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jeudi 4 avril 2024 - 00:17 Europe/Paris

1127 mots - 5 min

: L'EQUIPE

Les dessous du procès de Wilfrid Hounkpatin, condamné pour


violence conjugales
Jugé mercredi après-midi pour des faits de violences conju‐
gales, le pilier droit de Castres Wilfrid Hounkpatin a été re‐
connu coupable.

Les dessous du procès de Wilfrid Hounkpatin, condamné pour vio‐


lence conjugales

Jugé mercredi après-midi pour des faits de violences conjugales, le


pilier droit de Castres Wilfrid Hounkpatin a été reconnu coupable.

Guillaume Dufy

Accusé de violences conjugales, Wilfrid Hounkpatin a été condam‐


né mercredi après-midi à 12 mois de prison avec un sursis proba‐
toire de deux ans . Il doit suivre des soins psychologiques et un
stage de sensibilisation sur les violences intrafamiliales. Il ne peut
pas se rendre au domicile de Justine D., son ex-compagne, à qui il
devra également verser 1 500 euros, le montant des frais d'avocat
et un euro symbolique. Ils pourront en revanche entrer en contact
pour organiser la garde de leurs trois enfants. La procureure
Claire-Marie De Agostini avait requis une peine de 15 mois avec
sursis.

On ne saura pas ce que le pilier droit de Castres (32 ans) a ressenti


à l'annonce de la décision. À l'issue de l'audience, accompagné de
son conseil, Me Arnaud Bousquet, il a quitté le tribunal judiciaire
de Castres par une porte dérobée. Il ne fera pas appel. Justine D. a
aussi gardé le silence.

Son avocate, Me Marie Chabbal, a, elle, réagi : « Je n'ai pas d'avis


sur la peine. Ce que je retiendrai, c'est la dignité de ma cliente qui
ne voulait pas d'une affaire médiatique, mais elle voulait une affaire
humaine et familiale. Elle n'a pas demandé d'argent car ce qu'elle a
perdu, ça n'a pas de prix. La justice a été rendue, et il faut penser à
la peine ressentie par une victime de violence. »

« Je suis passée à travers le sommier, il m'a pris à la gorge.

Je me suis sentie partir... »

Justine D. aurait bien aimé que l'audience se déroule à huis clos,


elle en a fait la demande, soutenue d'ailleurs dans sa démarche par
Hounkpatin. Mais le président en a décidé autrement. Le public est
donc entré dans l'intimité de cet ex-couple, de ces jeunes parents,
découvrant la trame de cette soirée du 8 janvier dernier, une his‐

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toire de téléphone que le joueur a voulu récupérer à tout prix avec,
finalement, une jeune femme qui, après avoir appelé la mère et le
frère du pilier, a fini par pousser la porte du commissariat, apeurée
et en pleurs. « Elle a pris mon téléphone , raconte le joueur de
Castres. Elle a fouillé dedans, elle a trouvé des messages. »

Justine D. s'est alors enfermée dans une chambre de la maison pour


les lire, ces messages d'autres femmes : « Certaines écrivaient
d'ailleurs alors que j'étais en train de lire. Je pensais qu'il avait ar‐
rêté de me tromper. » Elle est tombée des nues, blessée et humi‐
liée. Elle avait pourtant pardonné ses écarts passés.

Elle n'a pas voulu ouvrir la porte, il l'a défoncée : « Je n'ai pas voulu
lui rendre, je suis passée à travers le sommier, il m'a pris à la
gorge. Je me suis sentie partir... » Les deux protagonistes ne sont
pas totalement d'accord sur les détails, mais le joueur a serré fort,
les traces sur les poignets et le cou de la victime en témoignent,
comme « un tatouage » dira Me Chabbal, ce qui lui vaudra 4 jours
d'ITT.

Hounkpatin n'a pas voulu l'étrangler, assure-t-il, explique qu'il


connaît sa force. « Mais est-ce que connaître sa force , lui demande
la cour, ce n'est pas savoir la maîtriser ? » « Dans l'action , répond
le joueur, on ne fait pas toujours ce qu'il faut... J'ai eu le temps de
réfléchir en garde à vue, j'aurais dû faire demi-tour, ne pas rentrer
dans la chambre... J'ai conscience que j'aurais dû agir différem‐
ment. Je regrette vraiment d'être entré dans cette chambre, je re‐
grette profondément cette dispute, cette altercation. »

Lors de cette audience, il fut aussi question de leur quotidien, de


l'emprise psychologique et financière du joueur, capable de repro‐
cher l'inactivité professionnelle de Justine D., un repas non préparé
ou un ménage mal fait. « Des termes dévalorisants » , soulignera la
procureure. « Une emprise peut-être non voulue , analyse Me
Chabbal, l'avocate de Justine D. Peut-être qu'il ne se rendait pas
compte mais ma cliente, jeune et frêle, infirmière de formation qui
est en train de terminer une formation d'assistante dentaire, savait
quand elle ne devait pas moufter, savait quand Wilfrid rentrait et
était de mauvaise humeur, elle savait aussi quand elle pouvait rigo‐
ler. »

Son frère a évoqué une tentative de suicide

Hounkpatin, qui a commencé un travail sur lui en multipliant les


rendez-vous avec sa contrôleuse judiciaire, a demandé pardon, ju‐
rant de tout faire, à défaut d'avoir été un bon compagnon, pour être
un bon père, pour « offrir à ses enfants l'enfance » qu'il n'a pas eue
: « Je n'ai pas envie qu'ils souffrent comme moi j'ai souffert. » Au‐
jourd'hui, Hounkpatin souffre encore, différemment, mais le mal
semble assez profond. Son frère, interrogé par la police, a évoqué
une tentative de suicide, un mal-être, le président, interloqué, ci‐
tant quelques-unes de ses déclarations : « Il a déclaré que le rugby

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ne vous aidait pas, qu'il ne vous rendait pas heureux, que le club
vous forçait parfois à jouer avec des piqûres... »

« Le rugby, être sur le terrain, j'aime beaucoup, je prends du plaisir,


c'est un sport magnifique , s'emballe le solide pilier droit, 1 sélec‐
tion en équipe de France en juillet 2021. Mais le rugby, ça vous
prend, ça vous mâche, ça vous crache. C'est dur à vivre... » Une
formule plutôt violente et brutale pour résumer la vie d'un profes‐
sionnel, sa vie, la pression d'un quotidien, « ce masque qu'on porte
à longueur de journée » , ces matches « le 25 décembre, le 1er jan‐
vier... » « Au final, ça a empiété sur ma vie de famille, je n'ai pas su
gérer tout ça » , a-t-il dit.

Tout ça ? L'argent, la notoriété. L'avocate de Justine D. en a aussi


beaucoup parlé, de la vie d'avant, quand « Wilfrid jouait dans ce pe‐
tit club (Rouen) » et que « le couple vivait dans ce petit apparte‐
ment. On était bien, me disait Justine, on n'était pas dans le tour‐
billon, dans la notoriété. Ils étaient loin des sirènes auxquelles Wil‐
frid a malheureusement cédé. »

publié le 4 avril 2024 à 00h10

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par Guillaume Dufy Avril

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