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 Les apparences sont trompeuses

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 Les apparences sont trompeuses

MBAMA JEAN JUNIOR

APPARENCES TROMPEUSES

ROMAN

1
 Les apparences sont trompeuses

2020.

Premier roman de l’auteur.

Romantico-Drama

Original

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 Les apparences sont trompeuses

C’est avec gratitude que je dédie ce livre à ma famille. Eux qui sont la lumière dans les
ténèbres et qui encourage chaque jours ma réussite.
Ma mère m’a appris à être un homme ; mon petit frère m’a appris à être responsable ; et mon
père m’a appris, en manquant à son rôle, à me méfier des gens, et à ne plus être aussi naïf que
je ne l’étais.

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 Les apparences sont trompeuses

La loi du 11 mars 1957 n’autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l’article 41, d’une
part, que les « copies ou reproduction strictement réservées à l’usage privé du copiste et
non destinées à une utilisation collective » et d’autre part, que les analyses et les courtes
citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toutes représentations ou
reproductions intégral ou partielle, faites sans le consentement de l’auteur ou de ses
ayants droit ou ayants cause est illicite »( alinéas 1e de l’article 40).

Cette représentation ou reproduction, par quelques procédés que ce soit, constituerait


donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du code pénal.

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 Les apparences sont trompeuses

A ma nouvelle petite sœur qui viens enjoliver ma vie et crée un


nouveau bonheur immense
Qui je l’espère nous aideras moi et ma famille à traverser cette
crise aussi sanitaire que sociale
Et je souhaite à tous de trouver cette paix et ce bonheur que je
ressens en ce moment.

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 Les apparences sont trompeuses

PROLOGUE

Les familles heureuses se ressemblent toutes ; les familles malheureuses sont malheureuses
chacune à sa façon.

- Léon Tolstoï
Anna Karénine

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 Les apparences sont trompeuses
Chapitre 1
Un resto de luxe et une réunion entre
copines
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— A mon Nicolas, mon petit Nicky. Tu resteras toujours mon petit garçon adoré même avec ce
nouveau chef-d’œuvre à ton nom. Dit Mme Emilia Watson, en levant sa coupe de champagne
pour la faire teinté contre celle de son fils.
Elle lança un sourire rayonnant à son mari, Tim, qui était assis juste à côté de Nick à la table
du restaurant. C’était Nick qui avait choisi ce restaurant, le Giraffe, par ce que c’était petit ;
intime ; branché ; et que la nourriture y était délicieuse. De plus, quoi de mieux pour fêter le
succès d’un nouveau livre qui parle de Paris qu’un resto français ?
Nick prit une gorgée de son coca sans sucre et observa le soleil qui rutilait en cette étouffante
après-midi d’Aout au-dessus des toits des hôtels de luxe de la 65e Rue. Il était réellement
heureux et rien n’aurait pu gâcher ce moment. Sa mère et son beau-père avaient fait le voyage
de Los Angeles jusqu’à New York, rien que pour venir le féliciter, en personne, pour son
nouveau Best-Seller, publié par le New York Times.
— Merci d’être venu, jusqu’ici. Dit-il. Vous comptez rester combien de temps ?
Leur table n’était pas vide. Trois assiettes remplies de salades sésames attendaient
fébrilement leur destin funeste tandis que leurs propriétaires buvaient leurs boissons en
discutant sans vraiment plus d’appétit à leur égard qu’une fourmi.
— Pas longtemps, hélas. Souffla Emilia en replaçant une de ses longues mèches brunes.
Elle portait une robe Gucci noire, et des bottes en cuir brillant sous les lumières vives des
spots du restaurant. Elle était magnifique, et Nick ne pouvait que le remarquer. Elle avait perdu
du poids depuis la dernière fois qu’ils s’étaient vus et elle le devait surement à Tim qui la
regardait avec autant que concupiscence qu’un ados en chaleur.
Le rêve de toutes les femmes, quoi !
— J’avais à te parler. Avoua-t-elle nonchalamment. C’est un sujet qui, je le sais, est tabou, en
ce qui te concerne. (Nick se renfrogna en comprenant ce qu’elle voulait dire). Mais sache que
c’est…
— Non. Dit-il d’un ton sec. Je refuse de gâcher cette magnifique journée à parler de lui.
Tim but une lampé exagéré de son champagne et observa une femme assise au bar qui se
disputait violement avec un homme qui devait être son mari. Il devait certainement se
demander si la discussion d’Emilia et Nick tournerait ainsi.
— Ecoute. Dit Emilia à Nick. Ton père m’a fait des excuses. (Tim leva les yeux au ciel). Et je les
aie acceptés car j’ai tourné la page. Il serait temps pour toi d’en faire de même.
— Maman…
— Il n’y a pas de maman qui tienne ! Le coupa-t-elle. Tu iras à Paris, et je veux que tu tisses un
lien avec ton père. Fait le au moins pour moi.

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Nick se sentait comme dans l’un de ses livres, qui quand il y repensait était assez tirez de sa
propre histoire. Un père absent…une mère célibataire…et l’argent manquant…
Bien que cette époque fut révolu, certaines de ses blessures s’avéraient trop profondes pour
qu’il les effaces simplement par ce que l’on le lui demandait.
— Et mon lycée ? Protesta-t-il. Tu veux que j’arrête d’aller à Saint-Jude du jour au lendemain ?
Je te rappelle que j’entre en terminal à la fin du mois.
— Tu pourrais continuer ton cycle là-bas, dans une école française.
Visiblement elle a réponse à tous. Pensa-t-il fiévreusement. Je ne vais pas pouvoir m’en sortir
cette fois.
— Est-ce que cette idée stupide t’est venu comme ça, pendant que tu prenais ton bain ou c’est
lui qui t’as appelé ? Questionna Nick d’un ton cinglant.
Emilia joignit ses mains en prière et le fixa sombrement. Tim lui lança un regard lourd de sens
sans que Nick ne s’en aperçoive.
— Oui. Répondit-elle finalement. Il m’a appelé, et comme je savais que tu ne voudrais pas qu’il
ait ton numéro de téléphone, je lui aie simplement dit que je te parlerais de sa proposition. Il
veut juste passer du temps avec toi.
Nick resta silencieux un bon moment, tandis qu’une femme entrait dans le restaurant et se
mettait à bavarder chaleureusement avec un des serveurs aux cheveux gominés.
— Ce n’est que l’affaire de quelques mois, après tout, n’est-ce pas ? Fit-il d’un air soupçonneux.
Et si…si je n’arrive plus à le supporter, je peux m’en aller ? On est d’accord ?
— Oui.
Cette fois se fut Tim qui parla. Apparemment il voulait couper court à cette discussion et
l’expression de sa femme montrait bien, que de son côté, elle aurait préféré dissuader Nick de
raccourcir son séjour.
Nick pensa à cette magnifique et paisible vie qu’il s’était construit et il se surpris à se dire que
cela lui importait peu de ne jamais plus s’y replonger, car au final, il avait beau dire qu’il
détestait son paternel, il ne pouvait nier que certaines questions restaient en suspens, et lui
seul en avait les réponses.
Il fut le premier à prendre sa fourchette pour sceller le funeste destin de sa salade. Il en prit
un bout avec l’intention de s’arrêter là, mais c’était bien trop bon pour être gaspillé si
futilement.
— O.K.
Il était déjà clair qu’il allait partir à Paris, mais ce mot qu’il prononça entre deux bouché, eut
tout de même pour effet de radoucir l’atmosphère. Comme si, ce mot avait rendu le marcher
officielle, et peut-être l’avait-il fait mais pour les autres clients assis aux tables voisines, ils
n’étaient qu’une famille de plus, membre de l’Elite et du cercle très fermé des gens riches.
— Pour changer de sujet…Commença Tim d’un air tendu, en plongeant sa main dans sa poche.
J’avais prévu de te donner ce cadeau le jour de ton dix-huitième anniversaire, mais c’est cette
année que tu en as besoin, je crois.
Tim montra une bague sertit d’un saphir en son centre. Elle était imposante et semblait avoir
beaucoup de valeur — comme tous ce que Tim portait, en quelque sorte — et le soleil envoyait
plusieurs rayons sur la gemme qui brillait de mille feux d’un bleu délavé.

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— C’est magnifique mais…Commença Nick.
— Non, il n’y a pas de « mais ». Le coupa fermement Tim en déposant le bijou dans la paume
de ce dernier. Ce bijou est dans ma famille depuis des générations, et je souhaite que tu l’ais.
Nick releva la pierre à la hauteur de ses yeux et l’examina en se demandant quelles genres
d’histoires elle avait pu vivre. Nick se souvenait que la famille de Tim était l’une de ces
nombreuses familles qui avaient réussi grâce aux filons d’Or de l’Ouest — quoi qu’en
l’occurrence ce serait plutôt des filons de pierres précieuses.
En dirait bien que la ruée vers l’Or n’a pas été une perte de temps dans l’histoire, finalement.
Se dit Nick en ornant son majeur de la bague.
— Merci, Tim, c’est…je…je ne trouve pas de mot.
Et c’était vrai. Après tout quel mot aurait pu exprimer ce qu’il éprouvait à ce moment. Pas
seulement pour la bague mais aussi par ce que pour lui, Tim, était ce qui se rapprochait le plus
de l’image qu’il aurait pu avoir d’un père.
Fidèle…porteur de bons conseils… amusant…résiliant…et surtout… présent.
— De rien. Répondit Tim. Cela me fait plaisir.
Aucun nuage dans le ciel, et aucun nuage dans la vie des gens riches. Quelle ironie. Le soleil
brillait de plus en plus fort mais finirait par se coucher comme tout autre jour, alors qu’à Paris
le soleil venait d’entamer sa course dans le ciel et annonçait à l’Elite parisienne qu’il était temps
de reprendre leurs habitudes en main et de se délecter d’un petit déjeuner fastidieux mais tout
de même délicieux.

— On pourrait l’organiser au resto Le Bisou, et acheter des roses pour décorer l’endroit. Dit
Elena Delacour d’un ton absent, en observant les rosiers dans la cour de sa résidence, à
quelques mètres de là.
— Ce n’est pas par ce que tu aimes les roses que tout le monde les aimera. Moi je dis qu’il faut
des orchidées. Ça c’est chic. Surenchérie Bonny Dubois en s’étirant comme si elle s’apprêtait à
courir le marathon.
— Non. Trancha, Victoria Clair. Tous nos invités sont habitués au luxe et aux choses chics, ce
qu’il faudrait c’est une ambiance sobre et festive, genre fête de rebelles. Vous voyez ? Un peu
comme l’année passée.
Assises à une table sur le balcon de la résidence des Delacour, les trois adolescentes,
peaufinaient les derniers détails de leur soirée de fin de vacance. De là où elles étaient, elles
pouvaient sentir le vent ébouriffé leurs cheveux et voir la tour Eiffel brillée sous le soleil du
matin.
Leur petite table en fer brillant, arborait des papiers colorés et des stylos, tel qu’en arborent
toujours ces tables en verres lors de réunions privées. Il y avait aussi une assiette pleine de
muffins au chocolats préparés par Bonny, au centre de la table ; un bloque note arborant
l’écriture si raffinée d’Elena ; et une boite remplie de brochures pour des services traiteurs,
apporté par Vicky.

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— En parlant d’invité. Dit soudainement Bonny. Richard sera invité ?
— Bien sûr, quelle question ! S’exclama Elena. Et si tu veux tout savoir le soir de la fête sera
peut-être le grand soir.
Victoria lâcha son stylo, et regarda son amie les yeux aussi exorbités que ceux de Bonny.
Richard et Elena : c’était ce qu’on pouvait appeler…un simulacre à sens unique. Elena était
réellement amoureuse de Richard mais, lui, était un draguer prétentieux qui avait conclu avec
tellement de filles que pour lui, cette pseudo relation, c’était de l’amusement, où peut-être
gardait-il Elena comme simple trophée ?
Après tout, c’était, l’une des filles les plus inaccessibles de Paris — après Victoria et Sofia
Verneuil, bien évidemment — et de plus, elle était superbe. Qui ne voudrait pas de sa jolie
frimousse brune ; aux grands yeux verts exhalant l’innocence d’une bonne âme ?
Mais, en ce moment cela importait peut, car le grand soir pour toutes les filles qui avaient
déjà un copain signifiait…passer à l’acte…ouvrir sa vie à un horizon qui jusque-là n’était
visible que dans des films ou…dans la vie quotidienne de ses parents.
— Ecoute, Elena…Commença Bonny d’une voix tendue. Tu ne crois pas que tu…vas un peu
vite ?
— Non au contraire. Rétorqua celle-ci en écrivant imperceptiblement sur sa feuille qu’elle
achèterait des roses et pas des orchidées. Cela fera bientôt deux ans qu’on ait ensemble et je ne
veux pas non plus trop attendre.
— Heu…si tu le dis…mais, avant de…tu vois…te lancés…es-tu sûr qu’il est…fidèle ?
La voix de Bonny avait beaucoup tremblé tandis qu’elle disait cela. Elle s’attendait à voir Vicky
prendre son partit, mais cette dernière resta silencieuse, et mangea un muffin comme si rien
ne comptait. Autour d’elles, le monde continuait d’avancé tandis que le silence tendu
qu’entretenait Elena, stressait Bonny.
Une tripotée d’oiseaux — surement des pigeons — volaient vers la cathédrale de Notre Dame ;
un groupe de touristes étaient visibles tout en haut de la tour Eiffel. Peut-être un guide les
faisait-ils visité le bureau si célèbre de Gustave Eiffel. En bas dans la cour de la résidence,
Gregor, le jardinier, taillait les rosiers de compétions des Delacour avec beaucoup de
précaution. (Dieu seul savait jusqu’où allait l’amour de Mme Jane Delacour pour ces dites
fleurs).
— J’ai confiance en lui. Argumenta enfin Elena d’un ton catégorique.
A croire que cela devait suffire !
— Bon, d’accord. Reprit timidement Bonny.
— Alors ? Dit simplement Vicky comme si de rien n’était. Des roses ou des orchidées ?
— Des roses. Ok ? Fit Elena, un sourire forcé placarder sur le visage. Maintenant parlant de
nos robes…
L’ambiance redevint quelque peu plus chaleureuse, mais Bonny, avait insufflé en Elena, le
genre de doutes que seule une amie de longue date pouvait insuffler. En y repensant, il était
vrai que des rumeurs sur Richard, couraient souvent dans les couloirs du lycée…et aucune
rumeur ne nait de rien…
Si ?
Non !

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Elle devait avoir confiance. N’était-ce pas cela son argument infaillible ? La confiance en son
jugement et en son couple ? Peut-être au final n’était-ce pas un argument aussi solide et
inébranlable qu’elle le pensait ?
Seul l’avenir pouvait le lui dire…
— Le Bisou…Rappela Victoria d’un ton absent. Ce ne serait pas, ce resto où travail Peter ? Le
beau serveur qui plait tant à ta sœur, Elena ?
— Si. Répondit Elena d’un ton égal. Mais si mes parents le savaient, ils lui interdiraient
certainement de le revoir…ou pire…ils la déshériteraient !
— Et se serait si grave ? Questionna Bonny, qui était une grande romantique dans l’âme. Ne
vaux-t-il pas mieux choisir l’amour à l’argent ?
— Mouais…Dit Vicky d’un ton pas convaincu. Je crois qu’il est plus facile d’apprécier l’amour
quand on sait qu’on ne va pas mourir de faim ; de soif ; et qu’on a au moins un appart avec
clim.
Pour appuyer ses paroles elle prit un muffin le leur montra avant d’en engloutir un énorme
morceau. Cela fit pouffé Elena mais Bonny, elle, ne fit qu’une grimace affichant clairement son
irritation.
— Jamais vu quelqu’un d’aussi superficiel que toi, Victoria. Rétorqua sèchement Bonny.
Victoria lui lança un regard noir.
— Moi, au moins je ne vis pas de fleurs et d’eaux fraiches ! Tonna celle-ci.
— Et moi au moins je ne suis pas si désespérément terre-à-terre !
— Ah ! Je le prends comme un compliment, figure-toi !...
Et comme d’habitude, une dispute éclata. Elena devait intervenir avant que cela ne parte en
vrille.
— SILENCE ! Hurla Elena, en tapant du poing sur la table comme elle l’avait vu faire dans un
de ses films préférés. On doit finir cette liste d’invités avant ce soir pour pouvoir dire au
cuisinier, combien de plats il devra faire ! Alors à moins que vous ne vous attendiez à ce que
Mary Poppins ne vienne m’aidée, remettez-vous au boulot !
Bonny et Vicky se lancèrent des regards noirs, mais firent ce que leur avait dit Elena. Comme
l’a un jour dit Alain dans Propos sur le bonheur : « Comme on vit mal avec ceux que l’on
connait trop ».
Eh bien, c’était cela !
Elena, Vicky et Bonny se connaissaient depuis toutes petites et savaient tous les unes des
autres.
Le problème était dans le fait qu’elles se connaissaient trop bien, et dans un trio, il existe
toujours un déséquilibre, car une sera toujours amené à être au centre tandis que les deux
autres se chamaillerons sans cesse sans jamais de raisons valables.
Au moins Elena arrivait-t-elle toujours à les calmées.
Espérons juste que cela dure…

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Le soleil semblait avoir quelque peu perdu son éclat lorsque Nicolas avait appris qu’il devrait
replonger dans ses vieux souvenirs d’enfances, qui, au fond, étaient encore très douloureux. Il
continuait de ruminer monotonement les paroles qu’avait prononcée sa mère : Il veut juste
passer du temps avec toi…avec toi…toi…
Tandis qu’il tripotait la bague de son beau-père, Nick se dit qu’il devait rentrer chez lui. Il était
encore dans ce resto, mais il était seul. Emilia et Tim était partis depuis un bon quart d’heure
et lui, était resté pour boire un dernier coca sans sucre, et réfléchir.
A l’heure qu’il était — peut-être dans les environs de dix-huit heure — il n’y avait plus grand
monde dans le restaurant. La plupart des clients venaient prendre des plats à emportés pour
eux et leurs enfants après une journée harassante à donner des ordres à leurs assistants du
haut de leurs piédestaux.
Nick déposa vingt dollars sur la table — bien que le dernier verre qui l’ait pris n’en coutait que
cinq. Il se leva, son manteau trainant inlassablement derrière lui tandis qu’il remontait la 65e
Rue. Il désirait marcher, comme quelqu’un de normal, et sentir la douce brise de l’air pollué de
New York fouetté son visage aux traits attrayants.
Partout autour de lui, des gens marchaient ; discutaient ; couraient, tandis que d’autres
hélaient des taxis qui à la dernière seconde leurs étaient arrachés par des inconnus. Nick savait
qu’il arriverait plus vite à son appartement s’il coupait par Central Park mais il sentait qu’une
marche longue consoliderait sa décision, alors il partit vers Riverside Park.
Il traversait peut-être le pont de Brooklyn si l’envie lui venait, ou peut-être regarderait-il
simplement ces tortues géantes rares, que les spécialistes locaux de la faune ne disaient trouvés
que dans le fleuve Hudson ou dans la rivière qui divisait la réserve du Bronx.
Un peu avant le pont de Brooklyn, des panneaux publicitaires qui deux jours auparavant
indiquaient des publicités pour le nouveau film de Steven Spielberg, montraient à présent, très
clairement, le visage de Nick et la couverture de son livre juste à côté.
En voyant ça, Nick se dit qu’il avait vraiment l’air d’un bellâtre égocentrique.
Il s’arrêta sur la rive du fleuve et observa l’eau sombre, emplie de déchet. Des enfants jouaient
dans Riverside Park avec un ballon quelque peu dégonflé ; plus loin un homme aux cheveux
poivre-sel fumait une cigarette en lisant son journal, assis sur l’un des vieux bon délavés du
parc ; dans la rivière un sachet en plastique noir flottait lentement sur l’eau vers le nord.
Bientôt, il dépassera le pont et s’engouffrera dans le pacifique…Se dit machinalement Nick,
le regard vitreux.


Vers vingt heure, Nick rentra chez lui. Il habitait dans un appartement grand standing au 995
sur la 5e Avenue, juste en face du Métropolitan Muséum Of Art et à quelques mètres de Central
Park. C’était un appart grand luxe qui faisait frémir d’envie beaucoup de ses amis au lycée privé
non mixte Saint-Jude.

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Trois chambre spacieuse ; une grande cuisine ; un salon aéré ; une salle à manger plutôt
minimaliste ; un bureau — incluant bien sûr une bibliothèque — et un belvédère ; trois salles
de bain privées ; et un balcon menant au toit grâce à un escalier de secours en fer ciré. Il
suffisait vraiment d’habiter ce genre d’appartement pour se rendre compte que ceux qui disent
que le bonheur ne peut s’acheter se trompent lourdement, car en l’occurrence, pour Nick, le
tarif du bonheur s’élevait à deux-cent-cinquante mille dollars par trimestre.
Comme beaucoup de soir, Nick déposa son manteau sur le porte-manteau de l’entré et
referma la porte à clef. Il prit un bon livre dans ses favoris et alla s’assoir sur son canapé en
cuir installé dans son belvédère.
Il pouvait voir le ciel d’un noir profond maculé de minuscules points lumineux
particulièrement dissociables en cette nuit, et la beauté du paysage qui jusqu’à présent l’avait
toujours ému le laissa de marbre. Même ce livre qu’il avait prit — Harry Potter et les reliques
de la mort — et qui était l’un de ses préférés le laissait indifférent.
Nick observa Mars brillé d’une vive lumière écarlate et il se demanda machinalement à quoi
pouvait à présent ressemblé son père. Quand il n’était encore qu’un petit garçon aux yeux
pétillant de bonheur chaque fois que papa rentrait à la maison, ce dernier était un sosie de Brad
Pitt, avec les cheveux gominés et les yeux bleus, mais l’était-il encore ?
Les gens changent à ce qu’on dit…et Nick devait reconnaitre avoir réellement changé depuis
ses sept années de séparation avec son paternel. Il n’était plus un petit garçon ; il n’avait plus
peur du noir ; et il ne pleurait plus quand son père s’absentait pendant des semaines pour des
soi-disant voyages d’affaires.
Nick était devenu quelqu’un d’autre, et il l’était pour lui et pour personne d’autre. Il était peut-
être toujours comme à ses dix ans le jeune Nicolas Vanderbilt mais ce n’était que de nom, car
chaque petite parcelle de lui était passé à l’âge adulte. Il était devenu tel qu’il voulait être. Une
bonne personne. Simplement.
Partout. Il suffisait de bien observer son appartement, et cela nous frappait au visage comme
une claque bien placée : Des trophées pour ses romans qui étaient tous des Best-Sellers…des
photos de lui avec Sophie Grant, la si grande philanthrope…
Dans son courrier on retrouvait des lettres de bonnes sœurs voulant le remercié d’apporter
chaque année une contribution de trois milles dollars pour leurs orphelinats ; et on retrouvait
des lettres du révérend James Callaghan qui le prévenait des dernières réunions de la paroisse
de l’église dont il faisait partie.
Quelqu’un de bien ?
Oui, je crois qu’il était effectivement possible de considérer Nicolas Vanderbilt comme
quelqu’un de bon ; chaleureux ; généreux ; gentil ; et avenant.

Quatorze heure.
A cette heure, Paris était paisible et même si les coups de klaxons des voitures et les divers et
insolites brouhahas continuaient de s’élevés, il était facile de se rendre compte que les familles
étaient toutes chez elles en train de déjeuner pour l’heure de pointe tandis que d’autres
personnes — ceux des classes inferieures — faisaient des heures supplémentaires pour

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consolider leurs économies, et subvenir à leurs problèmes à la fois inattendus et
hebdomadaires.
En première page des journaux et magazines People, se trouvait être affichée deux photos.
Une de Maude, l’ainée des filles des Delacour ; et une autre, qui n’était autre que celle de Borys
Clair, un autre fils ainé d’une famille de l’Elite. En bas des deux images encadrées dans un cœur
d’un rouge insolent, se trouvait l’article dans lequel M. Lucien Delacour annonçait avec un
sourire gonflé d’orgueil que sa fille épouserait le fils de Henry Clair, qui comme par hasard
devenait aussi par la même occasion son partenaire commercial le plus important.
Dans les complots du monde des riches…ne dit-on pas qu’il est mauvais de mêlé business et
vie privée ?
Dans tous les cas, tandis que les fans des familles du cercle de l’Elite se réjouissaient de la
nouvelle, Maude Delacour, compte à elle n’avait même pas encore entendu parler de ce mariage
qui pourtant s’organisait déjà sous son nez.
D’ailleurs, elle n’était pas la seule, sa sœur, Elena, en ignorait tout, et n’étant guère sortit de
la journée pour terminer les invitations de sa soirée, Elena et ses amies n’en sauraient peut-
être rien avant quelques temps…
— Puis-je avoir votre attention, s’il vous plait ? Demanda Lucien Delacour en faisant teintée sa
fourchette contre son verre de champagne.
La table en bois de chêne de la salle à manger des Delacour était pleine. Il y avait là, pour le
déjeuner, Elena, Victoria et Bonny assises en face de Mme Delacour, et de Maude qui semblait
assez maussade — à force de rester enfermé pendant toute la journée, sans doute — et au bout
de la table, bien assis et droit comme le patriarche qu’il était, Lucien Delacour.
Ils dégustaient le délicieux plat que leur avait cuisiné Anne-Marie, la bonne à la poitrine
saillante et aux grand yeux verts qui semblaient passé tous ce qu’elle voyait au rayon X. C’était
du bœuf bourguignon accompagné d’asperges ; de riz aux petits pois et d’une légère sauce dont
le gout ne laissait deviner aucun de ses ingrédients.
— C’est une nouvelle que j’ai attendu de vous annoncer toute la journée, et c’est pour ça.
Continua Lucien Delacour en se tournant vers sa fille ainée. Que je n’ai pas voulu que tu sortes.
Tu aurais appris la nouvelle par les journaux.
— Heu…papa. Dit Elena en reposant sa fourchette à côté de son assiette à moitié vide. De quoi
parles-tu ?
— Eh bien, je parle du mariage de ta sœur.
— QUOI ?!
Ce ne fut pas seulement la voix de Maude qui s’éleva dans la pièce, mais aussi celle de Vicky
et Bonny qui étaient bouche bée. Elena compte à elle se dit que connaissant son père, ce qu’il
venait de dire se passait de commentaire.
— Je crois que j’ai dû mal entendre. Railla Maude. (Lucien fronça les sourcils). Je suis sûr que
ta longue a fourchée et que qu’en réalité ce n’est pas mon mariage mais celui d’une cousine
éloignée dont on a jamais entendu parlé.
C’était une sorte de system de défense chez Maude. Lorsqu’elle se sentait mal à l’aise où
frustré, elle faisait de l’humour.
— Non, tu as parfaitement entendu, Maude. Intervint Jane Delacour. Ton père et moi, savons
que cela peut paraitre brusque…

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— Brusque ?! Répéta Maude en éco. Apprendre qu’un inconnu s’est fait renversé par un taxi,
ça c’est brusque ! Mais de là à m’annoncer que je vais me marier…d’ailleurs avec qui ?
— Bon. Fit M. Delacour. Nous n’allons pas passer par quatre chemin…c’est Borys Clair.
Victoria qui à ce moment-là, buvait une lampée de son verre d’eau se mit à toussé en portant
sa main libre à sa poitrine comme si elle suffoquait.
— Quoi ? Dit-elle d’une voix flutée. Mon frère ? Borys ?
A cette table, seul Bonny et Elena savait à quel point Borys Clair avait toujours été obsédé par
Maude, et elles le savaient car Victoria le leur avait confié, durant l’une de leurs innombrables
soirées pyjamas.
— Oui, c’est exact. Reprit lentement Lucien Delacour, avec le ton patient mais exaspérant d’un
professeur devant une classe d’élèves particulièrement obtus. C’est même dans le journal. Et
en première page…non, ne fait pas cette tête-là…
— Et quelle tête veux-tu que je fasse ? Suffoqua Maude en le regardant comme s’il était devenu
fou. Je refuse catégoriquement de l’épousé, autant encore rester vielle fille…sans vouloir te
vexer Vicky. Ajouta-t-elle en voyant le léger mais très distinct froncement de sourcils de celle-
ci.
— Peut-être serait-il plus approprié d’en parler en privé. Ajouta Jane Delacour le teint très
légèrement rosé. Les filles, si vous avez finis, vous devriez allez dans la chambre d’Elena.
Elena emmena Bonny et Vicky avec elle, vers l’escaliers et elles eurent toutes les trois le temps
d’apercevoir le teint de M. Delacour qui était passé au rouge et la mine renfrognée de Maude
face à cela, avant de s’engouffrer dans la chambre.
— Vous vous rendez compte de ce que tout ça signifie ? Questionna Bonny avec un sourire
goguenard sur les lèvres une fois qu’elles furent assises sur le lit d’Elena qui exhalait une douce
odeur de lavande et de rose.
— Non. Répondirent Vicky et Elena d’une même voix.
— Cela veut dire que vous serait de la même famille toutes les deux, si Borys épouse Maude.
— Impossible. Protesta vivement Victoria. Maude a déjà dit « non » que peut faire Lucien ? La
forcée ?
— Oui…Souffla Elena dans un murmure parfaitement audible. Il le peut et il le fera surement,
comme à son habitude.

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Chapitre 2
Prise d’initiative et séparation violente
1

Le lendemain…
Dès la première heure, les rues de New York furent remplies. Les cadres allant travaillés ; les
joggeurs aux shorts courts ; les ados surexcités…bref, comme chaque jour la ville est en éveille
et le soleil brille.
L’automne n’étant toujours pas là les pluies se faisaient rares et sur la 5e Avenue, plusieurs
limousines commençaient déjà à descendre la grande place pour rejoindre le centre-ville.
Certaines d’entre elles prenaient Parc Avenue, et d’autres coupaient par Times Square.
Nick était déjà réveillé et son bol de céréale en main, il observait Madison Square Garden. Il
plongea sa cuillère dans son bol et mangea lentement son petit déjeuner. Par la baie vitrée de
sa salle de séjour, les rayons du soleil s’infiltraient et faisaient rutilé tout objet tombant à leur
portée.
La télévision était allumée et le présentateur aux cheveux blonds comme les blés séparés par
une raie bien visible, expliquait qu’un dangereux trafic de drogue était en cour en Espagne mais
que les techniques employées par ce cartel — L’estrada — étaient difficilement repérable et que
la police Espagnole piétinait sur l’affaire.
Nick n’écoutait pas vraiment, et pour dire vrai il s’en fichait pas mal, il était encore en train
de réfléchir à ce qu’il allait faire et en lui un combat mental faisait rage.
Tu à promis. Lui disait une voix.
Mais c’est ta vie et c’est à toi de décidé ! Rétorquait une autre.
Ce sera l’occasion d’avoir les raiponces à tes questions…
Pourquoi faire ? Lui pardonné ? Rétorqua Sardoniquement la deuxième voix, qui,
étrangement, devenait moins sonore.
Exactement…pour lui pardonné…
Nick termina son bol et alla le déposer dans l’évier de la cuisine. Ses mains se refermèrent
comme des étaux sur les rebords froids de l’évier et il se sentit à la fois mélancolique et
euphorique. Drôle de mélange d’émotion, mais efficace, car il prit une décision.
Il se préparerait, et irait à l’aéroport le jour même. Il ne prendrait pas de billet à l’avance. Il
irait et en achèterait un sur place. S’il n’y en avait plus il resterait et s’il y en avait, il serait obligé
d’y allez.
Je laisserais le destin décidé pour moi. Se dit-il avec détermination. Et cela peu importe ce
qui se passe.
Il alla dans sa chambre et s’assit sur son lit. La fenêtre était ouverte et une odeur de pain chaud
embaumait la pièce — elle provenant surement de la boulangerie d’en face. Sur son bureau,
Nick avait une photo de lui et de sa mère, lorsqu’il avait treize ans. Lui et sa mère étaient au

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 Les apparences sont trompeuses
bord d’une plage…c’était les premières vacances qu’ils avaient passés ensembles après ce qui
leur était arrivé…
Nick hocha machinalement la tête, comme un homme d’affaire refusant d’entendre un client
en faillite. Il essayait de chasser de ses pensées les souvenirs si douloureux de cette terrible
nuit…
Les cris…la peur…les larmes d’une femme dévouée mais désabusée…les pleurs d’un enfant
qui ne saisissait pas la gravité de la situation…du verre se brisant à l’instar d’un mariage
supposément solide…
Devant Nick trônait l’immense armoire dans laquelle il rangeait ses vêtements, et au-dessus
était symétriquement posées deux valises noirs de chez Gabana. Il les descendit et les posa
fébrilement sur son couvre-lit. Il ouvrit la première et ensuite ouvrit l’armoire.
Devant s’étalait une grande quantité de vêtements et il ne savait pas vraiment combien de
temps il comptait rester à Paris. Nick prit ses chemises blanches ; ses chaussettes Burlington ;
ses t-shirts et ses polos.
Lorsque la première valise fut refermée, il remplit la deuxième, mais avec d’avantage de
chaussures, que de vêtement, et surtout avec quelques livres et son ordinateur (qui contenait
ses futurs romans). Lorsqu’il eut fini de faire ses valises l’horloge placardé au mur au-dessus
de la porte indiquait neuf heure vingt-deux. Il mit les valises à terre et s’affala sur son lit en
prenant son portable pour composer le numéro de sa mère.
Il tomba sur le répondeur…Bonjour ici Emilia Watson, laissé un message après le Bip.
— Salut maman. Commença-t-il d’une voix incertaine. Je voulais te prévenir que…et bien…je
vais à Paris, aujourd’hui…oui, tu as bien entendu, j’y vais aujourd’hui et…ben…je t’appellerait
une fois là-bas. (Il fit une pause, puis décida de continuer). Je voulais aussi que tu sache que
tu avais raison. Je devrais lui donner une deuxième chance comme tu l’as fait…Heu...n’oublie
pas de m’envoyer son adresse par E-mail.

Personne, parmi les hommes, lâche ou brave, dès qu'il a vu le jour ne peut se soustraire au
destin, a un jour dit Homère dans L’Iliade, et malheureusement pour Nick, il l’avait dit à raison,
car lorsqu’il acheta son billet, il en restait encore deux de libre.
Nick embarqua avec un sentiment d’anxiété croissante, et le froid de l’avion s’infiltrant dans
ses pores, lui donnait l’impression étrange d’avoir chaud, intérieurement. Nick s’assit sur un
siège près du hublot, pour pouvoir observer l’avion qui se mettait à avancer lentement, dans sa
parade habituelle, qui précède inlassablement son envol.
Dans l’appareille, il n’y avait pas beaucoup de monde, juste quelques personnes en costars
chics…il avait pris un vol en classe affaire et heureusement, car dans celui destiné aux vacances
il y avait trop d’enfants en bas âge près à pleurer durant tout le vol. Quoi qu’il n’eut rien contre
les enfants, Nick ne pouvait tout de même pas supporter l’idée d’entendre un enfant gémir dans
son oreille pendant six heure d’affilées.
A côté de lui était assise une femme en tailleur chanel, et en jupe crayon. Elle avait un chignon
et des lunettes rectangulaires qui lui donnait l’air d’une maitresse de primaire particulièrement
susceptible où d’une directrice d’internat ayant passé deux ans en formation militaire.

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 Les apparences sont trompeuses
Etrangement elle souriait. Elle arborait un sourire niais, le genre de sourire qu’affichent de
jeunes et insouciantes fillettes en entendant des contes de fées avec des princes charmants
oniriques et fictifs. Cela venait sans doute du livre qu’elle lisait…
Mais…
Nick n’en crut pas ses yeux…l’avions avait déjà décollé et la seule chose qui était encore
parfaitement visible vu de cette hauteur était une immense tache bleue, qui ne pouvait être que
l’Océan, mais lui qui adorait observer les paysages fut plus fasciné par le fait qu’une femme à
l’aspect aussi strict aime l’un de ses livres.
Elle lisait Un vent de liberté. Nick avait écrit ce livre il y a des années, lorsqu’il n’avait encore
que quatorze ans. C’était un livre touchant, et c’était peut-être même celui qui était passé Best-
Seller le plus rapidement de tous ceux qu’il avait écrit.
Un livre relatant l’histoire d’une riche héritière d’un grand colonisateur français et qui était
promise à un homme qui avait deux fois son âge pour que son père puisse recevoir en retour
une dote monumentale, mais après son mariage la jeune fille se mit à ressentir pour le servent
de son mari une passion secrète et réciproque…
Une histoire romantique et dramatique, cependant…et il suffisait de lire le livre pour se rendre
compte que le plus gros problème dans l’histoire était le fait que le servent fut noir et qu’à
l’époque, les gens de sa race étaient réduits en esclavage…
La plupart des romans de Nick était ainsi…ils relataient des histoires dans lesquels les
personnages faisaient tout pour réaliser l’impossible, car d’une certaine manière, lui, l’avait
fait…
Nick détourna le regard, et ferma les yeux…peut-être que s’il s’endormait le temps paraitrait
moins long…
— Oh mon Dieu ! C’est vous !
Nick ouvrit précipitamment les yeux, et regarda la femme au chignon, qui le fixait au travers
de ses lunettes rectangulaires. Elle semblait ébahie ou surprise, c’était au choix, mais en tout
cas, elle le regardait comme s’il était le père noël.
— Bonjour. Continua-t-elle en lui tendant la main et en essayant inutilement de retrouver
contenance. Je m’appelle Josette Sparks. (Elle avait un accents British). Vous êtes Nicolas
Vanderbilt, n’est-ce pas ?
— Heu…oui, c’est bien, moi. Répondit Nick maladroitement en lui serrant la main.
— Je suis une de vos plus ferventes lectrices.
— Ho, et bien, cela me fait plaisir de vous rencontrer Mme. Dit-il un peu moins raide. Je
suppose que votre préféré c’est Un vent de liberté…
— Non, pas vraiment. Avoua Mme Sparks. Je préfère, La vie n’est pas un conte de fées.
— Ah ! Dit-il en essayant de feindre sans grand succès un étonnement poli.
Nick n’était pas très étonné. La vie n’est pas un conte de fée était son premier livre. Ecrit à
l’âge de douze ans, ce livre était un concentré de tout le cynisme et de toute l’amertume qu’il
avait ressenti contre sa vie depuis l’abandon de son père. Il était passé Best-Seller et avait été
adapté au cinéma. C’était le genre livre qu’il pouvait imaginer sans problème entre les mains
d’une femme comme Josette Sparks.

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 Les apparences sont trompeuses
— Vous savez, Nicolas, je suis une femme très difficilement impressionnable. Commença-t-elle
avec un sourire franc. Mais j’avoue qu’avoir autant de talent à votre âge c’est…exceptionnel !
Car pour avoir du talent, ça oui, vous en avez !
— Il n’y a pas que le talent derrière tout ça. Rétorqua Nick. J’ai dû travaillé dur et la première
maison d’édition où j’ai envoyé ma première œuvre l’a recalée, mais j’ai continué de persévéré,
j’ai changé ce qui n’allait pas et j’ai réessayer…jusqu’à réussir.
Josette buvait ses paroles comme elle devait surement avoir l’habitude de boire son Whisky
avec ses copines dans un de ses fameux clubs de bridge, là-bas, en Angleterre.
— Oui. Dit-elle dans un souffle. Tout cela est très inspirant.
Soudainement, alors que Nick jetait un coup d’œil par le hublot, un peu comme s’il voulait
mettre un terme à cette discussion stérile, elle prit un ton de femme d’affaire et continua d’une
voix drapée :
— Je travaille pour une maison d’édition anglaise, vous la connaissez peut-être ? (Nick la
regarda d’un air interrogateur). Publisher. Continua-t-elle avec un sourire carnassier.
— Oui, j’en ai entendu parler. Vous avez publié plusieurs des meilleurs livres de cette décennie.
— Exacte. Et j’aimerais énormément que votre prochain roman soit publié par ma maison
d’édition. Répondit-elle avec orgueil. Oui je sais que vous avez publié votre dernière œuvre
chez New York Times…mais ce serait véritablement un grand honneur de vous avoir parmi
notre collection d’écrivain.
Nick ne sut que dire. Il resta bouche bée, mais il n’avait pas très envie de rompre un contrat
avec le New York Times juste pour Publisher. Si Publisher avait publié les quelques meilleurs
romans de la décennie, le New York Times, lui, avait publié plus d’un millier de Best-Seller au
cour des cinquante dernières années.
Essayant de retarder sa réponse, Nick appuya sur le bouton de service, pour appeler une
hôtesse.
— Alors ? Reprit Josette Sparks d’un ton avide. Vous acceptez ?
— Non, je ne peux pas. Vous m’en voyez désolé, mais j’ai signé un contrat d’exclusivité, avec le
New York Times.
C’était un mensonge, bien évidemment, mais Nick avait été élevé de tel sorte qu’il lui était
insupportable de causé de l’embarra à quelqu’un. Comme disait sans cesse sa mère : Certaines
vérités sont parfois trop blessantes à dire.
Et elle en savait quelque chose !
— Oh…Heu, d’accord.
Il était clair qu’elle était déçue, mais il valait certainement mieux être déçu plutôt que d’être
gêné par un gros et blessant « Non ! ». Nick fut soulagé de voir arrivée l’hôtesse de l’air avec
son ensemble bleu pervenche qui contrastait avec son chapeau bleu nuit. Elle tirait avec elle un
gros chariot du même coloris que son chapeau.
— Que puis-je faire pour vous ? Demanda-t-elle d’une voix horriblement mielleuse.
— Heu, eh bien, je pense que je prendrais un Coca sans sucre. Dit Nick en souriant
aimablement.

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 Les apparences sont trompeuses
L’hôtesse lui donna une cannette enroulé dans un mouchoir jetable. Elle lui adressa un sourire
qu’elle peu concupiscent, ce qui était en quelque sorte très déplacé.
— Et vous ? Ajouta-t-elle platement à Janette Sparks, qui la lança un regard morose en
remettant son livre dans son sac à main en peau de crocodile.
— Rien pour moi, merci.
L’hôtesse s’en alla en jetant un nouveau sourire charmant à Nick qui lui rendit une grimace
de gêne. Janette ferma ses yeux d’un bleu électrique et soupira, comme si elle venait terminer
une tache qui lui avait demandé un intense effort de volonté.
Nick but sa boisson de prédilection et observa à travers le hublot, le bleu de l’Océan qui parfois
devenait plus foncé ou plus clair.
Bientôt. Pensa-t-il en sentant une excitation loin d’être désagréable naitre dans son ventre.
Bientôt, je saurais enfin pourquoi, et c’est tout ce qui compte. Lui pardonné pourrait devenir
une alternative acceptable seulement, et seulement, si j’ai des réponses à toutes mes questions
sans exceptions.

En se réveillons, ce matin-là, Elena sentit que ça allait être une mauvaise journée. Pour
commencer le ciel était sombre alors qu’il était dix-heure et son réveille n’avait pas sonné. Elle
était encore dans son lit et la fenêtre de sa chambre qui était ouverte laissait pénétrée dans la
pièce une brise à mi-chemin entre la violence et la douceur.
Sur sa coiffeuse en merisier, trônait son téléphone qui brillait d’une lueur blanchâtre et vibrait
vivement afin de lui signaler qu’elle avait reçu un message. Elena se leva lentement avec une
faim de loup lui creusant déjà l’estomac. Elle attrapa son portable et vit le nom de Richard
apparaitre sur l’écran.
Comme si le ciel souhaitait l’avertir de quelque chose, un éclair gigantesque fendit le ciel en
deux et un coup de tonnerre arracha à Elena un cri de frayeur tandis qu’elle se baissait
précipitamment. Elle se releva nonchalamment, se sentant un tantinet ridicule et ouvrit sa
boite de réception et lut le message de Richard.

RICHARD : J’ai reçu ton invitation, mais je ne pourrais pas venir. Je crois qu’on devrait
prendre un peu de distance et nous ressourcer. Avoir un peu de changement dans nos vies et
réfléchir. Le problème ce n’est pas toi, c’est moi. On peut toujours restés amis.

Sa faim disparut aussi soudainement qu’elle était apparue.


Elena relut plusieurs fois le message avec l’étrange impression qu’elle n’était plus dans sa
chambre mais au fin fond de la cellule la plus miteuse disponible en enfer. Elle ne comprenait
pas très bien ce que pouvait signifier ce message. Elle laissa échapper un rire sans joie.
Elena avait toujours été la meilleure de sa classe mais à présent elle se sentait attarder car les
mots qui s’affichaient sur l’écran de son portable semblaient la narguer. Elle le relut une bonne

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 Les apparences sont trompeuses
dizaine de fois et hurla d’un rire amère. Elle avait déjà entendu d’autres filles parler de rupture
par sms et à l’époque elle avait trouvé cela complètement désopilent…mais maintenant…
On peut toujours restés amis…le problème ce n’est pas toi, c’est moi…on devrais prendre un
peu de distance…
Elena se demanda où elle avait déjà entendu ses phrases horripilantes et se souvint qu’elles
étaient souvent apparues dans les films stupides que Bonny lui avait fait regarder. Et en y
repensant, le fait que Richard ne lui ai sorti que ces vieux clichés — tirés de navets
cinématographiques — était la preuve qu’il ne la considérait pas autant qu’elle l’aurait cru.
Elle se sentit soudain bien réveillé mais plus du tout effaré. Non. Elle était en colère. En ragée.
Elle éprouvait une envie pressante d’hurler après ce fumier de Richard Pariche. Elena observa
son reflet dans le miroir de sa coiffeuse et se rendit compte qu’elle était livide. Transparente,
même.
Elle déposa vivement son portable sur la coiffeuse et se dirigea vers son dressing, enleva son
pyjama et prit une robe écarlate aux motifs japonais. C’était une jolie petite robe assez courte
de la collection Printemps-Eté, et pour la conjuguée le mieux possible elle chaussa des bottines
en cuir anthracite de chez Manolo Blahnik.
Après une heure dans la salle de bain, elle ressortit prête, à aller voir Richard. S’il pensait s’en
sortir avec un message pourri c’est qu’il n’avait pas bien capté à qui il avait à faire. Elena pouvait
semblée timide et juvénile, mais il ne fallait pas s’y méprendre. C’était Bonny la plus gentille
du trio. Elena, elle, était rancunière et extrêmement doué pour les vengeances.
Elle prit son sac à main Gucci noir en cuir italien. Elle n’avait pas remarqué les quelque goutes
hasardeuses qui tombaient désormais sur la ville. Les talons à bobines de ses bottines
claquèrent bruyamment sur le sol en marbre tandis qu’elle descendait les escaliers pour aller
dans la cuisine.
En passant dans la salle à manger, elle ne vit personne. Lucien était peut-être déjà partit au
travail et Jane était sans aucun doute dans sa chambre en train d’échangé des potins bien
croustillants avec sa meilleure amie Barbara Vanderbilt — ou Barbie comme elle aimait qu’on
l’appelle. Maude, compte à elle, était peut-être aller voir Peter ?
Elena entra dans la cuisine et fut frappé d’une délicieuse odeur de lards et d’œufs brouillés. Si
elle n’avait pas été aussi furieuse, elle en aurait englouti deux assiettes entière. Anne-Marie
était levée devant ses fourneaux, et tel un cordon bleu où une femme multitâche, elle pivotait
de la poêle où cuisait son lard au pivot central pour découper en petits demi-cercles les oignons
jaunes qu’elle avait acheté chez Intermarché.
— Bonjour, Marie. Dit Elena en prenant une pomme dans le fruitier posé sur le plan de travail.
Ça sent super bon, dit donc !
— Merci. Fit Anne-Marie en coupant le gaz. (Elle prit une assiette en la remplie de lard, avant
d’en prendre une autre et d’en faire autant avec les œufs). Tu as faim ?
— Non, je prends juste ça. (Elena montra la pomme). Et je m’en vais. J’ai des tas de choses à
faire aujourd’hui.
Elena ne put empêcher son ton de devenir amer.
— Mais il pleut ! S’exclama la bonne, incrédule. Tu vas attendre d’avoir un taxi sous cette
fontaine ?
— Pourquoi ? Le chauffeur n’est pas là ? Et la voiture… ?

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 Les apparences sont trompeuses
— Maude la prise. Elle est sortie il y’à une heure environ. Elle était un peu fâchée. Expliqua
Anne-Marie d’un ton plein de sous-entendus.
— Ouais je la comprends…Marmonna Elena dans un souffle pour ne pas que Anne-Marie
n’entende. Bon, j’y vais, alors. Bonne journée, Marie. Reprit-elle un peu plus fort.
Elena croqua dans sa pomme et alla prendre son parapluie dans le placard en dessous de
l’escalier ainsi que son manteau et sortit. Elle pouvait entendre les gouttes de pluie furieuses
frappées contre son parapluie, tandis qu’elle traversait son jardin.
Lorsqu’elle eut traversé le portail de la propriété, Elena compris qu’il lui serait difficile d’avoir
un taxi. Sous cette « fontaine » comme l’avait si bien dit Anne-Marie les routes s’étaient vidées,
et on ne voyait presque plus rien. Les pigeons qui habituellement faisaient des rues de Paris
leurs volières, avaient laissés la place aux flaques d’eau aux couleurs troubles.
La pluie plongeait les rues dans une brume que la vue d’Elena ne parvenait guère à percer et
tandis qu’elle traversait le pont aux cadenas elle sentit une énorme bourrasque lui frappé le
visage et s’accrocha à son parapluie tandis qu’il tentait de s’envoler.
Malheureusement, Elena n’eut pas assez de force pour retenir son parapluie et il s’envola dans
la brume, comme emporter par une main invisible. Mais le comble fut que sa pomme fut
emportée par la même occasion. Bientôt, alors qu’elle courait vers l’hôtel Baltimore qui était à
quelques mètres de là, ses cheveux se mirent à frisottés et son corps à trembler.
Elle s’arrêta devant l’hôtel, bien à l’abris de la pluie grâce au porche artificiel, et elle attendit
qu’un taxi daigne se montrer. Son sac n’était pas mouillé à l’intérieur, le cuir le rendait étanche.
Au loin comme si la brume faisait exprès de la torturée, Elena commença à distinguer des
contours qui lui rappelèrent vaguement le visage de Richard. Et tandis qu’elle s’imaginait en
train de lui coller un coup de pied dans les parties, un souvenir après l’autre, ses moments
passés avec lui refirent surface.
Le jour où ils avaient partagé une glace qu’ils détestaient tous les deux…La fois où Richard
lui avait dit qu’il l’aimait pour la première fois…la nuit où ils avaient discuté au téléphone
jusqu’au petit matin…et bien d’autres encore…
Tous ces souvenirs aussi heureux soient-ils, ne la détendirent pas, au contraire, ils
renforcèrent sa colère.
Bonny avait raison. Pensa Elena avec hargne. Je vais le tuer moi, ce salaud !
Elle se demanda qu’elle heure il pouvait-être, quand un taxi arriva devant l’hôtel. Un garçon
descendit du véhicule. Il était grand, au moins une tête de plus qu’Elena — peut-être la même
taille que Rafael — et il semblait séduisant même dans une brume aussi dense qui ne permettait
de distingué de ses vêtements que son manteau noir. Il sortit à la hâte deux valises du coffre et
à peine les eut il posés près d’Elena que le taxi démarra et continua son chemin dans la brume.
Il ne s’arrêta pas lorsqu’Elena lui cria de revenir. Au contraire, il accéléra et disparu lorsqu’il
prit le croisement qui menait à La Bastille.
— Ce chauffeur n’est pas commode. Commenta aimablement le garçon.
Elena se tourna vers lui, les mains toujours croisées autours de sa poitrine pour l’empêcher
de greloter. Son manteau était mouillé et elle sentait la grippe venir.
— Oui, c’est vrai. Admit-elle en essayant de prendre une voix neutre. Il aurait pu m’attendre.
— Je m’appelle Nick. Dit-il en lui tendant la main. Et vous ?

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 Les apparences sont trompeuses
Elena sourit.
— Moi c’est Elena. Répondit-elle en lui serrant la main. Tu n’es pas d’ici n’est-ce pas ?
— A quoi vous le voyez ?
— Tu as un p’tit accent anglais et tu me vouvoie. Ici les jeunes se tutoient spontanément.
— Oh, d’accord. Moi qui pensait que je pourrais passer pour un bon p’tit français de pure
souche. De toute évidence j’avais tort. Reprit-il en feignant avec beaucoup de talent la
déception. Mais oui, tu as raison. Je viens de New York, mais je suis tout de même né ici.
— Tu es ici pour combien de temps ?
— Je ne sais pas. Je suis le destin et là où il me mène, j’irais quoi qu’il advienne et cela même
si ce que je vois n’est guère au-delà de mes espérances. Dit Nick d’une voix ridiculement
théâtral.
— C’était très beau. Je connais cette citation. C’est une citation de La vie n’est pas un conte de
fées, n’est-ce pas ?
Nick sourit à son tour.
— Oui. Tu aimes ce livre ?
— Je préfère les grands classiques comme Roméo et Juliet ou Le Bossu de Notre Dame. Tu
vois ? Mais je n’irais pas jusqu’à dédaigner un Best-Seller comme La vie n’est pas un conte de
fées.
Un coup de tonnerre retentit dans la ville entière et Nick se rendit compte qu’elle était
trompée. Il retira son manteau et le lui tendit en disant d’une voix galante :
— Il serait préférable que tu mettes mon manteau, sinon tu risquerais d’attrapé une
pneumonie.
Qui a dit que la galanterie n’existait plus ? Se dit intérieurement Elena tandis qu’elle offrait
un sourire à Nick en enlevant son propre manteau pour mettre le sien. Nick attrapa le manteau
d’Elena et sentit qu’il aurait été moins mouillé s’il avait été plongé dans une bassine.
— Merci, beaucoup. Dit-elle sincèrement.
— Ce n’est rien, je n’allais pas te laisser mourir de froid.
Elena remarqua sa bague, et sa montre, en argent. C’était une montre Kingsman, surement
de la branche américaine puisqu’il venait de New York. Et la bague compte à elle, était…Elena
n’arrivait même pas à en déterminer la griffe mais elle avait l’air précieuse.
— Quelle heure est-il ? Questionna-t-elle d’un ton absent.
La colère qu’elle ressentait à l’égard de Richard avait quelque peu faiblie, alors elle cherchait
dans ses souvenirs les mots exacts de son message pour la ravivée. Elle voulait être en colère,
car se sentir faible face à Richard donnerait l’avantage à ce dernier.
— Heu…sur ma montre il est dix-sept heure. Elle doit encore être sous l’horaire de New York.
— Ce qui veux dire qu’avec un décalage horaire de six heures, il doit être onze heures. Calcula
Elena d’une voix neutre.
— Exacte. Répondit-il. Tu vas quelque part ?
— Oui. Il faut que j’aille voir quelqu’un.

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 Les apparences sont trompeuses
— Sous cette fontaine ? S’exclama Nick surpris.
Elena ne put s’empêcher de sourire à la coïncidence, mais le souvenir de Richard ne lui
permettait guère d’en faire plus. Si elle avait été dans un état normal, elle aurait peut-être
éclater de rire, mais ce n’était pas le cas.
— Oui, mais je suis contente de te connaitre. Tu vas vivre ici ? Demanda-t-elle montrant l’hôtel
d’un signe de tête.
— Peut-être. Mon père habite ici. Il est tellement egocentrique qu’il se permet de faire d’un
hôtel sa maison. Répliqua Nick d’un ton amer.
— Tu as…enfin…tu n’as pas l’air de beaucoup l’aimé ton père, pas vrai ?
— Ouais…on peut dire ça comme ça…mais en quelque sorte si je suis là, c’est justement pour
appendre à l’aimé.
Un nouveau taxi passa et cette fois avec la grande maitrise des New Yorkais en la matière,
Nick le héla et il s’arrêta. Nick ouvrit la portière galamment, afin qu’Elena y monte, et
lorsqu’elle fut bien installé et que la portière fut refermée, ils se firent des signes de la main,
jusqu’à ce que la distance parcourue par le taxi ne les sépare.

Jean-Jacques Rousseau a un jour dit « Je m’aime trop pour pouvoir haïr qui que ce soit » et
même si ce proverbe était l’un des préférés de Bonny…et même si cette dernière le lui citait
sans arrêt, Elena ne put s’empêcher de ressentir une haine telle qu’elle n’en avait jamais connue
auparavant lorsqu’elle descendit du taxi et se retrouva devant la grille de la résistance des
Pariche.
Elle actionna la sonnette et la camera implantée dans le mur oscilla vers elle. La grille s’ouvrit
dans un Bip électronique et elle courut à l’intérieur pour se réfugié sous le porche. L’odeur de
Nick flottait partout autour d’elle et cela lui donnait l’impression qu’il était encore là. Une
odeur douce de Hugo Boss avec une nuance de Vilily.
La porte de la maison s’ouvrit en grand et Richard apparut. Il était dans un peignoir et son
regard semblait montré à la fois sa surprise et une peur dérisoire. Le vent qui entremêlait les
longues boucles d’Elena ébouriffait les cheveux blonds de Richard, qui jusqu’à présent n’avait
pas dit un mot.
Les yeux verts d’Elena envoyaient des éclairs dans ceux de Richard qui étaient de la même
couleur.
— Tu n’as rien à me dire, Richard ? Dit sèchement Elena. Tu trouves plus facile de t’exprimer
quand c’est en travers d’un portable et que tu n’es pas confronté aux cris, ni aux expressions
horrifiées de ceux que tu blesses, c’est ça ?
— Je…écoute Elena…
— Elena ?! Eructa-t-elle violemment. Ce n’est plus ma jolie ? Ou Elie ? Tu me largue par sms
et tous ce que tu trouves à dire c’est…
— Alors, Richi, qui est-ce ?

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 Les apparences sont trompeuses
La voix qui raisonna dans le silence était plutôt doucereuse et fadasse, mais comment Elena
n’aurait-elle pas pu en reconnaitre la propriétaire, alors que cette dernière était sa pire
ennemie ?
Carrie Bochon, une blonde aux yeux noirs, qui était aussi mince qui si elle avait été anorexique
arriva et enroula ses bras aux ongles teintés de noir autour de la poitrine de Richard en fixant
Elena.
— Salut, Elena ! S’exclama fièrement, Carrie, d’une voix si mielleuse qu’Elena en sentit des
caries se formées dans sa bouche.
Richard était devenu livide et rouge à la fois. Elena ne peut empêcher un sourire creux et
dégouté d’apparaitre sur son visage. Elle prit ses jambes à son cou et partit sans demander son
reste et même lorsqu’elle entendit le rire aigue de Carrie, elle ne se retourna pas.
Elena marcha lentement sous la pluie et respira machinalement l’odeur du manteau. Elle ne
se rendait pas compte qu’elle pleurait à cause de la pluie, et elle ne s’en rendrait peut-être pas
compte jusqu’à ce qu’elle se retrouve chez elle…assise devant son miroir…son portable à la
main…relatant toute l’histoire à Bonny et Vicky…
Quel monde pourri !

— Bonjour, monsieur. Je cherche Franklin Vanderbilt. Dit Nicolas Vanderbilt au réceptionniste


avec un début de calvitie.
— Qui êtes-vous ? Questionna l’homme à moitié chauve.
— Je suis son fils.
Cette phrase laissa à Nick un gout amer dans la bouche.
— Oui. Il vous attendait…Dit-il d’un ton absent. Mais ce n’était pas avant quelques jours…
— J’ai…décidé de lui faire une surprise.
— D’accord. Reprit platement le réceptionniste. M. Vanderbilt a tout le dernier étage sous
réservation. Il doit être dans la suite 206B. Notre bagagiste va prendre vos val…
— Merci, mais…non, merci.
Nick prit ses valises et se dirigea vers l’ascenseur et actionna le bouton du denier étage. La
capsule se mit à monter et lui retira un haut-le-cœur. Savoir qu’il était si près de son père lui
donnait plus la nausée que de se tenir devant une fosse septique.
Il avait toujours le manteau mouillé d’Elena dans la main gauche, et son visage flottait encore
dans son esprit. Après tout, elle n’avait pas l’air d’être le genre de fille facile à oublier. Elle était
jolie, mais…sans plus. Elle n’était pas son genre.
Lorsque l’ascenseur s’arrêta net, Nick reprit ses valises et s’engouffra dans le couloir du
dernier étage. Ça sentait un peu le xérès mêlé au parfum d’une voiture neuve, et tandis qu’il
avançait il sentit cette odeur qu’il avait souvent sentit par le passé. Cette odeur qui s’avérait
toujours quand il était petit, être le signe annonciateur du retour de son père.

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 Les apparences sont trompeuses
Il frappa à la porte 206B. Il entendit des pas et la porte rouge porto s’ouvrit. Un homme se
tenait devant lui.
Franklin Vanderbilt était le portrait craché de Nick, si on laissait de côté les yeux, car Nick
avait les yeux marrons de sa mère, tandis que son père, lui, arborait deux sphères bleues
myosotis. Frank faisait une tête et demie de plus que Nick et lorsque le monde marron de Nick
entra en collision avec celui de son père, il ne put s’empêcher de froncer les sourcils.
— Bonjour. Dit-il sombrement.
— Bonjour, fiston. Répondit celui-ci.
Nick devint livide. Il était comme pétrifié, mais il retrouva vite l’usage de son corps lorsque
Frank voulu l’étreindre, et il recula. Frank ne cacha pas sa déception, mais à son regard, Nick
su qu’il comprenait.
Frank ouvrit la porte en grand et se mit de côté. Nick remarqua immédiatement qu’il était
tout en blanc, mais ne s’en formalisa pas et souleva ses valises pour entrer. Il les reposa lorsqu’il
fut au milieu du salon minimaliste, qui arborait des photos de Frank et d’une femme blonde
aux yeux verts avec un décolleté indécent. Il y’avait d’autres photos, ceux d’une jeune fille, aux
yeux noirs, tout aussi blonde que l’autre femme mais qui semblait exagérément mince.
— Bienvenue, Nicolas. Dit Franklin Vanderbilt en venant se posé devant Nick. Je suis si
heureux que tu ais accepté de venir et si tôt…
— Je l’ai fait pour moi. Le coupa Nick, d’un ton acerbe. Pas pour toi, ni pour elle.
Frank hocha lentement la tête comme s’il essayait de faire entrer ces mots dans son cerveau à
grande peine. Nick déposa le manteau sur l’une de ses valises.
— Comment va Emilia ? S’enquit-il en marchant vers son mini bar. J’ai eu l’occasion de discuter
avec elle, récemment. Elle a l’air bien, et…
— Elle a tourné la page.
— Ouais. Et…elle est remariée ?
— Oui. A un type génial. Il a été un père formidable, si tu veux savoir. Il s’appelle Tim Watson.
Tu as surement entendu parler de lui ? Il est producteur à Los Angeles. Dit le jeune homme
d’un ton faussement léger.
Nick se sentit profondément revigoré lorsque ce qu’il avait dit retira une grimace de douleur
à son père. Frank se servit un verre de bourbon. D’aussi loin que remontait la mémoire de Nick
son père avait toujours adoré cette boisson et c’était certainement pour cette raison — et pas
une autre — que lui, la détestait tant.
— Heu…j’ai entendu dire que tu étais écrivain ? Interrogea lentement Frank pour changer de
sujet. J’ai…j’ai même lu tes livres. Tu as du talent. (Il prit une gorgée de son verre). Tu tiens ça
de moi.
— Peut-être. Eructa-t-il. Heureusement, c’est la seule chose que j’ai hérité de toi.
Nick s’approcha du bar et s’assit sur l’un des sièges. Derrière le contoir, le visage caché par
son verre, Frank lui lançait des regards plains de remords.
Mais il ne suffit pas d’avoir des remords. Pensa Nick en sentant une ulcérative envie de foutre
son poing dans le visage de son père monté en lui. Même si je sais que ça ne servira à rien
j’attends tout de même des excuses.

26
 Les apparences sont trompeuses
— Pourquoi ? Questionna-t-il d’une voix lente et laconique.
— Je suis désolé…mais tu étais-là…et tu sais pourquoi…
— Ouais…
Nick dit cela avec tellement de haine que Frank en devint blanc comme linge. Nick observa
les photos. Abandonner une femme pour une autre…Rien que pour ça son père aurait mérité
de recevoir son poing.
— Tu sais…Continua sardoniquement Nick. Toutes ces années — et cela même si je refusais de
l’admettre — tu m’as manqué. Je me disais sans cesse que je voulais avoir des réponses à mes
questions mais en réalité je les avais déjà. Tu nous as abandonné, moi et maman, et tu as choisi
cette…femme…tu nous as jeté dehors et tu…
— Je sais tous ce que j’ai fait, pas besoin de ma le rappelé. Grogna Frank avant de boire d’un
trait le reste de son bourbon. Mais je te répète que je suis désolé et…
— Quel a été le titre de mon premier roman ? Demanda-t-il soudain.
Frank pali, plus qu’il était humainement possible de pâlir. Peut-être même plus que son
pantalon blanc et sa chemise blanche. Il se resservit un verre de bourbon en le remplissant à
ras bord avant de tout boire d’une traite. Nick reprit d’un ton lent et impassible, qui le rendait
plus effrayant qu’il ne l’était réellement :
— Quel était le titre de mon premier roman ?
— La vie n’est pas un conte de fées. Marmonna Frank, en baissant le regard rouge de honte.
— Exactement, et tu sais pourquoi n’est-ce pas ?
Frank observa son fils, avec un visage morne. Comment oublié ?
— Oui…
— Et voilà pourquoi plus jamais de ma vie je n’ai dit et je ne dirais jamais plus « Je t’aime ».
Même à ma propre mère je n’arrive plus à le dire. Tu peux au moins être fière d’avoir réussi à
m’apprendre quelque chose.
— Je suis désolé…vraiment…Nicolas…pardonne-moi…je…
— Je ne vais pas habiter ici.
— Tu t’en vas ? S’inquiéta-t-il.
— Non. Répondit sèchement Nick. Je reste. Nous n’avons pas encore fini, mais je ne veux pas
voir ta femme. Je veux bien rester ici, mais comme je te l’ai dit…pas pour toi…pour moi. Je
veux que quand mon pied foulera à nouveau le sol de New York, je puisse commencer une
nouvelle vie, dans laquelle je sois libre de te haïr en paix…
— Tu veux dire que tu ne vas pas me pardonner ? Demanda Frank d’une voix blanche, mais
incrédule. Je croyais que tu étais venu ici pour…
— Oui. Si j’arrive à te pardonner — ce dont je doute — je me sentirait libre. (Nick se leva et toisa
son père de toute sa hauteur). Et dans le cas contraire on se sera dit tous ce qu’on avait à se
dire et je serais quand même libre car ce ne sera plus moi, mais toi qui sera rangé par la
tristesse.
— Comment peux-tu en être sûr ?

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 Les apparences sont trompeuses
— Je suivais un cycle de psychologie et d’analogie du comportement à Saint-Jude.
— Tu vas arrêter tes études ? S’inquiéta Frank d’une voix paternel, mais dérisoire.
Il déposa son verre sur le mini bar, et observa le ciel de par la fenêtre pour ne pas à avoir à
regarder son fils dans les yeux.
— Non. Je continuerai mon cycle ici. Quoi qu’il arrive j’irais à Yale l’an prochain.
— Ha…
Nick afficha un sourire satisfait en allant prendre ses valises et le manteau. Il savait par sa
mère que Frank avait toujours rêvé d’aller étudier à Yale, mais qu’il n’avait jamais eu le
niveau…cette expérience l’avait dégouté, car il avait fini à la fac de New York, et c’était pour
cette raison qu’il n’était jamais retournée en Amérique.
Nick repartit dans l’ascenseur et actionna le bouton du rez-de-chaussée. Il prendrait une
chambre au deuxième étage s’il le fallait, c’était mieux que de sortir chercher un autre hôtel
sous cette pluie qui depuis qu’il avait posé le pied sur le sol français s’acharnait sur la ville.

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 Les apparences sont trompeuses
Chapitre 3
Un coup de téléphone sous écoute fortuite
et un appel qui tombe mal
1

Chez les Dubois les p’tits plats sont toujours mis dans les grand et cela même pour un simple
déjeuner en famille. Lorsque Bonny descendit de sa chambre dans son pyjama rose bonbon, il
pleuvait déjà et les fenêtres étaient toutes fermées et donnaient sur un ciel sombre remplie de
nimbus.
— Bonjour ! Lança mollement Bonny en entrant dans la cuisine.
Bonny s’assit sur l’une des chaises oscillantes qui entouraient le pilot central à côté de Rafael,
son frère jumeau qui avait la fâcheuse habitude de se prendre pour son ainé. Paul Dubois, un
homme au crâne lisse et à la peau de caramel était levé devant un plateau qui arborait une
pastèque moyenne. Paul prit un couteau et se mit à le découpé de façon plutôt médiocre mais
personne n’en dit rien.
Chez les Dubois, qui ne savait pas que c’était Alice Dubois, la mère active qui avait le pouvoir ?
C’était une femme aux longs cheveux noirs presque toujours attachés en queue de cheval et ses
lèvre charnues lui donnaient un certain air sévère lorsqu’elle les pinçait ou qu’elle enfilait ses
lunettes de lecture rectangulaires. Elle était assise sur une chaise, et buvait son café en lisant
le journal sur sa tablette comme chaque matin où elle ne travaillait pas. Elle avait toujours son
oreillette à l’oreille au cas où on l’appellerait, et ses yeux ambrés étaient effrayant, car il donnait
l’impression qu’elle était capable de tordre le bras d’un bébé tout en continuant d’affiché cette
mine impassible qui la caractérisait tant.
En prenant l’assiette remplie de morceaux peu esthétiques de pastèque, Bonny se mit à
observer la pièce avec l’impression qu’à ce tableau familial, une chose avait été enlevée…ou
ajoutée…Rafael était bien là, mangeant des céréales et mettant ajour son compte
Facebook…leur mère comme toujours se désintéressait de tout…et leur père se ridiculisait lui-
même sans s’en rendre compte…Bingo…
— Maman, qu’est-ce que tu fais ici ? Questionna Bonny se rendant compte qu’ils étaient un
jeudi et qu’elle était censé travaillé.
— Que veux-tu dire, ma chérie ? Répondit Mme Alice Dubois, d’un ton patient, qui ne lui était
pas usuelle.
— On est jeudi. Rétorqua laconiquement Bonny. (Paul cessa de découpa son fruit et servit à
Bonny un verre de jus d’orange bien frais). Merci, papa.
— Eh bien, si tu veux savoir j’ai pris une journée de congé, pour me reposer loin du stress des
emplois-du-temps chargés. Dit Alice en tournant la page de son journal numérique.
— D…d’accord. Balbutia Bonny avant de boire son jus.
Elle n’éprouva guerre l’envie de mangé sa pastèque, et s’en excusa auprès de son père avant
de se servir, elle aussi, un bol de céréales. Elle mangea goulument, ses yeux marrons passant
de temps en temps de son père à sa mère, qui ne se parlaient, ni ne se regardaient. Il arrivait

29
 Les apparences sont trompeuses
parfois à Bonny de se demander si leur mariage battait de l’aile. Auquel cas, Bonny se disait
souvent que cela devait être la faute de sa mère car son père était un homme, dévoué et
merveilleux.
— Comment avancent les préparatifs de votre fête annuelle de fin de vacance ? Questionna
Rafael d’un ton plein de sous-entendus. Pourquoi je n’ai pas encore reçu d’invitation ?
— Nous n’avons pas encore terminée la liste des invités. Mais, ne t’en fait pas. Dit Bonny d’un
ton soft. Les filles et moi avons pitié de toi alors on te donnera une invitation. Ce sera notre
œuvre de charité de la semaine !
— Hé ! Fait gaffe ! Railla le garçon en lui lançant un regard espiègle. N’oublie pas à qui tu
t’adresses. Après tout c’est moi l’ainé !
— D’à peine vingt secondes ! Protesta Bonny, avant de prendre une autre bouchée de ses
céréales.
— Les meilleures secondes de toute ma vie ! S’exclama Rafael.
Leur père qui avait suivi la conversation ne put s’empêcher de rire.
Bonny termina son bol et alla le plonger dans le lave-vaisselle. Elle observa longuement le ciel
au travers de la fenêtre au-dessus de levier. Il était toujours aussi sombre. Le spot blanc au-
dessus de sa tête éclairait ses courts cheveux noirs qui encadrait son joli visage caramel clair.
Un coup de tonnerre retentit tandis qu’un éclair divisait le ciel. Bonny ne put s’empêcher de
frémir de peur. Elle remonta dans sa chambre tandis que Rafael laissait son bol au-dessus du
sien. Bonny referma la porte à clef, comme elle en avait l’habitude (Avec un frère aussi fouineur
que Rafael Dubois, il le fallait bien).
La chambre de Bonny était à son image : rose ; bleue ; pervenche ; et lavande. Les murs étaient
agressivement colorés et une fenêtre ouverte donnait sur la rue du Faubourg-Saint-Honoré
tandis qu’une immense armoire blanche trônait près de sa coiffeuse en bois de chêne blanc.
Son lit était installé près d’une fenêtre et dans un autre coin on pouvait voir son bureau en
désordre, sur lequel son ordi rayonnait, et était encore allumé, figé sur une page du prochain
article de Bonny pour son blog caritatif.
Bonny prit son portable et observa les feuilles éparpillées sur son bureau : c’était les feuilles
de sa dissertation sur une grande œuvre classique. Elle avait choisi Jane Eyre car elle savait
qu’Elena choisirait de son côté, Le bossu de Notre Dame, et que beaucoup prendrait la voix de
la facilité en prenant un grand cliché classique comme Roméo et Juliet. Tous ce qu’il lui restait
à faire était d’agrafé ses feuilles…
Malheureusement comme beaucoup de ses affaires, Rafael avait complètement bousillé son
agrafeuse. Bonny était donc obligé d’emprunter celui de sa mère. Heureusement qu’elle était
de particulièrement bonne humeur ce matin…


Bonny redescendit rapidement dans la salle à manger, plus vite elle terminerait son devoir,
plus vite elle prendrait un temps mort bien mérité. Pourtant…lorsqu’elle arriva dans la cuisine,
seul son père était encore là.

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 Les apparences sont trompeuses
— Où est maman ? Questionna-t-elle, interdite. Elle est finalement partie travaillé ?
Bonny jeta un coup d’œil par la fenêtre au-dessus de levier. Il pleuvait, toujours et le ciel était
tellement sombre qu’on aurait pu s’y méprendre et pensé être en pleine nuit, alors que midi
approchait à peine.
— Non. Répondit M. Dubois. Elle est dans son bureau, comme d’habitude.
Bonny remonta l’escalier en jetant tout de même un regard en biais à son père. Elle n’avait
pas ignoré cette dernière touche d’amertume régnant en maitre sur sa voix, et lorsqu’elle atteint
la porte en bois ciré du bureau de sa mère, elle se dit que son père était un saint, car il arrivait
à supporter une femme aussi revêche qu’Alice.
Alors que Bonny posait sa main sur la poignée en Or de la porte, elle fut saisit d’un frisson en
entendant sa mère parler de sa voix la plus menaçante. Mais elle ne s’adressait pas à Bonny,
elle devait discuter au téléphone. Son interlocuteur devait être l’un de ses assistants…pourtant
Bonny n’ouvrit, ni frappa à la porte. Elle ne s’en alla pas non plus, elle était comme bloquée, et
s’en qu’elle ne puisse s’en empêcher, ses oreilles se mirent à capter la conversation.
— Je ne veux pas entendre d’excuse…bouger vous un peu les fesses pour une fois, Lucien, et ne
me rappelé pas avant que toute cette histoire soit réglée.
Il eut un silence, qui fit comprendre à Bonny que ce Lucien n’avait pas dit son dernier mot.
Bonny ne put s’empêcher de se demander si ce Lucien pouvait être M. Delacour.
— Obligez-la ; faite-la chantée, je me fous de la façon d’en vous vous y prenez ! Vociféra Alice,
agacée. Ne vous y méprenez pas, si ce mariage n’a pas lieu notre contrat sera caduc, et pas
seulement pour le partenariat entre Delacour & Co et Clair Industrie, mais aussi par rapport à
votre place dans L’estrada.
Silence.
— Oui, en effet. Beaucoup tuerait pour avoir votre chance, et si vous ne la saisissez pas, Pipino
ou Cortez — peu importe lequel — l’un des d’eux se chargera de vous.
Bonny entendit le Bib qui succède la fin d’un appelle par oreillette mais resta figée. Il n’y avait
plus aucun doute possible, Alice parlait bien de Lucien Delacour et de la société de ce
dernier…et…Clair Industrie ? N’était-ce pas la société de la famille Clair ? Celle dont la mère
de Bonny était PDG ?
Bonny eut un haut-le-cœur. Elle n’y comprenait rien. Qui étaient Pipino et Cortez ? Et qu’était
donc cette « Estrada » ? Une autre association caritative ? Sa famille ainsi que celle des Clair ;
des Vanderbilt et des Delacour, avait toujours participée à des galas ; des diners où des ventes
de charités pour des causes souvent jugées indigne d’intérêt. Les Delacour ; les Vanderbilt ; les
Clair et les Dubois étaient des familles de philanthropes aux yeux de Paris…de la France…de
l’Europe et même…du monde…
Clip…Clap…Clop…Clip…Clap…Clop…
Les gouttes de pluie continuaient de tomber inlassablement, et bientôt la respiration de
Bonny suivit le même rythme, tandis que celui de son cerveau allait crescendo. Clap…Clip. Elle
reprenait une respiration normale et c’était ce don elle avait besoin pour reprendre ses esprits.
Clip…Clop. Il était temps de s’en allez, et alors qu’elle se retournait…
DRING !!!
Bonny se mordit la lèvre et se maudit intérieurement. Elle avait complétement oublié qu’elle
avait encore son portable dans sa main et maintenant il sonnait…révélant ainsi sa présence.

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 Les apparences sont trompeuses
C’était bien ce qu’on pouvait appeler un appel qui tombe mal. Bonny mit rapidement son
portable sur mute et eut le temps de voir le visage d’Elena s’affichée avant qu’elle ne rende
compte que des pas s’approchaient d’elle.
Ceux de sa mère. Elle allait ouvrir la porte…la trouvée là…et…que ferait-elle après tout ?
Bonny n’en savait rien mais n’avait pas non plus envie de le savoir alors avec la vitesse
qu’engendre la peur, elle courut se cacher dans un placard sur sa gauche.
Au moment où la porte du placard se refermait sur Bonny celle du bureau s’ouvrait sur la
silhouette de guêpe de sa mère et à cet instant, Bonny se sentit ridicule. C’était sa mère après
tout…pas la présidente d’un gang…
Pas vrai ? Que pouvait bien lui faire sa mère ? Dans leur maison ? Avec Rafael et Paul comme
témoins ?
Ressaisis-toi, Bonny. Lui souffla une petite voix qui ressemblait désagréablement à celle de
Victoria. C’est ta mère, pas une tueuse ou même une criminelle. Elle est peut-être un peu casse-
pieds mais ce n’est pas une aussi mauvaise personne.
Bonny essaya de se ressaisir mais lorsque à travers les plis de bois du placard, elle vit Alice
passé devant elle et s’arrêter net, elle retint son souffle et se mit à prier. Elle était entourée de
vieux manteaux poussiéreux qui exhalaient des odeurs d’humidité, mais lorsque sa mère
repartit dans son bureau, elle ne put se retenir de prendre plusieurs profondes inspirations.
Bonny sortit lentement et surtout silencieusement du placard et tandis qu’elle le refermait et
qu’elle s’engouffrait dans le couloir tel une ombre son téléphone se mit à vibrer, et le visage
souriant d’Elena réapparut.

— Bonny, pourquoi est-ce tu as mis autant de temps à répondre ?


La voix d’Elena raisonna dans l’oreille de Bonny lorsque celle-ci fut redescendu dans sa
chambre et eut fermé la porte pour plus de sureté. Elle était assise sur son lit et le froid de la
pièce accentuait son malaise d’autant plus que cette étrange tempête ne semblait pas vouloir
s’en allez. Sa fenêtre était embuée tellement la pluie était devenue drue. Peut-être était-ce l’une
des premières pluies du passage de la saison estivale à celle automnale ?
— Je suis désolé. S’excusa machinalement Bonny. J’étais…occupée.
— A quoi ? S’enquit Elena à l’autre bout du fil.
— Je te raconterait une autre fois, mais toi…qu’est-ce que tu voulais me dire ?
Silence, puis :
— Tu sais Bonny, tu avais raison. J’ai été la pire des connes. Trop bornée pour t’écouter, je me
suis fait jetée de la pire des façons, qui ne soit jamais apparu dans ce monde. Gémit Elena, d’un
ton qui mêlait désolation et auto-réprobation.
Bonny éprouva une profonde empathie, mais aussi une soudaine envie de lui crier « Je te
l’avais dit ! » mais heureusement, elle s’abstint.
— Moi et Richard c’est…

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 Les apparences sont trompeuses
Les mots d’Elena moururent quelque part, peut-être au milieu de la ligne téléphonique qui les
reliait.
— Tu n’es pas obligée de le dire si c’est trop douloureux. Répliqua Bonny d’une voix maternelle.
Comment cela s’est-il passé ? Tu veux m’en parler ?
Bonny entendit Elena renifler bruyamment et imagina Richard en train de se noyer dans la
seine. Cela lui conféra une mesquine satisfaction, mais surtout par ce qu’elle avait toujours
détestait Richard Pariche. Pour Bonny il n’était qu’un fils à papa qui n’avait aucun respect pour
les femmes. Un macho, purement et simplement.
— Il m’a plaqué avec un simple sms. Sanglota Elena d’une voix vive. Je n’arrivais pas à y croire !
— Je te comprends très bien. Rétorqua Bonny avec compréhension.
— Je suis allé chez lui…
— Sous cette inverse ?
— Ouais. J’y suis allé et si tu savais à quel point je regrette. Il était avec une autre fille.
— Oh, le salaud ! S’exclama Bonny en se redressant.
L’histoire devenait plus intéressante, et elle en oubliait momentanément sa mère et son
curieux coup de file. Tout ce que Bonny voulait désormais savoir c’était si Elena s’était battu
avec ladite fille.
— Tu ne devineras jamais qui c’était.
— Qui ? Fit Bonny, avec un intéressement poli.
— Carrie. Carrie Bochon.
Un nouveau silence.
— Elena, je suis vraiment désolée.
— Ouais, moi aussi, mais ça ne change rien. Ce n’est qu’un mot.
— Que s’est-il passé ? S’enquit Bonny avidement.
— Je suis partit avant de me taper la honte devant elle, mais il était déjà trop tard…si t’avais
entendu la façon dont elle se marrait…on aurait dit qu’elle recardait un sitcom comique.
Confessa Elena d’une voix faible. Ce serait bien si tu venais.
— Heu, oui, bien sûr. Si tu veux je me dépêche et j’arrive…
— Non. La coupa Elena d’un ton calme. Il pleut toujours et je n’ai pas envie que tes cheveux se
mettent à frisotés comme les miens.
— Ah, ouais ? Fit Bonny, un ton légèrement goguenard. C’est si terrible ?
— Plus que ça ! Ils sont complètement entremêlés, et il va me falloir un bain chaud et au moins
deux lotions pour cheveux secs. Soupira Elena.
Toutes les deux éclatèrent d’un rire, qui leur fit chaud au cœur. Il était bon de pouvoir compté
sur une amie à n’importe quel moment.
— A plus. Dit Bonny avant de raccrocher.

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 Les apparences sont trompeuses
Ses yeux balayèrent la pièce, et tombèrent sur ses pages de dissertation. Elle pouvait très bien
rendre ce fichu devoir tel quel. Pas besoin de collé les feuilles. Et puis c’était un devoir de
vacance à rendre dans une semaine.
Pauvre, Elena. Se dit lentement Bonny, alors qu’elle s’affalait dans son lit qui avait une douce
odeur de voiture neuve. Elle doit vraiment souffrir en ce moment…et surtout elle doit être
tellement…désabusée…

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 Les apparences sont trompeuses
Chapitre 4
Un après-midi pluvieux dans un
Bungalow ; le journal d’Elena ; La jolie
rousse sous la pluie
1

— Bonjour !
Victoria Clair était dans le bungalow qui se trouvait derrière la résidence de sa famille. Cet
endroit était pour elle comme une deuxième chambre…voir même une deuxième maison. Elle
était assise dans la pièce principale et regardait un stupide dessin-animé dans lequel un chat
bleu infatigable asseyait en vint d’attrapé une petite sourie marron insaisissable. Assise sur le
canapé en cuir, et bien enroulée dans une couverture carmeline, elle s’était immédiatement
retournée en entendant son grand-frère, Borys.
Il était bien plus grand qu’elle, mais ils avaient les mêmes cheveux blonds clairs bouclés —
même si Vicky avait une petite mèche rose — et les mêmes yeux bleus azure. Lui était un
homme qui avait l’habitude de recevoir son fric de papa, même s’il avait déjà un bon job, et
Victoria, malgré ses tendances superficielles, elle, ne supportait pas de complètement
dépendre de quelqu’un et c’était pour cette raison qu’elle avait un job de mannequin dans une
agence publicitaire.
— Bonjour. Rétorqua-t-elle, en se reconcentrant sur la télévision.
— Tu viens déjeuner ? Lui demanda-t-il, d’un ton qui rassemblait le sérieux de leur père et
l’inquiétude de leur mère. Rosmerta à cuisiné des nems. Allez viens, je suis sûr que tu vas
adorée. C’est joli, délicieux, et exotique. Exactement le genre de plats que tu aimes.
— Je n’ai pas faim. Rétorqua-t-elle d’un ton glacial.
— Bon, là, j’en ai marre ! S’emporta Borys. Qu’est-ce qui ne va pas cette fois ? T’as plus de vernis
à ongles ? Tes chaussures préférées sont fichus ? Allez, dit-moi tous !
— Tu pensais me l’annoncé quand ?
— Quoi ? Que tu as en réalité été adoptée ? Ironisa-t-il.
— Que tu avais l’intention de te marier avec Maude. Dit-elle d’un ton cinglant.
— Je pensais te le dire, le moment venu. Répondit Borys d’un ton des plus naturel.
Et…comment ça avait ? J’ai toujours cette intention.
Victoria resta silencieuse un petit instant puis, dit d’un ton indifférent, tout en le fixant d’un
regard lugubre :
— Elle a catégoriquement refusé de se mariée avec toi.
— QUOI ?!
— Ouais, j’étais là quand on lui a annoncé la nouvelle, elle était fur…Hé ! Mais où est-ce que tu
vas ?

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 Les apparences sont trompeuses
Trop tard. Borys était partit en courant en direction de la maison. Vicky arrivait encore à voir
sa silhouette massive, en train de traverser la cour, en enjambant les bouées de sauvetage de la
piscine. Apparemment, il n’était pas au courant…pourquoi ce mariage aurait-il été annoncé et
certifié, si la mariée y était opposée et que le marié était dans l’ignorance du point de vue de
cette dernière ?
Borys n’avait pas l’air d’être au courant du strict refus de Maude concernant le mariage et
pourtant cette histoire datait de la veille, et plus étrange encore, comment cela se faisait qu’un
mariage soit organisé de cette façon ? Borys n’aurait-t-il pas pu simplement lui faire une
demande en mariage classique ?
Le monde devient fou ! Pensa sérieusement Vicky en s’enfonçant dans sa carmeline.

Jeudi 20 Août

Je savais que ça allait être une horrible journée.


Non mais…pourquoi est-ce que j’ai écrit ça ? Si j’avais su ce qui allait se passer j’aurais éteint
mon portable et je serais restée au lit toute la journée jusqu’à ce qu’Anne-Marie ne vienne me
réveillée pour me prévenir de descendre prendre mon petit déjeuner.
Je hais Richard. Je hais sa façon d’être et je ne sais pas comment continuer à vivre avec
autant de haine et de rancune dans le cœur. Au fond tout est de ma faute. C’est moi, et moi
seule, qui me suis mise ces œillères. Si j’avais écoutée Bonny les choses seraient aujourd’hui
différentes.
Peut-être que si j’avais rejeté les avances de Richard il y’a deux ans, en ce moment je serais
surement en train d’écrire sur quelque chose de plus anodin et de certainement moins
douloureux…
J’ai téléphoner à Vicky, elle ne pas répondu. Peut-être est-elle occupée comme l’était Bonny
lorsque je lui téléphoner pour la première fois. Mais en tout cas, je suis heureuse car je sais
que Bonny ne va pas tarder à arriver et qu’avec sa présence me reviendra la paix. J’ai aussi
téléphoner à Sofia. Je sais qu’elle n’a pas de notre monde, mais c’est la sœur d’Andy et c’est
une véritable amie. Et…je dois avouer qu’elle est l’une des rare personne à rivalisée avec
Victoria en franc parler et c’est ce dont j’ai besoin, et cela même si elle est plus jeune que nous.
Après tout elle très perspicace et la preuve en est. Elle n’a que seize ans et elle se retrouve en
terminal avec nous.
J’ai beau regarder partout dans ma chambre, je n’y vois que des souvenirs de moi et Richard
et pourtant, encore hier je n’y trouvais que les doux et tendres souvenirs d’une enfance dorée,
passée avec deux merveilleuses amies ; et une famille qui à l’instar de ma vie était
relativement parfaite.
Après tout, peut-être que j’exagère dans mon malheur, après tout beaucoup de gens meurs ;
pleurs et soufrent infiniment plus que moi. Du moins c’est ce que me dirait Bonny…car,
Victoria, elle, me dirait que ce que je vis est la pire chose qui puisse arriver à une fille, et que
la vie est injuste.

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 Les apparences sont trompeuses
La vie n’est pas parfaite en fin de compte…si seulement Maude était là…mais ce n’est pas le
cas. A croire que depuis cette annonce insensée de mariage, elle fuit la maison. Je me sens un
peu seule dans cette maison, et mon père n’arrange rien, car il n’est jamais là, à croire que
cette fichue fusion entre Delacour & Co et Clair Industrie est la seule chose qui compte à ses
yeux et ma mère ? On dirait presque que je n’en n’ai pas. Elle doit surement être en train de
médire sur ses amies dans sa chambre. Je serais prête à parier tout mon héritage sur le fait
qu’elle bave certainement sur toutes ses copines du cercle de l’Elite.
Le cercle de l’’Elite. Pour moi ce n’est qu’un club dans lequel mes parents et d’autres
personnes des plus influentes sont réunis, pour des causes caritatives. Ce club a été fondée
par Henry Clair. C’est un club tellement sélecte que seul quelques chanceux peuvent en faire
partis…et à ce que je sais, même le maire de Paris n’en fait pas partit et pourtant à ce qu’il
parait il tente d’en être depuis cinq ans, maintenant.
Je ne sais pas vraiment quoi pensée de ce club d’élite, mais, au fond je m’en contre fiche, car
c’est par ce que nos parents se connaissent que je connais, Bonny, Rafael, Vicky et
malheureusement, Carrie aussi. Au moins ce n’est pas parce que son beau-père et sa mère fait
partit du cercle que je suis obligée de lui adresser la parole.
J’espère que moi et les autres ne seront pas obligés de prendre contrôle du cercle une fois
grand par ce que ça ne collerait pas du tout avec mes projets d’avenirs. Reprendre le cercle
une fois adulte, ça, c’est le rêve de Bonny. Après tout c’est elle qui admire toutes ces tentatives
de charités pour aider son prochain. D’ailleurs, elle a même un blog suivit par plus d’un
million de personnes. Bonny est pratiquement une influenceuse et elle se sert de sa notoriété
pour inciter les gens à prendre soins de la nature et tout ça…
Je me demande ce que dirons les autres au bahut, à la rentrée. Une chose est sûr, c’est que
ça va jaser !
Je ne devrais pas me préoccuper de ce que les autres pensent, mais plutôt de ce que moi je
pense et la seule chose à laquelle je pense c’est la manière dont je vais me venger de Richard
Antoine Pariche.

Elena Delacour, posa son stylo rose qui arborait un pompon du même coloris à son bout, et
referma soigneusement son carnet en cuir anthracite. Elle était assise à son bureau et ses pieds
nus touchaient le carrelage froid, tandis qu’au travers de la fenêtre fermée elle observait un
corbeau perché sur le grand cognassier dans lequel elle et Maude grimpaient lorsqu’elles
n’étaient encore que de petites pestes.
Le téléphone d’Elena indiquait treize heure vingt-six et la pluie était devenue moins drue. Le
ciel n’en restait peut-être pas moins sombre et remplie de nimbus mais au moins le
martèlement des gouttelettes furieuses s’était amoindrie. Elena écoutait calmement le son de
l’eau s’écoulant dans la gouttière de sa fenêtre et calquait sa respiration dessus.
Une radio que lui avait un jour offert, Andy Verneuil — l’un de ses amis du lycée — diffusait
paisiblement une chanson d’Angel — Oui ou Non — et Elena l’écoutait sans vraiment
l’entendre, avec l’impression étrange que le temps s’était arrêter et que bien des années
passeraient avant qu’elle ne se sentent de nouveau heureuse.

Regarde comment je sourie !


Regarde encore ! Je veux savoir ce que t’en dit !

37
 Les apparences sont trompeuses
Quand je te retrouve fort, c’est faux, peut-être mais en plus je rie !
En plus j’te donne tort, de pas vouloir m’aimer !

La chanson semblait être à la fois présente et absente tandis qu’elle observait les rosiers de sa
mère se dandinés de gauche à droite aux sens du vent. Le manteau de Nick était encore sur son
lit et elle l’avait momentanément oublié. Bientôt une faim vorace la gagna.

Hier encore on était liés.


J’étais celle de tes rêves.
Celle qui comblait tes nuits, celle à marié.
Faut dire que ce fut bref !
Ta nuit na durée qu’une seule soirée, genre romantisme express !
Ta pris le temps d’venir mais pas de rester ! Tu m’embrasse puis tu m’laisse !

Elena se leva, et s’enroula dans un kimono en soie. En arrivant elle avait enlevé sa robe
écarlate et l’avais mis dans son panier à linge sale. Elle s’assit sur le siège de sa coiffeuse et prit
sa brosse à cheveux qui portait ses initiales. Elle peigna lentement et langoureusement ses
cheveux marrons. Elena avait les yeux baissés, elle ne voulait pas regarder son reflet, elle savait
ce qu’elle y verrait : Elena Delacour ; la jolie brune aux yeux verts clairs ; toujours bien
organiser et toujours première de sa classe. La fille désespérément parfaite, qui pardessus le
marcher était membre de l’élite junior, et qui à cet instant arborait une expression étrange de
léthargie.

C’est oui ou bien c’est non ?


Hier tu me voulais !
C’est oui ou bien c’est non ?
Demain tu feras marcher !
C’est oui ou bien c’est non ?
J’vais devoir t’oublié !

A la fin du refrain, la chanson prit fin. Elena osa enfin regarder son miroir et ne fut pas
surprise d’y voir ce qu’elle prévoyait. Elle entendit à peine lorsqu’on frappa à la porte, mais se
tourna vivement pour voir la personne entrée.
— Je t’apporte ton déjeuner. Drôle de temps tu n’trouves pas ? L’interrogea aimablement
Anne-Marie en refermant la porte avec son pied.
Elle marcha jusqu’au lit d’Elena et y déposa le plateau en argent. Le plateau était recouvert
d’une assiette remplie d’œufs brouillés au lard ; une autre remplie de p’tits pains beurrés, et
d’un verre remplie de jus d’orange.

38
 Les apparences sont trompeuses
— Merci, Marie. C’est très gentil.
— Oh, ce n’est rien, Elena. J’ai remarqué que tu n’avais encore rien manger. (Il y’eut un coup
de tonnerre mirobolant). HA ! Oh, mon Dieu ! J’ai failli avoir une crise cardiaque ! Dit Anne-
Marie en suffoquant presque sous le choc.
Anne-Marie n’était pas une bonne très courageuse ni trop intelligente, mais elle était gentille,
belle, attachante, et sincère. Elena sourit. Elle, n’avait pas cillée, d’un millimètre. La main
toujours sur la poitrine, Anne-Marie se dirigea vers la porte mais avant de quitter la pièce, elle
dit :
— Maude est de retour, et elle n’a pas l’air contente. Elle est directement partie dans le bureau
de ton père. (Elle hésita). Tu…devrais peut-être aller prendre partit car…je suis, absolument
certaine, que Mme Delacour ne fera rien.
— Heu, oui…d’accord. J’y vais dans un instant.
— Parfait…et bon déjeuner.
Anne-Marie disparut derrière la porte et Elena se leva. Elle prit un morceau de son pain et en
croqua un bout, avant de boire une bonne lampée de sa boisson. Allez se confronter à son père
lui serait impossible si elle était sur le point de s’évanouir inanition. Alors pour augmenter ses
chances elle prit un morceau de lard et se l’envoya à la hâte.
Elena sorti de sa chambre, son kimono trainant sinistrement derrière elle tandis qu’elle
empruntait le couloir qui la mènerait au bureau de son père. La maison était plongée dans un
silence lugubre, qui semblait consolidé le bruit des eaux s’engouffrant dans les dizaines de
gouttières de la propriété.
Elena tourna la poignée de la porte, et entra dans la pièce. C’était un petit salon avec un mini
bar et une bibliothèque, séparé du bureau de M. Delacour, par une porte coulissante. Elle
s’approcha de la porte et à peine l’eut-elle entrebâillée qu’elle vit son père levé derrière son
bureau, les mains à plats sur la surface de son bureau en bois de chêne. Maude était là aussi,
elle était levée au centre de la pièce décorée d’un style colonial. Elle était de dos et Elena ne put
voir l’expression de son visage mais à la façon dont elle se tenait et à la manière dont elle se
contractait, elle n’était pas heureuse, du tout.

Moi, la pluie ça ne me fait pas peur ! Se dit gaillardement Sofia Verneuil en longeant le pont
pour rejoindre la rive droite. Elle marchait aussi rapidement qu’elle put se le permettre sous
cette tempête, afin de rejoindre le quartier riche qui était complètement à l’opposé de celui où
elle vivait.
Sofia habitait sur la rive gauche, dans un petit ghetto et avait une famille dysfonctionnelle, ce
qui était peut-être le cas de tous les gosses de son quartier. En traversant la rue Saint-Bernard,
Sofia se dit qu’elle avait beaucoup de chance d’avoir pu se refaire une vie loin de Marseille et
de…
Elle ferma les yeux et respira profondément, tout en repoussant de son esprit le nom de
Ronald ; son visage ; son sourire et sa vie…

39
 Les apparences sont trompeuses
Sofia entendait la pluie frappé contre son parapluie et se dit un peu plus joyeusement qu’elle
s’était bien reconstruite. Elle s’était faite de véritables amis ; elle avait même eu son premier
p’tit copain l’année dernière (mais de cela nous en reparlerons) ; elle avait sauté une classe et
était tout de même très populaire pour une fille juive des quartiers pauvres de Paris, entourée
de gosses de riches.
Sofia avait un grand franc-parler et ne se laissa jamais faire et c’était surement ça — et peut-
être aussi sa jolie frimousse rousse et son intelligence — qui lui avait valu d’avoir autant de
succès, mais contrairement à son grand frère, Andy, elle n’avait pas honte de ses origines
modestes, au contraire, elle en était fière et c’était uniquement par ce qu’elle savait ce qu’elle
valait et ce qu’elle deviendrait.
Mais comme elle le disait toujours : Dire ce que l’on pense n’empêche pas de réfléchir ! Et
c’était vrai car même en parlant franchement, elle mesurait toujours le poids de ses paroles et
savait quand analyser et se taire.
Ce que, bien, évidemment, Victoria se savait pas faire !
La pluie devenait de plus en plus faible et il devenait possibles de distingué des rayons de
soleil — qui bien que modestes — éclairaient les rues sombres et brumeuses. Sofia continuait
sa marche et se sentait euphorique à l’idée incroyable qu’elle allait terminer le lycée avec un an
d’avance. Wow ! C’était peut-être le signe avant-coureur qu’elle attendait tant ? Celui qui lui
confirmait qu’elle était bénie et vouée à de grandes choses.
Malheureusement ce signe lui avait valu sa première relation amoureuse bien qu’elle fut
secrète. Son premier petit copain s’appelait George, il avait été son meilleur ami, et il était beau,
mais c’était peut-être l’une des rares qualités qui le caractérisaient. Il n’était pas très malin
mais exhalait pourtant tant d’orgueil que ce dernier en était éraflé à chaque fois qu’il se rendait
compte que Sofia était promu à mieux et que lui était destiné à un cercle vicieux d’échec.
Evidemment il ne l’avait pas supporté.
Sofia dépassa la résidence, des Dubois. Elle n’avait jamais envié leur monde, mais elle savait
qu’un jour il serait le sien après quelques années de travail. Sofia était peut-être ambitieuse
mais avait des principes…c’était peut-être même ce qui la différenciait tant d’Andy, qui avait
une morale plutôt changeante. C’était aussi l’une des raisons pour lesquelles Sofia regrettait
tant Ronald…il était si gentil…si drôle…quoiqu’un peu bête…il était son double. Son jumeau.
Ah ! Les grilles de la résidence des Delacour étaient à quelques mètres maintenant…

— Est-ce que tu as la moindre idée de ce que tu as fait ? Entendit Elena.


C’était la voix de sa sœur qui semblait étrangement différente. Un peu comme déformer par
la colère, et la haine. Mais pas n’importe quelle haine. Non. Une haine corrosive.
— Je n’sais pas si t’a remarqué mais on n’est plus au dix-huitième siècle et les mariages
arrangés, ça ne se fait plus…
— Peu importe ! Trancha acerbement Lucien Delacour. Tu ne sais pas tous ce qui est en jeu !
— Si, en réalité, j’ai ma p’tite idée, car vois-tu, j’ai lu ce fameux article, et j’ai compris que tout
ce qui t’importait quand tu as passé cette arrangement débile, c’était ta fichu société !

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 Les apparences sont trompeuses
— Je te prie de m’épargner tes caprices de petite fille et d’essayer de comprendre…
— Comprendre ?! Bordel, tu te fous de ma gueule ? !
— Surveille ton langage, Maude ! Hurla M. Delacour, d’un ton qui ne souffrait pas de
désobéissance.
Elena vit son père rougir de colère. Habituellement ce changement de coloration était assez
efficace pour intimider n’importe qui, mais apparemment Maude était plus en colère que
Lucien et cette fois elle n’avait pas l’intention de battre en retraite.
— Si tu veux tout savoir, sache que j’ai déjà un fiancé. Lâcha-t-elle narquoisement.
— Un fiancé ? Railla Lucien, son visage se tordant dans une grimace satirique. Et tu ne me
l’annonce que maintenant ? Pourquoi ?
— Parce qu’il est serveur dans un petit resto de quartier. (Le visage de Lucien devint plus blanc
qu’une craie et se tordit dans une grimace de fureur et d’indignation). Oui, tu vois ? C’est
exactement pour ça que tu es resté dans l’ignorance si longtemps.
Elena retenait son souffle. Maude avait avoué sa liaison avec le serveur…L’avait-elle dit sous
l’impulsion de la colère ? Si oui…n’allait-elle pas le regretter ?
— Tu veux dire que tu préfèrerais épouser un…moins que rien…plutôt qu’un héritier ? Tu le
préfèrerais à…un membre du cercle ?
— Ton satané cercle d’Elite n’est rien de plus qu’un club de bridge au rabais, qui finance des
associations caritatives en tout genre pour acquérir plus de crédibilité politique, sur la vie de
pauvres gens !
— Tu te trompes. C’est bien plus que ça. Rétorqua M. Delacour dans un souffle rauque.
Il eut une pause durant laquelle, Elena se sentit frissonnée, puis la voix de son père qui c’était
rassit dans son siège en cuir noir ciré, dit d’un ton neutre :
— Tu vois cette maison ? Tout ce luxe ? Ça, c’est ce que tu auras avec Borys Clair. Et si tu penses
que tu m’auras toujours derrière toi pour te donner de l’argent, c’est que tu es plus stupide que
tu en as l’air. Regarde-toi un peu. (Son ton était devenu glacial). Tu es sublime mais tu n’es rien
de plus qu’un joli visage qui vie grâce à moi et à mon argent, et si tu ne fais rien pour m’aider à
m’en procurer…pourquoi devrais-j le gaspiller avec toi ?
Il s’arrêta et tout comme Elena observa la réaction de Maude : Elle était blanche comme
marbre. L’atmosphère, elle-même, était à couper au couteau.
— Comment peux-tu ? Cracha Maude, d’un ton plein de dégout. Moi qui te prenait pour un
homme bien avec une folie des grandeurs persistante ! Mais en ait, tu es vraiment singlé !
— Excuse-moi de te décevoir mais tes idéaux sont d’un luxe au-dessus de mes moyens.
Silence.
— Vois-tu, tu n’es pas mon premier choix. Reprit goguenardèrent Lucien. Peu de gens le savent
mais, Henry Clair a un frère jumeau, qui vit en Espagne, et ce dernier a un fils, très charment,
j’ai déjà eu l’occasion de le rencontrer. Il a dix-neuf ans, et je suis sure qu’Elena, ma douce
Elena, elle, sera plus réceptive. Elle a toujours été la fille parfaite. Elle a toujours été, plus docile
et surtout…
— Plus naïve. Termina Maude d’un ton cinglant.
— Plus belle. Contrat Lucien Delacour. Et plus docile.

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 Les apparences sont trompeuses
— Tu peux toujours courir. Elle est avec Richard Pariche et elle est très amoureuse. De plus, je
ne te laisserais jamais lui faire un lavage de cerveau. Toi et ton sale argent vous irez tout droit
au diable, et je suis certaine qu’il vous donnera la pire suite en enfer…
— Moi et mon sale argent t’étions plus agréable lorsque nous t’achetions ces si jolies sacs Gucci
que tu désirais tant…
— Tu peux les reprendre, ils te serviront à soudoyer les diablesses de l’enfer quand elles
t’enfermeront…
— Arrête-moi ces connotations religieuses, car elles ne sont à mes yeux que bêtises et fariboles.
Dit sombrement Lucien. Tu te doutes bien que si je croyais en Dieu, nous n’aurions pas cette
conversation ?
Elena eut un haut-le-cœur.
— Alors ? Reprit le père de cette dernière. Tu préfères voir ta sœur prendre ta place pour que
tu es enfin la pauvre existence de femme de serveur à laquelle tu aspire ? Très égoïste, tu ne
trouves pas ? Tu crois que ton Dieu appréciera, le fait que tu sacrifie ta propre sœur ?
— Et toi ta propre fille ?! Hurla Maude d’une voix tremblante.
— Tu as beau faire toutes ces connotations religieuses sur Dieu et le Diable, je crois que tu n’as
pas encore saisie ce que c’est que de passer un pacte avec ce dernier. Dit Lucien d’un ton à la
fois laconique, éloquent, et lugubre. Il triche tout le temps et se libérer de lui devient impossible
car s’il plonge, ses partisans plongent avec lui.
— Qu’est-ce que tu essayes de me dire ? Demanda Maude Delacour d’une voix dubitative. Dans
cette histoire ce n’est pas toi qui commande ?
Lucien eut un sourire amer qui semblait devoir exprimer une réponse qui flottait dans l’air
mais qui, cependant, n’atteindrait jamais l’espoir de franchir ses lèvres.
— Fait ton choix Maude. Dit-il sinistrement.
Sa façon de le dire…Pensa Elena dont le corps était secoué de tremblements. On dirait
presque que c’est une résolution pour lui et un choix simple pour elle…c’est comme s’il pensait
qu’elle ne pouvait que faire un choix qui en définitif lui serait avantageux…
— Et si je refuse ? S’enquit Maude. Que feras tu, si même Elena aussi, refuse cet arrangement ?
— Et bien…elle est mineur…je suis son père…je dirais à tous ceux qui me poserons la question
qu’elle est malade et qu’elle est dans une clinique privée à l’étranger. Ensuite, je l’envoie se
marier en Espagne. Ni vu ni connu.
Elena se figea.
J’ai dû mal entendre. Pensa-t-elle machinalement. Impossible !
— Tu ferais ça à Elena ? Non ! Tu bluff ! Maman ne l’accepterait jamais.
Lucien sourit. Mais pas d’un sourire normal. C’était exactement le genre sourire qu’auraient
les crocodiles, s’ils savaient ce qu’est un sourire.
— C’est-t-elle qui en a eu l’idée, pardi ! S’exclama triomphalement Lucien Delacour. Alors,
qu’elle est ton choix ?
— J’irais voir la police ! Hurla Maude Delacour d’une voix hystérique. Ils t’arrêteront !

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 Les apparences sont trompeuses
— C’est ta parole contre la mienne, ma chérie. Dit-t-il d’une voix doucereuse. Et lorsque la
police découvrira que je t’ai coupé les vivre, et que je t’ai retiré tout ton héritage, ils se dirons
simplement que c’est la vengeance d’une fille capricieuse.
— Lucien, si tu savais à quel point tu me dégoute.
— Cela m’importe peu. Rétorqua-t-il d’un ton plus impatient. Je joue plus que ma fortune sur
ce coup ! Je joue ma vie !
— Et la mienne et celle d’Elena comme si nous étions des marchandises !
— Il serait préférable que tu prennes une décision, le plus vite possible. Fulmina-t-il en
observant son portable.
Silence, puis…
— Que fais-tu ici ?


Elena se figea — encore.
Oh, mon Dieu ! Pria-elle en se retournant. Pitié seigneur, pourquoi ? Aidée moi je vous en
supplie !
Elena se retrouva nez-à-nez avec sa mère.
Jane Delacour la fixait avec un air incrédule qui lui était accoutumé, mais qui se mêlait à une
nuance de suspicion qui était rare — voire même inexistante — chez elle. Des cheveux blonds
vénitiens qu’elle avait léguée à Maude, encadraient ses jolis traits de femme au foyer casée en
son jeune âge et bien posée depuis lors.
— Je t’ai posée une question, Elena. Reprit-elle.
Elena la regarda comme si c’était une inconnue qu’elle venait rencontrer et qui lui demandait
de danser toute nue le mambo.
— Heu…Fit Elena, cherchant un mensonge plausible à raconter, mais elle n’en eut pas besoin.
Toc ! Toc !
— Entrez. Dit Jane sans quitté sa fille des yeux.
— Excusez-moi. Chuchota Anne-Marie en passant la tête par l’entrebâillement de la porte. Mlle
Sofia Verneuil, est ici, et elle veut voir Mlle Elena.
Anne-Marie ne tutoyait jamais Elena où Maude lorsque leurs parents étaient dans les parages.
Après tout elle était la bonne et elles, les filles de ses employeurs, pardi !
Et si elle tenait vraiment à son poste (Ce qui était forcément le cas), Anne-Marie ne pouvait
laisser la barrière du « vous » se transformer en lien du « tu », que lorsqu’elles étaient seules.
— Je dois y aller. Se justifia hâtivement Elena en quittant la pièce.

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 Les apparences sont trompeuses
5

Sofia regarda Anne-Marie, partir chercher Elena. Elle n’était pas habituée à venir chez les
Delacour, tout comme elle ne partait presque jamais chez les Clair. Mais au moins elle allait
souvent chez les Dubois qui étaient, moins snobs que les Delacour et les Clair. Peut-être était-
ce par ce que les Dubois étaient des pionniers de leur fortune, et qu’ils avaient des origines tout
aussi modestes que ceux de Sofia, qu’ils l’aimaient bien, mais les Delacour et les Clair étaient
des familles héritières, et elles le montraient bien en répugnant à l’apprécier.
Sofia était levée dans le hall d’entrée de l’immense maison. Le sol de marbre et le grand
plafond qui arborait des fresques donnaient un air solennel à la pièce, et Sofia dont le père avait
été un excellent agent immobilier (Du moins avant qu’il ne se mette à boire et qu’il perde son
travail), lui avait appris à différencier les pièces propres à une maison et celles qui avaient été
changées ou remplacées pour embellir où augmenter la valeur immobilière de cette dernière.
De son œil de lynx, Sofia pouvait dire que la fontaine en marbre qu’elle avait vu e arrivant
était venu s’ajouter à la décoration car à vue d’œil professionnel, la maison datait de la fin du
dix-huitième siècle et elle devait avoir toujours été habiter par des Delacour car ils étaient l’une
des très anciennes familles d’aristocrates français du pays. Or, les fontaines à cette époque
étaient en pierre et elles étaient à usage purement public.
Sofia s’apercevait aussi pendant son attente que le lustre du salon qu’elle apercevait de par la
porte entrouverte devait avoir remplacé un autre, car encore une fois au dix-huitième siècle les
lustres n’étaient pas en cristal creux pour le passage des fils électriques. Non. Ils étaient en
cristal opaque redirigeant les lumières des bougies, et des chandeliers.
— Salut, Sofia. Vraiment, merci d’être venue, tu m’as sauvée la vie. Littéralement !
Sofia vit Elena arrivée, revêtue d’un kimono en soie, ce qui étrangement lui donna une folle
envie de sushis, et de rouleaux de printemps. Elena enlaça Sofia qui lui rendit son étreinte, en
remarquant qu’elle semblait stressée, et qu’elle jetait des regards inquiets en direction de
l’escalier de marbre sombre d’où elle venait.
— Qu’est-ce qu’il y’a ? S’enquit Sofia, d’un ton pondéré.
— Viens on va dans…
On sonna à la porte. Elena se figea, l’espace d’un instant, puis alla ouvrir. Elle exhala un
souffle, qui, à l’idée de Sofia devait exprimer sa tranquillisation car devant la porte se tenait,
Bonny avec son pull mauve et son parapluie fleurie et Victoria avec son parapluie noir et son
manteau en fausse fourrure.
— Je me suis dit que je pouvais venir maintenant que la pluie c’est calmer. Expliqua Bonny,
d’un ton neutre.
— Et moi j’ai vu que tu m’avais appelé. Continua Victoria en montrant son portable. Mais
quand je t’ai rappelé tu n’as pas répondu.
— Ouais…justement, il faut que je vous raconte un truc…bizarre. Confessa Elena d’un ton
d’avertissement.
— Plus bizarre que le fait que tu portes un kimono à Paris ? S’exclama Vicky.
— Oui ! Venez, on va dans ma chambre.

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 Les apparences sont trompeuses
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— Je suis vraiment désolé, pour toi et Richard. Intervint vivement Vicky, lorsqu’elles furent
toutes les quatre enfermées dans la chambre d’Elena. Si tu veux on a qu’à aller jeter des œufs
sur sa bagnole.
La pluie s’était arrêtée, et le ciel était parsemé de minuscules rayons de soleil qui pourtant ne
parvenaient pas à chasser du ciel ces nuages noirs qui semblaient s’installés en dôme au-dessus
de la ville.
Elena était assise sur son lit, enlaçant un oreiller, et arborant un air sombre ; Vicky était assise
sur un canapé posé près de la fenêtre ; Bonny était assise devant la coiffeuse et semblait aussi
perdu qu’Elena ; et Sofia, compte à elle, était assise sur le siège pivotant du bureau d’Elena et
se demandait franchement ce qu’elle fichait là.
— J’ai quelque chose à vous dire. Commença sinistrement Elena, en ne tenant pas compte de
ce qu’avait dit Vicky.
Elle avait les yeux dans le vide et les sourcils froncés comme contractés sous un intense effort
de réflexion. Sofia jeta un regard interrogateur aux autres mais elles le lui rendirent et Elena
continua :
— J’ai entendu une conversation…entre mon père et Maude. Ils se disputaient à propos du
mariage.
— Ha…Dit Vicky qui se renfrogna intensément.
— En quoi ce mariage pourrait-être un sujet de dispute ? Intervint Sofia, incrédule. J’ai lu la
nouvelle dans le journal hier, ce n’est pas une bonne nouvelle ?
— Ce n’en est pas une par ce que c’est un mariage arrangé ! S’exclama Elena, d’un ton piquant.
Elle se mit à raconter mot pour mot ce qu’elle avait entendu, et chacune d’elles eurent des
réactions différentes. Victoria semblait septique au fur et à mesure que l’histoire avançait ;
Bonny devenait de plus en plus pâle ; et Sofia gardait un air impassible, qui ne souffrais pas de
disparussions momentanées. Lorsqu’Elena termina son récit, se fut le silence. Puis…
— Je ne sais pas trop quoi croire. D’abord je suis sûr que mon père n’a pas de frère jumeau.
— Tu as entendu ce que j’ai dit ? Fit Elena. Mon père a bien précisé que peu de gens le savent.
— D’accord, si tu le dis ! Fulmina Vicky, septique. Mais ce que je sais c’est que lorsque j’en ai
parler à Borys cet après-midi, il a filé comme le vent, surement pour aller en parler à notre
père, car il était méga surpris, ce qui veux dire qu’il n’était pas au courant de tout ça.
— Mais cela ne le rend pas moins suspect dans cette affaire. Contra Elena, d’une voix calme
mais ferme.
— Quelle affaire ? S’exclama Vicky, incrédule. Ce n’est ni plus ni moins que des magouilles de
riches ! Ce n’est pas comme si on n’en voyait jamais !
— Là on n’est pas dans Gossip Girl ! Fulmina Elena. C’est la vraie vie !
— Exactement, et dans la vraie vie, les mariages arrangés n’ont pas lieu sans consentement et
ta sœur ne va pas l’accepter.

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 Les apparences sont trompeuses
— Mais tu as entendu ce qu’elle a dit ! Intervint Bonny d’une voix blanche. Si ce n’est pas
Maude, ce sera Elena.
Victoria eut un cri d’exaspération.
— Pitié ! Je n’y crois pas une seconde ! Il bluffait pour la forcer, et tout ça aussi c’était du bluff !
Maude a dû s’en rendre compte, elle n’est pas idiote. Tout ce cirque, c’est juste pour la fusion
entre les deux sociétés. Point barre.
— Alors peut-être que tu prendras tout ça au sérieux lorsque je vous aurais raconter la
conversation téléphonique qu’à eut ma mère avec le père d’Elena ce matin. Contra sombrement
Bonny.
Cette déclaration attira la curiosité de tout le monde. Seule Sofia garda contenance, car,
comme elle le faisait toujours, elle attendait d’avoir toutes les informations avant de lancer une
simple théorie, où de faire le moindre commentaire.
Bonny aussi conta d’un ton angoissant, et angoissé à la fois. Le visage d’Elena devenait grave
tandis que celui de Vicky se renfrognait de plus en plus. Sofia se dit que Vicky devait chercher
des détails qu’elle pourrait utilisée pour prouver la supercherie de cette histoire
abracadabrante.
— Voilà. Termina Bonny, comme si ce qu’elle avait dit devait mettre fin à toutes ripostes.
— Oh seigneur ! Soupira Vicky exaspérée. Sofia…toi qui est peut-être la seule dans cette pièce
à avoir encore le cerveau intact, dit moi ce que tu en dis ! D’ailleurs tu es restée muette depuis
le début ! Remarqua-t-elle.
Sofia arqua un sourcil et fit une petite moue dubitative pour montrer qu’elle réfléchissait à la
question. Réfléchissons…Dans tout cela se cachait-il une quelconque affaire ou était-ce un mal
entendu ?
Sofia raisonna raisonnablement et aussi impartialement qu’elle le put. Tout ce qu’avait dit M.
Delacour ne pouvait être une blague, si cela apparaissait dans les journaux. Le mariage était
obligatoirement un Fake ! Maude Delacour qui n’était au courant de rien s’était mise en colère
en l’apprenant. Borys Clair s’était enfuit en coût de vent avec une expression de surprise…
Là ! Voilà le premier truc qui cloche ! Pensa Sofia. Le fait que Borys Clair est eu l’air surpris
ne signifie pas qu’il n’est pas au courant de cette affaire…si affaire il y’a bien sûr. Cela réduis
juste les explications rationnelles à deux.
La première : il y’a une affaire et Borys sait tout. Dans le plan de Borys Clair, il épouse la
fille de ses rêve et M. Delacour, compte à lui, obtient le partenariat financier de ses rêves.
Mais Maude refuse de se prêter au jeu comme il l’avait prévu et cela le surprend, alors il file
prévenir son père qui menace cette dernière au-travers de M. Delacour, comme ce dernier
l’avait laisser entendre en signifiant que ce n’était pas lui le Diable de l’histoire.
La deuxième explication — qui bien évidemment était pleine de trous — était que : Borys ne
savait rien — mais alors comment se faisait-t-il qu’il sache comme tout Paris qu’il était fiancé
à Maude et cette dernière, non ? — et Apprendre que sa fiancée le rejette, lui fait un véritable
choc et il s’en va prévenir son père qui menace — peut-être — M. Delacour de mettre fin au
partenariat ; à la probable fusion sociétaire ; et à sa vie, aussi. Ce qui nous donne un homme
désespérer qui fait du chantage à sa propre fille.
Mais malgré tout il restait ce mot étrange : Estrada. Il semblait si familier à Sofia qu’elle
s’étonnait elle-même de ne pas déjà s’en rappeler. Il y’avait aussi ces deux noms : Pipino et
Cortez. Et cette histoire de chantage…là ça allait un peu loin pour de petites magouilles de

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 Les apparences sont trompeuses
riches. Et cette autre histoire ridicule de revente. Quel père vendrait sa fille au fils du frère
jumeau d’un homme qu’il connait si peu. Et ce soi-disant jumeau mystère vivait en Espagne,
qui plus est !
Un homme désespéré, surement. Se dit Sofia. Il n’y a que le désespoir qui cause de telles
souffrances. Mais cela ramène encore à la théorie de la menace de mort et quand on entend
« mort » on se dit que plus on y réfléchit et moins c’est plausible et qu’il vaudrait mieux laissez
tomber.
— Eh bien voilà. Dit Sofia d’un ton docte. J’ai plusieurs théories mais elles sont
tellement…enfin, vous voyez ! Elles vont toutes dans le sens de Bonny et Elena, bien que
personnellement, je préfèrerais croire, comme Victoria, que ce n’est qu’une grosse blague.
— Et si on allait voir la police ? Tenta Bonny d’une voix mal assurée.
— Non. Trancha Elena, catégorique. Tu n’as pas entendu ? A moins d’avoir des preuves, on ne
peut rien car ce sera toujours sa parole contre la nôtre.
— Oui, tu as raison. Admit Bonny. Nos parents sont des symboles de réussites professionnelles
et morales pour la France. Tout le pays les considère comme des héros.
— Ouais…si les gens savaient comme les apparences peuvent-être trompeuses. Dit Elena d’une
voix lointaine.
— D’accord. Fit Vicky à contrecœur. C’est vrai que toute cette histoire sonne louche mais on n’y
peut rien. Moi je dis qu’on ignore peut-être une autre partit de l’histoire, et on devrait…je ne
sais pas moi…on devrais peut-être…posé directement la question à nos parents…
— Non, ce serait imprudent. Conclut Sofia. Mais tu as raison…vous avez toutes raison. Vous
devez entamé une investigation, et s’il s’avère que vos parents sont réellement des criminels,
là le but de votre enquête ne sera plus de comprendre le « pourquoi » mais plutôt de réunir des
preuves pouvant les incriminés.
Sofia avait ce qu’on appelle le Leadership. Dans sa prestance, dans sa perspicacité, et sa
contenance, elle arrivait à faire ressortir une part de logique dans n’importe qu’elle situation,
et la façon dont-t-elle expliquait les choses les rendaient plus faciles à accepter.
Victoria, devint pâle. Apparemment, dit, de cette façon, et de plus, dit, par Sofia Verneuil, cela
devenait frappant, car on se disait que ce ne pouvait être que la réalité. Même si cette réalité
était aussi douloureuse qu’un coup de poing.
— Oui. Et ce ne sera pas seulement notre investigation. Toi aussi tu dois en faire partie, mais
tu ne dois pas en parler à Andy, par ce qu’il en parlerait surement à Rafael et il ne nous croirait
pas. Expliqua Elena en repoussant son oreiller, qui tomba à terre.
— Ouais. Fit Bonny. Nous devons avant tout avoir des preuves.
— D’accord. Surenchérie Vicky. Mais on s’est entendu pour commencer par rechercher l’autre
partie de l’histoire. Donc le but premier ce n’est pas de les faire mettre en prison. C’est
simplement de les comprendre.
— Mais si on arrive à « comprendre » comme tu dis, et qu’on se rend compte que ce sont des
monstres, tu seras d’accord pour quand les emprisonne ? L’interrogea prudemment Bonny.
— Non. Non, je ne serais pas d’accord mais je ne ferais rien pour vous en empêcher. De toutes
façon vous ne pouvez pas comprendre ce que moi je ressens.
— Comment ça on ne comprend pas ? Dit Bonny, interloquée.

47
 Les apparences sont trompeuses
— Toi tu as toujours détesté ta mère et Elena n’a jamais vraiment été proche de ses parents.
Vous ne pouvez pas savoir ce que je ressens. Moi, ma famille à toujours eut une place
culminante dans ma vie !
S’en suivit un silence de gêne, et pendant que les autres ne s’accordaient aucun regard, Sofia
se dit que le monde des riches était peut-être aussi matérialiste et néfaste que le disait son père.
— Il ne pleut plus. Fit remarquer Sofia. On devrait sortir et prendre l’air, ça nous fera du bien.
A toutes ! Ajouta-t-elle d’un ton plus catégorique qui eut vite fait de les convaincre. On a qu’à
aller s’achetées des glaces.
Les glaces, c’est comme les diamants. Donnez-en à une fille et elle oubliera tous ses soucis !

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 Les apparences sont trompeuses
Chapitre 5
Rencontre fortuite
1

La pluie terminée, laissait enfin place à une petite excursion, Nick sortit de sa suite. Il portait
un pull gris dont il avait retroussé les manches, et un jeans bleu clair, qui se conjuguait bien
avec ses baskets bleues-grises.
Il sortit de l’hôtel Baltimore avec une inopinée, envie de glace. Habituellement, Nick évitait
le sucre et la graisse tout comme il faisait toujours du jogging les dimanches et allait à la salle
de sport trois fois par semaine, mais là, il en voulait vraiment !
Il se sentait mieux qu’avant. La discussion qu’il avait eue avec son père avait été comme dirait
son ancien prof de psycho, M. Hopkins, un transfert émotionnel profond. Les émotions ne
disparaissent jamais. Disait toujours M. Hopkins. Elles sont simplement transférées d’un
corps à un autre.
Et tant mieux ! Se dit joyeusement Nick, car enfin il se sentait léger, et libre. Il avait
l’impression que c’était la première fois qu’il sentait le vent ébouriffé ses mèches et effleuré son
visage. Il marchait rapidement, et regardait avec un franc sourire les vieilles dames nourrirent
les pigeons et les mimes dansés ridiculement.
Nick arriva devant le pont aux cadenas. La dernière fois qu’il avait vu ce pont, lui et sa mère
avait été obligée d’en faire un abri de fortune pour une nuit morne remplie de larmes. Derrière
Nick la Toure Eiffel brillait sous les rares et faibles rayons du soleil. Il s’avança. Au milieu du
pont quatre filles qui devaient avoir son âge dégustaient des glaces, assises sur un banc en bois
ciré, et à quelques mètres de là un homme corpulent levé derrière un chariot en zirconium
tendait un sundae à la fraise à un p’tit garçon blond poupin.
Nick s’arrêta devant le marchant de glace qui lui laça un sourire qui fit ressortir l’épaisseur de
ses lèvres charnues. Il était chauve mais de lui se dégageait une gentillesse qui lui donnait un
air avenant.
— Que puis-je pour vous, mon jeune ami ? Demanda-t-il.
— Un sundae à la fraise. Dit Nick qui se rappelait machinalement ce qu’avait commandé le p’tit
garçon.
Il se frottait frénétiquement les mains, sous l’effet de l’impatience, comme un bambin
attendant un nouveau jouet à noël. Eh oui ! Nick aussi savait malgré son sérieux retombé en
enfance.
— D’accord. S’enthousiasma la glacier en préparant la commande. Si je ne me trompe pas, vous
êtes nouveau par ici ? Par ce que moi je connais tous les jeunes de la ville. Ils viennent tous
prendre leurs glaces chez moi. Je m’appelle André.
— Moi c’est Nick. Et oui. Je suis arrivé aujourd’hui…merci. Dit-il en prenant le gobelet et la
cuillère en plastique.
Nick sortit un billet de cinq euro. Tous ses dollars avaient été changé au bureau monétaire dès
son arrivée à Paris mais il n’avait plus de p’tite monnaie.

49
 Les apparences sont trompeuses
— Garder le reste. Dit-il d’un ton débonnaire.
— Nick !
Il se retourna, et vit Elena entourée de trois autres filles. Il y’avait une blonde enroulé dans
un manteau en fosse fourrure ; une jolie métisse qui le fixait d’un regard perplexe ; et une
magnifique rousse aux yeux d’un vert émeraude frappant. Il s’approcha un sourire en coin
placarder sur son visage, à l’idée folle de retombé sur la même fille deux fois d’affilé dans la
même journée.
— C’est drôle, tu ne trouves pas ? Dit-elle souriante. Je pensais qu’on ne se rêverait plus jamais.
(La blonde donna un coup de coude à Elena). Oh ! oui…Nick…voici mes amies. Bonny ; Vicky
et Sofia. (Elle le dit en montrant du doigt chaque fille). Les filles…je vous présente Nick, on
s’est rencontré devant l’hôtel Baltimore ce matin.
— Salut. Ravie de vous rencontrer. Affirma-t-il, sincèrement.
— Salut. Firent Bonny et Vicky d’une même voix gaie.
Sofia continuait de le fixer d’un air intense, et à son instar, Bonny fit de même.
— Tu me rappelle étrangement quelqu’un. Expliqua Sofia d’une intonation songeuse.
— Oui, à moi aussi. Surenchérie la métisse.
— Ça m’étonnerait, je reviens de New York. Intervint-il de façon espiègle, en prenant sa cuillère
en plastique pour la plonger dans son sundae.
— Ah voilà, j’y suis ! S’exclama la rousse, triomphalement. Tu es Nicolas Vanderbilt !
Il y’eut diverses réactions : Elena écarquilla grand ses yeux ; Bonny ouvrit grand la bouche ;
et Vicky prit un air de réflexion qui signifiait que le nom lui était inconnue.
— Heu…Fit-elle. C’est le nom de…
— De l’auteur de mon livre préféré ! Lui dit Bonny, en la regardant comme si elle était folle.
C’est un super écrivain, il a écrit plusieurs Best-Seller !
Rougissant quelque peu, Nick se sentit encore mieux et le gout de sa glace lui donna un frisson
d’euphorie. Il observait en biais, la jolie rousse qui léchait gracieusement sa cuillère en
plastique rose. Elle dégustait un banana split.
— Impressionnant. Dit Victoria en se décalant. Allez assied toi !
Nick s’assit au bord du banc et fut impressionné de voir à quel point ces bancs publiques
étaient longs. Et propres qui plus est ! A New York, les bancs étaient souvent recouverts de
choses sales et étranges, comme…des chewing-gums…des préservatifs usagés…des canettes
de soda vides…et d’autres choses encore comme des fientes de pigeons.
— Comment est-ce que j’ai fait pour ne pas voir le rapport, franchement ! S’exclama Elena, avec
un regard lointain.
— Ouais, ça je me le demande. Dit Bonny dans un murmure parfaitement audible, avant de se
tourner vers Nick. Tu es ici pour écrire ton nouveau livre ?
— Heu…Non, je suis ici pour des affaires personnelles. Répondit-il d’un ton neutre.
Bonny le regarda avec curiosité, et il eut un petit rire.

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 Les apparences sont trompeuses
— Arrête, Bonny, tu vois bien qu’il n’a pas envie d’en parler. La réprimanda Vicky d’un ton
léger. Ne fait pas attention à elle, Nick, elle est juste…vraiment très fan.
— Oh, ce n’est rien. Fit-il.
— Je sais que ça ne me regarde pas mais…est-ce que tu as un lien de parenté avec Franklin
Vanderbilt ? Demanda Sofia d’une voix qui arborait une neutralité, à la limite de l’impassibilité.
Nick sourit intérieurement, il avait espéré pourvoir lui parler à elle en particulier, et il ne se
rendit pas compte des réactions étranges des autres filles : Elena et Bonny avait pris une mine
grave et Victoria, elle, leva les yeux au ciel, en signe d’irritation.
L’atmosphère enjouée était devenue tendu et le ciel qui semblait s’éclairé était de nouveau
sombre, un peu comme un jour d’enterrement, ou de grand malheur. Les pigeons ne
roucoulaient plus et seul les lambeaux de conversations dominant la rumeur des sons insolites
venaient troublés ce calme sinistre.
— Oui, je suis son fils. Dit Nick.
Nick sentit son euphorie retomber mais pour enlever tout de même ce gout amer qu’avait
laissé cette phrase dans sa bouche, il prit un bout de fraise qui trainait dans le font de sa glace.
C’était une fraise plus acidulée que sucrée en fin de compte mais le gout d’amertume fut quand
même éradiqué.
— Tu es venu à Paris pour lui ? Questionna avidement Sofia. Pas vrai ?
— Ouais, si on veut. Mais je ne viens pas, en fait…je reviens. Je suis né dans cette ville mais…je
l’ai quitté quand j’avais dix ans. Termina-t-il, avec morosité.
— Tu verras. Dit la blonde. Que Paris n’est pas l’une des plus belles villes pour rien. Et la vue
du haut de la Tour Eiffel est à couper le souffle.
— Mais il le sait forcément ! S’exclama Bonny. Son dernier livre parle de Paris. Et il est très
détaillé.
— Tu sais…Commença Sofia. Je trouve que tes livres sont assez récurrent. Ils expriment tous
le même mal central, et cela même si ce mal est caché par d’autres, il reste le même : l’abandon.
Nick se raidit. Elle avait compris. Pourtant personne n’avait jamais remarquer ce détail, avant.
— Ah bon ? Fit Bonny en jetant son gobelet vide dans la corbeille dans face. Moi j’ai toujours
trouvé à ses livres un sens cohérent, et un point de vue cynique, bien justifié, sur la vie.
C’est qu’elle doit l’être elle-même. Pensa Nick avec un certain amusement.
— Moi j’y trouve…disons…un point de vue assez morose saupoudré d’un joli Happy End.
Confessa Elena.
— Moi j’me sens un peu larguer ! Dit Victoria. Je crois que je fais partit de ces gens qui préfèrent
regarder la télé, plutôt que lire des livres. Mais j’ai bien aimée le film La vie n’est pas un conte
de fées. J’ai même pleurer, les trois fois où je l’ai regardée. Avoua-t-elle en prenant une bouchée
de sa glace à la vanille.
Ils éclatèrent d’un rire qui réanima l’atmosphère. Nick jeta son gobelet vide dans la corbeille
et une voix retentit, un peu plus loin.
— Hey ! Qu’est-ce que vous faite là ?
La voix appartenait à un garçon, un autre métis au teint caramel et au regard noir, il portait
un t-shirt gris et un jeans. Il n’était pas seul, il était accompagné d’un autre garçon qui, en plus

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 Les apparences sont trompeuses
d’être moins musclé que lui, avait une demi tête de moins. Le deuxième garçon était blanc ;
avait des cheveux noirs ; des yeux bleus ; et de fines lèvres d’un rose clair.
— Salut, les filles ! S’exclama gaillardement le garçon aux lèvres roses.
Lui et son pote métis étaient levés devant Nick et les filles.
— Nick, je te présente, Rafael. Dit Bonny en lui montrant le garçon métis. C’est mon frère
jumeau. Et voici, Andy. Le grand frère de Sofia. Les garçons, voici Nick.
Nick se leva et tendit la main à Rafael en premier. Ce dernier avait la même taille que lui et ils
avaient le même gabarit et la même musculature, et lorsque leurs mains se serrèrent, ce fut
dans une poigne virile. Ensuite Nick sera la main du prénommé Andy. Ce dernier lui serra la
main étonnement fort, mais c’était une manière de dire « On te met à l’épreuve et si tu réussi,
tu seras accepté ».
Mais dans un sens. Pensa Nick en lâchant la main d’Andy. J’ai déjà été accepté…

Cette journée s’annonçait plutôt bien. Nick marchait le long de la rive droite de la Seine, avec
sa nouvelle bande. Les filles restaient quelque peu en arrière discutant discrètement et
chuchotant tandis que Nick, Rafael et Andy faisaient plus ample connaissance. De temps en
temps les filles entraient inopinément dans leurs sujets de conversations, puis s’en
désintéressaient avec la même soudaineté.
— J’ai prévu de continuer mon cycle ici, mais je ne sais pas encore où. Confia Nick, après avoir
répondu aux divers questions d’Andy sur New York.
— Pourquoi pas Condorcet ? Suggéra Sofia d’un ton neutre. On y fréquente tous. Comme ça tu
ne te retrouveras pas tout seul. Et si tu veux on te montrera la liste de fourniture, pour les élèves
de terminal.
— Ouais, ce serait cool. Répondit-il, évasif.
Il était clair que dans l’esprit de Nick ce qui serait vraiment cool, ce serait d’avoir l’occasion
de mieux connaitre Sofia…mais en même temps, s’il devenait ami avec Andy, cela voudrait dire
que ses chances avec elle — si chances, il y avait — disparaitraient, car ce serait une violation
de confiance. Sortir avec la p’tite sœur d’un pote est l’une des choses pré interdite, dans une
relation amicale basée sur la confiance.
Tout le monde sait ça !
— Ouais, Nick, ce sera super ! S’exclama Rafael enthousiaste. Notre prof de littérature va
t’adorer ! Toi, l’écrivain précoce !
Rafael et Nick s’étaient découvert des atomes crochus. Nick sentait qu’ils seraient de très bons
amis à l’avenir. Tandis que Nick et les garçons avançaient d’un pas rapide, les filles
ralentissaient et chuchotaient.
— Vous pensez que les Vanderbilt aussi sont impliqués dans cette histoire ? Questionna Bonny.
Après tout eux aussi font partit du cercle de l’Elite.

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 Les apparences sont trompeuses
— Je ne crois pas que le cercle ait quelque chose avoir avec le reste. Argumenta Victoria, d’un
ton hautain. Comme on le sait ma famille est dans le coup ; celle d’Elena aussi — c’est peut-
être même eux les plus tordus — et celle de Bonny leur fait pression pour le compte de la
mienne. Jusque-là, le nom Vanderbilt n’est apparu nulle part. (Elle fit une pause puis
continua). Et il y’a aussi ces deux noms. Pipino et Cortez.
— Oui, peut-être, mais Vanderbilt Corporation est une filière influente de Clair Industrie.
Donc, si c’est une question d’argent et de fusion sociétaire, Frank Vanderbilt doit être au
courant, même s’il reste à l’écart. Expliqua Sofia d’un ton à la fois docte et las.
— Oui, il doit certainement rester à l’écart. Soupira Bonny. Malheureusement ma mère n’a pas
cette intelligence. Non ! Elle veut toujours être impliqué dans tout ! Même si c’est illégal !
— Moi ce que j’aimerais savoir c’est comment découvrir le fin-mot de l’histoire sans se faire
repérer et aussi comment réunir des preuves. Chuchota Elena en observant Nick qui riait à une
blague d’Andy.
— Peut-être que…Commença Sofia d’une voix hésitante. Peut-être que l’un d’eux à des papiers
prouvant des arrangements plutôt louches…
— Je ne sais pas…Hésita Elena, sceptique. Ce n’est pas le genre d’arrangement que l’on met sur
papier…
— Ouais. Tu as raison. Admit la rousse en replaçant une mèche derrière son oreille, avec un air
perplexe. Mais…peut-être qu’ils en parlent par E-mails ou par messages. Ça c’est le genre de
chose qui laisse toujours des traces !
— Oui, c’est ça ! S’exclama Elena un peu trop fort.
Andy lui jeta un regard interrogateur, et toutes les quatre se turent.
— Qu’est-ce que vous manigancer toutes les quatre ? Interrogea Andy, suspicieux.
— Heu…rien. Mentit Elena, de façon extravagante. On…discutait de notre fête…oui, c’est ça.
On a décidé d’annuler notre fête annuelle de fin de vacance. Cette année ça nous dit trop rien…
Andy, la fixa encore un petit moment puis se joignit à la conversation des deux autres.
— C’est vrai ? On annule ? S’enquit Vicky, choquée.
— Ben, oui qu’est-ce tu crois ! Souffla sombrement Elena. Il n’y a pas de quoi faire une fête.
Richard ma larguer ; nos parents sont des criminelles et ces temps-cis il pleut non-stop !
Sofia eut un faible sourire.
— C’est mieux ainsi. Dit-elle enfin après une courte pause. Ça nous laissera assez de temps pour
réunir nos preuves.
— Moi, je crois que je ne me sentirais réellement bien que lorsqu’on sera allez voir la police.
Gémit Bonny. Alors plus vite on les trouve ces preuves et mieux je me porterais.
— N’en soit pas si sûr. Contra sardoniquement Vicky. Si nos parents sont arrêtés que va-t-il
advenir de nous ? Où irons-nous ? Que ferons-nous ?
Personne ne répondit. Que rependre de toute façon ?
— Peut m’importe ce qui se passera. Dit Elena de son ton le plus éloquent. Tant que nous les
empêchant de gâcher la vie de ma sœur et que nous mettons fin à leurs magouilles dégoutantes,
je m’en sentirais comblée, et cela même si mes parents deviennent des tolards.

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 Les apparences sont trompeuses
Que dire de plus après cela ?
Rien.
Bonny et Sofia prirent chacune, une des mains d’Elena et les serrèrent fortement en signe
d’approbation. Vicky resta en retrait. Dieu seul aurait pu dire si le moment venu elle serait
capable de livrer sa famille.

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 Les apparences sont trompeuses
Chapitre 6
Le Brunch dominical du cercle à lieu un
Samedi ?
1

Le lendemain…
La veille, Sofia s’était retrouvée dans un rêve excentrique. Elle n’était plus rousse mais blonde
et elle enquêtait sur des trafics de drogues espagnoles, façon Veronica Mars. Elle s’était
retrouvée piégée dans des souterrain et…
Lorsqu’elle se réveilla ce Vendredi-matin, elle ne se souvenait évidemment plus de son rêve,
mais si elle s’en était souvenu cela lui aurait donné un nouvel indice sur l’Estrada. Elle était
allongée, immobile, sur son lit et ses yeux balayait la pièce, d’un regard las.
C’était une petite chambre. Il y’avait un bureau en fer et une chaise du même alliage placés
près de la porte et une armoire en bois peint près de la fenêtre. Tout un mur arborait des
étagères en bois de chêne qui soutenaient l’impressionnante collection de livre de Sofia.
Le lit de Sofia était un lit double un peu vieillot, mais les draps rouges et bleus qu’elle utilisait
rendaient le lit moins austère et froid. Au contraire, avec les murs peints en roses et le plafond
recouvert de décorations fluorescentes, on aurait dit la chambre d’une petite fille, mais ce
n’était pas par choix. C’était simplement par ce qu’ils n’avaient pas assez d’argent pour refaire
la déco à souhaits.
Sur le lit une demi-douzaine de peluches lui souriaient ; sur le bureau, ordonnée de façon
symétrique ses affaires d’écoles étaient prête à être utilisées le moment venu. Sofia s’était
acheté des livres de niveau terminal avec ses économies et grâce au petit boulot de serveuse
qu’elle avait eu pendant deux mois, elle avait pu se permettre de s’achetée de nouveaux
vêtements et des livres neuf, et non ceux en soldes.
Il y’avait un miroir dans un coin et une petite table en fer sur laquelle elle déposait son
maquillage ; ses parfums ; ses peignes et ses autres effets de toilettes. Elle préférait ne pas
laisser ses affaires à découvert, avec son petit frère, Mark.
Sofia s’assit, elle était en pyjama, et la pièce était chaude. Apparemment, la pluie de la veille
avait dû amener une petite canicule, pour cette journée-ci. La fenêtre en face d’elle donnait sur
la fenêtre de la chambre de ses voisins et parfois, pendant certaines nuits, lui parvenaient des
bribes de conversations et des gémissements. Parfois même des cris de plaisirs et d’orgasmes.
A chaque fois un seul mot lui venait en tête : Beuark !
Exactement ! Entendre les ébats amoureux de ses deux voisins, monsieur et madame
Ombrage, lui était d’autant plus désagréable, quand elle se rappelait leurs âges avancés. Au
moins lorsque Sofia fermait la fenêtre ces sons désagréables étaient amoindris, aussi, elle
restait souvent fermée, mais cette matinée-là était trop chaude pour se barricadé.
Elle se leva, ses pieds nus glissant avec une profonde lassitude sur le carrelage tiède. Elle
souleva la vitre après une bonne dizaine de minute à se battre avec le loquet, et une bourrasque
tiède, mais tout de même agréable souleva ses épaisses mèches rousses, déjà bien ébouriffées.

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 Les apparences sont trompeuses
Sofia prit un élastique et attacha ses cheveux en un chignon désordonné. Si elle avait eu des
lunettes rectangulaires et trente ans de plus, on lui aurait sincèrement dit qu’elle était le
portrait cracher de Miss Hanegann dans la version originale du film des années 90 (Avec
quelques kilos en moins, évidemment !).
Elle sortit de sa chambre et alla dans la salle de bain. Une fois sa toilette accomplie, elle se
sentit beaucoup mieux. Elle traversa le couloir et entra dans la cuisine. Andy était déjà là, à
table et mangeait des macaronis au fromage. Il n’était pas seul. Mark était là, aussi, c’était un
petit garçon au teint pâle ; un peu maigre ; aux yeux verts, caché par une paire de lunettes
arrondies ; et aux cheveux ébouriffés, d’une couleur de jais. Bref, Mark Verneuil était
exactement l’image qu’on se fait d’Harry Potter dans ses jeunes années — la cicatrice en forme
d’éclair exceptée.
— Bonjour. Dit Sofia en prenant place à côté de Mark qui, lui aussi, grignotait une assiette de
macaronis au fromage. Quelle heure est-il ? Pourquoi vous manger les restes du diner d’hier ?
— Eh ben…Fit Andy la buche pleine. Il n’y avait plus de céréale, et il fallait bien trouver quelque
chose à manger le temps que maman revienne.
— Et où est-elle ? Interrogea Sofia.
— Sais pas, mais ça a un rapport avec l’argent. Ça toujours un rapport avec ça. Dit-il d’u ton
amer.
Le plat de macaronis était encore sur la table, mais il ne restait plus grand-chose. Il restait
peut-être encore assez pour une ou deux personnes.
— Papa a-t-il déjà manger ? Où est-il ?
— A ton avis ? Dans sa chambre ! Où veux-tu qu’il soit ? Il pionce après une nuit de plus à se
saouler. Et non, il n’a pas encore manger.
— J’aimerais que pour une fois, tu ais un comportement positif le matin. Et si tu ne le fais pas
pour moi, fait le au moins pour Mark. Ajouta-t-elle tout bas pour ne pas que ce dernier entende.
Andy jeta un regard à Mark. Il mangeait goulument, sans se soucier de ce qui l’entourait.
Après tout, il vivait dans l’innocence, et ce n’était pas à lui de s’inquiété de ces problèmes
d’argents où de déséquilibre qui s’acharnaient sur sa famille. C’était le devoir de ses ainés et de
ses parents.
— D’accord. Chuchota Andy, d’un ton résolument plus naturel. Mais je veux que tu manges. Ne
t’inquiète pas pour lui. Si les bières qu’il ingurgite toutes ces nuits ne le tuent pas, alors ce ne
sera pas une matinée sans manger qui viendra à bout de lui. Tu sais ce qu’on dit : Les pires s’en
vont toujours les derniers.
Sofia le fusilla du regard. Andy avait changé depuis la disparition de Ronald. D’ailleurs qui
chez les Verneuil n’avait pas changé depuis cette perte tragique ? Mais malgré les changements,
chacun avait dû affronter la situation telle qu’elle était, et à sa façon.
Joséphine, leur mère, avait dû prendre le rôle culminant et prendre plus que les tâches
ménagères en main. Elle avait dû trouver du travail, s’occuper d’eux, et faire beaucoup d’autres
choses qui à Sofia semblaient être trop dures. Sofia se disait souvent que seul son amour de
mère, permettait encore à Joséphine de se lever chaque matin.
Au grand dam de sa famille, Christophe, le patriarche, avait trouver réconfort dans l’alcool, et
s’en était suivit un alcoolisme et une violence corrosive qui avait — à mesure que les années
passaient — engendrée la haine d’Andy à son égard.

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 Les apparences sont trompeuses
Mark était devenu moins joyeux, qu’avant. Ses rires qui autrefois emplissaient chacun des
membres de sa famille d’allégresse avaient laissés place à d’incessants soupirs et divers
changements comportementaux.
Andy s’était purement et simplement refermer, comme une huitre et s’il n’y avait pas eu Mark
ou Sofia, il se serait certainement enfui, car de son point de vue, tout était la faute de ses
parents.
Sofia, compte à elle, avait sombrer tellement bas que le suicide lui était venu à l’esprit. Mais
elle n’était évidemment jamais passé à l’acte. Elle-même ne savait pas si c’était par manque de
courage où par principe, mais l’important n’était pas là. L’important était dans le fait qu’après
plusieurs aller-retour chez un psy, elle était parvenue à surmonter ce que ce dernier appelait
« la culpabilité du survivant ».
Sofia observa longuement son frère. Indépendamment d’Andy, Mark aussi s’était éloigner de
Christophe, mais Joséphine se battait pour que ce couple…pour que cette famille reste soudée.
Et même si cela signifiait supporter un homme violent ; alcoolique ; et égoïste…elle le faisait
volontiers. Sofia compte à elle, arrivait à ne pas sombrer dans la dépression en gardant des
pensées positives et en se répétant tout le temps que tout n’était que relativité. Cela l’aidait à
tenir le coup, tout comme, se souvenir de son père comme l’homme qu’il était et non qu’il était
devenu, l’aidait aussi.
— Je n’ai pas faim. Dit-elle enfin. Et puis il n’en reste pas assez, pour tout le monde. Papa et
maman n’ont pas encore mangés.
— Alors je ne peux plus en avoir ? S’enquit soudain la voix enfantine de Mark.
Son assiette était vide.
— Si, tu peux en avoir, Christophe peux bien rester sans manger une journée.
Cela faisait un bon bout de temps qu’Andy appelait son père par son prénom et au fond ce
dernier s’en foutait royalement, tant qu’il avait toujours une bière dans la main.
— Et maman ? T’y a pensé ? Lui dit-elle, d’un air réprobateur. Tu penses qu’elle n’a jamais faim,
elle ?
— Si. Dit le garçon en buvant de l’eau dans un verre éraflé. Mais elle peut toujours manger les
spaghettis qui sont dans le frigo. Mark a vraiment faim, lui !
— Non ! Trancha-t-elle alors qu’il s’apprêtait à servir au petit garçon une autre part exagérée.
Il me reste un peu d’argent…pas assez, c’est vrai, pour acheter un paquet de céréales mais c’est
assez pour deux sandwichs et une bouteille de soda. Ça te va ? S’enquit-elle auprès de son petit
frère en ignorant complètement son ainé.
Mark hocha positivement la tête, et Andy roula des yeux avant de reporter son attention sur
son assiette presque vide. Avec un sentiment de piété filiale, Sofia se leva et prit le plat de
macaronis et alla le ranger dans le frigo, avant de se retourner et de dire d’une voix
claironnante :
— Va t’habillés, Mark. On va prendre notre petit déjeuner dehors.
Mark lui sourit et courut vers sa chambre. Sofia observa l’horloge au-dessus de la porte ; elle
indiquait huit heure cinquante-huit. Elle jet un coup d’œil à son frère. Ce dernier regardait son
téléphone, et ne s’occupait visiblement pas d’elle.

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 Les apparences sont trompeuses
Comment avait-il pu devenir si égoïste ? Lui qui autrefois était si gentil…attentif…et amusant.
Il était exactement comme Ronald, mais depuis qu’il avait disparu, on aurait dit que ce côté
d’Andy avait disparu avec lui.

Sofia était retourner devant le miroir de sa chambre et observait ses cheveux, qui semblaient
se détendre au fur et à mesure qu’elle les peignait. Elle avait mis une jupe jeans bleu clair et un
chemisier blanc à pois.
Excepter lorsqu’elle mettait du brillant à lèvres, Sofia ne se maquillait que pour des fêtes où
des évènements importants. Son estomac gargouillait et ses cheveux d’un roux neutre et
brutale à la fois ondulaient sur ses épaules frêles tandis qu’elle attachait les lacets de ses
baskets.
Sofia était plus du genre décontracté que sophistiqué. Elle préférait ses bonnes vielles baskets
aux talons hauts de vingt centimètres qui à chacun de ses pas pourraient lui couter ses chevilles.
Sofia se souvint en mettant son portable dans son sac de la magnifique journée qu’elle avait
passé la veille, si elle faisait abstraction des doutes et des interrogations par apport à cette soi-
disant enquête.
Ils étaient tous ensembles partis dans un resto et avaient discutés jusqu’à la tombée de la nuit.
Personnes n’avait vraiment eu l’envie de rentrer chez soi, mais vers vingt heure, ils s’étaient
séparés.
Bien évidemment, ils avaient eu le temps d’échanger leurs numéros de portable avec Nick et
maintenant que ses souvenirs lui revenaient en mémoire, Sofia en venait à se demander
comment elle s’était retrouver à promettre à ce dernier qu’elle l’emmènerait dans les meilleurs
magasins pour faire ses emplettes.
En vérité, elle était flattée qu’il lui ait demander à elle et pas à une autre, mais tout ce qu’elle
savait c’était qu’il avait insisté pour qu’ils se voient le lendemain, mais il n’avait pas précisé
l’heure exacte.
— Quand tu seras libre tu n’auras qu’à m’envoyer un texto. Lui avait-il dit d’un ton plus que
charmant.
— D’accord. Se souvint-t-elle avoir articulée alors son frère s’impatientait (Il n’aimait pas la
voir avec des garçons, quel qu’ils soient !). Et je te ferais peut-être même visité la ville.
— Ça s’rait super. J’aimerais beaucoup. Avait-t-il susurrer.
— Bon, qu’est-ce que tu fais, Sofia ? J’ai faim, moi ! S’est exclamé Mark, debout devant la porte.
On y va, maintenant ?
Il portait un t-shirt noir ; un pantalon marron et une casquette rouge qui lui donnait un air de
p’tit américain allant voir un match de Base-Ball.
— Ouais. A-t-elle répondu. On y va.
Elle se leva et sortit de la chambre en refermant, la porte branlante.

58
 Les apparences sont trompeuses
3

Assis à une table d’un resto, Nicolas profitait du doux soleil et des douces et tendres brises
matinales sur son visage. La terrasse du bâtiment était surplombée de tables et de chaises mais
seul Nick y était installé pour l’instant.
Il grignotait quelques croissants sans toutefois trop d’appétit, et buvait en même temps un
verre remplie de Coca sans sucre. Son ordi ouvert devant lui sur une page du journal du matin.
C’était une vielle habitude qu’il avait prise lorsqu’il avait encore quatorze ans. Tim, à cette
époque l’avait convaincu de toujours se tenir informer de ce qui se passait dans le monde et
cela lui avait aussi permis de trouver quelques fois des idées pour ses romans.
Mais apparemment, le monde n’était pas plus fou que d’habitude : Un éléphant échapper d’un
zoo en Afrique du Sud ; une tornade en Nouvelle Angleterre ; un avion de ligne évitant de
justesse un crash avec trois cents personnes à bords…
Nick continuait de feuilleter les nouvelles, tout en buvant sa boisson. Ah, qu’il odorait ce soda
là en particulier ! Mais lorsqu’il tomba sur une information exclusive, il cliqua avec un mélange
d’émotion contradictoire.

Flash spécial
De notre envoyé spécial Martin Lapierre

Encore un autre adolescent disparut à Paris, la nuit dernière. Ecrit Martin Lapierre, rédacteur
en chef du très prestigieux journal, Le Parisien. Depuis plus d’un mois, plusieurs adolescents
ont disparus dans les rues de Paris. Jusqu’ici la police parisienne tenait cette information
sous clef pour ne pas alerter la population mais nous savons désormais de source sûr que la
nuit dernière Jena Florence Clavier, élève de terminal à Condorcet, à peine âgée de dix-sept
ans, a été enlever tandis qu’elle rentrait chez elle dans les environs de deux ou trois heure du
matin.
La police fait tout son nécessaire pour retrouver ces jeunes gens, mais en attendant, la
rumeur court que les membres du cercle d’Elite prévoient une veillée à la bougie pour les
victimes de ces enlèvements et pour leurs familles.
« Nous faisons réellement tout notre possible pour accompagner les familles de ces jeunes
disparus, dans cette épreuve tragique. A déclarer Henry Clair fondateur du cercle d’Elite et
propriétaire de Clair Industrie. En tant que parents je ne peux qu’imaginer leur doleur et
compatir sincèrement. Si je perdais un jour ma fille ou mon fils, je crois je j’en mourrais. Pour
être franc j’admire leur force en cet instant de noirceur humaine, car je ne crois guerre qu’à
leur place j’aurais la force de faire de même. »
Impossible de ne pas admirer les membres de ce groupe français qui se donne pour mission
d’aider son prochain.

Nick se sentit quelque peu secoué en se souvenant que lui et ses nouveaux amis s’étaient
séparés avant qu’il ne se fasse trop tard et rien que pour ça, il en glorifiait Dieu. Il but une

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 Les apparences sont trompeuses
gorgée de sa boisson et cliqua sur le lien qui le permettrait d’en savoir plus sur ce soi-disant
cercle de l’Elite.
Une liste de nom sont apparus devant lui, ainsi qu’une quarantaine de causes caritatives que
ce groupe aurait défendu : La création d’une maison de retraite n’employant que des
bénévoles et ne faisant point payer ses pensionnaires…le nettoyage des égouts et une
exploration plus approfondie des sous-sols de la ville…un financement dans le projet de loi de
lutte contre la pollution…le financement et l’approbation des voitures électriques…etc…
WOW !
Incroyable !
Nick fut profondément toucher en voyant qu’il y’avait encore des gens profondément bons
dans ce monde qui visiblement tombait en ruine. Il cliqua sur la liste de noms…il éclata d’un
rire blasé en se rendant compte que ses amis étaient tous des enfants des membres du
cercle…tous sauf peut-être…Andy et Sofia.
Lorsqu’il aperçut le nom Vanderbilt, il ne put s’empêcher de se dire que son père méritait
peut-être une deuxième chance, après tout. Il avait l’air d’être devenu quelqu’un de bien. Mais
lorsqu’il termina son petit déjeuner et qu’aux environs de neuf heure, Nick reçut un message
de Sofia, son esprit éjecta complètement Frank Vanderbilt.
SOFIA : Bonjour. Est-ce que tu es libre ce matin ?
Nick sourit, et répondit :
NICK : Oui, pourquoi ?
SOFIA : Je suis avec mon petit frère au resto Le Bisou. Je me suis dit que si tu nous
rejoignais on pourrait t’acheter des affaires au Colibri. C’est un magasin super pour faire ses
emplettes.
NICK : Ouais. J’arrive, dans quelques minutes.
NICK : J’aimerais aussi que tu me fasses visité la ville. Ce serait possible tu crois ?
SOFIA : Oui.
SOFIA : Dépêches-toi, on t’attend.
La serveuse arriva et pris l’assiette et le verre de Nick. Nick se demanda s’il pouvait louer une
voiture. Il avait passé son permis de conduire lorsqu’il avait seize ans mais il ne s’était jamais
acheter de voiture. La marche lui permettait de faire l’exercice, mais s’il devait faire du
tourisme, il ferait mieux d’en louer une spécialement.
— Excusez-moi. Dit-il à la serveuse brune, en sortant son portefeuille. Vous savez où est-ce que
je peux loue une voiture par ici ?
— Heu. Fit-elle se plongeant dans une intense réflexion. Il y’a une agence de location à deux
pâté d’maison d’ici. Il y’a aussi une autre un peu plus loin, vers la rue Claver, qui loue pour pas
cher, je crois.
— Merci. Dit-il en lui donnant un billet de cinquante. Garder la monnaie.
— Mercie. Bonne journée.
La serveuse s’en alla. Nick se leva et ferma son ordinateur, avant de le mettre dans son sac à
dos. Il longea la rue pour descendre vers la première agence de location.

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 Les apparences sont trompeuses
Le ciel était clair et le vent doux. Une matinée ensoleillée s’annonçait malgré la chaleur qui
s’installait.

Dieu merci.
Bonny éteignit son ordinateur avec une boule au ventre. Et si ça avait été elle, ou bien même
un autre de ses amis ? Ou même son propre frère ?
Heureusement cela n’avait pas été le cas. Et dire que Jena, avait disparue. La pauvre. C’était
une gentille fille, un peu idiote sur les bords, et aussi très curieuse, et rapporteuse, mais elle ne
méritait pas ça. Bonny frémit rien qu’à l’idée de ne plus jamais revoir sa jolie frimousse noire
et ses volumineux cheveux afro.
Dans sa chambre dont habituellement les nuances de bleues et de lavandes la déstressait, elle
se sentait de moins en moins en sécurité. La maison était toujours silencieuse. Le Seul bruit
qu’on entendait parfois était le son de la respiration haletante de Rafael lorsque ce dernier
soulevait des poids dans la salle de sport.
Mais ce vendredi s’annonçait silencieux. Son père était parti à la mairie, et elle ne savait pas
vraiment pourquoi d’ailleurs. Mais ce devait-être pour son travail. Il était juge, le meilleur du
pays, même.
Alice, elle, avait dû retrouver son comportement usuel car elle était de nouveau repartie
bosser ; et à son instar Rafael avait retrouver sa vielle manie d’écouter, casque aux oreilles, de
vieux tubes des années quatre-vingt-dix.


Bonny sortit de sa chambre et se dirigea vers le bureau de sa mère. La veille, les filles et elle
avaient convenu que dès le moment venu chacune devrait essayer de découvrir des documents
où des E-mails relatent de cette histoire, ou incriminant leurs parents.
Lorsque Bonny arriva devant la porte à la poignée d’Or elle se rendit compte qu’elle avait
oublié que sa mère fermait toujours la porte de son bureau à clef. Et lorsqu’elle essaya de
tourner la poignée sur son socle, elle resta fermement bloquée. C’était dans ces moment-là que
Bonny se languissait vraiment de Victoria et de son talent pour le crochetage de serrure.
Bonny partit en direction du salon, ses pieds la portant sans vraiment qu’elle y fasse attention.
Un peu machinalement, quoi. Le silence restait entier et l’air conditionnée emplissait la maison
d’un froid lugubre qui donnait assez l’impression effrayante d’être suivie, lorsqu’on arpentait
les couloirs. Bonny était vêtu d’une chemise blanche et d’une culotte en jeans noir plutôt courte.
Elle adorait cette culotte car elle savait que Rafael faisait toujours des crises de colère
lorsqu’elle la mettait pour sortir.
— Tu ne peux pas mettre quelque chose d’un peu plus long ? S’indignait-il toujours. Si tu penses
que je vais te laisser sortir comme ça, tu rêves !

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 Les apparences sont trompeuses
Bonny ouvrit le vaisselier qui se trouvait dans un coin du salon et y trouva une boite en argent.
Cette boite contenait les doubles de toutes les clefs de la maison et on ne pouvait les confondre,
car chacune était spéciale, par le style ou par la forme.
Elle aurait dû s’en douter. Celle du bureau n’était pas là, ce qui signifiait que sa mère avait
réellement quelque chose à cacher. Mais il y’avait au moins la clef en fer blanc de la chambre
de ses parents.
Cette pièce-là aussi restait toujours fermer, alors peut-être gardait-elle aussi son lot de
mystères et de secrets.
Il faut que j’en ai le cœur net. Se dit la jeune fille, en refermant la boite après en avoir retiré
la clef.
Bonny reposa la boite dans le meuble et le referma. Elle gravit les marches de marbre de
l’escalier et fit attention à ne pas faire de bruit lorsqu’elle passa devant la porte de Rafael. La
porte de la chambre de ses parents était en chêne massif, impossible à défoncé. Bonny ouvrit
la porte et l’odeur enivrante de son père, mêlée à celle de sa mère vint lui balancer une gifle
odorante. Elle entra dans la chambre.
C’était une immense pièce, de la même dimension que le salon, dirait-on à vue d’œil. Un lit à
baldaquin trônait au centre entre deux fenêtres qui donnaient sur la rue Jacqueline.
Recouvertes de rideaux bordeaux très épais lesdites fenêtres, ne laissaient entrées que très peu
de lumière. Des photos de familles aux murs…deux tables de chevet…des portraits chers...deux
portes, dont une donnant sur un dressing exubérant, et l’autre sur une salle de bain privative.
Un bureau en bois blanc dans un coin arborait des documents…Bingo !
Bonny s’approcha du meuble et feuilleta un à un les documents qui lui semblaient être les
plus importants. Mais plus elle chercher et moins elle trouvait. Que des deals fiscaux…des
accords administratifs et quelques documents en espagnole…
Au cas où cela serait important elle prit son portable et prit en photo les documents en
espagnole. Il y’en avait plusieurs et Bonny mit quelques minutes à les photographier.
Lorsqu’elle se concentra enfin sur les tiroirs elle fut horrifiée de se rendre compte qu’ils étaient
verrouillés.
Evidemment ! A quoi tu pensais ! Lui hurla sa conscience qui comme d’habitude parlait avec
la voix de Victoria. Si c’est sous clef, alors c’est important !
Tout à trac, la porte s’ouvrit. Si la personne qui avait passé cette porte s’était avéré être son
père ou encore pire…sa mère ! Bonny serait certainement morte d’une crise cardiaque avant
même d’avoir à donner une quelconque explication. Mais fort heureusement, ce fut Rafael qui
apparut dans le chambranle de la porte.
— Qu’est-ce que tu fais ? Interrogea-t-il en fronçant les sourcils.
— Heu…Et bien…heu, en fait je…je cherchais…ça ! Se justifia Bonny en attrapant une agrafeuse
et en la lui montrant.
— Pourquoi ?
— Pour mon devoir de vacance, et aussi par ce que tu as bousillé la mienne.
— Ha…Fit-il pas convaincu. D’accord, mais on ferait mieux de sortir. Maman n’aime pas qu’on
entre dans sa chambre, tu le sais.
— Ouais.

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 Les apparences sont trompeuses
Tu m’étonne ! Pensa sarcastiquement Bonny tendit qu’elle refermait la porte de la suite
parentale. Lorsqu’elle et son frère furent redescendus dans le salon ce dernier se tourna vers
elle et lui lança un regard soupçonneux, avant de complètement changer de sujet.
— Si, je te cherchais c’était pour te demander si pour le p’tit-dej tu voudrais de la pizza ? Par ce
que sincèrement j’ai une envie pressante de pizza double fromage, là tout de suite.
— Ok. Commende deux pizzas. Moi aussi j’ai besoin de fromage ce matin.
— D’accord.
Rafael prit son téléphone et fouilla dans ses contact le numéro de la pizzéria (Il avait enregistré
le numéro de sa pizzéria favorite), tandis que Bonny remontait dans sa chambre, mais à peine
eut-elle fait deux pas sur les marches en marbre que la voix de son jumeau lui frappait encore
les oreilles.
— Et si on disait aux autres de venir à la maison ? Papa reste à la mairie jusqu’à ce soir et
maman…tu la connais. Je suis sûr qu’elle ne rentrera que tard ce soir. On les invite ?
— Ouais, pourquoi pas.
— Alors je prends plus de pizza ?
— Peut-être que Nick n’aime pas les pizzas, comment peux-tu en être sûr ? Rétorqua Bonny en
montant trois marches de plus.
— Ne dit pas de bêtises. Qui n’aime pas les pizzas ? Sérieusement !

Elena était levé devant la porte du bureau de son père et l’oreille coller contre le bois froid,
elle asseyait de capter une autre conversation frauduleuse. Mais rien. C’était le silence complet.
Et pourtant elle savait que son père et sa mère s’y trouvaient.
Au moins s’ils ne discutent pas, ils pourraient allés faire silence ailleurs ! C’est vrai, quoi ! Se
dit vivement Elena. Dans leur chambre par exemple…
— J’y ai réfléchi. Dit soudain la voix grave de M. Delacour, coupant dans leur élan les pensées
d’Elena. Comme ils viennent ce samedi, je crois que nous devrions avancer le Bruch
semestrielle du cercle.
Elena entendit le grincement d’un fauteuil que l’on déplace et la voix de sa mère s’éleva dans
un murmure si petit qu’Elena du se coller de toute ses forces contre la porte pour entendre.
— Chut ! Ne parlons pas des affaires du cercle ici. Je t’ai déjà dit que n’importe qui pourrait
être en train de nous écouter.
Elena retint sa respiration en entendant le soupir d’exaspération de son père.
— Tu penses encore à Elena, c’est ça ? Chérie soit raisonnable, qu’aurait-elle bien pu entendre ?
Et si c’était vrai, nous l’aurions su immédiatement, tu ne crois pas ? Elle ne sait pas mentir
cette petite.
C’est ce que tu crois ! Sourit la jeune fille, l’oreille plus que jamais tendu.
— Peut-être, mais nous ne sommes jamais trop prudents.

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 Les apparences sont trompeuses
— Jane. Dit Lucien. Cela fait des années que le cercle évolue et nos enfants n’ont jamais rien
vu malgré le fait que tout se passait sous leurs nez.
— Oui, mais tout a une fin, Lucien. Et je ne veux prendre aucun risque.
— D’accord ! d’accord ! Mais dit-moi si tu trouves que c’est une bonne idée.
— Quoi ? Fit Jane Delacour sans cacher un rire sardonique. Un Brunch dominical un samedi ?
Ben voyant…
— Ce serait exceptionnellement pour leur arrivée. Nous parlerons affaire et…
— Cette fois je suis d’avis que cette réunion du cercle devrait se faire sans les enfants à
proximité. Trancha Jane.
— Mais si Henry nous questionne sur cette soudaine méfiance envers nos enfants et que nous
lui avouons nos doutes…
— Il décapitera Elena sur le champ. Continua Jane, d’une voix neutre, qui hérissa tous les poils
de sa fille. Oui, tu as raison. Gardons cela secret. Avec un peu de chance ce que nous faisons
fera partit des exceptions qui confirment la règle. Tout continuera sans la moindre anicroche.
— Exact. Fit Lucien d’une voix blanche. Et Maude est sous contrôle.
— Parfait. Lança Jane Delacour d’un ton doucereux. Avec un peu de chance, tu grimperas tout
un échelon dans l’Estrada, et à ce moment-là, cette salope d’Alice Dubois regrettera toute ces
fois où elle nous a prise de haut.
Il eut un petit silence et Jane ajouta enfin :
— Où est Maude d’ailleurs ?
— Dans sa chambre où d’autre ? Elle s’enferme mais cela ne changera rien. Le plan est en
marche, et je préfère qu’elle y reste jusqu’au mariage. Henry m’a téléphoné, par ce qu’il avait
appris les réticences de Maude. Heureusement j’ai pu le convaincre que tout était sous
contrôle.
Elena s’écarta silencieusement de la porte lorsqu’elle se rendit compte que des gémissements
s’échappaient de la pièce. Burke ! Elle alla au premier. Elle avait pensée, en ne voyant pas sa
sœur arrivée pour le petit déjeuner que cette dernière était sorti de bonheur mais en réalité,
elle s’enfermait.
Je la comprends. Moi aussi je m’isolerais à sa place. Se dit sombrement Elena en arrivant
devant la porte de sa sœur.
Elle frappa. Rien. Encore. Et de nouveau rien.
— C’est moi, Maude. Chuchota-t-elle.
La porte resta fermer et le silence resta lui aussi complet, bien qu’Elena fut sûr d’avoir perçu
un son ressemblant fortement à un sanglot.
— Maude ouvre-moi, je sais que tu es là.
Silence.
Elena se baissa et observa l’ombre qui se mouvait nerveusement dans la pièce que lui barrait
ladite porte. Elena ne put s’empêcher de se sentir nerveuse à son tour. Bien qu’elle et Maude
ne soient pas jumelles, leur relation n’était jamais ce qu’elle semblait être. Parfois elles se

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 Les apparences sont trompeuses
comprenaient d’un simple regard comme si elles étaient connectées, et parfois c’était Elena qui
jouait les grandes sœurs en venant rassurer Maude, mais peu importait « qui » était « qui ».
Le plus important étant qu’elles soient là, l’une pour l’autre en cas de besoin. C’était bien en
cela quand reconnaissait une véritable fraternité. En ce lien qui unit ses membres. Et peu
importe ce qui a créé ce lien…tant qu’il existe et qu’il survit aux douleurs…aux souffrances…aux
épreuves…
La porte s’ouvrit. Elena se leva précipitamment, les joues rougissantes.
— Je savais que tu étais là. Dit Maude, en arborant un sourire forcé qui ne trompait personne.
— Ouais et ben…il fallait que je te parle.
— De quoi ?
— Tout d’abord, il faut que tu saches que tu n’as pas à me mentir. Dit Elena en jetant un regard
circulaire dans le couloir.
Elle poussa sa sœur dans la chambre et referma la porte derrière-elle.
— Je…je ne comprends pas…ce…ce que tu veux dire…Balbutia Maude en reculant jusqu’à son
lit à baldaquin.
— Si. Moi, je crois bien que si.
— Tu sais, c’est ça ? Je ne lui suffis plus et il t’a menacé aussi, c’est ça ? Il veut t’envoyer en
Espagne…
— Non, du moins, s’il en a l’intention il ne m’en a pas encore parler. Mais oui, c’est vrai je sais
tout, mais pas pour les raisons que tu crois. J’étais là, j’ai tout entendu…
Maude lui lança un regard de désespoir.
— Alors tu as bien dû te rendre compte que sa parole vaut beaucoup plus les notre réunis.
Sanglota-t-elle.
— Peut-être, oui. Fit Elena en esquissant un sourire narquois. Mais on a un plan.
— Commença « on » ? S’enquit la blonde, en reprenant soudain contenance. Tu en as parler à
d’autres personnes ? Mais qu’est-ce tu as fait, Elena ?!

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