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Christine Pellistrandi
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BIBLIQUES
EXPLIQUÉES
Éditions Eyrolles
61, bd Saint-Germain
75240 Paris Cedex 05
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Introduc on
Glossaire
Bibliographie
ANCIEN TESTAMENT
« Cent fois sur le métier remettez votre ouvrage… » Peut-on appliquer cette
maxime à l’Écriture de la Bible ? Sans aucun doute, car la transmission des
traditions a commencé par l’oralité avant que ces souvenirs ne soient écrits
sommairement puis sans cesse réécrits, retravaillés, recomposés. Ainsi
s’expliquent à la fois la diversité des livres qui composent le premier
Testament et la difficulté de leur interprétation. Cette réécriture
correspondait à l’approfondissement de ce que Dieu avait voulu dire à
travers les événements que vivait Israël, car la compréhension du message
divin est intimement liée à l’histoire d’Israël. Séparer la recherche de Dieu
de l’histoire des hommes, c’est nier l’élection d’Israël et créer à la place un
Dieu idéal qui serait le reflet de toutes nos utopies.
L’Ancien Testament surprend par l’extrême variété de ses genres littéraires,
qui comprennent entre autres des livres d’histoire (mais une histoire
décryptée à la lumière du message divin), des contes pour tenter d’expliquer
une réalité théologique, comme le livre de Job, des prières, comme les
Psaumes, ou bien encore des règles pour un art de vivre en société, comme
le livre des Proverbes.
L’Ancien Testament se compose de trois grands livres :
• le Pentateuque, qui est le nom grec de la Torah hébraïque ;
• les Prophètes, comprenant les livres de Samuel et des Rois puis les
livres qui portent les noms des prophètes ;
• enfin ce que l’on appelle les Écrits, qui regroupent de nombreux textes
dont les Psaumes, le livre de Job, les Proverbes et le Cantique des
Cantiques.
Les citations choisies dans cet ouvrage correspondent à des « coups de
cœur », des passages hautement signifiants qui peuvent être complétés par
quelques passages du Nouveau Testament, montrant ainsi à quel point la
parole de Dieu forme un tout inséparable.
GENÈSE
La Bible, dans le livre de la Genèse, s’ouvre dès le chapitre 4 sur une belle
figure d’innocent : Abel, le frère de Caïn. Abel est pasteur, il fait paître les
moutons. Caïn cultive la terre et Abel mène son troupeau. Lorsque les deux
frères apportent leurs offrandes, le Seigneur regarde celles d’Abel et
détourne son regard de celles que lui apporte Caïn. Pourquoi une telle
injustice ? Du coup, on se sent presque en sympathie avec Caïn qui, à juste
titre, se considère brimé par rapport à son frère. L’histoire de Caïn, c’est
notre histoire avec notre cœur débordant de rancune, de ressentiments, de
remords qui rongent l’âme et l’abîment. Abel, c’est l’innocent par
excellence, et Jésus, dans l’un de ses derniers grands discours à l’adresse
des pharisiens, rappelle l’exemple d’Abel comme l’un des premiers
martyrs : les prophètes, les sages, les scribes, vous allez les persécuter, les
pourchasser de ville en ville, mais leur sang retombera sur vous et vos
enfants, depuis le sang d’Abel le juste jusqu’au sang de Zacharie que vous
avez assassiné entre le sanctuaire et l’autel (Mt 24, 34). Ce pasteur, Abel
qui offre ses moutons, préfigure le bon pasteur, lui qui est l’innocent par
excellence, c’est-à-dire le Christ.
Suis-je le gardien de mon frère ?
Gn 4, 9
Quand Dieu appelle ses prophètes, il commence toujours par les appeler par
leur nom. Il y a donc véritablement dialogue de personne à personne dès le
départ de tout échange. Ainsi Dieu appelle Abraham, et celui-ci, sans savoir
ce que Dieu allait lui demander, répond : Me voici. Et là, surprise
incroyable, Dieu lui demande d’offrir en sacrifice son fils unique. Un peu
plus loin, dans le texte, Isaac, surpris de ne pas voir l’agneau qui doit être
offert en sacrifice, appelle son père, et Abraham répond de nouveau : Me
voici. Ensuite, c’est l’ange qui appelle Abraham, et là encore celui-ci
répond : Me voici. À ce moment précis, l’ange est chargé par Dieu de
retenir le bras d’Abraham qui était prêt à immoler Isaac, scène immortalisée
sur le portail du baptistère de Florence. Dans ce court passage, trois fois
Abraham répond : Me voici. À la lecture de ce texte (Gn 22), notre réaction
est toujours un sentiment de révolte devant cette demande à nos yeux
injuste et cruelle. Seulement, nous ne sommes pas assez attentifs à la
réponse d’Abraham : Dieu saura voir où est l’agneau pour l’holocauste. Au
Moyen Âge, on a établi un rapprochement entre le sacrifice d’Isaac et celui
du Christ en représentant sur les miniatures et les vitraux à la fois Jésus
portant sa croix et montant vers le calvaire et le petit Isaac avec le fagot
destiné à allumer le feu de l’holocauste sur son dos, montrant ainsi qu’Isaac
préfigure le sacrifice du Christ.
Cette même nuit Jacob se leva, prit ses deux femmes et ses
deux servantes, ses onze enfants, et il passa le gué du
Yabboq… Et Jacob resta seul. Un homme se roula avec lui
dans la poussière jusqu’au lever de l’aurore.
Gn 32, 23-32
Joseph, fils de Rachel, était le préféré de son père Jacob, c’est pourquoi ses
frères le jalousaient. Aussi voulurent-ils le faire mourir mais, au dernier
moment, ils hésitèrent et l’abandonnèrent dans le désert. Une caravane qui
passait le recueillit. Grâce à ses dons de divination extraordinaires, il devint
Premier ministre d’Égypte et dut gérer l’économie du pays, qui était alors le
grenier à blé du Moyen Orient. Poussés par la famine, ses frères
descendirent en Égypte et se retrouvèrent devant leur frère sans le
reconnaître. Mais Joseph, lui, n’avait pas oublié. Il organise alors une mise
en scène pour amener ses frères à reconnaître le mal qu’ils lui ont fait jadis.
Le cadet Benjamin est faussement accusé d’un vol, ce qui amène les dix
frères à réfléchir à leur conduite passée, si bien que Juda, le frère aîné qui
avait été l’origine du complot contre Joseph, s’offre en otage à la place de
Benjamin. Alors Joseph se fait reconnaître par ses frères stupéfaits et tous
versent des torrents de larmes ! Il ne reste plus qu’à aller chercher leur père,
Jacob. Devant ce dernier, Joseph prononce ce magnifique acte de foi : Dieu
seul peut, du mal, faire surgir le bien. La réconciliation est une forme de
résurrection. Par toute son histoire, par le pardon donné à ses frères, Joseph
est considéré comme une figure qui annonce le Messie.
EXODE
Justement, c’est sur le manque de pain que se joue l’expérience cruciale dès
la sortie d’Égypte. Par l’intervention miraculeuse de Dieu, les chars de
Pharaon se sont embourbés et les Hébreux ont traversé la mer Rouge à
pieds secs. Les voilà dans le désert, et là, Dieu les met à l’épreuve (Ex 16).
Évidemment, ils manquent de tout dans le désert de Sin ; ils commencent
alors à regretter le pain qu’ils mangeaient en Égypte. Ce n’était pourtant
qu’un pain de misère, puisqu’ils travaillaient comme des esclaves. Mais ce
pain devient mythique : dans le pays d’Égypte, nous mangions du pain à
satiété. Pourquoi nous avoir fait sortir ? Arrive la question cruciale : Dieu
est-il oui ou non au milieu de nous, puisque nous allons mourir de faim ?
Alors le Seigneur va faire un miracle, à la demande de Moïse : « Du haut du
ciel, je vais faire pleuvoir du pain pour vous chaque jour, et le peuple sortira
chaque jour pour recueillir la ration suffisante. » Ce pain extraordinaire, ce
pain pétri de la main de Dieu, ce sera la manne. Les Hébreux découvrent
quelque chose de fin, de blanc, qui avait le goût de beignets au miel, et
Moïse leur dit alors : Voici le pain que le Seigneur vous donne.
Dieu est-il oui ou non au milieu de nous ?
Ex 17
Que nous montre cet épisode du Buisson ardent au cours duquel Dieu
révèle à Moïse un nom par lequel les hommes peuvent l’appeler ? Il montre
à la fois que l’identité parfaite de Dieu est bien au-delà de notre
entendement, mais qu’en même temps il révèle quelque chose de vrai et
d’intelligible dans cette parole. Ce double aspect est présent dans la
tradition juive, qui garde la transcription du Nom de Dieu en l’écrivant à
l’aide de quatre consonnes qu’on ne vocalise jamais : YHWH. On prononce
un nom de substitution : LE SEIGNEUR. La tradition chrétienne a suivi
dans ses langues propres : Kurios en grec, Dominus en latin, le Seigneur en
français. C’est seulement durant un demi-siècle (1950-2000) qu’une mode a
essayé d’imposer une vocalisation, Yahweh, dont le Vatican a demandé le
retrait en 2007. Le Nom de Dieu transmis par Moïse assure une relation
personnelle entre Dieu et son peuple. La prière des hommes sanctifie le
Nom de Dieu, c’est-à-dire qu’elle le fait connaître comme saint. Le Nom de
Dieu habite dans son Temple afin d’assurer une présence réelle à ceux qui
s’y rendent.
LIVRE DES NOMBRES
Au milieu des nations, Dieu a choisi son peuple bien-aimé. Moïse, dans son
dernier grand discours, fait appel à la mémoire d’Israël et demande à
chacun d’interroger son père et de remonter de génération en génération
pour se souvenir de ce choix que Dieu a fait. Loin d’être un privilège,
l’élection est une mission, dans la mesure où Israël se doit d’être saint
comme le Seigneur est saint. De quelles qualités Israël pourrait-il se
prévaloir, lui qui était le moindre de tous les peuples ? Aucune, mais si le
Seigneur est intervenu pour lui en le rachetant de la maison de servitude,
c’est que Dieu aimait Israël (Dt 7, 7). Ce choix appelle une réponse : un
amour pour Dieu qui sera témoignage au milieu des autres nations. Au plan
du langage, le Deutéronome apporte une notion nouvelle, qui n’avait pas
encore été formulée aussi explicitement : aimer Dieu. C’est donc un appel à
la responsabilité de chaque personne, « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de
tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir », que le livre du
Lévitique complètera par : « C’est ainsi que tu aimeras ton prochain comme
toi-même » (Lv 19, 18). Jésus citera ce double commandement à un scribe
venu l’interroger (Mc 12, 29).
L’homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole
qui sort de la bouche de Dieu.
Dt 8
Sur l’ordre de Dieu, Samuel doit aller chez Jessé, qui habite à Bethléem,
pour choisir un roi parmi ses fils. Tous les enfants de Jessé avaient belle
apparence et beaucoup d’allure, parce qu’ils étaient grands. Aussi Samuel
pensa-t-il tout de suite que le roi qui convenait à Dieu se trouvait parmi eux.
Mais Dieu avait promis à Samuel de lui faire savoir celui qu’il voulait
comme roi. Tous les fils défilent devant Samuel et Dieu ne dit toujours rien.
Alors Samuel demande si Jessé n’a pas d’autre garçon, et ce dernier répond
qu’il y a bien encore un fils plus jeune, qui est occupé à faire paître le
troupeau. On va le chercher et le Seigneur dit à Samuel de lui donner
l’onction afin de le consacrer roi d’Israël. Cette citation est devenue un
précepte de sagesse ordinaire qui veut que l’on ne juge pas sur l’apparence.
Mais il ne faut pas s’arrêter là : Dieu, lui, sait lire dans les cœurs, et c’est
pourquoi il condamne toute forme d’hypocrisie. On ne peut habiller son
cœur de bons sentiments tout en méditant de faire le mal.
Toute la terre saura qu’il y a un Dieu en Israël.
1 S 17,46
Après avoir annoncé que naîtrait au sein de la famille de Jessé un enfant sur
lequel reposerait l’esprit du Seigneur, Isaïe décrit le paradis : les bêtes
féroces vivront ensemble sans se dévorer les unes les autres. Le léopard
n’attaquera pas le chevreau, le veau et le lionceau paîtront dans les mêmes
pâturages et, comble de l’étonnement, le lion se nourrira de foin comme le
bœuf ! L’enfant n’aura plus besoin de faire attention aux serpents qui se
faufilent dans le sable du désert… S’arrêter là serait faire une description à
la Walt Disney, où Bambi ne serait plus jamais en danger et où le roi Lion
règnerait en souverain débonnaire sans craindre la férocité des hyènes
hargneuses. La clé du texte se trouve dans le verset 9 : « Il ne se fera ni mal
ni destruction sur toute ma montagne sainte car le pays sera rempli de la
connaissance du Seigneur comme la mer recouvre le fond des mers. » Mais
qu’est-ce que la connaissance de Dieu ? Dans le langage biblique, le mot
« connaissance » signifie la communion avec celui qui est en face de moi.
Ce n’est pas seulement une compréhension mutuelle ou une sympathie
réciproque, c’est l’acceptation pleine et entière de l’être qui se manifeste à
moi. Justement, ici, il s’agit du Messie, c’est-à-dire du fils que Dieu va
envoyer parmi les hommes pour que ceux-ci puissent se reconnaître en lui.
Alors les hommes, remplis de la connaissance de Dieu, deviendront
capables de débusquer le mensonge, le serpent du jardin de la Genèse, et à
partir de ce moment-là, quand leurs cœurs deviendront transparents les uns
aux autres, la paix pourra effectivement s’établir sur la terre.
Que je chante pour mon ami le chant du bien-aimé et de sa
vigne…
Is 5, 1
Tous les peuples souhaitent un roi qui serait un homme les faisant rêver,
beau, intelligent, bienveillant, déjouant tous les obstacles d’un coup de
baguette magique, bref, un personnage mythique sur lequel les hommes
projettent tous leurs désirs de bonheur. Cette tentation, le peuple d’Israël la
connaît. Ils viennent trouver le vieux prophète Samuel qui les guidait au
nom de Dieu pour lui dire : Nous voulons un roi comme les autres nations.
Cette demande ayant pour caractéristique d’être « comme les autres
nations » revient comme un leitmotiv. Tout le problème est là, car il faut
préciser que ces rois des autres nations se faisaient adorer comme des dieux.
Or, Israël n’est pas comme les autres nations, puisque Dieu l’a choisi, aimé,
sauvé, et que son roi, c’est Dieu en personne. Un roi choisi parmi les
hommes d’Israël pour être comme les autres… Voilà l’ambition d’Israël,
alors que sa vocation est de ne pas être comme les autres. Samuel les met en
garde, mais il n’y a rien à faire, ils veulent un roi pour être comme les
autres nations et, de guerre lasse, le Seigneur dit à Samuel : Écoute leur
voix et donne-leur un roi… C’est le début de toute une histoire avec,
comme dans toute histoire humaine, des bons et des mauvais rois.
Donne à ton serviteur un cœur qui écoute, qui soit capable
de gouverner ton peuple et qui sache discerner le bien du
mal.
1R3
Dieu nous fait dresser l’oreille pour que nous soyons attentifs, et ensuite, il
nous ouvre l’oreille pour que nous comprenions sa parole. Il s’agit, dans ce
texte du prophète Isaïe, du portrait d’un serviteur qui va accepter sa
mission, mais une mission héroïque qui ne sera pas reçue. En effet, ce
serviteur sera persécuté, exactement comme Jésus quand il entrera à
Jérusalem. Ce serviteur, qui ne protège pas son visage des outrages et des
crachats, évoque le temps des outrages au cours duquel Jésus endurera la
flagellation avant de monter au Calvaire. Dresser l’oreille et ouvrir notre
oreille : il y a deux étapes, la première consiste à entendre et la seconde à
comprendre. Comprendre quoi ? Ce que Dieu demande. C’est lui, lors, qui
ouvre notre oreille. Cette image est destinée à nous faire comprendre que
c’est lui qui nous guérit de notre surdité spirituelle, laquelle fait que nous ne
savons pas ce qu’il attend de nous. On remarquera qu’il faut quelque fois
beaucoup de temps pour devenir capable d’entendre la parole de Dieu, et le
texte d’Isaïe dit bien : matin après matin. Dieu agit comme un pédagogue
patient qui n’hésite pas à répéter à nos oreilles indisciplinées ce qu’il veut
pour notre bonheur.
Si le Seigneur est Dieu, suivez-le ; si c’est Baal, suivez-le.
1 R 18, 21
David reconnut qu’il avait péché en appelant auprès de lui Bethsabée qu’il
avait vue et regardée avec plaisir pendant qu’elle se baignait. Il s’était laissé
séduire par sa beauté. Or, cette femme était mariée à un officier de David,
mais celui-ci recommanda à son chef d’état-major Joab de placer Urie, le
mari de Bethsabée, en première ligne, afin qu’il soit tué dès le début de
l’engagement, ce qui se passa effectivement. Un adultère et un meurtre, tel
est le double péché de David. La tradition juive accorde une grande place
au repentir de David, qui a demandé pardon avec force larmes et lourde
pénitence. Quant à Bethsabée, elle fait partie des femmes qui entrent dans la
généalogie de Jésus, mais ici, Matthieu ne garde d’elle que la partie
vertueuse de sa vie, puisqu’il la nomme uniquement comme la femme
d’Urie (Mt 1, 6).
Quand Israël était jeune, je l’ai aimé et d’Égypte j’ai
appelé mon fils. Mais plus je les appelais, plus ils
s’écartaient de moi ; aux Baals ils sacrifiaient, aux idoles
ils brûlaient de l’encens.
Os 11, 1-2
Dans la Bible, l’huile sert aussi à nettoyer les blessures, une image
tellement courante que le prophète Isaïe l’utilise pour décrire l’état moral
d’Israël. Les violences, les injustices sociales, les manquements à la Loi
font de la communauté des fils d’Israël un corps tout abîmé, un corps dont
les blessures qui n’ont pas été soignées vont se transformer en gangrène et
entraîner la mort. La comparaison est donc très violente et fait penser
immédiatement à ce voyageur qui avait été attaqué par des bandits et laissé
pour mort sur le bord de la route. Un Samaritain pris de pitié s’approcha de
lui et nettoya ses plaies en y versant de l’huile et du vin. Le vin désinfecte et
l’huile apaise. Le bon Samaritain mit le blessé sur son âne et le déposa à
l’auberge en demandant que l’on prenne soin de cet homme pour lequel il
paya d’avance avec deux pièces d’argent (Lc 11, 29-37). Celui qui soigne,
nettoie et bande les plaies, c’est Jésus qui verse sur les plaies de nos cœurs
déchirés l’huile de son amour.
Je te rappelle l’affection de ta jeunesse, l’amour de tes
fiançailles alors que tu marchais derrière moi au désert
dans une terre qui n’est pas ensemencée.
Jr 2, 2
Le prophète Jérémie parle lui aussi des sentiments de Dieu à l’égard de son
peuple. Jérémie reprend les mêmes expressions que le prophète Osée. Ce
temps du désert, une terre qui n’est pas ensemencée, est présenté comme un
souvenir heureux, alors que les révoltes contre Moïse ont été nombreuses.
Mais au temps de Jérémie, où le pays est en danger en raison des ambitions
de la Babylonie, les années pendant lesquelles les Hébreux sont sortis de la
prison égyptienne pour entrer en Terre promise apparaissent dans la
mémoire collective comme un moment béni, parce que Dieu s’était
manifesté. Aux jours d’angoisse, la mémoire permet de revivre par le
souvenir le temps où Dieu avait agi pour son peuple, ce que Jérémie traduit
en termes d’affection conjugale pour Jérusalem. Superposant en une même
identité celle de Jérusalem, celle des Hébreux du désert et toute la
population d’Israël, Jérémie crée une image féminine qui regroupe une
multitude de libertés individuelles. Voilà qui est paradoxal, car cette
fiancée, c’est Israël, c’est tout le peuple dans sa totalité. Jérémie insiste sur
l’obstination de Dieu qui veut parler à son cœur. Au nom de cet amour, le
prophète rappelle les bienfaits de Dieu et demande les raisons de ce refus
constant d’écouter la parole de Dieu. Toutes les comparaisons sont bonnes
pour exprimer l’inexprimable amour de Dieu envers son peuple, y compris
celles de la vie quotidienne : « En quoi vos pères m’ont-ils trouvé en
défaut ? Pourquoi ont-ils creusé des citernes qui se sont lézardées et qui ne
retiennent pas l’eau alors que je suis pour eux la source d’eau vive ? » (Jr 2,
13).
Comment pouvez-vous dire : « Nous avons la sagesse car la
Loi du Seigneur est à notre disposition » ? Oui, mais elle
est devenue une loi de mensonge sous le burin menteur des
scribes.
Jr 8, 8
N’est-ce pas l’idéal de tout homme de bonne volonté ? Mais cela est-il à
notre portée ? Saint Paul résume bien cette impossibilité de l’homme d’être
bon naturellement quand il dit : « Le bien que je veux je ne le fais pas, mais
le mal que je ne veux pas je le fais » (Rm 7, 19). Toute la prédication des
prophètes, en particulier Isaïe, Jérémie et Ézéchiel, est de dire que ce rêve
de bonté est impossible à l’homme par sa seule force, sa seule volonté, son
seul désir de bien faire. Cette transformation du cœur de l’homme, Dieu
seul propose de l’accorder. Comment ? En donnant à l’homme un cœur
nouveau. Il s’agit donc d’une recréation, mais on tombe éternellement sur le
même problème : comment concilier la liberté de l’homme et la sainteté que
Dieu lui propose ?
Ces idoles sont comme un épouvantail dans un champ de
concombres ; elles ne parlent pas, il faut bien les porter car
elles ne peuvent marcher. N’en ayez aucune crainte, elles ne
sont pas nuisibles mais elles ne peuvent pas davantage vous
être utiles. Comme toi, Seigneur, il n’y a personne !
Jr 10, 5-6
Le livre des Proverbes offre une belle collection de petites morales que l’on
s’attendrait à lire en conclusion de fables. C’est un appel au bon sens
élémentaire qui habite les hommes de bonne volonté et que nulle sagesse
populaire ne saurait renier. La main qui refuse de travailler parce qu’elle est
engourdie par la paresse laissera un champ en mauvais état, tandis qu’un
laboureur courageux creusera sans relâche des sillons pour aérer sa terre,
quitte à avoir des mains calleuses et abîmées à force d’efforts. La Fontaine a
magnifiquement illustré ce trésor caché dans le champ qui se révélera à
force de labours ! Au-delà, c’est évidemment l’éloge du travail qui enrichit
la Création confiée aux bons soins de l’homme. De même, celui qui dort
sous la chaleur de l’été et néglige sa moisson est un homme qui refuse
d’accueillir le don de Dieu en laissant sa récolte pourrir sur place. Ce
paresseux ne participera pas à la fête des Tentes, qui avait lieu une fois la
moisson rentrée. Tout le peuple se réunissait pour célébrer les dons du
Seigneur : on reconnaissait les dons de Dieu à travers les épis gonflés de
soleil et les grappes pleines de suc, et on lui rendait grâces au cours de
grandes réjouissances. Ces fêtes chantaient l’attente du Messie qui
viendrait… en son temps.
Le fou laisse éclater sur l’heure sa colère, mais l’homme
prudent avale l’injure.
Pr 12, 16
Le cœur n’est pas le lieu où règne la nostalgie, où les sentiments et les états
d’âme occupent toute l’imagination. Au contraire, pour la Bible, le cœur est
le lieu de la volonté, de la prise de décision, le lieu de la raison raisonnante,
qui agit. On comprend alors le sens de cette proposition. Le désir de vivre
est un facteur de guérison : peut-on parler du rôle psychosomatique du
corps ? Celui qui veut guérir aura le courage de répéter sans cesse les gestes
de rééducation nécessaires pour que ses membres brisés après un accident
retrouvent leur fonction, qui est de porter le corps. Des membres desséchés
représentent des muscles atrophiés et des nerfs qui n’exercent plus leur rôle,
le contraire d’un corps plein de vie. Celui qui a un caractère pessimiste, qui
s’enferme dans sa décrépitude en critiquant tout, se ratatine et confit dans
son vinaigre en répétant sans cesse : À quoi bon ! Certes, les personnes qui
ont un caractère enjoué jouissent d’un meilleur confort de vie, mais surtout,
elles portent une responsabilité à l’égard des autres. La lumière qui brille
dans leurs yeux aide ceux qui croisent leur chemin et elles deviennent pour
les autres un encouragement à se réjouir du don de la vie. Tous ceux qui ont
fait l’expérience de voir leur vie en danger savent le prix des heures de
chaque jour.
Deux poids, deux mesures sont l’un et l’autre en horreur au
Seigneur.
Pr 20, 10
L’image du repas, l’un pauvre mais chaleureux, l’autre riche mais plein de
pièges, est significative et va bien au-delà de la simple anecdote. Jésus a
connu un repas où l’on épiait ses réactions. C’était chez Simon le pharisien.
Survint une femme qui versa du parfum sur ses pieds et Simon se dit que, si
Jésus était vraiment un prophète, il saurait que cette femme menait une vie
indigne (Lc 7, 36-48). Transposons cette maxime à l’époque
contemporaine. Elle fait penser à des familles chaleureuses où il n’y a pas
beaucoup de moyens mais où l’on vit ensemble en témoignant chaque jour
aux uns et aux autres une affection précieuse qui ne s’achète pas. Au
contraire, le bœuf gras représente l’argent avec lequel on se débarrasse de
ceux qui nous encombrent parce que nous voulons être libres de faire ce qui
nous plaît au bon moment. Alors on paie pour que d’autres s’occupent des
enfants ou des personnes âgées : tant pis s’ils cherchent en vain quelque
regard compatissant et s’ils quêtent un geste affectueux qui n’a pas de prix !
Ils auront compris que le bœuf gras n’est pas forcément signe de bonheur.
PSAUMES
Si Dieu était fidèle et juste, il écouterait toute prière, voilà ce que nous
pensons au fond de nous. Mais est-ce bien cela dont il s’agit ? Dire à Dieu
qu’il prenne la peine d’écouter, est-ce nécessaire, alors qu’il sait très bien
pourquoi nous l’appelons au secours ? Jésus dit bien : « Et quand tu pries,
rentre dans ta chambre et ton Père qui voit dans le secret sait ce dont tu as
besoin » (Mt 6, 6). Non, ce verbe « écouter » a une autre fonction, celle de
faire entrer le fidèle dans une perspective non plus de revendication, mais
de foi, en retrouvant le fondement de la foi d’Israël : « Écoute Israël, le
Seigneur notre Dieu est l’unique Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu
de tout ton cœur, de tout ton être et de toute ta force » (Dt 5, 1). Ce simple
verbe « écouter » et le souvenir qu’il porte dans l’écho de ses lettres
rappellent au fidèle l’alliance avec le Dieu unique : Dieu a choisi Israël et
l’a aimé. Même si la prière est supplication et demande, elle est d’abord
acte de foi et souvenir. Dieu doit se souvenir de son alliance, mais celui qui
prie aussi. Prête l’oreille : pourquoi donner à Dieu des qualificatifs humains
alors que Dieu, personne ne l’a jamais vu ? C’est pour mieux le différencier
des idoles qui, elles, ont des oreilles mais n’entendent pas : les statues que
l’on adore et auxquelles on offre des sacrifices ont des oreilles, mais des
oreilles aussi inertes que le bois ou la pierre avec lesquels elles ont été
fabriquées.
Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? Loin
de mon salut, les paroles de mon rugissement.
Ps 22, 2
Les évangélistes ont utilisé des versets de ce psaume pour décrire la Passion
du Christ. Ils mettent dans la bouche du Christ agonisant les premières
paroles du psaume, signifiant ainsi que tout le psaume renvoie au mystère
du Christ.
C’est le seul endroit dans le psautier où Dieu est invoqué avec le pronom
possessif à la première personne du singulier : mon Dieu, deux mots
devenus si ordinaires que leur sens premier a été effacé pour faire place à
une interjection employée à tort et à travers. Pour redonner à ces deux mots
tout leur poids, il faut avoir à l’esprit le souvenir des hauts faits de Dieu
qu’ils évoquent et leur restituer ainsi toute leur signification mémorielle.
Cette interpellation de Dieu lancée deux fois correspond à une double
réponse qui a déjà eu lieu dans le passé. Dieu a répondu une première fois
pour sauver son peuple au moment de la traversée de la mer Rouge et une
seconde fois quand il a donné à Moïse les tables de la Loi. Le contraste
entre ce que Dieu a fait hier et son silence dans l’aujourd’hui de celui qui
prie, et donc dans nos prières maintenant, est bien l’objet de la question :
pourquoi m’as-tu abandonné ? Dieu est ici mis en accusation, puisqu’il ne
répond pas aux sanglots secrets de nos rugissements. Or, Dieu a promis de
ne jamais renier son alliance même si Israël se rend coupable. Cette mise en
demeure de Dieu est d’autant plus grave que nulle part dans ce psaume le
psalmiste ne s’accuse d’un péché.
Sauve-moi de la gueule du lion et de la corne des buffles, tu
m’as répondu.
Ps 22, 22
Alors que le Psaume décrit les souffrances d’un homme à l’agonie, voici les
mots : « Tu m’as répondu. » Quelle est la cohérence de ce texte ? Dans cette
brutale rupture du vocabulaire, qui passe sans nuance d’un appel au secours
à la réponse, se cache le fondement de toute démarche de foi : continuer à
prier. C’est cela seul qui compte. C’est une expérience spirituelle précieuse
dans l’adversité. Nous avons trop le réflexe de nous faire juge de notre
propre foi ou bien de nous laisser aller à un scepticisme qui peu à peu
envahit notre pensée : à quoi bon ? Le seul remède est livré par le
psalmiste : continuer à prier, même si nous avons l’impression de réciter
mécaniquement des suites de mots ou des phrases inarticulées auxquelles
nous ne prêtons plus attention. Cette prière-là, que nous en ayons
conscience ou non, sculpte en nous un bouclier intérieur qui protège notre
cœur et notre être profond, que Dieu connaît mieux que nous ne le
connaissons nous-même. Alors que tout le monde se moquait de l’homme
condamné dont on allait voir si, oui ou non, Dieu allait le délivrer, celui-ci
persévérait avec acharnement à supplier Dieu de se hâter. Pécher, c’est
croire au pouvoir de la mort. Si nous avons assez de lucidité pour nous en
rendre compte, alors nous comprenons que Dieu, qui n’a pas créé la mort,
qui n’a pas voulu le mal mais qui a laissé l’homme libre de choisir, continue
dans l’adversité à nous tendre la main, sa paume ouverte et ruisselante
d’amour. Mais ce n’est pas un message lisible d’emblée : comment
découvrir dans la confusion du monde, dans le lent déroulement des jours et
des heures, dans le désordre du vécu ordinaire, les sillons par lesquels Dieu
mène chaque homme ?
Mais tu aimes la vérité au fond de l’être, dans le secret tu
m’enseignes la sagesse.
Ps 51, 8
Ce conseil est d’une actualité redoutable quand on pense aux drames causés
par la maladie d’Alzheimer, par exemple, décrite ici à travers ces simples
mots : « s’il perd la raison ». C’est aussi une belle illustration du
commandement : « Honore ton père et ta mère afin que tes jours se
prolongent sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu » (Ex 20, 12). À
ce sujet, Jésus reprochera vivement aux pharisiens d’abandonner leurs
parents sous le prétexte fallacieux qu’ils ont remis au trésor du Temple une
partie de leurs biens. Au lieu de payer ce qui était nécessaire pour subvenir
aux besoins de leurs parents âgés, ils se présentent la conscience tranquille,
annulant ainsi la parole de Dieu concernant la responsabilité des fils envers
leur père. Jésus démasque l’hypocrisie qui consiste à s’abriter derrière un
précepte religieux pour éviter d’affronter la réalité si bien décrite ici. Ne pas
insulter ses parents quand ils vous agacent parce qu’ils rabâchent toujours la
même histoire ou parce qu’ils exigent tout le temps que l’on fasse attention
à eux, voilà une constante qui décrit bien les relations entre les générations,
quels que soient les siècles !
Venez à moi, gens sans instruction, installez-vous à mon
école. Pourquoi en rester dépourvus plus longtemps alors
que vos âmes sont ardemment assoiffées ? Grâce à
l’instruction, vous acquerrez beaucoup d’or.
Si 51, 23-24
NOUVEAU TESTAMENT
Le Nouveau Testament est composé des quatre Évangiles, des Actes des
Apôtres et des Lettres apostoliques, et se termine par le livre de
l’Apocalypse. Il est témoin d’une mémoire vivante qui repose sur la
transmission qu’ont laissée les apôtres de ce qu’ils ont vécu avec Jésus, de
la manière dont ils ont compris tous les événements auxquels ils étaient
associés. En cela, il y a une dimension humaine qui rend ce livre si
attachant, mais nous y lisons aussi l’accomplissement des promesses de
l’Ancien Testament en suivant la pédagogie vivante et intelligente de tous
ces hommes qui ont répondu à l’appel de Jésus.
ÉVANGILES ET ACTES DES APÔTRES
Ces mots sans cesse répétés nous sont familiers parce que c’est la prière du
chapelet. Mais le verbe employé en grec, qui est la langue originale dans
laquelle sont écrits les Évangiles, est celui de la salutation du langage
quotidien utilisé dans toute rencontre. Il signifie « se réjouir », si bien
qu’une traduction plus rigoureuse dirait : « Réjouis-toi Marie ». C’est en ces
termes de joie que l’ange annonce à Marie qu’elle sera la mère du Sauveur.
On rejoint ainsi les promesses de l’Ancien Testament reprenant les paroles
du prophète Sophonie : « Réjouis-toi fille de Sion car le Seigneur est dans
ton sein » (So 3, 15-17). Marie exprime son étonnement, parce qu’elle ne
connaît pas d’homme, mais l’ange lui dit que l’Esprit saint la couvrira de
son ombre. Cette ombre rappelle la nuée sacrée, signe visible de la présence
de Dieu qui reposait sur la Tente de la Rencontre à chaque fois que Moïse
parlait en tête à tête avec Dieu (Ex 33, 9), nuée qui descendit ensuite sur le
Temple de Jérusalem (1 R 8, 10). Marie est donc la Tente vivante dans
laquelle, d’une manière nouvelle, Dieu vient habiter au milieu des hommes.
Gloire à Dieu au plus haut des Cieux et sur la terre paix
aux hommes qu’il aime.
Lc 2,14
Des bergers, qui faisaient paître leurs troupeaux aux environs de Bethléem,
en Judée, reçoivent l’annonce qu’un Sauveur leur est né. Les anges chantent
un message destiné au cosmos tout entier. Cette acclamation majestueuse et
divine exprime le paradoxe de la foi : la venue d’un Sauveur pour les
hommes annoncée par les anges et la découverte d’un nouveau-né couché
dans une mangeoire. Dieu n’agit décidément pas comme on le voudrait ou
comme on s’y attendrait. Ce paradoxe, l’évangéliste Luc le reprendra avec
les mêmes mots à un autre moment clé de l’Évangile, l’entrée royale de
Jésus à Jérusalem. Or, le roi-messie, fils de David, que les siècles
attendaient, entre dans la ville sainte monté sur un âne, qui est l’animal des
serviteurs. L’enfant pauvre dans une étable et le roi qui se fait serviteur sont
deux images difficiles à comprendre, au point que les disciples d’Emmaüs
diront au compagnon inconnu qui les a rejoints sur la route, à propos de
celui qui avait été crucifié à Jérusalem : « on espérait qu’il allait délivrer
Israël ». Et Jésus ressuscité qui marche à côté d’eux de leur répondre :
« Esprits sans intelligence et cœurs lents à croire ce que les prophètes
avaient annoncé ! » (Lc 24, 25).
L’Ange du Seigneur apparut en songe à Joseph et lui dit :
« Prends avec toi l’enfant et sa mère (…) restesy jusqu’à
nouvel ordre car Hérode va rechercher l’enfant pour le
faire périr… » Il y resta jusqu’à la mort d’Hérode pour que
s’accomplisse ce qu’avait dit le Seigneur par le prophète :
« D’Égypte j’ai appelé mon fils ».
Mt 2, 13-15
Jésus n’a pas rejoint sa famille qui regagnait Nazareth après avoir célébré la
fête de la Pâque à Jérusalem. Pensant qu’il cheminait avec d’autres
compagnons de route, ses parents ne se sont pas inquiétés puis, ne le
trouvant pas, ils ont rebroussé chemin et sont même revenus jusqu’à
Jérusalem. C’est au Temple qu’ils le retrouvent : là, il discute avec des
docteurs de la Loi, alors qu’il a seulement douze ans ! À ses parents qui lui
demandent ce qu’il fait là, voilà qu’il répond qu’il doit être ailleurs, aux
affaires de son père. À juste titre, l’évangéliste note que Marie et Joseph ne
comprirent pas ce que Jésus avait voulu dire. Ils vont devoir apprendre à se
déposséder de l’enfant qu’ils élèvent pour le laisser accomplir en temps
voulu son ministère. Cet incident illustre bien la double nature de Jésus, sa
nature humaine avec ses parents Joseph et Marie, mais aussi sa nature
divine qui lui permet d’appeler Dieu « son père ». En répondant ainsi à ses
parents, Jésus vit ce que disait déjà le psaume qui proclame : « Heureux
l’invité que Dieu a choisi pour se rassasier des biens de sa maison, des
choses saintes de son Temple » (Ps 65, 5). C’est en même temps une belle
leçon d’éducation : les enfants n’appartiennent pas à leurs parents.
Marie gardait tous ces événements dans son cœur.
Lc 2, 51
On peut être surpris de constater que, sur une simple invitation à suivre
Jésus, Pierre et André quittent leurs filets sans hésitation. Ils ne posent pas
la moindre question, ils ne demandent pas ce qu’ils vont faire, et sans doute
ils ne comprennent pas plus que nous la phrase de Jésus. Mais les premiers
lecteurs de l’Évangile de Matthieu sont des Juifs qui connaissent bien
l’Écriture sainte. Ils font le rapport avec l’épisode au cours duquel le
prophète Élie, avec la même soudaineté que Jésus, invita le laboureur Élisée
à quitter ses bœufs pour être associé à sa mission (1 R 19, 20-21). Pierre et
André deviendront pêcheurs d’hommes. Par cette parole sibylline, Jésus
leur annonce que leur condition ordinaire sera transfigurée parce qu’ils
seront associés à son ministère. Ils seront pêcheurs d’hommes tels qu’ils
sont : ils ne deviendront pas pour autant des surhommes. Avec leurs
difficultés, leurs hésitations, leurs incompréhensions que l’on retrouve tout
au long de l’Évangile, ils montreront comment des hommes ordinaires
deviendront des apôtres capables d’affronter le monde et ses contradictions
pour annoncer la Bonne Nouvelle.
Il guérissait tous les malades qu’on lui amenait, alors de
grandes foules le suivirent.
Mt 4, 25
À peine a-t-il été baptisé, à peine a-t-il affronté Satan dans le désert, voilà
Jésus parcourant la Galilée, enseignant dans les synagogues pour annoncer
la bonne nouvelle du Royaume. Jésus fait du bien, et du coup, il rassemble à
sa suite des foules qui viennent de partout, la Galilée, la Décapole,
Jérusalem, la Judée et même au-delà du Jourdain. Jésus fait du bien. Ici,
Matthieu ne cite aucun discours, il montre simplement Jésus qui guérit toute
infirmité. Or, nous savons qu’à cette époque, les infirmes étaient des exclus,
parce que l’on pensait que le mal qui les frappait était sûrement la marque
d’un péché. On associait la maladie au mal, conséquence de toute faute, que
l’on en ait conscience ou non. Jésus, en guérissant, rassemble des gens qui
viennent de partout. Il ne demande rien, il ne demande pas si ces malades
qu’on lui présente et leurs familles sont pratiquants ou pas, s’ils font du
bien, s’ils récitent chaque jour leurs prières ou non. Jésus rassemble et Jésus
guérit : alors ces foules s’en vont et retournent chez elles, non plus avec des
promesses, mais avec des guérisons, c’est-à-dire des signes de résurrection.
Heureux les pauvres de cœur, le Royaume des Cieux est à
eux.
Mt 5, 1
Ce précepte n’a rien d’étonnant pour les Juifs auxquels Jésus s’adresse, car
la Loi dit : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même, je suis le
Seigneur » (Lv 19, 18). Le mot « prochain » en hébreu est ambigu car ses
consonnes peuvent signifier aussi « le méchant », si bien que les rabbins
enseignent qu’il faut aimer aussi son prochain même s’il nous fait du mal.
Mais Jésus introduit une raison fondamentale pour aimer son prochain :
tous les enfants sont fils du même Père. Il y a là une cohérence avec la
prière que Jésus enseigne à la demande des apôtres, qui commence par ces
mots : Notre Père. Il s’agit de reconnaître en tout homme la filiation divine,
voir derrière son visage la flamme de vie que Dieu y a déposée en rappelant
ainsi que toute vie est sacrée. Aimer ses ennemis, c’est participer à l’œuvre
créatrice du Père en devenant ses collaborateurs pour protéger toute vie. Le
mot que l’on traduit en français par l’adjectif « parfait » exprime dans
l’Ancien Testament l’intégrité de la personne, dans le sens où rien de ce que
je suis physiquement et moralement ne doit être abîmé, diminué, rogné, car
les deux forment un tout. Par exemple, des os rongés sont l’image du péché
qui grignote l’être et détruit en lui toutes ses capacités à petit feu, sans
même qu’il en ait grande clairvoyance.
Si votre justice ne dépasse pas celle des scribes et des
pharisiens, vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux.
Mt 5, 20
Il ne s’agit pas d’une proposition paradoxale : tout le monde sait que l’on ne
porte pas d’emblée le joug proposé par le Christ et que son fardeau n’est
pas léger. Alors qu’a-t-il voulu dire ? Ce joug n’est pas un carcan mais la
découverte de l’intimité avec Dieu le Père comme Jésus la vit lui-même.
Dans ce même chapitre de l’Évangile de Matthieu, Jésus souligne les
incohérences de la foule. Jean-Baptiste est venu, mais on a contesté son
message comme des enfants boudeurs qui n’ont pas voulu danser au son de
la flûte. Jésus vient et accepte des invitations pour partager un repas, alors
on dit de lui qu’il est un glouton et un ivrogne, un ami des collecteurs
d’impôts. Comment comprendre de tels comportements ? Jésus explique
que son intimité avec Dieu le Père est une révélation qui est cachée aux
sages et aux intelligents, aux gens qui se croient forts et qui veulent trouver
Dieu par eux-mêmes. Aussi il montre par sa vie concrète qu’il est un
pauvre, un petit, un homme humble et doux, deux qualités nécessaires pour
partager avec Jésus le trésor de la connaissance du Père. Un joug facile à
porter et un fardeau léger, oui, à condition de transformer son cœur, de se
faire pauvre comme Jésus qui n’a pas retenu jalousement le rang qui
l’égalait à Dieu mais qui a pris condition d’esclave, selon les mots de saint
Paul.
Qui n’est pas avec moi est contre moi et qui n’assemble pas
avec moi dissipe.
Mt 12, 30
C’est à propos d’une question de rites non observés par les disciples de
Jésus que les pharisiens s’attirent cette réponse cinglante de Jésus. Les
disciples ne se sont pas lavé les mains avant de manger du pain comme
l’exige la Loi. À son tour, Jésus fait remarquer aux scribes et aux pharisiens
qu’ils transgressent le commandement selon lequel ils doivent honorer leur
père et leur mère, ce qu’ils ne font pas quand ils refusent de subvenir à leurs
besoins, cela en toute bonne conscience parce qu’ils se justifient en disant
qu’ils ont donné de l’argent pour des bonnes œuvres. Que signifie
l’observance des rites si l’essentiel est négligé ? Dire et ne point faire est
une habitude humaine, d’où cette opposition entre le cœur et les lèvres. Les
lèvres, c’est le bavardage superficiel, alors que le cœur, c’est le lieu du
choix, de la prise de décision. Oui, je vais m’occuper de mon père et de ma
mère avant toute chose, sinon effectivement, je suis infidèle à la Loi de
Dieu. Les lèvres représentent le babillage des hommes, tandis que le cœur,
c’est le lieu où Dieu se fait connaître en révélant son amour et sa tendresse.
L’amour authentique se situe dans un cœur fervent et ardent et non dans les
discours intarissables de nos justifications.
Cette génération est mauvaise : elle demande un signe.
Mais en fait de signe elle n’en recevra pas d’autre que le
signe de Jonas.
Lc 11, 29
Qu’est-ce que le signe de Jonas ? Jonas a été envoyé par Dieu à Ninive mais
il recule devant sa mission et monte sur le premier bateau qu’il trouve pour
s’en aller le plus loin possible. Une tempête terrifiante éclate et
l’embarcation risque de sombrer. Les marins, soupçonnant qu’elle est due à
l’infidélité de Jonas, le jettent à la mer, et immédiatement les flots
s’apaisent. Alors le Seigneur fait venir un gros poisson qui engloutit Jonas.
Il demeure dans ses entrailles trois jours et trois nuits avant que le poisson
ne le recrache sur la côte. Jésus va se servir de cette image pour annoncer
énigmatiquement sa descente dans la mort précédant sa résurrection. Les
sadducéens et les pharisiens, deux partis rivaux, vont ensemble trouver
Jésus. Ils lui demandent un signe bien visible, compréhensible tout de suite,
afin qu’ils puissent eux-mêmes juger de la crédibilité de sa mission. De
même que la couleur du ciel est un indice pour deviner le temps qu’il fera,
de même le signe de Jonas, son séjour de trois jours dans le ventre du
poisson et son arrivée sain et sauf sur une plage est un indice pour
comprendre les événements qui vont se passer au Calvaire. Jésus annonce
de façon énigmatique sa descente dans la mort précédant sa résurrection.
C’est une manière pour lui d’annoncer que les temps messianiques qu’Israël
attend vont s’accomplir sous leurs yeux.
Si quelqu’un veut venir derrière moi, qu’il prenne sa croix
et qu’il me suive. En effet quiconque veut sauver son âme la
perdra mais quiconque perd son âme à cause de moi
l’assurera.
Mt 16, 24-28
À la même époque, les rabbins aussi discutaient entre eux de cette question.
En disant sept fois, Pierre croit être d’une infinie générosité. Mais voilà que
la réponse de Jésus apparaît bien déconcertante aux yeux de Pierre. En effet,
en proposant de pardonner soixante-dix-sept fois sept fois, Jésus signifie
tout simplement qu’il faut pardonner à l’infini, sans se lasser, exactement
comme le fait Dieu le Père. Mais Jésus ne se borne pas à donner une telle
réponse, il l’illustre avec une parabole qui met en scène un roi et ses
serviteurs, tous débiteurs insolvables. Le roi, ému jusqu’aux entrailles,
remet la lourde dette du premier serviteur, mais celui-ci, au lieu d’imiter la
mansuétude du roi à son égard, se précipite sur l’un de ses compagnons qui
lui devait une petite somme d’argent. Il reste sourd aux supplications de ce
dernier et le fait jeter en prison. Alors le roi fait venir celui dont il avait
effacé la lourde dette et lui dit : « Ne devais-tu pas toi aussi avoir pitié de
ton compagnon comme moi-même j’ai eu pitié de toi ? » La bienveillance
du roi transcende tous nos calculs pour savoir combien de fois pardonner.
Le seul pardon possible s’exerce par la pitié et la miséricorde, et qui peut
changer notre cœur pour qu’il devienne capable d’exercer une telle bonté ?
Dieu seul. Jésus sur la croix est l’exemple du pardon : « Père pardonne-leur,
ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34).
Est-il permis oui ou non de payer l’impôt à César ? Rendez
à César ce qui est à César.
Mt 23, 15
Les apôtres ont de quoi être découragés et peuvent s’interroger à juste titre
sur le sens de leur engagement. Ils ont le sentiment d’avoir vraiment
répondu à l’appel de Jésus. Ils ont laissé leurs filets de pêche et ils le
suivent chaque jour. Ils écoutent Jésus, et quelquefois, ils ont tant de mal à
comprendre le sens des paraboles qu’ils demandent à Jésus de leur
expliquer davantage, ce que Jésus fait avec patience, en leur donnant une
leçon particulière. Examinons la réponse de Jésus. Il les regarde
attentivement – ce détail est très important car chacun a du prix à ses yeux.
De la même manière, quand Pierre aura renié Jésus, celui-ci posera son
regard sur lui, alors Pierre se mettra à pleurer (Lc 22, 61). On a le sentiment
légitime que ce que demande Jésus dépasse nos forces. Pourtant, ce n’est
pas impossible, parce que Jésus a rétabli pour nous la communion avec le
Père. Jésus nous rend capables de le suivre et donc d’aimer son Père comme
lui le fait. Nous voilà confrontés au mystère de l’amour de Dieu offert à
chacun. Si nous l’acceptons, nous devenons capables d’agir comme Jésus et
donc de soulever des montagnes. C’est cela, l’espérance chrétienne.
Les derniers seront les premiers et les premiers seront les
derniers.
Mt 20, 16
Une phrase comme celle-ci heurte notre logique, notre bon sens et notre
sensibilité. Elle nous donne le sentiment d’un arbitraire immérité. Mais il
faut replacer cette phrase dans son contexte. Elle est la conclusion d’une
parabole où Jésus met en scène le propriétaire d’une vigne qui engage des
ouvriers pour les vendanges, tout au long de la journée. Qui est le
propriétaire de la vigne ? Les disciples comprennent tout de suite qu’il
s’agit de Dieu et que la vigne représente Israël, son peuple bien-aimé (Is 5).
À la fin de la journée, tous les ouvriers reçoivent le même salaire, ce qui
bouscule notre vision d’une rétribution calculée sur les heures de travail et
sa pénibilité. En transposant nos normes sociales sur le travail de la vigne,
nous faisons fausse route, car il ne s’agit pas d’évaluer nos mérites. Être
appelés à travailler à la vigne du Seigneur, c’est répondre à son appel pour
découvrir la mesure infinie de l’amour de Dieu. Le même salaire donné à
tous est une image de la gratuité de l’amour divin. Il n’y a pas de premiers
ou de derniers au sens humain, mais des hommes que Dieu aime et qu’Il
appelle : chacun répond en son temps. Cette parabole est illustrée par
l’action de Jésus qui accueille les prostituées et les publicains, les exclus
déformés par la maladie et les païens qui, eux aussi, entreront dans le
Royaume qui n’est plus la possession exclusive d’Israël.
Ma maison sera appelée maison de prière et vous en avez
fait une caverne de bandits.
Mt 21, 13
Cette prière, c’est Jésus qui nous l’a apprise quand ses apôtres lui ont
demandé de leur apprendre à prier. De la même manière que nous disons
« Notre Père » au début de cette prière en pensant que tous les hommes sont
frères, nous demandons notre pain en pensant à toute la communauté, et
nous demandons donc du pain pour les autres. En demandant à Dieu qu’il
nous donne notre pain, nous lui demandons en même temps de se souvenir
de ce qui s’est passé au désert où il envoyait chaque jour la quantité de
nourriture suffisante pour nourrir son peuple, avec la manne. Il fallait faire
confiance et ne prendre que la quantité d’un jour ; ceux qui voulaient en
prendre plus parce qu’ils avaient peur de manquer ne trouvaient le
lendemain que de la nourriture pourrie. La manne, c’était la préfiguration de
l’eucharistie, et nous pouvons, au-delà du pain quotidien nécessaire à notre
survie, demander à Dieu qu’il nous assure aussi le pain eucharistique pour
nourrir notre âme.
Tous les participants avaient les yeux fixés sur lui quand
Jésus dit : « Aujourd’hui cette Écriture est accomplie pour
vous qui l’entendez. »
Lc 4, 16
Annoncer aux pauvres la bonne nouvelle, telle est la mission de Jésus. Les
pauvres, ce sont ceux qui ne se gonflent pas d’un orgueil vain, ceux qui ont
un cœur humble. Comment Jésus lui-même comprend-il ce mot
d’« aujourd’hui » dont il est familier, puisqu’il fait partie de sa prière
quotidienne ? À Nazareth, le village où il a passé toute sa jeunesse, il y a
une synagogue et Jésus participe aux offices, il fait même la lecture, ce que
rapporte Luc. Justement ce jour-là, il lit un texte du prophète Isaïe (61).
Jésus actualise ces paroles du prophète : cette promesse de Dieu n’a pas eu
lieu il y a plusieurs siècles, c’est maintenant devant vous que les aveugles
vont retrouver la vue, que les prisonniers seront libérés. C’est effectivement
ce qui se passera quand Jésus guérira des aveugles pour expliquer notre
cécité spirituelle, qui nous empêche de le reconnaître comme Messie.
Aujourd’hui chez nous comme à Nazareth autrefois, la figure de Jésus peut
susciter l’hostilité, car les habitants de Nazareth refusent son message et
prennent Jésus pour un imposteur. Aujourd’hui, nous dit Jésus, il vient pour
accomplir pour nous ce qui était promis, nous délivrer de notre aveuglement
afin que nous puissions le reconnaître et l’aimer.
Descends de ton arbre, il me faut aujourd’hui demeurer
dans ta maison.
Lc 19, 1-10
Zachée était un collecteur d’impôts, donc un homme qui n’était pas très
bien considéré, parce que l’on pensait que sa fortune personnelle avait bien
profité des sommes d’argent qu’il avait ramassées au détriment de la
population. Il avait entendu parler des miracles que Jésus faisait et avait
envie de le voir, mais il était petit et la foule était très dense. Alors il eut
l’idée de grimper sur un arbre. Jésus s’arrêta devant lui et lui fit part de son
désir de demeurer chez lui. C’est ce que Jésus dit à chacun de nous : laisse
de côté tout ce que tu as à faire. Aujourd’hui, je viens dans ta maison, c’est-
à-dire dans ton cœur. Comme Zachée, cette demande nous remplit de joie.
Zachée prit ce jour-là la résolution de donner une partie de ses biens aux
pauvres et se soucia de réparer le tort qu’il avait fait. Nous ne sommes pas
collecteurs d’impôts mais nous avons fait du tort aux uns ou aux autres,
c’est sûr : une parole maladroite, blessante, un geste manqué qui a fait de la
peine font trop souvent partie de notre quotidien. Si Jésus vient aujourd’hui
nous visiter, à nous de réparer humblement, sans que personne ne s’en
rende bien compte ; nous saurons que Jésus pourra nous dire, comme il l’a
dit à Zachée : aujourd’hui, le salut est venu dans cette maison.
Donne-moi à boire.
Jn 4, 7
Avant le dernier repas qu’il partagea avec eux, Jésus se fit serviteur : il se
mit à genoux devant ses apôtres pour leur laver les pieds. On nous précise
même qu’il enleva son manteau et mit son tablier (Jn 13, 4). Mais ce qui est
important, c’est justement la question qu’il pose ensuite à ses disciples :
comprenez-vous ce que je vous ai fait ? Et Jésus explique ce que c’est que
d’être le Maître et le Seigneur. Ce n’est pas ce que nous imaginons, une
situation de pouvoir où la volonté du Maître et du Seigneur serait toute-
puissante. Il s’agit justement de se mettre à genoux devant l’autre pour lui
laver les pieds, un rôle qui était réservé aux serviteurs. Le Maître et
Seigneur n’est pas celui qui impose sa volonté, mais celui qui est au service
des autres, et les apôtres, comme nous, ont beaucoup de mal à comprendre,
parce que se mettre à genoux devant l’autre n’est pas une attitude courante.
Elle ne peut être comprise que dans la prière et dans la transfiguration de la
figure de l’autre si nous acceptons de reconnaître en lui, quels que soient
ses traits déformés par la médisance et les impostures, le visage du Christ.
Que veux-tu que je fasse pour toi ?
Mc 10, 46-52
Dans l’Antiquité et même dans les siècles qui suivirent, le lépreux est
l’homme maudit, sa lèpre ne pouvant être que le résultat d’une offense à
Dieu. Il se trouve dans la même condition que Job. Même si ce n’est pas lui
le coupable, ce sont ses parents ou quelqu’un de sa parentèle : son corps est
la marque vivante d’un péché, puisque la maladie est considérée comme
une punition de Dieu. De plus, il est contagieux, et il faut donc
impérativement le fuir. Le lépreux est un homme qui n’a plus aucune vie
sociale tant son corps porte le visage de la mort. Or, Jésus ne fuit pas, mais
il étend la main et le touche. Il ne s’agit pas d’un geste magique ni d’un
toucher de guérisseur. Le geste de Jésus, celui de toucher, est chargé d’une
signification religieuse et missionnaire. En touchant le malade, il accepte de
prendre sur lui sa contagion, d’assumer sa lèpre, de porter son péché. Quand
Jésus agit ainsi, il accomplit magnifiquement sa mission de serviteur telle
qu’elle est décrite chez le prophète Isaïe : « En fait ce sont nos souffrances
qu’il a portées, ce sont nos douleurs qu’il a supportées… et dans ses plaies
se trouvait notre guérison » (Is 53, 4-5).
Père, j’ai péché contre le Ciel et contre toi, je ne mérite
plus d’être appelé ton fils.
Lc 15, 11-24
C’est l’histoire d’un jeune qui a tout pour être heureux chez lui mais qui
rêve d’une liberté à sa façon. Il demande sa part d’héritage et s’en va vivre
ailleurs : là, les tentations s’enchaînent, au point qu’il dépense tout ce qu’il
avait et qu’il se retrouve sans rien. C’est seulement à ce moment-là qu’il se
souvient et qu’il éprouve la nostalgie du foyer paternel. Alors il réfléchit à
ce qu’il pourrait dire à son père et, en son cœur, il compose d’avance la
prière de pardon qu’il prononcera. Et son père est son père, un père qui
n’avait cessé de l’aimer et qui attendait malgré tout, chaque jour, son retour.
C’est son père qui l’aperçoit de loin, qui court à sa rencontre et qui le presse
sur son cœur ; Rembrandt l’a immortalisé dans son grand tableau intitulé Le
Retour de l’enfant prodigue, où l’on voit le fils comme un pauvre sans
couleurs accueilli entre les bras du père dont le visage exprime une
tendresse infinie. Que cherche Jésus en racontant cette belle histoire ? Il
veut montrer par cet exemple ce qu’est la miséricorde de Dieu, qui
pardonne sans demander la moindre explication. Cette parabole illustre le
dialogue qui existe entre nos faiblesses et l’infinie patience de Dieu qui
attend chaque jour notre retour. Dieu répond par sa patience à notre
mesquinerie qui fait des comptes, notre jouissance qui exalte le plaisir, notre
gaspillage de la vie ; c’est la raison de toute espérance.
Jésus était en train d’enseigner dans une synagogue un jour
de sabbat, et là, il y avait une femme ayant un esprit qui la
rendait infirme depuis dix-huit ans, et elle était toute
courbée et elle n’avait pas la puissance pour se redresser
complètement.
Lc 13 10-17
La foule, qui est anonyme par nature, est bien présente dans l’Évangile et y
joue un très grand rôle. Combien y a-t-il de malades que Jésus a guéris qui
sont dispersés dans la foule ? Mais aujourd’hui, la question n’est plus là. En
effet, c’est à cette foule-là que Pilate s’adresse pour savoir qui il devrait
relâcher : Jésus ou un prisonnier nommé Barabbas. Le gouverneur avait
l’habitude de gracier un condamné à l’occasion de la fête de la Pâque. Pilate
interroge la foule, et celle-ci répond : Barabbas. C’est toujours devant la
foule, nous dit l’Évangile de Matthieu (27, 17), que Pilate prit de l’eau et se
lava les mains (« en présence de la foule », 27, 24). La foule a répondu, la
foule est témoin, la foule se fait procureur. Mais, au-delà de ce qui se passe
et que, dans un jugement rapide, nous pouvons attribuer à la versatilité des
foules à laquelle l’histoire nous a habitués, nous devons dégager le sens de
cette réponse. Le Christ est l’Innocent par excellence ; en étant livré aux
grands prêtres, à la foule, à Pilate l’occupant romain, il dévoile par son
innocence même et son obéissance à Dieu la volonté homicide qui habite le
cœur de tous les hommes. Il le fait en acceptant d’être leur victime. La foule
est le miroir de ce que nous sommes : dans la trahison et la livraison de
Jésus, tous ceux qui crient découvrent leur péché, leur cruauté et leur
lâcheté. La foule, c’est l’image des hommes qui disent non à Dieu.
Ce que j’ai écrit je l’ai écrit.
Jn 19, 22
La coutume voulait que l’on inscrive sur les croix des suppliciés le motif de
leur condamnation. Pilate avait fait rédiger un écriteau en hébreu, en latin et
en grec portant cette inscription : « Jésus le Nazôréen roi des Juifs », ce que
rapportent les quatre évangélistes. Les grands prêtres veulent une
rectification et viennent trouver Pilate pour lui dire ce qu’il fallait écrire :
« Cet individu a prétendu qu’il était le roi des Juifs ». Pilate refuse, car il ne
veut pas revenir sur ce qui est écrit. De manière paradoxale, c’est Pilate, le
gouverneur romain, donc le païen, qui désigne Jésus comme roi des Juifs,
ce qu’il est en vérité. Mais la rédaction de l’écriteau, en nommant Jésus roi
des Juifs et non roi d’Israël, souligne l’aspect le plus ethnique, le plus
méprisable et le plus réducteur aux yeux des Romains. Les disciples ont
acclamé en lui le Messie, le vrai roi d’Israël que les siècles attendaient, et
aux yeux du monde, au calvaire, il n’est que le roi des Juifs, un homme
condamné pour désordre et révolte contre l’autorité suprême de l’ordre
romain. Or, cet écriteau est écrit en hébreu, en grec et en latin, c’est-à-dire
dans les trois langues de l’univers civilisé d’alors, pour que le monde entier
de l’époque sache qui il est, ce pauvre roi de dérision. Rome, représentante
de la justice, de la civilisation, garante de l’ordre, donne l’exemple d’une
justice faussée par la haine et la corruption, la lâcheté et l’ambition d’un
gouverneur de province, qui veut le calme dans sa cité à n’importe quel prix
pour mieux assurer la promotion de sa carrière.
Les foules qui marchaient devant lui et celles qui le
suivaient criaient : « Hosanna au Fils de David. Béni soit
celui qui vient au nom du Seigneur. Hosanna au plus haut
des Cieux. »
Mt 21, 9
Jésus est en butte aux mensonges des hommes et il le dit de manière très
forte, presque violente, au cours d’une grande discussion qu’il a avec les
Juifs. Face à l’enseignement de Jésus, les Juifs rétorquent : nous avons pour
père Abraham, comme si cette affirmation était le garant de leur bonne
conscience. Or, Jésus leur répond que leur père, c’est le diable qui, dès les
commencements, s’est attaché à faire mourir l’homme. C’est une allusion
au récit de la Genèse, et Jésus explique que le diable est mensonge et père
du mensonge. Il essaie de faire comprendre que la tentation du mal, les
tendances de l’homme vers le péché, ses pulsions plus fortes que sa volonté
sont l’œuvre du diable, et qu’il ne faut jamais se fier à ses discours
enjôleurs car ils ne sont que fausseté et parodie. Il s’agit là du mensonge le
plus grave, parce qu’il concerne Dieu et Jésus. Nous voyons alors, dans
cette longue discussion du chapitre 8 de Jean, cette opposition irréductible
entre les uns qui s’enferment dans le mensonge et Jésus qui essaie
d’expliquer aux Juifs que, si véritablement ils ont pour père Abraham, ils le
reconnaîtraient, lui Jésus, dans l’authenticité de sa mission. C’est bien cela,
le mensonge qui aveugle les yeux des hommes et endurcit leurs oreilles,
empêchant l’amour de triompher afin de reconnaître la parole de Dieu à
l’œuvre en ce monde.
Le malfaiteur disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu
viendras comme roi. » Jésus lui répondit : « En vérité je te
le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis. »
Lc 23, 42-43
« Tu seras avec moi » : c’est la promesse de Jésus au bon larron. Jésus est
crucifié avec des malfaiteurs, car lui aussi est considéré comme un malfrat.
L’un de ces malfaiteurs l’injurie et joint sa voix à la horde de ceux qui se
moquent de Jésus. Il joint sa voix à la foule qui répète, étonnée : Il a dit
qu’il était le Fils de Dieu mais si c’était vrai, il serait capable de se délivrer
lui-même. Tous pensent qu’un fils de Dieu possède naturellement un
pouvoir magique, sinon il n’est pas un vrai Dieu. Hélas, ils n’ont pas
compris que Dieu a envoyé son fils pour qu’il prenne sur lui tous nos
péchés et tous nos crimes et se fasse malfaiteur à notre place. L’autre
malfaiteur, qui reconnaissait sa faute, demandait pardon comme le publicain
qui priait humblement dans le Temple en demandant à Dieu de le prendre
en pitié. Sa prière est admirable parce qu’elle commence par un acte de
contrition : « nous avons péché », comme s’il parlait aussi au nom de son
camarade d’infortune en révolte. Elle continue avec un acte de foi
reconnaissant que Jésus est juste, puisqu’il n’a rien fait de mal, et elle se
termine avec un acte d’espérance : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu
viendras dans ta royauté ». Alors Jésus lui répond : « Je te le promets,
aujourd’hui même tu seras avec moi dans le Paradis ». Être avec Jésus dans
le paradis, cela a-t-il un sens pour nous ? Oui, cela a un sens, mais dans le
mystère de la foi.
Jésus s’en alla avec ses disciples au-delà du torrent du
Cédron, il y avait là un jardin où il entra avec ses disciples.
Jn 18, 1
Pour rendre le texte plus accessible, les traductions remplacent les mots
« manger le sel » par « partager le repas ». Mais il faut restituer toute la
force du verbe qui est utilisé en grec et qui signifie précisément « manger le
sel ». Quand Jésus mange du sel avec ses apôtres après la résurrection, il
accomplit un geste d’alliance. En effet, le sel représente dans l’Ancien
Testament une réalité inaltérable. « Sur toute offrande que tu présenteras tu
mettras du sel » (Lv 2, 13). L’alliance entre Dieu et Israël est une alliance
consacrée par le sel et elle est immuable aux yeux du Seigneur (Nb 18, 19).
Le sel est une image, un signe pour dire que cette alliance est imputrescible,
que rien ne pourra la détruire. Effectivement, il permet de conserver les
aliments et les empêche de pourrir. On comprend alors pourquoi Luc a
employé ce verbe très précis. Au cours de la dernière Cène, Jésus a institué
la nouvelle alliance, et maintenant, après sa résurrection, en partageant le
repas et en mangeant le sel avec ses apôtres, il exprime le lien qui existe
entre le banquet qui précède la Passion et cette nouvelle communion
conviviale du Ressuscité : il se donne aux siens comme nourriture et les fait
participer ainsi à sa vie qui est la Vie même.
Marie de Magdala était restée près du tombeau et elle
pleurait (…) Elle vit Jésus qui se tenait là mais elle ne
savait pas que c’était lui. Jésus lui dit : « Femme, pourquoi
pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » Mais elle, croyant qu’elle
avait affaire au jardinier, lui dit : « Seigneur, si c’est toi qui
l’as enlevé, dis-moi où tu l’as mis et j’irai le prendre. »
Jn 20, 14-15
Marie de Magdala pense que tout est fini puisqu’elle se soucie des soins
entourant un cadavre. Mais c’est seulement quand Jésus l’appellera par son
nom qu’elle le reconnaîtra. Le Christ jardinier est une belle image pour
signifier que Jésus reprend la tâche de veiller sur la Création qui avait été
confiée à Adam. Hippolyte de Rome, qui vécut au IIe siècle après Jésus-
Christ, propose une interprétation théologique de ce jardin de la
résurrection, qui symbolise désormais l’endroit où vivent les baptisés.
Justement, il compare tous ceux qui viennent de recevoir le baptême à des
plantes arrosées par le Christ et à des boutures vivant sur l’arbre de Vie :
« Voici l’Éden qui est un jardin de délices, planté de bons arbres qui sont
l’assemblée des justes. Il coule dans ce jardin un fleuve intarissable, c’est le
Christ. Il est l’arbre de Vie. Par ses racines, moi aussi je m’enracine, par ses
branches moi aussi je m’étends. Sa rosée me réjouit et son esprit comme un
vent délicieux fait de moi une terre fertile. À son ombre j’ai dressé ma
tente, là je fuis les grandes chaleurs et je trouve un abri plein de rosée. Ses
feuilles sont ma frondaison, ses fruits font mes délices et désormais je jouis
des fruits qui m’étaient réservés dès l’origine. »
[Quand Paul arriva à Athènes], son esprit s’échauffa en lui
au spectacle de cette ville remplie d’idoles… Il prit la
parole au milieu de l’Aréopage : « Quand je parcours vos
rues, mon regard se porte sur vos monuments sacrés et j’ai
découvert entre autres un autel qui porte cette inscription :
Au dieu inconnu. Ce que vous vénérez sans le connaître, je
viens vous l’annoncer. »
Ac 17, 16
Comme s’il avait voulu ouvrir et conclure son livre avec deux figures
d’hommes justes et pieux qui attendaient la venue du Messie et le règne de
Dieu, Luc emploie justement pour présenter ces deux hommes ce verbe
« attendre » qui les caractérise. Le premier, c’est Syméon, dont il nous dit
qu’il était un homme juste et pieux, qu’il attendait la consolation d’Israël et
que l’Esprit saint reposait sur lui. « La consolation d’Israël » désigne en
termes bibliques l’arrivée du Messie. Or, justement poussé par l’Esprit qui
lui avait dit qu’il ne verrait pas la mort avant d’avoir vu le Messie du
Seigneur, il vint au Temple de Jérusalem quand les parents de Jésus
arrivèrent avec l’enfant pour accomplir les rites de purification. Luc
mentionne deux qualités spirituelles pour entrer dans cette attente : un
homme juste, c’est un homme saint, un homme pieux, c’est celui qui prie
sincèrement, non pas comme ceux qui veulent se faire voir et qui occupent
les premiers rangs, ou bien qui vantent ses mérites dans sa prière, comme
Jésus le dit dans son enseignement. Le deuxième homme qui attend, lui
aussi, c’est Joseph d’Arimathie. Cet homme était membre du conseil, c’était
donc un notable, et il eut le courage d’aller voir Pilate pour lui demander le
corps de Jésus.
Après ces événements, Joseph d’Arimathie, qui était un
disciple de Jésus mais qui s’en cachait par peur des Juifs,
demanda à Pilate l’autorisation d’enlever le corps de Jésus.
Jn 19, 38
Justement, cet homme bon et juste n’avait pas donné son accord à ce qui
s’était passé, et c’est lui qui a eu le courage d’aller trouver Pilate pour lui
demander le corps de Jésus. Il y a toute une logique dans la conduite de
Joseph d’Arimathie : il a bien affirmé son désaccord au moment où les Juifs
veulent mettre à mort Jésus. Il assume la responsabilité de demander une
audience à Pilate pour obtenir que le corps de Jésus ne pourrisse pas sur la
croix, comme les Romains avaient l’habitude de traiter le corps des
condamnés. Conformément à la loi juive, il demande que le corps de Jésus
soit mis dans le tombeau tout neuf qu’il possédait. Il attendait le règne de
Dieu et, comble du paradoxe, il reçoit dans ses bras le cadavre de Jésus. Sa
foi est-elle violentée ou réconfortée ? Les deux sentiments composent le
mystère du secret de son cœur. Son attente du règne de Dieu trouva sa
récompense quand les apôtres commencèrent leur prédication à Jérusalem
en annonçant le Christ ressuscité.
Le lendemain, Jean-Baptiste voit Jésus qui vient vers lui et
il dit : Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du
monde.
Jn 1, 29
La mère et les frères de Jésus (il faut entendre les cousins) cherchent à lui
parler. C’est l’occasion pour Jésus de faire un pas de plus pour expliquer la
rupture que signifie le Royaume des Cieux par rapport aux membres de la
famille, qui ont des réflexes bien humains de possession. On n’a pas de
droit les uns sur les autres, Jésus n’appartient pas exclusivement à sa
famille. Jésus explique qui il est, c’est-à-dire le Fils du Père qui est aux
Cieux et donc le Fils de Dieu. À ce titre, il crée une relation nouvelle entre
les hommes qui se trouvent réunis dans une même communion, une même
famille, en faisant la volonté du Père qui est aux Cieux. Cette expression
« il est aux Cieux » rejoint une manière de nommer Dieu dans l’Ancien
Testament. Jésus peut appeler tous les hommes de bonne volonté à le suivre,
mais à une condition : faire la volonté de Dieu. Cela renvoie à
l’accomplissement de la Torah et en particulier des Dix Commandements
qui, entre autres, organisent les relations entre les personnes.
« Seigneur, cela ne te fait rien que ma sœur m’ait laissée
seule à faire le service ? Dis-lui donc de m’aider… » Le
Seigneur répondit à Marthe : « Une seule chose est
nécessaire, c’est bien Marie qui a choisi la meilleure part. »
Lc 10, 42
Marthe et Marie sont deux sœurs qui vont accueillir Jésus pour le déjeuner.
Marie écoute Jésus, assise à ses pieds, tandis que Marthe s’affaire et
commence à s’agacer de voir sa sœur immobile, attendant que tout soit prêt.
Alors elle prend Jésus à témoin et cherche à en faire son allié. Marthe
trouve injuste d’être seule à tout faire. Donc, elle demande à Jésus
d’intervenir, pas seulement pour que sa sœur vienne lui donner un coup de
main, mais pour qu’il lui fasse des reproches qui, aux yeux de Marthe, sont
tout à fait justifiés. « Cela ne te fait rien que ma sœur m’ait laissée seule à
faire le service ? » Par ces paroles, elle révèle le fond de son cœur : en fait,
elle voudrait que Jésus ait une vue humaine des choses, comme elle. Jésus
répond : « Marie a choisi la meilleure part. » Cette petite scène est très
importante parce qu’elle montre que nous ne pouvons pas juger à l’aune de
nos choix ordinaires. Il y a une dimension spirituelle dans notre relation à
Jésus : ce n’est pas choisir entre ceci et entre cela, c’est accepter à certains
moments une autre dimension, qui justement est celle de la grâce, pour
imaginer au nom du Christ une relation nouvelle avec ceux qui nous
entourent.
S’ils n’écoutent pas Moïse ni les prophètes, même si
quelqu’un ressuscite d’entre les morts, ils ne seront pas
convaincus.
Lc 16, 31
Quelle tentation à tous les niveaux que la quête de la richesse à tout prix !
Jésus, par une parabole d’une extraordinaire actualité, décrit le luxe et le
confort qu’engendre la richesse (Lc 16, 19-30). Il met en scène un homme
qui a consacré sa vie à sa fortune, si bien qu’il est habillé de vêtements en
lin très fin et de pourpre et qu’il fait chaque jour des repas somptueux. À sa
porte gît un pauvre, le corps malade, un pauvre ou plus exactement un SDF,
puisqu’il est dehors et qu’il aimerait bien avoir les restes de ces repas que
trop souvent on jette à la poubelle. Le pauvre meurt et est emporté par les
anges au Ciel. Le riche aussi meurt, mais lui, il va dans un séjour de
souffrance. Il supplie alors son père Abraham d’envoyer des messagers
auprès de ses frères pour qu’ils comprennent qu’ils doivent changer de style
de vie et se convertir, mais Abraham lui répond : est-ce qu’ils n’ont pas
écouté les prophètes ? Le riche insiste : il faut un miracle bien visible,
quelqu’un qui ressuscite, par exemple. Abraham répondit que, même dans
ce cas, ils ne seront pas convaincus. C’est bien ce qui s’est passé : Jésus est
ressuscité. Est-ce pour autant que le monde s’est converti ? Seul un petit
nombre qui marchent pauvres à la suite de Jésus pauvre… et ces pauvres-là
ont le cœur plein d’une richesse inaliénable.
Lorsque les soldats eurent achevé de crucifier Jésus, ils
prirent ses vêtements et en firent quatre parts, une pour
chacun. Restait la tunique ; elle était sans couture, tissée
d’une seule pièce depuis le haut. Les soldats se dirent entre
eux : ne la déchirons pas mais tirons-la au sort.
Jn 19, 22-23
Matthieu, Marc et Luc rapportent que les soldats se partagent les vêtements
de Jésus, ce qui correspondait à la coutume romaine qui voulait que les
bourreaux reçoivent en prime les vêtements des condamnés. Les trois
évangélistes font immédiatement le rapport avec le psaume 22 : « Ils ont
tiré au sort mes vêtements. » Mais pourquoi Jean ajoute-t-il une phrase qui
concerne la tunique ? Précisément tissée d’une seule pièce, elle rappelle la
tunique du grand prêtre (Ex 28, 39-43). C’est une manière de reconnaître la
dignité de Jésus comme grand prêtre, qui offre l’unique sacrifice en
demande de pardon pour tous les hommes. De plus, cette tunique sans
couture est aussi une façon d’exprimer l’unité que Jésus avait demandée au
cours de sa dernière prière : « Père saint, garde-les en ton nom que tu m’as
donné pour qu’ils soient un comme nous sommes un » (Jn 17, 11). De
même que Jésus a été couronné d’épines comme un roi de dérision, de
même c’est dans le dénuement extrême qu’il accomplit sa mission de grand
prêtre.
Pas lui, Barabbas !
Jn 18, 40
Thomas n’était pas avec les apôtres quand Jésus leur apparut après la
résurrection. À ceux qui étaient tout heureux d’avoir vu Jésus, il dit avec
véhémence que, s’il n’enfonçait pas son doigt dans les blessures du crucifié,
il ne croirait pas. Il veut voir lui-même, avoir une preuve, vérifier ce qui est
incroyable. En cela, il exprime un réflexe bien humain. Une semaine plus
tard, Jésus le prend au mot : il lui offre de mettre son doigt dans les traces
des clous qui ont percé ses mains et d’enfoncer sa main dans son côté. Jésus
a attendu, il lui a laissé le temps nécessaire. Jésus offre son corps à celui qui
a exprimé haut et fort son incrédulité. Mais plus encore, en montrant ses
plaies, Jésus offre à Thomas le souvenir de son abandon et d’une certaine
manière de sa trahison, puisqu’il n’est pas resté au pied de la croix, partant
avec les autres apôtres. Mais cette trahison est pardonnée, puisque Jésus est
devant lui et l’appelle. Thomas s’exécute, met ses mains dans les plaies et
prononce un bel acte de foi : « Mon Seigneur et mon Dieu » (Jn 20, 28). Ce
sont les mots essentiels qui résument à la fois la lente révélation du Dieu
unique annoncé à Israël et la découverte de son Messie qui a vaincu la mort.
À travers ces mots, Thomas comprend et fait siennes les paroles que Jésus
avait dites peu de temps avant son arrestation : « Celui qui m’a vu a vu le
Père… Croyez-moi, je suis dans le Père et le Père est en moi » (Jn 14, 9-
11). Cette scène montre que la foi est bien un don de Dieu : Jésus s’est
offert à l’incroyance de Thomas.
Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes.
Ac 5, 29
Cette parole inaugure une nouvelle histoire de liberté dans le monde. Saint
Pierre se trouve devant le Sanhédrin, l’institution religieuse juive suprême.
Il est convoqué pour avoir enseigné le nom de Jésus dans le Temple alors
que prononcer ce nom était interdit depuis les événements de la crucifixion.
La réponse de Pierre au Sanhédrin est presque identique à la réponse de
Socrate au juge du tribunal d’Athènes. Le tribunal lui offre la liberté à
condition qu’il ne s’obstine pas dans cette quête de Dieu. Mais une liberté
achetée en renonçant au chemin vers Dieu ne serait plus une liberté. Il doit
donc obéir non pas à ces juges – il ne doit pas acheter sa vie en se perdant
lui-même –, mais il doit obéir à Dieu. L’obéissance à Dieu a la primauté.
C’est en connaissant Dieu par la lecture de la Bible que l’on apprend la
véritable obéissance, qui est le fondement de la liberté humaine. Exerçant
cette liberté, Pierre affirme devant ce tribunal les raisons de sa démarche :
« Le Dieu de nos Pères a ressuscité Jésus que vous aviez exécuté en le
pendant au bois. C’est lui que Dieu a exalté par sa droite comme Prince et
Sauveur pour donner à Israël la conversion et le pardon des péchés » (Ac 5,
30).
Notre cœur n’était-il pas tout brûlant en nous pendant qu’il
nous parlait en chemin quand il nous expliquait les
Écritures.
Lc 24, 32
Paul insiste pour faire comprendre à son auditoire qu’il a reçu sa mission du
Christ lui-même. C’est pourquoi sa mission s’adresse au monde. Il lui faut
parcourir le monde païen pour y faire connaître l’Évangile et construire
l’Église. Mais il est conscient que pour accomplir cette mission, il a besoin
de l’aide de ceux qui étaient apôtres avant lui, sans quoi il risque, comme il
le dit lui-même, de courir pour rien. Ensuite, nous voyons l’apôtre parcourir
le monde méditerranéen et visiter toutes les grandes villes de l’Asie
Mineure et de la Grèce avant d’arriver à Rome. Il constate au cours de ces
voyages toutes les difficultés des premières communautés, qui sont
également rapportées dans les chapitres 2 et 3 de l’Apocalypse, avec les
lettres pastorales aux sept églises. Les discordes, la corruption, le manque
de zèle apostolique, toutes ces lenteurs humaines avec tant de paroles
inutiles habitent les communautés quels que soient les siècles. Paul affirme
ici la primauté de la révélation par l’Esprit sans espérer en voir le résultat
ici bas. Simplement, il fait confiance, en sachant que rien de ce qu’il aura
fait n’aura été aux yeux de Dieu un temps gaspillé et inutile.
La nuit est avancée, le jour est proche. Rejetons les œuvres
des ténèbres et revêtons les armes de lumière.
Ro 13, 12
À sa façon, Paul emploie les mêmes images que Jean : « Celui qui marche à
ma suite ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière qui conduit à
la vie » (Jn 8, 12). Mais Paul est plus explicite, dans la mesure où il
explique ce que signifie rejeter les ténèbres : pas de beuveries, de fêtes
indécentes ni de débauches, pas de querelles ni de jalousie. Il ne faut pas se
laisser saisir par les désirs de la chair et toutes sortes de convoitises. Il agit
là en pasteur et retrouve les accents des prophètes de l’Ancien Testament,
qui prêchaient sans cesse la sincérité, une conduite conforme aux
commandements de Dieu. Il était incompatible de prier le Dieu d’Israël en
ne pensant qu’à son plaisir si bien que l’on écrasait les pauvres autour de
soi. Mais il va plus loin, car il montre que le baptisé plongé dans la mort et
la résurrection du Christ devient un autre homme, puisqu’il revêt le Christ.
Alors sa responsabilité est engagée, car il doit devenir lumière pour les
autres.
Quand je parlerais en langues, celle des hommes et celle
des anges, s’il me manque l’amour je serai un métal qui
sonne une cymbale retentissante. Quand j’aurais le don de
prophétie, la connaissance de tous les mystères et de toute
la science, quand j’aurais la foi la plus totale, celle qui
transporte les montagnes, s’il me manque l’amour je ne
serai rien. Quand je distribuerais tous mes biens aux
affamés, quand je livrerais mon corps aux flammes, s’il me
manque l’amour je n’y gagnerai rien.
L’amour prend patience, l’amour rend service, il ne jalouse
pas, il ne plastronne pas, il ne s’enfle pas d’orgueil, il ne
fait rien de laid, il ne cherche pas son intérêt, il ne s’irrite
pas, il n’entretient pas de rancune, il ne se réjouit pas de
l’injustice mais il trouve sa joie dans la vérité.
Il couvre tout, il croit tout, il espère tout, il endure tout.
L’amour ne disparaît jamais.
1 Co 13, 1-8
Dans la lettre aux Romains, Paul explique la Création avec les accents de la
culture grecque. Le langage de la Genèse montre de manière très discrète
que la Création tout entière est victime de la violence des hommes, car les
épines et les chardons apparaissent après le péché d’Adam et Ève (Gn 3).
On connaît trop bien aujourd’hui les conséquences dramatiques de l’activité
débridée des hommes, qui compromet leur environnement et les chances
des générations à venir. Mais avant tout, il y a une valeur d’exemplarité
dans le récit biblique. Les drames naturels sont le signe criant du
dérèglement des actes humains. Comprenons qu’une épidémie n’est pas le
châtiment envoyé par Dieu, mais l’avertissement d’une faille grave dans
notre manière de vivre. L’avantage de l’appel au cycle de la nature est de
s’observer de manière durable. Il faut des années pour réparer les dégâts
d’un tremblement de terre. De même le pardon s’inscrit donc dans la durée,
car il faut cicatriser des plaies du corps et de l’âme. « Malheureux homme
que je suis ! Qui me délivrera de ce corps qui appartient à la mort ? » (7,
24). Paul emprunte ces mots à Médée dans la tragédie d’Euripide.
L’espérance ne déçoit pas.
Rm 5,5
Paul a déjà affirmé au début de la lettre aux Romains qu’il ne rougit pas de
l’Évangile, ce qui suppose un grand courage pour annoncer le Christ dans
un monde complètement païen. Le raisonnement de Paul est le suivant :
alors que l’injustice règne dans le monde et que celui-ci mériterait un
jugement de condamnation, qu’on soit juif ou païen, Dieu révèle que sa
justice, au lieu de condamner, pardonne, ce qui signifie « rendre juste », et
cela gratuitement grâce à la délivrance opérée par Jésus (3,21-24). La
situation historique, tant de Paul que des autres disciples de son temps ou
du nôtre, est marquée par la détresse et l’épreuve, en tout cas la faiblesse.
Mais Paul tient bon car il s’appuie forcément sur ce que Jésus a vécu, lui
qui a connu à la fois la gloire de la Transfiguration et l’humiliation du
Serviteur souffrant. Le disciple n’est pas au-dessus du Maître. Le secret est
le suivant : la grandeur et la puissance de Jésus ne se manifestent pas après
sa souffrance et sa mort, mais pendant celles-ci ! La perfection ne se
manifeste pas par des conditions de vie faciles ou parfaites, mais par la
conviction que l’amour de Dieu est plus puissant que les limites et les
faillites de notre vie. L’espérance de continuer à aimer, à progresser, à
pardonner est fondée sur les signes en Jésus de l’amour de Dieu qui prend
l’initiative du pardon.
Le Dieu qui a dit : que la lumière brille au milieu des
ténèbres, c’est lui-même qui a brillé dans nos cœurs pour
faire resplendir la connaissance de sa gloire qui rayonne
sur le visage du Christ.
2 Co 4, 6
Une telle traduction fait sursauter, si bien qu’en général, les bibles
édulcorent en remplaçant les mots « mâle » et « femelle » par « homme » et
« femme ». Pourtant, ce sont bien deux mots spécifiques du vocabulaire
grec que Paul a choisis. Mais dans ces deux versets, le terme de loin le plus
important, celui sur lequel Paul bâtit son raisonnement, est le pronom tous,
qui est répété plusieurs fois et qui décrit l’universalité du salut. « Juif » et
« Grec » renvoient à l’histoire du salut, qui passe par Israël avant
d’atteindre les nations païennes. « Homme libre » et « esclave » est la
description des hiérarchies engendrées par les relations dans les sociétés, la
force se faisant la norme du droit (Sg 2). En choisissant les mots « mâle » et
« femelle », Paul fait explicitement référence au chapitre 3 de la Genèse.
L’homme et la femme se disputent en se rejetant mutuellement la faute.
Paul annonce que Dieu, dans le Christ, efface cette hostilité entre les sexes,
conséquence du péché originel, mais qu’il rétablit l’unité profonde de
l’humanité. Il faut donc comprendre qu’il y a désormais l’homme et la
femme reconstruits dans leur diversité et leur richesse respectives.
Pour moi, quand je suis venu chez vous, frères, je ne suis
pas venu vous annoncer le mystère de Dieu avec le prestige
de la parole ou de la sagesse. Non, je n’ai rien voulu savoir
parmi vous, sinon Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié.
1 Co 2, 1-2
Car si notre cœur nous accuse, Dieu est plus grand que
notre cœur.
1 Jn 3, 20
Pentateuque
Ce mot grec dont la racine correspond à l’adjectif numéral cinq désigne les
cinq livres qui forment la Torah pour les Juifs, autrement dit l’ensemble de
la Loi : Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome.
Genèse
Ce mot grec signifie le commencement. Ce livre décrit l’histoire de la
Création ainsi que l’intervention de Dieu dans l’histoire humaine à travers
l’appel d’Abraham. On y lit les aventures des patriarches et des matriarches
confrontés à la réalité de leur condition humaine face à l’appel du Dieu
transcendant et bienveillant.
Exode
Ce livre décrit l’événement fondateur d’Israël : la libération du peuple
prisonnier en Égypte pour franchir la mer Rouge et entrer en Terre promise
sous la conduite de Moïse. Ce moment unique est commémoré de siècle en
siècle à travers les célébrations de la fête de la Pâque.
Lévitique
Livre difficile qui décrit avec minutie tous les rites concernant le culte, les
sacrifices, les prières. Il présente en détails la liturgie du Yom Kippour, jour
du Grand Pardon. Il édicte aussi les règles de pureté et d’impureté
concernant aussi bien la nourriture que les relations sexuelles.
Prophètes
Ce terme générique recouvre des livres dits historiques, les livres de Samuel
et des Rois et les livres attribués aux prophètes. Ils décrivent, à travers les
péripéties de l’installation d’Israël en Terre promise, les grandes difficultés
rencontrées par Israël pour survivre entre des grandes puissances qui
cherchent à l’éliminer pour s’emparer de sa terre. L’alliance promise par
Dieu pour soutenir Israël est-elle réaliste ? C’est tout le combat entre la
révélation, la fidélité au Dieu unique et transcendant, et la tentation des
idoles. Est en même temps posé le problème de la sincérité du culte et des
règles de la vie sociale.
Psaumes
Ces prières dont on ne connaît pas les auteurs ont été sans cesse reprises,
recomposées, réécrites et enrichies de toutes les expériences spirituelles,
personnelles et collectives, si bien qu’elles forment un trésor que la liturgie
monastique chante à travers les siècles. Croyant ou incroyant, tout homme y
trouve l’expression de ses contradictions intimes qu’il se sent impuissant à
exprimer. Lire les Psaumes, c’est se laisser porter par leurs mots pour faire
sienne une prière divine.
Job
On pourrait qualifier ce récit de conte théologique écrit avec un art
consommé de la dramaturgie.
Évangiles
Transcrit du grec, le mot « Évangile » signifie littéralement « la bonne
nouvelle ». Il y a quatre Évangiles, ceux de Matthieu, Marc, Luc et Jean.
Les trois premiers utilisent les mêmes sources, mais chacun les présente
avec leurs caractères propres : on les appelle les synoptiques, car ils ont la
même vision. Le quatrième est l’Évangile de Jean, qui choisit un style
différent. Il présente en effet sept miracles de Jésus, qu’il appelle des signes
et qui sont accompagnés de longs et magnifiques enseignements.
Saint Paul
Paul a reçu une double formation : par sa naissance, il baigne dans la
tradition juive pharisienne, puis par sa vocation missionnaire, il est
confronté à la culture gréco-latine, dont il doit employer le langage pour se
faire comprendre des païens auxquels il s’adresse. Ses lettres sont
passionnantes car il y montre comment un homme de foi est confronté aux
réalités d’une société difficile, brutale et injuste. Comme l’avaient fait les
prophètes avant lui, il combat l’hypocrisie et ne cesse de prêcher l’amour et
la sincérité du cœur.
A
Amour 7, 17, 31, 35, 53-56, 64, 72, 78, 81, 85, 86, 111, 116, 118, 119, 121, 138, 155, 160-161, 166,
168, 170
Apôtres 51, 93, 101, 104-106, 118, 124, 128, 141, 145, 153, 164, 172
Arbre 80, 126, 142, 159
Aveugle 110, 129, 138
B
Bénédiction 15, 23, 31, 39, 73, 75, 155
Bonheur 17, 27, 39, 44, 45, 49, 72, 110, 178
C
Charité 65, 159, 162, 166
Ciel 15, 20, 26, 73, 112, 123
Cœur 7, 17-19, 35, 37, 41, 46, 47, 50, 52, 54, 56, 59, 60, 62, 63, 65, 69, 70, 75, 76, 78, 81, 85, 86, 89,
99, 103, 104, 109, 111, 115, 121, 126, 130, 132, 135, 145, 149, 150, 155, 157, 160, 162, 175
Croix 22, 27, 113, 115, 117, 134, 136, 145, 146, 153, 161, 166
D
Disciples 49, 96, 107, 111, 114, 117, 119, 127-129, 134, 136, 140, 145, 147, 148, 155, 168
E
Eau 27, 28, 56, 65, 127, 135, 146, 173
Eucharistie 124, 127
G
Grand prêtre 105, 151, 173
I
Idoles 7, 28-30, 37, 44, 50, 53, 57, 60-63, 65, 76, 143, 178
J
Justice 21, 44, 54, 59, 71, 76, 104, 107, 121, 136, 168
L
Lépreux 47, 131
Loi 28, 36, 55, 57, 58, 62, 63, 77, 98, 106, 111, 117, 147, 155, 177, 178
M
Mains 64, 68, 111, 121, 133, 135, 153
Manne 26, 33, 123, 124
P
Pain 26, 36, 51, 100, 111, 123, 124, 155, 157
Père 20, 22- 25, 31, 35, 48, 53, 64, 87, 98, 111, 132, 138, 150, 152
Psaume 64, 77, 81, 98, 137, 151
R
Réconcilier 163
Roi 41, 43, 45, 46, 63, 96, 97, 115, 122, 136, 139, 147, 151
S
Sabbat 123, 133, 147
Serpent 43, 80, 140, 157
Serviteur 69, 168
T
Tendresse 111, 132
Ténèbres 13, 165, 169, 170
Tente 95
V
Vigne 44, 119
Vin 55, 127, 134
INDEX DES NOMS PROPRES
A
Abel 18, 19
Abraham 20-22, 73, 107, 138, 150, 177
André 101
B
Baal 50, 58
Babylonie 38, 56, 64, 130
Barabbas 135, 152
Bartimée 129
Béatitudes 103, 104, 156
Bethléem 41, 96
Bethsabée 52
C
Caïn 18, 19
Cana 134
Canaan 33
César 7, 116
Christ 18, 22, 27, 31, 77, 83, 107, 109, 110, 113, 114, 128, 129, 135, 142, 145, 149, 155, 156, 160-
166, 168-173
D
David 42, 46, 52, 96, 120, 122, 129, 137, 147
E
Égypte 24, 26-28, 30, 33, 38, 53, 81, 97, 177
Élie 50, 101
Élisée 51, 101
Emmaüs 96, 155
Ève 17, 71, 80, 134, 140, 167
Ézéchiel 59, 61
G
Galilée 101, 102, 122, 134
Genèse 13, 18, 21, 23, 25, 43, 116, 138, 167, 171, 177
Goliath 42
H
Hérode (roi, auteur du massacre des saints innocents) 97
I
Isaac 22
Isaïe 43, 44, 47, 49, 55, 59, 69, 125, 130, 131, 137
Israël 15, 23, 25, 27-33, 35-39, 41, 42, 44-46, 50, 53, 55, 56, 62, 64, 65, 76, 77, 85, 89, 96, 97, 112,
119, 136, 137, 141, 144, 152-155, 165, 171, 177, 178
J
Jacob 23, 24, 35
Jean 134, 138, 140, 146, 151, 152, 165, 175
Jean-Baptiste 108, 109, 146
Jérémie 56-59, 62, 63
Jérusalem 49, 56, 61, 85, 96, 98, 102, 120, 122, 129, 137, 141, 144, 145, 155
Jessé 41, 43
Jésus 7, 18, 22, 35, 37, 47, 49, 51, 52, 54, 55, 58, 65, 69, 71, 72, 75, 76, 79, 85, 87, 88, 93, 96-98,
100-120, 122, 124-157, 160, 162, 163, 164, 168, 169, 171, 172
Job 83, 131, 178
Jonas 75, 112
Joseph d’Arimathie 144, 145
Joseph (époux de Marie) 97, 98
Joseph (fils de Jacob) 24
Josias 63
Judas 140
M
Marie 20, 95, 98, 99, 134, 142, 149
Marie de Magdala 85, 142
Messie 24, 43, 68, 97, 100, 110, 125, 127, 135-137, 144, 147, 153
Moïse 16, 25-29, 32, 33, 35, 56-58, 77, 95, 97, 107, 150, 155, 177
N
Nathan 52, 137
Nazareth 98, 122, 125, 155
O
Osée 53, 54, 56, 97
P
Pharaon 25-27, 53, 97
Pilate 69, 121, 135-137, 144, 145, 152
S
Salomon 46
Samuel 41, 45, 48, 178
Satan 71, 80, 83, 102, 110, 173
Saül 46
Simon appelé Pierre 101
Sodome 21, 54
Syméon 144
T
Temple de Jérusalem 57, 85, 95, 144, 146, 159
Tente de la Rencontre 16, 95
Tibériade (lac de) 51
Z
Zacharie 18, 120
Zachée 126
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