Le réveil des signeurs des runes

La côte oubliée:
Le voyage vers le nord de Magnimar vous mène rapidement à travers un territoire d'une beauté
saisissante et mystérieuse. À mesure que vous avancez, un brouillard épais et presque spectral s'élève du
sol, drapant le paysage ondulant de la lande. La sensation d'humidité pénètre vos vêtements, et le
silence de cette étendue est presque assourdissant. Seuls les murmures du vent et le lointain
bruissement de la mer vous rappellent que vous n'êtes pas seuls.

Les bois qui parsèment la région dégagent une odeur pénétrante d'orties, de laurier et de sève de pin. Si
vous prêtez l'oreille, vous pouvez entendre le lointain murmure des cours d'eau qui serpentent entre les
vallées, encadrées par des séquoias imposants. Ces arbres anciens se dressent comme des gardiens
solennels surplombant les crêtes rocheuses et les falaises de calcaire. Cette région, avec son immensité
et le sentiment profond d'isolement qu'elle procure, est connue sous le nom évocateur de "Côte
Oubliée".

À l'horizon, vous pouvez apercevoir des habitations isolées, posées comme des joyaux sur des pitons
rocheux. Ces demeures, que vous imaginez appartenir à des individus en quête de solitude ou
d'excentricité, semblent veiller sur la côte. Tous les trente-cinq kilomètres, telles des oasis le long de
cette route sauvage, des auberges se dressent, des refuges pour les voyageurs fatigués comme vous.
Elles sont éparpillées à cette distance précise, en pensant à ceux qui, à pied, cherchent un repos après
une journée de marche.

Alors que vous avancez, vous remarquez aussi des sanctuaires de pierre dédiés à Desna, la déesse des
voyageurs. Ces petits édifices offrent un havre de paix, surtout quand les orages impétueux de la région
menacent.

Et comme vous poursuivez votre chemin, une rumeur se propage parmi vous, parlant d'un ancien
campement varisien qui a évolué avec le temps. Ce qui était autrefois une simple halte pour des
nomades est devenu le plus grand village de cette côte oubliée. Niché au cœur des falaises, à quelque 80
kilomètres de Magnimar, vous entendez pour la première fois le nom de votre destination : Pointesable,
le brillant phare de la Côte Oubliée.

Pointesable:
En approchant du village de Pointesable, il est impossible de ne pas remarquer comment la civilisation a
façonné cette portion de la Côte Oubliée. À mesure que vous avancez, la nature sauvage cède du terrain
aux champs cultivés, éparpillés parmi la lande et les vallées. Sur le vaste golfe de Varisie, les silhouettes
des bateaux de pêche deviennent plus fréquentes, glissant sur les eaux d'un bleu-vert éclatant.

Alors que vous poursuivez votre chemin, vous découvrez que le passage des rivières n'est plus une
épreuve : des ponts en bois remplacent désormais les gués peu profonds. La route elle-même de la Côte
Oubliée s'élargit et semble mieux entretenue, révélant l'influence croissante du village proche. Pourtant,
si vous venez du sud ou de l'est, votre première vue de Pointesable reste voilée. L'Assiette du diable, un
grand escarpement calcaire, et un arc rocheux accompagné de collines légèrement boisées cachent la
bourgade.
Mais alors, un virage vous révèle le cœur palpitant du village. Les fumées s'élèvent des cheminées, les
rues fourmillent d'activité et promettent la chaleur d'un foyer. Un soulagement incontestable pour
quiconque a passé du temps à sillonner cette route solitaire.

Si vous approchez de Pointesable depuis le sud, un pont en bois vous y conduit. Du nord, la ville se
défend par un mur de pierre modeste, avec la Route de la Côte Oubliée qui traverse une guérite en
pierre. Habituellement, un ou deux gardes surveillent cet accès, mais le pont du sud reste généralement
ouvert à tous. Les seuls dangers avérés pour les habitants sont les gobelins éparpillés, car Pointesable a
la chance d'être préservé des menaces d'invasion ou de banditisme. La région est si peu peuplée que
même le crime semble ne pas y trouver son compte.

Lorsque vous approchez de la guérite ou du pont, un détail attire votre attention : une plaque et un
miroir fixés à proximité. La plaque vous lance une invitation : « Bienvenue à Pointesable ! Prenez un
moment pour vous voir comme nous vous voyons. » Et, dans le miroir, vous voyez le reflet d'un
voyageur, peut-être fatigué, mais certainement plein d'espoir et de curiosité pour les aventures à venir.