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Patrick De Neuter
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* Texte réécrit d’une intervention aux Journées d’Espace analytique, « Quel homme »,
le 27 novembre 2010.
1. J. Lacan, Le Séminaire, Livre XX (1972-1973), Encore, Paris, Le Seuil, 1975, leçon du
13 mars 1973, p. 73-82.
2. On sait que Lacan considérait que les femmes analystes avaient un rapport privilégié
à l’inconscient. Elles sont, dit-il un jour, des psychanalystes-nées.
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Commençons notre périple par Freud, dont on néglige trop souvent les oscil-
lations fréquentes quant à cette différentiation du masculin et du féminin par
l’activité et la passivité. Si l’on répète sa question « Que veut une femme ? » et
sa métaphore du « Continent noir » pour désigner la féminité, on a par contre
peu retenu ses nombreuses hésitations quant à la question de savoir ce que veut
le masculin et ce qui spécifie l’homme. Après avoir régulièrement émis quelques
différences entre l’homme et la femme dans des domaines aussi divers que la
sublimation et le sens moral (qui seraient plus marqués chez les garçons du fait
de la crainte de la castration), l’apparition du dégoût de la sexualité (plus précoce
chez les filles), l’intuition des processus inconscients (plus développée chez les
filles), la libido (plus masculine) et l’angoisse (plus féminine), la masturbation
(plus tardive et plus manuelle chez le garçon), le sadisme (plus développé chez
l’homme), le masochisme (plus développé chez la fille) et quelques autres
encore 3, il en arriva, en 1907, à définir le masculin par l’activité et le féminin par
la passivité. Néanmoins, il affirma dans la même phrase que l’inconscient de
l’homme ne pouvait être fondamentalement différent de celui de la femme
(1907 4). Six ans plus tard, il soutenait qu’étant donné la bisexualité, ce qui est dit
masculin et féminin et qui se réduit à l’activité et à la passivité ne recouvre pas la
différence des sexes, les sexes anatomiques n’ayant aucune caractéristique
psychique particulière 5. En 1920, il affirme que les différences entre les qualités
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7. S. Freud (1938, 1940), Abrégé de psychanalyse, Paris, PUF, 1985. Et en effet, si, du fait
de la bisexualité, la référence au sexe anatomique devient boiteuse, sur quoi étayer une
quelconque définition du masculin et du féminin ?
130 • FIGURES DE LA PSYCHANALYSE 23 •
Les femmes, en revanche (et les hommes qui se rangent de ce côté), sont divi-
sées, voire écartelées entre deux motions. La première les porte vers la rencontre
du phallus qu’elles vont chercher du côté masculin dans l’espoir d’une expérience
d’une jouissance phallique. Le second mouvement les oriente vers le grand Autre
barré, où elles peuvent vivre une jouissance autre que phallique, une jouissance
qui échappe à l’ordonnancement phallique. Autrement dit, cette jouissance fémi-
nine est moins marquée par les interdits et les autres effets structurants de la
métaphore paternelle. Lacan rassemble sous cette « Jouissance Autre », d’une
part, la jouissance à laquelle les femmes accèdent de façon privilégiée et, d’autre
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On peut facilement concevoir que cette angoisse n’est pas sans effet sur la sexua-
lité de l’adulte.
Nous voilà donc avec Lacan en présence d’un autre masculin que celui de
Freud et devant une mise en question radicale de ce qui serait une essence de
l’homme et de la femme, mais non pas du masculin et du féminin. Ce masculin
comme ce féminin semblent en effet encore bien proches des concepts des philo-
sophies essentialistes. Lacan d’ailleurs affirma lui-même en 1955 que « Les deux
versants, mâle et femelle, de la sexualité, ne sont pas des données, ne sont rien
que nous puissions déduire d’une expérience 10 ». Mais si ce n’est pas sur l’expé-
rience que l’on peut prendre appui, à quoi s’adosse-t-on ?
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10. J. Lacan, Le Séminaire, Livre III (1955-1956), Les psychoses, Paris, Le Seuil, 1981,
p. 282.
11. J. Lacan, Le Séminaire, Livre XIX (1971-1972), Le savoir du psychanalyste, séance du
12 janvier 1272, inédit.
12. J. Lacan, Recherches, spécial l’enfance Aliénée II, numéro spécial de décembre 1968.
13. J. Lacan, Le Séminaire, Livre XIV (1966-1967), La logique du fantasme, leçon du
13 mars 1963, inédit.
132 • FIGURES DE LA PSYCHANALYSE 23 •
14. P. Aulagnier, « Remarques sur la féminité et ses avatars », dans P. Aulagnier et coll.,
Le désir et la perversion, Paris, Le Seuil, 1967, p. 53-80.
15. M. Schneider, Généalogie du masculin, Paris, Aubier, 2000.
16. Pour un abord plus large des élaborations de Pierra Aulagnier, Monique Schneider,
Jacqueline Schaeffer et Danielle Bastien, on pourra aussi se référer à ma contribution
déjà citée « Le masculin et le féminin, approches psychanalytiques d’hier et d’aujour-
d’hui », p. 35-56.
17. Rappelons-nous qu’il s’agit là d’une caractéristique prêtée par Lacan aux femmes
(cf. la métaphore de la mante religieuse qui dévore son mâle après la copulation) et aux
mères (cf. d’une part, la métaphore de la gueule du crocodile grande ouverte qui risque
de se refermer sur l’enfant et, d’autre part, celle de la tête de Méduse, figure dévorante
de la mère insatisfaite).
L’OBSCUR OBJET DU DÉSIR MASCULIN 133
Enfin, par rapport au sexe de la femme, Monique Schneider laisse entendre que
ce n’est pas le sexe féminin que les hommes craignent le plus mais bien la possibi-
lité « de ne pas être à la hauteur ». Cela étant, le pénis de l’homme est, pour elle,
tout autant l’organe qui féconde que celui dont l’homme attend l’érection et
craint les défaillances. Elle souligne aussi le pouvoir agressif, voire tuant, de ce sexe
masculin dont elle voit l’indice dans l’argotique formule « tirer son coup ».
Je laisse pour une autre publication l’investigation d’autres auteurs qui ont
plus récemment publié sur ce sujet. Mais avant de proposer une dimension qui me
semble essentielle du désir masculin, je voudrais encore mentionner une certaine
insistance de D. Bastien 21, N. Stryckman 22 et de S. Lippi 23 sur la dimension souvent
21. Notamment dans D. Bastien, « Un peu, beaucoup, à la folie, pas du tout », dans
P. de Neuter et D. Bastien, op. cit., p. 135-148 ; et « Fais de moi ce que tu veux à
condition que j’existe pour toi, par toi », dans P. de Neuter et N. Frogneux, Violences et
agressivités au sein du couple, vol. II, Académia, 2009, p. 43-49.
22. N. Stryckman, « Vieillissement et rupture amoureuse », dans P. Belot-Fourcade et
D. Winaver, La ménopause, Toulouse, éres, 2004, p. 171-182.
23. Notamment dans S. Lippi, « La boucle de la perversion amoureuse », dans P. de
Neuter et N. Frogneux, Violences et agressivités au sein du couple, op. cit., p. 31-40 et
dans S. Lippi, Transgression, Bataille, Freud, Toulouse, érès, 2008, p. 181.
L’OBSCUR OBJET DU DÉSIR MASCULIN 135
Bien que non exhaustif, ce survol rapide de ces quelques auteur(e)s démontre
que définir le masculin – et l’homme a fortiori – est d’un point de vue psychana-
lytique une opération hasardeuse des plus complexes, tout compte fait et quoi
qu’on en dise, au moins aussi complexe que tout essai de définition du féminin.
N’est-on pas en droit de se demander si L’Homme existe davantage que La
Femme, dont Lacan disait qu’elle n’existait pas ?
À quoi sont dues les divergences observées entre les divers auteurs ? Proba-
blement parce qu’il est impossible de répondre à cette question sans faire inter-
venir sa propre subjectivité mais aussi et surtout parce qu’il existe sans doute de
nombreux masculins différents, chaque auteur rencontrant dans sa pratique plus
souvent l’un que l’autre. L’évolution des représentations culturelles, des conno-
tations des signifiants « homme », « femme », « masculin » et « féminin » a sans
doute aussi sa part de responsabilité dans ces divergences.
Dans leur champ spécifique, les psychosociologues se posent les mêmes ques-
tions et rencontrent de semblables difficultés. Ils observent en effet, avec les
méthodes qui sont les leurs, que les différences hommes/femmes s’atténuent sur de
nombreux points qui les distinguaient par le passé. Bien qu’il s’agisse d’un tout
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que masculin, ce qui est peu vraisemblable, soit qu’en trente ans, les qualités dites
féminines sont devenues des qualités d’hommes et donc masculines, hypothèse
explicative qui me semble la plus probable.
26. N. Bajos et M. Bozon, Enquête sur la sexualité en France, Paris, La Découverte, 2008.
L’OBSCUR OBJET DU DÉSIR MASCULIN 137
Je ne reviendrai pas non plus sur le désir incestueux que peut éprouver un
homme devenu père à l’égard de sa fille ou de son fils, thème que j’ai aussi déjà
développé ailleurs 28.
L’aChose et l’aMère
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S◊a
À lire comme suit : le sujet barré par sa rencontre du signifiant reste marqué
par un lien privilégié (le poinçon) avec un objet « a » qui lui est particulier et qui
cause son désir.
Depuis Man Ray et son Objet indestructible, les peintres et autres artistes ont
proposé mille et une imaginarisations de cet objet cause du désir. Il est intéres-
sant pour nous de savoir que Man Ray a construit cet Objet indestructible 30 en
prenant pour centre de cette œuvre un œil découpé sur la photo d’une amante
qui l’avait abandonné.
D’autres l’ont suivi dans cette façon de réduire l’aimée à un bout de corps.
Rappelons-nous cette sculpture de Couturier, Femme accroupie, le tableau
d’Hans Reichel intitulé Le regard, le Faux miroir de René Magritte, la Langue
bleue de Waterguns Design, les Lèvres de Rubis de Salvador Dali, La cathédrale
d’Auguste Rodin 31, La main d’Alberto Giacometti, sans compter les innombrables
sculptures, peintures ou photographies isolant ou mettant en évidence un sein,
un pénis ou une vulve.
30. Ce tableau, comme tous les autres que j’évoquerai, sont facilement accessibles sur
le Net.
31. Représentant deux mains qui se croisent verticalement en forme d’ogive.
L’OBSCUR OBJET DU DÉSIR MASCULIN 139
légitimée, a toujours aussi rapport à la Mère, d’une part en tant qu’il est archaï-
quement identifié non seulement à son père mais aussi à sa mère, et d’autre part,
en tant que l’amante évoque toujours, au sens d’appeler hors de l’inconscient,
l’une ou l’autre des Imagos archaïques maternelles qui habitent son amant. Je
pense que notre clinique nous invite à considérer que les deux élaborations ont
leur part de vérité. Il s’agit, je pense, de deux dimensions de la cause du désir.
Ainsi, un analysant découvrit un jour au cours de son analyse que la femme qu’il
avait épousée, et avec laquelle il avait des relations sexuelles très satisfaisantes,
avait exactement le même nez 32 que celui de sa mère, tandis que la silhouette
des femmes de ses rêves érotiques correspondait de façon tout à fait surprenante
aux silhouettes des femmes pulpeuses qui, dans son enfance, suscitait le désir de
son père, ce que ce dernier lui manifestait ostensiblement.
32. Je considère avec quelques autres que si les objets imaginaires peuvent être réduits
à quatre ou cinq types, toute partie du corps, surtout les plus détachables, peuvent
acquérir cette valeur pour un sujet.
33. Rappelons-nous la note de Freud dans sa « Psychologie collective et analyse du
moi » de (1921) à propos de « la première et la plus importante » des identifications du
sujet avec le père de sa préhistoire : « Il serait prudent de dire : “avec les parents”, car
avant que l’individu ait acquis une connaissance certaines de la différence qui existe
entre les sexes (présence ou absence d’un pénis) il se comporte de la même manière à
l’égard du père et de la mère… Pour simplifier mon exposé, je ne m’occuperai que de
l’identification avec le père », dans S. Freud, Essais de psychanalyse, Paris, Petite biblio-
thèque Payot, 1967, p. 200.
34. Je préfère ce néologisme à celui de parlêtre trop uniquement centré sur la parole.
Ne sommes-nous pas pour Lacan lui-même plus essentiellement des êtres de désir que
des êtres de paroles ? Le désir et le fantasme d’ailleurs incluent la dimension langagière
et la complémentent borroméenement de l’imaginaire et du réel.
140 • FIGURES DE LA PSYCHANALYSE 23 •
ne signifie pas nécessairement qu’il n’existe pas. Cette absence peut s’expliquer
notamment par les refoulements familiaux et culturels et aussi sans doute par la
résistance des analystes eux-mêmes par rapport à ce fantasme masculin. On se
rappellera, par exemple, de l’aveu de Freud disant sa difficulté à être pris pour
une mère dans le transfert.
– Il n’est pas rare que des difficultés de couple soient associées par un analy-
sant à la maternité de son épouse ou de sa compagne. Le lecteur connaît sans
doute la question de l’ami « bienveillant » à l’homme récemment devenu père :
« Ça te fait quoi de faire l’amour avec une mère ? »
– Il m’a été donné par deux fois d’observer un petit garçon émettant en
présence de sa mère enceinte le désir d’être enceint comme elle, désir qui se
trouva aussitôt réprimé par son entourage. D’autres collègues m’ont rapporté
avoir fait des observations semblables.
– Il arrive que des analysants parlent de ce désir sous forme de rêve. Danielle
Brun a proposé une des rares études d’un fantasme refoulé d’être enceint chez
un analysant adulte 35.
– Des anthropologues ont décrit les rites de couvades interprétés comme des
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– Freud lui-même n’a-t-il pas décrit, du côté des névroses ou des perversions
masculines, certains fantasmes masochistes « particulièrement riches » dont il
précise que l’« on découvre facilement qu’ils placent la personne dans une posi-
tion caractéristique de la féminité et donc qu’ils signifient être castré, subir le
coït, ou accoucher », raison pour laquelle il a qualifié ce masochisme de féminin
bien qu’il affecte des hommes.
– Quant aux artistes, il est vrai qu’ils ont davantage peint, gravé ou sculpté
l’androgyne plutôt que l’homme enceint. Néanmoins, Victor Brauner, nous a
proposé en 1889 une sculpture intitulée Nombre, représentant un être andro-
gyne enceint d’un enfant.
Par rapport aux femmes qui évoquent aujourd’hui ces Imagos archaïques, les
hommes ont diverses réactions. Les uns les fuient comme la peste. D’autres en
recherchent de vivantes incarnations, dans le couple, notamment sous forme de
jeux maso-sadiques, ou dans leur réalité extérieure (notamment dans leur quoti-
dien professionnel ou dans les clubs de rencontres SM 39), ou encore auprès de
dominatrices professionnelles. Des psychosociologues nous disent que ce genre
de prostitution se développe de façon étonnante sous la pression d’une demande
de plus en plus grande 40. Enfin, si certains hommes retournent contre eux
l’agressivité, voire la haine, que ces femmes suscitent en eux, d’autres, probable-
ment plus nombreux, laissent libre cours à leurs impulsions violentes à l’égard de
ces femmes, voire de toutes les femmes. C’est ce qui explique à mon sens une
certaine partie des agressions, violences et meurtres conjugaux. On pourrait
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39. On peut observer une multiplication continue des offres de telles rencontres non
vénales sur Internet.
40. Cf. P. Jamoule, « La fragilisation de l’intime. Enquête auprès de prostituées indé-
pendantes », dans P. de Neuter et N. Frogneux, Violences et agressivités au sein du
couple, op. cit., p. 141-157. Observons aussi le développement des clubs de rencontre
DM et des propositions de rencontres du même type sur le Net.
41. On se souviendra que Lacan en a fait un jour de 1976 l’emblème de l’érotisme féminin.
L’OBSCUR OBJET DU DÉSIR MASCULIN 143
J’ai déjà évoqué ailleurs cet homme de la cinquantaine dont l’épouse n’ac-
ceptait de faire l’amour que quelques fois par mois. Lui-même souffrait d’une
certaine éjaculation précoce. Un jour, lors d’une exposition d’œuvres d’art, il
avait acheté une sculpture qui l’avait véritablement fasciné, bien qu’elle expri-
mât une diffuse mais certaine agressivité et bien qu’elle coûtât relativement cher.
Cette agressivité avait aussi frappé sa femme et quelques amis. Ne tenant pas
compte de leur avis, il l’avait achetée : « C’était comme un coup de foudre »,
précisa-t-il. À ma demande, il la décrivit ainsi : « C’est une sorte de trou noir
hérissé de fils de fer assez coupants. » « À quoi cela vous fait-il penser ? », lui
demandais-je. Après un moment de silence, il me répondit : « À un sexe de
femme, mais un sexe de femme qui serait bordé de piques de fer, placées en
forme de cône, comme une sorte de piège. Le pénis peut y rentrer, mais celui qui
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que ces enfants devenus adultes peuvent faire subir à celle qui étaient devenue
la mère de leurs enfants. » Grâce à ce détour par la dépression de l’amie, et sous
le couvert de cette généralité, il faisait un premier pas dans la reconnaissance de
son agressivité, encore fort inconsciente, à l’égard de son épouse évoquant pour
lui, cette Imago maternelle encore profondément refoulée.
Je suis tout d’abord tenté d’avancer que si cet analysant s’est trouvé en
mesure d’honorer sa femme sans plus de symptôme, après avoir visionné le film
d’Oshima, c’est par l’effet bénéfique d’une certaine familiarisation, dans sa cure
d’abord, lors de la vision du film ensuite, avec son Imago de Femme-Mère étouf-
fante et castratrice qui, de ce fait, est devenue moins angoissante 45.
Par ailleurs, que la servante-maîtresse de L’empire des sens ait éveillé le désir
de son épouse apporte quelque appui à l’assertion lacanienne que cette tueuse
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Je laisserai ces questions ouvertes, enseigné par Lacan du danger qui consiste
à tout vouloir comprendre et aussi que si le symptôme est guérissable, les
chemins sont imprévisibles et leur levée a souvent l’allure d’un « miracle ».
En guise de conclusion
Nous avons aussi rencontré les diverses angoisses masculines de castration par
la Femme toute-puissante, castration qui prend de multiples formes : identifica-
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46. S. Freud, « Sur la sexualité féminine » (1931), dans La vie sexuelle, op. cit., p. 146.
146 • FIGURES DE LA PSYCHANALYSE 23 •
RÉSUMÉ
Après un survol des écrits de Freud, de Lacan et de quelques femmes analystes sous cet
angle de la réponse aux questions : qu’est-ce qu’un homme ? Qu’est-ce qui caractérise son
désir ? L’auteur conclut à la relative perplexité de Freud et de Lacan, à la variété des
réponses apportées et, finalement, à la nécessité d’une réponse non réductrice.
Deux facettes plus essentielles de ce désir masculin se dégagent de ce périple théorico-
clinique : les effets souvent méconnus d’une identification féminine-maternelle archaïque
et l’influence du rapport le plus souvent inconscient et très complexe à l’Imago maternelle
originaire. Ces dimensions du désir inconscient infiltrent inévitablement ses amours et
désirs d’adultes avec pour conséquence le clivage fréquent entre l’amour et le désir, les
compulsions à la séduction, les agressivités et les haines conjugales et familiales ainsi que
diverses angoisses de castration.
MOTS-CLÉS
Agressivité, angoisse, castration, clivage, désir, fantasme, haine, imago, Chose, inceste, le
masculin, mère, objet « a », séduction.
SUMMARY
After an overview of the writings of Freud, of Lacan and of some women analysts in this
hope of finding an answer to the questions : “what is a man ?” And “what characterizes
his desire ?”, the author concludes that there is a relative confusion with both Freud and
Lacan, that the answers vary quite a bit and that ultimately there is a need for a non-redu-
cing response. Two more critical aspects of the male desire emerge from this theoretical
and clinical study : the effects of an archaic maternal-feminine identification which have
often been overlooked and the influence of the relationship more often then not uncons-
cious and usually very complex with the maternal imago. These dimensions of the uncons-
cious desire inevitably infiltrate his loves and desires of adults resulting in a frequent
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KEY-WORDS
Aggressiveness, anxiety, castration, cleavage, desire, phantasm, hatred, imago, the Thing,
incest, the masculine, mother, object « a », seduction.