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Droit pénal
de la b a n q u e et d u crédit
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Chez le même éditeur

D a n s la m ê m e collection :

Droit p é n a l de la publicité par D. Mayer, 1979, 232 pages


Droit p é n a l du travail, par 0. Godard, 1980, 464 pages

Autres ouvrages

La monnaie, par M. Beziade, collection Droit-Sciences Economiques, 1979, 384 pages,


17 fig. et sch., 45 tableaux.
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Collection Droit pénal des affaires


dirigée par Marie-Elisabeth Cartier

Droit pénal
de la b a n q u e
et du crédit
par

M. C a b r i l l a c C. M o u l y
Professeur à la Faculté Professeur à la Faculté
de droit et de sciences économiques de droit et de science politique
de Montpellier d'Aix - Marseille

MASSON
Paris New York Barcelone Milan
Mexico Rio de Janeiro
1982
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Tous droits de traduction, d'adaptation et de reproduction par tous procédés


réservés pour tous pays.

La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part,
que les «copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privé du copiste et non destinéés
à une utilisation collective» et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un
but d'exemple et d'illustration, «toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle,
faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droits ou ayants cause, est illicite»
(alinéa 1er de l'article 40).

Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc
une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.

0 Masson, Paris, 1982


ISBN : 2.225 75 779-8
ISSN : 0223-419-X

MASSON S.A. 120, Bd Saint-Germain, 75280 Paris Cedex 06


MASSON PUBLISHING U . S . A . Inc. 133 East 58th Street, New York, N.Y. 10022
TORAY MASSON S.A. Balmes 151, Barcelona 8
MASSON ITALIA EDITORI S . p . A . Via Giovanni Pascoli 55, 20 133, Milano
MASSON E DITO RES Dakota 383, Colonia Napoles, Mexico 18 DF
EDITORA MASSON DoBRASILLtda Rua da Quitanda, 20/S.301, Rio de Janeiro, R.J.
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Table des matières

Introduction 11

Le droit pénal des professions


de la banque et du crédit

Chapitre 1. Les infractions au statut des entreprises de banque et


d'établissements financiers 17
Section I. L'exercice illégal de la profession bancaire 24
1. La réception de fonds, atteinte au mono-
pole bancaire 25
2. L'exercice de la profession bancaire sans
inscription préalable 38
Section II. L'exercice illégal de la profession d'établis-
sement financier 49
1. Les critères des activités répréhensibles 52
2. La sanction des activités répréhensibles 70
Section III. L'emploi illégal des termes de banque et
d'établissement financier 72
1. L'emploi illégal des termes banque, ban-
quier, établissement de crédit 73
2. La mention tendancieuse d'une inscrip-
tion sur la liste des banques 75
3. L'emploi illégal de l'expression établisse-
ment financier 76
4. L'emploi illégal de diverses dénomina-
tions bancaires 77

Chapitre 2. Les infractions aux conditions requises du personnel


des banques et des établissements financiers 79
Section 1. Les conditions pénalement sanctionnées 81
1. L'absence de certaines condamnations 81
2. L'absence d'interdiction spécialement
prononcée 87
3. L'absence de faillite . . . . . . . . . . . . . . . . 88
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4. La condition de nationalité 89
5. Conditions spéciales pour certains fonc-
tionnaires ou agents du gouvernement 90
Section II. La sanction des conditions : l'interdiction 92
1. Étendue de l'interdiction 93
2. Mise en œuvre de l'interdiction 100
Section III. La sanction de la méconnaissance d'une in-
terdiction 105

Chapitre 3. Les infractions relatives aux obligations professionnel-


les des banques et des établissements financiers ... 109
Section 7. L a violation du secret professionnel . . . . 109
1. La possibilité de réprimer la violation du
secret bancaire 110
2. Les conditions de la répression de la vio-
lation du secret bancaire 112
3. La levée du secret bancaire 115
Section II. La fourniture de renseignements aux auto-
rités bancaires et boursières 119
1. La transmission de renseignements ine-
xacts à la Commission de Contrôle des
Banques 119
2. Le refus de se prêter aux investigations
de la Commission des Opérations de
Bourse 120

Le droit pénal d e s opérations


d e b a n q u e et d e crédit

Chapitre 1. Les infractions relatives à la recherche et à l'accepta-


tion des opérations de banque et de crédit 122
Section L La publicité des opérations de banque et de
crédit 122
1. La publicité mensongère 122
2. La publicité interdite 126
3. La publicité réglementée 130
4. La publicité imposée 132

Section II. Le démarchage en matière de prêts d'ar-


gent, de dépôts de fonds et de placements 133
1. Le domaine commun des infractions . 133
2. Le délit de démarchage interdit ..... 135
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3. Les infractions à la réglementation du


démarchage autorisé 135

Section III. La perception prématurée d'honoraires p a r


les intermédiaires 137

Section IV.La réglementation particulière du crédit à


la consommation 138
1. Le domaine de la réglementation . . . . 139
2. La publicité 141
3. La négociation 142
4. La perception de fonds avant la mise en
place irrévocable de l'opération 144
5. Constatation et poursuites 146

Section V. Le refus de fournir un service de banque ou


un crédit 147

Chapitre 2. Les infractions relatives aux modalités et à l'exécution


des opérations de banque et de crédit 151
Section I. Les opérations de caisse et le fonctionne-
ment des comptes 151
Section II. Le montant et la durée du crédit 154
1. Le champs d'application de la réglemen-
tation 154
2. Le régime de l'infraction 157
Section III. L a rémunération du crédit 159
1. Le montant de la rémunération (T.E.G.) . 166
2. Les crédits dont la rémunération est li-
mitée 184
3. Le taux usuraire de la rémunération 190
4. Les sanctions de la rémunération secrète
ou usuraire 194

Section IV.Le remboursement du crédit et la défaillan-


ce du débiteur 197

Section V. La fourniture de crédit aux entreprises en


cessation des paiements 200
1. La banqueroute de l'emprunteur . . . . 200
2. La complicité du fournisseur de crédit 204
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Le droit pénal des instruments


de la banque et du crédit

Chapitre 1. Le chèque 208


Section 7. Les délits relatifs à la provision 210
1. Le délit d'émission sans provision ... 210
2. Le délit de retrait de la provision ... 218
3. Le délit de blocage de la provision .. 219
4. Le délit d'acceptation ou d'endossement
d'un chèque sans provision 220
5. Le délit d'indication d'une provision in-
férieure à la réalité 222
Section II. Les infractions relatives aux interdictions
de chèques 223
1. L'infraction d'émission en violation
d'une interdiction de chèques 223
2. Les infractions du tiré à la réglementa-
tion des interdictions 225
Section III. Les infractions relatives à la matérialité du
titre et à son usage 228
1. Le délit de contrefaçon et de falsification . 228
2. La recherche d'un chèque de 100 F .. 230
3. L'usage répréhensible aux termes du
droit commun 231

Chapitre 2. La lettre de change et le billet à ordre 233


Section 7. Les infractions spécifiques 233
Section II. Le faux 234
Section III. L'application des incriminations du droit
commun 235
1. L'application aux effets fictifs 236
2. L'application aux effets de complaisance . 236

Chapitre 3. Les instruments à vocation spéciale 239


Section I. Les cartes de crédit et de prélèvement .. 239
Section II. Les chèques de voyage 242
Section III. Les bons de caisse 244

Section IV. Les titres-restaujp^tVT^V . . . . . . . . . . . . . . . 247


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AVERTISSEMENT

Ce livre était sous presse lorsque le projet de loi portant nationalisation


du secteur bancaire est venu en discussion devant le Parlement ; nous
n'avons pas cru devoir en différer pour autant la publication car le projet
n'a aucune incidence directe sur le droit pénal de la banque et du crédit.
Ce n'est qu'ultérieurement que celui-ci subira sans doute des modifications
quand aboutira le dessein, déjà annoncé, de réformer les textes sur l'organisa-
tion de la profession bancaire, échéance imprévisible et, en tous cas, trop
lointaine pour qu'il nous soit permis de l'attendre.
Les quelques rares interférences du projet de nationalisation sur nos déve-
loppements, qui ne concernent d'ailleurs que des aspects marginaux, ont été
signalées en note. Nous l'avons fait à partir du texte du projet gouvernemen-
tal.
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Introduction

1. — Nature et domaine du droit pénal de la banque et du crédit. Plus


que tout autre peut-être, le commerce de l'argent est fertile en tentations
malhonnêtes et doit, pour affermir a résistance de ceux qui s'y adonnent
ou en sont tributaires, faire appel à la crainte du gendarme ; d'un gendarme
auquel la technicité des règles qui le gouvernent enjoint d'être particulière-
ment savant. Pourtant, il n'y a pas un véritable droit pénal de la banque
et du crédit. L'affirmation peut surprendre au seuil d'un livre qui a l'ambition
d'en présenter un panorama. Elle ne sacrifie cependant pas au goût du para-
doxe mais reflète bien une réalité : l'absence d'un ensemble né d'une concep-
tion globale avec des traits autonomes et des contours arrêtés. Il y a seule-
ment des infractions qui concernent la banque et le crédit ; qu'il s'agisse
d'infractions du droit commun susceptibles d'être commises dans ce cadre
et dont les conditions doivent être appréciées à la lumière des données qui
lui sont propres ou qu'il s'agisse d'infractions spécifiques directement greffées
sur les structures ou les mécanismes de la banque ou du crédit.
Comme le droit pénal des affaires, dont il n'est qu'une composante, le droit
pénal de la banque et du crédit n'est qu'une expression commode, le pôle
qui permet de regrouper la nébuleuse d'incriminations qui intéressent, protè-
gent ou menacent ceux qui, à un titre quelconque, participent à ce que l'on
a appelé «l'industrie des banquiers»2. Commodité très relative d'ailleurs, no-
tamment en raison d'un voisin encombrant par ses interférences que nous
essayerons d'éviter : le droit pénal de la bourse3, lui-même rattaché à cette
autre nébuleuse qu'est le droit pénal financier.

1. D'où la spécialisation d'un ou plusieurs tribunaux de grande instance dans le ressort de


chaque cour d'appel, appelés à connaître des infractions «concernant les banques, les établisse-
ments financiers, la bourse et le crédit» (art. 705 du Code de procédure pénale, rédaction du
6 août 1975).
2. Lavrillère, Le Seuil.
3. V. l'ouvrage qui lui sera consacré dans cette collection.
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Il ne peut qu'être malaisé de tracer les limites d'une nébuleuse. On pourrait


songer à le faire à l'aide d'un critère subjectif et concevoir cette branche
du droit pénal comme celle qui est dirigée contre les professionnels de la
banque et du crédit. Il serait insuffisant car bien des infractions qui méritent
le qualificatif de «bancaires» visent les usagers et les infractions les plus topi-
ques permettent justement de sévir contre les non professionnels, contre les
banquiers «sauvages» qui ont opéré sans le label exigé dans le souci de protec-
tion du public et de l'ordre monétaire. Mieux vaut donc s'en tenir à une
démarche pragmatique qui fait simultanément appel aux critères subjectifs
et objectifs.
La banque et le crédit forment un secteur d'activités qui a été réservé
à un groupe de professions fortement structurées et soumises à une stricte
réglementation qui, comme il se doit, a secrété les infractions destinées à
en assurer le respect. Un secteur d'activités où s'effectuent des opérations
génériques qui fournissent de multiples occasions de responsabilité pénale.
Un secteur d'activités qui a forgé des instruments particuliers, instruments
dont il peut être fait un usage répréhensible. C'est de ces trois constatations
qu'ont été tirés à la fois les limites et le plan de masse de cet ouvrage.

2. — Les tendances du droit p é n a l de la banque et du crédit. Agglomérat


d'infractions disparates, le droit pénal de la banque et du crédit défie toute
systématisation. On ne saurait lui prêter des caractéristiques ; on peut néan-
moins y déceler quelques tendances.
Dans la mesure où on le réduit à ses infractions spécifiques, c'est un droit
de formation récente dont les premiers éléments n'ont guère plus d'un demi
siècle ; mais il a grandi très vite et sa croissance est loin d'être achevée, même
si certains que nous sommes enclins à rejoindre, la jugent excessive. Il n'y
a là, il est vrai, qu'une manifestation sectorielle du phénomène général qui
tend à rendre le droit pénal omniprésent dans la vie des affaires.
Cette croissance s'est effectuée sans égards suffisants pour l'environnement
répressif avec lequel la corrélation n'a pas toujours été recherchée et sans
que soit pratiquée une politique d'économie de moyens. Certains agissements,
constitutifs d'infractions strictement «bancaires», peuvent tomber sous le
coup d'incriminations plus larges, voire d'incriminations du droit commun.
Par exemple, à la publicité mensongère s'est superposée une publicité men-
songère des opérations de placement ; à l'inverse, au démarchage pénalement
sanctionné en matière de prêts ou de placements s'est superposé un démar-
chage interdit quel qu'en soit l'objet sans que l'apparition du second ait
conduit à abroger ou à modifier le régime propre au premier. Ces interven-
tions en ordre dispersé se sont traduites par des enchevêtrements d'infrac-
tions gigognes qui ne brillent ni par la simplicité ni par la cohérence. Les
mêmes faits entrent dans la sphère d'application de textes différents qui ne
fulminent pas les mêmes peines ; dès lors, il peut être difficile de discerner
l'incrimination qui peut ou doit être retenue.
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Terrain d'élection de la criminalité en col blanc, le droit pénal de la banque


et du crédit ne s'intéresse pas qu'aux actes malhonnêtes ; il châtie de plus
en plus les simples négligences des professionnels ou leurs omissions d'accom-
plir les formalités qui leur sont imposées. La recrudescence du formalisme,
qu'a alimentée, entre autres, le grand vent de la protection du consommateur,
a dilaté ce secteur de la criminalité (?) honorable. Sur ce front, le droit pénal
de la banque et du crédit est sévère4, sévérité de façade et capricieuse, car,
dans bien des cas, il demeure inappliqué, en grande partie d'ailleurs en raison
même de sa rigueur. Sévérité d'autant plus accusée que, malgré le pointillisme
dans lequel s'enlise de plus en plus le législateur ou à cause de lui, les condi-
tions de l'infraction sont parfois incertaines. Il est, par exemple, irritant de
constater que quelques représentants d'établissements de crédit devront être
traînés en correctionnelle (ne risque-t-on pas de la dévaluer si elle doit deve-
nir une annexe des Chambres de commerce ?) pour que l'on sache s'il est
ou non licite que le prêteur répercute les frais de mainlevée d'hypothèque
sur l'emprunteur qui rembourse par anticipation ; et tout aussi irritant de
penser que le mystère ne sera peut-être jamais éclairci.
Parce qu'il est riche en infractions de négligence, mais aussi parce qu'il
se manifeste à propos d'opérations dont on a soulignéS qu'elles tiennent du
mécanisme par leur automaticité, le droit pénal de la banque et du crédit
comporte un domaine de plus en plus étendu où la place concédée à l'élément
moral est réduite à l'extrême. L'omission ne requiert normalement pas la
démonstration d'une intention coupable ; le fait de mettre un mécanisme
en mouvement permet de la présumer. Ainsi, y pullulent les infractions «ma-
térielles»6 ou des infractions très proches dans l'appréciation desquelles les
faits éclipsent les états d'âme.
États d'âme, mais quelles sont donc les âmes dans ce théâtre dont les
acteurs, à l'exception de quelques usagers ou fournisseurs de crédit occasion-
nels, ne sont que des personnes morales ? Avec plus d'acuité que d'autres,
le droit pénal de la banque et du crédit pose le problème de la responsabilité
pénale des personnes morales, mais ne lui donne pas une réponse positive.
Sous réserve de quelques rarissimes hypothèses, ses sanctions ne frappent
que des personnes physiques. Ainsi, le problème est déplacé et revient à déter-
miner les animateurs de la personne morale sur lesquels doit peser la respon-
sabilité pénale. Puisqu'il ressortit au droit commun, il ne nous appartient
pas d'évoquer ce problème à propos des entreprises qui font appel aux services
de la banque et du crédit ou qui les fournissent illégalement ; mais nous
devons nous interroger sur les solutions qui lui sont apportées à propos des
banques et des établissements financiers.

4. Voir l'appréciation en ce sens de R. Merle qui se place au plan général du droit financier
et économique : «L'évolution du droit pénal français contemporain», D. 1977, chron., 303.
5. Ripert et Roblot, I, n" 72 ; Rodière et Rives-Lange, n" 5.
6. Qu'il nous soit permis d'utiliser, sans le cautionner, ce qualificatif aujourd'hui discrédité.
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3. — La responsabilité pénale au sein de l'entreprise de banque et de crédit.


L'examen d'une question qui, à une exception près?, n'a pas été étudiée en
doctrine, doit commencer par un procès verbal de carence. Il faut le dresser
contre le législateur qui, lorsqu'il a créé des infractions nécessairement impu-
tables aux personnes physiques qui font fonctionner les établissements de
banque et de crédit, s'est abstenu de toute précision ou, pis encore, a usé
d'expressions équivoques. En témoigne, par exemple, la législation sur le chè-
que qui fulmine des peines contre «le tiré», terme qui, pris au pied de la
lettre — mais nul ne songe à le faire — désignerait la banque personne mora-
le.
Cette carence place le problème de la détermination de la responsabilité
pénale au sein des entreprises de banque et de crédit sous l'empire intégral
des règles du droit commun8. L'application de ces règles à ce secteur d'activi-
tés aboutit cependant à des résultats quelque peu divergents de ceux que
l'on peut enregistrer pour les autres entreprises. Le phénomène s'explique
par des données structurelles propres aux banques et aux établissements fi-
nanciers, encore que leur diversité se rebelle contre toute systématisation.
L'incidence de ces données se fait sentir pour chacune des deux grandes caté-
gories d'infractions qu'il importe ici de distinguer.
La première est constituée par les infractions à la législation de la banque
et du crédit dirigées contre ses professionnels, infractions le plus souvent non
intentionnelles. Cette catégorie obéit à la norme qui, depuis le milieu du
XIXe siècle, est applicable aux «industries réglementées», notion qui englobe
indubitablement les établissements de banque et de crédit9. Dès lors, la res-
ponsabilité pénale devrait, selon la formule traditionnelle de la Chambre cri-
minelle, «remonter essentiellement aux chefs d'entreprise à qui sont person-
nellement imposés les conditions et le mode d'exploitation de leur industrie
ou commerce»10.
En fait, cette «ascension» ne se produit pas dans les entreprises de banque
ou de crédit, car elle y est contrariée par deux traits qu'elles présentent de
façon à peu près constante, traits qui sont au demeurant en étroite corréla-
tion. Le premier tient aux prestations fournies ; elles s'adressent directement
aux usagers sans que s'interpose la chaîne d'intermédiaires ordinairement in-
tercalés entre ces derniers et les grandes entreprises de production ; aux usa-
gers avec lesquels des actes sont passés, si peu formaliste que soit le secteur

7. C. Gavalda, «La responsabilité civile et pénale du fait des préposés de banque» in Respon-
sabilité professionnelle du banquier : contribution à la protection des clients de banque, ouvrage
collectif, Economica, 1978.
8. Sur ces règles, v. Merle et Vitu, n° 579 et s. ; Bouzat, n° 230 et s. ; Delmas-Marty, p. 430
et s. V. particulièrement «La responsabilité pénale du fait de l'entreprise» par divers auteurs.
Journées d'études de l'Université de Paris XII et de l'Association française des juristes d'entrepri-
se, Masson, 1977.
9. Sur cette notion, v. M.E. Cartier, «Notion et fondement de la responsabilité du chef d'en-
treprise» dans l'ouvrage collectif précité note 8.
10. Sur cette jurisprudence, v. N. Catala, «Notion de délégation» dans l'ouvrage collectif préci-
té, note 8, p. 95 ; Delmas-Marty, p. 432.
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bancaire du moins quand la liberté lui en est laissée. Ainsi, l'entreprise de


banque et de crédit est en présence d'un nombre de partenaires tel que la
délégation et la sous-délégation de pouvoir y atteignent une ampleur inégalée.
Leur nécessité est accrue par le second trait : la multiplicité des points de
fourniture. Les banques et les établissements financiers se mettent physique-
ment à la portée d'une clientèle atomisée et fonctionnent, dans leur immense
majorité, grâce à une structure de succursalisme. Cette situation refoule le
jeu du principe selon lequel l'infraction d'imprudence ou de négligence et
plus particulièrement l'infraction à un règlement spécifique est a priori impu-
table au chef d'entreprise, en pratique ici au président du conseil d'adminis-
tration ou aux membres du directoire. La délégation de pouvoir est très géné-
ralement prise en considération, sans même qu'elle soit en discussion confor-
mément au schéma suivi dans les autres secteurs. Comme il est flagrant que
le directeur de l'agence ou de la succursale dispose d'une délégation de pou-
voir, comme cette implantation de l'entreprise a habituellement une taille
assez restreinte pour qu'il puisse exercer un contrôle effectif sur ses subordon-
nés, bénéficieraient-ils aussi d'une délégation de pouvoir, c'est ce cadre salarié
qui est la cible toute désignée de la répression.
La seconde catégorie d'infractions commises par les animateurs des établis-
sements de banque ou de crédit est celle des infractions du droit commun
(complicité de banqueroute, escroquerie, faux, etc.). Naturellement, il
convient de ne raisonner que sur les infractions réalisées au nom et pour
le compte de l'entreprise, car celles que peuvent perpétrer les préposés abu-
sant de leurs fonctions n'engagent que la responsabilité pénale de ces der-
niers". Ce sont à peu près toutes des infractions intentionnelles. Si l'on s'en
tient à ce caractère, la responsabilité pénale doit peser sur celui ou ceux
qui ont été animés par l'intention délictueuse : essentiellement les personnes
qui ont pris la décision, éventuellement, celles qui l'ont exécutée avec la mê-
me intention et alors qu'elles n'étaient pas contraintes de le faire. La répres-
sion de ces infractions atteint de la sorte des titulaires de fonctions beaucoup
plus variées que celle des infractions à la législation de la banque et du crédit.
Au gré des espèces, on peut relever la condamnation d'un sous-directeur du
contentieux, du chef de portefeuille ou du fondé de pouvoir d'une agence
locale, d'un attaché de direction, etc. Cependant, les annales judiciaires mon-
trent que le personnage le plus exposé est ici encore le directeur d'agence
ou de succursale. En effet, c'est lui ou c'est l'un de ses subordonnés soumis
directement à son autorité qui a représenté l'entreprise dans la conclusion
de l'acte délictueux ou qui s'en est fait le porte-parole ; dans l'imbroglio des
responsabilités difficile à démêler, il y a là une circonstance objective qui
tend à être décisive. En revanche mais pour les mêmes raisons, la responsabi-
lité remonte rarement au chef d'entreprise, car l'acte incriminé ayant été
perpétré à la base, l'intention coupable ne peut guère être établie à son encon-
tre. Par ailleurs, dans ce secteur caractérisé par l'atomisation des relations
avec la clientèle moins que dans tout autre, on ne peut admettre qu'il puisse
l'endosser du seul fait de sa négligence dans la surveillance de ses subordon-
nésl2.

11. Cf. Gavalda, art. précité, n° 30 et s.


12. En ce sens, Gavalda, op. cit., n° 39.
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Ainsi, on peut constater que la responsabilité pénale des infractions non


intentionnelles et, à un degré moindre, celle des infractions intentionnelles
tend à converger vers le directeur d'agence ou de succursale. Un tel résultat
ne doit pas être accepté sans réserve, car il est le fruit de prémisses qui corres-
pondent plus aux apparences qu'aux réalités des entreprises de banque ou
de crédit. Fréquemment, la délégation de pouvoir n'est que formelle ; la pro-
curation ne s'accompagne pas de la liberté de décision. La volonté de la ban-
que ou de l'établissement financier se détermine par le jeu d'un va-et-vient
entre propositions de l'antenne locale et acceptations de l'état-major du siège
social. La décentralisation que paraissent réaliser les procurations n'est qu'un
trompe-l'œil qui camoufle une centralisation et un fonctionnement hiérarchi-
sé. Ils se manifestent par des instructions qui peuvent être verbales ou demeu-
rer cachées, mais qui n'en ligotent pas moins le représentant. A l'inverse,
ils peuvent ne pas se manifester ou se manifester insuffisamment, alors que,
habitué à être dirigé, le chef d'agence pêche par manque de consignes ou
que, ayant accompli un acte et rendu compte, sa démarche n'est accueillie
que par le silence. Dans ces conditions, retenir la responsabilité du directeur
d'agence ne saurait être érigé en système, qu'il s'agisse d'une infraction non
intentionnelle et plus encore d'une infraction intentionnelle ; il n'y aurait
là qu'une solution de paresse. L'apparence qui joue contre lui ne doit point
dispenser de rechercher au cas par cas les personnes qui ont réellement pris
la décision à la source de l'acte incriminé.
Il ne faut pas se dissimuler la difficulté d'une telle recherche. On peut,
par ailleurs, regretter que la valeur préventive de l'appareil répressif soit
amoindrie par une détermination approximative ou incertaine des personnes
sur lesquelles il doit s'abattre. Il faut surtout déplorer les injustices qu'engen-
dre la localisation arbitraire des responsabilités. Force est pourtant, en
conclusion, de reconnaître, avec d'autres13, que les solutions harmonieuses
à ce problème majeur du droit pénal de la banque et du crédit restent à
inventer.

13. Gavalda, n° 39 et s.
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Le droit pénal des professions


de la banque et du crédit

4. — Intervention et rôle du droit pénal. Organisation des professions. La


notion même de profession de la banque et du crédit est imprécise ; les termes
employés pour désigner les professions concernées — termes de «banque»,
«banquier», «crédit», «établissement financier» — sont amphibologiques. A
côté de leur sens vulgaire, ils ont une acception technique sensiblement diffé-
rente. La marge est grande entre celui qui fait commerce de son propre ar-
gent' et celui qui fait commerce de l'argent d'autrui déposé dans ses caisses,
devenant par là même créateur de monnaie. Le risque n'est plus le même,
ni pour le particulier, incertain de récupérer ses dépôts2, ni pour l'économie
d'un pays, affaiblie par l'inflation de sa masse monétaire. Tous les deux appel-
lent protection.
La nécessité d'une réglementation des professions ne s'est pourtant pas
faite sentir au premier temps de l'essor de ce négoce au sein de la société
industrielle. Le XIXe siècle qui vit, dans sa seconde moitié, naître et grandir
les principaux établissements de crédit, ne porte aucune trace d'organisation
professionnelle ; et même durant la première moitié du XX' siècle, le législa-
teur resta très discret, confiant dans la loi du marché pour adapter offres

1. C est en ce sens, techniquement erroné mais couramment utilisé, qu'on parle des banquiers
de l'Égypte ancienne ou de Phénicie.
2. Le précédent si lourd de conséquences créé par John Law trouve encore aujourd'hui des
applications, renouvelées depuis la crise économique de 1973.
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et besoins. Le développement accéléré du rôle du crédit dans une économie


plus dirigée imposa par la suite l'intervention renouvelée du législateur, inter-
vention qui resta toujours très limitée, par bonheur !3 Il a fallu qu'en 1981,
l'idéologie se substitue à l'économie pour que fleurissent les projets de natio-
nalisation complète du crédit, de restructuration et de nouvelle réglementa-
tion. Les buts sont nets, même s'ils ne sont que partiellement avoués, mais
les moyens juridiques qui seront employés pour y parvenir demeurent encore
flous aujourd'hui.
Trois temps forts marquent l'histoire de la réglementation professionnelle
du commerce de la banque et du crédit. Ils sont le corollaire de trois périodes
de crise, ouverte ou larvée.
La première manifestation de l'interventionnisme étatique se situe en 1930,
au temps de la crise économique qui ébranle l'occident4. L'intervention reste
toutefois très timide5, conformément au libéralisme qui règne sur l'économie
de l'époque. Le législateur se contente, par la loi du 19 juin 19306, d'interdire
l'exercice de la profession aux personnes jugées peu recommandables (con-
damnés et faillis). Le droit pénal est l'outil essentiel de l'intervention.
La deuxième intervention importante est engendrée par les bouleverse-
ments nés de la Seconde Guerre mondiale. Le régime de Vichy d'abord organi-
se la profession dans l'optique corporatiste qui lui fut chère par deux lois
des 13 et 14 juin 1941. L'État n'intervient pas dans le fonctionnement des
entreprises ; il se contente de poser le cadre de ce fonctionnement, laissant
aux instances mises en place le rôle de tuteur de la profession. Ensuite, et
avant même que ne naisse la IVe République, l'État réorganise dans un esprit
plus dirigiste les professions du crédit. Les lois du 2 décembre 19457 et du
17 mai 1946 accentuent l'effort de cloisonnement du législateur de 1941. En
plus de la distinction entre banques et établissements financiers, elles distin-
guent au sein des banques trois catégories indépendantes ; ajouté à cela la
création d'un secteur nationalisé, soumis pour une part importante à une
réglementation spéciale, et d'établissements à statuts spéciaux : l'image d'un
système bancaire morcelé et cloisonné est parfaite. Dans cette deuxième éta-
pe de la réglementation, de loin la plus importante, le droit pénal n'est qu'un
outil accessoire.

3. L'appréciation favorable portée sur une législation «importante, mais tout de même assez
incomplète et assez limitée» se trouvait déjà sous la plume d'Henry Cabrillac, Introduction
au Droit Bancaire, Paris, Dalloz, 1965, p. 5, avec la justification du propos.
4. A l'époque, seuls les États-Unis sont frappés, et la loi de 1930 est l'aboutissement d'une
proposition de loi déposée en 1928.
5. A la différence de ce qui se passe en Europe Occidentale - Allemagne : Ordon. du 19 sept.
1931 et loi du 5 déc. 1934 ; Italie : Loi bancaire de 1936 ; Belgique : Arrêtés royaux n° 2 du
22 août 1934 et n° 185 du 9 juil. 1935 ; Suisse : Loi du 8 nov. 1934. V. les divers rapports natio-
naux, in Institutions et mécanismes bancaires dans les pays de la C.E.E. ; ouvr. coll. de l'Institut
d'Études Bancaires et Financières, Paris, Dunod, 1969 ; et Systèmes Bancaires d'Europe Occi-
dentale (hors C.E.E.), même organisme, Paris, Dunod, 1970. Adde les rapports nationaux sur
les Organes de Contrôle des Banques et du Crédit, in R.I.D.C. 1973, pp. 511 à 593.
6. Et par le Décret-loi du 8 août 1935, aujourd'hui abrogé, qui réglementait le colportage
et le démarchage des valeurs mobilières.
7. Et ses Décrets d'application : n° 46-1246 et 46-1247 du 28 mai 1946.
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La troisième intervention se rattache non à une crise mais à une mutation


nécessaire que les pouvoirs publics surent organiser à temps. Elle se situe
en 1966-1967, lors de la préparation du Ve Plan. Le système bancaire était
jusque-là confortablement enfoncé dans une structure cellulaire où chaque
secteur d'activité était protégé de la concurrence par la loi et des difficultés
par une économie de croissance et d'inflation. Les besoins de financement
évoluant, il fut nécessaire d'abattre les cloisons pour que circulent mieux
les courants de la concurrence et de l'innovation. Plusieurs décrets et déci-
sions du Conseil National du Crédit eurent notamment pour conséquence
de «déspécialiser» les banques, de provoquer une concentration salutaire et
de permettre une orientation des flux d'épargne vers l'épargne à moyen ou
long terme8. Cette intervention dans l'organisation des professions du crédit
fut essentiellement économique ; elle n'a pas eu recours au droit pénal, inutile
dans le détail comme dans le tracé des grandes orientations. Tout au plus
le droit pénal des affaires pourrait-il trouver ici ou là matière à s'appliquer,
à travers certaines qualifications aujourd'hui classiques, comme celle d'enten-
te prohibée par exemple.
En résumé donc, l'organisation des professions de la banque et du crédit
passait par l'édiction de règles contraignantes destinées à protéger le public9
et l'économie nationale ; mais elle ne fut pas exempte d'esprit protecteur
de la profession elle-même, et de nombreuses dispositions visent à conférer
aux entreprises bancaires des monopoles (ainsi en est-il de la terminologie
propre à les désigner, ou encore de la réception de dépôts à vue). Ces caracté-
ristiques disparaitront peut-être au profit d'une réglementation sanctionnant
surtout les déviations de la ligne économique fixée par le plan et l'Etat.
Dans ses diverses orientations, le droit pénal apporte la force de ses sanc-
tions, la précision de ses incriminations. Il est ainsi utilisé pour conforter
le statut des entreprises de banques et d'établissements financiers (chapi-
tre 1), sanctionner le non respect des conditions requises du personnel de ces
entreprises (chapitre 2) et renforcer les obligations professionnelles qui leur
sont imposées (chapitre 3).

8 Sur les causes et les conséquences de cette réforme, v. l'excellent ouvrage de P. Coupaye,
Les banques françaises. Bilan d'une réforme, Paris, La Documentation française, notes et études
documentaires n° 4470-4471, 9 juin 1978, 172 pages spéc. pp. 12 à 14 et pp. 56 à 57.
Pour un commentaire des textes eux-mêmes, v. C. Gavalda, Les aménagements de la réglementa-
tion bancaire française (Décrets des 3 et 25 janv. 1966), J.C.P., 1966, I, 2013.
9. Ce but est assurément le but premier, en temps et en valeur, du législateur. V. en ce sens
A. Vitu, La définition et le contenu du Droit Pénal Économique, mélanges Hamel (dix ans
de conférences d'agrégation), Paris, Dalloz, 1961, pp. 71 à 80, spéc. p. 75.
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1. Les infractions au statut


des entreprises de banque
et d'établissements financiers

5. — Organes chargés de la protection. Protéger le crédit, protéger les clients


des banquiers, protéger la profession elle-même, impose l'organisation des mé-
canismes de réglementation et de contrôle. Les institutions furent créées par
la loi du 13 juin 1941, charte corporatiste des professions bancaires et para-
bancaires'.
Trois organismes ont été institués, chargés chacun d'une fonction précise
et différente.
Le Conseil National du Crédit2 est l'organisme de consultation et de direc-
tion de la politique économique. Il exerce aussi ses pouvoirs en matière de
statut juridique des entreprises par l'intermédiaire du Comité des Banques
et des Établissements Financiers constitué en son sein. Ce comité a pour
rôle principal de tenir la liste des banques et la liste des établissements finan-
ciers, listes sur lesquelles toute entreprise de banque ou d'établissement fi-
nancier doit être inscrite pour pouvoir exercer son activité3.
L'Association Française des Banques4 est constituée, par voie d'adhésion
obligatoire, par toutes les banques inscrites, c'est-à-dire les banques du sec-

1. La loi du 13 juin 1941 «relative à la réglementation et à l'organisation de la profession


bancaire» est complétée par la loi «jumelle» du 14 juin 1941 «relative à la réglementation et
à l'organisation des professions se rattachant à la profession de banquier». Cette seconde loi,
bien plus brève que la loi du 13 juin, légifère surtout par référence à celle-ci.
2. Qui en 1945 a remplacé le Comité Permanent d'Organisation Professionnelle des Banques
et Établissements Financiers : le changement n'est pas que de terminologie ; il marque la transi-
tion d'un contrôle corporatif à un contrôle plus administratif. Le C.N.C. est très lié à la Banque
de France.
3. Le C.N.C. prend également des décisions de réglementation de la profession susceptibles
d'intéresser le droit pénal des affaires notamment en matière de concurrence et d'ententes entre
banques.
4. Dénomination nouvelle de l'A.P.B. (Association professionnelle des banques). Cette associa-
tion sera nécessairement affectée par la nationalisation des banques privées.
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t e u r privé, françaises et étrangères, s a u f les b a n q u e s à s t a t u t spécial. E m -


b r y o n d'ordre professionnel, elle a u n rôle consultatif, informatif, et sur délé-
gation de la Commission de C o n t r ô l e des B a n q u e s , u n rôle disciplinaire. L'As-
sociation Professionnelle des É t a b l i s s e m e n t s Financiers joue u n rôle identi-
que envers les é t a b l i s s e m e n t s financiers5.
L a Commission de C o n t r ô l e des B a n q u e s est, en m a t i è r e de droit p é n a l
de la b a n q u e et d u crédit, l'organe m a j e u r . C e t t e Commission, légère d a n s
sa composition6 c o m m e d a n s ses m o y e n s d'action, a p o u r rôle principal de
veiller à la b o n n e a p p l i c a t i o n de la r é g l e m e n t a t i o n bancaire. Si elle n ' a p a s
de pouvoirs et de m o y e n s tels que ceux de la C o m m i s s i o n des O p é r a t i o n s
de Bourse, elle n ' e n est pas m o i n s l'organe disciplinaire et a d m i n i s t r a t i f de
la profession7. Elle procède à des contrôles f r é q u e n t s d a n s les b a n q u e s , s'infor-
m e à l'intérieur c o m m e à l'extérieur de la profession, et y t i e n t le rôle de
censeur8. Son pouvoir est renforcé p a r la p r é r o g a t i v e qui lui a p p a r t i e n t (en
p a r t a g e d'ailleurs avec les Associations professionnelles et parfois avec le
C.N.C.) de déclencher et d ' a r r ê t e r l'action p u b l i q u e ; ainsi peut-elle faire res-
pecter les lois d ' o r g a n i s a t i o n de la profession t a n t en son sein q u ' a u d e h o r s
(les r e l a t i o n s e n t r e la C.C.B. et le P a r q u e t de Paris en p a r t i c u l i e r s o n t très
étroites ; l ' é c h a n g e d ' i n f o r m a t i o n s y est fréquent9, et la C.C.B. a p u déposer
des p l a i n t e s fort s o u v e n t suivies d'effetIO).

6. — P r o c é d u r e . Les i n f r a c t i o n s créées p a r la loi p o u r la p r o t e c t i o n d u s t a t u t


des entreprises s o n t des délits. L a p r o c é d u r e de leur c o n s t a t a t i o n et de leur
répression ne présente q u ' u n e seule p a r t i c u l a r i t é : tous' ' n é c e s s i t e n t p o u r leur

5. Dans le silence de la loi du 14 juin 1941 sur ses attributions, on raisonne par analogie
avec celles de l'A.F.B. ; toutefois la faculté de se constituer partie civile ne peut lui être accordée :
v. infra n° 6.
6. Gouverneur de la Banque de France, Président de la Section Financière du Conseil d'État,
Directeur du Trésor, Représentant des Banques, Représentant du Personnel des Banques.
7. La C.C.B. dispose d'un secrétariat permanent assuré par la Banque de France (v. Note
d'information de la Banque de France n° 8, mise à jour février 1977, p. 2).
8. Sa juridiction englobe les banques nationalisées et les établissements financiers, mais non
le Crédit Populaire et le Crédit Agricole auxquels le projet de nationalisation l'étend.
9. V. pour plus de précisions : J. Cosson, Les délits en matière de Banque et d'Établissements
Financiers, Rev. sc. crim. 1973, pp. 1 à 21, spéc. p. 4.
10. De sa création en 1941 à octobre 1980, la C.C.B. a déposé 197 plaintes (Note d'information
n° 8 de la Banque de France). Le rythme moyen de ces plaintes est d'environ trois par an depuis
1970 ; en revanche les constitutions de partie civile sont rarissimes : une, dans la première affaire
en 1943, et deux autres en 1976 et 1977 dans des hypothèses de transmission de renseignements
inexacts.
11. Seul le délit d'emploi illégal des termes «Établissement Financier» n'est pas soumis à
la nécessité d'une plainte préalable. En effet l'article 6 bis loi du 14 juin 1941, rajouté par une
loi du 16 juin 1966, ne comporte aucun renvoi aux articles visés au texte. Qu'il s'agisse-là d'un
oubli n est pas douteux ; qu'il y ait là une preuve des inconvénients de la législation par référence
est évident ; qu'il n'y ait pas de conséquences gênantes en pratique est heureux.
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poursuite une plainte préalable ou une constitution de partie civile préalable


émanant de la Commission de Contrôle des Banques, du Conseil National
du Crédit12 ou de l'Association Française des Banques13 :
— article 21, loi du 13 juin 1941 pour l'exercice illégal des professions bancai-
res.
— article 23 de la loi du 13 juin 1941 pour l'emploi illicite des termes «ban-
que» ou «établissement financier».
— article 6 dern. al. de la loi du 14 juin 1941 pour les établissements finan-
ciers (ce texte renvoie pour ces questions, aux articles 21, 22 et 23 de la loi
du 13 juin 1941).
La plainte étant une condition de l'action publique, son retrait met fin
à la poursuite (art. 6 al. 2 in fine C. proc. pén.). Toutefois la C.C.B. n'use
pas, en règle générale, du pouvoir de transaction qui découle de cette préroga-
tive et «laisse la justice suivre son cours» 14. N'étant pas en général partie
civile, elle n'a pas communication du dossier et des décisions et ne peut exer-
cer de recours à leur encontre ; mais il est fréquent que les parquets ou les
juges d'instruction consultent son secrétariatls.

7. — Domaine d'application. La législation française est bien sûr applicable


à l'ensemble du territoire français ; mais elle l'est aussi au territoire de Mona-
COl6 en vertu de la convention du 14 avril 1945 relative au contrôle des chan-
ges (art. 1 et 4). Pour mieux assurer le respect de cette législation dans les
opérations entre résident français et résident monégasque, un Décret du
13 août 1962 a créé une contravention d'entremise en France au profit d'une
banque ou d'un établissement financier monégasque non inscrit ou enregistré
au C.N.C.".

12. Le C.N.C. estime (par l'intermédiaire de la Banque de France, son secrétariat), que le
transfert des pouvoirs de l'ancien Comité permanent d'organisation bancaire réalisé par l'art. 13
al. 12 de la loi du 2 décembre 1945 n'emporte pas transfert du droit de porter plainte ou de
se constituer partie civile. L'étrangeté d'une telle analyse n'a jamais posé de problème : les
liens avec la C.C.B. sont très étroits et cette Commission use régulièrement de ce pouvoir.
13. En pratique la C.C.B. est la seule à déposer plainte. L'A.F.B. ne s'est constituée partie
civile qu'une fois, obtenant 1 franc de dommages-intérêts, dans une procédure lancée par la
C.C.B. (Trib. corr. Paris, 8 octobre 1969, D. 1969, 736, note C. Gavalda).
Quant à l'association professionnelle des Établissements Financiers, elle ne semble pas disposer
des mêmes prérogatives que l'A.F.B. ; en effet seule l'A.F.B. est visée par l'art. 21 al. 2 loi 13 juin
1941 et il n'est nulle part précisé que l'A.P.E.F. jouit de droits identiques à ceux de l'A.F.B.
Il faut encore souligner ici l'inefficacité de la législation par renvoi à un autre texte.
14. J. Cosson, rapport précité, in Rev. sc. crim., 1973, p. 5.
15. Une circulaire du Garde des sceaux enjoint même aux sections financières des parquets
de consulter la C.C.B. dans toutes les affaires financières.
16. Non sans quelques difficultés parfois, dues à la divergence des législations (par exemple
en matière de faillites).
17. Ce décret a d'ailleurs fait l'objet d'un recours en excès de pouvoir rejeté par le Conseil
d'État (C.E. : 27 mai 1966, Gaz. Pal., 1967, 1, 198).
Il prévoit les peines suivantes (contravention de 5e classe, taux modifiés selon le décret du 18 juil-
let 1980) :
- première infraction : emprisonnement de 10 jours à 1 mois et amende de 1 200 F à 3 000 F ;
— récidive : emprisonnement jusqu'à 2 mois et amende jusqu'à 6 000 F.
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La législation bancaire s'applique également aux D.O.M.-T.O.M. et à


Mavotte, des décrets du 20 mai 1955 et du 25 août 1966 l'ayant prévu.

8. — Intérêts protégés. Le législateur n'avait pas précisé les intérêts protégés


par les réglementations qu'il édictait, et la doctrine s'accordait à trouver au
moins trois catégories d'intérêts appelant la protection : l'intérêt des épar-
gnants au double sens d'intérêt général d'une part et d'intérêt des clients
de professionnels indélicats d'autre part, et enfin l'intérêt de la profession
bancaire, qui, en contrepartie des contraintes qui lui étaient imposées, devait
légitimement trouver certains avantages. L'ensemble concourait à la protec-
tion de l'économie.

La Cour de cassation n'en a pas jugé ainsi, considérant que seuls l'intérêt
général et l'intérêt de la profession bancaire étaient atteints par les infrac-
tions aux statuts des entreprises de banques et d'établissements financiers'".

En conséquence, les victimes de ces agissements illégaux ne peuvent se


constituer partie civile". Les organes chargés de la protection de la profession
de banque et d'établissement financier ont donc un monopole en la matière.

9. — Plan. Les délits que la loi instaure pour protéger le statut des entreprises
de banques et d'établissements financiers sont au nombre de trois. Chacun
ayant sa spécificité, nous examinerons successivement :
— l'exercice illégal de la profession bancaire (section 1) ;
— l'exercice illégal de la profession d'établissement financier (section 2) ;
— l'emploi illégal des termes «banque» et «établissement financier» (sec-
tion 3).

18. Crim. 9 mai 1972, Bull. crim., 1972, 397 ; Gaz. Pal., 1972, 2, som. p. 77.
19.^ Non plus d ailleurs que l organe répressif de la profession à laquelle appartenait le coupa-
ble d exercice illicite de la profession de banquier, en l'espèce le Conseil Régional des Notaires.
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Section 1

L'exercice illégal de la profession bancaire

10. — L e s d e u x f o r m e s d'exercice illégal. Le c o m m e r c e de b a n q u e se caracté-


rise p a r d e u x é l é m e n t s : d ' u n e p a r t , la r é c e p t i o n de fonds d u public et d ' a u t r e
p a r t , l ' u t i l i s a t i o n de ces fonds p o u r son c o m p t e à des o p é r a t i o n s de crédit.
C h a c u n e des d e u x o p é r a t i o n s p r é s e n t e des risques q u e le législateur a c h e r c h é
à limiter.

L a r é c e p t i o n de fonds en dépôt, p r e m i e r é l é m e n t c a r a c t é r i s t i q u e de la pro-


fession b a n c a i r e , n ' a rien, en elle-même, de d a n g e r e u x et il n ' a p p a r a î t p a s
utile à p r e m i è r e vue de la r é g l e m e n t e r . M a i s en réalité le risque existe bien,
p o u r le d é p o s a n t ; ce risque est p o u r lui de ne p a s p o u v o i r r é c u p é r e r son
d é p ô t lorsqu'il le désirera. Ce risque, m a l h e u r e u s e m e n t réalisé avec u n e fré-
q u e n c e t r o p g r a n d e d a n s la décennie qui suivit la g r a n d e crise de 1929, incita
le législateur à réserver la r é c e p t i o n de fonds à la profession bancaire, profes-
sion soumise à u n crible lors de l'accès e t à u n c o n t r ô l e p e r m a n e n t . P o u r
asseoir ce m o n o p o l e , u n délit f u t créé en 1941, celui de r é c e p t i o n illégale
de fonds p o r t a n t a t t e i n t e a u m o n o p o l e des b a n q u e s (§ 1er).
Le second é l é m e n t c a r a c t é r i s t i q u e de la profession de b a n q u i e r , l ' u t i l i s a t i o n
des fonds à des o p é r a t i o n s de crédit, e n g e n d r a i t lui aussi u n besoin de protec-
tion ; il fallait p r o t é g e r n o n p l u s s e u l e m e n t les é p a r g n a n t s , m a i s aussi l'écono-
mie n a t i o n a l e ; s o u m e t t r e a u c o n t r ô l e n o n p l u s s e u l e m e n t la r é c e p t i o n de
fonds mais aussi la d i s t r i b u t i o n d u crédit. C'est p o u r q u o i la loi de 1941, après
avoir défini la profession de b a n q u i e r , et l'avoir soumise à u n e inscription
préalable1, i n t e r d i t t o u t e activité b a n c a i r e — c'est-à-dire réception de fonds
plus u t i l i s a t i o n — a u x e n t r e p r i s e s n o n inscrites : le délit d'exercice de la pro-
fession b a n c a i r e s a n s inscription p r é a l a b l e é t a i t né (§ 2).2

1. V. infra nos 43, les modalités de cette inscription.


2. Sur la distinction nécessaire entre le délit d'exercice illégal (art. 1er loi 13 juin 1941) et
celui de réception de dépôts à vue (art. 3), v. Crim., 2 avril 1968, J.C.P., 1968, II, 15.665 note
C. Gavalda. La Cour de cassation fait reproche à la Cour d'appel d'avoir relaxé de la prévention
d'infraction à l'art. 1er (seul invoqué dans la poursuite) sans vérifier que les éléments constitutifs
de l'infraction des art. 3 et 5 étaient réunis (v. également les obs. de C. Gavalda dans sa note
précitée). La Cour de renvoi a d'ailleurs condamné en application de cette seconde incrimination
(Douai, 3 janvier 1969, inédit, cité par R. Gedor : J. Cl. com., annexes, banque, fasc. 9 n°55).
Adde également : J. Becque et H. Cabrillac, obs., sur Crim. 27 juillet 1951, Rev. trim. dr. com.,
1952, pp. 385 et 386.
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M A S S O N , Editeur.
120, b o u l e v a r d Saint-Germain
7 5 2 8 0 Paris C e d e x 06
D é p o t légal : Mars 1 9 8 2

IMPRIMERIE LOUIS-JEAN
av. d'Embrun, 05002-GAP
Dépôt légal : 94-Février 1982

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