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Fiches Doctrine Sociale de l’Eglise (DSE)

Chapitre 1 : L’origine et le développement de la Doctrine Sociale de l’Eglise (DSE)


De tout temps l’Eglise s’est intéressée aux questions sociales des peuples mais la DSE s’est
développée surtout à partir de la fin du XVIII en réponse au mouvement de sécularisation
des sociétés (la Révolution française ayant fait tache d’huile dans le monde) et à la
révolution industrielle du XIX.
Section 1 : L’action des catholiques sociaux
A l’origine se sont majoritairement des laïcs engagés en politique souvent monarchistes et
donc profondément contre-révolutionnaires. Exemples :
➔ Alban de Villeneuve-Bargemont, il publie en 1834 : Economie politique chrétienne
(une petite somme de réflexion en matière de politique sociale). Il connaît bien la
condition ouvrière ayant été préfet du Nord en 1828.
➔ Frédéric Ozanam (Bhx), fondateur de la société de saint Vincent de Paul.
La pensée des pionniers se caractérise par 3 critères :
- Une réflexion théorique
- Un engagement dans une ou des œuvre(s) de charité
- Des actions législatives (ils sont parfois à l’origine des premières lois sociales en
France).
La grande période d’influence des catholiques sociaux arrive à la chute des Bonaparte en
1871 jusqu’en 1891 (pendant la troisième République et avant le Ralliement).
Grandes figures de la période :
- Albert de Mun
- René de la Tour du Pin
Ils ont fondé les cercles catholiques ouvriers, ce sont des monarchistes anti-libéraux que le
Ralliement va diviser. Le Ralliement arrive en 1892, il s’agit d’effectuer un ralliement
pratique aux institutions de la République pour la faire basculer. Echec du Ralliement grande
cause de division parmi les catholiques qui ne peuvent pas tenir face à une gauche unie dans
l’anticléricalisme. Exemple : René de la Tour du Pin ne se rallie pas en revanche Albert de
Mun se rallie.
- « Il ne suffit pas de badigeonner la modernité d’eau bénite pour régler ses
problèmes » (Léo Imbert)
Ainsi nous pouvons constater que le socialisme ou le Marxisme ne furent pas les premières
réponses à la détresse du monde ouvrier mais bien les actions des catholiques sociaux.
Section 2 : Le développement magistériel de la DSE
L’expression « Doctrine Sociale de l’Eglise » apparait tardivement, elle est dû à Pie XI qui
l’emploi dans son encyclique Quadragesimo anno écrite pour le 40ème anniversaire de la
grande encyclique de Léon XIII (Rerum novarum)
Quelques textes :
- Rerum novarum, 15 mai 1891, Léon XIII
- Quas primas, 11 décembre 1931, encyclique sur le règne social de Jésus-Christ écrite
contre la sécularisation de la société et les montées du totalitarisme.
- Quadragesimo anno, 1931, Pie XI, elle se situe dans le même contexte que la
précédente.
- Mit brennender sorge, 14 mars 1937, contre la montée du nazisme.
- Divini redemptoris, 19 mars 1937, contre le communisme athée.
Après la 2GM le regard des papes se tourne vers les tiers monde (Pays en voie de
développement) avec :
- Pacem interis, 1963, Jean XXIII.
- Populorum progressio, 1967, Paul VI.
- Centesimus annus, 1991, encyclique d’hommage de Jean-Paul II à Léon XIII ; le
pontificat de JPII est marqué par la progression de la culture de mort, le combat
contre puis la chute de l’URSS et les changement politique au sein de l’Europe.
- Caritas in veritate, Benoît XVI, il porte dans cette encyclique son attention sur les
problèmes posés par la mondialisation et la crise anthropologique.
- Laudato si, François, il s’inquiète de la « culture du déchet » qui traverse la famille, la
société occidentale (marquée par la société de consommation et donc de gaspillage)
et de la crise écologique.
FIN CHAPITRE 1
Chapitre 2 : La nature de la DSE
Section 1 : la DSE appartient à la théologie morale
Saint Jean-Paul II dans son encyclique Sollicitudo rei socialis du 30 décembre 1987 considère
que la DSE entre « dans le domaine de la théologie et particulièrement de la théologie
morale ».
Il s’agit de la théologie morale appliquée aux questions sociales, une réflexion de l’Eglise sur
la question sociale à la lumière de l’Evangile, selon ce qu’en dit le cardinal Tukson.
Pie XII lors d’un message radio diffusé donne la définition suivante : « Elle (la DSE) enseigne
les principes permettant de créer les conditions sociales capables de rendre à tous possible
et aisée une vie digne de l’homme et du chrétien. »
Section 2 : la DSE vise au salut des âmes
Jean-Paul II dans son encyclique Centesimus annus en donne la définition suivante : « La DSE
s’appuyant sur tout ce que lui apporte les sciences et la philosophie propose d’assister
l’homme à son salut. »
La DSE relève à la fois de la philosophie chrétienne et de la théologie morale, en effet, elle
insiste beaucoup sur des principes de philosophie chrétienne qui sont universellement vrais
et elle oriente l’agir chrétien en vue du B.C selon la fin ultime des âmes.
Ainsi nous trouvons au cœur de la DSE il y a la question du salut de l’homme, question qui
est elle-même au cœur de l’Eglise. Ainsi par la DSE, l’Eglise, reste fidèle à elle-même et à sa
mission.
Section 3 : l’importance de la DSE soulignée par les papes
Pie XI ; Pie XII ; Jean XXIII ; Jean-Paul II ; Benoît XVI… cf. cours pour les extraits.
La DSE s’inscrit dans un saint réalisme chrétien qui prend en compte toute la nature de
l’homme sans ignorer la fin ultime surnaturelle.
Chapitre 3 : Le fondements de la DSE
Section 1 : l’anthropologie chrétienne
Nier qu’une certaine anthropologie est à l’œuvre aujourd’hui dans le monde, c’est nier la
réalité. Il y a forcément une anthropologie qui gouverne la société, il n’y a pas de neutralité.
Aujourd’hui, selon Jean-Pierre Maugendre in l’Homme Nouveau n°1656 « la modernité
politique repose sur l’utopie de l’auto-engendrement. »
CEC n° 2244 : « L’Eglise invite les pouvoirs politiques à référer leurs jugements et leurs
décisions à cette inspiration de la Vérité sur Dieu et su l’homme ».
Selon Anne Despaigne (Comprendre la Doctrine Sociale de l’Eglise) : « Les sociétés qui
ignorent cette inspiration, ou la refuse au nom de leur indépendance par rapport à Dieu,
sont amenées à chercher en elles-mêmes ou à emprunter à une idéologie leurs références et
leur fin […]. »
L’Eglise permet de dresser une juste et saine anthropologie (une anthropologie chrétienne)
se basant la nature créée, la nature blessée (qui est une vérité révélée) et sur les vérités
naturelles accessibles à la raison humaine.
Section II : l’homme est un « animal politique »
Une vérité fondamentale est que l’homme est un être destiné à vivre en société. Cf. Cours de
philosophie politique : le vivre (la famille), le mieux vivre (le village), le bien vivre (la cité).
CEC n°407 : « Ignorer que l’homme a une nature blessée, inclinée au mal, donne lieu à de
graves erreurs dans le domaine de l’éducation, de la politique, de l’action sociale et des
mœurs. »
Ainsi le péché originel exclue l’angélisme en politique.
Chapitre 4 : La clef de voûte de la DSE : la royauté du Christ
Section 1 : Une doctrine toujours actuelle
Faut il renoncer au règne social de Notre-Seigneur ? Non, on est tenté de se décourager de
se dire que nous ne faisons pas le poids face aux autres et d’abandonner l’action politique.
L’action est une tension vers quelque chose, ainsi « la juste connaissance de la fin ultime de
l’action (le rétablissement d’un ordre politique juste) détermine l’opportunité de nos
engagements présents. » (Joel Hautebert, in l’Homme Nouveau n°1655)
De plus Saint Pie X dans sa lettre apostolique du 25 aout 1910 rappelait : « Il ne s’agit que de
l’instaurer et de la restaurer (la cité catholique, la civilisation chrétienne) sans cesse sur ses
fondements naturels et divins contre les attaques toujours renaissantes de l’utopie
malsaine, de la révolte et de l’impiété : Omnia instaurare in Christo. »

Section 2 : Une doctrine au triple fondement


A) Le fils de Dieu est Roi par sa nature divine :
En tant que Dieu, il possède la souveraineté absolue sur toute créature. (Concile du
Latran 649). De plus le Christ est roi sur les individus et sur les sociétés en tant qu’il
nous a racheté.
B) C’est au Christ en tant qu’il est homme qu’est attribué le titre de Christ-Roi :
Comme le dit le prophète Daniel (Dn 7, 13-14) ou lorsque Pilate pose la question à
Jésus celui-ci lui répond : « Tu l’as dit, je suis roi ». Les prophètes, les évangélistes (St
Jean dans son Apocalypse) et le Christ lui-même l’atteste.
➔ Le pouvoir royal du Christ découle de l’union de sa nature humaine avec sa nature
divine à laquelle tout est soumis.
➔ Cette même union fonde le second titre que le Christ a à être notre Roi, à savoir le
droit de reconquête.
Le pape Pie Xi rappelle dans son encyclique sur le Christ-Roi : « Le Christ nous commande
non seulement par droit de nature, mais par un droit acquis, le droit de Rédempteur. »
(Quas Primas)

Section 3 : Une royauté universelle


Puisque par nature et par conquête le Christ possède la royauté sur le monde entier, c’est
sur tous les hommes que s’étend sa royauté. Reconnue ou non reconnue, inscrite dans les
lois ou pas, elle est. Léon XIII dans son encyclique Annum Sacrum le rappelle ; le Christ le dit
(tout pouvoir m’a été donné au Ciel et sur la terre) Mt 28, 18. Le pouvoir du Verbe Incarné
étant illimité il en ressort qu’il exerce son autorité non seulement sur l’homme privé, sur
l’homme en tant qu’il possède une dimension religieuse, privé ou publique, mais encore sur
l’homme en tant qu’il est animal social dans les domaines familial et politique. Ainsi « Sa
royauté exige que l’Etat tut entier se règle sur les commandements de Dieu et les principes
chrétiens aussi bien dans la législation qua dans la façon de rendre la justice et que dans la
formation de la jeunesse à une doctrine saine et à une bonne discipline des mœurs ». Pie XI,
encyclique Quas Primas. Le CEC le rappelle également au numéro 2105.
Cette royauté est de nature telle qu’elle engendre un devoir de culte public de la part des
autorités temporelles (Quas Primas). Léon XIII dénonce, dans Humani Generis, la « témérité
sans exemple » qu’ont les nations modernes à vouloir faire de l’état un étranger à la religion
« pouvant administrer les affaires publiques sans tenir plus compte de Dieu que s’il n’existait
pas. » Même les païens en leur temps ne faisaient pas une telle chose !

Section 4 : La civilisation de l’amour


De plus, le Christ ne veut pas exercer seul cette royauté, mais il appelle les fidèles à
en partager la gloire par l’exercice des responsabilités qu’il leur confie au service de
l’édification d’une civilisation en conformité avec sa loi.
Pour ce faire il faut tout d’abord que chacun accueil la royauté du Christ en lui et ainsi
par un combat spirituel constant (sans mauvais jeux de mots) il se débarrasse du règne du
péché, comme le rappelait Jean-Paul II dans son encyclique : Christifideles Laïci, n°14.
Ce partage de la royauté avec les fidèles ne va pas sans combat, personnel et
extérieur où il faut se battre contre les « structures de péchés » présentes dans les sociétés
ce qui demande un certain engagement politique de la part du fidèle laïc.

Section 5 : De la manière d’établir le règne du Christ


Dans le gouvernement du monde, Jésus désire respecter le grand bien dont il a doté
la nature humaine : la liberté. Ainsi il est notre roi de droit mais aussi de fait (même si tant
d’hommes ne le reconnaissent pas comme tel) Jésus procède donc différemment : « il faut
qu’il règne jusqu’à ce qu’il ait mis tous ses ennemis sous ses pieds » (Co 15, 25).
C’est donc une libre réponse que Dieu attend de l’homme à la suite de son appel à
organiser le monde selon sa loi. L’homme peut faire un mauvais usage de cette liberté, mais
si Dieu intervenait chaque foi que l’homme en use mal cela ne serait pas le traiter comme un
être libre et responsable. De plus l’action de Dieu sur l’homme se place dans le temps et il
sait mieux que personne que pour le rendre meilleur on ne peut faire l’économie du facteur
temps. Faire évoluer positivement les hommes et les sociétés ça prend du temps ! C’est en
prenant en compte cet aspect des choses que Dieu a élaboré un plan de salut vis-à-vis de
l’humanité.
De ce principe la loi humaine doit s’inspirer : « La loi humaine à pour but d’amener
les hommes à la vertu, non point d’un seul coup mais progressivement. C’est pourquoi elle
n’impose pas de suite à la foule des gens imparfaits ce qui est l’apanage des hommes déjà
parfaits, à savoir de s’abstenir de tout mal. » (STA, Ia. IIae. Q96 a2 ad2)
Chapitre 5 : Les grands principes de la Doctrine Social de l’Eglise
Section 1 : Justice sociale et bien commun
➔ La justice sociale :
Il faut l’identifier à la Justice Générale de STA.
Ne pas restreindre cette notion (Justice sociale, générale) aux questions économiques
(même si elles ont une importance non négligeable.) Ainsi dans Divini Redemptoris, Pie XI
affirme que la justice sociale impose tout ce qui est nécessaire au bien commun. Le bien
commun est la fin de la justice sociale.
➔ Le bien commun dans l’enseignement des Papes

- « Le bien commun, but suprême qui donne son origine à la société humaine » (Léon
XIII, encyclique Au milieu des sollicitudes, 16 février 1892)
Pour plus de citations cf. cours.

Section 2 : Le principe de totalité


A) Notion
Ce principe existe chez Aristote et STA s’y réfère souvent.
- « l’être de la partie est pour l’être du tout » ; « une partie en tant que telle appartient au
tout » ; « le bien particulier est ordonné au bien du tout comme à sa fin : comme l’imparfait
est ordonné au parfait. »
STA suit Aristote qui considère que le bien commun de la cité est plus beau et plus divin que
le bien d’un seul. Il s’agit ni plus ni moins de la subordination du bien personnel (ou
particulier) au bien commun (ou supérieur), subordination de la partie au tout.
B) Les précisions du Magistère pour la juste interprétation du principe de totalité
De ce principe il arrive d’en faire une interprétation erronée. (Cf. Aristote et l’éducation des
enfants)
Pie XII précise le rapport de son application au bien commun : « La communauté considérée
comme un tout n’est pas une unité physique (mais morale) qui subsiste en soi, et ses
membres individuels n’en sont pas des parties intégrantes (ils ont leurs dignités propres). (…)
Le tout n’a pas ici d’unité qui subsiste en soi, mais une simple unité de finalité et d’action.
(…) Mais par contre quand le tout possède qu’une unité de finalité et d’action, son chef,
c’est-à-dire dans le cas présent l’autorité publique, détient sans doute une autorité directe
et le droit de poser des exigences à l’activité des parties, mais en aucun cas il ne peut
disposer directement de son être physique. Aussi toute atteinte directe à son essence
constitue un abus de compétence de l’autorité. » (Discours aux médecins en neurologie)
Section 3 : Le principe de subsidiarité
Dénomination récente (XIX) pour une notion ancienne (décrite par Aristote).
Il appartient à la dignité de la personne humaine de contribuer à son propre
déploiement, elle a reçu pour cela des dons de Dieu (intelligence et volonté) qui fondent sa
liberté et sa responsabilité personnelle. On ne peut enlever cela au particulier pour les
transférer à la communauté. Tant que l’individu est capable de s’acquitter de ses
attributions par sa seule initiative et par ses propres moyens alors il est bon de les lui laisser.
Le principe de subsidiarité découle de la reconnaissance de la valeur de l’autonomie
de la personne humaine et prend en compte les limites de cette autonomie ce qui amène à
la nécessité de corps intermédiaires. Il défend la compétence de la personne humaine
comme aussi des corps intermédiaires contre l’oppression totalitaire et les empiètements
des états-providence. L’état n’est pas mal venu (malgré tout) il a une fonction de suppléance
lorsque les niveaux inférieurs s’avèrent insuffisants.
Ainsi le principe de subsidiarité se caractérise par la confiance faite aux particuliers et
aux corps intermédiaires pour œuvrer au bien commun. Ce principe limite l’action de l’état-
providence qui par une attitude de défiance se croit seul acteur du bien commun, mais il
crée en réalité une dépendance à la machine bureaucratique qui met l’homme dans une
position de soumission quasi absolue. « Pour la DSE, la justice sociale n’est pas le découpage
d’un gâteau mais la mise en commun des tourments existentiel » (Delsol). La DSE récuse la
justice sèche de l’état providence (redistribution des biens, évince la charité de personne à
personne) qui ne cherche que l’égalité stricte mais elle réclame au contraire le lien de
personne à personne que le don établit. (D’après Benoît XVI, Caritas in veritate).

La DSE a pu voir une mise en œuvre différente selon les époques mais cette doctrine n’est
pas celle d’une époque, elle est pour toujours.

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