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Faculté des sciences juridiques politiques et

sociales de Tunis
Mastère recherche Droit des Affaires

Cours Droit Pénal


des Affaires

Inès YOUSSEF

2021/2022
SOMMAIRE

Introduction
Section I : La dépénalisation en droit des affaires
Section II : La responsabilité pénale de la personne morale

Chapitre I : Les délits de droit commun appliqués aux affaires


Section I : L’escroquerie
Section II : L’abus de confiance
Section III : La corruption et le trafic d’influence
Section IV : La concussion
Section V : Les délits de prise illégale d’intérêts
Section VI : Le délit de favoritisme
Section VII : Le faux et l'usage de faux

Chapitre II : Les délits de droit des sociétés


Section I : Les infractions relatives à la constitution des sociétés de capitaux
Section II : Les infractions relatives aux comptes sociaux
Section III : L'abus de biens et de pouvoirs sociaux
Section IV : Les infractions relatives à la dissolution et à la liquidation des sociétés
Section V : Les infractions relatives au commissariat aux comptes

Chapitre III : Les délits financiers et boursiers


Section I : L'exercice illégal de l’activité bancaire
Section II : L'usure
Section III : délit et manquement d'initié
Section IV : Le délit de diffusion d’information fausse ou trompeuse
Section V : Le délit de manipulation de marché

Chapitre IV : Les infractions aux entreprises en difficulté


Section I : Le délit de banqueroute
Section II : Les « autres infractions »

Chapitre V : La cybercriminalité

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INTRODUCTION
« Les affaires. « Les affaires » ( au pluriel !) sont ce
qu’elles sont, c’est un fait. On en parle d’ailleurs
beaucoup ; mais que sont-elles précisément ? Elles
sont, ressort- il des dictionnaires, ce à quoi plusieurs
personnes s’intéressent. Ce qui renvoie bien entendu
à l’argent.. »1

Le droit pénal s’intéresse aux affaires depuis très longtemps2.


Il s’agit d’une branche du droit pénal qui présente des particularismes marqués tant en ce qui
concerne la définition des infractions, que les sanctions et les modalités de la poursuite qui
dérogent souvent, sous l'influence du législateur et de la jurisprudence, au droit commun.
Mais malgré son particularisme, cette discipline reste soumise aux principes fondamentaux
du droit pénal qui constituent le socle commun de toute la discipline.
• Autonomie au sein du droit pénal ?
Le droit pénal des affaires obéit à l’ensemble des principes du droit pénal dans lequel il
s’inscrit, à commencer bien sûr par le principe de la légalité et le principe de la présomption
d’innocence.
En l'état actuel de la législation, le droit pénal des affaires ne peut pas être qualifié de droit
autonome par rapport au droit pénal puisqu'il en conserve les principes. Cependant, il est
incontestable que ce droit se démarque du droit commun compte tenu de la spécificité des
infractions d'affaires.
Ce droit pénal va se constituer par étapes successives qui correspondent à l'avènement de
diverses législations économiques. Il constitue finalement un ensemble homogène révélant
toujours plus l'encadrement de l'économie par l'État. La législation économique dans un souci
d'efficacité de la protection des valeurs décidées par l'État est toujours assortie de sanctions
pénales, sanctions les plus efficaces d'entre toutes par leur effet dissuasif et éventuellement
privatif de liberté.

1
Michel Véron / Guillaume Beaussonie ;Droit pénal des affaires ; Dalloz - 12e éd. - Décembre 2019 (Cours)
2Verrès a été accusé de concussion ( en 70 av. J.- C.) et Fouquet condamné pour péculat ( le 22 sept. 1664), bien
avant donc que Jérôme Kerviel ne le soit pour abus de confiance ( le 19 mars 2014) et Total pour corruption ( le
14 mars 2018).

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Aujourd'hui, tous les secteurs du droit des affaires sont infiltrés par le droit pénal (droit
commercial, droit des entreprises en difficulté, droit des sociétés, droit fiscal, droit de la
consommation, droit de l'environnement, ...).
• Le domaine du droit pénal des affaires ne cesse de s'étendre.
Depuis une dizaine d'années, un constat s'impose : la criminalité d'affaires évolue et change
de nature. D'une criminalité de commerçants, chefs d'entreprise, dirigeants, elle est devenue
une forme de criminalité organisée.
Cette évolution se traduit par une forte expansion et un accroissement de la gravité des
agissements. Les organisations criminelles sont devenues des acteurs majeurs de la
délinquance d'affaires qui peut constituer une source importante de revenus ou être le moyen
de dissimuler le produit d'autres infractions.
À cet égard, l'essor du blanchiment de capitaux par des organisations criminelles impliquées
dans le terrorisme3, les trafics de stupéfiants, d'armes ou d'êtres humains est caractéristique.
Le dernier trait de l'évolution de la délinquance d'affaires lié aux précédents est
l'internationalisation.
Historiquement, les infractions d'affaires étaient commises essentiellement sur le territoire
national. Aujourd'hui, la criminalité organisée n'ayant plus de frontière, les infractions se sont
internationalisées, les actes frauduleux étant commis dans différents pays.
Ces éléments d'extranéité compliquent considérablement la détection des infractions et leurs
poursuites.
• Le droit pénal des affaires est d’abord un ensemble d’infractions.
Il constitue, de la sorte, une branche parmi d’autres du droit pénal spécial, en ce sens qu’il
implique d’opérer l’analyse de chacune de ces infractions. Il s’agit ainsi d’étudier leur
particularité, autrement dit de procéder à l’examen détaillé de ce qui les singularise les unes
par rapport aux autres, du stade de l’incrimination ( ex. comment distinguer un vol d’un abus
de confiance ou un abus de confiance d’un abus de biens sociaux ?) jusqu’à celui de la sanction
( peines et autres sanctions pénales).
L’intérêt est que, en vertu du principe de légalité, à chacune de ces infractions correspond un
régime propre de fond comme de forme.
• Le droit pénal des affaires, ensuite, s’applique à des personnes en affaires (
approche subjective) et à des situations d’affaires ( approche objective).

3
Loi organique n° 2019-9 du 23 janvier 2019, modifiant et complétant la loi organique n° 2015-26 du 7 août
2015, relative à la lutte contre le terrorisme et la répression du blanchiment d'argent.

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En cela mobilise- t- il inéluctablement des notions de droit des affaires – privé, public voire
international – qui existent donc indépendamment de lui : dirigeant, société, initié,
fonctionnaire public, marché public, intérêt social, cessation des paiements etc.

Section 1 : La dépénalisation en droit des affaires


➢ V. Bertrand de Lamy ; Marc Segonds ; JurisClasseur Pénal des Affaires ; Notions
fondamentales ; Fasc. 7 : Responsabilité pénale des personnes morales ; 9 Avril 2018
(Date de la dernière mise à jour : 14 Août 2021)

Section 2 : la responsabilité pénale de la personne morale


➢ V. Catherine GINESTET, « La dépénalisation du droit des sociétés ? », Revue Le Lamy
Droit des Affaires, Nº 46, 1er février 2010

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Chapitre I : Les délits de droit commun appliqués aux affaires

Section I : L’escroquerie
Section II : L’abus de confiance
Section III : La corruption et le trafic d’influence
Section IV : La concussion
Section V : Les délits de prise illégale d’intérêts
Section VI : Le délit de favoritisme
Section VII : Le faux et l'usage de faux

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Section I : L’escroquerie4

L'escroquerie est un délit consistant dans le fait, soit par l'usage d'un faux nom ou d'une fausse
qualité, soit par l'abus d'une qualité vraie, soit par l'emploi de manœuvres frauduleuses, de
tromper une personne physique ou morale et de la déterminer ainsi, à son préjudice ou au
préjudice d'un tiers, à remettre des fonds, des valeurs ou un bien quelconque, à fournir un
service ou à consentir un acte opérant obligation ou décharge.
➢ Texte :
- Art. 291 (nouveau) CP - Modifié par le décret du 8 octobre 1935 :
« Est puni de cinq ans d'emprisonnement et de deux mille quatre cents dinars d'amende,
quiconque, soit en faisant usage de faux noms ou de fausses qualités, soit en employant des
ruses ou artifices propres à persuader de l'existence de fausses entreprises, d'un pouvoir ou
crédit imaginaire ou à faire naître l'espoir du succès d'une entreprise ou la crainte de son
échec, de la survenance d'un accident ou de tout autre événement chimérique, se fait
remettre ou délivrer ou tente de se faire remettre ou délivrer des fonds, meubles,
obligations, biens, valeurs mobilières, promesses, quittances ou décharges et a, par l'un
de ces moyens, extorqué ou tenté d'extorquer tout ou partie des biens d'autrui. »
- Art. 292 CP :
“Est assimilé à l'escroquerie et puni des peines prévues à l'article précédent, le fait :
o de vendre, hypothéquer, mettre en gage ou louer des biens dont on n'a pas le
droit, de disposer, et spécialement les biens habous,
o de vendre, hypothéquer, mettre en gage ou louer des biens déjà vendus,
hypothéqués, donnés en location ou mis en gage. »
➢ Élément matériel
1.1 Comportement
- L'usage de faux nom consiste à usurper un nom (patronyme, prénom ou pseudonyme, réel
ou imaginaire) pour inspirer confiance et tromper sa victime.
L'usage de fausse qualité consiste à se prévaloir d'une qualité que l'on n'a pas (situation de
famille, profession, titre…) aux mêmes fins. Ainsi en ira-t-il de celui ou celle qui se prétend
père de famille, veuve, médecin, commerçant ou encore mandataire.
- L'abus de qualité vraie consiste à utiliser une qualité que l'on possède réellement pour
inspirer confiance et tromper la victime.

4 V.Annexe N°10 : Cass Crim n° 92249 en date du 26/2/2020 (escroquerie)

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-L'emploi de manœuvres frauduleuses consiste en l'accomplissement d'actes positifs (la
simple omission est inopérante) pour tromper la victime et la déterminer à la remise.
Elles doivent donc être antérieures à cette remise.
De simples allégations mensongères ne sauraient, en elles-mêmes, et en l'absence de toute
autre circonstance, constituer des manœuvres frauduleuses.
Il pourra s'agir de l'intervention d'un tiers de bonne ou mauvaise foi (par exemple
l'intervention d'un notaire donnant force et crédit à de fausses déclarations faites par l'une
des parties pour déterminer la signature de l'acte authentique par son cocontractant), d'une
mise en scène, de la production de pièces ou d'écrits (factures, attestations, bilans…).
1.2 Résultat
La victime doit avoir été déterminée à remettre ou délivrer des fonds, meubles,
obligations, biens, valeurs mobilières, promesses, quittances ou décharges.
➢ Élément intentionnel5
L'escroquerie est un délit6 intentionnel7.
L'auteur doit avoir utilisé un procédé de tromperie en vue de tromper une personne physique
ou morale. La preuve de l'intention résulte la plupart du temps de la seule constatation

5 Toute infraction pénale comporte, au titre de ses éléments constitutifs un élément moral, c'est-à-dire un
ensemble de conditions tenant à l'état d'esprit de l'agent au moment des faits qu'il accomplit. Cet élément moral
a lui-même deux composantes cumulatives : l'imputabilité et la culpabilité.
Article 37.CP
« Nul ne peut être puni que pour un fait accompli intentionnellement, sauf dans les cas spécialement prévus par
la loi. »
D'une part, il n'y a pas d'infraction sans « imputabilité ». L'imputabilité est le libre arbitre, c'est-à-dire la
conjonction du discernement (la capacité à comprendre) et de la volonté (la capacité à vouloir
D'autre part, l'élément moral de l'infraction a pour seconde composante la « culpabilité ». Celle-ci s'entend stricto
sensu de la faute intellectuelle concomitante de l'action. On distingue formellement quatre types de fautes :
l'intention, la mise en danger délibérée, l'imprudence lato sensu et, indirectement, la faute contraventionnelle,
laquelle correspond à l'absence de force majeure.
6 Les infractions pénales sont classées, suivant leur gravité, en crimes, délits et contraventions
7 L'infraction intentionnelle est celle pour laquelle la loi exige que l'auteur agisse avec intention. Les infractions

intentionnelles sont les plus anciennes historiquement (assassinat, viol, vol, faux témoignage, etc.) et les plus
graves criminologiquement : à résultat équivalent, elles sont plus durement punies que les infractions non
intentionnelles. Deux précisions doivent être apportées s'agissant de l'infraction intentionnelle.
En premier lieu, l'intention simple, autrement appelée « dol général » (« dol generalis ») par la doctrine
criminelle, ne doit pas être confondue avec le dol spécial requis par l'infraction intentionnelle, laquelle
exige en sus que l'auteur recherche le résultat de l'infraction. Tel est ainsi le cas du crime de meurtre, lequel exige
la démonstration de la volonté de l'auteur de tuer sa victime (« animus necandi »), sans quoi il ne saurait être
caractérisé. En second lieu, l'intention ne doit pas davantage être confondue avec le mobile poursuivi par l'auteur
qui est indifférent à la caractérisation de l'infraction.
Corrélativement, l'infraction non intentionnelle est celle pour laquelle l'intention n'est pas légalement requise.
Il existe alors deux sortes d'infractions non intentionnelles. D'un côté, celles dont l'auteur doit exclusivement
agir par imprudence. De l'autre, les infractions qui peuvent indifféremment être commises intentionnellement
ou non intentionnellement, ce caractère n'influant pas sur la qualification des faits. Il en va ainsi de la plupart des
contraventions, dont il n'importe de déterminer si leur auteur a agi exprès ou non : c'est par exemple la même
contravention qui est réalisée, lorsqu'un automobiliste ne respecte un feu rouge, qu'il ne l'ait pas vu ou qu'il ait
sciemment décidé de ne pas s'arrêter.

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des moyens matériels mis en œuvre (en particulier lors de mises en scène particulièrement
élaborées). Peu importent les mobiles ayant inspiré l'auteur de ces actes.
➢ Répression
-Peines : L'escroquerie est punie de de cinq ans d'emprisonnement et de deux mille quatre
cents dinars d'amende
-Tentative8 : La tentative d'escroquerie est incriminée.
-Prescription de l'action publique : C'est la remise qui consomme l'infraction et marque le
point de départ du délai de prescription.

8Article 59 CP
Toute tentative d'infraction est punissable comme l'infraction elle-même si elle n'a été suspendue ou si elle n'a
manqué son effet que par des circonstances indépendantes de la volonté de son auteur. Toutefois, la tentative
n'est pas punissable, sauf disposition contraire de la loi, dans les cas où l'infraction ne comporte pas plus de 5
ans de prison.

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Section II : L’abus de confiance9

Commet un abus de confiance la personne qui détourne, au préjudice d'autrui, des fonds, des
valeurs ou un bien quelconque qui lui ont été remis et qu'elle a acceptés à charge de les rendre,
de les représenter ou d'en faire un usage déterminé.
➢ Texte :
- Art. 297 CP :
« Est puni de trois ans d'emprisonnement et de deux cent quarante dinars
d'amende, quiconque détourne ou dissipe, tente de détourner ou dissiper au préjudice
des propriétaires, possesseurs ou détenteurs, des effets, deniers, marchandises,
billets, quittances ou tous autres écrits contenant ou opérant obligation ou
décharge, qui ne lui ont été remises qu'à titre de louage, dépôt, mandat,
nantissement, prêt à usage ou pour un travail déterminé, salarié ou non salarié , à
charge de les rendre, de les présenter ou d'en faire un usage déterminé.
La peine est de dix ans d'emprisonnement lorsque l'auteur de l'infraction est, soit
mandataire, employé, ouvrier ou serviteur du possesseur de l'objet détourné, soit
tuteur, curateur, séquestre, administrateur judiciaire, soit administrateur ou
employé d'une fondation pieuse. »
- Art. 302 CP :
« Tout individu, coupable de l'une des infractions prévues aux sections IV et V du
présent chapitre, peut être condamné aux peines accessoires 10 prévues à l'article 5 du
présent code. »
➢ Remise préalable
Le bien objet de détournement dans l'abus de confiance doit avoir été préalablement remis.
Cette "remise" doit être volontaire et précaire (à charge pour celui qui reçoit de restituer le
bien, de le représenter ou d'en faire un usage déterminé).

9 V. Annexe N°3 : Cass Crim n°4890 en date du 14/10/2004 (abus de confiance)


-Annexe N°6 : Cass Crim n°86419 en date du 16/10/2020 (abus de confiance)
-Annexe N°7 : Cass Crim n° 86576 en date du13/3/2020 (abus de confiance)
10 La version arabe qui prime utilise le terme ‫ عقوبات تكميلية‬qui désigne les peines complémentaires.

La doctrine oppose les peines complémentaires facultatives, les peines complémentaires obligatoires et les
peines accessoires.
Une peine complémentaire facultative est une peine que le juge n'est jamais tenu de prononcer. Une peine
complémentaire obligatoire est une peine que le juge est obligé de prononcer ; mais s'il oublie de le faire, cette
peine ne peut être exécutée. C'est ici que se trouve une différence notable avec la peine accessoire qui produit
automatiquement effet, sans que le juge ait besoin de la prononcer, une telle peine résultant de plein droit de la
condamnation.

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Une liste limitative de contrats en vertu desquels la remise devait avoir eu lieu est dressée
dans l’article 297 CP (louage, dépôt, mandat, nantissement, prêt à usage ou pour un
travail déterminé, salarié ou non salarié).
Les juges doivent alors nécessairement caractériser l'existence préalable de l'un de ces
contrats pour pouvoir envisager la qualification d'abus de confiance dans l'hypothèse d'un
détournement.
Enfin, la remise du bien pourra avoir été faite par l'intermédiaire d'un tiers (et donc pas par
le propriétaire du bien lui-même).
Le texte d'incrimination précise que la remise doit porter sur des des effets, deniers,
marchandises, billets, quittances ou tous autres écrits contenant ou opérant obligation
ou décharge.
Il peut s'agir d'un bien corporel ou incorporel dès lors qu'il est susceptible d'appropriation.
En revanche, services et immeubles sont exclus du champ d'application de l'abus de confiance.
➢ Élément matériel
L'élément matériel de l'abus de confiance consiste en un détournement de la chose remise.
Le détournement peut consister en une action ou une omission.
L'abus de confiance est un délit instantané11 : le détournement existe dès lors que le
propriétaire de la chose confiée ne peut plus exercer ses droits sur elle.
Il n'est pas nécessaire en revanche que l'auteur de l'infraction se soit approprié la chose à titre
personnel ou même qu'il en ait tiré un profit quelconque.
Le « préjudice d'autrui », élément constitutif du délit d'abus de confiance, s'entend
d'un préjudice matériel ou moral, actuel ou simplement éventuel. Il peut être subi par le
propriétaire ou par tout détenteur ou possesseur du bien détourné.
➢ Élément moral
Le délit d'abus de confiance n'existe que si le détournement a été commis avec une intention
frauduleuse.
Celle-ci suppose la connaissance de la précarité de la possession et la prévisibilité du
résultat dommageable de son action. L'auteur doit avoir eu l'intention de se comporter en
propriétaire du bien remis. L'appréciation de la mauvaise foi par les juges du fond est
souveraine (faits, qualités de l'intéressé...).

11Les infractions instantanées sont des infractions de commission ou d'omission qui se réalisent en un seul trait
de temps. Elles se consomment sur l'instant ou, tout au moins, sur une durée très négligeable. Elles sont donc
parfaitement compatibles avec la question de la préméditation. Peu importe également qu'elles aient fait l'objet
d'une longue préparation.
À l'inverse, les infractions continues sont des infractions dont la consommation s'étire sur une certaine durée,
accompagnée de la réitération constante de la volonté coupable de l'auteur après la réalisation de l'infraction.

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➢ Répression
En matière d'abus de confiance, le point de départ de la prescription de l'action publique doit
être fixé au jour où le délit est apparu et a pu être constaté dans des conditions permettant la
mise en mouvement ou l'exercice de cette action.
La complicité est punissable selon les règles de droit commun12.
➢ Peines
L'abus de confiance est puni de trois ans d'emprisonnement et de deux cent quarante
dinars d'amende.
Les personnes physiques encourent également des peines accessoires13 .

12 Article 33.CP :Dans tous les cas où la loi n'en dispose pas autrement, les complices d'une infraction ont punis
de la même peine que les auteurs de cette infraction, sauf application, suivant les circonstances des dispositions
de l'article 53.
13 Article 5.(Modifié par la loi n° 66-63 du 5 juillet 1966).

Les peines sont


«a)Peines principales:
1)La mort;
2)L'emprisonnement à vie;
3)L'emprisonnement à temps
4)L'amende» (Modifié par la loi n° 89-23 du 27 février 1989).
b)Peines accessoires:
1)Le travail rééducatif;
2)L'interdiction de séjour;
3)Le renvoi sous la surveillance administrative;
4)La confiscation des biens dans les cas prévus par la loi;
5)La confiscation spéciale;
6)La relégation dans les cas prévus par la loi;
7)L'interdiction d'exercer les droits et privilèges suivants:
a)les fonctions publiques ou certaines professions telles que celles d'avocat, d'officier public, de médecin, de
vétérinaire ou de sage-femme, de directeur ou d'employé à titre quelconque dans un, établissement d'éducation,
de notaire; d'être tuteur, expert ou témoin, autrement que pour faire de simples déclarations;
b)le port d'armes et tous insignes honorifiques officiels;
c)le droit de vote
8)La publication, par extraits, de certains jugements.

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Section III : La corruption et le trafic d’influence

Parag1 : La corruption 14
La corruption passive est le fait pour un agent compétent de se laisser « acheter » pour
accomplir ou ne pas accomplir un acte de sa fonction.
La corruption active est le fait pour une personne de rémunérer l'accomplissement ou le
non-accomplissement d'un tel acte par l'agent compétent.
Dans la corruption la qualité de fonctionnaire ou assimilé est exigée du corrompu et non du
corrupteur.
➢ Texte :
• Définition fonctionnaire public ou assimilé
- Art. 82 (nouveau) - Modifié par la loi n° 98-33 du 23 mai 1998 :
« Est réputée fonctionnaire public soumis aux dispositions de la présente loi, toute
personne dépositaire de l'autorité publique ou exerçant des fonctions auprès de l'un
des services de l'État ou d'une collectivité locale ou d'un office ou d'un établissement
public ou d'une entreprise publique, ou exerçant des fonctions auprès de toute autre
personne participant à la gestion d'un service public.
Est assimilée au fonctionnaire public, toute personne ayant la qualité d'officier
public, ou investie d'un mandat électif de service public, ou désignée par la justice pour
accomplir une mission judiciaire. »
• Corruption passive
- Art. 83 (nouveau) - Modifié par la loi n° 98-33 du 23 mai 1998 :
« Toute personne ayant la qualité de fonctionnaire public ou assimilé conformément
aux dispositions de la présente loi, qui aura agréé, sans droit, directement ou
indirectement, soit pour lui-même, soit pour autrui, des dons, promesses, présents ou
avantages de quelque nature que ce soit pour accomplir un acte lié à sa fonction, même
juste, mais non sujet à contrepartie ou pour faciliter l'accomplissement d'un acte en
rapport, avec les attributions de sa fonction, ou pour s'abstenir d'accomplir un acte de
sa fonction auquel il est tenu, est puni de dix ans d'emprisonnement et d'une amende
double de la valeur des présents reçus ou des promesses agréées, sans qu'elle
puisse être inférieure à dix mille dinars.

14 V.Annexe N°8 : Cass Crim n° 53174 en date du21/1/2018 (corruption)

INES YOUSSEF 13
Le tribunal prononce à l'encontre du condamné, par le même jugement, l'interdiction
d'exercer les fonctions publiques, de gérer les services publics et de les représenter. »
- Art. 84 (nouveau) - Modifié par la loi n° 98-33 du 23 mai 1998 :
« Si le fonctionnaire public ou assimilé a provoqué la corruption, la peine prévue à
l'article 83 de ce code sera portée au double. »
- Art. 85 (nouveau) - Modifié par la loi n° 98-33 du 23 mai 1998 :
« Si le fonctionnaire public ou assimilé a accepté des dons, promesses, présents ou
avantages de quelque nature que ce soit en récompense d'actes qu'il a accomplis et
qui sont liés à sa fonction, mais non sujet à contrepartie, ou d'un acte qu'il s'est absten u
de faire alors qu'il est tenu de ne pas faire, est puni de cinq ans d'emprisonnement et
de cinq mille dinars d'amende. »
• Corruption active
- Art. 91 CP
« Est punie de cinq ans d'emprisonnement et de cinq mille dinars d'amende, toute
personne qui aura corrompu ou tenté de corrompre par des dons ou promesses de
dons, ou présents ou avantages de quelque nature que ce soit l'une des personnes
visées à l'article 82 du présent code en vue d'accomplir un acte lié à sa fonction, même
juste, mais non sujet à contrepartie, ou de faciliter l'accomplissement d'un acte lié à sa
fonction, ou de s'abstenir d'accomplir un acte qu'il est de son devoir de faire.
Cette peine est applicable à toute personne ayant servi d'intermédiaire entre le
corrupteur et le corrompu.
La peine sera portée au double si les personnes visées à l'article 82 ont été contraintes
à accomplir les actes précités par voie de fait ou menaces exercées sur elles
personnellement ou sur l'un des membres de leur famille. »
- Art. 92 CP
« La peine est d'un an d'emprisonnement et de mille dinars d'amende, si la tentative de
corruption n'a eu aucun effet.
Elle est de deux ans d'emprisonnement et de deux mille dinars d'amende si la tentative
de contrainte par voie de fait ou menaces n'a eu aucun effet. »
- Art. 93 CP
« Est absous le corrupteur ou l'intermédiaire qui, avant toute poursuite, révèle
volontairement le fait de corruption et, en même temps, en rapporte la preuve. »

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- Art. 94 CP
« Dans tous les cas de corruption, les choses données ou reçues sont confisquées au
profit de l'État. »
➢ Éléments constitutifs
-Elément préalable : la qualité de l'auteur corrompu
L'auteur de corruption passive peut être un fonctionnaire public ou assimilé tel que défini
dans l’article 83 CP.
Les magistrats bien qu’ils répondent à la situation des fonctionnaires sont soumis à des
dispositions spéciales qui sont parfois plus sévères parfois plus douces.
• S’agissant du juge pénal, le fait pour lui de se laisser corrompre le remet punissable
d’emprisonnement pour une durée entre 10 et 20 ans (article 88 et 89 CP15).
• S’agissant du juge civil, celui-ci ne s’est pas volontairement récusé d’une partie après
avoir reçu d’une partie à l’instance une faveur, il est puni d’un emprisonnement d’un
an.
La convention des NU contre la corruption (2004) a prévu de poursuivre les corrompus même
dans le secteur privé, la Tunisie l’a ratifiée.
En Tunisie, puisque la corruption n’est punie que si elle concerne un fonctionnaire ou assimilé,
l’incrimination de la corruption ne devient protectrice que de l’intérêt public général. C’est
ainsi que la corruption n’est pas punissable pour un dirigeant d’une société commerciale.
-Élément matériel : la participation au pacte de corruption
• L'élément matériel des différentes corruptions passives leur est commun, en ce que les
textes sont rédigés de manière quasi identique.
Ainsi, pour caractériser l'élément matériel de la corruption passive, il faut être en
présence d'une sollicitation ou un agrément, en vue d'obtenir une offre, des promesses,
des dons, des présents ou des avantages quelconques, en échange
de l'accomplissement et/ou le non-accomplissement d'un acte, l'acte relevant ou étant
facilité par la fonction.

15Art. 88 (nouveau) - Modifié par la loi n° 89-23 du 27 février 1989 - Est puni de vingt ans d'emprisonnement, le
juge qui, à l'occasion d'une infraction passible de la peine de mort ou de l'emprisonnement à vie, s'est laissé
corrompre, en faveur ou au préjudice de l'inculpé.
Art. 89 (nouveau) - Modifié par la loi n° 89-23 du 27 février 1989 - Est puni, le juge corrompu, de la même peine
prononcée contre le prévenu par l'effet de la corruption, à condition que la peine prononcée envers ce juge ne
soit inférieure à dix ans d'emprisonnement.
Art. 90 - Est puni d'un an d'emprisonnement tout juge qui, hors les cas prévus aux articles 83 et suivants, ne s'est
pas récusé après avoir reçu, ouvertement ou en cachette, de l'une des parties à l'instance pendante devant lui,
des objets, valeurs ou sommes d'argent.

INES YOUSSEF 15
Peu importe que la sollicitation ou l'agrément ait lieu avant ou après l'acte, qu'il émane
de l'auteur ou d'une tierce personne, que la récompense sollicitée ou agréée ait pour
destinataire une autre personne que l'auteur.
La corruption passive suppose que le fonctionnaire ou assimilé accepte d’accomplir ou
de s’abstenir d’accomplir un acte même juste relevant de ses fonctions.
Enfin la corruption passive exige la récompense.
• L'élément matériel des différentes corruptions actives répond en tous points à
l'élément matériel des corruptions passives, sauf qu'il s'agit, dans ce cas, soit d'une
proposition soit de l'acceptation d'une sollicitation.
-Élément moral : dols général et spécial
• L'ensemble des infractions de corruption passive doit être caractérisé par un dol
général qui consiste en la volonté et la conscience, chez le corrompu, de manquer à son
devoir de probité en monnayant son office, et par un dol spécial qui consiste en la
volonté et la conscience du but poursuivi (accomplissement ou non de l'acte permis ou
facilité par la fonction, soit la récompense).
Les mobiles sont indifférents.
• L'ensemble des infractions de corruption active doit être caractérisé par un dol général
qui consiste en la volonté et la conscience, chez le corrupteur, de participer au
manquement du corrompu à son devoir de probité en monnayant l'office de ce dernier
et par un dol spécial qui consiste en la volonté et la conscience du but poursuivi
(accomplissement ou non de l'acte pour le corrompu, soit un avantage a priori indu).
Les mobiles sont indifférents.
➢ Répression
-Peines
Les délits de corruption sont punis de dix ans d'emprisonnement et d'une amende double
de la valeur des présents reçus ou des promesses agréées, sans qu'elle puisse être
inférieure à dix mille dinars.
Le tribunal prononce à l'encontre du condamné, par le même jugement, l'interdiction
d'exercer les fonctions publiques, de gérer les services publics et de les représenter.
Pour la corruption active, la peine est de cinq ans d'emprisonnement et de cinq mille dinars
d'amende.
En droit tunisien, il ressort de l’article 84 CP que si c’est le fonctionnaire ou assimilé qui a
provoqué l’infraction, la peine à laquelle il s’expose est double.

INES YOUSSEF 16
En vertu de l’article 85CP, la peine est atténuée si l’acceptation de la récompense se réalise
après l’accomplissement de l’acte.
-Action publique
Le délai de prescription de l'action publique de l'infraction occulte ou dissimulée court à
compter du jour où l'infraction est apparue et a pu être constatée dans des conditions
permettant la mise en mouvement ou l'exercice de l'action publique.

Parag 2 : Trafic d'influence


Le trafic passif d'influence est le fait pour une personne de se laisser acheter (sur sa
sollicitation ou à la demande d'un tiers) pour user de son influence.
Le trafic d'influence actif consiste à rémunérer une telle personne pour qu'elle use ainsi de
son influence.
➢ Texte :
- Art. 87 CP
« Toute personne ayant abusé de son influence ou de ses liens réels ou supposés auprès
d'un fonctionnaire public ou assimilé et qui aura accepté, directement ou
indirectement, des dons, ou promesses de dons, ou présents, ou avantages de quelque
nature que ce soit en vue d'obtenir des droits ou des avantages au profit d'autrui,
mêmes justes, est puni de trois ans d'emprisonnement et de trois mille dinars
d'amende. La tentative est punissable.
La peine sera portée au double si l'auteur de l'acte est un fonctionnaire public ou
assimilé. »
➢ Éléments constitutifs
-Trafic d'influence passif
• Élément matériel : quatre conditions cumulatives
L'élément matériel requiert : une sollicitation ou un agrément, en vue d'obtenir des offres,
des promesses, des dons, des présents ou des avantages quelconques, en échange de l'abus
d'influence de l'agent, en vue d'obtenir des distinctions, des emplois, des marchés ou toute
autre décision favorable.
Peu importe que la sollicitation ou l'agrément ait lieu avant ou après l'acte, qu'il émane de
l'auteur ou d'une tierce personne, que la récompense sollicitée ou agréée ait pour destinataire
une autre personne que l'auteur, que l'influence soit réelle ou supposée.

INES YOUSSEF 17
• Élément moral
Il est nécessaire d'établir un dol général (conscience de manquer à son devoir de probité en
monnayant son influence) et par un dol spécial (but de la mise en œuvre de l'influence, soit la
récompense).
Les mobiles sont indifférents.
-Trafic d'influence actif
• Élément matériel : quatre conditions cumulatives
L'élément matériel répond en tous points à l'élément matériel des trafics d'influence passifs
exceptés qu'ici il s'agit d'une proposition ou d'une acceptation de la sollicitation du trafiquant
d'influence.
Peu importe, en outre, la qualité de l'auteur.
• Élément moral
Il est ici encore nécessaire de caractériser un dol général (conscience, chez l'auteur, de
participer au manquement de l'agent à son devoir de probité en monnayant son influence) et
un dol spécial (but de la mise en œuvre de l'influence, soit un avantage a priori indu).
Les mobiles sont indifférents.
➢ Répression
-Peines
Les délits de trafic d'influence sont punis de trois ans d'emprisonnement et de trois mille
dinars d'amende.
La peine sera portée au double si l'auteur de l'acte est un fonctionnaire public ou assimilé.
-Tentative
La tentative est punissable.

INES YOUSSEF 18
Section IV : La concussion

C’est une extorsion : le concussionnaire exige une contrepartie comme un droit ; il y a


un mensonge car il prétend que c’est la loi qui exige ce qui est en réalité n’est pas d û ou
excède ce qui est dû.
➢ Textes
- Art. 95 CP
« Sont punis d'emprisonnement pendant quinze ans et d'une amende égale aux
restitutions, les fonctionnaires publics ou assimilés, qui seront coupables de
concussion en ordonnant de percevoir, ou en exigeant ou en recevant ce qu'ils
savaient n'être pas dû ou excéder ce qui était dû aux administrations dont ils
dépendent ou par elles. Il peut leur être fait application des peines accessoires édictées
par l'article 5 du présent code. »
- Art. 96 CP 16
« Est puni de dix ans d'emprisonnement et d'une amende égale à l'avantage reçu ou le
préjudice subi par l'administration, tout fonctionnaire public ou assimilé, tout
directeur, membre ou employé d'une collectivité publique locale, d'une association
d'intérêt national, d'un établissement public à caractère industriel et commercial, d'une
société dans laquelle l'État détient directement ou indirectement une part quelconque
du capital, ou d'une société appartenant à une collectivité publique locale, chargé de
par sa fonction de la vente, l'achat, la fabrication, l'administration ou la garde de biens
quelconques, qui use de sa qualité et de ce fait se procure à lui-même ou procure
à un tiers un avantage injustifié, cause un préjudice à l'administration ou
contrevient aux règlements régissant ces opérations en vue de la réalisation de
l'avantage ou du préjudice précités. »
- Art. 97 CP
« Est puni, de cinq ans d'emprisonnement et d'une amende égale à la valeur du gain
obtenu, toute personne de celles visées à l'article précédent, qui prend ou reçoit pour
elle-même ou pour un tiers un intérêt quelconque de quelque manière que ce soit, dans
une affaire dont elle avait en tout ou partie l'administration, la surveillance ou la garde,

16V.Annexe N°4 : Cass Crim n°85975 en date du 19/5/2020 (délit article 96 CP)

INES YOUSSEF 19
ou qui prend un intérêt quelconque dans une affaire dont elle était chargée
d'ordonnancer le paiement ou de faire la liquidation. »
- Art. 97 ter CP
« Est puni de deux ans d'emprisonnement et de deux mille dinars d'amende, tout
fonctionnaire, en état d'exercice ou de mise en disponibilité ou en détachement, qui
aura exercé, intentionnellement, une activité privée moyennant rémunération,
ayant une relation directe avec ses fonctions, sans qu'il ait obtenu pour cela une
autorisation préalable.
Les conditions d'obtention de l'autorisation administrative ainsi que ses procédures
seront fixées par décret.
Encourt la même peine tout fonctionnaire public, qui aura commis cet acte avant
l'expiration d'un délai de cinq ans depuis la cessation définitive de ses fonctions et sans
qu'il soit autorisé légalement à cet effet. »
- Art. 98 CP
« Dans tous les cas visés aux articles 96 et 97, le tribunal devra, outre les peines prévues
par ces articles, prononcer la restitution des choses détournées ou de la valeur de
l'intérêt ou du gain obtenus, même au cas où ces biens auront été transmis aux
ascendants, descendants, collatéraux, conjoints et alliés du coupable, et qu'ils soie nt
demeurés en leur état ou transformés en quelque autre bien que ce soit.
Ces personnes ne se libéreront de cette disposition qu'en rapportant la preuve que les
fonds ou les biens précités n'ont pas pour provenance le produit de l'infraction.
Dans tous les cas visés aux deux articles précités, le tribunal pourra faire application
aux coupables de tout ou partie des peines accessoires de l'article 5. »
➢ Analyse
Le texte central est l’article 95 CP.
Dans la corruption, le don plus ou moins spontané du corrupteur provoque une prestation du
corrompu : l'accord se fait sur l'objet de l'échange de prestations, le corrompu effectuant en
contrepartie un acte de sa fonction.
Dans la concussion17 par perception indue, celui qui paye n'a pas le choix. C'est la perception
qui constitue l'élément central : elle excède ce qui a été légalement organisé comme dû ; la

17La concussion… Le mot est insolite et sa musique manque d'élégance tout autant que les agissements qu'il
décrit. L'étymologie apporte, quant à elle, un éclairage original ; elle permet d'avoir de la concussion une
approche imagée puisqu'elle évoque le produit obtenu par l'arbre secoué : au-delà de la production spontanée
mise en place par les lois de nature, le fait de secouer l'arbre entraîne un plus ample produit… L'infraction
consiste, en un mot, pour un agent public, à recevoir, exiger ou ordonner de percevoir des sommes indues ou

INES YOUSSEF 20
victime peut être soit une personne privée, soit une collectivité publique ; le bénéficiaire peut
être l'auteur mais aussi un tiers et d'abord la collectivité publique au nom de laquelle l'auteur
a agi. Lorsque la concussion est réalisée par une exonération illégale, c'est cette dernière qui
est centrale, la collectivité publique étant la victime.

excédant le dû. Dans la définition légale, est réprimé comme la perception indue un comportement sensiblement
différent : le fait d'accorder illégalement exonération ou franchise à celui qui doit paiement à l'autorité publique

INES YOUSSEF 21
Section V : Les délits de prise illégale d’intérêts

➢ Texte :
-Article 97 bis CP
« Est puni de trois ans d'emprisonnement et de trois mille dinars d'amende, tout fonctionnaire
public, en état d'exercice, ou de mise en disponibilité ou de détachement qui aura sciemment
participé, personnellement ou par intermédiaire, par travail ou capital, dans la gestion d'une
entreprise privée assujettie - en vertu de ses fonctions - à son contrôle, ou ayant été chargé de
conclure des contrats avec elle, ou ayant été un élément actif dans la conclusion de ces
contrats.
La peine sera réduite à deux ans d'emprisonnement et à deux mille dinars d'amende à l'égard
du fonctionnaire public ayant profité de sa qualité première en opérant, sciemment cette
participation avant l'expiration d'un délai de cinq ans depuis la cessation définitive de ses
fonctions, et ce, en vue de réaliser un intérêt pour lui-même ou pour autrui, ou porter
préjudice à l'administration. »
➢ Analyse
La prise illégalité d'intérêts (l’ingérence et le pantouflage).
L’histoire de la prise illégale d’intérêts est ancienne. Dès Rome, en effet, et durant l’ancien
droit, certaines personnes publiques n’avaient pas le droit d’acquérir ou d’agir sur certains
objets, voire sur certains sujets, que leurs pouvoirs rendaient accessibles ou corvéables de
façon plus aisée qu’à d’autres.
L’incrimination se rapporte alors aux « délits de fonctionnaires qui se seront ingérés dans des
affaires ou commerces incompatibles avec leur qualité » , plus communément appelés « délits
d’ingérence » . Dès cette époque, et encore aujourd’hui, des infractions plus spécifiques
cohabitent avec une interdiction générale, qui a été complétée par une autre prohibition du
même type: celle de rejoindre trop vite une entreprise privée après avoir exercé une fonction
publique, autrement dit ce qu’on appelle le « pantouflage » .
Exemples : C’est le cas d’un inspecteur des impôts qui se charge de jouer le rôle de conseiller
fiscal d’une entreprise soumise à un redressement fiscal.
C’est le cas aussi d’un fonctionnaire qui prend une participation au capital de la société
soumissionnaire sollicitée pour conclure un marché avec l’administration à laquelle il
appartient.

INES YOUSSEF 22
Section VI : Le délit de favoritisme

➢ Texte :
-Art. 87 bis CP :
« Est puni de cinq ans d'emprisonnement et d'une amende de cinq mille dinars, tout
fonctionnaire public ou assimilé qui aura agréé, sans droit, soit pour lui-même, soit pour
autrui, directement ou indirectement, des dons ou promesses de dons ou présents ou
avantages de quelque nature que ce soit en vue d'octroyer à autrui un avantage injustifié par
un acte contraire aux dispositions législatives et réglementaires ayant pour objet de garantir
la liberté de participation et l'égalité des chances dans les marchés passés par les
établissements publics, les entreprises publiques, les offices, les collectivités locales et les
sociétés dans lesquelles l'État ou les collectivités locales participent, directement ou
indirectement, à son capital. »
➢ Analyse
Cet article vise à lutter contre les atteintes à la liberté d’accès et à l’égalité des
soumissionnaires ou des candidats aux marchés publics. Il s’agit d’appliquer le principe de la
liberté de participation et égalité des chances dans les marchés publics.
L’acte reproché au fonctionnaire public constitue également une atteinte à la concurrence
notamment une violation des règles du Décret n° 2002-3158 du 17 décembre 2002 portant
réglementation des marchés publics.
Contexte : Une commande publique, en raison de son importance, représente la plupart du
temps une bonne affaire pour l’opérateur concerné. D’où la tentation, pour le décideur public,
d’en faire profiter un ami ou un comparse, avec ou sans volonté de contrepartie ( ce qui
différencie le favoritisme de la prise illégale d’intérêts).
L’incrimination désigne le délit d’avantage injustifié, plus usuellement dénommé, aujourd’hui,
« favoritisme », tant sa ratio legis que son domaine se rapportent à l’objectif d’assurer une
concurrence libre entre les opérateurs dans tous les marchés publics.
Pour que le délit de favoritisme puisse être retenu, il est bien entendu nécessaire que tous les
éléments constitutifs « classiques » des délits pénaux, c'est-à-dire un élément matériel, puis
un élément moral, soient réunis.
Mais encore faut-il, au préalable, que l'on soit dans le champ légal particulier de cette
infraction. Ainsi, la caractérisation du délit d'atteinte à la liberté d'accès et à l'égalité des
candidats dans les marchés publics et les délégations de service public exige également la
présence de conditions préalables.

INES YOUSSEF 23
L'infraction de favoritisme présente un champ d'application particulier : seuls les marchés
publics et les délégations de service public sont concernés par ce délit, et seules certaines
personnes peuvent en être les auteurs principaux.

INES YOUSSEF 24
Section VII : Le faux et l'usage de faux18

Le faux est une altération frauduleuse de la vérité de nature à causer un préjudice et


accomplie par tout moyen, dans un écrit ou tout autre support d'expression de la
pensée ayant pour objet ou pouvant avoir pour effet d'établir la preuve d'un droit ou
d'un fait ayant des conséquences juridiques. À cette définition du faux, qui constitue
l'incrimination générale, s'ajoutent des faux spéciaux.
➢ Texte :
- Art. 172 CP
“ Est puni de l'emprisonnement à vie et d'une amende de mille dinars, tout
fonctionnaire public ou assimilé, tout notaire qui dans l'exercice de ses fonctions,
commet un faux susceptible de causer un dommage public ou privé, et ce, dans les cas
suivants :
• en fabriquant, en tout ou partie, un document ou un acte mensonger, soit en
altérant ou en dénaturant un document original par quelque moyen que ce soit,
soit en apposant un sceau contrefait ou une signature, soit en attestant
faussement l'identité ou l'état des personnes,
• en fabriquant un document mensonger ou en dénaturant sciemment la vérité
par quelque moyen que ce soit dans tout support, qu'il soit matériel ou
immatériel, d'un document informatique ou électronique, d'un microfilm et
d'une microfiche dont l'objet est la preuve d'un droit ou d'un fait générateur
d'effets juridiques. »
- Art. 173CP
“Encourt les mêmes peines prévues à l'article 172 du présent code, le fonctionnaire
public ou assimilé, l'huissier, qui en rédigeant des actes de son ministère en aura
frauduleusement dénaturé la substance ou les circonstances soit en écrivant des
conventions autres que celles qui ont été tracées ou dictées par les parties, soit en
constatant comme vrais et passés en sa présence des faits faux ou comme avoués des
faits qui ne l'étaient pas, soit en omettant sciemment de transcrire des déclarations
qu'il a reçues. »

18 V.Annexe N°5 : Cass Crim n°67027 en date du 11/12/2019 ( faux et usage de faux)

INES YOUSSEF 25
- Art. 174 CP
“Est puni des mêmes peines, le fonctionnaire public ou assimilé, d'Adel qui délivre en
forme légale copie d'un acte supposé, ou, frauduleusement, une copie différente de
l'original. »
- Art. 175 CP
Est punie de quinze ans d'emprisonnement et d'une amende de trois cents dinars, toute
autre personne qui a commis un faux par l'un des moyens prévus à l'article 172 du
présent code.
- Art. 176 CP
Celui qui, sciemment, détient un titre faux est pour le simple fait de cette détention,
puni de l'emprisonnement pendant 10 ans.
- Art. 177 CP
Celui qui fait sciemment usage d'un faux est puni des peines prévues pour le faux,
suivant les distinctions des articles précédents.
- Art. 178 CP
- Dans les cas prévus à la présente section, il est fait application des peines accessoires
édictées par l'article 5.
➢ Éléments constitutifs
• Élément matériel
Il s'agit d'une altération de la vérité de nature à causer un préjudice, commise sur un support
d'une nature spécifique :
– le faux ne peut être commis que sur un « écrit ou tout autre support d'expression de la
pensée » ayant une certaine valeur probatoire (« qui a pour objet ou qui peut avoir pour
effet d'établir la preuve d'un droit ou d'un fait ayant des conséquences juridiques »). La valeur
probatoire de l'écrit peut dépendre non de sa nature mais de l'utilisation qui en est faite ;
– la falsification peut se réaliser de plusieurs façons (matérielle ou intellectuelle), mais
doit, dans tous les cas, être préjudiciable (le faux doit être de nature à causer un préjudice,
sans qu'il soit nécessaire qu'il en ait réellement causé un ; il s'agit d'une infraction formelle).
Le mensonge doit porter sur un élément essentiel de l'acte.
• Élément moral
Le faux est une infraction intentionnelle (ce qu'implique l'adjectif « frauduleux ») ;
L’auteur doit avoir eu conscience de l'inexactitude de l'acte et de son caractère préjudiciable.
• Pour le faux matériel, l'intention se déduit de l'accomplissement de
l'élément matériel.

INES YOUSSEF 26
• Pour le faux intellectuel, il faut prouver la conscience, chez l'auteur, de la
fausseté des déclarations (la nature du document falsifié ou l'utilisation
projetée établit ce caractère préjudiciable).

➢ Répression
Le faux et l'usage de faux sont punis de l'emprisonnement à vie et d'une amende de mille
dinars (art. 172,173 et 174).

INES YOUSSEF 27
Chapitre II : Les délits de droit des sociétés

Section I : Les infractions relatives à la constitution des sociétés de capitaux


Section II : Les infractions relatives aux comptes sociaux
Section III : L'abus de biens et de pouvoirs sociaux
Section IV : Les infractions relatives à la dissolution et à la liquidation des sociétés
Section V : Les infractions relatives au commissariat aux comptes

INES YOUSSEF 28
Section I : Les infractions relatives à la constitution des sociétés de
capitaux

Plusieurs règles protégeant le capital social19 sont assorties de sanctions pénales notamment
lorsqu’ il s’agit de sociétés de capitaux ( SARL, SUARL, SA).
Le délit de distribution de dividendes fictifs n’est pas puni en matière de société de personnes
parce que les créanciers de ces sociétés ont en plus du capital un autre gage : les biens
personnels des associés ou certains d’entre eux.
Rappelons que les règles qui régissent le capital social20 sont :
➢ la fixité : ne peut être modifié que par une AGE21
➢ la réalité
➢ et l’intangibilité
Le code des sociétés commerciales a prévu notamment un chapitre relatif aux infractions
relatives à la constitution de la société anonyme. Formé des articles 183 , 184, 185 ,186 et
187, ledit chapitre réprime certains faits qui intéressent en premier lieu les fondateurs, sans
négliger les autres intervenants.
A côté des fondateurs ; la loi punit d’autres personnes impliquées dans le processus de
constitution de la société anonyme. Il s’agit du commissaire aux apports, du dirigeant de la
société et de toute autre personne impliquée indépendamment de sa qualité.
➢ Textes :
- Article 146 CSC (SARL) :
« Sont punis d’un emprisonnement d’un an à 5 ans et d’une amende de 500 à 5.000 dinars :
1/ - les associés de la société à responsabilité limitée qui dans l’acte constitutif de la société
ou lors d’une augmentation du capital social font sciemment de fausses déclarations.

19 -Le capital social : valeur nominale de la part ou de l’action * nombre des parts ou actions
-Les Apports en société sont de trois types :
• Apport en nature
• Apport en industrie (inadmissible dans la SA)
• Apport numéraire
20 Les fonds propres comprennent :

- Les Réserves légales : 5 % du bénéfices distribuables dans la limite de 10%


- Réserves facultatives
- Capital
- Report à nouveau
21 La SICAV demeure un cas particulier

INES YOUSSEF 29
2/ - les personnes qui ont sciemment de mauvaise foi, font attribuer à des apports en
nature une évaluation supérieure à leur valeur réelle. »
- Article 170 CSC
« La souscription et les versements sont constatés par une déclaration des fondateurs, reçue
par le receveur de l'enregistrement du siège social.
A la déclaration visée ci-dessus est également annexé un certificat du dépositaire des fonds
constatant leur versement. Le receveur de l'enregistrement habilité à recevoir la déclaration
visée ci-dessus délivre les bulletins de souscription.
A l'original de la déclaration sont annexés la liste des souscripteurs, l'état des versements
effectués et un des originaux de l'acte constitutif de la société. Le receveur de l'enregistrement
est habilité à délivrer aux souscripteurs des copies certifiées conformes des déclarations
reçues ainsi que des pièces jointes.
Un original de l'acte de constitution sera déposé au siège social et un autre original sera
déposé au greffe du tribunal de première instance du lieu du siège social. »
- Article 176 CSC
« La souscription intégrale du capital et la libération du montant exigible des actions visées à
l'article 165 du présent code font l'objet d'une déclaration rédigée par les fondateurs ou le
représentant légal de la société. Cette déclaration, est déposée auprès du Receveur de
l'enregistrement du siège social.
Sont annexés à la déclaration, un certificat de l’établissement dépositaire des fonds
provenant de la libération ainsi que les bulletins de souscription, une liste nominative des
souscripteurs, un état des versements effectués et un exemplaire de l’original de l’acte
constitutif établi conformément à l’article 3 du présent code.
Toutefois, le certificat de souscription n’est pas exigé pour les intermédiaires en bourse et
les banques, à charge pour eux de prouver qu’ils ont été chargés de la souscription pour
compte.
Le receveur de l’enregistrement délivre aux contractants cinq copies certifiées conformes de
la déclaration reçue ainsi que des pièces y annexées ».
- Article 184CSC
« Est puni d'une amende de 1.000 à 10.000 dinars quiconque a sciemment accepté ou
conservé les fonctions de commissaire aux apports contrairement aux dispositions de l'article
174 ci-dessus ».

INES YOUSSEF 30
- Article 186 CSC
“Sont punis d'une peine d'emprisonnement d'un an à cinq ans et d'une amende de 1.000 à
10.000 dinars :
1) ceux qui, dans la déclaration visée à l'article 170 du présent code, ont affirmé véritables
les souscriptions qu'ils savaient fictives ou ont déclaré de mauvaise foi que les fonds
ont été effectivement versés alors qu'ils n'ont pas été mis à la disposition de la société.
2) ceux qui, par simulation de souscription ou de versements, ou par publications faites de
mauvaise foi, de fausses souscriptions ou de faux versements, ont obtenu ou tenté d'obtenir
des souscriptions ou des versements.
3) ceux qui, pour provoquer des souscriptions ou des versements ont, de mauvaise foi,
faussement publié les noms de personnes comme faisant partie de la société à quelque titre
que ce soit.
4) ceux qui auront, à l'aide de manœuvres frauduleuses, fait attribuer à un apport en nature
une évaluation supérieure à sa valeur réelle. Lorsque la société ne fait pas appel public à
l'épargne, la peine encourue est limitée à l'amende”
➢ Analyse
-Les infractions relatives à la constitution des sociétés
Les opérations relatives à la constitution des sociétés peuvent être regroupées autour de deux
points : la recherche du capital et des fonds sociaux et l’accomplissement des formalités de
constitution .
Dans ces deux domaines, le législateur avait imposé le respect d’obligations minutieuses dont
la transgression était pénalement sanctionnée.
Il était notamment intervenu pour interdire ou réglementer des pratiques dangereuses pour
les épargnants, les associés ou les futurs créanciers de la société en constitution.
En ce domaine, la dépénalisation a en partie fait son œuvre.
I/ Le droit pénal et la recherche du capital social
Le législateur dans le but de protéger l’épargne, puni la recherche des souscriptions et des
versements par des moyens frauduleux qu’il énumère. Ces moyens sont notamment cités dans
l’article 18622 pourraient ne pas toujours caractériser l’escroquerie.

22
Les délits de l’article 186 du CSC :
-délit d’affirmation de souscripteurs fictifs,
-délit de déclaration de versements fictifs,
-délit d’obtention de souscripteurs par simulation de souscriptions ou de versements,
-délit de publication de faux noms de personnes comme faisant partie de la société en vu de provoquer des
souscriptions ou des versements,
-délit d’attribution à un apport en nature une valeur supérieur à sa valeur réelle.

INES YOUSSEF 31
L’article 186 CSC est le principal texte d’incrimination des infractions liées à la constitution
de la SA mais il n’englobe pas toutes les infractions.
Il importe ainsi de s’intéresser aux délits suivants :
1/ les délit relatifs au Commissaire aux apports
2/le délit de déclaration mensongère de souscription et de versement
3/ le délit de simulation de souscription et de versement
4/le défaut d’appel de fonds
1/ Les délit relatifs au Commissaire aux apports
-La désignation :
Pour s’assurer de l’Independence du commissaire aux apports, l’article 174 du CSC a fixé une
liste de personnes qui ne peuvent être désignées pour évaluer les apports en nature.
Si une personne accepte d’être désignée commissaire aux apports en méconnaissance des
limitations prévues par l’article 174 du CSC, elle est pénalement poursuivie.
En effet, l’article 184 du CSC, puni d’une amende de 1.000 à 10.000 dinars « quiconque a
sciemment accepté ou conservé les fonctions de commissaire aux apports contrairement aux
dispositions de l'article 174 ci-dessus CSC ».
-La surévaluation des apports en nature
L’apport, opération fondamentale de la constitution d’une société, ne se traduit pas
nécessairement par une somme d’argent ; il peut aussi consister à transmettre à la société
certains biens ayant une valeur économique : immeuble, fonds de commerce, brevets. Pour
déterminer les droits des apporteurs et le montant des parts sociales ou des actions qui leur
seront attribués, il est nécessaire d’évaluer la valeur des biens apportés.
Une évaluation aussi exacte que possible est indispensable, bien que difficile. Il faut, sans,
doute protéger l’apporteur en nature contre un risque de sous- évaluation et, à l’inverse,
protéger contre le risque de surévaluation les apporteurs en numéraire au nom de l’égalité
entre associés, mais surtout protéger les créanciers de la société dont le montant du capital
social constitue la solvabilité apparente.
Aussi le législateur a- t- il prévu de faire vérifier la valeur attribuée aux apports en nature par
des personnalités indépendantes, les commissaires aux apports, pour éviter que leur valeur
ne dépende que d’un accord entre associés.

Les délits énumérés à l’article 186 du CSC sont punis d’une peine d’emprisonnement d’un an à cinq ans et d’une
amende de 1.000 à 10.000 dinars.
Pour marquer la gravité des agissements si la constitution est avec appel public à l’épargne, l’alinéa dernier de
l’article 186 n’a retenu que la peine d’amende si la constitution est faite sans appel public à l’épargne.

INES YOUSSEF 32
La surévaluation est sanctionnée dans l’article 146 CSC dans le cadre de la SARL et dans
l’article 186 CSC pour la SA.
2/Le délit de déclaration mensongère de souscription et de versement
Il y a déclaration mensongère portant sur la réalité de la souscription et du versement lorsque
les fondateurs déclarent comme véritable et sincère des souscriptions fictives attribuées à des
personnes imaginaires ou à des personnes existant réellement mais qui n’ont pas
effectivement souscrit et qui n’ont pas signé un bulletin de souscription.
En effet, d’après l’article 186 CSC, les fonds provenant de libération sont déposés dans un
compte ouvert auprès d’une banque.
Les fondateurs sont tenus en vertu de l’article 170CSC d’effectuer une opération de
déclaration de souscription au prés du receveur de l’enregistrement et qu’a l’appui de cette
déclaration, ils produisent une attestation, un certificat de la banque dépositaire de fonds.
Ceci étant si cette déclaration s’avère mensongère, l’article 186CSC parg 1 prévoit que ces
fondateurs sont pénalement sanctionnés.
Cependant, cette disposition est insuffisante car l’article 186 sanctionne les fondateurs et non
pas le banquier qui remet un certificat complaisant.
L’affirmation mensongère du banquier n’est pas sanctionnée car il n’est pas visé dans l’article
186 même si le certificat délivré s’avère faux.
Ceci est d’autant plus regrettable que le code pénal et plus précisément l’article 173 CP ne
punit de faux intellectuel que l’écrit rédigé par le fonctionnaire public ou assimilé ou le notaire.
De même le délit est constitué lorsque les fondateurs déclarent la réalisation des versements
alors que les fonds n’ont pas été réellement mis à la disposition des sociétés ou ne l’ont été
que pour partie ou encore seulement pour le temps de l’accomplissement des formalités.
En pratique la déclaration mensongère de versement est rare du fait que les articles 170 al 2
CSC et 176 al3 CSC exigent la production lors de la déclaration de l’ attestation bancaire.
Le délit de déclaration mensongère de souscription et de versement et le délit de simulation
de souscription et de versement ont un élément commun, c’est que l’une et l’autre suppose la
connaissance de la fausseté des faits prétendus.
3/Le délit de simulation de souscription et de versement
La simulation c’est le fait de faire apparaître comme réel et effectif un fait ou un acte qui ne
l’est pas réellement.
La simulation de souscription et de versement est l’infraction visée par l’article 186 parag 2.
Les faits sont incriminés uniquement pour la société anonyme non seulement parce que c’est
une société dominée par l’intuitu pecuniae et dont les associés n’appartiennent pas forcement

INES YOUSSEF 33
à un cercle restreint mais aussi parce que la société anonyme peut être constituée grâce à un
capital réuni par appel public à l’épargne.
4/Le défaut d’appel de fonds
Le délit prévu à l'article 185 du CSC ne concerne pas en réalité une irrégularité de
constitution. Il se rattache simplement à une négligence de la part des dirigeants qui n'ont pas
procédé à l'appel des fonds dus par l'associé qui a libéré partiellement son apport en
numéraire lors de la constitution de la société.
Réellement, ledit article n'a pas sa place dans le chapitre trois relatif aux infractions commises
par les dirigeants et relatives à la constitution de la société anonyme. En effet, l'article 185 du
CSC renvoi à l'article 165. L'alinéa premier de l'article 165 du CSC est relatif à l'obligation de
libération lors de la constitution. Or à ce stade les dirigeants ne sont pas encore désignés et il
revient aux fondateurs de s'assurer de la réalisation effective de la libération de la part exigée
du montant souscrit. Si une faute est constatée, c'est aux fondateurs d'en supporter les
conséquences23.
Quant à l'alinéa second, il concerne la situation d'une libération échelonnée dont l'assurance
de réalisation est du ressort du dirigeant. S'il omet de le faire il commet l'infraction spécifiée
par l'article 185 du CSC, infraction qui suppose une société qui fonctionne, c'est-à dire déjà
constituée.
Toutefois, la rédaction de l'article 185 du CSC, en ne citant que le président directeur général
et le directeur général, semble ignorer que la société anonyme puisse s'administrer selon le
mode classique par un conseil d'administration ou selon le mode moderne par un directoire
et un conseil de surveillance.
Le texte aurait dû utiliser ou bien le terme général de dirigeant ou, s'il veut spécifier, citer les
différents dirigeants possibles de la société anonyme dont le président du directoire.
II/ Le droit pénal et l’affirmation du capital social
-Deux délits sont prévus pour des auteurs qui peuvent avoir des qualités non spécifiées.
Il s'agit des articles 18324 et 18725 du CSC relatifs, l'un à l'émission et l'autre à la négociation
d'actions.
Le délit de l'article 183 concerne l'émission d'actions d'une société irrégulièrement
constituée. L'auteur de ce délit est puni d'une amende de 1.000 à 10.000 dinars.

23 A.NENNI, Droit des sociétés commerciales, ATTRACH, 2020


24 Article 183: « L'émission d'actions d'une société constituée en violation des articles 160 à 178 du présent code
est punie d'une amende de 1.000 à 10.000 dinars. »
25 Article 187 : « Sera puni d'une amende de 1.000 à 10.000 dinars toute personne qui aura négocié des actions

dont le premier quart n'a pas été libéré, ou avant l'expiration du délai pendant lequel la négociation est
interdite. »

INES YOUSSEF 34
Le délit de l'article 187 prévoit la même peine pour « toute personne qui aura négocié des
actions dont le premier quart n'a pas été libéré, ou avant l'expiration du délai pendant lequel
la négociation est interdite ».
Délit d'émission et délit de négociation, sont donc des infractions relatives aux actions de la
société anonyme qui sont soit émises ou négociées sans se conformer aux règles générales
prévues à cet effet.

INES YOUSSEF 35
Section II : Les infractions relatives aux comptes sociaux

La comptabilité est un moyen d’information stable, intelligible et crédible. Ainsi il ne doit pas
être utilisé comme un instrument de tromperie.
I/ La tenue de la comptabilité
➢ Texte
- Article 97 CDPF
« Est punie d’une amende de 100 dinars à 10000 dinars, toute personne qui ne tient pas de
comptabilité, registres ou répertoires prescrits par la législation fiscale ou qui refuse de les
communiquer aux agents de l’administration fiscale ou qui les détruits avant l’expiration de
la durée légale impartie pour leur conservation.
En cas de récidive dans une période de cinq ans, le contrevenant soumis à l’impôt selon le
régime réel est puni d’un emprisonnement de seize jours à trois ans et d’une amende de
1000 dinars à 50000 dinars.
La sanction visée au premier paragraphe du présent article est appliquée en cas de non
présentation des programmes, systèmes, applications informatiques visées au premier
paragraphe de l’article 9 du présent code, et les données et informations nécessaires pour leur
exploitation et l’enregistrement et les traitements en découlant aux agents de l’administration
fiscale sur supports magnétiques ou en cas de refus de leur permettre d’y accéder ou au cas
où les services fiscaux n’ont pas été autorisés à accéder aux programmes, systèmes,
applications informatiques auxiliaires, fichiers et bases de données visés au deuxième
paragraphe de l’article 9 du présent code ainsi que les enregistrements et les traitements y
afférents.
Est appliquée une amende de 1000 Dinars à toute personne qui ne respecte pas les
dispositions du dernier paragraphe de l’article 9 du présent code. »
➢ Analyse
Il ressort des dispositions de l’article 97 CDPF que l’incrimination du non tenue de
comptabilité consiste en une amende pour la société.
Le dirigeant n’est sanctionné qu’en cas de récidive.

INES YOUSSEF 36
Le législateur sanctionne l’absence et non pas la tenue d’une comptabilité26 irrégulière27.
La tenue de comptabilité est précisée dans la loi 1996 relative au système comptable des
entreprises28.
II/ La présentation d’états financiers infidèles
Il s’agit du délit de présentation de faux bilans.
➢ Texte :
- Article 146 CSC (SARL) :
« Sont punis d’un emprisonnement d’un an à 5 ans et d’une amende de 500 à 5.000 dinars :
3/ - les gérants qui, en l’absence de toute distribution du reliquat des dividendes, ont
sciemment présenté aux associés des états financiers annuels ne reflétant pas la véritable
situation de la société …. »
- Article 223 (SA)
« Sont punis d'une peine d'emprisonnement d'un an au moins et de cinq ans au plus et d'une
amende de deux mille à dix mille dinars ou de l'une de ces deux peines seulement :
1) les membres du conseil d'administration qui en l'absence d'inventaires, ou au moyen
d'inventaires frauduleux ont opéré entre les actionnaires la répartition de dividendes fictifs.
2) les membres du conseil d'administration qui, même en l'absence de toute distribution de
dividendes, ont sciemment publié ou présenté aux actionnaires un bilan inexact en vue de
dissimuler la véritable situation de la société. »
- Article 98 CDPF :
« Est punie d’un emprisonnement de seize jours à trois ans et d’une amende de 1000 dinars à
50000 dinars, toute personne qui tient une double comptabilité ou utilise des documents
comptables, registres ou répertoires falsifiés, dans le but de se soustraire totalement ou

26 - Le cadre conceptuel de la comptabilité : guide d’élaboration des normes comptables et leurs interprétations
- Normes comptables : normes générales+ normes sectorielles +normes techniques
-Les livres comptables : journal général +grand livre+ livre d’inventaire
-Les états financiers : bilan+ état de résultat+ tableau de flux de trésorerie+ notes aux états financiers
-Système comptable : cadre conceptuel +normes comptables
27 La tenue de comptabilité s’appuie sur des pièces justificatives et comporte la tenue des livres comptables+

Elaboration + présentation des états financiers


28 Article 1er.loi 1996

La présente loi fixe le système comptable des entreprises ainsi que les conditions et les modalités de son
application.
Les dispositions de la présente loi s’appliquent à toute personne physique ou morale assujettie à la tenue
d’une comptabilité en vertu de la législation en vigueur et ce à l’exception des entreprises soumises, dans la
tenue de leur comptabilité, aux dispositions du code de la comptabilité publique et des entreprises qui répondent
aux conditions fixées par des législations spéciales pour la tenue d’une comptabilité simplifiée définie par les
normes comptables.
Article 2 loi 1996
La tenue de la comptabilité s’appuie sur des pièces justificatives et comporte la tenue des livres comptables ainsi
que l’élaboration et la présentation des états financiers et ce conformément aux dispositions de la présente loi.

INES YOUSSEF 37
partiellement au paiement de l’impôt ou de bénéficier d'avantages fiscaux ou de restitution
d'impôt.
Est punie d’un emprisonnement de seize jours à trois ans et d’une amende de 1000 dinars à
50000 dinars, toute personne qui tient une double comptabilité ou utilise des documents
comptables, registres ou répertoires falsifiés, dans le but de se soustraire totalement ou
partiellement au paiement de l’impôt ou de bénéficier d'avantages fiscaux ou de restitution
d'impôt. »
➢ Analyse
-Il ressort des dispositions de l’article 98 CDPF que la tenue d’une fausse comptabilité ou d’une
comptabilité double pour frauder le fisc est une infraction assortie d’une sanction qui consiste
en un emprisonnement et une amende.
-L'article 223 CSC distingue deux délits.
Le premier est relatif à la distribution des dividendes fictifs, le second est relatif à la
publication d'un bilan inexacte.
Les membres du conseil d'administration qui ont distribué des dividendes fictifs en l'absence
d'inventaire ou au moyen d'un inventaire frauduleux sont passibles d'une peine
d'emprisonnement d'un an au moins et de cinq ans au plus et d'une amende de deux mille à
dix mille dinars ou de l'une de ces deux peines seulement.
La même peine est encourue par les membres du conseil d’administration qui ont sciemment
publié ou présenté aux actionnaires un bilan inexact en vue de dissimiler la véritable situation
de la société.
• Le délit de présentation ou de publication d’un faux bilan
C’est un faux intellectuel qui ne peut être incriminé que s’il est commis par un fonctionnaire
ou assimilé à la différence de l’escroquerie.
C’est un délit qui ne vise pas la délivrance ou l’extorsion de biens.
La confection d’un faux bilan n’est pas incriminée que si elle est suivie de publication ou
présentation, communication à l’AG ou aux associés.
Les publications légales sont strictes notamment pour les sociétés qui font appel public à
l’épargne. C’est ainsi que l’article 3 de la loi N° 94-117 du 14 novembre 1994, portant
réorganisation du marché financier,29 imposent des obligations de publications.

29 Article 3 loi 1994: (modifié par la loi n°2005-96 du 18 octobre 2005 relative au renforcement de la sécurité
des relations financières) Sans préjudice des dispositions relatives aux organismes de placement collectif en
valeurs mobilières, les sociétés faisant appel public à l'épargne son tenues de déposer ou d'adresser, sur supports
papiers et magnétique, au Conseil du Marché Financier et à la Bourse des Valeurs Mobilières de Tunis prévue par
l'article 63 de la présente loi, dans un délai de quatre mois, au plus tard, de la clôture de l'exercice comptable et
quinze jours, au moins, avant la tenue de l'assemblée générale ordinaire:

INES YOUSSEF 38
➢ Elément légal :

Article 223 § 2 du C.S.C


➢ Elément matériel :

- être membre du conseil d’administration (Le DG, responsable comptable et financier,


auditeur interne ne sont pas punis),
- il faut une publication ou une présentation aux actionnaires,
- il faut un bilan inexact en vue de dissimuler la véritable situation de la société.
Les termes «bilan » et «inexact » nécessitent des précisions :

− l'ordre du jour et le projet des résolutions proposées par le conseil d'administration ou par le directoire,
− les documents et les rapports prévus, selon le cas, par les articles 201 ou 235 du code des sociétés commerciales
et l'article 471 dudit code. Le rapport annuel sur la gestion de la société doit comporter les informations arrêtées
par règlement du Conseil du Marché Financier et particulièrement, un exposé sur les résultats des activités, leur
évolution prévisible et éventuellement les changements des méthodes d'élaboration et de présentation des états
financiers, ainsi que des éléments sur le contrôle interne,
− les rapports du ou des commissaires aux comptes visés, selon le cas, aux articles 200, 269 et 472 du code des
sociétés commerciales. Lesdits rapports doivent contenir une évaluation générale du contrôle interne.
Article 3 bis : (ajouté par la loi n°2005-96 du 18 octobre 2005 relative au ren forcement de la sécurité des
relations financières) Les sociétés faisant appel public à l'épargne doivent publier au bulletin officiel du Conseil
du Marché Financier et dans un quotidien paraissant à Tunis, leurs états financiers annuels accompagnés du
texte intégral de l'opinion du commissaire aux comptes dans les délais visés à l'article 3 de la présente loi.
Toutefois, à des fins de publication dans le quotidien, les sociétés peuvent se limiter à publier les notes sur les
états financiers obligatoires et les notes les plus pertinentes sous réserve de l'obtention de l'accord écrit du
commissaire aux comptes.
Article 3 ter : (ajouté par la loi n°2005-96 du 18 octobre 2005 relative au renforcement de la sécurité des
relations financières) Les sociétés faisant appel public à l'épargne doivent, dans les quatre jours ouvrables qui
suivent la date de la tenue de l'assemblée générale ordinaire, déposer ou adresser au Conseil du Marché Financier
et à la Bourse des Valeurs Mobilières de Tunis :
− les documents visés à l'article 3 de la présente loi s'ils ont été modifiés,
− les résolutions adoptées par l'assemblée générale ordinaire,
− l'état d'évolution des capitaux propres en tenant compte de la décision d'affectation du résultat comptable,
− le bilan après affectation du résultat comptable,
− la liste des actionnaires,
− la liste des titulaires des certificats de droit de vote,
− la liste des titulaires d'obligations convertibles en actions.
Article 3 quater : (ajouté par la loi n°2005-96 du 18 octobre 2005 relative au renforcement de la sécurité des
relations financières) Les sociétés faisant appel public à l'épargne doivent publier au bulletin officiel du Conseil
du Marché Financier et dans un quotidien paraissant à Tunis dans un délai de trente jours après la tenue de
l'assemblée générale ordinaire au plus tard :
− les résolutions adoptées par l'assemblée générale ordinaire,
− l'état d'évolution des capitaux propres en tenant compte de l'affectation du résultat comptable,
− le bilan après affectation du résultat comptable,
− les états financiers lorsqu'ils ont subi des modifications.
Article 3 quinter : (ajouté par la loi n°2005-96 du 18 octobre 2005 relative au renforcement de la sécurité des
relations financières) Les sociétés faisant appel public à l'épargne doivent déposer au Conseil du Marché
Financier et à la Bourse des Valeurs Mobilières de Tunis ou leur adresser quinze jours au moins avant la date de
la tenue de l'assemblée générale extraordinaire:
− l'ordre du jour et le projet des résolutions proposées par le conseil d'administration ou par le directoire,
− le rapport du ou des commissaires aux comptes éventuellement,
− les documents mis à la disposition des actionnaires comme appui aux résolutions proposées.
Les résolutions sont adressées au conseil du marché financier et à la bourse des valeurs mobilières de Tunis dès
leur adoption par l'assemblée générale

INES YOUSSEF 39
Le C.S.C ne donne aucune définition du terme bilan.
Dans le droit comptable, le Bilan a été définit par l’article 79 du décret n° 96-2459 du 30
Décembre 1996 portant approbation du cadre conceptuel de la comptabilité comme : « une
représentation, à une date donnée, de la situation financière de l’entreprise sous forme d’actif
et de passif et de capitaux propres. L’actif et le passif sont regroupés ou divisés d’après le degré
d’incertitude relatif au montant et au montant de la réalisation ou de la liquidation
éventuelle».
Cette définition pourrait inclure des bilans prévisionnels et même intermédiaires qui restent
donc concernés par les dispositions de l’article 223, mais pourrait inclure le bilan consolidé
ou même prévisionnel. Il suffit qu’un bilan inexact soit présenté.
Les autres éléments des états financiers sont exclus du champ d’application de cet article.
Ainsi, les inexactitudes portant sur les autres éléments des états financiers, tels qu’énoncés
par l’article 18 de la loi n°96-112 du 30 décembre 1996 relative au système comptable des
entreprises soit l’état de résultats, le tableau de flux de trésorerie et les notes aux états
financiers, n’ont pas été réprimées par les dispositions de l’article 223.
➢ Elément moral :
Il faut avoir agi de mauvaise foi (sciemment).
Cette infraction est intentionnelle, il ne s’agit pas d’une erreur matérielle.
Le législateur exige l’intention coupable en utilisant le terme « sciemment ».Le mobile des
agissements est de dissimiler la véritable situation de la société.
• Le délit de distribution de dividendes fictifs
➢ Elément légal : article 223 §1d C.S.C
➢ Elément moral : l’article 223 ne précise pas « de mauvaise foi » ou «sciemment »
➢ Elément matériel :
- la commission par un membre du conseil d’administration.
- l’absence d’inventaire ou l’existence d’un inventaire frauduleux
Si le conseil d’administration ne propose aucune distribution, mais c’est l’assemblée qui
décide de distribuer un dividende fictif et c’est le DG non administrateur qui procède au
paiement aux actionnaires. Faut-il pénaliser les administrateurs ?
La doctrine considère que ce délit est constitué dès que le conseil d’administration a mis en
application la Résolution de l’assemblée générale votant le principe d’un dividende même si
ce dernier n’a pas encore été versé effectivement aux actionnaires intéressés.
Pour les S.A.R.L, la distribution de dividendes fictifs n’est pas pénalisée.

INES YOUSSEF 40
Est-il possible alors de raisonner par analogie et d’assimiler les gérants aux administrateurs
et d’appliquer ainsi les dispositions de l’article 223 aux SARL?

La réponse est négative en application du principe de la légalité : il n’y a pas de peines sans
texte.

INES YOUSSEF 41
Section III : L'abus de biens et de pouvoirs sociaux

L'abus de biens sociaux consiste dans le fait, pour les dirigeants de certaines sociétés, d'user
des biens de la société à des fins personnelles et contrairement à l'intérêt social. Cette
infraction, concerne principalement, les sociétés à responsabilité limitée et les sociétés
anonymes.
➢ Texte :
-Concernant la société anonyme
• Article 223 CSC :
« Sont punis d'une peine d'emprisonnement d'un an au moins et de cinq ans au plus et d'une
amende de deux mille à dix mille dinars ou de l'une de ces deux peines seulement :
…3) les membres du conseil d'administration qui, de mauvaise foi, ont fait des biens ou du
crédit de la société un usage qu'ils savaient contraire à l'intérêt de celle-ci dans un dessein
personnel ou pour favoriser une autre société dans laquelle ils étaient intéressés directement
ou indirectement.
4) les membres du conseil d'administration qui, de mauvaise foi, ont fait des pouvoirs qu'ils
possédaient ou des voix dont ils disposaient, un usage qu'ils savaient contraire aux intérêts
de la société dans un dessein personnel ou pour favoriser une autre société dans laquelle ils
étaient intéressés d'une manière quelconque. »
-Concernant la société à responsabilité limitée
• Article 146 CSC :
« Sont punis d’un emprisonnement d’un an à 5 ans et d’une amende de 500 à 5.000 dinars :
….3/ - les gérants qui de mauvaise foi ont fait, des biens ou du crédit de la société, un usage
qu’ils savaient contraire à l’intérêt de celle-ci, dans un dessein personnel ou pour favoriser
une autre société ou une autre entreprise dans laquelle ils étaient intéressés directement ou
indirectement, ou ils font usage de pouvoirs qu’ils détenaient ou des voix qui étaient en leur
possession et qu’ils savaient contraire à l’intérêt de la société dans un dessein personnel ou
pour favoriser une autre société ou une autre entreprise dans laquelle ils étaient intéressés
directement ou indirectement. »
➢ Analyse
Du fait de sa médiatisation, l'abus des biens est devenu l'infraction phare du droit des sociétés
et de la vie des affaires.

INES YOUSSEF 42
Auparavant30, les excès commis par les dirigeants des sociétés relevaient de l'abus de
confiance, puisqu'ils étaient des mandataires qui avaient pu manquer à leur mission.
Toutefois, le délit d'abus de confiance ne permettait pas d'appréhender toutes les situations
dangereuses pour une société. C'est qu'en effet, l'abus de confiance ne pouvait concerner que
des biens mobiliers et même des biens corporels. Or, une société peut être titulaire de
créances (biens incorporels) ou d'immeubles. En faire un usage ou les détourner de leur
affectation ne pouvait donner prise au délit.
Par ailleurs, s'agissant de la remise préalable des biens, des doutes pouvaient apparaître, car
personne ne confie au dirigeant des biens meubles.
Du seul fait qu'il est président ou gérant, il a le pouvoir d'utiliser les sommes se trouvant en
caisse ou sur le compte bancaire ou les biens composant l'actif social. On rappellera aussi que
le contrat de société ne figurait pas dans la liste limitative de l'article 297 CP.
-De ces textes, il résulte que ce que l'on dénomme abus de biens sociaux, comprend aussi
l'abus du crédit, l'abus des pouvoirs et des voix. Mais hors l'objet de l'abus punissable, ces
quatre délits présentent les mêmes éléments.
-L'abus de biens sociaux :
Il faut entendre la notion de biens sociaux dans un sens très large, le plus souvent il s’agit des
fonds sociaux.
Le dirigeant pratique une confusion systématique entre les fonds sociaux et les fonds privés.
Si, souvent dans les sociétés de taille modeste, l'abus de biens a pour finalité d'attribuer au
dirigeant une somme d'argent ou un bien appartenant à la société, sans y avoir été autorisé,
dans les grandes sociétés, l'abus de biens peut servir à corrompre un élu, ou un décideur
public.
Parfois, pour déguiser une opération personnelle, le dirigeant a recours à une fausse facture,
afin de justifier apparemment la sortie des fonds.

30 Des affaires ont mobilisé l'opinion publique au début du 20e siècle. Ce sont les affaires Oustric et Stavisky dans
lesquelles se sont trouvé mêlés des hommes politiques ou des hauts fonctionnaires. Il ne pouvait être question
de ne rien changer. Aussi bien, un sénateur, Lesaché, a déposé une proposition de loi le 4 février 1932. Un projet
de loi comportant des dispositions comparables fut déposé en janvier 1935.
Du fait de la crise économique aux États‐Unis, le gouvernement profita de la loi du 8 juin 1935 de pleins pouvoirs
en vue « "d'assurer la défense du franc et la lutte contre l'inflation" » pour garantir une meilleure protection de
l'épargne, favoriser le développement des sociétés commerciales et faire taire les inquiétudes suscitées par les
affaires. Comme l'indique le rapport précédant les décrets‐lois, « "la lutte entreprise pour la défense du franc
appelle certaines mesures qui apporteront aux placements faits par l'épargne, une plus grande sécurité en même
temps qu'elles sanctionnent plus efficacement les obligations qui s'imposent à tous ceux que les épargnants ont
investi de leur confiance pour la gestion et la surveillance de leurs capitaux" ».

INES YOUSSEF 43
Au demeurant, en ce qui concerne les victimes, il convient de rechercher si elles peuvent se
prévaloir d'un dommage résultant directement de tel délit, étant indiqué que l'abus de biens
ne cause un préjudice qu'à la société.
Il s'agit de réprimer les dépassements sous forme d'abus qu'un administrateur ou un dirigeant
de droit ou de fait pourrait tenter et qui auront des conséquences préjudiciables à la société
dans la mesure où ils sont contraires à l'intérêt social
L'incrimination intéresse « les membres du conseil d'administration qui, de mauvaise foi, ont
fait des biens ou du crédit de la société un usage qu'ils savaient contraire à l'intérêt de celle-ci
dans un dessein personnel ou pour favoriser une autre société dans laquelle ils étaient
intéressés directement ou indirectement ».
Les éléments constitutifs de l'infraction sont :
- l'intention criminelle (la mauvaise foi).
- l'usage contraire à l'intérêt social du crédit ou des biens de la société.
- l'usage dans un intérêt personnel
La contrariété à l'intérêt social est un élément constitutif incontournable de ce délit. Au même
titre, l'usage à des fins personnelles est également pris en considération.
-L'abus des pouvoirs :
L'incrimination intéresse « les membres du conseil d'administration qui, de mauvaise foi, ont
fait des pouvoirs qu'ils possédaient ou des voix dont ils disposaient, un usage qu'ils savaient
contraire aux intérêts de la société dans un dessein personnel ou pour favoriser une autre
société dans laquelle ils étaient intéressés d'une manière quelconque ».
Pour cette infraction, le législateur réprime l'usage abusif du pouvoir que les administrateurs
détiennent dans le cadre de l'exercice de leurs fonctions. Ce pouvoir peut s'exercer par la
réalisation de certains actes ou l'abstention de réaliser certains autres actes rentrant dans le
domaine de leurs compétences. Il peut se matérialiser également par le pouvoir de prise de
décision à travers l'exercice du droit de vote dans la prise de décision collégiale.
Cette infraction se recoupe avec l'abus des biens sociaux au niveau de ses éléments principaux
à savoir la contrariété de l'usage du pouvoir à l'intérêt de la société et son usage dans un
dessein purement personnel.
Impliquant toujours un amalgame entre intérêt personnel et intérêt social, les délits commis
par l'administrateur ont éveillé les Soupçons et nécessité un cadre juridique pour une
catégorie d'actes où les intérêts des parties sont en conflit.

INES YOUSSEF 44
Section IV : Les infractions relatives à la dissolution et à la liquidation des
sociétés
➢ Textes
-Article 49 CSC
« Est puni d’une peine d’emprisonnement de un à six mois et d’une amende de trois cents
dinars à mille dinars le liquidateur qui :
1) n’aura pas, dans les 30 jours de la connaissance de sa nomination, procédé à l’inscription
au registre du commerce de la décision de dissolution de la société et de sa nomination.
2) n’aura pas convoqué les associés pour statuer sur le compte définitif de la société et sur le
quitus de sa gestion lors de la clôture de la liquidation ou n’aura pas demandé au tribunal
l’approbation prévue à l’article 45 du présent code.
3) aura contrevenu aux dispositions des articles 36, 40, 43 et 44 et à l’article 46, à l’exception
de l’obligation de consignation prévue in fine dudit article, ou aura violé les dispositions de
l’article 47 du présent code. (Loi n° 2005-65 du 27 juillet 2005, art.2) »
-Article 50 CSC
« Est puni des peines prévues à l’article 297 du code pénal, le liquidateur qui n’a pas déposé
à la caisse des dépôts et des consignations, dans un délai d’un mois à compter de la clôture des
opérations de liquidation, les sommes revenant aux associés et créanciers et qu’ils n’ont pas
réclamées. »
-Article 51CSC
« Est puni d’une peine d’emprisonnement de un à trois ans et d’une amende de trois cent
dinars à trois mille dinars le liquidateur qui aura exploité la réputation de la société en
liquidation ou aura fait sciemment des biens de ladite société un usage contraire à son intérêt,
à des fins personnelles ou en vue de favoriser une entreprise ou une société à laquelle il était
intéressé, soit directement soit indirectement ou par une personne interposée. »
-Article 52 CSC
« Est puni d’une peine d’emprisonnement de un mois à deux ans et d’une amende de trois
cents à trois mille dinars, le liquidateur qui a cédé tout ou partie de l’actif de la société en
liquidation en violation des dispositions des articles 34 et 35 du présent code. »
-Article 53 CSC

INES YOUSSEF 45
« Les peines prévues par les articles 49 à 52 du présent code, n’excluent pas l’application de
peines plus sévères prévues par d’autres lois incriminant les mêmes faits. «

INES YOUSSEF 46
Section V : Les infractions relatives au commissariat aux comptes

➢ Textes :
- Article 270 CSC
« Sous réserves des dispositions de l'article précédent les commissaires aux comptes ainsi que
leurs collaborateurs et les experts sont astreints au secret professionnel pour les faits, actes
et renseignements dont ils ont pu avoir connaissance à l'occasion de l'exercice de leurs
fonctions. Les commissaires aux comptes doivent également signaler à l'assemblée générale
les irrégularités et les inexactitudes relevées par eux au cours de l'accomplissement de leur
mission. En outre ils sont tenus de révéler au procureur de la république les faits délictueux
dont ils ont eu connaissance sans que leur responsabilité puisse être engagée pour révélation
de secret professionnel. »
- Article 271 CSC
« Est puni d'un emprisonnement d'un an à cinq ans et d'une amende de mille deux cents à cinq
mille dinars ou de l'une de ces deux peines seulement, tout commissaire aux comptes qui aura
sciemment donné ou confirmé des informations mensongères sur la situation de la société ou
qui n'aura pas révélé au procureur de la république les faits délictueux dont il aura eu
connaissance.
Les dispositions de la loi pénale relative à la révélation du secret professionnel sont
applicables aux commissaires aux comptes. »
➢ Analyse
L’exercice de la profession de commissariat aux comptes est source de lourdes
responsabilités. Le commissaire aux comptes a pour mission d’examiner les comptes d’une
entité afin de formuler une opinion sur la sincérité, la régularité et l’image fidèle de la
comptabilité.
En plus de la responsabilité pénale de droit commun qu’encours le CAC en tant que sujet de
droit, il est aussi responsable pénalement des infractions spécifiques à l’exercice de sa
fonction prévues par la loi. Ainsi, la responsabilité du commissaire aux comptes peut être
recherchée à travers les infractions spécifiques suivantes objet des articles 270 et 271 CSC.

INES YOUSSEF 47
Chapitre III : Les délits financiers et boursiers

Section I : L'activité non autorisée de banque


Section II : L'usure
Section III : délit et manquement d'initié
Section IV : Le délit de manipulation de marché
Section V : Le délit de fausse information du marché
Section VI : Le manquement aux obligations d'information

INES YOUSSEF 48
Section I : L'exercice illégal de l’activité bancaire

➢ Textes :
- Art. 183- Loi n° 2016-48 du 11 juillet 2016, relative aux banques et aux
établissements financiers
« Est punie d'un emprisonnement de 3 mois à 3 ans et d'une amende de 100.000 dinars à
1.000.000 dinars ou de l'une de ces deux peines seulement, toute personne qui exerce à titre
habituel, l’une des opérations bancaires sans avoir obtenu l’agrément préalable
conformément aux dispositions de l’article 24 de la présente loi.
Pour s’assurer qu’une activité quelconque est soumise à agrément, la banque centrale de
Tunisie est en droit de réclamer tous les renseignements nécessaires et d’engager sur place
toutes les investigations en se faisant présenter les livres comptables, les correspondances,
contrats et plus généralement tous les documents qu'elle juge nécessaires pour
l'accomplissement de sa mission.
La banque centrale de Tunisie peut, après audition du représentant de l’établissement
concernée, transmettre son dossier à la justice en vue de sa liquidation. »
- Art. 184 – Loi n° 2016-48 du 11 juillet 2016, relative aux banques et aux
établissements financiers
« Est punie d'un mois à 3 mois d’emprisonnement et d'une amende de 20.000 à 50.000 dinars,
ou de l'une de ces deux peines seulement, toute personne non agréée en qualité de banque qui
utilise dans son activité et d'une manière quelconque des termes susceptibles de créer un
doute dans l’esprit d’un tiers quant à l’exercice de l’activité bancaire. »
➢ Analyse

Le monopole bancaire accorde aux banques l’exercice exclusif de l’activité bancaire.


C’est que les banques doivent satisfaire un certain nombre de conditions de forme et de fond
pour pouvoir exercer cette activité. Cela se traduit notamment par l’exigence de l’agrément.
Toute contravention31 sera sanctionnée en particulier sur le plan pénal32.

31V.Annexe N°9 : Cass Crim n° 44822 en date du 1/11/2017 ( exercice illégal de l’activité bancaire)
32 Sur le monopole bancaire V. T.BEN NASR , Droit bancaire, Tunis 2017 ; I.YOUSSEF, Cours Droit des opérations
de crédit, 1 année mastère Banque &Bourse, FSPJST ; O.NASRI, Le monopole bancaire, mémoire en vue de
l’obtention du mastère professionnel Banque & Bourse, dir I.YOUSSEF, FSPJST, 2020/2021

INES YOUSSEF 49
Ainsi, seules les banques ayant obtenu un agrément bancaire peuvent procéder à des
opérations de banque. L’incrimination tente à protéger les déposants, notamment contre une
potentielle insolvabilité du dépositaire.

INES YOUSSEF 50
Section II : L'usure

➢ Textes :
- Article premier– Loi n° 99-64 du 15 Juillet 1999, relative aux Taux d’Intérêt
Excessifs
«Constitue un prêt consenti à un taux d’intérêt excessif tout prêt conventionnel consenti à un
taux d’intérêt effectif global qui excède, au moment où il est consenti, de plus du cinquième le
taux effectif moyen pratiqué au cours du semestre précèdent par les banques et les
établissements financiers pour des opérations de même nature.
La Banque Centrale de Tunisie détermine les opérations qui obéissent au même taux d’intérêt
excessif. Les opérations de vente avec facilités de paiement sont assimilées à des prêts
conventionnels et sont soumises aux dispositions de la présente loi. »
- Art.5- Loi 1999
« Quiconque consent à autrui un prêt à un taux d’intérêt excessif est puni d’un
emprisonnement de 6 mois et d’une amende allant de trois mille à dix mille dinars ou de l’une
de ces deux peines seulement.
En cas de récidive, cette sanction est portée au double.
Lorsque le contrevenant est une personne morale, les peines prévues ci-dessus sont
applicables, personnellement et selon le cas, aux présidents directeurs généraux, directeurs,
gérants et en général à toute personne reconnue responsable et ayant qualité pour
représenter la personne morale. Les complices sont punis des mêmes peines.
Le tribunal peut ordonner la publication intégrale, ou par extraits, de sa décision dans les
journaux quotidiens qu’il désigne et les frais qui en découlent seront à la charge du
condamné. »
➢ Analyse
Le législateur est intervenu, par la loi 1999, en posant le principe du taux d’intérêt effectif
global (TEG) en matière de rémunération des prêts conventionnels. Le TEG est pris en
considération pour déterminer le caractère usuraire ou non du crédit consenti. De la sorte, la
détermination du caractère usuraire ou non d’un crédit repose alors sur des critères objectifs.
Il importe de remarquer que le TEG n’est pas le taux que la banque annonce au client, mais
c’est plutôt le taux réel (effectif) du crédit. Le TEG, c’est le taux réellement appliqué pour une
opération de crédit déterminée. Il représente le coût total du crédit qui a été consenti. Ce coût
total ne se réduit pas au taux d’intérêt conventionnel. Le taux d’intérêt est un élément

INES YOUSSEF 51
important du TIEG mais à cet élément, on en ajoute d’autres qui permettent de déterminer le
coût global du crédit consenti.
La détermination du TEG est précisée dans ses éléments par une formule, qui indique que le
TEG comprend outre les intérêts : les frais, commissions ou rémunérations de toutes natures
directes ou indirectes33.
Selon l’article premier de la loi 1999, l’intérêt est excessif lorsque le crédit est consenti à un
TEG qui dépasse au moment où il a été alloué « du cinquième du taux effectif moyen pratiqué
au cours du semestre précédent par les banques pour des opérations de même nature »
Il s’en suit que le législateur permet un plafonnement du taux d’intérêt conventionnel à travers
le taux effectif global. Ce plafonnement de l’intérêt conventionnel repose sur une comparaison
: on va comparer le TEG avec un taux de référence.
Ce taux de référence est un taux moyen calculé par la BCT et qui fait l’objet périodiquement
d’une révision. Ce taux de référence concerne donc une certaine période et c’est ce taux qui
doit être pris en fonction de la date du contrat.
La circulaire de la BCT n°2000-03 dresse une liste des crédits soumis à l’application des règles
concernant le TEG. Il s’agit des crédits à court terme, des découverts mobilisés ou non
mobilisés, des crédits consentis aux particuliers, des crédits à moyen et à court terme, des
crédits pour le financement de l’habitat, des crédits universitaires, du leasing.
Les crédits qui sont exclus du champ de calcul du TIEG sont les crédits qui font l’objet d’un
contentieux, les crédits gelés.
Ainsi, sur le plan pénal, l’article 5 de la loi 99 dispose que celui qui accorde un crédit à un taux
d’intérêt excessif encourt une peine d’emprisonnement de six mois et une amende de 3000 à
10000 dinars ou de l’une de ces deux peines uniquement. La récidive est punie du double de
ces peines.

33 Dans ce sens l’article 2, de la loi 99 précise que : « Pour la détermination du taux d’intérêt effectif global du
prêt, il est tenu compte en plus des intérêts, des frais, commissions ou rémunérations de toute nature, directes
ou indirectes intervenus dans l’octroi du prêt, sauf ceux exceptés par décret. Les modalités de calcul du taux
d’intérêt effectif global et du taux effectif moyen, ainsi que leur mode de publication sont fixés par décret ».

INES YOUSSEF 52
Section III : délit et manquement d'initié

Afin de satisfaire aux impératifs d'équité et d'efficience des marchés financiers, le législateur
réprime un certain nombre de comportements relatifs aux titres cotés en bourse. La famille
de ces comportements proscrits repose sur deux piliers principaux :
-La manipulation des cours et
-l'exploitation d'informations privilégiées.
Le siège des dispositions pénales se situe dans l’article 81 la loi 1994.
➢ Textes :
- Article 81 loi 1994
« Seront punies d’une amende de 1 000 à 10 000 dinars, les personnes disposant à l’occasion
de l’exercice de leur profession ou de leurs fonctions, d’informations privilégiées sur la
situation ou les perspectives d’un émetteur de titre faisant appel public à l’épargne ou sur les
perspectives d’évolution d’une valeur mobilière ou d’un produit financier placé par appel
public à l’épargne, qui auront réalisé, directement, ou par personne interposée, une ou
plusieurs opérations avant que le public ait connaissance de ces informations par les voies
légales et réglementaires. »
➢ Analyse :
L'expression « délits d'initié », plus pratique que juridique, n'a jamais figuré dans la définition
légale des infractions considérées.
Le principe d'interprétation stricte de la loi pénale devrait s’accommoder d'une application
indistincte englobant l'ensemble des délits d'utilisation et de communication d'informations
Privilégiées.
- Fondement de la prohibition
Contrairement au manipulateur de cours, l’ « initié » n'entend pas induire autrui en erreur et
peser artificiellement sur les cours. S'il est en mesure de retirer un gain indu, ce n'est pas en
raison d'une manœuvre positive et extérieure, mais parce que l'initié exploite une supériorité
informationnelle, tenant à la connaissance de faits encore confidentiels et susceptibles
d'affecter l'évolution du cours des titres concernés.
D'où l'idée, largement partagée, que la prohibition se fonde essentiellement sur le principe
d'égalité entre intervenants aux négociations sur titres cotés.
Le propos mérite cependant quelques précisions.

INES YOUSSEF 53
D'abord, sans aller jusqu'à évoquer la contestation, relativement marginale, de la légitimité ou
de la rationalité même du délit, il faut indiquer que cette justification par l'égalité n'est pas
acceptée unanimement.
Dans le pays qui a venu naître l'incrimination, à savoir les Etats-Unis, d'autres explications
sont traditionnellement avancées, telles que la violation d'un devoir de loyauté (fiduciary
duty) ou le détournement d'information (misappropriation).
Il est vrai que l'accent mis, depuis l'origine, sur les opérations réalisées par certaines
catégories de personnes, en particulier les dirigeants sociaux, pourrait militer en ce sens.
Ensuite, il convient de ne pas se méprendre sur le sens et la portée de la référence
généralement faite à l'égalité. Il ne s'agit évidemment pas d'établir une identité absolue de
situation devant les profits et les pertes nés des négociations, ni même devant l'information.
Les facteurs ordinaires d'inégalité entre contractants ne sont pas absents des négociations
boursières. Plus modeste dans son objectif, la prohibition des opérations d'initié cherche à
prévenir et réprimer l'exploitation d'asymétries informationnelles susceptibles de rompre
l'égalité minimale devant exister entre investisseurs face au risque boursier, qui risquerait
d'entamer la confiance des investisseurs en l'intégrité du marché.
Où l'on voit que c'est une égalité relative qui est poursuivie, un minimum garanti devant
l'information et le risque inhérent à l'investissement en titres cotés ; et que les préoccupations
économiques percent sous les considérations morales.
-Les éléments de l’infraction
• Le préalable : « L’information privilégiée »
-L’information privilégiées porte sur la situation ou les perspectives d’un émetteur de titre
faisant appel public à l’épargne ou sur les perspectives d’évolution d’une valeur mobilière ou
d’un produit financier placé par appel public à l’épargne.
-Le législateur a déjà précisé la liste des sociétés faisant appel public à l’épargne dans l’article
1 de la loi 1994 :
C’est ainsi que : « Sont réputés sociétés ou organismes faisant appel public à l’épargne :
1. Les sociétés qui sont déclarées comme telles par leurs statuts,
2. Les sociétés dont les titres sont admis à la cote de la Bourse,
3. Les banques et les sociétés d’assurances quel que soit le nombre de leurs
actionnaires,
4. Les sociétés dont le nombre d’actionnaires est égal ou supérieur à cent,
5. Les Organismes de Placement Collectif en Valeurs Mobilières,

INES YOUSSEF 54
6. Les sociétés et les organismes autres que les organismes de placement collectif en
valeurs mobilières qui, pour le placement de leurs titres, recourent soit à des
intermédiaires, soit à des procédés de publicité quelconques, soit au démarchage34. »
-Toutefois la question demeure que signifie une information priviligiée ?
Le législateur ne l’a pas défini.
Une information est privilégiée si elle remplit un certain nombre de conditions qui tiennent à
son objet, ses caractères et finalement l’avantage qu’elle procure sur le marché.
L’information privilégiée doit d’abord porter « sur les perspectives ou la situation d’un
émetteur dont les titres sont négociés sur un marché réglementé ou sur les perspectives
d’évolution d’un instrument financier admis sur un marché réglementé » .
L’information privilégiée est ensuite un renseignement de caractère précis, particulier et
certain, se distinguant par-là de simples « bruits alarmants » ou rumeurs.
Ainsi, celui qui prend connaissance, lors d’une réunion du conseil d’administration, de
résultats bénéficiaires devant conduire à une proposition d’augmentation considérable des
dividendes à distribuer, parallèlement à une augmentation de capital par répartition d’actions
gratuites, détient une véritable information privilégiée
Au demeurant, une information peut avoir un caractère certain tout en portant sur un fait
simplement éventuel ; c’est notamment le cas des négociations contractuelles dont
l’aboutissement est encore aléatoire.
Dans une conception égalitaire du délit, l’essentiel réside dans l’importance qu’attacherait le
marché à un tel renseignement et par conséquent l’avantage que sa connaissance procure à
l’initié dans ses rapports avec les autres investisseurs.
Pour la Cour de cassation Française, cet avantage doit s’apprécier in abstracto : aux termes
d’un arrêt remarqué du 26 juin 1995, la chambre criminelle précise que « le caractère
privilégié des informations ne saurait résulter de l’analyse que peut en faire celui qui les reçoit
et les utilise, mais doit s’apprécier de manière objective, excluant tout arbitraire, et en fonction
de leur seul contenu »35.
Cet avantage résulte encore de ce que cette information est « sensible », au sens où son
annonce publique serait de nature à influer sur le cours de la valeur concernée.

34 Au sens de la présente loi, le démarchage s’entend l’activité de la personne qui se rend habituellement à la
résidence de personnes, sur leurs lieux de travail ou dans les lieux publics, en vue de leur proposer la souscription
ou l'acquisition de titres. Est également considéré comme démarchage, l’envoi de lettres, dépliants ou tous autres
documents lorsqu’il est utilisé, de façon habituelle, pour proposer la souscription ou l’acquisition de titres.
35 Cass. crim., 26 juin 1995, no 93-81.646, Bull. crim., no 233, Bull. Joly Bourse 1995, p. 285, note Le Cannu P

INES YOUSSEF 55
Cette confidentialité ne doit pas être entendue d’une manière trop absolue, la jurisprudence
indiquant qu’elle résiste à une réunion privée d’information organisée par une société cotée
ou à la publication de quelques articles de presse ne rapportant aucun élément d’information
circonstancié, susceptible de constituer, pour les investisseurs éventuels, une information
véritable et crédible.
En revanche, le fait qu’une information (en l’occurrence, le projet d’une prise de participation
d’une société cotée dans le capital d’une autre) soit connue d’autres personnes que le prévenu
peut justifier la relaxe de ce dernier lorsque les juges n’ont plus en conséquence la conviction
que les opérations critiquées sont dues à une divulgation de celui-ci36
On retrouve alors l’idée que le doute doit profiter au prévenu37.
• Les personnes punissables
Il s’agit des personnes disposant à l’occasion de l’exercice de leur profession ou de leurs
fonctions, d’informations privilégiées sur la situation ou les perspectives d’un émetteur de
titre faisant appel public à l’épargne ou sur les perspectives d’évolution d’une valeur mobilière
ou d’un produit financier placé par appel public à l’épargne, qui auront réalisé, directement,
ou par personne interposée, une ou plusieurs opérations avant que le public ait connaissance
de ces informations par les voies légales et réglementaires.
Traditionnellement, le domaine subjectif d’application du délit d’initié se limite aux dirigeants
sociaux et, plus généralement, aux personnes, physiques ou morales disposant d’informations
privilégiées « à l’occasion de l’exercice de leur profession ou de leurs fonctions ».
Le rattachement de l’information détenue à l’exercice d’une profession ou d’une fonction est
érigé en élément du délit, même si toute détermination préalable et juridique des personnes
visées est rejetée.
Les professions et les fonctions concernées sont évidemment celles qui, par nature, peuvent
donner accès direct à des informations privilégiées.

36 Il peut être utile de rapprocher ces solutions de la définition générale de l'information privilégiée issue de la
directive no 2003/6 du Parlement européen et du Conseil du 28 janvier 2003 sur les abus de marché : «
information à caractère précis qui n'a pas été rendue publique, qui concerne, directement ou indirectement, un
ou plusieurs émetteurs d'instruments financiers, ou un ou plusieurs instruments financiers, et qui, si elle était
rendue publique, serait susceptible d'influencer de façon sensible le cours des instruments financiers concernés
ou le cours d'instruments financiers dérivés qui leur sont liés ».
La directive no 2003/6/CE du Parlement européen et du Conseil du 28 janvier 2003, dite « abus de marché »,
définit la notion d’« information privilégiée » comme étant « une information à caractère précis qui n’a pas été
rendue publique, qui concerne, directement ou indirectement, un ou plusieurs émetteurs d’instruments
financiers, ou un ou plusieurs instruments financiers, et qui, si elle était rendue publique, serait susceptible
d’influencer de façon sensible le cours des instruments financiers concernés ou le cours d’instruments financiers
dérivés qui leur sont liés»
37

INES YOUSSEF 56
Ce sont notamment les fonctions exercées principalement auprès de la société (dirigeants,
personnels responsables de tel ou tel secteur) ou exercées occasionnellement à son égard
(experts, intermédiaires divers…)
• Elément matériel
Le fait incriminé consiste en la réalisation, directement, ou par personne interposée, d’une ou
plusieurs opérations avant que le public ait connaissance des informations privilégiées par les
voies légales et réglementaires.
• Élément intentionnel
Le délit d’initié est un délit intentionnel.
• La sanction
Le législateur a prévu la peine d’une amende de 1 000 à 10 000 dinars.
Dans le cas de réalisation d’un profit, le montant de l’amende peut être porté au quintuple du
montant du profit réalisé, sans que le montant de l’amende puisse être inférieur à ce profit.
La tentative n’est pas punissable puisqu’il s’agit d’un délit et en matière de délit la tentative
n’est punissable que si on le mentionne38.

38 Article 59 CP
Toute tentative d'infraction est punissable comme l'infraction elle-même si elle n'a été suspendue ou si elle n'a
manqué son effet que par des circonstances indépendantes de la volonté de son auteur. Toutefois, la tentative
n'est pas punissable, sauf disposition contraire de la loi, dans les cas où l'infraction ne comporte pas plus de 5
ans de prison.

INES YOUSSEF 57
Section V : Le délit de diffusion d’information fausse ou trompeuse

Le législateur a incriminé la diffusion d’informations fausses ou trompeuses au marché dans


le but de préserver le principe de la transparence des marchés financiers et la bonne
application de la règle de l’offre et de la demande ce qui permettra in fine de garantir les droits
des déposants et leurs intérêts d’investissement.
➢ Textes :
- Article 81 Loi 94
« Sera punie des peines prévues au premier paragraphe du présent article, toute personne qui
aura sciemment répandu dans le public par des voies et moyens quelconques des
informations fausses ou trompeuses sur la situation ou les perspectives d’un émetteur de
titres faisant appel public à l’épargne ou sur les perspectives d’évolution d’une valeur
mobilière ou d’un produit financier placé par appel public à l’épargne, de nature à agir sur les
cours ».
➢ Les éléments de l’infraction
- L’élément matériel
La fausse information est l’information mensongère qui n’a aucun fondement.
L’information trompeuse est celle qui est susceptible d’induire autrui en erreur.
Le préalable de cette infraction consiste en une information fausse ou trompeuse. Le
législateur n’exige pas les deux conditions cumulativement puisqu’il utilise « ou ».
L’élément matériel de cette infraction se trouve également remplie même si l’information en
elle-même est correcte mais a été diffusée de mauvaise foi avec l’intention de perturber le
marché et de créer le doute chez l’investisseur.
Contrairement au délit d’initié qui est basé sur une information réelle correcte et interne ou
non publique, le délit de diffusion d’information fausse ou trompeuse nécessite une
information incorrecte qu’elle soit générale ou précise, interne ou non.
Cependant, cette infraction également doit se rapporter à la situation ou les perspectives d’un
émetteur de titres faisant appel public à l’épargne ou sur les perspectives d’évolution d’une
valeur mobilière ou d’un produit financier placé par appel public à l’épargne.
Toute personne peut commettre cette infraction – émetteur, concurrent, journaliste,
commissaire aux comptes, etc. – qui consiste à diffuser dans le public par des voies et moyens
quelconques – écrits ou oraux, internet, publication des comptes, circulaires, communiqués

INES YOUSSEF 58
officiels , articles de presse, conférences, etc. – des informations fausses – mensongères – ou
trompeuses – dolosives – sur un émetteur ou sur un instrument financier.
Le délit étant de commission, le problème ne réside pas dans le fait de ne pas informer ou
d’être trop imprécis dans son information, la jurisprudence révèle par exemple que la
tromperie peut porter sur des résultats brillants ou catastrophiques d’une société, la
conclusion de contrats ou encore la distribution de dividendes. Tel est le cas de communiqués
de presse faisant état d’un résultat net « globalement équilibré » , manifestement contraire à
la vérité ou d’un décalage important dans le temps entre les informations favorables données
au public et la situation réelle de l’entreprise fortement dégradée.
Il importe de préciser que la diffusion d’information fausse ou trompeuse pour qu’elle soit
constitutive de l’élément matériel de l’infraction exige un impact sur les cours à la hausse ou
à la baisse.
- L’élément moral
L’infraction de diffusion d’information fausse ou trompeuse nécessite une intention
frauduleuse puisque le législateur imposé que ladite diffusion soit « sciemment ».
De plus, il faut atteindre un résultat bien déterminé qui consiste en l’impact sur les cours.
Le délit suppose une intention coupable et sanctionne ceux qui auront volontairement
répandu des informations qu’ils savaient fausses ou trompeuses. L’essentiel réside dans
l’intention d’agir sur les cours, dont la preuve résulte néanmoins essentiellement du contenu
de l’information diffusée qui a pour finalité de fausser les cours et le jeu normal du marché.
Après l’assemblée générale, des dirigeants sociaux qui véhiculent de fausses informations sur
les comptes sont inéluctablement coupables. Il reste à préciser que les mobiles poursuivis, ici
comme ailleurs, demeurent indifférents, par exemple la volonté de lutter contre une
spéculation excessive
- La sanction
La sanction est une amende de 1 000 à 10 000 dinars et dans le cas de réalisation d’un profit,
le montant de l’amende peut être porté au quintuple du montant du profit réalisé, sans que le
montant de l’amende puisse être inférieur à ce profit. Il s’agit alors des peines prévues au
premier paragraphe de l’article 81 relatif au délit d’initié.
Notons encore que, du point de vue du droit pénal général, il est aisé d’envisager qu’un
complice intervienne pour aider une personne à diffuser une fausse information. Il peut s’agir,
par exemple, d’un commissaire aux comptes.

INES YOUSSEF 59
Peuvent, en effet, constituer des actes positifs de complicité le fait, pour une telle personne, de
refuser de certifier les comptes et de faire preuve d’insuffisance ou de défaillance dans son
contrôle.
Il ne s’agit pas là, selon la jurisprudence française, d’une simple passivité due à des manques
de curiosité. En revanche, le juge est plus exigeant lorsqu’il est question d’envisager le rôle de
l’hébergeur d’un site sur lequel est diffusée une fausse information.

INES YOUSSEF 60
Section IV : Le délit de manipulation de marché

➢ Textes :
- Article 81 Loi 1994
« Sera punie des peines prévues au premier paragraphe du présent article, toute personne qui,
directement ou par personne interposée, aura sciemment exercé ou tenté d’exercer sur le
marché d’une valeur mobilière ou d’un produit Financier placé par appel public à l’épargne,
une manœuvre ayant pour objet d’entraver le fonctionnement régulier du marché ou d’induire
autrui en erreur ».
➢ Analyse
- Elément matériel
Il ne s’agit plus seulement de sanctionner ceux qui profitent, grâce à des informations
privilégiées, du jeu normal du marché boursier, mais ceux qui en faussent le fonctionnement
par des actions illicites et qui tendent à agir directement sur les cours.
L’incrimination de ces actions a fait l’objet de textes spécifiques.
La manipulation de cours est le plus vieux des délits boursiers.
Toute personne – pas simplement des initiés – peut commettre cette infraction qui consiste
en une tromperie ayant pour forme une opération boursière ( définie de la façon la plus large
qui soit, puisqu’il peut être simplement question « d’adopter un comportement » ) frauduleuse
( fictive, trompeuse ou artificielle) ayant pour but, soit de donner une indication trompeuse
sur le cours d’un instrument financier ( le but ne devant alors qu’être « susceptible » d’être
atteint), soit d’affecter ce cours ( ce résultat étant nécessaire à la constitution de l’infraction).
La manœuvre pouvait consister à créer des mouvements artificiels de baisse par des ventes
importantes ou, inversement, d’entretenir ou accélérer des mouvements de hausse par des
achats à découvert.
Telle est la technique dite de la « bouilloire » ainsi décrite : « Elle consiste à manipuler
rapidement à la hausse une valeur dont le marché est étroit et sensible en passant de très
nombreux ordres d’achat généralement sans disposer de la couverture nécessaire, pour
persuader des spéculateurs de l’imminence d’une opération sur ce titre et les amener ainsi à
entretenir la hausse ».
Les résultats de cette manœuvre sont d’autant plus favorables à ses initiateurs que le marché
est étroit avec un volume très faible de transactions quotidiennes.

INES YOUSSEF 61
Toutefois, comme dans le délit d’initié, si l’intention spéculative anime à l’évidence les auteurs
des manœuvres, le délit ne suppose pas nécessairement un résultat bénéficiaire pour ceux-ci,
d’autant que, la simple tentative est réprimée.
- Elément moral
Le délit de manipulation des cours est intentionnel. Il suppose même un dol spécial, car le
texte incrimine une manœuvre « ayant pour objet » d’entraver le fonctionnement régulier du
marché.
- Sanction
Il s’agit des peines prévues au premier paragraphe de l’article 81 relatif au délit d’initié.

INES YOUSSEF 62
Chapitre IV : Les infractions aux entreprises en difficulté
Section 1 : le délit de banqueroute
Section 2 : les « autres infractions »

INES YOUSSEF 63
Section I : Le délit de banqueroute
➢ Texte :
- Article 288 (Nouveau) CC:
« Est puni de cinq ans de prison tout commerçant ou dirigeant légal ou exécutif d’une
entreprise condamné à rembourser une créance ou ayant été sujet lui-même ou l’entreprise
qu’il dirige à une décision de règlement judiciaire ou un jugement déclaratif de faillite ou ayant
commis après l’échéance de sa créance l’un des actes suivants :
1 : cacher ou détourner ou vendre pour moins de sa valeur réelle ou donner une partie de ses
biens ou annuler une dette ou simuler le paiement d’une dette.
2 : reconnaître des dettes ou des obligations comme si elles étaient des dettes réelles alors
qu’elles sont totalement ou partiellement irréelles.
3 : Avantager l’un de ses créanciers
4 : Acheter des biens dans le but de les revendre à un prix inférieur à leur valeur moyenne sur
le marché ou avoir recours à des moyens illicites pour obtenir des biens afin d’éviter ou
retarder le jugement de l’ouverture des procédures de règlement judiciaire ou de faillite.
Toute tentative entraîne une condamnation. »
- L’article 290 (nouveau) CP
“ Est passible d’une peine d’emprisonnement de deux ans, tout dirigeant d’une entreprise
individuelle ou d’une société qui a provoqué la faillite de ladite entreprise ou société, par sa
prodigalité ou par des spéculations hasardeuses ne rentrant pas dans le cercle ordinaire de
ses opérations. »
➢ Analyse
Les auteurs sont partagés quant à l’attitude qui devrait être adoptée à l’encontre des
dirigeants d’une entreprise en faillite.
Le législateur a adopté une solution intermédiaire : soit la solution passe uniquement par les
règles de droit commercial si le chef d’entreprise est de bonne foi, soit le traitement est
répressif si ce chef est fraudeur.
Ainsi les difficultés économiques d’une entreprise, même se manifestant par une cessation des
paiements, n’est pas en soi une infraction pénale.
Etymologiquement, le terme banqueroute trouve son origine en Italie de l’époque médiévale.
Dans les villes italiennes telle venise ou florence un commerçant failli voyait son comptoir et
son banc à l’assemblée des marchands brisés et on parlait de banca rotta.
Deux types de banqueroutes sont prévus : la banqueroute simple ( article 290 CP ) et la
banqueroute frauduleuses ( article 288 CP).

INES YOUSSEF 64
➢ Les éléments constitutifs de l’infraction
-La banqueroute simple : l’article 290 CP demeure d’une portée limitée car il vise un cas où la
mauvaise foi ou l’honnêteté n’est pas caractéristique du comportement du commerçant. Il
s’agit d’une disposition qui sanctionne l’incompétence et la prise de risques inconsidérés.
-Quant à la banqueroute frauduleuse prévue par l’article 288 CP, elle constitue une infraction
par laquelle le législateur vise a réprimer plusieurs comportements à travers lesquels leurs
auteurs cherchent ou bien la diminution du gage des créanciers sinon la rupture de leur
égalité.
Les actes incriminés par ce texte sont distincts dans leur matérialisation et ne constituent pas
des fautes simples mais des fraudes caractérisées.
Afin de lutter contre l’appauvrissement volontaire du patrimoine du débiteur, la loi incrimine
la dissimulation, la donation et le détournement d’un bien relevant de son actif, la vente à
perte ainsi que la majoration frauduleuse du passif.
De même l’article 288 CP sanctionne le fait de favoriser l’un de ses créanciers au détriment
des autres.
➢ La sanction
-Pour la banqueroute frauduleuse, la sanction est de cinq ans de prison.
-Pour la banqueroute simple, la sanction est une peine d’emprisonnement de deux ans.

INES YOUSSEF 65
Section II : Les « autres infractions »
➢ Textes :
- Article 593CC :
« Est puni d'emprisonnement de six mois à trois ans et d'une amende de mille à dix mille
dinars ou de l'une de ces deux peines
- le chef d’entreprise ou le dirigeant qui s’abstient à la notification conformément à
l’article 419 du présent code ou à la présentation des documents et renseignements visés par
l’article 417 du présent code sans juste motif,
-quiconque qui commet une fausse déclaration, dissimule ses biens ou ses dettes même
partiellement, ou contrefait sciemment un document ou fait usage d'un document susceptible
d'influer sur la décision d'ouverture de la procédure du règlement ou sur le plan de
redressement.
- quiconque qui empêche sciemment ou tente d'empêcher la procédure du règlement
judiciaire à quelque étape qu'elle soit. »
- Article 594 :
« Est, également, puni des mêmes sanctions pécuniaires le commissaire aux comptes qui
s'abstient de la notification bien qu'il ait eu connaissance des difficultés de l'entreprise. »
➢ Analyse
-La loi de 2016 a doté le dirigeant de l’entreprise d’un devoir d’alerte dans l’art.419 CC.
Cette alerte se fait auprès de la commission de suivi des entreprises en difficulté (CSEE). Cette
nouveauté apportée par la loi de 2016 se justifie pleinement puisque le dirigeant est la
personne la mieux placée pour connaitre et divulguer les difficultés de l’entreprise à temps,
ce qui favorise l’efficacité de l’alerte.
Pour garantir l’accomplissement de ce devoir, le législateur a prévu des sanctions pénales
dans l’article 593 CC. La même sanction est prévue dans l’art.594 CC et s’applique aux
commissaires aux comptes qui ont failli au devoir d’alerte.
- La demande de règlement judiciaire peut être présentée par tout créancier n’ayant pas pu
recouvrer sa créance par les voies d’exécutions individuelles. Préalablement à l’assignation, le
créancier doit avoir exercé des poursuites et une voie d’exécution infructueuses. Cette demande
de règlement judiciaire doit comporter certaines informations qui identifient le créancier
demandeur, les causes de la demande ainsi que la justification que l’entreprise a cessé ses
paiements.

INES YOUSSEF 66
Aux termes de l’art.435, lorsque la demande est présentée par l’un des créanciers ou par des
associés, le greffe du tribunal avise le débiteur de la demande, sans délai, et la communique au
parquet.
Le débiteur ainsi avisé doit réagir conformément aux dispositions de l’art.435 dernier al.CC qui
prévoit un certain nombre de pièces qu’il doit présenter39. S’il s’abstient de les fournir au
tribunal, par application de l’art.593 al.1 CC, il est passible de sanctions pénales pour entrave
aux procédures de redressement.

39 Ledébiteur ou le dirigeant concerné doit présenter, en plus des données et documents prévus par l’article 417
du présent Code, une liste nominative de ses principaux clients et fournisseurs et une liste nominative des
dirigeants ainsi que leurs salaires et avantages respectifs. S’il est assigné en règlement judiciaire il doit fournir
les données et documents sus indiqués dans un délai maximum de quinze jours à partir de la date à laquelle le
règlement judiciaire lui a été notifié.

INES YOUSSEF 67
Chapitre V : La cybercriminalité 40
➢ Texte :
L'encadrement juridique de la sécurité informatique a été amorcé en Tunisie à partir de 1999
par deux articles dans le code pénal tunisien à savoir l’article 199 bis et 199 ter. Depuis un
noyau juridique a été mis en place.
- Loi n° 5 - 2004 du 3 février 2004, relative à la sécurité informatique et portant sur
l'organisation du domaine de la sécurité informatique et fixant les règles générales de
protection des systèmes informatiques et des réseaux.
- Loi organique n° 63 - 2004, du 27 juillet 2004, portant sur la protection des données à
caractère personnel.
- Loi n° 99-89 du 2 aout 1999 (Articles : 199 bis et 199 ter), modifiant et complétant
certaines dispositions du code pénal relative au Cybercriminalité.
➢ Analyse
• Le phishing
Le pirate se fait passer pour une banque et veut connaître les coordonnées bancaires de la
personne afin de prélever de l'argent sur son compte en banque. Les données personnelles de
la personne sont dérobées et utilisées frauduleusement ou revendues sur le marché noir des
données personnelles.
Le Tribunal de grande instance de Paris a, dans une décision du 21 septembre 2005,
sanctionné le phishing dans le cadre d'une action judiciaire introduite par un propriétaire d'un
site visité. Se fondant sur la détention et l'usage illicites de la marque Microsoft, la
reproduction et la diffusion non autorisées de la page d'enregistrement du site MSN Hotmail,
il a condamné l'auteur du présent dispositif pour contrefaçon.
• Le skiming
C'est l'utilisation frauduleuse de numéros de cartes bancaires sur internet.
• La fraude au président
Elle consiste à convaincre le collaborateur d'une entreprise d'effectuer en urgence un
virement important à un tiers (le fraudeur) pour obéir à un prétendu ordre du dirigeant.
• Le cryptolocker
C'est un logiciel malveillant qui se propage par courrier électronique à l'ouverture d'un lien
ou d'une pièce jointe. Les données sont alors « prises en otage » par le pirate qui demande le

40 V. formation BIG DATA, Disponible sur : inesyoussef.wixsite.com

INES YOUSSEF 68
paiement d'une rançon dans un délai imparti pour que la personne puisse récupérer ses
données.
• Cyberattaques
Les cyberattaques peuvent aussi bien venir de l'intérieur de l'entreprise que de l'extérieur. En
matière de Big Data, les entreprises ont leurs propres serveurs, mais peuvent aussi avoir
recours au Cloud computing pour héberger leurs données. Les cyberattaques peuvent avoir
lieu aussi bien sur les serveurs internes de l'entreprise que sur les serveurs externes de leurs
prestataires en Cloud.
Il existe plusieurs types de cyberattaques
Les virus, les vers, les chevaux de Troie, les logiciels espions
• Les cyberattaques le déni de service distribué (Distributed Denial of
Service,DDoS)
Les attaques de type « Dos » visent à saturer un système d'information ou de communication
afin de l'empêcher de fournir le service attendu.
Le but est de rendre impossible l'utilisation de certains services en saturant le système
concerné.
L'objectif ainsi poursuivi par les pirates par une telle intrusion dont est victime le site web de
l'entreprise est de nuire à son image de marque. Plus spécialement, la performance et la
disponibilité sont deux facteurs essentiels pour mettre en œuvre et assurer la pérennité de
sites web prospères ; un défaut de performance ou une absence de disponibilité pouvant avoir
comme conséquence immédiate, par exemple, une perte de clientèles et de revenus.
• Le vol de données
Le pirate s'introduit dans un système d'information pour voler des données stockées, les
modifier, les détruire, ou prendre le contrôle du système.

INES YOUSSEF 69
BIBLIOGRAPHIE

Ouvrages Généraux
• A.NENNI, Droit des sociétés commerciales, ATTRACH, 2020
• Lamy Droit pénal général,
• Lamy droit du financement 2020, délits et manquements boursiers
• S.KOLSI, Le droit des entreprises en difficulté, Tunis , octobre 2014
• T. BEN NASR, droit bancaire, Tunis 2017

Ouvrages Spéciaux
• B. DE LAMY ; M. SEGONDS ; JurisClasseur Pénal des Affaires ; Notions fondamentales ;
Fasc. 7 : Responsabilité pénale des personnes morales ; 9 Avril 2018 (Date de la
dernière mise à jour : 14 Août 2021)
• Dalloz Répertoire de droit pénal et de procédure pénale
• F. ELKSSIR, Droit pénal général ( en arabe), CPU 2006
• Lamy droit pénal des affaires 2021
• M.VERON / G. BEAUSSONIE ;Droit pénal des affaires ; Dalloz - 12e éd. - Décembre
2019
• W. JEANDIDIER ; Fasc. 60 : SOCIÉTÉS. – Abus des biens, du crédit, des pouvoirs ou des
voix ; JurisClasseur Lois pénales spéciales, Sociétés (25 Mars 2021 ; Date de la
dernière mise à jour : 14 Août 2021)

Articles
• C.GINESTET, « La dépénalisation du droit des sociétés ? », Revue Le Lamy Droit des
Affaires, Nº 46, 1er février 2010

Cours
• S.KOLSI, cours de droit pénal des affaires, 1 année mastère Droit des affaires, FSJPST
• I.YOUSSEF, Droit des opérations de crédit, 1 année mastère Banque et Bourse, FSJPST

INES YOUSSEF 70
ANNEXES

-AnnexeN°1 : Catherine GINESTET, « La dépénalisation du droit des sociétés ? », Revue Le


Lamy Droit des Affaires, Nº 46, 1er février 2010
-Annexe N°2 : Bertrand DE LAMY ; Marc SEGONDS ; JurisClasseur Pénal des Affaires ; Notions
fondamentales ; Fasc. 7 : Responsabilité pénale des personnes morales ; 9 Avril 2018 (Date
de la dernière mise à jour : 14 Août 2021)
-Annexe N°3 : Cass Crim n°4890 en date du 14/10/2004 (abus de confiance)
-Annexe N°4 : Cass Crim n°85975 en date du 19/5/2020 (délit article 96 CP)
-Annexe N°5 : Cass Crim n°67027 en date du 11/12/2019 (faux et usage de faux)
-Annexe N°6 : Cass Crim n°86419 en date du 16/10/2020 (abus de confiance)
-Annexe N°7 : Cass Crim n° 86576 en date du13/3/2020 (abus de confiance)
-Annexe N°8 : Cass Crim n° 53174 en date du21/1/2018 (corruption)
-Annexe N°9 : Cass Crim n° 44822 en date du 1/11/2017 (exercice illégal de l’activité
bancaire)
-Annexe N°10 : Cass Crim n° 92249 en date du 26/2/2020 (escroquerie)

INES YOUSSEF 71
Revue Le Lamy Droit des Affaires, Nº 46, 1er février 2010

- La dépénalisation du droit des sociétés ?


La dépénalisation du droit des sociétés ?

I. – UNE DÉPÉNALISATION SPÉCIALE APPARENTE A. – La réelle dépénalisation du droit des sociétés

I. – UNE DÉPÉNALISATION SPÉCIALE APPARENTE B. – Les faiblesses de la méthode de dépénalisation

II. – UNE PÉNALISATION GÉNÉRALE RAMPANTE A. – L’extension de la responsabilité pénale des personnes morales

II. – UNE PÉNALISATION GÉNÉRALE RAMPANTE B. – L’aggravation de la responsabilité pénale des personnes

physiques

Réelle mais limitée et désordonnée, la dépénalisation du droit des sociétés est contrebalancée par une extension
générale de la répression. De sorte que la priorité serait aujourd’hui de mieux pénaliser, non de dépénaliser.

Catherine GINESTET

Professeur à l’Université La Rochelle, CEJLR

Régulièrement la question se pose de savoir ou` en est la dépénalisation du droit des affaires. En la matière, le
mouvement de dépénalisation trouve son origine dans le rapport Marini sur la modernisation du droit des sociétés qui
stigmatisait l’inflation pénale, l’inutilité de certaines incriminations de la loi de 1966 et qui appelait de ses vœux une
réflexion d’ensemble devant favoriser la dépénalisation.

À partir de cette idée, un consensus s’est assez facilement dégagé autour de la nécessité de dépénaliser le droit des
affaires – spécialement le droit des sociétés – pour plusieurs raisons. Dé-multiplier les incriminations augmente le
risque pénal qui pèse sur les acteurs économiques. C’est un frein à la volonté d’entreprendre et au développement
économique, voire à l’attractivité de la France. La gestion de ce risque pénal coûte cher aux entreprises. Par ailleurs,
il a été démontré qu’à « l’exubérance textuelle correspondait un désert jurisprudentiel ». En se posant comme un
véritable code pénal des sociétés, la loi du 24 juillet 1966 apparaissait comme « l’archétype de l’erreur de politique
criminelle » (Jeandidier W., Droit pénal des affaires, Dalloz, 6e éd., 2005, no 244). Exception faite de quelques
incriminations tel que l’emblématique abus de biens sociaux, une foule d’omissions et de fautes matérielles étaient
sanctionnées, les fameux « délits-papiers » (Foyer J., Le dévoiement pénal, Dr. pén. 1995, suppl. p. 4). Il fallait donc
revenir à l’idée simple d’un droit pénal ultima ratio sous peine de faire perdre à la sanction sa force dissuasive et
intimidante.

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Au-delà, le dissensus persiste concernant la mise en œuvre de la dépénalisation. Dépénaliser quoi ? Comment ?
Questions classiques, auxquelles viennent s’en ajouter d’autres : faut-il poursuivre la dépénalisation à l’heure de la
crise économique, provoquée par la dérégulation bancaire et financière et l’avidité de certains ? Le sujet est moins à
la mode, à contre-courant d’une certaine éthique.

Il faut aussi s’entendre sur le sens du terme dépénalisation. S’agit-il de descendre d’un degré dans la gradation des
infractions et des peines ? De renoncer au droit pénal ? De rejeter toute idée de sanction quelle qu’elle soit ? Le
rapport Coulon sur « La dépénalisation de la vie des affaires » (La Documentation française, 2008) emploie le mot
« désincrimination » défini comme la diminution de « l’emprise du droit pénal sur la vie des affaires ». Elle peut être
obtenue en supprimant la qualification pénale, en réduisant son domaine d’application, en substituant d’autres
sanctions ou en prévenant les comportements. Il y a donc peu d’exclusion du champ pénal sans technique de
substitution.

La dépénalisation en question concerne toujours les sociétés commerciales, à l’exclusion des sociétés civiles. Y a-t-
il une raison objective de réserver la dépénalisation aux seules sociétés commerciales ? Le Code monétaire et financier
contient des délits-papiers dont le maintien se justifie mal. Est notamment puni d’une amende le fait pour un dirigeant
de société civile de placement immobilier de ne pas adresser à tout associé qui en fait la demande, une formule de
procuration et les exposés des motifs de projets de résolution inscrits à l’ordre du jour des assemblées (C. mon. fin.,
art. L. 231-13).

Abstraction faite des effets d’annonce, la dépénalisation a-t-elle une réalité en droit des sociétés ou joue-t-elle
simplement en trompe-l’œil ? C’est au fond la question à traiter. Il n’est pas facile d’y répondre et les pénalistes
savent que les tendances qui se dessinent sont rarement univoques. La dépénalisation s’accompagne souvent d’une
pénalisation et le droit des sociétés ne fait pas exception. Une dépénalisation spéciale apparente masque mal une
pénalisation générale rampante.

I. – UNE DÉPÉNALISATION SPÉCIALE APPARENTE

La dépénalisation du droit des sociétés est réelle mais présente des travers mis en lumière en doctrine depuis les
débuts du mouvement. Revenons sur les cas de dépénalisation avant de s’interroger sur la méthode de dépénalisation.

Abstraction faite des effets d’annonce, la dépenalisation a-t-elle une réalite en droit des sociétes ou joue-t-elle
simplement en trompe-l’œil ?

A. – La réelle dépénalisation du droit des sociétés

La dépénalisation du droit des sociétés se fait en plusieurs vagues (Robert J.-H., Dépénalisation saupoudrée, Dr. pén.
2003, comm. 114 ; Robert J.-H., Tableau récapitulatif des dépénalisations opérées depuis 2003 dans le droit des
sociétés par action, Dr. pén. 2005, étude 3) et semble devoir se poursuivre. La loi NRE du 15 mai 2001 est le premier

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texte à la mettre en œuvre, suivie des lois sécurité financière et initiative économique du 1 er août 2003 et des
ordonnances de 2004 (25 mars portant simplification du droit et des formalités des entreprises, 24 juin relative aux
valeurs mobilières). Un bon tiers des incriminations de 1966 ont ainsi été abrogées. Dans le maquis des dispositions,
l’on constate que toutes les sociétés commerciales sont touchées à divers moments de leur existence. Ainsi, un certain
nombre de mesures de publicité ne sont plus sanctionnées pénalement, comme le fait de ne pas énoncer la nature des
groupements sur tous les actes et documents destinés aux tiers, ou le fait pour un dirigeant de SA et de SAS d’omettre
de mentionner sur tous les actes et documents de la société destinés aux tiers, la dénomination sociale, le capital social
et les initiales de la société. Les règles touchant à la régularité des assemblées d’actionnaires sont également
dépénalisées, notamment le fait de ne pas mettre à disposition des actionnaires les documents sociaux. Est aussi
dépénalisée la protection du capital social comme le fait de ne pas procéder aux appels de fonds pour réaliser la
libération du capital dans le délai légal. Le rapport Coulon propose de poursuivre en dépénalisant notamment
l’omission de déclaration de répartition des parts dans l’acte de constitution d’une SARL, tout en soulignant la
nécessité de maintenir ou de mieux punir certaines incriminations. La dépénalisation doit avoir la vertu de rendre
plus efficaces des dispositions pénales plus réduites.

Une fois établie la liste exhaustive des textes abrogés, les faiblesses de la méthode suivie par le législateur
apparaissent.

B. – Les faiblesses de la méthode de dépénalisation

Très tôt stigmatisées par la doctrine, le rapport Coulon en fait la synthèse. « La dépénalisation serait ainsi spécialisée,
désordonnée, sélective ». Spécialisée, car le législateur raisonne infraction par infraction prise isolément et plusieurs
textes sont nécessaires à la mise en œuvre d’une même idée. Le travail législatif initié en 2001 est décousu, morcelé
et inachevé. La dépénalisation est désordonnée, peu cohérente. Il n’a pas été jugé utile de définir au préalable des
critères de dépénalisation. Or, le droit pénal doit protéger des valeurs identifiées. Comment faire l’économie de cette
réflexion ? Le rapport Coulon propose d’analyser par exemple pour chaque infraction, la faute, le dommage et la
valeur protégée. La dépénalisation est enfin sélective, mais en l’absence de critère, sur quoi peut bien reposer
l’indispensable sélection ? Sur des données quantifiées comme les statistiques de la justice ? Toutefois, ce n’est pas
parce qu’un texte n’est pas appliqué qu’il est inutile (Jeandidier W., L’art de dépénaliser : l’exemple du droit des
sociétés, in Mélanges Aubert, Dalloz, 2005, p. 479). Il faudrait pouvoir mesurer la fonction pédagogique, intimidante
et préventive de chaque incrimination.

En contrepoint, la moralisation du droit des affaires ne cesse pourtant d’imposer son emprise. Cela conforte le
maintien des incriminations les plus graves et relativise le besoin de dépénalisation. Enfin, au gré de la conjoncture,
de tel ou tel scandale, le législateur pourrait songer à recourir encore à la sanction pénale, ce qui pourrait alors se
concevoir comme une tendance régressive. La réalité de la dépénalisation cache mal toutefois une pénalisation
générale moins ostentatoire mais plus sévère.
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II. – UNE PÉNALISATION GÉNÉRALE RAMPANTE

S’en tenir à la dépénalisation formelle d’un comportement pour en déduire un retrait du droit pénal sur une discipline
ne rend que très imparfaitement compte de la réalité. Il est facile de se passer d’une qualification spéciale en recourant
à une qualification générale au gré d’une jurisprudence compréhensive. Mais deux autres points retiendront notre
attention : l’extension de la responsabilité pénale des personnes morales et l’aggravation de la responsabilité pénale
des personnes physiques au sein des sociétés.

A. – L’extension de la responsabilité pénale des personnes morales

Il faut revenir à la théorie générale de la responsabilité pénale pour mesurer l’emprise du droit pénal sur le droit des
sociétés et apprécier l’extension continue de la responsabilité pénale des personnes morales. Le caractère général de
la pénalisation ressort d’abord de la suppression du principe de spécialité de la responsabilité pénale des personnes
morales, lesquelles peuvent tomber sous le coup de n’importe quel texte incriminateur.

Au-delà, l’article 121-2, alinéa 1er, du Code pénal précise que cette responsabilité s’engagée pour « les infractions
commises, pour leur compte, par leurs organes et représentants ». Les conséquences du texte se mesurent sur les
infractions non intentionnelles fournissant le contentieux. La responsabilité pénale des personnes morales est plus
facile à rechercher ici que celle des personnes physiques. En effet, la loi du 10 juillet 2000 ne leur est pas applicable
(Cass. crim., 24 oct. 2000, no 00-80.378, Bull. crim., no 308, Rev. sc. crim. 2001, p. 162 ; Cass. crim., 8 sept. 2004,
no 03-85.826, Dr. pén. 2005, comm. 11, note Véron M.). Peu importe donc que le lien de causalité entre la faute et le
dommage soit indirect, que la faute soit simple, la responsabilité sera retenue. Les poussières de faute ne sont pas
écartées comme pour les personnes physiques. Cette « dépénalisation oubliée » (Casorla F., Le droit pénal sauvé du
naufrage ?, Rev. pénit. 2008, p. 10) est sûrement volontaire.

En outre, la jurisprudence ne cesse d’étendre le texte. Ceci peut être mis en évidence sur deux points. Le premier est
celui de la délégation de pouvoirs, technique qui permet aux personnes physiques de se dégager de toute responsabilité
pénale si les conditions posées par la jurisprudence sont réunies. Pourtant, à l’égard des personnes morales, le
mécanisme joue à rebours. Selon la chambre criminelle, « le titulaire d’une délégation de pouvoirs en matière
d’hygiène et de sécurité est un représentant de la personne morale au sens de l’article 121-2 (...) il engage donc la
responsabilité pénale de celle-ci en cas d’atteinte involontaire à la vie ou à l’intégrité physique trouvant sa source
dans un manquement aux règles qu’il était tenu de faire respecter en vertu de sa délégation » (Cass. crim., 30 mai
2000, no 99-84.212, Bull. crim., no 206, Rev. sc. crim. 2000, p. 816 et 851). Loin d’être un mécanisme exonératoire
de responsabilité, la délégation de pouvoirs permet de lutter contre la dilution de responsabilité et de rechercher la
responsabilité de la personne morale dans laquelle elle est mise en œuvre. Le second point est la détermination des
organes et représentants ou` l’évolution de la jurisprudence est plus significative encore de l’extension de la
répression. Après avoir censuré les juges du fond retenant la responsabilité des personnes morales sans identifier les

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organes ou représentants (Cass. crim., 18 janv. 2000, no 99-80.318, Bull. crim., no 28, D. 2000, p. 636), la chambre
criminelle est aujourd’hui moins exigeante.

Elle a d’abord admis l’absence de nécessité de mentionner l’identité des organes ou représentants d’une personne
morale pour retenir sa responsabilité (Cass. crim., 20 juin 2006, no 05-85.255, Bull. crim., no 188, Rev. sc. crim. 2006,
p. 825), pour préciser enfin le 25 juin 2008 que « les personnes morales peuvent être déclarées pénalement
responsables dès lors que les infractions s’inscrivent dans le cadre de la politique commerciale des sociétés et ne
peuvent avoir été commises pour le compte de celles-ci que par leur organes ou représentants » (Cass. crim., 25 juin
2008, no 07-80.261, Bull. crim., no 167, Dr. pén. 2008, comm. 140).

En créant une présomption, la Cour fait sauter le verrou posé par le texte. Il est donc plus facile que par le passé
d’établir la responsabilité pénale d’une société : la question n’est plus de savoir qui a agi, mais à qui profite l’acte
incriminé. Face à cette évolution, la doctrine est partagée, certains y voient la dénaturation des conditions de la
responsabilité posées par le Code, d’autres se félicitent de la pleine utilité conférée au texte et des facilités probatoires
qui en découlent.

D’autres, enfin, s’interrogent sur la définition de la politique commerciale d’une société qui ne peut être accomplie
que par un organe ou représentant.

Cette solution est redoutable car elle vaut pour toute infraction susceptible d’être poursuivie, intentionnelle ou non.
C’est un facteur très important de pénalisation du droit des sociétés.

B. – L’aggravation de la responsabilité pénale des personnes physiques

Elle se manifeste notamment par le recours artificiel au juge pénal au lieu du juge civil, pour obtenir réparation d’une
faute du dirigeant. L’instrumentalisation de la justice pénale prend sa source dans la divergence des chambres
commerciale et criminelle sur la question de la faute séparable des fonctions susceptible d’être imputée au dirigeant
de société. La chambre commerciale admet que le tiers peut valablement agir contre le dirigeant s’il prouve la
commission d’une faute séparable de ses fonctions (Cass. com., 20 mai 2003, no 99-17.092, Bull. civ. IV, no 84,
Défrénois 2004, art. 37969, obs. Honorat J., p. 898). La chambre criminelle retient quant à elle que le prévenu doit
répondre des conséquences dommageables de l’infraction dont il est reconnu coupable, quand bien même le délit
serait commis dans le cadre de ses fonctions (Cass. crim., 7 sept. 2004, no 0386.292). De sorte que la difficulté de
faire admettre au civil l’existence d’une faute séparable des fonctions, favorise l’action pénale plus propice à
l’indemnisation.

Enfin, les organes de contrôle des sociétés sont eux-mêmes soumis à une pénalisation croissante. L’exemple du
commissaire aux comptes est révélateur de cette tendance. Par deux arrêts rendus le 31 janvier 2007, la chambre
criminelle retient sa complicité pour avoir permis la commission des escroqueries poursuivies en certifiant « pendant
plusieurs années des comptes comportant des écritures dont le caractère fictif ne pouvait échapper à un professionnel
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de la comptabilité, sans pouvoir ignorer leur utilisation frauduleuse » (Cass. crim., 31 janv. 2007, no 05-85.886, Bull.
crim., no 25 ; Cass. crim., 31 janv. 2007, no 06-81.258, Bull. crim., no 25, Bull. Joly Sociétés 2007, p. 686). Ces
décisions ont été critiquées car un même comportement peut générer deux sanctions, l’une pour non-révélation des
faits, l’autre pour complicité de l’infraction commise par une autre personne. Ce courant très rigoureux à l’égard de
ce professionnel du chiffre est stigmatisé par une doctrine autorisée montrant combien il est paradoxal de multiplier
les responsabilités professionnelles tout en déplorant l’anomalie du cumul de responsabilités qui menace les
dirigeants eux-mêmes (Barbièri J.-F., Bull. Joly Sociétés 2007, p. 1261).

La dépénalisation cède donc le pas devant l’idée d’une pénalisation mieux adaptée mais il faut se garder de négliger
l’œuvre jurisprudentielle qui poursuit parfois une autre finalité.

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V° Notions fondamentales - Fasc. 7 : Responsabilité pénale des personnes
morales
JurisClasseur Pénal des Affaires > V° Notions fondamentales

Fasc. 7 : Responsabilité pénale des personnes morales

Date du fascicule : 9 Avril 2018

Date de la dernière mise à jour : 14 Août 2021

Bertrand de Lamy - Agrégé des facultés de droit, professeur à l'université Toulouse-I-Capitole

Marc Segonds - Agrégé des facultés de droit, directeur du master II Droit pénal des affaires publiques et privées -
Avocat au barreau de Toulouse

Mises à jour

Mise à jour du 14/08/2021 - §8. - La personne morale doit présenter la qualité requise par
le texte d’incrimination

Mise à jour du 14/08/2021 - §13. - Fusion-absorption de la personne morale poursuivie

Mise à jour du 14/08/2021 - §33 et 34. - Engagement de la responsabilité pénale d’une


société holding par la combinaison d’interventions de représentants de fait et d’un organe collectif

Mise à jour du 14/08/2021 - §35. - Qualité de représentant du salarié investi d’une délégation
de pouvoirs de fait

Mise à jour du 14/08/2021 - §39. - Imputation à la société des infractions commises, pour le
compte de celle-ci, par son PDG

Mise à jour du 14/08/2021 - §42. - Condamnation d’une société en raison de la faute


commise par ses dirigeants ayant bénéficié d’un non-lieu

Mise à jour du 14/08/2021 - §46. - Infraction commise pour le compte de la société par un
ancien dirigeant

Mise à jour du 14/08/2021 - §48. - Condamnation de la personne morale malgré la relaxe


de son organe ou représentant

Mise à jour du 14/08/2021 - §38-1. - Constitutionnalité de l’impossibilité pour les personnes


morales de déléguer leur responsabilité pénale

Mise à jour du 14/08/2021 - Bibliographie.

Points-clés
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1. – Depuis le 31 décembre 2005 , le principe de spécialité a disparu et les personnes morales peuvent voir
leur responsabilité engagée pour toutes les infractions , à l'exception des infractions de presse ou
commises par voie de communication audiovisuelle (V n° 1 et 6 à 8).
2. – En principe, le fait du simple préposé n'engage pas la responsabilité pénale de la personne morale ; seul
l'agissement d'un organe ou d'un représentant est pris en considération (V. n° 30 et 31 ).
3. – La jurisprudence assimile le délégataire et le subdélégataire au représentant de la personne morale (V.
n° 35 à 38 ).
4. – Une personne morale peut être condamnée alors même qu'une personne physique, représentante ou
membre d'un organe, n'est pas identifiée (V. n° 41 ).
5. – L'identification de la personne physique , organe ou représentant de la personne morale, est une
obligation désormais imposée aux juges du fond. (V. n° 44 à 46 ).
6. – La responsabilité pénale de la personne morale n'exclut pas la responsabilité pénale des personnes
physiques (V. n° 47 et 48 ).

Introduction

1. – Responsabilité pénale de principe des personnes morales – La consécration de la responsabilité pénale


des personnes morales a été unanimement saluée par la doctrine comme l'innovation majeure du Code pénal de
1992. En effet, pour la première fois au cours de l'Histoire du droit pénal, la responsabilité pénale des personnes
morales ne fait plus figure en droit positif d'exception mais de principe (V. P. Couvrat, La responsabilité pénale des
personnes morales : un principe nouveau : Petites affiches, 6 oct. 1993, p. 13) consacré désormais par l'article 121-
2 du Code pénal selon lequel :

Les personnes morales, à l'exclusion de l'État, sont responsables pénalement, selon les distinctions des articles 121-4 à 121-7, des infractions
commises, pour leur compte, par leurs organes ou représentants.
Toutefois, les collectivités territoriales et leurs groupements ne sont responsables pénalement que des infractions commises dans l'exercice
d'activités susceptibles de faire l'objet de conventions de délégation de service public.
La responsabilité pénale des personnes morales n'exclut pas celle des personnes physiques auteurs ou complices des mêmes faits, sous réserve
des dispositions du quatrième alinéa de l'article 121-3.

Avant même l'entrée en vigueur au 1er mars 1994 du nouveau Code pénal, le législateur a lui-même apporté des
exceptions au principe de l'irresponsabilité pénale des personnes morales. C'est ainsi, que parmi les infractions
intéressant le droit pénal des affaires, la responsabilité pénale des personnes morales a notamment été admise par
l'ordonnance n° 45-1088 du 30 mai 1945 en matière de réglementation des changes (JO 31 mai et rect. 8 juin 1945)
et par l'ordonnance n° 45-1484 du 30 juin 1945 relative à la répression des infractions économiques (JO 29 juill.
1945). À ces premières exceptions, il convient d'associer les dispositions soumettant à d'éventuelles sanctions para-
pénales les personnes morales soumises au contrôle de l'Autorité de la concurrence, autrefois Conseil de la
concurrence (C. com., art. L. 464-2), du Conseil supérieur de l'audiovisuel ( L. n° 86-1067, 30 sept. 1986, art. 42-1
à 42-15 : JO 1er oct. 1986 ) ou de la Commission des sanctions de l'Autorité des marchés financiers (C. mon. fin.,
art. L. 621-15 à L. 621-17), autrefois, Commission des opérations de bourse.Faisant preuve d'une certaine hardiesse
– à moins de n'y voir qu'une volonté répressive – la chambre criminelle de la Cour de cassation, tout en réaffirmant
l'irresponsabilité pénale de principe des personnes morales, a malgré tout retenu, elle aussi, leur responsabilité
pénale dans l'hypothèse où l'infraction poursuivie était de nature matérielle – ou, plus exactement, considérée comme
telle par la haute juridiction – mais également dans l'hypothèse où le texte d'incrimination désignait l'auteur de
l'infraction au moyen d'une qualité susceptible d'être possédée aussi bien par une personne physique que par une
personne morale ou se contentait de faire référence à « toute personne ». Il en est ainsi en matière de droit pénal de
l'urbanisme (Cass. crim., 6 mars 1958 : D. 1958, jurispr. p. 465), fiscal (Cass. crim., 25 avr. 1968 : JCP G 1969, II,
16100, note M. Puech) ou cambiaire ( Cass. crim., 7 janv. 1986 : Bull. crim. n° 8). Ces solutions jurisprudentielles

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(pour une étude complète, V. J. Pradel et A. Varinard, Les grands arrêts du droit criminel : Sirey, 3e éd. 1992, t. 1,
p. 409, n° 38) paraissaient, sauf à admettre l'existence d'un double régime de responsabilité pénale des personnes
morales, sans avenir à raison des nouvelles dispositions figurant à l'article 121-2 du Code pénal(notamment Cass.
crim., 18 avr. 2000, n° 99-85.183 : JurisData n° 2000-001999 ; Bull. crim. n° 153 ; RSC 2000, p. 817, obs. B. Bouloc).
La chambre criminelle en a récemment décidé autrement notamment en matière cambiaire (Cass. crim., 5 févr.
2003, n° 02-82.187 : JurisData n° 2003-017916 ; Bull. crim. n° 24 ; D. 2003, p. 2855, note J.-Cl. Planque ; RSC
2003, p. 554, obs. B. Bouloc. – Adde, Cass. crim., 26 sept. 2001, n° 00-84.061 : JurisData n° 2001-011430 ; Bull.
crim. n° 191), solution, en tout état de cause, condamnée par la suppression du principe de spécialité à compter du
31 décembre 2005 (V. n° 8 ) .

2. – Controverse liée au principe de la responsabilité pénale des personnes morales – Le principe de la


responsabilité pénale des personnes morales est-il compatible avec les principes qui gouvernent la théorie générale
de la responsabilité pénale ? Cette question, ancienne, demeure au centre d'une controverse – liée pour partie au
débat opposant encore les partisans de la théorie de la fiction et ceux de la théorie de la réalité des personnes
morales –, que le Code pénal de 1992 n'est pas véritablement parvenu à apaiser (sur les termes généraux de la
controverse, V. JCl. Pénal Code, Art. 121-2, fasc. 20, par J.-Y. Maréchal).Tout d'abord, parmi les arguments
développés en défaveur de la responsabilité pénale des personnes morales, la doctrine n'a pas manqué de mettre
en avant l'impossibilité absolue pour un être moral de réaliser l'élément matériel de toute infraction, argument réfuté
par ceux qui ont estimé qu'il suffisait alors d'admettre au fondement de la responsabilité pénale des personnes
morales l'existence d'un substratum humain (V. H. Donnedieu de Vabres, Les limites de la responsabilité pénale des
personnes morales : RD pén. crim. 1950, p. 339, spéc. p. 342). Il est incontestable que l'article 121-2 du Code pénal
a fait sienne pareille conception de la responsabilité pénale des personnes morales en exigeant notamment que
l'infraction reprochée à l'être moral ait été commise par ses « organes » ou « représentants », tout en observant que
l'organe ou le représentant concerné peut être de nature non seulement individuelle, mais aussi collégiale (V. n° 28
à 38 ). C'est le lieu de souligner que la responsabilité pénale des personnes morales se distingue ainsi
nécessairement de la responsabilité pénale des personnes physiques en ce que, d'une part, le lien entre l'infraction
et la personne morale ne peut être que médiat (P. Maistre du Chambon et Ph. Conte, Droit pénal général : A. Colin,
6e éd. 2002, p. 197, n° 369) et, d'autre part, que l'activité matérielle – et donc délictueuse – de la personne morale
ne peut donc reposer que sur une fiction légale (Rappr. J.-Ch. Saint-Pau, La responsabilité pénale des personnes
morales : réalité et fiction, in Le risque pénal dans l'entreprise : Litec, 2003, p. 71).Ensuite, en défaveur de la
responsabilité pénale de la personne morale, une partie de la doctrine, forte de la théorie de la fiction, a souligné
l'absence de volonté propre à l'être moral et, ce faisant, l'impossibilité de lui imputer a fortiori une volonté délictueuse.
Cet argument a été écarté par la doctrine fidèle aux termes de la théorie de la réalité, selon laquelle la personne
morale possède une volonté distincte de celle de l'ensemble des personnes physiques qui la composent. L'argument
– d'autorité ou d'observation – n'a guère résisté à l'interprétation faite par la jurisprudence de l'article 121-2 du Code
pénal : l'élément matériel, tout comme l'élément intentionnel, se doivent d'être caractérisés en la personne de l'organe
( Cass. crim., 2 déc. 1997, n° 96-85.484 : JurisData n° 1997-005349 ; Bull. crim. n° 408 ; D. 1999, somm. p. 152,
note G. Roujou de Boubée ; JCP G 1998, II, p. 682 , rapp. F. Desportes ; JCP E 1998, p. 949, obs. Ph. Salvage ;
RJDA 1998, p. 175, note N. Rontchevsky) ou du représentant de la personne morale (Cass. crim., 18 janv. 2000,
n° 99-80.318 : JurisData n° 2000-000995 ; Bull. crim. n° 28 ; D. 2000, jurispr. p. 636, note J.-Ch. Saint-Pau ; JCP
G 2000, II, 10395, note F. Debove) . Il convient en conséquence de raisonner non point en terme d'imputabilité de
la personne morale mais bien davantage en terme d'imputation de l'infraction à la personne morale (V. P. Maistre du
Chambon et Ph. Conte, préc., p. 196, n° 367). Enfin, toujours en défaveur de la responsabilité pénale des personnes
morales, la doctrine a souligné l'atteinte portée au principe de la personnalité de la responsabilité, d'une part, et des
peines, d'autre part. L'atteinte portée au principe de la personnalité de la responsabilité n'est qu'apparent : certes, la
commission de l'infraction suppose la médiation d'un organe ou d'un représentant mais il faut faire sienne
l'interprétation selon laquelle « il n'y a [...] pas dérogation, mais adaptation du principe de la responsabilité du fait
personnel à raison de la fiction légale nécessaire : les organes ou représentants sont la personne morale » (V. J.-
Ch. Saint-Pau, préc., p. 81. – Adde, F. Desportes et F. Le Gunehec, Droit pénal général, Économica, 16e éd., 2009,

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p. 275, n° 602). Quant à l'argument fondé sur l'atteinte portée au principe de la personnalité des peines, s'il doit sans
hésitation être rejeté en ce qu'il aboutit à nier l'autonomie juridique de la personne, il se révèle, en revanche, pertinent
en présence de l'argument qui tend à justifier la responsabilité pénale des personnes morales par la complexité de
leur structure interne qui rendrait impossible la détermination d'un coupable personne physique (V. notamment,
Responsabilité des entreprises pour infractions, Recommandation n° R (88), exposé des motifs). Comment nier alors
que la faute ainsi sanctionnée – par le truchement de la personne morale qui fait figure en ce cas de véritable bouc
émissaire – présente les caractères d'une faute collective (Rappr. Ph. Conte, Du particularisme des sanctions en
droit pénal de l'entreprise, in Bilan et perspectives du droit pénal de l'entreprise : Économica, 1989, p. 49, spéc.
p. 77) ?Au total, il apparaît indéniable que « les principes qui gouvernent désormais le sort des personnes physiques
et des personnes morales sont différents » (V. Ph. Conte, La responsabilité pénale des personnes morales au regard
de la philosophie du droit pénal, in La personne juridique dans la philosophie du droit pénal : éd. Panthéon Assas,
2003, p. 109, spécialement p. 119), contribuant ainsi non pas à mettre un terme à la controverse liée à la
responsabilité pénale des personnes morales mais, très certainement, à la raviver (Adde, J.-Y. Chevallier, Fallait-il
consacrer la responsabilité pénale des personnes morales ?, Mél. J. Paillusseau : D. 2003, p. 109).

3. – Raisons d'être de la responsabilité pénale des personnes morales : pragmatisme ou opportunisme –


Nombreux sont désormais les États du monde qui consacrent la responsabilité pénale des personnes morales (V.
J. Pradel, Droit pénal comparé : Dalloz, 2e éd. 2002, p. 357, n° 242) et les travaux préparatoires prouvent que le
mimétisme juridique, encouragé par les institutions européennes (V. Responsabilité des entreprises pour infractions,
Recomm. n° R (88), citée supra n° 2. – Adde Criminalité des affaires, Recomm. n° R (81) 12 ; Protection pénale des
consommateurs n° R (82) 15) n'a point été absent de la réflexion menée en vue de la consécration de la
responsabilité pénale de principe de la personne morale (V. notamment Projet de nouveau Code pénal, présentation
par R. Badinter : Dalloz, 1988, p. 16).Au-delà, il importe de rechercher les raisons profondes qui ont abouti à la
reconnaissance de cette responsabilité, raisons qu'il est d'autant plus important de connaître que les termes de l'
article 121-2 du Code pénal se révèlent imprécis.Selon l'exposé des motifs du projet de Code pénal de 1986, la
reconnaissance de la responsabilité pénale des personnes morales correspond à la volonté du législateur de mettre
un terme à l'immunité des personnes morales, notamment en droit pénal des affaires, immunité « d'autant plus
choquante qu'elles sont souvent, par l'ampleur des moyens dont elles disposent, à l'origine d'atteintes graves à la
santé publique, à l'environnement, à l'ordre public économique ou à la législation sociale » et que « de surcroît, la
décision qui est à l'origine de l'infraction est prise par les organes sociaux eux-mêmes, qui déterminent la politique
industrielle, commerciale ou sociale de l'entreprise » (V. Projet de nouveau Code pénal, préc., p. 16). Elle correspond
également à la volonté du législateur de faire disparaître « la présomption de responsabilité pénale qui pèse en fait
aujourd'hui sur des dirigeants à propos d'infractions dont ils ignorent parfois l'existence » et de faire ainsi en sorte
que soit « mieux respecté le principe selon lequel, en droit pénal, nul ne répond que de son propre fait » (V. Projet
de nouveau Code pénal, préc., p. 17). Ces motifs ont été appréciés différemment par la doctrine. Pour certains
auteurs, ils sont révélateurs du pragmatisme et du sens de l'équité qui ont inspiré le législateur : pragmatisme puisque
la réforme est avant tout destinée à « tirer les conséquences d'une réalité criminologique » (F. Desportes et F. Le
Gunehec, Droit pénal général : Économica, 16e éd. 2009, p. 545, n° 576) ; équité puisque le second objectif
poursuivi par la réforme est « de cantonner dans de plus justes limites la responsabilité personnelle des dirigeants »
(F. Desportes et F. Le Gunehec, préc., p. 546, n° 577). À l'inverse, il est certainement permis de considérer que le
pragmatisme prêté au législateur non seulement n'explique rien, mais révèle, bien davantage, l'indifférence du
Parlement aux questions de théorie juridique (V. J.-H. Robert, Droit pénal général : PUF, 6e éd. 2005, p. 373), tout
en soulignant qu'il est également permis de douter de l'équité d'une réforme qui prétend atténuer les inconvénients
de la responsabilité pénale de principe du chef d'entreprise dont on sait qu'elle est parfaitement compatible avec le
principe de la présomption d'innocence – la présomption de responsabilité qui pèse sur le chef d'entreprise est une
présomption simple, ce dernier étant autorisé à rapporter la preuve de l'absence de faute – et qu'elle ne remet pas
fondamentalement en cause le principe de la personnalité de la responsabilité pénale (V. JCl. Pénal des affaires, V°
Notions fondamentales, fasc. 5, Responsabilité pénale). Et la doctrine de s'interroger : « la responsabilité pénale
pour autrui, jugée intolérable pour les personnes physiques, cesse-t-elle de l'être pour les personnes morales, alors

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que, derrière elles, ce sont des personnes physiques innocentes qui vont éventuellement être condamnées ? » (V.
Ph. Conte, Du particularisme des sanctions en droit pénal de l'entreprise, in Bilan et perspectives du droit pénal de
l'entreprise, cité n° 2). Ainsi que le confirment les modifications postérieures apportées au régime de la responsabilité
pénale des personnes morales – l'on songe tout particulièrement à la loi n° 2000-647 du 10 juillet 2000 relative à la
définition des délits non intentionnels (JO 11 juill. 2000) –, par cette réforme, « il s'est agi, comme nul ne l'ignore, non
pas de consacrer une responsabilité jugée souhaitable des personnes morales, mais d'atténuer l'impact d'une
impunité voulue pour certaines personnes physiques » (V. Ph. Conte, La responsabilité pénale des personnes
morales au regard de la philosophie du droit pénal, cité n° 2) . La conformité de l'innovation « majeure » du Code
pénal de 1992 au principe d'égalité mérite dès lors d'être posée (V. Ph. Conte, ibid.) .

4. – Constitutionnalité – La constitutionnalité de l’article 121-2 du Code pénal allait d’ailleurs se poser. Si le nouveau
Code pénal n’a pas fait l’objet d’un contrôle de conformité à la norme supérieure, en revanche, l’avènement de la
Question Prioritaire de Constitutionnalité a mis la disposition à l’épreuve des principes, sans grand succès il est vrai.
Quel que soit le point du régime de responsabilité mis en cause et le principe constitutionnel mis en avant, la chambre
criminelle considère avec constance que la question, manquant de sérieux, ne mérite pas d’être transmise au Conseil
constitutionnel. Elle a, tout d’abord, considéré que la première question formulée ne critiquait pas la loi elle-même
mais son d’interprétation, de telle façon que les principes constitutionnels n’étaient pas invoqués contre l’ article 121-
2 du Code pénal mais contre son application, autrement dit contre la jurisprudence qui en découlait, ce qui ne
répondait pas aux conditions d’application de la QPC ( Cass. crim., 11 juin 2010, n° 09-87.884 : JurisData n° 2010-
008735 ; RSC 2011, p. 177, B. de Lamy ; JCP G 2010 , 1030, note J.-H. Robert ; JCP G 2010, 1031, note H.
Matsopoulou ; Dr. pén. 2010, comm. 111 , obs.M. Véron). La chambre criminelle mit ainsi, elle-même, à l’abri les
présomptions d’imputation qu’elle avait forgées (V. n° 43 et s. ).Si les plaideurs ne se laissèrent pas décourager,
leurs autres tentatives ne furent pas davantage couronnées de succès. En effet, la chambre criminelle a certes,
ensuite, examiné plus précisément les questions posées mais sans jamais permettre au Conseil constitutionnel de
se prononcer lui-même.Ainsi, la Cour refusa de transmettre une question en expliquant « que l'article 121-2, alinéa
1er, du Code pénal instituant la responsabilité pénale des personnes morales prévoit que cette responsabilité ne
peut être engagée que du seul fait d'infractions commises, pour leur compte, par leurs organes ou représentants,
qu'il ne contrevient pas au principe de la légalité des délits et des peines et ne comporte aucune dérogation injustifiée
au principe d'égalité devant la loi, et qu'enfin, il ne porte pas atteinte à la présomption d'innocence » (Cass. crim.,
29 mars 2011, n° 11-90.007 : JurisData n° 2011-011622 ).Elle a également considéré, de manière tout à fait
comparable, qu’une autre question « ne présente pas à l'évidence un caractère sérieux, dès lors que l'article 121-2
du Code pénal instituant la responsabilité pénale des personnes morales prévoit de façon précise que cette
responsabilité ne peut être engagée que du seul fait d'infractions commises, pour leur compte, par leurs organes ou
représentants, qu'il ne contrevient pas au principe de la légalité des délits et des peines et ne comporte aucune
dérogation injustifiée au principe d'égalité devant la loi ; » (Cass. crim., 27 avr. 2011, n° 11-90.013 : JurisData
n° 2011-012330. – J.-H. Robert, Personnes morales : Questions prioritaires de constitutinonalité dirigées contre la
responsabilité pénale des personnes morales. Des échecs répétés : JCP G 2011, 40, hors-série).C’est encore
l’article 121-2 du Code pénal qui est attaqué mais cette fois combiné avec les articles L. 5111-1 et suivants du Code
général des collectivités territoriales puisque les personnes morales de droit public peuvent, sous certaines
conditions, voir leur responsabilité pénale engagée. Mais une fois encore le caractère sérieux de la question n’a pas
convaincu puisqu’il a été répondu que « dès lors que les termes de l'article 121-2 du Code pénal, dont le seul objet
est de définir les conditions dans lesquelles la responsabilité pénale des personnes morales de droit public peut être
engagée, à l'exception de celle de l'État, sont suffisamment clairs et précis pour que son interprétation, qui entre dans
l'office du juge pénal, puisse se faire sans risque d'arbitraire et sans méconnaître aucun des principes constitutionnels
précités » (Cass. crim., 30 janv. 2013, n° 12-90.066 ).La haute juridiction a aussi été saisie d’une QPC s’interrogeant,
plus précisément, sur la constitutionnalité de l’article 121-2 du Code pénal dans l’hypothèse d’une opération de
fusion-absorption, situation qui fait l’objet d’un vide juridique. Mais une fois encore, les plaideurs seront éconduits
puisque la réponse ne fut pas transmise au Conseil au motif que la « question posée ne présente pas un caractère
sérieux, dès lors que les articles incriminés sont clairs et précis et que l'absence de transfert de la responsabilité

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pénale de la personne morale absorbée à l'occasion d'une opération de fusion– absorption ne saurait porter atteinte
aux principes de légalité et de sécurité juridique » (Cass. crim., 29 juin 2016, n° 16-90.009 : JurisData n° 2016-
012827 ).Dernièrement, c’est la différence de traitement en matière de faute d’imprudence entre personnes
physiques et personnes morales qui était discutée, puisque, lorsque la causalité est indirecte, les premières ne voient
leur responsabilité engagée que pour une faute qualifiée, alors qu’une faute simple suffit à condamner les secondes.
À nouveau, la chambre criminelle refusa de transmettre la question au Conseil constitutionnel : « dès lors que le
principe d'égalité ne s'oppose ni à ce que le législateur règle de façon différente des situations différentes, ni à ce
qu'il déroge à l'égalité pour des raisons d'intérêt général, pourvu que, dans l'un et l'autre cas, la différence de
traitement qui en résulte soit en rapport direct avec l'objet de la loi qui l'établit ; que la différence de situation entre
les personnes physiques et les personnes morales justifie la différence de traitement induite par l'article 121-3, alinéa
4, du code pénal, laquelle est en rapport direct avec l'objet de la loi qui l'établit » (Cass. crim., 21 mars 2017, n° 17-
90.003 : JurisData n° 2017-005075 ; Dr. pén. 2017, comm. 87, obs. Ph Conte). La Cour procède davantage ici par
affirmation que par démonstration mais montre sa persistance à ne pas vouloir remettre en question la responsabilité
pénale des personnes morales.D’ailleurs après avoir ainsi mis à l’abri l’article 121-2 du Code pénal qui décrit les
conditions de cette responsabilité, elle protège également l’article 131-38, alinéa 1er du même Code posant que le
taux maximum de l’amende applicable aux personnes morales est égal au quintuple de ce qui est prévu par les
personnes physiques. Pour les hauts magistrats, la question posée ne présente pas non plus de caractère sérieux
« dès lors que, d'une part, la différence de situation existant entre les personnes morales et les personnes physiques
justifie que le législateur ait institué à leur encontre des peines différentes et la différence de traitement qui résulte
de la disposition contestée, en permettant d'assurer, par le prononcé d'une amende significative, une répression
effective des infractions, est en rapport direct avec l'objet de la loi qui l'établit ; d'autre part, la disposition ne porte
pas atteinte aux principes de nécessité, de proportionnalité et d'individualisation des peines, dès lors que le montant
maximum de l'amende encourue par les personnes morales varie, comme pour les personnes physiques, selon
l'infraction reprochée et que le juge qui prononce une telle peine doit l'individualiser en fonction des circonstances de
l'infraction et de la situation personnelle de son auteur, en tenant compte de ses ressources et de ses charges »
(Cass. crim., 19 avr. 2017, n° 17-90.004 : JurisData n° 2017-008278 ; Dr. pén. 2017, comm. 138, obs. V. Peltier).
En l’état actuel du droit, le terrain constitutionnel est donc vain pour critiquer la responsabilité pénale des personnes
morales.

5. – Plan – Afin de rendre compte de la responsabilité pénale des personnes morales, seront envisagés, dans un
premier temps, son domaine d'application ( I) , dans un second temps, les conditions de sa mise en œuvre ( II) et,
dans un troisième temps, les sanctions pénales (III ) et les règles de procédure applicables (IV) .

I. - Domaine d'application

A. - Quant aux infractions

6. – Principe de spécialité – Le législateur a choisi, en 1992, de ne pas conférer à la responsabilité des personnes
morales un champ illimité, permettant d'engager leur responsabilité de la même façon que pour les personnes
physiques. L'article 121-2 , alinéa 1er du Code pénal indiquait en effet, que les personnes morales seront
responsables pénalement “dans les cas prévus par la loi ou le règlement ”. Cette restriction avait une double
justification : d'une part, il ne paraît pas envisageable que certaines infractions aient pour auteur une personne
morale, telles les infractions sexuelles ; d'autre part, une telle nouveauté doit, tout d'abord, être confrontée à la
pratique sur les fondements textuels les plus attendus, avant d'être éventuellement élargie.Il convenait donc de
vérifier que, pour une incrimination donnée, la responsabilité pénale des personnes morales avait bien été envisagée,
et ceci qu'il s'agisse de poursuivre une personne morale comme auteur ou comme complice.Par exemple, il était
prévu que cette responsabilité pouvait être engagée pour : abus frauduleux de l'état d'ignorance ou de faiblesse (C.
pén., art. 223-15-4) , conditions de travail et d'hébergement contraires à la dignité de la personne (C. pén., art. 225-
16) , escroquerie (C. pén., art. 313-9) , détournement de gage ou d'objet saisi (C. pén., art. 314-13), abus de
confiance (C. pén. , art. 314-12), recel (C. pén., art. 321-12), blanchiment (C. pén., art. 324-9), corruption (C. pén.,

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art. 433-25), faux (C. pén., art. 441-12).Des infractions restant hors du Code pénal pouvaient également donner lieu
à des poursuites de personnes morales, notamment : délit d'initiés (C. mon. fin., art. L. 465-3) , banqueroute (C. com.,
art. L. 626-7) , vente en soldes ou sans facture (C. com., art. L. 310-6 et L. 441-5), fraudes et falsifications (C.
consom., art. L. 213-6), publicité trompeuse devenue pratiques commerciales trompeuses (C. consom., art. L. 121-
6, al. 3), travail dissimulé (C. trav., art. L. 362-6, devenu C. trav., art. L. 8224-5) .

Exemple

La Cour de cassation rejette le pourvoi formé contre un arrêt ayant déclaré irrecevable l'action de la partie civile au motif que la responsabilité
pénale des personnes morales n'a pas été expressément prévue pour l'infraction posée par l'article R. 362-1-1 du Code du travail. Le principe de
spécialité exige, en effet, qu'une disposition spéciale permette explicitement d'engager la responsabilité des personnes morales pour l'infraction
considérée ; le seul fait que le texte vise « toute personne », sans exclure de son champ les personnes morales n'est pas conforme à ce principe
(Cass. crim., 18 avr. 2000, n° 99-85.183 : JurisData n° 2000-001999 ; Bull. crim. n° 153 ; RSC 2000, p. 817, note B. Bouloc).

La chambre criminelle de la Cour de cassation a censuré les juges du fond qui ont cru possible de retenir la responsabilité pénale d'une société
sur le fondement de l'article L. 263-2 du Code du travail (actuel C. trav., art. L. 4741-1) alors qu'« aucune disposition légale ou réglementaire ne
[prévoyait] que la responsabilité pénale des personnes morales puisse être engagée pour cette infraction » (Cass. crim., 13 sept. 2005, n° 04-
87.653 : JurisData n° 2005-030014 ).

La chambre criminelle censure au visa de l' article 121-2 du Code pénal , « dans sa rédaction alors applicable », un arrêt d'appel qui condamne
une société du chef de tromperie pour des faits réalisés entre 1997 et 1998, alors qu'à cette époque aucun texte ne prévoyait que la responsabilité
pénale d'une personne morale pût être engagée sur ce fondement. La haute juridiction rappelle qu'il résulte de l'article 121-2 du Code pénal que
« la responsabilité pénale des personnes morales ne peut être recherchée que dans les cas prévus par la loi ou le règlement » (Cass. crim.,
4 sept. 2007, n° 06-84.674 : JurisData n° 2007-040676 ).

7. – Critique du principe de spécialité – Le principe de spécialité n’obéissait pas toujours à la logique. Depuis
l'entrée en vigueur du Code pénal de 1992, le législateur a, plusieurs fois, étendu le champ de la responsabilité
pénale des personnes morales, mais ces apports par touches successives aboutissaient à une pénalisation
désordonnée et incohérente (V. not., O. Sautel, La mise en œuvre de la responsabilité pénale des personnes
morales : entre litanie et liturgie : D. 2002, p. 1147). Ce phénomène était particulièrement sensible hors du Code
pénal. Un nombre indéfini d'incriminations figurait dans des textes aussi divers que le Code de commerce, le Code
de la consommation, le Code monétaire et financier ou le Code du travail et le législateur, ne s'étant pas interrogé
systématiquement sur l'opportunité d'engager la responsabilité pénale des personnes morales à leur propos,
procédait de manière pragmatique au fur et à mesure des occasions, laissant des domaines hors du principe, tel
l'essentiel du droit pénal du travail. Ce désordre ne faisait pas bon ménage avec une conception rigoureuse du
principe de légalité et cette différence de champ entre la responsabilité des personnes physiques et celle des
personnes morales pouvait être vue comme une atteinte au principe d'égalité devant la loi (V. M.-É. Cartier, De la
suppression du principe de spécialité de la responsabilité pénale des personnes morales. Libres propos, in Mél.
B. Bouloc, Les droits et le Droit : Dalloz, 2007, p. 97) .

8. – Abandon du principe de spécialité – La Cour de cassation a manifesté son hostilité au principe de spécialité
en admettant que soit retenue la responsabilité pénale d'une personne morale dans une hypothèse pour laquelle le
législateur n'avait pourtant pas prévu explicitement la possibilité de l'engager. Les juges tirent argument de la
généralité de la lettre du texte incriminateur qui vise « toute personne », ou « ceux qui ont participé » et renversent
ainsi la perspective voulue par le législateur (Cass. crim., 26 sept. 2001, n° 00-84.061 : JurisData n° 2001-011430 ;
Bull. crim. n° 191. – Cass. crim., 5 févr. 2003, n° 02-82.187 : JurisData n° 2003-017916 ; Bull. crim. n° 24 ; D. 2003,
p. 2855, note J.-Cl. Planque ; RSC 2003, p. 554, obs. B. Bouloc. – Cass. crim., 22 mars 2006, n° 05-82.897 :
JurisData n° 2006-033124 ; Dr. pén. 2006, comm. 87, obs. J.-H. Robert) . Pour les juges, la responsabilité pénale
des personnes morales semble pouvoir être engagée, non lorsque le texte le prévoit expressément, mais lorsque sa
lettre ne l'interdit pas. Dans ces conditions, on comprend que le législateur ait franchi le pas dans la loi n° 2004-204
du 9 mars 2004 portant adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité (JO 10 mars 2004 ). Il abroge la
précision de l'article 121-2 du Code pénal selon laquelle les personnes morales sont responsables “dans les cas

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prévus par la loi ou le règlement ”(F. Le Gunehec, Loi n° 2004-204 du 9 mars 2004 portant adaptation de la justice
aux évolutions de la criminalité : JCP G 2004, act. 188. – Adde J. Amar, Brèves réflexions sur les conséquences de
la généralisation de la responsabilité pénale des personnes morales sur les relations de travail : Dr. pén. 2005, étude
13). La responsabilité pénale des personnes morales est ainsi généralisée, cette disposition étant entrée en vigueur
le 31 décembre 2005 (une seule exception subsiste : avant comme après la loi du 9 mars 2004, la responsabilité
pénale des personnes morales ne pourra être engagée pour une infraction de presse (L. 29 juill. 1881, art. 43-1) ou
commise par voie de communication audiovisuelle (L. 29 juill. 1982, art. 93-4. – V. Cass. crim., 1er sept. 2005, n° 04-
87.130 : JurisData n° 2005-030002 ; Dr. pén. 2005, comm. 171, obs. M. Véron) . Cette modification législative plus
sévère est, par définition, dépourvue d'effet rétroactif (sur cette question, V. Cass. crim., 18 mai 1999 : Bull. crim.
n° 99. – Cass. crim., 23 févr. 2000, n° 99-83.928 : JurisData n° 2000-001416 ; Bull. crim. n° 85. – Adde, E. Pire,
Responsabilité pénale des personnes morales : difficultés de droit transitoire : D. 2004, p. 1650. – N. Stolowy, La
disparition du principe de spécialité dans la mise en cause pénale des personnes morales : JCP E 2004, I, 876). La
chambre criminelle a, par exemple, très clairement énoncé « qu'une loi pénale étendant une incrimination à une
nouvelle catégorie de prévenus ne peut s'appliquer à des faits commis antérieurement à son entrée en vigueur »
pour justifier la censure, sans renvoi, d'un arrêt d'appel confirmant la condamnation d'une société du chef de publicité
de nature à induire en erreur et de tromperie pour des faits commis en 2001, alors qu'à cette époque aucun texte ne
prévoyait expressément qu'une personne morale pouvait voir sa responsabilité engagée sur ces fondements (Cass.
crim., 19 juin 2007 : JurisData n° 2007-039956 ; Dr. pén. 2007, comm. 134, obs. M. Véron. – Cass. crim., 20 oct.
2009, n° 09-81.721 : JurisData n° 2009-050161 ; Bull. crim. n° 172. – CA Rouen, ch. corr., 5 nov. 2009,
n° 09/00027 : JurisData n° 2009-020985 ). Il est à souligner que la loi n° 2009-526 du 12 mai 2009 de simplification
et de clarification du droit et d'allégement des procédures et le décret n° 2010-671 du 18 juin 2010 relatif à la
signature électronique et numérique en matière pénale et modifiant certaines dispositions de droit pénal et de
procédure pénale ont supprimé les dispositions prévoyant spécialement la responsabilité des personnes morales afin
de renvoyer aux dispositions contenues aux articles 121-2 et 131-37 du Code pénal. Cette généralisation ne permet,
cependant, pas de fonder des poursuites sur des dispositions qui ne seraient pas strictement pénales. La Commission
des sanctions de l'Autorité des marchés financiers a ainsi clairement indiquée « que les règles de mise en cause de
la responsabilité pénale des personnes morales telles que définies par l'article 121-2 du Code pénal ne peuvent être
utilement invoquées dans le cadre de la répression disciplinaire des manquements professionnels qui relèvent de la
compétence de la commission des sanctions de l'AMF » (AMF, Commission des sanctions, 19 oct. 2006 : D. 2007,
p. 1482, note M. Tomasi).Cet abandon du principe de spécialité n'est pas sans poser de difficulté, tout
particulièrement, lorsque le texte d'incrimination désigne comme pénalement responsable une personne présentant
certaines qualités, telles que chef d'établissement ou directeur, qui ne peuvent s'appliquer à une personne morale
(J.-Cl. Planque, Faute de loi... se contentera-t-on de circulaire ? À propos de la généralisation de la responsabilité
pénale des personnes morales : D. 2006, p. 1836). Certaines incriminations ont, en effet, été pensées seulement
pour des personnes physiques et leur application à des sociétés peut paraître inadéquate (V. obs. de J.-Y. Maréchal
ss Cass. crim., 15 janv. 2008, n° 07-80.800 : JurisData n° 2008-042715 ; JCP G 2008, II, 10082. – Et pour une
réflexion plus large du même auteur : Responsabilité pénale des personnes morales, JCl. Pénal Code, Art. 121-2,
fasc. 20, n° 69). Inversement, il est permis de contester la réalité de la difficulté présentée par l'abandon du principe
de spécialité en faisant valoir que, dès lors que l'organe ou le représentant de la personne morale revêt la qualité
requise par le texte d'incrimination, nul n'est besoin d'exiger, au surplus, que la même qualité soit possédée par la
personne morale elle-même.

Remarque : La question se présente avec une acuité particulière dans le domaine de l'hygiène et de la sécurité. L'on a ainsi contesté la possible
imputation du délit inscrit à l'article L. 263-2 ancien du Code du travail – estimée possible par la Chancellerie (Circ. min., 13 févr. 2006, NOR :
JUSD0630016C) – à la personne morale au motif que cette disposition ne visait que « les chefs d'établissement, directeurs, gérants ou préposé »
(J.-Cl. Planque, Faute de loi... se contentera-t-on de circulaire ? À propos de la généralisation de la responsabilité pénale des personnes morales ;
J.-Y. Maréchal, ibid. – A. Coeuret, Généralisation de la responsabilité pénale des personnes morales. Son impact en droit du travail : RJS 2006 ,
n° 11, p. 843). Mais la chambre criminelle a donné raison à une cour d’appel qui a condamné une société pour infraction à la réglementation sur
la sécurité des travailleurs commise en 2006 dès lors qu'il résulte de l' article 121-2 du Code pénal , dans sa rédaction issue de la loi n° 2004-204
du 9 mars 2004 entrée en vigueur le 31 décembre 2005, que les personnes morales sont, sauf exception, responsables pénalement des infractions

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commises pour leur compte par leurs organes ou représentants et, notamment, de l'infraction prévue par l'article L. 263-2 devenu l' article L. 4741-
1 du Code du travail(Cass. crim., 5 nov. 2013, n° 12-85.193 , D : JurisData n° 2013-024801).

Pour l'avenir, la difficulté se présente de façon différente puisque l'article L. 4741-1 nouveau du Code du travail fait désormais référence à la
qualité d'employeur qui, à l'évidence, est une qualité que la personne morale est susceptible de revêtir (M. Segonds, Santé et sécurité au travail :
Rép. pén. Dalloz, n° 68). Le principe de l’engagement de la responsabilité pénale de la personne morale est celui adopté sans conteste par la
chambre criminelle de la Cour de cassation (Cass. crim., 28 avr. 2009, n° 08-83.843 : JurisData n° 2009-048213 ; Bull. crim. n° 80 ; JCP S 2009,
1413, note Th. Tauran. – Cass. crim., 13 oct. 2009, n° 09-80.857 : JurisData n° 2009-049884 ; Bull. crim. n° 169 ; AJP 2010 , p. 33, note
J. Lasserre Capdeville ; D. 2010, p. 557, note J.-Cl. Planque ; Dr. pén. 2009, comm. 154 , obs. M. Véron ; JCP E 2010, 1193, note J.-H. Robert ;
Rev. sociétés 2010, p. 53, obs. H. Matsopoulou. – En dernier lieu, Cass. crim., 13 avr. 2010, n° 09-86.429 : JurisData n°2010-006671). Il est à
souligner que la chambre criminelle de la Cour de cassation a expressément énoncé qu’« il résulte de l' article 121-2 du code pénal , dans sa
rédaction issue de la loi n° 2004-204 du 9 mars 2004 entrée en vigueur le 31 décembre 2005, que les personnes morales sont, sauf exception,
responsables pénalement des infractions commises pour leur compte par leurs organes ou représentants et, notamment, de l'infraction prévue
par l'article L. 263-2 devenu l' article L. 4741-1 du code du travail » (Cass. crim., 5 nov. 2013, n° 12-85.193 : JurisData n° 2013-024801).

Note de la rédaction – Mise à jour du 14/08/2021

8 . - La personne morale doit présenter la qualité requise par le texte d’incrimination

Un syndicat intercommunal à vocations multiples, qui a pour objet la réalisation et la gestion de l’alimentation en eau
potable et du réseau d’assainissement d’une agglomération, est chargé directement ou indirectement, d’accomplir
des actes ayant pour but de satisfaire à l’intérêt général, et revêt ainsi la qualité de personne chargée d’une mission
de service public au sens des articles 432-10 et 432-14 du Code pénal, réprimant la concussion et le favoritisme
(Cass. crim., 19 déc. 2018, n° 18-81.328 : JurisData n° 2018-023771).

B. - Quant aux personnes morales

9. – Principe général de responsabilité – Au moyen de l'article 121-2 du Code pénal, le législateur a entendu
instituer un principe général de responsabilité pénale des « personnes morales » sans que soit opérée une
quelconque distinction notamment entre les personnes morales à but lucratif ou à but non lucratif (à titre d’illustration,
en présence d’une association : Cass. crim., 18 juin 2013, n° 12-85.917 : JurisData n° 2013-013165 ; Bull. crim.
n° 144), volontaires ou d'origine légale ou encore de nationalité française ou étrangère (V. M. Delmas-Marty,
Personnes morales étrangères et françaises, questions de droit pénal international : Rev. sociétés 1993, p. 255. –
À titre d’illustration, société de droit lituanien condamnée pour travail dissimulé par dissimulation d’activité : Cass.
crim., 7 juin 2016, n° 14-87.369 : JurisData n° 2016-011146 : Dr. pén. 2016, chron. 10, n° 9, note M. Segonds).
Seule est expressément exclue par l'article 121-2 du Code pénal la responsabilité pénale de l'État (CA Nancy, ch.
instr., 1er mars 2007 : D. 2007, p. 2218, note J. Danet ; AJP 2007, p. 335 , obs. M. Herzog-Evans) tandis que la
responsabilité pénale des États étrangers est écartée par la chambre criminelle de la Cour de cassation, forte de la
coutume internationale qui s'oppose, selon elle, « à la poursuite des États devant les juridictions pénales d'un État
étranger » (Cass. crim., 23 nov. 2004, n° 04-84.265 : JurisData n° 2004-026042 ; Bull. crim. n° 292. – Cass. crim.,
19 janv. 2010, n° 09-84.818 : JurisData n° 2010-051196 ; Bull. crim. n° 9. – Cass. crim., 19 mars 2013, n° 12-
81.676 : JurisData n° 2013-004862 ; Bull. crim. n° 65. – Adde Cass. crim., 17 juin 2014, n° 13-80.158 : JurisData
n° 2014-013558 ). La responsabilité pénale des collectivités territoriales et de leurs groupements ne peut, quant à
elle, être engagée qu'à raison des infractions commises dans l'exercice d'activités susceptibles de faire l'objet de
conventions de délégations de service public (à ce propos, V. JCl. Pénal Code, Art. 121-2, fasc. 20, par J.-Y.
Maréchal).Si l'on se fie aux termes mêmes de l'article 121-2 du Code pénal, il ne fait aucun doute que seuls les êtres
dotés de la personnalité morale sont susceptibles d'être sujets de poursuites pénales (1°). Cependant, l'incertitude
demeure quant aux sources de cette même personnalité (2°) et, en conséquence, sur l'étendue du domaine de la
responsabilité pénale des personnes morales (J.-Cl. Planque, La détermination de la personne morale pénalement
responsable : L'Harmattan, 2003, p. 35. – M. Segonds, Frauder l'article 121-2 du Code pénal : Dr. pén. 2009, étude
18).

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1° Exigence de la personnalité morale

10. – Exigence expresse – L' article 121-2 du Code pénal fait expressément référence aux « personnes morales »,
de sorte qu'il ne fait aucun doute que seuls les groupements dotés de la personnalité juridique sont susceptibles de
voir leur responsabilité pénale engagée. C'est là une différence majeure avec les avant-projets de 1976 et de 1978
qui faisaient référence aux groupements et autorisaient ainsi des poursuites aussi bien à l'égard de ceux dotés de la
personnalité juridique qu'à l'égard de ceux qui en étaient privés (V. G. Venandet, La responsabilité pénale des
personnes morales dans l'avant-projet de Code pénal : RTD com. 1978, p. 731, spécialement p. 739). Il convient
d'en déduire les différentes hypothèses d'irresponsabilité (a) et de responsabilité (b) pénales.

a) Hypothèses d'irresponsabilité pénale

11. – Groupements privés de personnalité morale – D'une part, les dispositions de l'article 121-2 du Code pénal
sont inapplicables aux sociétés en participation (Cass. crim., 14 déc. 1999 : Bull. crim. n° 306 ; Bull. Joly 2000, p. 642,
§ 145, obs. J.-F. Barbièri ; Dr. pén. 2000, comm. 56 ; Rapp. C. cass. 1999, p. 432 ; RD. imm. 2001, p. 68, note
M. Segonds. – Rapp. Cass. crim., 13 oct. 2009, n° 09-80.857 : JurisData n° 2009-049884 ; Bull. crim. n° 169 ; AJP
2010 , p. 33, note J. Lasserre Capdeville ; D. 2010, p. 557, note J.-Cl. Planque ; Dr. pén. 2009, comm. 154 , obs.
M. Véron ; JCP E 2010, 1193, note J.-H. Robert ; Rev. sociétés 2010, p. 53, obs. H. Matsopoulou), aux sociétés
créées de fait et aux fonds communs de placement ou de créances auxquels le législateur dénie expressément la
personnalité morale (respectivement : C. civ., art. 1872 et 1873. – C. mon. fin., art. L. 214-20 et L. 214-43).

12. – Personnes morales en cours de formation – D'autre part, les dispositions de l'article 121-2 du Code pénal
sont inapplicables aux personnes morales en cours de formation et, en particulier, aux sociétés civiles, aux sociétés
commerciales, et aux groupements d'intérêt économique pour lesquels est organisée une période de constitution. À
propos des infractions commises au cours de cette période, il convient d'admettre que « tant que la personnalité
morale n'est pas acquise, il ne peut exister aucune responsabilité pénale autre que celles des personnes physiques »
(V. F. Desportes et F. le Guenehec, préc., p. 563, n° 589), solution justifiée par le principe essentiel selon lequel les
conditions de la responsabilité pénale doivent s'apprécier au jour de commission de l'infraction : la personne morale
ne peut donc répondre d'une infraction commise au temps où elle n'existait pas encore (V. G. Roujou de Boubée,
B. Bouloc, J. Francillon et Y. Mayaud, Code pénal commenté : Dalloz, 1996, p. 23. – Adde J.-F. Eschylle, Les
conditions de fond de la responsabilité pénale des personnes morales en droit du travail : Dr. soc. 1994, p. 638,
spécialement p. 640). Tout en admettant que le mécanisme de reprise par la personne morale des actes accomplis
par les fondateurs ( C. com., art. L. 210-6) doit demeurer étranger à la mise en œuvre des dispositions de l'article 121-
2 du Code pénal, la doctrine assortit cependant cette irresponsabilité de deux tempéraments. Premier tempérament :
le bénéfice retiré par la personne morale du produit d'un crime ou d'un délit commis antérieurement à l'attribution de
la personnalité morale justifie des poursuites sur le fondement du recel-profit ( C. pén., art. 321-1, al. 2. – En ce sens
notamment, I. Urbain-Parléani, Les limites chronologiques à la mise en jeu de la responsabilité pénale des personnes
morales : Rev. sociétés 1993, p. 238, spécialement p. 241. – F. Desportes et F. le Gunehec, préc., p. 563, n° 589. –
J.-F. Eschylle, ibid. – J.-Ch. Saint-Pau, cité supra n° 2 , p. 78, n° 118). Second tempérament : la personne morale
doit répondre pénalement des infractions continues dont l'exécution s'étendrait antérieurement et postérieurement à
l'acquisition de la personnalité morale (V. I. Urbain-Parléani, préc., p. 238, spéc. p. 242. – F. Desportes et F. Le
Gunehec, préc. p. 563, n° 589. – J.-Ch. Saint-Pau, préc., p. 78, n° 119) .

13. – Société absorbée – La solution est certaine en jurisprudence : en vertu du principe de la personnalité de la
responsabilité et des peines (C. pén., art. 121-2) , la société absorbante n'a pas à répondre des infractions commises
pour le compte de la société absorbée (Cass. crim., 20 juin 2000, n° 99-86.742 : JurisData n° 2000-002990 ; Bull.
crim. n° 237 ; Bull. Joly 2001, p. 39, obs. C. Mascala ; D. 2001, p. 853, note H. Matsopoulou ; D. 2001, p. 1608, obs.
E. Fortis et A. Reygrobellet ; D. 2002, p. 1802, obs. G. Roujou de Boubée ; Dr. soc. 2000, p. 1150, note P. Morvan ;
LPA 13 mars 2001, p. 19, note Coffy de Boisdeffre ; RSC 2001, p. 153, obs. B. Bouloc. – Cass. crim., 14 oct. 2003,
n° 02-86.376 : JurisData n° 2003-020659 ; Bull. crim. n° 189 ; AJP 2003, p. 101, note A. P. ; D. 2004, p. 319, obs.

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G. Roujou de Boubée ; Dr. et patrimoine 2004, p. 117, obs. P. Bonfils ; Dr. pén. 2004, comm. 20, obs. M. Véron ;
JCP E 2004, 1151, obs. Y. Müller ; Gaz. Pal. 2004, 2, doctr. p. 2886 ; RSC 2004, p. 339, note É. Fortis ; Rev.
sociétés 2004, p. 161, note B. Bouloc ; Rev. pénit. 2004, p. 419, obs. B. de Lamy. – Comp. Cass. com., 15 juin
1999 : Bull. civ. IV, n° 127. – CE, 22 nov. 2000 : JurisData n° 2000-142475 ; D. 2001, p. 237, obs. Boizard ; D. 2001,
somm. comm. 2001, p. 1609, note A. Reygrobellet ; Banque et Droit 2001, p. 26, obs. H. de Vauplane et J.-J. Daigre.
– Cass. com., 28 janv. 2003, n° 01-00.528 : JurisData n° 2003-017500 ; Bull. civ. 2003, IV, n° 12 ; Contrats, conc.
consomm. 2003, comm. 110, obs. M. Malaurie-Vignal. – CE, 17 déc. 2008, n° 316000 : JurisData n° 2008-074658 ;
Rev. sociétés 2009, p. 397, note C. Arsouze). La fusion-absorption fait donc échec aux poursuites pénales non
seulement à l'égard de la société absorbée mais également à l'égard de la société absorbante (V. L. Gamet, Le
principe de personnalité des peines à l'épreuve des fusions et des scissions de sociétés : JCP G 2001, I, 345. –
D. Vich-Y-Llado, La responsabilité des personnes morales en cas de fusion : JCP E 2001, p. 838. – Adde F. Stasiak,
Fusion et responsabilité pénale des personnes morales en droit boursier : Les droits et le Droit, Mélanges B. Bouloc,
Dalloz, 2007, p. 1091. – A. Gallois, La responsabilité pénale de la société absorbante en cas de fusion-absorption
frauduleuse : Dr. sociétés 2010, étude 7. – D. Boccon-Gibod, Sur la responsabilité pénale des personnes morales :
Dr. soc. 2014, p. 923) .

Attention : Selon la chambre criminelle de la Cour de cassation, dans le dernier état de sa jurisprudence, « la fusion faisant perdre son existence
juridique à la société absorbée, l'action publique est éteinte à son égard » (Cass. crim., 9 sept. 2009, n° 08-87.312 : JurisData n° 2009-049715 ;
Dr. sociétés 2009, comm. 213, note R. Salomon. – Cass. crim., 29 sept. 2009, n° 08-88.527. – Cass. crim., 9 févr. 2010, n° 916, 09-81.574 :
JurisData n° 2010-001122 . – Adde CA Agen, 26 janv. 2009, n° 08/00182-A : JurisData n° 2009-003347 . – Cass. crim., 18 févr. 2014, n° 12-
85.807) . C'est, à tout le moins, ajouter à la lettre de l'article 6 du Code de procédure pénale qui ne contient aucune référence au sort de l'être
moral absorbé.

Il est à noter que la Cour de justice de l'Union européenne considère, quant à elle, que la fusion par absorption entraîne la transmission, à la
société absorbante, de l'obligation de payer une amende infligée par décision définitive après cette fusion pour des infractions au droit du travail
commises par la société absorbée avant ladite fusion aux motifs – de pure opportunité – que « si la transmission d'une telle responsabilité était
exclue, une fusion constituerait un moyen pour une société d'échapper aux conséquences des infractions qu'elles auraient commises, au détriment
de l'État membre concerné ou d'autres intéressés éventuels » (CJUE, 5 mars 2015, aff. C-343/13 : JurisData n° 2015-006137 ; Bull. Joly, 2015,
p. 200, note Couret ; Dr. pén. 2015, comm. 74, note G. Notté ; RTD civ. 2015, p. 388, note H. Barbier ; D. 2015, p. 1506, obs. C. Mascala ; Dr.
sociétés 2015, comm. 89, note Rousille ; Dr. soc. 2015, p. 735, note M.-C. Amauger-Lattes ; JCP E 2015, 1234, note Barrière. – Adde H. Le
Nabasque, Personnalité des délits et des peines et fusions : Bull. Joly 2015, p. 393. – C. Soulard, Transfert de la responsabilité pénale d'une
société absorbée par voie de fusion : RJDA 7/15, p. 491). La chambre criminelle de la Cour de cassation est demeurée insensible à cette prise
de position, en faisant valoir notamment que « l'article 121-1 du Code pénal ne peut s'interpréter que comme interdisant que des poursuites
pénales soient engagées à l'encontre de la société absorbante pour des faits commis par la société absorbée avant que cette dernière perde son
existence juridique » (Cass. crim., 25 oct. 2016, n° 16-80.366 : JurisData n° 2016-022301 ; Rev. pénit. 2017, p. 944, note N. Catelan ; RSC 2017,
p. 297, note H. Mastopoulou).

En revanche, il va de soi que, si la fusion-absorption a pour effet d’éteindre l’action publique, la société absorbante, venant aux droits de la société
absorbée condamnée, répond des dommages-intérêts prononcées (Cass. crim., 28 févr. 2017, n° 15-81.469 : JurisData n° 2017-003478 ; JCP
G 2017, 474, note B. Lapérou-Scheneider ; Dr. sociétés 2017, comm. 80, note J. Heinich ; Dr. sociétés, 2017, comm. 154, note R. Salomon ;
AJP 2017, p. 231, note J. Gallois).

Note de la rédaction – Mise à jour du 14/08/2021

13 . - Fusion-absorption de la personne morale poursuivie

Une société poursuivie du chef d'homicide involontaire ayant fait l'objet d'une fusion-absorption par une autre société
à une date postérieure à la décision frappée de pourvoi, et ayant par conséquent perdu son existence juridique en
qualité de personne morale, l'action publique à son égard est éteinte par application de l'article 6 du Code de
procédure pénale(Cass. crim., 7 janv. 2020, n° 18-86.293 : JurisData n° 2020-000057).

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Revirement de jurisprudence relatif à la responsabilité pénale de la société absorbante en cas de fusion-


absorption

En cas de fusion-absorption d'une société par une autre, la société absorbante peut être condamnée pénalement à
une peine d'amende ou de confiscation pour des faits constitutifs d'une infraction commise par la société absorbée
avant l'opération. La personne morale absorbée étant continuée par la société absorbante, cette dernière, qui
bénéficie des mêmes droits que la société absorbée, peut se prévaloir de tout moyen de défense que celle-ci aurait
pu invoquer. Cette interprétation nouvelle de l'article 121-1 du Code pénal, qui constitue un revirement de
jurisprudence, ne peut s'appliquer aux fusions antérieures à la présente décision sans porter atteinte au principe de
prévisibilité juridique. Elle ne s'appliquera, en conséquence, qu'aux opérations de fusion conclues postérieurement
au prononcé du présent arrêt (Cass. crim., 25 nov. 2020, n° 18-86.955 : JurisData n° 2020-019279 ; JCP G 2021,
17, note D. Rebut ; J.-C. Saint-Pau, La responsabilité pénale d’une société absorbante pour une infraction commise
par la société absorbée. Revirement de jurisprudence ! : JCP G 2021, 27, étude ; Dr. sociétés 2021, comm. 13, R.
Salomon ; Dr. pén. 2021, comm. 2, P. Conte. – V. également : R. Salomon, Le nouveau principe de la responsabilité
pénale de la personne morale absorbante à raison d’une infraction commise par la société absorbée : Dr. sociétés
2021, repère 3).
L'existence d'une fraude à la loi permet au juge de prononcer une sanction pénale à l'encontre de la société
absorbante lorsque l'opération de fusion-absorption a eu pour objectif de faire échapper la société absorbée à sa
responsabilité pénale. Si la Cour de cassation n'a pas eu l'occasion de se prononcer sur ce point, sa doctrine, qui ne
saurait ainsi constituer un revirement de jurisprudence, n'était pas imprévisible et elle est donc applicable aux fusions-
absorptions conclues avant le présent arrêt. Il en résulte qu’en ordonnant un supplément d’information dans le but,
notamment, de déterminer si l’opération avait été entachée de fraude, la cour d'appel n'a pas méconnu le droit
applicable au moment où elle a statué (même arrêt).

b) Hypothèses de responsabilité pénale

14. – Responsabilité des sociétés de fait – Les dispositions sont applicables, tout d'abord, aux sociétés de fait :
la nullité dont elles sont frappées ne saurait faire obstacle aux poursuites, puisque celle-ci produit les effets d'une
dissolution prononcée par justice, ce qui implique que la personnalité morale ne disparaît pas rétroactivement et
subsiste pour les besoins de la liquidation (V. Y. Guyon, Quelles sont les personnes de droit privé susceptibles
d'encourir une responsabilité pénale ? : Rev. sociétés 1993, p. 235, spéc. p. 237).

15. – Responsabilité de la personne morale en liquidation – Les dispositions de l'article 121-2 du Code pénal
s'appliquent, ensuite, à la personne morale en liquidation, la personnalité morale du groupement survivant pour les
besoins de la liquidation (notamment C. civ., art. 1844-8, al. 3. – C. com., art. L. 237-2, al. 2 et L. 251-21) . Ce
principe de solution doit être rapproché des termes de l'article 133-1 du Code pénal qui dispose notamment qu' « il
peut être procédé au recouvrement de l'amende [...] après la dissolution de la personne morale jusqu'à la clôture des
opérations de liquidation » (rappr. T. corr. Paris, 4 mai 1998 : D. 1999, jurispr. p. 15, note Poisson-Drocourt) . Pour
être plus précis, deux hypothèses doivent être distinguées selon que la liquidation se situe dans le sillage d'une
dissolution qui précède le déclenchement de l'action publique au détriment de la société dotée de la personnalité
morale ou dans le sillage d'une dissolution qui succède à la condamnation pénale de la société dotée de la
personnalité morale.Première hypothèse : à la différence de la mort du prévenu, cause d'extinction de l'action
publique, la dissolution de la personne morale n'a pas par elle-même pour effet d'éteindre l'action publique – en
témoigne le silence de l'article 6 du Code de procédure pénale relevé par la doctrine (I. Urbain, préc., p. 24 ; Comp.
C. urb., art. L. 480-6) – et de tenir ainsi en échec des poursuites diligentées sur le fondement de l'article 121-2 du
Code pénal (V. J.-Cl. Planque, La détermination de la personne morale pénalement responsable : L'Harmattan, 2003,
p. 58). En effet, parce que la société dissoute conserve le temps de sa liquidation la personnalité juridique (V. C.
com., art. L. 237-2 et L. 251-21), la société en liquidation qu'elle constitue n'échappe point aux prévisions de
l'article 121-2 du Code pénal. Est-ce à dire que la dissolution anticipée se révèle ainsi inapte à tenir en échec la

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responsabilité portée par l'article 121-2 ? La réponse à cette question impose en réalité de distinguer selon que le
déclenchement de l'action publique est lui-même antérieur ou postérieur à la clôture des opérations de liquidation.
Mise en œuvre antérieurement à la clôture des opérations de liquidation, l'action publique conserve son sujet – la
personnalité morale de la société subsistant –... et la dissolution anticipée prononcée en réplique au déclenchement
des poursuites se révèle alors effectivement inapte à neutraliser par ce biais la responsabilité issue de l'article 121-2
du Code pénal(Rapp. CA Nîmes, 20 avr. 2001, n° 01/00332 : JurisData n° 2001-150204. – CA Douai, 11 juin 2009,
n° 07/03853 : JurisData n° 2009-010086 ; Comp. Cass. crim., 15 nov. 2005, n° 04-85.441 : JurisData n° 2005-
030966 ; JCP G 2005, act. 665). Mise en œuvre postérieurement à la clôture des opérations de liquidation, l'action
publique... ne peut l'être puisque privée de son sujet ( T. corr. Paris, 4 mai 1998 : D. 1999, jurispr. p. 15, note
E. Poisson-Drocourt) – l'acte de publicité de la clôture de la liquidation étant extinctif de l'action publique par
disparition de la personne (J.-Ch. Saint-Pau, préc., p. 122, n° 122) – et la dissolution anticipée accompagnée de la
clôture des opérations de liquidation scelle alors le sort de l' article 121-2 du Code pénal . Par conséquent, l'effet
exact de la dissolution anticipée à l'égard de l'article 121-2 impose de distinguer selon que la société dissoute est
une société encore en liquidation ou effectivement liquidée... et revient dès lors à faire entièrement dépendre le
devenir de l'article 121-2 du Code pénal de la durée de la période de liquidation... Une question reste en suspens :
le juge répressif s'autorisera-t-il, à l'instar du juge commercial, à admettre la survie de la personnalité morale au-delà
de la publication de la clôture de la liquidation ? (À ce propos, V. J.-Cl. Planque, préc., p. 52).Seconde hypothèse :
l'hypothèse de la dissolution anticipée succédant à la condamnation pénale de la société dotée de la personnalité
morale est, à la différence de la précédente, spécifiquement envisagée à l'article 133-1 du Code pénal. Il en résulte
un principe et une exception. Le principe : la dissolution de la personne morale empêche ou arrête l'exécution de la
peine prononcée. L'exception : il peut être procédé au recouvrement de l'amende ainsi qu'à l'exécution de la
confiscation après la dissolution de la personne morale jusqu'à la clôture des opérations de liquidation... preuve que,
dans l'esprit du législateur, la personnalité morale peut survivre à la dissolution non seulement pour les besoins de
la liquidation (V. C. com., art. L. 237-2 et L. 251-21)... mais également pour les besoins de l'action pénale (J.-Cl.
Planque, préc., p. 59 et 66). L'on notera que l'article 121-5, 3° de l'avant-projet du futur Code de procédure pénale
dispose (disposait ?) laconiquement que l'action pénale s'éteint par « la dissolution de la personne morale
poursuivie ; si cette dissolution donne lieu à des opérations de liquidation, l'action pénale n'est éteinte qu'à l'issue de
ces opérations ».

16. – Responsabilité de la personne morale transformée – Les dispositions de l'article 121-2 du Code pénal
s'appliquent, enfin, à la personne morale transformée, la transformation n'emportant pas création d'une personne
morale nouvelle (C. civ., art. 1844-3) . Ainsi que l'a observé la doctrine, la transformation « ne supprime pas le passé
pénal de la personne morale qui peut donc se voir reprocher les infractions commises avant sa transformation »
(V. F. Desportes et F. Le Gunehec, préc., p. 565, n° 590. – Adde J.-F. Eschylle, cité n° 12, p. 643).

2° Sources de la personnalité morale

17. – Fiction ou réalité – Si le Code pénal de 1992 réserve la responsabilité pénale aux groupements dotés de la
personnalité juridique, l' article 121-2 du Code pénal ne précise en rien quelles doivent en être les sources, de sorte
qu'il est nécessaire de s'interroger sur le sort qu'il convient de réserver au groupement auquel la loi n'a point accordé
ou n'a point refusé la personnalité morale. Doit-on alors limiter la portée des dispositions de l' article 121-2 du Code
pénal aux groupements dont la personnalité juridique trouve sa source dans la loi conformément à la théorie de la
fiction selon laquelle la personnalité morale ne peut être qu'une création de la loi (a) ? Ou bien, au contraire, faut-il
étendre la portée des dispositions de l'article 121-2 du Code pénal aux groupements auxquels la jurisprudence
criminelle, à l'instar de la jurisprudence civile, voudra bien reconnaître la personnalité morale en application de la
théorie de la réalité selon laquelle la personnalité morale n'est pas nécessairement une création de la loi (b) ?

a) Théorie de la fiction

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18. – Légalisme – Nombreux sont désormais les groupements auxquels la loi reconnaît expressément la
personnalité juridique. Ainsi en est-il notamment, dans le domaine du droit des affaires, des sociétés civiles et
commerciales (C. civ., art. 1842 et C. com., art. L. 210-6. – Sur les liens susceptibles de s'établir entre la
responsabilité pénale des personnes morales et le choix de la forme sociale, V. J. Amar, Contribution à l'analyse
économique de la responsabilité pénale des personnes morales : Dr. pén. 2001, chron. 32), de la masse des
obligataires (C. com., art. L. 228-46) , des groupements d'intérêt économique (C. com., art. L. 251-4), des
groupements européens d'intérêt économique (C. com., art. L. 252-1) , ainsi que des comités d'entreprise (C. trav.,
art. L. 431-6, devenu C. trav., art. L. 2325-1) et d'établissement (C. trav., art. L. 435-1, devenu C. trav., art. L. 2327-
1 et L. 2327-18 ). Même s'il est indéniable que la théorie de la réalité est confortée par la reconnaissance de la
responsabilité pénale des personnes morales, il peut être tentant de limiter la portée des dispositions de l' article 121-
2 du Code pénal aux êtres légalement dotés de la personnalité morale... conformément – mais non sans paradoxe
– à la théorie de la fiction. Il convient d'en apprécier à la fois les arguments (1) et l'avantage (2) .

1) Arguments

19. – Double argument – L'abandon, lors de l'élaboration du Code pénal, de la référence aux groupements et le
principe de l'interprétation stricte constituent les deux arguments invoqués par la doctrine.

20. – Abandon de la référence aux groupements – Le changement terminologique opéré lors de l'élaboration du
Code pénal, qui consista à abandonner la référence aux « groupements » pour celle de « personnes morales »,
impliquerait de limiter l'application de l'article 121-2 du Code pénal aux seuls êtres moraux investis par la loi de la
personnalité juridique (rappr. F. Desportes et F. Le Gunehec, cité supra n° 3 , p. 562, n° 588). L'argument peut ne
pas convaincre : si le changement réalisé vise effectivement à exiger la possession de la personnalité morale, il ne
permet guère de considérer que le législateur ait entendu signifier de la sorte que la personnalité morale se devait
de résulter exclusivement de la loi.

21. – « Poenalia sunt restringenda » – De façon plus convaincante, le principe de l'interprétation stricte – à moins
qu'il ne s'agisse en réalité d'une interprétation restrictive –, est invoqué par la doctrine qui fait notamment valoir que
l'on ne peut savoir « où s'arrêtera la répression si l'on permet la condamnation de groupements auxquels la loi n'a
pas expressément attribué la jouissance de la personnalité morale » (V. Y. Guyon, ibid.). Apparaît alors le principal
avantage d'une association de la théorie de la fiction aux termes de l'article 121-2 du Code pénal : la sécurité
juridique.

2) Avantage

22. – Sécurité juridique – La limitation de la responsabilité pénale aux personnes morales dotées de la personnalité
juridique en vertu d'une disposition légale expresse offre indéniablement l'avantage d'une meilleure prévisibilité
juridique et donc de la sécurité juridique. Elle aboutit alors avec certitude à l'irresponsabilité pénale des groupes de
sociétés (V. M. Pariente, Les groupes de sociétés et la responsabilité pénale des personnes morales : Rev. sociétés
1993, p. 247) mais également du comité de groupe et du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail.
Il implique alors – inconvénient notable – une rupture d'égalité entre les différentes personnes morales liée
uniquement à leur mode de reconnaissance juridique.

b) Théorie de la réalité

23. – Ampleur de l'application – L'influence positive jouée par la théorie de la réalité en faveur de la reconnaissance
des personnes morales et la généralité des termes employés par le législateur invitent à admettre que des poursuites
pénales sont concevables à l'égard d'un groupement bien que légalement dépourvu de la personnalité juridique (V.
G. Roujou de Boubée, B. Bouloc, J. Francillon et Y. Mayaud, cité supra n° 11 , p. 17). L'ampleur de l'application de
la théorie de la réalité diffère selon que l'on envisage cette application par la jurisprudence criminelle en des termes

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identiques à ceux de la jurisprudence civile (1) ou selon que l'on invite le juge répressif, par référence au principe de
l'autonomie du droit pénal, à aller au-delà des limites fixées par la jurisprudence civile (2) .

1) Transposition de la jurisprudence civile en matière pénale

24. – Transposition impossible – Faisant application de la théorie de la réalité, la jurisprudence civile accepte de
reconnaître la personnalité morale « à tout groupement pourvu d'une possibilité d'expression collective pour la
défense d'intérêts licites, dignes, par suite, d'être juridiquement reconnus et protégés » (notamment, Cass. 2e civ.,
28 janv. 1954 : D. 1954, jurispr. p. 217, note G. Levasseur). Une partie de la doctrine estime impossible la
transposition de cette jurisprudence en matière pénale au motif que, sur le plan des principes, la solution inverse
heurterait le principe de légalité et que, d'un point de vue technique, l'exigence civiliste de la défense « d'intérêts
licites » est incompatible avec la commission d'une infraction (V. F. Desportes et F. Le Gunehec, cité n° 3, n° 588).

25. – Transposition possible – Les arguments avancés peuvent ne pas convaincre, d'une part, sur le plan des
principes, parce que la contribution jurisprudentielle à la définition des termes de la loi ne heurte pas
fondamentalement le principe de la légalité (en dernier lieu, Cons. const., 2 mars 2004, n° 2004-482 DC : D. 2004,
p. 956, note M. Dobkine ; JCP G 2004, II, 10048, note J.-Cl. Zarka. – CEDH, 30 mars 2004, n° 53984/00, Radio
France c/ France) et, d'autre part, d'un point de vue technique, dès lors qu'il est permis de considérer « qu'un
groupement peut poursuivre la réalisation d'un intérêt licite, ce qui légitime sa qualité de sujet de droits, et commettre
ponctuellement une infraction » (V. J.-Ch. Saint-Pau, cité n° 2, p. 78). Et de songer au comité de groupe (Cass. soc.,
23 janv. 1990 : JCP E 1990, II, 15755, note Névot) mais aussi au comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de
travail (Cass. soc., 17 avr. 1991, n° 89-17.993 , 89-43.767 à 89-43.770 : JurisData n° 1991-001177 ; Bull. civ. V,
n° 206 ; JCP E 1991, II, 229, note H. Blaise ; Rev. sociétés 1992, p. 53) auxquels la jurisprudence civile a accordé
la personnalité morale et dont l'activité correspond à l'évidence à la réalisation d'un intérêt licite mais qui peut être
l'occasion de la commission d'une infraction (V. J. Mouly, La responsabilité pénale des personnes morales et le droit
du travail : LPA 6 oct. 1993, p. 33, spécialement p. 35 ; F. Hamon et A. Levy, La responsabilité pénale des personnes
morales et ses incidences sur la situation des organismes représentatifs du personnel : Dr. ouvrier 1994, p. 262. –
M. Delmas-Marty et G. Giudicelli-Delage, Droit pénal des affaires : PUF, 4e éd. 2000, p. 73). La thèse de la réalité
pourrait ainsi également aboutir à admettre la responsabilité pénale du groupe de sociétés pour le compte duquel
des infractions ont été commises (V. J.-H. Robert, Droit pénal général : PUF, 6e éd. 2005, p. 376. – Rappr. M.-
E. Cartier, Rapport, in La responsabilité pénale des personnes morales : évolution ou révolution : JCP E 1994, Cah.
dr. entr. n° 50, p. 30, spéc. p. 39, suppl. n° 5).

2) Autonomie de la jurisprudence pénale au regard de la jurisprudence civile

26. – Poursuite d'un intérêt criminel – À la transposition de la jurisprudence civile, l'on peut préférer l'adoption
d'une solution originale par la jurisprudence criminelle, fondée sur le principe de l'autonomie du droit pénal. Ainsi que
l'a souligné la doctrine, « la question de l'autonomie du droit pénal se pose [...] avec plus d'acuité lorsque l'objet du
groupement est caractérisé par le fait d'organiser ou de faciliter la commission régulière d'infractions » et de
considérer « que le droit pénal s'accommoderait fort bien de la qualité de sujet de droits afin de permettre l'imputation
d'une sanction, spécialement lorsque les responsabilités des membres restent diffuses » (V. J.-Ch. Saint-Pau, cité
n° 2, p. 78). La théorie de la réalité amplifiée par l'autonomie du droit pénal serait alors la preuve supplémentaire du
réalisme de cette discipline.

II. - Conditions d'application

27. – Double condition – Les personnes morales sont pénalement responsables à la double condition que l'infraction
ait été commise, d'une part, « par leurs organes ou représentants » (A) et, d'autre part, « pour leur compte » ,
seconde condition qui constitue à l'évidence une condition d'imputation (B) . Enfin, sera abordée la question du
cumul de la responsabilité pénale des personnes morales et des personnes physiques (C) .

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A. - Notions d'organes et de représentants

28. – Absence de critères légaux de définition – Les notions d'organe et de représentant ne sont point définies
par l'article 121-2 du Code pénal. Elles se révèlent plus aisées à définir négativement (1°) que positivement (2°) ,
sera ensuite abordée la question de l'assimilation des qualités de délégataire et de représentant (3°) .

1° Définition négative

29. – Fait du salarié – Par principe, l'infraction commise par un salarié ne peut engager la responsabilité pénale de
la personne morale (a) sauf à admettre la transposition aux personnes morales des principes de solution applicables
au décideur personne physique (b) .

a) Principe

30. – Indifférence du fait du salarié – À raison même des termes employés par l' article 121-2 du Code pénal qui
fait exclusivement référence aux « organes ou représentants » de la personne morale, il ne saurait exister, en
principe, une responsabilité pénale de la personne morale du fait de ses salariés, ces derniers étant dépourvus de
tout pouvoir de représentation. La doctrine est, à ce sujet, quasiment unanime (V. notamment J.-F. Barbièri,
L'incidence de la réforme du Code pénal sur la gestion des personnes morales : LPA 6 oct. 1993, p. 22, spéc. p. 23.
– M.-É. Cartier, cité supra n° 24 , p. 34. – J.-F. Eschylle, cité supra n° 11 , p. 638. – D. Guirimand, La responsabilité
pénale des personnes morales : Dr. soc. 1994, p. 647, spéc. p. 649. – Comp. B. Mercadal, La responsabilité pénale
des personnes morales, rapport introductif : RD aff. int. 1995, p. 543, spéc. p. 551). Il s'agit là de l'une des différences
notables avec certaines législations étrangères – notamment États-unis et Pays-Bas – (V. M. Delmas-Marty, Les
conditions de fond de mise en jeu de la responsabilité pénale : Rev. sociétés 1993, p. 301, spéc. p. 304) et d'une
différence essentielle avec la responsabilité civile des personnes morales « qui est, dans l'immense majorité des cas,
une responsabilité du fait des préposés » (V. G. Viney, Concl. : Rev. sociétés 1993, p. 381, spéc. p. 384).Il est à
souligner que la chambre criminelle de la Cour de cassation s’est s'orientée en ce sens. Ainsi, cette dernière a
approuvé les juges du fond d'avoir renvoyé un office municipal de tourisme des fins de la poursuite à propos d'un
délit de discrimination – constitué par la rédaction de documents comportant une liste d'établissements dans lesquels
l'accueil des clients ayant des noms à consonance maghrébine n'était pas souhaité – commis par un de ses salariés,
non titulaire d'une délégation de pouvoirs (Cass. crim., 29 janv. 2008, n° 07-80.264 : JurisData n° 2008-042903 ). La
prudence est cependant de mise : en présence de salariés dont les fonctions participent du pouvoir de direction, la
chambre criminelle de la Cour de cassation se prononce en faveur de leur assimilation aux représentants de la
personne morale, en notant que la chambre criminelle de la Cour de cassation exige des juges du fond qu’ils
caractérisent alors en quoi le statut et les attributions du salarié concerné sont propres à lui conférer la qualité de
représentant au sens de l’ article 121-2 du Code pénal(V. n° 34 à 38 ).

b) Exception

31. – Prise en considération du fait du salarié – À la veille de l'entrée en vigueur de l' article 121-2 du Code pénal
, la doctrine a évoqué, à titre d'exception, la possibilité de « transposer aux personnes morales la jurisprudence sur
la responsabilité du décideur » (V. M. Delmas-Marty, cité supra n° 29 ), transposition « qui impliquerait une scission
entre l'élément moral de l'infraction (la faute), commise par l'organe ou représentant et imputée comme telle à la
personne morale, et l'élément matériel (l'acte au sens large), accompli par un employé, pour le compte de celle-ci. Si
cette transposition était retenue, la responsabilité pénale de la personne morale pourrait se trouver engagée par le
comportement matériel d'un simple employé, mais à la condition que la faute relève d'un organe ou d'un représentant
[...] » (V. M. Delmas-Marty, ibid. – Adde J.-H. Robert, Les préposés délégués sont-ils les représentants de la
personne morale ? : Mél. Couvrat : PUF, 2001, p. 383). Ce raisonnement doit être rapproché de celui qui a présidé
à l'imputation d'un délit de manipulation de cours à une société prestataire de service d'investissement par les juges
du fond, approuvés en cela par la chambre criminelle de la Cour de cassation. En l'espèce, la cour d'appel s'était

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autorisée à retenir la personne morale considérée dans le lien de la prévention au motif que l'un de ses salariés, non
titulaire d'une délégation de pouvoirs, qui « avait reçu pouvoir de la direction de la société d'exécuter les ordres des
clients et représentait l'établissement vis-à-vis de ces derniers, n'a pas agi de sa propre initiative, mais au profit de
la société et après en avoir informé sa hiérarchie qui ne lui a pas interdit de procéder ainsi ». Cette motivation a reçu
l'approbation de la chambre criminelle, cette dernière déduisant des énonciations des juges du fond que « l'infraction
a été nécessairement commise par un organe de la société, pour le compte de cette dernière » conformément à sa
jurisprudence relative à la présomption d’imputation, aujourd’hui dépassée (Cass. crim., 28 janv. 2009, n° 07-
81.674 : JurisData n° 2009-047081 ; Bull. Joly bourse, 2009, p. 170 ; Dr. pén. 2009, comm. 48, obs. J.-H. Robert ;
Bull. mens. inf. sociétés Joly 2009, p. 799, note J.-F. Barbièri ; Dr. sociétés 2009, comm. 83, obs. R. Salomon ; RTD
com. 2009, p. 409, note N. Rontchevsky ; RTD com. 2009, p. 638, note B. Bouloc ; RSC 2010, p. 165,
obs. F. Stasiak. – Adde CA Paris, 2 févr. 2007 : RTD com. 2007, p. 413, note N. Rontchevsky ; Comp. CE, sect.,
6 juin 2008, n° 300619 : JurisData n° 2008-073665 ; Dr. sociétés 2008, comm. 257, obs. T. Bonneau. – V. n° 43
et s. ).

2° Définition positive

32. – Variété des catégories – Les notions d'organe et de représentant se décomposent, l'une et l'autre, en des
catégories variées. Leur assimilation ou leur distinction au regard de l'article 121-2 du Code pénal suscitent de
nombreuses interrogations.

a) Catégories d'organes

33. – Catégories assimilées ou distinguées ? – Par organe, la doctrine a proposé de désigner « les personnes
chargées par la loi ou les statuts d'administrer et de gérer la personne morale, c'est-à-dire de participer au processus
d'élaboration de la volonté de la personne morale et, ensuite, de présider à l'exécution de la décision ainsi prise »
(V. G. Roujou de Boubée, B. Bouloc, J. Francillon et Y. Mayaud, cité n° 11, p. 20). Seraient ainsi concernés dans une
société commerciale, le président-directeur général, le gérant, le conseil d'administration, le directoire, les directeurs
généraux (À titre d'illustration, Cass. crim., 16 févr. 2010, n° 09-83.991, 1022 : JurisData n° 2010-003359 ; Dr. pén.
2010, comm. 74, obs. M. Véron) , le conseil de surveillance ou l'assemblée générale. En conséquence, aucune
distinction n'est à opérer entre les organes individuels et les organes collectifs, entre les organes permanents et les
organes intermittents ou entre les organes délibératifs et exécutifs.En revanche, le doute subsiste quant à la nécessité
d'opérer une double distinction, d'une part, entre les organes de gestion et les organes de contrôle et, d'autre part,
les organes de droit et les organes de fait.Selon certains auteurs, « il est vraisemblable que seuls les organes de
gestion seront susceptibles d'engager la responsabilité pénale de la personne morale » (V. F. Desportes et F. Le
Gunehec, cité n° 3, p. 582, n° 605. – Dans le même sens, V. G. Roujou de Boubée, B. Bouloc, J. Francillon et
Y. Mayaud, ibid. – J.-Ch. Saint-Pau, cité supra n° 2 , p. 97, n° 154) tandis qu'une autre partie de la doctrine semble
ne pas envisager la distinction entre les deux catégories d'organes (V. M. Delmas-Marty, cité n° 30. – J.-F. Eschylle,
cité n° 12, p. 645). La distinction relative aux organes de droit et aux organes de fait soulève autant d'hésitations.
Trois arguments militent en faveur de leur assimilation au regard de l'article 121-2 du Code pénal : tout d'abord, cet
article ne fait aucune distinction entre les deux notions ; ensuite des dispositions spéciales les assimilent (C. com.,
art. L. 241-9), enfin, refuser l'assimilation revient à offrir aux fraudeurs un excellent instrument de paralysie de la
responsabilité pénale de la personne morale et à créer, en outre, une inégalité entre les personnes morales selon
qu'elles auront pris ou non la précaution de placer à leur tête de simples prête-noms (V. G. Roujou de Boubée,
B. Bouloc, J. Francillon et Y. Mayaud, préc., p. 21. – M. Delmas-Marty, ibid. – J.-F. Eschylle, préc., p. 645. – Rép.
min. n° 5299 : JOAN Q 22 nov. 1993, p. 4170. – F. Desportes et F. Le Gunehec, préc., p. 583, n° 606. – Rappr., T.
corr. Strasbourg, 9 févr. 1996 : Annonces Seine 1996, n° 24, p. 10 ; LPA 27 mars 1996, p. 19, note T. Dalmasso ;
Bull. Joly 1996, p. 297, note J.-F. Barbièri) .Plus nuancée, une partie de la doctrine objecte à l'assimilation de l'organe
de droit et de l'organe de fait « qu'il ne faut pas aboutir à faire de la personne morale une victime placée en état de
contrainte » et « qu'il faudra établir des distinctions selon que le dirigeant de fait a été connu, ou pas connu, des
organes, et qu'il a ou non, exprimé la volonté de l'être collectif » (V. R. Merle et A. Vitu, Traité de droit criminel, droit

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pénal général : Cujas, 7e éd. 1997, p. 816, n° 643. – Comp. M.-É. Cartier, cité n° 25, p. 37. – J. Pradel, Droit pénal
général : Cujas, 14e éd. 2002, p. 481, n° 535).La controverse, en jurisprudence tout au moins, semble bel et bien
close. C'est ainsi que la chambre criminelle admet qu'un dirigeant de fait – possédant la seule qualité juridique de
salarié – est susceptible par ses agissements (en l'occurrence, un délit d'escroquerie) d'engager la responsabilité
pénale de la personne morale en qualité de représentant de cette dernière (Cass. crim., 17 déc. 2003, n° 00-87.872.
– Adde Cass. crim., 13 juin 2006, n° 05-83.261 : JurisData n° 2006-034766 . – Cass. crim., 13 avr. 2010, n° 09-
86.429 : JurisData n° 2010-006671 : Dr. pén. 2013, chron. 9, n° 2, note M. Segonds . – Cass. crim., 11 juin 2013,
n° 12-84.499 : JurisData n° 2013-014219 : Dr. pén. 2013, chron. 10, n° 2, note M. Segonds).

Note de la rédaction – Mise à jour du 14/08/2021

33 et 34 . - Engagement de la responsabilité pénale d’une société holding par la combinaison


d’interventions de représentants de fait et d’un organe collectif

Est justifiée la décision de condamnation d’une société holding pour des faits de corruption active d’agent public
étranger commis dans le cadre d’un groupe de sociétés. Le délit a été commis, pour le compte de la société mère,
par la combinaison des interventions de trois salariés des filiales de la société, représentants de fait de cette dernière
en raison de l’existence de l’organisation transversale propre au groupe et des missions qui leur étaient confiées,
peu important l’absence de lien juridique et de délégation de pouvoirs à leur profit, et du « RAC central », organe de
ladite société composé de dirigeants du groupe dont la mission l’amenait à valider, pour le compte de ce groupe, le
recours à des paiements illicites sous couvert de contrats de consultants (Cass. crim., 16 juin 2021, n° 20-83.098 :
JurisData n° 2021-009416).

b) Catégories de représentants

34. – Distinction entre organes et représentants – La distinction opérée par l'article 121-2 du Code pénal entre
les organes ou les représentants néglige que ces deux notions se confondent parfois, les organes de gestion étant
aussi des organes de représentation et la doctrine de faire référence alors aux gérants de SARL, aux conseils
d'administration des SA ou encore aux gérants des sociétés en commandite par action (V. M. Delmas-Marty, cité
n° 30, p. 305). Inversement, il est vrai également qu'il existe « de nombreuses hypothèses dans lesquelles les
représentants d'une personne morale n'en sont pas les organes », de sorte « qu'il est donc évident que le terme »
représentant « ne doit pas être compris comme désignant le seul représentant légal, faute de quoi l'ajout de cette
qualité dans la loi n'aurait aucun sens » (V. F. Desportes et F. Le Gunehec, cité supra n° 3 , p. 584, n° 607. – Rappr.
J.-Ch. Saint Pau, cité n° 2, p. 99, n° 156).C'est ainsi qu'il est admis que la qualité de représentant pourrait être
accordée à l'administrateur provisoire (V. F. Desportes et F. Le Gunehec, préc., p. 584, n° 607. – R. Merle et A. Vitu,
cité n° 32, p. 815, n° 646. – Comp. C. Ruellan, La responsabilité pénale des administrateurs provisoires et judiciaires
du fait de leur administration : Dr. pén. 2000, chron. 25), au liquidateur (V. F. Desportes et F. Le Gunehec, ibid. –
Ph. Conte et P. Maistre du Chambon, cité supra n° 2 , p. 200, n° 373. – R. Merle et A. Vitu, ibid., p. 815, n° 646) ou
à un mandataire spécial (V. F. Desportes et F. Le Gunehec, ibid. – Ph. Conte et P. Maistre du Chambon, ibid. –
G. Roujou de Boubée, B. Bouloc, J. Francillon et Y. Mayaud, cité supra n° 11 , p. 20), dernière interprétation
désormais adoptée par la chambre criminelle de la Cour de cassation (Cass. crim., 23 févr. 2010, n° 09-81.819,
1218 : JurisData n° 2010-002022 ; Dr. pén. 2010, comm. 73, obs. J.-H. Robert ; Contrats, conc. consom. 2010,
comm. 193, obs. G. Raymond) .

Attention : Il faut se garder de confondre le représentant de la personne morale au sens de l’ article 121-2 du Code pénal et le représentant de
la personne morale au sens de l’article 706-43 du Code de procédure pénale. Pour avoir oublié cette vérité d’évidence, la chambre criminelle de
la Cour de cassation a censuré des juges du fond ( Cass. crim., 17 oct. 2017, n° 16-87.249 : JurisData n° 2017-020387 : Dr. pén. 2017, comm.
178, obs. Ph. Conte).

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De façon incidente (Cass. crim., 6 avr. 2004, n° 02-88.007 : JurisData n° 2004-023485 ; Bull. crim. n° 84 ; Dr. pén.
2004, comm. 108 , obs. J.-H. Robert) puis... au sein du résumé fourni par le bulletin criminel (Cass. crim., 23 juin
2009, n° 07-85.109 : JurisData n° 2009-049141 ; AJP 2009, p. 408 , note J. Lasserre Capdeville ; Dr. pén. 2009,
comm. 121 , obs. M. Véron ; Dr. soc. 2009, p. 1171, note F. Duquesne ; JCP S 2009 , 45, 1502, note Y. Pagnerre) ,
la chambre criminelle de la Cour de cassation s'est autorisée à accorder la qualité de représentant, dans le premier
arrêt, aux « supérieurs hiérarchiques qui participaient [par leur décision] aux pouvoirs de l'employeur » et, dans le
second arrêt (du moins son résumé...), aux « personnes physiques ayant commis les agissements reprochés, dans
leurs fonctions participant du pouvoir de direction au sein de ces sociétés ». Ce faisant, même si l'on est en droit de
douter du respect par la haute juridiction du principe de l'interprétation stricte, l'on notera que pareille jurisprudence
est en harmonie avec l'enseignement communautaire selon lequel les personnes morales peuvent être tenues pour
responsables d'infractions commises « pour leur compte par toute personne physique agissant soit individuellement,
soit en tant que membre d'un organe de la personne morale, qui exerce un pouvoir de direction en son sein, sur les
bases suivantes : a) un pouvoir de représentation de la personne morale ; b) une autorité pour prendre des décisions
au nom de la personne morale ; c) une autorité pour exercer un contrôle interne » (à titre d'illustration, Cons. UE,
décision-cadre n° 2003/568/JAI, 22 juill. 2003, relative à la lutte contre la corruption dans le secteur privé, art. 5-1.–
Cons. UE, décision-cadre n° 2008/913/JAI, 28 nov. 2008, sur la lutte contre certaines formes et manifestations de
racisme et de xénophobie au moyen du droit pénal, art. 5-1 ).Cette jurisprudence s’est exprimée en des termes
davantage explicites puisque la chambre criminelle de la Cour de cassation a invité les juges du fond, qui n’avaient
pas procédé à l’identification des organes ou représentants, à rechercher notamment si le statut et les attributions
des salariés étaient propres à en faire des représentants de la personne morale (Cass. crim., 11 oct. 2011, n° 10-
87.212 : JurisData n° 2011-021620 ; Bull. crim. n° 202 ; D. 2011, p. 2841, note Rias ; JCP G 2011, 1385, note J.-
H. Robert). Ainsi, revêt la qualité de représentant de la personne morale, le conducteur de travaux et responsable de
la sécurité sur le site selon le plan particulier de sécurité et de protection de la santé (Cass. crim., 11 déc. 2012,
n° 11-87.421 : JurisData n°2012-031677 ; Bull. crim. n° 274). En revanche, a encore été réaffirmé que la simple
possession de la qualité de salarié ne saurait suffire à lui conférer la qualité de représentant de la personne morale :
les juges du fond doivent spécifier son statut et les attributions propres à en faire un représentant de la personne
morale (Cass. crim., 13 oct. 2015, n° 14-84.760 : JurisData n°2015-022719 ; Dr. pén. 2016, comm. 5, note Ph.
Conte ; Compar. Cass. crim., 21 nov. 2017,n° 16-86.667 : JurisData n° 2017-023495 ).

Attention : La chambre criminelle de la Cour de cassation semble être disposée à se livrer, vraisemblablement, à une lecture plus étroite de la
qualité de représentant… tout en se livrant à une interprétation plus large de la qualité de délégataire. C’est ainsi qu’elle vient d’affirmer, en
présence d’un coordonateur de sécurité, qu’« ont seules la qualité de représentant au sens de l’article 121-2 du code pénal, les personnes
pourvues de la compétence, de l’autorité et des moyens nécessaires, ayant reçu une délégation de pouvoirs, de droit ou de fait, de la part des
organes de la personne morale » (Cass. crim., 17 oct. 2017, n° 16-80.821 : JurisData n° 2017-020397 ; Dr. pén. 2017, comm. 176, note Ph.
Conte ; Adde Cass. crim., 23 janv. 2018, n° 17-81.116 : JurisData n° 2018-000680 ; Cass. crim., 27 févr. 2018, n° 17-81.457 : JurusData
n° 2018-002718).

3° Assimilation des qualités de délégataire et de représentant

35. – Termes du débat – Ils sont fort simples : le salarié titulaire d'une délégation de pouvoir peut-il être qualifié de
« représentant » de la personne morale au sens de l'article 121-2 du Code pénal et, ainsi, engager, sous réserve
d'avoir agi pour le compte de cette dernière, la responsabilité pénale de l'être moral ? En d'autres termes, l'acte
délictueux du délégué ne doit-il pas être considéré comme l'acte même du délégant et entraîner les mêmes
conséquences (V. G. Roujou de Boubée, B. Bouloc, J. Francillon et Y. Mayaud, Code pénal commenté : Dalloz,
1996, p. 21) ?La réponse à cette question a été fournie par la chambre criminelle de la Cour de cassation qui s'est
très nettement prononcée en faveur de l'assimilation des qualités de délégataire – mais également de subdélégataire
– et de représentant (Cass. crim., 1er déc. 1998 : Bull. crim. n° 325 ; D. 2000, jurispr. p. 34, note M.-A. Houtmann ;
Bull. Joly 1999, p. 545, note J.-F. Barbièri ; RSC 1998, p. 337, obs. G. Guidicelli-Delage. – Cass. crim., 9 nov. 1999 :
Bull. crim. n° 252 ; Dr. pén. 2000, comm. 56, obs. M. Véron. – Cass. crim., 14 déc. 1999 : Bull. crim. n° 306 ; Dr.
pén. 2000, comm. 56, obs. M. Véron ; RSC 2000, p. 600, obs. B. Bouloc ; RSC 2000, p. 851, obs. G. Giudecelli-

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Delage. – Cass. crim., 30 mai 2000, n° 99-84.212 : JurisData n° 2000-002816 ; Bull. crim. n° 206 ; Bull. Joly 2001,
p. 37, § 11, obs. C. Mascala ; D. 2001, p. 2350, obs. G. Roujou de Boubée ; RSC 2000, p. 816, obs. B. Bouloc ; RSC
2000, p. 851, obs. G. Guidecelli-Delage. – Cass. crim., 26 juin 2001, n° 00-83.466 : JurisData n° 2001-013945 ;
Bull. crim. n° 161 ; D. 2002, p. 1802, obs. G. Roujou de Boubée ; RSC 2002, p. 99, obs. B. Bouloc. – Cass. crim.,
7 févr. 2006, n° 05-80.083 : JurisData n° 2006-032534 ; Dr. pén. 2006, comm. 100, obs. M. Véron ; JCP G 2006,
II, 10058. – Cass. crim., 15 mai 2007, n° 05-87.260 : JurisData n° 2007-039375 ; Dr. pén. 2008, chron. 9, Un an
de droit pénal du travail, n° 2 ; JCP S 2007, 1954, note J.-F. Cesaro. – Cass. crim., 25 sept. 2007, n° 06-85.945 :
Cah. soc. barreau Paris 2008, p. 36. – Cass. crim., 15 janv. 2008, n° 06-87.805 : JurisData n° 2008-042787).Le
doute a encore saisi une partie de la doctrine à compter d’un arrêt du 11 avril 2012 (Cass. crim., 11 avr. 2012, n° 10-
86.974 : JurisData n° 2012-007035 ; JCP G 2012, 740, note J.-H. Robert ; JCP E 2012, 1451, note J.-H. Robert. –
Adde JCP S 2012, 1269, note S. Brissy ; D. 2012, p. 1381, note J.-Ch. Saint-Pau ; D. 2012, p. 1968, note C.
Mascala ; Dr. soc. 2012, p. 727, note R. Salomon ; Gaz. Pal. 27 juill. 2012, p. 19, obs. E. Dreyer ; LPA 13 juin 2012,
p. 15, note J. Lasserre Capdeville ; Rev. pénit. 2012, p. 405, note B. de Lamy ; RJS 2012 , p. 515, note A. Coeuret
et F. Duquesne ; Dr. pén. 2012, chron. 9, n° 2, obs. M. Segonds. – Adde Cass. crim., 26 juin 2012, n° 11-86.267 :
JurisData n° 2012-016227 ; JCP G 2012, 1172, note J.-H. Robert). Ce doute a été dissipé par plusieurs arrêts (Cass.
crim., 23 oct. 2012, n° 12-80.392 ; Dr. pén. 2013, chron. 9, n° 1, note M. Segonds. – Cass. crim., 25 févr. 2014,
n° 13-80.516. – Cass. crim., 18 mars 2014, n° 13-83.280 : JurisData n° 2014-005215 ). La chambre criminelle de la
Cour de cassation a réaffirmé sa jurisprudence initiale en énonçant notamment que « le salarié d'une société titulaire
d'une délégation de pouvoirs en matière d'hygiène et de sécurité, et comme tel investi dans ce domaine de la
compétence, de l'autorité et des moyens nécessaires à l'exercice de sa mission, est un représentant de la personne
morale au sens de l'article 121-2 du Code pénal, et engage la responsabilité de celle-ci en cas d'atteinte involontaire
à la vie ou à l'intégrité physique trouvant sa cause dans un manquement aux règles qu'il était tenu de faire respecter
en vertu de sa délégation » (Cass. crim., 25 mars 2014, n° 13-80.376 : JurisData n° 2014-005997 ; Bull. crim. n° 94 ;
JCP G 2014, 716, note J.-H. Robert ; JCP G 2014, act. 421, obs. A. Donnier ; Dr. pén. 2014, chron. 10, note M.
Segonds. – Adde Cass. crim., 13 oct. 2015, n° 14-84.760 : Dr. pén. 2016, comm. 5, note Ph. Conte. – Cass. crim.,
11 juill. 2017, n° 16-83.686. – Cass. crim., 28 mars 2017, n° 15-82.305 : JurisData n° 2017-005719 ).

Attention : Dans l'hypothèse particulière d'un accident du travail, la chambre criminelle de la Cour de cassation énonce, sous le visa de
l'article 121-2 du Code pénal, que « les infractions en matière d'hygiène et de sécurité des travailleurs commises par le délégataire de pouvoirs
désigné par chacune des sociétés constituant un groupement d'entreprises à l'occasion de l'attribution d'un marché engagent la responsabilité
pénale de la seule personne morale, membre du groupement, qui est l'employeur de la victime » (Cass. crim., 13 oct. 2009, n° 09-80.857 :
JurisData n° 2009-049884 ; Bull. crim. n° 169 ; AJP 2010 , p. 33, note J. Lasserre Capdeville ; D. 2010, p. 557, note J.-Cl. Planque ; Dr. pén.
2009, comm. 154 , obs. M. Véron ; JCP E 2010, 1193, note J.-H. Robert ; Rev. sociétés 2010, p. 53, obs. H. Matsopoulou).

La question n'en demeure pas moins controversée, controverse qui impose de faire état des arguments en faveur et
en défaveur de l'assimilation des qualités de délégataire et de représentant.

Note de la rédaction – Mise à jour du 14/08/2021

35 . - Qualité de représentant du salarié investi d’une délégation de pouvoirs de fait

Pour déclarer la société prévenue coupable d'entrave à l'exercice régulier des fonctions d'un délégué du personnel,
l'arrêt relève que les faits ont été commis pour le compte de la société par l'un de ses représentants, identifié en la
personne de la directrice d'un magasin de la société, au sujet de laquelle il n'a pas été soutenu qu'elle ne pouvait pas
engager la responsabilité de la société pour ne pas être titulaire d'une délégation de pouvoir aux fins d'assurer la
gestion du magasin dont elle avait la charge. Les juges ajoutent que les agissements de cette directrice ne résultent
pas de sa seule volonté, mais de celle de la direction générale de la société dans le but d'évincer le délégué du
personnel. Cette décision est justifiée dès lors que la cour d'appel a relevé une faute d'un représentant de la société,
en la personne de la directrice du magasin, laquelle, investie des pouvoirs correspondants et des moyens de leur
mise en œuvre, ce dont il se déduit une délégation de pouvoirs de fait, a agi pour le compte de la société et ainsi

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engagé la responsabilité pénale de la personne morale au sens de l'article 121-2 du Code pénal(Cass. crim., 27 févr.
2018, n° 17-81.457 : JurisData n° 2018-002718 ; Dr. pén. 2018, comm. 76, P. Conte et Dr. pén. 2018, comm. 87, J.-
H. Robert ; Dr. pén. 2020, comm. 74, P. Conte).

Qualité de représentant de la personne disposant d’une délégation de fait

Est justifiée la décision de condamnation d’une société du chef de blessures involontaires, dont il se déduit que le
directeur de l’usine au sein de laquelle l’accident est survenu disposait d'une délégation de fait de la société de sorte
qu'il en était son représentant (Cass. crim., 7 janv. 2020, n° 18-87.027 : JurisData n° 2020-000177).

Délégation de pouvoirs de fait à un salarié

Pour déclarer une société coupable de blessures involontaires et mise en danger d’autrui, l’arrêt énonce qu’un salarié
de cette société a été désigné comme coordonnateur par la convention de mission de coordination en matière de
sécurité signée avec le maître d’ouvrage. Les juges ajoutent qu’il jouissait de la formation et de la qualification
nécessaires et avait reçu de son employeur les pouvoirs et les moyens pour accomplir sa mission, de sorte qu’il
disposait de fait d’une délégation de pouvoirs. Il se déduit de ces énonciations que ce salarié avait la qualité de
représentant de la société prévenue, au sens de l’article 121-2 du Code pénal dès lors que, si, pour être valide, une
délégation de pouvoirs exige que le salarié ait la compétence nécessaire pour exercer les pouvoirs délégués par le
chef d’entreprise, il importe peu que cette compétence soit dévolue au coordonnateur, en vertu de la loi, comme en
l’espèce (Cass. crim., 1er sept. 2020, n° 19-85.332 : JurisData n° 2020-012606).

36. – Premier argument en faveur de l'assimilation : autonomie du droit pénal – La notion de représentation et
la notion de délégation de pouvoir paraissent a priori difficilement compatibles, la chambre criminelle de la Cour de
cassation ayant énoncé que la délégation de pouvoir ne pouvait être considérée comme une convention autonome
mais s'analysait comme une modalité de l'exécution du contrat de travail qui n'emportait pas représentation (Cass.
crim., 21 déc. 1982 : Juri-soc. mars 1983, n° 56, F. 23). De cet arrêt, l'on a parfois déduit l'impossibilité d'accorder la
qualité de représentant au délégataire alors qu'il ne possédait d'autre portée que de déterminer les règles de preuve
applicables à la délégation de pouvoir.Aussi, avec prudence, la doctrine a-t-elle proposé d'opérer une distinction
selon que la délégation de pouvoir relève du domaine de la gestion administrative ou relève du domaine de la gestion
technique. Dans le cadre de la première, M. Coeuret a proposé de considérer que « dans la mesure où l'auteur des
faits apparaît comme le mandataire de la personne morale employeur, rien n'interdit, semble-t-il, d'engager par
“ricochet” la responsabilité pénale de celle-ci » (V. A. Coeuret, La responsabilité en droit pénal du travail : continuité
et rupture : RSC 1992, p. 475, spéc. p. 490) . En revanche, « les infractions commises par un délégataire dans la
dimension technique de la gestion amènent à faire un constat tout autre car s'il y a représentation c'est alors
seulement dans les rapports du chef d'entreprise et du proposé, nullement dans les rapports de celui-ci avec
l'employeur » (V. A Coeuret, préc., p. 491).La distinction proposée n'étant pas toujours évidente à opérer, il est
nécessaire d'aller plus loin dans le raisonnement et, toujours à la suite de M. Coeuret, d'admettre l'autonomie de la
notion de représentant au sens du Droit pénal par rapport au Droit civil afin de soutenir que la notion de représentation
ne doit pas être limitée à l'accomplissement d'actes juridiques pour autrui mais doit au contraire englober les « divers
comportements fonctionnels pour lesquels le délégataire a pris la place du chef d'entreprise » (V. A. Coeuret, La
nouvelle donne en matière de responsabilité : Dr. soc. 1994, p. 627, spéc. p. 634 ; Rapp. M. Favero, Responsabilité
pénale des personnes morales et responsabilité des dirigeants : responsabilité alternative ou cumulative ? : Petites
affiches , 8 déc. 1995, p. 15 , spéc. p. 18).

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37. – Second argument en faveur de l'assimilation : le risque de fraude – En faveur de l'assimilation des qualités
de délégataire et de représentant, l'on ne peut manquer de souligner les conséquences néfastes d'une solution
contraire qui aboutirait non seulement à restreindre de manière très certainement excessive le domaine d'application
de la responsabilité pénale des personnes morales (V. G. Roujou de Boubée, B. Bouloc, J. Francillon et Y. Mayaud,
cité n° 12, p. 21) mais également et surtout qui peut légitimement faire craindre que « la pratique des entreprises
multiplie artificiellement les délégations de pouvoirs dans l'avenir à seule fin de faire obstacle ainsi à la responsabilité
pénale de la personne morale » (V. G. Couturier, Répartition des responsabilités entre personnes morales et
personnes physiques : Rev. sociétés 1993, p. 307 spéc. p. 314). Et, ainsi que l'observe M. Coeuret, « même si le
contrôle a posteriori du juge permet de ne retenir que les délégations authentiques, il n'est pas exclu d'en arriver à
une situation assez paradoxale dans laquelle ce sont principalement des salariés qui assumeront les conséquences
pénales de la violation d'obligations mises par la loi à la charge d'employeur » (V. A. Coeuret, cité n° 35, p. 634).De
ces considérations pratiques, outre le danger supplémentaire qui consisterait à réanimer le « syndrome du lampiste »
(V. J. Mouly, La responsabilité pénale des personnes morales et le droit du travail : Petites affiches 6 oct. 1993, p. 33,
spécialement p. 38), il semble opportun de déduire qu'il n'est guère raisonnable de prendre le risque de transformer
la délégation de pouvoir, véritable instrument de prévention des actes délictueux au sein de l'entreprise (V. M. Puech,
L'identification du responsable : nouveaux problèmes : Dr. soc. 1984, p. 493 spécialement p. 494) en un instrument
de fraude destiné, en présence d'infractions imputables à une personne morale, à éluder les dispositions de
l'article 121-2 du Code pénal(V. M. Segonds, La délinquance du salarié et ses incidences sur la relation de travail :
thèse, Toulouse, 1998, p. 104).

38. – Arguments défavorables à l'assimilation – Il est indéniable que l'assimilation des qualités de délégataire et
de représentant complexifie un mécanisme de responsabilité dont le degré d'abstraction est fortement élevé. Ainsi
que l'on a pu l'observer, reconnaître la qualité de représentant à un salarié investi d'une délégation de pouvoir
« implique une représentation à double ou à triple détente allant de la personne morale à son organe ou représentant
puis de l'organe ou représentant au délégué sans compter avec l'éventualité de subdélégations du délégué à un
certain nombre de personnes, chargées de mission dans certains secteurs particuliers » (V. M.-É. Cartier, cité n° 24,
p. 34). Plus fondamentalement, la doctrine a fait observer que « la délégation est un moyen de structurer les
entreprises et donc de mieux assurer, en leur sein, le respect des lois » pour en déduire que les groupements bien
organisés par le moyen de délégations engendrent moins de dangers que les autres, et ne méritent donc pas d'être
la cible de la répression ; elles doivent être traitées comme le chef d'entreprise qui gagne son impunité en démontrant
l'excellence de l'organisation qu'il a mise en place faute de quoi, punies pour punies, elles ne feront aucun effort pour
mettre en place des structures propres à favoriser l'obéissance aux lois (V. J.-H. Robert, Droit pénal général, cité n° 3
et 24, p. 375). En outre, « si c'est bien l'organisation défectueuse qu'on doit punir, la cause en est dans l'incurie des
organes supérieurs de la personne morale, et non dans l'action de ces subalternes que sont les délégués, dépourvus
de toute compétence pour structurer le groupement » (V. J.-H. Robert, ibid. ; du même auteur, Les préposés
délégués sont-ils les représentants de la personne morale ? : ibid.) .Ces arguments peuvent ne pas tous convaincre.
Pour celui qui consiste à faire valoir que les personnes morales doivent être traitées comme les chefs d'entreprise et
leur permettre ainsi de gagner l'impunité, il semble bien qu'il « opère une confusion de situation qu'il faut au contraire
distinguer » (V. J.-Ch. Saint Pau, cité supra n° 2 , p. 99, n° 158). En effet, « alors que la délégation est un transfert
de responsabilité pour la personne physique, ce qui justifie son exonération, elle n'est qu'un transfert de
représentation pour la personne morale qui continue naturellement d'être responsable de son fait personnel par
représentation » (V. J.-Ch. Saint-Pau, ibid.). Quant à l'argument qui consiste à faire valoir le découragement inhérent
à cette pénalisation, « il ne semble pas prendre en considération l'intérêt de la délégation pour les personnes
physiques composant l'organe qui, grâce à cet acte, seront exonérées de toute responsabilité » (V. J.-Ch. Saint-Pau,
ibid.).

Attention : La chambre criminelle de la Cour de cassation retient une définition large de la délégation de pouvoirs, cette dernière pouvant être
prise en compte par les juges du fond, qu’elle soit « de droit ou de fait » (Cass. crim., 17 oct. 2017, n° 16-80.821 : JurisData n° 2017-020397 :
Dr. pén. 2017, comm. 176, note Ph. Conte. – Adde Cass. crim., 30 mars 2016, n° 14-84.994 : JurisData n° 2016-005803 . – Cass. crim., 28 févr.

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2017, n° 15-87.378 : JurisData n°2017-003357).ou, toujours selon la chambre criminelle de la Cour de cassation « quelle qu’en soit la forme »
(Cass. crim., 17 oct. 2017, n° 16-87.249 : JurisData n° 2017-020387 : Dr. pén. 2017, comm. 178, obs. Ph. Conte).

Quant à la référence à la délégation de pouvoirs « de droit ou de fait » : l’expression appelle à la circonspection puisque la chambre criminelle
semble révéler une largeur d’esprit inédite lorsque la délégation de pouvoirs sert l’attribution de la responsabilité pénale… à l’inverse de l’esprit
qui est le sien lorsque la délégation de pouvoirs est invoquée comme mode d’exonération de responsabilité pénale… en ne laissant guère de
place aux délégations de pouvoirs implicites (V. B. de Lamy et M. Segonds, La délégation de pouvoirs du chef d'entreprise : principes et actualité :
Dr. pén. 2010, dossier 6 , n° 19).

Quant à l’indifférence de forme de la délégation de pouvoirs : la précision ne peut qu’étonner puisque la délégation de pouvoirs ne possède pas
de condition de forme exigée ad validitatem et encore moins ad probationem, sa preuve pouvant en être juridiquement rapportée par tout moyen.

Note de la rédaction – Mise à jour du 14/08/2021

38-1 . - Constitutionnalité de l’impossibilité pour les personnes morales de déléguer leur responsabilité
pénale
Il n’y a pas lieu de renvoyer au Conseil constitutionnel une question prioritaire de constitutionnalité relative aux articles
L. 4741-1 du Code du travail et 121-2 du Code pénal en ce qu’elles rendent l’employeur pénalement responsable,
lorsqu’il s’agit d’une personne morale, des infractions à la sécurité des travailleurs commises par un préposé titulaire
d’une délégation de pouvoirs en matière de sécurité cependant que l’existence d’une telle délégation de pouvoirs,
lorsque l’employeur est une personne physique, a pour effet d’exonérer ce dernier de la responsabilité pénale
encourue à raison des mêmes infractions. En effet, d’une part, la responsabilité pénale des personnes morales ne
peut être engagée que du seul fait d'infractions commises, pour leur compte, par leurs organes ou représentants.

D’autre part, en application de l’article L. 4741-1 du Code du travail, la responsabilité pénale du délégataire, personne
physique pourvue de la compétence, de l'autorité et des moyens nécessaires, n’est engagée que par sa seule faute
personnelle. Ainsi la différence de situation entre les personnes physiques et les personnes morales, qui résulte, par
la combinaison des textes contestés, de l’impossibilité où celles-ci se trouvent de déléguer leur responsabilité pénale,
en ce qu’elle permet d’assurer la répression effective des fautes commises tant par les personnes physiques que par
les personnes morales, est en rapport direct avec l’objet des lois qui l’établit (Cass. crim., 4 sept. 2018, n° 18-80.942 :
JurisData n° 2018-016883).

B. - Imputation de l'infraction à la personne morale

39. – Notion d'imputation – Imputer signifie « mettre sur le compte de ». Imputer une infraction à quelqu'un, c'est
pouvoir la lui reprocher ; il s'agit donc d'établir un lien entre un acte et son auteur, ou entre une omission et celui qui
aurait dû agir. L'imputation devient une opération délicate lorsqu'il s'agit d'une personne morale qui, dénuée de corps,
n'a pu matériellement commettre elle-même l'acte incriminé, objet des poursuites.L'article 121-2 du Code pénal
donne une indication un peu vague, dans tous les cas, insuffisante pour apporter une réponse à toutes les
incertitudes. Selon ce texte, l'infraction doit avoir été commise pour le compte de la personne morale, par ses organes
ou représentants.Que l'infraction soit commise pour le compte de la personne morale signifie que l'acte interdit par
la loi pénale doit avoir été accompli dans le cadre de l'activité de la personne morale. Pour M. Robert, le texte doit
être lu « comme désignant les infractions commises à l'occasion d'activités destinées à assurer l'organisation et le
fonctionnement de la personne morale, en tirant un parallèle avec la faute dite de service du fonctionnaire, selon le
droit administratif » (J.-H. Robert, Droit pénal général : PUF, coll. Thémis, 6e éd. 2005, p. 385) ; d'autres auteurs
écrivent que l'expression « pour le compte" doit être entendu au sens le plus large, "c'est-à-dire dans l'exercice
d'activités ayant pour objet d'assurer l'organisation, le fonctionnement ou les objectifs du groupement doté de la
personnalité morale, et ce, même si la personne morale n'y a trouvé aucun intérêt, même s'il n'en est résulté pour
elle aucun profit" (F. Desportes et F. Le Gunehec, préc., p. 588, n° 612).

Exemple

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Un pourvoi formé contre un arrêt d'appel invoque que la condamnation d'une société a été prononcée sans qu'il soit constaté que le délit de
blessures involontaires ait été commis pour le compte de la personne morale.
La chambre criminelle rejette le pourvoi en expliquant : « Attendu que, pour déclarer la société Rev immobilier responsable pénalement des délits
de blessures involontaires et d'infraction à la réglementation sur la sécurité des travailleurs, les juges retiennent que Fabrice et Jean X...,
représentants de cette société en leur qualité de gérant de droit pour le premier et de gérant de fait pour le second, ont, en violation de dispositions
réglementaires qu'ils énumèrent, laissé travailler un salarié à une distance de moins de trois mètres d'une ligne électrique de 15 000 volts et ont
ainsi involontairement causé à la victime des blessures ayant entraîné une incapacité totale de travail de plus de trois mois ;

Attendu qu'en l'état de ces énonciations, d'où il se déduit que les représentants de la personne morale agissaient pour le compte de celle-ci, la
cour d'appel a justifié sa décision » (Cass. crim., 13 avr. 2010, n° 09-86.429 : JurisData n° 2010-006671 . – Rapp. CA Douai, 6 mars 2008 : Gaz.
Pal. 7 juin 2008, n° 159, obs. D. Viriot-Barrial).

Cette analyse est confortée par le fait que l' article 121-2 du Code pénal indique que l'infraction doit avoir été commise
par un organe ou représentant, autrement dit par des personnes qui n'agissent pas en tant que particulier mais dans
les fonctions qu'ils occupent au sein de la personne morale. Quel serait alors l'incidence d'un excès de pouvoir de
l'organe ou du représentant sur la responsabilité pénale de l'être désincarné ? N'y aurait-il pas là une situation
comparable pour elle à un cas de contrainte ? De ces questions, l'on rapprochera l'arrêt du 29 janvier 2008 par lequel
la chambre criminelle de la Cour de cassation a approuvé les juges du fond d'avoir prononcé la relaxe de la personne
morale poursuivie du chef de discrimination aux motifs, non seulement que l'auteur du délit, salarié de la personne
morale, était dépourvu de délégation de pouvoirs (V. n° 29 ), mais également – et surtout – que le salarié considéré
avait agi « de sa propre initiative, sans en référer à sa hiérarchie » (Cass. crim., 29 janv. 2008, n° 07-80.264 :
JurisData n° 2008-042903. – Adde Cass. crim., 7 mars 2017, n° 16-81.346 : JurisData n° 2017-003913, les juges
du fond prennent soin de mettre en exergue que les manquements reprochés l’ont été « dans le cadre de sa fonction
d’organe de la personne morale » ).

Note de la rédaction – Mise à jour du 14/08/2021

39 . - Imputation à la société des infractions commises, pour le compte de celle-ci, par son PDG

Pour déclarer une société coupable d'usage de fausses factures et de complicité de travail dissimulé, l'arrêt énonce
que la société, équipementier sportif, de concert avec une autre, gérant un club de football, a fait prendre en charge
par l'équipementier, sous couvert de contrats de droit à l'image, une partie des salaires dus aux joueurs par le club
de football, venant en déduction du contrat de partenariat liant les parties, et prévu, en cas de dépassement,
l'émission de pénalités imputées au club pour le non-port des chaussures de la société par des joueurs, les
conventions ainsi conclues, dissimulant la volonté réelle des prévenus, ainsi que les versements de droits à l'image
et l'acceptation et le paiement des factures de pénalités constituant des faux et des usages de faux au sens de
l'article 441-1 du Code pénal. Après avoir constaté que le PDG, organe et représentant au sens de la loi, de la société,
avait été définitivement relaxé pour les faits de faux et usage concernant les contrats d'image individuelle, et déclaré
coupable pour le surplus, c'est à dire pour les faits d'usage de faux concernant les factures de pénalités et pour les
faits de complicité de travail dissimulé, la cour d'appel retient que la société sera relaxée et déclarée coupable dans
cette même mesure. Cette décision est justifiée dès lors que, en favorisant la marque de la société, les infractions
commises par son président directeur général ont nécessairement été commises pour le compte de celle-ci. La cour
d'appel n'avait pas à se prononcer à nouveau sur la culpabilité du PDG, définitivement condamné (Cass. crim., 5 avr.
2018, n° 15-86.574 : JurisData n° 2018-005161 ; Dr. pén. 2018, comm. 104, P. Conte).

Condamnation de sociétés du chef de complicité de fraude fiscale commise par leur organe ou
représentant

Pour confirmer la déclaration de culpabilité de sociétés civiles immobilières pour complicité de fraude fiscale par
organisation d’insolvabilité et blanchiment, l'arrêt énonce que chaque SCI a acquis auprès de sa représentante un

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immeuble au moyen d'un prêt supporté, in fine, par la vendeuse et prévoyant une hypothèque de la banque prêteuse,
ainsi qu’un nantissement de la banque sur le prix de vente, opération ayant pour objet et pour effet de rendre
inefficace toute action de l’administration fiscale sur le patrimoine de la représentante, et qu’elles ont versé le produit
du prix des ventes sur un compte détenu en Suisse par cette dernière alors fictivement domiciliée dans ce pays.
Cette décision est justifiée dès lors que la représentante légale des sociétés a agi pour le compte de celles-ci, qui
sont devenues propriétaires chacune d’un bien immobilier, le fait que la représentante ait agi dans son propre intérêt
n’étant pas de nature à exclure qu’elle l’ait fait également pour le compte des personnes morales (Cass. crim.,
29 janv. 2020, n° 17-83.577 : JurisData n° 2020-000933 ; Dr. pén. 2020, comm. 73, P. Conte ; Lexbase pénal, mars
2020, obs. J.-Y. Maréchal).

40. – Infraction commise par un organe ou représentant – Le fait que l'infraction doive être commise par un
organe ou représentant suscite davantage d'interrogations.La jurisprudence est ici particulièrement évolutive sans
doute hésitante face à ce nouveau cas de responsabilité. Comment mettre en effet en œuvre à l’égard d’un être
abstrait une responsabilité pénale historiquement, philosophiquement et techniquement conçue pour les seules
personnes physiques ? La question est d’autant plus complexe que cet être abstrait ne prend vie qu’à travers les
actions des personnes physiques qui le dirigent et le représentent. On ne saurait donc en vouloir à la chambre
criminelle d’hésiter sur l’interprétation d’un texte apparemment simple dont les hypothèses d’application, très
diverses, n’avaient pas été envisagées ; après une application stricte du texte, les juges se sont affranchis de la lettre
de l’article 121-2 du Code pénal, afin de faciliter la répression, avant de revenir à une interprétation plus orthodoxe
tout en passant par certaines nuances.La Cour de cassation a, tout d'abord, considéré que les éléments matériels
mais également psychologique de l'infraction doivent être caractérisés à propos de la personne physique, pour que
l'infraction puisse être reprochée à une personne morale. A ainsi été censuré un arrêt d'appel ayant condamné une
société anonyme pour avoir fait usage de fausses attestations en expliquant que cette société ne pouvait ignorer
qu'elles comportaient des affirmations inexactes, alors « qu'il lui appartenait de rechercher si le directeur général de
la société, organe de la personne morale avait eu personnellement connaissance de l'inexactitude des faits relatés
dans les attestations et si l'élément intentionnel du délit était ainsi caractérisé » (Cass. crim., 2 déc. 1997, n° 96-
85.484 : JurisData n° 1997-005349 ; D. 1999, somm. p. 152, note G. Roujou de Boubée ; JCP G 1998, II, 10023,
rapp. F. Desportes ; JCP E 1998 , p. 949, note Ph. Salvage) . Cette solution a été également affirmée pour les
infractions non intentionnelles (Cass. crim., 18 janv. 2000, n° 99-80.318 : JurisData n° 2000-000995 ; D. 2000,
jurispr. p. 636, note J.-Ch. Saint-Pau ; JCP G 2000, II, 10395,note F. Debove. – Cass. crim., 1er déc. 1998 :
D. 2000, jurispr. p. 34, note M.-A. Houtmann) . L'agissement de l'organe ou du représentant permet de déterminer
si l'infraction imputée à la personne morale est consommée ou tentée. On assimile le fait de l'organe ou du
représentant au fait personnel de la personne morale. Cette dernière est incarnée par l'organe ou le représentant. Le
principe de personnalité de la responsabilité serait alors respecté grâce à la fiction de la représentation (V. notamment
les explications de J.-Ch. Saint-Pau, La responsabilité pénale des personnes morales : réalité et fiction, in Le risque
pénal dans l'entreprise : Litec, Carré Droit, 2003, p. 71, spécialement p. 83). La Cour de cassation expose clairement
le principe : « Qu'en l'état de ces seules énonciations d'où il résulte que l'infraction reprochée, caractérisée en tous
ces éléments, tant matériels qu'intentionnel, a été commise, pour le compte de la société, par ses organes, la cour
d'appel a justifié sa décision » (Cass. crim., 24 mai 2000, n° 99-83.414 : Bull. crim. n° 203).Et elle censure, par
conséquent, les décisions dans lesquelles les juges du fond se sont abstenus de rechercher si les manquements
imputés à la personne morale avaient bien été commis par un organe ou un représentant (Cass. crim., 2 nov. 2005,
n° 05-80.085 : JurisData n° 2005-031101).L'admission de ce système de responsabilité doit-elle conduire à
considérer qu'une cause de non-responsabilité applicable à une personne physique, organe ou représentant, doit
également bénéficier à la personne morale ? La réponse paraît pouvoir être affirmative lorsqu'il s'agit d'un fait
justificatif faisant disparaître la coloration pénale de l'agissement, quelle que soit la personne à qui on voudrait
l'imputer ; quant aux causes de non-imputabilité profitant à une personne physique, il n'est pas certain qu'elles fassent
obstacle à la condamnation de la personne morale (J.-H. Robert, Droit pénal général : PUF, coll. Thémis, 6e éd.
2005, p. 383).

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41. – Non-identification d'une personne physique – Il convient de bien interpréter l'article 121-2 du Code pénal
en ce qu'il indique que l'infraction doit avoir été commise par un organe ou un représentant, sans exiger que celui-ci
soit condamné. Dès lors, la chambre criminelle commence par assouplir sa position : une personne morale peut être
condamnée alors même qu'une personne physique, représentante ou membre d'un organe, n'est pas identifiée à
condition que les circonstances de l'infraction démontrent que les faits ont été accomplis par une telle personne
(Cass. crim., 1er déc. 1998 : D. 2000, jurispr. p. 34, M.-A. Houtmann. – Cass. crim., 21 mars 2000, n° 98-84.714 :
JurisData n° 2000-001821 ; Bull. crim. n° 128 ; Dr. pén. 2000, comm. 131 , obs. J.-H. Robert. – Cass. crim., 24 mai
2000, préc. n° 40 ).

42. – Non-condamnation d'une personne physique – Deux hypothèses sont à rapprocher du cas précédent.Tout
d'abord, la loi n° 2000-647 du 10 juillet 2000 modifiant la faute pénale d'imprudence complique l'analyse (C. pén.,
art 121-3, al. 4). Il est désormais prévu que lorsque le lien de causalité est indirect, la faute doit présenter une certaine
gravité pour engager la responsabilité pénale. Mais cette restriction ne concerne que les seules personnes physiques,
ce qui signifie que dans l'hypothèse où une faute simple cause indirectement un dommage, seule la responsabilité
pénale d'une personne morale pourra être recherchée. Il convient, cependant, que les juges constatent qu'une
imprudence simple a été commise par un organe ou un représentant (J.-H. Robert, Droit pénal général : PUF, coll.
Thémis, 6e éd. 2005, p. 378. – F. Desportes et F. Le Gunehec, préc., p. 581, n° 604-4).La chambre criminelle a
appliqué ces nouvelles dispositions pour expliquer « qu'il résulte des articles 121-2, 121-3 et 222-19 du Code pénal,
tant dans leur rédaction antérieure à la loi n° 2000-647 du 10 juillet 2000 que dans celle issue de cette loi, que les
personnes morales sont responsables pénalement de toute faute non intentionnelle de leurs organes ou
représentants ayant entraîné une atteinte à l'intégrité physique constitutive du délit de blessures involontaires, alors
même qu'en l'absence de faute délibérée ou caractérisée au sens de l'article 121-3, alinéa 4, nouveau, du Code
pénal, la responsabilité pénale des personnes physiques ne pourrait être recherchée » (Cass. crim., 24 oct. 2000,
n° 00-80.378 : JurisData n° 2000-007078 ; Bull. crim. n° 308 ; JCP G 2001, II, 10535, note M. Daury-Fauveau ;
RSC 2001, p. 371, note B. Bouloc ; RSC 2001, p. 162,note Y. Mayaud. – Autres exemples : Cass. crim., 4 déc. 2007,
n° 07-81.072 : JurisData n° 2007-042285 . – Cass. crim., 28 avr. 2009, n° 08-83.843 : JurisData n° 2009-048213 ;
Bull. crim. n° 80 ; Dr. pén. 2009, chron. 9, Un an de droit pénal du travail, n° 2, note M. Segonds ; JCP G 2009, 45,
402, note J.-Y. Maréchal ; JCP S 2009, n° 38, 1413, note Th. Tauran. – Cass. crim., 2 oct. 2012, n° 11-85.032 :
JurisData n° 2012-024383 ; JCP S 2012, 1546, note A. Coeuret. – Adde Cass. crim., 8 janv. 2013, n° 12-81.102 :
JurisData n° 2013-002101 ; Dr. pén. 2013, comm. 55, note M. Véron). Pareille solution tend à conférer une
autonomie à la responsabilité pénale des personnes morales vis-à-vis de celle des personnes physiques (sur la
constitutionnalité de ce dispositif V. n° 4 ).Ensuite, lorsque l'infraction résulte d'une décision collective (V. JCl. Pénal
des Affaires, V° Notions fondamentales, Fasc. 5, Responsabilité pénale), la responsabilité de la personne morale
peut être engagée sans que puissent être condamnées les personnes physiques siégeant au sein de l'organe ayant
adopté la décision litigieuse.

Note de la rédaction – Mise à jour du 14/08/2021

42 . - Condamnation d’une société en raison de la faute commise par ses dirigeants ayant bénéficié d’un
non-lieu

Une explosion s’est produite dans un conteneur métallique où étaient entreposés des rouleaux de mousses
d’étanchéité en polyéthylène acquis auprès d'une société. La victime, qui utilisait ce matériau comme isolant dans le
cadre de son entreprise de pose de carrelage et qui était en train d’aménager une grille d’aération dans la porte du
conteneur à l’aide d’une meuleuse électrique, a été tuée sur le coup. Est justifiée la décision de condamnation de la
société fournisseur du matériau dès lors que, d’une part, la cour d’appel a établi l'abstention fautive commise par les
organes ou représentants de la personne morale poursuivie, en la personne de ses dirigeants agissant pour son
compte. D'autre part, le non-lieu définitif dont ont bénéficié ces dirigeants faute qu’ait pu être retenue à leur encontre,
en tant que personnes physiques, une faute qualifiée au sens du troisième alinéa de l’article 121-3 du Code pénal
ne fait pas obstacle à ce que soit imputée à la personne morale, à raison de leur abstention, une faute d’imprudence

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ou de négligence au sens du deuxième alinéa dudit article (Cass. crim., 14 janv. 2020, n° 19-81.162 : JurisData
n° 2020-000430).

43. – Inutilité d'une faute distincte – L'autonomie précédemment relevée ne saurait permettre de conclure que la
responsabilité de la personne morale exige une faute distincte de celle commise par son organe ou son représentant.
La Cour de cassation exprime clairement cette position dans un arrêt du 26 juin 2001 : « Que, par ailleurs, dans les
cas prévus par la loi, la faute pénale de l'organe ou du représentant suffit, lorsqu'elle est commise pour le compte de
la personne morale, à engager la responsabilité pénale de celle-ci, sans que doive être établie une faute distincte à
la charge de la personne morale » (Cass. crim., 26 juin 2001, n° 00-83.466 : JurisData n° 2001-013945 ; Bull. crim.
n° 161. – Également : Cass. crim., 23 févr. 2010, n° 09-81.819 : JurisData n° 2010-002022 ; Dr. pén. 2010, comm.
73, obs. J.-H. Robert ; Contrats, conc. consom. 2010, comm. 193, obs. G. Raymond).

44. – Présomption d'imputation – En 2006, la chambre criminelle de la Cour de cassation inaugure une nouvelle
jurisprudence qui modifie profondément la conception de la responsabilité pénale des personnes morales voulue par
le législateur. Ces arrêts « ouvrent la voie à une conception anthropomorphique de la responsabilité pénale des
personnes morales » (P. Morvan, La personne morale maltraitée par le droit pénal, in Code pénal et Code
d'instruction criminelle, Livre du Bicentenaire : Dalloz, 2010, p. 171, et spéc. p. 178) .Alors qu'il est reproché à une
cour d'appel d'avoir condamné une société en matière d'homicide involontaire sans rechercher l'organe ou le
représentant qui aurait réalisé la faute susceptible de déclencher la responsabilité pénale, la haute juridiction répond :
« la demanderesse ne saurait se faire un grief de ce que les juges du fond l'aient déclarée coupable du délit
d'homicide involontaire sans préciser l'identité de l'auteur des manquements constitutifs du délit, dès lors que cette
infraction n'a pu être commise, pour le compte de la société, que par ses organes ou représentants » (Cass. crim.,
20 juin 2006, n° 05-85.255 : JurisData n° 2006-034397 ; Bull. crim. n° 188 ; D. 2007, p. 617, note J.-C. Saint-Pau ;
D. 2007, pan. p. 402, G. Roujou de Boubée ; D. 2007, pan. p. 1624, note C. Mascala ; AJP 2006, p. 405 , note
P. Remilleux ; JCP G 2006, II, 10199, note E. Dreyer ; Rev. pénit. 2007, p. 407, note B. de Lamy ; Dr. pén. 2006,
comm. 128 , obs. M. Véron ; RSC 2006, p. 825, note Y. Mayaud ; Rev. sociétés 2006, p. 895, note B. Bouloc). La
portée de cet arrêt restait à préciser, d'autant qu'un mois auparavant la même juridiction avait affirmé, dans un arrêt
de cassation, « Vu l'article 121-2 du Code pénal ; Attendu qu'il résulte de ce texte que les personnes morales ne
peuvent être déclarées responsables que s'il est établi qu'une infraction a été commise, pour leur compte, par leurs
organes ou représentants » (Cass. crim., 23 mai 2006, n° 05-84.846 : JurisData n° 2006-034341 ; Dr. pén. 2006,
comm. 128, obs. M. Véron ; Rev. pénit. 2007, p. 407, note B. de Lamy). Mais la solution, posée par l'arrêt du 20 juin
2006, est clairement reprise dans un arrêt en date du 26 juin 2007 (Cass crim., 26 juin 2007, n° 06-84.821 : JurisData
n° 2007-040305 ; Bull. crim. n° 169 ; Dr. pén. 2007, comm. 135 , obs. M. Véron). Cet arrêt, rendu à propos d'une
condamnation pour blessures involontaires, sans préciser l'identité de l'auteur des imprudences et négligences
constitutives du délit, affirme à nouveau que « cette infraction n'a pu être commise, pour le compte de la personne
morale, que par ses organes et représentants ». La chambre criminelle crée ainsi une présomption d'imputation qui
peut se marier assez aisément avec une faute d'imprudence puisque, finalement, une insuffisance ou un
manquement à l'origine d'un homicide ou de blessures, dans une entreprise, peuvent effectivement être reprochés à
un organe ou un représentant. Plus précisément, Mme Fortis (obs. ss Cass. crim., 1er avr. 2008 et 25 juin 2008 :
RSC 2009, p. 89 et spéc. p. 90) explique « (...) dans le cas de l'inobservation de règles de sécurité dans l'entreprise
causant un homicide ou des blessures, seul le chef d'entreprise ou son délégataire peut être poursuivi car l'imputation
de ces infractions est en quelque sorte prédéterminée par les textes eux-mêmes. En effet, les obligations de sécurité
prévues par le Code du travail à l'article L. 4741-1 ne pèsent que sur l'employeur ou son délégataire de pouvoirs, ce
que la chambre criminelle a elle-même rappelé (Cass. crim., 8 avr. 2008, n° 07-80.535 : JurisData n° 2008-043880 ;
Bull. crim. n° 96). Lorsque l'inobservation d'une telle règle est constatée, cette inobservation ne peut avoir été
commise que par un organe ou un représentant de la personne morale, ce qui entraîne la responsabilité pénale de
cette dernière ». Mais la solution de la chambre criminelle allait-elle être cantonnée aux infractions non intentionnelles
ou être généralisée et concerner alors les infractions réclamant un dol ? Ces dernières semblent, pourtant, impliquer

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que l'on identifie une personne physique pour vérifier son état d'esprit au moment de l'acte : son agissement doit
avoir été délibéré. Il ne s'agit plus ici d'accident, mais d'une volonté tournée vers un résultat comme cela est exigé
pour tous les crimes et pour les délits tant que le législateur ne les a pas expressément érigés en infraction par
imprudence. Dans un arrêt rendu le 1er avril 2008 (Cass. crim., 1er avr. 2008, n° 07-84.839 : JurisData n° 2008-
043861 ; Dr. pén. 2008, comm. 140, obs. M. Véron) relatif à une affaire d'abus de confiance, la chambre criminelle
censure la condamnation d'une société par les juges du fond parce que ceux-ci n'avaient pas recherché si le délit
avait été commis pour le compte de la personne morale par un de ses organes ou un de ses représentants.Mais, le
25 juin 2008 (Cass. crim., 25 juin 2008, n° 07-80.261 : JurisData n° 2008-044943 ; Bull. crim. n° 167 ; Dr. pén. 2008,
comm. 140 , obs. M. Véron ; Lamy Concurrence 2009, n° 18, p. 62, obs. B. Bouloc ; Rev. sociétés 2008, p. 873, note
H. Matsopoulou), la chambre criminelle franchit le pas en admettant l'application des délits de faux et de complicité
de faux à des sociétés ayant participé à des montages financiers visant à constituer des marges arrières, alors que
les personnes physiques n'avaient pas été identifiées. La Cour de cassation explique que « les infractions retenues
s'inscrivent dans le cadre de la politique commerciale des sociétés en cause et ne peuvent, dès lors, avoir été
commises, pour le compte des sociétés, que par leurs organes ou représentants ». Dans cet arrêt, le fait que les
infractions soient réalisées dans le cadre de la politique commerciale de la société justifie que soit présumée leur
commission par un organe ou à un représentant.Pour autant que cette solution soit compréhensible, elle n'est pas
pleinement satisfaisante.Que faut-il entendre, en effet, par « politique commerciale » ? Existent-t-il d'autres
hypothèses dans lesquelles la présomption peut également s'appliquer en matière d'infraction intentionnelle ? Cette
jurisprudence malmène doublement le principe de la légalité criminelle : tout d'abord, en effaçant une condition
essentielle de l'article 121-2 du Code pénal qui prévoit expressément que l'infraction doit être commise par les
organes ou les représentants de la personne morale ; ensuite, en faisant peu de cas de l'article 121-3 du Code pénal
qui expose que les crimes et les délits – sauf, pour ces derniers, exception prévue par la loi – sont intentionnels, ce
qui implique bien de se reporter à l'état d'esprit d'une personne physique, ayant la qualité requise (V. les critiques
de L. Saenko, De l'imputation par amputation ou le mode allégé d'engagement de la responsabilité pénale des
personnes morales : Dr. pén. 2009, étude 14). La non-conformité de cette solution à l'article 8 de la Déclaration des
droits de l'homme et du citoyen, garantissant le principe légaliste, a été invoquée à l'occasion d'une question
prioritaire de constitutionnalité ; mais la Cour de cassation a considéré que cette argumentation revenait à discuter,
sur le terrain constitutionnel, l'interprétation de la loi faite par les juges, et non la loi elle-même, ce qui ne permet pas
de remplir les conditions prévues par l'article 61-1 de la Constitution relatif au contrôle de constitutionnalité a posteriori
(Cass. crim., 11 juin 2010, n° 09-87.884, 12074 : JurisData n° 2010-008735 ; V. n° 4 ).

45. – Imputation de l'infraction directement à la personne morale – Malgré les critiques, la chambre criminelle,
non seulement, maintient son cap (par exemple : Cass. crim., 1er sept. 2009, n° 08-88.309 : JurisData n° 2009-
050429, à propos du délit de marchandage – Cass. crim., 16 déc. 2009, n° 07-86.584 : JurisData n° 2009-051431, à
propos du délit de publicité trompeuse) mais elle va même plus loin, disant à propos d'une société condamnée sur le
fondement de l'article L. 121-1 du Code de la consommation, qu'il résulte des énonciations des juges du fond « que
la prévenue n'a pas veillé à la véracité du message publicitaire », la cour d'appel ayant relevé que les agissements
incriminés relevaient d'une politique commerciale voulue et organisée (Cass. crim., 24 mars 2009, n° 08-82.691 :
JurisData n° 2009-049707 ; Dr. pén. 2009, comm. 84, obs. J.-H. Robert). De la même manière, dans un arrêt du
1er décembre 2009 ( Cass. crim., 1er déc. 2009, n° 09-82.140 : JurisData n° 2009-050985 ; Dr. pén. 2010, comm.
74, obs. M. Véron ; D. 2010, p. 1663, note C. Mascala ; JCP G 2010, 25, 689, note J.-H. Robert), elle rejette un
pourvoi formé contre un arrêt ayant condamné une société pour tromperie à propos de boîtes de conserves de filets
de maquereaux alors que les premiers juges avaient conclu à la relaxe. Pour la haute juridiction, « Attendu que, pour
infirmer cette décision et retenir la prévenue dans les liens de la prévention, l'arrêt retient que la mise en vente de
boîtes de poissons dont le poids net à l'ouverture est inférieur de plus de 9 grammes à celui indiqué sur l'étiquette
constitue une tromperie sur la quantité de la marchandise vendue, ce que la prévenue ne pouvait ignorer compte
tenu de sa spécificité professionnelle ; Attendu qu'en cet état la cour d'appel, qui a caractérisé en tous ses éléments,
tant matériels qu'intentionnel, le délit de tromperie, a justifié sa décision, dès lors que, si l'arrêt ne précise pas son
identité, l'auteur du manquement à l'obligation de vérifier la conformité du produit mis en vente ne peut être qu'un

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organe ou un représentant de la société ». Il est remarquable de relever que les juges font peser sur la société, elle-
même, une présomption de mauvaise foi « compte tenu de sa spécificité professionnelle », raisonnant ainsi comme
elle le ferait à l'égard d'une personne physique. On voit donc, dans ces deux arrêts, que la chambre criminelle en
vient à traiter la personne morale comme une personne physique. Cette évolution jurisprudentielle n'est plus
simplement la création d'une présomption – dont on voit mal comment elle pourrait être renversée –, elle affecte plus
profondément le mécanisme de l'article 121-2 du Code pénal : puisqu'en gommant finalement cette condition
essentielle d'engagement de la responsabilité pénale des personnes morales, elle en modifie la nature.Faut-il alors
revoir la rédaction de l' article 121-2 du Code pénal pour en faire une responsabilité directe (V. J.-Y. Maréchal,
Plaidoyer pour une responsabilité pénale directe des personnes morales : JCP G 2009, 38, 249) ? Le législateur
donnerait ainsi raison à une jurisprudence qui s'est affranchie des textes pour pêcher par excès
d'anthropomorphisme.

46. – Retour à l’orthodoxie – Ces évolutions jurisprudentielles constituaient autant de déformations d’un texte qui
indique clairement que l’infraction doit être commise « par un organe ou représentant ». Cette condition essentielle
constitue le cœur du mécanisme posé par le législateur ; le juge ne pouvait continuer à l’éluder et à vider ainsi de
son exigence principale l’ article 121-2 du Code pénal . S’ajoute à cela l’incidence d’une conception élargie de la
responsabilité pénale sur la compétitivité des sociétés, notamment internationalement (V. E. Dreyer, Droit pénal
général : Lexisnexis, 4e éd, 2016, n° 1156).Un premier arrêt fait douter de la persistance des présomptions
jurisprudentielles. Un employé d’une société de travaux électrique, fait une chute mortel d’un pylône après avoir reçu
une forte décharge. Deux agents de la société EDF sont déclarés coupables d’homicide involontaire puisque, chargés
de procéder conjointement aux opérations préalables aux travaux, ils ne s’étaient pas assurés de la mise hors tension
du poteau électrique. La chambre criminelle censure l’arrêt d’appel confirmant le jugement de condamnation et qui
retenait « que l'infraction a été commise par MM. X... et Y..., qui, leur statut et leurs attributions étant clairement
définis, étaient les représentants de la société EDF « nonobstant l'absence formelle de délégation de pouvoirs ; ».
En effet, pour la haute juridiction « en prononçant ainsi, sans mieux s'expliquer sur l'existence effective d'une
délégation de pouvoirs ni sur le statut et les attributions des agents mis en cause propres à en faire des représentants
de la personne morale, au sens de l'article 121-2 du code pénal, la cour d'appel n'a pas justifié sa décision ; » (Cass
crim., 11 oct. 2011, n° 10-87.212 : JurisData n° 2011-021620 ; Bull. crim. n° 202 ; Gaz. Pal. 2012,1, 292, E. Dreyer ;
RSC 2011, p. 825, Y. Mayaud ; D. 2011, p. 2841, N. Rias ; JCP G 2011, 1, 1385, J.-H. Robert). Restait à déterminer
le sens et la portée de cet arrêt : s’agissait-il seulement d’identifier le délégataire de pouvoirs pour vérifier la réunion
des conditions de la délégation et par conséquent la validité de celle-ci sans laquelle la personne physique ne saurait
être assimilée à un représentant de la personne morale ? ou cet arrêt annonçait-il un véritable revirement marqué
par l’abandon des présomptions ?Un arrêt rendu le 11 avril 2012 montre la volonté de la chambre criminelle de ne
plus admettre les raccourcis empruntés par les juges du fond et à exiger d’eux une motivation démontrant que
l’infraction a bien été commise par une personne physique ayant la qualité d’organe ou de répresentant de la société.
Alors que les juges du fond, examinant des poursuites du chef de blessures involontaires et d’infractions à la sécurité
des travailleurs à la suite d’un accident du travail, considéraient « qu’à défaut d’avoir dispensé une formation pratique
et appropriée, la personne morale a créé la situation ayant permis la réalisation du dommage ou n’a pas pris les
mesures permettant de l’éviter », la chambre criminelle censura cette analyse. Pour les juges du droit « en prononçant
ainsi, sans mieux rechercher si les manquements relevés résultaient de l'abstention d'un des organes ou
représentants de la société Gauthey, et s'ils avaient été commis pour le compte de cette société, au sens de
l'article 121-2 du Code pénal, la cour d'appel n'a pas justifié sa décision » (Cass. crim., 11 avr. 2012, n° 10-
86.974 :JurisData n° 2012-007035 ; RSC 2012, p. 375, Y. Mayaud ; JCP G 2012, 740, note J.-H. Robert ; D. 2012,
p. 1381, J.-Ch. Saint Pau. – Dans le même sens Cass. crim., 2 oct. 2012, n° 11-84.415 : JurisData n° 2012-023373.
– Ou encore Cass. crim., 11 déc. 2012, n° 11-87.421 : JurisData n° 2012-031677 , qui rejette le pourvoi contre un
arrêt ayant bien identifié le représentant de la personne morale et son rôle. – Ou enfin Cass. crim., 22 janv. 2013,
n° 12-80.022 : JurisData n° 2013-001607. – Pour une analyse d’ensemble des évolutions jurisprudentielles : RSC
2013, p. 73, note Y. Mayaud).La jurisprudence est ainsi revenue à une interprétation respectueuse de la lettre de l’
article 121-2 du Code pénal : les juges du fond doivent identifier la personne physique, ayant la qualité d’organe et

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de représentant, auteur de l’infraction qui sera ainsi imputée à la personne morale. Cette identification peut cependant
résulter des circonstances de commission de l’infraction et si la chambre criminelle rappelle le nécessaire respect de
la lettre du Code pénal, ce respect peut prendre deux figures. Soit les juges du fond identifient effectivement la
personne physique ayant la qualité d’organe ou de représentant ayant commis l’infraction ; soit, ces juges décrivent
des circonstances ne laissant planner aucun doute sur le fait que l’infraction peut effectivement être reprochée à une
telle personne physique.Un arrêt rendu le 18 juin 2013 (Cass. crim., 18 juin 2013, n° 12-85.917 : JurisData n° 2013-
013165 ; Bull. crim. n° 144, et ayant également eu l’honneur d’une parution au Bulletin) illustre cette seconde
situation. Une personne trouve la mort en heurtant un arbre lors d’une participation à une compétition de ski organisée
par une association. La chambre criminelle rejette le pourvoi formé par l’association condamnée parce qu’elle ne
saurait se faire un grief de ce que les juges du second degré « l'aient déclarée coupable du délit d'homicide
involontaire sans préciser l'identité de l'auteur des manquements constitutifs du délit dès lors que l'infraction n'a pu
être commise, pour le compte de l'association, que par son président, responsable de la sécurité, en l'absence de
délégation interne non invoquée devant la cour d'appel ». Le professeur Mayaud (RSC 2013, p. 809) propose une
explication de ces nuances jurisprudentielles : « Lorsque la haute juridiction consent à inverser les données,
déduisant de la responsabilité de la personne morale la commission de l'infraction par ses dirigeants ou
représentants, ce n'est pas par présomption, donc par artifice ou facilité de preuve, qui reviendrait à modifier la
substance même des dispositions de l'article 121-2 du code pénal, mais par implication, par déduction rationnelle
d'une conclusion elle-même dictée par les circonstances. La présomption relève d'une démarche abstraite, destinée
à compenser ce qu'un constat direct ne saurait révéler. L'implication, au contraire, est rivée à la réalité, dont elle rend
compte par une déduction rigoureuse : elle n'est pas une économie de preuve, elle est une preuve à part entière,
mais dont l'expression n'a pas à être formelle, pour être déjà contenue dans la solution consacrée au fond. » (dès
lors que les éléments factuels sont insuffisants, la chambre criminelle rappelle toujours aux juges du fond qu’ils
doivent mieux rechercher si les faits reprochés avaient été commis, pour le compte de la personne morale poursuivie,
par l'un de ses organes ou représentants : Cass. crim., 19 juin 2013, n° 12-82.827 : JurisData n° 2013-012436).La
chambre criminelle aurait ainsi trouvé une position équilibrée sans céder aux juges du fond qui développaient des
présomptions vidant l’article 121-2 du Code pénal de ses conditions, ni aux avocats qui réclament systématiquement
l’identification d’une personne physique ayant qualité d’organe ou de représentant alors que d’après la description
des circonstances précises des faits, l’infraction n’a pu concrètement être commise, en l’espèce, que par un organe
ou un représentant.Reste que cette admission de l’imputation ressemble à s’y méprendre à une présomption, le
degré de précision de la motivation les distinguant ne se prêtant pas à une analyse scientifique parfaitement
prévisible. Une présomption, partant d’un fait connu pour en tirer un fait inconnu, ne relève pas plus de l’abstraction
que l’implication qui relève également de la déduction. De plus, si la motivation circonstanciée des juges du fond est
précise, on ne voit pas pourquoi ils n’éclaireraient pas explicitement le rôle joué pratiquement par une personne
physique ayant la qualité d’organe ou de représentant ? La différence entre présomption et implication paraît
finalement davantage relever d’un jeu de langage que d’une claire distinction des solutions jurisprudentielles.La
chambre criminelle, dans un arrêt du 27 septembre 2016 (Cass. crim., 27 sept. 2016, n° 15-85.248 ; JurisData
n° 2016-019637 . – Ph. Conte, Responsabilité civile ou responsabilité pénale des personnes morales ? Il faudrait
savoir…, Dr. pén. 2017, étude 11 ; RSC 2016, p. 757, Y. Mayaud), semble vouloir désormais s’en tenir à une stricte
orthodoxie en demandant la démonstration de la commission de l’infraction par une personne physique ayant la
qualité requise par l’article 121-2 du Code pénal. Alors qu’un cycliste est blessé après avoir chuté en raison de
travaux, non signalés, sur la chaussée, la société intervenante est déclarée coupable du chef de blessures
involontaires. Mais la cour d’appel infirme cette condamnation au motif qu’aucune délégation de pouvoir n’avait été
attribuée au conducteur de travaux ni au chef de chantier, tous deux mis en cause. La chambre criminelle censure
cette analyse de la cour d’appel « alors qu'après avoir constaté la matérialité des manquements, il lui appartenait de
rechercher, au besoin en ordonnant un supplément d'information, si lesdits manquements résultaient de l'abstention
de l'un des organes ou représentants de la société prévenue et s'ils avaient été commis pour le compte de celle-ci,
la cour d'appel, a méconnu le sens et la portée des textes susvisés et des principes ci-dessus rappelés » Cette
cassation est prononcée au double visa de l’ article 121-2 du Code pénal et 463 du Code de procédure pénale
« Attendu que, selon le premier de ces textes, les personnes morales, à l'exception de l'État, sont responsables

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pénalement des infractions commises, pour leur compte, par leurs organes ou représentants ;Attendu que, selon le
second, il appartient aux juges d'ordonner les mesures d'instruction dont ils reconnaissent eux-mêmes la nécessité ».
(Dans le même sens Cass. crim., 22 mars 2016, n° 15-81.484 : Bull. crim. n° 100). La chambre criminelle adopte
dorénavant une position claire, à l’image d’un arrêt rendu le 19 avril 2017 (Cass. crim., 19 avr. 2017, n° 16-84.659 :
JurisData n° 2017-007244. – V. également, par ex. Cass. crim., 18 oct. 2016, n° 15-82.334 : JurisData n° 2016-
021523 . – Cass. crim., 16 nov. 2016, n° 14-86.980 : JurisData n° 2016-024001 . – Cass. crim., 19 avr. 2017,
n° 16-84.659 : JurisData n° 2017-007244 . – Cass. crim., 7 juin 2017, n° 15-87.214 : JurisData n° 2017-010975 . –
Cass. crim., 11 juill. 2017, n° 15-85.786 : JurisData n° 2017-014077 et Cass. crim., 11 juill. 2017, n° 16-83.415 :
JurisData n° 2017-014026 ) :

Vu les articles 121-2 du code pénal et 593 du code de procédure pénale ;


Attendu que, selon le premier de ces textes, les personnes morales, à l'exception de l'Etat, sont responsables pénalement des infractions
commises, pour leur compte, par leurs organes ou représentants ;
Attendu que, selon le second, tout jugement ou arrêt doit comporter les motifs propres à justifier la décision ; que l'insuffisance ou la contradiction
des motifs équivaut à leur absence ;
Attendu que pour déclarer la prévenue coupable des faits qui lui sont reprochés, l'arrêt prononce par les motifs repris au moyen ;
Mais attendu qu'en statuant ainsi, sans rechercher si les manquements relevés résultaient de l'action de l'un des organes ou représentants de la
société prévenue, et s'ils avaient été commis pour le compte de celle-ci, la cour d'appel n'a pas justifié sa décision au regard de l'article 121-2 du
code pénal ;
D'où il suit que la cassation est encourue ;

Ou encore, cet arrêt qui censure une décision d’appel en expliquant, sous le visa des articles 121-2 du Code pénal
et 593 du Code de procédure pénale (Cass. crim., 19 avr. 2017, n° 16-81.095 : JurisData n°2017-007794) :

[…] Attendu que, pour retenir la culpabilité de la société Esso Raffinage SAS, l'arrêt énonce que le non respect de l'arrêté préfectoral, pendant
plusieurs mois voire plusieurs années, par les choix techniques ou de gestion qu'il impliquait, a nécessairement été commis par un organe dirigeant
de la société Esso Raffinage SAS, agissant au nom et pour le compte de celle-ci ; Mais attendu qu'en prononçant ainsi, sans rechercher si les
manquements relevés résultaient de l'abstention de l'un des organes ou représentants de la société prévenue, et s'ils avaient été commis pour le
compte de cette société, la cour d'appel n'a pas justifié sa décision au regard de l' article 121-2 du code pénal ;

Ou enfin, cet arrêt de cassation rendu au visa des articles 121-2 et 121-3 du Code pénal ainsi que de l’article 593
du Code de procédure pénale qui expose très clairement que « Attendu que, d'une part, selon le premier de ces
textes, les personnes morales, à l'exception de l'Etat, sont responsables pénalement des infractions commises, pour
leur compte, par leurs organes ou représentants ; Qu'il s'en déduit que, lorsqu'ils constatent la matérialité d'une
infraction non intentionnelle susceptible d'être imputée à une personne morale, il appartient aux juges d'identifier, au
besoin en ordonnant un supplément d'information, celui des organes ou représentants de cette personne dont la
faute, commise dans les conditions prévues au deuxième ou au troisième alinéa de l'article 121-3 du code pénal,
est à l'origine du dommage » (Cass. crim., 31 oct. 2017, n° 16-83.683 : JurisData n° 2017-021679 ; Dr. pén. 2018,
comm 2, obs. Ph. Conte).On relèvera que les juges ne peuvent ordonner un supplément d’information que si la
matérialité de l’infraction a été constatée et l’arrêt souligne bien qu’il s’agit, en l’espèce, d’une infraction non
intentionnelle ce qui pose la question de la transposition de la solution au cas d’infraction ayant une autre coloration
psychologique.Le raisonnement par présomptions pêche donc bien par défaut de motivation.

Note de la rédaction – Mise à jour du 14/08/2021

46 . - Infraction commise pour le compte de la société par un ancien dirigeant

Pour identifier l'organe ou le représentant d’une société poursuivie des chefs de prêt illicite de main d'œuvre, de
marchandage et de travail dissimulé et condamner celle-ci, l'arrêt relève que la société a émis un bon de commande
auprès d'une autre société pour une prestation forfaitaire de montage hydraulique et mécanique en vue d'un chantier.
Si l'actuel dirigeant de la société a été relaxé des infractions également reprochées à ladite société au motif qu'il

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n'était pas le dirigeant de la société au moment de la signature du bon de commande susvisé, cette décision ne
signifie pas que les infractions dont la société est prévenue n'ont pas été commises pour son compte par ses organes
ou représentants en fonction au moment de cette signature, dès lors que le bon de commande, qui matérialisait,
selon la société, un contrat de sous-traitance, a été émis pour son compte, sous l'autorité du dirigeant de l'époque,
par le responsable atelier coordination sécurité. Cette décision est justifiée dès lors que le contrat conclu par la
société poursuivie, dont découlent les faits reprochés, a été souscrit au nom de cette dernière par un de ses
représentants et pour son compte (Cass. crim., 8 janv. 2019, n° 17-87.246 : JurisData n° 2019-000067).

Identification du représentant en cas de poursuite pour délit non intentionnel

Saisi d'une infraction non intentionnelle, il incombe au juge d'identifier la personne physique, délégataire de la
responsabilité de l'employeur, qui représente la personne morale et il importe peu que la poursuite qui vise la
personne morale mentionne un autre représentant que celui qui a engagé sa responsabilité pénale, cette mention ne
délimitant pas la saisine (Cass. crim., 8 janv. 2019, n° 17-86.430 : JurisData n° 2019-000061).

Devoir d’identifier l’organe ou le représentant auteur des actes commis pour le compte de la personne
morale

Pour dire établies les infractions d’hébergement de travailleurs dans un local non conforme, paiement d’un salaire
inférieur au salaire minimum de croissance, et non remise de bulletin de paie conforme, les juges retiennent que ces
infractions ont été commises par les responsables en matière de gestion administrative ou comptable du personnel,
en matière de politique salariale et de gestion du personnel et encore en matière de sécurité et santé du personnel.
En se déterminant ainsi, par des motifs qui n’identifient pas l’organe ni la ou les personnes physiques représentant
la personne morale pour le compte de laquelle les infractions reprochées auraient été commises, la cour d'appel n'a
pas justifié sa décision (Cass. crim., 10 déc. 2019, n° 18-84.737 : JurisData n° 2019-022547 ; Dr. pén. 2020, comm.
31, P. Conte ; Dr. sociétés 2020, comm. 30, R. Salomon).

C. - Cumul de la responsabilité pénale des personnes morales et des personnes physiques

47. – Responsabilité pénale non exclusive – Aux termes de l'article 121-2, alinéa 3, du Code pénal, “ La
responsabilité pénale des personnes morales n'exclut pas celle des personnes physiques auteurs ou complices des
mêmes faits, sous réserve des dispositions du quatrième alinéa de l'article 121-3”. Est ainsi énoncé le principe du
cumul – possible et non point obligatoire – de la responsabilité pénale des personnes morales et de celle des
personnes physiques (Cass. crim., 11 mars 2003, n° 02-82.352 : JurisData n° 2003-018408 ; Bull. crim. n° 65 ; Dr.
pén. 2003, comm. 84, obs. M. Véron) . De la jurisprudence criminelle, il ressort très clairement que les poursuites à
l'égard de la personne physique et de la personne morale se caractérisent par leur complète autonomie, de sorte
que la relaxe de la personne physique ne fait point obstacle à la condamnation de la personne morale (Cass. crim.,
8 sept. 2004, n° 03-85.826 : JurisData n° 2004-025158 ; Dr. pén. 2005, comm. 11, obs. M. Véron ; D. 2005, p. 1527,
obs. G. Roujou de Boubée), de même que la relaxe de la personne morale ne fait point obstacle à la condamnation
de la personne physique (Cass. crim., 26 oct. 2004, n° 03-86.970 : Bull. crim. n° 254).Lors des travaux préparatoires,
il a clairement été exprimé que la responsabilité pénale des personnes morales ne pouvait avoir pour effet d'exonérer
« de leur propre responsabilité les auteurs de l'infraction commise pour le compte de celle-ci, en masquant le
caractère délictueux de leurs agissements personnels » (G. Couturier, cité n° 36). Si elle est fondamentalement
destinée à alléger la responsabilité pénale des décideurs personnes physiques, la responsabilité pénale de principe
des personnes morales ne constitue pas donc pour autant un obstacle à la mise en œuvre de la responsabilité pénale
– elle aussi de principe – du chef d'entreprise (V. B. Gendry, Responsabilité pénale des personnes morales et

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responsabilité pénale des dirigeants : alternative ou cumul : Petites affiches 20 nov. 1996, p. 7 ; A. Outin-Adam, La
responsabilité pénale de la personne morale et le cumul avec la responsabilité individuelle : Gaz. Pal. 1999, 1, doctr.
p. 364 ; J. Simon, Responsabilité pénale des personnes morales et des personnes physiques, coauteurs ou
complices des mêmes faits : D. affaires 1995, p. 101). Au total, il apparaît alors que l'imputation de la responsabilité
à l'être collectif n'a pas de caractère exclusif (V. P. Maistre du Chambon et Ph. Conte, cité n° 2, p. 201, n° 374) et
que les personnes susceptibles d'être concernées par le cumul sont non seulement celles ayant la qualité d'organe
ou de représentant mais également « tout autre personne qui agirait sur leurs instructions ou tout coauteur »
(V. F. Desportes et F. Le Gunehec, cité n° 3, p. 591, n° 617 ; à propos des infractions non intentionnelles, notamment
en présence d'une faute simple possédant un lien de causalité indirecte avec la production du dommage, V. n° 42
).

48. – Condition du cumul – Il a été mis en exergue lors de l'élaboration du Code pénal que, dans l'avenir, « la
responsabilité pénale d'un dirigeant d'entreprise pourra également être retenue en même temps que celle des
personnes morales s'il est prouvé que ce dirigeant est personnellement intervenu dans la décision ou dans la
réalisation de l'infraction, ou si la loi le prévoit, qu'il répond personnellement de certaines infractions, réglementation
du travail ou de la sécurité sociale, matières économiques, fiscale... » (V. Projet de nouveau Code pénal, cité n° 3,
p. 16). Conformément donc à la volonté du législateur, il convient de considérer que « la responsabilité pénale du
dirigeant personne physique doit obéir de manière stricte au principe de personnalité » (V. G. Roujou de Boubée,
B. Bouloc, J. Francillon et Y. Mayaud, cité supra n° 11 , p. 22).

Remarque : Cette interprétation est désormais reprise par la Chancellerie, celle-ci estimant notamment « en cas d'infraction non intentionnelle,
mais également en cas d'infractions de nature technique pour laquelle l'intention coupable peut résulter, conformément à la jurisprudence
traditionnelle de la Cour de cassation de la simple inobservation, en connaissance de cause, d'une réglementation particulière, les poursuites
contre la seule personne morale devront être privilégiées, et la mise en cause de la personne physique ne devra intervenir que si une faute
personnelle est suffisamment établie à son encontre pour justifier une condamnation pénale » (Circ. Min. 13 fév. 2006, NOR : JUSDO630016C ;
Rappr. Cass. crim., 6 oct. 2009, n° 08-87.757 : JurisData n° 2009-050171 ; Dr. pén. 2009, comm. 153, obs. J.-H. Robert).

Note de la rédaction – Mise à jour du 14/08/2021

48 . - Condamnation de la personne morale malgré la relaxe de son organe ou représentant

Une société exploitant une centrale nucléaire et le directeur de celle-ci ont été poursuivis pour des infractions au
Code de l’environnement. Pour relaxer la personne physique du chef de la contravention de stockage illicite de
matières incompatibles et condamner la société de ce même chef, l’arrêt énonce, s’agissant du directeur de la
centrale, la citation qu’il a reçue évoque la violation des dispositions d’un texte qui n’était plus en vigueur au moment
des faits, en sorte qu’il en sera relaxé. S’agissant de la société, le texte visé à la prévention est applicable. S’agissant
de la faute commise par la société en la personne du directeur de l’établissement, eu égard à la fonction qui était la
sienne et à la délégation de pouvoir dont il était titulaire, ce dernier disposait de l'ensemble des moyens et des
prérogatives nécessaires à assurer le respect par les différents services qu'il dirigeait des dispositions légales et
réglementaires afférentes au fonctionnement de la centrale. En n'organisant pas correctement ces services et en ne
prenant pas toute déposition nécessaire au respect de la réglementation, il s'est rendu coupable des infractions
poursuivies. Les juges en déduisent qu’en commettant ces contraventions, alors qu'il agissait comme représentant
de la personne morale et pour le compte de celle-ci, il se trouve être l'organe défaillant qui emporte la culpabilité de
la société. Cette décision est justifiée dès lors que la relaxe rendue au bénéfice du directeur de la centrale n’entraînait
nullement celle de la société dont il avait engagé la responsabilité pénale par sa propre faute (Cass. crim., 24 sept.
2019, n° 18-85.348 : JurisData n° 2019-016438 : Dr. pén. 2019, comm. 205, J.-H. Robert ; Dr. env. 2019, p. 391, T.
Fossier ; Lexbase pénal, n° 20, oct. 2019, note J.-Y. Maréchal).

III. - Sanctions pénales applicables

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49. – Spécificité – La personne morale, être incorporel, ne saurait à l'évidence être soumise à des peines privatives
de liberté. En revanche, des peines pécuniaires, restrictives de liberté ou réelles sont parfaitement concevables ainsi
qu'en témoignent les articles 131-37 à 131-44 du Code pénal. Il convient, à ce propos, de distinguer, d'une part, les
peines criminelles et correctionnelles (A) et, d'autre part, les peines contraventionnelles (B) .

A. - Peines criminelles et correctionnelles

50. – Classe unique – Les peines criminelles et correctionnelles applicables aux personnes morales forment une
classe unique (C. pén., art. 131-37) qui se compose notamment de la peine d'amende. Le taux de cette dernière
présente une particularité puisqu'il est égal au quintuple de celui prévu pour les personnes physiques par la loi qui
réprime l'infraction ( C. pén., art. 131-38). À compter du 31 décembre 2005, en présence d'un crime pour lequel
aucune peine d'amende n'est prévue à l'encontre des personnes physiques, l'amende encourue par les personnes
morales est égale à 1 000 000 euros (C. pén., art. 131-18, al. 2, réd. L. n° 2004-204 du 9 mars 2004, portant
adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité). À compter de la loi n° 2007-297 du 5 mars 2007, est
également encourue en matière correctionnelle la peine de sanction-réparation (C. pén., art. 131-37, al. 2) que le
juge répressif peut prononcer à la place ou en même temps que l'amende (C. pén., art. 131-39-1) . Dans cette
hypothèse, il appartient à la juridiction de fixer le montant maximum de l'amende, qui ne peut excéder ni 75 000 euros
ni l'amende encourue par la personne morale pour le délit considéré, dont le juge de l'application des peines pourra
ordonner la mise à exécution en tout ou partie (CPP, art. 712-6) si le condamné ne respecte pas l'obligation de
réparation (C. pén., 131-39-1).Lorsque la loi le prévoit, sont encourues la dissolution, l'interdiction d'exercer une
activité professionnelle, le placement sous surveillance judiciaire, la fermeture d'établissement, l'exclusion des
marchés publics, l'interdiction de procéder à une offre au public de titres financiers ou de faire admettre ses titres
financiers aux négociations sur un marché réglementé, l'interdiction d'émettre des chèques, la confiscation de la
chose et l'affichage de la décision de condamnation ou la diffusion de celle-ci soit par la presse écrite, soit par tout
moyen de communication au public par voie électronique, étant précisé que ces deux dernières peines ne sont point
cumulatives mais seulement alternatives ( Cass. crim., 7 févr. 2006, n° 05-80.083 : JurisData n° 2006-032534 ; Dr.
pén. 2006, comm. 100, obs. M. Véron) . À ces peines, ont été ajoutées par la loi n° 2007-297 du 5 mars 2007, la
confiscation de l'animal ayant été utilisé pour commettre l'infraction ou à l'encontre duquel l'infraction a été commise
ainsi que l'interdiction, à titre définitif ou pour une durée de cinq ans au plus, de détenir un animal. Ont été également
ajoutées l’interdiction de percevoir une aide publique par la loi n° 2014-790 du 10 juillet 2014 et la peine de
conformité créée par la loi n° 2016-1691 du 9 décembre 2016.Sont seules spécifiques aux personnes morales, la
peine de dissolution, la peine de placement sous surveillance judiciaire et l'interdiction de faire appel public à
l'épargne. Doivent cependant également retenir l'attention la peine d'exclusion des marchés publics, la peine de mise
en conformité et l’interdiction de percevoir une aide publique.

51. – Peine de dissolution – La dissolution est encourue, d'une part, « lorsque la personne morale a été créée [...]
pour commettre les faits incriminés » (C. pén., art. 131-39, 1°). L'appréciation de cet élément intentionnel impose de
se déterminer à partir de l'activité réelle de la personne morale et semble relever d'une analyse de pur fait (V. P. Le
Cannu, Dissolution, fermeture d'établissement et interdiction d'activités : Rev. sociétés 1993, p. 341, spécialement
p. 342). Elle est encourue, d'autre part, « lorsqu'il s'agit d'un crime ou d'un délit puni en ce qui concerne les personnes
physiques d'une peine d'emprisonnement supérieure ou égale à trois ans » quand la personne morale est
« détournée de son objet pour commettre les faits incriminés » (C. pén., art. 131-39, 1°). L'article 131-45 du Code
pénal précise à son propos que “la décision prononçant la dissolution de la personne morale comporte le renvoi de
celle-ci devant le tribunal compétent pour procéder à la liquidation”(à titre d’illustration, V. Cass. crim., 10 avr. 2013,
n° 12-82.088 . – Cass. crim., 16 déc. 2015, n° 14-85.667 : JurisData n° 2015-028193 ; Bull. crim. n° 312).

La loi n° 2009-526 du 12 mai 2009 de simplification et de clarification du droit et d'allégement des procédures a supprimé la peine de dissolution
lorsque des faits d'escroquerie, d'escroquerie aggravée ou d'escroquerie en bande organisée étaient commis par une personne morale (À ce
propos : M. Véron, Où en est-on ? Responsabilité pénale des personnes morales, l'occasion manquée de la loi du 12 mai 2009 : Dr. pén. 2009,
comm. 92 ; V. Malabat, Le temps des réformes : Rev. pénit. 2009, p. 513 ; A. Maron, Un Outreau législatif : Dr. pén. 2009, n° 10, repère 9). La

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peine de dissolution a été rétablie par la loi n° 2009-1437 du 24 novembre 2009 relative à l'orientation et à la formation professionnelle tout au
long de la vie. Principe de non-rétroactivité oblige, elle ne pourra donc être prononcée que pour les faits d'escroquerie, d'escroquerie aggravée ou
d'escroquerie en bande organisée commis postérieurement au 24 novembre 2009 (É. Garçon et V. Peltier : Dr. pén. 2010, chron. 2, n° 6 ; Circ.
19 juill. 2010, NOR : JUSD10192268C : BO min. Just. n° 2010-05, 30 juill. 2010).

L'application de la peine de dissolution est exclue (C. pén., art. 131-39, in fine) en ce qui concerne les personnes
morales de droit public, les partis ou groupements politiques, les syndicats professionnels et les institutions
représentatives du personnel. Elle est éminemment difficile à concevoir en présence d'une personne morale dont la
création est imposée par la loi – telle, notamment, la masse des obligataires – (V. Y. Guyon, préc., p. 236).

52. – Peine de placement sous surveillance judiciaire – Selon la doctrine, la peine de placement sous surveillance
judiciaire « peut s'analyser en une sorte d'équivalent pour les personnes morales du sursis avec mise à l'épreuve,
applicable aux seules personnes physiques. Elle permet de contrôler le comportement d'une personne morale afin
de prévenir la récidive en s'assurant, par exemple, de la mise en conformité des installations défectueuses d'une
entreprise avec les règles relatives à l'hygiène et à la sécurité » (V. F. Desportes et F. Le Gunehec, cité n° 3, p. 835,
n° 874). L'article 131-46 , alinéa 1er, du Code pénal dispose que la décision de placement sous surveillance judiciaire
de la personne morale comporte la désignation d'un mandataire de justice dont la juridiction précise la mission
(Rappr. C. pén., art. R. 131-35). Le même article précise que cette mission ne peut porter que sur l'activité dans
l'exercice ou à l'occasion de l'exercice de laquelle l'infraction a été commise mais également que, tous les six mois,
le mandataire de justice rend compte au juge de l'application des peines de l'accomplissement de sa mission. Aux
termes de l'article 131-46, alinéa 2, du Code pénal , au vu de ce compte rendu, le juge de l'application des peines
peut saisir la juridiction qui a prononcé le placement sous surveillance judiciaire. Celle-ci peut alors soit prononcer
une nouvelle peine, soit relever la personne morale de la mesure de placement (V. Ph. Delebecque, Les sanctions
de l'article 131-39, 3°, 5°, 6° et 7° : Rev. sociétés 1993, p. 349) .L'application de la peine de placement sous
surveillance judiciaire est exclue en présence de personnes morales de droit public, des partis ou groupements
politiques et des syndicats professionnels (C. pén., art. 131-39, in fine). Contrairement à la peine de dissolution, la
peine de placement sous surveillance judiciaire est applicable aux institutions représentatives du personnel.

53. – Interdiction de faire appel public à l'épargne – À l'origine, l'article 131-47 du Code pénal disposait que
“l'interdiction de faire appel public à l'épargne emporte prohibition, pour le placement de titres quels qu'ils soient,
d'avoir recours tant à des établissements de crédit, établissements financiers ou prestataires de services
d'investissement qu'à des procédés quelconques de publicité”. Désormais l'interdiction est élargie, à compter de
l'ordonnance n° 2009-80 du 22 janvier 2009, en ce qu'elle intéresse non seulement le fait de procéder à une offre au
public de titres financiers mais également le fait de faire admettre ses titres financiers aux négociations sur un marché
réglementé. Encourue à titre définitif ou pour une durée de cinq ans au plus, elle est destinée à frapper en particulier
les sociétés par actions et les sociétés civiles de placement immobilier (V. Ph. Delebecque, cité n° 52, p. 355).

54. – Exclusion des marchés publics – L'exclusion des marchés publics peut être prononcée à titre définitif ou pour
une durée de cinq ans au plus (C. pén., art. 131-39, 5°). Aux termes de l' article 131-34 du Code pénal , « la peine
d'exclusion des marchés publics emporte l'interdiction de participer, directement ou indirectement, à tout marché
conclu par l'État et ses établissements publics, les collectivités territoriales, leurs groupements et leurs établissements
publics, ainsi que par les entreprises concédées ou contrôlées par l'État ou par les collectivités territoriales ou leurs
groupements » (pour une étude complète : X. Pin, Fermeture d'établissement, JCl. Pénal Code, Art. 131-33,
fasc. 20 ; Exclusion des marchés publics, JCl. Pénal Code, Art. 131-34, fasc. 20). Cette peine impose de distinguer
deux situations. Première situation : le marché public est terminé ou n'est pas encore conclu. La personne morale
exclue des marchés publics « ne pourra pas répondre à un appel d'offres, sauf à s'engager dans un contrat illicite,
au demeurant d'une illicéité particulière tenant non pas à l'objet du contrat, mais au défaut de capacité de l'une des
parties » (V. Ph. Delebecque, cite n° 50, p. 353). En particulier, « si le co-contractant apprend en cours d'exécution
du marché que son partenaire est frappé d'exclusion, rien ne s'oppose à ce qu'il s'engage dans une action en
annulation, la nullité en cause étant certainement une nullité absolue » (V. Ph. Delebecque, ibid.). Seconde situation :

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le marché public est en cours d'exécution. En ce cas, « le contrat sera rompu compte tenu de l'impossibilité d'exécuter
dans laquelle se trouve l'une des parties » (V. Ph. Delebecque, ibid.).

55. – La peine de mise en conformité – La peine de mise en conformité se distingue de la peine de placement sous
surveillance judiciaire par son champ infractionnel d'application : alors que la première est applicable à tous les crimes
et délits, hormis le vol, le détournement de gage et l'organisation frauduleuse de l'insolvabilité, la seconde n'est
applicable (inexplicablement) qu'à certains délits de corruption (V. M. Segonds, Les apports de la loi du 9 décembre
2016 à l'anticorruption : Dr. pén. 2017, étude 4, n° 8) . Elle s’en distingue également par son champ personnel
d'application : la première exclut de son domaine d'application les personnes morales de droit public notamment
tandis que la seconde est applicable à toutes les personnes morales.De même, alors que le contenu des mesures
liées à la peine de placement sous surveillance judiciaire n'est pas défini – l' article 131-46 du Code pénal dispose
uniquement que la décision de placement sous surveillance judiciaire comporte la désignation d'un mandataire de
justice dont la juridiction précise la mission –, le contenu du programme de mise en conformité correspond aux
mesures et procédures liées à l'obligation de conformité anticorruption décrit à l’article 17 de la loi du 9 décembre
2016 (à l’exception du rapport récapitulatif), mesures et procédures énoncées également à l’article 131-39-2 du
Code pénal qui pourront ainsi trouver à s'appliquer indépendamment des seuils d'effectif et de chiffre d'affaires des
personnes morales concernées par ladite obligation.Alors que la peine de placement sous surveillance judiciaire
emporte la désignation d'un mandataire de justice, le choix du législateur en présence de la peine de mise en
conformité s'est porté sur l'Agence française anticorruption, la peine de mise en conformité correspondant alors à
l'obligation de se soumettre, sous le contrôle de l'Agence française anticorruption, à un programme de mise en
conformité pour une durée maximale de 5 ans. Plus précisément, ladite peine s'exécute sous le contrôle du procureur
de la République, étant indiqué que l'Agence française anticorruption lui rend compte, au moins annuellement, de la
mise en œuvre de la peine et se doit de lui communiquer un rapport à l'expiration du délai d'exécution de la mesure.Il
est à noter que si la peine de mise en conformité ne peut être prononcée qu'à l'encontre d'une personne morale, ses
organes ou représentants s'exposent à une peine de 2 ans d'emprisonnement et à 50 000 euros d'amende s'ils
s'abstiennent de prendre les mesures nécessaires ou font obstacle à la bonne exécution des obligations qui découlent
de la peine de mise en conformité. Les personnes morales déclarées responsables de ce délit peuvent voir le montant
de l'amende porté au montant de l'amende au titre du délit pour lequel elles ont été originellement condamnées. Elles
encourent également les autres peines attachées audit délit. Enfin, les personnes morales et physiques auteurs du
non-respect de la peine de mise en conformité encourent une peine d'affichage ou de diffusion de la décision
prononcée.

56. – Interdiction de percevoir une aide publique. – Aux termes de l’article 131-39, 12° du Code pénal, les
personnes morales encourant “l'interdiction, pour une durée de cinq ans au plus de percevoir toute aide publique
attribuée par l'Etat, les collectivités territoriales, leurs établissements ou leurs groupements ainsi que toute aide
financière versée par une personne privée chargée d'une mission de service public ”. Cette interdiction est notamment
encourue en présence des délits de travail dissimulé, de marchandage, de prêt illicite de main d’œuvre et d’emploi
d’étranger sans titre de travail.

B. - Peines contraventionnelles

57. – Peines principales, alternatives et complémentaires – Selon l'article 131-40 du Code pénal, les peines
contraventionnelles encourues par les personnes morales sont l'amende – qui fait figure de peine principale et dont
le taux est égal au quintuple de celui prévu pour les personnes physiques (C. pén., art. 131-41) –, les peines
privatives ou restrictives de droits prévues à l'article 131-42 du Code pénal (interdiction d'émettre des chèques et
confiscation) et, depuis la loi n° 2007-297 du 5 mars 2007, dans le cas de contravention de 5e classe, la peine de
sanction-réparation (C. pén. , art. 131-44-1). L'alinéa 2 du même article précise que ces peines ne sont pas
exclusives d'une ou plusieurs des peines complémentaires prévues à l'article 131-43 du Code pénal.À titre de peines
alternatives, peuvent être prononcées l'interdiction d'émettre des chèques – dans les conditions définies par
l'article 131-42, 1° du Code pénal – ou la confiscation de la chose qui a servi ou était destinée à commettre l'infraction

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ou de la chose qui en est le produit (C. pén. , art. 131-42, 2°).À titre de peines complémentaires, peuvent être
prononcées la confiscation ainsi que, à compter de la loi n° 2007-297 du 5 mars 2007, la confiscation de l'animal
ayant été utilisé pour commettre l'infraction ou l'encontre duquel l'infraction a été commise et l'interdiction, pour une
durée de trois ans au plus, de détenir un animal. Pour les contraventions de la cinquième classe, peut être prononcée
l'interdiction d'émettre des chèques (C. pén., art. 131-43) .

IV. - Règles de procédure applicables

58. – Poursuite, instruction et jugement – La poursuite, l'instruction et le jugement des infractions commises par
les personnes morales sont régis par les articles 706-41 à 706-46 du Code de procédure pénale . Hormis les
dispositions relatives à la détermination de la juridiction compétente – lieu de commission de l'infraction ou lieu du
siège social de la personne morale (CPP, art. 706-42) – qui s'appliquent sans préjudice des règles de compétence
applicables lorsqu'une personne physique est également soupçonnée ou poursuivie, il convient de souligner la
spécificité des règles qui régissent la représentation de la personne morale lors des poursuites (V. Y. Buffelan-
Lanore, La procédure applicable aux infractions commises par les personnes morales : Rev. sociétés 1993, p. 315).

59. – Citation – La Cour de cassation a précisé que « l'obligation d'énoncer le fait poursuivi n'imposant pas d'identifier
dans la citation, l'organe ou le représentant ayant commis l'infraction pour le compte de la personne morale
poursuivie, n'excède pas sa saisine la cour d'appel qui détermine quel est cet organe ou représentant » (Cass. crim.,
24 mai 2005, n° 04-86.813 : JurisData n° 2005-028781 ; Bull. crim. n°154 ; Dr. pén. 2005, comm. 151 , obs. J.-
H. Robert).

60. – Représentation légale ou conventionnelle – Aux termes de l'article 706-43 du Code de procédure pénale ,
“l'action publique est exercée à l'encontre de la personne morale prise en la personne de son représentant légal à
l'époque des poursuites. Ce dernier représente la personne morale à tous les actes de la procédure”. Le représentant
de la personne morale peut également être toute personne bénéficiaire conformément à la loi ou à ses statuts, d'une
délégation de pouvoir à cet effet (CPP, art. 706-43, al. 2 ). Cette délégation doit spécialement donner le pouvoir de
représenter la personne morale en justice. Ainsi, n'est pas apte à représenter la société en justice le bénéficiaire
d'une délégation de pouvoir lui conférant autorité pour faire respecter la réglementation au sein de l'entreprise et pour
répondre pénalement d'une infraction à ladite réglementation. Mais, dans cette hypothèse, la chambre criminelle de
la Cour de cassation ne prononce pas de censure « dès lors que ladite personne morale, représentée devant les
juridictions pénales par un avocat, qui a présenté sa défense au fond, ne justifie d'aucune atteinte à ses intérêts »
(Cass. crim., 20 oct 2009, n° 09-81.721 : JurisData n° 2009-050161 ; Dr. pén. 2010, comm. 9, obs. J.-H. Robert).
En tout état de cause, le représentant intervient à la procédure « es qualité » ainsi qu'en atteste l'article 706-44 du
Code de procédure pénale selon lequel “le représentant de la personne morale poursuivie ne peut, en cette qualité,
faire l'objet d'aucune mesure de contrainte autre que celle applicable au témoin”.

61. – Représentation en justice d'une société en liquidation judiciaire – La chambre criminelle de la Cour de
cassation a eu à se prononcer sur le fait de savoir si une société en liquidation judiciaire faisant l'objet d'une poursuite
pénale pouvait être représentée devant la juridiction répressive par le liquidateur judiciaire nommé par le tribunal de
commerce. La haute juridiction explique avec raison et pédagogie que les poursuites pénales doivent obéir seules
aux dispositions du Code de procédure pénale : « Vu les articles L. 622-9 du Code de commerce dans sa rédaction
antérieure à la loi du 26 juillet 2005 et 706-43 du Code de procédure pénale ; Attendu qu'en application du premier
de ces textes, le liquidateur judiciaire désigné par le tribunal de commerce lors du placement en liquidation judiciaire
de la personne morale, ne représente le débiteur que pour les actions à caractère patrimonial ; Attendu qu'en vertu
du second de ces textes, lorsque l'action publique est exercée à l'encontre de la personne morale en liquidation
judiciaire, il doit lui être désigné aussi un mandataire de justice pour la représenter » (Cass. crim., 10 févr. 2010,
n° 08-87.357 : JurisData n° 2010-000754 ; Procédures 2010, comm. 197, obs. A.-S. Chavent-Leclère) .

62. – Représentation par mandataire de justice – La représentation par mandataire de justice peut avoir lieu dans
deux hypothèses (pour une analyse plus approfondie : J.-H. Robert, La représentation devant les juridictions pénales

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des personnes morales poursuivies ou le syndrome de Pyrrhon, in Apprendre à douter, Études offertes à Cl. Lombois,
PULIM, 2004, p. 539) .Première hypothèse : des poursuites sont engagées à l'encontre du représentant légal pour
des faits identiques ou des faits connexes. En ce cas, ce dernier peut saisir, par requête, le président du tribunal de
grande instance aux fins de désignation d'un mandataire de justice pour représenter la personne morale (CPP,
art. 706-43, al. 1er ).La chambre criminelle souligne bien qu'il ne s'agit là que d'une faculté pour le représentant légal
laissée à sa seule initiative et dont le silence ne peut être corrigé d'office par le juge ( Cass. crim., 15 févr. 2005,
n° 04-87.191, 04-87.192, 04-87.193 : JurisData n° 2005-027422 ; Bull. crim. n° 57. – Cass. crim., 13 sept 2005,
n° 04-87.840) . Cette liberté d'appréciation du représentant légal existe y compris dans les hypothèses les plus
susceptibles de conflit d'intérêts entre la société et le dirigeant ; ainsi la chambre criminelle a rappelé la même liberté
du représentant légal dans une espèce où ce dernier était poursuivi, notamment pour abus de bien social, au
préjudice de la société, laquelle était également assignée pour des faits connexes (Cass. crim., 20 mars 2007, n° 05-
85.253 : JurisData n° 2007-038463 ; Bull. crim. n° 86 ; Dr. pén. 2007, comm. 88, obs. J.-H. Robert).Seconde
hypothèse : les personnes habilitées à représenter la personne morale font défaut. En ce cas, le président du tribunal
de grande instance désigne, à la requête du ministère public, du juge d'instruction ou de la partie civile, un mandataire
de justice pour la représenter (CPP, art. 706-43, in fine).

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pén. 2009, comm. 92

D. Vich-Y-Llado

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Encyclopédies
Téléchargé le 03/10/2021

La responsabilité des personnes morales en cas de fusion : JCP E 2001, p. 838

V. Wester-Ouisse

Responsabilité pénale des personnes morales et dérives anthropomorphiques : Rev. pénit. 2009, p. 63

Note de la rédaction – Mise à jour du 14/08/2021

Bibliographie

S. Akorri

La responsabilité pénale des entreprises transnationales : de l’influence du droit international sur le droit national :
AJ pénal 2018, p. 556

J. Lasserre Capdeville

La notion d’organe ou de représentant de la personne morale : AJ pénal 2018, p. 550

Y. Mayaud

L’articulation des responsabilités pénales entre personne morale et personnes physiques – Une logique d’artifices :
AJ pénal 2018, p. 546

J.-C. Planque

Comment limiter le recours aux techniques d’évitement de la responsabilité pénale des personnes morales ? : Dr.
pén. 2018, étude 25

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‫‪www.cassation.tn‬‬

‫الجمهورية التونسية‬

‫محكمة التعقيب‬

‫قضية عدد ‪85113/85975:‬‬

‫تاريخ الجلسة‪ 19:‬ماي ‪2020‬‬

‫قرار تعقيبي جزائي‬


‫الحمد هللا وحده ‪،‬‬

‫أصدرت محكمة التعقيب القرار التالي‪:‬‬

‫بعد االطالع على مطلب التعقيب المقدم من طرف المكلف العام بنزاعات الدولة في ‪ 4‬جانفي‬
‫‪ 2019‬والمسجل تحت عدد ‪. 40222‬‬

‫وبعد االطالع على مطلب التعقيب المقدم من طرف الوكيل العام بمحكمة اإلستئناف بتاريخ‬
‫‪ 31‬ديسمبر ‪ 2018‬والمسجل تحت عدد ‪ 40123‬والراميين إلى الطعن بالتعقيب في القرار‬
‫الصادر عن دائرة االتهام بمحكمة االستئناف بتونس تحت عدد ‪ 32/ 323‬بتاريخ ‪ 26‬ديسمبر‬
‫‪ 2018‬والقاضي بقبول االستئناف شكال وفي األصل بتأييد قرار ختم البحث وحفظ تهمة‬
‫المشاركة في استغالل موظف عمومي صفته الستخالص فائدة ال وجه لها لنفسه أو لغيره أو‬
‫لإلضرار باإلدارة أو مخالفة التراتيب المنطبقة على تلك العمليات لتحقيق الفائدة أو إلحاق‬
‫الضرر في حق المتهمين ‪:‬‬

‫ـ "س ش" ‪.‬‬

‫"ر د"‬

‫ـ "زع"‬

‫لعدم توفر األركان القانونية‪.‬‬


‫‪1‬‬
‫‪www.cassation.tn‬‬
‫وبعد االطالع على القرار المطعون فيه والتأمل في كافة اإلجراءات في القضية‪.‬‬

‫وبعد االطالع على ملحوظات السيد المدعي العام لدى هذه المحكمة واالستماع لشرحها في‬
‫الجلسة والرامية إلى طلب النقض واإلحالة ‪.‬‬

‫وبعد المفاوضة القانونية صرح علنا بما يلي ‪:‬‬

‫من حيث الشكل ‪:‬‬

‫حيث كان مطلبا التعقيب مقدمين ممن لهما الصفة وفي اآلجال القانونية واتجه قبولهما من‬
‫هاته الناحية ‪.‬‬

‫من حيث االصل ‪:‬‬

‫حيث تبين من أوراق القضية ومظروفاتها أنه بناء على شكاية تقدم بها رئيس اللجنة الوطنية‬
‫لتقصي الحقائق حول الفساد والرشوة إلى وكالة الجمهورية بالمحكمة اإلبتدائية بتونس بتاريخ‬
‫‪ 12‬أكتوبر ‪ 2011‬وقد ورد بها أن شركة الخطوط الجوية التونسية تحملت تكاليف تكوين‬
‫المظنون فيه "ح ح " كمساعد طيار بالواليات المتحدة األمريكية والحال أن النظام االساسي‬
‫للشركة ينص على تحمل الشركة لمصاريف التكوين إال بالنسبة لألعوان المباشرين بينما لم‬
‫يكن المظنون فيه في تاريخ إنتفاعه بالتكوين منتميا للمنشأة كما تبين أنه تم انتداب المظنون‬
‫فيها "س ش" للعمل بديوان الطيران المدني والمطارات بصورة مباشرة ودون إجراء‬
‫مناظرة بتعليمات مباشرة من الرئيس السابق‪.‬‬

‫وتولى السيد قاضي التحقيق تفكيك الملف وإفراد كل واقعة بقضية تحقيقية مستقلة وكانت‬
‫بذلك قضية الحال ‪.‬‬

‫وإثر إنتهاء األبحاث انتهى السيد حاكم التحقيق بالقطب القضائي االقتصادي والمالي ضمن‬
‫قراره عدد ‪ 645/7‬إلى التصريح بحفظ التهم في حق المتهمين "ن ش" و "س ش"و "ر د"‬
‫و "ز ع" لعدم توفر األركان القانونية وفي حق من عداهم إلى حين التوصل لمعرفة الجاني ‪.‬‬

‫‪2‬‬
‫‪www.cassation.tn‬‬
‫وحيث سجلت النيابة العمومية استئنافها لقرار ختم البحث في خصوص المظنون فيهما "س‬
‫ش و "ر د" و "ز ع "‬

‫وحيث انتهت دائرة االتهام إلى تأييد قرار ختم البحث فيما انتهى إليه وهو القرار المطعون‬

‫فيه اآلن من قبل الطاعنين ‪.‬‬

‫‪ -1‬فى خصوص مستندات تعقيب الوكيل العام ‪:‬‬

‫المطعن الوحيد ‪ :‬مخالفة القانون والخطأ في تطبيقه بمقولة أن أركان المشاركة في جريمة‬
‫الفصل ‪ 96‬من م ج متوفرة في جانب المتهمين وأن القول بعدم حصول مضرة لإلدارة وبعدم‬
‫تحقيق المظنون فيها "س ش " لمنفعة غير مشروعة ولكون األجور التي قبضتها من تاريخ‬
‫انتدابها إلى تاريخ عزلها كانت مقابل العمل المنجز‪ ،‬هو قول مردود عليها طالما كان انتدابها‬
‫من أساسه مخالفا إلجراءات االنتداب في الوظيفة العمومية وما كانت لتحصل على تلك‬
‫الوظيفة لوال التعليمات المباشرة من الرئيس األسبق‪ .‬كما ال يمكن الجزم بعدم حصول ضرر‬
‫لإلدارة طالما لم يقع فتح المجال للتناظر القانوني لتلك الوظيفة والتي قد يكون حرم منها‬
‫كفاءات أخرى بالمقارنة مع المظنون فيها "س ش" ‪ .‬وهو ما يجعل القرار المطعون فيه‬
‫مجانبا للصواب ضعيف التعليل مستوجبا للنقض وانتهى تبعا لذلك إلى طلب نقض القرار‬
‫المطعون فيه وإرجاع الملف إلى دائرة اإلتهام بمحكمة االستئناف بتونس للنظر فيها مجددا‬
‫بهيئة أخرى ‪.‬‬

‫‪-2‬مستندات ت المكلف العام بنزاعات الدولة ‪:‬‬

‫المطعن األول ‪ :‬ضعف التعليل بمقولة أن اإلضرار باإلدارة والحصول على المنفعة غير‬
‫المشروعة بالنسبة للمتهمة "س" ثابتة‪ .‬فبالنسبة لإلضرار باإلدارة فإنه لم يتم احترام شروط‬
‫الدخول للوظيفة ولم يتم اعتبار المؤهالت والكفاءة كمعيار لالنتداب واعتمد عنصر القرابة‬
‫من الر ئيس السابق وأن محكمة القرار المنتقد لم تراع كل هاته العناصر كما لم تبين ماهي‬
‫األبحاث واالستقراءات التي أجرتها والتي تبين من خاللها أن هذا االنتداب لم يضر باإلدارة‬

‫‪3‬‬
‫‪www.cassation.tn‬‬
‫وأنه ليس هناك ما هو أفضل من حيث المؤهالت من المتهمة ومن شأن انتدابه اتقديم نجاعة‬
‫أكبر للعمل اإلداري ‪.‬‬

‫وفي خصوص حصول المتهمة على منفعة غير مشروعة فهي حاصلة بمجرد انتدابها رغم‬
‫مخالفة التراتيب المنطبقة ولوال ذلك لما حصلت على تلك المبالغ المالية المحددة باالختبار‬
‫وانتهى تبعا لذلك إلى طلب النقض مع اإلحالة ‪.‬‬

‫المطعن الثاني ‪:‬في توفر األركان القانونية لجريمة الفصل ‪ 96‬من م ! ج ‪ :‬بمقولة أنه إضافة‬
‫إلى توفر صفة الموظف العمومي ومخالفة التراتيب المنطبقة فقد تم استخالص فائدة لفائدة‬
‫شريكة الفاعل االصلي "س ش" تمثلت في انتدابها وحصولها على مرتب لسنوات عديدة‬
‫دون أن تتوفر في شأنها الشروط القانونية لالنتداب ولوال تدخل الفاعل األصلي لما تم انتدابها‬
‫‪.‬‬

‫وفي خصوص الضرر الذي لحق باإلدارة فهو يتمثل إضافة إلى خرق اإلجراءات المتبعة‬
‫ومخالفة مبدا المساواة والشفافية في االنتداب في حرمان اإلدارة من عون يكون أكثر كفاءة‪.‬‬
‫وانتهى إلى أن األركان القانونية لجريمة الفصل ‪ 96‬من م ج متوفرة في قضية الحال وطلب‬
‫على ذلك األساس النقض مع اإلحالة ‪.‬‬

‫المحكمة‬
‫حيث ينعى المعقبان على دائرة القرار المنتقد القضاء بحفظ التهمة الموجهة على المظنون‬
‫فيهما من قبل دائرة االتهام في إهمال تام لقرائن اإلدانة التي حواها الملف و المتمثلة في‬
‫ثبوت صفة الموظف العمومي لدى الفاعل االصلي "ز ب ع" ومخالفة التراتيب لحصول‬
‫المظنون فيها "س ش" على وظيف بالديوان المدني للطيران دون المرور بإجراءات‬
‫المناظرة مما رتب ضررا مؤكدا للدولة تمثل في حرمانها من انتداب إطارات أكفأ من‬
‫المظنون فيها إضافة إلى حصول هذه األخيرة على رواتب دون وجه حق طيلة المدة التي‬
‫قضتها في العمل ‪.‬‬

‫‪4‬‬
‫‪www.cassation.tn‬‬
‫وحيث إن األركان القانونية لجريمة الفصل ‪ 96‬من المجلة الجزائية تتحقق متى استغل‬
‫الموظف العمومي بالمعنى الوارد بالفصل ‪ 82‬من المجلة نفسها صفته الستخالص فائدة‬
‫لنفسه أو لغيره أو لإلضرار باإلدارة أو خالف التراتيب المنطبقة على تلك العمليات لتحقيق‬
‫الفائدة أو إلحاق الضرر المشار إليهما ‪.‬‬

‫وحيث يؤخذ من الفصل ‪ 96‬من المجلة الجنائية أن الجريمة تقوم إذا ما توفرت شروط ثالثة‬
‫في جانب الموظف العمومي بالمعنى الوارد بالفصل ‪ 82‬من المجلة الجزائية وهي ‪:‬‬

‫‪ -1‬إستغالل الصفة ‪.‬‬

‫‪2‬ـ استغالل الصفة إللحاق الضرر باإلدارة ‪.‬‬

‫‪3‬ـ مخالفة الموظف العمومي للتراتيب لتحقيق الفائدة لنفسه أو لغيره أو اإلضرار باإلدارة‬
‫وأن تكون تلك المخالفة مقترنة بإستغالل صفته ‪.‬‬

‫وحيث أن المشاركة في ارتكاب جريمة الفصل ‪ 96‬من المجلة الجنائية تقتضي أن يكون‬
‫الموظف العمومي قد استغل صفته لمخالفة التراتيب بقصد تحقيق الفائدة للشريك وأن تكون‬
‫الفائدة المحققة منفعة مادية بحتة‪.‬‬

‫وحيث بالرجوع إلى حيثيات القرار المنتقد يتضح أنها عللت حكمها تعليال مستساغا لما انتهت‬
‫إلى انتفاء عنصر المنفعة في جانب الشريك وهي المظنون فيها "س ش" ضرورة أن األجور‬
‫التي حصلت عليها خالل كامل مدة عملها تعد مستحقة عن العمل المنجز وأنه لم يثبت من‬
‫األبحاث المجراة حصول مضرة لإلدارة وانتهت إلى أنه طالما انتفى الضرر لإلدارة‬
‫والمنفعة للشريك فإن أركان الفصل ‪ 96‬تصبح منعدمة ‪.‬‬

‫وحيث كان القرار المنتقد معلال تعليال مستساغا ولم يتسرب له أي سهو لعنصر من عناصر‬
‫الملف أو تحريف لمضمونه أو خرق ألي نص قانوني ‪.‬‬

‫وحيث يبقى من صميم سلطات قاضي األصل استعراض عناصر الملف وتقييمهاوالحجية‬
‫التي يصبغها على كل عنصر والترجيح بينها في تأسيس قناعة ووجدان المحكمة طالما لم‬

‫‪5‬‬
‫‪www.cassation.tn‬‬
‫يكن ذلك منطو على أي إهمال لما له أصل ثابت بالملف أو تحريف لمضمون العناصر التي‬
‫أفرزتها األبحاث وقدم ذلك في إطار تعليل مستساغ قانونا ‪.‬‬

‫وحيث لم ينطو القرار المطعون فيه على أي تحريف للوقائع أو خرق للقانون مما يبرر‬
‫استبعاد مطعن المعقبين واالنتهاء إلى رفض مطلبي التعقيب أصال ‪.‬‬

‫لذا ولهاته االسباب‬


‫قررت المحكمة قبول مطلبي التعقيب شكال ورفضهما أصال ‪.‬‬

‫وصدر هذا القرار بحجرة الشورى في ‪ 19‬ماي ‪ 2020‬عن الدائرة الخامسة و العشرين‬
‫المتركبة من رئيسها السيد محمد العسكري وعضوية المستشارين السيدين نجوى الشريف‬
‫ونبيهة العويني وبمحضر المدعي العمومي السيد نورالدين الزياتي وبمساعدة كاتب الجلسة‬
‫السيد علي العمراوي ‪.‬‬

‫وحرر في تاريخه‬

‫‪6‬‬
‫‪http://www.cassation.tn/‬‬

‫الجمهـوريــة التـونسيــة‬
‫وزارة العـــدل‬
‫محكمـــــة الـتعقيـــب‬
‫القـــــرار عــ‪67027‬ـــدد‬
‫تــاريخـه ‪2019/12/11:‬‬

‫نص القرار ‪:‬‬


‫الحمد هلل وحده‪،‬‬

‫أصدرت محكمة التعقيب القرار اآلتي ‪:‬‬

‫بعد االطالع على مطلب التعقيب المقدم في ‪ 2018-08-06‬من األستاذ ر ح‪ .‬المحامي لدى‬
‫التعقيب نيابة عن ‪:‬‬
‫شركة و‪ .‬في شخص ممثلها القانوني ع غ‪ .‬والتي اختارت محل مخابرتها بمكتب نائبها األستاذ‬
‫ر ح‪ .‬الكائن بـ‪...‬‬
‫ضــد‪:‬‬
‫الشركة ت ب‪ .‬في شخص ممثلها القانوني مقرها االجتماعي ‪ ...‬ينوبها األستاذ ع م‪.‬‬
‫طعنا في القرار االستئنافي المدني عدد ‪ 49462‬الصادر بتاريخ ‪ 2017-12-28‬عن محكمة‬
‫االستئناف بالمنستير والقاضي بقبول االستئناف شكال وفي األصل بنقض الحكم االبتدائي والقضاء‬
‫من جديد برفض الدعوى وإعفاء المستأنفة من الخطية وإرجاع المال المؤمن إليها وتغريم‬
‫المستأنف ضدها لفائدة المستأنفة بأربعمائة دينار (‪400.000‬د) لقاء أتعاب التقاضي وأجرة‬
‫المحاماة وحمل المصاريف القانونية عليها‪.‬‬
‫وبعد االطالع على مستندات التعقيب المبلغة للمعقب ضدها وعلى نسخة الحكم المطعون فيه‬
‫وعلى بقية الوثائق الواجب تقديمها حسب مقتضيات الفصل ‪ 185‬من م م م ت‪.‬‬

‫‪1‬‬ ‫‪http://www.cassation.tn/‬‬
‫‪http://www.cassation.tn/‬‬

‫وبعد االطالع على مذكرة الرد على تلك المستندات المقدمة من األستاذ ع م‪ .‬نيابة عن المعقب‬
‫ضدها والرامية إلى طلب رفض مطلب التعقيب أصال‪.‬‬
‫وبعد االطالع على ملحوظات النيابة العمومية لدى هذه المحكمة والرامية إلى طلب قبول مطلب‬
‫التعقيب شكال وأصال والنقض مع اإلحالة‪.‬‬
‫وبعد االطالع على أوراق القضية والمفاوضة بحجرة الشورى صرح بما يلي ‪:‬‬
‫من حيث الشكل ‪:‬‬
‫حيث كان مطلب التعقيب مستوفيا جميع أوضاعه وصيغه القانونية مما يتجه معه قبوله من هذه‬
‫الناحية‪.‬‬
‫من حيث األصل ‪:‬‬
‫حيث تفيد وقائع القضية كيفما أوردها الحكم المنتقد واألوراق التي انبنى عليها قيام المدعية في‬
‫األصل (المعقبة اآلن) لدى المحكمة االبتدائية بالمهدية عارضة بواسطة نائبها أنها تعرضت بتاريخ‬
‫‪ 2011-05-26‬لعملية سرقة أحد صكوكها البنكية المسحوب على حسابها المفتوح لدى فرع‬
‫المطلوبة بالجم تحت العدد ‪...‬‬
‫وقد تم تنزيل الصك موضوع السرقة بالحساب المذكور وضمن به مبلغ قدره ثمانية وثالثون‬
‫ألف دينار وذلك من طرف المدعو س ف‪.‬‬
‫وقد تقدمت المدعية بشكاية جزائية انتهت إلى إحالة المتهم المذكور على أنظار الدائرة الجنائية‬
‫بالمحكمة االبتدائية بالمنستير التي قضت في شأنه في القضية عدد ‪ 204/13‬بتاريخ ‪-01-23‬‬
‫‪ 2014‬باإلدانة والعقاب وهو الحكم الذي تم إقراره من طرف محكمة االستئناف بالمنستير تحت‬
‫العدد ‪ 5718‬بتاريخ ‪.2014-04-15‬‬
‫وقد ثبت في معرض األبحاث المجارة في القضية المذكورة أن الصك المسحوب على حساب‬
‫المعقبة لدى المطلوبة بفرعها بمدينة الجم كان مدلسا واإلمضاء المذيل به ال يعود للممثل القانوني‬
‫للشركة كما أن الصك المذكور تضمن وضعا للختم مكان اإلمضاء في الوقت الذي ال يوجد بنظير‬
‫اإلمضاء المدعو س ف‪ .‬بقسم النزاعات بالبنك‪.‬‬

‫‪2‬‬ ‫‪http://www.cassation.tn/‬‬
‫‪http://www.cassation.tn/‬‬

‫وانه وبالرغم من كل ذلك فان المطلوب قام بدفع المبلغ المذكور بالصك بما يجعله مرتكبا خطأ‬
‫مهنيا موجبا للتعويض ال سيما وان المدعية قد تضررت أيما ضرر جراء ذلك الخطأ‪.‬‬
‫وطلبت تأسيسا على ما تقدم وعمال بأحكام الفصلين ‪ 83‬و‪ 107‬من م اع الحكم إلزام المطلوب‬
‫في شخص ممثله القانوني بان يؤدي للمدعية في شخص ممثلها القانوني مبلغا قدره ثمانية وثالثون‬
‫ألف دينار لقاء مبلغ الصك المسحوب على حسابها المفتوح لدى المطلوب تحت عدد ‪ ...‬وتم سحبه‬
‫لفائدة المستفيد ف‪ .‬مع الفوائض القانونية المترتبة عن المبلغ المذكور من يوم سحبه إلى تمام‬
‫الخالص النهائي كتغريم المطلوب في شخص ممثله القانوني لفائدة المدعية بخمسمائة ألف دينار‬
‫تعويضا لها عن الخسارة الناشئة عن تقصيرها وبمبلغ قدره ألف دينار لقاء أتعاب التقاضي‬
‫وأشراف المحاماة وحمل المصاريف القانونية عليه كاإلذن بالتنفيذ الوقتي في حدود أصل الدين‪.‬‬
‫فأصدرت محكمة البداية حكمها عدد ‪ 791/14‬بتاريخ ‪ 2014-4-11‬يقضي ابتدائيا بإلزام‬
‫المطلوب في شخص ممثله القانوني بأن يؤدي المدعية في شخص ممثلها القانوني المبالغ المالية‬
‫التالية ‪:‬‬
‫‪ -‬ثمانية وثالثون ألف دينارا (‪38.000.000‬د) لقاء مبلغ الصك المسحوب على حسابها المفتوح‬
‫لدى المطلوب تحت عدد ‪ ...‬الواقع سحبه من طرف المستفيد س ف‪ .‬مع الفوائض القانونية المترتبة‬
‫عنه من يوم سحبه إلى تمام الخالص النهائي‪.‬‬
‫‪ -‬عشرة آالف دينارا (‪10000.000‬د) لقاء الخسارة الناشئة عن تقصيره‪.‬‬
‫‪ -‬ثالثمائة دينارا (‪300.000‬د) لقاء أتعاب تقاضي وأجرة محاماة‪.‬‬
‫وبحمل المصاريف القانونية على المطلوب في شخص ممثله القانوني وبرفض الدعوى فيما زاد‬
‫على ذلك‪.‬‬
‫وذلك بناء على ثبوت الخطأ المهني الفادح الموجب للتعويض في جانب البنك المطلوب استنادا‬
‫إلى تقرير االختبار المأذون به المنجز من قبل الخبير م ن‪.‬‬
‫فاستأنفته المحكوم ضدها طالبة اإلذن تحضيريا بتكليف الخبير العدلي في الخطوط والكتابة ع‬
‫ب‪ .‬لتحديد إن كان بإمكان المستأنفة التأكد بالعين المجردة من تدليس اإلمضاء المذيل بالصك حال‬
‫عرضة للخالص عند المقاصة االلكترونية وفي األصل حفظ الحق في الجواب على ضوء التقرير‬

‫‪3‬‬ ‫‪http://www.cassation.tn/‬‬
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‫المذكور وفي كل الحاالت القضاء بنقض الحكم االبتدائي والقضاء مجددا بعدم سماع الدعوى‬
‫األصلية كعدم ارتكاب المستأنفة آلي خطأ حال خالصها للصك المعروض على الخالص‪.‬‬
‫فأصدرت محكمة الدرجة الثانية قرارها المطعون فيه والقاضي بنقض الحكم االبتدائي والقضاء‬
‫من جديد برفض الدعوى بناء على ثبوت تحصل المستأنف ضدها على مبلغ التعويض عن معين‬
‫الشيك من المتهم المحكوم عليه س ف‪ .‬بموجب القرار االستئنافي الجزائي عدد ‪ 5718‬الصادر عن‬
‫الدائرة الجنائية بمحكمة االستئناف بالمنستير هذا فضال على عدم جواز تغريم البنك بالفوائض‬
‫القانونية لعدم تعلق األمر بمعاملة تجارية أو تعاقدية من شانها أن تنشأ فوائض عن التأخر في الدفع‬
‫وأضحى والحالة تلك طلب التعويض عن الخسارة مجردا من كل إثبات بما يجعل الدعوى على‬
‫حالتها غير مؤيدة وحرية بالرفض‪.‬‬
‫فتعقبته المدعية في األصل بواسطة نائبها الذي طلب صلب مستندات طعنه نقضه مع اإلحالة‬
‫بناءا على ما يلي ‪:‬‬
‫المطعن الوحيد المستمد من ضعف التعليل ومخالفة القانون ‪:‬‬
‫قوال بان محكمة القرار المطعون فيه اعتبرت في حيثية واحدة بما مفاده أن المدعية في األصل‬
‫المعقبة اآلن صدر لفائدتها عن الدائرة الجنائية بمحكمة االستئناف بالمنستير قرارا قضى‬
‫بالتعويض لها بإلزام المتهم س ف‪ .‬بأن يدفع لها كامل التعويضات ومنها مبلغ الشيك والفوائض‬
‫القانونية إال أن المحكمة المذكورة لم تعلل موقفها ولم تبين هل أنها اعتبرت أن هناك اتصال قضاء‬
‫أو أن المعقبة اآلن الحق لها في القيام ضد المعقب ضدها باعتبار أن المتهم س ف‪ .‬ثبتت إدانته‬
‫وانه وفي كل الحاالت فان محكمة القرار المطعون فيه خالفت القانون ألنه أوال ليس هناك اتصال‬
‫قضاء باعتبار أن القيام لم يكن على نفس األطراف وثانيا ألنه ال شيء يمنع المعقبة من القيام ضد‬
‫المتهم ثم القيام ضد البنك المسؤول والذي وحسب االختبار اقترف خطا فادحا في حق المعقبة‬
‫بسبب تقصيره وعدم تحققه من إمضاء المعقبة الموجود في دفاترها وثالثا ألن المعقبة ولئن‬
‫تحصلت على حكم إال أن ذلك ال يعني أنها تحصلت من خالله على مستحقاتها ضرورة أنه اتضح‬
‫أن المحكوم ضده ليست له مكاسب للتعويض وفي كل الحاالت أن الشيء الوحيد الذي ليس للمعقبة‬
‫الحق فيه هو الحصول على التعويض من المتهم ومن البنك بحكمين مختلفين ويمكن حينئذ‬
‫مواجهتها بجريمة استخالص دين مرتين وانه وخالفا لما ذهبت إليه محكمة القرار المطعون فيه‬
‫‪4‬‬ ‫‪http://www.cassation.tn/‬‬
‫‪http://www.cassation.tn/‬‬

‫من عدم جواز القيام على البنك طالما تم التعرف على الجاني فقد أثبت االختبار مسؤولية البنك‬
‫وتقصيره في عمله تقصيرا فادحا وعليه ال يجب الخلط بين ما اقترفه المتهم وبين مسؤولية البنك‬
‫التي ال يمكن إعفاؤه منها‪.‬‬
‫وحيث ولئن قدم األستاذ ع م‪ .‬إعالم نيابته عن المعقب ضدها صحبة تقرير في الرد على‬
‫مستندات التعقيب إال أن ذلك كان بتاريخ ‪ 02‬أكتوبر ‪ 2018‬أي بعد فوات اجل الشهر من تاريخ‬
‫تبليغه مستندات الطعن الموافق ل ‪ 2018-8-30‬خالفا لما اقتضته أحكام الفصل ‪ 186‬من م م م ت‬
‫بما يتعين معه االلتفات عن التقرير المذكور‪.‬‬
‫المحكمــة‬
‫عن المطعن الوحيد ‪:‬‬
‫حيث من المستقر عليه فقها وقضاء أن الصيرفي كمحترف في الميدان البنكي محمول عليه‬
‫تنفيذ التزاماته المهنية في مواجهة حريفه بتمام األمانة وان ثبوت الخطأ المهني في جانبه تقوم معه‬
‫مسؤوليته المدنية الموجبة للتعويض‪.‬‬
‫وحيث ال جدال أن المعقبة اآلن حريفة البنك المعقب ضده قد صدر لفائدتها عن الدائرة الجنائية‬
‫بمحكمة االستئناف بالمنستير القرار عدد ‪ 5718‬بتاريخ ‪ 2014-4-15‬قضى بإدانة المتهم س ف‪.‬‬
‫من أجل التدليس الشيك الراجع للمعقبة والذي تمت سرقته كإلزامه بأداء قيمة الشيك المذكور‪.‬‬
‫وحيث اعتبرت محكمة القرار المطعون فيه أنه وطالما تم التعرف على الجاني والقضاء بإدانته‬
‫وتحصل المعقبة على مبلغ التعويض عن معين الشيك من المتهم المحكوم عليه ولم تثبت المعقبة‬
‫اآلن المضرة التي ألحقها بها البنك فان دعواها أضحت مجردة وحرية بالرفض‪.‬‬
‫وحيث وخالفا لما عللت به المحكمة رأيها فإن الحكم باألداء لفائدة المعقبة بوصفها قائمة بالحق‬
‫الشخصي ضد المتهم الذي سرق منها الشيك موضوع النزاع وقام بتدليسه في إطار التداعي‬
‫الجزائي ال يمنعها من مطالبة البنك المعقب ضده المسحوب عليه ذلك الشيك سيما وقد اثبت‬
‫االختبار المأذون به تقصير البنك في مراقبة صحة البيانات ونسبة اإلمضاء للساحب بما ال يجوز‬
‫معه الخلط بين ما اقترفه المتهم وبين مسؤولية البنك الذي ال يعفى منها إال في صورة إثباته قيامه‬
‫بواجباته المهنية مع تمام األمانة‪.‬‬

‫‪5‬‬ ‫‪http://www.cassation.tn/‬‬
‫‪http://www.cassation.tn/‬‬

‫حيث وفضال عن ذلك فانه ال شيء ضمن أوراق الملف يثبت تنفيذ الحكم الجزائي في فرعه‬
‫المدني وان المعقبة قد استخلصت تبعا لذلك قيمة الشيك موضوع النزاع وعليه فان محكمة القرار‬
‫المطعون فيه ولما نحت غير هذا المنحى تكون قد أساءت تطبيق القانون وأورثت قضاءها ضعفا‬
‫في التعليل بما يتعين معه نقض قرارها مع اإلحالة‪.‬‬
‫ولهذه األسباب ‪:‬‬
‫قررت المحكمة قبول مطلب التعقيب شكال وأصال ونقض القرار المطعون فيه وإحالة القضية‬
‫على محكمة االستئناف بالمنستير إلعادة النظر فيها مجددا بهيئة أخرى وإعفاء الطاعنة من الخطية‬
‫وإرجاع معلومها المؤمن إليها‪.‬‬
‫وصدر هذا القرار بحجرة الشورى يوم األربعاء ‪ 11‬ديسمبر ‪ 2019‬عن الدائرة المدنية الرابعة‬
‫المتألفة من رئيسها السيد منصف الكشو وعضوية المستشارتين السيدتين نجالء المصمودي‬
‫ونجوى الغربي بمحضر المدعي العام السيد حسن بالحاج عبد هللا وبمساعدة كاتبة الجلسة السيدة‬
‫عائدة اسكندر‪.‬‬
‫وحر ر في تاريخه ‪-‬‬

‫‪6‬‬ ‫‪http://www.cassation.tn/‬‬
‫‪www.cassation.tn‬‬
‫الجمهوريةالتونسيـة‬
‫وزارة العــــــــــــدل‬
‫محكمــــة التعقيـــب‬
‫القضيـة عـ‪86419‬ـدد‬
‫جلسة‪ 16 :‬اكتوبر ‪2020‬‬
‫الحمد هلل وحده‬
‫أصدرت محكمة التعقيب القرارالتــالي ‪:‬‬

‫بعد االطالع على مطلب التعقيب المقدم بتاريخ ‪ 7‬ديسمبر ‪ 2018‬من األستاذ ب‪ .‬ط‪.‬‬
‫نيابة عن ن‪ .‬م‪.‬‬
‫ضد‪ :‬الحق العام‪.‬‬

‫طعنا في القرار الجنـائي عـ‪26117‬ـدد الصادر عن محكمة االستئناف بتونس بتاريخ‬


‫‪ 2018/11/29‬والقاضي نهائيا حضوريا بقبول ا الستئنــــــاف شكال و في االصل باقرار‬
‫الحكم االبتدائي من حيث مبدأ اإلدانة مع تعديل نصه وذلك باسعاف المتهم بتأجيل تنفيذ‬
‫العقاب البدني وتحذيره مغبة العود المدة القانونية و حمل المصاريف القانونية على المحكوم‬
‫عليه‪.‬‬
‫وبعد االطالع على القرار المطعون فيه والتامل في كافة االجراءات المجراة في القضية‪.‬‬
‫وبعد االطالع على ملحوظات السيد المدعي العام واالستماع لشرحها بالجلسة‪.‬‬
‫وبعد المفاوضة القانونية صرح بالقرار اآلتي‪:‬‬
‫‪ /1‬من حيث الشكل‬
‫حيث قدم مطلب التعقيب في االجل وممن له صفة وضد قرار قابل للطعن بتلك الوسيلة‬
‫واستوفى بذلك اإلجراءات القانونية‪ ،‬وتعين قبوله شكال‪.‬‬
‫‪www.cassation.tn‬‬
‫‪ /2‬من حيث األصل‬
‫حيث تبين من االطالع على اوراق القضية وعلى الحكم المنتقد والوقائع التي انبنى عليها تقدم‬
‫م‪ .‬ك‪ .‬ور‪ .‬ع‪ .‬بعريضة الى وكالة الجمهورية بالمحكمة االبتدائية بتونس ضد المدعو ن‪ .‬ف‪.‬‬
‫بتاريخ ‪ 2010/07/20‬مفادها ان األخير تقلد خطة رئيس مدير عام لمجمع المصالح‬
‫االقتصادية بمقتضى محضر جلسة خارقة للعادة بتاريخ ‪ .2009/10/21‬وقد قام المش تكى به‬
‫بعديد الهفوات الفادحة على مستوى تسيير إدارة أموال المجمع مما الحق أضرارا جسيمة‬
‫بالمجمع وبمصالح الشركاء‪ .‬ورفض تقديم الحسابات وضبطها مما اضطر الشاكيين الى‬
‫استصدار اذن على عريضة يقضي بتكليف الخبير ع‪ .‬ح‪ .‬للوقوف على الوضعية المالي ة‬
‫للمجمع وتحديد قيمة األموال المستولى عليها‪ .‬وطلب نائب الشاكين تتبع المشتكى به‪ .‬فأذنت‬
‫النيابة العمومية بإحالة العريضة على اإلدارة الفرعية لألبحاث االقتصادية والمالية للبحث‪.‬‬
‫وضمنت األبحاث بالمحضر عدد ‪ 1120‬مؤرخ في ‪ 2010/09/01‬أذنت على اثره النيابة‬
‫بفتح بحث تحقيقي كان منطلقا لقضية الحال‪.‬‬
‫وباستكمال التحقيقات صدر عن قاضي التحقيق بتاريخ ‪ 2012/01/26‬قرار ختم البحث عدد‬
‫‪ 21827‬تقرر بموجبه إحالة المتهم ن‪ .‬ف‪ .‬على دائرة االتهام لقيام ما يكفي من الحجج‬
‫والقرائن الدالة على ثبوت ادانته من أجل ارتكابه جريمة الخيانة الموصوفة طبق أحكام‬
‫الفصل ‪ 297‬من م ج والحفظ في حقه فيما زاد على ذلك النتفاء األركان القانونية وفي حق‬
‫من عداه الى حين التوصل الى معرفة هوية الجاني أو الجناة‪ .‬وقررت دائرة االتهام تأييد‬
‫القرار المذكور واحالة المتهم على الدائرة الج نائية بالمحكمة االبتدائية بتونس لمقاضاته من‬
‫أجل ما ذكر‪.‬‬
‫فقضت المحكمة المذكورة إبتدائيا غيابيا بثبوت ادانة المتهم ن‪ .‬ف‪ .‬وسجنه مدة أربعة أعوام‬
‫وحمل المصاريف القانونية عليه ورفض الدعوى المدنية شكال‪.‬‬
‫وباعتراض المحكوم ضده صدر الحكم االبتدائي عدد ‪ 33451‬بتاريخ ‪ 2017/03/02‬يقضي‬
‫حضوريا بثبوت ادانة المتهم ن‪ .‬ف‪ .‬واعتبار األفعال المنسوبة اليه من قبيل الخيانة المجردة‬
‫طبق أحكام الفصل ‪ 297‬فقرة أولى من م ج وسجنه ألجل ذلك مدة عامين اثنين وحمل‬
‫المصاريف القانونية عليه‪.‬‬
‫‪www.cassation.tn‬‬
‫وحيث استأنف المتهم الحكم المذكور ‪ ،‬و أصدرت محكمة االستئناف بتونس الحكم الوارد‬
‫نصه بالطالع فتعقبه المحكوم ضده بواسطة نائبه وجاء بمستندات الطعن ما يلي‪:‬‬
‫المطعن األول‪ :‬ضغف التعليل‬
‫قوال أن محكمة القرار المنتقد أهملت عدة عناصر وأدلة تفصيلية تعتبر قرائن براءة فلم‬
‫تتناولها ولم تبد رأيها فيها‪ .‬من ذلك استناد المحكمة بصفة كلية على تقرير االختبار المنجز‬
‫من قبل الخبير م‪ .‬س‪ .‬باذن من قاضي التحقيق في القضية التحقيقية عدد ‪ 21827‬دون سواه‬
‫من األدلة األخرى رغم اصابته بعلل إجرائية منها نقص صفحاته ومضمونه وتضارب‬
‫فصوله باإلضافة الى ما شاب ه من غموض فكانت النتيجة التي توصل اليها مغايرة تماما لما‬
‫تضمنه الملف من حجج ومؤيدات‪.‬‬
‫المطعن الثاني‪ :‬هضم حقوق الدفاع‪:‬‬
‫قوال أن نتيجة االختبار الذي انجزه الخبير م‪ .‬ق‪ .‬اتسمت باالحترافية‪ ،‬فكانت جديرة باالعتما د‬
‫لمطابقتها للتشريع المحاسبي‪ .‬اال ان المحكمة أخذت بنتيجة االختبار المنجز من الخبير م‪ .‬س‪.‬‬
‫الذي تعلقت به العديد من النقائص باإلضافة الى اعتماده بصفة كلية على أعمال الخبير ع‪.‬‬
‫ح‪ .‬والحال انها اقتصرت على السنة المحاسبتية ‪ 2009‬دون السنة ‪.2010‬‬
‫وال مجال الستبعاد دليل براءة الطاعن الذي يتمثل في تقرير اختبار له نفس حجية باقي‬
‫التقارير خاصة وأنه أوضح أن جملة المبالغ التي تم سحبها تقابلها معامالت قانونية ثابتة من‬
‫خالل ما اطلع عليه بدفاتر المحاسبة للمجمع‪ .‬من ذلك كراء الباخرة الستغاللها في نقل‬
‫البضائع وهي عملية فعلية باعتراف الشاكي م‪ .‬ك‪ .‬بمناسبة التحرير عليه في القضية المدنية‬
‫عدد ‪.27083‬‬
‫رغم ذلك لم تستجب المحكمة الى طلبات الدفاع بضرورة إعادة االختبار بواسطة ‪ 3‬خبراء‪.‬‬
‫واعتمدت على تقرير دون اخر دو تسبيب جدي مما أورث حكمها هضما لحق الدفاع‬
‫يستوجب النقض‪.‬‬
‫المطعن الثالث‪ :‬في تخلف األركان القانونية لجريمة الفصل ‪ 297‬م ج‪:‬‬
‫قوال أن الفصل ‪ 297‬م ج لم يأت على ذكر عقد الشركة ضمن عقود األمانة‪ .‬وقد كان الطاعن‬
‫يشغل زمن ارتكاب األفعال المنسوبة اليه خطة رئيس مدير عام في اطار عالقة شراكة مع‬
‫‪www.cassation.tn‬‬
‫غيره لتسيير مجمع مصالح اقتصادية نظمتها مجلة الشركات التجارية‪ .‬وبالتالي كان على‬
‫المحكمة أن تسعى ل لتثبت من هذا المعطى القانوني قبل توجيه االتهام والمحاكمة ألن ذلك يعد‬
‫من المسائل الجوهرية األولية التي كان مت الضروري التأكد منها قبل نسبة التهمة‪.‬‬
‫وطالما أن األفعال المنسوبة للطاعن وعلى فرض صحتها تمت تحت نظام التجمع وهو شكل‬
‫من اشكال تعاقد الشركات التجارية‪ ،‬فال يمكن مؤاخذة المعقب على أساس جريمة الفصل‬
‫‪ 297‬م ج لعدم توفر أركانها القانونية‪.‬‬
‫وقد استقر فقه القضاء على عدم اعتبارعقد الشركة عقد أمانة‪ .‬كذلك فانه البد من توفر‬
‫عنصري القصد الجنائي وهما اإلرادة والعلم وبتخلف أحدها ال تقوم أركان الجريمة‪.‬‬
‫ومن جهة أخرى فقد دف ع المعقب طيلة أطوار القضية بانعدام صفة القيام في جانب الشاكيين‪.‬‬
‫ويكفي التأكيد على أن أحكام مدنية انصفته الجل ذلك‪.‬‬
‫لذلك ي طلب الطاعن قبول مطلب التعقيب شكال وفي األصل بنقض الحكم المطعون فيه واحالة‬
‫القضية على محكمة االستئناف بتونس العادة النظر فيها بهيئة أخرى‪.‬‬
‫المحكمــــــــــــــــــة‬

‫عن المطعن المتعلق بعدم توفر األركان القانونية لجريمة الفصل ‪ 297‬م ج‪:‬‬
‫حيث بالرجوع الى أحكام الفصل ‪ 297‬من م ج يتضح ان األفعال المنسوبة للطاعن تستوجب‬
‫مؤاخذته من اجل ارتكابه لجريمة الخيانة المجردة على معنى احكام الفقرة األولى من الفصل‬
‫المذكور‪ .‬وقد بينت محكمة القرار المنتقد أسباب عدم اعتبار تلك األفعال من قبيل الخيانة‬
‫الموصوفة‪ ،‬وتبنت ما ذهبت اليه محكمة البداية في تكييف الوقائع وتأويل الفصل ‪297‬‬
‫المذكور ‪ ،‬لتنتهي الى االعتماد على مقتضيات الفقرة األولى من أحكامه كسند لقضائها‪ .‬وهو‬
‫تأويل صا ئب يتالءم مع مفهوم الوكالة وخطة الرئيس مدير عام التي كان يشغلها المظنون‬
‫فيه‪ .‬وقد تناولت المحكمة أركان الجريمة المنسوبة له وبينت أسباب توجيهها عليه بتعليل‬
‫قانوني سليم لم تات مستندات الطعن بما يوهنه‪ .‬واتجه رد هذا المطعن لعدم وجاهته‪.‬‬
‫‪www.cassation.tn‬‬
‫عن المطعنين المتعلقين بضعف التعليل وهضم حقوق الدفاع لالرتباط ووحدة القول فيهما‪:‬‬
‫حيث يتضح بالرجوع الى مستندات القرار المطعون فيه أن المحكمة قد اجابت بكل تفصيل‬
‫وعلى مقتضى القانون على المطاعن المثارة من قبل دفاع الطاعن وأسست قضاءها على‬
‫أسانيد واقعية وقانونية سليمة مستمدة مما له أصل ثابت بأوراق الملف وباالعتماد على تقرير‬
‫االختبار المعد من الخبير م‪ .‬س‪ .‬وبينت أسباب أخذها بنتيجته وأسباب استبعادها لتقرير‬
‫االختبار المعد من الخبير ق‪.‬‬
‫ولم تر المحكمة تبعا لذلك ما يبرر طلب إعادة االختبار‪ .‬ويعد سكوتها عن هذا الطلب‬
‫والتفاتها عنه رفضا ضمنيا له خاصة وأن الطاعن لم يقدم ما من شأنه أن يوهن النتيجة التي‬
‫انتهى اليها االختبار المعتمد من قبلها‪.‬‬
‫وحيث تأكد للمحكمة من خالل أوراق الملف واعمال االختبار ثبوت استيالء الطاعن على‬
‫مبالغ مالية قدرها ‪ 379‬الف دينار‪ .‬و اعتبرت في اطار سلطتها في تقدير الوقائع والموازنة‬
‫بين األدلة‪ ،‬أن المظنون فيه عجز عن اثبات مآل تلك األموال ولم تتطابق مختلف الروايات‬
‫التي تمسك بها مع ما ادلى به من مؤيدات وما أسفرت عنه األبحاث وأعمال االستقراء‪.‬‬
‫وحيث ال خالف أن المحكمة تجري األبحاث والتحقيقات واالعمال االستقرائية طبقا لما تراه‬
‫مناسبا وال يعتبر عدم االستجابة لطلب إعادة االختبار تقصيرا من جانبها اذا قدرت انعدام‬
‫الجدوى من ذلك الطلب‪.‬‬
‫وحيث أن ما نعاه الطاعن على اعمال الخبير م‪ .‬س‪ .‬ال ترتق الى مرتبة األخطاء التي تبرر‬
‫طلب استبعاده‪ ،‬فضال على أنه لم يتم التمسك بها امام محكمة القرار المنتقد حتى يتسنى لها‬
‫تناولها واالجابة عليها من جهة‪ .‬ومن جهة أخرى فان المحكمة لم تقتصر في حكمها على‬
‫االختبار المذكور وانما استأنست بجملة االختبارات المنجزة وبينت موقفها منها واستخلصت‬
‫النتائج القانونية بتعليل سليم ومستساغ‪.‬‬
‫وحيث وعالوة على ذلك فان الدفوع المثارة تهدف في حقيقة االمر الى مناقشة فهم محكمة‬
‫األصل للوقائع وتقدير وسائل االثبات واستخالص النتيجة القانونية منها‪ ،‬وهو أمر غي ر‬
‫مقبول أمام محكمة القانون التي ال يمكنها نقض اجتهاد قضاة األصل طالما كان مؤسسا كما‬
‫يجب واقعا وقانونا‪ .‬واتجه تبعا لذلك رد هذين المطعنين أيضا‪.‬‬
‫‪www.cassation.tn‬‬

‫لـــــذا ولهاته األسبـــاب‬

‫قررت المحكمة قبول مطلب التعقيب شكال ورفضه أصال والحجز‪.‬‬


‫و صدر هذا القرار بحجرة الشورى يوم الجمعة ‪ 16‬اكتوبر ‪ 2020‬عن مجلس الدائرة التاسعة‬
‫والعشرين(‪ )29‬برئاسة السيد رياض االمام وعضوية المستشارين السيد شكري كمون‬
‫والسيدة سامية العابد بحضور المدعي العام السيد جالل الزواوي و بمساعدة كاتبة الجلسة‬
‫السيد جالل العنتير‪.‬‬
‫وحرر بتاريخه‬
‫‪www.cassation.tn‬‬

‫الحمد هلل وحده‬ ‫الجمهورية التونسية‬

‫وزارة العدل‬

‫محكمة التعقيب‬

‫عدد القرار‪86576 :‬‬

‫تاريخه‪2020/03/13 :‬‬

‫قرار تعقيبي جزائي‬

‫أصدرت محكمة التعقيب القرار اآلتي‪:‬‬

‫بعد اإلطالع على مطلب التعقيب المقدم من طرف (م‪.‬ب) بتاريخ ‪2019/08/05‬‬
‫ينوبه األستاذ (ن‪.‬ف)‬

‫ضد‪ :‬الحق العام‬

‫طعنا في الحكم اإلستئنافي الصادر بتاريخ ‪ 2019/01/18‬تحت عدد ‪ 25291‬من‬


‫محكمة اإلستئناف بتونس والقاضي نهائيا حضوريا بقبول اإلستئناف شكال وفي األصل‬
‫بإقرار الحكم اإلبتدائي مع تعديل نصه وذلك بإسعاف المتهم بتأجيل تنفيذ العقاب البدني‬
‫المحكوم به عليه وتحذيره مغبة العود المدة القانونية‪.‬‬

‫وبعد اإلطالع على الحكم المطعون فيه والتأمل في كافة اإلجراءات القانونية‪.‬‬

‫وبعد اإلطالع على طلبات اإلدعاء العام لدى محكمة التعقيب واإلستماع لشرحها‬
‫جلسة‪.‬‬

‫وبعد المفاوضة القانونية صرح بما يلي‪:‬‬

‫‪1‬‬
‫‪www.cassation.tn‬‬

‫من حيث الشكل‪:‬‬

‫حيث إستوفى مطلب التعقيب جميع أوضاعه وصيغه القانونية لذا فهو حري بالقبول‬
‫شكال‪.‬‬

‫من حيث األصل‪:‬‬

‫حيث يؤخذ من القرار المنتقد ومن الوقائع التي إنبنى عليها ومن األبحاث المجراة‬
‫في القضية بواسطة أعوان فرقة األبحاث العدلية بمنوبة حسب محضرهم عدد ‪08/3-77‬‬
‫المؤرخ في ‪ 2008/4/21‬أن المدعو (ع‪.‬ز) تقدم بشكاية إلى وكالة الجمهورية عن طريق‬
‫نائبه (ن‪.‬ع) مفادها أنه أنشأ بمعية المدعو (ع‪.‬ب) شركة موضوع نشاطها بيع المواد الغذائية‬
‫بالجملة وقد أسندت الوكالة إلى المتهم (م‪.‬ب) إال أنه إستغل صفته تلك للقيام بعديد التجاوزات‬
‫من ذلك تنزيله لصكوك بنكية تابعة للحرفاء بحسابه الخاص المفتوح بالبنك التونسي تحت‬
‫عدد ‪ 319857‬وإستفادته من مبالغ مالية وتزوده بعديد السلع والمواد مستعمال إسم الشركة‬
‫وخالص المزودين من أموال الشركة‪.‬‬

‫وبموجب ذلك تمت إحالة المتهم من أجل الخيانة الموصوفة طبق الفصل ‪ 297‬من م‬
‫ج فقرة ثانية‪.‬‬

‫وحيث أصدرت المحكمة االبتدائية حكمها عدد ‪ 24379‬بتاريخ ‪2012/05/22‬‬


‫والقاضي إبتدائيا حضوريا بثبوت اإلدانة وسجن (م‪.‬ب) مدة عامين إثنين (‪ )02‬من أجل‬
‫الخيانة الموصوفة بإعتبارها الجريمة األشد وحمل المصاريف القانونية عليه فإستأنفه المتهم‬
‫وصدر الحكم اإلستئنافي عدد ‪ 2052‬بتاريخ ‪ 2014/11/27‬والقاضي نهائيا حضوريا بقبول‬
‫اإلستئناف شكال وفي األصل بإقرار الحكم اإلبتدائي مع تعديل نصه وذلك بإسعاف المتهم‬

‫‪2‬‬
‫‪www.cassation.tn‬‬

‫بتأجيل تنفيذ العقاب المحكوم به عليه وتحذيره مغبة العود المدة القانونية فعقبه المتهم وصدر‬
‫القرار التعقيبي عدد ‪ 25085‬بتاريخ ‪ 2016/10/13‬والقاضي بالنقض واإلحالة‪.‬‬

‫وبموجب ذلك أعيد نشر القضية وصدر القرار اإلستئنافي المشار إليه أعاله‪.‬‬

‫فعقبه المتهم بواسطة نائبه ناعيا عليه ضعف التعليل وهضم حقوق الدفاع وتحريف‬
‫الوقائع واإلفراط في السلطة طالبا النقض واإلحالة‪.‬‬

‫المحكمة‬

‫عن جميع المطاعن التحاد القول فيها‪:‬‬

‫حيث الجدال أن محكمة األصل تنظر في الوقائع وتبحث عن قرائن البراءة وقرائن‬
‫اإلدانة على حد السواء وذلك سعيا منها لكشف الحقيقة ثم تخضعها للنصوص القانونية‬
‫المنطبقة في نطاق سلطتها في تكييف الوقائع وإضفاء الوصف القانوني المناسب‪.‬‬

‫وحيث تكون محكمة الحكم المنتقد لما طبقت الفصل ‪ 297‬من م ج على وقائع قضية‬
‫الحال والحال أن األمر يتعلق بعقد شركة والذي ليس من عقود األمانة الموجبة لقيام جريمة‬
‫الخيانة والتالي فإعتبار المحكمة الوكالة على الشركة ظرفا مشددا لجريمة الخيانة فيه خرق‬
‫واضحا للقانون ولموجبات الفصل ‪ 297‬من م ج‪.‬‬

‫وحيث ورجوعا للوقائع وأخذا بالتطبيق الضيق لمبدأ الشرعية وطالما ثبت أن المتهم‬
‫المعقب هو وكيل الشركة الشاكية وبصفته تلك فإنه وحسب مجلة الشركات التجارية عند‬
‫إرتكابه للجرائم المتعلقة بإدارة الشركة يكون تحت طائلة جريمة اإلستبداد بأموال الشركة‬
‫موضوع الفصل ‪ 146‬من مجلة الشركات التجارية وهو نص خاص يقدم على الفصل ‪297‬‬
‫من م ج الذي هو نص عام‪.‬‬

‫‪3‬‬
‫‪www.cassation.tn‬‬

‫وحيث تكون محكمة الحكم المنتقد لما قضت على النحو الذي قضت به قد أورثت‬
‫حكمها خرقا للقانون وضعفا في التعليل موجبان للنقض واإلحالة‪.‬‬

‫لذا ولهذه األسباب‪:‬‬

‫قررت المحكمة قبول مطلب التعقيب شكال وأصال ونقض القرار المطعون فيه‬
‫وإحالة القضية من جديد إلى محكمة اإلستئناف بتونس للنظر فيها من جديد بواسطة هيئة‬
‫أخرى واإلعفاء‪.‬‬

‫وصدر هذا القرار بحجرة الشورى بتاريخ ‪ 2020/03/13‬عن الدائرة ‪ 17‬المتألفة‬


‫من رئيستها السيدة روضة أوبيش ومستشاريها السيدتين مفيدة المداني ونائلة العباسي‬
‫وبمحضر المدعي العام السيد عادل الدريسي وبمساعدة كاتبة الجلسة السيدة سميرة بوشوشة‪.‬‬

‫‪4‬‬
‫‪/http://www.cassation.tn‬‬

‫الجمهورية التونسية‬

‫محــــكمة التعــقيب‬

‫الدائرة السابعة و العشرون‬

‫القرارباســــــــــم الشــــــــعب‬ ‫عـ‪53174‬دد‬

‫بتاريخ ‪2018/01/021 :‬‬

‫قــــــــرار تعقيبي جناحـي‬

‫الحمد هللا وحده‪،‬‬

‫أصدرت محكمة التعقيب القرار التالي‪:‬‬

‫بعد اإلطالع على مطلب التعقيب األول المقدم مصحوبا بما يفيد خالص المعالي القانونية من‬
‫قبل ر‪.‬ز ‪ .‬بواسطة محاميها األستاذ نا‪ .‬ش‪.‬بتاربخ ‪ 19‬أكتوبر ‪ 2016‬والمسجل‬
‫تحتع‪53174‬ـــــــدد‬

‫ضد ‪1:‬الحـــق العــــــام ‪.‬‬

‫طعنا في الحكم الجناحي عـ‪406/16‬دد الصادر عن محكمة اإلستئناف بالمنستير بتاريخ‬

‫‪ 2016/10/13‬والقاضي " قضت المحكمة نهائيا حضوريا بقبول االستئناف شكال وفي‬
‫األصل بإقرارالحكم االبتدأئي بحمل المصاريف القانونية عليها "‪.‬‬

‫‪ -‬بعد اإلطالع على القرار المطعون فيه و التأمل في كافة اإلجراءات في القضية ‪،‬‬
‫‪ -‬وبعداإلطالع على ملحوظات السيد المدعي العام لدى هذه المحكمة واالستماع لشرحها في‬
‫الجلسة‬
‫‪ -‬وبعد المفاوضة القانونية صرح علينا بما يلي‪:‬‬

‫من حيث الشكل‪:‬‬


‫‪/http://www.cassation.tn‬‬

‫‪ -‬حيث كان مطلب التعقيب مقدما ممن له صفة وفي اآلجال وطبق الصيغ القانونية وموجها‬
‫علىحكم قابل للطعن بتلك الوسيلة تطبيقا لمقتضيات الفصل ‪ 258‬وما بعده من‬
‫مجلةاإلجراءات الجزائيةوتعين قبوله من هذه الناحية ‪.‬‬

‫‪-‬من حيث األصل ‪:‬‬

‫‪ -‬حيث يتضح باإلطالع على الحكم المنتقد والوقائع التي إنبنى عليها أنه أنتجت األبحاث‬
‫المجراة فيالقضية بواسطة أعوان الضابطة العدلية التابعين لفرقة الشرطة العدلية بالمنستير‬
‫حسب محضرهم عدد‪383‬بتاريخ ‪ 2009/4/24‬تقدم الشاكية ح‪ .‬الز‪ .‬بشكاية إلى وكالة‬
‫الجمهورية بمحكمة المنستيراالبتدائية يوم ‪ 2009/04/15‬مفادها أنه تم إعالمها من قبل‬
‫رئيسها المدعو ف‪ .‬الج‪ .‬أن إحدى الممتحنات للحصول على رخصة سياقة المدعوة أ‪ .‬الر‪.‬‬
‫أعلمته أنها اتفقت مع المدعوة ر‪ .‬الز‪.‬على أن تتولى هذه األخيرة مساعدتها في الحصول على‬
‫تلك الرخصة لسبق معرفتها بالشاكية على أنيسلم لها مبلغا ماليا قدره ألف وخمسمائة دينار‬
‫مؤكدة إنها ليست الشخص الوحيد التي تعرضت إلى هذهالعملية وضمنت الشكاية تحت‬
‫عدد‪.18533/9‬‬

‫‪-‬وبإنهاء األبحاث إلى النيابة العمومية بالمحكمة االبتدائية بالمنستير تولت بموجب قرارها‬
‫المؤرخ في ‪2009/07/31‬إحالة المتهمة ر‪.‬ب‪ .‬ع‪ .‬ب‪ .‬أ‪ .‬ز‪ .‬على المجلس الجناحي بالمحكمة‬
‫اإلبتدائية بالمنستير لمقاضاتها من أجل استغالل روابط لدى موظف عمومي لقبول عطايا‬
‫بدعوىالحصول على امتيازات لفائدة الغير طبق الفصل ‪ 87‬ق‪.‬ج ‪.‬‬

‫‪ -‬وحيث أصدر المجلس الجناحي بالمحكمة اإلبتدائية المنستير حكمه عـ‪795‬ـدد‬


‫بتاريخ‪ 2009/02/10‬و القاضي نصه " قضت المحكمة ابتدائيا معتبر حضوريا بسجن‬
‫المتهمة مدة ثالثةأشهر وحمل المصاريف القانونية عليها وتغريمها لفائدة القائمة بالحق‬
‫الشخصي ح‪ .‬الز‪ .‬بالمليمالرمزي لقاء ضررها المعنوي وبمائتي دينار لقاء أتعاب التقاضي‬
‫وإشراف المحاماة وحمل مصاريف هذهالدعوى على القائمة بها ولها حق الرجوع بها على‬
‫من يجب قانونا "‪.‬‬
‫‪/http://www.cassation.tn‬‬

‫‪ -‬ويإستئنافه من طرف النيابة العمومية والمتهمة فقضت محكمة االستئناف تحت عدد‬
‫‪ 1652/10‬بتاريخ‪7‬أكتوبر ‪ 2010‬بقبول االستئناف شكال وفي األصل بإقرار الحكم االبتدائي‬
‫معتعديله وصفا فقط وذلكباعتبار األفعال الصادرة عن المتهمة من قبيل جريمة التحيل طبق‬
‫الفصل ‪ 291‬م‪.‬ج وحمل المصاريف القانونية على المحكوم عليها "‪.‬‬

‫‪ -‬وحيث عقب نائب المتهمة الحكم المذكور فقضت محكمة التعقيب تحت عدد ‪75577‬‬
‫بتاريخ‪2011/11/24‬بالنقض واإلحالة استنادا إلى أن الوصف الجديد الذي أعطته محكمة‬
‫الحكم المنتقديقتضي عقابا أشد إذ أن الفصل ‪ 291‬ينص على أن العقاب من أجل جريمة‬
‫التحيل حدد بخمس سنواتسجنا في حين أن العقاب المقرر لمرتكب جريمة استغالل نفوذ حدد‬
‫بثالثة أعوام وبالتالي فان الحكمالمنتقد عكر حالة المستأنفة ‪.‬‬

‫‪ -‬وبإعادة نشر القضية مجددا قضت محكمة اإلحالة تحت عدد ‪ 12/558‬نهائيا غيابيا بقبول‬
‫االستئنافشكال وفي األصل بإقرار الحكم االبتدائي في جميع ما قضى به وحمل المصاريف‬
‫القانونية على المحكومعليها‪.‬‬
‫‪ -‬باعتراض المتهمة على الحك م المذكور أصدرت محكمة اإلستئناف بالمنستير الحكم‬
‫المضمن نصهبالطالع فعقبته المتهمة ر‪ .‬الز‪ .‬بواسطة محاميها األستاذ الن‪ .‬ش‪ .‬ناعيا عليه ‪:‬‬
‫‪-‬مخالفة أحكام الفصل ‪ 87‬من م ج ‪:‬‬
‫وفقد دأب فقه قضاء محكمة التعقيب على إعتبار أن مقتضيات الفصل ‪ 87‬هي مقتضيات‬
‫خاصة ضرورةو أنها جاءت لزجر اإلرشاء واالرتشاء و قد نص الفصل على استغالل‬
‫رواب ط وهمية أو حقيقية لدىموظف عمومي و يقبل بنفسه أو بواسطة غيره عطايا أو وعودا‬
‫بالعطايا‪.‬و في قضية الحال فإن الشاكيةهي حنان الزعق القائمة بالحق الشخصي و الفصل‬
‫‪ 43‬ض م! جيستبعد تصريحات القائم بالحقالشخصي الذي ينتقل من شاهد إلى طرف‬
‫متضرر‪.‬و حتى و إن اعتبرنا مثلما ذهبت إليه المحكمة فيبادئ األمر على أساس أن التهمة‬
‫مناط الفصل‪ 291‬من م ج فإن ال أركان جريمة التحيل التي تنطبقعلى الوقائع و ال أركان‬
‫الفصل ‪ 87‬من م جكذلك إذ أن كال الفصلين ال يحوزان على مقوماتهماالنظامية و مختلي‬
‫األركان خاصة إزاء ما تم بالبحث من تضارب صارخ بين تصريحات الشاهدة نو‪.‬‬
‫‪/http://www.cassation.tn‬‬

‫الش‪.‬وزاعمة المضرة بخصوص المقدار المالي الذي ثبت تسليمه لمنويته المعقبة اآلن خاصة‬
‫إذا قرأناتصريحات صاحب مدرسة السياقة الذي ذكر مقدار آخر غير المقدار المصرح به‬
‫من قبل الشاهدةوالقائمة بالحق الشخصي المعقب ضدها اآلن وهو أمر ال يمكن أن يمر دون‬
‫التعريج عليه ألنه كانمنطلق قضية الحال واإلحالة على مقتضى الفصل ‪ 87‬من ق ج تم ‪291‬‬
‫ق ج بعد تغيير الوصفالقانوني للجريمة رغم أن المتأمل في تقرير نائبة القائمة بالحق‬
‫ا لشخصي لدى الطور األول نجده محرراعلى أساس أن اإلحالة كانت ومنذ البداية طبق‬
‫الفصل ‪ 87‬ق ج تم ‪ 291‬ق جوكان من المتجه القضاءبرفض الدعوى المدنية على حالها منذ‬
‫الطور األول إذ أن التقرير المحرر في ‪ 2009/10/27‬كان في إتجاهه الصحيح تم إن التقرير‬
‫المؤرخ في‪ 2009/11/24‬أصبح يتحدث عن التحيل طبق منطوقالفصل ‪ 291‬ق ج و أن‬
‫األركان القانونية المتكونة من الفعل المادي تم الركن المعنوي تستخلص بناءا على الوقائع‬
‫المتناسقة والمنسجمة لنصل إلى النتيجة المرجوة أو االستنتاج فهو لن يوصل إلى اليقينباعتبار‬
‫أننا في مادة جزائية ال تحتمل التأويل و أن محكمة الحكم المطعون فيه رغم إستعراضها‬
‫لألحكام التي مرت بها القضية وصوال للقرار التعقيبي لم تبرز بوضوح األركان القانونية‬
‫التي تتكون منها الجريمةوهي الفعل المادي بل وقعت في االستنتاج عندما قالت في معرض‬
‫تقريرها و بعد أن إستعرضت تصريحات األطراف و الوقائع ثم في القانون وبعد أن أعادت‬
‫تصريحات األطراف تصرح وأن اإلدانةثابتة و حكم محكمة البداية كان في طريقه ولم تلتفت‬
‫المحكمة إلى الدافع من وراء إثارة هاته القضية أنالدافع من وراء إثارة هذه القضية مردوده‪:‬‬
‫أوال؛ الضغط على منوبته من قبل الشاكية و قريبتها الشاهدةلتتمكن هذه األخيرة من‬
‫إستخالص دين لها غير موثق بذمة منوبته‪.‬‬

‫ثانيا‪ :‬الخوف على الخطة الوظيفية من قبل الموظفة ح‪ .‬الز‪ .‬القائمة بالحق الشخصي ‪.‬‬

‫وال يعقل منطقيا أن تعتمد المرأة التي إجتازت االمتحان لنيل شهادة الكفاءة المهنية لسياقة‬
‫السياراتمباشرة على إثر إعالمها بنتيجة فوزها في اإلمتحان بأن نجاحها هذا هو في الحقيقة‬
‫مقابل رشوة ماليةقدمتها إلى زميلته في العمل حنان الزعق‪ ،‬عالوة على أن إقرار الشاهدة‬
‫ن‪.‬ش‪ .‬قريبة زاعمة المضرةأ‪ .‬الر‪ .‬بوجود دين لفائدتها في ذمة منويته لم تتمكن من‬
‫‪/http://www.cassation.tn‬‬

‫إستخالصه إلى تاريخ التشكي و أنالتضارب بين تصريح الشاهدة المذكورة و زاعمة الضرر‬
‫بخصوص المقدار المالي الذي ثبت تسليمه لمنوبته يقوم دليال على عدم التنسيق بينهما وبين‬
‫الشاهدة و كذلك المدرب صاحب مدرسة تعليم سياقةالسيارات الذي أورد مقدارا ماليا مخالفا‬
‫للمبلغ الذي ذكرته الشاهدة من جهة وزاعمة الضرر من جهةأخرى‪.‬و إنه ال يعقل منطقيا أن‬
‫يستمع الشاهد المذكور لصوت منوبته و يتبين ما صدر عنها من قولبمناسبة مكالمة هاتفية‬
‫دارت بين زاعمة الضرر ومنويته بواسطة هاتفها الخلوي ضرورة انه يستحيل إستحالة‬
‫قطعية أن يبين ما نطقت به منويته والهاتف الخلوي على أذن زاعمة الضرر و بذلك يتأكد‬
‫مجددا أن كل من زاعمة الضرر و قريبتها الشاهدة و صاحب مدرسة تعليم سياقة السيارات‬
‫أدلوا بتصاريحمتضاربة الغرض منها هو حمل منويته على تسديد دين غير موثق بكتب‬
‫لفائدة الشاهدة و إنه بمجرد أن إستجابت منويته لطلب الشاهدة وسلمتها عن طواعية كتب‬
‫إعتراف بالدين وباشرت الدفع و تبين أنه الوجود لمبرر لتوريط منويته بغاية الضغط عليها‬
‫لتسديد الدين شعرت الشاهدة و قريبتها زاعمة المضرة بالذنب و هذا ما يفسر التضارب في‬
‫التصاريح التي جاء ت جميعها تتجافى و المنطق السليم و تأكدبالتالي أن وقائع قضية الحال‬
‫هي من نسج الخيال و عالوة على ذلك فإن الشاهدة الوحيدة التي صرحتأنها حضرت واقعة‬
‫تسليم المبلغ المالي لمنوبته هي قريبة زاعمة الضرر وشهادتها مقدوح فيها بالقرابة هذافضال‬
‫على التناقض الصارخ بين تصريحها و تصريح زاعمه الضرر و شهادة صاحب مدرسة‬
‫تعليم سياقةالسيارات بخصوص المقدار المالي‪ ،‬األمر الذي يتجه معه النقض مع االحالة ‪.‬‬

‫هضم حقوق الدفاع وضعف التعليل‪ :‬أن القضية ال تتجزء و إن منوبته كانت قد طلبت و منذ‬

‫الطور الثاني إحالة ملف قضية الحال على السيد المستشار المقرر إلجراء تحريرات مكتبية‬
‫و لسماعأطراف القضية لكن المحكمة لم تتول اإلجابة على هذا الدفع و تولت سرد الوقائع في‬
‫تسلسل أدى فيالنهاية إلى اإلقرار بثبوت إدانة منويته و إقرار الحكم االبتدائي وهو ما يشكل‬
‫ضعفا في التعليل‪ .‬و أننتوجيه التهم صبرة وأحدة دون توضيح دور كل طرف يورث الحكم‬
‫ضعفا في التعليل‪ .‬و جاء الفصل ‪ 168‬من م ا ج بصفة الوجوب وإن األحكام تستمد قوتها من‬
‫تعليلها تعليال مستساغا يتناسب وأوراقبقبول مطلب تعقيب شكال و في األصل نقض القرار‬
‫‪/http://www.cassation.tn‬‬

‫المطعون فيه وهو القرار عدد ‪ 16/406‬دد بتاريخ‪2016/10/13‬الصادر عن الدائرة‬


‫الجناحية لدى محكمة اإلستئناف بالمنستير و إحالة ملف القضية على الدائرة المذكورة‬
‫بمحكمة اإلستئناف بالمنستير للنظر فيه مجددا بواسطة هيئة أخرى ‪.‬‬

‫المحكمة‪:‬‬

‫في جملة المطاعن لوحدة القول فيها ‪:‬‬

‫حيث ينعى المعقب على محكمة الحكم المنتقد القضاء باإلدانة في خصوص التهمة الموجهة‬
‫على منوبته رغم إختالل أركانها وتضارب أقوال الشهود والقوادح و عدم معقولية الوقائع‬
‫المعروضة وعدمالبحث في الباعث وراء التشكي وهضم حقوق الدفاع بعدم اإلستجابة لطلب‬
‫التحرير مكتبيا ‪.‬‬

‫وحيث أن جملة المطاعن رغم كونها بوبت في خرق القانون و ضعف التعليل وهضم حقوق‬
‫الدفاع فإنها تجسدت حقيقة في مناقشة للوقائع ومراجعة إجتهاد محكمة الحكم المطعون فيه‬
‫في تقييم الوقائع التي أفرزتها األبحاث و ترتيب النتائج القانونية المستخلصة على ضوء ذلك‬
‫التقييم ‪.‬‬

‫وحيث إن والية محكمة التعقيب عند بسط رقابتها على أحكام محاكم األصل غير مطلقة و‬
‫إنما حددت قانونا بثبوت إنطواء الحكم المطعون فيه على مأخذ محصورة صورة وعددا‬
‫تتمثل في عيب فياالختصاص أو إفراط في السلطة أو خرق للقانون أو الخطأ في تطبيقه‬
‫عمال بأحكام الفصل ‪ 258‬من م‪.‬إ‪.‬ج ‪.‬‬

‫وحيث كان الطعن المعروض يرمي في حقيقة األمر إلى مناقشة محكمة الموضوع في صحة‬
‫ما اعتمدته من العناصر لتبرير قضائها‪ ،‬وهو جدل موضوعي يبقى داخل إطار االجتهاد‬
‫المطلق لقضاة األصل‪ ،‬وليس لهذه المحكمة أن تنقض مجرد الجدل طالما كان له أصل ثابت‬
‫بالملف ولم ينبن على تحريف للوقائع أو خرق للقانون ‪ ،‬وهي محكمة قانون تسهر على حسن‬
‫تطبيقه وتأويله ‪.‬‬
‫‪/http://www.cassation.tn‬‬

‫وحيث من الثابت بمراجعة الحكم المنتقد واألسانيد التي قام عليها أنه وخالفا لما جاء بمذكرة‬
‫الطعن فإنالمحكمة بينت توفر أركان جريمة قرار اإلحالة بنقل النص الحرفي للفصل ‪ 87‬و‬
‫وتنزيل الوقائع الثابتةعليه في حيثية ثانية لتخلص أن تلك الوقائع تتجسد فيها جميع أركان‬
‫الجريمة وفق منطوق النص القانوني ذلك أن المحكمة إستخلصت من الوقائع أن المتهمة‬
‫إستغلت معرفتها الشخصية بالشاكية ح‪ .‬ز‪.‬و تردد هذه األخيرة على محلها المعد للحالقة‬
‫لتحصل من المدعوة أ‪.‬الر‪ .‬بصفتها مترشحة إلجتياز إمتحان الحصول على رخصة سياقة‬
‫على مبلغ مالي بدعوى تسليمه للشاكية ح‪ .‬الز‪ .‬وذلك قصد تسهيل حصول المدعوة أ‪.‬على‬
‫رخصة سياقة بإعتبار أن الشاكية ح‪ .‬تشغل وظيفة ممتحن لرخص السياقة وهو ما تتوفر‬
‫معه جريمة إركان جريمة الفصل ‪ 87‬الذي يجرم كل شخص استغل ما له من نفوذ أو روابط‬
‫حقيقية أو وهمية لدى موظف عمومي أو شبهه ويقبل بنفسه أو بواسطة غيره عطايا أووعودا‬
‫بالعطايا أو هدايا أو منافع كيفما كانت طبيعتها بدعوى الحصول على حقوق أو امتيازات‬
‫لفائدةالغير ولو كانت حقا ‪.‬‬

‫وحيث أن هذا التعليل مستساغ قانونا و لم يتطرق له أي خرق للقانون أو سهو أو تحريف‬
‫لل وقائع ضرورةأن تلك الوقائع ثبتت في جانب المتهمة بموجب تصريحات الشاكية‬
‫ح‪.‬الز‪.‬التي تعززت بالتصريحات المفصلة للمترشحة إلمتحان السياقة المسماة أ‪ .‬الرج‪ .‬و‬
‫شهادة قريبتها ن‪ .‬الب‪ .‬و شهادة فر‪.‬الج ‪.‬‬

‫وحيث أن ما أثاره نائب المعقب و من قدح في الشهود قد عرجت عليه المحكمة و بينت‬
‫موقفها منها فيمايتعلق بعالقة المديونية التي إعتبرها نائب المعقب هي الدافع على التشكي كما‬
‫قيمت المحكمة على ضوءما توفر لها من قرائن إنكار المتهمة و تبريرها لسبب زيارتها‬
‫لمنزل المترشحة إلجتياز اإلمتحان المدعوأ‪ .‬الر‪ .‬و إعتبرته واهي و ال يدحض ما توفر لها‬
‫من قرائن ثابتة على حقيقة إستغالل المتهمة لمعرفتها بالقائمة بالحق الشخصي لتوهم‬
‫المترشحة أ‪ .‬الر‪ .‬بقدرتها على مساعدتها على نيلرخصة السياقة عن طريق التدخل لدى‬
‫الشاكية مقابل مبلغ مالي ‪.‬‬
‫‪/http://www.cassation.tn‬‬

‫وحيث يبقى من صميم سلطات قاضي األصل إستعراض عناصر الملف ويقيمها والحجية‬
‫التي يصبغهاعلى كل عنصر والترجيح بينها في تأسيس قناعة ووجدان المحكمة طالما لم يكن‬
‫ذلك منطو على أيإهمال لما له أصل ثابت بالملف أو تحريف لمضمون العناصر التي أفرزتها‬
‫األبحاث وقدم ذلك في إطارتعليل مستساغ قانونا ‪.‬‬

‫وحيث طالما أن المحكمة إستعرضت ما وصفه المعقب بقرائن البراءة و لم تحرف مضمونها‬
‫و بينتموقفها منها فإن الطعن في تقييمها لتلك العنصر سواء باإلعتماد أو الترك بعد نقاش‬
‫موضوعي متصلبصميم إجتهادها الذي ال تشمله رقابة هذه المحكمة التي تشمل محكمة قانون‬
‫تسهر على إحترام القانون وحيث أن وفيما يتعلق بالدفع المتصل بهضم حقوق الدفاع بعدم‬
‫اإلستجابة لطلب التحرير فقد ثبت بمراجعة تقرير نائب المعقب المقدم بالطور الثاني بجلسة‬
‫‪ 06/10/2016‬أنه لم يتضمن طلب التحريرعلى جميع أطراف القضية بل تضمن فقط إعادة‬
‫سماع الشاكية ح‪.‬ز‪ .‬و الحال أن هذه األخيرقائمة بالحق الشخصي ومتمسكة بالتتبع و طلباتها‬
‫المدنية آل خر طور و عليه ال وجه إلعادة سماعهاطالما ثبت تمسكها بحقها في التتبع و‬
‫التعويض و عليه ال يعد هذا الطلب جوهري مؤثر على وجهالفصل في النزاع و ال يكون‬
‫رفضه ماسا بحقوق المتهم الشرعية ‪.‬‬

‫وحيث إتضح من خالل االطالع على مستندات الحكم المنتقد أنه لما قضى بالصورة التي‬
‫قضى فقداعتمد على مستندات صحيحة ال لبس فيها وطبق القانون دون خطأ أو ضعف في‬
‫التعليل أو تهريفللوقائع‪ ،‬مما يتعين معه رد الطعن لخلوه من المستند الصحيح ‪.‬‬

‫وحيث إنه من جهة أخرى فقد أحرز الحكم المنتقد على جميع مقوماته القانونية ولم يالحظ به‬
‫أي خلإلجرائي أو أصلي يوجب نقضه لفائدة النظام العام ‪.‬‬

‫لهاته األسباب‬

‫قررت المحكمة قبول مطلب التعقيب شكال ورفضه أصال وحجز معلوم الخطية المؤمن ‪.‬‬
‫‪/http://www.cassation.tn‬‬

‫وصدر هذا القرار بحجرة الشورى في ‪ 02‬جانفي ‪ 2018‬عن الدائرة السابعة و العشرون‬
‫المتركبة منرئيسها السيد ج‪ .‬الع‪ .‬وعضوية المستشارين السيدين ب‪ .‬كومف‪ .‬م وبمحضر‬

‫المدعي العمومي السيد ل‪ .‬الع‪ .‬وبمساعدة كاتبة الجلسة السيدة س‪ .‬ع‪.‬‬

‫وحرر في تاريخه‬

‫المستشار‬
‫‪/http://www.cassation.tn‬‬
‫الجمهورية التونسية‬
‫وزارة العدل‬
‫محكمة التعقيب‬
‫القضية عـ ‪ 44822/2016‬ـدد‬
‫تاريخ القرار‪2017/11/01 :‬‬
‫أصدرت محكمة التعقيب القرار اآلتي‬

‫بعد اإلطالع على مطلب التعقيب عدد ‪ 44822‬المقدم من قبل الوكيل العام لدى محكمة اإلستئناف‬
‫بتونس بتاريخ ‪ 25‬فيفري ‪.2016‬‬
‫ضد‪ :‬س‪.‬ر‪.‬‬
‫محاميه األستاذ م‪.‬ج‪.‬‬
‫وبعد اإلطالع على مطلب التعقيب عدد ‪ 44903‬المقدم من قبل األستاذ ص‪.‬ق‪ .‬صحبة خالص‬
‫المعاليم القانونية بتاريخ ‪ 25‬فيفري ‪.2016‬‬
‫نيابة عن‪ :‬س‪.‬ر‪.‬‬
‫ضد‪ :‬الحق العام‪.‬‬
‫وبعد اإلطالع على مطلب التعقيب عدد ‪ 46318‬المقدم من قبل المتهم س‪.‬ر‪ .‬صحبة خالص‬
‫المعاليم القانونية بتاريخ ‪ 25‬فيفري ‪.2016‬‬
‫طعنا في الحكم االستئنافي الصادر عن محكمة اإلستئناف بتونس تحت عدد ‪ 22350‬بتاريخ ‪23‬‬
‫فيفري ‪ 2016‬القاضي" نهائيا حضوريا بقبول اإلستئناف شكال وفي األصل بإقرار الحكم االبتدائي‬
‫فيما قضى به في حق المتهم بالنسبة لجنحة ممارسة العمليات المصرفية بصفة اعتيادية دون أن‬
‫يكون له صفة مؤسسة قرض كإقراره فيما زاد على ذلك من حيث مبدأ اإلدانة بعد اعتبار األفعال‬
‫المنسوبة للمتهم من قبيل التحيل مناط الفصل ‪ 291‬من المجلة الجزائية وثبوت إدانته من أجل ذلك‬
‫وسجنه مدة ثالثة أعوام وحمل المصاريف القانونية عليه"‪.‬‬

‫وبعد اإلطالع على الحكم المطعون فيه والتأمل في كافة اإلجراءات القانونية‪.‬‬

‫‪1‬‬
‫‪/http://www.cassation.tn‬‬
‫وبعد اإلطالع على الملحوظات الكتابية المحررة من قبل المدعي العام لدى هذه المحكمة الرامية إلى‬
‫قبول مطلبي التعقيب شكال ورفض مطلب األستاذ ق‪ .‬في حق المتهم س‪.‬ر‪ .‬أصال والحجز وقبول‬
‫مطلب السيد الوكيل العام بتونس أصال ونقض القرار المطعون فيه مع اإلحالة‪ ،‬وبعد االستماع إلى‬
‫شرحه بالجلسة‪.‬‬

‫وبعد المفاوضة القانونية صرح بما يلي‪:‬‬

‫‪ )1‬من حيث الشكل‪:‬‬

‫حيث استوفى مطلبا التعقيب عدد ‪ 44822‬و‪ 44903‬جميع شروطهما وصيغهما القانونية‬
‫المنصوص عليها بالفصول ‪ 261‬و‪ 262‬و‪ 263‬من مجلة اإلجراءات الجزائية بما يتجه معه قبولهما‬
‫من جهة الشكل‪.‬‬

‫وحيث في خصوص مطلب التعقيب عدد ‪ 46318‬فقد تبين أن المعقب لم يدل بمذكرة في مستندات‬
‫الطعن في األجل القانوني طبق ما تقتضيه أحكام الفصل ‪ 263‬من م إ ج‪ ،‬وترتيبا على ذلك فإن‬
‫الطعن يكون مختال من الناحية اإلجرائية وعرضة للسقوط الذي تثيره المحكمة من تلقاء نفسها لتعلق‬
‫األمر بخرق إجراء أساسي‪.‬‬

‫‪ )2‬من حيث األصل‪:‬‬

‫حيث أنتجت األبحاث المجراة في القضية تقدم محافظ البنك المركزي التونسي بعريضة إلى‬
‫وكيل الجمهورية لدى المحكمة االبتدائية بتونس مؤرخة في ‪ 4‬جوان ‪ 2013‬تضمنت ورود معلومة‬
‫مفادها أن شركة "‪ "N. I. B. C.‬الكائن مقرها بتونس )…( تقوم بجمع الودائع من األشخاص بدون‬
‫ترخيص لتوظيفها في تمويل مشاريع مقابل نسب مردودية مرتفعة جدا فقامت تفقدية البنك المركزي‬
‫التونسي بمقتضى إذن بمهمة التوجه إلى مقر الشركة وبالتحري في الموضوع تبين أنها شركة‬
‫شخص واحد ذات مسؤولية محدودة يبلغ رأس مالها ألف دينار(‪ 1000‬د) وبدأ نشاطها بتاريخ ‪12‬‬
‫جانفي ‪ 2013‬ويدعى وكيلها س‪.‬ر‪ ،.‬ويتمثل نشاط الشركة حسب قانونها األساسي في الوساطة في‬
‫تشغيل اليد العاملة في تونس والخارج والخدمات األمنية والحراسة‪ ،‬وتبين أن وكيلها يقوم بجمع‬
‫الودائع وتوظيفها مقابل نسب مردودية سنوية تتجاوز ‪ %300‬خالل مدة تتراوح بين أربعة وتسعة‬

‫‪2‬‬
‫‪/http://www.cassation.tn‬‬
‫أشهر وهو نشاط ال عالقة له بما هو منصوص عليه بالقانون األساسي‪ ،‬وتعمد الشركة إلى إسناد‬
‫نسب مردودية عالية قصد استقطاب أكبر عدد من الحرفاء الذين يتم استعمال أموالهم لخالص‬
‫مستحقات المتعاقدين السابقين‪ ،‬وتكون بذلك تتعاطى نشاطا يتمثل في جمع ودائع الحرفاء مقابل نسب‬
‫مردودية مرتفعة وهو نشاط يستوجب الحصول على ترخيص مسبق وفي غيابه تكون قد خالفت‬
‫أحكام الفصلين ‪ 7‬و‪ 14‬من القانون عدد ‪ 65‬لسنة ‪ 2001‬المتعلق بمؤسسات القرض‪ ،‬واستنادا إلى‬
‫ذلك أذنت النيابة العمومية بفتح بحث تحقيقي في الغرض‪.‬‬

‫وحيث تمت إحالة المتهم على الدائرة الجنائية بالمحكمة االبتدائية بتونس لمقاضاته من أجل‬
‫ممارسة العمليات المصرفية بصفة اعتيادية دون أن تكون له صفة مؤسسة قرض وغسل األموال‬
‫باستغالل الوظيف والنشاط المهني واإلجتماعي من قبل مجموعة منظمة وممارسة نشاط حماية‬
‫السالمة البدنية لألشخاص بدون ترخيص مسبق من وزير الداخلية طبق أحكام الفصلين ‪ 14‬و‪51‬‬
‫من القانون عدد ‪ 65‬لسنة ‪ 2001‬المنقح بالقانون عدد ‪ 19‬لسنة ‪ 2006‬المؤرخ في ‪ 2‬ماي ‪2006‬‬
‫المتعلق بمؤسسات القرض والفصول ‪ 62‬و‪ 63‬و‪ 64‬و‪ 65‬و‪ 67‬من القانون عدد ‪ 75‬لسنة ‪2003‬‬
‫المؤرخ في ‪ 10‬ديسمبر ‪ 2003‬المتعلق بدعم المجهود الدولي لمكافحة اإلرهاب ومنع غسل األموال‬
‫والقانون عدد ‪ 81‬لسنة ‪ 2002‬المؤرخ في ‪ 3‬أوت ‪ 2002‬المتعلق بممارسة األنشطة الخصوصية‬
‫المتعلقة بالمراقبة والحراسة ونقل العملة والمعادن الثمينة والحماية البدنية لألشخاص‪.‬‬

‫وحيث أصدرت الدائرة الجنائية المذكورة الحكم عدد ‪ 29212‬بتاريخ ‪ 13‬مارس ‪2015‬‬
‫القاضي" إبتدائيا حضوريا بثبوت إدانة المتهم س‪.‬ر‪ .‬من أجل غسيل األموال وسجنه من أجل ذلك‬
‫مدة ثالثة أعوام كثبوت إدانته من أجل ممارسة العمليات المصرفية بصفة اعتيادية دون الحصول‬
‫على صفة مؤسسة قرض وسجنه من أجل ذلك مدة عام واحد وحمل المصاريف القانونية عليه وعدم‬
‫سماع الدعوى في حقه فيما زاد على ذلك واإلذن بحجز األموال المجمدة واستصفاءها لفائدة صندوق‬
‫الدولة وقبول الدعوى المدنية شكال ورفضها أصال"‪.‬‬

‫وحيث تم الطعن فيه باالستئناف من قبل المتهم وأصدرت الدائرة الجنائية بمحكمة اإلستئناف‬
‫بتونس الحكم عدد ‪ 22350‬السالف تضمين نصه فتعقبه الوكيل العام والمتهم‪.‬‬

‫‪3‬‬
‫‪/http://www.cassation.tn‬‬
‫قوال أن القرار المطعون فيه جاء ضعيف التعليل لما اعتبر أن األفعال الصادرة عن المعقب ضده‬
‫تدخل تحت طائلة الفصل ‪ 291‬من م ج‪ ،‬وضعف التعليل بلغ درجة الخطأ في تطبيق القانون فال‬
‫الركن المادي وال الركن المعنوي لجريمة التحيل متوفر في ما أتاه المتهم الذي لم يقم بإيهام من‬
‫تعامل معهم بوجود مشاريع وهمية بل نفذ التزاماته في مواعيدها وبالطريقة المتفق عليها بدليل أن ال‬
‫أحد منهم اشتكى به‪ ،‬فالشكاية التي قدمها الممثل القانوني للبنك المركزي وردت الحقة بعد القيام‬
‫بحجز األموال التي كان يتصرف فيها المتهم وبعد إيقافه جراء التتبع بموجب ارتكابه جرائم‬
‫مصرفية وهو ما يفيد أن عدم تنفيذ التزاماته تجاه بعض من تعامل معهم يخرج عن إرادته‪ ،‬وهو ما‬
‫يقيم الدليل على أن األفعال المادية الصادرة عنه ال تندرج في إطار جريمة التحيل اعتبارا لصحة‬
‫المشروع الذي وعد به المتعاملين معه وبذلك تكون مندرجة في جريمة غسل األموال التي تستلزم‬
‫لقيام ركنها المادي وجود أموال بحوزة المتهم ناجمة عن جريمة سواء كانت جناية أو جنحة ويسعى‬
‫بعد حصوله عليها بطريقة غير شرعية إلى استعمالها في مشاريع اقتصادية مشروعة وهو ما قام به‬
‫المعقب ضده‪ ،‬فبعد ارتكابه الجريمة المصرفية سعى إلى التصريح بالسجل التجاري لشركته بأن‬
‫نشاطها يتمثل في توفير عملة النظافة والحراسة حال أن النشاط الفعلي يتمثل في جمع األموال من‬
‫أصحابها مقابل بطاقات مالية مختلفة القيمة مع إرجاعها لهم بنسب ربح عالية تناهز ‪%300‬‬
‫وبالتالي فإن األموال المحجوزة مصدرها جنحة مصرفية‪ ،‬في مرحلة ثانية واستكماال للركن المادي‬
‫لجريمة غسل األموال تولى المعقب ضده استعمال األموال المتحصل عليها في بعث شركات وشراء‬
‫عقارات وهي عمليات تجارية شرعية وقانونية إال أن األموال المستعملة في ذلك مصدرها الجنحة‬
‫المصرفية‪ ،‬وبالتالي فإن أركان جريمة التحيل غير متوفرة لوجود المشروع وأن عدم إيفاء المتهم‬
‫بالتزاماته نحو بعض المتعاملين معه كان بسبب تدخل البنك المركزي‪ ،‬ويكون القرار المنتقد قد‬
‫خرق القانون بما يتعين معه نقضه‪.‬‬

‫وردا على ذلك الحظ األستاذ م‪.‬ج‪ .‬أن الخوض في فهم الوقائع وتمحيص األدلة وتقييمها وترجيح‬
‫بعضها على البعض اآلخر ثبوتا أو نفيا ثم إضفاء الوصف القانوني المناسب على األفعال المقترفة‬
‫من قبل الجاني يدخل في محض اجتهاد محكمة الموضوع في نطاق تعهدها بالوقائع وال رقابة عليها‬
‫في ذلك من محكمة التعقيب طالما كانت النتيجة التي انتهت إليها مدعمة من خالل أوراق الملف‬
‫ومعللة تعليال قانونيا سليما‪.‬‬

‫‪4‬‬
‫‪/http://www.cassation.tn‬‬
‫وبالرجوع إلى تعليل محكمة القرار المطعون فيه بخصوص جريمة غسل األموال يتضح أنها‬
‫استبعدت تلك الجريمة واعتبرت األفعال التي اقترفها المعقب ضده من قبيل التحيل وعللت حكمها‬
‫تعليال ضافيا بما له أصل ثابت بالملف وأضفت الوصف القانوني المناسب على األفعال طبقا‬
‫الجتهادها ووجدانها الخالص‪ ،‬وأضاف أن القانون عدد ‪ 75‬لسنة ‪ 2003‬المتعلق بمكافحة اإلرهاب‬
‫ومنع غسل األموال هو قانون خاص وضع لمكافحة المنظمات التي تقوم بغسل األموال وتشجع‬
‫اإلرهاب عن طريق استغالل الوظيف والنشاط المهني واالجتماعي ألشخاص منضوين تحت راية‬
‫تلك المنظمة‪ ،‬فالمعقب ضده ليس بموظف استغل وظيفه أو نشاطه المهني أو االجتماعي تحت راية‬
‫منظمة إرهابية وإنما هو تاجر يعمل في إطار قانوني قد يحقق الربح أو الخسارة مما يجعل تهمة‬
‫غسيل األموال مجردة في حقه وعديمة السند القانوني‪ ،‬وطلب استنادا إلى ذلك رفض مطلب التعقيب‬
‫أصال‪.‬‬

‫المطعن األول‪ :‬مخالفة القانون وضعف التعليل وتحريف الوقائع وهضم حقوق الدفاع في‬
‫خصوص جريمة ممارسة العمليات المصرفية بصفة اعتيادية دون توفر صفة مؤسسة القرض‪.‬‬

‫قوال أن ه سبق للمعقب أن تمسك لدى محكمة القرار المطعون فيه أن ما أتاه من أفعال في نطاق‬
‫شركة "ن‪ .‬أ‪ .‬ب‪ .‬ك‪ ".‬بوصفها وكيلها ال يمكن أن يكون من قبيل العمليات المصرفية على معنى‬
‫أحكام الفصول ‪ 14‬و‪ 51‬من القانون عدد ‪ 65‬لسنة ‪ 2001‬المنقح بالقانون عدد ‪ 19‬لسنة ‪2006‬‬
‫المؤرخ في ‪ 2‬ماي ‪ 2006‬المتعلق بمؤسسات القرض‪ ،‬فالمعقب ال يتسلم األموال للمقامرة والمغامرة‬
‫فقط بل إنه يتولى توظيفها بما تستوجبه عملية التوظيف‪ ،‬فعلى خالف ما ذهبت إليه المحكمة فإن‬
‫التفريق بين العمل المصرفي االعتيادي وما ما قامت به الشركة له وجه قانوني أكثر منه موضوعي‬
‫فالبنك يودع لديه أموال الحرفاء ويتقاضى عمولة مقابل عمليات اإليداع وهو أيضا يقدم األموال‬
‫ويتقاضى فائدة‪ ،‬ويتبين هكذا أن محكمة القرار المنتقد قد جانبت الصواب حين اعتبرت أن المعقب‬
‫تعاطى نشاطا مصرفيا باستعمال القبض واإليداع والتحويل والتسليم والصرف وكان قرارها متسما‬
‫بضعف التعليل وتحريف الوقائع الموجبين للنقض‪.‬‬

‫المطعن الثاني‪ :‬مخالفة القانون وضعف التعليل وتحريف الوقائع وهضم حقوق الدفاع في‬
‫خصوص إعادة وصف األفعال المقترفة تحت طائلة جريمة التحيل على معنى الفصل ‪ 291‬من‬
‫المجلة الجزائية‪.‬‬
‫‪5‬‬
‫‪/http://www.cassation.tn‬‬
‫قوال أن م حكمة القرار المطعون فيه أعادت وصف األفعال تحت طائلة جريمة التحيل التي سبق‬
‫لقاضي التحقيق ودائرة اإلتهام ان صرحا بعدم توفر أركانها القانونية‪ ،‬وقد عللت إعادة الوصف بأن‬
‫قيان المعقب بتكوين شركة مختصة في إسداء الخدمات والحراسة ثم توليه الحصول على ودائع‬
‫مالية من العموم مقابل بطاقات متفاوتة تحمل على االعتقاد بتحقيق ربح مبالغ فيه يشكل أركان‬
‫جريمة التحيل على معنى الفصل ‪ 291‬من م ج‪.‬‬

‫‪ -‬خرق مبدأ المواجهة‪:‬‬

‫قوال أن محكمة الموضوع ولئن كان مخول لها االجتهاد إال أنها مقيدة بشرطين األول أن ال يخرج‬
‫الوصف الجديد عن األفعال المضبوطة بالقرار والثاني أن يتم عرض الوصف على المتهم أو نائبه‬
‫لمناقشته وتعليل موقف الدفاع منه‪ ،‬وقد تبين أن محكمة القرار المطعون فيه أعادت وصف األفعال‬
‫على أنها جريمة تحيل دون عرض الوصف الجديد على المتهم لمناقشة األركان القانونية للوصف‬
‫الجديد وهو ما يمثل خرقا لمبدأ المواجهة وهضم لحقوق الدفاع يستوجب النقض‪.‬‬

‫‪ -‬خرق أحكام الفصل ‪ 121‬من مجلة اإلجراءات الجزائية‪.‬‬

‫قوال أن الفصل ‪ 121‬م إ ج اقتضى أن " إذا قرر حاكم التحقيق أو دائرة اإلتهام أن ال وجه لتتبع‬
‫متهم فال يمكن إعادة تتبعه من أجل نفس الفعل إال إذا ظهرت أدلة جديدة"‪ ،‬وفي قضية الحال فقد‬
‫وجهت النيابة العمومية عند فتح التحقيق تهمة التحيل ضد المتهم على معنى الفصل ‪ 291‬م ج وقرر‬
‫قاضي التحقيق حفظها في حقه لعدم توفر أركانها وقد أيدت دائرة اإلتهام قراره‪ ،‬وتكون جريمة‬
‫التحيل قد اتصل بها القضاء إال إذا ظهرت أدلة جديدة لم يتسن عرضها على قاضي التحقيق أو دائرة‬
‫اإلتهام‪ ،‬ولم يثبت في قضية الحال ظهور هذه األدلة الجديدة بما يجعل إعادة الوصف من طرف‬
‫محكمة القرار المطعون فيه خارقا ألحكام الفصل ‪ 121‬م إ ج‪.‬‬

‫‪ -‬خرق أحكام الفصل ‪ 4‬من مجلة اإلجراءات الجزائية‪.‬‬

‫قوال أن حرفاء الشركة قاموا بتقديم شكايات على انفراد ضد المعقب انبثقت عن كل شكاية قضية‬
‫جزائية وقضت المحكمة اإلبتدائية بتونس بثبوت إدانته وسجنه من أجل جرائم التحيل‪ ،‬وتكون هكذا‬
‫قد تمت محاكمته من أجل التحيل تبعا لنفس األفعال المنسوبة له في قضية الحال‪ ،‬ويترتب عما تقدم‬

‫‪6‬‬
‫‪/http://www.cassation.tn‬‬
‫محاكمة المعقب من أجل نفس التهمة مرتين‪ ،‬مرة من طرف المحكمة اإلبتدائية بتونس من أجل‬
‫التحيل ومرة أخرى من طرف محكمة القرار المطعون فيه بعد إعادة وصف األفعال‪ ،‬وقد اقتضى‬
‫الفصل ‪ 4‬م إج عدم إمكانية محاكمة الشخص الواحد مرتين من أجل فعل واحد بقطع النظر عن صفة‬
‫الشاكين‪.‬‬

‫وانتهى محامي المعقب إلى طلب نقض القرار المطعون فيه بدون إحالة‪.‬‬

‫المحكمة‬

‫حيث أورد المشرع تعريفا لغسل األموال بالفصل ‪ 62‬من القانون عدد ‪ 75‬لسنة ‪ 2003‬المؤرخ‬
‫في ‪ 10‬ديسمبر ‪ 2003‬المتعلق بدعم المجهود الدولي لمكافحة اإلرهاب ومنع غسل األموال واعتبره‬
‫" كل فعل قصدي يهدف بأي وسيلة كانت إلى التبرير الكاذب للمصدر غير المشروع ألموال منقولة‬
‫أو عقارية أو مداخيل متأتية بصفة مباشرة أو غير مباشرة من جنحة أو جناية‪.‬‬

‫ويعتبر أيضا غسال لألموال كل فعل قصدي يهدف إلى توظيف أموال متأتية بصفة مباشرة أو غير‬
‫مباشرة من جنحة أو جناية أو إلى إيداعها أو إخفائها أو إدارتها أو إدماجها أو حفظها أو إلى‬
‫المساعدة في ذلك"‪.‬‬

‫وحيث يؤخذ من هذا التعريف أن ثبوت جريمة غسل األموال يتطلب توفر الركن المادي المتمثل‬
‫في أفعال ثالثة‪ ،‬أولها حيازة الجاني ألموال منقولة أو عقارية أو له مداخيل‪ ،‬وثانيها أن تكون تلك‬
‫األموال والمداخيل غير مشروعة المصدر‪ ،‬وثالثها أن تكون متأتية من جنحة أو جناية‪.‬‬

‫وحيث اقتضى الفصل ‪ 2‬من القانون عدد ‪ 75‬لسنة ‪ 2003‬المنقح بمقتضى القانون عدد ‪ 65‬لسنة‬
‫‪ 2009‬المؤرخ في ‪ 12‬أوت ‪ 2009‬على انطباقه على جرائم األموال المتأتية من الجريمة‪.‬‬

‫وحيث ثبتت حيازة المعقب ضده ألموال تأتت له عن طريق جمعها من عدة أشخاص بعد وعدهم‬
‫بنسبة مردودية تناهز ثالثة أضعاف المبلغ المقدم له وهو ما جعل جريمة ممارسة العمليات‬

‫‪7‬‬
‫‪/http://www.cassation.tn‬‬
‫المصرفية بصفة اعتيادية دون أن تكون له صفة مؤسسة ثابتة ضده وتم القضاء بثبوت إدانته من‬
‫أجلها ابتدائيا واستئنافيا عمال بأحكام الفصل ‪ 14‬من القانون عدد ‪ 65‬لسنة ‪ 2001‬المؤرخ في ‪10‬‬
‫جويلية ‪ 2001‬المتعلق بمؤسسات القرض الذي يحجر على كل شخص غير مرخص له بصفة‬
‫مؤسسة قرض أن يمارس العمليات المصرفية بصفة اعتيادية‪.‬‬

‫وحيث طالما أثبتت محكمة القرار المطعون فيه ثبوت الجريمة مناط الفصل ‪ 14‬من القانون عدد‬
‫‪ 65‬لسنة ‪ 2001‬في جانب المعقب ضده فإنه كان عليها ترتيب النتيجة عما ترتب من عمليات جمع‬
‫األموال وهو ما يحيل بالضرورة إلى الفصل ‪ 14‬المشار إليه باعتبار أن ما تم حجزه من أموال لدى‬
‫المعقب ضده كان متأت مباشرة من جريمة‪.‬‬

‫وحيث ولئن كانت محكمة الموضوع تتعهد بالوقائع ولها إضفاء الوصف القانوني المالئم عليها‬
‫إال أن ذلك يتوقف على صحة تعليلها الذي يتعين أن يكون مستمدا مما له أصل ثابت بملف القضية‬
‫ويكون لزاما عليها التعرض إلى الدواعي القانونية التي جعلتها تقوم بتحوير الجريمة موضوع قرار‬
‫اإلحالة‪.‬‬

‫وحيث إن تولي محكمة القرار المطعون فيه تغيير الوصف القانوني للفعل الصادر عن المعقب‬
‫ضده من غسل األموال إلى التحيل مناط الفصل ‪ 291‬من المجلة الجزائية ال يستقيم قانونا باعتبار‬
‫أنه كان يجمع األموال دون أن يكون له قصد االستيالء عليها بل أنه كان يمد البعض من حرفائه‬
‫بنسب من األرباح‪ ،‬وبالتالي فهو لم يلجأ إلى الحيل والخزعبالت إليهامهم بوجود مشاريع ال أصل‬
‫لها في الحقيقة على اعتبار أن ما قام به كان يرمي إلى توظيف أموالهم إال أن طريقة الجمع يجرمها‬
‫القانون باعتباره ال يمثل مؤسسة قرض وان مصدرها كان متأت من جنحة‪.‬‬

‫وحيث كان على محكمة القرار المطعون فيه التعرض إلى أركان الجريمة مناط الفصل ‪ 62‬من‬
‫القانون عدد ‪ 75‬لسنة ‪ 2003‬وتفحص أركانها وبيان األسباب القانونية التي جعلتها تستبعدها ولما لم‬
‫تفعل ذلك تكون قد عرضت قضاءها للنقض‪.‬‬

‫عن المطعن األول المتعلق بمخالفة القانون وضعف التعليل وتحريف الوقائع وهضم حقوق‬
‫الدفاع في خصوص جريمة ممارسة العمليات المصرفية بصفة اعتيادية دون توفر صفة مؤسسة‬
‫القرض‪.‬‬
‫‪8‬‬
‫‪/http://www.cassation.tn‬‬
‫حيث ورد الفصل ‪ 14‬من القانون عدد ‪ 65‬لسنة ‪ 2001‬المؤرخ في ‪ 10‬جويلية ‪ 2001‬المتعلق‬
‫بمؤسسات القرض بالتحجير على كل شخص غير مرخص له بصفة مؤسسة قرض أن يمارس‬
‫العمليات المصرفية بصفة اعتيادية‪.‬‬

‫وحيث تعرض الفصل ‪ 2‬من القانون عدد ‪ 65‬لسنة ‪ 2001‬المؤرخ في ‪ 10‬جويلية ‪ 2001‬المتعلق‬
‫بمؤسسات القرض إلى العمليات المصرفية وحصرها في أربع حاالت‪:‬‬

‫‪ -‬قبول الودائع من العموم كيفما كانت مدتها وشكلها‪.‬‬

‫‪ -‬منح القروض بجميع أشكالها‪.‬‬

‫‪ -‬القيام كوسيط بعمليات الصرف‪.‬‬

‫‪ -‬وضع وسائل الدفع على ذمة الحرفاء وإدارتها‪.‬‬

‫وحيث إن ما قام به المعقب يدخل في إطار قبول الودائع من العموم كيفما كانت مدتها وشكلها‪،‬‬
‫وقد عللت محكمة القرار المطعون فيه أن توليه قبول ودائع حرفائه وخالص أرباح القدامى منهم‬
‫ليس عمال عرضيا ومؤقتا بل كان متواصال في الزمن وأن توقفه عن تلك الممارسات كان بفعل‬
‫خارج عن إرادته‪ ،‬وهذا تعليل مستساغ واقعا وقانونا يتماشى مع أحكام الفصل ‪ 2‬المذكور بما يتعين‬
‫معه رد المطعن‪.‬‬

‫عن المطعن الثاني المتعلق بمخالفة القانون وضعف التعليل وتحريف الوقائع وهضم حقوق‬
‫الدفاع في خصوص إعادة وصف األفعال المقترفة تحت طائلة جريمة التحيل على معنى الفصل‬
‫‪ 291‬من المجلة الجزائية‪.‬‬

‫‪ -‬خرق مبدأ المواجهة‪:‬‬

‫حيث ال جدال أن محكمة الموضوع تتعهد بالوقائع ولها إضفاء الوصف القانوني المالئم عليها إال‬
‫أن ذلك يتوقف على صحة تعليلها الذي يتعين أن يكون مستمدا مما له أصل ثابت بملف القضية‬
‫ويكون لزاما عليها التعرض إلى الدواعي القانونية التي جعلتها تستبعد اإلستناد إلى النص القانوني‬
‫الوارد بقرار اإلحالة والقيام بتحويره‪ ،‬وبالتالي وبصرف النظر عن صحة التكييف القانوني من‬

‫‪9‬‬
‫‪/http://www.cassation.tn‬‬
‫عدمه فال لزوم عليها بعرض الوصف الجديد على المتهم أو محاميه‪ ،‬ويكون القول بمخالفتها أحكام‬
‫الفصل ‪ 69‬م إ ج غير مؤسس باعتبار أن هذا الفصل يتعلق باإلجراءات لدى قاضي التحقيق وبالتالي‬
‫فال مجال للدفع بخرق أحكام الفصل ‪ 199‬م إ ج وتعين استنادا إلى ذلك رد هذا المطعن‪.‬‬

‫‪ -‬خرق أحكام الفصلين ‪ 4‬و‪ 121‬من مجلة اإلجراءات الجزائية‪.‬‬

‫حيث طالما تم قبول مطلب تعقيب الوكيل العام لدى محكمة اإلستئناف بتونس أصال فإن النظر في‬
‫الفرعين الثاني والثالث من المطعن الثاني يكون سابقا ألوانه‪.‬‬

‫ولهذه األسباب‬

‫قررت المحكمة قبول مطلبي التعقيب عدد ‪ 44822‬شكال وأصال ونقض القرار المطعون فيه‬
‫وإحالة القضية على محكمة اإلستئناف بتونس للنظر فيها مجددا بهيئة أخرى وقبول مطلب التعقيب‬
‫عدد ‪ 44903‬شكال وفضه أصال وحجز معلوم الخطية المؤمن ورفض مطلب التعقيب عدد ‪46318‬‬
‫شكال والحجز‪.‬‬

‫صدر هذا القرار بحجرة الشورى بجلسة يوم ‪ 1‬نوفمبر ‪ 2017‬عن الدائرة التاسعة برئاسة السيد‬
‫عبد المجيد بوريقة وعضوية المستشارين السيدين رياض الغربي وماهر كنو بحضور المدعي العام‬
‫السيد محمد العادل بن إسماعيل وبمساعدة كاتبة الجلسة السيدة منيرة المانعي‪.‬‬

‫وحرر في تاريخه‬

‫‪10‬‬
‫‪www.cassation.tn‬‬
‫الجمهوريــة التونسيـــة‬
‫وزارة العدل‬
‫محكمة التعقيب‬
‫القرار التعقيبي عــ‪92249‬ـدد‬
‫تاريـخ القرار‪2020/02/26:‬‬

‫الحمد هلل وحده‬


‫قرار تعقيبي جزائي‬
‫أصدرت محكمة التعقيــــــب القرار اآلتــــــي‪:‬‬

‫بعد اإلطالع على مطلب التعقيب المقدم من طرف الوكيل العام لدى محكمة االستئناف العسكرية‬
‫بتونس مجانا بتاريخ ‪ 27‬سرام ‪ 2019‬ضد النقيب بالبحرية م‪ .‬ت‪ .‬طعنا في الحكم الجناحي‬
‫عـ‪19419‬ـدد الصادر عن محكمة االستئناف العسكرية الدائمة بتونس بتاريخ ‪ 27‬مارس‪2019‬‬
‫المتضمن ما يلي ‪ " :‬قضت المحكمة نهائيا حضوريا بقبول االستئناف شكال وفي االصل باقرار‬
‫الحكم االبتدائي ‪".‬‬
‫وبعد اإلطالع على تقرير السيد المدعي العام لدى هاته المحكمة واالستماع لشرحه بالجلسة‪.‬‬
‫وبعد اإلطالع على اسانيد الطعن وعلى كافة االوراق وعلى القرار المطعون فيه‪.‬‬
‫وبعد المفاوضة القانونية صرح بما يأتي ‪:‬‬
‫من حيث الشكل‪:‬‬
‫حيث قدم مطلب التعقيب في األجل القانوني وممن له الصفة واستوفى جميع شكلياته القانونية فكان‬
‫حريا بالقبول شكال ‪.‬‬
‫من حيث االصل ‪:‬‬
‫حيث يستفاد من االبحاث المجراة في القضية بواسطة مأموري الضابطة العدلية بالقاعدة البحرية‬
‫الرئيسية بصفاقس بتاريخ ‪ 22‬أوت ‪ 2017‬تقدم المدعو ع‪ .‬ر‪ .‬الى القاعدة المذكورة قصد التشكي من‬
‫سلوكيات النقيب بالبحرية م‪ .‬ت‪ .‬عارضا تعرضه الى عملية تحيل من الطرف االخير في الذكر الذي‬

‫‪1‬‬
‫‪www.cassation.tn‬‬
‫ادعى انه بصدد الحصول على رخصة بيع التبغ وأن له معارف من المعتمدية والوالية ما يسمح له‬
‫بالحصول على الرخصة في أقل من ثالثة أيام واقترح عليه المشاركة في المشروع فمكنه المدعو‬
‫ع‪ .‬في مناسبتين من مبلغ جملي قدره ‪ 1750.000‬د غير ان النقيب تنكر له الحقا وقام بمماطلته في‬
‫عديد المرات دون االيفاء بأي تعهد راغبا في تتبعه عدليا وبإخبار النيابة العسكرية بالموضوع كانت‬
‫قضية الحال‪.‬‬
‫و حيث بعد استيفاء االبحاث في القضية احالت النيابة العسكرية لدى المحكمة االبتدائية العسكرية‬
‫الدائمة بصفاقس بتاريخ ‪ 01‬نوفمبر ‪ 2018‬المتهم على انظارالدائرة الجناحية بالمحكمة االبتدائية‬
‫العسكرية الدائمة بصفاقس لمقاضاته من اجل التحيل طبق احكام الفصل ‪ 291‬من المجلة الجزائية‪.‬‬
‫فصدربتاريخ ‪ 2018/12/05‬الحكم االبتدائي عـ‪2972‬ــدد عن المحكمة المذكورة القاضي‬
‫نصه‪":‬ابتدائياحضوريا بعدم سماع الدعوى"‬
‫فاستأنفته النيابة العسكرية وقد أصدرت محكمة االستئناف حكمها في القضية وفق ما هو مبين أعاله‪.‬‬
‫و حيث تعقبته الوكالة العامة لدى محكمة االستئناف العسكرية ناسبة له ‪:‬‬
‫‪-‬ضعف ومخالفة القانون بمقولة ان المتهم تسلم امواال من المتضرر بعد ايهامه بالدخول في شراكة‬
‫معه من اجل محل بيع وبان له معرفة باشخاص لتمكينه من رخصة لكن لم يفعل ولم يرفع المضرة‬
‫عن الشاكي االبعد تقديمه شكاية وهو ما يوفر ضده أركان جريمة التحيل ‪ ،‬وقد تمسك المتضرر‬
‫خالل كامل اطوار البحث وعند المكافحة وثبوت خالصه اثر الشكاية وكلها قرائن ادانة وطلبت قبول‬
‫مطلب التعقيب شكال وفي االصل بنقض القرار المطعون فيه مع االحالة ‪.‬‬
‫المحكمة‬
‫‪-‬عن المطعنين المتعلقين بخرق القانون وضعف التعليل ‪:‬‬
‫حيث انه خالفا لما اثاره المعقب من خرق الحكم المنتقد الحكام الفصل ‪ 291‬م ج وضعف التعليل‬
‫فانه ال سند له في الواقع ذلك وان المتضرر ادعى على المتهم التحيل بان وعده بوجود مشروع‬
‫وهمي متمثل في اقامة شراكة بينهما للتجارة ‪ ،‬دون اقامة الحجة على ذلك سيما وان المتهم انكر ما‬
‫نسب اليه واوضح انه استلم من الشاكي مبلغا ماليا على سبيل االعارة ‪.‬‬
‫وحيث ان محكمة االصل وازنت بين قرائن البراءة وقرائن االدانة بما رجح االولى‪ ،‬لعدم وجود ما‬
‫يفيد اسناد التهمة للمتهم طالما وان اقوال الشاكي بقيت مجردة لعدم وجود ما يعززها من حجج‬

‫‪2‬‬
‫‪www.cassation.tn‬‬
‫وقرائن يطمئن اليها وجدان المحكمة وفقا الحكام الفصل ‪ 150‬من م إج فكانت بذلك التهمة محل‬
‫شك‪.‬‬
‫وحيث انه جدير بالذكر وان الشك دائما يؤول لصالح المتهم‪ ،‬وعليه كان الحكم المنتقد صائبا في‬
‫موقفه‪ ،‬ذلك وان االحكام في المادة الجزائية تبنى على الجزم واليقين وليس على الشك والتخمين ‪.‬‬
‫وحيث لم تأت مستندات التعقيب بما يوهن الحكم المنتقد في شيء ‪،‬وكان بذلك الحكم معلال كما يجب‬
‫قانونا دون تحريف للوقائع وال خرق للقانون بما يؤدي الى رفض المطاعن كلها لخلوها من المستند‬
‫الصحيح ‪.‬‬
‫و لهذه األسباب؛‬
‫قررت المحكمة قبول مطلب التعقيب شكال و رفضه اصال‪.‬‬
‫وقد صدر هذا القرار بحجرة الشورى يوم االربعاء ‪ 26‬فيفري ‪2020‬عن الدائرة الرابعة عشر‬
‫المتركبة من رئيسها السيد محمد عماد بن عبد الجليل وعضوية المستشارين السيد ين العقيد قاضي‬
‫نورة اإلمام وكمال بوكثير وبمحضر المدعي العام السيد عادل الغالي وبمساعدة كاتبة المحكمة‬
‫السيدة هاجر السلطاني‪.‬‬
‫وحرر في تاريخه‬

‫‪3‬‬

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