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Catégorisation des irrégularités et différenciation des

sanctions
La Poste face au repérage des malversations de ses agents
Nadège Vezinat
Dans Terrains & travaux 2013/1 (N° 22), pages 77 à 94

Article

L es malversations internes existent depuis longtemps à la Poste mais n’ont été


que très peu prises en compte jusque les années 1990. Ce type de fraude pose en
effet la question de son repérage et des sanctions qui y font suite. La sécurité
1

étant d’abord tournée vers la prévention des agressions externes (attaques de bureau
de poste notamment), les malversations internes restaient souvent impunies ou
inconnues. Si la réalité des fraudes est difficile à saisir, ce phénomène peut
néanmoins être approché à travers les irrégularités repérées par l’entreprise – ce qui
implique que la victime (qu’elle prenne la forme du client ou de l’entreprise) s’en
rende compte et réagisse.

Le changement de statut de la Poste (passant en 1991 d’administration d’Etat à 2


entreprise publique) et la volonté de créer une banque postale ont contraint
l’entreprise à s’intéresser à ces pratiques qui concernent également les banques et
marchés financiers. Dans ce secteur professionnel, le système de rémunération et de
carrières comme l’asymétrie de l’information ou les opportunités peuvent en effet
conduire à des dysfonctionnements (Godechot, 2001) ou « financial malfeasance »
(Pretchel, Morris, 2010). Étudier plus particulièrement les détournements de fonds [1]
repérés et sanctionnés par les PTT permet de saisir la perception de l’entreprise vis-
à-vis de ces fraudes et d’analyser la manière dont les sanctions prises à l’encontre du
fraudeur sont modulées en interne en fonction d’une catégorisation par
l’organisation postale des agents déviants.
Dans un cadre de codification de ses pratiques, l’entreprise rend visibles au niveau 3
national celles qui étaient jusque-là considérées à l’échelon local. Pour chaque façon
de frauder identifiée, la Direction des services financiers réagit en modifiant ses
procédures, en adoptant de nouvelles règles et en instaurant d’autres modes de
contrôle. Etudier les façons dont la Poste perçoit les comportements qu’elle identifie
comme irréguliers permet de les rattacher à des degrés différents de stigmatisation
et de réprobation en interne. En fonction des circonstances et de leurs motivations,
une typologie peut être constituée par le sociologue qui constate que le même acte
non conforme ne donne pas lieu aux mêmes sanctions par l’entreprise.

Pourquoi repérer l’irrégularité ? Des malversations


financières invisibles aux comportements « déviants »

Parmi les raisons qui ont conduit la Poste à repérer les irrégularités, nous pouvons 4
évoquer : la croissance des cas problématiques, le changement de statut de
l’entreprise et de profil des agents, le positionnement par rapport aux banques ainsi
que la réglementation juridique.

L’absence de trace de malversations dans les archives avant 1970 ne signifie pas 5
qu’elles n’existaient pas, mais seulement qu’avant cette date ces détournements
étaient peu pris en compte par les instances nationales des PTT. Si les
détournements de fonds ont toujours existé, ils se réglaient plutôt à l’échelon local.
Le niveau de malversations n’est en ce sens pas strictement corrélé à l’activité de
répression de ces dernières. Pour qu’une malversation soit associée à une déviance
au sens « d’action publiquement disqualifiée » (Becker, 1985, p. 186), il fallait qu’elle
devienne visible c’est-à-dire qu’elle soit constatée. La Direction des services
financiers commence à se soucier des malversations internes en 1970 et cherche à
comprendre quelles techniques utilisent les agents incriminés.

Encadré 1 : État des sources

1. Archives Nationales – CARAN Paris


F90 21 076 et F90 21 077 : Affaires disciplinaires, 1954-1957
F90 21 121 : Documentation et notes diverses (Historique des Services
Financiers, l’évolution de la CNE, l’automatisation dans les Services Financiers
des PTT), 1946-1969, s.d.
F90 21 128 : Services Financiers, 1958-1970, s.d.
F90 21 135 : Réformes (de la structure des catégories de personnel), 1962-1970
2. Centre Archives Contemporaines – CAC Fontainebleau
19940706 art. 03 : Direction Générale de la Poste (DGP), Direction du Contrôle
Général et Audit, Études et documents relatifs à la Poste : gestion du personnel,
services financiers, 1971-1991
19960174 art. 08: Ministère des Postes et Télécommunications, Inspection
générale des PTT, Rapports de l’inspection générale pour les années 1985-1987
19980486 art. 07 : Ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie,
Secrétariat d’état à l’Industrie, La Poste, Contrôle général de l’audit, Personnel
et affaires sociales, 1974-1993
19980498 art. 08-15 : Ministère de l’Économie, des Finances et de l’Industrie, La
Poste, Direction des clientèles financières, Bureau d’enquête centrale des
services financiers, Politiques d’action commerciale et de sensibilisation,
Personnel, Sécurité Prévention des malversations et escroqueries, 1968-1997
Parallèlement à ces archives dérogatoires, mon enquête de terrain réalisée
principalement en 2007 et 2008 m’a conduite à consulter des archives du
Service National des Archives (SNA) de La Poste (Siège social de la Poste-Paris)
ayant trait à la formation des postiers ou des recueils de jurisprudence. Ces
documents, parfois non datés, concernent la fin des années 1980 et le début des
années 1990. Mon travail historique n’a cependant pas dépassé le milieu des
années 1990 en termes d’accès aux archives. L’enquête sociologique a
cependant permis de récolter des documents répertoriés comme « fonds
personnel ».

Or la découverte de la fraude a pendant longtemps été le fait du hasard. En 1993, la 6


Direction des clientèles financières relevait le caractère souvent fortuit de la
découverte des malversations internes. Certaines découvertes étaient parfois
vraiment hasardeuses : pour une fraude portant sur 32 livrets pour 1,9 millions de
francs, « l’affaire a été découverte par un agent du CRSF [2] qui s’étonnait que le livret de sa
mère fasse l’objet d’un retrait important » [3]. Si ce n’avait pas été sa mère, l’agent situé en
back-office de l’opération financière n’aurait pas été aussi surpris de voir passer une
grosse somme en vue d’un retrait. La probabilité pour un agent de saisir l’opération
financière d’un membre de sa famille et de la découvrir est déjà faible, celle de
découvrir la malversation sur tout autre compte est d’autant plus compliquée. Les
sources d’alerte sont concrètement peu nombreuses : en dehors du client lui-même,
les seules personnes qui peuvent se douter d’une quelconque malversation sont les
ayants-droits d’un client (ses descendants) ainsi que le supérieur ou les collègues
d’un fraudeur qui s’étonnent d’agissements suspects.

Repérer les irrégularités constitue donc un enjeu fondamental pour l’entreprise qui 7
veut endiguer ces comportements. Ainsi, en 1988, le chef de service de sécurité et de
contrôle de la Poste note que la prévention de la fraude est orientée vers les
agressions externes et que les détournements internes ont alors pu se développer [4].
Entre 1977 et 1987 le montant des malversations découvertes a dès lors pu
considérablement augmenter (cf. tableau 1). Les fraudeurs demeurant le plus souvent
impunis, un risque de banalisation et donc d’augmentation des fraudes internes est
encouru par l’organisation si elle n’entreprend pas de rétablir une certaine
« morale » parmi ses agents.
Tableau 1 : Sommes détournées par les agents lors de fraudes internes
(1970-1995)

— Source : CAC 19980498 art. 14

La recherche active des irrégularités peut également être reliée au changement de 8


statut de la Poste qui, en devenant une entreprise publique en 1991, commence à
recruter massivement des contractuels, notamment sur le métier de conseiller
financier (Vezinat, 2012b). La figure de fonctionnaire (avec une socialisation forte,
une prestation de serment et une éthique du service public exacerbée) a
progressivement cédé la place à celle de contractuel moins socialisé à l’entreprise
dans laquelle il travaille. L’acculturation n’est pas la même et les carrières dans les
métiers au contact avec de l’argent peuvent être plus rapides pour ces derniers. En ce
sens, la mise en place d’un contrôle des irrégularités après le changement de statut
de la Poste est significative d’un besoin par ses dirigeants d’instaurer une éthique
d’entreprise, qui ne leur semblait pas aussi nécessaire par le passé.

Cela ne signifie pas que la morale des contractuels est moins forte que celle des 9
fonctionnaires mais que cette représentation d’une différence de moralité a conduit
les responsables des services financiers à renforcer les dispositifs de repérage et de
sanctions des déviances.
Les affaires traitées par le Conseil Central de Discipline dans les années 1990 10
concernent majoritairement les malversations financières [5]. Or La Poste cherche à
se faire reconnaître comme une banque à part entière. Elle adopte donc les mêmes
règles déontologiques que ses concurrentes et traite ceux qui iraient contre ces
règles comme des déviants dont elle doit « se débarrasser ». L’ensemble du secteur
bancaire a en effet cherché à réguler collectivement les risques encourus. Le
renforcement des fonctions d’audit et de contrôle avec les accords de Bâle II [6] est
venu concrétiser l’encadrement juridique des agissements frauduleux. Mais ceux-ci
s’adaptant au fur et à mesure que les contrôles les mettent à jour, le droit a souvent
eu un temps de retard sur les actes déviants en constante adaptation. Les fraudes
postales ont donc conduit la direction des services financiers à prendre conscience
du vide laissé concernant les règles à suivre en matière de déontologie et à mettre en
place des dispositifs de repérage des malversations.

Comment réagir aux malversations ? Dispositifs de


repérage des irrégularités

Les dispositifs de repérage des irrégularités sont de plusieurs ordres, ils relèvent de 11
l’informatisation, des contrôles croisés mis en place, d’un corps d’enquête
spécifique, d’une déontologie fournissant des normes à respecter ou encore de
l’étude des techniques des fraudes afin de les contrecarrer. Les agents coupables de
malversations financières utilisent notamment deux grands procédés : soit
l’enregistrement d’un remboursement fictif (quand les signatures sont imitables, le
fraudeur établit des bulletins, les signe et les transmet contre un paiement qu’il
encaisse), soit la conservation ou la diminution du montant d’un versement (le
fraudeur majore la pièce comptable avec encaissement de la différence en cas de
retrait d’une somme importante ou alors la détourne quand la somme est minime
pour la réutiliser ensuite à son profit) [7].

Dans les années 1970, les agents des PTT s’occupant de l’activité financière 12
appartiennent au corps des receveurs mais ces derniers sont peu à peu remplacés
par des agents affectés à cette fonction au cours des années 1980 et c’est avec l’un
d’eux qu’un détournement de grande ampleur a été mis au jour en 1986. Cette affaire
a permis à l’organisation postale d’établir quelles circonstances favorisent les
fraudes. Celle-ci est le fait d’une guichetière qui « s’efforçait d’obtenir la garde d’un
maximum de livrets » dans un village de 350 habitants avec une proportion importante
de personnes âgées, d’invalides et d’étrangers. La personnalité de l’agent et son
degré d’intégration sociale semblent jouer un rôle dans ce type de malversation. Si
162 comptes (sur 350 habitants) et une somme de 2 600 000 F ont pu être escroqués,
c’est parce qu’elle avait la confiance du village et un fort ascendant sur ses collègues :
« elle ‘étouffait’ ses collègues, […] et s’était rendue l’interlocuteur obligé pour les opérations
financières qu’elle effectuait hors de [leur] vue (dans le bureau du conseiller financier, à son
domicile ou à celui des clients). Participant à toutes les activités du bureau, mêmes à celles dont
elle n’était pas chargée, elle avait main mise sur la comptabilité de fin de mois. » [8]
Techniquement, les transferts d’argent s’effectuaient au moyen de pièces
comptables (les documents de retrait notamment) en format papier signées par le
client. Les versements ou retraits apparaissaient alors en miroir sur leurs livrets
d’épargne – qui n’étaient pas encore dématérialisés.

Après cette affaire exemplaire de personnalisation extrême des relations clientèle, 13


l’administration décide en 1988 de resserrer les contrôles en créant un corps de
contrôle départemental pour vérifier les avoirs financiers des clients [9]. Cette
fonction est confiée au ‘pilote de sécurité départemental’ dont le rôle de conseiller
sécurité a été renforcé en 1992 après la transformation de l’administration en
entreprise publique [10]. Cette fonction existe encore avec le ‘responsable sureté
départemental’ qui, en cas de fraudes, fait appel au Service National d’Enquêtes
(SNE) lequel traite des délits « portant atteinte aux intérêts de La Poste, de ses
agents et de ses clients » (instruction du 25 février 2000). Les recours au SNE sont
cependant relativement rares et le ‘responsable sureté’ du département rencontré en
2007 s’étonne du faible nombre de malversations par rapport au nombre de
personnes ayant la possibilité d’être impliquées. Il se questionne sur l’efficacité du
contrôle : « Est-ce parce que les outils et procédures de contrôle sont assez performants pour
jouer leur rôle ? Ou est-ce que les outils ne sont pas assez efficaces et ne repèrent pas les
malversations ? Je ne sais pas. » [11]

La question de la découverte des fraudes étant essentielle, les dispositifs de repérage 14


des malversations ne cessent de s’améliorer. Avec la Banque Postale, créée en 2006,
de nouveaux modes de management sont apparus, visant une « qualité totale » et
ayant pour objectif non plus de punir mais de contrôler en amont les salariés. Ainsi
le chargé de contrôle du risque postal met en place des plans d’action pour anticiper
les risques. Il est le garant de la conformité des activités postales. En effet, depuis la
création de la Banque Postale, la Poste doit rendre des comptes à plusieurs
régulateurs extérieurs tels que l’Autorité des Marchés Financiers, la Commission
Bancaire (avec un code bancaire et financier à appliquer dont la déontologie fait
partie) ou encore la répression des fraudes et, dans ce cadre, le chargé de contrôle du
risque supervise le contrôle par rapport au risque opérationnel. Le contrôleur des
opérations bancaires correspond au deuxième niveau de contrôle après le directeur
d’établissement : sa mission est de contrôler les contrôles effectués par ce dernier. Il
vérifie les ouvertures de produits financiers, par exemple que les personnes âgées ne
se sont pas fait forcer la main, et les irrégularités concernant le suivi du
commissionnement. Ce dernier étant basé sur une auto-déclaration, il peut y avoir
une différence entre l’activité déclarée et réalisée, il s’assure ainsi que les ventes
enregistrées par le conseiller financier correspondent bien au dossier du bureau de
poste.
Cette surveillance accrue, l’usage croissant de l’informatique et la multiplication des 15
contrôles croisés rendent les irrégularités plus difficilement invisibles. L’usage de la
technologie et la standardisation des procédures contribuent en effet à une visibilité
censée les réduire. Les problèmes concernant le commissionnement sur déclaration
sont le plus souvent de deux ordres : le premier cas est celui du conseiller financier
qui commissionne des produits non commissionnés (ce n’est pas forcément une
fraude mais certains peuvent se commissionner indûment intentionnellement), le
second cas est celui de ventes annulées non signalées par le conseiller financier. Or
s’il ne le signale pas, il perçoit un commissionnement sur un produit qu’il n’a au final
pas vendu. L’entreprise doit donc saisir dans chacun des cas s’il s’agit d’un oubli de
reporting ou d’une volonté de frauder.

En normalisant les « bonnes pratiques », la déontologie vise également à protéger le 16


conseiller financier vis-à-vis d’une procédure judiciaire lancée par un client ou des
contrôles de l’entreprise. La déontologie ne serait donc pas propre à la personne
mais au métier, elle servirait à « protéger » le professionnel des irrégularités qu’il
pourrait commettre dans le cadre de l’exercice de son activité. La « paperasse » à
remplir aurait d’ailleurs pour finalité de prouver qu’il a informé correctement son
client, donné le bon conseil et que la vente est conforme aux procédures légales :

« […] je connais tout des gens. Enfin tout ce qu’ils ont bien voulu me dire ! Et s’ils ne veulent 17
pas me le dire, je le note aussi, pour me couvrir ! S’ils ne m’ont pas donné les renseignements,
je ne peux pas leur faire de conseil, mais je dois dire pourquoi je n’ai pas pu conseiller. On est
dans un monde procédurier et on est obligé de se couvrir dans tous les sens du terme. […] Et
[12]
donc si la personne ne veut pas tout dire, on doit le marquer. »

En considérant la fraude comme une déviance qui contreviendrait aux normes 18


postales que celles-ci soient morales et/ou légales, la mise en place de mesures
contraignant les postiers à adopter un comportement conforme pose la question des
rapports entre droit et morale. Quand le choix se pose, l’alternative d’une régulation
en interne semble préférée pour agir plus efficacement sur la fraude et pour éviter la
publicité liée à un recours juridique. Dans l’optique d’une action sur la fraude, un
cadre partagé d’éthique qui se retrouve dans les normes professionnelles du métier,
les valeurs du travail bien fait ou la conviction profonde d’agir pour le bien du client
(ou de l’usager) et pour son service (Weller, 1999 ; Siblot, 2002, 2006) peut davantage
agir qu’une sanction. Même si juridiquement, les malversations sont répréhensibles
et peuvent être sanctionnées en externe, l’option de la régulation interne vise surtout
à limiter la publicisation rattachée à la judiciarisation. Les banques considérant que
la fraude découle d’une défaillance organisationnelle à résoudre en interne par
différents moyens, la déontologie apparaîtrait alors comme « une morale
transformée en droit, ou une morale en attente de consécration juridique, ou encore
un infradroit pouvant accéder à la juridicité à certaines conditions » (Terré, 2004, p.
499).
Toutes les irrégularités ne correspondent cependant pas à une infraction punie par 19
la loi et ne relèvent pas nécessairement d’un article du code pénal. Ainsi l’affichage
de faux résultats (que ce soit par erreur ou volontaire) ne constitue pas une
infraction mais est pourtant réglementé au niveau de l’entreprise. Même si les
fraudes ne relèvent pas uniquement d’une question morale et/ou interne à
l’entreprise, les affaires se règlent d’abord en interne. Les poursuites judiciaires n’en
sont pas toujours l’issue, elles constituent l’étape finale d’une gestion par l’entreprise
du traitement de la fraude et renvoient au moment où le salarié ne peut être
maintenu dans l’entreprise après que l’évaluation de son niveau de déviance n’ait pas
permis d’excuser la faute commise. La seule procédure disciplinaire peut en effet
également être préférée aux poursuites judiciaires afin de ne pas bloquer d’autres
procédures (disciplinaires ou action civile) qui semblent préférables en vue d’un
maintien au sein de l’entreprise [13]. Toutes les irrégularités ne se valent pourtant pas
et plusieurs profils peuvent être identifiés grâce aux archives postales.

Punir les déviants : typologie des irrégularités et mise en


œuvre des sanctions

La mise en œuvre des sanctions montre que la réprobation de l’entreprise se fait 20


parfois moins forte pour certains. Les agents étiquetés de fraudeurs renvoient à des
figures qui correspondent aux manières dont l’entreprise se les représente et donne
du sens à leurs actes déviants. Ces catégories n’existent pas en tant que telles à la
Poste qui ne répertorie dans les recueils et jurisprudences de décisions disciplinaires
que des cas individuels de fraudes, les circonstances de celles-ci et les décisions
disciplinaires y ayant trait. Le constat d’écarts entre ces éléments a permis lors de la
consultation des archives de reconstruire les variables à l’origine d’une sanction plus
sévère ou plus douce et de mettre au jour trois types de configurations : les
irrégularités par erreur, les fraudes par nécessité et les fraudes par choix. Ces agents
sont alors confrontés à une réprobation des collègues et de la hiérarchie inégale en
fonction du type auquel ils sont identifiés.

L’agent en situation d’irrégularité par erreur


L’irrégularité permet de reconnaître l’existence d’actes non conformes aux règles 21
sans pour autant – et contrairement à la terminologie de fraude – se prononcer sur
les intentions de leurs auteurs. L’agent qui commet un acte irrégulier par erreur est
celui dont l’entreprise considère qu’il ne l’a pas fait exprès. Ne prenant pas la peine
de camoufler son acte, il se fait repérer mais cette absence de camouflage devient un
indice pour l’entreprise pour qualifier l’acte de non intentionnel. L’irrégularité y est
jugée involontaire et comme un problème d’application de la réglementation plutôt
que de malhonnêteté, elle ne relève donc pas de la fraude qui est par nature
intentionnelle. Ainsi en 1994, une comptable départementale, qui n’a pas appliqué la
réglementation, « répond qu’elle ne l’avait pas bien en tête et qu’elle est maintenant
déterminée à la respecter. » [14] C’est un manque de connaissance, de maîtrise des
procédures qui apparaît à l’origine de son comportement « déviant » : des
appréciations telles que « n’est pas foncièrement malhonnête » [15] permettent de qualifier
l’intention de l’agent et de dissocier l’erreur de la fraude par choix. Pour la Poste,
cette affaire révèle « comment un manque de culture comptable, associé à une totale absence
de contrôle même le plus élémentaire, peut vulnérabiliser l’entreprise et accroître
considérablement les risques en matière financière. » [16] Le directeur départemental
adjoint, qui signe cette note sur la prévention, désire s’assurer que ce
comportement, « auquel il convient de mettre résolument un terme », n’est pas plus
général dans l’entreprise. A partir de ce constat, la direction des services financiers
met progressivement en place des outils de contrôle managériaux des conseillers
financiers.

Dans le cas de l’erreur, les fausses déclarations d’activité concernent plutôt les 22
agents les plus jeunes, ceux qui ne connaissent pas les règles et procédures postales.
En général, un premier acte non conforme intervient par accident mais s’il n’est pas
détecté tout de suite, il peut devenir une habitude et l’irrégularité s’installe jusqu’à sa
découverte, quand cette dernière a lieu. La mise en place de formations plus
poussées (BTS en apprentissage avec la Poste) et, à partir de 2001 – quand a été mis
en place le statut de cadre professionnel – le recrutement de diplômés déjà formés
(BTS Banque ou Force de Vente) permet à la direction des services financiers de
limiter ce comportement chez ses contractuels. Avec un niveau de qualification qui
augmente et une socialisation bancaire faite en amont, les erreurs sont amenées à
être moins nombreuses. Le plus souvent, ces affaires se résolvent au niveau local et
en interne, elles ne sont donc pas portées devant le Conseil Central de Discipline
pour les fonctionnaires ou la Commission Consultative Paritaire départementale
pour les contractuels [17].

En partant de ce premier cas, il est possible de construire un tableau récapitulatif de 23


la catégorisation des irrégularités par l’entreprise (cf. tableau 2), construit à partir de
la perception d’une intention frauduleuse [18].

Tableau 2 : Catégorisation des irrégularités par l’entreprise


— Source : ce tableau a été établi grâce aux rapports et guides de jurisprudence consultés
aux archives

Sans être de véritables données longitudinales, les archives permettent de savoir qui 24
est l’agent incriminé (statut d’emploi, grade, ancienneté, sexe), s’il est un récidiviste,
de connaître sa sanction et les circonstances de l’irrégularité afin de comparer la
réprobation de l’entreprise en constatant des différences de sanctions entre des faits
proches. L’entreprise ne peut pas savoir s’il y a volonté de frauder mais elle peut
trouver des signes lui permettant de projeter son sentiment d’un comportement
intentionnel ou non. Ainsi l’adoption délibérée d’un comportement jugé déviant
(discrétion par exemple) permet de juger a posteriori si le comportement était
intentionnel ou accidentel. L’intentionnalité est alors de fait plus sévèrement punie
car elle autorise l’entrée dans la carrière déviante c’est-à-dire la récidive.

Cependant, même quand l’intention frauduleuse est avérée, nous allons voir que 25
certains agents sont davantage excusés que d’autres par l’entreprise, même si les
sanctions à leur égard restent lourdes.

La fraude par nécessité


Dans le cas du fraudeur par nécessité, il s’agit de malversations attribuées à des 26
problèmes personnels (rupture, divorce, dépression, alcoolisme, maladie…) et/ou
matériels (surendettement, chômage du conjoint, addiction au jeu,…). Des
problèmes personnels cumulés à une opportunité, une possibilité de fraude
(« occasion qui fait le larron ») ont conduit à des actes délictueux. Bien que cela ne
suffise pas pour que sa hiérarchie l’excuse, le fraudeur par nécessité fait néanmoins
prévaloir des circonstances atténuantes : si le détournement porte sur un montant
limité, s’il existe un mobile apparent à la malversation, si le service habituel de
l’agent est apprécié positivement. En effet « un agent qui commet une malversation après
de longues années de services sans problème peut être apprécié avec plus de bienveillance qu’un
agent débutant. » [19] L’entreprise se penche également sur les circonstances liées à sa
situation personnelle : « contexte d’éthylisme et de solitude morale », « cas social », « fait
face à des échéances d’accession à la propriété », « enfant handicapé », « dette auprès d’un
créancier », « cure de désintoxication », « connu et aidé des services sociaux, couple immature,
incapable de gérer le budget familial », « sans domicile fixe, très perturbé, vie de plus en plus
marginale », « jeu-PMU, suivi par les Services Sociaux depuis son entrée dans
l’Administration » [20]…

L’accession à la propriété, l’alcoolisme et les situations familiales difficiles figurent 27


parmi les mobiles qui reviennent de manière récurrente (Salon, 1969) pour expliquer
une fraude perçue comme la dernière solution pour un individu qui se considère
« pris à la gorge ». Ainsi, alors que la sanction encourue pour des malversations
financières sans « excuse » est la révocation ou mise à la retraite pour les
fonctionnaires et le licenciement pour les contractuels, soit une sanction de 4ème
degré (cf. tableau 3), une dame divorcée, qui a fait 17 ans de service à la Poste et y a
détourné des fonds « pour permettre l’achat de nourriture (prise en charge de ses deux fils
majeurs connaissant de graves difficultés) », n’a eu qu’une sanction de 3ème degré.
L’entreprise lui a en effet donné une sanction de 2 ans d’exclusion temporaire de
fonctions dont 1 an de sursis. Il est indiqué, à son crédit, qu’elle a déjà bénéficié
d’une aide financière de la part de la poste. De la même manière, un homme divorcé,
facteur, fonctionnaire, avec 3 enfants et 23 ans de services, en situation de
surendettement et se trouvant dans un état dépressif, a détourné des mandats. Cette
malversation a été découverte après la réclamation des clients. Il a été sanctionné de
2 ans et 6 mois de sursis (soit une sanction de 3ème degré) au lieu d’une révocation
ou mise à la retraite d’office.

Tableau 3 : Échelle des sanctions selon le statut d’emploi


Les circonstances jouent un rôle particulier sur le niveau de sanction, qui peut 28
parfois encore être abaissé. Dans un autre cas, elles ont ainsi atténué la sanction (de
2ème degré) car l’agent accusée de détournement de fonds, prévenue d’une saisie
par huissier au bureau de poste, avait paniqué. Cette femme mariée, agent
d’exploitation, fonctionnaire, 1 enfant et 10 ans de services, n’a en effet été
sanctionnée que de 15 jours dont 8 avec sursis, ce qui est moins que la peine
standard consistant en une exclusion allant de 3 mois à 2 ans, car une situation
familiale dramatique a été découverte lors du conseil de discipline qui a fait
apparaître un mari violent et alcoolique.

La hiérarchie qui s’aperçoit de fraudes survenues par nécessité prévient sa direction 29


mais en insistant sur l’affectif : « si elle m’en avait parlé… ». Même si elle reste difficile à
évaluer, la fraude par nécessité est celle qui revient le plus souvent dans les rapports
et guides de jurisprudence consultés. Entre 1993 et 1997, « deux dossiers sur trois soumis
au Conseil central sont liés à des détournements de fonds pour un sur trois en Conseil local.
Dans un cas sur deux, ces situations sont liées à des difficultés financières. » [21] Ces difficultés
concernent généralement le personnel d’exécution de la Poste. Le rapport note que
« ce sont souvent des femmes seules chargées de famille ou des femmes dont le conjoint est au
chômage » [22]. Le conseil de discipline a donc de plus en plus cherché à en tenir
compte. En réponse à cette situation, un groupe de travail de la Direction du
contrôle préconise en avril 1995 que les difficultés financières des agents reçoivent
une attention particulière [23].
Il semblerait, avec ce profil, que l’entreprise cherche moins à punir qu’à 30
accompagner son personnel en situation de vulnérabilité. Les organisations
syndicales ont d’ailleurs souligné dès 1993 la nécessité pour la Poste d’apporter une
réponse plus volontariste aux situations de surendettement et demandes adressées
aux assistants sociaux [24]. En 2000, la Poste compte 290 assistants sociaux qui
reçoivent environ 40 000 personnes par an (soit 15% de l’effectif global des postiers).
Ceux-là, que l’entreprise garde et réinsère professionnellement, sont à distinguer
des fraudeurs conscients de contrevenir, sans excuse valable, à une règle.

La fraude par choix


Dans le cas du fraudeur par choix, la malversation est jugée à la fois intentionnelle et 31
non excusable pour l’entreprise. Cette intentionnalité se découvre en général a
posteriori, dans le cadre de l’enquête, et la fraude est alors considérée en interne
comme une trahison. Les atteintes peuvent cependant être de différents types :
allant d’une pratique de « cavalerie », c’est-à-dire le fait de faire une avance de
trésorerie (la malversation la plus courante), à des fraudes par falsification de
documents et détournements de comptes (comme dans l’affaire de 1986 précitée).

Les spoliations et les abus de confiance sont des malversations complexes à mettre 32
en œuvre sans être découvertes. Ces fraudes sont par conséquent le fait d’agents
expérimentés, qui connaissent les procédures et peuvent espérer les contourner sans
se faire prendre (en sachant comment repasser derrière la comptable ou détourner
les pièces comptables). Ce type de fraudeur, sans circonstances atténuantes, encourt
les sanctions les plus graves. Ainsi un agent accusé d’un détournement de fonds
dont le mobile établi à l’issue de l’enquête est le « jeu » vis-à-vis de la fraude s’est vu
révoqué malgré ses difficultés financières et une épouse atteinte d’une maladie
invalidante. Ces difficultés objectives n’ont pas été jugées « atténuantes » car elles ne
semblaient pas être la cause de son acte.

Il existe un certain nombre de circonstances aggravantes : montant très élevé, 33


victime particulièrement vulnérable, manœuvres dilatoires, mensonges, destruction
de preuves [25]. Aggrave également la sanction le fait d’assurer des fonctions
d’encadrant ou de comptable public, d’être stagiaire, d’assurer un mauvais service ou
de commettre un acte délictueux préjudiciable à un collègue. Un autre cas de
détournement concerne une personne ayant incriminé deux de ses collègues en
établissant et en faisant usage de faux documents administratifs : elle a été
considérée comme « foncièrement malhonnête » et ne s’étant même pas présentée
devant le Conseil Central de Discipline – ce qui apparaît comme un comportement
aggravant – a été révoquée [26].

La non-reconnaissance de ses actes et la mise en cause de collègues « innocents » 34


alourdit sensiblement les charges à l’encontre du fraudeur. La proposition de
sanction se fait donc en fonction des circonstances mais aussi de la gravité des
fautes et du comportement de l’agent (qui avoue et se repend ou s’entête à nier).
Dans une affaire de détournement à partir de comptes inactifs repérés via le système
informatique, il est précisé dans le rapport du Conseil Central de Discipline que :

« Melle C. qui a persévéré dans ses errements s’est montrée particulièrement butée et 35
dissimulatrice. Elle n’a admis ses malversations que lorsque l’enquête les a faites ressortir.
Les faits qui lui sont reprochés sont d’une extrême gravité [détournements effectués sur des
livrets dont les titulaires étaient très âgés ou même décédés], et elle ne mérite plus la confiance
de l’Administration.
[27]
Le Chef de service propose donc que la sanction de la révocation lui soit infligée. »

Ce relevé de décision donne à voir l’entreprise à la fois comme la productrice des 36


normes à suivre et celle qui en vérifie l’application. En ce sens, le positionnement
omniprésent de l’entreprise questionne : en s’octroyant tous les rôles dans la mesure
où c’est elle qui, tout à la fois, subit, reconnaît et sanctionne ce type de déviance, La
Poste interroge la mise en visibilité de pratiques reconnues comme déviantes au
regard de son modèle social.

Conclusion

Il existe un effet de boucle entre l’attention portée à un phénomène et les réactions 37


suscitées par cette dernière (Loriol, 2012). Le fait de mettre en évidence les
malversations internes aux PTT contribue à développer une catégorisation pour
gérer au niveau de l’entreprise les agents étiquetés comme fraudeurs. La
dépersonnalisation des relations clientèle et l’évolution des standards de prudence
(Montagne, 2012) ont conduit à distinguer les conditions objectives de l’irrégularité
des conditions perçues (pour l’intentionnalité comme les motivations). L’intérêt de
la typologie proposée est de saisir comment une entreprise se positionne à la fois
comme auteur du contrôle et de la sanction et victime de la fraude. Si les agents en
situation d’irrégularité par erreur renvoient l’entreprise aux efforts de formation
qu’elle doit encore fournir et si le fraudeur par nécessité l’interpelle sur ses services
sociaux en interne, le fraudeur par choix ne connaît qu’une forte réprobation et
s’avère sanctionné en conséquence.

Afin de freiner les tentatives de malversations financières internes, l’entreprise 38


semble privilégier la régulation interne en inculquant à ses agents des valeurs
professionnelles ciblées en fonction des métiers. Cependant, malgré des dispositifs
de repérage de plus en plus élaborés, il n’en demeure pas moins que la manière
d’appréhender les irrégularités reste très différente selon qu’une justification
« morale » puisse être présentée et venir excuser en partie le comportement assimilé
à une déviance. Cette considération permet des décalages entre l’acte déviant et la
réponse organisationnelle donnée c’est-à-dire la façon dont cet acte va être
socialement perçu et sanctionné au sein de l’entreprise.
Notes

[1] Les malversations internes peuvent être de plusieurs sortes : vol, détournement de
fonds ou de stocks. Le détournement de fonds correspond à l’appropriation
frauduleuse par un agent des PTT de sommes confiées par un tiers.

[2] Le Centre Régional des Services Financiers correspond au back-office de l’activité


financière postale, il ne rencontre pas directement les clients alors que les
conseillers financiers situés dans les bureaux de poste représentent la fonction
front-office de l’activité.

[3] CAC 19980498 art. 14, La Poste, Direction des Clientèles Financières, « Pertes
financières : fraudes, malversations internes, découverts CCP-CNE », Bilan 1993, p.
6.

[4] CAC 19980498 art. 14, Ministère des Postes et Télécommunications, DGP, Service
de sécurité et de contrôle de la poste, Note « Caisse nationale d’Épargne-
Prévention et gestion du risque », 30 mars 1988.

[5] DRH, DOIGRH, « Prévenir les manquements internes à la probité. Guide à l’usage
des chefs d’établissements, de l’encadrement et de la maîtrise », mai 1997, p. 7.

[6] Bâle II est un dispositif pour mieux appréhender les risques bancaires. Il classe les
risques opérationnels en sept catégories dont celle de fraude interne. Devenue une
directive européenne en juin 2006, son but est l’uniformisation des bonnes
pratiques bancaires.

[7] CAC 19980498 art. 14, Ministère des Postes et Télécommunications, DGP/DSF, 9
février 1973, Lettre circulaire du Directeur des Services Financiers aux Directeurs
régionaux des services postaux.

[8] Ibidem, Note pour le Directeur des Services Financiers, Service de sécurité et de
contrôle de la poste, 30 mars 1988.

[9] CAC 19980498 art. 14, Compte rendu réunion du 2 juin 1988, M. Marguerit. Objet :
Problèmes de sécurité et d’escroqueries liés aux opérations de Caisse Nationale
d’Epargne.

[10] Instruction du 29 septembre 1992.

[11] Homme, né en 1960, fonctionnaire, bac +2, entré à la Poste en 1981, responsable
départemental sûreté-sécurité.

[12] Homme, né en 1972, fonctionnaire, niveau première, entré à la Poste en 2000


comme facteur, conseiller financier en 2006.

[13] Cela ne signifie pas qu’aucun tribunal n’ait été impliqué mais seulement que les
archives de l’entreprise n’ont pas répertorié les sanctions pénales prises à
l’encontre des fraudeurs.

[14] CAC 19980498 art. 14, Prévention malversations internes. Guide actions de
détection et de prévention, 1996, Affaire du 23 décembre 1994 avec le Comptable
Départemental.

[15] SNA, La Poste, Ministère des Postes, des Télécommunications et de l’Espace,


Direction des Affaires Communes, « Discipline : Recueil de jurisprudence », sans
date mais ce ministère n’a existé que du 12/05/1988 au 15/05/1991, ce recueil date
donc d’avant la réforme de 1991.

[16] Ibidem.

[17] SNA La Poste, 2003/201-3, Diapason, module Prévention des manquements


internes à la probité, version animateur, 1997, annexe 2.

[18] Il ne prend donc pas en compte les « accusés à tort » tels que Becker les avait
identifiés pour les fumeurs de marijuana et qui peuvent exister pour les individus
soupçonnés de fraude mais « innocents ».

[19] Ibidem, p. 21.

[20] SNA, La Poste, Ministère des Postes, des Télécommunications et de l’Espace,


Direction des Affaires Communes, « Discipline : Recueil de jurisprudence », sd,
entre 1988 et 1991.

[21] Fonds personnel Nadège Vezinat, DRH, « Prévenir les manquements internes à la
probité. Guide à l’usage des chefs d’établissements, de l’encadrement et de la
maîtrise », Mai 1997, p. 16.

[22] CAC 19980498 art. 14, La Poste, Direction du Contrôle Général, Rapport du Groupe
de Travail Jean Stocki, Avril 1995, « Pour une politique de prévention et de
dissuasion des manquements internes en matière de probité », p. 21.

[23] Ibidem.

[24] Ibidem.

[25] Ibidem, pp. 21-22.

[26] SNA, La Poste, Ministère des Postes, des Télécommunications et de l’Espace,


Direction des Affaires Communes, « Discipline : Recueil de jurisprudence », sd,
entre 1988 et 1991, p. 59.

[27] Ibidem, p. 55.

Plan
Pourquoi repérer l’irrégularité ? Des malversations financières invisibles aux
comportements « déviants »

Comment réagir aux malversations ? Dispositifs de repérage des irrégularités

Punir les déviants : typologie des irrégularités et mise en œuvre des sanctions
L’agent en situation d’irrégularité par erreur
La fraude par nécessité
La fraude par choix

Conclusion

Bibliographie

Références

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Auteur
Nadège Vezinat

Maîtresse de conférences en sociologie


Université de Reims Champagne-Ardenne, REGARDS (EA6292)
Chercheuse associée au CMH

nadege.vezinat@ens.fr

Mis en ligne sur Cairn.info le 17/09/2013


https://doi.org/10.3917/tt.022.0077

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