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Facoltà di Teologia
1
J.F. SEGOVIA, « Anthropologique de Gaudium et Spes » in Catholica, Automne 2012, PP 1-2
2
GS n° 22
3
Cf. GS 41
4
Cf. B. SESBOUE, L’homme, merveille de Dieu, Salvator, Paris, 2015, p. 272
5
Idem
2
manière dont il réalise notre salut et ce qui revient à la responsabilité de notre liberté 6. Il
convient donc de considérer l’homme dans ses dimensions essentielles où se jouent le
paradoxe du fini et de l’infini et du désir de Dieu, son existence et son salut. On parlera
alors de la dignité de sa personne créée à l’image de Dieu, de la sphère familiale, lieu
d’expérience privilégiée de l’amour, puis nous parlerons aussi de la sphère sociale et
politique, lieu de construction d’un monde humain des libertés et enfin parlerons-nous
de Jésus Christ comme révélateur de Dieu et de l’homme. Somme toute, cet homme,
c’est l’humanité tout entière considérée dans son développent historique. Cet homme
c’est aussi et finalement au sein de cette humanité solidaire, chaque personne humaine.
3
niveau, s’exprime de manière aussi large sur les différents aspects temporels
de la vie chrétienne 8: “On doit reconnaître que l’attention apportée par la
Constitution aux changements sociaux, psychologiques, politiques,
économiques, moraux et religieux a stimulé toujours plus la préoccupation
pastorale de l’Église pour les problèmes des hommes et le dialogue avec le
monde »9.
Dans son principe, il se présente comme un mystère, une contrariété, dès lors
que « tout homme demeure à ses propres yeux une question insoluble qu’il perçoit
confusément »10, question qui « ne s’éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe
incarné »11. La vérité de l’homme se laisse trouver quand le Christ, la Vérité même, lui
révèle sa propre vérité. Le Christ, image de Dieu le Père, révèle à l’homme sa vérité
d’image de Dieu. Le Christ, nouvel Adam, « dans la révélation même du mystère du
Père et de son amour, manifeste pleinement l’homme à lui-même et lui découvre la
sublimité de sa vocation »12. C’est dans le Christ, image du Dieu invisible, que l’homme
a été créé à l’image et ressemblance du Créateur ; c’est dans le Christ, rédempteur et
sauveur, que l’image divine, altérée dans l’homme par le premier péché, a été restaurée
dans sa beauté originelle et ennoblie de la grâce de Dieu étant image de Dieu révélée par
le Verbe, l’homme acquiert sa dignité dans la création. « La dignité de la personne
humaine s’enracine dans sa création à l’image et à la ressemblance de Dieu »13.
8
CONCILE VATICAN II, Constitution pastorale sur l’Eglise dans le monde de ce temps Gaudium et
Spes, promulguée le 7 décembre 1965 par Paul VI, n° 16
9
Orientations pour l’étude et l’enseignement de la doctrine sociale de
l’Eglise dans la formation sacerdotale de la Congrégation pour l’éducation catholique (1988).
10
GS n° 22, 4
11
GS n° 22
12
GS n° 22,1
13
Catéchisme de l’Eglise Catholique, Cerf, Paris, 1998, n° 1700
4
En raison de cette dignité personnelle, présente de manière égale en tout
homme, la personne humaine est « la seule créature sur terre que Dieu a voulue pour
elle-même »14, formule souvent reprise par Jean-Paul II, et qui se fonde sur les capacités
spirituelles d’intelligence et de volonté, principalement, par le don de la liberté, la vraie
liberté étant dans l’homme « le signe privilégié de l’image divine »15. En conséquence
l’Eglise reconnaît et affirme le caractère central de la personne humaine en tout
domaine et manifestation de la socialité ; « L’action sociale des chrétiens doit
s’inspirer du principe fondamental de la centralité de l’homme »16, parce que la
personne humaine «est et doit être le principe, le sujet et la fin de toutes les institutions
»17 en vertu de quoi « tout sur terre doit être ordonné à l’homme comme à son centre et
à son sommet »18. Mais l’homme ne doit-il pas s’ordonner au Christ, et par sa médiation,
à Dieu ? C’est d’ailleurs ce qu’affirme une autre Constitution conciliaire, Lumen
Gentium19, en suivant l’enseignement de saint Paul (1 Cor 3, 23).
14
CEC n° 1702
15
JEAN PAUL II, Lettre encyclique Dives in Misericordia sur la miséricorde divine, Rome , 30
novembre 1980, n°3
16
CONSEIL PONTIFICAL « JUSTICE ET PAIX », Compendium de la Doctrine Sociale de l’Eglise,
Librairie Editrice Vaticana, Rome, 2005, n° 106.
17
CEC, 1705.
18
GS, 17
19
CONCILE VATICAN II, Constitution dogmatique sur l’Eglise Lumen Gentium, 36-1.
20
Compendium, 527.
21
CDSE, n° 160.
5
dignité exige un déploiement social, car « en se découvrant aimé de Dieu, l’homme
comprend sa dignité transcendante, il apprend à ne pas se contenter de soi et à
rencontrer l’autre dans un tissu de relations toujours plus authentiquement humaines
»22 ; c’est la loi de l’amour, « capable de transformer de façon radicale les rapports que
les êtres humains entretiennent entre eux »23. Le péché assombrit la dignité ontologique,
mais il ne l’efface pas, car, bien que la rupture avec Dieu produise un déchirement,
l’homme demeure imago Dei et capax Dei24. La dignité étant une propriété intrinsèque
et exclusive de la personne, elle est contenue dans la loi naturelle. Celle-ci « exprime la
dignité de la personne et jette les bases de ses droits et de ses devoirs fondamentaux »25
La loi naturelle, fondée sur la loi éternelle, est une garantie contre le relativisme moral,
dans la mesure où elle fait reposer la liberté dans la « nature commune »26 qui nous rend
responsables et capables d’atteindre une « morale publique »27, écartant ainsi l’idée que
l’homme puisse être la mesure de toutes choses, car « celui qui s’auto- proclame mesure
unique des choses et de la vérité ne peut pas vivre pacifiquement avec ses semblables et
collaborer avec eux »28.
22
Cf. B. GHERARDINI, Il Vaticano II. Alle radici d’un equivoco, Lindau,
Turin, 2012, passim ; sur Gaudium et Spes, on se référera en particulier aux pages 185 et suivantes.
23
Compendium 528
24
GS, 21-3 ; Compendium, 27. La dignité ontologique n’est pas conditionnée par la moralité de la
Personne, celle-ci possédant toujours socialement et historiquement sa « valeur », le péché étant
alors principalement vu comme « le côté obscur de la dignité humaine » (J.-L. Bruguès, Dizionario
di morale cattolica, Ed. Studio domenicano, Bologne 1994, p. 33) ; ou bien comme le dit encore
la CTI (« Communion et service… », op. cit., 44-45), le péché « est une erreur de la liberté » qui
« Perturbe l’image de Dieu ».
25
Compendium, 140.
26
Compendium 141
27
Idem
28
Compendium, 142. Cf. JEAN-PAUL II, Lettre encyclique, Evangelium Vitae sur l’inviolabilité de la
dignité de la vie ( 1995), 19-20, où il apparaît clairement
que si l’on parle de loi naturelle, c’est en termes de liberté et de droits humains qui n’entrent
pas en confit car ils sont fondés sur cette loi et sur la dignité de la personne.
6
« L’aspect sublime de la dignité humaine se trouve dans cette
vocation à communier avec Dieu. Cette invitation que Dieu adresse à
l’homme de dialoguer avec lui commence avec l’existence humaine. Car
si l’homme existe, c’est que Dieu l’a créée par amour et par amour ne
cesse de lui donner l’être ; et l’homme ne vit pleinement selon la vérité
que s’il reconnait librement cet amour et s’abandonne à son
Créateur»29.
La domination de l’homme sur les autres créatures est une gérance, car il doit
s’en servir pour glorifier Dieu. Le péché a blessé et divisé l’homme mais n’as pas porté
atteinte à sa vocation. Résumé de l’univers, selon les mots de Bernard Sesboue,
« l’homme est doué d’intelligence, capable de vérité, signes privilégiés de l’image
divine »30 . Tout cela est confirmé par l’Incarnation du Verbe de Dieu. Cet homme est
soumis à la mort en raison de son péché ; mais cette mort est déjà vaincue par le mystère
pascal de la mort et résurrection de Jésus qui nous libère. En effet, le Concile évoque
alors l’athéisme si présent dans notre monde contemporain, selon les formes diverses, et
lui oppose la volonté de l’Eglise d’être « fidèle à la fois à Dieu et à l’homme »31 Ce
message est en accord avec le fond secret du cœur humain.
29
GS n° 19, 1
30
B. SESBOUE, L’homme, merveille de Dieu, Op. Cit ; p. 288
31
GS n° 21, 7
32
Compendium de Doctrine sociale de l’Eglise n° 34
7
ressemblance entre l’union des personnes divines et celle des fils de Dieu dans la vérité
et dans l’amour »33. Cette ressemblance prouve bien que l’homme, seule créature sur
terre que Dieu a voulue pour elle-même, ne peut pleinement se trouver par le don
désintéressé de lui-même.
33
GS n° 24,1
34
CDS n° 35
35
Cf. T. M. POULIQUEN, Libres en Christ, la liberté chrétienne, selon l’anthropologie de Hans Urs Von
Balthasar, Editions Béatitudes, Burin, 2008, p. 278
36
Ibidem, 279
37
Ibidem, 280
8
l’homme se découvre et s’achève : « Qui demeure en moi (…) si vous demeurez en moi
et que mes paroles demeurent en vous, (…) demeurez en mon amour » (Jn 15,5 ; 7.9)
Nous pouvons lire avec pertinence les Peres du Concile dans ce domaine. Mais
Dieu n’a pas créé l’homme solitaire dès l’origine, « il les créa homme et femme » (Gn 1,
27). Cette société de l’homme et de la femme est l’expression de la communion des
personnes. Car l’homme de par sa nature profonde est un être social et sans relation à
autrui, il ne peut vivre ni épanouir ses qualités »38.
En effet, l’homme comme personne à l’image de Dieu est un être social. Nous
savons que la personne humaine ne se réaliser seule. L’individu en tant que tel a
vocation à devenir personne. Il devient personne par le jeu des relations entre le « je » et
le « tu » et la reconnaissance mutuelle. Il a besoin des autres pour parvenir au salut. De
fait, les deux textes de la création de l’homme dans la Genèse mettent en relief la
différenciation sexuelle. Le premier relie immédiatement cette différence au fait que
l’homme est créé à l’image de Dieu, le second quant à lui souligne la vocation
communautaire de l’homme « il n’est pas bon que l’homme soit seul » (Gn 2,18. )
38
GS n° 12,4
9
originalité, l’image de Dieu qui est au-delà du genre »39. Bien sûr que nous avons aussi
besoin du masculin et du féminin pour cheminer de l’image au modèle. Tout ceci nous
montre que le rapport de l’homme à Dieu qui est la vocation divine de l’homme, est
concrètement inscrit dans le rapport homme-femme. Dans l’amour humain il y’a un
vœu d’absolu de communion parfaite et totale, un vœu de divinisation. Cet amour
humain est, selon les termes de Sesboue, une voie de salut.40
2.2. Les sphère sociale et politique, construction d’un monde plus humain des
libertés
En fait,
39
M.T. POULIQUEN, Libres en Christ, Op. cit. p. 300
40
B. SESBOUE, L’homme, merveille de Dieu, Op. Cit. p. 289
41
Cf. GS n° 93
42
Cf. M.T. POULIQUEN, Libres en Christ, op.cit. p. 305
10
« Le concile se propose avant tout de juger à cette lumière les valeurs
les plus prisées par nos contemporains et de les relier à leur source divine.
Car ces valeurs dans la mesure où elles procèdent du genre humain, qui est un
don de Dieu sont fort bonnes ; mais il n’est pas rare que la corruption du cœur
humain les détourne de l’ordre requis : c’est pourquoi elles ont besoin d’être
purifiées »43 .
Déjà le Pape Paul VI nous le rappelait en ces termes « le monde est malade. Son
mal réside moins dans la stérilisation des ressources et de leur accaparement par
quelques-uns que dans le manque de fraternité entre les hommes et entre les peuples »44.
Et pourtant le catéchisme de l’Eglise Catholique nous nous dit clairement que « le
principe de solidarité ou de charité sociale est une exigence directe de la fraternité
humaine et chrétienne »45. Et aujourd’hui encore, il y’a oubli de cette loi de solidarité
humaine et de charité dictée par aussi bien la communauté d’origine et par l’égalité de
la nature raisonnable chez tous les hommes à quelques peuples qu’ils appartiennent, que
le sacrifice de rédemption offert par Jésus sur l’autel de la Croix à son Père céleste, en
faveur de l’humanité pécheresse.
43
GS n° 11,2
44
Cf. PAUL VI, Lettre encyclique, Populorum Progressio, sur le développement des peuples, Rome, 26
mars 1967, n° 17 .
45
CEC 1710
11
société parfaitement réconciliée. Quels que soient les heurts et les conflits de notre
existence terrestre, elle est une ébauche et une annonce de l’eschatologie chrétienne 46.
De plus, les hommes doivent se traiter mutuellement comme des frères c’est-à-dire
s’aimer les uns les autres comme le Christ les a aimés. Dans cette intention, la
Constitution Pastorale demande interdépendance de la personne dont la considération va
beaucoup plus loin que le simple individu et de la société 47. Car en fait, « elle est
intrinsèque à l’épanouissement de la vocation de la personne par les échanges, la
réciprocité des services rendus et le dialogue fraternel »48.
46
Cf. M. A. FONTELLE, Construire la civilisation de l’amour. Synthèse de doctrine sociale de l’Église,
Gallimard, Paris, 1997, p. 218
47
Cf. GS n° 63
48
M. A. FONTELLE, Construire la civilisation de l’amour. Synthèse de doctrine sociale de l’Église, op.
cit. p. 218
49
Ibidem, p. 220
12
servirait dans la sainteté »50. Aussi dès le début de l’histoire du Salut, a-t-il choisi des
hommes non seulement à titre individuel, mais en tant que membres d’une communauté.
Et ces élus, Dieu leur a manifesté son dessein et les a appelés « son peuple » (cf. Ex
3,12)
Jésus dans sa vie, s’est comporté en véritable citoyen de son pays et par là même
citoyen du monde. Il ne s’est pas contenté de partager une vie familiale. Il a travaillé de
ses mains. Dès le début de sa vie publique il entre dans le réseau des échanges de la
société humaine. Il prend les initiatives. Il va vers les exclus, il est sensible à la
souffrance humaine et guérit. Il parle en public. Il paie l’impôt à César. Plus encore, il
demande à son Père que tous ses frères les hommes soient vraiment « un ». (Jn17, 22).
Par le don de l’Esprit Saint il suscite une nouvelle communion fraternelle dans l’unité
de son Corps qui est l’Eglise52.
50
M. A. FONTELLE, Construire la civilisation de l’amour, Op. Cit. p. 220
51
GS n° 32
52
B. SESBOUE, L’homme, merveille de Dieu, Op. Cit. p. 286
13
CHAPITRE 3 : LE CHRIST REVELATEUR DE DIEU ET DE L’HOMME
53
B. SESBOUE, Jésus. Voici l’homme. Salvator, Paris, 2015, p. 176
54
GS n° 22
14
Le parallélisme des deux Adam montre que le Christ est venu refonder et recréer
notre humanité depuis son origine. En fait, le Christ se sert de la ressemblance originelle
entre l’homme et Dieu pour venir parmi nous en s’incarnant à notre ressemblance. C’est
pourquoi il respecte notre condition humaine en la partageant en tout de sa naissance à
sa mort55. Par le fait même, il nous révèle cette ressemblance originelle et la restaure.
Tout son comportement est devenu un agir d’homme, mais seulement d’un homme
parfait qui accomplit totalement le vœu créateur de son Père. De ce fait, il établit entre
son Père et nous une solidarité et une communion nouvelle jadis perdue par le péché. Il
nous a montré comment l’amour de Dieu pour nous pouvait s’exprimer avec la
tendresse d’un homme56.
En effet, cette révélation de l’homme à lui-même qui est aussi son salut ne
pouvait se faire que par un acte de réconciliation entre Dieu et l’homme devenu
pécheur. Or comme le dit Gaudium et Spes :
« C’est donc en lui-même que l’homme est divisé. Voici que toute la
vie de l’homme, individuelle et collective se manifeste comme une lutte entre le
bien et le mal entre la lumière et les ténèbres. Mais voici que le Seigneur en
personne est venu pour le restaurer dans sa liberté et sa force le rénovant
55
Cf. B. SESBOUE, L’homme, la merveille de Dieu, op. cit. 135
56
W. PANNENBERG, « fondement christologique de l’anthropologie chrétienne » in Concilium 86,
1973, pp. 87-103
57
GS n° 22, 3
15
intérieurement et jetant dehors le prince de ce monde qui le tenait captif du
péché »58.
58
GS n°13, 2
59
Cf. T.M. POULIQUEN, Libres en Christ, op. cit. 275
60
Ibidem, 279
61
B. SESBOUE, Le Christ hier, aujourd’hui et demain, Desclée, Paris, 2012, p. 41
16
Qui plus est, l’apport principal du Sauveur est avant tout l’insertion de l’homme
d’une passivité, celle qui conduit à la confiance envers l’action d’un autre, qui émonde
et qui enrichit tout à la fois. Avec le Christ, le rapport de l’histoire est radicalement
transformé. Le Christ est le centre de l’histoire comme l’est le Salut pour la vie de
l’homme. L’histoire du salut est coextensive à histoire du monde : « Le Christ garantit
au monde l’idéal qu’il porte en Lui. D’où la nécessité pour tout homme d’être confronté
à sa personne »62.
Le Mystère pascal s’achève par le don de l’Esprit qui permet à tout chrétien de
vivre dans l’amour du Christ de lui devenir conforme dans la mort et d’aller plein
d’espérance au-devant de la résurrection63. En s’engageant personnellement dans
l’histoire des hommes, et non plus en élisant seulement un peuple, Dieu prend un risque
absolu : celui d’être radicalement rejeté. Il définit de la sorte négativement l’ampleur de
la liberté. Mais positivement en se donnant à l’extrême, il rend possible la libération
définitive de l’homme. Cette perfection de la liberté n’est possible que dans le Christ,
l’élu de Dieu qui concentre en sa personne toute l’humanité. De fait, l’engagement
extrême de Dieu pour l’homme ne produit pas une intensification de l’élection de
l’Ancien Testament qui mesure la liberté à l’appartenance à Dieu, mais un saut qualitatif
da liberté. En se mêlant à l’homme-Jésus, Dieu libère définitivement chaque homme
non seulement des puissances politiques, mais aussi des autres, cosmique, spirituelle,
« paralysées mises hors combat dépouillées de leurs puissances »64. Il est vainqueur de
manière nouvelle du dedans et non plus seulement du dehors. Le Christ transforme de
l’intérieur tout ce qui peut être contraire à Dieu afin d’élargir à l’infini la liberté
humaine. Ainsi, seul l’engagement de Dieu dans le Christ prend aussi vraiment au
62
T.M. POULIQUEN, Libres en Christ, Op. Cit. p 283
63
Cf. J. MOINGT, Esprit, Eglise et monde. De la foi critique à la foi qui agit, Gallimard, Paris, 2016,
p.250
64
Cf. T.M. POULIQUEN, op. cit. 290
17
sérieux la finitude, la faute et la mort de l’homme. A tout échec de la vie terrestre, il
confère un sens qui les dépasse.
CONCLUSION
Dieu, parmi toutes les créatures dans lesquelles il infuse sa bonté en les créant,
Dieu aime l’homme d’une manière spéciale, singulière en comparaison des autres
créatures, parce qu’il l’a doté d’intelligence pour lui permettre de connaître sa volonté
afin qu’il l’aime ; et parce qu’il l’a racheté par le sacrifice de son Fils, sur la croix ;
parce qu’il fait le don du sacrifice eucharistique comme aliment spirituel très spécial
anticipant la vision béatifique, etc. Aussi parce que par l’incarnation du Verbe assumant
une chair humaine, la nature de l’homme a été « merveilleusement réformée »66, appelée
à partager la vie même de Dieu. Selon les mots de saint Paul : là où le péché a abondé,
la grâce a surabondé (Cf. Rom 5, 20). Par l’incarnation du Verbe, la source ultime de la
dignité humaine est cet amour de Dieu pour l’homme, non pour lui-même en tant que
semblable à Dieu, mais du fait de l’assomption de cette nature par le Verbe incarné. La
grâce opérant en tout homme, leur étant devenue connaturelle comme fruit de
l’Incarnation, tous les hommes forment déjà une humanité nouvelle, rachetée, appelée à
65
JEAN PAUL II, Lettre encyclique Redemptor hominis , 4 mars 1979, n° 8
66
B. SESBOUE, Jésus Christ, l’unique Médiateur. Essai sur la Rédemption et le salut. 1. Problématique
et relecture doctrinale.2. Les récits du salut, Aubier, Paris, 1998, p. 189
18
la plénitude de la grandeur qui provient de notre association à la dignité du Verbe
incarné67.
L’homme a été créé à l’image de Dieu c’est-à-dire du Christ, nous dit Irénée de
Lyon. Cette création enveloppe donc déjà un projet d’Incarnation. Or, le Christ « est
l’image du Dieu invisible » (Col 1,15) , avait écrit saint Paul. Par l’incarnation, l’image
éternelle de Dieu a rejoint sa créature faite à son image. L’affinité originelle de l’image
et de la créature à l’image, permet une telle union. Sur ce fondement il est devenu
possible qu’ « il n’y ait qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes, un homme,
Jésus Christ, qui s’est donné en rançon pour tous » ( 1Tim 2, 5-6).
67
B. SESBOUE, Histoire des dogmes Tome II, l’homme et son salut, Mame, Paris, 2016, p. 435
19
BIBLIOGRAPHIE
GHERARDINI B., Il Vaticano II. Alle radici d’un equivoco, Lindau, Turino, 2012
MOINGT J., Esprit, Eglise et monde. De la foi critique à la foi qui agit, Gallimard,
Paris, 2016
20
PANNENBERG W., « fondement christologique de l’anthropologie chrétienne » in
Concilium 86, 1973
___________, Histoire des dogmes Tome II, l’homme et son salut, Mame, Paris, 2016
21
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION GENERALE..................................................................................................1
SPES............................................................................................................................................2
CONSTRUCTION DE L’HUMANITE.......................................................................................8
BIBLIOGRAPHIE.....................................................................................................................19
22