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L'EGLISE
et les ministères
Les évangélistes et
les enseignants
Derek Prince
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LES ÉVANGÉLISTES ET LES ENSEIGNANTS
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Cela me rappelle l’histoire d’une femme que mon épouse et
moi avons connue; son mari était diacre de l’église Moody à
Chicago. Elle avait une maladie incurable des reins et est allée
consulter les meilleurs spécialistes, qui n’ont pu que lui
confirmer le mal et lui dire que rien n’y changerait. Aussi, dans
son désespoir, elle qui était infirmière, elle est allée acheter un
livre sur la guérison divine à la librairie chrétienne Moody.
Elle se disait: "J’ai bien quatorze livres sur la souffrance, mais
aucun sur la guérison." Ces ouvrages n’étaient pas de bonnes
nouvelles, alors que l’Evangile en est une. Cette femme s’est
rendue dans une église épiscopale, a reçu l’onction d’huile
d’un prêtre et a instantanément été guérie. Lorsqu’elle a de
nouveau rencontré son médecin juif qui était athée et
incroyant; il a été obligé de reconnaître qu’un miracle s’était
produit. Je vous cite cet exemple pour bien souligner le fait que
l’Evangile est une bonne nouvelle. Beaucoup de personnes
disant annoncer l’Evangile n’annoncent pas la Bonne
Nouvelle; ils ne prêchent pas l’Evangile. Ce dernier est une
Bonne Nouvelle et les signes qui l’accompagnent sont la
guérison des cœurs brisés, la délivrance des captifs, le
recouvrement de la vue aux aveugles et la mise en liberté des
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opprimés. C’est l’image que le Nouveau Testament nous
donne de l’Evangile et de son œuvre.
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nouvelle, les principaux sacrificateurs et les scribes..." Le
verbe employé dans le texte grec est
"évangéliser". Jésus enseignait et évangélisait la foule.
En regardant à présent dans le livre des Actes, nous voyons
trois occurrences de ce verbe. Dans Actes 8:25, nous lisons que
Pierre et Jean étaient descendus en Samarie pour aider à
conserver l’œuvre d’évangélisation de Philippe. Ayant achevé
leur ministère en Samarie, il est dit: "Après avoir rendu
témoignage et annoncé la parole du Seigneur, ils retournèrent
à Jérusalem, en évangélisant plusieurs villages des
Samaritains."
Dans le texte grec, il est dit: "Lorsqu’ils eurent témoigné et
parlé de la parole du Seigneur, alors sur leur chemin de retour
à Jérusalem, ils évangélisèrent plusieurs villages des
Samaritains." D’abord, nous avons le verbe ordinaire "parler",
et ensuite le verbe plus spécifique "évangéliser", "porter la
bonne nouvelle". Ils ont porté la bonne nouvelle sur le chemin
du retour, de Samarie à Jérusalem.
Dans Actes 14:7, durant le voyage missionnaire de Paul et
Barnabas, lorsqu’ils ont atteint les villes de la Lycaonie, il est
écrit: "Ils y annoncèrent l’Evangile."
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Le texte grec dit littéralement: "Là, ils évangélisèrent." Ils ont
donc continué à prêcher l’Evangile. L’incident qui est ensuite
mentionné est la guérison d’un impotent des pieds, infirme de
naissance. Je pense qu’en vérifiant, vous trouverez que,
presque toujours, lorsque le verbe "évangéliser" est employé,
la guérison et la délivrance ne sont pas loin, parce qu’elles sont
les preuves de la bonne nouvelle.
Dans Actes 16:10, lors de l’appel de Paul et de ses
compagnons pour aller en Macédoine, il est dit: "Après cette
vision de Paul (qui lui montrait un Macédonien l’appelant à
venir dans son pays les aider), nous avons aussitôt cherché à
nous rendre en Macédoine, concluant que Dieu nous appelait
à y annoncer l’Evangile."
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de là mon vif désir de vous annoncer l’Evangile, à vous aussi
qui êtes à Rome."
Puis, dans Romains 10:15, qui est une citation d’Esaïe 52:7:
"... qu’ils sont beaux, les pieds de ceux qui annoncent de très
bonnes nouvelles."
Annoncer la Bonne Nouvelle, évangéliser, publier la paix et
le salut sont des expressions prises de l’Ancien Testament,
dans le livre d’Esaïe. S’il est un prophète qui avait l’esprit
évangélique, c’était bien Esaïe. Il est de loin celui qui, dans
l’Ancien Testament, contient la bonne nouvelle de l’Evangile.
Enfin, dans Romains 15:20, Paul parle de son ministère et de
son vœu d’atteindre ceux qui n’ont pas encore reçu l’Evangile,
et non de bâtir parmi ceux qui l’ont déjà reçu: "Et je me suis
fait un point d’honneur d’annoncer l’Evangile là où Christ
n’avait pas été nommé..."
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n’a lui-même baptisé que peu de gens, parce que ce n’est
vraiment pas sa tâche. Il affirme: "Car Christ ne m’a pas
envoyé pour baptiser, mais pour annoncer l’Evangile..."
Paul laisse à d’autres le soin de baptiser les personnes qu’il a
converties. Son but est avant tout d’évangéliser, d’apporter la
Bonne Nouvelle.
Dans 2 Corinthiens 10:16, Paul exprime son intention de se
rendre dans une région située au-delà de l’Achaïe, son œuvre
d’évangélisation étant terminée à Corinthe, ville de l’Achaïe.
Son but est clairement annoncé: "... en évangélisant les
contrées situées au-delà de chez vous..."
Le but de l’apôtre est d’évangéliser, d’aller toujours de
l’avant, vers des personnes qui n’ont pas encore entendu
l’Evangile. C’est là l’esprit de l’évangéliste qui ne peut
s’installer en un lieu, et qui va toujours de l’avant, soucieux
des hommes qui n’ont pas encore entendu le message. J’ai déjà
mentionné le fait que Paul faisait le travail d’un évangéliste
dans le cadre de son ministère apostolique. Ce ministère inclut
celui de l’évangéliste.
Pour résumer, nous pouvons dire que le ministère évangélique
est d’introduire les pêcheurs au Sauveur, de les mener au Salut
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et au baptême d’eau. Le but suprême de l’évangéliste est de
mettre le pêcheur en présence du Sauveur. Cette introduction
faite, il se retire; il n’a pas la tâche d’approfondir les liens entre
les deux parties en présence.
Il avance toujours vers ceux qui n’ont pas encore été mis en
présence du Sauveur. En un sens, nous pouvons dire que son
ministère est celui de "présentateur". Non seulement il met en
présence les deux parties, mais il amène également la personne
à l’expérience du Salut et du baptême d’eau. Cela est
clairement défini dans le Nouveau Testament, et je pense
vraiment que, lorsque l’église s’approchera des normes du
Nouveau Testament, nous verrons ceux qui seront réellement
appelés et envoyés comme évangélistes faire en sorte que ceux
qui seront convertis soient également baptisés dans l’eau.
En fait, même les baptistes (l’auteur fait référence aux
baptistes américains, n.d.l.r.), dont le nom indique
l’importance du baptême d’eau dans leur dénomination, se
sont écartés des normes du Nouveau Testament. Ils ne tiennent
habituellement un service de baptêmes qu’une ou deux fois
dans le mois. Il faut attendre selon le programme. Cela n’est
pas conforme à la pratique du Nouveau Testament et du livre
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des Actes en particulier, où il est montré qu’une personne
ayant reçu le message de l’Evangile et étant convertie était
baptisée par immersion dans l’eau dans les heures qui suivaient
sa conversion; on n’attendait pas le lendemain. Dans Actes 16,
le geôlier et sa famille ont été baptisés sur-le-champ, au beau
milieu de la nuit.
Il y avait une extraordinaire urgence dans le message du
Nouveau Testament en ce qui concernait le baptême d’eau.
Aucune directive n’indique qu’une séparation doit être faite
entre le Salut et le baptême d’eau. Dans Marc 16:16, Jésus dit:
"Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé..."
Il ne dit rien à propos des personnes croyantes, mais non
baptisées.
Dans Matthieu 28:19, lorsqu’il envoie ses disciples, il dit:
"Allez, faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les
au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit."
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Comme je l’ai déjà dit, Philippe est d’abord présenté comme
un diacre, ensuite comme un évangéliste. Cela montre qu’il y
a bien une promotion au sein du ministère et peu de personnes
en sont conscientes. C’est la même chose pour les apôtres; les
gens s’imaginent qu’ils sont tombés du ciel tout équipés et
prêts, sans avoir jamais traversé d’épreuves et commis
d’erreurs. Les voilà qui commenceraient leur ministère en êtres
parfaits! Ce n’est pas ainsi que les choses se passent dans le
domaine spirituel et dans l’exercice des dons et des ministères.
Il existe un chemin d’apprentissage par l’épreuve et l’erreur,
car nous apprenons au travers des fautes que nous commettons.
Il en a été ainsi de tous les personnages du Nouveau
Testament.
Voyons comment Philippe a reçu le ministère d’évangéliste;
commençons par lire Actes 6:1, qui nous montre l’évolution
de l’église de Jérusalem: "... les Hellénistes murmurèrent
contre les Hébreux, parce que leurs veuves étaient négligées
dans le service quotidien."
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avaient été dispersés allaient de lieu en lieu, en annonçant la
bonne nouvelle de la parole."
Nous trouvons ici encore le mot "évangéliser", apporter la
bonne nouvelle qui se trouve dans la parole de Dieu. Le verset
suivant indique: "Philippe, descendu dans une ville de la
Samarie, y prêcha le Christ."
Je vous recommande de lire tout le chapitre. Nous allons en
extraire les principales caractéristiques de Philippe
l’évangéliste. Son message était merveilleusement simple et il
est résumé en une seule phrase: il prêcha le Christ. C’était son
leitmotiv. Lorsqu’il a rencontré l’eunuque sur la route de Gaza,
au verset 35, nous apprenons: "Alors Philippe ouvrit la bouche
et, commençant par ce texte, lui annonça la bonne nouvelle de
Jésus."
Son message était extraordinairement simple: c’était Jésus-
Christ. Il ne présentait pas une doctrine élaborée, mais une
personne, qui était Jésus-Christ. Il introduisait ce dernier à
ceux qui ne le connaissaient pas.
Ce qui est merveilleux, avec un évangéliste qui est oint par le
Saint-Esprit, c’est que vous pouvez écouter vingt fois son
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message et l’apprécier toujours autant. Si un professeur
enseigne vingt fois la même chose, vous en serez lassé.
J’ai entendu Billy Graham prêcher plusieurs de ses sermons;
je pourrais presque le faire pour lui, mais sans en obtenir le
même résultat. Cependant, je les écoute avec plaisir, parce que
c’est ce que l’Esprit saint lui demande. Il proclame Jésus-
Christ. C’est là la nature essentielle du ministère évangélique.
Je ne dis pas que le ministère de Billy Graham se limite à cela,
mais je dis que c’est là le fondement de son ministère. Il est
avant tout un évangéliste et, en tant que tel, son but principal
est de présenter Jésus-Christ.
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nom, ils chasseront les démons (la preuve de la délivrance); ils
parleront de nouvelles langues (la preuve du baptême dans
l’Esprit saint); ils saisiront des serpents; s’ils boivent quelque
breuvage mortel, il ne leur fera point de mal; ils imposeront les
mains aux malades et ceux-ci seront guéris."
Marc 16:19-20 nous explique le ministère des premiers
apôtres, qui est résumé par ces mots: "Le Seigneur, après leur
avoir parlé, fut enlevé au ciel et il s’assit à la droite de Dieu.
Et ils s’en allèrent prêcher partout. Le Seigneur travaillait avec
eux et confirmait la parole par les signes qui
l’accompagnaient."
C’est le modèle du Nouveau Testament. Dieu confirme sa
Parole par des signes. Si j’étais mis au défi par Dieu de
retourner dans ce que nous avons appelé de manière non
scripturaire "le champ missionnaire", je ne quitterais pas mon
pays sans avoir l’assurance que Dieu accompagnera le
message qu’il m’a donné par des signes surnaturels. Dans le
cas contraire, il vaudrait bien mieux pour moi rester à la
maison! Mais je crois, et mon expérience l’a prouvé, que si
vous partez annoncer la Bonne Nouvelle en faisant confiance
à l’Esprit saint, il confirmera la Parole annoncée. C’est ainsi.
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Dans Hébreux 2:3-4, le même principe est montré. Lorsque
les premiers prédicateurs ont été envoyés, Dieu confirmait par
des signes, des prodiges et des miracles, et par les
communications de l’Esprit saint.
Un jeune Africain est venu me voir une fois. Il n’avait pas une
grande instruction, mais il s’était tourné vers le Seigneur. Il
était présent aux campagnes d’évangélisation du frère T.L.
Osborn à Mombasa, et il avait vu ce que Dieu faisait. Il s’était
tout simplement mis dans l’idée que, si Dieu le faisait avec le
frère Osborn, il le ferait aussi avec lui. Il a commencé avec
succès à mettre cela en pratique. En avançant, il a finalement
atteint la région où était situé notre institut, à environ huit cents
kilomètres de Mombasa. Là, il a fait une prédication dans notre
collège et les étudiants qui étaient de loin mieux éduqués et
instruits que lui ont réagi d’une façon extraordinaire.
Ce jeune homme m’a dit un jour: "Frère Prince, je n’ai aucune
difficulté à évangéliser en Afrique. J’entre simplement dans un
village, je demande s’il y a des malades et, bien sûr, il y a
toujours des malades dans les villages africains. Je prie pour
eux, ils guérissent et je forme une congrégation." C’est
exactement le modèle du Nouveau Testament. Le Seigneur
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bénit leurs activités lorsqu’elles existent, mais nous avons trop
tendance à dépendre d’elles lorsqu’elles sont présentes, et nous
pourrions probablement faire mieux sans elles. La seule chose
qui compte réellement, c’est l’attestation surnaturelle de
l’Esprit saint.
Revenons à ce passage d’Actes 8 et à Philippe, dont la
direction était pour le moins surnaturelle. Il savait où et quand
aller, selon la direction surnaturelle, comme l’indique le verset
26: "Un ange du Seigneur adressa la parole à Philippe: Lève-
toi et va du côté du midi, sur le chemin qui descend de
Jérusalem à Gaza, celui qui est désert."
Lorsqu’il était en chemin, le verset 29 dit: "L’Esprit dit à
Philippe: Avance et rejoins ce char."
Mieux encore, au verset 39, une fois l’eunuque baptisé,
l’Esprit du Seigneur enlève Philippe. Il n’a même plus à
décider où aller, car l’esprit du Seigneur l’a pris. Je pourrais
comparer cette action de l’évangéliste à une "blitzkrieg", une
guerre éclair, si l’on peut employer ce terme pour les armées
de l’Evangile! Il est en mouvement et toujours de manière
imprévisible. Même le diable ne sait pas où il va apparaître; il
met continuellement l’ennemi sur la défensive. Le problème,
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aujourd’hui, est que l’Eglise est sur la défensive et le diable à
l’offensive. Le véritable évangéliste est celui qui met l’ennemi
sur la défensive.
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endroit pour édifier une congrégation statique. Il allait toujours
au devant de ceux qui ne l’avaient jamais entendu.
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Je crois que nous avons, par cette simple image prise dans le
domaine de l’agriculture, un excellent exemple. La plantation,
c’est l’évangélisation. La graine plantée est la parole de Dieu,
l’Evangile. Cette graine ne poussera et ne deviendra pas une
plante fructueuse sans être arrosée correctement. C’est une
évidence que nous constatons particulièrement dans les
régions sèches du midi. Le ministère venant après
l’évangéliste qui a planté est celui de l’enseignant arrosant la
graine. C’était le ministère d’Apollos qui était un enseignant.
L’évangéliste plante, puis l’enseignant qui le suit arrose la
jeune plante. C’est une image très précise et très claire du
ministère d’enseignant.
Revenons à ce passage d’Actes 18:24 pour en découvrir plus
sur Apollos, afin de compléter son portrait d’enseignant: "Un
Juif du nom d’Apollos, originaire d’Alexandrie..." Alexandrie
était l’une des grandes villes du monde ancien. Elle possédait
une bibliothèque très célèbre et il est fort probable qu’Apollos
ait été un homme très instruit.
"... homme éloquent..." Apollos était un orateur très persuasif.
"... et versé dans les Ecritures..." Il avait une grande
connaissance des Ecritures, et il est venu à Ephèse.
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Et, au verset 28, il est dit: "Car il réfutait avec vigueur les Juifs
en public et démontrait par les Ecritures que Jésus est le
Christ."
Nous avons avec Apollos un exemple clair du ministère
d’enseignant. C’était un homme éloquent – nous dirions
aujourd’hui un homme de grande renommée pour la
prédication. Il connaissait parfaitement les Ecritures et les
présentait avec puissance; il pouvait répondre publiquement à
ceux qui s’opposaient à l’Evangile en démontrant leur erreur.
Il n’était pas de ceux qui se rétractent par timidité. Il
n’éprouvait pas de l’embarras et pouvait faire une présentation
méthodique, claire et puissante de la Parole. Par sa grande
connaissance de l’Ecriture, il pouvait développer des
arguments qu’il opposait à ses détracteurs. C’était un homme
dont le ministère d’enseignement pour un large public était
puissant.
Je voudrais que nous fassions une distinction nette entre ce
ministère destiné à un large public et celui d’un ancien, d’un
responsable, qui enseigne un groupe dans l’église locale. Cet
ancien n’a peut-être pas la personnalité d’un homme public,
d’un orateur-né, et il n’opère qu’à un niveau restreint.
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Cependant il fait une œuvre nécessaire et de grande valeur à
son niveau. Je dis cela parce que certains, lorsqu’ils découvrent
qu’un ancien doit être capable d’enseigner, s’imaginent de
suite devoir se tenir au pupitre devant un large auditoire, en
délivrant un grand sermon. Ce qui est approprié pour un
orateur capable d’enseigner l’ensemble du Corps ne l’est pas
pour un enseignant local. Ce sont deux styles d’enseignants
différents. Les deux ont également leur valeur propre, mais
pour un ancien qui enseigne, c’est à une échelle plus petite.
Remarquez cette déclaration que nous lisons dans Actes
18:27: "Comme il voulait passer en Achaïe, les frères l’y
encouragèrent et ils écrivirent aux disciples de le bien
recevoir."
L’Eglise primitive ne recevait pas le prédicateur qui n’était
pas recommandé par l’église qu’il avait servie avant. C’est très
important et même vital. Si les chrétiens dans le mouvement
charismatique aujourd’hui agissaient ainsi, cela couperait
court à un certain nombre de personnes faisant le tour des
églises sans aucun soutien, et sans preuve que leur ministère
produit du fruit. Ces personnes utilisent le peuple de Dieu
comme une marchandise.
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Vous trouverez ce principe dans tout le Nouveau Testament;
tout prédicateur venant d’Asie et se rendant en Achaïe avait
une lettre d’introduction des frères d’Asie. Sinon ils n’étaient
pas reçus par les frères d’Achaïe. Apollos, venant d’Asie, avait
donc une lettre de recommandation afin que les frères
d’Achaïe le reçoivent. Il est dit, dans la seconde partie du
verset 27: " Arrivé là, il se rendit très utile à ceux qui avaient
cru par la grâce de Dieu, car il réfutait avec vigueur les Juifs
en public et démontrait par les Ecritures que Jésus est le
Christ."
"Ceux qui avaient cru par la grâce de Dieu..." Cette expression
a quelque chose de remarquable. Nous avons en fait bien été
enseignés, mais il est parfaitement correct de dire que nous
avons cru par la grâce, ainsi que cela nous est dit dans
Ephésiens 2:8: "C’est par la grâce que vous êtes sauvés..."
Je crois que cela nous montre des gens qui avaient fait
l’expérience merveilleuse d’une conversion surnaturelle. Peut-
être n’étaient-ils pas lettrés; beaucoup ne savaient même ni lire
ni écrire, et ils n’avaient aucune connaissance de l’Ancien
Testament. L’église de Corinthe était composée en majorité de
chrétiens d’origine païenne. La ville était un port, un lieu où
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régnaient une grande débauche, l’immoralité et l’impureté.
C’est là que Paul était allé apporter l’Evangile et, en dix-huit
mois, il avait levé une congrégation florissante de croyants.
Cette église ne s’était pas bâtie sur le lent processus d’un
enseignement méthodique destiné à un groupe restreint; elle
s’était levée sous l’impact de l’Esprit saint apportant le
témoignage surnaturel de Jésus-Christ, Sauveur du monde.
Bien des Corinthiens présents avaient été littéralement
transportés dans le royaume de Dieu par une expérience
surnaturelle. Nous rencontrons cela encore dans différentes
parties du monde qui présentent exactement le même besoin,
là où les personnes n’ont jamais reçu la connaissance des
Ecritures et n’ont reçu aucune éducation, lorsqu’ils ne savent
ni lire ni écrire. Dieu les aime et il veut les sauver.
En Afrique, nous avons assisté à cela. Je pense en particulier
à un vieil homme qui n’avait jamais été à l’église de toute sa
vie. Une nuit, Dieu lui a donné un rêve. Dans celui-ci, il se
voyait allant dans une église locale particulière dont les murs
étaient faits de boue séchée. Il ne savait rien de l’Evangile, il
ne l’avait jamais vraiment entendu de toute son existence. Il
est allé emprunter un vieux manteau à un ami, puis il s’est mis
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en route. Il est entré dans l’église et, là, il a été sauvé. C’était
vraiment l’œuvre de la grâce surnaturelle de Dieu.
Une missionnaire en Amérique du Sud m’a raconté l’histoire
suivante. Une dame qui était catholique, mais qui n’allait pas
pour autant à l’église et qui n’avait jamais ouvert la Bible, a
fait un rêve très vivant. Dans celui-ci, elle se voyait entrant
dans une église. Elle a même remarqué que les murs étaient
peints en vert à l’intérieur. Le dimanche suivant, elle s’est dit:
"Je dois aller dans cette église." Elle est sortie, a pris le taxi et
a décrit au chauffeur le bâtiment qu’elle avait vu en rêve. Le
chauffeur a reconnu l’église à la description que cette dame en
a fait. Il s’est mis en route. Malheureusement, le taxi est tombé
en panne et elle n’a pu s’y rendre. Alors elle est rentrée chez
elle.
Le dimanche suivant, elle s’est de nouveau mise en route et,
cette fois, elle est parvenue à destination sans incident. Elle est
entrée dans l’église et, là, Christ s’est révélé à elle de manière
surnaturelle; elle a rencontré le Seigneur.
Après le service, elle est allée trouver le pasteur de cette
congrégation et lui a confié son rêve. Elle lui dit: "J’ai vu ce
bâtiment en rêve, et j’ai tenté de venir la semaine dernière,
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mais je n’y suis pas parvenue. Aujourd’hui, le taxi m’a bien
déposée ici. Quand je suis entrée, j’ai reconnu de suite les murs
peints en vert, comme dans mon rêve."
Le pasteur l’a regardée et lui dit: "Vous êtes sûre que les murs
étaient peints en vert?" Elle lui répond: "Certaine!" Alors il
réplique: "Ce n’est pas étonnant que vous ne soyez pas venue
la semaine dernière, car nous avons repeint les murs cette
semaine, et la semaine précédente ils n’étaient pas verts!"
Nous comprenons ici qu’il s’agissait bien d’une révélation
surnaturelle accordée par l’Esprit saint. Pourtant, cette dame
ne connaissait pas l’Evangile.
Ne pensez pas que je veuille ironiser sur quelque groupe que
se soit, mais durant la Seconde Guerre mondiale j’ai été
hospitalisé dans une salle commune; mon voisin de lit était un
marin de la France libre. Il se trouve que j’étais la seule
personne dans l’hôpital à parler français. Comme il ne
connaissait pas l’anglais, cet homme devait soit s’adresser à
moi, soit demeurer seul. J’étais assis à lire ma Bible, et j’avais
tout loisir de le faire lorsque, après un certain temps, cet
homme m’a demandé: "Quel est ce livre que vous lisez chaque
jour?" Je lui ai répondu: "C’est la Bible."
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Il ne semblait pas vraiment intéressé; cependant, il ne pouvait
s’empêcher de revenir sur ce sujet. Aussi, je lui ai un jour
proposé de lui procurer un Nouveau Testament en français. Je
dois vous dire, et c’est exactement la vérité, que cet homme ne
savait pas ce qu’était le Nouveau Testament. C’était pourtant
un bon catholique. J’ai alors contacté un bureau de la British
Foreign Bible Society (la société britannique pour la Bible) au
Caire, et j’ai pu lui procurer un Nouveau Testament en
français. Les résultats ont été spectaculaires. Je n’ai jamais rien
vu de tel. En moins de deux semaines, il avait lu tout le
Nouveau Testament excepté l’Apocalypse, et il était converti.
Il m’a alors dit: "Pourquoi ne m’ont-ils pas dit toutes ces
choses?"
Lorsque je l’ai rencontré plus tard, il avait acheté la plus
grosse Bible qu’il avait trouvée en français et, avec celle-ci
sous le bras, il allait partout parlant du Seigneur.
C’est encore un exemple de l’œuvre de Dieu avec une
personne qui n’a aucune connaissance antérieure de l’Evangile
et de la Bible. Pour tous ces gens, il faut donc une intervention
surnaturelle de Dieu dans leur vie afin qu’ils découvrent le
Seigneur.
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Je suis convaincu que c’est le genre de personne dont parle
l’auteur du livre des Actes, lorsqu’il dit que les Corinthiens
avaient "cru par la grâce de Dieu". Ils connaissaient Jésus, ils
savaient que Jésus les avaient sauvés, ils savaient que Jésus les
avaient guéris, ils savaient qu’ils avaient reçu le baptême de
l’Esprit saint. Mais en ce qui concerne les Ecritures, ou la
connaissance de la grâce ou celle des vérités fondamentales de
l’Evangile, ils n’avaient aucune de ces connaissances. Dieu
leur a alors envoyé un enseignant, Apollos, qui les a
puissamment aidés, car il a fortifié leur connaissance de la
Parole et des Ecritures.
J’ai encore le souvenir de mon beau-fils, George, un Anglais
accompli ayant une bonne éducation anglaise. Lorsqu’il est
venu pour la première fois à nos réunions, il ne connaissait pas
Dieu parce qu’il n’avait jamais entendu l’Evangile. J’avais
commencé ma prédication par une référence à l’épître aux
Hébreux, et je l’observais en train de chercher dans l’Ancien
Testament après ce livre!... Le monde est rempli de personnes
comme lui. Dieu doit les atteindre et il ne peut pas toujours y
parvenir par l’enseignement systématique, alors il le fait par
une révélation surnaturelle. Ensuite, elles doivent recevoir cet
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enseignement afin d’être affermies dans la foi. Sinon, elles
perdront le bénéfice de leur expérience.
C’est en cela que réside la nature essentielle du ministère de
l’enseignement. Il doit être l’exposition systématique et
publique de l’Ecriture à des personnes qui croient déjà en
Christ, mais qui n’ont pas la connaissance des écrits ou qui ne
savent pas comment les appliquer dans leur vie.
Je vais terminer en soulignant deux faits essentiels. D’abord,
nous avons souvent constaté que, sur le terrain, un ministère
évangélique suit rapidement la conversion. En fait, une
personne peut être convertie et, dès la semaine suivante,
commencer à évangéliser. Normalement le ministère
d’enseignant prend bien plus de temps à se développer. Dans
bien des pays que l’on décrit comme en voie de
développement, ou primitifs, l’un des plus grands besoins est
le ministère d’enseignement. Il n’est pas difficile d’y avoir des
évangélistes, mais il existe bien peu d’enseignants. Ce qui
manque le plus, dans le champ missionnaire aujourd’hui, ce
sont des chrétiens capables d’enseigner.
Ensuite, je voudrais vous faire remarquer que l’enseignement
est souvent lié à l’exercice d’autres principaux ministères
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itinérants. Nous en avons un exemple dans 2 Timothée 1:11 où
Paul dit, en ce qui concerne l’Evangile de Jésus-Christ: "C’est
pour cet Evangile que j’ai été établi prédicateur, apôtre et
enseignant."
Le terme "prédicateur" en grec est "héraut" (messager). Ce
n’est pas ce mot qui est lié aux bonnes nouvelles, c’est l’acte
d’être un héraut. Paul est un héraut, un messager, et aussi un
apôtre et un enseignant. L’apôtre et l’enseignant sont deux
ministères étroitement liés. Dans Actes 13:1, nous lisons ceci:
"Il y avait, dans l’église qui était à Antioche, des prophètes et
des enseignants..."
Ces hommes avaient le double ministère de prophète et
d’enseignant. Puis, dans Actes 15:32, nous trouvons Jude et
Silas qui étaient allés de Jérusalem à Antioche: "Jude et Silas,
qui étaient eux-mêmes prophètes, exhortèrent les frères et les
affermirent par de nombreux discours."
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enseignait le peuple dans le temple et qu’il annonçait la
bonne nouvelle..."
Jésus enseignait et évangélisait. Le ministère de
l’enseignement est fréquemment lié à un autre ministère. Ici, à
celui d’évangéliste; ailleurs, à celui d’apôtre ou de prophète.
Dans l’Eglise primitive, il était rare de trouver un homme
n’ayant que le ministère d’enseignant. Nous avons vu
cependant qu’Apollos était l’exception.
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