Vous êtes sur la page 1sur 13

La puissance de sa

résurrection
Par Alfred Kuen - Publié dans
Promesses n° 169, Juillet-septembre 2009

Dans Philippiens 3.4-9, Paul évoque tout ce qu’il avait été


avant sa conversion et qu’il considère désormais comme
une perte, parce que son désir est de « connaître le
Christ, c’est-à-dire expérimenter la puissance de sa
résurrection ».

1. Qu’est-ce que la puissance de sa résurrection ?

a) C’est une puissance

C’est une puissance inimaginable pour


l’homme, la puissance, la toute-puissance de Dieu
même. Dans l’Épître aux Éphésiens, l’apôtre nous donne
cette puissance qui a ressuscité Jésus d’entre les morts
comme la mesure de la puissance de Dieu. Il parle de «
l’extraordinaire grandeur de la puissance qu’il […] a
déployée dans toute sa force en la faisant agir dans le
Christ lorsqu’il l’a ressuscité d’entre les morts » (Éph
1.19).

1
Tout ce que le grec connaît comme termes désignant la
force, des mots qui sont entrés par francisation dans
notre langue comme dynamite, énergie, tout ce qu’il
possède comme hyper et méga pour renforcer une idée,
il semble l’avoir accumulé là pour nous donner une
lointaine idée de la puissance infinie de Dieu : « la
grandeur qui surpasse tout de sa puissance (dynamis)
selon l’énergie du pouvoir de sa force ». C’est cette
puissance que Dieu a déployée en Christ en le
ressuscitant des morts.

Comme la bombe atomique tombée sur Hiroshima a


révélé au monde la puissance infinie et insoupçonnée
cachée dans la matière apparemment inerte, la
résurrection du Christ a révélé à l’humanité la puissance
de Dieu. Qui aurait soupçonné que dans un caillou
d’uranium de quelques kilos soit contenue une puissance
capable de détruire une ville de plusieurs millions
d’habitants ? Et pourtant, qu’est-ce que cette puissance
en comparaison de celle de Dieu ? Du Dieu qui a créé les
atomes, qui les a enfermés dans la prison de la matière
et les y maintient dans une immobilité apparente malgré
leur mouvement vertigineux incessant.

2
C’est la puissance du Dieu qui a dans sa main toutes les
sources d’énergie de l’univers, qui a donné lui-même
l’impulsion première à tous ces astres qui, par myriades,
gravitent dans l’espace à des vitesses laissant loin
derrière eux toutes les fusées créées par l’homme.

Le Christ est ressuscité par la puissance de Dieu.


Connaître la puissance de sa résurrection, c’est donc
d’abord connaître la puissance infinie, incommensurable
de Dieu, du Dieu tout-puissant, Créateur des cieux et de
la terre.

b) C’est une puissance de vie

L’homme a su découvrir d’immenses sources d’énergie


cachées dans la matière ; mais qu’en a-t-il fait ? Une
puissance de mort.

La puissance de Dieu est une puissance de vie. L’homme


sait utiliser l’énergie qui lui est donnée par Dieu, il sait la
transformer, libérer l’énergie contenue dans la matière,
mais il ne sait pas la créer. Dieu seul l’a créée. L’homme
sait aussi étudier la vie, la transformer et la détruire, mais
il ne sait pas la créer. Elle reste un mystère pour les plus

3
grands biologistes. Qu’est-ce qui a changé dans la
seconde qui sépare le moment où l’oiseau était perché
sur une branche de celui où il est tombé mort sur le sol ?
Il est toujours pareil, rien n’a changé dans son apparence,
mais il ne peut plus voler, plus bouger.

Les savants ont échafaudé des théories complexes sur la


transformation de la vie de l’amibe à l’être humain, mais
ont-ils jamais pu créer une seule amibe vivante ? Ou
rendre la vie à une amibe morte ? Le problème des
origines reste entier — avec ou sans évolutionnisme —
car on n’a encore jamais résolu le problème de l’origine
de la vie.

Car Dieu seul peut créer la vie et la rendre à un corps que


la vie a quitté. « Le Père a la vie en lui-même », dit Jésus.
Le Père donne la vie, il ressuscite les morts. La puissance
de la résurrection est une puissance capable de rendre la
vie à un corps qui a perdu tout son sang, qui était enseveli
depuis trois jours. Cette puissance, l’homme ne la
possède pas et n’est pas près de la posséder.

La puissance de la vie est capable de briser les pierres les


plus dures, comme le fait le saxifrage lorsque ses racines

4
s’enfoncent dans une roche. Elle rend de simples pousses
de blé capables de soulever des charges cent fois plus
lourdes. Connaître la puissance de la résurrection, c’est
connaître une puissance de vie.

c) C’est une puissance de vie nouvelle

La vie de Jésus après sa résurrection n’était pas une


simple reproduction ou une suite de sa vie d’avant sa
mort. C’était une vie nouvelle, avec des caractères
nouveaux et différents. Il n’était plus soumis aux lois de
la pesanteur, de la distance, de la mort. « La mort n’a
plus de pouvoir sur lui. » Il n’y a plus de barrières
infranchissables pour lui, il passe à travers les murs et les
portes fermées. La puissance de la résurrection
transforme la vie en une vie nouvelle.

2. Que signifie pour nous : connaître la puissance


de sa résurrection ?

a) Connaître la puissance de Dieu

Savoir que nous avons à notre disposition une puissance


inimaginable, avec laquelle aucune puissance ne peut
être comparée. Quand Paul parle de « l’infinie grandeur
de sa puissance qui se manifeste avec efficacité pour le
5
pouvoir de sa force », il dit que cette puissance est
« pour nous qui croyons ». Que sont, face à cette
puissance, nos difficultés, nos impossibilités à l’échelle
humaine ?
La résurrection du Christ était aussi une impossibilité à
l’échelle humaine. C’est pourquoi beaucoup d’hommes n’y
croient pas. Mais elle est un fait qui a embarrassé bien
des hommes qui ont commencé à y réfléchir
sérieusement.
Frank Morison voulait démontrer que la résurrection de
Jésus n’a jamais eu lieu. En juriste consciencieux, il a
analysé toutes les circonstances du récit. Le matin de
Pâques, le tombeau était vide. C’est une évidence. Car s’il
n’avait pas été vide, lorsque les disciples ont commencé
à raconter que Jésus était ressuscité, les Juifs auraient
organisé une réunion publique autour du tombeau. Ils
auraient rompu les scellés et sorti le corps qui
commençait à se décomposer. Et plus personne à
Jérusalem n’aurait cru à cette histoire de résurrection.

Le tombeau vide était donc un fait. Alors comment


l’expliquer ? « Les disciples ont volé le corps », disaient
les Juifs. Est-ce crédible ? Etait-ce là tout le respect que
les apôtres avaient pour leur Maître : le sortir d’un beau

6
caveau pour le cacher en quelque trou secret ? Et
pourquoi l’auraient-ils fait ? Pour le plaisir de raconter qu’il
était ressuscité ? En vue de quoi ? Pour se faire
persécuter, lapider, crucifier — et jusqu’à la fin, aucun
d’eux n’aurait « vendu la mèche », même devant le
martyre ! Étudiez les Évangiles et vous verrez que les
disciples n’étaient pas du tout prêts à croire à cette
résurrection et qu’il a fallu que Jésus use de tous les
moyens de persuasion pour les en convaincre : manger
devant eux, leur faire mettre les doigts dans la marque
de ses clous…

Au lieu d’écrire un livre pour ruiner la foi, Morison en a


écrit un autre pour prouver la réalité de la résurrection1.
D’autres, comme Wallace, l’auteur de Ben-Hur, ont suivi
le même itinéraire. Non, il n’y a pas d’autre explication au
tombeau vide que la résurrection de celui qui y avait
séjourné pendant trois jours. Mais alors pourquoi nos
lenteurs à croire, nos doutes, nos hésitations, nos « Dieu
peut-il » ? Parce que nous n’avons encore jamais eu la
vision de cette puissance de Dieu. Or, cette vision ne vient
pas par le raisonnement, il faut une révélation divine.
C’est pourquoi l’apôtre prie pour les Ephésiens afin qu’ils
comprennent « quelle est l’extraordinaire grandeur de la

7
puissance qu’il met en œuvre en notre faveur, à nous qui
plaçons notre confiance en lui » (Éph 2.17-19). Cette
puissance, il l’a déployée dans la résurrection du Christ.

b) Connaître une puissance de vie

La Parole de Dieu dit que, par nature, nous sommes «


morts à cause de nos fautes et de nos péchés. […] Mais
Dieu […] nous a ressuscités ensemble et nous a fait siéger
ensemble dans le monde céleste » (Éph 2.4-7). Jésus a
dit : « Je suis la résurrection et la vie, celui qui croit en
moi vivra. » (Jean 11.26) « Celui qui écoute ce que je dis
et qui place sa confiance dans le Père qui m’a envoyé,
possède, dès à présent, la vie éternelle et il ne sera pas
condamné ; il est déjà passé de la mort à la vie. » (Jean
5.21,24) « Et vous, qui étiez morts à cause de vos fautes
[…] Dieu vous a donné la vie avec le Christ », « vous êtes
ressuscités avec le Christ » (Col 2.13 ; 3.1).
Avez-vous déjà fêté la Pâque de votre vie ? Avez-vous
expérimenté cette puissance de résurrection qui
transforme un homme mort dans ses offenses en un
homme vivant pour Dieu dans la justice et la sainteté ? «
Je suis la résurrection et la vie », dit Jésus. « Celui qui
place toute sa confiance en moi vivra, même s’il meurt. »

8
(Jean 11.25) « Oui, vraiment, je vous l’assure : celui qui
écoute ce que je dis et qui place sa confiance dans le Père
qui m’a envoyé, possède, dès à présent, la vie éternelle
et il ne sera pas condamné ; il est déjà passé de la mort
à la vie. » (Jean 5.24) C’est ce que Jésus appelait une «
nouvelle naissance » (Jean 3).
Mais là ne s’arrête pas la puissance de vie que Dieu a
déployée en Christ et qu’il veut aussi déployer
dans notre vie. Cette vie nouvelle veut éliminer de notre
vie tous les germes de mort et triompher de toutes les
manifestations du règne de la mort en nous. Selon
l’expression imagée de l’apôtre Paul, la mort doit être «
engloutie par la vie ». Comme la puissance de vie brise
des rocs, elle veut briser le roc dur de notre cœur. Comme
elle soulève des poids, elle peut nous donner la force de
porter des fardeaux qui dépassent nos forces. « Je veux
que les brebis aient la vie et qu’elles l’aient
en abondance. » (Jean 10.10)
L’action vivifiante de la puissance de résurrection se
ressentira jusqu’en nos corps mortels : « Si l’Esprit de
celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en
vous, celui qui a ressuscité le Christ d’entre les
morts rendra aussi la vie à vos corps mortels (litt. : les
vivifiera) par son Esprit qui habite en vous. » (Rom 8.11)
9
Mais cette puissance de vie ne s’arrêtera pas là. Comme
toute vie, elle a tendance à se multiplier, à engendrer
d’autres vies. Notre vie nouvelle peut aussi devenir une
source de résurrection pour d’autres, afin qu’eux aussi
naissent à la vie éternelle. « Oui, nous sommes, pour
Dieu, comme le parfum du Christ parmi ceux qui sont sur
la voie du salut et parmi ceux qui sont sur la voie de la
perdition. Pour les uns, c’est une odeur de mort qui les
mène à la mort, pour les autres, c’est une odeur de vie
qui les conduit à la vie. » (2 Co 2.15-16)
Connaître la puissance de sa résurrection, c’est connaître
la puissance de vie :
– qui, de morts que nous étions, nous a rendus à la vie,
– qui triomphe dans notre esprit, notre âme et même
notre corps, de tous les germes de mort,
– et qui engendre cette vie en d’autres.

c) Connaître une puissance de vie nouvelle

La résurrection n’est pas seulement une puissance de vie,


c’est une puissance de vie nouvelle, d’une vie différente
de celle de ceux qui nous entourent.

« Nous avons été ensevelis avec le Christ par le baptême


en relation avec sa mort afin que, comme le Christ a été

10
ressuscité d’entre les morts par la puissance glorieuse du
Père, nous aussi, nous menions une vie nouvelle. » (Rom
6.4 ; cf. v. 10-11) « Vous êtes morts pour appartenir à
celui qui est ressuscité des morts, pour que nous portions
des fruits pour Dieu. » (Rom 7.4) La puissance de sa
résurrection nous libère de « la loi du péché et de la mort
» (Rom 8.2). « Le péché n’aura pas de pouvoir sur vous
parce que vous êtes sous la grâce. » Vous avez été «
affranchis du péché », libres de la pesanteur de notre
vieille nature qui nous tirait toujours vers le bas. Notre
vieil homme a été « crucifié avec le Christ » et maintenant
« ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi »
(Ga 2.20). « Ainsi, celui qui est uni au Christ est une
nouvelle créature : ce qui est ancien a disparu, voici : ce
qui est nouveau est déjà là. » (2 Cor 5.17) Cette vie
nouvelle se renouvelle de jour en jour à l’image du Christ
ressuscité.

3) Comment connaître cette puissance de sa


résurrection dans notre vie ?

L’apôtre Paul nous en indique le chemin. Dans l’Épître aux


Philippiens où il parle de cette puissance de résurrection,
il dit d’abord : « Toutes ces choses constituaient, à mes
yeux, un gain, mais à cause du Christ, je les considère
11
désormais comme une perte. » (3.7) Si nous tenons aux
gloires de ce monde, à ses honneurs et ses plaisirs, nous
ne saurons que faire de la puissance de sa résurrection.
Elle nous embarrassera plutôt.

Puis Paul veut « être trouvé en Christ », « avec la justice


qui vient de la foi en lui et que Dieu accorde à ceux qui
croient » (v. 9). Nos efforts ne servent à rien pour la
connaissance de cette puissance. C’est par la foi que nous
y accéderons. La foi c’est la confiance dans la grâce de
Dieu.
Enfin, « c’est ainsi que je pourrai connaître le Christ, c’est-
à-dire expérimenter la puissance de sa résurrection et
avoir part à ses souffrances, en devenant semblable à lui
jusque dans sa mort » (v. 10). La puissance de la
résurrection est encadrée de deux connaissances : celles
du Christ et de la communion de ses souffrances. Mieux
nous connaîtrons le Christ, mieux nous connaîtrons aussi
la puissance de sa résurrection puisqu’il a dit : « Je suis
la résurrection et la vie. » Mais si nous voulons connaître
la puissance de sa résurrection, il nous faut aussi
apprendre à connaître la communion de ses souffrances.
C’était l’expérience de l’apôtre Paul (2 Cor 4.10-12). Pour
que « la puissance du Christ repose » sur lui, il se complaît

12
dans les souffrances qu’il endure pour lui. Car, lui a dit le
Seigneur : « Ma grâce te suffit, c’est dans la faiblesse que
ma puissance se manifeste pleinement. » (2 Cor 12.8-10)
Pâques est inséparable du Vendredi saint. C’est par la
croix que la puissance de la résurrection pourra se
déployer en nous : « par la conformité à sa mort ». C’est
la pensée que Paul développe dans Rom 6.4. C’est dans
la mesure où nous acceptons de mourir à notre ancienne
vie de péché que nous expérimenterons la puissance de
la résurrection du Christ dans notre vie.
1
Ce livre, intitulé primitivement Le tombeau vide, a été
réédité par la Ligue pour la lecture de la Bible sous le titre
La résurrection : mythe ou réalité.

13

Vous aimerez peut-être aussi