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Série

L'EGLISE
et les ministères

Les évangélistes et
les enseignants

Derek Prince

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LES ÉVANGÉLISTES ET LES ENSEIGNANTS

Nous avons étudié l’enseignement du Nouveau


Testament concernant l’Eglise et les ministères principaux,
dont nous lisons la liste dans Ephésiens 4:11. Ces ministères
sont celui d’apôtre, de prophète, d’évangéliste, de pasteur et de
docteur. J’ai divisé ces ministères entre les itinérants, qui sont
à la disposition de l’ensemble du corps de Christ, l’Eglise, quel
qu’en soit le lieu ou le moment et selon la direction de l’Esprit
saint, et les ministères sédentaires, qui sont confinés à une
localité particulière.
J’ai dit que les quatre ministères itinérants sont ceux des
apôtres, des prophètes, des évangélistes et des enseignants.
Nous avons déjà étudié deux ministères, celui d’apôtre et celui
de prophète. Nous allons maintenant nous pencher sur le
ministère d’évangéliste et celui d’enseignant (ou docteur).

Commençons par l’évangéliste. Le terme


"évangéliste" est familier à notre société contemporaine, mais
il apparaît peu dans le Nouveau Testament. Ce mot dérive
d’une racine signifiant "bonne nouvelle". Nous pouvons donc
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définir l’évangéliste comme celui qui annonce une bonne
nouvelle. Le nom "évangéliste" est seulement employé trois
fois dans le Nouveau Testament, dans Ephésiens 4:11, avec la
liste que nous connaissons bien à présent, et dans Actes 21:8,
où ce terme est attribué à Philippe. Ce dernier passage est le
récit de l’arrivée de Paul revenant d’un voyage missionnaire
en Palestine et à Césarée et entrant dans la maison de Philippe.
Luc, auteur du récit, écrit au pluriel, en disant: "Etant entrés
dans la maison de Philippe l’évangéliste, qui était l’un des sept,
nous avons demeuré chez lui."
Dans ce verset, Philippe est appelé "l’évangéliste"; c’est, dans
le Nouveau Testament, le seul homme dont le nom est cité et
qui est appelé ainsi. Il est aussi l’un des sept nommés diacres,
comme le précise Actes 6. Nous voyons que Philippe, à un
moment ou à un autre, avait deux titres, celui de diacre et celui
d’évangéliste. Nous étudierons plus avant la relation entre ces
deux termes.
La troisième occurrence du mot "évangéliste" se trouve dans
2 Timothée 4:5. Paul écrit à Timothée qui, nous l’avons vu, est
aussi mentionné comme apôtre. Certains s’imaginent que cet
homme avait un ministère pastoral, mais il n’était en fait ni
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pasteur ni évangéliste. Seulement, comme nous l’avons vu, le
ministère apostolique comportait potentiellement les autres
ministères. Paul écrit à Timothée: "Mais toi, sois sobre en tout,
supporte les souffrances, fait l’œuvre d’un évangéliste, remplis
bien ton ministère."
Timothée n’était pas spécifiquement un évangéliste, et Paul
lui écrit que, dans la situation dans laquelle il se trouvait, il ne
pouvait remplir son ministère apostolique à moins de faire
également l’œuvre d’un évangéliste, en proclamant la Bonne
Nouvelle.

Ce sont donc les trois occurrences du nom


"évangéliste".

Nous trouvons aussi le verbe "évangéliser" ou


"proclamer la Bonne Nouvelle", qui est également traduit par
"prêcher l’Evangile" et qui montre les aspects de ce ministère.
Il apparaît une cinquantaine de fois dans le Nouveau
Testament, ce qui prouve son importance. Nous voyons cela
dans le ministère de Jésus d’abord, car, comme je l’ai déjà dit,
Jésus est le modèle parfait de tous ces ministères. Il est le
parfait apôtre, le prophète parfait, l’évangéliste parfait, le
berger parfait et l’enseignant parfait.
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Nous allons étudier plusieurs aspects du ministère de Jésus en
tant qu’évangéliste. Dans Luc 4:18, dans la synagogue de
Nazareth, sa synagogue, celle où il a été élevé, Jésus lit la
prophétie d’Esaïe 61, qu’il s’applique ensuite à lui-même:
"L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour
guérir ceux qui ont le cœur brisé, pour annoncer la bonne
nouvelle aux pauvres; il m’a envoyé pour proclamer aux
captifs la délivrance et aux aveugles le recouvrement de la vue,
pour renvoyer libres les opprimés..."
La traduction du verbe grec "évangéliser" est, dans ce passage,
"annoncer la bonne nouvelle". Le texte grec dit: "L’Esprit du
Seigneur est sur moi parce qu’il m’a oint pour évangéliser les
pauvres." Ensuite viennent dans ce verset les bonnes choses
qui accompagnent la Bonne Nouvelle. Le résultat est la
guérison des cœurs brisés, la délivrance des captifs, le
recouvrement de la vue aux aveugles et la mise en liberté des
opprimés. Souvenons-nous toujours que le mot "Evangile"
signifie "Bonne Nouvelle". Si vous entendez quelque chose
qui n’est pas une " bonne nouvelle", rappelezvous que ce ne
peut pas être l’Evangile, parce que ce dernier est une bonne
nouvelle.

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Cela me rappelle l’histoire d’une femme que mon épouse et
moi avons connue; son mari était diacre de l’église Moody à
Chicago. Elle avait une maladie incurable des reins et est allée
consulter les meilleurs spécialistes, qui n’ont pu que lui
confirmer le mal et lui dire que rien n’y changerait. Aussi, dans
son désespoir, elle qui était infirmière, elle est allée acheter un
livre sur la guérison divine à la librairie chrétienne Moody.
Elle se disait: "J’ai bien quatorze livres sur la souffrance, mais
aucun sur la guérison." Ces ouvrages n’étaient pas de bonnes
nouvelles, alors que l’Evangile en est une. Cette femme s’est
rendue dans une église épiscopale, a reçu l’onction d’huile
d’un prêtre et a instantanément été guérie. Lorsqu’elle a de
nouveau rencontré son médecin juif qui était athée et
incroyant; il a été obligé de reconnaître qu’un miracle s’était
produit. Je vous cite cet exemple pour bien souligner le fait que
l’Evangile est une bonne nouvelle. Beaucoup de personnes
disant annoncer l’Evangile n’annoncent pas la Bonne
Nouvelle; ils ne prêchent pas l’Evangile. Ce dernier est une
Bonne Nouvelle et les signes qui l’accompagnent sont la
guérison des cœurs brisés, la délivrance des captifs, le
recouvrement de la vue aux aveugles et la mise en liberté des

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opprimés. C’est l’image que le Nouveau Testament nous
donne de l’Evangile et de son œuvre.

Dans Luc 4:43, le verbe est encore mentionné: "Jésus


leur dit: Il faut aussi que j’annonce aux autres villes la bonne
nouvelle du royaume de Dieu; car c’est pour cela que j’ai été
envoyé."
"Annoncer la bonne nouvelle" du royaume de Dieu c’est, en
grec, "évangéliser" le royaume de Dieu.
Dans Luc 9:6 il est dit, des douze premiers disciples qui ont
été envoyés comme apôtres: "Ils partirent et allèrent de village
en village; ils annonçaient la bonne nouvelle et opéraient
partout des guérisons."
Annoncer la bonne nouvelle, c’est évangéliser. Vous noterez
que les guérisons étaient les preuves montrant qu’il s’agissait
d’une bonne nouvelle. Elles étaient l’impact et le résultat de la
prédication de l’Evangile.
Dans Luc 20:1, nous avons un autre exemple où cette
expression est employée: "Un de ces jours-là, comme Jésus
enseignait le peuple dans le temple et qu’il annonçait la bonne

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nouvelle, les principaux sacrificateurs et les scribes..." Le
verbe employé dans le texte grec est
"évangéliser". Jésus enseignait et évangélisait la foule.
En regardant à présent dans le livre des Actes, nous voyons
trois occurrences de ce verbe. Dans Actes 8:25, nous lisons que
Pierre et Jean étaient descendus en Samarie pour aider à
conserver l’œuvre d’évangélisation de Philippe. Ayant achevé
leur ministère en Samarie, il est dit: "Après avoir rendu
témoignage et annoncé la parole du Seigneur, ils retournèrent
à Jérusalem, en évangélisant plusieurs villages des
Samaritains."
Dans le texte grec, il est dit: "Lorsqu’ils eurent témoigné et
parlé de la parole du Seigneur, alors sur leur chemin de retour
à Jérusalem, ils évangélisèrent plusieurs villages des
Samaritains." D’abord, nous avons le verbe ordinaire "parler",
et ensuite le verbe plus spécifique "évangéliser", "porter la
bonne nouvelle". Ils ont porté la bonne nouvelle sur le chemin
du retour, de Samarie à Jérusalem.
Dans Actes 14:7, durant le voyage missionnaire de Paul et
Barnabas, lorsqu’ils ont atteint les villes de la Lycaonie, il est
écrit: "Ils y annoncèrent l’Evangile."
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Le texte grec dit littéralement: "Là, ils évangélisèrent." Ils ont
donc continué à prêcher l’Evangile. L’incident qui est ensuite
mentionné est la guérison d’un impotent des pieds, infirme de
naissance. Je pense qu’en vérifiant, vous trouverez que,
presque toujours, lorsque le verbe "évangéliser" est employé,
la guérison et la délivrance ne sont pas loin, parce qu’elles sont
les preuves de la bonne nouvelle.
Dans Actes 16:10, lors de l’appel de Paul et de ses
compagnons pour aller en Macédoine, il est dit: "Après cette
vision de Paul (qui lui montrait un Macédonien l’appelant à
venir dans son pays les aider), nous avons aussitôt cherché à
nous rendre en Macédoine, concluant que Dieu nous appelait
à y annoncer l’Evangile."

Là encore, le texte grec emploie le verbe


"évangéliser". Les apôtres étaient appelés à porter la Bonne
Nouvelle aux Macédoniens qui ne l’avaient jamais entendue et
qui l’attendaient.
Dans l’épître aux Romains, ce même verbe est souvent
employé. Nous allons en voir trois occurrences. D’abord dans
Romains 1:15, où Paul exprime son désir d’aller à Rome: "...

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de là mon vif désir de vous annoncer l’Evangile, à vous aussi
qui êtes à Rome."
Puis, dans Romains 10:15, qui est une citation d’Esaïe 52:7:
"... qu’ils sont beaux, les pieds de ceux qui annoncent de très
bonnes nouvelles."
Annoncer la Bonne Nouvelle, évangéliser, publier la paix et
le salut sont des expressions prises de l’Ancien Testament,
dans le livre d’Esaïe. S’il est un prophète qui avait l’esprit
évangélique, c’était bien Esaïe. Il est de loin celui qui, dans
l’Ancien Testament, contient la bonne nouvelle de l’Evangile.
Enfin, dans Romains 15:20, Paul parle de son ministère et de
son vœu d’atteindre ceux qui n’ont pas encore reçu l’Evangile,
et non de bâtir parmi ceux qui l’ont déjà reçu: "Et je me suis
fait un point d’honneur d’annoncer l’Evangile là où Christ
n’avait pas été nommé..."

Evangéliser est un ministère particulier. C’est


toujours avoir le désir d’apporter le message à ceux qui ne
l’ont jamais entendu.

Dans 1 Corinthiens 1:17, Paul mentionne le fait de


personnes ayant reçu le baptême d’eau à Corinthe, et il dit qu’il

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n’a lui-même baptisé que peu de gens, parce que ce n’est
vraiment pas sa tâche. Il affirme: "Car Christ ne m’a pas
envoyé pour baptiser, mais pour annoncer l’Evangile..."
Paul laisse à d’autres le soin de baptiser les personnes qu’il a
converties. Son but est avant tout d’évangéliser, d’apporter la
Bonne Nouvelle.
Dans 2 Corinthiens 10:16, Paul exprime son intention de se
rendre dans une région située au-delà de l’Achaïe, son œuvre
d’évangélisation étant terminée à Corinthe, ville de l’Achaïe.
Son but est clairement annoncé: "... en évangélisant les
contrées situées au-delà de chez vous..."
Le but de l’apôtre est d’évangéliser, d’aller toujours de
l’avant, vers des personnes qui n’ont pas encore entendu
l’Evangile. C’est là l’esprit de l’évangéliste qui ne peut
s’installer en un lieu, et qui va toujours de l’avant, soucieux
des hommes qui n’ont pas encore entendu le message. J’ai déjà
mentionné le fait que Paul faisait le travail d’un évangéliste
dans le cadre de son ministère apostolique. Ce ministère inclut
celui de l’évangéliste.
Pour résumer, nous pouvons dire que le ministère évangélique
est d’introduire les pêcheurs au Sauveur, de les mener au Salut
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et au baptême d’eau. Le but suprême de l’évangéliste est de
mettre le pêcheur en présence du Sauveur. Cette introduction
faite, il se retire; il n’a pas la tâche d’approfondir les liens entre
les deux parties en présence.
Il avance toujours vers ceux qui n’ont pas encore été mis en
présence du Sauveur. En un sens, nous pouvons dire que son
ministère est celui de "présentateur". Non seulement il met en
présence les deux parties, mais il amène également la personne
à l’expérience du Salut et du baptême d’eau. Cela est
clairement défini dans le Nouveau Testament, et je pense
vraiment que, lorsque l’église s’approchera des normes du
Nouveau Testament, nous verrons ceux qui seront réellement
appelés et envoyés comme évangélistes faire en sorte que ceux
qui seront convertis soient également baptisés dans l’eau.
En fait, même les baptistes (l’auteur fait référence aux
baptistes américains, n.d.l.r.), dont le nom indique
l’importance du baptême d’eau dans leur dénomination, se
sont écartés des normes du Nouveau Testament. Ils ne tiennent
habituellement un service de baptêmes qu’une ou deux fois
dans le mois. Il faut attendre selon le programme. Cela n’est
pas conforme à la pratique du Nouveau Testament et du livre
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des Actes en particulier, où il est montré qu’une personne
ayant reçu le message de l’Evangile et étant convertie était
baptisée par immersion dans l’eau dans les heures qui suivaient
sa conversion; on n’attendait pas le lendemain. Dans Actes 16,
le geôlier et sa famille ont été baptisés sur-le-champ, au beau
milieu de la nuit.
Il y avait une extraordinaire urgence dans le message du
Nouveau Testament en ce qui concernait le baptême d’eau.
Aucune directive n’indique qu’une séparation doit être faite
entre le Salut et le baptême d’eau. Dans Marc 16:16, Jésus dit:
"Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé..."
Il ne dit rien à propos des personnes croyantes, mais non
baptisées.
Dans Matthieu 28:19, lorsqu’il envoie ses disciples, il dit:
"Allez, faites de toutes les nations des disciples, baptisez-les
au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit."

Une fois que ces hommes devenaient des disciples,


leur premier acte était d’être baptisés. En étudiant le modèle
que représente le ministère de Philippe l’évangéliste, nous
constatons ce fait.

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Comme je l’ai déjà dit, Philippe est d’abord présenté comme
un diacre, ensuite comme un évangéliste. Cela montre qu’il y
a bien une promotion au sein du ministère et peu de personnes
en sont conscientes. C’est la même chose pour les apôtres; les
gens s’imaginent qu’ils sont tombés du ciel tout équipés et
prêts, sans avoir jamais traversé d’épreuves et commis
d’erreurs. Les voilà qui commenceraient leur ministère en êtres
parfaits! Ce n’est pas ainsi que les choses se passent dans le
domaine spirituel et dans l’exercice des dons et des ministères.
Il existe un chemin d’apprentissage par l’épreuve et l’erreur,
car nous apprenons au travers des fautes que nous commettons.
Il en a été ainsi de tous les personnages du Nouveau
Testament.
Voyons comment Philippe a reçu le ministère d’évangéliste;
commençons par lire Actes 6:1, qui nous montre l’évolution
de l’église de Jérusalem: "... les Hellénistes murmurèrent
contre les Hébreux, parce que leurs veuves étaient négligées
dans le service quotidien."

Cela concerne l’organisation journalière,


l’administration des finances, la distribution de nourriture et
de vêtement, des besoins des veuves dans la communauté.
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Le verset 2 nous informe: "Les douze convoquèrent alors la
multitude des disciples et dirent: Il ne convient pas que nous
délaissions la parole de Dieu pour servir aux tables."
Ils voulaient dire que cela n’est pas leur tâche, que Dieu ne les
a pas envoyés pour cela. La solution est proposée au verset 3:
"C'est pourquoi, frères, choisissez parmi vous sept hommes, de
qui l’on rende un bon témoignage, remplis de l’Esprit et de
sagesse, et nous les chargerons de cet emploi."
Ces hommes sont donc entrés dans la position que l’on a
classifiée de diacre. A cette époque, même un diacre devait
être rempli d’Esprit saint et de sagesse, et donner un bon
témoignage. Les apôtres ont ensuite dit: "Notre ministère
consiste à prier et servir la parole." C’est l’essence du
ministère apostolique. Ensuite, nous lisons au verset 5: "Ce
discours plut à toute la multitude. (Ils ont choisi sept hommes.)
Ils élurent Etienne [...] et Philippe..."
C’est ainsi que Philippe a été nommé diacre. Sa tâche
consistait à organiser les distributions des dons faits aux
nécessiteux et aux veuves.
La Bible, dans 1 Timothée 3:13, dit que, si vous faites bien
votre tâche en tant que diacre, vous acquérez un rang
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honorable. Dans ce même chapitre, à partir du verset 8, Paul
définit clairement les exigences et les qualifications en vue du
diaconat. Dans les versets 12 et 13, il remarque cependant:
"Les diacres doivent être maris d’une seule femme et bien
diriger leurs enfants et leurs propres maisons. Car ceux qui ont
bien exercé le diaconat s’acquièrent un rang honorable et une
grande assurance dans la foi en ChristJésus."
C’est le passage du premier degré à l’université du Saint-
Esprit! Si vous êtes nommé diacre, et que vous remplissez
votre fonction efficacement et fidèlement, vous êtes comme un
étudiant passant avec succès le premier examen, pour pouvoir
poursuivre vos études. A ce stade, vous pouvez continuer et
prétendre au développement spirituel suivant. Remarquez que
le diacre acquérait une grande assurance dans la foi en Jésus-
Christ. Il avait abandonné tout sentiment de timidité et de
réticence, communs aux nouveaux convertis, et il avait
découvert et éprouvé la validité de l’Evangile. Dieu pouvait
commencer à l’employer.
Les deux premiers hommes nommés dans Actes 6 sont
devenus des évangélistes. Il y a d’abord Etienne. Il était bien
sur un évangéliste, bien qu’il ne fût pas appelé ainsi; il a été le
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premier martyr. Puis Philippe est également devenu un
évangéliste. Cela prouve que l’Eglise savait discerner avec
précision les hommes qu’elle choisissait, et nous devons aussi
reconnaître le fait que quelque chose se produisait lorsque les
apôtres priaient et imposaient les mains sur eux. Il est dit, dans
Actes 6:6: "Ils les présentèrent aux apôtres, qui, après avoir
prié, leur imposèrent les mains."
L’imposition des mains n’est pas une simple formalité.
Certaines choses se produisent lors de cet acte, quand cela est
fait avec la direction du Saint-Esprit. Il en résulte pour Philippe
qu’il a commencé son ministère comme diacre.
Voyons à présent le chapitre 8, qui développe son ministère
d’évangéliste. Ce passage, qui est long, nous décrit le ministère
évangélique selon le modèle du Nouveau Testament. C’est le
seul récit que nous avons, et je pense que cela est suffisant
comme guide des principes de fond. A cette époque, il y avait
de grandes persécutions auxquelles prenait part Saul de Tarse.
Les membres de l’Eglise primitive étaient pour la plupart
dispersés, à l’exception des apôtres, et avaient fui loin de
Jérusalem afin de sauver leur vie. Actes 8:4 dit: "Ceux qui

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avaient été dispersés allaient de lieu en lieu, en annonçant la
bonne nouvelle de la parole."
Nous trouvons ici encore le mot "évangéliser", apporter la
bonne nouvelle qui se trouve dans la parole de Dieu. Le verset
suivant indique: "Philippe, descendu dans une ville de la
Samarie, y prêcha le Christ."
Je vous recommande de lire tout le chapitre. Nous allons en
extraire les principales caractéristiques de Philippe
l’évangéliste. Son message était merveilleusement simple et il
est résumé en une seule phrase: il prêcha le Christ. C’était son
leitmotiv. Lorsqu’il a rencontré l’eunuque sur la route de Gaza,
au verset 35, nous apprenons: "Alors Philippe ouvrit la bouche
et, commençant par ce texte, lui annonça la bonne nouvelle de
Jésus."
Son message était extraordinairement simple: c’était Jésus-
Christ. Il ne présentait pas une doctrine élaborée, mais une
personne, qui était Jésus-Christ. Il introduisait ce dernier à
ceux qui ne le connaissaient pas.
Ce qui est merveilleux, avec un évangéliste qui est oint par le
Saint-Esprit, c’est que vous pouvez écouter vingt fois son

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message et l’apprécier toujours autant. Si un professeur
enseigne vingt fois la même chose, vous en serez lassé.
J’ai entendu Billy Graham prêcher plusieurs de ses sermons;
je pourrais presque le faire pour lui, mais sans en obtenir le
même résultat. Cependant, je les écoute avec plaisir, parce que
c’est ce que l’Esprit saint lui demande. Il proclame Jésus-
Christ. C’est là la nature essentielle du ministère évangélique.
Je ne dis pas que le ministère de Billy Graham se limite à cela,
mais je dis que c’est là le fondement de son ministère. Il est
avant tout un évangéliste et, en tant que tel, son but principal
est de présenter Jésus-Christ.

Examinons ce que Philippe affirme. C’est encore une


fois très simple, pourtant cela nous révèle combien l’Eglise
d’aujourd’hui s’est écartée du modèle du Nouveau
Testament. Philippe est descendu dans une ville de Samarie.
Il est l’un des rares personnages du Nouveau Testament à
voyager seul. Les apôtres cheminaient par deux, et les
prophètes en groupe. Mais Philippe est seul. Il est Juif et, par
nature, les Samaritains n’aiment pas les Juifs. Vous souvenez-
vous de ce que dit la Samaritaine à Jésus? "Les Juifs n’ont pas
de relation avec les Samaritains."
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Il descend dans une grande ville de Samarie et commence à
prêcher Christ. Pourquoi les gens l’ont-ils écouté? Parce que
Dieu confirmait le témoignage surnaturel de la vérité de son
message. Les Samaritains savaient qu’il avait quelque chose
de particulier. Les versets 6 et 7 l’indiquent: "Les foules, d’un
commun accord, s’attachaient à ce que disait Philippe, en
apprenant et voyant les miracles qu’il faisait."
Qu’est-ce qui attirait l’attention des foules? C’étaient les
miracles. Quelle sorte de miracles? Les miracles de délivrance
et de guérison: "Car des esprits impurs sortaient de beaucoup
de démoniaques en criant d’une voix forte, et beaucoup de
paralytiques et de boiteux furent guéris."
Lorsque les Samaritains ont vu la preuve de la puissance
contenue dans le message de Philippe, ils ont écouté avec
attention ce qu’il avait à dire.
Un jour, j’étais avec un ami, Don Basham, que certains
connaissent, et nous conduisions un service de délivrance; des
esprits impurs sortaient des personnes en criant d’une voix
forte, exactement comme le décrit le verset 7. Il y avait un
troisième prédicateur avec nous. C’était un ami bien disposé
envers nous, mais qui était indigné par ce qu’il voyait et il nous
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dit: "Où trouvez-vous un service de délivrance semblable dans
le Nouveau Testament?" Don et moi, nous nous sommes
regardés, et mon ami lui a répondu: "Dans Actes 8:7. Des
esprits impurs sortaient de beaucoup de démoniaques, en
criant d’une voix forte." Nous avons dissipé le malentendu de
manière satisfaisante, et ce prédicateur est toujours resté l’un
de mes amis.
Ce que nous considérons comme normal, selon les normes du
Nouveau Testament, l’est comme anormal pour bon nombre
de chrétiens. L’attestation de l’Evangile, de la Bonne
Nouvelle, est surnaturelle. Elle prouve qu’il s’agit bien d’une
bonne nouvelle. Les possédés sont délivrés, les paralytiques et
les malades sont guéris. Lorsque les gens voient cela, ils savent
que c’est une bonne nouvelle. Ils ne s’intéressent pas tant à la
théologie qu’aux résultats. C’est ainsi que Jésus l’a conçu.
Marc 16:15-18 nous relate le programme que Jésus a conçu:
"Allez dans le monde entier et prêchez la bonne nouvelle à
toute la création. Celui qui croira et qui sera baptisé sera sauvé,
mais celui qui ne croira pas sera condamné. Voici les signes
(cinq signes surnaturels, dont le premier est la preuve de la
délivrance) qui accompagneront ceux qui auront cru: En mon

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nom, ils chasseront les démons (la preuve de la délivrance); ils
parleront de nouvelles langues (la preuve du baptême dans
l’Esprit saint); ils saisiront des serpents; s’ils boivent quelque
breuvage mortel, il ne leur fera point de mal; ils imposeront les
mains aux malades et ceux-ci seront guéris."
Marc 16:19-20 nous explique le ministère des premiers
apôtres, qui est résumé par ces mots: "Le Seigneur, après leur
avoir parlé, fut enlevé au ciel et il s’assit à la droite de Dieu.
Et ils s’en allèrent prêcher partout. Le Seigneur travaillait avec
eux et confirmait la parole par les signes qui
l’accompagnaient."
C’est le modèle du Nouveau Testament. Dieu confirme sa
Parole par des signes. Si j’étais mis au défi par Dieu de
retourner dans ce que nous avons appelé de manière non
scripturaire "le champ missionnaire", je ne quitterais pas mon
pays sans avoir l’assurance que Dieu accompagnera le
message qu’il m’a donné par des signes surnaturels. Dans le
cas contraire, il vaudrait bien mieux pour moi rester à la
maison! Mais je crois, et mon expérience l’a prouvé, que si
vous partez annoncer la Bonne Nouvelle en faisant confiance
à l’Esprit saint, il confirmera la Parole annoncée. C’est ainsi.
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Dans Hébreux 2:3-4, le même principe est montré. Lorsque
les premiers prédicateurs ont été envoyés, Dieu confirmait par
des signes, des prodiges et des miracles, et par les
communications de l’Esprit saint.
Un jeune Africain est venu me voir une fois. Il n’avait pas une
grande instruction, mais il s’était tourné vers le Seigneur. Il
était présent aux campagnes d’évangélisation du frère T.L.
Osborn à Mombasa, et il avait vu ce que Dieu faisait. Il s’était
tout simplement mis dans l’idée que, si Dieu le faisait avec le
frère Osborn, il le ferait aussi avec lui. Il a commencé avec
succès à mettre cela en pratique. En avançant, il a finalement
atteint la région où était situé notre institut, à environ huit cents
kilomètres de Mombasa. Là, il a fait une prédication dans notre
collège et les étudiants qui étaient de loin mieux éduqués et
instruits que lui ont réagi d’une façon extraordinaire.
Ce jeune homme m’a dit un jour: "Frère Prince, je n’ai aucune
difficulté à évangéliser en Afrique. J’entre simplement dans un
village, je demande s’il y a des malades et, bien sûr, il y a
toujours des malades dans les villages africains. Je prie pour
eux, ils guérissent et je forme une congrégation." C’est
exactement le modèle du Nouveau Testament. Le Seigneur
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bénit leurs activités lorsqu’elles existent, mais nous avons trop
tendance à dépendre d’elles lorsqu’elles sont présentes, et nous
pourrions probablement faire mieux sans elles. La seule chose
qui compte réellement, c’est l’attestation surnaturelle de
l’Esprit saint.
Revenons à ce passage d’Actes 8 et à Philippe, dont la
direction était pour le moins surnaturelle. Il savait où et quand
aller, selon la direction surnaturelle, comme l’indique le verset
26: "Un ange du Seigneur adressa la parole à Philippe: Lève-
toi et va du côté du midi, sur le chemin qui descend de
Jérusalem à Gaza, celui qui est désert."
Lorsqu’il était en chemin, le verset 29 dit: "L’Esprit dit à
Philippe: Avance et rejoins ce char."
Mieux encore, au verset 39, une fois l’eunuque baptisé,
l’Esprit du Seigneur enlève Philippe. Il n’a même plus à
décider où aller, car l’esprit du Seigneur l’a pris. Je pourrais
comparer cette action de l’évangéliste à une "blitzkrieg", une
guerre éclair, si l’on peut employer ce terme pour les armées
de l’Evangile! Il est en mouvement et toujours de manière
imprévisible. Même le diable ne sait pas où il va apparaître; il
met continuellement l’ennemi sur la défensive. Le problème,
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aujourd’hui, est que l’Eglise est sur la défensive et le diable à
l’offensive. Le véritable évangéliste est celui qui met l’ennemi
sur la défensive.

Comme je l’ai entendu de la bouche de Charles


Simpson un jour, tous les démons dans l’Eglise d’aujourd’hui
savent bien qu’ils doivent se rassembler à onze heures le
dimanche, parce que c’est à cette heure-là que le pasteur
prêche son sermon. Ils se sont ligués contre tous les fidèles
avant qu’ils entrent dans l’église, ce qui fait qu’il n’y a pas
d’élément de surprise! Mais, croyez-moi, lorsque Philippe
avançait, les démons ne pouvaient pas prévoir dans quelle
direction il irait! C’est ce que j’attends de voir dans l’Eglise
aujourd’hui. Je voudrais voir l’initiative restaurée.

Remarquez aussi ce fait, à propos de Philippe: tous ses


convertis étaient de suite baptisés, immergés dans l’eau. Dans
Actes 8:12, il est dit des Samaritains: "Quand ils eurent cru à
Philippe, qui leur annonçait la bonne nouvelle du royaume de
Dieu et du nom de Jésus-Christ, hommes et femmes se firent
baptiser."
L’Ecriture montre que Philippe prêchait Christ, et que
l’enseignement du baptême était compris dans sa prédication,
26
parce que les Samaritains savaient qu’ils devaient ensuite être
baptisés.

Il a fait de même avec l’eunuque auquel il a annoncé


Jésus; nous le lisons dans Actes 8:36: "Comme ils
continuaient leur chemin, ils arrivèrent à un point d’eau. Et
l’eunuque dit: Voici de l’eau; qu’est-ce qui m’empêche d’être
baptisé?"
Philippe n’a pas pressé l’eunuque. Ce dernier savait qu’il
devait à présent être baptisé. Tout ce que Philippe avait fait
était de lui annoncer Jésus. Nous voyons bien en cela que la
prédication de Jésus-Christ présentée dans le Nouveau
Testament comprenait l’enseignement du baptême.
"Que faut-il faire pour être sauvé? Crois (croire inclut la
repentance) et sois baptisé!" C’est tout le message, sans rien
omettre.
Nous avons vu que Philippe se déplaçait continuellement; il
ne s’arrêtait jamais très longtemps à un même endroit. Nous
avons lu la définition du verbe "évangéliser" dans Luc 4 et 8
et nous y voyons également que Jésus, comme Philippe, se
déplaçait continuellement. Il n’est jamais resté au même

27
endroit pour édifier une congrégation statique. Il allait toujours
au devant de ceux qui ne l’avaient jamais entendu.

Un dernier fait est à noter pour l’évangéliste; nous le


lisons dans 1 Corinthiens 12:28: "Et Dieu a établi dans l’Eglise
premièrement des apôtres, deuxièmement des prophètes,
troisièmement des enseignants; ensuite il y a le don des
miracles, puis les dons de guérir, de secourir, de gouverner, de
parler diverses sortes de langues."
Vous remarquerez que l’évangéliste n’y est pas mentionné.
Pourquoi?
Pour moi, la réponse est claire: Paul écrit au sujet de l’église
locale, c’est-à-dire la congrégation des croyants qui
s’assemblent. Il parle des ministères qui sont en fonction dans
l’église locale. C’est pour cette raison que le ministère
d’évangéliste n’est pas nommé, car il a essentiellement un
ministère auprès des inconvertis. Dans l’église locale, ne
s’assemblent en principe que des personnes qui sont déjà
croyantes. Il est donc clair pour moi que dans ce texte Paul
considère l’église locale.
Bien entendu, lorsqu’il a le don de miracles et de guérisons,
l’évangéliste a aussi, dans ce cas, un ministère dans l’église.
28
Mais pas en tant qu’évangéliste, puisque la congrégation est
composée de personnes déjà introduites à Jésus-Christ comme
Sauveur.
Je vais poursuivre cette étude en abordant maintenant le
ministère d’enseignant (ou docteur). C’est le quatrième
ministère itinérant. Nous pouvons le définir comme étant
essentiellement celui de l’interprétation de l’Ecriture.
Nous pouvons, je crois, distinguer deux niveaux
d’enseignants. Le premier est celui dont il est question dans
Ephésiens 4:11 où il est dit: "Il a donné les uns comme apôtres,
les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les
autres comme pasteurs et enseignants..."

Ce ministère d’enseignant s’adresse à l’ensemble de


l’Eglise de Jésus-Christ, l’Eglise universelle.
Il existe également un second type d’enseignant qui est
spécifique à l’église locale, et nous allons l’examiner en détail
en abordant le thème des anciens. Regardons dans 1 Timothée
5:17 où il est parlé de l’organisation dans l’église locale. Paul
dit: "Que les anciens qui président bien soient jugés dignes
d’un double honneur, surtout ceux qui prennent de la peine à
la prédication et à l’enseignement."
29
Ce verset montre que les anciens enseignent également.
Pourtant, si je comprends bien ce passage, leur ministère ne
s’adresse pas à l’Eglise universelle, mais à un petit groupe de
croyants remis à leurs soins dans la congrégation locale. Leur
responsabilité est l’enseignement de ce petit groupe.
Là se trouve la différence. L’enseignant qui a un ministère
envers l’ensemble du Corps a essentiellement un ministère
public similaire à celui d’un évangéliste ou d’un apôtre. C’est
un ministère itinérant et à grande échelle. Au sein de l’église
locale se trouvent des hommes n’ayant pas ce ministère pour
le corps universel, mais étant responsables de l’enseignement
à une petite échelle, de petits groupes et d’individus. Nous
voyons donc qu’il existe deux niveaux d’enseignement.
Pour prendre un exemple d’enseignant dans le Nouveau
Testament, je choisirais Apollos, qui avait ce ministère, et qui
n’en avait apparemment pas d’autres. Bien d’autres
enseignants sont mentionnés, mais ils avaient aussi un autre
ministère en accompagnement, comme nous le verrons par la
suite. Apollos, lui, avait spécifiquement le ministère
d’enseignant. Voyons deux passages qui le montrent; lisons
d’abord dans Actes 18, ensuite dans 1 Corinthiens 3. Actes
30
18:24-28 évoque les événements qui se sont produits à Ephèse:
"Un Juif du nom d’Apollos, originaire d’Alexandrie, homme
éloquent et versé dans les Ecritures, était arrivé à Ephèse. Il
était instruit dans la voie du Seigneur et, fervent d’esprit, il
annonçait et enseignait avec exactitude ce qui concernait Jésus,
tout en ne connaissant que le baptême de Jean. Il se mit à parler
ouvertement dans la synagogue. Priscille et Aquilas, après
l’avoir entendu, le prirent avec eux et lui exposèrent plus
exactement la voie de Dieu. Comme il voulait passer en
Achaïe, les frères l’y encouragèrent et ils écrivirent aux
disciples de le bien recevoir. Arrivé là, il se rendit très utile à
ceux qui avaient cru par la grâce de Dieu. Car il réfutait avec
vigueur les Juifs en public et démontrait par les Ecritures que
Jésus est le Christ (le Messie)."

Nous allons comparer ce passage avec celui de 1


Corinthiens 3:5-6. Apollos apparaît d’abord sur la scène dans
la ville d’Ephèse, qui est la capitale de l’Asie Mineure. Puis il
va d’Ephèse en Achaïe; la principale ville d’Achaïe était
Corinthe. L’Achaïe est la partie nord du Péloponnèse. En
Achaïe, il apporte son ministère à des personnes qui avaient
été amenées au Seigneur par le ministère de Paul. Il semble
31
qu’une faction rivale se soit créée dans l’église de Corinthe.
Chacune d’elles semblait s’attacher au prédicateur qu’elle
affectionnait le mieux. Paul les reprend d’ailleurs pour cette
raison. Il leur dit: "Vous êtes encore charnels!" et il ajoute,
dans 1 Corinthiens 3:4: "Quand l’un dit: Moi, je suis de Paul!
et un autre: Moi, d’Apollos! n’êtes-vous pas charnels?"
Cette façon de s’accrocher à des ministères humains par
lesquels ils avaient été bénis était la marque charnelle.
En un sens, cela m’amuse beaucoup, car un grand nombre de
théologiens et de commentateurs bibliques affirment que
l’église de Corinthe était charnelle. Puis ils démontrent que les
Corinthiens étaient charnels parce qu’ils parlaient beaucoup en
langues. Ce qui, bien entendu, est une conclusion absolument
contraire à l’Ecriture, car ce n’est pas le parler en langues qui
rendait cette église charnelle, mais le fait qu’ils s’attachaient à
un responsable humain ou à un autre!
Et c’est exactement ce qui se produit encore aujourd’hui.
Certains disent: "Je suis de Luther", et d’autres: "Je suis de
Calvin." Un autre encore affirme: "Je suis de Wesley." En fait,
Dieu dit que, tant que nous parlons ainsi, nous sommes encore
des bébés.
32
Ce qui indique une marche selon la chair, ce n’est pas le parler
en langues, mais le fait de s’attacher à des responsables
humains dont Dieu bénit le ministère et qu’il emploie, tout
comme il a utilisé Paul, Apollos et Pierre. Cependant, lorsque
les chrétiens s’identifient à un prédicateur en particulier, et
qu’ils ne suivent plus que lui, alors Paul les avertit: "Je vous
en prie, arrêtez cela. Cessez d’être des bébés et grandissez
donc!"
Bien souvent, les personnes accusant à tort l’église de
Corinthe d’être charnelle parce que ses membres parlent en
langues sont elles-mêmes coupables de la vraie marque de la
chair.
Remarquez ce que dit Paul: "Quand l’un dit: Moi, je suis de
Paul! et un autre: Moi, d’Apollos! n’êtes-vous pas charnels?
Qu’est-ce donc qu’Apollos, et qu’est-ce que Paul? Des
serviteurs, par le moyen desquels vous avez cru, selon que le
Seigneur l’a donné à chacun."
Le Seigneur a donné un ministère à Paul et un autre à Apollos.
L’apôtre résume cela au verset 6: "J’ai planté,
Apollos a arrosé, mais Dieu a fait croître."

33
Je crois que nous avons, par cette simple image prise dans le
domaine de l’agriculture, un excellent exemple. La plantation,
c’est l’évangélisation. La graine plantée est la parole de Dieu,
l’Evangile. Cette graine ne poussera et ne deviendra pas une
plante fructueuse sans être arrosée correctement. C’est une
évidence que nous constatons particulièrement dans les
régions sèches du midi. Le ministère venant après
l’évangéliste qui a planté est celui de l’enseignant arrosant la
graine. C’était le ministère d’Apollos qui était un enseignant.
L’évangéliste plante, puis l’enseignant qui le suit arrose la
jeune plante. C’est une image très précise et très claire du
ministère d’enseignant.
Revenons à ce passage d’Actes 18:24 pour en découvrir plus
sur Apollos, afin de compléter son portrait d’enseignant: "Un
Juif du nom d’Apollos, originaire d’Alexandrie..." Alexandrie
était l’une des grandes villes du monde ancien. Elle possédait
une bibliothèque très célèbre et il est fort probable qu’Apollos
ait été un homme très instruit.
"... homme éloquent..." Apollos était un orateur très persuasif.
"... et versé dans les Ecritures..." Il avait une grande
connaissance des Ecritures, et il est venu à Ephèse.
34
Et, au verset 28, il est dit: "Car il réfutait avec vigueur les Juifs
en public et démontrait par les Ecritures que Jésus est le
Christ."
Nous avons avec Apollos un exemple clair du ministère
d’enseignant. C’était un homme éloquent – nous dirions
aujourd’hui un homme de grande renommée pour la
prédication. Il connaissait parfaitement les Ecritures et les
présentait avec puissance; il pouvait répondre publiquement à
ceux qui s’opposaient à l’Evangile en démontrant leur erreur.
Il n’était pas de ceux qui se rétractent par timidité. Il
n’éprouvait pas de l’embarras et pouvait faire une présentation
méthodique, claire et puissante de la Parole. Par sa grande
connaissance de l’Ecriture, il pouvait développer des
arguments qu’il opposait à ses détracteurs. C’était un homme
dont le ministère d’enseignement pour un large public était
puissant.
Je voudrais que nous fassions une distinction nette entre ce
ministère destiné à un large public et celui d’un ancien, d’un
responsable, qui enseigne un groupe dans l’église locale. Cet
ancien n’a peut-être pas la personnalité d’un homme public,
d’un orateur-né, et il n’opère qu’à un niveau restreint.
35
Cependant il fait une œuvre nécessaire et de grande valeur à
son niveau. Je dis cela parce que certains, lorsqu’ils découvrent
qu’un ancien doit être capable d’enseigner, s’imaginent de
suite devoir se tenir au pupitre devant un large auditoire, en
délivrant un grand sermon. Ce qui est approprié pour un
orateur capable d’enseigner l’ensemble du Corps ne l’est pas
pour un enseignant local. Ce sont deux styles d’enseignants
différents. Les deux ont également leur valeur propre, mais
pour un ancien qui enseigne, c’est à une échelle plus petite.
Remarquez cette déclaration que nous lisons dans Actes
18:27: "Comme il voulait passer en Achaïe, les frères l’y
encouragèrent et ils écrivirent aux disciples de le bien
recevoir."
L’Eglise primitive ne recevait pas le prédicateur qui n’était
pas recommandé par l’église qu’il avait servie avant. C’est très
important et même vital. Si les chrétiens dans le mouvement
charismatique aujourd’hui agissaient ainsi, cela couperait
court à un certain nombre de personnes faisant le tour des
églises sans aucun soutien, et sans preuve que leur ministère
produit du fruit. Ces personnes utilisent le peuple de Dieu
comme une marchandise.
36
Vous trouverez ce principe dans tout le Nouveau Testament;
tout prédicateur venant d’Asie et se rendant en Achaïe avait
une lettre d’introduction des frères d’Asie. Sinon ils n’étaient
pas reçus par les frères d’Achaïe. Apollos, venant d’Asie, avait
donc une lettre de recommandation afin que les frères
d’Achaïe le reçoivent. Il est dit, dans la seconde partie du
verset 27: " Arrivé là, il se rendit très utile à ceux qui avaient
cru par la grâce de Dieu, car il réfutait avec vigueur les Juifs
en public et démontrait par les Ecritures que Jésus est le
Christ."
"Ceux qui avaient cru par la grâce de Dieu..." Cette expression
a quelque chose de remarquable. Nous avons en fait bien été
enseignés, mais il est parfaitement correct de dire que nous
avons cru par la grâce, ainsi que cela nous est dit dans
Ephésiens 2:8: "C’est par la grâce que vous êtes sauvés..."
Je crois que cela nous montre des gens qui avaient fait
l’expérience merveilleuse d’une conversion surnaturelle. Peut-
être n’étaient-ils pas lettrés; beaucoup ne savaient même ni lire
ni écrire, et ils n’avaient aucune connaissance de l’Ancien
Testament. L’église de Corinthe était composée en majorité de
chrétiens d’origine païenne. La ville était un port, un lieu où
37
régnaient une grande débauche, l’immoralité et l’impureté.
C’est là que Paul était allé apporter l’Evangile et, en dix-huit
mois, il avait levé une congrégation florissante de croyants.
Cette église ne s’était pas bâtie sur le lent processus d’un
enseignement méthodique destiné à un groupe restreint; elle
s’était levée sous l’impact de l’Esprit saint apportant le
témoignage surnaturel de Jésus-Christ, Sauveur du monde.
Bien des Corinthiens présents avaient été littéralement
transportés dans le royaume de Dieu par une expérience
surnaturelle. Nous rencontrons cela encore dans différentes
parties du monde qui présentent exactement le même besoin,
là où les personnes n’ont jamais reçu la connaissance des
Ecritures et n’ont reçu aucune éducation, lorsqu’ils ne savent
ni lire ni écrire. Dieu les aime et il veut les sauver.
En Afrique, nous avons assisté à cela. Je pense en particulier
à un vieil homme qui n’avait jamais été à l’église de toute sa
vie. Une nuit, Dieu lui a donné un rêve. Dans celui-ci, il se
voyait allant dans une église locale particulière dont les murs
étaient faits de boue séchée. Il ne savait rien de l’Evangile, il
ne l’avait jamais vraiment entendu de toute son existence. Il
est allé emprunter un vieux manteau à un ami, puis il s’est mis
38
en route. Il est entré dans l’église et, là, il a été sauvé. C’était
vraiment l’œuvre de la grâce surnaturelle de Dieu.
Une missionnaire en Amérique du Sud m’a raconté l’histoire
suivante. Une dame qui était catholique, mais qui n’allait pas
pour autant à l’église et qui n’avait jamais ouvert la Bible, a
fait un rêve très vivant. Dans celui-ci, elle se voyait entrant
dans une église. Elle a même remarqué que les murs étaient
peints en vert à l’intérieur. Le dimanche suivant, elle s’est dit:
"Je dois aller dans cette église." Elle est sortie, a pris le taxi et
a décrit au chauffeur le bâtiment qu’elle avait vu en rêve. Le
chauffeur a reconnu l’église à la description que cette dame en
a fait. Il s’est mis en route. Malheureusement, le taxi est tombé
en panne et elle n’a pu s’y rendre. Alors elle est rentrée chez
elle.
Le dimanche suivant, elle s’est de nouveau mise en route et,
cette fois, elle est parvenue à destination sans incident. Elle est
entrée dans l’église et, là, Christ s’est révélé à elle de manière
surnaturelle; elle a rencontré le Seigneur.
Après le service, elle est allée trouver le pasteur de cette
congrégation et lui a confié son rêve. Elle lui dit: "J’ai vu ce
bâtiment en rêve, et j’ai tenté de venir la semaine dernière,
39
mais je n’y suis pas parvenue. Aujourd’hui, le taxi m’a bien
déposée ici. Quand je suis entrée, j’ai reconnu de suite les murs
peints en vert, comme dans mon rêve."
Le pasteur l’a regardée et lui dit: "Vous êtes sûre que les murs
étaient peints en vert?" Elle lui répond: "Certaine!" Alors il
réplique: "Ce n’est pas étonnant que vous ne soyez pas venue
la semaine dernière, car nous avons repeint les murs cette
semaine, et la semaine précédente ils n’étaient pas verts!"
Nous comprenons ici qu’il s’agissait bien d’une révélation
surnaturelle accordée par l’Esprit saint. Pourtant, cette dame
ne connaissait pas l’Evangile.
Ne pensez pas que je veuille ironiser sur quelque groupe que
se soit, mais durant la Seconde Guerre mondiale j’ai été
hospitalisé dans une salle commune; mon voisin de lit était un
marin de la France libre. Il se trouve que j’étais la seule
personne dans l’hôpital à parler français. Comme il ne
connaissait pas l’anglais, cet homme devait soit s’adresser à
moi, soit demeurer seul. J’étais assis à lire ma Bible, et j’avais
tout loisir de le faire lorsque, après un certain temps, cet
homme m’a demandé: "Quel est ce livre que vous lisez chaque
jour?" Je lui ai répondu: "C’est la Bible."
40
Il ne semblait pas vraiment intéressé; cependant, il ne pouvait
s’empêcher de revenir sur ce sujet. Aussi, je lui ai un jour
proposé de lui procurer un Nouveau Testament en français. Je
dois vous dire, et c’est exactement la vérité, que cet homme ne
savait pas ce qu’était le Nouveau Testament. C’était pourtant
un bon catholique. J’ai alors contacté un bureau de la British
Foreign Bible Society (la société britannique pour la Bible) au
Caire, et j’ai pu lui procurer un Nouveau Testament en
français. Les résultats ont été spectaculaires. Je n’ai jamais rien
vu de tel. En moins de deux semaines, il avait lu tout le
Nouveau Testament excepté l’Apocalypse, et il était converti.
Il m’a alors dit: "Pourquoi ne m’ont-ils pas dit toutes ces
choses?"
Lorsque je l’ai rencontré plus tard, il avait acheté la plus
grosse Bible qu’il avait trouvée en français et, avec celle-ci
sous le bras, il allait partout parlant du Seigneur.
C’est encore un exemple de l’œuvre de Dieu avec une
personne qui n’a aucune connaissance antérieure de l’Evangile
et de la Bible. Pour tous ces gens, il faut donc une intervention
surnaturelle de Dieu dans leur vie afin qu’ils découvrent le
Seigneur.
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Je suis convaincu que c’est le genre de personne dont parle
l’auteur du livre des Actes, lorsqu’il dit que les Corinthiens
avaient "cru par la grâce de Dieu". Ils connaissaient Jésus, ils
savaient que Jésus les avaient sauvés, ils savaient que Jésus les
avaient guéris, ils savaient qu’ils avaient reçu le baptême de
l’Esprit saint. Mais en ce qui concerne les Ecritures, ou la
connaissance de la grâce ou celle des vérités fondamentales de
l’Evangile, ils n’avaient aucune de ces connaissances. Dieu
leur a alors envoyé un enseignant, Apollos, qui les a
puissamment aidés, car il a fortifié leur connaissance de la
Parole et des Ecritures.
J’ai encore le souvenir de mon beau-fils, George, un Anglais
accompli ayant une bonne éducation anglaise. Lorsqu’il est
venu pour la première fois à nos réunions, il ne connaissait pas
Dieu parce qu’il n’avait jamais entendu l’Evangile. J’avais
commencé ma prédication par une référence à l’épître aux
Hébreux, et je l’observais en train de chercher dans l’Ancien
Testament après ce livre!... Le monde est rempli de personnes
comme lui. Dieu doit les atteindre et il ne peut pas toujours y
parvenir par l’enseignement systématique, alors il le fait par
une révélation surnaturelle. Ensuite, elles doivent recevoir cet

42
enseignement afin d’être affermies dans la foi. Sinon, elles
perdront le bénéfice de leur expérience.
C’est en cela que réside la nature essentielle du ministère de
l’enseignement. Il doit être l’exposition systématique et
publique de l’Ecriture à des personnes qui croient déjà en
Christ, mais qui n’ont pas la connaissance des écrits ou qui ne
savent pas comment les appliquer dans leur vie.
Je vais terminer en soulignant deux faits essentiels. D’abord,
nous avons souvent constaté que, sur le terrain, un ministère
évangélique suit rapidement la conversion. En fait, une
personne peut être convertie et, dès la semaine suivante,
commencer à évangéliser. Normalement le ministère
d’enseignant prend bien plus de temps à se développer. Dans
bien des pays que l’on décrit comme en voie de
développement, ou primitifs, l’un des plus grands besoins est
le ministère d’enseignement. Il n’est pas difficile d’y avoir des
évangélistes, mais il existe bien peu d’enseignants. Ce qui
manque le plus, dans le champ missionnaire aujourd’hui, ce
sont des chrétiens capables d’enseigner.
Ensuite, je voudrais vous faire remarquer que l’enseignement
est souvent lié à l’exercice d’autres principaux ministères
43
itinérants. Nous en avons un exemple dans 2 Timothée 1:11 où
Paul dit, en ce qui concerne l’Evangile de Jésus-Christ: "C’est
pour cet Evangile que j’ai été établi prédicateur, apôtre et
enseignant."
Le terme "prédicateur" en grec est "héraut" (messager). Ce
n’est pas ce mot qui est lié aux bonnes nouvelles, c’est l’acte
d’être un héraut. Paul est un héraut, un messager, et aussi un
apôtre et un enseignant. L’apôtre et l’enseignant sont deux
ministères étroitement liés. Dans Actes 13:1, nous lisons ceci:
"Il y avait, dans l’église qui était à Antioche, des prophètes et
des enseignants..."
Ces hommes avaient le double ministère de prophète et
d’enseignant. Puis, dans Actes 15:32, nous trouvons Jude et
Silas qui étaient allés de Jérusalem à Antioche: "Jude et Silas,
qui étaient eux-mêmes prophètes, exhortèrent les frères et les
affermirent par de nombreux discours."

Ils avaient un message d’exhortation


et d’enseignement qui accompagnait leur ministère
prophétique. Dans Luc 20:1, nous lisons ce passage que nous
avons déjà évoqué: "Un de ces jours-là, comme Jésus

44
enseignait le peuple dans le temple et qu’il annonçait la
bonne nouvelle..."
Jésus enseignait et évangélisait. Le ministère de
l’enseignement est fréquemment lié à un autre ministère. Ici, à
celui d’évangéliste; ailleurs, à celui d’apôtre ou de prophète.
Dans l’Eglise primitive, il était rare de trouver un homme
n’ayant que le ministère d’enseignant. Nous avons vu
cependant qu’Apollos était l’exception.

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Dans la même série:


*L'Eglise universelle
*L'Eglise locale
*Les apôtres
*Les prophètes
*Les bergers et les diacres
*L'Eglise, la part du vrai et du faux *L'Eglise,
épouse ou prostituée?

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