &accomplis des prodiges ai étonnants et si
incroyables qu'il sezait bien vain de les rapporter.
Pendant ce temps, sur Jes hruteurs déseriques de Jéri-
cho, les chrétiens s'adonnaient au jene et @ la pritre. Aw
soit du quatritme jour, quand Pobscurité fut tombée, le
professeur Pali pénétra dans Jérasalem avec neuf compa
‘gnons montés sur des anes et avec une charrette. Par les
rues lxérles, ls contournérent Kharam-ech Cherif, ate:
anirent Kharer-en-Nassara, ets approchérent du porche de
Véglise de Ia Résurrection, sur le parvis de laquelle g-
sient les comps du pape Pierre et du starts Jean, A cette
heute, les rues aient désrtes car toute la ville était pat
tie A Kharam-cch-Cherif. Les soldats de garde dormaient
'un sommeil profond. En prenant les corps, on les trouva
parfaitement intacts. Ts n’éaient pas mfme aides i
Slourdis. Les hommes les posérent sar des brancards, les
recouvtirent de mantesux quils avaient apportés et, em
pruntant les mémes déours, revinrent parm les leurs.
is A peine avaientils repoxé les brancards & tere
que Pesprit de vie revine dans les mors. Is se mirent &
Douger et & essayer de rejeter les mantesux qui les enve
loppsient. Tous leur vintent en aide aver des crs de joie,
ct bientét les deux hommes revenus & la vie forent sor
pied, sains et saufe. Le starets Jean, quand il ext recouvré
la wie, dit « Voyer-vous, mes petits enfants, nous ne nous
‘:ions pas s€parés. Voil done ce que [ai vous dite main
tenant? Dheare est venue d'exavcer Ia dernitze pritre da
Christ, qui a demandé que ses disciples fussent un comme
Test un avee le Pere. Pour cette unité du Christ, mes
petits enfant, révérons notre frre bien-aimé Pierre. Qu'il
prisse dorénavant Jes brebis du Christ. Allons, mon
frre! » Er il embrasea Pierre
Alors le professeur Peuli 'approcha : « Tu es Petrus,
lara au pape « Jets it es ja gritndlich erwiesen und
ausser jedem Zoeifel gesetc.»' Et il lui serra vigow
18 Desormas est odementproweé et sas Fombre fun doute
185Trois entretiens
reusement la main, tandis qu'il tendat la main gauche au
sarets Jean avec ces mots: «So also, Vaterchen, mar sind
‘wir ja Eins in Christo. »* Ainsl fut réalisée Tunité des
Eplses, pa une nuit sombre, en un lieu solitaire et éevé.
‘Mais Fobscurté de la nuit fut toudain dispersée par une
umitre éelatante, et un grand signe apparut dans le ciel
tune femme, véeue de soleil, avec la lune sous ses pieds et,
sur tte, une couronne de dovze étoiles.*® L’apparition
ddemeuta sur place quelque temps, pus se déplaga dovce-
ment vers le sud. Le pape Pierze souleva sa crose et s'ex-
lama: «Void notre étendard. Suivonsle!» Et i parti,
ddans la direction de apparition, accompagné des deux
vieillards et de toute la foule des chrétens, vers la mon-
tagne de Dieu, Ie Sinai
(eile lecteur sarrtta.)
La awe. ~ Pourquoi ne continuez-vous pas ?
Mz. ~ Mais parce que le manusezit ne va pas plus loin.
Le pare Pantophius n'a pas eu le temps de terminer so
histoire. Dga melade, il m’a raconté ce qu'il voulait ea-
‘core éetire « ds qu'll erat guéti ». Mais il ne sest pas
emis, et la fin de son histo est enterrée aver Tui au
‘monastére Saint-Daniel
La pave. ~ Mais, aest-ce pas, vous vous souvenez de
ce quil vous « dit alors, racont=zle-nous
2. —Jene men souviens gue dans ls grands lignes.
Aprés que les chefs sprituls et le représentants du chis-
tlanisme te furentGloignés dans le désert d'Atabie, od de
toutes patts affluaent vere eux des multitudes de fidbles
aélaters de la Vérit, le nouveau pape put sans encombre
pervertit par ses miracles et ses prodiges insoites tous
2 Alot dove, pet pe, nos wo un em Ch.
2 Gate spartion, foc alr,» tos ous apt econ,
{eit ie sete, jour ob tbe ethene te ste a=
{Sie Soph Pour Sooner, a femme ntne se soa do TAFoee
Bae et dan au In Sop, Is Sagas ne
186
Conre bce sur VAnsbebrist
les auttes, tous ces chrétiens superficiels qui sYevaient pas
4 désillusionnés sur le compte de PAntéchtist. Il fit st
‘ir que, déventeur du pouvoir des clés, il avait ouvest les
porter qui séparaient le monde terrestre de Taurdeld et,
cffectivement, les relations entre vivents et mors, ainst
aqentre homies et démons, devinrent chose courante. La
ébauche mystique et la démonolitrie prirent des formes
nouvelles et inouies. Mais 2 peine Pempereur sétitil ru
solidement érablt sur le terrain religieux et ¢étaitil pro
clamé, sur les injonctions de 1s mystércuse « voix du
Pere, seule incarnation véritable dele Divinité supséme
de univers ~ qu'un malheur s'abattit su Ini, sorprenant
tout le mone: les Jufs se soulevérent. Cette nation, qui
comptait alors prés de trente millions d'individus, n'ézait
pps tout a fait étrangbze& ce ul avait prépazé et consolidé
Te suceds universel du suthomame. Quand done il sit
installé & Jérualem, entretenant seeztement dans les mi-
Tieux juifs des brats selon lesquels son but principal ait
instauzer Je rtgne universe] d’Tsral, les Juifs Pavaient
reconnu comme le Messe, et le dévouement enthousiaste
quills kui montraient ne connur pas de limites, Et voilk
‘qu'ls se soulevaient soudain, pleins de colare et assoiffés
de vengeance. Ce retournement, incontesablement prédit
par I'Eeriture comme pat la Tradition, le pare Pansophius
Te présentait peat-2ire avec trop de simplisme et avec un
ralisme exagésé. En effet, les Jails, qui croyaient que
Pempereur éeit un des leurs et un parfait irae, décou-
vient pat hasard qu'il nit pas mémecirconcis. Le jour
mime, tout Jérusalem, et, I lendemain, route le Palestine,
se soulevtrent, Le dévouement ardent et sans bores des
Juifs au sauveur Q'Tstaél et au Messe espérés'éait trans.
Tormé en une haine tout aussi ardente et infinie a Pégard
du perfide trompent et de Vinsolent imposteur. Toat le
peuple juif se souleva comme un seul homme, et ses enne-
‘mis virent avee stupeur que [ime d'Tetal, en son sé
fonds, ne vit pas des caculs et de Pavidté de Mammon,
ais de la force d'un sentiment profond, qui est espe
17Trois entretions
rance et le courroux propres a sa foi messianique éter
nelle. Sarptis par cette explosion, 'empereur perdit conte:
‘ance et fit paraitre un édit qui condamaait & mort tous
Jes Juils et chrétiens insoumis. Cou qui n'avaient pas eu
Je temps de sarmer forent massacrés sans pit par miliers
ft par diznines de millers. Mais bient6t une azmée dun
million de Juifs tempara de Jérusalem et blogua VAnté
christ dans Kharam echCherif. Il ne dispossit que d'une
partie de la garde, qui ne pouveit vaincre la masse enne-
mie. Avec side de Tart magique de son pape, Yempereur
pervint & taverser les rangs des asiégeants, et bientOt il
éapparut en Syrie 4 latte d'une armée innombrable de
ppalens de toutes tibus
Les Juifs Savanctrent & ea rencontre, sant grandes
chances de suects. Mais peine les avant-gardes des deux
armées étaient-lles au contact qu'il se produit un trem-
blement de terre d'une puissance inoule: sous la mer
Morte, pres de laquelle s'étsient disposées les. troupes
Impérieles, 'ouvst le cratire d'un énorme volcan, et des
torrents de feu qui se fondaient en un grand lac de flam-
mes engloutirent Pempereur, avec ses multitudes de sol
dats, ainsi que son insép
Tonius, dont tout
temps, Jes Juifssétaent enfuis en direction de Jérusalem,
Jnvoquant le secours du Dieu dTsradl avec crane et trem.
blement. Ils étsient déji en vue de la Ville saince quand,
dans un éclai, le cel rouvet de !Orient & fOcciden, et
iy virent le Christ descendte vers eux dane sex habits
royanx, avec les plaies des clous sur ses mains écartées,
En méme temps, la troupe des cheétiens conduits par
Pierre, Jean et Paul, avangait du Sinat vers Sion, et. de
divers cGnés acconraient vers eux d'autres foules enthou
slastes: @'étaient tous les juifs et les chuétiens exécurés
par PAntéchrist. Ils avaient repris vie, et régndeent avec
Je Christ pendant mille ans
Cest ainsi que le pere Peosophius voulat terminer son.
réeit, dont le sujet n'ésit pas Ia catastrophe générale de
188
(Court vécit sur VAntbbrise
TTunivers mais seolement le dénowement de notte proces
sus historique, dénouement dont les éléments sont I'=pps-
ition, la glorification et la chute de PAnaSchrist.
‘Luo rourriqus. ~ Et vous pensez que le dénove
ment est si proche ?
2. ~ Oh, ily aura encore beaucoup de bavardage et
agitation sur la setne, mais la pice tout entire est de-
puis longtemps rie jusqu’au bout. Niles spectateuts ni
Jes acteurs n’y peuvent rien change.
‘La pau. ~ Mais quel est, finalement, le sens de ce
ddrame ? Et puis, tout de méme, je ne comprends pas pour
quoi votre Antéchrist déteste Dieu 8 ce point, tout en:
ézant essenticllement bon, pas méchant.
2, — Justement il ne Test pas essentiellement. Tout
est Ih. Er je retire ce que favais dit en annoagant qu’ on
rexplique pas 'Amtéchrist 4 coupe de proverbes >. IL
sexplique tout entier par un seul proverbe, bien simple
Grillers : « Tout ce gui brille n'est pas or». Gere contre-
fagon du bien a sutant de brillant que Pon veut, mais de
elle, point.
icérat. — Remarquez aussi sur quel spectacle
tombe le rideau de ce drame historique: sur celui de la
guerre et du heurt de deox armées! Ainsi done notre
centretien finit par o il a commencé. Qu'en dites-vous,
prince 2... Bon sang! od done est le prince ?
Lino rouirigus. ~ Comment, ne Paviervous pas
remarqué ? Tl flé en douce & Vinstant pathétique of Te
starts Jean avait acculé VAntéchrist su mur. Sur le m0:
‘ment, je n'ai ps vouln interrompre le lectate, et ensuite,
a mest sorti de Pesprit.
‘Le ciénat, ~ Ila fui, parbleu ia fui pourla seconde
fois, Es pourtant, i esayait de prendre sur Iai, Mais B, i
lait pas de force. Seigneur!‘Table des matitres
Préface de Vanteur
Premier entretien .
Deasitme entretien
‘Troisitme entretien
(Cour réie sur PAntéchrist 2.2.
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