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Situation : Madame Bigotine une valise à la main croise par hasard Madame Mouchard qui va au
marché avec son sac à provisions.
MOUCHARD : Madame Bigotine, vous ne savez pas la meilleure... Je vous le donne en mille !
MOUCHARD : Il est de retour ! Et la queue entre les jambes, ça je peux vous le dire !
Je viens de le croiser à l'instant !
MOUCHARD : Sa jeunette ! Vous pouvez le dire... N'ayons pas peur des mots !
BIGOTINE : Comme vous dites ! Aller chercher une petite jeune ! Comme si sa femme ne lui
suffisait pas ! Que Dieu m'en préserve ! Il ne l'a pas volé !
C'est comme la fille Pétronille...
MOUCHARD : Ne m'en parlez pas ! Elle sait de qui tenir ! Ne dit-on pas : «Telle mère telle fille !»
Et qu'a-t-elle encore fait cette délurée ?
BIGOTINE : Moi, à son âge j'étais enfant de chœur et membre active du club de tricot !
MOUCHARD : Et moi donc ! Mais de notre temps c'était autre chose Madame Bigotine !
BIGOTINE : A qui le dites-vous Madame Mouchard ? (Elle regarde au loin) Ce n'est pas la mère
Moissac là-bas ? Qui sort de l'épicerie ?
MOUCHARD : (Elle regarde également) Si, si, c'est bien elle qui monte sur son vélo !
Et j'imagine que les sacoches doivent être bien garnies...
MOUCHARD : Et s'il n'y avait que ça... Je me suis laissé dire qu'il y avait aussi des choses un peu
louches ! Si vous voyez ce que je veux dire...
BIGOTINE : (Outrée) Que Dieu m'en préserve ! Vous en êtes certaine Madame Mouchard ?
MOUCHARD : Figurez-vous que l'autre jour, j'étais derrière elle à la pharmacie et que bien malgré
moi, je l'ai entendu commander des compléments alimentaires ! Ça reste entre nous !
BIGOTINE : Si elle est vraiment au régime, ça va faire une sacrée perte de chiffre d'affaire pour la
pâtisserie !
MOUCHARD : J'imagine que comme tous les ans, le père Painsec est parti au Maroc avec son
épouse...
BIGOTINE : Eh bien non ! Puisque Madame est toujours là ! Ça reste entre nous !
BIGOTINE : Oh, ne me faite pas dire ce que je n'ai pas dit ! Mais plus d'une fois on l'a vu ressortir
de chez elle avec de la buée sur les carreaux...
BIGOTINE : (Revancharde) Oui mais à sa décharge, il faut dire que la mère Ferblan est plutôt
« bankable » (Madame Mouchard est à son tour interrogative ) Oui, c'est un nouveau mot !
BIGOTINE : Si ! Que Dieu m'en préserve ! Je ne peux pas la voir ! Quelle pipelette celle-là !
MOUCHARD : Pour tout vous avouer, moi non plus ! Une vraie langue de vipère !
Je m'en voudrais d'être comme ça !
BIGOTINE : Pourquoi ?
MOUCHARD : Il paraît que son mari tape dans la caisse ! Et pas qu'un peu !
MOUCHARD : Je ne peux pas l'affirmer bien sûr ! Mais comment expliquez-vous qu'ils roulent en
voiture neuve ? Surtout avec le salaire d'ouvrier de son mari ...
L'affaire ne s'est pas ébruitée mais c'est l'amie d'une amie qui me l'a dit ! Ça reste entre nous !
BIGOTINE : Si, puisque je vous le dis ! Mon cousin et l'adjudant chef Colvert sont voisins !
Et ça parle le soir à l'apéro ! Vous vous en doutez bien !
A quelle époque vivons-nous ? Je vous le demande ?
MOUCHARD : A propos, vous avez appris pour la fille Serpento... Elle se lance dans le cinéma !
A ce qu'on dit !
MOUCHARD : Sans parler de la drogue... Bon c'est pas le tout, mais il va falloir que je vous
laisse ! J'ai les courses à faire !
MOUCHARD : (Intriguée) Mais bien entendu Madame Bigotine ! Vous savez bien que vous
pouvez compter sur ma discrétion ! Ça reste entre nous !
BIGOTINE : Je me rends à la gare pour un petit voyage forcé dans ma famille.
Je serai absente quelques jours !
MOUCHARD : Je comprends, je resterai muette comme une tombe ! Au revoir Madame Bigotine !
MOUCHARD : (S'adressant à une personne au loin) Madame Troident, vous ne savez pas la
meilleure... Je vous le donne en mille ! C'est la mère Bigotine, elle quitte son mari..
pour un petit jeune !
J'ai toujours su que c'était une cougar la mère Bigotine, elle cachait bien son jeu !
Et elle a pris soin de vider le compte en banque avant de filer ! Vous pensez bien...
Bien sûr, ça reste entre nous !
LE RIDEAU SE BAISSE