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Lycée Louis-Le-Grand, Paris

MPSI 4 – Mathématiques
A. Troesch

Problème no 12 : Intégration

Problème 1 – Théorème de convergence dominée pour l’intégrale de Riemann

Le but du problème est de montrer dans le cadre de l’intégration de Riemann un théorème de convergence, classique,
et assez facile à obtenir dans la théorie de l’intégration de Lebesgue, mais beaucoup plus délicat dans le cadre de la
théorie de l’intégration de Riemann. La facilité des passages à la limite pour l’intégrale de Lebesgue est d’ailleurs une
des forces de cette théorie.

Plus précisément, on se donne (fn )n∈N une suite de fonctions à valeurs réelles, intégrables sur un segment [a, b],
convergeant simplement vers une fonction f , c’est-à-dire :

∀x ∈ [a, b], f (x) = lim fn (x).


n→+∞

On suppose que f est intégrable sur [a, b], et qu’il existe une fonction g intégrable sur [a, b] telle que :

∀n ∈ N, ∀x ∈ [a, b], |fn (x)| 6 g(x).


Z b Z b
Le but du problème est de montrer qu’alors f (t) dt = lim fn (t) dt.
a n→+∞ a

On admettra (voir DM) que si une suite (gn ) de fonctions intégrables converge uniformément vers une fonction g sur
[a, b], alors g est intégrable et
Z b Z b
lim gn (t) dt = g(t) dt.
n→+∞ a a

On rappelle qu’une suite (gn ) converge uniformément vers g si et seulement si :

∀ε > 0, ∃N ∈ N, ∀n > N, ∀x ∈ [a, b], |gn (x) − g(x)| < ε.

Partie I – Réduction du problème

1. Montrer qu’il suffit de montrer le résultat pour une suite (fn )n∈N convergeant simplement vers la fonction nulle.
2. En considérant les fonctions fn+ et fn− qui à x associent fn (x)+ = max(0, fn (x)) et fn− (x) = − min(0, fn (x)),
montrer qu’on peut se contenter de montrer le résultat pour une suite de fonctions positives convergeant
simplement vers la fonction nulle.
3. Montrer qu’on peut remplacer l’hypothèse d’existence de g par l’hypothèse suivante : il existe M ∈ R tel que
pour tout n ∈ N, |fn | 6 M (autrement dit, les |fn | admettent un majorant commun).
4. (a) La fonction fn étant supposée positive et intégrable sur [a,b], montrer qu’il existe une fonction ϕn vérifiant
Z b
1
0 6 ϕn 6 fn , continue sur [a, b], et telle que (fn (x) − ϕn (x)) dx 6 .
a n
(b) En déduire qu’on peut réduire la preuve au cas où les fonctions (fn ) sont continues, de limite (simple) nulle,
majorées par un réel M .
Ainsi, on est ramené à prouver le résultat suivant : pour toute suite (fn ) de fonctions positives, continues,
! convergeant
Z b
simplement vers la fonction nulle, et majorées par un réel M , la suite d’intégrales fn (t) dt converge vers 0.
a
n∈N

Partie II – Théorème de Dini

1
1. Soit (fn )n∈N une suite de fonctions positives et croissantes sur [a, b], convergeant simplement vers la fonction
nulle sur [a, b]. Montrer que la convergence est uniforme.
2. Soit (fn )n∈N une suite décroissante de fonctions continues sur [a, b] convergeant simplement vers la fonction
nulle (ainsi, pour tout x de [a, b], la suite (fn (x)) converge en décroissant vers 0). On définit, pour tout n ∈ N
et tout x ∈ [a, b] :
gn (x) = sup fn (t).
t∈[a,x]

(a) Montrer que pour tout x ∈ [a, b], la suite (gn (x))n∈N est décroissante, et converge vers un réel g(x) > 0.
(b) Soit x ∈ [a, b], et supposons que g(x) > 0. Montrer qu’il existe une suite (tn )n∈N d’éléments de [a, x] tels
que fn (tn ) −→ g(x).
g(x)
(c) En déduire l’existence de t ∈ [a, x] et de N ∈ N tel que pour tout n > N , fn (t) > 2 .

(d) En déduire que (gn ) converge simplement vers la fonction nulle.


(e) Montrer que (fn ) convergent uniformément vers la fonction nulle (théorème de Dini)

Partie III – Preuve du théorème de convergence dominée


On se donne (fn ) une suite de fonctions continues et positives, majorées
! par un réel M , convergeant simplement vers
Z b
la fonction nulle, et on suppose par l’absurde que fn (t) dt ne converge pas vers 0.
a
Z b
1. Quitte à considérer une suite extraite, montrer qu’on peut supposer que fn (t) dt est minorée par un réel
a
α > 0.
Z b
2. Justifier que pour tout n fixé, la suite sup(fn (x), . . . , fn+p (x)) dx admet une limite finie λn > α lorsque p
a
tend vers +∞.
On peut donc trouver, pour tout n ∈ N, un entier p(n) tel que la fonction gn = sup(fn , . . . , fn+p(n) ) vérifie :
Z b
α
gn (x) dx > λn − .
a 2n+2
Z b
3. Soit pour tout n ∈ N, hn = inf(g0 , g1 , . . . , gn ). À l’aide de la partie 2, montrer que hn (t) dt −→ 0.
a
4. En remarquant que pour tout i < n, gn − gi 6 sup(fi , fi+1 , . . . , fn+i+p(i)+p(n) ) − gi , montrer que
Z b
α
(gn − gi )+ 6 .
a 2i+2

5. Montrer que pour tous réels a0 , . . . , an , x, on a :


n−1
X
inf(a0 , . . . , an−1 , x) > x − (x − ai )+ .
i=0

Z b
α
En déduire que hn > , et conclure.
a 2

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