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La prière peut-elle changer les choses ?
Questions cruciales

La prière
peut-elle
changer
les choses ?
R. C. S P R O U L
Édition originale en anglais sous le titre :
Does Prayer Change Things?
© 2009 par R. C. Sproul
Publié par Reformation Trust Publishing, une division de Ligonier Ministries
421 Ligonier Court, Sanford, FL 32771, U.S.A.
Ligonier.org • ReformationTrust.com
Tous droits réservés. Traduit et publié avec permission.

Pour l’édition française :


La prière peut-elle changer les choses ?
© 2021 Publications Chrétiennes, Inc.
Publié par Éditions La Rochelle
230, rue Lupien, Trois-Rivières (Québec)
G8T 6W4 – Canada
Site Web : www.editionslarochelle.org
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés.

Publications Chrétiennes exprime toute sa gratitude à Ligonier Ministries


Canada (www.ligonier.ca) qui, par son soutien, a rendu possible la publication
de ce livre en français.

Traduction : Myriam Graffe


Adaptation de couverture et mise en page : Rachel Major

ISBN (broché) : 978-2-924895-22-1


ISBN (eBook) : 978-2-924895-23-8

Dépôt légal – 2e trimestre 2021


Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque et Archives Canada

« Éditions La Rochelle » est une marque déposée de


Publications Chrétiennes, Inc.

À moins d’indications contraires, les citations bibliques sont tirées de la


Nouvelle Édition de Genève (Segond 1979) de la Société Biblique de Genève.
Avec permission.
Table des matières

1 Le rôle de la prière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

2 Le but de la prière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

3 Le modèle de la prière . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

4 La pratique de la prière . . . . . . . . . . . . . . . . . 47

5 Les obstacles à la prière . . . . . . . . . . . . . . . . . 69

6 La puissance de la prière . . . . . . . . . . . . . . . . 77

5
Chapitre 1

Le rôle de la prière

Q uel est le but de la vie chrétienne ? C’est la piété née de


l’obéissance au Christ. L’obéissance libère les richesses
de l’expérience chrétienne. La prière suscite et nourrit cette
obéissance, plaçant le cœur dans le bon « état d’esprit » pour
qu’il soit enclin à obéir.
Il va de soi que la connaissance a également son importance,
car sans elle, nous ne pouvons pas savoir ce que Dieu exige.
Cependant, la connaissance et la vérité demeurent abstraites si
nous ne communions pas avec Dieu dans la prière. Le Saint-
Esprit nous enseigne la Parole de Dieu, nous inspire et nous
éclaire à travers elle. Il sert de médiateur de la Parole de Dieu
et nous aide à répondre au Père par la prière.
En résumé, la prière a une place vitale dans la vie du chré-
tien. On peut prier sans être chrétien, mais on ne peut être

7
La prière peut-elle changer les choses ?

chrétien sans prier. Romains 8.15 nous dit que l’adoption spi-
rituelle, qui a fait de nous des fils de Dieu, nous pousse à nous
écrier : « Abba ! Père ! » La prière est au chrétien ce que le souffle
est à la vie, et pourtant aucun devoir du chrétien n’est autant
négligé que celui de la prière.
La prière, du moins la prière intime, est difficile à exprimer
si elle est basée sur de mauvaises motivations. Il est possible de
prêcher en étant poussé par de mauvais motifs, comme le font
les faux prophètes. On peut également s’impliquer dans des
activités chrétiennes pour de mauvaises raisons. Cependant, il
est difficile, voire impossible, de communier avec Dieu lorsqu’on
a de mauvaises motivations.
Dieu nous invite à prier, et même nous ordonne de prier.
La prière est à la fois un privilège et un devoir, et tout devoir
peut devenir laborieux. La prière, comme tout autre moyen de
croissance pour le chrétien, exige des efforts. La prière est en
un sens contre nature pour nous. Bien que nous ayons été créés
pour vivre en communion les uns avec les autres, et avec Dieu,
les conséquences de la chute nous poussent à être paresseux et
indifférents à l’égard de la prière, aussi importante soit-elle. La
nouvelle naissance stimule un nouveau désir de communion
avec Dieu, mais le péché résiste à l’Esprit.
Nous pouvons nous consoler en sachant que Dieu connaît
nos cœurs et qu’il entend nos requêtes tacites ainsi que les mots
qui émanent de nos lèvres. Chaque fois que nous ne sommes pas
en mesure d’exprimer les sentiments et les émotions profondes
de nos âmes, ou encore quand nous ne savons pas clairement

8
Le rôle de la prière

ce pour quoi nous devrions prier, le Saint-Esprit intercède pour


nous. Romains 8.26,27 déclare : « De même aussi l’Esprit nous
aide dans notre faiblesse, car nous ne savons pas ce qu’il convient
de demander dans nos prières. Mais l’Esprit intercède par des
soupirs inexprimables ; et celui qui sonde les cœurs connaît la
pensée de l’Esprit, parce que c’est selon Dieu qu’il intercède
en faveur des saints. » Quand nous ne savons pas comment
prier ou que dire dans nos prières dans une situation donnée,
le Saint-Esprit nous vient en aide. D’après ce texte, tout porte à
croire que si nous prions de manière incorrecte, le Saint-Esprit
corrige les erreurs de nos prières avant de les déposer devant le
Père. En effet, le verset 27 nous dit que « c’est selon Dieu qu’il
intercède en faveur des saints ».
La prière est le secret de la sainteté – si tant est que la
sainteté a quoi que ce soit de secret. Si nous examinons la vie
des grands saints de l’Église, nous constatons qu’ils étaient de
grands hommes de prière. John Wesley a un jour fait remarquer
qu’il ne considérait pas beaucoup les pasteurs qui ne passaient
pas au moins quatre heures quotidiennes dans la prière. Luther
disait qu’en temps normal, il priait une heure par jour, sauf si
sa journée était particulièrement chargée. Dans ce cas-là, il
priait deux heures.
La négligence de la prière est une cause majeure de stagna-
tion dans la vie du chrétien. Prenons l’exemple de Pierre dans
Luc 22.39-62. Quand Jésus s’est rendu au mont des Oliviers
pour prier, comme il avait coutume de le faire, il a dit à ses
disciples : « Priez afin que vous ne tombiez pas en tentation. »

9
La prière peut-elle changer les choses ?

Pourtant, les disciples se sont endormis. Par la suite, le premier


réflexe de Pierre a été de tenter d’attaquer l’armée romaine
avec une épée ; plus tard, il a nié connaître le Christ. Pierre n’a
pas prié, et en conséquence, il est tombé dans la tentation. Ce
qui était vrai pour Pierre est également vrai pour nous : nous
devons tomber à genoux dans l’intimité avec Dieu pour ne pas
chuter en public.
Y a-t-il un bon et un mauvais moment pour prier ? Ésaïe 50.4
désigne le matin comme le moment où Dieu donne quotidienne-
ment le désir de prier. D’autres passages cependant évoquent des
temps de prière à tout instant de la journée. Aucun moment de
la journée n’est plus sanctifié qu’un autre. Jésus priait le matin,
pendant la journée, et parfois toute la nuit. Il est évident qu’il
réservait chaque jour un temps à la prière ; cependant, compte
tenu de la relation qu’il entretenait avec le Père, nous savons que
la communion entre eux n’était jamais vraiment interrompue.
Le passage de 1 Thessaloniciens 5.17 nous ordonne de prier
sans cesse. Cela signifie que nous devons continuellement être
en communion avec notre Père.
La prière est donc centrale et cruciale dans la vie du chrétien.
Examinons à présent plus en détail cette discipline chrétienne
incomprise et négligée.

10
Chapitre 2

Le but de la prière

R ien n’échappe à l’attention de Dieu ; rien ne surpasse sa


puissance. Dieu a autorité sur toutes choses. Si je pen-
sais ne serait-ce qu’un instant qu’une seule molécule pouvait se
déchaîner dans l’univers sans que le Dieu Tout-Puissant ait le
contrôle sur elle, je ne pourrais parvenir à dormir la nuit. Ma
confiance en l’avenir repose sur ma confiance en ce Dieu qui
contrôle l’histoire. Mais comment Dieu exerce-t-il et mani-
feste-t-il cette autorité ? Comment met-il en œuvre les choses
qu’il décrète souverainement ?
Augustin d’Hippone a bien affirmé que rien ne se passe dans
notre univers en dehors de la volonté de Dieu et que, dans un
certain sens, Dieu ordonne tout ce qui se produit. En disant
cela, Augustin n’essayait pas de déresponsabiliser les hommes de
leurs actions, mais son enseignement soulève une question : si

11
La prière peut-elle changer les choses ?

Dieu est souverain sur les actions et les intentions des hommes,
alors pourquoi prier ? Une préoccupation secondaire découle
de cette question : « La prière peut-elle vraiment changer quoi
que ce soit ? »
Permettez-moi de répondre à la première question en décla-
rant que le Dieu souverain ordonne dans sa Parole que nous
priions. La prière n’est pas facultative pour le chrétien ; elle
est essentielle.
Nous pourrions demander : « Et si la prière ne changeait
rien ? » La question n’est pas là. Que la prière ait ou non un
impact, si Dieu nous ordonne de prier, alors nous devons prier.
Le fait que le Seigneur Dieu de l’univers, le créateur et le sou-
tien de toutes choses nous ordonne de le faire est une raison
suffisante. Et non seulement il nous ordonne de prier, mais il
nous invite aussi à faire connaître nos requêtes. Il est dit dans
Jacques que nous n’avons pas parce que nous ne demandons
pas (Ja 4.2). Il est dit aussi que la prière d’un homme juste a
une grande efficacité (Ja 5.16). Maintes et maintes fois dans la
Bible, il est affirmé que la prière est un outil efficace. Elle est
utile ; elle a un impact.
Dans Institution de la religion chrétienne, Jean Calvin a fait
quelques observations profondes au sujet de la prière :

Quelqu’un pourrait demander si Dieu n’est pas assez


informé sans qu’on l’avertisse de ce qui nous pèse et
de ce que nous jugerions utile. Il serait donc superflu
de solliciter Dieu par des prières, comme nous avons

12
Le but de la prière

l’habitude de solliciter ceux qui ne pensent pas à notre


affaire et qui s’endorment dessus.
Les personnes qui s’expriment ainsi ne discernent
pas à quelle fin notre Seigneur a appris aux siens à prier.
Il ne l’a pas ordonné à cause de lui, mais à cause de
nous. Il veut bien que ce qui lui revient légitimement
lui soit rendu. Il est également juste que les hommes
reconnaissent que tout ce qui leur est profitable et
qu’ils peuvent désirer vient de Dieu, et qu’ils en
témoignent en priant. Mais ce service qui honore
Dieu n’a d’efficacité que pour nous. Voilà pourquoi
les saints pères ont été d’autant plus vivement incités
à prier Dieu […]
[Il] nous est nécessaire de l’implorer assidûment :
– Premièrement, afin que notre cœur soit
enflammé d’un immense et ardent désir de toujours
le chercher, l’aimer et l’honorer, nous devons nous
habituer à trouver en lui notre refuge, en toutes
circonstances, comme au port unique de salut.
– Ensuite, afin que notre cœur ne soit pas troublé
par un désir dont nous n’osons pas le faire aussitôt le
témoin, comme nous le faisons en lui manifestant
ouvertement toute notre affection et, si l’on peut dire,
en lui ouvrant tout notre cœur.
– Bien plus, afin d’être préparés à recevoir ses
bienfaits avec une vraie reconnaissance et avec action de
grâces, car par la prière nous savons qu’ils nous viennent

13
La prière peut-elle changer les choses ?

de sa main (Jean Calvin, Institution de la religion


chrétienne, Kerygma/Excelsis, 2015, p. 786-787).

La prière, comme tout le reste dans la vie chrétienne, est pour la


gloire de Dieu et pour notre bien, dans cet ordre. Tout ce que Dieu
fait, tout ce que Dieu permet et ordonne, est au sens suprême pour
sa gloire. Il est également vrai que si Dieu cherche suprêmement
sa propre gloire, l’homme en bénéficie quand Dieu est glorifié.
Nous prions pour glorifier Dieu, mais nous prions aussi pour
recevoir de sa main les bénéfices de la prière. La prière est pour
notre bénéfice, même si l’on prend en compte que Dieu connaît la
fin depuis le début. Nous avons le privilège d’apporter l’ensemble
de notre existence finie dans la gloire de sa présence infinie.

Une conversation avec Dieu

Un des grands thèmes de la Réforme était l’idée selon laquelle


notre vie tout entière doit être vécue sous l’autorité de Dieu, à la
gloire de Dieu et dans la présence de Dieu. La prière n’est pas un
monologue, un simple exercice d’autoanalyse thérapeutique ou
encore une récitation religieuse. La prière est une conversation
personnelle avec Dieu lui-même. Là, dans l’acte et la dynamique
de la prière, je place toute ma vie sous son regard. Il est vrai
qu’il sait ce qui remplit mon esprit, mais j’ai tout de même le
privilège de lui exprimer ce qui s’y trouve. Il dit : « Viens. Fais-
moi connaître tes requêtes. » Nous venons donc à lui à la fois
pour le connaître et pour être connus de lui.

14
Le but de la prière

Il y a comme une erreur dans la question : « Pourquoi prier


si Dieu sait déjà tout ? » Cette question suppose que la prière
est unidimensionnelle et simplement définie comme une sup-
plication ou une intercession. Or, la prière est au contraire
multidimensionnelle. La souveraineté de Dieu ne jette aucune
ombre sur la prière d’adoration. La prescience ou le conseil
déterminé de Dieu n’invalident pas la prière de louange. Ils
devraient plutôt nous donner une plus grande raison d’exprimer
notre adoration pour tout ce que Dieu est. S’il sait ce que je vais
dire avant que je le dise, sa connaissance, au lieu de limiter ma
prière, met plutôt en valeur la beauté de ma louange.
Ma femme et moi sommes aussi proches l’un de l’autre que
deux personnes peuvent l’être. Je sais souvent ce qu’elle va dire
avant même que les mots ne sortent de sa bouche. L’inverse est
également vrai. Pour autant, j’aime toujours l’entendre dire ce
qu’elle a en tête. Si cela est vrai pour l’être humain, à combien
plus forte raison pour Dieu ? Nous avons ce privilège incom-
parable de pouvoir partager nos pensées les plus intimes avec
Dieu. Certes, nous pourrions tout aussi bien entrer dans nos
placards de prière, laisser Dieu lire ce qui se trouve dans nos
esprits et appeler cela la prière. Toutefois, ce ne serait pas de la
communion, et certainement pas de la communication.
Nous sommes des créatures qui communiquent principa-
lement par la parole. La prière parlée est clairement une forme
de discours, un moyen pour nous de communier et de commu-
niquer avec Dieu. La souveraineté de Dieu devrait, dans une
certaine mesure, influencer notre attitude envers la prière, tout

15
La prière peut-elle changer les choses ?

du moins en ce qui concerne notre adoration. Ou plutôt, notre


compréhension de la souveraineté de Dieu devrait nous inciter à
une profonde vie de prières de reconnaissance. Du fait de cette
connaissance, nous devrions être en mesure de voir que chaque
bénéfice, chaque don bienfaisant et parfait est une expression de
l’abondance de sa grâce. Plus nous comprendrons la souveraineté
de Dieu, plus nos prières seront remplies de reconnaissance.
En quoi la souveraineté de Dieu pourrait-elle avoir un effet
négatif sur la prière de repentance ou de confession ? Peut-être
devrions-nous conclure que notre péché relève en définitive
de la responsabilité de Dieu et que notre confession est une
accusation de culpabilité envers Dieu lui-même. Cependant,
tout véritable chrétien sait qu’il ne peut blâmer Dieu pour
son péché. Je ne comprends peut-être pas la relation entre
la souveraineté divine et la responsabilité humaine, mais je
me rends bien compte que ce qui découle de la méchanceté
de mon cœur ne peut pas être attribué à la volonté de Dieu.
Nous devons donc prier parce que nous sommes coupables,
en implorant le pardon de celui qui est saint et que nous
avons offensé.

La prière change-t-elle quelque chose ?

Qu’en est-il alors de l’intercession et de la supplication ? C’est


bien plaisant de parler des avantages religieux, spirituels et
psychologiques (et tout ce qui pourrait dériver de la prière),
mais qu’en est-il de la véritable question : la prière fait-elle une

16
Le but de la prière

différence ? Est-ce que le fait de prier change vraiment quelque


chose ? Quelqu’un m’a un jour posé cette question, mais d’une
manière légèrement différente : « Est-ce que la prière change
l’avis de Dieu ? » Ma réponse a soulevé des tempêtes de protes-
tation. J’ai simplement répondu : « Non. » En revanche, si cette
personne m’avait demandé : « Est-ce que la prière peut changer
les choses ? », alors j’aurais répondu « bien sûr ! »
La Bible affirme que certaines choses ont été décrétées par
Dieu de toute éternité. Ces choses se passeront donc inévita-
blement. Si vous vous mettiez à prier individuellement, si nous
joignions nos forces dans la prière, ou même si tous les chrétiens
du monde priaient collectivement, cela ne changerait pas ce
que Dieu, dans son conseil caché, a décidé de faire. Si nous
décidions de prier pour que Jésus ne revienne pas, il reviendrait
quand même. Vous pourriez toutefois faire remarquer : « La
Bible ne dit-elle pas que si deux ou trois personnes s’accordent
sur une chose, elles l’obtiendront ? » Oui, mais ce passage parle
de discipline d’Église, et non de sujets de prière. Nous devons
donc tenir compte de tout l’enseignement biblique sur la prière
et ne pas isoler un seul passage du reste. Nous devons aborder
la question de la prière à la lumière de l’ensemble de l’Écriture,
et ne pas tomber dans une lecture atomistique.
Vous pourriez également demander : « La Bible ne dit-elle
pas dans certains passages que Dieu se repent ? » Oui, l’Ancien
Testament le dit en effet. Le livre de Jonas nous dit que Dieu « se
repentit » du mal qu’il avait résolu de faire à la ville de Ninive
(Jon 3.10b). En utilisant ici le concept de repentance, la Bible

17
La prière peut-elle changer les choses ?

décrit Dieu, qui est Esprit, avec ce que les théologiens appellent
le langage « anthropomorphique ». Il semble évident que la Bible
ne sous-entend pas que Dieu s’est repenti de la même manière
que nous devons nous repentir ; sinon, nous pourrions à juste
titre supposer que Dieu avait péché et qu’il aurait lui aussi eu
besoin d’un sauveur. Ce que la Bible veut dire en réalité, c’est
que Dieu a retiré la menace du jugement qui planait sur ce
peuple. Dans ce passage, le mot hébreu nāḥam, traduit par « se
repentit » dans la version Nouvelle Édition de Genève, signifie
« apaisé » ou « calmé ». Dieu a été apaisé et satisfait de voir que
les Ninivites s’étaient repentis de leurs péchés, c’est pourquoi il
a révoqué la sentence du jugement qu’il avait prononcée.
Quand Dieu place son épée de jugement au-dessus de la
tête de son peuple, mais que celui-ci se repent, laissant à Dieu
la possibilité d’éloigner son jugement, cela veut-il dire qu’il a
réellement changé d’avis ?
Dieu ne change pas d’avis, car Dieu ne change pas. Les choses
changent, et elles changent selon sa volonté souveraine, qu’il
exerce par des moyens et des activités secondaires. La prière de
son peuple est l’un des moyens qu’il utilise pour que ce qu’il a
décidé se produise dans ce monde. Donc, si vous me demandez
si la prière change les choses, je répondrai sans hésiter « Oui ! »
Il est impossible de savoir dans quelle mesure l’histoire
humaine reflète l’intervention immédiate de Dieu et dans quelle
mesure elle reflète l’action divine réalisée à travers des agents
humains. L’exemple préféré de Calvin à ce sujet était le livre
de Job. Les Sabéens et les Chaldéens avaient pris les ânesses et

18
Le but de la prière

les chameaux de Job. Pourquoi ? Parce que Satan avait poussé


leurs cœurs à agir de la sorte. Mais encore une fois, pourquoi ?
Parce que Satan avait reçu la permission de Dieu de tester la
fidélité de Job de toutes les manières qu’il désirait, à la seule
condition de ne pas le faire mourir. Pourquoi Dieu a-t-il accepté
une telle chose ? Pour trois raisons : tout d’abord, pour faire
taire les calomnies de Satan ; ensuite, pour se justifier ; et enfin
pour justifier Job des calomnies de Satan. Toutes ces raisons
justifient parfaitement les actions de Dieu.
En revanche, en poussant ces deux peuples à agir de la sorte,
l’objectif de Satan était d’encourager Job à blasphémer Dieu, un
motif tout à fait vicieux. Nous remarquons cependant que Satan
n’a rien fait de surnaturel pour arriver à ses fins. Il a choisi des
agents humains – les Sabéens et les Chaldéens, qui étaient natu-
rellement mauvais – pour voler les animaux de Job. Les Sabéens
et les Chaldéens étaient connus pour leurs pillages et leur mode
de vie meurtrier. Leur détermination était impliquée dans cette
situation, mais il n’y avait aucune contrainte sur eux ; le plan de
Dieu a été accompli par le biais de leurs actions malfaisantes.
Les Sabéens et les Chaldéens étaient libres de choisir, mais
seulement dans une certaine mesure, et c’est aussi notre cas
aujourd’hui. Nous ne devons cependant pas confondre liberté
humaine et autonomie humaine. Il y aura toujours un conflit
entre la souveraineté divine et l’autonomie humaine. En
revanche, il n’y a jamais de conflit entre la souveraineté divine
et la liberté humaine. La Bible déclare que l’homme est libre,
mais il ne peut pas agir de façon autonome.

19
La prière peut-elle changer les choses ?

Imaginons que les Sabéens et les Chaldéens aient fait la


prière suivante : « Ne nous induis pas en tentation, mais délivre-
nous du malin », je suis absolument certain que les animaux
de Job auraient été dérobés, mais pas nécessairement par les
Sabéens et les Chaldéens. Dieu aurait peut-être répondu à leur
prière, mais il aurait utilisé un autre intermédiaire pour voler
les animaux de Job. La liberté existe dans un cadre délimité,
et dans ces limites, nos prières peuvent changer les choses. Les
Écritures nous disent qu’Élie, par la prière, a empêché la pluie
de tomber. Sa compréhension de la souveraineté divine ne l’a
pas dissuadé de prier.

Les prières du Fils de Dieu

Aucun être humain n’a jamais eu une compréhension plus pro-


fonde de la souveraineté divine que Jésus. Aucun homme n’a
jamais prié avec plus d’intensité ou d’efficacité que lui. Même
à Gethsémané, il a demandé s’il existait une autre option, un
autre moyen. Lorsque sa demande a été rejetée, il s’est incliné
devant la volonté de son Père. La raison même pour laquelle
nous prions est la souveraineté de Dieu, parce que nous croyons
que Dieu a le pouvoir d’ordonner les choses selon son dessein.
C’est cela la souveraineté – ordonner les choses selon le dessein
divin. Alors est-ce que la prière fait changer Dieu d’avis ? Non.
La prière peut-elle changer les choses ? Oui, bien sûr.
La promesse des Écritures est que « la prière agissante du
juste a une grande efficacité » (Ja 5.16b). Le problème est que

20
Le but de la prière

nous ne sommes pas si justes que cela. Ce que la prière change


le plus souvent, c’est la méchanceté et la dureté de nos propres
cœurs. Cela devrait déjà être une raison suffisante pour prier,
même si aucune des autres raisons n’était valide ou vraie.
Dans un sermon intitulé The Most High, a Prayer-Hearing
God (Le Très-Haut, un Dieu qui entend les prières), Jonathan
Edwards a donné deux raisons pour lesquelles Dieu nous
ordonne de prier :

En ce qui concerne Dieu, la prière n’est qu’un constat


logique de notre dépendance envers lui pour sa gloire.
Tout comme il a fait toutes choses pour sa propre gloire,
il sera glorifié et reconnu par ses créatures ; et il est
approprié qu’il exige cela de la part des sujets de sa
miséricorde […] [C’est] une reconnaissance appropriée
de notre dépendance de la puissance et de la miséricorde
de Dieu pour ce dont nous avons besoin, mais aussi un
honneur convenable rendu au grand auteur et à la grande
source de tous bienfaits.
En ce qui nous concerne, Dieu exige de nous la prière
[…] La prière fervente a tendance, en de nombreuses
façons, à préparer nos cœurs. Par la prière, le sentiment
de notre besoin est stimulé… et l’esprit est plus disposé à
le remercier [pour sa miséricorde] […] Notre prière envers
Dieu peut susciter en nous un sentiment approprié, la
prise de conscience de notre dépendance de lui pour
la miséricorde que nous demandons, et un exercice

21
La prière peut-elle changer les choses ?

convenable de la foi en la suffisance de Dieu, afin


que nous soyons prêts à glorifier son nom lorsque la
miséricorde nous est accordée (The Works of Jonathan
Edwards, trad. libre, Carlisle, Penns., Banner of Truth
Trust, 1974, vol. 2, p. 116).

Tout ce que Dieu fait, il le fait d’abord pour sa gloire et


ensuite pour notre bénéfice. Nous prions parce que Dieu nous
ordonne de le faire, parce que nos prières le glorifient et parce
que nous en tirons également un bénéfice.

22
Chapitre 3

Le modèle de la prière

J ésus a accompli beaucoup de miracles. Au cours de son


ministère, il a marché sur l’eau, il a transformé l’eau en
vin, il a guéri des malades et ressuscité des morts. Comme Jean
l’a dit : « Jésus a encore fait beaucoup d’autres choses ; si on les
écrivait en détail, je ne pense pas que le monde même pourrait
contenir les livres qu’on écrirait » (Jn 21.25).
J’ai toujours été étonné que les disciples n’aient pas
demandé à Jésus comment marcher sur l’eau, comment
apaiser une tempête ou encore comment accomplir l’un de
ses multiples miracles. Au lieu de cela, ils lui ont demandé
de leur enseigner à prier. Notez qu’ils n’ont pas demandé
à Jésus de leur apprendre comment prier, mais ils ont sup-
plié : « Enseigne-nous à prier » (Lu 11.1). Je suis certain que
les disciples voyaient clairement le lien indissociable entre

23
La prière peut-elle changer les choses ?

la puissance que Jésus manifestait et les heures qu’il passait


seul à converser avec son Père.
L’enseignement que Jésus donne au sujet de la prière
nous vient du sermon sur la montagne qui est rapporté dans
Matthieu 6 et Luc 11. Jésus introduit ses remarques sur le
modèle de la prière avec ces mots :

Lorsque vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites, qui


aiment à prier debout dans les synagogues et aux coins des
rues pour être vus des hommes. Je vous le dis en vérité, ils
ont leur récompense. Mais quand tu pries, entre dans ta
chambre, ferme ta porte, et prie ton Père qui est là dans le
lieu secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra.
En priant, ne multipliez pas de vaines paroles, comme
les païens, qui s’imaginent qu’à force de paroles ils seront
exaucés. Ne leur ressemblez pas ; car votre Père sait de
quoi vous avez besoin, avant que vous le lui demandiez.
Voici donc comment vous devez prier (Mt 6.5-9).

Notez bien que Jésus a dit « Voici comment vous devez


prier » et non « Faites cette prière » ou « Dites les paroles sui-
vantes ». Il est légitime de se demander si Jésus voulait que nous
répétions cette même prière. Loin de moi l’idée de critiquer la
prière du Seigneur (également connue sous le nom de « Notre
Père ») ; il n’y a certainement rien de mal à utiliser cette prière
dans la vie personnelle du croyant ou dans la vie dévotionnelle
de l’Église. Pour autant, ce n’est pas une prière à réciter que

24
Le modèle de la prière

Jésus nous a donnée, mais plutôt un modèle pour nous montrer


comment prier. Jésus nous a donné un aperçu des priorités ou
des éléments qui devraient être des priorités dans nos vies de
prière. Examinons à présent chacune des sections du Notre Père.

Notre Père

Tels qu’ils sont utilisés dans le Nouveau Testament, les deux pre-
miers mots de la prière sont radicaux. Le peuple de l’ancienne
alliance n’avait pas pour habitude d’employer le mot Père pour
s’adresser à Dieu. Son nom était ineffable ; il ne devait être abordé
avec aucun degré d’intimité. Dans l’Ancien Testament, le terme
Père n’était presque jamais employé pour parler de Dieu ou s’adres-
ser à lui dans la prière. En revanche, dans le Nouveau Testament,
Jésus nous a fait entrer dans une relation intime avec le Père,
brisant la séparation symbolisée par le voile dans le temple. Jésus
nous a donné le privilège incomparable d’appeler Dieu « Père ».
Jésus a été le premier à faire de la prière une discussion
personnelle avec Dieu. Puisqu’il parlait araméen, Jésus uti-
lisait le mot Abba, dont la meilleure traduction est « papa ».
Nous pouvons presque entendre le cri d’alarme des disciples
et imaginer leurs regards d’étonnement sur leurs visages : « Tu
ne le penses pas vraiment, Jésus. Tu n’es pas sérieux ! Nous ne
sommes même pas autorisés à dire à voix haute le nom de Dieu.
Nous ne l’appelons même pas Père, alors encore moins Papa ! »
Ironiquement, nous vivons aujourd’hui dans un monde qui
considère que Dieu est le père de tous, que tous les humains

25
La prière peut-elle changer les choses ?

sont frères et sœurs. Nous entendons cela dans les clichés « la


paternité de Dieu » et « la fraternité de l’homme ». Pourtant,
il n’est dit nulle part dans les Écritures que nous sommes tous
frères et sœurs. Il est dit cependant que nous sommes voisins.
Il est vrai que dans un sens restreint, Dieu est le père de tous
les hommes en tant que donateur et soutient de la vie, le fondateur
par excellence de la race humaine. Toutefois, rien dans la Bible
n’indique que n’importe qui peut approcher Dieu avec familiarité.
La seule exception concerne les personnes qui ont été adoptées
dans la famille de Dieu, après avoir exprimé leur foi en l’expiation
salvatrice du Christ et en s’étant soumises à sa seigneurie. Alors,
et seulement alors, ces personnes ont le privilège d’appeler Dieu
« Père ». À ceux qui l’ont reçu, Dieu « a donné le pouvoir [autorité,
privilège] de devenir enfants de Dieu » (Jn 1.12b). Seuls ceux-là
sont ensuite appelés « fils » par Dieu. Le terme grec exousia, tra-
duit par les mots « pouvoir de devenir, » dénote la liberté d’agir
et l’autorité de cette action. Appeler Dieu « Père » sans le titre
approprié de la filiation est un acte de prétention et d’arrogance.
Nous ne retrouvons pas cette idée de paternité universelle
et de fraternité dans l’introduction du Notre Père. Cette pré-
somption culturelle tacite nous fait passer à côté de ce que Jésus
nous dit réellement. Tout d’abord, personne dans le monde
ne peut tenir la paternité de Dieu pour acquise. Jésus est la
seule personne ayant le droit ultime de s’adresser de la sorte
à Dieu, car il est le « Fils unique [monogenes] venu du Père »
(Jn 1.14b). Il est le seul à avoir eu de toute éternité une relation
filiale unique avec le Père.

26
Le modèle de la prière

S’il existait une paternité et une fraternité universelles quel-


conques, elles apparaîtraient dans le contexte de la discussion de
Jésus avec les pharisiens dans Jean 8. Ces derniers prétendaient
être les enfants d’Abraham, descendants de Dieu par associa-
tion ancestrale. Mais Jésus les a confrontés sur ce point en leur
disant : « Si vous étiez enfants d’Abraham, vous feriez les œuvres
d’Abraham. Mais maintenant vous cherchez à me faire mourir,
moi qui vous ai dit la vérité que j’ai entendue de Dieu. Cela,
Abraham ne l’a point fait […] Vous avez pour père le diable, et
vous voulez accomplir les désirs de votre père » (Jn 8.39b,40,44a).
Il y a une claire distinction entre les enfants de Dieu et
les enfants du diable. Les enfants de Dieu entendent la voix
divine et lui obéissent. Les enfants du diable n’écoutent pas la
voix de Dieu ; ils lui désobéissent en faisant la volonté de leur
père, Satan. Il n’existe que deux familles, et chacun appartient
à l’une ou l’autre. Les deux groupes ont toutefois une chose en
commun. Les membres de chaque famille font la volonté de
leurs pères respectifs, que ce soit Dieu ou Satan.
Si nous parcourons le Nouveau Testament en analysant qui
sont les fils de Dieu, la réponse est claire. Le Nouveau Testament
n’est ni vague ni énigmatique sur ce point. Romains 8.14-17a
nous dit ceci :

Car tous ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu


sont fils de Dieu. Et vous n’avez pas reçu un esprit de
servitude pour être encore dans la crainte ; mais vous
avez reçu un Esprit d’adoption, par lequel nous crions :

27
La prière peut-elle changer les choses ?

Abba ! Père ! L’Esprit lui-même rend témoignage à notre


esprit que nous sommes enfants de Dieu. Or, si nous
sommes enfants, nous sommes aussi héritiers : héritiers
de Dieu, et cohéritiers de Christ.

Au verset 14 de ce passage, le mot « tous » (hosos en grec) est


à ce que nous appelons la forme emphatique pour indiquer une
exclusivité. Le verset serait de fait mieux traduit par « Car tous
ceux qui sont conduits par l’Esprit de Dieu, ceux-là seuls sont
fils de Dieu » ou « eux seulement sont fils de Dieu ». Paul nous
enseigne que ce n’est que par le Saint-Esprit que nous pouvons
appeler Dieu notre Père. D’après le Nouveau Testament, cela
signifie que nous sommes des fils, et non des enfants illégi-
times, parce que nous sommes unis au Christ. Notre filiation
n’est pas automatique ; elle n’est pas héritée et ce n’est pas une
nécessité génétique, elle est plutôt dérivée. Le terme employé
dans le Nouveau Testament pour parler de cette transaction est
l’adoption. En raison de notre relation adoptive avec Dieu par
l’intermédiaire du Christ, nous devenons cohéritiers avec lui.
C’est seulement parce que nous sommes en Christ et que
Christ est en nous que nous avons le privilège d’aborder Dieu en
tant que Père et de l’approcher dans une relation filiale. Martin
Luther a dit un jour que s’il parvenait à comprendre les deux
premiers mots du Notre Père, il ne serait plus jamais le même.
Le mot notre signifie que le droit d’appeler Dieu « Père »
n’est pas un droit individuel. C’est un privilège collectif qui
appartient à tout le corps du Christ. Quand je prie, je ne viens

28
Le modèle de la prière

pas devant Dieu en tant qu’individu isolé, mais comme un


membre d’une famille, d’une communauté de saints.

Aux cieux

Au moment où Jésus prononçait les paroles du Notre Père, un


débat faisait rage sur l’emplacement précis de la présence de
Dieu. Dans la conversation entre Jésus et la femme samaritaine,
il a rapidement souligné que Dieu est Esprit et qu’en tant que
tel, il n’est pas possible de le localiser à un endroit particulier
(Jn 4). Il n’était ni au mont Garizim, comme elle le pensait, ni
à Jérusalem comme le croyaient certains Juifs.
Dieu est évidemment omniprésent et sa présence divine ne
connaît aucune limite, mais le Christ parlait en réalité de la
présence de Dieu au ciel. Pourquoi ? Parce qu’il faisait référence
à la transcendance de Dieu. Puisque Dieu ne fait pas partie de
ce processus terrestre, il ne fait pas partie de la nature. Il ne
peut pas se confiner à un lieu donné. Le Dieu auquel nous nous
adressons se trouve au-dessus des limites finies de ce monde.
La première ligne du Notre Père nous présente une tension
dynamique. Même si nous devons venir au Seigneur dans une
attitude d’intimité, il existe néanmoins un élément de sépara-
tion. Nous pouvons venir à Dieu et l’appeler Père, mais cette
relation filiale ne nous permet pas de nous adresser à lui avec
une quelconque familiarité qui engendrerait le mépris. Certes,
nous devons venir avec hardiesse, mais jamais avec arrogance
ou prétention. « Notre Père » sous-entend une proximité à Dieu,

29
La prière peut-elle changer les choses ?

mais « qui es aux cieux » nous montre son altérité, le fait qu’il est
mis à part. Lorsque nous prions, nous ne devons jamais oublier
qui nous sommes et à qui nous nous adressons.

Que ton nom soit sanctifié

Peu importe à quel point Dieu nous invite à nous approcher


de lui, il y aura toujours un fossé infini entre notre péché et sa
majesté. Il est du ciel ; nous sommes de la terre. Il est parfait ;
nous sommes imparfaits. Il est infini ; nous sommes limités. Il
est saint ; nous sommes impies. Nous ne devons jamais oublier
que Dieu est entièrement différent de nous.
L’« altérité » sacrée de Dieu est un fait que les fils d’Aa-
ron avaient oublié, mais ils ne l’ont oublié qu’une fois. Dans
Lévitique 10.1-3, il est écrit :

Les fils d’Aaron, Nadab et Abihu, prirent chacun un


brasier, y mirent du feu, et posèrent du parfum dessus ;
ils apportèrent devant l’Éternel du feu étranger, ce qu’il
ne leur avait point ordonné. Alors le feu sortit de devant
l’Éternel, et les consuma : ils moururent devant l’Éter-
nel. Moïse dit à Aaron : C’est ce que l’Éternel a déclaré,
lorsqu’il a dit : Je serai sanctifié par ceux qui s’approchent
de moi, et je serai sanctifié en présence de tout le peuple.

Dieu exige d’être traité selon sa sainteté, puisqu’il est saint.


Il est jaloux de son honneur. Il n’implore pas le respect dans ce

30
Le modèle de la prière

passage. Il s’agit plutôt d’une déclaration de fait : « Je serai traité


comme saint. » Nous ne devons jamais commettre la même
erreur fatale que Nadab et Abihu qui s’étaient approchés de
Dieu avec légèreté et désinvolture.
En observant la première requête du Notre Père formulée
par Jésus, nous remarquons que sa demande initiale est que le
nom de Dieu soit sanctifié. Il s’agit ici du terme grec hagiazo,
littéralement traduit par « sanctifié ». La priorité absolue pour
le chrétien est de veiller à ce que le nom du Seigneur reste saint,
car il est saint. Si c’était le seul sujet de prière soumis par la
communauté des chrétiens, et si les croyants le demandaient
régulièrement et sincèrement, je présume que le réveil pour
lequel nous prions et la réforme que nous désirons sincèrement
seraient accomplis en un rien de temps. Tout – notre travail,
notre ministère, ainsi que tous les aspects de nos vies quoti-
diennes – serait touché par cette requête.
Dans l’Ancien Testament, le but énoncé de l’élection des
Israélites, de leurs lois et de leurs cérémonies religieuses et
alimentaires, était de les établir comme nation sainte, une
nation mise à part des cultures ordinaires de l’antiquité.
Était-ce pour leur honneur ? Non, c’était pour l’honneur
de Dieu. L’honneur de Dieu doit devenir l’obsession de la
communauté chrétienne contemporaine. L’honneur ne doit
pas aller à nos organisations, à nos dénominations, à nos
modes d’adoration ou même aux Églises dont nous sommes
membres, mais à Dieu seul.

31
La prière peut-elle changer les choses ?

Examinons les paroles rapportées dans Ézéchiel 36.22 :


« Ainsi parle le Seigneur, l’Éternel : Ce n’est pas à cause de
vous que j’agis de la sorte, maison d’Israël ; c’est à cause de
mon saint nom, que vous avez profané parmi les nations où
vous êtes allés. » Quel revirement. La nation choisie pour
avoir le privilège incomparable de montrer la grandeur de
Dieu a préféré profaner publiquement son nom. Dieu a dû
les réprimander à cause de leur trahison. En fin de compte,
nos noms, nos organisations et nos efforts n’ont aucun sens
si nous n’honorons pas le nom de Dieu.
Aujourd’hui, l’absence de la crainte de Dieu prévaut effroy-
ablement dans notre monde. Martin Luther a fait remarquer
un jour que ceux qui l’entouraient parlaient à Dieu « comme
s’il était l’apprenti d’un cordonnier ». Si c’était le cas à l’époque
de Luther, à combien plus forte raison cela l’est aujourd’hui ?
Pourtant, la priorité absolue que Jésus a établie est que le nom
de Dieu soit sanctifié, honoré et exalté. Le nom de Dieu est
une expression de qui il est. Nous sommes les porteurs de
l’image de Dieu. Là où Dieu n’est pas respecté, il est inévi-
table que ses porteurs d’image subissent également une perte
de respect.

Que ton règne vienne

Un des thèmes centraux des Écritures est le royaume de Dieu.


C’était l’axe principal de l’enseignement et des prédications de
Jésus. Jésus est venu accomplir le message de Jean-Baptiste, qui

32
Le modèle de la prière

était clair, précis et simple : « Repentez-vous, car le royaume


des cieux est proche » (Mt 3.2).
Dans le sermon sur la montagne, le discours d’ouverture de
ses prédications, Jésus se concentre sur le royaume. Ce choix
démontre que le sermon est plus qu’une simple présentation
éthique des principes à suivre pour mener une vie heureuse.
Jésus parle des traits de caractère des gens qui mènent une vie
renouvelée dans le royaume de Dieu.
Le concept du royaume est difficile à comprendre pour les
chrétiens occidentaux. Nous vivons dans un système démo-
cratique, où la simple idée de monarchie nous répugne. Nous
sommes les héritiers des révolutionnaires qui ont proclamé :
« Nous ne voulons plus d’aucun souverain ici ! » Notre mode de
vie est basé sur une résistance à la souveraineté. Les Occidentaux
se sont battus et ont mené des guerres pour être délivrés de la
monarchie. Comment comprendre l’esprit des gens du Nouveau
Testament qui priaient pour que le Fils de David réinstaure la
monarchie et le trône d’Israël ?
Le roi est venu. Le Christ est assis, exalté à la droite de Dieu
et règne en tant que roi. Mais Jésus n’est pas seulement le roi
spirituel de l’Église, où sa seule responsabilité serait d’exercer
l’autorité sur notre piété, comme s’il y avait une séparation entre
l’Église et l’État. Jésus est roi de l’univers. C’est le résultat de son
ascension. Cette réalité cependant n’est pas crue ou reconnue
par le monde. Bien que sa royauté soit un fait établi, elle est
invisible au monde dans lequel nous vivons. Au ciel, sa royauté
ne fait aucun doute. Sur terre, il y a de nombreuses questions à

33
La prière peut-elle changer les choses ?

ce sujet. Jésus nous a dit de prier pour que le royaume de Dieu


devienne visible sur terre, pour que l’invisible soit rendu visible.
La rébellion contre l’autorité de Dieu n’est ni nouvelle ni propre
à notre époque ou à la culture occidentale. Dans le Psaume 2.2,3,
nous lisons : « Pourquoi les rois de la terre se soulèvent-ils et les
princes se liguent-ils avec eux contre l’Éternel et contre son oint ?
Brisons leurs liens, délivrons-nous de leurs chaînes ! »
Quelle est la réaction de Dieu devant ce soulèvement ?
« Celui qui siège dans les cieux rit, le Seigneur se moque d’eux »
(Ps 2.4). Mais Dieu ne s’amuse pas longtemps, car nous lisons
aux versets 5 et 6 : « Puis il leur parle dans sa colère, il les
épouvante dans sa fureur : C’est moi qui ai oint mon roi sur
Sion, ma montagne sainte ! »
Le Seigneur s’adresse à ceux qui se sont rebellés contre lui –
à ceux qui se sont impliqués dans cette déclaration cosmique
d’indépendance – et déclare : « J’ai installé mon roi, j’ai oint mon
Christ, et vous feriez mieux de vous soumettre à lui. » En poursui-
vant notre lecture aux versets 10-12, nous apprenons encore ceci :

Et maintenant, rois, conduisez-vous avez sagesse ! Juges


de la terre, recevez instruction ! Servez l’Éternel avec
crainte […] de peur qu’il ne s’irrite, et que vous ne péris-
siez dans votre voie, car sa colère est prompte à s’enflam-
mer. Heureux tous ceux qui se confient en lui !

Les chrétiens doivent prier pour la manifestation du règne


du Christ et l’émergence de son royaume. Si c’est notre prière,

34
Le modèle de la prière

il est de notre responsabilité de montrer notre allégeance au roi.


Les gens n’auront alors pas besoin de deviner qui nous exaltons.

Que ta volonté soit faite


Il n’est pas question de demander que le conseil déterminé
de Dieu soit concrétisé ou que Dieu mette en place les choses
qu’il a prédéterminées de toute éternité. Cette phrase revient
plutôt à demander la capacité d’obéir à la volonté révélée des
préceptes de Dieu – ce qu’il nous a clairement énoncé à travers
ses commandements. Cette troisième requête est une prière
demandant l’obéissance de la part du peuple de Dieu, pour que
ceux qui lui appartiennent obéissent à ses mandats.

Sur la terre comme au ciel


Les anges dans la cour de Dieu font ce qu’il dit et ce qu’il désire.
Cependant, ce n’est pas le cas de son peuple sur terre. Dieu est
le créateur de l’alliance ; mais nous sommes les briseurs de cette
alliance, et nous nous trouvons souvent sur une trajectoire de
collision avec la volonté du Père.
On peut avoir l’impression que les trois premières requêtes
disent toutes la même chose. L’honneur du nom de Dieu, la
visibilité de son royaume et l’obéissance à sa volonté reflètent
presque le même concept, mais formulé de trois manières
différentes. Ils sont inséparablement liés. Dieu est honoré par
notre obéissance, son royaume est rendu visible par notre
obéissance, et il est tout à fait évident que sa volonté est

35
La prière peut-elle changer les choses ?

accomplie quand nous lui obéissons. Ce sont les priorités


que Jésus a fixées.
Nous ne devrions pas nous précipiter dans la présence de Dieu
avec arrogance, l’agresser avec nos petites demandes, en oubliant
à qui nous nous adressons. Nous devons nous assurer d’avoir
correctement exalté le Dieu de la création. Ce n’est qu’après avoir
honoré, adoré et exalté convenablement Dieu que nos requêtes
subséquentes peuvent prendre la place qui leur revient.

Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien

Dieu pourvoit aux besoins de son peuple. Il est à noter que la


demande ici concerne notre pain quotidien, et non un steak
quotidien ou une côte de bœuf. Dieu pourvoit à ce qui est
nécessaire, mais pas toujours aux mondanités de la vie.
Regardez l’expérience des Israélites après leur délivrance du
pays d’Égypte. Dieu a miraculeusement pourvu aux besoins du
peuple en leur envoyant de la manne. Et que s’est-il passé ? Dans
un premier temps, ils ont arrêté de le remercier pour sa provi-
sion. Ensuite, ils ont cessé de lui demander sa provision. Plus
tard, ils ont commencé à se plaindre de la nourriture qu’il leur
envoyait. Enfin, ils ont commencé à se remémorer les bonnes
choses qu’ils avaient en Égypte. Ils rêvaient des concombres,
des melons, des poireaux et de l’ail qui étaient à leur disposi-
tion en Égypte, oubliant par la même occasion les épreuves et
les tortures qu’ils avaient subies sous la main du Pharaon. Ils
se sont mis à se plaindre d’avoir de la manne à chaque repas.

36
Le modèle de la prière

Les Israélites mangeaient du soufflé de manne, de la tarte à la


manne, des meringues de manne, de la manne bouillie, de la
manne cuite et de la manne grillée. Rapidement, ils ont réclamé
de la viande. Cette histoire est relatée dans Nombres 11.18-20 :

Tu diras au peuple : Sanctifiez-vous pour demain, et vous


mangerez de la viande, puisque vous avez pleuré aux oreilles
de l’Éternel en disant : Qui nous fera manger de la viande ?
car nous étions bien en Égypte. L’Éternel vous donnera de
la viande, et vous en mangerez. Vous en mangerez non pas
un jour, ni deux jours, ni cinq jours, ni dix jours, ni vingt
jours, mais un mois entier, jusqu’à ce qu’elle vous sorte par
les narines et que vous en ayez du dégoût.

Dieu a dit : « Si vous voulez de la viande, je vous donnerai


de la viande, et vous allez en manger jusqu’à en être malades. »
L’une des choses qui trahit notre état déchu est le concept
de l’autosuffisance, alors que nous nous attribuons le mérite de
l’abondance de nos biens et oublions la source de tout ce que
nous possédons. Nous devons nous rappeler qu’en définitive,
tout ce que nous avons nous vient de Dieu.

Pardonne-nous nos offenses, comme nous aussi


nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés

Cette phrase peut s’avérer extrêmement dangereuse à prier, mais


elle contient un principe que le Nouveau Testament prend très

37
La prière peut-elle changer les choses ?

au sérieux. Jésus nous donne l’avertissement suprême que Dieu


nous jugera selon la mesure avec laquelle nous aurons jugé les
autres. Puisque l’homme est sauvé par grâce, quelle meilleure
preuve de salut peut-il y avoir que sa capacité à offrir à autrui la
même grâce que celle qu’il a reçue ? Si une telle grâce n’est pas
visible dans nos vies, nous pouvons légitimement remettre en
question l’authenticité de notre prétendue conversion.
Nous devons prendre Dieu au sérieux sur ce point. Dans
Matthieu 18.23-35, Jésus raconte l’histoire de deux hommes qui
devaient de l’argent. L’un devait l’équivalent d’environ dix mil-
lions de dollars et l’autre, l’équivalent de dix-huit dollars. La dette
de celui qui devait la grosse somme a été effacée par l’homme à
qui il devait cette dette. Mais lui, à son tour, n’a pas pardonné à
l’homme qui lui devait la somme dérisoire de dix-huit dollars.
Fait intéressant, les deux hommes ont demandé la même
chose – non pas une remise totale de leurs dettes, mais seule-
ment plus de temps. Il est plutôt comique de voir l’homme à la
dette exorbitante demander plus de temps, puisque même avec
les normes salariales actuelles, le montant dû représente une
somme astronomique. Le salaire journalier de l’époque était
d’environ dix-huit centimes. L’homme à la petite dette aurait pu
payer sa dette en trois mois. Sa demande de bénéficier de plus
de temps n’était pas déraisonnable, mais son créancier, plutôt
que de lui accorder le même pardon que celui qu’il avait reçu, a
commencé à le harceler. Je veux insister sur ce point. Les offenses
que nous commettons envers les autres et celles que d’autres nous
infligent représentent une dette de dix-huit dollars, tandis que

38
Le modèle de la prière

les innombrables offenses que nous avons commises à l’encontre


du Seigneur équivalent à la dette de dix millions de dollars.
Dans son célèbre sermon The Justice of God in the Damnation
of Sinners (La justice de Dieu dans la damnation des pécheurs),
Jonathan Edwards a déclaré que tout péché est plus ou moins
détestable, selon l’honneur et la majesté de celui que nous offen-
sons. Puisque Dieu est d’un honneur, d’une majesté et d’une
sainteté infinis, le moindre de nos péchés est d’une importance
infinie. De tels péchés apparemment insignifiants ne sont rien
de moins qu’une « trahison cosmique » lorsqu’on les regarde à
la lumière du grand roi contre lequel nous avons péché. Nous
sommes des débiteurs qui ne peuvent rembourser leur dette,
mais nous avons été libérés de la menace de la prison. C’est
une insulte à Dieu de refuser le pardon et la grâce à ceux qui
nous les demandent, tout en affirmant avoir été nous-mêmes
pardonnés et sauvés par grâce.
Il y a un autre point important à prendre en considéra-
tion ici. Même dans notre acte de pardon, nous n’avons aucun
mérite. Nous ne pouvons pas nous recommander à Dieu et
implorer son pardon simplement parce que nous avons par-
donné à quelqu’un. Notre pardon n’oblige en rien Dieu à nous
accorder le sien. Luc 17.10 souligne clairement que même nos
meilleures œuvres n’ont aucun mérite : « Quand vous avez
fait tout ce qui vous a été ordonné, dites : Nous sommes des
serviteurs inutiles, nous avons fait ce que nous devions faire. »
Nous ne méritons rien du fait de notre obéissance, car
l’obéissance – même la plus parfaite – est le minimum exigé

39
La prière peut-elle changer les choses ?

de tout citoyen du royaume de Dieu. Après avoir accompli ce


devoir, la seule chose à laquelle nous pourrions prétendre serait
une absence de châtiment, mais certainement pas à une récom-
pense, étant donné que nous n’aurions fait que ce qui nous était
demandé. L’obéissance n’est jamais considérée comme un service
« au-delà de l’appel du devoir ». Cependant, nous n’avons pas
obéi ; nous avons commis de graves péchés. Par conséquent,
nous sommes simplement en mesure de nous prosterner devant
Dieu et d’implorer son pardon. Mais si nous agissons ainsi,
nous devons être prêts à accorder nous-mêmes notre pardon ;
sinon notre position en Christ devient bancale. L’essence du
message de Jésus réside dans cette phrase : « Les gens pardonnés
pardonnent aux autres. » Nous ne pouvons pas prétendre être
les possesseurs de sa vie et de sa nature, sans démontrer nous-
mêmes cette vie et cette nature.
Pour aller plus loin, si Dieu a pardonné à quelqu’un, avons-
nous le droit d’en faire moins ? Il serait incroyable de se dire
que nous, qui sommes coupables, refuserions de pardonner à
quelqu’un qui a été pardonné par Dieu et totalement innocenté.
Nous devons être des miroirs de grâce pour les autres, reflétant
ce que nous avons nous-mêmes reçu. Cela met en œuvre de
façon concrète la « règle d’or ».
Le pardon n’est pas une affaire privée, mais collective. Le
corps du Christ est un groupe de personnes qui vivent quoti-
diennement dans le contexte du pardon. Ce qui nous distingue,
c’est le fait que nous sommes des pécheurs pardonnés. Jésus
attire l’attention non seulement sur les éléments horizontaux

40
Le modèle de la prière

d’une requête, mais aussi sur les éléments verticaux. Nous


devons prier chaque jour pour le pardon de nos péchés.
Certains demanderont peut-être à ce stade : « Si Dieu nous a
déjà pardonné, pourquoi devrions-nous lui demander pardon ?
N’est-il pas mal de demander quelque chose qu’il nous a déjà
donné ? » La réponse définitive à ce genre de questions est tou-
jours la même. Nous le faisons parce que Dieu nous l’ordonne.
Le verset de 1 Jean 1.9 souligne que le chrétien se différencie
par ses incessantes demandes de pardon. Le temps du verbe
utilisé en grec indique un processus continu. Le désir de pardon
distingue le chrétien de l’incrédule qui rationalise son péché.
Le chrétien, lui, est sensible à son indignité. La confession doit
occuper une partie importante de son temps de prière.
Personnellement, je trouve cela un peu effrayant de
demander à Dieu de nous pardonner dans la mesure où nous
pardonnons aux autres. Cela revient presque à demander
justice à Dieu. J’avais l’habitude d’avertir mes élèves : « Ne
demandez pas justice à Dieu, car vous pourriez l’obtenir. »
Si dans les faits, Dieu me pardonnait avec l’exacte mesure de
ma volonté à pardonner aux autres, je me retrouverais en
sérieuses difficultés.
Le mandat de pardonner aux autres comme nous avons
nous-mêmes été pardonnés s’applique aussi à la question de
l’autopardon. Nous avons la promesse divine que lorsque nous
lui confessons nos péchés, il nous pardonne. Malheureusement,
nous ne croyons pas toujours cette promesse. La confession
exige de l’humilité à deux niveaux. Le premier niveau concerne

41
La prière peut-elle changer les choses ?

le constat sincère de notre culpabilité ; le deuxième, l’humble


acceptation du pardon divin.
Une femme bouleversée par un problème de culpabilité est
venue un jour me voir avec la question suivante : « J’ai demandé
à plusieurs reprises à Dieu de me pardonner ce péché, mais je
me sens toujours coupable. Que puis-je faire ? » La situation
n’impliquait pas la répétition multiple d’un même péché, mais
la confession multiple d’un péché commis une seule fois.
« Vous devez prier à nouveau et demander à Dieu de vous
pardonner », lui ai-je répondu. Elle m’a alors lancé un regard
d’impatience et de frustration. « Mais c’est ce que j’ai fait ! »
s’est-elle exclamée. « J’ai maintes fois demandé à Dieu de me
pardonner. À quoi bon lui demander à nouveau ? »
Dans ma réponse, j’ai employé la force et la fermeté pro-
verbiales d’un responsable confronté à une tête de mule : « Je
ne vous suggère pas de demander à Dieu de vous pardonner à
nouveau ce péché. Je vous invite à lui demander pardon pour
votre arrogance. »
La femme était incrédule. « Arrogance ? Quelle arrogance ? »
Elle supposait que ses supplications répétées pour obtenir le
pardon étaient la preuve positive de son humilité. Son cœur
était si contrit à cause de son péché qu’elle avait le sentiment de
devoir se repentir pour le reste de sa vie. Elle pensait que son
péché était trop grand pour être pardonné à la suite d’une seule
prière de repentance. Que les autres s’en sortent avec la grâce
de Dieu ; elle devait, quant à elle, souffrir à cause de son péché,
sans tenir compte de la grâce offerte par Dieu. Pour cette femme,

42
Le modèle de la prière

l’arrogance faisait obstacle à l’acceptation du pardon. Quand Dieu


nous promet qu’il nous pardonnera, nous insultons son intégrité
en refusant d’accepter son pardon. Se pardonner soi-même après
avoir reçu le pardon de Dieu est autant un devoir qu’un privilège.

Ne nous induis pas en tentation,


mais délivre-nous du malin

À première vue, cette section du Notre Père semble impliquer


deux requêtes différentes, pourtant ce n’est pas le cas. Elle
suit la forme littéraire du parallélisme employé dans l’Ancien
Testament – deux façons différentes de dire la même chose.
Jésus ne suggère pas que Dieu nous tentera à faire le mal si
nous ne lui demandons pas le contraire. Jacques 1.13 dit spé-
cifiquement que Dieu ne tente personne. Dieu peut tester, mais
il ne tente jamais quiconque à faire le mal. C’est pour notre
croissance que nous sommes mis à l’épreuve ; la tentation, quant
à elle, pousse à faire le mal.
Toute tentation ne vient pas de Satan, car Jacques dit aussi
que nous sommes parfois tentés par notre propre convoitise. Le
mal inhérent au cœur de l’homme est capable de nous tenter
sans l’aide de Satan.
La demande pour éviter toute tentation et la requête pour être
délivré du malin sont une seule et même supplique. Certaines
versions de la Bible emploient la formulation « délivre-nous du
mal ». Toutefois, le mal dont Jésus parle n’est pas le mal au sens
général du terme. En grec, le terme « mal » est neutre ; or dans

43
La prière peut-elle changer les choses ?

cette phrase du Notre Père, le mot employé dans l’original est au


masculin. Jésus veut nous dire ici que nous devrions demander
au Père de nous délivrer du Mal, ou du malin, c’est-à-dire des
attaques que Luther appelait les « assauts débridés de Satan »,
l’ennemi qui détruit l’œuvre du Christ dans ce monde.
Jésus nous exhorte à demander au Père de bâtir une pro-
tection tout autour de nous. Cette requête n’est pas destinée
à nous éviter les épreuves du monde, mais à nous protéger de
notre exposition à nu aux attaques de Satan. Dans sa « prière
sacerdotale », Jésus a demandé au Père de ne pas ôter ses disciples
du monde, mais de « les préserver du mal [ poneros] » (Jn 17.15).
Par cette requête, nous demandons la présence rédemptrice
de Dieu. Sans cette présence, nous sommes des proies faciles
pour l’ennemi. Pensez à Pierre, lorsqu’il a terminé de s’extasier
sur l’étendue de son engagement, la profondeur de son amour
et de sa dévotion et l’intensité de sa loyauté. Le regardant et
prédisant son déni à venir, Jésus lui a dit : « Simon, Simon, Satan
vous a réclamés, pour vous cribler comme le froment. Mais j’ai
prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point » (Lu 22.31,32a).
En d’autres termes, Jésus voulait dire à Pierre que sans lui, il
aurait été broyé entre les mains de Satan. Sans l’intercession du
Christ pour Pierre, ce dernier aurait été perdu ; sa foi aurait failli.
Même si Jésus intercède déjà pour nous afin que nous soyons
protégés de l’ennemi, nous devons nous aussi demander à Dieu
de nous protéger de la main de l’ennemi.
Par ces six requêtes, Jésus décrit le modèle et les priorités
sur lesquels notre vie de prière doit être fondée. La clôture

44
Le modèle de la prière

traditionnelle du Notre Père – « Car c’est à toi qu’appartiennent,


dans tous les siècles, le règne, la puissance et la gloire. Amen ! » –
ne se trouve pas dans les meilleurs manuscrits. Selon toute
probabilité, cette phrase n’était pas dans le texte originel, mais
elle représentait une conclusion commune des prières de l’Église
primitive. Il s’agit toutefois d’une fin appropriée et véridique.
Elle nous ramène à la phrase d’ouverture, faisant monter une
doxologie vers celui qui entend nos requêtes.

45
Chapitre 4

La pratique de la prière

J ésus a donné le Notre Père à l’Église après que les disciples


de Jésus lui ont demandé de leur enseigner à prier. Dans
cet exemple magistral, nous pouvons déceler les priorités de la
prière. Nous pouvons aussi discerner un modèle de prière, un
mouvement fluide qui commence par l’adoration et se termine
par des requêtes et des supplications.
L’acrostiche « A-C-T(E)-S » peut s’avérer utile comme
schéma de prière. Chaque lettre de l’acrostiche représente un
élément vital d’une prière efficace :

A – ADORATION
C – CONFESSION
T(E) – TEMPS D’ACTION DE GRÂCES
S – SUPPLICATION

47
La prière peut-elle changer les choses ?

L’ensemble de cet acrostiche montre la dimension dyna-


mique de la prière. Prier signifie agir. Même si elle est expri-
mée dans un esprit de tranquillité et de sérénité, la prière
reflète néanmoins une action. Lorsque nous prions, nous ne
restons pas des observateurs passifs ou des spectateurs neutres
et détachés. Nous dépensons de l’énergie dans l’exercice de
la prière.
La Bible nous dit que « la prière fervente du juste a une
grande efficace » (Ja 5.16 ; LSG, italiques pour souligner). La
ferveur a caractérisé l’agonie de Jésus à Gethsémané, où sa
sueur est tombée au sol sous forme de gouttelettes de sang.
La ferveur imprègne également la description de la lutte qui a
duré toute la nuit entre Jacob et l’ange à Peniel. La prière est
un exercice de passion, et non d’indifférence.
Jésus a raconté la parabole de la veuve persévérante qui
n’avait de cesse de présenter sa cause devant un juge injuste.
Ce dernier, un homme sans scrupule et sans égard pour l’être
humain ou pour Dieu, entendait les supplications de la veuve.
Il n’a pas été pris d’un soudain élan de compassion, mais il
était plutôt agacé d’entendre la veuve le supplier sans relâche.
En fin de compte, considérant la femme comme un véritable
parasite, le juge a fini par agir, lassé de ses plaintes continuelles.
Le but de cette parabole n’est pas de nous montrer que
Dieu est indifférent à nos besoins et que nous devons faire
preuve de ténacité si nous voulons être entendus. Il n’est pas
question ici d’un parallèle entre le juge injuste et Dieu, le juge
parfaitement juste. Il s’agit d’un point de comparaison. Jésus

48
La pratique de la prière

utilise fréquemment le motif « à combien plus forte raison »


dans ses paraboles. Ici, il déclare : « Et Dieu ne fera-t-il pas
justice à ses élus, qui crient à lui jour et nuit ? » (Lu 18.7.) Le
point de comparaison est le suivant : si un juge humain injuste
peut finir par entendre les supplications d’une femme fervente,
à combien plus forte raison notre juge céleste juste entendra-t-il
les nôtres ?
La femme persévérante est comparée aux saints qui pleurent
jour et nuit. Comme le roi David, dont l’oreiller était noyé de
larmes, les saints viennent à Dieu avec une véritable émotion,
et parfois même en larmes.
La ferveur est un élément nécessaire à la prière active. La
frénésie ne l’est pas. La ligne qui sépare les deux est très fine.
Toutes deux impliquent de la passion et sont chargées d’émo-
tion. La ferveur dépasse la frénésie à deux niveaux : le mental
et l’émotionnel. La ferveur devient frénésie quand l’esprit arrête
de penser et que les émotions échappent à tout contrôle. La
prière frénétique encourage l’incohérence et les gestes vains,
et elle n’honore pas Dieu.
La frénésie, contrefaçon de la ferveur, est une tentative
artificielle de stimuler un zèle pieux. Ceux qui manipulent déli-
bérément les émotions des gens reçoivent ici un avertissement.
Il y a quelque chose de saint et de souverain dans la véritable
ferveur spirituelle, quelque chose qui ne peut être fabriqué de
manière artificielle. Il est facile de confondre frénésie et ferveur,
mais la confusion est mortelle.

49
La prière peut-elle changer les choses ?

L’adoration
Comme démontré dans le modèle de prière donné par Jésus, le
moyen le plus approprié de prier est de commencer par l’adora-
tion. Malheureusement, ce sont le plus souvent nos désirs et nos
besoins qui nous poussent à prier, et non l’adoration elle-même.
Nous nous approchons de Dieu quand nous attendons quelque
chose de lui. Nous sommes tellement pressés de lui apporter
nos requêtes et de lui exprimer nos besoins (que Dieu connaît
déjà) que nous omettons complètement l’adoration, ou que nous
survolons superficiellement cette première étape.
Omettre l’adoration revient à retirer le cœur de la prière.
C’est une chose d’être fervent dans la prière, en particulier si
l’on se trouve en difficulté ; c’en est une autre d’être fervent
dans l’adoration. Les prières des grands saints, guerriers de la
prière dans l’histoire de l’Église, étaient toujours marquées par
leur fervente adoration de Dieu.
Que Dieu me garde de remettre en question l’enseignement
du Christ, mais je dois avouer être très légèrement surpris par
la réponse de Jésus à la demande de ses disciples au sujet de la
prière. Quand ils lui demandent : « Enseigne-nous à prier », on
pourrait s’attendre à une réponse différente de celle que Jésus
leur donne par son modèle de prière. J’aurais plutôt imaginé
une réponse de ce genre : « Vous voulez apprendre à prier ?
Lisez les Psaumes. »
Je suis surpris que Jésus ne recommande pas aux disciples de se
tourner vers les Psaumes. C’est en effet dans ces passages que nous

50
La pratique de la prière

trouvons non seulement le fond du cœur de David, mais aussi


un trésor divinement inspiré de modèles d’adoration à suivre.
Nos hésitations et nos faiblesses dans l’expression de notre
adoration peuvent avoir deux causes possibles. La première est
tout simplement le manque de vocabulaire approprié. Nous
avons tendance à éprouver des difficultés à nous exprimer quand
il s’agit d’adoration. Edgar Allan Poe a dit un jour que la prose
est un moyen plus approprié d’enseigner que la poésie. Le but
d’un poème est d’élever l’âme dans les hauteurs. Il n’est donc
pas surprenant que les Psaumes aient été écrits sous forme poé-
tique. Dans les Psaumes, les hauteurs de l’expression verbale
sont atteintes au service de la louange de l’âme envers Dieu.
Dans le mouvement charismatique, beaucoup déclarent que
l’une des principales raisons de leur recherche du don de parler
en langues est le désir ardent de surmonter ou de contourner
l’insuffisance d’un vocabulaire appauvri, au moyen d’un langage
de prière plus singulier. Nombreux sont ceux qui estiment que
leur propre langue est insuffisante pour exprimer leur adoration.
Ce sentiment d’insuffisance lié au fait d’employer les mêmes mots
fatigués et fades produit de la frustration. Charles Wesley partage
un point de vue similaire dans son hymne O for a Thousand
Tongues to Sing (Seigneur, que n’ai-je mille voix). Dans ce chant,
l’auteur se plaint que la restriction à une seule langue est un obs-
tacle déplorable à la louange, qui ne pourrait être surmonté que
par l’addition de neuf cent quatre-vingt-dix-neuf autres langues.
Les Psaumes ont été écrits dans un vocabulaire simple mais
puissant, par lequel les cœurs de plusieurs écrivains ont exprimé

51
La prière peut-elle changer les choses ?

leur révérence envers Dieu sans contourner l’esprit. Les psalmistes


ont ouvert leur bouche pour exprimer des louanges. Celles-ci
leur étaient certes données sous l’inspiration du Saint-Esprit,
mais elles ont été écrites par des hommes dont l’intellect était
imprégné des choses de Dieu.
Un autre grand obstacle à l’expression de notre louange est
l’ignorance. Nous ne souffrons pas tant d’un vocabulaire limité
que d’une compréhension limitée de celui que nous adorons.
Notre adoration souffre également d’un manque de connais-
sance de Dieu.
Prenons par exemple un adolescent fou amoureux qui écrit
des petits mots d’amour à sa petite amie pendant les heures
d’étude. Le jeune homme est peut-être timide et réticent, mais
donnez-lui un stylo et un peu de temps pour réfléchir à l’objet
de sa romance, et il se transformera tout à coup en un nouveau
Shakespeare. Oh, les petits messages d’amour sont peut-être
sentimentaux et moins sophistiqués d’un point de vue littéraire,
mais ils ne manquent pas de mots. Le garçon est amoureux.
C’est son cœur qui guide son stylo.
Mais comment écrire des lettres d’amour à un Dieu inconnu ?
Comment nos lèvres peuvent-elles formuler des mots de louange
à un être suprême nébuleux et anonyme ? Dieu est une personne
avec une histoire personnelle qui n’a pas de fin. Il s’est révélé
lui-même à nous, non seulement à travers le glorieux tableau
de la nature, mais aussi dans les pages des saintes Écritures. Si
nous remplissons nos esprits de sa Parole, nos bégaiements inin-
telligibles se transformeront en modèles accomplis de louange

52
La pratique de la prière

éloquente. En nous immergeant dans les Psaumes, nous aurons


non seulement un meilleur aperçu de la louange, mais nous élar-
girons également notre compréhension de celui que nous louons.
Pourquoi devons-nous l’adorer ? En tant qu’êtres humains,
il est de notre devoir de le faire. Nous avons été appelés à rem-
plir la terre de la gloire de Dieu. Nous avons été créés à son
image pour refléter sa gloire ; notre fonction principale est de
magnifier le Seigneur. Nous devons l’adorer, mais pas le flatter
comme si nous voulions « le mettre en condition » pour rece-
voir nos supplications. Il est à noter que les anges dans le ciel
sont décrits comme se tenant autour du trône de Dieu dans la
louange et l’adoration.
Pourquoi l’adoration est-elle si importante pour nous en
pratique ? Parce que, en tant que chrétiens, toute notre vie –
qui doit être une vie d’obéissance et de service – est stimulée
et enrichie lorsque la sainteté et la dignité de Dieu sont gravées
dans nos esprits. Avant d’être motivé à faire quelque chose de
difficile pour quelqu’un, j’ai besoin d’avoir un certain respect
pour cette personne. Si quelqu’un me demande d’aller dans le
monde et de subir la persécution et l’hostilité de personnes en
colère et adverses, je dois profondément respecter cette per-
sonne. Ce n’est qu’en la respectant qu’accomplir cette tâche
deviendra plus facile.
Lorsque nous commençons nos prières par l’adoration, nous
nous mettons dans les bonnes dispositions pour venir à Dieu
dans la confession, la reconnaissance et la supplication. Dans
Hébreux 4.16, il est dit que nous devons entrer dans le saint

53
La prière peut-elle changer les choses ?

des saints avec assurance, car le voile a été déchiré par la croix.
L’épée que l’ange brandissait à la porte du paradis a été retirée.
Le Christ nous a donné accès au Père. Pourtant, si nous regar-
dons l’histoire de l’Église, nous constatons que les gens avaient
tendance à garder une distance respectueuse, s’imaginant que
Dieu était resté lointain. La prière a fini par devenir si formelle
que l’Église et les chrétiens ont réagi avec la même intensité, mais
dans la direction opposée.
Aujourd’hui, nous avons la « prière conversationnelle ». Nos
monologues à l’attention de Dieu ressemblent à ceci : « Euh,
salut Dieu. Comment ça va ? Ça ne va pas très fort pour moi
aujourd’hui, mais, euh, tu sais, toi et moi, Seigneur, nous allons
y arriver, n’est-ce pas ? » Voilà une approche plutôt désinvolte de
Dieu. Il s’agit d’une réaction excessive au formalisme qui s’avère
si informelle qu’elle engendre du mépris. Conçue pour éliminer
l’artificialité, cette façon de faire a en réalité créé la pire forme d’ar-
tificialité. Difficile d’imaginer qu’un être créé aurait un jour l’au-
dace de parler à Dieu de cette manière en sa présence immédiate.
Dieu nous a invités à venir librement en sa présence, mais
nous devons tous prendre conscience que nous sommes toujours
devant Dieu. Confronté au Seigneur Dieu omnipotent lui-même,
qui oserait lui parler comme à un ami avec qui il assisterait à un
match de baseball ? Nous pouvons venir avec assurance, mais
jamais avec arrogance, prétention ou désinvolture, comme si
nous avions affaire à un copain.
Quand nous commençons notre prière par l’adoration et la
louange, nous montrons que nous réalisons à qui nous parlons. La

54
La pratique de la prière

grammaire n’a pas besoin d’être parfaite, les mots n’ont pas à être
nobles et éloquents, mais ils doivent refléter le respect et l’honneur
dus à Dieu. L’adoration exprimée d’une certaine manière introduit
le schéma approprié par lequel nous pouvons ensuite confesser nos
péchés, rendre grâce à Dieu et lui apporter nos requêtes.
Plusieurs livres récents nous porteraient à croire que tout ce
que nous avons à faire revient à suivre certaines étapes pour que
Dieu nous donne tout ce que nous demandons. Concrètement,
les auteurs de ces ouvrages disent : « Suivez cette procédure ou
utilisez ces mots spécifiques et ayez la conviction que Dieu cédera
à vos demandes. » Là, ce n’est plus de prière qu’il s’agit, mais de
magie. Il n’est plus question de foi, mais de superstition. Ce sont
des stratagèmes destinés à manipuler le Dieu souverain. Celui
qui prie ainsi oublie à qui il s’adresse. Le Dieu souverain ne peut
être manipulé, car il connaît le cœur de tous ceux qui le prient.
La vraie prière suppose une attitude d’humble soumission et
d’adoration à l’égard du Dieu Tout-Puissant.

La confession

Après avoir exprimé notre adoration, nous devons venir à Dieu


avec des cœurs remplis de confession. Nous n’avons aucun droit
de venir devant Dieu, si ce n’est grâce à l’œuvre accomplie par le
Christ. Nous ne pouvons, en nous-mêmes et par nous-mêmes,
rien réclamer à Dieu. Nous n’avons aucun droit intrinsèque à
être dans sa présence. Les Écritures nous disent que Dieu est trop
saint pour ne serait-ce que regarder le péché. Dieu se réjouit des

55
La prière peut-elle changer les choses ?

prières des justes, mais nous ne sommes jamais très justes dans
notre vie quotidienne. Néanmoins, le Dieu que nous servons
nous invite à venir en sa présence malgré notre péché.
Au cours de notre analyse du Notre Père, nous avons exa-
miné certains des éléments importants de la confession. Comme
l’indique ce modèle de prière, la confession doit faire partie inté-
grante de notre conversation avec Dieu. La confession n’est pas
une question frivole à aborder uniquement à des heures et des
dates précises tout au long de l’année. La confession doit être
une activité quotidienne pour le chrétien, dont le pèlerinage est
caractérisé par l’esprit de repentance. La principale raison pour
laquelle la confession doit être quotidienne tient au fait que nous
commettons quotidiennement des péchés contre la loi. Nous fai-
sons des choses que nous ne devrions pas faire et nous négligeons
de faire ce qu’il nous ordonne d’accomplir. Nos dettes vis-à-vis
de Dieu s’accumulent au quotidien. Par conséquent, nos prières
journalières doivent inclure de véritables actes de confession.
Ce n’est pas un hasard si l’Église catholique romaine a élevé
le rite de pénitence au niveau de sacrement. Comme le sacre-
ment de la pénitence était dans l’œil du cyclone de la Réforme
protestante, un contrecoup de négativisme envers la pénitence
s’est installé parmi les protestants. C’était un cas classique de
réaction excessive, de « jeter le bébé avec l’eau du bain ». Les
réformateurs ne cherchaient pas à éliminer la repentance et la
confession, mais à réformer leur pratique par l’Église.
Le sacrement catholique de pénitence contient plusieurs
éléments : la confession verbale, l’absolution sacerdotale et les

56
La pratique de la prière

« œuvres de satisfaction ». Ces œuvres de satisfaction peuvent


être des tâches superficielles comme réciter un certain nombre
de « Je vous salue Marie » et de « Notre Père, » ou elles peuvent
être des actes de pénitence plus rigoureux. Les œuvres de satis-
faction sont conçues pour accroître le « mérite conforme » du
chrétien pénitent, ce qui permet ensuite à Dieu de restaurer la
grâce de la justification.
C’est ce troisième aspect du sacrement de la pénitence qui
a créé tant de controverses au xvie siècle. Aux yeux des réfor-
mateurs, les œuvres de satisfaction jetaient une ombre sur la
suffisance et l’efficacité de l’œuvre de satisfaction accomplie par
le Christ sur la croix pour nous. Le « mérite conforme » dont
parlait Rome obscurcissait la doctrine biblique de la justification
par la foi seule.
Dans la controverse sur la pénitence, les réformateurs pro-
testants n’ont pas rejeté l’importance de la confession, et ils ont
reconnu que confesser ses péchés à un autre être humain est
biblique. Cependant, ils ont contesté l’exigence mise en place
de confesser ses péchés à un prêtre.
Le principe de l’absolution sacerdotale ne représentait pas
un problème majeur. L’Église catholique romaine a toujours
enseigné que les paroles sacerdotales Te absolvo (« Je t’absous »)
trouvent leur force dans la promesse de Jésus à l’Église, lorsqu’il
dit que ce qui sera lié sur la terre sera lié dans les cieux, et que
ce qui sera délié sur la terre sera délié dans les cieux (Mt 16.19),
octroyant aux porte-paroles de l’Église le droit d’accorder le
pardon du Christ aux personnes pénitentes. L’Église catholique

57
La prière peut-elle changer les choses ?

romaine comprend que le pouvoir de pardonner les péchés n’ap-


partient finalement pas au prêtre qui n’est qu’un porte-parole
du Christ. Dans la pratique, l’absolution sacerdotale diffère très
peu de « l’assurance du pardon » proclamée chaque dimanche
par tout pasteur protestant depuis les différentes chaires du pays.
L’apôtre Jean nous dit : « Si nous confessons nos péchés, il
est fidèle et juste pour nous les pardonner, et pour nous purifier
de toute iniquité » (1 Jn 1.9). Nous trouvons ici la promesse de
Dieu de pardonner nos péchés confessés. Ignorer ou négliger
cette promesse revient à s’orienter vers une voie périlleuse. Dieu
nous ordonne de confesser nos péchés et il promet alors de nous
les pardonner. Il est clair que nous devons confesser nos péchés
chaque jour. La signification et les implications de la confession
sont des sujets qu’il nous faut approfondir.
Nous pouvons faire la distinction entre deux types de repen-
tance : l’attrition et la contrition. L’attrition est une repentance
contrefaite, qui ne nous qualifie jamais pour le pardon. Elle est
semblable au repentir d’un enfant qui est pris à désobéir à sa
mère et qui crie : « Maman, maman, je suis désolé, s’il te plaît, ne
me donne pas la fessée. » L’attrition est une repentance motivée
uniquement par la crainte de la punition. Le pécheur confesse
son péché à Dieu, non pas parce qu’il est pris de vrais remords,
mais par désir d’obtenir un billet pour échapper à l’enfer.
La véritable repentance reflète la contrition, un remords pieux
d’avoir offensé Dieu. Ici, le pécheur pleure son péché, non pas
pour la perte de la récompense ou à cause de la menace d’un
jugement, mais parce qu’il a porté préjudice à l’honneur de Dieu.

58
La pratique de la prière

L’Église catholique romaine utilise une prière de confes-


sion appelée « L’acte de contrition » pour exprimer ce genre
de repentance : « Mon Dieu, j’ai un très grand regret de vous
avoir offensé, parce que vous êtes infiniment bon, infiniment
aimable et que le péché vous déplaît. Je prends la ferme réso-
lution, avec le secours de votre sainte grâce, de ne plus vous
offenser et de faire pénitence. »
Cette prière va au-delà de l’attrition, de la simple peur de
la punition, d’une pieuse tristesse d’avoir offensé Dieu. Notez
que le pécheur reconnaît que Dieu est infiniment bon et qu’il
mérite notre amour. Cette reconnaissance réduit au silence
toute tentative d’autojustification.
Cette prière comprend une déclaration ferme de détermina-
tion à ne plus commettre de péchés, une volonté d’abandonner
toute mauvaise tendance et d’éviter d’y revenir. Elle porte éga-
lement la marque d’une humble reconnaissance de dépendance
à la miséricorde et à l’assistance divines.
Il est bien évidemment possible d’exprimer cette prière de
manière superficielle, en se contentant de la réciter comme un
exercice formel sans ressentir de remords sincères. Mais les
paroles de cette prière saisissent néanmoins les éléments d’une
véritable contrition.
La contrition a perdu une grande partie de sa signification
dans notre culture. Il n’est pas difficile de convaincre les gens
qu’ils sont pécheurs, car personne ne se prétendra parfait. La
réponse commune est donc généralement : « Bien sûr que je
suis pécheur. N’est-ce pas le cas de tout le monde ? Personne

59
La prière peut-elle changer les choses ?

n’est parfait. » Rares sont ceux, s’il s’en trouve, qui prétendent
être irréprochables et mener des vies de cohérence éthique en
respectant la « règle d’or » dans toute situation. Nous devons
reconnaître l’intensité du péché, l’extrême impiété de nos
actions. Puisque nous sommes tous pécheurs et comme nous
savons tous que nous partageons une culpabilité commune,
notre confession tend à rester superficielle, rarement sérieuse
ou caractérisée par un sentiment d’urgence morale.
Le Psaume 51, qui révèle la prière d’un pécheur contrit
demandant le pardon, a été composé par le roi David après
avoir commis un adultère avec Bath-Schéba. David ne s’est pas
approché de Dieu avec des excuses. Il n’a pas demandé à Dieu de
tenir compte des circonstances qui l’ont conduit à commettre ce
péché ou invoqué la solitude que revêt la position de roi. David
n’a pas cherché à minimiser la gravité de son péché en présence
de Dieu. Il n’a fait preuve d’aucune rationalisation ou tentative
d’autojustification, qui caractérisent souvent les coupables.
David a dit : « Car je reconnais mes transgressions, et mon
péché est constamment devant moi… en sorte que tu seras juste
dans ta sentence, sans reproche dans ton jugement » (Ps 51.5,6).
Autrement dit, David croyait que Dieu serait totalement juste
s’il ne lui accordait rien d’autre qu’un châtiment absolu. David
a ainsi exposé ce que Dieu a commandé de ne jamais mépriser :
un cœur brisé et contrit.
David a ensuite demandé à retrouver la faveur de Dieu : « Ô
Dieu ! crée en moi un cœur pur, renouvelle en moi un esprit
bien disposé. Ne me rejette pas loin de ta face, ne me retire pas

60
La pratique de la prière

ton Esprit saint. Rends-moi la joie de ton salut, et qu’un esprit


de bonne volonté me soutienne ! » (Ps 51.12-14.) Il avait com-
pris l’élément le plus crucial de la confession : une dépendance
totale de la miséricorde de Dieu. David ne pouvait pas expier
ses péchés. Il ne pouvait rien faire et rien de ce qu’il pouvait
dire n’aurait pu annuler ce qu’il avait fait. Il n’y avait pour lui
aucun moyen de « se faire pardonner auprès de Dieu ». David
avait compris ce que Jésus allait expliquer plus tard – que nous
sommes des débiteurs qui ne peuvent rembourser leur dette.
La confession revient en quelque sorte à une déclaration de
faillite. Dieu exige de nous la perfection. Le moindre péché
tache un dossier parfait. Toutes les « bonnes actions » du monde
ne peuvent effacer notre souillure et nous faire passer de l’im-
perfection à la perfection. Une fois que le péché a été commis,
nous sommes moralement en faillite. Notre seul espoir est de
voir ce péché pardonné et couvert par l’expiation de celui qui
a tout fait parfaitement.
Quand nous péchons, notre seule option est la repentance.
Sans elle, il n’y a pas de pardon. Nous devons venir à Dieu
dans la contrition. David l’a formulé de la manière suivante :
« Mais tu ne prends point plaisir aux holocaustes. Les sacrifices
qui sont agréables à Dieu, c’est un esprit brisé : Ô Dieu ! tu ne
dédaignes pas un cœur brisé et contrit » (Ps 51.18b,19).
Dans ce passage, les pensées profondes de David révèlent sa
compréhension de ce que de nombreux personnages de l’An-
cien Testament n’avaient pas saisi – que l’offrande de sacrifices
dans le temple ne faisait gagner aucun mérite au pécheur. Les

61
La prière peut-elle changer les choses ?

sacrifices anticipaient le sacrifice parfait. L’expiation parfaite


a été offerte par l’agneau parfait et sans tache. Le sang des
taureaux et des boucs ne pouvait pas effacer le péché. Le sang
de Jésus, lui, le fait. Pour bénéficier de l’expiation du Christ,
pour en être recouverts, il nous faut venir devant Dieu brisés
et contrits. Les vrais sacrifices agréés par Dieu sont un esprit
brisé et un cœur contrit.
Il y a un important élément de surprise dans l’expérience
du pardon de David. Il avait supplié Dieu de laver son péché
et de le rendre pur. En un certain sens, le pardon ne devrait
jamais être une surprise. Nous ne devrions jamais être surpris
quand Dieu tient sa parole et pardonne à ceux qui confessent
leurs péchés. Dieu tient ses promesses ; l’homme non. Dieu est
le créateur de l’alliance ; nous en sommes les briseurs.
Toutefois, si nous examinons la question sous un autre angle,
nous devrions être surpris chaque fois que nous expérimentons
le pardon. Nous ne devrions jamais tenir pour acquis la misé-
ricorde et le pardon de Dieu, même si nous vivons dans une
culture qui pense le contraire. Je trouve terrifiant de voir avec
quelle facilité nous tenons la grâce de Dieu pour acquise. Il m’ar-
rive parfois de poser quelques questions aux étudiants, sémina-
ristes, professeurs et pasteurs que je croise : « Dieu est-il obligé
d’aimer ? Est-il tenu de faire preuve de pardon et de grâce ? »
Les réponses sont toujours affirmatives : « Oui, bien sûr, c’est
dans la nature de Dieu de nous aimer. Il est essentiellement un
Dieu d’amour. S’il ne montrait pas son amour, il ne serait pas
Dieu. Si Dieu est Dieu, alors il se doit d’être miséricordieux ! »

62
La pratique de la prière

Il se doit d’être miséricordieux ? Si Dieu est obligé d’être


miséricordieux, alors sa miséricorde n’est plus libre ou volon-
taire. Elle devient obligatoire. Si c’est le cas, alors ce n’est plus de
la miséricorde, mais de la justice. Dieu n’est jamais tenu d’être
miséricordieux. À partir du moment où nous pensons que Dieu
doit être miséricordieux, une lumière rouge devrait clignoter
dans notre cerveau pour nous indiquer que nous ne pensons
plus miséricorde, mais justice. Nous devons faire bien davantage
que chanter « Grâce infinie » – nous devons constamment nous
laisser étonner par sa grâce.

L’action de grâce

Rendre grâce doit faire partie intégrante de la prière. Cela


devrait être indissociablement lié à nos supplications. Les
Écritures nous disent de venir à Dieu et de faire connaître
toutes nos demandes avec des actions de grâces. Rendre grâce
consiste à reconnaître qui est Dieu et quels sont ses bienfaits.
Dans le Psaume 103.2, David dit : « Mon âme, bénis l’Éternel,
et n’oublie aucun de ses bienfaits ! »
L’ingratitude est un problème à ne pas prendre à la légère.
La Bible a beaucoup à dire à ce sujet. L’incapacité à être recon-
naissant est la marque à la fois du païen et de l’apostat.
Dans Romains 1.21, Paul attire notre attention sur deux
principaux péchés du païen. Il dit : « Car ayant connu Dieu,
ils ne l’ont point glorifié comme Dieu, et ne lui ont point rendu
grâces. » L’honneur et l’action de grâce peuvent être distingués,

63
La prière peut-elle changer les choses ?

mais pas séparés. Tout ce que nous avons et tout ce que nous
sommes, nous le devons en fin de compte à la bienveillance
de notre créateur. Manquer de respect à Dieu en retenant nos
remerciements revient à nous exalter nous-mêmes et à l’abaisser.
Le païen doit être distingué de l’apostat. Le païen n’est jamais
entré dans la maison de la foi. Il est étranger à la communauté
de l’alliance. Il est caractérisé par l’idolâtrie et l’ingratitude. Un
apostat, quant à lui, est une personne qui a rejoint l’Église, qui
est devenue membre de l’alliance visible, mais a ensuite répudié
l’Église, la délaissant pour mener une vie d’indulgence laïque.
L’apostat est « celui qui oublie ». Il a la mémoire courte.
La rencontre de Jésus avec les dix lépreux illustre l’importance
de l’action de grâce. D’innombrables sermons ont été prêchés sur
la guérison des dix lépreux en focalisant l’attention sur le thème
de la gratitude. Bien souvent, les sermons à ce sujet enseignent
que Jésus a guéri dix lépreux, mais qu’un seul d’entre eux s’est
montré reconnaissant. L’idée directrice de telles prédications
est tout simplement erronée. Il est inconcevable qu’un lépreux,
qui supporte la misère abjecte à laquelle il est confronté quo-
tidiennement dans le monde, ne soit pas reconnaissant d’avoir
été guéri instantanément de cette terrible maladie. S’il avait été
l’un de ces lépreux, même Adolf Hitler aurait été reconnaissant.
L’objet de cette histoire n’est pas tant celui de la gratitude que
de l’action de grâce. C’est une chose de se sentir reconnaissant ;
c’en est une autre de l’exprimer. Ces lépreux avaient été séparés
de leurs familles et de leurs amis. Une purification instantanée
signifiait pour eux la libération de l’exil. Nous pouvons les

64
La pratique de la prière

imaginer délirant de joie, se précipitant chez eux pour embrasser


leurs femmes et leurs enfants, pour annoncer leur guérison. Qui
ne serait pas reconnaissant ? Mais un seul d’entre eux a retardé
son retour à la maison pour prendre le temps de rendre grâce.
Le récit de Luc 17 nous dit ce qui suit : « L’un d’eux, se voyant
guéri, revint sur ses pas, glorifiant Dieu à haute voix. Il tomba
sur sa face aux pieds de Jésus, et lui rendit grâces. C’était un
Samaritain » (Lu 17.15,16 ; italiques pour souligner).
Toutes nos prières doivent inclure une action de grâce. À
l’instar du lépreux, nous devons nous arrêter, faire demi-tour
et rendre grâce. Nous sommes tellement redevables à Dieu
que nous ne pourrons jamais épuiser nos occasions d’exprimer
notre reconnaissance.
Oublier les bienfaits de Dieu est aussi la marque du chré-
tien immature, celui qui vit par ses sentiments. Il est enclin à
mener une vie spirituelle remplie de montagnes russes, passant
rapidement de hauts extatiques à des bas déprimants. Dans les
moments forts, il ressent une impression exaltante de la présence
de Dieu, mais il plonge dans le désespoir dès qu’il ressent une
profonde absence de tels sentiments. Il vit de bénédiction en
bénédiction, souffrant du syndrome de la mémoire courte. Il
vit toujours dans le présent, savourant le « maintenant », mais
perdant de vue ce que Dieu a fait dans le passé. Son obéissance
et son service fluctuent en fonction de l’intensité de son dernier
souvenir de bénédictions.
Même si Dieu ne nous donnait plus jamais d’autre aperçu
de sa gloire, même s’il ne répondait plus jamais à une autre de

65
La prière peut-elle changer les choses ?

nos requêtes, même s’il ne nous donnait plus jamais un autre


don de l’abondance de sa grâce, nous serions malgré tout obligés
de passer le reste de notre vie à le remercier pour ce qu’il a déjà
accompli dans nos vies. Nous avons déjà été suffisamment bénis
pour être poussés chaque jour à lui rendre grâce. Et pourtant,
Dieu continue de nous bénir.

La supplication

Quelqu’un m’a dit un jour : « Avec tant de gens mourant de faim,


il serait probablement inapproprié de ma part de prier pour avoir
un tapis dans mon salon. » Pourtant, le Dieu qui se soucie des
estomacs vides dans le monde est le même qui se soucie des salons
vides. Ce qui est important pour nous peut aussi l’être pour notre
Père. Si nous ne sommes pas sûrs du bien-fondé de notre demande,
nous devrions le dire à Dieu. Jacques 1.5 déclare : « Si quelqu’un
d’entre vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu, qui
donne à tous simplement et sans reproche, et elle lui sera donnée. »
L’expression grecque traduite par « sans reproche » signifie littéra-
lement « sans vous le renvoyer en pleine figure ». Nous n’avons pas
à avoir peur d’un éventuel reproche de Dieu, si nous recherchons
sincèrement sa volonté dans une situation donnée.
Aucun sujet n’est trop grand ou trop petit pour être amené
devant Dieu dans la prière, tant que ce n’est pas quelque chose que
nous savons contraire à la volonté révélée de Dieu, indiquée claire-
ment dans sa Parole. Il serait évidemment tout à fait inapproprié de
demander à Dieu de faire de nous des voleurs compétents. Nous

66
La pratique de la prière

ne devons pas tenter Dieu comme l’a fait l’homme qui a révélé
lors d’une interview télévisée nationale qu’il avait fait un pacte
avec Dieu. Il a déclaré qu’il avait promis à Dieu que s’il bénissait
ses deux maisons closes, il passerait le reste de sa vie à le servir.
Et si nos prières semblent rester sans réponse ? Parfois, nous
avons l’impression que nos prières ne dépassent même pas la
hauteur du plafond. C’est comme si nos supplications tombaient
dans l’oreille d’un sourd, et que Dieu restait impassible ou indif-
férent à nos plaidoiries passionnées. Pourquoi ces sentiments
nous hantent-ils ?
Notre frustration dans la prière peut avoir plusieurs expli-
cations. Je vais passer en revue les plus importantes :

1. Nous prions de vagues généralités. Lorsque toutes nos


prières n’ont qu’une portée vague ou universelle, il nous est
difficile de vivre l’euphorie qui accompagne toute réponse
claire et évidente à une prière. Si nous demandons à Dieu
de « bénir chaque personne au monde » ou de « pardonner
à chaque habitant de la ville, » il est difficile de « voir »
une réponse concrète à ces prières. Il n’y a rien de mau-
vais à rester large ou vague dans nos prières, mais si elles
demeurent toutes aussi générales, alors aucune n’aura de
résultat spécifique et concret.
2. Nous sommes en guerre contre Dieu. Si nous sommes en
disharmonie avec Dieu ou en rébellion ouverte avec lui,
nous pouvons difficilement nous attendre à ce qu’il tende
une oreille bienveillante vers nos prières. Son oreille est

67
La prière peut-elle changer les choses ?

inclinée vers ceux qui l’aiment et cherchent à lui obéir.


Il détourne son oreille des méchants. Ainsi, une attitude
de révérence envers Dieu est essentielle si nous voulons
que nos prières soient efficaces.
3. Nous nous montrons souvent impatients. Quand je prie
pour avoir de la patience, j’ai tendance à demander à
la recevoir « tout de suite ! ». Il n’est pas inhabituel de
devoir attendre des années, voire des décennies avant
de recevoir une réponse à nos supplications les plus sin-
cères. Dieu se montre rarement pressé. D’autre part,
notre fidélité envers Dieu a tendance à dépendre de sa
« promptitude » et de sa « disposition » à agir. Si Dieu
tarde, notre impatience cède la place à la frustration.
Nous devons apprendre la patience, en demandant à
Dieu sa paix.
4. Nous avons une courte mémoire. Il nous est facile d’ou-
blier les bienfaits et les dons que nous avons reçus de la
main de Dieu. Le saint se remémore les dons de Dieu
et n’a pas besoin d’en recevoir de nouveaux pour que sa
foi reste intacte.

Même si Dieu nous fait grâce sur grâce, nous devrions être
en mesure de nous réjouir de chacun de ses bienfaits, même
s’il ne nous en accorde aucun autre. N’oubliez pas le Seigneur
quand vous vous approchez de lui. Il ne vous donnera pas une
pierre si vous lui demandez du pain.

68
Chapitre 5

Les obstacles à la prière

D ans les Écritures, il n’y a que très peu d’allusions aux


obstacles à la prière. Dans le Psaume 66.18, le psalmiste
David a écrit ces mots divinement inspirés : « Si j’avais conçu
l’iniquité dans mon cœur, le Seigneur ne m’aurait pas exaucé. »
Le verset hébreu pourrait aussi être traduit par : « Si j’avais de
l’iniquité dans mon cœur, le Seigneur ne m’aurait pas entendu. »
Dans les deux cas, David pose une condition sans laquelle
sa prière, en plus d’être inefficace, ne serait pas entendue. Le
terme hébreu traduit par « conçu » est raah, qui signifie sim-
plement « voir ». Autrement dit, si je regarde ma vie, que je vois
le péché et que je le nourris, mes prières ne sont rien de plus
qu’un exercice futile.
Cela signifie-t-il que si le péché est présent dans nos vies,
Dieu refuse d’entendre nos prières ? Non. Si c’était le cas, toute

69
La prière peut-elle changer les choses ?

prière serait vaine. Toutefois, si nos cœurs sont endurcis et rem-


plis d’un esprit d’impénitence, nos prières ne sont pas seulement
vaines, elles sont une moquerie envers Dieu.
Dans le Psaume 66, David se rappelle que dans certains cas,
la prière est un acte présomptueux, arrogant, détestable et odieux
perpétré à l’encontre du Tout-Puissant. Ce Psaume s’ouvre sur
dix-sept versets de joie et de louange à Dieu pour ses actes puis-
sants. Puis, soudain, apparaît au verset dix-huit le sombre rap-
pel de la façon dont toute l’histoire aurait pu être radicalement
différente. Nous sommes sensibilisés à l’importance d’approcher
convenablement Dieu dans la prière. S’il existe une chose plus
grave que de ne pas prier, c’est de prier de manière indigne.
D’autres références bibliques abordent cette attitude. Dans le
Psaume 109.7, il est suggéré que les prières des méchants soient
comptées comme un péché. Jean 9.31 déclare expressément que
le Seigneur n’entend pas les pécheurs. Dans Proverbes 15.29,
il est dit : « L’Éternel s’éloigne des méchants, mais il écoute la
prière des justes. » Et dans Proverbes 28.9, il est écrit que la
prière du désobéissant ou du rebelle est une « abomination »
pour le Seigneur. Elle lui paraît révoltante ou odieuse.
Cependant, Jacques nous dit que les prières des hommes
justes ont une grande efficacité (Ja 5.16). Or, nous ne sommes
pas justes dans notre vie quotidienne. Oui, nous sommes revêtus
de la justice du Christ, et nous sommes donc comptés comme
justes devant Dieu. Mais dans les faits, la manifestation concrète
de ce que nous sommes en Christ est malheureusement inco-
hérente et terriblement inappropriée.

70
Les obstacles à la prière

Les théologiens définissent parfois un concept en relevant à


la fois ce qui est dit, et ce qui n’est pas dit. Le psalmiste n’est pas
en train de dire que s’il avait été coupable de péché, le Seigneur
ne l’aurait pas entendu. Il n’est pas en train de dire que s’il avait
du péché dans son cœur, Dieu ne l’aurait pas entendu.

La confession fait partie intégrante de la prière

David confessait en permanence son péché dans les Psaumes.


Nous savons qu’il n’a pas dit qu’il faut être saint pour prier ;
sinon, personne ne prierait jamais. En réalité, être pécheur est
l’une des conditions préalables à l’entrée dans le royaume de
Dieu. Jésus a dit qu’il n’est pas venu pour appeler à la repentance
les justes, mais les pécheurs. Si nous examinons à nouveau le
modèle du Notre Père, nous ne pouvons manquer de voir que la
confession fait partie intégrante de la prière. Sans la confession
de nos péchés, dit 1 Jean 1.9, il n’y a pas de pardon des péchés.
Mon mentor, le Dr John Gerstner, m’a rapporté un jour
une anecdote survenue lors d’une réunion au cours de laquelle
une femme lui a annoncé qu’elle n’avait pas péché depuis plus
de vingt ans. Mon mentor lui a alors répondu qu’il se sentait
désolé pour elle, parce que cela ne pouvait que signifier qu’elle
n’avait pas prié depuis plus de vingt ans, du moins pas de la
façon attendue par le Seigneur.
Je ne suis pas en train de dire que plus nous péchons, plus
nous nous qualifions pour prier ; ce serait évidemment une
fausse conclusion. Néanmoins, confesser nos péchés, demander

71
La prière peut-elle changer les choses ?

pardon pour nos « dettes » ou nos « offenses » fait partie inté-


grante de la pratique de la prière, telle qu’elle est décrite par
notre Seigneur lui-même. En réalité, plus nous sommes pieux,
plus nous nous efforçons d’être fervents et plus nous aurons
douloureusement conscience de notre péché. Cela ressemble
un peu au fait d’avancer vers une montagne. Plus nous nous
rapprochons d’elle, plus elle nous paraît grande.
Réfléchissez au conte de fées « La Princesse au petit pois ».
La princesse était partie depuis un certain temps et nombre de
personnes avaient essayé de revendiquer son trône. À son retour,
pour prouver sa véritable royauté, un stratagème a été élaboré.
On a empilé plusieurs matelas les uns sur les autres, avec un
petit pois caché tout en bas de la pile de matelas. Aucune des
fausses princesses n’a pu ressentir la présence du petit pois, mais
la véritable princesse n’est pas parvenue à s’endormir à cause
de l’inconfort extrême dû à la présence de ce petit pois. Elle y
était extrêmement sensible.
La leçon est claire pour les chrétiens. Quand nous avons ce
genre de sensibilité au péché, c’est que nous avons une sensibilité
royale. Plus nous sommes proches de Dieu, plus le moindre
péché nous causera une profonde tristesse.
Nous pouvons être certains que le fait d’être coupables de
péchés ne nous enlève pas le privilège d’entrer dans la présence
de Dieu. Le psalmiste ne parle pas du fait de commettre des
péchés, mais de les permettre. Plus tard, les puritains ont parlé
du concept de tolérance au péché. Ce n’est pas tant la victoire
sur le péché qu’il faut considérer que le combat lui-même. Nous

72
Les obstacles à la prière

sommes constamment en guerre contre le péché, et nous n’en


sortons jamais indemnes.
L’une des marques d’un véritable chrétien est qu’il ne cesse
jamais de se battre. Il ne gagne pas toujours les batailles, mais
il gagnera le combat ultime grâce au Christ. Si une personne
abandonne le combat, cela signifie qu’elle a accepté le mal,
qu’elle l’a légitimé. En un mot, cette personne le tolère, et même
le permet.
Dans un message sur la première béatitude « Heureux les
pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux ! », le
grand prédicateur Charles Haddon Spurgeon a déclaré que
« le pécheur orgueilleux veut le Christ, mais aussi ses propres
réjouissances ; le Christ, mais aussi ses propres convoitises ;
le Christ, mais aussi ses égarements. Celui qui est vraiment
pauvre en esprit ne veut que le Christ, il fera n’importe quoi
et donnera n’importe quoi pour l’avoir ! » C’est aussi ce que
suggère le Psaume 66. L’idée même d’une personne qui prie
tout en concevant ou s’accrochant à un péché, montre qu’elle
n’est pas prête à se soumettre à la seigneurie du Christ, et cela
jette une ombre obscure sur la validité de sa filiation.

Ne permettre aucun « obstacle »

La Bible cite d’autres applications pratiques de ce concept. Il


est dit tout d’abord dans 1 Pierre 3.7 : « Maris, montrez à votre
tour de la sagesse dans vos rapports avec votre femme, comme
avec un sexe plus faible ; honorez-la, comme devant aussi hériter

73
La prière peut-elle changer les choses ?

avec vous de la grâce de la vie. Qu’il en soit ainsi, afin que rien
ne vienne faire obstacle à vos prières. » Le terme grec traduit par
« faire obstacle » est ekkoptō qui signifie littéralement « coupé ».
Si les discordes dans la relation conjugale ne sont pas traitées,
les prières sont coupées. Cela fait écho à l’avertissement initial
du Psaume 66.
Un deuxième exemple se trouve dans Matthieu 5.23,24 : « Si
donc tu présentes ton offrande à l’autel, et que là tu te sou-
viennes que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton
offrande devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton
frère ; puis viens présenter ton offrande. » Dans ce passage,
Jésus dit que s’il y a des conflits non résolus dans nos vies, notre
adoration s’en trouvera tachée. Jésus établit les priorités. Nous
devons dans un premier temps prêter attention aux situations
qui nécessitent une attention particulière ; ensuite seulement
nous pouvons offrir notre adoration. Bien que le passage ne
parle pas spécifiquement de la prière, le principe du règlement
des comptes reste constant.
Lorsque nous présentons à Dieu nos requêtes avec un péché
non confessé – donc non purifié – dans nos cœurs, nous sommes
comme un étudiant furieux qui confronte son professeur à
cause d’une note éliminatoire. Le professeur écoute poliment
les frustrations de son étudiant, mais il fait ensuite remarquer
qu’en se basant en toute honnêteté sur son estimation profes-
sionnelle, l’élève a reçu la note qu’il méritait. L’élève réplique
que non seulement lui, mais aussi d’autres étudiants de cette
même classe estiment que c’est injuste.

74
Les obstacles à la prière

On peut donc comprendre que cela éveille la curiosité du


professeur qui demande alors à l’étudiant ce qu’il devrait faire
pour régler ce problème. À cela, l’étudiant répond : « Ils ont
décidé que vous devez être abattu. Mais il y a un petit problème.
Aucun d’eux ne possède d’arme à feu. » Le professeur, poussant
un soupir de soulagement, exprime ses plus profonds regrets
quant à la « détresse » de ses étudiants. « Mais vous possédez
une arme », ajoute le jeune homme. Cet étudiant a alors l’audace
de demander à l’aimable professeur s’il peut lui emprunter son
arme afin que les étudiants puissent lui tirer dessus.
D’une manière tout aussi audacieuse, si nous voyons l’ini-
quité dans nos vies et la portons dans nos cœurs lorsque nous
prions, c’est comme si nous demandions à Dieu la force dont
nous avons besoin pour le maudire. Nous demandons à Dieu
plus de force pour lui désobéir davantage. De même que le
professeur ne prêtera pas son arme à des étudiants qui veulent
le tuer, Dieu n’honorera pas nos requêtes exprimées avec un
cœur pécheur.

75
Chapitre 6

La puissance de
la prière

N ous ne pouvons qu’être émus par la longue liste de marques


de foi rapportée dans Hébreux 11. C’est là que nous trou-
vons « l’appel à la foi » qui répertorie les actes héroïques des
hommes et des femmes de foi dans la Bible. Leurs actes sont en
partie résumés aux versets 33 et 34 : « Qui, par la foi, vainquirent
des royaumes, exercèrent la justice, obtinrent des promesses,
fermèrent la gueule des lions, éteignirent la puissance du feu,
échappèrent au tranchant de l’épée, guérirent de leurs maladies,
furent vaillants à la guerre, mirent en fuite des armées étrangères. »
La Bible ne nous fournit pas de catalogue similaire énu-
mérant les héros de la prière, mais une telle liste pourrait être
facilement compilée. En utilisant le même format que l’auteur

77
La prière peut-elle changer les choses ?

de l’épître aux Hébreux, examinons cette liste partielle des


accomplissements de la prière :

• Par la prière, le cœur d’Ésaü a changé vis-à-vis de Jacob,


de sorte qu’ils ont pu se retrouver de manière amicale et
non hostile (Ge 32).
• Par la prière de Moïse, Dieu a apporté les plaies sur
l’Égypte, et y a ensuite mis un terme (Ex 7 – 11).
• Par la prière, Josué a réussi à arrêter la course du soleil
(Jos 10).
• Par la prière, quand Samson a failli mourir de soif, Dieu a
fait jaillir de l’eau d’un endroit creux pour sa subsistance
(Jg 15).
• Par la prière, la force de Samson a été restaurée. Il a
démoli le temple de Dagon sur les Philistins, de sorte que
ceux qui sont morts avec lui étaient plus nombreux que
tous ceux qu’il avait tués dans sa vie (Jg 16).
• Par la prière, Élie a retenu la pluie pendant trois ans et demi.
Puis par la prière, il a fait pleuvoir à nouveau (1 R 17 – 18).
• Par la prière d’Ézéchias, Dieu a envoyé un ange et a tué
en une nuit 185 000 hommes de l’armée de Sanchérib
(2 R 19).
• Par la prière d’Asa, Dieu a confondu l’armée de Zérach
(2 Ch 14).

Le temps me manquerait si je voulais parler d’Abraham,


qui a longtemps prié pour avoir un fils qui lui est né à l’âge

78
La puissance de la prière

de 100 ans ; et de Moïse, qui a été secouru à la mer Rouge ;


et des Israélites qui ont été délivrés d’Égypte après avoir long-
temps prié ; et de David, qui a échappé à la trahison de Saül
grâce à la prière ; et de Salomon qui a reçu une grande sagesse
après l’avoir demandée à Dieu ; et de Daniel qui était capable
d’interpréter les songes après avoir prié. Des gens ont été
délivrés du danger, ils ont guéri et ont vu des proches recevoir
la guérison, ils ont été témoins d’innombrables miracles à la
suite de prières ferventes.
Lorsque Jacques a écrit que la prière agissante du juste a une
grande efficacité (Ja 5.16), il s’agissait d’un véritable euphémisme.

Les conditions des promesses

La puissance de la prière n’est ni automatique ni magique. Dans


la Bible, les promesses concernant la prière sont rattachées à
certaines conditions. Jésus utilise par moment une forme de
« sténographie », livrant de brefs aphorismes sur la prière pour
encourager son peuple à la pratiquer. Il emploie des phrases
telles que « Demandez, et l’on vous donnera » (Mt 7.7a), « Si
deux d’entre vous s’accordent sur la terre pour demander une
chose quelconque, elle leur sera accordée par mon Père qui est
dans les cieux » (Mt 18.19), et « Tout ce que vous demanderez
avec foi par la prière, vous le recevrez » (Mt 21.22).
Ce genre de courtes phrases a néanmoins suscité d’étranges
théories au sujet de la prière. C’est ce qui arrive quand on isole
ces passages de tout ce que Jésus et la Bible disent au sujet de

79
La prière peut-elle changer les choses ?

la prière. Les distorsions abondent aussi lorsque nous abordons


ces aphorismes de façon simpliste. Examinons tout d’abord ce
qui est dit au sujet de deux personnes rassemblées. Il ne serait
pas difficile de trouver deux chrétiens tous deux désireux de
débarrasser le monde de la guerre ou du cancer. Cependant, ils
auront beau prier pour ces sujets, Dieu ne répondra pas pour
autant favorablement. La Parole de Dieu montre que la guerre
et la maladie seront présentes au retour de Jésus. S’attendre à
leur élimination absolue avant l’heure prévue reviendrait à saisir
prématurément les promesses de Dieu.
Nous devons encore subir les ravages du péché, de la maladie
et de la mort. Nous pouvons implorer Dieu de nous réconforter,
de nous délivrer, de nous guérir – mais nous ne pouvons pas
exiger ces choses de manière absolue.
L’idée selon laquelle Dieu « désire toujours la guérison »
est une distorsion destructive dans le milieu chrétien. Les pro-
blèmes pastoraux qui en découlent sont immenses. J’ai été un
jour abordé par un jeune homme atteint de paralysie cérébrale.
Sa foi chrétienne était vibrante, son attitude agréablement opti-
miste était contagieuse, et sa productivité exceptionnelle. Il était
sorti diplômé de l’université avec des résultats supérieurs à la
moyenne. Mais sa question m’a touché : « Professeur Sproul,
pensez-vous que je puisse être possédé par des démons ? » Des
larmes accompagnaient sa question. La vie de ce jeune homme
avait été projetée dans le chaos.
Abasourdi par sa demande, je lui ai répondu : « Pourquoi
me poses-tu une telle question ? »

80
La puissance de la prière

Le jeune homme a alors commencé à me raconter une série


d’événements déclenchés par une rencontre avec des amis chré-
tiens qui avaient « invoqué » la promesse de la Bible et « convenu »
que le jeune homme devait être guéri de sa paralysie cérébrale. Ils
lui avaient imposé les mains et prié « la prière de la foi », réclamant
sa guérison. Lorsqu’il était devenu évident qu’il n’avait pas été
guéri, ses « amis » avaient commencé à le réprimander pour son
manque de foi. Par la suite, ils avaient affirmé qu’il devait être
coupable d’un péché secret odieux qui entravait la guérison. En
fin de compte, ils avaient conclu qu’il devait être possédé par des
démons, l’abandonnant à son âme torturée. Ses « amis » n’avaient
jamais envisagé la possibilité d’être eux-mêmes dans l’erreur. Ils
avaient donné l’impression d’être des chrétiens zélés et remplis
du Saint-Esprit. Leurs actions ont pourtant révélé, au mieux, leur
immaturité ; au pire de l’arrogance et de la prétention.
La prière n’est pas magique. Dieu n’est pas un majordome
céleste prêt à répondre à nos demandes et à satisfaire tous nos
caprices. Dans certains cas, nos prières doivent impliquer un
effort de l’âme et une agonie de cœur identiques à ce que Jésus
a lui-même expérimenté dans le jardin de Gethsémané. Le
chrétien immature peut parfois souffrir d’une amère déception,
non pas parce que Dieu n’a pas tenu ses promesses, mais parce
que des chrétiens bien intentionnés ont fait des promesses « à
la place de » Dieu, que lui-même n’a jamais autorisées.
Les phrases simples et courtes que Jésus nous donne ont pour
but de nous encourager à prier. Le modèle semble basique. Nous
devons demander et nous recevrons. Cependant, le Nouveau

81
La prière peut-elle changer les choses ?

Testament s’étend sur les conditions, nous donnant une vision


plus complète de ce qu’une prière agissante implique :

1. Jean 9.31 : « Nous savons que Dieu n’exauce point les


pécheurs ; mais, si quelqu’un l’honore et fait sa volonté,
il l’exauce. »
2. Jean 14.13 : « Et tout ce que vous demanderez en mon
nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. »
3. Jean 15.7 : « Si vous demeurez en moi, et que mes paroles
demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, et
cela vous sera accordé. »
4. 1 Jean 3.22 : « Quoi que ce soit que nous demandions,
nous le recevons de lui, parce que nous gardons ses com-
mandements et que nous faisons ce qui lui est agréable. »
5. 1 Jean 5.14 : « Nous avons auprès de lui cette assurance
que si nous demandons quelque chose selon sa volonté,
il nous écoute. »

Comme ces passages le révèlent, pour recevoir ce que nous


désirons de la part de Dieu, il ne suffit pas de demander. La
confiance en Dieu n’est pas suffisante. Nous devons révérer
Dieu convenablement, obéir à sa volonté et être en commu-
nion permanente avec le Christ. Nos demandes doivent être
effectuées conformément à la volonté révélée de Dieu, à sa
nature et à son caractère.
La Bible nous invite à prier « au nom de Jésus ». L’invo-
cation du nom de Jésus n’est pas une incantation magique ; sa

82
La puissance de la prière

signification est plus profonde. Dans la culture dans laquelle


la Bible a été écrite, le nom d’une personne renseignait ses
attributs et son caractère. Demander quelque chose au nom
de Jésus, ce n’est pas ajouter une phrase à la fin d’une prière.
Cela signifie plutôt que nous croyons que notre demande est
adressée à notre souverain sacrificateur, notre intercesseur.
Nous avons vu que nous devons remplir certaines condi-
tions préalables lorsque nous prions. Si nous demandons
quelque chose, nous devons faire confiance à Dieu, en sachant
que notre demande est conforme à la volonté du Père, mais
aussi à la nature et au dessein du Christ. Nous devons avoir
une juste révérence envers Dieu ainsi que l’assurance d’être
en adéquation avec ce qu’il nous a révélé. Nous devons main-
tenir une communion permanente (quoiqu’imparfaite) avec
le Christ. Une fois toutes ces conditions préalables remplies,
nous pouvons avoir l’assurance que nos prières seront exaucées.
L’élément crucial à noter est que si nous avons ces prérequis,
nous ne demanderons rien en dehors de la volonté de Dieu.
Une autre raison pour laquelle nos prières ne sont pas tou-
jours exaucées comme nous le désirons nous est donnée dans
Jacques 4.3. Il nous est dit dans ce passage que nous n’avons
pas ce que nous demandons parce que nous les désirons pour
de mauvaises raisons, demandant dans la prière des choses qui
nous permettraient d’avancer sur la voie de plaisirs malsains.
Dieu ne nous donnera pas des choses que nous utiliserions à
mauvais escient. Il ne répondra pas non plus aux demandes
faites dans l’ignorance, car cela s’avérerait désastreux. Moïse

83
La prière peut-elle changer les choses ?

en est un bon exemple. Dans Exode 33.18, il demande : « Fais-


moi voir ta gloire ! » Moïse a parlé avec Dieu. Il l’a vu faire de
nombreux miracles : le buisson ardent, les plaies, la séparation
des eaux de la mer Rouge. Et pourtant dans ce verset, Moïse
veut en voir davantage : « Seigneur, ces choses étaient grandes,
c’est vrai, mais maintenant laisse-moi tout avoir. Laisse-moi
voir ton visage ! »
Aux versets 19 et 20, Dieu dit : « Je ferai passer devant
toi toute ma bonté, et je proclamerai devant toi le nom de
l’Éternel ; je fais grâce à qui je fais grâce, et miséricorde à qui
je fais miséricorde. [...] Tu ne pourras pas voir ma face, car
l’homme ne peut me voir et vivre. »
Dieu a fait à Moïse une immense faveur en refusant d’ho-
norer sa demande. Si Dieu avait exaucé le souhait de Moïse,
cela lui aurait coûté la vie. Aucun homme ne peut voir Dieu
et vivre. Moïse ne pouvait que se réjouir de la réponse néga-
tive de Dieu.
Une autre raison pour laquelle nous ne recevons pas les
réponses souhaitées à nos prières peut s’expliquer par le fait que
nous prions pour des choses que nous avons déjà en Christ.
Dans Jean 4, Jésus parle avec la femme samaritaine près du
puits. Il lui dit que si elle avait réalisé à qui elle parlait, elle
aurait su ce qu’il fallait lui demander. Il en va de même pour
nous. Si nous réalisions véritablement qui est Dieu et tout ce
qu’il nous a donné en Christ, nos vies de prières seraient bien
différentes de ce qu’elles sont.

84
La puissance de la prière

La puissance de l’intercesseur
La prière est la fonction sacerdotale qui consiste à apporter
une supplication à Dieu. À l’époque de l’Ancien Testament,
deux grandes classes de médiateurs opéraient entre Dieu et son
peuple : les prophètes et les sacrificateurs. En termes simples,
le prophète recevait de Dieu l’ordre de transmettre sa parole
divine au peuple. Il parlait donc au peuple de la part de Dieu.
Inversement, le sacrificateur recevait l’ordre de Dieu d’être un
porte-parole du peuple. Il parlait à Dieu de la part du peuple.
Dans le Nouveau Testament, le Christ exerce les fonctions
non seulement de prophète et de sacrificateur, mais aussi de
roi. Dans son rôle sacerdotal, il a fait le sacrifice parfait, offrant
l’expiation parfaite et définitive. Pourtant, la croix n’a pas mis
un terme à sa fonction sacerdotale. Lors de son ascension, il
est entré dans le saint des saints céleste, où il continue d’agir
en tant que grand souverain sacrificateur. Là, il prie pour son
peuple, intercédant auprès du Père pour nous. La puissance
des prières du Christ est incommensurable. Elle peut être
illustrée non seulement par les miracles qu’il a accomplis sur
terre, mais aussi par ses prières d’intercession pendant son
ministère terrestre.
Prenons les cas de Judas Iscariot et de Simon Pierre. Tous
deux étaient des disciples qui ont commis des actes odieux de
trahison à l’encontre de Jésus à son heure la plus sombre. Judas
a fini par se suicider alors que Pierre a été restauré et est devenu
le « roc » de l’Église primitive à Jérusalem. Pourquoi ?

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La prière peut-elle changer les choses ?

Dans l’anticipation que Jésus a faite de leurs trahisons res-


pectives à venir, nous pouvons voir une différence majeure entre
ces deux hommes. Au sujet de Judas, Jésus a dit : « En vérité,
en vérité, je vous le dis, l’un de vous me livrera » (Jn 13.21).
Quand les disciples lui ont demandé d’identifier le traître, il a
répondu : « C’est celui à qui je donnerai le morceau trempé »
(Jn 13.26). Puis Jésus a plongé le morceau et l’a donné à Judas
en disant : « Ce que tu fais, fais-le promptement » (Jn 13.27).
Plus tard ce même soir, alors que Jésus prononçait sa célèbre
prière d’intercession, il a dit : « Lorsque j’étais avec eux dans
le monde, je les gardais en ton nom. J’ai gardé ceux que tu
m’as donnés, et aucun d’eux ne s’est perdu, sinon le fils de la
perdition, afin que l’Écriture soit accomplie » (Jn 17.12). Jésus
a prié au sujet de Judas, mais pas pour Judas et il l’a appelé le
« fils de la perdition ».
Dans le cas du déni de Pierre, Jésus lui a annoncé : « Simon,
Simon, Satan vous a réclamés, pour vous cribler comme le fro-
ment. Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille point ;
et toi, quand tu seras revenu, affermis tes frères » (Lu 22.31,32).
Notez que Jésus n’a pas dit « si tu reviens, affermis tes frères »,
mais bien « quand tu seras revenu ». Jésus était confiant quant à
la restauration de Pierre. Nous ne pouvons que conclure que la
confiance de Jésus était en grande partie fondée sur les paroles
qu’il avait prononcées : « Mais j’ai prié pour toi. »
Jésus a prié au sujet de Judas. Mais il a prié pour Pierre. Il a
intercédé pour Pierre. En ce moment même, le Christ agit en
tant que grand souverain sacrificateur, intercédant pour nous.

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La puissance de la prière

C’est l’heureuse conclusion de l’auteur dans Hébreux


4.14-16 :

Ainsi, puisque nous avons un grand souverain sacri-


ficateur qui a traversé les cieux, Jésus, le Fils de Dieu,
demeurons fermes dans la foi que nous professons. Car
nous n’avons pas un souverain sacrificateur qui ne puisse
compatir à nos faiblesses : au contraire, il a été tenté
comme nous en toutes choses, sans commettre de péché.
Approchons-nous donc avec assurance du trône de la
grâce, afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce,
pour être secourus dans nos besoins.

Approprions-nous ces paroles pour qu’elles deviennent une


source de vie au plus profond de nos âmes.

Puiser dans la puissance de la prière

La prière exige une certaine structure, certes, mais pas au


détriment de la spontanéité. J’ai essayé de donner quelques
directives pour éviter les pièges nuisibles au cours de notre
pèlerinage. Aucun chef d’orchestre n’invite ses musiciens à
jouer ce qu’ils ont à cœur en s’attendant ensuite à entendre un
chef-d’œuvre. Il est nécessaire de suivre un certain ordre, et
la procédure doit être quelque peu réglementée. Cependant,
l’expression individuelle reste possible dans un cadre respec-
tueux et ordonné.

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La prière peut-elle changer les choses ?

Pourquoi prions-nous ?

• Nous prions parce que Dieu nous a ordonné de le faire


et parce qu’il est glorifié par nos prières.
• Nous prions parce que cela prépare nos cœurs à recevoir
ce qu’il veut nous donner.
• Nous prions parce que la prière peut accomplir de
grandes choses.
• Nous prions pour adorer Dieu, pour le louer, pour expri-
mer notre émerveillement devant sa majesté, sa souve-
raineté et la puissance de ses actions.
• Nous prions pour confesser à Dieu nos péchés, aussi
nombreux soient-ils, et pour expérimenter la grâce, la
miséricorde et le pardon de sa main.
• Nous prions pour le remercier pour tout ce qu’il est et
pour tout ce qu’il a fait.
• Nous prions pour lui faire connaître nos supplications,
pour répondre à l’invitation qu’il nous a donnée.

Lorsque nous prions, nous devons nous remémorer qui est


Dieu et qui nous sommes devant lui. Nous devons nous rappe-
ler d’abord et avant toute chose que le nom de Dieu doit rester
saint. Nous devons nous rappeler qu’il est la source de notre
provision et que toutes les bonnes choses viennent de lui. Nous
devons mener une vie qui rende le royaume de Dieu visible dans
ce monde. Nous devons régulièrement confesser nos péchés,

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La puissance de la prière

car c’est l’une des marques les plus évidentes du chrétien. Nous
devons prier pour que Dieu nous protège du malin.
Nous devons toujours nous rappeler que Dieu est Dieu et qu’il
ne doit rien à l’homme. Comme le dit le psalmiste : « Il fait tout
ce qu’il veut » (Ps 115.3b). Nous avons été invités à venir devant
Dieu avec assurance, mais jamais avec désinvolture, arrogance
ou prétention. Le passage d’Ecclésiaste 5.1 nous rappelle ceci :
« Ne te presse pas d’ouvrir la bouche, et que ton cœur ne se hâte
pas d’exprimer une parole devant Dieu ; car Dieu est au ciel, et
toi sur la terre : que tes paroles soient donc peu nombreuses. »
Pour conclure, s’il existe un secret pour apprendre com-
ment prier, il est le même que celui qui s’applique à toute autre
tâche. Pour exceller dans une tâche, nous devons pratiquer. Si
nous voulons apprendre à prier, alors nous devons prier – et ne
jamais cesser de prier.

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À propos de l’auteur

R. C. Sproul fut le fondateur du ministère Ligonier, le pasteur


fondateur de la Saint Andrew’s Chapel à Sanford, en Floride,
le premier président du Reformation Bible College, et le rédac-
teur en chef du magazine Tabletalk. Son émission de radio,
Renewing Your Mind, est toujours diffusée quotidiennement
sur des centaines de radios à travers le monde et peut également
être écoutée en ligne. Il fut l’auteur de plus d’une centaine
de livres, dont La sainteté de Dieu et Choisis par Dieu. Il est
reconnu dans le monde entier pour avoir brillamment défendu
l’inerrance des Écritures et la nécessité pour les croyants de
s’attacher fermement à la Parole de Dieu.

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Ligonier Ministries est un ministère d’enseignement
fondé par le Dr R. C. Sproul. Il a pour but d’aider les
chrétiens à connaître davantage leur foi, à mieux la
comprendre, la vivre et la partager. Il diffuse des cours,
des guides d’étude et du contenu multimédia sur leur
site Web dans le but de proclamer, d’enseigner et de
défendre la sainteté de Dieu.

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Éditions La Rochelle est une maison d’édition qui vise la
conversion des non-croyants, tout en cherchant à équiper
les saints pour servir le Christ et son Église. Elle traduit et
édite des ouvrages qui sont en accord avec les Écritures et les
confessions réformées historiques, notamment la Confession
de La Rochelle. À l’image des pionniers qui traversèrent
l’océan pour apporter les vérités de la réforme protestante
en Nouvelle-France, les Éditions La Rochelle veulent, à leur
tour, contribuer à faire rayonner ces vérités dans toute la
francophonie par la publication d’excellents ouvrages.

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publie et diffuse des livres pour aider l’Église dans sa mission parmi
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Jésus-Christ, en présentant la Parole de Dieu dans toute sa richesse,
ainsi qu’en démontrant la pertinence du message de l’Évangile pour
notre culture contemporaine.

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