18 Qualit俿 Du Leader Spirituel - PDF

18 QUALITÉS DU
LEADER
SPIRITUEL
JOHN PIPER
© 2022 Publications Chrétiennes Inc. Tous droits réservés.
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18 QUALITÉS DU
LEADER SPIRITUEL
18 QUALITÉS DU
LEADER
SPIRITUEL
JOHN PIPER
Édition originale en anglais sous le titre :
The Marks of a Spiritual Leader
Publié par Desiring God. Tous les droits d’exploitation pour les ministères en
langue étrangère sont détenus par Desiring God.
2112 Broadway ST NE, STE 150, Minneapolis, MN 55413, États-Unis
Traduit et publié avec permission. Tous droits réservés.
Pour l’édition française :

18 qualités du leader spirituel
© 2023 Publications Chrétiennes, Inc.
Publié par Éditions Impact
509, rue des Érables, Trois-Rivières (Québec)
G8T 7Z7 – Canada
Site Web : www.editionsimpact.org
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés.
Traduction : Loanne Procopio
ISBN : 978-2-89082-547-5 (broché)

ISBN : 978-2-89082-548-2 (eBook)
Dépôt légal – 1er trimestre 2023

Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque et Archives Canada
« Éditions Impact » est une marque déposée de Publications Chrétiennes, Inc.
À moins d’indications contraires, les citations bibliques sont tirées de la

Nouvelle Édition de Genève (Segond, 1979) de la Société Biblique de Genève.
Avec permission.
TABLE DES MATIÈRES
Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1. Le cercle intérieur du leadership spirituel. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

2. Le cercle extérieur du leadership spirituel. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
Conclusion.. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51
5
INTRODUCTION
Q u’est-ce que le leadership spirituel ? Voici ma défi-

nition : un leader spirituel sait où Dieu veut emme-
ner son peuple et prend l’initiative de l’y conduire – par
les méthodes de Dieu et en s’appuyant sur la puissance
de Dieu. Et où Dieu veut-il tous nous emmener ? Vers
une condition et un mode de vie spirituels qui manifestent
sa gloire et honorent son nom.
L’objectif du leadership spirituel, par conséquent, est
que des hommes et des femmes connaissent Dieu et le
glorifient en toutes choses. Le leadership spirituel ne vise
pas tant à diriger une personne qu’à la changer. Un leader
spirituel digne de ce nom s’efforce de contribuer au déve-
loppement des autres plutôt qu’à imposer ses plans. Vous
pouvez convaincre quelqu’un de se plier à votre volonté,
7
18 QUALITÉS DU LEADER SPIRITUEL
mais s’il n’y a aucun changement dans son cœur, ce n’est

pas du leadership spirituel. Vous ne l’avez pas emmené là
où Dieu veut qu’il soit.
Nous portons tous cette responsabilité de leader dans
certaines de nos relations ; cependant, mon attention se
porte ici sur les qualités requises pour être un leader spi-
rituel qui excelle à la fois dans la qualité de sa direction
et dans le nombre de personnes qui le suivent.
Le leadership spirituel selon la Bible contient deux
cercles : un cercle intérieur et un cercle extérieur. Le cercle
intérieur du leadership spirituel, c’est la séquence d’évé-
nements qui doit avoir lieu dans l’âme humaine et qui
constitue le tout premier pas du leadership spirituel. Il
s’agit du strict minimum, de ces attributs que tous les
chrétiens devraient posséder dans une certaine mesure – et
qui mènent souvent un chrétien rempli de zèle et d’une
conviction profonde à devenir un bon leader. Quant au
cercle extérieur, il est fait de ces attributs qui caractérisent
à la fois les leaders spirituels et non spirituels.
8
1
LE CERCLE INTÉRIEUR DU
LEADERSHIP SPIRITUEL
1. DÉSIREZ QUE LES AUTRES GLORIFIENT DIEU
Le but ultime de tout leadership spirituel, c’est que les

personnes que vous conduisez glorifient Dieu – que leurs
émotions, leurs pensées et leurs actes exaltent le véritable
caractère de Dieu. Selon Matthieu 5.14‑16, l’un des prin-
cipaux moyens par lesquels un leader chrétien amène les
autres à glorifier Dieu est qu’il aime ses amis et ses enne-
mis : « Vous êtes la lumière du monde. Une ville située
sur une montagne ne peut être cachée ; et on n’allume
pas une lampe pour la mettre sous le boisseau, mais on
la met sur le chandelier, et elle éclaire tous ceux qui sont
dans la maison. Que votre lumière luise ainsi devant les
hommes, afin qu’ ils voient vos bonnes œuvres, et qu’ ils
9
glorifient votre Père qui est dans les cieux. » Ce passage

démontre qu’il existe une attitude et un mode de vie si
distinctifs que lorsqu’ils se manifestent au sein d’une
humanité déchue, ils constituent des preuves en faveur
de l’existence de Dieu, d’un Père céleste entièrement et
glorieusement digne de confiance.
Dieu promet de prendre soin de nous et de faire
concourir toutes choses à notre bien. Quand ces réalités
saisissent notre cœur et qu’elles nous empêchent de tomber
dans la convoitise, la peur ou la vanité – quand, au
contraire, elles nous incitent à exprimer le contentement,
l’amour et la liberté envers ceux qui nous entourent –,
alors le monde doit admettre que celui qui nous donne
cette espérance et cette liberté doit bel et bien exister, et
qu’il doit être glorieux.
10
Le cercle intérieur du leadership spirituel
2. AIMEZ VOS AMIS ET VOS ENNEMIS EN PLAÇANT

VOTRE CONFIANCE EN DIEU ET EN ESPÉRANT EN
SES PROMESSES
Comment pouvons-nous ressentir un tel amour, un amour

fort au point de bénir et de prier pour nos ennemis ?
Voici la réponse que donnent les Écritures (et qui repré-
sente le deuxième niveau du cercle intérieur) : le chemin
vers l’amour, c’est la confiance en Dieu et l’espérance en
ses promesses.
Galates 5.6 affirme qu’« en Jésus-Christ, ce qui a de
l’importance, ce n’est ni la circoncision ni l’incirconcision,
mais seulement la foi qui agit à travers l’amour » (S21),
c’est-à-dire qu’une foi inébranlable en la bonté de Dieu se
manifeste inévitablement par l’amour.
Aux Colossiens, l’apôtre Paul écrit au sujet « de votre
foi en Jésus-Christ et de votre amour pour tous les
saints, à cause de l’espérance qui vous est réservée dans
les cieux » (Col 1.4,5). Autrement dit, une espérance
solide nous libère de ces peurs et préoccupations qui
nous empêchent d’aimer librement et généreusement.
11
Un leader spirituel doit donc posséder la ferme assu-

rance que la bonté souveraine de Dieu fait concourir toutes
choses pour son bien. Sinon, il tombera immanquablement
dans le piège qui consiste à manipuler les circonstances
et à exploiter les gens afin de s’assurer un bon avenir –
avenir qu’il n’est pas certain que Dieu contrôle.
3. MÉDITEZ ET PRIEZ SA PAROLE
Mais comment pouvons-nous, simples pécheurs, avoir

cette ferme assurance en Dieu ? Romains 10.17 déclare
que « la foi vient de ce qu’on entend, et ce qu’on entend
vient de la parole de Christ ». Et l’auteur du Psaume 119.18
s’écrie : « Ouvre mes yeux, pour que je contemple les
merveilles de ta loi ! » Ensemble, ces deux textes nous
révèlent que la foi en Dieu est ancrée dans la Parole de
Dieu. C’est lorsque nous entendons la Parole de Dieu – et
en particulier la prédication de la personne et de l’œuvre
de Jésus, en qui toutes les promesses de Dieu trouvent
leur oui – que nous sommes poussés à lui faire confiance.
12
Le processus n’est cependant pas automatique. Il nous

faut prier que nos yeux voient le sens véritable de la parole
de Dieu dans les Écritures. Le leader spirituel doit par
conséquent méditer les Écritures et prier pour une illu-
mination spirituelle, faute de quoi sa foi s’amenuisera et
son amour dépérira, et personne ne sera inspiré à glorifier
Dieu à cause de lui.
4. RECONNAISSEZ VOTRE INCAPACITÉ
Voici la question finale que nous devons nous poser :

qu’est-ce qui fait naître en nous le désir de passer du temps
dans la Parole de Dieu et de la laisser nous transformer ?
Le fait que nous reconnaissons notre propre incapacité.
Le véritable leadership spirituel a ses racines dans le déses-
poir de cause. Jésus approuve l’homme qui s’écrie : « Ô
Dieu, aie pitié du pécheur que je suis ! » (Lu 18.13, BDS.)
En parlant de son propre ministère, Jésus explique : « Ce
ne sont pas ceux qui se portent bien qui ont besoin de
médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler à
la repentance des justes, mais des pécheurs » (Lu 5.31,32).
13
Le premier pas du leader spirituel consiste donc à recon-

naître qu’il fait partie de ces malades qui ont désespérément
besoin d’un médecin.
Ce n’est qu’après que l’humilité nous a conduits
jusqu’au désespoir de cause, jusqu’au lieu du dernier
recours, que nous serons disposés à lire l’ordonnance du
médecin. Et lorsque nous y découvrirons les promesses
grandioses que le docteur fait à ceux qui placent leur
confiance en lui, notre foi deviendra plus forte et notre
espérance plus solide encore. Si notre foi est forte et notre
espérance solide, alors toutes les barrières à l’amour, telles
la convoitise ou la peur, seront renversées. Alors nous
serons prêts à risquer notre vie, même pour nos ennemis ;
alors nous ne leur garderons pas rancune. Alors nous
consacrerons aussi notre énergie à faire le bien autour de
nous plutôt qu’à rechercher notre propre glorification. Et
ainsi, les autres le verront et glorifieront notre Père qui
est dans les cieux.
Voici quelle est l’implication de ce cercle intérieur
de leadership : pour conduire votre assemblée, vous
14
devez la devancer aussi sur le chemin de l’étude de la

Bible et de la prière. Je crois qu’un leadership spirituel
fructueux ne peut exister sans des temps prolongés de
prière et de méditation des Écritures. Les leaders spiri-
tuels devraient se lever tôt pour rencontrer Dieu avant
de rencontrer qui que ce soit d’autre dans la journée.
Ils voudront avoir un carnet dans lequel noter leurs
réflexions et leurs idées au fil de leurs lectures bibliques
et de leurs prières. Ils auront envie de lire des ouvrages
sur la Bible et la prière. Ils consacreront régulièrement
une demi-journée ou une journée entière pour s’isoler
avec une bible, un carnet, et un recueil de chants. Vous
désirez bien conduire les personnes que Dieu vous
confie ? Il vous faudra parfois passer moins de temps
avec elles pour en passer davantage avec Dieu.
L’EXEMPLE DE HUDSON TAYLOR
Dans Le secret spirituel de Hudson Taylor, Howard Taylor

décrit un épisode concernant Hudson Taylor, son père,
alors qu’il l’accompagnait dans ses déplacements en Chine :
15
Pour M. Taylor, ce n’était pas facile, avec sa vie agitée,

de trouver le temps de prier et d’étudier la Bible. Mais
il savait que ces choses étaient vitales pour lui. Les
auteurs de ce livre se souviennent fort bien d’avoir
voyagé pendant plusieurs mois en sa compagnie dans
le nord de la Chine. Transportés sur des charrettes à
bras la journée, dormant dans de misérables auberges
la nuit, où porteurs et voyageurs dormaient dans un
seul grand dortoir. Ils aménageaient un coin de la
pièce pour leur père et pour eux-mêmes, et après que
le sommeil [avait] apporté un peu de répit au corps,
ils entendaient le craquement d’une allumette et
voyaient la lueur d’une bougie qui prouvait que
M. Taylor, bien que fatigué, était en train de lire dans
la petite [bible] en deux volumes qu’il avait toujours
à portée de main. De deux heures à quatre heures, il
avait l’habitude de s’adonner à la prière, à ce moment
de la nuit où il était presque certain de ne pas être
dérangé et de pouvoir s’attendre au Seigneur. Pour
eux, la lueur de cette bougie a plus de sens que tout
ce qu’ils ont pu lire ou entendre au sujet de la prière
dans le lieu secret. Elle signifiait pour eux une réalité
vécue avant d’être prêchée.
16
M. Taylor trouvait que l’aspect le plus difficile de

la carrière missionnaire était de maintenir une étude
régulière de la Bible. « Satan trouvera toujours quelque
chose à vous faire faire, disait-il, quand vous devez
étudier la Parole, même si ce n’est que fermer le volet
d’une fenêtre1. »
L’EXEMPLE DE GEORGE MÜLLER
George Müller est connu pour la foi immense qu’il mani-

festait dans son travail au sein de ses orphelinats. Dans
son autobiographie, il explique que le but de sa lecture de
la Bible et de sa vie de prière était d’être constamment
heureux dans le Seigneur. Il se plaint d’avoir essayé en
vain, et ce durant des années, de prier tôt le matin ; son
esprit vagabondait ici et là, incapable de rester concentré.
Mais un jour, il fait une découverte qui changera radica-
lement sa vie de prière :
1. Howard Taylor, Le secret spirituel de Hudson Taylor, Dijon, France,

Éditions Missionnaires Francophones, 2007, p. 220‑221.
17
J’ai discerné avec la plus grande clarté que la grande

affaire, l’affaire principale de chaque journée, c’est
de nourrir mon être intérieur.
Car, même si je témoigne de la vérité devant des
inconvertis, même si j’essaie de la communiquer aux
fidèles, même si je cherche à secourir les affligés et
si je fais des efforts pour me conduire en ce monde
comme il convient à un enfant de Dieu, si je ne suis
pas heureux en Christ mon Sauveur, si je ne suis pas
nourri et fortifié intérieurement jour après jour, toute
mon activité ne découle pas de l’esprit qu’il me faut,
c’est-à-dire d’un esprit dans les conditions d’équi-
libre normal.
Durant ces dix dernières années au moins, voici
comment je procédais le matin : je m’habillais, puis
je me mettais à prier.
Maintenant, je comprends que la chose la plus
importante, c’est de lire la Parole de Dieu et de la
méditer pour que mon cœur soit ainsi fortifié, encou-
ragé, repris, instruit, et que, dans cette méditation, je
sois amené à faire l’expérience de la communion avec
le Seigneur. J’ai donc médité le Nouveau Testament,
dès le matin, en commençant aux premières pages,
18
après avoir demandé à Dieu sa bénédiction sur cette

étude de sa Parole. Puis, je me suis appliqué à trouver
une bénédiction dans chaque verset ; non pas en
pensant à de futures prédications, mais dans le seul
but de nourrir mon âme.
Voici le résultat : presque invariablement, je suis
conduit à la confession, ou à l’action de grâces, ou à
l’intercession, ou à la supplication, si bien que, tout
en commençant par la méditation et non par la prière,
je me trouve cependant presque aussitôt conduit à prier…
Quand vient l’heure du déjeuner, étant nourri et
fortifié intérieurement, presque toujours je jouis d’une
grande paix intérieure, ou même d’une grande joie.
C’est ainsi que le Seigneur me communique ce qui
devient, par la suite, de la nourriture pour les autres,
bien que je médite quotidiennement la Parole, non
pour mon prochain, mais pour nourrir mon âme. […]
Maintenant qu’il a plu à Dieu de me révéler ces
choses, il m’apparaît comme absolument évident que
la chose essentielle chaque matin, c’est d’obtenir la
nourriture nécessaire à l’homme intérieur. Nous ne
saurions travailler longtemps sans donner au corps la
nourriture qu’il réclame, et que se nourrir est l’une
19
des premières choses de la journée, il va de même pour

l’être intérieur. Cette nourriture n’est pas la prière,
mais la Parole de Dieu. Non pas une simple lecture
qui traverse seulement notre pensée, mais une médi-
tation du texte qui devient un sujet de réflexions et
que nous appliquons à notre âme. […]
C’est par elle [la méditation de la Parole], avec
la bénédiction de Dieu, que j’ai reçu les secours et
la force nécessaires pour traverser en paix de très
douloureuses épreuves qui ont dépassé tout ce que
j’avais connu jusque-là. Voilà quarante ans que je
procède ainsi. C’est donc en toute connaissance de
cause et dans la crainte du Seigneur que je recom-
mande cette méditation matinale de la Parole.
Quelle différence lorsque l’âme s’est rafraîchie et
rassasiée, lorsqu’elle a été rendue joyeuse dès le
matin ! Alors, elle n’est pas faible pour le service,
et elle est prête pour la rencontre des épreuves et
des tentations quotidiennes2.
2. George Müller, L’audace de la foi, St-Légier, Suisse, Éditions Emmaüs,

1982, p. 168‑170.
20
Persévérons dans la méditation des Écritures ! C’est

l’encouragement que nous trouvons dans une lettre envoyée
en 1897 par George Müller à la société biblique britan-
nique et étrangère, et dans laquelle il explique qu’il ne
pourra pas assister à une réunion à Birmingham. Il écrit :
« Je vous demande d’avoir la gentillesse de communiquer
aux membres de la réunion que depuis soixante-huit ans
et trois mois, c’est-à-dire depuis juillet 1829, je me donne
entièrement et sans interruption à la Parole de Dieu. Sur
cette période, j’ai lu l’Ancien Testament et le Nouveau
Testament dans leur intégralité bien plus d’une centaine
de fois, dans la prière et la méditation. » Quiconque désire
devenir un leader spirituel hors pair doit prendre exemple
sur Hudson Taylor et George Müller.
21
2
LE CERCLE EXTÉRIEUR DU
LEADERSHIP SPIRITUEL
D ans l’Église, chaque chrétien possède au moins un

don spirituel ; chaque chrétien devrait s’impliquer
dans le ministère ; et chaque chrétien devrait chercher à
inciter les autres à glorifier Dieu par leurs pensées, leurs
émotions et leurs actions. Cependant, le Christ ressuscité
a voulu, dans sa souveraineté, donner à certains des traits
de caractère qui contribuent à faire d’eux des leaders plus
compétents que d’autres. Ces attributs ne sont pas tous
spécifiquement chrétiens, mais lorsque nous sommes rem-
plis du Saint-Esprit, ils sont transformés et mis à la dis-
position des desseins de Dieu.
23
1. TOUJOURS EN MOUVEMENT
Face au statu quo, les leaders spirituels ressentent une

sainte insatisfaction. L’inertie des non-leaders fait qu’ils
prennent vite racine à l’endroit où ils se trouvent. Il leur
est très difficile d’explorer le monde au-delà de ce qui leur
est familier. Les leaders, au contraire, sont de grands ama-
teurs du changement. Ils aiment bouger, découvrir de
nouveaux horizons, grandir et élargir le périmètre du
ministère d’un groupe ou d’une institution. Ils ont l’esprit
de Paul, lui qui déclarait dans Philippiens 3.13,14 : « Frères,
je ne pense pas l’avoir saisi ; mais je fais une chose :
oubliant ce qui est en arrière et me portant vers ce qui est
en avant, je cours vers le but, pour remporter le prix de
la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ. » Un leader
a toujours des objectifs.
En effet, l’histoire divine du salut n’est pas terminée.
L’Église n’est pas encore parfaite, les brebis perdues n’ont
pas encore toutes été ramenées dans le troupeau, les besoins
divers dans le monde ne sont pas encore tous satisfaits,
les saints ne sont pas encore entièrement débarrassés du
24
Le cercle extérieur du leadership spirituel
péché. Comment pourrait-on se satisfaire du statu quo

dans un monde déchu et une Église imparfaite ? Dieu a
donc voulu que certains de ses enfants ressentent une sorte
de sainte fébrilité, un besoin d’être toujours en mouve-
ment – et ce sont très probablement ces individus qui
deviendront des leaders.
2. OPTIMISTE
Le leader spirituel est optimiste non pas parce que l’homme

est bon, mais parce que Dieu règne. Il ne doit pas laisser
son insatisfaction se transformer en abattement. Lorsqu’il
constate l’imperfection de l’Église, il reprend à son compte
les paroles de l’auteur de l’épître aux Hébreux : « Mes
chers amis, même si nous tenons ici un tel langage, nous
sommes convaincus qu’une meilleure part vous attend,
celle du salut » (Hé 6.9, BDS). Le fondement de sa vie est
Romains 8.28 : « Nous savons, du reste, que toutes choses
concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui
sont appelés selon son dessein. » Il conclut avec Paul que
« [lui] qui n’a point épargné son propre Fils, mais qui l’a
25
livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas

aussi toutes choses avec lui ? » (Ro 8.32.)
Sans cette ferme assurance ancrée dans la bonté de
Dieu manifestée en Jésus-Christ, la persévérance du leader
vacillerait et il deviendrait incapable d’inspirer le peuple
de Dieu. Sans optimisme, la sainte fébrilité – le besoin
d’être constamment en mouvement – se changerait en
désespoir total.
3. INTENSE
La qualité que je recherche chez mes collègues, c’est l’in-

tensité. Romains 12.8 déclare que si votre don est celui du
leadership, vous êtes appelé à l’exercer « avec zèle ». De
même, nous lisons dans Romains 12.11 : « Ayez du zèle,
et non de la paresse. Soyez fervents d’esprit. » Lorsque les
disciples se souviennent du comportement de Jésus
dans le Temple de Dieu, ils qualifient celui-ci par des
mots empruntés à l’Ancien Testament : « Le zèle de ta
maison me dévore » (Jn 2.17). Le leader suit le conseil
26
d’Ecclésiaste 9.10 : « Tout ce que tu trouves à faire, fais-le

avec l’énergie que tu as » (BDS).
Dans sa jeunesse, Jonathan Edwards a dressé une liste
de 70 résolutions. Parmi elles, voici celle qui m’inspire le
plus encore aujourd’hui : « Résolu de vivre de toutes mes
forces, tant que je vis encore. » Le comte Zinzendorf,
évêque de l’Église des Frères moraves, s’est écrié : « Je n’ai
qu’une passion, c’est Jésus, rien que Jésus. » Jésus-Christ
nous avertit qu’il n’acceptera pas les croyants tièdes :
« Ainsi, parce que tu es tiède, et que tu n’es ni froid ni
bouillant, je te vomirai de ma bouche » (Ap 3.16).
Le leader spirituel doit prendre du temps seul pour
examiner les vérités indicibles et extraordinaires qui
concernent Dieu. Si l’existence du leader se résume à un
long bâillement, cela signale qu’il est tout simplement
aveugle. Sa vie devrait fournir des preuves tangibles que
les choses de l’Esprit sont intensément réelles – et cela
sera possible uniquement s’il est lui-même intense.
27
4. MAÎTRE DE LUI-MÊME
Être maître de soi ne signifie pas se comporter de façon

lisse et guindée, mais bien maîtriser nos pulsions.
Comment pourrions-nous diriger les autres vers Dieu si
nous sommes nous-mêmes orientés vers le monde ? Selon
Galates 5.23, la maîtrise de soi est un fruit de l’Esprit,
pas de notre volonté. Elle consiste à s’approprier la puis-
sance de Dieu afin de dominer sur ces émotions ou ces
appétits qui pourraient nous égarer ou nous pousser à
remplir nos journées de projets infructueux, inutiles.
Dans 1 Corinthiens 6.12, Paul affirme : « [Tout] m’est
permis, mais je ne me laisserai pas asservir par quoi que
ce soit. » De même, le leader chrétien doit, sans relâche
et sans ménagement, examiner sa propre vie afin de voir
s’il s’y trouve la moindre trace d’un esclavage à quoi que
ce soit : la télévision, Internet, les réseaux sociaux, la nour-
riture, l’alcool, le café, les sodas, le sport, les jeux sur
ordinateur, le lèche-vitrine, les romans sentimentaux, la
pornographie, la masturbation ou la crainte de l’homme.
28
L’apôtre Paul écrit dans 1 Corinthiens 9.25-27 : « Tous

les athlètes s’imposent une discipline1 sévère dans tous
les domaines pour recevoir une couronne, qui pourtant
sera bien vite fanée, alors que nous, nous aspirons à une
couronne qui ne se flétrira jamais. C’est pourquoi, si je
cours, ce n’est pas à l’aveuglette, et si je m’exerce à la boxe,
ce n’est pas en donnant des coups en l’air. Je traite dure-
ment mon corps, je le maîtrise sévèrement, de peur qu’après
avoir proclamé l’Évangile aux autres, je ne me trouve
moi-même disqualifié » (BDS). Il ajoute dans Galates 5.24 :
« Ceux qui sont à Jésus-Christ ont crucifié la chair avec
ses passions et ses désirs. »
Les leaders spirituels traquent impitoyablement leurs
mauvaises habitudes, et par la puissance du Saint-Esprit
rompent avec elles. Ils entendent et appliquent
Romains 8.13 : « Si vous vivez selon la chair, vous mourrez ;
mais si par l’Esprit vous faites mourir les actions du corps,
vous vivrez. » Les leaders spirituels aspirent à être délivrés
1. N. D. T. : Le terme grec egkrateuomai traduit par « discipline sévère »

renvoie à la notion de la maîtrise de soi, d’une conduite tempérée.
29
de tout ce qui les empêche de trouver leur satisfaction

suprême en Dieu et dans le fait de servir les autres.
5. CAPABLE DE SUPPORTER LA CRITIQUE
Vous pouvez être sûr d’une chose : si vous êtes un leader,

vous serez critiqué. On ne devient pas un véritable leader
spirituel si notre but est de faire plaisir aux gens et de
gagner leur approbation. L’apôtre Paul l’affirme dans
Galates 1.10 : « Et maintenant, est-ce la faveur des hommes
que je désire, ou celle de Dieu ? Est-ce que je cherche à
plaire aux hommes ? Si je plaisais encore aux hommes, je
ne serais pas serviteur de Christ. »
Les leaders spirituels ne recherchent pas la louange
des hommes ; ils désirent plutôt plaire à Dieu. Carl
Lundquist a servi en tant que président du Bethel College
and Seminary durant vingt-huit années. Dans son dernier
compte-rendu à la conférence générale baptiste, il a
constaté qu’au cours de chacune d’entre elles ou presque,
un bon nombre de personnes s’était activement opposé à
son ministère.
30
Celui que la critique paralyse ne deviendra jamais un

leader spirituel. Par là je ne veux pas dire que nous ne
devrions jamais nous sentir blessés, mais plutôt que la
blessure ne doit pas nous terrasser. Nous devons pouvoir
déclarer avec Paul que nous sommes « accablés par toutes
sortes de détresses et cependant jamais écrasés. Nous
sommes désemparés, mais non désespérés, persécutés,
mais non abandonnés, terrassés, mais non pas anéantis »
(2 Co 4.8,9, BDS). La critique nous affectera, mais sans
nous paralyser. Comme l’apôtre Paul, « nous ne perdons
pas courage » (2 Co 4.16).
Les leaders doivent être en mesure de gérer la dépres-
sion, parce qu’elle sera bien souvent leur lot. Certaines
personnes n’auront jamais la moindre parole de recon-
naissance envers eux, et l’envie de tout laisser tomber
semblera parfois presque irrésistible. La critique est l’une
des armes préférées de Satan pour inciter des leaders chré-
tiens fructueux à jeter l’éponge.
Le leader spirituel ne rejette pas obligatoirement toutes
les critiques ; certaines d’entre elles sont légitimes. Un
31
bon leader, en même temps qu’il ne laisse pas la critique

l’anéantir, reste ouvert à celle-ci. Il fait preuve d’humilité
pour l’accepter et la prendre en compte si elle est fondée.
Aucun d’entre nous n’est parfait, après tout. Jonathan
Edwards disait avoir développé une discipline spirituelle :
avant de rejeter une critique, il l’examinait afin de savoir
si elle contenait une part de vérité. C’est là un excel-
lent conseil.
6. ÉNERGIQUE
Les paresseux ne font pas de bons leaders. Les leaders

spirituels rachètent le temps (Ép 5.16). Ils travaillent tant
qu’il fait jour, parce qu’ils savent que la nuit vient où plus
personne ne pourra travailler (Jn 9.4). Ils ne se lassent pas
de faire le bien, car ils savent qu’ils moissonneront au
temps convenable s’ils ne se relâchent pas (Ga 6.9). Ils
sont « fermes, inébranlables, travaillant de mieux en mieux
à l’œuvre du Seigneur, sachant que [leur] travail ne sera
pas vain dans le Seigneur » (1 Co 15.58).
32
Pourtant, ils ne s’attribuent pas cette vitalité et ne

tirent aucune fierté de leurs efforts. Ils affirment au
contraire avec l’apôtre Paul avoir « travaillé plus qu’eux
tous, non pas moi toutefois, mais la grâce de Dieu qui est
avec moi » (1 Co 15.10) et reconnaissent que « [c’est] à
quoi je travaille, en combattant avec sa force qui agit
puissamment en moi » (Col 1.29).
On attribue à Winston Churchill cette citation : « Le
monde est gouverné par des hommes fatigués. » Un leader
doit apprendre à vivre avec la pression. On accomplit
généralement peu de choses si l’on n’a pas de date butoir,
et celle-ci crée nécessairement un sentiment de pression.
Un leader ne considère pas la pression du travail comme
une malédiction, mais comme une gloire. Il ne désire
pas gâcher son existence dans une quantité excessive de
loisirs, mais aime que sa vie soit productive. Et il parvient
à gérer la pression et l’empêche de se transformer en
inquiétude. Comment ? En s’appuyant sur des promesses
comme celles de Matthieu 11.27,28, Philippiens 4.7,8
et Ésaïe 64.3.
33
7. AIME LA RÉFLEXION
« [Pour] le mal, soyez des bébés, mais par rapport au

raisonnement, soyez des adultes » (1 Co 14.20, S21).
Comment peut-on être le leader de personnes qui nous
surpassent en matière de raisonnement ? Voilà ce que fait
un leader lorsqu’il voit un ensemble de circonstances : il
y réfléchit. Il s’assoit, papier et stylo en main, et il griffonne,
il écrit, il crée. Son esprit teste toutes choses et retient ce
qui est bon (1 Th 5.21).
Il est critique dans le meilleur sens du terme ; il n’est
pas crédule, il ne cherche pas à suivre la dernière mode.
Il soupèse les situations, considère les avantages et les
inconvénients, et possède toujours une raison solide pour
prendre telle ou telle décision. Une réflexion rigoureuse
et approfondie n’est pas opposée à une dépendance à la
prière et la révélation divine. Regardez la manière dont
l’apôtre Paul encourage Timothée ainsi : « Réfléchis bien
à ce que je te dis et le Seigneur te donnera de comprendre
toutes ces choses » (2 Ti 2.7, BDS). Autrement dit, Dieu
34
se sert du processus intellectuel pour nous transmettre la

compréhension et la connaissance.
8. ÉLOQUENT
Comment être un bon leader si l’on est incapable d’ex-

primer ses pensées clairement et rigoureusement ? Les
leaders comme Paul cherchent à persuader les hommes et
non à les contraindre (2 Co 5.11). Les leaders spirituels
ne forment pas des disciples en brassant de l’air, en faisant
des vagues ou en multipliant les mots creux, mais plutôt
en ayant recours à des phrases précises, robustes et convain-
cantes. Comme tous les bons leaders, l’apôtre Paul cher-
chait à dire les choses avec clarté ; il demande ainsi aux
Colossiens de prier pour lui afin qu’il puisse « faire
connaître clairement ce message comme il est de [son]
devoir de le faire » (Col 4.4, BDS).
Il est stupéfiant et lamentable de constater le nombre
de personnes qui, de nos jours, sont incapables de formuler
des phrases complètes. Leur réflexion est enveloppée d’une
brume épaisse. Ni eux ni leurs auditeurs ne savent
35
exactement de quoi ils parlent. Le brouillard descend sur

la discussion, et on repart sans bien savoir sur quoi cette
dernière portait. Il ne peut y avoir de leadership tant que
régneront ce chaos verbal et cet enchevêtrement confus
de « c’est clair… tu sais, en fait… du coup, euh… »
9. CAPABLE D’ENSEIGNER
Certains des meilleurs leaders dans notre Église sont des

hommes qui sont aussi d’excellents enseignants. Cela ne
me surprend guère. Selon 1 Timothée 3.2, quiconque
désire diriger dans l’Église doit être capable d’enseigner.
Comment reconnaître un bon enseignant ? Les caracté-
ristiques suivantes me semblent indispensables :
• Un bon enseignant se pose les questions les plus

difficiles, déploie tous ses efforts pour y ré-
pondre, puis formule des questions provoca-
trices afin de stimuler le raisonnement de ceux
qui apprennent.
36
• Un bon enseignant analyse chaque partie de son

sujet ; il discerne les relations entre ces parties et
découvre l’unité de l’ensemble.
• Un bon enseignant a conscience des problèmes que
présentera son sujet à ceux qui l’écoutent ; il en-
courage ces derniers et les aide à surmonter les
obstacles qui pourraient leur faire baisser les bras.
• Un bon enseignant anticipe les objections et y
réf léchit rigoureusement afin de pouvoir y ré-
pondre avec intelligence.
• Un bon enseignant est capable de se mettre à la
place d’une multitude de personnes ; il peut donc
expliquer des concepts difficiles dans des termes
que tous seront en mesure de comprendre.
• Un bon enseignant est concret et non abstrait,
spécifique et non général, précis et non vague,
vulnérable et non évasif.
• Un bon enseignant pose toujours cette question :
« Et alors ? » Il tente de comprendre comment de
nouvelles découvertes façonnent notre système de
37
pensée. Il cherche à rattacher ces découvertes à la

vie de tous les jours et évite de compartimenter.
• Un bon enseignant a pour objectif que tous les
aspects de la vie et de la pensée soient transformés
et unifiés de manière à honorer Christ.
10. UN BON JUGE DU CARACTÈRE
Jésus connaissait le cœur de tout homme (Jn 2.25) et

nous exhorte à être perspicaces dans notre jugement des
autres (Mt 7.15s). Les leaders doivent évaluer qui est
équipé pour accomplir telle ou telle tâche. Autrement
dit, un bon leader a un bon flair – il sait vite reconnaître
ceux qui sont toujours en train d’écouter sans jamais
apprendre ou changer. Il sait aussi reconnaître le potentiel
chez un tout jeune croyant. Il est capable de détecter
rapidement les échos de l’orgueil, de l’hypocrisie, de
l’amour du monde. Le leader spirituel trace sa route et
garde le cap : il n’enferme pas les gens dans des catégories
hermétiquement fermées, mais il ne s’enferme pas non
plus dans l’indifférence.
38
11. PLEIN DE TACT
L’apôtre Paul conseille : « Conduisez-vous avec sagesse

envers ceux du dehors, et rachetez le temps. Que votre
parole soit toujours accompagnée de grâce, assaisonnée
de sel, afin que vous sachiez comment il faut répondre à
chacun » (Col 4.5,6). Et l’auteur des Proverbes déclare :
« Des pommes en or décorées d’argent, voilà ce que sont
des paroles dites à propos » (Pr 25.11, S21).
Rappelons-nous que le but d’un leader est de trans-
former les cœurs et pas simplement d’accomplir une tâche.
Aliéner les gens sans raison est donc une pratique vouée
à l’échec. Le tact est un attribut de la grâce ; il permet de
gagner la confiance des autres en leur assurant que vous
ne direz ou ne ferez rien de stupide. Vous n’inspirerez
jamais les gens à vous suivre si vos paroles et vos actions
inappropriées sont une source d’embarras pour eux. Le
leader a particulièrement besoin de tact lorsqu’il est appelé
à aider quelqu’un à traverser une situation gênante
ou tragique.
39
Si vous êtes responsable d’un groupe, par exemple, il

arrive fréquemment qu’une personne fasse une remarque
complètement hors sujet, que tous les membres du groupe
considéreront comme absurde ou ridicule. Un leader plein
de tact doit savoir rediriger l’attention du groupe vers le
sujet principal de la discussion sans exprimer le moindre
mépris envers l’auteur de la remarque.
Je pense à un autre exemple qui me vient de mes
années au Wheaton College. J’étais présent lors du culte
au cours duquel V. Raymond Edman, qui prêchait ce
jour-là, a fait un infarctus avant de s’effondrer et de mourir.
Hudson Armerding, qui allait lui succéder en tant que
président, était assis derrière lui lorsque V. Raymond Edman
s’est arrêté de parler, a fait un pas sur le côté, puis s’est
écroulé. J’ai alors eu le privilège d’être témoin de l’une
des plus belles et des plus délicates démonstrations de tact
qu’il m’ait été donné de voir. Alors que les 2 000 étudiants
faisaient silence, Hudson Armerding s’est précipité à ses
côtés et s’est agenouillé. Puis il s’est levé, nous a conduits
dans une courte prière recommandant son ami et collègue
40
au Seigneur, et a congédié calmement les élèves.

V. Raymond Edman a rendu son dernier souffle alors que
nous quittions la chapelle.
Le tact d’un leader doit se manifester lors des confron-
tations directes. Quiconque n’ose pas approcher une per-
sonne qui a besoin d’un avertissement ou d’un reproche
ne deviendra jamais un leader spirituel efficace. Le tact
d’un leader, associé à sa capacité de juger le caractère, lui
permettra de gérer les négociations délicates et les points
de vue opposés. Son choix de vocabulaire sera judicieux
et non maladroit (il y a une différence importante entre
dire : « Ton pied est trop grand pour cette chaussure » et
« Cette chaussure est trop petite pour ton pied »).
12. PORTÉ À LA THÉOLOGIE
Colossiens 3.17 nous ordonne : « [Faites] tout au nom du

Seigneur Jésus », et 1 Corinthiens 2.16 décrit l’homme
spirituel comme ayant « la pensée de Christ ». Un leader
spirituel a conscience que la vie tout entière jusque dans
ses moindres détails est en rapport avec Dieu. Si nous
41
désirons conduire qui que ce soit à voir et refléter la gloire

de Dieu, notre vision du monde doit être théologique.
Nous devons cheminer vers une synthèse de toutes choses,
examiner les relations entre tous les éléments. Comment
la guerre, le sport, la pornographie, les fêtes d’anniversaire,
la littérature, les voyages dans l’espace, la maladie et le
sens de l’initiative s’articulent-ils ensemble ? Quels liens
ont-ils avec Dieu et ses desseins ?
La perspective théologique du leader l’aidera à har-
moniser toutes choses, à trouver la cohérence du système.
La stabilité qui en découlera l’empêchera de trébucher
lorsque les circonstances changeront brusquement ou que
souffleront de nouveaux vents de doctrine. Le bon leader
connaît suffisamment bien Dieu et sa manière d’agir pour
intégrer des informations et des événements nouveaux
dans un schéma préexistant, et pour leur donner du sens –
même quand ils sont déplaisants. Ainsi le leader, plutôt
que de baisser les bras, continue de montrer la voie qui
mène vers Dieu.
42
13. UN RÊVEUR
Selon Joël 3.1, dans les derniers jours dans lesquels nous
sommes, « vos vieillards auront des rêves, et vos jeunes
gens des visions » (S21). C’est, pour le leader, la contre-
partie de la première qualité (être toujours en mouvement).
Il ne suffit pas d’être insatisfait du présent ; nous devons
aussi rêver de ce que l’avenir pourrait réserver. Dans
2 Rois 6.15‑17, Élisée et son serviteur sont encerclés par
l’armée assyrienne dans la ville de Dothan. Lorsque le
serviteur crie son désarroi, Élisée prie : « Éternel, ouvre
ses yeux, pour qu’il voie. » Et Dieu répond à sa prière – il
« ouvrit les yeux du serviteur, qui vit la montagne pleine
de chevaux et de chars de feu autour d’Élisée ».
Le leader peut voir que la puissance de Dieu éclipse
les problèmes à venir. C’est là un don rare que de savoir
discerner la puissance souveraine de Dieu au beau milieu
d’une opposition qui semble écrasante. La majorité des
gens sont experts dans l’art de voir tous les problèmes
potentiels et toutes les raisons possibles de ne pas aller de
l’avant. Combien de pasteurs sont brisés par des conseils
43
et des comités qui s’imaginent avoir fait leur devoir lors-

qu’ils opposent une longue liste d’obstacles et de problèmes
en réponse à chacune de ses idées ? Comme c’est facile.
L’espoir et les solutions, eux, exigent davantage d’efforts.
Un esprit audacieux, prêt pour l’aventure – voilà une
qualité précieuse de nos jours. Nous avons besoin
d’hommes et de femmes qui consacrent cinq minutes par
semaine à rêver de l’avenir. Notre passage déclare que les
vieillards auront des rêves ; pourtant, bon nombre d’entre
eux considèrent que leur âge avancé les autorise à ne plus
rien faire, et ils laissent aux jeunes le soin d’être créatifs.
Quelle catastrophe lorsque l’âge rend l’homme blasé, plutôt
que de le pousser à davantage de créativité ! Chaque nou-
velle Église, chaque nouvel organisme, chaque nouveau
ministère, chaque institution, chaque œuvre existe parce
que quelqu’un, un jour, a eu une vision et a résolu de s’y
accrocher de toutes ses forces.
44
14. ORGANISÉ ET EFFICACE
Un leader n’aime pas le fouillis. Il aime savoir où tout se

trouve afin de pouvoir y accéder rapidement. Sa forme
préférée ? La ligne droite, pas le cercle. Il peste si une
réunion, au lieu de passer élégamment des prémisses aux
conclusions, fait dans le hors-sujet perpétuel et tourne en
rond indéfiniment. Quand il est temps d’agir, il imagine
un plan en trois étapes pour atteindre le but et le présente.
Un leader perçoit le lien entre une décision du conseil et
sa mise en œuvre. Il voit comment utiliser son temps
efficacement et organise son emploi du temps afin d’en
optimiser l’utilité. Il met à part de longues périodes inin-
terrompues pour ses activités les plus productives, et il ne
gâche pas non plus des intervalles plus courts. (Par
exemple, qu’est-ce que vous faites pendant que vous vous
brossez les dents ? Vous pourriez poser un magazine sur
le porte-serviette et lire un article.)
Un leader prend le temps de planifier sa journée, sa
semaine, son mois, son année. Oui, dans l’absolu c’est
Dieu qui dirige les pas du leader – mais que cela n’empêche
45
pas ce dernier de planifier sa route. Le leader n’est pas une

méduse emportée ici et là au gré des vagues ni une huître
éternellement fixée à la même place sur le même rocher.
Il ressemble plutôt à un dauphin nageant soit à
contre-courant, soit dans la même direction que celui-ci,
selon ce qu’il a prévu.
15. CAPABLE DE PRENDRE DES DÉCISIONS
Dans 1 Rois 18.21, Élie s’écrie : « Jusqu’à quand boiterez-

vous des deux côtés ? Si l’Éternel est Dieu, allez après lui ;
si c’est Baal, allez après lui ! » Un leader ne peut être paralysé
par l’indécision. Il préférera prendre des risques plutôt que
de ne rien faire. Il sait déverser son cœur dans la prière,
s’imprégner de la Bonne Nouvelle, puis se reposer dans la
souveraineté de Dieu quand sonne l’heure de prendre des
décisions, conscient qu’il commettra probablement
quelques erreurs.
46
16. PERSÉVÉRANT
Jésus affirme dans Matthieu 24.13 que « celui qui persé-

vérera jusqu’à la fin sera sauvé ». Paul déclare dans
Galates 6.9 : « Ne nous lassons pas de faire le bien ». De
nos jours, on cherche la satisfaction instantanée ; rares
sont donc ceux qui excellent dans cette vertu qu’est la
persévérance. Rares sont ceux qui continuent et continuent
dans le même ministère alors que les difficultés se multi-
plient. Or, la vision sans la persévérance ressemble à un
conte de fées plutôt qu’à un ministère fructueux.
Mon père m’a un jour confié croire que si tant de
pasteurs ne voient pas de réveil dans leur Église, c’est parce
qu’ils démissionnent juste avant que le réveil ait lieu. Tenir
sur le long terme est difficile, mais cela en vaut la peine.
Même la plus grande des montagnes peut être déplacée
pelletée après pelletée, cuillerée après cuillerée. Vous
oublierez bien vite les critiques à votre égard si vous per-
sévérez simplement à accomplir la volonté de Dieu.
47
17. AMOUREUX DE SA FEMME
Je m’adresse ici aux hommes qui sont maris et leaders. Voici

ce que l’apôtre Paul vous ordonne : « Maris, aimez votre
femme » (Ép 5.25, S21). Aimez-la ! Aimez-la ! Que
servira-t-il à un homme de gagner le monde entier, s’il perd
sa femme ? Vers quoi aurions-nous conduit les gens s’ils
voient que cela nous a conduits au divorce ? Nous avons
besoin de leaders qui sont profondément amoureux de leur
femme, de maris qui écrivent des poèmes à leur épouse,
leur chantent des chansons d’amour, et leur achètent des
fleurs pour la simple et unique raison qu’ils les aiment.
Nous avons besoin de leaders qui comprennent leur
besoin de mettre une journée à part avec leur épouse, de
temps à autre ; de leaders qui ne prennent pas l’habitude
de ridiculiser et d’humilier leur femme, en particulier par
des apartés irréfléchis en public. Nous avons besoin de
leaders qui, au contraire, parlent de leur femme en bien
lorsqu’ils sont en public et les complimentent spontanément
lorsqu’ils sont seuls ; de leaders qui ont des gestes d’affection
48
pleins de tendresse envers leur épouse, et pas seulement

lorsqu’ils sont au lit.
L’une des plus grandes tentations d’un leader à l’emploi
du temps chargé est de traiter sa femme comme une sorte
d’objet sexuel. Le premier signe de cette tentation, c’est
quand il l’embrasse passionnément ou ne la touche tendre-
ment que dans l’espoir de l’attirer vers le lit conjugal. Sa
femme devient un simple mannequin pour la masturbation,
et c’est tragique. Apprenez à connaître ce qu’elle aime et
conduisez-la à l’expérience orgasmique la plus intense. Parlez
avec elle, étudiez ses désirs. Regardez-la dans les yeux quand
vous lui parlez. Posez le journal, éteignez la télévision. Tenez
la porte pour elle. Aidez-la à laver la vaisselle. Organisez
une fête en son honneur. AIMEZ-LA ! AIMEZ-LA ! Sinon,
le pendant de votre succès en tant que leader sera certai-
nement l’échec retentissant au sein de votre foyer.
18. CAPABLE DE SE REPOSER
Le premier attribut de cette liste était toujours en mou-

vement, le dernier est capable de se reposer. « Si une maison
49
n’est pas construite par l’Éternel, ceux qui la construisent

travaillent inutilement ; si une ville n’est pas gardée par
l’Éternel, celui qui la garde veille inutilement. C’est inu-
tilement que vous vous levez tôt, que vous vous couchez
tard et que vous mangez un pain gagné avec peine : il
en donne autant à ses bien-aimés pendant leur sommeil »
(Ps 127.1,2, S21). Le leader spirituel sait que la produc-
tivité de son travail, en fin de compte, dépend de Dieu –
et que Dieu peut accomplir davantage durant le sommeil
du leader que ce dernier peut accomplir durant une
journée sans Dieu. Il connaît les paroles de Jésus à ses
disciples : « Venez à l’écart dans un lieu désert, et
reposez-vous un peu » (Mc 6.31).
Il n’est pas accro au travail au point d’être incapable
de se reposer. Il gère sa vie et sa santé comme un sage
intendant. Il maximise l’ensemble de ses efforts en mesu-
rant les possibles tensions qu’il peut supporter dans son
travail sans pour autant diminuer son efficacité ou rac-
courcir indûment sa vie.
50
CONCLUSION
O n pourrait évoquer bien d’autres attributs qui

peuvent contribuer à rendre un leader meilleur
encore. Les qualités que j’ai listées sont simplement celles
qui me sont venues à l’esprit lorsque je méditais ce sujet.
Il n’est pas indispensable d’exceller dans chacune d’entre
elles ; toutefois, plus une qualité est développée chez un
individu, plus il sera un leader efficace et fructueux.
Permettez-moi de réitérer un point crucial : c’est le
cercle intérieur qui rend le leadership spirituel. Tout véri-
table leadership puise ses racines dans un sentiment de
désespoir de cause – dans l’aveu que nous sommes des
pécheurs absolument démunis qui ont besoin d’un grand
Sauveur. Cette réalité nous incite à écouter Dieu dans
les Écritures et à venir à lui dans la prière pour le supplier
51
de nous aider et de nous ouvrir les yeux de l’esprit et du

cœur. Cette posture, à son tour, nous pousse à placer
notre confiance en Dieu et à espérer en ses promesses si
extraordinaires et si précieuses. Ce n’est qu’à ce moment
que nous serons véritablement libres de vivre une vie
d’amour et de service – et c’est ainsi qu’en définitive ceux
qui nous entourent verront Dieu et célébreront la gloire
de notre Père céleste.
52
Publications Chrétiennes est une maison d’édition évangélique qui
publie et diffuse des livres pour aider l’Église dans sa mission parmi
les francophones. Ses livres encouragent la croissance spirituelle en
Jésus-Christ, en présentant la Parole de Dieu dans toute sa richesse,
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Nos livres sont publiés sous six différentes marques éditoriales qui
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Nous tenons également un blogue qui offre des ressources gratuites

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Pour l’édition française :

Traduction : Loanne Procopio

ISBN : 978-2-89082-547-5 (broché)

Dépôt légal – 1er trimestre 2023

« Éditions Impact » est une marque déposée de Publications Chrétiennes, Inc.

À moins d’indications contraires, les citations bibliques sont tirées de la

1. Le cercle intérieur du leadership spirituel. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

Q u’est-ce que le leadership spirituel ? Voici ma défi-

mais s’il n’y a aucun changement dans son cœur, ce n’est

1. DÉSIREZ QUE LES AUTRES GLORIFIENT DIEU

Le but ultime de tout leadership spirituel, c’est que les

glorifient votre Père qui est dans les cieux. » Ce passage

2. AIMEZ VOS AMIS ET VOS ENNEMIS EN PLAÇANT

Comment pouvons-nous ressentir un tel amour, un amour

Un leader spirituel doit donc posséder la ferme assu-

3. MÉDITEZ ET PRIEZ SA PAROLE

Mais comment pouvons-nous, simples pécheurs, avoir

Le processus n’est cependant pas automatique. Il nous

4. RECONNAISSEZ VOTRE INCAPACITÉ

Voici la question finale que nous devons nous poser :

Le premier pas du leader spirituel consiste donc à recon-

devez la devancer aussi sur le chemin de l’étude de la

L’EXEMPLE DE HUDSON TAYLOR

Dans Le secret spirituel de Hudson Taylor, Howard Taylor

Pour M. Taylor, ce n’était pas facile, avec sa vie agitée,

M. Taylor trouvait que l’aspect le plus difficile de

L’EXEMPLE DE GEORGE MÜLLER

George Müller est connu pour la foi immense qu’il mani-

1. Howard Taylor, Le secret spirituel de Hudson Taylor, Dijon, France,

J’ai discerné avec la plus grande clarté que la grande

après avoir demandé à Dieu sa bénédiction sur cette

des premières choses de la journée, il va de même pour

2. George Müller, L’audace de la foi, St-Légier, Suisse, Éditions Emmaüs,

Persévérons dans la méditation des Écritures ! C’est

D ans l’Église, chaque chrétien possède au moins un

Face au statu quo, les leaders spirituels ressentent une

péché. Comment pourrait-on se satisfaire du statu quo

Le leader spirituel est optimiste non pas parce que l’homme

livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas

La qualité que je recherche chez mes collègues, c’est l’in-

d’Ecclésiaste 9.10 : « Tout ce que tu trouves à faire, fais-le

Être maître de soi ne signifie pas se comporter de façon

L’apôtre Paul écrit dans 1 Corinthiens 9.25-27 : « Tous

1. N. D. T. : Le terme grec egkrateuomai traduit par « discipline sévère »

de tout ce qui les empêche de trouver leur satisfaction

5. CAPABLE DE SUPPORTER LA CRITIQUE

Vous pouvez être sûr d’une chose : si vous êtes un leader,

Celui que la critique paralyse ne deviendra jamais un

bon leader, en même temps qu’il ne laisse pas la critique

Les paresseux ne font pas de bons leaders. Les leaders

Pourtant, ils ne s’attribuent pas cette vitalité et ne

« [Pour] le mal, soyez des bébés, mais par rapport au

se sert du processus intellectuel pour nous transmettre la

Comment être un bon leader si l’on est incapable d’ex-

exactement de quoi ils parlent. Le brouillard descend sur

Certains des meilleurs leaders dans notre Église sont des

• Un bon enseignant se pose les questions les plus

• Un bon enseignant analyse chaque partie de son

pensée. Il cherche à rattacher ces découvertes à la

10. UN BON JUGE DU CARACTÈRE

Jésus connaissait le cœur de tout homme (Jn 2.25) et