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Lésions Et Hernies Congénitales Du Diaphragme
Lésions Et Hernies Congénitales Du Diaphragme
Assurant à la fois le rôle de muscle respiratoire principal et celui de cloison étanche séparant les cavités
thoracique et abdominale, le diaphragme comporte des points de passage pour les organes
thoracoabdominaux et des points de faiblesse. Les ruptures traumatiques du diaphragme et les hernies
congénitales exposent à des troubles de la fonction respiratoire par une perte du cloisonnement et un
déséquilibre du gradient de pression préexistants. L’aspiration brutale ou progressive des organes
abdominaux dans le thorax est ainsi une potentialité commune à ces deux types de pathologie. Les
manifestations cliniques bruyantes cardiovasculaires, respiratoires ou digestives s’observent surtout dans
les causes traumatiques, tandis que les séquelles traumatiques et les hernies congénitales de l’adulte
restent longtemps quiescentes. C’est alors sur la découverte d’anomalies basithoraciques qu’il faut leur
attribuer une origine traumatique méconnue ou une origine congénitale. L’imagerie en coupe en phase
quiescente, mais aussi dans les formes aiguës, bénéficie de l’importante évolution technologique que sont
les scanners hélicoïdaux multibarrettes par une meilleure résolution, de meilleures reconstructions et une
plus grande rapidité d’acquisition des images.
© 2005 Elsevier SAS. Tous droits réservés.
Plan
¶ Embryologie 1
1
¶ Anatomie descriptive 2
Centre tendineux 2
Insertions musculaires périphériques 2 2
Orifices diaphragmatiques principaux 2 3 6
6 5
¶ Anatomie radiologique 2 4
Radiographies du thorax 2
Échographie 2
Tomodensitométrie (TDM) 2
Imagerie par résonance magnétique (IRM) 2
¶ Lésions traumatiques du diaphragme 3
Mécanismes des lésions traumatiques du diaphragme 3 Figure 1. Embryologie du diaphragme. Phase intermédiaire. 1. Septum
Lésions anatomiques 3 transversum ; 2. veine cave ; 3. œsophage ; 4. aorte ; 5. méso œsopha-
Diagnostic clinique 4 gien ; 6. replis pleuropéritonéaux.
Imagerie 4
¶ Hernies congénitales du diaphragme 8 thoracique. Son organogenèse entre les quatrième et septième
Hernies postérieures ou de l’hiatus costolombaire 8 semaines de vie embryonnaire rend compte de l’existence de
Hernies antérieures 8 points de faiblesse, qui sont les lieux de prédilection des brèches
congénitales et acquises. [1] Il provient de quatre structu-
¶ Conclusion 10 res (Fig. 1) : le septum transversum, les membranes pleuropéri-
tonéales, le mésentère œsophagien dorsal (ou méso-œsophage)
et les parois latérales.
■ Embryologie Le septum transversum issu du mésoderme est l’élément le
plus important. Il apparaît entre les vingt-quatrième et vingt-
Le diaphragme est une paroi musculotendineuse qui sépare la septième jours de vie embryonnaire, sous forme d’une épaisse
cavité coelomique de l’embryon en deux cavités : abdominale et plaque s’insinuant entre la cavité péricardique et le pédicule de
la vésicule vitelline, laissant persister en arrière un orifice entre L’insertion de la partie latérale chondrocostale se fait d’une
les cavités thoracique et péritonéale : les gouttières pleuropéri- part sur la face médiale des six derniers arcs costaux et des
tonéales droite et gauche. Elles dérivent de l’expansion des cartilages costaux correspondant par six digitations charnues,
cavités pleurales, et sont fixées à la paroi en arrière et en dehors. d’autre part sur la convexité des trois arcades aponévrotiques
Durant la sixième semaine, leurs bords libres fusionnent intercostales latérale, moyenne et médiale. L’arcade médiale est
médialement avec le méso-œsophage et ventralement avec le aussi appelée ligament arqué latéral, ou ligament cintré du
septum transversum. De la neuvième à la douzième semaine, les diaphragme, ou arcade du carré des lombes ; elle unit l’apo-
cavités pleurales envahissent les parois latérales du corps du physe transverse de L1 au sommet de la douzième côte.
fœtus et forment ainsi les sinus costodiaphragmatiques.
Orifices diaphragmatiques principaux
Ils sont au nombre de trois. L’orifice aortique, ostéofibreux et
“ Point fort
inextensible, est situé en avant de la colonne vertébrale à
hauteur de T12, en arrière du ligament arqué médian ; de forme
ovalaire, il s’étend jusqu’en L2 et constitue la voie de passage
Embryologie schématique du diaphragme de l’aorte, du canal thoracique et des veines azygos. L’orifice de
Origine mésoblastique la veine cave inférieure, fibreux et inextensible, est situé à 2 cm
à droite de la ligne médiane à l’union des folioles antérieure et
Fusion du septum transversum (futur centre phrénique) et
droite dans le centre tendineux ; il contient la veine cave
des membranes pleuropéritonéales inférieure et un rameau du nerf phrénique droit. L’hiatus
Muscularisation à partir de fibres d’origine pariétale œsophagien, musculaire et contractile, se trouve à hauteur de
Piliers issus du méso œsophagien T10, à gauche de la ligne médiane, 2 cm au-dessus de l’hiatus
aortique ; ses bords sont formés par les faisceaux œsophagiens
droit et gauche du pilier droit ; il est traversé par l’œsophage, les
nerfs vagues et sympathiques, et des vaisseaux œsophagiens.
■ Anatomie descriptive
Le diaphragme correspond à une voûte musculotendineuse ■ Anatomie radiologique
dont la partie dorsale est verticale, la partie ventrale horizontale.
C’est un muscle strié squelettique comprenant une partie
centrale tendineuse, le centre phrénique, et une partie périphé- Radiographies du thorax
rique musculaire. Il sépare le thorax de l’abdomen en ména- De face et de profil, du fait de son orientation, de sa faible
geant des orifices pour l’aorte, la veine cave et l’œsophage. épaisseur et de sa tonalité hydrique, le centre phrénique ne peut
être individualisé entre le cœur et le foie. L’aspect de la partie
Centre tendineux latérale des coupoles dépend de l’incidence, du temps respira-
toire, de la position du sujet et du niveau de centrage du rayon
Il ne dépasse pas 3 mm d’épaisseur et a une forme de trèfle à
directeur. [2] Le diaphragme peut être directement visible quand
trois folioles : la foliole antérieure sur laquelle s’insère le
il est silhouetté sur sa face thoracique ou abdominale par des
péricarde fibreux, et deux folioles latérales droite et gauche, à
structures de densité aérique ou graisseuse. [3]
grand axe oblique en arrière et en dehors. À l’union des folioles
droite et antérieure se trouve l’orifice cave inférieur, à hauteur
des huitième et neuvième vertèbres dorsales. Échographie
Le diaphragme se présente comme un liseré hyperéchogène
Insertions musculaires périphériques courbe s’abaissant en inspiration, qui correspond à la somma-
Elles se répartissent en trois portions charnues de 10 mm tion du diaphragme, des feuillets pleuraux, de la capsule
d’épaisseur : en arrière, elles s’insèrent sur le rachis par l’inter- hépatique et de la graisse péridiaphragmatique. [4]
médiaire des piliers du diaphragme et forment la partie lom-
bale ; en avant, les fibres s’insèrent sur le sternum et Tomodensitométrie (TDM)
latéralement sur les côtes, formant la partie chondrocostale.
Les piliers droit et gauche, portion lombale du diaphragme, Les deux folioles du dôme présentent une densité de type
issus du bord postérieur de la foliole antérieure, s’insèrent sur le musculaire, les contours étant identifiables grâce au contraste
bord antérolatéral des premières vertèbres lombaires et des aérique des bases pulmonaires. Le centre phrénique est situé
disques intervertébraux adjacents, de L1 à L3 pour le pilier au-dessous du cœur, en connexion avec le péricarde. Les
droit, de L1 à L2 pour le gauche. attaches antérieures sont des zones curvilignes fines séparant les
Les deux piliers quittent le contact vertébral en se portant structures abdominales du poumon. La visibilité du muscle est
ventralement et crânialement pour se rejoindre sur la ligne possible lorsqu’il est cerné de graisse de part et d’autre (Fig. 2).
médiane et former un cintre aponévrotique, le ligament arqué La TDM permet de définir l’espace inframédiastinal postérieur
médian qui délimite avec le rachis l’orifice aortique. Des trois compris entre les corps vertébraux de la jonction thoracolom-
faisceaux constitutifs du pilier droit, seuls les faisceaux médiaux baire, les piliers du diaphragme et un plan passant par les deux
ou faisceaux œsophagiens droit et gauche délimitent l’hiatus récessus inférieurs de la plèvre. C’est un lieu de passage et de
œsophagien. Le troisième est le faisceau principal latéral. Il diffusion entre le médiastin et l’espace rétropéritonéal. Des
existe parfois un hiatus costodiaphragmatique (ou foramen defects diaphragmatiques sont fréquents en postérolatéral, plus
costolombaire, ou trigone lombocostal) entre la partie latérale souvent gauche (Fig. 3). Les reconstructions multiplanaires dans
des piliers et l’arcade la plus médiale de la partie costale du les conditions d’isotropie concourent à la création d’images
diaphragme. C’est une voie de communication entre les espaces frontales et sagittales de grande qualité. L’appréciation du
sous-pleural et rétropéritonéal, par laquelle se font les hernies de diaphragme est ainsi possible dans les trois plans de l’espace.
Bochdalek.
Les fibres musculaires de la partie antérieure sternale s’insè- Imagerie par résonance magnétique (IRM)
rent ventralement, sur le processus xiphoïde, en un ou deux
faisceaux séparés par un espace avasculaire médian, la fente de Le diaphragme est en hyposignal T1 et T2 par rapport à la
Marfan. Ces insertions restent séparées des parties latérales graisse adjacente, les coupes sagittales et frontales permettent
costales par un orifice triangulaire, l’hiatus sternocostal ou d’étudier les piliers et leurs insertions rachidiennes. Il est
costoxiphoïdien, ou fente de Larrey. Dorsalement, la partie possible d’obtenir des coupes en apnée, grâce aux séquences
sternale s’insère sur la foliole antérieure. rapides en écho de gradient, ou en écho de spin rapide avec
Traumatismes fermés
Le mécanisme est habituellement l’hyperpression intra-
abdominale qui provoque une déchirure des coupoles. Quand le
siège du traumatisme est thoracique, par déformation de
l’orifice inférieur du thorax, c’est alors l’hyperpression intratho-
racique engendrée qui peut entraîner une rupture ou une
désinsertion. Un impact latéral sur le thorax, plus qu’un impact
frontal, génère une déchirure du diaphragme du côté de
l’impact. Les déchirures pleurales et péritonéales sont
constantes.
Plaies pénétrantes
La brèche étant moins large que dans les traumatismes
fermés, elle expose davantage les viscères herniés à la strangu-
lation et à la gangrène. On en rapproche le cisaillement des
points d’insertion périphérique par un fragment costal fracturé.
Par arme blanche, le point d’entrée est plus souvent thoracique
qu’abdominal. Sa plus grande fréquence est à gauche, l’agresseur
droitier faisant face à l’agressé. Par arme à feu, la porte d’entrée
se situe aussi bien à droite qu’à gauche.
Une origine iatrogène est possible par incision chirurgicale ou
Figure 2. Anatomie du diaphragme en tomodensitométrie. Coupes de drain.
8 mm. Le muscle est bien visible, cerné par la graisse.
A. Partie périphérique antérieure (flèches).
B. Attaches chondroxiphoïdiennes (flèches).
Lésions anatomiques
C. Piliers (flèches). Lésions du muscle
Elles peuvent intéresser les coupoles, les insertions phréno-
acquisition d’un demi-plan de Fourier (half Fourier acquisition costales ou les piliers. Les ruptures de coupole sont les lésions
single shot turbo). Mais il persiste souvent des artefacts d’origine musculaires les plus fréquentes. Bilatérales dans moins de 5 %
cardiaque. des cas, elles siègent à gauche le plus souvent. [6] Le trait de
rupture est simple, de 5 à 15 cm, et peut s’étendre dans un
■ Lésions traumatiques deuxième temps. La plus grande fréquence des ruptures gauches
est attribuée à la robustesse de la coupole droite, au rôle
du diaphragme protecteur du foie qui peut amortir les pressions transmises et
obturer la brèche diaphragmatique.
Elles atteignent l’adulte jeune (âge moyen compris entre 30 et À gauche, l’angle colique et la poche à air gastrique transmet-
40 ans). Elles sont retrouvées dans 5 à 10 % des laparotomies tent les pressions exercées sur la paroi abdominale, exposant
vers le thorax. De même, chez un patient sous ventilation est possible. Comme à gauche, on peut retrouver des signes non
assistée et curarisation, il peut y avoir réduction temporaire de spécifiques d’épanchement pleural liquide ou gazeux, de
la hernie diaphragmatique. [11] Il faut savoir répéter les clichés, troubles ventilatoires.
la rupture pouvant se matérialiser dans un deuxième temps. Cas particulier. En phase aiguë, quand coexistent un pneu-
mothorax et un passage intrathoracique de tube digestif
Résultats pneumatisé, il existe une pariétographie du tube digestif hernié.
À gauche, les éléments morphologiques qui permettent le Sensibilité. Selon Gelman, à gauche le diagnostic de rupture
diagnostic radiologique sont les signes de luxation intrathoraci- diaphragmatique peut être porté sur les clichés précoces dans
que du tube digestif aéré : clartés aériques ou hydroaériques en 46 % des cas, fortement suspecté sur 18 % ; des clichés secon-
situation intrathoracique, dont les contours et/ou le relief dairement réalisés ont mis en évidence les signes sur les 11 %
interne évoquent le plissement gastrique, ou les haustrations des cas dont les clichés initiaux étaient normaux. À droite, seuls
coliques. Souvent, les signes sont indirects et non spécifiques : 17 % des cas ont été reconnus sur les radiographies. [12]
surélévation apparente de la coupole, avec profondeur asymé-
trique des sinus diaphragmatiques médial et latéral, refoulement Échographie
médiastinal, trajet anormal en « J inversé » d’une sonde œso-
Technique
gastrique. Ces signes s’intriquent alors avec les signes péri-
diaphragmatiques associés du traumatisme thoracique ou Elle est difficile en phase précoce sur un traumatisme grave,
abdominal : épanchement pleural, troubles ventilatoires des car incomplète du fait des conditions cliniques de détresse et
bases, signes de contusion thoracique, et contribuent à la des autres lésions pariétales.
difficulté du diagnostic de rupture.
Résultats
À droite, le foie s’engage plus ou moins dans la brèche
diaphragmatique. Un passage massif s’exprime par une opacité Le diagnostic échographique est donné par l’interruption du
homogène basale droite, alors qu’un passage partiel détermine liseré hyperéchogène du diaphragme. Mais il est difficile à
l’aspect en champignon avec la zone du collet correspondant à mettre en évidence. La portion sternale du diaphragme n’est
la zone de rupture. Un risque important de striction hépatique habituellement pas visible sur une échographie normale. La
portion de diaphragme que l’on peut étudier en échographie également améliorée, mais la visibilité d’un defect diaphragma-
dépend de la surface qui peut être explorée perpendiculaire à la tique sans hernie du contenu abdominal en intrathoracique
sonde pendant le balayage. Cette condition est sous la dépen- peut être mal identifiable sans une recherche très attentive. [15]
dance de la taille du foie et des possibilités du patient d’abaisser Elle bénéficie de l’apport des reconstructions frontales et/ou
son foie en inspiration profonde, impossible à réaliser sur un sagittales.
polytraumatisme. [13]
À gauche, les anses digestives à travers le diaphragme peuvent Résultats
être mises en évidence par leurs mouvements browniens. La TDM en balayage hélicoïdal a amélioré les possibilités
L’examen échographique peut alors compléter utilement un
diagnostiques des lésions traumatiques chez le polytrauma-
cliché radiographique non contributif (non-pneumatisation
tisé. [16] L’introduction des machines multibarrettes améliore la
digestive sous forme d’une opacité basale thoracique). L’explo-
détection des déchirures du diaphragme. Plusieurs éléments
ration échographique recherche également des signes de
contusion ou de rupture de la rate. permettent le diagnostic. [17]
À droite, la striction du foie dans la brèche est recherchée. La brèche diaphragmatique est visible sous forme d’interrup-
L’étude de l’échostructure hépatique normale ou contuse est un tion de l’arche des coupoles. Dans les cas favorables, les bords
des éléments du bilan préchirurgical. de l’orifice et leur écartement peuvent être observés. Lorsque la
Pour certains auteurs, l’échographie, du fait de son manque rupture se situe proche des insertions costales, elle est plus facile
de sensibilité, est un examen inutile. [14] à diagnostiquer. Pour des brèches plus larges, il a été décrit le
signe de l’« absence de diaphragme ».
Tomodensitométrie Les organes herniés peuvent être le siège de striction en
Technique regard de la déchirure. C’est le signe du « collet ». À droite, ce
signe peut apparaître comme une indentation du foie. L’analyse
En quelques années, les avancées technologiques ont permis en est facilitée sur les reconstructions frontales et sagittales
de passer de l’acquisition séquentielle coupe par coupe à (Fig. 6C).
l’acquisition volumique d’un empilement de coupes. L’augmen-
Le passage des éléments abdominaux se reconnaît à leur
tation de la vitesse de rotation des machines améliore le temps
position anormale par rapport au diaphragme. Quand la brèche
d’acquisition, réduisant ainsi tout ou partie des artefacts de
mouvements. L’isotropie (qui qualifie les images dont les diaphragmatique est postérieure, les structures herniées sont
dimensions du voxel sont égales dans les trois plans) est une soulignées par la graisse du rétropéritoine. Une faible quantité
avancée des scanners hélicoïdaux multibarrettes par rapport aux de graisse autour des organes intrapéritonéaux ascensionnés
simples barrettes. Il est possible d’acquérir des coupes fines ou rend difficile le diagnostic de hernie. C’est alors que leur
très fines en fonction de la taille et de la collimation des présence au-dessus et/ou en dehors de la position normale du
détecteurs. Les reconstructions dans les conditions d’isotropie diaphragme a une grande valeur diagnostique. Lorsque la
concourent à la création d’images multiplanaires de grande brèche intéresse le centre tendineux, l’omentum et le côlon font
qualité. L’appréciation du diaphragme est ainsi possible dans les hernie dans le sac péricardique. [18]
plans frontal et sagittal. Ces conditions technologiques renfor- Avant la migration évidente des organes abdominaux vers le
cent la résolution spatiale. La résolution en contraste est thorax, le viscera dependant sign est à rechercher. Le diaphragme
“ Point fort
d’une même technique, celles des paramètres utilisés. Gale en
retrouve 100 fois plus en TDM qu’en radiographie standard
(6 % contre 0,06 %) sur des coupes séquentielles jointives de
En pratique 1 cm d’épaisseur. Dans cette étude, la prévalence droite et
La stratégie d’imagerie est conditionnée par l’état gauche est respectivement de 65 % et 35 %. [24] Les hernies
bilatérales sont réputées rares.
hémodynamique stable ou instable du patient, les
possibilités d’accès rapide à un plateau technique adapté. Radiographies thoraciques
La TDM multibarrettes est actuellement l’élément clé en
Elles peuvent être normales lorsque la hernie est peu impor-
phase aiguë d’un patient stabilisé, permettant un bilan
tante, le diagnostic étant fait lors d’un examen TDM sur une
minutieux des lésions traumatiques dans un délai pathologie thoracique ou abdominale. Lorsque la hernie est
d’acquisition court. En situation moins critique, l’IRM peut volumineuse, elle s’inscrit de face par une opacité homogène
apporter une contribution concurrentielle et non au-dessus du bord interne de la coupole (Fig. 10). En raison de
irradiante. sa tonalité graisseuse, elle n’efface pas la limite de la coupole,
surtout à gauche. À droite, elle est plus difficile à percevoir
6 6
7 1 7
3
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5 5
à la partie supérieure du diaphragme ; la localisation caractéris- droite et sont appelées hernies de Larrey, hernies de Morgagni-
tique à la partie postéromédiale de la coupole (Fig. 10) ; la Larrey ou hernies rétro-costo-xiphoïdiennes.
discontinuité de la ligne tissulaire du diaphragme adjacente ; la
continuité et la congruence des densités sus- et sous-jacentes au Clinique
defect. Le rein, la rate, le foie ou le tube digestif y sont moins Alors qu’elles sont le plus souvent asymptomatiques chez
souvent présents. l’adulte, les hernies symptomatiques représentent habituelle-
En scanographie séquentielle, Gale les classe en : petites, ment un facteur de comorbidité dans un contexte de pathologie
quand elles sont perceptibles sur une ou deux coupes successi- cardiovasculaire ou néoplasique. [26] Dans ces formes sympto-
ves ; moyennes quand elles sont vues sur trois ou quatre coupes matiques, des douleurs épigastriques augmentées par le décubi-
adjacentes ; grandes au-delà de cinq coupes. En scanographie tus dorsal, des nausées et vomissements ont été retrouvés. Une
hélicoïdale, la moindre anomalie peut bénéficier de reconstruc- douleur thoracique basse ou une dyspnée peuvent être les signes
tions sagittales et frontales (Fig. 11). d’appel. Plus rarement, elles se révèlent lors d’une complication,
Le diagnostic différentiel se pose avec les defects congénitaux notamment occlusive. De même, un cas de torsion du grand
du diaphragme, où il n’y a pas d’ascension intrathoracique de épiploon hernié avec nécrose a été rapporté. [27]
la graisse. Il se pose également avec les masses graisseuses
péridiaphragmatiques, mais il n’y a alors pas d’interruption de Radiographies thoraciques
la ligne diaphragmatique. Ces hernies se traduisent le plus souvent par un comblement
de l’angle cardiophrénique antérieur droit ; ce comblement peut
Hernies antérieures s’accentuer progressivement. Elles peuvent aussi se traduire par
la visibilité de la clarté du côlon aéré en topographie sus-
Représentant environ 3 % des hernies diaphragmatiques, elles diaphragmatique antérieure gauche (Fig. 12). Des déformations
sont situées en regard du septième cartilage costal, entre le telles qu’un pectus carinatum ou un pectus excavatum sont
plastron sternocostal en avant et les faisceaux musculaires de parfois associées. [28]
l’insertion du diaphragme en arrière. La hernie passe dans la
fente de Larrey qui est latérale. Pourvues d’un sac herniaire, ces Tomodensitométrie
hernies contiennent de la graisse épiploïque et parfois sont La nature graisseuse de la hernie, la continuité avec la graisse
accompagnées de côlon ou d’estomac. Elles prédominent à épiploïque, la visibilité des vaisseaux omentaux et les clartés
gazeuses du tube digestif hernié sont les éléments recherchés en Sur le liseré en hyposignal du diaphragme, le defect antérieur
TDM. La mise en évidence du defect est facilitée par les du muscle et la continuité intrathoracique de l’hypersignal de
reconstructions sagittales et frontales, en particulier avec les la graisse épiploïque avec la graisse abdominale permettent le
appareils multibarrettes (Fig. 12). La position respective du diagnostic. Cependant, la hernie antérieure a pu être difficile à
processus xiphoïde, des attaches diaphragmatiques antérieures distinguer d’un lipome péricardique. [29]
et des éléments herniés permet de distinguer la hernie rétro-
costo-xiphoïdienne de la topographie précardiaque mais non
herniée du côlon. Dans ce cas, l’anse intestinale est barrée en ■ Conclusion
avant par un arceau musculaire dont le sommet s’insère sur le
processus xiphoïde. L’imagerie en coupe améliore la sensibilité de détection des
hernies traumatiques et congénitales du diaphragme. À la
Imagerie par résonance magnétique visibilité des seuls signes indirects de projection des organes
Ces hernies rétro-costo-xiphoïdiennes sont bien étudiées sur abdominaux dans le thorax se substituent la visibilité de
les séquences rapides en T2 en plan sagittal et frontal (Fig. 12). l’orifice diaphragmatique élargi ou anormal, la topographie
thoracique de la graisse d’origine abdominale et/ou des organes [15] Mullinix AJ, Foley D. Multi detector computed tomography and blunt
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peut être posé avant intervention. [16] Israel RS, Mayberry JC, Primack SL. Diaphragmatic rupture: use of
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L. Metge (liliane.metge@chu-nimes.fr).
N. Menjot de Champfleur.
S. David.
S. Ghanem.
Département d’imagerie médicale, CHU de Nîmes, 1, place Professeur Robert-Debré, 30029 Nîmes cedex, France.
P. Taourel.
Département d’imagerie médicale, Hôpital Arnaud de Villeneuve, 371, avenue du Doyen-Gaston-Giraud, 34295 Montpellier cedex 5, France.
F.-M. Lopez.
Département d’imagerie médicale, CHU de Nîmes, 1, place Professeur Robert-Debré, 30029 Nîmes cedex, France.
Toute référence à cet article doit porter la mention : Metge L., Menjot de Champfleur N., David S., Ghanem S., Taourel P., Lopez F.-M. Lésions traumatiques
et hernies congénitales du diaphragme chez l’adulte. EMC (Elsevier SAS, Paris), Radiodiagnostic - Appareil digestif, 33-101-A-30, 2005.